D & W 1988 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES. $\ 9ûl^. A.^^- idMtMMAMMdMMMMailtal ^ IMPRIMEAIE DE BACHELIER , nie du Jardinet, la. ^ COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME VINGT-QUATRIEME. JANVIER — JUIN 1847. ■^-^-S^^^^^:- ',.|^^--^ PARIS, BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DE l'École polytechnique, du bureau des longitudes, etc., Quai des Augustins, n° 55. 1847 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉAÇÎCE DU LUNDI 4 JANVIER 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un vice- président , qui , cette année 1 847, doit être pris parmi les membres des Sec- tions mathématiques. Au premier tour de scrutin, le nombre des volants étant de 5i, , M. Pouillet obtient 44 suffrages. M. Le Verrier ... 5 M. Piobert i M. Poinsot I M. Pouillet, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé vice-président pour l'année 1 847- M. Adolphe Brongniart, vice-président pendant l'année 1846, passe aux fonctions de président. ,, . . < Conformément au règlement, M. Mathieu, avant de quitter le fauteuil de président, rend compte de ce qui s'est fait pendant l'année 1846, relative- ment à l'impression des Mémoires de l'académie et des Me'moires des Sa- vants étrangers. C. B, 1847, •«■•Sfmejlre. (T. XXIV, NO 1.) I ( o Le tome XX des Mémoires de l'académie est à peu près terminé et l'on a déjà commencé l'impression du tome XXI qui se composera, en très- grande partie, des Mémoires lus à l'Académie par M. Regnault, dans les derniers mois de l'année qui vient de s'écouler. Le tome IX des Mémoires des Savajits étrangers a été publié en i846; et cinquante-deux feuilles du tome X sont déjà imprimées. L'Académie procède , par la voie du scrutin , à la nomination des deux membres appelés à faire partie de la Commission centrale administrative. MM. Chevreul et Poncelet réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES ET COMMUMCATIOIXS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE. — Sur la composition de la pjroxjline ; par M. J. PELOifzt. « La pyroxyline se décompose avec tant de violence lorsqu'on la chauffe, que j'avais d'abord cru son analyse sinon impossible, au moins d'une exécution très-difficile parla méthode ordinaire. Cette crainte pro- venait, surtout, d'une détonation très-vive qui détermina la rupture d'un tube de verre dans lequel je chauffais un mélange de coton-poudre et d'oxyde de cuivre. Toutefois , ne pouvant oublier que MM. Gay-Lussac et Liebig avaient analysé avec ce même oxyde le fulminate d'argent, matière beaucoup plus détonante encore que la pyroxyline et bien plus dangereuse à manier, je ne doutai pas que, moyennant certaines précautions, l'appareil à combustion ordinaire des substances organiques ne pût servir à détermi- ner la composition même de la pyroxyline. » On va voir, en effet, que le coton-poudre peut être brûlé et analysé avec la plus grande facilité, par l'oxyde de cuivre, sans l'intervention d'au- cun autre corps que le cuivre métallique, dont l'usage est indispensable pour détruire les composés nitreux qui prennent naissance lorsqu'on chauffe , comme c'est ici le cas, une matière azotée. « Mais , avant d'indiquer les résultats de l'analyse de la pyroxyline , je crois devoir aborder un point important qui m'avait déjà occupé, et dont l'étude peut d'ailleurs jeter beaucoup de jour sur la composition de cette substance inflammable : je veux parler de la proportion de pyroxyline que le coton, convenablement purifié, est susceptible de produire. » Il paraît bien démontré que les seules substances qui résultent de l'ac- (3) tion de l'acide nitrique concentré sur la cellulose, sont de l'eau et de la py- roxyline. Il ne se défjage, en effet, aucun gaz dans cette curieuse réaction : la liqueur acide, saturée par l'ammoniaque, évaporée et décomposée par la chaleur, ne laisse pas de résidu, ne donne pas ou ne donne que des traces d'acide carbonique, et, d'un autre côté, sa densité diminue; elle devient plus aqueuse et bientôt impropre à la préparation d'une nouvelle quantité de matière inflammable. Le rôle de l'acide sulfurique, quoique si important au point de vue d'une fabrication économique, n'apporte en réalité aucun changement à cet état de choses. Le coton lui-même change à peine d'aspect, et sa transformation en pyroxyline a lieu en un instant. » Si quelquefois la réaction se complique d'une combustion qui amène un dégagement de vapeurs nitreuses et une perte dans la proportion de la pyroxyline, comme cela se remarque quelquefois, cette circonstance ne peut être cependant considérée comme une complication réelle de l'action qu'exerce l'acide nitrique sur la cellulose. Cette action, pour être normale, pour se réduire à une simple formation d'eau et de pyroxyline, doit avoir lieu à une basse température, et se manifester, il est peut-être inutile de le dire, entre des corps purs. Si donc , au lieu de plonger rapidement le coton dans l'acide nitrique seul ou mêlé d'acide sulfurique, on l'y met avec len- teur, une petite quantité d'acide mouille le coton non encore immergé, et s'unit à lui en produisant une élévation de température assez considérable pour détruire et quelquefois même pour enflammer la matière organique, coton ou pyroxyline ; tandis qu'une immersion rapide produit une chaleur qui n'atteint pas le terme où se manifeste une décomposition , parce qu'elle se divise dans la masse entière du mélange acide. La présence , dans le coton , de matières étrangères diminue évidemment son rendement en py- roxyline; car ces matières se dissolvent ou se détruisent dans l'acide azotique. Ce qui prouve que les choses se passent ainsi , c'est que le coton , purifié par les alcalis, les acides, l'éther et l'alcool, et plongé dans les acides azotique et sulfurique concentrés et purs, donne une proportion constante de pyroxy- line, soit après une immersion de quelques minutes, soit après une immer- sion de dix-huit heures. » Le coton purifié et le papier à filtre de Suède , connu sous le nom de papier Berzelius , desséchés à i5o et 160 degrés, immergés dans un mé- lange à volumes égaux d'acide azotique et d'acide sulfurique monohydratés, donnent une quantité de pyroxyline s'élevant à i^S pour 100 de cellulose pure. Cette pyroxyline, avant d'être pesée , était desséchée à une tempéra- ture comprise entre 4o et 55 degrés. A cette température , elle ne s'altère pas I.: (4) d'une manière sensible; mais plus haut, vers loo degrés, elle répand une odeur nitrique très-prononcée et se décompose , bien qu'avec lenteur. Dans l'espace d'une heure, entre loo et iio degrés, elle peut perdre les dix centièmes de son poids : elle jaunit, devient très-friable, et il n'est pas rare qu'elle s'enflamme subitement. » Le coton, après une immersion de quelques minutes , est entièrement transformé en pyroxyline. Je me suis assuré qu'après une seconde immersion dans des acides monohydratés, la pyroxyline desséchée n'augmente pas de poids'; il s'en dissout ou il s'en détruit, au contraire, une très-faible quantité , que l'eau précipite sous forme de quelques légers flocons blancs. » La pyroxyline est entièrement soluble dans les éthers acétiques de ial- cool et de l'esprit- de-bois. Cette observation curieuse est due à M. Ricbier, préparateur à l'École municipale de Paris. X Cette propriété fournit le moyen d'obtenir la pyroxyline en poudre. Il suffit, pour cela, de l'exposer quelques instants à l'action d'une petite quantité de l'un ou de l'autre de ces éthers, et de la broyer légèrement entre les doigts ou dans un mortier. » Elle m'a surtout servi à constater la pureté de la pyroxyline, avant de la soumettre à l'analyse. » La disparition du coton-poudre dans l'acide sulfurique affaibli, à une température inférieure à loo degrés, sans coloration de la liqueur, m'a également permis de reconnaître l'absence de la cellulose dans la py- roxyline. Cette propriété a été obsei'vée, il y a peu de temps, par M. Van- kercknoff. » Le rendement de la cellulose en pyroxyline, fixé à 176 pour 100 de matière sèche, la solubilité sans résidu de cette substance dans les acétates d'éthyle et de méthyle , sa disparition sans aucune coloration dans l'acide sulfurique à 1,7 de densité, étant des faits bien établis, j'ai pu procéder, d'une manière plus sûre, à l'analyse de la pyroxyline. J'ai apporté à cette détermination d'autant plus de soin et d'attention , que les nombres que j'ai obtenus dès l'origine de mes premières expériences différaient beaucoup de ceux déduits de la formule assignée, par M. Peligot, à la pyroxyline. La constance des l'ésultats de mes analyses, leur nombre, qui est considé- rable, l'harmonie qu'ils présentent avec le rendement de la cellulose en pyroxyline, la combustion de cette matière opérée de la manière la plus simple, comme celle des autres matières organiques; toutes ces circon- stances m'autorisent, peut-être, à considérer comme exacte la composition que j'ai trouvée à la cellulose nitrique. (5). » Cette composition est la suivante : C"H"0", 5AzO'. Elle suppose que loo parties de coton pur et sec doivent donner 174^9 de pyroxyline, et j'ai trouvé qu'il s'en formait 174 à 176. » Elle représente 25,4o de charbon, 2,99 d'hydrogène et i2,34 d'azote. » L'expérience m'a donné : 25 , 2 minimum , Carbone { _ „ ( 25,0 maximum; _ , , (2,0 minimum. Hydrogène { _^ ' ° (3,2 maximum; ( 12,6 minimum, Azote < „ ' ' maximum. I 12,6 ( i3,o ». J'ajouterai que, soit dans le but de contrôler les analyses précédentes ,. soit pour m'assurer de la pureté des produits servant à la préparation de la pyroxyline , j'ai cru devoir déterminer, de mon côté, la composition de la cellulose sur les échantillons mêmes destinés à être transformés en matière inflammable. J'ai trouvé au coton purifié comme je l'ai indiqué , et séché à 1 60 degrés , la composition que lui a depuis longtemps assignée M. Payen , c'est-à-dire G'^H'-'O'". • » Cette formule paraît devoir être doublée pour représenter i équivalent de cellulose. Dès lors la transformation de cette substance en pyroxyline aurait lieu d'après l'équation suivante : C"H"0» + 5(AzO% HO) = 8H0 + C"H"0", 5AzO'. I équivalent léquW. de pyroxyline. de cellulose. >i 5 équivalents d'acide azotique, en réagissant sur i équivalent de cel- lulose, donneraient naissance à 8 équivalents d'eau et à i équivalent de pyroxyline : de ces 8 équivalents d'eau, 3 proviendraient de la matière organique , et 5 de l'acide azotique monohydraté. >' Cette élimination d'une quantité d'eau considérable explique pourquoi un mélange d'acides azotique et sulfurique concentrés s'affaiblit rapidement lorsqu'on vient à y tremper du coton, au point que souvent il ne peut plus servir à la préparation d'une nouvelle quantité de poudre. » La formule de la pyroxyline, telle que je l'ai déduite de mes analyses (C**H*'0*'', 5AzO'), explique pourquoi cette matière détonante ne laisse aucun résidu charbonneux dans les armes. On voit, en effet, que sa trans- formation complète en fluides élastiques et en vapeur d'eau est possible; (6) car elle contient, indépendamment de l'azote et des éléments de l'eau, 24 équivalents de carbone pour 25 équivalents d'oxygène, c'est-à-dire une proportion de ce dernier corps plus que suffisante pour transformer la tota- lité de son carbone en oxyde de carbone. » Les produits de la détonation de la pyroxyline peuvent être représentés comme il suit : 46 volumes d'oxyde de carbone. . . C"0" 2 volumes d'acide carbonique ... . CO' 10 volumes d'azote 5 Az 34 volumes de vapeur d'eau 17 HO dont la somme représente i équivalentde pyroxyline, G^^H^O'^, 5AzO'. 1 Mais ce sont là des nombres purement théoriques, que devront néces- sairement altérer ou modifier une foule de circonstances , parmi lesquelles il faut surtout citer les pressions et les températures plus ou moins élevées auxquelles aura lieu la détonation de la pyroxyline. » RAPPORTS. ASTRONOMIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Delaunay concernant la théorie analeptique du mouvement de la Lune. (Commissaires, MM. Biot, Laugier, Liouville rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, M. Biot, M. Laugier et moi, de lui rendir compte d'un Mémoire de M. Delaunay concernant la théorie analytique du mouvement de la Lune. L'auteur s'est proposé de reprendre en entier cette théorie et même de pousser les développements au delà du terme auquel on s'est arrêté jusqu'ici. Mais, avant d'achever ces immenses calculs, il a désiré soumettre au jugement de l'Académie les principes de sa méthode, qui lui paraît nouvelle en quelques points. Cette méthode est d'ailleurs susceptible d'applications diverses ; il était donc naturel de la présenter à part dans un premier Mémoire , contenant seulement les calculs nécessaires pour en bien montrer le mécanisme et l'usage dans la pratique. Nous allons essayer d'expliquer en quoi elle consiste, autant du moins que cela est possible sans le secours des signes algébriques. » Pour étendre au mouvement de la Lune produit par la double actiofi de la Terre et du Soleil, les formules relatives au mouvement elliptique qui aurait lieu si la Terre agissait seule , il suffit, comme on sait, de faire varier les six constantes arbitraires de ce mouvement elliptique. De là, six incon- (7^ nues dont la détermination dépend de l'intégration d'un système de six équations différentielles du premier ordre, dans le second membre desquelles entrent les éléments du mouvement du Soleil. M. Delaunay suppose, dans son Mémoire, ce dernier mouvement rigoureusement elliptique, et il laisse aussi de côté les inégalités qui proviennent de l'aplatissement de la Terre. Dans l'état actuel de la science, ce n'est plus là que résident les difficultés de la théorie de la Lune, et il sera aisé de traiter plus tard cette partie de la question. , - » Les six équations différentielles du premier ordre , dont nous venons de parler, expriment que la dérivée relative au temps de chaque constante du mouvement elliptique est une fonction linéaire des dérivées de la fonction perturbatrice prises par rapport aux constantes elles-mêmes. Les coefficients de ces dérivées partielles ne renferment pas le temps explicitement, mais ils peuvent, du reste, prendre des valeurs plus ou moins compliquées sui- vant qu'on adopte tel ou tel système de constantes elliptiques. Le système dont M. Delaunay fait choix en l'empruntant à un savant Mémoire de notre confrère M. Binet [Journal de V École Polytechnique, xxviii* cahier), donne aux équations du problème la forme la plus simple qu'elles puissent avoir; dans chacune de ces équations il n'entre , en effet , qu'une seule dérivée de la fonction perturbatrice, et le coefficient de cette dérivée est + i ou — i. » Mais comme une des dérivées partielles est prise en faisant varier le grand axe et, par suite, le moyen mouvement, le temps sort des signes trigonométriques par cette différentiation. Pour l'y faire rentrer et parer au grave inconvénient qui résulterait de sa présence sous forme algébrique dans les équations différentielles , les géomètres donnent ordinairement au moyen mouvement la forme d'une intégrale et introduisent ensuite une in- connue nouvelle , savoir, ce moyen mouvement lui-même dont la différen- tielle seconde figure, dès lors, dans les calculs. Rien de plus ingénieux et, en général, de plus commode que cet artifice. Toutefois, dans le Mémoire que nous examinons, M. Delaunay en emploie un autre, digne de remarque, et mieux adapté à la marche de ses calculs, en ce qu'il conserve aux équa- tions différentielles leur forme actuelle. Pour cela M. Delaunay substitue à deux des anciennes inconnues , dont l'une était la constante jointe au temps dans les formules du mouvement elliptique, et l'autre une fonction du grand axe, deux inconnues nouvelles, qui sont l'anomalie moyenne , et une certaine quantité dépendante de ce même grand axe ; puis il rejette dans la fonction perturbatrice uu terme exprimable aussi par le grand axe et indépendant de la masse troublante, ce qui serait gênant dans les méthodes ordinaires (8) d'approximation , mais non dans celle dont il va faire usage. De cette ma- nière l'auteur, nous l'avons dit d'avance , se trouve conserver six inconnues à déterminer par six équations différentielles du premier ordre de la forme déjà indiquée, et l'on voit, en outre, que le temps n'est plus introduit dans la fonction perturbatrice que par les coordonnées du Soleil; il est remplacé, dans celles de la Lune , par l'anomalie moyenne. » Les six inconnues auxquelles M. Delaunay s'arrête définitivement sont ainsi : i " trois angles représentant la longitude du nœud ascendant de l'or- bite lunaire , la distance du ' nœud au périgée , et l'anomalie moyenne ; 2" trois quantités qui dépendent respectivement, la première du grand axe, la seconde du grand axe et de l'excentricité, la troisième du grand axe, de l'excentricité et de l'inclinaison. >' La fonction perturbatrice se développe facilement eu une série de co- sinus d'angles formés par la réunion de divers multiples des trois angles ci- dessus désignés, et des angles analogues correspondant au Soleil. Dans ce développement , qui se compose d'un terme non périodique et d'une infi- nité de termes périodiques , les arguments sous les signes cosinus se forment à l'aide de nos trois angles et du moyen mouvement du Soleil , et les divers coefficients ainsi que le terme non périodique sont fonctions des trois autres variables seulement. » Or M. Delaunay démontre qu'en réduisant la fonction perturbatrice au terme non périodique, plus un nombre quelconque d'autres termes dont les arguments soient exprimés par des multiples d'un même argument donné, on peut intégrer complètement, et en toute rigueur, les équations différentielles, et cela en les ramenant d'abord à deux équations ne conte- nant plus que deux inconnues, à l'aide desquelles s'expriment de suite les six inconnues cherchées. Cette réduction des six inconnues à deux , et cette fa- cilité d'intégrer dans le cas particulier que nous venons d'indiquer, sert de base à la méthode de M. Delaunay. Elle se retrouve d'ailleurs, on le verra , dans les diverses phases que parcourt son analyse; et cela diminue beaucoup la complication qu'introduisaient les six inconnues qu'on substitue aux trois coordonnées de la Lune dans la théorie de la variation des constantes arbi- traires. Au fond, dans les intégrations successives effectuées par M. De- launay, on n'a jamais à considérer que deux inconnues. >' Nous pourrions à présent faire observer que le théorème de calcul in- tégral énoncé ci-dessus s'étendra à un nombre quelconque de planètes réagissant les unes sur les autres, en rendant d'abord la fonction perturba- trice la même dans toutes les équations différentielles , à l'aide d'une transfor- ^9) matiou imaginée par M. Jacobi [Mémoiie sur l'élimination des nœuds dans le problème des trois corps), et se bornant ensuite à considérer une partie convenable de cette fonction perturbatrice. Mais quoiqu'ime telle généra- • lisation offre de l'intérêt , nous devons la négliger ici pour revenir à notre objet principal. Il faut montrer comment le théorème dont il s'agit fournit une méthode d'approximation convenable dans la théorie de la Lune, et surtout comment , à chaque opération nouvelle , on est ramené à des équa- tions de même forme que celles dont on était parti d'abord. ^ >'[ .,; » Suivons donc M. Delaunay dans tous les détails de ses calculs. » Il commence par prendre, dans le développement de la fonction per- turbatrice, outre le terme non périodique, un certain nombre de termes auxquels il suppose que ce développement se réduise et qui répondent à des multiples d'un même argument : il n'est pas nécessaire et même il serait in- commode de prendre tous les termes de cette espèce; on se bornera à un, deux ou trois, suivant les cas, et la plupart du temps à un seul, le plus con- sidérable bien entendu. En substituant Ma fonction perturbatrice ainsi sim- plifiée dans les équations différentielles, on trouve, nous l'avons dit tout à heure, qu'elles s'intègrent complètement. Les valeurs qu'on obtient pour les six inconnues en fonction du temps et de six constantes arbitraires ne sont pas , il est vrai , celles qu'on doit mettre dans les expressions des coordon- nées de la Lune , puisqu'on n'y est arrivé qu'en réduisant la fonction pertur- batrice à quelques-uns de ses termes ; mais on peut en profiter pour simpli- fier la recherche des intégrales des six équations différentielles du mouvement de cet astre, en y considérant les constantes arbitraires qu'elles renferment, comme de nouvelles variables, et regardant les relations entre les variables primitives et ces constantes, comme des formules de transformation destinées à remplacer les anciennes variables ou inconnues par les nouvelles. Au moyen d'un choix convenable des constantes arbitraires qui doivent devenir les nouvelles variables, on trouve, pour les déterminer en fonction du temps, des équations différentielles de même forme que celles où entraient les an- ciennes inconnues : seulement la fonction perturbatrice s'y trouve remplacée par la portion de cette fonction qu'on avait négligée lorsqu'on l'avait supposée réduite à quelques-uns de ses termes, et dans cette nouvelle fonction pertur- batrice on doit substituer aux anciennes inconnues leurs valeurs en fonction du temps et des nouvelles variables. » Au premier abord, il semble que la question a été ramenée à ce qu'elle était primitivement, si ce n'est que la fonction perturbatrice a été débar- C. K., 1S47, I" S«.-iei(/e. fT. .\.X1V, K"!.) 2 rassée de quelques-uns de ses termes. Mais, en y réfléchissant, on verra bientôt qu'il n'en est point ainsi. En effet, la nouvelle fonction perturba- trice présente une composition différente de celle de la première fonction ; en la supposant développée, comme la première, en une série de termes périodiques, trois des six variables entreront seulement sous les signes cosinus, tandis que les trois autres entreront à la fois dans les coeffi- cients des cosinus et dans les coefficients du temps sous les signes cosinus. A cause de l'existence de ces trois dernières variables dans les coefficients du temps, le temps sortira des signes trigonométriques dans trois des équa- tions différentielles, inconvénient que nous avons déjà rencontré et cor- rigé une fois, mais qui se reproduit ici avec une complication nouvelle. Toutefois, au moyen d'un nouveau changement de variables, et en s'ap- puyant sur une propriété remarquable des coefficients du temps de pro- venir des dérivées partielles d'une même quantité, M. Delaunay réussit encore à y remédier, en donnante la nouvelle fonction perturbatrice une composition entièrement analogue à celle de la première; puis, en ajoutant à cette fonction un terme non périodique, il rend aux équations différen- tielLes leur forme primitive qu'elles avaient perdue un instant, et qu'il était essentiel de rétablir. n Telle est la série de transformations qu'il faut parcourir pour revenir à des équations réellement semblables à celles qu'on avait d'abord et capables de se prêter à des calculs du même genre, mais d'ailleurs plus simples dans leurs seconds membres, puisque la fonction perturbatrice a perdu au moins un de ses termes périodiques qu'on a pu choisir à volonté parmi les plus importants, et en général a perdu les termes périodiques qu'on a joints au terme non périodique en effectuant une intégration. » On conçoit maintenant qu'en répétant les opérations précédentes, on pourra faire disparaître successivement de la fonction perturbatrice tous les termes périodiques capables de donner des résultats sensibles , et réduire en conséquence, par une sorte d'exhaustion, cette fonction à son terme non périodique seul. Dès lors (et même dès qu'il n'y aura plus qu'un seul terme périodique avec le terme non périodique) les dernières équations différen- tielles auxquelles la question aura été ramenée s'intégreront de suite , et le problème sera complètement résolu. » Au lieu de suivre strictement la marche qui vient d'être indiquée et de faire disparaître de la fonction perturbatrice tous les termes périodiques dont l'effet n'est pas négligeable, il vaudra mieux ne faire disparaître que les plus influents d'entre eux, en nombre suffisant loutefois et de manière à ne laisser dans la fonction perturbatrice que des termes périodiques assez faibles pour qu'en en tenant compte, on puisse négliger le carré de la force perturbatrice partielle à laquelle ils correspondent. Alors, en effet, il n'y aura plus de difficulté à intégrer les équations différentielles en y sub- stituant d'un seul coup le développement complet auquel la valeur de la fonction perturbatrice aura été réduite. ''^ j> Dans les méthodes, d'ailleurs diverses, qui ont été suivies jusqu'ici pour la théorie de la liune, on calcule successivement les inégalités des différents ordres par rapport à la force perturbatrice, et, d'un ordre à l'autre, les opérations sont de plus en plus longues. Dans la méthode de M. Delaunay, les premières opérations, au contraire, seront les plus compliquées; c'est par elles qu'où débarrassera la fonction perturbatrice de ceux de ses termes qui ont le plus d'importance et qui produisent le plus d'inégalités sensibles ; il y aura simplification à mesure qu'on arrivera à des termes d'un effet moindre. Nous n'avons pas besoin d'ajouter qu'on trouve aisément différents moyens de vérification. »i '» fii^ii'' ■.!.•-.• -îf-.' '"'=^ M. Delaunay a déployé, dans son Mémoire, toutes les qualités d'un géomètre habile. Mais l'exécution complète des calculs algébriques et numé- riques néces§ân?es pour obtenir les formules définitives du mouvement de la Lune, avec le degré d'approximation auquel il veut atteindre, exigera qu'il se montre aussi calculateur inti-épide et persévérant. Nous engageons vivement M. Delaunay à poursuivre jusqu'au bout l'œuvre utile et pénible qu'il a commencée. Mais, dès à présent, les géomètres doivent comprendre que la méthode analytique dont il s'est servi pourra être employée dans plusieurs cas, et nous pensons que le Mémoire où l'auteur a exposé cette méthode en elle-même , et avec assez de détails pour en bien faire saisir l'esprit , mérite d'être inséré dans le Recueil des Savants étrangers. « . • -î Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LUS. MÉDECiKE. — Z?e lague'rison de la phthisie par la gymnastique des poumons et par l'engraissement; par M. Bureaud-Rioffrey. (Commissaires, MM. Serres, Andral, Rayer.) L auteur expose , dans les termes suivants, les conséquences qui lui sem- blent se déduire des considérations exposées dans son Mémoire: ■ ' ^ « Les recherches ânatomiques et les autopsies ayant prouvé jusqu'à l'évi- ( 12 ) dence que les tubercules sont des corps étrangers, inorganiques, inassimi- lables dans l'économie, il faut préparer les voies à travers lesquelles ces corps peuvent être expulsés. » La gymnastique des poumons peut remplir ce but dans les cas ordi- naires, en fortifiant les bronches et en les dilatant avec mesiu'e. 11 faut régulariser et coordonner la respiration avec les forces du malade et les besoins de la combustion pulmonaire. » L'alimentation doit fournir les éléments plastiques et les éléments de la respiration. En analysant tous les cas de guérison bien constatés, on trouve que ces guérisons se sont opérées sous l'influence d'une alimentation restau- ra tive ; que, chez les individus qui offraient un retour du développement de l'élément adipeux, les matières crétacées des tubercules demeuraient comme suspendues dans les organes et à l'état inerte, tandis que, chez les individus débilités , les tubercules tendaient toujours vers le ramollissement et la désorganisation. » En réparant les pertes des phthisiques, on doit tendre à l'engraissement pour prolonger leur vie et pour changer leur constitution ou leur diathèse tuberculeuse. Le tubercule étant une maladie qui se reproduit, on ne peut être assuré contre les rechutes que par un changement complet de consti- tution, » »I£MOIB£S PRÉSENTÉS. ANATOMIE COMPARÉE. — Recherches d'anatomie microscopique sur le test des Crustacés décapodes; par M. J. Lavalle. (Extrait.) (Commissaires, MM. Serres, Flourens, Milne Edwards.) » Au point de vue de mes recherches , dit l'auteur, on peut diviser l'appareil tégumentaire des Crustacés en deux parties : i" l'une, extérieure et encroûtée de sels calcaires, n'a pas de vaisseaux évidents; c'est la caparace, le test proprement dit : elle forme à elle seule la charpente solide de l'animal , et son inextensibilité exige qu'elle tombe à certaines époques, pour être rem- placée par une enveloppe plus vaste; a° l'autre, placée à l'intérieur, double la première dans tous ses points : molle et éminemment vasculaire, elle per- siste après la chute de la carapace, et semble surtout destinée à en reproduire une nouvelle. » C'est au test seul, à la partie caduque de l'appareil tégumentaire, que s'applique tout mon Mémoire, et c'est à dessein que j'en ai ainsi limité le sujet, car c'est sur la nature de cette enveloppe coriace et endurcie qu'il a ( i3 ) été presque impossible, jusqu'à ce jour, de baser uue opinion suffisamment fondée. C'est sur elle seule que tant d'hypothèses contradictoires ont été soutenues. 4,i«, (« Les faits que j'expose dans ce travail suffisent, je crois, pour établir les propositions suivantes : » La partie solide et caduque de l'appareil tégumentaire des Crustacés décapodes diffère essentiellement des coquilles, en ce que, traitée par un acide, elle perd son carbonate de chaux, sans changer en rien dans son organisation. Elle est, sous ce rapport, assimilable aux os des animaux vertébrés. » Le test constitue une enveloppe d'une seule pièce, partout continue à elle-même, et qui n'offre de solution de continuité qu'au niveau des ouver- tures naturelles. Les points flexibles et les parties plus molles de celte enve- loppe ne diffèrent des parties solides que par l'absence de sels calcaires; elles ont une organisation tout à fait identique. Les articulations ne sont que des replis plus ou moins compliqués, mais souvent très-simples, de cette enveloppe. Il en est de même des parties ossiformes placées à l'intérieur des organes, et destinées à l'insertion des muscles locomoteurs. Les parties des- tinées à écraser ou à broyer les aliments, ne sont que des parties du test plus épaisses et à texture plus dense. Aussi, lors de la mue, toutes ces par- ties tombent-elles à la fois. » Le test présente, à l'état le plus parfait, trois couches parfaitement dis- tinctes et facilement séparables : » La plus extérieure, homogène, transparente, cornée, ne présente d'ou- verture que pour le passage des poils ou des organes analogues, et recouvre le test en entier d'un vernis souvent extrêmement mince; elle est évidem- ment analogue à l'épiderme des animaux supérieurs : je l'ai désignée sous le nom de couche épidermique. « La couche moyenne est surtout destinée à contenir la matière colorante du test; elle a une organisation propre et renferme toujours, dans son épaisseur, la base des poils et les tubercules cornés : c'est la couche pig- mentaire. X La couche interne est de beaucoup la plus épaisse, et constitue, pres- que à elle seule, tout le test; on y rencontre les canaux des poils, des tuber- cules et des ongles, ainsi qu'un très-grand nombre de petits corps irréguliers de nature organique : c'est la couche dermique. « Ces deux dernières couches sont les seules dans lesquelles se dépose le carbonate de chaux; elles ont une organisation à peu près analogue. A un f i4 ) faible grossissement, on constate qu'elles sont formées, dans toute leur épaisseur, par des lignes extrêmement fines et délicates, et dont le caractère le plus général, comme le plus frappant, est detre constamment parallèles entre elles. Cette organisation existe dans l'immense majorité des cas, et l'on remarque que, lorsqu'elle n'existe pas, ou qu'elle est très-difficile à constater? la couche dermif|ue présente des nuances irisées, souvent aussi vives que celles des plus belles coquilles (les Anomoures). Ces lignes ne sont pas pro- duites par des couches indépendantes et superposées, car le lest n'est pas séparable en feuillets correspondants à ces lignes. Au moyen de très-forts grossissements, on peut constater que ces lignes font partie d'un même tout, fj'organisation intime du test se présente alors sous trois formes principales : 1° on ne trouve que des filaments extrêmement ténus, accolés les uns aux autres et dirigés de dedans en dehors, perpendiculairement à la sur- face; ces filaments, devenant tous plus épais et plus opaques à des niveaux semblables, forment une apparence de lignes parallèles; a° ces filaments existent, mais sont traversés à angle droit et suivant des zones parallèles, par d'autres faisceaux de filaments : de ces derniers partent des ramifications qui s'anastomosent avec les zones voisines et réunissent ainsi tous les faisceaux; 3° les filaments perpendiculaires n'existent plus, et l'on ne rencontre que des bandes parallèles, d'où partent des ramifications très-irrégulières qui s'unissent aux bandes voisines. " Les poils des Crustacés décapodes sont simples ou munis de barbes; ils n'ont jamais de barbules. Ils ne sont pas un prolongement de la couche épi- dermique; ils sont toujours en communication avec l'intérienr du test par un canal qui traverse en droite ligne toute l'épaisseur de la carapace , et qui est tantôt vide et tantôt rempli d'une matière semblable à celle qui existe à l'intérieur des poils. Us ont tous un canal central rempli d'une moelle ana- logue à celle qu'on trouve dans les poils des animaux supérieurs. Ils naissent tous d'une partie arrondie , qui a la plus grande analogie avec les bulbes. Ces sortes de bulbes sont toujours situées dans la couche pigmentaire. Les corps irréguliers qui recouvrent certains Crustacés, et en particulier les Pisa tetraodon, ne sont que des poils dont les barbes sont soudées entre elles. ••Il Les ongles des Crustacés décapodes semblent se continuer avec la couche épidermique, avec laquelle ils ont la plus grande analogie d'aspect et de composition. On trouve, dans leur épaisseur, un nombre très-considé- rable de petits canaux analogues à ceux des poils, et qui, comme ces der- niers, traversent tout le test pour arriver jusqu'à l'ongle. '1 » Quant aux tubercules que l'on rencontre souvent dans la couche pig- ( i5 ) mentaire, et qui ont chacuu un petit canal qui les met en communication avec l'intérieur du test, on ne peut les considérer que comme des organes analogues aux bulbes que l'on trouve à la base des poils. » Dans ce travail, tout entier destiné à l'anatomie, je ne chercherai pas à exposer les diverses conséquences physiologiques que me parais- sent contenir les propositions auxquelles j'ai été conduit. Je dirai seule- ment qu'elles me semblent en opposition complète avec les théories qui rapprochent le test des Crustacés de Tépiderme écailleux des Serpents et des Lézards. Je ne vois nulle analogie entre la mue des Crustacés, qui les dépouille d'organes destinés à donner au corps sa forme et son volume, à servir de points d'attache aux muscles locomoteurs, à fournir les instru- ments de préhension et de mastication ; d'organes placés non-seulement à la surface du corps, mais plongés souvent au milieu des parties molles et chez lesquels on trouve une organisation telle que je l'ai décrite, et la chute pé- riodique qui s'observe , chez les Reptiles, d'un épiderme mince, sans con- sistance, complètement inorganisé et incapable de remplir aucun des usages auxquels est destiné le test. ' ''.■,.' » Mes rech^ches m'ont convaincu de la vitalité du test , au moins dans les premiers temps de son existence; et, sous ce rapport, je me range plei- nement à l'opinion de Cuvier quand, clans son j4natomie comparée, il disait : « L'enveloppe de Crustacés est d'abord molle , sensible et même pourvue » de vaisseaux ; mais une quantité de molécules calcaires ne tarde pas à y » être portée, à la durcir et à en obstruer les pores et les vaisseaux. » » Telle était aussi l'opinion bien arrêtée de Dugès , et , s'il ne put la faire complètement prévaloir, c'est sans doute parce qu'il n'avait pas pénétré assez loin dans l'étude intime du test. » ZOOLOGIE. — Observations sur le développement des Oursins (Echinus esculentus). [Extrait d'une Lettre de M. Dufossé à M. Milne Edwards.] 'f* (Commissaires, MM. Milne Edwards, Valenciennes.) u Je me suis assuré que tous les œufs contenus dans l'ovaire des Oursins pouvaient être fécondés artificiellement, en mettant quelques-uns des points de leur membrane testacée en contact avec une gouttelette de semence et de l'eau de mer suffisamment renouvelée. » La durée de la vie embryonnaire de l'Oursin m'a paru varier de vingt-quatre à quarante-deux heures, suivant la température et diverses ( i6) autres circonstances. De treize à quinze minutes après i'iinpréynation , on voit le plus ordinairement la masse vitelline s'ébranler et s'animer d'un mouvement de rotation plus ou moins rapide. De la quatrième à la sixième heure , le vitellus commence à se fractionner, et les segments qui résultent de ce fractionnement deviennent de plus en plus transparents. Alors une foule de globulins se produit à la surface et aux dépens des gros globules, pour les entourer ensuite complètement, et constituer ainsi une couche assez épaisse. Quand cette couche de globules, qui est le rudiment de l'enveloppe tégumentaire , s'est étendue à toute la surface vitelline, l'embryon a acquis à peu près la forme sous laquelle il sortira de l'œuf. » La membrane vitelline, très-distincte pendant la première période du fractionnement, a complètement disparu , et l'albumen, d'abord opalin, est devenu d'une transparence égale à celle de l'eau de mer. Bientôt après, la surface tégumentaire de l'embryon se couvre d'appendices filiformes d'une extrême ténuité. Généralement vers la vingt-quatrième heure, mais quel- quefois un peu plus tard , l'embryon agite avec une grande vitesse ses ap- pendices, qui ont acquis assez de force pour lui servir d'organes locomoteurs. Ji'animal ne tarde pas alors à se débarrasser de la membrane testacée de l'œuf. » Au moment de son éclosion, la larve de l'Oursin a une forme tiès-ana- logue à celle des Méduses et des Rayonnes, en général. Son corps est ar- rondi comme celui de l'animal adulte, offrant simplement, sur un point, une légère concavité, au centre de laquelle est l'ébauche de l'orifice buccal. On peut distinguer cette portion dont le degré de développement est plus avancé que celui des autres parties du corps, sous le nom de pôle oral. » A l'aide de ses appendices filiformes, la larve se meut avec assez de facilité et presque toujours en roulant sur elle-même. " Au sixième ou au huitième jour, la forme de l'animal s'est modifiée; une moitié du corps, celle où se trouvera l'anus, et qu'on pourrait nommer pôle anal, s'est un peu allonge'e. La surface de l'enveloppe extérieure est devenue plus unie et plus transparente, les gros globules qui étaient au centre du corps ont disparu. On observe alors les premiers rudiments du canal intes- tinal, dans lequel on distingue un œsophage court, un estomac ayant la forme d'une grosse ampoule et un intestin très-court. » Au douzième ou au quinzième jour, le corps de la larve est devenu complètement pyriforme. Le pourtour de l'anus présente de petits disques formant une sorte de petite rosace, et des lignes circulaires profondes se ma- nifestent sur la portion du tégument, comprise entre les deux pôles. La di- ( ï7 ) mension du pôle oral s'est beaucoup accrue, et dès ce moment on aperçoit , autour de la bouche , des appendices analogues à des tentacules labiaux. ' !'. ') Parvenue à ce degré de développement, c'est-à-dire vers le seizième ou dix-huitième jour, la larve de l'Oursin, qui a perdu toute son agilité , s'atta- che , par le pôle anal , au corps près duquel elle s'est arrêtée ; et un pédi- cule cylindrique assez gros , et long d'une fois et demie le diamètre du corps , se développe très-rapidement. Fixé ainsi sur une tige flexible , le jeune animal n'a d'autres mouvements que ceux qui lui sont imprimés par l'agitation du liquide. On distingue, pendant cette période , des petits mamelons disposés en rangées régulières autour du pôle oral. Vers le vingtième jour, il se dé- veloppe , au sommet de ces mamelons , des appendices spiniformes , d'une grande longueur comparativement au volume de l'animal. La matière cal- caire entre déjà en si grande quantité dans leur composition , que le moindre choc suffit pour les briser sans les faire plier. )i J'ai suivi les progrès de l'animal jusqu'au moment où il se détache de sou pédicule pour vivre sans doute comme il le fera durant le reste de son exis- tence. Quelque incomplètes que soient mes observations, je crois quelles peuvent donner une idée générale du développement de l'Oursin , et per- mettre d'en tirer les conséquences suivantes : Dès que l'embryon a une forme qui lui est propre, toutes les parties de son corps sont disposées presque symétriquement autour de l'axe bucco-anal, et, par conséquent, il porte au plus haut degré tous les caractères du type de l'embranchement zoologique dans lequel il est classé, c'est-à-dire du type rayonné. » C'est autour de l'axe bucco-anal que l'activité du travail générique se manifeste dès l'origine , et se maintient constamment plus grande durant tout le cours du développement, et c'est principalement des deux extrémités de cet axe qu'il rayonne, qu'il s'étend de proche en proche aux autres par- ties de l'enveloppe tégumentaire. » Qu'on cherche tant qu'on le voudra, dans la disposition des diverses parties de VEchinus esculentus , une tendance au développement bilatéral semblable à celle signalée par M. Sars , chez une Astérie , et l'on n'en trou- vera pas la moindre trace , même pendant 'la plus courte durée d'une des phases des phénomènes génésiques. Chez la larve de l'Oursin , lorsque le corps s'allonge, aussi bien que lorsqu'il se raccourcit pour revenir à peu près à sa configuration initiale , ces changements s'opèrent suivant l'axe bueco- anal, de sorte que la forme radiaire n'en reçoit aucune atteinte. ^ » En résumé, dès que l'on peut distinguer les premiers linéaments orga- '' C. a., i«7, i" Seme5(re. (T. XXIV, NO 1.) 3 ( i8 ) niques do cet être, c'est déjà un embryon radiaire, et l'animal, dans toutes les autres phases de sa vie, demeure invariablement radiaire. » M. MiLNE Edwards présente une Note sur la circulation du sang chez les Coléoptères, par M. Nicolet. L'auteur a observé le mouvement circula- toire des fluides nourriciers dans les élytres des Coccinelles, où un système de lacunes, en communication avec la cavité générale, tient lieu de vaisseaux sanguins. (Commissaires, MM. Duméril , Milne Edwards.) MÉDECINE. — Sur les maladies des pays chauds. Topographie médicale de Tlemcen ; compte rendu des maladies externes qui ont régné pendant les années 1 843-46 y par M. Cambay. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE.— Mémoire sur un chemin de fer à quatre rails; par M. J. Bazin. (Commission des chemins de fer. ) MÉDECINE. — Mémoire sur un plan détaillé d'un enseignement agricole complet, tel qu'il convient à la France ; par M. Jacquemin. (Commission précédemment nommée.) La Commission chargée de l'examen de deux Notes de M. deParavejr sur l'emploi à faire, dans les constructions, des larves d'Auvergne et des ardoises des Ardennes, demande l'adjonction d'un membre de la Section de Géologie et de Minéralogie. M. Êlie de Beaumant est désigné à cet effet. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de la Guerre annonce qu'il a fait déposer au Secrétariat, conformément au vœu exprimé par l'Académie, les manuscrits laissés par feu M. Aimé, membre de la Commission scientifique de l'Algérie; un in- ventaire détaillé de ces diverses pièces rapprochées comme elles l'avaient été par M. Aimé lui-même avant son départ pour l'Afrique. « A cette occasion, ajoute M. le Ministre, je crois devoir vous informer qu'un des employés de la direction des affaires de l'Algérie, a été chargé ( 19 ) d'exécuter un grand nombre de copies pour M. Aimé, qui lui avait fait con- naître en partie l'ordre qu'il se proposait d'adopter dans les publications des deux derniers volumes. Cet employé pourra donner des renseignements à la Commission chargée de l'examen des manuscrits de M. Aimé, et, si vous pensiez que ces renseignements pussent lui être utiles, je m'empresserais de le mettre à votre disposition. » (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. le Ministre de la Mariîve, qui avait demandé précédemment à l'Aca- démie des Instructions relatives aux observations scientifiques à faire dans le cours d'une exploration de l'Amazone , qui devait .s'exécuter sous le com- mandement de M. Tardj de Montravel, annonce que l'expédition est ajournée. M. le Ministre de l'Instructon purlique accuse réception de l'ampliation qui lui avait été adressée , conformément à ime décision prise par l'Académie , des Instruction préparées pour le voyage de M. Tardj de Montravel. M. le Ministre des Finances invite l'Académie à lui faire connaître , le plus promptement possible, le jugement qu'aura porté, sur \ éhullioscope alcoo- métrique de M. Brassard Vidal, la Commission à l'examen de laquelle cet appareil a été renvoyé. ,....' ; _- , (Renvoi à la Commission nommée. ) ., - . CHIMIE. — Sur la pjroxjline. (Lettre de M. Vrîj, professeur de chimie à Rotterdam, à M. Pelouze.) ■ ■ - y « L'amidon, qui, traité par l'acide nitrique monohydraté, se gonfle en se transformant en xyloïdine, ne se gonfle pas du tout dans un mélange à vo- lumes égaux d'acides nitrique et sulfurique, mais se transforme en pyroxyline, qui a toutes les propriétés du coton traité de la même manière. Avec quatre crains d'amidon préparé de cette manière, chargés dans un pistolet à balle forcée, j'obtins les mêmes effets qu'avec seize grains de poudre de chasse. » La pyroxyline, préparée avec le coton ou le papier, moyennant le mé- lange d'acides nitrique et sulfurique, se dissout dans l'acide nitrique mono- hydraté, à l'aide d'une chaleur de 80 à 90 degrés centigrades. Si l'on ajoute de l'acide sulfurique concentré à cette dissolution, en agitant continuellement, toute la pyroxyline est précipitée en flocons blancs , sans perte appréciable de poids, avec toutes ses propriétés primitives^ excepté la forme. Peut-être 3.. ( 20 ) que cette forme pulvérulente, sous laquelle on obtient la pyroxyline en sé- chant ces flocons blancs, pourra être utilisée dans l'application ingénieuse que vous avez déjà faite de la pyroxyline pour préparer des capsules à per- cussion. Mais si, au lieu d'acide sulfurique, on ajoute de l'eau à la dissolution nitrique , il se précipite un corps blanc , floconneux , d'une saveur amère , soluble dans l'alcool comme aussi dans une grande quantité d'eau, qui brûle bien par le contact d'une flamme ou en la chauffant, mais d'une manière beaucoup plus lente que la pyroxyline et en laissant un résidu de charbon. Il L'acétone transforme la pyroxyline immédiatement en une gelée trans- parente qui est coagulée par leau en des flocons blancs ayant beaucoup de ressemblance avec le coton. En employant une grande quantité d'acétone, la pyroxyline est tout à fait dissoute. » La potasse caustique dissout la pyroxyline , tandis que le coton qui avait servi à sa préparation n'était pas attaqué du tout. Cette dissolution n'était pas précipitée par l'eau ni par des acides. » L'acide sulfurique concentré dissout la pyroxyline à la température or- dinaire, sans coloration. Si l'on tient ime baguette mouillée d'ammoniaque au-dessus de la dissolution, on voit immédiatement apparaître des vapeurs blanches qui décèlent la présence d'un des acides de l'azote dans la dis- solution. » Gardée pendant cinq semaines dans un flacon rempli d'eau et séchée de nouveau , la pyroxyline n'avait pas perdu ses propriétés. Cette propriété pourra être utile pour conserver des grandes masses de pyroxyline sans le moindre danger. . » Si l'on traite du coton ordinaire par l'acide nitrique monohydraté , en élevant la température jusqu'à 3o ou 35 degrés, il se transforme en un mucilage épais et limpide , et finit par se dissoudre tout à fait ; l'eau précipite de cette dissolution la xyloïdine , comme l'a déjà observé M. Bra- connot : mais si , au lieu de l'eau , on verse de l'acide sulfurique concentré dans cette dissolution nitrique du coton , il se forme un précipité de pyroxyline. X L'acide acétique concentré dissout la xyloïdine , tandis que la pyroxy- line n'est pas dissoute par cet acide. La dissolution acétique de xyloïdine pré- parée avec le coton est précipitée par l'eau sous la forme d'un coagulum cohérent, tandis que l'eau précipite la dissolution acétique de la xyloïdine, préparée avec de l'amidon, sous la forme d'une poudre, ce qui me fait douter de l'identité de ces deux produits. )' En chauffant la pyroxyline, préparée du coton , dans un bain d'huile , j'ai obtenu les mêmes résultats que M. Vankercknoff. La température à ( ^I ) laquelle la pyroxyline s'est enflammée a varié depuis 1 1 5 jusqu'à 1 80 de- grés. Une seule fois la température s'est élevée jusqu'à 210 degrés sans qu'il y eût inflammation de la pyroxyline; mais elle était devenue brune, et brûlait à l'approche d'une flamme en laissant beaucoup de charbon. » CHIMIE. — Sur un nouveau dosage de l'acide azotique et des azotates. (liCttre de M. Gossart, commissaire des Poudres, à Lille, à M. Pelouze.) « L'examen de l'action oxydante du salpêtre sous l'influence de l'acide sulfurique m'a démontré que, dans un grand nombre de cas, on peut rendre constants les produits de cette action; ce qui peut fournir un grand nombre de procédés pour le dosage exact de l'acide nitrique et des nitrates. » Pour arriver à un procédé pratique et exact, j'ai pris pour guide le principe appliqué pour le dosage du cuivre par M. Pelouze. '1 Voici comment j'opère pour l'analyse du salpêtre brut. » Je me sers , comme réactifs , ' » \°, D'une dissolution de sulfate acide de protoxyde de fer; » 1°. D'iîBÇ dissolution très-étendue de cyanoferrure rouge de po- tassium. » (La dissolution de sulfate de protoxyde de fer, dont je me suis le plus généralement servi, était fortement acide et assez proche de son point de sa- turation.) Pour la doser, je verse dans un ballon à long col 5o centimètres cubes d'acide sulfurique à 60 degrés, et aS d'une dissolution salpétrée renfer- mant dans un demi-litre 1 o grammes de salpêtre raffiné ; j'y ajoute, avec une burette graduée, quelques gouttes de la dissolution de sulfate de protoxyde de fer: j'agite légèrement; le mélange brunit, s'éclaircit promptement et prend une couleur d'un jaune paille plus ou moins foncé. Je continue alors à ajouter goutte à goutte la dissolution normale que je veux doser, en ayant soin d'attendre chaque fois que la liqueur s'éclaircisse ; lorsque les change- ments de coloration deviennent moins rapides, je commence à chauffer lé- gèrement , et , dès qu'ils ne sont plus sensibles , j'examine si , en prenant quel- ques gouttes avec une pipette , elles ne donnent pas encore de coloration bleue avec le cyanoferrure rouge de potassium. ') Lorsque cette coloration bleue apparaît et ne disparaît pas en portant la liqueur à l'ébullition, je note le nombre total des divisions employées. 11 Une seconde épreuve , dans laquelle je diminue le nombre des essais , me donne un résultat exact. » Soit N le nombre de divisions de dissolution normale nécessaires pour saturer complètement 25 centimètres cubes de la dissolution de salpêtre (a2) raffiné: je pèse lo grammes du salpêtre à essayer que je dissous également dans un demi-litie d'eau; je détermine, comme je lai fait pour la dissolution de salpêtre raffiné, le nombre N' de divisions de sulfate de protoxyde de fer nécessaires pour saturer complètement aj centimètres cubes de cette disso- lution , et la fraction —- me donne le litre du salpêtre à essayer, avec une grande exactitude. » Ce procédé, applicable au dosage de l'acide nitrique et de tous les ni- trates en général, peut servir à doser la quantité d'acide nitrique contenu dans la pyroxyline. " Pour cela, on oxyde tout le coton qui y est renfermé, à l'aide d'un mé- lange d'acide sulfurique et de peroxyde de manganèse , on étend la liqueur obtenue, on la filtre et on la décolore à l'aide de quelques gouttes de sulfate de protoxyde de fer qui décomposent tout !e sesquioxyde de manganèse avant d'agir sur l'acide nitrique. On obtient ainsi une dissolution qui ren- ferme tout l'acide nitrique qui était contenu dans la pyroxyline , et dont il est facile de faire lo dosage. » Je continue à m'occuper en ce moment de l'étude des phénomènes qui accompagnent la formation et la décomposition des nitrates; si, comme je l'espère, je parviens à des résultats plus exacts que ceux obtenus jusque aujourd'hui, j'aurai l'honneur de rendre compte de mes travaux à l'Aca- démie. » CHIMIE. — Faits divers relatifs au coton-poudre. Teinture en rose. Prix de revient. Nouvel accident , etc. (Extrait d'une Note de M. Boxjean.) « On a généralement reconnu l'utilité de colorer le coton-poudre, afin d'éviter les accidents que pourrait causer une méprise à ce sujet. Déjà M. Gaudin a proposé de faire subir au coton une légère torréfaction, de manière à le rendre roussâtre. Je crois avoir trouvé un moyen beaucoup plus simple et moins long, en teignant directement le coton en rose, et profitant pour cela d'un des nombreux lavages dont cette substance est l'ob- jet à sa sortie du bain acide. Ainsi, par exemple, je jette , dans la dernière eau de lavage, assez de teinture de santal rouge pour lui donner une teinte rose-rouge , et je plonge dans cette eau le coton lavé encore humide. Après ime minute, on peut retirer le coton, l'exprimer et le faire sécher comme d'ordinaire. >) Si Ton ajoute au bain de teinture un peu d'alun, la teinte rose du ( 23 ) coton est un peu plus foncée, et je me suis assuré, par expérience, que l'addition de ce sulfate double augmente l'énergie du fulmi-coton. >i Dans les divers calculs qui ont été faits, on a, ce me semble, réduit à trop peu le prix de revient du coton-poudre; trois procédés principaux ont été indiqués pour sa fabrication. » Le résultat de plus de soixante expériences entreprises avec ces trois procédés variés à Tinfini m'a fait reconnaître que le prix de revient des deux derniers ne serait pas, main-d'œuvre à part, au-dessous de 8 à lo fr. le kilogramme, en supposant encore qtie l'on tirât parti du résidu des opé- rations. » Sans parler du prix élevé de cette nouvelle poudre, les dangers qu'elle présente en limiteront toujours les usages à quelques cas particuliers.... Hier matin , j'ai failli être victime moi-même d'un accident du genre de ceux dont M. Payen a donné l'explicalion dans sa Note du i6 novembre. .T'avais mis sé- cher du coton-poudre dans un tiroir de table placé au-dessus d'un brasier qui sert à chauffer mon arrière-magasin. Je venais de quitter cette table où j'avais travaillé, lorsque mon domestique en ouvrit brusquement le tiroir : le coton prit feu immédiatement , brûla tout d'un trait en donnant lieu à une légère détonation. La flamme a presque atteint la hauteur du plafond (4 mètres), et mon domestique en a été quitte pour une légère brûlure au cou, ayant eu la précaution de se retirer promptement à l'apparition de la flamme. Il y avait dans ce tiroir 12 grammes de coton-poudre, préparé avec le nitre. » M. Sainte-Preuve prie l'Académie de vouloir bien renvoyer la Note sur les chemins de fer atmosphériques , qu'il a présentée dans la séance du 7 juillet 1845, à la Commission chargée de l'examen du système de M. Hediard. M. Sainte-Preuve annonce qu'il mettra sous les yeux de la Commission diverses pièces qui établiront, en sa faveur, la priorité d'invention. (Renvoi à la Commission nommée. ) M. Perreve adresse un paquet cacheté. ', L'Académie en accepte le dépôt. A 4 heures et demie , l'Académie se forme en comité secret. Ija séance est levée à 5 heures. F. ( 24 ) BCLIETIN BIBLIOGRAPHIQim. li'Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences, 2* semestre 1846; n" 26; in-4''. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Che- VREUL, Dumas, PELOuzE,BoussiNGAULTefREGNAULT; 3* série, tome XIX; janvier 1846; in-8°. Bulletin de l'Académie rojale de Médecine; tome XII , n°' 5 et 6; iu-8°. Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 49* livraison; in-8°. Annales forestières ; tome V, 5* année; décembre 1846; in- 8°. Journal des Connaissances utiles; décembre 1846; in-8°. Bibliothèque universelle de Genève; n°' 1 1 à i5 ; décembre 1846; in-S". Traité des Maladies des pays chauds , et spécialement de l'Algérie.— i™ partie; de la Djssenterie et des Maladies du Foie qui la compliquent ; parM. Ch. Cambay; i vol. in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le concours aux pri.x de Médecine et de Chirurgie. ) Topographie médicale de la province de Tlemcen; parle même; broch. in-8° (adressé pour le même concours). Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; 6* sé- rie.— Sciences mathématiques, physiques et naturelles, tome VI. — i" partie: Sciences mathématiques et physiques, tome IV; a" livraison; in-4°. Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; 6* sé- rie. — Sciences mathématiques, physiques et naturelles, tome VI. — 2® partie : Sciences naturelles, tome V ; 3* et 4* livraisons ; in-4°. Raccolta. . . Recueil scientifique de physique et de mathématique ; 2® année; n°* 23 et 24, 1846; in-S". Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n" 585; in-4''. Istoria. . . Histoire du Tremblement de terre qui a dévasté les cantons de la côte de Toscane le i4 août 1846; par M. L. PiLLA. Pise , 1846 ; in-8°. Gazette médicale de Paris; i']" année, 1846; 3* série, tome II, n° 1"; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n°* i52 et i53; in-folio. L' Union agricole ; n° 1 3 2 . COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. »«««< SÉANCE DU LUNDI 11 JANVIER 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur la relation des charges de poudre avec les vitesses initiales (qu'elles communiquent aux balles, et sur celle qui lie les forces vives de ces balles au volume de l'impression produite dans le plomb ; par M. A. Morin. '< On sait que Hutton , dans ses expériences sur les vitesses initiales com- muniquées aux projectiles par différentes charges de poudre, a trouvé que ces vitesses variaient en raison directe des racines carrées des charpes. Mais cette relation simple n'a été vérifiée, jusqu'ici, dans les canons, que pour les petites charges; et quant aux fusils, on ne possédait pas d'expé- riences qui en aient constaté l'exactitude dans des limites étendues. » Les expériences de Hutton et les recherches beaucoup plus complètes de la Commission des principes du tir de l'école de Metz ont fait voir qu'aux très-petites charges , les vitesses communiquées aux projectiles, dans les armes ordinaires, sont inférieures à celles qui résulteraient de la loi citée, et que, d'une autre part, dans les canons, aux charges supérieures à |- du poids du projectile, une portion de la charge étant projetée sans être brûlée C. «., 1847, i" Semenre. (T. XXIV, N»2.) 4 ( .6) ou sans avoir produit son effet, les vitesses sont d'autant plus inférieures à celles que fournit cette loi, que les charges sont plus fortes. On a reconnu aussi que, pour des bouches à feu d'une longueur donnée, la vitesse initiale atteint promptement sa valeur maximum , et qu'un accroissement de charge au delà de ce terme produisait une diminution dans la vitesse. » Ainsi, dans les bouches à feu courtes, la loi de Hutton n'est vraie qu'en- tre des limites assez étroites. Cependant cette loi , que le physicien anglais n'avait entrevue que comme une relation approximative déduite des faits observés, est une conséquence du principe général des forces vives, ou de la transmission du travail. C'est ce que M. Poncelet a le premier démontré d'une manière très-simple, dès l'année 1829, dans la première édition de son iniroducuon à VEtitde de la Mécanique industrielle. Elle n'est même qu'un cas particulier de la loi plus générale, énoncée en ces termes, par le savant géomètre , savoir que : Les forces vives communiquées aux projec- tiles sont proportionnelles aux charges de poudre qui les produisent. >' La démonstration de cette proposition suppose que le tir satisfait à deux conditions : la première, que la perte de gaz par la lumière et par le vent du projectile est nulle ou assez faible pour être néghgée, ou sans in- fluence notable; la seconde, que toute la charge est assez complètement brûlée dans l'intérieur de la bouche à feu pour produire son effet. " Or on conçoit facilement que pour les très-faibles charges , avec les di- mensions ordinaires données au vent et à la lumière, le volume de gaz qui s'échappe , et qui dépend essentiellement de ces dimensions, doit être, à pre- portion , beaucoup plus considérable que pour les grandes charges. D'une autre part, dans les canons dont la longueur est comprise entre seize fois et vingt-quatre fois le diamètre du projectile, les fortes charges n'ont pas le temps de brûler, et une portion notable de l'effet qu'elles pourraient pro- duire est perdue. Mais dans les fusils de calibre dont la longueur est de soixante à soixante-dix fois le diamètre du projectile, et à proportion beau- coup plus considérable que dans les armes précédentes, la loi doit être ob- servée dans des limites plus étendues et pour des charges plus fortes. i< Il m'a paru qu'il serait utile de vérifier, pour ces armes longues, l'exac- titude de la loi simple qui nous occupe, et de confirmer, par l'expérience, les principes sur lesquels elle est fondée, en cherchant en même temps à reconnaître quelle pouvait être, dans les fusils, l'influence plus ou moins grande du vent. n .T'ai invité, à cet effet, M. le chef d'escadron d'artillerie Mallet à entre- prendre, avec le pendule balistique de la direction des poudres, une série ( ^7) d'expériences sur les vitesses initiales communiquées aux balles de fusil, en faisant varier : i" les charjjes depuis i gramme jusqu'aux plus fortes dont l'appareil pourrait permettre l'usage; i" le calibre des fusils selon les moyens dont on pouvait disposer; 3° le vent des projectiles. '• Ces expériences, exécutées avec tout le soin désirable, ont fourni, pour six proportions du vent, les vitesses communiquées aux projectiles par des charges différentes. Connaissant donc, dans chaque cas, le poids et, par suite, la masse de la balle, la vitesse qui lui était communiquée, ainsi que la charge, il a été facile de comparer les forces vives aux charges qui les pro- duisaient. » Pour dégager les résultats de cette comparaison de l'influence des ano- malies que présentent toujours de semblables expériences, quelque soin que l'on y apporte, je lésai représentés graphiquement, en prenant les charges pour abscisses, et les forces vives pour ordonnées. Si la loi énoncée plus haut étaft vraie, /tous les points ainsi déterminés devaient se trouver sur une même ligne droite, passant par l'origine des charges. » Tous les résultats des expériences et de la discussion que je viens d'in- diquer sont consignés dans le tableau suivant ; ( ^8) S? «s s: s 5 S s =1. 3 •S" s S o o - — co O u a ch > f « ïO en r* — R s ffs ir> v^ 00 > cr> b. > 00 Cï Ci co ^ s te E~ s" ?> "- s ^ ce ë ii s ^ ;S -3 o U Q (Il > r-» rN 05 - = -a 5 o o e" ë" o. S 00 r^ &s a -a ^ 0) "O £ S E E » -- S Ë S, I — — n - -; - ^' 3 — M £'■§ ■ -° S ^ -■ = o ~ ?, tj Q eu > O ■ --00 r; S '■'' S 13 ^ o « U Q Oh > =2 g 5 m O *-# Cl Cl cï en m fo *^ Cl Ç-* I> O 00 ^ CT m *-!»• O oo -^T «n «* t t « t ^O 00 r>. tO 5 S Oï £■ S s; 00 ci S- - . . 00 fO m o m g CO es Ci crt çn ^^ ■vT ss 8 r~. fO »* ■"^ Gï ? g ■ Cl 00 V3- ci -H Ci 0000 r-.QOcocoe^ Ci'-îf rt cti '■îr va» m m *rt S tS °§ o CI en ai "S, en f? s o 00 s Ci ^ s» ^ .ï? 'ft ^ s s, f^ ^ « VT -^ m LO «. t> ^ lO a> t> fO g "S o en es ? in 2 =2 g^ in ? ^3- « ^ kO J? ■-SI' ^ f 1 i:^ M v3- S v=r 8 en S, § 1- > S S m Ci ^ 3 -^ en en en V. i- 00 Ci in m cï o « "* ç^ op. .S .2 va- V!S- v^ V!f vd- m m - CicOvS-irtO ïtnOO Ol ( ^9 ) » En examinant ce tableau, le premier tir exécuté avec un canon de fusil du calibre de i8 millimètres et une balle de i6™",3 de diamètre, pesant aS^^So, ayant par conséquent un vent de i°"°,7, montre que, pour les charges de 7 grammes et au delà jusqu'à celle de i5 grammes, la plus forte que le pen- dule ait permis d'employer, les forces vives communiquées sont effective- ment proportionnelles aux charges; et la construction graphique donne , pour lier les forces vives aux charges, la formule mV=' = 47 G , dans laquelle la masse du projectile est représentée par m, la vitesse initiale par V exprimée en mètres, et la charge par G exprimée en grammes. » Mais l'on voit aussi qu'au-dessous de la charge de 7 grammes , les forces vives communiquées sont d'autant plus inférieures à celles que donnerait cette loi, que les charges sont plus faibles. On reconnaît ici la grande in- fluence du vent considérable qu'avait le projectile. » Le deuxième tir exécuté avec le canon de fusil du calibre de i7'""',5 et 7^ mm une balle de i6™™,3 de diamètre, pesant 2 5^'^,8o et ayant un vent de i'"'",2, montre que, dans la charge de 6 grammes jusqu à celle de i5 grammes, la loi se vérifie et fournit, entre les forces vives et les charges, la relation mV=' = 57G, mais qu'au-dessous de 6 grammes les forces vives sont inférieures à celles fournies par cette formule. Toutefois, l'écart est déjà moins grand que dans le cas précédent, ce qui provient évidemment de la réduction du vent. » Quelques expériences faites avec de petites charges , et dont les résultats m'ont été communiqués par M. le colonel Piobert(i), ont donné des résultats qui s'accordent avec ceux des observations de M. le commandant Mallet. " Le troisième tir avec un canon de fusil du calibre de 18 millimètres et des balles de 17 millimètres, pesant 29 grammes, et ayant un vent de i mil- limètre , montre aussi qu'à partir des charges de 5 à 6 grammes environ , la loi se vérifie , et que la force vive serait donnée par la formule (i) Ces expériences ont, en effet, fourni les résultats suivants: Charges. Vitesses Forces vives ... o,5o '4,34 125 39,82 i,5o m 160 65,25 Les balles employées pesaient 25 grammes. S'- 2,00 190 89,92 2,5o m 218 121 ,12 If 3,00 m 245 i52,88 ( 3o ) Au-dessous de la charge de 5 à 6 grammes environ, la force vive est in- • férieure à celle que fournirait cette relation. » Le quatrième tir, exécuté avec un canon de fusil de I7"™,5 et une balle de 17 millimètres, du poids de 29 grammes, ayant un vent de o'™',5 seulement, montre qu'à partir de la charge de 2 grammes seulement jusqu'à celle de 12 grammes, la plus forte que le pendule ait permis d'employer dans ce cas, la loi représente tous les résultats de l'expérieuce , et que les forces vives sont exprimées par la formule mV=' = 8iC. On voit, par ce résultat, que les écarts entre la loi mathématique et l'expérience sont, comme on l'a dit, effectivement dus à l'influence du vent et de la lumière, puisqu'ils diminuent graduellement à mesure que le vent devient plus petit. » Le cinquième tir, exécuté avec un canon de fusil du calibre de i-j^"',55 et des balles de I7'"'°,4, du poids de Si^^So, ayant un vent de o""",i5, montre que, depuis la charge de iK',5 environ jusqu'à celle de 8 grammes, la plus forte que le pendule ait permis d'employer, la loi est vérifiée, et que la force vive communiquée est représentée par la formule mV* = 89,8G. » Enfin, le sixième tir relatif à un canon de fusil du calibre de i7™",5o, avec des balles de i7°"",4, du poids de 3iS'^,3o, qui n'avaient qu'un vent de o""",io, a encore fourni une semblable vérification, et montré qne la force vive communiquée à la balle peut se calculer par la formule /nV=' = 94G. . - n De l'ensemble de toutes ces expériences, l'on peut donc conclure : » i". Que les forces vives communiquées aux projectiles sont propor- tionnelles aux charges de poudre qui les impriment, ainsi qu'on le déduit du principe général des forces vives ; " a°. Que pour les faibles charges, les forces vives communiquées s'écartent d'autant moins de cette loi , que le vent est plus petit , et qu'elles doivent la suivre pour les armes à balle forcée ; 1» 3°. Que cette loi est vérifiée pour les fusils, par ces expériences, jus- qu'à des charges qui dépassent la moitié du poids de la balle. » Si l'on réunit les formules pratiques déduites de chacun des tirs pré- cédents, ainsi que les données principales, on peut en former le tableau suivant : (3i ) FORMCLE ■ODÈLE DUHÈTRE DIAHÈTHE POIDS VENT donnant la force vive du canon. du canon. « de la balle. do la balle. do la balle. imprimée au projectile en fonction de la charge en grammes. 1842 mm 18,00 mm i6,3o 25,80 mm 1,70 m\' = 47,0 C l8l6 17,50 j6,3o 25,80 1,20 mV= = 57,0 c 1842 i8,oo 17,00 29,00 I ,00 m\' = 60,0 C 1816 17,50 17,00 29,00 o,5o mV = 8l,oC 1816 17,55 17,40 3i ,3o o,i5 /»V= = 89,8 c 1816 17,50 17,40 3i ,3o 0,10 mV' = 94,0 C - " On voit, par la comparaison des coefficients des charges dans ces for- mules, avec la proportion du vent, combien est grande la perte d'effet pro- duite par l'échappement des gaz. >• Il suit de là qu'un forcement léger de la balle, qui annule simplement le vent, produit un accroissement très-considérable de vitesse. Cela prouve que, dans les armes rayées, la perte de vitesse de translation produite par le frottement et la rotation des balles doit être plus que compensée par l'effet de la suppression du vent. C'est ce que nous nous proposons de vérifier plus tard. » On en déduit aussi que l'emploi des armes à balle forcée , tirées avec des capsules, ou tout autre moyen par lequel la lumière est fermée ou sup- primée, contribue beaucoup à augmenter les effets, et explique comment telle matière explosive, telle que le papier azotique, qui en produit d'assez notables dans ces armes, n'en donne que de tout à fait nuls dans les armes ordinaires. n Comparaison des forces vives des balles aux volumes des impressions qu'elles produisent. — Dans les expériences au fusil-pendule, la balle frappe un bloc de plomb placé dans le récepteur et y forme une impression dont le volume dépend de la force vive du projectile. Déjà dans des expériences nombreuses, faites à Metz, nous avons constaté, M. Piobert et moi, que dans le tir des boulets de tous calibres dans la maçonnerie, dans la terre, dans le plomb, et même sur la fonte, le volume de l'impression est propor- tionnel à la force vive du projectile. " M. le commandant Mallet ayant mesuré, en le remplissant d'eau, le ( 32 ) vide formé à chaque coup dans les expériences précédentes , il a été facile de vérifier de nouveau cette loi déduite aussi du principe des forces vives. Les résultats de ces mesures, ainsi que les forces vives correspondantes , sont réunis dans le tableau suivant pour les calibres de i8 millimètres et i7""",5: Comparaison des forces vives des balles au volume des impretsions qu'elles produisent dans le plomb. CHARGES. Calibre du fusil .... 18""" ,o Diamètre de la balle. i6""",3 Poids de la balle... 25S'',8 Vent i™"^,7 Calibre du fusil ij^^S Diamètre de la balle. le-n^jB Poids de la balle... 256>-,8 Vent i™°^,2 Calibre du fusil.... I7™'",5 Diamètre de la balle. ly^m^o Poids de la balle... agS^'jO Vent o""".5 VOLUMES VOLUMES VOLUMES POUCES VIVES. de rimpression. FORCES VIVES. de l'impression. FORCES VIVES. de l'impression. S"- ,5,74 cent. tub. 0,57 23,37 cent. cub. i,3o 59,84 cent. cub. 2,57 2 39)73 i,i3 75,92 2,26 .53,87 6,17 3 87,62 2,26 '44, i4 4,76 229,20 7,97 4 i36,o9 4»96 2x3,58 6,56 338,43 12,47 5 207 ,o5 7,86 269,61 9,96 420,63 i5,57 6 273,79 9>76 341,12 12,36 494,23 20,07 7 339, i3 12,16 412,81 i5,6i 569,53 22,07 8 377,45 14,76 45i ,01 18,11 647 ,6' 25,57 9 438, 5i 16,86 5i2,88 20,81 7'8,99 28,87 lO 475,10 19,06 569,44 22,86 828,14 33,17 1 1 528,27 20, 56 627,51 26,11 909,74 36,67 12 586,92 23,26 672,60 27,96 992,29 38,67 i3 620,16 24,46 721 ,00 29,51 » » i4 673,22 27,66 768,42 3o,56 b » i5 726,50 28,26 874,09 32,65 11 » " En prenant dans ces trois séries d'expériences les forces vives des balles pour abscisses, et les volumes des impressions pour ordonnées, on reconnaît, malgré quelques irrégularités, que le lieu des points ainsi déter- minés est une ligne droite passant par l'origine des abscisses, et inclinée de telle sorte qu'en nommant Q le volume de l'impression en centimètres cubes, et en conservant les notations précédentes , l'on a enire le volume de l'im- ( 33 ) -, pression produite dans le plomb et la force vive du projectile , la relation - ce qui nous fournil une nouvelle vérification de la loi de la proportionnalité des volumes des impressions aux forces vives des projectiles qui les pro- duisent. » ••. ! ' ASTRONOMIE. — Éléments provisoires de la planète de M. Le Verrier, pour l'époque du 7 décembre 1 846. (Lettre de M. Benj. Valz à M. rfe Gasparin.) « Le mouvement de la planète dont la découverte a été due si inopi- nément aux belles et ingénieuses recherches de M. Le Verrier, est telle- ment lent, qu'il pourra paraître prématuré d'en déterminer les éléments, sur un arc parcouru d'une fraction de degré seulement, et sur un aussi faible interyalle entre les observations; mais, du moins, l'intérêt qu'il y aura à comparer la théorie, obtenue d'une manière si remarquable, avec celle déduite d«s observations, servira d'excuse à la tentative faite pour les pre- miers éléments obtenus. La petitesse des latitudes observées , qui rejette dans les cas d'exceptions des méthodes les plus favorables, vient augmenter aussi la difficulté, et rendre plus délicate encore une pareille recherche. Les méthodes de calcul se trouvent donc, dans ce cas-ci, en défaut, ou du moins on est obligé de recourir à quatre observations, ainsi que c'est néces- saire avec la méthode la plus complète et la plus rigoureuse que nous ayons , et qui joint à l'avantage d'approximations successives, une marche unique et identique dans les calculs; mais, on ne saurait en disconvenir, elle est assez laborieuse: il faut recourir à des Tables auxiliaires, dont la con- struction et l'emploi sont fort remarquables sans doute , mais dont il serait cependant avantageux de pouvoir se passer. D'ailleurs, l'emploi de quatre observations paraît présupposer qu'on peut compter sur les troisièmes dif- férences, ce que les erreurs ordinaires d'observations pourraient ne pas permettre. J'ai donc essayé d'abord de chercher une méthode qui pût réussir généralement, et fût aussi simple que possible, et je suis parvenu, en effet, à rendre les calculs plus courts et plus faciles que d'ordinaire. J'ai pu ob- tenir ainsi les éléments suivants, assez satisfaisants dans un cas d'exception qui présentait quelques difficultés. Je désignerai sous le nom de méthode différen- tielle, la .marche que j'ai suivie dans mes calculs; elle est due en effet à des ► formules de cette nature. On doit s'attendre, du reste, qu'avec un arc par- couru, qui n'est que d'une fraction de degré seulement, on ne puisse obtenir C. a., i847, i«fSem«(«. (T. XXIV, NOS.) 5 ( 34 ) une bien grande exactitude. Nous pensons cependant que le rayon vecteur et le paramètre ont pu être déterminés à un millième près; mais l'excen- tricité, à cause de sa petitesse et d'un arc parcouru si faible, pouvant présenter quelque incertitude, le grand axe ne serait exact qu'à un centième près, et la longitude du périhélie qu'à quelques degrés tout au plus. Pour pouvoir obtenir l'excentricité avec plus de sûreté, on se trouvera obligé d'attendre la prochaine opposition. Ces restrictions convenues , voici les élé- ments auxquels je suis parvenu par ma nouvelle méthode , mis en regard de ceux de M. Le Verrier, pour qu'on puisse mieux juger de leurs différences, de peu d'importance du reste, relativement à leur origine si diverse : Demi-grand axe 3o,025 d'après les observ. 36, 1 54 d'après M. Le Verrier. Révolution 1 65 ans » 217 ans » Demi-paramètre 29.725 » , 35.786 » Excentricité o.ioo » 0.107 » Dist. au Soleil, 7 déc 80.17 >• 83, 06 i janvier 1847. Long, moyenne, id. .. 3i5''58'27" » 3i8''47' Id. Long. hél. vraie, id. .. 327.24-55 » 826.32 Id. Long, du périhélie 228.56. o » 284.45 Long, du nœud ascend. . 1 33. 1.89 » 156" Inclinaison 2.9.5 « 6" >• Comme, au sujet de la nouvelle planète, on a rappelé les astres ob- servés par MM. Cacciatore et Wartmann , je puis ajouter à ce qui a déjà été mentionné , que le premier de ces observateurs n'ayant pas précisé les épo- ques, ni assez spécifié les positions, j'en obtins des éclaircissements, d'après lesquels le sens du mouvement était changé. Dans la supposition d'une pla- nète circulaire , elle se trouverait être une nouvelle sœur des petites pla- nètes, différente d'Astrée, et dont la révolution serait de 3 ans, la distance au Soleil 2,1a, l'inclinaison 3°45', et le nœud ascendant 347° 1 5'. » Quant au second astre , en ayant obtenu les observations originales, j'ai essayé vainement toute espèce de trajectoire, et exécuté les calculs les plus prolixes , sans parvenir à en représenter le cours. Considéré comme planète , sa demi-rétrogradation de 86 jours, ne pourrait convenir qu'à une distance au moins huit fois plus grande que celle d'Uranus, tandis que, d'après son demi-arc de rétrogradation de a" 36', il devrait être au-dessous de la nouvelle planète. .) Sans la moindre intention d'atténuer en rien le mérite de la belle décou- verte du nouvel astre, que j'apprécie aussi bien qu'il est possible, je crois ( 35 ) pouvoir rappeler que j'avais pressenti, il y a onze ans, son existence , ainsi que cela est consigné dans les Comptes rendus de l'académie des Sciences, tome I", page i3o, à l'occasion du retour de la comète de Halley, qui peut s'en trouver à une plus grande proximité encore quTJranus, et dont l'incli- naison eu serait surtout affectée. Mais , comme il s'est glissé une faute d'im- pression dans le passage cité, je crois devoir reproduire les propres expres- sions de ma liCttre , en date du i4 septembre i835 , qui se trouve entre les mains de M. Arago. Après avoir remarqué que , pour expliquer le désaccord sur le passage au périhélie par la résistance d'un étlier, il faudrait lui sup- poser un mouvement rétrograde, ce qui n'est guère admissible, je conti- nuais comme il suit : « Je préférerais recourir à une planète invisible, placée au delà d'Uranus; sa révolution, d'après la progression des distances, serait au moins trinje de celle de la comète, de façon que de trois en trois appa- ritions, ses perturbations se reproduiraient à peu près de même, et le calcul des quatre ou cinq intervalles avérés pourrait les faire reconnaître. Ne serait- il pas admirable de parvenir ainsi à s'assurer de l'existence même d'un corps qu'on ne saurait apercevoir? Mais ces calculs , etc. » ' •' ■ .; -"^ ■•'■" ■■■■ ■'-■■''■■ ■ ' ■ M. Arago a présenté, de la part de MM. James Watt et Mcirhead, un ouvrage intitulé : Correspondence ofthe late JamesTVatt, on ihediscovery oj ihe theorjr of ihe composition oj the water, with a letter Ji oin his son, edited with introductorj remarks and an appêndix , hj James Patrick Muirhead, Esq. , F. R, S. E. En rendant un compte verbal de ce bel ouvrage, M. Arago s'est attaché à montrer que la famille de l'illustre ingénieur ne pouvait pas tarder plus longtemps à en réunir les matériaux et à les publier. Il a cité la Lettre que M. James Watt, d'Aston-Hall , a adressée à l'éditeur et qui figure en tête du livre, comme un modèle de discussion. I^a dignité, le calme, la modé- ration de l'écrivain, a dit M. Arago, n'enlèvent rien à la force irrésistible de ses arguments. Quant à la partie de l'ouvrage due à M. Muirheiid et si modestement appelée : Introductorj remarks, elle renverse de fond en comble, suivant l'opinion du Secrétaire perpétuel, l'échafaudage d'arguties élevé à grand'peine par le révérend Harcourt-Vernon et par ses preneurs. Néanmoins, M. Arago estime qu'il lui reste encore un devoir à remplir en- vers la mémoire de l'homme à jamais célèbre que l'Académie des Sciences compta parmi ses associés étrangers. Quelque petite que soit la place que MM. Watt fils et Muirhead aient laissée à M. Arago, il en profitera pour 5.. (36) assurer, autant que cela dépendra de lui, le triomphe du bon droit et de la vérité, contre la préoccupation, l'aveuglement et l'erreur. M. Serres donne des nouvelles de la santé de M. Dulrochet. M. le Président annonce que le XXII* volume des Comptes rendus est en distribution au secrétariat; RAPPORTS. NAVIGATION. — Rapport sur un appareil proposé par M. le capitaine de corvette Léon du Parc, ayant pour objet détablir un curseur de direction sur la rose des vents du compas de route dont on fait usage à bord des bâtiments à vapeur. (Commissaires, MM. Beautemps-Beaupré, Duperrey rapporteur.) « Lorsque la mer est calme et parfaitement unie, les bâtiments à vapeui obéissent aux moindres actions du gouvernail et parviennent ainsi à tracer en ligue régulièrement droite la route qu'ils ont à parcourir. Mais il n'en est pas de même du moment que la mer s'agite, que les lames se mani- festent ou que la boule devient puissante. Alors , les navires dont nous parlons ont sur les bâtiments à voiles l'inconvénient de s'élancer tantôt à droite, tantôt à gauche de la route initiale, décrivant des amplitudes plus ou moins considérables, que le timonier, chargé de mouvoir le gouvernail, tempère le plus habilement qu'il peut, mais jamais d'une manière assez complète pour obtenir la fixité qui est le but de tous ses efforts. " La position par rapport au centre de gravité du navire, soit des roues, soit de l'hélice, employés comme moyens de propulsion; l'inégalité dans les formes des deux sections longitudinales de la carène; l'inégale répartition des poids , tant dans la construction que dans larrimage, de chaque côté dit plan médian qui sépare ces sections ; l'excessive longueur de la quille com- parativement à la largeur du maître -couple; la rapidité de la marche; enfin, l'état le plus ordinairement mobile de la surface de la mer, sont autant de causes qui, réunies ou isolées, nuisent à la rectitude de la route, en donnant aux bâtiments mus par la vapeur des allures toutes particuhères. )' Les amplitudes, ou, pour nous servir du terme employé par les marins, les embardées que ces bâtiments font sans cesse et alternativement , d'un côté à l'autre de la direction de la route prescrite , ont le grave incon- vénient, non-seulement de tenir le gouvernail en action continue, ce qui ( 37 ) nuit beaucoup à la célérité de la marche, mais encore de faire incessamment circuler en sens divers, devant la ligne de foi de la boussole, ou compas de route, des portions plus ou moins étendues de la rose des vents, ce qui absorbe toute l'attention du timonier qui gouverne, en le mettant dans la nécessité de chercher sans cesse, parmi toutes les directions figurées sur cette rose,, celle qu'il voudrait ne jamais perdre de vue et dont il serait im- portant qu'il ne pût jamais s'écarter. >' On parviendra peut-être un jour à rendre les bâtiments à 'vapeur plus dociles aux actions du gouvernail ; mais 1 on peut du moins remédier , dès à présent, aux dangers de faire fausse route par suite d'erreurs involon- taires que le timonier pourrait facilement commettre au milieu des préoccu- pations dont il est accablé, lorsque les circonstances de la navigation de- viennent pépibles et difficiles. >' On conçoit, en effet, que ce danger n'existerait pas si, parmi toutes les directions figurées sur la rose des vents, celle que l'on doit considéi'er à l'exclusion de toutes les autres était affectée d'un signe particulier , suffi- samment apparent pour qu'il ne soit jamais possible de faire confusion entre la vraie direction à suivre et toutes celles dont on n'a pas à s'occuper. fc Tel a été le but que M. Léon du Parc s'est proposé d'atteindre. Cet officier, auquel la navigation par la vapeur doit plusieurs perfectionnements, a imaginé un appareil simple et ingénieux à l'aide duquel on parvient faci- lement, sans ouvrir la boussole, à déposer sur la rose des vents et dans la direction de celui des rayons qui répond à la route prescrite, une aiguille indicatrice, fixe, mais susceptible d'être changée de rayon toutes les fois qu'une nouvelle direction de route est ordonnée. » Cette aiguille , à laquelle on pourrait donner le nom de curseur, est en cuivre. Elle part du centre de la rose , où sa largeur est d'environ i centi- mètre, et se termine en pointe à la circonférence. Dans le prolongement inférieur de son axe de rotation, il existe un petit tourillon de forme conique, qui s'introduit dans une cavité de même forme , pratiquée dans la partie supérieure de la chape qui repose, comme on le sait, sur la pointe du pivot de la boussole. 11 Abandonnée à son propre poids dans la position qu'on lui destine, l'ai- guille en question adhère suffisamment à la rose des vents à ses deux extré- mités, par le fait du frottement et du tourillon conique dont nous venons de parler, pour être entraînée par elle sans dévier de sa position , quels que soient les chocs transmis à la boussole, à moins qu'ils ne soient très-violents ; c'est, du moins, ce dont nous avons pu nous assurer ici, car il reste encore ( 38 ) à examinei' la question de savoir ce qui se passera à bord du navire, soit au milieu des salves d'artillerie, soit sur une mer très-agitée, alors que toute la carène éprouve des ébranlements multipliés et très-considérables. » Quant à l'appareil à l'aide duquel M. Léon du Parc rend cette aiguille indicatrice indépendante de la rose des vents , ou change sa position lorsque les circonstances l'exigent; il nous a été plus facile d'en faire promptement usage que de le décrire. Néanmoins, voici à peu près en quoi il consiste: n Une tige eu cuivre, d'environ 3 centimètres de longueur, est placée verticalement au-dessus du centre de la rose, mais elle ne l'atteint pas. Elle traverse la glace qui recouvre la boussole , en passant dans un trou pratiqué pour cet effet et garni d'un tube en cuivre dans lequel on la tourne, descend et monte selon l'usage que l'on veut en faire. Cette tige est repoussée vers le haut, dans un parcours d'une étendue déterminée , au moyen d'un ressort qui dis- pense l'observateur d'avoir à s'occuper de ce dernier mouvement. Elle est terminée à sa partie supérieure par un bouton circulaire, et à sa partie in- férieure par une petite barre horizontale de o. centimètres de longueur, et dont les bouts sont recourbés de manière à former deux petits crochets remontants. )i II est facile actuellement de concevoir l'usage de cet appareil. En effet, il suffit pour cela de savoir qu'il y a, sur la partie centrale de l'aiguille indi- catrice, deux petits crochets tournés, l'un par rapport à l'autre, en sens in- verse et placés de telle sorte que si, au moyen de la tige verticale, l'on pousse et dirige la petite barre horizontale qui adhère à son extrémité infé- rieure, de manière à l'engager dans les crochets dont il s'agit, et qu'on aban- donne ensuite l'appareil , l'aiguille prise ainsi par ses crochets se trouve im- médiatement suspendue au-dessus de la rose des vents , dont elle ne dépendra plus qu'après avoir été dirigée et déposée de nouveau, toujours avec le même appareil , sur un autre rayon de cette rose. " Il nous a semblé que l'on pouvait se dispenser d'arrêter le mouvement de la rose des vents pendant que dure cette dernière opération. Néanmoins l'auteur a prévu le cas où l'immobilité serait peut-être nécessaire. Il a établi pour cet effet un levier articulé qui, agissant du dehors au dedans de la boussole, satisfait parfaitement à cette condition. .. L'aiguille indicatrice a l'inconvénient d'éprouver de légers mouvements de trépidation lorsqu'elle est suspendue par ses crochets ; cela provient de ce que la barre horizontale qui la soutient est de forme cylindrique. Si cette barre était un prisme ayant une de ses arêtes tournée vers le haut, et si les crochets étaient construits de manière à se juxtaposer sur les faces de ce ■ ( 39 ) prisme, les trépidations que nous avons remarquées n'auraient plus lieu et l'aiguille nen serait que plus facile à manoeuvrer. » Nous avons examiné avec beaucoup de soin l'appareil ingénieux dont nous venons de rendre compte , et nous n'hésitons pas à dire que son usage mérite, en raison des services qu'il peut rendre, d'être pris en considération par les officiers chargés de la conduite des bâtiments à vapeur. » En conséquence, nous avons l'honneur de prier l'Académie des Sciences de bien vouloir remercier M. le capitaine Léon du Parc de la communication qu'il lui a faite et qui est l'objet de ce Rapport. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉTÉOROLOGIE. — Rapport sur une Note présentée à l' Académie ; ■ . par M. Edouard Biot. (Commissaires, MM. Babinet, Arago rapporteur.) ; . - V ■ « L'Académie, sur les conclusions conformes d'une Commission, a décidé qu'un travail de M. Edouard Biot, concernant les étoiles filantes et les bolides observés à la Chine à des époques reculées , serait inséré dans le Recueil des Savants étrangers. L'auteur présente aujourd'hui une Note supplémentaire à ce premier travail. IjCS physiciens y trouveront une discus- sion nouvelle des anciennes observations. En faisant un usage très-intelligent des représentations graphiques , M. Biot rend sensible , pour les- yeux les moins exercés, l'existence de deux maximums dans le nombre des apparitions du phénomène. L'un correspond à une époque comprise entre le 1 8 et le 27 juillet, années juliennes ; l'autre se trouve entre le 1 1 et le 20 octobre. A la simple inspection, il résulte également des figures que, du solstice d'hiver au solstice d'été, on voit beaucoup moins d'étoiles filantes et de bolides, qu'entre le solstice d'été et le solstice d'hiver. Dans cette seconde période, de 960 à 1275 après Jésus-Christ, le nombre total s'élève à 462, tandis que dans la première il n'est que de 1017. Ces résultats concordent, quant ■ aux époques des maximums et des minimums, avec ce qu'on a trouvé en Allemagne, en discutant l'ensemble des observations modernes. La ressem- blance s'étend jusqu'au rapport numérique des deux nombres, si on prend pour terme de comparaison, les résultats consignés dans les précieux ta- bleaux,que M. Coulvier-Gravier a déduits de ses propres recherches, et qui, grâce au zèle infatigable de cet observateur, acquièrent chaque année plus d'intérêt. ...» Peut-être faudra-t-il un jour rapporter les observations au périhélie et ( 4o ) à l'aphélie, c'est-à-dire aux deux extrémités de l'axe de l'orbite terrestre; mais les donuées dont on dispose ne sont pas assez anciennes pour qu'il y ait présentement utilité, comme le remarque l'auteur du Mémoire, à entre- prendre ce travail. « [ja Note de M. Edouard Biot est terminée par des considérations in- téressantes sur ce qu'on appelle les apparitions en masse des étoiles filantes , et sur la direction que ces météores affectent. En Chine, comme en Europe, ces apparitions ont quelquefois manqué pendant une longue suite d'années. Entre 960 et 1275, le sens le plus fréquent, dans la direction du météore, a été vers la partie du ciel comprise entre le sud-ouest et le sud-est. Conclusions. " La Note de M. Edouard Biot offre une discussion ingénieuse d'obser- vations qui , jusqu'ici , étaient restées ensevelies dans les annales de la Chine, Nous estimons qu'elle doit être insérée dans le Recueil des Savants étrangers, à la suite d'un premier travail qu'elle complète , et dont l'Académie a déjà ordonné l'impression, r Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. AIÉMOUŒS LUS. ÉCONOMIE RURALE. — Note sur le dommage cauié, en 1846, aux récoltes d'oliveSjpar le ver ou larve du Dacus oleae; parM. F.-E. Guériiv-Méineville. (Extrait.) (Commissaires, MM. Duméril, de Gasparin, Milne Edwards.) « Dans une courte Note, que nous avons eu l'honneur de lire à l'Académie des Sciences, le 3 août 1846, nous avons annoncé qu'il était possible de dé- truire les vers ou larves qui rongent le parenchyme des olives et sont cause de la perte des récoltes d'huile, en faisant la cueillette de ces fruits hâtive- ment, lorsque les vers sont encore tous dans le fruit, et en broyant im- médiatement ces ohves, pour broyer en même temps les larves qu'elles ren- ferment » En arrivant dans le midi de la France, un mois après la publication de notre Note dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, et par suite dans les journaux, nous avons eu la satisfaction de voir que nos idées étaient approuvées par les praticiens. Dans l'arrondissement de Toulon, où nous avons séjourné assez longtemps pour propager cette manière de voir', ( 4i ) beaucoup de propriétaires se sont hâtés de faire abattre leurs olives avant l'époque habituelle , et tous s'en sont applaudis quand ils ont vu qu'ils avaient obtenu encore assez d'huile, lorsque d'autres n'en retiraient presque plus quelques jours plus tard. JuJuk •!!->i{avfj* ; Iji y : v .-•,;, ; ,. . ^.i..^'». Voulant connaître d'une manière certaine le rendement des olives attaquées par le ver, suivant qu'on les avait détritées plus tôt, nous avons visité un assez grand nombre de moulins à huile, et, entre autres, le bel établissement de M. Senequier, près de Toulon. M. Senequier nous a assuré avoir remarqué que i6 doubles décalitres d'olives avaient donné, jusqu'au 12 octobre, 33 à 34 litres d'une huile de médiocre qualité; mais que, passé cette époque, et jusqu'au ai octobre, la même mesure ne donnait plus que 1 5 à i6 litres de la plus mauvaise huile. Plus tard, le résultat était tellement minime et de si mauvaise qualité, qu'on avait renoncé à porter les olives au moulin. .: ■ ' v ;-'_,.«;-,;■«■»,• -;y y ■rM^îi-'-i. i .■ {ftjf-ï»,,?;. ;.t,Vi.--, ■. /-! " Il y a, certes, loin des meilleurs rendements obtenus en 1846 à ceux qu'on est habitué d'avoir pendant les bonnes années , quand le ver n'a pas envahi les olives, puisque, dans les bonnes récoltes, 16 doubles décalitres d'olives produisent, dit-on , de 5o à 80 litres d'excellente huile; mais il vaut encore mieux avoir les 33 à 24 litres d'huile qu'on obtient en faisant une récolte hâtive, pendant les mauvaises années, que de n'avoir rien, surtout quand ce procédé a encore l'avantage de faire périr tous les vers renfermés dans les olives, lesquels sont destinés à perpétuer cette race nuisible. » M. Guérin-Méneville, en déposant sur le bureau la Note dont nous ve- nons de donner l'extrait, y joint, comme pièce justificative, la copie d'une Lettre qui lui a été adressée, à l'occasion de ces recherches, par M. de Jessé Charleval. Cette Lettre est également renvoyée à l'examen de la Commis- sioa indiquée ci-dessus. . . ,, :s'i:,uâ\r4\:M:'À MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ■^.J.di-'y'.r':'-'^'.'^-^^ ^ MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'une attache de sûreté . \:y -f pour les voitures des chemins de fer; par M. de Bavay. . / . (Commission des chemins de fer.y , « C'est par la locomotive, bien plus souvent que par les autres voitures, dit l'auteur du Mémoire, que commence le déraillement des convois, tant parce qu'elle est la première à rencontrer les obstacles, que parce qu'elle est plus sujette à la rupture des essieux , surtout de l'essieu du devant. Dans plusieurs C. a. , 1847 , i« Semestre. ( T. XXIV , No 2. ) 6 (40 circonstances où le déraillement s'était opéré de cette manière, il n'y a pas eu des conséquences aussi graves qu'on le pouvait craindre, grâce à la rupture de la chaîne qui unissait le tender au premier wagon. » Gomme on ne peut cependant compter sur un tel moyen de salut, M. de Bavay a cherché à ob- tenir, à coup sûr, le même résultat, et il pense y être parvenu au moyen du système d'attache qu'il soumet au jugement de l'Académie. « Il est arrivé quel- quefois , dit-il , que la locomotive venant à dérailler, par suite de la rencontre d'un obstacle placé sur la voie ; écartait complètement cet obstacle ; on conçoit qu'en pareil cas le reste du train, devenu indépendant, pourrait continuer sa route, épuiser la vitesse sans quitter les rails : à la vérité, si la cause de dé- raillement est permanente, comme cela arrivera le plus souvent, chacune des voitures à son tour sera jetée hors de la voie; mais l'accident n'en perdra pas moins beaucoup de sa gravité puisque le train, débarrassé de sa locomo- tive, sera bien plus sensible à l'action des freins. » CHIRURGIE. -— Supplément à une précédente Note sur des modifications récemment introduites dans l'opération de la cataracte ; par M. Guépin. (CQDumssion précédemment nommée.) M. KncsELL adresse, de Kexholm, en Finlande, un Mémoire ayant pour titre : Traitement électroljtique, ou le gah'anisme comme remède chimique contre les maladies locales. (Commissaires, MM. Magendie, Serres, Becquerel.) MM. Darfbivtigivy et Brigèbe, à l'occasion de la Lettre adressée à l'Aca- démie par M. le Ministre de r Intérieur, concernant un projet d'établisse- ment d'une caisse de retraite pour la classe ouvrière, envoient divers do- cuments relatifs à la condition des ouvriers employés dans les filatures de coton, et, en général, des hommes qui travaillent dans les manufactures. (Renvoi à la Commission nommée par suite de la Lettre de M. le ÎMinistre de l'Intérieur.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre des Affaires étrangères transmet un opuscule lu au Con- grès scientifique de Gênes, par M. S. Ferrari, et ayant pour titre : Ricerca sul numéro aritmetico. [F^oir an Bulletin bihliographicpie.) M. Binet esc invité à prendre connaissance de cet opuscule, et à en faire l'objet d'un Rapport verbal. ■«;-f3>»^B^'4n,ii;»^*i>^ s^î, vt-/.;|r.i ^i.AU.ynr. ( 43 ) , . ' , • M. Arago fait l'analyse verbale d'un Mémoire de M.Henry, concernant les influences de toute nature que l'électricité atmosphérique a exercées sur les télégraphes électriques des États-Unis. OPTIQUE. — Sur une modification du phénomène des houppes colorées de Haidinger. (Extrait d'une Lettre de M. Botzenhart à M. Àrago.) •;ju L'intérêt que plusieurs membres de l'Académie ont pris à la belle dé- couverte de M. Haidinger, concernant les houppes colorées qu'on observe dans la lumière polarisée, m'encourage à vous communiquer une modifica- tion de ce phénomène dont j'ai fait la découverte; elle me semble le généraliser; elle contribuera peut-être à en faire trouver une explication complète. *'vr>p](ii'**fej;owl-y)i'jil'5 , mI.-m,-; » J'exposerai d'abord la méthode d'observation, et je décrirai ensuite l'instrument dont je me sers : » Cet instrument est nommé par Haidinger loupe dichroscopique , et con- siste principalement en un rhomboèdre un peu allongé de chaux carbonatée d'Islande, obtenu par le clivage. La figure ci-jointe î*- j. ..;-, est la coupe principale, bd l'axe du rhomboèdre, et ab la diagonale d'un plan. Aux faces terminales ab et cd, est appliqué un prisme de verre' for- mant un angle de 1 8 degrés environ , de manière que la coupe se change alors en h c r L Une face terminale, l'antérieure, a un couvercle muni d'une petite ouver- ture carrée; sur la face postérieure se trouve une lentille un peu agrandis- sante. Par cet instrument, on voit deux images de l'ouverture carrée; elles se touchent si l'instrument a de justes dimensions. ■■^^•1, :*ri -...'Mrr, . : » Tient-on l'instrument de manière à ce que les deux images apparaissent l'une sur l'autre; regarde-t-on ainsi sur du papier blanc, etfixe-t-on pendant quelques moments, et exclusivement, tantôt l'une de ces images et tantôt 6.. ( 44 ) l'autre; en alternant ainsi, on distinguera fort bien les houppes de M. Hai- dinger. » Je passe maintenant à la nouvelle modification de ce phénomène. Si l'on pose entre l'œil et la loupe dichroscopique , une lamelle de quartz taillée en plaque , perpendiculairement à l'axe , et si l'on regarde comme je l'ai dit ci-devant , on verra : » 1°. Une déviation de la direction des houppes, plus ou moins grande, à gauche ou à droite, suivant l'épaisseur de la lamelle, et selon que le quartz tourne le plan de polarisation à gauche ou à droite. On peut se convaincre de cette déviation, en ôtant subitement et alternativement la plaque de quartz et en la remettant. Si l'on prend deux lamelles de même épaisseur,, mais l'une d'un quartz tournant à droite , et l'autre d'un quartz tournant à gauche, et que l'on pose toutes les deux entre l'œil et la loupe, les houppes conservent alors la même direction qu'elles avaient sans ces plaques. " 2°. Outre les houppes jaunes et violettes, on verra aussi, en se servant d'une plaque mince, des houppes rouges et vertes , de sorte qu'on peut voir ainsi à la fois des houppes de quatre couleurs différentes : les houppes d'une même couleur sont placées, dans les deux images de l'ouverture, perpendi- culairement l'une sur l'autre. Il y a des plaques qui ne montrent que des houppes rouges et vertes; il y en a qui ne montrent que des houppes jaunes et violettes, et d'autres enfin qui montrent quatre houppes : jaune, violette, rouge et verte : tout cela dépend de l'épaisseur de la plaque. » L'explication de ces phénomènes dépend, je crois, de la propriété que possède le quartz, de tourner le plan de polarisation de la lumière pola- risée rectilignement; et, comme l'angle de la déviation varie avec la couleur du rayon, il est clair que les rayons différemment colorés, en traversant une telle lamelle, en sortent polarisés en divers plans; et, comme nous pouvons les voir séparément, il faut attribuer à notre œil une nouvelle propriété incon- nue, je crois, jusqu'à présent, et qui consiste à sentir, pour ainsi dire, la direction des vibrations des molécules d'éther , propriété qui n'est pas moins intéressante pour la physique de l'œil, que celle de sentir la quantité relative des vibrations, ou, en d'autres termes, de sentir les couleurs. » ANATOMIE. — M. BouRGERY écrit à l'Académie des Sciences pour lui faire hommage , au nom de M. TV. Krolik, Secrétaire perpétuel de l'Institut royal des Pays-Bas, d'un Mémoire de cet anatomiste, qui a pour objet l'existence du système nerveux des membranes séreuses. , « M. W. Vrolik a profité de ce qu'un hyperoodon était venu échouer sur ., . • (45) les côtes de Hollande, pour vérifier sur cet animal colossal si réellement ou peut reconnaître des nerfs dans le péritoine. En disséquant la lame de tissu cellulaire {tela conjunctiva des Allemands), située sur la face externe du péritoine j il a observé tout cet entrecroisement de fibres en canevas décrit par M. Bourgery, et s'est assuré que ces fibres renferment des nerfs en très- grand nombre. Ces filets nerveux naissent, sur les parois abdominales et dans le mésentère, de branches assez fortes. « Là où les fibrilles nerveuses pro- » viennent de troncs différents , elles s'entrecroisent et s'anastomosent. Leur » nombre est très-grand. » ". " . » L'auteur ne conserve aucun doute sur la nature de ces nerfs , démontrée par leur origine et par l'observation microscopique de leurs fibres primi- tives, observations qu'il a faites en commun avec M. le docteur Doijer. Il ajoute qu'il a pu faire partager sa conviction aux savants, ses collègues, aux- quels il a montré ses préparations, dans les séances de l'Institut royal des Pays-Bas des 3 et 3i octobre. » , CHIMIE. — Réponse de MM. Figuier et Poumarède à une réclamation de priorité adressée dans une précédente séance parM.. Gerhardt. MM. Figuier et Poumarède ont présenté , il y a quelque temps , à l'Aca- démie, un Mémoire dans lequel ils établissent, entre autres résultats, l'iden- tité de nature entre le ligneux et la pectine. M. Gerhardt ayant déjà, dans son Pr^écis de Chimie organique ^ déduit de quelques considérations théo- riques cette identité de constitution, a reproché aux deux chimistes sus- nommés, l'oubli qu'ils avaient fait de ses opinions à cet égard. > u- ^,; ' M. Figuier, en l'absence de son collaborateur, répond aujourd'hui à M. Gerhardt que les faits relatifs à l'identité du ligneux et de la pectine ont été annoncés par M. Poumarède, il y a près de huit ans, ainsi qu'on peut s'en assurer en consultant une Note insérée page 660 des Comptes rendus dé 1839. Il ajoute que le compte rendu ne renferme d'ailleurs qu'un extrait trop court pour que l'historique de la question ait pu y être introduit , mais que les opinions de M. Gerhardt sur cette question se trouvent indiquées dans le Mémoire lui-même , qui sera prochainement publié. M. DujARDiN réclame de nouveau la priorité d'invention pour son appa- reil magnéto-électrique , et déclare n'avoir trouvé, dans aucun des recueils scientifiques qu'il a pu consulter, la preuve que l'idée appartient à M. Page, comme l'a avancé M. Breguet. ;. ■ / V M. Jrago, en réponse à cette nouvelle réclamation , présente la Note même ( 46 ) dans laquelle M. Breguet renvoie aux Annals of Electricity, Magnetisin and Chemistrjr , année 1889, page 489 où se trouve la description de l'ap- pareil de M. Page. ; M. Chabert prie l'Académie de regarder comme non avenue la Note qu il lui a adressée en commun avec M. Desplaces, sur les oscillations d'un corps métallique suspendu par unjil au-dessus dune autre masse de métal. M. Lerhier écrit qu'il s'occupe, dès l'année 1827, d'expériences sur le même sujet; qu'il en avait fait l'objet d'une Note adressée à l'Académie sous pli cacheté, et que, l'année suivante, il fit connaître ses résultats dans un Mémoire adressé à l'Académie de Médecine. A la Lettre de M. Lermier est joint un extrait du journal Yffermès (numéro d'avril 1828), dans lequel se trouve un compte rendu de quelques-unes de ces expériences. M. Baudelocqve prie l'Académie de vouloir bien taire constater l'état d'une idiote sourde-muette, âgée de neuf ans, qu'il a soumise à un traitement mé- dico-chirurgical. M. Rajer est invité à prendre connaissance de l'état de cette jeune fille et du mode de traitement auquel elle est soumise. M. Deleau annonce qu'il est parvenu à pulvériser et à tamiser les calculs dans la vessie, de manière à n'avoir que des fragments d'un volume propor- tionné à la largeur de l'issue. Il prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission de constater ce résultat de ses recherches. (Renvoi à la Commission précédemment nommée pour d'autres communi- cations du même auteur relatives à la lithotritie.) MM. les Secrétaires généraux du Congrès scientifique de France pour l'année 1 847 annoncent que le congrès se réunira cette année à Tours, et que la session s'ouvrira le i" septembre. MM. Reuter et Vankercrnoff adressent les résultats numériques d'une analyse qu'ils ont faite du coton fulminant par une méthode qu'ils disent nouvelle, mais qu'ils ne font pas connaître. M. Arago annonce qu'il a reçu de M. Blanquart-Evrard la description du procédé au moyen duquel ont été obtenues les images photographiques sur papier, mises sous les yeux de l'Académie : la Note est sous pli cacheté , et l'auteur demande que le paquet ne soit ouvert que si le procédé doit être ( 47 ) publié dans les Comptes rendus. L'Académie ne pouvant prendre une déci- sion sur une Note qu'elle ne connaît pas encore , le paquet sera conservé à titre de dépôt jusqu'à ce que l'auteur ait fait connaître son intention, M. Chevreul fait, au nom de M. Abel IViepce, le dépôt d'un second pa~ quel cacheté, et annonce que les recherches auxquelles se rapportent eus deux dépôts sont assez avancées, pour qu'on doive s'attendre que les résul- tats pourront être prochainement rendus publics. L'Académie accepte le dépôt de quatre autres paquets cachetés adressés par M. Dupuis-Delcourt , par M. Faure, par M. Matthiessem et par AI. Roche. A 4 heures et demie , l'Académie se forme en comité secret. -i;-..: r COMITÉ SECRET. . . ^ L'Académie ayant, dans le comité secret de la précédente séance, décidé qu'il y avait lieu de nommer à la place vacante dans la Section d'Astro- nomie , par suite du décès de M. Damoiseau, la Section présente la liste suivante de candidats : i". M. Faye; 2°. M. Delaunay. '^!^ • ^' * Les titres de ces candidats sont discutés. I/élection aura lieu dans la pro- chaine séance. MM. les membres en seront prévenus par lettres à douiicili;. La séance est levée à 5 heures. 'A. ,, , BULLETIN BIBLlÔCAAPBrQUli. ' .... L'Acadéiriie a reçu , dans cette séance, les ouvrages dont voici lès titres : Coinj)tes rendus hebdomadaires des séances de V Académie royale des Sciences, ' tome XXII, I*'' semestre r846; in-4''. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences , tome XXIV, i*"^ semestre 1847, "" '"^ i"-4''- . '" , . , .: • ^V Connaissance des Temps ou des Mouvements célestes, à l'usâcje'des Astronomes et des Navigateurs, pour l'an 1849, publié par le Bureau des Longitudes. (Avec Additions. — Recherches sur les mouvements de laplanète Herschel dite Uranus i par M. U.-.T. Le Verrier.) Paris, 1846; in-8^ : . . ' ,. .' ' . ( 48 ) Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 5o° et 5i* livraisons j In-S". Rapport annuel sur les Progrès de la Chimie, présenté le 3i mars 1846 à l'Académie rojale des Sciences de Stockholm; par M. Berzelius; traduit du suédois par M. Plantamour; 7* année. Paris, 1847; in-8°. Restauration de la Prospérité industrielle du filage et du tissage des cotons, et Améliorations de la condition des ouvriers de filatures; par MM. Darpentignt et Brigère. Rouen, i845; brochure in-8°. Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale et de Toxicologie ; par M. Rognetta; janvier 1847 ; in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; janvier 1847 ' in-S**- Journal de Pharmacie et de Chimie; 3* série, 6* année, tome XI; janvier 1847, in-8''. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; n°i", jan- vier 1847; in-8°. Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne; tome XIX, septembre et octobre 1846; in-8'*. Recueil de la Société Polytechnique; novembre i846; in-8". Bulletin de la Société d'émulation du déparlement de l'Allier {Sciences, Arts et Belles-Lettres); août 1846; in-S". De l'Asthme. — Recherches médicales sur la nature, les causes et les traitements de cette maladie; par M. A. Lefèvre; in-8". Mémoires présentés à l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg , par divers savants , et lus dans ses assemblées; tome V, livraisons i à 6 ; et tome VI, i''^ livraison; in-4°. Bulletin de la Classe phj^sico-mathématique de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; tome V; n*" i à 20; in-4°. Ricerca. . . Recherches sur le nombre arithmétique [arithmétique duodéci- male) ; par M. S. Ferrari , lues à la réunion des Savants italiens à Gênes, en sep- tembre 1846. Alexandrie, 1846; in-8°. Aanteekeningen. . . Découverte des nerfs du péritoine chez l'Hyperoodon; par M. Vrolik ; brochure in-8°. Gazette médicale de Paris; 17" année, n" a; in-4"- Gazette des Hôpitaux; n°' i à 3; in-folio. L'Union agricole; n° i33. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 18 JANVIER 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. M£MOIR£S ET COMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M . SEGvtEh. dépose ua paquet cacheté. ' ' : M. Ghasles fait hommage à l'Académie d'uïi exemplaire du Discours d'in- troduction au Cours de Géométrie supérieure ., qui a fait le sujet de sa pre- mière leçon à la Faculté des Sciences, le aa décembre dernier. RAPPORTS. HYDROGRAPHIE. — Rapport sur un travail de M. Keller, ingénieur hydro- . graphe de la Marine , intitulé : Essai sur les courants de marée et sur les ondes liquides. (Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Duperrey rapporteur.) « Ce travail, que l'Académie nous a chargés d'examiner, se compose de deux forts volumes divisés en treize sections ou Mémoires distincts. Chacun de ces Mémoires mériterait d'être l'objet d'un Rapport particulier, par le grand nombre de questions importantes qui y sont traitées. Un seul Rapport sur l'ensemble d'un travail d'aussi longue haleine ne peut donc donner qu'une idée générale de son utilité théorique et pratique. C. R., i\il,-j , I" Semestre. (T. XXIV, N» 3.) ' 7 n lia prédicfron exacte aes courants de marée, et Tétude du régime de la mer sur nos côtes, forment l'objet principal des recherches de M. Relier; mais les conséquences de ses principes théoriques et leur application aux faits observés dans toutes les mers du globe, donnent une portée beau- coup plus étendue à son travail. >> fi'onde marée renferme, comme on le sait, deux courants opposés appelés Jlot et jusant, séparés dans leur mouvement successif par la molle eau ou la mer étale. A la fin du flot commence l'étalé de haute mer, et à la fin du jusant l'étalé de basse mer. La position de l'instant milieu de ces étales, par rapport à la forme de l'onde, varie avec la distance au rivage : à la côte, l'étalé de haute mer coïncide avec la haute mer; mais, en avan- çant vers le large, l'étalé de haute mer retarde progressivement, et ce re- tard peut excéder trois heures. » La prédiction des courants de marée repose sur la connaissance du retard de l'étalé de haute mer sur la haute mer aux divers points d'une lo- calité maritime. En ajoutant ce retard à l'instant de la haute mer d'un jour donné, on obtient pour ce jour l'instant correspondant de l'étalé, et l'on sait alors que le courant de flot est compris dans les six heures qui pré- cèdent, et le courant de jusant dans les six heures qui suivent cet instant. On a donc été conduit, pour prédire les courants de marée, à déterminer en divers points le retard de l'étalé de haute mer sur la haute mer; et c'est précisément ce que l'on faisait déjà au xvi*^ siècle, ainsi que l'attestent un grand nombre d'observations extraites par M. Keller des routiers hollandais et espagnols de cette épocjue. » Cette méthode serait rigoureuse si le retard de létale observé à une marée était constant et se reproduisait toujours le même à toutes les ma- rées; mais il n'en est point ainsi, et nous verrons plus loin que ce retard est soumis à des variations dont il est essentiel de connaître la loi. Or, bien que l'existence de ces variations ait été signalée dès la fin du xvi* siècle par don Francisco de Seixas, qui a constaté pour l'étalé de haute mer sur la côte de Flandre un retard moindre de 4^ minutes aux syzygies qu'aux quadratures, et que les Instructions nautiques, publiées récemment par le Dépôt général des cartes de la Marine, fournissent une tradition analogue sur les variations des courants dans la baie de la Seine, on s'est gravement mépris sur la loi et le sens de ces variations en les faisant ainsi dépendre des phases de la lune, et en les supposant toujours de même signe dans les mêmes phases. Cela est d'autant plus regrettable, que Daniel Bernoulli, dès 1740, en avait révélé la cause vraie dans la marée diurne qui est pro- ( 5i ) ' ^ ■ portionnelle à la déclinaison de la lune, Cette déclinaison étant grande aux syzygies et faible aux quadratures dans les trois mois qui comprennent le solstice d'été, époque probable des observations existantes, l'on comprend qu'on ait pu attribuer aux syzygies l'influence des grandes déclinaisons, et aux quadratures celle des faibles : les phases de la lune jouent d'ailleurs un rôle si important à l'égard de la grandeur des marées, que l'on a été con- duit, tout naturellement, à leur attribuer aussi les variations du retard des étales ou de la durée des courants, alors que des observations nombreuses, faites sans doute dans la belle saison, semblaient indiquer cette corrélation. Mais si cette méprise est excusable, elle n'en conduit pas moins à de graves erreurs. » En effet, l'onde diurne embrassant deux ondes semi-diurnes, surélève celle qui est située dans son flot, et surbaisse celle qui est située dans son jusant. Son flot prolonge le flot de la marée surélevée, et son jusant raccourcit le flot de la marée surbaissée qui précède ou qui suit; si donc la variation est additive le jour, elle est soustractive la nuit, et réciproquement. » Sans l'onde diurne les courants seraient égaux en durée dans toutes les marées, et les retards des étales ne subiraient aucune variation; mais l'onde diurne n'est nulle qu'im jour sur quinze : il y a donc quatorze à parier contre un que les observations dont on a cru pouvoir déduire les faits qtii précèdent, se rapportent à des marées surbaissées ou surélevées, dont les étales de haute mer étaient en avance ou en retard. Or, telle étale observée de jour dans une marée surbaissée , pouvant être en avance sur l'instant de létale moyenne d'environ 45 minutes, d'après les observations de don Francisco de Seixas, et la variation de nuit étant de signe contraire, ou commettrait une erreur de i''3o" en appliquant cette observation à la prédiction de l'étalé de la marée surélevée de nuit. D'un autre côté , comme la période semi-annuelle de la marée diurne amène de jour, en hiver, les marées surélevées qui ont lieu de nuit, en été, la même observation conduirait à la même erreur dans la prédiction des courants de jour des six mois d'hiver. Bien plus, si Ton appliquait à cette même observation la correction indiquée par la prétendue loi fondée sur les phases de la lune, on compterait aux syzygies sur un re- tard plus faible d'environ 45 minutes que celui fourni par l'observation, et il en résulterait qu'au lieu d'une erreur de i*" 3o™, l'observation corrigée conduirait à une erreur de a*" i5™ sur les marées de nuit, en été, et sur les marées de jour, en hiver. Hior De pareilles erreurs étaient excusables au xvi« siècle; mais aujourd'hui que leur existence est dévoilée, il n'est plus permis, en présence des dé- 7- (5a) sastres qui ont si souvent lieu sur nos côtes, de négliger le moyen d'en pré- venir les funestes conséquences. Ce moyen, M. Keller l'a cherché dans les indications de la théorie et de l'expérience, et ses investigations l'ont conduit à prescrire le système d'observations, de jour et de nuit, le plus propre à déterminer les relards moyens des étales et leur équation, ou la correction additive ou soustractive à l'aide de laquelle on transformerait ces retards moyens en retards vrais, pour une marée donnée, comme on transforme le temps moyen en temps vrai à l'aide de l'équation du temps. » Les retards moyens des étales diminueraient déjà à eux seuls de moitié les erreurs auxquelles conduisent les observations existantes, et pourraient, à la rigueur, suffire aux caboteurs s'ils les trouvaient inscrits dans les cartes hydrograpliiques; mais la science est plus exigeante, et de nouvelles obser- vations devraient encore déterminer toutes les particularités du mouvement horizontal , correspondantes aux perturbations récemment découvertes dans le mouvement vertical , lesquelles sont dues à l'interférence des marées sous- multiples de la marée semi-diurne. » Le mode d'interférence de ces ondes est constant dans chaque localité, mais il change d'un lieu à l'autre. De là résulte que les ondes sous-multiples concourent à caractériser, en chaque lieu , la partie fixe du régime des cou- rants, comme les ondes diurnes et tiers-diurnes concourent à y caractériser la loi des variations de ce régime. Si l'on remarque combien il existe encore d'incertitude sur l'établissement relatif de toutes ces ondes au rivage , on aura une idée de la précision qu'exigeront des observations de courants pour en déduire ces données au large des côtes. Pour satisfaire à cette condition d'exactitude, M. Keller a imaginé un sillographe qui, étant soumis à l'im- pulsiou des courants , en transcrit les phases diverses en courbes, dont les abscisses répondent au temps, et les ordonnées aux vitesses, et dont on peut ainsi facilement étudier la loi après que l'observation est terminée. » Selon M. Keller et ses propres expériences, le mouvement alternatif des courants de flot et de jusant, résultant de la propagation de l'onde liquide, constituerait une orbite verticale, laquelle présenterait, aux extrémités de son axe horizontal, des vitesses ascendantes et descendantes. Cette particu- larité subsisterait malgré l'interférence des ondes , et serait propre à déter- miner leur position relative. Pour faciliter cette détermination , M. Keller a imaginé les instruments suivants : i" uaejlèche d inclinaison, suspendue, par son centre de gravité, à un flotteur en dérive, pour constater l'existence des vitesses ascendantes et descendantes ; i° un hjdrodjnamomètre , pour mesurer, dans la profondeur, à la fois l'azimut, l'inclinaison et aussi la vitesse ( 53 ) vraie des courants, dont les instruments actuellement en usa^je ne font con- naître que la composante horizontale. » Dix années environ d'observations suffiraient, d'après M. Relier, pour acquérir ces résultats sur toute l'étendue de nos côtes. Alors la prédiction des courants de marée serait assurée avec une grande exactitude , et ce serait là un complément indispensable du grand et beau travail exécuté par les ingé- nieurs hydrographes de la Marine, sous l'habile direction de notre savant confrère M. Beautemps-Beaupré; car, après la détermination rigoureuse des formes du littoral et des accidents du fond de la mer, rien ne serait sans doute plus digne de l'intérêt des navigateurs que la connaissance exacte des mouvements périodiques et variables que la mer exécute dans son bassin. » Ce qui précède fait connaître le but et les moyens pratiques du travail de M. Keller. Nous aurions maintenant à examiner ses recherches théoriques, qui embrassent toutes les questions où les ondes liquides jouent un rôle quel- conque, soit comme cause, soit comme effet; mais l'étendue de ce Rapport nous met, à regret, dans l'obligation de nous restreindre aux explications théoriques des phénomènes dont nous venons d'entretenir l'Académie : tels sont la génération des courants de flot et de jusant dans l'onde marée et dans toute onde qui se propage; la position des étales de ces courants par rapport à la forme de l'onde; enfin, les retards croissants de ces étales en allant de la côte au large. Cependant nous ne donnerions qu'une idée imparfaite de ce grand travail , si nous passions sous silence toutes les autres questions dont l'auteur s'est occupé; aussi nous nous réservons de présenter au moins une indication sommaire de celles qui nous ont paru les plus importantes comme se rattachant à la physique du globe. , » Pour expliquer la génération des courants de flot et de jusant, M. Keller suppose, de prime abord, une onde se propageant librement, et il constate des vitesses ascendantes dans la moitié antérieure comprise entre le sommet et le creux qui le précède, et des vitesses descendantes dans l'autre moitié comprise entre le sommet et le creux suivant. Ces vitesses , nulles au creux et au sommet, atteignent leur maximum sur le niveau moyen à égale dis- tance de ces deux points. Comme la pesanteur est la seule force actuellement agissante sur les molécules , il en conclut que les vitesses descendantes sont la cause des vitesses ascendantes , et il cherche à déterminer le lien hori- zontal qui relie ces deux mouvements verticaux inverses. Pour cela il con- sidère une section par un plan vertical perpendiculaire à Tonde dans la- quelle les pressions latérales se font équilibre. Les vitesses descendantes y 1 54 ) déploieront un volume d'eau vers le fond; et comme le fond est impénétrable et Teau incompressible, au moins sensiblement, ce volume, qui ne peut se faire jour par le côté à cause des pressions latérales, sera forcé de se dé- verser, moitié en avant, moitié en arrière: de là deux courants opposés, l'un appelé le flot dirigé dans le sens de la propagation; l'autre le jusant di- rigé en sens contraire. La verticale de la plus grande vitesse descendante, eu égard au sens de la propagation, est située en arrière du courant de flot et en avant du courant de jusant; dans l'onde marée, son passage devant un point fixe y marque l'étalé de haute mer. Les vitesses descendantes de l'onde conliguë à la première engendrent également un courant de flot et un cou- rant de jusant. Entre les deux verticales des vitesses descendantes maxima, il y aura donc un flot et un jusant. Ces deux courants inverses ne pouvant .se pénétrer et ne trouvant aucune issue par le fond, ni par le côté, s'inflé- chiront mutuellement à leur rencontre et prendront une direction verticale dirigée vers le haut dans l'espace compris entre les vitesses descendantes des deux ondes contiguës. Là sera située l'étalé de basse mer qui , dans l'onde marée , sépare la fin du jusant du commencement du flot. » Ces courants de flot et de jusant concourent à la propagation de l'onde et cessent avec son mouvement de progression: ainsi ils s'affaiblissent gra- duellement en allant du large à la côte; mais au rivage, des courants litto- raux sont engendrés par la dénivellation de l'onde et par la poussée des sections du large. La résistance du rivage ne pouvant s'exercer au-dessus du niveau occupé par l'eau, il y a apport d'eau tant que le niveau est plus élevé au large, et retrait à partir du moment où l'accumulation au rivage l'em- porte sur la poussée du large. M. Keller désigne ces courants littoraux opposés , sous les noms de montant et de perdant. » Ces courants sont nuls au large , parce que les pressions latérales des sections contiguës se faisant équilibre, la poussée vers le rivage y est nulle; mais à mesure qu'on avance vers la côte, les pressions du large l'emportent de plus en plus, et avec elles les courants littoraux qu'elles produisent. Le courant de montant dure depuis la basse mer jusqu'à la haute mer, et le courant de perdant, depuis la haute mer jusqu'à la basse mer. A la côte ces deux courants subsistent seuls parce que les courants de propagation y sont nuls; au large, au contraire, ces derniers subsistent Seuls, parce que les premiers y sont nuls. Dans toute la zone intermédiaire, ces courants interfè- rent, et M. Keller déduit de cette interférence les retards croissants des étales des courants de haute mer sur la haute mer, retards dont la variabilité selon la distance à la côte n'avait pas encore été expliquée. "^^ ^ji.'ijuf» ( 55 ) » lie» deux courants opposés de flot et de jusant concourant à la prupa- yation de l'onde, quoique égaux en durée par rapport à un point fixe, sont réellement inégaux dans leur parcours, parce que le flot allant dans le sens de la propagation entraîne les molécules vers une région où l'onde arrive plus tard et où le flot cesse plus tard, tandis que le jusant les entraîne vers une région où Tonde arrive plus tôt et où le jusant cesse plus tôt. Cet, excès du parcours du flot sur le jusant, ou le gain de flot dans Tonde marée, joue- rait, selon M. Keller, un rôle important dans la production de la plupart des courants généraux; hypothèse à laquelle nous ne croyons pas devoir nous arrêter, quant à présent, vu Textrême réserve qui nous est imposée par cette partie encore si peu avancée de la physique générale. xjf,, IDans les ondes dues au vent, les gains de flot présentent un ordre de faits non moins remarquables ; ainsi, au lieu de Testime conjecturale de la dérive produite par l'impulsion des lames sur les navires, l'évaluation des gains de flot donnerait la dérive exacte à la surface de la mer et à la profon- deur de la quille, selon la hauteur de l'onde et le brassiage, et Ton pourrait ainsi former une table des dérives pour tous les tirants d'eau des bâtiments. » D'après les calculs de M. Keller, cette dérive suit une progression ra- pide à mesure que la profondeur de Teau diminue et que la hauteur de Tonde augmente. Quand cette hauteur est double de la profondeur, la vitesse du flot égale celle de la propagation, et le mouvement de translation de Toude n'est plus simplement apparent comme au large; mais cette onde se transr porte réellement de toute pièce, entraîne tout ce qu'elle trouve sur son pas- sage et choque avec une énergique puissance tous les obstacles situés sur sa route. >' Cette force de translation est mise à profit par les pécheurs, sur cei- taines côtes, pour échouer leurs barques à terre. L'un de nous a souvent eu l'occasion, notamment dans l'archipel des îles Sandwich, de franchir avec rapidité des espaces considérables en se faisant transporter à terre dans une embarcation sans autre moteur que la lame. Le fait d'une profondeur double de la hauteur de l'onde a lieu d'autant plus au large, que la hauteur de Tonde est plus grande. Sur toute la côte de Coromandel, ainsi qu'à Tîle de Bourbon et dans beaucoup d'autres parages, il produit ces barres, que Ton désigne aussi sous le nom de raz-de-marée, et qui jetteraient infailliblement les navires à la côte s'ils étaient mouillés entre elles et le rivage. ., » La force vive de ces ondes est telle , qu'elles arrachent et entx-aînent à terre toutes les parties mobiles du fond : c'est ainsi que, dans une seule nuit, Texqavation crqusée à giands frais pour faire un, port à Saint-Gilles, dans ( 56 ) l'île Bourbon, a été comblée par des milliers de mètres cubes de sable apportés par un raz-de-marée. » Sur les rivages en pentes douces, la circonstance d'une profondeur du fond égale au double de la hauteur des ondes, arrive infailliblement; aussi est-ce là que la puissance de transport des ondes et les accumulations de gains de flot exercent le plus de ravages, ce qui explique l'inutilité des tenta- tives faites jusqu'à ce jour pour construire un port à Saint-Denis dans la même île, et comment la corvette ÏUranie, deux ans après son naufrage aux îles Malouines, a pu être portée sur le rivage à une distance considérable du point de la côte où elle avait été échouée. Les désastres fréquents sur nos côtes de sables et de galets; ceux si célèbres de Saint- Jean-de-Luz , de Cher- bourg, de Plymouth, de Portsmouth , présentent des particularités analogues que Ton retrouve également dans les effets produits à l'entrée et dans l'inté- rieur des fleuves par un phénomène de marée, désigné selon les lieux , par le nom de Bore, de Paroroca et de Macrée ou Mascaret. >i Les ondes liquides produites par le vent jouent un trop grand rôle dans le travail de M. Relier, pour qu'il n'ait pas cherché à en expliquer la géné- ration. Selon lui, le vent se composerait d'ondes atmosphériques, dont les condensations et les dilatations se traduiraient en pressions et non-pressions sur la surface de l'eau , et y dessineraient les ondes liquides. L'air étant un corps élastique, l'action d'un courant liquide sur ce corps serait analogue à celle d'un archet sur une corde ou une lame élastique , et y déterminerait des vibrations muettes formées de condensations et de dilatations alternatives. Et , de même qu'une corde tendue vibre aussi quand on la frotte sur un archet fixe, de même l'élasticité de l'air serait encore en jeu, et produirait des ondes muettes , lorsque l'air se déplace sur la surface relativement fixe des eaux. Dans ce système, dit M. Relier, les grandes ondes préexisteraient, comme les petites , dans l'atmosphère, et les apparitions tardives sur la sur- face des eaux proviendraient du nombre d'impulsions nécessaires pour faire acquérir aux ondes liquides une certaine amplitude d'oscillation. A ce point de vue, M. Relier pense que le mascaret pourrait résulter de la rencontre des deux masses d'air entraînées par les deux courants opposés, l'un , de la marée montante , et l'autre , de la dérivation des eaux du fleuve dans lequel on observe ce phénomène. Mais cette opinion ne paraît pas, jusqu'à pré- sent, justifiée par la nature des données sur lesquelles elle repose. « M. Relier traite aussi des moussons, des vents alizés, variables et géné- raux, et il indique les prescriptions à suivre pour éviter les dangereux effets, tant du mouvement giratoire que du mouvement de translation des tor- (57) nados, des typhons et des ouragans. Enfin, il termine ses nombreuses re- cherches par des considérations très-étendues relatives à l'action des vagues, des ondes et des courants sur le fond de la mer. Mais, pour ne pas abuser plus longtemps des moments de l'Académie, nous nous bornerons à dire que ces dernières considérations renferment des enseignements utiles sur le régime des atterrissements et sur les conséquences qui en résultent pour les constructions hydrauliques; sur la stabilité de ces constructions et les modi- fications qu'elles peuvent elles-mêmes apporter au régime de la localité. ' * En résumé, le travail de M. Relier se distingue par l'utilité des re- cherches qu'il contient sur la production des courants de marée ; par les vues nouvelles qu'il répand sur un grand nombre de questions de physique générale, par l'érudition des faits, le choix des autorités, et surtout par son but essentiellement pratique en ce qui concerne les courants et tous les phénomènes qui se rattachent aux ondes liquides. Conclusions. >' La Commission croit donc devoir prier l'Académie de remercier M. Relier de sa communication, et de l'engager à poursuivre ses recherches expérimentales sur des phénomènes dont les lois, intéressantes au point de vue de la navigation et de la physique du globe, paraissent, ainsi qu'il l'exprime lui-même dans son travail, devoir être encore Tobjet de nom- breuses observations et de profondes études. » '•/' ' ■ Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMEVATIOIVS. L'Académie procède , par la voie du scrutin , à la nomination d'un membre qui remplira, dans la section d'Astronomie, la place laissée vacante par le décès de M. Damoiseau. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 47, M. Paye obtient. ..... 44 suffrages. " M. Delaunay. ....... 2 Il y a un billet blanc. " ' . M. Paye, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi, C. a., 1847, i" Semeitre. (T. XXIV, N«3.) 8 (58) MÉMOIRES LUS. ANATOMIE. — Expériences sur les fonctions des nerfs pneumogastriques dans la digestion; par MM. Bouchardat et Sandras. (Commission précédemment nommée.) Dans ce Mémoire, après avoir rappelé leurs travaux précédents et ceux des observateurs qui ont expérimenté sur le même sujet, les auteurs expo- sent deux séries d'expériences faites au moyen de résections des deux nerfs pneumogastriques dans l'espace qui correspond au larynx et au cartilage cricoïde. « Dans la première série de ces expériences, les résections des deux nerfs ont été faites simultanément, après que les animaux avaient avalé des ali- ments déterminés; puis ces animaux ont été tués après un temps variable, calculé pour bien saisir les modifications diverses apportées dans les phé- nomènes digestifs. » Dans la seconde série , les auteurs se sont attachés à étudier la cicatri- sation des nerfs réséqués et le rélablissement de la fonction digestive qui en résultent. » Ils ont tiré de ces expériences les corollaires suivants : ' 3°. Qu'à ce moment ils sont nécessités à vomir, et leur œsophage se vide tout entier, sans que les matières contenues dans l'estomac soient rendues. » En résumé , les auteurs croient avoir établi , dans ces recherches , l'inter- ruption de la digestion et du mouvement de l'estomac, par la i-ésection simul- tanée des deux nerfs pneumogastriques au niveau du larynx coïncidant avec la continuation de la digestion intestinale , la production et l'absorption d'un chyle très'louable, malgré cette résection, quand des aliments mixtes ont été ingérés avant cette opération. >' C'est ce qui résulte de la première série de leurs expériences. » La seconde série leur a permis d'étudier la réparation dans les nerfs précités, en même temps que la continuation et les troubles de la digestion qui résultent alors de l'anomalie que l'on a créée. » 8.. \ (60) HIÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHVSIQUE. — Recherches sur le rayonnement de la chaleur : variation du pouvoir émissif avec l'inclinaison ; par MM. F. de la Provostaye et P. Desains. (Renvoi à la Commission précédemment nommée, à laquelle sont adjoints MM. Biot et Arago.) ' 3°. Qu'il en est de même si l'on restitue un certain pouvoir réflecteur à tous les éléments. » Il est fort important de remarquer que, dans toutes ces démonstrations, il ne suppose nullement le pouvoir réflecteur constant; que, par conséquent, il admet comme possible la variation du pouvoir émissif. Nous terminons par ^un passage d'un de ses Mémoires qui est fort explicite sur ce point: « Dans l'état actuel des connaissances physiques , on ne peut affirmer )• que la quantité de chaleur intérieure , qui est projetée selon différentes di- " rections à travers une même particule, décroît précisément en raison >' directe du sinus des inclinaisons. « [Annales de Chimie et de Physique; a*série, t. XXVII, p. 277.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Appareil pour exécuter sous l'eau des travaux d'extraction de rochers ou de maçonnerie , employé au port du Croisic en 1846, présenté par M. de la Gournehie, ingénieur des Ponts et Chaussées. (Commissaires*, MM. Poncelet, Lamé, Morin. ) « L'auteur, chargé des travaux d'amélioration du port du Croisic, a eu principalement pour but de faciliter l'extraction des rochers, qui, à marée basse , entravent le chenal de ce port. Ces travaux présentaient d'assez grandes difficultés, parce que, à chaque marée mgntante ou descendante, la vitesse de l'eau dans le chenal étant de a à 3 mètres, les trous de niine sont incessamment bouchés par le sable qu'elle entraîne , et que les rochers sont toujours couverts. En outre, la nécessité de laisser à marée montante le pas- sage complètement libre, pour l'entrée et la sortie des bâtiments , s'opposait à ce que l'on employât des appontements fixes ou des batardeaux de marée, tandis que la rapidité du courant et la profondeur de l'eau empêchaient de se servir de pontons. " Des appareils plongeurs pouvaient seuls permettre une extraction facile et rapide, et, la cloche à plongeur ordinaire n'admettant qu'un petit nombre d'ouvriers, il fallait recourir à d'autres moyens. C'est dans un Mémoire de Coulomb, intitulé : Recherches sur les moyens d'exécuter sous l'eau toutes sortes de travaux hydrauliques sans employer aucun épuisement , que l'au- teur a puisé l'idée de la solution qu'il a adoptée, et qui offre une grande- analogie avec l'appareil à air comprimé employé par M. Triger pour le per- cement des puits de mine et autres travaux sous les eaux et dans les sabler submergés,. , , . (65) » L'appareil proposé par Coulomb consistait en une espèce de ponton prismatique en bois, à trois compartiments , dont les deux extrêmes, ouverts à leur partie supérieure, étaient en partie remplis d'eau et de lest, et dont la portion intermédiaire, fermée par-dessus, était ouverte par-dessous. Ce ponton, conduit au-dessus du rocher à enlever, devait s'immerger et poser naturellement au fond par l'abaissement de la marée. » Alors, des ouvriers devaient s'introduire sur un faux plancher dans le compartiment du milieu, qui aurait été refermé sur eux; puis, à l'aide d'un soufflet, on y aurait injecté de l'air. La pression intérieure augmentant alors dans ce compartiment, l'eau , qui s'y élevait d'abord à hauteur du niveau exté- rieur, aurait été refoulée , le rocher mis à peu près à sec et les ouvriers y seraient descendus. » Coulomb indiquait, en outre, pour certains cas, l'emploi d'un sas à air pour établir à volonté la communication de l'extérieur à l'intérieur, et vice versa. » Ce projet n'eut pas d'autre suite que la publication qui en fut faite en i']']g et l'approbation que l'Académie lui accorda, et il faut même dire qu'il n'était, sans doute, que le premier jet d'une idée heureuse que l'illustre ingénieur n'eût pas manqué de perfectionner. » M. de la Gournerie a repris ce projet, y a introduit d'importants détails de disposition et d'exécution, s'est servi de la puissance de la vapeur pour refouler l'air et retirer l'eau à volonté, et est ainsi parvenu à construire un appareil qui a travaillé sans interruption depuis le mois de juillet 1846. » La chambre à air parfaitement ventilée, et éclairée de jour par des hublots, peut recevoir jusqu'à dix-sept ouvriers, dontseizetravaillantàpercer des trous de mine, ou neuf travaillant au pic. Le travail pourrait, au besoin , s'y faire de nuit avec des lampes. Quelques minutes suffisent pour couler le hateau à air ou le remettre à flot, afin de livrer passage aux navires. ' >' Outre la facilité très-grande que l'emploi de cet appareil a donnée pour la prompte exécution des travaux, il a procuré une économie très-considé- rable, dont on indiquera la mesure en disant que le mètre cube de rocher extrait, qui coûtait auparavant 206 francs, ne revient plus qu'à 28 ou 29 francs. A Cherbourg, pour l'extraction d'un rocher qui se trouve dans des conditions analogues , et peut-être même plus favorables , il ne s'est pas pré- senté d'entrepreneur au prix de 200 francs par mètre cube offert par l'administration. » L'appareil présenté n'a été construit que pour travailler à 2"',25 au- dessous du niveau des eaux; mais l'on conçoit facilement qu'on pourrait le G. R., 1847, '" Semestre. (T. XXIV, rCS.) 9 (66) proportionner pour des profondeurs plus grandes, et l'on voit aussi de quelle utilité il serait pour fonder et bâtir en lit de rivière sans batardeaux ni caissons. » BOTANIQUE. — y^ perçu sur r histoire naturelle des truffes et leur mode de /jro(a'MC^?b«; par M. B. Robert. (Extrait.) (Commissaires, MM. de Jussieu, Richard.) jiK^ii-i- Dans la partie la plus méridionale du département des Basses-Alpes, et dans les territoires de Valensole , Riez, Montagnac, Allemagne, Greouls, etc. , il existe des forêts en essences de chênes verts, chênes blancs, dans lesquelles on rencontre également des cades, arbrisseaux résineux de l'espèce des genévriers. C'est dans ces forêts que se font les récoltes des truffes plus ou moins abondantes , et c'est toujours aux alentours d'un chêne blanc , d'un cadeou d'un chêne vert surtout, que se trouvent les truffières; elles ne s'éloignent pas au delà de l'ombre que peut projeter l'arbre, de sorte qu on est déjà, en quelque sorte, forcé d'admettre qu'il doit avoir une influence quelconque sur leur production. Mais, en considérant, en outre, que si l'arbre meurt, ou s'il est retranché par la hache, il n'y a plus de truffière, il est in- dubitable qu'elle n'existe que par le moyen de cet arbre , puisqu'elle disparaît avec lui. Bien plus : dans les bois taillis de chênes veits, la truffière , qui avait disparu lorsque l'arbre aux environs duquel elle se trouvait avait été coupé, àe reproduit à mesure que le même arbre croît et pousse de nouveau; elle acquiert de l'extension , en même temps que les branches de cet arbre prennent du développement. 11 découle donc de ces observations que les truffes ne peuvent être produites que par l'influence qu'exercent sur elles les arbres aux environs desquels elles naissent. Mais comme, dans une même forêt, le voisinage de tous les arbres de même essence nest pas favorable au développement des truffes, quoique la nature du terrain soit, à peu de chose près, identique, il est également incontestable qu'il y a encore quelque autre chose que nous ne connaissons pas qui favorise leur développement. . . . Lais- sant de côté cette cause déterminante, que l'on parviendra peut-être quelque jour à découvrir, recherchons quelle espèce d'influence peuvent exercer, sur le développement des truffes, les arbres aux environs desquels elles naissent. On a généralement observé que les années pluvieuses, au printemps et à la fin de l'été, au mois d'août surtout, sont très-favorables à la production des truites.... V-ih:, -•T.- •),<<;**> '/il , » Considérant à présent de quelle manière peut agir l'humidité sur cette (67) même végétation , on ne sera peut-être pas éloigné de connaître l'action qu'exercent les arbres pour produire les truffes. En effet, les arbres, comme tout ce qui végète sur la terre, sont singulièrement favorisés dans leur ac- croissement, lorsqu'au printemps et en été, rhumidité vient se joindre à la chaleur. Si les branches de ces arbres exposées à l'action bienfaisante de l'atmosphère prennent, dans ces circonstances, un plus grand développement, les racines qui pénètrent dans l'intérieur de la terre destinées à les nourrir s'étendent également. En considérant ensuite que les branches ont un rap- port direct avec les racines , lesquelles meurent lorsqu'on coupe les branches qui les alimentent, en même temps que la production des truffes correspon- dante aux branches coupées cesse également, on sera, en quelque sorte, conduit à admettre que ce sont les racines des arbres aux environs desquels se produisent les truffes qui leur donnent naissance. Je rappellerai que cette production cesse tout à fait, comme je l'ai déjà dit, si l'on coupe l'arbre en entier, parce que les racines périssent alors presque entièrement. Les ra- cines des plantes, semblables aux organes de la circulation chez les animaux, ont un point central de réunion qui est le collet de l'arbre, lequel constitue le passage entre les racines et la tige. Ces racines, se divisant en s'éloignant des troncs, se terminent toutes par des filaments excessivement déliés desti- nés à puiser dans la terre les sucs nourriciers : c'est à l'extrémité de ces fila- ments devenus capillaires et imperceptibles, que naissent les truffes qui ne paraissent, en aucune manière, être fixées à la terre, aut saltem capilla- mentis ^ comme le dit Pline. Lorsque, par un été pluvieux, la végétation sera activée dans le chevelu des racines, les filaments se multiplieront, et les truffes naîtront en plus grande abondance.... Pourrait-on admettre, par analogie, qu'elles doivent leur naissance à une circonstance à peu près pa- reille, à celle qui donne lieu, sur la feuille de certains chênes blancs, à cette espèce d'excroissance d'où résultent les noix de galle, c'est-à-dire à la piqûre de quelque insecte. .. . » On connaît, dans le pays que j'ai mentionné , deux espèces de truffes : l'une, qu'on trouve en été et en automne, est d'un fond blanc intérieure- ment et sans parfum; l'autre, qui se récolte à la fin de l'automne, l'hiver et jusqu'au printemps, est noire et très-parfumée. On pense, communément, que ces deux variétés de truffes ne doivent leur différence qu'à l'influence des saisons. Je ne partage pas cette opinion; et, ce qui me semble prouver contre elles, c'est qu'en général les arbres qui fournissent des truffes blan- ches, beaucoup plus rares que les autres, n'en produisent pas de noires; et vice versa. » f 68 ) M. MiLNE Edwards présente un travail de M. Lacauchie , sur une dis- position particulière de l'appareil urinaire chez le cochon domestique. L'auteur décrit avec beaucoup de détails la poche qui se trouve logée entre les parois de l'abdomen et du prépuce, et qui est l'analogue des cavités glandulaires du prépuce de beaucoup de Rongeurs, mais qui, chez le cochon , serait un réservoir urinaire et non un organe sécréteur. (Commissaires, MM. Flourens , Is. Geoffroy-Saint-Hilaire , Milne Edwards.) CHIRURGIE. — Sur plusieurs cas nouveaux de guérison complète de fistules vésico-vaginales avec perte de substance , affectant le basfiond de la vessie j au moyen du procédé de réunion autoplastique par glissement : addition à un précédent Mémoire ; par M. Jobert, de Lamballe. (Commission précédemment nommée.) « Depuis l'époque où j'ai soumis au jugement de l'Académie mon Mémoire sur l'emploi de l'autoplastie par glissement, dans le traitement des fistules vésico-vaginales, j'ai eu l'occasion, dit M. Jobert, de faire de nou- velles applications de mon procédé, et les trois observations que j'adresse aujourd'hui montreront, je l'espère, que les habiles chirurgiens qui ont déclaré incurables ces sortes d'infirmité n'ont pas suffisamment compté sur les ressources de l'art. » (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Van Hecre soumet au jugement de l'Académie un nouveau système de locomotion aérienne. (Commissaires, MM. Babinet, Poncelet, Seguier. ) M. Jenneson adresse une réclamation de priorité concernant l'invention d'un appareil analogue à celui de M. Fan Hecke. La réclamation de M. Jenneson faisait partie de la correspondance de la précédente séance, et fut réservée pour être présentée en même temps que le Mémoire de M. Van Hecke. (Renvoi à la même Commission. ) (69 ) CORRESPONDANCE. tiHiMiE. — Recherches de chimie animale; par M. J. Liebig. " J'ai fait, dans ces derniers temps, une série de recherches sur la nature des fluides qui n'appartiennent ni aux vaisseaux sanguins ni aux vaisseaux lymphatiques. L'Académie voudra bien me permettre d'attirer son attention sur les résultats que j'ai obtenus. On sait, depuis longtemps, que la viande des animaux récemment tués présente une réaction sensiblement acide, M. Berzelius a attribué cette propriété à l'existence de l'acide lactique, sans que, jusqu'à ce jour, des résultats analytiques aient constaté ce fait d'une manière irrécusable. Plusieurs chimistes ont admis l'acide lactique dans l'urine, dans le suc gastrique et dans le lait; mais ils appuyaient la conclusion de son existence dans ces liquides , sur des réactions seulement qui ne pré- sentent ancune certitude. L'opinion même que l'acide lactique empêche la précipation de l'oxyde de cuivre par le lait de chaux repose sur une eri'eur. M. Strecker a montré dernièrement que le lactale de cuivre pur est dé- composé parfaitement par le lait de chaux, et , dans le liquide restant, aucun réactif ne décèle la présence de l'oxyde de cuivre. Il est vrai que le lactate de chaux pur dissout une trace d'oxyde de cuivre; mais un léger excès d'eau de chaux le précipite entièrement. » Mes recherches ont eu pour but de faire cesser toute incertitude à l'égard de l'acide organique non volatil , qui fait partie constituante de l'organisme animal. » Lorsqu'on lave à l'eau froide de la viande d'animaux récemment tués, hachée en fine pulpe, ou obtient un liquide rougeâtre qui, chauffé à l'ébul- lition, donne un coagulum d'albumine et se décolore presque entièrement. Le liquide limpide, à peine jaunâtre, qu'on obtientde cette manière, possède une acidité très-prononcée et une saveur de bouillon très-aromatique et des plus agréables. Quand on le neutralise par de l'eau de baryte, il se précipite du phosphate de baryte et du phosphate de magnésie : il devient légèrement alcalin, sans qu'il reste de baryte dans la dissolution. Après la séparation de ces précipités, on en retire, par l'évaporation convenable, des cristaux de créatine, découverte par M. Chevreul dans le bouillon de viande. " En poussant la concentration plus loin , on voit se former dans le liquide sirupeux des cristaux aciculaires , qui , séparés par le filtre et purifiés par de nouvelles cristallisations, présentent des paillettes blanches d'un éclat nacré très-brillant, très-peu solubles dans l'alcool. F.e liquide séparé de ses ' iio) cristaux se prend enfin en une masse épaisse formée d'une eau mère siru- peuse et de cristaux très-fins, groupés concentriquenient , très-solubles dans l'alcool et même dans un mélanj^e d'alcool et d'éther. Ces deux niatières cristallines sont des sels à base de potasse ou de chaux, combinés à des acides nouveaux renfermant de l'azote. ' " La dernière eau mère renferme du lactate de potasse. Pour extraire l'acide lactique libre, je traite cette eau mère par de l'alcool, et j'y ajoute de l'acide oxalique également dissous dans de l'alcool; j'obtiens ainsi la séparation de la potasse à l'état d'oxalate de potasse , puis j'ajoute de l'éther tout aussi longtemps que le liquide se trouble. Par ce moyen, je sépare di- verses autres matières, et la dissolution alcoolique retient l'acide lactique, susceptible de donner maintenant, par la chaiix hydratée, du lactate de chaux qui permet d'obtenir l'acide lactique libre et d autres lactates. )i En soumettant à lanalyse le lactate de chaux et celui de zinc préparés par ces divers traitements , j'ai obtenu pour le premier la formule i^",'' C"H'0=-4-CaO-t-4Aq; le lactate de zinc m'a donné C«H'0% ZnO + 3Aq. » Ces résultats ne sauraient plus laisser dans l'esprit le moindre doute sur la nature de l'acide organique non volatil répandu dans l'organisme animal ; ils expliquent la réaction avide des muscles; et, maintenant que nous sa- vons que, dans une si grande partie du corps des animaux, il se trouve un liquide acide qui n'est séparé d'un fluide alcahn (le sang et la lymphe) que par des membranes très-minces , on peut , je crois , se rendre compte de plusieurs phénomènes électriques observés, par M. Matteucci et d'autres, physiologistes, sur les corps des animaux morts. ;' En opérant sur des centaines de livres de viande, j'ai obtenu une quan- tité suffisante de créatine, pour pouvoir soumettre ce corps à un examen approfondi. » Ses propriétés physiques ont été données par M. Chevreul avec une si grande précision, que je ne. saurais rien ajouter à la description faite par cet illustre chimiste. Je crois pouvoir conclure de mes expéiiences, que la créatine fait partie de la chair de toutes les classes d'animaux; jusqu'à pré- sent, j'en ai constaté la présence dans la chair de bœuf, de veau, de mouton, de cochon, de cheval, de lièvre, de poule et de brochet. La belle découverte de cet habile observateur devient d'autant plus importante. C 71) • qu'on ne peut pas douter que la créatine ne joue un grand rôle dans les actions vitales. Il est certain, du moins, que le bouillon de viande ne peut être remplacé ni par la gélatine, ni par aucun liquide retiré d'une autre partie de l'organisme animal, excepté des muscles. J'ai trouvé la créatine dans le cœur du bœuf, mais non dans le cerveau , le foie , le poumon et les reins. . ',;,^ La créatine appartient, par sa cristallisation, au système klinorhom- boidal; elle donne d'assez gros cristaux limpides, transparents et d'un grand éclat: ils perdent, à loo degrés, 12,18 pour 100 d'eau, qui correspondent à 2 atomes. » IjBS résultats de nombreuses analyses m'ont donné, pour la composition de la créatine cristallisée , la formule .;,..:•• » La créatine est un corps neutre ou indifférent , qui se dissout dans des liquides alcalins ou acides faibles, et peut en être retiré sans avoir éprouvé aucun changement; mais, en présence des acides ou des alcalis caustiques concentrés , ses propriétés sont changées. » En présence des acides énergiques, la créatine se transforme en une base organique ayant des propriétés très-remarquables. 1' La matière combinée avec l'acide n'est plus de la créatine et ne peut plus être transformée en ce corps; c'est un corps nouveau, que j'appellerai créatinine , et qui se forme en présence des acides chlorhydrique et sulfu- rique par le seul déplacement de 4 atomes d'eau. L'analyse m'a donné, pour la créatinine , la formule G'N'H'O'. . ■ ;• » La créatinine est bien plus soluble que la créatine dans l'eau et dans l'alcool. Sa dissolution dans l'eau a une saveur caustique comme Vammo- niaque: elle bleuit le papier rouge de tournesol ; elle se combine avec tous les acides et forme des sels d'une grande beauté: son sel de platine est re- marquable par la grosseur des cristaux et par la belle couleur jaune d'or qu'il possède. La formule que je viens de mentionner exprime la quantité qui se combine à i équivalent d'acide. Les cristaux de la créatinine appar- tiennent au système monoklinométrique; ils sont volumineux, incolores et très-éclatants. » La créatine contient les éléments de la glycocoUe (sucre de gélatine anhydre), plus i atome d'ammoniaque; la créatinine, ceux de la caféine, plus I atome d'amide. ( 70 " J'ajouterai que quarante poules maigres m'ont fourni euviron 24 grammes de créatine; 56 livres de viande de bœuf, 16 grammes; et 100 livres de viande de cheval, 36 grammes. " Les extraits de toutes les viandes sur lesquels j'ai opéré, évaporés jusqu'à siccité et calcinés au rouge , laissent une cendre blanche qui ne contient que des phosphates. Les liquides provenant de chair de bœuf et de cheval laissent un mélange de phosphate d'alcalis (de potasse et de soude) précipi- tant les sels d'argent en jaune, et de pyrophosphate de soude et de potasse qui les précipitent en blanc. La chair de poule laisse des pyrophosphates purs. » Le rapport des sels de potasse et de soude dans les liquides de la chair et dans le sang est très-différent. Pour 1 équivalent de potasse, le sang de . bœuf renferme 12 à i3 équivalents de soude; ce rapport est inverse dans l'extrait aqueux de la chair du même animal. Le sang du cheval contient, pour I équivalent de potasse, 3,62 équivalents de soude; pour la même quantité de soude , la chair du même cheval contient 6,9 équivalents de potasse. Ces rapports conduiront à quelques conclusions importantes, si l'on se rappelle que , dans le lait , ce sont les sels de potasse qui sont prédomi- nants. Si réellement un sel de soude (un phosphate de soude) est nécessaire et indispensable pour la constitution du sang de beaucoup d'animaux, il s'ensuivrait que l'addition du chlorure de sodium à la nourriture de ces animaux est aussi nécessaire et indispensable pour tous les endroits où les plantes de fourrage ne renferment pas de phosphate de soude ou de sels de soude, comme cela a lieu dans beaucoup de pays d'Allemagne. On conçoit aisément que le chlorure de sodium, par une décomposition réci- proque avec le phosphate de potasse (qui prédomine dans nos grains de froment, etc.), peut fournir du phosphate de soude et du chlorure de potas- sium; et ce dernier sel ne manque jamais dans les liquides de la chair. » Pour ne pas abuser de l'attention de l'Académie , je bornerai là mes observations, en renvoyant, pour plus de détails, à un Mémoire actuellement sous presse. J'ajouterai seulement que la créatine, par l'ébullition pro- longée avec de l'eau de baryte très-concentrée, se dédouble en urée (ou en carbonate de baryte et en ammoniaque) , en une base organique nouvelle , qui forme un sel avec l'acide sulfurique, qui cristallise en paillettes nacrées, de l'aspect du chlorate de potasse , et en un acide nouveau cristallisable que J€ n'ai pas pu étudier, faute de matière. " Je signalerai, en terminant cette Note , quelques faits observés dans mon laboratoire et qui me paraissent dignes d'intérêt. ( 7^ ) » M. Henneberg, l'un de mes élèves, a trouvé que le sang des poules contient du silicate de soude (ou de potasse), ce qui explique l'existence de l'énorme quantité de silice qui a été signalée dans les plumes de ces oiseaux. » M. le docteur Bensch, mon préparateur, a constaté que le lait de trois chiennes nourries avec de la viande pendant douze, quinze et vingt- sept jours, contient du sucrede lait parfaitement cristallisable. •.••;» Enfin, M. Gugelberger, un autre de mes élèves, a obtenu, par la dis- tillation de la caséine ou de la gélatine avec du peroxyde de manganèse et de l'acide sulfurique, de l'aldéhyde pur et de l'essence d'amandes amères , tous deux en assez grandes quantités pour pouvoir préciser ce fait remar- quable par des résultats analytiques. » - . • • M. DuFRÉivoY met sous les yeux de l'Académie une Carte géologique du département de Saône-et- Loire, par M. Manès, ingénieur en chef des mines, coloriée par impression à l'Imprimerie royale, par M. Derénémesnil. Cette carte, de plus de 60 centimètres de longueur sur 5o centimètres de largeur , présentant neuf couleurs essentiellement différentes , a coûté 668 francs pour 3oo exemplaires , c'est-à-dire 2'^'' 23"^ par exemplaire, bas prix qui sera sans doute remarqué si on le compare à la précision avec laquelle les couleurs sont appliquées. AWATOMIE. — Sur les nerfs du péritoine; Lettre adressée à l'occasion des observations de M. Vrolik sur Vhjperoodon; par M. Pappenheim. « D'après une communication nouvelle, M. Bourgery semble vouloir per- sister dans une opinion qu'il a émise autrefois, à savoir, que les membranes séreuses sont les membranes les plus riches en nerfs, et cela, en s'appuyant sur le résultat de recherches nouvelles dues à M. Vrolik. Il est donc utile, je crois, de rappeler aujourd'hui des recherches que j'ai répétées, il y a quelques mois, sur le péritoine de l'homme. , » A la surface externe du péritoine , dans la ligne médiane , se trouve très-fréquemment, peut-être même toujours, un tissu dense, qui ressemble tellement à une collection de fibres de nature nerveuse, c|u'il semble éton- nant, au premier d'abord, de leur refuser cette nature. Mais, en entrant dans la recherche delà structure, soit dans l'état naturel, soit en appliquant l'acide acétique, on trouve bientôt que ces fibres se composent, en partie de fibres élastiques , en partie de fibres celluleuses. Il est rare de trouver déjà, à l'œil nu, quelques fibres nerveuses. " C'est dans la plupart des cas, seulement après l'application de l'acide C. R., 1847, ler Semeitre. (T. XXIV, N03.) , lO - • (74 ) acétique, et en employant des verres d'un grossissement pins ou moins con- sidérable, que l'on rencontre quelques petits filets nerveux, présentant la même structure que les fibres cérébrospinales qui accompagnent les vais- seaux sanguins. Le nombre varie selon les individus, et quelquefois j'avais la plus grande peine à trouver une seule fibre nerveuse élémentaire. » J'avais avancé qu'il y avait (sur l'bomme) environ 5oooo fibres élé- mentaires , disséminées dans le tissu fibreux ; et dans une autre communica- tion , j'ai indiqué même comment on pourrait parvenir à une appréciation moyenne plus rigoureuse. .\. » Eu admettant le résultat de ma première rechercbe comme à peu près exact , je n'ai pas réussi encore à trouver un centième de cette somme de fibres nerveuses primitives dans les membranes séreuses. « M. DiicROs adresse une Note ayant pour titre : Rapidité thérapeutique et innocuité intoxicatrice de l'extrait de belladone dans l'éther suljurique, d'après la méthode buccale et pharyngienne pour les toux quint euses de la bronchite et de la phthisie acquise non héréditaire. Dans une Lettre jointe à cette Note, l'auteur rappelle la présentation qu'il avait faite à la séance du i6 mars dernier, d'une Note intitulée : Effets physiologiques de l'éther suljurique, etc., Note dans laquelle il rappelait des expériences, déjà rendues publiques en 1842, sur les effets sopoi'ifiques de l'éther employé en frictions chez les oiseaux gallinacés, et dans laquelle il mentionnait également des effets analogues produits chez l'homme, effets dont il annonçait qu'on pourrait tirer parti dans diverses maladies. M. Ducros pense , en conséquence, pouvoir réclamer la priorité d'inven- tion sur le savant américain qui a récemment proposé de suspendre la sensibilité, au moyen de l'éther, chez les malades près de subir une opé- ration chirurgicale. A l'occasion de cette communication, M. Elie de Beachokt demande l'ouverture d'un paquet cacheté qu'il avait déposé dans la séance du 28 dé- cembre 1846. On y trouve deux Lettres de M. Jackson, dont voici les extraits : Première Lettre. —Boston, le i3 noTembre 1846. « Je vous demande la pennission de communiquer , par votre intermé- diaire, à l'Académie des Sciences une découverte que j'ai faite et que je crois importante pour le soulagement de l'humanité souffrante, et d'une grande valeur pour l'art chirurgical. ( 7-5 ) 1) Il y a cinq ou six ans, je reconnus l'état particulier d'insensibilité dans lequel le système nerveux est plongé par l'inhalation de la vapeur d'éther sulfurique pure, que je respirai en grande abondance, d'abord par forme d'expérience, et plus tard dans un moment où j'avais un rhume très-fort causé par l'inhalation du chlore. J'ai tiré dernièrement un parti utile de ce fait, en déterminant un dentiste de cette ville à administrer la vapeur d'éther aux personnes auxquelles il devait arracher des dents. On observa que ces personnes n'éprouvèrent aucune douleur dans l'opération , et qu'il ne résulta aucun inconvénient de l'administration de la vapeur d'éther. n Je priai ensuite ce dentiste d'aller à l'hôpital général de Massachusetts, et d'administrer la vapeur d'éther à un malade auquel on allait faire subir une opération chirurgicale douloureuse : le résultat fut que le malade n'éprouva pas la moindre douleur pendant l'opération , et alla bien ensuite. Une opération à la mâchoire, l'amputation d'une jambe et la dissection d'une tumeur ont été les sujets des premières expériences chirurgicales. Depuis lors, de nombreuses opérations chirurgicales ont été faites sur diffé- rents malades avec le même succès et toujours sans douleur : les malades ont eu des convalescences remarquablement faciles, n'ayant éprouvé aucune secousse nerveuse " Je désirerais que l'Académie des Sciences voulût bien nommer une Commission chargée de faire les expériences nécessaires pour constater l'exactitude des assertions que je vous adresse sur les effets merveilleux de l'inhalation de la vapeur d'éther. » On peut respirer très-commodément cette vapeur, en plongeant une grande éponge dans l'éther , la plaçant dans un tube conique court ou dans un entonnoir, et aspirant l'air atmosphérique dans les poumons à travers l'éponge ainsi saturée d'éther. L'air peut ensuite être rejeté par les narines , ou bien on peut mettre des soupapes au tube ou à l'entonnoir, de manière à ce que l'haleine ne sorte pas à travers l'éponge, où elle affaiblirait l'éther par la vapeur d'eau qu'elle renferme. » Au bout de quelques minutes, le malade tombe dans un état de som- meil très-particulier et peut être soumis à toutes les opérations chirurgicales, sans éprouver aucune douleur ; son pouls devient généralement un peu plus rapide et ses yeux brillent comme par l'effet d'un état particulier d'excitation : en se remettant, au bout de quelques minutes, il vous dira qu'il a dormi et qu'il a rêvé. ' ■ . , ' '. >' Si l'éther est faible, il ne produira pas l'effet qui lui est propre. Le malade sera seulement enivré et éprouvera ensuite un mal de tête sourd. ic ( 76 ) On ne doit, par conséquent, faire usage que de l'éther le plus fortement rectifié. 'I Si un dentiste arrache des dents le soir, il serait à propos d'avoir une lampe de sûreté de Davy, pour y placer la lumière , afin d'éviter le danger des explosions causées par la vapeur d'éther, qui s'enflammerait si une flamme nue était approchée de la bouche. » Pour l'administration de la vapeur d'éther, il est important d'en avoir un grand volume, de manière à ce qu'elle puisse être respirée librement et produire promptement son effet, parce qu'on évite ainsi toute sensation désa- gréable; mais il n'y a aucun danger à craindre d'une inhalation prolongée de la vapeur d'éther, pourvu que l'air atmosphérique soit lui-même admis convenablement. Dans les opérations prolongées, on pourrait appliquer la vapeur d'éther plusieurs fois, à des intervalles convenables, de manière à tenir le malade endormi. » Seconde Lettre. — Uoslon, le x*"' décembre i840. « L'application de la vapeur d'éiher a été complètement expérimentée dans ce pays , et est mise en usage avec un plein succès à l'hôpital général de Massachusetts. » Remarques fie M. Velpeau à l'occasion des précédentes communications. « IjC secret dont il est question dans la Note qui vient d'être lue, n'est plus un secret depuis longtemps; les journau.x de médecine l'ont di- vulgué en Amérique et en Angleterre, dès le mois de novembre. Une Lettre du docteur Waren , de Boston, me l'a fait connaître il y a plus d'un mois, et M. le docteur Willis Fisher, de la même ville, est venu me proposer d'en faite l'essai à la Charité vers le milieu du mois de décembre dernier. I) [/inspiration de l'éther, dans le but de rendre insensible à la douleur pendant les opérations chirurgicales, paraît, en effet, avoir été proposée par M.Jackson dès le mois d'octobre 1846; ce savant donna, au dentiste Morton , le conseil d'en essayer la puissance sur les malades qui viennent se faire extraire une ou plusieurs dents. Le moyen ayant réussi, on voulut en faire usage à l'hôpital de Massachusetts; mais, comme on parlait de secret et de brevet, les chirurgiens résolurent de suspendre toute expérimentation, tant que le moyen employé resterait ignoré d'eux. MM. Jackson et Morton pri- rent aussitôt le parti de rendre leur découverte publique , et l'application en fut faite immédiatement sur plusieurs malades. Des tumeurs du cou, du bras, de la cuisse , des amputations de la mâchoire, de la jambe furent pratiquées, ( 77 ) ainsi que l'annonce M.Jackson, sans causer de douleur, sur des hommes et des femmes préalablement soumis à l'inhalation de la vapeur d'éther. Bientôt on se livra aux mêmes essais dans les hôpitaux de Londres, et les chirurgiens de Paris n'ont pas tardé à imiter les praticiens de Boston. » Maintenant, faut-il prendre à la lettre toutes les merveilles qui se débitent à ce sujet dans les journaux politiques? Non, sans doute. Voici les résultats de l'expérience jusqu'à présent. Un de mes malades , homme fort et robuste, qui devait subir l'amputation d'un doigt , n'a point perdu la sensibilité, est resté complètement réfractaire à l'action de la vapeur éthérée. Un autre a été pris, au bout de dix minutes, d'une sorte d'ivresse, avec loquacité, avec un air fanfaron tout particulier, qui ne l'ont point empêché de sentir vivement la petite opération que je lui ai pratiquée. Un jeune Américain est tombé immobile au bout de trois minutes, et s'est laissé extraire une dent sans manifester de douleur. Revenu à lui, il a soutenu avoir souffert beau- coup, mais que l'état d'extase où il était lui avait ôté la peur et toute pos- sibilité de se remuer. Trois autres personnes ont inspiré la vapeur d'éther pendant cinq, huit, dix minutes sans résultats. Un jeune médecin et un élève qui suivent l'hôpital ont, au contraire, été promptement en état d'in- sensibilité complète, de manière à rester parfaitement indifférents aux pi- qûres d'épingles, de lancettes, etc. , aux pincements qui ont été exercés sur eux. ■'.■«^i 'v.' -u' n'-: . \.-t,- .,_^. ■ >' Je sais qu'à l'Hôtel-Dieu et à l'hôpital Beaujon, M. Roux et M. Laugier n'ont pas obtenu de résultats beaucoup plus concluants. Malgré quelques échecs, M. Malgaigne a mieux réussi à l'hôpital Saint-Louis, et l'on retrouve, dans les observations des chirurgiens anglais, la même incertitude, la même inconstance que dans les nôtres. » Du reste, les effets de l'éther ne se maintiennent guère au delà de deux à cinq minutes. Un seul malade semble en avoir éprouvé quelques incon- vénients : on eut besoin chez lui d'affusions froides sur la tête, de révul- sifs, etc.; il resta chancelant pendant quelques heures, et l'on craignit un moment des accidents cérébraux graves. Tous les autres en ont été quittes pour un peu d'âcreté dans la gorge ou dans le nez, et une odeur d'éther assez désagréable qui se maintient souvent toute une journée. Les plaies, l'état général, ne s'en sont point ressentis d'une manière appréciable. " 11 est possible, au surplus, que l'inconstance des effets de l'éther tienne autant à l'imperfection des appareils employés chez nous, qu'à la nature même du médicament ou à la diversité des idiosyncrasies. On aurait tort, après tout , de porter, dès à présent , un jugement quelconque sur la valeur ( 78 ) de cette ressource. Ainsi qu'il arrive presque toujours quand un fait nouveau vient à surgir dans les sciences, on doit s'attendre à quelque vague, à quel- que divergence dans les appréciations, à des tâtonnements inséparables de toute application nouvelle. D'ailleurs, certaines oscillations dans les résultats empêcheront nécessairement les bons esprits de se prononcer nettement en pareille matière , pour le moment. Les essais vont se multiplier de toutes parts, et nul doute que la pratique ne sache bientôt à quoi s'en tenir sur ce qu'elle peut attendre des inspirations de l'éther dans les opérations chirur- gicales (ij. » M. Serres prend la parole après M. Velpeau, et s'exprime en ces termes: « Quelle sera la suite , quel sera l'effet définitif de cette influence des inspirations d'éther? C'est ce qu'il sera important de savoir; car si l'action des vapeurs éthérées n'avait d'autres inconvénients que ceux qui viennent d'être signalés, les effets ultérieurs de l'opération étant d'ailleurs satisfaisants , je crois que ce serait encore là un résultat désirable et une heureuse inno- vation. Mais la question est de savoir si l'action stupéfiante de l'éther aura ou non une influence sur la réaction qui suit toute grande opération , et si cette influence sera favorable ou non. » On sait , en effet , que dans certaines affections où Ton ordonne l'éther, cet agent produit souvent une certaine sidération qui calme les douleurs , mais qui prolonge souvent l'état de faiblesse des malades ; c'est ce qui me fait demander si cette sidération que l'on cherche à produire artificiellement pour prévenir la douleur, n'aurait pas des effets plus fâcheux que cette douleur elle-même. » M. Rocx prend la parole après M. Serres, et s'exprime en ces termes: « On trouvera sans doute dans les communications de M. Jackson l'indica- tion du procédé le plus sûr, de l'appareil le plus avantageux pour soumettre des patients aux inspirations dont il s'agit. C'est une première chose à désirer pour les expérimentations qui ont commencé en Amérique, et qui vont se continuer chez nous. .T'y prends part en ce moment, mais je n'ai pas été satis- fait de la manière dont fonctionnent les appareils que j'ai pu employer. C'est peut-être à cause de cela que je ne suis point encore parvenu à produire (i) Ce matin même (vendredi 22 ) , j'ai enlevé un énorme cancer de la cuisse d'un homme qui ne s'en est point aperçu. ( 79 ) des effets sensibles sur les malades qui se sont prêtés à mes expériences. J'ai déjà expérimenté sur trois ou quatre , et ce matin même encore, sur un homme à qui je devais faire, et à qui j'ai fait l'extraction d'une grosse virole osseuse placée au centre du moignon d'une cuisse que je lui avais amputée il y a deux mois. 11 paraît, au reste, que même avec de bons appareils inspi- ratoires, quelques individus sont réfractaires à l'action des vapeurs éthérées. Il est remarquable aussi que, soit à cause d'une répugnance à être des sujets d'expériences , soit à cause de cette force d'âme qui les porte à ne pas ap- préhender la douleur, et qui est le partage des femmes plus que des hommes , des malades se sont refusés à ce qu'on tentât sur eux le procédé de l'eni- vrement. » Je désire, toutefois, que les expériences vers lesquelles on va se porter avec ardeur, et dont on espère obtenir des résultats utiles, soient faites avec sagesse, avec prudence. Il faut qu'on sache, d'ailleurs, que la chirurgie, pût-elle bientôt disposer à son gré d'un moyen de soustraire l'homme qui doit subir une opération , à la douleur, ce moyen ne pourrait probablement pas être appliqué en toutes circonstances indistinctement. Il y a beaucoup d'opérations pour lesquelles on ne pourrait point y avoir recours. Dans quelques-unes même, un danger réel pourrait résulter de l'espèce de torpeur produite par les vapeurs éthérées, surtout si, à cet état temporaire, venait se joindre une de ces grandes perturbations soudaines qu'une opération peut faire naître par elle-même. Tout bien considéré, et jusqu'à ce que nous soyons suffisamment éclairés , il eût été bon que le sujet en question restât ren- fermé dans le cercle des communications et des publications scientifiques. Je regrette , sous quelques rapports , que le monde ait été mis à même de s'en occuper si promptement. » . , : l •• M. Cazenave envoie, de Bordeaux, une Note sur un fait de rétention d urine chronique, cessant pendant les trois stades de plusieurs accès d'une Jîèvre tierce, et se reproduisant immédiatement après chaque accès. . M. Garnier, professeur au collège de Castres, annonce que le i6 dé- cembre dernier, il a trouvé, sous le hangar d'une ferme située à Angles , sur la montagne Noire, montagne couverte alors de 2 pieds de neige de- puis une vingtaine de jours, un nid de troglodyte vulgaire , où étaient sept petits encore sans plumes. M. Bronzet adresse une Lettre relative à \me amputation de deux jambes , qu'il a pratiquée aux mines de la Grande-Combe, le 24 novembre dernier. ( 8o ) Ces deux opérations pratiquées coup sur coup, vu l'urgence , ont été suivies d'un plein succès. M. Leroy d'Ëtiolles prie l'Académie de vouloir bien admettre au con- cours , pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Mon- tyon, ses procédés pour la llthotritie urétrale, son système de percussion par détente^ et son application des écrous brisés aux instruments lithotriteurs. M. DE BAZELAntE, qui avait soumis au jugement de l'Académie un appa- reil qu'il nommait chronomètre guide des convois pour les chemins dejer, demande et obtient l'autorisation de retirer cet appareil , sur lequel il n'a pas été fait de Rapport. M. Fraïsse adiesse le tableau des observations météorologiques faites à Privas pendant le mois de décembre 1846. M. Patot prie l'Académie de vouloir bien bâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle ont été renvoyées ses deux Notes sur le lïiojen de préserver les olives de la piqûre des vers, et sur un moyen de préserver les lainages des attaques de la teigne. (Renvoi à la Commission.) M. l'abbé Rondon écrit à M. le Président pour le prier de hâter le travail de la Commission chargée d'examiner son Mémoire sur ïunique premier méridien. M. Laugier, qui avilit été chargé de prendre connaissance du Mémoix-e de M. l'abbé Rondon et d'en rendre compte à l'Académie, indique le but que s'est proposé l'auteur, et déclare que son Mémoire ne lui paraît pas de nature à être l'objet d'un Rapport. M. PouLLAiiv demande, au nom de la Société libre d'Emulation de Rouen, l'échange du Bulletin de cette Société, contre les Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences. (Renvoi à la Commission administrative.) M. Hattin àé^ose un paquet cacheté. I/Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heures. F. (8r ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. f /Académie a reçu, dans cette séance, les ouvrages dont voici les titres: Compte» rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences , i" semestre 1847, n" 2; in-4''. Annales des Sciences naturelles; octobre 1846 ; in-B". Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des . Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; Sa" et 53* livraisons; in-B". Faculté des Sciences de l'Académie de Paris. — Cours de Géométrie supé- rieure; par M. GhasleS; in-4°. Catalogue raisonné des plantes vasculaires qui croissent spontanément dans le département de la Marne; par M. le comte de Lambertye. Paris, 1846; in-8°. Etudes chimiques sur les Cours d'eau du département de la Loire-Inférieure , considérés au point de vue de l'agriculture, de ihjgiène et de l'industrie; par MM. BoBiERRE et MORiDE. Paris, 1847; '""8°- (Cet ouvrage est adressé pour le concours de Statistique. ) Carte géologique du déparlement de Saône-et-Loire , dressée par M. Manès , ingénieur des Mines; 1846. Traité sur les.Vins de la France ; par M. Batilliot, avec planches; in-8". Observations sur i Organogénie Jlorale des Caryophillées ; par M. P. Du-, CHARTRE. (Extrait de la Revue Botanique, novembre et décembre 1846.) In-8°. Types de chaque Famille et des principaux genres des Plantes croissant sponta- nément en France; par M. Plée ; 34" livraison ; in-4°. Nouvelles Annales des Voyages et des Sciences géographiques, rédigées par M. Vivien de Saint-Martin; 5" série, 2® année, novembre 1846; in-8". Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; n° 93 ; in-S". Bulletin de la Société d'Horticulture de l'Auvergne; novembre et décembre 1846; in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier ; janvier 1847 in-8°. Journal des Usines et des Brevets d'invention; tome VI, 1" partie, juillet à décembre 1846; in-B". Revue médico-chirurgicale de Paris {Journal de Médecine et Journal de Mé- decine réunis), sous la direction de M. Malgaigne; i" année, janvier 1847; in-8". , . ,• . CK, i847.i'>-.S<'mej«/e.{T.XXlV, IN»,'.) II (8a) £'^6et7/e me* M 0) >< >^ w rt >> >-i >-> >. t. : -" t- . «^ 'C î3 b ï a; oj ,. (t .! QJ Oi Qi 9 ï: 0^ XU OJ o o; OJ J3 id s s 2 tic s .if 3 SSS«3JS«n«Sn .Jf"3 3BSt0O«3rtcS,u« « »* «5 s Pîu^hJOKftuuuH u-w Ér;p5eopa^;pHOHUummpquB3eqHB ! ! I I «£> , ^ in oo v:t-»o >n « -- o o c^'>o o «o Oiio fo^îi-o c-^nm oro r^oo « ^* o o m o CTi-O O - 1 - O-lOV^Orî-MOOOtOlO ^*v*>o ^=rln ^^ M « vi-^* o o o o fO «2 ^ «coioio ►.foinv^j- c-»-o M do «(£)^ - o t>vd-fn >o >c "o en te ^*^ « ^* C^d «O-O-Ovd-O-Vj-OOO'-OMO ^^«5 ifl c^ c^ oim - n tS - fO « M -CM - as t- + 1 I++I+ + + + + +I 1 I++I+ + + + + + + + +I 1 1 1 + + + + 1 s &« / 'KOHOAH in X) v:*-^ >n « - o tD r^ r^in vj- Cl r^ - r^oo -fO - O Oitr^O r^- T.Xi t£> C^ | (S « O ^* as OOV3-00«-OOf!OC5V3--v^OO«Mfn r^^^lO O - O O ro vs-v3-»n O - O o ^ 1 H '^ + 1 1 I+ + + ++I l + l 1 I + I+ + + + + + + + +II 1 1 + 1 1 en M -.M «c^oCsOin «cofo ^d->o « t — ^ - in CxD CTi ov» m vf >o co in ?£i o 1 o in M . en V ts vj- - Oyn o iO r^^* GiO et - r^NO^O- -c-^O^ c^^* - ^O Ci c^in o r^ r^ l ro OiCO vd- 2 o es O oo~cio'« c~^-in<» ClC: t>as « m t£> « Ciin t-^^O toco « -roro ir^C- -o D - in en S -n v^cn in in m in in in m vs-^^^*in ^^^a-in ^^co in in m ro fo v^-in o ^ o r^ r^vo in in in in t:^c>.r^c^i:^ir^r^r^r^t:^r>-c>»r-»r^r^r^r^c:^r^c->.r^i:^r-'C^r^ir>»i:^r-.r^c^t^! c-^r^r^ r^ fis 1 •K0U9AH -u: ■^ roas « oco -in v^-o - fo t> o v* ovoo «inoo- a o -coco ciin in a 1 en M to Ci ■«B it «o-o--vj-o>-pooo-«--oino ^*o oooino---fo«ro - 0 - O ca ? "^ + 1 I+ + + + + + +I + I 1 l++l+ + + + + + + + +i 1 1 1 + 1 + + « o V3-» in r^ « 00 O ^*iO V3-- -in «moo m^ -ro c^Ct^c-»Ov:J-r^-ro^ ^*o Cl « ATI es So- ;o co co m osfo OCO -fo -fo - «fo oin ai« r^in va-oo in - ^* c^o o c-- r- C^fO « in 07 ie C. c^c^-^ O « tr^ C-^ r>>n - 00 -— - r^fO r^ t^ c tJD ^*30 OO M in Cj O - 00 - - ^^ « t f> in in in in es ca c^r^c-'.r^c^c^r^r^r^r^r^r^i-^r^r^r^r^c^r^r^c^r^c^r^r^r^c-^ir^r^c^c^ r^ !>• r^ r^ •KO'JOAII .o vr c^in Mj-ao ro 0 -in'O «Oinoococo ^j^'^d oo in ^* o in c; ^*oo - « o to co - c^ro 'O _: fio----vîi-o-fnooof)-oo^*- ^!3-in c^ i^v)- 0 - « « v^ - r^^l- a r^ r^ V3-^ (S oo - C-jc^,- c^ - « 00 CXÛ r-in - Cro OX « Ci r^m fO ro c^cr; «in CiO - c M — v:^ M i: •" in ro ^*in in in in in in in ^^^^in ^*^^in vr^ in in v^ro « en v^^ o O c^ c^'-û in in m in r^c^r^r^c^r^r^c^r^r^c^L-^r^r^c^r^r^r^c^r^c^c^r^c^r^r^c^r^r^r^i:^ r^ r^ r^ r^ | P^ •Koao.vi! ■ s zc^ - en Ci c.in 00 o in fo >^50 ce ^^ ts es oo oo ^*^!i- o t^oo oo - ^ m o o oo O - O r^ A 5 2 o-inn-o«--«Of<-v^«foo ^^co « ^*-o o«oo-«in^*c^ 0 « o O es J + 1 1 i-+ + +l+4-| 1 1 1 1 1 1 1 !+ + + + +! l + i 1 1 1 1 1 1 en VT r^fo «û « o ^^^^ - ^* C. - in - r- Cl ^^oo c^^O inrJOinr^c^-O-fC e> en ei ^ "-- f p: ^- r^ 0 - C.ro ro L^ r^ C.fO 0^*p) O - r^CiC'CO Oin « C.^4- - in C r^ « « in C. c ei 0 iè r:) M - O - O « N oo Cîc^oi-o - Qvj-c. O 0 ooooo omoin -in c. o « o f) - vi- en i:^r^r^ï:^r>.r^i:^r^[-^t^r^c^i:^c^i:>.r^ir->i:^r^c^r^ir>.c^i:-xtr>.r^c^c^i:^r^t:^ ir> m in c^ r^ c^ in c^ 1 X — ■ - e-. en -^ir, %o r^x c. ~ - ,5i na'njoS 77"'. 'I n'a pas fait sortir la balle du canon. 2 grammes de pyroxyle préparé en grand à la Direction avec du coton et des acides moyens, donnent à la balle une vitesse moyenne de S^i^jOS. " Parmi les propriétés caractéristiques qui distinguent les deux produits , j'avais indiqué la solubilité de la plus grande partie du coton hypoazotique , et l'insolubilité presque complète du coton azotique dans l'éther hydrique, .l'ai, depuis, observé les mêmes relations, en essayant l'action dissolvante plus grande des mélanges d'éther et d'alcool anhydre. » On aurait pu croire qu'il en était autrement des effets de l'éther acé- tique; mais je me suis assuré à plusieurs reprises, depuis quinze jours, et en traitant d'une manière comparative les deux produits, que, dans ce cas en- core, l'action dissolvante de ce liquide, plus énergique que celle des deux autres véhicules, s'exerce dans le même sens, mais que la dissolution n'est complète ni pour l'un ni pour l'autre, et que le coton azotique le plus pur, le plus complètement exempt de la combinaison hypoazotique, est celui qui résiste le mieux à cette réaction dissolvante; la portion non dissoute, sur plusieurs échantillons soigneusement préparés, formait plus des 0,80 du poids total. n Cependant, lorsqu'on agite la pyroxyline avec l'éther acétique, surtout en chauffant au terme de l'ébuUition, le liquide paraît presque diaphane, et l'on n'aperçoit nettement la substance non dissoute qu'en la laissant déposer. » L'inspection directe sous le microscope suffit pour rendre compte du phénomène : on reconnaît alors que la dissolution en réalité n'était que par- tielle, car il reste de toutes les fibres, si déliées qu'elles soient, des pelli- cules et des fibrilles contournées en hélice parallèlement entre elles, ou anastomosées, sorte d'épiderme et de squelette gardant les formes exté- rieures et des linéaments de la structure des longs poils du cotonnier. La résistance de ces parties semble due, principalement, à la force de cohésion , car ils possèdent encore des propriétés pyriques à nu degré moindre que la (8?) partie soluble. Le papier azotique est plus soluble que le coton dans Téther acétique comme dans l'éther hydrique. • » Si l'on observe sous le microscope le résidu insoluble du coton bypo- azotique, on voit qu'il se compose de menus lambeaux de pellicules : la forme tabulaire des poils a disparu. Ce résidu est d'ailleurs à peine égal aux o,o5 du poids de la substance employée. .'^''' » Dès caractères tranchés séparent auSsi le produit solide des deux solu- tions éfhérées : celui qui appartient au coton azotique est obtenu en plaques diaphanes comme du verre, tandis que le produit de la solution du coton hypoazotique évaporée à froid offre l'apparence d'une porcelaine blanche et opaque, ainsi qu'on peut le voir par les échantillons déposés sur le bureau, » La composition élémentaire est aussi toute différente : une analyse que j'ai faite avec M. Poinsot, et que je me propose de répéter, a donné des nom- bres qui indiqueraient dans ce produit une combinaison de i équivalent de cellulose hydratée pour i équivalent d'acide hypoazotique; tandis que plu-' sieurs analyses faites par M. Poinsot, en opérant sur le coton azotique, lui ont donné des nombres qui se confondent avec ceux que M. Pelouze, notre confrère, avait obtenus lui-même. On peut encore observer un caractère, différent entre les deux produits du coton; celui qui représente la combi- naison azotique se dissout dans l'acide sulfurique, en dégageant pendant longtemps des gaz , tandis que la dissolution du coton hypoazotique s'opère sans dégagement de gaz. » On a dernièrement annoncé à l'Académie que l'amidon peut, coinme la cellulose, donner lieu à la production de la pyroxyline. )' J'ai vérifié ce fait ou du moins la formation de composés plus riches en éléments de l'acide azotique: un des meilleurs moyens de diminuer les- chances de produire la xyloïdine consiste à dessécher préalablement la fécule amylacée dans le vide à une température de no à 120 degrés; il suffit alors de jeter cette substance, refroidie à l'abri de l'air, dans le mé- lange des deux acides purs et à i équivalent d'eau : au bout d'une heure , on étend d'une grande quantité d'eau , et l'on termine la préparation comme à l'ordinaire (i). » Si l'on arrête, par la projection d'eau, la réaction des acides, au bout d'une minute, le produit, observé sous le microscope, offre plusieurs carac- tères curieux. ■.■.■^,''- :-:-,'-'^:" ^"^xl^: ..r' (i) Je me suis assuré, à cette occasion , que la xyloïdine n'est pas sensiblement soluble dans l'éther hydrique. ■.'..■-' ■ ■ ..■ 12., (88) » Uu p^rand nombre de grains de fécule ont conservé leurs formes, sauf quelques effets de fendillement; mais on remarque d'autres grains, surtout parmi les plus volumineux, laissant extravasée an dehors une portion de leur substance interne: il était probable que ce phénomène tenait au gon- flement d'une partie de la substance amylacée non atteinte par l'acide azotique. >' Ce doute se change en certitude lorsqu'on ajoute une goutte de solution aqueuse d'iode : on voit bientôt ces parties extravasées se colorer en violet opaque ou à peine translucide , qui contraste avec la couleur bjanche- jaunâtre diaphane des couches enveloppantes. » On aperçoit souvent la matière centrale ainsi colorée en violet, lorsque des ouvertures circulaires ou des déchirures laissent pénétrer l'iode. » Enfin, on peut appliquer l'acide sulfurique étendu à dissoudre la ma- tière interne; les grains se vident alors, tout en conservant leurs contours extérieurs: ils sont réduits probablement alors à l'état de pyroxyline sous forme de globules creux. » La production de la pyroxyline avec l'amidon serait intéressante pour la science, car elle ferait disparaître l'anomalie qui apparaîtrait dans deux substances identiques de composition élémentaire, donnant deux produits aussi différents que la pyroxyline et la xyloidine. J'espère pouvoir parvenir à transformer toute la masse des grains de fécule en une combinaison définie, contenant le maximum d'acide azotique; peut-être alors se con- fondrait-elle avec la pyroxyline. » IjA Note suivante, que vient de me communiquer un jeune chimiste, IM. Gaiffe, offre un moyen simple de distinguer le coton azotique comme les objets qui en seraient formés, du coton ordinaire : u Le coton azotique bien séché a la propriété, quand on le frotte légè- » rement entre les doigts, de produire des étincelles électriques accompa- » gnées de détonations légères, très-distinctes cependant et en assez grande " quantité pour qu'on puisse, quand on opère dans un milieu obscur , le » croire phosphorescent, f^es étincelles sont bien plus nombreuses que celles » qu'on obtient en frottant avec la main une peau de chat. Le coton récem- » ment préparé et bien sec possède cette propriété à un plus haut degré » qu'un coton d'une préparation déjà ancienne. » « La communication de M. Payen donne à M. Biot l'occasion de rappeler des expériences optiques qui lui semblent pouvoir donner des indications précises sur les modifications que l'amidon subit quand il est dissous dans ( 89 ) l'acide nitrique concentré. Il présentera une Note sur ce sujet à l'Académie dans une séance prochaine. » M. Pelotjze annonce que MM. Florès Domonte et Méivard ont obtenu , par l'action de l'acide nitrique fumant sur la mannite et sur les diverses espèces de sacres et de gommes, dçs composés nitriques analogues à ceux qn'on prépare à l'aide de l'amidon et du ligneux. PHYSIOLOGIE. — Communication relative aux effets de léther introduit par la respiration; par M. Roux. " La semaine qui vient de s'écouler n'a point été stérile: elle a jeté du jour sur le sujet des communications qui viennent d'être faites à l'Académie, et l'on sait maintenant, à n'en plus douter, que, sinon dans tous les cas, sinon chez tous les sujets, au moins dans beaucoup de circonstances, il sera possible de paralyser momentanément la sensibilité générale et de dépouiller nos opérations chirurgicales de la douleur, leur effrayant cortège. " Déjà un premier résultat a été obtenu , c'est une perfection réelle, peut-être la plus grande possible, dans les appareils d'expérimentation, perfection telle au moins qu'on peut compter maintenant sm* la manière dont ces appareils fonctionnent. Le non-succès dans les expériences elles- mêmes ne pourrait plus guère dépendre que d'une idiosyncrasie particu- lière qui rendrait certains individus inhabiles à éprouver l'action stupé- fiante des vapeurs éthérées. Je crois devoir donner des éloges, sous ce rapport, au zèle et à l'intelligence de deux de nos premiers fabricants d'in- struments, M. fjuer et M. Gharrière. " D'un autre côté, avec ces nouveaux appareils, ou bien encore avec ceux qui nous sont parvenus de Boston même, on a continué à expérimenter, tant dans les hôpitaux que hors des hôpitaux, soit sur des patients qui avaient à subir des opérations, soit sur des sujets bien portants. Presque tous les chirurgiens, surtout, se sont mis à l'œuvre. Voici, pour mon compte, ce que j'ai observé: L'Académie se rappelle que jusqu'à lundi dernier, je n'avais encore obtenu aucun succès à l'Hôtel-Dieu ; mais dans le cours de la semaine, mercredi et vendredi, j'ai eu à pratiquer quatre opérations importantes : une amputation de la jambe, l'ablation d'une tumeur cancéreuse au visage, une opération de fistule à l'anus , et l'extraction de plusieurs pièces nécrosées appartenant aux os du bassin, toutes opérations qui devaient être fort dou- loureuses, mais toutes les quatre susceptibles d'être exécutées dans le laps de deux ou trois minutes, chacune en particulier. Les deux premières d«- vaient être faites sur deux hommes, l'un fort jeune encore, l'autre déjà un ( 90 ) peu avancé en âge : il a été impossible de produire chez eux l'enivrement , ou plutôt cet état ne s'est pas manifesté, soit que ces individus fussent des sujets réfractaires à l'influence del'éther, soit que l'expérience n'ait pas été assez prolongée. Dans les deux autres cas, au contraire, elle a parfaitement réussi. » C'était sur une femme que j'avais à extraire des pièces d'os nécrosées comprenant ensemble les deux branches de l'un des pubis , extraction pour laquelle il fallait préalablement agrandir par deux incisions en sens contraires un trajet fistuleux profond placé à la partie interne et supérieure de la cuisse. Quatre ou cinq minutes ont suffi pour que l'inspiration de l'éther produisît la torpeur, et l'opération a été faite sans que la malade fît le moindre mouvement, sans qu'elle exprimât la moindre souffrance : les facultés intellectuelles se sont rétablies avec calme, sans agitation; et la femme n'a accusé d'autre peine physique qu'un sentiment de distension dans les muscles de la cuisse. » Même torpeur , même insensibilité complète après un même temps à peu près d'inspirations d'air éthéré , chez le sujet qui avait à subir l'opération pour une fistule à l'anus. C'était un jeune homme très-impressionnable et appréhendant beaucoup la douleur, qui n'a eu aucunement la conscience de ce que j'ai eu a lui faire: mais à peine avais-je terminé, et peut-être même l'opération était- elle encore en cours d'exécution, qu'un délire avec hallucinations s'est manifesté, délire qui a duré quelques minutes, et pendant lequel ce jeune homme faisait entendre des paroles bruyantes. Son délire, nous a-t-il dit, avait rapport aune circonstance réelle qui est pour lui, en ce moment, un sujet de préoccupation pénible (i). -j» Il est remarquable, au contraire,' que l'espèce de cauchemar ou d'extase, le rêve, les hallucinations que déterminent les vapeurs éthérèes, ont, chez le plus grand nombre des individus, le caractère de sensations agréables et presque voluptueuses; et presque toujours aussi, le retour à une raison parfaitement lucide est précédé par les élans d'une grande hilarité. C'est ce que j'ai particulièrement remarqué dans une suite d'expériences auxquelles se livrent, sur eux-mêmes, déjeunes médecins qui forment une réunion sous le titre de Société allemande : j'avais été invité à y assister, et je ne crois pas commettre une indiscrétion en indiquant ici quelques-unes des choses dont j'ai été témoin. En ma présence, cinq ou six personnes ont été, les unes après les autres, assoupies par l'éther avec l'appareil de M. Luer, en quatre ou cinq minutes : l'expérience n'a manqué sur aucune ~'(i) Depuis la dernière séance de l'Acadéinie , j'ai encore expérimenté à l'Hôtel-Dieu sur ■ quatre sujets auxquels j'avais à pratiquer dos opérations, non pas très-graves par elles- njénies, mais douloureuses. Le succès a eto compkt sur ces quatre patients. ( 9' ) d'elles. Peut-être, à cet égard , l'indivirlu qui se livre ainsi volontairement et dans l'intérêt de la science n'est-il pas le même, quant à la susceptibilité, que le sujet qui est dans l'attente, toujours pénible d'une opération, alors même qu'on lui fait espérer qu'il ne souffrira pas. Pendant les expériences dont je parle, on mesurait le rhythnie du pouls, dont les battements de- venaint un peu plus fréquents. ï^es mouvements de la respiration , après quelques inspirations tant soit peu pénibles et saccadées, se ralentissaient un peu , et presque toujours il a paru qu'une respiration lente et très-pro- lougée était l'annonce d'un parfait enivrement, et indiquait le moment où il convenait d'agir pour constater l'insensibilité de la peau et des parties soHS-jacentes. Des piqûres, des taillades, des ustions avec de l'amadou ou autres corps en ignition, ont été faites sur les mains, sur le savant-bras des sujets expérimentés, sans qu'il y ait eu chez aucun d'eux la moindre manifestation de douleur. Presque tous ont eu, après quelques minutes de cet état de torpeur, une expansion bruyante d'hilarité. Mais l'un d'eux, chez lequel la respiration avait paru courte , et déjà tant soit peu difficile, pendant qu'avait lieu l'inhalation de l'éther, a été pris, après l'assoupissement ter- miné, d'une sorte de délire furieux : il renversa des chaises qui l'entouraient, s'élança avec violence sur une table, en jetant des cris perçants; il avait la respiration extraordinairement précipitée et bruyante : on eut de la peine à le contenir pendant les instants, bien courts à la vérité, que cet état dura. » Assurément, il ne faudrait pas qu'un tel phénomène vînt à se manifester chez un sujet qui aurait à subir une opération de quelque durée, et du genre de celles qui ne peuvent être bien terminées qu'autant que les malades sont dans un état parfait de repos et de tranquillité. Du reste , si l'on peut dire dès à présent que de grandes espérances s'attachent aux inhalations d'éther, procédé dont la valeur sera, sans doute, déterminée bientôt dune manière exacte, le moment arrivera aussi d'en régler l'application, et de songer à prévenir l'usage abusif qu'on pourrait en faire. « PHYSIOLOGIE. — Communication relative aux effets de l'éther introduit par la respiration; par M. 'Velpeau. " Dans les communications qui viennent d'être indiquées, j'ai remarqué deux choses: l'une, qui se rapporte à l'invention du moyen; l'autre, qui est relative aux effets de l'inhalation des vapeurs d'éther. Je voudrais que la question de priorité fût immédiatement mise de côté; elle ne me paraît, en effet, avoir aucune sorte de fondement. Annoncer qu'on a stupéfié, en- dormi quelques chiens ou quelques poulets, ce n'est rien apprendre du tout ; car on connaît cette action de l'éther depuis quinze, vingt, trente ans et (9^ ) |)1lis . les dictionnaires de médecine, les liailés de médecine légale, celui de M. Orfila et la Toxicologie de ce dernier auteur, en particulier, l'indiquent formellement. Ce qui est nouveau, c'est la proposition de rendre les ma- lades qu'on veut opérer, tout à fait insensibles à la douleur, au moyeu des inspirations d'éther. Or personne, à ma connaissance, n'avait fait celte pro- position avant M. Jackson, et personne avant le dentiste Morlon n'avait ap- pliqué ce moyen à l'homme malade. » Quant au fait en lui-même, les expériences, qui se régularisent d'ailleurs, ainsi (|ue leurs résultats , avec une merveilleuse rapidité, se sont assez mul- tipliées depuis lundi dernier pour que je ne craigne pas d'être démenti par l'avenir, en annonçant qu'elles révèlent un fait de haute importance, un fait capital. Un jeune médecin, qui se livre volontiers à ce genre d'expé- riences, s'y est soumis maintenant, en ma présence, un grand nombre de fois; il les répète chaque matin à l'hôpital, autant de fois que ses camarades semblent le désirer. En deux minutes, le coUapsus le plus complet se ma- nifeste chez lui. On le frotte, ou le pique, on le pince alors de toutes les façons et do la manière la plus rude, sans qu'il s'en aperçoive. Un autre jeune homme, qui s'est livré, dans les salles de l'hôpital, au même genre dessais, en présence de tous les élèves, tombe dans le même état exactement de la même manière. Deux élèves qui ont voulu s'y soumettre aussi, ont éprouvé les mêmes effets de ce singulier agent. » Je n'en finirais pas si je voulais indiquer actuellement tous les exemples de ce genre recueillis, sous mes yeux, sur des personnes saines. Quant aux malades chez lesquels des opérations étaient indiquées, j'en pourrais signa- ler aujourd'hui cinq nouveaux ; mais , comme plusieurs d'entre eux n'ont subi que de simples incisions ou des opérations de peu d'importance, leur observation pourrait ne pas paraître tout à fait concluante. Il n'en sera pas de même, j'imagine, du fait suivant : " Un homme, âgé de quarante à cinquante ans, un maçon , atteint d'une énorme tumeur à la cuisse, pour la troisième fois, a dû être opéré, vendredi matin: la tumeur, qui était un cancer et aussi volumineuse que les deux poings, pénétrait profondément entre les muscles de la cuisse, dans une région remplie de vaisseaux et de nerfs. li'opération a pratiquer était donc une des plus douloureuses de la chirurgie. Le malade soumis aux inspi- rations éthérées est tombé tout à coup dans le collapsus , au bout de quatre minutes environ. J'ai procédé sur-le-champ à l'enlèvement de la tumeur : il m';i fallu inciser la peau en plusieurs sens et dans l'étendue de 1 5 à 20 centimè- tres, puis disséquer sous les téguments, au milieu des muscles, des vaisseaux et des nerfs , dans la profondeur de la cuisse. Or tout cela s'est fait sans que ( 93 ) cet homme ait manifesté la moindre sensation pénible , ait fait le plus petit mouvement pour se soustraire à raction du bistouri , ou pour montrer qu'il savait ce que nous lui faisions. Bien plus; j'ai pu lier tous les vaisseaux, remplir la plaie de boulettes de charpie, appliquer le pansement, toutes choses également fort douloureuses, en général, sans produire quoi que ce soit qui ressemblât à de la douleur , et quoique l'ensemble de ces actions eût duré quatre à cinq minutes. >' Lorsque tout a été fini et que le pauvre malade est revenu à lui, il nous a positivement assuré, en plein amphithéâtre , qu'il n'avait rien senti, qu'il ne s'était pas aperçu de l'opération; il a même ajouté avec une sorte de joie : « C'est bien là la meilleure méthode! » et il avait le droit de parler ainsi, puisque, comme je l'ai dit, deux fois déjà il a été obligé de supporter une opération semblable : la première fois, il y a cinq ans, à Joigny, et la seconde fois, à Limoges, il y a un an. Répondant à nos questions, ensuite , il a ajouté que, pendant l'action de l'éther , « il était bien à son aise , bien heu- reux, bien content, qu'il voyait autour de lui toutes sortes de messieurs de bonne humeur, que cela le rendait bien aise ! « )' J'avoue n'avoir rien vu de plus surprenant qu'un pareil résultat. Il est bon de remarquer que, deux minutes après, aucune trace du phénomène ne persiste. Ce malade, ainsi que les autres, ne s'est trouvé ni abattu , ni en- gourdi, ni dérangé d'aucune façon, ni dans le cours de la journée même, ni depuis. Il est tellement satisfait de son expérience , qu'il me priait de la re- commencer pour le premier pansement, pour peu que ce pansement dût être douloureux. ' .' '""' ' : '.' « Les faits de ce genre se reproduisant presque partout et entre toutes les mains, il n'est plus permis, maintenant, de les regarder comme exception- nels, et nul doute, qu'après des tâtonnements inévitables, la chirurgie ne tire un grand parti, un heureux parti des inhalations d'éther dans les opé- rations chirurgicales. Calculer la portée d'une pareille découverte, n'est point possible en ce moment; il serait également imprudent de vouloir en donner, dès à présent, toutes les indications. Cependant on peut déjà dire que , pour les opérations un peu longues, il sera possible de prolonger l'insen- sibilité des malades en renouvelant les inspirations aussitôt que la sensibilité semble vouloir se réveiller. On le pourra d'autant mieux, que, chose étrange, les hommes ainsi rendus insensibles ne perdent pas toute notion d'eux- mêmes, continuent généralement d'entendre ce qu'on leur dit, et restent même disposés à faire ce qu'on leur prescrit. » Chez le malade, dont j'ai parlé tout à l'heure, un phénomène important C R., 1847 , !«>• Semestre. (T. XXIV, ^« 4.) I 3 ( 94 )■ a pu , en outre , être constaté. Les muscles, qui se roidissent et se contractent , en général, avec tant de violence, quand on est obligé d'opérer sur eux ou entre eux , et qui apportent tant d'obstacles de la sorte à certaines opérations, sont restés complètement flasques et relâchés pendant toute ma dissection. Si pareille chose devait se généraliser, les inspirations d'éther rendraient, évidemment , de grands services dans les cas de réduction de certaines frac- tures et des luxations en général. Qui sait même si le tétanos, cette maladie si redoutable , qui a pour caractère dominant une contraction convulsive et permanente du système musculaire, ne trouverait par là un remède efficace? Mais , pour le moment, il me paraît convenable de nous en tenir aux faits , de continuer avec prudence les expérimentations. Ce qui me paraît indubitable quant à présent, c'est que la chirurgie obtiendra, des inspirations d'éther, des bienfaits d'une haute valeur, au point de vue de l'art anssi bien qu'au point de vue purement humanitaire. » CHIMIE. — Sur les borates; par M. Aug. Laurent. « Dans le dernier Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Aca- démie, j'ai supposé que les atomes étaient divisibles, j'ai admis l'existence du ferrosum et du ferricum dans les combinaisons, et j'ai cherché à expli- quer pourquoi les sels, qui renferment des nombres fractionnaires d'un ou de plusieurs métaux, ne pouvaient se combiner qu'avec certains nombres d'atomes d'eau et non avec d'autres. " J'avais essayé d'appliquer ces idées aux silicates; mais, pour les faire adopter, il aurait fallu exécuter de nombreuses analyses, et dérnontrer que celles qui sont contraires à ces idées ne sont pas exactes. » On comprendra facilement qu'une centaine d'analyses, exécutées sur des silicates, n'auraient pu trancher la question, puisque l'on ne peut pas purifier les produits que l'on emploie. J'ai alors pensé que les borates pour- raient me conduire au résultat que je cherchais; c'est l'extrait de mon travail sur ces sels que je vais avoir l'honneur de présenter à l'Académie. 1) Je commencerai d'abord par bien préciser la question que j agite dans ce Mémoire. » Beaucoup de sulfates simples se représentent par les formules sui- vantes : SO'M + 5, 6 ou 7H'0. L'alun de potasse renferme (SOS OK) M- (3S0', APO') + 24Aq; L'alun de magnésie (SO', OMg) -H (3S0', Al'O') -h 24Aq; Un autre sulfate de magnésie 3(S0% OMg) -f- (3S0\ APO') 4- 36Aq; Un sulfate d'alumine 3S0' -f- APO= -H i8Aq; Un sulfate de chrome 3S0' 4- Cr'O' -f- i5Aq. (95 ) " Pourquoi ces nombres d'atomes d'eau i5, i8, 24» 36, etc., et non d'autres? Pourquoi le sulfate d'alumine et de magnésie renferme-t-il 36 et non 3i, 3a, 33, 34, 35 ou 3^ atomes d'eau? » Admettons la divisibilité des atomes, admettons les équivalents de M. Gerhardt, donnons à l'alumine la même formule qu'au protoxyde de fer et, par conséquent, au peroxyde de fer, et n'admettons qu'un seul genre de sulfate SO*R^ susceptible de former de nombreuses variétés en se combi- nant avec un nombre entier d'atomes d'eau ou d'oxydes; alors nous verrons de suite que l'alun ne peut renfermer ni ai, ni 22 , ni 23 atomes d'eau, mais seulement un multiple du nombre d'atomes d'acide sulfurique qu'il ren- ferme {*), et tous les sulfates précédents se représenteront par les formules suivantes : . . ' ' ' Sulfate de manganèse SO'Mn' -f- 5Aq; Autre sulfate de manganèse. . . . SO*Mn= -f-6Aq; Alun SO7 et iMg'O. » Les sous-borates de potasse et de soude , obtenus par la fusion , pourraient peut-être appartenir à un autre type borate, et alors on verrait disparaître les 16 atomes d'eau , nombre qui est sans exemple dans les sels. On aurait : Deusième type monobasique B O' R Sous-borate de potasse BO'K Id. de soude BO'Na Id. de soude BO'Na -f- 3Aq ' Id. de soude B0'Na-l-2Aq Boracite ...;^.,.,, ■ BO'Mg Troisième type tribasique B 0' R' ;■ Autre borate d'éthyle B0*E» = 2vol. Id, borate de méthyle B0»M' Id. borate d'amyle BO' Am'. ( 99 ) » Dans quelques borosilicates , il serait possible que l'acide borique jouât le même rôle que dans les borotartrates, ou que les oxydes d'uranyle et d'anti- moine dans les émétiques. M. Rammelsberg a émis cette hypothèse il y a quelques années; mais il représente l'acide borique par B*0', équivalant à Al^O' ou à 3 KO. Les tourmalines ne se prêtent nullement à cette ma- nière de voir. Si, au contraire, on représente l'anhydride borique par (B^0*)-+-0 équivalant à K^O, on peut arriver, pour les tourmalines, à la formule suivante, surtout pour les nouvelles analyses, dans lesquelles on a recherché avec soin l'acide borique S'O'R» ou SiO'R\ ' ~ » lies dernières analyses de Hermann et de Grunner donnent les rapports suivants entre l'oxygène de l'acide silicique et celui des autres bases, plus le ti€rs de l'oxygène de l'acide borique , ; - . . ' :: 20 : 20,8 — 20,5 — 20,7 — 20 ^ 20,3. I^a rubellite a donné ;: 20 ; 23,3. » ; ' . MÉTÉOEOLOGiE. — Supplément à une Note précédente sur les effets dun coup de foudre ; par M. d'Houbres-Firha». i< Il n'est pas douteux que les pièces d'or. attirent fortement le courant électrique, et notre savant correspondant croit qu'il put s'emparer de leurs formes, jusqu'à l'extrémité du conducteur que lui offrait le corps du jeune Politi, et les y laisser tracées , lorsqu'il franchit l'intervalle qui le séparait de la fenêtre par laquelle il se dissipa. M. le professeur Galano et plusieurs phy- siciens partagèrent la même opinion; quelques autres, à la tête desquels je nommerai MM. les professeurs Vismara et Longo, attribuèrent les cercles marqués sur l'épaule de Politi, au transport d'une matière subtile enlevée de l'or par le fluide électrique. Je ne nierai pas qu'il eût cette propriété , je n'ob- jecterai pas que les pièces d'or n'ont pas été altérées d'une manière appré- ciable; mais je rappellerai que les six cercles observés ne sont point dus à une impression quelconque, et qu'au contraire ils sont restés de la couleur naturelle de la peau devenue noire tout autour, » Je sais que les diverses parties du corps humain ont plus ou moins la faculté conductrice de l'électricité; j'admets qu'une décharge, qui semble ou qui est réellement instantanée, se partage comme en serpentant du dedans au dehors et réciproquement, se ramifie dans tous les sens, glisse sur cer- tains points, tandis qu'elle perce ou déchire, fond ou brtile les substances ( loo ) diverses interposées sur son trajet. Dans l'exemple dont il s'agit, la blessure, les taches, la couleur brune de la peau, la rupture des vaisseaux, l'extra- vasatioii, l'ecchymose, prouvent le passage du courant électrique; et lespièces^ qui n'ont éprouvé aucune altération , prouvent en même temps qu'il n'eut pas assez d'intensité pour les fondre ou les souder ensemble , comme on l'a vu dans d'autres circonstances. Mais , indubitablement, ces pièces d'or attirèrent le fluide électrique, surtout celles qui étaient du côté droit, le renforcèrent, puisqu il s'accumule dans les meilleurs conducteurs, le modelèrent, si j'ose le dire , en un faisceau de six cylindres qui s'étendit jusqu'à l'extrémité du corps où ses vestiges restèrent, lorsqu'il éclata vers la fenêtre, à travers l'air, son conducteur venant à lui manquer. » J'avais d'abord trouvé fort étonnant que les six cercles observés sur l'épaule du jeune homme foudroyé fussent distincts et alignés; les nouveaux renseignements qui m'ont été fournis peuvent l'expliquer. On suppose, qu'afin de n'être pas gêné par l'or qu'il portait sur lui , ou pour qu'il ne for- mât point de protubérances trop visibles , Politi avait arrangé ses pièces en long, l'une à la suite de l'autre, et que, dans sa chute, ou lorsqu'on le porta sur son lit, ou lorsqu'on le déshabilla, elles se réunirent en paquets dans leurs enveloppes, itrï'/i-»: » Si ces explications semblent insuffisantes, le fait que je viens de relater n'en est pas moins très-curieux, fort intéressant et des plus authentiques; des savants, des magistrats et plusieurs témoins l'attestent; recueillons-en beaucoup de ce genre, quelque inexplicables qu'ils nous paraissent, etc. (i) » M. FoDERA, correspondant de l'Académie pour la Section de Médecine et de Chirurgie, dépose sur le bureau une Note ayant pour titre : Construc- tion géométrique par la règle et le compas de la racine cubique dun nombre. RAPPORTS. GÉOLOGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Gras , ingénieur des Mines , à Grenoble , intitulé : Recherches sur les causes géologiques de l'action dévastatrice des torrents des Alpes. (Commissaires, MM. Arago, Élie de Beaumont, de Gasparin rapporteur.) « Les malheurs causés par les inondations ont donné, depuis quelques (i) Deux jours après, notre président nous communiqua une observation analogue , que venait de lui rapporter une personne digne de foi : Madame "Morosa de Laguno , assise près r loi ) années , un grand intérêt à toutes les questions qui se rattachent à la situation de nos cours d'eau. C'est ainsi que le déboisement et le défrichement des montagnes où ils prennent leur source, la progression toujours croissante du ravinement des pentes par l'action des torrents, préoccupent vivement, au- jourd'hui, l'opinion publique. Bientôt un projet de loi préparé par le Gou- vernement, pour remédier à plusieurs de ces désordres, va être présenté aux Chambres; mais les moyens administratifs manqueraient d'efficacité s'ils n'étaient employés d'après les prescriptions de la science. Jamais son con- cours n'a été plus nécessaire. Elle seule peut indiquer les mesures à prendre, prévenir les fausses manoeuvres et le mauvais emploi des ressources de l'Etat. L'étude des torrents, où se trouve l'origine de tous les désordres que l'on déplore, est ainsi devenue un véritable intérêt national auquel l'Académie doit accorder toute son attention et tous ses encouragements. » Vous avez couronné, il y a quelques années, sur le Rapport de votre Commission de Statistique, un excellent travail de M. Surell, ingénieur des Ponts et Chaussées , sur les torrents des Alpes; aujourd'hui M. Gras, ingénieur des Mines, à Grenoble, vient aussi vous offrir le fruit de ses observations, continuer une étude que son prédécesseur avait si bien commencée, et ajouter de nouveaux et importants développements à la théorie qu'il avait établie. : '' -■ ; ;■'" -,.-:,--y ; ' -, . }.■-?-/ :v.-, » Avant d'entrer dans l'examen de ce Mémoire, il faut bien définir ce que nous entendons par le mot de torrent. Selon M. Surell, c'est un cours d'eau qui affbuille dans une partie déterminée de son cours , qui dépose Aan^ une autre partie, et qui divague par suite de ce dépôt. Il donne ainsi plutôt une description qu'une définition du torrent. M. Gras dit plus exactement que c'est un cours d'eau dont les crues sont subites et violentes, les pentes con- sidérables et irréguhères, et qui, le plus souvent, divague dans une partie de son cours, par suite du dépôt des matières de transport. » Les ravages causés par les torrents, l'affouillementdeleurlit, le transport des matières qu'ils eu arrachent, les débordements qu'ils occasionnent, sont toujours le produit de leur masse multipliée par leur vitesse combinée avec la friabilité, le défaut de consistance du lit sur lequel ils coulent. " De ces trois données de problème , les deux premières avaient été abordées par M. Surell , et font le sujet de son travail ; la troisième, la nature d'une fenêtre pendant un orage , éprouva une commotion dont on ne dit pas qu'elle ressentit de mauvais effets; mais une fleur, qui se trouva dans le courant électrique , fut dessinée par- faitement sur sa jambe, et cette image se conserva le reste de ses jours. - C. R., i»i7, i"Semej(re. (T. XXIV, IN" 4.) '4 ( I02 ) du sol, n'avait été qu'entrevne par cet ingénieur : c'est sur elle qu'insiste M. Gras. Mais il est un point de vue important que l'un et l'antre n'ont pas abordé , c'est le point de vue météorologique. De deux entonnoirs de mon- tagne d'une même capacité, ayant les mêmes pentes et creusés dans le même terrain géologique, l'un, dont les parois seront opposées à la direction des vents pluvieux, arrêtera les nuées, les obligera à se condenser, recevra des pluies diluviennes et produira des crues dangereuses par leur masse, leur soudaineté et leur fréquence; l'autre, qui fera face à une direction opposée, ne recevra que des pluies calmes, prolongées , réglées, et ne présentera jamais les mêmes crues et les mêmes dangers. Ce nouvel élément, l'orientation des cimes et des bassins de réception, devra donc être aussi l'objet d'une étude attentive de la part de ceux qui voudront continuer l'iiistoire naturelle des torrents. Il expliquera comment dans la vallée du Rhône et selon la direction des vents , ce sont tantôt les cours d'eau de la rive droite , tantôt ceux de la rive gauche, et quelquefois ceux des deux rives à la fois qui sont la cause des crues: il expliquera la fréquence de débordement des torrents partant de la chaîne des Gé venues, qui court du nord-est au sud-ouest, direction opposée au vent grand pluvieux du bassin inférieur du Rhône, quiestle vent de sud-est; ceux des rivières de l'Ain, partant de la chaîne du .Jura, opposée au vent de sud-ouest, qui devient le vent pluvieux à cette latitude; il expliquera enfin pourquoi les débordements du Rhône et de la Loire sont si rarement simul- tanés, ces fleuves étant alimentés par des sources et des torrents qui regardent des points opposés du ciel. Des observations suivies, comme celles que fait la Société hydrométrique de Lyon , observations qu'il faudrait étendre en y joignant la note de l'élévation et de la durée des crues des torrents, avan- ceraient beaucoup cette étude. » M. Surell, qui avait embrassé son sujet d'une manière très^générale, avait fait dans son esprit une synthèse de toutes les circonstances que lui avaient présentées les torrents , et avait fini par décrire et par combattre le torrent abstrait qui résultait de cette synthèse. » Il était évident qu'un nouveau travail devait suivre le sien ; que ce serait ce travail analytique , dans lequel toutes les variétés de position , tous les genres de dangers que pouvaient présenter les torrents d'après leurs cir- constances spéciales, seraient décrites et appréciées. M. Gras, guidé par ses études géologiques, par ses courses dans un pays aussi ravagé que le dépar- tement de l'Isère, devait être, naturellement conduit à examiner les effets partiels et locaux des torrents. D'abord, considérant comme son prédé- cesseur l'effet général des torrents : « Il n'est aucnn voyageur, dit-il, qui n'ait conservé le souvenir de ces " immenses laves de cailloux stériles qui, partant du flanc des montagnes, " ont envahi la meilleure partie des vallées. Les efforts des habitants , pour " soustraire leurs propriétés à ce fléau destructeur, sont le plus souvent in- » fructueux , et il ne s'écoule pas une seule année où , dans l'étendue des » départements qui composent les Alpes françaises, il n'y ait quelque maison " engloutie ou des champs cultivés ensevelis sous des amas de débris. Tels " sont les premiers effets immédiats des torrents. Les seconds désastres, que " l'on pourrait appeler généraux, ne peuvent être attribués à aucun torrent >' en particulier, ils sont la conséquence de leur ensemble : ce sont les " grandes inondations qui, par intervalle, viennent désoler les plaines les " plus riches et les plus populeuses. Il est évident que ces inondations >' tiennent, au moins en partie, à la rapidité avec laquelle les eaux pluviales " se réunissent au fond des vallées. Or, en y réfléchissant , on reconnaît sans " peine que cette rapidité est une conséquence directe de la multiplicité des >• torrents et des ravins. Ceux-ci sont , en quelque sorte , les grands chemins >' que suivent les eaux de pluie et de neige pour aller grossir les cours d'eau » principaux. Plus les moyens de communication sont faciles et multipliés, » et plus la masse d'eau qui, dans un temps donné, parviendra dans les >' lieux bas, sera considérable. » » Le grand problème à résoudre, à la solution duquel est liée l'existence d'une partie de notre territoire, consiste donc dans l'extinction des torrents des Alpes et dans leur conversion en cours d'eau moins impétueux et moins destructeurs. » Examinant dans leur détail les différents torrents du Dauphiné, et surtout ceux de la vallée du Graisivaudan , M. Gras a d'abord été conduit à modifier la classification adoptée par M. Surell , et pour lui cette modifica- tion est féconde en résultats pratiques. M. Surell admettait trois genres de torrents : i° ceux qui partent d'un col et coulent dans une véritable vallée: ils sont caractérisés par un bassin de réception très-v£iste et un canal d'écou- lement long et profondément encaissé; 2° ceux qui descendent d'un faîte en suivant la ligne de la plus grande pente : le bassin de réception, en général peu étendu, est formé par une ondulation de la cime des montagnes et creusé sur les revers; 3° le troisième genre comprend ceux dont la naissanee est au- dessous d'un faîte, et sur le flanc même de la montagne : leur bassin de ré- ception se réduit à une espèce de large fondrière creusée par quelques ravins, et portant souvent dans le pays le nom de combe. Dans cette classification , M. Surell se préoccupait surtout du point de vue topographique. 14.. -*- ( io4 ) )' Les études géologiques de M. Gras l'ont conduit à une autre division. Voyons comment il y a été conduit : « Les Alpes françaises sont presque par- " tout composées de roches très-dures en masses puissantes, alternant avec » d'autres qui sont plus tendres. Ce mélange d'assises dures et d'assises fria- >' blés a été développé de mille manières et porté à de grandes hauteurs par » les soulèvements , de sorte que l'on voit partout d'immenses escarpements » reposant sur des bases sans consistance. La destruction de celles-ci a " amené la chute des assises dures. Ce trait est vraiment caractéristique de » nos Alpes ; dans aucune autre contrée , il n'est aussi saillant et aussi >' général. " ' » On voit presque partout des cirques formés par ces éboulements , véri- tables bassins de réception des torrents , du côté où les roches présentent leurs tranches ; tandis que, du côté de la pente de leurs couches, les torrents ont des bassins de réception moins abruptes et plus étendus. De là dont: deux classes de torrents, qui ont chacune leur caractère particulier. Ceux de la première classe ont leur origine ou leur bassin de réception formé d'escar- pements composés en partie de roches dures, dont les parois sont tout à tait inaccessibles, ayant une inclinaison de 60 à 80 degrés; leurs flancs sont entièrement nus, exposés à des dégradations incessantes, ne présentant pas la moindre trace de végétation : il les nomme torrents à escarpements. Les bassins de la seconde classe offrent une surface dont la pente augmente de plus en plus à mesure que l'on s'élève, mais sans avoir de variations très- brusques. Leur coupe longitudinale est une eoarbe concave du côté du ciel , dont la plus grande pente surpasse rarement 3o à l\o degrés. La surface du bassin de réception est presque toujours susceptible d'être boisée. Cette formese reproduit toutes les fois que les couches de rochers présentent toutes à peu près le même degré de dureté , et surtout dans le sens de l'inclinaison de ces couches. Le lit de ces torrents est d'autant plus corrodé, qu'il est tra- versé par une plus grande quantité d'eau , et par conséquent dans sa partie basse; mais, à mesure qu'il se creusera, les causes de destruction s'affaibli- lont par la diminution de l'angle de chute, et enfin il parviendra à une forme limite, que le torrent conserve ensuite d'une manière indéfinie. Si toutes les parties du sol n'étaient pas d'égale dureté , les parties résistantes lesteiaient en saillie et occasionneraient des chutes ou cascades. M. Gras dé- signe ce genre de torrents par le nom de torrents à bassins sans escar- pements. " Il fait ensuite une troisième classe de torrents à bassins mixtes, dans lesquels un bassin à escarpements précède un second bassin sans escarpe- ments , et vice versa. ( io5 ) » Dans son Mémoire, l'auteur a principalement traité des torrents à bas- sins escarpés, dont les environs de Grenoble lui offraient des exemples re- marquables. La vallée de l'Isère , depuis Grenoble jusqu'à Saint-Nazaire, dans le parcours de i myriamètre, présente quatre régions distinctes. La région la plus basse est une plaine très-fertile , comprise entre l'Isère et la grande route : sa pente en travers est d'environ i degré ; elle est composée d'allu- vions profondes de la rivière. - •'. •• '• La deuxième région est formée par les coteaux cultivés qui sont la berge de l'Isère dans ses inondations: ils ont une pente moyenne de 7 à 8 degrés; ils sont formés de marnes et de schistes argilo-calcaires très-tendres appar- tenant à la partie inférieure du terrain jurassique. '1 La troisième région est celle des bois; elle commence à 5oo mètres au- dessus de la plaine (ySo mètres au-dessus du niveau de la mer). Sa pente, qui va toujours croissant à mesure que l'on s'élève, est, en moyenne , de 26 à 27 degrés, et peut aller jusqu'à 35 degrés. Sa surface est couverte de blocs descendus des cimes , supportés par les marnes argileuses faciles à désa- gréger, appartenant à l'étage oxfordien du terrain jurassique. » Enfin la quatrième région, celle des roches nues, consiste en un im- mense escarpement calcaire qui, sur quelques points, est vertical ou même surplombe, et qui, pris dans son ensemble, offre un talus de 60 à 70 degrés; la base de cet escarpement est de 700 à 760 mètres au-dessus de la plaine, et son sommet s'élève à iioo mètres au-dessus du même niveau, ce qui lui donne de 35o à 4oo mètres de hauteur verticale. Il constitue la partie la plus élevée de l'étage moyen jurassique : c'est une pierre entièrement nue, à sur- face irrégulière, sans cesse attaquée et déchirée par les agents météorolo- giques, k ^. • ■.;.; -• '..'■■ y '"■ ; » Sur cette largeur de i myriamètre on compte neuf torrents à bassins de réception escarpés. Leur lit d'écoulement occupe la plaine ; leur lit de dé- jection s'étend sur les collines cultivées; le canal de réception est creusé dans la marne de la région des bois; enfin le bassin de réception embrasse une tettaine étendue des flancs escarpés du grand rocher qui termine la montagne. « Deux faits surtout, dit M. Gras, frappent d'étonnement et semblent » inexplicables quand on examine le lit de ces torrents. C'est , en premier » lieu , la quantité vraiment énorme de fragments calcaires de toutes dimen- !> sions qu'ils charrient au moment de leurs grandes crues, et qui contraste » fortement avec leur état de sécheresse et de repos complet en temps or- ( io6 ) " dinaire; en second lieu, c'est la faible étendue en projection horizontale y de leur bassin de réception. » » Si tous les cailloux que charrie le torrent étaient détachés de rochers au moment même de la crue, ils seraient, en effet, hors de proportion avec le volume d'eau qui les amène , car le plus souvent il y a autant de débris que d'eau : mais ce n'est pas ainsi que les choses se passent. Le rocher escarpé qui forme le bassin de réception étant très-destructible, s'écroule peu à peu. Or la même cause qui fait converger vers un même point les eaux pluviales de ce bassin y pousse aussi les fragments de rocher qui s'en détachent sans cesse. Ces fragments, en arrivant au sommet du canal de réception , tombent dans un ravin bien encaissé, à parois lisses et dont l'inclinaison approche de 45 degrés; ils ne s'y arrêtent pas et continuent à descendre jusqu'à ce qu'ils aient atteint un sol assez peu incliné pour s'y reposer. Or cette condition ne se trouve remplie qu'à la partie inférieure du canal de réception et tout à fait au sommet du lit de déjection. C'est là que, dans un espace assez circon- scrit en longueur et profondément encaissé, s'accumulent tous les débris fournis par le bassin de réception. Ainsi, pendant qu'on croit le torrent en repos, il prépare, sans qu'on y prenne garde, les éléments de ses ravages : il fait, si l'on peut parler ainsi, ses approvisionnements; ce travail inces- sant dure pendant des mois et des années entières. » Passons au second fait qui étonne l'imagination. Comment un bassin de réception de très-petite étendue (il y en a, selon l'auteur, qui n'ont que quelques centaines de mètres carrés en projection horizontale) peul-il fournir une masse d'eau capable de transporter à une grande distance ces débris accumulés? Ce phénomène tient à la violence extraordinaire de cer- taines pluies d'orage dans ces entonnoirs de montagne, et à la rapidité avec laquelle les eaux pluviales s'écoulent le long de ces escarpements. Dans ces climats et dans ces situations, on essuie quelquefois des pluies diluviennes, heureusement très-courtes, dans lesquelles il tombe, dans une minute, une tranche d'eau de i millimètre de hauteur; tandis que les plus fortes pluies ordinaires ne dépassent pas -^ de millimètre par minute. « Les filets d'eau qui en proviennent arrivent avec rapidité et tous en- semble au bas de l'escarpement , et se réunissent dans le canal de réception qui est aussi très-incliné, de sorte qu'un volume d'eau représentant toute la pluie qui tombe descend à la fois par ce canal. Arrivée à son extrémité, la force de cette masse d'eau est singulièrement accrue par deux circonstances : le changement de la pente qui devient moins forte et la rencontre du bar- ( 'o? ) rage formé par les blocs amoncelés. Il se fait donc , sur ce point , une grande accumulation d'eau, et, dans certains cas, l'averse tout entière est réunie et condensée au sommet du lit de déjection. Alors sa force parvient à vaincre l'obstacle, et l'on voit s'avancer une espèce de montagne mouvante, renfer- mant autant de cailloux que d'eau, roulant avec impétuosité jusqu'à ce que, se trouvant sur une pente trop faible, elle s'affaisse sur elle-même : le lit du torrent est alors obstrué, et les eaux, franchissant son lit, vont porter de tous côtés la dévastation et la stérilité. >' Il se présente quelquefois une anomalie remarquable qui ne pouvait échapper à l'œil scrutateur de M. Gras , et dont il a su tirer un grand parti : quelques-uns de ces torrents, dont la situation et la formation géologiques étaient exactement semblables à celles des torrents que nous venons de décrire, ne charrient pas de débris, manquent de lit de déjection. Remon- tant à l'origine de ces torrents, l'auteur a i-econnu que ce phénomène tenait à l'existence d'une nappe de débris prolongés jusqu'au pied de l'escarpement et recouvrant la base marneuse du lit de réception. Lorsque le sol friable est à nu, les filets d'eau pluviale qui coulent le long des rochers ne manquent pas de le corroder. Il se forme d'abord une foule de petits sillons qui s'agran- dissent à chaque pluie, se réunissent en un seul et finissent par former un Ut de réception où toutes les eaux se rassemblent. Mais si le terrain mar- neux est recouvert de débris , les filets d'eau coulent entre ces amas pierreux qui ne jouissent que d'un équilibre instable, et changent continuellement de position quand leur base est excavée par suite de petits éboulements et dé- placements des blocs, détournent ainsi les filets d'eau prêts à se réunir, et pré- viennent la formation définitive des sillons et des ravins. Les eaux arrivent donc sans impulsion et successivement au bas des grandes pentes et sortent de la masse des débris sans les entraîner. » L'auteur termine son examen des terx'es à bassins escarpés en posant les deux propositions suivantes : « 1°. Toutes les fois qu'un torrent charrie une très-grande quantité de » débris, on est sûr, si l'on remonte à son origine ,^ de trouver qu'ils sont le » produit de la dégradation d'un grand rocher escarpé dont la base tendre et » friable n'est protégée ni pas des amas de débris , ni par la végétation ; » 2°. Et réciproquement, toutes les fois que la base d'un grand escarpe- » ment facilement destructible n'est pas recouverte, soit par des débris , soit » par la végétation, il s'y forme des torrents à lit de déjection, dont les ra- » vages sont proportionnels à l'étendue du bassin de réception taillé dans les » flancs de l'escarpement. » ( io8 ) " Le côté pratique de l'étude des torrents, c'est la recherche des moyens de parvenir à leur extinction ou à leur conversion en cours d'eau inoffensifs. M. Surell , après avoir indiqué les divers procédés palliatifs usités pour les combattre, les digues longitudinales, les épis, les murs de chute, a montré leur peu d'efficacité dans la partie inclinée du lit des torrents. En effet, le premier moyen est insuffisant, parce que, si les eaux ne peuvent renverser la digue, elles agissent avec plus de force sur le fond du lit, l'affouillent et amènent la chute des murs privés de leur base; les murs de chute ont l'in- convénient d'être très-coûteux, à cause de leur multiplicité nécessaire, si la pente de torrent est considérable. Aussi , dans la partie supérieure des tor- rents, M. Surell met-il toute sa confiance dans le boisement du sol , qui arrête ou modère les affouillements, soit en retenant les terrains par l'enchevêtre- ment des racines des arbres, soit en divisant et en modérant la course des filets d'eau et prévenant leur réunion. Toute la seconde partie de l'ouvrage de M. Surell est consacrée à l'exposition de son système , qui consiste à tracer sur les deux rives du torrent une zone continue boisée , qui en suivra tous les détours et qui, ayant l\o mètres de largeur dans le bas, s'étendra progres- sivement jusqu'à embrasser un espace de 4 à 5oo mètres, enveloppant toutes les branches de torrent et leur point d'origine. » M. Gras montre que ce système n'est pas généralement applicable, et qu'en particulier il ne pourrait l'être aux torrents à bassins escarpés, à canal de réception , entourés de débris et ayant une pente de 45 degrés dans une marne nue et friable, sur laquelle toute végétation est impossible. Il pense qu'il n'y a qu'un seul remède praticable pour parvenir à leur extinction, c'est celui qui a été indiqué par la nature , la création artificielle d'un plan incliné de débris venant se rattacher à. la base de l'escarpement, et qui change com- plètement la nature du canal de réception. » La pratique de cette opération sera peut-être moins facile que sa théorie. IjCS barrages, composés de fortes pièces de bois implantées perpendiculaire- ment dans le sol au moyen d'une maçonnerie solide, consolidés par des arcs- boutants aussi encastrés dans le sol et reliés par des traverses horizontales, devront traverser tout le bassin où se forme le canal de réception. On les commencera vers le haut et on les nutltipliera successivement en avançant vers le bas par des lignes parallèles jusqu'à ce qu'on arrive à la partie du ht où les pentes s'affaiblissent et où l'action de l'eau est naturellement modérée. Ces barrages transversaux retiendront les débris provenant des éboulements, les empêcheront de gagner le bas du canal de réception , et formeront peu à peu le lit artificiel de blocs, qui devra prévenir pour l'avenir la formation des lits ( I09 ) de déjection. Malheureusement les communes seules peuvent se croire inté- ressées à prévenir le ravaf[e de ces torrents, et la difficulté de cette opération , mise en regard avec leur misère , ferait craindre que les raisons financières ne fussent le principal obstacle que l'on rencontrerait. Mais l'expérience mérite d'être faite, et l'on doit faire des vœux pour que l'extinction de l'un des torrents qui dés lent la vallée de Graisivaudan soit confiée à M. Gras. Les résultats de cette première tentative conduiraient peut-être à généraliser une semblable opération dans un pays comme le Dauphiné, qui a déjà tant souf- fert des torrents à lits de déjection , mais qui pourrait encore sauver de si beaux territoires par leur extinction. )' Le Mémoire de M. Gras nous paraît apporter un complément indispen- sable à la théorie des torrents , en lui donnant pour base la connaissance géologique des terrains ; il contient une monographie intéressante d'un genre de torrent d'une nature particulière très-fréquent dans nos Alpes , où il porte la désolation; il a tiré, de ses observations, des procédés pour parvenir à s'en rendre maître et à prévenir leurs ravages. Nous regardons son tra- vail comme ayant fait faire un pas important à l'étude des eaux torren- tielles. Nous vous proposons donc de lui donner votre approbation et d'or- donner son insertion dans le Recueil des Mémoires des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. CHIRURGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Jobert, de Lamballe, //z^/fw/e; Réflexion sur l'autoplastie urétrale, etc. (Commissaires, MM. Roux, Velpeau, Lallemand rapporteur.) • 'tt Le Mémoire de M. Jobert, de Lamballe, renvoyé à votre Commission, a pour objet le traitement des fistules urinaires, principalement de celles qui ont leur siège au-devant du scrotum et sont accompagnées de perte de substance considérable. » Les fistules situées au périnée parcourent une assez grande épaisseur de parties, pour que leur trajet soit toujours long et plus ou moins sinueux ; ce qui favorise leur resserrement, leur oblitération, dès que le libre cours des urines par le canal est rétabU. Mais celles qui ont leur siège plus en avant ne sont pas dans des conditions aussi favorables; leur trajet est plus direct et plus court, à cause du peu d'épaisseur des parties qui séparent de la peau la surface muqueuse urétrale. Cependant , quand ces fistules ont un très- petit diamètre, on peut en obtenir l'oblitération par le simple rappro- chement des bords , mis préalablement en état de contracter des adhérences. ■ C. R., 1847, I" Semestre. (T. XXIV, ^o4.) l5 ( "o) >' Mais quand il existe une perte de substance considérable, les bords ne pourraient être unis sans diminuer par trop le calibre du canal, et il en résulterait, en supposant la réunion complète et durable, un obstacle au libre cours des uiines. C'est dans des cas de cette nature que M. Jobert, de Lamballe, a eu l'heureuse idée de restaurer les parties détruites , au moyen du scrotum, dont la peau est très-élastique, fortement plissée dans tous les sens, et doublée d'ailleurs d'un tissu cellulaire très-abondant, très-vascu- laire et dépourvu de graisse; conditions qui permettent de déplisser la peau sans tiraillement , et d'en attirer très-loin une portion étendue, avec tout son tissu cellulaire sous-jacent , sans être obligé de la disséquer pour mettre en contact les bords du lambeau avec ceux de la fistule, préalablement avivés. Celte méthode d'autoplastie par glissement est la plus simple , la plus favorable à une réunion prompte et solide, puisqu'on n'est pas obligé de séparer le lambeau de son tissu cellulaire pour lui faire prendre la place des parties détruites. I) Fja peau du scrotum est celle qui se prête le mieux à ce mode opéra- toire , et l'auteur en a profité avec habileté dans trois cas où la perte de substance était assez considérable pour ne pouvoir être réparée par aucun autre moyen, comme on peut en juger par des dessins faits avec soin , repré- sentant les parties avant l'opération et après laguérison. « Votre Commission pense: i° que M. Jobert, deLambalIe, mérite les éloges de l'Académie pour avoir introduit dans la pratique une méthode opératoire propre à remédier à des pertes de substances de l'urètre, qu'on n'aurait pu réparer par d'autres moyens; 2° que l'auteur doit être encou- ragé à étendre l'application de cette autoplastie par glissement à d'autres cas analogues qui pourront se présenter. " r^es conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LUS. PMYisiOhOGiK. — Me'moire sur le mal de mer; par M. Ch. Pellarii». (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Serres, Duperrey, F^allemand.) « Presque tous ceux qui se sont occupés du mal de mer l'ont attribué , ou bien à une congestion sanguine du cerveau , ou bien aux secousses com- muniquées aux intestins par les mouvements du navire. Ni l'une ni l'autre de ces opinions ne peut résister à un examen attentif. » L'invasion du mal de mer, en effet, loin de s'accompagner des symp- ( III ) • tomes ordinaires de la congestion, visage coloré, turgescence vasculaire,etc., est bien plutôt signalée par un état opposé, pâleur de la face et des mains, pouls déprimé, elc. Ce qui doit encore éloigner l'idée de la congestion cérébrale, c'est que l'on souffre moins, couché que debout. En général , tout ce qui favorise l'afflux du sang au cerveau soulage absolument comme dans la syncope. " Au sujet de la seconde explication, il suffit de remarquer que le trot du cheval, qui secoue bien autrement les entrailles que les mouvements du na- vire, ne donne jamais lieu à rien qui ressemble au mal de mer. Le mal de voiture, qui est le mal de mer en petit, se fait plutôt sentir dans uhe voiture suspendue que dans une charrette durement cahotante. >' La cause du mal de mer est purement mécanique; elle dépend essen- tiellement des oscillations du navire. Mais comment celles-ci agissent-elles sur l'économie pour produire les nausées? Je me suis fait depuis longtemps, à cet égard, une théorie que j'ai résumée dans la proposition suivante de ma Thèse inaugurale, soutenue à la Faculté de Médecine de Paris, le .i4 août 1 840 : : « Le mal de mer doit être attribué au trouble apporté dans la circulation » du sang par les mouvements alternatifs d'inclinaison , soit latérale (roulis), » soit entéro-postérieure (tangage) qu'exécute le navire. Ce trouble a pour >• résultat, non pas de congestionner le cerveau, comme le prétendait » WoUasIon, mais de le priver, au contraire, de l'afflux d'une quantité de )' sang suffisante à la stimulation de ce centre nerveux. Ce qui arrive dans " le mal de mer est tout à fait analogue à ce qu'éprouvent assez souvent les » personnes que l'on saigne debout ou assises, et qui, en même temps « qu'elles se sentent défaillir, sont prises de nausées et de vomissements. » » Insuffisante excitation au cerveau par le sang artériel, tel est donc, suivant moi, le fait primordial et patbogénétiqne dans le mal de mer. » Quels sont les individus qui résistent le mieux au mal de mer? Ceux chez lesquels la circulation est naturellement énergique, ou bien qui l'acti- vent par des travaux de force. Les très-jeunes enfants, dont le cœur est rela- tivement plus volumineux que celui des adultes, ne sont point sensiblement incommodés du mal de mer. Les animaux l'éprouvent moins que les hommes parce que chez eux le cerveau se trouve presque sur le même plan hori- zontal que le cœur. " Tontce qui élève et accélère la circulation du sang prévient ou dimi- nue le mal de mer. Ainsi agissent les inspirations fortes et fréquentes qui, au témoignage de M. Arago, l'ont, dans une traversée, préservé du mal de i5.. (112) mer, jusquau momeul où la fatigue des muscles respirateurs l'obligea de renoncer à l'emploi de ce moyen prophylactique. La ceinture soulage aussi; mais ce n'est point parce qu'elle fixe les intestins, c'est parce qu'elle contri- bue à pousser le sang vers la tête. Elle agit de la même manière que le dé- cubitus avec la tète basse. >' Une expérience pourrait montrer, jusqu'à un certain point, si ma théorie est ou n'est point fondée. Des personnes placées dans les circon- stances qui déterminent le mal de mer devraient en ressentir beaucoup plus rapidement les atteintes, si on leur mettait aux jambes la ventouse-monstre de M. Tunod , deux causes concourant alors à priver le cerveau de l'afflux normal du sang. Autre mode de vérification que je recommande aux méde- cins navigateurs: pendant le mal de mer, l'auscultation, appliquée aux gros vaisseaux du cou , doit y révéler le bruit de souffle , comme chez les chlo- rotiques. » Enfin , je signale une analogie entre les nausées maritimes et celles des premiers mois de la grossesse; dans ce dernier cas, la matrice, devenant un centre d'afflux sanguin , détourne du cerveau une partie du liquide vivifiant qu'il recevait. Une remarque qui vient à l'appui de ce rapprochement, c'est que rarement les femmes enceintes sont prises de maux de cœur au lit, et fréquemment, au contraire, à l'instant où elles se lèvent, où elles passent dé la position horizontale à la station droite. » En résumé , voici les conclusions du travail que j'ai l'honneur de sou- mettre à l'Académie : " 1°. Le mal de mer, le mal de voiture, celui que détermine la balan- çoire, sont tous des phénomènes de la même nature, essentiellement pro- duits par l'influence exercée sur la marche circulative du sang par les mouvements que le corps subit dans ces diverses circonstances. >' 2°. Cette influence a pour principal effet de diminuer la force ascen- dante du liquide excitateur dans l'aorte et dans les artères qui naissent de sa crosse. De là résulte un état hyposthénique du cerveau par anémie ou hypokémie. >' 3". L'insuffisante excitation de l'organe cérébral détermine sur-le- champ, par voie sympathique, des contractions du diaphragme et des vomissements qui ont surtout pour objet de faire refluer vers le centre nerveux, véritable chef hiérarchique de l'économie, le sang qui lui fait défaut, ce principe matériel de l'activité vitale des organes. '• Traitement du mal de mer. —Contre le mal de mer , on peut recourir à deux ordres de moyens : le premier consiste à se soustraire autant que ( m3 ) possible à la cause, c'est-à-dire aux mouvements du navire, par exemple en restant couché dans un cadre suspendu, sans frottement sensible aux points d'attache, situation qui ne saurait être gardée, on le conçoit, que pendant une très-courte traversée, et qui n'habitue point à la vie nautique. Le second a pour but de combattre les effets de la cause sur l'organisme ; et , pour cela, il faut stimuler la fonction circulatoire par tous les agents suscep- tibles d'en accroître l'énergie : ainsi régime tonique, exercices corporels actifs pendant les jours qui précèdent l'embarquement. 11 est rationnel de prendre, deux ou trois heures avant d'être soumis à l'épreuve des mouvements du navire, un repas abondant et substantiel. Rendu à bord, il faut, si le temps le permet, se tenir sur le pont, à la brise, faire de larges inspirations, marcher jusqu'à la fatigue, ou, mieux encore, se livrer à un exercice do force, comme de tirer sur les manœuvres avec les matelots. Le travail matériel, celui qui exige beaucoup d'efforts, voilà le prophylactique par excellence. Avant toute manifestation des nausées, les boissons excitantes et chaudes, le café, le thé, le vin chaud, donnent plus d'aptitude à résister au mal, en stimulant la circulation. Parmi les médicaments, ceux qui ont un effet analogue sur l'économie peuvent être pris avec avantage : tels sont l'opium, l'acétate d'ammoniaque, etc. Une fois le mal déclaré, il ne reste pins que le recours aux palliatifs. Le citron, les excitants aromatiques sou- lagent parfois. La position horizontale, surtout dans une couchette sus- pendue, est alors ce qu'il y a de plus efficace. Mais, à cette époque même, si l'on veut abréger la durée de l'influence nauséeuse, il faut lutter de toutes ses forces contre la tendance à l'inaction. » Emploi thérapeutique du mal de mer. — Une cause qui détermine dans l'économie une aussi forte perturbation que le mal de mer, sans laisser aucune suite fâcheuse, aurait mérité, comme agent thérapeutique, pins d'attention qu'on ne lui en a donné. Il serait possible d'en obtenir de pré- cieux effets dans plusieurs affections chroniques et aiguës , dans celles-là surtout qui s'accompagnent de congestions vers la tête. Cette observation n'avait pas échappé aux Anciens. [Voir Pline, Hist. nat. , liv. XXXI, chap. III.) » Rien n'empêcherait, d'après la connaissance maintenant acquise de l'étiologie du mal de mer, d'en aggraver à volonté l'influence dans un but curatif. Ce ne serait pas non plus un problème au-dessus de l'habileté de nos mécaniciens, que la construction d'appareils qui produiraient, sans la nécessité d'un embarquement, tous les effets du roulis et du tangage. • ( ii4^ l»IÉMOIR£S PRÉSENTÉS. OPTIQUE. — Deuxième Note sur les modifications du phénomène des houppes colorées de Haidinger ; par M. J.-T. Silberman\. (Entrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Babinet.) « ... M. Haidinger pense que la direction des houppes jaunes indique celle du mouvement des vibrations; M. Moigno est d'avis contraire. J'ai montré, dans ma première Note, qu'il y a un élément auquel il faut d'abord se rap- porter, c'est celui de l'analyseur rayonné ou strié radiairement: cet élément est le striage parallèle dont M. Babinet a indiqué la propriété polorisante; la lumière traverse les stries quand elles sont parallèles au plan de polarisa- tion: ce que démontrent les agates visiblement striées. .' La coïncidence du jaune avec le maximum d'intensité du spectre, et du violet avec le minimum, paraît, pour M. Moigno, donner une autre explica- . tien que la mienne à ce phénomène. J'observerai , quant au maximum et au minimum, que le rouge est aussi un minimum du spectre, et que le violet me paraît être ici non un minimum , mais la teinte complémentaire du jaune. De même que celle-ci, toutes les expériences qui ont été faites jusqu'à présent s'accordent avec ma supposition, qui est, comme je l'ai déjà dit, que le cris- tallin est un analyseur de forme, il est vrai, particulière, mais définie; que les membranes transversales intérieures peuvent, par leur structure, aider le phénomène, et que la cornée transparente est une lame biréfringente in- terposée. .' C'est ainsi que le phénomène observé par M. Botzenhart peut s'ap- pliquer au même phénomène; il a observé que les quartz perpendiculaires à l'axe dévient les houppes, tout comme ils font tourner le plan de polarisation: c'est le même phénomène. ■ » Si l'on se sert de la loupe dichroscopique de M. Haidinger, en interpo- sant, entre l'œil et cet instrument biréfringent, une lame mince parallèle à l'axe, tout peut être indiqué à l'avance: ou elle a un effet nul, ou elle détruit les houppes quand l'axe est à 45 degrés sur les plans croisés de la polarisatioo incidente; et, s'il est parallèle ou perpendiculaire à ces plans, ses teintes se superposent à celle des houppes, pour de certains cristaux, ou n'apportent point de changement à leur apparence : ces phénomènes sont bien faibles pour s'apercevoir d'une manière très-nette. On peut encore, d'après les ( .15 ) mêmes conditions, prédire ce que doivent voir les personnes opérées de la cataracte : » 1°. Celles qui ont été opérées par extraction verront les houppes comme d'ordinaire, si les membranes striées qui sont dans l'humeur vitrée polarisent assez énergiquement encore ; » a°. Celles qui auraient été opérées par abaissement, si le cristaUin laissait traverser de la lumière au passage de l'axe optique, verraient une tache jaune, le plan de polarisation étant supposé parallèle aux stries du cristallin, et une tache violette dans le cas de la perpendicularité, sauf l'effet des membranes précédentes. >i II sera, je pense, d'un haut intérêt physiologique et pathologique, d'étudier ce phénomène dans les divers cas où peut se trouver l'œil, soit chez l'homme, soit comparativement chez les animaux des diverses classes. " Ce phénomène , si fugace , offre des particularités remarquables en fait d'intensité et de durée. Si l'on commence à considérer les houppes à travers un prisme de Nichol par exemple, elles disparaissent au bout de six à huit se- condes; si alors on tourne le prisme brusquement de go degrés environ, on les verra mieux dans leur nouvelle position, mais seulement pendant quatre à cinq secondes: par un nouveau mouvement de 90 degrés, on les voit encore mieux et revenues à leur première place, mais pendant un temps plus court (deux ou trois secondés) ; les changements suivants ont fini par fatiguer l'œil et par éteindre le phénomène de plus en plus. Il est visible ici que le travail qui s'opère dans l'œil est partagé en deux espèces diverses qu'il sera intéressant d'analyser, en les comparant aux phénomènes de contraste dont l'intensité est à peu près la même quelquefois. » Rien jusqu'à présent ne me paraît être contraire à l'hypothèse que j'ai émise sur les propriétés polarisantes de l'œil , appuyées sur des faits connus. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur les séries à sommes infinies et sur leur application à la théorie des nombres ; par M. Lebesgue. (Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Binet.) PHYSIOLOGIE. — Recherches sur les causes de la mort chez les enfants (/ui succombent pendant le travail de l'accouchement ; par M. Kinc. (Commissaires, MM. Serres, Rayer.) ( iî6) PHYSIOLOGIE. — Du mode d'action quexercent pendant la vie, sur l'économie animale, les substances qui, après la mort, préservent de la putréfaction; par ^.Vkoms. (Commissaires, MM. Balard , Magendie.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Figure et description d'un appareil de sauvetage; par M. PoiTROT. (Commissaires, MM. Becquerel, Regnault, Balard.) M. HossABD adresse une Note ayant pour titre : Moyen simple et peu dis- pendieux défaire le vide. " L'auteur rend compte d'expériences qu'il a faites en employant l'huile de schistes, substance qui, dit-il, peut s'obtenir à très-bas prix. En enflam- mant les vapeurs dans l'appareil qui lui a servi pour ses essais, il faisait constamment baisser des \ la colonne du manomètre. Il pense que ce pro- cédé pourrait être employé avec avantage pour les chemins de fer atmo- sphériques. ». ' . (Commissaires, MM. Becquerel, Regnault, Balard.) M. Caivano soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur les forces centrales. (Commissaires, MM. Liouville, Le Verrier, Cauchy.) M. DE Gaspabis envoie la démonstration d'un théorème de géométrie ana- lytique. (Renvoi à la Commission nommée pour une précédente communication du même auteur.) M. Lassaigne avait présenté dans une précédente séance des Recherches sur la composition de l'air confiné dans les écuries où ont respiré un certain nombre de chevaux. Ce travail est renvoyé, ainsi qu'un travail précédent du même auteur, sur l'air recueillià différentes hauteurs dans une salle close où ont respiré un très-grand nombre de personnes, à une Commission com- posée de MM. Dumas, Boussingault, Payen. ("7) CORRESPONDANCE. M. le MiMSTRE DE iInstruction PUBLIQUE transmet l'ampHation de l'ordon- uauce royale qui confirme la nomination de M. Faje à la place vacante , dans la Section d'Astronomie, par suite du décès de M. Damoiseau. Sur l'invitation de M. le Président, M. Faye prend place parmi ses confrères. .. . M. Is. Geoffroy- Saint-Hilaire présente à l'Académie, au nom de l'auteur, les 4*, 5* et 6* livraisons de \ Iconographie orniifiologique de M. Des Murs; ouvrage destiné à servir de complément aux Planches enluminées de Buffon, et aux Planches coloriées de M. Temminck. Ces livraisons, dont l'exécution est toujours aussi soignée, contiennent les descriptions et les figures de dix-huit espèces, les unes nouvelles, les autres très-imparfaitement connues. « VIconographie ornithologique , dit M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire , est sans nul doute l'un des plus beaux ouvrages qui se publient en France sur l'histoire naturelle, et l'on ne saurait trop féliciter M. Des Murs des efforts et des sacrifices, vraiment au-dessus des ressources d'un particulier, qu'il ne cesse de faire dans l'intéi'êt de la science. " M. MuTEL demande à être porté sur la liste des candidats pour la place d'académicien libre, vacante par suite du décès de M. Borj- de Saint- Vincent. A cette Lettre est jointe une liste des travaux et des publications de M. Mutel. (Renvoi à la future Commissieti.) PHOTOGRAPHIE. — Procédés employés pour obtenir les épreuves de photographie sur papier; par M. Blanquart- Evrard , de Lille. .:!i « A l'admiration que fit naître la belle découverte de M. Daguerre , se joignit bientôt un vœu : les artistes surtout firent appel à la science et lui demandèrent les moyens de fixer sur le papier les images de la chambre noire, que M. Daguerre obtenait sur plaqué d'argent. Cet appel fut entendu : grand nombre de savants firent bientôt connaître les propriétés photogé- niques de beaucoup de produits chimiques ; les recettes se multiplièrent à l'infini : d'où vient qu'elles restèrent sans résultat ? C. R., 1847, i"Semej' L'opération se divise en deux parties : la première est celle qui doit donner l'épreuve de la chambre noire j elle est négative , les parties éclairées étant représentées par les noirs, et vice versa. » Pour cette épreuve, on fera choix d'un papier de la force des plus beaux papiers à lettres, glacé, de la plus belle pâte possible. Je me suis trouvé très-bien de celui de M. Marion, marqué n° lo B. » On versera dans une cuvette une dissolution de i partie de nitrate d'ar- gent (i) et 3o parties d'eau distillée (toutes les parties sont désignées au poids), sur la surface de laquelle on déposera le papier, en ayant soin de ne pas en- fermer de bulles d'air entre la masse du liquide et le papier (cette re- commandation s'applique à toutes les préparations ultérieures). Après une minute sur ce bain, on retirera le papier en le faisant égoutter par un des angles, puis on le déposera à plat sur une surface imperméable, telle qu'un (i) Toutes les préparations de nitrate seront conservées dans des flacons à l'abri de toute lumière. 16.. ( I20 ) meuble verni, une toile cirée, etc., le laissant ainsi sécber lentement, en ayant soin d'éviter tout dépôt de liquide par place, ce qui serait une cause de taches aux épreuves. » Dans un autre vase où l'on aura versé une dissolution de aS parties d'iodure de potassium, i partie de bromure de potassium et 56o parties d'eau distillée, on plongera entièrement ce papier pendant une minute et demie ou deux minutes, s'il fait froid, en laissant au-dessus le côté nitrate ; on le re- tirera de ce bain en le prenant par deux coins, et on le passera, sans le lâcher, dans un vase plus grand rempli d'eau distillée, afin de le laver et d'enlever tout dépôt cristallin qui pourrait, sans cela, rester à la surface : puis, sur un fil qu'on aura tendu horizontalement à cet effet, on suspendra le papier en faisant une corne à l'un des coins , et on le laissera ainsi s'égoutter et sécher complètement. » Ce papier, ainsi préparé, sera recueilli dans une boîte de carton à l'abri de la lumière, et, sans être tassé fortement, il pourra se conserver pendant des mois entiers. On peut donc, dans une seule journée, se préparer le papier nécessaire à une excursion de plusieurs mois. On recueillera les excédants des liquides dans des flacons recouverts de papier noir : ils pour- ront servir jusqu'à épuisement. » Lorsqu'on voudra prendre une épreuve, on versera sur une glace bien plane et bien calée sur un support qu'elle débordera, quelques gouttes d'une dissolution de 6 parties de nitrate d'argent , 1 1 parties d'acide acétique cristallisable et 64 parties d'eau distillée (on ne prendra que la moitié de la quantité d'eau pour dissoudre le nitrate, on versera ensuite l'acide acé- tiqtïe, et après une heure de repos, on ajoutera la seconde partie d'eau) (i). " On y déposera le papier du côté qui aura été soumis, dans la première préparation, à l'absorption du nitrate d'argent; on étendra avec la main le papier, de manière que, bien imbibé partout delà dissolution, il adhère par- faitement à la glace, sans laisser de plis ni de bulles d'air. Ceci fait, on le couvrira de plusieurs feuilles de papier bien propre , trempées à l'avance dans l'eau distillée (une seule pourrait suffire si l'on avait un papier d'une très-grande épaisseur) ; sur ces feuilles de papier trempées, on déposera une seconde glace, de la même dimension que la première, et l'on pressera (i j Cette préparation sera conservée dans un flacon bouché à l'émeri. Si , après un repos de quelque temps, il se formait un dépôt à la surface , il faudrait s'en débarrasser à chaque opération, en versant le liquide à travers un linge bien fin , ou pa tout autre moyen. ( '2' ) fortement dessus, pour ne former qu'une seule masse. On déposera le tout dans un châssis de la chambre noire , qu'on aura préalablement fait disposer à cet effet, et Ton ira ensuite procéder à l'exposition, comme si le châssis renfeiTOait une plaque daguerrienne. .) Cette préparation exige une durée d'exposition qui pourra être calculée par les daguerréotypeurs , au quart de celle nécessaire pour les plaques pré- parées au chlorure d'iode. Ils tiendront compte, toutefois, delà température, et remarqueront qu'elle est une cause d'accélération non moins puissante que l'intensité lumineuse. n L'exposition terminée , on déposera l'épreuve sur un plateau de verre ou de porcelaine, qu'on aura légèrement mouillé, afin que le papier y adhère plus facilement. On versera dessus une dissolution saturée d'acide gallique; à l'instant, l'image apparaîtra. On laissera agir l'acide gallique, afin que la combinaison soit plus profonde dans le papier, et que tous les détails arrivent dans les parties des clairs-obscurs; mais on arrêtera, toute- fois, l'action de l'acide gallique, avant que les blancs qui doivent former les noirs de l'épreuve positive n'éprouvent de l'altération. A cet effet, on lavera l'épreuve en versant de l'eau dessus, pour la déban-asser de l'acide gallique; puis, la déposant de nouveau sur le support, on y versera une couche d'une dissolution de i partie de bromure de potassium et de 4» parties d'eau dis- tillée , qu'on laissera dessus pendant un quart d'heure , en ayant bien soin qu'elle en soit toujours couverte : après quoi, on lavera l'épreuve à grande eau, et on la séchera entre plusieurs feuilles de papier buvard. Elle sera alors achevée, et pourra donner un nombre considérable d'épreuves positives, après que, pour la rendre plus transparente, ou l'aura imbibée de cire, en en râpant une petite quantité sur le papier et la faisant fondre avec un fer à repasser, à travers plusieurs feuilles de papier à lettre, qu'on renouvellera suffisamment, afin d'enlever tout dépôt de cire à la surface de l'épreuve. » Préparation du papier de l'épreuve positive. — On fera choix, pour celte épreuve, du papier de la plus belle pâte, le plus épais possible et par- faitement glacé. » Dans un vase où l'on aura versé une solution de 3 parties d'eau saturée de sel marin, dans lo parties d'eau distillée, on déposera la feuille de pa- pier sur uiHe seule surface et on l'y laissera jusqu'à ce qu'elle s'aplatisse parfaitement sur l'eau (a ou 3 minutes). On le séchera sur du papier bu- vard, en passant fortement et à reprises répétées, dans tous les sens, la main sur le dos du papier, renouvelant le papier buvard jusqu'à ce qu'il n'accuse plus aucune humidité fournie par le papier salé; il sera alors dé- ( 122 ) posé sur un autre bain composé d'une solution de i partie de nitrate d'ar- {^ent et de 5 parties d'eau distillée; on l'y laissera tout le temps qu'exigera l'assèchement, comme il vient d'être dit, d'une seconde feuille de papier, qui aura remplacé la première sur le bain salé; alors, ôtant celle du bain d'argent, on l'égouttera avec soin par un de ses angles, et on la déposera sur une surface imperméable, comme pour la première préparation du papier négatif. On voit qu'en passant ainsi le papier du bain salé au bain d'ar- pent, le préparateur ne perd pas une minute, et qu'il peut, en quelques heures, préparer une assez grande quantité de papier. )i Parfaitement sec , on l'enfermera dans une boîte ou carton sans le tasser. Il sera bon de n'en pas préparer pour plus de huit à quinze jours à l'avance, car au bout de ce temps, il se teinte, et, quoique propre encore à la repro- duction des images , il n'accuse plus les blancs avec le même éclat que lorsqu'il est nouvellement préparé. n Pour faire venir une épreuve positive, on placera lépreuve négative du côté imprimé sur la surface préparée du papier positif; on pressera les deux papiers réunis-<^ntre deux glaces qu'on déposera sur un châssis (plan- che rebordée) couvert d'un drap noir. On aura soin que la glace du dessus soit assez forte et assez lourde pour que son poids fasse pression sur l'é- preuve négative, de manière qu'elle soit parfaitement adhérente au papier positif. Ceci fait, on exposera à la grande lumière, au soleil autant que pos- sible , en cherchant à faire tomber ses rayons à angle droit sur la glace. Pour avoir de belles épreuves, il faut pousser cette exposition à son degré extrême ; elle devra être arrêtée avant que les vives lumières de l'image puissent être altérées. Il suffira d'une seule expérience pour déterminer approximativement le temps d'exposition qui sera, terme moyen, de vingt minutes au soleil selon la vigueur de l'épreuve négative. » Après cette exposition, on rentrera l'épreuve dans le cabinet noir et quelle qu'elle soit, on la laissera tremper un quart d'heure dans un bain d'eau douce, puis dans un autre d'hyposulfite de soude, de i partie d'hypo- sulfite de soude et de 8 parties d'eau distillée. A partir de ce moment, on pourra la regarder au jour et suivre l'action de l'hyposulfite; on verra alors les blancs de l'épreuve prendre de plus en plus d'éclat, les clairs-obscurs se fouilleront, la nuance de l'épreuve, d'abord d'un vilain ton roux et uni- forme, passera à une belle nuance brune, puis au bistre, puis enfin au noir des gravures de l'aqua-tinta. L'opérateur arrêtera donc son épreuve au ton et à l'effet qui lui conviendront. Elle sera parfaitement fixée; mais, afin de la .dégorger de l'hyposulfite dont l'action se prolongerait, on la lavera à ( 1^3 ) graude eau, après quoi on la laissera dans un grand vase rempli d'eau,, pendant tout un jour ou au moins cinq à six heures : op séchera ensuite entre plusieurs feuilles de papier buvard. , , f » Ce bain , comme celui de l'hyposulfite , peut recevoir en même temps autant d'épreuves que Ton voudra. » Les épreuves qui ne pourraient supporter l'action de l'hyposulfite au moins pendant deux heures, devront être fejetées. Ce serait une preuve qu'elles n'auraient point été exposées assez longtemps à la lumière, et elles ne seraient pas suffisamment fixées. » Quelque compliquées que puissent paraître les préparations ci-dessus décrites, on les reconnaîtra excessivement faciles lorsqu'on sera à l'oeuvre, et, si on les compare aux préparations des plaques, on sera étonné de leur simplicité. . t i ; s ; •1 L'avantage de pouvoir préparer à l'avance le papier des épreuves néga- tives facilitera singulièrement les excursions daguerriennes , en dispensant l'amateur d'un bagage toujours fort embarrassant , et en lui économisant le temps et le travail qu'exige le polissage des plaques qui ne peut être fait à l'avance. La facilité de ne faire venir les épreuves positives qu'au retour d'un voyage, et de les multiplier à l'infini, ne contribuera pas peu au dévelop- pement de cette branche de photographie, qui réclame aussi la sympathie des artistes, puisque les résultats ne sont point, comme sur le plaqué, en dehors de leur action, et qu'ils peuvent, au contraire , les modifier au gré de leur imagination. » Ainsi la facilité d'exécution , la certitude de l'opération , l'abondante reproduction des épreuves , voilà trois éléments qui doivent , dans un temps prochain, faire prendre à cette branche de photographie une place impor- tante dans l'industrie ; car, si elle est appelée à donner à l'homme du monde des souvenirs vivants de ses pérégrinations, des images fidèles des objets de ses affections, elle procurera aux savants des dessins exacts de mécanique, d'anatomie, d'histoire naturelle; aux historiens, aux archéologues, aux artistes enfin, des vues pittoresques, des études d'ensemble et de détail, des grandes œuvres de l'art antique et du moyen âge , dont les rares dessins ne sont le partage que du petit nombre. « PHYSIOLOGIE. — Observations relatives aux ejfets produits par l'inhalation de l'éther sulfurique. (Note de M. Laugier , adressée à M. Jrago) « J'ai l'honneur de vous rendre compte d'un essai, que j'ai fait samedi, à ( 124 1 - l'hôpital Beaujon, de la méthode de l'inhalation de lether sulfurique pour lin cas d'amputation de la cuisse. >' La malade, jeune fille de 17 ans, après avoir respiré pendant trois ou quatre minutes le mélange d'air et de vapeur éthérée , dans l'appareil dont l'idée est due à M. Gratton, dentiste à Cork, en Irlande, et qui a été exécuté à Paris, par M. Luer, fabricant d'instruments de chirurgie, a été plongée dans un véritable sommeil extatique. J'ai aussitôt pratiqué l'amputation, dont tous les temps ont eu lieu isolément : » 1°. Section cii'culaire de la peau; I) 2°. Séparation de la peau et de l'aponévrose par la dissection; » 3°. Section des muscles jusqu'à l'os; « 4°- Section des fibres musculaires profondes adhérentes à l'os ; >i 5". Enfin, section du périoste, puis de l'os, par la scie à amputation. » La durée de cette opération a été d'une minute et demie. » J'ai ensuite lié les vaisseaux, et j'allais commencer le pansement, lorsque la malade a repris connaissance en se plaignant d'avoir été réveillée, et d'être revenue parmi les hommes, ce sont ses expressions; car, nous a-t-elle dit, elle se croyait, pendant son sommeil, avec Dieu et ses anges, qu'elle voyait autour d'elle. » Elle n'avait donné, pendant l'opération, aucun signe de douleur, et quand je lui ai demandé si elle avait souffert , elle s'est écriée avec l'expres- sion de l'étonnement : h Comment ! est-ce que ma cuisse a été coupée ! » » Cette exclamation suffisait pour démontrer le fait de l'insensibilité complète pendant l'amputation , et la malade l'a confirmé en ajoutant qu'elle n'avait rien senti. Vingt personnes présentes à l'opération ont trouvé la dé- monstration péremptoire. » J'ai achevé le pansement sans que la malade témoignât de la douleur ; mais aussitôt qu'elle a été replacée dans son lit, elle a commencé à souffrir de sa plaie, comme cela s'observe après toutes les amputations. Des calmants ont été prescrits. Hier dimanche et aujourd'hui , la malade est très-bien , et elle a demandé quelques aliments légers, que j'ai cru pouvoir lui accorder. » Quelques jours auparavant^ une femme avait subi, en ma présence, avec la même insensibilité, l'arrachement de deux dents molaires. Elle avait été assoupie par l'éther sulfurique et à l'aide du même appareil. » Ce sont les deux seuls essais de cette bienfaisante méthode, que j'aie faits, et qui aient été faits à l'hôpital Beaujon, sur des personnes confiées à nos soins. •) J'ai cru devoir les porter à votre connaissance et devant l'Académie, C ia5 ) à cause de leur intérêt puissant , dans une question encore neuve , et parce qu'un journaliste , sans doute mal informé, a publié que les essais faits à l'hôpital Beaujon n'avaient point eu de succès , et a blâmé avec amertume le procédé mis en usage , daus cet hôpital , pour l'aspiration de l'éther. » PHYSIOLOGIE. — Observations sur l'influence de la respiration de l'éther; par M. Gerdy. De ce que j'ai vu jusqu'à présent, de l'examen sérieux des faits, il résulte que l'inhalation de l'éther va devenir la source d'un nombre infini d'appli- cations, d'une fécondité tout à fait inattendue, une mine des plus riches, où toutes les branches de la médecine ne tarderont pas à puiser à pleines mains. Elle sera le point de départ de notions si variées et d'une valeur si grande , à quelque point de vue qu'on les envisage , qu'il m'a paru nécessaire d'en saisir, dès à présent, l'Académie des Sciences, et que je me demande si l'auteur d'une si remarquable découverte ne devrait pas être bientôt, lui- même, l'objet de quelque attention dans le sein des Sociétés savantes. " PHYSIOLOGIE. — Remarques de M. Magesidif. à l'occasion de cette communication. " C'est la première fois que j'entends retentir dans cette enceinte le récit des effets merveilleux de l'éther sulfurique (car on n'en pourrait dire autant des autres éthers) , sorte de narration dont la presse s'empare et qu'elle porte au loin, satisfaisant ainsi cet insatiable et avide besoin du public peur le miraculeux et l'impossible. » Ce que je vois de plus clair dans ces récits, c'est que , depuis quelques semaines, un certain nombre de chirurgiens se livrent à des expériences sur des hommes , et que , dans le but louable, sans doute , d'opérer sans douleur, ils enivrent leurs patients jusqu'au point de les réduire, ainsi qu'on vient de le dire, à l'état de cadavre que l'on coupe, taille impunément et sans aucune souffrance. A peine l'expérience est-elle faite, souvent avant qu'elle soit terminée, on la livre à la publicité. ( i35 ) " Je rends justice à l'intention, mais je dis qu'en agissant ainsi, MM. ïes chirurgiens font défaut à la raison , à la morale , et pourraient arriver à des conséquences dangereuses pour la sécurité publique ; aussi je me sens disposé à protester contre des essais imprudents, et surtout contre des publi- cations précipitées. » Ces paroles sont sévères ; je m'explique : » Les propriétés sédatives de l'éther sulfurique sont connues depuis longtemps; c'est un des agents thérapeutiques les plus usuels. Pour peu qu'une femme soit nerveuse, impressionnable, elle a son flacon d'éther dont elle use soit en le respirant, soit en en versant quelques gouttes sur du sucre, soit en le mêlant à des potions; les médecins administrent l'éther dans une foule de cas , et en portent la dose assez souvent à 2 , 3 et même 4 grammes. Certaines personnes adonnées aux boissons alcooliques, ne trouvant plus dans celles-ci l'excitation qu'elles recherchent , boivent de l'éther et s'eni- vrent avec cette liqueur; mais ces cas sont agsez rares, et les phénomènes de l'ivresse qui en résulte sont jusqu'ici peu connus, parce qu'on a eu rare- ment l'occasion de les observer. '• On sait aussi que certaines pei-sonnes ont une répugnance invincible pour l'odeur d'éther , et que la simple impression de cette substance suffit pour produire chez elles des accidents convulsifs ou un malaise insupportable. " On sait également, depuis longtemps, que l'ivresse du vin et surtout celle de l'alcool,. portées à un certain degré, abolissent, pour un temps plus ou moins long, les principaux actes delà vie, et particulièrement la sensi- bilité, ainsi que les contractions des muscles. On apporte tous les jours, dans nos hôpitaux, des individus ivres-morts, dont les membres ont été broyés sans qu'ils s'en soient aperçus. Un bon nombre de ces ivrognes meu- rent pendant leur intoxication. B Un dentiste américain annonce, le mois dernier, que la respiration de la vapeur de l'éther amène une insensibilité telle, qu'il est possible, sous cette influence, d'extraire une dent sans douleur; ce qui est, de temps im- mémorial, la prétention rarement réalisée de tout dentiste. » Cette annonce, qui n'était peut-être pas destinée à franchir l'Atlan- tique, et qui n'était probablement qu'une réclame locale, parvient en Angleterre : aussitôt les chirurgiens de Londres, se lançant sur les traces de l'artiste américain, font respirer la vapeur d'éther et pratiquent di- verses opérations également sans douleurs ; la nouvelle s'en répand bientôt en France, et, sans perdre un moment, plusieurs chirurgiens des hôpitaux de Paris se hâlont d'imiter leurs confrères d'outre-mer. tU". à.. (,36) » La presse ne tarde pas à répandre ces miracles : les gens du monde s'émeuvent, se passionnent, et voudraient avoir quelques parties à se faire retrancher, afin d'éprouver, par eux-mêmes , la vive satisfaction d'être opérés sans souffrir. " Aujourd hui le procédé est tellement en vogue et l'enthousiasme est si général, que tout malade qui doit subir une opération, fût-elle la plus simple et la plus insignifiante , est inévitablement enivré par l'éther avant d'y être soumis. » Éviter à un patient les douleurs le plus souvent inséparables de toute opération chirurgicale, est sans doute un but philanthropique. Les chirur- giens y ont plus d'une fois songé, et dans cette vue ont, avec succès, admi- nistré l'opium. Les physiologistes emploient la même méthode pour soustraire les animaux aux souffrances causées par les expériences. Mais doit-on , sur l'homme, amener ce résultat par l'ivresse? That is the question, comme disent les Anglais. » Qu'un ivrogne, ivre-mort, soit apporté dans un hôpital avec une frac- ture qui exige l'amputation: l'opérerez-vous pendant son ivresse? Qu'un ma- lade, que vous devez opérer à un jour fixe, juge convenable de s'enivrer d avance avec l'alcool afin de supporter avec plus de courage son opération, et qu'il se présente à votre bistouri dans un état de torpeur alcoolique : l'opérera- t-on dans cet état? ». Je demande à l'Académie la permission de lui présenter quelques ré- flexions sur ce sujet d'un intérêt général. n L'ivresse poussée jusqu'à l'insensibilité est un état fâcheux : la perte de son sens moral , de la conscience de sa propre existence , a quelque chose de dégradant et d'avilissant; cet état peut avoir, d'ailleurs, une issue funeste. Plonger sciemment un malade dans un tel état, dont on ignore, au fait, les conséquences, sous prétexte de lui éviter une douleur, ne me paraît pas d'aussi peu d'importance qu'on semble se limaginer. Pour moi, et je pense que tout homme qui se respecte partagera mes sentiments, je ne consen- tirais pour aucun motif 3 me laisser mettre dans une pareille situation, où votre corps est livré, sans défense aucune, aux mains d'un chirurgien qui peut être maladroit, inhabile ou inattentif. Quiconque a un peu décourage et d'énergie préférera souffrir un moment, à se voir anéanti par l'ivresse, même passagère. " Je prends pour exacts les faits qui viennent d'être racontés, et je vois , snr six ou sept cas d'ivresse , des effets fort dissemblables : l'im des opérés a eu des convulsions; l'autre est tombé dans un délire loquace accom- ( i37 ) pagné d'agitation; un troisième est entré dans une excitation extrême et s'est échappé des mains de l'opérateur, en poussant un cri sauvage, au moment du premier coup de bistouri ; il s'est rué sur les assistants et sur le chirurgien lui-même, en proie à une sorte de cauchemar qui traduisait la douleur qu'il ressentait. Quel avantage ce malade a-t-il retiré de l'ivresse dans la- quelle on l'a mis ? Il a souffert : car il a crié', car il a eu un rêve douloureux , qui l'agitait longtemps encore après l'opération. L'ivresse a produit chez d'autres malades un assoupissement pendant lequel on les a opérés sans qu'ils aient rien senti, du moins c'est là leur dire; et il faut les croire sur parole, il n'y a aucun moyen de vérification. Il y a donc, d'après les cas rapportés par nos confrères, qui sont eu cela d'accord avec tous les chirur- giens qui ont jusqu'ici essayé l'éther, des circoustances où l'ivresse est favo- rable, et d'autres où elle rend les opérations impossibles ou dangereuses. » Mais comment distinguer d'avance le genre d'ivresse que produira l'é- ther? comment savoir si cette ivresse permettra l'opération ou s'y opposera ? car je ne suppose pas qu'on opère pendant les convulsions, les agitations ou l'exaspération d'un délire furieux. On le saura peut-être un jour; mais nous n'acquerrons cette notion qu'au prix de nombreuses tentatives faites sur des hommes. Voilà ce que je ne trouve pas moral; car nous n'avons pas le droit de faire des expériences sur nos semblables. » Nos honorables confrères , je ne puis en douter, font ces essais en s'entou- rant de toutes les précautions désirables; ils y mettent prudence et sollici- tude. Mais supposez les mêmes essais faits par des hommes inhabiles, par des ignorants, par des mains criminelles même (il faut tout prévoir), et ne voyez-vous pas quelles en seront les conséquences? Et si , au lieu d'opérer pu- bliquement, l'ivresse a été produite dans l'intimité des familles ou même clandestinement, sur des femmes, sur de jeunes personnes, avec des inten- tions perverses ou un but coupable, croyez-vous que la morale, et la sécurité publiques ne seraient pas gravement compromises? « Prenez-y garde, messieurs; il ne suffit pas de vouloir le bien; il faut encore se garder du mal. » Je me résume : >' L'ivresse causée par l'éther sulfurique est encore peu connue; il est donc utile de l'étudier, non-seulement au point de vue des opérations chi- rurgicales, mais en elle-même et pour elle-même. Quels sont les phéno- mènes .qui la caractérisent? en quoi diffère-t-elle de l'ivresse par l'alcool, l'opium, le haschich, etc.? en quoi l'insensibilité qui l'accompagne diffère- t-elle de celle qui est produite par un grand nombre de poisons narcotiques? C.R., l847,l".Seme»/le.(T.XXlV,^<'S.) IQ ( i38 ) Voilà, certes, une belle et importante étude à faire! Mais cette étude doit, comme toutes les études sérieuses, être silencieuse, calme et suffisamment prolongée, pouf conduire à des résultats certains; c'est alors qu'on pourra, avec sécurité, avec moralité, l'appliquer à l'homme. » Mais, si l'on continue à expérimenter sans ménagement; si on livre à la publicité, le soir même, l'expérience qu'on a faite le matin et qui n'est pas terminée , puisqu'elle peut avoir, en définitive , de funestes conséquences, on s'exposerait à compromettre un moyen qui sera peut-être utile un jour, quand il sera bien étudié, bien connu et appliqué à propos; mais qui, au contraire, exploité comme il l'est aujourd'hui, pourrait pro- chainement être réduit à l'une de ces prétendues découvertes, à l'un de ces pujjs scientifiques qui viennent périodiquement amuser la curiosité du public et satisfaire sa passion insensée pour tout ce qui est erreur et mensonge. >' M. MilneEdwaeds fait quelques remarques relatives à la communication de M. Magendie (i). M. Magendie y répond. WiYSiOLOGiE. — Réponse de M. Velpeau aux remarques de M. Magendie. « Ce que je viens d'entendre m'a saisi d'un véritable étonnement. On devait bien supposer que les résultats étranges des inhalations éthérées n'ac- querraient point droit de domicile dans la Science sans rencontrer d'obsta- cles, sans trouver d'opposants. Tous les faits merveilleux , toutes les décou- vertes, grandes ou petites, le galvanisme lui-même, ont dû subir cette épreuve j mais, je l'avoue, ce n'est pas de la part de notre collègue que je me serais attendu à une protestation de cette espèce. » Dans ce qui vient d'être dit se trouvent des paroles d'où il ressortirait des accusations que je ne veux point qualifier, et qui, j'aime à le croire, n'étaient point dans les intentions ou la pensée de l'auteur. On semble nous reprocher de nous être livrés à des expériences sans but et d'une extrême imprudence sur nos semblables. Mais est-ce bien de là que devrait partir un pareil reproche? Qui donc, en Europe, s'est le plus livré à des expériences, soit sur les animaux , soit sur l'homme , quel est donc le savant qui devrait (i) Une indisposition survenue à M. Milnc Edwards, ne lui ayant pas permis de mettre par écrit les remarques qu'il avait présentées, cette partie de la discussion ne peut figurer pour aujourd'hui dans le Compte rendu. ( i39 ) encourir le plus de blâme sous ce rapport, si quelque blâme devait être infligé à quelqu'un en ce moment? » Au surplus, il est évident qu'avant d'attaquer nos actes, on n'a pas pris la peine de les étudier, d'en saisir la nature. Dans toute sa critique, notre collègue est évidemment resté à côté de la question; il en parle comme (juelqu'un qui ne sait nullement la marche qu'ont suivie les faits dans leur développement depuis le commencement jusqu'à présent, qui n'est point du tout au courant de ce qui s'est passé. Il ignore , à ce qu'il paraît , que le phéno- mène a d'abord été étudié et constaté par les hommes les plus éminents d'A- mérique, sur un grand nombre de malades de la ville et des hôpitaux; qu'en Angleterre, les faits ont également été recueillis , publiés par les physiolo- gistes et les chirurgiens les plus célèbres; produits sur les animaux et sur l'homme, sur les hommes sains comme sur les malades; qu'en France, il en a été de même; qu'il existe maintenant, à Paris, plusieurs centaines de mé- decins ou d'élèves qui ont expérimenté ou qui expérimentent journellement l'inhalation de l'éther sur eux-mêmes. Toute la prudence, toutes les précau- tions qu'on veut bien nous recommander nous sont évidemment empruntées; car, M. Roux et moi , nous en avons donné formellement le conseil dès le principe. Gomment! lorsqu'on sait que, le premier en France peut-être, j'ai eu connaissance de ce moyen, vers le milieu de décembre, et que, cependant, je n'ai osé le mettre en usage que vers le milieu de janvier , après m'être as- suré qu'à Paris même on venait d'en obtenir les mêmes effets qu'à Londres ou à Boston , qu'après avoir eu des preuves multipliées qu'il n'en résultait aucun danger, on viendrait, sans preuve aucune, taxer mes actes de témérité ! . . . » Il faut; nous dit-on, étudier la question avec calme, ne pas se hâter de publier les faits, crainte de les voir démentis par l'avenir. Outre qu'il n'ap- partient guère, il me semble, au savant qui tient ce langage de parler ainsi, je dois dire que les faits dont nous parlons sont complets le jour même où ils se produisent , qu'ils doivent être acceptés , dès à présent , comme faits accomplis, et n'ont aucun besoin d'être gardés secrets avabt de se montrer au grand jour. » Il y a deux points essentiels dans la question : un point capital et un point accessoire. Le résultat capital , c'estl'insensibilitéoù tombent lesmalades soumis à l'influence de l'éther. Or ce point est acquis à l'observation aujourd'hui; il est à peu près constant, lorsque l'opération est bien conduite. Ce premier fait, qu'il fallait avant tout bien constater, est celui qui importe le plus à la chirurgie. Quant au second point, il est variable. Quelques personnes s'agi- tent , se meuvent, les unes sous l'influence de sensations, de rêves agréables; ( '4o ) d'autres par suite d'idées pénibles: quelques-unes crient ; d'autres se bornent à parler. Ceci peut avoir des inconvénients dans les opérations chirurfjicales; mais qui le nie? qui a dit, jusqu'ici , que toutes les opérations devraient être précédées de l'inbalation de l'éther? N'avons-nous pas été les premiers à pré- venir qu'un grand nombre d'entre elles lui resteraient sans doute réfraclaires, pourraient peut-être même en être aggravées? D'ailleurs , qui sait si la suite n'apprendra pas à maintenir ou à éviter ces mouvements désordonnés? puis, qui empêcbe de soumettre la personne à l'action de l'étber, de manière à sa- voir comment elle en est impressionnée, avant de l'y soumettre définitivement au moment même de l'opération? C'est ainsi, du moins, que j'ai procédé, pour ma part , dans un certain n'ombre de cas. !> Ayant constaté l'effet dont j'ai parlé, il me restait, comme à tout le monde, à savoir si les malades ainsi traités ne couraient pas quelques dan- gers. Eh bien, je puis affirmer que rien, absolument rien ne leur est arrivé, jusqu'à ce jour, qui autorise à incriminer l'éther. En y réfléchissant, que peut-il en résulter de fâcheux, au surplus? le fait en question est, pour .ainsi dire, instantané; en deux à cinq minutes, règle générale, le malade est insensible. Au bout de deux ou trois minutes, il revient à lui, sans que sa figure exprime la souffrance, sans que l'économie paraisse en avoir été ébranlée; et, un quart d'heure plus tard, on ne s'en aperçoit plus. Que veut-on alors qu'il en résulte pour les conséquences de l'opération pratiquée dans de telles conditions? » On vient de parler d'accidents, de convulsions, de cris sauvages, etc.; mais il n'y a point eu d'accidents, à ma connaissance du moins, et ceci ' ti'est que du roman. Les malades qui, dans leurs songes, ont voulu se mouvoir ou ont crié, n'avaient point l'air de souffrir et ont soutenu n'a- voir point souffert. Une jeune fille hystérique a été prise de convulsions après l'opération; mais qu'est-ce qui ne fait pas naître de convulsions chez une jeune fille hystérique, et croit-on que l'arrachement de l'ongle, sans influence de l'éther, n'aurait pas tout aussi bien fait naître cet accès convulsif, qui n'a d'ailleurs eu aucune suite sérieuse? Un malade s'est échappé de nos mains, dit-on, avec sa plaie toute sanglante, au milieu de l'opération! C'est une erreur. Cet homme a voulu se tourner; mais les aides se sont emparés de ses membres, et l'ont contenu. lia main malade ne nous est point échappée, et l'opération n'a point été interrompue. On ajoute que la douleur dans les opérations, loin d'être nuisible, doit être utile, et que rendre insensibles les malades qu'on opère, expose à desabus. Je ne dis pas. Quelle est la chose, en ce monde , dont on n'abuse jamais, et quelle est la découverte qu'on devrait garder , s'il fallait rejeter toutes celles dont l'homme ( >4i ) peut abuser? Un malade y regardera à deux fois, dit-on encore, avant de se laisser endormir ainsi , dans la crainte d'être mal opéré par un chirurgien inhabile. Ceci n'est pas sérieux; car, avant de se prêter au couteau du chi- rurgien , l'homme a dû choisir l'opérateur le plus digne de sa confiance, et ce n'est pas pendant l'opération qu'un malade décide si son chirurgien est habile ou non : puis tout cela ne se fait pas malgré lui. » La douleur n'est pas un mal? Mais il n'est pas possible que vous y ayez pensé. Qui ne sait que, dans les familles, la perspective de la douleur est la principale cause de toutes les angoisses qui naissent à l'idée d'une opération? Cet homme qui a une tumeur au sein de ses organes , une tumeur qui menace incessamment sa vie , recule le plus qu'il peut le moment de la faire enlever ; et pourquoi, si ce n'est par la crainte de la douleur? .) On croit volontiers, dans le monde, que les chirurgiens ont l'âme dure, parce qu'ils restent impassibles en présence de ladouleur. Eh ! mon Dieu , c'est là une de ces accusations auxquelles on se résigne, parce que le public ne peut pas pénétrer dans le for -intérieur de ceux qu'il incrimine. Pourtant les chi- rurgiens sont, avant tout, hommes comme les autres, doués d'autant de sen- sibilité que ceux qui les accusent; mais il faut qu'ils aient l'air insensible : et croit-on , par cela même, qu'ils n'aient rien à souffrir, que les émotions qu'ils sont obligés de contenir ne soient pas chez eux la source d'anxiétés d'autant plus pénibles, qu'ils ne doivent pas les laisser paraître? La douleur! mais qui donc ne craint pas la douleur parmi les hommes ? Non , non ; il y a, dans les reproches que l'Académie vient d'entendre, plus d'inadvertances que de pa- roles réfléchies. >. Maintenant, qu'on vienne disserter sur la nature des effets produits par l'inhalation de l'éther, je le veux bien : je n'imiterai point notre adversaire en l'accusant de barbarie, d'immoralité, de légèreté ou de témérité; mais je lui répondrai que tout ce qu'il vient d'annoncer , sur ce point , ne résulte d'au- cune observation, d'aucune expérience rigoureuse; qu'il ne nous donne ici que des suppositions, à mon sens très-peu fondées. L'action dont nous avons été témoins est très-différente de celle de l'alcool et du vin; ce n'est point une ivresse proprement dite, mais bien un phénomène tout particulier. Quant à l'utilité d'expériences nouvelles, prudemment conduites et le plus diversifiées possible, c'est ce que nous conseillons, c'est ce que nous deman- dons, c'est ce que nous avons déjà fait. Gomment se peut-il qu'après nous avoir accusés de légèreté, nous qui avons des faits concluants, positifs, par centaines à invoquer, on vienne, pour les détruire ou en atténuer la valeur, nous opposer de vaines hypothèses, de simples assertions dépourvues de toute espèce d'appui 1 f '42 ) » Qu'on vienne à démoutrer bientôt que les autres espèces d'élher, que d'autres substances jouissent des mêmes propriétés, j'en serai enchanté pour ma part. Je serai heureux aussi d'apprendre que, donné par l'estomac, l'é- tfaer sulfurique produira mieux ses effets qu'inhalé dans les poumons; mais je ne l'espère guère, et je dirai, moi, que là n'est pas la question. Au sur- plus, les résultats obtenus jusqu'ici sont tellement tranchés, palpables, extraordinaires, que pour en parler dorénavant, notre honorable collègue fera sagement de s'en rendre témoin , de les étudier par lui-même. J'ai la convic- tion qu'alors il regrettera certaines paroles acerbes qui viennent de lui échapper, et qu'il s'empressera, dans son propre intérêt, de rétracter ce qu'il vient de dire. » PHYSIOLOGIE. — Réplique de M. Magendie à M. Velpeau. « Si je prends de nouveau la parole, ce n'est pas pour répondi-e à mes honorables confrères, car, à dire vrai, ils n'ont contesté aucune de mes assertions; seulement, si j'ai bien compris, M. Velpeau semblerait croire que je propose comme préférable à l'inhalation de l'éther par le poumon , de l'injecter par l'artère carotide; que M. Velpeau soit bien convaincu qu'une pareille stupidité ne m'est point venue dans l'esprit, semblable opération devant avoir pour effet immédiat la mort du patient. M. Velpeau vient de témoigner sa surprise de ce qu'ayant moi-même fait tant d expé- riences, je trouve extraordinaire que d'autres en fassent. Je suis loin de re- nier mes études expérimentales, mais je prie mon honorable confrère de remarquer que j'expérimente sur les animaux, précisément pour ne pas expérimenter sur les hommes. » A défaut de discussion, je vais continuer d'examiner au point de vue scientifique et moral l'emploi de l'éther comme moyen préventif de la douleur. >' Nous savons maintenant, par les essais qui ont été tentés, que les ré- sultats de la respiration de l'éther sont fréquemment un délire furieux, accompagné de violence, de cris, de convulsions, qui se termine par 1 affaissement et une sorte de cadavérisation qui permet de couper, tailler, de disséquer même le patient, non pas sans qu'il s'en aperçoive, mais sans qu'il en garde aucun souvenir; que s'il ressent des souffrances même très- intenses, il lui semble être le jouet d'un rêve douloureux. Plusieurs malades ont succombé à la suite de l'inhalation de cet agent : je ne prétends pas affir- mer que la mort a été causée par l'éther, cependant un tel événement com- mande l'attention et mérite qu'on s'en inquiète. ( i43 ) " L'éther, je le veux bien, a réellement les heureuses propriétés qu'on Im attribue. Est-ce à dire qu'il faille intoxiquer ainsi les patients dans toutes les opérations légères, qui consistent en un simple coup de lancette ou de bis- touri? telles sont l'opération de la fistule lacrymale, l'ouverture d'un abcès, l'amputation d'une petite loupe, des excroissances syphilitiques , la ligature, l'excision, la cautérisation des hémorroïdes, et une foule d'autres opéra- tions peu douloureuses, qui ne comportent qu'un instant très-court pour leur exécution. Je n'hésite pas à répondre négativement. Je regarde donc, dès à présent, l'inhalation de l'éther non-seulement comme sans utilité dans les circonstances que je viens de signaler, mais comme étant formellement contre-indiquée ; car, dans l'ignorance où nous sommes encore des inconvé- nients de ce moyen et surtout de ses dangers, qui, je ne crains pas de l'an- noncer, seront bientôt reconnus, on serait coupable d'y exposer les malades sans une nécessité absolue. Or cette nécessité ne saurait être invoquée que pour les opérations graves, difficiles, qui entraînent des douleurs vives et prolongées. » Toutefois, même dans ces cas extrêmes, l'intoxication par l'éther offre des inconvénients qui ne paraissent pas avoir frappé messieurs les chirurgiens. » Dans certaines opérations où l'on agit dans le voisinage des nerfs , il est de la plus haute importance de ne pas blesser ces organes, de ne pas les comprendre dans une ligature; il y va, dans certains cas, de la vie des ma- lades. Quand il s'agit de lier l'artère carotide, par exemple, si le nerf pneumogastrique était coupé ou compris dans le lien qui serre le vaisseau, la mort immédiate pourrait en être la conséquence: M. Roux, qui a plusieurs fois fait cette grave opération ne me démentira pas. L'opérateur est fort heureux, et je l'ai constaté moi-même, de reconnaître par les sensations, ou, si l'on veut, par la douleur que ressent le patient, qu'on est dans le voisi- nage du nerf. » Dans les amputations des membres , dans les extirpations laborieuses de tumeurs profondes, il arrive presque inévitablement, qu'en saisissant avec la pince un vaisseau pour le lier, on saisit en même temps quelque filet ner- veux ; or la ligature même d'un simple filet de nerf a souvent les conséqnenceè les plus sérieuses. L'insensibilité enlève l'indication importante fournie par la douleur, et le sort du malade en dépvend. » Il y a donc, dans l«s grandes opérations chirurgicales, des considéra- tions majeures qui doivent faire hésiter devant l'emploi de l'éther. » D'ailleurs, messieurs, la douleur, dans la nature humaine, et même dans la nature animale, est-elle donc sans objet, sans utilité? Nous . - ( i44 ) sommes organisés, il est vrai, de telle sorte que nous la redoutons, que nous l'évitons autant que possible; nous sommes heureux d'en préserver nos semblables. Mais enfin la douleur est un des deux grands mobiles de la vie; nous la fuyons avec le même soin que nous recherchons les sensations agréa- bles : et pourtant la douleur, par cela même qu'elle est dans les lois de l'or- ganisation, doit avoir un but. N'allez pas conclure de ces paroles que je veux ressusciter l'antique secte des stoïciens: non, messieurs, j'en suis fort éloigné; et s'il me fallait opter pour un philosophe ancien, ce n'est pas Zenon que je choisirais. » Pour prouver que la douleur est quelquefois nécessaire, je citerais le travail de l'accouchement, puisque les parturitions qui se font sans douleurs ont souvent une issue funeste. 11 en est de même des opérations chirurgicales; celles qui réussissent le mieux ne sont pas toujours celles où le patient a le moins souffert. » Dans l'arrachement des polypes des fosses nasales, le sang coule sou- vent avec abondance, arrive dans l'arrière-bouche et tend à s'introduire dans le larynx; son contact sur la glotte détermine la toux et des efforts d'ex- puition qui s'opposent à l'entrée de ce fluide dans la trachée ; mais , si la glotte est rendue insensible, le sang pénétrera, sans qu'on le sache, jusqu'aux bronches, et la suffocation pourra survenir. >' Vous voyez, messieurs, par ces exemples que je pourrais si facilement multiplier, qu'il n'est pas aussi simple, qu'on le pense, de décider s'il y a véritablement utilité à rendre les malades insensibles , pour les soumettre ensuite aux opérations de la chirurgie, et qu'à côté des avantages qu'on es- père obtenir de l'emploi de l'ëther, il y a des inconvénients qu'il faut prévoir pour ne pas plus tard les déplorer. )' Certes, je suis partisan des progrés, et de tout ce qui peut améliorer la condition de l'homme. C'est ce sentiment, j'allais dire cette passion, qui a inspiré mes travaux. Mais on n'atteint pas ce but, on le manque en se li- vrant à des tentatives vaines, pu tout au moins prématurées, auxquelles le temps refusera sa sanction. Ce n'est pas par l'enthousiasme que se font les grandes découvertes; la réflexion calme, les expériences renouvelées et variées, les déductions rigoureuses, doivent, être nos seuls guides pour ar- river à des conquêtes utiles et durables. » Je ne saurais donc trop recommander à mes honorables confrères d'apporter, dans leurs essais ultérieurs sur les effets de l'éther, tous les mé- nagements , toute la réserve que commande une question qui touche à de si graves intérêts. » ( '45 ) PHYSIOLOGIE. — Sur les effets de l'éther; par M. Roux. « Un intérêt si gmnd, et si légitime, s'attache à la question de l'introduc- tiou de l'ail- éthéré dans l'économie des êtres vivants, que l'Académie voudra bien encore entendre une courte relation des nouveaux faits que j'ai recueillis depuis la dernière séance, lesquels faits, ajoutés à ceux dont M. Velpeau vient de nous entretenir, ajoutent une nouvelle force à des espérances que beaucoup de personnes avaient peine à concevoir. Mais, avant de faire cette communication , j'éprouve le besoin de relever à mon tour, par quel- ques observations, la critique que notre honorable collègue M. Magendie vient de faire des expérimentations auxquelles se livrent maintenant les chirurgiens. » Peut-être n'assistait- il pas aux dernières séances de l'Académie; peut- être ne s'est-il pas bien tenu au courant de ce qui a été dit dans cette en- ceinte, des communications qui ont été faites jusqu'à présent, et de la ma- nière dont les essais du procédé américain ont été conduits : autrement, nous ne lui paraîtrions pas avoir agi avec trop peu de réserve et de prudence. Loin qu'on ait montré tout d'abord de l'engouement et de l'enthousiasme pour l'emploi des inhalations d'éther comme moyen de rendre l'homme impuissant à souffrir pendant le cours d'une opération chirurgicale, on a plutôt douté de leur efficacité : les premiers dires sur ce sujet ont été accueillis froide- ment; et mes premières tentatives ont été faites avec la plus grande circon- spection. Cette circonspection ne nous a point abandonnés, et elle présidera encore , je l'espère, à tout ce qui sera fait ultérieurement : le dirai-je même? malgré tout ce que j'ai appris, malgré tout ce qui s'est passé sous mes yeux, je crois entrevoir beaucoup d'opérations chirurgicales pour lesquelles on devra tarder encore à user de l'ivresse si passagère, si fugace, qui succède aux inhalations d'éther. C'est une question qui se présente sous tant de faces, qui se prête à être considérée sous tant de points de vue, que nous sommes loin du terme des recherches et des études qu'elle va faire naître. » Il paraît que M. Magendie aurait voulu qu'on se bornât d'abord à des expériences sur les animaux. Mais c'est comme ressource précieuse dans la pratique chirurgicale, que l'ivresse par les vapeurs éthérées a surgi ; il fallait bien l'expérimenter sur l'homme : c'est pour l'homme que le moyen dont il s'agit peut avoir tous les avantages qu'on lui attribue. Oui, sans doute, les animaux ont, comme l'homme, en partage la sensibilité qui dispose à éprouver la douleur; ils sont, comme l'homme, accessibles aux souffrances physiques, C. B., 1847, i" Semestre. (T. XXIV, N<>8.) 20 ( i46 ) et probablement, comme l'homme, susceptibles de perdre momentanément toute sensibilité sous l'influence de tel moyen ou de tel autre : mais dans les expériences avec les vapeurs éthérées sur les animaux, les résultats auraient pu être décevants ; ils auraient été d'ailleurs nécessairement incomplets : déce- vants , car on voit bien souvent les animaux , dans d'autres expériences , ne point s'agiter, ne point témoigner de souffrances, alors cependant qu'ils doivent en éprouver de très-vives; incomplets, car nous n'aurions pas connu par les animaux, les modifications si singulières, si curieuses et si pleines d'intérêt pour la physiologie et la psychologie , que subissent les sens et les fonctions propres du cerveau, pendant l'ivresse toute particulière que dé- terminent les inspirations d'éther. » Notre honorable collègue paraît redouter pour elle-même d'inhalation par les voies pulmonaires. Il paraît croire que si l'éther peut agir comme stupéfiant, et s'il peutétre un moyen de paralyser momentanément la sen- sibilité générale, mieux vaudrait l'administrer par ingestion, c'est-à-dire en l'introduisant dans l'estomac, d'où il parviendrait, seulement d'une ma- nière un peu moins rapide, dans le système circulatoire, pour agir ensuite sur le système nerveux. M. Magendie a même supposé, je crois, qu'on pourrait faire pénétrer l'éther dans le sang directement , et très-près du cerveau, par l'artère carotide. Il est plus que probable qu'on ne prendra jamais cette dernière voie. Vraisemblablement, au contraire, on essayera d'autres modes d'expérimentation , comme on pourra bien tenter l'usage de substances autres que l'éther; et déjà je me suis demandé si, pour l'air éthéré lui-même, on ne pourrait pas prendre pour voie d'introduction la dernière pai'tie de l'appareil digestif, dans laquelle, on le sait, l'absorption des substances étrangères se fait avec une grande facilité. Mais une certaine quantité d'éther introduite directement dans l'estomac y produirait peut-être une violente irritation; peut-être les effets de l'éther ainsi ingéré, et la som- nolence en particulier, se manifesteraient-ils plus tardivement : et puis, comment déterminer à l'avance la quantité d'éther convenable pour obtenir ces effets suivant l'âge et la constitution différente de l'individu? Jusqu'à présent, l'inhalation des vapeurs éthérées par les voies pulmonaires, comme moyen d'expérimentation, réunit les pi'incipaux avantages désirables. Ce que ce procédé a d'incommode est très-supportable; il est efficace chez le [)lus grand nombre des individus qu'on y soumet: son action peut être réglée, puisqu'on doit suspendre et qu'on suspend, en effet, le jeu de l'appa- reil , au moment où l'état d'ivresse et l'insensibilité sont manifestes ; enfin cette ivresse d'un genre particulier, ce sommeil artificiel avec suspension de ( '47 ) la sensibilité générale, sont bientôt suivis d'un retour parfait de toutes les fonctions à leur état naturel. " Je le dirai tout de suite : la durée de ce sommeil est trop courte, du moins tel qu'on l'obtient d'abord ; [si l'on ne veut pas l'entretenir ou le produire itérativement, il ne suffirait pas pour l'exécution entière et par- faite d'une de ces opérations qui sont longues, laborieuses, difficiles, et qui se composent d'un grand nombre de manœuvres délicates, qu'on ne peut faire succéder les unes aux autres qu'avec lenteur, et en prenant les plus grandes précautions; et je ne puis me défendre d'une crainte, c'est que pour les opé- rations qui, jusqu'à présent, semblent comporter le mieux l'usage des in- spirations d'éther, parce qu'elles peuvent être exécutées pendant le temps que l'ivresse doit durer, on soit enclin à procéder avec trop de vitesse pour ne pas être exposé à voir arriver trop tôt la fin du sommeil. Il serait fâcheux que le besoin et le désir d'agir avec une certaine précipitation vinssent à faire oublier, dans la pratique chirurgicale , l'avantage si grand qu'il y a à faire bien. » J'arrive aux faits nouveaux dont je voulais donner communication à l'Académie : tous se sont passés dans mon service à l'Hôtel-Dieu ; tous ont eu pour témoins les nombreux élèves qui fréquentent cet hôpital, et quelques personnes du nombre de celles qui s'intéressent aux progrès de la science , ou qui cultivent celles-ci , et que la curiosité amène près de nous en ce moment. Ce matin même, un des beaux résultats que j'aie obtenus jusqu'à présent a été observé par un homme bien connu de l'Académie , par M. Achille Comte. Il y a quatre jours, c'était vendredi dernier, j'avais à opérer cinq malades. Pour l'un d'eux seulement, l'opération avait un caractère un peu spécial : c'était une opération de fistule lacrymale. Chez les quatre autres , il s'agissait seulement de l'ouverture d'abcès assez considérables , au sein , au bras, à la paume de la main et à la plante du pied; et l'ouverture de tels abcès, bien qu'on puisse la faire presque toujours très-promptement, est toujours aussi d'autant plus douloureuse, que nous agissons sur des parties enflammées, dont la sensibilité naturelle est plus ou moins exaltée. La femme à l'abcès du sein a voulu braver la douleur : douée de cette force d'âme, de ce courage que , pour les opérations , les femmes possèdent peut-être plus que les hommes, et aussi, je crois, un peu sceptique, comme paraît l'être notre collègue M. Magendie,elles'est refusée à l'expérimentation. Les quatre autres malades s'y sont soumis avec plaisir : chez tous les quatre , après quel- ques minutes seulement d'inspirations éthérées, faites au moyen de l'appareil de M. Charrière, la somnolence s'est déclarée; et j'ai fait, à chacun de ces 20.. ( »48 ) quatre malades, l'opération que son cas nécessitait, sans qu'il y ait eu de leur part la moindre expression desouflrances. Interrogés à leur réveil sur ce qu'ils avaient éprouvé , deux d'entre eux avaient la souvenance vague d'un som- meil tranquille dans lequel ils avaient été plongés ; les deux autres avaient quel- que peu rêvé de choses qui leur étaient plutôt agréables que pénibles. Cepen- dant, l'homme qui avait subi l'opération pour une fistule lacrymale qu'il avait à l'oeil droit, opération dans laquelle, après qu'une ouverture a été faite à la partie antérieure du sac lacrymal, il faut faire pénétrer dans le canal uasal un stylet et une canule, puis introduire dans cette canule un petit ressort élastique conducteur d'un fil qui doit sortir par l'ouverture antérieure de la narine; cet homme, dis-je, a paru s'éveiller au moment où, pour terminer l'opération, j'allais à la recherche de ce petit ressort : il s'est agité quelque peu , et nous a dit plus tard que cette dernière action avait suscité chez lui un rêve dans lequel il croyait qu'une allumette chimique avait été introduite dans la narine et s'y était enflammée. » Ainsi donc, quatre fois successivement dans la même matinée, et sur quatre individus qui étaient dans des conditions assez différentes , les inspira- tions de la vapeur d'éther ont eu toute l'efficacité désirable, et , par elles, ces individus ont été soustraits à la douleur dont auraient infailliblement été. accompagnées les opérations diverses qu'ils avaient à subir. Avant de rap- porter, avec un peu plus de détails, un autre cas, je ferai remarquer que si la méthode dont on s'empresse tant, et avec tant de raison,d'apprécier la valeur, est reconnue vraiment bonne, vraiment utile, elle le sera pour les opéra- tions peu graves en elles-mêmes comme pour celles qui ont beaucoup de gravité, c'est-à-dire qui peuvent avoir des conséquences fâcheuses, qui peuvent compromettre la vie ; car , parmi les premières , il en est beaucoup qui sont aussi douloureuses que peuvent l'être les opérations les plus graves, et même les plus cruelles en apparence : quelques-unes même le sont plus. Et, en général, dans les actes, toujours plus ou moins cruels , de la chirurgie, et qui sont toujours pour l'homme un sujet d'effroi, douleur et gravité ne sont que trop souvent compagnes l'une de l'autre : mais bien souvent aussi une opération est grave sans être très-douloureuse; et telle autre peut être accompagnée de très-vives douleurs sans avoir la moindre gravité : c'est ce dernier caractère que présentait l'opération pour laquelle, ce matin encore, j'ai obtenu un très-beau résultat des inspirations éthérées. » Un homme, fort jeune encore, qui, dans un autre temps et pour l'état même dans lequel il se trouvait, a déjà reçu les soins de M. Velpeau, avait à la partie inférieure de l'abdomen plusieurs ouvertures fistuleuses très-dis- ( i49 ) tantes les unes des autres, aboutissant à des clapiers, à des trajets sinueux, rampant dans l'épaisseur de la paroi abdominale, au moins sous la peau con- sidérablement épaissie, si ce n'était pas dans les interstices des muscles. Ce désordre était accompagné d'une suppuration abondante qui pouvait épuiser le malade. Depuis longtemps je proposais à ce jeune homme de diviser tous ces trajets fistuleux dont on ne pouvait pas autrement obtenir l'oblitéra- tion , d'enlever les portions de peau qui me paraîtraient trop altérées : tou- jours la crainte d'éprouver des douleurs trop vives l'avait empêché de suivre mes conseils. Averti enfin de ce qui se passait autour de lui, et encouragé par l'exemple d'autres compagnons d'infortune, il a cessé de redouter l'approche de l'instrument, et s'est livré à moi avec calme et confiance. Trois mi- nutes seulement d'inspirations éthérées bien conduites, et auxquelles le ma- lade se prêtait admirablement, ont suffi pour faire naîlre en lui, par de- grés, une ivresse douce , ou plutôt un sommeil tranquille, avec résolution complète et insensibilité des membres. J'ai pratiqué sans délai l'opéra- tion projetée, et dont j'avais bien arrêté dans ma pensée tous les temps, toutes les manœuvres, de manière à éviter tout tâtonnement. Il a fallu faire quatre incisions assez étendues, retrancher quatre lambeaux de téguments. En tout j'ai donné huit coups de bistouri, distincts et prolongés. Le malade n'a exécuté aucun mouvement; il n'a pas fait entendre la moindre plainte. J'a- vaisfini, et son sommeil continuait: la projection de quelques gouttes d'eau à la figure a provoqué le réveil, qui a été soudain , complet immédiatement, sans phénomènes de transition, sans agitation , sans loquacité comme sans accès de gaieté. Selon ce que nous a dit ce sujet, il s'était senti s'endormir ; il avait dormi sans avoir fait de rêve, sans avoir eu aucune hallucination : il avait eu la conscience de quelques-uns de mes mouvements, avait cru entendre quel- ques-unes de mes paroles; mais il n'avait éprouvé aucune douleur. J'ai voulu le tromper un moment en lui disant qu'une première expérience seulement avait été faite sur lui, que besoin était de le soumettre à une seconde, qui aurait sans doute le même résultat, et qu'alors je ferais l'opération à laquelle il avait consenti : grande fut sa surprise et aussi sa satisfaction , quand après quelques instants, je lui laissai voir une grande plaie que j'avais tenue cachée, . et lorsqu'il eut la certitude que ses désirs étaient accomplis. » ( i5o ) PHYSIOLOGIE. — Sur les inconvénients que peut avoir, dans certains cas chirurgicaux, l'insensibilité déterminée par l'inhalation de l'éther; par M. Lallemand. " M. Lallemand fait observer que l'absence de contraction musculaire n'est pas toujours un bien. Si l'on peut en tirer parti pour la réduction des luxations, etc., dans certaines amputations, le défaut de rétraction des mus- cles peut être cause de la conicité du moignon. Ainsi, par exemple, dans les amputations de la cuisse, les muscles superficiels se rétractent plus que les muscles profonds , parce qu'ils sont plus longs et n'adhèrent pas à l'os ; il faut donc couper les muscles profonds plus haut, quand les premiers ont été divisés, et scier l'os le plus haut possible, afin d'avoir ensuite assez de muscles pour le recouvrir, sans quoi le fémur fait saillie sous la peau , la tend, la comprime contre le cuissard, déchire la cicatrice, etc. Les incon- vénients de la conicité sont si grands après les amputations de cuisse , qu'on a souvent été forcé de pratiquer la résection de l'extrémité du fémur, long- temps après la guérison. Or on sait parfaitement, depuis longtemps, que la cause principale de cette conicité fâcheuse est la rétraction consécutive des muscles, et surtout des muscles superficiels; mais cette rétraction con- sécutive sera d'autant plus grande, que les muscles se seront moins retirés avant la section de l'os, et ils ne se retireront pas du tout s'ils se trouvent dans un état complet de relâchement par l'action de l'éther. « Quant à l'absence de sensibilitjî, il est des cas où l'on peut avoir à la regretter : ainsi, par exemple, quand on applique une ligature sur une ar- tère , si quelque rameau nerveux a été embrassé par le fil , on en est averti par la douleur vive qu'éprouve le malade au moment où l'on serre la ligature; on peut alors la détacher, pour isoler mieux l'artère, avant d'en appliquer une autre, sans quoi le nerf comprimé peut devenir cause d'accidents ner- veux très-graves et même mortels : mais si le malade ne sent rien , il est évident que l'opérateur ne pourra être averti par rien de la présence d'un rameau nerveux dans la ligature, car les filets qui accompagnent les artères sont souvent très-petits et perdus dans le tissu cellulaire ambiant. » Il faudrait donc tenir compte de toutes ces circonstances avant de porter un jugement définitif sur les avantages de l'action de l'éther pendant les opérations chirurgicales, d'autant plus que cette action n'a pas toujours présenté les mêmes caractères chez les différents malades dont on vient de parler. » ( i5i ) PHYSIOLOGIE. — Réflexions de M. Serres , relatives à la question débattue. « La dissidence qui existe entre nos collègues est, au fond , plus apparente que réelle. Si M. Magendie avait assisté à la séance où il a été question , pour la première fois, des effets singuliers produits par les inspirations dether, il aurait vu que MM. Roux et Velpeau avaient les mêmes appréhensions qu'il manifeste; il aurait vu qu'ils en appelaient, l'un et l'autre, à une sage expérimentation avant de se prononcer sur la valeur de ce moyen en méde- cine opératoire. » Mais notre collègue , M. Magendie , a raison quand il dit qu'il est des opérations chirurgicales dans lesquelles il est nécessaire que le malade con- serve la pleine conscience de lui-même. Indépendamment des cas qu'il a cités, on conçoit que dans l'opération de la taille, au moment où la pierre est saisie; on conçoit que, pendant le cours du broiement dans la litho- tritie, la membrane muqueuse de la vessie pouvant être pincée, il est nécessaire que le chirurgien en soit averti par la douleur que le malade éprouve. On conçoit également que c'est avec la plus grande circonspection qu'on doit recourir aux inhalations d'éther dans l'application du forceps. I) Ainsi que l'ont observé MM. Magendie et r^allemand , dans les ligatures artérielles, l'insensibilité des malades peut exposer le chirurgien à lier un nerf avec l'artère. Cet inconvénient , dont les suites peuvent être si graves, est réel; mais l'absence de la douleur permettant à l'opérateur de disséquer avec soin l'artère et de l'isoler complètement des tissus environnants, des mains habiles et prudentes sauront prévenir ce fâcheux résultat. » Toutefois, les observations qui ont été publiées, ainsi que celles qui ont été rapportées dans cette séance, renferment des données curieuses re- lativement à la perception des sensations. > c V.>. --if-, » N'est-ce pas un fait très-i'emarquable , que, pendant qu'un malade reste insensible à la douleur que provoque toute opération , son imagination se replie sur elle-même et perçoive des sensations si diamétralement opposées à celles qne la douleur devrait lui faire naître? " N'est-ce pas un fait très-remarquable, que, pendant qu'un malade reste insensible à l'opération, la sensibilité des sens ne soit pas suspendue, qu'il voie ce qui se passe autour de lui , qu'il entende ce qui se dit ? " N'est-ce pas un fait inattendu, que celui de ce malade dont vient de parler M. Velpeau, lequel entendait le déchirement des tissus produit par l'instrument dans la région parotidienne , tandis qu'il restait insensible à la perception de la douleur? , ( i50 ■ » Le plaisir el la douleur sont les deux sensations primordiales , dont toutes les autres se rapprochent ou s'éloignent par des nuances insensibles; ce sont les deux modes élémentaires de la sensibilité, dont il est très-important de connaître la nature. Or, pour y parvenir, il faut analyser les effets : les inha- lations d'éther, l'état qui leur succède avant et pendant les opérations, me paraissent un moyen nouveau de porter cette analyse à un haut degré de perfection, pourvu toutefois que leur résultat soit utile aux malades. » M. Payen dépose sur le bureau, afin de prendre date, une Note qu'il se propose de lire dans une prochaine séance. RAPPORTS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un Mémoire de M. le docteur Van Hecke , ayant pour titre : Nouveau système de locomotion aérienne. (Commissaires, MM. Poncelet, Seguier, Babinet rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. Poncelet, Seguier et moi, de lui faire un Rapport sur un Mémoire de M. le docteur Van Hecke, de Bruxelles, intitulé : Nouveau système de locomotion aérienne. Dans un sujet qui a si souvent occupé l'activité de l'esprit humain, tant pour la théorie que pour la pratique, notre Rapport a dû se bornera vous faire connaître les ré- sultats des expériences que l'auteur a mises sous les yeux de la Commission. » Le docteur Van Hecke renonce formellement à l'idée de prendre un point d'appui sur l'air pour se mouvoir en sens contraire du vent : son sys- tème consiste, comme celui de Meusnier, à chercher à diverses hauteurs des courants favorables à la direction qu'il veut suivre ; mais son pro- cédé diffère de celui de Meusnier, qui voulait comprimer ou dilater l'air dans une capacité intérieure au ballon. La question que s'est proposée M. Van Hecke se réduit donc à trouver un moyen facile de monter et de descendre verticalement sans employer, comme on le fait ordinairement, une perte de lest ou une perte de gaz, l'une et l'autre évidemment irré- parables. » M. Van Hecke a cherché, dans un moteur artificiel, une force capable d'élever ou de déprimer l'aérostat à volonté, et il s'est adressé naturellement à l'un de ces moteurs qui, tels que les ailes du moulin à vent, l'hélice, les turbines, etc. , transforment, sans réaction latérale, un mouvement rotatoire en mouvement rectiligne suivant l'axe, ou réciproquement. Un appareil analogue, à ailes gauches, a été mis sous les yeux de votre Commission, et, ( i53) par sa réaction sur l'air, a produit facilement une force ascensionnelle ou descensionnelle de 2 à 3 kilogrammes, ce qui, avec les quatre moteurs pa- reils, que M. Van Hecke adapte à sa nacelle, constituerait une force d'en- viron 10 à 12 kilogrammes. Ajoutons que cet effet, loin detre exagéré, a été obtenu, sans grand effort, avec des ailes à peu près carrées, dont la dimen- sion était seulement d'un demi-mètre de côté ; ainsi , rien n'empêche d'admettre qu'avec une puissance suffisante, on pouri-ait arriver à se procurer, par ce procédé, 5o, 60 ou même 100 kilogrammes de lest ascendant ou descendant. >' L'estimation de la pression d'un courant d'air d'une vitesse donnée, sur une surface d'une étendue et d'une inclinaison connues, pouvait sans doute, approximativement, conduire par le calcul à l'effet de l'appareil de M. Van Hecke; mais l'Académie sait trop combien les aperçus mécaniques les plus probables ont besoin de confirmation pratique, pour ne pas juger indispen- sable que ses Commissaires aient été témoins de l'action du moteur de M. Van Hecke. » Il reste à savoir si la force obtenue sera, dans tous les cas, suffisante pour faire monter ou descendre l'aérostat. Or, dans un ballon ordinaire, c'est l'action des rayons solaires qui détermine les plus subites variations de légèreté spécifique. Notre aéronaute expérimenté, M. DupuiS'Delcourt, n'es- time pas que l'action du soleil puisse dépasser 10 à 12 kilogrammes, et en- core dans un espace de temps assez long. Ainsi, le moteur de M. Van Hecke serait suffisant dans ce cas extrême; et d'ailleurs, le procédé d'ascension et de descente facile de l'auteur, en permettant de faire osciller le ballon de haut eu bas et de bas en haut, renouvellerait le contact de l'enveloppe avec l'air ambiant, et préviendrait, en grande partie, l'effet de réchauffement direct produit par les rayons solaires. Conclusions. » I^a Commission, qui a constaté l'efficacité du moyen employé par M. le docteur Van Hecke, vous propose de donner acte à l'autenr du résultat fa- vorable de ses expériences , sans rien préjuger d'ailleurs sur toute question de priorité d'invention ou d'application de son mécanisme. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'A- C. R. ,iS47, i«r Se„„„,,. (T. XXIV, N»».) ' 21 ( i54 ) cadémicien libre, vacaote par suite du décès de M. Borj de Saint- Fincent. Cette Commission doit être composée de sept membres, savoir : du Prési- dent de l'Académie, de deux Académiciens libres, de deux membres pris dans les Sections des Sciences mathématiques , et de deux autres pris dans les Sections des Sciences physiques. Au premier tour de scrutin , MM. Héricart de Thury et de Bonnard , Arago et Biot, Flourens et Chevreul réunissent la majorité des suffrages. MÉMOm£S LUS. PHYSIOLOGIE. — Recherches sur la structure intime de la masse musculaire et de la membrane tégumentaire de la langue^ dans l'homme et les mammifères ; parM. J.-M. Bourgery. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Magendie, Serres, Flourens.) u Je crois pouvoir déduire de mon Mémoire les conclusions suivantes : A. Structure de la masse musculaire de la langue. " 1°. On admet qu'il existe huit muscles pairs dans la langue. Outre les quatre muscles dits extrinsèques, aux quatre muscles intrinsèques, très-bien décrits par M. Gerdy, il convient d'en ajouter un cinquième, que j'appelle Yoblique latéral. Il forme une portion considérable de l'épaisseur des bords de la langue , dans les deux tiers externes de sa moitié antérieure. L'ad- mission de ce muscle dans la science n'est qu'une réhabilitation , car il avait déjà été décrit et figuré par Malpighi, qui le considère, avec raison, comme un rélracteur du dos et des bords de la langue [Jibrœ dorsum et latera (linguae) trahentes\. » 2". En thèse générale, tous les muscles extrinsèques, d'abord assez grêles à leur attache extérieure , s'élargissent graduellement en approchant de la langue, et acquièrent une masse encore bien plus considérable en entrant dans sa substance, dont ils forment la portion la plus considérable. Ce fait se montre de lui-même pour le génioglosse. Quant aux autres muscles extrinsèques, l'hyoglosse, le glossostaphylin , et, jusqu'à un certain degré, le styloglosse, outre leurs faisceaux superficiels bien connus, ils envoient dans l'épaisseur de la langue des pinceaux de fibres rayonnées , qui s'y entrecroisent les unes avec les autres et avec les fibres des muscles in- trinsèques. » 3°. La distinction entre les muscles extrinsèques et intrinsèques n'est que fictive. Les muscles extrinsèques ne peuvent être considérés comme tels que dans leurs appendices extérieurs à la langue, formant les attaches ( i55 ) mobiles de cet organe en divers sens pour des mouvements généraux. Par- venus dans la substance de la langue, à quelque muscle qu'elles appar- tiennent, toutes les fibres se ressemblent par leur aspect et leur mode d'in- trication. Elles tiennent le milieu entre les muscles de la vie organique et ceux de la vie animale. » 4''- Pour se faire une idée précise de la langue, dans l'ensemble de son appareil musculaire, il faut se la figurer comme étant formée plus essen- tiellement de deux masses musculaires principales. L'une , constituée par la gerbe épanouie des deux génioglosses , est horizontale et oblique dans la portion pharyngienne de la langue, puis successivement verticale et oblique dans sa portion buccale; l'autre masse, ou le muscle lingual longitudinal, est verticale en arrière et horizontale dans la bouche : de sorte que le lingual, écarté sous la langue pour laisser entrer le cône des génioglosses, s'entre- croise avec ces muscles , fibre à fibre, dans l'épaisseur de l'organe. » A cette masse en T, formée par les génioglosses et le lingual , viennent s'adjoindre comme annexes : i° les faisceaux superficiels des muscles extrin- sèques; 2° leurs faisceaux profonds, et, avec ceux-ci, les muscles intrinsèques verticaux, obliques et transverses, qui traversent, chacun dans une direc- tion différente, la masse des génioglosses et du lingual longitudinal. De l'entrecroisement mutuel des fibres de toutes sortes des muscles de la langue , dans son épaisseur, résulte cette intrication en natte, signalée par Malpighi, et que Von a nommée. \e noj-au central de Baur. B 5°. F^ues au microscope ^ toutes les fibres de la langue ont les mêmes caractères, et, par conséquent, sont au même titre des fibres intrinsèques. Elles sont aplaties, rubanées, c'est-à-dire que leur tranche est ellipsoïde. Leur plus grand diamètre est de o°"",5o à i millimètre et i^^'jaS ; leur petit diamètre, moitié moindre, est de o'°™,a5 ào"™,75. En général, les rapports des diamètres varient avec la direction des fibres, de sorte que le plus grand diamètre est vertical dans les fibres longitudinales et transversales , et antéro- postérieur dans les fibres verticales. :» 6". Aucune fibre de la langue n'est droite ou plutôt directe, comme le sont, en général, celles des muscles de la vie animale. Dans la fibre lin- guale, la direction rectiligne n'est que la résultante moyenne d'une série con- tinue de petites inflexions alternes, autour des fibres voisines, qui se com- pensent de l'une à l'autre. C'est de ces inflexions correspondantes des fibres des divers muscles, à la rencontre les unes des autres, pour se contourner dans leurs entrecroisements , que résulte le tissage en natte de la masse cen- trale de la langue. ,. ;, ,:■ ■.i- .'■■■■■ ■ ai.. (i56) » 7". Dans cette trame commune , toutes les fibres de la langue se lient par une fusion mutuelle les unes avec les autres , mais d'une manière qui varie , dans cbacuue d'elles, d'un point à un autre, suivant l'inclinaison des fibres qu'elle rencontre dans son parcours. Les fibres parallèles d'un même muscle s'ac- coleut sur toutes leurs faces, en formant, pour ainsi dire, une seule masse ^ mais criblée de fentes ou de canaux ellipsoïdes de passage pour les autres fibres , ainsi que pour les vaisseaux et les nerfs ; les fibres dont les inclinai- sons se rapprochent , se fondent insensiblement , et arrivent à se continuer les uues datjis les autres ; enfin , celles dont les directions sont mutuellement perpendiculaires ou obliques entrecroisées , ne se lient que de distance à autre par des branches communes de jonction. ') 8°. De cette organisation générale de la langue, il suit que les nombreux faisceaux charnus, si variés de direction, se fondant tous les uns avec les au- tres, fibre à fibre, à tous les plans , la langue elle-même, malgré l'extrême di- versité de ses mouvements, en rapport avec les inclinaisons de ses faisceaux , peut être néanmoins considérée, dans son ensemble, comme un seul muscle dont toutes les parties sont solidaires; de sorte que, tous les muscles con- courant à la fois, chacun à sa manière, aux mouvements généraux de l'or- gane, chaque muscle spécial aussi, pour sou mouvement propre, est aidé d'une manière et dans une proportion différente , par tous les autres , c'est- à-dire par la masse musculaire linguale en son entier. B. Structure interne de la membrane tégumentaire de la langue. » 1°. Jusqu'à ce jour, les anatomistes n'ont jamais reconnu, dans la mem- brane tégumentaire de la langue, que trois couches superposées, de texture différente : en fait , il en existe cinq , et même une sixième de liaison , in- termédiaire aux deux plus profondes. " 2°. Les trois couches, partout admises, ïépithélium, le corps muqueux et le derme, superposées l'une à l'autre, soutint imementunies, et ne se sépa- rent, surtout les deux dernières, que par fragments, et après une macéra- tion prolongée. Au contraire, par arrachement, et en procédant avec len- teur, ces trois couches , sans se disjoindre, se détachent avec facilité, en une seule pièce, de la surface de la langue. Il est donc évident que l'épithélium , le corps muqueux et le derme forment en commun l'enveloppe superficielle de la langue. C'est proprement la membrane tégumentaire de cet organe ; et, comme la composition organique de ce tégument est analogue à celle de la peau , je l'appelle la membrane dermique de la langue. » 3°. Au-dessous de cette membrane tégumentaire, les deux autres cou- ches, ou les membranes sous-dermiques, sont de te-xture très-différente. lia première est une couche nerveuse continue, surface depanouisse-' ment des nerfs, et d'où s'élèvent les papilles : je nomme cette membrane nerveuse, elles papilles qui en naissent le corps papillaire. La seconde cou- che, de nature purement fibreuse, n'est autre qu'une aponévrose d'inser- tion périphérique des muscles de la langue. Entre ces deux dernières n>eni- branes est une couche adipeuse, dans laquelle rampent les vaisseaux et les nerfs qui émergent de la substance musculaire , au travers de l'aponévrose , pour se rendre dans le corps papillaire. » 4°- Le corps muqueux , comme il résulte des observations de M. Flou- rens, forme une membrane continue , et ne justifie en aucune manière les noms de réseau muqueux et de corps criblé, sous lesquels on l'a si longtemps désigné. Il s'étend de l'une à l'autre entre les papilles, et tapisse, sans soUt- tion de continuité , leurs cornes épithéliales. D'une organisation très-vascu- laire, il reçoit ses vaisseaux capillaires infiniment petits de la surface extérieure libre des papilles et de la membrane papillaire au travers du derme. >' 5°. Le derme de la langue, de structure purement fibreuse, offre d'ailleurs une organisation très-curieuse et toute spéciale. A cette membrane, en réalité, convient parfaitement l'épithète de corps criblé , qui, dans l'état actuel delà science, ne peut plus se rapporter à la couche sous-épithéliale. 11 est, en effet, criblé comme uneécumoire par des milliers de trous ou de canaux microscopiques qui donnent passage aux papilles et aux capillaires sanguins, nés de la surface de la membrane papillaire. Les canaux des pa- piUés, circulaires, ovalaires ou ellipsoïdes, offrent de ^, ^, -1, jusqu'à i, 3 et 4 millimètres de diamètre , suivant le volume différent des papilles, des filiformes aux caliciformes, chez les divers animaux. Les canaux sanguins varient de |- à -j^r de millimètre. Indépendamment de ces canaux qui le tra-- versent perpendiculairement, le derme renferme encore trois ou quatre couches de réseaux capillaires sanguins , parallèles aux surfaces membra- neuses , et qui le partagent en autant de feuillets stratifiés. Ces réseaux sem- blent de petits sinus veineux interposés dans l'épaisseur de la membrane fibreuse, car ils ne s'injectent facilement que par les veiues. Le derme, par sa densité, contribue bien, surtout chez les grands animaux, à affermir la surface de la langue ; sous ce rapport on peut le considérer comme la sur- face d'écrasement du bol alimentaire contre les parois de la bouche. Mais séparé, comme il l'est, par la membrane papillaire, de la masse de la lan- gue, ce n'est point lui, comme on l'a cru, qui donne insertion à ses fibres musculaires. » 6". Le corps papillaire de la langue constitue un organe à part bien < i58 ) distinct. Les papilles naissent par des espèces de racines des bandes nerveuses dont leur membrane sous-jacente est elle-même formée. A partir de cette membrane, les papilles sont renfermées dans des étuis ou des fourreaux con- stitués d'abord par le derme, et, au-dessus de lui, pa ' le corps muqueux et répithéliiim. C'est donc bien à tort que les anatomistes, depuis Malpighi, considèrent les papilles comme des prolongements de la surface externe du derme. En réalité, les rapports de cette membrane fibreuse avec les papilles se bornent à leur fournir des tubes de protection qui les maintiennent érigées. >• 7°. La couche adipeuse très- mince , qui est sous-jacente à la membrane papillaire, ne se présente que chez l'homme et les animaux adultes; elle n'existe pas encore dans le jeune âge, \j aponévrose sus • linguale , épaisse de ^ à 1 millimètre, chez les divers animaux, est formée de fibres obliques entrecroisées, interceptant des fentes ellipsoïdes de passage pour les nerfs et les vaisseaux. Par sa face profonde, elle donne insertion aux fibres mus- . culaires et envoie des prolongements fibreux entre leurs faisceaux. » CORRESPOiXDAJXCE. > VL'étendue des communications relatives aux effets de l'éther, ayant oc- cupé une grande partie de la séance, et l'Académie devant se former en comité secret pour la discussion des titres des candidats à la place de (Cor- respondant, vacante dans la Section de Géométrie, la lecture de la corres- pondance est renvoyée à la séance prochaine. Cependant, M. le Secrétaire perpétuel donne communication d'une Lettre de M. Fèvre, qui demande à être compris dans le nombre des candidats pour la place d'Académicien libre, vacante par suite du décès de M. Borj de Saint- t^i/went. Cette demande est renvoyée à l'examen de la Commission désignée ci- dessus. Un orgue qui se joue par une seule touche, et qui avait été, dès le com- mencement de la séance, mis sous les yeux de l'Académie, est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Poncelet, Seguier et Despretz ; Commission à laquelle l'Académie des Beaux-Arts sera invitée à adjoindre quelques-uns de ses membres. Cet instrument a été inventé et construit par M. Ac&lik , facteur d orgue* à Grenoble. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. ;'v*-.>' ( i59) ^ COMITÉ SECRET. La Section de Géométrie présente la liste suivante de candidats pour la place de Correspondant, devenue vacante par suite de la nomination de M. Jacobi à une pface d'Associé étranger. Au premier rang : I M. Lebesgue, à Bordeaux; ' Au second rang , et par ordre alphabétique : MM. Ostrogradski, à Saint-Pétersbourg; Richelot, à Berlin; .... Sarrus, à Strasbourg; Steiner, à Berlin; Stern, à Gœttingue. Sur la proposition d'un membre, M. Laurent, capitaine du génie, résidant au Havre, est admis par l'Académie comme un des candidats à la place vacante. Les titres de ces divers candidats sont discutés, li'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu , dans la séance du aS janvier 1847 ' "^^ ouvrages dont voici les titres: < V • '^'v' - \s:: \ Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences, i"* semestre 1847, "" ^' i°-4"- Bulletin de l' Académie royale de Médecine; tome XII , n° 7 ; in-S". Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 54° et 55® livraisons; in-S". Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et PoiRRÉ; n" 1 1 , décem- bre 1846; in-S». Fojage dans la Russie méridionale et la Crimée, par la Hongrie, la Val- dachie et la Moldavie, exécuté en iSSy sous la direction de M. Démidoff 12 livraisons in-folio. Excursion pittoresque et archéologique en Russie, par le Havre, Hambourg , Lubeck, Saint-Pétersbourg, Moscou, et exécutée en 1839 so»5 la direction de M. DÉMIDOFF; 3*" livraison; in-folio. Observations météorologiques faites à Nijné-Taguilsk [monts Ourals), gouver- nement de Perm, année i845 ; in-8°. Recherches sur l'action magnétique de la Terre; par M. J. SiMONOFF. Kazan , i845;in-8''. ( i6o ) Iconographie ornithohgîque. — Nouveau recueil général de Planches peintes d' Oiseaux , pour servir de suite et de complément aux Planches enluminées de Buffon, et aux Planches coloriées de MM. Temminck et Laugier de Ghartrouse; par M. O. Des MurS; livraisons 4, 5 et 6 ; in-folio. Du Patronage , ou de l'Influence par ta Charité. — Discours prononcé par M. Boucher de Perthes , président de la Société rojale d'Emulation d'Abbe- vitle, dans la séance du 8 mai 1846; in-8°. Essai statistique sur les Etablissements de Bienfaisance ; par M. le baron DE Watteville; brochure in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le concours de Statistique. ) Note sur le Débordement desjleuves et des rivières; par M. PoLONCEAU ; bro- chure in-B". Notice des Travaux de la Société de Médecine de Bordeaux; par M. Borguet, secrétaire général; brochure in-S". Journal de la Société de Médecine de Bordeaux, année 1 846 ; in-8°. Chacun doit-il être propriétaire et responsable de ses œuvres? par M. JOBARD . Bruxelles, 1847 ; in-S". Notice historique sur P.-J. Redoutéypar M. B0NAFOU.S. Turin, 1846; in-B". Travaux du Comice agricole provincial de Saint-Jean-de-Maurienne [Savoie). Turin, 1847; i"-8°- A monograph. . . Monographie des Crinoïdes vivantes et fossiles; par MM. Thomas Austin; n° 5; ia-4°. C.-J.-F. Jacobi. . . Opuscula Mathematica; vol. \". Berlin, 1846; in-4°. Die Gesetze . . , Sur les Lois de la double réfraction; par M. Neuman. Berlin , in-4°. Die mathematischen . . . Lois mathématicfues des courants d'induction; par le même. Berlin, 1846; in-4''. Journal fur die. . . Journal de Mathématiques pures et appliquées ; tomes XXll et XXIII; huit livraisons. Berlin, 1846; in-4''- Rendiconto . . . Comptes rendus des séances et des travaux de l'Académie rojale des Sciences de Naples; n"' 28 et 29, septembre et octobre 1846 ; in-4°- Terzo Rendiconto. . . Troisième Compte rendu de l'Institut royal agrono- mique annexée à l'Université de Pise. Florence, 1846; in-8°. (Présenté par M. de Gasparin, au nom de l'auteur, M. RiDOLFi.) Sopra la. . . Sur la Bectification de l'ellipse sphérique, et sur la Division de ses arcs; par M. B. TORTOLINI. Rome, 1846; in-8°. ■ Soluzione. . . Solution d'un Problème relatif à l' ellipsoïde; par le même. ( Extrait de la Baccolta scientifica, %^ année. ) In-8°. Sulie linee . . . Sur les Lignes géodésiques et les Lignes de courbure des sur- faces du second ordre; par M. D. Chelini. Rome, in-8°. Degl' integrali... Des Intégrales multiples relatives aux surfaces^et aux volumes, et de leur transformation ; par le même. Rome, 1846; in-8°. Gazette médicale de Paris; 17" année , n" 4 > in-4°- Gazette des Hôpitaux; n"' 7, 8 et 9; in-folio. L Union ag)ùçole;n° i35. A. COMPTE RENDU DES SÉANCES ''tiif. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. ■■»»»« 'J (tS-'i SÉANCE DU LUNDI 8 FÉVRIER 1847. PRÉSIDENCE PE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président annonce la perte douloureuse que vient de faire l'Aca- démie, dans la personne de M. Dctrochet, décédé le 4 février 1847. PHYSIOLOGIE. — Note touchant les effets de l'inhalation éthérée sur la moelle e'pinière; par M. Flourens. « Première expérience : sur un chien. — Au bout de trente ou trente- cinq minutes à peu près, Tanimal, soumis à l'inhalation de l'éther, est tombé dans une insensibilité absolue. . , " Alors la moelle épinière a été mise à nu , sur un point de la région dorsale. » Pendant cette cruelle opération, l'animal n'a donné aucun signe de douleur. » La moelle épinière étant mise à nu, on a pincé, coupé les racines pos- térieures [nerfs du sentiment), et l'animal n'a rien senti. » On a pincé, coupé les racines antérieures (nerfs du mouvement), et aucun des muscles auxquels les nerfs venus de ces racines se rendent, ne s'est mû. G. R., 1847, i"Semej> Dès 1812 et i8i4, M. le baron Thenard, affecté de névralgie dentaire, cautérisait la dent avec quelques gouttes d'acide muriatique fumant, et il arrêtait la douleur atroce qui en était le résultat, en inspirant de l'éther pen- dant deux ou trois minutes. » Dans les derniers jours de janvier dernier, M. Honoré, médecin de l'Hôtel-Dieu , a vu céder comme par enchantement, après deux minutes d'inspiration d'éther, une névralgie faciale intermittente, qui jusque-là avait résisté à tous les moyens. » Désirant essayer sur des névralgiques l'action de l'éther, je me propo- sais d'abord de combattre les accès par les inhalations , et de chercher en- suite à obtenir la guérison de la maladie , en imbibant les ulcères des cau- tères avec de l'éther liquide; mais, avant de commencer ces essais, que je me proposais de faire d'abord sur un malade affecté de névralgie intei- costale, et qui porte deux cautères sur les gouttières vertébrales, qui pro- voquent des douleurs très-vives, je réfléchis que nous ignorions l'effet de l'imbibition de l'éther sur les tissus, et en particulier sur le système nerveux. • » Avant donc de procéder à ces essais, je jugeai prudent d'expérimenter sur des animaux l'effet des imbibitions éthérées. Ce sont ces premiers es- sais que j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie : on verra , par le résultat de ces expériences , qu'elles en exigent beaucoup d'autres , avant de pouvoir combiner l'imbibition de l'éther aux inhalations; elles sont en outre de nature à justifier la prudence que notre honorable collègue , M. Magendie, réclamait avec tant d'instance dans la dernière séance. Il Première expérience (i). — On dénude la cuisse gauche d'un lapin : l'ani- mal exprime une douleur très-vive pendant cette opération, qui s'étend aux deux tiers supérieurs de la partie interne du membre. On met sur les muscles dénudés une compresse pliée en quatre, imbibée d'éther sulfurique. Cette (1) Je suis secondé dans ces expériences par MM. Jacquard, Cloës, Biscard , aides-natu- ralistes au Muséum , et par M. Dagincourt, interne de ma division .1 l'hôpital de la Pitié. 22.. ( i64 ) application paraît tout à fait insensible. Les lambeaux de peau sont ramenés et maintenus sur la compresse. » À. Au bout de six minutes, on enlève la compresse; les muscles, mis à nu , sont irrités avec la pointe d'un scalpel que l'on enfonce même dans leur intérieur à une certaine profondeur. L'animal paraît à peine sentir ces différentes tentatives. La sensibilité des parties qui ont été en contact avec l'élher est très-affaiblie. » B. La sensibilité générale est également influencée; on ne détermine ni cris ni contractions chez cet animal , en lui enfonçant un scalpel pro- fondément dans différentes parties du corps. » C, Le nerf crural étant mis à nu, sa constriction entre les mors d'une pince détermine des cris et des contractions musculaires. » D. On verse quelques gouttes d'éther sur le nerf ainsi mis à nu : l'action des mors de la pince ne détermine pas de cris, mais seulement des con- tractions dans le membre. » Deuxième expérience. — On dénude la partie interne de la cuisse gauche du même animal , qui témoigne par ses cris des souffrances qu'il endure. Le nerf crural est mis à nu ; sa constriction entre les mors d'une pince détermine des cris et des contractions musculaires très-vives. Sa fa- culté sensitive ainsi constatée , » A. On verse sur le nerf et les muscles voisins quelques gouttes d'éther; l'impression du liquide ne paraît faire éprouver à l'animal aucune douleur par son contact. Le nerf, pincé et tiraillé après la volatilisation de l'éther , ne fait plus éprouver à l'animal aucune douleur, ni aucune contraction. » B. Au bout de trois minutes, même résultat. » C. Au bout de dix minutes, même insensibilité. » Troisième expérience. — On dénude la partie postérieure de la cuisse droite sur un lapin fort et très-vivace. ■; » Les nerfs sciatiques poplités internes et externes sont mis à nu. On détermine des cris et des contractions musculaires en les serrant entre les mors d'une pince. » Leur sensibilité ayant été constatée , on verse dans le creux poplité de l'é- ther en assez grande quantité, pour que les deux nerfs en soient recouverts. >' Le contact de l'éther ne détermine ni cris ni contractions ; l'animal ne paraît pas s'en apercevoir. « A. Au bout de deux minutes, ces deux nerfs, pinces comme précé- demment et tiraillés dans tous les sens , ne font pas jeter de cris à l'animal , et ne déterminent dans le membre aucune contraction. Ces tentatives n'ont sur lui aucune action. ( i65 ) n B. Trois minutes après avoir essuyé l'éther, les nerfs, pinces et tiraillés de la même manière, conservent leur insensibilité. » C. Dix minutes plus tard , même résultat. '"» D. Quinze minutes plus tard, même résultat. » E. Au bout de vingt minutes, on constate encore la même insensibilité du nerf, par les mêmes moyens. On tiraille alors le nerf de manière à le dé- tacher de la moelle épinière ; son arrachement ne détermine chez l'animal qu'une légère contraction des membres sans cri. • ' "' *^ ' vï '> 'a' ^'■' Il Quatrième expérience. — Sur le même animal, on dénude la partie postérieure de la cuisse gauche; il témoigne des douleurs que cette opé- ration lui fait éprouver, par ses cris et ses mouvements. On met à nu le scia- tique poplité externe, et l'on en reconnaît la sensibilité par la constriction des mors d'une pince: l'animal pousse aussitôt des cris et contracte énergi- quement le membre abdominal. v . ... " A. On verse sur le nerf deux gouttes d'éther; quand lé liquide est vo- latilisé, la constriction des mors de la pince fait pousser à l'animal des cris et détermine des contractions musculaires très- violentes. )> B. On verse de l'éther en assez grande quantité sur le nerf pour qu'il soit complètement immergé dans le liquide. Après la volatilisation de l'éther, le nerf, pincé et tiraillé, ne fait éprouver à l'animal ni contractions ni cris. » C. Au bout de vingt-cinq minutes, on constate la même insensibilité. » Cinquième expérience. — On dénude la partie interne de la cuisse droite d'un lapin; l'animal fait des mouvements énergiques, mais ne crie pas. Le nerf saphène est mis à nu jusque vers le pli de l'aine, on le saisit avec des pinces; cette constriction fait pousser des cris à l'animal et exécuter des contractions musculaires énergiques. » yé. On fait tomber sur le nerf quelques gouttes d'éther; l'animal ne té- moigne aucune sensation. • • * • !i B. Au bout de cinq minutes , le nerf serré entré les mors d'une pince est devenu insensible. Cette tentative ne détermine ni cris ni contractions. >' Sixième expérience. — Le nerf sciatique du même membre étant mis à nu, on le pique avec une épingle à insecte; celte manœuvre détermine des cris et des contractions vives dans le membre. « A. Au bout d'une minute d'immersion dans l'éther, la piqûre du nerf ne détermine aucun effet appréciable. » B. La constriction entre les mors d'une pince donne le même résultat. Elle est portée jusqu'au point de déterminer l'attrition complète de la sub- stance nerveuse. » C. On met sur le nerf, au-dessus du point où la substance nerveuse a C i66 ) été désorganisée, une éponge imbibée de teinture alcoolique de noix vomi- que ; le nerf est isolé par un morceau de taffetas gommé , de manière à em- pêcher la suffusion de la liqueur sur les parties voisines. » D. Au bout de dix minutes, on expérimente le nerf sur les parties qui ont été soumises d'abord à Téther, puis à la teinture de noix vomique. L'in- sensibilité persiste, même sous l'influence de la constriction par les mors de la pince, de même que le défaut de contraction. >• Septième expérience. — Sur un lapin fort et très-vivace, on met à nu le nerf médian du membre tboracique droit ; l'animal pousse des cris et s'agite violemment. » On glisse sous le nerf, bien isolé , un morceau de taffetas gommé , et on l'humecte avec une dissolution de chlorhydrate de strychnine. Au bout d'une demi-heure, pendant laquelle l'animal n'a pas présenté la plus légère con- traction , on examine si le nerf a conservé ses facultés sensitives et contrac- tiles; on a un résultat négatif: l'animal ne témoigne aucune sensation sous l'action des mors de la pince. On se demande alors si l'air, par son action sur un nerf mis à découvert, n'a pas seul la propriété d'y détruire les fa- cultés sensitive et contractile. On institue alors l'expérience comparative suivante. » Huitième expérience. — On met, sur le même animal, à découvert les deux nerfs sciatiques poplités internes; on glisse sous chacun d'eux un morceau de taffetas gommé; on verse quelques gouttes d'éther sur celui du côté gauche. )) A. Au bout de cinq minutes, on pique les deux nerfs d'une manière comparative , avec une aiguille à insecte; on n'obtient aucun résultat. » B. On serre le nerf qui a été soumis à l'action de l'éther, entre les mors d'une pince; on ne détermine aucune sensation. » D. On presse de la même manière le nerf qui n'a été soumis qu'à l'action de l'air; l'animal pousse des cris et s'agite violemment. » C. Le nerf, soumis à l'action de l'éther, étant pincé plus près de la ra- cine , dans un lieu qui n'a pas été mis en contact avec l'éther, l'animal pousse des cris et s'agite violemment. » Neuvième expérience. — On découvre le cervelet sur un lapin , au moyen d'une couronne de trépan; il s'écoule du sang en abondance par la plaie. A plusieurs reprises on fait tomber sur le cervelet mis à nu et privé de ses méninges, un filet d'éther, en ayant soin de préserver les narines, de manière que l'animal ne puisse en respirer. » yé. Au bout d'une demi-heure, on met à nu le nerf sciatique, on |e serre entre les mors d'une pince ; le lapin pousse des cris et s'agite. ( ï67 ) » B. Au bout de trente-cinq minutes , on fait de nouveau tomber sur le cervelet un filet d'éther. ' ; » C. Au bout de quarante minutes, on meta nulesoiatiquepoplitéinleme de l'autre côté; l'animal, malgré son extrême faiblesse, pousse encore des cris très-faibles et s'agite. " De ces premières expériences, on peut provisoirement déduire: " 1°. La sensibilité est abolie dans le nerf qui a été soumis à l'action de l'éther, dans les points qui ont été immédiatement soumis à cette action , et dans toutes les radiations qui émergent du nerf au-dessous de ce point. ') 2°. Dans la partie du nerf qui est au-dessus du point immergé dans l'éther, la sensibilité est conservée. :■ ^f '• .,.-:;. 0 » 3°. Pour tenir compte de l'action de l'air, on a fait l'expérience com- parative suivante : deux nerfs mis à nu , l'un a été immergé dans l'éther, l'autre soumis à l'action de l'air seulement. Expérimentés tous les deux au bout de cinq minutes, le premier était entièrement insensible sous le mors de la pince; le second avait conservé ses propriétés. » 4°- Dans toutes les expériences, les tentatives d'examen ont été faites en marchant de l'extrémité du nerf vers sa racine. >i 5°. D'après une action si instantanée de l'éther liquide sur le tissu nerveux, il devenait important de savoir si l'application immédiate de la strychnine sur le nerf ferait reparaître la sensibilité. » La teinture de noix vomique, la strychnine et le chlorhydrate de strychnine sont restés sans effets sur le nerf éthérisé. » 6°. La strychnine et le chlorhydrate de strychnine, appliqués immé- diatement sur un nerf normal, n'ont point produit de contraction. » 7°. Enfin, des expériences dans lesquelles nous laissons vivre les ani- maux, afin de constater la persistance des effets et leur succession, nous pourrons, dès à présent, conclure que la sensibilité et lamotilité sont abolies dans les rameaux nerveux situés au-dessous du point immergé dans l'çther, et dans les muscles auxquels ces rameaux vont se distribuer. >• En présence des résultats fournis par ces expériences, nous avons dû nous demander, comment agit l'éther liquide sur le tissu nerveux: >• Est-ce par une action sédative, analogue à celle de l'opium et de ses diverses préparations ? n Ou bien le tissu nerveux est-il altéré dans sa structure et sa compo- sition intime? » Si l'éther liquide ne détermine qu'un effet sédatif sur le tissu nerveux avec lequel il est en contact, cet effet devra cesser après un certain laps de temps, et l'action nerveuse reparaîtra comme elle existait précédemment. ( >68 ) On explique de cette manière les résultats qui ont été observés sur l'homme par suite des inhalations éthérées. » Si, au contraire, l'éther liquide altère la composition intime du tissu nerveux, on conçoit, non-seulement que l'effet devra être plus durable, mais même qu'il pourrait rester définitif. - » C'est vers cette dernière conclusion quenous conduisent nos expériences. » Et cette conclusion, si les expériences ultérieures la confirment, se trouverait en harmonie, d'une part, avec les résultats fournis par l'analyse chimique de l'encéphale et des nerfs; et de l'autre, avec l'action chimique de l'éther sur les matières grasses et l'albumine, que renferme le tissu ner- veux. L'action de la térébenthine et de son essence, auxquelles nous allons soumettre le tissu nerveux dans une autre série d'expériences , éclairera cette partie de la question , si toutefois le résultat est conforme à celui produit par l'éther liquide. » L'éther liquide, sur le tissu nerveux, agirait-il dès lors pendant la vie, comme il agit après la mort, en dissolvant ou altérant les éléments de ma- tière grasse qui entrent dans sa composition intime? Le tissu nerveux serait-il modifié dans sa structure? C'est ce quenous apprendront peut-être les études anatomiques et microscopiques que nous allons faire sur ces nerfs. » PHYSIOLOGIE. — Sur les effets de l'éther,- par M. Roux. « Les nouvelles communications relatives à l'inhalation des vapeurs éthé- rées, dont il s'est agi dans la Correspondance, sont pour moi une occasion toute naturelle de demander une explication à notre honorable collègue , M. Magendie. Mais, auparavant, j'ai une remarque à faire sur les appareils inspiratoires, sans cesse modifiés, que nos fabricants font déposer à chaque séance sur le bureau de l'Académie. Autant que qui que ce soit , j'applaudis aux efforts par lesquels on cherche à donner à ces appareils toute la per- fection dont ils sont susceptibles ; mais il ne faudrait pas que , dans le but de les rendre très-portatifs, très-maniables et propres en quelque sorte à figurer dans un salon , on les rendît moins propres à bien fonctionner. J'en ai vu dans lesquels le tube aspirateur est trop étroit (il l'est trop, quand il n'a pas un diamètre égal au moins à celui de la trachée-artère), et dans lesquels aussi le récipient n'a point assez de capacité. On conçoit que, si le récipient ne contient pas la quantité d'air que les poumons peuvent attirer dans une inspiration, celle-ci se complète aux dépens de l'air extérieur, qui passe trop rapidement sur l'éther et ne s'en imprègne pas à un degré convenable. Ce double défaut dans les appareils pourrait donc rendre les ( i69 ) inspitations d'air étbéré plus fatigantes pour les sujets qu'on y soumet, et moins efficaces dans un temps donné. >• Je viens à l'objet principal pour lequel j'ai pris la parole. Les pages ré- digées par M. Magendie pour le Compte rendu de la dernière séance repro- duisent exactement et dans tous ses détails l'accusation à laquelle notre col- lègue s'était livré verbalement contre l'usage des vapeurs éthérées, et les re- proches qu'il avait adressés aux expérimentations qui occupent en ce moment presque tous les chirurgiens. M. Magendie est constant, jusqu'ici au moins, dans sa manière de voir , et nul n'a le droit de le contredire sous ce rapport. Mais était-ce bien chose convenable que , dans une Lettre adressée par lui au Journal des Débats et insérée dans ce journal, après s'être plaint des termes dont on s'était servi en rendant compte de son opinion , il déclarât que , depuis la dernière séance de l'Académie, des faits aussi graves qu'affligeants sont venus justifier les appréhensions qu'il avait manifestées? En tout ce qui touche à la physiologie et aux lumières que la médecine peut en tirer, les opinions de M. Magendie ont trop de valeur, ses paroles sont d'un trop grand poids , pour que les personnes du monde n'en reçoivent pas quelque impression. Dans les circonstances présentes, on doit être attentif à ne point exagérer les espérances qu'on peut fonder sur le moyen nouveau qui occupe tous les esprits; mais il faut l'être aussi à ne point propager légèrement des bruits sinistres, comme à ne pas donner créance à des événements fâcheux qui seraient sans réalité, et jeter de l'inquiétude dans les esprits. Je sup- plie donc notre honorable collègue, M. Magendie, de vouloir bien nous communiquer les faits graves et affligeants qui sont parvenus à sa connais- sance. » Je suis fort à l'aise en priant notre collègue de s'expliquer à cet égard: car, dans le sujet en question, notre dissidence n'est point entière et abso- lue; nous nous rapprochons par quelques côtés. Comme M. Magendie, même bien avant lui , et dès les premières réflexions que j'ai présentées à l'Académie à propos des vapeurs éthérées, j'exprimais le désir que, jusqu'à ce que l'expérience eût définitivement prononcé, le récit de nos tentatives n'eût pas une trop grande publicité: du moins, j'aurais voulu qu'il en pût être ainsi. Gomme M. Magendie, et avant qu'il en donnât le conseil , j'avais pensé que les chirurgiens, dans leurs expérimentations, devaient agir avec beaucoup de circonspection, et ne sauraient s'imposer une trop grande prudence. Tout d'abord même, j'avais établi, et je répétais encore dans la dernière séance de l'Académie, que, la chirurgie dût-elle pouvoir maniera son gré les inhalations d'éther , et ce moyen dût-il produire constamment C. h., iS'^-j, i" Semestre. {T XXIV, NoG.) ^'^ ( t^o ) l'effet pritiGipal qu'on en attend , il est un grand nombre d'opérations qui n'en comporteront jamais l'usage, tfès-vraisemblablement au moins. C'est encore ce que je pense maintenant. » Si M. Magendie a ï-éellement à faire connaître à l'Académie quelques résultats fâcheux, quelques malheurs observés à la suite des expérimentations par les vapeurs éthérées , comme lui, je les déplorerai; mais, en ce moment, je jouis en pensant que je n'en ai pas été témoin, et que je n'ai encore eu à obsei'ver rien de grave ni de décourageant, dans les faits qui me sont pafti- caliers. J'en ai neuf nouveaux depuis lundi dernier; ils sont en tout au nombre de vingt. Pour économiser les instants de l'Académie, je m'abstiens en ce moment de nouvelles communications, et ne les ferai aujourd'hui que dans le cas où la discussion s'engagerait après ce que va dire, sans doute, M. Magendie. n, PHYSIOLOGIE. — Réponse de M. M&cENDrE à l'interpellation de M. Roux. « Si, dans la séance précédente, mes paroles ont été empreintes d'une certaine vivacité, je vous prie de remarquer qu'elles s'adressaient moins au nouveau moyen thérapeutique qu'à l'extrême empressement qu'on a mis de toutes parts à l'expérimenter sur des malades. J'ajouterai que j'étais souf- frant, ce qui m'a empêché de conserver le cahue et la modération, qui sont, sinon dans mon caractère, du moins dans mes habitudes. Mais si je suis dis- posé à faire toutes concessions quant à la forme , je n'ai malheureusement rien à retrancher de ce que j'ai avancé sur le fond. » Pendant la semaine qui vient de s'écouler, la question de l'ivresse par l'éther n'a cessé d'être l'objet de la préoccupation générale. L'enthousiasme se soutient, s'accroît même; il s'est établi des exhibitions publiques où l'on peut se donner le spectacle des effets merveilleux de l'éther. » La presse, comprenant mieux ses devoirs, a enregistré les faits de toute nature qui se sont produits. Je vois avec plaisir qu'elle commence à prendre ses réserves, et qu'à un enthousiasme irréfléchi va succéder une apprécia- tion plus calme , et par cela même plus clairvoyante. Ainsi se dresseront des statistiques qui, enregistrant avec impartialité les cas heureux et les cas malheureux , permettront d'apprécier à sa juste valeur le moyen proposé. On ne saurait trop imiter la conduite honorable des praticiens qui, tels que notre confrère M. Roux, publient avec un égal empressement leurs revers et leurs succès; sans quoi les statistiques seraient frauduleuses et deviendraient une source d'erreurs. ( I70 » L'ivresse par l'éther, envisagée indépendamment de ses applicalions chirurgicales , a des phénomènes beaucoup plus variés et même beaucoup , plus disparates que je ne le supposais dans la séance de lundi dernier. Ainsi, elle peut être par elle-même l'occasioa de douleurs très-vives et insuppor- tables; elle plonge souvent dans les rêves les plus pénibles : j'ai entendu dire à une jeune- femme qu'elle s'était crue au moment de mourir dès les premiers instants de l'inhalation. L'éther provoque, d'autres fois, des cris, des lamentations, des sanglots et autres indices de souffrances. >' M. Vidal (de Cassis) a cité trois cas où la sensibilité , bien loin de dimi- nuer ou de s'évanouir par l'éther, i('e§t m contraire exaltée et a rendu l'opération plus douloureuse. . -, » Ce genre d'ivresse détermine très-fréquemment des rêves qui, chose remarquable , se produisent presque à l'instant où l'on commence à respirer la vapeur. Pendant ces rêves, le sommeil n'est pas complet; on pourrait même penser qu'il n'existe pas. L'individu voit , entend , répond aux ques- tions , en proie à une préoccupation intérieure : bientôt les paupières se ferment, le globe de l'œil roule dans le haut de l'orbite, les pupilles sont contractées ; c'est à ce moment que l'insensibilité se manifeste. Pratique-t-on alors une opération; il arrive d'habitude que les rêves prennent un autre caractère : de gais et d'agréables, trop agréables même, ainsi que je le dirai bientôt , ils deviennent le plus souvent pénibles : certains malades se figurent qu'on leur pratique l'opération qu'on leur fait réellement ; d'autres qu'ils sont battus, maltraités, et leur plus grande souffrance est de ne pouvoir exhaler leurs plaintes. Un maquignon s'imaginait qu'on lui volait son cheval , etc. Au milieu de ces rêves, le patient est saisi parfois de violents transports, et, comme un fou furieux, il s'élance sur tout ce qui est à sa portée. " Si l'intoxication par la vapeur d'éther était poussée trop loin, nul doute que la mort n'en fût la conséquence immédiate. C'est du moins ce qu'on ob- serve sur les animaux. Il est certain que le même résultat arriverait chez l'homme , si la respiration de l'éther était trop longtemps prolongée. A l'autopsie , on trouve les poumons très-rouges , engoués avec des extravasations sanguines, très-semblables à celles qui suivent la section de la huitième paire. La mort dépendrait-elle du défaut d'action de ce nerf? Sur l'homme, les lésions qui suivent l'intoxication par l'éther sont à peu près les mêmes : heureusement qu'on n'a eu encore pas d'occasion de le vérifier. » L"ivresse de l'éther, de même que celle du vin et de l'alcool, laisse après elle des troubles fonctionnels qu'il importe d'étudier. Souvent il en résulte des céphalalgies opiniâtres, une sorte de delirium tremens, des rêvasseries, 23.. ( «72 ) l'affaiblissement de l'ouïe, de la vue, de la faiblesse et de l'inceititude dans la marche. » A l'hôpital de Versailles, trois femmes enivrées par l'éther pour simple extraction de dents, ont éprouvé, pendant plusieurs jours, des convulsions effrayantes qui ont nécessité l'emploi des moyens thérapeutiques les plus énergiques, etc. » .l'arrivé à un autre ordre de phénomènes dont j'ai hésité quelque temps à entretenir l'Académie , parce qu'ils soulèvent des questions fort délicates. n 11 est hors de doute que l'ivresse de l'éther amène, surtout chez les femmes , des rêves erotiques , et même , comme le disait l'une d'elles , des rêves d'amour complet. » On a vu des femmes ainsi enivrées s'élancer sur l'opérateur, avec des gestes et des propos si expressifs, que, dans cette singulière et nouvelle situation, le danger n'était plus pour la malade, mais pour le chirurgien. [Longue hilarité, interruption.) » Je serais désespéré qu'on supposât que j'ai eu l'intention de provoquer l'hilarité; je regarde, au contraire, comme très-graves ces conséquences de l'ivresse de l'éther. Je serais bien malheureux si ma femme, si ma fille avaient été le sujet de scènes analogues à celles dont j'ai été le témoin. J'ai vu, et M. Lallemand a vu comme moi, chez mon honorable confrère M. Amussat, une jeune et belle personne se présenter pour subir l'action de l'éther, avec ce maintien modeste, cette tenue pudique, ces traits de l'innocence qui appar- tiennent à toute jeune fille bien élevée; j'ai vu, dis-je, cette demoiselle, trans- formée, en moins de deux minutes, en une sorte de bacchante, riant aux éclats, parlant de ses rêves extraordinaires, comme on n'en fait pas, disait- elle. Sa figure, ses yeux langoureux et brillants étaient en harmonie avec ses sensations. » De tels faits, et j'en pourrais citer plusieurs autres, ne reportent-ils pas l'esprit vers les convulsionnaires de Saint-Médard , le baquet de Mesmer, et les pratiques du magnétisme moderne ? .) Et si le vice, la débauche, ou seulement la sensualité, vont chercher dans la vapeur d'éther ces jouissances dont se montrent si avides les pre- neurs de hatchis, les Thériaquis ottomans et les Chinois fumeurs d'opium, ne serait-il pas à craindre de voir s'introduire dans nos moeurs des passions déplorables, d'autant plus dangereuses qu'elles auraient l'attrait de la nou- veauté? On sait avec quelle frénésie les Orientaux et les Chinois s'abandon- nent à ces pratiques d'enivrement auxquelles ils sacrifient leur fortune , leur honneur et jusqu'à leur existence. Notre nature européenne , j'aime à le croire, ( 173) ne comporte pas de pareils délires; cependant, quand on réfléchit à la pas- sion pour le tabac et à l'accroissement prodigieux de sa consommation parmi nous, il est permis de conserver des craintes. » Je réponds maintenant à l'interpellation de mon honorable confrère M. Roux , qui m'a demandé quels sont les faits , aussi graves qu'affligeants, qui se seraient passés depuis la dernière réunion de l'Académie des Sciences. » Je faisais principalement allusion, par ces expressions, aux rêves ero- tiques, à la fureur utérine que provoque l'éther, et qui m'ont paru , comme ils me le paraissent encore, aussi affligeants que graves. Je faisais également allusion à un fait qui s'est passé dans l'un de nos grands hôpitaux, et qui, je crois, peut être qualifié, sans trop de sévérité, de la même manière. Je le rapporterai tel qu'il m'a été communiqué par plusieurs personnes qui assis- taient à l'opération, et dont l'une d'elles, médecin instruit, bon observa- teur, m'a fourni les détails : « Un homme grand, fort, robuste, vient à la Charité, mardi dernier » (2 février), pour subir l'excision des amygdales. Il est neuf heures et » demie. On lui fait respirer la vapeur d'éther : au bout de quelques mi- » nutes il tombe dans un état complet d'ivresse , et le chirurgien en pro- » fite pour l'opérer. Aussitôt après l'opération, il est pris de suffocations, » de toux convulsives. Le sang s'échappe de la bouche en quantité consi- » dérable. '• Le malade, soutenu par des aides, quitte, en chancelant, l'amphi- » théâtre. Il ne répond point aux questions : il ne paraît même pas les com- » prendre. Le chirurgien se préparait à faire une autre opération , lorsque » l'amphithéâtre et les salles voisines retentissent de cris lamentables. C'est » l'opéré qui est en proie à une affreuse angoisse. Sa face est pâle, livide. Il » se tient debout, agité d'un tremblement général, la peau est glacée. Par •> moments il se roidit , et secoue ses mains comme s'il voulait lutter contre » le mal qui l'obsède. Le pouls est à peine sensible : le sang continue à » couler avec abondance. » Jusqu'à onze heures ce malheureux n'a cessé de pousser les cris les » plus déchirants. On a jugé alors convenable de le coucher dans un lit de » l'hôpital , ce qui n'a pu se faire qu'avec difficulté , attendu la roideur et le » tremblement de ses membres. Peu d'instants après , il a éprouvé une syn- " cope qui s'est prolongée assez longtemps pour faire craindre qu'il ne fût » mort. Il accusait toujours un sentiment de. brûlure dans la gorge et la » poitrine. » Le lendemain le malade me dit que la crise ne s'était calmée que vers » une heure de l'après-midi : la nuit avait été sans sommeil. Il y avait eiv (174) « de ra(jitation. Ce n'est que le surlendemain de son admission qu'il put » quitter rhôpital. » » En réduisant ce fait à sa plus simple expression, à ce qui est in- contestable, voilà Un homme jeune, en pleine santé, qui vient dans un hôpital pour s'y faire couper les amygdales, opération simple, courte et généralement à peine douloureuse. Il a l'intention , tant il met peu d'impor- tance à ce qu'on va lui faire , de retourner chez lui immédiatement après l'opération. C'est, en effet , ce qui se voit tous les jours. Par le fait de l'éther, cet homme est, durant plusieui's heures consécutives, dans un état alarmant, tantôt poussant des cris de détresse, tantôt éprouvant des défaillances, et même une syncope assez complète pour simuler la mort. Voilà un homme qui, au lieu de rentrer chez lui après l'excision qu'il désirait, a été obligé de rester deux jours à l'hôpital; et quand on songe que rien de tout cela ne serait arrivé s'il n'eût pas respiré l'éther, je crois pouvoir persister à qualifier le fait, sinon d'affligeant, du moins de fort grave. " Si l'on contestait l'exactitude des détails de cette observation , je de- manderais qu'il fût fait une enquête, très-facile d'ailleurs à exécuter. » Cet événement a eu lieu depuis lundi dernier; mais , auparavant, il y en avait eu d'autres. Les journaux de médecine qui ont la sagesse d'attendre avant de se prononcer, qui se bornent à rapporter les faits pour et lès faits contre , contiennent plusieurs cas analogues , à l'occasion desquels on peut se de- mander de quelle utilité a été l'inhalation de l'éther. » Je vais en citer de tout récents qui se sont passés hier matin : » L'un de nos chirurgiens les plus savants, homme d'honneur, qui a essayé sur lui-même l'action de l'éther, satisfaisant ainsi à la morale et à sa con- science, a opéré trois personnes pour diverses maladies; et, bien que l'éther ait été employé avec toutes les précautions convenables, et que les effets de l'ivresse se fussent manifestés, les trois malades ont beaucoup souffert: l'un d'eux, fort de la halle, énergique, assurait qu'il aimerait mieux supporter dix opérations pareilles, que de recommencer à respirer l'éther qui lui avait causé des souffrances insupportables. Nous n'avons pas été heureux au- jourd'hui j a dit à ses iiombreux élèves l'honorable et habile chirurgien. Il eût pu ajouter que les malades ne l'avaient pas été davantage. » Je vois avec plaisir que notre confrère, M. Roux, convient aujourd'hui que l'emploi de l'éther a ses inconvénients, ses dangers; qu'il y a nombre de cas , outre ceux que j'ai désignés , où il faut se garder d'enivrer les malades avant de les opérer, et qu'enfin on doit apporter la plus grande prudence dans l'usage de l'agent nouveau et le restreindre aux cas où il sera proba- ('73) blement utile. C'est précisément ce que je cherchais à démontrer hindi der- nier, en allant au-devant des inconvénients qui se sont révélés; je n'atten- dais pas moins de raison et de probité de notre honorable confrère. » Ma conclusion Hnale, c'est qu'il faut, dès à présent, beaucoup rabattre de la puissance de l'éther pour abolir temporairement la sensibilité; que, si cette abolition a lieu, ce n'est qu'au prix d'une ivresse qui a fréquemment de graves inconvénients, au physique comme au moral; qu'il serait à désirer qu'on pût en graduer, en maîtriser les effets , soit en graduant la dose, soit en variant le mode d'administration. Il serait d'un égal intérêt d'employer un éther exempt de toute substance étrangère , afin d'en rendre les effets plus constants; il serait enfin de la plus haute importance de par- venir, avec certitude, à produire l'ivresse, sans exposer les malades à une intoxication redoutable, etc. « Le zèle et l'activité que déploient depuis quelques jours les chirurgiens , les médecins, les physiologistes, nous permettent d'espérer la solution pro- chaine de ces problèmes difficiles : ce sera alors, mais seulement alors qu'on saura si la médecine expérimentale a fait ou non un progrès réel, n Réplique de M. Roux à M. Magendie. « Pour ne pas distraire trop longtemps l'Académie d'auties devoirs qui lui sont imposés, je serai très-court dans la réponse que j'ai à faire à notre collègue , M. Magendie. » De tous les faits sur lesquels il vient de s'expliquer, mais dont il ne peut attester l'exactitude, et qu'il ne paraît connaître que d'après des relations incomplètes ou infidèles, un seul me concerne. C'est celui, a dit M. Magen- die, d'un jeune homme à qui je devais pratiquer l'ouverture d'un vaste abcès phlegmoneux sur l'une des régions latérales du cou, et qui, immédiatement après avoir été soumis à l'influence des vapeurs éthérées , aurait été pris d'un délire furieux , au lieu de tomber dans la somnolence. Le fait est vrai ,en ce sens, mais en ce sens seulement, que ce jeune homme ne s'est point endormi, qu'il n'est pas devenu insensible, que l'ivresse a été chez lui in- complète, et qu'elle s'est traduite, ainsi que cela a lieu chez quelques sujets, par quelques paroles bruyantes et une certaine agitation qui n'a duré que quelques instants très-courts : cela ne m'a pas empêché de donner très-régu- lièrement le coup d'instrument qui était nécessaire pour l'ouverture de l'abcès. Mais le même jour, c'était vendredi matin , j'avais à pratiquer quatre autres opérations de genres différents. La plus importante des quatre, en même temps qu'elle devait être la plus douloureuse, était une opération de fistule à (.76) l'anus dans un cas un peu conopliqué. Les quatre patients ont été soumis à l'expérimentation par l'éther. J'avais pour témoin de ces nouveaux essais, l'un des membres de notre Conseil des hôpitaux , celui même qui est chargé spécialement de la haute surveillance de l'Hôtel-Dieu ; car, dans sa sollici- tude , qui, au reste, ne peut pas être plus grande que la nôtre, pour les mal- heureux qui viennent réclamer dans nos grands établissements publics les bienfaits de la médecine et de la chirurgie, le Conseil général des hôpitaux se préoccupe avec raison de toutes les innovations que peut subir la thérapeu- tique des maladies, et de celles surtout qui pourraient être compromettantes pour la vie. Eh bien , sur trois des quatre malades dont je parlais , le résul- tat des inspirations éthérées a été remarquablement beau ; c est-à-dirc que chacun d'eux a été rendu complètement insensible, et a subi, sans la moindre conscience de ce qui lui était fait, l'opération que son mal réclamait. Chez le quatrième, au contraire, l'insensibiHté n'a pas été complète; surtout elle n'a pas été de longue durée, et le malade a souffert pendant la seconde moitié environ de l'opération que j'avais à lui faire. C'était un jeune homme il qui je devais enlever, à l'aisselle, des portions de téguments dont l'état d'amincissement et de dénudation entretenait des ouvertures et des trajets sinueux. » Ainsi, dans une même matinée, et sur cinq malades, nous avons vu trois degrés différents, ou plutôt trois formes différentes de l'enivrement par les vapeurs éthérées ; et ce ne sont pas là toutes les variétés dont cet état est susceptible : j'en ai observé quelques autres. Peut-être qu'en rassem- blant tous les faits qui ont été recueillis , on pourrait déjà indiquer toutes les manières diverses dont l'homme peut être affecté par ce mode d'in- toxication. Et maintenant que le fait principal de l'aptitude du plus grand nombre des individus à être frappés d'une insensibilité complète pendant quelques minutes au moins , est hors de toute contestation , je pense que les chirurgiens devraient s'imposer pour règle de conduite , de constater par avance cette aptitude chez les sujets qui ont à subir des opérations impor- tantes par elles-mêmes, et pouvant être d'une exécution un peu difficile et lonpue. C'est l'exemple que je donnais, ce matin même, sur un malade qui doit subir sous peu de jours l'amputation d'une jambe : je l'ai soumis deux fois, presque coup sur coup, à l'inhalation de l'éther; la seconde fois, comme la première, il est tombé dans une insensibilité qui a duré quelques minutes, mais sans suspension absolue des sens, et avec une hilarité légère. » Précédemment à tout cela, c'était mercredi dernier, j'ai observé, toujours sous l'influence des vapeurs éthérées , le sommeil le plus calme , suivi d'un réveil tranquille, l'insensibilité la plus absolue, et la plus complète impas- ( '77 ) sibilité sur deux malades que j'opérais ce jour-là. L'un était un jeune homme qu'il fallait délivrer d'un phymosis congénial en fendant le prépuce dans toute sa lonjjueur; l'autre était une femme qui avait à subir au sein l'extir- pation d'une tumeur squirreuse de la ffrosseur d'une noix environ. Gomme un malade dont j'ai parlé dans une de mes précédentes communications à l'Académie, cette femme, après avoir recouvré connaissance , n'a pas cru d'abord qu'une opération lui avait été faite ; elle croyait avoir été le sujet d'une première expérience , et se serait soumise volontiers, s'il l'eût fallu, à ce qu'on provoquât chez elle un nouveau sommeil. » Les remarques auxquelles notre collègue M. Magendie a cru devoir se livrer sur les rêves et les hallucinations d'un certain genre , dont il paraîtrait que quelques individus, des femmes particulièrement, sont susceptibles du- rant l'enivrement par l'éther, comporteraient bien une réfutation sérieuse. Mais je ne veux pas abuser de l'attention que l'Académie a bien voulu m'ac- corder, et je me bornerai à dire , en ce moment , que je n'ai encore rien observé, chez des femmes, qui approchât du caractère des phénomènes erotiques ; et que des effets de ce genre dussent-ils se manifester dans quelques cas exceptionnels , des médecins vraiment dignes de ce nom pour- raient en être témoins sans qu'on pût avoir ensuite à leur reprocher quelque atteinte à la pureté des mœurs. » PHYSIOLOGIE. — Remarques de M. VelIpeau, à l'occasion de la communi- cation de M. Magendie. a Sous toute réserve d'une réponse détaillée à ce que l'Académie vient d'entendre, je me bornerai au fait qui m'est personnel. Ce que vient de dire M. Magendie prouve que les mêmes faits se prêtent souvent à des inter- prétations fort opposées; ainsi le malade dont il a parlé, est un jeune homme qui souffrait de la gorge depuis plusieurs années, et qui était allé déjà dans plusieurs hôpitaux pour se faire exciser les amygdales. A cause de l'état d'irritation habituelle de son gosier, sans doute, les médecins auxquels il s'était adressé n'avaient point accédé à sa demande. Le trouvant libre d'an- gine, pour le moment, et voyant que ses tonsiles étaient énormes, je jugeai, moi , que l'instant était convenable pour le débarrasser. Naturellement très- sensible, très-nerveux, ou, comme on dit, très-impressionnable, il me pria de le soumettre à l'influence de l'éther, quoique je lui fisse remarquer que l'opération qu'il allait subir n'en valût guère la peine. >' Il tomba immobile au bout de trois minutes, et je crus que l'insen- C. R., 1847 , 1" Semestre. (T. XXIV, IN» 6.) «4 ( '78 ) sibilité était arrivée. Lui ayant ouvert la bouche sans difficulté, j'excisai d'abord l'amyfjdale droite; comme il ne parut point s'en apercevoir, et resta immobile la bouche ouverte, je procédai de suite à l'ablation de la seconde tumeur : il ne manifesta aucun signe de douleur et sembla éprouver une sorte de spasme; je le fis conduire dans une pièce voisine, et là, il se mit à crier avec force : bientôt, il eut une syncope, puis il cria de nouveau et eut une nouvelle menace de perte de connaissance. » Une fois au lit, il continua de se plaindre, d'accuser une cuisson vive dans la gorge; mais, à aucune époque, il n'a été en danger, ni même dans une position qui pût donner la moindre inquiétude aux personnes capables d'apprécier de semblables symptômes; la gravité de son état n'a jamais pu inspirer l'ombre d'une crainte ; il n'a eu ni fièvre ni autre accident d'aucune sorte, à tel point qu'il aurait pu retourner seul dans sa famille, le soir même de l'opération. ') Voilà le fait dans toute sa réalité, et l'Académie comprendra que , plus que qui que ce soit, je dois savoir ce qui s'est passé chez mon malade. J'entends objecter qu'on en a obtenu une relation différente. Ceci est possible; mais par qui? Quelles sont donc les personnes qu'on ne nomme pas, dont la com- pétence ne m'est pas démontrée, et qui vont ainsi raconter dans l'ombre ce qu'elles ont vu ou cru voir? Veuillez remarquer qu'autant que qui que ce soit, je désire et cherche la vérité dans cette question , et que M. Magendie me parait ici accepter bien légèrement les faits dont il veut faire usage. » Au demeurant, si ce sont là les faits aussi tristes qu'affligeants qu'il a voulu indiquer, l'humanité peut se rassurer. Par exemple , l'autre obser- vation qu'il a citée, ne serait-elle pas celle d'une femme opérée à l'hôpital Saint-Louis, et qui est morte d'un érysipèle ambulant quelques jours après l'opération? Si cela est, je le demande, est-il possible de mettre sur le compte de l'éther une terminaison pareille, quand on sait combien les érysipèles sont fréquents et graves, après les grandes opérations; et quels motifs peut-on avoir de mettre ainsi sur le compte de l'éther ce qui est arrivé à cette femme? Quant à mon malade, je demande en quoi des cris après l'exci- sion des amygdales, des lipothymies et une syncope, peuvent être qualifiées ai' accidents graves, aux yeux de ceux qui savent que la plus petite opé- ration , que l'excision du plus petit chyste des paupières en font assez souvent naître de semblables; et en quoi, d'ailleurs, un fait pareil viendrait-il déposer contre l'emploi de l'éther? Du reste, je nie très-formellement qu'aucune per- sonne compétente ait jamais pu avoir un instant la moindre crainte pour la vie de cet homme, qu'il ait été une seconde entre la vie et la mort , comme I ( '79 ) on se plaît à le dire ; qail ait pu donner l'idée du moindre danger. Quelle que soit la personne, fût-ce mon interne, comme le prétend M. Magendie, ce dont je doute au surplus, qui eût eu ainsi peur, cela prouverait tout sim- plement que mon interne s'est effrayé à tort. » Ai-je jamais dit, après tout, que l'éther fût applicable à toutes les opé- rations, qu'il ne dût exposer à aucun accident? Mais j'ai dit, au contraire, dès le principe, qu'il fallait en user avec réserve; que pour les opérations qui se pratiquent dans la bouche, par exemple, que pour les opérations longues , que pour les opérations qui exigent à la fois le concours du malade et du chirurgien , il ne sex-ait probablement que d'une faible utilité. Si c'en était le moment, j'aurais sans doute à en énumérer un assez grand nombre d autres; mais j'ai promis de m'en tenir, pour le moment, à un fait per- sonnel, et je remets ma réponse aux remarques précédentes de M. Magendie à la séance prochaine, puisque l'Académie ne peut pas s'occuper plus lon- guement aujourd'hui de la question des inhalations de l'éther. » M. FtoiiREivs présente une défense d'éléphant , qui a été déposée sur le bureau de l'Académie , et dans l'intérieur de laquelle s'est développée une exostose très-remarquable. On voit encore, contenu dans X'exostose, le morceau de fer qui en a pro- voqué la formation. Ce morceau de fer, lancé par une arme à feu, a pé- nétré, d'abord, dans l'os maxillaire supérieur, d'où il est descendu, d'où il a glissé ensuite dans la cavité du cône dentaire. « Ce fait, ajoute M. Flourens, est une nouvelle preuve de la conformité de nature qui se trouve entre les os et les dents. L'exostose de cette dent est une véritable exostose comme celle des os ; seulement elle est interne au lieu d'être externe, parce que, dans les os, l'organe producteur (le périoste) est externe, et que, dans les dents, l'organe producteur (le bulbe gélatineux) est interne. » M. DiTuÉBiL rappelle, à cette occasion, que M. Duval, dentiste, a pré- senté, en 1811 , à la Société de la Faculté de Médecine, cinq pièces ana- logues observées sur des dents d'éléphant, dont une , entre autres , contenait une balle de fer, et offrait une exostose qui faisait saillie dans le canal dentaire. / M. Flourens fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'ouvrage 24.. ( i8o ) qu'il vient de publier sous le titre de Théorie expérimentale de la Jor- ination des os. M. MoRiiv fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du troisième volume de son Cours de Mécanique au Conservatoire. RAPPORTS. MÉDECINE. — Rapport sur un ouvrage de M. le docteur HIou'sisovics, intitulé: Darstellung einer sicheren und schnellen heilmethode der Syphilis, etc. (Commissaire, M. Lallemand.) « Le docteur Moij'sisovics jouit , en Allemagne , d'une grande réputation dans le traitement des maladies syphilitiques, et sa position dans un vaste hôpital lui a permis de se livrer à des recherches étendues sur les avan- tages respectifs de différentes méthodes, et, en particuher, des préparations iodurées ; mais les médecins de tous les pays se sont tellement occupés de ce sujet dans ces derniers temps, que la plupart des détails renfermés dans l'ouvrage du médecin de Vienne se trouvent aujourd'hui partout. Je ne m'occuperai que de ce qui me paraîtra le moins connu, et de l'intérêt le plus général. » Les accidents observés après l'administration des préparations iodurées doivent être attribuées, suivant l'auteur, à la précipitation de l'iode, soit de ses dissolutions , soit de ses combinaisons diverses. Cette opinion est d'au- tant plus vraisemblable, que la diminution de volume des seins et des tes- ticules, l'amaigrissement général, les oppressions de poitrine, les hémop- tisies, les métrorrhagies , les palpitations, la consomption, etc., sont préci- sément les accidents qui ont été observés par le docteur Coindet et tous lés médecins qui ont employé l'iode contre le goitre. » La principale condition de l'emploi des préparations iodurées, est qu'elles arrivent dans l'estomac indécomposées, dans un état de dissolution complète; qu'elles soient absorbées dans cet état sans être précipitées de leur dissolution par quelque principe qui amènerait de nouvelles combinai- sons chimiques. En conséquence, la solution aqueuse est la plus conve- nable; il faut rejeter les pilules, les bols, les poudres, comme excipients. D'un autre côté, le sucre, le sirop, les mucilages, etc., décomposent en partie les solutions aqueuses. Il s'ensuit que le précipité reste adhérent à l'arrière-bouche, à l'œsophage, et y détermine une sensation désagréable, qui peut empêcher les malades de continuer leur traitement. Plus bas, ( i8i ) l'iode précipité, loin d'être absorbé, s'attache à la surface muqueuse de l'estomac et des intestins, provoque des nausées, des vomissements, de la diarrhée. Dans les liquides vomis et dans les matières fécales expulsées , on retrouve l'iode, qui ne peut avoir eu, par conséquent, aucune action thé- rapeutique. L'iodure de mercure, étant insoluble dans l'eau distillée, se dépose aussi sur les villosités des membranes muqueuses, et y détermine les mêmes phénomènes. L'addition d'un mucilage pour diminuer ces pro- priétés irritantes ne f;iit que déterminer la décomposition du médicament, » Pour les mêmes raisons, il importe d'éviter que les aliments des ma- lades contiennent des matières amylacées. Pendant plusieurs années, l'auteur avait remarqué de grandes différences dans les effets des traitements par les préparations iodurées, sans pouvoir s'en rendre compte; mais, ayant fait analyser les matières fécales des malades, il a constaté que ceux qui prenaient des farineux rendaient presque tout l'iode qu'ils avaient ingéré, même à l'état d'iodure de potassium ; tandis que ceux qui étaient soumis au régime de la viande et des légumes verts n'en rendaient pas, ou n'en rendaient que des atomes. D'où il résulte que la fécule, qui n'exerce aucune action sur l'iodure de potassium hors de l'organisme, précipite l'iode de sa dissolution , dans les organes digestifs : résultat important pour la pra- tique, et remarquable au point de vue de la chimie, ainsi que de la phy- siologie. » Il est clair que les préparations iodurées, entraînées ainsi hors des or- ganes digestifs avant d'avoir pu être absorbées, sont sans^ action théra- peutique. » Cependant on obtient la guérison de quelques malades, sans leur dé- fendre l'usage des farineux ; l'auteur lui-même en a vu des exemples dans sa pratique : mais il les explique par les doses considérables de médicaments iodurés qui ont été administrés, et dont une partie seulement est décom- posée, surtout lorsque le médicament a été pris au moment où l'estomac était vide; encore, dans ces cas, le traitement est-il très-long : d'ailleurs, il n'est suivi d'aucun xanthème, d'aucune crise, et ne laisse aucune certitude contre les récidives. " L'iodure de potassium est absorbé avec une telle rapidité, que le chi- miste Heller en trouva des traces dans les urines d'un malade deux heures après qu'il en eut pris, pour la première fois, 6 ^ grains. Un autre en trouva également dans le cérumen des oreilles et dans le linge imbibé par la sueur, vingt-quatre heures après la première prise. La promptitude avec laquelle l'iodure de potassium se répand dans toute l'économie permet à l'auteur ( i82 ) d'expliquer comment de violentes douleurs ostéocopes ont pu être calmées après la première administration du médicament, et disparaître au bout de trois jours, comme il en rapporte des exemples. " Tels sont les faits qui m'ont paru les plus propres à intéresser l'Aca- démie, sous tous les rapports. " Quant aux bains, aux applications locales des préparations iodurées, quanta leurs différents modes de préparation et d'administration, ces ques- tions sont trop exclusivement du domaine de la thérapeutique , pour être abordées ici; d'ailleurs, elles ont été traitées dans beaucoup d'ouvrages spéciaux. » lies conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMEVATIONS. fi' Académie procède , par la voie du scrutin , à la nomination d'un Corres- pondant, pour la place vacante , dans la section de Géométrie. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 5o, M. Lebesgue obtient 4^ suffrages. M. Ostrogradski 6 M. Laurent 2 M. Lebesgue, ayant réuni la majorité des suffrages, est déclaré élu. PIÈCES APPARTENANT A LA SÉANCE DU 1" FÉVRIER 1847. MÉMOIRES PRÉSEIVI^S. « M. DoFRÉNOT présenté, au nom de M. Damour, un Mémoire sur la com- position de l'eau de plusieurs sources silicifères de l'Islande. « Le tableau suivant, qui comprend les principaux résultats de ces ana- lyses, montre qu'il paraît exister des rapports simples entre les principes contenus dans ces eaux : Eau du Geyser. Oxygène. Rapports. SiUce 0,5190 0,2696 3 Soude 0,3427 0,0876^^ 0,0076 ) „ ' J 0,0892 0,0016 J Potasse . . o ,0097 Eau de Laugar. Oxygène. Rapports. Silice o,i35o 0,0701 3 Soude 0,0942 0,0241 I ( r83 ) "" Eau de la Badstofa. Oiygène. Rapports. Silice... o,263o o,i366 2 . Soude .......0,2529 0,0647 [668 I Potasse....... : 0,0124 0,0021 ) Eait de la source sud du Hvergardin. ' ' t ■ " Oxygène. Rapports. Silice....'."...*...... 0,3240 0,16 2 : \ Soude... .1 o,3i88 o,o8i5 i ' ''* Eau de la Store-'Hver. ' ~ • - Oxygène. Rapports. .' - Silice... .. o,3i6o _ 0,1641 2 ' > • Soudé....... 0,8072 0,0785 » „ , Potasse , . . . , o,oi5o o,oo25 ) * ^ / • . « Il est à remarquer que ces rapports : i : 3 , 1 : 2 se maintiennent exac- tement, quoitjue les quantités respectives de silice et d'alcali soient variables pour chacune des différentes sources. . - » Si nous retranchons du poids des alcalis les quantités nécessaires pour ^alurer le chlore et l'acide sulfurique, dont la présence est bien reconnue dans ces^ eaux, il reste alors une proportion de soude, dont l'oxygène, com- paré à celui de la silice , donne les rapports suivants : i '' ■'■ il-'', t. - » ;.' ■.;:?■'. Eau du Geyser. ■:,. ■'■ V .■,;.', Oxygène. Rapports. '• Silice o,5igo 0,2696 q Soude (i) 0,1227 o,o3i4 i .•■■'.■'' '.'.-'.'.- , ■ , Eau de la Badstofa. ' ' ' "• Oxygène. Rapports. .**'.'•' Silice i^i . . .. . .. o,263o o,i366 8 .- Soude 0,0711 0,0182 ,1 Eau du Laugar.'- ■ Oxygène. Rapports. Silice o,i35o 0,0701 6 >Js '•'.•^- Soude o,o5o8 o,oi3ô i » Je dois regretter de n'avoir pu doser le chlore et l'acide sulfurique sur (i) Je n'ai pas besoin de faire remarquer que la soude n'est pas ici à l'état caustique, mais qu'elle est unie à l'acide carbonique. Or c'est un fait connu depuis longtemps, que la silice restedissoute à chaud dans les solutions aqueuses du carbonate de soude et de potasse, sans que l'acide carbonique combiné avec ces bases soit éliminé. ( i84 ) l'eau des deux autres sources. Toutefois, avec les seules données que je viens de présenter, on peut essayer de se rendre compte des causes qui déter- niinent la formation continue du dépôt siliceux. » L'introduction des alcalis et de la silice dans les sources d'Islande peut être attribuée à l'action décomposante de l'eau pure agissant à une tempé- rature très-élevée, et sous une pression considérable sur les roches trachy- tiques qui leur servent de récipient. » Voulant vérifier cette hypothèse, j'ai calciné de la mésotype, dont les proportions atomiques de soude, d'alumine, de silice et d'eau sont entre elles comme les nombres i : 3 : 6 : 2; après la perte de l'eau, la compo- sition devient la même que celle dn ryacolithe, espèce minérale qui entre comme partie constituante du trachyte. » Exposant 12,819 de mésotype calcinée à des lévigations successives à l'eau bouillante, il s'est dissous o,3i53 dans l'eau, dont la composition est Oxygèiie. Rapports. Silice 0,0895 o,oao5 i Alumine. o,o36o 0,0168 Soude o,23q8 o,o6i3 3 o,3i53 ',» Ainsi, un demi-litre d'eau agissant, par fractions, sur la^'jSigo de mé- sotype calcinée, a dissous o^'',3i53 des parties constituantes de ce minéral. 11 Dans cçtte partie dissoute , le rapport entre la silice et la soude est comme 1 :3; l'alumine, d'après différents essais, n'y est pas en proportions constantes. » Ces essais montrent avec quelle facilité certaines matières minérales, considérées comme insolubles , peuvent être décomposées et partiellement dissoutes par la seule action de l'eau, s'exerçant à une température très-mo- dérée et sous la pression ordinaire. « (Commissaires, MM. Dufrénoy, Regnault, Balard.) ÉCONOMIE RURALE. — Mémoire sur les engrais : indication ctun procède' destiné à empêcher la déperdition de l 'azote que recèlent les végétaux et les digestions animales; par M. Dive. (Commissaires, MM. Bonssingault , de Gasparin, Payen.) ' Ti'auteur a été conduit, par ses recherches, à admettre qu'en mêlant con- venablement aux engrais des substances contenant du tanin, on s'opposerait ( '85 ) à levaporation des principes azotés qui, faute de cette précaution, se dissi- pent en partie dans l'atmosphère sans aucune utilité. CHIRURGIE. — Note sur un nouveau moyen de diminuer les fâcheux effets du placenta greffé sur torifice de l'utérus ; par M. Miquel. (Renvoi à la Commission précédemment nommée, pour un Mémoire sur le même sujet, présenté par M. Stein.) / . M. d'Adh£ha.r soumet au jugement de l'Académie un procédé qu'il a imaQmé pour \a fabrication des bouches à feu de l'artillerie. A la Note manuscrite est joint un opuscule imprimé eu 1816, et dans le- quel l'auteur avait déjà exposé ses idées sur cette question. (Commissaires, MM. Piobert,Poncelet, Morin.) M. Gharrière présente un appareil nouveau pour l'inhalation des vapeurs d'éther. Cet appareil se distingue principalement de celui que le même construc- teur avait mis, précédemment, sous les yeux de l'Académie, par un dispo- sitif destiné à prévenir les explosions qui pourraient avoir lieu par l'approche d'un corps enflammé , s'il existait une libre communication entre les vapeurs éthérées extérieures et le mélange détonant qui se forme à l'intérieur du flacon. M. LiiER présente un appareil également destiné à l'inhalation de l'éther. A la Lettre d'envoi qui accompagne cet instrument , est jointe une Note de M. Lebert, attestant que l'appareil, tel qu'il est présenté aujourd'hui, a servi pour les expériences de la Société médicale allemande de Paris, et a toujours fonctionné d'une manière satisfaisante. . ' > . CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agricoltcre et ou Cohherce adresse le 62' volume des Brevets d'invention expirés. - .. > v • ,- M. le Ministre de la Gderre invite l'Académie à hâter le travail de la Com- mission chargée d'examiner un Mémoire de M. Hardy, sur la situation de la pépinière centrale du Gouvernement , et sur la culture du nopal et l'édu- cation de la cochenille en Algérie. • , C. R , 1847, i«&rniej « 1°. La commissure dont je parle est située en avant des couches op- tiques, là où leur premier développement s'opère, au-dessus.de la commissure antérieure du cerveau. Toutes ses fibres rayonnent au-dessus du corps strié , dans les hémisphères, où elles se terminent en faisceaux parallèles aux fibres des pédoncules cérébraux. ' > 2°. Elle s'allonge en avant dans un corps genouillé, qui ne peut être comparé aux pédoncules du fornix , lesquels entrent dans les couches opti- ques , tandis que ce dernier corps rayonne dans les hémisphères. » 3°. Les fibres de cette commissure sont purement transversales, direc- tion qui n'a aucun rapport avec celle des fibres du fornix. » 4"- Les fibres du fornix ne s'étalent jamais dans les parois des ventri- . ■■vyir.T'.i>-.-.i«mi>ii!if Vi; i cjuiU ,.wM'ii i-r. » La partie postérieure est composée de fibi'es accumulées en un fais- ceau très-épais, tandis que les fibres antérieures du corps calleux sont éta- lées dans une couche large, mais extrêmement mince et tellement transpa- rente, que l'on voyait à travers le corps strié. Du reste, quand on écartait les hémisphères, les fibres du corps calleux, étalées, se laissaient détacher facilement de l'autre substance blanche, sous forme de feuillet mince, ta- pissant, pour ainsi dire, la paroi du ventricule latéral dans chaque hémi- sphère. « Les hémisphères étaient composés d'une manière très-simple , savoir : des fibres des pédoncules cérébraux, qui étaient les plus externes; des fibres de la commissure antérieure, en avant et en dedans, et d'un feuillet appar- tenant au corps calleux, situé en dedans du rayonnement des fibres du pédoncule; tout autour, enfin, était une couche corticale très-épaisse et peut-être plus considérable que toutes les fibres blanches. >' 2. h'œil. Nous avions trouvé d'abord dans la cornée transparente six à huit rameaux des fibres nerveuses cérébrospinales, qui renfermaient trente et quelques fibres primitives de -~ à j^'" de diamètre, toutes appartenant à la membrane de Decermet, et indiquées en partie par des stries de pigment noir de la sclérotique. .- . «/tvii • ^ : » Je remarque que le cristallin offrait un volume qui m'a paru , à l'é- gard des autres parties, un peu considérable. >i 3. Les organes génitaux &e composent de deux ovaires, deux oviductes, deux matrices, deux vagins, un canal urétral, deux glandes anales, un appareil musculeux et la poche pour le développement des fœtus. » Les ovaires près desquels j'ai rencontré de chaque côté un petit corps virguliforme bleuâtre , mais coloré par un pigment brunâtre de cellules cylin- driques, qui paraît un rudiment du corps de Wolff, quoique sa structure n'indique jusqu'ici que des cellules graisseuses et des fibres celluleuses. « Les ovaires étaient munis d'un ligament (//g. ovarii), ensuite d'une cap- sule parfaitement close; un prolongement de cette capsule, sous forme d'un deuxième ligament, s'enfonçait dans une duplicature du mésoraétrium, formant une expansion triangulaire; enfin un mésentère musculeux à fibres simples liait les ovaires aux matrices. )' Les œufs, avec toute la structure des autres mammifères, dans les deux ovaires, étaient logés dans une masse brunâtre de fibres celluleuses. a5.. ( '88 ) «. Les oviductes, à leur orijjine ovarique (franges de la trompe de Fal- lope), présentaient un double feuillet soudé en bas, et laissant seulement, pour l'entrée dans l'oviducte , une ouverture linéaire en forme de croissant. Cette ouverture était environnée de fibres contractiles , qui s'attachaient, sous forme d'un petit bourrelet, à l'ovaire, et qui établissaient un rapport immé- diat entre cet organe et l'oviducte. Les feuillets des franges étaient plies, à parois ondulées , plus transparentes que celles de l'oviducte ; chaque pli était marqué par une strie blanchâtre (le tronc d'un vaisseau sanguin). Les ovi- ductes étaient placés entre deux feuillets d'un mésentère musculeux, longé par les fibres de l'axe de l'oviducte et tapissé d'uu réseau d'autres fibres transversales. » Ija double matrice était munie d'un mesometrium transversal trian- gulaire , musculeux. Chaque matrice se composait essentiellement de deux parties, dont l'une, la supérieure, était plus ample et pourvue dune mu- queuse brunâtre; l'autre, plus étroite, possédait des plis longitudinaux incolores. - » Les deux cols des matrices, séparés par un compartiment, s'abou- chaient chacun dans le double vagin, munis d'un bourrelet blanchâtre qui s'allongeait un peu au dehors , sous forme d'un museau de tanche : la sy- métrie n'existe pas pour chaque portion. » Le double vagin , courbé, comme on le sait, de chaque côté , de façon que l'urètre traverse l'espace des deux arcs de la partie courbée, montre trois portions : l'une , placée dans la prolongation de l'axe de la matrice , et terminée en cul-de-sac de forme triangulaire, est séparée de celle de l'autre côté par un compartiment perforé, prolongation du compartiment du canal urogénital. Cette portion triangulaire , non symétrique aussi pour les deux vagins, était munie de glandes nombreuses et couvertes d'un mucus brunâtre , destiné probablement à envelopper l'œuf après sa sortie de la matrice et à lui fournir une coque de matière gélatineuse. » Cette première portion passe, sans limite tracée, dans la seconde portion , qui se présente sous forme de tube oblique , et qui se continue , en se courbant à sa pointe , dans un deuxième tube ou troisième portion . laquelle enfin aboutit dans le canal urogénital, en descendant de dehors en dedans et de derrière en avant. " Le tube est plus long , mais un peu plus étroit, que la seconde portion. Il s'adosse bientôt à celui de l'autre côté, duquel un compartiment le sépare, et avec lequel il s'enfonce à peu près dans le tiers supérieur du canal urogé- nital. Il possède une muqueuse avec des plis longitudinaux très-considérables, ( '^9) et des plis transversaux plus petits , qui lui donnent l'aspeet d'un réticule. » Le canal urogénital montre quelques élargissements, dont l'un, le plus considérable, se trouve immédiatement avant sa terminaison. Un léger en- foncement à sa surface inférieure le sépare en deux moitiés. C'est en même temps l'insertion de deux muscles, du sphincter et du protracteur du vagin. » Le premier, le plus considérable, part, par une petite pointe, delà paroi postérieure du rectum, se continue au-dessus de toute la partie supé- rieure et postérieure du rectum, s'élargit de chaque côté, embrasse alors une masse notable de graisse, les glandes anales, qui ressemblent entièrement aux bourses de Fabrice des oiseaux, quant à leur forme et leur structure , et qui possèdent même des fibres musculaires circulaires striées transversa- lement, enfin le canal urogénital; puis, arrivant à la surface inférieure , au boursouflement de ce canal, il longe encore une partie de ses fibres le long de la face inférieure de cette partie boursouflée, tandis qu'une autre partie se replie en haut, parallèlement aux côtés du boursouflement, et forme ainsi, à chaque côté, une poche; de sorte que, cependant, il y a, derrière le rec- tum, communication des deux poches » Le protracteur part de chaque côté du rectum, est plus faible que l'autre, en même temps oblique, et s'insère en majeure partie à côté du boursouflement. » En dehors du vagin, on voyait un pli double, muqueux, indice du clitoris, sur lequel nous n'avons pas des connaissances exactes. Le corps caverneux manquait, et même, tout autour du canal urogénital, il y avait très-peu de vaisseaux sanguins. » Le rectum montrait cela de remarquable, que l'extrémité de sa paroi supérieure était allongée dans un pli triangulaire, ressemblant à ce que l'on voit sur le cloaque des oiseaux. • . . „ » Relativement à la poche cutanée , nous avions remarqué trois parties contractiles : » 1°. Ce que l'on nomme comme orhiculaire (sphincter), appartient aux muscles droits, dont il forme une couche inférieure, et d'où il rayonne, en s'étalant sur une surface large, avec des fibres très-pâles, tout autour de la poche, et se termine en arrière dans une partie tendineuse. » 2°. La seconde est formée par un muscle qui descend extérieurement des os marsupiaux, et s'attache, sous une direction oblique, mais aussi avec une surface rayonnante, à la face supérieure de la poche. ; .-; . -^ » 3°. Ijcs muscles qui servent peut-être aussi à élargir la poche, s'étalant peu à peu dans un réseau des fibres contractiles qui, probablement, pendant ( igo ) la gestation, sont plus développées et destinées à la contraction des naa- melles. » Celles-ci m'ont paru être au nombre de douze, dont quatre à six pos- térieures étaient les mieux développées et ne présentaient que la trace du prolongement qui, peu de temps après la gestation de l'animal, est si considérable et qui est destiné à mieux fixer les jeunes animaux qui tètent. » Il n'y avait aucune communication de cette poche avec les parties géni- tales internes. » Ces observations, faites sur un seul exemplaire, montreront que ces ani- maux s'écartent bien moins des types connus que les considérations zoo- logiques seules n'ont porté à le croire, et que bientôt on aura des idées plus nettes sur la classification et la physiologie comparée des Marsupiaux. i> CHIMIE. — Essais comparatifs des divers ligneux fulminants, etc. (Extrait d'une Note de M. Bonjean.) « ... L'étoupe donne un produit qui jouit encore d'une certaine énergie; mais le papier sans colle, la pâte de papier et les toiles de coton, employées même très-minces, ne valent absolument rien. Ces divers prétendus ligneux fulminants brûlent très-lentement, et laissent un résidu de charbon assez considérable. Leur force projectile, l'étoupe exceptée, est presque nulle, comme on va le voir. » De concert avec M. le comte Pettili, capitaine commandant la hui- tième batterie de garnison à Chambéry, nous avons essayé la puissance ba- listique de ces diverses préparations. Nos essais ont été faits dans un mous- quet d'artillerie, lançant la balle à 70 mètres avec lUie charge de 6 grammes de poudre de guerre ; on a employé seulement i gramme de chacun des lipneux suivants pour chaque coup. Le but était un immense rocher. » 1°. Toile de coton. — Premier coup : la balle n'est pas sortie du coton. Second coup : l'arme était chargée à neuf, la balle est tombée à trois pas de distance. Dans les deux cas, il est sorti de la bouche du canon une épaisse fumée sans flamme; l'intérieur de l'arme était très-humide. » 1°. Pâte de papier. — Mêmes résultats que pour la toile de coton; de plus, après le premier coup, le fond du canon est mouillé par un liquide rougeâtre et acide. » 3°. Papier sans colle. — Premier coup : la balle est portée à 20 mètres de distance ; pas de fumée. Second coup : mêmes résultats. 1) 4°- Étoupe. — Premier coup : la balle a pu parcourir la distance des ( 19» ) 70 mètres ; elle a cependant frappé avec peu de force contre le rocher, où elle s'est légèrement écbancrée. L'étoupe est sortie en feu du canon, et est allée tomber à cinq ou six pas de distance , en achevant sa combustion à terre. Second coup : mêmes résultats. ). 5°. Coton cardé. — Tantôt la balle se brise en morceaux contre le rocher, tantôt elle s'y aplatit comme du papier, et fait entendre un bruit très- fort. » Le coton pur est donc jusqu'ici le seul corps qui puisse servir à la pré- paration du ligneux fulminant. » !-ifi-t(- «i^ 'H-'}<| luni iiiiv >!'il.. ■- ;il M. DccROs, à l'occasion d'un passage contenu dans une dernière commu- nication de M. Velpeau, relativement aux bons effets qu'on pourrait attendre de Vinhalation de l'éther dans certains cas de contractions musculaires, rap- pelle que, dans un Mémoire présenté à l'Académie le 16 mars 1846, il in- sistait sur les avantages qu'on obtenait de l'emploi de cet agent thérapeutique dans les éclampsies des femmes en couches et dans d'autres affections spas- modiques. M. Blanche, médecin en chef de l'hospice général de Rouen, adresse «ne Note sur les effets de Vinhalation de l'éther sulfurique. Une jeune fille de huit ans, sur laquelle on avait à pratiquer l'amputation de la jambe, ayant été préalablement soumise à l'action des vapeurs éthérées , n'a donné aucun signe de sensibilité pendant l'opération, et a déclaré plus tard n'avoir ressenti aucune douleur. Dans deux expériences faites, l'une sur un chien , l'autre sur un oiseau de proie, M. Blanche a cru remarquer que les membres thoraciques, lorsque l'effet stupéfiant venait à se dissiper, reprenaient plus tôt leurs mouvements que les membres abdominaux. f ■. . M. Leroy d'Etiolles appelle l'attention sur le parti qu'on peut tirer, pour la lithotritie, de Vinhalation de l'éther, dans le but défaire cesser la contrac- tion des fibres musculaires de la vessie, la contraction de cet organe rendant difficile le jeu de l'instrument. « Cet obstacle, dit-il, le plus grand que rencontrait la lithotritie, peut être écarté par l'ivresse éthérée; j'en ai fait hier l'expérience sur un malade que je considérais, il y a un mois, comme non lithotritiable et que je dis- posais à l'opération de la taille hypogastrique. » M. Leroy ajoute que les effets produits par l'éther en vapeur pourraient être aussi provoqués avec grand avantage quand il s'agit de réduire des luxations, et même des hernies étranglées. ( 19a ) M. BoNNAFOus, à l'occasion des communications relatives aux effets des vapeurs de 1 ether, rappelle les expériences qu'il a faites depuis longtemps relativement aux vapeurs ammoniacales, et déclare qu'un paquet cacheté, adressé par lui à la séance du 6 février i843, contient une Note relative à cette question. M. E. Robert communique les résultats de quelques observations qu il a faites dans le cours de ses expériences sur les moyens d'arrêter les ravages de certains insectes qui font périr les arbres. Ces nouveaux faits sont relatifs à un état maladif des arbres, déjà indiqué par d'autres auteurs, et qu'il désigne sons le nom de pléthore de la sève. M. d'Arpe.ntigny, qui avait envoyé précédemment un travail sur la con- dition des ouvriers employés dans les filatures de coton, prie l'Académie de hâter le Rapport de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé ce ]\]émoire, qui lui est commun avec M. Brigère. PIÈCES DE LA SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1847. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIOLOGIE. — Tableaux et conclusions des expérierwes faites sur l'inspiration des vapeurs d'éther chez les animaux; par M. Ghubt. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Flourens, Milne Edwards, Dumas.) Résultat général. , « 1°. Les vapeurs de l'éther enivrent les grenouilles en 1 5 minutes, terme moyen ; " 2°. Les souris sont enivrées en 3 minutes, terme moyen; 11 3°. Les lapins sont enivrés en 5 minutes, terme moyen; » 4°- Les chiens adultes sont enivrés en i5 minutes, terme moyen; ' » 5°. Les chiens jeunes sont enivrés en 1 minutes, terme moyen; )' 6°. Chez les grenouilles, l'ivresse dure 3o minutes, terme moyen; " 7°. Chez les souris, elle dure 5 minutes, terme moyen; » 8°. Chez les lapins, elle dure 9 minutes, terme moyen; )' 9". Chez les chiens adultes, elle dure i5 minutes, terme moyen y " 10°. Chez les chiens jeunes, elle dure 1 1 minutes, terme moyen; » 11°. Les grenouilles meurent après 60 minutes d'aspiration; ( «93 ) » ia°. Les souris meurent après 5 minutes d'aspiration; " 13°. Les lapins, après la minutes d'aspiration; '" 14". Les chiens adultes, après 44 minutes d'aspiration; » iS". Les chiens jeunes, après 1 8 minutes d'aspiration ; " i6°. Les grenouilles enivrées peuvent servir pour les études physiolo- fjiques de la circulation du sang dans les capillaires du foie , des reins, des poumons, et dans les capillaires des membranes transparentes; " ï']°. Les lapins et les chiens enivrés peuvent également servir aux études physiologiques de la circulation du sang dans les capillaires de l'épiploon et du mésentère; » i8°. Chez les lapins et chez les chiens enivrés, on peut, avec facilité, observer la circulation de la lymphe et du chyle sous le microscope; ■ » 19°. Les muscles volontaires des animaux enivrés par l'éther sont flas- ques, et, placés sous le microscope, ils reprennent leur mouvement et leur contractilité; :'W'20". Chez quelques grenouilles, on observe, à la surface de la mem- brane séreuse du foie, le mouvement des cils vibratiles; " 21°. Chez les grenouilles, chez les souris, chez les lapins et chez les chiens, le nombre des respirations est d'abord augmenté par la vapeur, il diminue ensuite à mesure qu'on prolonge l'expérience; » 22°. Si l'expérience est interrompue à temps, le nombre des battements du cœur et le nombre des respirations augmentent; : j.i ;- > * » 23°. Si l'expérience est prolongée au delà du maximum du temps indi- qué, les battements du cœur et la respiration diminuent successivement jusqu'à la mort; 0 24°. Les grenouilles , saignées avant l'expérience ou gravement blessées, résistent plus longtemps à l'action enivrante de l'éther; ' ; , ; . . >' 25°. Les grenouilles privées du cerveau avant d'être exp>osées aux va- peurs résistent plus longtemps à l'action enivrante; » 26°. Chez les grenouilles enivrées et rendues complètement insen- sibles, la circulation dans les capillaires de la membrane natatoire persiste ; et, si l'expérience est prolongée, la stagnation du sang dans les capillaires est partielle; " 27°. Les chiens enivrés par l'éther sont insensibles à la piqûre et au pincement de la peau, quoiqu'ils possèdent en partie le mouvement volon- taire des membres; ' " 28". Les chiens devenus insensibles, et même lorsqu'ils ont perdu tou» C. K. ,1847, i"5emej(re. (T. XXIV, ^o6.) 26 ( 194 ) les mouvements volontaires, possèdent dans le tissu musculaire la contrac- tilité des muscles fléchisseurs et extenseurs; » 29°. Dans les expériences prolon^jées, après que les chiens ont perdu la sensibilité, le mouvement volontaire et la contractilité , leurs muscles de- viennent flasques, analogues à un muscle macéré; » 3o°. Une portion de ce muscle flasque , mis sous le microscope , montre, dans quelques faisceaux musculaires, le mouvement de la contraction; dans d'autres , une désagrégation des fibrilles primitives et des globules qui les constituent; » 31". Dans ces derniers faisceaux musculaires, il n'y a plus de mou- vement ; » 32°. Les chiens, chez lesquels la respiration cesse par l'aspiration pro- longée de la vapeur, reviennent ordinairement par une saignée de la jugu- laire en interrompant l'expérience; » 33". Les chiens , une fois enivrés par l'éther, et complètement revenus, s'enivrent plus promptement en répétant sur eux l'expérience une deuxième et une troisième fois; » 34°. Quelques chiens, exposés aux vapeurs de l'éther, deviennent fu- rieux; mais, en doublant la dose d'éther, ils tombent dans l'insensibilité. Conclusions. » Les animaux rendus insensibles par l'éther peuvent servir avanta- geusement : » 1°. Pour les études physiologiques de la circulation du sang dans les ca- pillaires du chyle et de la lymphe ; » 2°. Pour les études microscopiques sur l'organisation des fibres muscu- laires; " 3°. L'éther agit , ainsi que l'ont démontré MM. Magendie et Orfila , comme les liqueurs alcooliques ; » 4°' La mort , résultant de l'inspiration prolongée , est due à l'accu- mulation du sang dans les veines du cerveau, dans les veines pulmonaires, dans les veines caves , à l'engorgement du foie et des reins , et à la paralysie des muscles respiratoires. » CHIRURGIE. — Mémoire sur la disposition des ligaments de l'articulation coxo-fémorale, suivi de quelques considérations sur les mouvements de cette articulation, où Von ne rencontre point de capsules fibreuses; par M. IsNARD. (Commissaires, MM. Serres, Velpeau, Lallemand.) ( '95 ) , M. Merlateaii soumet au jugement de l'Académie un nouveau système d'union pour les wagons dont se compose un convoi sur les chemins de fer; système dans lequel l'auteur a eu principalement pour but de prévenir les déraillements dus à l'action de la force centrifuge dans les courbes à petit rayon. (Commissaires, MM. Piobert, Morin, Seguier.) M. Buffet adresse un Mémoire ayant pour titre : Figure et description d'un nouvel instrument d'arpentage, remplaçant la chaîne et le porte- chaîne.. . ; . - (Commissaires, MM. Mathieu, Lamé.) CORRESPONDANCE. , L'Académie des Beaux- Abts , par l'organe de son Secrétaire perpétuel , invite l'Académie des Sciences à désigner un de ses membres pour faire partie d'une Commission chargée d'examiner un travail sur les couleurs. M. C/tetrewZ est désigné à cet effet. ■; * . !> M. VAtiÉE, inspecteur des Ponts et Chaussées, prie l'Académie de vouloii' bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place d'Académi- cien libre, vacante par suite du décès de M. Borj de Saint-J^incent. '■ CHIMIE. — Recherches de chimie animale. (Lettre de M. Liebig à . M. Gay-Lussac.) « Je viens de recevoir aujourd'hui le numéro des Comptes rendus de la séance du 1 1 janvier 1847; et, comme je n'y trouve pas la Note que je vous ai envoyée, il y a quatorze jours, il sera peut-être encore temps d'y ajouter quelques faits qui compléteront cette communication. » Le premier, qui me paraît le plus curieux, c'est l'existence de l'acide lactique dans les liquides des muscles des carnivores. J'ai retiré d'un renard sauvage une quantité d'acide lactique au moins égale à celle qui se trouve chez le bœuf; et d'un autre renard, que M. Bischof m'a offert pour cette recherche, et qui a été nourri à l'anatomie de l'Université, pendant deux cents jours, avec de la viande seulement , j'ai obtenu une quantité non moins considérable de ce même acide. » J'ai étudié la décomposition que la créatine éprouve sous linfluence de l'eau de baryte. Dans ma dernière Note, j'ai mentionné la formation 26.. ( 196 ) d'un nouvel acide, comme produit de la décomposition de lacréatine; mais j'ai vu plus tard que c'est un produit accidentel. Par l'ébuUition prolongée dans de l'eau de baryte, la créatine se dédouble en urée et en une nouvelle base organique ; l'urée se décompose à son tour en ammoniaque et en car- bonate de baryte, qui se dépose en cristaux petits, mais très-distincts. Quand on retranche de la composition de la créatine les éléments de l'urée, on arrive exactement à la formule de la nouvelle base. La formule de la créa- tine est CNsHnO. En retranchant l'urée ... . C2N1H4OJ On a. CeN H,0, « C'est cette formule qu'on a trouvée par l'analyse de la base elle-même et des sulfates; elle exprime la quantité qui se combine à un équivalent d'oxyde et montre que cette base est l'isomère de la lactamide découverte par M. Pelouze. ' w Ija nouvelle base est fort soluble dans l'ean: quand cette dissolution est à l'état de sirop, il s'en dépose, par l'évaporation spontanée, de gros cristaux très-brillants qui possèdent la même forme cristalline du sulfate de magnésie; ils sont insolubles dans l'alcool et dans l'éther. Cette base, assez volatile, se sublime à une température qui n'atteint pas celle de l'eau bouillante. Cette propriété, que je ne pouvais pas prévoir, était la cause d'une grande perte de cette précieuse matière dans sa préparation. » FjE composition du nouvel acide azoté, dout j'ai mentionné le sel de baryte dans ma Note précédente, s'exprime par la formule " » Vous observerez que cet acide renferme dans i équivalent le même nombre de carbone que l'acide urique. Je désespère de pouvoir faire, faute de matière , l'analyse et l'étude de l'autre acide azoté qui se trouve dans les liquides de la chair, et conséquemmeut dans le bouillon. Toutes les deux , possèdent le goût du bouillon et répandent, en chauffant leurs sels sur une lame de platine , l'odeui- de la viande rôtie. Le sel de potasse et tous les sels solubles du premier acide précipitent les sels de cuivre complètement avec le nitrate d'argent; on obtient un précipité blanc de l'aspect de l'alumine hy- dratée: il précipite les sels de plomb. Tous les sels de cet acide sont inso- lubles daus l'alcool, même dans l'esprit-de-vin faible. Les sels solubles de l'autre acide n'ont point d'action sur les sels de cuivre, d'argent et de plomb; ils Se dissolvent dans l'alcool affaibU et peuvent se cristalliser. Les sels de ces ( '97 ) deux acides à base d'alcalis laissent, après leur calcination , uu mélanfje de cyanure de potassium et de cyanate de potasse. » .le vous prierai de porter encore k la connaissance de l'Académie les faits suivants, tirés d'un travail que j'ai fait en commun avec M. Wôhler. l^ous avons examiné l'action de l'acide hydrosuifurique sur la combinaison cristallisée de l'aldéhyde et de ramraonia(|ue, que j'ai désignée sous le nom àammonaldéhjrde. Ce corps, dissous dans l'eau, est décomposé entièrement par l'hydrogène sulfuré , et d'une manière toute particulière. Quand on fait passer le gaz à travers une dissolution aqueuse de l'ammonaldéhyde, il de- vient laiteux, et, dans peu de temps, on voit se former au fond du liquide de gros cristaux transparents, de la forme du sulfate de chaux et de l'aspect du camphre. Us possèdent une odeur particulière et assez désagréable. Ce corps, que nous appelons thialdine, constitue une nouvelle base organique renfermant du carbone d'hydrogène et d'azote, mais point doxygène; à sa place il s'y trouve du soufre. Ce corps est analogue à la thiosinnamim? découverte par MM. Dumas et Pelouze, et produite, d'après ces chimistes, parle contact de l'essence volatile de moutarde avec l'ammoniaque : cepen- dant les propriétés basiques, de la thialdine sont plus prononcées; elle forme de très-beaux sels avec l'acide chlorhydrique et l'acide nitrique etsulfurique. La composition de la thialdine est exprimée par la formule .Sa formation s'explique facilement : 3 atomes de l'ammonaldéhyde et 6 atomes d'acide hydrosuifurique, égaux à •"'' ' C„ H„ N, O, + 6SH = C,, H„ Nj O, Se , se transforment en i atome de thialdine, CiaNHigS^, 6 atomes d'eau , 6H0 et a atomes de sulfure d'ammonium. Vous vous rappellerez que M. Redtenba- cher, professeur de chimie à Prague, a montré le premier que le produit delà décomposition de la bile par les acides, découvert par M. \j. Gmeliu , et décrit par lui sous le nom de taurine , renferme i atomes de soufre, et a manifesté l'idée que ce corps pouvait être produit artificiellement; il a tenté quel- ques essais dans ce sens et a étudié l'action réciproque de plusieurs com- binaisons ' L'hyposulfate bisulfure de baryte (S^OsBaO, a HO), préparé par le procédé de MM. Fordos et Gélis, a donc été abandonné à lui-même en dis- ( 199 ) solution concentrée. Ce sel s'est décomposé; et, parmi les produits de la décomposition, qui sont l'acide sulfureux, le soufre et l'acide sulfurique, suivant MM. Fordos et Gélis, nous avons trouvé en quantité notable un corps qui a échappé à rinvestigçjtioni de ces chimistes : c'est l'acide de M. Langlois. On a ,(.> .'v -, . '■._■■ '. . S.OjMO = S3O5MO 4-S. .,•>'• » On voit maintenant que l'acide obtenu avec le protochlorure de soufre se confond avec l'acide hyposulfurique bisulfure (S^Oj); cependant il pré- sente avec certains réactifs des réactions sensiblement différentes. Cela tient probablement à ce que MM. Fordos et Gélis n'ont pu obtenir leur sel rigou- reusement exempt de sel de Langlois. . . » Les observations que j'ai faites sur l'acide S4O5 m'ont été d'un grand secours dans l'examen des produits de la décomposition du perchlorure de soufre; sur elles reposent en quelque sorte tout le travail dont nous allons maintenant rendre compte. De l'action de V acide sulfureux sur le perchlorure de soufre (*) au contact de l'eau. « Le sel dont j'ai donné l'analyse dans mon dernier Mémoire , (SsOeBaOjaHO), . . . .. . en dissolution dans l'eau, abandonne du soufre, et il se produit un nouveau sel qui , après avoir été dissous dans l'eau et précipité par l'alcool un certain nombrede fois, laisse, par la calcination , 5o,48pour loode sulfate de baryte ; s'il a été desséché dans le vide, il laisse un résidu plus fort, de 02,43 pour 100. J'indique dans mon Mémoire la préparation de ce sel et ses propriétés. )i Voici la composition en centièmes du sel desséché dans le vide : Soufre 36 , 24 Base 34,48 ■ ■; :•»,•■■.:;" " E^u et oxygène 29,28 '■' .' "' ,. , ;, .. . . '- ■ 100,00 ■■ ; . - .. Ces derniers nombres s'appliquent à la formule .\ . '• ' ' SsOjBaO, HO. ' Le sel qui n'a pas été desséché se traduit par la formule SsOjBaO, 3HO. '' ■ •'-'..-: » Dans mon Mémoire, je prouve que le sel (SjOgBaO, 2 HO) renferme (*) Obtenu en faisant passer un excès de chlore dans le protochlorure. ( aoo ) deux acides, dont l'un, plus sulfuré que l'acide SsO^ , peut fournir cet acide en abandonnant du soufre. Je n'ai pas pu isoler cet acide plus sulfuré. J'ai pu cependant déduire sa formule de mes observations : cette formule se- rait SgO^. Ce qui oblige plus que toute autre chose à admettre l'existence de l'acide SgO, , c'est la formation de l'acide S5O,. On aurait, comme avec l'acide hyposulfurique bisulfure, S,0,MO= SsOjMO -h S. » Voici mes conclusions ; » Le perchlorure de soufre et le protochlorure de soufre donnent lieu à des produits différents, lorsqu'on les met en présence de l'acide sulfureux et de l'eau. » Le perchlorure donne des produits d'autant plus différents de ceux fournis par le protochlorure, qu'il est, par rapport à l'acide sulfureux, en plus forte proportion. n Des produits de la réaction du perchlorure, on obtient un nouvel acide dont la formule est S5O,. » Cet acide dérive de l'acide S, O, , que l'on n'a pas pu isoler. \^^ ,. j » Je pense que les acides précédents appartiennent à une série qui serait formée de quatre termes, dont voici les formules : S80,,H0, S,0,,HO, S.O,,HO? S,0,,HOÎ . MÉDECINE. — Effets de l'inhalation de l'éther. (Extrait d'une I^ettre de M. Bouvier.) « Mes observations propres me conduisent à penser que l'on peut gra- duer l'action de l'éther au point de vue de l'insensibilité à la douleur, dans la pratique des opérations chirurgicales. Cette insensibilité présente , en effet, des degrés ascendants qui correspondent à des doses progressives an médicament, doses variables selon les dispositions individuelles, mais constantes dans chaque cas spécial. Ces degrés diffèrent: i" par les diffé- rences d'intensité des douleurs non perçues dans chacun d'eux; 2° par la facilité diverse du retour à l'état normal ou du réveil, sous l'influence de douleurs vives ou prolongées; 3° par l'inégale durée de la torpeur, indé- pendamment des causes extérieures. On pourrait, en quelque sorte, dresser deux échelles parallèles, marquant: l'une, les différents degrés d'éthérisa- I I ( 20I ) . _ tion accompagnés d'une insensibilité au moins relative; l'autre, les diverses nuances de douleur non senties pour chaque degré. Sans doute une telle pré- cision n'est pas possible dans la pratique; mais elle n'est pas non plus né- cessaire: il suffit d'atteindre un moment de l'action de l'éther qui corres-- ponde approximativement au degré de douleur que l'opération doit produire. On n'y parviendra d'abord que par des tâtonnements; mais l'expérience rendra plus tard la chose facile. >' J'ai pratiqué, le 6 février, à l'hôpital Beaujon, la section du tendon d'Achille sur une fille de onze ans, qui redoutait beaucoup cette petite opération. Je l'ai soumise aux inhalations d'éther, que j'ai interrompues au bout de huit minutes, aussitôt qu'elle a cessé de me répondre et de sentir le pincement de la peau. Quoique ses traits aient exprimé, par leur contrac- tion , quelque malaise au moment de la division du tendon , il paraît qu'elle n'eut pas la conscience de cette sensation, en tout cas bien affaiblie; car, s'étant réveillée presque aussitôt, elle n'en avait plus le souvenir et fut très- contente d'apprendre qu'on l'on l'avait opérée. L'action de l'éther, quofque suffisante, avait été si peu intense, que, dès cet instant, cette enfant n'en conservait plus aucune trace. » Le même jour, j'opérai une femme de vingt-neuf ans d'un strabisme interne de l'œil droit. L'éther l'endormit en moins de quatre minutes ; elle ne sentait pas le pincement de la peau. Je glissai l'ophtalmostate sous la paupière supérieure; la malade, sans se réveiller, le repoussa par un mouvement brusque du bras droit. Les aspirations d'éther furent reprises et continuées un peu au delà d'une minute. Cette fois la malade fut insensible à l'intro- duction des ophtalmostates. Cependant, un instant après, elle détourna en- core brusquement la tête à gauche. Mais tous les autres temps de l'opération s'accomplirent dans une parfaite immobilité, sans contraction des paupières ni mouvement du globe de l'œil. Une respiration bruyante , qui d'ailleurs s'était déjà manifestée pendant les aspirations d ether, put seule faire soup- çonner une souffrance obscure. Peu après , on réveilla la malade ; elle ne se doutait pas que l'opération eût été faite. Elle était encore sous l'influence de l'éther, disposée à la gaieté, la bouche riante, la langue un peu épaisse, parlant juste, mais avec loquacité et irréflexion; en un mot, dans l'état d'une personne qui a, comme l'on dit, une pointe. Je lui fis prendre quelques gouttes d'ammoniaque; elle s'endormit au bout de deux heures, et, à son réveil, une heure après, tout était dissipé. » Je ferai remarquer que, bien que la première de ces malades ait respiré . C. K., 1847, i"Sem««re.(T. XXiy, Nt-e ) 27 ( 202 ) lether plus longtemps que la seconde, celle-ci en a néanmoins absorbé une plus forte dose, parce qu'elle l'aspirait avec plus de force et de régularité. » M. HuTiN adresse une Note relative aux observations qu'il a faites sur des malades qui ont eu à subir des opérations plus ou moins graves, après avoir été soumis à ï inhalation de l'éther. Le premier cas est relatif à un invalide âgé de cinquante-huit ans, sur lequel M. Hutin avait à pratiquer l'extirpation d'un cancer de la lèvre inférieure. Cet homme, qui ne s'enivre jamais, et qui même boit rarement de liqueurs alcooliques, est resté quatre minutes avant de ressentir les effets de la vapeur d'éther; mais, à partir de ce moment, il respira plus longuement, sa face devint vultueuse, ses yeux s'injectèrent, son pouls devint d'abord plus fré- quent, puis il se ralentit et diminua graduellement d'intensité jusqu'à de- venir filiforme; alors tous ses traits prirent une expression de douceur et de satisfaction. On le pinça avec force , il ne donna aucune preuve de sensibilité. Une prostration complète survint, et les yeux fermés se renversèrent dans l'orbite, comme pendant une syncope. L'inspiration de l'éther avait duré neuf minutes. Alors on enleva la partie cancéreuse ; et , comme la perte de substance très-considérable ne permettait pas de rapprocher l'une de l'autre les sur- faces saignantes, il fallut disséquer au loin la muqueuse pour donner plus d'extensibilité à la lèvre. Pendant que l'on pratiquait cette partie de l'opé- ration, le malade parut sentir de la douleur; du moins il fit cette inspiration demi-sifflante qu'on remarque souvent cbez les personnes surprises par une légère douleur. On le soumit de nouveau, pendant deux minutes, à l'action de l'éther, puis on acheva l'opération , qui ne dura pas moins de vingt-cinq minutes, durant laquelle le malade ne donua d'autre signe de sensibilité que celui qui vient d'être indiqué , et qui se manifesta au moment où l'on com- mença à disséquer la muqueuse. L'état de somnolence et d'affaissement persista encore dix minutes environ : l'opéré cependant ouvrait les yeux de temps en temps et répondait à ce qu'on lui demandait; puis enfin, le pouls se releva tout à fait: il déclara alors qu'il n'avait ressenti aucune douleur, et il n'avait aucune conscience de ce qui s'était passé. Un deuxième malade , un Provençal âgé de soixante-cinq ans , plus adonné que le premier à l'usage des boissons alcooliques, mais n'ayant pias l'habitude de s'enivrer, fut soumis à l'action de la vapeur d'éther avant qu'on ne pra- tiquât sur lui l'amputation de la jambe, perdit la sensibilité de la peau, après sept minutes d'inhalation, et continua à respirer encore les vapeurs éthérées ( 203 ) pendant une minute. Il paraissait alors n'avoir pas toute sa raison; il était très-animé, gesticulait beaucoup, et pendant tout le temps qu'on l'opérait, ce qui dura six minutes et demie, il ne cessa de parler de la Provence et d'en parler en provençal avec un des chirurgiens assistants. On l'avait fait tenir par précaution, comme les malades ordinaires, à cause de la vivacité de ses gesticulations; du reste, il ne s'aperçut pas qu'on l'amputait. Au moment où les ligatures allaient être placées, il était redevenu calme, et l'opé- rateur, pensant que ce changement pouvait annoncer un retour à la sensi- bilité, fit replacer, pour quelques instants, l'appareil à éther. Les effets de cet agent se dissipèrent assez rapidement, et le malade, revenu à lui, ne savait pas qu'on lui avait coupé la jambe, mais se rappelait avoir parlé de Marseille. La cinquième observation est aussi relative à un cas d'amputation; la troi- sième et la quatrième à l'application de moxas et de cautères actuels. Dans ces deux dernières, M. Hutin a vu apparaître, après les premiers signes de l'intoxication éthérée , et avant la perte de la sensibilité , la couleur bleue des lèvres ; il revient sur ce fait dans les conclusions de son Mémoire , et fait sentir la nécessité de surveiller de très-près ces phénomènes d'asphyxie. Il ajoute les réflexions suivantes que nous reproduisons textuellement : « Lorsqu'on soumet un malade à l'inhalation de l'éther, il convient de faire d'abord l'éducation des voies aériennes, c'est-à-dire d'y faire parvenir la vapeur en petite quantité et graduellement, en n'ouvrant d'abord que peu à peu le robinet de l'appareil, puis progressivement on arrive à l'ouvrir tout à fait. Tout cela est l'affaire de quatre ou cinq inspirations. J'ai éprouvé sur moi-même , et l'expérience des autres démontre que les bronches sont péniblement impressionnées par l'arrivée brusque et subite de ce fluide, qui détermine une constriction et une chaleur gênantes. » Quelque temps après que l'appareil a commencé à fonctionner, temps plus ou moins long, suivant plusieurs circonstances, le malade fait de larges inspirations; il respire à pleins poumons. C'est alors que commence l'effet stupéfiant; c'est alors que la face s'injecte et que les yeux deviennent lar- moyants. Ce moment n'est pas loin de celui où la sensibilité disparaît, si l'on continue à appliquer convenablement l'embouchure de l'appareil. Le pouls, qui s'était élevé , commence à s'affaisser, et le malade divague ; mais il répond encore quand on lui parle. Ce moment, comme le démontrent les obser- vations rapportées plus haut, est plus lent à se manifester chez les individus adonnés â l'ivrognerie; ils résistent plus longtemps à l'action, de même qu'ils sont plus difficilement étourdis par les fumées du vin et de l'alcool. 27.. ( 204 ) » L'ivresse produite par l'inhalation éthérée ne demande pas , en général, beaucoup plus de temps pour se dissiper, à partir dn moment de son summum d'intensité , quand on ne la pousse pas au delà de la seconde période, qu'il n'en a fallu pour l'amener là, à partir du moment des grandes inspirations, si l'embouchure est bien appliquée. L'action diffusible de l'éther est telle- ment subtile, que son impression dure peu; elle fait passer le corps par les diverses gradations de l'ivresse alcoolique si rapidement, qu'il faut les épier pour les constater. « M. Taveroter communique les résultats qu'il a obtenus dans deux expé- riences sur les effets de l'inhalation de l'éther; une de ces expériences a été faite sur lui-même. M. Tavernier n'ayant pas d'appareil spécial pour l'inhalation des vapeurs éthérées, les effets ont été très-lents; il a fallu une demi-heui-e d'inspiration avant que la malade qu'il avait à opérer commençât à s'assoupir, et encore ne fut-ce que pour un instant. Pour lui-même, l'expérience a duré près d'une heure , et les seuls symptômes étaient ceux d'une légère ivresse , sans pe- santeur de tête , puis un demi-sommeil , de peu de durée. On profita de ce moment, ainsi qu'il avait été convenu, pour lui extraire la racine d'une dent incisive; l'opération, quoique faite très-vite et très-adroitement, causa beaucoup de douleur; et le reste du jour, M. Tavernier ressentit une sorte d'engourdissement général très-gênant : il ajoute que pendant quatre jours il ne put se débarrasser de l'odeur dether. ÉCONOMIE DOMESTIQUE. — Sur l emploi de la racine de chiendent pulvérisée pour faire un pain économique et saluhre. (Extrait d'une Lettre de- M. Chevallier fils.) < « Quelques journaux ayant annoncé qu'un charpentier wurtembergeois avait trouvé le moyen de faire un très-bon pain avec la racine de chien- dent ( Triticum repens) réduite en poudre et mêlée avec un tiers ou un quart de farine de blé , je crois devoir réclamer la priorité d'application de cette idée, pour deux savants qui n'existent plus : M. Alphonse Leroy, professeur à la Faculté de Médecine de Paris, et M. Valet, pharmacien (i), ont présenté, le 17 mai 181 2, à la Société d'Agriculture, un Mémoire dans lequel ils établissaient que de 4oo arpents de terre on pouvait retirer (1) Je dis la priorité d'application , parce qu'on savait déjà qu'en Egypte on avait mêlé la poudre de chiendent à la farine destinée à faire du pain ; qu'en Pologne, on s'en sert pour faire du gruau ou extraire de la fécule. ( 205 ) aooo kilogrammes de chiendent, desquels on obtiendrait la sacs de farine, ou 5oo kilogrammes de sirop , ou bien encore 4oo litres d'eau-de-vie. >i MM. Leroy et Valet disaient que le pain fait avec le chiendent deman- dait un levain beaucoup plus actif que le levain ordinaire ; ils proposaient , pour arrivera de bons résultats, d'ajouter un peu d'eau-de-vie avec une cer- taine quantité de sel. ;' ..-..■■. » M. Sonnini, l'un des membres de la Société d'Agriculture, disait que le pain présenté à la Société par MM. Leroy et Valet ont, avait l'odeur du pain ordinaire, que la saveur n'en était pas désagréable, mais que la pâte en était lourde et serrée. Ce savant faisait observer que , si l'on mêlait la poudre de chiendent avec un tiers ou un quart de farine de froment, on obtiendrait un pain aussi bon qu'économique. " . M. CoTTEREAU anuoncc qu'il est parvenu à former indirectement de la pjrroxjline avec Vamidon, comme on le fait avec le coton. Pour cela, il suffit de dissoudre dans l'acide nitrique fumant de la xyloï- dine d'amidon préparée suivant le procédé de M. Braconnot, puis d'ajouter à cette dissolution de l'acide sulfurique très-concentré , cet acide agissant comme déshydratant; ce n'est plus de la xyloïdine, mais de la pyroxyline qui se précipite. M. Pelocze fait remarquer que ce mode de préparation avait déjà été indiqué par M. de Vrij [Comptes rendus, séance du 4 janvier 1847 ) ' ^^ '' ajoute que l'identité entre la pyroxyline et la matière résultant de l'action de l'acide sulfurique sur la dissolution nitrique de la xyloïdine, ne peut être . constatée que par des analyses élémentaires. M. DuJARDiN adresse une nouvelle Lettre à l'appui de la réclamation de priorité qu'il a soulevée, relativement à un appareil magnéto-électrique employé par M. Breguet dans son système de télégraphie; appareil dont cet ingénieur ne s'attribue point l'invention , mais dont il dit avoir pris l'idée à M. Page. La Lettre de M. Dujardin a pour but d'établir qu'il existe entre l'appareil dont il avait adressé une description à l'Académie et celui dont M. Breguet a fait usage, beaucoup plus de ressemblance qu'entre ce dernier et l'appareil de M. Page. M. Sudre annonce l'intention de soumettre au jugement de l'Académie un système de télégraphie acoustique pratiqué par le canon, ainsi qu'un nouveau mojen de correspondance à V usage de la marine, pratiqué par un seul fanal. ( 206 ) M. Sudre sera invité à présenter un Mémoire sur ces deux inventions; c'est alors seulement qu'une Commission pourra être nommée. M. Andraud annonce qu'il a fait établir dans Paris un tronçon de chemin de fer, sur l'échelle d'exécution, d'après le système de locomotion qu'il a précédemment soumis au jugement de l'Académie : il exprime le désir que la Commission , désignée à l'époque de la présentation de son Mémoire , veuille bien assister aux expériences qui vont être faites. M. Ch. Maison prie l'Académie de hâter le travail de la Commission à laquelle a été renvoyé un instrument qu'il a précédemment présenté, et qu'il désigne sous le nom de trigonomètre. M. DE Pakavey adresse une Note sur divers passages des auteurs chinois qui ont cru, comme Pline, à l'influence du tonnerre sur la production des truffes. ■ li'Académie accepte le dépôt de quatre paquets cachetés, présentés par MM. BoBiERHE, Chodzco, Heurteloup et Brown-Sequard. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. I^a Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'Académicien libre, vacante par suite du décès de M. Bory de Saint-f^in- cent, fait la présentation suivante : Au premier rang : M. Civiale; Au second rang , et par ordre alphabétique : MM. Bussy; Fèvre; Largeteau; .lean Reynaud. Sur la proposition d'un membre, M. Vallée est admis par l'Académie comme candidat pour la place vacante. Les titres des candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures et demie. F. ( 207 ) UULLETIiS' BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du !*"■ février 1847, '®* ouvragés dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences, ■ "semestre 1847, n° 4; in'4°- Annales de Chimie et de Physique; par MM. i&AY-LusSAC , Abago, Che- vREUL, Dumas, Pelouze, BoussmcAULTefREGNAULT; 3* série, tome XIX; février 1847; in-8°. Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 56* et 57* livraisons; in-8*. Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; décembre 1846 ; in-8°. Annales forestières ; janvier 1847; io-8". Annales médico-psychologiques. Journal de ianatomie , de la physiologie et de la pathologie du Système nerveux; janvier iS/i"] ; in-8°. ' Mémoire sur les Tumeurs syphilitiques des muscles et de leurs annexes ; par M. BONISSON; in-8°. Preuves de l'existence d'anciens glaciers dans les vallées des Vosges, du terrain erratique de cette contrée; par M. E. GOLLOMB ; in-8°, avec planches. ■Revue botanique, recueil mensuel; par M. DucHARTRE ; 2* année, 7* li- vraison; in- 8". Atlas général des Phares et Fanaux, à [usage des Navigateurs ; par M. Gou- lier; publié sous les auspices de S. A. R. Monseigneur le Prince DE Joinville. — [Russie, mer Noire.) In-folio. La Fièvre typhoïde est-elle contagieuse? Sur quelle base doit être établi son Traitement? par M. Mayer. Besançon, 1847; ^^-^"• Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; par M. Gh. d'Orbigny; tome VI, 95* et 96* livraisons ; in-8°. . , Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; janvier 1847; in-8. Journal des Connaissances utiles; n° i, janvier 1847 ; in-8°. Bulletin du Musée de l'Industrie; par M, JOBARD; année 1846, 3® livraison ; in-8°. ■ Recherches sur l'embryogénie, l'anatomie et la physiologie des Ascidies simples; par M. Van Beneden. Bruxelles, i846; in-8''. Thomœ Vallavrii de studio historiée patriœ oratio habita in regio Tourinensi archigymnasio. Tavin, 1846; in-8°. ( ao8 ) Transactions . . . Transactions de la Société Géologique de Londres ; 2* série , vol. VIÏ , partie 3« ; in-4''. An Explanation. , . Explication des irrégularités observées dans le mouve- ment d' Uranus , en partant de l'hypothèse de perturbations causées par une pla- nète plus éloignée; avec une détermination de la masse, de l'orbite et de la position de la planète perturbatrice; par M. J.-C. Adams. (Extrait de X Appendice au Nautical Almanac pour i85i.) Londres, 1846; in-8''. Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° 687; in-4°. Raccolta . . . Recueil scientifique de Physique et de Mathématique ; 3* année , n°2. Rome, 1847; 10-8°. Descrizione . . . Description des Poissons et des Crustacés fossiles du Piémont; par M. E. Sismonda. Tnrin, 1846; in-4°- Gazette médicale de Paris; 1 7* année ; n° 5 ; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n"' 10 à 1 2 ; in-folio. L'Union agricole; n°' i36 et 137. ' F. L'Académie a reçu, dans la séance du 8 février 1847, ^^^ ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences , i"'' semestre 1847, °° ^' i°-4°- Institut royal de France. — Académie royale des Sciences. — Funérailles de M. Gambey. — Discours de M. le baron Cu. Dupin; i feuille in-4°. Théorie expérimentale de la formation des os; par M. Flourens ; avec 7 plan- ches; in-8°. Annales des Sciences naturelles; novembre 1846; in-S". Préfecture de Police. — Conseil de Salubrité. — Rapport sur 'le Coton-Poudre ,- par M. Payen ; in-4°. Description des Machines et Procédés consignés dans les Brevets d'Invention, de Perfectionnement et d'Importation , dont la durée est expirée, et dans ceux dont la déchéance a été prononcée ; tome I^XII ; in-4''. Théorie positive de l'ovulation spontanée et de la fécondation des Mammifères et de l'espèce humaine, basée sur l'observation de toute la série animale ; par JM. PouCHET; I vol. in-8°, avec atlas in-4°; 1847- F. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 15 FÉVRIER 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUNICATlOi^S DES MEMBRES ET DES CORRESPONDAMS DE L'ACADÉMIE. •'[■"' '""■'.,, ■ ' ■ .■ " ■ CHIMIE. — Mémoire sûr un nouveau mode de dosage des nitrates, et particulièrement du salpêtre ; par M. J. Pelodze. « Les nitrates étant tous solubles dans l'eau, on ne peut appliquer à leur détermination les méthodes généralement usitées pour l'analyse des autres sels, et qui consistent presque toujours à former un précipité de composi- tion connue, qu'on pèse après en avoir opéré le lavage et la dessiccation. » Cependant, comme l'emploi des nitrates est considérable, comme la fabrication de la poudre exige annuellement, même en temps de paix, plu- sieurs raillions de kilogrammes de salpêtre , on a dû chercher depuis long- temps le moyen d'apprécier, sinon rigoureusement , au moins d'une manière suffisamment approximative , le titre du salpêtre brut destiné à être raffiné dans les ateliers de l'État. » Avant I ']'j5 , époque de l'institution de la régie des poudres, on ne con- tiaissait aucun moyen de titrer, même grossièrement, le salpêtre; on se con- tentait d'en faire brûler une certaine quantité dans une cuiller de fer pour apprécier, par la déflagration ou la décrépitation , les quantités respectives de nitre et de sel marin. >' En 1783, Guyton de Morveau proposa un moyen d'analyse, qui consistait dans l'emploi successif de l'alcool et du nitrate de plomb. Ce pro- cédé, encore très-imparfait, et d'une exécution d'ailleurs difficile, fut em- G. R.. 1S47, i" Semestre. (T. XXIV, IN» 7.) î*8 I : ^ ^'° ^ ployé dans la seule raffinerie de Paris , où les essais se faisaient sous les yeux de Lavoisier. Les résultats des épreuves ne s'accordèrent pas avec les pro- duits des raffinages. Baume substitua au nitrate de plomb l'acétate de cette base , sans aucun avantage réel. Il En 1789, on crut avoir atteint le but qu'on cherchait depuis bien des années. Riffault eut, à cette époque, l'ingénieuse idée de remplacer l'alcool par de l'eau saturée de sailpêtre. » Lavoisier adopta cette idée, et lui donna l'appui de sa haute autorité; mais guidé, comme il l'a dit lui-même, par une expérience de Geoffroy, > il signala , dans le procédé de Riffault, une cause d'erreur qui consiste en ce que le chlorure de sodium détermine, au détriment du fournisseur, la disso- lution d'une quantité très-sensible du salpêtre d'épreuve. 1) En conséquence, on dressa une Table de correction dans laquelle on chercha à fixer l'effet que produit la quantité de sel énoncée dans l'épreuve; mais les produits de l'affinage n'étaient pas encore en harmonie avec les essais. )> L'Académie des Sciences, consultée par le Gouvernement, adopta, sur la proposition de Bertholletet de Fourcroy, le procédé indiqué et rédigé par l'Administration des poudres à laquelle appartenait F^avoisier. " Nonobstant ce Rapport favorable, et la grande autorité des chimistes qui avaient concouru à sa rédaction, de nouvelles plaintes sur l'inexactitude du procédé de Riffault surgirent de tous côtés. » Le 27 juillet 1791, Fourcroy et Vauquelin lurent un Mémoire sur les inexactitudes et les causes d'erreur de la méthode d'essai par la dissolution saturée de nitre, et, loin de donner raison aux plaintes des salpêtriers, ils proposèrent de supprimer la bonification accordée, d'après la Table jointe à l'Instruction du i*"^ juillet 1789. Le ministre, embarrassé entre des rapports et des prétentions aussi contradictoires, s'adressa de nouveau à l'Académie des Sciences, qui nomma, pour examiner cette question, une Commission composée de Baume , Berthollet , d'Arcet père et Fourcroy. Ces Commis- saires , auxquels Vauquelin s'était adjoint, déclarèrent que, malgré quelques légères inexactitudes , l'épreuve à l'eau saturée était encore celle qui leur paraissait mériter la préférence par sa simplicité. Ils rejetèrent les correc- tions relatives à l'influence du sel marin. n A cette époque, tout ce qui se rattachait plus ou moins directement à la poudre excitait vivement l'intérêt public. » L'Assemblée nationale rendit, le i4 mai 1792, un décret portant que le Ministre des Contributions publiques , de concert avec la Re'gie des poudres et salpêtres et l 'Académie des Sciences , lui présenterait un projet de rè- ( 2.1 ) . • glement pour les formes de réception et la fixation du degré de force du salpêtre. " Lavoisier fut spécialement chargé des expériences qui devaient servir de base au projet de règlement demandé par l'Assemblée nationale. Il s'en occupa sans relâche, comme il nous l'apprend lui-même, pendant les quatre mois qui précédèrent le moment où il abandonna la régie des poudres. Ses travaux, importants au point de vue de la fabrication et du raffinage du nitre, n'ont pas cependant amené la solution complète du problème relatif à l'analyse de ce sel. " A cette même époque, les relations de la France avec l'Inde étaient in- terrompues; il fallait, de toute nécessité, retirer du sol national tout le salpêtre nécessaire à sa défense et alimenter de nombreuses armées. La régie disparut donc; une agence révolutionnaire lui succéda: les villes, les com- munes, les particuliers se livrèrent à la fabrication du salpêtre. Quel que fût son titre, on l'amoncelait, sans aucune épreuve, dans les magasins nationaux, et la comptabilité ne fut rétablie qu'alors que l'indépendance de la France fut assurée. . . ■ . » L'Académie fut de nouveau consultée sur le meilleur mode d'essai d'é- preuve des salpêtres; Pelletier, Vauquelin, Guyton de Morveau rapporteur, de concert avec M. Champy, rédigèrent une Instruction qui fut approuvée par l'Institut, le ii messidor an V, et rendue obligatoire par le Directoire exécutif, le i"' vendémiaire an VI (22 septembre 1797). Cette Instruction, suivie jusqu'à ce jour, est, à peu de chose près, la reproduction du mode de Riffault, sanctionné par Lavoisier. Une circonstance vraiment singulière, c'estque, dans aucun des nombreux travaux dont l'essai du salpêtre fut l'objet, il ne fut aucunement question de l'influence perturbatrice que peut causer la présence fréquente du chlorure de potassium dans ce sel. Cette influence ne fut signalée qu'en i8i5. A cette époque, le commissaire des poudres de Lille constata un déficit considérable , dont on trouva la cause en examinant les sels séparés du nitre, pendant la purification. Ces sels, qu'on croyait être du sel marin, étaient presque entièrement formés de chlorure de potassium. » Ce déficit s'expliqua facilement par une élévation trop considérable du titre du salpêtre, due à ce que le chlorure de potassium détermine un dépôt de ce sel dans l'eau saturée de nitre. » MM. Saint-Venant et Pelissier, et en second lieu MM. Mallet et Per- ruche, s'occupèrent des moyens de reconnaître la présence du muriate de potasse dans le salpêtre brut , et cherchèrent à apprécier son influence dans le mode d'épreuve adopté. Sans rien changer à ses Instructions, la Direction 28.. ( 212 ) des poudres enjoignit seulement aux Commissaires (5 août 1820) de ne pas recevoir de salpêtre dont le déchet dépasserait i5 pour 100. " En 1829, M. Gay-Lussac rédigea une Instruction dans laquelle il fit connaître les corrections qu'il faut faire subir au résultat de l'épreuve du salpêtre, en raison de l'abaissement de température occasionné par le chlo- rure de potassium, ou plutôt par des mélanges de ce sel et de sel marin. » Enfin M. Fauché examina l'influence que les sels divers contenus dans le uitre brut exercent sur la solubilité du salpêtre; il chercha à atténuer l'er- reur que le chlorure de potassium apporte dans les essais de ce sel. " Pour terminer l'historique des travaux dont le dosage du salpêtre a été l'objet, je dois parler d'une Note que M. Gossart, commissaire des poudres à Lille, m'a prié de communiquer à l'Académie, le 4 janvier dernier. Cette Note est imprimée dans le n° i des Comptes rendus de 1847- » M. Gossart a cherché à apprécier le degré de pureté du salpêtre brut, en mêlant ce sel à de l'acide sulfurique, et le décomposant par une disso- lution titrée de sulfate de fer. Il juge que l'opération est terminée lorsque, après avoir chauffé le mélange et en avoir séparé une petite quantité , il y reconnaît par le cyanoferride de potassium la présence du fer au minimum. » La méthode de M. Gossart est fondée sur le principe que M. Gay- Lussac et plusieurs autres chimistes ont appliqué à la chlorométrie et à l'essai des manganèses; c'est-à-dire qu'elle consiste à apprécier le terme de certains phénomènes de suroxydation ou de perchloruration, dans lesquels intervient le corps soumis à l'analyse. L'idée d'appliquer ce principe à l'essai du salpêtre est heureuse; elle appartient à M. Gossart, et je m'empresse de lui rendre cette justice. » Occupé moi-même d'un procédé de dosage des nitrates, j'ai dû répéter celui que propose M. Gossart. J'ai cru lui reconnaître des imperfections, et j'en ai fait la remarque à l'auteur, qui m'a chargé de présenter à l'Académie une nouvelle Note dans laquelle il propose une modification à sou procédé. » J'arrive maintenant aux observations et aux expériences qui m ont con- duit au procédé que je propose pour l'analyse des nitrates. 11 Des divers métaux , l'un de ceux dont les sels se suroxydent ou se per- cblorurent avec le plus de facilité , est le fer ; on sait , d'après les expériences de M. Margueritle, qu'une dissolution étendue de protochlorure de fer se sur- oxyde pour ainsi dire instantanément, lorsqu'on y verse, à la température ordinaire, une dissolution d'hypermauganate de potasse ^et que l'addition de la plus petite quantité du caméléon dans un sel de fer ainsi peroxyde communique à la liqueur une teinte rose, qui devient un indice certain du terme même de la suroxydation. ^ ( 2i3 ) » J'ai cherché à déterminer d'une manière très-exacte combien il faut de nitrate de potasse pur pour porter au maximum un poids connu de fer dissous dans un excès d'acide chlorhydrique; j'ai choisi, à cet effet, comme se prêtant le mieux à l'expérience, des fils de clavecin, qu'on peut considérer comme du fer pur, à deux ou trois millièmes près; j'ai constaté que 2 grammes de ce fer, dissous dans un excès considérable d'acide chlorhy- drique (de 80 à I GO grammes), exigeaient, pour être portés à l'état de perchlo- rure, des quantités d'azotate de potasse pur toujours comprises entre iS'',2i2 et 1*^,220; soit en moyenne iS"',2i6. J'ai examiné la nature des gaz qui prennent naissance dans cette réaction , et je les ai trouvés formés d'acide chlorhydrique et de bioxyde d'azote. En traduisant ces nombres en équi- valents , on voit qu'ils correspondent à 6 équivalents de fer et à i équivalent d'azotate de potasse. L'acide de ce dernier sel se dédouble donc en bi- oxyde d'azote , qui se dégage , et en 3 équivalents d'oxygène , qui enlèvent 3 équivalents d'hydrogène à l'acide chlorhydrique pour former 3 équiva- lents d'eau et mettre à nu 3 équivalents de chlore qui, s'ajoutant aux 6 équi- valents de protochlorure de fer, produisent 3 équivalents de perchlorure, comme l'indiquent les équations I». 6Fe-f-6HCl = 6FeCl + 6H; 2». 6FeCl4-AzO*KO-4-4HCl = 4H0 4-KCl-|-AzO'-+-3(Fe'Cl') [*J. '• - « » Cette décomposition ainsi nettement établie, il m'était facile de prévoir qu'elle pouvait devenir la base d'une méthode simple et facile pour analyser les nitrates. ;,f ,,j, " En effet, il n'était pas vraisemblable que la présence des chlorures et des sulfates dans ces sels, et particulièrement dans le salpêtre, pût changer la manière dont ils se décomposent dans l'expérience précédente; toutefois, pour m'en assurer directement, j'ai ajouté à du nitrate de potasse pur des pro- portions plus ou moins considérables de sel marin , de chlorure de potassium et de sulfate de potasse et de sonde , et j'ai reconnu que ces sels étaient sans influence sur la quantité d'azotate nécessaire à la suroxydation du fer. » Ce nouveau point bien établi, il était évident qu'il ne restait plus, pour compléter la nouvelle méthode, qu'à trouver un moyen sûr et facile de con- stater, dans l'essai d'un nitrate impur, la quantité de fer non suroxydé, et ce moyen même était déjà indiqué dans le Mémoire de M. Margueritte sur le dosage de ce métal. [*] Cette décomposition des nitrates par les sels de protoxyde de fer en présence d'un excès d'acide chlorhydrique fournit un excellent moyen de préparer le bioxyde d'azote. ( 2i4 ; » Je suppose, en effet, qu'ayant opéré sur 2 {);rammes de fer et iS',2i6 de salpêtre impur, le caméléon minéral indique que oS'',20o de fer n'ont pas été peroxydes; j'en conclus que aS^^jOco moins os^aoo ou i8'',8oo de fer ont été portés au maximum : or, si le sel avait été pur, les 2S'',ooo de fer auraient été entièrement perchlorurés; j'établis donc la proportion 2,000 : 1,2 16 :: 1,800 : x. X = 1,0944- Il y avait donc i8%0944 de nitrate de potasse réel dans is'^,216 de salpêtre impur, ou 90 parties dans 100 de ce sel. » Je choisirai comme exemple du nouveau dosage de l'acide azotique et des azotates, le salpêtre brut du commerce, tel qu'il est livré au raffinage. " Dans un matras de i5o centimètres cubes environ de capacité, on introduit 1 grammes de fils de clavecin, on y verse 80 à 100 grammes d'acide chlorhydrique concentré, et, après avoir fermé le matras avec un bouchon de liège portant un petit tube effilé, on y dissout le fer à une douce chaleur; au moment même où cette dissolution vient d'être achevée, on y introduit i6'",aoo du salpêtre qu'il s'agit de titrer : on referme aussitôt le matras, et l'on porte le liquide à l'ébullition. La liqueur brunit fortement; des vapeurs épaisses d'acide chlorhydrique mêlées de bioxyde d'azote jail- lissent par l'orifice du tube effilé, et s'opposent à l'accès de l'air dans le ma- tras. Bientôt la liqueur perd sa couleur brune; elle jaunit et s'éclaircit peu à peu; après une ébullition soutenue pendant cinq ou six minutes, et alors que la liqueur est devenue depuis quelque temps transparente, on retire le ma- tras du feu , on verse le liquide qu'il renferme et les eaux de lavage dans un grand ballon de i litre environ de capacité, qu'on achève de remplir presque entièrement avec de l'eau commune. Cela fait, on y verse peu à peu, et à l'aide d'une burette graduée, une dissolution titrée de permanganate de po- tasse. On imprime au ballon un mouvement d'agitation qui mêle bien la liqueur; au moment où celle-ci prend enfin une légère teinte rose, on cesse d'ajouter le caméléon, et on Ht sur la burette la quantité qu'il a fallu en employer pour peroxyder le fer. L'opération tout entière est terminée; il ne s'agit plus que d'en calculer le résultat (*). (*) On prépare le caméléon en maintenant pendant quelque temps au rouge sombre, dans un creuset de terre , un mélange de 3 parties de potasse à la chaux , 2 parties de bioxyde de manganèse et i partie de chlorate de potasse. La masse , d'un vert foncé , est pulvé» risée , mêlée avec trois à quatre fois son poids d'eau , et traitée par l'acide nitrique faible qu'on ajoute peu à peu jusqu'à ce que la liqueur ait pris une couleur pourpre. On la filtre sur de l'amiante ou du verre pilé, et on la conserve dans un flacon à l'éraeri. Pour en déterminer le titre , on pèse exactement o«'',5oo de fils de clavecin qu'on dissout » Supposons que la dissolution de caméléon soit telle , qu'il en faille a 5 cen- timètres cubes pour peroxyder o8"^,5oo de fer, ou 5o centimètres cubes pour 1 gramme de ce métal, et supposons aussi que, pour terminer l'expérience précédente, il ait fallu lo centimètres cubes de la même dissolution ; nous établissons la proportion : » Si 5o centimètres cubes de ce caméléon sont aptes à peroxyder i ooo de fer, combien en ont dû peroxyder i o centimètres cubes : .;,jv;. _-, 5o" : 1,000 :: lo'^'' : x=: 0,200. -,;■.' >' Je retranche donc des 2,000 de fer 0,200 de ce métal, et je con- clus que les 1,800 qui restent ont été portés au maximum par 1,200 de sal- pêtre brut; mais je sais que 2,000 de fer représentent 1,216 de nitrate de potasse pur, ou que i gramme en représente 0,608, et je trouve la quantité de ce sel correspondant à iS'',8oo de fer avec la proportion suivante : i,ooo ; 0,608 :: 1,800 ; x-= 1,0944- Dans les 1,200 de sel soumis à l'analyse, il y avait donc 1,0944 d'azotate de potasse pur, ou j-^J^ = 91,2 pour 100. Le salpêtre essayé est donc au titre de 91,2. » On comprend que, dans Texpérience dont il vient d'être question, la réaction entre le protochlorure de fer et le nitrate doit avoir lieu en l'ab- sence de l'air; en effet, si l'air avait accès dans le matras, il agirait rapide- ment sur le bioxyde d'azote et le rendrait apte à peroxyder une nouvelle quantité de fer. Dès lors le titre du salpêtre serait exagéré; mais il est très- facile de se mettre à l'abri de cet inconvénient. Lorsque le fer vient de dis- paraître dans l'acide, le ballon est rempli d'hydrogène et de gaz chlorhy- drique; le nitrate qu'on y introduit n'apporte pas avec lui, ou n'aoporte qu'une quantité insignifiante d'air, et la liqueur, portée à une ébuUition sou- tenue, laisse dégager par le tube effilé des vapeurs acides et aqueuses, dont le jet, toujours visible et facile à maintenir, ne permet plus la rentrée de l'air. » J'ajouterai que l'air n'est vraiment à craindre qu'au moment où le nitrate vient d'être mis en réaction; car je me suis assuré de l'exactitude de l'asser- tion de M. Margueritte, qui dit que, dans le sein d'une liqueur fortement acide, le fer se peroxyde à l'air, même libre, avec une difficulté et une len- teur telles, que l'analyse n'en est pas affectée d'une manière sensible. dans i5 à 20 grammes d'acide chlorhydrique. On ajoute à la dissolution i litre environ d'eau commune, et on y verse , avec la burette , le caméléon jusqu'à ce que la liqueur prenne une teinte rosée. ( Voir, pour plus de détails , le Mémoire de M. Margueritte sur le dosage du fer. Annales de Chimie et de Physique , 3" série , t. XVIII. ) (2,6) » Les nitrates peuvent être employés indistinctement à l'état solide ou en dissolution dans l'eau. " Je préfère, en général, les prendre sous la première forme; mais, quand il s'agit de salpêtre brut, comme il peut y avoir des différences très- grandes dans les échantillons dont il s'agit de déterminer la composition moyenne, il est peut-être préférable d'opérer sur une dissolution faite avec une grande quantité de matière. Voici comment je fais dans ce dernier cas : » Je dissous, dans un vase de la capacité de 2 litres, 120 grammes du salpêtre à essayer, ou 60 grammes dans une carafe de i litre qu'on achève de remplir exactement avec de l'eau commune. Je prends, avec une pipette, . ao centimètres cubes de cette liqueur, que j'introduis dans la dissolution de 2 grammes de fer dans 100 grammes d'acide chlorhydrique concentré, au moment même où le métal vient de disparaître, et j'opère comme avec le salpêtre cristallisé. Il est clair que 20 centimètres cubes d'une telle liqueur renferment 1,200 de salpêtre brut : c'est donc comme si l'on opérait directe- ment sur cette quantité de sel sec. " J'ai soumis à la même épreuve le nitrate de soude pur et le nitrate de soude impur, tel qu'on le trouve dans le commerce, et je me suis assuré, par de nombreuses expériences dont je crois inutile de rapporter ici les résultats, que mon procédé permet d'apprécier avec une grande exactitude le degré de pureté de ce sel. » Les usages du nitrate de soude commercial tendent à s'accroître ; il sert à la fabrication de l'acide nitrique, à celle du salpêtre et de l'acide sulfu- rique; M. Kuhlmann a fait connaître son heureuse influence dans l'agri- culture. Il était donc important de trouver un moyen de l'analyser rapide- ment et avec exactitude. Je crois que celui dont je propose l'emploi est sans reproche. ' » Le nitrate d'ammoniaque et le nitrate de plomb , analysés par le nouveau procédé, m'ont fourni des résultats dont l'unique intérêt consiste dans la confirmation de la bonié de la nouvelle méthode. )> Cette méthode trouvera un intérêt plus pratique dans l'emploi qui pourra en être fait à la détermination de la proportion d'eau renfermée dans certains nitrates encore mal connus sous ce rapport. Elle sera surtout utile pour 1 analyse des mélanges d'acides azotique et sulfurique devant servir ou ayant servi à la préparation de la pyroxyline. Je me suis assuré, en effet, que l'acide sulfurique , mêlé à l'acide azotique, n'apporte aucune perturbation dans le nouveau mode d'analyse, et que ce dernier acide, étendu d'eau, seul ou mêlé d'acide sulfurique, pouvait être dosé comme un nitrate neutre. - ( ai7 ) » Les salpêtriers ne connaissent aucun moyen d'apprécier avec quelque exactitude la proportion des nitrates destinés à être convertis en nitrate de potasse. Ils pourront maintenant titrer leurs plâtras et autres matériaux sal- pêtres (i). » La fabrication du salpêtre avec les plâtras se fait quelquefois en ajou- tant aux eaux de lixiviation suffisamment rapprochées , du sulfate de soude, qui donne naissance, avec le nitrate de chaux, à du sulfate de chaux qui se dépose, et à du nitrate de soude qui est converti ensuite en salpêtre, en le traitant par du chlorure de potassium. Ija connaissance de la proportion d'acide azotique renfermé dans ces eaux guidera les salpêtriers, d'une ma- nière beaucoup plus sûre , vers la proportion de sulfate de soude qu'il faudra employer, et cette connaissance leur sera très-utile , car un défaut ou un excès de ce sel est également nuisible à leur fabrication. » Mais c'est principalement à la détermination du titre du salpêtre brut que sera utile ma nouvelle méthode d'analyse des nitrates. Dans la plupart des cas, le nitre du commerce ne contient qu'un seul azotate, celui de po- tasse, mêlé à des matières terreuses, à des sulfates, à des chlorures alcalins. Celui qui vient de l'Inde , et qui constitue les deux tiers environ du salpêtre destiné à la fabrication de la poudre, se trouve particulièrement dans ce cas. L'analyse pourra donc en être faite avec autant d'exactitude que de ra- pidité par le procédé que je propose. Toutefois , je dois faire remarquer que ce procédé ne fait pas connaître la nature de la base unie à l'acide nitrique; il indique seulement la quantité d'acide nitrique unie à ces bases, de sorte que, pour l'appliquera la détermination particuhère d'un nitrate, il faut s'assurer que le mélange, soumis à 1 analyse, ne contient pas d'autre sel du même genre. »<> , Sjj e;;; » Ainsi, par exemple, il m'est très-facile d'apprécier la proportion exacte de nitrate de potasse mêlé à des sulfates et à des chlorures; mais si le nitrate de soude existe dans ce mélange, mon procédé n'indique plus autre chose que la quantité d'acide azotique unie à une proportion inconnue de ces deux bases. Il ressemble, sous ce rapport, au moyen d'analyse qu'a fait connaître M. Gay-Lussac , et qui consiste à décomposer les nitrates alcalins par le charbon, et à apprécier, avec l'acide sulfurique normal, la proportion des carbonates qui en résultent* Dès lors , il est évident qu'on ne (i) Toutefois, il peut se présenter des cas particuliers dans lesquels des matières orga- niques ou des corps susceptibles de suroxydation mêlés aux nitrates s'opposeraient à l'ap-- préciation exacte de ces sels , en agissant sur le caméléon. C. R., 1847, I" Semestre. (T. XXIV, N"?.) 29 (2,8) doit pas le substituer exclusivement au mode actuel d'essai du salpêtre, qui fait connaître le titre de ce sel , sinon d'une manière précise, au moins dans des limites qui satisfont, comme je vais essayer de le démontrer, à une ba- lance équitable entre les intérêts de l'État et ceux des salpêtriers. ') Le mode d'essai du salpêtre, dans les raffineries du Gouvernement, consiste à laver 4oo grammes de ce sel avec 'ySo centimètres cubes d'eau sa- turée de nitrate de potasse pur. Il présente des incertitudes qui tiennent, d'une part, à des matières terreuses qu'on laisse dans le salpêtre d'épreuve, et qui varient ordinairement de i à 2 pour 100, et, d'une autre part, à des sels, surtout des sulfates et des chlorures alcalins , qui agissent plus ou moins sur l'échantillon d essai et la liqueur saturée. Ces incertitudes tiennent aussi , entre autres choses, à des variations de température qu'on corrige, mais in- complètement, en traitant dans les mêmes circonstances 4oo grammes de nitre pur par ^So centimètres cubes de dissolution saturée du même sel et en observant ce que ces 400 grammes ont gagné ou perdu à la fin des épreuves. S'il existait par hasard, ce qui arrive de loin en loin, de l'azotate de soude dans le salpêtre, il serait enlevé comme les autres sels par l'eau saturée, et il n'en serait tenu aucun compte aux salpêtriers par la régie qui n'entend leur acheter que du nitrate de potasse. Or, comme le nitrate de soude, dans ce dernier cas, serait confondu avec celui dfe potasse, en sup- posant l'emploi exclusif de mon procédé, il est évident, comme je l'ai déjà dit, que ce procédé n'atteindrait pas le but qu'on se proposerait; mais s'il présente cet inconvénient dont je reconnais la gravité, il offre heureusement l'avantage d'apprécier avec infiniment plus de précision que le mode actuel la proportion exacte de nitrate de potasse contenue dans un mélange de ce sel et des matières qui l'accompagnent f)rdinairement, et nul doute que le nouveau procédé , employé concurremment avec l'ancien , ne rende de grands services à la régie des poudres. Quoi qu'il en soit , il m'a permis d'apprécier beaucoup mieux qu'on n'avait pu le faire jusqu'à présent, le degré d'exacti- tude du mode d'essai de Riffault. « li'analyse comparative de plusieurs échantillons de salpêtre impur des- tiné au raffinage a été exécutée avec soin par le mode d'essai de la régie, et par le mien; je me suis assuré que, dans le plus grand nombre des cas, le procédé de Riffault donne un titre plus élevé que le mien, et la différence est souvent comprise entre deux et trois centièmes. Cette circonstance est impor- tante à noter ; car, d'après l'Instruction réglementaire, la régie ajoute 2 pour 100 au déchet subi par le salpêtre d'épreuve , ou, en d'autres termes, elle di- minue de deux centièmes le titre du nitrate de potasse qu'elle a soumis à I ( 219 ) l'essai. Si cette coutume , suivie depuis plus d'un demi-siècle , fait pressentir que le procédé adopté par l'Administration est très-imparfait au point de vue purement analytique , elle montre cependant que les hommes éminents qui , à des époques diverses, se sont occupés de cette question, ont su établir une balance équitable entre les intérêts du Trésor et ceux des salpêtriers. .<,,» Le nouveau procédé que j'ai fait connaître dans ce Mémoire sera d'une grande utilité à la régie des poudres , non-seulement pour l'essai des salpêtres exempts de nitrates autres que celui de potasse, mais elle pourra l'appliquer encore avec avantage dans le cas rare où le salpêtre est mêlé à du nitraie de soude. Lorsque, par exemple, cette méthode donnera pour le salpêtre un titre plus élevé que celui déduit de l'essai à l'eau saturée, et que la différence observée surpassera trois centièmes, il y aura lieu à examiner si cette cir- constance ne doit pas être attribuée à du nitrate de soude. » Quoi qu'il en soit, la nouvelle méthode, lorsqu'elle s'adresse à un nitrate dont la base est connue, présente l'avantage d'une exécution facile; elle de- mande à peine vingt minutes et comporte une exactitude de deux à trois mil- lièmes. Pour m'assurer d'une manière positive de ce degré de précision, j'ai soumis mon procédé à une épreuve qui est sans réplique. Des quantités de nitre pur étaient pesées à une balance d'essayeur et mêlées à des sulfates et à des chlorures, c'est-à-dire aux sels qui accompagnent ordinairement le salpêtre brut: elles étaient soumises à l'analyse, et lorsque l'expérience était terminée, que le résultat en était calculé, l'opérateur était instruit alors seulement du poids de nitre pur sur lequel il avait opéré ; il le comparait à celui qu'il avait déduit de son expérience. Cette comparaison amenait rare- ment des différences de quatre à cinq millièmes; elles étaient presque tou- jours de deux à trois millièmes; un procédé est jugé définitivement quand il supporte une épreuve de cette nature. " Je l'avais déjà appliqué, avec une égale certitude, dans une autre oc- casion et en présence de quelques-uns de nos honorables confrères , à la mé- thode de dosage du cuivre, dont j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie; aussi ce dernier procédé a-t-il été reconnu exact par tous ceux qui l'ont mis en exécution. » ^ CHIMIE . — Action des alcalis chlorés sur la lumière polarisée et sur l 'économie animale; par M. Aug. Laurent. « Les nombreux travaux qui ont été publiés depuis quelques années sur les substitutions n'ont pas été suffisants pour déterminer tous les chimistes 29.. ( 220 ) à partager mon opinion sur ce sujet. Je dois surtout citer M. Berzelius, dont les préoccupations à mon égard s'accroissent d'année en année, et qui, au lieu de m'opposer des expériences, me combat par des hypothèses gratuites. " Avant de répondre aux objections de M. Berzelius, je crois devoir donner encore quelques faits d'un nouveau genre, afin d'appuyer mon opinion. » On ne manque pas d'exemples qui prouvent que, dans les substitutions chlorées régulières, le volume, la forme, la couleur, la capacité delà satu- ration et les propriétés chimiques fondamentales ne changent pas; mais, jusqu'à ce jour, on n'a pas encore examiné l'action que les corps chlorés exercent sur la lumière polarisée et sur l'économie animale. Je viens de faire quelques recherches sur ce sujet, et j'ai comparé les propriétés de la cincho- nine et de la strychnine avec celles de leurs dérivés chlorés. » J'ai pesé i équivalent de chacun des sels suivants : Bichlorhydrate de cinchonine C"H"N=04- H'Cl' Id. de cinchonine bichorée C"(ff''Cl')N'Ô 4- H'Cl' Id. de cinchonine bibromée e"(H"Br')N'0 -f- H'Çl' Id. bromhydraté de cinchonine bichlorée. C"(H»C1')N»0 -1- H'Br». » Ces sels, dissous dans la même quantité d'eau, ont été introduits dans l'appareil de M. Biot. Le premier dévia la lumière de . . . 1 3° 5o' vers la droite. Le deuxième dévia la lumière de . . i4.oo Le troisième dévia la lumière de. . i3 à i4 , . . , _ , , dissolution légèrement jaunâtre. Le quatrième devia la lumière de. . i3 à 14 ) « Pour examiner l'action des alcalis sur l'économie animale , j'ai choisi la strychnine. J'ai d'abord combiné cette base avec l'acide sulfurique , puis j'y ai fait passer un courant de chlore; j'ai ainsi obtenu un sulfate d'une nou- velle base, qui a précisément la composition du sulfate de strychnine, avec cette différence, que i atome d'hydrogène y est remplacé par 1 atome de chlore ; et, chose remarquable, ce nouveau sel renferme exactement , comme le sulfate ordinaire, 7 atomes d'eau. J'ai remis à M. Maisonneuve quelques centigrammes de ces deux sels; il les a administrés à deux chiens de taille moyenne : ces deux animaux ont succombé avec la même promptitude, sous les attaques du tétanos. » Maintenant, essayerai-je de réfuter les hypothèses de M. Berzelius.'' je crois que cela est parfaitement inutile. Cependant je ne veux pas que l'on puisse m'accuser de traiter avec trop de dédain ses théories; je demande ( aî»i ) donc à l'Académie la permission de lui donner, en quelques mots , les expli- cations de l'illustre chimiste suédois. Un exemple suffira pour les faire apprécier. . . ■ .. . ,! ■ ' >' Je viens de combiner l'acide nitrophénique chloré avec la cinchonine bichlorée. Suivant moi, cette combinaison n'est simplement qu'un phénate de cinchonine, dans lequel un certain nombre d'équivalents d'hydrogène a été remplacé par le même nombre d'équivalents de chlore et de vapeur nitreuse : Phénate C«H«0 + C'»H»N^O j Id. chloronitré. . C« ( H' Cl X ) 0 4- C" ( H» CP ) N' O. » Voici quelle serait, en appliquant la théorie de M. Berzelius, la con- stitution du second sel : K [(N'0'-+-0, C«H')CH% 0 4-H'0] + [N'H« + (C"H«N»0»)C«Cl']. !) En tout, une douzaine d'êtres imaginaires et d'hypothèses. » Mais je n'ai peut-être pas assez bien saisi le système de M. Berzelius. Je vais donc donner, avec plus de certitude, la formule qu'il attribuait au chlo- robutyrate de nitraniline. » Suivant M. Berzelius, l'acide butyrique est formé d'acide acétique co- pule avec un carbure d'hydrog'ène ; mais, comme l'acide acétique lui-même est formé, toujours d'après M. Berzelius, d'acide oxalique copule avec un autre carbure d'hydrogène, il s'ensuit que l'acide butyrique chloré a la com- position suivante : C* CP copule avec C H% qui est copule avec G' O' + H' 0 . ^"^ '» Mais ce n'est pas tout : suivant M. Berzelius, la nitraniline elle-même est une copule d'ammoniaque et de deux ou trois corps imaginaires; de sorte que le chlorobutyrate de nitraniline a la constitution suivante : [C' Lorsque l'on jette un coup d'œil sur les combinaisons mercurielles, on est saisi de stupéfaction, et l'on se demande si la chimie minérale n'est pas, plus encore que la chimie organique, la science des corps hypothétiques. Si ces hypothèses nous facilitaient l'étude des combinaisons, je m'élèverais moins contre elles; mais, je le demande à tous les chimistes qui sont dans cette enceinte , en est-il un seul parmi eux qui pourrait nous dire quelle est la composition du mercure soluble d'Hanneman, du précipité blanc et de toutes les combinaisons ammoniomercurielles? » Mais si l'on veut admettre les idées que j'ai émises sur les substitutions , sur la divisibilité des molécules, sur le ferrosum et le ferricum, aussitôt l'obscurité qui enveloppe ces combinaisons se dissipe, et rien n'est plus facile que de les dénommer, de les classer et de retenir leur composition. » Je commencerai par rappeler que l'aniline, la strychnine, la brucine(*) et la cinchonine, qui sont basiques, restent telles lorsqu'on y remplace i ou 2 équivalents d'hydrogène par du chlore, du brome ou de la vapeur ni- treuse. L'ammoniaque, qui a la plus grande analogie avec ces bases, peut donc aussi éprouver des substitutions semblables. Si l'on m'accorde que des corpsnégatifs, comme le chlore, peuvent remplacer l'hydrogène des alcalis sans altérer le pouvoir que ceux-ci possèdent de neutraliser les acides, à plus forte raison me concédera-t-on que l'on peut remplacer, dans ces (*) Je viens de remplacer i équivalent d'hydrogène dans cet alcali par i équivalent de brome ; le nouveau composé reste alcalin. M. Berzelius , qui semble penser qu'en jetant de la défaveur sur les personnes , il pourra plus facilement renverser leurs idées, dit, dans son dernier Annuaire, que je me suis empressé de chlorurer des alcalis aussitôt que j'ai eu connaissance du travail de M. Hoffmann sur la chloraniline , et que ma découverte de la cinchonine chlorée était facile à prévoir. Je n'ai eu nullement besoin de la découverte de M. Hoffmann pour faire la mienne ; car c'est moi-même qui ai engagé , à plusieurs reprises , M. Hoffmann à chlorurer l'aniline, en soutenant qu'il obtiendrait une base chlorée. Or celte découverte n'était pas facile à prévoir, d'après les théories de M. Berzelius; elle leur est même com- plètement contraire. ( 223 ) alcalis, l'hydrogène par des corps positifs, comme les métaux, sans altérer leur capacité de satui'ation. • -." » Prenons maintenant l'ammoniaque et ses sels , et considérons ceux-ci soit comme des combinaisons d'ammoniaque, soit comme des combinaisons d'ammonium, peu m'importe l'arrangement des atomes; pour plus de sim- plicité, je prendrai la- théorie de l'ammonium. Tout le monde se représente facilement la composition du chlorure, du nitrate, du sulfate, de l'oxalate d'ammonium, etc. , anhydres ou hydratés. Eh bien, remplaçons i, 2,3, 4 atomes d'hydrogène de l'ammonium par i , 2,3,4 atomes de mercuricum ou par le même nombre d'atomes de mercurôsum ; remplaçons ensuite l'atome d'azote par ses deux analogues , soit par le phosphore , soit par l'ar- senic : alors nous aurons cette multitude de combinaisons que l'on obtient en traitant les sels de mercure soit par l'ammoniaque, soit par l'hydrogène phosphore ou arséniqué, combinaisons pour lesquelles on a épuisé la formule du binôme, en croyant nous donner leur arrangement atomique. » On a donc du sulfate d'ammonium , du sulfate d'ammonium mercure, bimercuré, tri- et quadrimercuré; on a de même du sulfate d'ammonium mono-, bi-, tri- ou quadrimercurosé, ou bien ces mêmes sels arséniés ou phosphores. » J'ai, sans doute, changé quelques formules; mais les corrections que j'ai faites s'accordent, dans la plupart des cas, mieux avec les analyses des au- teurs qu'avec leurs propres formules, et dans les autres cas, la différence entre le calcul et l'expérience est la même de part et d'autre. » Voici le tableau de ces combinaisons; je me dispense de mettre en regard les formules ordinaires (*)• ' » Chaque combinaison mercurielle est précédée de son type pris dans les combinaisons les plus communes du potassium, du plomb ou de l'am- moniaque. « Je représente le mercuricum par M; le mercurôsum par M; l'ammo- nium H^N par Am; l'ammonium mercure par Am, Am, Am, Am; l'am- monium mercurosé par Am, Am, Am, Ara; iammoniuQi phosphore par P; l'ammonium arsénié par x\s. -> ; r .,' : j , (*) Cependant je ne puis résister au désir de citer uoe formule sortie de l'école du chi- miste qui trouve que nous en savons assez sur les substitutions : Nitrate de merc. [N'0'-l-3Hg'0+N'0',H'0-i-(IN'0S H'0(aHe.*O)H'O)+(N'0%H'OtaHg*O)H>O)]. ( "4 ) Type . Ammoniaque . H* N Id. buodée(*) , (PH) N Id. trichlorée (*) CP N Id. trimercurée M*N Id. chlorobimercurée (Cl M') N Id. arséniée H' As Id. phosphorée H' Ph Type. Oxyde potassique O K' Id. mercurique OM' Id. mercureux O M' Id. hydropotassique OHK Id. hydro 3 mercurammonique (**) OH Àm Type . Oxyde hydraté de potassium OHK -+-H'0 Id. Id. de 3 mercurammonium(**) OH Am 4- H'O Type Chlorure d'ammonium Cl Am Id. mercureux Cl M Id. de mercurammonium Cl Am Id. de y mercurammonium (Krug) Cl Am Id. de bimercurammonium Cl Am Id. de mercuroso-ammonium , .j. . , ,, CI Am Id. de bimercuroso-ammonium '............ Cl Am Id. de 4 mercurammonium arsénié Cl As Type. lodure d'ammonium I Am "•" " Id. d'ammonium phosphore IP Id. mercureux I M Id. de mercurammonium I Am Id. de 4 mercwrammonium I Am Type . Bromure d'ammonium Br Am Id. mercureux... ^.'i; ..'.K'."..' BrM Id. de bimercurammonium BrÀ m (*) L'aniline chlorée sature bien les acides; l'aniline bichlorée retient déjà faiblement l'acide chlorhydrique , puisqu'elle le laisse échapper dans le vide ; l'aniline trichlorée n'a plus la force de se combiner avec les acides. L'ammoniaque biiodée (iodure d'azote) se dissout en- core dans l'acide chlorhydrique, d'où elle est précipitée parles autres bases ; enfin l'ammo- niaque trichlorée ne se combine plus avec les acides. (**) Ces formules, qui se rapportent au produit que M. Kane a découvert en faisant agir l'ammoniaque sur l'oxyde de mercure , ont été calculées par M. Gerhardt. I ( 225 ) Type Chlorure métallique hydraté . Cl R ■+- H'O Id. de 4 mercurammonium , .,^;^;j,,, , .,. ' CI Aœ-f-H'O Id. métallique basique !.. ClR-f- R'O ■ Id. de bimercurammonium Cl Am -f- M' 0 Type. lodhydrargyrate de potassium l' MK. Id. d'ammonium .;..,.. PHAm Id. de mercurammonium PM Àm Type. Bromhydrargyrate de mercurammonium \ B'MÀm Id. de 4 mercurammonium ,• B' M Am Type. Chlorhydrargyrate d'ammonium ,...,'...•.. Cl'MAm Id. de mercurammonium Cl'MÀm Id. . de 4 mercurammonium Cl' M Am Type. Périodhydrargyrate de potassium l'M'K id. '■■:■■.'■ ■■ de mercurosum PM'M 'jV Id. d'ammonium , , , .*'.;i, *i, PAPAm Type. Perchlorhydrargyrate de potassium .'.'.. Cl'M'K . Id. d'ammonium Cl'M'Am Id. de mercurammonium Cl' M' Am •' Id. de bimercurammonium ..,, i .,..■.. . CPM'Am'. Id. de 4 mercurammonium phosphore . . Cl' M' P Id. de 4 mercurammonium arsénié CP M' As Type. Nitrate de potassium. .•••',♦• • NO'K Id. d'ammonium..»...».-...............'..';.... NO'Àm Id. mercurique. ..;.... ..'. , N O'M Id. de bimercurammonium •■.,. NO'Àm '"'• •• . ,.' ' ^. a* Id. de I mercurammonium ,....,4,,,.»,.,, NO'Am Type. Nitrate métallique hydraté .;.... .•■•.; NO'R+H'O Id. mercurique. .....,.> ..".... .... NO'M+H'O Id. mercureux... , .»,;j.:..^\,{,,!.,. ,,j,^4» . . NO'M-hH'O ' Id. de 4 mercurammonium — ;....;.'.. NO'Am + fi'O Id. métallique basique.. .. ., NO'R-)-R'0 Id. de bimercurammonium .../........,.., K0'Am-+-M'O Id. dè^mercuroso-ammonium. .........,,...;,. .,,' NO^Àm-f-M'O id. mercurique NO=M + M'0 Id. métallique hydrobasique ',....,....... N Q^ R + R H 0 G. R., 1847, i«'Sem«»'.' ■ ■ - ' ■ ' ■ ( 227 ) Type. Oxalate mercurique ..c. •.■::■'.■■ * C'0''M' Type. Oxalate métallique bibasique. ...... ........ ..... ; . • • • • C'0«R' -+- aM'O Id. de bimercurammonium C O' Am^ -i- 2M' O Tv pe . Nitrate mercuroso-mercurique ............;.....-..... NO^ M + M' O _ . - i..,!i'i(!ïy--'rV. \-' ■.<.■«!■■■ Type . Sulfate mercuroso-mercurique SO' M^ -f- 2 M' O . « M. Dumas, à l'occasion du Mémoire qui précède, énonce quelques ré- sultats d'un travail sur les volumes atomiques qu'il se propose de soumettre prochainement à l'Académie. Dès à présent, toutefois, il regarde comme un devoir de faire remarquer qu'il existe, entre les conclusions auxquelles il est conduit et les opinions que M. Laurent développe depuis quelque temps, une conformité d'autant plus remarquable, que les points de départ, les faits observés et les méthodes de discussion n'ont aucun rapport. Il serait heureux si M. Laurent voyait dans ces paroles un motif de persévérer dans des recherches difficiles et pénibles. PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Deuxième Note sur l'action directe de l'éther sur le tissu nerveux ; par M. Serres. i « Des expériences que nous avons communiquées à l'Académie dans la dernière séance, on pouvait conclure, comme nous l'avons fait: « Que la sensibilité est abolie dans les nerfs soumis immédiatement à l'ac- » tion de l'éther : d'une part , dans les points soumis à cette action ; et , d'autre » part , dans les radiations qui émergent du nerf au-dessous de ce point. " » D'après la liaison qui existe entre la sensibilité et la motilité , on pouvait présumer également que la paralysie des muscles, auxquels le nerf se dis- tribue , serait la conséquence de la perte de sa sensibilité. » Quelque probable que fût cette déduction, il était nécessaire de la vé- rifier expérimentalement; car personne n'ignore que, parmi les hommes paralysés, il en est beaucoup qui conservent le sentiment, tandis qu'il en est d'autres qui, ayant perdu le sentiment, conservent néanmoins la faculté de se mouvoir. » Parmi les expériences qui ont servi de base à la septième conclusion de notre Note , nous choisirons la suivante , suivie avec beaucoup de soin par les deux aides de ma chaire au Muséum, MM. Jacquard et Biscard : " Dixième expérience : sur un lapin adulte et vivace. — I^e nerf sciatique poplité interne fut mis à nu et isolé : son excitation produisit de vives con- tractions et des cris aigus. » On soumit le nerf à l'action de l'éther liquide , comme dans les expé- u\i uW 3.O.. ( 228 ) riences précédentes, et pendant cinq minutes; il n'y eut point d'hémorragie; la plaie , qui avait quelques centimètres d'étendue , fut réunie par une suture entortillée. " Le lapin étant lâché, on reconnut qu'il traînait la patte sur laquelle l'expérience avait été pratiquée. » Le lendemain, 8 février, l'animal était dans le même état que la veille. Les 9 , I o et 1 1 , il était revenu à son état ordinaire , sauf la patte opérée dont il ne se servait pas, et qu'il traînait après lui dans ses mouvements. » Le I a, la plaie étant cicatrisée , on enlève les épingles qui avaient servi à établir la suture; le lapin étant mis en liberté, on constate de nouveau, en l'excitant , le traînement de la patte. » Le r3 , on met à découvert le nerf tibial correspondant au nerf éthérifié six jours auparavant; ainsi mis à nu dans une certaine étendue , on l'excite de diverses manières sans que l'animal paraisse le ressentir, sans qu'aucune con- traction musculaire se manifeste. Enfin on le saisit fortement entre les mors d'une pince à disséquer; même impassibilité de l'animal , même absence de contractions des muscles : on presse le nerf en divers points , et , pendant cette pression, il mange les légumes dont il se nourrit liabituellement. » Le i4> la paralysie du membre est beaucoup accrue par suite de l'at- trision du nerf entre les mors de la pince. » Il parait donc établi , par cette expérience , que la perte de la con- tractilité des muscles accompagne l'insensibiUté des nerfs soumis à l'action de l'éther liquide ; de plus, la persistance de l'abolition de ces deux facultés fait présumer qu'elle sera définitive. " Si ce résultat se confirme, ne serait-on pas en droit de conclure que le tissu nerveux périphérique renferme en lui-même le principe matériel de la sensibilité et de l'irritabilité qui fait naître la contraction musculaire? Ne serait-ce pas une donnée de plus à ajouter à celles que laisse déjà entrevoir l'anatomie microscopique de la fibre nerveuse primitive? Enfin, eh com- parant ces fibres élémentaires modifiées par l'action de l'éther, en les rap- prochant de l'altération si singulière qui produit le ganglionnement des nerfs, dans la maladie nouvelle que j'ai décrite sous le nom de névroplastie, ne parviendrait-on pas à concilier les opinions des micographes sur une ques- tion qui intéresse à un si haut point l'étude des altérations organiques et des maladies du système nerveux? » Le moment est opportun; un des effets heureux de l'application des inhalations éthérées à la chirurgie sera nécessairement de ramener vers cette étude trop délaissée, la physiologie et la médecine. Un intérêt puissant I ( 229 ) nous y porte, car la race j^auloise est de toutes les races humaines celle que son organisation prédispose le plus aux affections du système nerveux. » La Note qu'on vient de lire avait été simplement déposée sur le bureau; l'auteur, sur la demande d'un membre, a ajouté de vive voix les remarques suivantes: ■':•<'•■;<.■,,. -r- '■■',■/':'■■ ' '' « J'ai demandé la parole pour rappeler les motifs qui m'ont fait entre- prendre les expériences dont j'ai commencé à entretenir l'Académie dans la dernière séance , et dont je continue dans celle-ci la communication. Ces motifs ont pour objet la thérapeutique des affections du système nerveux , dont on s'occupe trop peu dans lés études anatomiques et physiologiques dont ce système est le sujet. » Dès la première communication qui a été faite à l'Académie des effets si remarquables des inhalations éthéréès sur l'homme , j'ai pensé qu'il sei-ait peut-être possible d'utiliser cette substance pour la guérison des névralgies. » Mais avant d'employer l'éther sous forme liquide , avant de proposer de substituer à la section du nerf névralgie son éthérification , j'ai dû m'assurer, par l'expérience sur les animaux, des effets directs de l'éther liquidç sur le tissu nerveux : c'est ce que j'ai fait. -t .%*fi. ïv^t-., ; t. ^j' " Or, contre les prévisions que l'état de la science permettait d'établir, il est arrivé qu'au lieu d'enivrer passagèrement le nerf, l'éther liquide en a changé la nature; il est arrivé qu'au lieu d'une action passagère, cette sub- stance, mise en contact avec le tissu nerveux, a produit un effet permanent qui, selon toute probabilité, sera définitif. .<.. * '.^;' ^' >- iV--: v .; » C'est ce résultat que j'ai cherché à faire ressortir, yiKi^'-^''-['''J'-'-^ » Et en attendant que l'anatomie nous éclaire sur l'espèce du cîian^èinent que l'éther liquide fait subir au tissu nerveux, j'ai dû chercher, d'après sa composition chimique, à en faire pressentir la nature. » Je suis d'autant plus satisfait de l'observation confirmative que vient de rapporter notre honorable collègue M. Magendie , qu'il s'en faut de beau- coup que les résultats que fournit la méthode de Vapplication directe des substances médicamenteuses sur le tissu nerveux, soient en tout conformes à ceux que nous devions attendre de l'effet que nou§ leur connaissons chez l'homme. On l'a déjà vu pour la strychnine et le chlorhydrate de strychnine ; on le verra encore dans d'autres expériences qui ont besoin d'être répétées pour s'assurer de leur résultat. .' Quant à la méthode topique dont j'ai fait usage pour l'éther liquide, elle est presque aussi ancienne que la physiologie expérimentale. Haller s'en ( 23o ) €st particulièrement servi dans ses études si célèbres sur l'irritabilité: il excitait les parties mises à nu par le souffle (spiritiis), la chaleur, l'esprit- de- vin, le scalpel , la pierre infernale, l'huile de vitriol, le beurre d'antimoine (^Dissertation sur l'irritabilité, pafje 9). Et avant Haller, la même méthode avait été mise en usage par les physiologistes , pour déter- miner la manière d'agir de l'opium, ainsi que le remarque Tissot, dans la préface qui précède le Mémoire sur l'irritabilité. >• Seulement, pour prévenir les résultats complexes, j'ai isolé le tissu nerveux et mis à nu l'encéphale, conformément aux procédés suivis avec tant de succès dans la physiologie expérimentale, depuis plus d'un quart de siècle. » M. Magendie dépose une Lettre de M. Constantiiv James, relative aux accidents qui ont suivi une opération de l'amputation des amygdales, pra- tiquée par M. F^elpeau sur un malade préalablement soumis à l'inhalation de l'éther. fi M. le docteur Constantin James écrit à l'Académie pour déclarer que n c'est lui qui a communiqué à M. Magendie le fait d'excision des amygdales » dont on a parlé dans la dernière séance. C'est par discrétion qu'il ne s'était » pas nommé, d'autant plus qu'il pensait s'être fait connaître à M. Velpeau. » M. James ajoute que ses Notes n'avaient point été prises dans V ombre , » mais au grand jour, puisque les opérations se font, dans les hôpitaux, pu- » bliquement, en plein amphithéâtre, et que la publicité est le principal " but de l'enseignement clinique. » Quant au fait en lui-même , M. James dit n'avoir rien à modifier ni à « retrancher des détails qu'il a communiqués à M. Magendie. Il est tout n prêt, du reste, à concourir à l'enquête que M. Magendie a réclamée. » PHYSIOLOGIE. — Reinarques à l'occasion de cette communication, et nouveaux renseignements sur les effets de l'inhalation de l'éther, considérée au point de vue chirurgical; par M. Velpeau. « La Lettre dont on vient d'entendre la lecture me ramène naturelle- ment à une discussion qui n'a pu, faute de temps, être terminée lundi der- nier, et que j'avais d'ailleurs demandé la permission de continuer aujourd'hui. On voit, par cette Lettre, que M. Magendie était dans l'erreur, en attri- buant à mon interne, ou à l'un de mes internes , les propos dont il a cru /devoir se servir à l'occasion du malade en question. Du reste , comme M. Ma- ( 23l ) gendie était allé jusqu'à demander une enquête, comme l'auteur de la Lettre manifeste le même désir, j'ai, ici, de quoi satisfaire ces messieurs. Voici, en effet, la narration des internes du service, telle qu'ils me l'ont adressée ce matin, pom- être communiquée à l'Académie : « Dans la séance de lundi 8 février, M. Magendie a prétendu tenir d'un » interne de M. Velpeau, qu'un jeune homme, auquel on avait excisé les « amygdales, après l'avoir soumis à l'inhalation de la vapeur d'éther, était » resté pendant quatre heures entre, la vie et la mort. Nous croyons devoir, « dans l'intérêt de la vérité, faire savoir à l'Académie que nous n'avons ja- » mais conçu de craintes au sujet de ce malade , et qu'aucun de nous n'a » tenu le propos rapporté par le célèbre physiologiste. Signé :ïl. Blot, " Escalier, Lebled, internes à l'hôpital de la Charité. »»'■ ' » Ainsi, la quantité de san^j échappée par la bouche du malade n'a point été considérable; les cris n'ont pas pu retentir d'une manière lamentable dans les salles voisines, par la raison toute simple qu'il n'y a point de salle au voisinage de l'amphithéâtre. Cet homme n'a point poussé des cris jusqu'à onze heures, car il était couché et tranquille à dix heures et demie. Il a été si peu difficile de le transporter au lit et de le coucher, qu'il s'y est rendu et mis lui-même. « A partir de ce moment, dit M. Blot, interne de la salle, c'est-à- » dire vingt minutes (et non trois à quatre heures, comme l'a dit M. Ma- il gendie), le mieux se manifeste avec rapidité; le pouls reprend sa force; >' le visage se colore; la respiration redevient normale, et je laisse le '1 malade parfaitement tranquille, me contentant de lui faire donner un >• gargarisme aluné, avec addition de sirop de mûres. Le soir, à ma visite >i de quatre heures, il ne reste plus de traces des accidents du matin : » l'opéré se trouve bien, et il me raconte que, dans son enivrement, il a Il tout entendu et tout senti. Le lendemain, la douleur dégorge est encore » un peu vive; on garde ce malade à l'hôpital, en lui continuant le même " gargarisme. Le jour suivant (5 février), se trouvant très-bien, il demande >' sa sortie , qui lui est accordée. » >' .Te ne me serais guère attendu, néanmoins, à la Lettre du préparateur de notre collègue; car voici ce que ce jeune médecin m'écrivait mercredi dernier : « Mon cher maître, je ne sais à qui vous avez fait allusion hier, en par- n lant de personnes qui suivent votre clinique avec un esprit de malveillance " et d'hostilité. Tout ce que je puis vous affirmer, c'est qu'en assistant à vos " visites, je n'ai d'autre but que de m'instruire sur les propriétés de l'éther ( ^32 ) « (j hésite à lire la phrase qui suit, mais on comprendra que je ne puis pas » m'en dispenser) , à l'école que je crois la meilleure par le talent du chirur- " gien et les soins apportés aux opérations. Veuillez croire que je n'ai pas " été le dernier à applaudir hier à l'excision de la fistule, et surtout à l'ad- >' mirable réduction de la luxation de la cuisse. J'ai cru convenable , vu la " nature de mes relations, de vous faire cette petite profession de foi, et de » vous réitérer, mon cher maître , l'expression de mes sentiments de respect " et de dévouement. Signé : Constajstin James. » i' Oserai-je, maintenant, prier M. Magendie de mettre dorénavant dans les discussions relatives à l'éther, toute personnalité de côté, et de ne plus cher- cher à incriminer nos actes avec des faits ainsi controuvés ou mal présentés? Que notre collègue se livre à des expériences, s'il le juj^e convenable; qu'il vienne ensuite nous éclairer de ses lumières, nous lui en saurons gré. Le sujet est assez vaste pour mériter que chacun l'étudié à son point de vue. Il y aura certainement avantage à ce qu'une foule d hommes sérieux s'en occupent, et la science n'a nul besoin qu'on mêle à de telles questions des allusions injurieuses pour les personnes qui pensent autrement que nous. » Je reviens donc , pour ma part, à la question des inhalations de l'éther en général; les reproches qui leur ont été adressés, et auxquels je m'étais réservé de répondre, m'en font un devoir. » Depuis quinze jours, époque à laquelle j'ai entretenu l'Académie, avec quelques détails, des effets de cet étrange moyen, beaucoup de faits ont été recueillis, beaucoup de questions ont été agitées, et j'ai la satisfaction de voir que, de tous côtés, ce que j'en ai dit se confirme. Ainsi j'avais dit que les phénomènes produits par l'inhalation de l'éther offraient un vaste champ à l'observation , que la physiologie viendrait y puiser à pleines mains : or les expériences faites à Alfort par M. Renaud, celles de M. Flou- rens, celles de M. Longet, celles de M. Serres permettent de voir si, sous ce rapport, je m'étais trompé. J'ai dit que la physique, la chimie, que la psychologie même s'en occuperaient, en tireraient même peut- être quelque parti : et voilà que déjà les chimistes étudient la compo- sition du sang des personnes étbérisées , les physiciens étudient de nouveau la capacité pulmonaire dans ses rapports avec l'air, avec les gaz inspirés, que des médecins instruits étudient l'action des vapeurs éthérées sur les aliénés, les épileptiques, etc. Je me demandais si les accouchements ne pui- seraient pas quelque secours à cette source : et, aux faits qui me donnaient cette pensée, je puis ajouter des résultats aussi précieux qu'inattendus, obtenus par M. le professeur Dubois, à la Maternité de Paris. Enfin je disais ( 233 ) que, peut-être, la chirurgie tirerait avantage des inspirations de Téther dans les cas où il importe, oii on est obligé de lutter contre l'action musculaire des malades: et je puis actuellement communiquera l'Académie des obser- vations concluantes en faveur de cet espoir! » En annonçant qu'il y avait là un grand fait, un fait d'un immense in- térêt, un fait dont les applications pourraient s'étendre à toutes les branches de la médecine, sans pouvoir être précisément calculées pour le moment, je crois donc être resté dans les limites de la stricte vérité. » En parlant ainsi, je n'ai point prétendu néanmoins que l'inhalation de l'éther fût bonne à tout, et dépourvue de toute difficulté, de tout inconvé- nient; par cela même qu'elle constitue un moyen puissant, elle doit, au contraire, être d'un emploi assez difficile, et entourée d'inconvénients nom- breux. Toutes les grandes choses en sont là. L'opium, l'iode, le sulfate de quinine lui-même et tant d'autres médicaments énergiques, ne sont point dépourvus de danger, et personne cependant n'a pensé à les rejeter de la thérapeutique. L'invention des chemins de fer est une grande et belle chose, personne ne le nie; et cependant les chemins de fer ont été cause de lamen- tables catastrophes : ils exigent qu'on les dirige avec prudence, qu'on en surveille soigneusement le développement et l'emploi. Il n'est donc point entré dans ma pensée que les inhalations de l'éther dussent être employées sans discernement, à tort et à travers, chez tous les malades indistinctement. Mon intention est même d'entrer en ce moment dans quelques détails à ce sujet. " En ce qui me concerne, je pourrais indiquer un certain nombre de faits nouveaux relatifs aux inhalations déther ; mais ces faits , appartenant presque tous à la catégorie de ceux que j'ai déjà communiqués à l'Aca- démie, n'apprendraient rien de nouveau. Je me bornerai à eu rappeler deux qui me paraissent avoir une valeur plus spéciale. Ainsi j'étais désireux de savoir si les injections iodées dans les cavités closes seraient influencées par ce moyen : je ne m'en suis point servi pour les hydrocèles proprement dites, parce que l'opération de l'hydrocèle en elle-même est trop peu doidou- reuse pour justifier l'emploi de l'éthérisation préalable; mais l'injection iodée dans l'articulation du genou , par exemple , est une opération assez sérieuse pour rendre utile une pareille précaution. Une femme d'une cinquantaine d'années, atteinte depuis cinq ans d'une vaste hydarthrose au genou gauche, a été soumise par moi à l'opération vendredi dernier. Chez cette temme, l'éthérisation a été facile et assez prompte. Pendant la ponction et l'évacuation du liquide, comme pendant l'injection et lextraction de C. E. , 1847 , i" Semestre. (T. XXJ V, ^'' 7.} 3 1 { ^34 ) la teinture d'iode, elle n'a ni crié, ni essayé de se soustraire aux aides. Revenue à elle, elle a soutenu n'avoir lien senti, ne point avoir souffert. Il n'a pas même été possible de lui persuader qu'elle venait d'être opérée. » Un fait que j'ai considéré dès l'abord comme très-important est relatif au relâchement des muscles. L'exemple de fracture de cuisse que j'ai cité ne suffisait pas pour décider la question ; il fallait une de ces luxations dont la réduction est reconnue comme très-difficile : or ce cas s'est pré- senté, la semaine dernière, à la Charité. Un jeune homme, ouvrier ma- (;on, bien musclé, très-craintif, nous est apporté avec une luxation de l'épaule et une luxation de la cuisse gauche. Le bras est réduit tout d'abord et sans l'intervention de l'éther. Pour la cuisse , je crois devoir suspendre toute traction, toute tentative de réduction pendant quelques jours à cause du gonflement et de la contusion qui existaient à la hanche et dans le membre. » Il n'était pas possible de toucher à la cuisse de ce garçon , d'essayer de lui redresser la jambe, sans qu'il jetât les hauts cris, sans qu'il demandât avec instance qu'on le laissât tranquille. Placé sur le lit, à l'amphithéâtre, j'ai voulu tenter chez lui la réduction par les moyens ordinaires et sans éthérisation. Une méthode un peu plus simple et moins douloureuse que les méthodes usuelles a d'abord été essayée : elle consiste à mettre les différents muscles dans le relâchement par la flexion du membre, et à se servir de la jambe et de la cuisse comme d'un levier pour ramener, par un mouvement de rotation, la tête de l'os dans sa cavité. Pour être plus sûr que rien ne serait négligé dans cette manière de faire, j'en ai confié la direction et une partie de l'exécution à M. le docteur Després, chirurgien des hôpitaux, et qui a le plus insisté, parmi nous, sur les avantages de cette méthode. Elle est restée absolument sans succès, et le malade n'a cessé de crier avec force pendant toute l'opération. Le malheureux, tout en se débattant et en criant, demandait de toutes ses forces qu'on le mît à l'éther, qu'on l'opérât par l'éther. Effectivement l'inhalation de l'éther a été effectuée : le malade est promptement tombé dans le coUapsus; des tractions méthodiques ont été aussitôt employées, et, en moins de deux minutes, on a vu les muscles céder, se relâcher sans efforts, la luxation se réduire avec une extrême f'acihlé, et cela sans que le malade eût crié, fait le moindre mouvement, ou qu'il parût s'en apercevoir. Revenu à lui, il a soutenu n'avoir rien senti, ne s'être aperçu de rien , et il était fort inquiet de savoir si sa cuisse pour- rait être remise ! " Voilà donc encore une question décidée; l'éthérisation , prudemment ( 235 ) conduite, pourra être d'un véritable secours non-seulement pour empêcher la douleur, mais encore pour vaincre la résistance des muscles dans cer- tains cas de fracture et de luxation. » liethérisation présente, dit-on, des difficultés et des dangers. Ceci n'a rien de nouveau pour moi, puisque, le premier, j'en ai averti les chiriiryiens et les savants , soit ici , soit dans une autre enceinte. Les faits que j'ai observés me permettent d'examiner la question sous cet autre point de vue : les effets produits par l'éther ne sont pas semblables chez tous les hommes; ainsi que je l'ai dit dès le principe, certains malades s'affitent, parlent, crient même pendant qu'on les opère, et cependant ils iffnorent, après l'opération, ce qu'on leur a fait, ce qu'ils ont pu dire ou f;iire. H en est d'autres qui semblent rester réfractaires aux vapeurs ethérées. Quelques-uns devien- nent joyeux, loquaces, sans tomber dans l'assoupissement; d'autres, au contraire, s'emportent, se fâchent ou sont en proie à des idées pénibles. A quoi toutes ces différences tiennent-elles? est-ce à la nature même des choses, à l'organisation, à l'état moral différent des individus? Ne serait-ce pas plutôt à ce que l'opération est complète chez les uns, incomplète chez les autres? .le n'oserai point, quant à présent, répondre formellement à ces questions; je ferai seulement reinarquer que l'éthérisation est une opération assez complexe et plus difficile qu'on ne le croirait de prime abord. Par exemple, j'ai vu plusieurs personnes qui se croyaient réfractaires, et qui ont eu plus tard la preuve de leur erreur. Un chirurgien distingué de Lille, M. Plouviez, m'écrivait le 3i janvier: «Je suis décidément réfractaire 1) à l'influence de l'éther ; j'en ai inspiré pendant soixante-quinze minutes, » sans perdre connaissance, sans devenir insensible. Mon appareil , construit » sur les modèles de Charrière, était cependant excellent, puisque ceux de » mes confrères qui l'ont essayé sont devenus insensibles en moins de dix » minutes. « >' Eh bien, M. Plouviez m'écrit, le 6 février: « Je me suis trop hâté en '" vous disant que j'étais réfractaire à l'action de l'éther. 11 m'a suffi d'em- )' ployer une embouchure plus large qui pût s'appliquer sur le pourtour de » la bouche, pour amener le sommeil en huit minutes. Pendant les deux " minutes que l'engourdissement a duré, je suis resté complètement insen- >' sible. » " Le même fait s'est reproduit sous les yeux de M. Bonnet, de Lyon. Des malades que ce chirurgien avait crus réfractaires d'abord sont tombés promptement insensibles , dès qu'il a pu se servir d'un appareil plus complet, et dont il a d'ailleurs, je crois, envoyé une description à l'Académie. N'est- 3i.. ( 236 ) il jsas probable que, dans un grand nombre de cas, si ce n'est dans tous r les individus ne sont ainsi restés réfractaires que par la faute des appareils, et non à cause de leur organisation ? " Plusieurs de mes malades, l'homme à la luxation entre autres, vien- nent à l'appui, de cette supposition. Soumis à l'inhalation au moyen d'un ap- pareil que je croyais bon , cet homme ne s'était assoupi que d'une manière très-incomplète; avec un appareil différent, il est, au contraire, tombé très- rapidement dans l'état d'insensibilité indiqué plus haut. » Les difficultés de l'éthérisation sont, au surplus, de plusieurs ordres. Un certain nombre de personnes s'y prêtent assez mal. Placées entre la crainte de souffrir et la crainte d'un moyen dont elles ne peuvent guère se former une juste idée, elles ont peine à se défendre de certaines angoisses, d'une certaine frayeur; aussi exécutent-elles mal les mouvements d'in- spiration et d'expiration nécessaires. Il en est qui laissent difficilement la vapeur d'éther franchir l'isthme du gosier ou qui la repoussent avant de l'avoir inspirée ; d'autres sont saisies comme d'un spasme qui ne leur permet pas de la laisser pénétrer ; d'autres enfin exécutent plutôt des riiouvements de déglutition que d'inspiration. Il en est aussi qui ouvrent et ferment alternativement la bouche, comme dans la mastication. La toux, l'irritation qui en résultent pour quelques-unes sont autant de circonstances qui permettent bien un certain degré d'étourdissement, mais qui empêchent, on le conçoit, le phénomène de se compléter. Les malades ont donc besoin, sous ce rapport , d'un certain degré d'éducation, de s'essayer en quelque sorte à l'inhalation de l'éther avant de s'y soumettre définitivement. » Peut-être n'est-on pas encore arrivé à la connaissance précise de toutes les conditions d'un appareil tout à fait convenable : le ballon semble avoir besoin d'une capacité d'un litre au moins, puisqu'il entre naturellement d'un demi-litre à un litre d'air dans les poumons à chaque inspiration. Le tube conducteur doit avoir lui-même une capacité et un diamètre au moins égaux au diamètre de la trachée-artère ou de l'ouverture du larynx. Tout indique aussi que la vapeur d éther ne doit être introduite dans les organes que par degrés; en faible proportion d'abord, en grande quantité, à pleine poitrine, quand la membrane muqueuse s'y est accoutumée. C'est ce que beaucoup de chirurgiens ont déjà supposé et indiqué; c'est ce que M. Doyère, d'une part, et M. Bonnet, de l'autre, ont très-bien saisi dans l'indication de leurs nouveaux appareils. En un mot, il y a, sons ce rapport, une fouie dé questions secondaires à étudier et qui permettront peut-être un jour d'arriver aisément à une éthérisalion complète chez presque toutes les per- sonnes qu'on y voudra soumettre. ( ^37 ) » Pour les inconvénients réels, je n'entrevois, d'après les faits connus et contrairement à ce que j'avais supposé dès le principe , que ceux qui pour- raient résulter d'une éthérisation trop prolongée. Les malades que j'ai opérés jusqu'ici n'ont rien éprouvé, absolument rien, dans les suites de leur opé- ration, qui puisse être rapporté à l'éther. Je craignais qu'il n'en résultât plus d'irritation ou plus de fièvre ; à en juger par ce qui me concerne, ce serait plutôt le contraire qui serait arrivé, car aucun de mes opérés n'a eu de réaction circulatoire ou nerveuse intense, même dans des cas où il n'est pas rare d'en rencontrer. Peut-être n'y a-t-il là qu'une coïncidence. C'est un fait que je constate comme devant être enregistré provisoirement, et voilà tout. » Quelques inconvénients qui ont été signalés ne me paraissent pas sé- rieux. M. Lallemand a cru que le relâchement des muscles serait nn danger dans les amputations; que, les muscles ne se rétractant pas, le moignon des amputés deviendrait conique. Notre confrère oublie évidemment que, dans les amputations de membre, le chirurgien relève lui-même, ou fait relever les muscles artificiellement, au lieu d'en attendre la rétraction spontanée; qu'avant de commencer l'opération, il sait sur quel point il divisera les téguments, et à quelle hauteur il convient de couper l'os. Il craint aussi que le malade, ne sentant plus, expose l'opérateur à comprendre souvent les cordons nerveux en même temps que les vaisseaux, dans les liga- tures. Mais un chirurgien doit d'abord savoir l'anatomie , pouvoir distin- guer les nerfs des vaisseaux , et n'avoir pas besoin des cris du malade pour ne saisir que les artères dans ses ligatures. D'ailleurs, si le nerf est gros, il n'y a évidemment aucune chance de le comprendre dans le fil ; s'il est petit, on ne s'en apercevrait, en tous cas, qu'au moment où l'on étrangle les tissus dans le nœud du lien, et alors loin de défaire sa ligature, ce qui serait fort difficile, en supposant que les cris du malade avertissent de l'accident , on en est quitte pour étrangler fortement le nerf et le vais- seau, afin d'en éteindre sur-le-champ la sensibihté. ' . >' Pour ce qui est des opérations auxquelles ce moyen ne convient poînt, il serait en réalité difficile d'en donner aujourd'hui la liste, d'autant plus qu'on est déjà allé au delà et avec succès de ce que M. Roux et moi avions dit dès le commencement. Nous pensions, par exemple, que l'éthérisation serait à rejeter des opérations un peu longues, et voilà qu'on a pu, en morcelant en quelque sorte l'éthérisation , pratiquer des opérations qui ont duré quinze et vingt miiuUes. Nous craignions que la lithotritie ne s'accom- modât point de l'éthérisation, et déjà un chirurgien distingué, M. Leroy d Étiolles, a pratiqué la lithotritie chez des malades éthérisés, sans que les ( 238 ) opérés en aient éprouvé d'accident; il en a été de même pour l'intérieur du nez, où M. Gerdy a été obligé de porter les instruments pendant près de vingt minutes. " En résumé donc, tout ce qui est relatif aux difficultés, aux incon- vénients , aux contre-indications de l'emploi des vapeurs d'éther en chirur- gie, ne doit être accepté, admis, jusqu'ici, que provisoirement. Ce sont des questions à l'étude, et que le temps, aidé de l'expérience, éclaircira par la suite. Qu'on laisse faire les chirurgiens; ils sont, il me semble, meilleurs juges que qui que ce soit en pareille matière. Il est vraiment singulier qu on vienne sans cesse leur faire, à ce sujet, des recommandations; car, il faut bien que M. Magendie le sache, en revenant à nos opinions sous ce rapport, il n'a fait qu'accepter ce que nous avions formellement et itérativement dit ici même et à plusieurs reprises, ainsi que les Comptes rendus de nos séances le démontrent sans réplique. Je le demande, d'un autre côté, à tout homme qui voudra réfléchir un instant , est-il supposable qu'un chirurgien aille, de gaieté cœur, mettre en usage, chez les personnes qui lui confient leur santé, des moyens qu'il ne croirait pas utiles , qu'il aille se livrer à des essais qu'il croirait dangereux? Qu'on y songe un moment, et l'on verra, en admet- tant même chez lui une dose d'humanité moins forte que chez tout autre, si, après le malade, ou ses proches, le chii-urgien n'est pas la personne du monde qui a le plus d'intérêt, qui doit désirer avec le plus d'ardeur que ses opérés guérissent, que tout se passe bien chez les personnes qui ont été obligées de supporter l'action de ses instruments? Qu'on laisse donc de côté toutes ces insinuations injurieuses qui ne supportent pas le moindre examen, et qu'il est toujours fâcheux de faire intervenir dans les questions scientifiques. » Voici, du reste, une remarque que je me permettrai de soumettre, en terminant , au public et aux gens du monde ; c'est que l'éther, en empêchant la douleur, n'empêche point les opérations d'être dangereuses, et que la possibilité d'opérer sans faire souffrir, n'est pas une raison pour opérer sans nécessité. » Réplique de M. Magendie à M. Velpeau. « Puisque mes honorables confrères conviennent aujourd hui qu'il faut user de l'éther avec réserve; que son inhalation peut avoir des inconvé- nients et même des dangers; qu'ils reconnaissent que l'ivresse par l'éther a des effets variables depuis le sommeil paisible jusqu'à la fureur et les con- vulsions ; puisqu'ils signalent un grand nombre de circonstances où l'éther ( 239 ) ne doit point être employé , etc. ; je re^jarde la discussion que j'ai soulevée comme terminée, surtout si désormais ils mettent en pratique les préceptes qu'ils viennent de professer. Je n'ai jamais désiré autre chose. Mes collègnes ajoutent, il est vrai, qu'ils ont toujours été de cet avis. Je suis fort heureux de l'entendre de leur bouche; car, en vérité, je ne m'en serais pas douté, en les voyant naguère employer l'éther dans tous les cas , pour les grandes comme pour les petites opérations. . r- >' Quant au fait particulier^ dont certains détails sont contestés par M. Velpeau, et sur lesquels j'ai demandé et je demande encore une en- quête, j'ai lieu d'être surpris que mon confrère semble vouloir m'opposer, comme un argument sans réplique, je ne sais quelle narration de trois de ses élèves. Quel que soit le mérite de ces jeunes gens, mérite que je ne con- teste en aucune manière, je dirai cependant que leur témoignage n'a pas, à mes yeux, plus de valeur que celui d'un médecin honorable, ancien interne lui-même de l'hôpital de la Chanté. Toutefois, je pense que ce débat, pre- nant un caractère personnel , ne doit pas être continué devant l'Académie. " Messieurs, en me jetant en travers de l'engouement général, en pro- testant contre des expériences faites sur des hommes avec une substance dont, même aujourd'hui, on ne connaît pas complètement les propriétés, je savais fort bien que je soulèverais une opposition formidable. Mais j'avoue qu'après avoir consacré tant d'années à des travaux qui, si je ne m'abuse, n'ont pas été stériles pour le bien de l'humanité, je ne me serais pas attendu à ce qu'on me représenterait comme I'apôtre de la douleur , et, le dirai-je , comme repoussant une découverte utile, par la seule raison qu'elle ne venait pas de moi! Mais qu'importe ! J'ai la conscience d'avoir rempli un devoir en mettant mes confrères et la société elle-même en garde contre une innova- tion qui, si elle doit avoir un jour une utilité réelle, a déjà entraîné de fu- nestes conséquences, et peut être l'occasion d'abus déplorables. >' PHYSIOLOGIE. — Communication relative aux inspirations d'ëther; par M. Roux. Il L'Académie désire qu'on se borne désormais, relativement aux effets de l'éther, aux seules communications d'un intérêt majeur; et, de son côté, M. Magendie a exprimé le vœu que la discussion , si elle doit continuer, prenne un caractère purement scientifique, et ne soit plus empreinte de personnalités. Il ne m'en coûte pas de me conformer à ce double désir, et je serai bien court dans la nouvelle communication que j'ai à faire à l'Aca- démie. Aussi bien ma pensée était déjà qu'après tant de faits réunis jusqu'à ( 24o ) présent sur l'action stupéfiante des vapeurs éthérées, faits dont chaque jour voit augmenter le nombre , on devait songer maintenant moins à faire con- naître les résultats nouveaux de l'observation , qu'à préparer l'appréciation générale de ces résultats, et, pour ainsi dire, leur systématisation. » Depuis lundi dernier, et pendant toute la semaine qui vient de finir, j'ai saisi toutes les occasions qui m'ont été offertes, et qui m'ont paru favorables, pour continuer à soumettre à l'inspiration des vapeurs éthérées des sujets qui devaient subir une opération. J'en ai eu précisément cinq nouveaux pour des cas un peu différents; ce qui porte à vingt-six , jusqu'à ce jour, le nombre des expérimentations qui me sont propres. Avec des nuances dans le degré et dans les phénomènes de l'éthérisation, le résultat a été des plus satisfaisants sur ces cinq nouveaux malades , pour chacun desquels l'opération qu'il avait à subir a été complètement exempte de douleur. Pour l'un d'eux seulement j'entrerai dans quelques détails; son cas était nouveau pour moi. Je n'avais point encore essayé l'inhalation de l'éther sur un sujet ayant à subir l'ampu- tation d'un membre. J'avais voulu y soumettre, il y a trois semaines ou un mois, un jeune homme, à qui je devais amputer la jambe; mais c'était à une époque où les appareils fonctionnaient mal quelquefois : je n'étais pas parvenu à produire l'enivrement; peut-être le sujet était-il du petit nombre de ceux qui sont réfractaires à l'influence de l'éther. » C'est une amputation de la cuisse que j'avais à faire en dernier lieu , et celte opération a été pratiquée vendredi dernier. Tout a concouru à faire que l'expérimentation dont le malade a été le sujet eût quelque chose de grave, d'imposant, je dirai presque de solennel; le résultat d'ailleurs a été des plus décisifs en faveur de l'inhalation des vapeurs éthérées. Il s'agissait de l'amputation la plus grave parmi celles qu'on pratique dans la conti- nuité des membres. Je la faisais sur un jeune homme de vingt-quatre ans; et, à cause des circonstances de la maladie, il fallait qu'elle fût faite très- haut. Bien qu'entouré d'un grand nombre d'étudiants, et peut-être de quel- ques personnes du monde que la curiosité attire maintenant dans nos amphi- théâtres, j'avais pris soin de n'avoir près de moi et du malade que les quel- ques assistants dont j'avais besoin , afin qu'il fût plus facile de bien suivre et de bien observer les événements qui allaient se passer; et le malade lui- même avait été disposé, placé de manière à ce que je pusse, sans aucun délai , porter l'instrument sur son membre au moment où l'éthérisation serait développée au degré convenable. '> Je savais d'avance que ce jeune homme serait amené facilement à l'état d'insensibilité; je l'avais éthérisé une première fois, deux heures aupa- ( 24l ) ravant , pendant ma visite , et lorsqu'il était encore dans son lit. Après quatre minutes d'inspirations éthérées , il était tombé dans la torpeur : on avait constaté qu'il était devenu insensible. Il avait eu, dans ce premier sommeil, des ballucinations voluptueuses, auxquelles s'était entremêlée la pensée de l opération qu'il avait à subir. Il était permis de compter sur un semblable résultat, au moins sur un nouvel état d'insensibilité par une seconde éthéri- sation ; et j'avais résolu de procéder à l'opération le plus méthodiquement possible, de ne pas me hâter plus que je ne l'aurais fait dans toute autre circonstance : je voulais ne pas me préoccuper de l'état du patient, et prendre la peine d'observer si, comme quelques-uns pensent que cela doit être, il y a diminution de la rétractibilité musculaire sous l'influence de Téthérisation , et si , comme le prétendent divers expérimentateurs , et particulièrement M. Amussat et M. Longet, le sang artériel perd sa couleur vermeille et prend une teinte foncée plus ou moins > 6. Ijes deux expressions qu'on vient de trouver pour l'impulsion ou la (i) J'ai annoncé ce résultat dans un Mémoire présenté et déposé à l'Académie depuis le i4 avril 1834, où se trouve démontrée aussi la dépendance (ci-après, n° 6) du frottement d«s fluides et de leurs mouvements étranijers à la translation ou à l'écoulenient. ■ ■ • ( 245 ) résistance sont identiques. On s'en assure en étudiant l'étroite connexion qui existe entre le frottement en fjénéral et les mouvements non translatoires qui se propagent au dehors, et dont la formation continuelle empêche les composantes des actions entre deux couches fluides de se compenser dans le sens de translation. On trouve, en effet, que le travail de leur frottement mu- tuel est égal à la demi-force vive non translatoire , créée aux dépens de la force vive translatoire, plus le travail non translatoire des actions que les couches reçoivent extérieurement. » 7. On peut appliquer ces expressions de l'impulsion à divers exemples. La principale difficulté, à cet égard, a été levée par M. Poncelet. Diverses expériences ont prouvé que les filets déviés ou accélérés par la présence d'un corps plongé ne s'élendent guère hors d'un prisme fluide dont les faces sont à une distance égale à une demie ou à une fois sa plus grande largeur : M. Poncelet, en partant de ce fait, suppose, pour avoir une approxima- tion, que les vitesses sont toutes égales dans la plus petite section annulaire entre le corps solide et les faces du prisme fluide, et qu'il y a une pression constante sur la partie d'amont du corps et une pression aussi constante en aval , puis il détermine la différence de ces pressions, ou l'impulsion par unité superficielle de la plus grande section transversale du corps , en posant une équation de forces vives pour le mouvement du fluide dans cette sorte de canal, depuis l'amont jusqu'à sa partie la plus rétrécie. » Cette méthode étant créée et désormais acquise à la science, rien n'em- pêche de s'élever, en l'employant, à une deuxième approximation. On peut par exemple, au lieu d'une pression constante en amont, supposer une pression variable. Or, soit que l'on détermine sa gradation au moyen d^ l'hypothèse ordinaire du parallélisme des tranches fluides, en intégrant en- suite pour avoir la pression d'amont totale; soit qu'on détermine en bloc cette pression, en posant, comme a fait M. Bélanger pour le mouvement dans des tuyaux, une équation de quantités de mouvement et une équation de forces vives; soit, enfin, en posant, comme ci-dessus, une équation de forces vives dans les mouvements relatifs, en regardant la pression d'aval comme constante , on arrive au même résultat. » Et, ce qu'il y a de remarquable, c'est que ce résultat est le même que celui que l'on obtient lorsqu'on applique nos principes, c'est-à-dire lorsqu'on évalue l'impulsion par le travail des frottements, ou par les forces vives translatoires perdues, en estimant les pertes ou les travaux des frottements extraordinaires qui ont lieu dans les mouvements tumultueux accompagnant le rélargissement brusque des sections, par le théorème connu de Borda. ( q46 ) . 'I 8. Des expériences de Dubiiat {Principes ^ n° 484) et de Beaufoy {Nau- ticai experiments) donnent, à l'aide de quelques calculs, la grandeur de la partie de l'impulsion provenant du travail des frottements ordinaires ou tranquilles. En combinant leurs résultats avec ce qu'on sait sur l'intensité du frottement de l'eau contre les parois des tuyaux où elle coule , et avec d'au- tres résultats d'expérience , on arrive , en estimant les rapports des frotte- ments intérieure suivant la loi adoptée par Newton , Navier, Poisson , à con- naître à peu près les rapports des vitesses des divers filets autour des corps plongés, ce qui permet de calculer ces coefficients, plus grands que l'unité, par lesquels il faut, comme l'a remarqué M. Poncelet dès 1828, multiplier les forces vives dues aux vitesses moyennes pour avoir les forces vives réelles. D'autres considérations permettent détenir compte jusqu'à un certain point de l'augmentation graduelle de la pression vers aval. " 9. Muni de ces diverses données, et en faisant, comme M. Poncelet, quelques hypothèses plausibles sur les grandeurs de certains rapports , on arrive, pour l'impulsion sur divers corps plongés, à des résultats conformes à ce que l'expérience a appris. " On explique, par les mêmes principes, un fait bien connu dans les ports de mer, et qui met en défaut les théories anciennes : il consiste en ce que les pièces de charpente éprouvent moins de résistance étant tirées dans l'eau par le gros bout que par le petit. » On obtient, aussi , des formules capables de s'étendre , au besoin , à des cas sur lesquels l'expérience n'a pas porté. " Ces principes peuvent donc être utiles dans les applications , indépen- damment de l'avantage qu'ils offrent de montrer la vraie cause générale des effets à apprécier, et de faire disparaître, par le rétablissement de l'état réel et physique de la question, une singularité scientifique abandonnée sans explication par des géomètres tels qu'Euler et d'Alembert. » ,;,,.. .,.r.,. *>•: •':.■:>■-:, "' .,: MÉMOIRES PRÉSENl^S. CHIMIE. — Recherches chimiques sur les acides gras du beurre de coco; par M. Edocard Saint-Evre. (Commissaires, MM. Dumas, Regnault, Balard.) L'auteur établit dans ce Mémoire : « 1°. Qu'il existe dans le beurre de coco un acide gras fusible , volatil et cristallisable , représenté par la formule C** H** O* ; ( »47 ) » 2°. Que l'anomalie qui existait entre son équivalent et son point de fusion est détruite; » 3°. Que l'existence de cet acide est confirmée par l'analyse de l'éther et du sel d'argent; . , : . . - . • » 5". Que, par conséquent, il doit prendre place dans la série des acides gras immédiatement après l'acide laurique C*'H**0*. » CHIMIE. — Sur plusieurs composés détonants produits avec l'acide nitrique et le sucre ^ la dextrine, la lactine , la mannite et la glycérine; par M. AscAGNE SoBHERO. (Extrait d'une Lettre à M. Pelouze.) « J'ai vu , dans le dernier numéro des Comptes rendus de l' /académie des Sciences, tome XXIV, séance du aS janvier 1 847 , que vous avez , monsieur, au nom de MM. Florès Domonte et Ménard, annoncé que la mannite et les diverses espèces de sucre et tie gomme fournissent des composés analogues à la pyroxyline par l'action de l'acide nitrique. Je ne sais pas à quel point .se trouvent maintenant les recherches des deux chimistes dont vous avez an- noncé les découvertes; mais certainement l'idée de produire des corps ful- minants au moyen du sucre et des composés analogues à été réalisée de- puis longtemps par moi sur le sucre de canne et sur la dextrine : j'ai commu- niqué une Note sur ce composé à l'Académie de Turin, le 3i janvier der- nier. J'ajouterai encore que j'ai déjà fait une analyse du sucre fulminant, et, bien que je n'aie pu empêcher la formation de produits oxygénés de l'azote pendant la combustion, les résultats que j'ai obtenus me conduiraient à penser que ce composé serait du sucre G"* H"0", moins 2 équivalents d'eau, plus 2 équivalents d'acide nitrique anhydre. Ce corps m'a, en effet, fourni 3 pour 100 d'hydrogène et 27 pour 100 de carbone. n La composition de la glycérine ne pouvant plus se représenter par du car- bone et de l'eau , et sa combinaison avec les acides gras la faisant considérer à peu près comme une base, et se trouvant par là très-éloignée des corps analogues au sucre et au ligneux, on ne pouvait presque pas soupçonner qu'elle pût donner lieu à des réactions analogues à celles des substances men- tionnées. Pourtant les résultats que je viens d'obtenir prouvent que la glycé- rine est capable de donner, avec un mélange d'acide nitrique et sulfurique, un corps analogue au coton fulminant. Voici ce que je puis dire de ce corps et de ses propriétés. " Quand on Verse un mélange de 2 volumes d'acide sulfurique à 66 de- grés et f volume d'acide nitrique à 43 degrés dans de la glycérine sirupeuse, ( 248 ) la réaction est très-vive, mais c'est une réaction d'oxydation dont je n'ai pas cherché les produits. Mais si l'on tient dans un mélange frigorifique le mé- lange susdit des deux acides, et si l'on y verse la glycérine , en agitant, pour empêcher l'élévation de température , la glycérine s'y dissout promptement , sans réaction sensible; si, à ce point , on verse le mélange dans l'eau , on en précipite une matière huileuse plus lourde que l'eau , qui se réunit au fond du vase , et qu'on peut laver à grande eau pour la débarrasser complète- ment des acides, sans en perdre, vu qu'elle est insoluble dans ce véhicule. Après les lavages, on peut la dissoudre complètement dans l'alcool et la pré- cipiter de nouveau par l'eau, ou bien la dissoudre dans l'éther, et laisser à l'évaporation spontanée cette solution : l'éther se vaporisant , on obtient le nouveau corps isolé des matières qui pourraient le souiller. En la tenant dans le vide pendant quelques jours sur l'acide sulfurique, on se la procure aisé- ment débarrassée d'eau. » Dans cet état, ce corps présente l'aspect de l'huile d'olive légèrement colorée en jaune : il est beaucoup plus pesant que l'eau dans laquelle il semble être complètement insoluble ; il le dissout au contraire très-bien dans l'alcool et dans l'éther. Il est sans odeur; sa saveur est douce , piquante , aro- matique. Il faut toutefois être sur ses gardes en faisant cet essai , car il suffit d'en tenir une très-petite quantité (ce qu'on peut en prendre en y mouillant légèrement le bout du petit doigt) sur la langue pour en éprouver une mi- graine assez forte pendant plusieurs heures. Cette action sur le corps hu- main a été constatée par plusieurs personnes dans mon laboratoire , et je l'ai éprouvée plusieurs fois sur moi-même avant que je fusse certain qu'elle a des propriétés toxiques. » Je me propose d'analyser ce corps le plus tôt possible; je prévois toute- fois qu'il sera difficile de conduire régulièrement la combustion, et que ce ne sera qu'après plusieurs essais infructueux que j'arriverai à avoir des résultats sur lesquels on puisse fonder une formule exprimant sa composition. » ■_; ■!'} ri-.- CORRESPOIVDANCE. M. le Secrétaire perpétcel de l'Académie des JJeaux-Arts annonce que cette Académie a, sur la demande de l'Académie des Sciences, désigné trois de ses membres, MM. Halevy, Garaffa et Spontini, pour prendre part au travail de la Commission chargée de faire un Rapport sur l'orgue présenté, dans lavant-dernière séance, par M. AcMin. (^49) ■■'"L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés, présentés, l'un par M. Jean, l'autre par M. Brown-Sequard. La séance, est levée à 5 heures un quart. A. SUPPLÉMENT DE LA SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1847. M. MoRiN présente à l'Académie la troisième partie de ses Leçons de Mécanique pratique professées au Conservatoire des Arts et Métiers , et en donne l'analyse suivante : « Ces Ijcçons ne sont que le développement de deux Mémoires que j'ai présentés le 23 octobre i843, à l'Académie des Sciences, sur le même sujet, et elles ont été, depuis cette époque, professées, à diverses reprises, au Conservatoire des Arts et Métiers. ! , : ' , vm 1 V, ,- ;> » Après un rappel succinct des principales données de rexpérience sur la formation et les propriétés de la vapeur, je fais connaitre les expériences qui montrent dans quelles limites on peut employer la loi de Mariotte pour le calcul des effets de la détente dans ces machines, et je rapporte les ré- sultats des recherches les plus récentes sur la production de la vapeur dans les chaudières. " L'exposition des formules théoriques du calcul de l'effet utile des ma- chines à vapeur adoptées par M. Poncelet dans ses Leçons à l'École de Metz, est suivie de la discussion des hypothèses sur lesquelles elles sont fondées. De nombreux résultats d'observations faites avec l'indicateur de la pression en France et en Angleterre, justifient ces hypothèses, et montrent que, pour les machines bien proportionnées, il existe un rapport sensi- blement constant entre l'effet utile réel et l'effet théorique déduit de ces formules. ii-r»!. ■>! •j'i*iMîn3t'')h i^ioïi .<< ' , (i^-. " L'application des règles ordinaires du mouvement des fluides à là cir- culation de la vapeur depuis la chaudière jusqu'au cylindre, à travers les divers conduits et orifices qu'elle traverse, me permet de montrer l'influence fâcheuse qu'exercent les étranglements des passages, les proportions trop restreintes des orifices, l'emploi des tuyaux d'un trop petit diamètre, etc., et explique comment, dans certaines machines mal proportionnées, il existe entre la chaudière et le cylindre des différences de pression parfois très- considérables. L'application de ces règles aux locomotives, et la compa- raison des résultats que l'on en déduit avec ceux qu'ont fournis les intéres- C.R., i847,i" Semestre. (T. XXIV, N» 7.) . ^3 ( 25o ) santés recherches de MM. Gotiin et Lechatelier, montrent l'importance des bonnes proportions, et met sur la voie de plusieurs perfectionnements à introduire dans ces machines. » Comparant ensuite les résultats de nombreuses expériences faites au frein par divers observateurs, par les membres du comité de mécanique de la Société industrielle de Mulhouse, et par moi-même avec ceux des for- mules théoriques, j'en déduis les rapports de ces effets, et, par suite, les for- mules pratiques qui permettent de les calculer. Le résultat de cette discussion montre que les valeurs de ces rapports, que nous avions adoptées dès l'année iSSa, M. Poncelet et moi, pour l'enseignement de ITîcole de Metz, diffèrent fort peu de celles que des expériences plus nombreuses ont fournies. n L'accord des formules pratiques à l'aide desquelles on peut calculer l'effet utile d'une machine établie avec l'expérience étant ainsi justifié, on ne peut, à l'inverse, déduire les dimensions qu'il convient de donner à une machine pour qu'elle produise un effet donné, et former des Tables de con- struction méthodiquement basées sur l'expérience. C'est ce que j'ai essayé de faire dans une série de Leçons, où je discute et compare, en outre, les règles auxquelles je parviens avec la pratique des bons ateliers de construction. Cette partie des Leçons contient aussi les règles à suivre pour proportionner les chaudières. " La relation qui s'établit entre les courses du piston et celles du tiroir, ou ce que l'on nomme la réglementation des tiroirs, exerce sur la distribution de la vapeur une influence considérable très-bien manifestée par les exem- ples que je fournis des diagrammes obtenus avec l'indicateur de la pression. Aussi ai-je cru devoir faire quelques leçons sur cet objet trop négligé par les constructeurs. » Enfin, l'ouvrage se termine par l'exposition d'une méthode graphique très-simple, que j'ai donnée, en i843, pour déterminer le moment d'inertie et le poids qu'il convient d'assigner au volant d'une machine à vapeur d'un système quelconque, afin d'assurer à son axe de rotation un mouvement d'une l'égularité déterminée. » aago»* -• — .--^— BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. I/Académie a reçu, dans la séance du 8 février 1847, '*^' ouvrafjes dont voici les titres : Mémoires militaires de Vauban et des ingénieurs Hue de Caligny, précédé d'un Avant-Propos, par VF. Favé , capitaine d'artillerie (avec 3 planches); tome VI; in-8°. ,. Choix de Plantes nouvelles ou peu connues de l'Asie occidentale ; par M. le comte Jaubert et M. Ed. Spagh; 19* et 20* livraisons; in-4°. Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 58' et 5g* livraisons; in-8°. _ ,, y ^ Histoire de la Médecine, depuis son origine jusqu'au XIX* siècle; par M. le docteur RenouarD; 2 vol. in-8°. (Get ouvrage est adressé pour le concours Montyon.) -v \.'l ■ •Notice historique sur l' Empoisonnement par l'arsenic , sur l'emploi de l'ap- pareil de Marsh, et des autres mojens de doser ce toxique ; par M. F.-E. HlL- LAiRET (d'Angouléme). Paris, i847;in-8°. Détermination de la grandeur du Système solaire et de son orbite, ou suite du nouveau Système de la marche des astres; par M. DeryauX. Vienne ; in-8'*. Notice historique sur la Poudre- Coton ; par M. COTTEREAU fils ; broch. in-8°. Bulletin de la Société d'Horticulture de l' Auvergne ; 4* année, i" livraison; janvier 1847; ^^-^''• Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon, concours pour 1847 ' I feuille in-S". ' . . „ - . . Institut des Sourds-Muets de Nancy (19* année). — Distribution des Prix du a4 août 1846. Recueil de la Société Polytechnique ; décembre 1846; in-S". Journal de Chimie médicale , de Pharmacie et de Toxicologie; février 1847; in-8°. . ; ' Revue zoologique , par la Société Cuviérienne , sous la direction de M. GuÉ- rin-Méneville ; 1847, n° i*""; in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales; février 1847; io~8°- Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale et de Toxicologie; par M. Rognetta; février 1847 ; in-8°. - Le Technologiste, ou Archives des progrès de l' Industrie française et étrangère, février 1 847 ; in-8°. ■ ;•, : - ■ . ■ . .-, "■ ■" ■ ■ F. ( 252 ) Sb H w Mj w o w H H Z c« ce ce H H H S .o vs o H i/jc/3 O'-OOcfl'^ aWMcéWc«t«cfiWWWWWWWWfi3K^Wc«c«cocccèOcocecoOO O a> O H ra - o «.2 a- > c • •a a s rt o - OJ «5 ed — 4J a .2 S " S" «5 3 -« .- 3 3 _ 00—0 '•*;*4\ ;/ o '■^'^' ajoSSouooot-oooii-uoo— «■«3o S ç 2 -o ■ 5, o 01 > 3 e H u ô'û m û o - S S fl 03 CQ a -o T3 -s P-i >-. (^ 000 + 3 -O o S s ;*. o 00 Ov» « ^*50 ^* CTiOO tr^OO 00 vJ-00 M c^ « ^ fO o PT) 0">* tr^'Xi O »0 O c^vj-vi- (5i t^i -• cq r---0 »0 -< O co co o - O - O O M « O ' ro >0 >0 CO 00 PO ro II+ + + + + +IM + IM + I II II + + + + + + + + I I + tr^OO Ci O tO 00 t-00 v^ r^ Ol»0 p GO »C r^tû ^«T - CO « « OO ^*ro -■ « X> M ^ïffO fO O fO Ocoiû c^OlOsO O'O r^vt^ I I + + + + + + + + I + + + + + + ! 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On a vu, par mes précédentes expériences (i), quelle est l'action de l'éther sur la moelle épinière. » Quand on soumet un animal à l'action de l'éther, sa moelle épinière perd d'abord le principe du sentiment; elle perd ensuite le principe du mouve- ment ; et, ce qu'il faut bien noter, elle perd toujours le principe du sentiment avant de perdre le principe du mouvement. » Mais, enfin, il arrive un moment où elle perd tout à la fois le principe du sentiment et le principe du mouvement; et, cependant, l'animal continue à vivre : il vit, il respire encore. Comment cela se fait-il? comment cela peut- il se faire? » C'est ce que mes nouvelles expériences sur la moelle allongée vont expliquer. ,. / (i) Comptes rendus , séance du 8 février, page i6i . C. R., 1847. i«'-.Sfniej/;e.(T.XXlV, No8.} M ■ - ( -^54 ) " Mais , avant de venir à ces expériences mêmes, il me faut nécessairement reprendre les choses de plus haut. » IL J'ai prouvé, par les expériences que je soumis, en 1822, à l'Aca- démie , et qui , depuis , ont été répétées et confirmées par l'Europe entière , que les centres nerveux se composent de quatre parties essentiellement dis- tinctes, savoir : le cerveau proprement dit [lobes ou hémisphères cérébraux), siégfe exclusif des perceptions, de la mémoire, du jugement, de la volonté, en un mot , de l'intelligence; le cervelet, siège d'une force demeurée jusqn à moi inconnue, de la force qui équilibre, qui coordonne les mouvements de locomotion; la moelle allongée, siège du principe même de la vie, c'est-à- dire du principe premier moteur du mécanisme respiratoire, et nœud vital de tout le système; et la moelle épinière, siège du principe du sentiment et du principe du mouvement (i). » III. Oi', en même temps que je donnais ces vérités nouvelles à la science , M. Charles Bell, cet illustre physiologiste, lui en donnait une autre non moins importante; il prouvait que, dans la moelle épinière même, le prin- cipe du sentiment et le principe du mouvement ont leurs sièges distincts : le principe du sentiment ayant le sien dans la région postérieure et dans les racines postérieures, et le principe du mouvement ayant le sien dans la région antérieure et dans les racines antérieures. » IV. Mais je reviens à la moelle allongée, sur la(|uelle portent plus par- ticulièrement aujourd'hui mes expériences. » J'ai prouvé, eu i823 (2), que dans ce qu'on appelle communément, et assez vaguement, moelle allongée, il y a un point particulier, déter- miné, circonscrit, qui est le siège du principe premier moteur du méca- nisme respiratoire, par conséquent le siège du principe même de la vie, et, par conséquent encore , le vrai nœud vital du système nerveux entier. « Il y a, disais-je alors (3), dans la moelle allongée, un point dont la » section produit l'anéantissement subit de tous les mouvements inspira- » toires, et ce point se trouve à l'origine même de la huitième paire (4)> » origine qu'il comprend dans son étendue , commençant avec elle et finis- » sant un peu au-dessous. » (i) Voyez mes Recherches expérimentales sur les Propriétés et les Fonctions du Sjrstème nei- veuxi^^i" édition, 1842), pages 1 et suivantes. (2) Ibid., pages 196 et suivantes. , (3) Ibid. , page 200. (4) Nerf pneumogastrique. ( a55 ) « C'est à ce point, disais-je encore, qu'il fant que toiiles les autres par- » lies du système nerveux tiennent, pour que leurs fonctions ^'exercent. Le 1 principe de Yexercice de l'action nerveuse remonte donc des nerfs à la « moelle épinière, et de la moelle épinière à ce point; et, passé ce point. >' il rétrograde des parties antérieures de l'encéphale aux parties p'osté- » rieures, et des parties postérieures à ce point encore (r). » » V. On a maintenant tous les éléments de la question que je veux ré- soudre, et je passe à mes nouvelles expériences sur la moelle allongée. >■ Première expérience: sur un chien. — On a soumis l'animal à l'inhala- tion de l'éther. » Au bout de trente-cinq ou trente-six minutes, le phénomène de lélhe- risation ayant paru , on a mis à nu d'abord une portion de la moelle épi- nière dorsale , et, ensuite, la moelle allongée. B Cela fait, on a piqué la région postérieure de la moelle épinière, on a pincé, on a coupé les racines postérieures , et l'animal n'a rien senti. " On a pincé une racine antérieure , et il y a en un léger mouvement de l'animal. » L'inhalation de l'éther a donc été prolongée pendant quelques minutes encore. •' Ces quelques minutes écoulées, on a pincé une nouvelle racine anté- rieure, et Vanimal ne s'est point mti; on a pincé, on a coupé les cordons antérieurs de la moelle épinière, et l'animal est resté immobile (2). " La moelle épinière avait donc perdu les deux principes du sentiment et du mouvement. » C'est alors qu'on a exploré la moelle allongée : on l'a piquée, et l'ani- mal a poussé un cri, et, en même temps qu'il poussait ce cri, il y a eu une contraction manifeste de la masse musculaire de la région cervicale. )' Deuxième expérience : sur un chien. — Au bout de vingt-cinq minutes, 1 animal paraît complètement éthérisé. ( I ) Voyez mes Recherches expérimentales sur les Propriétés et les Fonctions du Système ner- veux ; page 243. (2) Je remarque que je n'ai jamais vu la perle absolue de la motricité dans le nerf de l'animal éthérisé. Si l'on pince, par exemple, le nerf sciatique d'un animal éthérisé, alors même que les parties motrices de la moelle épinière ont perdu leurs forces, on voit les muscles auxquels le nerf se rend éprouver un léger frémissement. Celte survie de la motricité du nerf a la motricité de la moelle épinière est tout à fait compa- rable à la survie de la motricité du nerf, quand on a détruit la moelle épinière. . 34.. ( 256 ) ' -1 » Oa met à nu la moelle epinière ; la pression d'une racine postérieure produit une légère douleur. « On prolonge Véthérisation. ^' » Au bout de deux ou trois minutes , on pince une nouvelle racine pos- térieure, et l'animal ne sent rien; on pique, on coupe \es faisceaux posté- rieurs^ et l'animal ne sent rien non plus. » On passe aux racines et Sinx faisceaux antérieurs ; on les pince, on les pique , on les coupe, et l'animal reste immobile. )) Cette insensibilité, cette immotricité de la moelle epinière étant bien constatées, on examine la moelle allongée, déjà mise à nu. » On la touche, et il y a un frémissement marqué de tout l'animal , en même temps que des contractions très-manifestes dans les muscles cervicaux. » Je coupe alors la moelle allongée dans ce point déterminé, que j'appelle le nœud vital du système nerveux; et ce qui, en pareil cas, arrive pour l'animal qui est dans son état ordinaire, arrive de même pour l'animal qui est éthérisé, c'est-à-dire l'anéantissement soudain de tous les mouvements respiratoires, c'est-à-dire la mort soudaine. >' Troisième expérience: sur un chien. — Même mise à nu de la moelle epinière et de la moelle allongée, dès que Tanimal paraît éthérisé; même perte du sentiment et du mouvement dans la moelle epinière; même per- sistance de l'un et de l'autre dans la moelle allongée; enfin , même mort su- bite de l'animal à la section du point vital de la moelle allongée. " n VI. Je n'ajouterai pas de nouvelles expériences. Qui ne voit, en effet, que la solution que je cherchais est trouvée? » La moelle epinière de l'animal perd tout principe de sentiment et de mouvement; et cependant l'animal vit encore, parce que l'action de sa moelle allongée survit, en lui, à l'action de la moelle epinière. ii-ni .- » En d'autres termes , quand on soumet un animal à l'action de Véther, ses centres nerveux perdent successivement leurs forces dans un ordre donné : les lobes cérébraux perdent d'abord leur force , c'est-à-dire l'intelligence ; puis le cervelet perd la sienne, c'est-à-dire l'équilibration des mouvements de locomotion ; puis la moelle epinière perd les siennes, c'est-à-dire le prin- cipe du sentiment et le principe du mouvement; enfin la moelle allongée survit seule dans son action, et c'est pourquoi l'animal survit aussi : avec la disparition de l'action de sa moelle allongée, disparaît la vie. .1 VII. Apres avoir fait, avec Véther sulfurique , les expéiiences qu'on vient de voir, et plusieurs autres encore que je ne puis rapporter ici, j'ai voulu essayer d'autres éthers. » VIll. J'ai commencé par Véther chlorhjdrique. . ( '-5? ) » Avec le concours de mes deux aides-naturalistes au Muséum, MM. Aug. Duméril et Philipeaux , j'ai soumis un animal à l'inhalation de cet acide. " Au bout de trois minutes, l'animal est mort, mais d'une mort acciden- telle et qui ne tenait point au nouvel éther, ainsi que deux autres expé- riences me l'ont bientôt appris. >' Dans ces deux autres expériences , l'effet de Xéiher chhrhjdrique a été absolument le même que celui de Véther sul/urique. « \j éther chlorhjdrique a produit, de même, l'insensibilité générale, l'insensibilité de la région postérieure et des racines postérieures de la moelle épinière, et enfin Vimmotricité de la région antérieure et des racines anté- rieures de cette moelle. " Seulement, et ceci est une circonstance qui peut avoir son impor- tance , Véther chlorhydrique agit beaucoup plus promptement que Véther sulfurique. ' - . ' » Au bout de douze minutes, Véthérisation chlorhydrique est complète; et de même qu'elle arrive bien plus tôt que Véthérisation sulfurique , elle disparaît aussi bien plus vite. » IX. Dans trois expériences successives , f aXles ayec Véther nitrique, Va- nimal a constamment succombé dans l'espace compris entre une et deux minutes (i). » X. L'inhalation de l'alcool, que j'ai tentée plusieurs fois, ne ma ja- mais rien donné de semblable au singulier phénomène, de Véthérisation. " Avec l'alcool , l'animal devient ivre ; mais il ne perd jamais ni le senti- ment ni le mouvement. •1 XI. Je continue ces diverses expériences. » XII. En attendant les résultats nouveaux qu'elles pourront me donner, celles qui précèdent suffisent pour établir : » 1°. Que l'action de Véther sur les centres nerveux est successive et pro- gressive ; et , 2° que cette action successive va d'abord aux lobes cérébraux et au cervelet, puis à la moelle épinière , et puis à la moelle allongée. >' Ainsi l'animal perd d'abord l'intelligence et l'équilibre de ses mouve- ments; il perd ensuite le sentiment et le mouvement ; quand il a perdu le sentiment et le mouvement, il perdrait bientôt la vie. (i) Le sang de l'animal soumis à Véther sulfurique brunit beaucoup; celui de l'animal soumis à Véther chlorhydrique reste beaucoup plus rouge : à la vérité , l'expérience dure beaucoup moins de temps. Le sang de l'animal , soumis à X éther nitrique, devient presque tout à fait noir, ou , plus exactement , d'une couleur brun-chocolat toute particulière, et les chairs ont la même couleur que le sang. ( 258 ) " C'est là ce qu'il faudra désormais que le chirurgien ait constam- ment présent à l'esprit : l'éther, qui ôte la douleur, ôte aussi la vie; et l'agent nouveau que vient d'acquérir la chirurgie est , à la fois , mer- veilleux et terrible. » ., - Remarques de M. Magendie sur le Mémoire de M. Flourens. « .le ferai, sur la lecture que vient de faire notre honorable confrère, quelques observations. Son Mémoire contient deux parties distinctes : l'une est une sorte d'abrégé historique, l'autre a trait à de nouvelles expériences. » Dans la première partie, M. Flourens émet une opinion nettement formulée sur une question qui m'est tout à fait personnelle. Il attribue à Charles Bell la découverte des fonctions des racines rachidicuues. Or je crois avoir des droits incontestables à cette découverte. Aussi n'est-ce pas sans une extrême surprise que j'ai entendu mon honorable confrère s'exprimer d'une manière aussi affirmative. Si je ne connaissais son bon vouloir, j'aurais pu me méprendre sur ses intentions et les regarder comme des plus désobli- geantes. Toutefois, comme une pareille assertion ne tendrait à rien moins qu'à dépouiller la physiologie française d'une des découvertes les plus importantes de ce siècle, je prie M. Flourens, lorsqu'il imprimera son Mémoire, de mettre en note l'indication précise des ouvrages du physiolo- giste anglais, où se trouverait signalée la découverte dont il s'agit. Ce n'est pas trop exiger, je pense, de l'impartialité de notre confrère. » Réplique à M. Magendie. M. Flourens répond qu'en attribuant, comme il l'a fait, la découverte du siège distinct de la sensibilité et de la motricité dans la moelle épinière à M. Charles Bell, il s'est borné à suivre l'opinion commune. Personne ne désire, plus que lui, de voir M. Magendie détruire cette opinion; personne ne sera plus heureux que lui de pouvoir proclamer française une des plus belles découvertes de la physiologie. Réplique de M. ^ïkOEJime.. « M. Flourens vient de dire que l'opinion qu'il a émise est assez généra- lement répandue pour que je ne sois pas étonné de l'entendre répéter. Il ajoute que c'est à moi d'établir que la découverte m'appartient , et non à lui de prouver qu'elle ne m'appartient pas. Je ne puis accepter cette logique, .le sai§ que plusieurs ouvrages de physiologie associent le nom de Charles Bell au mien , lorsqu'ils traitent de la découverte des fonctions des racines; ( 2 09 / mais M. Flouiens va beaucoup plus loin : il m'enlève, et cela, devant l'Aca- démie des Sciences, moi présent , toute participation à cette découverte. Sans doute M. Flourens n'a pas parlé sans y avoir réfléchi, sans avoir par-dc- vers lui des preuves; or ce sont ces preuves que je lui demande et que j'ai le droit d'exiger. Quand il les aura fait connaître, je les discuterai; et, si de nouveaux documents, dont je ne soupçonne pas l'existence, établissent que la découverte est la propriété d'un antre, M. Flourens peut être bien con- vaincu que je renoncerai hautement à ma prétention : jusque-là , je maintiens que Charles Bell est complètement étranger à la découverte; je déclare mon confrère mal informé , et son assertion de tous points inexacte. » Suivent quelques observations relatives aux propriétés des éthers chlorhy- drique, acétique, azotique, etc. Réplique de M. FLovfiE\s. K Je ne crois pas que, dans la séance de l'Académie, M. Magendie se soit servi du mot e:c/ger. Du moins, ne l'ai-je pas entendu. Quoi qu'il en soit, je ne puis exposer ici les raisons de mon opinion, ne les ayant pas présentées, lundi dernier, à l'Académie. Je les présenterai lundi prochain. J'ajoute que mon honorable confrère les réfutera très-facilement sans doute, caria prin- cipale tient au silence même qu'il gardait, depuis quelque temps, sur ce point; et je répète que personne ne sera plus heureux que moi de pouvoir n'attribuer qu'à lui seul la belle découverte dont il s'agit. » Remarques de M. Balard à l'occasion des divers éthers employés par M. Flourens dans ses expériences sur les animaux. A l'occasion de la lecture de la Note de M. Flourens, M. Balard fait re- marquer que, malgré la similitude des dénominations, l'éther que l'on désigne ordinairement sous le nom à'éiher nitrique j et qui n'est, en réalité, qne l'éther nitreux , diffère beaucoup, par sa ( onstitution chimique, de l'éther or- dinaire , tandis que l ether chlorhydrique est généralement regardé comme un composé très-stable, du même ordre que l'éther ordinaire, et dans lequel l'oxygène que renferme celui-ci serait remplacé par une quantité équivalente de chlore. Il est remarquable, malgré la grande différence dans la volatilité, de constater entre ces deux corps une ressemblance d'action qui , si on ne la retrouvait que dans ces deux composés, pourrait, jusqu'à un certain point, être comparée à cette similitude d'action vénéneuse que M. Laurent a signalée dans quelques alcalis organiques et les mêmes espèces chlorées et modifiées ainsi par substitution. ( a6o ) M. DE Gasparin fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du troisième volume de son Cours d'Agriculture (i). [Voir au Bulletin bibliographique) MÉMOIRES LUS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur l'équilibre des corps solides, dans les limites de leur élasticité, et sur les conditions de leur résistance, quand les déplacements éprouvés par leurs points ne sont pas très -petits ; par M. DE Saint- Venant. (Commission précédemment nommée.) « I. Les formules de la mécanique dite moléculaire ont été basées, jus- qu'à présent, sur la supposition que les déplacements des divers points des corps élastiques auxquels on les applique sont extrêmement petits, de ma- nière que la ligne de jonction de deux points quelconques ne change jamais que très-peu, non-seulement de longueur, mais encore de direction dans l'espace. " Or il s'en faut bien que cette condition soit remplie en général : une lame mince peut être ployée de manière que ses deux bouts arrivent à se toucher, et un cylindre d'un faible diamètre peut être tordu de plusieurs cir- conférences sans que l'élasticité, ni de cette lame, ni de ce cylindre, ait subi d'altération. " Il convient donc d'avoir des formules qui s'appliquent à des grandeurs absolument quelconques des déplacements , avec cette seule restriction , que les distances mutuelles de points très-rapprochés ne varient que dans une petite proportion, afin que la cohésion et l'élasticité naturelle subsistent. " 2. On y parvient en exprimant, au moyen des déplacements relatifs de deux molécules proches l'une de l'autre, le rapport de leur distance après à leur distance avant les déplacements, et en remarquant que, comme ce rap- port doit différer très-peu de l'unité, on peut développer le radical qui le représente, en négligeant le carré et les puissances supérieures de la quantité qui s'y trouvait ajoutée à l'unité ; en sorte que l'expression de la nouvelle distance est toujours finie ou rationnelle, ainsi que celle de ses projections. On en déduit, pour les six composantes de pression sur trois plans quelcon- ques, des formules également finies et rationnelles en fonction des dépla- cements éprouvés. (i) La présentation de ce- volume avait été faite dans la séance du i5 février; c'est par suite d'un oubli qu'il n'en a pas été fait mention dans le Compte rendu de cette séance. ( a6i ) >' Ces formules se simplifient en y introduisant les dilatations et les glis- sements en trois sens, c'est-à-dire : i° les proportions 3a:,''j., 3^ des allonge- ments de trois petites lignes matérielles passant par un point M du corps , et primitivement parallèles aux coordonnées x, y,z; i° les petites dimi- nutionsgy^, g^xt gxy éprouvées par leurs angles primitivement droits. On a pour une dilatation <)^, et pour un glissement g^., en fonction des déplace- ments quelconques ^ , >3 , Ç deM dans des sens parallèles aux coordonnées, ■ * dx idx' a —^ rfÇ (d^d^ dndn ^^\ ^^' dz dy \dy dz dy dz dr dz 1 ■ ■ . - expressions dont les secondes parties disparaissent lorsque | , *j , Ç sont très- petits. Et l'on a toujours , pour la proportion de l'allongement d'une antre droite matérielle faisant primitivement les angles a, ê, 7 avec les axes, j;cCOS^a4-c)^cos''S4-''ïCOs*y4-gyaCOsêcos7+ g-^jCOSycosa+ g^^cosacosf, d'où l'on déduit facilement que, lorsque les pressions sont prises sur les plans légèrement obliques dans lesquels se sont changés les trois plans matériels primitivement rectangulaires et parallèles aux coordonnées , on a , pour les six composantes, les mêmes expressions, en fonction des dilatations et des glissements, que lorsque les déplacements sont très-petits. " Le problème de la recherche de déplacements de grandeur quelconque des points de corps élastiques sollicités par des forces données, est donc posé en équation. » Mais comme , dans le cas même des petits déplacements où les équations sont linéaires, on recourt rarement à leur intégration pour la solution des problèmes, il convient à fortiori, pour des déplacements quelconques, de les remplacer par ces équations plus simples qui expriment l'équilibre entre les forces extérieures agissant sur les pièces allongées habituellement em- ployées dans les constructions, et les pressions s'exerçant à travers une de leurs sections transversales , pressions dont on exprime approximativement les sommes de composantes et les sommes de moments en divers sens, en fonction des changements de la longueur et des courbures de l'axe de la pièce, des rotations des rayons de courbure par rapport aux points des sections , et des degrés d'inclinaison que prennent ces mêmes sections primi- tivement droites et planes (i). " Gomme ces diverses quantités ne dépendent que des déplacements (i) Comptes rendus , 3o octobre, 6 et 20 novembre i843 ; t. XVII , p. 942 , 1020 , 1 180. C. R , 1847, i«'-Seme«re.(T. XXIV,No8.) 35 ( a6a ) relatifs de points peu éloignés les uns des autres, il n'y a que des modi- fications faciles à faire subir aux expressions de composantes et de moments dits de flexion et de torsion, trouvées dans le cas des petits déplacements, pour les adapter aux cas de déplacements quelconques. J'ai déjà donné quel- ques-unes de ces modifications, et les intégrations, soit exactes, soit ap- proximatives, de quelques-unes des équations d'équilibre des pièces {i), et je me propose d'en donner plus tard d'autres applications à des questions de pratique où l'on ne saurait calculer les déplacements comme très-petits. Aujourd'hui , je parlerai encore d'un élément nouveau qu'il convient d'in- troduire, en général, dans l'expression du moment de réaction de torsion des prismes. » M. Cauchy a reconnu le premier que ce moment n'est pas , pour un prisme à base rectangle , proportionnel au moment d'inertie de la section autour de son centre, comme on le croyait d'après une théorie ancienne : la résistance à la torsion est d'autant moins forte , pour même moment d'i- nertie, que les deux côtés de la section rectangle sont plus inégaux. J'ai montré que la différence entre sa formule et la formule ancienne tenait à ce que l'établissement de celle-ci supposait que la section primitivement plane reste plane, tandis qu'elle prend la forme gauche d'une aile de moulin à vent, ses éléments étant sollicités à s'incliner par \esjibres qui leur étaient primitivement perpendiculaires et qui s'inclinent elles-mêmes sur l'axe. » Mais, en tenant compte de quelques termes de plus des séries données par M. Cauchy, on reconnaît, en outre, que la section, vers ses quatre angles, se ploie dans le sens de la torsion, de manière à rester exactement normale aux quatre arêtes du prisme devenues hélicoïdales. Et l'on voit fa- cilement, à priori, que les choses doivent se passer ainsi. En effet, on sup- pose que le prisme quadrangulaire n'éprouve, sur ses faces latérales, d'autre pression que la pression atmosphérique : cette pression n'a point de compo- sante parallèle aux faces où elle agit; or il résulte du théorème connu de réciprocité des composantes tangentielles de pression sur deux plans rec- tangulaires passant par un même point, que, vers les quatre angles, la pression intérieure, sur la section rectangle du prisme, a aussi des compo- santes nulles dans deux sens transversaux; donc elle agit, en ces points, perpendiculairement à la section, ce qui exige bien que les lignes maté- rielles primitivement normales à celle-ci soient restées normales, et que la section se soit inclinée, aux quatre angles, pour conserver cette normalité aux arêtes. (i) Comptes rendus, i" et 1 5 juillet l844> t. XIX, p. ^o , et Journal de Mat/téma- tiques pures et appliquées , iQ^; UT^. ( a63 ) " Il suit de là que, outre le gauchissement précédemment signalé, dû à l'inégalité des deux dimensions transversales du prisme, il y a une deuxième espèce de gauchissement due aux angles saillants qu'offre la figure de la section. Le premier gauchissement aurait lieu seul pour une section ellip- tique, le second seul pour une section carrée; tous deux ont lieu pour une section rectangle, et ni l'un ni l'autre pour une section circulaire, qui, seule, reste plane après la torsion. .. ; " Il en résulte aussi que, pour même moment d'inertie de la section, un prisme à base carrée doit résister moins à la torsion qu'un cylindre. » C'est aussi ce qu'ont appris les expériences comparatives de Duleau (i) sur les résistances à la torsion des barres de fer carrées et des barres de fer rondes. La différence, qui a été trouvée d'un sixième pour même angle de torsion et pour même moment d'inertie, ne saurait s'expliquer par une différence de qualités de fers qui venaient des mêmes localités, ni par l'influence du forgeage : elle s'explique par la théorie ci-dessus. » J'ai vérifié expérimentalement cette théorie d'une autre manière; j'ai soumis à la torsion deux prismes de caoutchouc, de ao centimètres de lon- gueur, l'un à base carrée, de 3 centimètres de côté, l'autre à base rectangle , de 4 centimètres sur a. Les lignes droites, tracées transversalement sur leurs faces latérales avant la torsion, seraient restées droites et perpendiculaires à l'axe s'il n'y avait eu aucun gauchissement des sections; elles n'auraient fait que s'incliner sur l'axe du prisme à base rectangle, en restant droites, s'il n'y avait eu que le premier gauchissement. Au lieu de cela, ces lignes, par la torsion , se sont courbées en doucine ou en S , de manière que les extré- mités restaient normales aux arêtes, ce qui prouve bien le deuxième gau- chissement dont on vient de parler. , • >> Ce point nouveau de la théorie de la résistance des solides paraît donc suffisamment confirmé par les faits. Il donne le moyen de faire une correc- tion numérique aux formules, non-seulement de torsion, mais encore de résistance au glissement latéral des parties. » CHIMIE. — De l'influence des alcalis dans divers phénomènes naturels , et en particulier du rôle que joue V ammoniaque dans la nutrition des ani- maux; par M. WRÈD.^vuLUA^iîi. (Commission précédemment nommée.) « J'ai été conduit, en iSSg, à l'occasion de recherches sur la nature (i) Résumé des Leçons de M. Navier, sur l'application de la mécanique ; deuxième édi- tion, n" i6i, page io5. 35.. ( 264 ) des effloresceuces des murailles, à constater que, dans toutes les pierres à chaux , il existe une petite quantité de potasse et de soude. Peu de temps après , j'ai reconnu la présence des mêmes alcalis dans un très- grand nombre de roches de composition diverse. En recherchant les con- ditions probables de la formation de ces dernières, j'ai été conduit à admettre que les alcalis ont dû leur servir de dissolvant, et qu'elles sont résultées de la décomposition de composés alcalins solubles, par leur contact avec l'acide carbonique emprunté à l'air.- >i A l'appui de cette opinion , j'ai fait voir que , lorsque l'on expose au contact de l'air une dissolution de silicate, d'aluminate ou de stannate de potasse, les acides sont déplacés à l'état gélatineux , et que leur contraction, lente et graduelle , leur donne bientôt une dureté comparable à celle des agates, des corindons et de l'acide stannique natif. » J'ai cherché depuis à expliquer comment ont pu se produire les infil- trations siliceuses qui remplissent souvent les coquilles fossiles. Les mêmes réactions paraissent être intervenues : mais ne peut-on pas admettre, en outre , que le carbonate d'ammoniaque , résultat de la décomposition de l'animal qui a habité la coquille , ait concouru à décomposer le silicate alcalin, et cela par une action continue; l'ammoniaque, après avoir cédé son acide carbonique pour déplacer la silice de sa combinaison avec la po- tasse , ayant pu ressaisir incessamment de l'acide carbonique au contact de l'air? Je ne présente ici cette opinion que comme une simple hypo- thèse; mais il résulte de mes recherches un fait important, et qui n'a rien d'hypothétique : c'est que la potasse et la soude sont universellement lépandues dans le règne minéral , et que Ion peut aujourd'hui se rendre compte de l'existence de ces bases dans les plantes, quelle que soit la nature du sol sur lequel la végétation a eu lieu. » Après avoir recherché quel pouvait être, dans les formations diverses, organiques et inorganiques, le rôle assigné aux alcalis fixes, j'ai porté mon attention sur les circonstances où l'alcali volatil concourt à l'accomplisse- ment des grands phénomènes naturels. » J'ai successivement adressé à l'Académie les résultats de mes essais sur l'influence de l'ammoniaque dans la nitrification et dans la fertilisa- tion des terres, et, en dernier lieu, j'ai essayé de faire ressortir les rela- tions qui existent entre ces deux phénomènes. Aujourd'hui que je suis arrivé au terme de mes recherches sur ce point , il me reste à examiner quelle est l'influence de l'ammoniaque sur le développement des animaux. » Faut-il admettre, avec la plupart des physiologistes, que l'ammo- niaque, qui est si universellement répandue dans la nature, et qui intervient ( 265 ) , si efficacement dans l'accroissement des végétaux, non-seulement ne peut être d'aucune utilité aux animaux, mais qu'elle doit même être considérée , dans la plupart des cas , comme nuisible et capable de jeter une profonde perturbation dans les diverses fonctions des animaux , et cela lorsque cer- taines espèces animales se rapprochent de si près des végétaux? Divers faits me portent à douter qu'il en soit ainsi. » La première circonstance qui a appelé mon attention sur ce point, c'est que j'avais un jour remarqué , dans mes usines , la production d'une quantité considérable de coquilles d'eau douce dans un fossé qui recevait les eaux de lavage du noir animal. Porté ainsi à examiner la nature de cette eau, je me suis assuré qu'elle était légèrement alcaline , et contenait en dissolution, à la faveur du bicarbonate d'ammoniaque, une quantité notable de carbonate de chaux. Le développement et la multiplication de ces coquilles ont-ils été facilités, d'un côté, par le carbonate de chaux, dont elles sont presque exclusivement composées; d'un autre côté, par l'ammoniaque, dont l'azote a pu concourir à la nutrition de l'animal qui les construit ? c'est là une opinion qui, si elle était confirmée par des faits plus nombreux et mieux caractérisés, jetterait un grand jour sur la formation d'une infinité de con- crétions calcaires produites par des animaux qui vivent dans l'eau. » Mais d'une simple hypothèse à un fait bien constaté il y a une grande distance. Cette distance, j'ai essayé d'en parcourir une partie, persuadé que la physiologie est intéressée à ce que la question soulevée soit vidée dans un sens ou dans un autre. » Il ne suffit pas d'établir qu'une infinité d'insectes ne se développent que sous l'influence ammoniacale, il importe ^e constater expérimentalement que l'ammoniaque peut directement concourir à la nutrition de certains ani- maux: et ce qui serait accepté comme probable, pour certains animaux d'un ordre inférieur, serait encore difficilement admis lorsqu'il s'agit des animaux qui, par la nature et la forme de leurs organes, se rapprochent de plus en plus de l'homme, » Disons, cependant, que certains animaux carnassiers vivent le plus souvent de chair corrompue, et j'ai d'ailleurs constaté que beaucoup de nos aliments, et notamment les viandes rôties, présentent une réaction ammo- niacale très-prononcée. " Quoi qu'il en soit, mon premier soin a été de rechercher si l'ammoniaque combinée avec un acide qui n'en modifie pas beaucoup les propriétés organo- septiques, si le carbonate d'ammoniaque enfin, état dans lequel l'ammo- niaque se produit principalement par la décomposition des matières azotées et dans lequel elle est répandue universellement, peut déranger les fonctions digestives des animaux; ou, au contraire, s'il est permis d'admettre qu'il ( 266 ) puisse entrer dans la circulation, par la fixation de ses principes constituants sous la forme d'une matière organique. " C'est dans ce but que j'ai commencé une série d'expériences dont je viens soumettre à l'Académie les premiers résultats. » Pour juger du désordre que pourrait porter dans les fonctions animales le carbonate d'ammoniaque mêlé aux aliments , j'ai cru devoir opérer sur des animaux adultes arrivés à un état de croissance et d'engraissement station- naire. J'ai fait mes expériences sur des petits porcs de l'espèce dite anglo- chinoise. Deux de ces animaux de même taille et de même âge, ayant un poids à peu près égal, ont été soumis à une condition d'alimentation parfai- tement identique, avec cette seule différence , que , dans les aliments de l'un , j'ai fait ajouter chaque jour la dissolution de loo grammes de carbonate d'ammoniaque. » Voici ce que j'ai remarqué : Le porc au régime ammoniacal a subi ce régime depuis plus de deux mois, sans qu'il soit possible encore de constater aucune altération dans sa santé. Des pesées , faites chaque semaine , ont donné des résultats qui établissent qu'il n'y a pas eu de dépérissement sen- sible déterminé par l'influence du sel alcalin , malgré l'odeur et la saveur si prononcées et si repoussantes qu'il présente. Voici ces résultats : iODRS DES EXPEKIENCES. Poids au 24 décembre 1846. Id. 3i Id. <] janvier 1 847 • • • Jd. i5 Id. 21 Id. 28 Id. 4 février Id. II Id. 18 POKC à l'engrais ammoniacal, n° I. kil 76,00 75,00 77, 5o 74, 3o 72,00 73,00 73,50 75,00 77,00 PORC nourri avec les mêmes aliments sans ammoniaque, n° 2. 78,00 76,00 78,00 79' 00 77,00 78,50 79 '5o 81, 5o >' Ainsi, à 2 ou 3 kilogrammes près, les poids sont restés dans les rap- ports des poids primitifs, et cela pendant deux mois, durant lesquels l'un des porcs a reçu en mélange avec ses aliments plus de 6 kilogrammes de carbonate d'ammoniaque. ( 267 ) » Ce que ces résultats présentent de plus digne de remarque, c'est que, pendant toute la durée de l'expérimentation, l'urine et les excréments du porc au régime ammoniacal, comme de celui au régime ordinaire, sont restés neutres et plus habituellement un peu acides. » Une différence importante existe dans la nature des urines, celle du porc soumis au régime ammoniacal paraissant beaucoup plus chargée d'urée, ainsi qu'il résulte de l'expérience suivante : » L'urine des deux porcs avait été recueillie en même temps après trente jours d'expérimentation; elle était sensiblement acide. Après une putréfaction produite par un séjour d'un mois dans des flacons fermés, l'urine du porc au régime ammoniacal a pris une teinte vineuse, et l'autre est restée d'un jaune fauve. » L'urine provenant du régime ammoniacal était sensiblement plus alca- line que celle résultant du régime ordinaire; 'en opérant la saturation du liquide alcalin au moyen de l'acide sulfurique titré, j'ai pu me convaincre qu'il y avait dans la première un cinquième environ de plus de carbonate d'ammoniaque que dans la seconde. Pour opérer la saturation d'un litre de la première urine, il a fallu près de 6 grammes d'acide sulfurique mono- hydraté; tandis que, pour un même volume de l'autre, il n'en a fallu que » Si le carbonate d'ammoniaque pouvait, par l'acte de la digestion, donner de l'urée , il serait raisonnable d'admettre qu'il peut concourir à la formation d'autres matières organiques azotées; mais, pour se prononcer d'une manière définitive sur la première question , il m'importe de constater les résultats d'expériences nouvelles, où je soumets au régime ammoniacal de jeunes porcs, pour reconnaître l'influence de ce sel sur leur croissance. .T'entretiendrai ultérieurement l'Académie des résultats de cette nouvelle série d'essais, me renfermant, pour le moment, dans renonciation des quel- ques faits qui précèdent. '• . ■ » J'approfondirai la question au point de vue des objections qui peuvent être faites, à savoir : qu'une partie de l'ammoniaque peut s'échapper parla transpiration, et qu'une autre partie, saturée par des acides organiques , peut donner lieu à la formation du carbonate d'ammoniaque par la putré- faction. ' - » Quoi qu'il en soit, il résulte des faits que je signale à l'attention des phygiologistes , que l'introduction d'une quantité très-considérable de car- bonate d'ammoniaque dans les aliments du porc ne change pas d'une manière appréciable ses conditions hygiéniques. Les chimistes poursuivront avec intérêt la question de savoir dans quelles circonstances les organes digestifs peuvent permettre la transformation du carbonate d'ammoniaque ( 268 ) en ufée, par une réaction inverse de celle par laquelle on convertit l'urée en carbonate d'ammoniaque. » ÉCONOMIE RURALE.— 5'«r un ijisecte qui nuit gravement aux moissons, dans l'arrondissement de Barbëzieux , et sur les mojens de préserver les céréales de ses attaques; par M. F.-E. Guérin-Méneville. (Extrait.) (Renvoi à la Section d'Économie rurale.) « Il existe autour de Barbezieux , dans un rayon de près d'une lieue , qui tend tous les jours à s'étendre, et probablement dans d'autres localités de la France, un très-petit insecte, nommé, dans le pays, rt/gM/Z/o«mer, lequel donne aux froments une maladie dont on a longtemps subi les effets sans en connaître la cause. Quand le blé approche de sa maturité , tous les épis des pieds attaqués par l'insecte tombent au moindre vent; les tiges, ainsi dé- pourvues de leurs épis, restent droites et apparentes parmi les épis murs et courbés par leur poids. On appelle ces tiges des aiguillons , et ces blés sont dits aiguillonnés. La perte causée par cette maladie s'élève au sixième, au cinquième et quelquefois même au quart de la récolte. » La maladie de l'aiguillon est produite par un insecte de l'ordre des Coléoptères , famille des Longicornes , classé dans l'ancien genre des Sa- perdes, et qui constitue un sous-genre nouveau, que je propose de nommer Calamobie {àvi ^vec chaume-vie). Cet insecte, ayant reçu primitivement le nom spécifique de Saperde grêle, devra , si l'on adopte mon sous-genre, être appelé Saperda (calamobius) gracilis. » Le petit longicorne en question paraît dans le courant de juin, quand les blés sont épiés et en fleur. Alors la femelle perce un petit trou dans la tige, près de l'épi, et y introduit un œuf. Comme elle a probablement plus de deux cents œufs dans ses ovaires et qu'elle n'en dépose qu'un dans chaque tige i et seulement dans les plus belles , dans celles qui portent les plus grands épis, il en résulte qu'une femelle peut infester plus de deux cents tiges de blé et faire tomber autant d'épis. ■• . • f • . . .., >i L'œuf, descendu ou tombé jusqu'au premier nœud du chaume, donne bientôt naissance à un petit ver ou larve, qui remonte dans le tuyau jusque près de l'épi, ronge circulairement ce tuyau en dedans, ne laissant intacte que l'épiderme : l'épi , ainsi isolé , ne reçoit plus les sucs nourriciers , reste vide de grains, se dessèche quand les grains approchent de leur maturité, et tombe au premier vent. iii!, , i;;. " Cette larve, après avoir affaibli ainsi l'intérieur de la tige, près de l'épi, descend dans ce chaume, perce successivement ses nœuds, et va se loger au bas delà tige, à une hauteur de 5 à 8 centimètres au-dessus du sol, afin d'y passer l'hiver blottie dans une poussière composée de détritus et de ses ( ^69 ) excréments. Elle est arrivée.à tout son accroissement et placée dansée gîte, quand le blé est mûr, à l'époque de la moisson. " Au commencement du mois de juin de l'année suivante, elle se méta- morphose en nymphe ou chrysalide, et , peu d(3 jours après, l'insecte parfait éclôt, remonte dans le tube, se perce un trou avec ses mandibules ou dents, et sort pour recommencer le même cercle d'existence et les mêmes ravages dans nos céréales. » r^a larve, connue des agriculteurs de Barbezieux sous le nom d'aiguii- lonnier, peut supporter un froid très-vif sans périr; elle peut aussi passer un ou deux ans dans la paille sans se métamorphoser , quand cette paille n'est pas plantée en terre; mais elle finit par mourir faute d'humidité. Ainsi, quand on laisse le chaume sur la terre, les larves se conservent et subissent leurs métamorphoses l'année suivante, tandis que, si on les enlève avec la paille, elles ne se métamorphosent pas et finissent même par périr de séche- resse. » Ces habitudes des larves de se loger à 5 ou 8 centimètres au-dessus du sol, le besoin qu'elles ont de l'humidité de la terre pour vivre, indiquent suffisamment des procédés infaillibles de les détruire par des moyens simples, tout agriculturaux et faciles à pratiquer. En effet , il suffit de changer pour quelques années la manière de couper les blés, orges et avoines. Au lieu de les couper a ^5 ou 3o centimètres du sol, comme on le fait à Barbezieux, et de laisser le chaume dans les champs pour fumer la terre, ce qui con- serve les larves pour l'année suivante, il faut couper les céréales très-près de terre, afin d'enlever ces larves avec la paille, ou bien couper comme à l'or- dinaire, mais faire arracher les chaumes et les faire brûler sur place; celte sorte d'écobuage donnera un bon engrais et fera périr en même temps les larves du Saperde grêle et celles d'autres espèces non moins nuisibles. » MÉMOIRES PRÉSENIÉS. ÉCONOMIE RURALE. — Recherches sur la composition élémentaire de différents bois, et sur le rendement annuel de i hectare de forêts; par M. Eue. Chevaivdier. Troisième Mémoire. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Boussingault, de Gasparin, de Jussieu.) tt Le but que je me suis proposé dans ces recherches était d'introduire, dans la détermination du produit des forêts, une méthode à la fois simple et précise, qui permît de comparer exactement, quant à leur production C. R., i847, '" Semestre. (T. XXIV, N» 8.) 36 ( 270 ) différentes forêts, soit entre elles, soit avec les terrains exploités par l'agriculture. » Dans mes Mémoires précédents , j'ai déterminé , pour différentes espèces de bois, le poids du stère et la composition élémentaire, que j'ai trouvée, à très-peu d'exceptions près, constante pour chaque espèce, abstraction faite des cendres. » La quantité de ces dernières, au contraire, a été assez variable pour qu'il m'ait paru nécessaire de faire de nouvelles incinérations sur un plus grand nombre d'échantillons, avant d'appliquer les chiffres qui les concer- nent à des calculs statistiques un peu étendus. C'est à cette étude qu'est con- sacrée la première partie de ce travail. " La seconde partie aura pour objet l'influence de la nature du terrain et du mode d'exploitation sur la production des forêts. « Le nombre total des incinérations a été de 5^4, savoir : Hêtre, 93 ; Chêne, gS; Charme, 78; Bouleau, 89; Tremble, 5g; Aune, 26; Saule, 17; Sapin, 46; Pin, a8. .' Fja nature géologique du sol ne paraît pas avoir une influence marquée sur la quantité de cendres, au moins pour les bois durs. Les quantités moyennes de cendres résultant de mes analyses ont été , pour chaque espèce de bois: En confondant tontes les espèces de bois, oo trouve ; ESPÈCE DE BOIS. QDASTITÉ de cendres p. loo. OBALITÉS DU BOIS. QCIIITITÉS de cendres p. loo. Saule 2,00 1,65 1 ,62 1,38 1 ,06 1 ,04 1 ,02 o,85 Rondinage de jeunes brins, lîftis de Quartier 1,23 1,34 1,54 2,27 Tremble. Cbéne Rondinage de branches. . . Fagots Charme Hêtre Pin Sapin Bouleau « Pour pouvoir calculer et ramener à ses éléments les plus simples le ( 271 ) rendement annuel d'une forêt, il faut d'abord connaître la quantité et la nature des produits exportables qui existent sur le sol au bout d'un certain nombre d'années de végétation; puis, déterminer les quantités de bois sec, et celles de carbone, d'hydrogène, d'oxygène, d'azote et de cendres corres- pondantes, qu'il suffit ensuite de diviser par le nombre d'années comprises dans cette période, pour avoir la production moyenne annuelle. » J'ai déterminé, par cette méthode, l'accroissement moyen annuel de 16400 hectares de taillis sous futaie , situés à partir du Donon, sur le revers occidental des Vosges, et dans les plaines qui s'étendent à leur pied. >' J'ai calculé de même l'accroissement des futaies du grand-duché de Baden , en me servant des expériences nombreuses faites à cet égard par les soins de l'Administration forestière de Calsruhe, et je me suis assuré que les forêts du pays de Baden et celles des Vosges se trouvent placées dans des conditions comparables. » Les chiffres auxquels je suis arrivé, sont renfermés dans les tableaux suivants : ": ' • . - FDIAIES DU GRAND-DnCHÉ DE BADEN (*). NOMBRE d'expé- riences. ESSENCES. ACCROIS- SEMENT moyen annuel par hectare, en mèlres cubes. NOMBRE de stères corres- pondants BOIS SEC corres- pondant, en kilogr. Gneiss, granit, porphyre, grès bi- garré, marnes irisées, vieux calcaire jurassique, cailloux roulés 23 32 27 i5 42 86 Chêne. Hêtre (montagn. moy.) Hêtro (hautes montag.). Charme. Sapin. Pin. 5,221 5,224 4,559 4,008 8,3o4 7,33o 7,57 7.57 0,61 5,81 12,04 10,63 k 2900 ,8 r 299^,28 2574 ,C2 2226,04 33»i,2r 2798,71 Gneiss, granit, grès rouge, grès bi- garré, vieux calcaire jurassique, nou- veau calcaire jurassique, molasse, cailloux roulés Gneiss , granit, porphyre, terrains de transition, nouveau calcaire juras- sique , . . Cailloux roulés Gneiss, granit, grès bigarré, muschel- kalk Granit, grès bigarre, muschelkalk, cailloux roulés (*) Dans ce tableau, on n'a pas le Id'éclaircies, qui augmenteraient d'env nu compte des produits intermédiaires r iron i5 pour 100 les chiffres donnés ici. ésultant c es coupes 36., ( 272 ) TAILLIS SOUS FUTAIES D'ESSIi!i Je suis arrivé ainsi aux nombres suivants, dans lesquels les produits in- termédiaires ont été compris, afin d'avoir le rendement moyen annuel véritable: Degré de fertilité. Très-bon 4^79 kilog. de bois sec; Id. Bon 3480 » ■, Id. Passable 2849 " Id. Médiocre 2898 » . s . Id. Mauvais 2082 . » » On voit que, dans chaque degré tle fertilité, ces chiffres sont supérieurs à ceux trouvés pour les taillis. " Si donc on représente par l'unité l'accroissement des futaies dans les différents degrés de fertililé, on pourra exprimer celui des taillis en fractions décimales, et établir une série de coefficients exprimant le rendement relatif de ces forêts. '■ . » On peut aussi représenter par l'unité l'accroissement des futaies dans le degré de fertilité très-bon seulement; et par des fractions décimales, leur accroissement dans les autres degrés de fertilité, ainsi que celui des laillis. ( ^74 ) Coefficients exprimant la production relative des futaies et des taillis ( en bois sec ). NilTDKE OC TEBRAIN. Le proiluit annuel des futaies étant pris pour unité dans cliaque degré de fertilité. Le produit annuel des futaies dans le degré de fertilité très-bon étant pris pour unité. DEGRÉ DE FERTILITÉ. DEGRÉ DB FERTILITÉ. Très- bon. Bon. Pas- sable. Mé- diocre Mau- vais. Très- bon. Bon. Pas- sable. Mé- diocre Mau- vais. Futaies du pays de Baden. 1,00 1,00 1,00 1,00 1,00 1 ,00 0,81 0,66 0,56 0.49 Taillis (marnes irisées). 0,82 0.76 0.70 0,63 » 0,82 0,62 0.47 0,35 't Id. ( muscheikalk ) . . . 0,69 0,67 0,62 0.53 rt 0,69 0,55 0,41 0,33 II Jd. (ijrès bigarré). . . 0,72 0,67 0,59 H rt 0,72 0,55 0,40 rt n Id. ( grès Tosgien ) . . . rt 0,54 0,48 0,45 0,38 II 0,44 0,32 0,25 0,19 » Je ne me suis occupé, dans ce Mémoire, que du produit brut des forêts, sans tenir compte de la valeur relative des bois de service et des bois de feu, qui est tout à l'avantage des futaies, non plus que du jeu des intérêts com- posés que l'on représente ordinairement comme rendant , au point de vue financier, les taillis préférables aux futaies. Dans un prochain Mémoire , pu- rement forestier, je me propose de reprendre ces questions spéciales et de rechercher quel est, sous tous les rapports , le traitement le plus avantageux à adopter pour les forêts. -.■■'■ Conclusions'. >' De tout ce qui précède , et dans la limite de mes expériences , je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes: >' 1°. Les quantités centésimales de cendres contenues dans les bois sont, en moyennes générales : . Pour les très-jeunes arbres , de 1,28 Pour les corps des arbres plus âgés, de 1 ,34 Pour les branches, de 1 5 54 Pour les fagots faits avec des brindilles, de. .. . 2,27 » 2°. Le produit moyen annuel, par hectare, de 16400 hectares de taillis sous futaies dans les Vosges est compris entre les limites, 2, go stères et 4? fagots i chiffres correspondant ) dans le grès vosgien, 7,46 stères et 100 fagots \ au produit moyen, ) dans les marnes irisées. ' Les quantités de bois sec, carbone, hydrogène, oxygène, azote et Carbone. Hydrogène, Oxygène. Aïole. Cendres 565 68 477- II 16 1288 15, 1080 25 40 ( 275 ) cendres , correspondant à ces chiffres , sont : Bois sec . Grès vosgien 1187 Marnes irisées 2590 " 3°. Le produit moyen annuel (i), par hectare, des futaies du pays de Badcn est compris entre les chiffres , 6°"^,68 ( exprimant le » des futaies de Charme , i3 . 85 \ produit moyen ) des futaies de Sapin. •' Les quantités de bois sec, carbone, hydrogène, oxygène, azote et cendres, correspondant à ces chiffres, sont: ' ■> - Bois sec . Carbone. Hydrogène. Oxygène. Azote. Cendres. Futaies de Charme . . 256o 1245 i53 1093 25 44 Futaies de Sapin .... 3903 1894 236 1595 39 39 » 4°- Les forêts de la Forêt- Noire, dans le pays de Baden, et celles des Vosges sont dans des conditions de végétation comparables. » 5°. L'accroissement des taillis varie avec la nature géologique du sol ; il est d'autant plus faible, que le terrain est plus perméable. » 6°. Cette influence de la nature géologique du sol ne paraît pas avoir lieu pour les futaies, pourvu qu'elles se composent d'essences bien appro- priées au sol. Leur accroissement va en augmentant avec l'âge, jusqu'à un maximum après lequel il décroît. '> 7°. En classant les forêts d'après le degré de fertilité du sol, on trouve que les meilleurs taillis (marnes irisées, degré de fertilité très-bon) pro- duisent en moyenne, par hectare et par année, 35oo kilogrammes de bois sec environ; tandis que les plus mauvais taillis (grès vosgien , degré de fer- tilité mauvais) n'en produisent que 800 environ. » On trouve de même que les meilleures futaies (toutes essences con- fondues) produisent en moyenne, par hectare , 43oo kilogrammes de bois sec , et les plus mauvaises 2 100 environ. » 8°. Enfin en comparant, pour chaque degré de fertilité, l'accroissement des futaies à celui des taillis dans différents terrains, on trouve que le pre- mier est toujours de beaucoup supérieur, et qu'en le prenant pour unité, l'accroissement des taillis sera exprimé par des coefficients d'autant plus petits, que le degré de fertilité sera moindre: d'où il résulte que, plus le terrain est mauvais, plus il y a avantage à traiter la forêt en futaie , toutes les (i) Y compris les produits intermédiaires résultant des coupes d'éclaircies. ( 276 ) fois que le sol présente assez de profondeur pour permettre le développement des racines; mais ici, l'appropriation de l'essence au terrain devient une con- dition indispensable du succès. » PHYSJOLOGIE. — Nouvelles observations sur les effets de l'inhalation de l'éther pendant les opérations chirurgicales ; par M. Ladgier. « 1°. La jeune fille qui a subi, le 22 janvier, l'amputation de la cuisse, et dont j'ai entretenu l'Académie dans ma Note précédente, n'a éprouvé aucun accident depuis 1 opération. Elle avait eu , comme je l'ai dit , un rêve extatique qui lui faisait voir Dieu et les anges. Elle n'a eu, que je sache, aucune autre espèce de rêve, et l'effet de l'éther a paru dissipé aussitôt qu'elle a été reportée dans son lit. Il faut reconnaître, du reste, que si des rêves erotiques se montrent sous l'influence de l'éther, ce ne sera point chez des jeunes filles déjà malades depuis longtemps, affaiblies par de lon- gues douleurs et par des accidents variés. » Le moignon est dans un très-bon état, la cicatrice est fort avancée; mais je n'attribue en aucune façon à l'éther l'absence des accidents consécu- tifs : je ne vois pas ce qui pourrait me conduire à cette conclusion. A plus forte raison, je ne vois ce qui pourrait motiver une conclusion contraire. » 1°. Le a6 janvier, j'ai fait l'amputation de la jambe droite à une femme de quarante- trois ans, affectée de gangrène spontanée du pied et de la partie inférieure de la jambe. » Elle a respiré l'éther cinq minutes. Après ce temps, elle a paru assoupie, elle ne répondait plus aux questions adressées, ne donnait aucun signe de sensibilité lorsqu'on la pinçait : épreuve qui a été répétée plusieurs fois. Son pouls, devenu très-fréquent, était presque insensible, ce qui m'a déterminé à ne pas pousser plus loin l'inhalation éthérée. D'ailleurs, j'ai cru la ma- lade endormie; elle n'était, comme elle l'a dit ensuitfe, qu'étourdie par la vapeur d'éther, mais elle était déjà dans un état qui l'empêchait de ré- pondre. J'insiste sur ce fait, parce qu'il s'est offert chez un autre de mes opérés; que d'autres chirurgiens l'ont aussi observé, et qu'il rend quelque- fois incertaine l'époque où l'on doit commencer l'opération. » .l'ai donc fait l'amputation; mais la malade a senti les douleurs qu'elle cause depuis la première incision jusqu'à la ligature des vaisseaux. Peut-être ses douleurs ont-elles été moins vives qui si elle n'avait pas respiré l'éther; cependant ses plaintes, toutes modérées qu'elles fussent, ont duré autant que l'opération. Depuis, il n'y a eu aucun accident, et la plaie est presque entièrement cicatrisée. La cicatrice est déjà solide dans les deux tiers de la ( 277 ) plaie d'amputation. Je crois que cette malade n'avait pas lespiré assez d'éther; mais pouvait-on continuer l'inhalation sans inconvénient? )' 3°. Mon troisième opéré a subi l'amputation de la cuisse pour une tu- meur blanche du genou avec luxation spontanée de la jamhe. Il a respiré l'éther trois minutes et demie sans la moindre hésitation , sans toux ; et au bout de ce temps, il était endormi. Son sommeil était calme. L'opération a été pratiquée sans qu'il ait manifesté la moindre douleur. Il était pansé lors- qu'il s'est réveillé deux minutes après le pansement. " Il n'avait rien senti , et un des assistants lui ayant demandé s'il voulait être opéré , il a dit qu'il y consentait volontiers. Pendant plus de vingt mi- nutes, il est resté dans une sorte de demi-ivresse calme. Il ne pouvait croire qu'il eût été amputé , et me demandait toutes les deux ou trois minutes , s'il était vrai que l'opération fût faite. Chaque fois je lui faisais voir qu'il n'avait plus sa jambe, et que sa cuisse était pansée. Il semblait interdit, et renouvelait quelques instants après la même question. Dans cet état, il ne ressentait au- cune douleur à la plaie d'amputation ; cette insensibilité s'est prolongée deux heures moins un quart. Au bout de ce temps, il a éprouvé quelques douleurs qui ont cédé assez promptement aux calmants administrés. >' L'opération a été faite le 3i janvier; depuis lors aucun accident local ou général. La plaie du moignon est cicatrisée dans les quatre cinquièmes de son étendue. •'.'■.' . ". « C'est là, ce me semble, un des faits les plus concluants en faveur de l'inhalation d'éther appliqué à la chirurgie. » 4°» Le 1 1 février, j'ai pratiqué à un jeune homme l'excision d'un sta- phylôme de la cornée et de l'iris, opération courte, mais fort douloureuse. Il a respiré l'éther pendant neuf minutes; c'est le premier exemple que j'aie vu de cette ivresse bruyante et accompagnée de mouvements désordonnés, signalée par d'autres chirurgiens après l'inhalation de l'éther. Le pouls , très-petit et lent au commencement de l'expérience, était devenu plus fré- quent et plus fort après quelques minutes. La face offrait l'expression de l'ivresse ; au lieu de manifester de l'hilarité , il avait une sorte de délire nerveux larmoyant, et avec des sanglots dans la voix. Il nous adressait force injures en anglais (c'est un palefrenier employé aux courses de chevaux). Je tentai de l'opérer, puisque, dans un état analogue, la plupart des ma- lades se sont montrés insensibles; mais, au moment où je traversai le staphy- lôme avec un ténaculum, il manifesta une vive douleur, et fit un mouvement violent de la tète en arrière, qui me força d'interrompre l'opération. Je le rendis un peu plus calme par quelques inspirations^ éthérées , et je pus ache- C. R., iSi^, i" Semestre. (T. XXIV, N»».) • ^7 (^78) ver l'excisîon du staphylôme. Après quelle fut terminée, il recommença ses cris et ses mouvements désordonnés , frappant avec violence le parquet de ses pieds , et jetant le tronc à droite et à gauche. Il avait souffert pendant l'opération, avait entendu et compris tout ce qu'on disait autour de lui, sans pouvoir, disait-il, y répondre. Il avait senti qu'on le pinçait dans les premières minutes; mais, plus tard, il ne faisait plus de mouvements au moment de ces stimulations. Depuis l'opération, point d'accidents; mais, je n'hésite pas à le déclarer, si tous les opérés devaient. tomber dans une exal- tation pareille , et conserver à ce degré la sensibilité physique , je renon- cerais immédiatement à l'inhalation de l'éther. « 5°. Le lendemain, i3 février, je devais être amplement dédommagé, .l'ai pratiqué, pour la troisième fois, l'amputation de la cuisse après l'inspi- ration des vapeurs éthérées, et le succès a été complet. Le malade était un jeune homme dont la jambe avait été écrasée par une- roue de voiture pe- samment chargée. Avant de pratiquer l'amputation, j'ai fait respirer l'éther ; mais il a fallu vingt minutes pour obtenir un sommeil calme et l'insensibilité : celle-ci a été complète. On a prolongé le sommeil par l'inhalation de l'éther, interrompue et reprise jusqu'à la fin du pansement. Le malade a déclaré n'avoir rien senti; il n'avait fait aucun rêve. Il a recommencé à souffrir de la plaie d'amputation quelques minutes après avoir été remis au lit. Aujour- d'hui , 1 4 ) son état est des plus satisfaisants ; il a dormi plusieurs heures pen- dant la nuit, et j'espère le conduire à bonne fin. » Toutes les amputations que je viens de pratiquer, ont été faites selon la méthode circulaire; et comme, parmi elles, il y a trois amputations de cuisse, je suis en mesure de répondre à quelques doutes qui ont été soulevés dans le sein de l'Académie des Sciences. » On a pensé que le relâchement musculaire produit par l'éther pourrait peut-être nuire à la régularité et à la bonne conformation des moignons. Or c'est à la cuisse, qui sert de type pour l'amputation circulaire, que cet incon- vénient devrait surtout se montrer. Je puis rassurer à cet égard les personnes qui ont éprouvé quelque crainte ; les moignons peuvent être très-régulière- ment conformés: c'est la contraction volontaire qui, chez certains individus, est suspendue par l'éther; quant aux propriétés de tissu, elles existent au même degré. D'ailleurs il est facile de faire, sur le cadavre, des moignons en cône creux , suivant toutes les règles de l'art. » .l'ai vérifié aussi, dans ces diverses amputations, que pendant le som- meil profond , où l'insensibilité est complète, le sang artériel continue à être rouge, et se distingue très-bien du sang veineux. .le n'ai observé, dans la I ( 279 ) couleur du sang, aucun changement. Cela est suffisant pour rassurer dans la pratique. » Je ne conteste pas pour cela le résultat contraire que MM. Amussat, Blandin et Longet ont observé chez les animaux , qu'ils ont sacrifiés eu con- tinuant l'inhalation de l'éther jusqu'à la mort; mais j'affirme que, dans le temps nécessaire à la pratique d'une amputation de cuisse faite sans préci- pitation, et à la ligature des vaisseaux, le passage du sang artériel à la cou- leur du sang veineux n'est point observé. J'ai appelé sur ce fait de physio- logie pathologique, l'attention de tous les spectateurs de l'amputation de cuisse, faite le 12 février. Et cependant, celte fois, le sommeil n'était venu qu'après vingt minutes de respiration de l'éther, et l'inhalation , ainsi que je l'ai dit, a été continuée par intervalles jusqu'à la fin du pansement, peut-être en tout une demi-heure , la ligature des vaisseaux, par diverses circonstances accidentelles, s'étant prolongée au delà du temps ordinaire. )' M. Magendie a dit que l'éther ayant, d'après ses recherches, la pro- priété de rendre le sang plus fluide, il se pourrait qu'il y eût, pendant les opérations et à leur suite, des hémorragies dues à l'inhalation de l'éther, et il a éveillé sur ce point l'attention des chirurgiens. Je n'ai point eu l'occasion de remarquer cet accident chez mes opérés; peut-être cette flui- dité plus grande du sang n'est- elle observable qu'à une période plus avancée de l'intoxication par l'éther.','"'' •:■ ":; ■* " Faut-il que la mort ait eu lieu pour qu'on en fasse la remarque, comme dans les expériences de MM. Blandin et Longet? je ne saurais le dire; je me borne à établir, comme fait positif, qu'aucune disposition à l'hémorragie ne s'est offerte chez mes malades, et cependant ne dois-je pas ajouter que, si une fluidité anormale du sang avait lieu pendant la période de l'inhalation de l'éther à laquelle on vient de donner le nom de chirurgicale, parce quelle répond à la durée ordinaire des opérations, j'aurais dû, et les autres chirurgiens avec moi, voir des hémorragies par cette cause, puisque, dans ies amputations, on ne lie que les vaisseaux principaux du membre, et qu'on abandonne sans les lier une foule de ramuscules artériels, qui de- vraient donner des hémorragies en nappes, si le sang était déjà fluide à cette époque. » En résumé: j'ai pratiqué jusqu'à ce jour trois amputations de cuisse pendant l'insensibilité la plus entière des malades obtenue par l'inhalation de l'éther. » Aucun accident n'a suivi ces opérations, ce qui prouve, du moins, que l'éther n'en produit pas nécessairement à la suite des grandes opérations. -, ■ . 37.. ( aSo ) » La régularité parfaite des moignons peut être obtenue , malgré le re- lâchement musculaire, qui du reste n'est pas constant. » Aucune hémorragie n'a eu lieu chez mes malades, et aucune tendance à cet accident ne s'est manifestée, ni pendant ni depuis l'opération. » La coloration noire du sang artériel ne s'est pas présentée chez mes opérés, et cette altération du sang artériel, de même que la fluidité anormale du sang, n'appartiennent pas sans doute à la période dite chirurgicale de l'inhalation de l'éther. >ç>» Enfin, les résultats de mes observations confirment donc de tous points les communications de MM. Roux et Velpeau, tandis qu'ils peuvent servir à diminuer les craintes que d'autres académiciens avaient montrées tou- chant l'application de l'éther aux opérations chirurgicales , et en particulier aux amputations. » ' PHYSIOLOGIE. — Deuxième communication sur l'inhalation éthérée ; ^ar M. Gerdy. (Extrait.) « Il résulte de l'ensemble des observations faites sur les inspirations étbé- rées, que les personnes malades ou bien portantes s'engourdissent sous l'influence de ces inspirations ; que la sensibilité tactile générale devient de plus en plus obtuse, jusqu'à s'anéantir entièrement; que les divers sens spéciaux s'éteignent aussi successivement; que le sujet soumis à l'expérience en éprouve une ivresse variée , taciturne ou loquace, gaie ou triste, calme ou furieuse; qu'il peut rester éveillé ous'endormir profondément; que, dans son sommeil , il peut alors concevoir des rêves agréables ou pénibles, ou n'en faire aucun. " A cet ensemble de faits plus ou moins variés et variables, j'ajouterai d'abord qu'il résulte de mes expériences sur moi-même, et d'expériences faites sur d'autres et par d'autres personnes, surtout quand on les répète un trop grand nombre de fois (de quinze à vingt-cinq fois en un ou deux iours), une irritation, un endolorissement de la poitrine, une mauvaise bou- che, un dégoût pour l'éther, un embarras et delà douleur de tête. J'ai éprouvé tous ces effets pendant dix ou douze jours, après vingt-cinq expériences répé- tées en deux jours. D'autres expérimentateurs ont éprouvé des symptômes analogues, qu'ils feront connaître sans doute, tels que de la fatigue, du tremblement musculaire, du malaise, des vomissements, etc., qui ont duré plus ou moins longtemps , et ont fini par se dissiper entièrement , pour ne laisser aucune trace. ( 28i ) » De plus graves accidents ont suivi encore l'inhalation éthérée ; des animaux ont été tués par des expériences analogues , dont l'action a été exa- gérée à dessein , pour connaître toute la portée de l'influence de l'étlier : une femme même a succombé ! Avait-elle respiré l'éther jusqu'à ce degré qu'on a éuergiquement appelé la cadavérisation? Je le crois; mais il est très- important qu'on le sache pour la conduite à tenir à l'avenir. Elle avait eu un sein amputé; un érysipèletraumatique s'est promptement développé, et, au quatrième jour de l'opération, la mort est survenue. A l'autopsie, on a trouvé la muqueuse des bronches rouge, enflammée, et les poumons en- goués. M. Jobert, si je ne me trompe, a assuré que l'éther n'était pas étran- ger à la mort; il serait bien important que M. Jobert donnât des renseigne- ments sur ce fait, à cause du haut enseignement qui peut en ressortir. " ' » La mort des chiens réclame aussi de nouvelles explications; car, ren- fermés dans des boîtes étroites dont l'atmosphère était à peine renouvelée , ils auraient bien pu périr, autant par la cause de l'asphyxie que par l'action de l'éther. \ » 1°. Observation d'éthdrîsation sur un homme opéré de polype des na- rines. — Un homme de qiiarante-cinq ans environ, affecté de polype mu- queux des narines , avec amincissement des os propres du nez, des apophyses montantes de la mâchoire supérieure, élargissement des cavités osseuses du nez, avec impossibilité de respirer par le nez, fut éthérisé le 5 février 1847 au matin, pour subir plus commodément l'opération de l'extraction des polypes. Il l'avait demandé lui-même. " Après des inspirations qui paraissaient assez bien faites depuis quatre à cinq minutes, il fut pris, avant d'être engourdi, d'une loquacité d'abord gaie , puis triste et larmoyante. Voyant , au bout de dix minutes environ , qu'il parlait toujours, j'essayai la sensibilité, et il déclara sentir les piqtires que je lui faisais. Néanmoins, comme la sensibilité tactile générale me sem- blait déjà un peu engourdie, et que le malade me paraissait alors mal res- pirer l'éther et peu disposé à s'endormir, je le menaçai de l'opérer de suite : alors il me pria d'attendre encore quelques minutes, en m'assurant quil allait s'endormir. Il se mit à respirer l'éther avec plus d'activité. Quelques minutes après, la sensibilité étant essayée de nouveau par une piqûre d'épingle au sommet du front, sans prévenir le malade, je m'aperçus qu'il ne sentait pas : dès lors je retirai l'appareil. J'en agis ainsi par prudence d'abord, parce qu'il gavait un quart d'heure environ que les inspirations continuaient, et surtout parce que l'engourdissement me parut devoir être suffisant. Le ma- lade avait les yeux encore entrouverts; ses oreilles bourdonnaient : il était ( 282 ) sourd, coinmo il l'avait dit. Dès le commencement il ne parlait plus; sou pouls n'avait pas chanfjé.... Le volume du polype , l'étendue de ses nombreux prolongements , sa nature friable , nécessitèrent des manœuvres qui se pro- longèrent pendant au moins un quart d'heure. Or, quoique ces manoeuvres soient, pour les narines et les fosses nasales, chatouilleuses, désagréables, douloureuses ; quoiqu'elles soient nauséeuses et accompagnées d'efforts con- vulsifs, de vomissements et de suffocations pour la gorge; quoique le sang qui s'écoule dans le pharynx, et quelquefois dans les voies aériennes, aug- mente encore ces sensations pénibles, ces angoisses cruelles qui les accom- pagnent, et causent des accidents de suffocation et des efforts de toux, le malade resta, pendant tout le temps de l'opération, plongé dans l'insensibilité apparente la plus profonde. Il ne fit pas entendre la moindre plainte ; sa figure resta constamment calme et tranquille : seulement il demanda une fois à se débarrasser la bouche des caillots de sang qui y avaient pénétré en coulant des narines antérieures. >) L'opération achevée, il resta encore un certain temps engourdi; mais toujours les yeux ouverts, à demi voyants, et comprenant ce qu'on faisait, sans s'en plaindre. » Aujourd'hui , samedi 6 février, il se plaint seulement d'un peu de mal de tète, et les fonctions n'offrent aucun trouble. » L'engonrdissemeut où le malade a été plongé a donc suffi, sans sommeil ni perte de connaissance , à le préserver des souffrances d'une opération des plus pénibles. Il n'est donc pas toujours indispensable ni absolument nécessaire de pousser l'éthérisation jusqu'à la perte de connaissance, et sur- tout à la cadavérisation,. pour opérer les malades ; enfin il n'est pas non plus toujours indispensable de continuer les inspirations pendant les opérations pour arracher les malades à la douleur. Ces conséquences sont on ne peut pas plus importantes pour la pratique. i> a". Un fort de la halle , de quarante ans environ, est entré dans notre service avec un phlegmon considérable qui avait envahi la fesse gauche tout entière, et qui s'étendait mênje au delà. J'essayai d'abord d'en prévenir la suppuration par une forte application de sangsues, mais ce fut inutile; la suppuration survint, et il se produisit un abcès considérable. Obligé d'en faire l'ouverture, comme les parties enflammées souffrent bien plus dune incision que les mêmes parties quand elles sont dans l'état sain , je lui pro- posai de l'éthériser. Il accepta, et fut exercé avant l'opération. Néanmoins, au moment de l'opération, n'ayant pu que l'engourdir imparfaitement, et nullement Je faire dormir, je me déterminai à lui ouvrir son abcès, sans I ( a83 ) pousser 1 ethérisalion plus loin : l'iucisioa fut de lo à li centimètres. Quoique peu courageux, le malade la sentit exécuter, mais sans crier, et tout en se plaignant que l'éthérisation ne l'eût pas endormi. Il avoua avoir peu souf- fert : la douleur consécutive fut également très-modérée. » 3°. Une jeune femme , qui portait un abcès aigu survenu à la suite de la lactation, fut engourdie. Elle me paraissait déjà endormie, que, sans plus attendre, j'incisai la tumeur. Vers la fin de l'incision, elle poussa un cri assez fort; après quoi elle s'endormit plus profondément encore qu'elle ne Tétait, bien que j'eusse suspendu l'éthérisation immédiatement avant de pratiquer l'incision. Elle se réveilla bientôt, et déclara n'avoir pas souffert, quoiqu'elle eût crié, et elle ajouta qu'elle ne pouvait con- cevoir pourquoi elle avait crié. Il paraît qu'elle avait crié comme ceux qui crient après avoir été Éthérisés, sans subir d'opération. « 4°- Un jeune homme auquel je devais pratiquer un sétou à la nuque fut éthérisé. 11 tombait dans l'assoupissement quand ses membres se roidirent. Il se releva tout à coup en disant qu'il souffrait dans les membres et que l'éther lui donnait des sensations pénibles qu'il ne lui avait pas occasionnées la veille. Cependant il recommença l'inspiration de l'éther et parut s'engourdir au bout de quelques minutes. Pour ne pas porter trop loin l'influence stupé- fiante, je pratiquai l'opération. Il poussa des cris prolongés, et, le séton passé, il déclara avoir assez vivement souffert. » Chez ces quatre opérés, l'éthérisation n'a été mise en usage qu'après qu'on les y avait soumis la veille , pour leur apprendre à la bien employer, et pour observer son influence sur chacun d'eux., : ■; / » Néanmoins ils ne l'ont pas tous aussi bien pratiquée que la veille, et ils n'en ont pas non plus éprouvé les mêmes effets que la veille. A quoi cela tient-il? « Conséquences. — Après ces observations et les réflexions qu'elle m'ont suggérées, je me demande s'il ne conviendrait pas d'employer toujours de l'éther rectifié pour diminuer les causes des variations que l'on observe dans les divers individus. De nouvelles expériences faites sur moi-même me por- tent à croire qu'on en retirerait d'ailleurs d'autres avantages. » Le fait de l'individu qui a subi une opération d'extraction de polypes du nez , opération si longue et si pénible sans en éprouver la moindre fatigue quoiqu'il ne fût pas endormi, ne permet-il pas d'espérer qu'il en sera de même pour beaucoup d'opérés? ne permet-il pas aussi d'établir en principe qu'il n'est pas indispensable de pousser l'éthérisation jusqu'au sommeil? n'est-il pas permis de penser encore que l'éthérisation portée au delà du ( 284 ) sommeil, jusqu'au refroidissement, au ralentissement du pouls, est dange- reuse? enfin n'est-il pas permis d'espérer qu'il pourra fréquemment suffire de déterminer un engourdissement général, même sans sommeil, pour dimi- nuer beaucoup la douleur des opérations et la rendre très-supportable? C'est pour cela que je n'ai pas cherché à produire un sommeil profond chez mes quatre derniers malades, et que je me suis hâté de les opérer. >• PHYSIOLOGIE. — Observations relatives aux effets de V inhalation de téther sur les animaux et sur l'homme. (Note de M. Amussat.) « Les phénomènes produits par l'inspiration de la vapeur d'éther sur les animaux sont les mêmes que sur l'espèce humaine : les animaux éprouvent tous les signes de l'ivresse; ils tombent sur le côté sans pouvoir se relever, deviennent insensibles à toutes les opérations qu'on leur pratique, et ne tardent pas à revenir lorsqu'on cesse l'expérience, ou succombent si on la prolonge. » Le sang artériel, au lieu d'être rouge, présente une couleur foncée presque noire, analogue à celle du sang veineux: ce changement dans l'aspect du sang n'a lieu qu'à une période avancée de l'inhalation ; du reste le sang artériel reprend sa couleur ordinaire dès qu'on cesse de faire res- pirer à l'animal des vapeurs d'éther. » Si l'animal succombe, le sang est noir et liquide. M. FJandin , ayant analysé le sang immédiatement après la mort, y a constaté la présence de Téther (pendant la vie, il nous a été impossible d'enflammer les gaz expirés). Avant l'expérience, les muscles coupés se rétracten t beaucoup, tandis que, pendant une période avancée de l'inhalation, la rétraction est très-bornée, comme l'avait déjà pensé M. Lallemand; on observe aussi une différence dans la couleur des chairs qui sont décolorées. » Les viscères intérieurs nous ont presque toujours offert des traces de congestion évidente. Le cœur est très-distendu, il ressemble à celui des ani- maux qui succombent par l'introduction accidentelle de l'air dans les veines. liC ventricule et l'oreillette droits contiennent une grande quantité de sang noir liquide. Les poumons sont colorés en rouge foncé , leur parenchyme est de même couleur. Le foie est gorgé de sang noir qui s'écoule en nappe, lorsqu'on incise cet organe. Les reins sont violets, par la quantité de sang qu'ils contiennent. La rate, au contraire, est aplatie et a conservé son vo- lume ordinaire. Les vaisseaux de la dure-mère fournissent nne notable quantité de sang, et la pie-mère est fortement injectée. Quant à la pulpe cérébrale, quelquefois elle est légèrement piquetée; le plus souvent elle a ( a85 ) conservé son aspect normal. Le li(|uide çérébrospinal nous a paru moins abondant. » L'ensemble de ces lésions me paraît démontrer que la mort doit être attribuée à une sorte d'asphyxie résultant de la pénétration de l'éther dans le sang. » Les faits que j'ai observés sur l'espèce humaine sont au nombre de trois. Dans le pi-emier, c'était un Anglais âgé de vingt-trois ans. Après l'inhalation de l'éther, il fut pris d'une très-grande agitation, d'im délire gai; il fut im- possible de l'opérer. Dans le deuxième, il s'agit d'une jeune femme qui avait des polypes des fosses nasales. Une première fois, je la soumis à l'inspiration de la vapeur d'élher; mais, soit à cause de l'impureté de l'éther, ce qui est très-probable, soit par toute autre cause, elle fut prise d'envies de vomir et d'un malaise très-grand: elle n'était pas devenue insensible. Le surlendemain, je recommençai l'opération; mais, cette fois, j'employai de l'éther rectifié: j'obtins une insensibilité complète et des phénomènes hystériques très- prononcés, qui se montrèrent de nouveau lors d'une troisième opération pratiquée sur la même personne. Je pense donc, d'après ce fait, qu'il faut faire choix, pour les applications chirurgicales et pour les expérimentations, d'un éther toujours identique, de concentration toujours égale, qui , servant pour tous les opérateurs, fasse disparaître une des causes de la différence observée dans les phénomènes. Le troisième fait est relatif à une jeune fille âgée de dix-huit ans, qui porte, dans l'épaisseur de la joue droite, une tumeur variqueuse que j'ai déjà cautérisée plusieurs fois et qui est en voie de guérison. Comme cette jeune personne souffrait beaucoup chaque fois que je l'opérais, je lui proposai de la soumettre à la vapeur d'éther; elle accepta sans difficulté, et, après quatre minutes d'inspiration, j'introduisis plusieurs fois un trois-quarts porte-caustique dans la joue sans que la malade témoignât la moindre sensibilité. En se réveillant, elle ne voulait pas croire qu'elle avait été opérée et riait aux éclats. Le lendemam, aucune douleur locale ni réaction. Toutes les autres opérations , qui avaient été bien moins longues que celle-ci, avaient été, au contraire, suivies de réaction fébrile et de douleurs vives dans la joue. Ce dernier fait nous a paru fort important, puisqu'il permet de comparer la même opération sur la même personne, faite à huit jours d'intervalle, avec ou sans éther, et il prouve que le défaut de réaction a été en rapport avec l'absence de douleur. » C. R., 1847, i" Semestre. {T XXIV, N» 8.) 38 ( 286 ) PHYSIOLOGIE. — Expériences entreprises dans le but de reconnaître si les gaz exhalés par un animal soumis à l'inhalation de l'éther peuvent S' enflammer par l'approche d'un corps en ignition , et si Von peut craindre pour le sujet soumis à l'expérience quelque danger dû à cette cause. (Note de M. Landouzy.) « Des craintes ayant été émises sur les désordres qui pourraient se pro- duire dans les voies respiratoires, si un corps en ignition était approché d'un malade soumis à l'inhalation de l'éther, j'ai fait, sur les animaux, une série d'expériences propres à éclairer cette question, qui a de l'importance au point de vue chirurgical, puisqu'un grand nombre d'opérations nécessi- tent l'emploi de la lumière artificielle. Ces expériences, répétées sur des chevaux, sur des lapins et sur des chiens, ont toujours produit des résultats identiques qui conduisent aux conclusions suivantes : » 1°. Lorsqu'on approche de la bouche ou du nez un corps en ignition, immédiatement après que l'appareil à inhalation a été enlevé, les vapeurs exhalées par l'animal s'enflamment subitement; ce nuage de feu dure au plus vingt secondes, et s'éteint spontanément, sans produire d'autre inconvénient qu'une légère brûlure des poils; » 2°. Lorsque l'appareil a été enlevé depuis plus d'une à deux mi- nutes, les vapeurs exhalées par la bouche ou par les narines cessent de pouvoir s'enflammer. » Ces conclusions sont contraires, d'une part, aux craintes que plusieurs physiologistes avaient manifestées do voir la combustion des vapeurs éthe'- rées produire les plus graves lésions au sein de l'organisme; d'une autre part, aux assertions de quelques expérimentateurs qui n'ont pu enflammer les vapeurs éthérées chez les animaux soumis à l'inhalation. Je me suis servi, pour ces expériences, d'éther en ébuUition, dans un flacon à très- longue tubulure. Cette tubulure était profondément enfoncée dans l'une des narines, l'autre étant maintenue ouverte ou fermée pour les besoins de l'expiration. » PHYSIOLOGIE. — Sur l'emploi des courants électriques pour faire cesser instantanément les effets produits par l inhalation de l'éther; par . M. DucROS. " Si l'on soumet, dit l'auteur, à l'action de l'éther en vapeur, des poules , des pigeons, des moineaux, les phénomènes de l'intoxication éthérée durent de sept à huit minutes. Si, ensuite, on soumet ces oiseaux à l'influence de ( 287 ) l'électricité, en les plaçant sur le tabouret isolant et leur faisant arriver un cou- rant positif, ils sortent de leur insensibilité en trente secondes ; si on les met sur le conducteur électrique, l'effet se produit dans dix secondes; si enfin on les présente aux boules des conducteurs en agissant par secousses électriques , ils reprennent à l'instant leur vigueur. Dans leur état d'étbéri- sation, si on les soumet à l'action de l'appareil simplifié de Clarke, les cou- rants magnéto-électriques leur rendent instantanément la sensibilité et le mouvement. » L'action de l'électricité négative , au lieu d'abréger l'étbérisation, semble prolonger cet état. » Les diverses communications relatives aux effets de l'éther, qui sont par- venues à l'Académie tant dans la présente séance que dans les séances anté- rieures, sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. les membres de la Section de Médecine et de Chirurgie, et de MM. Arago, Flonrens et Dumas. MÉDECINE. — Sur un signe qui semble propre à faire distinguer la mort apparente de la mort réelle. (Lettre de M. Maimdl.) « L'Académie s'occupe depuis quelques années de la question de la mort apparente et des moyens propres à constater la mort réelle. Permettez-moi , à l'occasion de ces travaux, de communiquer à l'Académie une expérience facile à répéter, et dont l'exécution peut être confiée au premier venu. Le moyen que j'ai l'honneur de proposer, consiste dans l'examen des phéno- mènes organiques, indépendants de la sensibilité, qui se produisent à la suite de la brlilure, et surtout de celle au second degré. Les résultats que j'ai obtenus sont les suivants : « 1°. La brûlure au second degré produit une ampoule chez les êtres vivants ; " 1°. Rien de pareil ne se voit sur le cadavre; » 3°. Des expériences avec l'éther m'ont permis de constater que la sen- sibilité n'est pour rien dans la production de cette ampoule. » Toutefois, je n'oserais pas encore affirmer que l'ampoule se produit dans toutes les maladies, sur tous les individus, quoique cela me paraisse très-probable, quoique toutes mes expériences, tentées jusqu'à ce jour, con- firment ces prévisions; je demanderais pourtant la permission d'envoyer 38.. ( 288 ) plus tard à l'Académie nn travail complet à ce sujet, dans lequel j'aurais l'honneur d'exposer l'ensemble de mes recherches et des résultats obtenus. » Sur la demande de M. Serres^ cette Note est renvoyée à l'examen de la Commission chargée d'examiner les pièces admises au concours pour le prix Manni. CHIMIE. — Recherches sur l'acide sulfophosphorique et le chloroxyde de phosphore i par M. Ad. Wurtz. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Balard.) « Acide sulfophosphorique. — J'ai obtenu cet acide en combinaison avec la soude, qui forme avec lui un sel bien défini. Pour le préparer, on opère de la manière suivante : » On traite le chlorosulfure de Sérullas par un grand excès de lessive de soude moyennement concentrée : on introduit le tout dans un appareil dis- tillatoire, et l'on chauffe au bain-marie. Quand tout le chlorosulfure a dis- paru, on laisse refroidir la liqueur, qui se prend ordinairement en masse, du jour au lendemain. On laisse égoutler les cristaux , on les lave avec un peu d'eau froide , et on les purifie très-facilement par plusieurs cristallisa- tions. L'équation suivante rend compte de la réaction qui se passe dans cette opération : ., .. ^i P(Cl'S')-f-6NaO=: P(0'S''), SNaÔ + SClNa. 1' 11 m'a été impossible d'isoler l'acide sulfophosphorique; car, à l'état de liberté, il se décompose avec une grande facilité, et déjà, à la température ordinaire, en hydrogène sulfuré et en acide phosphorique, comme le fait voir l'équation suivante : PO»S% 3HO-f-2HO = PO', 3H0-I-2HS. " Le sulfophosphate de soude est très-soluble dans l'eau bouillante, et se dépose , par le refroidissement de la liqueur, sous forme de tables hexago- nales très-brillantes. Pour obtenir des cristaux bien formés, il faut aban- donner au refroidissement les dissolutions étendues. M. H. de la Provostaye a eu l'obligeance d'en déterminer la forme cristalline. " Ces cristaux s'eftleurissent à l'air sec; ils sont insolubles dans l'alcool. La formule du sulfophosphate de soude est, d'après mes analyses, PO'SS 3NaO-h 24HO. .' Ti'acide sulfophosphorique est donc un acide tribasique, comme l'acide phosphorique ordinaire. » La dissolution du sulfophosphate trisodique est fortement alcaline, comme (^89) celle du phosphate correspondant. Le chlore, le brome et l'iode la décom- posent instantanément , en mettant le soufre en liberté et en s'emparant d'une partie du sodium; la liqueur devient acide, et il se forme un phosphate, comme le fait voir l'équation suivante : PO'SS 3NaO+ 2C1 = P0S NaO + 2ClNa + S'. " L'acide nitrique même, très-étendu, réagit d'une manière analogue; il transforme le sulfophosphate en phosphate, et il se dépose du soufre. Les acides non oxydants décomposent le sulfophosphate de soude en mettant l'acide sulfophosphorique en liberté. Si l'on fait bouillir la liqueur, celui-ci se décompose en hydrogène sulfuré et en acide phosphorique. » Le sulfophosphate de plomb est blanc au moment de sa précipitation; mais , au bout de quelques heures, il noircit en se transformant en sulfure de plomb et en phosphate, et la liqueur devient acide : PO=S% 3PbO = POSPbO + aSPb. » Cette décomposition s'opère instantanément, à la température de I GO degrés, » Chloroxfde de phosphore. — Pour le préparer d'une manière com- mode, il suffit d'abandonner du perchlorure de phosphore dans un flacon mal bouché, ou dans un ballon à long col , dans lequel on introduit en même temps un tube rempli d'eau. De cette manière, le perchlorure se trouve exposé à une atmosphère de vapeurs aqueuses , et se résout peu à peu en un liquide , en dégageant continuellement de l'acide chlorhydrique. T^a réaction se représente d'une manière facile par l'équation suivante : PCl' + aHO = P(C1'0^)+ 2HCI. Dès que le perchlorure a disparu , on soumet le liquide à la, distillation , en ayant soin de rejeter les premiers produits qui renferment un grand excès d'acide chlorhydrique. Le point d'ébuUition monte rapidement jusqu'à 1 10 degrés, où il se maintient. Le chloroxyde passe à cette température. » A l'état de pureté, c'est un liquide incolore et très-réfringent. Son odeur est irritante et rappelle celle du perchlorure de phosphore. Sa densité est de i°,7 à la degrés. 11 bout à 1 10 degrés. 11 répand des vapeurs blanches à l'air ; mis en contact avec l'eau, il tombe d'abord au fond de ce liquide, et se dissout ensuite avec dégagement d'acide chlorhydrique et formation d'acide phosphorique. " La formule du chloroxyde est P(Cl'O'). ■ ,' . , >• La densité de vapeur du chloroxyde est de 5,4o. ( 290 ) » Si l'on jette un coup d'oeil sur quelques-uns des composés du phosphore, que j'ai précédemment étudiés , on ne peut méconnaître les rapports très- intimes qui les relient entre eux. Il me semble, en effet, qu'en prenant le perchlorure de phosphore pour point de départ, on peut former une série dont tous les termes appartiennent au même type , et dont quelques-uns dérivent les uns des autres de la manière la plus directe. On a, en effet: P Cl' , perchlorure de phosphore ; P(Cl'S'), chlorosulfure de Sérullas; P S' , persiilfure de phosphore ; P(Cl^Br'), chlorobromure deM. Cahours; P ( CP O' ) , chloroxyde de phosphore ; P(CPAd')? chloraniidure de phosphore de M. Gerhardt ; P O' , 3H0 , acide phosphorique ; P(O^S'), 3H0, acide sulfophosphorique; ( ' P H O* , 2HO , acide phosphoreux ; PH'O', HO, acide hypophosphoreux. >' J'ai fait beaucoup d'expériences dans le but de compléter cette série. J'aurais voulu préparer le chloroiodure PCl'P et le chlorocyanure PCP Gy^. Mais les essais que j'ai tentés à ce sujet ne m'ont donné que des résultats négatifs. » Néanmoins, la série précédente est encore assez complète pour qu'il soit permis de la comparer aux séries que nous offre la chimie organique. On me pardonnera d'avoir insisté sur ce sujet, qui ne me paraît point dépourvu d'un intérêt tout actuel. Les cas de substitution , ceux de composition ter-' naire, sur lesquels M. Fremy vient , de son côté, d'appeler l'attention des chimistes, sont encore très-rares en chimie minérale. Il me semble donc que les développements que je viens de présenter, sont de nature à faire entrevoir un champ encore peu cultivé de la science, et qu'ils contribueront peut-être à faire disparaître une des barrières qui séparent encore la chimie minérale de la chimie organique. » M. DuFRÉNOY présente, au nom de M. Achille Delesse, professeur de minéralogie et de géologie à la Faculté des Sciences de Besançon, un Mé- moire sur la constitution minéralogiqne et chimique des roches des Vosges. L'auteur, suivant la méthode pratiquée, pour la première fois, par M. CoRDiER, a commencé par triturer les roches cristallines qu'il a étudiées. Il a ensuite séparé , sous le microscope , les éléments cristallins de ces roches, et il a analysé chacun d'eux. Ces analyses, dont on ne saurait rap- porter le résultat, l'ont conduit à reconnaître que les roches d'origine ignée, ( 29' ) qui ont été formées à une même époque géologique , peuvent bien présenter des passages à d'autres roches qui en diffèrent par l'âge et par la composition chimique et minéralogique ; elles peuvent aussi avoir éprouvé des altéra- tions dans quelques parties: mais ces altérations sont accidentelles, locales, et elles ne changent pas l'ensemble de la formation; enfin elles sont absolu- ment du même ordre que celles que l'on observe dans les caractères miné- ralogiques des terrains d'origine aqueuse. Comme résumé des faits qu'il a exposés dans ce Mémoire, M. Delesse pense qu'on peut établir, pour les terrains non stratifiés , le pi'incipe suivant : Le plus généralement, les roches de même âge ont même composition chi- mique et minéralogique; et réciproquement, des roches ayant même com- position chimique et formées de minéraux identiques associés de la même manière, sont de même âge. (Commissaires, MM.' Cordier, Élie de Beaumont, Dufrénoy.) PHYSIOLOGIE. — Observations sur le développement du cœur chez le poulet; par MM. les docteurs Prévost et Lebert. (Extrait par les auteurs.) (Commissaires, MM. Duméril, Serres et Milne Edwards.) « Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie notre cinquième Mé- moire sur le développement du cœur. Nous y sommes arrivés à des ré- sultats nouveaux et que nous croyons d'une assez grande portée pour la physiologie de la circulation en général. Voici les conclusions de ce cinquième Mémoire : ,. . - " 1°. 11 y a un cœur primitif, divisé de bonne heure en deux portions semblables, chez les animaux qui présentent plus tard un cœur divisé; chez ceux où cet organe n'offre qu'un ventricule , le cœur primitif n'est point divisé; » a". Il existe un bulbe transitoire, divisé chez les Mammifères et les Oiseaux, non divisé chez les Batraciens et les l*oissons ; » 3°. Le cœur permanent commence au-dessous du ventricule transitoire gauche, par le ventricule gauche permanent ; » 4°- Le ventricule droit permanent se forme plus tard au-dessous du ventricule droit transitoire ; le grand développement de gauche détermine sa position sur celui-ci; » 5°. Le bulbe transitoire est une partie du cœur entièrement différente du bulbe permanent de l'aorte ; celui-ci se forme beaucoup plus tard et seu- lement après l'apparition du ventricule gauche permanent ; ( 29a ) n 6". Il y a deux aortes primitives, comme l'a fort bien reconnu M. le professeur Serres; mais elles ne se soudent point entre elles pour former l'aorte permanente : celle-ci se forme entre les deux aortes primitives qui disparaissent, et la portion descendante de l'aorte permanente résulte de deux vaisseaux courts, qui sortent des sinus branchiaux au lieu où s'en dé- tachent les aortes primitives , et s'abouchent en avant sur la ligne médiane; " 7°. La portion de l'aorte permanente, qui se courbe en sortant du bulbe, coupe l'aorte descendante au-dessous de la jonction des racines, et non, comme on croyait , à la hauteur du troisième arc branchial ; >i 8°. Dans le bulbe transitoire se forment deux vaisseaux qui se réunis- sent pour donner le vaisseau branchial, duquel partent les artères des arcs branchiaux. » ORGANOGÉNIE. — Formation de l'aorte; par M. Serres. « Dans la communication verbale que vient de faire notre honorable collègue, M. Milne Edwards, au nom de M. Prévost, de Genève, je n'ai pas bien saisi ce que l'on a nommé cœur provisoire; je n'ai pu saisir les carac- tères différentiels qui le distinguent du cœur permanent, lequel provient, comme on le sait depuis Malpighi, de la transformation du canal car- diaque primitif. Dans le doute , je m'abstiendrai de toute observation. '■ « J'en présenterai quelques-unes, aii contraire, sur ce que l'on a dit de l'apparition d'une aorte nouvelle qui ne proviendrait pas des deux aortes primitives connues présentement de la plupart des anatomistes. Cette dualité primitive de l'aorte, constituant avec la dualité primitive de l'axe cérébrospinal du système nerveux l'un des faits primordiaux de l'organo- pénie animale , ce n'est, je crois, qu'après un mûr examen et vérification qu'on peut admettre une aorte qui paraîtrait unique de prime abord. Dans tous les cas , et en présence de renonciation de ce fait , s'il existe , il me parait nécessaire, dans l'état présent de cette partie d'une science si difficile , d'éta- blir d'après quelles observations la transformation des deux aortes en une seule a été établie. Le mécanisme de cette transformation, auquel je de- mande à l'Académie la permission de joindre les réflexions d'un embryo- péniste célèbre d'Edimbourg, M. Allen Thomson, sont de nature à suspendre le jugement des observateurs sur la disparition annoncée de ces deux vaisseaux primordiaux. " Mais, auparavant, j'éprouve le besoin d'ajouter quelques mots à ce que vient de dire notre honorable collègue, M. Milne Edvpards, sur le talent bien connu de M. Prévost, de Genève. ■ ( ^93 ) » Personne, mieux que moi, n'a été à même d'apprécier l'admirable travail qu'il a publié avec notre savant confrère, M. Dumas, sur les ébau- ches premières de l'embryon. Non-seulement j'ai rendu à nos deux célèbres physiologistes la justice que personne ne peut leur refuser; mais le premier j'ai reconnu et publié que plusieurs embryogénistes modernes s'étaient em- parés de leurs travaux sans faire mention de la source où ils en avaient puisé les éléments (i). Or, pour m'associer à une pensée que vient d'émettre, il y a un instant, notre honorable collègue, M. Flourens, je dirai que c'est pré- cisément à cause de cette valeur scientifique de M. Prévost qu'une obser- vation de la portée de celle qui est annoncée doit être soumise, pour son appréciation , à l'examen de l'Académie. Qui ne sait que Malpighi a introduit dans la science la préexistence de l'embryon, d'après une interprétation erronée de ses propres observations? qui ne sait qu'une interprétation vicieuse des observations de Leuwenhoeck sur l'animalcule; spermatique a porté Boerrhaave à supposer la préformation de l'axe cérébrospinal du sys- tème nerveux? qui ne sait enfin qu'une apparence trompeuse de la ligne primitive en a imposé, de nos jours, au célèbre micrograpbe M. de Baër? » D'après ces exemples, et dans une science comme l'orgaucgénie , où l'erreur nous menace de tant de côtés, où la vérité est si fugitive, si mobile, où l'observation pour la saisir dans sa durée éphémère, est si délicate, si difficile, quel est l'observateur qui pourrait se croire infaillible? » En demandant la nomination d'une Commission pour vérifier les faits annoncés , c'est donc soumettre indirectement à une vérification nouvelle un des faits qui m'ont le plus coûté de recherches, celui de la transformation des deux aortes primitives en une seule aorte; car, évidemment, si les Commissaires constatent la disparition de ces deux vaisseaux primordiaux, comment nous sommes-noustrompés,M. Allen Thomson et moi, dans les ob- servations qui suivent? comment, dans ce champ semé d'illusions microsco- piques, avons-nous pu voir se réunir deux vaisseaux qui n'existeraient plus? « C'est ce que la Commission, si elle est nommée, vérifiera, et ce qui me (i) Ici je ne puis m'empécher d'exprimer un regret : plusieurs fois, en répétant les obser- TâtioDS sur la formation du cœur et des vaisseaux , j'ai été en conférer avec mon honorable collègue, M. Dumas. Frappé, un jour , de la conformité des résultats auxquels nous étions parvenus , M. Dumas me montra un grand nombre de dessins inédits, qui font suite au travail qu'il a publié avec M. Prévost, de Genève: plusieurs sont relatifs au développement du cœur et des vaisseaux. Ceux qui ont médité le travail commun de nos deux physiologistes se join- dront à moi pour en réclamer la publication dans l'intérêt de l'organogénie. C. a., 1847, I" Semeslre. ( T. XXIV, N» 8.) ^9 (=^94) fait désirer qu'elle soit nommée ; car dans le mouvement présent de la science, rorganogénie a, par-dessus tout, besoin de faits bien constatés. " En attendant, voici le mécanisme de la transformation des deux aortes en une aorte unique, tel que nous l'avons observé, l'anatomiste d'Edimbourg et moi : « Dans son quatrième Mémoire d'anatomie transcendante, M. Serres » rend compte de plusieurs observations délicates qu'il a faites sur le dé- » veloppement de diverses parties du système vasculaire, et qui l'ont con- » duit à expliquer l'origine de quelques-unes des principales artères d'une » manière différente de celle qui est généralement reçue par ceux qui ont >i écrit sur ce sujet, et à établir que toutes les artères uniques, situées dans » le plan médian du corps, ont été primitivement doubles, qu'elles ont été » formées parla réunion de deux vaisseaux, et que la dualité des artères » tend à l'unité , de dehors en dedans , en vertu des lois déformation de la » circonférence au centre, ou lois de symétrie et de réunion (i). » Les principales artères que M. Serres décrit comme formées et réunies >' de cette manière, sont l'aorte, l'artère basilaire et l'artère calleuse ducer- " veau, ainsi que les vaisseaux artères ombilicanx dans le pédicule de l'al- » lantoïde. Il appuie ses conclusions sur la structure de ces artères dans le >' foetus chez les Oiseaux et chez les Mammifères, à une époque peu avan- » cée de leur développement, à l'état monstrueux, et dans les divers ordres » d'animaux vertébrés, à l'état adulte. ' » A propos de la formation de l'aorte, M. Serres rappelle l'observation » qui a été faite par la plupart de ceux qui ont étudié avec soin le déve- » loppement du poulet, et en particulier par Pander [Beitrage , etc., § i3, >' PI. F'III) ; à savoir, que, vers la soixantième heure de l'incubation , l'aorte » du poulet consiste dans deux vaisseaux bien distincts l'un de l'autre dans » toute l'étendue de la portion abdominale de l'artère en question , là où » elle donne naissance aux artères de \area vascularia. » A cette époque, la portion abdominale de l'embryon se compose seule- (i) Dans la savante analyse que notre célèbre confrère M. Chevreul a fait de nos travaux, il a proposé de substituer au mot de réunion ou de conjugaison , celui de loi à^homœozygie. Depuis l'adoption de ce mot , l'ambiguïté que présentaient à l'esprit les mots de développe- ment de la circonférence au centre, de développement excentrique, ou centripète, a cessé. Les anatomistes étrangers, particulièrement , n'interprètent plus en sens inverse l'expression de ces règles de formation ; ils ne transportent plus à rembryologie des formules applicables à l'or- ganogénie , et déduites du mouvement qui s'opère dans les matériaux des organes en voie de développement. ( agS ) » ment d'une colonne vertébrale rudimentaire, qui renferme la moelle épi- » nière; des portions latérales épaissies de la lame séreuse de la membrane " germinale, portions qui forment les parois de l'abdomen et du commen- » cément des replis intestinaux à la surface inférieure. Toutes ces parties sont » encore situées, à peu près, dans le même plan que la portion horizontale » de la membrane germinale. A peu près au milieu de cette portion de l'em- » bryon , on voit les deux artères de l'aire vasculaire naître de l'aire trans- » parente et de l'aire vasculaire , tandis que les branches aortiques , avec les- » quelles elles sont en communication, constituent deux vaisseaux paral- » lèles situés des deux côtés de la colonne vertébrale , et s'étendant jusqu'à >' l'extrémité de la queue , depuis le point du dos qui correspond au ventri- " cule du cœur, point où ils se réunissent en un seul tronc. » Pander et M. Serres ont tous les deux désigné, sous le nom d'ombili- " cales, les artères de l'aire vasculaire, circonstance qui a eu, jusqu'à un cer- « tain point, pour résultat d'obscurcir la description qu'ils ont donnée de 11 ces artères. Pander, en effet, oubliant que les artères ombilicales propre- » ment dites , qui se distribuent sur l'allantoïde, sont produites par les por- » lions iliaques de l'aorte à une époque beaucoup plus tardive que les vais- " , seaux de l'aire , suppose que la seule différence que présente la structure " de l'aorte, dans le fœtus et dans l'animal adulte, consiste en ce que la di- 11 vision de ce vaisseau dans les artères iliaques a lieu plus haut ; mais il est » évident que cela n'explique pas cette circonstance, que les artères de l'aire n vasculaire du jaune (lesquelles, ainsi que l'indique leur nom plus ré- » cent et plus convenable domphalo-mésentérique, sont la continuation des » artères des intestins) naissent chacune d'une branche distincte de l'aorte. » M. Serres a encore observé que de la quarantième à la cinquantième » heure, c'est-à-dire immédiatement après que la circulation du sang a com- » mencé, le tronc aortique est double dans toute son étendue, depuis le >i point où les branches naissent du bulbe du cœur jusqu'à l'extrémité de la " queue , et c'est, suivant lui, par la réunion graduelle de ces deux vaisseaux » sur ligne médiane, que se forme l'aorte unique de l'adulte. » Baër, dont nous avons eu si fréquemment occasion d'admirer les soigneuses » recherches sur le développement, a aussi porté son attention sur l'état de >> l'aorte aux premières époques de l'incubation ; mais il ne paraît pas avoir » obtenu le même succès. Dans son histoire du développement du poulet » [Répertoire général dÂnatomie et de Physiologie , t. VIII, p. 72), il dit » que les deux vaisseaux dans lesquels le ventricule du cœur chasse le li- » quide qu'il contient vers la quarantième heure, après avoir contourné la 39.. ( ^9^' ) » partie antérieure du canal intestinal, et s'être plongés dans un certain es- » pace, se réunissent probablement après avoir été séparés pendant un cer- » tain temps. Il ajoute que cette réunion ne peut pas toutefois être facilement " démontrée durant cette période, par la raison que ces vaisseaux, lorsqu'ils )' arrivent au-dessous de la colonne vertébrale, semblent perdre leurs parois, » et que leur contenu est trop transparent pour en indiquer distinctement le » trajet (i). Cependant, d'après le même auteur, l'union de ces deux vais- » seaux peut facilement être démontrée avant la fin du second jour. • » Ces remarques de Baër, et la circonstance que M. Serres ne fait pas " allusion, dans sa description de l'état primitif double de l'aorte, à lexis- " tence des dix subdivisions branchiales de ce vaisseau, qui ont été décou- » vertes par Huschke , Ratké et Baër, et que nous avons décrites à la page 64 " de cet Essai , et que, de plus, il ne nous a donné aucun renseignement sur » les moyens qu'il a employés dans ces investigations si difficiles, m'ont » conduit à regarder comme nécessaire de répéter les observations de » M. Serres, dans le but non-seulement d'en vérifier l'exactitude, mais en- » core de reconnaître les rapports des deux branches aortiques, décrites par !» M. Serres, avec les racines dorsales de l'aorte, formées par la réunion » des arcades branchiales de chaque côté de l'intestin. » r^a température étant fort basse à l'époque où j'ai fait mes obser- » vations, j'éprouvai beaucoup de difficulté à placer le poulet vivant dans » le champ du microscope, et à observer la circulation du sang pendant une y> période aussi peu avancée que celle où devaient se faire les recherches )' dont il s'agit; aussi ai-je été obligé d'avoir recours à un autre mode d'ob- » servation, qui consiste à pratiquer des sections transversales du fœtus » dans toute sa longueur, dans le but d'arriver à reconnaître la structure de » ses vaisseaux. Ce moyen n'est pas facile, mais c'est un de ceux qui donnent » les résultats les plus certains et les plus satisfaisants , et je suis arrivé ainsi " à confirmer les résultats généraux établis par M. Serres, relativement à la » duplicité de l'aoi te pendant les premières périodes du développement » fœtal chez les Oiseaux (a). (i) Cette observation de M. de Baër est très-exacte et elle a beaucoup d'importance pour l'étude de la marche des colonnes sanguines dans la circulation primitive. {S.) (2) C'est en répétant avec M. Doyère les expériences relatives à cette duplicité, que j'ap- pris de ce zootomiste distingué l'existence des observations de M. Allen Thomson , qu'il eut l'obligeance de me traduire. M. Doyère , très-avancé dans les études relatives à l'organogénie , a fait, sur cette partie si difficile de l'anatoraie , des travaux de la plus grande importance, qui, malheureusement, sont encore inédits. [S.] ( ^97 ) n Dans le poulet, à la trente-sixième et à la quarantième heure de Tin- )• cubation (i) , c'est-à-dire un peu avant qu'ait commencé la circulation du » sang et immédiatement après , j'ai vu deux vaisseaux naissant du bulbe du » cœur, contournant la face antérieure de l'intestin , et se continuant jus- >' qu'à l'extrémité du foetus, parallèles l'un à l'autre, tout en demeurant sé- i> parés dans toute leur étendue. Ces vaisseaux sont situés au-dessous de la » moelle épinière et de chaque côté de la chorda dorsalis(^u), partie » qu'occuperont plus tard les corps des vertèbres. Les artères oniphalo- » raésentériques naissent de ces vaisseaux , beaucoup plus haut à cette époque » qu'à une époque plus avancée , et au premier coup doeil, elles semblent » être les seules branches qui naissent des vaisseaux aortiques; mais un >' examen attentif montre deux autres petits vaisseaux situés entre les artères » omphalo-mésentériques, et descendant un peu jusqu'au-dessous de l'en- » droit où ces dernières passent dans l'aire vasculaire : vers la queue de l'em- " bryon, ces deux prolongements des vaisseaux aortiques semblent se » perdre dans un grand espace vide qui existe entre la lame vasculaire de la " membrane et la chorda dorsalis. " Dans le poulet, à la quarante-huitième ou à la cinquantième heure, w c'est-à-dire à une époque où la circulation du sang est parfaitement éta- " blie dans l'aire vasculaire, mais où la seconde série des veines n'est pas » encore apparue, j'ai trouvé les deux vaisseaux aortiques réunis sur une >' grande portion de leur longueur dans la région dorsale. Cette réunion » paraît commencer dans la région dorsale, à peu près dans le point opposé » à l'oreillette; mais je n'ai pas été assez heureux pour pouvoir déterminer « l'époque précise où ce progrès commence. La réunion va se continuant " d'avant en arrière, de telle façon qu'à la soixantième ou soixante-cin- n quième heure, toute la portion dorsale et une partie de la portion abdomi- » nale de l'aorte ne sont plus qu'un seul vaisseau, aussi bien que le point » de départ des artères omphalo-mésentériques. Ces dernières, se réunissant » bientôt elles-mêmes dans une partie de leur longueur, semblent naître î' d'une seule branche. » Au quatrième jour, ce qui restait de la portion abdominale des vais- (i) En mentionnant les heures d'incubation , j'ai eu en vue des périodes en rapport, non pas avec le temps précis qu'ont employé les fœtus particuliers qui ont servi à mes recherches, mais avec l'état de leur développement , et avec les périodes générales adoptées par M. de Baër, par MM. Prévost et Dumas , etc. (2) La chorda dorsalis , ainsi appelée par M. de Baër, correspond , par sa position , à la rate primitive de la matricule; c'est un petit cordon opaque ( ' ne se réunissent pas comme ces derniers en un seul tronc, ainsi que les » observations de M. Serres pourraient le faire croire. J'ai déjà décrit «es " deux vaisseaux (page 267 du Mémoire, et Jîg^. 20,21 et 3o) comme » étant la première paire d'arcades branchiales, dont les parties posté- >• rieures constituent les racines séparées de l'aorte, qui se voient dans le >' poulet au troisième et quatrième jour de l'incubation, et à ces racines " vont encore se joindre vers cette période les quatre autres arcades bran- )) chiales qui apparaissent successivement de chaque côté du pharynx. Les " racines de l'aorte et les arcades branchiales que nous avons déjà observées )' ne se réunissent pas entre elles, mais elles offrent d'autres changements » fort remarquables dans leurs parties, agrandissement ou oblitération. » Une portion des premières arcades branchiales donne naissance aux » artères carotides dans tous les animaux vertébrés, pendant que le tronc » propre de l'aorte , ou du moins sa portion ascendante et sa crosse , sont » produits par d'autres vaisseaux branchiaux et par les racines dans les- X quelles ceux-ci se réunissent ; l'aorte se forme d'un ou plusieurs vaisseaux » branchiaux , suivant la classe à laquelle appartiennent les animaux qui » sont le sujet de l'observation. Dans les Mammifères, elle résulte de la per- » manence de la quatrième arcade branchiale et de la racine aortique du X côté gauche; dans les Oiseaux, par celles du côté droit; dans la plupart » des Reptiles, par celles des deux côtés; dans les Batraciens à queue, par » trois ou quatre arcades et leurs racines de chaque côté; dans les Poissons » osseux, par quatre; et dans les Sélaciens, par toutes les cinq paires des Il vaisseaux branchiaux et les deux racines qui s'observent aux premières 11 époques du développement du fœtus (j%. i, 9, 11, i4» i5, 19, 20, 3o, " 35, 39 de ces deux dernières planches) (i). (i) Ces observations si précises de M. Allen Thomson confirment la règle que j'ai déduite de mes nombreuses recherches sur le développement du système sanguin; savoir, que toutes les artères ne prennent pas primitivement leur origine des gros troncs vasculaires d'où elles partent chez les animaux adultes , mais, qu'au contraire, le plus grand nombre ont leurs ( 299 ) ') La découverte de l'état primitif double de l'aorte dorsale et abdomi- » nale dans le foetus très-jeune , découverte due à M. Serres, n'en doit pas » moins être regardée comme étant du plus baut intérêt; car non-seulement » elle met en lumière un changement très-singulier dans les artères mé- » dianes, auquel on avait accordé peu d'attention jusque-là, mais elle pa- " raît en outre devoir expliquer plusieurs variations qui s'observent cbez » diverses tribus de reptiles dans le point de jonction des racines de l'aorte » et dans l'origiae des artères cœliaque , mésentérique et autres. » Les observations de M. Serres, relativement à l'union des doubles ar- » tères basilaires et calleuses, n'offrent pas un moindre intérêt, et il en est » de même de plusieurs faits curieux qu'il a mentionnés en parlant de l'union » des principaux troncs veineux, et des variétés qui existent dans la distribu- >> tion des vaisseaux du cordon ombilical chez plusieurs Mammifères (i). » M. MiLNE Edwards a répondu à M. Serres. Nous espérons être en mesure de publier cette réponse dans le prochain numéro du Compte rendu. CHIRURGIE. — Note sur un nouveau brise-pierre ; par M. Leroy d'Etiolles. (Extrait.) (Commission précédemment nommée.) . « L'instrument que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie est formé de deux tiges pleines prises sur pièce , jointes ensemble par une queue d'aronde latérale creusée au chariot; pour rendre opposés les mors qui se trouvent d'abord accolés seulement, on leur fait subir à chaud une torsion qui contribue encore à augmenter leur force et donne immédiatement à l'ajustage une grande précision.... » Des expériences comparatives, faites sous les yeux de la Commission de Chirurgie, à laquelle je souhaiterais qu'on voulût bien adjoindre un mem- bre de la Section de Mécanique, démontreront la réalité de ce que j'avance. Ce nouveau système de brise-pierre a été fabriqué dans les ateliers de M. Charrière. » EMBRYOLOGIE. — Observations sur les analogies et les différences des arcs viscéraux de Vembrjon dans les deux sous-embranchements de Ver- tébrés; par M. E. Baudement. (Commissaires, MM. Duméril, Milne Edwards, Valenciennes.) racines dans les parties où elles se distribuent , et viennent ensuite , par la succession des déve- loppements, s'insérer sur les gros troncs. (5. ) (i) KxAxs Thompson; traduit de l'anglais, par M. Doyère, professeur d'anatomie et de ïoologie au collège Henri IV. •' ' ^ ( 3oo ) CHIRUBGIE. — Opération de taille urétrale bilatérale; extraction de neuf calculs volumineux adhérents à la vessie; — Guérison. (Mémoire de M. Defer.) (Commissaires, MM. Roux, Velpeau, Lallemand.) ÉCONOMIE RURALE. — Recherches sur dijjérents insectes qui attaquent Volivier et le mûrier, et sur les mojens de prévenir ou de diminuer les dommages qu'ils causent à L'agriculture ; par M. Crespon. Renvoi à la Commission qui avait été chargée de faire un Rapport sur un travail de M. Blaud concernant le Dacus oleœ. PHYSIQUE. — Note sur des appareils qui permettent d' employer la lumière de la lampe ordinaire à double courant d'air, pour les expériences d'optique à faire dans des cours publics de physique; par M. Soleil. (Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Despretz.) M. Si'DRE adresse un Mémoire sur son télégraphe de nuit applicable au service de la marine, et annonce qu'il a déposé l'appareil au secrétariat de l'Institut. (Commissaires, MM. Regnault, Babinet, Despretz.) M. MoussARD jeune présente le modèle en petit d'une mactine à ^vapeur à laquelle est appliqué le régulateur dynamométrique à action instantanée, dont il a fait l'objet d'une précédente communication. (Commissaires, MM. Poncelet, Pioberl, Morin.) M. Peltier adresse de Doué-la-Fontaine une Note sur des expériences ayant pour but de faire reconnaître la présence défibres végétales dans les tissus annoncés comme formés entièrement dejils de nature animale. (Commissaires, MM. Chevreul, Babinet, Morin.) M. Offert père soumet au jugement de l'Académie une chaîne d'arpen- teur de son invention. (Commissaires, MM. Laugier, Mauvais, Faye.) ■ c. CORRESPOND AMCE. M. Lebesgue, récemment nommé à une place de correspondant (Section de Géométrie) , adresse ses remercîments à l'Académie, .^ti leaiwo jir, aîg' f 3oi ) PHYSIQUE ET PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur le magnétisme développé par le courant électrique et sur un organe particulier de la Raie. (Lettre de M. Ch. Matteccci à M. Àrago.) u Pour déterminer le sens du magnétisme développé et pour le mesurer, la seule méthode qui m'ait paru convenable, dans le cas que j'ai voulu étudier, a été celle de prendre pour mesure les courants d'induction développés par le magnétisme produit. J'avais donc une spirale à fil très-fin et longue, en communication avec le galvanomètre, dans l'intérieur de laquelle était le cy- lindre de fer doux ou d'acier qui était aimanté par le courant d'une pile passant par une autre spirale à fil gros et court, et qui avait aussi dans son intérieur les mêmes cylindres, mais dans un autre point. J'ai commencé par étudier jusqu'à quelle distance, dans un cylindre de fer doux, se propageait le magnétisme en dehors de la spirale. J'ai employé des cylindres de fer doux , longs de plusieurs mètres ; mes spirales avaient à peu près 1 1 centi- mètres de longueur. Le magnétisme diminuait très-rapidement en dehors de la spirale parcourue par le courant; avec des cylindres longs de 4 mètres, le magnétisme était encore sensible à i'",4o du centre de cette spirale. Il y a une très-grande différence dans le magnétisme développé dans les cylin- dres très-longs, suivant que la spirale se trouve avoir des longueurs différentes de ce cylindre de deux côtés. Le magnétisme développé sur la partie la plus longue du cylindre, est beaucoupplus grand que celui qui est développé sur la partie la plus courte. Le rapport que j'ai trouvé est celui de 48 à 85degrés; ce qui est bien plus que le double, ces deux nombres n'indiquant que les arcs des déviations de l'aiguille du galvanomètre, et non les intensités du courant. La position de la spirale parcourue par le courant sur des longs cylindres, qui donne le maximum de magnétisme, est constamment celle du milieu de ce cylindre. Voici les nombres d'une des expériences : » La spirale du courant était tantôt au milieu d'un cylindre de fer de 4 mètres, tantôt à une extrémité. En mesurant le magnétisme développé dans les points du cylindre en contact avec la spirale, j'avais toujours le courant le plus fort quand laspirale était au milieu, de 85 à 90 degrés; tandis que, quand la spirale était à une extrémité, on avait 65 degrés pour le ma- gnétisme de la partie intérieure, du cylindre, et 35 degrés pour la partie externe. Le phénomène que j'ai aussi beaucoup étudié par ma méthode, est celui du temps que met le fer doux à prendre le maximum de magnétisme, et celui qu'emploie le même métal à prendre son magnétisme après la cessa- tion du courant. En fermant le circuit induit, après avoir interrompu celui de la pile, on a un courant induit dans le sens du magnétisme qui se détruit. G. a. , 1847 , I" Semestre. (T. XXIV , N» 8.) 4° ( 3o2 ) Après un tiers de seconde entre la cessation du courant et le moment de fermer le circuit induit, le phénomène est encore sensible. En fermant le cir- cuit induit quelques instants après celui de la pile, on a encore un courant in- duit dans le sens du magnétisme qui se forme. De la même manière, j'ai étudié l'influence des actions mécaniques, telles que la percussion et la torsion sur un cylindredeferdouxoud'acier,opéréesdanslemême temps qu'il était aimanté par le passage du courant ou de la décharge de la bouteille. J'ai fait un grand nombre d'expériences pour savoir si le degré du magnétisme était différent suivant que les molécules du fer ou de l'acier étaient tordues ou dans le sens du courant, ou en sens contraire; j'ai bien établi qu'il était le même dans les deux cas. Quant à l'influence de la percussion ou de la torsion sur le de- gré du magnétisme communiqué à l'acier ou au fer par le courant, j'ai trouvé , comme MM. Pouillet et Scoresby l'avaient fait pour l'action magné- tique de la terre, que les premiers coups ou les premières torsions augmen- tent le magnétisme. Quand le courant a cessé, ces mêmes actions produi- sent des effets contraires, et il est remarquable que cette partie dil magné- tisme qui se détruit ainsi est la même, soit en agissant de suite après la cessation du courant, soit après plusieurs jours. >' En continuant avec les mêmes actions mécaniques appliquées à des in- tervalles de temps très-courts, l'une après l'autre, sur le même fer aimanté par le courant, ces actions cessent d'avoir le même effet. Voici un résultat qui m'a paru singulier. Le magnétisme acquis par les mêmes actions de tor- sion, données successivement soit dans un sens, soit dans le sens opposé, soit alternativement, va toujours en diminuant; si l'on continue toujours, on voit apparaître les signes du magnétisme qui se détruit, qui sont remplacées par des signes du magnétisme qui s'a'ccroît, et tous ces faits oscillent dans les mêmes limites. Quand le courant a cessé de passer, ces actions ne font que détruire le magnétisme, d'une manière très-rapide. Ces résultats] ont été obtenus de manière à être indépendants de l'action magnétique de la terre. Enfin j'ai employé de la limaille de fer au lieu de cylindres de fer. Le circuit induit ('tant fermé, j'ai, par un moyen mécanique très-simple à ima- giner, agité cette limaille dans tous les sens et cela le plus rapidement pos- sible, de manière à porter vers le centre les molécules qui étaient aux pa. rois, en bas celles qui étaient en haut, et vice versa. Je n'ai jamais obtenu des signes de variation dans le magnétisme de ce cylindre de limaille. C'est en comprimant cette limaille que j'obtenais des signes de magnétisme qui augmentaient. ," " ' » P. S. Enfin j'ai pu avoir plusieurs grosses Raies bien vivantes, de cette espèce sur laquelle M. Robin a travaillé dernièrement. Ce jeune et habile anatomiste a trouvé dans la queue un organe qui lui a paru d'une structure I ( 3o3 ) plutôt analogue à un appareil électrique qu'à une masse musculaire. J'avais vu chez mon collègue, M. Savi, cet organe dont M. Robin a parlé et qui a vraiment une apparence bien différente de celle du muscle. M. Muller m'écrivit de Berlin , qu'il a fait quelques expériences sur cet organe dans la raie vivante avec le galvanomètre , et que , n'ayant trouvé aucun phénomène électri- que, il m'engage à étudier la chose avec plus de soin ; j'ai opéré sur mes raies vivantes au moyen d'une méthode très-délicate et qui aurait pu faire dé- couvrir le moindre signe de décharge électrique que la raie aurait donné, soit volontairement, soit en irritant son cerveau et sa moelle épinière : celte méthode très-simple est celle de la grenouille galvanoscopique. J'ai pu ainsi m'assurer que l'organe trouvé par M. Robin n'est certainement pas un appa- reil électrique. Je dois ajouter que j'ai pu obtenir de cet organe tous les phénomènes du courant électrique musculaire, de sorte que l'observation de M. Robin m'en semble d'autant plus digne d'attention de la part des ana- tomistes. " « A la fin de cette discussion sur l'existence prétendue d'un organe élec- trique dans la queue de certaines Raies, M. Duméril soumet à l'Académie quelques réflexions qui porteraient à faire supposer que plusieurs es- pèces de ces poissons cartilagineux seraient douées d'organes particuliers sans lesquels elles ne pourraient subvenir à leurs besoins pour se procurer la nourriture et parer aux grands inconvénients qui sembleraient résulter d'a- bord de la structure bizarre de leur corps, et ensuite de la situation in- solite et de la conformation de leur bouche. » En effet, le corps des Raies, excessivement large et aplati , se termine par une queue souvent très-longue , mais qui ne peut plus être propre à la natation. C'est à l'aide de leurs pleuropes ou nageoires latérales considérable- ment développées, qu'elles nagent et planent dans l'eau, comme les oiseaux volent dans l'air avec leurs membres antérieurs garnis de plumes rémiges et transformés en ailes. » Mais la plus grande difficulté apparente du mode d'existence ou de la sustentation nutritive des Raies semble résulter de la situation défavo- rable et de la singulière configuration de leur bouche, qui est placée au-dessous du corps , et dont l'orifice , très-rétréci , peu protractile , permet tout au plus, en apparence, l'introduction d'une proie de 5 à 6 centimètres de lar- geur; tandis qu'on trouve fréquemment dans leur estomac des poissons plats du genre des Pleuronectes, tels que des Plies, des Soles qui ont quelquefois plus d'un double décimètre de largeur. Comme ces poissons sont dans un 4o.. ( 3o4 ) état parfait d'inté{»rité , ils n'ont pu, par conséquent, y parvenir que privés de toute résistance ou de mouvement volontaire, et qu'autant qu'ils ont été préa- lablement roulés en une sorte de cylindre pour être ingérés sous cette forme et avec ce moindre diamètre. >' D'un autre côté, par suite de cette position de la bouche, il a été pourvu au mode très-particulier de la respiration des Raies; car , lorsque cessent les mouvements qui les tiennent suspendues dans l'eau, et en raison de l'absence d une vessie aérienne , elles doivent nécessairement tomber au fond des mers pour s'appliquer sur le sol où elles ne peuvent plus admettre par la bouche le liquide nécessaire à leur respiration. Aussi la nature a-t-elle pratiqué sur leur nuque deux évents qui permettent à l'eau de pénétrer dans la gorge, et de là dans les poches branchiales , pour en sortir par les fentes qui se voient au-dessous du corps. » En outre, les Raies sont, pour le plus grand nombre des espèces, dé- pourvues d'armes offensives apparentes, quoique, dans certains genres, on observe des aiguillons, des dards osseux ou lames tranchantes et .dentelées qui paraissent plutôt destinés à leur propre défense et à leur conservation, qu'ils ne sont de véritables instruments d'attaque. • » Il faut donc supposer qu'afin de conserver à ces singuliers poissons les moyens d'existence pour se procurer la nourriture, et parce que leur corps est nu, comme celui des Torpilles , la nature aurait pu les douer d'un organe analogue qui serait destiné à engourdir, à stupéfier la proie , à la priver mo- mentanément de tout mouvement, de toute résistance; et peut-être pourrait- on reconnaître cet agent dans la matière muqueuse abondante qui suinte d'un grand nombre de trous qu'on peut observer à la surface de leur peau au- dessus de la tête. Ces trous sont, en effet, les orifices de canaux ou de con- duits excrétoires remplis d'une humeur muqueuse sécrétée par des glandes particulières situées dans la même région que les appareils électriques re- connus dans la Torpille; peut-être cette humeur, délayée dans l'eau, serait- elle une sorte de poison narcotique qui détruirait l'action de la vie , par cela seul qu'elle agirait sur les branchies de la victime, comme le fait le venin de quelques Serpents et de la plupart des Araignées, dont les morsures sont dé- létères et paralysantes. » - CHIMIE APPLIQUÉE. — Emploi de la magnésie dans l'empoisonnement par , l'acide arsénieux; réclamation de priorité en faveur de jeu Mandel , . pharmacien à Nancy. ( Extrait d'une Lettre de M. de Haldat. ) « Les réclamations de priorité, adressées à l'Académie, ne sont guère faites qu'en 1 honneur des vivants ; celle qui suit concerne un défunt. Elle est re- ( 3o5 ) lative à l'emploi de la magnésie dans le traitement de l'empoisonnement par l'acide arsénieux, sur lequel M. Bussi a présenté un travail {^Comptes rendus, tome XXII, page 845), dont la priorité, sans doute à son insu, appartient incontestablement à feu Mandel, pharmacien, gradué en médecine, auteur de la Pharmacopée de Nancy et membre de l'Académie de la même ville, comme le prouve un article inséré, en 1809, dans un Précis analytique des travaux de cette Société, page 3o, joint à cet envoi. Vingt-trois observa- tions pratiques en faveur de la vertu préservatrice de la magnésie composent l'article fourni par le savant pharmacologiste et établissent son droit de prio- rité à cette utile application de son art. En le produisant au nom de l'Aca- démie de Nancy, je suis bien éloigné de prétendre diminuer en rien le mé- rite bien réel qu'a M. Bussi, d'avoir appuyé et éclairé, par des expériences de chimie et des, essais sur les animaux vivants, les faits fournis par l'obser- vation pratique, qui, réunis, doivent assurer désormais à la magnésie la supériorité sur tous les moyens employés comme préservatifs dans les em- poisonnements par l'acide arsénieux. » ASTRONOMIE. — M. HiND a consigné dans une Lettre adressée à M. Faye, le calcul de l'orbite de la comète qu'il a découverte le 6 février 1847 ^^^^ la constellation de Géphée, ainsi que les observations de cet astre qu'il a pu faire jusqu'ici à l'Observatoire de M. Bishop. .;i,: liCS éléments sont calculés sur les positions des 7, 8 et 9 février: Passage au périhélie 1847 » février 1 5, 2587 , t. m. de Greenwich. Longitude du périhélie 77"5i',2 Longitude du nœud ascendant i42°2i',6 Inclinaison 70* 18', 7 . , .,' ., Distance périhélie i ,691 73 '- Sens du mouvement Rétrograde. Dates. Temps moyen Ascention droite de Greenwich. de la comète. 6 février 1847 .... p*- lô^SS^ 317» i7'27" 6 février 9.37.23 317.1g. 52 6 février 10.17.47 317.21.59 6 février 10. 44-25 3i7.24.5o 6 février i o . 5o . 39 317 25 . 38 7 février i3.io. 5 319. 47-22 8 février 11.22.28 32 1 .44-55 : 9 février 12. 7. o 323.46. 18 10 février 8.57.24 325.25.25 IX février 8.20.41 327.14.10 Déclinaison de la comète. - 7l"26'2l" + 71 .34.30 :: -H 7 1 . 34 . 22 : : -H 70.47.26. . i + 70.15.43 : + 69.37 46 + 69. 5.49 ■+■ 68.28.17 Bonne observ. ( 3o6 ) Les positions des étoiles de comparaison ont été prises dans les zones à^yirgelander. M. Laugier , aidé de MM. Goujon et Villarceau , a observé cette comète à l'Observatoire de Paris : Date. T. moy. de Paris. Ascension droite. Déclin, de la comète, ig février iS^'j.... \o^ o^So' aa*" Sg" 1 3% oo 62" 21' 49". Le Secrétaire a donné lecture d'une Lettre dans laquelle M. A. Sédillot énumère les découvertes astronomiques qui, suivant lui, appartiennent in- contestablement aux Arabes. M. Vallot adresse de Dijon des remarques relatives, les unes à différents faits d'histoire naturelle qu'il a observés lui-même , et les autres à l'éclaircis- sement de passages obscurs ou mal interprétés des naturalistes anciens. M. Vallot reproduit , entre autres, une phrase deRéaumur, de laquelle il semble résulter que cet observateur a bien reconnu, comme appartenant à une même espèce, malgré l'énorme différence de volume, le mâle et la femelle du Drile jaunâtre {Drilusjlavescens). M. PiNJOD, médecin à Saint-Etienne, annonce qu'il s'est occupé de re- cueillir, dans l'arrondissement qu'il habite , des renseignements pour la déter- mination de la vie mojenne. Dans le cas où ses observations pourraient être jugées utiles à la Commission qui a été chargée , sur la demande de M. le Ministre de l'Intérieur , de présenter un projet de travail pour l'établisse- ment de nouvelles Tables de mortalité, il offre ses services à l'Académie, et demande des instructions relativement à la forme sous laquelle il doit dis- poser les matériaux qu'il recueillera à l'avenir. (Renvoi à la Commission nommée.) M. Gaudin présente quelques considérations sur les modifications à apporter dans la construction des aérostats, de manière à les rendre pro- pres à monter ou descendre dans l'atmosphère sans dépense de lest ou de gaz; M. Gandin supprime les phénomènes d'endosmose, en couvrant exté- rieurement le ballon, avec des plaques d'argent très-minces. M. Blanchet adresse la figure et la description d'un appareil qu'il em- ploie depuis plusieui's années, pour projeter des vapeurs éthérées dans la trompe d'Eustache et dans le pharynx, dans certains cas de surdité ner- veuse et de névralgies crâniennes ou faciales. (3o7) M. Preisser envoie le tableau des observations météorologiques qu'il a faites à Rouen pendant les six mois de juin à novembre 1846. M. Laharche adresse le tableau des observations météorologiques faites par lui, à Saint-Lô, pendant l'année 1846, et des observations horaires du baromètre et de l'hygromètre pour le ai mars, le 21 juin, le ai septembre et le 21 décembre. M. Fraysse adresse, de Privas, le tableau des observations météorolo- giques du mois de janvier 1847- La Société RovAtE d'Horticulture adresse Une Circulaire annonçant la résolution qu'elle a prise de ne plus donner ses Annales aux Sociétés sa- vantes qui ne lui enverraient pas leurs publications. M. Chaton communique le résultat de ses recherches concernant les moyens de prévenir le déraillement des convois sur les chemins de fer. Une personne, dont la signature n'a pu être lue, écrit sur la question de priorité d'invention pour l'idée d'appliquer l'hélice aux navires. M. BozoNNET annonce qu'il s'est occupé d'expériences analogues à celles qui avaient fait l'objet d'une Note de MM. Chabert et Desplaces , Note que les auteurs ont depuis retirée. M. Balard fait remarquer, à ce sujet, qu'il est probable que la Note in- sérée par M. Chevreul dans les Comptes rendus n'est pas étrangère au retrait de ce Mémoire. Il a déjà vu, dans une autre circonstance, la lecture de la Lettre écrite à Ampère et publiée par son confrère, en i833, dans la Revue des Deux-Mondes, suffire pour dissiper quelques illusions produites par le mouvement des corps librement suspendus, et dont n'avaient pas su se défendre des hommes habitués pourtant à l'observation, et aux travaux desquels l'Académie a accordé plus d'une fois une juste approbation. M. Barthe écrit de Versailles qu'il a observé un météore lumineux dans la nuit du 1 1 février. M. Merlateau adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt- La séance est levée à 6 heures. A. ( 3o8 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. li' Académie a reçu, dans la séance du 8 février 1847, '^^ ouvrages dont voici les titres : Cours d' Agriculture ; par M. le comte DE Gasparin ; tome III; in-8°. Bibliothèque universelle de Genève, et Archives des Sciences physiques et na- turelles; 4* série, i" année, n° la; janvier 1847; i"-8°- Des divers états pathologiques de la Rate en général, et en particulier dans leur rapport avec la Fièvre intermittente; par M. BoGHE. Bruxelles , 1 846 ; in-8". Mémoire sur la structure et les fonctions de la Rate; par M. Poelman. Gand, 1846; in-8°. Flora batava; \ 46* livraison ; in-4''. Repertorium corporum organicorum, quœ secundum atomisticam , procen- ticam et relativam compositionem , annotatis proprietatibus phjsicis et prœci- puis, e quibus cognoscantur fontibus, in ordinem disposita, addita prœfatione clarissimi G.-F. Mulder. Collegit et Tabulis exhibuit C.-H.-D. BUYS Ballot ; in-4^ Bericht iibej". • . Analyse des Travaux de V Académie rojale des Sciences de Berlin , destinés à la publication; septembre et octobre 1846; in-S". Entwurf . . . Exposition sommaire d'ime méthode générale d'investigation pour arriver à la connaissance des liquides et des produits sécrétés de l'organisme animal, basée sur la détermination cristallonhystologique et microchimique ;, par M. C. SCHMIDT. Leipsick, 1846; in-8°. Darstellung. . . Exposition d'une méthode équilibrante pour assurer la gué- rison des fractures de la partie supérieure du fémur, sans raccourcissement du membre ,- par M. G. Molj'sisovics. Vienne, 1842; in-8°. Darstellung. . . Exposition d'une méthode sûre et prompte pour la guérison de, la Sjphilis, au mojendes préparations d'iode; par le même. Vienne, i845; 10-8". Gazette médicale de Paris; 1 7* année , n" 6 ; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n"' i4 et i5; in-folio. V F. COMPTE RENDU DES SÉANCES . . DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. •'^■O^^ SÉANCE DU LUNDI 1" MARS 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président annonce la perte douloureuse que l'Académie vient de faire dans la personne de M. Benjamin Delessert, décédé le i*'' mars 1847. A l'occasion du procès- verbal , M. Milne Edwards présente les obser- vations suivantes : « Dans notre dernière séance, M. Serres m'a adressé quelques remarques à l'occasion de la présentation des Mémoires de MM. Prévost, Lebert et Baudement; n'ayant pu avoir communication de l'article dans lequel mon savant collègue se proposait de résumer ses observations, j'ai cru devoir ajourner l'impression de ma réponse. Aujourd'hui que j'ai sous les yeux cet article, il me semble inutile de reproduire ma réplique; car, pour le lecteur des Comptes rendus, elle ne paraîtrait pas avoir été motivée par l'argumen- tation de mon savant collègue. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Système de chemins de fer à roues motrices horizontales. (Note de M. Seguier.) M. le baron Seguier place sous les yeux de ses collègues, des mo- dèles de locomotive et de wagon d'enrayage appropriés à son système de chemin de fer à roues motrices horizontales; en les faisant plusieurs fois fonctionner sur un plan incliné très-rapide , il fait comprendre comment, à C. R., 1847, i" Semestre. (ï XXIV, ^»9.} 4l ( 3io ) t l'aide de son dispositif mécanique, la cause d'adhérence des roues motrices sur la voie peut être trouvée dans la résistance même du convoi. Il fait aussi remarquer que le même principe de construction permet d'établir un frein aussi puissant que sûr, agissant de lui-même ou à la volonté d'un garde-frein, toutes les fois que cela est nécessaire. M. Seguier croit avoir ainsi pratique- ment justifié les propositions, qu'il avait eu l'honneur de formuler devant l'A- cadémie , dans ses précédentes communications à l'occasion des chemins de fer. ANALYSE MATHÉMATIQUE. —Démonstration générale du théorème de Fermât, sur l'impossibdité, en nombres entiers, de l'équation x" + f" =^ z"; par M. Lamé. « On sait qu'il suffit de démontrer cette impossibilité pour les cas où l'exposant n est un nombre premier. On possède des démonstrations parti- culières, relatives aux exposants 3, 5, 7; elles sont fondées sur la décompo- sition en deux facteurs du premier membre de l'équation. Mais quand on passe aux exposants 11, i3, 17 , 19, etc. , on se trouve arrêté par la trop grande inégalité des deux facteurs. Je cherchais depuis longtemps un genre de démonstration, applicable à tous les cas, et qui fût en quelque sorte in- dépendant de la grandeur de l'exposant, lorsque, il y a quelques mois, j'en causai avec M. I^iouville; il me parnt convaincu que la propriété négative, énoncée par Fermât, devait dépendre de certains facteurs complexes, ré- cemment étudiés par les géomètres qui s'occupent de la théorie des nom- bres. C'était une nouvelle voie que je n'avais pas explorée ; je l'ai suivie , et je suis parvenu au mode de démonstration que je vais exposer, et qui me paraît justifier la prévision de M. Liouville. § I- " Les nombres complexes qu'il faut considérer, pour chaque exposant, ou nombre premier n, sont de la forme (i) A = ao + a,r+ ajT'' + ... + a„_,r"-' ; .-.,•>..,.. «0, a, , aj,. . ., a„_, , sont des nombres entiers, r est une des racines ima- ginaires de l'équation r" — i := o, ou de celle-ci (a) G = I H- r +/■*+... + r"~* . Les autres racines sont, comme l'on sait, r^, r', . . ., r"~* ; si l'on pose gêné ralenient (3) 2t = r' -+- r«-' = r' + -, r'' ( 3i. ) les valeurs de 2, sont les racines réelles d'une équation f(z) = o, que l'on compose facilement. » Si l'on retranche du nombre A(i) le second membre de l'équation (2) multiplié par l'un des coefficients «o, a, , «2,. • ., &.„_, , ou fera disparaître tel terme qu'on voudra. Plus généralement, on peut augmenter ou diminuer à la fois d'un même nombre d'unités ces coefficients entiers; toutes ces transformafions ne changeront que l'expression du nombre complexe A. Cette indétermination dans la forme cesse, quand on fait disparaître un des termes, le dernier par exemple; mais on détruit la symétrie. Quand on con- serve le nombre complexe sous la forme (ij, pour qu'il ne soit pas divisible par uu entier, il faut, et il suffit, que les restes de la division de tous les coefficients , par cet entier, ne soient pas égaux. n Si l'on multiplie successivement A par r, r^, r^,. . ., r"~\ en réduisant à chaque fois les puissances de r, on obtient la série de n nombres. A, Ar, Ar*,. . .,Ar"~', que nous désignerons par A, A', A",. . ., A'"~^'. Les n'""" puissances de tous ces nombres sont égales. » Si l'on substitue successivement à la racine r, dans A ou A (r), les au- tres racines r-,r', r*,. . ., r"~\ en réduisant aussi, à chaque fois, les puis- sances de r, on obtient une autre série de (« — i) nombres, A(r), A(r^) , A(r'),. . ., A(r"""'), que nous désignerons par A, , Aj, A, , . . . , A„_,. Le produit A, Aa A3 . . . A„_, est une fonction symétrique des racines de l'équa- tion (a); ce produit sera donc une fonction entière, et du degré (w — i), des coefficients ao, a,, a^,..-, ««_) , et, par conséquent, un nombre entier; nous le désignerons sous le nom de module du nombre A. Ce mo- dule est essentiellement de la forme quadratique Y^ ± «Z* : le signe + ayant lieu , si le nombre premier n est de la forme ^i ■+- 3 , et le signe — , s'il est de la forme 4« + i . Nous appellerons les nombres A, , Aj , . . . , A„_ , , les sous-fncteurs du module; A est un de ces sous-facteurs. Quand le mo- dule est un nombre premier, A est un sous-facteur premier. Quand le mo- dule est un nombre composé de plusieurs facteurs premiers, A est le pro- duit d'autant de sous-facteurs premiers correspondants , ou bien ce produit multiplié par un nombre complexe dont le module soit l'unité. " La fonction de ao , a, ,. . ., a„_, , qui forme le module , reste la même lorsqu'on augmente ou diminue d'un même nombre , soit ces coefficients eux-mêmes, soit leurs indices, en ayant soin de réduire ceux de ces indices qui surpasseraient n, ou ceux qui leur seraient inférieurs; c'esl-à- dire que le module de A n'est pas affecté par toutes les transformations 41. • ■ (3iO qu'on peut faire subir à l'expression (i) , et que ce module est aussi cekri de A*''. En outre, A''' ou A/'' correspond au même sous-facteur que A, le multiplicateur r' ayant pour module l'unité. » Le nombre A sera divisible par un autre nombre complexe D = ][A"+B"'-="]. . .[A(')+B(«-')]. . .[AC-o+B']. ( 3i3 ) En effet , on reconnaît facilement que A'+ B<"-" = r«-' (B + A")V A"+B<"-'*' = r"-='(B+A"), /n — 1\ /n-t-A n-hl a'^ ^ ^ + b'^ ^ ^ = r " [B + A(«-"], /n-(-_i\ /n — 1\ n — 1 A^ ^ ^-f-B^ " ^rrzT- " (B + A'), A'«-^' + B" = r^ [B + A'"-*)] , A(«-"+.B' = r[B + A(''-="]; d'où il résulte que le second membre de l'équation (5) est égal à ' • (A" -h B") r^ = A" + B", car l'exposantp, égal à la somme 1+ a + 3 + .., + (« — i) , ou à " ' ? est un multiple de n. » Ainsi, la somme des «'«'"" puissances de deux nombres complexes de la forme (i) est décomposable en n facteurs complexes de la même forme. Ces n facteurs ont entre eux des relations nécessaires. Si l'on adopte ponr ce produit la forme du second membre de l'équation (5), dont la loi est facile à saisir, et que l'on désigne généralement ces facteurs par M''', l'in- dice i étant le même que celui de A , on démontre facilement que la somme de deux quelconques de ces facteurs est égale à un troisième de ces mêmes facteurs, multiplié par l'une des valeurs de z, (3) ; car on trouve (6) M('' + M""> = z,;,_.. .M^ ^ ^ ■ en ayant soin d'augmenter de n l'un des indices , quand ils sont de parités contraires, ce qui ne change pas le nombre dont l'indice est augmenté. » Les n nombres cojnplexes M , M' , M", . . . , M'""'' vérifient donc ^' '" ~ ' équations, semblables à l'équation (6) , ou à celle-ci , citée pour exemple , (7) M' -^ M'" = z, M", Toutes ces relations peuvent être groupées de deux manières. ( 3i4 ,) » Chaque nombre M''* est facteur du second membre , dans équations , dont le premier membre est la somme de deux des [n — i) autres nombres, associés de telle sorte que la somme de leurs indices soit la même. De là , et de la définition que nous avons donnée pour la divisibilité, on déduit cette conséquence, que, si un nombre complexe (? divise deux des n nombres M , M', M", . . . , M'"~'', il divisera nécessairement tous les autres. >' Chaque racine z, est facteur du second membre dans n équations , dont le premier membre est la somme de deux des « nombres M,M',M",...,M'"~", associés de telle sorte que la différence de leurs indices soit la même. Delà suit cette autre conséquence , qu'un nombre complexe z, , ou z, par exemple , (ou même l'un des sous-facteurs de z,- s'il en avait), ne peut diviser un seul des n facteurs M, M', ,..,M'"~" , sans diviser aussi tous les autres. )i II résulte enfin de ces deux conséquences , que la somme des n'^""" puis- sances de deux nombres complexes est éf[ale à un produit de cette forme (8) A" + B" = k"mm'm". . . m'"-'), k étant un nombre formé du produit de tous les nombres complexes qui pouvaient diviser à la fois deux des nombres M, M',..., M'"~'', et , par suite , tous les autres; m,m',m",...,m^"~'\ étant des nombres complexes, non divi- sibles, deux à deux par un même facteur complexe, ni seul à seul par aucune des valeurs de Zj; et ces nombres /n''' vérifient toutes les équations (6), en sorte qu'on a, par exemple, (9) m' -{-m'" = z,m". 1) Ainsi, la somme des n'^"'" puissances de deux nombres complexes de la forme (i) ne saurait être divisible par une puissance de z,(3), de z, par exemple , dont l'exposant ne serait pas un multiple de n. §ni. » Actuellement, si l'on veut rendre le produit ' " ' k''min'm". .. /«'"-" égal à la «""* puissance d'un nombre complexe C, il faudra que les nombres m,m',m",..., in'^"~'\ qui n'admettent plus de diviseur commun, même deux à deux, soient respectivement égaux à des /i'"«" puissancesi c'est-à-dire qu'il faudra poser M [ C = Â: fJi|x>" . . . |!x'"-", m^lj", m' = p.'", m" = fx"", . . , m'"-" = ^"'-•'", (3i5) Mais les relations, telles que (9), ne permettent pas de prendre [j.,^',...,p.'"~" arbitrairement; il faudra, entre autres conditions, que les nombres com- plexes |ut,'", fx"", fx.'"" vérifient l'équation ' . - (11) fx' + fi' = z, ^" . Or, pour que cette équation (11) fût possible, il faudrait nécessairement que la somme des «"""" puissances des nombres complexes fx.' et fx'" fût divisible par z'"'^\ ce qui est impossible. On démontre d'ailleurs que z, = r-h r^"-*> ne peut être la n"^"^" puissance d'un nombre complexe. » II est donc impossible de satisfaire à l'équation (12) ■ ' ; A" + B«=:G'' ■■;■• ■■'■ ' ' ■ ' en prenant pour A, B, G des nombres complexes de la forme (i). » Toutefois, le cas de n = 3 échappe à ce genre de démonstration, car alors il n'y a qu'une seule valeur de z,-, laquelle est — i , et tout le système des équations (6) , exprimé en p. , /x', fx", se réduit à l'équation unique 3 , /o . «3 (i3) . . , fx^ + fx^ + fx' en sorte que l'impossibilité de l'équation (1 2), dans le cas particulier de n = 3. exige que l'on ait recours à l'ancien mode de démonstration. » Le théorème de Fermât, pour 7î>3, n'est qu'un cas particulier de celui qui vient d'être démontré; car si A et B sont des entiers, ou s'ils se ré- duisent à Uç,, j3o5 M sera entier, ainsi que G, k, fx; maisfx', [jl",.--,/^'""*' seront toujours des nombres complexes : seulement, leur produit devra être un mo- dule entier, c'est-à-dire que|Jt,,pt.',...,pt.'"~'' devront être les sôus-facteursd'un nombre entier de la forme Y^ ±: «Z^ ; enfin , les relations telles que (i 1) se- ront encore nécessaires, et la conclusion d'impossibilité sera la même, » Observations de M. Liouville. « Dans la communication qu'il vient de faire à l'Académie, M. Lamé a bien voulu déclarer qu'il a suivi une idée dont je lui avais fait part autrefois : celle d'introduire des nombres complexes dérivés de l'équa- tion binôme r" — i = o dans la théorie de l'équation x" — j-" ^z z" , pour essayer d'en conclure l'impossibilité de cette dernière équation, soit en nombres entiers ordinaires , soit même en nombres complexes de la forme indiquée. Une telle idée n'a rien de neuf en soi, et a dû se présenter naturel- ( 3i6 ) lement aux géomètres d'après la forme du binôme x" —f". Je n'en ai d'ailleurs déduit aucune démonstration satisfaisante, et, à vrai dire, je ne me suis même jamais occupé sérieusement de l'équation jc" ~ jr" =: z". Toutefois, quelques essais me portaient à croire qu'il faudrait d'abord chercher à éta- blir pour les nouveaux nombres complexes un théorème analogue à la pro- position élémentaire pour les nombres entiers ordinaires, qu'un produit ne peut être décomposé en facteurs premiers que d'une seule manière, [j'analyse de M. Lamé me confirme dans ce sentiment; elle a besoin, ce me semble, du théorème dont je parle: et pourtant je ne vois pas que notre confrère soit entré , à ce sujet , dans les détails que la matière paraît exiger. N'y a-t-il pas là une lacune à remplir? Je soumets cette observation à notre confrère, mais en exprimant la ferme espérance qu'il viendra à bout de toutes les difficultés, et qu'il obtiendra un nouveau et plus éclatant triomphe dans cette question épineuse où il s est déjà tant distingué. Je rappellerai, en terminant, que depuis M. Gauss, et même depuis Euler et Lagrange, les géomètres se sont souvent occupés de nombres complexes. Le tome XVII de nos Mémoires renferme un grand travail de M. Cauchy, où ceux de ces nombres qui se rattachent à l'équation r" — i =o, jouent un rôle important. Mais pour le point spécial que j'ai signalé tout à l'heure, c'est surtout dans un article de M. Jacobi [Journal de Mathématiques , tome VIII, page 268) , que l'on pourra trouver des renseignements utiles. » A la suite de la lecture faite par M. Lamé , M. Cauchy prend aussi la pa- role et rappelle un Mémoire qu'il a présenté à l'Académie dans une précé- dente séance (19 octobre 1846), et qui a été paraphé, à cette époque, par l'un de MM. les Secrétaires perpétuels. Dans ce Mémoire, M. Cauchy exposait une méthode et des formules qui étaient, en partie, relatives à la théorie des nombres, et qui lui avaient semblé pouvoir conduire à la démonstration du dernier théorème de Fermât. Détourné par d'autres travaux, M. Cauchy n'a pas eu le temps de s'assurer si cette conjecture était fondée. D'ailleurs, la méthode dont il s'agit était très-différente de celle que M. Lamé paraît avoir suivie, et pourra devenir l'objet d'un nouvel article. PHYSIOLOGIE. — Sur la découverte du siège distinct de la sensibilité et de la motricité; par M. Flourens. « M. Magendie m'a demandé d'exposer les raisons sur lesquelles je me suis appuyé pour ne citer que M. Charles Bell à propos de la découverte du siège distinct de la sensibilité et de la motricité dans la moelle épinière. (3.7) Voici ces raisons. Mnis, avant d'aller plus loin, je prie l'Académie de bien considérer que je ne cherche pas ici des preuves conire mon honorable con frère; je cherche seulement à justifier mon opinion. " .l'ai pensé, pendant plusieurs années, que, dans la découverte des fonctions distinctes des racines postérieures et des racines antérieures , de la région postérieure et de la région antérieure de la moelle épinière , l'idée première était à M. Bell, et la première expérience à M. Magendie. .Je l'ai pensé, et je l'ai écrit. " En rendant compte, en i833, dans le Journal des Savants, àe l'ouvrage de M. Bell, traduit en français par M. Genest(i), je m'exprimais ainsi: « Ce " que nous appelons un nerf est un organe très-composé; l'organe simple " est \e filet nerveux : il ne suffit donc pas de soumettre le nerf total à l'ex- » périence; c'est chacun des filets nerveux dont le nerf total se compose, " qu'il faut que l'expérience atteigne ; car c'est dans ces filets nerveux seuls » que les propriétés se montrent distinctes et isolées. . ' _ " C'est là qu'est proprement la grande vue qui domine tout l'ouvrage de " M. Bell; c'est dans cette analyse expérimentale, qui ne se borne plus au " nerj total, mais qui atteint successivement chacun des éléments primitifs » du nerf, qu'est la source de tous ces résultats, pour la plupart si neufs et » si remarquables, dont il a enrichi la physiologie. " En effet, son attention étant Une fois portée sur les filets nerveux pri- » mitifs ou constitutifs, il a bientôt senti l'importance d étudier surtout les » racines des nerfs, c'est-à-dire le point même où tous ces filets se mon- » trent complètement distincts et isolés(2). « » J'ajoutais, presque aussitôt: " D'un côté, M. Bell accorde beaucoup >' trop aux conjectures et aux déductions tirées de la seule anatomie; et » pourtant personne ne sait mieux que lui quelle est la confusion dans la- " quelle les anatomistes avaient laissé jusqu'ici les caractères propres des » différents nerfs. D'un autre côté , il accorde trop peu à l'expérience ; et » aussi est-ce faute de s'être assez empressé d'avoir recours à l'expérience >' qu'il a laissé un physiologiste français, M. Magendie , partager avec lui la >• gloire de l'une de ses plus belles découvertes: celle de la fonction distincte » des racines postérieures eX antérieures (i). » ( I ) Exposition du Système naturel des nerfs du corps humain , suivie des Mémoires sur le même sujet , etc. Paris, 1825. (2) Journal des Savants; année i833, p. 261. " (3) Ihid.,^. 266. ' . . ■ C. p., 1847, I" Sem«' muscles entrèrent immédiatement en convulsion (i). " » Je soumets ce passage au jugement de mon honorable confrère. Pour moi, je vois ici l'idée; j'y vois même do premières expériences, demeurées incomplètes. Je reconnais, de grand cœur, que M. Magendie a l'honneur d'avoir fait, le premier, des expériences beaucoup plus nettes et plus com- plètes que M. Bell. » Remarques de M. Magendie à l'occasion de la Note de M. Flourens. « Je dois remercier M. Flourens d'avoir bien voulu donner devant l'Aca- démie les explications que j'ai réclamées de lui dans la précédente séance. La plupart des faits qu'il vient de citer nie paraissent exacts : seulement il les interprète d'une manière que je ne saurais admettre. " Et, d'abord, si j'ai gardé le silence dans la circonstance rappelée par mon confrère, personne n'a pu l'interpréter comme une sorte d'abandon de mon droit; car le Rapport fait à l'Académie pour le prix de Physiologie de 1841 dit textuellement que '] avais cru devoir me récuser, comme ne pouvant pas être juge et partie dans des questions dont je m'étais moi-même beaucoup occupé. Je passe maintenant aux travaux de Ch. Bell. » Ces travaux, c'est moi qui, le premier, les ai fait connaître en France. Je les ai analysés dans mon Journal de Phjsiologie. J'ai même fait ressortir leur originalité, dans une lecture faite à une séance publique de l'Académie des Sciences; et, si la découverte qu'on voudrait attribuer aujourd'hui au physiologiste anglais eût été annoncée, ou seulement indiquée dans ses Mé- moires, je n'eusse certes pas manqué de la mettre en première ligne et d'en signaler toute l'importance. " Charles Bell fut très-satisfait de l'accueil que je fis à ses travaux. La preuve qu'il reconnaissait que je lui avais rendu pleine justice, c'est que, le lo juin 1822, il écrivait dans son journal : « Mes découvertes ont fait plus » d'impression en France qu'ici ; j'ai reçu une seconde Lettre de Magendie, (i) An rdea ofa New Anatomy of the Brain ; London , i8i i . Je me sers de la traduction de M. Longet ( Recherches sur les propriétés et les fonctions des faisceaux de la moelle épinière et des racines des nerfs rachidiens, etc. Paris, i84i , P- 6); et j'en ai vérifié l'exactitude sur |es fragments du Mémoire original de M. Bell , insérés dans l'ouvrage de M. Shaw, intitulé : Narrative ofthe Discoveries ofsir Charles Bell in the nervous System ; p. 4o et 4 1 ■ 4a.. ( 320 ) >' qui me dit que si je voulais lui envoyer une courte analyse de mes expé- " riences, j'aurais la médaille que décerne l'Institut, » [Biographie de sir Charles Bell , Revue Britannique, octobre 1 846. ) » Quiconque a connu la susceptibilité et le caractère ombrageux de Charles Bell, conviendra sans peine qu'il ne se serait pas exprimé de cette manière sur un étranger qui aurait omis, daus l'exposé et l'appréciation de ses travaux , la plus belle de ses découvertes. " A l'occasion de mes premières publications sur les fonctions des ra- cines, M. Shaw m'écrivit que Ch. Bell avait anciennement fait quelques expériences analogues aux miennes. Il m'envoya une petite brochure datée de 1811, et que Ch. Bell n'avait communiquée qu'à ses seuls amis, dans le but, disait-il, d'avoir leur opinion touchant ses nouvelles idées, encore confuses, sur l'anatoniie du cerveau. Je me hâtai d'imprimer textuellement dans mon Journal de Physiologie les passages qui avaient trait aux racines , et j'eus soin d'ajouter que ni moi , ni personne en France , n'avions le moindre soupçon de l'existence de cet opuscule. Heureusement, pour mes travaux, il ne contenait rien qui touchât au fait capital, savoir, la distinction entre les deux racines rachidiennes, les unes comme nerfs du sentiment, et les au- tres comme nerfs du mouvement. ; , » En effet, Ch. Bell, préoccupé de ses idées sur l'irritaKilité, dit simple- ment qu'en coupant la racine postérieure, il n'a pas déterminé de con- traction dans les muscles, tandis que les muscles se sont contractés quand il a touché avec la pointe de l'instrument la racine antérieure. Voilà l'expé- rience telle qu'il la décrit. On voit que non-seulement il n'avait pas dis- tingué les racines en sensitives et en motrices, mais que même le mot sen- sibilité n'avait pas été prononcé. Comment eût-il pu en être autrement , puisqu'il n'agissait que sur des animaux récemment morts? » En résumé, Ch. Bell avait eu avant moi, mais à mon insu /l'idée de couper séparément les racines rachidiennes ; il avait eu également le mérite de découvrir que l'antérieure influence la contractibilité musculaire plus que la postérieure. C'est là une question de priorité dont je lui ai, dès le principe, fait hommage. Maintenant, quant à avoir établi que ces racines ont des propriétés , des fonctions distinctes, que les antérieures président au mouvement, et les postérieures au sentiment, cette découverte m appar- tient. Ch. Bell ne la point indiquée; il n'a même pu l'entrevoir, puis- qu'elle ne ressort en aucune manière de l'expérience qu'il raconte. C'est donc bien mon oeuvre, et elle doit rester comme une des colonnes du monu- ment qu'élève depuis le commencement de ce siècle la physiologie française. « ( 3ai ) ASTRONOMIE. —Notesur de nouveaux moyens d^ éclairer lesfds des réticules et des micromètres ; par M. Auago. Se La comète nouvellement découverte par M. Hind est très-faible, très- difficile à observer. Quand on éclaire les fils du micromètre, suivant les procédés oi'dinaires, l'astre disparaît; quand, au contraire , la nébulosité est perceptible, les fils ne se voient qu'avec une peine infinie. Ces circonstances , a dit M. Arago, ont reporté mes pensées sur des projets que j'avais formés il y a plus de vingt-cinq ans , pour arriver à éclairer les fils des micromè- tres, des réticules, aussi faiblement, aussi instantanément que cela peut être nécessaire, et en laissant le reste du champ dans une complète obscurité. » M. Arago avait d'abord pensé à se servir de fils diaphanes , de fils de verre, éclairés par une lampe, latéralement, c'est-à-dire dans le sens de leur longueur. L'essai ne répondit pas à ce qu'on pouvait en attendre. ') L'idée d'appliquer l'électricité , à l'éclaii'age des fils métalliques , en platine, des réticules astronomiques , vint à l'esprit de M. Arago, lorsque Wollaston eut exécuté un appareil dans lequel un fil très-fin et excessivement court, devenait lumineux par l'action d'un couple voltaïque, en quelque sorte microscopique, qu'on plongeait dans une dissolution acide très-faible. M. Arago a présenté à l'Académie , l'appareil même dont il vient d être question. Il en était redevable à l'amitié de l'illustre chimiste anglais, qui voulut bien le faire fonctionner sous ses yeux et ceux de M. Gay-Lussac , pendant un voyage des deux académiciens français en Angleterre. " Depuis cette époque, M. Arago a souvent reproduit son idée , dans ses cours publics et aux séances du Bureau des Longitudes, mais en remarquant , d'une part, qu'il restait à trouver un moyen simple et prompt de faire varier l'intensité lumineuse du fil, et, de l'autre, à s'assurer que les images des objets éloignés, placées près du fil incandescent, ne seraient pas ondu- lautes(i). Le moyen d'affaiblir et de faire, à volonté, renaître rapidement l'incandescence d'un fil de platine, existant maintenant dans plusieui's appa- reils du célèbre M. Wheatstone, l'essai du nouveau réticule ne pouvait plus être différé. M. Froment, à qui M. Arago en avait confié l'exécution, a (i) A l'issue d'une de ses leçons, M. Arago apprit de M. Savary, que cet ingénieux et si regrettable physicien avait, lui aussi, songé à cette application des courants voltaïques. Enfin, en i838, le savant directeur de l'Observatoire de Naples, M. Capocci, sans avoir e\\ connaissance de ce qui avait été divulgué en France, annonça qu'il se proposait de soumettre la même idée à l'épreuve de l'expérience. Nous n'avons pas appris que M. Capocci ait donné suite à son projet. (/^o»>les Comptes rendus pour i838, torae VI, p. 242.) ( 3aa ) montré, dans ce petit travail, tout ce qu'on pouvait attendre d'un artiste à Ja fois si instruit et si ingénieux. Les fils passent, presque subitement, de l'ob- scurité absolue à une vive incandescence, et réciproquement; on obtient toutes les intensités intermédiaires avec une égale facilité, avec la même promptitude. Le fil, attaché à des ressorts convenables, reste rectiligne, malgré les énormes changements de température qu'on lui fait subir. M. Arago s'est, enfin, assuré, par une expérience directe, faite, il est vrai, avec un faible grossis5ement , que des images placées très-près du fil rouge n'ondu- lent pas sensiblement, et qu'elles n'éprouvent point de déviation permanente s'élevant à une seule seconde. >' L'instrument exécuté par M. Froment , a été mis sous les yeux de l'Aca- démie. M. Arago a annoncé que, dans une autre communication, il mon- trerait comment on peut l'appliquer à la solution de diverses questions spé- ciales de photométrie. " Pendant que M. Froment travaillait à la construction du nouveau mi- cromètre, a dit M. Arago , mon ami, M. Breguet, voulait bien, à ma prière , chercher à réaliser une autre solution du problème. Je désii-ais me servir d'un fil rendu rouge par l'électricité galvanique, pour éclairer les fils d'un réticule ordinaire. Ce fil éclairant étant très-mince, je demandais qu'on le plaçât dans le porte-oculaire même, en telle sorte quil éclairât les fils du réticule, par leurs côtés tournés vers l'observateur, et que ceux des rayons lumineux que ces fils n'auraient pas arrêtés, allassent s'absorber sur le vernis noir intérieur du tuyau de la lunette , on s'échapper par l'objectif. Je voulais, en un mot, substituer une lumière électrique, à celle de la lampe dont Fraunhofer faisait usage dans un de ses ingénieux micromètres. La minceur du fil éclairant, devait fournir les moyens de mettre les lentilles de l'oculaire entièrement à l'abri de tout fâcheux reflet. M. Breguet a adopté une disposition différente, et bien préférable, suivant toute apparence. » 11 a fendu transversalement le tuyau du porte-oculaire. C'est au-dessus de la fente, en dehors du tuyau et dans un plan intermédiaire entre la lentille de l'oculaire et les fils du réticule, qu'il a placé son fil éclairant. Cet expédient a complètement réussi. .. Il est inutile de dire que là aussi , on peut réduire ou augmenter à vo- lonté, et dans un temps inappréciable, le pouvoir éclairant du fil, et qu'à l'aide de certaines dispositions les fils aboutissant à la pile ne gênent en rien l'observateur. Tout porte donc à croire que la pile de Volta, dont on a fait déjà de si nombreuses, de si belles, de si singulières applications, figurera ( 3«3 ) prochainement, comme un auxiliaire utile, dans les instruments astrono- miques. » ■ ■ M. BiOT fait hommage à l'Académie d'une collection d'articles qu'il a suc- cessivement publiés, depuis quelques mois, dans le Journal des Savants, et qu'il a réunis sous ce titre : Précis de l'Histoire de l'astronomie plané- taire, écrit à l'occasion de la découverte de M. Le Ferrier. Ces articles seront ultérieurement complétés par trois Notes mathéma- tiques, ■qui paraîtront dans les cahiers suivants du journal , et dont les deux premières sont déjà sous presse. RAPPORTS. GÉOLOGIE. — Rapport sur le puits artésien commencé par M.. Mulot dans l'enceinte de la ville de Calais. (Commissaires, MM. Arago, Beudant, Berthier, Dufrénoy, Élie de Beaumont rapporteur.) " L'Académie s'est déjà occupée plusieurs fois d'un puits foré dont le percement a été entrepris à Calais, par M. Mulot, dans le but d'obtenir de l'eau jaillissante destinée à subvenir aux besoins de la population réduite , aujourd'hui, à se servir presque uniquement d'eau conservée dans des citernes. >' En 1844? M. le Maire de Calais a consulté l'Académie sur ce sujet, et dans la séance du 26 août de la même année, MM. Arago, Beudant et Ber- thier ont été invités à répondre à divei"ses questions posées par ce ma- gistrat (i). .' •• » Dans la séance suivante (le 2 septembre), les Commissaires ont émis un avis favorable à la poursuite de l'entreprise (2), et le travail a été continué. » Depuis lors, dans la séance du 10 novembre i845, l'Académie a reçu une nouvelle Lettre de M. le Maire de Calais, qui la consultait encore au sujet du puits artésien auquel M. Mulot n'avait pas cessé de travailler, et qui lui transmettait des échantillons des terrains traversés par la sonde , du 23 août au 19 septembre. Ces nouveaux documents furent renvoyés à la Commission déjà nommée , à laquelle furent adjoints deux nouveaux Com- missaires, MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont. (i) Comptes rendus , tome XIX ( 1 844) j P'ië^ 4o9- (2) Comptes rendus , tome mX , page 484- ( 324 ) " D'après les instances réitérées de M. le Maire de Calais et de M. Mulot, nous venons soumettre à l'Académie le résultat du nouvel examen auquel la Commission s'est livrée. " Il résulte des documents mis sous les yeux des Commissaires, qu'à la fin du mois de septembre i845, le puits foré de Calais avait atteint la profon- deur de 346", 86, en traversant une série de couches dont nous transcrivons ici la désifjnation telle qu'elle a été relevée par M. Mulot. Tableau explicatif des différentes natures de terrains rencontrés dans le percement du puits artésien de la ville de Calais. Au sol Sable et gravier rapportés 3 00 à 3 , 00 Sable gris et jaune , avec coquilles et débris végétaux ao , 3o 23, 3o Argile brune sableuse o,5o 23 ,80 Cailloux roulés et gros silex 2 ,65 26 ,45 Argile brune 6 , 25 32 , 70 Sable renfermant des cailloux et de gros silex ' 1 5 , 3o 58 , 00 Argile brune Q , 00 6'j ,00 Sable argileux . 3 ,3o 70,30 Argile sableuse ..,.'..... /. 2,65 72 ,g5 Craie blanche friable et silex épars. ni ,5o 164 ,45 Craie grise et silex , Z'^ ,o5 201 ,5o Craie grise argileuse très-dure ,_j\ ^ . .;,:, ^ ,., nS ,q5 277 ,45 Craie grise beaucoup plus dure 1 3 ,45 290,90 Craie argileuse très-foncée i5,2a 306,19 Craie à grains verts .......... ....■.■.../:''. '...'1„*;'; .■.'., 1.'. .' 0,90 307,09 Argile brune micacée ', . ...,..,...,. 4>95 3 12, 04 Argile à grains verts, avec pyrites de fer i ,o5 3 13,09 Argile brune, avec des grains de quartz et des pyrite» de fer i ,80 314,89 Grès à grains fins très-dur, avec points verts de silicate de fer 5,8i 320 , 70 Grès calcaires alternant de densité. Épaisseur connue 26, 16 346,86 Fin du percement. " ' ' ' » D'après le tableau de M. Mulot, la sonde est entrée à la profondeiu' de 3i4™,89 dans un grès à grains fins très-durs, avec points verts de silicate de fer dont elle a traversé une épaisseur de 5",8i. Un échantillon qui nous a été présenté comme provenant de la profondeur de 3i5 mètres, e.st formé, en effet, d'un grès très-dur, à ciment calcaire, dans lequel on distingue de nombreu.x grains de quartz et des grains glauconieux. Ce grès se dissout dans les acides avec une vive effervescence et laisse pour résidu un sable fin formé de grains anguleux, mais souvent usés sur leurs angles, de quartz hyalin transparent, le plus souvent incolore, quelquefois seulement traversé ( 325 ) de très-petites veines rouges et de grains irrégtiliers de silicate de protoxyde de fer d'un vert sombre. Ce grès appartient évidemment au terrain crétacé inférieur et fait partie du grès vert inférieur des géologues anglais. Il re- présente assez bien certaines parties dures de la division supérieure du grès vert inférieur du comté de Kent, en Angleterre, désignées sous le nom de Kentish-rag (i) , et il est probable que, par son âge géologique, il corres- pond à peu près au tourtia des mineurs de Valenciennes. » Ainsi , à l'époque où M. le Maire de Calais consulta l'Académie pour la première fois, le forage n'avait pas complètement traversé le terrain crétacé, et, comme les Commissaires l'avaient pensé, il s'y maintint encore pendant longtemps; mais, ainsi qu'il était également naturel de s'y attendre , il a fini par en atteindre la base, et c'est à la profondeur de 320'",7O que le change- ment de terrain s'est manifesté. » A cette profondeur, la sonde a rencontré et a traversé, sur une épais- seur de 26", 1 6, jusqu'à la profondeur de 346'°,86, qui n'a pas encore été dépassée, des roches d'une nature toute nouvelle. M. Mulot les désigne comme des grès calcaires alternant de dureté; mais les échantillons mis sous nos yeux ne nous ont présenté qu'un calcaire compacte, d'un gris tirant sur le brun et d'une texture un peu globulaire, sans être cependant distinc- tement oolithique. Ce calcaire renferme quelques parties spathiques miroi- tantes et des petits filons très-minces de spath calcaire blanc; il se dissout dans les acides avec une très-vive effervescence et sans laisser aucun résidu, mais en dégageant une légère odeur de bitume. Tous ses caractères tendent à le faire rapporter aux calcaires dits de transition ou paléozoïques, à ceux dont on trouve des affleurements dans le Bas-Boulonnais , aux environs de Fiennes, de Ferques et de Marquise. On pourrait, sans doute, signaler quel- ques analogies entre ce calcaire et les calcaires compactes que M. le docteur Fitton a signalées dans la division inférieure du grès vert, prèsdeFolkstone (2); tout nous porte cependant à le comparer plutôt aux calcaires paléozoïques du Bas-Boulonnais, et particulièrement à ceux de ces calcaires qui corres- pondent au calcaire carbonijère des géologues anglais. -• " Il résulterait de là, qu'au-dessous de Calais, de même que dans plu- sieurs points du Boulonnais, de même qu'aux environs d'Arras, de Valen- {v) D"'' Fitton, On the strata below thechalk. — Transactions of the geological Society of London ; 2' série, t. IV , p. 117. (2) D'"' Fitton , On the strata belotv the chalk. — Transactions of the geological Society qf London; 2' séné, t. ÏV, p. 126. ~ C. R., 1847, i«rSemei(re.(T. XXIV.WOO.) • 43 ( 3a6 ) ciennes, de Douai, de Lille, etc., le terrain crétacé inférieur reposerait directement sur le terrain carbonifère ou sur ceux qui le supportent immé- diatement : circonstance qui était la plus probable qu'on pût imaginer à priori. » Mais que devrait-on conclure de la vérification de cette conjecture re- lativement à l'avenir du puits artésien de Calais? Le fait de la rencontre d'un calcaire appartenant au terrain paléozoïque doit-il augmenter ou diminuer l'espérance de trouver de l'eau jaillissante en continuant le forage? L'état de dislocation dans lequel se trouvent généralement les terrains anciens ou paléozoïques sur lesquels reposent les terrains secondaires du nord de la France, rend extrêmement difficile , pour ne pas dire impossible, de faire, à priori , aucune conjecture sur la manière dont les eaux douces , venant des parties élevées du continent, peuvent, circuler dans leur intérieur, et cet état de dislocation tendrait certainement à affaiblir les espérances qui s'atta- chaient au puits artésien de Calais, si des succès obtenus dans des circon- stances fort analogues ne pouvaient être cités pour les relever. » Nous voulons parler ici des eaux jaillissantes que M. Degousée a trouvées à Lille , dans le calcaire carbonifère , après avoir traversé tout le terrain crétacé sans en rencontrer. » A Lille et aux environs, le terrain crétacé, beaucoup moins épais , à la vérité, qu'à Calais, repose, dans une grande étendue, sur le calcaire carbo- nifère, ainsi que de nombreux sondages l'ont constaté. A Lille, les eaux qui existent, soit dans la craie, sojt dans les couches inférieures du terrain crétacé, dont l'épaisseur totale est d'environ 70 mètres, ne s'élèvent pas jusqu'à la surface ; mais M. Degousée a obtenu des eaux jaillissantes à la sur- face du sol, qui est à 2a mètres au-dessus de la mer, en prolongeant ses sondages dans le calcaire carbonifère auquel tout le système crétacé est su- perposé. Dans le forage de l'esplanade, cet habile sondeur a rencontré leau jaillissante après avoir pénétré à aa mètres dans le calcaire carbonifère; à l'hôpital militaire, il ne l'a rencontrée qu'après avoir traversé 3i mètres du même terrain (i); enfin, à l'hospice civil de Lille comme à l'hôpital mi- litaire, il a reucontré l'eau jaillissante, à la profondeur de 120 mètres au-- dessous de la surface du sol, dans le calcaire carbonifère (2) , après avoir tra- versé une épaisseur de ce calcaire plus grande encore que dans les deux forages précédents. (i) Comptes rendus, tome XII (1841)) P*g^ 438- (2) Comptes rendus, tome XIV (1842) , page 916. ( 3*7 ) » On ignore si le calraire présumé carbonifère, atteint par le forafje de Calais, fait continuité avec celui de Lille; mais cette continuité n'a rien d'im- possible, et il se pourrait même que le calcaire carbonifère de Calais (ût traversé par des canaux aquifères communiquant avec ceux de Lille. 11 se pourrait également que le calcaire carbonifère de Calais fît continuité avec celui des environs de Bristol et reçût des eaux dans cette direction. Il serait facile de concevoir encore d'autres combinaisons dont plusieurs seraient fa- vorables à la réussite du forage, et la grande épaisseur que le terrain crétacé a présentée à Calais ne tend pas absolument à diminuer la probabilité de ces conjectures, dont la vérification couronnerait si heureusement les efforts persévérants d'une administration éclairée. D'après cela, et sans nous porter garants du succès, nous croyons pouvoir dire que le moment d'en désespérer n'est pas encore arrivé. Nous craindrions même de commettre une sorte d'inconséquence, si nous ouvrions l'avis d'abandonner un travail qui a déjà coûté plus de 60000 francs, au moment où il se trouve dans des conditions comparables à celles dans lesquelles d'autres travaux du même genre ont atteint leur but. » Nous ajouterons que dans le cas, peu probable selon nous, où le cal- (;aire trouvé au fond du forage de Calais appartiendrait à la division infé- rieure du grès vert, il y aurait lieu de chercher à le percer ainsi que l'argile weldienne qui pourrait se trouver au-dessous, pour atteindre plus bas encore les sables de Hastings. • . , " . . .' . ' ■ Conclusions, ' .; " » D'après ces diverses considérations, vos Commissaires sont d'avis que rien, dans ce qui leur a été communiqué, ne motiverait, pour le moment, la suspension des travaux du puits artésien de Calais. « Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ■ . MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE. — Mémoire sur les modifications que la rijflexion à la surjace des cristaux doués de l'opacité métallique jàit éprouver à la lumière polarisée; par M. de Senarmont. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Biot, Pouillet, Regnault.) « Un rayon de lumière polarisée avant l'incidence peut toujours être regardé comme formé de la superposition de deux vibrations rectangulaires , l'une parallèle, l'autre normale au plan d'incidence. 43.. ( 3a8 ) » Quand un semblable rayon se réfléchit sur un milieu transparent ordi- naire , tout est syméti'ique autour de la normale et de part et d'autre du plan d'incidence. Les vibrations parallèles et normales à ce plan d'incidence demeurent donc nécessairement parallèles et normales après s'être réfléchies : elles continuent d'ailleurs à vibrer d'accord, puisque le caractère de la polarisation n'a pas changé et que leur superposition reproduit une vibration rectiligne; mais leurs amplitudes sont généralement diminuées inégalement, et l'azimut de la vibration résultante dépend du rapport de ces diminutions: ce rapport est le seul élément inconnu , et il n'est fonction que de l'incidence. » Ce rapport prend des valeurs remarquables à certaines incidences par- ticulières; il est évidemment égal à l'unité sous l'incidence normale, et, par conséquent, les directions des vibrations incidentes et réfléchies coïncident. Il est égal à zéro sous l'angle de polarisation complète. » Quand le milieu sur lequel la réflexion s'opère est doué de la réflexion métallique, tout est encore symétrique autour de la normale et de part et d'autre du plan d'incidence; on peut donc répéter les mêmes raisonnements; mais ici les vibrations parallèles et normales au plan d'incidence cessent d'être d'accord après s'être réfléchies. La réflexion établit entre elles une différence de phases, puisque le caractère de la polarisation a changé et que leur superposition reproduit une vibration elliptique. La position et la grandeur relative des axes de l'ellipse dépendent du rapport des diminu- tions d'amplitude et de la différence de phases produites par la réflexion. Ce sont là, par conséquent, deux éléments inconnus et qui ne sont encore fonction que de l'incidence. n Ces éléments prennent des valeurs remarquables à certaines incidences particulières; sous l'incidence normale, la différence de phases est évidem- ment nulle, et le rapport égal à l'unité; la direction de la vibration i-éfléchie coïncide, par conséquent, avec celle de la vibration incidente. Sous une incidence particulière, le rapport devient un minimum, en même temps que la différence de phases est égale à un quart. » Quand la réflexion s'opère sur un milieu biréfringent transparent, on ne peut plus regarder généralement tout comme symétrique autour de la normale, ni de part et d'autre du plan d'incidence. Les vibrations parallèles et normales à ce plan ne demeurent donc plus généralement parallèles et normales après s'être réfléchies, et chacune d'elles fournira, pour sa part, au rayon réfléchi, une composante parallèle et une composante normale au plan de réflexion; mais toutes ces composantes continuent à vibrer d'accord, puisque le caractèi-e de la polarisation n'a pas changé et que leur superpo- ( 329 ) sition reproduit une vibration rectiligne. L'azimut de cette vibration est dé- terminé par le rapport des amplitudes des vibrations parallèles et normales au plan de réflexion : c'est le seul élément inconnu ; mais ici cet élément n'est pas seulement fonction de l'incidence, il est encore fonction de Fin- clinaisou de la face réfléchissante sur les axes du cristal, et, pour une face déterminée, de l'inclinaison du plan d'incidence sur les mêmes axes. >' La puissance biréfringente de la matière ajoute ainsi aux phénomènes généraux de la réflexion sur les corps transparents ordinaires, quelques propriétés caractéristiques. » 1°. Une vibration parallèle ou normale au plan d'incidence ne de- meure parallèle ou normale , après s'être réfléchie , que pour certaines directions particulières du plan d'incidence ; - » 2°. Quand on opère successivement sur la même face, suivant deux directions de ce genre , on jtrouve , pour une incidence déterminée , des rapports différents entre les diminutions d'amplitudes que la réflexion im- prime aux vibrations parallèles et normales au plan d'incidence ; » 3°. Ce rapport passe par zéro à l'incidence de polarisation com- plète, qui n'est généralement pas la même pour deux directions du plan d'incidence ; » 4°- Sous l'incidence normale, ce rapport est différent de l'unité, et, par conséquent, l'azimut de polarisation du rayon réfléchi se sépare de celui du rayon incident; -- V » 5°. Ce rapport devient égal à l'unité sous une incidence oblique et seule- ment pour certaines directions particulières du plan d'incidence : pour cette incidence , l'azimut de polarisation du rayon réfléchi et celui du rayon in- cident coïncident; ■ » 6°. Enfin toutes ces choses changent quand on change, la face réflé- chissante. » Ces propriétés de la lumière réfléchie, qui sont essentiellement liées à la double direction des ondes réfractées, existent-elles encore quand ces ondes se trouvent anéanties à une très-petite profondeur, parce que le mi- lieu réfléchissant a une constitution qui le rend incapable de propager des vibrations intérieures sans les éteindre? >' S'il en est ainsi, on doit s'attendre à retrouver dans la lumière ré- fléchie, sur les cristaux doués de l'opacité métallique, les particularités ca- ractéristiques de la réflexion cristalline, compliquées, il est vrai, des pro- priétés particulières à la réflexion métallique, c'est-à-dire de la différence ( 33o ) de phases qu'elle établit entre les vibrations parallèles et normales au plan d'incidence. » Ainsi les vibrations parallèles et normales au plan d'incidence ne de- vront demeurer parallèles ou normales après la réflexion, que pour cei-- taines directions particulières du plan d'incidence. » En opérant successivement dans ces directions, on doit trouver nne, pour une incidence donnée , le rapport des diminutions d'amplitudes des vibrations parallèles et normales au plan d'incidence diffère ainsi que leur différence de phases. ,> Cette différence de phases sera égale à un quart sous une incidence qui , généralement, ne sera pas la même pour deux directions du plan d'in- cidence. » Sous l'incidence normale, deux vibrations rectangulaires n'éprouve- ront pas la même diminution d'amplitudes, et la réflexion séparera les di- rections de la vibration réfléchie et de la vibration incidente. >' Le rapport des, diminutions d'amplitudes sera égal à l'unité sous une incidence oblique , et seulement pour certaines directions particulières du plan d'incidence. » J'ai annoncé depuis longtemps qu'une partie de ces phénomènes se réalisait quand on faisait réfléchir la lumière polarisée sur le sulfure d'anti- moine; mais, comme les différences sont assez petites, je m'étais borné à constater le fait sans donner de mesures. L'expérience présentait , en effet , des difficultés particulières, à cause de l'imperfection des surfaces réfléchis- santes de l'extrême allongement des ellipses de polarisation , et , par-dessus tout, du grand pouvoir dispersif de la matière, qui fait naître des décompo- sitions de couleurs. » Toutes ces circonstances et la petitesse des quantités qu'il s'agit d'ap- précier, jetteraient d'ailleurs des doutes sur des résultats qui n'auraient d'autre fondement que des nombres ou des mesures, et il s'agissait de trouver un procédé expérimental qui imprimât un caractère spécial à chaque par- ticularité du phénomène, et fournît en réalité un mode sensible de démons- tration autant qu'un moyen de mesure, » Après avoir essayé un grand nombre de méthodes , j'ai fini par adopter la siiivanle, (|ui me paraît convenir au but que je m'étais proposé : )) La lumière polarisée traverse une plaque composée de deux quartz perpendiculaires à l'axe, d'égale épaisseur et de rotations inverses; chacun d'eux occupe la moitié du champ du diaphragme objectif. Le faisceau I ■ ( 33i ) incident , composé de deux moitiés ainsi modifiées en sens contraire , se réfléchit sur le miroir métallique, puis est analysé par un prisme biréfrin- gent : les deux images produites sont colorées et généralement mi-partiées de deux segments de couleurs différentes. En faisant varier l'azimut de po- larisation primitive du layon incident, on trouve un azimut qui donne la même teinte aux deux segments de l'image ordinaire, un autre azimut qui donne la même teinte aux deux segments de l'image extraordinaire. » Or les principes de Fresnel permettent de traduire en formules chacune des modifications successives qu'éprouve, sur son trajet, le rayon polarisé incident, et l'on déduit de la discussion de ces formules les conséquences suivantes : « L'angle d'incidence correspondant à une différence de phases égale à un quart est caractérisé par cette circonstance, que les images ordinaire et extraordinaire sont , pour un même azimut de polarisation du rayon inci- dent, de teinte uniforme; que cette teinte uniforme des deux images est , à l'intensité près, complémentaire quand l'azimut delà section principale de l'analyseur est égal à o degré pu à 90 degrés; que cette teinte est identique de couleur et d'intensité quand cet azimut est égal à 45 degrés ; et qu'enfin , pour quatre directions conjuguées deux à deux, l'image ordinaire ou l'image extraordinaire devient sensiblement incolore, l'autre demeurant colorée. » L'angle d'incidence pour lequel la réflexion diminue dans le même rapport l'amplitude des vibrations parallèle et normale au plan d'incidence, est caractérisé par cette circonstance, que les images ordinaire et extraor- dinaire atteignent en même temps l'uniformité , mais restent complémen- taires de couleur et d'intensité, quel que soit l'azimut correspondant rie l'analyseur. ' . : ' ■ » Si, pour toute autre incidence et pour un azimut déterminé de l'ana- lyseur, on mesure successivement les deux azimuts de polarisation du rayon incident , qui donnent la même teinte aux deux segments de l'image ordinaire , puis de l'image extraordinaire , on pourra , au moyen de ces trois angles mesurés, calculer la différence de phases et le rapport des diminu- tions d'amplitudes que la réflexion a imprimées aux deux portions du rayon réfléchi , qui vibrent parallèlement et normalement au plan d'incidence. " Dans cette manière d'opérer, toutes les particularités caractéristiques du mouvement vibratoire , qu'il s'agit de saisir dans le rayon réfléchi , se manifestent par des phénomènes de couleurs. Si , tout égal d'ailleurs , ces particularités changent avec la direction du plan d'incidence par rapport aux axes du cristal, ces couleurs changeront elles-mêmes, et c'est là une ( 332 ) épreuve nette et décisive à laquelle il est impossible de se tromper et dont les résultats ne peuvent laisser aucun doute. >' Ceci posé, on établit la face de clivage d'un cristal de sulfure d'an- timoine, de manière qu'elle tourne dans son propre plan, et l'on peut ainsi, sans rien changer aux rayons incident et réfléchi, étudier ce rayon réfléchi pour toutes les directions de l'axe du cristal par rapport au plan d'incidence. Au moyen des caractères que l'on vient d'énoncer, on recon- naîtra facilement : , » 1°. Que l'angle correspondant à une différence de phases égale à un quart est de 78°!, ou de 76° |, selon que le plan d'incidence est parallèle ou normal à l'axe du cristal, et que le rapport des diminutions d'amplitudes correspondant à ces angles est respectivement de 0,1 5 et de 0,16; » 2". Que sous l'angle d'incidence de 20 ou 21 degrés, le rapport des di- minutions d'amplitudes est égal à l'unité quand le plan d'incidence est paral- lèle à l'axe; » 3°. Que sous l'incidence normale, les azimuts de polarisation des rayons incident et réfléchi se séparent, et que le rapport des diminutions d'am- plitudes qu'éprouvent, dans l'acte de la réflexion, les vibrations parallèles et normales à l'axe , est de i ,062 ; )' 4°- Que toutes les fois que le plan d'incidence n'est pas parallèle ou normal à l'axe du cristal , un rayon incident polarisé parallèlement et nor- malement à ce plan d'incidence cesse, après s'être réfléchi, d'être polarisé parallèlement ou normalement, que cette déviation très-sensible est accom- pagnée de décomposition de couleurs, et que, très-probablement, le rayon réfléchi prend une polarisation elliptique; » 5°. Qu'enfin, le rapport des diminutions d'amplitudes et la différence de phases que la réflexion, sous une incidence déterminée, imprime aux vibra- tions parallèles et normales au plan d'incidence, varient avec la direction du plan d'incidence par rapport à l'axe du cristal, et que cette variation atteint son maximum quand le plan d'incidence passe de la direction parallèle à l'axe à la direction perpendiculaire. )i Les analogies qui se trouvent ainsi établies entre les cristaux biréfrin- gents, opaques et transparents, sont plus intimes encore, quand, au lieu d'opérer sur des corps d'une réfringence moyenne, comme le spath calcaire, on soumet à l'observation des cristaux fortement réfringents, comme le protochlorure de mercure. La lumière réfléchie se trouve aussi, dans ce cas, polarisée elliptiquement, et les phénomènes ne diffèrent de ceux que produisent les cristaux à reflet métallique que parce qu'ils sont infiniment ( 333 ) . moins prononcés. Us prêtent, par conséquent, difficilement aux mesures, mais sont toujours reconnaissables aux mêmes caractères, » On trouvera , dans un Mémoire étendu que j'aurai l'honneur de sou- mettre très-prochainement à l'Académie, l'application des mèmrs méthodes d'expérience à diverses matières transparentes et opaques, non cristallisées et cristallisées, ainsi que des séries d'observations qui embrassent, dans toute leur étendue, les phénomènes produits par le sulfure d'antimoine et par les plus remarquables d'entre ces matières. ». MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note accompagnant la présentation d'un nouvel orgue expressif construit par M . Steii\. (Commissaires, MM. Seguier, Despretz, Mauvais.) « Employé pendant plusieurs années dans les principales fabriques de grandes orgues de Paris, j'ai eu occasion, dans Je cours des voyages que j'ai faits pour ces différentes maisons, de me convaincre de l'impossibilité où se trouvent un grand nombre de petites localités, de se procurer des orgues à cause du prix trop élevé de ces instruments. J'ai chert hé dès lors à faire subir, à l'orgue expr{?ssif, quelques modifications qui le rendissent propre à pouvoir suppléer les grandes orgues. » Quoique moins familier avec la théorie qu'avec la pratique de mon art , je crois avoir atteint ce but. Ainsi j'ai beaucoup amélioré la puissance, la suavité et la promptitude des sons, en substituant aux simples planchers auxquels on adaptait les anches, une case sonore que j'ai graduée, variée, selon la position de chaque note dans l'échelle musicale. Cette case a pour but de remplacer les tuyaux tels qu'on les applique dans les grandes orgues. » J'ai tout à fait changé le système mécanique, je l'ai réduit à un état de très-grande simplicité: tout est en bois, et mon mécanisme, peu coûteux, n'exige aucun entretien; de sorte que je puis établir l'instrument à un prix si modéré, qu'aucune église de village, aucune communauté n'en sera privée. Toutes les pièces dont l'instrument se compose, peuvent, grâce à la dis- position que j'ai donnée aux divers compartiments, être mises à nu, et leur état peut être constaté sans le secours d'un facteur, ce qui est d'un grand avantage pour le propriétaire, et est surtout précieux pour l'exportation. » L'Académie me pardonnera de ne pas entrer dans de plus longs déve- loppements : les résultats auxquels je suis arrivé sont le fruit d un long tra- vail, de beaucoup de recherches pratiques et de nombreux tâtonnements. C'est donc sur ces résultats plus que sur les principes qui m'ont guidé, que j'ose appeler son jugement. » C. K. , 1847, I" Sem«i9.) 44 ( 3'34 ) L'Académie accepte le dépôt d'un paquet cacheté présenté par MM. de LA Provostaye et Desains; de deux paquets cachetés présentés par M. Do- CROs, et d'un présenté par M. Maissiat. La lecture de la Correspondance, vu l'heure avancée, est renvoyée à la prochaine séance. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret; la séance est levée à 5 heures un quart. F. ttULLETIiO BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du i5 février 1847, '^* ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences, 1" semestre 1847, n^ô; in-4*'. Bulletin de l' Académie royale de Médecine; tome XII , n° 8; in-8°. Prolégomènes des Tables astronomiques d' Oloiig-Beg , publiés avec Notes et Variantes, précédés d'une Introduction; par M. SÉDILLOT. Paris, 1847; in-8''. Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 60" et 61® livraisons; in-S". Expériences relatives aux effets de l'Inhalation de l'éther sur le sjstème ner- veux des animaux; par M. IjONGET; in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Roux.) annales de la Société rojale d'Horticulture de Paris; janvier 1847 ; in-8°. Précis analytique des Travaux de la Société des Sciences , Lettres et Arts de Nancy, pendant le cours des années 1808 et 180g. Nancy, 1809; in-8". Réflexions sur différents caractères que présentent certaines forces dans leur emploi en mécanique, et sur la manière de calculer tes effets quelles produisent ; par M. DuPRÉ. Rennes, 1846; in-8''. Calendrier universitaire pour l'année 1847; iiï"'^. Annuaire de la Mortalité genevoise, publié sur l'invitation du Conseil de Santé; par M. Marc d'Espine; 3* publication , années i844 et i845. Genève, 1847 ' in-8°. Notice sur quelques Sauriens fossiles du gouvernement de Moscou ; par M. Fischer de Waldeim. Moscou ; in-4°- Bryologia europœa, seu gênera muscorum europœorum Monographice illus- ( 335 ) trata; auctoribus Bruch, W.-P. Schimper et Th. Gumbel; fasciculi 3a usque ad 4o ; in-4°- Raccolta. . . Recueil scientifique de Physique et de Mathématique ; 3* année, février. Rome, 1847; in-S". Gazette médicale de Paris; 1 7* année ; n° 7 ; in-4°. , - , Gazette des Hôpitaux; n°' 16 k \8; in-{o\io, - . L'Union agricole; n° iSg. A. L'Académie a reçu, dans la séance du 22 février 1847, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences , i" semestre 1847, ^° 7 > i°-4°- Institut royal de France. — Académie royale des Sciences. — Funérailles de M. Dutrochet. — Discours de MM. BoassiNGAULT, Payen et Rayer. Traité pratique et historique de ta Lithotritie; par M. Civiale. Paris, 1847; in-8o. Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et PoiRRÉ; n" 1 1 , janvier 1847; in-8''; et Table de 1 846; in-8°. Guide du Sondeur, ou Traité théorique des Sondages; par M. DegousÉE; I vol. in-8'', avec adas in-S". Paris, 1847. Rapport sur le Progrès des Découvertes et des Etudes géographiques, et sur les Travaux de la Société de Géographie pendant l'année 1846; par M. Vivien de Saint-Martin; in- 8°. . , Rapport fait à l'Académie rojale du Gard, sur le Congrès scientifique dé Gènes ; brochure in- 8". Bulletin publié par la Société industrielle et agricole de l'arrondissement de Saint- Etienne ; 3^ série , tome I", 2* livraison de i845 ; in-8°. Statistique du déparlement du Var; par M. NOYON. Draguignan, 1846; in-S". Nouveau Procédé de Dosage de l'or par la voie humide, et Essais qui s'j rat- tachent; par M. O. Henry, de l'Académie de Médecine; brochure in-8°. Bulletins de la Société libre d'Émulation de Rouen, pendant l'année i845- 1846; in-8°. Association des Médecins de Paris. — Assemblée générale annuelle, tenue le dimanche 3i janvier 1847, sous la présidence de M. Orfila; Compte rendu de M. Perdrix, secrétaire général; i feuille in-8". Revue botanique , recueil mensuel ; par M. DuCHARTRE ; 2® année, février 1847; in-S". ' . ■ . ( 336 )" Journal des Usines et des Brevets d'invention; janvier 1847» in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; février 1847; in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; février 1847; n-8". Revue médico-chirurgicale de Paris [Journal de Médecine et Journal de Chi- rurgie réunis), sous la direction de M. MalGAIGNE; j'* année, février 1847; 10-8°. Journal de Médecine, Chirurgie, Pharmacie et Médecine vétérinaire de la Côte-d'Or, publié par la Société médicale de Dijon; i" année, n" 1 1 ; janvier i847;in-8°. L'Abeille médicale; février 1847 ' iQ"8''- An account. . . Exposé des observations magnétiques faites à l'Observatoire de l'Université Harvard de Cambridge , Mémoire de M. J. LOVERING. (Extrait (\e% Mémoires de i Académie américaine.) Cambridge; in-4°. Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° 588; in-4". Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université et de l'Académie lojale de Gol- tingue; n° 1 ; février 1847 ' in-8°- Délie artigliere. . . Des Pièces d'artillerie depuis le Xl\^ jusqu'au XVli' siècle; Lettre de M. I^. ClBRARlO. Turin, 1847; in- '2. Gazette médicale de Paris; n° 8. Gazette des Hôpitaux; n"' 19 à 21. L'Union agricole; n° 1^0. A. (Séance du 22 février 1847) Page 3o6, ligne 6, au lieu de io''o'"5o' et 62"2i'49", lisez io''6'"5o' et 62"3i'49"- COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. »»aa« SÉANCE DU LUNDI 8 MARS 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. —M. Le Verrier présente, de la part de M. E. Cooper, directeur de l'observatoire deMarkree (Irlande), les éléments de la dernière comète, calculés par M. Graham, sur les observations suivantes : celle de M. HiND, de Londres, du 6 février; et deux autres faites par M. Graham , à l'observatoire de Markree, savoir : TEMPS MOYEN de Greeuwich. ASCENSION DROITE. DÉCLINAISON. Février 1847. • • • io'',495oi i5, 45391 2l''42"'37»,2 22. 16.26,9 69° l'5l" 65 . 36 . 42 \ ' , . ■ - ■ Éléments. - . Passage au périhélie 1847 > mars 3o,3483 , t. m. de Greenwîch. Nœud ascendant 22°38'i6" ) Équinoxe appar. Longitude du périhélie 2'j6 . 5o . 32 \ du i o février 1 847 • Inclinaison 4^ • 44 • ^ Log. de la distance périhélie 8, 60620 Sens du mouvement Direct. C. R., 1847, I" Semestre. (T. XXIV, N» 10.) 4^ ( 338 ) Nota. Les éléments calculés par M. Graham paraissent établir, avec cer- titude, que la distance périhélie de cette comète est très-petite. M. Le Verrier communique ensuite, à l'Académie, des observations de la dernière planète, qu'il a reçues de MM. O. Struve, de Pulkova ; LiTTROW, de Vienne, et Wïtllerstorf , de Venise. Extrait de la Lettre de M. O. Struve. « Je vous transmets les observations de votre planète, obtenues à l'oi)- servatoire de Pulkova. A cause de l'obscurité du ciel, presque continuelle pendant tout l'hiver, le nombre des observations n'est que très-petit; mais en revanche j'espère que vous les trouverez fort exactes. I. Observations faites à l'aide des instruments méridiens, par MM. Peters , Fuss et Sabler. Dates . 6 octobre 1846. 10. . '. 12 26 4 novembre. 5.......... 8... i6 7 décembre. . 21 Temps sidéral. Ascension droite. 2l''52'"2I^ 2l'"52'"20',97 52 7 52. 6,85 52. 0 52. o,3o 5i. 28 5i. 27,78 5i . 20 5i . 19,73 5i . 20 5i . 19,53 5i. 20 5i.26 5i. 25,52 52. 21 Sa. 20,89 53.28 ■a...... Déclinaison. -13° 29' 5", 95 30.19,12 30.53,24 33.37 >^' 34. 15,71 34.17,38 34. «5,75 33,43,66 28.39,95 22.43,67 II. Observations faites à la grande lunette parallactique, par M. O. Struve. Di£férenccs des deiis séries. Dates. Temps sidéral . Ascension droite. Déclinaison. 2l''52"'20%g8 — 52. 6,77 52. 0,28 5i. 19,70 5i.î9,47 51.19,37 52. i3,3o 52 . 2 I , 08 53. 28,23 Asc. dr. c — 3.11,22 Décl. 6oct. 1846. 2i''34™49' 10 22.44- 1 12 23. 12. 3o 4 novembre . 22 . 29 . 44 5 22.26. 58 8 21.47.54 5 décembre. . 23.6.6 7 22.45. 39 21 23.5i . 27 8 janv. 1847. o. 18. 35 en asc. dr. -13° 29' 5',5o — 0%o4 30.19,67 +o,o4 3o.52,5i -1-0, o3 34. 17,00 — o,o3 34.17,17 — 0,06 en décI. -|-o",2 -ho, I -f-i , O — ,3 -f-o, 2 28.39,76 -f-o,o4 — 0,6 22.40,71 H-0,4 - 2.48,72 » La position de l'étoile c, avec laquelle la planète a été comparée le 8 janvier, n'est pas encore déterminée. ( 339) III . Moyennes des deux séries, eu égard aux poids relatifs des différentes observations. Dates. Temps sidéral. Ascension droite. Foida. Déclinaison. Poids. 6octobrei846 2i''44"i2' 2i'"52"2o',g8 2 — 13''29' 5",8 7 10 22.16. i3 52. 6, Si 4 3o.ig,4 7 12 22. 1.3 1 Sa. 0,29 4 3o.52,g 7 26 21.51.28 51.27,78 2 33.37,6 I 4 novembre. ...... . 22. 9. lo 51.19,71 4 34.j6,3 7 5.. 22. 7.52 5i.ig,5o 4 34.17,3 7 8 21.49-37 5i. 19,37 2 34.15,8 3 i6 , 21.51.26 5i. 25,52 1 33.43,7 I 5 décembre 23. 6. 6 52. i3,3o i 7 22.19. ^ 52.20,98 2 28.39,9 ^ 21 23.21.58 53.28.11 I 22.41,5 6 » Dans ces positions, la correction pour la parallaxe n'est pas encore appliquée. Extrait de la Lettre de M. de Littrow. ,; I. Observations faites dans le méridien. TEHPS HOTEN de Vienne. 5 octobre 1846 7 9 10 II , >4-- 16 25 29 I novembre... 5 II i3 14 18........... 19........... 8.56. 1,9 8.48. 2,7 8.40. 3,6 8.36. 4,2 8.32. 5,2 8.20. 6,8 8.12. 8,5 7.36.28,5 7.20.39,2 7. 8.48,1 6.53. 2,7 6.29.27,7 6.21 .37 .1 6. 17.42.2 6. 2. 4,4 5.58. 8,6 ASCENSION DROITE. 21 .52.24,44 52 . 1 7 , 06 52. 9,93 52., 6,40 52. 3,20 5i .54,06 51.48,57 51.29,40 51.24,19 5i .21 ,34 5i .20,01 5i .20,96 5i .22,36 5i,23,4' 51.28,36 5i .29,85 OECLIHXISON. 3.28.49,7 3.29.28,5 3.3o. 2,3 3.30.24,3 3.3o.36,7 3.3i .23,6 3.3i .53,2 3.33.53,8 3.34. 9,1 3.34.18,3 3.34. 6,8 3.33.59,0 3.33.55,6 3.33.36,5 3.33.16,1 ODSERVATEIRS. Schaub. Jelinek. Hornsiein . Jelinek. Jelinek. Hornstein . Hornstein . Littrow. Littrow. Jelinek . Jelinek . Littrow. Littrow. Jelinek . Hornstein Jelinek . 45.. ( 34o ) II. Observations faites à la lunette parallactique. DATES. TEMPS MOYEN de Vienne. ASCENSION DROITE. DÉCLINAISON. OBSEBYATEURS. 21 décembre i846. 27 II janvier 1847- • h m 5 5.2o.5o,8 6.39. 3,9 6. 6. 3,3 m s Étoile A-|-3.20,oi 21-54. 3,95 Étoile B — 1. 10,29 Étoile A 4- 54", 8 — 13'' 19' 17,9 Étoile B— 17.52,8 Hornstein. Schaub. Schaub . Positions approximatives des étoiles A et B. A. ...... . 2ii'5o"' 4' B 21.56.53 — 13° 25' — 13.54 >i Le 27 décembre, la planète a été comparée avec l'étoile n° 879, XXI" de Piazzi, qui se trouve aussi dans VHistoire céleste, p. 180. On a pris la moyenne entre les deux positions. « PHYSIOLOGIE. — Note touchant l'action de l'éther sur les centres nerveux ; par M. Flourens. « I. On a vu, par mes dernières expériences (i), que l'action de l'éther sur les centres nerveux suit une marche donnée. L'éther agit, d'abord, sur le cerveau proprement dit ( lobes ou hémisphères cérébraux ) , et trouble (a) l'intelligence; il agit, en second lieu, sur \e cervelet, et trouble (3) l'équilibre (1) Comptes rendus, séance du 22 février, page 253. (2) Je dis trouble à dessein. En effet, on ne peut douter, du moins en général, que Vintelligence et la coordination des mouvements ne soient les premières fonctions troublées. Il y a des chiens qui résistent à l'éther, sur lesquels l'éther ne va pas jusqu'à produire Vinsensibilité et Y immotricité de la moelle épinière; mais l'éther étourdit ces chiens (voilà pour Vintelligence), mais il les rend ivres (voilà pour la coordination des mouvements). Il y a des éthers (l'éther oxalique , l'éther acétique) avec lesquels je n'ai pu parvenir à éteindre la sensibilité et la mo- tricité Ae la moelle épinière ; mais \e& chiens , soumis à ces éthers, ont toujours été étourdis , ils sont toujours devenus ivres. V intelligence est donc la première fonction troublée , du moins en général : elle est troublée , mais est-elle éteinte ? Des expériences faites sur les animaux sont peu propres à lever cette difficulté ; les observations recueillies sur l'homme prouvent qu'un reste d'intelligence subsiste jusque dans l'état le plus complet d'éthérisation. (3) Je dis encore trouble à dessein. On ne peut juger de l'état du cerveau et du cervelet. (34. ) des mouvements; il agit, ensuite, sur la moelle épinière, où il éteint, suc- cessivement, le principe du sentiment et le principe du mouvement; il agit, enfin, sur la moelle allongée, et, quand il en est venu là, il éteint la vie. » 11. Dans mes nouvelles expériences, j'ai poussé l'action de l'éther sur les centres nerveux jusqu'à l'extinction de la vie. » Piemière expérience : sur un chien. — L'animal est soumis à l'action de l'étber. . . » Au bout de six ou sept minutes (i), Ve'the'risatwn est complète. » Au bout de trente minutes, la mort paraissant imminente, on meta nu la moelle allongée. " On la touche, et il y a un léger mouvement de l'animal. » On la touche de nouveau, et l'animal ne bouge plus; il est déjà mort. » Deuxième expérience : sur un chien. — Au bout de cinq ou six minutes, \ éihérisation paraît. » On met à nu la région dorsale de la moelle épinière. On pince , on coupe comme on juge de l'état de la moelle épinière et de la moelle allongée , directement , par uiu' lésion mécanique. Le cerveau et le cervelet sont naturellement impassibles [voyez mes Re- cherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux; seconde édition , p. i8et2o). On ne peut juger de leur eVa^ que par leurs yô«rt(o«.ç. Au reste, par rapport au grand objet qui m'occupe ici , Vétat du cerveau et du cervelet n'est qu'une question secondaire. On peut enlever le cerveau , l'animal perd l'intelligence , mais il sun'it; on peut enlever le cer- velet, l'animal perd l'équilibre de ses mouvements, mais il survit (voyez mes Recherches expérimentales sur les propriétés et les/onctions du système nerveux ; seconde édition , p. 3i et 37). Le grand objet qui m'occupe ici est la détermination de la survie singulière de l'action de la moelle allongée à l'action de la moelle épinière. La découverte de cette admirable survie est ma découverte nouvelle. (i) L'appareil qui me donne, aujourd'hui, des résultats si prompts est l'appareil ordinaire (un vase à deux tubulures s'ouvrant et se fermant à volonté, dont l'une permet l'entrée et la sortie de l'air qui doit se mélanger aux vapeurs, et dont l'autre est munie d'un tube flexible garni de caoutchouc, et portant deux soupapes s'ouvrant en sens inverse, dites soupapes d'inspiration et d'expiration) : seulement , au bout libre de ce tube , au lieu de l'embouchure métallique dont se servent les chirurgiens, 011 a adapté une bouteille de caoutchouc. Cette bouteille reçoit le tube éthérifère par son fond, et le museau de l'animal par son col. Un res- sort d'acier, représentant assez bien la forme d'un étrier, et dont la branche transversale est percée d'un trou pour le passage du tube éthérifère, embrasse le museau de l'animal par ses deux branches latérales qui , s'appuyant sur les côtés de la bouche, sur les joues, viennent gagner la partie postérieure de la tète, où elles sont réunies par une courroie que l'on serre à vo- lonté. Une autre courroie , passant sous la mâchoire inférieure , complète les moyens de fixité. Cette modification de l'appareil ordinaire est due à mes aides-naturalistes au Muséum, MM. Aug. Duméril, Philipeaux et Alf. Vulpian. ( 340 une racine postérieure, point de sensibilité ; on pince , on coupe une racine antérieure, point de motricité. " Et il en est des deux régions de la moelle épinière, comme de ses deux ordres de racines. La région postérieure est devenue insensible; la région antérieure n'est plus motrice. " h'éthérisation est prolongée pendant près d'une heure. » L'animal paraissant alors sur le point de succomber, on met à nu la moelle allongée. « On la touche, et il y a une légère secousse de l'animal; on la touche encore, et légère secousse encore : au moment où la moelle allongée cesse de réagir, l'animal meurt. » Troisième expérience : sur un chien. — Même reproduction , même .succession de faits; même survie de la moelle allongée à la moelle épinière; même mort soudaine de l'animal au moment où l'action de la moelle allongée cesse. » IlL L'éther agit donc successivement, comme je viens de le dire, sur le cerveau (globes ou hémisphères cérébraux) , sur le cervelet, sur la moelle épinière, sur les deux régions, sur les deux ordres de racines de celte moelle, sur la moelle allongée; et, en agissant ainsi, il trouble, il éteint, successive- ment, l'intelligence , l'équilibre des mouvements, la sensibilité, la motricité, la vie. » IV. On se rappelle que Véther chlorhydrique m'a donné les mêmes résultats que Véiher sulfurique (i). Véther chlorhjrdrique m'a conduit à essayer le corps nouveau , connu sons le nom de chloroforme. » Au bout de quelques minutes, et de très-peu de minutes (de six dans une première expérience, de quatre dans une seconde et dans une troisième) , l'animal , soumis à l'inhalation du chlorojorme, a été tout à fait éthérisé. » On a mis, alors, la moelle épinière à nu : la région postérieure, les racines postérieures étaient insensibles; sur cinq racines antérieures, suc- cessivement éprouvées, deux seules conservaient encore leur motricité; les trois autres l'avaient perdue. » V. Il est impossible de voir un seul fait diéthérisation, sans être frappé de la ressemblance de ce nouveau phénomène avec le phénomène de Yasphjx'ie. Presque tous les observateurs ont remarqué cette ressemblance , et même quelques-uns en ont déjà fait l'objet d'études suivies. » J'ai soumis deux chiens au genre à' asphyxie le plus simple, c'est-à- (i) Co/72/Jie^ re/jrfw*, séance du 22 février, page 257. ■ : ' ' ( 343 ) dire à Ja consommation graduelle de l'oxygène contenu dans un volume d'air atmosphérique donné. >' Il faut un petit appareil, que je décris en note (i), pour produire, dans ce cas-ci, ïasphjrxie, pour la conduire, pour la régler en quelque sorte. » En la réglant ainsi , en la commençant, en la continuant, en la suspen- dant , selon que l'expérience l'exige , l'animal arrive à un état à'asphjxie fort semblable à l'état à'éthérisation. » Sur les deux chiens dont je parle, Vasphjxie étant parvenue au point nécessaire, on a mis la moelle e'pinière à nu, et l'animal n'a rien senti; on a piqué, pincé, coupé les parties sensoriales de cette moelle, et l'animal n'a rien senti encore; on a piqué, on a pincé les parties motrices, et il n'y a eu que quelques faibles contractions musculaires (2). >• VI. II y a donc un rapport réel , une analogie marquée entre Véthé- risation et ïasphyxie. Mais, dans Yaspkjxie ordinaire, le système nerveux perd ses forces sous l'action du sang noir, du sang privé doxj^gène; et, dans ïéthérisation , le système nerveux perd, d'abord, ses forces sous l'action directe de l'agent singulier qui la détermine. » VII. C'est là qu'est la différence. Car, du reste, dans Ye'the'risation et dans ïasphjrxie, même perte du sentiment et du mouvement volontaire, et même persistance, du moins pour un temps, des mouvements respiratoires ; en un seul mot, même survie de la moelle allongée à la moelle épinière (3). \jéthérisation sera venue nous donner le mécanisme profond de Yasphjxie, j'entends la mort successive des centres nerveux dans Vasphjxie. » VIII. Et, pour dire ici toute ma pensée, cette marche successive de la mort, dans les centres nerveux, est le vrai point, le grand point des nou- velles expériences. (i) Cet appareil consiste en un flacon à deux tubulures, dont l'une reçoit un tube muni d'un robinet, permettant ou empêchant l'entrée de l'air extérieur dans le flacon, suivant qu'on le tient ouvert ou fermé , et dont l'autre pénètre dans une vessie qui y est so- lidement fixée. Une ouverture, pratiquée à l'extrémité opposée de la vessie, reçoit la tête de l'animal. On serre alors la vessie autour du museau , de manière que l'animal ne peut inspirer d'autre air que celui du flacon , et que tout celui qu'il expire , revient dans l'appareil. (2) De ces deux chiens, l'un a succombé pendant l'expérience ; l'autre à été rendu à l'air atmosphérique, et a survécu. (3) Pour nouveau trait d'analogie, les viscères de l'animal mort par éthérisaiion et ceux de l'animal mort par asphyxie sont dans un état à peu près le même : dans l'un et dans l'autre, les poumons sont un peu décolorés, pâles; le foie et les reins, au contraire, sont gorgés d'un sang noirâtre , et qui s'écoule avec abondance , dès qu'on les incise ; le cœur est dilaté et flasque ; le sang des deux ventricules est également noir, etc. ( 344 ) >' IX. Je disais, en 1822, dans les Mémoires que je soumettais alors à I Académie; « Les diverses parties du système nerveux ont toutes des pro- " priétés distinctes, des fonctions spéciales, des rôles déterminés; nulle " n'empiète sur rautre(i). » >> Je disais encore: « Tout montre une indépendance essentielle entre les " Jiacultés intellectuelles et les, facultés motrices; entre la coordination des » mouvements et Vexcitation des contractions musculaires. L'organe par >' lequel l'animal perçoit et veut n'est pas celui qui coordonne ses mou- » vements ; l'organe qui coordonne ses mouvements n'est pas celui qui excite II les contractions musculaires, etc., etc. (2). » )i X. Eh bien, Véthérisation isole, comme les expériences mécaniques, l'intelligence, la coordination des mouvements , la sensibilité, la motricité, la vie. « XL Cet isolement de la vie, du point, du nœud vital du système nerveux , est même ce que les nouvelles expériences ont de plus frappant. » Dans l'animal éthérisé, un point survit seul; et, tant qu'il survit, toutes les autres parties vivent au moins d'une vie latente et peuvent reprendre leur vie entière : ce point mort, tout meurt. >' Entre toutes les forces nerveuses, Véthérisation isole et dégage donc la force première, la force simple et une, la force vitale du système nerveux. » ha force vitale du système nerveux est la force même, la force propre de la vie. » Après cette communication de M. Flourens, M. Roux prend la parole : " Tout en reconnaissant le mérite et la valeur des nouvelles expériences dont M. Flourens vient de faire connaître les résultats à l'Académie , je ne puis admettre dans toute leur rigueur les conséquences qu'il en a déduites , et je prie M. Flourens de vouloir bien me permettre de lui communiquer les doutes qui se sont élevés dans mon esprit, relativement à deux points surtout. » Il y a toujours, dit notre honorable confrère, influence successive, et non pas influence simultanée de l'éther sur les différents centres nerveux, sur le cerveau d'abord, puis sur le cervelet, puis sur la moelle épinière, le bulbe rachidien étant affecté le dernier; le trouble des fonctions départies ■ (i) Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux (seconde édition) , p. i5. (a) Ibid., p, i3. ' ' ( 345 ) au cerveau, notamment de l'intelligence, doit précéder les autres phéno- mènes de Téthérisation. Peut-être les expériences sur les animaux, particu- lièrement celles qui ont pour but de constater l'insensibilité propre des dif- férentes parties de l'axe cérébrospinal, conduisent-elles à émettre cette opinion; mais les observations faites sur l'homme, observations qui depuis deux mois ont déjà été recueillies en si grand nombre , semblent la démentir, ou du moins conduisent à penser que les choses ne se passent pas tout à fait semblablement chez l'homme et chez les animaux. Dans nos opérations, il y a quelquefois manifestation simultanée de tous les phénomènes de l'éthérisatton : plus souvent encore , le sentiment du moi, la conscience de toutes choses, l'aptitude à saisir des questions, à y répondre par des gestes volontaires, se maintiennent jusqu'au moment où l'insensibilité se déclare. " En second lieu, M. Flourens voit, dans l'état d'éthérisation de l'homme ou des animaux, une sorte d'asphyxie. Je ne puis pas non plus partager son sentiment à cet égard, et je ne voudrais pas qu'une telle assimilation parvînt à la connaissance des personnes du monde. Comme , dans son acception générale, ou plutôt dans son acception reçue, le mot asphyxie implique l'idée d'une mort ou réelle, ou imminente et plus ou moins prochaine, par défaut d'oxygénation du sang , il se pourrait qu'on vît renaître contre l'éthérisation des appréhensions que nous avons eu quelque peine à dissiper. Non; l'éthé- risation, qui a un caractère à elle, se rapproche bien plus de l'ivresse que de l'asphyxie. Le changement de couleur du sang artériel, dont il a été parlé, n'est pas chose parfaitement établie, ni surtout constante : loin de là; dans les opérations chirurgicales, et dans les cas où l'insensibilité des ma- lades est portée au plus haut degré, il arrive presque toujours qu'on peut très-bien distinguer, par la couleur vermeille de l'un, et par la teinte brune plus ou moins foncée de l'autre, les deux sangs artériel et veineux s'écoulant de leurs vaisseaux respectifs quand des artères et des veines ont été divisées simultanément. Et combien la physionomie de l'individu éthérisé se distingue, par l'animation delà peau, par la teinte vermeille des lèvres, de celle d'un individu frappé d'asphyxie ! » Si l'Académie veut bien me le permettre , je garderai encore quelques instants la parole que j'ai prise à l'occasion de la Note communiquée par M. Flourens, pour donner connaissance d'un fait particulier qui, dans les circonstances présentes, doit recevoir de moi-même la publicité qu'il com- porte. En effet, si j'ai montré de l'empressement et du zèle à combattre l'opposition qui s'est imprudemment, je crois, manifestée contre l'emploi des inhalations d'éther, comme moyen de rendre l'homme, pour quelques in- G. R. , 1847 , I" Semestre. (T. XXIV , N^ 10.) 4^ ( 346 ) stants, inaccessible à la douleur; si je me suis plu à faire connaître les beaux et importants résultats que j'ai obtenus, et qui se multiplient chaque jour, on pourra aussi compter sur ma franchise quand j'aurai été témoin de quelque fâcheux événement. J'en ai eu un à déplorer samedi de l'avant-deruière se- maine, il y a maintenant dix jours. J'avais eu recours à l'éthérisation , non pas comme moyen de prévenir la douleur, et dans un cas d'opération à pra- tiquer, mais dans le but d'enrayer les progrès d'un tétanos très-avancé, et très-considérable. On se rappelle que tout d'abord , dès qu'il s'est agi de l'inhalation des vapeurs éthérées , dès qu'on a eu constaté leur action spé- ciale sur la sensibiUté, on s'est demandé si elles ne pourraient pas servir à combattre, ou le spasme passager des muscles, tel que celui qui a lieu quel- quefois dans les fractures, dans les luxations, ou un état convulsif permanent, comme celui qui constitue le tétanos, et particulièrement le tétanos trauma- tique. Cette complication si grave des plaies est heureusement très-rare. Il y a dix jours donc, je trouvai dans mon service, à l'Hôtel-Dieu , un homme de cinquante-cinq ans environ, affecté d'un tétanos parvenu à son dernieM- période, qui s'était déclaré chez lui quinze jours après une blessure grave que cet homme s'était faite lui-même, ou qui lui avait été faite aux parties de la génération. Il y avait eu ablation du testicule droit. La cinquième journée commençait depuis l'invasion du tétanos. Le trisme était porté au plus haut degré; la roideur des muscles du cou en arrière et du dos n'était pas moins considérable ; de même celle des parois de l'abdomen ; les mouvements né- cessaires à la déglutition étaient abolis ; la respiration était déjà fort embar- rassée; et, bien que le pouls conservât encore du développement et de la régularité, on pouvait avoir la presque certitude que le malade, que je voyais un matin, succomberait dans le cours de la journée, ou au plus tard la nuit suivante. Fia mort était à peu près inévitable, si j'usais seulement de quelqu'une des médications connues et les plus préconisées contre les affec- tions tétaniques. Dans un cas aussi désespéré, je me décidai à tenter l'éthé- risation ; elle fut facile. Le malade tomba assez promptement dans une som- nolence, qui dura quelques minutes seulement. Je hâtai même l'instant du réveil , qui eut lieu sans agitation , par des aspersions d'eau à la figure. Le malade ayant recouvré connaissance, nous crûmes remarquer une certaine liberté dans les mouvements de la tète, une tension moindre dans les muscles du cou: mais presque immédiatement, ou du moins après peu d'instants, la respiration devint courte et précipitée , le pouls s'affaissa, et une demi-heure s'était à peine écoulée, que le malade avait cessé d'être. Sa mort, je le disais à l'instant, était à peu près inévitable; mais très-certaine- r ( 347 ) ment elle a été hâtée de plusieurs heures , peut-être même d'un temps plus long, par l'emploi, que je ne me reproche nullement d'ailleurs, des vapeurs éthérées. » M. Despretz fait observer que l'air respiré par les malades soumis à l'action de l'éther renferme seulement la moitié de l'oxygène contenu dans l'air ordinaire; car, à la température de 20 degrés, qui paraît être la tem- pérature choisie par la chirurgie, la force élastique de la vapeur d'éther est environ égale à la moitié de la pression moyenne de l'atmosphère (l'éther étant supposé pur). Si l'on doublait préalablement la quantité d'oxygène, en ajoutant à l'air une quantité d'oxygène égale au cinquième de son volume, l'air respiré avec l'éther serait aussi riche en oxygène que l'air ordinaire , et peut-être les chances d'asphyxie seraient diminuées. , , ; , -: ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur quelques propriétés des facteurs complexes; par M. Augustin Caochy. " Dans le Mémoire que renferme le dernier numéro des Comptes rendus, M. Lamé a établi diverses propriétés de certains facteurs complexes. Ces facteurs , dont je me suis occupé moi-même à diverses époques , ne sont , comme l'on sait , autre chose que des fonctions entières de l'une quelconque r des racines imaginaires de l'équation binôme l'exposant n et les coefficients des diverses puissances de r dans chaque fonction étant des nombres entiers. Un facteur complexe m, qui, multiplié par un autre f, donne pour produit un nombre entier N, ou même un nou- veau facteur complexe w, est appelé diviseur de N ou de w. Il résulte, en particulier, des principes exposés par M. Lamé, que si, n étant un nombre premier et A, B deux quantités entières, on nomme Mo, m;, m,,..., m„ les n facteurs connus de h" + B", représentés par des fonctions linéaires de A et de B, savoir, A-4-B, Ar+B, Ar^ + B, Ar«-* + B, ces facteurs seront tous divisibles par tout diviseur complexe qui diviserait deux d'entre eux. 46.. ( 348 ) » Si l'on se propose , avec M. Lamé , d'appliquer ce principe à la démonstra- tion du dernier théorème de Fermât, on pourra se borner à considérer le cas où A et B étant premiers entre eux, le rapport est premier à A+ B; et, dans ce cas , pour démontrer la proposition établie par M. Lamé , il suffira de faire voir que h, k étant deux quelconques des nombres entiers 1,2, 3, . . • n — I, tout facteur commun de M/,, M;^ divisera nécessairement Mq. Or cette dernière proposition peut être démontrée très-aisément de la manière suivante : n Pour vérifier l'équation il suffit de poser 0 1 par conséquent , M7'* + <'r*=i, « + ('=1; _*-*' ou , ce qui revient au même , -k-^nx (2) • «=''~V=:HRr' *' = ' X étant un nombre entier quelconque. Or, en choisissant ce nombre entier, de manière à rendre h + nx divisible par la valeur numérique de Ar — A , on obtiendra évidemment pour m et p des facteurs complexes. Cela posé , il ré- sultera immédiatement de la formule (1) que tout diviseur complexe de M,, et de Mj divisera Mq. H y a plus : le produit M,M,...IV1„_.=^|' étant, par hypothèse , premier à A -+- B, les facteurs M^, M^ seront nécessai- rement premiers entre eux, c'est-à-dire qu'ils ne pourront avoir d'autres diviseurs communs que les diviseurs complexes de l'unité. " ■ PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur les mouvements des systèmes de molécules ; par M. Augustin Cauchy. « Dans mes anciens et nouveaux Exercices'] ai donné les équations d'équi- libre et de mouvement d'un système de points matériels sollicités par des r ( 349 ) forces d'attraction et de répulsion mutuelle , ou même de deux semblables systèmes qui se pénètrent mutuellement; et, après avoir spécialement consi- déré le cas où les mouvements sont infiniment petits, j'ai montré ce que de- venaient alors les équations différentielles quand elles acquéraient une forme indépendante de la direction des axes coordonnés. J'ai ainsi obtenu des équations généi-ales et très-remarquables , qui représentent les mouvements isotropes d'un ou de deux systèmes d'atomes ou points matériels. J'ai, de plus, dans un Mémoire présenté à l'Académie le 4 novembre iSSg, étendu à un nombre quelconque de systèmes d'atomes les formules générales que j'avais précédemment établies; et j'ai obtenu, de cette manière, les équations propres à représenter les moùvemenls vibratoires ainsi que les mouvements atomiques des corps cristallisés, dans lesquels je considérais chaque molé- cule comme composée d'atomes de diverses espèces, qui-, soumis eux-mêmes à diverses forces d'attraction ou de répulsion mutuelle , pouvaient s'appro- cher ou s'éloigner les uns des autres en faisant varier la forme de la mo- lécule. Toutefois, quand on se propose d'étudier, d'une part, les mouve- ments généraux de translation et de rotation des molécules, d'autre part, leurs changements de forme, ou, en d'autres termes, les mouvements ato- miques , il peut être utile de transformer les équations que je viens de i-ap- peler, en prenant pour inconnues trois espèces de variables qui sont pro- pres à exprimer ces trois espèces de mouvement. Tel est l'objet que je me suis spécialement proposé dans mes nouvelles recherches. Des neuf incon- nues que mes équations renferment , trois représentent les déplacements du centre de gravité d'vme molécule , mesurés parallèlement aux axes coor- donnés ; trois autres déterminent les directions des plans mobiles et rectan- gulaires auxquels il faudrait rapporter le mouvement pour que la vitesse de rotation moyenne et apparente de la molécule se réduisît constamment à zéro; enfin les trois dernières déterminent les déplacements de chaque atonie mesurés parallèlement aux directions des axes suivant lesquelles se cou- pent ces plans mobiles. D'ailleurs, de ces neuf inconnues, les six premières peuvent être regardées comme fonctions de quatre variables indépendantes qui représentent le temps et les coordonnées du centre de gravité d'une molécule. Les trois dernières inconnues dépendent en outre des trois coor- données qui déterminent la position qu'occupe, dans cette molécule, l'atome que l'on considère. » Les neuf équations du mouvement , propres à déterminer les neuf incon- nues que nous venons de mentionner, sont aux différences mêlées. Ces équa- ( 35o ) tions renferment, avec les dérivées des inconnues prises par rapport au temps, les accroissements qu'acquièrent les inconnues, lorsqu'on passe d'un atome à un autre, ou d'une molécule à une autre; et se partagent en trois groupes correspondants aux trois espèces d'inconnues, de telle sorte que les trois équations appartenant à un même groupe renferment les dé- rivées d'une seule espèce d'inconnues, prises par rapport au temps. » Lés six premières équations qui renferment les dérivées des six pre- mières inconnues à l'aide desquelles s'expriment les mouvements généraux de translation et de rotation des molécules , sont celles que nous appellerons les équations du mouvement moléculaire. Les trois autres, qui renferment les dérivées des inconnues propres à représenter les déplacements des atomes dans les diverses molécules, seront nommées les équations du mou- vement atomique. >' Au reste, il est juste de le reconnaître, on peut déduire directement les six équations du mouvement moléculaire, de celles à l'aide desquelles M. Co- riolis a représenté dans le XV® cahier du Journal de V École Polytechnique, le mouvement d'un corps considéré comme un système de points matériels. Il suffira, pour opérer cette déduction, de substituer à un corps envisagé comme un système de points matériels, une molécule considérée comme un système d'atomes, et de substituer pareillement aux forces qui représen- teraient les actions exercées par d'autres corps, les forces qui expriment les actions exercées par d'autres molécules. " Le cas où les divers atomes sont uniquement sollicités par des forces d'attraction ou de répulsion mutuelle mérite une attention spéciale. Déjà Lagrange avait observé que , dans un système de points matériels qui s'atti- rent ou se repoussent, les composantes de la force totale appliquée à chaque point peuvent être représentées par les trois dérivées partielles d'une seule fonction, relatives aux trois coordonnées de ce point; et M. Ostrogradsky a montré le parti que l'on peut tirer de cette observation, lorsque l'on con- sidère, non plus un nombre fini, mais un nombre indéfini de points maté- riels. Or je trouve que , dans le même cas, les équations du mouvement mo- léculaire peuvent être réduites à une forme très-digne de remarque, et que les seconds membres de ces équations peuvent être exprimés symbolique- ment à l'aide d'une seule fonction qui renferme, avec la distance des centres de gravité de deux molécules, des lettres (symboliques à l'aide desquelles s'indiquent des différentiations effectuées par rapport aux trois variables qui représentent les projections de cette distance sur les axes coordonnés. ( 35i ) » Si les distances qui séparent les molécules les unes des autres sont sup^ posées très-grandes par rapport aux dimensions de chacune d'elles; si d'ail- leurs les actions mutuelles des atomes décroissent très-rapidement, quand la distance augmente; si enfin, chaque atome est en équilibre à l'instant où le mouvement commence; ce mouvement pourra être tel, que chaque mo- lécule conserve une forme sensiblement invariable. Alors, les mouvements atomiques venant à disparaître, on aura seulement à s'occuper des six équations qui exprimeront les mouvements de translation et de rotation de chaque molécule, et qui, comme l'a observé M. Savary, dans la séance du 4 novembre iSSg, pourront être facilement déduites des principes de la mécanique rationnelle. On se trouvera ainsi ramené par exemple aux for- mules que j'ai présentées à l'Académie le 5 décembre 1842, ou bien encore à celles qu'a données M. Laurent dans son beau Mémoire sur les mouve- ments infiniment petits d'un système de sphéroïdes. '> Il importe d'observer que la fonction symbolique renfermée dans les six équations du mouvement d'une molécule est le produit de trois facteurs. De ces trois facteurs, le dernier dépend uniquement de la distance comprise entre le centre de gravité de cette molécule et le centre de gravité d'une autre molécule; il est donc fonction des accroissements que prennent les coordonnées du premier centre de gravité quand on passe de ce pre- mier centre au second. Quant à chacun des deux autres facteurs, il ren- ferme trois lettres caractéristiques qui indiquent la formation de dérivées prises par rapport à ces accroissements , avec les quantités variables qui expriment les différences entre les coordonnées des atomes dont se compose une molécule, et les coordonnées de son centre de gravité. » II peut arriver que l'un de ces deux facteurs, par exemple celui qui correspond à la molécule dont on détermine le mouvement, soit , au pre- mier instant, une fonction isotrope des variables qu'il renferme, c'est-à-dire une fonction dont la valeur soit indépendante des directions assignées aux trois axes coordonnés, supposés rectangulaires. Alors, si toutes les molé- cules sont de même forme, le second facteur, c'est-à-dire le facteur corres- pondant à une autre molécule, sera lui-même, au premier instant, une fonction isotrope des variables qu'il renferme, et les mouvements molécu- laires pourront se réduire à des mouvements de translation des centres de gravité des molécules, les rotations étant réduites à zéro. Par suite aussi , les équations du mouvement seront de la forme de celles qu'on aurait obtenues en réduisant les molécules à des points matériels. Ainsi se trouve généralisé ( 35a ) un théorème que j'avais établi dans le Mémoire du 5 décembre 1842, et que j'ai rappelé dans la séance du 27 mai i844 {voir le Compte rendu de cette dernière séance, page 970). » Dans mes nouvelles recherches, j'ai spécialement considéré le cas où les mouvements de rotation deviennent infiniment petits. Dans ce cas, les trois Inconnues correspondantes au mouvement rotatoire d'une molécule peuvent être réduites aux angles infiniment petits qui représentent les rotations moyennes de la molécule autour des axes coordonnés. " Dans un autre article, je développerai, à l'aide du calcul, les consé- quences des principes que je viens dexposer, et des formules qui s'en déduisent, « ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note au Sujet de la démonstration du théorème de Fermât; par M. liA^É. <( Les observations que M. Liouville a faites au sujet du Mémoire que j'ai présenté dans la dernière séance , observations dont nous nous sommes en- tretenus depuis avec plus de détails , portent principalement sur la brièveté des préliminaires qui accompagnent la démonstration générale que j'ai don- née du théorème de Fermât. La définition et les caractères pi'incipaux des nombres complexes sont sans doute insuffisants, si l'on ne prouve pas que ces nouveaux nombres jouissent des propriétés de divisibilité qui appartien- nent aux nombres entiers, et si l'on ne se met pas à l'abri de l'embarras pro- venant des facteurs qui , comme r ou 2, , se présentent dans la composition du nombre i. Sous ce point de vue, il existe effectivement une lacune dans la communication que j'ai faite, mais je ne tarderai pas à la combler. Les théorèmes qui servent de lemmes à ma démonstration donnent un moyen facile de trouver les sous-facteurs complexes d'une infinité de nombres en- tiers, premiers ou composés, et je pourrai bientôt en présenter une table assez étendue. La comparaison de tous ces nombres confirme pleinement les propriétés que j'ai simplement énoncées , et sur lesquelles je me suis appuyé. Or, entre une vérification aussi complète et la démonstration même de ces propriétés, il ne me paraît pas qu'il puisse se présenter aucun obstacle in- surmontable. » M. Arago, qui était inscrit pour une communication relative à un nouvel instrument d'astronomie, renonce, à raison du grand nombre des pièces de la Correspondance , à prendre la parole dans cette séance. ( 353 ) MÉMOIRES LUS. ANATOMIE PRATIQUE. — Sur un moyen de fermer exactement les vases des- tinés aux collections d'histoire naturelle (^procédé applicable à la conser- vation des substances alimentaires) ; — et sur l'installation convenable pour l'étude des objets d'anatomie exposés et conservés dans les liqueurs i par M. J. Maissiat, agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. (Extrait.) (Commissaires, MM. Dumas, Milne Edwards, Valenciennes.) « Première question. — GXaaher [Furni novi philos., Amst. , 1 66 1, pars quinta, p. 1 3 ), Réauinur surtout {Mémoires de l'Académie des Sciences, 1 746) et Daubenton [Histoire rmturelle, générale et particulière ; Buffon et Dau- benton, Paris, lySo, tome III, page 176), sont les principaux auteurs qui aient fait de sérieuses recherches pour parvenir à fermer exactement les vases à large orifice. C'est là une condition d'existence pour des collections durables, et « les collections, dit Réaumur, servent de base aux sciences na- >' turelles qui exigent qu'on voie et qu'on ne raisonne que sur ce qui a été 1) bien vu. » . . » D'un autre côté, une fermeture exacte des vases économiserait une dépense incessante d'alcool et beaucoup de travail : « Il n'y a personne, dit » encore Réàumur, qui, ayant des bocaux à remplir, ne dût accepter » comme un fort bon marché, la proposition qui lui serait faite de les » remplir et rendre clos de manière à ce qu'il n'y aurait jamais à y re- » toucher, si l'on voulait en payer le double de ce qu'il en coûte ordinai- » l'ement. » )> Toute la peine que prit Réaumur à cette question, n'ayant abouti qu'à des résultats encore imparfaits, il finit par conclure que si l'on n'était pas arrêté par l'énorme dépense , un bon moyen serait de fermer les vases des collections avec des bouchons de verre rodés à l'émeri, comme sont fermés les flacons. » Daubenton arrive finalement à la même conclusion que Réaumur. » Moyen proposé. — C'est, en réalité, ce moyen même, simplement modifié quant à la forme , mais nullement quant au fond , et exécuté de même, qui est proposé dans ce Mémoire, avec la condition désirée du bas prix de main-d'œuvre. En un mot, on propose une véritable fermeture à l'émeri, dans laquelle les surfaces de contact se sont un peu déplacées, et sont, pour ainsi dire, sorties du goulot pour venir sur le bord même du vase. C R., i34:, 1" Semestre. (T XXIV, N" 10.) 4? ( 354 ) » Pour que ce procédé soit applicable, il faut et il suffit qu'un vase ait son orifice sur une surface de révolution; l'obturateur peut être de figure quelconque, plan par exemple: il suffit aussi que sa surface de contact soit de révolution. n L'exécution consiste sommairement à faire tourner sur son axe de figure l'une des pièces (obturateur ou vase), et à présenter l'autre en position de fermer, en interposant de l'émei'i. Par cette manœuvre, les premiers points de contact sont bien vite détruits, peu à peu Je contact s'étend; enfin il arrive à devenir continu et très-exact, les surfaces s' épousant réciproquement. « Mastic unissant. — Pour maintenir l'obturateur adhérent en place , et aussi pour clore exactement la fissure annulaire qui persiste généralement entre un bouchon rodé et son vase , on peut employer un mastic, qui consiste essentiellement en du caoutchouc dissous et en partie combiné avec de la chaux. Voici sa préparation : On fond le caoutchouc {i parties) à l'aide de la chaleur; on remue la matière et l'on règle le feu de manière à n'avoir jamais beaucoup de fumée dégagée ; on ajoute par portions la chaux ( i à 2 parties, selon la consistance désirée) délitée et tamisée; on peut aider la fusion au début par une petite quantité de suif. Une partie de minium ajoutée (avant la chaux) rend ce mastic susceptible d'une dessiccation super- ficielle dans l'espace d'une année. Il est sans odeur de caoutchouc, inso- luble dans l'eau, l'alcool étendu, etc. Il persiste mou durant des années, il est très-plastique. Pour l'appliquer, on le malaxe au préalable, et puis ou l'applique à froid avec un couteau. " Il est présenté comme preuve, outre divers vases anatomiques , un mar- teau d'eau J ait avec V alcool le plus concentré du commerce dans un vase ainsi fermé. ' . " Seconde question. — Considérons que si les objets d'anatomie com- parée se trouvaient, dans les collections, ordonnés et exposés de manière à pouvoir être facilement trouvés et étudiés en place même, sans qu'il fût besoin de les extraire des bocaux , on aurait là comme un livre de la nature toujours ouvert à qui voudrait y lire. » Telle est la raison sérieuse de s'occuper plus, peut-être, quon ne l'a encore fait, de l'installation des pièces anatomiques dans leurs vases. » On s'est à peu près contenté de fixer les pièces, et certaines pièces seulement, sur des plaques de liège, de bois, de cire, etc. Tous ces supports offrent des matières solubles dans l'alcool qui le colorent, et souvent altèrent par des dépôts adhérents la couleur et les détails de la pièce. » On pare à tous ces inconvénients en usant de cadres ou échafaudages ( 355 ) faits avec des bayuettcs de verre courbées à la lampe et de forme variable selon les cas. On y suspend et assujettit la pièce avec des fils noirs de soie : si l'on ajoute à cela de noircir le vase lui-même par-derrière, à l'extérieur, avec un vernis noir, on aura un fond pour la vue delà pièce, et tout l'artifice disparaîtra. « Pour les objets qui exifrent d'être piqués, on peut faire un cadre de verre avec un gros tube, et tendre sur ce cadre une étoffe de soie noire re- pliée de manière à offrir deux plans tendus à distance de 1 épaisseur du cadre, comme les deux peaux d'un tambour. » MÉCANIQUE. — Mémoire sur les dispositions propres à annuler complètement ou en partie l'influence de l'espace nuisible , dans les machines à vapeur; par M. Combes. • . . (Commissaires, MM. Pouillet, Lamé, Morin.) " L'espace compris entre le piston d'une machine à vapeur arrivé à l'extrémité de sa course, le fond du cylindre et l'orifice d'admission, nuit en (raison de la vapeur qui doit s'y loger, avant que la pression initiale s'exerce tout entière sur le piston ; il peut encore favoriser l'entraîne- ment de l'eau liquide par la vapeur qui s'y précipite avec une grande vitesse. On atténue ce dernier inconvénient , en réglant les tiroirs de manière que la communication avec le condenseur soit interrompue avant la fin de la course; l'espace nuisible demeure alors rempli de vapeur plus dense que celle du condenseur. Mais, pour que son influence fût entièrement détruite dans les machines à un seul cylindre, deux conditions seraient né- cessaires, savoir : i° que la détente delà vapeur motrice fût poussée jusqu'à ce que sa tension devînt égale à celle du condenseur ; i° que la commu- nication avec le condenseur fût interrompue, au moment où la capacité com- posée de l'espace nuisible et du reste de la course du piston, serait à la capa- cité de l'espace nuisible dans le rapport de la pression initiale à la pression du condenseur. Dans une machine où la pression initiale serait de 3 atmo- sphères, la pression dans le condenseur de -^ d'atmosphère, et l'espace nuisible de -^ du volume engendré par l'excursion du piston , la détente de la vapeur dans le cylindre devrait être poussée jusqu'à -^ d'atmosphère, ce qui exigerait que la vapeur ne fût admise que pendant ^ de la course du piston; et la communication avec le condenseur devrait être interrompue, dès que le piston aurait parcouru les ^ de sa course. Il est pratiquement 47" ( 356 ) , impossible de satisfaire à ces conditions , ou même de s'en rapprocher, dans les machines à un seul cylindre et à condenseur. » Il n'en est pas de même des machines à simple effet : dans celles-ci, l'espace contenant la vapeur motrice n'est jamais en communication directe avec le condenseur, dont il est isolé par le piston et par la soupape c^'eijTMf- libre. Pendant la course rétrograde du piston, le cylindre n'est pas en com- munication avec le condenseur , et il suffirait de fermer la soupape d'équi- libre, après une fraction de la course qu'il est facile de déterminer, pour que la vapeur fût comprimée dans l'espace nuisible jusqu'à la pression initiale. Par exemple, dans une machine à simple effet, où l'espace nuisible serait —^ du volume engendré par l'excursion du piston'., et la capacité du tuyau d'équilibre yï du volume total du cylindre , la pression initiale de la vapeur étant supposée de 3 atmosphères, et la détente étant poussée jusqu'à \ at- mosphère, il faudrait fermer la soupape d'équilibre, lorsque le piston aurait parcouru les 0,^3 de sa course. La vapeur serait admise pendant le huitième de la course. » Il est évident que si deux machines à simple effet étaient accouplées, de manière à agir, comme une seule machine à double effet , sur un arbre dont le mouvement serait régularisé par un volant , la fermeture des sou- papes d'équilibre aux positions de la course rétrograde des pistons déter- minées comme je viens de le dire , ferait disparaître complètement l'in- fluence des espaces nuisibles: ceux-ci se trouveraient, lors de l'ouverture de la soupape d'admission , remplis de vapeur à la pression initiale ; on ne con- denserait , à chaque excursion du piston , que la quantité de vapeur intro- duite dans le cylindre. I^e travail résistant développé par la compression de •la vapeur, à la fia de la course rétrograde, serait intégralement restitué par la détente de cette même vapeur, dans l'excursion directe suivante: " Dans les machines à simple effet du comté de Cornwall , qui ne sont pas accouplées, la vapeur est aussi comprimée dans l'espace nuisible, vers la fin de la course rétrograde du piston, par le poids des tiges des pompes; mais la pression de cette vapeur, qui fait simplement équilibre au poids de ces tiges , reste nécessairement inférieure à la pression initiale: l'influence de l'espace nuisible n'est , en conséquence , détruite qu'en partie. >' J'ai cherché à appliquer le principe de la compression de la vapeur dans l'espace nuisible aux machines à deux cylindres, dites de Woolf, aux- quelles plusieurs habiles constructeurs reviennent aujourd'hui , et qui n'au- raient jamais été délaissées , si les détails de leur construction eussent été bien (357) étudiés. Pour annuler l'influence de l'espace nuisible dans le petit cylindre', il suffit de fermer la communication entre les extrémités opposées du petit et du prand cylindre , lorsque le premier contient encore une quantité de vapeur suffisante pour remplir cet espace à la pression initiale. La posi- tion du piston pour laquelle la fermeture devra avoir lieu , ne dépendra, dans chaque cas, que de la grandeur de l'espace nuisible et de la fraction de la course pendant laquelle l'orifice d'admission sera resté ouvert. Les passages de la vapeur étant ainsi interceptés à l'instant convenable, il n'y aura plus d'autre cause de perte de travail provenant des espaces nuisibles, que celle qui sera due à la détente de la vapeur lors de la mise en communication des extrémités opposées des deux cylindres, à l'origine de chaque excursion des pistons, et cettç perte pourra encore être atténuée, en confinant dans les tuyaux de communication , de la vapeur sous une pression supérieure à celle qui a lieu sur le grand piston à la fin de sa course. » Les calques, joints au Mémoire, montrent les dispositions générales des soupapes dans une machine à deux cylindres de vingt à trente chevaux de puissance, construite par M. Farcot pour le dépotoir de la Villette, et à la- quelle cet habile constructeur a appliqué le système de distribution que je lui avais fait connaître. » La sortie de la vapeur du petit cylindre peut être arrêtée par un système de trois pistons fixés sur une même tige , et contenus dans un même cylindre vertical. Ces pistons sont déplacés, aux instants convenables, par des taquets adaptés à une poutrelle , et dont le mécanicien peut répler à volonté l'écartement. A chaque extrémité du grand cylindre sont établies deux soupapes à double siège: l'une, pour l'entrée de la vapeur, est placée à l'extrémité du conduit qui vient du petit cylindre; l'autre, pour la sortie, est placée à l'extrémité d'un large tuyau aboutissant au condenseur. n Avec les dimensions adoptées dans cette machine, le passage de la va- peur du petit dans le grand cylindre doit être intercepté aux -j^ de la course des pistons, lorsque la vapeur est admise dans le petit cylindre pendant la course entière; aux -^, lorsque la vapeur est admise pendant la moitié de la course; aux -j^, lorsque la vapeur est admise pendant le quart de la course. )i II convient, en outre, que la soupape d'entrée de la vapeur dans le grand cylindre, placée à l'extrémité du tuyau de communication, soit fermée aussitôt après que le passage de la vapeur est intercepté , afin que le tuyau de communication reste rempli de vapeur à une tension supéi-ieure à la pression finale, et que la perte de travail due à la détente de la vapeur, ( 358 ) lors de la mise en communication des extrémités opposées des deux cylin- dres, soit la plus petite possible. Pour une pression initiale de 3 atmo- sphères , une pression dans le condenseur de ^ d'atmosphère correspondante à une température de 46 degrés centigrades, et une admission de vapeur pendant un quart de la course du petit piston, le calcul donne, pour les quantités de travail transmises aux pistons par une même quantité de va- peur, dépensée dans la machine pourvue du système qui fait l'objet de ce Mémoire, et dans la même machine où ce système serait supprimé, des nombres qui sont entre eux dans le rapport de io5,8 à 100. " IjCS avantages résultant du nouveau système croissent d'ailleurs avec l'étendue de la détente et avec le rapport de la pression initiale de la vapeur admise à la pression du condenseur. » I/économie réalisée dans la pratique nous paraît devoir être supérieure à celle que le calcul indique , en raison des circonstances favorables qui résultent de l'existence de la vapeur comprimée dans l'espace nuisible au momqnt de l'ouverture des orifices d'admission. » PIÈCES DE LA SÉANCE DU 1*' MARS 1847. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE. — Noie sur la forme cristallographique du sulfophospliate trihasique de soude décrit par M. Wurtz; par M. de la Provostaye. (Commission nommée pour le Mémoire de M. Wurtz.) « Le sulfophosphate de soude, qui m'a été remis par M. Wurtz, est cris- tallisé en lamelles très-minces qui appartiennent au système rhomboédrique. » Le rhomboèdre primitif R a ses deux sommets tronqués par des faces basiques très-larges OR , et ses arêtes culminantes sont modifiées tangentiel- lement par le rhomboèdre équiaxe — ^R, » Angle du rhomboèdre primitif, 104° 20'; » Inclinaison d'une facette du rhomboèdre équiaxe sur chacune des faces voisines du rhomboèdre, 127° 5o'; » Angle des faces du rhomboèdre R et de la face basique : Mesuré. Calculé. ii4°3o' à peu près, 11 4" 17' » Angle des faces de l'équiaxe avec les faces basiques : Mesuré. Calculé. 1 32 à 1 33 degrés, 1 32° 3o'. ( 359 ) PHYSIOLOGIE. — Résultats obtenus en examinant , sous le point de vue chimique, le sang veineux d'un animal avant et après l'inhalation de l'air chargé de vapeurs déther; par M. Lassaigne. (Extrait d'une lietti'e à M. Flourens. ) (Commission de l'éther.) Il Ces expériences ont été entreprises dans le but de rechercher s'il arii- vait des changements notables dans la constitution élémentaire de ce li- quide. Les portions de sang qui ont été analysées ont été recueillies sur un fort chien , en bonne santé , et qui avait été stupéfié , au bout de trente mi- nutes, par son séjour dans une boîte en bois bien close, dans laquelle on faisait arriver de la vapeur d'éther sulfurique. » Les faits observés dans ces recherches peuvent se résumer ainsi : » i". Les deux échantillons de sang veineux, recueillis avant et après l'inhalation des vapeurs éthérées , n'ont pas présenté de différences sensibles dans leur couleur, ni dans le temps de leur coagulation spontanée; le pre- mier avait l'odeur fade du sang, le second possédait une odeur d'éther très- prononcée. . . " a". Les sérums et caillots de ces deux espèces de sang, isolés aussi exactement que possible, après vingt-quatre heures de leur extraction, se sont trouvés dans les rapports suivants : Sang veineux avant l'inhalation . Caillot 65,46 Sérum 34,54 Sang veineux après l'inhalation. Caillot 59169 Sérum 4° , 3 i ICO, 00 )i 3". Le rapport des principes immédiats de ces deux échantillons de saog a été déterminé par les procédés employés d'abord par MM. Dumas et Prévost, et en second lieu, dans ces derniers temps , par MM. Andral et Gavarret. On a constaté que le sérum du sang', après l'inhalation , avait une légère teinte rougeâtre qu'il a conservée pendant plusieurs jours. » 4°- Le caillot du sang, avant l'expérience, a paru un peu moins con- sistant que celui du sang éthérisé. » 5°. L'analyse a démontré que ces deux espèces de sang veineux , à part la petite proportion d'éther que renfermait celui extrait après l'inhalation, étaient formées des mêmes principes, comme l'indique le tableau comparatif ( 36o ) établi sur looo parties de chaque sang: Composilion du sang veineux Composition du sang veineux avant l'inhalation de l'air étbéré. après l'inhalation de l'air ëthéré. Eau 723,6 Eau avec éther. 778,9 Fibrine 2,4 Fibrine ' » 7 Globules i83,i Globules '47 ?7 Albumine et sels de Albumine et sels alcalins sérum 9^>9 du sérum 72,0 1000,0 1000,0 » 6°. En faisant abstraction de l'excès d'eau qu'on retrouve dans le sang après T inhalation, le calcul fait reconnaître que Xa fibrine, les globules et Yalbumine sont entre eux , à peu de chose près , dans les mêmes rapports que dans le sang avant l'inhalation : ainsi , le calcul donne i ,9 de fibrine au lieu de 1,7; i46,4 de globules au lieu de i47>4i et 72,7 d'albumine au lieu de 72. » 7°. La proportion d'éther contenue dans le sérum du sang éthérisé est si faible, qu'il n'a pas été possible de la déduire directement sur la petite quantité de sang soumise à l'examen. On a cependant essayé de la déter- miner en étudiant comparativement, dans les mêmes conditions de tempé- rature et de pression barométrique, la tension de la vapeur du sérum du sang avant et après l'inhalation, et comparant ces deux tensions à celle d'une so- lution d'éther dans l'eau faite dans des proportions connues. Les résultats obtenus autoriseraient d'admettre que la proportion d'éther, absorbée et dis- soute dans le sang veineux, formerait environ 0,0008 de sa masse, et que, sous ce rapport, sa composition serait ainsi établie : Sang veineux .-.. .J. ..... 99,919 Éther sulfurique 0,081 I 00 , 000 PHYSIOLOGIE. — Effets produits par l'inhalation de l'e'ther,- expériences faites par M. Joly sur lui-même. ( Extrait d'une Lettre à M. Flourens. ) (Commission de l'éther. ) « .... Deux foiSjjemesuis soumis aux vapeurs de l'éther. Ma première expé- rience a eu lieu le 19 de ce mois, en présence de M. Donner, secrétaire de l'École royale vétérinaire de Toulouse. L'appareil dont je me suis servi, ce jour-là, n'était rien autre chose qu'un simple verre à liqueur à demi rempli ( 36i ) d'éther. J'aspirais les vapeurs en tenant le verre à moitié renfermé dans ma bouche. Tant que je me suis borné à des aspirations, l ether n'a rien produit. Au bout d'un quart d'heure d'efforts inutiles , je me suis mis à avalerai) les vapeurs. Alors, après quelques minutes, des effets singuliers ont commencé à se manifester: gaieté bien prononcée , rire convulsif, saccadé, d'un carac- tère tout particulier, que l'on a comparé à Vaboiement d'un petit chien; figure décomposée comme dans l'ivresse alcoolique, yeux égarés et roulant dans leurs orbites ; mais, du reste, intelligence à peu près entière, sensi- bilité généi-ale presque complète; sens, surtout ceux de la vue et de l'ouïe, obscurcis pendant trois ou quatre secondes, au point que je ne voyais et n'entendais plus que très-imparfaitement; faiblesse musculaire bien mar- quée. )) Peu satisfait de ce résultat , je voulais en obtenir un plus parfait; mais au moment où je m'apercevais que les vapeurs éthérées commençaient à embarrasser mon cerveau, l'éther me manqua tout à coup, et tout à coup aussi je sentis mon encéphale moins alourdi et comme dégagé de l'influence qui semblait l'affaisser. Pendant la durée et à la fin de cette seconde expé- rience, mes extrémités s'étaient singulièrement refroidies; je demandai qu'on me couvrît davantage. En ce moment, mes dents s'entre-choquaient comme dans le frisson de la fièvre; mes lèvres frémissaient, et des tremblements convulsifs me faisaient sauter sur mon lit , comme si j'eusse été galvanisé. « Il était sept heures du soir lorsque je commençai à inspirer de l'éther ; à huit heures et demie, je ne sentais plus qu'un peu de faiblesse générale et un mal de tête assez violent. Je me couchai à neuf heures, après avoir pris une légère collation. Ma nuit fut assez bonne , mon sommeil assez calme. A mon réveil, je n'éprouvais plus qu'une pesanteur de tête à peine marquée. » Hier 24 février, je me suis soumis de nouveau à l'inhalation des vapeurs éthérées. » L'appareil destiné à l'expérimentation avait été confectionné d'après les dessins de M. le docteur Estevenet (a). Après avoir indiqué à plusieurs savants professeurs, qui avaient bien voulu se rendre chez moi, les points principaux sur lesquels je désirais les voir porter plus particulièrement leur attention, et l'ordre dans lequel je souhaitais qu'ils procédassent à leurs expériences, je constatai avec eux l'état de mon pouls et de ma respiration (1) Je me sers de ce mot pour indiquer l'espèce de déglutition au moyen de laquelle je cherchais à faire entrer dans mes poumons le plus de vapeurs possible. (2) L'appareil Charrière , au moment où j'écris , ne se trouve pas encore à Toulouse. C. R., 1847, >" Semestre. (T. XXIV , N» 10.) 48 ( 362 ) (quatre-vingts pulsations et vingt-neuf inspirations par minute). Un thermo- mètre tenu quelque temps dans ma main marquait seulement + a2°6'. » Expérience commencée à cinq heures précises. — Après une minute a inspiration, sensation particulière au cerveau; battement des artères plus développé, plus fréquent. Au bout de trois minutes, coloration de la face et moiteur de la peau. .lusqu a la sixième minute, intelligence intacte. Notez que jusqu'à ce moment je m'étais borné à respirer les vapeurs. Je com- mence dès lors à les avaler. A la huitième minute, refroidissement; abatte- ment, détente générale; moins de force musculaire, fréquence égale du pouls, alourdissement de Tintelligence , sensibilité complète (j'ai senti un léger pincement) , parole libre. Seizième minute : Rien de nouveau , si ce n'est une disposition à la gaieté. » Ce qui suit est une simple transcription des notes prises par mon ami , M. le professeur Combes, qui avait bien voulu se charger de faire la partie des observations que je ne pouvais faire moi-même. « Dix-huitième minute : Affaiblissement intellectuel plus marqué. Ce- » pendant M. Joly demande de l'éther, déclare qu'il le sent opérer, et que » le nouvel éther versé dans l'appareil a une certaine odeur que n'a pas le » premier, rectifié avec soin. » P^ingt-deuxième m.inute : M. Joly dit qu'il se sent bien bête; il rit » convulsivement, se rappelle que ce rire ressemble à celui que, dans sa » première expérience, on a comparé à Yaboiement d'un chien, et le déclare )> à ceux qui l'entourent. Pendant cette courte explication , les effets s'affai- ') blissent du côté du cerveau; mais la respiration devient de plus en plus >i difficile , et, bien que M. Joly insiste pour continuer l'expérience avec l'ap- » pareil qu'il a préparé lui-même, la prudence nous fait un devoir de nous » opposer à ses désirs. Le pouls accuse quatre-vingt-huit pulsations par » minute. » » J'avais alors inspiré plus de loo grammes d'éther. Il est vrai que l'ap- pareil que j'ai employé a dû laisser perdre une bonne partie des vapeurs fournies par ce liquide. » Au bout de vingt-cinq minutes, on m'invite à me lever. Je sens, comme la première fois, mes jambes faibles, ma tête alourdie, ma démarche chan- celante. A G** Se™, j'allais et venais dans la maison, conservant le souvenir , je crois pouvoir dire complet, de tout ce qui s'était passé. Un léger mal de tète ne m'a pas empêché de travailler jusqu'à neuf heures du soir (depuis sept heures). Ma nuit a été passablement agitée. Des rêves de natures diverses et même opposées ont occupé mon sommeil. Mais, tout en l'êvant, j'avais ( 363 ) conservé le souvenir de mes inhalations éthérées , dont j'avais d'ailleurs la bouche encore toute remplie. Bien plus: j'avais, ce me semble, le désir formel de pouvoir, à mon réveil, me rendre compte de mes songes, et je me les suis, en effet, rappelés dans toutes leurs circonstances. » En résumé, bien que, dans les expériences auxquelles je viens de me soumettre, la sensibilité générale n'ait été chez moi nullement abolie, l'in- telhgence a éprouvé de singulières modifications à la suite des inspirations éthérées. Je suis donc convaincu, en ce qui concerne mon individualité, que l'éther en vapeur agit incontestablement sur le système nerveux , et par lui sur le système circulatoire et sur l'appareil musculaire. ' . » J'ai senti mes forces défaillir au moins autant que j'ai senti mon cerveau s'affaiblir; mais le premier de ces effets a été évidemment consécutif au second. Malgré l'état dwresse des mouvements [i) a laquelle m'avaient réduit les inhalations éthérées, j'ai conservé pendant la durée de l'expérimentation une délicatesse de sensation et une dose d'intelligence qui paraissait peu en rapport avec les effets produits sur l'encéphale, effets que j'ai parfaitement suivis jusqu'à la fin de l'expérience. Seulement, au bout de vingt-cinq mi- nutes, j'étais comme anéanti au physique. Je sentais un impérieux besoin de repos, un éloignement , une espèce d'aversion pour tout travail intellectuel. Mais cet état n'a été que passager, et aujourd'hui je m'en ressens à peine (il s'est écoulé vingt- quatre heures). " . ; PHYSIOLOGIE. — Note sur la durée de la vie des grenouilles en automne et en hiver, après l'extirpation de la moelle allongée et de quelques autres portions du centre nerveux cérébrorachidien; par M. Brown- Séquard. (Extrait.) (Commissaires, MM. Duméril, Flourens, Valenciennes.) « Tous les physiologistes savent combien , en été , l'extirpation de la moelle allongée amène proraptement la mort chez les grenouilles : une demi-heure , une heure, deux heures au plus, voilà quelle est, en général, la durée de la vie après l'extirpation de ce centre nerveux dans la saison chaude. Une fois, cependant, j'ai trouvé une exception à cette règle : j'ai vu (le aS juin dernier) une belle grenouille verte survivre à l'opération cinq heures et un quart. (i) Cette ivresse ne prouverait-elle pas que le cervelet est peut-être plus intéressé dans la question qu'on ne paraît l'avoir pensé jusqu'à présent ? Elle m'a tout naturellement rappelé vos belles expériences alcooliques sur les animaux. 48.. ( 364 ) » Durant les trois mois d'été de l'an dernier, j'ai vu, très-souvent, des grenouilles être comme foudroyées par cette opération, et ne plus avoir qu'une action réflexe très-faible et prompteraent évanouie; mais, depuis les derniers jours de septembre, j'ai obtenu des résultats différant complètement des précédents. En effet, depuis cette époque, j'ai vu la moitié ou le tiers, au moins, des grenouilles auxquelles j ai extirpé la moelle allongée, survivre à cette opération deux , trois , quatre et même cinq semaines. Pendant pres- que tout ce temps, la plupart des fonctions subsistent chez ces animaux. » Les nombreuses expériences que j'ai faites, et que j'expose sommaire- ment dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie , me permettent d'établir les propositions suivantes : » 1°. En automne et en hiver, après l'extirpation, soit de la moelle al- longée seule, soit de la moelle allongée et du reste de l'encéphale , soit des parties de l'encéphale antérieures à la moelle allongée, soit encore de l'encé- phale tout entier et de la portion de moelle épinière qui est en avant des racines de la seconde paire de nerfs, les grenouilles peuvent encore vivre plusieurs semaines. Elles conservent , dans cet état de mutilation , toutes ou presque toutes les fonctions de la vie organique, et, de plus, la faculté réflexe et la tonicité musculaire. » 2°. Avec une moitié , un tiers et même un quart de la moelle épinière , tout le reste du centre cérébrorachidien étant détruit, les grenouilles peu- vent encore vivre, dans les saisons froides, une ou deux semaines. Elles con- servent alors presque toutes les fonctions de la vie organique. » 3°. La moelle épinière paraît plus utile à la conservation des fonctions de la vie organique, que la moelle allongée et le reste de l'encéphale. I! existe même une partie de la moelle épinière (celle qui donne naissance à la deuxième et à la troisième paire de nerfs), qui contient moins de substance nerveuse que la moelle allongée , et qui cependant peut entretenir la vie plus longtemps, ou au moins aussi longtemps que la moelle allotigée. » 4°. Toutes les parties du centre cérébrorachidien , excepté les lobes cérébraux, paraissent servir à la conservation des fonctions de la vie orga- nique. En effet, d'une part, quelle que soit celle de ces parties qu'on en- lève, la vie cesse au bout d'un temps qui varie entre quelques jours et cinq semaines; et, d'une autre part, quelle que soit celle de ces parties qu'on lai*;se subsister seule, la vie dure encore au moins trois jours, et ordinairement davantage. ^ ( 365 ) PHYSIOLOGIE. — Nouvelles observations sur les ejjèts que produit, chez les animaux, l'inhalation de l'éther. (Extrait d'une Note de M. Amussat.; (Commission de l'éther.) u 1°. Dès que l'insensibilité existe, le sang artériel est brun et tous les tissus offrent une couleur analogue. Ce fait est facile à constater par une simple section de l'oreille faite avant l'expérience , et pendant que l'animal est sous l'influence de l'éther. » 2°. Non-seulement le sang artériel devient brun , mais le sang veineux prend une couleur à peu près semblable, à tel point qu'il est difficile de les distinguer l'un de l'autre. Les parois de ces deux vaisseaux présentent à peu près la même couleur. » Cet état du sang veineux s'explique par le défaut de transformation du sang artériel à son passage dans les capillaires de la périphérie. » 3". Lorsqu'on a cessé l'inhalation, le sang artériel reprend très-promp- temeut sa couleur propre; il n'en est pas de même du sang veineux, qui reste plus longtemps altéré. . / » 4°- t)es caillots se forment à l'extrémité des artères , que l'on divisé , chez les animaux, peu de temps après qu'on a cessé de leur faire inspiier de l'éther. » 5°. L'écoulement d'une certaine quantité de sang artériel m'a paru favoriser la disparition des effets de l'éther. , >' 6°. fjorsqu'on examine les animaux vingt-quatre heures après qu'ils ont succombé aux effets prolongés de l'inhalation de l'éther, on trouve que les poumons sont roses ou plutôt rouge cerise foncé, tant à l'extérieur qu'à l'inté- rieur. Le cœur est gorgé de sang dans ses quatre cavités, et il existe des cail- lots moins noirs dans le ventricule gauche que dans le ventricule droit. " Tous ces faits me paraissent confirmer la proposition que j'ai émise , savoir, que les effets de l'éther produisent une sorte d'asphyxie par le défaut de conversion du sang noir en sang rouge. » Nous ne reproduisons pas ici les parties de la Note relative à des expé- riences destinées à éclairer la question de l'éther dans les accouchements, ces expériences faisant l'objet d'une seconde Note qui appartient aux pièces' de la Correspondance du 8 mars i847- ( 366 ) PHYSIOLOGIE. — Nouveaux faits observés sur des animaux soumis à l'inhalation de Véther. (Note de M. Mandl.) (Commission de l'éther.) ^^« Après avoir produit, par l'inhalation de l'éther, l'insensibilité la plus complète d'un chien,- j'ai ouvert les parois abdominales, et j'ai fait sortir les intestins de l'animal. .J'ai pu alors observer la cessation complète des mou- vements péristaltiques ; les battements artériels du mésentère se voyaient distinctement. Les irritations mécaniques ne produisaient aucun effet sur les intestins. Le seul résultat que j'ai pu obtenir, fut le renversement des parois musculaires , après avoir coupé transversalement l'intestin. » Pendant dix minutes à peu près , l'animal resta complètement éthé- risé; voyant ensuite la respiration s'accélérer, et le chien exécuter quelques mouvements musculaires, je l'ai tué par la section de la moelle allongée. .T'ai observé alors les phénomènes décrits par M. Flourens, à savoir, un fré- missement marqué de tout l'animal , en même temps que des contractions dans les muscles cervicaux. Mais j'ai constaté, en outre, Yapparition des mouvements péristaltiques, lesquels , comme à l'ordinaire , quoique plus fai- bles , ont persisté quelque temps après la mort. » Il résulte de cette expérience , que le système ganglionnaire peut être complètement éthérisé, comme le système cérébrospinal, et que l'on trouve dans les effets de l'éther une nouvelle preuve de l'opinion qui regarde le système ganglionnaire indépendant des fonctions de la moelle allongée. En effet, la respiration et la circulation, qui dépendent, d'après M. Flourens, des fonctions de cette portion du système nerveux central , persistent pen- dant l'éthérisation, tandis que les mouvements péristaltiques cessent complè- tement;- '" ' ' • . » Je rappellerai , à cette occasion , que M. Longet dit avoir vu les mou- vements péristaltiques des intestins diminuer de force et de durée, après avoir tué les animaux éthérisés. Mais il n'est nullement question de la cessa- tion complète de ces mouvements pendant la vie. » Parmi les autres faits que j'ai pu observer, je rappellerai seulement les effets de l'éthérisation observés sur les animaux inférieurs, comme, par exemple, les sangsues. Les effets très-prompts se voient sur les petits oiseaux (moineaux), qui tombent sans mouvement au bout de quarante à cinquante secondes, et qui périssent après avoir respiré l'éther pendant deux à trois minutes. » • •• (367) PHYSIOLOGIE. — Bemarques sur un passage du Mémoire présenté dans la séance du 8 février, par M. Gruby; passage relatif à l'épithélium vibratoire dans le péritoine de la grenouille. (Extrait d'une Lettre de M. Pappenheim.) . ■ (Commission de lether.) " Parmi les nombreuses observations récemment communiquées à l'Aca- démie, relativement à l'influence de l'éther sur l'économie animale, il en est une qui parle de l'existence d'un épithélium vibratoire sur la partie péri- tonéale du foie, chez la grenouille, comme si ce fait constituait une décou- verte. ■ ' » Après que M. Mayer, de Bonn, eut découvert le mouvement vibra- toire des membranes séreuses dans le péricarde, j'indiquai sur d'autres parties du même système le phénomène en question; et depuis ce temps, les publications et les observations sont devenues plus nombreuses. Dans toutes les parties du péritoine, le mouvement vibratoire a été observé un grand nombre de fois. » ANATOMIE. — Sur la Structure de la langue. (Extrait d'une Note de '• ■ V M. Pappenheim.) (Commission chargée de l'examen d'un Mémoire de M. Bourgerj, sur la structure de la langue.) « Si l'on pratique une coupe perpendiculaire, au milieu et sur toute la longueur de la langue humaine , on reconnaît sur cette coupe, même à l'œil nu , mais mieux encore avec un grossissement quelconque, les parties suivantes : 1) i". L'épiderme plié à l'extérieur et diminuant de la base à la pointe ; » 2°. Les papilles du derme, enchâssées dans l'épiderme, comme les doigts dans un gant et diminuant de hauteur dans la direction indiquée; » 3°. La couche horizontale du derme : dans cette couche on distingue quelquefois une strie transversale, qui paraît diviser le derme en deux cou- ches; mais en réalité, il n'existe aucune séparation : cette division apparente reconnaît pour cause la présence des fibres musculeuses dans la partie pro- fonde, fibres dont la présence donne à cette couche un aspect différent de celui de la partie supérieure ; » 4°- I-ies fibres horizontales du muscle dit lingual longitudinal, qui vont se perdre vers la pointe ; » 5°. Les fibres perpendiculaires des autres muscles , qui entrent dans la ( 368 ) composition de la langue. Elles ont un aspect différent suivant les diverses régions où on les examine. >• Mais il y a, en outre, une formation très-curieuse qui a échappé à M. Bourgery. Les fibres musculeuses perpendiculaires traversent les couches horizontales du muscle lingual longitudinal et se terminent en de petits cônes , dont les points se continuent dans les fibres du derme et se conduisent exac- tement comme d'autres fibres musculeuses, vis-à-vis de leurs tendons. " ANATOMiE. — Sur l'organisation du cerveau (premier Mémoire, ayant pour objet les formations ciliaires) ; par M. Pappenheiu. (Commission du prix de Physiologie.) M. Stahl adresse une Note relative à Vemploi du chlorure de zinc dans Fart du moulage. Lorsqu'on se trouve dans la nécessité de prendre, au moyen du plâtre, l'empreinte d'une pièce anatomique qui a été conservée dans l'esprit-de-vin, cette empreinte, en général, manque de netteté, parce qu'une portion du plâtre qui se trouve en contact avec la pièce, reste à l'état pulvérulent. Les gens du métier désignent sous le nom dejàrinage ce résultat , qui est pour eux très-fâclieux, et ils avaient jusqu'ici cherché vainement les moyens de l'éviter. M. Stahl, employé au Muséum d'Histoire naturelle, dans les ateliers du mou- lage, a été plus heureux. Ayant eu l'occasion de remarquer que certaines préparations anatoraiques qui avaient été conservées dans une solution de chlorure de zinc lui donnaient des empreintes très-belles , il s'est assuré que la réussite, dans ce cas, n'était pas un simple effet du hasard. Les essais auxquels cette remarque l'a conduit lui ont fait reconnaître, en effet ^ dans le chlorure de zinc, une subslance de la plus grande utilité pour l'art du mouleur, non-seulement quand il s'agit de prendre les empreintes en creux, mais encore quand on veut obtenir, au moyen de celles-ci , les reproductions en relief; car, ainsi que le savent tous ceux qui se sont occupés de ce genre de travail , quand il s'est écoulé un certain temps entre les deux opérations, on est exposé, dans la seconde, à un farinage qui non-seulement gâte les pre- mières épreuves, mais même altère notablement les moules. La Note de M. Stahl est renvoyée à l'examen d'une Commission com- posée de MM. Alex. Brongniart, Flourens et Serres. M. Plouviez adresse un supplément à son Mémoire sur les propriétés du sel commun (chlorure àe ?,oAiam) comme substance alimentaire. (Commission précédemment nommée.) ( 369 ) M. Ahulard prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte d'un appareil qu'il lui a précédemment présenté sous le nom de respirateur j ap- pareil destiné à porter dans les poumons des personnes privées de sentiment, de l'air atmosphérique pur ou chargé de vapeurs diverses. (Renvoi à la Commission précédemment nommée, dans laquelle M. Velpeau remplacera feu M. Breschet.) M. DccROS soumet au jugement de l'Académie trois Mémoires, dont deux sont relatifs à l'emploi des courants magnéto-électriques, comme moyen de rappeler à la vie des hommes ou des animaux privés de sensibilité, soit par l'inhalation de l'éther, soit par suite d'asphyxie due à la privation d'air ou à l'inspiration du gaz acide carbonique ; le troisième concerne l'emploi du même moyen pour prévenir la mort, des animaux sur lesquels oB a fait a^iv l'acide hjdrocjanique. (Renvoi à la Commission précédemment nommée pour d'autres communica- '. ,, ,,.1; '^ ., tions du même auteur.) .; . Un Mémoire adressé pour le concours relatif aux mouvements généraux de l'atmosphère terrestre est parvenu au secrétariat de l'Institut le 27 fé- ' vrier 1847, P^'' conséquent avant le jour fixé pour la clôture. Ce Mémoire , écrit en latin et enregistré sous le n° i , est réservé pour la Commission qui sera chargée d'examiner les pièces adressées pour ce concours , Commission qui n'a pas encore été nommée. M. Porta adresse, conformément à la décision prise par l'Académie rela- tivement aux ouvrages présentés au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, un résumé de ses recherches sur les altérations pathologiques des artères à la suite de la ligature et de la torsion. ■ • (Renvoi à la Commission du prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Remak adresse, dans le même but, une analyse de son travail sur le développement du poulet, et notamment sur le développement du système nerveux intestinal. (Renvoi à la Commission de Physiologie expérimentale.) CORRESPONDANCE. M. le Directeur général de l'Administration des Douanes adresse, pour la bibliothèque de l'Institut , un exemplaire du Tableau général des mouve- ments du cabotage pendant l'année 1 845. . C. R., 1847, '" Semesire. (T. XXIV, N« 10.) 49 ( 370 ) M. Guérin-Méneville prie l'Académie de vouloir bien comprendre son nom parmi ceux des candidats pour la place vacante dans la Section d'Eco- nomie rurale , par suite du décès de M. Dutrochet. M. CouvERCHEL adrcssc une semblable demande. Ces deux Lettres sont renvoyées à la Section d'Économie rurale. ÉCONOMIE DOMESTIQUE. — Sur la fabrication .d'un pain composé de betterave, de pomme de terre et de son. (Extrait d'une Lettre de M. Siret, pharmacien à Meaux.) traces. Silice i - Fer ,, ; 100,00 La portion considérable d'eau trouvée s'explique facilement si l'on se rap- pelle que l'investigation microscopique montre la masse criblée de cellules. Ces cavités, remplies de liquide, distendent le tissu, en font une espèce d'épongé et lui donnent son aspect particulier. '' Sous l'influence de l'affection cancéreuse , un phénomène remarquable s'est produit. L'os, perdant peu à peu sa trame inorganique , n'a plus conservé que le réseau cellulaire dont le développement et la dégénérescence consti- tuent la tumeur. L'élimination des matières calcaires paraît reconnaître pour cause la formation d'un acide dans l'organisme. Je livre cette hypothèse à l'appréciation des médecins. » ÉCONOMIE RURALE.— Lois que suivent, dans leur succession, les lésions Jaites aux plantes par les j4phidiens ou pucerons. (Extrait d'une Note de M. A. Smee.) Ne pouvant reproduire ici les résultats généraux auxquels l'auteur a été conduit par des observations sur de nombreuses espèces d'Aphidiens et sur des plantes diverses , nous nous contenterons d'indiquer les applications qu'il en fait à la pomme de terre. 49- ( 37a ) « Conformément à ces lois , dit M. Smee , je trouve que Yyéphis vastator vient d'abord sur des plantes en état de vigueur et de santé dont il suce les jus, après avoir perforé l'épiderme; qu'il endommage ainsi les propriétés de la sève , laquelle ne peut dès lors remplir ses propres fonctions , et la for- mation du tissu fibreux et de la fécule est, par suite, retardée. — Le tissu imparfait et mal nourri est sujet à mourir, soit localement à la partie lésée, soit au loin, au collet, au rhizome, on à la racine; la mort du collet peut causer la séparation de la feuille, de la racine, et détruit ainsi la plus grande partie de la plante. — La pomme de terre dite sauvage, et les plantes qui croissent dans un terrain pauvre, et dans un lieu où l'atmosphère est sèche, résistent mieux que les variétés de la pomme de terre dont la culture a été forcée, et des plantes qui crois- sent dans un sol riche en engrais, ou dans un lieu froid, humide et obscur; le dommage a lieu surtout quand la fécule est sur le point d'être dé- posée dans les tubercules. — Un rejeton provenant d'une plante qui avait déjà eu la maladie est sujet à présenter la maladie dans toutes ses croissances futures. — Quand la plante commence à dépérir, les larves des Aphidiens se métamorphosent en insectes parfaits, qui s'envolent commettre leurs ravages ailleurs. — Les plantes de la pomme de terre qui sont malades présentent un nombre considérable de parasites fongueuses. » PHYSIOLOGIE. — Réclamation de priorité relative à l'emploi de Véther administré par les voies de la respiration, pour suspendre la sensibilité chez les individus destinés à subir des opérations chirurgicales. [Extrait d'une Lettre de M. Wells, chirurgien dentiste à Hartford (Connecticut).] « ... Guidé par diverses considérations , et entre autres par celles que sug- gère l'observation des individus enivrés au moyen des liqueurs alcooliques , je commençai , dès le mois de novembre 1 844 1 ^ faire des expériences sur moi- même. Après avoir inhalé le gaz protoxyde d'azote et la vapeur d'éther sul- furique, je ne tardai pas à me convaincre que ces deux substances pro- duisaient des effets identiques sur l'économie animale, agissant d'abord comme stimulants, puis comme sédatifs, et enfin amçnant, lorsqu'on pro- longeait suffisamment leur action, une insensibilité complète. Je me décidai à me soumettre à l'extraction d'une dent; cette opération fut faite sans que je ressentisse la moindre douleur. Je la pratiquai à mon tour douze ou quinze fois sur d'autres personnes, et j'obtins les mêmes résultats. Je me rendis alors à Boston (au mois de décembre i844)> afin de faire con- naître ma découverte à la Faculté : je la communiquai alors à MM. les ( 373 ) docteurs Warre, Hayward, Jackson et Morton. Sur l'invitation expresse du docteur Warre, je fis une leçon à la classe d'élèves, en essayant d'é- tablir les faits dont l'existence m'était déjà attestée. Les élèves se mon- trèrent fort sceptiques sur l'exactitude de ma découverte, et la première expérience n'ayant pas réussi, par l'éloignement trop précipité de l'appareil à inhalation , la curiosité que ma découverte avait excitée se refroidit , et nul ne songea plus à m'encourager. » Je fis alors une maladie qui dura plusieurs mois, et après mon réta- blissement, voyant que la Faculté de Boston ne m'accordait plus aucun en- couragement, je me bornai à faire les opérations dans mon cabinet. Jusqu'au mois de février i845 , je pratiquai l'avulsion des dents à vingt-cinq malades , sans qu'ils ressentissent de douleur; toutefois, je fis surtout usage du gaz protoxyde d'azote, comme étant plus agréable à respirer que l'éther.... » La découverte que j'ai faite, ne consiste donc pas uniquement dans l'emploi de l'inhalation de l'éther, mais dans le principe même qui établit la possibilité de la production d'état d'insensibilité, par l'usage de divers agents , tels que gaz protoxyde d'azote, vapeur d'éther sulfurique, etc. » Je produirai incessamment toutes les pièces qui établissent, d'une ma- nière irrécusable, que cette découverte m'est due; mais, en attendant, j'ai voulu annoncer à l'Académie des Sciences le droit que je fais valoir, afin qu'elle ne se hâte pas de prononcer sur le véritable inventeur, avant d'avoir entendu les témoignages. » M. le Secrétaire ajoute que c'est seulement lorsque M. Wells aura produit les pièces qu'il annonce , que sa réclamation pourra être soumise à l'examen d'une Commission. M. Eue de Beaumont fait remarquer que la date déjà éloignée à laquelle remonte la réclamation tendrait à elle seule à en diminuer la valeur , du moins au point de vue des applications à la chirurgie. En effet, de i844 à la fin de 1846, il s'est écoulé deux ans, et, pendant ce laps de temps, aucun chirurgien n'a appelé la vapeur d'éther à son aide ; tandis que , dans les quatre mois qui se sont écoulés depuis le mois de novembre 1846, époque à laquelle M. Jackson a commencé à s'occuper de l'application de son heu- reuse idée, des opérations ont été exécutées, sous l'influence de l'éthérisation, dans toutes les parties du monde civilisé. Le véritable bienfaiteur de l'hu- inanité paraît être ici bien évidemment celui qui, le premier, a engagé un dentiste à essayer d'extraire une dent à une personne placée sous l'influence de l'état particulier que produit l'inhalation de la vapeur d'éther. ( 374 ) M. Jackson adresse des remarques relatives aux intervalles des sons mu- sicaux. (Commissaires, MM. Pouillet,Babinet, Despretz.) '• M. Mahey-Monge demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mé- moire sur les aérostats, qu'il avait précédemment soumis au jugement de l'Académie, et sur lequel il n'a pas encore été fait de Rapport. M. DE Brière propose divers moyens qu'il a imaginés pour dissiper le malaise qui suit quelquefois l'inhalation prolongée de l'éther. PIÈCES DE LA SÉANCE DU 8 MARS 1847. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PXLÉOîHTOhOGiE.— Recherches sur l'ffipparithérium, nouveau genre de la famille des Solipèdes; par M. de Christol. (Extrait.) (Commissaires, MM. Duméril, Flourens, Geoffroy-Saint-Hilaire.V « Dans son travail sur les Paléothériums , publié en décembre dernier, M. de Blainville a réuni en une seule espèce les Palœotheriums aurelianense et monspessulanum de Cuvier, et le Palœotherium hippoides de M. Lartet; il désigne ces trois espèces ainsi réunies sous le nom de Palœotherium aure- lianense , et classe , sans discussion et sans hésitation, cet animal dans le genre Paléothérium. « Or il est facile de démontrer, i** que le Palœotherium hippoides, la seule de ces espèces dont j'aie l'intention de moccuper actuellement, non- seulement n'appartient pas au genre Paléothérium, mais même n'appartient pas à la même famille que les Paléothériums, si l'on adopte les divisions de genres et de familles établies par Cuvier; 2° que cet animal n'appartient pas davantage au groupe des Paléothériums, si l'on admet ce groupe tel que le conçoit M. de Blainville, qui y comprend les Paléothériums, les Lophiodons, les Anthracolbériums , les Chéropotames; 3^ que cet animal est un Cheval, ou pour mieux dire, un Solipède de petite taille, et que, par conséquent, ses os, sauf ceux des doigts latéraux, ressemblent complètement, d'une ma- nière générique, à ceux de l'Ane, et ne ressemblent pas plus à ceux des Paléothériums que les os de l'Ane 'ne ressemblent à ceux de ces derniers. » Ce solipède diffère génériquement du seul genre vivant que renferme la famille des Solipèdes ; il se rapproche d'un genre de solipède fossile. (3,5 ) l'Hipparion, au même degré que le Dnfjong se rapproche du Lamantin et du Stellère : il est tridactyle, comme l'Hipparion, et, probablement, ne Test, comme ce dernier, qu'aux pieds de devant (i); il a tous les os des membres génériquement semblables à ceux du Gbeval et de l'Hipparion, et ne diffère guère de ce dernier que par les dents , qui sont très-différentes de celles de l'Hipparion, mais qui le sont cependant moins, au fond, qu'on ne serait tenté de le croire au premier abord (a). » Ce nouveau genre de solipède, que je nomme Hipparithérium , pour rappeler ses rapports avec l'Hipparion, a, comme le Daman et tant d'autres animaux, des molaires qui rappellent celles du Rhinocéros, mais qui retien- nent aussi quelque chose de celles des Chevaux et des Hipparions. Il est à l'Hipparion et aux Chevaux ce que les Mastodontes sont aux Éléphants , ce que les Phacochœres et les Pécaris sont aux Cochons, ce que les Lamantins sont aux Métaxythériums , aux Dugongs, aux Stellères. Pour M. de Blain- ville, qui, d'après ses principes de zooclassie, doit considérer l'Hipparion comme une simple espèce de Cheval, \ Hipparithérium devra être aussi une simple espèce de Cheval, mais un Cheval de la division des Chevaux tridactyles, c'est-à-dire de la division des Hipparions. En définitive, cet animal est un Cheval qui a trois doigts aux pieds de devant, comme l'Hip- parion, et qui a des molaires qui rappellent celles des Damans, des Paléo- thériums et des Rhinocéros, mais qui, pour avoir des molaires qui rappellent, jusqu'à un certain point, celles des Paléothériums, n'est pas plus pour cela un Paléothérium , que le Daman n'est un Paléotljérium ou un Rhinocéros, pour avoir des molaires qui rappellent celles de ces deux genres (3). Ses os des membres ressemblent à uu tel degré à ceux de l'Ane et du Cheval, qu'on en trouve une description très-étendue et très-rigoureuse dans les Traités d'anatomie vétérinaire, et qu'on peut suivre sur ces os de prétendus Paléo- thériums les descriptions myologiques des vétérinaires aussi complètement et aussi sûrement que sur un squelette d'âne ou de cheval (4). (i) On a des exemples de chevaux, même adultes, qui sont tridactyles; Xems, péronés du canon, comme les nomment les vétérinaires, portent un doigt complet, mais très-petit. (a) J'ai fait connaître les caractères génériques de l'Hipparion, dans les Annales des Sciences et de l'Industrie du midi de la France (numéro de février i832). Je n'ai, depuis, rien trouvé à modifier à ce que j'ai dit à cette époque. (3) Il y a unité de composition dans la forme des molaires des Ruminants, des Anoplothe- riums , de tous les Pachydermes à doigts impairs , et , par conséquent , des Solipèdes. (4) Comme on le pense bien , il doit y avoir et il y a , en effet , dans les os de Vkippari- thérium, quelques caractères de valeur au moins spécifique. Et, par exemple, entre autres ( 376 ) » On doit rendre à M. Larfet cette justice, que, tout en faisant de son animal un Paléothérium, il a annoncé que ce Paléothérium, qu'il a nommé Hippoides, offrait de nombreux traits de ressemblance avec le Cheval. » Dans le courant des descriptions qu'il donne des nombreux ossements de ce Palœotherium hippoides envoyés au Muséum, par M. Larlet, M. de Blainville n'indique que pour trois d'entre eux des ressemblances avec les os correspondants du Cheval et d'un petit Ane; tandis qu'en réalité tous ces os, sans exception, ressemblent complètement à ceux des Solipèdes, et offrent des différences fondamentales avec ceux des Paléothériums. Ceci n'est pas seulement une question de fait; c'est, an plus haut degré, une question de principe. « PHYSIQUE. — Recherches sur la conductibilité électrique et la résistance au passage des solides et des liquides; par M. Edmond Becquerel. Deuxième Mémoire. (Extrait.) (Commissaires, MM. Biot, Pouillet, Babinet.) On peut résumer comme il suit les résultats auxquels l'auteur est parvenu dans ce second Mémoire, en mesurant les résistances à la conductibilité au passage de l'électricité d'un corps dans un autre : « 1°. Lorsqu'un courant arrive à la surface de séparation de deu.\ métaux, la résistance ou la perte au passage (qu'il conviendrait mieux d'appeler la facilité de transmission de l'électricité d'un corps dans un autre) est de l'ordre de grandeur du changement de résistance provenant des effets calorifiques qui se manifestent dans cette circonstance. On sait, en effet, d'après les résultats consignés dans le premier Mémoire, que la résistance des corps pour l'électricité est fonction de la température. On ne peut donc pas décider si la résistance au passage est due an changement dé température, ou si l'inverse a lieu. Il 1°. Lorsqu'un courant électrique passe d'un solide dans un liquide , et vice versa, s'il n'y a pas polarisation et que la température ne change pas, on n'observe aucune perte au passage. Si , par suite d'une polarisation , des gaz ou des matières sont transportés à la surface de séparation , alors particularités, le cubitus doit probablement se continuer sans interruption dans toute la longueur du radius , comme cela a lieu dans l'Hipparion : ce cubitus , d'ailleurs , s'articulait certainement avec le scaphoïde , comme dans l'Hipparion, et même comme cela a lieu dans les chevaux , bien que ce dernier fait soit resté inconnu à tous les auteurs de Traités d'anato- mie vétérinaire. ( 377 ) une résistance naît immédiatement, et peut être évaluée très-exactement par la méthode exposée dans ce travail , indépendamment de la résistance propre du solide et du liquide. « 3°. La résistance au passage, dans ce dernier cas, est fonction de l'intensité du courant; elle diminue à mesure que celle-ci augmente, mais de manière que, toutes choses égales d'ailleurs, le produit de la résistance par l'intensité n'est pas un nombre constant. Quoique les valeurs obtenues ne soient pas exprimées exactement par une loi simple, cependant la for- mule R = C + -, dans laquelle R est la résistance , i l'intensité du courant, A et, C deux constantes , représente assez bien les résultats , sans qu'il soit nécessaire d'admettre dans le second membre de cette formule em- pirique un troisième terme de l'ordre du carré de /. » 4°' L'expérience de Poret, et d'autres du même genre, dont les ré- sultats ont été attribués à une différence dans les actions mécaniques, suivant le sens du courant électrique, paraissent n'être que des cas par- ticuliers du phénomène d'endosmose. Toutes les expériences tentées dans cette direction, en écartant cet effet dû à l'action réciproque des liquides, n'ont conduit à aucun résultat touchant l'inégalité d'action mécanique du courant électrique, suivant le sens de sa circulation. » ARCHITECTURE HYDRAULIQUE. — Mémoire sur le canal de Marseille,- /jarM. DE MONTRICHER. (Commissaires, MM. Dupin, Dumas, Morin.) « L'avant-projet de ce canal , rédigé par M. de Montricher, d'après des bases arrêtées de concert avec M. Kmaingaint, a été adopté par le Con- seil municipal de Marseille, le i4 novembre i836, et approuvé, en i838, à la suite d'une longue instruction, par le Conseil général des Ponts et Chaussées. >' Ce projet a servi de base à la loi du /^ juillet i838, qui concède à la ville de Marseille la faculté d'emprunter à la Durance un volume de 5™,75 d'eau par seconde, à l'époque de l'étiage, équivalant à 26000 pouces de fontainier. Ce volume se trouve à peu près doublé lorsque les eaux de la Durance atteignent la hauteiir de 5o centimètres au-dessus de l'étiage, c'est- à-dire pendant la plus grande partie de l'année. » Dès le 12 juillet i838, le Conseil municipal de Marseille prit les me- sures nécessaires pour la réalisation de cette entreprise, et en confia l'exé- cution à M. de Montricher. C.R.,i847,i«'Seme«re.(T.XXIV,iN<>10.) 5o ( 378 ) . " Le canal, entrepris d'après les conseils définitifs de cet ingénieur, est presque entièrement achevé aujourd'hui : il prend son origine sur la rive gauche de la Durance, près du pont de Pertuis, à une hauteur de 187 mètres au-dessus du niveau de la mer; il parcourt , sur 8 kilomètres, la belle plaine du Puy-Sainte-Réparade , et s'attache ensuite, sur 20 kilomètres, aux flancs des coteaux accidentés qui bordent la vallée de la Durance. Sur cette lon- gueur, on rencontre sept souterrains, présentant ensemble un développement de 730 mètres, et les ponts-aqueducs de la Jucourelle et de la Valbonnetle de 20 mètres de hauteur et de 90 à 1 10 mètres de longueur. '• A Port-Royal, le canal quitte la Durance et perce , au moyen d'un sou- terrain de 8670 mètres de longueur, la chaîne des Taillades qui sépare la Durauce du bassin de la Touloubre , petit affluent de J'étang de Berre. " La traversée du bassin de la Touloubre comprend , indépendamment des parties à ciel ouvert, six souterrains d'une longueur ensemble de 817 mè- tres, qui coupent les contre-forts de plusieurs vallons secondaires, et, en outre, un pont-aqueduc sur la Touloubre, de 27 mètres de hauteur et de 200 mètres de longueur, composé de dix-sept arches de 8 mètres d'ouverture. >' Le canal arrive ainsi à la chaîne qui séparé la vallée de la Touloubre de celle de l'Arc. Il la traverse au moyen de onze souterrains d'une lon- gueur, ensemble de 2866 mètres, et séparés par de faibles parties à ciel ouvert, se développe sur le versant nord de la vallée de l'Arc, en coupant quatre mamelons secondaires au moyen de petits souterrains de 44' mètres de longueur ensemble, et atteint , à Roquefavour, les bords escarpés de cette rivière. » C'est en ce point que se trouve établi l'ouvrage le plus important du canal de Marseille. Le tracé atteignait, en effet, le bord de la vallée à une hauteur de 82 mètres au-dessus des eaux de l'Arc , et , à ce niveau , les mon- tagnes qui bordent les deux rives présentaient, à leur point le plus rap- proché , une distance de 4oo mètres. Pour franchir cet obstacle , on a dû établir un pont- aqueduc à trois rangs d'arcades, composés, le premier, de douze arches de i5 mètres d'ouverture et de 34 mètres de hauteur; le se- cond, de quinze arches de 16 mètres d'ouverture et de 38 mètres de hau- teur; le troisième, de cinquante-trois arches de 5 mètres d'ouverture sur 1 1 mètres de hauteur. > ,1 5 » En quittant la vallée de l'Arc, le canal se développe sur les coHines arides du vallon de la Mérindolle, perce, au moyen de quatorze souterrains d'une longueur totale de i4oa mètres, un grand nombre de petits contre- forts secondaires , et rencontre la chaîne de l'Étoile, qui sépare la vallée de ( 379 ) l'Arc du bassin de Marseille. Il traverse les deux rameaux de cette chaîne au moyen des souterrains de l'Assassin et de Notre-Dame, l'un de 3/(74 'ne- très, et l'autre de 3 492 mètres de longueur, puis se développe sur i4 ki- lomètres dans le territoire de Marseille , perce sept mamelons secondaires , au moyeu de petits souterrains de a44 '"êtres de longueur ensemble, et arrive enfin à 1 entrée de la ville , après un parcours total de 96 kilomètres. » En résumé, on rencontre sur la ligne du canal cinquante-deux sou- terrains, présentant ensemble une longueur de 17136 mètres, le grand pont-aquéduc de Roquefavour, trois autres aqueducs à un seul rang d ar- cades de neuf à dix-sept arches, cinq aqueducs de deux à cinq arches , et, en outre, deux cent vingt ouvrages d'art, consistant en aqueducs ou ponts d'une seule arche, prises d'eau, déversoirs, etc. » Nous avons dit que la loi du 4 juillet i838 autorisait la dérivation d'un volume de 5'",75 par seconde ;i l'étiage de la Durance. La section et la pente du canal ont été calculées de manière à débiter ce volume d'eau avec un mouillage de i™,5o et une vitesse moyenne de o"',84 environ par se- conde. On a rempli cette condition en donnant au canal une largeur de 3 mètres à la cuvette, de 7 mètres à'ia ligne d'étiage, et une pente de o",3o par kilomètre. La profondeur totale du canal est, d'ailleurs, de 2'",4o, et sa largeur de 9",4o au niveau des banquettes. " MÉCAMIQUE. — Mémoire sur les appareils fumivores ; par M. Cohbes. (.Commissaires, MM. Pouillet , Dufrénoy , Regnault.) « Ce Mémoire est le résultat d'un travail sur les divers appareils fumi- vores connus, dont la Commission centrale des machines à vapeur a été chargée par M. le sous-secrétaire d'Etat des travaux publics. Les expériences ont été faites par M. Combes, comme secrétaire de cette Commission, avec l'assistance de M. Debette, aspirant ingénieur des Mines. , . » Le Mémoire renferme un grand nombre d'analyses de l'air puisé dans les carneaux des foyers, lorsque la cheminée émettait une fumée plus ou moins épaisse, ou nulle. Les volumes d'air qui traversent la grille à divers intervalles après le chargement du combustible ont été mesurés directement avec un anémomètre. .~,~ » On indique les conditions moyennant lesquelles les divers procédés qutï l'on a expérimentés sont efficaces. « 5o.. ( 38o ) ÉCONOMIE nuRALE. — Mémoire sur l'emploi des sels ammoniacaux comme engrais; par M. Schattenmaixn. (Commission précédemment nommée.) ÉCONOMIE RURALE. — Expériences faites à Mulhausen sur l'emploi du sulfate d'ammoniaque comme engrais; par M. Gail. (Même commission.) ÉCONOMIE RURALE. — Mémoire sur l'agriculture du royaume Lombardo- f^énitien; par M. DE Cballaye. (Commissaires, MM. Boussingault, de Gasparin, Payen.) ":.t .un ■% ÉCONOMIE RURALE. — Mémoire sur le peigne moissonneur du riz et des autres grains , inventé par M. Bianco , de F^érone; par M. de Ghallaye. (Même Commission.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Addition à un précédent Mémoire sur un nouveau système de chemins de fer; par M. Dericqitehem. (Commission précédemment nommée.) PHYSIOLOGIE. — Apparitions des phlyctènes par suite de brûlure sur des cadavres. (Extrait d'une Note de M. Bouchut.) (Commission du prix Manni.) « Dans une communication récente, M. Mandl a recommandé, pour constater la mort, une expérience facile à répéter, et dont l'exécution peut être, dit-il, confiée au premier venu. » .l'ai répété cette expérience déjà mdiquée par plusieurs auteurs, et j'ai obtenu des résultats qui ne permettent pas d'accorder à ce moyen la con- fiance qu'il a inspirée au médecin que j'ai eu le plaisir de citer. Voici un ré- sumé de quelques-unes de mes expériences : » Première expérience ; sur une femme maigre et sèche, affectée de cancer au foie. — Des brûlures, faites vingt-deux heures après le décès, produisirent des bulles parfaites remplies de sérosité jaunâtre, sans que d'ailleurs il y ait la moindre coloration de la peau. » Deuxième expérience : sur un homme atteint d'emphysème pul- monaire et de bronchite capillaire aiguë. — Il présentait une légère infil- tration séreuse des membres inférieurs. Des brûlures en grand nombre , faites douze heures après la mort, présentèrent le lendemain, sur quelques- ( 38i ) unes seulement, et principalement sur celles situées dans des parties déclives ou infiltrées, présentèrent, dis-je, des bulles remplies de sérosité jaunâtre. » Troisième expérience : sur une femme morte d'un purpura hemorra- gica. — Une seule brûlure, faite douze heures après le décès, sur la partie externe de la cuisse , donna lieu à une ampoule remplie de sérosité sangui- nolente. - ,. " 1) Quatrième expérience : sur un homme m^ort de néphrite alhumineiise chronique et dont le corps était généralement infiltré de liquide séreux. — Dix-huit heures après la mort, je fis une vingtaine de brûlures, et le lendemain , quinze d'entre elles, celles situées à la face interne des cuisses et sur les parties déclives, étaient recouvertes de bulles remplies par de la sérosité incolore et transparente. Il II résulte de ces faits, dont je pourrais augmenter le nombre, que lepiderme peut se décoller de la peau de certains cadavres et former des ampoules séreuses sous l'influence de la brûlure. A cette occasion , je rap- pellerai que M. Magendie a parlé de faits semblables dans ses cours du col- lège de France, et que M. Leuret a rapporté un fait de même nature, dans lequel on vit, avec surprise, la peau d'un cadavre se couvrir de bulles sé- reuses, parce qu'on avait laissé près de lui, par mégarde, un fourneau rempli de feu. » L'Académie sait d'ailleurs que Jean Prévost avait aussi regardé le dé- veloppement des ampoules sous l'influence des vésicants comme un signe dis- tinctif de la vie et de la mort, et que Louis acceptait le résultat de cette expérience lorsqu'il écrivit en 1752 : i< Si le vésicatoire appliqué suivant " les règles de l'art excite des vessies, c'est un signe certain de vie , car il " n'agit pas sur des personnes mortes. » Elle sait également que les doc- teurs Duncan et Ghristison se sont beaucoup occupés, à propos de deux procès célèbres, de la question des brûlures sur le cadavre, et sur l'homme vivant, dans le but de déterminer leurs analogies où leurs différences. » J'ajouterai que si l'ampoule produite sur la peau par la chaleur n'est pas un caractère positif de la persistance de la vie, la rougeur immédiate qui accompagne le premier degré de la brûlure, ou l'auréole qui se déve- loppe secondairement autour des autres degrés de la maladie, en est un signe plus constant et de plus de valeur. » Quoi qu'il en soit de ces signes et de leur valeur, je ne crois pas que le médecin puisse en trouver de plus certain ou de plus infaillible que celui que donne l'auscultation suffisamment prolongée de la région du cœur. Ce mode ( 382 ) d'exploration est, ea définitive, le meilleur moyen que nous ayons pour distinguer la mort réelle de la mort apparente. » MÉDECINE. — Réclamation de priorité relativement à un mnj-en proposé comme propre à faire distinguer la mort réelle de la mort apparente. • (Note de M. Levy. ) , ' (Commission du prix Manni.) » Je lis dans le Compte rendu de la séance du 11 février de l'Académie (les Sciences, que M.Mandl a proposé, comme pouvant concourir à résoudre la question de la mort apparente et de la mort réelle , l'examen ues phé- nomènes organiques qui se produisent à la suite de la brûlure, et surtout de celles du second degré. -xor « Permettez-moi de réclamer la priorité de l'application de ce moyen au diagnostic de la mort réelle et de la mort apparente. U y a plus de huit ans que j'ai fait, à l'amphithéâtre du Val-de-Grâce, où j'étais alors profes- seur, des expériences tendant à constater les effets différents qu'on obtient sur le cadavre et sur le vivant, à l'aide de divers modes d'adustion et de cau- térisation. Les résultats de ces expériences, très-favorables au but que M. Mandl s'est proposé comme moi, ont été sommairement consignés dans laThèse qu'un de mes anciens élèves, M. Ménestrel, a soutenue à la Faculté de Paris, il y a plus de sept ans; ils sont aussi rappelés dans le second vo- lume de mon Traité d'Hjgiène, publié en i845; voici ce passage : « Nous )' avons constaté que l'action du fer rouge sur les tissus d'un cadavre n y » détermine jamais d'escarre, ni de rougeur en forme d auréole, ni de r ligne rouge ; pour produire un effet sensible sur une partie morte , il y n faut accumuler une quantité plus considérable de calorique, et prolonger " l'application du cautère: avec l'intensité et la durée d'action du cautère, r> qui suffiraient pour désorganiser sur le vivant toute l'épaisseur de la peau, - on produit à peine sur le cadavre le dessèchement de l'épiderme et la n flétrissure de la superficie du derme. Plus intense, plus prolongée, l'ac- » tion du fer rouge sur le cadavre ne produit qu'une simple carbonisation, " sans aucune trace d'hypérémie ou de phlogose à ses limites. » CHiRtJRGiE. — Sur l'emploi de Uinhalation des vapeurs éthérées comme moyen de distinguer les affections simulées des affections réelles. (Extrait d'une Note de M. Baudens.) (Commission de l'éther.) 'c On sait que des conscrits, dans le but de se soustraire à la loi du re- ( 383 ) cruteinent, simulent certaines affections avec tant d'adresse et d'opiniâtreté, qu'il leur arrive assez souvent de mettre en défaut les lumières des honmies c[U! composent le jury de révision. D'un autre côté, on sait aussi que; des affections réelles peuvent parfois être prises pour des maladies simulées, et entraîner le conseil de révision dans des erreurs non moins regrettables. Je vais avoir l'honneur d'appeler l'attention de l'Institut sur des faits appar- tenant à l'une et à l'autre de ces deux catégories. » Premier fait. — Un soldat du aj* régiment, incorporé depuis dix-huit mois, s'est présenté au corps avec une voussure du dos des plus prononcées. » Placé sur une table et couché sur le dos, ce militaire, dont la colonm vertébrale décrivait un demi-cercle, affectait une position telle, que la région lombaire prenait seule un point d'appui sur la table. En prolongeant cette position très-pénible, on serait peut-être parvenu à vaincre la contracti- lité musculaire; mais j'avais annoncé qu'il n'y aurait point lutte, et je fis mettre un traversin sous la tête de ce militaire pour la soutenir et ne pas le fatiguer. , » Quatre minutes après l'inspiration des vapeurs éthérées, survint l'insen- sibilité avec perte de connaissance , et bientôt après la résolution complète des membres. Je fis alors retirer doucement l'oreiller, et l'on vit la tête, le col, les épaules et le dos redressés tomber naturellement en arrière, par leur propre poids, et poser d'aplomb sur la table: le mensonge était dévoilé. » Deuxième fait. — Le i*"" mars, un jeune soldat récemment incor- poré entrait au Val-de-Grâce, comme atteint d'une ankylose complète de l'articulation coxo-fémorale du côté gauche. » Quand on palpait le membre, on sentait une contraction spontanée qui semblait volontaire; ce qui portait à considérer l'affection comme simulée. Ce militaire se soumit sans hésitation à l'épreuve de l'éther. Au bout de cinq minutes, les phénomènes de somnolence commencèrent à se produire; l'in- sensibilité fut complète, après huit minutes; mais la contractilité persistait, et la résolution absolue du système musculaire ne survint qu'après douze mi- nutes. Je pus alors me convaincre que la maladie n'était pas simulée et qu'il existait une ankylose complète de l'articulation coxo-fémorale. Il était, en effet, impossible de faire exécuter à celle-ci aucun mouvement, et, en son- levant le fémur, on imprimait en même temps un mouvement de totalité au bassin: l'articulation sacro- vertébrale suppléait à celle du fémur avec l'os coxal. Il me fut dès lors permis d'assurer avec une conviction absolue que le premier de ces militaires avait une infirmité simulée, et que le second, im- propre au service, devait être rendu à sa famille. » f 384 ) PHYSIOLOGIE. — Effets de l'inhalation de Véther sur des fœtus contenus dans l'utérus. (Extrait d'une Note de M. Amcssat.) (Commission de l'éther.) « Sur une lapine pleine, arrivée presque au terme de la gestation, j'ai extrait par une incision pratiquée à l'abdomen, trois foetus qui ont respiré, crié et fait des mouvements, .f'ai soumis ensuite la mère à l'inhalation de l'éther, et au bout de trente minutes (la sensibilité ayant beaucoup tardé à disparaître), j'ai enlevé cinq autres fœtus plus bruns que les premiers, plus engourdis, mais qui ont respiré, agité leurs pattes, après avoir été ré- chauffés. Ayant cessé l'inhalation, j'ai enlevé deux fœtus qui restaient et qui étaient également vivants. Au bout d'une heure, huit fœtus, mis auprès du feu, respiraient encore; deux seulement, qui avaient été laissés à dessein sur une table, étaient morts. >' Sur une chienne pleine , j'ai obtenu des résultats semblables, mais moins prononcés, parce que l'animal n'était arrivé qu'au tiers environ du temps de la gestation. » Ainsi ces faits, dans lesquels l'influence de l'éther a été évidente sur les fœtus, confirment l'idée que j'ai avancée, savoir: que les expériences pour- ront contribuer à éclairer la question de l'inhalation de l'éther dans les accouchemeuts. « Enfin, j'ai constaté dans plusieurs opérations, notamment dans une amputation du sein sur une femme, que le sang est plus fluide, moins coagu- lable après l'inhalation de l'éther. Cette circonstance m'a paru très-impor- tante à signaler, car elle favorise beaucoup la recherche des vaisseaux de petit et de moyen calibre dans lesquels il ne se forme pas instantanément des caillots, comme cela arrive ordinairement dans les opérations faites sans employer l'éther. 1' Quant à l'inhalation de l'éther considérée d'une manière générale , elle nous paraît présenter trois avantages : » Elle détruit la sensibilité; elle rend le sang plus fluide, moins coagu- lable; elle semble modérer la réaction consécutive aux opérations chirurgi- cales. » Quant à la question obstétricale , les expériences sur les animaux prou- vent jusqu'à présent que l'influence de l'éther s'exerce aussi sur les fœtus ; mais leur état d'asphyxie se dissipe assez facilement. » ( 385 ) PHYSIOLOGIE. — EJfets produits sur une femme enceinte par l'inhalation de Véther. (Note de M. J. Cardan.) ' (Commission de l'éther.) " Une jeune femme, enceinte de six mois et demi à sept mois, fut soumise à la respiration de Téther ; l'intoxication fut très-longue à s'établir : le pouls était dur, sans que le nombre des pulsations fût notablement augmenté ; elle était prise d'une hilarité assez désordonnée, ainsi qu'on l'observe souvent. » Après dix à douze respirations, l'enfant se mit à faire des soubresauts et des mouvements convulsifs très-douloureux pour la mère : ces mouve- ments devenaient plus violents et se succédaient avec plus de rapidité à me- sure que l'éther était absorbé; mais, comme la mère devenait en même temps insensible , elle finit par ne plus en avoir conscience que d'une manière vague : revenue à son état normal, elle éprouvait de la gêne et de la douleur dans toute la région de l'utérus; elle comparait c^tte douleur à celle qui résulterait de coups et de meurtrissures. » Le cœur de l'enfant battait avec une rapidité extrême; cette rapidité des pulsations paraissait être dans un rapport assez direct avec les mouvements et les soubresauts : elle était telle quelquefois . qu'on ne pouvait plus guère distinguer une pulsation d'une autre ; on aurait presque dit un frémissement continuel. Le bruit placentaire avait perdu ses caractères habituels; ce n'é- tait plus qu'un frémissement informe , qui variait suivant que les secousses du fœtus étaient plus ou moins fortes et rapides. ■ , » S'il est permis de conclure d'une seule expérience, je crois que la respi- ration de l'éther peut produire des résultats fâcheux, sinon dans toute la grossesse, du moins dans la dernière moitié. Dans le cas que je viens de rapporter, si nous n'avons eu aucun accident, c'est peut-être parce que nous avons arrêté l'opération avant d'arriver à un évanouissement complet. Malgré cette précaution, la femme est restée fatiguée et dans un état de malaise gé- néral , qui s'est dissipé d'ailleurs sans laisser aucune trace. » CHIRURGIE. — Observation de luxation de L'épaule, réduite avec jacilité sous l'iiifluence des inhalations d'éther. (Extrait d'une Note de M. BOIIRGUET. ) . ■ (Commission de l'éther.) « Observation. — P. Blanc, charretier, âgé de trente-deux ans, d'une forte constitution , à système musculaire développé, se luxe l'épaule droite, le II février 1847, ^" village de Suines, sur la route d'Aix à Marseille. liC jour même de l'accident, un. chirurgien très-distingué est appelé et se rend C. R. , 1847, '" Semestre. (T. XXIV, ^o 10.) 5 I ( 386 ) sur les lieux, accompagné d'un autre praticien. Après plusieurs heures de manœuvre, ils ne parviennent pas à obtenir la réduction. » Le lendemain, le malade se décide à se rendre à l'hôpital d'Aix. Au mo- ment de son entrée, le chef interne attaché au service chirurgical essaye à son tour, mais inutilement, d'obtenir la réduction ; ses tentatives restent encore infructueuses. » Le surlendemain, à ma visite , j'examine le malade ; après avoir constaté le déplacement, je prescris un bain général et fais recouvrir l'épaule d'un cataplasme. A trois heures après midi, je me rends de nouveau auprès du ma- lade, accompagné de M. le docteur Chaudon, ancien chirurgien de la marine, et de M. le docteur Féraud, médecin en chef à l'hôpital d'Aix : après avoir disposé mes aides pour pratiquer l'extension et la contre-extension , je cherche à assoupir la sensibilité, et surtout la contractilité musculaire, au moyen des inhalations d'éther. Le malade commence à inspirer; mais il a si peu d'in- telligence, qu'il ne peut comprendre la manière dont il faut qu'il inspire , et qu'il le fait fort mal. Cependant, au bout de quinze minutes environ, nous nous apercevons qu'il présente les signes de riVre.y.ye éthérée. Ce mo- ment nous paraissant favorable pour tenter la réduction , je donne l'ordre aux aides de commencer leurs tractions. A peine celles-ci sont-elles com- mencées, que je sens la tête de l'humérus abandonner la place qu'elle est venue occuper en dessous de l'apophyse coracoïde; les muscles, de leur côté, n'opposent qu'une résistance extrêmement faible : de sorte que, rien n'entravant la réduction de la luxation , cette dernière se trouve obtenue, dans l'espace de deux à trois minutes au plus, sans secousses, sans douleur et sans que le malade s'en soit douté. , « Lès suites en ont été extrêmement simples : le malade, qui n'a éprouvé ni fièvre ni céphalalgie, est sorti de l'hôpital le cinquième jour. » M. M AYOR adresse , de Lausanne, un appareil qu'il a imaginé pour déter- miner \ inhatation de l'éther chez des enfants, des idiots ou des aliénés, qu'on veut priver de sensibilité avant de les soumettre à des opérations chirur- gicales. ( Commission de l'éther. ) M. Ad. Vincent, pharmacien en chef de la Marine, adresse à l'Académie un Mémoire sur la matière textile du Phormium tenax. L'auteur, après avoir examiné les caractères distinctifs de cette substance végétale comparée au chanvre et au lin , fait remarquer particulièrement la couleur rouge pro- duite par l'action de l'acide nitrique sur la matière organique azotée conte- nue dans les fibres de la plante; d'après M. Vincent, cette coloration pour- (387 ) rait ainsi conduire à reconnaître la présence du phormium dans les divers tissus. (Commissaires, MM. Gaudichaud, Boussingault, Payen.) M. Brunner soumet au jugement de l'Académie un théodolite qui , pour une grandeur donnée du cercle répétiteur et sans augmentation du volume de l'in- strument, présente tout ce qui est nécessairç pour les observations de décli- naison et d'inclinaison de l'aiguille aimantée et pour celles d'intensité. (Commissaires, MM. Arago, Duperrey, Mauvais.) M. PiGONi adresse la description d'un télégraphe hydraulique. (Commission des télégraphes. ) M. Anquetil présente une Note sur la cause des mouvements de l'aiguille aimantée, et une boussole de son invention. (Commissaires, MM. Duperrey, Laugier, Mauvais.) M. MoNTiGNY soumet au jugement de l'Académie un nouveau /«^t/ de son invention, se chargeant par la culasse. (Commissaires, MM. Morin, Piobert, Seguier. ) M. Dégenétais adresse un Mémoire ayant pour titre : Protestation contre la réception des viaducs en courbe établis dans les vallées de Barentin et de Mirville. • (Commission des chemins de fer.) CORRESPONDANCE. . MM. les Membres du bcheau de l'Associjition britannique pour l'Avance- ment DES Sciences annoncent que la prochaine réunion aura lieu à Oxford à dater du 23 juin 1847- PHYSIOLOGIE. — Sur les expériences faites par dijjérents physiologistes , relativement aux propriétés des nerfs. (Lettre de M. Longet.) « Ce n'est qu'après avoir relu la Note de M. Flourens ^i), après en avoir bien pesé les conséquences, que je me suis décidé à adresser à l'Aca- démie qui, en 1841, m'honora du prix de Physiologie expérimentale , la présente réclamation. Mon but est de démontrer qu'en me décernant ce prix, l'Académie n'a nullement été induite en erreur par le silence de M. Magendie (1) Sur la découverte du siège distinct de la sensibilité et de la motricité. ( Foirles Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences du i*^'' mars 1847 •) 5i.. \ /' ( 388 ) à cette époque ; et que, dans les expériences qu'elle a bien voulu couronner, dans ma personne, elle n'a nullement couronné celles déjà connues de ce physiologiste. Il suffira de mettre en parallèle quelques-uns de nos résultats, et même les procédés d'expérimentation, pour voir qu'ils sont totalement différents. » En effet , pour M. Magendie , les racines spinales antérieures sont très- sensibles , et les faisceaux antéfieurs de la moelle eut une sensibilité très- manifeste [Leçons sur les Jonctions et les maladies du système neiveur, tome II , pages 343 et i53) : pour moi, ces racines et ces faisceaux sont complètement insensibles (Recherches expérimentales sur les Jonctions des Jàisceaux de la moelle épinière et des racines des nerjs spinaux; 1 84 1 » pages 127 et i3i). » Suivant M. Magendie, les racines antérieures qui donnent le mouve- ment ne sont pas étrangères à la sensibilité [Journal de Phjsiologie expé- rimentale, tome III, page 188); et plusieurs de ses expériences tendent à établir que le mouvement n'est pas exclusvement dans les racines antérieures {Op. cit. , tome II, pages 368 et 369) : suivant moi, les racines antérieures sont exclusivement motrices, et les postérieures exclusivement sensitivès [Loc. cit.). « Il résulte des recherches de M. Magendie [Journal de Phjsiologie ex- périmentale, tome III , page 1 54) , que les faisceaux antérieurs de la moelle président plutôt à la motilité, que les faisceaux postérieurs pi-ésident plutôt à la sensibilité, tout en influençant le mouvement : il résulte des miennes, que les colonnes antérieures de la moelle ne sont en rapport qu'avec la mo- tricité, et les postérieures qu'avec la sensibilité [Op. cit. , page i3i . » Enfin , pour déterminer les attributions de ces différentes parties , M. Ma- gendie les coupe et les divise : pour arriver à ce but, je fais surtout usage du courant électrique que je crois avoir appliqué, le premier, à la détermi- nation des fonctions, non des racines spinales, mais des cordons anté- rieurs et postérieurs de la moelle épinière. » Qui a raison, qui a tort? Ce n'est point le lieu de discuter pareille question. Il m'importait seulement, pour le motif énoncé plus haut, de prouver en ce moment à l'Académie que les expériences et les résultats de l'un n'étaient point les expériences et les résultats de l'autre. " CHIMIE. — Recherches sur l'acide sulfoxiphosphovinique et sur ses composés. (Extrait d'une Note de M. Cloez.) « Dans un Mémoire que nous avons eu l'honneur de communiquer à l'Académie, M. Bouquet et moi, nous avons fait connaître un' nouveau ( 339 ) genre de sels, dont l'acide, que nous avons désigné sous le nom d'acide sulfoxiarsénique, renferme à la fois de l'arsenic, de l'oxygène et du soufre, abstraction faite de l'eau. ■> Le sulfoxiarséniate de potasse, que nous avons obtenu en faisant passer de l'hydrogène sulfuré à travers une dissolution d'arséniate de potasse, a pour formule AsO'SS K0 + 2 HO. » La grande analogie qui existe entre les composés correspondants de l'arsenic et du phosphore faisait prévoir, jusqu'à un certain point, l'exis- tence des sulfoxiphosphates. Après bien des tentatives, je suis parvenu à produire ces sels en décomposant le chlorosulfure de phosphore de Sérullas par une lessive alcaline. » FiC chlorosulfure de phosphore, traité par l'alcool ordinaire, donne un acide analogue à l'acide phosphovinique de M. Pelouze. D'après mes ana- lyses, cet acide a pour formule . PhO'S', C'ffO, 2(H0); c'est l'acide sulfoxiphosphovinique. Avec l'esprit- de-bois on obtient l'acide sulfoxiphosphométhylique. L'alcool amyhque doit produire le composé correspondant, l'acide sulfoxiphosphamylique. " En saturant l'acide sulfoxiphosphovinique par les carbonates de baryte , de chaux, de strontiane, etc. , on obtient des sels cristallisés et bien définis; celui de baryte a pour formule , , • • . . PhO'SS C^H^O, 2BaO-(-Aq. » Les sels de potasse et de soude s'obtiennent facilement en décomposant le chlorosulfure de phosphore par une dissolution alcoolique de potasse ou de soude ; ils sont solubles dans l'alcool. L'équation suivante rend compte de la réaction qui a lieu avec la potasse : PhœS^+C*ffO' + 5(RO) = PhO'S% C'U'02(K0)-f-3(KCl)-l-H0. » CHIMIE. — Recherches sur l'équivalent du titane; par M.. Isidore Pierre. (Extrait.) ' ■ , ' .. u L'auteur s'est servi, pour la détermination de l'équivalent, du titane de la méthode imaginée par M. Gay-Lussac pour l'analyse des alliages d'argent, et appliquée par M. Pelouze à la recherche des poids atomiques de plusieurs corps simples et particulièrement du phosphore, de l'azote, de l'arsenic et du silicium. » Il résulte des faits consignés dans la Note de M. Pierre, que l'équivalent ( 390 ) du titane doit être notablement augmenté; car l'auteur propose de substituer le nombre 314,69 au nombre 3o3,686 généralement adopté, d'après M. Henri Rose. » CHIMIE. T- Mémoire sur la composition de [essence de thym { thymus vulgaris des Labiées); par M. Léonard Doverï, de Florence. (Extrait par l'auteur. ) « L'essence de thym est composée de deux huiles distinctes, dont l'une bout à 180 degrés, l'autre à 235 degrés. La composition delà première peut être exprimée par la formule G'^H^'O; celle de la seconde, par la formule C'^H'^O" (4 vol.). La densité de sa vapeur est de 5,5i i. » Cette dernière essence , soumise à l'action de l'acide phosphorique anhydre, se déshydrate; mais, tandis qu'elle a une grande facilité à perdre ses deux premiers équivalents d'eau , elle perd les deux derniers avec diffi- culté. Toutefois, après plusieurs distillations sur l'acide phosphorique an- hydre, elle se transforme en un carbure d'hydrogène, dont la composition s accorde avec la formule G*" H''*. » CHIMIE. — Sur divers produits analogues à la xjloïdine et à lapjroxjline; /3ar MM. Flores DoMONTE e« Méivard. > « Nous soumettons aujourd'hui au jugement de l'Académie des Sciences, les résultats des travaux que nous avons entrepris sur les produits fulmi- nants formés par l'action de l'acide nitrique fumant sur les matières li- gneuses, amylacées et sucrées. » Le coton-poudre, réduit à un état de division extrême, et abandonné plusieurs mois dans de l'éther rectifié, ne se dissout pas; plongé dans de l'éther alcoolisé, il se dissout, au contraire, immédiatement, mais d'une manière incomplète. La matière soluble du coton nous a fourni la compo- sition suivante : Première analyse. Deuxième analyse. Carbone 28,4 28,6 Hydrogène 3,7 3,2 Azote 11,7 " ?4 d'où l'on tire la formule C"H«0'-t-2N0>. Cette formule est , d'après nos expériences , identique à celle de la xyloïdine. » L'analyse de la matière insoluble nous a donné la formule .;. ,. . ....••. C"H»0'-t-3N0'. ( 391 ) » L'addition de ces deux formules donne pour résultat la formule assi- {jnée par M. Pelouze à la pyroxyline, C«H"0" + 5N0\ » D'après le système et la notation de MM. Laurent et Gerhardt , la xyloidine et le coton soluble présenteraient la composition d'un ligneux qua- drinitrique G'^ (H'' 4NO^) O*", et le coton insoluble correspondrait au glu- cose sextinitriqueC'^(H'«6N0*)0'*. » Pour vérifier, s'il était possible , l'exactitude de cette manière de voir, nous avons traité par l'acide nitrique fumant les corps de la famille du sucre. Nous avons obtenu ainsi plusieurs produits fulminants analogues à la xyloidine et à la pyroxyline. Le sucre de canne, le glucose, le sucre de lait et la mannite nous ont fourni des matières blanches , d'un aspect plus ou moins glutineux, très-solubles dans l'éther et l'alcool, et d'une amer- tume remarquable. La dextrine et la gomme donnent des corps semblables, par leur aspect, à la xyloidine. Toutes ces matières ont été précipitées de leur dissolution nitrique, non par l'eau, mais par l'acide sulfurique. Nous n'avons réussi à en faire cristalliser qu'une seule, la mannite nitrique, qui nous a fourni à l'analyse les nombres suivants : ' Première analyse. Deuxième analyse . Carbone ' 17, 3 i7>i Hydrogène i ,8 1,9 Azote '7>5 ' - 17 jO ' , d'où Ton tire la formule ' ' . ■ C"0'H' + 5N0S ou, suivant le système de MM. Laurent et Gerhardt , C° (H' 5N0^) O", c'est-à- dire de la mannite quintinitrique. » CHIMIE. — Sur une question de priorité relative à la préparation de la pjroxjline au moyen de l'amidon. (Extrait d'une Lettre de M. Cottereau.) « Le 8 février 1847, j ai ^^ 1 honneur de vous adresser une Note concer- nant la production indirecte de la pyroxyline au moyen de l'amidon. M. Pe- louze, à cette occasion , déclara que l'expérience avait été faite antérieure- ment par M. de Vrij , des travaux duquel il avait lui-même rendu compte dans la séance du 4 janvier 1847- Cette assertion ne me paraît pas exacte. )> Eu effet , j'ai préparé de la pyroxyline au moyen de l'amidon, et voilà en quoi mon expérience diffère de celle de M. de Vrij , qui a préparé de la pyroxyline et de la xyloidine à volonté, mais en prenant le coton pour point ( 392 ) de départ. Or, dans ma communication, j'ai fait observer que la cellulose devait se trouver dans deux états différents d'hydratation, soit qu'on la prenne dans le coton, soit qu'on la considère comme amidon. Je per- siste, en conséquence , à dire que mon expérience diffère entièrement de celle de M. Vrij. « . < CHIMIE. — Note sur la pjroxjline ; par M. Richier. « J'avais annoncé à l'Académie que la pyroxyline (coton-poudre) est en- tièrement soluble dans les acétates d'éthyle et de méthyle. M. Payen ayant contesté l'exactitude de mes premiers essais, j'ai dû les reprendre; les résul- tats que j'ai obtenus ont pleinement confirmé ce que j'avais annoncé. Tou- tefois ces résultats ne s'appliquent qu'au coton qui a été purifié par des trai- tements successifs avec les acides, les alcalis étendus, l'alcool et l'éther. L'éther acétique doit aussi être très-pur. •:, . * » La dissolution de la pyroxyline, dans ces ëthers, est transparente, et peut être facilement filtrée ; le filtre ne retient rien , car un filtre, peu avant et après la filtration, a conservé le même poids. Cette dissolution, abandon- née à elle-même pendant plusieurs jours, n'a rien laissé déposer. " En résumé, la solubilité complète de la pyroxyline dans les acétates d'éthyle et de méthyle, ainsi que l'a indiqué M. Pelouze , peut servir pour reconnaîlre la pureté de cette substance. «. M. V. Paquet adresse quelques réflexions sur les avantages qu'il y aurait à renouveler par semence les pommes de terre, dans le but de prévenir le retour de l'affection qui s'est manifestée depuis deux années par l'altération des tubercules. L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés, présentés par M. DucROs, par M. Faure, et par M. Hutin. A 5 heures un quart l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section de Mécanique propose de déclarer qu'il y a lieu d'élire à la place vacante par suite du décès de M. Gambejr. L'Académie étant consultée par voie de scrutin sur cette proposition, sur 37 votants , Il y a 34 oui. . . . ., . . . . . 2 non. Et un billet blanc. \ < ( 393 ) L'Académie, en conséquence, déclare qu'il y a lieu de nommer à la place vacante. La section est invitée à présenter une liste de candidats dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures trois quarts. ' F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. li' Académie a reçu, dans la séance du i*"' mars 1847, ^^^ ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de i Académie royale des Sciences i" semestre 1847, "° 8; in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Ghe- viiEUL, Dumas, Pelouze, BoussiNGAULTef Regnault; 3*^ série, tome XIX; mars 1847; in-8°- Précis de l'Histoire de l'Astronomie planétaire, écrit à l'occasion de la dé- couverte de M. Le Verrier ; par M. BlOT ; in-4''. Bulletin de i Académie royale de Médecine; février 1 847 ; in-8°. Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 62' et 63® livraisons; in-S". Précis analytique des Travaux de l'Académie royale des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Rouen , pendant l'année 1 846 ; in-8°. Maladies des femmes. — Traitement rationnel et pratique des ulcérations du col de la matrice; par M. Prichard, avec figures; i vol. in-S". Statistique générale, méthodique et complète de la France, comparée aux autres puissances de l' Europe ; par M. Schnitzler; 4 vol, in-4°. Annales forestières ; février 1847; i^'^"- Rapport présenté à M. le Ministre de l' Agriculture et du Commerce , par t'A- <:adémie royale de Médecine , sur les Vaccinations pratiquées en France pendant l'année i844> in-8°. Annales scientifiques , littéraires et industrielles de l' Auvergne ; novembre et décembre 1846; in-S". Annuaire de Chimie, comprenant les applications de cette science à la Méde- cine et à la Pharmacie; par MM. MiLLON et ReiseT; i vol. in-8". Note sur un nouveau fait de coloration des eaux de la mer par une algue mi- cwscopique; par M. MONTAGNE; in-8''. C. B.. 1S47, i«r Sem«<> 10.! 52 ( 394 ) Note sur le genre Godofa et ses analogues, avec des observations sur les limites des Ochnacées, et une revue des genres et espèces de ce groupe; par M. Planchon ; brochure in-8°. Ninive et Bahjlone expliquées dans leurs écritures et leurs monuments par les livres emportés en Chine, et qui sont d'origine assyrienne ; par M. DE Paravey ; brochure in-8°. Examen des questions connexes sur le Port, les Fortifications et la Rade du Havre, ainsi que sur les travaux à exécuter dans la Seine maritime; par M. De- GÉNETAIS; brochure in-8°. Note sur le dommage causé, en 1846, aux récoltes de l'olivier, par le ver ou larve du Dacus oleae; par M. Guérin-Méneville; { de feuille in-8°. Journal de Médecine, Chirurgie, Pharmacie et Médecine vétérinaire de la Côle-d'Or; février i847;in-8°. Journal des Connaissances utiles; février 1847 ' ••^"8°- Bibliothèque universelle de Genève, et Archives des Sciences physiques et na- turelles; février 1847; i""8°- Académie royale de Belgique. — Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; tome XIII , n° 1 2 ; tome XIV, n° i ; in-8''. The Quarterly journal . . . Journal trimestriel de la Société géologique de Londres; février 1847 ' ^^'^°- The journal. . . Journalde la Société royale géographique de Londres; vol. XVI , partie 2 ; in-8". Astronomiche. . . Nouvelles astronomiques de M. ScHUMACKER; n° 589; in-4'*. Handbuch. . . Manuel d' Anatomie pathologique ; par M. Gh. ROKITANSKI. Vienne, 1842 à 1846; 3 vol. in-8°. Erœterungen. . . Découverte relative à la maladie des Pommes de terre en 1846 et 1847; par M. Manz. Stuttgardt, 1847; in-8°. Osservazioni. . . Observations et Réflexions sur le véritable co^vpox jennérien , ou Examen de la question de savoir si le véritable vaccin jouit complètement et constamment de la propriété antivariolique sur l'homme; par M. Grimelli. (Extrait de VEducatore storico, cahier 7.) In-8°. Raccolta. . . Becueil de Lettres et autres Ecrits relatifs à la Physique et aux Mathématiques; par M. Palomba; Table de la 2* année, etn° 4 àe la 3' année ; in-8°. Gazette médicale de Paris; 17^ année, n0 9; in-4". Gazette des Hôpitaux; n°' 22 à 24; in-folio. L'Union agricole; n° i4- F* (395) L'Académie a reçu, dans la séance du 8 mars 1847, ^^^ ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences, 1" semestre 1847, «"9; in-4*'- Société rojale et centrale d' Agriculture. — Bulletin des séances, Compte rendu mensuel rédigé par M. Payen ; 2* série, t. Il ; n" 6; in- 8". Société royale et centrale d' Agriculture. — Rapport sur les moyens de sup- pléer au déficit des produits de la pomme de terre; par M. Vilmorin; brochure in-8°. Administration des Douanes. — Tableau général des mouvements du Cabotage pendant l'année i8/\5; m-^°. Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. 1j. Renier; 65* et 66® livraisons; in-8°. Précis analytique des Travaux de l'Académie royale des Sciences, Belles-Let- tres et Arts de Rouen , pendant l'année 1846; in-8". Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; n" 96; in-S". Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; février 1847; in-8''. Bulletin de la Société d'Horticulture de l'Auvergne; 4" année; février 1847; in-8°. Traité de l' Exploitation des Mines; par M. CoMBES; 3 volumes in-S" et atlas in-folio. Mémoire sur la dérivation des eaux pluviales qui entraînent les terres des sols en pente et qui inondent les vallées; par M. de Saint-Venant ; brochure in-8". Anatomie microscopique; par M. LouiS Mandl; 21* livraison (i™ série, 16* livraison) : Organes urinnires; 22* livraison (i™ série, 1 7'' livraison) : Organes : 5 a " - « 3 -a -2 nua Si) 3 3 3 01 ' Of S « « ? > = = p^ p^ p^ . 000 S ^ S 0 ': . -< o - iO "O « ^ ^^'sû es !£> O O c^ O CO c^X c^cn ro c^ a> « ~ r^Xi c^ - l 0".»^ c^OO fO ro (O M ^* eu 1 s fOpl««fOOO>0«-OfO«i-ro-oro~M-o~ Ol-^ « - o -< ro c^in in î + + + + + + + + + + +! + + + + + + + + + + + + + + + -F + + + + ^ 'nUHOAU »Q t£) v*-in -XOOlOtO OOC « ^~* OfO^O -COCOXQO CJfOi^CO Oi» ir- | « O '«O c^ (=1 es -ai «--O-c^i-O^^-O^îi-OtilQOO- r^VO ^Jd-VJ- C^v3- O O O - O ->« « « gs ++++++++1 l+l I+++++++++++I 1 1 1 + + + + (S - 05 O^.^^ M-v^"- o Oic^-ro^^ c^'^^cn ^ c£) v^v^^* ov^j-M-r-Oi IM-co CO BS o c m lo CO vd-v^'O - 00 « c-^ o r^» 00 d^D OO O «»n«^ OtO O'^O CT:- in 0 0 in o:» es o co O to - 00 »n - o vi^ c^co àî ! ôvoo" o" in 2-0 ^ot^c£)^vOOioiO'o>r)»r v^into m ï:^r^r>»r^r^r^c^ï:^ir^t->«i:>»r^r^r^r-«c^r^r^ir^r^r^i:^r>r^r^i:>.c^r-« 1 r^r^c^ !:>• C/2 iiou'J.vn a>»n PO ro lu v^fo r- M X es 0 0 ë S ■; co « « M fo c^'^* i-oo«--«er)-"00foo-r-ioo oi'^ « « © - es r^in in es: H » ++++++++ ++ 1 ++++++++++++++++ + + + + ^<|-»o co C5fO Ciro a:^o CO M r^vo en CTî^ - c^^* «v^noococo M'X» O %^8 ro !=• en G~. 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SÉANCE DU LUNDI 15 MARS 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES^ ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Observations sur une eau minérale acide du Paramo de Ruiz ^ans la Nueva-Granada; par M. Bodssingault. » Cette eau , qui m'a été envoyée d'Amérique par M. Illingworth, provient d'une source abondante, qu'un jeune voyageur, M. W. Degenhardt, a dé- couverte dans le Paramo de Ruiz, à l'altitude de 3 800 mètres, là où prend naissance le Guali, un des affluents du Rio-Grande de la Magdalena. » D'après la constitution géologique de la contrée, il est à présumer que cette eau sort du trachyte. Sa température est de 69,4 degrés centigrades. » Depuis l'ascension de M. Degenhardt au nevado de Ruiz, l'existence de'plusieurs bouches volcaniques sur ce point de la Cordilière centrale a cessé d'être douteuse. Ruiz est donc un volcan actif de plus à ajouter à la liste déjà nombreuse des volcans de l'Amérique méridionale. Il L'eau de Ruiz analysée par M. Lewy a donné : ' >» Sur X 000 parties d'eau : Acide sulfurique 5,i8ij„ _ Acide chlorhydrique , 0,881 ) ' .. . Alumine • ...,*,,. . . . o,5oo / u. !, Chaux • •. o,i4o Soude. ......' i .... o,36o Silice ,*..!> o,i83 Magnésie '. ;. . . . • • ■■ • -? • 0,820 Oxyde de fer. . . . .' . / .....".,;.. o,365 7»93o G. R., 1847, I" Semeitre. ( T. XXIV, N» 11. ) 53 ( 398 ) " Cette eau rappelle, par sa constitution, par son acidité, l'eau acide du Rio-Vinagre ou Passambio, originaire du volcan de Puracé, et dont j'ai fait l'analyse il y a plus de seize ans , à une époque où je m'étais proposé de porter mon laboratoire sur les principaux volcans des Andes de Gundi- iiamarca,de Pasto et de Quito. « J'ai trouvé, en effet, dans looo parties d'eau du Pasambio: Acide sulfurique i , 1 1 i Acide chlorhydrique 0,91 ) ' Alumine o,/^o Chaux. . . iUi aiilùi^ti/^ . o , 1 3 Soude 0,12 Silice o , 20 Oxyde de fer; magnésie... traces. 2,87 » On voit que l'eau de Ruiz renferme trois fois autant d'acide que l'eau du Rio-Vinagre; mais il est bon de faire remarquer que la source de Ruiz est thermale, tandis que l'eau de Puracé a été puisée dans un torrent qui, après avoir suivi un cours souterrain , apparaît au jour à la cascade de San-An- tonio, d'où il se précipite d'une hauteur considérable. Tout porte donc à croire, d'après la fraîcheur de ses eaux, que le Rio-Pasambio est formé, en grande partie, par la fonte des neiges qui recouvrent la cime du Puracé, et il est présumable qu'il doit son acidité à l'adjonction de sources acides d'ori- gine volcanique. '^. » Le volume des eaux du Pasambio ou Rio-Vinagre est assez considé rable; on en jugera par un jaugeage que j'ai exécuté en avril i83i , un peu au-dessous de la chorrera de San-Antonio: - ' *. ni Largeur du torrent 3,66 Profondeur moyenne 0,11 Vitesse de l'eau par seconde . . i , 00 » Avec ces données, on arrive à ce résultat, qu'en avril 1 83 1, le Pasambio débitait, par vingt-quatre heures, 34784,64 mètres cubes d'eau qui, d'après l'analyse rapportée précédemment, entraînaient : *•'•<' 386ii kilogrammes d'acide sulfurique; . . 3i 654 kilogrammes d'acide chlorhydrique. /() ' • ( 399 ) » Telle est l'énorme quantité de soufre et de chlore émise, chaque jour, par quelques issues seulement du volcan de Puracé, et sans tenir compte des abondantes vapeurs d'acide sulfhydrique qui se dégagent constamment du cratère. » A une époque où l'on était peut-être porté à attribuer une trop grande influence à l'action que les êtres organisés exercent sur la composition de l'atmosphère, j'ai signalé l'émission incessante d'acide carbonique qui a lieu par les bouches volcaniques, comme une dés causes les plus capables de restituer à l'air le carbone assimilé par les plantes et les animaux. » Aujourd'hui qu'il est possible d'apprécier, avec un certain degré d'exac- titude , tout ce qu'un seul volcan peut rejeter de soufre et de chlore , on accordera, je pense, que les phénomènes volcaniques ne se bornent pas à apporter du carbone à la surface du globe, mais qu'ils y apportent encore un autre élément tout aussi indispensable à l'organisme des êtres vivants, le soufre. " * ' • ""' '• » Les sources acides ne sont pas particulières aux volcans de Ruiz et de Puracé. Ainsi, lors démon ascension au cratère de Pasto, en juin i83i, j'ai vu, près du village indien de Genoi, de belles cascades d'eau fortement acidulée. Une circonstance, heureuse sous ce rapport qu'elle permettra peut-être de les utiliser, c'est que ces sources acides qui proviennent des vol- cans des Andes, coulent à une élévation qui est peu différente de celle à laquelle croissent les espèces les plus efficaces de quinquina. A une courte distance du Puracé se terminent les forêts étendues de Pitayo, qui donnent la quina naranjada: les quinquinas abondent, d'ailleurs, dans les cordillères de Ruiz et de Pasto; et si, jusqu'à présent, leur exploitation n'a pris aucune extension, il faut en voir la cause dans les difficultés que présente l'expor- tation dans des contrées qui manquent de voies de communications, et qui, de plus, sont placées à une grande distance de la mer. C'est pour se sous- traire à la nécessité de transports quelquefois impossibles et toujours très- onéreux, qu'on a, à plusieurs reprises, formé le projet d'exploiter ces forêts de quinquinas, en y préparant sur place du sulfate de quinine; mais on n'a pas tardé à reconnaître qu'il y aurait réellement plus d'obstacles à vaincre, plus de dépenses à supporter, pour transporter depuis l'Europe jusque dans des régions d'un accès si difficile, de l'acide sulfurique, que n'en présente- rait l'exportation de l'écorce fébrifuge. 1 II m'a semblé qu'il serait possible de réaliser la préparation de la qui- nine dans les montagnes volcaniques des Andes, si, comme tout tendait à le faire prévoir, les eaux acides des volcans avaient assez d'acidité pour en- 53.. ( 4oo ) lever cet alcali à l'écorce de quinquina. J'ai, en conséquence, engagé M. Lewy à essayer sur du quinquina, l'action de l'eau de Buiz. La prévision s'est confirmée , et dans une expérience faite dans le laboratoire de la Faculté des Sciences, M. Lewy a préparé de la quinine, par les procédés connus, et en employant comme acide l'eau du volcan de Ruiz. •)l.>) Il y a donc lieu d'espérer, maintenant, qu'on utilisera les quinquinas de certaines contrées montagneuses de la Nueva-Granada , puisque, à cAté des arbres qui produisent la quinine, il se rencontre des volcans qui élaborent continuellement des quantités considérables d'acide sulfurique. » ASTRONOMIE.— Sur un micromètre oculaire à double réfraction; par M. Arago. Rochon, de l'ancienne Académie des Sciences, imagina, le premier, de taire servir la double réfraction à la détermination des très-petits angles. Il plaça un prisme de cristal de roche achromatisé, dans V intérieur de la lunette. A l'aide de son mouvement de translation rectiligne, depuis l'ocu- laire jusqu'à l'objectif, ce prisme permettait de mesurer tous les diamètres des planètes ou des étoiles, compris entre zéro et l'angle formé par les deux rayons ordinaire et extraordinaire , à leur sortie du prisme achromatique. M. Arago a fait un long usage de cet instrument. Il lui a servi dans plus de trois mille déterminations de diamètres de planètes. Toutefois, plusieurs inconvénients s'étaient manifestés: l'achromatisme du prisme ne pouvait être parfait pour les deux images à la fois; avec de très-forts grossissements, ce défaut devenait intolérable; d'autre part, quand le prisme se trouvait très- près de la lentille oculaire, pour la détermination du zéro de l'échelle ou pour la mesure des plus petits angles, les moindres imperfections du cristal ou du travail des surfaces étaient considérablement grossies; enfin, pour tout dire en deux mots, il était fâcheux d'introduire dans la lunette, une pièce qui en altérait inévitablement la bonté. M. Arago remédia à cet inconvénient, il y a déjà bien des années, eu plaçant le prisme à double réfraction e« dehors de la lunette, en l'établis- sant entre l'oculaire et l'œil , à l'endroit même où s'appliquent les verres colorés quand on observe le soleil. Alors, la tangence des deux images s'obtenait en faisant varier le grossissement de la lunette, à l'aide d'un chan- gement dans la distance des deux lentilles de Voculaire comfwsë. Ce changement de distance n'était pas sans inconvénient : il fallait , après chaque altération dans la position des deux lentilles, se remettre au ( 4oi ) foyer. Ajoutons que , pour avoir le meilleur effet, possible de l'oculaire dou- ble, il est nécessaire que les deux lentilles dont il se compose soient à une distance déterminée; qu'en deçà et au delà de cette limite, les images perdent un peu de leur netteté; qu'enfin, ce procédé microniétrique est sans applica- tion possible, quand on veut faire usage d'oculaires simples et de très-foris grossissements. Dans la disposition définitive adoptée par M. Arago, toutes ces diffi- cultés s'évanonissent. Le prisme est toujours en dehors ; ses défauts ne sont jamais amplifiés. Le grossissement est invariable; les plus courts oculaires simples, les oculaires biconcaves, trop négligés aujourd'hui, peuvent être employés. Des prismes un peu plus larges que la pupille , formant ùné série continue et se succédant, depuis les plus petits écarte- ments des rayons 'ordinaires et extraordinaires jusqu'aux plus grands; se succédant par des variations de 3o secondes et même de i5 seulement, sont fixés, par séries de cinq, dans les ouvertures de pièces de cuivre, dans des J?cAe.j susceptibles de se mouvoir , le long d'une rainure pratiquée sur la pièce qui sert à adapter tout le système au porte-oculaire d'une luriettc ou d'un télescope quelconque. L'astronome n'a plus, en faisant passer la fiche devant ses yeux , qu'à chercher quel est le prisme qui lui donne deux images tangentes de l'objet qu'il observe; il divise ensuite l'angle sépa- ratif de ce prisme, par le grossissement de la lunette. Quelquefois, un des prismes n'ayant pas assez séparé les images, le suivant les séparera trop. On n'aura donc que deux limites pour le dia- mètre cherché : ce sera leur moyenne qu'il faudra adopter. Voyons à com- bien se montera l'incertitude. Avec des prismes se succédant par (juinzaines de secondes , et un grossissement de 200 , chaque mesure ne différera de celle que le prisme précédent aurait donnée, que de -—j ou de -^ de seconde; l'incertitude de ta moyenne n'irait guère qu'à -j-^y , quantité entièrement négligeable. Cette forme du micromètre oculaire à double réfraction , était nouvelle pour l'Académie, à laquelle Mi Arago ne l'avait jamais présentée; mais on en fait usage à l'Observatoire depuis plusieurs années. liC Secrétaire perpétuel s'est empressé de rendre pleine justice à l'ha- bileté, vraiment remarquable, que M. Soleil a déployée dans l'exécution de la longue suite de prismes, en quelque sorte microscopiques, qui sont in- crustés dans les fiches du micromètre. L'habileté devait être ici et elle a été, effectivement, accompagnée d'une grande modération dans les prix. • • ( 402 ) STATISTIQUE. — Extrait d'un travail intitulé : Tableau général d'un pays , aurifère ; par M. Auguste de Saisit-Hilaire. « Dans un travail que je viens de terminer el qui a pour titre : Tableau général d'un pays aurijere^ j'essaye de donner quelque idée de Goyaz, pro- vince à peine connue, qui, sur une surface plus grande que la France, ne contenait, en 1819, qu'une population de 80000 individus, et où aujour- d'hui on en compte au plus 97 000. Je consacre à cette étude une suite de chapitres intitulés: 1° Histoire; 1" Etendue ^ limites, surface; 3° Végéta- tion; 4" Climat, salubrité; 5° Population; 6" administration générale; 7" Finances; 8° Résultats moraux de la dixme; 9° Clergé, instruction publique; \o° Forces militaires; 11° Extraction de l'or; 12" Culture des terres; i3° Valeurs représentatives; i4° Mojens de communications; iS" Mœurs ; et je ne me borne pas à donner une idée du triste état de ce pays reculé, je tâche de découvrir les remèdes qui peuvent mettre un terme à ses misères. » Je n'entretiendrai pas l'Académie des chapitres de mon travail qui sont étrangers à ses occupations habituelles, mais je lui demanderai la permission de lui soumettre le paragraphe où j'esquisse à grands traits le tableau de la végétation du pays dont il s'agit, et celui où je dis quelques mots de son cli- mat et de sa salubrité. Je me bornerai à parler de la partie de la province que j'ai visitée, celle qui s'étend au sud de ce grand diviseur d eau auquel j'ai donné le nom de Serra da Paranahjba e do Tocanlins (i). Végétation. « Cette vaste étendue de pays, aussi bien arrosée que le centre de la pro- vince des Mines, présente une alternative de bois et de campos, les uns uniquement couverts de plantes herbacées {Taboleiros descobertos) , les autres parsemés d'arbres tortueux et rabougris, à écorce subéreuse, aux feuilles souvent dures et cassantes [Taboleiros cobeitos). L'aspect de ces der- niers campos est celui des pâturages de même nature que j'avais traversés, en 1817, dans le désert oriental du San-Francisco, et qui se retrouvent dans la conuirca de Paracatis. Les plantes éparses au milieu des herbes appar- 1 (i) Je compte avoir l'honneur de soumettre plus tard à l'Académie un Mémoire sur cette chaîne remarquable. f 4o3 ) tienuent aux mêmes espèces, à Goyaz et à Minas (i); ce sont k's mêmes qualea, les mêmes vochjsia ;\e solanumk fruits gros comme mie pomme de calville, que l'on appelle fruia de lobo Solanum Ifcocarpuin, Aug. Saint- Hil.) (2); plusieurs Apocy nées, entre autres celle qu'on emploie dans le pays comme purgatif, sous le nom de tiborne {jPlumiera drastica, Mart.); le pequi [Carjocar brasiliensis, Aug. Saint-Hil., Juss., Camb.), dont le fruit est co- mestible; \e pacari au bois jaune [Lajbensia pacari, Aug. Saint-Hil.); le quina do campo [Strychtios pseudoquina) , qui, quoiqu'un bon fébrifuge, n'offre pas une particule de quinine, et qui, quoique appartenant au genre Strjchnos, ne contient pas un atome de strychnine (3). » Quelques-uns des campos les plus élevés de la partie méridionale de la province de Goyaz diffèrent cependant beaucoup de ceux de Minas par la présence d'une monocotylédone ligneuse, haute de plusieurs pieds, extrême- ment pittoresque, qui tantôt se montre seule au milieu des Graminées et des autres herbes, et tantôt se mêle aux arbres tortueux et rabougris. C'est un vellozia qui , entièrement couvert d'écaillés, se bifurque plusieurs fois; dont la tige, excessivement roide, est partout d'une égale grosseur; dont les rameaux, aussi roides que la tige, se terminent par une touffe lâche de feuilles linéaires et pendantes; dont les fleurs, d'un bleu pâle , aussi grandes que nos lis, sortent du milieu des touffes de feuilles qui semblent les pro- téger, .-y.-/:- v.\'-v. /<■■' 'p :•■'>' •■-'... " Les bois ne sont point également répartis entre les divers cantons que (i) Foir mon Voyage dans les provinces de Rio~de- Janeiro et de Minas-Geraes, vol. II, et mon Tableau géographique de la végétation primitive dans la province de Minas-Geraes. [Nouvelles Annales des Voyages, tome III.j (2) Foirmon Voyagedans lesprovinces de Bio-de- Janeiro et de Minas-Geraes, t. II, p. 333. (3) Dans un Mémoire présenté à l'Académie, le 2 mars 1846, M. Pinel [voir la Rev^c bo- tanique, par M. Duchartre) dit que le Strychnos pseudoquina est un des végétaux qui succè- dent aux. bois vierges incendiés. Ce petit arbre appartient à la végétation des campos ; il con- tribue à la caractériser, et l'on sait qu'il n'arrive jamais qu'un arbre de la région des campos passe dans celle des forêts primitives. Loin de l'Europe , des livres et des collections , les dé- terminations exactes sont presque impossibles , et il n'est pas étonnant qu'une erreur ait ici échappé à M. Pinel. Des chênes ne se trouvent pas non plus dans la province de Rio-de-Ja- neiro ; mais il est extrêmement facile de prendre pour des glands le fruit des Laurinées ac- compagné du calice persistant. Peu d'années avant son décès , le savant et conscencieux Des- fontaines fut consulté par le ministre sur des échantillons qu'un naturaliste avait envoyés de Cayenne comme appartenant à quelque espèce de chêne, et il reconnut que ces échantillons n'étaient autre chose que les rameaux d'un Laurus ou de quelque genre voisin. « ( 4o4 ) j'ai parcourus. Dans la partie la plus orientale, celle qui avoisine Santa- Luzia, San-Antonio dos Montes Claros, etc., et est très-élevée, ils sont beau- coup moins communs que dans le pays de Minas; la partie occidentale, et beaucoup plus basse, que l'on traverse avant d'arriver au Rio-Claro, en se rap- prochant de la frontière de la province de Matto-Grosso , est, au contraire, fort boisée. C'est surtout dans les fonds, sur le bord des rivières, la pente des mornes, dans les terrains meubles, que l'on trouve des bois. Chaque bouquet (capao) a généralement peu d'étendue; mais il existe, entre Meia- ponte et Villa-Boa, une forêt appelée Matto-Grosso (le grand bois), qui a neuf legoas de l'est à l'ouest, et dont les limites du côté du nord et du côté du sud ne sont pas encore bien connues. - >' Les bois que j'ai traversés dans la province de Goyaz ne ressemblent point aux forêts vierges de Rio-de-Janeiro ou même de Minas, et n'en ont nullement la majesté. Cependant on peut aussi y admirer de très-beaux arbres. Ceux-ci , il est vrai , sont écartés les uns des autres ; mais les inter- valles qu'ils laissent entre eux sont remplis par de grands arbrisseaux qui se pressent, confondent leurs branches, et sous lesquels on trouve delà fraîcheur et un ombrage délicieux. Ici de petits bambous aux tiges grêles et légères, ailleurs diverses sortes de palmiers jettent de la variété dans les masses de verdure qui les entourent. Souvent de grandes lianes enlacent toutes ces plantes , et sans cesse le voyageur est récréé par des accidents de végétation , des différences de formes et de feuillage auxquels l'Européen n'est point accoutumé. » Si les forêts du midi de Goyaz se distinguent essentiellement de celles du littoral, elles ne diffèrent guère moins des catingas de Minas-Novas, qui , au temps de la sécheresse, se dépouillent totalement de leurs feuilles, et, sous un ciel brûlant, ressemblent si bien alors à nos bois, tels qu'ils se montrent au cœur de l'hiver. Les forêts de Goyaz me paraissent, en général, avoir plus de vigueur que les véritables catingas ; une partie des arbres qui les composent, conservent leur feuillage , et appartiennent probablement à d'autres espèces, non-seulement que celles des forêts primitives de la côte, mais encore que celles des catingas elles-mêmes. Le 20 de juin , dans une année remarquable par son excessive sécheresse, la verdure du Matto-Grosso, près de Jaragua, était encore extrêmement fraîche : des feuilles nombreuses couvraient la plupart des arbres, et à la fin du mois d'août, vers la limite de la province, il y en avait encore qui étaient, du moins en partie, cou- verts de leurs feuilles , au milieu de beaucoup d'autres qui en étaient privés. » Mais lorsque, depuis plusieurs mois, il n'est pas tombé une goutte ( 4o5 ) deau sur la terre, et que l'herbe des champs est entièrement brûlée par •{'ardeur du soleil, on voit dans les bois et dans les campos des arbres qui , entièrement dépouillés, fleurissent, comme nos pêchers et nos amandiers , avant de s'être revêtus de nouvelles feuilles. Ce n'est pas une chaleur plus grande qui détermine la floraison de ces arbres, puisque les paineras do campo {Pachira marginata, Aup,. Saint -Hil. , Juss., Camb.) fleurissent dès le mois de juin. Je me garderai d'expliquer ce phénomène par des causes occultes ; je reconnaîtrai qu'il n'y a point de végétation sans humidité; mais je serai obligé d'admettre que les arbres dont il s'agit sont de nature à se contenter, pour le développement de leurs bourgeons à fleur, du peu de sucs qu'ils trouvent encore dans le sol, aidé par la rosée des nuits, toujours extrêmement abondante. Ces bourgeons d'aillrurs n'ont pas besoin de se- cours aussi puissants que les autres, puisqu'il n'en résulte que des organes altérés, portés par des axes extrêmement raccourcis. >' A l'époque de l'année où l'herbe des campos est entièrement desséchée et presque friable, on trouve toujours, dans les fonds marécageux, la plus belle vei'diire et souvent quelques fleurs. Là, aussi bien que dans les marais àusertao (désert) de Minas, s'élève majestueusement l'utile et élégant boritj {Mauritia vinijera, Mart.), dont l'imposante immobilité est si bien en har- monie avec le calme du désert. La limite méridionale de cet utile palmier est à peu près la même que l'ancienne limite de la province de Goyaz , c'est-à-dire environ le 22® degré de latitude sud. » A Goyaz et à Minas, le capiin gordura i^Melinis minutiflora , Paliss.) , appelé ici capiin catingueiro, à cause de sa mauvaise odeur, s'empare ex- clusivement des terrains qui ont été cultivés pendant un certain temps , et , dans le système d'agriculture adopté dans le pays, il les rend inutiles. M. Gardner, voyageur aussi sincère qu'instruit, a reconnu (1) que cette ambitieuse graminée avait déjà franchi les limites que je lui avais recon- nues à l'époque de mon voyage. Les colons qu'il a consultés lui ont confirmé d'ailleurs l'opinion que j'ai émise sur cette plante, qu'elle n'est point indigène des contrées qu'elle tend à conquérir. . _"■" '/' ' ' ' Climat, salubrité. » Comme dans l'intérieur de la province de Minas , l'année se partage, à Goyaz, en deux saisons parfaitement distinctes: celle des pluies, qui com- mence en septembre; celle de la sécheresse, qui commence en avril. (i) Travels in tfie intcrior 0/ Brazil. ' ' C.R., i847,i«' Semejtre. (T. XXIV, N'f II.) 54 ( 4o6 ) » J'ai passé un peu plus de trois mois à parcourir le midi de cette pro- vince , depuis le i-j mai jusqu'au 5 de septembre; dans tout cet intervalle i'. ne tomba pas une seule goutte d'eau : le thermomètre marquait généralement, à 3 heures du soir, de 20 à i& degrés Réaumur, et, au lever du soleil , il va- riait de 3 degrés à i i°3o'. A peu près jusqu'au aa du mois d'août, le ciel resta sans nuage et du plus bel azur. La sécheresse était extrême, l'herbe des champs était brûlée; dans le cours de la journée, une chaleur excessive se faisait sentir; mais, sur le soir, une brise délicieuse venait rafraîchir l'atmo- sphère. Vers le 10 du mois d'août, lorsque j'étais encore près du village de Meiaponte , par i5°3o', la brise commença à se faire sentir pendant toute la durée du jour, et l'on m'assura dans le pays que le même vent soufflait, cha- que année, à peu près depuis la fin de juillet jusqu'à la saison des pluies. Le 22 du mois d'août, tandis que je parcourais les environs du village de Santa- Cruz, situé par le 17" 54', le ciel perdit le brillant éclat que j'avais admiré tant de fois; alors il offrait, à peu près, ces teintes qu'il a en France au commencement d'une belle matinée d'automne. A la vérité, on ne voyait point de nuages, mais l'atmosphère était chargée de vapeurs qui dérobaient la vue desobjets éloignés. Si, vers midi, le temps s'éclaircissaitunpeu, bientôt se formait un nouveau brouillard, et, depuis quatre heures jusqu'à la fin du jour, le disque du soleil, d'un rouge foncé, pouvait être regardé fixement. Suivant les habitants du pays , ce changement atmosphérique devait être regardé comme le précurseur des pluies; cependant elles ne commencèrent qu'un mois plus tard, lorsque je n'étais plus dans la province de Goyaz (i). » Les maladies les plus communes dans la partie méridionale de cette province, sont la syphilis, l'hydropisie, et l'espèce d'éléphantiasis que les Brésiliens appellent morfea. Presque tous les habitants de Villa-Boa, la ca- pitale de la province , et ceux des environs, ont un goitre, et souvent cette difformité , devenue énorme , empêche de parler ceux qui en sont affligés. Cependant, malgré les longues et excessives recherches dont j'ai parlé, et les interminables pluies qui leur succèdent pour faire place à d'autres séche- resses, le midi de Goyaz ne saurait être considéré comme insalubre: et il le deviendra moins encore lorsque, par des travaux, on aura assaini les lieux marécageux (2). » (i) M. Pohl a donné des détails intéressaiiLs sur le nord de la province de Goyaz. (Reize , t. I , p . 322.) (2) D'Escliwege cite deux centenaires dans le seul village de Deseinboqiie , qui, depuis quelques années , a été réuni à la province de Minas , et qui , lors du voyage du co- lonel allemand, ne comprenait encore que soixante et une maisons. f 4o7 ) THÉORiK DES NOMBRES. — Mémoire sur les racines des équations algé- briques à coefficients entiers, et sur les polynômes radicaux ; par M. Augustin Cauchy. « En recherchant les propriétés que possèdent les racines d'équations al- gébriques à coefficients entiers, je me suis trouvé conduit à divers résultats qui m'ont paru dignes de remarque, et que je vais indiquer en peu de mots. § P"". — Sur les équations algébriques à coefficients entiers. ' '» Soit If) [x] une fonction entière de .r du degré /n, en sorte qu'on ait î> (jc) = flo + a, a: + . . . -I- fl,„ jr'". Si les valeurs numériques des coefficients ' . Uq, a, , , . . ,a,n se réduisent à des nombres entiers, l'équation ^ , (i) (p(x)=o -'' " ■ sera ce que j'appellerai une équation algébrique à coefficients entiers. Si W ., . xW = o ... représente une seconde équation de même espèce, qui ait des racines com- munes avec la première , il suffira de chercher le plus grand commun diviseur algébrique entre les deux polynômes f{x),y^ {x) , puis d'égaler ce plus grand commun diviseur à zéro , pour obtenir une troisième équation (3) sr(x) = o, qui offrira toutes les racines communes aux deux premières. Cette troisième équation sera elle-même à coefficients entiers, si avant d'effectuer chacune des divisions partielles que réclame la recherche du plus grand commun di- viseur, on a eu soin de multiplier chaque dividende par un facteur entier, convenablement choisi. En conséquence, on peut énoncer la proposition suivante : » I*'' Théorème. Si deux équations algébriques et à coefficients entiers offrent des racines communes, celles-ci sont, en même temps, les racines d'une troisième équation algébrique et à coefficients entiers. 54. . ( 4o8 ) » Corollaire i". En vertu des relations qui existeront entre les dividendes et diviseurs partiels et les restes correspondants, le premier membre de la formule (3) sera évidemment lié aux premiers membres des formules (i) et (2), par une équation de la forme (4) " rs{x) = Uff{x)-i>x{x), M, V étant deux fonctions entières deorà coefficients entiers. Si l'on nomme m le degré de (f{x), n le degré de / ix) , et v le degré de w {x) , les degrés de u et de i> seront respectivement n — v — i etm — v— i . D'ailleurs, lorsque zr (or) sera connu, les valeurs de m et de i^ pourront se déterminer directement à l'aide d'une méthode semblable à celle que j'ai donnée dans \es Exercices de Mathématiques j 1. 1", p, 160. » Corollaire 1". Si, des deux équations données, celle qui est de degré moindre offre des racines étrangères à l'autre, la troisième équation sera né- cessairement d'un degré inférieur aux degrés des deux premières. » Corollaire 3*. Si des deux équations données , la seconde n'offre pas de racines étrangères à la première, (p{x) sera divisible algébriquement par j( (jc), et l'on aura (5) k(p{x) = vx{x), V désignant une nouvelle fonction entière et à coefficients entiers, et k une quantité constante. Si, dans le diviseur /(.a:), la puissance la plus élevée de a: a pour coefficient l'unité, alors le coefficient k pourra être réduit à l'unité, puisque la division algébrique fournira immédiatement pour le quotient '—. une fonction entière de x k coefficients entiers. Donc alors , la formule (5) pourra être réduite à (6) y (.r) = i^ X {x). » Une équation algébrique et à coefficients entiers sera irréductible, s'il n'est pas possible de former une autre équation algébrique , de degré moindre et à coefficients entiers, qui ait avec elle des racines communes. Nous supposerons d'ailleurs généralement que, dans mon équation irré- ductible, les divers coefficients, réduits à leurs moindres valeurs numéri- ques, n'offrent pas de diviseur qui leur soit commun à tous. Cela posé, le théorème 1*"' entraînera évidemment les propositions suivantes : » 2® Théorème. Une équation algébrique et à coefficients entiers n'est ( 4c9 ) point irréductible, lorsque, parmi ses racines, quelques-unes seulement vérifient une autre équation algébrique et à coefficients entiers. » 3* Théorème. Supposons que, X étant une fonction entière de x , à coefficients entiers, l'équation X=o soit irréductible. Si une seule racine x de cette équation vérifie une autre équation algébrique et à coefficients entiers alors la fonction (f{x) sera divisible algébriquement par la fonction X. Donc, si dans cette dernière le coefficient de la plus haute puissance de x se réduit à l'unité, on aura . ■ ^[x) = \^(x), i ) réduit à sa plus simple expression. Si les coefficients des diverses puissances de J? sont entiers avant la réduction, ils le seront encore après. Dans ce qui suit, nous considérerons seulement des polynômes radicaux, à coefficients entiers, et nous les supposerons réduits à leurs plus simples expressions. Lorsqu'un polynôme radical cp (p), multiplié par un autre /(f*), en produira un troisième f (p), nous dirons que celui-ci a pour Jacteur le polynôme

' Lorsque, Uq et a, étant premiers entre eux , le binôme radical a^-h a, p sera diviseur de X, si d'ailleurs X n'a pour facteurs premiers que des nom- bres supérieurs à m, il suffira de choisir x de manière à vérifier la condition (12) ■■ «o + a,j:^o, (mod.X), ( 4i3 ) pour que la formule (lo) entraîne la suivante : (i3) .. ,...■' , X^o, (mod.aî,),' -' . et, à plus forte raison, la suivante : , ' • (i4),. >; V •;.;;.■-:• , J?"~i, (mod. %). . ', ■.';■., , ■. Mais, d autre part, si l'on nomme N l'indicateur maximum correspondant au nombre entier X, tout nombre x premier à x vérifiera la condition (i5) ' ,^ -■ ' x^^i, (mod. x). •' Enfin, si w désigne le plus grand commun diviseur de N et de n , les for- mules (i4), (i 5) entraîneront la suivante: (i6)' ■ ..,..' ... .■; x"'^!, (mod. X) , . ' > ''•"■, ■■' '■ .,> et, dans cette dernière, w ne pourra se réduire à l'unité. Car si, à l'équa- tion (i 3) on joignait la condition . . • , / (17) • > , x^i, {mod. 3Z>) , ■ '_ ' '■ ■'■ '; X devrait se réduire à l'unité; ou bien encore au nombre n, si n était un nombre premier ou une puissance d'un tel nombre. En conséquence , on pourra énoncer généralement la proposition suivante ^ ,;. . . » 4^ Théorème. «, X étant deux entiers quelconques, nommons m le nombre des entiers premiers à «, et N l'indicateur maximum correspondant au nombre ^'^. Supposons d'ailleurs que le nombre :-'■ ^' N — X— I ; ..- ' .• ,. • - . , , .■ C. R., 1847, i" Semesire. (T. XXIV, N» II.) - " 55 ( 4i4 ) et, par suite , pour que X admette un diviseur radical linéaire de la forme ^o + <5!( P» il sera nécessaire que X soit de la forme [\x + i. " Considérons maintenant d'une manière spéciale le cas où n est un nombre premier. Alors on aura m = n — \ et X = x"-" + x"-* -+- . . , + ar -+- i . Alors aussi la formule (i3) offrira m racines distinctes j et, si 3^ est décompo- sable en deux facteurs radicaux dont l'un soit linéaire , et dont aucun n'admette de diviseur entier, les m ra- cines de l'équation (i3) devront satisfaire à la formule (ii), dont le degré est /w, et l'une d'elles à la formule (12). Dans un prochain article, nous appli- querons ce principe, et les principes analogues auxquels conduiraient les formules (6) et (8) , à la décomposition des nombres entiers en facteurs radi- caux, ou même des polynômes radicaux en polynômes de même espèce. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur le mouvement d'un système de molécules dont chacune est considérée comme formée par la réunion de plusieurs atomes ou points matériels ; par M. Adgustin Cacchy. ( Un extrait de ce Mémoire et des formules qu'il renferme sera publié dans un prochain article.) PHYSIOLOGIE. — Recherches sur les phénomènes de la contraction musculaire indirecte; — sur la relation entre la direction du courant électrique et les phénomènes électrophysiologiques qu'il produit. (Lettre de M. A. Matteucci à M. Dumas.) " Excusez-moi si je profite encore de votre bienveillance afin d'attirer , pour quelques instants, l'attention de l'Académie sur les résultats de mes. derniers travaux d'électrophysiologie. >' Ceux dont je vais vous entretenir complètent définitivement mes tra- vaux sur ce sujet, et font ainsi suite à ceux qui ont déjà paru dans les Transactions philosophiques. C'est bien aux encouragements de l'Académie que je dois en grande partie, je dirai presque le courage d'avoir persisté si longtemps dans une voie de recherches si pénibles, si difficiles et si ingrates. " Plutôt que d'arriver à des résultats très-brillants, je me suis toujours proposé de faire quelques pas aussi solides que possible; et tous les physi- ( 4i5 ) ciens qui se sont, un tant soit peu, occupés de ce sujet en ont dû bientôt sentir les difficultés. J'ose espérer que la physiolof^ie , qui depuis quelque temps marche dans une bonne voie, profitera un jour de mes travaux. » Mes dernières recherches ont porté : » i". Sur les phénomènes de la contraction induite; » 2°. Sur la relation entre la direction du courant électrique et les phé- nomènes électrophysiologiques qu'il excite. ■ , - ; . » J'ai, d'une manière sûre, mis hors de doute que la contraction induite est un phénomène qui, parmi toutes les parties de l'organisme vivant, n'ap- partient qu'au seul muscle en contraction. J'ai également prouvé qu'il est impossible de s'expliquer ce phénomène par une action quelconque d'un courant électrique, qui parcourrait la masse musculaire pendant la contrac- tion. On ne trouve aucune augmentation dans le courant musculaire, pen- dant la contraction du muscle. » C'est après avoir prouvé que des décharges électriques de la bouteille, tellement faibles qu'elles ne peuvent être montrées par aucun instrument, excepté par la grenouille, que j'ai pensé que la contraction induite pou- vait être due à une décharge électrique de ce genre. En effet, s'il en eût été ainsi, ce n'est pas à l'aide du galvanomètre qu'on aurait pu s'en apercevoir. Mes doutes ont acquis un plus grand poids, lorsque j'ai trouvé que des dé- charges électriques très- faibles, en traversant les masses musculaires, étaient capables d'exciter la contraction dans la grenouille galvanoscopique , qui , avec son nerf seulement, touchait la surface du muscle traversé. J'ai égale- ment prouvé que les couches isolantes et conductrices interposées entre les nerfs de la grenouille galvanoscopique et la surface du muscle contracté, donnaient des effets, desquels on ne pouvait pas déduire des différences entre l'action de la décharge de la bouteille, et la contraction musculaire excitée par l'irritation du nerf. Ces phénomènes n'ont pas été différents quand on faisait passer la décharge de la bouteille, aussi petite que pos- sible, à travers des masses musculaires qui avaient perdu le pouvoir de se contracter. ^ » Si l'on réfléchit maintenant à toutes lès analogies que mes recherches SUT la torpille ont prouvé exister entre les lois qui président à la con- traction musculaire et à la décharge des poissons électriques, on est amené à s'expliquer la contraction induite par un phénomène de décharge élec- trique qui aurait lieu pendant la contraction musculaire. Il est juste de dire que M. Becquerel eut le premier cette idée. Ces analogies entre la con- traction et la décharge électrique des poissons sont de la plus haute impor- 55.. ( 4i6 ) tance, parce qu'elles tirent leur source de la structure des organes et des lois physiques et physiologiques des deux phénomènes. " La seconde série de mes recherches est sur la relation entre la direc- tion du courant électrique et les phénomènes électrophysiologiques qu'il excite. Voici un fait nettement établi : le courant direct détruit l'excitabiUté du nerf, et le courant /«i'er.çe l'augmente. » Il y a plus ; le passage du courant inverse laisse le nerf dans un tel état, que des contractions très-fortes et très-persistantes se montrent lorsque ce courant a cessé. Je vais vous écrire une seule expérience qui ne manque jamais de réussir. :; ; .j r. , » Une grenouille, préparée de la manière ordinaire, est plongée avec ses deux pattes dans deux verres, et le courant qu'on fait passer, est nécessaire- ment direct pour un des nerfs, inverse pour l'autre. Après vingt-cinq ou trente minutes que le circuit est fermé, coupez le nerf parcouru par le cou- rant inverse au point où il s'inserre dans la cuisse ; vous aurez, dans ce mem- bre, une contraction violente qui cessera bientôt, et rien dans l'autre. » Si, au lieu de cela, on coupe ce même nerf au point où il sort de la moelle épinière, de sorte qu'il en reste Une certaine longueur attachée à la cuisse, vous aurez encore une contraction violente .dans ce membre, mais qui sera suivie par d'autres, et le membre restera palpitant pendant dix ou quinze secondes, quelquefois deux minutes et même davantage. » Pour faire cesser immédiatement cet état, il n'y a que deux moyens : ou un nouveau passage du courant inverse, ou détruire complètement le nerf. J'ai décrit, xlans mon Mémoire, des études longues et minutieuses sur ces phénomènes, qui doivent certainement conduire un jour à la découverte de la liaison intime qui existe entre le courant électrique et le fluide nerveux. » Je ne puis pas laisser passer cette occasion sans dire un mot sur un pas- sage de la communication très-importante, faite récemment à l'Académie par M. Liebig. Ce chimiste ayant trouvé, comme M. Berzelius, un acide libre dans les muscles, qui n'est séparé d'un fluide alcalin (du sang et de la lymphe) que par des membranes très-minces, croit pouvoir expliquer par là l'origine du courant musculaire. Je me permets de faire observer que le courant musculaire, dont la direction est constante de l'intérieurà la sui"- face du muscle, dont l'intensité et la durée varient d'une manière constante dans les mammifères, les oiseaux, les reptiles, etc., qui est détruit par l'hy- drogène sulfuré, par le défaut de la respiration, ne peut pas recevoir, une explication si vague et si peu fondée. ïï iv'ji r_ ; •< i ■ ') Puisque c'est pour la dernière fois que j'ose entretenir l'Académie sur (4-7) Cette matière, j'espère qu'on me pardonnera de publier ici des idées liypo- tliétiques, qui résultent de l'ensemble des phénomènes électrophysiolofji- ques sur la nature de la force nerveuse et de sa relation avec l'éleciricité. Je résumerai cette hypothèse avec le moins de mots possible, et sous forme de propositions. Peut-être que la physiologie en profitera quelque jour. Il 1°. Le fluide nerveux se produit par les actions chimiques de la nutrition. ; ' , ; . . . -■ » 2°. Ce fluide développé, principalement dans les muscles, s'y répand, et, doué d'une force répulsive entre ses parties, comme le fluide électrique, il tient les éléments de la fibre musculaire dans un état de répulsion analogue à celui présenté par les corps électt-isés. » 3°. Quand ce fluide nerveux cesse d'élre libre dans le muscle, les élé- ments de la fibre musculaire s'attirent entre eux, comme on le voit arriver dans la roideur cadavérique. » 4°- Ce fluide nerveux entre continuellement dans les nerfs, et de lapasse au cerveau, prenant dans ces corps un nouvel état qui n'est plus celui du fluide libre; c'est de cette manière qu'il passe du muscle au nerf. Suivant la quan- tité de ce fluide qui cesse d'être libre dans le muscle, la contraction est plus ou moins forte. " 5°. Cet état est celui du courant nerveux ou espèce de décharge qui va des extrémités nerveuses au cerveau, et revient en sens contraire par l'acte de la volonté. . » 6°. Quand cette décharge a lieu , la contraction musculaire doit avoir lieu , le fluide cessant d'être libre dans les muscles. " 7°. Cette décharge du fluide nerveux, agissant comme dans les poissons électri(|ues, explique la contraction induite; dans les deux cas et par la même disposition des parties, le courant nerveux produit une espèce de po- larisation électrique des éléments ou musculaires, ou de l'appareil électrique: la différence des effets serait due à un différent nombre des éléments, à leurs dimensions, etc. '• ' ' >• 8°. Le courant électrique empêche la décharge nerveuse, s'il est dirigé dans le sens contraire; c'est le cas du courant direct : le fluide nerveux ne pouvant pas entrer et se recueillir dans le nerf, celui-ci perd son excitabi- lité. Le contraire a lieu pour le courant inverse qui va dans le même sens de la décharge nerveuse; de cette manière le fluide nerveux se trouve accumidé dans le nerf, et son excitabilité est augmentée. » J'ai presque honte d'avoir eu la hardiesse de communiquer à l'Académie des idées si vagues, et apparemment si peu fondées, et contre lesquelles on (4'8) pourrait faire bien des objections; mais je pense que, parmi les théories physiques les mieux fondées aujourd'hui, il en existe qui ont débuté de cette manière, et il est certain que des hypothèses, aussi peu fondées que celles-ci, ont quelquefois pu produire ensuite des découvertes remar- quables. » . . M. Ghevreitl met sous les yeux de l'Académie un échantillon du mortier du pont-acqueduc de Roquefavour. Cet échantillon , qui a été poli comme un fragment de brèche, peut faire juger de l'excellence du mortier employé pour les fondations de cette grande construction. M. de Montricher l'a remis sur les lieux à M. Chevreul. M. Dumas dépose un paquet cacheté. RAPPORTS. ÉCONOMIE RURALE, — Rapport sur le Mémoire de M. Chevandier, intitulé : Recherches sur la composition élémentaire des différents bois, et sur le rendement d'un hectare de forêts. ,.'• .- ■■.i. (Commissaires, MM. Boussingault , de Jussieu, de Gasparin rapporteur.) « L'usage du combustible, borné autrefois aux besoins domestiques et aux industries qui appliquaient directement le calorique aux matériaux qu'elles traitaient dans le but de les fondre, ou d'en dégager certains de leurs principes, a pris une extension immense, du jour où les arts mécaniques sont venus demander leur force motrice à la vapeur. Les mines de houille cantonnées dans la partie occidentale de l'Europe ont pu y alimenter cette consommation nouvelle ; mais, plus on s'en éloigne en marchant vers l'est, et plus on a dà attacher d'importance à la production , à la conservation des bois, que rien ne venait remplacer. » Les Allemands sont considérés comme nos maîtres en fait de sylvi- culture, et cependant, quand on ouvre les ouvrages, si remarquables à d'autres titres, où ils ont consigné le fruit de leurs expériences, on est con- fondu de voir qu'à côté de détails infinis sur l'administration des forêts et sur leur mode d'exploitation, il ne se trouve que des notions assez légères sur la physiologie des arbres, .'■ur leur développement par rapport à la nature des terrains, sur leurs produits relatifs dans des conditions de sol, de climat, d'exposition, et, enfin, avec des chiffres qui puissent faire ap- précier le résultat final , la production réduite à ses éléments, à une seule ( 4i9 ) ~ unité, qui puisse rendre comparables les produits des différentes situations et des différentes espèces d'arbres cultivés. Chez eux, la sylviculture est bien plutôt de l'administration agricole que de la science. » Telle n'était pas la tendance de notre Duhamel , le seul qui ait laissé dans là sylviculture des traces indépendantes du temps et des lieux, des bases réellement scientifiques. C'est encore à lui qu'il fallait revenir pour trouver des chiffres approximatifs applicables aux faits forestiers. M. Che- vandier l'a suivi dans cette voie, avec toutes les ressources des sciences phy- siques naturelles. Éclairé par les progrès récents que l'agriculture doit aux travaux de quelques chimistes et physiciens éminents, il a voulu doter la sylviculture des mêmes avantages; et, dans une série de Mémoires qu'il vous a présentés, il vous a offert déjà de nombreux coefficients applicables aux principales circonstances de l'exploitation des bois. Il vous a fait con- naître la composition élémentaire de différents bois; la quantité d'eau quils retiennent à différentes époques après la coupe; leurs propriétés mécaniques; l'influence de l'eau sur la production des forêts. Le dernier Mémoire qu'il vous a soumis, et dont vous avez renvoyé l'examen à votre Commission, eu comprend réellement deux. Dans le premier, il reprend la question de la composition des bois relativement à la quantité de cendres qu'ils produisent. liCS incinérations, poussées maintenant jusqu'au nombre de 624, lui ont permis de déterminer les proportions de ces cendres contenues dans le bois, selon l'espèce d'arbre et la partie de l'arbre que l'on considère, et selon la nature géologique du sol. . V '• • ' \ . . » La nature géologique du sol paraît n'avoir qu'une faible influence sur la proportion des cendres; elle varie beaucoup selon les espèces, depuis le Saule , qui présente 1 pour 100 de cendres , jusqu'au Bouleau, qui n'en pré- sente que o,85. ■ r . ^ » Les différentes parties du bois offrent aussi des |)roportions différentes: dans un arbre âgé, c'est le tronc qui contient le moins de cendres, et les menues branches le plus. F^es jeunes brins en contiennent , en général , moins que les vieux arbres. " Au milieu de ce travail , l'auteur a rencontré ce fait singulier, qui doit attirer l'attention des physiologistes : sur un même échantillon dé bois, une analyse répétée a donné deux proportions différentes de cendres, 2,64 et 0,69 pour 100 de la matière employée. La même anomalie s'est répétée sur dix autres échantillons. Cette répartition inégale de cendres dans la matière ligneuse, ce dépôt local de matières fixes, est-il l'effet d'une dispo- ( 4ao ) sitioa organique , ou seulement celui d'un accident ou d'une maladie? C'est ce qni reste à constater. " La seconde partie du Mémoire, ou, pour parler plus exactement, le second Mémoire contenu dans la communication de M. Chevandier, roule sur une partie fort différente de la science, sur le rendement moyen annuel d'un hectare de forêts. Quoique l'auteur y compare les forêts des Vosges à celles du pays de Bade, et qu'il constate leur analogie de production, on comprendra que, jusqu'à ce que de pareils travaux aient été étendus à d'autres contrées, celui-ci ne puisse être considéré, sous plusieurs rapports, que comme un Mémoire statistique. L'auteur y constate que, dans cette contrée, le rendement annuel d'un hectare de taillis sous futaie est com- pris, selon la nature du sol, dans les limites de i i37 kilogrammes de bois sec dans le grès vosgien, et de a Sgo kilogrammes dans les marnes irisées. Le produit des futaies ne varie pas selon les terrains, mais bien selon les espèces d'arbres qui peuplent les forêts; ses limites sont de a 56o kilogrammes de bois sec pour les futaies de charme , et de 3go3 kilogrammes pour les futaies de sapin. >' Quand M. le Secrétaire perpétuel a donné l'analyse dé ce Mémoire à l'Académie , un nïembre a demandé si le chiffre de ces produits était analogue, sous le rapport de ses éléments, avec le chiffre des produits de l'agriculture. M. Licbig avait affirmé que » sur des surfaces égales de terrain , en forêt ou " en prairie, dans unsol qui renferme les principes minéraux indispensables à •>' la végétation , on récolte, sous forme de bois et de foin, sans qu'on y ait » apporté aucun engrais carboné, une quantité de carbone égale, et dans » beaucoup de cas, supérieure à celle qu'une terre cultivée produit en paille, " en grains et en racines (i). » M. Chevandier avait essayé, dès son premier Mémoire , de faire cette comparaison , soit avec la production des topinam- bours à Bechelbronn, soit avec l'assolement de Hohenheim. Quand onsaitque les plantes, selon leur nature, s'emparent avec plus ou moins d'avidité des élé- ments de nutrition et de composition contenus dans le sol oi\ flottants dans l'atmosphère,, on peut prévoir que le résullat de la comparaison proposée offrira des dissemblances frappantes. C'est ce que prouvent les chiffres de ce Mémoire; ainsi, les futaies de charme produisent annuellement: Bois sec 256o Carbone. ..... l2/^S Azote aS Celles de sapin, produisent ' Bois'sec SgoS Carbone '^94 Azote. ..... ....^,-.,. . . Sg (i) Lettres sur la Chimie; page 3o4. ( 421 ) " Nous trouvons dans les cultures près de Paris, chez M. Dailly, les ré- coltes suivantes : ■ » 1 600 kilogrammes de blé donnent, avec la paille et le chaume , Matière sèche 5777 Carbone........ 2288 Azote 4'»4^ " go ooa kilogrammes de luzerne donnent Matièresèche 7110 Carbone........ 3877 Azote i46,46 » Sur des sols riches de la même nature, nous avons obtenu: » 3 000 kilogrammes de blé donnent, avec la paille et le chaume , Matière sèche 825o Carbone 3575 Azote 82 et i58oo de foin de luzerne. Matière sèche. ..... 18272 Carbone 6235 Azote i83 » Ainsi, les plantes prélevant sur le même sol, dans le même climat, des quantités différentes de matériaux selon leur nature et leur produit, sont loin d'être identiques. ' i> La production relative des taillis et des futaies est un des points les plus contestés de l'art forestier. Laissant de côté la question économique que l'auteur se propose de traiter dans un prochain Mémoire, il est arrivé à des résultats assez importants pour fixer un moment toute notre attention. » Pour les taillis, il a trouvé que leur rendement était influencé : 1° par le degré de fertilité du sol : ainsi, sur un même terrain, les marnes irisées par exemple, on trouve le produit de 35o2 kilogrammes sur le très-bon sol, et seulement de i B11 sur le médiocre; 2° par la nature du terrain: ainsi, sut le degré de fertilité passable, nous avons les produits suivants: Grès vosgien i SSg Grès bigarré '694 Muschelkalk 1761 Marnes irisées 2007 c'est-à-dire que le produit est d'autant plus grand que le terrain est moins perméable et plus hygroscopique ; que, par conséquent, il se dessèche plus rapidement par l'action du soleil, et que, conservant moins longtemps le degré d'humidité nécessaire, la durée de sa saison végétative est moins longue. C. IL, 1847, i" Semestre. (T XXIV, N» 11.) 56 ( 4" ) » Cette influence géologique du sol disparaît dans les futaies , et précisé- ment parce que les arbres portent leur ombre sur le sol et préviennent le des- sèchement , et que si le terrain a de la profondeur, ils y plongent plus avant leurs racines. L'auteur rappelle que cette influence de l'humectation convenable du sol est si considérable, que si les sapins venus dans un terrain fangeux ne s accroissent que de i'"',8o par année; ceux venus sur les terrains secs, de3'"',4o; d'un autre côté , ceux arrosés par les eaux de pluie s'accroissent de 8*^,20 , et ceux arrosés par des eaux courantes, de i i'"',6o. >i L'auteur fixe ensuite l'âge auquel a lieu le maximum d'accroissement dans les différentes espèces d'arbres : pour le Chêne, c'est celui de'j'j ans; pour le Hêtre, 80 ans; pour le Sapin, venu dans de très-bons terrains, iiSans; dans un terrain médiocre, 76 ans; pour le Pin sylvestre, dans le bon terrain, 5i ans; et , pour le terrain médiocre , 5o ans. » I^e rendement moyen annuel des futaies a été Dans le terrain très-bon 4^79 kilogrammes de bois sec. Bon ij^ii .:>'•:• 3480 Passable 3^49 Médiocre 23g8 Mauvais 2082 » Si l'on compare ce rendement à celui des taillis, on trouvera que le rende- ment des futaies étant représenté par l'unité, celui des meilleurs taillis sera OjSa, et celui des plus mauvais, o,38. » Ces chiffres acquerront toute leur importance dans le prochain travail où l'auteur se propose de traiter la question économique ,' et de décider la question qui divise les forestiers sur la préférence à donner aux taillis et aux futaies. Mais il faut qu'il se mette en garde contre toute solution trop ab- solue, avant d'avoir examiné d'autre situation que celle où il fait ses études. La zone de pays , par exemple , soumise à l'influence habituelle et desséchante des vents du nord , qui s'étend sur le midi oriental de la France et sur la côte d'Afrique, présente ce phénomène d'une saison d'été fort chaude, fort sèche, où la terre perd toute humidité, même sous l'ombrage des arbres. Leur croissance se fait principalement au printemps et en automne , époque où des pluies abondantes abreuvent le sol du taillis, comme celui de la fu- taie. Nous nous demandons si, alors, les futaies ne perdent pas une partie des avantages que l'ombre leur assigne dans d'autres contrées. C'est seule- ment une question que nous adressons aux observateurs, mais elle mérite d être prise en considération. L'espèce des arbres qui peuplent les bois de ce ( 423 ) pays doit aussi entrer pour une part dans le problème économique, et l'on aura à examiner, par exemple, si la lenteur de la croissance de l'Yeuse, le grand 'dge auquel il doit parvenir pour atteindre son maximum de croissance annuelle, n'accumulera pas sur sa tête une masse trop considérable d'intérêts composés. " Ces réflexions prouvent, au reste, le mérite de la prudence dont l'au- teur a fait preuve en circonscrivant les conséquences de son travail dans la contrée où il fait ses observations. '^ >' • ' • ' h » Dans des Notes qui terminent son Mémoire, M. Chevandier, reprenant la question traitée dans son premier Mémoire sur l'absorption du carbone de l'air par les plantes, montre que, avec sa plus grande production de 3449 ^^- logrammes de carbone , l'air limité qui couvrirait t hectare de terrain serait épuisé d'acide carbonique en 20 ans, et dans le cas de la production la plus faible, en a6o ans; que, dans le premier cas, la forêt absorbe 2a'''',33 de carbone par jour, et, dans le second, i^'^,']3; enfin, que le volume total de j hectare de sapins de i45 ans, représenté par 707910 kilogrammes de bois sec , ne fournirait qu'une couche de houille de 33 millimètres d'épaisseur. " Ce Mémoire a paru à votre Commission , digne, comme le précédent, t d'entrer dans votre collection des Mémoires des Savants étrangers. » ^ Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LUS. ÉCONOMIE RURALE. — Etudes sur les cépages de la Bourgogne et d'autres contrées viticotes; par M. Bouchabdat. (Deuxième Mémoire.) (Commissaires, MM. Boussingault, de Gasparin, Payen.) L'auteur, en terminant son Mémoire , en donne le résumé suivant : « J'ai soumis à un examen analytique détaillé les produits des douze principaux cépages qui sont cultivés en Bourgogne et dans d'autres pays vi- ticoles. En m'appuyant sur des expériences précises et sur des observations nombreuses, j'ai discuté les avantages et les inconvénients que présente chacun de ces cépages en particulier. » J'ai déterminé la quantité moyenne de vin fournie par un hectare de bonnes vignes; pour chacun de ces cépages, j'ai fixé la teneur de ce vin en alcool, en acides tartrique et malique, et en potasse. » J'ai montré, en déterminant la quantité dépotasse empruntée à la terre (suivant en cela l'exemple de M. Boussingault), comment les cépages très- productifs épuisaient le sol et ne pouvaient pas durer plus de trente ou 56.. ( 4^4 ) quarante ans sans devenir improductifs; et comment, au contraire, les cé- paffes moins féconds pouvaient durer plusieurs siècles sans être arrachés. » J'espère que le propriétaire qui, comme moi, voudra planter de nou- velles vignes , trouvera dans mon Mémoire des renseignements utiles sur les aptitudes de chacun des cépages que j'ai examinés. » En rapprochant les nombres que j'ai obtenus en i846, de ceux que j'ai obtenus en i845, pour la quantité d'alcool qu'ont dû fournir, dans ces deux années, les produits des différents cépages, en ayant égard à la proportion de sucre qu'ils renfermaient, on pourra avoir une idée assez exacte du degré comparé de maturité que peuvent atteindre nos différents raisins dans les années les moins et les plus favorables. » Pour loo parties de vin , voici la teneur en alcool , dans les deux années, déduite de la quantité de sucre que l'examen optique m'a fait connaître dans chacun des produits des cépages suivants : - 1845. 1846. Goiiais blanc ■.■!' ';'•'' 3 » Chasselas '^ . ,■'.' i . » 11,00 Gros ga m ai 4>8 10,06 Gros verreau 6,9 9» '2 Petit verreau. . . .^ . . ... . . 8,2 12,75 MeloJi. 9,1 12, 5o Servoyen vert .!. .... 8,8 12,00 Servoyen rose. ......... 10,0 12, 25 Pineau noir 10,6 i3,5o Pineau blanc 10,1 14,20 Tresseau ;- ».i-,'.» i3,oo Pineau gris. . j » i4,oo Auxerrois ou côt » i3,oo » Les résultats obtenus en 1846, pour les fruits des différents cépages, ont une valeur toute particulière; car ils montrent à quel degré de perfection chacun d'eux peut atteindre à l'état de maturité complète. On remarquera sans étonnement que les pineaux qui nous fournissent nos meilleurs vins de Bourgogne et de Champagne marchent toujours en tête de la liste, et je crois pouvoir ajouter, en terminant, que les vins qu'ils ont donnés en bon sol ne peuvent être comparés qu'à ceux de la comète. » ( 425 ) MÉDECINE. — Recherches sur le dosage des vapeurs d'éther dans les inhalations ; par M. Doyère. (Commission de l'éther.) L'auteur annonce qu'il donnera une suite à son travail. « IjC but de la com- munication actuelle, dit- il, est de fournir de suite à la pratique médicale, par .la voie de l'Académie, quelques résultats dont elle puisse immédiatement tirer parti. " Le premier point qu'il faille établir, c'est la dose utile dans les opéra- tions chirurgicales. Nous n'avons encore aucune donnée précise à cet égard; mais la Lettre que MM. Bonnet etFerrand , de Lyon, ont adressée à l'Académie des Sciences, le i**^ mars dernier, nous fournit des indications précieuses. Ces messieurs, en effet, ont mesuré les quantités d'éther, en poids, qu'ils ont employées pour produire l'insensibilité chez six malades. Or il résulte clairement de ces quantités et du temps que les inhalations ont duré, que la dose de vapeur d'éther ne s'est très-probablement jamais élevée au-dessus de lo pour loo dans l'air que les malades ont respiré, et qu'elle a été, le plus souvent, de 3 à '] seulement. Je donnerai ces calculs dans mon Mé- moire. Si l'on compare ces nombres si faibles à ce résultat vraiment effrayant, que, à i5 degrés de température, l'air, traversant un des appareils actuels, y peut prendre 45 pour loo d'après la loi de Dalton, et jusqu'à près de 5o pour loo d'après mes expériences, on restera convaincu que la variabilité qui a été signalée dans les effets des inhalations, ainsi que les accidents qui en ont été la suite , n'ont souvent pas eu d'autre cause que la variabilité dans les doses fournies par les appareils , et l'excès de ces mêmes doses dans un grand nombre de cas. » En partant de ce nombre de lo pour loo, et m'appuyant sur les Tables que j'ai obtenues, je suis conduit à proposer un mélange de i partie d'éther en volume dans 7 ^ parties d'alcool à 4o degrés, et dans 9 parties d'alcool à 36 degrés. Mais cette dose est peut-être trop faible. #n obtiendrait 20 pour 100 avec I partie d'éther et 3 | d'alcool à 4o degrés, ou 6 parties d'alcool à 36 degrés. Du reste, je ne donne ces nombres que provisoirement, l'une des Tables qui me les fournissent devant être soumise à une révision scru- puleuse. " Ces doses ont été calculées dans l'hypothèse d'une température de i5 degrés. 5 degrés de plus ou de moins ne les feraient d'ailleurs varier que de 3 à 5 pour 100. " Il est inutile d'ajouter d'ailleurs que des précautions doivent être prises ( 426 ) pour que la quantité de vapeur dégagée soit le maximum que puisse fournir chaque mélange. On y parviendra probablement en faisant plonger profon- dément dans le liquide le tube d'introduction de l'air, terminé par une pomme d'arrosoir. Un réservoir, disposé pour projeter une pluie dans l'inté- rieur du flacon , remplirait cette indication plus sûrement encore. » fi'huile offre l'avantage de donner de la vapeur d'éther pure , mais elle a des inconvénients que je signalerai dans mon Mémoire. D'ailleurs les trois Tables que j'ai construites pour cette sorte de mélange ne me permettent pas d'assigner les proportions à employer pour obtenir les doses citées plus haut : F partie d'éther et 4 d'huile donnent, à i5 degrés, 27 pour 100. (J'est la proportion la plus pauvre en éther que j'aie étudiée. » Un autre procédé pour donner de la vapeur d'éther pure, en employant de l'éther pur, repose sur l'emploi d'un robinet à double effet, et d'un ther- momètre indiquant la température à laquelle l'air se sature dans le flacon. Une Table à double entrée, tracée au bord de rorifice extérieur, permettra de mélanger l'air pur et l'air saturé, dans les proportions nécessaires pour donner la dose voulue, à quelque température que l'on soit. Du reste, n'ayant pas encore fait construire l'appareil d'une manière définitive, je me réserve de le décrire complètement dans un Mémoire que j'aurai l'honneur de pré- senter à l'Académie dans sa prochaine séance. « MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ÉCONOMIE RURALE. — Observations sur la culture et la préparation de la garance , faites pendant un voyage en Ze'lande; par M. Decaisne. (Renvoi à l'examen de la section d'Economie rurale.) « fi'étude que j'avais faite anciennement de la structure de la garance et du développement de sa matière colorante m'a fait suivre avec intérêt les changements opérés dans sa culture depuis la publication de mon ou- vrage, changements dont plusieurs peuvent être considérés comme dérivant de ces recherches. >' Je ferai remarquer, en effet, que le nouveau mouvement agricole et commercial de cette précieuse substance, en Zélande, date précisément de l'année qui a suivi la publication de mon travail , comme le constatent les diverses ordonnances rendues par le gouvernement hollandais sur la cul- ture de la garance, les marques de fabriques, la nomination d'essayeurs jurés, etc. )> La culture et la fabrication de la garante, en Zélande, avaient donc ( 4^7 ) pour moi un double intérêt ; il était important d'examiner comparativement les procédés hollandais et ceux du comtat d'Avignon. » Les trois îles de la Zélande que j'ai visitées, sont : Schouwen , Walche- ren et Zuidbeveland ; les belles cultures de garance se trouvent dans la pre- mière et la dernière de ces localités : le sol qui constitue leur polder est éminemment calcaire et se rapproche, par ses caractères physiques et chi- miques, de celui dans lequel on récolte les garances rouges, à Avignon. Les couches superposées des terrains de l'île de Zuidbeveland sont , dans leur ensemble, à peu près identiques avec celles des terrains de la Hollande proprement dite (Élie de Beaumont, Leçons de Géologie pratique , p. 262). Tja couche de tourbe, dite marine, dont on m'avait souvent entretenu, et sur laquelle repose, au célèbre polder Wilhelmina, la terre à garance , appartient à une formation d'eau douce ; les nombreuses frondes de spha- gnum qui entrent dans la constitution de cette tourbe ne laissent aucun doute à ce sujet. La situation de cette couche tourbeuse, au-dessous du niveau des basses eaux, tient probablement à un affaissement ou tassement du sol qui n'a rien de commun avec les végétations sous-marines. » La culture de la garance , longtemps négligée en Zélande , a reçu , de- puis 1837, une nouvelle impulsion de la part du gouvernement, et les culti- vateurs manufacturiers espèrent que ce produit reprendra bientôt la faveur qu'il a obtenue pendant plusieurs siècles. J'ai eu la satisfaction de voir que les nouveaux procédés, soit de culture, soit de fabrication de poudre, sont dirigés actuellement d'après les indications scientifiques que j'a^i données dans mon Mémoire. » Je crois avoir démontré que la masse des racines et la richesse du principe colorant sont d'autant plus considérables, que l'âge de la garance est plus avancé; et ce qui vient à l'appui de mon assertion, c'est qu'au- jourd'hui, toutes les fois que les assolements le permettent, les cultivateurs zélandais abandonnent la culture bisannuelle pour adopter l'exploitation triennale. Un cultivateur distingué, propriétaire d'une partie du polder Wilhelmina, aux environs de Goes , avait évalué, l'an dernier, à 6096 kilo- grammes le produit moyen, par hectare, de ses 60 hectares de garance de trois ans. Ce produit se rapproche de celui que M. de Gasparin admet pour les garances du comtat (5o à 55 quintaux métriques). » J'avais observé que le parenchyme cortical qui renferme le principe immédiat prend un grand développement dans les tiges qui ont végété sous terre; cette remarque m'a conduit à conseiller le buttage comme le moyen le plus efficace de favoriser le développement du principe colorant ( 4^8 ) dans les tiges souterraines, et cette opération, qui se trouvait trop souvent négligée, est actuellement une de celles que le cultivateur pratique le plus constamment: on a construit, à cet effet, deux sortes de charrues, dont une à oreilles mobiles. " J'ai cru pouvoir établir que le climat n'exerce aucune influence sur le degré de coloration de la garance. En effet, les garances de Zélande, culti- vées daus les polders calcaires, soutiennent la concurrence avec les garances d'Avignon sur les marchés des principales villes manufacturières de l'Eu- rope ou des États-Unis; elles n'exigent point l'addition de carbonate de chaux au bain de teinture , et produisent directement des couleurs solides. Si l'on objectait que toutes les garances de Zélande ne présentent pas les qualités que je viens d'indiquer, je ferais observer que ces exceptions, quand elles existent, tiennent uniquement à la composition chimique du terrain. ). Le sol de quelques polders, en effet, ainsi que l'a remarqué M. Élie de Beauraont, renferme 75 pour 100 de silice , et, par conséquent, n'offre pas en quantité suffisante à la garance , l'élément calcaire qu'elle réclame. » Enfin, par suite de mes observations sur l'influence que la lumière solaire et l'air humide exercent sur la poudre, les fabricants zélandais ont compris la nécessité de pulvériser les racines dans des ateliers éclairés par une lumière artificielle et maintenus secs par une température constante. » MÉCANIQUE ET PHYSIQUE APPLIQUÉES. — M. Arago a présenté , de la part de M. Breguet , et fait fonctionner sous les yeux de l'Académie , un instru- ment à l'aide duquel les chefs de gare d'arrivée et de départ dans les che- mins de fer seront avertis, instantanément, du moment du passage des trains devant chacun des poteaux kilométriques de la ligne, et pourront con- naître très-exactement la vitesse avec laquelle les divers intervalles auront été parcourus. (Une Commission,. composée de MM. Arago, Becquerel, Pouillet, exami- nera l'instrument de M. Breguet.) PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Note sur un instrument électrique à lame vibrante; par M. Froment. (Commissaires, MM. Becquerel, Despretz, Regnault.) « Cet instrument, qui me semble susceptible de plusieurs applications, se compose d'un petit électro-aimant, dont le contact, en fer très-léger , peut osciller entre l'un des pôles et un arrêt contre lequel un ressort tend à le faire appuyer. >• Un courant électrique, introduit dans l'appareil, passe par le contact (4^9) en fer et par son arrêt, de manière à ce que le circuit soit interrompu dès que ces deux pièces se séparent. >' Ce dernier effet se produit de lui-même , en interposant dans le circuit le fil de l'électro-aimant; car il attire alors le contact qui, en abandonnant son arrêt, interrompt le passage du courant; par suite, l'aimantation cesse, la lame de fer, poussée par le ressort, retourne frapper l'arrêt et fermer de nouveau le circuit : nouvelle aimantation , nouvelle interruption du circuit , et ainsi de suite , avec une rapidité que l'on est maître de régler et qui peut atteindre plusieurs milliers de battements par seconde. )' En tournant les vis qui servent à faire varier l'amplitude de la vibration et la force du ressort, on fait rendre à l'instrument tous les sons de l'échelle musicale. " En voici des applications: » L'instrument étant réglé de manière à rendre un son fixe , les moindres variations dans l'intensité du courant employé se traduisent à l'oreille par des vibrations correspondantes dans le son produit, ce qui est très-com- mode pour juger de la régularité du passage de 1 électricité dans certains appareils, comme les électromoteurs, les machines magnéto-électriques, les commutateurs, etc. , etc. » Le courant, par son passage dans l'appareil, étant alternativement rompu et rétabli, si l'on interpose dans le circuit une grosse bobine de fil de cuivre à spires isolées, les courants d'induction qui prennent naissance à chaque vibration, en s'accumulant un grand nombre de fois dans un temps très-court, produisent des effets de tension , comme par exemple des effets physiologiques, d'une énergie extraordinaire. >' L'étincelle, dont l'éclat, comme on sait, augmente si fort à la rupture d'un tel circuit, se montre à chaque vibration de la lame; et, si cette der- nière est armée d'une petite tige en platine venant frapper contre une plaque du même métal, on voit l'étincelle, produite même avec un seul élément, s'étaler de plusieurs millimèti-es, soit sur la tige, soit sur la plaque, suivant le sens du courant. » Avec un courant plus énergique, l'étincelle s'élance et crépite avec force , et la tige ou la plaque rougissent et même fondent si leur masse est peu considérable, tandis que le courant primitif ne les échauffe pas d'une manière bien sensible. « C. R., 1847, i«' Semestre. (T. XXIV , No H.) S'J ( 43o ) ASTRONOMIE. — Différence de longitude entre les Observatoires de Paris et de Greenwich. M. Arago présente, au nom de M. Goujon, un des astronomes de l'Obser- vatoire de Paris, une nouvelle détermination de la différence de longitudes entre les Observatoires de France et d'Angleterre, déduite de l'observation de la culmination de la Lune et de certaines étoiles choisies. Ce travail , dans lequel l'auteur s'est montré, à la fois, calculateur exact et astronome expéri- menté, devant être prochainement l'objet d'un Rapport, de la part d'une Commission composée de MM. Laugier, Mauvais et Faye, nous nous conten- terons de transcrire ici le résultat moyen obtenu par M. Goujon. Ce résultat est : 9'..2i",6. On sait que les opérations trigonométriques avaient donné 9'.2i",2, et des signaux de feu 9.2i",5. MATHÉMATIQUES. — Note sur la théorie des nombres complexes ; par M. Wantzel. ( Commissaires , MM. Cauchy, Liouville , Lamé.) « A l'occasion du Mémoire sur le théorème de Fermât, présenté par M. Lamé dans la séance du i" mars, M. Liouville a fait remarquer que le mode de démonstration employé exige qu'on établisse tout d'abord, sur les nombres premiers complexes, des principes analogues à ceux qui régissent les nombres premiers de l'arithmétique élémentaire. Je me suis occupé de cette question , et je suis arrivé à faire voir que le principe fondamental sur la décomposition d'un nombre en facteurs premiers , ainsi que la recherche du plus grand commun diviseur expliquée par Euclide, sont entièrement applicables aux nombres complexes considérés par MM. Gauss et Jacobi. » 1. Soit d'abord nn nombre de la forme a + b \] — i, dans lequel a et h sont entiers. Ce nombre sera premier s'il n'est divisible par aucun autre nombre de même forme que lui-même, en excluant néanmoins + i, — i, -+- V— I et — y/— I, qui jouent dans cette théorie le même rôle que l'unité. n Si ce nombre premier divise le produit AB de deux autres nombres complexes, il divisera nécessairement l'un d'eux. Essayons, en effet, la divi- sion de A en /n + « \J— i par a+ b y/— i, et supposons qu'elle ne réussisse ( 43i ) pas ; on pourra néanmoins poser ■ n y/- d'où i =:p^qyj-j, -nb an — bm et prendre pour quotient approché le nombre complexe p' + q'\j— i, dans lequel p' et q' seront les entiers les plus voisins de p et ç; en sorte que p = p' -i- a,q = q' -\- ë, aet§ étant moindres que - en valeur absolue. » Il résultera de ce calcul la relation m -+-n\/— i = {p'-i-q'^— i) (a + b\/— i) + {a-\-§\J— i) {a-\-b\f— i), où la dernière partie du second membre représente un nombre complexe égal au reste de la division. Le module de ce reste sera moindre que celui du diviseur multiplié par le plus grand module que puisse acquérir a 4- SV— 1 ou y-- . ' Donc on peut déterminer le quotient entier d'un nombre complexe pour un autre , de telle sorte que le module du reste soit inférieur au module du diviseur. •) On voit de suite qu'en divisant a + b \—i pour ce reste, et ce reste par le suivant, l'on arrivera à un module nul au bout d'un nombre limité d'opérations, puisque le carré du module est un nombre entier. Mais le dernier diviseur divisera évidemment tous les restes précédents, et, par suite, a -h b y' — i, ce qui exige que ce diviseur soit + i, — i, s/ — i ou — y — I, puisque ce nombre complexe est supposé premier. » De l'égalité ...... m -h ns/— I = ip' -hq \J-~ i) (a + b\J— i) + R, qui devient AB - (a + 6 s/^^) BQ + BR; en multipliant par B , on conclura , comme dans l'arithmétique ordinaire , 57.. ( 43a ) que {a + b\l — i), qui divise AB, devra diviser BR, et, par suite, B mul- tiplié par le dernier reste ±: i ou ± sj~ i , ce qui démontre le principe énoncé. » On voit que la démonstration repose uniquement sur cet axiome : Une quantité complexe , qui divise les parties d'une somme ou l'un des facteurs d'un produit, divise cette somme ou ce produit; ce qui résulte de la défi- nition du mot divisible. » Le procédé employé indique la série d'opérations à faire pour trouver le plus grand commun diviseur de deux quantités complexes, et l'on voit que le nombre d'opérations ne saurait dépasser le degré de la plus grande puissance de 2 contenue dans le carré du module le plus petit. » On tirera de ce principe fondamental toutes les conséquences connues pour les nombres premiers ordinaires. Il en résulte qu'un nombre ne peut être décomposé que d'une manière en facteurs premiers complexes, et qu'un nombre divisible par plusieurs nombres complexes premiers entre eux est divible par leur produit. » Ces principes serviront à démontrer avec la plus grande facilité les propriétés des nombres de la forme jt^ +J'^' Ainsi tout diviseur premier d'un pareil nombre est de la même forme, sans quoi il faudrait qu'il fût premier complexe (non divisible par un nombre complexe), et il ne pourrait alors diviser x + jr sj— i sans diviser x et j- ; ce qu'on ne suppose pas. Tout nombre premier de la même forme ne peut être décomposé que d'une ma- nière en deux carrés: car si x^ + y^ était égal à m^ + t'^, il faudrait que X + y )j' — I ne fût pas premier; il serait donc divisible par un facteur pre- mier p -\- q s/— i> et son conjugué p — q \/— i diviserait x — J\J— i; en sorte que x^-^-j"^., admettant le diviseur p^ -t- q"^, ne serait pas un nombre premier. On peut remarquer que les facteurs conjugués p -\- q\j— i et n — q\J — I sont toujours premiers entre eux, excepté quand p=: y = 1 ; alors I + yj— I est égal à — \l — i (i — sj— i), et c'est pour cela que le nombre 2 fait exception dans la plupart des principes. " 2. Considérons maintenant un nombre complexe provenant des racines de l'équation • *V • . r" — I = o , et bornons-nous d'abord au cas de n = 3. Le nombre a+ br-\- cr* sera alors premier, s'il n'est divisible que par lui-même ou par les puissances de r. tmitons la démonstration présentée ci-dessus, et divisons par a -h br+ ci' ( 433 ) un nombre de même forme. On peut réduire ces nombres à l'expression plus simple a 4- hr, puisque /-^ == — i — r. Nous poserons encore m -\-nr d'où am -^ bn — bm un — bm P ~~ a'+b' — ab et ç — -T^rbTZT^' et nous prendrons les parties entières p' et q' de p et q , de sorte que p=:p'-\-a,q = q' + §, en désignant par a et ê des quantités positives moindres que i. On aura alors la relation m-\- nr— (a + br) [p' -h q'r) + (a + Sr) {a + br), ■■ et le reste de la division sera un nombre complexe égal à (a + êr) {a -+- hi). Mais si nous appelons module de l'expression complexe a+br le nombre réel que l'on obtient en multipliant les résultats de la substitution de diverses valeurs imaginaires de r, le module d'un produit sera égal au produit des modules des facteurs; ainsi le module du reste sera égal au module du di- viseur multiplié par le module de a + Sr. Or ce module ■' , a» + ê*-ga = (a+gr)(a + êr») ' ■ ; est toujours inférieur à l'unité quand a et ê sont positifs et moindres que i, et il n'atteint la limite i que pour a= i, S = o. Donc le module du reste pourra toujours être rendu moindre <\ue celui du diviseur. Il en résulte que si l'on divise ensuite le diviseur par le reste , et ainsi de suite , on arrivera à un reste dont le module sera nul, puisque ces modules sont nécessairement entiers. Quand la quantité a -\- br est première , le dernier diviseur ne peut être qu'une puissance de r, et l'on démontre, comme ci-dessus, que ce nombre premier ne peut diviser un produit sans diviser l'un des facteurs. » La même méthode donne le moyen de trouver le plus grand commun diviseur entre deux nombres complexes de la forme a -+- br-h cr^ ou a-\- br; de plus, le nombre des opérations sera au plus égal à la plus grande puis- sance de ^ contenue dans le plus petit module , puisque l'on peut rendre le 3 module de a 4- êr ou a'' + ê^ — aê plus petit que >-, en prenant a et S com»- pris entre H — et . ' r 2 2" » Comme conséquence de ce principe relatif aux nombres complexes ( 434 ) provenant de l'équation on peut déduire immédiatement que les diviseurs premiers de x^ -\-jr' — xj sont de même forme et plusieurs autres propriétés des formes quadratiques. » On voit facilement que le même mode de démonstration s'applique aux nombres complexes de forme plus compliquée qui dépendent des racines de r" = I pour n quelconque. Il suffira d'établir que le module de l'expression a + êr + yr^ +...+ fxr""' est toujours moindre que i quand a, S , y,..., |u, sont compris entre o et i ; ce qui se vérifie de plusieurs manières. Je me propose de revenir sur ce sujet et d'examiner les divers cas particuliers qui peuvent se. présenter, en dévelop- pant les nombreuses conséquences du principe fondamental. » CHIMIE. — De la véritable nature de l'acide Jluorhjdrique anhydre; par M. LouYET, de Bruxelles. « Dans le Mémoire sur le fluor dont j'ai eu l'honneur de lire un extrait à l'Académie (séance du a3 novembre 1846), j'ai dit que l'acide fluorbydrique anhydre était inconnu jusqu'à présent. Gomme preuve à l'appui de cette opinion, j'ai démontré qu'une certaine quantité de cet acide était neutralisée par une quantité de base plus faible que celle qu'il aurait dû saturer, s'il et!lt été anhydre. n Cette preuve n'ayant pas paru suffisante à M. Dumas, cet illustre chi- miste m'a conseillé de faire passer l'acide fluorbydrique, considéré comme anhydre jusqu'à ce jour, sur de l'acide phosphorique anhydre, et de recueillir le produit dans un vase de platine plongé dans un mélange réfrigérant. D'a- près M. Dumas, si, par ce procédé, on obtenait toujours un acide liquide, il fallait admettre que l'acide fluorbydrique, considéré par MM. Gay-Lussac et Thenard comme anhydre, l'était réellement. C'est cette expérience que j'ai faite, et dont je viens aujourd'hui mettre les détails sous les yeux de l'Académie. n J'ai mis, dans la partie inférieure d'une cornue de platine , un mélange intime de 100 grammes de spath-fluor pur et environ 3oo grammes d'acide sulfurique récemment porté à l'ébuUition. Il Le bec de la cornue de platine a été adapté à un tube plein d'acide phosphorique anhydre , à l'aide d'un bouchon de spath-fluor garni de caout- ( 435 ) chouc; le tube de platine communiquait, par son extrémité étroite, avec un j>etit récipient de platine à deux tubulures latérales : l'une des tubulures entrait à frottement dans l'extrémité du tube de platine, l'autre dans le tube du couvercle tubulé du grand récipient placé dans le mélange réfrigérant; les jointures et le couvercle du petit récipient bitubulé étaient closes par des bandes de caoutchouc; le col delà cornue, le tube de platine et le récipient bitubulé étaient remplis d'acide phosphorique anhydre. » L'appareil étant ainsi disposé, on a chauffé doucement la cornue de platine: l'ébullition qui caractérise le dégagement de l'acide fluorhydrique s'est bientôt fait entendre. Au bout d'une heure environ, j'ai enlevé le cou- vercle du dernier récipient ; des fumées abondantes sortaient par la tubulure du petit récipient à acide phosphorique : ces fumées n'attaquaient pas ou très- faiblement le verre sçc; elles agissaient sur le verre humide. On a remis le couvercle en place , et l'on a continué de chauffer la cornue ; le gaz fumant s'est fait jour à travers l'intervalle qui séparait le récipient àe son cou- vercle , car cette jointure n'avait pas été garnie de caoutchouc pour per- mettre la sortie de l'air de l'appareil. Bien que le dôme de la cornue ne fût pas fort chaud , la température du col était très-élevée, au point de bruire comme un fer chaud , quand on y projetait de l'eau froide. Cette élévation de température était produite par la combinaison de l'acide phosphorique anhydre avec l'eau de l'acide fluorhydrique. Au bout d'une heure, on a ouvert le creuset récipient: il ne contenait aucune trace de liquide; il en sortait d'abondantes fumées qui agissaient très-faiblement sur le verre sec, et fortement sur le verre humide. J'ai mis de l'eau dans le récipient, et j'ai continué l'expérience pendant un quart d'heure : au bout de ce temps, la liqueur était devenue acide; elle possédait toutes les propriétés de l'acide fluorhydrique étendu: l'analyse n'y a fait découvrir aucune trace d'acide phosphorique. » L'acide fluorhydrique anhydre est donc gazeux à la température de — 12 degrés centigrades et à la pression ordinaire; en cela, il ne diffère pas des autres hydracides anhydres et des acides fluosilicique et fluobo- rique. Le gaz fluorhydrique est extraordinairement fumant par suite de sa grande affinité pour l'eau. Il attaque très-peu le verre; il serait peut- être possible de le recueillir sur le mercure dans une cloche de verre bien sèche. -, " Après l'opération , j'ai trouvé l'acide phosphorique du récipient bitu- bulé tout à fait sec; quant à celui placé dans le tube de platine, il était passé en partie à l'état sirupeux, et contenait de l'acide fluorhydrique. Enfin l'acide ( 436 ) contenu dans le col de la cornue de platine avait, pour ainsi dire, disparu; il était coulé à l'état sirupeux dans le tube. Cette circonstance explique l'élé- vation de température du col de la cornue. >' On sait, d'après M. Kuhlmann, que le gaz chlorhydrique sec décom- pose entièrement le .spath-fluor au rouge vif : on doit donc obtenir le gaz fluorhydrique anhydre, en recueillant le produit de cette décomposition, .Vai fait cette expérience pour voir si j'obtiendrais des résultats identiques avec ceux donnés par les précédents essais. J'ai fait arriver du gaz chlorhydrique desséché par de la ponce sulfurique, sur du fluorure de calcium pur, placé dans un tube de platine , et dont la température avait été préalablement portée au rouge. Le tube communiquait avec le récipient à couvercle tubulë dont j'ai parlé tout à l'heure , et celui-ci était placé dans un mélange réfrigé- rant. Il s'est dégagé immédiatement par les jointures du couvercle un gaz fumant, dont. l'odeur trahissait aisément la présence du gaz chlorhydrique. On a contihué l'expérience pendant une bonne demi-heure : les fumées sor- taient constamment ; elles attaquaient le verre humide. Au bout de ce temps, ayant démonté l'appareil, je n'ai trouvé dans le récipient, ni liquide ni solide; il en sortait un gaz acide, fumant beaucoup, mais ne donnant pas des fumées aussi lourdes que le gaz fluorhydrique obtenu par l'acide phos- phorique. En recouvrant le récipient d'une plaque de verre sèche , elle fut lé- gèrement attaquée : en recueillant le gaz dans de l'eau, la liqueur contenait des acides fluorhydrique et chlorhydrique ; ce dernier prédominait. Le fluorure s'était moulé dans le tube de platine en une masse assez cohérente; sa surface seulement était transformée en chlorure de calcium. » CHIMIE. — Mémoire sur les combinaisons du cyanogène ; par M. Ad. Wurtz. (Extrait par l'auteur,) (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Balard.) " 1°. Action du chlore sur l'urée. Formation d'acide cjanurique. — Lorsqu'on fait passer un courant de chlore .sec sur de l'urée fondue, on observe une réaction très- énergique : ce corps se décompose, en se boursou- flant et en laissant dégager d'abondantes vapeurs blanches. Les produits de cette réaction sont de l'acide cyanurique, du sel ammoniac, de l'acide chlor- hydrique et de l'azote. Pour extraire l'acide cyanurique, il suffit de traiter, par un peu d'eau froide, la masse refroidie qui reste dans le vase où l'on a opéré la décomposition. Le sel ammoniac se dissout dans l'eau, et l'acide cyanurique reste sous la forme d'une poudre blanche que l'on peut, au besoin, purifier en la dissolvant dans l'eau bouillante. ( 437 ) >' L'équation suivante rend compte de la réaction du chlore sur l'urée 3(C'H'Az»0')-t- 3C1 = Az +HCl-f-2H'AzCl4- C«Az-^H=0«. J'ajouterai que cette réaction offre certainement le moyen le plus commode pour préparer l'acide cyanurique. » 2". action du chlore sur laciiie prussique aqueux. Chlorohjdruie de cyanogène. — Lorsque l'on fait passer un courant de chlore dans de l'acide prussique aqueux, préparé par le procédé de Trautwein, la réaction qui se prodjiiit détermine, au bout de quelque temps, une légère élévation de température. Le liquide exhale une odeur très-marquée de chlorure de cyanogène, et laisse dégager une vapeur qui se condense en gouttelettes dans les parties froides de l'appareil et qui constitue le produit principal de cette réaction. Pour le recueillir, on adapte à la cornue qui renferme l'acide prussique un tube à chlorure de calcium que l'on termine par un tube recourbé à angle droit et plongeant dans un ballon à long col refroidi à la glace. A la fin de l'opération, on trouve dans le récipient un liquide limpide , très-volatil , qui fume à l'air et qui répand une odeur très-irritante de chlorure de cyanogène: c'est le chlorohydrure de cyanogène impur. Il l'enferme de l'acide chlorhydrique et de l'acide cyanhydrique, dont on le débarrasse en l'agitant avec deux à Irois fois son volume d'eau refroidie. On décante la couche de liquide qui se sépare de l'eau, et on la soumet à une nouvelle distillation en faisant passer sa vapeur à travers un tube à chlorure de calcium. >i Le chlorohydrure de cyanogène ainsi préparé est un liquide incolore , très-fluide et très-coiTOsif. Il répand une odeur qui irrite vivement les bronches et surtout les yeux, au point de déterminer un larmoiement très- abondant. Il bout à + 20 degrés. Sa vapeur brûle avec une flamme vio- lette. 11 se dissout sensiblement dans l'eau, et cette dissolution précipite en blanc parle nitrate d'argent. .,...•. .' Mis en contact avec du chlore sec , il se transforme tout entier en chlorure solide de cyanogène et en acide chlorhydrique C«Az=CPH + Cl = HCl + C^Az^CP. » Si l'on opère cette réaction sur quelques grammes de matière, on voit les parois du vase se couvrir, du jour au lendemain, de belles aiguilles radiées, en même temps qu'il reste au fond un liquide visqueux, qui finit par se prendre tout entier en larges cristaux de chlorure solide de cyanogène. >; J'ai éprouvé quelques difficultés pour faire l'analyse du chlorohydrure C. R. , i8',7, I" Semcstr,:. (T. XXIV, N» 11.) 58 ( 438 ) de cyanogène. On le conçoit sans peine, si l'on songe à l'extrême volatilité de ce liquide. Quoique les analyses que j'en ai faites ne présentent pas toute la netteté que l'on peut désirer, elles conduisent cependant à la formule C^Az'CPH, qui paraît d'ailleurs justifiée par les réactions que présente le chlorohydrure de cyanogène. " » D'après cela, on peut considérer ce corps comme une combinaison d'acide prussique avec le chlorure de cyanogène G*Az*Cl*, dont on trou- vera la description plus loin, ou bien comme du chlorure solide de cyano- gène C^Az'GP, dans lequel i équivalent de chlore serait remplacé par I équivalent d'hydrogène. » 3°. Chlorure de cjanogène liquide. — Pour préparer ce corps, on traite le chlorohydrure de cyanogène par l'oxyde rouge de mercure. Pour éviter une réaction trop vive, il est bon de mélanger cet oxyde avec du chlorure de calcium fondu et pulvérisé, et de refroidir fortement ce mé- lange. Après quelques heures de contact, on distille au bain-marie et on voit se condenser dans le récipient , convenablement refroidi, un liquide incolore qui constitue une nouvelle modification du chlorure de cyanogène. C'est un liquide limpide, qui irrite fortement, comme le chlorohydrure, la membrane muqueuse des bronches et qui provoque le larmoiement. Il est plus dense que l'eau. Il bout à + i6 degrés et se prend à — 7 degrés en une masse cris- talline formée par de longues lames transparentes. Sa vapeur est incombus- tible. Il tombe au fond de l'eau, en s'y dissolvant, cependant, d'une manière sensible. Cette dissolution ne précipite pas le nitrate d'argent. Lorsqu'on y ajoute une goutte de potasse et qu'on neutralise ensuite par l'acide azotique , on observe une effervescence de gaz carbonique, et la liqueur neutralisée précipite par le nitrate d'argent. Ces réactions semblent indiquer que les alcalis décomposent le chlorure de cyanogène en chlorure alcalin , ammo- niaque et acide carbonique. On sait que ces deux derniers corps sont des produits de décomposition de l'acide cyanique. Les analyses que j'ai faites sur le chlorure de cyanogène liquide conduisent à la formule c^Az'a». D Cette combinaison constitue donc un nouvel isomère du chlorure de cyanogène. » J'ai l'intention de continuer ces recherches sur les combinaisons du cyanogène, car je n'en ai présenté, aujourd'hui, que les premiers résultats. ( 439 ) J'ose dire que ces rechei'ches sonl des plus pénibles, et je suis forcé de les interrompre pour quelque temps, à cause de la fatigue qu'elles m'ont fait éprouver. » J'espère que l'Académie voudra bien me tenir compte de ces difficultés, en accueillant avec indulgence un travail que je lui présente sous une forme encore bien imparfaite. » CFiiMiE. — Etude de la réaction de l'acide sulfurique sur le bichromate de potasse; étude sur l'alun de chrome; par M. Jacquelaiiv. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dumas, Regnault, Balard.) u Dans le travail dont je fais aujourd'hui la présentation à l'Académie, je commence par décrire la préparation de l'oxygène au moyen du bichro- mate de potasse et de l'acide sulfurique, d'après M. Balmain; puis, modi- fiant un peu les doses de ces matières, je signale surtout à l'attention des chimistes la présence de l'oxyde de chlore dans l'oxygène préparé avec ces deux agents: d'où il résulte que ce gaz devra toujours être soumis à des lavages par la potasse en dissolution, si l'on veut éviter de graves erreurs dans les recherches de précision qui seraient tentées avec de l'oxygène obtenu par ce procédé. • • .. ' ■ 'I Après ces réflexions préliminaires, j'analyse avec soin l'action de l'a- cide sulfurique sur le bichromate dépotasse, depuis l'instant de leur con- tact jusqu'à la séparation de tous les produits qui prennent successivement naissance dans cette réaction. » Ainsi, je montre comment le bichromate de potasse dégage de la chaleur en se dissolvant dans l'acide sulfurique, comment on peut assister ensuite à la formation des cristaux d'acide chromique. » Je fais voir de quelle manière, après la décomposition de cet acide par la chaleur en présence de l'acide sulfurique, on se procure à volonté un sul- fate double de chrome et de potasse anhydre, puis de l'alun de chrome, puis du bisulfate de potasse anhydre, du bisulfate hydraté de même base; enfin, je fais entrevoir (ju'avec le résidu très-abondant de sulfate de chrome acide, on régénère économiquement du chromate, par le concours simul- tané d'un alcali peu soluble ou de son carbonate et d'une température élevée. )' La description des phénomènes qni accompagnent l'action de l'acide sulfurique sur le bichromate de potasse étant terminée, je me livre à l'é- tude approfondie de quelques propriétés singulières de l'alun de chrome, dont je donne l'explication. 58.. ( 44o ) » Entre autres observations, je dénaontre que l'alun de chrome chauffé à loo degrés dans un tube scellé, de 3 millimètres de diamètre, se décom- pose en sulfate de potasse et en sulfate de chrome potassé qui demeurent fluides à + i5 degrés, et même à — 20 degrés, à cause de l'étroitesse du lube , car cela n'a plus lieu dans un tube de 2 centimètres de diamètre. » Je prouve que cet alun de chrome, devenu vert par suite de cette al- tération , n'est point une modification isomérique , comme l'avait pensé M. Hertvig. » Contrairement à l'opinion de M. Fischer, je démontre que l'on peut, avec le produit vert étendu d'eau, régénérer de l'alun de chrome, pourvu que la concentration et la cristallisation se fassent à -J- 2 degrés. » Etudiant ensuite l'action simultanée de l'eau et de la chaleur sur l'alun de chrome, j'arrive à me convaincre, par l'analyse des produits modifiés, que certaines combinaisons chimiques de nature inorganique se métamor- phosent sans cesse en présence de l'eau. " Ges faits, aussi remarquables qu'inattendus , méritent de fixer l'attention de tous les chimistes qui s'occupent d'analyse; car, suivant que l'alun de cbrome aura été dissous à -t- 4 degrés, ou bien de + 20 degrés à + 100 de- grés, suivant que la solution aqueuse aura été analysée immédiatement ou dans un temps très-éloigné du moment de la dissolution, l'on pourra faire une analyse exacte ou commettre une erreur de 32 pour 100 sur la totalité du sulfate de baryte. Le sulfate , le chlorhydrate de sesquioxyde de chrome m'ont présenté des irrégularités du même genre. » Dans une circonstance déterminée, l'alun de chrome m'a paru se dé- doubler en 2 équivalents de sulfate de potasse et 1 conî[)Osé dont la formule brute, tirée de l'analyse , se représente par 3[3(SO'),Gr*0'], SO%RO. )> Il suit de là qu'une dissolution d'alun de chrome devenue verte n'est plus de l'alun de chrome. - i-^; w , ,.'i i; ,> » Cette seconde série de faits bien établie , je me trouve conduit à prou- ver, par des expériences nouvelles et contrairement aux idées professées par la majorité des chimistes, que les modifications isomériques n'existent pas davantage entre les trois hydrates d'acide phosphorique de M. Graham , qu'entre la sulfamide et le sulfate d'ammoniaque , l'alumine anhydre et cette même base hydratée. >i Par la même raison , l'alun de chrome violet ne me paraît point l'i- somère de l'alun devenu vert; par d'autres raisons, l'oxyde de chrome des- hydraté à 200 degrés et celui calciné ne le sont pas davantage. Il en est de même du bioxyde de mercure précipité par un alcali, puis rendu anhydre, ( 44i ) et de celui provenant de l'azotate calciné ; de la chaux vive préparée avec le carbonate, et de celle que l'on obtient en décomposant dans un creuset de platine l'azotate de chaux par une forte chaleur. » En m'appuyant sur la définition que M. Dumas rious a donnée de Tiso- niérie, définition acceptée par tous les chimistes, j'établis que certains corps de même composition, comparés dans les cas précédents, ne sont autre chose que des corps polymorphes. '( Reprenant alors l'analyse de l'alun de chrome par une méthode fondée sur les observations citées plus haut, et réglant mes calculs sur l'équivalent du chrome que j'ai déterminé de nouveau , j'attribue à l'alun de chrome la formule suivante : 3(S0'),Cr'0', S0% K0,22(H0); ' - je démontre aussi que l'alun de chrome perd ao équivalents d'eau, soit à loo, soit à 200 degrés, et je termine par l'analyse du sulfate de chrome et de potasse anhydre mentionné au commencement du Mémoire , en représentant ce composé par la formule , , , , ■ ,■ - ■:■':. . , 3(,S0'),Gr»0%S0'K0. » •■ ' ' CHIMIE. — Etude sur le sulfate d'alumine et de potasse; étude sur quelques sulfates de sesquioxjde de fer ; par M. Jacquelain. (Extrait par l'auteur.) > ,' (Commissaires, MM. Dumas, Regnault, Balard.) « Toutes les expériences dont l'alun de chrome a été l'objet dans le pré- cédent Mémoire devaient naturellement me conduire à étudier l'alun et le sulfate d'alumine sous le même point de vue , c'est-à-dire à examiner si ces combinaisons ne m'offriraient pas des phénomènes du même genre, quant aux incertitudes qui peuvent résulter de leur analyse par les méthodes ac- tuelles. '> Par suite des irrégularités que ces combinaisons m'ont présentées dans leur analyse d'après les méthodes connues, irrégularités que je fais dispa- raître en prenant la précaution de convertir en sulfates ou chlorures alcalins , les sulfates des sesquioxydes ou chlorures correspondants, je me suis convaincu, par de nouvelles expériences, de la nécessité qu'il y avait de changer aussi la formule de l'alim ordinaire, ainsi que celle du sulfate d'alumine. " Dans l'analyse du sulfate d'alumine, la perte en sulfate de baryte s'élève à ropour 100; et dans celle du sulfate de sexquioxyde de fer, l'erreur du même genre peut aller jusqu'à 12 pour 100. ( 44a ) » Indépendamment de ces observations, je donne la composition de trois sulfates nouveaux de sesquioxydes de fer, ainsi que leur mode de préparation. » Voici, du reste, les formules brutes par lesquelles je crois pouvoir, d'après mes expériences, représenter la composition de l'alun ordinaire, celle des sulfates d'alumine de sesquioxyde de fer que je viens de citer : Alun ordinaire V .' ;"V . . 4(S0=), (APOS KO), a2(H0J, Sulfate d'alumine naturel . ...... .4 . . 3(S0'), Al'O», i6(H0), i3(S0'), Fe'O', 10 (HO), 4(S0^), Fe=0% la(HO), __^^^_ 32(S0=), 5(re=œ), 36(HO). » TECHNOLOGIE. — Note sur la cuite des porcelaines dures à la houille; par M. Vital- Roux. (Commissaires, MM. Al. Brongniart, Dumas, Payen.) Après avoir rappelé les difficultés qui s'étaient opposées, jusqu'à présent, à l'emploi de la houille pour la cuite de la porcelaine dure, et exposé les con- sidérations qui le portèrent à ne pas considérer ces difficultés comme insur- montables , l'auteur mentionne brièvement les différents essais auxquels il s'est livré, dans ce but, de concert avec M. Merkens. Enfin, au moyen de fours d'une forme particulière, que les inventeurs désignent sous le nom de fours à double courant d'air, on est parvenu à régler le feu de telle manière, que, sur toute une cuite, il ne se trouve pas une seule pièce jaune. Quant aux avantages qu'on a obtenus, sous le rapport de l'économie, par l'emploi de la bouille au lieu du bois , dans les fours en exercice à Noirlac, M. Vital-Roux les indique de la manière suivante : « Le four de 4'°,66 brûlait, en moyenne , par cuite : 96 stères de bois, essence chêne et charme, qui revient dans notre localité, c'est-à-dire dans l'arrondissement de Saint-Amand (départe- ment du Cher), à 7 francs le stère, fendu et transporté au four; soit 672'' >. » Il brûle, à l'heure qu'il est, i5o hectolitres de houille de Gommentry, qui revient à i' 80'' l'hectolitre 270 « Différence 402 " " Le four de 5'°,66 brtîlait, par cuite, 120 stères de bois, à 7 francs le stère ? soit 840'"^ » " Il brûle, à l'heure qu'il est, 220 hectolitres de houille, à i'8o<= l'hectolitre 896 » Différence 444 " ( 443 ) » Tel est le résultat d'économie de combustible. Par l'expérience, j'ai remarqué d'autres avantages : » 1°. Cuisson plus parfaite, plus identique, toutes les parties cuisant également, le centre comme les flancs, le haut comme le bas; >• 2**. Une bien moins grande altération des gazettes, des chemises et voûtes des fours. Au bois, l'action des cendres, s'unissant à la partie siliceuse des terres à gazettes et des briques tapissant les parois des fours, formait une vitrification qui, par le refroidissement, disposait les gazettes à se briser. A la bouille, au contraire, aucune vitrification n'a lieu : les parois des fours restent comme avant le feu, et les gazettes se maintiennent, comme on les pose , sans altération aucune. « - . ■ A l'occasion de la communication de M. T^ital-Roux , M. Alex. Bbongniart annonce que M. Renard, de Saint-Gond, près Ëtoges (département de la Marne), fait dans ce moment des essais de cuisson de la porcelaine dure, au gaz extrait de la tourbe, et que ces essais ont eu, jusqu'à présent, des résultats satisfaisants. M. Ébelmen, directeur-adjoint de la Manufacture royale de Sèvres, est allé voir une cuisson et eu constater les résultats. PHYSIQUE. — Du magnétisme terrestre, ou nouveau principe de physique , ' céleste; par M. Lion. • (Commissaires, MM. Arago, Becquerel, Duperrey.) , « L'objet de ce Mémoire, dit l'auteur, est de démontrer, i" que le soleil est doué d'une polarité magnétique de laquelle dépendent la plupart des phénomènes du magnétisme terrestre ; oP que l'état magnétique du globe terrestre est celui d'une sphère soumise à l'action inductive d'un courant voltaique; 3° que toutes les autres planètes ont aussi un magnétisme rési- dant à leur surface seule, et provenant de l'influence solaire; 4° qui^ les mouvements de rotation des planètes suivent une loi qui prouve leur ori- gine électrodynamique. « Nous avons cherché, ajoute M. Lion, à ne pas sortir du domaine de l'expérience, à nous servir exclusivement des faits. D'ailleurs, nous croyons avoir établi, d'une part, la relation directe qui existe entre les variations périodiques du magnétisme terrestre, de quelque manière qu'il se mani- feste, et les mouvements de notre globe en présence du soleil; d'autre j)arl, le rapport des temps de rotation des planètes avec leur siuface et leur distance du soleil. » . . ■ . ( 444 ) GÉOLOGIE. — Cartes , croquis et coupes pour servir à l'explication de la constitution géologique des Vosges; par M. Hogard. (Commissaires, MM. Gordier, Élie de Beaumont, de Bonnard.) ^ Ces cartes et coupes sont accompagnées d'un Mémoire très-développé qui comprend, outre les observations préliminaires, trois parties distinctes : i" Indication des terrains Bgurés sur la carte, et coup d'œil sur les formes gé- nérales du relief du département des Vosges; a° limites, situations et coupes des terrains; 3" tableau des communes du département des Vosges, indi- quant les divers terrains, les mines et carrières qui existent sur le territoire de chacune de ces communes. OROGRAPHIE. y— Etude sur les glaciers du nord et du centre de l'Europe ; par M. J. DuRocHER. Après avoir exposé les considérations théoriques par lesquelles il croit pou- voir expliquer les circonstances que présentent les glaciers de la Norwége com- parés à ceux du Spitzberg et des Alpes, l'auteur annonce qu'il a constaté sur les principaux glaciers de la Norwége les mêmes phénomènes que l'on observe sur ceux des Alpes: les crevasses, les aiguilles ou pyramides, les grottes cin- trées à travers lesquelles s'écoulent les torrents, les moraines médianes, laté- rales et terminales, les blocs ayant la forme de tables soutenues par des pié- destaux de glace , les cônes de graviers ; enfin la structure spongieuse et rubanée de la glace, qui présente une alternance de bandes bleues et de bandes blanches. « J'ai reconnu , ajoute M. Durocher, par de nombreuses observations faites dans les Alpes, en Norwége et au Spitzberi;, sur les glaciers et les glaces flot- tantes, que Tinterposition de l'eau entre lesporesetlesfissuresde la glace grenue contribue puissamment à y développer la belle couleur bleu d'azur que l'on y admire. D'ailleurs les eaux qui s'écoulent des champs de neige et des glaciers, présentent aussi une teinte d'un bleu de ciel très-prononcé; ce caractère leur est tellement propre, que souvent il m'a servi à reconnaître si les montagnes qui entourent les hautes vallées sont couvertes de tapis de neige. La couleur est souvent encore très-sensible à une distance de 1 3 myriamètres de 1 ori- gine des rivières; ainsi, à son embouchure dans le Lougen (vallée du Guld- brandsdal), l'Otte-Elv coule pendant quelque temps, sans se confondre, en formant tm large sillon bleuâtre, qui se distingue très-nettement des eaux grises du Lougen. Lorsque les détritus, mélangés à l'eau qui sort des glaciers, ( 445 ) sont gris, ils ne produisent d'autre effet que d'en pâlir la teinte bleue et la faire passer au bleu sale. Si les eaux des lacs et des rivières de la Suède, et une partie de celles de la Norwége ne présentent point une teinte d'azur qui leur soit propre et indépendante des reflets du ciel, Une faut pas toujours en attribuer la cause aux substances minérales qu'elles peuvent tenir en sus- pension, car j'ai vu souvent les eaux qui sortent des glaciers présenter une cou- leur bleue, quoique étant troubles , tandis que, à côté, coulaient des eaux très-claires qui étaient grises ou d'un gris verdâtre. Si le bleu est la couleur propre de l'eau pure, et si le remplacement de cette couleur par des teintes grises ou verdâtres tienl à des impuretés, cela doit provenir, dans beaucoup de cas, de substances organiques, principalement végétales, plutôt que de matières animales. » Les glaciers de la Norwége ont éprouvé des oscillations comme ceux des Alpes; les limites de leur ancienne extension sont très-bien marquées dans le Justedal, par la disposition des anciennes moraines, et par l'absence de vé- gétation dans les endroits qui ont été envahis. On possède en outre des do- cuments historiques desquels il résulte que leur agrandissement s'est effectué dans la première moitié du xviii* siècle, à peu près à la même époque où les glaciers des Alpes s'étendaient aussi de manière à rendre impraticables les passages des hautes montagnes. Mais depuis la fin du xvm^ siècle, les gla- ciers du Justedal sont presque rentrés dans leurs anciennes limites; et de 1822, époque à laquelle ils ont été visités par M. Nauman, jusqu'à l'année 1 845, oùje lésai observés, ils paraissent être restés à peu près stationnaires. La dispo- sition des anciennes moraines montre aussi que la diminution des glaciers ne s'est pas opérée brusquement et en une seule fois, mais qu'il y a eu plusieurs périodes de décroissement. : » Sur le vaste espace qu'ils ont abandonné, la surface des rochers pré- sente des érosions bien marquées, qui ont beaucoup de caractères communs avec les érosions du phénomène erratique; celles-ci se montrent, en certains endroits, sur les mêmes surfaces et sur les monticules environnants, mais elles se distinguent en ce qu'elles affectent une direction transversale, f.es glaciers actuels creusent des stries à peu près parallèles à l'axe des crevasses ou des vallons étroits d'où ils débouchent dans la vallée centrale ; tandis que les stries anciennes sont le résultat du frottement de masses érosives qui sont descen- dues des parties les plus hautes de cette vallée , et qui l'ont parcourue dans toute sa longueur en suivant ses différentes sinuosités. Sur les monticules qu'ont érodés les glaciers du Justedal, on voit beaucoup de parties concaves dont la surface est restée rugueuse; les glaciers ont passé par-dessus en for- C.R., 1847, l" Semestre. Çl.Wiy, IN» H.) 5g (446) mant voûte : ce sont principalement les parties convexes qui ont été usées, polies et striées; or ce qu'il y a de remarquable dans le phénomène erratique, c'est que , généralement, la surface des concavités est érodée comme celle des parties convexes : on voit même des stries au fond d'ornières et sur les pa- rois des fentes profondes. " Les érosions glaciériques présentent un caractèie important : quand un glacier se termine sur un espace plus large que le reste de son lit, ce qui ar- rive fréquemment, les stries qu'il trace sur ses deux bords sont divergentes, et font entre elles un angle, qui s'élève à 45 degrés sur l'un des glaciers que j'ai observés. Cette divergence a lieu lors même que les glaciers ne vont pas en s'élargissant ; elle paraît être d'autant plus grande, qu'ils sont plus puis- sants, et qu'ils ont une pente plus faible à leur extrémité. Cela s'explique également bien si l'on assimile, avec M. Forbes, les glaciers à des corps visqueux, ou si ou les considère comme des masses solides et grenues d'une assez faible cohésion pour céder peu à peu à la pression de leurs propres par- ticules, et à celle des particules liquides contenues à l'intérieur. Ce fait est en rapport avec la formation des crevasses rayonnantes et la disposition eu éventail que présentent, à leur extrémité, le glacier du Rhône et plusieurs autres : il contribue aussi à l'élargissement des moraines médianes. D'ailleurs, comme un glacier s'épanche dans tous les points où son lit s'élargit, il est pro- bable qu'il y creuse des stries divergentes; tandis que dans les points où sou lit se contracte , les érosions doivent offrir un certain degré de convergence. X Quanta la ressemblance des érosions glaciériques avec celles des phé- nomènes erratiques, pour montrer que des causes de natures différentes peu- vent produire des effets mécaniques analogues, il me suffira d'ajouter que j'ai observé, en diverses contrées et sur des roches diverses, mais principa- lement en Bretagne et sur du quarzite, de belles surfaces polies et striées qui ont été produites par le glissement des rochers les uns sur les autres, et qui cependant ressemblent beaucoup aux surfaces érodées par les glaciers ou par les agents erratiques. » .MÉCANIQUE. — Mémoire sur Vhélice considérée comme moteur aérien; par M. Plazanet. (Commissaires, MM. Piobert, Babinet, Seguier.) GÉODÉSIE ET GNOMONiQUE. — M. Secreta.\ présente un instrument con- struit d'après une idée de M. Leroy, architecte, et à l'aide duquel ou peut lire les arcs parcourus par les alidades, de deux secondes en deux secondes, ( 447 ) sur un cercle de aa cenlimèlres, qui, cependant, ne porte de divisions que de demi-degré en demi-degré. La lecture s'effectue à l'œil nu, sans loupe ni microscope. Le second instrument, présenté par M. Secretan est un dipléidoscope dans lequel, d'après une proposition de M. Steinheil , le prisme creux de Dent est remplacé par un prisme plein. Ces deux instruments sont renvoyés à l'examen d'une Commission déjà nommée pour l'examen d'un premier Mémoire de M. Secretan. M. ANCEtON adresse deux Mémoires : l'un, sur les fièvres typhoïdes pé- riodicjuement développées par les émanations de l'étang de Lindre-basse ; l'autre , sur les moyens de distinguer le sang humain du sang de tous les animaux. Le second Mémoire est destiné au concours pour le prix de Physiologie expérimentale de la fondation Montyon; le premier est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Serres, Andral et Pariset. M. DccROS présente deux Mémoires : l'un , sur l'empoisonnement par l'acide cjanhjdrique au quart , pratiqué chez des chiens qui, de l'état de mott apparente, ont été complètement rappelés à la vie dans quelques minutes, au moyen du double courant magnéto-électrique ; l'autre , sur l'action re- vivifiante des mêmes courants dans les cas d asphyxie produite , chez Vhomme, par l'inhalation de l'éther. ■ (Commission précédemment nommée.) • , ' M. BouNiCEAU envoie, pour le concours du prix de Statistique, un ouvrape imprimé sur la navigation des rivières à marées, et un Mémoire manuscrit ayant pour titre : Notes analytiques sur la navigation des rivières à marées. (Commission du prix de Statistique.) M. Lepaige présente un Mémoire intitulé : Essai d'hydroscopie , ou Con- sidérations sur la manière de découvrir les eaux souterraines , basée sur l'in- terprétation des accidents du sol. _■ ''' - - (Commissaires, MM. Elie de Beaumont, Héricart de Tliury. ) MM. Flandin et Danger , en adressant , pour le concours de Médecine et de Chirurgie, leurs divers travaux sur les poisons, y joignent, conformément à une décision prise par l'Académie pour les pièces admises à ce concours l'indication de ce qu'ils considèrent comme neuf dans les résultats de leurs recherches. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) ( 448 ) M. MuTREL soumet au jugement de l'Académie un appareil de son inven- tion, qu'il désigne sous le nom de régulateur du gaz d'éclairage. (Commissaires, MM. Poncelet, Payen, Morin.) 'm. RouiLLET présente vmjusil muni d'un mécanisme destiné à prévenir les accidents communs à la chasse. (Commissaires, MM. Piobert, Seguier.) M. LiiER soumet au jugement de l'Académie de nouveaux appareils pour l'inspiration de l'éther. (Commission de l'éther.) L'Académie renvoie à l'examen de la Commission des chemins de fer, deux Notes i-elatives à des moyens destinés à prévenir les accidents les plus fréquents dans ce mode de transport. Ces Notes sont adressées par MM. PiNGAULT et Michel, et par M. Tonnelier. CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire de l'Académie des Reaux-Arts invite l'Académie des Sciences à désigner deux de ses Membres pour faire partie d'une Commis- sion qui sera chargée d'examiner le procédé de photographie sur papier, communiqué par M. Blanquart-Êvrard. MM. Biot et Regnault sont invités à s'adjoindre à la Commission déjà nommée par l'Académie des Beaux-Arts. ASTRONOMIE. — Nouvelle comète. M. HiND écrit à M. Faye qu'il s'est glissé des erreurs considérables dans les premières observations de la nouvelle comète. Il invite les astronomes à mettre entièrement de côté l'orbite parabolique de cet astre qu'on avait d'a- bord déterminée, et qui a paru dans les Comptes rendus. Des recherches ultérieures ont conduit M. Hind à une orbite peu différente de celle du docteur Brunnow , et dont voici les éléments : Passage au périhélie, mars 3o, 3i4o7, temps moyen de Berlin. Longitude du périhélie 274"25'43", Longitude du nœud '9" 49' 9"> Inclinaison 4^° 38' 20 ", Distance périhélie 0,047007, Sens du mouvement Direct. ( 449 ) M. Arago a présenté la Note suivante, renfermant les éléments elliptiques de la même comète, calculés par M. Yvon-Villarceau , un des astronomes de l'Observatoire de Paris : Passage au périhélie mars 3o,3288, temps mraoyen de Paris. Longitude du périhélie '2']5°^&3^" ) de l'équinoxe moyen Longitude du nœud ai^S^'SG" | de o février 1847- Inclinaison 48" Sa'aS" Distance périhélie. ... o ,0442807 Excentricité o ,9998425 Sens du mouvement Direct. . • On déduit de ces éléments : .... Demi-grand axe. . 67,8 . ' .■ ■ Durée de la révolution. . . 552 ans. ' ■ « Les observations plus récentes , dit M. Villarceau, apporteront quelques » modifications dans les éléments que nous donnons ici ; la durée de la révo- » lution pourra être considérablement changée. Nous ferons remarquer » que la position de la comète, le 6 mars, a été rapportée à une étoile qui » n'a pu , depuis, être observée qu'une seule fois aux instruments méridiens , » au passage inférieur et dans les circonstances les plus défavorables. Néan- » moins, nous avons cru devoir employer cette position, afin d'embrasser » un plus grand arc de l'orbite. » Voici les observations du 19 février et du 6 mars : 19 février. lO*- 6™47% t. m. de Paris. iR = 339°48' 7",?. D = 62° 3i' 48",3 6 mars. . -828.88 >^ 355°26'43",5 47° 59' 56", 4 r^a position de l'étoile de comparaisoii du 6 mars, déduite d'une observa- tion méridienne, est : M = 28'' 3o"> 32»,6o D=: 48<'9'2i",i. cwuiE. — ^naljse d'une eau thermale du Paramo deRuiz, dans la Nueva- Granada, envoyée en Europe par M. Illingworth; par M Lewy. « Un échantillon de Veau daParamo deRuiz ayant été envoyé par M. Bous- singault au laboratoire de la Faculté des Sciences, M. Dumas a bien voulu me charger d'en faire l'analyse. » L'intérêt que présente cette analyse m'engage à eu communiquer les résultats à l'Académie. ( 45o ) >' L'eau de Ruiz a été recueillie par M. Degerihardt; elle est d'une lim- pidité parfaite; sa densité, prise à la température de 8 degrés centigiades, est représentée par 1,0073; elle possède une saveur astringente et très- acide; elle rougit très-fortement le papier de tournesol, et, mise en contact avec du zinc métallique, elle occasionne un dégagement sensible de gaz hy- drogène. » Voici les résultats de l'analyse : ■' I. [\o grammes deau de Ruiz, traités par le nitrate de baryte, ont produit o,6o3 de sulfate de baryte, contenant 0,207 d'acide sulfurique, ce qui correspond à o,5i8 pour 100. >' Dans la liqueur privée d'acide sulfurique, le nitrate d'argent a formé un précipité de chlorure d'argent, dont le poids était de o^^iSg, équivalant à o,o35 d'acide chlorhydrique; ce qui donne 0,088 pour 100. » II. 2 1**^, 87 3 d'eau ont été évaporés à siccité; le résidu, calciné au rouge jusqu'à ce que tout dégagement de vapeurs acides eut cessé, a pesé 0,0745; ce qui donne o,34i pour 100. Ce résidu, légèrement coloré en rouge, ayant été traité par l'eau distillée , a donné une dissolution neutre sur le papier à réactifs. Le nitrate de baryte ajouté à cette dissolution a produit 0,091 de sulfate de baryte, équivalant à o,o3i d'acide stdfurique , et corres- pondant à o, [43 pour 100. " La liqueur privée d'acide sidfurique n'a point donné de précipité par le nitrate d'argent. » Le résidu, insoluble dans l'eau, a été traité par l'acide chlorhydrique. F^a dissolution ainsi obtenue a été évaporée à siccité; le résidu, traité par l'acide chlorhydrique étendu d'eau, a donné o,oo4 de silice; ce qui corres- pond à 0,018 pour 100. >' Dans la dissolution acide , d'où l'on avait séparé le silice , l'ammoniaque caustique a produit un précipité d'alumine contenant de l'oxyde de fer. Le précipité ainsi obtenu a été dissous dans l'acide chlorhydrique; la potasse caustique, ajoutée à cette dissolution, a précipité de nouveau le fer; ce pré- cipité a été dissous dans lacide chlorhydrique; la liqueur a été saturée d'ammoniaque et précipitée par du succinate d'ammoniaque. Transformé à 1 étal d'oxyde de fer, ce précipité a fourni 0,008 ; ce qui donne 0,087 pour 100. » La dissolution d'alumine dans la potasse caustique a été neutrahsée par l'acide chlorhydrique; du carbonate d'ammoniaque, versé dans celte li- queur, a fait naître un précipité d'alumine qui pesait 0,01 1 ; ce qui corres- pond à o,o5o pour 100. ( 45i ) » La liqueur, privée d'alumine et de fer, ne contenait point de chaux ni d acide sulfurique. )' III. 62^'',995 d'eau ayant été évaporés à siccité, le résidu calciné au rouge a pesé Oj'îiS. Ce résidu a été traité par de l'eau distillée: dans la dis- solution, on a versé du chlorhydrate d'ammoniaque, et puis de l'ammo- niaque caustique, qui n'a pas donné de précipité; l'oxalate d'ammoniaque, versé dans cette liqueur, a précipité la chaux; l'oxalate de chaux, transformé en carbonate, a pesé 0,017, '"enfermant 0,010 de chaux; ce qui correspond à 0,01 4 pour 100. » La liqueur, ainsi privée de la chaux et ne contenant point d'alumine, a été évaporée à siccité, et, après l'expulsion des sels ammoniacaux, il est resté un résidu de sels alcalins à base de soude et de magnésie. Ces sels ont été changés en sulfates; leur poids était de 0,1 12. Le sulfate de magnésie a été précipité par de la baryte caustique , et la magnésie a été séparée au moyen de l'acide sulfurique. Les résultats ainsi obtenus ont donné o,o52 de sulfate de soude, et 0,060 de sulfate de magnésie, équivalant à o,023 de soude, et à 0,020 de magnésie; ce qui représente o,o36 de soude et a o,o32 de magnésie pour 100. » IV. 20 grammes d'eau ont été évaporés à siccité, et le résidu n'a été chauffé qu'à la température du rouge sombre. On a obtenu 0,1 10 de résidu. » La dissolution obtenue en traitant ce résidu par de l'eau distillée ne contenait point de chlore. L'ammoniaque caustique versée dans cette dis- solution a formé un précipité d'alumine, de magnésie et de fer. Ce précipité a été dissous dans l'acide chlorhydrique; l'alumine a été séparée par la po- tasse caustique, et le précipité obtenu a été dissous de nouveau dans l'acide chlorhydrique; la liqueur a été saturée par de l'ammoniaque caustique, et le fera été précipité par le succinate d'ammoniaque. La liqueur, ainsi pri- vée d'alumine et de fer, a été réunie à la liqueur ammoniacale; la chaux ayant été précipitée par de 1 oxalate d'ammoniaque , la liqueur a été éva- porée à siccité, et, après l'expulsion des sels ammoniacaux, les sels restants ont été transformés en sulfates. » La matière, insoluble dans l'eau, contenait de la silice , de la chaux et de l'oxyde de fer. ^. - - ,. > 9» Les résultats ainsi obtenus étaient parfaitement concordants avec les analyses précédentes. >' L'eau de Ruiz contient, d'après ces analyses; ^ ( 45a ) . f' Acide sulfurique o,5i8 . ■ ' Acide chlorhydrique 0,088 Alumine .^^.,-..,,^f.... o,o5o Oxyde de fer. .....'..■ .... 0,087 Soude , o,o36 Magnésie. ... o , o32 Silice. 0,018 ., , Chaux . . '. o , o 1 4 0/793 Eau 99.207 100, OQO » Si l'on admet que la soude se trouve unie à l'acide chlorhydrique , et que les autres sels se trouvent à l'état de sulfate, l'eau de Ruiz sera repré- .sentée par la composition suivante : gr Sulfate d'alumine o , 166 Sulfate de peroxyde de fer.. 0,102 Sulfate de magnésie 0)094 Sulfate de chaux o,o34 Chlorure de sodium.. o,oqi ' Silice 0,618 I , Acide sulfurique o , 255 Acide chlorhydrique o,o33 Eau . QQ , 20'7 :. . ■ ,^^ .; r^ .■^. ^. . . ( -- . . H On voit, d'après cette analyse, que l'eau de Ruiz contient une quantité très-notable d'acide sulfurique et d'acide chlorhydrique à l'état de liberté. C'est un fait qui n'est pas sans intérêt pour la géologie. Jusqu'à pré- sent, en effet, on ne conuaissait que l'eau de Rio-Vinagre qui possédât cette propriété. Je crois devoir rapporter ici une analyse de l'eau de Rio-Vinagre , faite par M. Boussingault pendant son séjour à Puracé , en avril i83i. On verra, d après cette analyse, que l'eau de Ruiz est encore plus riche en acides que l'eau de Rio-Vinagre. >' L'eau de Rio-Vinagre contient : - ( 453 ) e' Acide sulfurique o,iio • Acide chlorhydrique OjOgi Alumine o,o4o Chaux o,oi3 . ■ ", ; Soude 0,0I2 , Silice 0,023 Oxyde de fer et magnésie. . traces. 0,819 Eau gg,68i 100,000 " M. Boussinfjault assigne à cette eau la composition suivante : ' ■ Sulfate d'alumine o,i3i ■ . , ' ' Sulfate de chaux. o,o3i ' - ■ - \ Chlorure de sodium 0,022 ^^ . ' -, . Silice 0,023 Acide chlorhydrique 0,081 Eau 99,681 ■ - « L'eau de Ruiz, de même que l'eau de Rio-Vinagre, se trouve dans le voisinage d'un volcan. En se référant à des expériences déjà connues, il sera donc peut-être permis de croire que toutes les eaux qui se trouvent dans les environs des volcans renferment ces acides en plus ou moins grande quantité. » En terminant cette Note , j'appellerai l'attention sur une application importante que l'on pourrait faire de 1 eau de Ruiz. » M. Boussingault, ayant appris les résultats de mon analyse, et connais- sant le pays où cette source se trouve , m'a dit que cette eau peut-être pourrait servir à la préparation du sulfate de quinine. Les quinquinas se trouvent précisément dans les environs de la source. Ayant conservé une petite quantité de cette eau, je me suis empressé de vérifier, par l'expérience, l'idée heureuse exprimée par M. Boussingault, et j'ai trouvé, en effet, que la préparation du sulfate de quinine réussit parfaitement avec cette eau prise à l'état de nature , et sans lui faire subir aucune concentration. » MÉTÉOROLOGIE. — Notice sur le tremblement de terre des bords du Rhin, du 29 juillet 1846; par M. Daubbée. « Le tremblement de terre qui a été ressenti le 29 juillet 1846 sur les bords du Rhin, s'est étendu depuis Dusseldorf, Elberfeld et Olpe, vers le C. B.. iSjj, i" Semestre. (T. X.X1V, N» 11.' 60 ( 454 ) nord, jusqu'aux environs de Nancy , de Strasbourg et de Fribourg en Brisgau, vers le sud ; vers l'est, il a affecté les environs de Stuttgardt, de Wiirtzbourg et de Kissingen en Bavière; tandis qu'à l'ouest, Metz, Thionville, Aix-la- Chapelle et Liège l'ont aussi éprouvé. La surface ébranlée, dont les con- tours assez irréguliers sont représentés sur le croquis joint à cette Notice , com- prend environ 62700 kilomètres carrés; ses deux principales dimensions linéaires sont 33o et 270 kilomètres. 1 Dans toute l'étendue de cette région, deux secousses, et sur quelques points, trois se sont fait sentir; ces secousses ont eu lieu entre g** 25™ et g"" 45™ du soir (i), et paraissent avoir cessé partout au bout de i5 à 3o se- condes. Généralement elles ont été décrites comme un mouvement ondu- latoire horizontal. Il est donc facile de concevoir pourquoi elles ont été particulièrement prononcées pour les personnes habitant les étages élevés des maisons ou les tours des églises; dans quelques-unes de celles-ci, comme à Francfort et à Giessen , les cloches se sont mises en mouvement. " Il est à regretter que les heures auxquelles le tremblement de terre s'est manifesté dans chacun des lieux ébranlés, ne soient pas connues avec assez d'exactitude pour que l'on puisse en déduire avec approximation le sens et la vitesse de la propagation de l'ébranlement; car, dans beaucoup de petites villes, les horloges ont souvent une marche très -irrégulière. D'ailleurs le phénomène ayant été très-court, l'observateur n'a souvent pensé à examiner l'heure que quelques minutes après l'événement. » Les secousses n'ont pas été également fortes : d'après de nombreux détails locaux, qu'il serait trop long de consigner ici, il paraît que l'ébranlement a été particulièrement violent dans un espace à peu près triangulaire , com- prenant Wiesbaden, dont Kreutznach, Francfort et Boppart occuperaient les sommets, c'est-à-dire à proximité de différents accidents volcaniques anciens. Dans la vallée du Rhin, au sud de Kreutznach et de Mayence, le tremblement de terre a été, en général, moins prononcé; il a été faible (i) Les journaux et les récits de diverses personnes ont signalé les heures suivantes : Kreutznach . 9- '9 Bonn et Boppart 9-25 Francfort, Cologne, Landau et Strasbourg. .. . 9. 35 Aix-la-Chapelle 9-36 ' ■ Soden 9-4*' Kissingen 9-45 ( 455 ) à Strasbourg et à Nancy , localités au sud desquelles il n'a pas été ressenti en Alsace et en Lorraine. » Il est à remarquer qu'en dehors de la principale surface ébranlée , le tremblement de terre s'est fait fortement ressentir aux environs de Pyrmont, où, dit-on, on n'en avait pas éprouvé depuis celui de Lisbonne, de i^SS. Pyrmont et les contrées rhénanes ont vibré simultanément, quoique ces deux régions soient séparées par une bande large de loo kilomètres au moins, dans lesquels on ne paraît pas avoir éprouvé de secousses. >• Sur les bords du Jac de Thun, près du village de Kaudergrien, un grand éboulement de la montagne de Thun a coïncidé avec l'instant du tremblement de terre des contrées rhénanes. » Le tremblement des bords du Rhin fait partie d'une série de mou- vements du sol qui, vers la même époque, ont agité d'autres parties de l'Europe. Ainsi il y en a eu : » Le i5 juillet, en différentes parties de la Turquie et en Asie Mineure ; » Le lo août, aux environs de Naples; » Du 1 4 a» 17 août, ont eu lieu les violents tremblements de terre de la Toscane ; - » Les 17 et 18 août, on en a éprouvé en Suisse, particulièrement à Neufchâtel et à Iverdun. " Déjà, le 12 octobre i845, les environs de Saint-Goaz et d'Oberw^esel avaient éprouvé un tremblement de terre faible et beaucoup moins étendu que celui du 29 juillet 1846 (i). Il est toutefois remarquable que la région ébranlée au 12 octobre occupe précisément le centre de la surface qui a vibré neuf mois et demi plus tard. Les mêmes contrées ont éprouvé aussi, à plusieurs reprises, des secousses dans les deux siècles antérieurs (a). " Il serait à désirer qu'après chaque tremblement de terre, les prin- cipaux contours de la zone de vibration simultanée fussent soigneusement relevés. Ces documents compléteraient utilement les notices géologiques que nous acquérons par l'observation directe de la surface; on étudierait ainsi avec précision notre globe, comme l'intérieur de nos organes, par une sorte d'auscultation. » (i) Les principales circonstances en ont été décrites par M. Nœggerath. [Archw. fur Miné- ralogie von Karsten und von Deken, tome XXI, page 198. ) (2) Von Hoff, Geschichte der naturlichen Ferœnderungen der Erdoberflœche ; page Sit. 60.. (456 ) PHYSIQUE. — Observations physiques sur les principaux gey sirs d'Islande; par M. Descloizeaux. « Au mois de juillet dernier, M.Descloizeaux, en compagnie de M. Bunsen, de Marbourg, a de nouveau étudié les phénomènes des deux principales sources jaillissantes d'Islande, nommées, Tune le Grand Gejsir, l'autre le Strokkur. » lies études de ces deux observateurs ont été principalement dirigées sur les températures que présente, en ses différents points, la colonne d'eau qui remplit le canal central du Geysir et du Strokkur, avant et après les érup- tions si souvent décrites de ces deux sources. » Le tableau suivant renferme les résultats obtenus à l'aide d'une série de cinq thermomètres , séparés par des intervalles à peu près égaux , et plongés ensemble dans le canal central du Grand Geysir, avant et après une grande éruption. 'troisième expérience. Le 7 juillet, à ^^i"* du soir :, quatre heures avant une grande éruption. Le bassin compiétemeot rempli ; profondeur totale, 23™, 5o. Hauteurs à partir du fond. o 85,0 22'",85 85,2 i9-",55 io6,4 i4'",75 i20,4 g'-.SS 123,0 5"',oo «27,5 o"",3o Fond. Température moyenne de la colonne d'eau , io8»,33. Quatrième expérience. Le 7 juillet, à 6''58"' du soir : dix minutes avant une grande éruption. Le bassin complètement rempli ; longueur de la ligne , li^,%5. m,o Hauteurs. 22"',85 84,7 ter, ^5 110,0 i4",75 121 ,8 g^jSS 126,5 o",3o Fond. Température moyenne dé la colonne d'eau , 109°, 19. ( 457 ) Cinijuième expérience. Le 7 juillet, à 9''45'" du soir : deux heures après une grande éruption. Le bassin à moitié rempli ; hauteur de la colonne d'eau, aa'njjS. Deuxième expérience. Le 6 juillet, à 8''ao'° du soir : neuf heures après une grande éruption, et vingt-trois heures avant l'éruption suivante. Le bassin rempli. 85°,0 Hauteurs. 22", 5o 85°o Hauteurs. 22'",85 io3,o i3",5o 82,6 I9'",20 121 ,0 g"-?» 85,8 i4"4o 122,5 o^jSo ii3,o 9'",6o , Fond. 132, 7 4-,8o 123,6 o'",3o , Fond. Température moyenne io8°,83. de la colonne d'eau , Température moyenne de la colonne d'eau , io2'',3o. n Le fait le plus saillant qui ressort de l'examen de ce tableau, c'est que la colonne d'eau qui remplit le canal central du Grand Geysir offre , à sa partie inférieure, un maximum avant , et un minimum après les éruptions , la température moyenne de cette colonne d'eau variant d ailleurs dans des limites assez restreintes. » Le calcul montre que le point d'ébullition d'une colonne d'eau , d'une hauteur égale à celle qui occupe le canal central du Geysir, en la suppo- sant chauffée par sa partie inférieure, serait : , Dans le cas du basssin plein 1 36°, i5i , Dans le cas du bassin à moitié plein 135°, 662, Or nous trouvons en moyenne que la température du fond du canal est : Pour le maximum '27°; Pour le minimum i23°, o5. C'est donc une différence, Dans le premier cas, de 9°, i5i ; Dans le second cas, de i2'',6i2. Ainsi l'eau du Geysir est assez éloignée de son point d'ébullition dans la partie la plus basse où le thermomètre puisse descendre. » Cette circonstance et l'existence d'un maximum et d'un minimum four- nissent une explication assez plausible de la manière dont les éruptions sont produites. » En effet, si la colonne d'eau centrale communique par un canal long ( 458 ) et sinueux avec l'espace qui reçoit Taction directe de la chaleur souterraine, lorsqu'il y a eu, par suite d'une éruption, projection d'une grande quantité d'eau et de vapeur, les parties inférieures de la masse liquide sont refroidies, et la vapeur d'eau, qui se forme dans le réservoir soumis à l'action de la cha- leur, a une tension moindre que celle à laquelle peuvent faire équilibre le poids de la colonne centrale et celui de l'atmosphère. A mesure que cette vapeur se forme , elle vient se condenser au contact de l'eau qui remplit le canal sinueux , et elle lui abandonne sa chaleur latente. L'accroissement de tem- pérature de l'eau du canal se transmet peu à peu à la partie inférieure de la colonne centrale : cet accroissement est retardé par l'air atmosphérique et les autres gaz que la vapeur entraîne avec elle; cependant, au bout d'un temps plus ou moins long, l'eau du canal doit bouillir, et la vapeur, qui continue à se former, ne peut plus s'y condenser. Cette vapeur doit donc s'ac- cumuler, et acquérir une tension de plus en plus grande jusqu'à ce que cette tension soit capable de vaincre la résistance de la colonne d'eau qui remplit le canal et de la lancer en l'air. )> Au Strokkur, les phénomènes se passent sans doute de la même ma- nière; mais, comme le canal qui contient la colonne liquide est plus étroit, plus irrégulier et moins profond que celui du Grand Geysir, les différences de température que présente cette colonne sont beaucoup moins sensibles. » Le tableau suivant, qui contient le résultat de trois expériences , met ce fait en évidence : Première expérience. Le 8 juillet, à 4''38'" du soir. Hau- teur de la surface de l'eau au- dessus du fond, io"',i5. lOO,o. . . io8,o. . . 111,4 112,9... Hauteurs. lO^lS 6", 00 o^.So Fond. Température moyenne de la colonne d'eau, 10^°,']'). Deuxième expérience. Legjullletjà 5^^^'" dusoir : une heure après une grande érup- tion. Hauteur de la colonne d'eau, lo'^.So. 100,0. . . . 1 00 , 5 ... . 109,3... 114,2... Hauteurs. 10™, 5o 9"',20 6"", 20 2°>,95 Fond. Température moyenne de la colonne d'eau, io5°,79. Troisième expérience. Le 10 juillet, à G'^Sj™ du soir : sii heures après une grande érup- tion. Hauteur de l'eau au-dessus du fond , I o mètres. 0 Hauteurs. 99>9-- lO^jOO 99'9--- 8-,85 113,7... 4'",65 113,9... o'>',35 Fond. Température moyenne de la colonne d'eau , io5'',278. ;j • (459) » On remarquera que la couche supérieure de la colonne liquide du Strok- kur offre toujours la température de l'eau bouillante; op observe, en effet, que cette surface oscille et bouillonne sans cesse, comme le ferait un liquide cbauffé à sa partie inférieure et porté l'ébullition. )i Quant à la température maximum à la base de cette colonne , nous l'avons trouvée de ii5 degrés pendant une grande éruption. » MÉTÉOROLOGIE. — Considérations sur les hypothèses proposées pour expliquer le phénomène de l'arc lumineux des aurores boréales ; par M. Morlet. « On vient de publier le recueil des observations de l'aurore boréale faites par les membres de la Commission scientifique du Nord. L'extrême importance des résultats qui y sont contenus me fait espérer que l'Académie voudra bien me permettre de lui soumettre quelques réflexions relatives à l'hypothèse, adoptée par le rédacteur de cet ouvrage pour expliquer le phé- nomène de l'arc lumineux qui accompagne ordinairement l'aurore boréale. " L'aurore boréale est très-souvent accompagnée d'un ou de plusieurs arcs lumineux , d'apparence circulaire , semblables à l'arc-en-ciel , et dont les pieds semblent reposer sur l'horizon. Pour expliquer ce phénomène, on a eu recours à l'hypothèse suivante : » En certaines circonstances et sous l'influence de forces inconnues , il se forme, dans les régions polaires du globe et à des hauteurs considérables au-dessus de la surface de la terre, un ou plusieurs anneaux circulaires lumineux , dont la partie qui est située au-dessus de l'horizon du spectateur offrirait toutes les apparences du phénomène dont il s'agit. » Adoptons provisoirement cette hypothèse , et cherchons à déterminer d'une manière exacte l'apparence que présenterait un tel anneau. Recher- chons aussi par quels moyens un observateur sédentaire pourrait déterminer la direction du plan de l'anneau. " Les rayons lumineux qui partent d'un des bords de l'arc pour se rendre à l'œil de l'observateur forment les génératrices d'un cône oblique à base circulaire, dont le sommet est au lieu de l'observation. Un plan mené par l'axe du cône et perpendiculaire à sa base, partage le cône en deux parties symétriques. Par l'observation des hauteurs et des azimuts de plusieurs points d'un des bords de l'arc, on peut déterminer les directions d'un même nombre de génératrices du cône lumineux. Les directions observées de cinq de ces génératrices suffisent pour déterminer le cône; au moyen du calcul , on pourrait donc en déduire les directions des deux plans corres- ( 46o ) pondant aux sections circulaires antiparallèles du cône oblique. Le pro- blème proposé aurait ainsi deux solutions. " Les distances des points de la circonférence de la base du cône des rayons lumineux à l'œil de l'observateur restent indéterminées. L'intersection de la surface conique avec la sphère céleste forme une courbe à double courbure du quatrième degré, que l'on peut désigner sous le ncm à'arc apparent de l'aurore boréale. >' Si l'on suppose que l'axe du cercle lumineux (c'est-à-dire la perpendi- culaire à son plan, menée par le centre) passe par le centre de la terre, le plan de symétrie du cône des rayons lumineux est toujours perpendiculaire à l'horizon de l'observateur, et se confond avec le plan vertical mené par le sommet de l'arc. Ce plan trace sur la sphère terrestre l'arc de grand cercle, qui joint le lieu de l'observation au point où l'axe de l'anneau vient percer la surface du globe. » Dans le cas particulier où l'axe du cône est perpendiculaire au plan de la base, les rayons lumineux senties génératrices d'un cône de révolution , et l'arc apparent appartient à un petit cercle de la sphère céleste, dont le plan est parallèle à celui de l'anneau. >' Lorsque l'arc auroral coupe l'horizon en deux points diamétralement opposés (amplitude = i8o degrés), l'observateur se trouve dans le plan de l'anneau (i); lare apparent est une demi -circonférence de grand cercle, et la hauteur du point culminant (sommet) mesure l'inclinaisou du plan, de l'anneau à l'horizon. ■ y,,. « A la fin du xvil*etau commencement du xviii' siècle , le sommet de l'arc apparaissait ordinairement près du vertical de l'étoile polaire, loà i5 degrés à l'est du méridien magnétique. En 1726, le célèbre astronome Tobie Mayer fut induit par là à supposer que le centre du cercle lumineux était placé sur le prolongement de l'axe de rotation de la terre, dont la di- rection se confondait avec celle de l'axe du cercle. De cette hypothèse , il déduisit une formule qui exprimait la distance des points de la circonférence du cercle lumineux à la surface du globe, eu fonction de la hauteur du sommet et de l'amphtude observées (2). Mais l'hypothèse de Mayer fut bientôt démentie par les faits; car, à mesure que l'aiguille de déclinaison (i) Il n'est donc pas exact de dire: « L'arc étant au zénith, l'observateur serait placé dans son plan. » (Foyages en Scandinavie, etc. ; Aurores boréales, p. 447') (2) Voyez Traité de l'Aurore boréale, p. 65, ^o& et 4i >• Dans les Mémoires de l'Académie pour 1731 , Maupertuis a donné une solution du problème de Mayer. M, Bravais donne une autre solution du même problème, (.^arorej èoreafef, p. 467.) ( 46. ) ■ se portait vers l'ouest, on vit le sommet de l'arc boréal se rapprocher de plus en plus du méridien magnétique; de telle sorte qu'au commencement du XIS** siècle, époque du maximum de déclinaison occidentale, ce sommet coïncidait sensiblement avec le méridien magnétique dans toute la partie occidentale de l'Europe. » On se hâta de généraliser ce fait purement local et relatif seulement à une époque particulière. Pour expliquer cette coïncidence du sommet de l'arc boréal avec le méridien magnétique, M. Hansteen, vers 1819, trans- porta le cercle lumineux de Mayer, du pôle de rotation au pôle magnétique horéal de la terre. Admettant tacitement qu'à tous les points du globe où l'aurore boréale est visible, les méridiens magnétiques vont se réunir sensi- blement au pôle magnétique, il fit coïncider l'axe du cercle lumineux avec la verticale correspondante à ce pôle. La direction de cet axe reste donc fixe; mais, pour expliquer les changements que subissent la hauteur et l'ampli- tude de l'arc auroral, il admit que le centre du cercle lumineux peut se mouvoir de bas en haut et de haut en bas , le long du prolongement du rayon terrestre qui passe par le pôle magnétique. On admit aussi que le rayon du cercle peut éprouver des variations. >• Telle est l'hypothèse adoptée à priori par le savant rédacteur des obser- vations de l'aurore boréale, faites pendant le voyage en Laponie, et à la- quelle il s'est efforcé de ramener tous les faits observés. " Qu'il me soit permis de présenter ici quelques doutes relatifs à la théorie de M. Hansteen. Je chercherai ensuite, dans les observations de M. Bravais et de ses collaborateurs, les éléments nécessaires à sa vérification. •) S'il existait, au-dessus du pôle magnétique, un cercle lumineux paral- lèle à la surface du sol, on devrait, aux environs de ce pôle, apercevoir sa circonférence entière; cependant ni Ross ni Parry n'ont jamais fait mention d'un phénomène aussi extraordinaire. La partie inférieure de tons les arcs d'aurore boréale qu'ils ont observés était toujours interceptée par l'horizon. " Dans cette hypothèse, comment, sans recourir à des suppositions for- cées, expliquer l'augmentation de la largeur du limbe lumineux, à mesure que l'arc s'élève sur l'horizon? - " Il est entièrement inexact que, dans le nord de l'Europe, les méridiens magnétiques aillent converger à un même point. A Paris, l'arc de grand cercle mené au pôle magnétique fait avec le méridien un angle de a6 degrés ouest, tandis qu'on y observe le sommet de l'arc boréal dans le méridien magnétique, par environ 21 degrés de déclinaison. A Bossekop, dans le Finmark, ce sommet n'est ni dans le méridien magnétique, ni dans le ver- C.K., ib47, i" Semestre. (T. XXIV, V" II.) 6l ( 462 ) tioal qui correspond au pôle magnétique. Ce plan coupe celui du méridien astronomique sous un angle de 3o°3i' ouest, la déclinaison = io°8' ouest; et, à mesure qu'un arc s'élève sur l'horizon, son sommet se porte vers l'ouest. Les azimuts de tous les sommets observés se trouvent compris entre I I degrés est et loo degrés ouest. On voit donc que l'azimut du sommet, bien loin de conserver la valeur constante de 3o°3o' ouest, que lui assigne la théorie, a éprouvé des variations qui se sont élevées jusqu'à 1 1 1 degrés. " Selon cette même théorie, l'inclinaison du plan du cercle lumineux sur l'horizon de l'observateur est constante, et ce plan ne peut jamais couper la surface de la terre. Cherchons si les obsei^vations vérifieîpt ces deux condi- tions. Les principes établis ci-déssns offrent pour cela un moyen facile. Lorsque lare auroral coupe l'horizon en deux points. diamétralement op- posés, l'observateur se trouve daiis le plan du cercle lumineux dont l'in- clinaison à Ihorizon est mesun/e par )a hauteur du sommet de l'arc. •' Or, en compulsant le tableau donné par iVL Bravais, pages 449 452, on trouve cinquante-trois arcs d'^uirore boréale correspondants à des am- plitudes de i8o degrés. Vingt-huit dfe ces -arcs passaient parle zénith; ils étaient donc compris dans des plaris verticaiix qui traçaient sur le globe des circonférences de grand cercle. Les inclinaisons des autres arcs sont com- prises entre 49 degrés nord et 33 degrés sud. On voit ainsi que le plan de l'anneau lumineux, au lien de rester constamnlent parallèle à lui-même, a éprouvé dans son inclinaison des variations qui se sont élevées jusqu'à 98 degrés. » Ces variations angulaires rassortent d'une manière très-explicite du passage suivant du Mémoire de M. Bravais : « Un arc qui d'abord se sera » montré près de l'horizon nord peut s'élever graduellement, atteindre le >i zénith, descendre vers l'horizon austral, y rester quelque temps station- » naire, et puis revenir sur ses pas. Les pieds de l'arc, presque fixes à » l'est et à Vouest de la boussole, paraissent alors tourner autour de ces » points comme autour d'une charnière. » ( Aurores boréales, page 485. ) » On voit ainsi un plan, qu'on a supposé astreint à rester toujours per- pendiculaire à une droite fixe et à ne jamais couper la surface de la terre, tourner autour d'une charnière horizontale et effectuer un mouvement an- gulaire de près de 180 degrés. Ce plan, dans toutes ses positions consécu- tives, a loujoufs coupé là la sphère terrestre, et sa direction a passé succes- .sivement par presque tous les points de cette sphère. » Il semble devoir résulter de là que la théorie de M. Hansteen est tout à fait impossible et en. contradiction manifeste avec les observations. < 463 ^ >' Le plan de l'anneau lumineux ne peut donc être assujetti à conserver aucune direction fixe; mais l'hypothèse qui attribue le phénomène de l'arc auroral à l'existence d'un tel anneau dans l'espace, peut soulever plusieurs objections. » La formation dans l'espace d'une zone lumineuse autour du vide doit paraître peu probable. On a aussi remarqué que des arcs d'aurore boréale , observés en des lieux peu éloignés, présentent souvent des aspects très- différents. On est ainsi conduit à considérer l'arc auroral comme un phé- nomène d'optique ou de position , semblable à l'arc-en-ciel. Dans cette hypothèse, les rayons lumineux efficaces qui produisent , au même moment, l'apparence d'un des bords de l'arc, seraient astreints à former un angle constant avec la direction d'une même droite, menée par l'œil de l'obser- vateur. Ces rayons formeraient ainsi les génératrices d'un cône de révolution dont l'intersection, toujours circulaire avec la sphère céleste, déterminerait l'arc auroral apparent. !' Dans l'hypothèse d'un auneau lumineux, i'arc apparent ne peut être un petit cercle de la sphère céleste que dans un cas très-particulier. De là ré- sulte un moyen infaillible de reconnaître laquelle des deux hypothèses pré- cédentes est vraie. Si l'on trouve que les points observés sont toujours placés exactement sur la circonférence d'un tel cercle , il est prouvé qu'il n'existe point d'anneau lumineux, et que l'arc auroral est un phénomène d'optique. » L'extrême mobilité des arcs et différentes circonstances atmosphé- riques n'ont malheureusement pas permis aux observateurs de Bossekop d'obtenir des mesures de coordonnées angulaires assez exactes, pour ré- soudre en toute rigueur la question relative à la forme de l'arc apparent. M. Bravais s'est livré, à ce sujet, à une discussion approfondie, et la pro- jection stéréograpliique des point? observés sur l'horizon du lieu de l'ob- servation lui a donné le résultat suivant : » Lorsque l'arc est régulier, la " supposition qui lui attribue la forme circulaire s'écarte bien peu de la I' vérité; car, toutes les fois que nous avons possédé un assez grand 1) nombre de points bien déterminés, ceux-ci se sont toujours coordonnés » exactement en un arc de cercle sur notre projection. Si l'arc, en restant !' symétrique par rapport au plan vertical, devenait elliptique (i), on le » reconnaîtrait à ce signe, que les points inférieurs resteraient soit au nord, » soit au sud du tracé passant par les points supérieurs. Mais il est pré- (i) L'arc apparent est toujours ou un cercle ou une courbe à double courbure , et ne peut jamais devenir elliptique. 6i.. ( 464 ) " férable, lorsqu'on désire faire conveuablement celte vérification, d'a- » dopter un autre mode de projection , et de rapporter orthographiquement » les points de l'arc sur le plan de symétrie Alors, selon que l'arc est )' circulaire ou de forme elliptique, on doit obtenir une ligne droite ou » courbe pour cette projection. Ce genre d'épreuve donne des lignes si >' peu différentes de la ligne droite, que leur courbure, si elle est réelle, " peut être considérée comme se perdant dans les erreurs inévitables des » observations. " [Aurores boréales, page 446.) 1' On voit donc que les observations s'accordent, dans les limites de leurs erreurs probables, à donner au.x arcs boréaux une forme exactement cir- culaire. liCS légères déviations que présentent les arcs du 1 1 novembre et du 7 décembre peuvent être attribuées à des erreurs d'observation , et ne semblent pas suffisantes pour « prolonger arbitrairement la partie in- » férieure de la projection orthogonale des arcs, au-dessous de l'horizon, » de manière à rendre sensible leur courbure h\perboliqne théorique. >' [Aurores boréales , page 446.) " Les résultats obtenus par les physiciens de la Commission scientifique du Nord se trouvent ainsi entièrement conformes à l'hypothèse qui con- siste à considérer l'arc auroral comme un phénomène d'optique. C'est aux observations futures à prononcer définitivement sur la réalité de cette hy- pothèse. Peut-être serait-il possible d'obtenir des résultats plus décisifs, si, au lieu de se contenter de constructions graphiques, on appliquait le calcul aux observations contenues dans le Recueil de M. Bravais. " En considérant l'arc auroral comme un phénomène d'optique , et les deux bords qui limitent sou limbe comme des portions de cercle de la sphère cé- leste, on est conduit à chercher la mesure du demi-diamètre angulaire de chaque arc observé , et à déterminer la position de l'axe du cône des rayons lumineux qui y correspond. Il arrive ordinairement qu'à mesure qu'un arc se porte du nord vers le sud, ce demi-diamètre angulaire augmente. Les valeurs maxima et niinima du rayon angulaire ne se réduiraient-elles pas à un certain nombre limité de valeurs constantes pour tous les arcs !* 11 serait également important de déterminer la courbe que trace l'axe du cône des rayons lumineux sur la sphère céleste, en vertu des changements suc- cessifs que subissent la hauteur, l'azimut du sommet et l'amplitude de l'arc auroral. Il faudrait aussi déterminer les positions consécutives de cet axe à l'égard de la résultante magnétique. >' Avant de clore cette longue Lettre, je demande la permission d'ajouter quelques mots relatifs à la réalité du bruit qu'on prétend accompagner • ( 465 ) quelquefois les aurores boréales très-brillantes. Il y a lieu de s'étonner que tous ceux qui se sont occupés de cette question, après avoir rapporté les témoignages négatifs d'un grand nombre de voyageurs dans les régions polaires du globe, aient négligé de citer le témoignage si positif de Messier, ainrmant avoir entendu un bruit très -remarquable pendant une aurore boréale qu'il observait à Paris, à l'observatoire de la Marine. Voici les paroles de cet observateur : " Le 21 mai 1762..., l'aurore boréale commence à 9 beures du soir...; " à II heures elle occupait un espace de 160 degrés à l'horizon...; grand >> nombre de jets lumineu.x.... Ce que je vis de plus remarquable dans ce » phénomène, fut à 11 heures : j'aperçus, dans la partie du ciel depuis le )i nord jusqu'à l'ouest, des éclairs brillants, blanchâtres, qui étaient paral- » lèles à l'horizon dans toute cette étendue, et qui passaient successivement " les uns au-dessus des autres, en perdant de leur lumière, et allaient s'éteindre » à une hauteur de 20 degrés sur l'horizon. Ces coups de lumière parcou- )• raient cette partie du ciel dans l'espace d'une seconde et demie ■ un de >' ces éclairs n'était pas plutôt fini, qu'un autre recommençait de paraître; » quelquefois même l'horizon en présentait un second avant que le premier » eût parcoiu'u tout l'espace dont je viens de parler.... Ce que j'observai >' encore de remarquable et de singulier, c'est que, dans le temps que ces » .lumières quittaient l'horizon, j'entendais une espèce de murmure, sombre » à la vérité, mais cependant à ne pas s'y méprendre ; la tranquillité dans » laquelle j'étais, et l'attention que j'apportais après le premier soupçon » que j'en eus, ne me laissèrent point douter, par la suite, que le bruit 1) que j'entendais ne provînt du commencement de l'éclair, et je ne peux » mieux comparer ce bruit qu'à celui qui est produit par l'effet de l'élec- " tricité. '^{Anciens Mémoires des Savants étrangers, tome VI, p. iio; voir aussi, au tome V, la planche de la page 3i8.) " Cette observation de Messier est le seul témoignage qui tende à con- firmer l'opinion généralement répandue, parmi les habitants des contrées septentrionales du globe, que, pendant les aurores boréales brillantes, on entend souvent un bruit sensible. » M. Delarue adresse le tableau des observations météorologiques faites à Dijon pendant les cinq derniers mois de 1846, et un résumé des observa- tions de l'année entière. . M. Fraysse adresse le tableau des observations météorologiques de Privas pour le mois de février 1847- ( 466 ) M. DcJARDiM communique les résultats qu'il a obtenus en aimantant une presse barre d'acier, dans le but de remplacer, dans les télégraphes électri- ques, les faisceaux en fer à cheval, dont la construction est difficile, par des aimants d'une seule pièce. M. Paltrineri appelle l'attention sur une partie d'un télégraphe électrique de son invention , dont il désirerait que M. Brejjuet essayât l'application à son télégraphe. M. Mandl annonce l'envoi prochain d'un Mémoire destiné à répondre aux objections qui ont été présentées contre la légitimité du moyen qu'il indique pour distinguer la mort réelle de la mort apparente. M. Andraud prie la Commission qui a été chargée d'examiuer son système de propulsion pour les chemins de fer, de vouloir bien assister aux expé- riences qui se font sur un tronçon de chemin qu'il a établi. M. DE Grenier adresse une réclamation de priorité relative aux divers systèmes de chemins de fer dans lesquels le moyen de prévenir le déraille- ment repose sur l'existence d'un rail central. M. Boue annonce que l'on peut à argenter, au moyen de la galvano- plastie, des planches de métal, de manière à les rendre propres à recevoir les images photographiques. M. Garson annonce qu'il est parvenu, au moyen de Vaction électrique, à nettoyer les sculptures en métal et en marbre, sans regraltage ni ponçage. Il croit également être parvenu , par un procédé électrocbimique, à soustraire la surface de ces objets aux dégradations produites par les agents extérieurs aériformes ou liquides. M. Garson sera invité à faire connaître son procédé; on le soumettra alors à l'examen d'une Commission. [^'Académie reçoit deux communications relatives aux encres de sûreté; ces communications sont faites, l'une par M. de Scrmont, 1 autre par M. l^OLFFENSHEIM. A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. A. ERRATA. (Séance du 8 mars 1847.) Page 3^4 j ligne i, au lieu de Jackson , lisez Johnson. ( 467 ) - BULLETIIN BIBLIOliRAPniQUE. Fj' Académie a reçu , clans la séance du 8 mars 1847, les ouvrages dont voici les titres : Établissement horticole. — Graines pour étude ou pour école botanique, /innée 1847; par M. LÉON LlLLE et G'^; in-8°. Journal d'Agriculture pratique; iésr'iev i%l\']\'m-%°. Annales de- Thérapeutique médicale et chirurgicale et de Toxicologie; par M, Rogjsetta; mars 1847; in-8'*. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; février 1847; in-8- Journal des Connaissances médico-chirurgicales; mars 1847; •"~8** ^^ atlas in-4°. On the Equilibrium . . Sur l'Equilibre et le Mouvement des corps solides et liquides; parle révérend Samuel Haughton. Dublin, 1847 ' in-4''- Astronomisclie. . Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; n? 690 ; iii-4°. Bericht iiber. . . Analyse des Travaux de l' Académie rojaledes Sciences de Berlin , destinés à la publication; novembre et décembre 1846; in-S". Ueber ein , . . Sur un Système nerveux intestinal indépendant; par M. Remak . Berlin, 1847; in-folio. Neue Zeistschrift. . . Nouveau Journal de l'Institution tyrolienne du Ferdi- nandeum , publié par les curateurs de l'Institution; XII* volume. Inspruck, 1 84^ ; in-8°. Darstellung des. . . Exposition du Mécanisme du Système du Monde, d'après Copernic ; par M. Ewertz. Milan, 1846; in-8°. Gazette médicale de Paris ; n° 10. Gazette des Hôpitaux; n°' 2 5 à 27. L'Union agricole; n° 1^2. F. L'Académie a reçu, dans la séance du i5 mars 1847, '^^ ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences, 1^'' semestre 1847, n" 10; in-4"- Annales des Sciences naturelles; décembre 1846; in-S". Bulletin de la Société de Médecine de Besançon; 2* année, 1846; in-8". Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 67" et 68* livraison ; in-8°. Dictionnaire des Arts et Manufactures , Description des procédés de l'Industrie française et étrangère, publié pur M. Charles Laboulaye; a vol. in-8*'. Traité des poisons, ou Toxicologie appliquée à la Médecine légale, à la Phy- siologie et à la Thérapeutique ; par M. Charles Flandin; i vol. 10-8". De l'Arsenic, suivi d'une Instruction propre à servir aux experts dans tes ( 468 ) cas d'empoisonnement ; par MM. Danger et Ch. Flandin; i vol. in-8°. (Cet ouvraye et le précédent sont adressés pour le concours Monlyon.) Traité théorique et pratique des Luxations concjénitales du fémur, suivi d'un Appendice sur la Prophjlaxie des Luxations spontanées ; par M. PravaZ; 10-4**. (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon.) Etude sur la limite des Neiges perpétuelles ; par M. DuROCHER. (Extrait des Anriales de Chimie et de Phjsique, 3* série, torne XIX.) In-8°. Etude sur la Navigation des rivières à marées, et la conquête des lais' et relais de leur embouchure ; par M. BouNiCEAU; i845; in-S". (Adressé pour le concours de Statistique.) Clinique iconographique de i hôpital des Fénériens; par M. RicORD; 1 5^ li- vraison; in-4''. De i Ethérisation et des Opérations sans douleur ; par M. Sédillot ; in-8". L'Indicateur des Poids et Mesures métriques, Instructions; par M. V. Paquet, de Tour (Calvados). Caen , i845; in-i8. Journal de Pharmacie et de Chimie; mars 1847; in-8°- La Clinique vétérinaire ; janvier, févrieret mars 1847; in-S". Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; mars 1847; in-S". Revue zoologique, par la Société Cuviérienne , sous la direction de M. GuÉ- rin-Méneville ; 1847, ""2; in-8°. L'Abeille médicale; mars 1847 ; in-8°. Société médicale allemande de Paris. — Expériences sur l'action de l'éther sulfurique , faites sur l' homme sain ; janvier 1847; in-S". Académie tv/ale de Belgique. — Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; tome XIV, n° 2 ; in-8°. Proportions extraordinaires de l'homme. — Statistique morale. — Météoro- logie. — Puits artésiens; parM. QuÉTELET; i feuille in-8°. Annuaire de l'Académie rojale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de la Belgique ; 1 3* année 1847; '"■•8. De Calore radiante Disquisitiones experimentis quibusdam novis illustratas scripsit Carolus Hermanjn'US Knoblauch. Berolini, 1846; in-4°. Astrononiical observations. . . Observations astronomiques faites sous la diiection de M. Maury, lieutenant de la Marine nationale des États-Unis, à l'Observatoire naval de Washington; tome 1"''. Washington , 1846; iu-4". Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° Sqi; in-4°. Ueber den. . . Sur le Galvanisme , comme mojen chimique de guérison des maladies locales; par M. G. CRU.SELL ; ayec deux Additions à ce Traité; 3 bro- chures in-8°. Saint-Pétersbourg, i84ij 1842 et i843. Gazette médicale de Paris; i-]" année , n" 1 1; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n°' 28 à 3o; in-folio. L'Union agricole; n° i43. A. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 22 MARS 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MËMQIRËS ET CQMMIJNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. THÉORIE DES NOMBRES. — Mémoire sur de nauvel tes formules relatives à là "^ théorie des polynômes radicaux, et sur le dernier théorème de Fermât; par M. Augustin Cabchy. Préliminaire. « Le Vnode de démonstration, proposé par l'un de nos confrères pour le dernier théorème de Fermât, dans un Mémoire présenté à la séance du i" mars, exigerait, comme l'a remarqué M. I^iouville, que l'on établît d'abord , pour les polynômes appelés complexes, des propositions analogues à celles sur lesquelles repose, en arithmétique, la décomposition d'un nombre en facteurs premiers. Une seconde difficulté se tire de la considéra- tion des expressions imaginaires désignées par z, dans le Mémoire dont if s'agit : car ces expressions étant, comme l'a remarqué encore M. IJouville, des diviseurs de l'unité , on ne saurait dire que leurs puissances ne peuvent diviser certains polynômes complexes , ni que, pour ce motif, la formule (i i) de la page 3i5, soit irréductible. D'un autre côté, l'auteur d'une Note insérée dans le Compte rendu de la dernière séance s'est proposé de faire voir que le principe fondamental sur la décomposition d'un nombre en facteurs premiers, ainsi que la méthode d'Euclide pour la recherche du C. R., 1847, l'^Semcitre., (T.XXIV, N" **•) ^^ ( 470 ) plus grand commun diviseur, sont entièrement applicables aux polynômes complexes; et, pour le prouver, il a commencé par reproduire, à peu de chose près, l'analyse dont M. Dirichlet a fait usage dans un beau Mémoire sur les formes quadratiques. A la vérité , l'auteur de la Note a reconnu que les mêmes principes s'appliquent aux polynômes complexes qui renferment les racines cubiques de l'unité ; mais une objection s'élève contre le passage où il assure qu'on peut aisément étendre le même mode de démonstration aux nombres complexes de forme plus compliquée qui dépendent des racines de l'équation binôme x" = I , n étant un nombre entier quelconque. En effet, suivant la Note citée, pour opérer cette extension , il suffirait de prouver que le produit d'un polynôme donné par les polynômes semblables qu'on obtient en substituant successi- vement l'une à l'autre les diverses racines imaginaires de l'équation binôme, est un nombre toujours inférieur à l'unité , lorsque , dans le polynôme donné, chaque coefficient est compris entre zéro et l'unité. Or il est aisé de voir que cette dernière proposition ne saurait être admise, même dans le cas très-simple oîi l'on prend « = 7. En effet, si l'on nomme p une racine pri- mitive de l'équation binôme a-' = I, on aura , comme l'on sait , |î -f- p' -I- p' -t- (5* + (5=' + p* = — 1 p — /s' -<- p'' — . fj' + (5* — p' = ± 7^ y/- et, par suite, le module de chacune des sommes p + p" + p*, f + ^^ -\- p" sera réduit au module commun des deux expressions imaginaires -1 c'est-à-dire à y'a. Donc le produit des deux sommes sera égal au nombre 2, ce dont il est d'ailleurs facile de s'assurer directement; et si l'on désigne par f(p) l'une des deux sommes, par exemple le trinôme complexe 9' + 9\ f 470 le produit de ce trinôme par les trinômes semblables qu'on obtiendra en substituant successivement à la racine p les autres termes de la suite _ p, p', p\ p\ p\ p\ sera égal au nombre 8 , notablement supérieur à l'unité. Ajoutons que ce produit sera encore très-peu différent du nombre 8, et, par suite, supérieur à l'unité , si, dans le trinôme ap ■+- g(5* + 7/5* on attribue aux coefficients a, §,7, des valeurs positives inférieures à l'unité, mais qui en diffèrent très-peu. Généralement, si n étant un nombre premier de la forme l\m -f- i, on nomme r une racine primitive de l'équivalence x"~*^i, (mod. n), les deux polynômes > p-hp' -hp' -h...+ p' , .»— > auront pour module commun l'expression n-+- i et le produit de tous les polynômes semblables qu'on obtiendra en substituant successivement à la racine p ses diverses puissances d'un degré inférieur à n, sera m n— I 2 Le même produit serait réduit à l6 ) n — I 2~ si, dans les polynômes donnés, chaque coefficient était réduit à -» et alors ce produit surpasserait l'unité pour toute valeur du nombre premier ra, égale ou supérieure à 17. » On voit, par ce qui précède, que la théorie générale des nombres com- plexes est encore à établir. Je vais essayer de poser ici les principes fonda- mentaux de cette théorie; je chercherai ensuite à en déduire le dernier théorème de Fermât. ( 47^ ) § I". — Considérations générales sur les polynômes radicaux. Propriétés diverses de ces polynômes. » Soit p une racine primitive de l'équation binôme (i) ^"=1, n étant un entier quelconque; nommons m le nombre des termes qui sont premiers à n , dans la suite I, 2, 3,. .., « — I, et désignons par I, a, b, c,. . .,h ces mêmes termes. Les diverses racines primitives de l'équation (i) seront p, p", p',,.., p"; et si l'on pose (a) X={x-p){a:-p'^)...{a:-p''), alors (3) . X=o sera une équation à coefficients entiers , irréductible et du degré m. Si d'ail- leurs on pose (4) i(p)=a-h§p-hyp^ -h. . .-hrjp" ^n—t les coefficients a, S, 7, . . ., rj étant réels, f (p) sera un poljnôme complexe ou radical qui, étant réduit à sa plus simple expression, prendra la forme (5) f(p) = a + gp + -y/3^ -H. ..+ £(5 m— I . et le produit de ce polynôme par les polynômes semblables qu'on obtient en substituant successivement à la racine p les autres termes de la suite p, P", P*,---, p' sera une fonction entière des seuls coefficients a , ê , 7, . . . . Ce produit , com- posé de facteurs qui se déduisent les uns des autres suivant une loi détermi- née, peut être appelé /àc^oneZ tout aussi bien que les factorielles arithmé- ( 473 ) tiques et géométriques dont j'ai parlé dans d'autres Mémoires (tome XVII des Comptes rendus, page 64 1)- Nous lui donnerons effectivement le nom de Jàctorielle complexe ou radicale. Si on le représente par 0, on aura (6) 0=f(p)f(^«)f(p»)...f(p*). D'ailleurs la factorielle 6 devra être soigneusement distinguée des modules de ses divers facteurs considérés comme expressions imaginaires. Si l'on re- présente ces modules par et les arguments correspondants par les angles P, Pa-, Pi,- • ■, Ph, on aura (7) {ip) = re>'^~\ f(^«) = r,e''"^, etc., et (8) Q=rr„ri...r^; les angles p, p^,. . ,, p^ disparaissant dans la valeur de 6^ attendu que les racines P, P", p',---, p" de l'équation (3) seront imaginaires et conjuguées deux à deux. Pour ce même motif, les modules f, ''ai fbi- • -, fh seront eux-mêmes égaux deux à deux; et l'on aura, en tenant compte seule- ment des modules correspondants à la moitié des racines, savoir, aux racines non conjuguées, (9) Q = r^rîlri..., chaque module étant déterminé par une équation de la forme (10) r = f(p)f(^-<). » Si l'on suppose la valeur du polynôme f (p) donnée par la formule (4), et si l'on attribue aux coefficients des valeurs a , ê, y , . . . , >j finies, la facto- l'ielle 0 sera une fonction de ces coefficients qui ne variera pas quandî ( 474 ) on les fera tous croître ou décroître simultanément d'un nombre quel- conque /, puisqu'on aura toujours, en prenant pour p une racine primitive de l'équation (i), (u) I + p -h la^" + . . . + p"-' = o. Donc alors la factorielle 0 conservera une valeur finie pour des valeurs in- finiment grandes de /, c'est-à-dire pour un accroissement infiniment (;rand attribué aux divers coefficients. Mais il n'en sera plus généralement de même, si l'on attribue des accroissements infiniment grands à quelques coefficients seulement. Il y a plus : si l'on suppose le polynôme f (p) réduit à sa plus simple expression et ramené à la forme (5), il arrivera souvent que la factorielle 0 deviendra infinie pour des valeurs infinies quelconques des divers coefficients. Ainsi, en particulier, si l'on prend « = 3, en sorte que p désigne une racine primitive de l'équation binôme x^ = I, alors , en posant f (p) = a + êp + ê-y + -yp", on trouvera e = a'' + ê* + 7^ - ag - ay - êy = (« -§)'+(»- 7)' + (§ -7)', et, par suite, la factorielle 0 conservera une valeur finie quand on attri- buera simultanément aux trois coefficients a, ê, 7, un même accroisse- ment fini ou infini. Mais elle deviendra toujours infinie , si l'on fait croître indéfiniment deux coefficients a, S, ou l'un des deux seulement. Il y a plus: si le polynôme f (p) est supposé réduit à sa plus simple expression , l'on aura 7 tri o, et la valeur de 0, réduite à 0r=a' + g»-ag = '°'-^)^ + °'' + ^\ deviendra toujours infinie pour des valeurs infinies des deux coefficients ou de l'un des deux seulement. » 11 importe d'observer qu'en vertu de la formule (6), la factorielle 0 est une fonction symétrique des racines primitives de l'équation (i). Donc, si l'on nomme ç, la somme des Z'^"" puissances de ces racines, c'est-à-dire si l'on pose (12) ç; = p' -^p-'^-p"^- ... -t-p'*', (475) l étant un nombre entier quelconque , 0 sera une fonction entière non-seu- lement des coefficients a, S, y,. . ., mais encore des sommes Ç< > Sa > • • • » Cm— I" Donc, si les coefficients a, ê, y,. . . offrent des valeurs entières, la facto- rielle 9 se réduira simplement à un nombre entier. » Parmi les valeurs nouvelles que peut prendre 0, lorsqu'on y fait varier les coefficients a, ê,y,..., on doit remarquer celles qu'on obtient quand on fait croître ou décroître un ou plusieurs coefficients de quantités entières , et spécialement celles qu'on obtient quand on fait croître ou décroître un seul coefficient de l'unité. Concevons , pour plus de commodité , que l'on désigne par 0a, ou ©g, ou 0J,,. . ., ce que devient 0 quand on fait croître a, on ê, ou y, ... , de l'unité. On aura évidemment (.3) 0„ = [, + f(p)][H-f(p«)]...[i + f{p'^)]; et comme, en vertu de la formule (i3) , les facteurs de 0» seront deux à deux conjugués, et de la forme i-+-re''^^\ i ■+■ re~''^~\ la formule (i 3) donne (i4) 0„ = (i — arcosp + r^){i — iraCOsp„ -+- rj,).. ., le nombre des facteurs du second membre étant égal k j m. On trouvera, pareillement (i5) ee-[p + f(,5)][r+f(r)]---[|»* + f(f*)], ou, ce qui revient au même, (i6) 0e = [i + r * f (/=)] U + p-")]- • .[i + p-' Hp')]- D'ailleurs, une racine primitive p de l'équation (i) sera de la forme (17) p = e^'^\ Ts étant un arc réel que l'on pourra, si l'on veut, supposer déterminé parla simple formule (18) «7 = ^. ( 476 ) Cela posé, l'équation (i6) donnera (19) 06 = [n- 2rcos(/9 — nr) +r'][i + 'iraCos{pa — ars-\-r^] On trouve, de la même manière , (20) 0.^ = [1+ 2rCOs(^ — 2B7) + r"][l + 2r<.COs(/Ja— 2fl7!r)+ r*],. . ., et ainsi de suite. Par conséquent , si l'on attribue à f (js) la forme générale que présente la formule (5), les divers termes de la suite (21) 0a, 66, e,,..., 0„ ne seront autre chose que les diverses valeurs que prendra l'expression (22) iï — [i + 7.rcos{p ~ co) + ^'^l [1+ 2raCos(^ — aw) + r^] . . ., lorsqu'on y substituera successivement, à la place de w, les divers termes de la progression arithmétique (23) zs, 2Er, 3nr,..., {n — ï)zs. Observons d'ailleurs qu'en vertu de la formule (18), si l'on porte, à partir d'une même origine, sur la circonférence du cercle dont le rayon est l'unité , les arcs représentés par les divers termes de la progression (23) , les extré- mités de ces arcs seront les sommets d'un polygone régulier inscrit au cercle, et qui offrira n côtés. » Soient maintenant (24) 0_a, e_ê, 0_,,..., 0-, les valeurs que prend la factorielle 0, quand on y fait croître de l'unité, non plus les quantités a, ou ê, ou 7, ... , mais les quantités — a, ou — ê, ou — 7, Les termes de la suite (34) représenteront encore les valeurs que prendra successivement 0 , si l'on y fait décroître a, ou ê, ou 7, . . . , de la quantité — i ; et, en raisonnant comme ci-dessus, on prouvera que, pour obtenir ces divers termes , il suffit d'attribuer successivement à zs les valeurs zs, azs , 3??,..., (« — i)sr, non plus dans le produite déterminé par l'équation (22), mais dans le pro- duit ii,, déterminé par la formule (25) iï, — [i — ircos{p — u)-hr*][i—2raCOs{p — a'Si) -f-r|].. . . f 477 ) " Il existe un moyen facile d'obtenir dans tous les cas une limite égale o« supérieure à la factorielle 6. En effet, posons , pour abréger, ou, ce qui revient au même, (27) R == f(p)f(p-')-^f(p°)f(p-)+---+fiy)f(p'-^) ^ R sera la moyenne arithmétique entre les nombres représentés par les pro- duits (a8) Hp){{p-'), f(p'')f(r"),-.-, f(f>*)f(p-'')- D'autre part, on tirera de la formule (6), en y remplaçant p par p~' , (.9) ■ 0 = f(p-')f(r)f(n---f(r*), et, par suite, on aura (3o) 0^ = f(p)f(p-i2.) 63 (478) on aura simplement (34) ti = ^tl2:zl. par conséquent, la iormule (33) donnera fi (35) 0= ou <(^) et, à plus forte raison , (36) e = ou < (£l; ' » Si chacun des coefficients a, ê, y, . . . offre une valeur numérique in- férieure à Tunité, si d'ailleurs >;, comme on peut toujours le supposer, se réduit à zéro , on aura ^2 = ou < n — I , et la formule (36) donnera n — I (37) e= ou ' Le cas où, dans le polynôme f (p), les coefficients a. S, y,---, y] se ré- duisent, aux signes près, à des nombres entiers, mérite une attention spé- ciale. Lorsqu'un polynôme f(/3) à coefficients entiers est le produit de deux autres polynômes de même espèce cp (/j), /(p), chacun de ces derniers est appelé diviseur du polynôme f(p); et, comme l'équation entraîne la suivante ; np') = ?ip')x{p')^ quelle que soit la valeur du nombre entier Z, il est clair que si f [p) est divi- seur de f (p), (p ip') sera diviseur de ((p'). Si f(|o) se réduit à un nombre entier k, on aura encore ff/s') = k; et, par suite, on peut affirmer que si un (479) polynôme radical

) = a + fi (p + f " + .. .+(.'"'') + c ip'+p'" -r- . . + p'-'"''^ , et a, 6, c étant des coefficients qui seront entiers en même temps que a,ê, y. . . Par suite, si l'on pose (40 A — p — p''-\-(i'' — p'" -i- . . . - -P et (4^) A = 2a— e-c, B=a — C, on aura (43) 40= A*-B=A». Comme on aura d'ailleurs n— I (44) A=' = (-i) ^ n, l'équation (43) donnera n — 1 /. û A 2 / .\ a „ D2 (45) On aura donc (46) 4Q = A^-nB^ si n est de la forme 4 ^ + i r et (47) 4e = A=^ + «B", si n est de la forme 4^ + 3. » A l'aide des formules précédentes, il est facile de prouver que, si n est de la forme 4^ -I- 3 , / étant positif, 0 ne pourra se réduire à l'unité sans que cette réduction entraîne la condition B = o. En effet , lorsque 0 se réduit à 1 unité , la formule (47) donne (48) «B*=4-A^ Or, n étant , par hypothèse, un nombre premier de la forme 4^ + 3 , on ne ( 48f ) pourra vérifier l'équation (46) qu'en supposant, ou (49) A = 1 , « = 3 , ou (50) A = 2, B = o. On pourrait demander encore sons quelles conditions la factorielle Q peut se réduire au nombre premier n supposé de la forme 4^ + 3. Or, si cette ré- duction a lieu , la forntule (47) donnera /i(4- B*) = A^ Donc alors A sera de la forme nC, G étant choisi de manière à vérifier l'équation 4 - B? = «C^ et par conséquent, si A ne s'évanouit pas avec G, il faudra que l'on ait « = 3 , B = I, G = I , A = 3. Donc 0 ne pourra se réduire à ra , à moins que l'ou ait A = o, ou /t = 3. » Le polynôme f (f), déterminé par l'équation (4), renferme généralement n termes. Considérons maintenant le cas où, plusieurs des coefficients venant à s'évanouir, le nombre des termes est réduit à /. Si chacun des coefficients restants offre une valeur numérique inférieure à -» on aura S^= ou < 7 ' et la formule (36) donnera H [ (50 »= ou <{~'^) ' ■ En vertu de cette dernière formule, 0 sera inférieur à 1 unité, si ion sup- pose l = 1, n étant supérieur à l'unité, ou / ^= 3, n étant supérieur à 3. » On verra , dans un autre article , les avanlages que présente , pour la solution des deux problèmes précédemment indiqués , l'emploi de quelques- unes des formules que nous venons d'établir. » ( 482 ) PHYSIOLOGIE. — Note touchant l'action de Véther injecté dans les artères; par M. Flourens. « I. L'idée à laquelle M. Jackson a dû la découverte du beau phénomène de Xéthérisation, se compose de deux idées. La première a été d'employer Véther; la seconde a été de l'employer par inhalation. » En effet, Véthérisation tient kV inhalation. » IL .T'ai fait avaler à plusieurs chiens de l'éther à diverses doses , depuis 6 {grammes jusqu'à a4- Tous ces animaux ont beaucoup souffert; quelques- uns sont morts; les autres sont devenus étourdis, ivres; aucun n'est devenu cthérisé, cest-à-dire n'a été frappé de cette insensibilité générale, totale, qui est le caractère propre de Xéthérisation {i). Les plus /fre.y sont restés .yen- sibles. ;> Jj ingestion de l'éther dans Vestomac ne détermine donc pas Véthéri- sation. » IIL Vinjection de l'éther dans les artères ne la détermine pas non plus. Mais cette injection m'a donné, dès mes premières expériences, un phénomène remarquable , et surtout qui m'a fort surpris. « IV. Quand on soumet un animal à l'action de l'éther par inhalation, la moelle épinière peid le principe du sentiment avant de perdre le principe du mouvement. C'est là un fait constant. Toujours la sensibilité disparaît avant la motricité; toujours la motricité sarvit à \a sensibilité (2). » Eh bien , quand on injecte de l'éther dans une artère, c'est précisé- ment l'inverse qui arrive : la motricité disparaît avant la sensibilité; la sensi- bilité s,y\r\'it à la motricité. « V. Prem'iève expérience: sur un chien. — On injecte dans l'artère c/-m- rale i gramme d'éther. Il Sur-le-champ, la jambe de l'animal est fiappée de paralysie, mais seu- lement de paralysie de mouvement. La sensibilité subsiste. 11 Le nerj sciatique est mis à nu. On le pince, et l'animal pousse des cris aigus; mais nul mouvement de la jambe, nulle contraction des muscles aux- quels le nerf se rend(3). (i) Plusieurs observateurs ont déjà fait des expériences semblables. (2) Voyez naes premières expériences : Comptes rendus, t. XXIV, p. 162. Pour juger de la survie de la motricité à la sensibilité, je n'avais employé , d'abord, que la pression mécanique. En employant depuis, à l'exemple de M. Longet, \e galvanisme, cette survient m'en a paru, comme à lui, que plus manifeste. (3) Le galvanisme même n'en détermine que de très-faibles. ( 483 ) Deuxième expérience; sur un chien. — Même expérience et même ré- sultat. Même survie d'une sefisibilite'\i\e, même exaltée, et même immotri- cité complète (i) du nerfsciaiique, mis à nii. » Troisième expérience: sur un chien. — Dans les deux expériences pié- cédentes , Vinjection avait été faite selon le sens même du cours du sauf;, c'est-à-dire en poussant de Vartère crurale vers les artères du pied. " Dans l'expérience qui suit, Vinjection a été faite en sens inverse, c'est- à-dire en poussant de Vartère crurale vers Vaorte. » On a donc injecté , dans Vartère crurale droite, en poussant vers Vaorte, 1 grammes d'éther. " Sur-le-champ , les deux jambes ont été frappées de paralysie (a), mais uniquement, toujours, de paralysie de mouvement. )' On a mis le nerf sciatique à nu, sur les deux jambes : on la pincé, et l'on a provoqué les plus vives douleurs; on n'a jamais provoqué de C07t- trac lions (3). » Quatrième expérience : sur un chien. — Cet animal étant plus gros que le précédent (4), on a injecté 4 grammes d'éther dans Vartère crurale droite, en poussant vers Vaorte. n Sur-le-champ , les deux jambes ont perdu tout mouvement, et n'ont perdu que le mouvement ; la sensibilité est restée. » On a pincé le nerf sciatique, et il y a eu douleur, mais seulement dou- leur; il n'y a point eu de contractions (5). >• Cinquième expérience : sur un chien. — On a injecté dans Vartère crurale droite, en poussant vers Vaorte, 4 grammes d'éther. " Sur-le-champ, paralysie de mouvement complète et survie complète de la sensibilité, dans les deux membres postérieurs. •' Le nerf sciatique est mis à nu, sur une jambe : on le pince, et l'animal crie, mais la jambe reste immobile. (i) Si ce n'est sous l'action g'fl/ca/i/ç'tte, qui détermine encore de faibles contractions. (2) On n'avait cependant injecté que Y artère crurale d'un côté , mais l'éther a passé , par y aorte, d'une crurale dans l'autre; et, chose remarquable, il n'a jamais, dans mes nom- breuses expériences , dépassé , en remontant , le point où ïaorte se bifurque pour donner les iliaques , d'où naissent , plus tard , les crurales. La force descendante du cours du sang l'a toujours arrêté là. Il n'y a jamais eu de paralysé que le train postérieur de l'animal et ses deux jambes. (3) Sauf par le galvanisme , qui en a provoqué de faibles. (4) Il faut toujours proportionner, à peu près, la dose de l'éther à la taille de l'animal. (5) Même, dans ce cas-ci , sous l'action galvanique. ( 484 ) I) On met aussitôt à nu la portion de moelle épinière qui répond aux lombes, \a moelle lombaire; et, chose qui n'en paraît pas moins admirable, quoique, après l'effet observé sur le nerf sciatique, on dût s'y attendre, la sensibilité subsiste tout entière dans la région, comme dans les racines postérieures de cette moelle , tandis que la motricité est perdue tout entière dans la région, comme dans les racines antérieures. » VI. Je ne multiplierai pas ici les expériences de ce genre, quoique je les aie fort multipliées dans mon laboratoire, tant le résultat m'en a paru curieux. » Je dois ajouter pourtant que, dans une expérii^nce, la sensibilité a Dans les deux cas , Yinjectiona été poussée selon le sens du cours du sang. » Dans les deux cas, le membre antérieur gauche a perdu le mouvement, et a conservé le sentiment. « Sur ces deux chiens, les nerfs du plexus brachial étant pinces ont donné de vives douleurs, et n'ont point donné de contractions (i). Il VIII. Dans une première expérience, Vinjection d un demi-gramme d'éther dans l'une des deux carotides, en poussant vers le cerveau, a tué l'animai sur-le-champ. » Dans une seconde, l'injection de i gramme d'éther (a) a produit le même résultat, et ne l'a pas produit plus vite. )> Dans deux autres (3), la mort a été moins prompte; l'animal , tombé aussitôt dans un état fort voisin de la mort, a survécu quelques instants. >• Dans deux expériences, on a injecté 3 grammes d'éther, en poussant de \a carotide vers le cœur: dans les deux cas, l'animal est mort au bout de deux minutes. >. IX. Dans une expérience , l'injection de 6 grammes d'éther dans une des deux veines fémorales a produit la mort en moins de deux minutes. » X. Je reviens au fait neuf de mes nouvelles expériences. >' L'éther inhalé fait perdre le principe du sentiment avant le principe du mouvement ; Véther injecté dans une artère fait perdre, au contraire, le principe du mouvement avant le principe du sentiment. (i) Le galvanisme en a déterminé de très-faibles. (a) Toujours de la carotide vers le cerveau. (3) En injectant toujours de la carotide au cerveau. Dans chacune de ces deux expériences, la dose de l'éther avait été de i gramme. ( 485 ) )' Le même agent j porté par deux voies différentes (i) au système nerveux, y agit en sens opposé, et y renverse l'ordre des choses. » XI. D'où ce renverfeme«« provient-il? A quoi tient-il? » XII. La chirurgie a, depuis longtemps, des observations de paralysie de mouvement sans perte de sentiment, et , réciproquement, des observations de paralysie de sentiment sans perte de mouvement. y XIIL Ce fait a été , longtemps, l'un des faits les plus curieux et les plus mystérieux de la science. » Aujourd'hui, nous reproduisons, à volonté, ces abolitions, ces extinc- tions séparées du sentiment et du mouvement, en coupant séparément les racines postérieures ou les racines antérieures de la moelle épinière. » Et voici un agent donné qui les reproduit aussi, à sa manière, et aussi nettes , aussi distinctes que le fait la main du physiologiste. » M. Chevreul fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de Théorie des ejfets optiques que pré sentent les étojfes de soie. M. Cauchy dépose un paquet cacheté. M. Lamé dépose un paquet cacheté. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur la torsion des prismes et sur la forme ajjectée par leurs sections transversales primitivement plaites; par M. DE Saint- Venant. (Commission nommée pour un précédent travail de l'auteur sur le même sujet.) « 1. Dans un Mémoire présenté le 0.1 février 1847» 3^^ démontré que les sections planes transversales, faites dans un prisme rectangle, éprouvaient, par la torsion de ce prisme, outre le gauchissement dû à l'inégalité des deux dimensions de la base, et révélé par l'analyse de M. Cauchy (2), un deuxième gauchissement, que certains termes de ses séries faisaient déjà soupçonner, et qui se fait sentir principalement auprès des quatre angles des sections. Ce nouvel élément explique pourquoi un prisme à base carrée offre moins ( i ) Différentes à leur origine ; car c'est toujours , en définitive, par le sang, par les artères que l'éther arrive au système nerveux. (2) Voyez Comptes rendus, 20 novembre i843, t. XVII, p. ii8o, et 22 février 1847, t. XXIV, p. 260. C. R. 1847, i« Semeître. rT. XXIV, N» 18.) 64 ( 486 ) de résistance à la torsion , qu'un cylindre de même matière dont la section circulaire a le même moment d'inertie autour de son centre. >' Je me propose aujourd'hui d'obtenir, par le calcul, le rapport numé- rique de ces deux résistances, ainsi que la forme des sections devenues courbes, et, par suite, une expression exacte du moment des forces inté- rieures qui se développent et qui réagissent contre la torsion des prismes. " 2. Le mouvement de torsion qu'éprouvent les diverses parties de tout prisme élastique homogène dont la longueur est très-grande par rapport aux dimensions transversales (au moins à une certaine distance des extrémités où sont appliqués les couples moteurs) , est caractérisé par l'identité de forme de toutes les sections : les points de ces sections, qui se correspondaient pri- mitivement sur une même parallèle aux arêtes, ont éprouvé, par suite de ce mouvement, les mêmes déplacements longitudinaux relativement aux centres des sections et des déplacements transversaux qui ne diffèrent , d'une section à l'autre, que par une rotation proportionnelle à leur distance mutuelle. >' Il en résulte que , si x^y^ z sont les coordonnées d'un point quelconque d'une section , comptées parallèlement aux arêtes du prisme et à deux droites rectangulaires M^, Mz se coupant, sur chaque section , au point Cen- tral M où elle est traversée par l'axe de rotation resté fixe, et si ^, /j, Ç sont les déplacements dans le même sens, on a ^~'°' ^~'°' d^~~^' d^z~^' en sorte que si l'on désigne par Ç' l'excès de % sur sa valeur au centre M , la première des trois équations connues de l'équilibre intérieur des corps so- lides homogènes se réduit, en négligeant la pesanteur, à* » De plus, il n'est pas difficile de se convaincre, avec tous les auteurs qui ont traité la question , que , si l'on néglige la pression atmosphérique , on peut négliger aussi les contractions transversales, et réduire les déplace- ments ïj , Ç à des rotations; en sorte que, Q étant l'angle de torsion pour l'unité de longueur du prisme , on a (2) fi = Qxz , Ç = — Bxj ; d'où » Où a donc, G étant le coefficient d élasticité de glissement (les \ de celui ( 487 ) d'allongement ou de flexion désigné ordinairement par E), et M^^ étant le moment de réaction de torsion autour de l'axe du prisme : (4) M. = ffdjd. [g (g; +Qz)z- G(f - 6j) :r] , l'intéprale étant étendue à toute la section. » 3. Si cette section est un rectangle, Gl-^-t-Ôz) doit être nul sur les deux faces latérales supposées perpendiculaires aux^, et G( — — ôj-\ doit être nul sur les deux faces supposées perpendiculaires aux z; car ces deux expres- sions, qui représentent les composantes tangentielles des pressions sur la section, représentent aussi les pressions extérieures sur les faces latérales, estimées parallèlement aux x. » Soient donc aA et -îi les deux côtés de la section, parallèles aux^ et aux; z. y-' rVi-,, >' Le problème de la détermination de |', ou de la forme prise par les sec- tions, se réduit à intégrer l'équation (i) If "*" ~dF~^'' avec la double condition que l'on ait ( '^= -ez pour y = ±h, comme s'il s'agissait de déterminer les températures permanentes dans un prisme indéfini à base rectangle, dont deux côtés adjacents h et i seraient maintenus à zéro , et dont les deux autres seraient traversés par des flux de chaleur entrante et des flux de chaleur sortante , proportionnels aux distances de leurs divers points aux premiers côtés. " M. Wantzel , avec qui je me suis entretenu du moyen de satisfaire si- multanément aux deux conditions exprimées par les équations (5), dont les seconds membres sont variables, a eu l'idée de réduire la seconde à — = o en posant % = ^yz + m ; ce qui lui a fourni l'intégrale complète n=oo (2n-t-l)ly {ln-ir\)lty (6) |'=ô^_£^y_lziir ^ — - - -sm^ r-i (2/2+ l)' (3n-t-i)7rft (2n+i)]rfc 64.. ( 488 ) >• 4. Il en résulte, pour le moment de réaction de torsion exprimé pai- (4) : d'où » 1°. Quand h ^= i, ou quand le prisme est à base carrée, ,. Q. 8G9A' M^ = o,84i -3—; >) 2°. Quand i est très-petit par rapport à h, M^ = ^G6hiK 11 i>. TjC second de ces deux résultats est identique avec celui que fournit la formule -5- Gô, r, de M. Cauchy : lorsqu'une des deux dimensions de la section est très-grande par rapport à l'autre, la première espèce de gauchis- sement est, en effet, seule influente, et celle qui vient des angles saillants est négligeable : la section peut être regardée alors comme prenant la forrhe d'im paraboloide hyperbolique, dont l'équation est Ç' = Qjz ou — Ojz. » Quant au premier résultat, il montre que le moment de réaction de torsion d'un prisme à base carrée n'est que les o,84i de ce qui résulte de la théorie ancienne, ou de ce que donne un cylindre dont la section circulaire a un moment d'inertie égal à celui -,- du carré au- tour de son centre. " Les expériences de Duleau sur la torsion comparée des barres cari-ées et des barres rondes de fer, ont fourni moyennement, pour ce rapport, o,85, et celles de Savart , sur des tiges de cuivre, ont donné 0,82. En sorte que la théorie est confirmée par les faits (*). (*) Avant d'apercevoir que la question de la torsion se réduit à résoudre l'équation inté- grable (i) , j'avais cherché à résoudre approximativement , par une série algébrique à coeffi- cients indéterminés , une question plus générale ; en particularisant cette série pour le cas de la torsion du prisme carré , je trouvais t' — 0[a,(x'z—yz')+a.,[x'z — ']y''z'+']x'z' — ']z')-h ]. D'où , en cherchant les valeurs des coefficients a,, a- , au moyen de deux valeurs de z annu- ( 489 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Addition au Mémoire sur un nouveau mode de distribution de la vapeur propre à diminuer l'injluence des espaces nui- sibles dans les machines à deux cylindres ; par M. Combes. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée.) « Dans la Note que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je fais voir que, au moyen du système de distribution dans les machines de Woolf à deux cyUndi'es, proposé dans mon Mémoire, il est possible d'agrandir les passages de la vapeur, sans rien perdre sur le travail moteur que la vapeur peut fournir en vertu de sa pression initiale; et en perdant très-peu sur le travail dû à la détente qui a lieu , lorsque la vapeur se répand , à l'origine de la course des pistons , dans le tuyau de communication entre les deux cylindres. Tout le monde sait l'utilité de l'agrandissement de ces passages , dans le but de diminuer la contre-pression sur le petit piston. » Je choisis comme exemple une machine où l'espace , composé de la li- berté du petit cylindre et de la cheminée qui sert à la fois à l'introduction de la vapeur dans ce cylindre et à son écoulement dans le cylindre suivant, serait -^ du volume du petit ou -^ du volume du grand cylindre; le reste du tuyau de communication aurait une section égale à yj environ de celle du grand cylindre ; la pression dans le condenseur, ou plutôt derrière le grand piston, serait -^de la pression initiale. Les tableaux comparatifs des quan- tités de travail calculées , correspondantes à une même dépense de vapeur, dans la machine pourvue du système de distribution ordinaire, et dans la même machine pouryue du nouveau système de distribution, donnent un avantage de i3,6 pour ioo,en faveur de celle-ci, pour le cas où la vapeur se détend beaucoup , jusqu'à occuper dix-huit fois sou volume primitif : cet avantage est encore de 6,2 pour 100 , lorsque la vapeur est admise dans le petit cylindre pendant la course entière du piston , et n'occupe, au moment où elle va au condenseur, que trois fois et demie son volume primitif. » lant les termes du onzième degré de -7— pour jr = h f et négligeant les termes du quinzième et au-dessus : aj/i'= — 0,364 1 , ûj A* = 0,01473 ; et , par suite , Mi = o,o4o5 — ^ Cette méthode donne , comme on voit , un résultat très-approché de celui de la méthode exacte. (490) PHYSIOLOGIE. — Expériences tendant à prouver que la cessation de l'hé- matose pulmonaire est la cause de l'insensibilité qui suit les inspira- tions déther en vapeur; par MM. Preisser, Pillore et Melays, de Rouen. (Extrait.) (Commission de l'éther.) « ... Ayant répété plusieurs fois l'expérience de M. Amussat, et obtenu constamment les mêmes résultats, il fut démontré pour nous, i° que, pen- dant l'inhalation éthérée , le sang dans l'artère devient noir; 2° que cette transformation précède l'apparition de l'insensibilité; 3° que, dès qu'on cesse l'inhalation éthérée , et que l'animal respire de l'air atmosphérique , constamment le sang contenu dans l'artère reprend sa couleur rouge avant le retour de la sensibilité. " Après avoir bien constaté ce premier ordre de phénomènes, nous dûmes (essayer si l'insensibilité résulterait de l'inspiration de gaz non toxiques, mais seulement impropres à l'hématose pulmonaire, et si dans ce cas, comme dans l'inspiration éthérée , la coloration noire du sang artériel précéderait l'in- sensibilité. Nous remplîmes de gaz azote une vessie terminée par un tube flexible fermé par un robinet ; à ce tube nous adaptâmes un entonnoir. L'ar- tère et la veine étant mises à nu préalablement , nous étendîmes le chien sur ime table , et nous lui introduisîmes le museau dans l'entonnoir pour le forcer à inspirer le gaz contenu dans la vessie. Gomme dans les expériences avec l'éther, le sang artériel prit la teinte du sang veineux , et l'insensibilité survint avant la cessation des mouvements respiratoires. Aussitôt que l'insen- sibilité fut bien constiilée en mettant une patte dans un brasier, on retira le museau de l entonnoir, on rendit l'air atmosphérique à l'animal qui respirait encore, et bientôt le sang artériel reprit sa coloration, et la sensibilité reparut. » Nous répétâmes la même expérience avec l'acide carbonique, l'azote, le gaz hydrogène, le protoxyde d'azote, et toujours les résultats furent les mêmes , sauf quelques différences dans le temps écoulé avant la production de l'insensibilité. " Il faut noter qu'à l'instant même ils ont pu marcher sans vacillation. Ils différaient, sous ce rapport, des animaux qu'on avait soumis à l'inhalation éthérée; ces derniers, à leur réveil, vacillaient, paraissaient avoir de la difficulté à mouvoir les membres postérieurs, et semblaient dans un état d'ivresse qui exigeait un temps assez long pour se dissiper. De ces expériences pqms concluons : ( 49« ) » 1°. Que l'insensibilité a été le résultat de Tinfluence qu'a exercée sur les centres nerveux le sang qui n'avait pas subi l'hématose pulmonaire; en un mot, qu'elle doit être attribuée à un commencement d'asphyxie qui, à un degré plus avancé , eût amené la cessation des mouvements respiratoires et la mort (chez un chien de haute taille, après avoir obtenu en quinze minutes l'insensibilité, nous avons continué l'inhalation éthérée; vingt-cinq minutes api'ès, le chien cessa de respirer, il était mort); » a°. Que l'insensibilité a pu être provoquée par des gaz qni ne déter- minent pas l'ivresse. " S'il était démontré que l'ivresse et l'irritation pidmonaire que provo- quent les inspirations éthérées ont une influence fâcheuse-sur les suites des opérations, il serait peut-être permis, dans certaines circonstances rares, de provoquer l'insensibilité en faisant inspirer un gaz capable de produire l'in- sensibilité sans déterminer l'ivresse et sans irriter les muqueuses. » Nous croyons qu'il y aurait avantage à préférer un gaz à une vapeur, parce qu'avec un gaz il sera beaucoup plus facile de déterminer très-rigou- reusement la quantité absolue ou proportionnelle que le patient aura inspirée. « PHYSIOLOGIE. — Comparaison des effets produits par l'inhalation des vapeurs éthérées et de l'acide carbonique ; par M. Hossard, d'Angers. (Extrait.) (Commission de l'élher. ) « Trois lapins et deux chats ont été amenés par moi , à l'aide de la va- peur d'éther, à une insensibilité complète, et il m'a été possible alors de leur percer les pattes et les oreilles, et de leur faire même des incisions avec le bistouri, sans qu'ils aient laissé apercevoir le moindre mouvement de con- traction ou de douleur; ramenés à leur état normal par l'inspiration de l'air atmosphérique, et placés ensuite sous une cloche où brûlait un réchaud de charbon , ils sont promptement retombés dans ce coma et cet anéantis- sement où les avait réduits l'inhalation de la vapeur éthérée , et alors j'ai pu impunément, comme dans le premier cas, traverser leur chair en différents points par des aiguilles sans qu'ils aient donné le moindre signe de sensibi- lité , je pourrais dire même de vie, car ils étaient , ainsi que par l'inspiration de l'éther, étendus sur le flanc dans l'état le plus complet de coUapsus des membres, et laissant à peine saisir au soulèvement des côtes un indice de respiration. Comme dans le premier cas, aussi rendus à l'air libre , ils sont sortis au bout de quelques minutes d'une espèce d'assoupissement , en se re- ( 49^ ) mettant sur leurs pattes, se frottant le nez et les yeux, de même que s'ils revenaient d un vertige, et recouvrant peu à peu l'usage de tous leurs sens. Un seul, c'était un lapin, n'a pas été rendu à la vie, quoiqu'il parût aussi fort que les autres, et que l'expérience pour lui eût été de même durée. De ces faits, je conclus naturellement que le gaz acide carbonique agit absolument de la même manière sur les poumons que la vapeur d'éther qui détermine aussi une véritable asphyxie , cause toute naturelle de l'insensibilité, asphyxie du reste que dénote la couleur du sang artériel des animaux éthérés. >' On peut donc, selon moi, regarder l'état d'ébriété et de perte de sen- sibilité dû à l'inspiration des vapeurs d'éther comme une véritable asphyxie , sur laquelle on ne peut être trop circonspect, et qui, poussée trop loin, donnerait infailliblement la mon; je l'ai, eu effet, déterminée chez ces mêmes animaux, que j ai tués par la vapeur d'éther tout aussi facilement que par le gaz acide carbonique et dans le même laps de temps. » PHYSIOLOGIE. — Extrait d'une Lettre de M. le docteur Chaules T. Jackson à M. Elie de Beaumont. (Commission de l'éther. ) « Boston , le 28 février 1847. « ... Un seul cas d'insensibilité prolongée a été la conséquence de l'ap- plication de la vapeur d'éther dans l'hôpital général de Massachussetts , et l'on y a promptement remédié par l'insuflation de l'air : cet accident est résulté de ce que l'appareil d'inhalation n'a pas laissé entrer une quantité d'air suffisante. Je me propose de parer aux événements de cette nature, en administrant du gaz oxygène pur, qui, en peu de moments, rendra au sang sa couleur et ravivra le malade. On devrait en avoir de tout préparé dans les hôpitaux pour remédier aux accidents dont il vient d'être question ; un gazomètre de cuivre et un sac d'étoffe rendue imperméable par le caout- chouc, suffisent pour tenir le gaz prêt pour l'application immédiate. »... En parlant de prendre une patente ( brevet d'invention ), je n'ai eu d'au- tre pensée que d'empêcher ceux qui n'y avaient aucun droit de spéculer sur ma découverte.... De nombreux compétiteurs réclament cette décou- verte, tant dans ce pays qu'en Europe, et nous n'avons ici d'autres moyens d'établir la priorité légale que de nous servir de la loi des États-Unis sur les patentes. J'ai donc pris une patente dans ce pays pour fixer mes droits ; et , afin que mes motifs fussent bien compris, j'ai exprimé, dans les lettres où je sollicitais cette patente, que j'étais très-oppose' à l'idée de prendre des paten- tes pour aucune application destinée à diminuer les sorifjrances de l'huma- ( 493 ) 7Ùté , mais (jue je me décidais à le faire afin détablir légalement mes droits comme auteur de la découverte , et de me mettre à même de donner aux autres le droit de s'en servir (i). ' >' Je sais qu'un dentiste de Hartford (Connecticut ) , M. Wells, prétend qu'il avait fait la découverte, parce qu'il avait fait respirer à tfti de ses malades du protoxyde de nitrogène (gaz exhilarant de Davy), et qu'il soutietit que les effets de ce gaz sont les mêmes que ceux de la vapeur d'éther , de sorte qu'il réclame le principe, .l'ai seulement à dire que l'essai qu'il a fait, dans cette ville, avec le protoxyde de nitrogène, n'a pas réussi, et qu'on n'a pas jugé que l'expérience méritât d'être répétée. J'apprends que M. Wells prétend même m'avoir communiqué ma découverte;, et qu'il est parti pour l'Europe afin de spéculer sur ma découverte. Il n'a jamais rien su , sur ce sujet , avant l'exécuiion complète de mes expériences ; il ne m'a jamais communiqué un mot à cet égard , et il ne peut mentionner le nom d'aucun individu , dans cette ville, à qui il ait fait une pareille communication: s'il venait à élever aucunes prétentions en France , je vous prie de les réfuter par les assertions qui précèdent. " J'ai fait une autre découverte applicable à l'art du dentiste; c'est celle d'une méthode pour préparer Véponge d'or d'une manière propre au plom- bage des dents: on l'obtient par l'action de l'acide oxalique cristallisa» sur l'aurate de potasse, la solution étant très-concentrée, de manière à ce que les cristaux d'acide oxalique ne soient pas entièrement dissous dans le liquide bouillant, fia chose a très-bien réussi, et j'ai eu moi-même une dent plombée de cette manière au mois d'octobre dernier. » Cette forme de l'or est aussi applicable à la dorure par le mercure et est plus économique que l'or en feuilles. » Je me suis occupé dernièrement de l'analyse des os , des défenses et des dents du mastodonte américain , qui se trouvent contenir presque toute leur matière cartilagineuse originaire. I/ivoire des dents se trouve être identique avec celui des défenses; ainsi le nom qu'on lui donne est exact dans le sens chimique, aussi bien que dans le sens physique. J'ai été aidé dans ces analyses par mon élève , M. Joseph Pealeady, de Salem , jeune chimiste (i) La patente des États-Unis porte les noms de Jackson et Morton , parce qu'il m'a été représenté par le solliciteur des patentes que M. Morton , ayant fait les expériences sous ma direction , devait nécessairement figurer dans la patente ; ce que j'ai appris depuis n'être pas exact. Il est propriétaire de h patente dans les États-Unis par l'efTet d'un assignement de ma part ; mais il n'a pas le droit d'en faire usage hors de ce pays. C. R., 1847, i«f Semestre. (T. XXIV, ^' 12.) 65 (494) de beaucoup d'espérance. Il a dernièrement analysé l'os de l'oreille d'un poisson qu'il a trouvé remarquable , en ce qu'il se compose principalement de carbonate de chaux et contient peu de matière animale et peu de phosphate de chaux. Cet os est, par conséquent, d'une nature voisine de celle de la pierre, et, en raison dt; sa grande densité et de sa compacité, il conduit aisément le son sous l'eau. Nous analyserons prochainement des os de l'oreille de cétacés, de reptiles et de l'homme. M. Agassiz a vu avec beaucoup de plaisir les résultats de l'analyse de l'os de l'oreille des poissons. » MÉDECINE. — Observations médicales relatives à l'action de l'ergotine dans les hémorragies externes chez l'homme. Artère radiale coupée en deux , guérie sans ligature; par M. Bonjean. (Extrait. ) ( Commission précédemment nommée. ) '< Le 25 août 1846, le nommé Favre (Joseph), journalier, étant à cou- per du bois avec une serpe, se fait une plaie oblique à la partie inférieure et extérieure de lavant-bras gauche , à 3 centimètres du poignet. L'artère ra- diale était coupée, et la blessure avait une étendue de 5 centimètres. Le malade, épouvanté par la perte de sang fourni par l'artère, a la présence d'esprit d'introduire son pouce dans la blessure; en comprimant ainsi l'artère confre le radius , il parvient à suspendre l'hémorragie jusqu'à mon arrivée près de lui , qui eut lieu une heure après l'accident. Après avoir acquis la cer- titude que l'artère radiale avait été divisée en deux, je me hâtai de placer sur la plaie un large tampon de charpie imbibé d'une dissolution concentrée d'ergotine, et je maintins ce tampon en place pendant un quart d'heure avec mes deux pouces. M'apercevant alors que tout suintement sanguin avait cessé, je fixai le tampon au moyen d'un bandage roulé, afin d'établir une lé- gère compression permanente; quarante heures après, je pus enlever l'ap- pareil sans accident. La plaie présentait de toutes parts une surface comme desséchée; j'en rapprochai les bords avec des bandelettes de sparadrap , et de la charpie enduite de cérat laudanisé fut placée dans les interstices. En moins de treize jours, la plaie fut guérie, sans avoir presque fourni de sup- puration. L'individu est parti pour Paris le mois de décembre dernier. >- Une seconde partie de la Note de M. Bonjean est relative à l'emploi de l'ergotine associée au quinquina, dans deux cas de scorbut; dans les deux cas, la maladie a été promptement guérie. A la Note de M. Bonjean est joint un paquet cacheté destiné, comme l'indique la suscription, à la Commission chargée de faire le Rapport sur ses recherches concernant l'action de l'ergotine. ( 495 ) PHYSIOLOGIE. — Sur la motricité et la sensibilité dans les faisceaux de la moelle épinièré ; par M. S. Pappenheim. (Commissaires, MM. Floiirens, Magendie, Milne Edwards.) « Si l'on opère dans la moelle épinière des coupes transversales, on voit avec netteté, même à un faible grossissement, que les fibres des racines anté- rieures des nerfs traversent, comme une multitude de rayons, les fibres de la substance blanche antérieure. TjCS rapports mutuels de la substance blanche et de la substance grise s'aperçoivent très-facilement : car d'abord les fibres grises offrent sous le microscope un aspect jaunâtre, tandis que les fibres blanches offrent un aspect sombre, et les premières se voient de plus dans les tranches transversales, coupées selon la longueur; tandis que les autres (les blanches) sont coupées transversalement et ont alors l'aspect des points. Mais, si la coupe avait moins réussi et si les fibres ont été coupées oblique- ment, alors on les trouve en forme de très-petits bâtons, dont chacun sépa- rément est plus large qu'une des fibres grise.s élémentaires. On reconnaît enfin, à l'instant même, la présence des faisceaux gris antérieurs de la moelle par les corps ganglionnaires très- grands , qui y paraissent comme des éclaircies. n Les fibres des racines postérieures des nerfs se comportent, à l'égard de la région postérieure de la substance grise , d'une manière semblable, avec cette différence cependant, que d'abord leur direction est contraire à celle des fibres antérieures. On voit par là que toutes les deux sont convergentes en dedans et divergentes en dehors; ensuite, que les postérieures traversent la substance gélatineuse de Rolando (qui forme pour ainsi dire un ourlet tout autour de la région postérieure de la substance grise, de laquelle elle se distingue franchement par sa couleur plus pâle), avant qu'elles n'entrent dans la substance grise postérieure elle-même. On reconnaît enfin, dans la substance grise postérieure , des corps ganglionnaires plus petits que dans la substance antérieure. Nulle part les fibres grises n'entrent dans celles des substances blanches ou dans celles de la substance gélatineuse qui , de toutes les trois substances, a les fibres les plus fixes. » Maintenant, une fois rapprochées les unes des autres, les racines anté- rieures ne se mêlent pas avec les racines postérieures, de sorte qu'il n'existe ni entrecroisement ni arcade entre ces deux espèces. Les fibres motrices restent dans la région antérieure, mais les fibres sensibles n'existent que dans la région postérieure de la substance grise. " Je terminerai en m'appuyant sur cette idée, qu'anatomiquement parlant, 65.. ( 49^ ) on peut accorder la motricité seulement aux faisceaux gris antérieurs, et la sensibilité seulement aux faisceaux gris postérieurs; et qu'il n'y a ni entre- croisement ni arcade. » PHYSIOLOGIE. — Recherches concernant la structure des nerfs qui ont perdu leurs Jonctions sous l'influence de l'éther; par M. S. Pappenheim. (Même Commission.) « Je me suis demandé en quoi consiste le changement d'un nerf qui, par l'application de l'éther, perd sa fonction. " Nous avons enlevé , M. Good et moi , 1 extrémité postérieure d'une gre- nouille, et nous avons dénudé le nerf sciatique. Cette expérience faite sur deux sujets, on en soumet un à l'observation microscopique, de façon que l'on commence par détacher les fibres nerveuses élémentaires. On y applique alors l'éther. Avant que la structure du nerf ne soit perdue, l'extrémité ne se contracte plus, tandis que, sur le sujet non élhérisé, la contractilité persiste encore. " Dans la répétition de l'expérience on trouve : » 1°. Que la partie inférieure cachée du nerf agissait encore sur les muscles ; >) 1°. Que la plus légère altération de la structure suffit pour affaisser et même anéantir la fonction. Toutefois il est sûr que, quand la structure est perdue, la fonction l'est de même. >' Cette altération de la structure commence par la gaine , qui se détache d'abord de son contenu , de sorte que les bords doubles commencent à de- venir visibles. Plus tard la coagulation naît, et l'aspect devient , comme l'on sait, grunieux. Cet état de chose est la mort de la fonction. Mais la fonction commence déjà à se perdre avant qu'il existe un changement appréciable avec nos instruments dans la structure des nerfs. » Il suffit donc d'un changement très-minime dans l'organisation des nerfs pour produire des effets même mortels. Tout ce que nous pourrons dire sur ces changements, c'est que la fluidité diminue, que le contenu ner- veux se retire de la gaine . " Ces changements mêmes dépendent de trois circonstances : » i". De la quantité de l'éther apportée par un plus ou moins grand nombre de vaisseaux sanguins; ■' 1°. De la consistance de la gaine de la fibre primitive ; » 3°. De la liquidité et de la nature chimique du contenu nerveux. ( 497 ) " Gela explique comment les nerfs des hémisphères cérébraux, qui sont plus fins que ceux des racines spinales, peuvent perdre leurs fonctions les pre- miers; comment eo un mot la destruction des fonctions nerveuses ne se pro- duit pas pour tous les nerfs à la fois. " Un fait très-intéressant doit nous occuper encore un moment. Lorsque M. Good et moi nous étions occupés de répéter nos observations, que les nerfs cachés dans les parties inférieures étaient encore irritables , quand même le tronc avait déjà perdu sa sensibilité , nous avions détaché un tronc qui, pour la pince, avait déjà perdu sa sensibilité. Mais en le défibrillant nous avions excité des mouvements nouveaux, ce qui faisait voir que les fibres périphériques d'un tronc, qui sont, comme il est naturel, plus tôt atteintes par 1 ether, perdent aussi plus tôt leur sensibilité que les fibres qui sont au centre du tronc, et auxquelles l'éther arrive plus tard. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Réclamation de priorité concernant certaines parties du moniteur électrique de M. Breguet. (Note de M. Rieussec.) (Renvoi à la Commission chargée d'examiner l'appareil de M. Breguet.) u Dans la présentation que M. Breguet a faite, dans la dernière séance, d'un mécanisme composé d'un électro-aimant et d'un chronographe , destiné à faire connaître et enregistrer, aux têtes de lignes des chemins de fer, l'instant précis du passage des convois aux stations, mon nom n'a point été prononcé; cependant la pièce fondamentale de ce mécanisme est incon- testablement l'une de mes inventions. Permettez-moi donc de revendiquer publiquement une part quelconque dans le mérite des applications qui peuvent être faites de mon chronographe. » M. Arago fait remarquer que c'est lui qui a présenté l'appareil de M. Breguet. Ce serait donc à lui que s'adresserait le reproche de M. Rieussec, s'il était fondé. M. Arago nie, au surplus, qu'il y eût lieu, dans la circon- stance , à citer les premiers essais de chronographie de M. Rieussec ; il nie plus formellement encore que le chronographe soit la pièce fondamentale de l'ingénienx mécanisme de M. Breguet. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Soupape longitudinale pour les propulseurs des chemins de fer atmosphériques ; par M. Mouflaro. (Commission des chemins de fer atmosphériques.) ( 498 ) KCOiNOMiE RURALE. — Note suv une plante de la Chine qui offre, dans ses bulbes un aliment, et dans ses fibres ligneuses une matière textile; par M. DE Par AVE Y. (Commissaire, M. Gaudichaud.) ÉCONOMIE RURALE. — Mémoire sur la maladie des pommes de terre et sur les moyens propres à ramener l'abondance et la bonne qualité des récoltes; par M. Mella. (Commissaires, MM. Boussingault, de Gasparin, Payen.) M. Seguin, en présentant au concours, pour les prix de Médecine et de Chirurgie , son livre intitulé : Traitement moral, hygiène et éducation des idiots , y joint, conformément à l'usage prescrit par l'Académie, une indica- tion de ce qu il considère comme neuf dans son travail. M. DE CoNDÉ adresse, pour le concours de Statistique, plusieurs travaux concernant la statistique des chemins de fer de Paris à Rennes, de Paris à Gaen , dans différentes hypothèses concernent la direction et les emhran- chements de ces chemins. (Commission du prix de Statistique.) M. Nyrop, de Copenhague , présente au concours , pour les prix de Méde- cine et de Chirurgie, une scie tournante de son invention. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) Un Mémoire adressé au concours, pour le grand prix des Sciences natu- relles, question concernant le mouvement des corps reproducteurs ou spores des algues zoosporées, est réservé pour être soumis à l'examen de la future Commission. M. DucROs adresse un Mémoire sur les syniptômes de F empoisonnement par l'acide arsénieux administré au moyen de la méthode endermique, et sur l'action qu'exerce dans ce cas, pour retarder la mort, l'emploi du double courant magnéto-électrique. (Commission précédemment nommée.) Un deuxième Mémoire de M. Ducros , concernant l'emploi des mêmes courants comme moyen de distinguer la mort réelle de la mort apparente, est renvoyé à l'examen de la Commission du prix Manni, ainsi qu'une Note ( 499 ) sur la même question déposée par l'auteur, en février 1847, ®" "" paquet cacheté qui maintenant est ouvert, conformément à sa demande. M. KopczYNSKi prie l'Académie de vouloir bien compléter la Commission à l'examen de laquelle avait été renvoyé un appareil présenté jadis par lui, sous le nom de calorifère polonais . M. Pouillet remplacera, dans cette Commission, feu M. d'Arcet. CORRESPONDAIVCE. Lettre de M. le Ministre des Affaires étrangères concernant M. Aimé BONPLAND. 't Monsieur, j'ai reçu la I^ettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 4 mars 1847, ^' P^'' Ij^qu^H^ vous exprimez le désir d'avoir des rensei- {jiiements sur le sort de M. Aimé Bonpiand dont on avait annoncé le décès. " Monsieur le consul général de France à Montevideo m'a informé, par une dépêche que j'ai reçue le 9 du mois dernier, que M. Bonpiand est établi à Saint-Borja, au Brésil, sur la frontière de cet empire et de la province de Gorrientes. « M. DE Caligny prie l'Académie de vouloir bien comprendre son nom parmi celui des candidats pour la place vacante dans la Section de Mé- canique. M. Grimpé adresse une semblable demande. (Renvoi à la Section de Mécanique.) M. Loiseleur-Desloivgchaiiips se présente comme candidat pour la place vacante dans la Section d'Economie rurale. (Renvoi à la Section d'Économie rurale.) M. Vallée prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre; (les candidats pour la place vacante d'Académicien libre. (Renvoi à la future Commission.) ASTRONOMIE. — M. Le Verrier présente, au nom de M. Grauam, assistant de M. Cooper, de nouveaux éléments de l'orbite parabolique de la dernière comète. On se souvient que M. Graham a le premier fait connaître à l'A- cadémie, dans la séance du 8 mars dernier, la véritable forme de l'orbite de cette comète, et prouvé qu'elle passerait très-près du soleil. M. Graham, i 5oo ) cherchant à perfectionner ses résultats, est arrivé aux éléments qui suivent : Passage au périhélie . mars 3o, aSaS , temps moyen de Greenwich . Longitude du périhélie ... 278°28'58" * Équinoxe moyen du Longitude du nœud ascendant 2o''47'2i" ) i'"' janvier i847- Inclinaison 48''4i'35" Distance périhélie. ... • . . o,o43.6i i Mouvement , Direct. CHIMIE. — Remarques à l'occasion d'une communication de M. Gloez relative à l'acide suljoxiphosphovinique et à ses composés, (i^ettre de M. WURTZ.) « Dans le Compte rendu de la séance du 8 mars 1847 ' ^ '^ P^S^ ^89, M. Cloez s'exprime ainsi : « La grande analogie qui existe entre les composés correspondants de » l'arsenic et du phosphore faisait prévoir, jusqu'à un certain point, l'exis- » tence des sulfoxiphospbates. Après bien des tentatives, je suis parvenu à >' produire ces sels, en décompo.sant le chlorosulfure de phosphore de Sé- » rullas, par une lessive alcaline. « " Je me permettrai de faire remarquer que j'ai communiqué à la So- ciété philomatique , il y a déjà huit mois , le procédé qu'il indique aujourd'hui; et j'ajouterai que M. Balard a bien voulu e.xposer, il y a deux mois, dans un cours public et devant un auditoire nombreux, les prin- cipaux résultats de mes recherches sur l'acide sulfophosphorique. >' Je reconnais que M. Cloez pouvait ignorer ces circonstances. Mais si des communications orales ne suffisent pas pour établir la priorité d'une découverte, un document imprimé fournit, dans tous les cas, des preuves décisives. Ces preuves les voici : " J'ai publié, dans le Compte rendu de la séance du 22 février 1847, "" extrait de mon travail sur l'acide sulfophosphorique, et j'ai décrit, d'une manière détaillée , le procédé que ÎVl. Cloez a indiqué quinze jours après. » CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles recherches sur la cre'atine; parM. Hei\sk. « J'ai rhoiuieur de communiquer, par votrr; organe, à l'Académie dqs Sciences , les résultats de quelques recherches auxquelles je me suis livré dans ces derniers temps, sur la substance que j'ai découverte, il y a déjà plus de deux ans , dans l'urine de l'homme à l'état normal. >' Cette substance est identique avec celle que M. Chevreul a trouvée dans le bouillon de viande, à laquelle il a donné le nom de cre'atine , et dont ( 5oi ) M. Liebig vient de démontrer la présence dans la chair musculaire de diffé- rents animaux à l'état frais, dans une Note insérée aux Comptes rendus des séances de l'Académie dés Sciences, t. XXIV, p. 69. " La méthode la plus avantageuse de se procurer cette substance a été depuis indiquée par M. Pessenkofer, de Munich. Elle consiste à ajouter à l'extrait alcoolique de l'urine une solution alcoolique de chlorure de zinc ; après quelque temps, il se forme un dépôt qui contient la créatine en com- binaison avec le chlorure de zinc, ainsi qu'une petite quantité de phosphate de zinc. On opère la séparation de ces deux substances par l'eau bouillante, qui finit par dissoudre la première , tandis quelle reste sans action sur la seconde. " On retire la créatine pure de la solution aqueuse de sa combinaison avec le chlorure de zinc, en précipitant le zinc à l'aide de l'hydrosulfure^ d'ammoniaque. Après avoir poussé l'évaporation de la liqueur filtrée aussi loin que cela se peut, sans qu'il se forme un précipité dans la solution bouil- lante, on ajoute de l'alcool absolu; on voit aussitôt la créatine se déposer en forme de petits cristaux, dont la forme revient à celle des cristaux de créatine obtenus en opérant sur la solution alcoolique de 1 extrait aqueux de viande. " Après avoir lavé ces cristaux à l'alcool, je les ai dissous dans l'eau et j'ai fait cristalliser la dissolution, f/analyse élémentaire des nouveaux cristaux a donné la formule suivante : la même que M. Liebig vient d'établir pour la créatine de la chair muscu- laire. Quand la créatine entre en combinaison avec le chlorure de zinc, outre l'eau de cristallisation qu'elle abandonne, elle perd 2 atomes d'eau , et prend en échange i atome de ce sel métallique. Cette combinaison est composée ainsi qu'il suit : C«H'?{»0*--|-ClZn. " FjB poids atomique de la créatine est déterminé par là à i4i2,5 (C=75; H=i2,5-, Pf=i75). I) Il ressort des expériences de M. Liebig, que, de tous les organes du corps animal, il n'y a que les muscles qui fournissent la créatine. Comme, d'un autre côté, j'ai pu constater, ainsi qu'on vient de le voir, sa présence dans l'urine de l'homme et des animaux , il paraît être mis hors de doute que cette substance est formée dans les muscles , qu'elle est absorbée C. R., 1847, 1" Semeilre. (T XXIV, N» 12.) ^6 . ' ' < ( 502 ) par les vaisseaux lymphatiques ou sanguins, et qu'elle finit par être sécrétée dans les reins, comme l'urée, etc. GoncluoDS donc que !a créaline doit prendre place désormais au rang des substances excréinentitieUes , et que, par conséquent, il n'est guère vraisemblable qu'elle constitue l'un des prin- cipes alimentaires les plus importants du bouillon de viande , ainsi que M. Liebig incline à le croire. » La créatine ne serait-elle pas plutôt l'un des derniers produits des ac- tions chimiques dont on est si fort en droit de soupçonner la présence dans l'acte de la contraction musculaire? C'est là une question à laquelle je me réserve de répondre, d'une manière plus ou moins directe, par des recher- ches ultérieures. » M. Lecoq demande et obtient l'autorisation de retirer un Mémoire qu'il avait précédemment adressé et qui n'a pas encore été l'objet d'un Rapport. Ce travail a pour titre : Des climats polaires et des causes atmosphériques en géologie. L'Académie accepte le dépôt d'un paquet cacheté adressé par MM. Dc- nAND et MANOunY. A 3 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. F>a Section de Mécanique présente comme candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Gnmhej{\) : i''. M. Pecqueur; 2". M. Cordier; 3°. M. Breguet. Sur la proposition de membres étrangers à la Section , M. Combes, d'une part, et M. Emile Clapejroii de l'autre, sont adjoints à la liste à titre de candidats de l'Académie {^eoc œquo). Les titres des candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la pro- chaine séance. La séance est levée à 7 heures. F. (ij La Section fait observer qu'elle a cru ne devoir placer sur sa liste, dans cette circon- stance , que des mécaniciens constructeurs , se réservant de présenter, dans une antre occa- sion, les noms des savants qui s'occupent plus spécialement des théories de la mécanique. ( 5o3 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ij' Académie .i reçu, dans la séance du 22 mars 1847, les ouvrafjes dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des sémices de i Académie royale des Sciences, 1" semestre 1847, n" 1 1 ; in-4''. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; février 1847; '"-8°. Théorie des effets optiques que présentent les étoffes de soie; par M. Chevreul: in.8". Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale. — Rapport fait par M. le baron Sejjuier, au nom du Comité des arts mécaniques , sur le chronoijraphe de M. KlEUSSEC; i feuille in-4°. Considérations sur les boutures des arbres forestiers et sur le parti qu'on pour- rait en tirer pour le reboisement ; par M. Loiseleur-Deslokgchamps; in-8". Mojen économique d'engraisser les poulets et la volaille en général ; par \c mème;in-8". Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DlDOT, sous fa direction de M. li. Remer; 69* et 70* livraison ; in-8". ' ' ■"': Traitement moral, hygiène et éducation des idiots et des autres enfants arriérés; par M. Ed. Seguin; 1846; in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon. ) Traité philosophique et phjsiologique de l' Hérédité naturelle dans les états de santé et de maladie du système nerveux; par M. LuCAS; tome P''; in-8". Le Médecin; par M. FiE BoRGNE; i"^ et 2" partie; in-8^ La Théorie de la mitière, ou la Science des corps; par M. Docteur. Paris, 1847; in-8». Nouveau système de locomotives; par M. G. ClPRi. Paris, J847; j feiïiflc in-8". Mémoire sur la peste; la vérité sur les quarantaines ; par M. .1. Bourdon ; bro- chure de 2 feuilles i. (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon.) De la Propriété anesthésique des vapeurs d'élher sulfurique, et de leur applica- tion, dans les opérations chirurgicales, dans le but de neutraliser la douleur; par M.Jackson, de Boston.— Appréciation de cette découverte aux points dé xnie historique, expérimental^ pbjsiologique, psychologique et philosophique; par MM. F. et D. A., médecir)s: in- 8". T Projets de chemins de fer de Paris à Rennes, de Paris à Caen et Cherbourg, et . de Caen à Alençon, au Mans et à la Loire. —Rapport à M. le Ministre des Travaux ( 5o4 ) publics; par M. le baron De Condé; 111-4°. (Cel ouvrage est adressé pour le concours de Statistique. ) Télégraphe hydraulique ; par M. PlGNONl, de Bastia; | feuille in'4''. Revue médico-chirurgicale de Paris; mars 1 847 ; in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier ; mars 1847; in-8". L' Investigateur, journal de V Institut historique ; mars 1847; 'n-8". Die Cephalopoden . . . Les céphalopodes de la collection de M. le prince de Metternich , essai pour servir à ta paléontologie des montagnes de Hallstatt ; par M. DE Hauer; avec une introduction , par M. Hardingeb. (Adressé par M. de Metternich. ) Uelazioue. . . Relation des ptiénomènes observés dans les tremblements de terre de Toscane, en i8!\6,piirM. P. Savi. Pise, 1846; iii-8°. Nota intorno . . . Note sur la distinction des fossiles du Biancone et du calcaire ammonite des Alpes Fénitiennes; par M. de Zigno. Venise, 1846; in-S". Raccolta. . . Reateil scientifique de physique et de mathématique; 3* année, n" 5. Piome, i" mars 1847; 'n-8°. Gazette médicale de Paris; n° la. Gazette des Hôpitaux; n"' 3i à 33. L Union agricole; n" i44- F. ERIUTJ. (Séance du i5 mars 1847.) Page 466, ligne 5, au lieu de Paltrikeri, Usez Palmieri. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 29 MARS lt?47. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉLECTROCHIMIE. — Mémoire sur les circuits électrochimiques simples jonnés de liquides; par M. Becquerel. " Les tentatives faites jusqu'ici pour essayer de démontrer l'existence, dans l'organisme, de courants électriques exerçant une influence quelconque sur les phénomènes de la vie ont été infructueuses, attendu que les corps organisés ne renferment que des parties osseuses et tendineuses, des liquides séparés par des tissus ou des membranes s'opposant à leur mélange tant que subsiste la vie; substances avec lesquelles on n'a pu former jusqu'ici des appareils électrochimiques décomposants: cependant c'était là le point de départ de toute théorie électrophysiologique. I^e but que je me propose, dans ce Mémoire, est de faire connaître les principes à l'aide desquels on parvient à former des appareils analogues à ceux qui peuvent se trouver dans l'organisme, en employant seulement des liquides, et subsidiai rement de l'argile ou des membranes destinées uniquement à s'opposer au mélange immédiat de ces liquides. n Volta, qui ne faisait jouer aucun rôle à l'action chimique dans les effets électriques de contact, considérait la solution de ce problème comme impos- sible : suivant lui, quand plusieurs corps conducteurs sont superposés les uns C. R. , 1847, i" Semestre. (T. XXIV, N» 15.) 67 ( Ôo6 ) au-dessus des autres, les états électriques des deux corps extrêmes sont les mêmes que s'ils étaient directement en contact; de sorte qu'en fermant le cir- cuit , tous les signes d'électricité disparaissent, Davy, tout en adoptant la force électromotrice deVolta,et qui regardait néanmoins l'action chimique comme indispensable pour que l'électricité pût circuler dans les circuits fermés, dut, en conséquence, partager son opinion touchant les appareils à liquides. » Cependant, les phénomènes électriques de la torpille et les contractions produites dans la grenouille lorsque l'on met en contact les muscles cru- raux et les nerfs lombaires, à l'instant où l'animal vient d'être préparé, in- diquaient déjà, dans les corps organisés, des circuits électriques composés seulement de liquides et de tissus. » D'un autre côté, à l'époque de la lutte entre Galvani et Volta, ou, du moins, de leurs partisans, une expérience intéressante de Bacomio, à laquelle on fit peu d'attention, montrait également que des circuits électriques pou- vaient être formés avec des liquides et des tissus tirés des corps orjjanisés. Cette expérience consistait à produire les contractions de la grenouille avec une pile formée de tranches de racine de betterave en contact avec des dis- ques de noyer privé de sa matière résineuse , et dont les deux extrémités étaient mises en connuunication , avec les muscles et les nerfs, au moyen de feuilles de cochléaria. » Mais aujourd'hui qu'il est prouvé, par une foule de faits incontestables, que les effets électriques , dits de contact, ont une origine chimique, calori- fique ou mécanique, il n'est plus permis de douter qu'un circuit électrochi- mique tout liquide ne soit possible; les faits suivants en vont donner la preuve. Avant de les exposer, je suis forcé de revenir sur l'appareil à force constante que j'ai fait connaître il y a environ dix-huit ans, et qui a servi de type à toutes les piles à courant constant construites depuis. » Cet appareil se compose de deux bocaux en verre, contenant l'un, une solution de potasse caustique marquant 25 degrés à l'aréomètre, et l'autre, de l'acide nitrique ordinaire. Ces deux bocaux sont mis en communication au moyen d'un tube de verre recourbé, rempli de kaolin humecté d'une so- lution de nitrate de potasse. Dans l'acide et l'alcali plongent deux lames d'or ou de platine fixées chacune à un fil de même métal , et l'on ferme le cir- cuit, en enroulant l'un sur l'autre les deux bouts libres des deux fils; on ob- serve alors un courant électrique résultant de la réaction de l'acide et de l'alcali sur l'eau de la solution de nitrate. Dans cette double réaction, l'acide rend libre de l'électricité positive, l'alcali de l'électricité négative; dès lors la lame qui plonge dans l'acide est le pôle négatif, et celle qui se trouve ( 5o7 ) dans l'alcali , le pôle positif. L'intensité du courant éprouve peu de varia- tions quand le circuit est fermé depuis quelque temps, attendu que les lames ne sont pas sensiblement polarisées : en effet, par suite de la circulation du courant, l'eau et le nitrate de potasse sont décomposés; l'acide et l'oxygène se déposent sur la lame d'or qui plonge dans la solution alcaline; la potasse et l'hydrogène, sm' la lame d'or en contact avec l'acide. L'acide et l'alcali libres se trouvant en conlact, le premier avec la potasse, le second avec l'acide nitrique, se combinent immédiatement avec les substances am- biantes; l'bydrogène réagissant sur les éléments de l'acide nitrique, la lame négative ne saurait être polarisée. Quant à la lame positive, où l'acide ne saurait rester, l'oxygène y devient libre et peut lui donner une certaine po- larisation , qui finit par être constante ; il s'ensuit qu'au bout d'un certain temps elle n'altère pas sensiblement l'intensité du courant. Il y a une autre condition à remplir pour former un appareil à force véritablement constante pendant un laps de temps considérable , avantage précieux dans les recher- ches qu'exige l'emploi d'une force invariable; il sufBt pour cela d'introduire quelques modifications que je vais indiquer. » Ces modifications consistent à remplacer les deux lames métalliques par des cylindres de charbon semblables à ceux employés dans les couples charbon-zinc , et à substituer au kaolin une mèche de coton ne remplissant pas entièrement le tube de communication. Au moyen de cette disposition, la combinaison entre l'acide et l'alcali est très-lente et s'opère d'une manière uniforme, surtout quand le tube a une certaine longueur. La substitution de la mèche de coton à l'argile est motivée particulièrement par le double in- convénient que présente celle-ci ; elle se dessèche peu à peu en cédant son eau à l'acide et à l'alcali , et se remplit de cristaux de nitrate de potasse qui , en augmentant son volume , font éclater le tube. » Une action chimique très-faible pouvant produire un courant électrique assez intense , il s'ensuit que le courant obtenu dans l'appareil possède une certaine intensité. Autre avantage : dans les couples ordinaires où l'on em- ploie, d'une part, du zinc amalgamé et un liquide actif, de l'autre, un métal ou autre corps conducteur inactif plongeant dans une solution de sulfate de cuivre à l'état de saturation, les effets électriques dus à l'oxydation du zinc et à la réaction des deux liquides l'un sur l'autre ne sauraient conserver une parfaite égalité, même pendant un très-court espace de temps; attendu, d'une part, que le liquide actif se chargeant continuellement d'un sel de zinc, son pouvoir conducteur doit changer à chaque instant, et que, de l'autre, le mercure se détachant peu à peu de la surface de ce métal, celle-ci 67.. ( 5o8 ) n'a plus son homogénéité première. Il n'en faut pas davantage pour que le courant ne soit pas rigoureusement constant. » Rien de semblable n'arrive avec mon appareil, lorsque les bocaux ont de grandes dimensions et que le tube de communication a un diamètre suffisant pour que le nitrate de potasse cristallise sur la mèche de coton sans remplir de longtemps toute sa capacité. Le pouvoir conducteur des liquides ne chan- geant pas puisqu'ils restent constamment les mêmes, et la combinaison de l'acide et de l'alcali s'effectuant d'une manière uniforme au fur et à mesure qu'ils s'élèvent dans la mèche de coton par l'action capillaire, il n'y a pas de motifs pour que les effets électriques changent. » L'appareil que j'ai formé récemment fonctionne avec une constance remarquable depuis six semaines. II se compose de deux bocaux en verre, chacun d'une capacité de i^ litre, d'un tube de communication recourbé de 3'*'^'^, 4 de longueur et de o'''^*',3a de diamètre; d'une mèche de coton for- mée de la réunion de vingt mèches ordinaires, de deux cylindres creux en charbon ayant chacun i décimètre de long et o*'™,^ de diamètre. Ces cylin- dres sont munis, à leurs bords supérieurs, d'un collet en platine auquel est fixé un fil de même métal destiné à fermer le circuit ou à le mettre en rela- tion avec d'autres appareils. » Un second appareil électrochimique, semblable au précédent, lui a été accouplé en mettant en communication les deux cylindres de charbon plon- geant dans le même liquide. Ce système a été introduit dans le circuit d'un multiplicateur à fil court, dont l'aiguille aimantée était suspendue sur un pivot d'acier, afin qu'elle eût peu de sensibilité. » Voici les effets que l'on a observés : dans les premières heures, l'aiguille aimantée a été déviée de 33 degrés : vingt-quatre heures après, la déviation n'était plus que de 28 degrés; la température ambiante était alors de iode- grés. Le circuit a été ouvert pendant quelques heures, puis refermé; l'aiguille alors s'est fixée à 3o degrés; la température était alors à i5 degrés. Les ex- périences furent recommencées au bout de deux jours, aloi-s que la réaction des deux liquides devait s'opérer très-lentement et, par conséquent, d'une manière régulière. Tant que la température était de 8 à 10 degrés, la dévia- tion était de 27 degrés : quand la température de la pièce où se trouvait l'ap- pareil s'élevait à i5 degrés, l'aiguille se fixait à 28 degrés; la température s'abaissant, l'aiguille revenait à 27 degrés. La marche de l'aiguille aimantée était donc uniquement en rapport avec les variations de température. Cet effet est dû à ce que le pouvoir conducteur des liquides augmente avec la température. Cet état de choses dure depuis six semaines sans aucun change- ment. Si donc l'on disposait l'appareil avec des bocaux fermés avec des ( 5o9 ) bouchons à l'émeri, afin d'éviter l'évaporation, et dans lesquels seraient as- sujetties les branches du tube communiquant, il n'y aurait pas de motif pour qu'il se dérangeât de longtemps, surtout si on le plaçait dans un milieu dont la température fût constante. » Pour avoir une idée de la force du courant , j'ai fait passer, dans le cir- cuit du même multiplicateur, la décharge d'un couple charbon-zinc ayant les niêmçs dimensions que l'appareil précédent, mais fonctionnant avec du sulfate de cuivre et de l'eau salée; la déviation de l'aiguille aimantée a été de 5o degrés, déviation correspondant à une intensité environ triple de celle du courant de l'appareil formé avec l'acide nitrique et la potasse. Si l'on avait employé im tube de communication d'un plus grand diamètre et une mèche de coton plus grosse, la somme des actions chimiques aurait élé plus consi- dérable ainsi que le pouvoir conducteur de la mèche humectée, et alors le courantaurait eu plus d'intensité , puisque cette intensité est proportionnelle à la quantité d'électricité qui passe dans le circuit. » J'arrive maintenant au principe à l'aide duquel on peut établir un cir- cuit électrochimique avec des liquides séparés ou non, avec de l'argile ou des membranes. M II a été établi que, dans la réaction d'un acide sur une solution alcaline, le premier rend libre de l'électricité positive , le second de l'électricité né- gative, et qu'il en est encore de même à l'égard de deux liquides réagissant chimiquement l'un sur l'autre; l'un pouvant toujours être considéré comme se comportant à la manière des acides , l'autre à la manière des alcalis : cela posé, si l'acide se trouve dans un bocal, l'alcali dans un autre, et que la communication soit établie entre les deux liquides au moyen d'un tube con- tenant une mèche de coton; si l'on plonge ensuite, dans chacun de ces li- quides, le bout d'un tube recourbé en U, rempli d'argile humecté avec une solution de nitrate de potasse, y a-t-il circulation d'électricité dans tout le circuit? On avait admis, à priori, sans chercher à vérifier le fait, que la réaction de l'acide et de l'alcali sur l'eau de la solution de nitrate donnait lieu à un courant égal et dirigé en sens inverse du courant direct, c'est-à- dire de celui résultant de la réaction de l'acide sur l'alcali, de .sorte que les effets étaient nuls. » En raisonnant ainsi, on se trouvait, sans le vouloir, sous l'influence de la force électroraotrice ; mais en s'appuyant sur l'origine chimique de l'élec- tricité dans le contact, on devait penser qu'il ne pouvait en être ainsi, attendu que les effets électriques produits devaient dépendre de la nature et de l'intensité des réactions chimiques ainsi que du pouvoir conducteur des liquides : l'expérience est venue confirmer cette induction. (5io) » Si l'on plonge dans l'acide l'un des bouts d'un tube de verre de quelques millimètres de diamètre, rempli inférieurement avec de l'argile humectée d'une solution de nitrate de potasse, sur une longueur de 3 centimètres, et contenant, dans la partie supérieure, une certaine quantité de la même solution; et, dans la solution de potasse , un autre tube préparé de la même manière; puis, que l'on mette dans la solution de chaque tube une lame de cuivre non polarisée, en communication avec l'un des bouts du fil d'un multiplicateur, et qui soient incapables , par conséquent, de donner un cou- rant quand elles sont en contact, l'une et l'autre, avec un liquide n'exerçant point ou n'exerçant que très-faiblement sur elles une action chimique, il y a aussitôt manifestation d'un courant électrique, assez faible à la vérité, di- rigé dans le même sens que celui provenant de la réaction de Tacide sur l'alcali : il arrive quelquefois que ce courant est dirigé en sens inverse , ou qu'il n'est pas sensible. Nous verrons, dans un instant, d'où peut provenir cette inversion. » En opérant avec des lames de platine au lieu de lames de cuivre , les effets sont nuls ou à peine sensibles ; il est facile de s'en rendre compte , quand on plonge, en général, dans une solution, deux lames de métal servant à transmettre un courant de faible intensité. Si ces lames ne sont point atta- quées par le liquide, la résistance au passage est telle, que le courant ne peut être transmis. Mais il n'en est plus ainsi quand le liquide réagit sur le métal; dans ce cas, la très-faible portion de courant qui n'était pas sensible réagit sur le liquide, le décompose, quoique en quantité excessivement pe- tite, dépose l'acide ou l'agent qui se comporte comme tel sur la lame posi- tive, laquelle est attaquée et y détermine une réaction chimique produisant un courant dirigé dans le même sens que le premier. La somme des deux courants devient appréciable au multiplicateur, alors que l'un d'eux ne l'est pas; c'est précisément ce qui arrive dans l'expérience précédente. » Il faut toujours en agir ainsi quand on transmet dans un liquide, au moyen de deux lames de métal, un très-faible courant destiné à être rendu sensible au galvanomètre ou à la grenouille préparée à la manière de Galvani. » En substituant à la solution de nitrate de potasse une solution saturée de chlorure de sodium, les effets électriques sont inverses, c'est-à-dire que l'action principale, celle de l'acide sur l'alcali, est vaincue, sous le rapport des effets électriques toutefois, par les actions combinées de l'acide et de l'alcali sur la solution. On serait peut-être porté à croire que cette inversion est due à la réaction de l'acide nitrique sur le chlorure de sodium ; mais il - (5ii) n'en est pas ainsi, car, en remplaçant l'acide nitrique par l'acide chlorhy- drique, les effets électriques sont encore les mêmes ') Dans les expériences précédentes, les deux lames de cuivre ne jouant qu'un rôle passif, on doit en tirer la conséquence, qu'en les remplaçant par un autre corps, même liquide, le courant électrique doit circuler également. Mais, avant de prouver qu'il en est ainsi, je dois expliquer ce qui se passe; dans des circuits comme le précédent , où il existe plusieurs 'réactions chi- miques, en ne m'appuyant que sur les lois du dégagement de l'électricité dans ces mêmes réactions. » Les appareils, quels qu'ils soient, n'accusent que des portions excessi- vement faibles , échappées à la recomposition , des électricités dégagées au contact de deux corps réagissant chimiquement l'un sur l'autre. La recompo- sition dépend du pouvoir conducteur relatif de ces corps, de celui du circuit et de la facilité qu'éprouve chaque électricité à passer d'un corps dans l'autre. Or, dans l'expérience faite avec les deux tubes préparés avec de l'argile humectée d'une solution de nitrate de potasse, il y a trois réactions chimi- ques donnant lieu chacune à un dégagement d'électricité ; savoir : une prin- cipale et deux autres secondaires. La réaction principale a lieu entre l'acide et l'alcali, corps qui sont les meilleurs conducteurs parmi les liquides; les deux réactions secondaires ont lieu entre l'acide et l'alcali, avec l'eau de la so- lution : celle-ci ayant un pouvoir conducteur beaucoup moins bon que l'acide et l'alcali, il s'ensuit que la recomposition électrique au contact de l'acide et de l'alcali, toutes choses égales d'ailleurs, doit être plus considérable que celle qui a lieu au contact de l'acide ou de l'alcali avec la solution. J'ai sup- posé toutes choses égales d'ailleurs; mais il n'en est pas ainsi, attendu que les effets électriques produits dans les actions chimiques, abstraction faite de la recomposition, sont en rapport avec l'énergie de ces actions. Dans les combinaisons, les quantités atomiques de matière étant associées à des mêmes quantités d'électricité, plus, dans le même temps, il y a d éléments qui réagissent les uns sur les autres, plus il y a d'électricité rendue libre mo- mentanément. D'un autre côté, la recomposition dépendant du pouvoir conducteur du circuit, on conçoit, d'après cela, qu'il peut très-bien se faire que la somme des effets électriques produits dans les deux réactions secon- daires l'emporie sur les effets provenant de l'action principale. I' Les effets inverses cités précédemment dans l'emploi du nitrate de potasse et du chlorure de sodium s'expliquent donc sans difficulté, en s'appuyant sur les notions que nous possédons à l'égard des effets électri- ques produits dans les actions chimiques. Les phénomènes dont il est ques- tion ici, sont très-complexes à la vérité, de sorte qu'ils échappent à tous ( 5l2 ) moyens de mesure , non-seulement en raison des causes , difficiles à apprécier , qui concourent à leur production, mais encore parce que leur intensité, dé- pendant du pouvoir d'imbibition de l'argile, doit varier à chaque instant. Il arrive un moment où l'imbibition est telle , que le circuit possède son maxi- mum de conductibilité ; alors la recomposition au contact doit diminuer, vu que la facilité qu'éprouvent les deux électricités à se recombiner en suivant lo circuit augmente à proportion de la conductibilité. » Les considérations dans lesquelles je viens d'entrer m'ont fait adopter les dispositions suivantes, pour la formation des appareils électrochimiques composés de liquides seulement. » J'ai dit précédemment que, dans le circuit acide nitrique, potasse et nitrate de potasse, il y avait trois réactions chimiques donnant lieu à deux (Courants dirigés en sens inverse: or la réaction de l'acide sur la solution four- nissant de l'électricité négative à celle-ci, et d'autant plus que la solution est moins acide, il s'ensuit qu'en rendant cette solution acide, on diminue 1 intensité des effets électriques produits. Il en est de même à l'égard de la potasse relativement à la solution de nitrate de potasse. Si donc, dans les tubes communiquant, on s'arrange pour que l'argile soit, d'un côté, de moins en moins acide, et, de l'autre, de moins en moins alcaline, on affaiblit tel- lement les effets électriques secondaires agissant en sens inverse des effets résultant de l'acide sur l'alcali, que ceux-ci deviennent prépondérants, et d'autant plus que le pouvoir conducteur du circuit est devenu plus consi- dérable. " Soient deux bocaux A et A' renfermant, comme à l'ordinaire, l'un, de l'acide nitrique ordinaire, l'autre, une solution de potasse marquant 25 dé- férés à l'aréomètre, et en relation l'un et l'autre au moyen d'un tube re- courbé communiquant, dans lequel se trouve une forte mèche de coton. On prend deux tubes en U de 2 décimètres chacun de long et d'un diamètre d'environ a centimètres, que l'on prépare comme il suit: après avoir hu- mecté de l'argile avec de l'acide nitrique, et une autre portion d'argile avec une solution saturée de nitrate de potasse , on fait un mélange de cinq parties d'argile humectée avec la solution de nitrate et d'une partie d'argile préparée avec l'acide ; on mélange de la même manière quatre parties ' Le second moyen pour mettre en évidence la circulation du courant est d'opérer les décompositions électrochimiques comme il suit : » On prend le tube recourbé, rempli de la solution de nitrate de potasse, et servant à fermer le circuit , et l'on met de l'oxyde d'argent dans le bout qui est tourné vers l'acide; puis l'on ferme les deux extrémités avec, de l'argile humectée, et l'on coiffe avec un linge; vingt-quatre heures après, la portion de l'oxyde en contact avec l'argile est réduite, et l'argent est cristallisé en dendrites. » L'expérience paraît mieux réussir en .mettant dans le bocal où plonge le bout renfermant l'oxyde d'argent , du protoxyde de fer nouvellement précipité, et fermant hermétiquement. Le protoxyde de fer qui est au pôle positif aide 3 la décomposition de l'eau et, par suite, à la réduction de l'oxyde. ( 5i5 ) » La circulation du courant ne pouvant s'effectuer qu'autant qu'il y a des décompositions successives dans tout le circuit, il s'ensuit qu'au contact même de l'acide et de l'alcali où s'opèrent la combinaison et, par suite, le dépa- gement de Félectricité , il y a en même temps décomposition de l'eau et du nitrate de potasse; Toxygène et l'acide parcourent donc toute la partie acide de l'appareil, pour se rendre dans la partie alcaline jusqu'au point de départ, tandis que l'hydrogène et la potasse suivent une route opposée, pour revenir également à la surface de contact. Il suit de là qu'en même temps que l'eau et le nitrate sont décomposés à la surface même de contact de l'acide et de l'alcali, il y a recomposition des éléments séparés après qu'ils ont parcouru le circuit; cette série continue de décompositions et de recompositions cesse d'avoir lieu dans les parties où les éléments transportés ne peuvent franchir les surfaces de contact de certains liquides dans lesquels la décomposition électrochimique ne saurait s'effectuer. Les éléments de- viennent alors libres. Ces phénomènes devront être pris en considération dans l'étude des phénomènes électrophysiologiques. » Les applications peuvent être multipliées; mais l'exemple que j'ai cité suffit pour établir le principe. » Je n'ai employé que le kaolin ou l'argile exempte de pyrites , afin de retarder, autant que possible, le mélange des liquides, et de pouvoir opérer pendant longtemps; mais on peut composer des appareils tout liquides, sans se servir de ces matières, dont les surfaces jouissent de propriétés particu- lières que nous devons éviter, pour montrer les phénomènes dans toute leur simplicité. II suffit, pour cela, d'établir la communication entre les deux liquides actifs qui réagissent l'un sur l'autre , avec des tubes effilés aux deux bouts et remplis de liquides qui, en vertu de l'action capillaire, ne se déplacent que difficilement quand les niveaux sont les mêmes partout. L'action capillaire ne s'oppose, à la vérité, que peu de temps au méfange; mais ce temps suffit, néanmoins, pour' mettre en évidence les effets électro- magnétiques et électrophysiologiques dont il a été question. Quant aux effets électrochimiques, comme ils exigent, pour être sensibles, un certain temps, je n'ai pu en obtenir la manifestation; mais on ne saurait douter qu'ils ne fussent également produits, puisqu'ils sont une conséquence desdeux autres. Au lieu d'établir la communication avec un tube, on peut en prendre deux, trois, et même un plus grand nombre, afin d'augm enter les effets. » Dans les appareils précédents, on s'est servi, pour-agents producteurs de l'électricité , de l'acide et de l'alcali , afin de mettre en présence deux agents ayant une forte affinité l'un pour l'autre. On aurait pu employer 68.. ( 5i6 ) d'autres éidlutions ; mais alors il aurait fallu donner moins de longueur aux tubes, attendu que , le pouvoir conducteur diminuant en raison inverse de la longueur pour la même section, et le pouvoir conducteur spécifique de chaque liquide étant beaucoup moins grand que celui des acides et des alcalis, il s'ensuit que, pour avoir des effets marqués, il faudrait que les tubes eussent de très-petites longueurs. Je mentionnerai , toutefois , un cas qui doit être pris en considération dans les expériences où il s'agit d'étudier les effets des circuits tout liquides. Quand on prend pour liquide actif une solution saturée de sulfate de cuivre aussi neutre qfle possible , et une solu- tion de carbonate de potasse, et pour liquide intermédiaire une solution de chlorure de sodium ou de nitrate de potasse , les effets électriques ne sont pas sensibles soit au galvanomètre, soit à la grenouille : cela tient à ce que , lorsque deux dissolutions réagissent l'une sur l'autre de manière à produire u»e double décomposition, il y a absence d'effets électriques, par suite de neutralisation complète des électricités dégagées. C'est une conséquence des lois qui ont été établies : ainsi, il n'est pas étonnant que la simple réaction dii carbonate de potasse sur le sulfate de cuivre ne produise pas d'effets électriques appréciables. » Les développements dans lesquels je viens d'entrer, relativement à l'ac- tion décomposante des appareils électrochimiques, indiquent que, dans les corps organisés, il doit se produire des phénomènes analogues, puisque ces corps ne renferment que des liquides et des membranes qui peuvent servir à constituer des appareils et des parties solides qui n'interviennent en rien. Dans un autre Mémoire, j'examinerai la question sous le point de vue organique, v THÉORIE DES NOMBRES. — Mémoire sur de nouvelles formules relatives à la théorie des polynômes radicaux, et sur le dernier théorème de Fermât (suite); par M. Augdstin Cauchy. « Lorsqu'on veut faire servir à la démonstration du dernier théorème de Fermât la considération des polynômes complexes, on a deux problèmes distincts à résoudre. D'abord, comme l'a fort bien remarqué M. Liouville, on doit faire voir qu'un produit de polynômes complexes ne peut être dé- composé en facteurs premiers que d'une seule manière; puis, en supposant ce principe établi, on doit en déduire le théorème de Fermât, Les observa- tions de M. Liouville et celles que j'ai insérées moi-même dans le Compte rendu de la dernière séance, prouvent la nécessité d'attaquer ces deux ( 5i7 ) problèmes. Je commencerai par m'occuper du premier. Après quelques re- cherches, je suis parvenu à le ramener à une question de maximum, ainsi qu'on le verra dans le paragraphe suivant. § II. — Sur (a décomposition d'an polynôme radical en deitx parties , dont l'une corresponde h une factotielle plus petite que l'unité. n Supposons que, p étant uïie racine primitive de l'équation binôme (i) x" = I, on pose (a) f(p)=: a + g/5 + 7p*+ .. . +ïî|5"-'i a., §,y, . . . , Y] étant des coefficients réels. Si ces coefficients s'évanouissent tous, à l'exception du premier, le polynôme radical f (p) sera réduit à une quantité réelle a, et la factorielle correspondante au même polynôtïre sera représentée par a'", m étant le nombre des entiers inférieurs à n, et pre- miers à n. Alors aussi le polynôme f (p) , réduit à la quantité réelle a, pourra être décomposé en deux parties , dont la première soit entière , et dont la seconde corresponde à un module compris entre les limites o , i, par con- séquent à une factorielle inférieure à l'unité. 11 y a plus : en augmentant ou diminuant de l'unité, s'il est nécessaire, la première partie, on pourra toujours faire en sorte que le module de la seconde partie devienne infé- rieur à I, et la factorielle correspondante à — . Voyons maintenant s'il sera possible d'arriver à des résultats du même genre , dans le cas où les coeffi- cients S, 7,... cessent de s'évanouir tous à la fois, et si, dans ce cas encore, le polynôme f(p) pourra être décomposé en deux parties, dont la première soit un autre polynôme à coefficients entiers, mais tellement choisis, que la factorielle correspondante à la seconde partie devienne inférieure à l'unité. " Soient 1, a, b, . . . , h les entiers inférieurs et premiers à n. Posons ^ comme dans le § I", f(p)=.re''^=^ fCf^f^r^e""^,..., r, Ta, . . . étant les modules des polynômes f (js), f (/»"), • • • Enfin , soit (3) 0 :i= F (a, g, 7, . : . , ») = rr„... r,, — r» r» . .-.• :; ( 5i8 ) , la factorielie relative au polynôme radical f(p); et concevons que, dans la formule (3) , on attribue aux coefficients a, g, 7,.. ., >j des accroissements entiers , positifs ou négatifs , représentés par (4) . Aa, AS, Ay, .. ., Ayj. La factorielie 0 prendra un accroissement correspondîint A 6, et parmi les diverses valeurs de 0 + A0, il y en aura généralement une qui sera infé- rieure à toutes les autres. Nommons T cette plus petite valeur. La question qu'il s'agit de résoudre consiste évidemment à savoir si l'on aura toujours (5) T;, on peut abaisser la valeur numérique de chacun de ces coefficients au-dessous de ^, et pab conséquent la somme s^ de leurs carrés au-dessous du nombre ^1,1 étant le nombre de ceux des coefficients qui ne sont pas alors réduits à zéro. D'ailleurs, en vertu de la formule (36) du paragraphe précédent, la valeur n — I de 0 est toujours inférieure à ( -^^j ■ Donc, en opérant comme on vient de le dire, on obtiendra une valeur de 0 -h A0, qui vérifiera la condition n — 1 €t l'on aura encore , à plus forte raison , n — I D'ailleurs, le second membre de la formule (6) est égal ou inférieur à l'unité, quand on suppose 1= i, n étant supérieur à l'unité, ou Z = 3, n étant supérieur à 3. Donc la condition (5) se vérifiera toujours, quand le polynôme f (fj), réduit si l'on veut à sa plus simple expression, renfer- mera deux termes seulement, n étant supérieur à l'unité, ou trois termes, n étant supérieur à 3. Il y a plus: en s'appuyant sur la formule (3i) du § I", on prouvera assez facilement qu'on peut, à la condition (6) , substituer ( 5i9 ) la suivante : n — I et qu'en conséquence, la condition (5) se vérifie encore quand le polynôme f (p) renferme quatre termes au plus, quelle que soit d'ailleurs la valeur de n. " Supposons maintenant que , dans l'équation (3), les coefficients a, g, y,..., ri reçoivent précisément les valeurs pour lesquelles la factorielle 0 + A© at- teint sa plus petite valeur T, en sorte que cette plus petite valeur corres- ponde à des valeurs nulles des accroissements Aa, Aê, Ay,. . ., A>7, et, par conséquent, à une valeur nulle de A0. L'équation (8) Ae = G, . ->,;^^. ;<.•!. qui sera vérifiée quand on aura 6 == T' se trouvera généralement remplacée , lorsque les accroissements Aa, AS,..., Ayj , ou du moins quelques-uns d'entre eux , cesseront de s'évanouir, par la formule (9) Ae > o. D'ailleurs si, comme dans le § P% on nomme ©„, ou ©g , ou 0,,. . . la nou- velle valeur que prend ©, quand on y fait croître a, ou S, ou y,... de l'unité, la valeur de A©, correspondante à cette hypothèse, sera représentée par la différence ©« — ©, ou ©g —©,..., ou ©, — ©. Donc la formule (g) com- prendra les suivantes : (10) ©^-©>o, ©ê-@>o,..., ©^ - 0 > o. Pareillement, si l'on nomme 0_ a, ou©_g, ou ©_ y,.,., la nouvelle valeur que prend © quand on y fait décroître a , ou ê, ou y, de l'unité, la formule (9) donnera encore (n) ©_a-©>o, ©_g-0>o,..., ©_,-©> o. en vertu de ce qui a été dit dans le paragraphe précédent , les divers i de la suite \^ U^iiibfM i^f.i-y 'HMi tkv'' Mais termes de la suite \S!^ji^iQbù'n .i:f.i-:ri(t,)fj ( 520 ) seront les diverses valeurs que reçoit le produit 0 déterminé par la formule (12) û = [i -+- ar cos{p — w) 4- r^"] [i + 2r^cos(/>„ — «&))+ r^]. . ., quand on prend successivement pour valeurs de w les divers termes de la progression arithmétique (i3) o, sr, 2w, 3i57,. . ., (n — i)zs , la valeur de zs étant (i4) ^^^- Pareillement les divers teripes de la suite e^„, 0_g,..., e_, seront les diverses valeurs que reçoit le produit 0,, déterminé par la formule (i5) ù^ = [i — 2 r CCS (/? — m) -+- r^] [l — ar^ cos{pa — aw) 4- r,f] . . . , lorsqu'on attribue successivement à 'J les n valeurs dont il s'agit. Donc les formules (10) et (i i) seront vérifiées si l'on a (16) ii-0>o, ii, -0>o, pour l'une quelconque des valeurs de w, comprises dans la prof[ression (i3). » En résumé, la valeur T de 0, pour laquelle la condition (8) sera rem-r plie , quelles que soient les valeurs entières attribuées aux accroissements Aa, Aê, . . ., Aij, vérifiera constamment les formules (16). Cela posé, concevons que, pour un système donné de valeurs des coefficients a, ê, y, . . ., rj , on nomme II le plus petit des termes compris dans les deux suites 0,, 06, ..., 0,, 0_a, 0-6 > • • -, 0-«, n sera en même temps le plus petit des nombres qui représenteront les di- verses valeurs de ii, il, correspondantes aux divers termes de la progres- sion (i3); et la condition (5) sera toujours remplie, si, pour des valeurs quelconques attribuées aux coefficients «, S, y, . . ., vî , par conséquent aux ( 521 ) modules r, /„, r*, . . . , et aux angles p, pa, pà, . . ., \a factorielle (17) e = r'rlrl... est constamment inférieure à l'unité, lorsqu'elle vérifie la formule (18) e= ou 3, cessant d'être nuls, acquièrent de très-petites valeurs numériques qui soient entre elles dans des rapports donnés, et posons (ao) 8* = r* -4- rf +...T1-. r. 2 on aura sensiblement , pour de très-petites valeurs de a , û = I + 2 [rcos{p — (ù) -h r„cos(pa — ww) -4-. . .], ii, = I — a [r CCS (/) — w) + r^ cos ( /7« — a w) + . . . ] , C. R. , 1847 , i«' Semestre. (T. XXIV , N» 15.) 69 ( 532 ) lorsque l'angle i^ sera choisi de manière que la somme r COS {p — w) + Ta ces (pa — /2w) + . • . ne s'évanouisse pas. Donc alors, des deux quantités ii,0,, la plus petite sera inférieure à l'unité, et l'on aura n < I. Alors aussi la valeur de 0, tirée de la formule (17), sera très-petite, par conséquent inférieure à l'unité, et comme II différera peu de l'unité, cette valeur de 0 vérifiera certainement la condition (18), ou, ce qui revient au même, la condition (19). » Supposons, enfin, que les coefficients a, g, 7,..., Yi continuent à varier, par degrés insensibles, avec les arguments ' > 'a » 'i î • • • > et les modules P, Pa, Pb,-' -, et qu'en conséquence de cette variation, la valeur de a croisse indéfiniment. Qu^nd la valeur de 0, donnée par la formule (17), vérifiera la condition (r8), on aura, d'une part, (21) 9n = r*r2 /•!,..., 0 étant un nombre inférieur à l'unité; et, d'autre part, e < I, tant que l'unité surpassera la valeur commune des deux membres de la for- mule {%}), et, par suite, la valeur du produit rran.... Donc, en vertu de ce qui a été dit plus haut, la condition (5) sera toujours remplie , si l'unité surpasse la plus grande valeur de ô II , que l'on puisse dé- duire de la formule (21), en y faisant croître les modules ( 5»3 ) par degrés insensibles à partir de zéro , et en snpposant Il y a plus : il est facile de s'assurer que cette pins grande valeur de é II correspond précisément à Donc le premier des problèmes tfu'il s'agissait de résoudre, se trouve ra- mené, comme nous l'avons dit, à une question de maximum, savoir à celle dont voici l'énoncé : » Problème. Soit II la plus petite des valeurs que fournissent pour Ù et pour û, les forrtiules (12) et (i5) , quand on y substitue successivement à la place de m les divers termes de la progression (i3). Concevons d'ailleurs que les modules d'abord réduits à zéro, varient, par degrés insensiM'éS", lvê& féS arguments P, Pu, Pb-,-, de manière à vérifier l'équation (22) n = rV„V,^... On propose de rechercher la plus grande des valeurs que pourra prendre , dans cette hypothèse, la fonction II, et d'examinef si cette pfos grande va- leur est inférieure à l'unité. » On peut remarquer d'ailleurs que la plus grande des valeurs de lï sera précisément la limite supérieure à laquelle pourra s'élever, sans ïa dépasser jamais, la quantité représentée par la lettre T dans la formule (5). » Le problème étant réduit à ces termes, donnons maintenant en quel- ques mots une idée succincte des procédés qui peuvent en fournir la solution. » Comme nous l'avons déjà remarqué, les diverses valeurs de w, com- prises dans la progression (i3), réprésentent des arcs dont les extrémités sont les sommets d'un polygone régulier de n côtés inscrit au cercle. Par une conséquence nécessaire , les arcs , que représenteront les diverses valeurs de ^ — w et même de n ■+■ p — w correspondantes aux diverses valeurs de u , auront encore pour extrémités, lorsque le nombre n sera pair, les sommets d'un polygone régulier de n «ôtés. Mais si n est impair, les extrémités d«s arcs correspondants aux diverses valeurs de /> — « seront distinctes des 69., ( 5a4 ) extrémités des arcs correspondants aux diverses valeurs de n -\- p — «; et les extrémités de ces deux espèces d'arcs marqueront les sommets d'un poly- gone régulier de 2W côtés. Il est aisé d'en conclure que, pour un système donné de valeurs des modules n sera inférieur au produit il — 2rcos^+ r" j (i +ro)*(i + rj)*..., si n est un nombre pair, et au produit (i — arcos— -I- r* j (i + r^'^[i + rj)*..., si n est un nombre impair. Par suite aussi , lorsqu'on fera croître les modules ^> fat fbf-f supposés d'abord réduits à zéro , par degrés insensibles , la valeur de II , fournie par l'équation (aa), ne pourra devenir supérieure à celle que déter- mineront les formules (23) (i- 2rcos^+ ^=')(I^-r)'"-» = ^^ H = r", si n est un nombre pair, ou les formules (24) (i - arcos^ -f- r») (i + rf-» = r^ H + r'", si est un nombre impair. .. Si , pour fixer les idées, on suppose n — ^,on aura m = a ; et , comme p sera une racine primitive de l'équation X* = I, on aura encore p»+i = o, p = ±>f^, 0 = (a + g/j) (a -h 6p») = a* -)-'ê*. Alors aussi les formules (a3) donneront 1 — r\/â = 0, r= -p5 ( 525 ) et la quantité T elle-même ne pourra surpasser la limite supérieure -■, que cette quantité atteindra effectivement , si dans la factorielle e = a^ + g" on pose (x = ±- et ê=ih-. 3 2 " Supposons maintenant «==3, on aura w :=2, et les. formules (a4) donneront (-6) TT ■' ,•: I , r — 2 r cos 2 = o , r =± --=> Par conséquent, la quantité II et la quantité T elle-même auront pour limite supérieure la fraction^, qu'elles ne dépasseront jamais. » Il importe d'observer que la première des équations (23) peut être pré- sentée sous la forme (27) [(i _r)» + (2sin^yr](i + r)'»-'':— r'" = o. Or, dans cette dernière équation, le premier membre sera réduit à l'unité , si l'on pose r=Ojet,sirbn fait passer r, par degrés insensibles, de la valeur r=o à la valeur r = i, le premier membre passera de la -valeur i àla valeur .-(si„i)'-, qui sera négative, si l'on a m (28) sm — < - , in \ij et à plus forte raison , si l'on a m M ^ /'*>•••> et alors la valeur maximum de II, déter- minée à l'aide du calcul différentiel, sera, comme je le prouverai dans un autre article, représentée parla fraction ay Or cette dernière fraction , qui peut être considérée comme la valeur appro- chée du maximum de H correspondant au cas où l'on prend pour m un terme de la progression (i3), sera très-petite, par conséquent très-inférieure à l'unité, quand le nombre n sera supérieur à 10; d'où il est naturel de con- clure que la quantité dont elle représente une valeur approchée sera encore ( 5a8 ) inférieure à l'unité. Toutefois , comme les raisons que je viens d'énoncer ne suffisent pas pour constater en toute rigueur l'existence de la condition (5) dans tous les cas possibles, je me propose de revenir encore sur cet objet dans un autre Mémoire, et dé compléter ainsi la solution du problème dont je viens de m'occuper. » La formule (5) , une fois établie , pour un nombre donné n, devient la base fondamentale de la théorie des polynômes complexes ou radicaux, qui renferment les racines de l'équation j?" = i, et permet de résoudre avec une grande facilité des problèmes relatifs aux résidus quadratiques, cu- biques , etc., ainsi qu'une multitude de questions de nombres. En partant de cette formule et en faisant usage de la méthode suivie par M. Dirichlet, dans le Mémoire que j'ai déjà cité, on obtient facilement la décomposition des pol/nôines radicaux ou complexes en facteurs premiers, c'est-à-dire en facteurs radicaux, dont chacun n'ait pour diviseurs que lui-même et les di- viseurs de l'unité; puis l'on étend à ces polynômes et à ces facteurs les théo- rèmes que l'on démontre en arithmétique pour les nombres entiers. On réconnaît, par exemple, que tout diviseur premier du produit de deux po- lynômes radicaux doit nécessairement diviser l'un des fadeurs , et que, si un polynôme radical étant élevé à une puissance du degré n, on décompose cette puissance d'une manière quelconque en facteurs premiers entre eux , chaque facteur sera nécessairement une autre puissance du degré n , ou du moins lé produit d'une telle puissance par un diviseur de l'unité. On re- connaît enfin que, si, n étant un nombre premier, (p{p) est un facteur pre- mier d'un nombre premier p^, les seuls facteurs premiers de p seront les termes de la suite .' ■ ' ' ' et les produits de ces termes par les diviseurs de l'unité. Ces mêmes termes seront, comme il est aisé de le voir, premiers entre eux, lorsque le nombre p sera de la forme ni + i , et alors leur produit sera précisément égal à p. Mais, si le nombre premier p se réduit au nombre premier n, supposé im- pair, ses facteurs premiers, représentés par les termes de la suite I - p, I -p»,..., I -p"-', cesseront d'être premiers entre eux, puisque 1 un quelconque de ces termes est le produit d'un autre arbitrairement choisi par un diviseur de l'unité. » f 529 ) ASTRONOMIE. — Note présentée par M. lit. \err\er. « L'Académie sait que la connaissance de la nouvelle planète nous con- duira, selon toute vraisemblance, à en découvrir une autre, lorsque les ob- servations de la première embrasseront un arc assez étendu de l'orbite qu'elle décrit. li'époque à venir de cette découverte est sans doute encore bien loin de nous, si nous ne devons compter, pour y arriver, que sur les observations futui-es de la planète de 1846. Mais s'il pouvait se faire que cet astre eût été jadis aperçu par quelque observateur, et que sa position eût été fixée à l'instar de celle des étoiles dont on s'occupait, l'époque que les astronomes attendront avec impatience se trouverait plus rapprochée. » Il y avait donc un grand intérêt à scruter, sous ce point de vue , les re- gistres des anciens observateurs; à suivre attentivement, en remoittant dans le passé , la route que la planète de 1846 a parcourue dans le ciel; à chercher si quelque astronome n'aurait pas marqué sur cette route la position d'une étoile de huitième grandeur; à vérifier enfin si une telle étoile affecterait en- core de nos jours la position que l'ancienne observation lui aurait assignée. » Dans le cas, en effet, où l'étoile primitivement observée viendrait à manquer dans la région du ciel qu'elle occupait, la prétendue étoile serait probablement une planète ; et l'on n'aurait plus qu à examiner si c est la pla- nète de I 846. » L'importance de cette recherche a déterminé plusieurs observatoires à s'y engager résolument, et l'Académie apprendra avec satisfaction que leurs efforts paraissent avoir été couronnés d'un premier succès. Deux observa- toires, l'un en Europe, l'autre en Amérique, celui d'Altona et celui de Was- hington, sont arrivés, chacun de leur côté, à un même résultat, dont la con- statation physique ne laisse ainsi rien à désirer. » Voici d'abord la Lettre adressée à M. Le Verrier par le savant directeur de l'observatoire d'Altona , M. Schumacher : « Âltona, ce 21 mars 1847. >' M. Petersen s'occupe à présent à fouiller ÏHistoire céleste, et à obser- » ver les étoiles de Lalande partout où l'on peut supposer que votre planète >' ait été. Il a trouvé, le 17 mars, une étoile de \ Histoire céleste , qui a dis- » paru du ciel. C'est l'étoile de 7-8* grandeur, observée par Lalande, le .) lo mai 1795. Histoire céleste, p. 1 58 : fil moyen , i4'' 1 1"" 23*,5 ; distance « zénithale, 60° 7' 19". Cette étoile, dont la position apparente devrait être G. 8., iV^-j.i" Semestre. (T. XXIV, N» 15.) 7° ( 53o ) » le 17 mars 1847, Ascension droite. ..... = i4'' 14"" M'i^ Déclinaison =— ii<'34'i8" " ne se trouve plus. Il est possible que cette étoile fût votre planète; et je >> serais bien heureux si mon observatoire vous en avait procuré une posi- " tion qui date de 1795. » » Le même jour où la Lettre de M. Schumacher arrivait à M. Le Verrier, il recevait, par les soins de M. Perley Poore, agent historique de l'État de Massachussetts , un numéro du Boston Courier, contenant une Lettre du directeur de l'observatoire de Washington, dans laquelle sont consignées les mêmes remarques. Ce numéro du Courier, qui est du i5 février, a été ap- porté par le paquebot le Cambria, parti de Boston le i" mars, et arrivé le 16 à Liverpool. La Lettre de M. Maury étant fort longue, nous nous bor- nerons à en extraire les principaux résultats : i< Les recherches dont il s'agit ont été confiées, dans l'observatoire de » Washington, à M. Walker. En employant les observations de la planète, » qui furent faites en automne dernier, à la détermination d'une orbite >' circulaire , cet astronome put connaître, d'une manière assez approchée )' pour l'objet qu'il se proposait, la route que la planète avait suivie an- » térieurement dans le ciel. Examinant avec attention les soixante-quinze » mille étoiles comprises dans les zones de Bessel , M. Walker s'assura qu'on )' n'y trouvait pas la planète. Poursuivant alors ses recherches dans les » étoiles de \ Histoire céleste de Lalande, il reconnut que la planète avait .' dû, le 10 mai lygS, se trouver dans le même lieu du ciel qu'une étoile >' de 7-8* grandeur observée par Lalande. La nuit du 2 février 1847, ajoute » l'observateur américain, était obscure. La nuit du 4 février fut claire, et » en tournant le grand télescope de l'observatoire vers la position indiquée, » on n'aperçut rien. Toutes les étoiles , eu la compagnie desquelles Lalande » avait vu l'étoile de 7-8® grandeur, se retrouvaient bien; mais l'étoile elle- » même manquait. » En admettant que l'astre observé par Lalande soit bien la planète , et >' en faisant concourir la position de 1796 et les observations plus ré- » centes à la détermination de l'orbite , M. Walker est arrivé aux éléments » suivants, rapportés au temps de Greenwicb, et à l'équinoxe moyen du » i'^'' janvier 1847 ■ ( 53i ) Longitude du périhélie o" i?/25*,5i Nœud ascendant 1 3 1 . 1 7 . 35 . 80 Longitude moyenne au i" janvier 1847 ^^8. 7.56.64 Longitude vraie dans l'orbite, sept. 28, 1846.... 326.59.34.74 Rayon vecteur, sept. 28, 1846 30,02596 Inclinaison i''54'53",83 Excentricité o ; 008. 8407 "■ Moyenne distance. 3o , 25o . 42 Moyen mouvement diurne 2i",326oo Période en années tropiques 1 66, 38 1 34 " Il resterait à examiner avec soiu si l'astre observé par Lalande en 1 795 est bien la planète de 1846; à rechercher les conséquences qu'on en pour- rait dès à présent déduire. Ce sera une discussion très-délicate, et que nous reprendrons. Nous nous bornerons, pour aujourd'hui, à remarquer que la petitesse de l'excentricité qui résulterait des calculs de M. Walker serait incompatible avec la nature des perturbations de la planète d'Herschel; mais il se peut très-bien que cette petitesse de l'excentricité ne soit pas une conséquence nécessaire de la représentation de l'observation de Lalande , et tout nous fait espérer que nous nous trouvons effectivement en possession d'une ancienne observation de la planète, comme l'ont pensé MM. Petersen et Walker. » PHYSIQUE. — Sur la théorie de la rosée. (T^ettre de M. Melloni à M. jirago.) « Naples, le 17 mars 1847. » Les violentes attaques dirigées dans ces derniers temps contre la théorie de Wells m'ont engagé à reprendre l'étude de la rosée. Après une série fort longue d'observations et d'expériences souvent interrompues et reprises, je crois être parvenu à une solution très-nette de toutes les questions qui se rapportent à cet intéressant phénomène: le Mémoire où elles sont dévelop- pées vient d'être lu à notre Académie des Sciences, qui a eu la bonté de s'en occuper pendant trois séances successives. Je vais vous en donner un extrait, avec prière de le communiquer à l'Institut. Vous verrez, mon illustre ami, qnil y avait quelque chose à faire; mais les observateurs qui se sont rués avec tant d'acharnement sur le principe de Wells étaient animés d'un esprit si aveuglément hostile , que , loin de chercher ce quelque chose qui manquait, ilsont voulu tout abattre, tout anéantir, pour faire paraître (qui le croirait?) le vieux fantôme du soulèvement de la rosée ! >' Après les expériences de Wells, on pouvait bien admettre en toute '70.. ( 53a ) sûreté, je crois, que la rosée ne surgit pas de la terre, qu'elle ne tombe pas non plus du ciel, et qu elle se forme par la vapeur élastique et invisible ré- pandue dans l'espace qui environne les corps; et c'est ainsi que nous l'avons tous compris, en attribuant, avec le physicien que je viens de nommer, la précipitation de la vapeur aqueuse au froid résultant du rayonnement calo- rifique des corps vers le ciel serein. D'après cette manière de voir, les feuilles végétales, le bois, le verre, le vernis, le noir de fumée se couvriraient de rosée , parce qu'ils laissent sortir facilement la chaleur, et se refroidissent considérablement en présence du ciel; et les métaux se conserveraient secs, à cause de la difficulté qu'ils éprouvent à vibrer leur chaleur vers les régions supérieures de l'atmosphère. Et, réellement, on observe une grande diffé- rence entre les indications d'un appareil thermoscopique, lorsqu'on lui pré- sente successivement un vase de métal poli plein d eau bouillante, et un vase exactement pareil dont les parois sont couvertes de vernis ou de noir de fumée, la seconde action étant beaucoup plus énergique que la première. La déduction est juste; mais il faut avouer qu'elle peut fort bien ne pas pa- raître nécessaire, inévitable aux yeux de tout le monde. En effet, Bénédict Prévost, et Saussure avant lui, attribuaient à une force électrique le manque de rosée sur les métaux; Leslie expliquait ce phénomène par une répulsion particulière que les surfaces métalliques exercent sur la vapeur aqueuse; et les partisans actuels de la théorie évoquée du soulèvement, s'en rendent compte par la chaleur et l'électricité dégagées dans l'action chimique des métaux sur les molécules de cette même vapeur, au moment de leur passage à l'état liquide. » Pour montrer que ces différentes hypothèses ne sauraient se soutenir, je prends d'abord trois thermomètres gradués sur tige ; je passe dans chaque tube un bouchon de liège, et je l'arrête d'une manière stable à 5 ou 6 millimètres du réservoir. Ce bouchon sert de point d'appui aux deux parties de l'armure métallique dont j'enveloppe mes thermomètres destinés aux expériences de refroidissement nocturne : la première est un petit vase d'argent ou de cuivre, fort mince, pareil à un dé à coudre dont la surface est lisse et polie, et les dimensions assez grandes pour contenir le réservoir de l'instrument; la seconde se compose d'un cylindre en fer-blanc, fermé par un bout, ouvert à l'autre extrémité, servant d'enveloppe au tube gradué. Les deux pièces mé- talliques (que l'on peut ôter et remettre avec la plus grande facilité) se main- tiennent aisément en place par le frottement et l'élasticité du liège. » Imaginez maintenant trois récipients évasés en fer-blanc, portant une ouverture latérale par où l'on puisse introduire, tout près du fond, les réser- ( 535 ) voirs armés des trois thermomètres, en laissant les tiges et leurs enveloppes horizontalement disposées en dehors; imaginez ces récipients soutenus par de minces tubes de métal , munis de couvercles de la même matière, le tout exposé à l'air libre par une nuit calme et sereine ; et en admettant que l'une des armures thermométriques soit noircie, les deux autres à l'état naturel, et les récipients tantôt ouverts et tantôt fermés, vous aurez une idée des expériences qui m'ont servi à comparer le rayonnement nocturne de l'argent à celui du noir de fumée. En effet, supposons d'abord les récipients fermés : nos trois thermomètres marquent alors la même température. Laissons en- suite fermé l'un des vases contenant les thermomètres métalliques, et décou- vrons les deux autres: il faudra des instruments très-sensibles et des compa- raisons très-précises pour observer et mesurer le mouvement extrêmement léper de baisse qui se produit chez le iherniomètre métallique que l'on a mis en présence du ciel; mais le thermomètre noirci baissera à vue d'œil, et, après quelques minutes, il marquera 3 à 4 degrés moins que le thermomètre du vase fermé : preuve évidente que cette différence est due au rayonne- ment calorifique que l'armure noircie vibre vers le ciel, et pas du tout au contact de l'air extérieur, qui a lieu également sur elle et sur l'armure de métal poli de l'autre thermomètre découvert. » Mon Mémoire contient le détail de toutes les précautions qu'il a fallu prendre pour obtenir les degrés comparés de froid, dus au rayonnement de l'argent et du noir de fumée. Les résultats définitifs ont confirmé, d'une manière frappante, le fait énoncé dernièrement à l'Académie par MM. de la Provostaye et Desains, savoir: que le pouvoir émissif des métaux est beaucoup moindre qu'on ne l'avait cru jusqu'à ce jour, d'après les expériences de Leslie, Dulong et Petit (i). (i) Le rayonnement du noir de fumée étant égal à loo, l'argent laminé rayonnerait, d'a- près mes expériences , comme 3,026. MM. de la Provostaye et Desains trouvent 5,87 pour l'argent précipité chimiquement sur le cuivre, et 2, 10 lorsque ce précipité est poli au bru- nissoir; d'après eux, le pouvoir émissif de l'argent à peine sorti du laminoir est 2,94; et 2,38 celui de l'argent laminé et bruni. Des observations faites en i838 m'avaient conduit à la conséquence , que la différence de force rayonnante manifestée dans la fameuse expérience des deux parois du cube de Leslie , l'une lisse et polie , et l'autre rendue plus ou moins raboteuse par des rainures , ne provenait point, comme on le croyait alors généralement, d'une variation dans l'état mécanique des deux surfaces, mais d'an changement dans le degré de densité résultant de l'opération au moyen de laquelle on transforme la surface lisse en surface raboteuse. Cette proposition me parut dès lors parfaitement démontrée par les trois faits suivants : i" la variation de pouvoir. ( 534 ) >' Des appareils thermoscopiques semblables à ceux que je viens de dé- crire, ayant les armures couvertes de vernis, de plombagine, de colle de poisson, de sciure de bois, de sable, de terre et de feuilles déplantes, ont constamment indiqué un abaissement fort sensible de température avant de se mouiller de rosée: l'intervalle a été quelquefois de plusieurs heures; souvent aussi il y a eu abaissement de température sans précipitation de va- peur à aucune époque de la nuit. Ce dernier phénomène s'est produit d au- tant plus fréquemment, que les thermomètres étaient placés à une plus grande distance du sol. En opérant à une certaine élévation, on peut donc suppri- émissif due aux rayures ne se montre guère que dans les métaux : le marbre, le jais et l'ivoire, rayés ou polis, rayonnent toujours avec la même énergie; 2° l'argent fondu et lentement re- froidi dans les moules de sable, poli à l'huile et au charbon recuit, et ensuite rayé au dia- mant de manière à comprimer et condenser le fond des rayures, diminue au lieu d'augmenter sa force rayonnante en passant de l'état poli à l'état raboteux ; 3° cette même espèce d'argent fondu et poli devient beaucoup moins rayonnante étant battue sur l'enclume ou passée au laminoir. Or il est facile de voir que les expériences des habiles physiciens ci-dessus mentionnés, fournissent des résultats tout à fait analogues et démontrent, par conséquent, la même chose : car l'argent précipité chimiquement sur le cuivre, étant beaucoup moins dense que l'argent laminé, et celui-ci étant inférieur en densité à l'argent bruni, cette dernière propriété, d'a- près les nombres qui précèdent, est en sens inverse des pouvoirs émissifs correspondants. L'unique différence entre les deux démonstrations du principe, c'est que mes mesures se rapportaient au pouvoir émissif le plus intense de l'argent, tandis que celles de MM. de la Provostaye et Desains sont relatives au pouvoir émissif de l'argent et d'autres métaux rap- portés à celui du noir de fumée. C'est peut-être à cette différence inaperçue, ou à quelque autre donnée inexacte, que l'on doit attribuer l'erreur historique contenue dans la Note présentée par ces messieurs à l'Aca- démie. Selon eux, le rapport admis jusqu'à ce jour entre les pouvoirs rayonnants des métaux et du noir de fumée résulterait, non-seulement des expériences de Leslie, mais aussi des miennes et de relie de Pçtit et Dulong. Il est vrai que Dulong et Petit ont trouvé des nombres peu différents du rapport attribué par Leslie aux pouvoirs rayonnants des métaux et du noir de fumée : quant à moi , je ne me suis point occupé de ce genre de recherches. Les seules questions sur le rayonnement calorifique considéré à son origine, qui rae parurent quelque peu éclairées, au moyen de l'expérience, pour pouvoir captiver un instant l'attention des physiciens, furent: l'action ci-dessus mentionnée des aspérités de la surface du corps chaud , et l'action de la couleur , toutes les deux résolues négativement; plus, l'influence que l'épaisseur de la couche superficielle d'où partent les radiations intérieures, exerce sur l'inten- sité du rayonnement; influence qui m'a paru suffisante pour rendre compte de l'énorme dif- férence qui existe entre le pouvoir émissif des métaux et celui des autres corps. Quant à la valeur de ces deux pouvoirs et de leur rapport numérique résultant de mes expériences , cliacun peut aisément se coiivaincre qu'il n'en a jamais été question dans mes Mémoires. ( 535 ) mer ou retarder à volonté la déposition de la rosée sur les corps , et con- stater parfaitement qu'elle suit toujours, et ne précède jamais, la produc- tion du froid. Quant aux armures métalliques polies de mes thermomètres, jamais je ne les ai vu couvertes de vapeur aqueuse condensée, par des nuits fort humides, lorsqu'il n'y avait dans l'atmosphère même aucune trace de brouillard. >' Ainsi, la' rosée proprement dite exige toujours un certain refroidisse- ment dans le corps qu'elle doit baigner, et les métaux exposés à l'aspect du ciel serein ne se couvrent pas de rosée, parce qu'ils ne se refroidissent que d une quantité excessivement faible. Mais ne pourrait-il pas y avoir d'autres forces qui empêchassent la précipitation ou l'accumulation de la rosée sur les métaux? En d'autres termes, le faible rayonnement des métaux est-il réel- lement la seule et véritable cause en vertu de laquelle ces substances ne se mouillent jamais de rosée? » Voici une expérience qui me semble résoudre définitivement la ques- tion, et qui démontre en même temps l'erreur des hypothèses du soulève- ment et de la chute de la rosée, ainsi que la vérité du principe de Wells. » Sur un disque de fer-blanc d'une seule pièce, aussi large et aussi mince que possible, je trace un cercle concentrique, d'un rayon égal à un tiers de celui du disque, et je le couvre d'une couche épaisse de vernis. Je découpe ensuite, sur une autre feuille de fer-blanc, un second disque de lo milli- mètres moins large que le cercle verni; et, ayant fait souder à son centre et perpendiculairement à la surface, l'extrémité d'un fil de fer de la grosseur de a millimètres et d'une longueur de 2 à 3 décimètres, terminé en pointe à l'extrémité libre, je perce le grand disque d'une petite ouverture centrale et j'y introduis le fil de fer, du côté de la surface vernie. La pièce mobile est alors poussée le long de ce fil jusqu'à ce que sa distance au petit disque soit réduite à 5 millimètres environ, puis fixée dans cette position au moyen de quelques gouttes de soudure. » Les deux lames , ainsi réunies en un seul système , sont transportées le soir au milieu des champs, et abandonnées pendant quelques instants à elles- mêmes dans une position horizontale, et loin du contact de tout autre corps. Si la nuit est calme et sereine , on voit alors se produire, à la surface du grand disque , des phénomènes de rosée faciles à prévoir. » Il suffit, en effet, de rappeler que dans la position où nous supposons les deux disques , le plus petit est en haut , et comme son rayon a 5 milli- mètres de moins que le cercle verni du grand disque inférieur, il s'ensuit qu'une bande annulaire de ce cercle, ayant 5 miUimètres de largeur, débor- f 536 ) dera tout autour de la projection verticale du toit formé sur lui parle petit disque métallique supérieur. Or il est clair que cette bande rayonnera vers le ciel, abaissera sa température, se couvrira de rosée, et propagera peu à peu le Iroid et la rosée consécutive du côté du centre et du côté de la cir- conférence. La propagation ira cependant beaucoup plus loin dans ce der- nier sens, car les points refroidis par communication se refroidiront par rayonnement lorsqu'ils seront couverts de rosée, tandis que les points vernis placés sous le petit disque ne pourront guère se refroidir que par le contact. Effectivement, la partie centrale du cercle verni reste toujours sèche, et la zone métallique qui l'environne se mouille jusqu'au bord , si l'atmosphère est excessivement humide. » Mais ce que Ion ne saurait peut-être prédire au premier abord, cesl la reproduction exacte des mêmes apparences sur la surface du grand disque tournée vers le sol. La rosée commence par se montrer sur cette surface, dans les points opposés à la petite bande annulaire extérieure du vernis, et l'on aperçoit un léger cercle blanchâtre, qui paraissant tout à coup sur le champ obscur du métal poli, rappelle la formation des images daguerriennes ; ce cercle se renforce ensuite et se dilate peu à peu, arrive quelquefois jusque sur les bords, et n'atteint jamais la partie centrale, qui conserve toujours sa sécheresse et son brillant métallique, comme la portion correspondante de l'autre côté du disque, et le petit toit circulaire qui la recouvre sans la toucher. » Cette expérience si simple, si économique et si facile à répéter par ceux-là même qui n'ont jamais manié un instrument de physique, est pour ainsi dire un résumé parlant des discussions des physiciens sur l'origine et la nature du météore nocturne dont nous nous occupons actuellement. La rosée tombe-t-elle du ciel? Non, puisque le disque supérieur est toujours sec, et la plus grande partie du disque inférieur mouillée. S'élèvc-t-eile du sol ? Pas davantage , car si la partie mitoyenne de la surface du grand disque tournée vers la terre est couverte de rosée, il y a toujours près du centre un espace sec et brillant. Les métaux repoussent-ils la vapeur aqueuse qui constitue la rosée, ou causent-ils son évaporation à mesure qu'elle précipite sur leur surface? Ni l'un ni l'autre, puisque nous voyons des parties métal- liques fortement mouillées, et d'autres parties parfaitement sèches. » [/apparition première de la rosée sur la bande découverte de vernis, et sa propagation successive aux parties adjacentes et opposées du grand disque, rapprochées de l'abaissement de température qui se développe sur les armures vernies des thermomètres exposés à l'air libre , prouve enfin ( 537 ) que la rosée est une pure conséquence du rayonnement nocturne, qui com- munique aux corps doués d'un grand pouvoir émissif le degré de froid né- cessaire à la condensation de la vapeur aqueuse élastique et invisible répan- due dans Tatmosphère. » Ainsi, tous ces faits concordent parfaitement avec la théorie de la rosée adoptée par les auteurs de physique et de météorologie. Dans une seconde I^ettre, j'exposerai d'autres faits qui ne sauraient guère s'expliquer au moyen de cette théorie, mais qui se rattachent cependant très-heureusement au principe de Wells, par des considérations que j'aurai l'honneur de sou- mettre au jugement de l'Académie, » M. Payen fait hommage à l'Académie d'un ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de : Enquête sur la maladie des pommes de terre en France pendant les années 1 845- 1846. Examen et analyses de divers échantillons des récoltes. RAPPORTS. MÉCANIQUE EXPÉRIMENTALE. — Rapport sur un Mémoire de MM. Eue. Ghevandier et Wertheim, ayant pour objet la recherche expérimentale des propriétés mécaniques du bois. (Commissaires, MM. Ad. Brongniart, Regnault, Poncelet rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. Regnault, Ad. Brongniart et moi, de lui rendre compte des nombreuses et importantes recherches expéri- mentales que MM. Wertheim et Chevandier viennent d'entreprendre sur les propriétés mécaniques des bois indigènes. Le travail qu'ils présentent à l'Académie à ce sujet, se compose d'un manuscrit de 85 pages, de 35 ta- bleaux grand format, contenant le résultat de toutes les expériences,, tant anciennes que nouvelles, relatives à la force des bois; enfin de 6 feuilles de dessins où se trouvent consignés , avec le plus grand soin , le dispositif des appareils dont les auteurs se sont servis pour soumettre les nombreux échantillons de bois à l'épreuve de l'allongement, de la flexion et de la rupture, ainsi que les études graphiques nécessaires pour découvrir la marche des densités, de la cohésion, du coefficient d'élasticité et de la vi- tesse du son dans les différentes parties d'un même tronc d'arbre, et dans les différents sens relatifs à la direction des fibres ligneuses, des rayons et des couches annuelles. » Indépendamment des grands tableaux dont il vient d'être parlé et qui C. R., 1847, i" Semestre. (T. XXIV, N» 150 7I ( 538 ) embrassent, dans leur ensemble, quelques milliers d'expériences, le texte en contient beaucoup d'autres, résumés, et qui seront dune utilité toute spéciale pour les constructeurs et pour les administrations chargées de l'amé- nagement des forêts. "■ " Le nombre des arbres abattus sur pied, dans ce but, a été de g4; ces arbres comprennent, à très-peu près, toutes les essences, résineuses ou autres , qui croissent dans les différents terrains des montagnes des Vosges : à l'exception du pin sylvestre, dont il est regrettable que l'administration forestière se soit refusée à permettre l'abattage dans les propriétés de l'État, les expériences relatives aux bois le plus généralement employés dans les grandes constructions, ont été répétées sur plusieurs arbres d'une même espèce et sur des échantillons choisis dans les parties de chaque arbre, dis- tinctes soit quant à l'exposition, à l'orientation et à la nature du sol, soit quant au mode et au degré de la dessiccation qu'on leur avait fait subir après leur division en billes prismatiques d'environ 2 mètres de longueur ou portée. Enfin, ces recherches, si intéressantes au point de vue de l'amena gement et de la mise en œuvre des bois, comprennent aussi une grande variété d'échantillons, en chêne et sapin des Vosges, destinés au commerce: tels que sommiers j pannes, chevrons, ou soliveaux, madriers et planches , sous des longueurs comprises depuis 4^7 mètres pour le chêne , jusqu'à 10 à i4 mètres pour le sapin ; toutes ces pièces étant équarries à vives arêtes. » Cette énumération succincte pourra donner un aperçu de l'étendue considérable et de la variété des expériences que MM. Ghevandier et Wer- theim se sont imposées dans le travail qu'ils viennent offrir à l'Académie; elle servira aussi à distinguer le caractère propre de leurs investigations au point de vue de l'utilité publique et du progrès des arts mécaniques ou agricoles. » 'Le Mémoire de ces jeunes physiciens déjà connus par divers travaux remarquables et justement appréciés de l'Académie, est précédé d'un exposé historique, consciencieux et fidèle, des recherches expérimentales relatives aux propriétés mécaniques des bois , depuis celles de Parent et de Muschen- broek jusqu'à celles qu'on doit à Buffon et Duhamel-Dumonceau, à Bélidor, à Rondelet, à Girard, à notre savant confrère M. Gb. Dupin, à Barlow, Ebbels, Bevan et Tredgold, enfin à MM. Savart, Minard et Desormes, Ardant, Hagen, Eaton-Hodgkinson, Paccinotti et Péri. Néanmoins on doit regretter que les noms si illustres de Gahlée , le père de toute mécanique expérimentale, de Mariotte, de Leibnitz,de Bernoidli, deLahire, d'Euler, de Lagrange et de Coulomb n'aient point trouvé place dans cette longue énumé- ( 539 ) ration où les auteurs ont cm devoir reporter uniquement aux savants anglais Younff et Trcdgold, l'honneur d'avoir les premiers introduit dans la science, la recherche exacte de l'élasticité et la définition de son coefficient; car ou- blier de tels noms, auxquels il conviendrait de joindre ceux de Duleau et de Navier, ce serait méconnaître les services que les théories de la résistance des solides ont rendus à cette branche de nos connaissances, envisagée même au point de vue expérimental et pratique. ,,|, , ;..; ■ ,i ,,: >' Cette introduction historique est suivie de la description des appareils et du détail des expériences; il nous suffira de dire que les auteurs n'ont négligé aucun des moyens de précision que la physique et la mécanique en- seignent pour mesurer les densités, les allongements, les flexions des di- verses pièces de bois soumises à l'expérience , et considérées à différents états de siccité, d'âge, etc. , jusque-là de tenir compte, au cathétomètre et à des centièmes de millimètre près, de l'affaissement ou compressibilité des supports servant à recevoir les pièces soumises à l'expérience de la flexion transversale, et pour les plus fortes desquelles les charges se sont élevées jusqu'à lo ooo kilogrammes. » La direction toute particulière qu'ils ont donnée à la recherche des dif- férences de propriétés mécaniques dans un même arbre et dans des arbres différents, ainsi que dans des bois débités pour le commerce, la discussion des calculs et des méthodes mis en usage pour déterminer ce qu'on nomme le coefficient d'élasticité, à l'aide des vibrations sonores, de l'allongement direct et de la flexion, sont conformes aux plus saines théories de la phy- sique et de la mécanique, et nous ne doutons pas qu'elles n'obtiennent l'assentiment des ingénieurs et des géomètres. Quant aux résultats que MM. Ghevandier et Wertheim ont présentés dans les dernières parties de leur Mémoire, ils sont aussi nombreux qu'inattendus pour quelques-uns d'entre eux. Le temps qu'il nous est donné de consacrer à ce Rapport, ne nous permet pas d'entrer dans beaucoup de détails; il nous suffira de signaler ra- pidement quelques faits déjà exposés avec clarté et précision , dans l'analyse que les auteurs ont publiée au Compte rendu de la séance du 5 octobre 1 846, lors de la présentation de leur travail à l'Académie des Sciences ; faits que nous résumerons ainsi : » 1°. Les allongements et les flexions des pièces soumises à l'expérience se composent d'une partie permanente ou qui subsiste après l'enlèvement de la charge , et d'une partie élastique dont il ne reste plus aucune trace après cet enlèvement; l'altération de la constitution élastique, en elle-même très- faible, croît avec la durée et l'intensité des charges, à compter de la plus ( 54o ) ' petite d'entre elles, à peu près comme cela a lieu pour les métaux, d'après les expériences de Gerstner, de Coulomb et de M. Wertheim. Mais ce ré- sultat qui conduit les auteurs à n'admettre aucune limite précise de l'élasti- cité, est en contradiction avec ceux d'expérimentateurs anglais ou français bien connus; il soulève de graves difficultés relatives au genre et à la per- manence de l'altération moléculaire subie par les différentes parties des pièces. On doit enfin regretter que le temps et la multiplicité des expériences entreprises par les auteurs, ne leur aient pas permis d'approfondir davantage ce sujet, et de rechercher la loi même de l'altération élastique dans les soUdes. >' 2". Défalcation faite des flèches et des allongements permanents, le coefficient d'élasticité obtenu dans l'un ou l'autre mode d'expérimentation, reste sensiblement le même pour une même pièce et toutes les charges es- sayées entre certaines limites, sauf pour les bois résineux très-courts, où le coefficient relatif à l'extension l'emporte toujours sur celui qui se déduit de la flexion; ce qu'on doit attribuer à l'hétérogénéité de la composition des couches ligneuses et de leur cohésion mutuelle, dont l'influence disparaît d'ailleurs avec la longueur des pièces soumises à l'expérience de la flexion : la valeur du coefficient d'élasticité ne paraît, du reste, dépendre que fort peu de la position occupée par chacune des tringles de bois, dans les différentes parties d'une même couche annuelle. » 3°. Les coefficients d'élasticité déduits des vibrations sonores excitées longitudinalement ou transversalement dans les verges, sont un peu supé- rieurs à ceux qui résultent de l'expérience de la flexion et de l'allongement direct; leur rapport ne paraît pas varier d'une manière sensible pour les échantillons tirés d'une même pièce, à divers états de siccité, et leur diffé- rence, très-appréciable d'ailleurs, doit être attribuée à la cause déjà révélée dans les précédentes recherches de M. Wertheim, relatives aux métaux, cause que l'illustre Laplace avait signalée et soumise au calcul pour les gaz , et dont la savante analyse de notre confrère, M. Duhamel, a fait connaître les lois dans les solides, au point de vue physique et dynamique. » 4°' En général, à mesure que la dessiccation des bois augmente, la densité diminue, le coefficient d'élasticité et la vitesse de transmission du son croissent suivant des lois très-simples , réduites en formules par les au- teurs : la limite d'élasticité, définie ici par l'allongement hypothétique de o,oooo5, et la cohésion, croissent également avec le degré de dessiccation, mais suivant des lois impossibles à déterminer; tandis que l'allongement permanent maximum diminue jusqu'à devenir insensible pour des pièces ( 54i ) qui ne contienneal plus que lo pour loo d'humidité, rendues ainsi excessi- vement cassantes. « Nous ne suivrons pas MM. Chevandier et Wertheim dans l'énumératioii des autres résultats ou données de l'expérience, déduits de leur travail et qui sont particulièrement relatifs à rinfluence de l'orientation, de la posi- tion des billes extraites d'un même arbre, ainsi que de la nature des essences et du sol , sur les qualités mécaniques des différents bois ; résultats dont une majeure partie servira, au surplus, à dissiper les préjufjés et contradictions, de plus d'une espèce, que des expériences antérieures, fort incomplètes, ont pu faire naître. Cependant nous ne saurions passer sous silence des faits aussi dignes de remarque que ceux-ci : la résistance élastique et la cohésion diminuent, pour une même couche, à mesure qu'on s'élève vers la sommité des troncs d'arbres, dans les espèces où elles diminuent pareillement du centre à la circonférence; l'inverse a généralement lieu dans le cas con- traire : le Chêne appartient précisément à la première catégorie, le Sapin, le Pin, le Charme, le Frêne, l'Orme, etc., à la seconde. Dans le Sapin des Vosges en particulier, les propriétés mécaniques croissent d'une manière constante et souvent dans une très-forte proportion, du centre à la circon- férence, de la base à la cime, contrairement à un préjugé assez répandu parmi les ingénieurs ou constructeurs. L'Acacia , arbre encore trop peu cultivé en France, jouit de propriétés analogues à celles du Sapin, quoique à un degré moins prononcé; en revanche, d'après le résultat des expériences des auteurs, il doit être placé au premier rang sous le rapport de la cohésion , delà dureté, de la grandeur et delà limite de l'élasticité , qualités pré- cieuses pour les arts, et auxquelles paraissent s'ajouter la durée et la rapidité de la croissance. ' » L'analyse succincte que nous venons de présenter du Mémoire de MM. Chevandier et Wertheim, suffira pour en démontrer à l'Académie, la haute importance et la spéciale utilité au point de vue de la science en gé- néral et des arts de construction en particulier. Vos Commissaires ne peu- vent donc que faire des vœux pour que les résultats en soient promptement portés à la connaissance du public, et ils ont, en conséquence, l'honneur de vous proposer d'ordonner l'insertion de ce Mémoire et des Tables qui l'ac- compagnent, dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. (540 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Rapport sur un Mémoire de M. "Vincent , ayant pour objet Vexposition d'un procédé propre à constater si un tissu de chanvre ou de Un renferme des fils de Phormium tenax. (Commissaires, MM. Gaudichaud , Payen, Boussingault rapporteur.) « Nous avons été désijjnés par l'Académie pour examiner un Mémoire de M. Vincent, pharmacien en chef de la marine, et qui a pour objet l'expo- sition d'un procédé propre à constater si un tissu de chanvre ou de lin renferme des fils de Phormium tenax. " Malgré l'extension considérable que la culture du chanvre et du lin a prise depuis le commencement de ce siècle, la France reçoit encore du dehors de grandes quantités de filaments textiles. Les matières importées ne sont pas toutes du lin et du chanvre. Ainsi, depuis quelques années, on fait entrer, dans certains tissus, les fibres du Phormium tenax, que l'on dé- signe quelquefois sous le nom de lin de la Nouvelle-Zélande. Cette intro- duction, faite à l'insu de l'administration de la Marine, dans les toiles à voiles, dans les tissus destinés à l'équipement, constitue une véritable fraude. Ce n'est pas que le prix du phormium soit beaucoup moins élevé que celui du chanvre; mais sa qualité, comme matière textile, est évidemment très- inférieure. L'expérience a détruit les espérances qu'on avait conçues sur l'utilité du lin de la Nouvelle-Zélande. Suivant M. Vincent, les tissus con- fectionnés avec cette matière s'altèrent promptement sous l'influence des lessives; les fils qui les composent se rompent sous l'effort le plus faible quand ils sont exposés à la double action de la chaleur et de l'humidité. » On comprend, dès lors, l'importance d'un procédé qui permettrait de découvrir dans les tissus la présence de substances textiles autres que le lin ou le chanvre. En étudiant comparativement l'action de divers agents chi- miques sur les fibres du lin , du chanvre et du Phormium tenax, M. Vincent a reconnu que la réaction de l'acide nitrique donne le moyen de distinguer le phormium des deux autres matières. En effet, en répétant les expériences décrites dans le Mémoire soumis à son examen, la Commission a constaté les faits suivants. .. Les fils de chanvre, plongés pendant quelques secondes dans de l'acide nitrique ordinaire , prennent une teinte jaune pâle; les fils de lin ne con- tractent aucune coloration; quant aux fils de phormium, à peine l'imbibition de l'acide est-elle effectuée , qu'ils acquièrent aussitôt une teinte rouge-de- sang bien caractérisée. M. Vincent attribue cette coloration à une substance azotée qui , selon lui -, se trouverait dans la matière textile du lin de la Nou- ( 543 ) velle-Zélande, matière qui n'existerait pas dans les filasses de chanvre et de lin préparées par le rouissage. On sait effectivement que l'on ne fait pas rouir lephormium pour en isoler les fibres : on a recours à un procédé mécanique, une sorte de peignage. Quoi qu'il en soit, le blanchiment, l'apprêt ne font pas perdre aux fils du phormiumla propriété de se colorer. Ainsi, une toile grossière , servant à la confection des chemises des forçats , et que l'on sa- vait renfermer du phormium, a été plongée dans l'acide nitrique; on vit alors tous les fils de trame prendre la couleur de sang, tandis que les fils de chaîne n'éprouvèrent aucune coloration. Ija toile, en sortant de la liqueur acide, présentait l'image d'un échiquier à cases rouges et blanches. » La Commission a cru devoir s'assurer si un blanchiment plus complet que celui que subit la toile employée dans les bagnes ne ferait pas dispa- raître le caractère qui fait si facilement distinguer le phormium du lin ou du chanvre. Un échantillon à fils mixtes a été lessivé avec une liqueur al- caline à 3 pour loo de soude caustique. Les premières lessives acquirent une teinte brune très-prononcée; le lessivage à chaud a été continué pen- dant deux jours: après cette opération , la toile mise dans l'acide s'est com- portée comme avant l'action de la lessive; les fils de trame se sont colorés en rouge. » Les essais comparatifs de M. Vincent se sont bornés aux trois matières textiles que nous avons mentionnées, par la raison que la constatation de la présence du phormium introduit frauduleusement dans les tissus acceptés par la marine était l'objet principal de ses recherches ; mais la Commis- sion devait examiner si d'autres fils que ceux extraits du phormium pos- sédaient la propriété découverte par M. Vincent. Son examen a porté sur les fibres ligueuses et corticales de deux espèces de cocotiers {Cocos nucijera et aurara); plusieurs espèces de Pandanus; plusieurs espèces de Cordjline; le Mauritiajlexuosa; plusieurs espèces à' Agave; le Phellandrium aquaticum ; plusieurs espèces de Cissus;\e Raphanus sativus ; l'Abaca de Manille; deux Postras du Brésil, etc. » Toutes ces fibres ligneuses ont pris des nuances rougeâtres au contact de l'acide nitrique; mais on a particulièrement examiné l'action de cet acide sur labaca et la pita de l'agave, qui sont des matières textiles très-appréciées dans les contrées qui les fournissent. " La pita , plongée dans l'acide nitrique , a pris une teinte rose pâle ; sur l'abaca, la teinte rose était un peu plus foncée que sur la pita; mais ces deux teintes n'étaient pas à comparer, sous le rapport de l'intensité, à la couleur rouge-sang que prend le phormium dans les mêmes circonstances. ( 544 ) " La Commission pense donc que, si, comme M. Vincent l'a constaté, I acide nitrique décèle le Phorminm tenax dans son mélange avec le chanvre ou le lin , il ne le caractérise cependant pas d'une manière absolue, puisque la fibre textile de plusieurs autres végétaux monocotylés et dicotylés pos- sède aussi, à différents degrés, la propriété de se colorer sous l'influence de cet acide. Mais le procédé de M. Vincent répond complètement aux be- soins de l'administration de la Marine, en donnant un moyen prompt et facile de s'assurer si un tissu ne renferme pas d'autres matières que le lin ou le chanvre. » Le travail de M. Vincent contient d'ailleurs des observations intéres- santes sur la préparation des substances textiles ; on y trouve en outre des expériences nombreuses sur l'action de plusieurs réactifs sur les mêmes sub- stances. La Commission a, en conséquence, l'honneur de vous proposer d'adresser des remercîments à M. Vincent pour son intéressante communi- cation. » IjBS conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOaiEVATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un membre qui occupera dans la Section de Mécanique la place laissée vacante par le décès de M. Gambej. Au premier tour de scrutin , le nombre des votants étant de 54, M. Breguet obtient. . . 20 suffrages. , M. Combes 17 M. Pecqueur 11 M. Clapeyron 6 Aucun des candidats n'ayant réuni la majorité des suffrages, on procède à un second tour de scrutin. Le nombre des votants restant le même, M. Combes obtient. . . 24 suffrages. M. Breguet 20 M. Pecqueur........ lo Aucun des candidats n'ayant encore obtenu la majorité, on passe à un scrutin de ballottage. ( 545 ) Le nombre des membres qui y prennent part étant de 53, M. Combes obtient. . . 29 suffrages. M. Breguet 23 Il y a un billet nul. M. Combes, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no- mination de la Commission qui présentera une question pour le grand prix des Sciences naturelles à décerner en i849- MM. Flourens, Serres, Miine Edwards, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire et Adolphe Brongniart réunisseat la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. OROGRAPHIE. — Note sur la couleur de la glace des glaciers, celle des eaux qui s'en écoulent et les caractères des stries burinées par eux ; par M. Ch. Martins. fe . (Commission nommée pour le Mémoire de M. Durocher.) « Dans la séance du i5 mars dernier l'Académie a reçu une commu- nication de M. Durocher, intitulée: £'^«(^e.y sur les glaciers du nord et du centre de l'Europe. Cette Note contient quelques assertions qu'il me paraît utile de rectifier. L'auteur a reconnu, dit-il (page 444)? " que l'interpo- » sition de l'eau entre les pores et les fissures de la glace grenue contribue » puissamment à y développer la belle couleur bleue que l'on y admire. » Depuis longtemps, en effet, M. Agassiz a prouvé que la glace bleue contient plus d'eau que la glace blanche ; mais la couleur bleue me paraît tenir plutôt à l'absence de l'air qu'à la présence de l'eau , car la glace blanche est infiltrée d'eau comme la glace bleue ; mais la glace blanche est entièrement remplie de bulles d'air spbériques. Dans la glace bleue , celles-ci sont remplacées par l'eau d'infiltration. M. Gélestin NicoUet l'a prouvé par des mesures directes, en montrant que 5oo grammes de glace bleue ne contiennent que o,5 cen- timètres cubes d'air, tandis que le même poids de glace blanche en contient 7,5 centimètres cubes; aussi, quand on regarde un fragment de glace mi- partie bleu et blanc, on voit que la partie blanche est remplie de bulles d'air, tandis que la partie bleue en est presque complètement dépourvue. C. R. , t847, I" Semestre. (T. XXIV, ti» 13.) 72 ( 546 ) De sou côté, M. Dollfus a montré que la pesanteur spécifique de la glace blanche est de 871; celle de la glace bleue, de 909, celle de l'eau étant de 1000 : résultat qui confirme le précédent. » M. Durocher affirme ensuite « que les eaux qui s'écoulent des champs » de neiges et des glaciers présentent une teinte bleu de ciel très-prononcée. », Lorsque, ajoute-t-il, les détritus mélangés à l'eau sont gris, ils ne produi- » sent d'autre effet que d'en pâlir la teinte bleue et la faire passer au bleu » sale. » Cette assertion me paraît très-hasardée , surtout lorsqu'on Inap- pliqué également aux eaux fournies par la foute des neiges et à celles qui proviennent de la fonte des glaciers. Les premières sont plus ou moins pures, mais de couleur variée, sans présenter néanmoins la limpidité d^ celle des sources. Ainsi le petit lac de Lioson, dans le canton de Vaud , alimenté par les neiges de la Tête-de-Moine , est du plus beau bleu d'azur. Ij» Bachalp-See, situé à a ayS mètres au-dessus de la mer, qui reçoit les eaux qui découlent des neiges du Faulhorn , est d'un vert jaunâtre. » Passons à l'examen des eaux qui sortent des glaciers : elles sont toujours chargées d'une notable proportion de limon, résultat de la pulvérisation des fragments de roche que le glacier broie dans sa progression incessante. Ainsi, de l'eau puisée à la surface de l'Aar, à quelques mètres du glacier du même nom, contient, d'après les expériences de M. Dollfus, 142 grammes de poudre impalpable par mètre cube d'eau. Il en est de même des torrents qui sortent des autres glaciers. Tous roulent des eaux troubles, grises, lai- teuses ou noires, suivant la nature de la roche pulvérisée. De là les dénomi- nations vulgaires de torrents, empruntées à la couleur de leurs eaux. L'EaU noire, qui se jette dans le Rhône près de Martigny, en Valais, vient desv glaciers de Trient et du Buet. Ija Lutschine blanche tire son origine des nom- breux glaciers qui occupent le fond de la vallée de Lauterbrunn, et la Luts- chine noire provient de ceux de la vallée de GrindeWald. Serait-il vrai , comme le dit M. Durocher (page 445), « que le limon des glaciers n'a d'autre » effet que de pâlir la teinte bleue et la faire passer au bleu sale? " Le géolo- gue suisse Ébel avait déjà émis cette idée il y a trente ans : « T/eau des » glaciers , dit-il (i), est d'un bleu blanchâtre, et les torrents qui en sortent » conservent cette couleur pendant plusieurs lieues, lorsque d'autres ruis- » seaux ne l'altèrent pas en se mêlant avec eux. » C'est , comme on le voit , la même opinion que M. Durocher a reproduite devant l'Académie. Néan- (i) Manuel du voyageur en Suisse; 3' édition, traduction française, tome II, page Sai j article Glaciers. . . ■ v,,ijiiii! ,H^Hii> ( 547 ) moins, je ne la crois pas fondée. Les eaux qui s'échappent des glaciers ne m'ont jamais paru bleues; c'est aussi l'avis de M. Agassiz, lorsqu'il dit, page 574 de son ouvrage sur les glaciers actuels, dont la publication aura lieu prochainement : « C'est ce limon qui donne à l'eau des glaciers la " teinte laiteuse qui les caractérise. » " Pour jeter quelque jour sur cette question, étudions maintenant la cou- leur de l'eau des glaciers à l'état de repos lorsqu'elle est accumulée en grandes niasses dans les lacs de la Suisse, f je lac de Genève, alimenté principalement par les eaux du Rhône qui proviennent de tous les glaciers du Valais , est , il est vrai, d'un bleu d'azur admirable; mais le lac de Brienz, qui reçoit exclu- sivement des eaux de glaciers, est d'une teinte vert pistache très-prononcée. Cette teinte est également frappante, lorsqu'on la considère du sommet du Faulhorn, c'est-à-dire à a lao mètres au-dessus de son niveau, ou de quel- ques mètres seulement au-dessus de sa surface. Nous avons constaté, pendant des semaines entières, M. Bravais et moi , que cette teinte ne variait que très- peu, suivant l'illumination. Ce qui achève de prouver décidément que ces teintes sont indépendantes de l'origine glaciérique des affluents, c'est que le lac de Thun recevant ses eaux du lac de Brienz, aVec lequel il communique à travers l'isthme d'Interlaken, est d'une couleur bleue qui égale quelquefois celle du lac de Genève. Le petit Gelmersee, alimenté par les glaciers du Gel- merhorn, est vert pistache comme le lac de Brienz. Je citerai encore le lac du Kloenthal dans le canton de Glarîs. « On le distingue à peine, dit M. Raoul- " Rochette, dans ses Lettres sur la Suisse, de la prairie qui l'encadre, car » ses eaux ont la couleur de l'herbe qui le borde. » Ce lac est alimenté par les glaciers du Glaernisch et les neiges fondantes du Pragel. Le petit lac qui avoisine l'hospice du Grimsel est d'une teinte sombre; d'autres .sont plus ou moins bleus: et cette variabilité de teinte prouve que le caractère assigné par Ebel et M. Durocher aux eaux des glaciers est sujet à des exceptions telle- ment nombreuses, qu'il perd toute valeur scientifique. " Etudions, pour achever la démonstration, la couleur des eaux des gla- ciers lorsqu'elles s'échappent, sous forme de rivières, des lacs dans lesquels elles ont déposé les impuretés dont elles étaient chargées. Rien n'égale l'azm- des eaux du Rhône sortant du lac de Genève; elles forment un contraste frappant avec les flots gris et limoneux de l'Arve, qui vient directement des glaciers de Chamonix. fiC seul exemple cité par M. Durocher est du même genre: il s'agit de l'Otta-Elv, rivière du Guldbrandsdal, vallée de la Norwége méridionale. Cette rivière traverse successivement quatre lacs avant de rece- voir l'affluent du Lougen-Elv. Il n'est donc pas étonnant que ses eaux, épu- / 72.. ( 548 ) rées en tiaversaut ces quatre bassins, constrasteut, par leur couleur bleue, avec les eaux du Lougen-Elv: c'est exactement le cas de l'Arve et du Rhôue à leur jonction au-dessous de Genève. Tous deux proviennent de glaciers; mais le Rhône, gris comme TArve en entrant dans le lac de Genève, est bleu en sortant, parce qu'il s'est dépouillé de ses impuretés. L'Arve reste trouble, parce que, dans son cours, elle ne traverse aucun lac. Voici un dernier fait qui prouve encore mieux que la couleur bleue n'est point inhé- rente à l'eau des glaciers. Au haut de la vallée de Kandersteg (canton de Berne), à I 568 mètres au-dessus de la mer, se trouve le petit lac d'Oeschinen; il est alimenté uniquement par les eaux qui tombent en nombreuses cascades des glaciers du Doldenhorn. Ce lac est d'un vert foncé. Son écoulement étant souterrain, les eaux passent à travers le sol comme à travers un filtre; elles sont limpides, transparentes, nullement bleues, d'une teinte sombre dans les endroits profonds, et rappellent, sous tous les points de vue, les eaux pures et incolores des cressonnières, et de ces petites rivières de Normandie habitées par des truites. On voit que, darts ce cas, des eaux fournies uni- quement par des glaciers, et après un trajet très-court, ne présentaient la teinte bleue ni à l'état de repos ni à l'état de mouvement. » {Suivent quelques considérations sur la distinction des stries engendrées soit par le frottement des glaciers, ou par le glissement des rochers les uns sur les autres.) PHYSIQUE. — Observations sur la quantité de chaleur annuellement emploj-ç'e à évaporer de l'eau à la surface du globe ^ et sur la puissance dynamique des eoMX courantes des co«' La quantité de chaleur que l'évaporation de toute cette eau soustrait à l'écorce marine ou continentale de la terre et transporte dans l'atmosphère, suffirait théoriquement à liquéfier une couche de glace à o degré qui envelop- perait le globe entier sur io'",70 d'épaisseur. En rapprochant ce résultat de ceux signalés par M./ Pouillet sur les effets de la chaleur solaire (r), on voit donc que Xévaporation emploie une quantité de chaleur à peu près égale au tiers de celle que le soleil envoie à la terre dans le même temps. « U est facile de voir que tout le combustible consommé en France pen- dant une année ne pourrait fondre qu'une croûte de glace couvrant l'étendue de notre pays et ayant o™,ooi7 d'épaisseur, c'est-à-dire les i6 dix-millièmes de l'épaisseur moyenne correspondante à la chaleur d'évaporation. n Si l'on traduit cette puissance calorifique en unités dynamiques, on voit que le travail employé en un an à répandre de la vapeur d'eau dans l'atmo- sphère équivaut, pour toute la terre, au moins à celui de 16214937 millions de chevaux- vapeur, ou par hectare, à celui de 3i8 chevaux-vapeur, ce travail étant exercé d'une manière continue aussi pendant une année. I-e dernier chiffre montre immédiatement combien les forces motrices utilisées, même dans les contrées industrielles où les machines ont le plus de développe- ment, forment une faible fraction de cette énorme puissance que la nature déploie silencieusement dans l'acte de la circulation de l'eau. " 1°. De la quantité de travail produite par la chute de l'eau, et par- ticulièrement par les eaux courantes des continents. — Dans la période descendante de la circulation, il y a à distinguer particulièrement: 1° la précipitation de l'eau de l'atmosphère, à l'état liquide ou à l'état solide; 2** le mouvement des eaux courantes sûr les continents , y compris celui des glaciers. » L'eau que les nuages nous envoient sous forme de pluie ou de neige ar- rive au bas de sa course avec une vitesse ordinairement très-faible, égale à celle qui serait due à une chute de quelques mètres seulement. La presque totalité de la force vive de cette eau est donc employée à produire des effets peu sensibles pour nous. " Il n'est pas possible d'arriver directement à la valeur de la force mo- trice des ruisseaux et des rivières qui arrosent un continent; mais en ayant recours à une formule où entrent la superficie de la contrée, sa hauteur moyenne au-dessus de l'Océan, le volume annuel d'eau météorique, et la (i) Comptes rendus de V Académie des Sciences, juillet i838. ( 55o ) fraction de ce volume total qui descend jusqu'à la mer sous forme de cour» d'eau, j'obtiens deux limites entre lesquelles doit être comprise la quantité de travail cherché. Pour l'Europe, ces deux limites seraient 278508974 et 364678620 chevaux-vapeur, fonctionnant sans cesse pendant l'espace d'une année. Ces quantités de travail correspondent par kilomètre carré à des moyennes de 25jo6 et de 36,o4 chevaux-vapeur agissant continuellement aussi pendant une année. " La limite supérieure de la force motrice des eaux courantes de l'Eu- rope est à la force motrice dépensée par l'évaporation à la surface de la terre, l'une et l'autre force étant rapportées au kilomètre carré, comme i est à 883. La puissance motrice des eaux courantes de toutes les terres conti- nentales ne doit pas dépasser y^'ôô ^" travail consacré à l'évaporation, ou environ 9 milliards de chevaux-vapeur. » CHIMIE. — Sur un procédé propre à déterminer, d'une manière rapide, la quantité d'azote contenue dans les substances organiques ; par M. EuG. Peligot. . (Renvoyé à l'examen de la Section d'Économie rurale.) « La connaissance de la quantité d'azote que renferment les matières or- ganiques est devenue tellement importante pour l'étude des questions rela- tives à la physiologie et à l'agriculture, qu'on me saura peut-être gré des tentatives que j'ai faites dans le but de déterminer cet élément par une mé- thode beaucoup plus rapide et plus simple que celles qui sont employées habituellement pour ce dosage. » Tous les chimistes savent combien ces méthodes laissent encore à dési- rer. Le procédé ordinaire, qui consiste à recueillir l'azote à l'état de gaz, ne donne des résultats exacts qu'autant que la combustion de la substance azotée s'opère avec une extrême lenteur, et que cette substance est elle- même ou très-facile à brûler, ou amenée à un grand état de division. Comme cette combustion exige l'emploi de tubes très-longs, qu'il faut tenir à une température élevée pendant plusieurs heures, elle devient d'une exécu- tion extrêmement fatigante pour l'opérateur, surtout lorsqu'il s'agit de recherches qui obligent à multiplier les dosages d'azote, comme cela arrive pour la plupart des travaux de physiologie et de chimie agricole. >i La méthode de MM. Will et Varrentrap , qui consiste à déterminer l'azoté sous forme de chlorure double de platine et d'ammoniaque, présente aussi plusieurs graves inconvénients. Si la combustion de la matière orga- nique en présence de la chaux sodée ou potassée se fait plus rapidement que ( 55i ) . par l'autre procédé, le dosage de l'ammoniaque fourni par cette combustion est une opération toujours longue, à cause de l'évaporation au bain-marie qu'il faut faire subir au sel de platine, de sa filtration, de son lavage, puis de sa dessiccation à une température déterminée. FjO poids réel du sel est, en outre, rendu incertain par suite des carbures liquides avec lesquels il se trouve souvent mélangé, carbures que l'éther et l'alcool ne sé- parent que difficilement. On sait, de plus, combien un composé pulvéru- lent, comme le chlorure double de platine et d'ammoniaque , absorbe rapide- ment une quantité plus ou moins grande d'humidité qu'il emprunte à l'air. ■> Le procédé dont je propose ladoption est une modification fort simple apportée à la méthode de MM. Will et Varrentrap, tellement simple que d'autres chimistes, et en particulier M. Baudrimont, ont pu songer déjà , sinon aux détails d'exécution, du moins au principe sur lequel il repose.'Làl.; combustion de la matière azotée s'exécute au pioyen du mélange ordlÈlàtré de chaux et de soude : l'ammoniaque, qui proyieni de cette décomposition , se condense dans le tube à boules des chimistes allemands. Mais ce tube, au lieu de contenir de l'acide chlorhydrique, contient un volume ou un poids déter- miné d'acide suljurique titré. Or, comme ratiTinqoniaque qui se Combine avec cet acide en abaisse le. titre, il devient facMfe,' eh déterminant, après que la combustion est terminée, la composition de cette liqueur et en comparant cette composition à celle qu'elle présentait auparavant, de connaître la quantité d'ammoniaque qu'elle a condensée, et, par conséquent, la quantité d'azote fournie par la matière qu'on a soumise à l'analyse. "Cette opération s'exécute ayec autant de rapidité que de précision à l'aide d'une dissolution alcaline également titrée. La liqueur alcaline dont je me sers préférablement à towte autre est une dissolution de chaux dans l'eau sucrée. On sait qu'en broyant de la chaux éteinte avec une dissolution du sucre , elle se dissout en beaucoup plus grande proportion que dans l'eau pure. Le succharate de chaux, qui prend naissance, offre la même réaction alcaline que si la base qu'il renferme se trouvait à l'état libre. Ce composé se conserve, sans s'altérer, dans des flacons abrités du contact de l'acide car- bonique de l'air; en présence de cet acide, il fournit du carbonate de chaux: mais, comme ce sel insoluble rend trouble la liqueur dans laquelle il se forme, il suffit de filtrer celle-ci, pour qu'elle puisse servir de nouveau à déterminer le titre de l'acide sulfurique employé pour ces dosapes d'azote. » Voici comment on procède à cette opération: la matière azotée étant mélangée, comme à l'ordinaire, avec la chaux sodée et introduite dans le tube à combustion qui est en verre peu fusible, et qui peut n'avoir que 60 à 70 centimètres de longueur, on adapte à ce tube l'appareil condenseur au ( 552 ) moyen d'un bouchon en caoutchouc, dont l'emploi convient très-bien pour éviter toute condensation d'ammoniaque. Dans cet appareil condenseur, on a introduit lo centimètres cubes d'acide sulfurique titré, exactement mesurés avec une pipette étroite et graduée. L'acide que j'emploie contient 6i^',25o d'acide bouilli (SO', HO) par litre d'eau: joo centimètres cubes de cette liqueur correspondent, par conséquent, à 2^%i2. d'ammoniaque ou bien à 1^'^,'jS d'azote. » La combustion est con(!uite comme à l'ordinaire ; elle est terminée quand la matière est devenue blanche, et que le dégagement des produits gazeux a cessé ; à la fin de l'opération , ou déplace ceux que le tube contient encore , eu y faisant passer un courant d'air. >i On verse l'acide titré, qui a condensé l'ammoniaque, dans un verre à pied, on lave avec soin l'appareil qui le contenait, puis on donne à cette liqueur, étendue de beaucoup d'eau, une coloration en rouge par l'addition de quelques gouttes de teinture de tournesol. Au moyen de la dissolution de succharate de chaux, qui se trouVe contenue dans une burette graduée en centimètres cubes et en dixièmes de centimètres cubes, on sature exac- tement la liqueur acide, en prenant pour guide la coloration en bleu qui se développe tout à coup dans la liqueur, au moment où le point de saturation se trouve atteint. On lit, sur les divisions de la burette, la quantité de liqueur alcaline qu'il a fallu employer pour produire cet effet. Comme on a déter- miné, par un essai préalable, la quantité de succharate de chaux qui sature lo centimètres cubes du même acide sulfurique titré neuf, pris à l'état nor- mal, en soustrayant de cette quantité celle qu'on vient de trouver pour l'acide qui a reçu l'ammoniaque de la substance azotée, on obtient le volume de la dissolution acide qui a été saturée par cet ammoniaque, et, par suite, le poids de l'azote que ce corps contient. . » Je citerai , comme exemple de l'emploi de cette méthode, dont j'ai con- staté l'exactitude en opérant sur beaucoup de corps azotés, la détermination de l'azote de l'oxamide. 1) On a brûlé oS'",4'7 de cette substance. » lo centimètres cubes d'acide sulfurique titré normal saturent 33,5 divi- sions de la burette contenant la dissolution alcaline de succharate de chaux. » ro centimètres cubes du même acide ne saturent plus, après la com- bustion, que 8,5 divisions de cette même liqueur alcaline. n En retranchant de 33,5 divisions 8,5, on a 25 divisions de liqueur alca- line, qui représentent la quantité d'acide saturé par l'ammoniaque provenant de la matière analysée. Cette dernière quantité, qu'on trouve par une proportion, est de 7'=",46. ( 553 ) ■ " Or, comme lo centimètres cubée d'acide titré correspondent à 08^,175 d'azote, 7*"',46 du même acide correspondent à o^^iSo d'azote contenu dans 0,417 d'oxamide. On trouve, par conséquent, que 100 de cette matière con- tiennent 3 1, 3 d'azote. » Le calcul donne 31,7. . -, " En procédant comme je viens de l'indiquer, un dosage d'azote peut s'exécuter en une demi-heure au plus, avec une exactitude au moins égale à celle qu'on obtient parles méthodes connues. On sait que, par ces méthodes , cette même opération dure au moins trois heures. » J'ai constaté que des matières ne contenant que peu d'azote, comme le froment, la terre végétale, la poudrette, peuvent également être analysées de cette manière, pourvu qu'on prenne une quantité suffisante de ces sub- stances. Je crois que ce procédé sera fort utile aux chimistes, et en particu- lier à ceux qui s'occupent de physiologie végétale et animale, en permettant de multiplier, sans fatigue et presque sans frais, des dosages qui n'ont ordi- nairement de valeur pour les résultats qu'on en déduit, qu'autant qu'ils sont comparatifs et, par suite, très-nombreux. >' CHIMIE. — Recherches relatives à Faction du mélange d'acide suljurique et d'acide nitrique fumant, sur quelques substances organiques; par M. Auguste Cahours. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Balard.) « Les expériences si curieuses de M. Pelouze sur la pyroxyline, obtenue par l'action d'un mélange d'acide sulfurique et d'acide nitrique fumant sur les matières ligneuses , ainsi que la facile production du benzène binitrique observée par Hoffmann au moyen d'un semblable mélange, m'ont engagé à soumettre au même traitement le salycilate de méthylène et l'acide salyci- lique, ainsi que diverses combinaisons appartenant aux séries benzoïque, anisique, cuminique, etc., dans l'espoir de donner naissance à de nouveaux composés ; mon attente n'a point été déçue, comme on pourra en juger. ■ » Lorsqu'on laisse tomber du salycilate de méthylène goutte à goutte dans un mélange formé de parties égales en poids d'acide sulfurique de Nordhausen et d'acide nitrique fumant, en ayant soin de refroidir le vase qui contient le mélange par des affusions d'eau froide , on obtient un liquide d'un jaune orangé d'une transparence parfaite. Si Ton étend alors la liqueur acide de huit à dix fois son volume d'eau, il se sépare une matière d'un jaune clair pesante, que l'eau dissout à peine, même à chaud, mais susceptible de se dissoudre dans l'alcool et l'éther, d'où elle se sépare sous forme d'écaillés C. R , 1847, i«r&niej«re.(T.XXlV,Noi5.) 73 ( 55/, ) cristallines d'un blanc légèrement jaunâtre. Ce produit donne à l'analyse des nonibres qui conduisent exactement à la formule C'est donc du salycilate de méthylène, dans lequel i équivalents d'hydrogène se trouvent remplacés par 2 équivalents de vapeur hypoazotique. Par une action plus prolongée , on obtient un second produit qui se laisse représenter par la formule ■„,: , -, c^H^O' '■. / / , : . •■ (Az'O')'' ' Traites par la potasse, ces deux produits se décomposent en une substance isomérique avec l'acide picrique , mais qui en diffère entièrement par l'en- semble de ses propriétés. » L'acide anisique présentant une isomérie complète avec le salycilate de méthylène, j'ai dû nécessairement rechercher l'action qu'exercerait sur lui la liqueur sulfuronitrique. J'avais obtenu précédemment, par l'acide nitrique seul, l'acide nitranisique isomère de l'indigotate de méthylène; avec la li- queur sulfuronitrique, il se produit un acide anisique trinitrique - C"H'°0« isomère du salycilate de méthylène trinitrique, susceptible de former, avec les bases alcalines, et notamment avec la potasse et l'ammoniaque, des sels d'une grande beauté. » En traitant l'acide benzoïque à une douce chaleur par un mélange d'a- cide sulfurique et d'acide nitrique dont le poids doit être au moins douze à quinze fois égal au sien, j'ai obtenu une matière parfaitement cristallisée, à laquelle l'analyse assigne la formule C"H*0' (Az'O')'' C'est donc l'acide benzoïque binitrique. ■ » L'acide cuminique, traité par l'acide nitrique fumant, échange i équi- valent d'hydrogène contre i équivalent de vapeur hypoazotique, et donne ainsi naissance à l'acide nitrocuminique - . • » Si, au lieu d'employer l'acide nitrique seul, on fait usage de la liqueur sulfuronitrique, l'acide cuminique perd 2 équivalents d'hydrogène, qu'il ( 555 ) échange contre i équivalents de vapeur nitrense, eu produisant l'acide cu- minique binitriquc C"H»0* (Az'O*)'* :...:• » L'acide salycilique, traité par la liqueur sulfuronitrique, donne d'abord de l'acide indigotique (nitrosalycilique), si l'on a soin de bien refroidir; mais si l'on élève la température, une réaction violente s'établit, et l'on obtient finalement de l'acide carbazotique (nitrophénisique). Dans cette transfor- mation de l'acide indigotique en acide carbazotique, on observe un déga- gement d'acide carbonique, » Si, au lieu d'employer l'acide nitrique seul, on opère avec la liqueur sulfuronitrique, on peut transformer, en quelques minutes, le benzoène de iM. Deville C'H'* en binitrobenzoène .... C'»H" que ce chimiste avait antérieurement obtenue en faisant usage d'acide nitrique seul en grand excès et par une ébuUition longtemps prolongée. » liOrsque l'on traite le mésitylène par la liqueur sulfuronitrique , le mési- tylène donne instantanément, et sans que la température s'élève, une sub- stance cristalline susceptible de se sublimer à une douce chaleur, sous la forme d'aiguilles déliées d'une blancheur éclatante. Ce produit a pour for- mule C'=H' Az'O*' " Le mésitylène étant représenté par la formule on voit que le produit précédent en dérive par la substitution de i équivalent de vapeur hypoazotique à i équivalent d'hydrogène. n La liqueur sulfuronitrique agit donc sur la plupart des substances orga- niques, en donnant naissance à des composés bien définis, et renfermant plus de vapeur hypoazotique que lorsqu'on emploie l'acide nitrique seul. " Dans les divers composés dont je me suis occupé, l'introduction d'une molécule d'azote a constamment été accompagnée de l'élimination d'une mo- lécule d'hydrogène, vj' -.'V ; - i> (; i '■ ! ' • ■ )i De quelle manière agit maintenant l'acide sulfurique dans le mélange précédent? Est-ce en s'emparant de l'eau que pourrait retenir la matière prganique? Mais les phénomènes sont les mêmes, soit qu'on opère sur des 73.. ( 556 ) produits de composition ternaire contenant de l'eau de cristallisation ou de combinaison, tels que le ligneux, l'amidon, le sucre, la dextrine, etc., soit qu'où agisse sur des carbures d'hydrogène, tels que le benzène, le benzoène, le naphtalène, etc. Est-ce à l'état d'acide azotique que l'azote se trouve fixé, ou bien à l'état de vapeur hypoazotique Az*0*? Il me paraît bien probable que c'est sous cette dernière forme que doit entrer l'azote: du moins dans le cas où l'on agit sur des carbures d'hydrogène, on ne saurait faire d'autre hypothèse. En effet, si l'on met de l'acide azotique en présence d'un carbure d'hydrogène - C^H", on obtient toujours des produits dérivés de la forme C'"H"-=Az'0\ C^H'-'^Aï'O*)', C°'H'>-«(Az'0«)S etc. Or le nitrobenzène. . . . . , . . . C"fl"'Az'0' le nitrobenzoène C"H"'Az'0' le nitronaphtalène C"H"Az'0* etc. etc. ne peuvent évidemment renfermer d'acide azotique AzO'. Mais si, dans la réaction de l'acide azotique sur la matière organique, il y a substitution de la molécule Az^'O* à une molécule d'hydrogène, il y a nécessairement for- mation d'eau; ainsi ■ '' "*"■'' C-'H" -I- Az'O» = C°'H»-'Az'0' + H'O. Cette eau, résultant de l'action de l'acide sur la matière organique , plus celle qui provient de la portion d'acide décomposé, s'ajoute donc à celle de l'acide azotique restant, et tend à l'affaiblir: l'acide sulfurique concentré, qu'on ajoute à l'acide azotique, ne servirait-il pas à retenir cette eau; de telle sorte que, s'opposant à l'hydratation de la partie non employée, il permette à celle-ci de réagir à son tour sur le premier produit formé, et de donner ainsi naissance à une nouvelle substance dérivée par substitution? Telle est l'opi- nion que je livre à la discussion, relativement au rôle que joue l'acide sulfu- rique dans ces phénomènes. » On voit donc que la liqueur sulfuronitrique est un réactif d'un emploi précieux , lorsqu'on veut fixer de la vapeur hypoazotique dans une matière organique. Asonaide,on a pu, dans ces derniers temps, donner naissance à de curieuses combinaisons qui, soigneusement étudiées, pourront conduire à des résultats importants, tant au point de vue de la théorie que dans la pra- tique. Au moyen de ce réactif, j'ai pu me procurer de nouvelles combinai- sons dérivées de quelques séries dont je me suis occupé à plusieurs reprises, et notamment de celles du salycile et de l'anisyle; j'ai pu combler ainsi quel- ( 557 ) ques lacunes que l'emploi de l'acide nitrique seul ne m'avait pas permis de remplir. Je m'occupe de la continuation de ces recherches, en appliquant l'emploi de ce réactif à d'autres séries bien déterminées. n J'ajouterai, en terminant, que le cuméne, traité par l'acide nitrique fumant, donne du nitrocumène, et qu'il fournit du binitrocumène lorsqu'on le traite par la Hqueur sulfuronitrique. En faisant agir sur ces deux produits du sulfhydrate d'ammoniaque, je me suis procuré deux nouveaux alcalis, que je désignerai sous les noms de cuinine et de nitrocumine, susceptibles de former, avec les acides , des sels qui cristallisent avec une grande facilité. « PHYSIQUE. — Description d'un appareil destiné à donner directement la vitesse de propagation de l'électricité ; par M. Silbermaivn. (Commissaires, MM. Arago, Becquerel, Pouillet.) Le Rapport devant être fait très-prochainement, nous nous bornerons à l'indication du titre de ce Mémoire. MÉGANIQUE CÉLESTE. — Nouvelles recherches sur les variations séculaires des comètes dues à la résistance de l'éther; par M. Banct. (Commission précédemment nommée.) PHYSIOLOGIE. — Effets de l'inhalation de l'éther chez des malades soumis à diverses opéiations chirurgicales (premier et deuxième Mémoire); par M. Alibran. - (Commission de l'éther.) ' .,. ; M. PujADE soumet au jugement de l'Académie deux Mémoires ayant pour titre, l'un : Innovations notables introduites dans la thérapeutique des eaux thermales sulfureuses ; l'autre : Faits cliniques recueillis à l'établissement thermal d'Jmélie-les- Bains, établissement fondé par M. Pujade. (Commissaires, MM. Gay-Lussac, Arago, Rayer, Lallemand.) M. GinoT adresse une nouvelle rédaction de ses recherches sur les courbes algébriques , en demandant que ce Mémoire soit substitué au premier, sur lequel il n'a pas encore été fait de Rapport. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. BuRANowsKi soumet au jugement de l'Académie un appareil de son in- vention qui a pour but d'abréger l'opération de la multiplication et d'en écarter les chances d'erreurs. . : ( 558 ) M. Btiranovvski fait remarquer que cet appareil est principalement appli- cable dans les cas où le multiplicateur est connu d'avance, comme cela a lieu pour les tarifs des douanes et ceux des chemins de fer, pour les cours de fonds publics, taux d'intérêt ou changes dans les maisons de banque. (Commissaires, MM. Cauchy, Binet.) M. Landouzy, qui à précédemment présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie son Traité de l'Ifystérie, advesse aujourd'hui, con- formément à une disposition prise par l'Académie à l'occasion des pièces admises à ce concours, une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son ouvrage. M. LoNDE adresse, dans le même but, une Note concernant les parties de ses Nouveaux Eléments d'hjgiène, sur lesquelles il désire appeler plus spé- cialement l'attention de la Commission. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPOi\DAi\CE. 'M. le MiMSTRE DE LA GuERRE rappelle à l'Académie qu'il l'a invitée pré- cédemment à lui désigner un candidat pour coordonner les documents laissés par feu M. Aimé, membre de la Conmiission scientifique de l'Algérie. La publication des travaux de la Commission se poursuivant avec activité, M. le Ministre prie l'Académie de vouloir bien lui faire parvenir le plus prompte- ment possible le Rapport des Commissaires qu'elle a chargés de s'occuper de cette désignation. Lettre de M. François Delcssert à M. le Président. «' Mon frère , M. Benjamin Delessert, m'a légué ses collections botaniques, ses herbiers et sa bibliothèque. >' Je regarde comme un de mes premiers devoirs, envers sa mémoire vénérée, de continuer, autant qu'il pourra dépendre de moi, ses généreuses intentionsenvers les sciences, en facilitant les recherches des savants et des amateurs qui désirent visiter ces galeries. » .Je viens donc vous prier, monsieur le Président, de vouloir bien, si vous le jugez convenable, annoncera l'Académie des Sciences que les col- lections de mon frère seront de nouveau ouvertes après la semaine de Pâques, comme elles l'ont été jusqu'à présent, et que M. Lasègue continuera ( 559) à donner, aux savants qui désireront y travailler, toutes les facilités qui leur ont été accordées précédemment. Il me sera doux de penser que cette nou- velle pourra être agréable à l'Académie des Sciences, en reportant encore ses pensées sur la mémoire d'un de ses anciens membres , auquel elle avait accordé, au mois de décembre dernier, un hommage d'intérêt dont il a été bien touché. \^ . ... i ,.,.,. » Mon frère, M. Gabriel Delessort, auquel notre frère a légué ses collec- tions de coquilles et de minéralogie, me charge de vous prier, monsieur le Président, de faire, en ce qui concerne ces dernières collections, dont M. le docteur Chenu reste le conservateur, une communication pareille à la mienne , s'unissant à toutes mes pensées pour ce qui regarde ce legs de notre frère. >> , . _ ,^,^ . . . .. ,,, M. Pelioot prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section d'Économie rurale, et indique, parmi ses différentes publications, celles qui se rattachent plus particulièrement aux travaux propres à la Section. (Renvoi à la Section d'Économie rurale.) BOTANIQUE. — Observations sur quelques faits relatifs à la végétation ; par M. J. Persoz. " Pendant les années i838, iSSg et i84o, habitant une campagne à vingt minutes de Strasbourg, je consacrais tous mes moments de loisir à des expériences sur la végétation, ainsi qui'à la culture de quelques fleurs et spécialement des dahlias. Après bien des essais, dont je crois inutile de parler ici, j'étais parvenu, au moyen d'un composte formé de chaux épuisée par les tanneurs, de résidus de cendres, de cendres même, d'une certaine (juantité de terreau et de sang de bœuf desséché, à donner aux fleurs que je cultivais une force de végétation et un éclat de nuances qui en faisaient en quelque sorte de nouvelles variétés, qui disparaissaient bientôt, dès que l'influence du composte ci-dessus indiqué cessait de se faire sentir. " Rentré en ville, je tins à continuer mes expériences; mais n'ayant plus alors à ma disposition qu'un jardin de quelques mètres carrés, je ne pus opérer que sur quelques pieds de vigne et sur des hortensias. Voici le résul- tat de quelques expériences qui me paraissent offrir un certain intérêt. " Traitement des hortensias. — En i843 , je fis mettre dans une rondelle «n terre de bruyère, et située à l'ombre, dix pieds d'hortensia. Durant cette année, leur végétation n'offrit rien de remarquable, et ils ne fleurirent que ( 56o ) l'année suivante. En i844) à l'automne, on transporta ces divers pieds, savoir : » Cinq dans des pots de o"',25 de haut et d'un diamètre de o™,3o, garnis de terre de bruyère ; " Cinq dans une caisse de i"',8i de long, o™,25 de haut et o°',26 de large, remplie de terre ordinaire, mais dans laquelle j'avais introduit un mélange composé de 3 kilogrammes d'os calcinés au noir, i'',5o d'acide nitrique du commerce et o'',5oo de phosphate potassique, se résumant en nitrates et phosphates potassiques et calciques. La caisse , adossée au mur de ma maison, du côté du nord, ne recevait que les rayons du soleil couchant. r^es cinq pots, quoique placés dans une position analogue, étaient cependant plus longtemps éclairés par le soleil. » Dès le commencement du mois de juin i845, on constatait déjà une différence très-grande dans la végétation de ces plantes, et, vers l'époque de l'épanouissement des fleurs (20 août), elle était si frappante, que M. Schattenmann , qui vint me voir à cette époque, en fut frappé. >' En 1846, le développement des pieds d'hortensia, soumis à l'influence des phosphates et des nitrates, fut prodigieux, comparativement à celui des pieds qui avçiient végété dans la terre de bruyère et qui étaient d'égale force deux années auparavant. Il me suffira de dire que, sur les cinq pieds réunis dans la même caisse, on ne comptait pas moins de deux cent soixante- dix-huit pousses de l'année, dont la majeure partie atteignait o™,8o de long; chacune de ces pousses était chargée de plusieurs ombelles, dont quelques- unes n'avaient pas moins de 20 à 25 centimètres de diamètre. Les feuilles aussi indiquaient une végétation vigoureuse : elles étaient d'un vert foncé , charnues , et de dimension un tiers de fois plus forte que celles des sujets qui me servaient de terme de comparaison. » Des boutures de l'année précédente, plantées au printemps de 1846, les unes dans de la terre de bruyère, les autres dans de la terre ordinaire, chargée d'un mélange de phosphate et de nitrate calcique et potassique, présentent, à l'heure quil est, des différences non moins frappantes. )i Traitement de la vigne. — A l'automne de l'année 1842, je plantai, à environ 2 mètres de distance, deux boutures de chasselas qu'on tailla très-court durant les deux premières années, pour donner plus de force au pied; au bout de la deuxième année, ils avaient l'un et l'autre une végéta- tion également bien déterminée. Je soumis alors l'un d'eux au traitement que voici: je mis à son pied, mais à une certaine distance des racines, o^S de siUcate potassique, et i^S de phosphate calcicopotassique , mélangés ( 56i ) à un poids égal de sang desséché et d'excréments d'oies soumises à l'en- grais (i). a été de io™,97; et sur neuf jets, je récoltai vingt-cinq grappes, à grains gros et serrés. La pousse de l'autre pied de vigne n'a été que de 4'")6, et deux ou trois fleurs qu'elle portait ont avorté. Il sera intéressant de voir jusqu'à quelle limite s'étendra l'action des phos- phates sur le pied de vigne en traitement. » D'après ces expériences, faites sur des plantes aussi éloignées que la vigne et Thortensia, on comprend l'influence que les sels que nous avons employés peuvent exercer sur la végétation, et , par suite , la nécessité d'être fixé sur l'action de certains corps envisagés à ce point de vue. » Jusqu'ici, la méthode d'expérimentation qu'on a suivie, a eu pour con- séquence les résultats les plus contradictoires, et souvent les plus opposés à ce qui a lieu dans la nature. Je n'en citerai que quelques exemples. On a vu dernièrement des expérimentateurs soutenir, les uns qne les sels ammonia- caux ont pour effet de tuer les plantes; les autres, au contraire , que. ces sels contribuent à leur développement. Il est un fait certain, c'est que si l'on verse quelque peu d'une dissolution d'acétate^ de sulfate, de chlorure ou de carbonate ammoniques, au pied d'une plante du genre T^iola, d'une pensée par exemple, en quelques heures et souvent même en moins de temps, on la voit dépérir. Un Cobea scandens , ive?,-\'\^pnvèviyi , a péri aussi prompte- ment pour avoir été arrosé, au pied, d'une certaine quantité d'acétate am- monique. Cependant on sait parfaitement que ces plantes, surtout les pre- mières, affectionnent l'engrais. ',' ' » J'ai vu un pied de vigne très-fort et très-sain, au pied duquel on ver- sait assez fréquemment de l'urine , périr dans l'espace de deux mois. Fau- drait-il conclure de cette observation , que les matières animales sont con- traires à la vigne? Ce serait une grave erreur; ne sait-on pas, au contraire, qu'il n'y a pas d'engrais plus énergique et plus durable pour la vigne, que la peau, les os et les matières cornées des animaux? (i) Ces excréments renferment encore beaucoup de fécule et de corps gras. C. K., 1347, 1" Semestre. (T XXIV, V° 15.) 74 ( 56a ) " Il e.'.t évident, d'après les expériences que nous avons faites sur les hor- tensias, que ces plantes prospèrent étant en contact avec des doses assez fortes do phosphate et de nitrate calciques; et cependant , au mois de juillet dernier, nous avons fait périr en trois jours un hortensia, pour avoir jeté sur ses racines un mélange de phosphate et de nitrate , composé dans les mêmes proportions que celui auquel nous avions dû le développement re- marquable dont nous avons parjé plus haut, en l'employant à une autre époque. - - ', >i Que les agronomes et les chinajsles Consultent les expériences de Th. de Saussure touchant l'action qu'exercent un grand nombre de so- lutions salines ou autres, sur les plantes en général, et ils se trouveront na- turellement conduits à cette conséquence, que beaucoup de sels, ainsi que le sucre et la gomme, font périr les plantés; cependant nous nous sommes convaincu , par des observations qui nous sont particulières, et que nous pu- blierons plus tard, que ces agents, au lieu d'être toxiques, peuvent jouer au contraire, à l'égard des végétaux, dans des conditions données, le rôle de corps nutritifs. •> Comment douter que tous ces faits contradictoires ne tiennent au mode d'expérimentation, et à ce qu'on ne s'est pas assez attaché à découvrir les fonctions qu'ont à remplir les divers agents qui peuvent concourir à la vé-r gétation? . » Quelle conclusion tirer d'expériences faites en vue de découvrir l'ac- tion d'une substance soluble sur une plante, soit en cherchant à faire vé- géter celle-ci dans la dissolution dont on veut connaître l'effet, soit en em- ployant cette même dissolution pour arroser la plante? Aucune assurément, puisque, dans l'un et dans l'autre cas, on lui donne une véritable indigestion dont elle est appelée à périr. >. En Suisse, ce pays classique des engrais liquides, ce n'est qu'après les pluies , et lorsque la terre est bien imprégnée d'humidité , qu'on répand ces engrais , dont l'action sur les plantes est alors infiniment moins directe. Ainsi donc, pour décider de l'efficacité ou de l'inefficacité d'une substance sur une plante, faut-il connaître préalablement le mode d'après lequel on doit l'employer. Or ce mode ne peut se déduire que du rôle même que la sub- stance est appelée à jouer, et c'est à ce genre d'étude que nous nous livrons en ce moment. " M. Pkrsoz, en adressant un paquet cacheté, y joint la Lettre suivante : « Désirant déterminer le rôle des agents qui concourent directement ou indirectement à l'accroissement des végétaux, j'ai dû, après avoir examiné sous ce point de vue l'eau et l'acide carbonique, m'occuper de l'action ( 563 ) qu'exercent sur les plantes l'ammoniaque et l'acide nitrique, dont la relation ne peut être contestée depuis la publication déjà ancienne des traviiux des phlogistiqueurs (i), dont M. Kuhlmann a récemment confirmé l'exactitude. Arrivé, dans mes recherches, à la formation d'un produit qui me paraît nou- veau et digne d'une étude approfondie, je prie l'Académie de vouloir bien recevoir en dépôt le paquet cacheté ci-joint, en même temps que cette fjettre. Il renferme une Note sur les principes qui m'ont servi de point de départ, et sur les circonstances mêmes de la formation du composé dont je parle. » , ASTRONOMIE. — Note sur la comète de M. Hind; par M. Yvoiv Villarceau. « L'intérêt que présente l'observation d'une comète qui s'approche beau- coup du soleil m'a engagé à calculer une autre orbite de la nouvelle comète, au moyen d'observations qui vont jusqu'au ^[^ mars 1 847- Ainsi que je l'avais dit dans une précédente communication, la durée de la révolution que j'ai présentée pouvait être considérablement modifiée. Effectivement, les obser- vations récentes ne peuvent être représentées qu'avec des éléments sensible- ment paraboliques. En me servant de l'observation du lo février, de M. Hind, et de deux observations faites les 24 février et i4 mars à l'Obser- vatoire de Paris, j'ai obtenu les éléments paraboliques suivants: Longitude du nœud ascendant 2i"'5o'4i" ) Équinoxe moyen du Longitude du périhélie a'jô" la'ai" S o février 1847. Inclinaison 48° 4°' • " Distance périhélie o ,042 oi44 Passage au périhélie 3o,285o, mars 1847, '• "»• deParis. Mouvement Direct. Les deux observations de Paris, ci-dessus, ont donné, pour positions de la comète, [t 2442373 février, t. m. de Paris. a = 345» 54' 38", i D = 58» 12' i5",3 1434402 mars a= i"n'4i",7 D = 37° 34' 22", 3 " Les observations employées sont représentées sans autres eireurs sen- sibles que celles relatives aiix latitudes, le 10 et le 24 février, et qui s'élèvent à près de 11". , , , '• Quelque imparfaits que soient encore ces éléments, je m'en suis servi, pour calculer les positions apparentes de la comète, dans le voisinage des (i) Voir, entre autres, le Mémoire de Milner lu à la Société royale de Londres, le 2 juillet 1789. ( Observations sur la Physique, etc. , tome XXXVI, part, i, 1790, mars; pages 17 1 « 179-) 74.. ( 564 ) points où elle traverse l'écliptique au nœud descendant d'abord, puis ensuite au nœud ascendant. J en ai déduit les positions à l'instant du passage au mé- ridien de Paris, pour les 3o , 3i mars et i*"' avril, afin qu'on puisse tenter d'observer la comète aux instruments méridiens. Enfin, j'ai suivi sa marche dans le ciel jusqu'au i5 mai, époque à laquelle sa distance à la terre sera en- viron égale à deux fois un quart la moyenne distance de la terre au soleil. » Les résultats du calcul sont consignés dans le tableau suivant : Positions apparentes. Joues. LATITUDE géocentrique de la comète. EXCÈS de la longitude de la comète surcelledu soleil. DISTANCE angulaire au bord du soleil le plus voisin. ASCENSION DROITE de la comète. DÉCLINAISON de la comète. 29 mars h 10 + 0.49. 0 0 1 II — 0.24.45 0 / // 0.38.51 b m s 0 / // 12 + o.3i .29 — 0.35.47 0.3I.38 , i4 + 0. i4-oo — 0.46.28 o.32.3o i6 — 0. 3.23 — o.56.5i 0 4» -55 0.29. 3,4 +3. 4-44 18 — 0.20. 3 I — I. 6.41 0 53.45 0.29. 12,5 2.47. 4 20 — 0.37. i4 — I.I5.53 1. 8.29 0.39.23,3 2 . 3o . 2 22 — 0.53.14 — 1 . 24 . 0 1 .23.25 0.29.36,8 2.14. 5 3o 0 - I. 8.11 — 1.30.48 1 .37.31 0.29.53,5 1.59.36 2 — I . 2 I . 36 — 1.35.56 1.49.54 o.3o.i4,i '•47-17 4 - 1.32.58 — 1.38.53 I. 59.41 0 . 3o . 39 , I 1 .37.32 6 - ..41.45 — 1.39. 21 2. 6.10 o.3i . 9,5 i.3i.i3 8 — 1.47.36 - ..37 i5 2.9.0 o.3i.44»7 1.28.37 3o 18 — 1.38.42 — 0.57.59 1.38.26 0 35.25,5 2. 1.58 3i 0 — 1. 17.17 — 0.25.42 I . 5 . 25 0.37.45,2 2.40. 10 3i 6 — 0.52.32 + 0. 6.21 0.36.53 0.39.58,7 3.21.18 12 — 0.26.58 + 0.36.56 0 . 29 . 42 0.42. 5,9 4. 2.35 18 — 0. I . 34 + I. 5.42 0.49.41 0.44. 6,8 4.43. 0 1 avril 0 4- 0.23. 17 -)- 1 . 32 . 43 1.19.34 0.46. 2,3 5.22. 12 6 + 0.47.25 + 1.58. 10 i.5i.i8 0.47.53,4 6. 0. 5 ( 565 ) Positions apparentes au moment du passage au méridien de Paris. 30 mars 3 1 mars I avril m 0.29.53,6' 0.37.47,0 o . 46 . 5,2 D= + 1.59.30 4- 2.40.42 + 5.33. 1 1 Positions vraies à 8 heures temps moyen de Paris. Avril Mai 5 B. = I . 12. ig,8 i5 25 I .55.33,1 2.29.16,7 5 2.58.34,8 i5 3.24.52,3 D=: i4. 5.i3 25.49.48 32.48.32 37-38. 3 4i . i3. i5 >• Si l'on regarde comme suffisamment approchés, les éléments qui ont servi de base à nos calculs, on conclura des chiffres qui précèdent, que le passage de la comète sur le disque du soleil ne pourra avoir lieu, et que la plus courte distance à laquelle elle s'approchera de son bord est d'environ 3o' ou égale au diamètre du soleil, dans les deux cas. Les époques de ces plus courtes distances seraient le 29 mars vers minuit et le 3i à pareille heure. La parallaxe n'aurait d'ailleurs aucune influence pour modifier ces résul- tats, puisquelle diffère à peine de i " de celle du soleil, soit en plus, soit en moins. , » Les positions, calculées de dix en dix jours, montrent que la comète tra- versera la constellation des Poissons , s'approchei-a des étoiles j3 et a du Bélier, et s'éloignera ensuite dans la direction qui va de ces étoiles à Algol. La comète pourra donc être observée, après le coucher du soleil, pendant uu mois environ. » , ., CHIMIE. — Réponse à une réclamation de M. Wurtz relative à l'acide suljoxiphosphovinique et à ses composés; Lettre de M. Gloez. « La Note que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie, dans son avant -dernière séance, a été le sujet d'une réclamation de la part de M. Wurtz. Je n'ai nullement l'intention de contester à ce chimiste la priorité de la découverte des sulfoxiphosphates, bien que j'aie obtenu ces sels, il y ( 566 ) a environ quinze mois, au laboratoire de M. Regnault à l'École Poly- technique. » La publication des premiers résultats auxquels j'étais parvenu , a été retardée par l'étude de nouveaux composés qui se forment quand on traite le chlorosulfure de phosphore par l'alcool , l'esprit-de-bois et les dissolutions alcooliques de bases alcalines. » La partie imprimée du travail de M. Wurtz m'a fait supposer qu'il n'avait pas entrevu l'existence de la nouvelle série de corps dont ma Note a été l'objet, et c'est pour ne pas perdre entièrement le fruit de recherches longues et pénibles, que j'ai cru devoir la communiquer à l'Académie. J'ignore depuis combien de temps M. Wurtz s'occupe du même sujet que moi; je puis invoquer le témoignage de M. Cahours, pour l'époque à laquelle mes premiers essais ont eu lieu. Mon savant maître, M. Chevreul, a eu également connaissance, au mois de mai dernier, du sujet de mes re- cherches, que je faisais alors en commun avec M. Bouquet. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — M. Berthault adresse la description et la figure d'un appareil mis en jeu par la détonation de la pyroxjline , de la poudre à canon et autres composés julminants. M. Leps, lieutenant de vaisseau, commandant le bâtiment à vapeur le Vautour, annonce que, dans la nuit du i5 au 16 mai, son bâtiment, qui se rendait de Bone à Alger, s'est trouvé au milieu d'un air chargé de poussière. Le soir, vers 9 heures, le bâtiment étant à peu près à la hau- teur du cap Bougaroni et non loin du petit port de Jigelly , on commença , malgré l'obscurité de la nuit, à s'apercevoir de la présence de cette pous- sière, par l'impression qu'elle causait sur la peau et surtout sur les yeux; mais on supposa que c'était la cendre des fourneaux entraînée par le tirage. T^e matin cependant on reconnut que tout le ponl du bâtiment, la mâture, les voiles, le gréement étaient couverts de poussière. On supposa que l'obscu- rité profonde, qui avait duré depuis 9 heures du soir jusqu'à 2 heures du matin, était due à ces nuages de poussière. M. Leps remarque que, pendant le passage de ces nuages, le vent avait été constamment de I ouest ou du nord-ouest. Une seconde partie de la Note de M. Leps est relative à des trombes ob- servées également à bord du Vautour. La Note contient enfin un relevé des observations barométriques faites dans les jours où se sont présentés les phénomènes en question. Un échantillon de la poudre recueillie le 17 mai est renvoyée à l'examen de MM. Dufrénoy et Pelouze. t 567 ) M. Robin adresse une nouvelle Note sur ïinhalation de Véther. Il rappelle que, dans une précédente communication, en date du 25 janvier 1847, non-seulement il avait attribué l'insensibilité produite à un commencement d'asphyxie, mais encore qu'il avait montré comment cette asphyxie est un résultat nécessaire de l'action de l'éther sur le sang. M. Robin s'attache à démontrer aujourd'hui que les faits communiqués ultérieurement à l'Aca- démie viennent à l'appui de cette explication , et tendent également à indiquer comme moyen rationnel de traitement pour l'intoxication éthérée , l'emploi de l'oxygène libre ou de l'oxygène à l'état naissant. M. Paret prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commis- sion à l'examen de laquelle a été soumis son Mémoire sur la chaleur spéci- Jique des corps. M. Stein, qui avait précédemment soumis au jugement de l'Académie des «Sciences un orgue expressif pour lequel il a imaginé des dispositions nou- velles, demande que la Commission chargée d'examiner cet instrument veuille bien s'adjoindre quelques membres de l'Académie des Beaux-Arts. M. GouïON adresse la description d'un petit appareil au moyen duquel on peut faire des saignées locales, et dont il cioit que l'emploi pourrait, dans bien des cas, être substitué avec avantage soit à l'application des sangsues, soit à celle des ventouses scarifiées. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret, .f i - ■. i COMITÉ SECRET. Ija Section d'Économie rurale présente la liste suivante de candidats pour une place vacante de correspondant: i". M. Kuhlmann, à Lille; 2". Et par ordre alphabétique, M. Ridolphi, à Pise; M. Rieffel, directeur de l'Institut agronomique de Grand-Jouan ;- M. Schattenmann, à Bouxwiller (Bas-Rhin). Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. I^a séance est levée à 6 heures. A. ( 568 ) ^ BULLETIN BIBLIOGRAPniQUE. L'Académie a reçu, dans ia séance du 29 mars 1847, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences, i*"^ semestre 1847, n" 12; in-4''- Bulletin de l'Académie royale de Médecine; n" 1 1, i5 mars 1847; i^i-S". Enquête sur la maladie des Pommes de terre en France, pendant les années 1845 et 1846. — Examen et analyses de divers échantillons des récoltes, pré- sentés à la Société rojaie et centrale d'Agriculture ; par M. PaYEN ; broch. in-S". Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et PoiURÉ; février 1847; in-8". Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 71* et 72* livraison ; in-8°. Annales de la Société entomologique de France; 2* série, tome IV, 3* et 4* trimestre; in-8°. Nouvelles Suites à Buffon. — Histoire des Insectes hyménoptères; tome IV ; in-8'', avec planches in-8''. Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; par M. d'Orbigny; livraisons 99 et 100; in-8°. Atlas général des Phares et Fanaux, à [usage des Navigateurs; par M. Cou- LIER; publié sous les auspices de S. A. R. Monseigneur le Prince n^ JoiNViLLE. 17* livraison. — [Norwége.) In-4°. Recherches sur les Empoisonnements pratiqués par les nègres à la Martinique; par M. le docteur RuFZ; in-8". (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon. ) - »** irt Enquête sur le Serpent^ par le même; in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le même concours.) Société Philomatique de Paris. — Extraits des Procès-Verbaux des séances pendant l'année 1 846. In-8°. A. ERRATA. (Séance du 22 mars 1847) Page 476, ligne 12, au lieu de vt, 2ct,..., lisez o, m, 2cr, , Page 479» l'gne 5, au lieu de entier, /wez entier et impair. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. »-OH^^K SÉANCE DU I.UNDI 5 AVRIL 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Second Mémoire sur le dernier théorème de Fermât; par M. G. Lahé. « Ce Mémoire a pour but de rectifier et de compléter le mode de démons- tration générale du dernier théorème de Fermât, que j'ai présenté à l'Aca- démie dans la séance du i" mars, et qui a été inséré au Compte rendu. Trop de presse dans la publication du résultat de mes premières recherches m'avait laissé dans l'erreur , relativement aux facteurs réels et imaginaires dont le module est l'unité. Obligeamment averti par M. Liouville, j'ai repris cette partie de mon Mémoire, afin d'étudier d'une manière plus approfondie les propriétés des nombres complexes. » Pour plus de clarté, je suppose qu'il s'agisse de l'exposant 5. Au lieu du mot module^ je me sers du mot norme, introduit depuis longtemps par M. Gauss, et j'appelle, avec M. Dirichlet, associés et conjugués d'un nombre complexe, ceux qu'on en déduit par certains changements dans l'ordre des coefficients. » Il était d'abord nécessaire de faire voir que les nombres complexes , suffisamment définis dans ma première Note, pouvaient se multiplier, se diviser, admettre des facteurs premiers, des diviseurs communs, tout C. R. , i847 , i" Semestre. (T. XXIV , N» 14.) 75 ( 570 ) comme les nombres entiers. Je suis parvenu à vaincre cette première diffi- culté dans un travail fort étendu, qui, outre des théorèmes connus, en con- tient d'autres que je crois nouveaux. » Parmi ces théorèmes, il en est deux que je citerai, à cause de leur im- portance dans la question qui m'occupe. Voici en quoi consiste le premier. On démontre que deux nombres complexes imaginaires , qui ont pour normes- un même nombre premier, autre que l'exposant 5 , jouissent entre eux de cette réciprocité, que l'und'eux est divisible parun des conjugués de l'autre, et par un seul; le quotient ayant d'ailleurs pour norme l'unité. De là résulte que les nombres complexes conjugués, dont le produit est un nombre pre- mier autre que l'exposant , sont nécessairement premiers entre eux ; ou , en d'autres termes, que toute norme première, autre que 5, est le produit de quatre sous-facteurs complexes, premiers entre eux , ou qui ne peuvent ad- mettre d'autre diviseur commun qu'un sous-facteur de l'unité. Mais il y a exception pour l'exposant 5 lui-même : un quelconque de ses quatre sous- facteurs, multiplié par des coefficients dont la norme est i , peut reproduire les trois autres. En sorte que 5 n'a réellement qu'un seul sous-facteur; 5 est égal à la quatrième puissance de ce sous-facteur unique, multiplié par un coefficient dont la norme est i . Cette propriété caractéristique de l'exposant se retrouve dans toutes les classes des nombres complexes. " Voici le second théorème. Les conjugués d'un même nombre complexe imaginaire se partagent en groupes binaires, chacun de ces groupes jouis- sant de cette propriété , que les deux nombres qui le composent donnent un produit réel; ces deux nombres peuvent être appelés conjugués directs. Cela posé , le théorème dont il s'agit consiste en ce que la différence des cin- quièmes puissances de deux conjugués directs est divisible par la cinquième puissance du sous-facteur de 5. Une propriété analogue existe pour les exposants supérieurs. » J'arrive de suite à l'objet spécial de ce Mémoire. La somme des cin- quièmes puissances de deux nombres complexes peut-elle être nulle? On dé- montre, à très-peu près comme pour la solution en nombres entiers, qu'une telle équation ne peut exister sans que l'un des trois nombres complexes soit divisible par le sous-facteur de 5, et conséquemment par son carré. Alors , mettant ce nombre dans le second membre, la somme de deux cinquièmes puissances qui compose le premier étant décomposée eu cinq facteurs com- plexes, que l'on peut concevoir dégagés de tout facteur commun , on voit facilement, à l'aide d'une démonstration connue , qu'un seul de ces facteurs , ainsi réduits, est divisible par la cinquième puissance du sous-facteur de 5. ( 571 ) Les cinq facteurs sont d'ailleurs nécessairement des cinquièmes puissances, multipliées par des coefficients dont la norme est l'unité. » C'est dans la composition de ces coefficients que se trouvaient les prin- cipales difficultés. Chacun d'eux peut être généralement le produit d'une des racines cinquièmes de l'unité , par une somme réelle de deux de ces racines, élevée à une puissance inférieure à 5. En un mot, chaque coefficient est le produit de deux nombres complexes, l'un réel, l'autre imaginaire. Cette complication m'a longtemps arrête; mais les deux théorèmes que j'ai énoncés, et cette nécessité qu'un des cinq facteurs soit divisible par la cin- quième puissance du sous-facteur de 5, lèvent cette difficulté. Ces théorèmes réunis font voir clairement que les coefficients dont il s'agit ne peuvent avoir de facteur imaginaire. » Enfin les cinq facteurs, composés comme je viens de le dire, étant substitués dans les équations qu'ils doivent vérifier , reproduisent au moins une équation d'une forme analogue à celle d'où l'on est parti, et que l'on traite de la même manière. En sorte qu'après un nombre limité de transfor- mations semblables, on est nécessairement conduit à une équation de même forme qu'une autre équation qui la précède dans la série, mais exprimée en nombres beaucoup plus petits ; la grandeur d'un nombre complexe se mesu- rant par celle de sa norme. Et ce résultat démontre l'impossibilité de l'équation primitive, en nombres complexes ayant des normes finies. » Il est donc démontré que la somme des cinquièmes puissances de trois nombres complexes ne peut être nulle. Ce théorème spécial, réduit au cas particulier des nombres entiers, est établi depuis longtemps par les travaux de M. Dirichlet et de Legendre. Il existe une coïncidence remarquable entre la marche qu'ils ont suivie , et celle à laquelle j'ai successivement été ramené par les difficultés que j'ai levées. " Mais ce qui me paraît surtout mériter l'attention des géomètres , dans le mode de démonstration que je viens de développer, en prenant pour exemple l'exposant 5, c'est la possibilité de l'appliquer, dès à présent, à d'autres exposants. » Les règles de la divisibilité des nombres complexes sont les mêmes pour toutes les classes. La propriété dont jouit 5, de n'avoir qu'un seul sous- facteur, appartient à tout exposant premier. On démontre que la différence des n^<^'"" puissances de deux conjugués directs est divisible par la «'*"'* puis- sance du sous-facteur de n. En outre , la décomposition de la somme de deux «""""puissances en facteurs complexes, les propriétés et les relations de ces facteurs, sont généralement établies dans ma première Note. 75.. ( 572 ) » Mais pour dégager les coefficients de ces facteurs de leur multiplicateur imaginaire, et achever la solution, il faut démontrer ce théorème: que la somme des «'""** puissances de trois nombres complexes ne peut être nulle sans que l'un de ces trois nombres soit divisible par le sous-facteur de n. Or c'est ce que l'on peut faire pour une multitude d'exposants. Les propriétés des nombres complexes offrent même, à cet égard, des facilités remar- quables. " ZOOLOGIE. — Note sur le genre Apar, sur ses espèces, et sur ses ■ caractères, établis, jusqu'à présent, d'après un animal factice; par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire. « Dans la singulière famille des Tatous , aucune espèce n'est plus remar- quable que FApar de Buffon, dont la tête, le corps et la queue sont pro- tégés par des boucliers osseux et cornés, composés de plaques, les unes rectangulaires, les autres hexagonales, pentagonales , ou d'autres formes encore, mais toutes ornées et comme ciselées avec une rare élégance. Linné a donné à l'Apar le nom de Dasypus tricinctus, parce qu'entre le bouclier thoracique et le bouclier lombaire, il a trois bandes mobiles, qui lui per- mettent non-seulement de se fléchir, mais même de s'enrouler en renfer- mant sa tête et ses pattes entre les boucliers. De cette singulière faculté que possède cet animal, et qui le rend comparable à cet égard à nos Hérissons, Illiger, qui l'a le premier érigé en genre, a tiré le nom de Toljpeutes , au- quel Cuvier a substitué en français, c^omme nom de sous-genre, le nom même donné par Buffon à l'espèce type , Apar. » Cuvier a exprimé ainsi les caractères de ce groupe : Les Apars ont les doigts des Cachicames, et les dents, au nombre de neuf ou dix partout. Selon notre illustre zoologiste, qui résume tout ce que l'on avait dit avant lui, et que tous les zoologistes ont suivi jusqu'à ce jour, l'espèce type, le Tatou Apara de Marcgrave , ou Apar de Buffon , serait le même que le Mataco d'Azara et le Dasypus tricinctus de Schreber. » Nous allons montrer qu'il y a également à revenir sur cette caracté- ristique et sur l'identité admise entre les animaux décrits ou figurés par ces auteurs. » La caractéristique de Cuvier, et presque toutes les descriptions de l'Apar, sont faites , soit d'après un individu , longtemps unique dans les collec- tions que possède le Muséum d'Histoire naturelle , soit d'après une figure de grandeur naturelle, exécutée avec un grand soin, que Seba a publiée ( 573 ) en 1734- Or cette figure, nous en avons acquis la certitude, est faite elle- même d'après l'individu qui est aujourd'hui au Muséum ; individu qui faisait partie des collections transportées de Hollande en France vers la fin du XVill' siècle. » Notre individu est donc la source presque exclusive de toutes les no- tions que l'on trouve dans les livres zoologiques, depuis plus d'un siècle, sur les caractères et la conformation de l'Apar. Eh bien , nous pouvons affirmer aujourd'hui que cet individu est factice. Quelques soupçons, excités par la non-concordance que nous croyions apercevoir entre la disposition des pieds de derrière et d'autres détails de l'organisation de l'animal, nous ont con- duit à le faire démonter et ramollir, pour le soumettre à un examen plus exact; et il s'est trouvé, non-seulement, comme nous l'avions présumé, que les doigts postérieurs ne lui appartiennent pas, mais qu'il en est de même de toutes les parties inférieures. L'Apar de Seba , de Cuvier et de tous les naturalistes modernes se compose de la moitié supérieure d'un Apar, artis- tement rejointe, sous le bord de la carapace, à une moitié inférieure de Cachicame; d'où cette prétendue similitude des doigts entre les Gachicames et les Apars, d'après laquelle Cuvier caractérisait ceux-ci, et les classait dans la première section des Tatous. >> Il n'y a pas moins à rectifier quant à la synonymie généralement admise. Pour nous borner ici aux indications de Cuvier, le Dasjrpus tricinctus de Schreber se rapporte incontestablement à notre individu factice, car la figure donnée par cet auteur n'est qu'une copie de celle de Seba. Le Tatou apara de Marcgrave, sur lequel Buffon (toutefois en faisant intervenir quelques autres éléments) a établi son Apar, et, par suite, Linné, son Dasfpus tricinctus, paraît se rapporter à l'espèce qui a fourni à notre Apar factice cette élégante carapace dont Seba s'est plu à décrire les roses , les perles rondes et les rhombes hexagones. Mais la description du Mataco d'Azara renferme quelques détails qui ne sont pas applicables à l'Apar de Buffon, et qui indiquent une autre espèce. » Cette espèce, non-seulement nous la possédons aujourd'hui au Muséum , mais nous venons d'acquérir, par la voie du commerce, deux individus qui appartiennent à l'Apara ou Apar de Marcgrave, de Buffon et de Cuvier; en sorte que nous pouvons à la fois rectifier les caractères du genre , et distin- guer ses espèces, jusqu'à ce jour confondues en une seule. )' Nous nous bornerons à donner ici le résumé du travail que nous venons de faire sur ces animaux. » Caractères génériques, — Carapace composée de trois boucliers, un ■ i 574 ) céphalique, un autre thoracique, un autre postérienr; entre ceux-ci, un petit nombre de bandes mobiles ( trois dans les espèces authentiquement con- nues). Écailles polygonales de diverses formes, selon la région; presque toutes hérissées de petits tubercules (qui s'émoussent d'ailleurs plus ou moins par l'usure). >> Pattes antérieures terminées par deux doigts principaux, l'un (médian) court, mais pourvu d'un ongle énorme, un peu recourbé, comprimé ; l'autre (index), beaucoup plus allongé, mais pourvu d'un ongle plus large, beau- coup plus court; en sorte que les deux doigts, ongles compris, sont à peu près égaux (i). Eu dehors du doigt qui porte le grand ongle , un doigt court (l'analogue de l'annulaire). Doigts interne et externe, lorsqu'ils exis- tent, très-petits; l'externe n'est jamais que rudimentaire. » Pattes postérieures terminées par cinq doigts à ongles assez courts, élargis; les doigts interne et externe, beaucoup plus courts que les autres. » Queue courte , cuirassée sur toute son étendue. » Dents similaires, cylindroides, au nombre de huit ou neuf de chaque côté et à chaque mâchoire; les antérieures et les postérieures plus petites que les intermédiaires. » Taille de a à 3 décimètres. )' Détermination des espèces. — Nous en avons trois sous les yeux. L'une d'elles, provenant du voyage de M. de Castelnau, et dont nous ne sommes que dépositaire, ne peut être décrite ici. Les deux autres sont : >) i". L'Apar type, Tolj-peutes tricinctus; c est ÏApar deBuffon, Dasjpus tricinctus de Linné et de Schreber, figuré dans les ouvrages plus haut cités, et de plus , d'après Pison, par Redi(2). Toutes les figures sont d'ailleurs ou très-grossières, comme celles qui datent du xvu* siècle, ou faites d'après notre individu factice. Les caractères rectifiés sont les suivants: » Carapace jaunâtre, chaque écaille circonscrite par un sillon profond. Le casque ou bouclier céphalique , dans la portion centrale duquel sont plusieurs plaques disposées par paires , couvre , outre la partie supérieure de la tète , un espace triangulaire entre l'œil et l'oreille. » Cinq doigts aux pattes antérieures aussi bien qu'aux postérieures; le doigt interne por- tant un ongle allongé ; l'externe, rudimentaire , mais bien distinct par un ongle élargi , trian- gulaire, assez développé. (i) Azara a très-bien décrit cette singulière conformation des pattes. (2^ Expérimenta circa varias res naturales ; Amsterdam, i685. — Il est impossible de dé- ternjiner à quelle espèce doit être rapportée une figure grossière d'Apar, donnée awssi par Clusius dans ses Exoticorum libri X. ( 575 ) » Poils de la région inférieure blanchâtres. » Queue très-courte, aplatie, triangulaire (largeur à la base, 4 centimètres; lon- gueur, 5,5). » 2°. L'Apar à queue conique, T. conurus ; le Tatou mataco d'Azara. » Carapace noirâtre, chaque écaille circonscrite par un sillon peu profond. Le casque, dans la portion centrale duquel sont presque partout de larges écailles impaires, ne se pro- longe point entre l'œil et l'oreille. » Trois doigts seulement, avec le rudiment d'un quatrième, aux pattes antérieures (en rudiment représente le doigt interne). Point de doigt externe. » Poils de la région inférieure brunâtres. » Queue courte, conoïdale( largeur à la base, 4 centimètres; longueur, 7). )' Nous ajouterons que l'Apar à queue conique diffère de l'Apar ordinaire par sa tête osseuse fort resserrée entre le crâne et la face, par quelques lé- gères différences dans la disposition et la forme des dents. Nous avons aussi constaté des différences dans le nombre de celles-ci (mais peut-être en raison des différences d'âge): tandis que l'Apar à queue conique nous a montré à chaque mâchoire neuf dents de chaque côté, nous avons trouvé, dans les deux sexes, chez l'autre Apar, huit dents à chaque mâchoire, plus, à la mâchoire supérieure, une petite dent postérieure cachée dans la gencive. » Ces deux espèces , aussi bien que tous les autres animaux de la même famille, sont américaines. L'Apar type vient du Brésil; l'Apar à queue co- nique, du Tucuman et des pampas de Buenos- Ayres , selon Azara, et de la province de Santa-Cruz de la Sierra, d'après M. d'Orbigny, auquel le Mu- séum d'Histoire naturelle doit l'individu plus haut décrit (i). » (i) Nous saisirons l'occasion que nous offre cette Note , où nous venons de reprendre l'his- toire d'un animal décrit par Buffon et resté si imparfaitement connu , pour dire quelques mots d'un autre quadrupède , également décrit par Buffon , et longtemps si mal connu , que plusieurs auteurs, et Cuvier lui-même, ne croyaient plus à son existence. Nous voulons parler de l'un des plus grands et des plus redoutables Carnassiers de l'Asie : l'Once ou Panthère grise à longs poils , Felis irbis de quelques auteurs modernes. On peut voir depuis quelques jours , dans les galeries du Muséum d'Histoire naturelle, un magnifique individu de cette espèce. En attendant que nous le fassions figurer, nous renverrons à un Mémoire de M. Ehrenberg sur la Panthère du Nord; Mémoire publié à l'occasion d'une peau rapportée de Sibérie, en 182g, par M. de Humboldt et ses savants compagnons. Bornons-nous à remarquer, pour le moment , que l'Once n'était pas seulement connue dès l'jôi par la description de Buffon , très-incomplète et mélangée de traits appartenant à d'autres grands Felis , comme l'ont remarqué MM. Cu- vier, Ehrenberg et tous les auteurs , mais, déplus, par une description beaucoup plus exacte et plus précise de Daubenton ; description que l'on trouve dans le même volume quelquf^s pages plus bas, et à laquelle personne n'a donné l'attention dont elle était digne à tous égards. ( 576 ) ZOOLOGIE. — Note sur un Singe américain appartenant au genre Brackyure; par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire. « M. de Humboldt a, le premier, fait connaître l'existence en Amérique d'un Singe à queue très-courte, qui est aux Saïmiris, aux Sajous, aux Ouistitis, dit l'illustre voyageur, ce que, parmi les Singes de l'ancien monde, le Mapot de Barbarie est aux Macaques. Le Cacajao [Pithecia melanocephala) ne paraît d'ailleurs pas avoir été revu depuis le jour, déjà si loin de nous, où il a été découvert par M. de Humboldt , dans les forêts du Gassiquiare et du Rio-Negro. » Vers i8ao, un aulre Singe à queue courte a été découvert par Spix dans l'intérieur du Brésil, sur les bords de la rivière d'Ica, latérale au fleuve des Amazones : c'est le Brachjurus Ouakary de cet auteur, qui l'a figuré dans son ouvrage sur les Singes et les Chauves-Souris du Brésil. Malheureusement, ce remarquable Primate, de même que le précédent, est resté peu connu jusqu'à ce jour, et surtout nos efforts pour nous procurer l'un ou l'autre étaient toujours restés infructueux. « Nous pouvons annoncer aujourd'hui l'existence d'une troisième espèce, qui vient, comme la précédente, de l'intérieur du Brésil. Elle est connue par deux individus, fort semblables l'un à l'autre, tués récemment au Para, et dont le premier est l'une des raretés du Musée naissant de Rio- .laneiro. L'autre vient d'être rapporté en France par M. d'Alcantara Lisboa , attaché à la Légation brésilienne , qui en a fait don au Muséum d'histoire naturelle. » Ce Singe est, comme les autres Singes que Spix a nommés Brachyurus , fort voisin des Sakis; il a les mêmes formes crâniennes, le même système de dentition, et particulièrement les mêmes incisives proclives; c'est aussi, à peu près, le même système de coloration. Mais, tandis que les autres Bra- chyuressont remarquables par le développement des poils de la tête, formant tantôt une barbe touffue, tantôt une sorte de chevelure, celui-ci a une partie de la tête dénudée : de là le nom de Brachyurus calvus, sous lequel nous désignerons le nouveau Singe du Brésil. » Nous nous bornerons à en donner ici une description sommaire, nous proposant de figurer prochainement le Brachyure chauve , selon le plan que nous avons suivi dans les deux Mémoires déjà publiés par nous sur la grande famille des Singes(i). (i) Archives du Muséum d'histoire naturelle , t. III et IV. ( 577 ) » Poils rares et extrêmement courts sur le devant du crâne et sur le front, dont les par- t'es latérales sont même presque complètement dénudées; plus nombreux, mais très-courts encore sur les parties supérieures et postérieures de la tète ; très-longs sous la tête et sur le corps (6 à 7 centimètres) , les membres et la queue. » Gorge d'un roux mordoré foncé ; devant du col , face interne des bras , vers les aisselles , et des cuisses, roux, ainsi que les poils, très-peu nombreux, de la partie inférieure du corps. Le reste des membres et la queue d'un fauve jaunâtre , et les parties supérieures d'un fauve grisâtre , résultat du mélange de quelques poils noirs semés parmi des poils fauves. " L'individu, type de notre description, a plus de 4 décimètres du bout du museau à l'origine de la queue, et celle-ci n'a que i5 centimètres de long. Nous nous sommes assuré qu'elle est parfaitement entière. " Nous pouvons donc infirmer aujourd'hui , par un fait de plus , cette assertion des anciens zoologistes : Tout Singe américain a un prolongement caudal considérable; de même que dans notre Mémoire sur les Eriodes, nous avions montré l'inexactitude de ces deux assertions , non moins générale- ment admises : Tout Singe américain est platyrrhinin ; et tout Singe a les ongles aplatis. » THKORiE DES NOMBRES. — Swr la loi de réciprocité dans la théorie des résidus quadratiques; par M. Liouville. « Pour démontrer la loi de réciprocité entre deux nombres premiers im- pairs p etq, dans la théorie des résidus quadratiques, on peut partir de la formule élémentaire connue, et d'ailleurs facile à vérifier, ' ^B-' = ^^P - ^r' ) i^P' - ^p-n ■ ■ ■ (Ap"-' - Bp-r-^') , où p désigne une racine imaginaire de l'équation pP=z i. En posant B = A, on en déduit aisément 2 En élevant les deux membres à la puissance , et omettant les multiples de ç, on trouve ensuite, d'après une notation de Legendre, D — I (7 ~ t r~? le signe de multiplication II s'étendant aux valeurs i , 2, 3,. . ., de a. C. R., 1847, i" Semestre. (T, XXIV , N» 14.) 7^ ( 578 ) Or, on démontre sans peine que !!„_-" — i ;: ;' il suffit, par exemple, de se rappeler le lemme de M. Gauss, relatif aux pro- duits acf réduits à leurs résidus minima, positifs ou négatifs, par rapport au module p. En effet , soit fji, le nombre de ceux de ces résidus qui portent le signe — ; M. Gauss prouve que ,^) =<-)'• et, d'un autre côté, il est évident que y-i—f-'^i Donc H- 1. ce qu'il fallait démontrer. On peut aussi se passer du lemme de M. Gauss, et arriver au même résultat, sans compliquer la démonstration, en décompo- sant chaque facteur du produit II à l'aide des racines de l'équation r' = i . Je me bornerai ici à cette indication générale, me réservant de revenir sur ce sujet dans une autre occasion avec tous les développements convenables ; je rapprocherai alors l'analyse précédente (considérée sous les diverses formes dont elle est susceptible) des démonstrations déjà connues qui peuvent avoir avec elle quelque analogie. » THÉORIE DES NOMBRES. — Mémoire sur de nouvelles formules relatives à la théorie des poljnômes radicaux, et sur le dernier théorème de Fermât (suite); /)ar M. Augustin Cauchy. « liorsqu'une fois on a établi , pour un nombre donné «, la théorie de la décomposition des polynômes radicaux , formés avec les puissances d'une racine n'*"** de l'unité , en facteurs premiers , on peut déduire immédiatement de cette théorie une multitude de conséquences dignes de remarque. Je vais en indiquer quelques-unes dans le paragraphe suivant. ( 579 ) § III. — Conséquences diverses de la décomposition des polynômes radicaux en facteurs premiers. » Soit n un nombre premier impair ; soit encore p une racine imaginaire , par conséquent primitive , de l'équation (i) j:»-i=o, et supposons établie la théorie de décomposition des polynômes radicaux formés avec cette racine , en facteurs premiers. Le nombre premier n pourra être décomposé en facteurs radicaux à l'aide de l'équation identique (a) « = (,-p)(,-p^)...(i-p«-'). Mais ces facteurs ne seront pas premiers entre eux. Au contraire, tous seront divisibles par l'un quelconque d'entre eux, les quotients étant des diviseurs de l'unité. Car, si l'on nomme ip ( p ) le quotient qu'on obtient en divisant i — f>* par I — p* , h et k étant deux termes quelconques de la suite I , 2, 3, ... « — I , on aura évidemment f[p)9{p)-- ?{P )-(i_p*)(,_p>*)...[,_p("-.)*]' par conséquent ?{p)?iP')---9{p'-') = l=^- On peut observer encore, qu'en vertu de la formule (2), on aura (3) n = {i-pY^{p), ^ip) étant un polynôme radical à coefficients entiers, équivalent au produit des rapports n-i I — p' I — P' a I — P"~' 3 7^17 = '+/=' 7^ = 1 + /' + /' '•••' T^r^=' + P + P' +■■■-+- P' II est d'ailleurs évident que, dans la formule (2), chaque facteur sera pre- mier, c'est-à-dire non décomposable en deux facteurs qui ne diviseraient pas l'unité; car une telle décomposition entraînerait la décomposition du nombre n lui-même en deux facteurs distincts de l'unité, ce qui est impos- sible. Donc i — p est un facteur premier de «, et la formule (3) fournit la proposition suivante : « 1" Théorème, n étant un nombre premier impair, et p une racine pri- 76.. ( 58o ) mitive de l'équation a:" — 1 = 0 , le nombre n sera le produit de la w"""* puissance du facteur radical et pre- mier I — (3, par un diviseur de l'unité. » Soit maintenant rune racine primitive de l'équivalence (4) ar"-'=i, (mod. w). Nommons sr ((j) un diviseur radical de l'unité, et prenons n(^) = sr(f>)tr(p»)...t^(p-'); on aura (5) i = Yi[p)Xi^p'-). Si d'ailleurs on pose, pour abréger, (6) " ^ = ç>-p'-+f'-...-(>^"-\ on trouvera A , B désignant deux quantités entières , et la valeur de A' étant n — I (8) A^ = (-i)~«. . Par conséquent, la formule (5) donnera n — I (9) . 4 = A^_(_x)~«B^ Si n est de la forme 4^ + 3, Z étant supérieur à zéro , on aura nécessairement (voi'r la page 48 1) A =±2, B = o, et, par suite, (10) n(p) = n(p'-)- ±1- » Si « était égal à 3, on pourrait avoir encore A = + B = ± I, et, par suite, ( 58i ) « Soit maintenant p un nombre premier de la forme «/ + 1 . L'équivalence (la) xP-' — i^o, (mod.p) aura, comme l'on sait, pour racines les divers termes de la progression arithmétique r, 2, 3,. . ., p — i; et l'on en conclut aisément que l'équivalence (i3) a:" -1=0, (mod. ^) offrira toujours n racines, représentées par les divers termes d'une certaine progression géométrique , Toutes ces racines, à l'exception du premier terme i de la progression, pourront être considérées comme primitives; et la racine t en particulier rendra non-seulement la différence f " — i , mais aussi le rapport divisibles par /?. Posons, en conséquence, ft , P sera un nombre entier, et l'on aura identiquement (,5) {t-p){t-p')...{t-p"-*) = pP. Le premier membre de la formule (i 5) étant le produit de facteurs binômes dont aucun n'est divisible par p, il suit immédiatement de cette formule que p sera décomposable en facteurs radicaux. Cela posé, nommons (p {p) un facteur radical et premier de p. Il divisera l'un des facteurs 2 f « n — ) t — p, t — p\ . . .,t — p Admettons, pour fixer les idées, qu'il divise t — p, et nommons xip) ^^ quotient correspondant. On aura (,6) f-p=ç((5)x(p), t-p^=^{p^)x{p'),..., ^-p"-'=?(p"-')x(r'); puis on en conclura, en désignant par h, k deux termes distincts de la suite ( 582 ) I, 2, 3, . .., « — I, (,7) P* -/>* = ?(/»*) X(/'")-?(f*)x(P*)- Or il résulte de la formule (17), que les deux facte^urs fip"), xip") seront premiers entre eux ; car, s'ils ne l'étaient pas , ils offriraient un commun diviseur qui diviserait tout à la fois le nombre p et la différence /j* — p*, sans être diviseur de l'unité. Mais la différence ,5*-/=/(l-p' „* „A/ , «*-A ) correspond, ainsi que le binôme i — j5*~\ à la factorielle n; donc le divi- seur commun devrait diviser les deux nombres premiers n etp, sans être divi- seur de l'unité, ce qui est impossible. Donc, si f(p) est un facteur premier de p , deux termes quelconques de la suite ?{P). ?{p'),-'-. 9{P"-*) seront premiers entre eux ; et puisque chacun d'eux divisera le nombre pre- mier p, leur produit ou la factorielle correspondante k (p [p) divisera encore ce nombre dont elle ne pourra différer, en sorte qu'on aura (18) p = ?(p)=^(p)[çp(p)]«, et l'on doit ajouter que la formule (23) continuera de subsister quand on y ( 584 ) remplacera p par l'un quelconque des termes de la progression géométrique Si A+B cessait d'être premier à n, alors, dans la formule i^aS), ^(p) serait non plus un diviseur de l'unité , mais un diviseur de n. >' Si maintenant on pose r étant une racine primitive de l'équivalence (4) ; si d'ailleurs on nomme ri(p), F{p) ce que devient ^{p) quand on remplace la fonction (f{p) par cr (p) ou par A-^Bp , on tirera de la formule [i3) , (25; F{p) = u{p)[<^{p)Y, F(pO = nfpO[o(pO]"; et chacune des fonctions F [p) , F{p'') sera la moitié d'une expression de la forme a±bA, a , b étant deux quantités entières , et la valeur de A étant donnée par l'équation (6). Ces mêmes fonctions sont précisément celles dont la considé- ration a fourni les démonstrations connues du dernier théorème de Fermât pour certaines valeurs spéciales de n , et , en particulier, pour « = 3 ou 5. Effectivement, lorsqu'on pose ra = 3, par exemple, on peut déduire im- médiatement des formules (aS), une démonstration qui coïncide, au fond, avec celle qu'Euler a donnée. Mais il reste à voir quelles sont les consé- quences auxquelles peut conduire la considération des fonctions F (p), F[p''), lorsqu'on attribue à n des valeurs différentes de celles pour lesquelles on était déjà parvenu à démontrer le dernier théorème de Fermât. C'est ce que j'examinerai dans un autre article. » Comme je l'ai déjà remarqué, la théorie précédente s'appuie sur la formule (5) du § IL J'examinerai, dans les paragraphes suivants, les objec- tions qui peuvent s'élever contre la démonstration donnée de cette formule quand le nombre n est considérable. On verra que pour rendre rigoureuses cette démonstration et les conséquences déduites de la formule, il suffit, dans certains cas, de prendre pour 6 le module même du polynôme ra- dical f(f5), et de substituer partout ce module à la factorielle que 0 repré- sentait auparavant. » CHIRURGIE. — Des plaies et des fistules de V estomac , considérées dans leurs rapports avec la gastrostomie ; parM. Sédillot. ( Extrait par l'auteur,) u r^a gravité généralement attribuée aux plaies de l'estomac pouvant être considérée comme une contre-indication à la gastrostomie, il nous importait ( 585 ) d'établir, non-seiilemenl la cural)ilité, mais encore l'innocuité habituelle t!e ces plaies, dans des conditions facilement réalisables par une main exercée. » Nous avons exposé dans un premier chapitre l'histoire des plaies de l'estomac, en les partageant en deux classes : les unes accidentelles, les autres volontairement produites pour l'extraction de corps étrangers. Nous avons cité trop d'exemples de guérison , pour laisser douteuse la question delà curabilité; mais là ne se bornait pas notre tâche: nous devions recher- cher et faire connaître quelles avaient été les raisons des terminaisons fa- tales ou heureuses, afin d'éviter les premières et de rendre les secondes assurées. Cette étude pouvait seule nous révéler les moyens de fixer les chances d'innocuité de la gastrostomie, et nous croyons avoir obtenu cet important résultat. . ■ • » La gastrostomie ne consiste pas néannioins dans l'incision des parois de l'estomac; elle exige, pour ses applications subséquentes, que cette incision reste béante et se transforme en orifice permanent , puisque c'est une vé- ritable bouche stomacale que nous avons la prétention de constituer. Nous devions donc interroger l'histoire des fistules gastriques auxquelles nous avons consacré un deuxième chapitre, en les subdivisant aussi en deux classes , selon qu'elles proviennent primitivement d'une plaie, ou qu'elles dépendent d'une perforation ulcéreuse développée avec plus ou moins de lenteur. » Les fistules traumatiques étaient celles dont l'analogie avec la gastro- stomie nous offrait le plus d'intérêt, sous le rapport des causes, du mécanisme et des résultats; mais en faisant abstraction des différences étiologiques et des altérations plus ou moins profondes dont pouvaient être compliquées les fistules spontanées, celles-ci méritaient une égale attention, car une foule de questions étaient communes à ces deux ordres de fistules* . » Comment les bords de la solution de continuité de l'estomac adhèrent- ils à l'ouverture de la peau? Quelle est l'organisation des orifices fistuleux? Existe-t-il un trajet suppuré, une pseudomuqueuse, ou une continuité par- faite des téguments interne et externe? Ces fistules ont-elles de la tendance à se rétrécir , à s'oblitérer ou à s'agrandir , suivant leur siège et leur étendue? Donnent-elles passage aux sucs gastriques et aux substances alimentaires, ou parvient-on à les fermer artificiellement? A quels accidents exposent-elles, et quelle est leur influence sur la digestion et sur les fonctions nutritives en général? '^ ' ' ■ . , " C'étaient autant de problèmes à résoudre, dont l'importance relative à la gastrostomie était manifeste, en raison de la parité des phénomènes. » La discussion de plus de cinquante faits indiqués dans ce Mémoire nous C. R., 1847, 1" Semestre. (T. XXIV, N» 14.) 77 ( 586 ) a permis de démontrer que les blessures accidentelles de 1 estomac et les plaies de ce viscère volontairement pratiquées dans un but curatif , sont en elles-mêmes sans grande gravité , dès que Ton parvient à prévenir les épan- chements auxquels elles sont exposées. Toute la question opératoire consistera donc à trouver, pour la gastroslomie , des procédés dans lesquels les épanche- ments seront évités, et nous croyons être en mesure de réaliser cette indispen- sable condition de succès. Nous avons également prouvé que les fistules stoma- cales traumatiques ou spontanées ne sont nullement incompatibles avec la vie, et qu'elles n'exercent même aucune influence fâcheuse sur la nutrition et la santé. Ces fistules s'organisent en une sorte d'orifice normal , dont l'occlusion s'obtient aisément par divers moyens mécaniques. Ainsi, dès à présent, il n'est pas douteux que l'on ue parvienne, dans le cas d'atrésies infranchissables de l'œsophage, à ouvrir l'estomac et à y établir une ouverture fistuleuse per- manente. Il serait entrêmement curieux et intéressant d'essayer de nourrir, par leur fistule stomacale , les malades actuellement atteints de cette infir- . mité. C'est une invocation de concours que nous faisons à nos confrères de tous les pays , et nous espérons que cet appel sera entendu. " GÉOLOGIE ET PALÉONTOLOGIE. — Notes sur Fressac ( Gard) , et description de deux anciennes térébratules inédites; par M. d'Hohbres-Firhas. (Extrait.) « La montagne sur laquelle s'élèvent les ruines du château de Fressac appartient à l'étage inférieur du système oolitique : elle est à 8'''',75 d'Anduze , et à i9'"',25 d'Alais, vers le sud-ouest de ces deux villes ; sa hauteur au-dessus de la mer est de l\oo mètres. Les marnes liasiques de la pente orien- tale de cette montagne et les ravins creusés à sa base par les eaux pluviales • sont remplis d'une infinité de petites coquilles fossiles, isolées et d'une bonne conservation. Ce sont une grande variété d'ammonites, des nautiles, des troches, des pleurotomaires, des nucules, des arches, des moules, des téré- bratules, etc. ; elles sont pyriteuses, brunâtres ou bronzées ; extérieurement, leur cassure est métallique et brillante. , < . " Dans les couches inférieures et dans les environs, toujours dans le même terrain, il y a diverses pétrifications calcaires, des ampullaires, de grosses bélemnites , de grandes ammonites , parmi lesquelles la Cornucopia Young se fait remarquer par ses dimensions. On y trouve fréquemment ces pétrifications, aussi calcaires , généralement cylindriques ou coniques, qui se partagent en tranches inégales et sont traversées par des siphons.... .T'ai ( 587 ) fait connaître [Mém-, t. IV, p. 187) ces fossiles singuliers, provenant in- dubitablement de corps organiques , non encore déterminés par les natura- listes. J'ai annoncé précédemment [Mém, , t. IV, p. i33) que j'avais rencon- tré à Fressac de grosses vertèbres, des côtes et d'autres os agatisés. » Voilà donc trois sortes de pétrifications réunies dans un espace assez restreint. J'y ajouterai les ossements incrustés de la baume des Morts, proche Durfort, où les minéralogistes recueilleront de la galène et de la blende, avec les cristaux de chaux carbonatée et de chaux fluatée bleus et violets , et la baryte qui leur servent de gangue. » Dans ce trajet de quelques kilomètres, et en approchant d'Andiize, on traverse le calcaire à gryphées, les marnes supraliasiques , le terrain néoco- mien, le keuper, le groupe oxfordien et les gypses; les granits sont à deux pas : on trouve encore du plomb, du zinc, du fer sulfurés, exploités à Saint-Félix de Paillères, du fer hydraté et de nombreux débris de corps or- ganiques fossiles. Aussi, j'engageai fortement les membres de la Société géo- logique, réunis à Alais en septembre dernier, à ne pas se séparer sans visiter cette contrée, l'une des plus intéressantes que je connaisse. >• Mes habiles confrères rendront compte de leur exploration ; je me ré- serve seulement deux petites térébratules que j'aurais pu décrire, il y a quel- ques années, avec les Terebratula contracta et Terebratula contracta pU- cata [Mém., t. IV, p. 264) , mais je croyais alors celles de Fressac suffisam- ment connues : je me décide à les publier aujourd'hui, parce que le savant qui s'est le plus occupé de cette famille de coquilles, le baron de Buch, qui a honoré de sa présence notre session géologique , a regardé ces deux espèces comme indéterminées. 11 Terebratula minima, Nobis. — J'appelle ainsi cette térébratule, parce que c'est la plus petite que j'ai observée dans les cabinets et dans les ouvrages des conchyliologistes. >' On distingue sur l'exemplaire de 3™™,75 de longueur, dont je donne la figure, deux anneaux concentriques d'accroissement. Trois gros plis partent du natis et se terminent aux bords ; celui du milieu est perpendiculaire jus- qu'au front, les deux autres divergent régulièrement vers l'angle que forment les arêtes cardinales avec les arêtes latérales. Le sinus de la valve dorsale correspond au premier; il a un tiers à peu près de la largeur totale de la co- quille. La longueur de cette térébratule étant 100, sa largeur est 124, et sa hauteur 4o. Avec une bonne loupe, on distingue le crochet et même le trou , larea, le deltidium. Mais il faut pour cela examiner plusieurs individus; lorsqu'ils sont fortement grossis, on voit que beaucoup sont écornés, usés 77- • ( 588 ) ou encroûtés de terre, et peut-être d'un reste de test. Nos figures sont faites d'après diverses images microscopiques. » Terebratula Leopoldina , Nobis. — Quoique le contour des térébra- tules soit généralement un pentagone, au premier aspect celle-ci semble len- ticulaire. Son sommet est peu saillant, ses angles et ses arêtes sont arrondis, ses deux valves également convexes; sa plus grande épaisseur est au centre et diminue régulièrement vers le sommet, les côtés et le front. J'avais pensé jadis que lo nom de Lenticularis lui convenait, mais il avait été déjà donné à une autre espèce de cette famille; je désignerai donc celle-ci par le prénom du célèbre baron de Buch, en commémoration de sa visite dans notre pays - et comme un témoignage de l'estime respectueuse des géologues que j'avais l'honneur de présider. La Terebratula Leopoldina est lenticulaire; cepen- dant son crochet et les deux arêtes latérales se distinguent à l'œil nu , ainsi que le natis, au milieu duquel est une rainure entre deux bourrelets, qui, dans cer- tains exemplaires , se terminent par des plis déliés, prolongés jusqu'au front de la coquille, le plus ordinairement lisse. On voit sur la valve dorsale deux échancrures aux côtés du crochet, et des cercles d'accroissement vers les bords, également marqués sur la valve ventrale. Sa longueur est à sa largeur comme loo; loa; sa hauteur est 4^. Cette térébratule , assez commune à Fressac , se trouve aussi à la Canaou, entre Durfort et Anduze , vis-à-vis la tuilerie, dans la même formation; mais je n'ai jamais rencontré la Terebra- tula ininimo dans cette dernière localité , ni dans les terrains analogues des divers pays que j'ai parcoiirus. » RAPPORTS. CALLIGRAPHIE. — Rapport sur une nouvelle méthode d'enseigner à écrire ; , />flr M. Lambert-Leliech. (Commissaire, M. Pariset. ) « Le 3o novembre 1846, un professeur de caUigraphie, M. Lambert- Lelieur, écrivit à l'Académie des Sciences pour la prier de nommer une Com- mission qui constaterait les heureux et rapides progrès qu'il fait faire à ses élèves , et rendrait compte à l'Académie du mode d'enseignement qui lui est propre. » L'examen de cette affaire fut confié d'abord à notre honorable con- frère, M. Despretz : mais n'ayant point d'enfant à soumettre à ce genre d'expérience, M. Despretz se récusa; et c'est alors que l'Académie me fit ( 589 ) rhonneur de me substituer à M. Despretz. J'ai pris à lâche de remplir ma mission, et j'en mets aujourd'hui les résultats sous vos yeux. • » Ma première pensée fut que la demande de M. Lambert n'était en rien du ressort de l'Académie des Sciences. Elle ne se rattache en effet à aucune des Sections dont la Compagnie se compose : et bien qu'il s'agisse de lettres, et même de belles lettres, de lettres dont la forme élégante et régu- lière se rapproche du dessin, il eût été néanmoins impertinent de renvoyer cette demande ou à l'Académie française, ou à celle des Inscriptions, ou même à celle des Beaux-Arts. Peut-être serait-elle du domaine de l'Académie des Sciences morales et politiques, et cela, par des considéralions que j'ex- poserai tout à l'heure. " Ma seconde pensée a été que, n'intéressant directement aucune Aca- démie en particulier, la demande de M. Lambert pourrait très-bien les in- téresser toutes; car, s'il est vrai que les connaissances et les industries hu- maines ne se forment, ne se développent, ne se perfectionnent que par les secours qu'elles se prêtent l'une à l'autre, il est encore vrai qu'elles ne font ces échanges mutuels que par l'intermédiaire de la parole articulée ou écrite. L'écriture même l'emporte de beaucoup sur la simple parole: elle est, pour ainsi dire, la véritable monnaie de ce genre de commerce; c'est elle qui ré- pand les sciences et les arts de contrée en contrée, et les perpétue de siècle en siècle : invention admirable qui lie toutes les autres et les rend éternelles. Considérée dans ce qu'elle a de matériel , plus l'écriture sera nette , plus le commerce dont elle est le signe sera rapide et facile; plus elle sera incor- recte et négligée, plus ce commerce sera languissant : il pourra même devenir nul. J'en appelle à MM. les Secrétaires de l'Académie. Lorsqu'il leur tombe dans les mains une pièce illisible, avec une signature indéchiffrable , ils la mettent au rebut avec les pièces anonymes. Je l'ai dit ailleurs; il serait à souhaiter que, dans les ouvrages d'esprit, les mots se tussent pour ne lais- ser parler que les idées. Ce que j'ai dit des mots, je le dis de l'écriture : il faudrait qu'elle fût toujours assez belle pour se faire oublier, et ne jeter dans la lecture ni embarras ni hésitation. Un manuscrit en beaux carac- tères est comme un orateur éloquent; avec des caractères difformes et confus, c'est un orateur obscur ou muet. Si les anciens manuscrits avaient toujours été bien lisibles, que d'erreurs et de faux jugements ils nous eussent épar- gnés! et combien de vérités perdues seraient arrivées jusqu'à nous! Vous mettez du prix à former la voix de votre enfant; vous voulez qu'il ait une prononciation pure, neite et distincte : que ne vous attachez-vous encore à lui donner une belle écriture? Ce talent, car c'en est un, le servira mieux (590) dans le cours de la vie que les élépfances de la toilette et les grâces de la danse. Un voyageui- dénué de tout, en pays étranger, déplorait avec amer- tume de ne pouvoir, pour vivre , rien enseigner, pas même à écrire. Pinel était plus heureux; il enseignait la géométrie. A son arrivée à Paris, un des premiers membres de l'ancienne Académie des Sciences, Michel Rolie, don- nait en ville des leçons d'écriture, et soutenait par là sa nombreuse famille. .Tentends dire que l'administration ne veut plus donner d'emploi qu'à des sujets qui ont, ce qu'on appelle, une belle main. C'est que cette espèce de beauté est nécessaire dans toutes les professions; elle l'est surtout dans les engagements par écrit, dans les contrats, dans tous les actes civils. On se rappelle la plaisante ambiguïté des deux conjonctions et et ou, qui fit com- paraîtce devant un juge Marcehne et Figaro, le fils et la mère, encore in- connus l'un à l'autre, et qui aurait pu renouveler l'inceste de .locaste et d'OEdipe. IMais ce qui fait rire au théâtre arracherait des larmes à tonte une famille, dont la fortune ou l'honneur serait à la merci d'une conjonction mal écrite. Rien n'est indifférent dans le monde. Il faudrait que le bien fût partout, jusque dans les plus petites choses. Une belle écriture doit entrer dans toute éducation libérale. Nous ne sommes plus au temps où les hommes puissants affectaient de signer avec une croix, ou en appuyant sur le papier le pommeau de leur épée , ou la main qu'ils avaient trempée dans l'encre : et telle est la liaison de toutes les parties de notre être moral, que l'habitude de bien écrire peut inspirer des idées, ou plutôt des sentiments de rectitude et d'ordre qui s'étendraient à tout. " Mais c'est assez parler des services que rend l'écriture. .Te viens à M.Lambert. J'ai le bonheur d^avoir quatre neveux, tous très-jeunes. Trois ont été pour peu de jours confiés aux soins de M. Lambert. Ils ont com- mencé par donner des spécimens de leur écriture actuelle. Après dix leçons ils en ont donné de l'écriture qu'ils venaient d'acquérir; et, en comparant les seconds spécimens avec les premiers, on est frappé, selon moi, des heureux changements qui se sont faits dans ces écritures. Des comparaisons non moins favorables se font remarquer pour d'autres élèves qui n'ont reçu que quatre ou cinq leçons. Ces enfants ont huit ans, huit ans et demi, dix ans , treize ans. M. Lambert aime à voyager. En i84o, il était à Phaisbourg; en i84i à Blamont, à Cirey, à Vie; en 1842 , à Châlons-sur-Mame; en i843, à Paris. Partout, dans ces stations diverses, en peu de mois, en peu de semaines, ou pour mieux dire , en peu de jours , M. Lambert a fait d'excellents élèves , comme le prouvent les attestations que lui ont délivrées des maîtres de pen- sion et des directeurs de collège, et qui ont été légalisées par les autorités ( 591 ) locales, et même par des colonels de régiment. A Paris, en effet, il y a quatre ans, le caporal des grenadiers du 47* régiment d'infanterie légère, Clément Allié , se mit sous la direction de M, Lambert, et , après la dixième leçon , il a donné à son maître, sous forme de certificat, une page de la plus belle écriture, d'une écriture égale, facile, libre, nette, élégante, qui lui a fait oublier le détestable griffonnage qu'il avait rapporté des écoles. L'Académie peut se convaincre de la vérité de mes paroles, en exami- nant la série des spécimens que je dépose .sur le bureau. » Mais quelle est la méthode de M. Lambert? Cette méthode est très-sim- ple. Il prend, il enveloppe de sa main droite la main de l'élève, il en plie, il en façonne les doigts à tous les mouvements doux et ménagés que ces doigts doivent donner à la plume pour tracer la figure de la lettre, pour la dessiner, pour la peindre avec tous ses pleins, tous ses déliés, tous ses con- tour; et, par cette petite gymnastique soutenue chaque fois pendant une heure, et répétée tous les deux jours, l'élève, au bout de vingt, sait écrire. Une docilité si prompte dans un organe sans expérience, ou même déjà gâté par de vicieuses habitudes, cette docilité est une qualité de plus à joindre à tant d'autres qui, aux yeux des médecins et des philosophes , font de la main le plus merveilleux de tous les instruments ; car c'est elle, a-t-on dit , qui , dans l'échelle des êtres , a élevé l'homme an premier rang. " Mais les succès de M. Ijambert sont-ils toujours aussi faciles et aussi rapides? Il les obtient surtout des sujets qui ont les doigts longs. Sur cent élè- ves de cette catégorie, quatre-vingt-dix-neuf écriront très- bien j un seul écrira mal. Pour les doigts courts, c'est l'inverse ; un seul sur cent réussira, les quatre-vingt-dix-neuf autres seront toujours médiocres. Ajoutez qu'ici comme en tout, la main est sous l'empire de la sensibilité, du tempérament, et même du caractère. Faute d'attention, l'enfant lourd et l'enfant vif écriront mal ; mais le premier ne se corrige pas, le deuxième se corrige, car le remède est dans le mal, et la vivacité le ramène. L'enfant somnolent aura toujours une écriture lourde et massive; un peureux, une écriture molle et lâche; un dissimulé , une écriture tâtonnée , indécise , dépourvue de hardiesse et de fer- meté. C'est le contraire pour un enfant généreux , franc, énergique. Selon M. Lambert, il est des écritures hypocrites, comme il est des physionomies, des voix, des maladies hypocrites. On conçoit qu'un homme doux < t pai- sible ait dans son écriture tout le calme de son esprit , tandis qu'un homme fougueux et passionné porte jusque dans la sienne toute l'impétuosilé deses sentiments. Mais nous voilà dans la question qu'aurait à résoudre l'Acadé- mie des Sciences morales et politiques, et peut-être même cette partie de la ( 59» ) médecine qu'on appelle physiologie. Existe-t-il , en effet, comme on l'a dit, une affinité plus ou moins étroite entre le caractère de l'écriture et celle de l'écrivain? et serait-il possible de deviner l'un par l'autre? Problème que j'énonce sans y toucher; parce que , dans ce genre de divination , les tenta- tives ont presque toujours été nulles ou suspectes, bien que j'en aie vu qui ne pouvaient l'être pour moi, et auxquelles cependant j'hésite encore à croire. Il se peut du reste que ces secrets rapports entre le caractère et l'écriture ne soient sensibles que dans un âge très-tendre, c'est-à-dire dans un enfant dont le naturel n'a pas encore été changé par le monde. Nous proposerons maintenant quelques remarques qui peuvent intéresser les tribunaux , et donner des règles pom* l'éducation. Presque jamais des écritures de femme ne peuvent être confondues avec des écritures d'homme. L'écriture a ses âges comme la vie ; elle a son enfance et sa vieillesse , distinctes l'une de l'autre, la première par ses traits timides , la seconde par ses traits saccadés. Les âges les plus favorables pour se former à l'écriture sont de 9 à 10 ans, jusqu'à 16 et 18, puis de 3o à 45 ans. Entre ces deux périodes, les sujets se montrent plus indociles et prennent plus de temps. Au delà de la seconde période, les organes n'ont plus le même jeu ni la même souplesse. Cependant un homme de soixante ans a eu la fantaisie de se donner une belle écriture, et de tous les élèves de M. Lambert, celui-là a été le plus brillant. Enfin, comme ils se distinguent par le caractère , les peuples se distinguent aussi par l'écriture. Les Anglais, les Allemands , les Italiens, les Espagnols , ont chacun la leur, qu'un œil exercé reconnaît à la première vue. Y a-t-il là quelque chose d'héré- ditaire? Ce qui le ferait penser, c'est qu'un jeune Anglais formé à l'écriture française s'écartait peu à peu de ses modèles, pour donner, par une sorte d'instinct, à son écriture, toute la physionomie de l'écriture anglaise. " Telles sont, messieurs, les notes que je tiens de M. Lambert-Lelieur, et que je n'ai pas crues indignes de votre intérêt. » De tout ce qui précède, il suit, ce me semble : » 1°. Que M. Lambert-Lelieur possède réellement une méthode très-expé- ditive d'enseigner à écrire, et même à bien écrire; " 2°. Qu'il en résulte pour les élèves une grande économie de temps; " 3°. Que cette économie de temps est pour les familles une véritable richesse ; • » 4°- Enfin , et pour conclusion dernière , j'ai l'honneur de proposer à I Académie de déclarer qu'elle approuve le mode d'enseignement que pra- tique M. Lambert; qu'elle l'invite à persister, et à former des maîtres capa- bles d'étendre et de continuer son œuvre. « ; V ' Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( 593 ) PALÉONTOLOGIE. — Rapport sur des recherches paléontologiques faites en Bretagne et dans V Anjou; par M. Marie Rocault. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy, Milne Edwards rapporteur.) « L'auteur de ces recherches est un enfant du peuple qui, dominé par le goût de l'étude, s'est instruit sans le secours d'aucun maître, et a su deve- nir homme de science en consacrant à l'observation de la nature les rares instants dont les travaux manuels nécessaiies à son existence lui permettaient de disposer. Ce n'est qu'au prix des privations les plus dures qu'il a pu satis- faire aux besoins de son intelligence; et le spectacle de sa vie studieuse et désintéressée aurait suffi pour lui assurer la sympathie de tous les cœurs gé- néreux , lors même que ses efforts seraient restés stériles pour la science dont il s'occupait avec une ardeur si persévérante; mais ce n'est pas à ce titre seulement que M. Rouault mérite la bienveillance de l'Académie. Ses droits reposent aussi sur des services réels rendus à la géologie et à l'histoire des animaux fossiles. En effet, ses observations fournissent d'utiles données pour la détermination de quelques terrains dont l'étude était restée incomplète , et viennent porter de nouvelles lumières sur une grande famille de Crustacés, dont notre faune actuelle n offre aucun représentant et dont les caractères ne sont encore que très-imparfaitement connus. » Les recherches de M. Rouault, commencées en i845, ont été faites à Gahard, à Poligné, à Bains, à Vitré et à la Hunaudière; il a recueiUi dans ces localités, dont on ne soupçonnait pas la richesse paléontologique , plus de six mille échantillons de Trilobites et de coquilles fossiles , et il y a dé- couvert plusieurs espèces qui , jusqu'ici , n'avaient pas été trouvées en France , ou qui sont même tout à fait nouvelles pour la science. Les collections faites jusqu'alors ne pouvaient donner aucune idée de l'abondance de ces animaux dans les mers de la période silurienne. Ainsi, lorsque M. Brongniart appela l'attention des géologues sur la famille des Trilobites par la publication de son bel ouvrage sur les Crustacés fossiles, on n'en connaissait qu'un très- petit nombre d'individus, et on pouvait penser que toujours ils avaient été rares: depuis cette époque , on en a découvert plusieurs espèces nouvelles , soit en Suède et en Angleterre , soit dans l'Amérique du Nord et même aux environs du cap de Bonne-Espérance; mais, dans chaque localité, les indivi- dus étaient toujours peu abondants. Les recherches de M. Rouault montrent cependant que , dans certains points au moins, les Trilobites étaient autrefois aussi communs que les crabes de nos côtes le sont aujourd'hui ; car, en explo- C. R. . .847, •" Semestre. (T. XXIV, iS» 14.) 7^ ( 594) tant pendant quelques semaines seulement les environs de Poligné, ce col- lecteur habile est parvenu à réunir plus de deux mille «échantillons d'une même espèce, le Trinucleiis Pontgerardii. » Les fossiles qui se rencontrent si abondamment dans ces localités ne se présentent pas tous dans le même état de conservation. Chez les uns, le test est complètement transformé en sulfure de fer; chez d'autres, une portion seulement du squelette tégumentaire a subi une modification de ce genre ; et chez d'autres encore , le sulfure de fer n'entre jamais comme partie consti- tuante de l'enveloppe solide. M. Rouault a cherché à se rendre compte de ces différences, et, en comparant la structure des coquilles vivantes à celles des dépouilles de mollusques ainsi modifiés, il a vu que les espèces dont la fossi- lisation est accompagnée d'un dépôt moléculaire de fer sulfuré dans la sub- stance du tissu , sont celles dans la composition desquelles il entre beaucoup de carbonate de chaux ; tandis que celles dont la consistance est cornée n'ont pas donné lieu à un phénomène semblable. Puis , appliquant ces données à l'é- tude des Trilobites, il a cherché à déterminer la structure originaire du sque- lette extérieur de ces animaux, d'après la nature des transformations qu'elle a subies dans le sein de la terre. ■ » Les Calymènes et les Phacops lui ont toujours offert un test formé de sulfure de fer ; les Nileus, les Ilœnus, les Ogygies, les Cheirurus et les Prio- nocheilus n'ont présenté aucune trace d'une transformation pareille; enfin, chez le Trinucleus, M. Rouault a constamment trouvé certaines parties à l'état de fer sulfuré, tandis que le reste du test n'avait pas éprouvé de modification analogue. L'auteur en conclut que, chez les Calymènes et les Phacops, le test était calcaire , comme la carapace de nos crabes et de nos écrevisses; que , chez les Nileus , les Ilœnus , les Ogygies , etc. , le squelette tégumentaire était membraneux ou corné ; et que, chez les Trinucules, la majeure partie du corps offrait une structure analogue à celle des Apus ou des Branchipes de l'époque actuelle , tandis que les prolongements spiniformes du bouclier céphalique étaient calcaires. L'auteur pense que ces différences correspon- dent aussi à des divisions naturelles dans la grande famille des Trilobites, et il a joint à son Mémoire un tableau dans lequel il classe ces fossiles d'après les caractères que nous venons de rappeler. Nous ne partageons pas com- plètement l'opinion de M. Rouault sur ce point ; mais nous reconnaissons avec lui que les indices données par la présence ou l'absence du fer sulfuré dans le test de ces animaux fossiles méritent de fixer l'attention des zoolo- gistes , et pourront nous aider dans la détermination du mode de structure propre aux différentes espèces. ( 595 ) « Les observations de M. Rouault jettent aussi de nouvelles lumières sur la constitution anatomique des yeux des Trilobites. On savait que , chez les Galymènes et dans plusieurs autres genres de la même famille , il existe, de chaque côté du front, un grand œil à réseau ou œil composé; les échantillons recueillis par M. Rouault montrent que ces yeux composés sont pourvus d'une cornée transparente réticulée , d'une couche de lentilles et plus pro- fondément encore d'une couche de cônes renversés à base concave, ser- vant de support pour ces espèces de cristallins. M. Rouault appelle aussi l'attention des zoologistes sur les différences qui existent dans la forme des corneules , des lentilles ou des cônes, suivant les espèces, et insiste avec raison sur l'emploi de ce caractère pour la détermination spécifique des Trilobites. » L'auteur a également fait connaître le mode d'enroulement des Trinu- cules, qui est tout à fait différent de ce qui se voit chez les Galymènes ou les Nileus. Enfin , il a ajouté plusieurs détails curieux à l'histoire anatomique de ces animaux. » Les fossiles recueillis par M. Rouault serviront aussi aux géologues pour bien fixer l'âge des terrains dans lesquels ce collecteur lésa trouvés, et vien- nent confirmer à cet égard des résultats déjà obtenus par MM. de Verneuil et d'Archiac. On en doit conclure que les schistes d'Angers , de la Hunau- dière, de Bain, de Pqjigné et de Vitré sont contemporains et appartien- nent au système silurien inférieur , tandis que les calcaires et les schistes de Gahard , près Rennes , sembleraient être du même âge que les terrains dévoniens de l'Eifel. » Ce court exposé fera voir que les recherches de M. Rouault doivent nous intéresser sous plus d'un rapport; et, d'après les résultats qu'il a déjà obtenus, nous sommes persuadés que, s'il est donné à ce jeune natura- liste de poursuivre les travaux géologiques auxquels il se consacre avec tant de zèle , il ne manquera pas de rendre à la paléontologie de nouveaux ser- vices. Nous aurons, par conséquent, l'honneur de proposer à l'Académie d'approuver les recherches de M. Rouault, et d'engager cet observateur à poursuivre ses investigations. » Ijes conclusions de ce Rapport sont adoptées. . 78. ( 596 ) • NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un correspondant pour la place vacante dans la Section d'Économie rurale. Au premier tour de scrutin , le nombre des votants étant de 46 , M. Kuhlmaun obtient. .. . 45 suffrages. M. Hardy (i) i M. KuHLMAiMiv, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. MÉMOUUËS LUS. ÉCONOMIE RURALE. — Considérations générales sur la culture forestière en France; par M. Eugène Chevandier. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à la Section d'Économie rurale.) « L'auteur s'est proposé de rechercher : » i". Quelle augmentation on pourrait obtenir, en France, dans la pro- duction annuelle des bois par une culture mieu'x entendue des forêts aujour- d'hui existantes, et par le reboisement successif des parties du sol qui, ayant été anciennement déboisées , sont restées sans utilité pour l'agriculture; » 2°. Quel serait le rapport entre cette augmentation et le chiffre repré- sentant la consommation actuelle en combustibles minéraux. « L'auteur établit, par des documents authentiques, que la surface boisée de la France est de 86a3 128 hectares, dont 1 665290 sont traités en futaie, c'est-à-dire aménagés à de longues révolutions, suivant la méthode des éclair- cies et des ensemencements naturels; et 6967 838 sont traités en taillis, c'est- à-dire coupés en moyenne tous les vingt ans environ , de manière à permettre le recru des jeunes souches. » Il évalue le produit annuel de ces forêts à 4° 589 537 stères; soit en moyenne 4'S 7 1 par hectare , chiffre un peu plus élevé que celui donné par M. le directeur général des Forêts, qui , dans un Rapport à M. le Ministre des Finances , a adopté 4 stères. " Comparant ensuite ce produit à celui des futaies du pays de Baden qui, pour des bois de cinquante à cent quarante ans, est en moyenne de 1 1 1^ stères (i) Dans la liste présentée par la Section, le nom de M. Hardy, directeur de la pépinière centrale de l'Algérie, était porté en seconde ligne, ex œquo, avec ceux de MM. Ridolphi, Rieffel et Schattenmann : c'est par erreur que le nom a été omis dans la liste imprimée au Compte rendu, page 56^ . ( 597 ) par hectare et par année, l'auteur en conclut que, si les forêts de la France étaient graduellement, et autant que possible , ramenées à la culture en futaie et peuplées d'essences bien appropriées à la nature du sol, au climat, à l'ex- position, etc., on arriverait facilement à en obtenir, en moyenne, un produit de lo stères par hectare et par année ; soit 86000000 de stères pour les forêts aujourd'hui existantes. 'v ■• , ' < » Relativement aux parties du sol susceptibles de reboisement, l'auteur rappelle que, depuis 179 1 jusqu'en i844> on a déboisé 483oOo hectares aujourd'hui cultivés. Quoique sur beaucoup de points inconsidérément dé- frichés, et dont les produits couvrent à peine les frais de culture , il y aurait peut-être avantage à opérer le reboisement, il ne comprendra ces 483ooo hec- tares pour rien dans ses calculs. » ]VI. le directeur général des Forêts porte , dans le Rapport déjà cité, l'é- tendue des terrains à reboiser pour cause d'utilité publique à i 268 167 hec- tares, situés en montagne et appartenant soit à l'État, soit aux communes et établissements publics, soit aux particuliers. 11 évalue la dépense à faire à 36o63i2 francs, soit environ 76 francs par hectare. " Mais, d'après la statistique générale de la France, publiée en 1887 par M. le Ministre de l'Agriculture, la surface de la France, qui est de Sa 768618 hectares, comprendrait 7799672 hectares de landes, pâtis et bruyères; soit environ j de la superficie totale. L'auteur fait observer qu'en déduisant de ce chiffre 2799672 hectares pour les terrains tout à fait impropres à la culture forestière et pour les pâtis communaux dont l'utilité serait reconnue, ce qui, pour chacune des 37234 communes que renferme la France, don- nerait 76 hectares 1 9 ares en moyenne par commune, il resterait encore 5 000000 d'hectares d'un produit à peu près nul, et qui pourraient être, avec avantage, convertis successivement en forêts, en opérant annuellement sur Soooo hectares, de manière à créer, au bout d'une période de cent années, une révolution complète de futaies. Il évalue la dépense à faire à 1 20 francs par hectare , soit 6000000 par an; et le produit annuel, au bout d'un siècle, à 5o 000 000 de stères, à raison de 10 stèi'es par hectare. » Il trouve ainsi, en résumé, que, sans introduction de méthodes nou- velles dans la culture des forêts, il serait possible d'augmenter, d'ici à un siècle, la production annuelle du bois en France ; . 1°. Par un traitement mieux entendu des forêts existantes, de. . . . 4^4' 0000 stères, a". Par la création de 5 000 000 d'hectares de forêts nouvelles , de. Soooo 000 Total 95410000 ( SgS ) » D'un autre côté, d'après les comptes rendus de l'Administration des Mines, la consommation annuelle en combustibles minéraux en France, qui était de 4i millions de quintaux métriques en 17B9, s'est élevée, en i844i ^ 55 millions de quintaux métriques. Cet accroissement de production a lieu d'après une progression tellement rapide, qu'il a été, de i835 à i84o, de 2 raillions en moyenne par année, et, de i84o à i844» f^c 3 millions. La consommation actuelle peut donc être évaluée à environ 60 millions de quin- taux métriques. En admettant, d'après les expériences faites par l'Adminis- tration des Mines, que 180 kilogrammes de houille fournissent autant de cha- leur, en moyenne, que i stère de bois, ces 60 millions de quintaux métriques auraient pour équivalent 33333 333 stères de bois. " En outre, il résulte des comptes rendus de l'Administration des Mines, que la production de la tourbe a été, en i843, de 1 4oi 000 stères. En ad- mettant ce chiffre comme exprimant approximativement la consommation actuelle, il sera représenté, d'après M. Peclet, par un nombre égal de stères de bois. » En ajoutant ces 1401000 stères aux 33333333, représentant la con- sommation en houille, on trouve 34734333 stères de bois pour l'expression de la consommation actuelle en combustibles autres que le bois ; soit environ le tiers de l'augmentation de production que l'auteur a reconnu pouvoir être obtenue dans le cours d'un siècle par une exploitation mieux entendue des forêts, et par le reboisement des parties aujourd'hui dénudées. " Un pareil résultat semble, à l'auteur, de nature à dissiper, en grande partie, les inquiétudes que pourrait inspirer pour l'avenir un Rapport récem- ment publié, dans lequel M. Adolphe Brongniart, après avoir signalé cette augmentation de la consommation en combustibles minéraux, continuelle- ment ascendante en même temps que le développement de l'industrie et des grands travaux publics , en conclut que bien peu de terrains houillers pour- ront suffire à la consommation pendant plus d'un siècle, et que la durée maximum des couches les plus puissantes ne peut pas être évaluée à plus de deux ou trois siècles. « Quoique les futaies du pays de Baden produisent, en moyenne, 11^ stères par hectare et par année, l'auteur a adopté, dans tous ses calculs, une pro- duction normale annuelle de 10 stères par hectare, afin d'éviter toute exagé- ration dans les résultats. Mais il pense que le chiffre.du pays de Baden pourra facilement être atteint et même dépassé par suite des améliorations succes- sives que l'étude, au point de vue scientifique, de tous les phénomènes de la végétation forestière amènera nécessairement dans la culture des bois. (599) » L'auteur entre dans quelques considérations générales sur les agents qui peuvent contribuer à ces améliorations; il rappelle ses propres recherches sur l'action de l'air et de l'eau, sur les éclaircies et les irrigations; il indique la possibilité d'arriver à des amendements du sol qui, sans être coûteux, seraient peut-être utiles pour activer la végétation des forêts, et termine son travail par les conclusions suivantes : » 1°. La production forestière de la France pourrait être amenée, dans l'espace d'un siècle, à fournir, indépendamment de ce qu'elle donne aujour- d'hui, environ trois fois l'équivalent de la consommation actuelle en combus- tibles minéraux; » 2°. Cette production pourrait être rendue plus considérable encore, par toutes les améliorations qui restent à introduire dans la culture des forêts. » - , , MÉMOIRES PRÉSENTES. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une Note de M. d"Es- TOCQUois sur les valeurs approchées des fonctions elliptiques de seconde espèce. (Commissaires, MM. Cauchy, [àouville, Sturm.) ÉCONOMIE RURALE.— Prewier Mémoire sur les grejffes: de la grejjfè herbacée; par M. Decaisne. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à la Section d'Économie rurale.) « Les greffes herbacées, c'est-à-dire celles qui se pratiquent à une époque où le végétal ligneux est encore dans un état de mollesse qui le rapproche de la plante annuelle , ont particulièrement fixé mon attention. Cette opération se pratique en grand aujourd'hui dans la forêt de Fontainebleau ; elle offre un exemple de plus d'une pratique horticole qui trouve son application dans la grande culture. Elle permet d'obtenir ainsi dans un terrain ingrat , et à l'aide de sujets robustes, des espèces précieuses qui n'y trouveraient point l'élément nécessaire à leur prospérité; telles sont actuellement les diverses essences de pins à Fontainebleau; tels seront une foule de plantes délicates qui, par ce moyen, se propageront dans nos jardins. » D'après mes nombreuses expériences, je suis porté à n'accorder, dans certaines greffes, qu'un rôle secondaire au système vasculaire. Dans quelques plantes grasses , en effet, j'ai vu la greffe végéter pendant quatre ans , fleurir et fructifier, sans néanmoins que les vaisseaux d^es deux individus, sujet et ( 6oo ) greffe, se soient trouvés en rapport. Dans toutes les greffes pratiquées jus- qu à ce jour , j'ai pu me convaincre qu'elles réussissent d'autant mieux qu'elles offrent plus complètement cet état herbacé, qui est celui où le tissu utricu- laire a conservé sa plus grande énergie , et cela d'après la loi à'homœozjgie établie par M. Ghevreul, » Sans entrer ici dans le détail des expériences et des observations que renferme mon Mémoire , je me contenterai d'exposer ici quelques-unes des conclusions auxquelles elles conduisent. Ainsi , je crois ppuvoir établir, en général, » 1°. A regard des plantes grasses : Que ces greffes peuvent vivre plu- sieurs années sans qu'on voie s'établir des rapports entre les systèmes vascu- laires des deux individus (sujet et greffe); que les greffes absorbent leurs fluides nourriciers par l'intermédiaire du tissu utriculaire ; que les greffes de VEpiph/llum ne produisent point de racines à l'intérieur du sujet, ainsi que les praticiens l'admettent; qu'on ne peut, par conséquent, les considérer comme des végétaux parasites proprement dits, puisque, dans ceux-ci. Cuscute, Gui, Mizodendron, etc. , les systèmes vasculaires sont en rapport immédiat ; que, dans les Cactées , l'absoi'ption des sucs par la greffe est mé- diate, car elle a lieu à travers une couche de tissu utriculaire avant d'arriver aux végétaux ; » 2°. A l'égard des greffes herbacées entre végétaux ligneux: Que les greffes sont d'une reprise d'autant plus assurée , que le tissu utriculaire est plus abondant et que celui de la moelle vient concourir au succès de l'opé- ration; que l'époque la plus favorable est celle où le tissu élémentaire, quoique arrivé à son parfait développement, se trouve cependant encore gorgé de sucs; qu'avant cette époque, son accroissement ou son expansion plus ou moins rapide s'oppose à la réussite des greffes ;' » Que le liber ne paraît pas nécessaire dans l'opération de la greffe , si on en juge par le Phjtolacca et le Cactus, chez lesquels l'écorce est dépourvue de cet organe ; » Que les greffes les plus avantageuses sont celles qui se pratiqueront en mettant en contact la plus grande surface possible de tissu utriculaire; qu'ainsi la greffe Dumont doit être préférée à la greffe Palladius, qui se pratique communément dans nos campagnes ; que le placage, qui entame le sujet et la greffe jusqu'à la moelle, présente les avantages que je viens de signaler; qu'il en est de même à l'égard de la greffe en flûte, qui se trouve alimentée par les rayons médullaires, surtout quand on opère sur de très- jeunes sujets; ( 6o, ) » Que les espèces qui appartiennent à un genre naturel peuvent s'entre»- greffer malgré leurs différences physiologiques; qu'ainsi on voit réussir des plantes à feuilles persistantes sur des espèces à feuilles caduques ( Magnolia juscata sur M.purpurea, M. grandiflora sur M. tripetala); » Que les parties du système ascendant d'un végétal se greffent avec une facilité extrême sur les parties du système opposé, surtout quand elles sont charnues (pivoine en arbre sur racine de pivoine ordinaire). » ZOOLOGIE. — Recherches sur l'organisation des Vers ; par M. Emile Blanchard. (Extrait.) (Commissaires, MM. Milne Edwards, Rayer, Valenciennes.) « Gomme je ne puis signaler, dans ce court extrait, que les résultats principaux de mes observations, je passerai sous silence tous les faits de détails relatifs aux organes de la génération et à l'appareil digestif, me con- tentant d'indiquer les résultats plus généraux et plus importants obtenus par l'étude du système nerveux et du système vasculaire. » C'est en injectant les vaisseaux que j'ai reconnu leur présence et leur direction; c'est par dissection et en isolant chaque partie, que j'ai suivi le système nerveux : de manière qu'il nest aucun filet, aucune ramification vasculaire signalés dans moq travail que je n'aie pu rendre palpables pour tout le monde. » Chez les Planariées et tous les Trématodes, j'ai trouvé le système ner- veux consistant en deux ganglions cérébroïdes écartés, et unis l'un à l'autre par une commissure passant au-dessus ou au-devant de l'œsophage, et en une double chaîne ganglionnaire ne se rapprochant jamais sous le canal intestinal pour former un collier œsophaj^ien. Ces deux chaînes m'ont offert sur leur trajet de très-petits ganglions, dont le nombre , comme le volume et l'arrangement , varient un peu suivant les types. C'est une disposition très- analogue à celle que j'ai déjà fait connaître chez les Malacobdelles. >i Par suite de ces observations faites sur un grand nombre de genres, il demeure constant que les Planaires, les Trématodes et les Malacobdelles, de même que les Péripates observés par M. Milne Edwards, se ressemblent au plus haut degré par leur système nerveux. Il est établi, en même temps, que cet appareil, si caractéristique pour ces vers, diffère ici fondamentale- ment de celui des Annélides, en ce que les deux chaînes ne se rapprochent pas pour former un collier autour de l'œsophage. » A l'égard de l'appareil circulatoire , j'ai reconnu, chez tous les Tréma- C. R., i8i7, I" Semestre (T. XXIV, N" 44.) 79 ( 6d2 ) todes , un ou plusieurs vaisseaux principaux , fournissant des branches nom- breuses qui se ramifient et s'anastomosent de manière à former le plus sou- vent un véritable réseau vasculaire. En injectant le canal intestinal et les vaisseaux avec des couleurs différentes , j'ai vu , contrairement à l'opinion de plusieurs observateurs, qu'il n'existait jamais aucune communication directe entre ces deux appareils. Comme l'injection ne sort pas par l'extrémité pos- térieure du vaisseau principal, j'ai pu m'assurer facilement qu'il ne s'ou- vrait pas au dehors. » Chez les Planaires, j'ai constaté une disposition vasculaire analogue à celle des Trématodes. Ayant reconnu que les vaisseaux principaux abou- tissaient à une petite lacune entourant le cerveau , l'erreur de plusieurs ob- servateurs qui ont pris le cerveau pour le cœur et refusé aux Planaires un système nerveux, se trouve naturellement expliquée. Il en est de même à l'égard de l'opinion de ceux qui , ayant vu le système nerveux et signalé l'erreur des premiers, ont mis en doute l'existence d'un appareil circula- toire chez ces Annelés. Aujourd'hui toute incertitude doit cesser; car, sur une Planaire que j'ai observée à Gênes, j'ai injecté le réseau vasculaire de manière à le rendre parfaitement clair, et j'ai disséqué le système nerveux sur plusieurs espèces. Les Planariées et les Trématodes se ressemblent donc extrêmement par l'ensemble de leur organisation. I) Si nous passons au type des Cestoïdes auxquels nous réunissons les Cystiques, tout sera nouveau en ce qui concerne l'appareil de la sensibi- lité et l'appareil vasculaire. Chez les Ténias, j'ai constaté une disposition très-particulière des centres médullaires. Ces vers m'ont offert constam- ment , au centre de la tête , une bandelette transversale présentant à chaque extrémité un renflement ganglionnaire, d'où naissent deux nerfs descendant de chaque côté des canaux gastriques, et antérieurement un filet qui s'anastomose avec un centre nerveux situé à la base de chaque ventouse. Pendant longtemps, partageant l'erreur commune, je pensais qu'il n'existait point de système vasculaire proprement dit chez les Cestoïdes. Les canaux gastriques latéraux communiquant de l'un à l'autre dans chaque zoonite étaient regardés comme destinés à remplir les fonctions des deux appareils. Mais récemment, dans les ténias du chien et de la fouine, j'ai constaté, indépendamment de ces canaux gastriques ou intestinaux, l'exis- tence d'un système vasculaire très-complexe consistant en vaisseaux longi- tudinaux pourvus de ramifications et d'anastomoses nombreuses. » Chez les Helminthes proprement dits, ou les Nématoïdes, j'ai encore trouvé des particularités qu'il importe de signaler. On avait vu , dans les ( 6o3 ) Ascarides, leurs nerfs principaux , mais jamais les parties les plus essen- tielles, les centres nerveux. Ici ils sont tout à fait rudinientaires. De chaque côté de l'œsophage, il existe deux petits ganglions plus ou moins accolés l'un à l'autre, et unis à ceux du côté opposé par une double commissure entourant l'œsophage. Ces centres médullaires sont bien évidemment , les uns, les ganglions cérébroïdes unis par une commissure susœsophagienne; ceux qui leur sont accolés représentent alors les ganglions sous-intestinaux des autres annelés qui, s'étant écartés et rejetés sur les côtés de l'œsophage comme les premiers, se sont plus ou moins réunis avec eux. » lies Nématoides se font remarquer encore par leur appareil vascu- laire. Divers anatomistes ont signalé, chez ces vers, la présence de deux larges canaux offrant de l'un à l'autre une communication transversale autour de l'œsophage. J'ai constaté une complication beaucoup plus grande : d'un côté du vaisseau transversal, j'ai observé une dilatation assez pro- noncée, une sorte d'ampoule, en un mot, un vestige de cœur. Je l'ai trouvée en communication directe avec iin vaisseau régnant dans les gros canaux à leur face interne, et j'en ai suivi un second au fond de ce même tube, ainsi que des communications entre eux à la partie antérieure et à l'extrémité postérieure du corps. " Après ces observations, il devient évident que les vers appartiennent à des types essentiellement différents sous le rapport de leur organisation , et qu'ils sont loin d'être des animaux très-simples. S'ils sont dégradés par rap- port aux autres types de l'embranchement des Annelés, leur dégradation ne se manifeste pas tant par la disparition des grands appareils orga- niques, que par la diminution de volume du système nerveux et la diffu- sion des organes. Les instruments particuliers pour la fonction respiratoire sont les seuls dont on ne trouve point de trace chez les vers. La peau paraît seule y satisfaire. » Ce sont des faits bien positifs acquis à l'anatomie comparée et à la physiologie. » Après avoir étudié avec détails l'organisation des vers, un champ bien vaste reste encore à explorer; c'est leur développement. J'ai déjà réuni plu- sieurs faits sur ce sujet, et je compte les poursuivre. Si mes recherches me conduisent à des résultats de quelque importance, ce sera l'objet d'une seconde partie. Les altérations si profondes que certains vers déterminent dans les organes des animaux et dont je m'occupe actuellement, se lieront étroitement à la question du développement de ces êtres. " ' 79- ( fio/j ) ZOOLOGIE. — Monographie du genre Cerf. Première et deuxième partie : Généralités; par M. le docteur Pucheran. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Duméril , de Blainville et Is. Geoffroy-Saint-Hilaire. ) " Profitant de sa position d'aide-naturaliste au Muséum de Paris, l'auteur de ce travail s'est proposé de soumettre à un nouvel examen l'histoire des es- pèces du grand genre Cerf. C'est la partie de ce travail, relative aux géné- ralités, qu'il a l'honneur de soumettre présentement au jugement de l'Aca- démie. » Les liaisons qui unissent entre eux les divers types de la famille des Ruminants sont tellement intimes, que M. Pucheran s'est cru dans la néces- sité de rechercher, par une étude aussi approfondie que possible des ca- ractères généraux des espèces de cet ordre, les moyens de procéder aux divisions nécessitées par ia classification. Après avoir exposé les bases si avantageuses que fournit, à cet égard, l'emploi des formes générales, par suite des liaisons qui rattachent les variations de ces formes aux exigences bio- logiques, et consécutivement aux divers degrés d'amplitude des renflements de la moelle épinière, il montre la manière insensible dont se nuancent ces formes dans le groupe des Cératophores. Il s'ensuit que les déductions que peut fournir cet ensemble de traits sont alors moins fixes que dans d'autres ordres, quoique préférables cependant aux autres caractères concomitants qui ont été employés par les zoologistes modernes, depuis Pfdlas jusqu'à MM. Ogilby et Laurillard. Ces derniers caractères sont, en effet, encore plus variables dans leurs manifestations. » L'auteur signale la grande aptitude qu'ont les Ruminants pour l'habita- tion des zones australes. Ce fait est surtout prouvé, selon lui, par le grand nombre d'Antilopes et de Gazelles que renferment les continents africain et asiatique, mais le premier surtout. Or ce sont ces divers types qui possèdent les prolongements frontaux les plus restreints dans leur développement, tandis que, au contraire, le système crypteux s'y trouve être généralement plus développé. Dans les zones boréales, le nombre des types est beaucoup moindre, et cela, dans l'ancien monde aussi bien que dans le nouveau. n L'examen des caractères généraux des diverses espèces de Cerfs donne lieu à des considérations du même ordre. Par suite des observations suivies que l'auteur a faites depuis quatre années sur les individus vivants qu'a pos- sédés la Ménagerie du Muséum, il a pu constater que, dans les divers phé- nomènes périodiques auxquels sont annuellement soumis ces animaux, l'in- ( 6o5 ) flueuce des latitudes d'où ils proviennent peut facilement être mise en relief. Divers zoologistes avaient, au reste, déjà signalé des rapprochements de cette nature; mais il restait à voir jusqu'à quel point leur persistance pouvait être constatée dans nos climats tempérés. » Désireux d'étendre à la paléontologie quelques-uns des résultats que l'observation lui a décelés, M. Pucheran rappelle en dernier lieu que, dans un travail récent , M. Laurillard a comparé les régions centrales de l'Europe , à l'époque où vivaient les Cerfs fossiles , aux environs du cap de Bonne-Espé- rance, si riches en Antilopes; en second lieu, que les types de transition dans le genre Cerf sont originaires des latitudes méridionales. Le même fait ayant été signalé, dans l'étude des fossiles, par les paléontologistes, devient un nouveau rapprochement à établir entre la faune des terrains antérieurs à l'âge dans lequel nous vivons , et celle des régions australes. » L'analyse des caractères différentiels des Ruminants et l'appréciation que l'auteur fait de leur valeur relative , le conduisent à considérer comme un groupe à la fois distinct des Camélidés et des Cervidés, les genres Moschus de Linné, et Tragulus de Brisson. I/ordre des Ruminants, ainsi considéré, comprend quatre familles : les Camélidés {Camelus, L.), les Moschidés, les Tragulidés (ces deux derniers groupes distingués seulement d'une manière provisoire), et les Cervidés, comprenant ensemble tous les autres Ruminants. » L'auteur considérant ensuite , en particulier, les Cervidés à prolonge- ments frontaux caducs ou bois, établit qu'ils doivent être distingués en quatre genres inégalement nombreux en espèces : les vrais Cerfs {Cervus) compre- nant la plupart de celles-ci, les Cervules [Cervulus, Blainv.), l'Élan {Alces, Og.), et le Renne {Tarandus, Is. Geoff.). » MÉDECINE. — Note sur les effets de l'injection de l'éther dans le rectum,- par M. Marc-Dcpity. (Commission de l'éther. ) ■ J'ai voulu m'assurer s'il ne serait pas possible d'introduire l'éther dans l'économie , par une voie autre que par les poumons , afin d'éviter les incon- vénients qui s'attachent à cette méthode. Des expériences que j'ai faites suc trois chiens et un lapin m'ont démontré que l'éther injecté dans le rectum était absorbé avec une grande rapidité, et qu'il en résultait une insensibilité complète. » Le changement de couleur du sang artériel , qu'on remarque dans l'inha- lation éthérée et qui dénote que l'asphyxie est plus ou moins avancée , n'a pas lieu lorsque l'éther est injecté dans le rectum. ( 6o6 ) . » Expérience sur un chien. — J'ai injecté dans le rectum d'un chien de petite taille , un mélange de 1 5 grammes d'éther sulfurique et de 1 5 gramme» d'eau, après avoir fortement agité ces deux liquides ensemble. L'animal n'avait pas mangé depuis sept ou huit heures. Au bout d'une minute , l'haleine avait une odeur d'éther très-prononcée; il sortait de la bouche une salive un peu spumeuse , en quantité assez notable. Quatre minutes après l'in- jection, l'ivresse était complète, l'animal ne pouvait.se tenir sur ses pattes; ce n'était qu'en se traînant sur le sol qu'il lui était possible de changer de place. L'insensibilité était complète, ce dont je me suis assuré en traversant le derme par des épingles : une incision faite à la peau avec le bistouri n'a occasionné aucune douleur. » Onze minutes s'étaient écoulées, l'ivresse persistait : l'animal cependant commençait à pouvoir se tenir debout; mais lorsqu'il voulait marcher , à cha- que pas il tombait. L'insensibilité la plus grande existait encore : au bout de dix-huit minutes , la marche était plus facile , mais l'ivresse n'était pas en- core dissipée; la sensibilité commençait à revenir : car, en traversant la peau avec des épingles, il y a eu une légère contraction du paucier. Quoique ce- pendant l'animal n'ait poussé aucun gémissement , il semblait être complète- ment étranger à ce qu'on lui faisait. » Au bout de vingt-deux minutes , la sensibilité avait reparu , l'animal marchait avec assurance, l'ébriation n'existait plus; alors seulement il a vomi une petite quantité d'un liquide spumeux n'offrant rien de particuher. .> Pendant tout le temps qu'a duré l'expérience, il n'a rien rendu par l'a- nus. Il y a eu une salivation assez abondante, sans cesse l'animal mâchonnait. L'enivrement dissipé, je lui ai présenté des aliments, et il les a mangés avec appétit. » Cette injection d'éther et d'eau n'a développé qu'une irritation assez légère de la muqueuse du gros intestin , car l'animal n'a été atteint que d'un léger dévoiement. >' Expérience sur un lapin. — J'ai injecté dans le rectum d'un lapin un mélange de lo grammes d'éther et de lo grammes d'eau. Au bout de trois mi- nutes, l'insensibilité était complète ; j'ai voulu alors examiner le sang : les deux artères fémorales mises à nu, je les ai coupées; il en est aussitôt sorti un sang rutilant parfaitement normal. J'ai ensuite ouvert l'^Jjdoraen en faisant une incision partant de la base de la poitrine et allant jusqu'à la symphyse des pubis : l'animal, au moment où je terminais l'incision, a exécuté un léger mouvement, qui m'a fait supposer que l'ébriation commençait à se dis- siper; j'ai fait aussitôt une nouvelle injection d'éther et d'eau, et dès lors l'in- ( 6o7 ) sensibilité la plus parfaite a persisté pendant tout le temps qu'a duré l'expé- rience. J'ai retiré les intestins de la cavité abdominale, et je suis bientôt arrivé à l'aorte, que j'ai coupée en travers ; le sang était rouge vermeil et sortait par saccades. J'ai ouvert la poitrine: le cœur battait encore, mais faiblement; les poumons étaient rosés et n'offraient pas la moindre trace d'engorgement; la rate, le foie, les reins ne présentaient rien d'anormal; les intestins ne ren- fermaient que ti'ès-peu de gaz; il n'y avait pas la moindre trace d'injection dans la muqueuse du rectum. >' Cette observation prouve, je crois, de la manière la plus satisfaisante , c(ue l'insensibilité n'est nullement le résultat nécessaire de l'asphyxie, comme quelques expérimentateurs l'ont prétendu. Ce n'est donc point, comme ils le disent, à la cessation de l'hématose pulmonaire qu'est due la cause de l'insen- sibilité qui suit les inspirations d'éther en vapeur; s'ils ont trouvé que, pen- dant l'inhalation éthérée, le sang artériel devient noir, c'est qu'il y a eu un commencement d'asphyxie , l'air respirable n'arrivant plus en assez grande quantité dans les poumons pour suffire à la transformation du sang veineux en sang artériel. Mais ces praticiens ajoutent que la transformation du sang artériel en sang veineux précède l'apparition de l'insensibilité : par consé- quent, suivant eux, il faudrait, pour que l'insensibilité se manifestât, que la couleur du sang artériel iût préalablement modifiée par un agent propre à faire naître l'asphyxie. L'éther en vapeur ne vaudrait donc pas mieux qu'un gaz quelconque non respirable. Je ne nie pas que l'asphyxie soit un excellent moyen propre à détruire la sensibilité, mais je doute que personne soit tenté de l'essayer une première fois, dans la crainte de ne pouvoir recommencer une seconde. » En somme, je crois être fondé à dire : » 1°. Que la sensibilité est anéantie lorsqu'on injecte de l'éther dans le rectum ; " 2". Que l'éthérisation se fait aussi rapidement que lorsqu'on introduit l'éther dans l'économie par les poumons ; » 3°. Qu'il n'y a aucun phénomène d'asphyxie ; » 4°' Que cette méthode peut être employée avec plus de sécurité que celle qui consiste à faire respirer les vapeurs d'éther. « M. Lallghand fait remarquer, à cette occasion, que les opiacés admi- nistrés de la même manière ont aussi, comme l'a constaté Dupnytren, une action beaucoup plus prompte et plus énergique que quand on les porte d'abord dans l'estomac , parce qu'ils sont absorbés plus promptement et sans avoir éprouvé de modification de la part des organes digestifs. ( 6o8 ) PHYSIOLOGIE. — Recherches expérimentales et théoriques sur l'éthérisatien; par M. DuFAY, de Blois. (Commission de l'étber.) Dans ce Mémoire, l'auteur ne se borne pas à présenter ses propres obser- vations et les conséquences qui s'en déduisent; mais, prenant parmi les faits déjà publiés ceux qui lui paraissent le mieux établis et les rapprochant de ceux auxquels on était précédemment arrivé relativement à l'action des centres nerveux, il fait en quelque sorte l'histoire physiologique de l'éthéri- sation. Il donne lui-même de sou travail un résumé dont nous reproduirons uniquement les conclusions qu'il tire de ses propres expériences : « La vapeur d'éther, inspirée, pénètre avec l'air dans les vésicules pul- monaires , et n'empêche pas l'hématose d'avoir lieu , car le sang conserve sa couleur normale et sa coagulabilité. I^e sang ne devient noir que si l'animal respire dans un appareil qui ue communique pas avec l'air extérieur , parce que l'air intérieur, vicié par X expiration, devient impropre à l'hématose. " La vapeur d'éther est absorbée par les vaisseaux capillaires des pou- mons, et la modification qui en résulte dans la composition de Vêlement artériel de la névrosité donne lieu à un trouble prompt, mais éphémère, du système nerveux, trouble dont les effets sont plus ou moins comparables à l'ivresse alcoolique, au sommeil, ou mieux au narcotisme. » La sensibilité est d'abord énwussée par l'engourdissement dépendant de la congestion sanguine; bientôt elle est complètement abolie. Alors, on voit quelquefois l'opéré se débattre et pousser des cris, comme s'il sentait la douleur; puis , au réveil, il affirme n'avoir pas souffert, et ignorer même si l'opération est faite ou à faire. A-t-il seulement perdu le souvenir de la sen- sation douleur? Puisque la méinoire est abolie, c'est que les lobes cérébraux avaient cessé leurs fonctions; or une impression ne peut devenir sensation qu'à la condition d'être perçue par le cerveau; ici, pas de perception cérébrale y par suite pas de sensation de douleur. A une époque plus avancée de l'éthérisation , les mutilations les plus graves n'excitent plus ni mouvements ni cris. >i Les mouvements et les cris de l'opéré sont donc tout automatiques, et, comme ces mouvements, qui ont pour but la conservation de l'in- dividu, sont sous l'influence directe de la moelle épinière, on peut conclure de là que ce centre nerveux n'a pas encore subi l'action stupéfiante de l'éther. Et, au contraire, quand aucune réaction ne vient plus révéler \e pouvoir réflexe de la moelle, c'est une preuve que cet organe est éthérisé. ( 6o9 ) 1) L'inhalation de vapeur d'alcool ne produit rien autre chose qu'une grande excitation. Un mélange d'éther et d'alcool produit d'autant plus d'excitation, que l'alcool est en plus grande proportion. Plus l'éther est pur? moins il y a d'excitation, et plus la stupeur arrive promptement. Parmi les différents éthers, l'éther sulfurique doit être préféré, parce qu'il ne conserve pas un atome d'acide, et qu'il est d'ailleurs le moins altérable. » La tonicité musculaire diminue à mesure que l'éthérisation avance; les muscles cessent complètement de se rétracter lorsque la moelle épinière a subi l'influence de l'éther. Mais il suffit d'être averti de cette circonstance pour savoir y remédier. » L'insensibilité du malade favorise les recherches anatomiques minu- tieuses, de sorte que les chirurgiens ne sont plus exposés à comprendre des filets nerveux dans les ligatures d'artères. " Les organes génitaux externes ne sont nullement soustraits à l'influence stupéfiante de l'éther. ■<■_■" » Il serait prudent de s'abstenir de l'éthérisation dans les opérations où la sensibilité doit servir de guide au chirurgien, la lithotritie par exemple. Le succès obtenu en pareil cas ne suffit pas à justifier l'imprudence commise. » L'extrême susceptibilité nerveuse, à plus forte raison les névropathies convulsives, constituent de véritables contre-indications de l'emploi de l'éther. " La prédisposition apoplectique est un motif encore plus puissant de s'abstenir de ce moyen. » Quant aux âges , l'enfance ne doit pas empêcher de recourir à l'éthéri- sation (i). Dans la vieillesse, l'affaiblissement physiologique des fonctions nerveuses commande une grande réserve. A tout âge, cet affaiblissement pathologique recevrait, peut-être, une influence avantageuse de l'éthérisa- tion bornée à la première période , ou période d'excitation , tandis qu'il pourrait être augmenté si l'on continuait jusqu'à la stupeur. Les médecins d'aliénés devront éclaircir ce doute. " Les opérations pratiquées après l'éthérisation, et sous les réserves ci- dessus , ne sont suivies d'aucun accident raisonnablement imputable à l'éther. La réaction consécutive serait plutôt diminuée c^vl augmentée. » La médecine pi'oprement dite empruntera quelquefois à la chirurgie le secours de ce précieux agent; mais on n'effacera pas de la Bible l'arrêt qui (i) On sait que M. Guersant fils a déjà obtenu de nombreux succès à l'hôpital des Enfants. G. R., 1847, i«' Semestre. (T. XXIV, IN» 14.) 80 ( 6io ) condamne la femme à enfanter avec douleur, à cause de la trop longue durée du travail de l'accouchement. Quant à l'art obstétrical , l'éthérisation lui sera utile, non-seulement à cause de l'insensibilité, mais encore pour le relâche- ment musculaire qu'elle détermine. » PHYSIOLOGIE. — De la cause de l'insensibilité produite par l'inspiration des vapeurs éthére'es; par M. Revel, professeur de physiologie à Chambéry. (Commission de l'éther.) L'auteur de ce Mémoire considère la perte de sensibilité comme le résultat direct et immédiat de la non-hématose, produite elle-même par l'in- spiration d'un air trop pauvre en oxygène.... « Dans deux opérations prati- quées à l'Hôtel-Dieu de Chambéry, sur des individus rendus insensibles par l'inhalation de l'éther, nous avons vu, dit M. Revel, le sang sortant des ar- tères avoir toute l'apparence du sang veineux; ce qui prouve bien que cette insensibilité tient à la cause que nous avons indiquée.... D'autres phéno- mènes concluants viennent corroborer cette première preuve : ainsi chez nos deux opérés, le pouls avait perdu de sa fréquence et surtout de sa force, sous l'influence de l'éther; le jet du s.ng sortant des artères était moins saccadé , moins fort et projeté bien moins loin que dans les opérations ordi- naires; il y avait grande relaxation dans les tissus et dans le tissu muscidaire surtout ; enfin , chez tous les deux , un froid intense, et qui a dure' près de deux heures, a suivi les inspirations d'éther. » PHYSIOLOGIE. — Note sur l'inhalation de l'éther; par M. Descbamps. (Commission de l'éther.) -'L'auteur, jugeant d'après les sensations qu'il avait éprouvées dans des expériences faites sur lui-même , a été conduit à considérer la perte de .sen- sibilité qui suit l'inhalation de l'éther comme résultat d'une asphyxie. Se rappelant que M. Dutrochet range l'alcool au nombre des substances qui empêchent l'action de l'endosmose, il a pensé que l'éther pourrait bien exercer une influence de même genre, de sorte que l'asphyxie serait pro- duite, parce que les parois des derniers ramuscules veineux qui séparent le sang de l'air inspiré perdraient, par l'inhalation, le pouvoir d'absorber l'oxygène. « J'aurais désiré, dit M. Deschamps, pouvoir appuyer cette théorie par quelque chose de plus concluant que des analogies ; mais ne voyant pas comment j'y parviendrais par des expériences directes, j'ai pensé qu'il serait ( 6.. ) du moins possible de jeter un peu de jour sur ce phénomène, en faisant arriver dans les poumons, avec 1 ether, de l'air qui contiendrait plus d'oxy- gène que l'air ordinaire. » L'appareil que j'employai pour faire mes expériences se composait dun gazomètre , d'un flacon pour l'éther et d'une vessie pour placer la télc d'un animal. J'avais adaptée la vessie un tube pour la mettre en communi- cation avec le flacon qui contenait l'éther, un autre tube qui plongeait dans un flacon contenant un peu d'eau, afin de permettre à l'air de s'écouler si la vessie était parfaitement fixée siu- l'animal, et la tubulure d'un flacon, afin que l'animal pût respirer librement pendant que je le disposais. Lorsque je voulais opérer, j'introduisais la tête de l'animal dans la vessie, et je la fixais sur son cou à l'aide d'une bande roulée, cousue à la vessie et enduite de colle faite avec de l'eau et de la farine; je liais la vessie aux deux flacons avec des tubes en caoutchouc , et je fermais la tubulure avec un bouchon , lorsque je commençais lexpérience. • , , » Expérience Jaite sur un jeune lapin. — Le gazomètre contenait 1 5 vo- lumes d'air atmosphérique et 5 volumes d'oxygène. Après la huitième mi- nute, le lapin était complètement éthérisé; après la quinzième minute, sa respiration était très-lente et à peine sensible: après la dix-huitième, on apercevait encore, en plaçant le lapin entre l'œil et les rayons lumineux, le mouvements de l'abdomen; niais après la vingtième minute, fiu de l'expé- rience, il était asphyxié. " Expérience faite sur un lapin plus fort. — F^e gazomètre contenait 12 volumes d'oxygène et 8 volumes d'air atmosphérique. Après la cinquième minute, le lapin avait complètement perdu la sensibilité; après i3 minutes, il était asphyxié. " Expérience faite sur un jeune lapin. — Le gazomètre contenait parties égales d'air atmosphérique et d'oxygène. Après la cinquième minute, le lapin avait entièrement perdu sa sensibilité; après la sixième minute, fin de l'expé- rience , le lapin fut retiré de l'appareil : il reprit insensiblement l'usage de tous ses sens. " Dans la première expérience, le tube qui donnait issue à l'air du gazo- mètre ne plongeait pas dans l'éther, au commencement de l'expérience; tandis que, dans les autres, ce tube plongeait de 5 millimètres dans l'éther. >' L'autopsie fit reconnaître que toutes les parties du corps, muscles de la poitrine, des cuisses, etc., le cerveau, parfaitement lavés, répandaient l'odeur de l'éther, lorsqu'on incisait une de ces parties. « Les faits contenus dans cette Note et les expériences de plusieurs phy- 8o.. • ( 6ia ) siologistes très-distingués me permettent de penser que l'éthérisation est due à un commencement d'asphyxie, parce que Xéther modifie la membrane bronchique , et empêche que l'endosmose de l'oxygène , ou , en d'autres termes, que l'hématose puisse s'effectuer comme dans l'état normal ; » Que l'éther est promptement transporté dans le torrent de la circu- lation ; » Que l'oxygène ajouté à l'air ne modifie nullement la réaction de l'éther. » MÉDECINE. — Action de l'éther inhalé pour prévenir un accès d'épilepsie. (Extrait d'une Note de M. Lehaitre, de Rabodanges.) (Commission de Féther.) « M. A. D. , mécanicien, âgé de vingt-deux ans, avait depuis quelques années, régulièrement tous les quinze jours, une attaque d'épilepsie qui lui durait de quatre à cinq heures au moins; il avait déjà vainement subi plu- sieurs traitements de médecins distingués, quand il s'adressa à moi. Au moyen des plus puissants antispasmodiques, unis aux antipériodiques, j'étais par- venu , sinon à détruire ses attaques, au moins à en abréger la durée. » Je lui proposai l'inbaiation éthérée, qu'il accepta sans crainte et de grand cœur, bien persuadé qu'on ne pourrait ni l'endormir ni le rendre insensible. » Il respira donc l'éther, que l'on versait peu à peu dans un flacon à deux tubulures, préalablement chauffé à la lampe à esprit-de-vin, et garni de tout son attirail. Après quatre à cinq minutes, un picotement à la gorge se fit sentir, les yeux devinrent rouges et larmoyants; cependant le patient ne cessait pas de manifester son incrédulité et continuait de respirer gaiement la liqueur enivrante. Au bout de huit minutes, ses paupières clignotaient, et sa tête semblait chercher un appui pour se reposer; je la soutins sur ma poi- trine, en passant mon bras gauche derrière le col. '> L'embouchure du tube en caoutchouc resta encore appliquée sur sa bouche pendant une minute, après quoi le patient fut plongé dans un som- meil profond, sans aucun changement dans ses traits. L'insensibilité de toutes les parties des membres et du corps se manifesta après huit minutes de ce repos calme qui paraissait plus doux que le plus doux sommeil : tout à coup le malade roidit le cou , porta la tête en arrière , allongea les membres ; le ventre se tendit en avant, la colonne vertébrale en arc. Je m'attendais à une violente crise d'épilepsie; je fis approcher promptement un matelas, sur le- quel il fut placé : il fit quelques légères contorsions des membres et du corps, sans changer de figure, sans écume à la bouche; il resta couché sur le côté (6,3) gauche, les jambes allongées et croisées, le bras gauche également allongé sous sa tête, le bras droit élevé et roide comme dans la catalepsie , les deux poings fermés. Je fis tous mes efforts pour fléchir les bras et ouvrir les mains, sans pouvoir y parvenir. Après cinq à six minutes, les mains s'ouvrirent d'elles-mêmes, puis les pouces passèrent entre l'indicateur et le médius, comme font certains moribonds en rendant le dernier soupir : ce fut pour lui le signal du réveil. » Les membres redevinrent flexibles, les yeux s'ouvrirent peu à peu , des bâillements se manifestèrent, comme après un sommeil agréable; il se sou- leva sur son séant, regarda avec étonnement et parut fort surpris de se trouver sur un matelas; et comme les spectateurs, au nombre desquels se trouvaient plusieurs dames, riaient de plaisir en voyant ce rappel à la vie, il dit, en riant : Est-ce quon se moque de moi de m'avoir mis là? Il remit sa cravate qu'on lui avait ôtée par précaution, rajusta sa toilette et se leva, ne conservant qu'un peu de stupeur et de faiblesse dans les jambes, ce qui lui faisait chercher un appui : bientôt il reprit tout son aplomb et sortit aussi lestement que s'il n'eût rien éprouvé. » Son attaque réelle devait avoir lieu le 1 6 mars. M. A. D. fut soumis à l'inhalation de l'éther le i4- J'ai attendu jusqu'à ce jour (21 mars) pour voir si son attaque ordinaire reviendrait; il n'est encore rien revenu. » PHYSIOLOGIE. — Expériences sur l'inhalation de l'éther et du sulfure de carbone. — Description d'un nouvel appareil pour l'inhalation de l'éther; par M. DuvAL. (Commission de l'éther.) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note relative à une méthode très-facile de calculer les logarithmes ; par M. Kokalek: (Commissaires, MM. Gauchy, Liouville, Binet.) M. Arago, en présentant cette Note, donne, d'après les renseignements qu'il a reçus d'un mathématicien bien connu de l'Académie , M. Terquem , quelques détails tendant à faire ressortir la simplicité de cette méthode, au moyen de laquelle l'auteur exécute de tête, et sans aucun artifice mnémo- nique, des calculs très-longs et assez compliqués : ainsi, dans un espace de temps qui ne dépasse pas cinq minutes, il donne le logarithme d'un nombre entier de i à 10 000 000; le logarithme du sinus, du cosinus, de la tangente, d'un arc, exprimé en degrés, minutes et secondes; et aussi le problème inverse. (6.4) CHIMIE. — Sur le bannie de Tolu, et sur quelques profluits dérivés ; par M. E. Kopp. (Extrait.) (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Balard.) « La composition des baumes de Toln et du Pérou a été établie par les recherches de M. Planlamour ei par les beaux travaux de MM. Fremy et Deville. M. Deville s'est, en outre, occupé des produits de la distillation sèche du baume de Tolu, et nous lui devons la découverte de beiizoène et de ses dérivés, corps analo;jues à la benzine; le nitrobenzoène a été transformé, par MM. Mnspratt et Hoffmann, en un alcaloïde artificiel remarquable, la tuloïdine. " Mes expériences confirment la plupart des résultats déjà obtenus. » Le baume de Tolu se compose ; " 1°. D'une très-petite quantité de tolène, C'H"' (G = 76. H = 6,25); M a°. D'acide cinnamique libre, C* H'° O* ; Il 3". D'une résine très-soluble dans l'alcool (a), C^°H''0'; >' 4°- D'une résine peu soluble dans l'alcool (|3), C'*H*''0', ou bien )' i". Tolène. — Cet hydrogène carboné fut préparé en suivant exactement la marche indiquée par M. Deville. Il est incolore, très-fluide, d'une saveur piquante, légèrement poivrée, d'une odeur rappelant celle de l'élémi. Sa den- sité à 10 degrés égale o,858; son point d'ébullition est entre i54 et 160 degrés. Abandonné dans un tube imparfaitement fermé, il se résinifie peu à peu en se colorant très-légèrement. M. Deville lui avait assigné la formule C'^H". Mes analyses, qui ne diffèrent que très-peu de celles de M. Deville, s'ac- cordent mieux avec la formule C*" H*', qui correspond également avec le point d'ébullition. , ' >' 2". Acide cinnamique. — L'acide libre du baume de Tolu n'est que de l'acide cinnamique, comme l'avait observé M. Fremy. Ce fait fut prouvé par l'analyse et par la conversion de l'acide en acide nitrocinnamique, très- peu soluble dans l'alcool , tandis que les acides benzoïque et nitrobenzoique y sont très-solubles. Les résultats obtenus par M. Deville proviennent pro- bablement de ce qu'il a examiné les acides résultant de la distillation du baume ou extraits par des lessives alcaUnes concentrées. J'ai constaté que,' dans ces circonstances , les résines du baume de Tolu se transforment de manière à donner naissance à une forte proportion d'acide benzoïque. Lés résines , distillées avec précaution en présence de soude caustique , fournis- sent du benzoène pur et un résidu charbonneux, renfermant une grande f 6i5 ) quaatité de beuzoate sodique(ie point d'ébullition du protonitrobenzoène est à aSo degrés centigrades). L'acide cinnamique , mélangé avec de la soude caustique concentt'ée et froide, et soumis à un courant de chlore, se trans- forme en acide chlorocinnamique, G" (H'* Cl* )0*. Cependant, si la tenipé- ratine s'élève par une réaction très-vive, il se dégage l'huile chlorée, signa- lée par M. Stenhouse, et il se forme de l'acide chlorobenzoique, C * (H'" Cl*) O* . » Ces deux acides se ressemblent beaucoup, mais le dernier est plussolnble dans l'eau et dans l'alcool , et ses sels cristallisent plus facilement. Il s'obtient également avec l'acide beuzoïque, la soude caustique en excès et un cou- rant de chlore. >' L'acide cinnamique, traité par l'acide nitrique concentré, se transforme d'abord en acide nitrocinnamique, puis en acide benzoïque, finalement eu acide nitrobenzoïque. " Les éthers cinnamique et benzoïque se transforment également , quoique avec difficulté, en éthers nitrocinnamique et nitrobenzoïque. Presque tou- jours une grande partie de l'éther est décomposée, et les acides sont mis en liberté. " L'éther nilrobeuzoique est solide, incolore, brillant, dune odeur aro- matique, d'une saveur un peu amère. Il cristallise en belles lames apparte- nant au système du prisme rhomboïdal droit. Son point de fusion est 47 de- grés, et son point d'ébullition, 296 degrés. Il s'obtient facilement en soumettant à un courant de gaz chlorhydrique une solution alcoolique d'acide nitro- benzoïque. Sa formule est « L'acide nitrocinnamique, dissous dans une solution alcoolique de sul- fure ammonique, est réduit à l'aide d'une légère élévation de température. Il y a dépôt de soufre et formation de deux matières distinctes, dont l'une, co- lorée en jaune garance, appartient à la classe des résines, et la seconde, à celle des alcaloïdes. Cette dernière est solide , incolore , cristallisable en ver- rues, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther, et forme des sels difficilement cristallisables. » 3". /?m«ea,G^^H''0'. — Elle est brune, cassante à froid , translucide, brillante; sa poudre s'agglomère déjà à i5 degrés, et fond parfaitement à 60 degrés. L'acide sulfurique concentré la colore en pourpre. Dissoute dans la potasse caustique, et exposée à l'air, elle s'oxyde facilement et se trans- forme en résine j3. Par la distillation sèche, elle fournit du benzoène et de l'acide benzoïque. Elle se dissout facilement dans l'alcool et l'éther. f 6i6 ) " 4"' Rosine |S, C"H^''0'. — Jaune-brunâtre, terne, sans odeur ni saveur, peu fusible (au-dessus de loo degrés), peu soluble dans l'alcool et l'élher. Elle est moins altérable que la résine précédente. F/acide sulfurique la colore en rouge violacé. La potasse caustique la dissout avec une couleur brune foncée. " Le mélange des deux résines, traité par l'acide nitrique, donne : pour produits gazeux , de lacide carbonique , des vapeurs nitreuses et du deutoxyde d'azote; pour produits volatils, de l'hydrure de benzoïle, de l'acide cyanhy- drique et un peu d'acide benzoïque; pour résidu, une matière floconneuse jaune , qui est de l'acide benzoïque, uni intimement à une matière colorante jaune, de nature résineuse , qui lui enlève la propriété de cristalliser, et l'ac- compagne dans toutes ses combinaisons, même dans sa combinaison éthérée. Elle favorise la formation de sels basiques. Par l'action de la chaleur, surtout par la distillation, la matière résineuse est détruite, et l'on obtient l'acide ben- zoïque parfaitement pur. " La résine fournit à peu près le tiers de son poids d'acide benzoïque. 1 Quant à la constitution du baume de Tolu , elle paraît très-simple. » Primitivement , le baume est formé par la matière résineuse molle , (j36jj38Q8^ ou par celle qui lui donne naissance. Cette résine, sous l'influence de l'air, se convertit en acide cinnamique et en résine /3, C"H"O»-i-O' = C"H"O'+C'«H"'0'-hH'0. » On observe, en effet, qu'avec le temps, le baume de Tolu se durcit et renferme une plus grande quantité d'acide cinnamique. '1 La résine C'*H^°0' peut elle-même fournir facilement de l'acide ben- zoïque; car G'^n'oO^^C'^H'^O' -1-H^O + C^H*: peut-être l'hydro- gène carboné donne-t-il naissance au tolène; mais il est plus probable qu'il se convertit, par l'action des corps oxygénants, en matière résineuse colorante, ou bien en eau et en acide carbonique. " Nota. La présence d'acide chlorhydrique dans l'acide nitrique favorise singulièrement la formation d'acide oxalique. Les résines du benjoin et de Tolu, traitées par l'acide nitrique pur, ne fournissent point d'acide oxalique; on en obtient avec un acide impur. L'acide nitrique pur donne naissance à de l'acide térébique en réagissant sur de l'essence de térében- thine, et à de l'acide oxypicrique en oxydant les gommes résines. » En employant un acide nitrique fortement chargé d'acide chlorhy- drique, on n'obtient, dans les mêmes circonstances, que de l'acide oxa- lique. » ( 6.7 ) M. DuFRÉNOY présente, au nom de MM. Rivot et Phillips, ingénieurs des Mines, un Mémoire relatif à un nouveau procédé du traitement métal- lurgique des minerais de cuivre. Ce procédé, au moyen duquel MM. Rivot et Phillips ont déjà traité plus de 3 COQ kilogrammes de minerai de cuivre, consiste dans une véritable pré- cipitation du cuivre par le fer. Il s'applique principalement aux minerais sulfurés : on commence par griller ces minerais pour les réduire en grande partie en oxyde de cuivre; puis on les fond avec des matières siliceuses, pour les transformer en silicates , et c'est dans le bain de silicates fondus que l'on précipite le cuivre en y plongeant des barres de fer. « Lorsque le fourneau à réverbère , dans lequel MM. Rivot et Phillips opèrent, est bien chaud, nous chargeons, disent les auteurs, le mélange de minerai grillé avec de la chaux ou du sable et des scories , provenant d'une opération précédente, en quantité convenable pour déterminer la fusion delà matière, et l'on y ajoute du charbon de bois ou de la houille maigre menue, dans la proportion déterminée par la quantité de minerai que l'on traite. » Après la charge, nous jetons sur la surface de la matière une à deux pelletées de houille menue, destinée à préserver la matière de l'oxydation par les flammes du fourneau. Nous remuons de temps en temps la matière , afin de lui permettre de s'échauffer plus uniformément et de fondre plus vite. Nous sommes toujours parvenus à fondre bien complètement en quatre heures de temps. . \. ' » Dès que la matière commence à s'agglomérer, les parties qui s'atta- chent aux ringards contiennent une certaine quantité de grenailles de cuivre; quand la fusion est complète, les outils plongés dans le bain indi- quent la réunion du cuivre au point le plus bas de la sole, près du trou de coulée. » Quand tout est bien fondu, nous plaçons six barres pesant ensemble de 36 à 45 kilogrammes, en engageant les extrémités dans les cannelures opposées à la porte de travail, et en ayant soin de les plonger entièrement dans le bain. » Nous jetons de nouveau un peu de houille menue à la surface de la scorie, afin d'empêcher la peroxydation du protoxyde de fer de la scorie par les flammes; puis, de demi-heure en demi-heure, nous brassons avec des râbles à deux dents, très-commodes po^r nettoyer dans la scorie la surface des barres. Nous employons aussi , comme moyen énergique de brassage , C.R.,i847, \" Semestre. {T. XXIV, ^<' 14-) 8l ( 6i8 ) une perche en bois qui, plongée dans la scorie, donne un dégagement consi- dérable de gaz et produit un fort bouillonnement. " Nous avons toujours trouvé que trois à quatre heures d'action des barres suffisent pour appauvrir la scorie jusqu'à la teneur de o,oo4 à 0,006. Après cet intervalle de temps, nous retirons les barres et nous faisons la coulée. » La durée d'une opération entière est ainsi de huit heures; et, dans une usine, on pourrait aisément faire trois opérations par jour. " La perte de poids des barres a varié, dans nos expériences, de i à 6 ki- logrammes pour des quantités de cuivre de 1 2 à 42 kilogrammes, obtenues de minerais diversement riches. » (Commissaires, MM. Berthier, Dufrénoy, Pelouze.) L'Académie reçoit un Mémoire adressé au concours pour le grand prix des Sciences naturelles, question concernant le mouvement des corps repro- ducteurs des algues zoosporées. Ce Mémoire, inscrit sous le n" 3, est renvoyé à l'examen de la future Commission. MM. Chevallier et Boys de Locry adressent au concours pour le prix concernant les Arts insalubres un Mémoire sur les affections qui atteignent les ouvriers en cuivre. (Commission des Arts insalubres. ) MM. Chevallier, Boys de Loury et Bricheteau présentent , pour le même concours, un Mémoire sur la fabrication des allumettes chimiques. (Commission des Arts insalubres.) M. Mercier envoie , pour le concours de Médecine et de Chirurgie , un Mémoire sur les diverses modifications quil a apportées aux procédés de lithotritie. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. FoEx soumet au jugement de l'Académie des recherches mathéma- tiques sur l'action des locomotives et sur la propulsion atmosphérique ^ re- cherches qui l'ont conduit à des formules propres à faire apprécier les avan- tages et les inconvénients des deux modes de traction. ~ (Commissaires, MM. liiouville, Sturm, Poncelet.) f 6i9 ^ M. DoRSO présente le modèle et la description d'un nouvel appareil d'artillerie. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin.) M. DE Lapasse adresse un supplément à son Mémoire sur Vinhalatioji de Voxygène aromatisé , et prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission chargée d'en rendre compte. (Commission précédemment nommée.) M. IsiD. BouaDOiv adresse l'indication des parties qu'il considère comme neuves dans un travail sur la peste et les quarantaines , admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, et présenté dans la séance du 8 mars. .(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPONDANCE. M. Arago annonce la mort de M. d'Hosery, jeune savant qui faisait partie de l'expédition scientifique de l'Amérique méridionale. PHYSIOLOGIE. — Sur la division du système nerveux en système cérébral^ système spinal et système ganglionnaire. ( Lettre de M. M arshal Hall à M. Flourens.) . , « C'est pendant des recherches sur la circulation du sang, qu'en i83i j'ai observé que si l'on piquait ou pinçait la queue du Triton, entièrement détachée de l'animal, il y avait tout de suite des mouvemens énergiques. C'était un fait nouveau pour moi, quoique des mouvements semblables fussent très-connus des physiologistes, et spécialement de Redi , de Whytt , de Legallois, de notre Blane, de notre Mayo, etc. J'en fus très-frappé. Je ne pouvais cesser d'y penser. Je me demandais constamment quel est le principe moteur dans ce phénomène? Est-il de nature psychique ou physique? dé- pend-il de la sensation, de la volition? ou bien est-ce un principe moteur qui a son siège dans la moelle épinière et les nerfs musculaires ? » Mais le principe moteur des nei'fs n'agit , dit-on , que dans le sens direct ou vers les muscles; et voici un fait qui démontre qu'une impression faite à la peau traverse les tissus et aboutit aux muscles. Il a bientôt paru que , dans ce trajet, un filament nerveux conduit à la moelle épinière ; que cette moelle est essentielle, et que d'elle un autre filament nerveux doit conduire 8i.. ( 620 ) jusqu'au muscle. Cet arc anatomique fournit le type essentiel de ce phénomène physiologique. >> De tout cela surgissent mille questions de la plus haute importance ; entre autres : " 1°. Le principe moteur nerveux, vis nervosa , de Haller , n'agit-il réelle- ment que dans le sens direct des centres nerveux aux nmscles ? » 2°. Quelle application à la physiologie animale ce principe moteur , dont nous avons signalé un des phénomènes, peut-il avoir? » Or j'ai trouvé, par des expériences bien multipliées, que le vis nervosa agit dans le double sens: en dedans, jusqu'à la moelle épinière, et en dehors, à partir de cette moelle, parcourant une route incidente et réfléchie , relativement à la moelle épinière. J'ai prouvé , jusqu'à l'évidence , que le principe moteur du phénomène du mouvement de la queue du Triton piquée , et le vw neAVOJa de Haller, sont un et identique. » Aussi ai-je poursuivi ce phénomène de mouvement réfléchi , et démontré qu'il se reproduit dans tous les actes d'ingestion et d'égestion, d'exclusion et de rétention dans l'économie animale; généralisation d'une étendue bien grande. ' » De tout cela dérive un système nerveux spinal, comprenant un centre nerveux (faisant partie de la moelle épinière), lié essentiellement à des nerfs incidents et réfléchis, et intermédiaire entre le système cérébral et le système ganglionnaire; tandis que le système cérébral a ses rapports avec les objets extérieurs , et le système ganglionnaire , avec les fonctions internes , le système spinal est le système nerveux moteur de ce tourbillon dont parle si éloquemment Cuvier. C'est ce système , en un mot , qui attire et qui repousse des matières, relativement à l'économie animale, et qui ainsi accomplit tout mouvement qui a rapport avec la conservation de l'individu et avec la perpétuité des espèces. » Tout cela est déduit des expériences de la manière la plus rigoureuse. Chaque pas a conduit à un autre d'une manière nécessaire ; et ainsi le sys- tème spinal surgit d'un simple fait de mouvement, observé, pour ainsi dire, par hasard. ' •. \ w.'i"^' •'■ i> •! Plus de système cérébrospinal. C'est parler avec inexactitude; c'est mêler les phénomènes psychiques et physiques ; c'est confondre le système nerveux perceptif, en rapport avec le monde extérieur, avec le système nerveux moteur du dehors en dedans, et du dedans en dehors. » Plus de fonctions mixtes. C'est aussi un mot qui exprime une erreur. Les fotictions dites mixtes sont des fonctions du système spinal, dont nous ( 621 ) avons la conscience, et que nous pouvons modifier par un effort de notre volonté. " Pour le système cérébral, le cerveau et le cervelet en sont le centre; les nerfs des sens et les nerfs conducteurs des effets de la volonté , y compris le cordon des nerfs cérébraux intra-spinaux (s'il existe) , sont les conduits à ce centre et de ce centre. » Le système ganglionnaire a aussi des connexions avec la moelle épinière. » Cette moelle consiste donc en un élément cérébral, un ^élément spinal et un élément ganglionnaire. Mais elle est, de la manière la plus spéciale, le centre même: i" du système de nerfs incidents et réfléchis spinaux; 2" du principe moteur nerveux, vis nervosa de Haller; 3° de la classe des fonc- tions d'injection et d'expulsion de l'économie animale, d'où dépendent la coii- serv.ation de l'individu et la perpétuité des races; 4° de la classe entière des maladies dites spasmodiques ; 5° de l'action de certains agents physiques et chimiques. " • , " Dire système cérébrospinal , c'est confondre et mêler deux systèmes aussi différents que les principes psychiques ou métaphysiques et physiques. » Ce centre spinal, ces nerfs incidents et réfléchis en liaison essen- tielle avec lui , ce système nerveux spinal , la loi réfléchie de son prin- cipe moteur, la classe des fonctions spéciales, la classe des maladies spéciales, la classe des agents physiques et chimiques aussi , qui y appar- tiennent comme tels , voilà ce que j'ai établi. " Voici les trois sous-systèmes nerveux : le premier est le sous-système cérébral; le troisième est le système ganglionnaire; le second est intermé- diaire entre ces deux systèmes. Le premier est pour les objets de dehors ; le troisième est pour les objets de dedans; le second est excito-moteur de dehors en dedans, de dedans en dehors, de la déglutition donc, de la respi- ration , des excrétions , de la reproduction. » Encore un fait : la physiologie spinale est toute de réflexion; la patho- logie est tantôt de réflexion, tantôt centrique. » Pour les maladies, tout était à démêler : le tétanos, l'hydrophobie, etc., étaient groupés ensemble, comme étant de même nature, généralement parlant. Or le tétanos traumatique est une maladie excitée dans les nerfs incidents et portée sur le centre spinal nerveux, tandis que l'hydrophobie est excitée par le sang et portée par lui sur ce même centre: le premier est une maladie nerveuse , excentrique ou de réflexion ; la seconde est une ma- ladie nerveuse centrique. On n'a pu voir, avant moi, cette distinction im- portante dans la pathologie de cette classe de maladies. ( 622 ) » Ainsi, le système nerveux, autrefois divisé en 1°. Cérébrospinal, ef 2". Ganglionnaire , doit maintenant être considéré comme divisé en les sous-systèmes 1°. Cérébral, 2°. Spinal , et 3°. Ganglionnaire. » I. IvC premier, ou le sous-système cérébral, consiste enc 1°. Le cerveau et le cervelet i 2°. Les nerfs des sens spéciaux , 3°. Les nerfs des mouvements volontaires. » II. Le troisième , ou le sous-système ganglioimaire , consiste en . 1°. La partie ganglionnaire des nerfs spinaux , ou des membres ou parties extérieures , 2°. La partie ganglionnaire des parties intérieures ; •' ou 1°. Des mouvements des organes intérieurs musculaires , 2°. Des sécrétions , de la nutrition , etc. - >' m. Le second, ou le sous-système spinal, consiste en: 1°. Le centre spinal ou la moelle épinière, considérée comme distincte du cordon des ' nerfs cérébraux intra-spinaux et des connexions intra-spinales ganglionnaires , 2". Les nerfs incidents excitateurs, , ,'..', ^-: !,;ii..- . .i',', in". '.n::! ir 3°. Les nerfs réfléchis moteurs , en liaison spéciale et essentielle avec le centre spinal. C'est le système de tous les actes : 1°. De l'ingestion , 2°. De régestion, ' 3°. De l'exclusion , 4°. De la rétention dans l'économie animale, et par conséquent: 1°. De la conservation de l'individu , ■ ' ' ■ ' 2°. De la conservation de l'espèce. » Sir Charles Bell a analysé les nerfs cérébraux intra-spinaux ; ma tâche a été d'analyser la moelle épinière même : de ses trois éléments, j'en ai décou- vert un , jusqu'ici inconnu , et qui n'était pas même soupçonné. » Cette distinction est aussi d'un grand prix pour le diagnostic des ma- ladies du système nerveux , dont elle nous apprend à reconnaître le siège et retracer les effets. >i ( 6a3 ) PHTSIOLOGIE. — Mouvements intérieurs dans les nerfs chez la brebis ; par M. Sachero. (Lettre adressée à m. /j. Geojfroj Saint-Hilaire.) M. Sachero, de Turin, rappelle des observations faites par lui, en 1828, sur la brebis, et d'où il résulterait qu'en comprimant léfjèrement entre les doigts, les nerfs, au moment où ils sont mis en action, on reconnaît l'exis- tence d'un mouvement fibrillaire intérieur, se propageant, pour les nerfs sensitifs, de l'extrémité périphérique au centre, et pour les nerfs moteurs, du centre aux muscles volontaires, lorsque ceux-ci sont mis en action par la volonté. M. Sachero a cru devoir rappeler ses expériences, rapportées par lui dans deux ouvrages (i?e/)ertorio medico-chirurgico, iS-iS , et traduction italienne de l'ouvrage sur les nerfs de Valenlin ), à l'occasion des observations de M. Mandl sur les contractions des nerfs chez la Sangsue, communi- quées à l'Académie en octobre 1 846 , par M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire (Voyez Compte rendu, tome XXIII, page 684), et répétées depuis par un grand nombre de physiologistes. M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, auquel a été adressée la Lettre de M. Sa- chero , dit qu'il croit remplir un double devoir en s'empressant de la mettre sous les yeux de l'Académie , mais en faisant remarquer en même temps ce qu'il y a de profondément différent entre les expériences de iVI. Sachero et celles de M. Mandl: les premières, faites sur des nerfs laissés en place et conservant leurs connexions, et dans lesquelles on sentirait par le toucher une sorte de frémissement ; celles de M. Mandl, faites sur les extrémités libres de nerfs adhérents seulement au ganglion d'où ils émanent : mode de procéder qui dégage le phénomène d'un grand nombre de complications et de causes d'erreur, et permet d'observer avec netteté, sous le microscope, des mou- vements alternatifs d'enroulement en spirale et de déroulement, visibles avec la plus grande netteté à un faible grossissement et parfois même percep- tibles à l'œil nu, VHY^XOLOGI^.— Segmentation dune portion du vitellus pendant le passage de l'œuf à travers l'oviducte, chez les oiseaux , les reptiles écailleux et les poissons cartilagineux. (liCttre de M. Coste.) « J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie une découverte dont tous les physiologistes apprécieront l'importance. Je me bornerai à la signaler aujourd'hui à leur attention, me réservant de faire connaître, dans un tra-. (6^4 ) vail spécial, les nombreuses expériences qui mont conHuit à ce résultat inattendu. >• On croit généralement que chez les oiseaux, les reptiles écailleux, les poissons cartilagineux, l'organisation du blastoderme ne se réalise point, comme chez les autres animaux, à l'aide du remarquable phénomène de la segmentation du vitellus, et l'on admet que, sous ce rapport, la série ani- male se partage en deux grandes catégories, dont l'une se distingue par la manifestation de ce phénomène, et l'autre, par son absence. >i L'expérience m'a démontré que cette contradiction n'existe pas, et que partout la nature procède d'une manière identique. J'ai vu chez les oiseaux , les reptiles écailleux, les poissons cartilagineux, pendant le passage de loeuf à travers l'oviducte, la segmentation se produire comme dans les autres classes. Il y a seulement cette différence, que, chez les animaux dont je viens de parler, le phénomène, au lieu de s'accomplir sur le vitellus tout entier, porte exclusivement sur la portion réservée de ce vitellus qui constitue la cicatricule. >i Cette découverte, en modifiant les idées admises sur la signification des diverses parties de l'œuf, fait disparaître une grande exception. J'y attache donc un certain prix, non-seulement à cause du fait en lui-même, mais parce que ce fait conduit à une généralisation. » ASTRONOMIE. — Observations de la planète de M. Le Verrier , faites à Milan, par M. R. Stambucchi, premier élève adjoint à l'observatoire. « Ces observations, dit l'auteur, ont été faites au cercle méridien de Stark qui a o'",974 de rayon, et dont la division en degrés sexagési- maux permet d'estimer jusqu'aux secondes. Je puis vous assurer que, dans l'intérêt de la science, je n'ai rien négligé de ce qui était en mon pouvoir pour atteindre le dernier degré d'exactitude , tant dans les observations que dans les calculs de réduction. ( 625 ) Dates. i»46. 1 I oct . i3.. 6 nov 7... 12 . . . i3... 14... i5... 16... 17... 23... 27... Ascension droite apparente et déclinaison apparente de réfraction : Ascension droite apparente. 2l'»52"' 1S87 5i . 57 ,42 dans les nuages. 5i . 19,22 5i. 19,44 51.21,28 5i . 22, 1 3 très-faible. 5i. 23,06 5 1 . 24 , 1 3 5i. 25, 3o 51.26,68 5i . 37 , 39 très-faible. 5i . 47 ,57 dans les nuages. Dates. 1846. I I oct. 6 nov. 7 8 12 i3 4 i5 i6 17 23 27 la planète, corrigées de la Déclinaison apparente. i3''3o'35",5 34. 16, I 34.18,4 34 • 1 1 , 7 très-faible . 34. 2,7 33.58,5 très-faible. 33.54,5 33.49,6 33.42,4 33.36,8 32 . 34 , I très-faible . 3i .41 ,0 dans les nuages. MÉTÉOROLOGIE. — Notice sur une pluie de terre , tombée dans les départements de la Drôme , de V Isère , du Rhône et de l'Ain , les 16 et 17 octobre 1846; parM. Alph. Dupasqcier. (Extrait.) « Un phénomène très-rare dans nos contrées a vivement étonné, il y a quelques mois, nos populations un peu superstitieuses: le 16 et le 17 octobre 1846, une pluie mélangée de matière terreuse, et présentant l'aspect de la terre glaise jaunâtre , délayée dans une grande quantité d'eau , est tombée à plusieurs reprises (i) dans des localités très-éloignées les unes des autres, à des heures différentes, et sur une grande étendue de pays , formée par les départements de la Drôme, de l'Isère, du Rhône et de l'Ain. Cette chute de terre avait été précédée de plusieurs orages, et a coïncidé avec la tourmente atmosphérique, d'où est résultée l'inondation des plaines de la Loire. Plusieurs faits qui annonçaient une grande perturbation de l'atmo- sphère ont été observés dans le même temps : à Lyon , à Grenoble , et dans beaucoup d'autres lieux, par exemple , on a vu fuir par troupes et en pous- sant des cris, les alouettes, les cailles , les canards, les poules d'eau; bon nombre de ces divers oiseaux sont même tombés dans les rues, sur les places publiques, dans les cours des maisons , et ont pénétré jusque dans les habitations elles-mêmes, où on les a pris vivants. ' ' (i) A Lyon, par exemple, on a observé la pluie de terre à huit heures du matin, à six heures et à onze heures et demie du soir. 82 C. R., 1847. '" Semctre. (T XXIV, .N» 14. ( 6-26 ) " Il résulte, de l'examen que j'ai fait de l'eau et de la matière terreuse tombées à Verpillière (Isère), que l'eau n'avait nullement la pureté ordinaire de l'eau de pluie, qu'elle tenait en dissolution une trace assez notable de sulfates et de chlorures, beaucoup de bicarbonate de chaux, une trace de sels magnésiens, une proportion assez forte de matières organiques et point d'azotate d'ammoniaque. » De mes essais sur l'eau et la matière terreuse tombées et recueillies à Meximieux (Ain), il résulte que cette eau, quoique moins impure que la précédente , particulièrement sous le rapport de la matière organique , n a- vait réellement pas les cai-actères ordinaires de Peau pluviale, puisqu'elle tenait en solution beaucoup de bicarbonate de chaux. " Quant à la matière terreuse séparée par le filtre, elle était jaunâtre et paraissait mélangée de débris organiques , mais en bien moins grande quan- tité que dans celle tombée à Verpillière. Soumise à l'analyse, elle a donné : Silice. . ■. o ,620 Alumine. o ,076 Peroxyde de fer hydraté .... . o,o85 Carbonate de chaux o , a65 Carbonate de magnésie 0,020 Débris organiquftf. .... ... o ,o35 I >ooo " Il est permis de conjecturer, et cela d'après le mélange de débris orga- niques avec la matière terreuse, que celle-ci n'avait d'autre origine que la poussière enlevée par une trombe à la surface du sol et portée, ainsi dans des nuages, ou retenue par l'état électrique des vapeurs, elle a pu être transpor- tée à des distances considérables, pour tomber ensuite avec la pluie, lorsque, par l'effet de l'agitation produite parles vents, et sous l'influence directe du refroidissement de l'atmosphère , ces vapeurs ont passé à l'état de gouttelettes liquides. ». CHIMIE. — Emploi du chlorure dor pour apprécier la présence d'une irmtière organique en solution dans les eaux ordinaires , potables ou non potables ; par M. Alpb. Dupasquier. " Les eaux des rivières, des sources et surtout celles des puits et des ci- ternes , contiennent toutes une proportion plus ou moins grande de matière organique en solution. Quand sa quantité est très-faible, ce qui est le cas le plus ordinaire, la présence de cette matière est insignifiante, soit au point ( 627 ) de vue de l'usage hygiénique de l'eau, soit à celui de son usage industriel; et, dans ce cas, la présence de cette quantité minime, et pour ainsi dire nor- male, ne saurait être démontrée par l'emploi des réactifs : on ne la reconnaît qu'en pratiquant l'analyse quantitative de l'eau. » Mais il arrive assez souvent que les eaux ordinaires se trouvent chargées de matière organique d'une manière anormale, et, dans ce cas, il peut ré- sulter de leur emploi de graves inconvénients, soit pour la santé , soit pour quelque usage de cette eau dans l'industrie. Il y a donc un intérêt réel à pouvoir reconnaître, par un moyeu d'une application simple et facile, la présence de cette matière organique en proportion plus qu'ordinaire dans les eaux. L'essai de ces eaux par l'azotate d'argent, comme je m'en suis fré- quemment assuré dans mes nombreuses recherches sur les eaux potables , ne donne que des résultats incertains et trompeurs; quant à leur évaporation à siccité et à la calcination de leur résidu , qui devient noirâtre quand la matière organique était un peu abondante, c'est un moyen long à pratiquer et dont le résultat est d'ailleurs assez peu satisfaisant. » Après avoir essayé inutilement divers moyens chimiques pour déceler la présence de cette proportion anormale de matière organique dans les eaux, j'ai été plus heureux en employant le chlorure d'or, réactif qui donne des in- dications certaines. La pensée d'essayer ce sel m'a été suggérée par cette re- marque des personnes qui s'occupent du daguerréotype, et qui m'a été com- muniqué par M. Glénard, que le chlorure d'or est altéré et décomposé, quand on l'ajoute à de l'eau de condensation de certaines machines à vapeur, ou à toute autre eau distillée contenant une matière organique en solution. I) Voici, du reste, comment je procède pour reconnaître, par le chlorure d'or, la matière organique en proportion anormale dans les eaux. J'introduis dans un petit ballon de a5 à 5o grammes de l'eau à essayer; puis j'y ajoute quelques gonttes d'une solution de chlorure d'or, de manière à lui commu- niquer une légère teinte jaunâtre ; puis je fais bouillir le liquide. Si l'eau ne contient que la quantité ordinaire de matière organique des eaux potables, elle conserve sa nuance jaunâtre, qui reste pure, même en prolongeant l'ébul- lition. Si, au contraire, l'eau renferme une proportion anormale de matière organique , l'eau brunit d'abord, puis prend une teinte violette- bleuâtre qui annonce la décomposition du sel d'or par la matière organique. En prolon- geant l'ébullition , la teinte violette-bleuâtre se prononce de plus en plus, si la proportion de matière organique est considérable. Mais la coloration un peu brunâtre du liquide suffit seule pour avoir la certitude que la matière organique dépasse la proportion ordinaire. » 82. , ( 628 ) CHIMIE. — Nouveau moyen de reconnaître la présence, et même approximativement la quantité du bicarbonate de chaux tenu en solution dans les eaux ; par M. Alph. Dupasquier. " Dans une Note que j'ai communiquée à l'Académie, en mars 1846, sur l'utilité du bicarbonate de chaux tenu en solution dans les eaux potables , j'ai mentionné la teinture alcoolique de bois d'Inde, comme un excellent réactif pour reconnaître les moindres traces de ce sel. Mais il faut être pré- venu , en en faisant usage, que la coloration violette produite par la ma- tière colorante naturellement jaune de ce bois peut être déterminée par toute autre substance alcaline, aussi bien que par le bicarbonate de chaux; ce qui n'empêche pas, du reste, que la teinture de bois d'Inde ne puisse servir pour déceler ce sel calcaire dans les eaux potables, car on sait que ces eaux ne contiennent, généralement, ni carbonate, ni bicarbonate de soude ou de potasse. Toutefois, la possibilité de rencontrer accidentelle- ment un de ces sels alcalins dans une eau naturelle m'a porté à rechercher un moyen propre à confirmer l'indication donnée par l'hématine du bois d'Inde, relativement à la présence du bicarbonate de chaux, indépendam- ment d'un carbonate ou bicarbonate alcalin , et j'en ai trouvé un qui ne laisse aucun doute à cet égard. .;-•>•,'■ tjj,- » Ce moyen consiste dans l'emploi comparatif de deux autres réactifs, du sulfate de cuivre et du chlorure de calcium. Lorsque j'ai reconnu, par la coloration violette de la teinture de bois d'Inde, qu'une eau contient du bicarbonate de chaux, pour bien m'assurer que cette coloration n'est point accidentellement due à la présence d'un carbonate ou d'un bicarbonate alcalin, je fais deux nouveaux essais. Je prends deux verres pleins de la même eau : dans le premier, je verse une solution de sulfate de cuivre (sans excès d'acide), et dans le second, une solution de chlorure de calcium. Dans le cas, d'ailleurs à peu près général, où l'eau n'est rendue alcaline que par le bicarbonate de chaux, ce sel décompose le sulfate de cuivre, et il se forme un dépôt de carbonate cuivrique, lequel indique, par sa plus ou moins grande abondance, la proportion du bicarbonate de chaux. Dans le même cas, la solution de chlorure de calcium ne trouble nullement l'eau essayée, qui reste limpide; mais s'il se trouvait par hasard une quantité, même très-faible, de carbonate ou de bicarbonate de soude ou de potasse dans l'eau, il se formerait, par l'addition du chlorure de calcium, un trouble d'autant plus prononcé, qu'il y aurait une quantité plus grande de carbonate ou de bicarbonate alcalin. Ce double essai donnera donc la certitude, ou qu'il ( 6a9 ) n'y a dans l'eau que du bicarbonate de chaux , ou qu'il se trouve accom- pagné d'un bicarbonate alcalin , circonstance qui ne se rencontre pas , d'ordinaire, dans les eaux potables, mais qui existe dans toutes les eaux mi- nérales alcalines gazeuses. » CHIMIE. — Note sur ta présence de l'arséniate de fer dans les eaux minérales des Pyrénées ; par M. Lehonnier. « Je viens de constater, de la manière la plus certaine, la présence de l'arsenic dans les dépôts de la source ferrugineuse de Bagnères-de-Bigorre. 1 Après avoir examiné les réactifs qui devaient servir à mes expériences et mètre bien assuré qu'ils ne contenaient pas la plus légère trace d'arsenic , j'ai traité le dépôt ferrugineux par l'acide sulfurique , et trouvé dans cette dis- solution des proportions minimes assurément, mais cependant très-sensibles, d'arsenic. » Je me suis servi, à cet effet, de l'appareil de Marsh modifié par la Commission de l'Académie des Sciences, [j'anneau arsenical a été soumis à toutes les épreuves recommandées par cette Commission, ainsi que par les toxicologistes. » J'ai également constaté, dans la même eau , la présence du manganèse, n M. MiAHLE adresse un paquet cacheté. A 5 heures , l'Académie se forme en comité secret. COHrrÉ SECRET. La Section d'Économie rurale propose de déclarer qu'il y a lieu d'élire à la place vacante par suite du décès de M. Dutrochet. L'Académie, étant consultée par la voie du scrutin sur cette proposition, décide à l'unanimité qu'il y a lieu d'élire. En conséquence , la Section est invitée à présenter dans la séance prochaine une liste de candidats. La séance est levée à 6 heures un quart. F, ., ; ERBJTA. ' - ■ - " (Séance du ii mars 1847-) Page 5o3, ligne 28, au lieu de M. J. Bourdon, lisez M. I. Bourdon. (Séance du 29 mars 1847.) Page 543, ligne 2';, au lieu de aitrara, lisez amara. Page 543, ligne 3o, au lieu de Postras, lisez Pothos. ( 63o ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 29 mars 1847, les ouvrages dont voici les titres : , Modèle de Devis d'armement et de campagne pour les Navires de l'État. — Application au Véloce; par M. LÉON Du Parc, capitaine de corvette; brochure in-S". Nouveaux Eléments d'Hjgiène; par M. Ch. Londe; 3* édition ; 2 vol. in-8". (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon.) Nécessité de créer une Chaire de Médecine comparée dans les Facultés ; par M. DuCROS, de Marseille; brochure in-8". (Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon.) Guide du Praticien dans l'administration des vapeurs d'éther, pour obtenir i insensibilité pendant les opérations chirurgicales ; par M. Delabarre fils; bro- chure in-i8°. De la Constitution de l'Enseignement des Sciences; par M. F. Gérard. ( Extrait de la Revue scientifique et industrielle du docteur Quesneville.) In-8°. Traité des Maladies des Cheveux, de la Barbe et du Sjstème pileux en général; par M. L. A. Obert; in-8''. Opinion et Vote de ta Société royale d' Emulation et d'Agriculture de l'Ain, sur la question du libre échange. Bourg, 1847; in-8°. Journal des Usines et des Brevets d'invention; février 1847; in-8°. Astronomical . . Observations astronomiques faites à l'Observatoire de Green- wich, pendant l'année i844) sous la direction de M. Biddell Airy, astronome royal. Londres, 1846; in-4". The Nautical Almanac pour 1849 ^' i85o; 2 vol. in-8°. Philosophical. . . . Transactions philosophiques de la Société royale de Lon- dres, pour 1846 ; parties i à 4 ? ii>-4"- Proceedings . . . Comptes rendus des travaux de la Société royale de Londres ; n"' 63 à 66 ; du 26 février 1 846 au 3o novembre » 846 ; in- 8°. On certain. . . Sur certains Phénomènes d'ignition voltàique , et sur la Dé- composition de l'eau dans ses gaz constituants , par l'action de la chaleur ; par M. Grove. (Extrait des Transactioru philosophiques , année 1847.) ^^-4"- Adress to . . . Discours du marquis de Northampton , président de la So- ciété rojale de Londres, à la réunion annuelle de la Société, le 3o novembre 1 846 ; iii-8°. Transactions. . . Transactions de la Société royale d' Edimbourg ; vol. XVI , partie 2. Edimbourg, 1846; in-4"; et vol. XVII, partie a. Edimbourg, 1847 '■> in-4''. (\ ( 63i ) Proceedinps. . . Comptes rendus des travaux de la Société royale d'Edim- hotinj; vol. Il, n°' 27 et 28; in-8°. Account. . . Exposé de quelques Expériences sur la température de In terre à lifférentes profondeurs et dans différents terrains, faites près d'Edimbourg; par M. J.-B. FORBES. (Extrait des Transactions de la Société rojale d'Edimbouiy, vol. XVI.) In-4». Astronomical . . . Observations astronomiques faites à l'Observatoire royal d'Edimbourg, par feu M. Henderson, réduites et publiées par son successeur M. Charles Piazzi Smyth; vol. VI, année i84o. Edimbourg, 1847; in-4». • The Transactions. . . Transactions de i Académie rojale d'Irlande; vol. XXI , partie i. Dublin, i846; in-4°. Proceedings. . . Comptes rendus des travaux de l'Académie royale d'Irlande.; vol. III, parties 1 et 2, et n"' 56 à 61 de la 3* partie (g novembre 1846 — 8 février 1847); i^-^"- - - Whewell's history. . . Histoire des Sciences inductives; par M. WheWell; 3" édition. Londnîs, 1847; 3 vol. in-8°. On the. . . Sur la corrélation des forces physiques ; résumé d'un cours fait à l'Institution de Londres , en i843, par M. GrovE. liondres, 1846; in-8". Abstracts. . . Extraits des Communications additionnelles sur les Quaternions , ou sur un nouveau Système imaginaire en Algèbre; par M. W.-R. Hamilton. Dublin, 1846; in-8°. Astronomical . . , Observations astronomiques faites à l'Observatoire naval de fVashington; par M. GiLLlSS, lieutenant de vaisseau. Washington, 1846; in-8°. Meteorologische. . . O'jservations météorologiques faites à l'Observatoire de Vienne, par M. i^i.mt:.K , pendant les années i84oà i845. ( Lithographiées. ) Annalen. . . Annales de l' Observatoire de Vienne; nouvelle série, tome VU. (Histoire céleste de l'Observatoire de Païenne, tome IV.) Vienne, 1846; in-4". Bericht iiber . . . Analyse des Travaux de l Académie rojale des Sciences de Berlin , destinés à In publication ; janvier 1847 ' ^^■^°- Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n" Sga; in-4°. " ■ ^ '•- ■■■■ Commentationes latinœ tertiœ clnssis Instiluti regii belgici; tomes là 111, 1818 à 1824; in-4°. Gedenschriften. . . Mémoires de la '5" classe de l'Institut néerlandais ; tomes I à III, 181 7 à j8a6-, in-4». . Nieuwe verhandlanger. . . Nouueaux Mémoires de la i" classe de (' Instiiul néerlandais; tome XII. Amsterdam, 1846; in-4''- "> i..- ( 632 ) Raccolta . . Recueil scientifique de phjsique et de mathématique; 3* année , n°6, 1 5 mars 1847 ;m-8''. Osservazioni. . . Observations et Expériences concernant l'assoupissement par l'éther, avec des applications à la pratique médicale et chirurgicale; par M. Gri- MELLi. Modène, 1847; in- 8°. Gazette médicale de Paris; n° i3. Gazette des Hôpitaux ; n°' 34 à 36. L'Union agricole; n° i45. A. L'Académie a reçu, dans la séance du 5 avril 1847» les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences, 1 "^ semestre 1 847, n" 1 3 ; in-4". Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Ghe- vKEUL, Dumas, Pelouze, Boos.siNGAULTetREGNAULT; 3* série, tome XIX; avril 1847; ^o-S". Société royale et centrale d' Agriculture. — Bulletin des séances ; Compte rendu mensuel; par M. Payen ; 2* série, 2* vol., n" 7; in-8*. Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 73" et 74* livraisons; in-S". Anatomie microscopique; par M. Louis Mandl; tome I*"", Histologie. Paris, 1847; in-folio. (Adressé pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie.) Le Fumier de ferme élevé à sa plus haute puissance de fertilisation et n'étant plus insalubre; par M. Quenard; brochure in-8°. Description et fonctions de lAlmoclétde, appareil régulateur destiné à la saturation de l'air par l'éther et à son inhalation; par M. Brisbart-Gobert , de Montmirail; brochure in- 16. Annales forestières ; mars 1847; in-8". ' Journal de Chimie médicale; avril 1847; in"8"- Annales médico-psychologiques, Journal de l' anatomie , de la physiologie et de la pathologie du Système nerveux ; par MM. Baillarger , Cerjse et LoNGET ; mars 1 847 ; in-8°. ,.--' Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale et de Toxicologie; avril 1847; in-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. -»d«« SÉANCE DU LUNDI 12 AVRIL 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. AfEMOIRËS ET COMMUMCATIOIXS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. - ^ ; THÉORIE DES NOMBRES. — Mémoire sur de nouvelles formules relatives à la théorie des polynômes radicaux, et sur le dernier théorème de Fermât (suite); par M. Augustin Cauchy. ;. ^ .. ;.v ' : « Comme je l'ai remarqué dans lavant-dernière séance, lorsqu'on veut faire servir à la démonstration du dernier théorèriie de Fermât la considé- ration des polynômes complexes ou radicaux, formés avec les diverses puis- sances d'une racine «'*'"* de l'unité, on a deux problèmes à résoudre. IjC premier, et le plus important, puisqu'il suffit de le résoudre pour établir .sur des bases solides la tbéorie générale des polynômes dont il s agit, con- siste à faire voir qu'un produit de ces polynômes ne peut être décomposé en facteurs premiers que d'une seule manière, ou bien encore, que tout polynôme radical peut être décomposé en deux parties , dont Tune offre seulement des coefficients entiers, tandis que l'autre correspond à une fac- torielle plus petite que l'unité. J'ai attaqué ce dernier problème dans le § II de ce Mémoire, et j'en ai ramené la solution, dans le cas le plus général, à une question de maximum. J'ai depuis obtenu, pour résoudre le mètne problème, une nouvelle méthode, qui me paraît offrir de grands avantages sur celle que j'ai développée dans l'avant-dernière séance. Cette nouvelle méthode ramène la solution, non plus à a recherche de la valeur maximum C. R., 1847, 1" Semejti-e. (T. XXIV, ^'■ 1J5 ) 8,^ ( 634 ) de la plus petite entre diverses fonctions données, mais, au contraire, à la recherche de la plus petite des valeurs maxhna de ces fonctions consi- dérées isolément, ou égalées entre elles deux à deux. L'analyse dont je me sers, et qui semble digne de l'attention des géomètres, offre cela de re- marquable, que le module du polynôme radical donné se trouve éliminé du calcul, aussi bien que les modules des polynômes associés, que l'on déduit du premier en remplaçant une racine de l'unité par une autre. Les condi- tions auxquelles il s'agit de satisfaire ne renferment plus que les arguments de ces divers polynômes. D'ailleurs, ces conditions sont très-simples et se réduisent à celles que je vais énoncer. >' Soient n un nombre entier quelconque , p une racine primitive de l'é- quation binôme (i) , , . jr«=u ■ . et (2) f(|5) = a-t-g/5 + 7/5^ + . , . + ï;f/"-' un polynôme radical à coefficients entiers, formé avec les racines de cette équation. Soient encore (3) i , n , h ,. . . n — b , n — a, rt — j les entiers inférieurs à n et premiers à tî , et m le nombre de ces entiers. Nommons P, Pa-, Pb les arguments des polynômes • f(f),f(p"), f(/=*).... Enfin, prenons (4) ^=^"5 n et, eu désignant par u l'un quelconque des termes de la progression arith- métique (5) O , ST , 25r , . . . , ( n — 1 ) ST , posons H = 2 sm sin (6) ■ ; ; ' p'=2^eos^i^cos^--^-, ( 635 ) -^ les facteurs trigonométriques que renferme le second membre de chacune des formules (6) étant en nombre égal à— > c'est-à-dire en nombre égal à celui des termes qui, dans la suite (3) , sont inférieurs à -n. Ma nouvelle méthode réduit le problème qu'il s'agissait de résoudre à la recherche de la plus petite entre les valeurs numériques des produits P, P' et à cette proposition, que, pour des valeurs données quelconques des arguments /9,pa,. . . , la plus petite entre les valeurs numériques de P ou de P' qui correspondent aux divers termes de la progression (5), ne surpasse pas l'unité. » Outre la méthode que je viens d'indiquer, j'ai encol-e obtenu divers théorèmes assez curieux, dont quelques-uns se trouvent déjà énoncés dans les Mémoires que j'ai présentés dernièrement à l'Académie. L'un de ces théorèmes, que M. fiamé paraît avoir rencontré de son côté, détermine, pour le cas particulier où le nombre n est 3 ou 5 , la forme générale des divi- seurs de l'unité. Je prouve aussi très-facilement que la différence entre la «""'"* puissance d'un polynôme radical à coefficients entiers et la somme dés coefficients de ce polynôme est toujours divisible par «, lorsque n est un nombre premier impair. Il en résulte immédiatement que la différence entre les puissances «'*"'" de. deux polynômes associés est divisible par n; et cette dernière proposition comprend elle-même, comme cas particulier, un théorème énoncé par M. Lamé, relativement aux polynômes qu'il appelle conjugués directs. » Voici la démonstration très-simple du théorème qui se rapporte à la n'^"" puissance d'un polynôme radical à coefficients entiers. Supposons toujours ce polynôme déterminé par la formule (a). Si on l'élève à la yjjeme puissance, et si l'on admet que n soit un nombre premier impair, on aura évidemment (7) '■■■' [f(p)]" = a" + g" + 7«-f-...-+->,« + «(|>(p), ■' t|^ (p) étant un nouveau polynôme radical à coefficients entiers. D'ailleurs , en vertu d'un théorème connu , si l'on pose g = a -I- ê -f- 7 + . . . -i- y; , et . ■' ■ .^ = a" + S"+y"+...-¥-Yi", la différence Çn — Ç 83.. o ( 636 ) sera divisible par n. En d'autres termes, on aura (8) ■ . ç„ = ç+n/, l étant une quantité entière. Donc, en posant, pour abréger, on aura zï(p) étant un polynôme radical à coefficients entiers. L'équation (9) devant subsister quand 'on y remplace p par l'un quelconque des termes de la suite- •-;;.;•■:..■'..;;.,■-.■! h^ 'i<-.- I à û^ û' fl"-* *'*' ^ f P > P ■> P ■>■■•■> P 5 ^ 011 en conclut que, si A et k représentent deux quelconques des nombres ■ ^'^^V'ii.'a:, 3,..., n— I, a différence ■:;»•; ^iU:.»!:H' • [f(p*)]--[f(p*)]« . sera divisible par H. Ainsi la différence entre la n'"""' puissance de deux po- lynômes radicaux associés est toujours divisible par n, et, par conséquent,' elle est divisible par (i — p)"~*- » ÉCONOMIE RURALE. — Suite des recherches entreprises pour déterminer l'influence que le sel, ajouté à la ration, exerce sur le développement du bétail; par M. Boussiivgault. •> 3->>!i'- u Dans la première expérience dont j'ai eu l'honneur de communiquer les résultats à l'Académie, les animaux avaient été rationnés à raison de 3 kilo- grammes de foin par jour, pour 100 kilogrammes de poids vivant. Cette expérience a été continuée sans rien changer aux dispositions qui avaient été adoptées , avec cette seule différence, que les deux lots de jeunes taureaux ont été nourris à discrétion , et qu'une partie de la ration a été donnée en betteraves. Chaque jour, on distribuait à chaque lot une quantité de nour- riture supérieure à celle qui pouvait être consommée, et, le jour suivant, au moment de distribuer la nouvelle ration, on pesait ce qui était resté dans les crèches, afin de constater la consommation réelle. " Le lot formé des pièces A , B , C a continué à recevoir par jour T 02 grammes de sel. ( 637 ) " Le i3 novembre 1846, au matin, lors de la conclusion de la première observation , les pesées ont indiqué : Pour le lot n" i qui avait reçu du sel : Pour le lot n° 3 qui n'avait pas reçu de sel : A i65 kilogrammes. A' i46 kilogrammes. B. i58 kilogrammes. B'. i54 kilogrammes. C iS^ kilogrammes. C iSa kilogrammes. • ■ ■ ' 480 kilogrammes. ' '- ' ^Sz kilogrammes. " » Cette deuxième observation , commencée le 1 3 novembre 1 8/|6 , a été terminée le ii mars 1847, ^" matin. » Durant les cent dix-sept jours écoulés entre ces deux époques, les lots ont consommé les quantités suivantes de fourrage: Par le lot n" i ayant du sel : Par le lot u° 1 n'ayant pas de sel : Foin ^g2 kilog. " Foin ^53 kilog. Regain g4o kilog. Regain. 870 kilog. Betterav.,i25okil.= foin. 3i2 kilog. ' BeHerav., 1 160 kil.= foin. 290 kilog. Consommation exprimée Consommation exprimée en foin et regain 2o44 kilog. en foin et regain 19' 3 kilog. Sel consommé 12 kilog. » Comme il est arrivé dans la première observation , le lot qui recevait du sel a bu beaucoup plus que celui qui n'en recevait pas. " En moyenne: Le lot n" 1 a bu par jour 54 litres d'eau; Le lot n" 2 a bu par jour 3i litres d'eau. Cette détermination, comme toutes les autres pesées, ont été faites par M. Le Bel, qui, pendant mon absence de la ferme, a bien voulu diriger cette expérience. Les pesées exécutées le 1 1 mars 1 847, au matin , ont donné : " Lot n° I , ayant consommé 12 kilogrammes de sel: Feséedu i3novembre. , ' Pesée du ii mars. A i65 kilog. ■ '. 210 kilog. Gain en 117 jours 4^ kilog. B 148 kilog. :' , ■' . . 200 kilog. Gain en 117 jours 4^ kilog. C 167 kilog. 208 kilog. Gain en 117 jours 5i kilog. 480 kilog.- 618 kilog. ., 1 38 kilog. » Lot n° 0. , qui n'a pas eu de sel : A'....,..... 146 kilog. 171 kilog. Gain en 117 jours ... . 25 kilog. B' i54 kilog. 2i4 kilog. Gain en 117 jours 60 kilog. C'..,,.. .,jj i52 kilog. 2o5 kilog. Gain en 117 jours 53 kilog. . ' ; v 452 kilog. 590 kilog. i38 kilog. ( 638 ) Les poids moyens des lots étant : Pour le lot n" i, 549 ^•'"S- ' ^^ '^ ^°''' consommé par jour, i'j'''',47, Pour le lot n°2, Sai kilog. , et le foin consommé par jour, 16''", 35, il s'ensuit que loo kilogrammes de poids vivant ont pris, pour se rationner: . ^ Dans le n° i ayant du sel. . . 3'''')2 , Dans le n" 2 n'ayant pas de sel 3'''', i . » On voit que cette consommation de fourrage donné à discrétion ne diffère pas considérablement de la ration normale distribuée à raison de 3 kilogrammes de foin pour 100 kilogrammes de poids vivant. Ce résultat ne s'éloigne d'ailleurs que très-peu de celui que nous avons constaté il y a quelques années dans une circonstance où des veaux mangeaient à dis- crétion. » En résumé, dans cette deuxième observation, on trouve que Le lot n" I ayant du sel, en consommant 100 kilogrammes de fourrage, a produit, de poids vivant 6'"',8, Le lot n" 2, sans recevoir de sel, en consommant 100 kilogrammes de fourrage, a produit, de poids vivant 7^", 2. » On peut donc en conclure que le sel ajouté à la ration administrée à discrétion n'a pas eu d'effet appréciable snr le développement des jeunes taureaux : résultat qui, au reste, n'a rien qui doive surprendre, en admet- tant même l'efficacité du sel dans l'alimentation, puisqu'en recherchant, d'après l'analyse des cendres , ce que la nourriture consommée dans un jour renfermait de sel, on trouve que la ration était formée en moyenne, pour chaque tête: De foin et regain 4''''i78, contenant sel marin.. 12 grammes. De betteraves 3''", 43 , contenant sel marin 3 " ' ' Dans 10 litres d'eau , contenant sel marin i 16 grammes. Ainsi, chaque individu des lots prenait avec son fourrage 16 grammes de sel marin par jour. » ASTRONOMIE. — Extrait d'une Lettre de M. Valz , directeur de l'observatoire de Marseille et correspondant de l'Académie. (Communiqué par M. Le F'errier.) M M. Valz , après avoir annoncé qu'il s'est occupé de nouveau de la dé- termination des éléments de l'orbite de la dernière planète, au moyen d'ob- ( 639 ) servations embrassant un intervalle de cinq mois et demi, ajoute : " J'ai » reconnu toutefois que l'excentricité offre toujours assez d'incertitude, >' comme j'en ai déjà fait la réserve. Pour l'éprouver, j'ai eu recours à la " position que vous avez déterminée pour 1800, et quoique je l'aie trouvée >' ainsi un peu plus forte , j'ai cru devoir m'en tenir provisoirement à votre " excentricité, sous la réserve convenable d'une plus sûre détermination " postérieure, comme aussi pour la révolution qui en dépend entièrement. » J'ai pu observer votre planète jusqu'au 1 1 janvier : sans les mauvais temps, » je n'aurais pu 1^ suivre que deux à trois jours de plus; car le 25 janvier je n n'ai pu la retrouver par un trop fort crépuscule. Les nouveaux éléments » que j'ai obtenus, d'après les dernières observations, n'atteignent pas les » limites d erreur que j'avais indiquées, sauf pour l'excentricité qui reste » toujours assez incertaine, ce qui n'est guère surprenant avec un arc par- » couru qui n'atteint pas i degré. Voici ces éléments : Demi-grand axe 3o , 894 Révolution peu certaine , i67°"S5 Demi-paramètre 3o ,090 Excentricité assez incertaine. o , 100 Rayon vecteur, au 1 9 janvier, à 6 heures 3o , 1 1 7 Longitude moyenne, au 19 janvier, à 6 heures 3 16"" 3' 56" Longitude du périhélie, au 19 janvier, à 6 heures 23^" 9' 2g" Longitude du nœud ascendant i3o° i' 53" Inclinaison i ..... . 1° 46' 45" (Les longitudes sont rapportées à l'équinoxe moyen de 1847, janvier o.) » Je me suis occupé de la nouvelle comète que j'ai observée jusqu'au- » a3 mars. Je nai pu l'apercevoir auprès du soleil, dont elle a passé à >' moins de i degré, le 3i mars. Quelques jours de retard de plus, et elle » eût passé sur le disque même du soleil. Elle avait déjà une queue avant sa » disparition, et il est à présumer qu'elle sera assez considérable, à la réap- » parition du 8 au 12 avril, pour attirer l'attention du public. Voici les élé- » ments provisoires, d'après mes seules observations : Passage au périhélie 3o,o8 mars 1847 » '• ™' ^^ Marseille. Distance périhélie o ,o355 Longitude périhéhe 2'jQ°^i' Nœud ascendant 23''5a' Inclinaison 48" Sa' Mouvement. Direct. ( 64o ) ASTRONOMIE. — Extrait d'une Lettre de M. Schdmacher, directeur de Tobservatoire d'Altona, et correspondant de l'Académie. (Communiqué par M. Le P^errier.) K M. Petei-sen a trouvé encore deux étoiles de Lalande , qui ne sont plus >' au ciel ; mais malheureusement leur absence s'explique aisément en sup- )' posant que Lalande se soit trompé d'une minute sur le temps de sa pen- » dnle. Ces étoiles sont : i". Histoire céleste, p. i6o : Passage 14'' 52" 3' Distance zénithale ... . 63° l'aG". » Avec l'ascension droite de Lalande il n'y a pas d'étoile. Mais, en sup- )) posant une erreur d'une minute en temps, cette étoile a été observée par 1' M. Bessel, et deux fois, mars 17 et 21, par M. Petersen. On doit pour- » tant remarquer qu'on ne se trompe pas aisément dans la minute, quand r 1 aijjuille des secondes n'a passé que de 3 secondes la minute entière. 2°. Histoire céleste, p. 347 • Passage i5'' 24" 55% 54 Distance zénithale. .. . 63''3'j'i7". » En prenant l'ascension droite plus forte d'une minute de temps, cette n étoile est identique avec celle : - Histoire céleste, p. i6i : Passage i5''25"2',5 Distance zénithale ... . 63" 36' 49"- » M. Petersen a observé le 17 mars entre les autres étoiles : Ascension droite apparente... = i^''28"'53^,c)3) Histoire céleste, p. i58. Déclinaison apparente = — 1 1° Sg' i3",9 ( 576 Mayer. >i Cette étoile paraît avoir un mouvement propre assez considérable. En » calculant j d'après V Histoire céleste, la position apparente pour 1847, » mars 1 7 , on obtient : Ascension droite ^ i4''28"56S92 Déclinaison = — ri°39' 33",o. » li'ascension droite diffère de 3^ en temps ou de 45" en arc, et la décli- )i naison de 19", i. « : Au sujet des erreurs de minutes, signalées comme possibles par M. Pe- tersen, M. Arago déclare qu'il a déjà prié un de ses collaborateurs et confrères (M. Mauvais) de se livrer sur ce point à toutes les vérifications désirables, et de consulter pour cela les registres manuscrits de f^alande. ( 64f ) M. Arago, à qui ces registres avaient été offerts en cadeau par M. le chef d'escadron Lefrançais deLalande, annonce qu'ils sont actuellement déposés à la bibliothèque de l'Observatoire. A la suite de cette communication verbale, M. Mauvais demande la parole et s'exprime en ces termes : « Pour lever les doutes qui pouvaient rester sur l'existence de l'étoile de Vffistoire céleste indiquée par MM. Petersen et Walker comme pouvant s'identifier avec la nouvelle planète, M. Arago m'avait engagé à vérifier cette position sur les manuscrits qui lui ont été offerts par les héritiers de Lefrançais de l^alande, et dont il a fait généreusement don à la bibliothèque de l'Observatoire ; je me suis empressé de m'occuper de cette vérification, et déjà je crois être arrivé à un résultat décisif, en comparant la position ob- servée le lo mai 1795 avec une autre observation faite deux jours aupa- ravant, mais qui n'a point été imprimée, parce que fjalande, en la sou- mettant au calcul, crut reconnaître qu'elle était entachée d'une double erreur, sur l'instant du passage et sur la hauteur qui, suivant lui, aurait été intervertie avec celle d'une autre étoile. » Lorsque mes calculs seront terminés, je m'empresserai d'en commu- niquer le résultat à l'Académie. » PHYSIQUE. — Sur la théorie de la rosée. (Deuxième Lettre de M. Mellom à M. Ârago. ) le Naples , ce i8 mars i847- » Je vais développer dans cette seconde Lettre la proposition que j'énou- (jais en terminant la première; je veux dire que si l'on peut regarder comme tout à fait hors de doute le principe de Wells sur l'origine de la rosée, il est cependant impossible de se rendre compte de tous les phénomènes thermo- métriques et hygrométriques qui se produisent de nuit, lorsque le ciel est serein et l'atmosphère tranquille, à moins de prendre en considération une nouvelle circonstance entièrement négligée jusqu'à ce jour , malgré son extrême importance dans le refroidissement nocturne des corps. Mais aupa- ravant, permeltez-moi quelques observations sur deux séries d'expériences que les partisans du soulèvement de la rosée ont mises en avant, avec la prétention qu'elles suffisent à elles seules pour renverser toutes les théories de ce météore basées sur le rayonnement calorifique. » On a pris un certain nombre de thermomètres égaux, autant que pos- C. R., i8i7, I" Semestre. (T. XXIV, N» IS. ) 84 ( 640 sible, en volume et en sensibilité: quelques-uns ont été enduits de noir de fumée, de vernis, d'encre de Chine; d'autres furent dorés ,arf[entés, cou- verts defeuilles déplantes , d'étain, de cuivre. Ces instruments ainsi préparés, exposés au milieu des champs pendant une nuit calme et sereine, marquèrent d'abord des températures quelque peu différentes; mais, après un certain intervalle de temps, ils finirent par se mettre tous à peu près d'accord. L'expérience fut variée d'une autre manière. A l'extrémité de cylindres de verre plantés dans le sol , on fixa des plateaux de zinc, de cuivre , de verre: chacun de ces plateaux portait au centre une cavité où plongeait le réser- voir d'un thermomètre, dont le tube, soutenu par un fil de fer, s'élevait verticalement au-dessus de la surface supérieure; un thermomètre, librement suspendu entre les plateaux, était destiné à mesurer la température de l'air. Ici, comme tantôt, les appareils mis en expérience à l'entrée de la nuit, in- diquèrent des différences calorifiques qui disparurent plus tard ; en sorte que, au premier crépuscule du jour suivant, tous les thermomètres furent trouvés à des hauteurs sensiblement égales. » Ces faits parurent aux adversaires du principe de Wells , complètement décisifs; el dès lors ils soutinrent que « le prétendu froid nocturne des corps, 11 indispensable à la formation de la rosée, était une pure chimère! » Pour moi, je dis que si 1 on veut voir là-dedans de l'imaginaire et du fantastique, il faut le chercher dans le raisonnement dont on s'est servi pour en tirer une pareille déduction ; car les expériences de ces messieurs furent faites près du sol, dans un air chargé d'humidité: tous les tubes des thermomètres étaient découverts; et, dans la dernière expérience, les réservoirs thermo- métriques communiquaient, par l'intermède des plateaux, avec les cylindres qui servaient de soutien aux appareils. Or le verre dont ces tubes et ces cy- lindres se composaient rayonne considérablement , sa température s'abaisse et le froid acquis secommunique aux corps qui le touchent: ceux-ci étant placés au milieu d'un air fort humide précipitent alors la vapeur aqueuse ; or nous savons que l'eau rayonne et se refroidit avec autant d'énergie que le verre, le vernis et le noir de fumée. Il n'y avait donc rien d'étonnant à ce que les thermomètres en contact avec les lames ou les plateaux de métal mar- quassent, après quelque temps, la même température que les thermomètres entourés des substances les plus rayonnantes. De ce que des surfaces mé- talliques, que l'on trouva couvertes de rosée, étaient aussi froides que les surfaces vitrées ou noircies, il s'ensuivait bien que l'eau, le verre et le noir de fumée sont des corps doués de pouvoirs émissifs sensiblement égaux; mais on ne saurait jamais tirer logiquement de cette expérience, que les mé- ( 643 ) taux se refroidissent, pendant les nuits calmes et sereines , autant que le noir de fumée et le verre. » Pour connaître le véritable état des choses, il faut donc proscrire le verre, et employer comme soutiens de minces tubes de fer-blanc qui ne rayonnent presque point, et tiennent les thermomètres suffisamment isolés de la chaleur du sol: il faut, en outre, armer toutes les parties des thermo- mètres avec des lames métalliques. Alors, ces lames étant polies, le ther- momètre donne la température très-approchée de l'air; et lorsque l'ar- mure est vernie, noircie, en contact avec des feuilles végétales ou toute autre substance, ou obtient, par une simple comparaison avec le thermomètre poli, le degré de froid engendré par le rayonnement de cette substance. » Au moyen d'instruments ainsi montés, je me suis assuré que les feuilles des plantes, le verre , le vernis, le noir de fumée, se refroidissent toujours, pendant les nuits calmes et sereines , de i à 2 degrés au-dessous de l'air ambiant. » En voyant la faiblesse de ces refroidissements , on serait tenté de croire fort exagérés les abaissements de température de 7 et 8 degrés rapportés par Wilson et Wells. Mais si l'on considère que les différences obtenues par les deux physiciens anglais, contiennent un élément étranger à la question; que les thermomètres destinés à la mesure de la température ambiante étaient élevés de i™,3o à i™,6o, taudis que les instruments enveloppés dans la sub- stance rayonnante se trouvaient tout près du sol, il est facile de comprendre à quoi tient la grande divergence entre leurs résultats et les miens. » En effet, les expériences de Pictet ont démontré, depuis fort long- temps, que la température de l'air décroît rapidement, pendant les nuits calmes et sereines, lorsqu'on approche de la surface terrestre. Le seul fait de ce décroissement , doit donc rendre la température de la substance rayon- nante placée près du sol , inférieure à celle de l'air où plonge le ther- momètre soulevé de i^So à i™,6o; en sorte que, dans cette disposi- tion , la différence des deux instruments n'indique nullement le résultat cherché, savoir, le refroidissement du corps au-dessous du milieu ambiant. » Il y a cependant une expérience de Wells où un thermomètre, enve- loppé de laine , étant mis au même niveau qu'un thermomètre libre, donna un abaissement de température de 5", 3. Ici la laine s'était bien refroidie d'une quantité deux à trois fois plus grande que le noir de fumée de mes expé- riences; or je savais que le pouvoir émissif de la laine n'est pas supérieur à celui du noir de fumée. » Pour déterminer la cause de ce froid extraordinaire observé par Wells, 84.. ( 644 ) il fallait d'abord le mettre tout à fait hors de doute. C'est pourquoi , ayant enveloppé l'armure d'un de mes thermomètres avec une touffe de laine, je l'exposai à l'extérieur avec deux thermomètres de mêmes dimensions , l'un desquels était couvert de noir de fumée , et l'antre conservait son brillant métallique : l'instrument descendit, en quelques minutes, deux fois plus que le thermomètre noirci. Un quatrième thermomètre, enveloppé d'une égale quantité de laine, condensée et pressée autour de l'armure métallique moyen- nant quelques tours de fil de la même substance, donna un refroidissement intermédiaire entre les deux précédents. J'habillai enfin un cinquième ther- momètre avec une double chemise de flanelle fine , et je le vis baisser encore moins que le quatrième. Je répétai les expériences en substituant le coton à la laine, et j'obtins des résultats tout à fait analogues ; alors je compris que la supériorité du coton et de la laine sur le noir de fumée , dans les phéno- mènes du refroidissement nocturne , tenait à une certaine modification introduite dans le pouvoir émissif de ces corps par la présence de l air inter- posé entre leurs interstices. » Mais comment l'air peut-il augmenter le froid résultant de la radia- tion? » La réponse est simple et claire. Nous savons, depuis bien des années, que le refroidissement nocturne des corps ne varie point avec la tempéra- ture de l'atmosphère. Ainsi les capitaines Parry et Scoresby ont trouvé que, pendant les nuits calmes et pures des régions polaires, la neige se refroidit d'en- viron 9 degrés au-dessous de la couche d'air élevée de i'",3o <à i'",6o lorsque l'atmosphère se trouve à — a5 ou — 3o degrés, et lorsque sa température est tout près de zéro. M. Pouillet a vu le duvet de cygne descendre d'en- viron y (legiés sous des températures de o et de aS degrés. J'ai pu m'assurer, de mon côté, que les thermomètres noircis ou vernis baissent d'une quan- tité' constante, quelle que soit la température de la nuit. Maintenant on conçoit que les touffes de coton ou de laine, étalées à la partie supérieure des réservoirs thermométriques soumis à l'action d'un air serein , après s'être refroidies par rayonnement, communiqueront le froid acquis à l'air envi- ronnant, qui, devenu plus lourd, descendra dans l'intérieur pour tomber ensuite sur le sol; mais il faudra toujours, à cet air condensé, un cer- tain temps pour se dégager des obstacles qui l'arrêtent au milieu des fils. Ceux-ci se trouveront donc en présence d'un air plus froid qu'il n'était au commencement de l'expérience; et, comme leur abaissement de tempéra- ture au-dessous du milieu ambiant doit se conserver invariable , il faudra né- cessairement qu'ils se refroidissent davantage. Cette augmentation de froid ( 645 ) provoquera un nouvel abaissement de température dans le milieu; l'abais- sement de température du milieu, un nouveau refroidissement dans le corps rayonnant; et ainsi de suite, jusqu'à ce que le poids acquis par l'air con- densé le délivre des entraves qui s'opposaient à sa sortie de l'enveloppe. " Ce qui se passe avec les touffes de coton et de laine artificiellement pla- cées autour des thermomètres, doit se reproduire naturellement dans plu- sieurs circonstances. En effet, les plantes à feuilles velues sont plus froides que les plantes à feuilles lisses. La température de l'herbe et celle d'autres plantes basses qui couvrent les champs descendent, en vertu de cette réaction frigori- fique de l'air, bien au-dessous de celle des corps élevés, à cause du voisinage du sol qui soutient le milieu ambiant, et le force de rester en présence des surfaces rayonnantes. Réellement, la couche d'air où est plongée l'herbe de la prairie ne se tient pas immobile; elle tourbillonne, au contraire, d'une manière tout à fait analogue à l'eau d'un vase placé sur le feu : les particules aériennes condensées par le froid des sommités de l'herbe, descendent dans l'intérieur des prés, se réchauffent au contact de la terre, remontent vers les parties supérieures de l'herbe, et ainsi de suite ; mais il est clair que, malgré cet état d'agitation, elles finissent par se refroidir, et que, pour se maintenir constamment plus froide qu'elles de la même quantité , l'herbe devra se refroidir de plus en plus : ce qui provoquera un refroidissement graduel , et une humidité croissante dans la couche d'air. » Je ne puis entrer ici dans les détails nécessaires pour montrer comment le principe de la réaction frigorifique de l'air, sert à expliquer tous les faits qui précèdent et accompagnent l'apparition de la rosée dans les .prairies, et une foule de phénomènes dont on n'avait pas bien pu se rendre compte jusqu'à ce jour. Mais votre perspicacité suppléera aisément à mon silence , et il suffira de terminer par l'énoncé des principales questions traitées dans le Mémoire, que j'aurai l'honneur de présenter bientôt à l'Académie. " Je dirai donc, qu'outre les difficultés auxquelles je crois avoir nettement répondu dans ces deux Lettres, mes nouvelles expériences sur le refroidisse- ment nocturne et la rosée m'ont permis de comprendre parfaitement : i" la distribution des températures sur l'herbe , que l'on trouve plus froide, de nuit, à l'intérieur qu'à la surface de la prairie; ■2° l'inversion des tempéra- tures ordinaires de l'atmosphère près de la surface terrestre; 3° la grande humidité de l'air aux environs des plantes , dès les premiers instants où la rosée commence à se déposer; 4" l'action nuisible du moindre souffle de vent ; 5° la formation et l'accumulation de la rosée pendant tout le cours de la nuit; 6° sa propagation successive de bas en haut; 7° la faiblesse de la ( 646 ) rosée sur les arbres comparativement à l'herbe et aux plantes basses des champs ; 8° la disparition des gouttelettes de rosée , qui a lieu quelquefois à la partie inférieure des plantes, pendant qu'elles se forment à la partie supé- rieure; 9° la proportion variable du météore dans les diverses saisons de l'année ; lo" sa distribution générale sur la surface du globe ; 1 1° la grande différence entre les températures diurnes et nocturnes de la zone torride ; il" l'absence de la rosée dans les petites îles de la Polynésie, et dans les vaisseaux naviguant au milieu des grandes mers; i3° sa formation abondante lorsque les vaisseaux approchent de certaines rives des continents; 14° le froid piquant qui se produit de nuit dans les plaines sablonneuses de l'Afrique centrale; 15° la congélation naturelle et artificielle des eaux peu profondes, lorsque la température de l'atmosphère est élevée de 5 à 6 degrés au-dessus du zéro, en tenant compte du fait irréfragable, que l'eau ne se refroidit guère que de i^jS par suite de sa radiation directe. " J'ajouterai enfin que le rôle joué par l'air stagnant dans les phénomènes du refroidissement nocturne, me paraît devoir modifier certaines données expérimentales sur lesquelles on s est appuyé pour calculer la température de l'espace. » M. Isidore GEOFFROY-SAiNT-HiLAinE , en offrant à l'Académie un ouvrage qu'il vient de terminer, et qui a pour titre : P'ie , travaux et doctrine scien- tifique c?'Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire, s'exprime ainsi : « Résumer les travaux de mon père en zoologie , en anatomie , en phi- losophie naturelle; présenter, sous une forme concise, et dans son enchaî- nement logique, la doctrine générale à laquelle ils se rattachent : tel est le but que je me suis proposé dans ce livre. J'ai cru, en l'entreprenant , remplir un devoir à la fois envers la science , envers une mémoire vénérée, et envers l'Académie à laquelle mon père a eu l'honneur d'appartenir pendant près de quarante années. >' Mon ouvrage est complété par quelques chapitres historiques. La vie d'Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire , entraîné tour à tour, par l'ardeur de son dévouement ou par les circonstances, au milieu des massacres de septembre, dans l'expédition d'Egypte, en Espagne , en Portugal , est pleine d'événements dramatiques et de généreuses actions. Un fils ne pouvait se refuser au bonheur d'écrire de telles pages. » Enfin, j'ai cru rendre mon Hvre spécialement utile aux naturalistes et aux anatomistes , en y plaçant une Table méthodique et analytique des nom- breux ouvrages et Mémoires publiés par mon père. » Tel est le livre que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie. >• ( 647 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Expériences relatives à la dépense des orifices alimentaires des roues hjdrauliques à aubes courbes sous lirifluence du mouvement de ces roues; par M. Boileau. (Commissaires, MM. Dupiri, Poncelet, Morin.) « Les expériences faites par M. Morin, en 1837, sur deux turbines du système de M. Fourneyron, et la théorie de ces récepteurs, donnée en juillet i838 par M. Poncelet, ont appris l'influence que peut exercer la force centrifuge sur la dépense de leurs orifices. Je me suis proposé d'examiner si l'écoulement de l'eau n'était pas aussi modifié par les roues placées presque immédiatement en aval des pertuis qui les alimentent, et sur les organes récepteurs desquels la veine liquide prend un mouvement ascensionnel, .l'ai fait, dans ce but, en i845, plusieurs observations préliminaires sur les roues verticales à aubes courbes et les roues de côté emboîtées dans un cour- sier circulaire , observations dont les dernières ont été complétées en 1 846 , et seront comprises dans un travail sur les déversoirs. Les expériences rela- tives à la roue à aubes courbes ont été exécutées sur une roue de o",985 de diamètre, avec aubes en tôle mince , tournant dans une portion de cour- sier circulaire, précédée d'un plan incliné et alimentée par un orifice incliné à deux de hauteur sur un de base. On jaugeait successivement, dans un bassin en maçonnerie, le volume d'eau écoulé par l'orifice libre , puis ac- compagné de la roue, dont on modifiait le mouvement de rotation à l'aide d'un frein. La vitesse théorique d'écoulement a varié de 2™,647 à 3'",ai'7, et celle delà circonférence extérieure delà roue depuis i ",540 jusqu'à i^^Z'jo. >' On a d'abord opéré avec une veine liquide d'épaisseur un peu plus faible que la distance entre les bords des aubes mesurée sur la circonfé- rence extérieure, mais supérieure à la plus courte distance entre ces aubes, circonstance qui se rencontre fréquemment dans les usines. Le coefficient de la dépense théorique s'est trouvé toujours diminué par la présence de la roue : le rapport de ce coefficient à celui qui convenait à l'orifice libre , c'est-à-dire ce qu'on pourrait appeler le module de réduction de la dépense dû à l'influence du récepteur, paraît atteindre sa plus grande valeur quand le rapport de la vitesse des aubes à celle du courant moteur, prend celle qui correspond au maximum relatif d'effet utile. Cette valeur maximum du module de réduction de la dépense était, pour les circonstances ( 6/,8 ) dont il s'agit, 0,89. Il en résulte que la plupart des roues verticales à aubes courbes établies dans Tindustrie, rendent un effet utile proportion- nel, notablement plus grand que celui qu'on a pu évaluer en ne tenant point compte de la diminution de la dépense. Ainsi, une roue avec aubes en tôle qui présenterait un rendement de 0,6 en calculant la dépense d'eau à la manière ordinaire, donnerait, en réalité, un effet utile égal, au moins, à l[ll ou à 0,67 du travail moteur effectif. )> Dans une seconde série d'expériences, l'épaisseur de la veine liquide était un peu plus faible que la plus courte distance des aubes à l'entrée : le courant était libre dans les aubes, et pouvait modifier ses pressions et ses sections suivant la vitesse du point où elles se trouvaient. Les résultats obtenus, d'accord avec le raisonnement fondé sur les idées éminemment pratiques exposées par M. Poncelet, dans son Cours à la Faculté des Sciences , ont montré que, dans ce cas, les aubes minces n'ont qu'une influence négli- geable sur la dépense. « ÉCONOMIE RURALE. — Expériences concernant l'influence du sel dans l'engraissement des bêtes à laine; par M. Dailly. (Commissaires, MM. Boussingault, Rayer.) « Nous avons l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie , les résul- tats d'une expérience faite sur l'engraissement de vingt moutons , desquels dix ont reçu une ration de sel , et dix autres n'ont pas eu cette ration extraordinaire. » Les deux lots ont eu à discrétion du regain, du résidu de. pommes de terre, du foin avarié et de la balle de paille de blé. » Le lot recevant du sel a consommé un peu plus de fourrage que l'autre lot ; mais la différence en a été si faible , qu'en la traduisant en argent , elle fait seulement i*^ 56*^ pour quatre-vingt-sept journées de la nourriture de dix moutons. » Ces animaux ont reçu, pendant leur engraissement, 2i'"',75o de sel; c'est , au cours actuel , 9' 78''. » Les deux lots ont été pesés très-exactement le jour où ils ont été mis en graisse, et leur poids a été constaté tous les mois très-régulièrement. » Voici la progression que le poids de chaque lot a suivie : ( 649 ) Lot au sel. ■ ' . Premier mois 35 ,5o , ■^''"vi,',-' Deuxième mois ■••, • ^9»*'*' '• ■■ " ■ Troisième mois < . 20,00 ■'-• ' 84, 5o . • ' • Lot au régime ordinaire. ..' ... Premier mois 10, 5o Deuxième mois 3i ,5o ■ . Troisième mois 34, 00 ; .. ,;' , ■; ., -, 76,00 ■ ■ ■■■■ ' ,^ ■ ^^ ;, C'est 8'''',5o en faveur du lot au sel qui, à 73", 3o le kilogramme vivant, que ces animaux ont été vendus, font ô^aS*'. » L'excédant des frais de nourriture sur l'autre lot n'aurait été que de 4' 8a" si le sel avait été vendu sans droit. - >v v. ' » Le lot au sel a bu, pendant le temps de son engraissement, 533 litres, d'eau; l'autre lot n'en a bu que 256. » L opération nous a donné un bénéfice de 4i'47" sur le lot au sel, et de 5i* 37" sur l'autre lot. " Le premier lot a rendu 48,1 3 de chair nette, et 5, 10 de suif pour 100 de poids vivant; le second lot a rendu 47»54 de chair nette, et 4)86 de suif aussi pour 100, au poids vivant. )' Nous pensons que l'on ne doit considérer que comme de simples ren- seignements les faits que nous avons l'honneur d'exposer à l'Académie , et que , pour se faire une opinion définitive, il importe que notre expérience soit répétée dans des circonstances variées. . ., , ^ uÈUECitiE.— Note sur deux instruments d'éthérisation ; par M. Maissiat. (Commission de Téther.) liCS instruments présentés sont : « 1". Un éthéromètre ou appareil propre à déterminer directement la constitution de l'air éthéré inhalé dans les organes respiratoires par un appareil médical proposé; , . ' , • » 2°. Un régulateur pour les appareils médicaux qui les rend suscep- tibles d'être réglés à ne donner, dans des circonstances difféi'entes, que telle quantité d'éther désirée, et généralement à donner une quantité d'éther quelconque moindre que leur maximum. » Le principe de l'éthéromètre est analogue à celui qui a servi à déterminer C.R., i847,i«>-S«/7iertre.(T.XXlV,lN<>i8.) .85 { 65o ) l'acide carbonique de l'air atmosphérique : il consiste à faire agir sur un ap- pareil médical quelconque proposé, une machine qui en extrait l'air éthéré, comme ferait un malade, d'une façon de même intermittente et par mêmes volumes: seulement ici on peut prolonger l'opération indéfiniment et con- naître le nombre de litres d'air éthéré aspiré ainsi: on a pesé initialement l'éther du réservoir, on le pèse finalement; !a différence, divisée par le nombre de litres compté, exprime la quantité d'éther qui se trouverait dans un litre d'air éthéré inhalé en ces mêmes circonstances de ce même appareil médical. » Le moyen employé est donc une sorte de poitrine artificielle ou soufflet exactement fait, gradué pour l'ainplilude de ses variations de capacité, et que l'on fait fonctionner à la main, en regard d'un chronomètre (comme ici le temps n'est pas un élément qu'il soit besoin de régler rigoureusement , il est très-commode de se servir d'une simple balle de plomb oscillant au bout d'un fil de cocon de longueur convenable pour représenter le rhylhme de la respiration). Supposons qu'on ait extrait ainsi mille litres d'air éthéré: la différence du poids de l'éther initial et final donnera immédiatement, par nue simple transposition de la virgule de trois rangs à gauche, l'éther contenu au litre. . , , • .;,. . " Dans l'instrument mis sous lés yeux de l'Académie , le soufflet est cylin- drique; il se compose d'un ressort à boudin revêtu d abord de baudruche, puis de caoutchouc. Il varie très-sensiblement d'un centilitre de capacité pour une variation de hauteur de j millimètre. On le jauge du reste directement: un tube flexible sert à le mettre en rapport avec l'embouchure d'un appareil médical dont il s'agit de déterminer l'action ou la force. » Le principe du régulateur consiste à étendre l'air éthéré d'air pur en proportion déterminée. On l'a déjà fait précédemment; mais, dans l'emploi de ce moyen indiqué par M. Doyère , les constructeurs se sont contentés d'une proportion établie à vue d'œil, ou par une graduation grossière, en quatre parties, que présentaient les instruments. Ici on a réglé les proportions d'air pur et d'air éthéré, en armant les clefs d'orifice d'un axe gradué de loo degrés. Les variations des orifices sont proportionnelles aux degrés: ainsi, l'aiguille marquant lo degrés, l'air qui va se charger d'éther entre par un orifice qu'on peut représenter par lo, celui de l'air pur étant représenté par 90 ou le complément à loo. » Mais cette graduation , même rigoureusement exécutée, ne peut repré- senter l'élément à mesurer l'éther du mélange qui varie avec la tempéra- ture, etc., ni même ligoureusement les proportions d'air pur et d'air éthéré , f 65i ) caria résistance des conduites que chacun suit de part et d'autre, paraît devoir être très-différente. Nous n'employons donc la graduation que comme moyen de remettre, avec précision, un même appareil dans un même état. >' Pour rendre les appareils médicaux comparables les uns aux autres, et un même appareil comparable à lui-même, la température variant, il faut étudier chaque appareil directement avec l'éthéromètre, à des températures assez rapprochées entre les extrêmes de la pratique; et, pour chaque tem- pérature, à des intervalles assez peu distants dans toute l'étendue de l'échelle régulatrice : de cette manière on pourra dresser, une fois pour toujours, une Tablé à l'aide de laquelle il deviendra facile de doser l'éther à toute température usuelle, et cela aussi exactement qu'un médicament or- dinaire. .-•.,...•. :.v-^..-. ,■.-' ,^ ^ ..,■;,-:.., ■;,-. ■. ^.i-Y-'v- , . ■ -■■ " La connaissance de la constitution de l'air éthéré, d'une opération â une autre , est indispensable pour que les cas observés soient comparables entre eux, et que l'expérience acquise puisse être mise à profit, comme il en a été pour tous les médicaments successivement introduits dans la pratique mé- dicale. " Pour réstimer en deux mots : l'un de ces instruments sert à détermi- ner directement la constitution de l'air éthéré; l'autre, à la régler dans les limites que l'expérience aura démontrées sans danger, et dans la meilleure proportion pour le but que se propose la médecine dans l'inhalation de l'é- ther. Ces deux résultats sont acquis expérimentalement, sans incertitude , car on suppose simplement qu'un phénomène mesuré se répétera de même dans des circonstances identiques. On évite ainsi toutes les difficultés que peut présenter à la détermination théorique, un mélange de gaz et de vapeurs en état de mouvement. . , . ,. - Expérience sur-l'èlhéromètre. •••'.'.■• << Le II avril 1847, à 3"» 30"" : -<; ; v ' ^ ■ . Pression barométrique ;.. ©'"',759 ..• f " Température du lieu i3°,25 On a fait cette expérience dans le cabinet de M. Deleuil , opticien. On a extrait de l'appareil médical 260 litres d'air éthéré : tout l'air qu'aspirait l'éthéromètre avait passé sur l'éther (c'est-à-dire que l'aiguille du régu- lateur marquait 100 degrés), l'air éthéré était extrait par volumes de demi- litre , selon le rhythme de ma propre respiration qui , comptée à plusieurs i-eprises pendant l'expérience , a été trouvée de quinze à dix-sept inspira- tions par minute ; c'est le même nombre qu'avait trouvé M. Dumas pour 85.. ( 652 ) lui-même; on avait mis initialement environ 120 grammes d'éther rectifié dans le réservoir de l'appareil médical à essayer. On a suivi la méthode des doubles pesées : ^r^M^>\;n^p•■ Poids du réservoir avant l'expérience. . . ^Sô^^gz Poids dn réservoir après l'expérience. . . . ni^^,o5 Éther dépensé. 628'',87 Air éthéré extrait par l'éthéromètre 25o litres. 62,87 i 25o ^^ 62,87 i 25 *■ '.1.1 .'t.i^.A ;ih.-£'ntioo ;< .{ — ^ • l o, 25 1 » Ainsi, il entrait moyennement oS'.aSi dether dans un litre de l'air éthéré que fournissait cet appareil médical , dans les circonstances de Texpérience. » Pendant l'expérience , le réservoir d'éther était placé sur une table de bois : il s'est formé , vers la fin de sa durée , une croûte de glace de |ou \ de millimètre d'épaisseur, sur la surface extérieure du vase dans la portion correspondant au liquide intérieur; au-dessus, il n'existait qu'une légère rosée , qui s'est manifestée vers le milieu de l'expérience, et à laquelle on n'a point touché. » Un dessin sommaire de cet éthéromètre a été déposé le i" mars 1847, avec l'indication de ses applications. » MÉDECINE. — Nouvel appareil pour l'inhalation de léther; présenté par M. LiJER. (Commission de l'éther.) « Cet appareil , dit l'auteur, détermine la saturation instantanée de l'air. » Il fournit une quantité de vapeur calculée sur les dimensions de la trachée , et suffisante pour conserver à la respiration toute sa liberté. >• Il indique, d'une manière précise, les proportions relatives d'air pur et d'air saturé. . ùv.'fi. . .■ » Le premier de ces effets (saturation instantanée) résulte de deux dis- positions importantes : » 1°. La forme du récipient dans lequel l'air ne peut pénétrer que de ]a circonférence au centre et en rasant la surface de l'éther; » 2°. L'interposition d'un diaphragme de toile entre le liquide et le tube de dégagement , diaphragme que l'on imbibe d'éther en tournant le petit bouton placé au côté du tube. Les quantités proportionnelles d'air pur et ( 653 ) d'air saturé sont obtenues par un robinet ou plaque mobile dont l'ouver- ture se gradue d'elle-même suivant celle d'un autre tube communiquant avec l'air extérieur. Enfin les soupapes sont remplacées par des boules qui ont l'avantage d'être légères et beaucoup plus mobiles; de fermer plus hermé- tiquement, et de ne jamais se déranger. » Cet appareil produit l'insensibilité dans l'espace de 20 à 3o secondes. En donnant aux chirurgiens la facilité de réduire aux plus faibles proportions la dose de l'éther, le nouvel appareil permettra de prolonger, dans certains cas, l'éthérisation pendant les opérations de longue durée. » PHOTOGRAPHIE. — Supplément à une précédente communication concernant la photographie sur papier. (Note de M. Blanquart-Evrard.) •,,,... (Commission nommée.) . ;' » Dans la description de mon procédé de photographie sur papier , j'ai omis de faire remarquer , qu'au moyen de l'imprégnation profonde de nitrate d'argent que recevait le papier pour les épreuves positives, le bai» d'hyposulfite dans lequel on plongeait ces épreuves au sortir de 1 exposition, en dissolvait une certaine quantité , et passait ainsi à un autre état chimique ^ lequel donnait lieu aux réactions que j'ai décrites, en amenant l'épreuve de la teinte, rousse d'abord, au noir des gravures de Vaqua-tinta. >' L'inobservation de ce changement d'état du bain de l'hyposulfite, a donné lieu à l'insuccès des expériences auxquelles se sontlivrés jusqu'ici les photogra- phistes, opérant le plus souvent avec des épreuves de petite dimension: il en résultait que le bain d'hyposulfite, d'ailleurs trop considérable, ne se char- geait pas suffisamment de nitrate ; de telle sorte que son action, au lieu de devenir colorante, attaquait, au contraire, l'image et la dégradait de teinte,' dans la proportion inverse de l'effet recherché. > ..- :, • '• . • >' Ayant reconnu, par les faits, la cause de ces insuccès, je m'empresse de la signaler , pour qu'il soit permis à chacun d'obtenir des épreuves satisfaisantes. » Ceux donc qui, bornés dans leur exécution, ne pourraient fournir assez tôt à leur bain d'hyposulfite, suffisamment d'épreuves pour l'amener à l'état convenable, y suppléeront en versant dans leur bain une légère quantité de- leur dissolution concentrée de nitrate d'argent. » (654) CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches chimiques sur le jaune (fœuf; par M. GoBLEY. (Deuxième Mémoire.) (Commission précédemment nommée.) « Les nouvelles recherches qui font l'objet de ce Mémoire ont été entre- prises, dit Tauteur, dans un double but : d'une part, je me suis proposé d'é- tudier certaines questions que j'avais à peine abordées dans mon premier travail; de l'autre, j'ai voulu faire voir jusqu'à quel point étaient fondées les objections que M. Sacc avait présentées contre ce travail , et pour cela j'ai dû modifier dans plusieurs cas mes procédés d'analyse, de manière à me mettre bien sûrement à l'abri des causes d'erreurs qu'il croyait avoir aperçues. > De mes nouvelles expériences, je crois pouvoir conclure : » 1°. Que la matière grasse du jaune d'œuf est formée, comme je l'avais dit précédemment, de deux parties distinctes : d'une huile fixe , V huile dœuj ; d'une substance molle, non fusible, la matière visqueuse ; » 1°. Que le phosphore ne se trouve pas dans l'huile, mais dans la ma- tière visqueuse; » 3°. Que les acides oléique , margarique et phosphoglycérique, que l'acide lactique et l'extrait de viande ne sont pas des produits d'oxydation ; » 4°. Que la matière visqueuse, qui n'est pas , comme je l'avais pensé , une combinaison des acides oléique, margarique et phosphoglycérique avec l'ammoniaque , constitue un corps de nature complexe dont j'ai déjà pu sé- parer deux substances différentes que je désigne provisoirement sous le nom de matière phosphorée , et la seconde sous celui de matière céréhrique; « 5°. Que la matière phosphorée, qui formera, chez l'animal développé , le corps que M. Fremy désigne sous le nom diacide ole'ophosphorique , donne avec la plus grande faciUté, comme produits de décomposition en présence des acides et des alcalis minéraux , sous l'influence de l'eau comme sous celle de l'alcool , et sans que l'oxygène de l'air intervienne, les acides oléique, mar- garique et phosphoglycérique ;-• ..■ m/' n 6°. Que la matière céréhrique est analogue , sinon identique , au corps que Vauquelin, MM. Gouerbe et Fremy ont désigné successivement sous les noms de matière grasse du cerwaUj de cérébrote et A' acide céréhrique.... » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Procédé pour C impression immédiate, en carac- tères alphabétiques , des dépêches transmises par le télégraphe électrique; par M. Berthault. (Commission précédemment nommée.) Dans la Lettre qui accompagne sa Note, l'auteur rappelle qu'il avait ( 655 ) proposé pour ce mode de communication , avant M. Dujardin , l'emploi d'un aimant et d'un électro-aimant; qu'il avait également, dans son premier Mémoire, indiqué, avec les développements nécessaires, l'application de té- légraphes électriques aux chemins de fer, en recourant à des interruptions pour engendrer les signes. M. Berthault croit pouvoir, en conséquence, ré- clamer la priorilé d'invention sur l'un et l'autre point. Des réclamations analogues ont été déjà soumises à l'Académie; les Commissaires statueront. AKiTHMÉTiQUE. — Notes sur les fractions continues ; — Sur des procédés d'approximation pour les racines numériques; — Sur quelques propriétés des nombres ; par M. IRovnvM:. .< :. (Commissaires, MM. Sturm, Liouville, Lamé.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description d'un nouveau sjstème de soupape longitudinale pour les tubes propulseurs des chemins de jer atmosphé- riques ; par M. MouFLARD. ': . , (Commission des chemins de fer.) > M. Demcquehem, qui, en 1842 , avait soumis au jugement de l'Académie un système de chemins de fer à rail directeur mof en, annonce qu'il a modifié son dispositif de telle manière , qu'il peut se prêter à de très-grandes vitesses et à des courbes d'un petit rayon. M. Uericquehem prie l'Académie de vou- loir bien charger une Commission d'assister aux expériences qui se feront sur un tronçon de chemin construit dans ce système. (Commission des chemins de fer.) M. Pentzolds adresse uû Mémoire ayant pour titre : Nouveau système de machine à double effet et à nouveau genre de point d'appui pour la navi- gation. (Commissaires, MM. Dupin , Poncelet, Combes.) M. Heyfelder, professeur de clinique chirurgicale à l'Université d'Ërlàn- gen , adresse un Mémoire écrit en allemand concernant ses observations sur \e$ effets de l'inhalation de l'éther sulfurique et de l'éther chlprhydrique. '■■ ;^ (Commission de l'éther. ) • ( 656 ) CORRESPONDANCE. M. le MiMSTRE DE l'Instructioiv publique transmet Tampliation de l'ordon- nance royale qui confirme la nomination de M. Combes à la place devenue vacante, dans la Section de Mécanique, par suite du décès de M. Gambey. Sur l'invitation de M. le président, M. Coîhbes prend place parmi ses con- frères. M. l'Inspecteur général de la Navigation du département de la Seine transmet le tableau des hauteurs de la Seine, à Paris, pendant l'année 1 846, observées journellement à l'échelle du pont de la Tournelle. PHYSIQUE. — Note sur les vibrations sonores de l'eau; par M. G. Wertheim. « Les lois des vibrations sonores des liquides peuvent être regardées comme inconnues: on sait bien que les liquides propagent le son ; on sait en outre, par les recherches de M. Gagniard de Latour, que des sons se produisent dans l'eau lorsqu'on lui imprime, par des corps solides, une série de chocs réguliers, et que l'eau sortant d'une ouverture étroite fait naître un son de sifflement qui peut se communiquer à une colonne liquide et en recevoir certaines modifications suivant la hauteur de cette colonne. Savart a étudié les pulsations qui accompagnent l'écoulement des liquides et les changements de forme que la veine subit par l'effet des sons. " Mais ces expériences ne peuvent conduire , ni à la connaissance des sons propres à un certain volume de liquide , ùi à la détermination de la vitesse du son, ni à la vérification des lois de ces vibrations, telles qu'elles ont été trouvées par l'analyse. Pour remplir cette lacune, j'ai essayé d'employer pour les liquides le moyen qui a si bien réussi pour l'air et pour les gaz. » Je me suis servi d'un tuyau d'orgue en laiton , à bouche large , et dont le tuyau se compose de trois parties de \ de mètre de longueur chacune , qui se vissent l'une sur l'autre. On a ainsi avec une même embouchure trois tuyaux de différentes longueurs, et M. Marloye a réussi à les construire de manière qu'ils rendent facilement dans l'air le son fondamental et ses har- moniques; le pied de ce tuyau est muni d'un robinet pour régler le courant d'air. Gette disposition présente cet avantage, qu'en combinant deux à deux les nombres de vibrations correspondant aux sons fondamentaux des trois longueurs, on peut éliminer à la fois l'influence de l'embouchure et la cause d'erreur qui provient de ce que le ventre de vibration n'est pas exactement placé au bout du tuyau , mais à une petite distance de celui-ci. En ayant égard (657) à cette correction , qui est la même pour les trois longueurs , on peut déter- miner la vitesse du son dans l'air avec plus d'exactitude qu'on ne l'a fait ius- .qu'ici à l'aide de tuyaux d'orgue. Les résultats des expériences que j'ai faites à différentes températures donnent, ramenées à zéro, des vitesses de 33o à 332 mètres, vitesses qui coïncident presque avec celle qu'on a trouvée par l'observation directe. » Ce même tuyau a été ensuite plongé dans un grand réservoir d'eau, et , après avoir chassé toutes les bulles d'air, on l'a mis en communication avec une pompe foulante. » Le courant d'eau sort par la lumière et met la colonne en vibrations; oa n'entend d'abord qu'un bruissement vague provenant de l'embouchure, mais qui est bientôt remplacé par un son distinct, intense et constant poin- une même pression. En augmentant la pression , on fait disparaître ce son , et un instant après le tuyau rend l'octave aiguë du son précédent. Avec la première longueur de -i de mètre , je n'ai pu produire que le son fondamental ; avec la longueur de f de mètre, on entend le son fondamental et son octave; enfin avec la longueur totale de i mètre, on peut aller jusqu'au son 3 : mais il est à remarquer que dans l'eau ce son 3 se produit constamment avant le son 2; tandis que l'inverse a lieu dans l'air. » En déterminant le nombre de vibrations, correspondant à chacun des sons produits, on trouve : ; j ', « i". Que les sons d'une même colonne d'eau dans des tuyaux ouverts, se suivent comme la série des nombres naturels i , 2 , 3 ; >' 2°. Que les nombres de vibrations des colonnes de longueurs différentes sont sensiblement en raison inverse de ces longueurs ; » 3". Qu'en ayant égard à la correction que nous avons déjà signalée pour l'air, on pourra , par ce moyen , déterminer la vitesse du son dans l'eau. La vitesse que j'ai ainsi obtenue est de beaucoup inférieure à celle que M. GoUadon a trouvée par l'observation directe. Mais le son fondamental paraissant pou- voir varier dans une assez grande étendue avec la grandeur de la lumière , et la longueur de mon tuyau n'étant pas assez considérable par rapport à son diamètre , je ne pourrais aborder cette question qu'après une étude plus com- plète de ces phénomènes. » Je ferai encore remarquer qu'en tenant le tuyau en dehors de l'eau , mais en le faisant résonner au moyen d'une lame d'eau , on produit des son he sulfate de chaux à i to degrés perd i \ équivalent d'eau; à i4o et 1 45 degrés, on n'enlève plus que des traces d'eau ; enfin le plâtre à une tem- pérature plus élevée, à 3oo degrés, reste anhydre, mais alors il ne se gâche plus. i> Ces résultats, en opposition avec ceux obtenus par M. Gay-Lussac (i) , m'ont engagé à m'occuper d'une question que les chimistes croyaient résolue depuis longtemps, et sur laquelle M. Millon a cru devoir revenir. )i .T'ai vu : 1° que le gypse et le sulfate de chaux cristallisé, préparés artifi- ciellement , perdent a i pour 1 00 d'eau de 1 1 o à 11 5 degrés , dans un courant d'hydrogène sec , gaz que l'on sait être sans action sur ce sel dans les circon- stances oîi j'ai opéré; 2° le plâtre chauffé à l'air libre et à iio et 1 15 degrés, a perdu aisément i5 pour 100 d'eau, et alors il y a eu comme un temps d'arrêt; mais de i3o à i4o degrés, limite à laquelle le plâtre se déshydrate, suivant M. Graham, on a pu séparer, non pas des traces d'eau, mais bien 2 pour 100, et cela en un assez court espace de temps; enfin à aoo et a5o de- prés, le plâtre sur leqnel on a opéré, a éprouvé une perte totale représentée par 21 pour 100. Ce plâtre était anhydre; je m'en suis assuré en le chauffant fortement avec la lampe à esprit-de-vin , et cependant il a pu reprendre toute son eau de cristallisation, si bien qu'après avoir été gâché ^ il a perdu 21 pour 100 d'eau ou 2 équivalents. » D'après ce qui précède, on peut voir que le plâtre ne retient pas très- nettement |^ équivalent d'eau; car à i3o et i4o degrés, la perte est de 17 pour 100, et déjà ce \ équivalent d'eau est fort entamé; la combinaison (i) Annales de Chimie et de Physique, 1' série, tome XV. ( 659 ) SjOgaCaO, HO de M. Millon est détruite, et cependant elle se forme à i lo et Ii5 degrés ; à cette température, d'ailleurs, elle n'existe pas dans un cou- rant de gaz sec ; toutefois cette combinaison a été obtenue. M. Jobnston a recueilli, dans une chaudière de machine à vapeur, du sulfate de chaux en cristaux prismatiques renfermant | équivalent d'eau. » Il résulte des expériences consignées dans cette Note, que le plâtre, qui a perdu, par l'action de la chaleur, la totalité de son eau de cristallisation, peut la reprendre ensuite par son contact avec ce liquide. » Mes résultats, d'ailleurs , en opposition avec ceux de M. Millon , avaient été annoncés déjà par M. Gay-Lussac et par plusieurs autres chimistes. » M. Preisser adresse les tableaux des observations météorologiques faites à Rouen pendant les mois de décembre 1846 et de janvier et février 1847- M. Fraysse envoie le tableau des observations météorologiques faites à Privas pendant le mois de mars 1 847. Un Mémoire adressé par M. Gillet-Damitte, au nom d'une personne qui désire ne pas se faire connaître, est regardé comme non avenu, conformé- ment au règlement de l'Académie sur les communications anonymes. L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés, présentés par M. BoiLEAV, par M. Dumesml, et par M. Pecqueur. A 4 heures un quart , l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section d'Économie rurale présente la liste suivante de candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Dutrochet : o 17^ i MM. Ghevandier; 1°. Ex œquo \ t^ . I Decaisne ; 1°. M. Peligot; ^ MM. Bouchardat ; '^°. Ex œquo l Guérin-Méneville; ' ' , ( Loiseleur-Deslongchamps. ^ Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la pro- chaine séance. : j . ■ . La séance est levée à 6 heures. ,. ^ ERRATA. (Séance du 5 avril 1847-) Page 579, ligne 20, au lieu de (i — p)", lisez (i — p)"" Page 58o, ligne 3, au lieu de n''"', lisez (n — i )'«"■«. Page 582, ligne 4) ctu lieu de x(p*), Usez • 3 rt s âj 3 O — 3 o pq K O di K O o o - « es fo 3 3 3 CQ cQ ed 3 3 3 ■O -3 -3 >i P^ S^ O O O tes b-H h^ s f= -ù + s ■a B a !». O OC 11 + 11+ ++ I I I I 1 I + + + + + + + + + + + + + + + + M- - « I I + r«^ (4 n _ co r^io »^ — 0;co es - r^iû o tO es r^ r^OJ un oo r^co en m v:j-o o >0 ~S-;0 ^ •■ es o r^co es lo c^'~0 ^ co ro eo ro fo lo + + + + + + + + + +I+ + + + + + + + + +■+ + + + + + + + + + oo îû 00 v:t o fO + + + 00 + o o O -s; aa o CAS es s ■ es O = I ES Cas C5 > tO o tû VD y:> ^*iO CT5 o v^io JO vl-io te d r^ o OXO r^ o - - o r^ 1-^5^ « V> v^^* vs-« - - o «^*- -^*0 OfO'vXJQO OOO - OsCO a>CO 00 -rom Oi-rolO + + + + + + + +I I I I+ + + + + + + + + + + + + + + + + + - »ooo + + + un + C£> c^f) r^r^CTiO^Oeo r^O O Oi a~.>0 O •<+• c^ r^ O 0^>0 «<0 -OOOO^^O r^c^ O co in r- oo - ^ in in r^ r~- r- « es - c^« o o en en m ^^ iy> Oivo m o^^^oo - v^^-* - oo o in r^eo c^ ovxi o en >o ~^fO in in vj-in in - es o ^d c^ es ^ii- r-m ^ en en en esevimoooo -in Cioo ++++++++++M+++++++++++++++++++ v^ o es + + + on + moo c^cs^o (Moo o e^roin es oys - 0V,0 r^ o 'X> o es rc M ■— f t£) — •^^ 0-^0 vnaO«« ^*'^*00 r^eo ent^en o r»0 esco - -X, t^in a^:S> vj- t^-^ ^*v:f « 'Xi CO es tn ^d-v^» o t-^CO v^-in o r^>0 r^ o Çi'-Û ;0O'O'Xi»nininininintntûO^t0ininin ^^m ^*Mj-in in in m m ^a-m ^^^fn OiOO - m m in c-^ r^ r^ en va- O ^S-^^rC ^*C^« C- M - OOO esoo^^o ^*VJ-00 o^oo « - o « 00 o in C^fO - - eo v*po v:t-v^c«:i -^ - en en enco c^" UT) ^^m es - es « -• ^* c^'-O 5£> in OO t^ + + + + + + + + + +I I+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + fOOO es + + + + ■-^en o o v^M ro -o - - vs-fO ce - O-.iT) en - 3-»n ,r-- c~--^ r-; - o - o 0-. - 'XI 'O 'JD o yo m m m in in 'O ^ 'vO o to in m m in in •<*• ^d-m in o d— « c^co es o es - e-l e-! I in o >n ^* o v^vj-in o o o - oi o oioo o es « v-tsO lo >o I + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + "^C "^ I <^ M ^îj- Oi in + + +I + ^îi- rj C: c^co 00 in ao vi-in C; O^-en ooinr^-or^ocooo r^v* t- en « œes OiO^O C:X es O-.in vj-c^esro eS00^*O CTi--* o e-1 00 O O r^to c^OO O en - r^co t^ iM r^in co m yD es es r^oo in Or^ ir> en ooocommoo r^c^ c-^ - - es ooo'OOininminioo-O'sûyO'-Oininininin v:j-^*in m m m m ^*in "^"^ - m m -. « - " o et to t£> «n r^ r^ !>• in Q — aA-CT)-|-r| ' puis en posant , pour abréger, » = i — 5 , on tirera de l'équation (r 4) , (i5) «==_ "^Zll = L^i^ï =.... ^ ' 1 +'2.rcos[p — hzs)+ r' i + 2raC0s(/>„ — nACT)H-/-,l En vertu de la formule (Î4) ou (i^), les modules r, t'a,ri,,. .., et, par suite , la différence ©^ — © deviendront fonctions de la seule inconnue » dont la valeur sera déterminée par l'équation (10). D'ailleurs cette équation, ré- solue par rapport à «, fournira non-seulement les valeurs de cette inconnue qui correspondront à un maximum commun de 0 et de 0^ , mais encore celles qui correspondront à un minimum commun des fonctions 0 , 0^ supposées égales entre elles. Seulement , dans le cas du minimum , la seconde des for- mules (i i) devra être remplacée par la suivante; (16) ;' " • rf»0>o. Enfin, si les deux fonctions 0, 0^, dont le rapport est l'unité pour des valeurs infinies de r, To, /•*,..., ne peuvent, quand on les égale l'une à l'autre , s'abaisser simultanément au-dessous d'un certain minimum , cette circon- stance indiquera que A^ n'est pas infini. , » Observons à présent que, pour une valeur positive de a, la formule (i5) fournira toujours des valeurs positives des binômes i — r, i — r^, 1 — r^ , . . . , par conséquent des valeurs de r, r„, r^,. . . et de 0 inférieures à l'unité. Au contraire, pour une valeur négative de a, la formule (i 5) fournira toujours des valeurs négatives de i — r, i — Ta, i — /;j,. . -, par conséquent des va- leurs de r. Ta, Tj,. . . et de 0 supérieures à l'unité. Enfin, comme il est aisé ( 665 ) de le faire voir, une racine réelle » de l'équation (lo) ne pourra vérifier la seconde des formules (i i), que si elle est positive et supérieure à l'unité. Donc la condition (8) sera certainement remplie pour toute valeur finie de A^. On prouvera de même que la condition (g) sera remplie pour toute valeur linie de A'^. Il reste donc seulement à prouver que, parmi les valeurs de Aa,A^ , quelques-unes demeurent finies. Là question , réduite à ces termes , peut être facilement résolue de plusieurs manières. Je me bornerai à indiquer les suivantes. " Premièrement, de ce qui a été dit plus haut , il résulte que A^ sera fini, si l'équation (lo), résolue par rapport à », offre une ou plusieurs racines réelles inférieures à l'unité. Or c'est précisément ce qui aura lieu, si la fonction 9;^ — 9, étant positive pour a = i, devient négative pour a =o. Mais, en posant a = o , on tirera de la formule (i 5) '• = '•« = '■* = • ..= 1, puis des formules (5) , (6) , 9 = f et (•7) ■ ■ 9=P^ . ; . ■; \' ;■'•• ■■. ■ , la valeur de P^ étant "' ' .' ' <■ (l8) P^ = i COS^^ COS Donc, alors, on trouvera < ■ ■ 9,-9 = P|-i. • ■ ' Cela posé, la différence 0* — 9 sera négative pour a=:o, et ordinairement positive pour a = i, si l'on a (.9) •■ ■ P|' En raisonnant de la même manière, on prouve encore que la valeur de A'^ sera ordinairement finie , si l'uuité surpasse la valeur de 9'^ déter- minée par les deux équations . . (^o) , 0;=p'i, ' ' , ■ ... •/: ;^ ■, m (21) Pj. = 1^ sm -sm - — •■> { 666 ) on, ce qui revient au même, si la quantité P'^ , déterminée par la for- mule (21), offre une valeur numérique inférieure à l'unité. » En définitive , on prouve que la question fondamentale , relative à la théorie des polynômes radicaux, sera résolue si, pour une ou plusieurs valeurs entières du nombre k, l'un des produits P;^, P'/^ offre une valeur numé- rique inférieure à l'unité, quels que soient d'ailleurs les arguments p, p^, pt,-.-, dont le nombre est égal à — . La démonstration de ce dernier théorème peut" d'ailleurs se déduire de la considération des rapports— 5 -r? comme nous le P, P, prouverons dans un autre article. . - . ,-. '1 r _ ;-■ ■ ■,.. '' >. ■ «j'im! '■ f, - ■ ", . - " Mais , pour résoudre complètement la question principale , il n'est même pas nécessaire de recourir à la considération des produits P^, P'^ ; et l'on pourrait à cette considération substituer, par exemple, celle des produits « = Goe,...e„_,, ^iP'=e; ©',... 0'„_,. Si, pour fixer les idées, on suppose que n soit premier et impair, l'on aura (î =: (i + ai'"cosnp + r°")(i + ar" cosiipa ■+■ ri")..., $'= (1 — 2r"cos«p+ /•^")(i — 2rl cos np + ri")..., et il suffira d'observer que les rapports ne peuvent, pour des valeurs infiniment grandes des modules r, r^,,.., r^, rester l'un et l'autre supérieurs à l'unité. « ASTRONOMIE. — Sur une observation inédite de la nouvelle planète ,■ par M. Mauvais. ] _ « L'Académie se rappelle que MM. Petersen et Walker ont signalé une étoile de X Histoire céleste dont la position, en la supposant exacte, ne coïncide plus actuellement avec celle d'aucune étoile du ciel, et qui se trouve à peu près sur l'orbite apparente de la nouvelle planète. Les astro- nomes de profession, qui ont l'habitude des observations nombreuses et ra- pides comme celles auxquelles se livrait Lefrançais Lalande, savent trop combien il est facile de commettre des erreurs de toute sorte, soit de mi- nute de temps à la pendule, soit d'interversion des fils à la lunette, soit de lecture des divisions du quart de cercle, soit enfin d'impression ou de copie, pour s'étonner de trouver, dans le célèbre recueil intitulé : Histoire céleste française, un grand nombre d'observations qui ne concordent point ( 667 ) avec les astres actuellement existants sur la surface du ciel. Aussi, la simple coïncidence d'une observation de cette nature sur le trajet d'une planète aurait laissé subsister pendant longtemps une grande incertitude sur son identification , surtout si cette observation était , comme celle-ci , accompagnée du signe conventionnel du doute ; et les astronomes auraient hésité à adopter définitivement cette observation comme base de leurs calculs, si aucune vérification n'était venue donner quelque fondement à leur confiance. >' Il était donc de la plus grande importance de vérifier si les manuscrits, donnés à la bibliothèque de l'Observatoire par M. Arago, pouvaient servir à lever ces doutes, et c'est dans cette intention que je me suis occupé de ce travail sur l'invitation bienveillante de notre directeur de l'Observatoire. » Dans la séance de lundi dernier, j'ai eu l'honneur d'annoncer à l'Aca- démie que déjà j'avais découvert une observation inédite faite à l'observa- toire de l'École militaire, le 8 mai 1795, qui me paraissait devoir servir à lever toutes les incertitudes relatives à l'étoile indiquée par MM. Petersen et Walker, et qui, en même temps , fournirait probablement une observation précieuse de la nouvelle planète, observation qui serait restée à jamais ignorée sans la possession des manuscrits originaux qui nous l'ont conservée. Les calculs auxquels je me suis livré, et dont je soumets aujourd'hui les ré- sultats à l'Académie, me paraissent justifier pleinement cette prévision. » Je vais d'abord copier ici les observations originales, afin que les astro- nomes puissent répéter mes calculs et vérifier les conséquences que j en tire : • ' ■ .' . . ( Étoile de ^-8' grandeur : fil du milieu . '" ' (Étoile de 7" grandeur: fil du milieu.. Passage observé. l4''ïl"'24' Distance au zénith observée . 59" 54' 40" 60° 8' 17" » Après la première de ces deux observations, on lit la petite Note suivante, écrite après coup en marge du manuscrit : « J^oyez le 10 mai; ilj a transposition de hauteur et erreur sur le pas- « sage de l'étoile suivante. » « La seconde observation est celle que j'identifie avec la planète. » Pour faciliter les comparaisons, je reproduis ici les deux observations correspondantes , publiées à la page 1 58 de l'Histoire céleste : _ 4 Étoile de T-B' grandeur : Le 10 mai i'7q5.< j ., , ô . ■ '^ (Etoile de 0-9' grandeur: : fil du milieu . troisième fil . Passafre observe. i4''ii'"23%5 l4"l i"5o%5 Distance au zénith observée . 60° 7' 19" 59P 54' 40 ' ( G68 ) ■ » Après la première de ces deux observations, on Ht en marge : « Vojez le 8 mai; il j a transposition de hauteur avec l'étoile qui est » à 59° 54' 4o". .. " De plus, on a raturé le troisième fil dé cette première observation, il portait 5o',5; ce nombre a évidemment été reporté plus bas, comme étant le passage au troisième fil de l'étoile correspondant à Sq" 54' 4°" de distance au zénith. » Au reste, !es observations originales ne portent aucun signe d'incerti- tude et les deux points indiquant le doute, qui se remarquent à la page i58 de VHistoire céleste, n'existent pas dans le manuscrit . " Les annotations marginales porteraient , au premier abord , à rejeter toutes ces observations comme défectueuses; mais, en examinant de près la différence qui existe, soit entre les instants des passages, soit entre les hauteurs de la seconde étoile du 8 mai, comparés avec ceux de la première du 10, on ne tarde pas à reconnaître que ces différences sont, à très-peu de chose près, le mouvement rétrograde de la planète dans l'intervalle de deux jours, pour le lieu qu'elle devait occuper à peu près à cette époque. » Pour vérifier ces données approximatives, il fallait les soumettre à un calcul rigoureux; c'est ce que je me suis empressé de faire. >' J'ai d'abord réduit avec le plus grand soin les observations, pour en déduire les positions apparentes de l'astre en question , en corrigeant toutes les erreurs des instruments. Ces erreurs ont été déterminées en calculant les lieux apparents de toutes les étoiles connues qui se trouvaient dans les zones d'observations du 8 et du 10 mai lygS, surtout de celles qui étaient alors sur le même parallèle. Il en est résulté les deux positions suivantes, qui, j'en ai la confiance, ne contiennent plus d'autres erreurs que celles qui sont inhérentes à l'observation elle-même : DATES. TEMPS MOYF.S de Paris. ASCENSIOB DROITE apparente. DECLINAISON JlPPARtNTF.. Le 8 mai i^gS T.p 10 m&i . i ,,h ,o™57' ii>> 2" 55' 2 1 2° 59' 35",0 2i2''56'36",3 — II "20' 39",! - Il''l9'38",8 Différences - 2' 58", 7 + i' o",3 » 11 s'agissait ensuite de voir, aussi rigoureusement que possible, quel était f 669 ) le mouvement de la planète dans l'intervalle des deux observations: j'ai essayé pour cela les différentes orbites circulaires ou elliptiques qui ont été publiées jusqu'ici; la plupart donnaient des lieux absolus assez éloignés des lieux observés, mais leur dijférence était sensiblement la même que celle que nous venons de donner comme résultant directement de l'observation. J'ai, en dernier lieu, fait usage de l'orbite elliptique de M. Walker; elle m'a donné les positions suivantes : Le8maii795 ai=2i3" i'5". D = — ii°i3'5" Le lo mai B = 212" 58' 5" D = — ii"'i2'4" DifTérences. 3'o" » On voit, tout d'abord , que les positions absolues résultant de cette orbite ne diffèrent que de quelques minutes des positions observées; elles en au- raient sans doute approché davantage, en tenant compte de l'aberration, de la parallaxe, etc., que j'ai dû négliger pour arriver simplement à une diffé- rence qui, comme on le voit, est de la plus rigoureuse identité. On sait, du reste, que M. Walker s'est servi de l'observation du 10 pour rectifier son orbite. » Ces rapprochements sont tellement précis, qu'il me paraît impossible qu'ils laissent aucun doute dans l'esprit des astronomes. » On est naturellement porté à faire ici les mêmes réflexions que faisait Bouvard après avoir calculé les observations de Lemonnier, qui, comme on le sait, avait observé Uranus plusieurs jours de suite sans remarquer son dé- placement. Si Lefrançais Lalande, au lieu de rejeter l'observation du 8 mai que rien ne l'obligeait à regarder comme vicieuse , s'était borné à la com- parer à celle du 10, et ensuite à vérifier sur le ciel le lieu de cet astre, il aurait remarqué un nouveau déplacement qui aurait infailliblement, dès cette époque, constaté l'existence d'une nouvelle planète qui n'a été décou- verte que cinquante et un ans plus tard. » M. Petersen signale deux autres étoiles de YHistoire céleste qui ne se retrouvent plus sur le ciel, mais qui nont aucun rapport avec la nouvelle planète. J'ai aussi vérifié les observations originales : pour la première, celle de la page 160 de YHistoire céleste, on voit, dans le manuscrit, que le chiffre des minutes a été surchargé, et que le mot douteuse, écrit au-dessus, a été raturé; ainsi l'erreur d'une minute soupçonnée par M. Petersen paraît très- probable. ' ' ' , ,1 C. R., 1847, i"Sem«i(re.(T. XXIV, N^ie.' 88 ( 670 ) >> Quant à l'étoile de la page 347, le manuscrit ne peut servir à lever les doutes; il est conforme à l'imprimé. » M, Payen fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du Rapport qu'il a fait, en qualité de Secrétaire perpétuel de la Société royale et centrale d'Agriculture , à la réunion annuelle de cette Société. ( Voir au Bulletin , bibliographique , page 700. ) RAPPORTS. GÉOLOGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Radlin, intitulé: Mémoire sur la constitution géologique du Sancerrois. (Commissaires, MM. Ad. Brongniart, Dufrénoy, Gordier rapporteur.) « Le Mémoire dont nous avons à rendre compte à l'Académie commence par une introduction dans laquelle M. Paulin indique les circonstances et les motifs scientifiques qui l'ont amené à étudier le Sancerrois , pays qui, commeon le sait, compose presque en entier la partie septentrionale du département du Cher; l'auteur examine ensuite en détail l'orographie du pays, les terrains qui le constituent ainsi que leur disposition géologique; il termine par di- verses considérations théoriques générales. Ce travail très-étendu est accom- pagné d'une carte. géologique qui est une réduction au quart environ de la portion de la carte de France dressée, pour cette contrée, par lÉtat-Major, portion qui a été mise à la disposition de M. Raulin par le directeur, M. le général Pelet, toujours empressé de contribuer à l'avancement des connais- sances utiles. M. Raulin a colorié sa carte d'après les excursions qu'il a faites dans le pays , et , pour quelques parties qu'il n'a pu visiter, d'après la grande carte géologique de la France. Une seconde planche présente cinq coupes transversales du Sancerrois et une coupe longitudinale. Voici l'analyse de cet intéressant Mémoire, en employant la synonymie dont l'auteur a fait usage pour désigner les roches et les terrains. 11 Le Sancerrois, fort peu visité jusqu'à présent par les géologues, est une petite région montueuse située entre la plaine de la Sologne, au nord, et celle du Berry, au sud. Il offre une surface bombée, triangulaire, dont les angles sont placés dans le voisinage de Sancerre, Gien et Vierzon; sa plus grande longueur dépasse 60 kilomèîres; les parties culminantes atteignent 434 mètres au-dessus du niveau de la mer à la motte d'Humbligny, tandis que les deux plaines de la Sologne et du Berry s'élèvent à peine à 200 mètres. t , ( 671 ) La pente noi'd-ouest est très-douce, mais les pentes nord -est et sud sont assez rapides; aussi le Sancerrois, peu sensible du côté de la Sologne, s'aper- çoit-il d'assez loin , sous forme de hautes collines, quand il est vu , tant de la plaine du Berry que des plateaux qui sont sur la rive droite de la fjoire. " C'est d'ailleurs le pays le plus élevé qui se rencontre dans toute cette moitié occidentale de la France, qui comprend les trois grandes régions na- turelles connues sous les noms de bassin de Paris, de presqu'île de Bretagne et de bassin de Bordeaux; moitié occidentale qui se trouve limitée d'un côté, vers l'ouest, par la Manche et l'océan Atlantique, et de l'autre côté, vers I est, par l'Ardenne, le plateau de Langres, le plateau central dout les mon- tagnes d'Auvergne font partie principale, et la chaîne des Pyrénées. » Considéré d'une manière générale, le Sancerrois n'est, à proprement parler, qu'une portion de la ceinture crétacée du bassin de Paris ; il présente, comme terrains dominants, le green sand et la craie inférieure ; par-dessous rassortent le calcaire néocomien et les étages jurassiques supérieur et moyen; au-dessus se trouvent la craie moyenne et des dépôts tertiaires qu'on assimile communément aux sables et grès de Fontainebleau et aux calcaires de la Beauce. Enfin cette région est bordée à l'est, au nord et à l'ouest, par lès ar- giles quartzifères de la Sologne, qui correspondent, comme on sait, aux fa- luns de la Touraine. ' » La partie supérieure de l'étage jurassique moyen, qui se voit sur 100 mètres d'épaisseur à l'ouest de Sancerre, est formée , comme en Lorraine et en Bourgogne, par des alternances de calcaires blancs ou jaunâtres, tan- tôt pisolithiques, tantôt crayeux tendres, dévenant compactes à la partie su- périeure. L'étage jurassique supérieur, qui a près de 100 mètres d'épaisseur, présente la même composition que dans le pays de Bray et la fiorraine; en effet, à la partie supérieure ce sont des argiles grises-bleuâtres avec luma- chelles à exogjra virgula, et , à la partie supérieure, des calcaires compactes blanchâtres. ' . ' ' * •1 r^e calcaire néocomien a été découvert par M. Raulin , à l'ouest de la Loire, sur quatre points autour de Sancerre; il n'a que quelques mètres d'é- paisseur, mais il présente les mêmes caractères minéralogiques et les mêmes fossiles que dans la Puisaye et la Champagne : ce sont des calcaires argilo- arénifères jaunes, avec petits grains d'hydrate de fer. Le green sand, dont l'épaisseur dépasse 5o mètres , présente le même faciès que dans la Puisaye et le pays de Bray; la partie inférieure est formée par des sables argilo-fer- rugineux avec des bancs irréguliers de grès ferrugineux et d'hydrate de fer, souvent en rognons, exploité par le haut fourneau d'Yvoy-le-Pré : la partie ■ 88.. ( 672 ) supérieure est un sable rougeâlre ou verdâtre renfermant, sur quelques points, de grands bancs de grès tendre exploité pour bâtir. » La craie commence par des argiles et des marnes vertes ou grisâtres ; au- dessus il y a une craie arénifère grisâtre, avec des fossiles semblables à ceux de Rouen, et par-dessus enfin une craie blanche, un peu argileuse, renfer- mant, sur quelques points, des silex noirs. » Sur la craie viennent des sables quartzeux, faiblement argilifères, jaunes, renfermant une immense quantité de silex blonds , non roulés pour la plupart, et dont la conglomération a produit , sur quelques points , des brèches sili- ceuses; sables que l'on considère communément comme un prolongement de ceux de Fontainebleau. Par-dessus viennent des calcaires d'eau douce, compactes ou concrétionnés , qui paraissent, ainsi que nous l'ayons déjà in- diqué, appartenir au même étage que ceux de la Beauce. » Le dépôt de la Sologne est formé par des argiles arénifères verdâtres ou d'un jaune rougeâtre, renfermant une très-grande quantité de grains de quartz blanc, surtout à la partie supérieure; nous avons déjà dit que ce dé- pôt est assimilé aux faluns de la Touraine, qui, en effet, occupent la même position dans l'échelle des terrains. '< Ainsi qu'on pouvait déjà le pressentir, d'après l'examen de l'orographie, » les différentes couches qui composent le Sancerrois y éprouvent un relève- » ment assez considérable, semi-elliptique, dont la ligne anticlinale, c'est- " à-dire celle suivant laquelle se fait la flexion des couches, court de l'est >' 26 degrés nord à l'ouest a6 degrés sud , de Sancerre vers Barmont près de » Mehun-sur-Yèvre. Le point central, celui où les couches les plus anciennes » atteignent la plus grande altitude, est située à 2 kilomètres au sud-ouest » de Sancerre , sur la route de cette ville à Bourges. » » Ce relèvement est à pentes extrêmement faibles, un peu plus rapides cependant sur le flanc sud-est; il a porté les couches à plus de i5o mètres au- dessus du niveau qu'elles devraient avoir. « Du côté de l'est il est terminé » par une faille dirigée dans la partie moyenne du nord au sud, de telle sorte " que les couches situées entre elles et la Loire participent peu au relève- » ment du Sancerrois, et sont dans une position voisine de celle qu'elles au- " raient si celui-ci n'existait pas. « » L'un des points où M. Raulin a le mieux reconnu les effets de la faille est le coteau qui borde, au nord, la vallée qui descend de Saint-Gemme à Bannay-sur-Loire. A l'est du moulin de Ville , le coteau est formé par la craie, exploitée pour marner, qui est couronnée par les sables à silex dont les ébou- lements recouvrent tout le coteau et constituent le sol arable. A l'ouest du moulin, au contraire, le coteau est composé, de haut en bas, par les cal- ( 673 ) caires compactes et les marnes et lumachelles à exogyra virgula de Télage jurassique supérieur; les champs, au lieu de silex, ne renferment plus que des frajjments de calcaire compacte. » Cette faille a été reconnue sur une longueur de i6kilomètres,t,antau nord qu'au sud de Sancerre. « Elle affecte tous les terrains qui entrent dans la » composition du Sancerrois , y compris les sables à silex. Au pied occidental >' de la colline de Sancerre , elle coupe la ligne anticlinale du Sancerrois, en » mettant ainsi brusquement fin au relèvement qui forme cette contrée. Au » point de rencontre, elle produit un abaissement de 180 mètres, c'est-à- » dire de toute Tépaisseur de l'étage jurassique supérieur et du terrain cré- » tacé, la partie inférieure des sables à silex venant, dans la colline même " de Sancerre , se juxtaposer à la partie supérieure de l'étage jurassique '• moyen. » . • . . » L'étage jurassique moyen atteint aSa mètres sur la ligne anticlinale du Sancerrois, et l'étage jurassique supérieur, 369 mètres. A partir de cette ligne, ils s'abaissent au sud-sud-est par une pente de i"29' ou ~^, et au nord-nord-ouest par une pente de o°58' ou -^ seulement. " Le calcaire néocomien s'élève à 365 mètres, et les deux autres étages du terrain crétacé atteignent 4io mètres à la motte d'Humbligny. Le terrain crétacé n'existe que sur la pente nord-ouest du Sancerrois, et son ancienne limite ne dépassait guère la crête. En s'éloignant de celle-ci vers le nord- nord-ouest, ce terrain aug^mente d'épaisseur, et il en résulte que la pente de sa surface est encore plus faible que celle de la surface du terrain jurassique; elle n'est que de 0° 3 1' ou -j-j-j. » r^es sables à silex forment, sur la craie , une nappe d'une épaisseur assez uniforme, qui atteint 434 mètres à la motte d'Humbligny. La pente de leur surface est la même que celle de la craie. Les calcaires d'eau douce forment , de divers côtés, de petits bassins isolés à la base du Sancerrois. » Les argiles de la Sologne n'entrent pas dans la composition du Sancer- rois; elles l'entourent à l'est, au nord et à l'ouest , en atteignant 2o3 mètres au nord de Sancerre, et i4o mètres seulement an nord de Vierzon , par suite d'un abaissement général du pays vers l'ouest. " On voit que la portion de la ceinture crétacée du bassin de Paris , qui » forme le Sancerrois, a éprouvé un relèvement assez considérable; aussi >' est-ce dans cette région que les terrains crétacés et tertiaires de ce bassin, " considéré dans son ensemble, atteignent leur plus grande altitude. C'est » encore là que les étages jurassiques, moyen et supérieur, s'élèvent le plus » dans toute la partie du bassin de Paris, situé à l'ouest de la Loire et de la » Seine. » ;. . ( 674 ) « Le relèvement du Sancerrois est à peu près parallèle à la limite sep- " tentrionale du plateau central, de Sancoins (Cher) àl'Ile-Jourdain (Vienne), » ainsi qu'à la direction moyenne de la Fjoire, à partir de Blois et même » d'Orléans, jusqu'au confluent de la "Vienne ; la partie de la Loire comprise n entre Angers et Nantes a également une direction à peu près semblable, w mais un peu plus rappi ocbée de la ligne est-ouest. Enfin , le relèvement du » Sancerrois a une direction qui s'écarte seulement de lo degrés vers le » nord de celle de la chaîne principale des Alpes, qui est est 1 6 degrés » nord. » " Il importe de faire remarquer que ce relèvement , qui a affecté jusqu'aux sables à silex, ne s'est pas étendu aux argiles quartzifères de la Sologne. On ne peut donc douter qu'il ne se soit effectué entre le dépôt de ces deux terrains. Quant à la faille, il est probable qu'elle s'est produite à la même époque, quoique ayant une direction presque perpendiculaire. .< Quant à savoir si ce relèvement a affecté les calcaires d'eau douce, il est )■ douteux que le Sancerrois présente des faits suffisants pour résoudre cette n question. Cependant, comme, d'une part, ces calcaires d'eau douce se lient » aux sables à silex et à leurs brèches, et que, d'une aulre part, ils se sé- n parent nettement des argiles quartzifères de la Sologne, qui reposent in- 11 distinctement sur eux et sur les sables à silex , on doit être porté à admettre " que les calcaires d'eau douce appartiennent à la même période géologique >i que les sables à silex , et que les argiles de la Sologne sont tout à fait in- 11 dépendantes de ces deux dépôts. L'élévation du Sancerrois alors se serait 11 produite avant le dépôt des argiles de la Sologne, et après celui des cal- » caires d'eau douce. ' 11 Le relèvement du Sancerrois vient donc s'ajouter, dans le bassin de Paris, » à ceux du pays de Bray et du bas Boulonnais, les seuls connus jusqu'à 11 présent : mais il en diffère essentiellement, et par sa direction , qui est )i presque perpendiculaire, et par son âge ; car il a affecté presque tous les « dépôts tertiaires du bassin de Paris, tandis qu'on admet que les deux >i autres sont antérieurs à tous les terrains tertiaires. " 11 M. Raulin expose ensuite plusieurs considérations ingénieuses sur les variations que la mer et les eaux douces, qui ont déposé les étages tertiaires du bassin parisien, ont éprouvées dans leur répartition et leur étendue, avant et après le relèvement du Sancerrois; variations qui ont dû être occasionnées par des changements plus ou moins sensibles , plus ou moins partiels , dans le niveau des plaines submergées, et qui ont eu, du reste, leurs équivalents dans le bassin tertiaire de Bordeaux et dans celui du bas Rhône. n L'auteur termine en faisant principalement remarquer que le relèvement ( 675 ) dont il s'agit, ne peut .-e rapporter à aucun de ceux qui ont été admis jus* qu'à présent pour les temps géologiques auxquels il appartient ; que les deux systèmes de relèvements montueux, entre lesquels on doit l'intercaler, offraient jusqu'ici cette singulière anomalie, qu'il n'existait qu'une assez faible diffé- rence dans leur direction; enfin , qu'au moyen de riniercalation qu'il convient désormais d'effectuer, la règle de grand contraste entre les directions respec- tives des relèvements montueux , qui se sont immédiatement succédé dans l'ordre des temps géologiques , se trouve complétée et tout à fait justifiée. » Le travail de M. Raulin est rédigé d'une manière claire et précise; il contient des faits nombreux, des observations nouvelles et des considérations dignes d'un véritable inlérêt. ... » Vos Commissaires estiment qu'il y a lieu, par l'Académie , d'accorder son approbation au Mémoire de M. Raulin , et d'en ordonner l'impression dans le Recueil des Savants étrangers. » liCs conclusions de ce Rapport sont adoptées. M. Cauchy lit, au nom dune Commission, un Rapport sur deux Mémoires relatifs à la théorie de la résistance des Jluides , par M. de Saint- Venant. ■'■■/.■■. ■' ' . ■ ■ Ce Rapport donne lieu à une discussion , à laquelle prennent part MM. LiouviLLE, PoixsoT, Cauchy, Poivcelet et Duhamel. Cette discussion devant être reprise dans une prochaine séance, MM. les Commissaires sont invités à examiner s'ils trouvent à propos de faire à leur Rapport quelque modification. IVOMEVATIOIVS. L'\cadémie procède , par la voie du scrutin , à la nomination d'un membre qui remplira, dans la Section d'Economie rurale, la place laissée vacante par suite du décès de M. Dutrochet. . Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 54, ' M. Decaisne obtient. .. . 43 suffrages. ^ '. , , M. Eugène Chevandier. . 6 M. Guériu-Méneville. ... 3 . • M. Bouchardat r " . • Il y a un billet blanc. M. Decaisne, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. (676) ItlÉMOmES LUS. OPTIQUE. — Sur la théorie de l'œil; par M. L.-L. Vallée. (Cinquième Mémoire.) (Commissaires, MM. Biot, Magendie, Pouillet.) « Je m'occupe , dans ce nouveau Mémoire , de la nature mathématique des surfaces réfringentes de l'organe de la vue. L'idée que j'ai de la perfection de cet organe m'a fait soupçonner que toutes les surfaces dont il s'agit devaient être exemptes d'aberration de courbure, ou, ce qui revient au même, engendrées par la courbe connue que je nomme optoïde , laquelle réfracte en un même point de son plan tous les rayons qui lui arrivent d'un autre point de ce plan. Il Pour traiter cette question , je discute d'abord l'oploïde , courbe inté- ressante par ses propriétés ; j'examine quatre de ses espèces qui paraissent convenir aux quatre types des surfaces de l'œil, selon qu'elles présentent leur convexité d'un côté ou de l'autre , et selon que le point rayonnant et le foyer sont de côtés différents ou d'un même côté. » J'applique ensuite ces courbes à l'œil n" i , mesuré par le docteur Krause, et je fais voir que les surfaces convexes en avant peuvent être op- toïdales dans toute leur étendue; mais qu'il n'en est pas de même des surfaces convexes en arrière, parce qu'elles ont une destination plus spéciale. Toute- fois, les optoïdes que le calcul donne pour ces dernières ayant leur con- cavité tournée dans le sens convenable, les surfaces de l'œil concaves en avant peuvent être optoïdales dans toute l'étendue où elles sont rencon- trées par les pinceaux de rayons émanant d'un point quelconque situé sur l'axe optique. C'est la condition essentielle d'une bonne vision. » J'examine comment ces surfaces entièrement optoïdales, ou optoïdales en partie, doivent être disposées les unes par rapport aux autres. Je fais voir que les surfaces de la cornée et de la capsule cristalline peuvent avoir des axes différents, et que le cristallin peut être plus épais d'un côté que de l'autre, suivant les observations de Sœmmering et de M. Cbossat sur les yeux du cheval et du bœuf, sans que la vision puisse en souffrir. Je montre que, dans les évolutions de l'œil qui font varier l'axe optique dans un angle de i5o degrés, et qui déforment nécessairement le globe, les angles des axes des surfaces doivent varier, ainsi que la forme du cristallin , et que toutes ces circonstances s'accordent avec la perfection de l'œil. » Considérant encore que cet organe présenterait un contre-sens inad- ^ ( 677 ) niissible, s'il arrivait que ses surfaces ne fussent pas convenablement exemptes d'aberration de courbure, puisque la prunelle se dilate lorsqu'on entre dans un milieu obscur, ce qui produirait des rayons divaguants, justement dans le cas où la vision, plus gênée, réclame des foyers plus purs, j'en conclus, ainsi que de la perfection qu'on doit attribuer à l'œil , que les surfaces réfrin- gentes sont optoïdales dans les limites que j'indique. " Passant de ce principe à l'exposé d'expériences à faire sur le vivant, avec le mégascope et avec des papiers sensibles recevant le profil de la cor- née dans la vision de près et de loin , Toptoïde, déterminée par la condition de passer par deux points de ce profil, me donne le moyen de calculer di- rectement l'indice de réfraction de la surface antérieure de l'œil , en même temps que les foyers correspondants à la distance de la vision distincte et à la distance infinie. » D'autres expériences et d'autres calculs que je présente conduisent aux indices et aux foyers de plusieurs autres surfaces réfringentes du globe ocu- laire , d'une manière moins exacte, mais utile à la connaissance du mécanisme de la vue. » Les lois auxquelles j'arrive sont simples, peu nombreuses, appuyées sur des faits et en harmonie avec l'esprit philosophique auquel on doit aujour- d'hui tant de progrès en anatomie comparée. » - MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ; OROGRAPHIE. — Sur la couleur de la glace des glaciers, et des eaux qui s'en ,' . . écoulent; par M. J. Durocher. (Commission précédemment nommée.) « Les faits cités par M. Martins dans la Note qu'il a présentée dernière- " ment à l'Académie (i) n'infirment point mes précédentes observation^ (2); mais je dois ajouter quelques développements, pour rectifier ce qui me paraît inexact dans ses assertions. » L'influence qu'exerce l'interposition de l'eau pour contribuer à déve- lopper la belle couleur bleue que l'on admire sur les glaciers est dé- montrée par plusieurs faits, quelle que soit l'explication qu'on veuille en donner; je citerai seulement ua des faits les plus évidents, que j'ai observé (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, tome XXIV, page 545. (2) Idem, pdage 444- C. H., i847, \" Semestre. (T. XXIV, N» le.) 89 ( 678 ) bien des fois en iSSg, à l'époque de njon voyage au Spitzberg. Lorsqu'une njasse de glace flottante vient à chavirer, à cause du déplacement produit par I9 fusion dans son centre de gravité, elle prend un mouvement d'oscil- lation comme un pendule, et, au moment où émerge l'un des côtés, les portions imbibées d'eau présentent une teinte bleue d'une intensité très- vive, mais qui s'affaiblit à vue d'œil , à mesure que l'eau, s'écoulant des fissures et des vacuoles de la glace, est remplacée par de l'air. D'ailleurs, les bulles d'air enchâssées dans la glace blanche des glaciers, en bien plus grande quantité que dans la glace bleue , ont pour effet de rendre celle-là opaque; c'est ce qui a lieu aussi pour ifi$ substances vitreuses où de l'air est interposé. '■ '■' ■ » Les eaux qui s'écoulent des champs de neige et de glace présentent une teinte bleue tirant sur le vert; c'est un fait général en Norwége, sauf le cas où les eaux sont tout à fait troubles , comme je Tai indiqué dans le Mémoire dont un extrait succinct a été inséré aux Comptes rendus (page444)- On observe aussi ce fait en Suisse, et il n'a point échappé à l'attention de H. Davy, d'Ébel et d'autres savants; mais il m'a paru être moins sensible dans ce pays qu'en Norwége, parce que, en raison du plus grand déve- loppement des moraines glaciaires, de la plus grande rapidité des torrents et d'autres causes qu'il serait trop long de détailler, les eaux sont générale- ment plus chargées de limon, et charrient des détritus de natures et de couleurs plus variées , dont elles tendent à prendre la teinte. Il est évi- dent qu'alors la teinte bleuâtre, propre aux eaux de glaciers, doit être pour ainsi dire masquée et d'autant plus difficilement perceptible, que ces eaux sont plus troubles : ainsi, me trouvant au milieu des montagnes du Long- field et du Justedal au moment de pluies abondantes, j'ai vu changer la teinte des rivières à mesure que leur volume grossissait, et celles qui, les jours précédents , paraissaient bleuâtres roulaient alors des eaux limoneuses et d'un gris sale. » Le contraste frappant qu'offrent les eaux du Lougen et de l'Otte-Elv, à leur confluent dans la vallée du Guldbraadsdal, a été expliqué d'une manière très-inexacte par M. Martins, quand il a voulu les assimiler {Comptes rendus, page 547) à l'Arve et au Rhône, à deux rivières dont l'une est trouble et l'autre limpide. En effet, le Lougen, qui sort du lac de Lessoe- Verk, et qui traverse ensuite le grand lac de Lessoe, est aussi clair que rOtle-Elv, mais ses eaux ne proviennent qu'en petite partie de champs de neige: d'ailleurs l'Otte-Elv offre une couleur bleuâtre, non-seulement après s'être purifié en traversant les lacs des environs de Vaage, mais aussi en ( 679 ) amont; alors il est d'un bleu sale, sa teinte est pâlie par les poussières grises qu'il tient en suspension et qui lui enlèvent une partie de sa limpidité, sans le rendre tout à fait trouble. Il en est de même des eaux du Brœkke-Elv, de l'Eide-Elv et de beaucoup d'autres rivières. Quelques-unes, comme le Grônen-Elv (rivière verte), ont une teinte d'un vert bleuâtre. » Passons à la couleur des eaux de glaciers à l'état de repos. Sauf la petite flasque d'eau de l'hospice du Grimsél, qui n'est pas alimentée par la fusion de champs de neige, il n'est pas un seul des lacs de la Suisse cités par M. Martins qui n'offre une teinte bleue ou verte; il a donc simplement confirmé un fait observé depuis longtemps en Suisse. Comme je l'ai exposé dans le Mémoire qui doit être publié prochainement, les différences de couleurs des lacs d'origine glaciérique sont presque toujours comprises entre le bleu et le vert : on a des exemples de ces différences en Norwége , comme dans les Alpes. Ainsi, le lac qui est à l'extrémité du glacier du Sneehâttan paraît vert du haut de cette montagne; néanmoins, la plupart des lacs de la Norwége où se jettent les eaux provenant de champs de neige ou de glaciers , tels que les lacs de Lomm,de Vaage, deStygge, de Bolslad, d'Aardals, etc. , ont ime teinte bleue plutôt que verte; il y a souvent passage d'une couleur à l'autre. En Suède, au contraire, où le climat et la nature du terrain sont à peu près les mêmes qu'en Norwége, mais où il y a fort peu de neiges per- manentes et de glaciers, les eaux des lacs ou des rivières sont généralement grises ou d'un gris verdâtre, comme celles de la plupart des rivières et des étaugs que nous avons en France. Je terminerai eh faisant observer qu'in- dépendamment des effets d'optique et d'illumination , il y a , comme la ingénieusement expliqué M. Arago (i), des influences diverses, telles que la présence de substances colorées, jaunes ou vertes-, qui peuvent modifier la couleur de l'eau et la faire passer du bleu au vert : ainsi , je rappellerai que , d après H. Davy, quand la teinte d'un lac de la Suisse passe du bleu au vert, c est que ses eaux se sont imprégnées de matières végétales. » CHIMIE. — Extrait d'un Mémoire ayant pour titre : 6° Analyse du sesqui- chlorure de chrome pur; 7" Détermination de l'équivalent du chrome; 8° Étude et discussion des propriétés du sesquichlorure de chrome pur; par M. Jacquelain. (Troisième partie.) (Commission précédemment nommée.) " Après avoir fait une étude minutieuse et cependant incomplète des (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences , tome VII , page 21g. 89.. ( 68o ) sulfates de sesquioxyde de chrome , d'aluminium, de fer, j'ai voulu m'assurer, par des expériences décisives, des propriétés du chlorure de chrome violet. » Quelques caractères de ce corps étant devenus le sujet d'une contro- verse entre MM. Pelouze et Peligot, il devenait indispensable pour moi de former ma conviction et de l'établir sur des faits dont les conséquences fus- sent irréprochables autant que possible. » J'entrepris donc l'analyse du chlorure violet , d'abord sans lui faire subir aucun lavage à l'eau , c'est-à-dire en le calcinant avec du carbonate de soude, etc., et j'eus la satisfaction de me rencontrer avec MM. Berzelius et Peligot. Je constatai , en outre , que cette méthode d'analyse n'était pas aussi fautive que l'avait pensé M. Peligot. » Cette coïncidence entre les résultats de ces deux chimistes et les miens me fit néanmoins soupçonner, pour le chlorure violet non lavé , une compo- sition différente de celle que nos analyses venaient de lui assigner, surtout parce que les analyses du protochlorure et du proto-acétate de chrome, faites par M. Peligot, ne s'accordaient plus avec les résultats précédents. » Ayant donc purifié du chlorure violet par des méthodes différentes, j'arrivai à me procurer un produit présentant les caractères extérieurs du chlorure violet non lavé , mais possédant une composition bien différente du précédent. » Cette composition diffère à ce point, qu'il me paraît fort difficile d'ad- mettre aujourd'hui pour le chrome, soit l'équivalent 35 1, 8 de M. Berzelius, soit l'équivalent SaS proposé par M. Peligot. » D'après mes analyses, ce nombre est descendu à 3i3, et le chlorure violet non lavé serait alors une combinaison de protochlorure et de per- chlorure de chrome représentée par la formule Ch*A'. » Quant à l'action de l'eau sur le sesquichlorure pur, on peut , d'après mes expériences, l'énoncer dans les termes suivants : . A 90 degr., 10 000 part, d'eau, pendant une heure en vase ouvert, dissolv. 5 de chlorure ; A 90 degr., 10 000 part, d'eau, pendant une heure en vase clos, dissolvent 6 de chlorure; A 100 degr., loooo part, d'eau, pendant une heure en vase ouvert, dissolv. lo de chlorure; A 1 3o degr., 10 000 part, d'eau, pendant une heure en vase clos, dissolvent 146 de chlorure. » L'acide sulfurique décompose lentement à froid, plus promptement à chaud le sesquichlorure pur avec dégagement d'acide chlorhydrique et colo- ration de l'acide de la liqueur en vert. )> L'acide sulfureux pur en dissolution au contact du sesquichlorure pu- rifié, dans un vase clos, se dissout en totalité, avec production d'acide sulfu- rique et coloration en vert de la dissolution. ( 68i ) » Cette dernière expérience, venant à l'appui d'autres considérations théoriques basées sur des faits connus, m'a conduit à voir, dans l'action du protochlorure de chrome sur le sesquichlorure , un phénomène, non pas étrange, mais comparable à la majeure partie de ceux que l'on connaît en chimie. » CHIMIE. — Mémoire sur un nouveau procédé de dosage du phosphore; par M. Raewsky. ( Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Thenard, Dumas, Pelouze. ) " La détermination quantitative du phosphore est une des opérations les plus délicates, les plus longues de l'analyse chimique, et c'est en grande partie pour celte raison que bien peu de travaux analytiques ont été faits sur les composés phosphores, comparativement à ceux qui ont été publiés sur des combinaisons peut-être moins importantes. ' » L'intérêt le plus vif se rattache au dosage du phosphore ; car, indépen- damment des phosphates naturels , il fait partie constituante des végétaux et des animaux : on le trouve abondamment dans le cerveau , dans la moelle épinière, et il joue dans les engrais un rôle considérable, sur lequel l'atten- tion des chimistes s'est reportée depuis quelques années. Sa présence dans le fer et la fonte a une importance capitale , et les expériences récentes de M. Paul Thenard ont montré quel parti on pouvait en tirer dans l'étude des composés organiques. » C'est pourquoi j'ai pensé qu'il ne serait pas sans intérêt pour la science , et sans utilité pour les analystes , de chercher une méthode rapide et exacte pour le dosage du phosphore. Je l'ai fait d'autant plus volontiers, que , moi- même, je me trouvais dans la nécessité de faire des essais de ce genre pour déterminer l'acide phosphorique dans un sel de platine dont j'ai fait con- naître l'existence ( Comptes rendus de l'ydcadémie des Sciences , tome XXIII , page i353). » Le choix des méthodes n'était pas douteux. Tout le monde sait combien sont précis et rapides les essais dits par les volumes. Aussi , est-ce en m'inspi- rantdes belles recherches de M. Gay-Lussac, sur l'alcalimétrie et l'essai des matières d'argent, que j'ai recherché le nouveau procédé que je soumets au- jourd'hui au jugement de l'Académie. " Je me suis borné au cas simple de la détermination de l'acide phospho- rique, terme commun auquel on peut toujours ramener tous les composés du phosphore. Mon point de départ a été l'observation importante due à ( 682 ) M. Gay-Lussac, de l'insolubilité du phosphate ferrique dans l'acide acétique. Mon procédé consiste à ramener le phosphore à l'état de phosphate ferrique pur, que je recueille et dont je dose le fer. Dans une série d'expériences nombreuses, j'ai déterminé la composition de ce sel ; sachant la quantité de fer, je cherche par le calcul la proportion de l'acide phosphorique. Je ne fais ni dessiccation, ni calcination, ni pesées: opérations longues, délicates et incertaines; la marche de l'opération est simple et rapide. Une heure suffit grandement pour un essai complet. » Je dose le fer, du phosphate ferrique , par la méthode de M. Margue- ritte. Au caméléon minéral on pourrait peut-être substituer tout autre corps oxydant, mais ce serait sans aucune importance; aucun de ces composés n'aurait une seiisibiUté aussi précise, et ce serait à tort qu'on s'exagérerait la difficulté de préparer le caméléon; enfin, M. Margueritte a suffisamment rassuré les chimistes sur la stabilité de ce précieux réactif. " Je ne compte pas décrire, dans ce court extrait, la marche à suivre pour isoler l'acide phosphorique des substances qui l'accompagnent. Ces procédés seront différents suivant la nature des substances, et rentrent dans les conditions ordinaires de la chimie analytique. Je crois qu'il sera toujours facile d'atteindre ce but, excepté peut-être lorsque la substance à analyser, contiendra de l'alumine; mais ou pourra toujours, dans ce cas particulier, recourir au procédé ingénieux et si précis indiqué par M. Frésénius. » Voici, en peu de rnots, la marche du procédé: Lorsque j'ai séparé le phosphore des bases avec lesquelles il pourrait se combiner et donner des sels insolubles dans l'acide acétique, j'ajoute au liquide, ordinairement acide, de l'acétate de peroxyde de fer (r) qui peut être mis en excès. Le phosphate ferrique se dépose aussitôt sous la forme de flocons blancs, légèrement jau- nâtres; je recueille le précipité, je le lave avec soin. L'excès de fer passe dans les eaux de lavages, et le phosphate reste pur sur le filtre; cela fait, j'arrose le filtre avec de l'acide chlorhydrique de manière à tout dissoudre, je réduis le sel de fer par le sulfite de soude en suivant les précautions indiquées dans le Mémoire de M. Margueritte, puis je dose le fer en le convertissant en peroxyde de fer à l'aide d'une dissolution titrée de caméléon minéral. Après (i) Au lieu d'employer l'acétate de peroxyde de fer, qui serait instable, je fais une disso- lution de 100 grammes d'alun de fer dans l'eau, de manière que le volume du liquide occupe I litre, et je fais une semblable dissolution d'acétate de soude (la théorie indique g8 grammes pour une proportion équivalente). Je forme de cette manière l'acétate par double échange , au moment même où il doit entrer en réaction. ( 683 ) avoir déterminé la quantité de fer par un simple calcul , conoaissant la com- position du phosphate l'errique, je détermine aisément la proportion du phosphore - " Dans le phosphate ferrique qui se forme au sein de l'acide acétique en excès , le rapport de l'oxygène de la base est à l'oxygène de l'acide , comme 3 est à 5, ainsi que je m'en suis assuré par des expériences nombreuses faites directement sur le sel bien pur. Dans tous ces essais faits en présence de quantités variables d'acide et dans des circonstances différentes, sur des poids différents, j'ai toujours obtenu des nombres parfaitement identiques. J'insiste sur ce point parce que mon procédé tout entier repose sur l'exac- titude de l'analyse du phosphate ferrique. " J'ai dit que par un simple calcul on pouvait, étant connue la propor- tion de fer, déterminer le phosphore. Il me suffira, pour être compris , de citer un exemple. -, ': ; , " Je choisirai l'analyse du phosphate de soude. Supposons qu'ayant opéré sur oS'',466 de ce sel, on ait employé i5 divisions de la liqueur normale dont le titre est de 54,4 divisions pour o,25o de fer; je trouve alqrs le fer par la proportion ' , ' . . , 54,4 • o,25o :: i5 : j; = 0,069 de fer. D'un autre côté, comme la composition du phosphate de fer est connue, je fais la proportion ^ 7ooFe-' :goo PhO' :: OjoGgFe : X, ' et je trouve que 0,069 ^^^ f^*" correspondent à 0,0887 d'acide phosphorique. Or, dans i gramme de phosphate de soude, il y a 0,191 d'acide phospho- rique; donc, pour traduire cela en phosphate de soude, je fais le calcul suivant : ■'.,.' ... 0,191 : I de gramme phosphate de soude : : o , 0887 d'acide : x = o^^,\&^ , au lieu de oS'',466 soumis à l'analyse. . " Pour apprécier le degré de précision de ce procédé , je l'ai soumis à une épreuve qui est sans réplique: ainsi j'ai fait de nombreuses expériences sur des pesées inconnues, et les résultats obtenus comportaient toujours une exactitude de 6 à 8 millièmes. » J'ajouterai également qu'au nombre des applications du nouveau pro- cédé qui se présentent naturellement à l'esprit, je citerai comme très-im- portante la détermination du phosphore dans les produits animaux, surtout au point de vue de l'ostéologie comparée et de la pathologie. Aussi je n'ai pas hésité à me livrer à ce genre d'étude. ( 684 ) » Dans un prochain Mémoire, j'aurai l'honneur de soumettre à l'Académie les résultats des recherches que j'ai entreprises en commun avec mon ami , M. le docteur Bernard, tant sur la composition du phosphate des os naturels ou artificiels que sur la constitution des tissus osseux dans les animaux à l'état normal, mais d'espèces et d'âges différents ou dans des conditions patholo- giques exceptionnelles. » PHYSIQUE. — Recherches sur le rayonnement de la chaleur. Détermination des pouvoirs réflecteurs ; par MM. F. de la Provostaye et P. Desains. (Extrait.) (Commission précédemment nommée.) ' '< Les auteurs rappellent les recherches de Leslie, qui se trouvent dans tons les Traités de physique, celles de M. Melloni [Jnnales de Physique, t. XL VIII, p. 2i3, et t. LX, p.4oa), qui donnent o,44 pour le pouvoir ré- flecteur absolu du laiton ' >' Ils décrivent leur méthode d'observation , qui consiste essentiellement à déterminer les déviations du galvanomètre de l'appareil thermo-électrique, lorsqu'on reçoit successivement sur la pile les rayons directs d'une forte lampe Locatelli , et les mêmes rayons simplement ployés par la réflexion sur des miroirs plans bien polis des substances dont on veut connaître le pouvoir réflecteur. Ils indiquent les précautions nécessaires pour arriver ainsi à des résultats exacts. » Ils emploient deux procédés de vérification qui consistent : » 1°. A déterminer les pouvoirs réflecteurs relatifs de deux métaux, et à déduire celui du second, du pouvoir du premier supposé connu; " 2°. A déterminer le pouvoir réflecteur du verre, principalement sous des incidences de ^5 à 8o degrés, et à lui comparer le pouvoir réflecteur des métaux. Ils n'ont appliqué cette dernière méthode qu'à la vérification du pouvoir réflecteur du laiton. » Par ces différents moyens, ils ont obtenu les résultats suivants : • " 1°. Les pouvoirs réfléchissants des métaux pour la chaleur sont très- considérables. — Le tableau suivant contient les valeurs trouvées sous l'in- cidence 5o degrés , comptée à partir de la normale : ( 685 ) Noms des substances réflco.hissantes. Pouvoirs réflecteurs absolus. Plaqué d'argent bien poli 1 o ,97 Cuivre rouge o,g3 Laiton poli au marteau 0,98 Laiton battu , puis poli par friction o 192 Cuivre rouge verni .... o ,86 Métal des miroirs récemment poli o,855 ' Étain o ,855 Métal des miroirs un peu altéré o ,825 Acier trempé ... o ,825 Zinc... o,8i Fer. . 0,77 Feuilles d'argent appliquées sur une lame de verre 0,78 " r^e métal des; miroirs et l'acier avaient été travaillés par les procédés ordinaires , qui servent à donner im poli aussi parfait que possible. " Les autres métaux étant moins durs , leur fini était moins grand. Le zinc, l'étain, l'un des miroirs de laiton, avaient été battus, puis simplement polis par friction ; le cuivre, le plaqué et un autre miroir de laiton avaient été d'a- bord polis par friction, puis polis de nouveau en les battant au marteau par derrière. ;' Ils ont opéré sur deux lames dé métal des miroirs, deux de laiton et trois de cuivre rouge ; c'est l'une de ces dernières qui, après avoir été essayée, a été couverte d'une couche de vernis , telle qu'on l'applique d'ordinaire pour prévenir l'oxydation. ^ " IjC polissage des cinq derniers miroirs (laiton et cuivre rouge) avait été fait en frottant les uns longitudinalement, les autres transversalement, ce qui n'a amené que des différences nulles ou à peu près inappréciables. Enfin le miroir de fer a été obtenu en prenant un miroir d'acier et le main- tenant longtemps dans un fourneau rempli de charbon à une chaleur suffi- sante pour le désaciérer. Ce procédé a donné une surface sans paillettes, qu'on a polie par simple frottement. " 2**. Les pouvoirs réflecteurs ne paraissent pas changer avec l'incidence pour des angles inférieurs à 70 degrés. — Lorsqu'on atteint cette valeur, ils éprouvent une diminution qui devient fort appréciable à 76 et à 80 degrés. Pour ces deux angles, le pouvoir réflecteur est à peu près égal aux 0,94 du pouvoir réflecteur sous les incidences plus petites. " Il a été impossible d'observer avec sécurité dans des directions plus rasantes; on ne peut savoir, dès lors, si la diminution continue jusqu'à 90 degrés ou si elle résulte d'un minimum. C. R., 1847, i" Semestre. (ï XXIV, N" 16.) 9° ( 686 ) » Le pouvoir réflecteur du verre augmentant très-rapidement avec l'in- cidence, la diminution dont on vient de parler n'a été admise qu'après des essais réitérés sur divers miroirs de la même substance et de substances dif- férenles, et après avoir fait tomber le faisceau calorifique successivement sur les divers points de la surface. On a pu se convaincre ainsi que ce n'était point un accident, et que la cause de cette variation ne résidait point dans un défaut du miroir. » Ce travail était complètement achevé, lorsqu'en faisant des recherches historiques sur la question que nous venons d'étudier, nous avons reconnu : » Que M. Potter(voir Traité de la Lumière , d'Herschel, tome II, p. 53o) avait déjà annoncé que la réflexion de La lumière sur les métaux est moindre pour de plus grands angles d'incidence ; " Que M. Forbes, dans une Note insérée dans les Comptes rendus de la Société d'Edimbourg [mars, iSSg), a vérifié cette proposition pour Zrt cArt- leur. Il ajoute ensuite qu'en employant des miroirs d'acier et d'argent, il a vu que la quantité de chaleur réfléchie est tellement supérieure à celle que M. Potterdonne pour la lumière (0,66 environ), qu'elle conduite soup- çonner que ses rapports photométriques sont tous trop petits. » Nous nous empressons donc de reconnaître que probablement M. Forbes avait obtenu quelques-uns de nos résultats; néanmoins, comme il ne cite absolument aucune valeur numérique, comme il ne donne absolument aucun pouvoir réflecteur et se borne à un énoncé général, qu'enfin il ne parait pas avoir donné suite à son travail, nous n'avons pas trouvé là un motif qui pût nous détourner de publier nos propres recherches. » CHIMIK ORGANIQUE. — Dosage de l'azoie par l'emploi des Uqueurs titrées; réclamation adressée par M. Bineau, à l'occasion d'un Mémoire récent de M. Peligot. (Extrait.) (Commission nommée pour le Mémoire de M. Peligot.) « Le procédé exposé par M. Peligot a été l'objet d'une Notice que j'ai lue Tan passé à la Société royale d'Agriculture et Histoire naturelle de Lyon, pendant la séance du 26 août, et qui a été imprimée dans le tome IX des j^nnales de cette Société. J'ai l'honneur de vous en adresser un exemplaire. n Lorsque le sentiment de son utilité m'a déterminé à décrire la méthode analytique à laquelle a été depuis conduit pareillement M. Peligot, je n'ai point osé en entretenir l'Académie des Sciences de Paris: j'ai craint de pa- raître chercher à abuser de ses moments, d'autant plus que le principe de ( 687 ) la méthode dont il s'agit se trouve établi dans mon travail sur le chlorure d'azote, publié il y a environ deux ans; mais je suis trop flatté maintenant de voir l'attention de l'Académie arrêtée sur ce sujet, ainsi que de l'avantage de m'y rencontrer avec M. Peligot, pour ne pas revendiquer la priorité qui m'appartient. n M. l'eliyot forme, avec le saccharate de chaux, la liqueur alcaline titrée dont il se sert de préférence. J'obtiens celle que j'emploie habituellement eu traitant un mélange de carbonate de soude et de chaux en excès par une quantité d'eau calculée approximativement d'après le titre désiré ; elle se compose, par conséquent, de soude caustique accompagnée d'un peu de chaux. Elle ne me paraît paâ d'un emploi moins sûr, ni d'une préparation plus difficile ou plus dispendieuse que la liqueur indiquée par M. Peligot. " A cette Lettre est jointe une Note imprimée sur le procédé en question, extraite des annales de la Société royale d'agriculture. Histoire naturelle et Arts utiles de Ljon, année 1 846. , MÉDECINE. — Considérations physiologiques sur la variole et son traitement ; par M. Lesauvage. (Commissaires, MM. Serres, Andral, Rayer.) Dans ce Mémoire, l'auteur insiste principalement sur la nécessité de re- courir, dès les premiers instants de la maladie, à la méthode antiphlogistique. Il rapporte plusieurs observations dans lesquelles l'application de cette mé- thode a été suivie d'un succès complet, pendant que dans le même hôpital et durant la même période épidémique, d'autres malades, pour lesquels on ciut ne pas devoir recourir aux émissions sanguines, succombèrent à une cérébrite aiguë. M. Lesauvage est loin de considérer comme sans impor* tance la cautérisation des pustules; mais il croit que cette pratique, qui a pour résultat principal d'empêcher que la maladie ne laisse des traces, et qui contribue en même temps à modérer la fièvre secondaire, serait, dans bien des cas, insuffisante pour amener une heureuse terminaison. Il pense, d'ailleurs, que le plus souvent, au moyen d'un traitement antiphlogistique employé à temps et sans timidité, on parvient à prévenir les cicatrices dif- formes que laissait souvent sur le visage la variole traitée par l'ancienne méthode. M. Teste adresse un Mémoire sur les propriétés hygiéniques et thérapeu- tiques des eaux minérales azotées, et en particulier de l'eau thermale de 90.. ( 688 ) Bagnoles (département de l'Orne). L'auteur, dans ce Mémoire, se propose d'établir : " 1°. Que l'eau thermale de Bagnoles, classée à tort jusqu'à présent parmi les eaux sulfureuses, ne doit ses propriétés médicales qu'à une grande quan- tité de gaz azoté qu'elle tient en suspension ; >> 2°. Qu'elle réussit très-bien dans le traitement des maladies asthéniques, et que son usage, au contraire, est funeste dans tous les cas de phlogose aiguë; " 3°. Qu'elle développe sensiblement le système musculaire et active la circulation exerçant sur l'économie animale une action analogue à celle que produit l'usage d'aliments azotés; elle présente en outre cet avantage, qu'elle peut être très-bien supportée par les malades qui, depuis longtemps, ne digèrent pas la viande. « . (Commissaires, MM. Andral, Rayer, Balard.) MÉDECINE. — Supplément à de précédentes communications sur l'ergotine; par M. BoNJEAN. (Commission nommée.) . • PHYSIOLOGIE AmuAhE. —addition à un précédent Mémoire sur les effets de l'ablation d'une portion cérébrospinale des grenouilles; par M. Brown- Sequabd. (Commission nommée.) M. ScBHALz adresse, de Dresde , pour le concours de Médecine et de Chi- rurgie, deux ouvrages imprimés, l'un sur les maladies de l'oreille et leur traitement, l'autre relatif aux sourds-muets , et y joint une indication des parties de son double travail qui lui paraissent devoir attirer plus particu- lièrement l'attention de la Commission. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) M. CoRiVAY présente une nouvelle modification de l'instrument qu'il dé- signe sous le nom de lithéréteur, et demande que cet appareil soit admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. , (Commission de Médecine et de Chirurgie.) M. KoRALEH., qui avait précédemment adressé une Note sur une méthode ( 689 ) nouvelle pour le calcul des logarithmes , adresse aujourd'hui un Mémoire plus complet sur le même sujet. ' . (Renvoi à la Commission précédemment nommée. ) M. Vaiv Leempoel soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : Reconstruction d'un jour à réverbère en conservant le feu et la chaleur. L'auteur, dans ce Mémoire, fait connaître les moyens par lesquels il est parvenu à reconstruire un four à bouteilles, en brique réfractaire, en con- servant le feu pendant tout le travail de démolition et de bâtisse ; le chômage a été seulement de trois jours. « D'après l'ancien système, dit M. Van Leem- poel, on ne pouvait démolir un four à verre qu'en perdant le combustible, et en laissant refroidir plusieurs jours. C'était seulement alors qu'on pouvait commencer la reconstruction, et, les travaux de bâtisse terminés, il fallait encore quinze jours pour chauffer graduellement le nouveau four afin d'évi- ter la détérioration des briques réfractaires. La suspension du travail était généralement de près de six semaines; il y a [quelques années même , cela durait le double. » En appliquant son procédé à la construction de trois fours, M. Van Leempoel annonce avoir obtenu une économie en combustible qui ne peut pas être évaluée à moins de 5 o5o francs. - - (Commissaires, MM. Alex. Brongniart, Dumas.) M. Goiiv soumet au jugement de l'Académie la description et la figure d'un dispositij destiné à diminuer les dangers des transports par chemins de fer. ( Commission des chemins de fer. ) • CORRESPONDANCE M. KiiHLMANN, récemment nommé à une place de Correspondant pour la Section d'Économie rurale, adresse ses remercîments à l'Académie. M. Ddvernoy prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place d'Académicien libre , vacante par suite du décès de M. B. Delessert, et rappelle les différents travaux qu'il a suc- cessivement soumis à son jugement. ASTRONOMIE. — Extrait dune Lettre de M. Htod à M. Paye. » On avait prévu que la comète récemment découverte par M. Hind pour- ( 690 ) rait être visible en plein jour, très-près du soleil , quelque temps avant son passage au périhélie. I^es astronomes de l'Observatoire de Paris se sont pré- parés à cette intéressante observation, mais 1 elat du ciel a fait échouer leurs recherches. M. Valz , à Marseille, n'a pas réussi davantage à voir la comète. M. Hind a été plus heureux ; voici un extrait de sa Lettre : « .Te découvris la comète à i i heures du matin (le 3o mars) , avec notre » grande lunette armée d'un faible oculaire ; mon œil était protégé contre « l'éclat intense du fond du ciel par im verre légèrement coloré en vert. Le » iiojau était rond et parfaitement terminé; la comète avait une queue >' divisée, formée de deux rayons de lumière d'environ l\o" de lougueur — >i Par moment, le noyau m'a paru scintiller comme une étoile. » » M. Hind a joint à sa Lettre deux observations complètes qu il a réussi à faire dans ces circonstances exceptionnelles; elles sont rapportées plus bas. M. Hind ne parle pas de phase; mais M. Arago ayant remarqué que, pour une certaine constitution du noyau , la comète aurait d(i présenter une phase sensible, à la date indiquée par M. Hind , il a chargé M. Yvon Villarceau d'en calculer l'étendue à l'aide de ses derniers éléments paraboliques. Voici un tableau de ces phases calculées pour différentes heures du jour de l'obser- vation de M. Hind , sans avoir égard toutefois aux diamètres du soleil et de la comète : BE DKES. PHASES. Matin . . . . 10 34" '7' Midi.... 0 43.38 Soir .... 2 54.26 .4 66 32 6 79.32 >> Il résulte de ce tableau , que la phase a dû être parfaitement appré- ciable dans l'hypothèse d'un noyau opaque d'une certaine étendue, et non lumineux par lui-même. M. Hind ne s'étant pas expliqué suffisamment à ce sujet, M. Arago prie son correspondant, M. Faye, de faire appel à ses souvenirs afin d'avoir, sur ce point capital, des renseignements dont on pourrait ensuite déduire des conséquences relatives à l'état physique du noyau de cette comète. " Voici enfin les curieuses observations de M. Hind, ainsi que leur com- paraison avec les éléments paraboliques de M. Yvon Villarceau : ( 691 TKUPS HOVEN de Greenwich. ASCENS. DROITE de )a comète. DÉCLINAISOS de la comète. EXCÈS DU CALCUL en asceiis. droite EXCÈS DU CALCUL en déclinaison. 3o mars 1 847 h m s I .23.4° !.55. 8 0 / il 7.32.27 7.33.56 0 / // + 1.48.42 + 1.45. 21 - 13^5 — t3,5 + 1.4 + ..24 » On voit par cette comparaison que 1 ephéméride, calculée par M. Yvon Villarceau et publiée dans les Comptes rendus, était suffisamment exacte pour faire retrouver la comète, si l'état du ciel avait favorisé cette re- cherche. » ; ASTRONOMIE. — Eléments de la comète de M. Hind, calculés par M. BUTILLON. 1,1. . .' ' . Eléments rapportés à l'équinoxe apparent du i" mars iB^'j . Passage au périhélie , mars 3o, 26886 temps moyen de Paris. Longitude du périhélie 276° ig' 26" Longitude du nœud 22" 9' ôi" Inclinaison 4^" ^8' 6" . . Distance périhélie 0,0419965 Sens du mouvement héliocentrique Direct. Calculé avec les observations du 1 1 février. . . de M. Hind . du iQ février. ..),„. . • j / f • f de Pans, du 24 février. . . ) Correction faite avec les observations du 11 février... de M. Hind. du 24 février. . . de Paris. du 9 mars. ... de M. Hind. ZOOLOGIE. — Sur un bouquetin fossHe dans les Cévennes ; par M. Paul Gervais. « [.es ossements fossiles qui appartiennent à des Ruminants voisins des Chèvres et des Moutons sont encore très-rares dans les collections , et ils sont, pour la plupart, si incomplets, qu'on a de l'incertitude sur leur véri- table genre ; quelques-uns même n'ont encore pu être distingués de ceux des Antilopes. » Occupé depuis quelque temps de l'étude des vertébrés fossiles que l'on trouve enfouis dans les formations tertiaires du midi de la France, j'ai dû ( 692 ) nécessairement accorder une attention toute particulière aux Ruminants du groupe que je viens de signaler. Il ne serait pas sans intérêt, en effet, de comparer leurs espèces avec celles en petit nombre qui ont résisté à la des truction ou avec les races domestiques qui vivent dans nos contrées. J'espère montrer, par quelques publications auxquelles je travaille , que mes recher- ches ont été couronnées de quelque succès. " La seule espèce dont je parlerai aujourd'hui appartient au sous-genre des Bouquetins. Parmi les ossements de cet animal que j'ai pu voir, plusieurs sont assez bien conservés , et la comparaison que j'en ai laite avec des os en nature ou figurés du Bouquetin des Pyrénées, de la Chèvre, de l'yEgagre et du Mouton ou du Mouflon, ainsi que de divers Antilopes, m'a montré qu ils devaient être rapportés au même sous-genre que le premier de ces ani- maux. La forme du crâne, la direction, la coupe et l'épaisseur des cornes , les canons et les phalanges, tout, en un mot, les rapproche du Bouquetin, .le n'ose même pas affirmer que l'espèce à laquelle ils ont appartenu dif- fère de celle qui vit actuellement sur les sommets élevés des Pyrénées. Quel- ques éléments de comparaison me manquent encore pour décider cette question. " Nos ossements de l'ancien Bouquetin des Cévennes ont été recueillis, il y a une quinzaine d'années, avec des débris à'Ursus spelœus , de Felis de la taille des Panthères, de Loups, à'Hjœna spelœa et de quelques autres ani- maux dans la caverne de Mialet, caverne déjà connue des naturalistes par les travaux de M. Marcel de Serres et de quelques autres paléontologistes. Cette caverne est située à quelque distance d'Anduze, dans le département du Gard. Les ossements dont je viens de parler sont déposés dans la col- lection de la Faculté des Sciences de Montpellier. » OPTIQUE. — Note sur l'emploi du soufre sublimé et du charbon animal pour le nettoiement des objectifs de lunettes. (Extrait d'une Note de M.' SiBET. ) ,. , - « On emploie le plus ordinairement l'alcool pour nettoyer les objectifs des lunettes. Ce procédé détermine en peu d'instants, dans le verre, une opa- cité remarquable, par le rassemblement de points de poussière qui ternissent sa transparence, ce qui oblige à l'essuyer toutes les fois que l'on veut s'en servir. Cette attraction et l'opacité qui en résulte sont-elles dues à l'alcool? Je l'ignore encore; mais je l'ai tellement remarqué, que j'ai cherché d'autres agents de nettoiement, et parmi ceux sur lesquels j'ai fixé mon attention, je citerai : 1° le soufre sublimé; 2° le charbon animal pur et complètement exempt de sable. (693) " Le soufre sublimé jouit de toutes les propriétés que l'opticien recherche pour le nettoiement de ses objectifs de lunettes; non-seulement il ne craint pas d'y rencontrer aucun grain de sable, mais encore ses molécules infiniment petites, d'une grosseur égale, font qu'on n'a pas à redouter les rayures. Le verre est, en outre, de la plus grande netteté et de la plus belle transparence. Tels sont les avantages que j'ai remarqués dans l'emploi du soufre sublimé uni au charbon animal pour le nettoiement des objectifs de lunettes. Je mêle 5oo grammes de soufre sublimé avec aSo grammes de charbon animal. » CHIMIE. — Recherches sur la composition des eaux potables; par M. H. Deville, doyen de la Faculté des Sciences de Besançon. (Extrait par l'auteur.) « Au moment de décider la construction d'un aqUeduc destiné à amener les eaux d'une source éloignée , la ville de Besançon me chargea de faire un travail analytique complet sur les eaux d'origines diverses qui servent actuel- lement à son alimentation. Je crus devior générahserles études qui m'étaient demandées, et je les appliquai aux eaux potables employées dans quelques villes importantes , Paris, Orléans, Strasbourg , Genève , Dijon et Toulouse. Ce sont les résultats numériques et les conséquences qui résultent de leur comparaison que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie , en lui présentant mon Mémoire. .'" '•' ' . . ' » L'analyse complète de l'eau commune offre quelques difficultés, parce que les substances dissoutes , qui sont ordinairement nombreuses et en petite quantité, doivent être néanmoins connues avec précision. Elle exige, en outre, certaines précautions pour permettre qu'on puisse faire usage, en toute occa- sion, des chiffres qu'elle détermine. • ■ " . ' » Les eaux contiennent trois sortes de substances qu'on peut ainsi classer, au point de vue de l'application : i° substances incrustantes pour les tuyaux de conduite ; i° substances incrustantes pour les chaudières; 3° substances très- solubles obtenues après évaporation à sec. On sépare, comme on lésait, les premières par la simple ébullition, les secondes par la concentration, les dernières par le lavage des résidus amenés à siccité. Dans toutes mes analyses, j'ai eu soin de faire cette séparation et de rechercher les éléments de chacun de ces produits préalablement isolés : je crois qu'il y a dans l'emploi de cette méthode, un peu longue et pénible, des avantages qu'au point de vue industriel on ne doit pas dédaigner. » L'étude des gaz dissous mérite aussi quelque attention . On peut déter- C. R., 1847, '" Semeitre. (T. XXIV, N» 16.) Ql (694) miner naè relation naturelle entre la proportion d'acide carbonique qu'ils oontieiinent et celle des matières incrustantes. » J'ai été assez heureux, dans un travail aussi ingrat, pour arriver à quel- ques conclusions générales qui tirent quelque importance du sujet même qui m'occupe. C'est ainsi que j'ai signalé la silice comme un élément con- stant et existant toujours en quantité considérable dans les eaux employées comme boisson. >' Dans les eaux de la fiOire, puisées au moment de leur débordement, lorsqu'elles avaient une très-grande vitesse, j'ai trouvé du silicate de potasse. Ce fait explique suffisamment l'influence fertilisante de l'eau qui se répand sur les prairies, dont les graminées renferment une grande quantité de silicate dépotasse. » Les nitrates sont souvent en quantité considérable dans l'eau commune, à ce point que leur présence a quelquefois entravé mes opérations en déter- minant des explosions. J'en ai rencontré partout, excepté dans l'eau de la Loire que je viens de citer. » La coloration des grandes masses d'eaux, qui paraissent quelquefois, vues par réflexion, d'un bleu indigo si intense, est un fait complexe dont l'explication doit dépendre d'un phénomène physique en même temps que de la composition chimique. C'est ce qui me semble démontré par la pré- sence d'une matière jaune qu'on trouve dans les résidus salins de l'évapora- tion de l'eau , matière identique , selon moi , aux acides créniques de M. Ber- zelius. n paraît, en effet , que l'eau pure ou du moins privée de toute ma- tière coloraute étrangère est bleue ; car l'eau du lac de Genève , par exemple , évaporée en grande quantité , ne laisse apercevoir aucune trace de matière jaune ou colorée. ') Les eaux vertes donnent à la concentration peu de matière jaune, de façon que la couleur bleue primitive en est seulement modifiée , et prend la teinte verte qui résulte naturellement de son mélange avec le jaune. » Enfin, dans les eaux jaunes, le dépôt obtenu par l'évaporation est telle- ment coloré, qu'il en est noirâtre. On s'explique ainsi comment cette teinte prédominante masque entièrement celle qui appartient à l'eau pure. » Mes expériences sont la confirmation d'une opinion que M. Dumas pro- fesse chaque année à la Sorbonne. » Je pense aussi que cette substance azotée joue un rôle important dans la fertilisation des prairies par l'eau des rivières et des sources. » ( 695 ) CHIMIE. —Sur la déshjdratation du sulfate de chaux ; Note adressée par M. MiLLON à l'occasion dune communication récente de M. Plessy. « Dans la séance du 12 avril 1847, M. Plessy a communiqué, relative- ment au plâtre, une Note sur le sens de laquelle je ne me suis pas mépris, mais dont les faits sont exposés de façon qu'on pourrait les croire contraires à ceux que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie sur le même sujet. Comme il n'en est rien, comme les expériences de M. Plessy confir- ment, au contraire, les miennes, je vous demande la permission de le rap- peler et d'insister seulement sur un point où M. Plessy, ne comprenant ni le sens général de mon travail, ni les faits qui s'y trouvent contenus, assure fort mal à propos que je suis en opposition avec d'autres chimistes, et notamment avec M. Gay-f^ussac. , , » II s'agit du gâcha{;e du plâtre. Après avoir signalé plusieurs dispositions nouvelles dans l'hydratation du sulfate de chaux , j'ai pensé que la perte lente de son dernier quart d'eau avait une influence favorable sur la cuisson du plâtre : en ajoutant que le plâtre fortement déshydraté (calciné serait plus exact) ne se gâchait plus, j'ai entendu désigner les effets vulgairement connus d'une trop forte chaleur. L'ensemble de ma rédaction ne saurait se prêter à un autre sens : il n'y est nulle part question d'expériences sur le gâchage, que je n'ai point faites et dont mon travail ne porte pas le moindre indice ni la moindre intention. Je ne sais donc où M. Plessy a pu prendre les résultats auxquels il s'attaque et revient deux fois avec insistance. » En définitive, j'ai avancé, au sujet du sulfate de chaux, des résultats nombreux, dont j'affirme que pas un n'est détruit par ceux que publie M. Plessy, et si ce dernier formulait nettement ses points de contestation, je supplierais instamment l'Académie de se faire juge de la dissidence. » J'ai émis en outre, sur le gâchage du plâtre, une opinion qui consiste à admettre que le mode de déshydratation du sulfate de chaux a de l'influence sur la cuisson du plâtre destiné aux constructions. C'est une simple opinion pour laquelle j'aurais cru nécessaire de recourir aux fours à plâtre, s'il s'était agi de discuter et d'approfondir la question. J'avoue que je n'aurais pas imaginé pour cela une expérience de creuset faite sur une lampe à l'alcool. « PHYSIOLOGIE. — Étude physique et physiologique de l'éthérisation. — Premier Mémoire : Etude des appareils le plus généralement en usage actuelle- ment dans la pratique chirurgicale; par M. Doyère. (Extrait par l'auteur.) .1 Les conclusions de ce travail sont : n 1°. La température de l'éther et de l'appareil qui le contient, éprouve 91.. ( 696 ) un abaissement de i5 à aS degrés durant une inhalation de six à dix minutes^. " 2°. Cet abaissement de température abaisse, suivant une progression très-rapiJe, la dose de vapeur d'éther contenue dans l'air que fournit l'ap- pareil. » 3°. Cette dose est de 1 5 à 20 pour 100 en moyenne pendant la première minute de l'inhalation, et de 22,5 pour 100 à l'origine. " 4°- A la fin d'une inhalation de six minutes, elle est tombée de 22,5 à 8 pour roo, si les inspirations ont continué d'avoir lieu en même nombre et avec la même capacité. » Après huit à dix minutes, l'air inspiré peut ne contenir plus que 4 à 5 pour 100 de vapeur d'éther. » 5°. La composition de l'éther varie peu pendant la durée de l'inhala- tion, si l'éther est anhydre ou très-rectifié. Elle varie beaucoup, au con- traire, si l'éther a une densité supérieure à 0,70. " 6". Dans un éther dont la densité est de 0,768, l'effet de cette varia- tion peut être de faire tomber la dose de vapeur d'éther de i5 à 20 pour 100 à moins de 4 pour 100; encore la vapeur fournie dans ce cas n'est-elle com- posée de vapeur d'éther que pour une faible partie. » 7°. T/action des températures artificielles double et triple l'évaporation. >' 8". La température d'un été moyen doublera presque la dose de vapeur d'éther fournie par les appareils actuels. » 9''. La durée et la fréquence des inspirations sont à peu près sans in- fluence sur la proportion de vapeur d'éther. » io°. Cette proportion augmente avec les quantités d'éther que l'on emploie. Pour des quantités de 25 grammes et de 100 grammes, les quantités de vapeur sont entre elles comme les nombres 1 1 et i5. " 1 1°. L'agitation de l'appareil accélère très-rapidement l'évaporation. Elle peut la doubler et même la tripler, suivant qu'elle est modérée ou violente. » 12". L'influence des éponges introduites dans l'appareil est de réduire l'évaporation. Cette réduction peut aller au tiers de l'évaporation normale. « CHIRURGIE. — De la manière de sonder roreUle de dehors en dedans , dans le cas de surdité , produite soit par l'engouement de l'oreille moyenne, soit par l'oblitération de la trompe d'Eustache, considérée comme mojen de désobstruer le conduit auriculaire; par M. Baudelocque. (Extrait.) ."'^./. , M Ce procédé consiste à introduire daps l'oreille, de dehojs en dedans» ( 697 ) une sonde en gomme élastique, pourvue de son mandrin, dune épaisseur de 5 millimètres et de 7^ centimètres de longueur. » Après avoir donné à cette sonde les courbures voulues par le con- duit qu'elle doit parcourir, et l'avoir trempée dans l'huile , l'opérateur tire lé- gèrement l'oreille en arrière et en haut, et introduit dans le conduit auri- culaire le bout de la sonde, en lui faisant suivre la convexité du col du condyle delà mâchoire inférieure, afin que le tympan soit percé précisé- ment au-devant des osselets. » Ce procédé est à peu près le même que celui que Itard a employé sur un sourd-muet de naissance, âgé de quinze ans, nommé Dietz, et auquel il a rendu l'ouïe, sinon en totalité, du moins en grande partie.... " Maintenant, voici le résultat pratique que j'ai obtenu de ce procédé : » Je l'ai mis en usage sur une sourde-muette de naissance, âgée de huit à neuf ans, que j'ai gardée et traitée chez moi vingt-deux mois; il a amélioré l'audition au point que l'enfant qui, d'abord, n'entendait pas même les bruits les plus violents, a fini par entendre une sonnette d'appartement à la dis- tance de 6 à 8 mètres, puis les lettres de l'alphabet et certains mois eu- tiers, pourvu qu'on les prononçât près de son oreille, à haute voix, distinc- tement et avec lenteur. J'en étais arrivé là de ce traitement intéressant, et j'avais eu à lutter contre les habitudes d'insubordination de cette enfant , quand ses parents l'enlevèrent subitement de chez moi, sans me laisser le temps de faire constater par l'Académie le résultat de mes efforts : toutefois, j'aurais sans doute obtenu un succès complet et beaucoup plus prompt , si j'avais eu à traiter un enfant dont le système nerveux n'eût pas été épuisé comme l'était celui de cette jeune fille. » M. WoLF écrit que, dès l'année i84i, il avait fait usage de la vapeur déther dans le traitement des maladies de l'oreille et de certaines maladies du poumon; mais qu'en raison du mode d'administration auquel il avait recours, il n'était pas arrivé à reconnaître la propriété précieuse qu'a cet aj'ent d'amortir la sensibilité. Pour le traitement des maladies de l'oreille, les vapeurs étaient portées directement dans la trompe d'Eustache; dans ces cas, comme dans ceux d'affections du poumon, M. Wolf employait un mélange d'éther et d'eau, dans des proportions diverses : il pense que ce moyen de graduer l'énergie du médicament pourrait être encore utile, même pour les applications qu'on en fait aujourd'hui dans la pratique chirurgicale. M Saint-Genès adresse des remarques concernant les réclamations de priorité de M. Ducros, pour la découverte des effets produits par ïinhalation ( 698 ) de Péther. Dans les expériences citées à l'appui de cette réclamation, expé- riences qni remontent à l'année 1842 et qui étaient communes à MM. Saint- Genèset Ducros, le fait nouveau observé relativement à l'éther, ce fut l'action de ce médicament pour combattre le iiarcotisme déterminé par l'adminis- tration de la morphine. M. Ducros adresse une Note ayant pour objet de réfuter quelques-unes des propositions contenues dans une Note récente de M. Marshal Hall sur l'action réflexe des nerfs. (Renvoi à la Commission précédemment nommée pour les Mémoires de M. Ducros.) M. Lallemand, à cette occasion, rappelle qu'il a, très-ânciennement, ap- pelé l'attention sur plusieui's des faits que M. Marshal Hall donne en preuve de cette action réflexe, dans laquelle il penche à voir plutôt une nouvelle expression d'une fonction connue, que l'expression d'une fonction nouvel- lement découverte. M. Rouillé, qui avait présenté précédemment un fusil pourvu dun ap- pareil de sûreté, demande que ce dispositif soit admis à concourir pour le prix fondé par M. de Montyon en faveur des découvertes qui auront pour but de ménager la vie et la santé des hommes. M. Gazenave prie l'Académie de vouloir bien désigner une Commission qu'il rendra témoin des bons résultats obtenus dans le traitement de certaines maladies par une méthode dont il est l'inventeur, mais sur laquelle il ne donne aucun détail. Cette demande, contraire aux règles que s'est toujours imposées l'Aca- démie , sera considérée comme non avenue. M. Maison demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire de trigonométrie qu'il a précédemment adressé, et sur lequel il n'a pas encore été fait de Rapport. M. CoRNAY adresse une Note sur les colorations métalliques. M. Daval adresse deux paquets cachetés. L'Académie en accepte le dépôt. L'Académie accepte également le dépôt de trois autres paquets cachetés, adressés par M. Brachet , par M. Cazenave et par M. Millon. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. F. (699) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 5 avril 1847, les ouvrages dont voici les titres : Journal, des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; mars 1847; in-S". Recueil des Travaux de la Société d'Emulation pour les Sciences pharmaceu- tiques ; ]an\'\er 1847; in-8°. Protestation de la Société de Médecine de Nîmes, contre le projet de loi relatif à l'exercice et à l'enseignement de la Médecine ; | feuille in-8°. Bibliothèque universelle de Genève ; n° i4; in-8°. Mémoire sur les Etoiles filantes , ainsi que sur les Météores en général, par rapport à leurs causes déterminantes; par M. FOBSTER. Bruges , 1846; in-8°. On the silurian . . . Sur les Roches siluriennes de la Suède; parM. RoDERiCK MURCHISON . ( Extrait du Journal de la Société Géologique de Londres, juin 1 846.) rn-8°. An explanation . . . Explication des irrégularités observées dans le mouvement d'Uranus, de l' hypothèse qui attribue ces perturbations à une planète plus éloi- gnée; par M. J.-C. Adams. {Nautical Almanach, i85i.) In-8°. Astronomisclie. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° SgS; in-4°. Nachricbteu. . . Nouvelles de l'Université et de la Société rojale des Sciencea de Gottingue; n°' 3 et 4; in-8°. Délia vaccina. . . De la Vaccine sur l'Homme; par M. Ch. Frua. Milan, 1846 ; in-8°. (M. Serres est invité à faire de cet ouvrage un Rapport verbal. ) Gazette médicale de Paris; 17* année , n" i4 ; in-4°. Gazette f/cA //o/^iiaujc; n°' 37 à 38 j in-folio. L'Union agricole; n° i46. F L'Académie a reçu, dans la séance du la avril 1847, '^* ouvrages dont voici les titres: Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences, 1*'' semestre 1847, n° i4; in-4''- Vie, travaux et doctrine scientifique (/'Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire; par sonjils, M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire; i vol. in-S". Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; n" 12; in-8''. Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 75', 76* et 77** livraison; in-8*'. Etudes pratiques sur l' Hydrothérapie , d'après les observations recueillies à l'établissement de Pont-à-Mousson;parM.hlJBA7iSKY; in-8°. (Adressé pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie.) Du Traitement curatifde la Phthisie pulmonaire par le mucilage animal à haute dose; des causes de cette maladie et des moyens de s'en préserver; par M. de LamarE; 1847; in-8°. ( 7o«> ) Considérations sur ioiicjine et la composition des Roches et Minéraux divers ; jjnrM. Bertrand de IjOm. Paris, 1847 ^ "n-S"- Mémoire sur le Traitement abortif de la Blennorrhagie par l'azotate d'argent à haute dose ; par M. Debeney. Paris, i845; in-8°. ■ Considérations nouvelles sur la Méthode des injections caustiques dans le trai- tement de la blennorrhagie ; par le même ; in-8*'. Exposé pratique de la Méthode des injections caustiques dans le traitement de la blennorrhagie chez l'homme; par le même; m-8°. (M. Debeney adresse ces trois ouvrages pour le concours Montyon. ) Nécessité d'introduire l élude de la Zoologie dans l'enseignement agricole; par M. GuÉRiN-MÉNEViLLE ; brochure in-8°. Réflexions relatives au projet de loi sur l'exercice et l' enseignement de la Mé- decine, adressées à la Chambre des Pairs, par la Société académique de Mar- seille. Marseille, 1847; ''^*^' Sur les rétrécissements de l' Œsophage et leur traitement par le cathétérisme et la cautérisation ; par M. Gendron ; | ï'euille in-8°. Des Chemins de fer dans leur état actuel, avec leurs causes de dangers et leurs dangers; par M. Laignel; | feuille in-4°. Annales de la Société royale d' Horticulture de Paris; mars 1847 ; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie ; avril 1817; in-8°. Bulletin de la Société ethnologique de Paris; tome P' ; année 1846; in-8". Des divers états pathologiques de la Rate, en général et en particulier, dans leur rapport avec la fièvre intermittente; par M. BoGHE (Extrait des Annales des Universités de Belgique, tome IV). Bruxelles; in-8". Réfutation de l'opinion de M. Piorry, localisant la fièvre intermittente dans la rate ; par le même, in-8''. Nécessité de l' instruction professionnelle ; par M. JOBARD. Bruxelles, 1847; in-8". Flora batava; 147* livraison ; in-4". Astronomische. .. iVbuue//es astronomiques de M. Schumacher; n° 694; in-4°. Gazette médicale de Paris; n" 1 5. Gazette des Hôpitaux; n"'4o à 4^. L'Union agricole; n° i^j. A. L'Académie a reçu, dans la séance du 19 avril 1847, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences, I*'' semestre 1847, "" '•^j i°"4'*- Compte rendu des Travaux de la Société royale et centrale d'Agriculture, depuis le 19 avril \8li6 jusqu'au \ i avril iSl^-]; parM. Payen; brochure in-8°. Annales maritimes et coloniales ; mars 1847; ia-8°. Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 78' et 79* livraison ; in- 8°. F. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. »^'4S>^'^Sm=ss— SÉANCE PUBLIQUE DU LUNDI 26 AVRIL 1847. PRÉSIDENCE DE M. MATHIEU. La séance s'ouvre par la proclamation des prix décernés et des sujets de prix proposés. „ ' PRIX DÉCERNÉS pona l'année i84S. SCIENCES MATHÉMATIQUES. PRIX D'ASTRONOMIE POUR i843. ■ '■• "' ■ (FONDATION DE M. DE LALANDE.) • (Commissaires, MM. Arago, Mathieu, Laugier, Mauvais, Liouville.) « La médaille fondée par M. de Lalande a été décernée à M. Hencre, de Driessen (Prusse) , pour la découverte qu'il a faite, le 8 décembre i845, de la nouvelle planète à laquelle les astronomes ont donné le nom A'Astrée. » RAPPORT SUR LE CONCOURS DE iB^S, POUR LE PRIX DE MÉCANIQUE. ( FONDATION MONTYON. ) (Commissaires, MM. Ch. Dupin, Piobert, Morin, Poncelet rapporteur.) « La Commission , chargée par l'Académie de décerner le prix de Méca- nique de cette année , accorde , à l'unanimité , le premier prix à M. Pecqueur, mécanicien a Paris, i° pour les derniers perfectionnements qu'il a intro- duits dans l'ingénieuse machine à vapeur rotative qui porte son nom, et que C. R., i847, i" Semestre. [1. XXIV, N» 17.^ 9^ ( 702 ) plusieurs des membres de la Commission ont vue fonctionner dans ses ateliers, et sur la locomotive à air comprimé de son premier système de chemin de fer: cette machine rotative est peut-être la seule, parmi celles en grand nombre de son espèce, qui jusqu'ici ail: fonctionné régulièrement et avantageusement, soit en France, soit à l'étranger (i); 2*^ pour l'heureuse et utile application qu'il a faite de sa nouvelle théorie et combinaison de rouages dentés au levier djnamométrique peiTnanent de son invention , ainsi qu'aux régulateurs des machines hydrauliques et à vapeur; 3° pour l'in- vention d'un métier à fabriquer le filet de pèche, où il est parvenu à vaincre les difficultés qui avaient arrêté des mécaniciens tels que Vaucanson, .Tacquart et beaucoup d'autres artistes habiles. 1) La Commission ne mentionne point ici les autres titres scientifiques ou inventions qui recommandent non moins vivement M. Pecqueur à l'attention de l'Académie, et dont une seule suffirait pour donner à cet éminent et mo- deste artiste des droits incontestables au prix qu'elle lui décerne. » La Commission accorde un second prix à M. Cordier, de Béziers, pour les importantes modifications et les simplifications heureuses qu'il a intro- duites dans les machines hydrauliques ou à vapeur, et à l'aide desquelles il est parvenu à obtenir un effet utile, net, ou en eau élevée, équivalent aux o,6o et o,65 du travail moteur absolu, comme l'attestent les calculs, rap- ports ou expériences d'ingénieurs du plus haut mérite, dont quelques-uns, MM. Fresnel, de Prony et Navier, ont appartenu à l'Académie. Elle cite plus particulièrement: i° le dispositif ingénieux et neuf de ses pompes à double effet, à piston simple, mli transversalement à la direction des conduites d'eau, et qui a rendu jusqu'à gS pour loo du volume déplacé par ce piston; 2° sa machine à vapeur à moyenne pression, à détente et sans condensation, qui, par les excellents résultats pratiques (75 pour 100) auxquels elle a con- duit dès 1825, a peut-être marqué en France les premiers pas vers la sim- plicité qui caractérise les machines à vapeur actuelles; 3° la suppression des lourds balanciers des anciennes machings à vapeur et pompes à eau, et leur remplacement par de simples bielles agissant directement, d'une part, sur des tiges rectilignes servant de prolongement à celle des pistons; d'une autre, sur des manivelles à angle droit placées aux extrémités de l'arbre supérieur, (1) Trois de ces machines ont été employées avec succès au percement du souterrain de Mauvage (canal de la Marne au Rhin), pour l'extraction de l'eau et des déblais; une autre est employée, depuis six ans, dans une épuration d'huile à la Villette; et une dernière l'est à Puiseux (Oise), dans une filature de soie. ( 7o3 ) unique, qui porte le volant; 4° enfin, son système de filtre artificiel déjà anciennement approuvé par l'Académie, ainsi que les moyens infjénieux par lesquels l'auteur, à l'aide d'une soupape régulatrice ou de sûreté, est parvenu à lancer l'eau d'un seul jet continu, à toutes les hauteurs réclamées stricte- ment par les besoins du service, c'est-à-dire l'alimentation des bornes-fon- taines, des jets d'arrosage et d'incendie ; propriétés dont les anciens systèmes de distribution ne pouvaient jouir sans perte notable de force motrice, et sans les gigantesques et ruineux appareils des châteaux d'eau. " En rappelant que M. Cordier a établi son système de machines hydrau- liques dans sept des principales villes de France et à Genève, aux applau- dissements universels des habitants, on ne fait que rendre hommage à son talent généralement apprécié et reconnu dans l'art d'élever et de distribuer les eaux à l'usage des populations urbaines. » Mais la Commission du prix de Mécanique croirait n'avoir accompli qu'imparfaitement sa tâche, et manquer aux devoirs que lui commande la stricte justice, si elle ne se hâtait de mentionner les difficultés qu'elle avait eu, jusqu'à ces derniers instants, à se procurer les Mémoires de M. Pec- queur, et le temps qu'il a fallu à M. Cordier pour réunir, à Paris, les diffé- rents documents , Mémoires ou dessins épars dans diverses villes , et propres à éclairer parfaitement la conscience des Commissaires. » Le regret qu'ils éprouvent de ne pouvoir rendre qu'une tardive justice à ces ingénieux et honorables mécaniciens, sera vivement partagé par tous les membres de l'Académie, à la générosité de laquelle la Commission i-emet le soin de fixer les sommes à affecter au premier et au second prix de Mé- canique, en raison du mérite des concurrents et du montant des sommes disponibles sur le reliquat des fonds Montyon. » L'Académie a accordé aux deux mécaniciens la totalité des fonds dis- ponibles : )> M. Pecqueur recevra une médaille de la valeur de six cents francs; » M. Cordier, une médaille de la valeur de quatre cents francs. » RAPPORT SUR LE CONCOURS DE 1845, POUR LE PRIX DE STATISTIQUE. (Commissaires, MM. de Gasparin, Mathieu, Élie deBeaumont, Poncelet, Ch. Dupin rapporteur.) « Au nom de la Commission chargée d'examiner les pièces adressées pour 92- ( 7o4 ) le concours au prix de Statistique (i 845) , M. Gh. Dupin fait un Rapport dont voici les conclusions : » i". La Commission n'accorde pas de prix cette année; >' 1°. Une mention honorable est accordée à M. Ballin, pour son Essai sur la Statistique du canton de Grand -Couronne (Seine-Inférieure). « Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX FONDÉ PAR M""* LA MARQUISE DE LAPLACE. « Une ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à ac- cepter la donation qui lui a été faite par madame la marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la col- lection complète des ouvrages de Laplace, prix qui devra être décerné cha- que année au premier élève sortant de l'École Polytechnique, » Le président remettra les cinq volumes de la Mécanique céleste, l'Ex- position du système du monde, et le Traité des prohabilités , à M. Mantion (Hippolyte-François-Désiré) , sorti le premier de l'École Polytechnique, le 17 octobre i845, et entré à l'École des Ponts et Chaussées; » Et à M. Varroy (Henri-Auguste), sorti le premier de l'École Polytech- nique, le 17 septembre 1846, et entré à l'École des Ponts et Chaussées. » SCIENCES PHYSIQUES. RAPPORT SUR LE PRIX RELATIF AUX ORGANES DE LA REPRODUCTION DANS LES CINQ CLASSES D'ANIMAUX VERTÉBRÉS. (Commissaires, MM. Flourens, de Blainville, Milne Edwards, Velpeau , Serres rapporteur.) u L'Académie a proposé pour sujet du grand prix des sciences physiques à décerner cette année , la question suivante : » Déterminer, par une étude nouvelle et approfondie et par la descrip ■ tion accompagnée défigures des organes de la reproduction des deuoc sexes , dans les cinq classes d'animaux vertébrés , l'analogie des parties qui consti- tuent ces organes, la marche de leur dégradation , et les bases que peut j- trouver la classification générale des espèces de ce tjpe. 'lnuiui'^ ' " Cette question, importante par elle-même, avait acquis une importance plus grande encore par l'intérêt toujours croissant qui se rattache aux re- cherches dont l'embryogénie comparée est présentement l'objet. ( 7o5 ) 1' On connaissait bien d'une manière générale, d'une part, l'analogie qu'ont entre elles les parties composant l'appareil reproducteur, et, d'autre part, les rapports qui existent entre les produits et les organes producteurs dans les cinq classes; mais on était loin de posséder des notions assez pré- cises pour rattacher la dégradation des uns a la dégradation des autres. )' Ce sont ces analogies et ce rapport que l'Académie avait en vue en pro- posant cette question , en trat^ant le programme qui devait guider les concur- rents, et désignant un certain nombre d'espèces qui, dans chaque classe, pouvaient en fournir les éléments. ■ ,, " L'Académie pensait en outre, et avec raisou, que, d'une anatomie pré- cise de ces organes dans l'embranchement supérieur du règne animal, res- sortiraient des données propres à en éclairer la classification. ') La Commission s'estime heureuse de pouvoir annoncer à l'Académie que, si son attente n'a pas été entièrement remplie, néanmoins, en considé- rant dans leur ensemble les travaux des cinq concurrents, il est rare <:|u un concours présente une masse si considérable de recherches utiles , de résultats positifs, représentés par des dessins dont quelquefois l'exécution est au-dessus de tout éloge. " Cette perfection se remarque tout à la fois et dans la description de l'appareil reproducteur des cinq classes, et dans celle de leurs produits immédiats, dont les formes fugitives exigent, pour être saisies et repro- duites, un emploi si habile du microscope. » On conçoit néanmoins que, dans un sujet si vaste, si diversifié par sa nature, si difficile dans son application à la zooclassie, quelques erreurs se soient glissées dans l'appréciation des faits et dans les conséquences qu'en ont déduites certains concurrents. En faisant ses réserves à cet égard , la Com- mission croit devoir ajouter qu'elle a vérifié elle-même, sur la nature, la plu- part des résultats nouveaux énoncés, qui, à raison des controverses dont ils ont été l'objet, ne manqueront pas d'intéresser les anatomistes. " Le Mémoire inscrit sous le n" i (i) est un travail considérable et appro- fondi. Il est accompagné d un atlas renfermant asS dessins faits d'après nature, et il porte sur le Lamprillon, la Carpe, la Truite, le Hareng, le Syngnathe , l'Hippocampe et la Raie parmi les Poissons ; la Grenouille , le Crapaud, le Triton, la Salamandre terrestre et le Protée dans la classe des Ampbibiens; le Lézard , la Couleuvre, la Vipère et la Tortue grecque dans (i) La portion de ce Rapport relative au Mémoire n° 2 est de M. Milne Edwards. (706 ) celle des Reptiles; la Poule prise comme représentant de la classe des Oiseaux ; enfin le Lapin et la Sarigue dans la classe des Mammifères. " La composition anatomique et la disposition générale de l'appareil reproducteur des Vertébrés sont déjà bien connues par les descriptions qu'en ont données Guvier, Geoffroy-Saint-Hilaire, Meckel, MM. Prévost et Dumas, Owen, Rathke, MuUer et plusieurs autres naturalistes éminents. L'Académie ne pouvait donc s'attendre à ce que l'histoire des organes génitaux, considérée au point de vue de la morphologie, fût enrichie de beaucoup de faits nouveaux par la dissection' des espèces commîmes dont elle demandait l'étude. Mais la science est moins avancée en ce qui con- cerne la structure intime de ces parties , et l'auteur du Mémoire n° i , tout en poursuivant les travaux de vérification exigés par notre programme , a élargi le champ de ses investigations, et s'est servi avec habileté du micros- cope pour observer les éléments anatomiquesdont ces organes se composent. Il est arrivé ainsi à plusieurs résultats nouveaux dont l'intérêt est considé- rable, et l'ensemble de ses recherches sera également utile à la physiologie comparée et à la zooclassie. >> Parmi les faits dont nous devons la connaissance à ce naturaliste, nous citerons d'abord ce qui est relatif à l'uniformité des premiers phénomènes génésiques chez tous les Vertébrés. Les physiologistes savent que , dans l'in- térieur de la vésicule de Graaft, l'ovule naissant se trouve entouré de gra- nulations ou cellules épithéliques dont un certain nombre, entraîné par la vésicule vitelline lors de son passage vers l'oviducte, constitue ce que M. Barry a nommé les rétinacules, et ce que M. Bischoff appelle le disque proligère. Mais on n'avait signalé rien de semblable chez les Vertébrés infé- rieurs, et un anatomiste a été même jusqu'à dire que l'ovaire des Mammi- fères diffère de l'ovaire des Oiseaux, des Reptiles et des Poissons, en ce qu'il possède seul la propriété de former ces produits épithéliques. Or l'auteur du Mémoire n° 2 fait voir qu'il n'existe à cet égard aucune différence essentielle dans tout l'embranchement des Vertébrés. Chez tous ces animaux, l'ovule est primitivement entouré de cette couche granuleuse; seulement la quantité de ces corpuscules est variable , et la durée de leur existence n'est pas toujours la même. Chez les Mammifères, mais surtout chez les Oiseaux , ces produits épithéliques disparaissent promptement; tandis que, chez les Poissons osseux, ils sont persistants et constituent, par leur assemblage autour de la tunique vitelUne , la coque dont l'œuf de ces animaux est déjà pourvu avant que de pénétrer dans l'oviducte. ( 707 ) ■ » chez les Poissons osseux, c'est donc un seul et même organe, l'ovaire, qui est chargé de former tout ce qui est nécessaire à la protection de l'ovule, ainsi qu'à la constitution essentielle de ce corps reproducteur. Mais chez les Vertébrés, dont l'organisation est plus parfaite, la division du travail phy- siologique s'établit; les produits épithéliques de l'ovaire cessent de jouer un rôle important et disparaissent plus ou moins rapidement, tandis qu'un sys- tème de glandes, dont il n'existe aucune trace chez les Poissons osseux, vient s'ajouter à l'oviducte et fournit à l'ovule une ou plusieurs enveloppes par- ticulières. » L'auteur du Mémoire n" 2 ne se borne pas à faire connaître cette rela- tion remarquable entre la persistance" de l'enveloppe épithélique de l'ovule ovarien et l'absence de gland ules dans les parois de l'oviducte ; il étudie avec soin ces organes sécréteurs dans tout l'embranchement des Vertébrés, et il ajoute ainsi à leur histoire anatomique plusieurs faits intéressants. " On sait depuis longtemps que chez les Lamproies, les Mixines et les autres Cyclostomes, l'appareil de la génération est réduit à un état de simpli- cité extrême, et n'est formé que parle testicule chez le mâle et l'ovaire chez la femelle; aucune partie de cet appareil n'est chargée d'effectuer le trans- port des produits vers l'extérieur , et c'est en empruntant à la chambre viscé- rale sa cavité et ses orifices, que la nature supplée à l'absence d'un oviducte ou d'un canal déférent. Chez les Poissons osseux, il n'en est plus de même : les produits de l'ovaire et du testicule ne tombent pas dans la cavité abdomi- nale et sont expulsés à l'aide d'un canal particulier formé par un prolonge- ment de l'enveloppe membraneuse de ces organes. Mais les anatomistes signalentàcetégarduneanomalieremarquable. En effet, chez les Sal moues, les organes mâles sont conformés d'après le type ordinaire; mais chez la femelle, il n'existe pas de canal particulier pour la sortie des œufs, et ces corps tombent dans la cavité abdominale, comme chez la fjamproie. Cette particularité semblait indiquer une différence fondamentale entre la structure de l'appa- reil femelle chez les Salmones et chez les autres Poissons osseux; lïiais les observations de l'auteur du Mémoire dont nous rendons compte font voir qu'il n'en est rien. Effectivement, il a constaté que, dans le jeune âge, les Salmones ont un oviducte comme les Poissons osseux ordinaires , mais que parles progrès du développement, ce conduit s'obhtère et se transforme en un simple cordon suspenseur; de sorte que l'appareil, ne possédant plus un canal excréteur effectif , emprunte à la cavité abdominale une voie de sortie pour les produits , de même que chez les Cyclostomes, où il n'existe rien qui représente , ni physiologiquement ni anatomiquement, un oviducte ( 7o8 ) proprement dit. La constatation de l'existence de cet oviducte transitoire des Salmones est un fait intéressant en lui-même , et qui acquiert une nouvelle importance par l'emploi qu'on en peut faire dans la discussion d'une théorie nouvelle relative aux affinités naturelles des animaux. » Lesobservations de l'auteur sur la structure du testicule sont entachées de quelques inexactitudes dues à la méthode d'investigation dont il a fait usage. Elles fournissent néanmoins plusieurs résultats importants pour la zoologie , car elles tendent à établir que la disposition des éléments anatomiquesde cet organe sécréteur du sperme diffère dans les trois grandes divisions naturelles de la classe des Poissons , et varie aussi lorsqu'on passe des Amphibiens aux Reptiles et aux Oiseaux, ou de ces derniers aux Mammifères. Chez les Gyclostomes, les organules spermatogènes sont de simples capsules ou cellules sans ouverture; chez les Poissons osseux, ce sont des canaux très- irrégiiliers et s'anastomosant fréquemment entre eux, de façon à constituer une masse d'apparence spongieuse; chez les Plagiostomes , ce sont des tubes renflés à l'extrémité eu manière d'ampoule; chez les Amphibiens, des cœcumsgros et courts; chez les Reptiles et les Oiseaux, des tubes allongés et rameux; enfin chez les Mammifères, ce sont aussi, comme on le sait, des tubes étroits et très-longs, mais entortillés de façon à constituer des lobes. " L'aiiteur du Mémoire n" 2 a fait aussi une série de recherches intéres- santes sur l'épididyme, dont il a constaté l'existence chez tous les animaux vertébrés où il existe des glandes accessoires dans l'oviducte ou dans l'utérus de la femelle; tandis que, chez les Vertébrés dont l'ovule ne reçoit aucune tunique nouvelle après sa sortie de l'ovaire , il n'y a pas chez le mâle un épididyme pour l'élaboration ultérieure delà liqueur séminale fournie par le testicule. L'auteur rectifie aussi plusieurs erreurs dans lesquelles des anato- niisles d'un grand mérite étaient tombés relativement à la structure de cette portion de l'appareil mâle , et à ses rapports avec les conduits uri- naires; mais ce sont là des faits de détail, sur lesquels nous ne devons pas nous arrêter ici. » Nous nous abstiendrons également de parler des observations qui viennent simplement confirmer des faits déjà bien constatés par d'autres anatomistes, ou sanctionner des vues précédemment admises dans la science. En effet, les rechei-ches de l'auteur touchent à presque tous les points de l'histoire des organes reproducteurs; et, pour en montrer l'intérêt à ce point de vue, il nous faudrait dépasser de beaucoup les limites ordinaires d'un Papport. ( 709 ) " Nous nous bornerons donc à ajouter, qu'après avoir rendu compte des travaux dont l'appareil de la génération des Poissons, des Batraciens, des Reptiles, des Oiseaux et des Mammifères a été l'objet depuis la publi- cation de ÏAnatomie comparée de Cuvier, et avoir exposé les recherches qui lui sont propres, l'auteur se livre à la discussion de quelques points encore indécis relativement à la théorie des analojjues , et termine son Mémoire par l'examen de la valeur des caractères zoologiques que fournit la structure de cet appareil. » Dans ce dernier chapitre, l'auteur s'attache à montrer que ces carac- tères sont d'un ordre d'autant plus élevé , qu'ils sont fournis par la considé- ration de parties qui, elles-mêmes, sont plus intérieures et plus fonda- mentales dans l'appareil de la génération. La disposition anatomique d'aucuns de ces organes ne constitue un caractère dominateur dans les grandes classes de l'embranchement des Vertébrés; mais elle fournit souvent d'importantes lumières pour l'étude des affinités naturelles de ces divers types entre eux, et pour l'établissement des groupes secondaires. » En résumé, le Mémoire n* i ne résout pas, d'une manière complète, la question vaste et ardue que l'Académie avait posée. Ce travail n'est même pas exempt d'erreurs, mais on y trouve un nombre très-considérable d'ob- servations précises et intéressantes; il n'a été dépassé en mérite par aucun des ouvrages présentés au concours, et nous a semblé digne de récompense. >' Le Mémoire n° 3 est également accompagné d'un atlas renfermant trente et une planches, cent quarante dessins et un tableau qui représente les traits principaux de la dégradation de l'appareil reproducteur, chez les deux sexes et dans les cinq classes de Vertébrés. » Conformément aux notions acquises sur ce vaste appareil, l'auteur de ce Mémoire le divise en trois zones : >» La première renferme les organes générateurs fondamentaux: le testi- cule, l'épididyme, l'ovaire et son pavillon. » La seconde contient l'appareil déférent dans les deux sexes : l'oviducte, l'utérus, quand il existe, le canal déférent et la vésicule séminale. » La troisième est destinée à l'appareil de copulation et de transmission au dehors du produit engendré. 1) La description de ces organes a été faite sur nature par l'auteur; c'est une vérification nouvelle très-intéressante de ce vaste appareil, faite le scalpel à la main, en se conformant, avec une exactitude rigoureuse, aux espèces in- diquées par le programme. • » Dans la première zone, il constate la dégradation du testicule, de C.R., i847,l"Seniej«re.(T.XXlV, M0 17.) 9^ ( 7ÏO ) l'Homme à la Lamproie et aux Mixioés, en remarquant, chez quelques-uns, comme la Couleuvre à collier, la Carpe, le Triton et le Squale (émissole ;, des particularités de structure qui dérangeraient l'ordre reçu en zoologie, si l'on n'avait égard qu'à la disposition des conduits séminigènes. >' Sur l'ovaire , qui, chez les femelles, est, comme tout le monde le sait, l'analogue du testicule, la dégradation est moins marquée. ,j,» Quant à leur produit, l'auteur confirme, par ses propres observations, la disposition vésiculaire primitive des spermatozoïdes et de l'ovule : décou- verte importante due aux travaux des zootomistes modernes. » En outre, dans cette zone, les anatomistes remarqueront avec quelle habileté peu commune l'auteur a manié la méthode de déplissement pour montrer l'analogie de composition du testicule dans les cinq classes, et ex- pliquer, dans quelques-unes, leur différentiation extérieure. Nous citons ce résultat, parce qu'un auteur vient encore de recourir à la méthode des coupes, jugée depuis si longtemps par les anatomistes. " Dans la zone conductrice, qui très-souvent est une zone d'incubation, la dégradation est constituée par l'absence de la vésicule séminale chez les mâles, vésicule dont les modifications répètent, à beaucoup d'égards, celles del'utértis. . A» Cet;te conformité de dégradation des deux organes est une preuve de plus à ajouter à celles sur lesquelles repose leur analogie. Elle dispensera peut-être de rechercher un autre représentant de l'utérus chez les mâles des Mammifères et chez l'Homme. » Un caractère distinctif des deux sexes dans les cinq classes consiste, chez les mâles, dans la continuité des tubes séminigènes, par l'intermédiaire de l'épididyrae : il n'y a d'exception que chez la Lamproie et les Mixinés. Au contraire, chez les femelles, le pavillon de l'oviducte est constamment séparé de l'ovaire, excepté chez les Poissons osseux, tels que la Carpe, où par une exception fort singulière , l'ovaire est enveloppé de toutes parts par l'oviducte. ,,» Un fait fort remarquable, aussi déjà acquis à la science, et confirmé par l'auteur du n° 3, est l'absence de zone conductrice spéciale chez les Mixinés et les Lamproies mâles et femelles. La cavité abdominale y supplée, ainsi que nous venons de le dire dans l'analyse du n° a. » La troisième zone, qui sert à la fois à l'acte de la copulation et à l'émis- sion au dehors du produit de la génération, est la plus diversifiée des trois; cette diversité a pour principale cause le rapprochement et la fusion des extrémités terminales des appareils générateurs et urinaires qui s'effectuent sur ce point. C'est aussi sur cette région que la dégradation de l'appareil (711) reproducteur est plus mauiteste dans les cinq classes, à cause , d'une part , de l'addition de certaines glandes dans quelque classe, et de la fusion déjà indiquée des deux appareils. " Le canal de l'urètre chez les mâles des Mammifères, ce canal et le vap^^in chez les femelles délimitent cette zone. f;.,\r>.!i ^. .!<.•,;>,.: n On y remarque chez l'homme la prostate et les glandes de Cowper qui se rencontrent chez tous les Mammifères, excepté chez le Kanguroo et TOr- nithorhynque chez lesquels la prostate disparaît. Sur le premier, on trouve quatre glandes de Cowper, sur les côtes du canal, et deux seulement chez le second. ^ "vt , -. « Chez les Oiseaux, l'auteur du n" 3 a fait une étude nouvelle et très- approfondie de la.boursedeFabricius, qui lui paraît , à raison de ses rapports, l'analogue des glandes de Cowper, plutôt que le représentant de la prostate. » Dans les autres classes cet appareil glandulaire disparaît complètement, excepté chez le Triton , où ces dernières glandes reparaissent avec un excès de développement. » Chez tous les mâles des Mammifères, le canal de l'urètre est distinct du rectum, excepté chez l'Ornithorhynque sur lequel ce canal se bifurque pour déboucher par une de ses moitiés au dehors, et par l'autre dans la fin du canal intestinal. Ce fait connu a été de nouveau vérifié et très-bien repré- senté par l'auteur. " Au delà, la fusion est générale dans toutes les classes, excepté chez les Poissons osseux , et , en particulier, chez la Carpe , où cette disposition est décrite et représentée avec une grande exactitude. Chez le Triton, l'isole- ment des conduits séminifères et urinaires dans le rectum est aussi un fait d'autant plus curieux, que jusqu'à l'auteur, on les avait crus confondus. » Chez les femelles des Mammifères, le conduit urinaire et le vagin dé- bouchent isolément au dehors, jusque chez le f^apin, chez lequel ce conduit s'ouvre dans le vagin, ainsi que chez le Kanguroo. » Sur l'Ornithorhynque, chez les Oiseaux et les Reptiles, le débouchement s'opère dans le rectum. Chez les Poissons osseux, et en particulier chez la Carpe, ce débouchement s'isole de nouveau. » Ces faits étaient connus , mais leur anatomie descriptive était loin d'offrir la précision et l'intérêt que leur a donnée l'auteur par leur rappro- chement et leur comparaison. « L'analogie des parties composant cette zone dans les deux sexes a été traitée avec soin par l'auteur du n° 3, ainsi que par ceux des n"' a et 5. Mais tous ont éludé une partie difficile du problème , qui consiste à trouver chez 93.. ( 712 ) les femelles des Mammifères le représentant de la prostate des mâles. Nulle des analogies proposées jusqu'à ce jour n'est satisfaisante. >' D'après les connexions et les rapports, l'analogie de la prostate chez la Femme paraît être représentée par la glande urétro -vaginale décrite il y a près de deux siècles par Bartholin , revue par Tiedemann et retrouvée dans ces dernières années par un anatomiste français, par M. Huguier. " Une anatomie comparée de cette glande chez les femelles des Mam- mifères eût sans doute donné à cette détermination toute la certitude désirable. » Considérant maintenant ces trois zones des organes reproducteurs dans leur ensemble et dans les cinq classes , il résulte , d'après l'auteur, que la première, qui constitue le centre de l'appareil, est la plus similaire des trois; que la seconde, qui en forme la région moyenne, est beaucoup plus diver- sifiée , et que la troisième , qui débouche à l'extérieur, est non-seulement la plus diversifiée de toutes, mais celle encore sur laquelle les différences sont le plus tranchées. D'où il suit, comme conséquence , que la dégradation des organes, peu sensible sur la première, le devient déjà beaucoup sur la se- conde , et se trouve portée sur la troisième à son plus haut degré. » Cette conclusion, déduite du travail du n° 3, est d'autant plus impor- tante , qu'elle est conforme à ce que l'anatomie comparée a déjà constaté sur les autres appareils organiques. » D'où il suit enfin , comme conséquence dernière, que les faits exposés dans ce Mémoire, et représentés par des dessins d'une perfection rare, pourront fournir à la zoologie des données utiles pour la classification , en indiquant avec précision les parties de l'appareil reproducteur sur lesquelles résident plus particulièrement les caractères différentiels. » Ces caractères différentiels , nul des concurrents n'a été assez heureux pour les saisir et en exprimer la valeur relative dans les cinq classes de Ver- tébrés. » L'auteur du n° 3 ayant pris pour base les organes de la première zone, a échoué dans cette tentative. » Quoi qu'il en soit, le mérite de la partie anatomique lui a valu la distinc- tion que la Commission propose de lui accorder. » Ce Mémoire porte pour épigraphe : « La génération est le plus grand mystère que nous offre l'économie des » corps vivants. » [Cuvier.) » La Commission propose, en troisième lieu, d'accorder un accessit à l'auteur du Mémoire n° 5 , ayant pour épigraphe : ( 7»3 ) « Naturœ contemplatio est ad Dei admirationem proxima et apertis- n sitna via. » n Ce Mémoire, très-remarquable par l'érudition qu'il renferme, contient une analyse très-bien faite des recherches dont le zoosperme et l'ovule ont été l'objet depuis quelques années. L'auteur y a ajouté des études qui lui sont propres, et relatives particulièrement à leur mode de production: question physiologique du plus haut intérêt, et qui se rattache à la théorie générale des sécrétions. » Ces recherches intéressantes, mais qui occupent trop de place dans le travail, ont détourné l'auteur du but de la question, qui demandait, avant tout, une étude nouvelle et approfondie des organes de la reproduction, dans les deux sexes, chez les animaux composant les cinq classes de Vertébrés. » Il est résulté de là que ses diverses parties n'ont pas été traitées, et que, le plus souvent , l'auteur s'en est rapporté à ce qui avait été fait avant lui. » La Commission a constaté ces lacunes avec d'autant plus de regret, que, d'une part, la dégradation de l'épididyme, qu'il a traitée ex professa, est remplie d'intérêt ; et que , de l'autre , la myologie de la région cloacale et des organes copulateurs, chez les mâles, est faite et représentée avec une précision qui dénote dans l'auteur un talent anatomique très-exercé. Nous citerons spécialement la myologie de ces régions chez les Lézards. )i En terminant, la Commission croit devoir constater, dans ce concours, un progrès très-sensible dans l'anatomie de structure , trop négligée par nos prédécesseurs. Ce progrès est évidemment le résultat de l'application du microscope aux recherches hystologiques. » Tous les concurrents ont mis plus ou moins en œuvre ce procédé, et tous en ont retiré des résultats plus ou moins utiles. Leur concordance sur plusieurs des organes fondamentaux de l'appareil reproducteur, dans les di- verses classes des Vertébrés, permet d'espérer que l'hystologie retirera, de l'emploi du microscope, les mêmes avantages qu'en ont retirés l'ovologie et l'embryogénie comparées. C'est, au reste, une application heureuse des ouvrages remarquables qui ont été publiés, en France et à l'étranger, sur cette branche si difficile des sciences anatomiques. " La Commission propose à l'Académie ; •' 1°. De partager le prix entre les auteurs des n°* 2 et 3; " a°. D'accorder, à titre d'accessit, une médaille à l'auteur du n° 5; 1 3°. Et de mentionner honorablement les Mémoires n"* i et 4- " Les auteurs du Mémoire n" i , qui a partagé le prix , sont MM. Pappenheim et VoGT. ( 7i4 1 " . » L'auteur du Mémoire n° 3, qui partage le prix avec le numéro précé- dent, est M. Martin Saint-Ange. j, >• L'auteur du Mémoire n" 5 , qui a obtenu l'accessit, est M. Lereboullet. " >,. RAPPORT SUR LE PRIX RELATIF AU DÉVELOPPEMENT DU FOETUS CHEZ LES OISEAUX ET LES BATRACIENS. (Commissaires, MM. Flourens, Seri-es, Duméril , Vèlpeau, Dumas rapporteur.) " L'Académie a mis au concours la question suivante; .,^,1 » Déterminer, par des expériences précises, quelle est la succession des changements chimiques , physiques, et organiques qui ont lieu dans l'œuf pendant le développement du fœtus, chez les Oiseaux et les Batraciens. •> Les concurrents devaient tenir compte des rapports de l'œuf avec le mi* lieu ambiant naturel; ils avaient à examiner, par des expériences directes, l'influence des variations artificielles de la température et de la composition chimique de ce milieu. «nii » L'Académie désirait que, loin de se borner à constater, dans les diverses parties de l'œuf, la présence des principes immédiats que l'analyse en retire, les auteurs fissent tous leurs efforts pour constater, à l'aide du microscope , l'état dans lequel ces principes immédiats s'y rencontrent. » Les concurrents avaient, en outre, à examiner, pour les œufs d'Oiseaux, leur incubation dans divers gaz; pour ceux des Batraciens , leur développe- ment dans des eaux plus ou moins chargées de sels, plus ou moins aérées. " Trois Mémoires ont été adressés à l'Académie , à l'occasion de ce con- " La Commission, malgré sa profonde estime pour l'auteur du Mémoire inscrit sous le n" 2, n'a pu l'admettre à concourir. La question posée par l'Académie embrasse à la fois la partie chimique, le côté anatomique et l'histoire physiologique des questions que le développement de l'œuf ren- ferme. L'auteur n'a réellement envisagé que le côté anatomique : son ouvrage présente une monographie très-exacte des faits connus aujourd'hui sur le développement de l'œuf; l'auteur y ajoute quelques observations qui lui sont propres, mais il n'aborde ni le côté chimique ni le point de vue physiolo- giquedusujet,,^^j^,^.,^\. " f^a Commission , en vertu du même principe, vous propose d accoi'der une mention honorable seulement à l'auteur du Mémoire n° 3 , qui , tout en se .montrant fort capable de traiter la question sous tous ses aspects, s'est borné à vous adresser quelques expériences relatives à la composition de l'œnf des Oiseaux , et sur les modifications qu'elle peut éprouver sous l'influence des divers réfjimes auxquels la Femelle qui les pond a été soumise. » Elle regrette que l'auteur ait cru devoir restreindre ses recherches dans uu plan trop étroit. Il lui était facile d'embrasser l'ensemble de la question , et il serait même à souhaiter, dans l'intérêt de la science, qu'il ptit se livn^r à des expériences plus complètes et plus approfondies, sur un sujet qu'il a abordé à un point de vue qui lui est propre. " Votre Commission vous propose, à l'unanimité, de décerner le prix à l'ouvrage inscrit sous le n" 4 , et qui a pour épigraphe la phrase suivante : « Tous les tissus de l'économie animale sont formés de particules vivantes, •' et partout il leur faut de l'oxygène. » " Dans cet ouvrage, accompagné d'un bel atlas dont vos Commissaires ont apprécié toute l'exactitude, il est non-seulement question, selon le voeu de l'Académie, des œufs de Poules, qui ont toujours fixé plus particulièrement l'attention des observateurs, et dont l'incubation se fait tout entière hors du corps de la femelle, de ceux des Batraciens qui sont dans le rnême cas, mais qui se développent sous l'eau, et qui sont d'une étude commode et facile à divers points de vue; mais de plus, des œufs de la Couleuvre à collier et de la Couleuvre lisse, dont l'incubation se fait en partie dans les oviductes. » L'étude de leur développement y est considérée au point de vue chi- mique, sous le rapport de la composition de l'œuf avant, pendant et à la fin de l'incubation. » L'influencé de l'air, de l'eau, des sels, des gaz irrespirables y fait l'objet d'expériences nombreuses, bien coordonnées et décisives. n Celle de la chaleur et de la lumière y trouve sa place, avec tous les développements qu'elle exige. » Enfin, la partie anatomique y est traitée avec une véritable supériorité. Dans un sujet aussi souvent approfondi , il était difficile de se promettre des découvertes saillantes; mais, à leur défaut, cet ouvrage brille par des détails d'une incontestable précision, mis en lumière par une discussion savante, appuyée sur des dessins d'un fini remarquable. » Au triple point dé vue posé par l'Académie, l'ouvrage n" 4 nous paraît donc digne du grand prix pour les Sciences physiques, proposé pour l'année i846. » La Commission exprime un regret en terminant; c'est de voir un aussi bel ouvrage, riche de tant d'expériences, désiré et commandé par l'Aca- ( 7^6 ) demie, rester pour son auteur une cause de dépenses que peu de particuliers osent aborder. >' Les appareils coûteux que sa composition a exigés ; les frais considé- rables que la confection de l'atlas a dû entraîner; la dépense non moins grande qui reste à faire, si l'on veut entreprendre sa publication , si dési- rable dans l'intérêt de la physiologie , tout fait regretter à la Commission la modicité relative d'un prix qui s'adresse évidemment à un ami sincère de la science, et dont elle aurait désiré pouvoir encourager plus efficacement en- core le travail consciencieux. » Les auteurs du Mémoire n" 4» qui a obtenu le prix , sont MM. Baudri- MONT et Martin Saint-Ange. " L'auteur du Mémoire n" 3, qui a obtenu une mention honorable, est M. Sacc, professeur à Neufchâtel. « PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. RAPPORT SUR LE PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE POUR L'ANNÉE i845. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Serres, Magendie, Duméril , Flourens rapporteur.) « La Commission accorde le prix à M. Bernard pour ses expériences sur les nerfs pneumogastrique et spinal ou accessoire de PF'illis. » Il n'est aucun nerf sur lequel on ait plus fait d'expériences que le nerf de la huitième paire ou pneumogastrique. Depuis Galien jusqu'à nous, il n'est peut-être pas un seul physiologiste qui ne l'ait coupé. On a , tour à tour, étudié son action sur les trois grands viscères auxquels il se rend : le cœur, les poumons et Yestomac. On a étudié ses actions particulières sur le larynx et ïœsophage; et l'on pourrait écrire une longue histoire , qui serait pleine d'intérêt, de ces études successives et des résultats curieux qu'elles ont produits. >i Le nerf spinal a été beaucoup moins soumis à l'expérience. Nous devons pourtant rappeler ici la vue ingénieuse de Ch. Bell, qui le considère comme le nerf excita-moteur des muscles trapèze et sternomastoïdien dans la part qu'ils prennent au mécanisme respiratoire. " En i832, M. Bischoff eut, relativement aux deux nerfs qui nous occu- pent, une idée aussi remarquable que neuve. 11 pensa que ces deux nerfs pourraient bien ne former qu'une seule paire, dont le nerf pneumogastrique ( 7'7 ) . serait la racine postérieure , la racine sensitive; et le rierf spinal, la racine antérieure, la racine motrice. « Nervus accessorius Willisii, dit M. Bischoff, est nervus motorius atque eamdem habet rationem ad nervum vagum, qui sensibilitate solwnmodo prœest, quam antica radix nervi spinalis ad posticam. Oinnis rnotio cui vagus prœesse videtur ab accessorio ejficitur [i). » L'idée posée, M. Bischoff chercha à la démontrer par des expériences, mais par des expériences restées imparfaites, qui ne convainquirent point les physiologistes, et qui, en effet, comme nous le fait voir M. Bernard, ne devaient pas les convaincre ; car l'idée de M. Bischoff n'est pas l'idée vraie. » Il résulte, des expériences claires et précises de M. Bernard, que les deux nerfs pneumogastrique et spinal sont deux nerfs distincts , et que l'un n'emprunte rien à l'autre. » Mais ce n'est pas tout : M. Bernard a trouvé que le nerf spinal lui- même se compose réellement de deux nerfs , distincts dans leurs origines et leurs terminaisons. " De ces deux nerfs, l'un est ce qu'on appelle comumnément la branche externe da spinal. Il naît delà moelle cervicale, et n'a aucune connexion avec ]e pneumogastrique. • • ...: " fi'autre est ce qu'on appelle la branche interne du spinal. Il naît de la irwelle allongée, et se réunit, en totalité, au nQvi pneumogastrique, pour aller ensuite se répandre dans le pharynx et dans le larynx. n C'est l'arrachement de ce nerf-ci, et de ce ner/^ci seul, qui produit ïaphonie. ' i. " M. Bernard a imaginé un procédé opératoire par arrachement, au moyen duquel il enlève toutes les origines des deux nerfs spinaux à la fois. Ce procédé consiste à saisir le nerf complexe à l'endroit même où il sort du trou déchiré postérieur. . ■ ~ '^ „ ■ » Si on le saisit plus bas, on n'arrache que le nerf <\e la moelle cervicale, et l'on n'éteint pas la voix; la voix n'est éteinte que lorsqu'on arrache le nerj de la moelle allongée. » Or, les animaux auxquels on a arraché le rierj spinal entier, et qui , par conséquent, ont tout à fait perdu la voix, n'en vivent pas moins. Leur diges- tion , leur respiration , leur circulation continuent ; le nerf pneumogastrique possède donc encore ?,a force motrice relativement à ces trois fonctions : il (i) Nervi accessorii Willisii Anatomia et Physiologia. Darmstadt , 1882 , page 3. , C. R., 1847, i*-' SemejKc. (T \X1V, N" 17 ) 94 ( 7i8 J ne peut donc être considéré comme ne jouant que, le seul rôle d'une racine postérieure. « M. Bernard a répété ses expériences devant la Commission; il lui a montré ses préparations; et tout, dans ces anatomies délicates, tout, dans ces expériences, aussi importantes que difficiles, a également satisfait la Commission. " La Commission accorde une mention honorable à M. Parchappe, mé- decin de l'asile des Aliénés de Rouen, pour un travail, très-éteudu et très-^ approfondi, sur Vanatomie et la physiologie du cœur, considéré dans l'Homme et les Mammifères. " L'auteur cherche d'abord , dans ce travail, à prouver que le rôle que jouent les appareils valvulaires , dans l'occlusion des orifices auriculo-ventri- culaires, est un rôle actif , l'effet d'une véritable contraction musculaire. » Le second objet de l'auteur est de prouver que la contraction des oreillettes est l'agent réel et efficace de l'expulsion du sang de leur cavité dans la cavité ans ventricules ; que la diastole, soit dans les oreillettes, soit dans les ventricules , ne représente point une force d'aspiration, et, par con- séquent , qu'il est inexact d'assimiler le mécanisme du cœur à celui d'une pompe aspirante et foulante. " Ces deux propositions ont fixé 1 attention de la Commission; mais elle n'a pas trouvé que l'auteur, qui les expose et les discute d'ailleurs avec beaucoup de talent , les ait appuyées sur des expériences suffisamment multipliées. " La Commission avait reçu encore deux autres Mémoires, et tous deux de M. JoBERT (de Lamballe). L'un de ces Mémoires était relatif à la termi- naison en ansea.es nerfs de Vappareil électrique de la torpille; l'autre avait pour objet la sensibilité persistante des lambeaux autoplastiques, malgré la discontinuité persistante, et complète, des nerfs de ces lambeaux avec le système nerveux. 1) Les pièces, préparées depuis longtemps par M. Jobert (de Lamballe) ^ se sont trouvées altérées au moment où il les a présentées à la Commission y l'examen des deux questions importantes, soulevées et traitées par cet habile anatomiste, a donc été renvoyé à l'année prochaine. » ( 7'9 ) PRIX RELATIFS AUX ARTS INSALUBRES. - RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE i845. (Commissaires, MM. Dumas, Chevreul, Rayer, Pelouze, Poncelet, Payen rapporteur.) « Plusieurs applications utiles oot paru dignes d'intérêt et de nature à concourir pour les prix de la fondation Montyon. » La Commission a particulièrement remarqué , sous ce rapport , le pro- cédé de M. SuQUET pour l'assainissement des amphithéâtres de dissection; mais la durée des expériences n'a pas paru suffisante encore pour fixer défi- nitivement l'avis de vos Commissaires sur l'utilité et l'importance de cette méthode. ' . - » Une autre application déjà signalée dans ce concours, la distillation de l'eau de mer à bord des navires, méritera sans doute une des récompenses, lorsqu'il aura été prouvé que l'appareil examiné fonctionne avec avantage sur un assez grand nombre de navires, pour qu'on ait la certitude que cette amélioration est définitivement admise dans la pratique. " La Commission n'a pu obtenir les documents utiles pour fixer son opi- nion à cet égard; elle a l'honneur de proposer à l'Académie de renvoyer cette question à la Commission qui sera nommée pour le concours prochain. " Les procédés d'épuration des gaz de l'éclairage ont fait des progrès no- tables et tels, que leur auteur méritera bientôt, nous le croyons, une des récompenses que l'Académie décerne. » L'une des prochaines Commissions pour ces prix spéciaux pourra sans doute compléter les renseignements favorables que déjà nous avons recueillis dans plusieurs départements et en Belgique. » Il nous a semblé que les plus légers doutes devaient être entièrement dissipés, avant qu'il fût convenable de formuler une proposition de prix. » Chacun comprendra notre réserve, en songeant que cette application utile touche aux intérêts graves de la salubrité publique des villes , comme aux intérêts particuliers des compagnies industrielles. " La Commission a trouvé un objet digne du prix Montyon dans les moyens de sûreté proposés par M. Laignel et appliqués aux chemins de fer; elle avait réclamé l'adjonction de l'un de nos confrères compétents dans cette matière, et ce fut effectivement avec le concours de M. Poncelet qu'elle a discuté et unanimement voté la proposition qui vous est soumise. 94- ( 720 ) " Ce sont les motifs exprimés par M. Poncelet que je vais avoir l'honneur de communiquer à l'Académie. » Les membres de l'Académie ont pu remarquer , dans plusieurs circon- stances, que M. Laignel est un homme fort ingénieux , à idées simples, mais utiles et fécondes; il s'est principalement préoccupé des moyens d'assurer la vie des voya^jeurs contre les accidents si fréquents et si déplorables sur- venus sur les chemins de fer : son système de parachoc ou châssis à câbles propres à amortir, par la rupture successive de ces câbles, l'intensité des forces vives à la rencontre dés convois ; le dispositif original par lequel il sest proposé de neutraliser les effets de la force centrifuge dans les tour- nants et croisements de chemins de fer, dispositif qui a déjà valu à M. Lai- gnel un prix décerné en iSSg par la Commission des arts dangereux ou in- salubres; toutes ces combinaisons, auxquelles il faudrait joindre celle qu'il a proposée en vue d'éviter les accidents provenant de la rupture des essieux, offrent autant de preuves de ce qui vient d'être avancé relativement à son esprit inventif. » Aujourd'hui, la Commission chargée de décerner le même prix a jugé qu'il y avait lieu de récompenser plus digneraentencore le système de frein pour lequel M. Laignel s'est fait breveter dès le mois de mars i838, et qui a rendu de si grands services à la descente du chemin de fer d'Ans à Liège. » Le système ordinaire, ou ancien système, consiste, comme on sait, à arrêter les roues de la locomotive ou des wagons, par une transmission de leviers plus ou moins énergiques, et à obliger ainsi ces roues à glisser sur les rails , par un frottement de première espèce , incomparablement plus fort que celui de roulement ou de seconde espèce. Mais ce procédé a le grave inconvénient d'occasionner une assez forte perte de temps, de provoquer le prompt et inégal usé des jantes de roues, et de ne point offrir toute l'é- nergie et les garanties de solidité désirables. >' Le frein de M. Laignel n'offre pas, à beaucoup près, les mêmes iticon- vénients : il se compose de deux sabots ou patins en fer occupant une partie de l'intervalle des roues consécutives, ayant la forme renversée des rails , et munis de rebords latéraux intérieurs; ce couple de sabots, relié sohdement au châssis des brancards par un système de traverses et étriers en fer qui le guident, est abaissé parallèlement, au moyen d'une vis verticale, mue par une manivelle montée sur le plancher du wagon, que soutiennent à leur tour de fortes traverses. C'est ce dispositif, assez puissant pour permettre de soulever entièrement, mais d'une très-petite hauteur, la caisse des wagons- freins à quatre ou six roues, de manière à empêcher que celles-ci ne portent ( 721 ) sur les rails; c'est, disons-nous, ce dispositif qui, appliqué en 1842 au plaa incliné de Liège, dont nous avons déjà parlé, a si efficacement prévenu , en juin i844i les effroyables accidents qu'aurait inévitablement entraînés la rup- ture de l'un de ces câbles servant à élever ou à retenir les wagons le long de ce même plan. , " Les droits de M. Laignel à celte utile invention sont généralement re- connus en Belgique , et l'administration du chemin de fer de Liège , à laquelle il avait présenté un modèle de frein en septembre i838, lui a rendu, à cet égard , une pleine justice. " Enfin, les autres services qui lui sont dus, sous le rapport de la sécurité des voya;^es en chemins de fer, ont paru à la Commission mériter à cet ho- norable inventeur une récompense du premier ordre , qui doit être considérée comme une juste rémunération des sacrifices pécuniaires auxquels l'ont en- traîné des essais et des expériences de tous genres, entrepris dans le but si louable de prévenir de trop fréquents et funestes accidents. >' La Commission, à l'unanimité, propose de décerner à M. Laignel un prix de deux mille cinq cents francs. » , ,,, ». PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. RAPPORT SUR LES PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE POUR L'ANNÉE i845. (Commissaires, MM. Serres, Duméril, Magendie, Andral, Roux, Rayer, Lallemand, Milne Edwards , Velpeau rapporteur.) « La Commission chargée par l'Académie d'examiner les travaux de mé- decine et de chirurgie relatifs au prix Montyon, n'a point eu à s'occuper, cette année, d'un aussi grand nombre d'ouvrages que les années précédentes. Ce n'est pas que les pièces qui lui avaient d'abord été remises fussent en réalité plus rares qu'à l'ordinaire, mais bien parce que, tenant à la lettre du règlement, elle n'a admis que les objets officiellement déposés au secré- tariat avant le I*'' avril 1846, et parce qu'elle s'est ainsi crue obligée de rér server pour le concours de l'année suivante le plus grand nombre des travaux dont on l'avait mise en possession. 1. Parmi les ouvrages qu'elle a conservés, et qui appartiennent à l'année 1845, elle n'en a trouvé que cinq qui pussent prétendre aux faveurs des legs Montyon; encore faut-il ajouter qu'aucun de ces ouvrages n'a paru digne, soit d'un prix , soit même d'une récompense : ce sont de simples encourage- ( 722 ) ments que la Commission propose de leur accorder. Us appartienuent à MM. GuiLLOiv, Brière de Boismont, L. Boyer, Morel-Lav allée, Maisonneuve. » Deux autres auteurs ont cependant paru mériter aussi une mention spéciale. L'un, M. le docteur Boudin, s'est livré à des recherches intéres- santes relatives à la géofjraphi(; médicale, à l'antagonisme qui existe, selon lui , entre la phthisie pulmonaire et les fièvres intermittentes, eu égard aux lieux où se développent ces maladies. Le travail de ce médecin dénote un vé- ritable talent, et contient déjà des documents qui pourront être utiles à la solution de questions difficiles et controversées, f/autre , M. Castiglioivi , a publié un long Mémoire sur quelques maladies des artères, sur l'artérite et la lithiasie artérielle en particulier. Rédigé pour une Académie étrangère, qui l'a d'ailleurs couronné, ce travail annonce chez l'auteur une vaste érudition et des connaissances pathologiques fort étendues; mais, malgré tout l'intérêt qu'il présente, comme il ne renferme en définitive aucun fait absolument nouveau, la Commission se borne à le signaler aux savants. " M. GuiLLOJV. Le travail de M. Guillon est relatif au broiement de la pierre dans la vessie. Invention heureuse, conquête importante de la chi- rurgie moderne, la lithotritie n'en est pas moins encore une opération sé- rieuse, parfois difficile, souvent dangereuse. Avec les instruments générale- ment employés, une pierre de médiocre volume est assez facile à saisir et morceler. Sous ce point de vue , la pince à deux branches et fenétrée , telle que la fabriquent maintenant les principaux ouvriers de Paris, ne laisse que peu de chose à désirer. Mais cet instrument réduit les calculs en fragments anguleux, qui deviennent aussitôt des corps étrangers plus ou moins irri- tants pour la vessie et pour l'urètre. .^'^.^^ ^^^, » D'un autre côté, quand il n'y a dans les organes que de petits calculs, ou de simples fragments, les branches du litholabe sont trop étroites et ont des bords trop relevés pour saisir aisément le corps étranger. Ces défauts, que les chirurgiens ont sentis dès le principe, avaient fait naître l'idée de pinces dites à cuillers ou en hec-de-cane , pinces qui semblaient offrir l'avan- tage d'embrasser et de mieux retenir les parcelles de pierres sans fatiguer autant la vessie. Par malheur, en prenant un peu plus de largeur, l'instru- ment, ainsi modifié, perdait de sa force et. de son aptitude à morceler les calculs d'un certain volume. On s'aperçut aussi qu'en se tassant au fond de la cuiller, les détritus empêchaient quelquefois de continuer l'opération ou de retirer la pince sans compromettre l'urètre. " Frappé à son tour des inconvénients du brise-pierre ordinaire, M. Guillon en a fait construire un auquel la Commission a reconnu plusieurs ( 7=^3 ) avantages. Par le peu d'élévation de ses bords, la cuiller de cet instrument appelle en quelque sorte les corps étrangers dans sa concavité, une fois qu'il est dans la vessie. Pour en faire agir les branches, l'auteur se sert d'un engre- nage et d'un levier qui lui permettent d'en graduer la puissance, d'en rendre la pression continue ou intermittente et sans secousse à volonté. Afin d'éviter le tassement des fragments broyés , M. Guillon a fixé sur la face concave de son brise-pierre une feuille d'acier qu'un mécanisme assez simple permet de soulever et de repousser. Il est ainsi facile de reprendre, de saisir, de broyer le calcul ou ses fragments un grand nombre de fois dans la même séance sans retirer l'instrument. , . . , » Il est vrai que des essais du même genre avaient déjà été faits il y a longtemps ; qu'on avait ajouté à la cuiller de certains litholabes diverses sortes de languettes, de tiges, de plaques, dans l'intention de dégorger l'instru- ment, chaque fois que les détritus du calcul venaient à en embarrasser les mors. Il est vrai encore qu'après avoir établi une fenêtre dans le talon des pinces à cuillers, les chirurgiens, qui n'emploient du reste cette forme de l'instrument que pour les petits calculs ou les fragments de calculs, ont re- noncé à toute languette interposée. Mais il est également vrai que l'instru- ment de M. Guillon a paru plus complet, plus franchement applicable qu'aucun autre, sous ce rapport. Ayant eu, en outre, la pensée d'attacher sa feuille de dégorgement à l'extrémité libre de la cuiller, en même temps qu'un fil de métal tient au sommet de l'autre branche, l'auteur s'est ainsi mis en mesure de rendre moins dangereuse qu'elle ne le serait sans cela , la rup- ture du litholabe dans la vessie. Par ce mécanisme, en effet, si l'instrument venait à se briser, les morceaux en seraient aisément retirés au dehors, puis- qu'ils resteraient naturellement attachés à la plaque de dégorgement ou au fil extracteur. 1) Tout ce qui tend à rendre le broiement de la pierre plus prompt, plus facile ou moins dangereux, a d'ailleurs tant d'importance, que la Commis- sion propose d'accorder à M. Guillon un encouragement de deux mille francs. „,» M. Briïire. Un ouvrage qui mériterait une grande distitiction si le but que l'auteur s'est proposé en le rédigeant avait été complètement atteint, si les questions qu'il agite étaient entièrement résolues, est celui de M. Brière de Boismont, et qui est relatif aux distinctions à établir entre certaines espèces de délire et la folie. » Plusieurs maladies aiguës, principalement caractérisées par le délire, peuvent simuler l'invasion de la folie. On comprend combien il importe de ( 7^4 ) distinguer, à leur début, ces affections les unes des autres, et, en particu- lier, de l'aliénation mentale. Les observations de Suton , en Angleterre, confirmées parcelles de MM. Duméril et Rayer, ont appelé l'attention sur une espèce particulière de délire aigu {delirium tremens) produit par l'abus journalier ou par de fréquents excès de boissons spiritueuses. Dupuytren a signalé une seconde espèce de délire (délire nerveux) , qui se déclare quel- quefois à la suite d'une blessure grave ou d'une opération douloureuse. Indépendamment de ces deux espèces de délire aigu, nettement caractérisées, et des délires qui peuvent être produits par certaines substances vénéneuses, en dehors des variétés de délire qu'on observe dans les fièvres graves et dans les inflammations cérébrales, l'observation clinique avait indiqué une autre espèce de délire aigu, qui n'avait pu être bien défini , faute d'un nombre suffisant de faits. " Les recherches de M. Brière sur le délire aigu observé dans les maisons d'aliénés, rapprochées de celles de M. Lélut, contribueront beaucoup à éclaircir ce point obscur de la science. La Commission a vu avec intérêt les efforts de l'auteur pour distinguer celte espèce de délire, de l'aliénation mentale et des autres affections avec lesquelles il peut être facilement confondu. Le travail de M. Brière se recommandant du reste par des faits bien étudiés , par des observations neuves sur un sujet très-difficiie et très- important , la Commission propose d'accorder à l'auteur une somme de quinze cents francs à titre d'encouragement. X M. L. BoYER. Par un de ses précédents Rapports, la Commission des prix Montyon s'était réservé un certain nombre d'ouvrages concernant l'opération du strabisme. Après avoir récompensé M. Stromeyer, qui a imaginé cette opération, et M. Dieffenbach , qui en a le premier fait l'application heureuse à l'homme vivant, elle a voulu attendre que l'observa- tion et le temps la missent à mêaie d'apprécier la valeur des travaux publiés depuis sur le même sujet. Aujourd'hui elle revient sur le Mémoire que lui avait adressé d'abord M. L. Boyer. Dans son travail, l'auteur insiste sur la distribution des aponévroses de l'orbite, déjà décrite par Tenon, M. Lucas,* M. Bonnet , etc. , sur les rapports que contractent les muscles divisés dans l'opération avec le globe oculaire, sur les avantages qu'il y aurait à opérer quelquefois les deux yeux , quoiqu'il n'y en ait qu'un seul de dévié , et, enfin , sur l'utilité de diviser les organes rétractés à travers une plaie située au-dessus ou au-dessous de l'espace interpalpébral. En agissant ainsi , M. Boyer a pour but de remédier à la plupart des petits inconvénients de l'opération prati- quée par les procédés ordinaires, à la saillie anormale de l'œil , à la produc» ■ ■ ( 7^5 ) tion d'unfongus souvent signalé par les chiruigiens , à la dépression de la caroncule lacrymale par exemple. " M. Farrall, de Londres, M. Jules Guérin avaient déjà proposé, dans la même intention, d'opérer sous la conjonctive ou par une toute petite plaie de la conjonctive. L'idée d'opérer les deux yeux, quand il n'y en a qu'un de louche, n'est pas neuve non plus. On la trouve exposée dans le travail même de M. Dieffenbach ; M. Bonnet, de Lyon , s'est efforcé d'en faire res- sortir les avantages; un chirurgien belge, M. de Nobele, est même allé jusqu'à soutenir que, dans tous les cas, il faut opérer les deux yeux. M. Elliot, en Angleterre, et quelques chirurgiens de Paris ont donné le même conseil, en invoquant de nombreux faits à l'appui. Sans se prononcer d'une manière absolue sur la valeur d'une telle doctrine, la Commission a pensé qu'il y avait lieu d'en encourager l'examen; et, comme M. Boyer, qui , bien qu'arrivé après plusieurs autres, l'a discutée avec un soin tout particu- lier, en a fait voir un certain nombre d'applications heureuses, c'est à lui que la Commission, prenant d'ailleurs en considération l'ensemble de son travail , propose d'accorder une somme de quinze cents francs à titre d'en- couragement. » M. Morel-Lavallée. Le Mémoire de M. Morel est relatif aux accidents que déterminent quelquefois sur la vessie les vésicatoires qu'on applique à la surface du corps. Les médecins ont remarqué de tout temps les ardeurs d'urine, la dysurie , les douleurs de vessie, et ce qu'éprouvent certains ma- lades au moment où ils subissent l'action des vésicatoires cantbaridés sur la peau. L'observation néanmoins s'en était à peu près tenue à cette simple notion. Etudiant le phénomène dans ses différentes phases, M. Morel en a donné une meilleure description. A un degré élevé, la cystite canthard- dienne est caractérisée par des concrétions pelliculaires, par de véritables fausses membranes qui sont expulsées par l'urètre, et dont on est quelquefois obligé de favoriser la sortie à l'aide de tractions extérieures. Ce fait , an- noncé par M. Morel , a été confirmé depuis par divers praticiens et dans plusieurs hôpitaux de Paris. On peut, en conséquence, l'admettre dès au- jourd'hui comme acquis à la science; mais la Commission est loin de garantir l'exactitude des interprétations que l'auteur en donne. En lui accordant, à titre d'encouragement, une ?,omme àe cinq cents francs, la Commission engage M. Morel à compléter son oeuvre par de nouvelles recherches, de manière à ne laisser aucun doute dans l'esprit des médecins. » La Commission propose, en outre, d'accorder à M. Maisonneuve une C. R, i8i7, I" Se/rejire. (T. XXJV, N» 17.) qS ( 7^6 ) indemnité de cinq cents francs pour les expériences dispendieuses qu'il a faites sur les animaux, dans le but de démontrer la possibilité d'établir une com- munication permanente, et par inoculation, entre deux portions plus ou moins éloignées de l'intestin. " En résumé donc , la Commission a l'honneur de proposer à l'Académie d'accorder, à titre d'encouragement: " 1°. A M. le docteur Guillon , pour l'invention d'un nouveau brise- pierre, une somme de 2000 francs; » a°. A M. le docteur Brière de Boismont , pour son Mémoire sur le délire aigu observé dans les maisons d'aliénés, une somme de i 5oo francs ; » 3". A M. le docteur L. Boyer, pour ses recherches sur le strabisme, une somme de i 5oo francs; ,' . .j,,;, " 4"- A. M. le docteur Morel-Lavallée , pour son travail sur la cystite cantharidienne , une somme de 5oo francs ; » 5". Plus, à M. le docteur Maisonneuve, une indemnité de 5oo francs,, pour ses expériences relatives à l'inoculation intestinale. » '■■^i^-^û-l^A ■ j/tî'ï'V.î.^- PRIX PROPOSÉS povE LES ANNÉES 1846, 1847, 1848 et 1849. SCIENCES MATHEMATIQUES. GRAND PWX DE MATHÉMATIQUES PROPOSÉ EN 1846, POUR ÊTRE DÉCERNÉ EN 1848 (l). Trouver les intégrales des équations de l'équilibre intérieur d'un corps solide élastique et homogène dont toutes les dimensions sont finies, par exemple d'un parallélipipède ou d'un cjlindre droit, en supposant connues les pressions ou tractions inégales exercées aux différents points de sa surface. " . '. ' Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être arrivés , yrawcy de port, au secrétariat de l'Aca- démie avant le i" novembre 1 847- Ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés. On n'ou- vrira que le billet de la pièce couronnée. ... - . ; PWX EXTRAORDINAIRE SUR L APPLICATION DE LA VAPEUR A LA NAVIGATION, PROPOSÉ POUR 1856, REMIS SUCCESSIVEMENT A 1858, A 1841, A 1844, ENFIN A 18'l8. I^eRoi, sur la proposition de M. le baron Charles Dupin, a ordonné qu'un prix de six mille francs serait décerné par l'Académie des Sciences, jiu meilleur ouvrage ou Mémoire sur l'emploi le plus avantageux de la vapeur pour la marche des navires, et sur le système de mécanisme, d'in- stallation, d'arrimage et d'armement qu'on doit préjérer pour cette classe de bâtiments. RAPPORT DE LA COMMISSION. La Commission croit avoir l'espérance fondée qu'en remettant le jugement définitif à 1848, des travaux remarquables, dont l'Académie a déjà connais- sance, obtiendront un succès qui les rendra dignes du prix. (i) La Commission chargée de proposer le sujet du prix était composée de MM. Cauchy, Arago, Lamé , Sturm , Liouville rapporteur. q5.. ( 7^8 ) En conséquence, nous proposons à l'Académie de maintenir ouvert le concours jusqu'au !*■■ juillet i848. L'Académie a adopté les conclusions de la Commission. Les Mémoires devront être arrhes, francs de port , au secrétariat de l'Institut, le i^juillet 1848, au plus tard. PRIX DASTROIVOMIE, > FONDÉ PAR M. DE LALANDE. La médaille fondée par M. de Lalande, pour être accordée annuellement à la personne qui , en France ou ailleurs (les membres de l'Institut exceptés) , aura fait l'observation la plus intéressante , le Mémoire ou le travail le plus utile aux progrès de l'astronomie, sera décernée dans la prochaine séance publique. La médaille est de la valeur de six cent trente-cinq francs. PRIX DE MÉCANIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. M. de Montyon a offert une rente sur l'État, pour la fondation d'un prix annuel, en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie royale des Sciences , s'en sera rendu le plus digne , en inventant ou eu perfectionnant des instruments utiles aux progrès de l'agriculture, des arts mécaniques ou des sciences. . ' • . - ' , Ce prix sera une médaille d'or de la valeur de cinq cents francs. PRIX DE STATISTIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. Parmi les ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions rela- tives à la statistique de la France, celui qui, au jugement de l'Académie, contiendra les recherches les plus utiles sera couronné dans la prochaine séance publique. On considère comme admis à ce concours , les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, arrivent à la connaissance de l'Académie; sont seuls exceptés les ouvrages des mem- bres résidants. Le prix consiste en une médaille d'or équivalant à la somme àe cinq cent trente francs. ( 7^9 ) Le terme des concours, pour ces deux derniers prix, est fixé au i" avril de chaque année. ' , Les concurrents , pour tous les prix, sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des ouvrages envoyés au concours ; les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies. SCIENCES PHYSIQUES. '"';'■'' GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES PBOPOSÉ POUR 1849. (Commissaires, MM. Serres, Milne Edwards, Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, Ad. Brongniart, Flourens rapporteur.) L'Académie propose, pour le grand prix des Sciences naturelles de l'an- née 1849, la question suivante : Etablir^ par l'étude suivie du développement de l'emhrjon dans trois espèces, prises chacune dans un des trois premiers embranchements du règne animal, les Vertébrés, les Mollusques et les Articulés , des hases sûres pour V embryologie comparée. Tj'Académie ne désigne au choix des concurrents aucune espèce donnée; elle n'exclut pas même celles sur lesquelles il a pu être fait, déjà, des tra- vaux utiles, à condition pourtant que les auteurs auront vu et vérifié par eux-mêmes tout ce qu'ils diront. Le grand objet qu'elle propose aux efforts des zoologistes et des ana- tomistes, est la détermination positive de ce qu il peut y avoir de semblable ou de dissemblable dans le développement comparé des Vertébrés, des Mollusques et des Articulés. L'Académie appelle des travaux sérieux, exacts, sur lesquels la science puisse compter. Elle laisse le champ libre aux doctrines; mais elle demande des résultats certains, et la discussion approfondie de ces résultats. Les concurrents regarderont, sans doute, comme un point essentiel, d'ac- compagner leurs descriptions de dessins qui permettent de suivre avec pré- cision les principales circonstances des faits. Les Mémoires devront être parvenus au secrétariat de l'Académia avant le i" janvier i85o. Ce terme est de rigueur. (73o) GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES PROPOSÉ POUR 1843, REMIS AU CONCOURS POUR t84S, ET DE NOUVEAU POUR 1849. L'Académie a proposé la question suivante : Déterminer, par des expériences précises , les quantités de chaleur déga- gées dans les combinaisons chimiques. Plusieurs physiciens distingués ont cherché à déterminer, par des expé- riences directes, les quantités de chaleur dégagées pendant la combinaison de quelques corps simples avec l'oxygène; mais leurs résultats présentent des divergences trop grandes pour que l'on puisse les regarder comme suffisam- ment établis , même pour les corps tels que l'hydrogène et le carbone, qui ont plus particulièrement fixé leur attention. L'Académie propose de déterminer par des expériences précises : 1°. La chaleur dégagée par la combustion vive dans l'oxygène , d'un cer- tain nombre de corps simples, tels que l'hydrogène, le carbone, le soufre, le phosphore, le fer, le zinc, etc., etc. 2°. La chaleur dégagée dans des circonstances analogues , par la combus- tion vive de quelques-uns de ces mêmes corps simples dans le chlore. 3°. Fjorsque le même corps simple peut former, par la combustion directe dans l'oxygène, plusieurs combinaisons, il conviendra de déterminer les quantités de chaleur qui sont successivement dégagées. 4°. On déterminera, par la voie directe des expériences, les quantités de chaleur dégagées dans la combustion par l'oxygène, de quelques corps com- posés binaires, bien définis, dont les deux éléments soient combustibles, comme les hydrogènes carbonés, l'hydrogène phosphore, quelques sulfures métalliques. 5°. Enfin, les expériences récentes de MM, Hess et Andrews font prévoir les résultats importants que la théorie chimique pourra déduire de la com- - paraison des quantités de chaleur dégagées dans les combinaisons et décom- positions opérées par la voie humide. L'Académie propose de confirmer, par de nouvelles expériences , les résultats annoncés par ces physiciens, et d'é- tendre ces recherches à un plus grand nombre de réactions chimiques , en se bornant toutefois aux réactions les plus simples. Elle émet le vœu que les concurrents veuillent bien déterminer, autant que cela sera possible , les in- tensités des courants électriques qui se développent pendant ces mêmes réac- tions, afin de pouvoir les comparer aux quantités de chaleur dégagées. ( 73i ) EXTRAIT DU RAPPORT FAIT DANS LA SÉANCE DU 19 AVRIL 1847. (Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dumas, Pelouze, Despretz, Regnault rapporteur. ) Le sujet proposé pour le grand prix de Physique de l'année i845 est \ élude de la chaleur dégagée dans les combinaisons chimiques. Plusieurs Mémoires ont été adressés pour ce concours; la Commission pense qu'aucun de ces Mémoires ne satisfait suffisamment aux conditions du programme, pour que le prix puisse lui être décerné. Elle a remarqué néan- moins dans le nombre un Mémoire qui approche de la solution de la ques- tion, et dans lequel l'auteur se plaint que le temps ne lui ait pas permis de faire des recherches aussi complètes qu'il l'eût désiré. Aussi, bien que le temps du concours ait déjà été prolongé, vu l'impor- tance et la difficulté du sujet, la Commission pense qu'il convient de reculer le terme du concours jusqu'à la fin de l'année 1848, afin de donner aux concurrents le temps de compléter leurs recherches, et d'établir, par de nouvelles expériences, l'exactitude des résultats auxquels ils sont déjà par- venus. Le prix sera de la valeur de six mille francs (i). Les Mémoires devront être parvenus au secrétariat de l'Institut le i*'' jan- vier 1849- • ■ ' PMX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMEIVTALE , FONDÉ PAR M. DE MONTYON. Feu M. le baron de Montyon ayant offert une somme à l'Académie des Sciences , avec l'intention que le revenu en fût affecté à un prix de Physio- logie expérimentale à décerner chaque année, et le Roi ayant autorisé cette fondation par une ordonnance en date du 22 juillet 181 8, L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d'or de la valeur de huit cent quatre-vingt-quinze francs à l'ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la physiologie expé- rimentale. Le prix sera décerné dans la prochaine séance publique. lies ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs ont dû être envoyés au secrétariat de l'Institut avant le i'^'' avril 1846. i) TJne Lettre ministérielle a approuvé cette proposition. ( 730 DIVERS PRIX DU LEGS MONTYON. Conformément au testament, de feu M. le baron Auget de Montyon , et aux ordonnances royales du 29 juillet 182 1, du 2 juin 1824 et du aS août 1829, il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des décou- vertes qui seront jugés les plus utiles à Mart de guérir, et à ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la médecine ou la chirurgie , ou qui diminueraient les dan- gers des diverses professions ou arts mécaniques. Les pièces admises au concours n'auront droit aux prix qu'autant qu elles contiendront une découverte parfaitement détenninée: Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où celte découverte se trouve exprimée : dans tous lés cas , la Com- mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la découverte dont il s'agit que le prix est donné. Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des décou- vertes ou des ouvrages couronnés, ne peuvent être indiquées d'avance avec précision , parce que le nombre des prix n'est pas déterminé ; mais les libéralités du fondateur et les ordres du Roi ont donné à l'Académie les moyens d'élever ces prix à une valeur considérable, en sorte que les auteurs soient dédommagés des expériences ou recherches dispendieuses qu'ils au- raient entreprises, et reçoivent des récompenses proportionnées aux services qu'ils auraient rendus, soit en prévenant ou diminuant beaucoup l'insalu- brité de certaines professions, soit en perfectionnant les sciences médicales. Conformément à l'ordonùance du 23 août, il sera aussi décerné des prix aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur les questions proposées par l'Académie, conséquemment aux vues du fondateur. Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs ont dû être envoyés, Jrancs de port, au secrétariat de llnstitut avant le i" avril 1846. LECTURES. ÉCONOMIE RURALE. — Considérations sur les subsistances ; par M. DE Gasparin. « .le me proposais de vous entretenir aujourdhui des progrès remar- quables que les théories agricoles ont faits depuis quelques années, et de ( 733 ) ceux qui lui restent à faire; je pensais qu'il ne serait pas inutile de mesurer la distance qui sépare l'art réduit à ses tâtonnements, à ses appréciations in- certaines et variables , de la science qui pèse et qui mesure; mais, pendant que je cherchais à recueillir les éléments de ce travail, des circonstances graves venaient me prescrire des devoirs plus impérieux. La subsistance de tout l'occident de l'Europe avait été' compromise par le manque de récoltes : il en était résulté une véritable disette dans certaines contrées; dans d'autres, et la France était du nombre, on éprouvait seulement les souffrances causées par un renchérissement considérable des choses nécessaii'es à la vie. On s'est empressé de chercher des palliatifs à ces maux; on a fait venir du blé des pays qui n'avaient pas souffert des intempéries. Quoique contrarié par l'imperfection de nos voies de communication intérieure, leur arrivage au centre et à l'est du royaume, où le déficit était le plus considérable, a été l'objet de grands efforts; tout fait espérer que l'année agricole accomplira sa révolution sans que de plus grands malheurs soient à redouter. Mais cette situation, qui est venue nous surprendre inopinément, ne doit-elle pas nous faire faire de sérieuses réflexions? On frémit en pensant à la possibilité de voir cette population , dont les rangs se pressent chaque jour davantage, livrée aux horreurs de la faim. Quel sujet de méditation pour ceux qui tiennent les rênes des États, et le devoir de la science n'est-il pas d'éclairer de ses lumières la voie, encore si obscure, dans laquelle ils doivent marcher? Une question d'avenir est soulevée pour la France et pour l'Europe, hâtons- nous d'attirer l'attention publique sur sa solution , pendant que la situation actuelle en fait sentir la grandeur et l'opportunité; craignons que plus tard les années d'abondance ne nous replongent dans une fausse sécurité ; que l'insouciance, la légèreté, d'autres préoccupations moins grandes, n'effacent l'impression salutaire de cette grande leçon, et que nous ne soyons surpris encore par les êvénemenis dans une situation pire que celle d'aujourd'hui. J'ai pensé que la solennité de cette séance donnerait à ma parole le poids qui lui manque, et que, si les solutions que je propose paraissent insuffi- santes, incomplètes et surtout bien lentes, elles auront au moins le mérite d'attirer l'attention d'hommes plus habiles et plus expérimentés, et la solli- citude des gouvernements, qui, élevant leurs vues au-dessus des intérêts du moment, savent envisager l'avenir pour le prévoir et le maîtriser. " Posons d'abord le problème qu'il s'agit de résoudre. La France produit, année moyenne, une masse de subsistances de toutes espèces qui atteint le chiffre des besoins de ses habitants; mais, de loin en loin, la production C. R., 1847, i"Semei(re. (T. X.X1V, W" 17.) 9^ ( 734 ) présente un déficit qui compromet l'existence des citoyens, ou au moins leur santé, leur bien-être et la tranquillité de l'Etat. » Le retour de ces années critiques n'a rien de. régulier; cependant, si l'on examine l'intervalle qui les sépare , on s'aperçoit qu'il était beaucoup moins grand dans les siècles qui nous ont précédés, et que, dans nos der- niers temps, elles se sont succédé beaucoup moins rapidement. Cette amélioration dans la condition alimentaire de la France a été évidemment produite par des perfectionnements réels de la culture, mais aussi par l'in- troduction d'une plus grande variété d'aliments, et surtout de la pomme de terre dans le régime de la nation. Mais notre sécurité ne saurait être bien grande, en voyant quelle énorme place tiennent les céréales dans le tableau de l'alimentation de notre pays, et quand on pense que les végétaux de cette tribu , sur lesquels se fonde l'existence d'une si grande partie de nos concitoyens, croissent et mûrissent dans la même saison, et sont exposés aux mêmes chances de destruction. On en jugera par les chiffres suivants, qui indiquent l'aliquote approchée des différentes espèces d'aliments qui forment l'approvisionnement de la France, cet approvisionnement étant supposé égal à loo (note I, page 748) : ■ Les céréales en forment la. '. r.' . . . . .' .^ , . . . . 64' partie ■:'• ies pommes de terre ;....; ...'..'...... 8 •' , Les légumes secs 4 lyes châtaignes. .- uï^'it'Ji o,'^- ... La nourriture animale de toute espèce , viande , poissons , laitages , etc. 23,3 100,0 ' n Qui pourrait ne pas être alarmé en voyant plus de la moitié de la sub- sistance de la nation commise au hasard que peut courir la récolte des cé- réales? Ces craintes doivent cependant se réduire à leur juste valeur; et comme, à défaut de certitude, les affaires de ce monde ne se règlent que par les. probabilités, enquérons-nous des dangers qui, selon les résultats de l'expérience , peuvent menacer cette récolte. " Ayant examiné avec soin l'ensemble des productions de plusieurs contrées de la France , dans un grand nombre de cas j'ai trouvé que les récoltes de céréales y variaient dans des proportions telles, qu'en supposant la récolte moyenne de 100, la récolte maximum était de lao, et la récolte minimum de 70. Si nous retranchons de chacun de ces trois chiffres 16, qui représente le rapport des semences à la récolte moyenne, nous aurons donc, comme ( 735 ) quantités disfïonibles, 84 pour récolte moyenne, io4 comme récolte maxi- mum , et 54 comme récolte minimum. Ainsi, au lieu d'être les -j^ de l'alimen- tation du pays, les céréales peuvent ne plus en représenter que les -^ en- viron. Il y aurait donc un déficit de ^ plus \, si toutes les régions de la France éprouvaient les mêmes intempéries , si leurs récoltes succombaient au même fléau, chance improbable , et qui ne s'est jamais vue; car, dans les années les plus calamiteuses , les calculs les plus exagérés n'ont pas con- staté le déficit d'un huitième. " Pour compléter l'énoncé du problème , il faut enfin y faire entrer l'accroissement progressif de la population. Jusqu'à présent, les progrès de l'agriculture ont marché de pair avec cet accroissement , et sont parvenus à satisfaire à ses besoins. Mais sont-ils indéfinis comme lui, et quelle est la limite où ils pourraient s'arrêter? » Telles me paraissent être les données de cette grande question , qui pèse d'un si grand poids sur la société, et que l'agriculture, aidée de toutes les forces et de toutes les lumières du temps, est appelée à résoudre. En voyant toute sa difficulté, on comprendra quel peu de foi il faut accorder aux solutions empiriques, à ces spéculations téméraires qui croient pouvoir répéter, par leur parole, le miracle de la multiplication des pains. Mais en laissant de côté ces spécifiques trompeurs , il est quelques solutions de bonne foi qu'il nous faut examiner sans dédain; car, si elles ne présentent pas de remède radical, elles peuvent fournir quelques palliatifs. Nous pouvons en distinguer trois principales : i" L'importation des blés des pays étrangers; 2° la formation de greniers de réserve; 3" le défrichement et la mise en cul- ture dès terres incultes. Nous allons les examiner rapidement. M 1°. Importation des grains. — Il est remarquable que la culture des céréales soit en même temps une des plus simples, des plus faciles et celle qui s'adapte au plus grand nombre de climats et de terrains. C'est la première qu'adoptent les peuples nomades quand ils commencent à s'a- donner à l'agriculture. L'Arabe comme le Tartare, comme le colon des Etats-Unis, entrouvrent à peine la terre avec une grossière charrue, étendent ce léger travail à de grandes surfaces de terrain , et y jettent la semence , qu'ils enterrent en y traînant des bx'anches d'arbre en guise de herse. La récolte est faible , mais excède de beaucoup ce qui est nécessaire à la nourriture du cultivateur et de sa famille. Aussi, c'est à ces populations arriérées que les nations civilisées vont demander de compléter leur appro- visionnement. Ce sont les provinces intérieures de la Pologne et de la Russie, 96.. (736) l'Egypte et les États-Unis, où l'on peut espérer aujourd'hui de trouver des excédants de blé à acheter. » Ce n'est qu'après avoirfaitdelongseffortspour maintenir le niveau entre la production agricole et la consommation, que l'Angleterre a été forcée de reconnaître son impuissance à se nourrir des produits de son sol. Le défaut d'équilibre entre son territoire et la population toujours croissante sous l'in- fluence dessalaires payés par le monde entier en retour des produits de ses ma- nufactures, a été chaque jour plus sensible, et d'accidentel quil était d'abord, le déficitdes subsistances est devenu définitif. Son gouvernement a senti alors que l'existence de la nation tenait à l'organisation régulière du commerce des grains; et comme elle était impossible en présence d'une échelle mobile de droits d'entrée qui mettait sans cesse en défaut la prévoyance du négociant; qu'elle ne permettait qu'un commerce improvisé au moment du besoin et toujours tardif et incertain dans ses résultats , ce gouvernement , disons-nous, sans tenir compte des plaintes de l'agriculture, désormais impuissante pour sauver le pays de la disette, a remplacé l'échelle mobile par un faible droit de balance. L'importation de l'Angleterre va donc devenir régulière; son commerce, puissamment organisé et toujours sur les lieux,jouira du privilège de la préemption, et les autres nations ne pourront obtenir, quand elles vien- dront au moment du besoin, que ce qu'il ne lui conviendra pas d'acheter. ') Pour luifaire concurrence, pourobtenir unepartproportiounelleànotre population , faudrait-il faire comme elle, et par une mesure semblable, par l'abolition de l'échelle mobile, permettre à notre commerce extérieur de grains de s'organiser réguhèrement ? Nous n'introduirons pas ici le grave débat du libre échange, mais nous ferons remarquer que des nécessités pa- reilles à celles de l'Angleterre ne nous pressent point; que le fait du déficit qui est habituel chez elle, n'est chez nous qu'un accident, et qu'il serait grave , pour un avenir qui tarderait peut-être à se réaliser, de mettre dans les années ordinaires le marché d'Odessa en présence du marché de la France, un prix de 12 francs l'hectolitre de blé rendu sur le port de Marseille, avec celui de 22 francs de nos blés. Nous ne prétendons pas qu'il fût impossible à l'agri- culture française de rétablir l'équilibre. Dans la lutte des arts de la civilisation contre les arts des peuples barbares ou arriérés, ces derniers finissent tou- jours par succomber. Malgré la cherté de la matière première et de la main-d'œuvre , c'est l'Angleterre qui fournit l'Inde d'étoffes de coton qu'elle allait autrefois lui demander; de même la culture perfectionnée, aidée de capitaux suffisants, dirigée par des intelligences éclairées, exercée par des ( 73? ) mains habiles, produira aussi le blé à meilleur marché que le cultivateur des steppes qui a la terre pour rien et le bras pour peu de chose. C'est uue expé- rience que l'on pourrait tenter s'il s'afjissait de quelque produit indifférent, dont la privation ou la cherté ne dût pas influer sur rexisteuce même du peuple. Mais si l'abaissement prolongé du prix du blé, au lieu d'exciter l'émulation, ne produit que le découragement; si les agriculteurs se défiant de leurs forces, prévoyant une lutte trop longue, mal préparés à la sou- tenir, se tournent vers d'autres genres de culture, notre approvisionnement habituel né peut-il pas se trouver compromis? ne savons-nous pas que la moitié des vignes plantées dans les plaines du Midi l'ont été sous l'influence de la panique produite par le bas prix des céréales de 1819 a 1827? cet effet ne peut-il pas se reproduire encore sur une échelle agrandie? faudra-t-il livrer habituellement nos subsistances à la merci des importations ? Toutes ces considérations doivent nous rendre circonspects et patients, pour attendre que cet équilibre désiré entre le prix des céréales étrangères et les nôtres s'établisse par des progrès moins précipités et plus stirs que ceux d'une con- currence qui serait d'abord écrasante, et qui pourrait les tarir dans leur source. > ■ - - » a". Le second remède qui a été proposé pour prévenir les disettes, c'est la formation de greniers de réserve. » Les pays les plus fertiles, ceux qui produisent habituellement au delà de leur subsistance, peuvent être exposés à subir les effets de la disette par une foule d'accidents physiques, et l'idée la plus simple qui se présente pour y remédier, c'est celle que, dans les temps les plus anciens, Joseph proposa à Pharaon quand , prévoyant les sept années de stérilité qui devaient suivre sept années d'abondance, il lui fit accumuler, pendant les premières, les ex- cédants de produit qui devaient servir aux autres; c'est aussi ce qui se pra- tique à la Chine. Chez ces deux peuples , qui s'étaient interdit volontaire- ment tout commerce étranger, raccumulation des réserves était une nécessité, à moins qu'on ne voultit livrer les excédants an gaspillage, et cette nécessité prévenait ensuite le mal causé par l'isolement forcé de ces nations. On avait des greniers de réserve à Berne, qui, par sa situation topographique, loin des côtes et au milieu des montagnes, ne pouvait se procurer facilement les blés qui lui auraient manqué. Mais, hors ces cas exceptionnels et si bien in- diqués par les circonstances, les réserves de grains ont été souvent projetées, mais n'ont jamais été effectuées. Le décret de la Convention du g août i 793 est resté une lettre morte dans le Bulletin des Lois, et les constructions de Napoléon, qui n'avaient d'ailleurs pour objet que l'approvisionnement de ( 738 ) Paris, n'ont pas rempli l'objet auquel il les avait destinées. Les greniers d'abondance, comme les trésors d'États, nés de la même pensée d'isolement et de défiance, semblent ne pouvoir exister dans les conditions actuelles des sociétés. Les progrès de la civilisation, le commerce et le crédit, les voies de communications perfectionnées, les nouveaux moyens de locomotion multi- pliés de toutes parts, les années de disette rendues plus rares par les progrès de l'agriculture; toutes ces causes tendent, de plus en plus, à substituer d'autres procédés à ces moyens de sécurité cotîteux , insuffisants et dange- reux. Voyons, en effet, les résultats que leur application pourrait avoir en France. » Nous avons dit que le déficit général pouvait être de i de l'approvision- nement total de grains, qui est de 75 millions d'hectolitres de tous grains, réduits à leur équivalent en froment, déduction faite des semences et de l'avoine. Ce déficit sera donc de 9 1 millions d'hectolitres. Mais nous avons dit aussi qu'il pouvait se porter jusqu'à -~ de la récolte dans certaines ré- gions, et que ce n'était que par compensation entre toutes les différentes parties de pays, que nous le réduisions À^. » Cette compensation, se fera moins aisément sur le terrain que dans nos calculs; pour l'opérer, il faudra, au moment du besoin, faire voyager l'excédant des pays favorisés, pour venir en aide à ceux où l'insuffisance se- rait manifeste. Or ces mouvements de grains, effectués au moment où l'alarme serait générale , éprouveraient des obstacles de plus d'un genre : difficulté et cherté des transports effectués souvent à de grandes distances d'une région à l'autre du royaume; égoïsnie provincial ou départemental, exagérant ses besoins ou ses craintes pour se dispenser de partager sa réserve avec les plus nécessiteux; empêchement de force majeure par la résistance des populations qui croiraient leur subsistance compromise par l'effet de ces déplacements. » Ainsi , la mesure pour être efficace devrait être complète , et présenter partout le maximum des prévisionsde déficit ou les ^^ de l'approvisionnement total, c'est-à-dire 22 millions d'hectolitres. L'exportation moyenne des bonnes années, qui est de 3 millions d'hectolitres, nous indique la quantité de grains que la France pourrait fournir elle-même pour la réserve : il faudrait acheter pendant sept ans de récoltes abondantes, consécutives, tout ce qui serait disponible, pour la compléter. C'est dire assez qu'on devrait s'adresser pour cela au commerce étranger, et chaque fois que l'on y toucherait, ce se- rait encore au moyen d'achats faits à l'étranger que l'on pourrait rétablir la quantité consommée, si toutefois il pouvait nous fournir tout ce qu'on lui demanderait, ce qui reste douteux en présence de ce qu'il a pu donner cette (739) année. En outre , comme les blés ne se conservent pas indéfiniment sans déchet, même dans les appareils les mieux imaginés, il faudrait pourvoir chaque année, à quelque prix que ce fût, à des compléments et à des rem- placements de la réserve, ce qui en ferait monter la valeur au delà de 600 millions, sans compter les frais d'administration , de garde et de manu- tention. Il faut y ajouter la construction des greniers dans chaque arrondis- sement, qui s'élèverait à une somme très-forte. Voilà pour les difficultés ma- térielles qui nous semblent grandes, mais qu'il faudrait hardiment surmonter si le salut du peuple pouvait en dépendre. " Les difficultés morales et politiques sont tout autrement graves. Pense-t-oii ce qu'il adviendrait si le gouvernement se substituant à la Providence deve- nait responsable de la disette et de la cherté des subsistances? n'exigerait-on pas, avec quelque raison, Ja permanence du prix du blé, puisque, dans l'hy- pothèse, l'approvisionnement devrait être toujours le même et au grand complet? Et si deux anpées de disette se succédaient, comment faire com- prendre à un peuple accoutumé à compter sur cet état moyen des prix, que le trésor entier du pays ne suffirait pas à le lui assurer? quelle force, quelle fermeté, quelle autorité ne faudrait-il pas supposer à un gouvernement chargé d'une pareille mission? Obligé de résister à des exigences injustes, à répondre aux accusations de mauvaise administration, à en assurer nue bonne à contenir la cupidité de tant d'agents ,]quand nous voyons la difficulté qu'il trouve à établir l'ordre, la probité, l'économie, dans le simple appro- visionnement de nos armées; et quand il devrait persuader aux pays plus favorisés, au milieu de l'alarme générale, qu'ils doivent laisser partir une partie de leur réserve au profit de pays plus malheureux, souffrir, en raison d^es frais de transports, des différences de prix entre eux, ou persuader aux contrées les plus riches, qu'elles doivent payer la différence en faveur de cellesqui seraient maltraitées ; croit-on que sa tâche fût très- facile ? Viendraient ensuite les émeutes excitées par les factions qui grossiraient les dangers de la situation'; celles causées par l'ignorance , qui , regardant les réserves comme une propriété commune , exigerait qu'elles lui fussent vendues à prix réduit, et les livrerait peut-être au pillage. Chaque intempérie, chaque crainte devien- drait des motifs de crise, à laquelle aucun gouvernement ne résisterait. Une foule de considérations de tous genres, que je ne fais (|u indiquer, me per- suadent que les réserves de grains sont un moyen qui appartient à d autres temps, à d'autres lieux, à d'autres organisations sociales et à d'autres mœurs publiques. • :'i. - ■ . » 3°. Défrichements . — Nous possédons 7 millions d'hectares en landes. ( 74o) pâtures et bruyères non soumis à la culture. On les a regardés comme une ancre de salut à laquelle il fallait s'attacher, comme offrant un moyen facile d'augmenter d'un quart la surface productive du pays. Nous tournons dans le cercle déjà parcouru par l'Angleterre , nous essayons de toutes les solutions qu'elle a tentées et qui n'ont pas répondu à ce qu'elle en attendait. Avant de livrer ses approvisionnements au mouvement du commerce extérieur, l'An- gleterre, qui possédait aussi des landes fort étendues, résolut de les livrer à la culture. Pitt en fit l'objet de son bill des clôtures, qui n'est autre chose que le partage des communaux entre les propriétaires de chaque commune , en raison de l'étendue de leurs propriétés. Il crut que le défrichement comble- rait le déficit des grains et rétablirait la balance pour un long avenir. Le haut prix des grains pendant la guerre favorisa d'abord l'entreprise; mais, dès que le continent fut ouvert, la modicité des produits de ces terres de qualité infé- rieure ne permit plus d'y continuer la culture. Les meilleures parties furent mises en herbages, le reste retourna à l'état de mauvaise pâture. Voilà ce que nous apprend l'expérience. " A quelles conditions le défrichement peut-il être avantageux, et à quelle étendue de nos landes ces caractères sont-ils applicables? telle est là véri- table question. On peut se livrer au défrichement d'un terrain quand ses produits, semences prélevées, payent le travail qui lui est consacré, au même prix qu'il le serait dans les autres entreprises agricoles. Les signes que l'ob- servation a indiqués pour reconnaître à priori que le produit sera suffisant, sont, sauf les exceptions qu'il serait trop long de décrire, quand la produc- tion spontanée du sol est telle, que s'il est planté en bois on recueille annuel- lement d'un hectare 2 800 kilogrammes de bois; et quand il est en pâturage, s'il nourrit, aussi par chaque hectare , un mouton ayant la valeur de 60 kilo- grammes de blé (12 francs). Toutes les tentatives faites sur des terrains de qualité inférieure ne donnent des récoltes que pendant deux ou trois ans au moyen de t'écobuage, pour retomber ensuite dans un état pire que celui qui avait précédé, et un intervalle de quarante à cinquante ans doit séparer les retours de l'écobuage. ^^ Si maintenant nous retranchons de nos terres incultes les deux millions d'hectares appartenant à nos hautes montagnes-et à nos pentes, qu'il serait imprudent de défricher, la masse de landes dont on a déjà tenté à grands frais la culture, et que l'on a reconnues propres seulement à augmenter nos ressources en combustibles, par le semis et la plantation de bois, on trouvera une surface fort réduite de prairies communales et de bonnes pâtures épuisées par un parcours exagéré , et susceptibles de payer le travail. Nous ( 74i ) ■croyons être au-dessus de la vérité en portant leur étendue à i million d'hec- tares, qui puissent donner, semences déduites, 8 millions d'hectolitres de blé. Si de cette valeur nous déduisons celle des pâtures qu'on y obtenait, 4a réduction en enfjrais qui en résulterait , on verra que l'opération est loin de faire espérer le nivellement permanent de nos subsistances à nos besoins. » Je ne voudrais cependant pas renoncer à cette ressource; mais il est un -vœu en sens contraire, qui pourrait avoir une vertu plus efficace. Ne croyons pas que notre population ait besoin d'excitations bien vives au défrichement; partout où les bras ont suffi , cette tendance a été poussée au delà de ses limites raisonnables. On a défriché avec excès, et dans tous les pays à terrains variés; mettant en dehors le fond des vallées et les alluvions, je pose en fait qu'il est bien peu de domaines où l'on ne puisse trouver un ving- tième de la surface qui ne paye pas le travail qu'on lui consacre. Qu'arrive- t-il quand on cultive une certaine quantité de mauvais sols? c'est que l'ouvrier ne gagne plus le salaire qu'il obtenait en ne cultivant que les bons; c'est que ce salaire devient insuffisant pour acheter sa ration ordinaire ; qu'il en réduit la quotité ou le titre. C'est par de semblables réductions que les nations deviennent misérables. Elles abandonnent successivement le blé pour les grains inférieurs, ceux-ci pour la pomme de terre, et tombent dans l'état où nous voyons l'Irlande. Heureusement notre pays suit une marche contraire : sachons l'y maintenir. » Mais, pour cela, il faut que les salaires s'élèvent au lieu de s'abaisser; ce qui sera le résultat de l'application du travail à des entreprises plus pro- fitables, quand celui qui était eniployé à cultiver de mauvais sols se concen- trera avec plus d'énergie sur une moindre étendue de bonnes terres. Je parle par expérience : en abandonnant à la pâture des terrains que la charrue ouvrait improductivement chaque année, j'ai obtenu plus de grains , avec moins de fatigue pour les hommes et pour les animaux. 1 >i Le défaut des trois solutions que nous venons d'examiner, c'est qu'elles supposent le statu quo de la population , qu'elles pourvoient à grand'peine à la situation présente, et qu'elles ne tarderaient pas à être rendues impos- sibles par sa progression croissante, [^'importation, qui a tant de peine à combler nos déficits actuels, suffira-t-elle quand elle devra pourvoir à de plus grands besoins de tous les peuples qui viendront puiser dans les mêmes sources? comment formerez-vous vos greniers d'abondance quand vos faibles excédants ne se produiront plus, et qu'il faudra demander leur approvisionnement aux marchés extérieurs, surchargés de demandes? enfin jusqu'où s'étendra la ressource des défrichements, en considérant qu'un C. R. , i847, i" Semestre. (T. XXIV, N» 17.) 97 ( 740 accroissement annuel de cent soixante et un mille individus suppose que l'on mette en valeur laSooo hectares de terre , dont la moitié est consacrée à la jachère, d'après le mode de culture usité. En huit ans votre million d'hectares de terre propre à être défrichée serait entré dans la production , et l'avenir serait de nouveau mis en question (note II, page jBi). » Cependant, après avoir repoussé chacun de ces moyens isolés , je serais tenté de faire un peu d'éclectisme. Oui, le commerce extérieur peut nous être d'un utile secours, et quoique le système des droits protecteurs ne lui permette pas de s'établir d'une manière régulière et permanente, quand le Gouvernement aura pris les mesures convenables pour être averti à temps de l'état des récoltes, quand il deviendra facile de prévoir une hausse, on trouvera des spéculateurs qui organiseront une importation impro- visée, comme cela a eu lieu cette année. Nous dirons encore: Oui, dans certaines situations topogr iphiques , dans les villes placées loin des pays producteurs et loin des voies de communication, il peut être d'une sage prévoyance d'avoir une forte réserve que l'on peut obtenir et conserver par des moyens moins compliqués que ceux de greniers d'abondance administrés par l'État, quand la mesure cessera d'être générale. Nous dirons enfin: Oui, la surface utilement cultivée en France peut être augmentée, quant à ses facultés productives, par le défrichement des bons terrains encore soumis au parcours , comme par le boisement ou la mise en pâture des mauvais terrains cultivés. » Mais ces expédients nous donnent-ils la solution complète de la ques- tion que nous avons posée ? ne faut-il pas en chercher une plus générale , plus profonde , et qui, puisée dans la connaissance des forces de la nature, dans celle de leurs rapports économiques avec la société, nous promette une longue succession de progrès dans la production, marchant du même pas avec les accroissements probables de la population? Cette solution, la science agricole nous la fournit; et je demande encore quelques moments d'attention à l'Académie pour lui en exposer rapidement les principes. \^ » Pour ne pas remonter trop haut dans les théories, nous partirons de faits constatés par l'expérience: ainsi d'abord nous dirons que sur un sol pourvu d'une humidité suffisante et dans un climat qui leur dispense la chaleur qui leur convient, les céréales peuvent produire perpétuellement, sans addition d'engrais, des récoltes qui se succèdent à une année d'inter- valle, avec une jachère intercalaire. Nous entendons par année de jachère celle pendant laquelle la terre reçoit des labours qui l'ouvrent , la brisent et ( 743 ) l'exposent à l'action de l'air clans l'état où ses molécules présentent le plus de vide qu'il soit possible. Ces récoltes bisannuelles s'élèvent, pour le fro- ment, à 8 ou 9 hectolitres par hectare: ici c'est le sol lui-même qui reçoit et conserve les bienfaits de l'atmosphère, car le produit s'appauvrit et finit par devenir nul , si l'on fait succéder sans intercalation de jachère une récolte de froment à une autre. » Collatéralement à ce fait, nous en remarquons un second: si nous cul- tivons certaines plantes, au nombre desquelles noos comptons surtout les lé- gumineuses fourragères , le trèfle par exemple, nous trouvons que, si l'on restitue au sol la récolte qu'il fournit, soit par l'enfouissement, soit, mieux encore, en la faisant consommer et en transportant sur la terre l'engrais qui en résulte, chaque 200 kilogrammes de foin obtenu augmente de i hecto- litre le produit du blé qui lui succède. )' Ainsi , la pratique agricole nous apprend que le sol rendu poreux est susceptible de s'emparer de principes fécondants de l'atmosphère; qu'il y a des plantes qui tirent du sol la presque totalité de leur nourriture, et d'autres qui savent la puiser en grande partie dans l'atmosphère, en attirant et s'assimilant ces gaz fertilisants. La culture exclusive des premières assigne des bornes très-étroites aux produits; la culture des secondes ouvre un vaste champ à une amélioration progressive , à une fertilité croissante. Or ces der- nières, les plantes fourragères, ne présentent qu'un aliment trop peu con- centré pour être approprié à la nourriture de l'homme et ne conviennent qu'aux animaux herbivores, dont les organes digestifs sont disposés pour de tels aliments: ainsi, la plus haute production végétale semble ne pouvoir s'obtenir qu'au moyen de la plus haute production animale , et la meilleure alimentation de l'homme, qui consiste dans l'alliance de ces deux genres de nourriture, semble lui être commandée autant par les facultés productives de la terre que par sa propre constitution. » Aujourd'hui, en France, l'étendue de terrains consacrés à la culture des plantes épuisantes est à celle des plantes fertilisantes dans le rapport de 19 à 6 environ : dans le premier groupe sont comprises les plantes industrielles et les jardins auxquels on consacre la plus grande partie de l'engrais résultant du second groupe ; de sorte que ce qui reste pour les céréales suffit à peine pour augmenter de 3 hectolitres par hectare l'effet fertilisant de la jachère; que la récolte moyenne du froment ne s'élève qu'à 1 2''*'"°',5 , et que les récoltes de toutes les espèces de céréales réduites à l'équivalent du froment, y com- pris celui-ci, ne sont que de 10,8 hectolitres et ne pourront jamais dépasser 97-- ( 744 ) cette limite , à moins de changer le rapport qui existe entre les deux groupes, de manière à accroître la quantité d'engrais disponible. " Voici quelle est la répartition des terrains entre les deux groupes de plantes épuisantes et des cultures améliorantes ou neutres : >* ■ Groupe épuisant. Groupe améliorant ou neutre. Céréales 13900262 hect. Prairies naturelles. ... 4 '9^ 'Q^ ^^•^'• Cultures industrielles Prairies artificielles .. . 1576547 et sarclées 344^139 Jachères 6763281 .Vignes 1972340 1931474^ 12538025 » Pour égaliser ces deux groupes , de manière qu'à un hectare du premier répondît un hectare du second, il faudrait donc ôter au pretnier 3388 356 hectares pour les reporter sur le second, dans lequel la jachère tout entière sortant de l'état de neutralité serait cultivée en plantes fourragères amélio- rantes ; nous aurions alors, de part et d'autre, 1 5 926 383 hectares ( 1 6 millions en nombre rond). Il suffirait pour cela d'enlever à la sole des grains de mars ce qui nous manque encore; et, sans toucher aux cultures industrielles, en leur laissant toute l'étendue qu'elles ont acquise, nous trouverions à réta- blir l'égalité entre Tes deux groupes, composés chacun de 16 millious d'hectares. » Alors commencera véritablement la progression croissante des produits qui devancera celle de la population. Mais on se tromperait en pensant que, même si les fourrages devaient donner immédiatement le produit de 6000 kilogrammes par hectare, la production céréale atteindrait, comme par un coup de baguette, le point définitif auquel elle peut parvenir, celui d'une récolte de 3o hectolitres. J'ai constaté que le froment ne puise dans le sol qu'une aliquote de la fertilité qu'il renferme, et que cette aliquote n'est que de 0,27 pour les engrais ordinaires : ainsi les premiers 6000 kilo- grammes de fourrage, au lieu de provoquer la production de 3o hectolitres de blé, n'eu produiront réellement que 8, en laissant la terre dans un état de fécondité supérieur qui viendra s'ajouter à l'effet de la seconde apphca- tion de 6000 kilogrammes de fourrage. Il résulte de ce principe une série de progrès de plus en plus lents qui n'atteigne leur état stationnaire qu'au cinquième retour de l'application de l'engrais, mais qui, dès le troisième re- tour, donnent a2 hectoUtres de blé par hectare (note III, page 752). Ainsi en six ans, si cette pratique pouvait devenir générale, elle doublerait (745 ) notre récolte de grains. Nous ne pouvons pas espérer de réaliser un succès aussi complet en aussi peu de temps : bien des années s'écouleront encore avant que ces conseils de la science et de l'expérience soient admis par la pé- néralité des cultivateurs, avant que leur capital d'exploitation leur permette de l'exécuter dans toute son étendue; mais il faut qu'on le sache bien, l'au- torité qui peut diriger et encourager, comme l'agriculteur qui doit exé- cuter et recueillir le fruit de l'opération : chaque couple d'hectare qui entiera dans ce système doublera en quelques années sa production céréale. » Mais, nous dira-t-on, n'est-il pas à craindre que, si vos conseils étaient suivis, la production ne vînt à dépasser bientôt la consommation, et à un tel point qu'il y aurait avilissement du prix des grains, et par conséquent ralentissement dans le progrès, et souffrance parmi les producteurs? Deux ressources s'offriraient toujours pour prévenir l'engorgement des marchés que l'on redoute : la première, la variété des cultures; la seconde, la possibi- lité d'une grande exportation. Et d'abord, les cultures industrielles s'éten- draient aussi sur les terrains améliorés et nivelleraient la production des grains avec les besoins. La division consacrée anx plantes épuisantes se prêtera à toutes les combinaisons, soit qu'on lui demande du blé, ou du lin, ou du colza, ou du pavot, ou de la garance, ou de la soie, ou du sucre; cette seule considération devrait déjà calmer toutes les alarmes. » Et d'ailleurs n'y a-t-il pas aussi près de nous un grand État , dont la popu- lation s'accroît sans cesse, et qui est réduit à aller chercher au loin son appro- visionnement en grains , et même en viande ? L'Angleterre, qui déjà tire des blés de la Bretagne, a commencé aussi cette année , depuis la promulgation de ses nouvelles lois de douane , à tirer du bétail de la Normandie. Dès que nos produits dans les deux genres commenceraient à surabonder, nous devien- drions naturellement les fournisseurs de nos voisins, qui préféreraientfaire leurs achats à leur porte; nous finirions , par nos progrès possibles, à absorber toute leur importation en subsistance. C'est alors que le chiffre du commerce cesse- rait de se balancer à notre désavantage, et ces nouveaux moyens d'échange, en rendant nos relations commerciales faciles , consolideraient pour toujours les bons rapports politiques fondés sur des besoins réels, et assure- raient la durée indéfinie de la paix. Mais, pour parvenir à réaliser cet avenir, qui n'est pas une utopie , il se présentera des difficultés de plus d'un genre: les unes seront des difficultés matérielles, les autres des difficultés morales. " Les difficultés matérielles tiennent principalement : i° à la nature du sol qu'il faut modifier par le marnage, le chaulage et l'addition des autres^ substances minérales qui lui manquent, et par une culture plus profonde et ( 746 ) plus intelligente. 2" Le climat s'oppose souvent à la pleine réussite des ré- coltes fourragères par le défaut d'humidité du printemps et de l'été, à quoi il faudra remédier le plus possible , par les irrigations qui résulteront d'une bonne législation et de l'emploi intelligent des eaux courantes dirigées par des canaux sur tous les points qu'elles peuvent atteindre. 3° Une des principales difficultés matérielles résulte de la difficulté de communication qui sépare le producteur du marché, ou ne le lui fait atteindre qu'à grands frais. Ce que les grands chemins et les chemins de fer sont au commerce, les chemins vicinaux le sont à l'agriculture. Des efforts ont été faits pour les améliorer; mais on peut se convaincre, par la disproportion qui existe entre la dépense et les résultats , qu'il y a un vice inhérent dans l'emploi des ressources, auquel il importe de remédier. 4° En réduisant tous les bestiaux de France à une seule unité, la tête du gros bétail , par l'équivalent de leur consommation, nous trouverons que nous possédons environ quatorze millions de têtes; mais si nous faisons la répartition du fourrage récolté entre elles, on constate qu'elles ne consomment pas à l'étable plus de 1000 kilogrammes de foin chacune. Or un bœuf ou une vache de bonne race, bien nourri, doit con- sommer 6000 kilogrammes. On voit quel pas il y aura à faire pour amener nos races appauvries au degré de perfectionnement et de produit que l'amé- lioration agricole nous permeltra d'atteindre. Tout en conservant le bétail destiné à profiter des landes et pâturages, nous aurons à en accroître le nombre pour parvenir à l'équivalent de seize millions de têtes consommant chacune 6000 kilogrammes. Ce sera l'effet de beaucoup de temps et de grandes dépenses. >i Les difficultés morales ne sont pas moindres : 1° Le défaut d'instruction agricole qui résulte de l'absence de relations entre le cultivateur et le savant; delà direction purement littéraire des études des propriétaires, qui les éloigne de la pratique agricole; de l'isolement où se trouvent les campagnes des villes; du défaut de centre de réunion pour les campagnards entre eux ; du manque d'une organisation spéciale qui les mette en rapport constant avec l'autorité publique; 2° le discrédit où son état arriéré a jeté l'art de la cul- ture, en comparaison des arts industriels, qui par leur appel à la science, sont devenus éminemment progressifs ; 3" le nombre toujours croissant des emplois publics qui tentent l'ambition des jeunes gens, et leur promettent, en échange de leur liberté, une vie exempte des soucis et des peines attachés à la profession agricole ; une considération que l'on acquiert avec le pou- voir, un avenir borné, mais certain; 4° l'état de la législation qui , pour prévenir la trop grande mobilité du sol, accumule les obstacles contre les ( 747 ) mutations, rend le propriétaire insolvable, à couvert de ses garanties; a permis qu'un territoire de la valeur capitale de 80 milliards, produisant un revenu net de 2 milliards et demi, fût grevé de ii milliards d'inscriplions hypothécaires. » Ainsi, répandre l'instruction agricole à tous les degrés, afin qu'elle atteigne le propriétaire riche comme le pauvre paysan; provoquer les réunions fréquentes de tous ceux qui se livrent à l'industrie agricole , de manière à ce qu'ils se communiquent leurs vues et leurs connaissances, qu'ils acquièrent la conviction de leur importance, qu'ils y puisent une juste fierté de leur état, et ne le quittent pas pour d'autres professions; organiser les rapports de l'agriculture avec les pouvoirs de l'État; introduire dans la pratique agricole les perfectionnements dont elle est suscepdble; encourager l'extension des plantes améliorantes, en réservant les récompenses et les primes pour leur introduction et leurs progrès; seconder ce mouvement, en favori- sant l'introduction de la viande dans le régime nutritif de la nation ; apprendre à l'agriculture l'art de diviser ses chances par la variété des cultures, la nécessité de substituer à la manie ruineuse des achats de terre la formation d'un capital disf)onible; lui apprendre les profits supérieurs d'un fonds de roulement bien employé, en comparaison de ceux du capital engagé dansées acquisitions; la rendre indépendante de l'usure, en facilitant les prêts honorables par la sûreté que l'on donnera au remboursement; et, pour y parvenir , reviser les lois hypothécaires, et rendre faciles les transmissions qui substitueront des propriétaires riches aux propriétaires obérés: tels sont les moyens que nous pouvons entrevoir pour résoudre une partie des difficultés qui pèsent sur notre agriculture, et l'empêchent de prendre son essor. " Favoriser, déterminer ces progrès, voilà ce que nous devons appeler aujourd'huila grande politique de la France , la politique de l'avenir, car elle seule peut amener le développement de sa richesse. L'industrie manufac- turière, étroitement bornée au dehors par le système protecteur des autres peuples, ne peut attendre que de l'intérieur l'accroissement de ses débou- chés, et c'est l'agriculture qui les lui assurera par l'accroissement de sa richesse. Or la richesse d'un peuple , c'est la puissance. Nous ne sommes plus au temps où l'on était redoutable par le nombre de ses soldats : aujourd'hui les armées et les flottes, avec leur immense attirail, ne sont que des corps inertes si elles sont privées de moyens financiers. Il est temps d'ouvrir ces mines, plus riches que celles du Pérou, on de l'Oiu'al , et qui reposent dans notre sol. Ne nous laissons pas devancer par nos voisins; ( 748 ) sachons atteindre, efforçons-nous de surpasser nos rivaux. Que le pays et le Gouvernement s'accordent pour accepter cette grande tâche , et nous la verrons tous les jours s'avancer vers son accomplissement. » NOTE I. De l'approvisionnement de la France. « Le calcul de l'approvisionnement de la France tient à un grand nombre de données que nous ne pouvons qu'indiquer ici , et qui toutes exigeraient une longue et sérieuse discussion . La première , c'est la consommation moyenne de chaque individu moyen en réduisant ses aliments à une seule unité; la deuxième, la réduction de chacuxi des aliments différents à cette même unité; la troisième, un bon dénombrement de la population , qui présente exactement les rapports d'âge et de sexe, et enfin l'application de ces données au tableau des consomma- tions , tel qu'il nous est donné par la statistique. Ces questions , que Lavoisier et Lagrange avaient cherché à résoudre, sont d'une telle gravité, qu'elles devaient attirer l'attention des savants plus qu'elles ne l'ont fait jusqu'ici. Nous devons au Gouvernement une belle série de recherches statistiques coordonnées par les soins persévérants de notre confrère M. Moreau de Jonnès , recherches qui présentent sans doute une large part d'erreurs , provenant de l'imperfection des moyens d'investigation , mais qui , considérées dans leur ensemble et sans prévention , me paraissent s'approcher souvent de la vérité, par l'effet sans doute de com- pensations en plus et en moins qui se sont faites à l'insu des agents qui ont fourni les pre- miers éléments. C'est encore la base la plus exacte sur laquelle on puisse s'appuyer , en attendant que la statistique, déjà si avancée quand il s'agit de combiner, de comparer et de juger , ait perfectionné les moyens de recueillir les faits. » Mes recherches sur un grand nombre de familles, récherches dont je n'ai donné jus- qu'ici que le résultat dans mon Cours d'agriculture (tome III, pages 5i et suiv. ) et dans mon -Mémoire sur les petites propriétés ( 1 820 ) , tendent à prouver que la population doit être composée de familles de cinq personnes , le père , la mère et trois enfants de i à 20 ans, pour rester stalionnaire dans les conditions de mortalité où se trouve la France. J'ai aussi indiqué qu'en supposant le travail ordinaire de la masse de la population, la nourriture des membres de cette famille était dans les rapports suivants : Le père ..,'.',.' 100 La mère 58 Trois enfants de [ à 3n ans i65 Pour i enfant œojen, 55. 333 ' • : , ,;i Ainsi la nourriture de l'individu moyen est. 64,6 de la nourriture de l'homme. 1) Les vieillards au-dessus de 60 ans rentrent, pour la consommation, dans la catégorie de la femme; pour appliquer ce chiffre, il faut décomposer la population totale en ces éléments divers, et nous avons, d'après les Tables de population insérées dans V Annuaire du Bureau des Longitudes, en supposant la population totale de 35 millions d'individus • f 749 ) Consommation en unit<>s (le celle de Phuinnie. Hommes uu-dessusdeaoanset au-dcsaoue (leGu. 9061318 go5i2i8 Femmes 9641 555 5534ioi VieilJards de plus de 60 ans a344iy!) 1359624 Enfants au-dessous de 20 ans i4o63o49 7734^77 35000000 23619620 . ■ ■ ■ ... ,,,■,(,< '^ » Ainsi , sur l'ensernble de la France , la ration d'un individu est à peu près les |4 ou les 0,69 de celle de l'homme fait. » Dans un grand nombre de situations , j'ai calculé les éléments qui composaient l'alimen- tation de l'homme. On sait que les animaux se nourrissent au moyen d'aliments renfermant des principes sanguifiables azotés et des principes carbonés qui entretiennent la respiration. Les autres éléments minéraux , salins, etc. , ne sont que secondaires et se trouvent toujours phis ou moins répartis dans les différents genres d'aliments. » Cette recherche m'a conduit à reconnaître que la nourriture journalière de l'homme moyen se composait d'une substance azotée contenant 26 grammes d'azote, et de substances ternaires contenant 5oi grammes de carbone. Tous les aliments végétaux contiennent une quantité surabondante de carbone , et comme la partie azotée est la plus rare , la plus chère , c'est elle que nous avons dû prendre naturellement pour l'unité à laquelle nous rapportons la ration, La partie carbonée est toujours facilement suppléée; par conséquent, l'unité d'aliment pour l'individu moyen est de 26 X 0,69= 18 grammes d'azote. C'est d'après ces principes que nous avons pu calculer la ration journalière et annuelle de chaque aliment. Nous n'au- rions donc plus aucune difficulté pour présenter le tableau général de l'alimentation de la France, en adoptant les chiffres de consommation de la statistique , si elle nous les donnait d'une manière complète. Nous avons donc besoin de la faire précéder de quelques obser- vations : . • » 1°. Chair musculaire. — La statistique donne, pour la consommation de la France, 673 389781 kilogrammes de viande; mais quelle quantité de chair musculaire représente une quantité donnée de viande? M. Renault , directeur de l'École d'Alfort, a fait faire pendant un mois , et chaque jour, diverses pesées , avant et après la cuisson , de 1 00 kilogrammes de viande telle qu'elle est livrée à la boucherie, ayant soin que cette masse de viande se composât par parties égales du devant , du derrière et de la poitrine de l'animal. Les pesées ont été faites , les os compris d'abord , puis retirés : il en est résulté que i kilogramme de viande de bœuf de boucherie donne, en os, 25o grammes, le quart de son poids. Après la cuisson, ces os ont un peu perdu de leur poids à cause de la moelle ou du suc médullaire et de la gélatine ; mais cette perle est très-peu considérable. Les 75o grammes de viande res- tant après l'enlèvement des os ne pèsent plus, après la cuisson dans l'eau , et quand la viande est devenue ce qu'on appelle du bouilli , que 375 grammes ; en d'autres termes, la viande du bœuf perd, par sa cuisson dans l'eau , la moitié de son poids. Mais comme le bouillon est aussi consommé, c'est une perte seulement d'un quart qu'il faut faire subir à la consomma- tion en viande pour la réduire en chair musculaire, et nous avons ainsi 5o5o42 336 kilo- grammes de chair musculaire consommée en France, qui contient 0,7$ d'eau et dose 3,935 pour 100 d'azote. c. R., i34:, 1" Sem«tre. (ï XXIV, N» 17.) y8 ( 75o ) » 2°. Lait. — Nous Q'avons pu évaluer la quantité de lait consommé, soit en nature, soit en différentes préparations , que d'une manière tout à fait hypothétique. Nous possédons , selon la statistique, 5 Soi 825 vaches , mais on élève la moitié de leurs veaux ( 2 066849) j ^' une moitié est livrée à la consommation en bas âge ( 2 487 862 ) ; nous avons donc seulement 3 014463 vaches dont nous puissions attendre cette production de lait. Nous l'avons portée en moyenne à 3 litres par jour, en considérant la chétive nourriture que reçoivent un grand nombre d'entre elles, ce qui nous donne 33oo 836985 litres de lait par an pour les vaches. » Nous avons 15700000 brebis ou chèvres, donnant 83ooooo agneaux, dont i 3ooooo seulement sont consommés dans le jeune âge; nous comptons i litre de production de lait par jour pour ce million de mères , et nous avons 474^°°*"'° litres de lait pour la production annuelle. » Le lait contient 4,5 pour loo d'albumine, et dose, par conséquent, 0,72 pour 100 d'azote. » 3°. OEufs et volaille. — On a tellement ridiculisé les statisticiens qui demandaient la quantité d'oeufs produits , que la statistique officielle n'a pas osé nous donner le chiffre de cette production importante. Nous avons donc été réduits à en faire une appréciation arbitraire. La basse-cour est , en général , la liste civile de la fermière , mais elle est proportionnée aux ressources de la ferme , à la quantité de criblures , à l'avoine consommée par les bestiaux , etc. ; et quoique ce genre de ressources varie infiniment, j'ai trouvé cependant que, dans le plus grand nombre de pays, on avait 12 poules par bête de travail : or nous avons, en France, 4 357 699 chevaux , juments et bœufs , ce qui nous donnerait environ 48 millions de poules, qui, à 4o œufs par an, l'une dans l'autre, nous donnent i 920000000 d'œufs, qui, à 20 œufs par kilogramme , font 95 millions de kilogrammes d'œufs, dont on exporte environ 5 millions de kilogrammes ; reste go millions. >> Mon confrère, M. Payen , ayant bien voulu en faire l'analyse, a trouvé qu'ils con- tenaient 74,64 pour 100 d'eau , et dosaient 2,18 pour 100 d'azote. ') Nous avons estimé , d'après une foule d'approximations , à 1 2 millions de kilogrammes la chair musculaire de volaille et de gibier consommés. >. 4°- Poisson. — La douane signale l'entrée des poissons de mer, mais nous n'avons pas de donnée certaine sur la consommation du poisson d'eau douce. Les premiers nous donnent 21 raillions de kilogrammes de poissons, dont les trois quarts frais; ce qui se réduit à 9 millions de kilogrammes de poissons secs , dosant 3,78 pour 100 d'azote. De plus , nous recevons 20 millions de kilogrammes de morue, dont 18 millions restent à l'intérieur. Nous croyons qu'en portant cette quantité à 3o millions , pour tenir compte des poissons d'eau douce , nous dépassons la vérité. » C'est d'après ces bases qu'a été dressé le tableau suivant; la quatrième colonne indique la ration complète d'un individu , en supposant que l'article dont il s'agit fait son unique nourriture ; et la cinquième , le nombre de rations complètes que contient la consommation de la France. ( 75' ) Tableau, de l'approvisionnement de la France. ESPÈCES D'jtllHENTS. Blé Epeautre Méleil Seigle Orge Maïs Sarrasin Pommes de terre. Légumes secs . . . . Chitaigries Chair musculaire Lait œufs... Poisson Fromage importé POIDS TOTAL. 4494454614 6215827 8i94''2 596 I 556740220 768951342 45i 518776 4o59'i9632 6420 105456 233603925 333409100 5o5o42336 3755336985 90000000 3o 000 000 4782784 RATION aunuelle complète. k 335,20 367,00 4l3,2I 469,26 373,28 400,61 3i2,86 i8a5,oo iSt, 17 1 3i4,oo 167,39 912,50 3oi ,37 176,14 5o , 07 NOMBRE Je rations. 13407681 16936 1 983 162 3317436 2059985 I 127093 1 297512 3517865 i4863o3 253736 3017 1 58 4115437 298636 170816 95 522 36155278 » Si l'on considère les omissions de ce tableau , telles que les fruits qui constituent un article notable d'alimentation, on verra que, même avec les gaspillages inhérents à cette immense consommation, l'approvisionnement de la France est complet, année moyenne. » NOTE II. Extension nécessaire des terres cultivées en céréales, pour correspondre à l'accroissement annuel de iÇ>i 597 habitants. « L'accroissement de la population de la France étant de 161 597 habitants; la ration complète d'un individu moyen étant de 335'''', 20 de blé ou de 4'"">3o; le produit moyen d'un hectare étant en France de 1 1''''^',4*^ '^o'^s les deux ans dans l'état actuel de la culture, • 1,. , 1- i6i5q7X4)3o _ ^ nous trouverons que la quanUte d hectares à cultiver est ^^ ~ = 1 22,959. Et 0,70 comme = 8, 1 3 , on voit que le million d'hectares à défricher ne pourrait suffire 122959 qu'à pourvoir à un accroissement de population de huit années , si l'on n'employait pas d'au- tres moyens. » On m'objectera que la consommation en blé n'est pas réellement de 4''"S3o , mais seu- lement de 2'""^S3o; mais je ferai observer que, comme il n'est pas à présumer que les autres ressources aUmentaires augmentent dans la même proportion , il a fallu tenir compte ici de la ration complète. 93. ( 750 NOTE III. Amélioration progressive d'une terre cultivée alternativement en légumineuses fourragères et blé, le fourrage étant supposé rapporter 6000 kilogrammes de foin par hectare et dosant I i'"',20 d'azote pour loo. AZOTE ÉPOQUE de ctiitilre représentant la fertilité acquise du sol après la récolte. AZOTE ajouté par l'engrais (1). ETAT de la terre après la fumure. ALIQDOTE de 0,27 absorbée par le blé. BÉCOLTE de blé. Première année kll 60,00 kll 0 kil 60,00 kil 16,20 hectol 8,10 Troisième année 43,80 77,60 121,40 32,78 ■5,99 Cinquième année 88,62 8o,3i 168,93 45,61 22,25 Septième année 123,32 83, ,07 206,89 55,86 27,25 Neuvième année i5i,o3 86,17 237,20 64,04 3., 73 Onzième année ...... 173,16 88,5o 261,66 70,64 34,46 Treizième année 189,02 89,92 278, 9Î 75, 3i 36,56 ■QHinrième année ■.!03,63 90>9' 29^,,% 79.53 38 ,60 Seizième année 2lS,o3 92,07 307 , 1 0 82,91 40,25 (i) L'engrais est produit par les 6 < oc kilogrammes de fourrages, dosant 1,2 kilogrammes d'azote pour 100, etla paille du blé dosant okHjS a par hectolitre n Nous nous arrêtons a ce terme de la série , parce que l'expérience nous prouve que notre climat ne comporte pas habituellement des récoltes maxima de céréales au-dessus de 4» hec- toUtres. Quand on est parvenu à ce terme , et même avant d'y arriver, c'est le cas de substi- tuer, de temps en temps , aux récoltes de blé , des récoltes industrielles plus épuisantes qui ramènent la terre dans un état de fertilité moins avancé. )' Nous devons répondre ici aux objections qui nous seront faites. Dès le début, les four- rages ne produisent pas 6 000 kilogrammes de foin , sur des terres qui sont dans un faible état de fertilité. Sans doute, les premiers termes de la progression pourront être plus lents que nous ne l'inditiuons ici ; mais , en revanche , on ne tardera pas à recueillir plus de 6000 kilogrammes de foin par hectare , et alors la progression s'accélérera plus qu'elle ne je fait dans cet exemple , où nous avons supposé ce terme constant. » La seconde objection portera sans doute sur la difficulté de continuer un assolement qui ramène, tous les deux ans , les mêmes récoltes fourragères, le trèfle par exemple , qui finit , dit-on , par se refuser à ce retour. Nous avons cherché les causes de cette répugnance , et ( 753 ) nous les avons trouvées dans des terres qui allaient en s'épuisant et non en s' améliorant ; mais il est très-vrai que, par la continuité de cette culture, le sol pourrait finir par se souiller de certaines herbes qui ne peuvent être extirpées que par les binages. C'est pour éviter cet inconvénient que l'on peut remplacer, de temps en temps , le trèfle et le sainfoin par les féveroles, qui amènent sur le sol encore plus de fertilité et fournissent autant de produits alimentaires. >> Enfin , si l'on craignait de ne pouvoir pas donner les façons nécessaires pour le blé après le trèfle, et que l'on fût dans l'usage de semer de l'orge , on pourrait alterner le trèfle avec les vesces dans les années destinées au fourrage. Un assolement ainsi composé : i" fèves , 2° blé , 3" trèfle, 4° orge , 5" vesces , 6° blé , remplirait le double but que l'on voudrait se proposer. » M. Flourens, Secrétaire perpétuel pour les Sciences physiques, a lu, dans cette séance publique, l'éloge historique de M. Blumenbach , associé étranger de l'Académie. ERRATA. (Séance du 19 avril i847- Page 698, ligne 3o, au lieu de M. Daval, lisez M. Davat. .1 .. i j ( 754 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 19 avril 1847, '^^ ouvrages dont voici les titres : Nouvelles expérimentations sur les alcalis végétaux. — Effets obtenus. — Thèse par M. Saint-Genez. Paris, 1842; in-4°. 1 no 1 m;, De In culture du Topinambour, considérée comme pouvant servir d'auxiliaire à celle de la Pomme de terre; par M. Bagot. Paris, 1847; ia-S". Compendium de Médecine pratique; par MM. Monneret et Fleury; tome VIII , 3o^ et 3i* livraison; in-S". Précis iconographique de Médecine opératoire et d'Jnatomie chirurgicale; par MM. Bernard et Huetïe; livraisons i à 3; in-i6. Considérations sur la non-existence de [arsenic normal, et sur la formation des acides arsénieux et arsénique dans les matières de filon, etc.; par M. Ber- trand de Lom; brochure iri-4°. Recherches sur i Appareil respiratoire des Oiseaux; par M. Sappey, avec 4 planches; brochure in-4''. Recherches sur la nature et sur le traitement de la Danse de Saint-Guy ; par M. FOUILHOUX; 1847; iu-S". ' Recherches sur les causes de l'exposition des Fœtus des enfants nouveau-nés dans la ville de Paris ; par M. H. Bayard ; brochure in-8°. Considérations médico-légales sur l Avortement provoqué et sur l'Infanticide ; par le même; brochure in-8°. Journal de ta Société de Médecine pratique de Montpellier; avril 1 847 ; in-S". Revue médico-chirurgicale de Paris [Journal de Médecine et Journal de Chi- rurgie réunis), sous la direction de M. MalGAIGNE; i" année, avril 1847; in-S". Recueil de la Société Polytechnique; janvier 1847; 'd-8°- L Abeille médicale; avril 1847; in-S". Essai sur ta Médecine dans ses rapports avec l'Etat; par M. Markus; i" sec- tion, Organisation médicale. Saint-Pétersbourg, 1847; in-S". Quelques mots sur un Procédé pour l'administration de l'éther dans les opéra- tions chirurgicales ; par M. Mayor. Lausanne, 1847 ? i feuille in-8°. Instruction précise et claire pour reconnaître , dès les premières années de la vie, qu'un enfant est sourd-muet, et pour prévenir, autant que possible, le surdi-mutisme , ainsi que pour élever convenablement ces enfants dans la maison paferae//e; par M. ScHMALZ; 1847; in-i 2. ( 755 ) Erfalinuigen. .. Expériences sur les Mnlndies de l'Oreille et leur ijuérison; />ar M. SCHMALZ. Leipsick, 1846; in-S". The prévention . . . Traitement préventif el curatifde la Maladie des Pommes de terre et autres plantes usuelles ; par M. .1. Parkin. liOndres, 1847; in-S". Astronomiche. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacker ; n" 390; in-4°. Der Feinere bau . . . Sur la structure intime des Capsules surennales ; par M. A. ECKER. (Présenté par M. Milne Edwards, au nom de l'auteur.) in-4''. Die versucbe . . . Recherches sur l'Ether sulfurique et les résultats de son emploi à la Clinique d'Erlangen; par M. HEYFïiLDER. Erlangen, 1847; '"-8°. Raccolta. . . Recueil scientifique de Physique et de Mathématique; 3^ année, n°7. Rome, 1847; in-8°. Gazette médicale de Paris; u° 16; m-[{°. Gazette des Hôpitaux; n°' 4^ à 45 ; in-folio. L Union agricole; n" 148. F. i .i. \V< »i\ \s\'i. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU MERCREDI 5 MAI 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet ampliation de l'Ordon- nance royale qui confirme la nomination de M. Decaisne à la place devenue vacante dans la section d'Économie rurale, par suite du décès de M. Du- trochet. ' Sur l'invitation de M. le Président, M. Decaisne prend place parmi ses confrères. .;■ ; ■ ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire Sur les maxima et minima conditionnels; par M. Augustin Cauchy. « Pour résoudre certains problèmes, il est quelquefois nécessaire de dé- terminer, non pas le maximum ou le minimum absolu d'une fonction de plusieurs variables indépendantes, mais la plus grande ou la plus petite valeur que cette fonction peut acquérir sous des conditions données. On doit spécialement remarquer le cas où ces conditions s'expriment par des inéga- lités, en sorte que d'autres fonctions des mêmes variables soient assujetties à ne pas dépasser certaines limites. Comme je l'ai observé dans mes précédents Mémoires, c'est précisément à une question de ce genre qu'on se trouve conduit dans la théorie des polynômes radicaux. J'ai cherché s'il ne serait pas possible d'obtenir une méthode générale qui pût être facilement appli- C. R., 1847, >" Semestre. (T. \X1V , N» 18.) 99 ( 758 ) quée à tous les problèmes de cette nature. Celle que je vais exposer dans ce Mémoire me paraît digne de fixer un moment l'attention des géomètres. 1' Je me bornerai , aujourd'hui , à établir les principes généraux sur les- quels je m'appuie, et les formules qui s'en déduisent; dans un autre article, je donnerai l'application de ces formules à la théorie des polynômes radicaux. » Soient ■ ..' • "■ -y, "5 ^f w,. . . . . ." des fonctions données de n variables x, J", z,. . ., et proposons-nous de trouver la plus grande valeur ç que puisse acquérir la fonction .y, .'quand x , j-, z,. . . sont assujetties à vérifier les conditions (i) tt = ou' Désignons, à l'aide de la caractéristique A, des accroissements infini- ment petits, simultanément attribués aux variables et aux fonctions don- nées. Lorsque x, y, z,. . . auront acquis des valeurs correspondantes à un maximum absolu de s, on aura (3) . A* < o, quels que soient les accroissements infiniment petits ^x, Aj", As.... La for- mule (3) suffira, comme on le sait, pour déterminer complètement les va- leurs dex, j, z,. . . . On devra ensuite examiner si ces valeurs satisfont aux conditions • ^ (4) M = o. Alors on aura Aj < o , , .^ ^o) / pour toutes les valeurs de Aac, A^, Az,... qui vérifieront les conditions A« = ou < o , Ap = ou < o. D'ailleurs, ces dernières formules, jointes aux équations (8), suffiront, comme on le verra, pour déterminer complètement les valeurs de x, j^, z, . . . . On devra ensuite examiner si ces valeurs àex, y, z,. . . satisfont aux conditions (10) wi On obtiendra, de la même manière, les formules qui devront êti-e vérifiées, lorsque s acquerra un maximum conditionnel correspondant à des valeurs de x , ^, z , . . . , liées entre elles par trois , quatre , cinq , . . . , des équations (2). Il ne reste plus qu'à développer les formules (3), ou (6), 99- • ( 76o ) ou (g) , . . . , en considérant d'une manière spéciale le cas que l'on rencontre le plus fréquemment, savoir, le cas où s, u, v, w,. . . sont des fonctions continues de a: , j", z , . . . . » Supposons d'abord que les valeurs des variables x , j^ z , . . . corres- pondent à un maximum absolu de s. Alors ces variables étant indépen- dantes entre elles, si l'on nomme i une quantité infiniment petite, on pourra supposer ' !.. bkX^=idx^ Aj-=tdj, Az=idz,..., et l'on aura As = tds -\ — d 2 Cela posé, la formule (i) donnera s -+- ids-i-'-d's-h ... < o, / ^" quel que soit le signe de i, et , par conséquent , (il) ds = o, d^s < o, quels que soient dx, djr, dz,. . ,. Gomme on aura, d'ailleurs, ds = Dj.s dx + DyS djr + D^sdz -{- . . ., la première des formules (i i) donnera (12) D,* = o, D^^ = o, D,i = o Si les valeurs de x, j, z,. . ., tirées de ces dernières équations, faisaient évanouir d^s, il faudrait, comme l'on sait, recourir à la considération des différentielles de s, d'un ordre supérieur au second. » Supposons, en second lieu, que les valeurs de x , j>; z,. . . correspon- dent à un maximum conditionnel de s, pour lequel se vérifie la formule (5). Alors X pourra être considéré comme fonction de j-, z,. . . j et si, en dé- signant par i une quantité infiniment petite, on pose Ajr=:idjr, Az=«t/z,..., on aura • Ax := tdx -h - d^x-\- . ... 2 ■ ■. A* = tds H — d's 4- . . . , 2 (» Au= idu -\- - d'u -h . . .. 2 ( 76i ) Alors aussi les formules (6) donneront, d'une part, (i3) ds = o, d^s < o pour toutes les valeurs de dx, dj, dz,. . . propres à .vérifier la condition (i4) du = o; et , d'autre part , (i5) .tds< o pour toutes les valeurs de d.x, dj, dz,. . . propres à vérifier la condition (i6) ''. '. . ' ' • - ' " tdu < G. » Si l'on combine par voie d'addition la première des formules (i 3) avec la formule (i4) multipliée par un facteur indéterminé X, on trouvera (17) ' ' ds + }.du=o, ou, ce qui revient au même, (D^* + \T)xu)dx -+■ (DyS -+- lDyu)dj + ... ==0. Or, en choisissant le facteur X de manière à faire disparaître , dans la dernière formule, le coefficient de dx, on obtiendra une équation qui devra sub- sister, quels que soient dj^, dz,. . . . On aura donc alors (18) ,D^* + XD^M = o, DyS -\- XDyU = o ,. . .. Ces dernières formules , jointes à l'équation (5) , détermineront complète- ment x,j; z,. . . et X. D'ailleurs, x, y, z,. , ., X étant ainsi déterminés, l'équation (17) subsistera, non plus seulement pour les valeurs particulières de dx, dy, dz,. , ., qui vérifieront la condition (14)5 mais pour toutes les valeurs possibles de dx , dy, dz,.... Donc alors la formule (i5) sera ré- duite à i — "kidu < o; et cette dernière condition, devant être vérifiée pour toutes les valeurs de dx, dy, dz,. . . qui satisferont à l'équation (i4) , donnera (19) ^ X < o. Il est bon d'observer que, dans la seconde des formules (i3), on peut, eu ( 76a ) égard aux formules (i4) et (19), supposer la valeur de d*s déterminée par l'équation (20) d's = {B^s -+- lD^u)dx' + (D;^ + lD;.u)dj' 4- . . . Donc, non-seulement on peut remplacer la seconde des formules (i3) par la suivante : (21) d's + ld*u' Supposons, en troisième lieu, que les valeurs de X, j; z,. . . corres- pondent à un minimum conditionnel de .y ponr lequel se vérifient les for- mules (8). Alors X, y pourront être considérés comme fonctions de z,. . .. Alors aussi les formules (9) donneront , d'une part , (22) £/y=o, d^s^s-\-lD:rU-i-iJ.D^v = o, Bj.s + 'kÙ^u-^ixDj.u — o,..., (28) X• Nous connaissons peu de faits de ce genre; il paraît donc convenable de les rechercher, de s'assurer de leur authenticité, et de les communiquer aux physiciens qui s'occupent plus spécialement de l'électricité. Lorsqu'ils réuniront un bon nombre de ces observations , qu'ils pourront étudier toutes lies circonstances qui les accompagnent, ils réussiront vraisemblable- ment à nous expliquer ce qu'elles offrent de merveilleux : c'est pour y parti- ciper, que je joins ici un extrait de mes traductions. (i) Spighe e paglie, ouvrage périodique de Philosophie, Lettres et Sciences, commencé en i844- (764) . ■ >' III. La foudre tomba, en septembre 1826, sur le brigantin ilbuon Servo, à l'ancre dans la baie d'Armirô, au milieu de Galamata, à l'entrée de la mer Adriatique. Le mât ne parut pas endommagé; cependant, dès le len- demain, lorsqu'on se remit en mer, un coup de vent le rompit, et l'on s'aperçut alors qu il était percé , dans toute sa longueur, d'un trou triangu- laire, étroit à l'extrémité supérieure, s'élargissant en descendant, et quatre lois plus large en bas qu'à la cime. On attribua la forme de ce trou à une tige de fer triangulaire implantée au haut du mât, et à la disposition inté- rieure du bois. Il est bien difficile de concevoir qu'il ait été foré ainsi ; le capitaine et tout l'équipage du brigantin , le procureur fondé du proprié- taire, et d'autres témoins l'ont vu, comme ce qui me reste à dire, tout aussi extraordinaire. » On prétend que les mariniers ioniens , sans autre motif que l'usage , ou d'après quelque idée superstitieuse , attachent un fer à cheval au mât de misaine de leurs vaisseaux; il y en avait un sur celui du buon Servo. Le nommé Antonjo-Teodoro de Scarpante rapiéçait une chemise , assis sur une caisse au pied de ce mât, lorsque la foudre éclata; cet homme fut tué sur le coup , sans qu'on pût voir ni brûlure, ni déchirure sur ses habits , ni blessure sur son corps, si ce n'est son aiguille enfoncée dans sa cuisse, par l'effet de la répulsion électrique, qui la fit glisser entre ses doigts, ou par quelque mouvement convulsif de son bras : c'est peu important, mais on remarqua sur son dos une trace légère jaune et noire, qui partait de son col et se terminait aux reins , et là était imprimé un fer à cheval parfaite- ment distinct et de la même grandeur que celui cloué sur le mât. n Celui des témoins qui a rapporté ce fait, l'avait examiné avec d'autant plus d'attention , qu'il lui en rappelait un pareil arrivé précisément l'année précédente. ' )' IV. Un brigantin, appartenant à M. le docteur Micalopulo , fut foudroyé dans la rade de Zante. Le mât de misaine, frappé à la cime, était fort vieux, fendu, éclaté; le courant électrique descendit en serpentant, détachant des éclisses qui s enflammaient et tombaient : elles auraient pu incendier le vais- seau , sans les prompts secours et une forte pluie survenue en même temps. » Cinq mariniers se trouvaient sous la proue lors de l'événement; trois veillaient et deux étaient endormis. Le bruit ou la secousse réveillèrent l'un de ceux-ci, qui aussitôt courut sur le pont avec les premiers. Deux eurent leurs vêtements brûlés, malgré l'eau qui les imbibait; tous les poils du corps disparurent chez l'un, tandis qu'il conserva ses cheveux, ce que j'attribue à l'électricité, plutôt qu'au feu ordinaire, dont on s'était rendu ( 765 ] maître. C'est au même fluide qu'il faut attiibuer le phénomène que je vais relater. Il L'un des mariniers endormis avait été tué par la foudre; on le trouva couché sur le dos, intact. Lorsqu'on le dépouilla pour l'examiner et l'ense- velir, on vit imprimé, sous sa mamelle gauche, un n° 44) que tous ses ca- marades attestaient ne pas exister auparavant. Ces deux chiffres, grands, bien formés, avec un point au milieu , étaient parfaitement identiques avec le même numéro en métal attaché à un agrès du bâtiment, placé entre le mât et le lit du marin , et dans le trajet suivi par la foudre, elle en avait saisi le type et l'avait laissé sur le cadavre, comme le fer à cheval de Teodoro, la fleur de madame Morosa, et les pièces d'or de Spiridione Polili , dont je viens de parler, phénomènes que les savants italiens appellent fulmini ritratlisti. « "•":•■ .RAPPORTS. ■■ ^ •" MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un Mémoire relatif à un appareil pour exécuter sous Veau des travaux cT extraction de rochers ou de ma- çonnerie, employé au port du Croisic en 1846; présenté par M. de la GouRNERiE, ingénieur des Ponts et Chaussées. (Commissaires, MM. Poncelet, Lamé, Morin rapporteur.) K L'Académie nous a chargés, MM. Poncelet, Lamé et moi, d'examiner le Mémoire qui lui a été adressé par M. de la Gournerie, ingénieur dès Ponts et Chaussées, sur un appareil qu'il nomme bateau à air et qu'il a em- ployé avec succès à l'extraction des rochers qui obstruent la passe du port du Croisic. Nous venons lui rendre compte des résultats de cet examen. » La difficulté toujours assez grande de l'extraction des rochers sous-marins s'accroît encore, pour le port du Croisic, par l'effet de différentes circon- stances locales qu'il est bon de signaler. En deçà du port et vers l'intérieur des terres, est un vaste bassin appelé le Grand Traict , de 660 hectares de superficie, que la mer remplit et évacue à chaque marée. La masse d'eau qu'il peut contenir varie de i5 à 24 millions de mètres cubes, et passe quatre fois par jour entre le Croisic et le môle de Pen-Bron. Lorsque les eaux sont au-dessus de leur niveau moyen, l'écoulement n'a lieu que par le chenal, dont la largeur n'est alors que de 60 mètres environ. Le courant devient très- rapide, sa vitesse parfois s'élève à 2'",oo et même à 3'",28 par seconde ; il apporte et rapporte à chaque marée des quantités considérables C. B., 1847, 1" Semestre. (T. XXIV, IN» 18.) I OO ( 766 ) d'un sable fia qui bouche les trous de mine et en rend le percement très- difficile. » Cette passe étroite est fréquentée par d'assez nombreux bâtiments, et les hardis caboteurs du Croisic, ne voulant pas attendre que la mer soit haute, s'engagent souvent dans le passage, dès qu'ils croient l'eau seulement assez élevée pour couvrir les rochers, et s'abandonnent au courant qui ne leur permet pas toujours de se diriger sûrement. » Les rochers à enlever forment deux groupes distincts : l'un connu sous le nom des Médecins , vers l'extérieur, et l'autre appelé les Rouzins , placé plus près du port. Ils sont d'un granit dans lequel il faut employer successi- vement la mine et le pic. 1) Par cet exposé des circonstances locales dans lesquelles les travaux devaient être exécutés, on voit que, pour opérer l'extraction de ces rochers , il fallait : i° s'installer d'une manière commode pour forer des mines et tra- Vjailler au pic; 2° se mettre à l'abri de l'action du courant et du sable qu'il entraîne; 3° éviter d'obstruer la passe par des appareils ou des apponte- ments permanents que les bâtiments auraient choqués et renversés; 4° se donner le moyen de travailler à peu près à sec pendant un temps suffisant à chaque marée, quoique la mer couvrît les rochers; 5° employer à la fois un nombre d'hommes assez grand pour que les travaux ne traînassent pas en longueur. » Ces conditions forcèrent, après quelques tentatives, à renoncer au tra- vail direct sur les rochers aux basses mers, lequel ne pouvait se faire que pendant huit ou dix marées et éprouvait les plus grandes difficultés par l'aetion du courant et des sables. « L'essai de pontons réunis par un tablier qu'on amenait au-dessus des rochers, et d'où l'on forait les trous de mine , à a mètres sous l'eau, ne réussit guère mieux par suite de la mobilité de ce système et de la difficulté de bou- cher les trous de mine à cette profondeur. , » L'installation d'un appontement ou échafaudage fixe, tout en rendant le travail plus facile, dut aussi être abandonnée, par suite des accidents causés par les bâtiments qu'entraînait le courant et qui mettaient en danger les ouvriers et l'appareil. » Les batardeaux de marée, exposés à être détruits par la rapidité du courant et surtout par les navires qui passaient par-dessus à marée haute , ne furent pas d'un emploi plus heurenx. » Les difficultés éprouvées au Croisic se présentent dans tous les ports à ( 767 ) marée à uu degré plus ou moins élevé, et le moindre de leurs inconvénients est d'accroître considérablement le chiffre des dépenses , que pour ceux de l'Océan , on n'estime guère à moins de 200 francs par mètre cube de rocher granitique extrait. » Sans essayer l'usage de la cloche à plongeur, qui ne lui eût pas permis d'employer à la fois un assez grand nombre d'ouvriers , ni celui des caisses sans fond, impraticable sur un roc aussi irrégulier, au milieu d'un courant rapide et d'un chenal qu'il faut débarrasser à chaque marée , M. de la Gournerie s'arrêta au projet de mettre à exécution, en le perfectionnant, un appareil indiqué par Coulomb dans un Mémoire intitulé: Recherches sur les mojens d'exécuter sous l'eau toutes sortes de travaux hydrauliques sans employer aucun épuisement, publié en 1779 ^* honoré de l'approbation de l'Académie. Cet appareil consistait en une espèce de ponton prismatique en bois, à trois compartiments, dont les deux extrêmes, ouverts à leur partie supérieure, étaient en partie remplis d'eau et de lest, et dont la portion inter- médiaire fermée par-dessus était ouverte par-dessous. Ce ponton, conduit sur le rocher à enlever, devait s'immerger et poser naturellement au fond par l'abaissement de la marée. x Alors des ouvriers devaient s'introduire sur un faux plancher, dans le compartiment du miUeu, qui aurait été refermé sur eux ; puis, à l'aide d'un soufflet, on y aurait injecté de l'air. La pression intérieure augmentant alors dans ce compartiment, l'eau , qui s'y élevait d'abord à hauteur du niveau extérieur, aurait été refoulée, le rocher mis à peu près à sçc, et les ouvriers y seraient descendus. . ". ' " .-< , » Coulomb indiquait en outre, pour certains cas, l'emploi d'un sas à air, pour établir à volonté la communication de l'extérieur à l'intérieur, et vice versa. » Cette description succincte, extraite du Mémoire de Coulomb, montre que l'illustre ingénieur s'était contenté d'émettre l'idée fondamentale de son projet , mais que sa proposition n'ayant pas été agréée , il ne s'était pas occupé des moyens d'exécution propres à en assurer le succès. » Il est facile, en effet, de voir que ce bateau à air qui ne devait s immeiger que par l'abaissement de la marée , avait besoin d'un lest additionnel pour que la pression de l'air que l'on y aurait refoulé en agissant sur le plafond de la chambre à air ne le remît pas à flot. Or, aucun appareil n'indiquant le moyen de mettre et d'enlever ce lest , la manœuvre devait s'en faire à bras , ce qui etit été beaucoup trop long dans tous les cas, et en particulier impra- 100.. ( 768 ) ticableau Groisic ou pour de grands bateaux. L'air devait aussi être refoulé par un soufflet mû à bras, moyen insuffisant et trop dispendieux pour des ateliers un peu nombreux. " Pour réaliser sur une grande échelle, dans des circonstances difficiles et pour un bateau destiné à recevoir jusqu'à seize ouvriers, travaillant à forer des trous de mine , l'idée ingénieuse , mais inappliquée, de Coulomb , M. de la Gournerie a donc eu encore à vaincre tous les obstacles qui sépa- rent la conce|)tion d'une idée de son exécution. Il y est parvenu par un heureux emploi des ressources de la science et de l'industrie. " Sans entrer dans une description détaillée du nouveau bateau à air, nous dirons qu'il est construit en tôle de fer de o'",oo7 d'épaisseur avec cornière en fer et divisé en trois parties : celle du milieu forme la chambre à air par- tagée, par une grille horizontale, en chambre de travail et chambre d'attente ; elle a une capacité de 44 mètres cubes environ et une hauteur de 3™,45. Les deux autres, appelées chambres des lests ^ exactement fermées en dessus et en dessous, sont destinées à recevoir le lest fixe, qui donne au bateau, un tirant d'eau de i™,9oet la stabilité convenable pour naviguer, et le lest variable, formé par l'eau que l'on introduit à volonté pour échouer le bateau ou que 1 on fait évacuer, en partie, par écoulement naturel dans la chambre à air, et, en partie, à la mer par l'action des pompes. » Les deux chambres des lests communiquent entre elles par un couloir qui entoure la chambre à air. » Dans l'espace réservé à la chambre des lests de l'arrière se trouve la chaudière d'une machine à vapeur de la force de deux chevaux euviron à haute pression, sans détente, ni condensation, destinée à faire mouvoir des pompes qui servent alternativement, au besoin, à refouler l'air dans la cham- bre du milieu lorsque le bateau est échoué sur le rocher, et pour l'assèche- ment et l'assainissement pendant le travail , puis à retirer une partie de l'eau du lest, quand on veut remettre le bateau à flot. D'après cette description succincte, la manoeuvre est facile à concevoir. A la marée descendante, le bateau chargé de son lest fixe est conduit et amarré au point où il doit sta- tionner. Les ouvriers, par une ouverture que l'on referme sur eux, entrent dans la partie supérieure de la chambre à air, appelée chambre d'attente , qui contient alors de l'air à la pression ordinaire. " Ijorsque la hauteur de la mer au-dessus des rochers à extraire n'est plus que de 2™,25, hauteur adoptée pour le travail de ce bateau, on ouvre des soupapes qui permettent à l'eau de la mer de pénétrer dans la chambre des lests. Le poids de cette eau, dont le volume est d'environ 3a""',54o, fait en- foncer le bateau, qui repose ainsi sur le rocher par un rebord arrondi mé- nagé tout autour de la chambre à air et qui a pour objet d'empêcher les fonds des chambres de lest de poser sur les aspérités des rochers. » On met alors la machine à vapeur en activité, et au bout de huit minutes environ, l'eau, qni s'élevait à a"^25 au-dessus du rocher, est refoulée; la chambre de travail est à peu près à sec, et les ouvriers y descendent par une échelle mobile. Le travail commence de suite, et la machine à vapeur n'a plus quà fournir l'air nécessaire à la respiration. » Il est à remarquer que l'enveloppe en tôle, qui forme les parois de la chambre de travail empêchant les ouvriers de percevoir la sensation de la lumière diffuse de l'atmosphère, l'eau leur paraît d'une transparence par- faite, et qu'ils y voient distinctement à une assez grande distance. Un bateau semblable pourrait donc servir, dans beaucoup de cas, à une reconnaissance du fond. • . . ■ , .-• ■ » S'il s'agit de faire des trous de mine, seize hommes peuvent travailler à la fois; et s'il faut extraire i(\s rochers ébranlés parla mine, neuf ouvriers peu- vent travailler simultanément au pic. » Les déblais obtenits sont remontés sur la grille qui forme le fond de la chambre d'attente; ou, s'ils sont trop gros, suspendus à cette grille par des chaînes. » Pour l'éclairage de jour, seize verres de hublot , fixés au plafond de la chambre à air, fournissent une lumière suffisante. S'il était nécessaire de tra- vailler la nuit, quatre lampes à niveau constant, du petit modèle des feux de port, suffiraient largement, et l'aérage a été calculé pour donner un vo- lume d'air suffisant à leur consommation, ainsi qu'à celle des ouvriers. » liorsqu'à la marée montante le niveau est revenu à la hauteur de 2'",25, les ouvriers remontent sur le grillage de la chambre d'attente avec leurs ou- tils. Le conducteur ouvre alors des soupapes, qui permettent à l'eau de la chambre des lests de s'écouler dans la mer, en passant par la chambre à air ; celle-ci communiquant toujours, par le haut, avec la partie supérieure des chambres de lest, il s'ensuit que, quand ces dernières se vident, l'air de la chambre de travail se dilate, en s'écoulant en partie dans les chambres des lests, et permet à l'eau de la mer de remonter un peu dans celle de travail. )' Fia pression de cet air confiné, qui tendait à soulever le bateau, di- minue ; mais comme l'eau du lest s'écoule rapidement , le bateau se soulève- rait trop vite , et , lorsque l'on ouvrirait le trou d'homme pour faire sortir (770) les ouvriers, la force qui tend à soulever le bateau se trouvant annulée, il pourrait s'enfoncer de nouveau et trop brusquement. Il faut donc, en même temps que l'on évacue l'eau, laisser peu à peu échapper l'air pour rétablir l'égalité des pressions intérieure et extérieure, et permettre ainsi de conti- nuer, sans danger, l'évacuation de l'eau du lest. >' Cette diminution graduelle de la pression de l'air intérieur , et l'écoule- ment de l'eau , sont réglés à volonté et facilement par le conducteur des tra- vaux , qui , placé dans la chambre d'attente, a, près de lui, un manomètre qui lui indique la pression de l'air intérieur, et un tube indicateur du niveau extérieur. Au moyen de ces précautions, on parvient à faire écouler, en quelques minutes , à peu près la moitié de l'eau du lest : le reste est retiré par les pompes, qu'une simple fermeture de clapet transforme.de pompes à air en pompes à eau. " Ces diverses phases de la mise à flot du bateau se succèdent avec conti- nuité et rapidement, et en dix à onze minutes il est complètement à flot. Les dispositions adoptées pour l'évacuation spontanée de l'eau , en facilitant beaucoup cette opération, ont en outre l'avantage de préserver l'appareil du danger où pourrait le mettre un dérangement accidentel des pompes , parce que la quantité d'eau qui reste peut facilement être évacuée, soit par une seule pompe mue par la machine , soit même par une pompe à bras, ainsi que l'expérience l'a prouvé dans des cas pareils, survenus le 3o septembre et le 28 octobre 1846. » L'appareil remis à flot emporte les pierres enlevées pendant la séance de travail , et chaque mètre cube augmente son tirant d'eau de o™, 1 26 ; mais , dans la plupart des cas, il n'y a pas à se préoccuper de cet effet , parce que l'on n'extrait guère plus de 2 à 3 mètres cubes par séance. Cependant, si l'on avait à enlever des déblais plus considérables qui augmenteraient beau- coup le tirant d'eau, on aurait la faculté d'alléger ou de soulever le bateau autant qu'il faudrait, en refoulant de nouveau de lair dans la chambre de travail après la sortie des ouvriers. Cette ressource , dont l'emploi n'a pas été nécessaire pour les travaux du Croisic, pourrait être utile si l'on em- ployait un bateau plus grand , et destiné à fonctionner sous une plus grande profondeur d'eau. '• On conçoit que , pour établir du premier coup et avec succès toutes les proportions d'un semblable appareil , et satisfaire à toutes les conditions de service et de sécurité qu'il devait remplir, il a fallu résoudre plusieurs questions assez délicates dont l'auteur s'est tiré avec talent. ( 771 ) » Après avoir déterminé, au moyen d'uue formule due à Laplace, le temps pendant lequel la mer se maintenait au Croisic, à des hauteurs de moins de 2",oo , i°^,i5 et a™,5o au-dessus des rochers à extraire aux époques des quadratures, des octants et dessizygies, M. de la Gournerie a adopté, pour limite de la profondeur sous l'eau à laquelle il devait travailler, la hau- teur de a"", 25, qui lui permettait d'opérer sur le rocher pendant quatt-e heures environ chaque jour, une grande partie de l'année. » Il s'est ensuite assuré par le calcul que la machine à vapeur de la force de deux chevaux, qu'il se proposait d'employer, aurait une force suffisante pour expulser l'eau de la chambre à air dans un temps assez court qui n'est, en réalité , que de huit minutes. » Nous ferons remarquer que cette machine est à haute pression, sans dé- tente, et qu'abstraction faite de la question d'économie du combustible, il y aurait avantage, par suite de la variation de densité de l'air refoulé dans la chambre de travail, à employer une machine à détente variable, ce qui per- mettrait de lui conserver toujours une vitesse moyenne et à peu près con- stante. " L'auteur a aussi vérifié parle calcul que la quantité d'air fournie par la machine était largement suffisante pour subvenir à la respiration des ouvriers et à la combustion des lampes, tout en restant assez pur pour ne pas être in- salubre. » Les conditions d'équilibre à remplir, pour qu'à l'échouage le bâtiment portât toujours sur les rebords arrondis qui entourent la chambre de tra- vail pour empêcher les fonds de poser sur le rocher, ont aussi été l'objet d'un calcul spécial. Mais, après avoir satisfait, par les formes et les proportions, aux conditions de cet équilibre, l'auteur s'est réservé un moyen de stireté contre toute circonstance accidentelle qui pourrait le troubler, en disposant aux ex- trémités du bateau des espèces de béquilles verticales que l'on descend à fond dès que le bateau est arrivé sur le rocher. Peut-être , au lieu de simples barres de fer carrées glissant ainsi entre des guides , serait-il préférable d'em- ployer des tiges à vis que l'on pourrait, au besoin, appuyer avec facilité sur le rocher. » Il n'a pas échappé à l'auteur que, si le bateau à air devait être employé sur un fond vaseux , les rebords de la chambre de travail , en s'y enfonçant , empêcheraient l'air de sortir. Mais il suffirait alors de disposer sur les flancs des ouvertures débouchant dans l'eau environnante au-dessus du fond, et par lesquelles sortirait l'air refoulé. ( 772 ) >' L'auteur n'a pas calculé avec moins de soin les quantités d'eau qu'il fallait admettre et faire évacuer pour léchouage et la mise à flot du bateau. !• On voit donc, par cet examen, que M. de la Gournerie, par un judi- cieux emploi des ressources de la science et de l'art, a, d'une part, déter- miné à priori, par le calcul, toutes les proportions qu'il convenait de donner à l'appareil, et, de l'autre, en a combiné la construction de manière à as- surer à la fois la sécurité, la commodité et la rapidité du service. Aussi, dès les premiers essais, le succès a-t-il répondu à ses espéi-ances, et le bateau à air, après avoir fonctionné pendant la campagne de 1846, va reprendre ou a déjà repris son service en 1847 pour l'extraction des rochers connus, sous le nom des Médecins. >• Parmi les perfectionnements que l'auteur a entrevus, il faut placer en première ligne l'application de la force motrice de la vapeur, à la mise en mouvement de roues à pales ou d'une hélice, pour remplacer le remor- quage, toujours lent et pénible, et alors l'accroissement des dimensions du cylindre et l'emploi de la détente, variable dans le service ordinaire, per- mettraient, pour la navigation, l'usage de la pleine pression sans détente, afin d'augmenter convenablement la puissance motrice. » Il nous reste à signaler quelques circonstances que présente l'emploi du bateau à air. n On sait que, dans les puits à air comprimé, si heureusement employés dans le bassin de la Loire par M. Triger, les ouvriers éprouvent une gêne notable par l'effet de la compression de l'air; mais, dans l'appareil de M. de la Gournerie, par suite des circonstances où il doit fonctionner, l'augmen- tation de pression n'a guère été, jusqu'ici, que d'un quart d'atmosphère : aussi ne présente-telle aucun inconvénient. » L'échappement de l'air par-dessous les rebords de la chambre de tra- vail, le choc des clapets des pompes à air, celui des pics, produisent, par l'effet de la sonorité du métal de l'enveloppe, un bruit assez fatigant aux premiers instants, qiais auquel on s'habitue promptement. . >' Pendant l'été , la conductibilité du métal exposé à l'ardeur du soleil échauffe l'air injecté et celui que contient la chambre de travail. Quelques précautions sont nécessaires pour que les ouvriers n'en soient pas incom- modés. La peinture du pont en blanc, l'emploi d'une bâche en toile, des arrosages fréquents, diminuent cet inconvénient. Il conviendrait aussi, comme l'indique l'auteur, que l'air injecté fût pris directement à l'extérieur ( 773 ) - du balcau, au lieu d'être emprunté à la chambre de la machine, oîi il s'échauffe déjà. » Dès la première campagne, l'emploi de ce bateau à air a produit, dans les frais d'extraction, une réduction énorme, puisqu'il a fait baisser les dé- penses, par mètre cube de rochrr extrait, du prix de 200 francs environ , à celui de 29 à 3o francs. » L'art de l'ingénieur se trouve donc enrichi d'un nouveau moyen à la fois simple et commode de travailler sous l'eau. Les heui'eux résultats ob- tenus au port du Croisic, où des difficultés de différents genres se trou- vaient réunies, ne doivent laisser aucun doute sur le parti avantageux que l'on pourra tirer d'appareils du même genre, tant pour les travaux des ports que pour ceux qu'on pourrait avoir à exécuter en lit de rivière. Dans ce dernier cas, le bateau à air, muni d'un sas, permettrait de fonder des piles de pont, et de maçonner sous l'eau avec facilité, sans épuisement, et sans recourir à l'usage long et dispendieux des batardeaux et autres moyens du même genre. » Vos commissaires sont d'avis que M. de la Goumerie, en réalisant dans des circonstances difficiles et avec succès, l'idée ingénieuse émise par Cou- lomb , qu'il a complétée et perfectionnée par l'exéculion , a rendu un véri- table service à l'art de l'ingénieur, et, par suite, à la navigation. Le Mé- moire, accompagné de dessins, qu'il a présenté à l'Académie, contenant l'étude approfondie de la marche à suivre pour établir de semblables appa- reils, ils vous proposent d'accorder votre approbation au bateau à air construit et employé par cet ingénieur, et d'ordonner l'impression de son Mémoire dans le Recueil des Savants étrangers. »• . . . . . .; . Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. . •• , ••; .■.;..,, NOMEVATIONS. .''...-,.;/ '.'.i M. le Ministre dbs Travaux publics invite l'Académie à désigner trois de ses membres pour être adjoints , en exécution de l'art. 36 du décret du a 5 août 1804, au jury chargé de prononcer sur le mérite des pièces de concours produites par les élèves de l'École royale des Ponts et Chaussées. L'Académie procède par la voie du scrutin à cette nomination. MM. Poncelet, Dufrénoy et Liouville réunissent la majorité des suffrages. C R. , 1847 , 1" Semtstrt. { T. XXIV , N» 18.) I O I ( 774 ) MÉMOIRES LUS. • CHIMIE. — Nouvelles observations sur les deux variétés d'acides arsénieux ; par M. BossY. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze.) .« I/auteur expose d'abord un nouveau procédé de dosage pour l'acide arsénieux ; ce procédé est fondé sur l'emploi des réactifs titrés. •' Le réactif dont il se sert est le permanganate de potasse, dont M. Margue- ritte s'est déjà servi avec succès pour la détermination quantitative du fer. « Lorsqu'on verse dans une dissolution d'acide arsénieux une dissolution de permanganate de potasse, l'acide arsénieux passe à l'état d'acide arsé- nique , et la couleur rouge du réactif disparaît. La liqueur ne commence à se colorer que lorsque la tiansformation de l'acide arsénieux est totale. » Si donc on a une dissolution de permanganate de potasse titrée d'avance, on pourra connaître la quantité d'acide arsénieux contenue dans une disso- lution quelconque par la quantité de permanganate que cette dissolution exigera pour être transformée en acide arsénique. » L'essai se fait de la manière suivante : » On verse dans un matras à fond plat, d'un litre.de capacité environ, lo centimètres cubes de la dissolution à essayer , on y ajoute loo centimètres cubes d'eau distillée et 5 centimètres cubes d'acide chlorhydrique préala- blement étendu de partie égale d'eau; on verse ensuite, et avec précaution, la liqueur d'épreuve jusqu'à ce que la dissolution commence à se colorer: la quantité de liqueur employée fait connaître celle de l'acide arsénieux. » La liqueur à essayer doit être étendue d'eau, assez pour ne pas exiger plus de aS à 3o centimètres cubes de liqueur d'épreuve, et cette dernière doit être elle-même assez étendue pour que 8 à i5 centimètres cubes puissent être décolorés par o8'',oi d'acide arsénieux. '' " C'est ce mode d'essai que M. Bussy a appliqué à la détermination des quantités d'acides arsénieux contenues dans les dissolutions qu'il a examinées. " Il a constaté d'abord que les deux variétés d'acides arsénieux admises par les chimistes (l'acide vitreux et l'acide opaque) absorbent à poids égal la même quantité de permanganate, et que, par conséquent, les différences que l'on peut observer dans leur solubilité respective ne proviennent pas d'une différence d'oxydation. » Examinant ensuite la solubilité des deux variétés d'acide arsénieux , il arrive aux conclusions suivantes : ( 775 ) » 1°. L'acide vitreux , loin d'être moins soluble que l'acide opaque , comme l'admettent les chimistes, est, aa contraire, beaucoup plus soluble dans l'eau que ce dernier; cette différence est dans le rapport de 3 à i environ, pour , la température de i a à i 3 degrés: ainsi , l'eau, qui dissout 36 à 38 {grammes environ d'acide vitreux, ne dissout que la à i4 grammes d'acide opaque. » a°. L'acide vitreux se dissout beaucoup plus rapidement que l'acide opaque. , ' . • » 3°. Ni l'un ni l'autre de ces deux acides n'a une solubilité qui lui soit rigoureusement propre. » 4"- L'acide opaque se transforme en acide vitreux par une ébuUition prolongée avec l'eau; c'est-à-dire qu'il atteint alors le même degré de solu- bilité que l'acide arsénieux vitreux , solubilité qui est telle, que i lo grammes d'acide sont alors dissous dans un litre de liquide. » 5°. Sous l'influence de l'eau et d'une basse température, l'acide vitreux se transforme en acide opaque; c'est-à-dire qu'une dissolution d'acide vitreux finit, au bout d'un certain temps, par s'abaisser au point de saturation qui appartient à l'acide opaque. » 6". Fje mélange des deux variétés d'acide , dans une même dissolution, explique les anomalies observées dans la solubilité de l'acide arsénieux qui , en réalité , n'offre rien qui soit en opposition avec les principes admis par les chimistes. » 7°. La division qui facilite la dissolution de l'acide opaque, sans augmenter toutefois sa solubilité , diminue considérablement celle de l'acide vitreux, à tel point que cet acide , réduit en poudre fine et porphyrisé, n'est pas sensiblement plus soluble à froid que l'acide opaque ; sans doute par l'effet d'une transformation qu'il éprouve, soit au moment de la pulvérisa- tion , soit par son contact avec l'eau. » 8°. L'acide devenu opaque par l'action de l'ammoniaque, l'acide cristal- lisé dans l'eau , se comportent de même avec l'eau et paraissent appartenir à la même variété. •' ■ - . • >> 9°. Sous l'influence de l'acide chlorhydrique étendu d'eau , l'acide opaque se dissout plus lentement que le vitreux. Cette circonstance, qui modifie aussi la nature des produits qui se forment pendant la dissolution , explique pourquoi les phénomènes lumineux observés par M. Rose, dans la cristalli- sation de l'acide vitreux, ne se présentent pas, en général, avec autant d'intensité dans la dissolution de l'acide opaque. » I o°. La différence qu'on avait remarquée dans l'action des deux acides arsénieux sur la teinture de tournesol n'est qu'apparente. Si l'acide opaque • lOI.. (17^) ne rougit pas la teinture de tournesol, c'est en raison de son peu de solubilité, et surtout en raison de la lenteur de la dissolution; tandis que l'acide vitreux, dont la dissolution est prompte , rougit la teinture immédiatement. Mais si l'on fait l'expérience comparativement, et qu'on abandonne à lui-même le mélange d'acide en poudre et de teinture de tournesol , on ne tarde pas à voir la liqueur se colorer peu à peu en rouge , et toute différence disparaître au bout de trois ou quatre jours. » ZOOLOGIE. — Études sur les types inférieurs de V embranchement des Annelès; par M. A. de Quatrefages. (Commissaires, MM. Milne Edvi^ards, Rayer, Valenciennes.) Mémoire sur l'Échinre de Pallas (£'cA/«/-«f /'a/toiV, Nob.). « La plupart des Mémoires que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie depuis quelque temps étaient relatifs à des animaux chez lesquels l'organi- sation avait subi des simpliBcations plus ou moins considérables. Les natu- ralistes, curieux de reconnaître les rapports existants entre les divers groupes dont se compose le règne animal , comprendront sans peine cette prédilection. En effet, c'est presque toujours à l'aide de ces représentants dégradés des types fondamentaux, que les rapports dont nous parlons s'établissent entre les grandes divisions. Pour n'en citer qu'un exemple, nous rappellerons qu'en- tre les Vertébrés et les Invertébrés, le seul intermédiaire réel connu jusqu'à ce jour est l'Amphioxus, le dernier des Poissons (si même il est permis de lui donner nom). Nous rappellerons, en outre, que les particularités orga- niques qui éloignent l'Amphioxus des Vertébrés ordinaires le rapprochent, non pas des Mollusques ou des Articulés supérieurs , mais bien plutôt des Acé- phales et des Annéhdes, c'est-à-dire des Mollusques et des Annelès injerieurs. « Des rapports entre deux groupes d'ailleurs très-éloigués l'un de l'autre s'établissent aussi quelquefois, mais bien plus rarement, à l'aide d'un certain nombre d'espèces qui empruntent à chacun des deux une part de leurs ca- ractères, et réunissent ainsi dans un même organisme des particularités ana- tomiques et morphologiques que l'étude des espèces ordinaires nous avait habi- tués à voir séparées. Ce sont ces espèces à caractères zoologiques mixtes que je propose de distinguer par le nom de tj-pes de transition. Par suite même de leur nature, elles peuvent très-bien présenter une organisation assez compli- quée et établir ainsi des rapports entres les têtes de deux séries, d'ailleurs très- divergentes et très-distinctes l'une de l'autre, même à leur origine. « Les Echiures nous offrent, je crois, un des exemples les plus propres à ( 777 ) confirmer et à faire bien comprendre ces idées. Dans les trois espèces cou- nues jusqu'à ce jour, et surtout dans celle que j'ai trouvée à Saint-Vaast, sur les côtes de Normandie, on rencontre un mélange très-curieux de caractères empruntés au type des Annelés et à celui des Rayonnes. Ce fait explique les difficultés éprouvées par les naturalistes qui ont voulu assigner à ces animaux une place dans le cadre zoologique, et les contradictions que les ouvrages classiques renferment à cet égard. Dans un Mémoire dont la Note actuelle n'est qu'un court résumé, nous espérons avoir démontré que les Echiures, tout en restant, au fond, des animaux annelés, occupent réellement une place intermédiaire entre les Annélides chétopodes et les Holothuries, qu'ils servent ainsi de transition entre deux types essentiellement différents. Un coup d'œil rapide jeté sur leur organisation justifiera cette manière de voir, .v • ' » Extérieurement, l'Échiure de Pallas présente l'aspect d'un gros ver à peu près cylindrique, ayant jusqu'à 20 à a5 centimètres de long sur près de 3 centimètres de diamètre. En avant , le corps présente quelques traces d'une division en anneaux ; on n'en trouve aucun vestige en arrière. .' • • " liCS appendices locomoteurs consistent en soies ou crochets solides, dé- veloppés dans une sorte de capsule et mis en mouvement par des muscles, à peu près comme chez les Annélides. On trouve en avant deux de ces pieds placés d'une manière symétrique des deux côtés de la ligne médiane infé- rieure, caractère qui rattache l'Échiure aux Annelés; mais en arrière, ces pieds présentent une disposition parfaitement rayonnée, et forment deux cercles concentriques vers l'extrémité postérieure (i). » Les téguments de l'Echiure ne présentent pas cet épidémie mince et résistant, si facile à isoler chez les grandes Annélides chétopodes. En re- vanche, on y trouve une couche fibreuse analogue à celle que possèdent les Holothuries, même les plus simplifiées. " La bouche et l'anus sont exactement terminaux, caractère que ûe pré- sente aucune Annélide, et qu'on «-encontre au contraire chez toutes les Holo- thuries. Mais l'Échiure possède une véritable trompe d'Annélide , à laquelle succède, il est vrai, un intestin dont les circonvolutions nombreuses rappel- lent entièrement ce qui existe chez les Holothuries. Ce qui ajoute encore à cette ressemblance , c'est un véritable mésentère très-développé, adhérent , d'une part, aux parois de la cavité abdominale sur la ligne médiane infé- (i) On sait que dans le Thalassama Neptuni (Gartner) , ces crochets postérieurs manquent entièrement , et que dans le Lombricus echiurus ( Pallas ) , les deux cercles sont incomplets. Ils sont complets dans l'espèce actuelle, et ce caractère est un des principaux qui m'engagent à ia regarder comme distincte des deux autres. ( 778 ) , . l'ieure, et', de l'autre, à l'intestin dans toute son étendue. Ce caractère, qui n'a été encore signalé chez aucune Annélidc, se retrouve, au contraire, chez les Holotliuries supérieures. « Vers l'extrémité postérieure du rectunn, on trouve deux longs cœcums qui remontent dans la cavité abdominale. Ces cœcums sont pour nous le»re- . présentants de l'arbre respiratoire des Holothuries, dont ils occupent la plate et dont ils remplissent très-probablement les fonctions. » I/appareil de la circulation ressemble, sous bien des rapports, à celui des Annélides et surtout des Arénicoles. On retrouve ici le vaisseau dorsal et le vaisseau ventral, réunis en arrière de la trompe par une sorte de collier œsophagien. Mais, de plus, on voit partir de la poche qui sert de jonction aux deux systèmes vasculaires , un troisième tronc qui se ramifie dans le mé- sentère, et doit y établir une circulation analogue à celle dont cette mem- brane est le siège dans les Holothuries. » Les sexes sont séparés chez l'Echiure comme ils le sont d'ailleurs chez les Annélides chétopodes , aussi bien que chez les Holothuries supérieures. L'appareil génital mâle, le seul que j'aie pu observer, consiste en quatre cœcums placés deux à deux de chaque côlé de la ligne médiane, et communi- quant au dehors par autant d'ouvertures très-petites. Ainsi , cet appareil, par sa concentration sur un point du corps, rappelle ce qui existe chez les Holothuries, tandis que, par .sa disposition symétrique et binaire, il prend le caractère le plus caractéristique peut-être des animaux aunelés. » Depuis l'époque où Pallas fit connaître son Lombricus echiurus, personne ne s'était occupé de l'anatomie des Échiures. Pallas s'était borné à décrire avec sa précision habituelle, les caractères extérieurs et le tube digestif (i). Or on a pu voir, d'après ce qui précède, que, sur ces deux points, les ca- ractères de Rayonné et ceux d'Annelé se balancent à peu de chose près, li'étude de l'appareil circulatoire nous a laissé dans la même incertitude. Il est facile, d'après cela, de comprendre comment les naturalistes les plus éminents ont pu se trouver en désaccord sur la place qui revenait aux Echiures; comment Cuvier a pu les placer à la suite des Holothuries, et M. de Blain- ville parmi ses Chétopodes. » L'examen du système nerveux a pu seul résoudre définitivement ce problème et donner raison à M. de Blainville contre l'illustre auteur du (i) Il a vu aussi , mais sans redonnaître leur nature, les organes génitaux mâles. L'ovaire lui a échappé, bien qu'il ait trouvé la cavité abdominale remplie d'œufs. Mentionnons en passant que ce dernier fait rappelle ce qu'on voit chez les Annélides. ( 779 ) Règne animal. liC système nerveux de l'Échiure est essentiellement et en- tièrement celui d'un animal annelé. Il consiste en une chaîne de ganglions placés sur la ligne médiane, réunis par un filet unique, et envoyant des filets aux principaux organes. Un collier aesophagien, placé presque immédia- tèmeutà l'origine du tube digestif, et un très-petit ganglion cérébroide, com- * plètent et achèvent de caractériser cet appareil. » L'Échiure appartenant aux Annelés proprement dits, on devra l'ap- porter au même groupe les animaux qui l'avoisinent. De ce nombre sont, entre autres, les Sternapses, dont M. Rrohn nous a fait connaître avec détail l'anatomie, et qui ressemblent beaucoup auxÉchiures; les Priapules et les Siponcles, chez qui M. Blanchard a découvert récemment un système ner- veux, tout semblable à celui que nous venons de décrire (i). Toutefois la dégradation si remarquable que présentent ces derniers vers nous engage à les regarder comme formant une famille distincte. » Le groupe formé par les Échiures et genres voisins pourrait donc être réparti de la manière suivante : . Familles: Genres: •'-.'• Échiuriens . Échiures.... Échiure. Sternapse. Siponcle (2). ( Siponcle Siponcuhens. { „ ■ , ■^ J Pnapule >' Les préparations justificatives des résultats indiqués ci-dessus sont déposées dans la galerie du Muséum consacrée à la collection d'Aunélides. " MÉMOIRES PRÉSENTÉS HYGIÈNE. — Statistique des maladies et des décès causés par la trans- formation en marais des excavations qui longent le chemin de fer de Strasbourg à Bâte, dans les communes de Bollwiler et de Feldkirch; par M. DoLLFUs-AussET. (Commissaires, MM. Dumas, Serres, Boussingault.) ■ « L'établissement du chemin de fer de Strasbourg à Bâie a forcé, sur (i) Nous avons indiqué déjà ce résultat dans une Note des Jnnales. La découverte de M. Blanchard lève tous les doutes qui pouvaient résulter du travail de M. Grubt sur l'ana- tomie des Siponcles. (2) Je considère ici les Siponcles comme ne formant qu'un seul genre ; on a déjà essayé d'y introduire quelques coupes génériques ; mais ce travail très-difficile me semble reposer encore sur un trop petit nombre de faits pour en accepter immédiatement les résultats. ( 78o ) quelques points , de défoncer, sur une profondeur de i à 2 mètres , les champs cultivés qui le bordent pour leur emprunter les terres nécessaires aux ter- rassements. Il en est résulté des excavations de i3 à i4 hectares de super- ficie qui s'étendent sur une longueur de 3 kilomètres dans le voisinage des communes de BoUvpiler et de Feldkirch. En automne et au printemps, ces excavations se remplissent d'eau, puis elles se dessèchent partiellement tn été, et déposent un limon insalubre. Elles se sout ainsi transformées en véri- tables marais, dans lesquels M. à. Baumann a trouvé les plantes caractéris- tiques des eaux stagnantes, telles que Poljgonum Jijdropiper , Àrundo phragmites. Iris pseudaçorus , Zanichellia palustris, Potamogeton grami- neum, Leerzia orizoides, Alisrna plantago, Tjrpha angustijblia, Tuncus com- munis, Sparganium ramosum, Carex paludosa , Gljceriajluilans ; etc., etc. ;. Sous l'influence de ces marais dangereux, la commune de Bollwiler, qui compte 1 44^ habitants, est, depuis trois ans, cruellement décimée par les fièvres intermittentes. Le relevé suivant, dont le maire, M. Durwell, certifie l'exactitude, prouve, qu'au lieu de diminuer, le mal ne fait que s'ag- graver tous les ans. IjC tableau suivant présente le nombre des individus atteints par la fièvre depuis quatre ans: 1842 ...36 ' i844 166 ''■.', ■ ' 1845 743 ••'. 1846 1166 » La mortalité s'est accrue dans la même proportion. La moyenne an- nuelle, déduite de dix ans (1 836-1 845), est de 36. En 1 846, le nombre des décès s'est élevé à 54- Dans ce même espace de temps, les journées perdues par suite d'incapacité de travail, les honoraires dus aux médecins et les dé- penses de médicaments , représentent la somme de n 65i 5 francs. » La petite commune de Feldkirch, qui ue compte que 45o habitants, n'a pas été moins maltraitée. Voici le relevé signé par le maire, M. Strub , du nombre de personnes atteintes par la fièvre dans les quatre dernières années : , . 1843... 2 *' 1844 20 1845 i35 1846...;...... 376 » La mortalité annuelle moyenne , qui n'était que de 1 1 personnes , s'est élevée, en 1846, à 18. Enfin la perte représentée par les journées de travail et les frais de maladie, est de li'i-jkig(raDCS. ( 78i ) » A tous ces faits, les docteurs Weber, Jaenger et West, auteurs d'un Rapport très-concluant adressé au préfet du Haut-Rhin, en ont ajouté qui n'est pas moins probant. Le pharmacien Larfjer, de Soulfz, chef-lieu de can- ton des trois communes atteintes, a vendu les quantités suivantes de sulfate de quinine : 1 843 ........ i 1 20 grammes. 1844 i5o 1845 970 >' L'Etat ne saurait rester plus longtemps insensible et inactif en présence de pareils maux. Trois ans de souffrances ont complètement découragé les malheureux habitants de Bollviriler et de Feldkirch; et l'auteur de cette Let- tre en appelle aux lumières de l'Académie pour éclairer l'Administration sur les mesures les plus propres à faire cesser cette année le fléau qui décime deux villages, et menace tous ceux qui les avoisinent. » i OPTIQUE. — Petit goniomètre à reflexion comparée; par M. Adolphe Matthiesseiv , d'Altona. (Extrait d'une Lettre à M. Arago.) ~ ' (Commissaires, MM. Gordier, Dufrénoy, Laugier.) « Ce goniomètre fort simple se compose d'un demi-cercle en bronze , sur lequel est tracée la division, et d'une règle rectangulaire droite d'acier, à vernier, mobile autour du centre. Une échancrure, égale en largeur à celle de la règle, est pratiquée sur la moitié de la longueur du diamètre. Une projection de la partie pleine sur l'échancrure m'a fourni le moyen de placer le point de centre de telle sorte, que la moindre déviationde la règle produit un jour qui permet de mesurer, par application, les plus petits angles. C'est là tout l'instrument. » On l'emploie à volonté, par application ou par réflexion. En rem- ployant successivement des deux manières, on vérifie une observation par l'autre. » J'ai caractérisé par les mots de réflexion comparée le second mode d'action de mon goniomètre, parce que la comparaison des deux moitiés d'une mire réfléchie doit présenter l'image d'une ligne continue. . > » Pour mesurer un prisme par réflexion comparée , même un prisme à demi achevé , ou un verre plan, dépoli d'un côté, on le place sur l'épaisseur du diamètre en bronze, dont la surface plane et polie fait office de miroir. On fait coïncider, psr juxtaposition, le bord plan et miroitant de la règle avec la surface polie du solide à mesurer. Une ligne droite quelconque, C. R. , i847, I" Semestre. (T. XXIV, N» 18.) 1 02 ( 78^ ) prise pour mire, doit se réfléchir sur ces deux surfaces qui se touchent, sans se briser, comme si elle se réfléchissait sur un seul plan. Les myopes doivent s'armer d'une lorgnette pour distinguer directement l'objet pris pour mire. » La mesure d'un angle par réflexion comparée repose sur le principe suivant: Lorsque l'épaisseur du diamètre du demi-cercle, transformé en miroir métallique plan, est au niveau de la surface plane et polie du bord de la règle, la mire se réfléchit, sans se briser, sur ces deux miroirs métalliques juxtaposés, comme s'ils ne formaient qu'un seul plan. Le vernier est alors à zéro. La surface inférieure du prisme, polie ou dépolie , appuyée sur le diamètre du limbe , correspond donc toujours avec le zéro de la division, sans que l'on ait besoin de la mesurer et sans s'exposer aux erreurs d'une observation. Cette surface étant connue, je fais coïncider le miroir de la règle avec le plan supérieur du prisme. 11 est évident que je transporte ainsi sur la règle, par une seule observation, la direction des deux plans du prisme. Le nombre de degrés, entre le zéro et le point auquel correspond actuellement la règle, donne la mesure du prisme. " Ce principe renferme plusieurs avantages pratiques : " 1°. Il réduit la mesure d'un angle, prise par réflexion, à une seule observation. » 2°. L'instrument porte son ajustement exclusivement en lui-mém€, car il est ajusté lorsque la réglé (étant à zéro) donne, conjointement avec le diamètre, une image non brisée d'un objet extérieur. >' 3". Il fournit le moyen d'orienter le prisme exactement au moment de l'observation même, puisque le prisme est parfaitement posé, lorsque la ligne de la mire reste droite après la réflexion. -'"^^î' . ■ : » 4°- Il fournit à l'opticien le moyen facile d'exécuter un prisme exacte- ment à l'angle demandé, puisqu'il peut le mesurer, à une minute près, avant que la seconde surface ne soit terminée. » 5°. L'appareil , par sa simplicité même , est d'un emploi facile et d un prix modéré. » Mon goniomètre, placé sous les yeux de l'Académie, exécuté par M. Cie- chansky, d'après mes données, est muni de deux pièces accessoires qui rendent les mesures encore plus exactes; ces pièces sont un support à coulisse, pour orienter le prisme plus commodément, et uu pied qui, fixant le limbe, dégage une des mains de l'observateur. » On tient alors une lunette de faible grossissement, même de spectacle, d'une main, et l'on amène la règle avec l'autre, tout en regardant la mire ï ( 783 ) réfléchie. Ou sait que l'ou se trompe facilement de i5 minutes dans la mesure d'un angle prise par application, tandis que dix mesures, prises successivement du même angle par réflexion comparée, ne diffèrent pas entre elles d'une minute, quoique le rayon du limbe ne soit que de 8 cen- timètres. " La moindre concavité ou convexité dans les surfaces d'un prisme ou d'une glace parallèle se révèle de suite par le changement du foyer de la lunette. " Lorsque la mire se réfléchit nettement sur la règle , et confusément sur la surface soumise à Texamen, cette surface n'est pas plane, elle est à refaire. " Ce moyen est si sensible, que je l'utilise pour la mesure exacte des courbes des lentilles. Cet appareil sera mis sous les yeux de l'Académie. » Un goniomètre plus petit et plus exact encore est actuellement en construction. Un demi-disque en verre remplace le limbe en bronze. L'épaisseur même du diamètre du disque fait l'office de miroir; c'est sur ce bord plan et poli du verre que la réflexion comparée doit se produire. » La règle est remplacée par une équerre en cuivre jaune , sur laquelle on appuie le prisme. On lit la mesure deux fois par transparence , sur les deux extrémités de l'équerre, à l'aide de très-petits microscopes qui y sont fixés. Une division sur verre, placée au foyer de l'oculaire positif, remplace le vernier. " Ce procédé pour lire une division est susceptible d'une grande précision. Les traits d'un vernier sont plus rapprochés de la loupe que le cercle lui-même, dans le plus grand nombre des constructions; ce qui empêche d'employer un fort grossissement. Ici plus de vernier ; sur le cercle, plus de frottement qui diminue la précision ou efface la division. » fjes disques en verre peuvent être substitués avantageusement aux cercles astronomiques doubles , dont les divisions , à cause de l'opacité , ne peuvent être grossies que dans des limites très-restreintes ; tandis que par transparence je puis lire des divisions beaucoup plus déliées, ce qui permet de restreindre les dimensions de l'instrument. D'ailleurs le verre donne moins d'erreur par la dilatation inégale que le cuivre. La difficulté est de produire une grande surface plane, de verre, par le poli naturel de fusion, ou bien de faire un grand nombre de traits fort déliés, rapprochés et équi- distants sur une glace artificiellement polie. » En examinant mon goniomètre à réflexion comparée, que je vous I02.. ( 784 ) priais de mettre sous les yeux de l'Académie, vous m'avez fait observer que je pouvais en faire facilement un goniomètre répétiteur, capable de mesurer les secondes avec exactitude, en remplaçant le demi-cercle divisé, par un cercle entier, muni d'une table polie, dans la direction de son rayon, pour ■porter le prisme soumis à l'expérience; qu'il suffisait d'une disposition pour arrêter la règle, tandis que l'on tourne le cercle pour permettre de répéter la mesure d'un angle autant de fois que l'on voudra , sans lecture inter- médiaire. Je vais réaliser ce perfectionnement. » GALVANOPLASTIE. — Note sur un procédé pour dorer les roues des montres et des chronomètres ; par M. Philippe Piantamocr. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze.) i< Les perfectionnements que l'on cherche journellement à introduire dans l'horlogerie en vue d'obtenir la plus grande exactitude réunie à l'élégance , ont conduit , entre autres , à demander que les roues des chronomètres et des montres de précision fussent dorées. Il est même probable que ce perfection- nement, qui, par la propreté qu'il entrelient, tend à augmenter la précision , aurait été mis en exécution plus tôt, si les procédés de dorage connus au- jourd'hui l'eussent permis; mais, jusqu'à présent, le dorage au mercure, car ici il ne peut pas être question de dorage galvanique , s'opère toujours sur une surface amalgamée au moyen d'une dissolution acide de mercure dansl'eau-forte, qui détruirait complètement les pignons en acier des roues. Recouvrir ces pignons préalablement d'une couche de cire ou de résine , serait une opération peu convenable , parce que la résine brûlerait , au moins partiellement , et que le nettoyage des ailes des pignons et des pignons eux-mêmes exigerait ensuite un travail considérable et même peut- être impossible sans en entraîner l'altération. » Le procédé très-simple que j'ai l'iionneur de communiquer à l'Aca- démie, et qui obvie à cet inconvénient, consiste à faire usage, pour l'amal- gamation, d'une dissolution de mercure qui n'altère l'acier ni à froid, ni sous l'influence de la chaleur, par les produits de décomposition qu'elle développe. Pour se procurer cette liqueur, on dissout une petite quantité de mercure dans une quantité d'acide nitrique assez considérable pour que ce dernier soit en excès; on sature ensuite la dissolution par de l'ammoniaque, puis on redissout le précipité dans un excès de cet alcali . Si le précipité ne se redis- sout pas en entier, on peut fiiltrer, ou bien le redissoudre dans l'acide nitrique, - • (785) et sursaturer ensuite derechef par de l'ammoniaque , de manière à dissoudre le nouveau précipité. Le nitrate mercurique ammoniacal, dont se compose ce précipité, ne se dissout guère dans l'ammoniaque libre, mais il est assez soluble dans le nitrate ammonique, avec lequel il formcî un sel double qui cristallise même fort bien. Il suffit, par conséquent, d'opérer de façon à avoir une quantité suffisante de nitrate ammonique dans la liqueur, pour que le précipité s'y redissolve. » Pour amalgamer les roues au moyen de cette dissolution , il n'y a aucune précaution à prendre; on peut les y plonger eniièrement et les y laisser plu- sieurs minutes sans que les pignons éprouvent la moindre altération. L'ammo- niaque eu excès décape rapidement la partie de la roue qui doit être amal- gamée et ensuite dorée, et l'amalgamation de la surface s'opère toute seule et très-vite. » Pour appliquer l'or, on retire les roues de la dissolution mercurielle, et on les enduit d'amalgame d'or , sans qu'il soit nécessaire de les essuyer. Cela fait, on les chauffe sur un petit tambour en tôle dont la surface supé- rieure est percée d'une ouverture pour laisser passer le pignon, et qui per- met de chauffer la partie de la roue qui doit être dorée, sans que le pignon s'échauffe sensiblement et que la trempe en soit altérée. Cette petite caisse en tôle est chauffée, à sa partie inférieure, par une lampe à l'esprit-de-vin. » La dissolution de mercure qui sert à l'amalgamation ne produit, par sa décomposition sous l'influence de la chaleur , que de l'eau , de l'oxyde nitreux, du nitrogène et du mercure , qui n'exercent aucune influence sur l'acier des pignons, à la température à laquelle l'opération s'effectue. Au moyen d'une brosse rude, on donne à la surface le grain que l'usage a établi pour les autres parties intérieures des montres , et , après un coup de gratte-bois à l'eau de savon, la roue est dorée et terminée, tandis que le pignon est resté aussi brillant et aussi net qu'avant l'opération. . » Ce procédé de dorage, qui permet de mettre les chronomètres , et en particulier les montres marines destinées à des voyages de long cours, à l'abri de l'influence de l'air, surtout de l'air de mer qui entraîne souvent des parti- cules salines, pourra être , peut-être, de quelque utilité, puisqu'il met à même de remplir une des conditions de la précision des chronomètres, savoir, la propreté. " Parmi les échantillons que je soumets à l'appréciation de l'Académie, se trouvent, i° les roues brutes, telles qu'elles ont été employées jusquà présent (pour servir de terme de comparaison) ; 2° des roues dorées par le { 786 ) • procédé nouveau; 3® ei enfin des roues rouges qui, après avoir été dorées par le même procédé , ont été passées en couleur par une méthode connue depuis longtemps , et qui consiste à faire bouillir la roue , pendant quelques minutes, dans une dissolution de carbonate sodique, à laquelle on a ajouté trois ou quatre gouttes de chlorure aurique, opération qui n'altère nullement les pignons. Cette couleur rougeâtre, qui est plus riche, et qui a été com- mandée par le caprice du goût ou de la mode, n'ajoute du reste rien à la perfection du dorage. Il faut seulement faire attention de ne pas employer des dissolutions trop concentrées, et de ne pas prolonger l'ébullition trop longtemps , parce qu'alors les pignons , qu'on n'a pas voulu avoir dorés jus- qu'à présent, se dorent si bien, qu il faut ensuite une grande dépense de temps et de travail pour enlever l'or déposé sur l'acier. ' *' *f '■ " En résumé, le procédé se borne à faire usage, pour l'amalgamation de la surface à dorer, d'une dissolution de nitrate mercurique ammoniacal dans une solution de nitrate aramonique contenant de l'ammoniaque en excès. » OROGRAPHIE. — Réponse à une Note de M. Durocher sur la couleur de la glace, des glaciers et des eaux qui s'en écoulent, lue dans , la séance du 19 avril 1847 ; par M. Ch. Martins, (Commission nommée pour le Mémoire de M. Durocher.) « Peu de mots suffiront pour clore cette discussion. Dans sa première Note, M. Durocher disait, page 444- " Les eaux qui s'écoulent des champs ). de neige et des glaciers présentent une teinte d'un bleu de ciel très-pro- 11 nonce; ce caractère leur est tellement propre , que souvent il m'a servi à Il reconnaître si les montagnes qui entourent les hautes vallées sont cou- >> vertes de tapis de neige. « 1' Je répondais à M. Durocher, page 546 : 1" que ces eaux sont toujours troubles en sortant lies glaciers, 2° qu'à l'état de repos, elles forment des lacs tantôt. bleus et tantôt verts; 3" qu'après s'être purifiées dans ces lacs, ellessontincolores,bleuesou vertes.,, ji >' Maintenant M. Durocher assure, page 678 , " que les eaux qui s'écoulent » des champs de neige et des glaces présentent une teinte bleue, tirant sur » le vert, sauf le cas où elles sont tout à fait troubles; et il ajoute, p. 679 ; >■ Comme je l'ai exposé dans le Mémoire qui doit être publié prochainement, >. les différences des lacs d'origine glaciérique sont presque toujours com- » prises entre le bleu et le Tjerf. » v • v , ï ( 7«7 ) » I.a couleur bleue n'est donc pas un caractère des eaux des neiges et des glaciers, comme M. Durocher l'avait avancé dans sa première Note, et je vois avec plaisir qu'il renonce à soutenir l'opinion d'Ebel, qu'il avait d'abord épousée. » M. Durocher cite , page 679, « la petite flaque d'eau du Grimsel, qui, " dit-il, n'est pas alimentée par la (usion des champs de neige. » Cette petite flaque d'eau est un lac appelé Kleinse&j de 2 kilomètres de circon- férence et de ao mètres de profondeur. Nous l'avons sondé, M. Dollfus et moi. Gomme il se trouve à 1880 mètres au-dessus de la mer, il reçoit, outre la source qui l'alimente, les eaux qui proviennent de la fusion des neiges du col du Grimsel, qui est à 9.175 mètres au-dessus du niveau de l'Océan (i). ; » Poui- prouver que la couleur bleue de la glace tient à l'interposition de l'eau dans ses interstices, M. Durocher dit, page 678, que lorsqu'une glace flottante chavire, « les parties émergées perdent leur teinte bleue à mesure " que l'eau s'écoulant des fissures de la glace est remplacée par de l'air. " .l'ai passé de longues heures, pendant les deux campagnes de i838 et 1839, devant les glaciers du Spitzberg, pour prendre la température du fond delà mer qui les baigne (2); j'ai vu chavirer bien des glaces flottantes: jamais je n'ai aperçu le changement de couleur dont parle M. Durocher. Mais ce que j'ai constaté, comme tous ceux qui ont séjourné sur les glaciers de la Suisse, c'est que la surface de la glace bleue exposée à l'air et à la chaleur se fissure dans tous les sens, l'air pénètre dans ces fissures et la glace prend une teinte blanche comme dans le cas oti elle est remplie des bulles d'air interposées entre les flocons de neige auxquels elle doit son origine. Il suffit d'ailleurs de jeter un coup d'œil sur la PI. VI , Jig. 3, 11 et i3, de l'atlas des Nouvelles études sur les glaciers, par M. Agassiz, pour voir que la glace est d'autant plus blanche qu'elle contient un plus grand nombre de bulles d'air.» PHYSIQUE DU GLOBK. — Études hjdrologiques dans les granités et les terrains jurassiques formant la zone supérieure du bassin de la Seine; par M. Belgrand, ingénieur des Ponts et Chaussées. (Commissaires, MM. Arago , Élie de Beaumont, de Gasparin.) a Je me siais proposé, dans le Mémoire ci-joint, d'examiner le degré de (i) Voyez aussi Wyss, Voyages dans l'Oberîand bernois, tome II, page 347- (2) Voyez Comptes rendus, tome VIII , page 27, iQZ^; *;\.'Poggendorff's Annalen (ter Physik-Ergaenzungs Band, ipage \Sc). ( 788 ) perméabilité aux eaux pluviales des divers terrains qui forment le quartz su- périeur du bassin de la Seine, en amont de Paris. i> Cette question est entièrement neuve. Je démontre que certains terrains, qui occupent dans ce bassin une immense étendue, ne donnent point d'eau aux l'ivières, tandis que d'autres en laissent écouler un volume énorme, et que cependant on ne s'est nullement préoccupé de ces propriétés du sol dans l'exécution des grands travaux publics, et notamment dans la construc- tion des canaux. Elle est d'une haute importance : )' 1°. Pour l'ingénieur, soit dans le calcul du débouché des ponts ou dans la recherche des moyens d'alimentation des canaux, soit surtout dans les études relatives à la régularisation du débit des rivières. » 2°. Pour l'agriculteur : je fais voir que les prairies, dans les terrains perméables, ne peuvent exister qu'au fond des vallées et seulement dans les parties accessibles aux crues des cours d'eau , tandis que, dans les autres, elles peuvent végéter jusqu'au sommet des montagnes avec le simple secours des eaux pluviales. I^a culture des prairies artificielles, des céréales, les races de bétail à adopter dans chaque localité, varient aussi avec la perméabilité du sol. ') 3°. Pour les forestiers: la question du reboisement se trouve présentée sous un point de vue entièrement neuf. Il est évident qu'il est inutile, si l'o- pération n'est pas bonne financièrement parlant, de reboiseries terrains per- méables qui ne donnent point d'eau aux vallées. Je fais voir, du reste , que , dans des montagnes d'une hauteur médiocre, comme celles de la Seine supé- rieure, les bois ne diminuent en rien la rapidité de l'écoulement des crues , et qu'ils n'ont d'autre effet que de donner aux rivières des eaux peu chargées de vase. » ■ * Nous donnerons de plus amples développements à l'époque où se fera le le Rapport. GÉOLOGIE. — Note sur un terrain diluvien argileux du département des f^osges; par M. de Billy. (Commission précédemment nommée pour un travail sur la géologie des Vosges.) MÉGANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur une modification apportée à la vis d'Archimède ; par M. Letellier. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin.) ( 1^) CHIRURGIE. — Nouveau procédé pour produire, au moyen de la vapeur déther, V insensibilité chez les individus soumis à des opérations chirur- gicales. (Extrait d'une Lettre de M. Pirogoff, professeur de clini(|ue chirurgicale à l'Académie impériale de chirurgie de Saint-Pétersbourg. ) (Commission de l'éther. ) « 'Cette méthode consiste dans l'introduction de la vapeur de lether par le rectum. \,es expériences que j'ai faites sur des animaux m'ont autorisé à l'employer dans les opérations chirurgicales , même dans les cas où les inspi- rations de l'éther avaient agi sur les malades sans le moindre succès. » Après avoir dégagé, au moyen d'un lavement simple, la partie infé- rieure du canal intestinal , je fais entrer une sonde élastique dans le rectum , et j'adapte, à l'extrémité extérieure de cette sonde, au moyen dune vis, la seringue dont je me sers aussi pour la transfusion du sang, Cette seringue est contenue dans une capsule en fer-blauc , qui est remplie d'eau à l\o degrés Réaumur. Grâce à cette disposition , lether liquide , qui s'introduit de ce flacon dans la seringue, passe instantanément de l'état liquide à l'état de vapeur, et c'est sous cette forme quil entre, par la sonde élastique , dans le rectum. " Les avantages de cette méthode sont évidents : les organes de la respi- ration n'eu souffrent aucunement. L'éthérisatiou est tout à fait indépendante die la volonté du malade, et elle agit bien plus promptement; après deux à quatre minutes, déjà l'air aspiré sent très- fortement l'éther. Il me semble que cette méthode remplacera tout à fait la méthode pneumatique, très- souvent incommode et pénible pour les malades. Les opérations, dont l'ac- complissement parla méthode pneumatique avait été très-difficile, comme, par exemple , plusieurs opérations au visage , à la bouche , et surtout les opé- ration&chez les enfants, peuvent maintenant s'accomplir très-facilement par ma méthode. >• T>a quantité de l'éther, dans les cas observés par moi, jusqu'à présent, n'était que de i^à 2 onces, et la narcotisation était complète ordinairement après trois à cinq minutes, .lusqu'à présent, elle n'eut jamais de suites fâ- cheuses. » . - . ■ ^ M. Jackson adresse divers documenta légalisés ayant pour objet de con- stater ses droits à la découverte des propriétés de In vapeur déther pour C. R., 1847, l*' Semestre. (T. X\IV, ^» 18. Io3 ( 79° ) produire l'insensibilité. A ces pièces est joint un exposé historique des recherches qui ont conduit M. Jackson à cette découverte, dont il a fait la première application sur lui-même , et de ses rapports avec M. Morton , qui l'a le premier employé sur autrui , en suivant la direction de l'inventeur. (Commission de l'éther.) M. Saint-Geiïez adresse une rectification relative à une Note qu'il a adressée dans la séance du 19 avril, Note dans laquelle il a, par inadver- tance, qualifié Yéther à^ antidote de la morphine, quand son intention était de dire que cet agent favorise et augmente les effets produits par l'alcali végétal. C'est, en effet, ce qui résultait des expériences faites en commun par MM. Saint-Genez et Ducros, et exposés dans une Thèse imprimée en 1842. M. D0CRO8 écrit relativement à la même erreur qu'il a remarquée dans le Compte rendu de la séance du 19 avril, et qui n'est imputable, comme on vient de le voir, qu'à son collaborateur. (Commission de l'éther.) M. DE LA Passe adresse une nouvelle Note sur la conservation et la pani- fication de la farine de mais. Dans cette seconde communication , l'auteur indique le procédé au moyen duquel il pense qu'on pourra priver, à peu de frais, et suffisamment pour les usages domestiques, la farine de mais de la matière grasse qu'elle contient; cette partie grasse, comme on le sait, fait promptement rancir, et, dans la panification, empêche la pâte de bien lever. (Commission précédemment nommée.) M. Imbert adresse un Mémoire ayant pour titre : Extraction homogène des racines de tous les indices. Ce Mémoire, dans lequel l'auteur reproduit sous une forme nouvelle un tra- vail déjà présenté , est renvoyé à l'examen de la Commission précédemment nommée. M. PisTEL soumet au jugement de l'Académie une Note sur un dispositif destiné à rendre insubmersibles les chaloupes et les petits bâtiments. (Commissaires, MM. Duperrey , Morin , Combes.) • * ( 7^0 M. Vanneh adresse un supplément à un Mémoire qu'il avait précédemment présenté, Mémoire relatif à une méthode de traitement de la phthisie, fondée sur une nouvelle théorie de |a nature de cette affection et des causes qui la produisent. ' .. .- (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) " • CORRESPONDANCE. M. Arago met sous les yeux de l'Académie le i3* volume du Recueil des Historiens des Gaules et de la France, reproduit par M. M. Dupont au moyen du contre-épreuvajje lithographique. Cet énorme volume montre que l'art de la reproduction n'est plus , dans les établissements de M. M. Du- pont, à l'état de simple essai. • , • ; .. M. Arago annonce que M. Dupont va reproduire, par le même moyen, un ouvrage excessivement rare de Papin, ouvrage qui met hors de doute les droits de cet illustre mécanicien à l'invention de la machine à vapeur. M. Arago présente, au nom de M. de la Bêche, le premier volume des « Mémoires du Cadastre géologique de la Grande-Bretagne et du Musée de géologie industrielle de Londres. » '': ... M. Eue de Readhont présente, au nom de M. de W^altersh.ausen , les deux premières livraisons de l'ouvrage intitulé : Atlas de l'Etna par TV. Sar- torius de Waltershausen, assisté de S. Cavallari, C.-F. Peters et C. Roos. Cet ouvrage, dont le texte est imprimé en français, et qui formera sept à huit cahiers , est le fruit des études que M. de Waltershausen et ses com- pagnons ont faites sur l'Etna, de i836 à i843. Les livraisons déjà publiées renferment les premières feuilles d'une carte topographique de l'Etna , gra- vée sur cuivre, avec autant de soin que d'élégance, par M. Cavallari. Cette carte est fondée sur une triangulation dont le réseau, embrassant tout le massif de l'Etna, y a fixé les positions de vingt-neuf points principaux, et de plus de douze cents points du deuxième et du troisième ordre , et a été orienté avec soin d'après le côté Monte-Rosso Catane. La base comprise entre les points Portella et Gurna, non loin de Riposto , sur les bords de la mer, a été mesurée, dans l'été de i836, par MM. de Waltershausen et Liesting. Les po- sitions de tous les points ont été calculées par l'àpport à deux axes rectangu- laires qui se croisent au centre de la coupole du couvent des Bénédictins de Catane. Le dessin original de la carte a été exécuté à l'échelle de j^pj^ et réduit, pour la gravure, à celle de 5^*0 ôô- io3.. ( 790 L'oavraffe contient aussi uu {^rand nombre de vues perspectives, tant de l'ensemble que des détails du massif de l'Etna; ces vues, dont tous les points principaux ont été fixés sur le papier d'après des mesures angulaires exécu- tées avec soin, n'ont rien perdu, par cette gêne géométrique, de l'élégance ni de l'air de vérité que pouvait leur donner le crayon d'artistes habiles, et ont été gravées, au simple trait, par M. Cavallari avec cette élégante et in- telligente simplicité qui sait mettre en relief tous les détails essentiels d'un tableau géologique. , .. ' M. de Waltershausen s'expriiïie ainsi daiis sa Lettre d'envoi adressée à M. Elie de Beaumont : >< Je prends la liberté de vous adresser lés deux pre- miers cahiers de mon Atlm de l'Etna, avec prière de vouloir bien le pré- senter à l'Institut de France eu y joignant l'expression de ma plus haute estime. Vous trouverez indiqué dans le texte qui accompagne le premier cahier, le plan de tout l'ouvrage; il me paraît donc inutile de vous en parler ici. Le troisième cahier sera publié dans deux mois, et j'aurai soin qu'il vous parvienne au plus tôt. I) Ce ne sera pas sans intérêt que vous trouverez , monsieur, que mes vues sur la formation et la structure des volcans, et spécialement pour ce qui regarde leur soulèvement, coïncident avec les vôtres dans tous les points essentiels: résultat d'autant plus décisif, que je n'y suis pas arrivé par suite de discussions abstraites, mais que je l'ai déduit directement d'observations consciencieuses poursuivies sur la nature même pendant plusieurs années. >' Je compte publier, dans la quatrième livraison, le cratère de l'Etna et le Val-fiel-Bove; nous aurons alors achevé à peu près la moitié de l'ouvrage. » Il serait peut-être difficile d'accomplir, avec les ressources restreintes d'un particulier, un tj-avail qui exigeât de plus grands sacrifices. J'avais à vaincre des obstacles détente sorte et presque incroyables, que la nature et les circonstances soulevaient devant moi. Une volonté ferme et l'enthousiasme de la science ont seuls empêché que je ne fusse enseveli sous les ruines de ma propre construction ; et la pensée des avantages qui devront en résulter pour la science me donne seule la force de continner. Cette pensée doit me soutenir; autrement le courage de poursuivre me manquerait. X Mon voyage en Islande n'a pas été sans intérêt , mais par trop uniforme ; au surplus , le mauvais temps de 1 été dernier a malheureusement rendu les recherches difficiles, et même en a rendu beaucoup entièrement impossibles. » • (793 ) M. DiiFRÉNOY présente, au nom de M. Domeyko, professeur de chimie et de minéralogie au collège de San-Yago (Chili), trois Mémoires dont les noms suivent : 1°. Sur un vanadiate de plomb et de cuivre, minéral nouveau composé de Oxygéné. Oxyde de plomb 54,9 ^1,97 Oxyde de cuivre . 14,6 '^>97 Acide vanadique i3,5 i3,33 Acide arsénique 4)^ 4?68 Acide phosphorique 0,6 0)68 Chlorure de plomb o>3 .o^^"} * ' 1°. Sur le terrain tertiaire et les lignes d'ancien niveau de l'Océan aux environs de Coquimbo; 3°. Description des terrains compris dans une coupe transversale des Andes du Chili à la latitude de la Conception depuis la baie de Talcahuano jusqu'au sommet de la cordillère de Pichachen, comprenant la description du volcan d'Àntuco. « Le plan que j'ai adopté pour la description géologique du Chili con- siste , dit M. Domeyko, à prendre des coupes transversales de tout le sys- tème des Cordilières depuis la mer jusqu'à la ligne de faîte des Andes à diverses latitudes, et à les réunir par des coupes longitudinales : choisissant pour ces dernières les Ugnes de contact du terrain soulevant avec le terrain soulevé. » Conformément à ce plan, j'ai commencé par décrire, dans trois pre- miers chapitres que j'ai eu l'honneur d'envoyer, il y a deux ans, à M. Du- frénoy, et qui ont été imprimés dans les Annales des Mines : « \". Une coupe transversale de tout le système, à la latitude de Gp- piapo; ' » 2". Une coupe transversale à la latitude de Coquimbo; » 3". Une coupe longitudinale du même système entre Copiapo et Co- quimbo. " Je présente maintenant une coupe ti'ansversale, prise à plus de 80 my- riamètres, plus au sud, à la latitude de la Conception et à l'endroit où l'on voit au milieu de ce système apparaître un volcan actif. » Je rappellerai que j'ai établi, dans mes précédents Mémoires sur la géologie du Chili , que tout le territoire de la République Chilienne , c'est- à-dire la pente occidentale du système des Cordilières, se compose de trois zones de terrains qui s'étendent parallèlement les unes aux autres et parallè- ( 794 ) lement à la côte de l'océan Pacifique. Ces trois zones longitudinales se des- sinent surtout bien clairement dans la partie méridionale du Chili , et divisent ce même territoire depuis la latitude de Valparaiso jusqu'à celle de Ghiloe, en trois bandes de terrains de configurations différentes. Celle de l'ouest est ia chaîne des cordilières de la côte , connue sous le nom de cordillera de la Costa; l'autre, située à l'est, est la chaîne des Andes proprement dite, et la troisième est une plaine étroite qui s'interpose entre les deux premières, et qui porte le nom de plaine intermédiaire. " Par cette raison, je divise ce Mémoire en deux parties, dont la pre- mière comprend une description des terrains depuis la mer jusqu'à la ligne centrale des Andes, au milieu de laquelle apparaît le volcan d'Antuco; et la seconde, la description de ce volcan. Je décris en outre , dans la première partie , successivement : " 1°. Le terrain tertiaire de la côte; » 1°. Le terrain de cristallisation de la chaîne des cordilières de la côte; ' 3". La plaine intermédiaire; » 4°- 1-"^ seconde chaîne des Cordilières ou les Andes proprement dites. » De cette manière, quoique mon but principal ait été de décrire le volcan d'Antuco, j'ai cru utile de rattacher cette description à celle de tout le sys- tème des Andes, afin de faire connaître la situation géologique que ce volcan occupe au milieu des Cordilières. " Les Mémoires de M. Domeyko ont été renvoyés à l'examen d'une Com- mission composée de MM. Cordier, Élie de Beaumont , Dufrénoy. M. DoFRÉNOY présente, au nom de M. Grbner, ingénieur des Mines, professeur à l'École des Mines de Saint-Étienne, un Mémoire contenant la description d'un minéral nouveau dont la composition correspond à un pyroxène à base de fer. « Ce minéral, dit M. Gruner, ressemble à certaines variétés d'asbeste , ou plus exactement à de l'amphibole fibreuse. » Sa pesanteur spécifique est de 3,7 13, chiffre plus élevé que le poids spécifique des épidotes , amphiboles ou pyroxènes les plus denses. .' L'analyse, opérée sur i^'jOSg, m'a donné, en rapportant les résultats à l'unité : Oxygtoe. Silice .,,••• o>439 o,aa8 2 Protoxyde de fer o,522 f»»«'9 ' Chaux o,oo5 ' ' • , ■ Magnésie 0,011 ■ Alumine o,o'9 ' 0,996 ( 795 ) » En admettant que la majeure partie des bases étrangères provienne encore d'un peu de gangue de stéaschiste , on voit que la substance est du bisilicate de fer ou, si l'on veut, du pyroxène ferrugineux à une seule base. » M. MiiNE Edwards communique quelques passages d'une Lettre de M. Rodolphe Wagner, professeur à l'Université de Gottingue, relatifs au mode de terminaison des nerfs dans l'appareil électrique de la Torpille. Cet anatomiste s'est assuré que les fibres élémentaires, ou tubes primitifs des branches électriques des nerfs de la troisième et dixième paire, ne forment pas d'anses, mais se divisent en un grand nombre de filets disposés en forme d'éventail. , . ' ■* * , ■ '■.-'"'-■ -'*■-.' M. Vallée adresse, à l'occasion de sa. candidature pour la place d'Acadé- micien libre vacante par suite du décès de M. B. Delessert, une Note sur les ouvrages et les travaux qu'il considère comme des titres à obtenir cette dis- tinction. (Renvoi à la future Commission.) M. RocHET dHéricourt annonce son prochain départ pour le nord de VAbjssinie, et prie l'Académie de vouloir bien lui donner des Instructions sur les observations qu'il y aurait lieu de faire dans ce pays. (Commission qui a fait le Rapport sur le premier voyage de M. Rochet. ) ASTRONOMIE. — Théorie de la Lune. (Lettre de M. Hansen à M. Arago.) « Depuis cinquante ans les astronomes ont reconnu que , dans le mouve- ment de la Lune, il existe une ou plusieurs inégalités à longues périodes, que la théorie n'a pas encore fait connaître. Récemment ce résultat a été confirmé par l'excellente réduction des observations de Greenwich qu'on vient d'exé- cuter à cet observatoire, sous la direction de M. Airy. Cet astronome dis- tingué ayant eu la bienveillance de me communiquer les résultats suivants de la comparaison des observations de la Lune faites à l'observatoire de Greenwich avec la théorie de M. Plana, on y voit distinctement l'effet d'une ou plusieurs inégalités inconnues à longues périodes (i). . (i) M. Airy ajoute que, par la dernière révision de son] calcul, il se pourra que ces nombres soient sujets à de petits changements ; mais il croit que le plus sensible n'ira qu'à o",o5. (796) En 1752 corrections de l'époque de la longitude de la Lune — 4">577 1759,5 « — 1,376 1769 . +1,44' '778 » 4- 3,604 5787 . +3,761 i796»5 » + 2,768 1806 » -4- 1,122 i8i5 » — o,6t8 lî 1825 >. — 0,799 " Aptes avoii- eu communication de ces résultats, je me suis occupé d'en trouver la cause. En vertu de mes recherches antérieures sur !a théorie de la Lune, je fus bientôt convaincu que, si en effet lattraction mutuelle des corps célestes a produit ces différences entre la théorie et les observa- tiotis, ce n'est que dans l'influence des planètes, et surtout dans celle de Vénus sur la Lune, qu'on doit en chercher l'explication. Je n'avais pas en- core calculé les perturbations que les phinètes produisent dans le mouvement de la Lune. D'après les recherches deLaplace et de Damoiseau , ces pertur- bations paraissent être si simples, si faciles à calculer, et déjà si bien déter- minées, qu'il semblait superflu de les calculer de nouveau. Aussi presque tous les auteurs qui, dans les derniers temps, ont écrit sur la théorie de la Lune, s'accordent à penser que ce n'est plus là que résident les difficultés de cette théorie. Cependant ce n'était que de ce côté que je pouvais espérer de trouver des inégalités à très-longues périodes , et voilà pourquoi je me proposai de reprendre cette partie de la théorie, et de la traiter sous un point de vue plus général qu'on né l'avait fait auparavant. " Je trouvai bientôt un grand nombre d'arguments qui répondent à des inégalités à longues périodes , mais aucun d'eux ne donne des coefficients sensibles, si l'on en excepte un, pour lequel je trouvai, en tenant seulement compte de la première puissance de la force perturbatrice, un coefficient de 16 secondes, savoir, l'inégalité suivante : Jr,' i6",oi sin(— g — iÇ>g' + i8g" -f- 35°2o',2), g, g', g" étant respectivement l'anomalie moyenne de la Lune, de là Terre et de Vénus; mais elle ne satisfait pas aux corrections de l'époque rapportées plus haut. Après quelques essais infructueux entrepris dans l'intention de trouver encore d'autres inégalités sensibles parmi celles qui dépendent de la première puissance de la force perturbatrice, je commençai à considérer le carré et le cube de ces forces. Le carré de ces forces n'ajoute que peu au ( 797 ) coefficient précédent; mais le cube, ou plutôt le produit du carré et du cube de la force perturbatrice provenant du Soleil , par la masse de Vénus , mettait la chose dans un nouveau jour. Outie quelques petites inégalités à périodes beaucoup moins longues et qui, par cette raison, ne peuvent avoir de Tin- fluence sensible sur l'époque, il se présentait une augmentation considérable du coefficient précédent. Je trouvai encore un coefficient sensible apparte- nant à une autre inégalité à très-longue période, savoir : 27",4sin( — §■— i6^'+ iSg-" -4-35° 20', 2) période de 273 années -t-23'',2sin(8g''' — j3§-'-|-3i 5° 20') période de 239 années. » Le premier de ces arguments est tout à fait nouveau , et il a cela de remarquable, qu'il dépend des plus hauts multiples des anomalies moyennes qu'on ait considérées, et qu'il a la période la plus longue par rapport au temps périodique du corps troublé, qu'on connaisse jusqu'à présent. Le second argument est celui pour lequel M. Airy a montré, le premier, qu'il a un coefficient sensible dans le mouvement de la terre. La première de ces deux inégalités est produite par l'attraction directe de Vénus sur la Lnne ; la seconde dépend en partie de la même cause, et en partie de cette attraction réfléchie par l'intermédiaire de la Terre. » Pour calculer ces coefficients , je n'ai pas pu faire usage de la méthode des substitutions successives, à cause de l'extrême petitesse des diviseurs qui y entrent, cette méthode devant .conduire à des séries divergentes. C'est en appliquant la méthode des coefficients indéterminés à la variation des for- mules , que j'ai données dans mon ouvrage intitulé : Fundamenta nova , etc., que je les ai calculés. Comme, dans ce cas, cette méthode devait conduire à un système d'équations linéaires , je suis parvenu à donner à ce système une telle forme, qu'après avoir exécuté les éliminations , il s'applique à toutes les inégalités à longues périodes , en y substituant seulement les termes respectifs de la fonction perturbatrice, et le coefficient du temps de l'argument. D'ailleurs ce même système d'équations linéaires donne , après un petit changement , les inégalités séculaires de la longitude moyenne , du périgée et du nœud de la Lune. '< Craignant d'augmenter ce calcul pénible par l'application d'un trop grand nombre de figures décimales , j'en ai malheureusement pris un trop petit nombre ; il en aurait fallu considérer une ou deux de plus, pour obtenir des valeurs exactes de mes coefficients. C'est par cette raison que je ne puis pas encore répondre précisément de leurs valeurs absolues ; mais comme ces coeffi- cients ont été obtenus par le même systènie d'équations, et qu'ils n'ont pas C. K. , 1847, I" Semestre. (T. XX1\ , N» 18.) Io4 ( 79^ ) des périodes très-différentes , j'ai lieu de croire que l'erreur de la dernière décimale, dans les équations linéaires susdites, aura influé d'une manière analogue sur -tous les coefficients, et que, par conséquent, les valeurs rela- tives sont plus exactes que ne le sont les valeurs absolues. Quoi qu'il en soit , ces coefficients satisfont à très-peu près , non-seulement aux corrections de l'époque delà Lune, de M. Airy, rapportées plus haut, mais aussi à celles que Ijaplace a données dans le tome III de la Mécanique céleste. D'ailleurs, je ne manquerai pas de refaire mes calculs aussitôt que cela me sera pos- sible, dans le but d'arriver aux valeurs exactes des coefficients en question. 11 En comparant les deux inégalités nouvelles aux corrections de l'époque de la Lune , établies par les observations , il faut en même temps déterminer les corrections de l'époque de la longitude moyenne et du mouvement moyen annuel tabulaire, qui tiennent à ce qu'on a omis ces inégalités aupa- ravant. » En appelant ces corrections respectivement a et è, la méthode des moindres carrés m'a donné pour les corrections de M. Airy : a=. — 5",09 pour l'an 1 800 , b ^ + o",4o96 ; et avec ces données on a le tableau suivant : DATES. a. bt VALEl'RS NUMÉRIQUES des inégalités nouvelles. SOMMES des corrections calculées. CORRECTIONS observées. EXCÈS du calcul sur les observations. i^Sa — 5,0g -19,66 // -H i3,a5 -H 7,35 1/ - 4,>5 - 4':58 -H o;43 1759,5 - 5,09 -16,58 H- 8,74 H- 11,53 — 1,20 - 1,38 H- 0,18 •769 - 5,09 — 12,70 + 3,10 -+■ 16, i5 -1- 1,46 + ',44 -h 0,02 1778 — 5,09 — 9,01 - 2,57 ■+- 19,60 -H 2,93 -1- 3,60 — 0,67 '787 -5,09 - 5,32 — 8,12 4- 21,97 + 3,44 -H 3,76 — 0,32 '796,5 - 5,09 - 1,43 - i3,6i + 23, i3 -1-3,00 -t- 2,77 -h 0,23 1806 — 5,09 -1- 2,46 - '8,44 -*- 22,86 -t- ',79 -1- 1,12 -+- 0,67 i8i5 — 5,09 -t-6,14 — 22,21 -+- 2t,29 -+- o,i3 — 0,62 -+- 0,75 1825 — 5,09 -1-10,34 - 25, yg -H 18, l5 - '-99 - 0,80 : ■■" ce'nuî eSttine bonne concordance, vu que les excès du calcul sur les obser- vations changent plusieurs fois de signe , et n'excèdent une seconde qu'une seule fois. Pour les corrections rapportées dans la Mécanique céleste (t. ÏII,p 294)5 j'ai trouvé, après avoir converti les secondes centésimales ( 799 ) en secondes sexagésimales : a= — 24", 00 pour l'an 1764, b— — o",2377; de là il résulte : - DATES. a. bt. VALEURS ^ (I inégalités UHÉRIQCES es nouvelles. SOMUES des corrections calculées. CORRECTIONS observées EXCÈS du calcul .sur les observations. 169I - 24,0 ■+■ '7,4 -H 25,9 // — 22,2 /f - 2,9 - ù + .rs 1756 - 24.0 ■+■ '.9 -f- II ,0 H- 9.6 - ',5 0,0 -1.5 1766 — 24,0 — 0,5 -t- 4.9 ■+- "4,8 - 4.8 - 3,n - ',8 ,'779 - 24,0 - 3,6 - 3,2 -t- '9,9 - 10,9 - 9,1 - 1,8 '789 — 24,0 - 5,9 - 9,3 -f- 22,3 - '6,9 - 17.6 H- 0,7 i8or - 24. é ~~ 8,8 — 16,0 ■+- 23,2 - 25,6 - 28,5 -+- 2,9 ce qui est aussi une bonne concordance, vu l'exactitude médiocre des ob- servations qu'on ferait au temps de la Hire et de Flamsteed, et celle des Tables empiriques dont on s'est servi pour établir ces corrections observées. >, ASTRONOMIE. — M. Arago donne lecture d'une Lettre que M. Valz lui a écrite , au sujet de la huitième étoile de la 1 58* page de VHistoire ce7e.y• 2°. Une espèce du grand genre Sus, différente de celle que nous avons précédemment signalée, nous est indiquée par une dent molaire supérieure, dont la forme annonce plus d'analogie avec les Pécaris elles Chœropotames qu'avec les Sangliers. » 3°. [.la mer dans laquelle ont été portés tant d'ossements d'animaux ler- restres nourrissait , outre les cétacés herbivores et souffleurs que l'on y a constatés, une espèce de la famille des Phoques. Nous en avons la preuve dans une dent incisive supérieure externe fort semblable à sa correspon- dante chez le Phoca leptonjx des mers australes. Nous donoerons à celte nouvelle espèce le nom de Phoca occitana (a). » Les Mammifères déjà signalés dans d'autres publications, soit par M. de Christol, soit par nous, nous ont aussi fourni quelques remarques en- core inédites. » 4"- L'Ours fossile des sables tertiaires de Montpellier est, bien certai- nement, d'une antre espèce que ceux des cavernes; il ressemblait davantage, par sa taille et par la forme de la dent caractéristique que nous avons pu en (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XXII, p. agS; 1846. — Annales des Sciences naturelles , "i' série, t. V, p. 266. (2) L'un de nous (M. Paul Gervais) a reçu en communication de M. Reqiiien , d'Avignon, une dent canine de Phoque trouvée dans la mollasse , à Uchaux ( Vaucluse ) , entre Orange et Saint-Paul-Trois-Chàteaux. Cette dent ressemble beaucoup à celles des Otaries. ( Sot ) • voir, à ÏUrsus atvernensis , fossile en Auvergne, et aux Uisus malajranuset ornatus, de l'époque actuelle. » 5°. Le penre des Hyènes a bien réellement laissé des débris dans la for- mation qui nous occupe. Plusieurs dents canines que nous avons observées ont tous les caractères de ces animaux carnassiers; toutefois, il nous est en- core impossible de rien décider sur l'espèce dont elles proviennent. » 6". Nous nous sommes procuré de nouveaux débris de Castors, et nous pourrons ajouter quelques indications au sujet de leur gisement. I) 7". L'Antilope que M. de Ghristol a nommée yJntilope Cordieri, et qui est aussi ï Antilope recticornis (Marcel de Serres), approchait, par sa grandeur et ses caractères, de V \ï\i\\o^G c\ie\ûwe {Antilope equina) du sous-genre Égocère. Elle possédait, comme celle-ci, une particularité dans la forme de ses molaires, que l'on croit à tort spéciale aux genres des Cerfs et des Bœufs: nous voulons pirler de petits cylindres d'émail (un pour chaque dent), qui sont placés à la face externe des molaires inférieures et à l'interne des supé- rieures. C'est sans doute à V Antilope Cordieri qu'il faut attribuer les dents des mêmes terrains, signalées d'abord comme des dents de bœuf, parce qu'elles présentent le caractère que nous venons d'indiquer. Rien ne nous autorise encore à admettre la présence du genre Bœuf dans les sables marins de Montpellier. Nous en dirons autant pour celui des Chèvres (i). i> Dans une prochaine communication, nous traiterons des Reptiles et des Poissons qui appartiennent à la même époque géologique, ainsi que des Mammifères et des Mollusques terrestres ou fluviatUes qui caractérisent Spé- cialement la couche fluvio- marine qui dépend des sables marins. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Note sur les lequations différentielles des ondulations lumineuses dans les milieux isophanes ; par M. Andbé d'Ettingshausen . '< L objet de cette Note , extraite d'un travail encore inédit sur la théorie de la lumière, «st de faire voir que les équations différentielles des mouve- ments infiniment petits d'un système isotrope de molécules , telles que (11 L'espèce de prétendue Chèvre ou Mouton qui a été quelquefois indiquée parmi les fos- siles du dépôt tertiaire supérieur d'eau douce de Cucuron (Vauciuse) est aussi une Antilope, ainsi que la structure des cornes l'a récemment démontré à l'un de nous (M. Gervais). Sa taille est à peu près celle de la Gazelle {Antilope dorcas), et ses cornes paraissent avoir eu la même force et probablement aussi la nièiiie forme que celles de la Gazelle mâle. Cette An- tilope, inconnue dans la nature vivante , n'a point encore été signalée dans d'autres localités. Ce sera V Antilope deperdita , Gervais. ( 802 ) M. Cauchy les a établies à posteriori en 1842 , peuvent être déduites direc- tement d'équations générales des déplacements infiniment petits des centres de gravité de moléc ules formant un système quelconque. » En effet, soient, au premier instant et dans l'état d'équilibre, x, j^ z les coordonnées du centre de gravité d'une molécule M ; x + u^ y + v , z -\-\v celles d'une autre molécule m, et X, Y, Z les composantes de l'action de m sur M. Un mouvement infiniment petit ayant pris naissance dans le système dont les molécules M et m font partie, soient, au bout du temps t, x -f- |, j- + /; , z 4- Ç les coordonnées de M, et jr -f- m -I- Ç -t- 9 , ^ + <' + ïj + 4*1 2 -1- w -I- Ç -I- w les coordonnées de m. Les forces accélératrices prove- nant de l'action de m sur M dans cet instant sont les accroissements de X , Y, Z relatifs au changement de «, f, u» en « -1- (p, t» + t|<, tv -1- u. Gela posé, les équations différentielles des mouvements infiniment petits des molécules du système donné seront d'I O (dTi dX , dX \ d'n C^ fdY rfY , '^Y \ -dF=D\'dl'P^-^'^-^l^'^r d^Z, C^ / dZ dZ , dZ \ les forces étant préalablement divisées par la masse de la molécule M , et la lettre ^ indiquant une somme de termes semblables entre eux et re- latifs aux diverses molécules dont l'action sur M est sensible. " Pour tirer de ces équations les lois de la propagation du mouvement, on peut avoir recours aux belles méthodes de M. Cauchy. Ainsi , pour y in- troduire les différences partielles des déplacements ?, >?, Ç par rapport aux coordonnées x, j", z, je pose uDx + vDy ■+- xvD^: = V , ce qui donne • ' ■ ;••' ■ t." ■■'■' ■ ''.■'■ ■■ . ■

= (6" -!)»,,« = (e"-i)Ç. » Soient encore S^^(.--.)=L„ s^(.'-,)=M„ sS«^--')='<- { 8o3 ) les letttres L, , M, , N,, Lj, etc., étant employées comme des signes d'opé- rations , nos équations différentielles prendront les formes ■ '.■ • ■ ■ D?|=L.?-i-M,yj + N,Ç, ■ Dans le cas d'un système isotrope, dont il s'agit en ce moment, les ex- pressions L,, M,, N,, Lj, etc., considérées comme des quantités, ne pour- ront pas changer de valeur , en faisant tourner autour de l'origine d une manière quelconque le système des axes coordonnées , et en supposant en même temps les symboles invariables. Accentuons les lettres dont la signification varie avec la position des axes, nous aurons encore , .> , L. = S§:(e"'-0, M,= g^(e"'-0, etc. ' ^ " , ^ On peut poser u' = au -h a' v -h a"w , '"'.''■ v' =bu + b' v -\- b"w^^ w' ^ eu -\- c' V + c"w, ■ "' d'où il suit, d'après la loi de la décomposition des forces, '.:■ ; - ' ■ X' = aX+a'Y+a"Z, ' '. .'• Y' =iX + A'Y + Z-"Z, Z' =cX-^c'Y-+-c"Z; et, par conséquent, iiyj dX , ,dY „ „ dZ , „ /dY dZ\ '-'"'.'' ■j-r —aa-y- -ha'a' -j- ■+- a" a" - — \- a'a" -^ + -7- a« du dv div \div de] „ fdZ jX\ , (dX d\\ \du dw ) \da' du ) dX' ,dX ,i,dY „i„dZ ,,„rfY „ , , dZ — - = ab -r- + a' b' -r- + a" b" -y- + a'b" -, 1- a" b\-r dv du dv diV du> dv + a"b-y- + ab" \- ab' ^- ^ d'b-r-, au dtv dv du etc. ( 8o4 ) Soit été., on trouve 4-a"«(P3 + R,) + rtfl'(Q, + P,), M,= rtiP, +a'b'Q2+a"h"R,-+-a'b"Y{^-+-a"h'Qy + a''hV3-hab"ti,+ab'Q^-ha'bP^, ■ ; . , etc., expressions qui ne doivent pas varier en donnant aux coefficients a , b, c, a', etc., toutes les valeurs possibles. » On a v' ^ u'a ■+- v' ^ -hw'y; si Ton fait «'«+ /î>'/3 +c'7= o, a"a + ({'"/S +c"7 = o, on aura , en posant ^ T fi» _1_ ^S — r,2 comhie il est aisé de voir, a' -h p' -h y'= p', " i P 11 f p p p '^ Les coefficients a, b, c étant ainsi fixés, on n'a entre les six autres a', b', c', a", b", c" que cinq équations distinctes ; donc un de ces derniers coeffi- cients reste arbitraire. On en conclura aisément (je supprime les raisonne- ments faciles) les conditions de la distribution isotrope des molécules. Ces conditions sont • , Qj = R3, R, + Qs = o, Pj = o, Q, = G, P3 = o, R, = o; on peut prendre p avec l'un et l'autre signe ; donc , si l'on pose e^''-^e-'"') = K, ( 8o5 ) on aura L, = Gp» + Ha», M, = Hap + Ky, N, = Hay- K|3, L, = H^a - Ky, M, = G/s» + H|3» , N, = H|3y+ Ka, L, = Hya + Kp, M, = HyjS - Ka, N, = G/5* + Hy^ fin remettant D^, D^, D;. aux places de a, /3, y, on se trouve conduit aux équations de M. Cauchy. Dans le cas considéré par ce grand géomètre avant 1842, H s'évanouit; car les forces n'étant que fonctions des distances seules, on a nécessairement - • - . • ,v. " ■ .,. ■ ■ dx _ ki^ ''''■ ■ "■ ■''■■ ■' \ ■ ' ■ du div '■ ■ . • • Dans ce cas, la condition " . ■ V ■ • ■• Ej-f Qj = c . .• . .;• ; ••■ se décompose en .... '■'■..' Rj = G et Q3 = o. » La voie que je viens de suivre m'a conduit aussi aux équations pour les systèmes à un axe optique. Les équations que j'ai obtenues comprennent celles données par M. Mac-Cullagh en i836, comme cas particulier. Elles donnent lieu à plusieurs remarques, dont j'aurai l'honneur de faire commu- nication dans un autre article, ainsi que de la disposition des molécules des corps transparents sous l'influence d'un courant électrique. >• OPTIQUE. — Mémoire sur la réflexion et la double réfraction de la lumière parles cristaux doués de l'opacité métallique; par M. de Sénarmont. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Mouvements spontanés des granules provenant de l'écrasement de très-jeunes bourgeons. (Extrait d'une Lettre de M. L.wrent, professeur à l'Ecole royale forestière de Nancy. ) . " Après les recherches microscopiques dont j'ai consigné "en partie les résultats dans les Mémoires de la Société royale des Sciences , Lettres et Arts de Nancy (années 1 835, i836), j'avais été conduit à penser que tous les granules organiques des végétaux jouissent de facultés locomotives, tant qu'ils sont très-jeunes, c'est-à-dire tant que leur composition chimique est identique à celle des infusoires des eaux. J avais déjà à plusieurs reprises tenté de reconnaître ces mouvements dans les très-petits granules contenus C. R., 1847, I" Semestre. {T XXIV, N» 18.! J lo5 f 806 1 dans les tissus des feuilles de plusieurs plantes dicotylédonées. Mais, soit que je m'y fusse mal pris, soit que Tépoque de la végétation fût déjà trop avancée, soit qu'enfin je fusse tombé sur des plantes dans lesquelles, par des circonstances particulières, cette faculté locomotive est arrêtée, je n'avais rien pu découvrir de satisfaisant. " Cette année, j'ai repris cet examen, au commencement du printemps, vers le 10 avril. Le lilas varin étant un des arbrisseaux dont les feuilles se dé- veloppent les premières , ce sont ses petits boutons à fleurs et ses très-jeunes feuilles que j'ai d'abord examinés. » J'ai placé sur une lame de verre un très-petit bouton à fleur encore tout vert, et de la grosseur d'une tête d'épingle ; j'ai déposé une goutte d'eau sur ce bouton que j'ai ensuite complètement écrasé avec ïine seconde lame. Ces lames placées sous l'objectif d'un microscope de Chevalier, dont le gros- sissement est d environ aSofois en diamètre, j ai pu, en m'entouraut toute- fois de certaines précautions, reconnaître sans difficulté, au milieu des débris des tissus, des granules organiques ovoïdes dont les mouvements spon- tunés m'ont paru incontestables et du même genre que ceux des grains de la fovilla des anthères 1 On voit, la plupart du temps , deux courants de granules qui marchent en sens inverse, l'un supérieur et l'autre inférieur. Après avoir réglé le mieux possible le foyer, de manière que les petits granules puissent être bien aperçus, il faut attendre patiemment que les courants dont nous venons de parler aient cessé. Si, alors, on fixe son attention sur trois ou quatre gra- nules organiques, voisins et placés au milieu des tissus, ou, mieux encore, sur le champ bien éclairé qui les entoure, on ne tarde pas à voir changer la forme du triangle ou du quadrilatère dont ils occupaient les angles. Ces grains avancent, reculent, tournent les uns autour des autres, et souvent sur eux-mêmes. Leur petkesse m'a empêché de bien juger de leur constitution extérieure. Toutefois, une auréole qui les entoure, et qui est plus claire que le reste du liquide où ils sont plongés, pourrait bien faire soupçonner qu'ils sont munis de cils vibratiles. Il est inutile de dire que ces manifestations de locomotion spontanée n'ont rien de commun avec celles que l'évapo- ration peut produire, ni avec ce genre de grouillement qu'affectent de nom- breuses molécules inorganiques déposées à la surface d'un liquide. » Après avoir bien constaté les mouvements des granules organiques des tissus très-jeunes du lilas varin, j'ai pu encore les reconnaître dans les plantes qui suivent: ( 8o7 ) » i". Dans les feuilles et les boutons du ri)ême lilas varin, plus avancés; » 2?. Dans les bourgeons de la vigne; " 3°. Dans les feuilles cotylédouairesdu melon et du Cucurbita pepo; " 4°- Dans les feuilles de la capucine ( avec cependant certaines précan- tions ); \ >' 5°. Dans les jeunes feuilles du saule osier; '• 6°. Dans celles du bouleau ; /, - » '7". Dans la pulpe delà pomme dé terre. / ' •' ' ,•' •. ■ .' " Les feuilles naissantes du tilleul commun ne m'ont rien laissé voir de semblable; mais il me semble que cela doit être attribué à la matière mucila- gineuse dont elles sont gorgées et qui lient les globules en captivité. Du reste, j'insiste sur la date de toutes les expériences ; car, si elles étaient tentées à une époque plus avancée delà saison, il serait bien possible que les liquides sé- veux épaissis ne laissassent rien apercevoir. » .^ • CHrMiE. — Sur un mode pratique de déterminer la proportion de l'azote contenue dans une matière aïiimale; par M. liOTiGcaATiP. u J'ai lu dans un journal un extrait d'un Mémoire présenté à rAcadémie , par M. Peligot sur un mode nouveau de déterminer la quantité d'azote con- tenue dans un engrais. Ayant fait connaître, il y a vingt-deux ans, dans un travail ayant pour titre : Analyse des eaux minérales et thermales de Vichj , et dont un exemplaire a été déposé dans le temps (en 1 825) à la Biblio- thèque de 1 Institut, où par conséquent on peut en prendre connaissance, ce même mode pour la détermination de la proportion de l'azote contenue dans une matière animale, je demande à l'Académie la permission.de le rappeler ici. , ., . •, , • - ;• .' " • ■ n L'article septième de l'analyse des eaux de Vichy a pour titre: Sur la nature de la matière végéto-animale contenue dans les eaux de Vichy. Dans cet article, je fais voir que la matière recueillie se composait d'une substance qui a reçu le nom de barégine, d'oxyde de fer, de chaux et de magnésie. >> Cette matière, parfaitement desséchée, ayant été soumise à la distil- lation dans une petite cornue d'essai, j'ai fait passer le gaz qui se dégageait à travers un poids déterminé d'un acide nitrique étendu d'eau , dont le titre avait préalablement été déterminé par la quantité de marbre qu'il pouvait dissoudre, et qui était destiné à retenir l'ammoniaque qui s'était formée par la décomposition de la matière animale. Pour déterminer la quantité de cette ammoniaque, j'ai mis le liquide en contact avec un morceau de marbre d'un io5. ( 8o8 ) poids déterminé; et lorsque l'action a été terminée , le marbre non dissous a été pesé. » Ainsi, soit loo la quantité de marbre que le poids de l'acide employé pouvait dissoudre: si après le passage du gaz il n'en dissolvait plus que 60, il y avait donc une partie de l'acide qui avait été saturée par une quantité d'ammoniaque répondant à 4o de marbre. Je ne prétends pas qu'il y ait, dans ce mode d'opérer, une rigueur atomique , et jeTai fait voir dans le travail cité; mais il suffisait parfaitement à l'objet que je me proposais. >' N'est-ce pas là , dans tout son ensemble , le mode de détermination du rapport de l'azote que M. Peligot a exposé? car, si je me suis servi d'un acide nitrique titré pour retenir l'ammoniaque , il s'est servi d'acide sulfurique, et ce n'est certainement pas une différence dont on puisse tenir compte ; j ai titré mon acide au moyen du marbre, il titre le sien au moyen d'un alcali: ce n'est ni plus simple ni plus rigoureux. » Mes travaux sur les eaux minérales sont peu connus des membres de l'Académie , ainsi que le constatent des Rapports qui ont été faits dans son sein , sur des Mémoires qui lui ont été soumis , et qui avaient pour objet des recherches sur les eaux des Pyrénées: je trouve donc parfaitement naturel que M. Peligot les iguore; mais enfin le procédé proposé en 1847 ^ ^^^ donné dans un travail imprimé en 1825, et j'ai pensé que je pouvais présenter cette observation. » CHIMIE. — addition à la Note sur un nouveau moyen de reconnaître le bicarbonate de chaux dans les eaux potables; par M. Alphonse DuPASQuiER (1). • • ' .< Il est une remarque dont il faut tenir compte dans l'emploi du sulfate de cuivre et chlorure de calcium pour reconnaître le bicarbonate de chaux dans les eaux ordinaires. Dans le cas où la quantité de bicarbonate de soude ou de potasse associé au bicarbonate de chaux serait très-minime, comme, par exemple, de quelques centigrammes seulement par litre d'eau, il pour- rait arriver que l'acide carbonique libre, qui dépasse toujours un peu, sur- tout dans les eaux de source , celle nécessaire à la solution du carbonate de chaux, empêchât la précipitation de celui qui se forme dans l'essai indiqué par la réaction du bicarbonate alcalin sur le chlorure de calcium. Si donc l'addition de ce dernier sel ne produit point de trouble dans l'eau ; pour (1) \oir Comptes rendus, tome XXIV, page 626. ( 8o9) s'assurer qu'il n'y existe pas une quantité minime de bicarbonate de soude ou de potasse avec le bicarbonate calcaire , on chauffera, dans un tube fermé par un bout, lo ou i5 grammes de l'eau mélangée de chlorure de calcium et restée limpide, et l'on élèvera peu à peu latempérature sans arriver toute- fois à une ébuUition complète: par ce moyen, et en agitant fréquemment le tube , on chassera l'excès d'acide carbonique, sans précipiter le carbonate calcaire primitif de l'eau essayée. S'il existait un peu de bicarbonate de soude ou de potasse avec celui-ci, l'eau se troublerait dans toute sa masse, par le fait de la précipation du carbonate de chaux formé aux dépens du chlorure de calcium et du bicarbonate alcalin. Le bicarbonate de chaux primitif ne se précipite, en partie, qu'après quelques minutes d'ébullition , et encore il adhère alors aux parois du tube, et l'eau dans sa masse reste limpide. II Si l'on pratique le même essai avec une eau minérale alcaline gazeuse, comme les eaux de cette nature contiennent généralement leur volume d'acide carbonique libre , celui-ci peut empêcher la précipitation par le chlorure de calcium, si l'eau ne contient qu'une très-faible proportion de bicarbonate de soude. C'est ce qui arrive, par exemple, avec l'eau de Saint- Galmier (Loire) qui ne contient que 24 centigrammes par litre de bicarbo- nate de soude. Avec l'eau de Vais, au contraire, qui renferme plus de 5 grammes de ce sel, le chlorure de calcium donne immédiatement un préci- pité abondant de carbonate de chaux. Si donc , en essayant une eau gazeuse naturelle, on n'avait pas de précipité par le chlorure de calcium , on chauf- ferait le mélange dans un tube , on chasserait peu à peu l'acide carbonique en excès (sans arriver à l'ébullition complète) , et la réaction qui donne lieu au trouble du liquide se prononcerait. ^ " Je dois encore prévenir que le bicarbonate de chaux dans les eaux ordinaires est généralement associé à quelques traces de bicarbonate de magnésie. Or celui-ci agit dans l'essai indiqué, absolument comme le bicar- bonate calcaire ; mais ce fait est de nulle importance quand on essaye les eaux dans un but hygiénique ou tinctorial : car l'influence du bicarbonate magné- sien , soit sur l'organisme de l'homme et des animaux ( i), soit sur les matières colorantes, est tout à fait analogue à celle du bicarbonate de chaux. D'ailleurs la quantité de bicarbonate de magnésie est toujours extrêmement minime , pour ne pas dire insignifiante , dans les eaux potables. Si l'on voulait toute- (i) Le carbonate de magnésie sature les acides libres de l'estomac comme le carbonate de chaux , et l'on sait qu'il entre dans la composition des os une petite proportion de carbonate et de phosphate de magnésie. ' . - ( 8ioJ fois s'assurer de sa proportion relative à celle du bicarbonate de chaux , on pourrait précipiter ces deux carbonates par l'ébullitiou de l'eau , puis dissoudre ce précipité par un peu d'acide chlorhydrique; on reconnaîtrait ensuite la magnésie dans la solution , parles moyens ordinairement employés pour la recherche de cette base. » CHIMIE. — Sur La pluie terreuse tombée dans la partie sud-est de la France^ pendant les grands orages des i6 et 17 octobre 1846; par M. Lewy. « Dans une des séances précédentes, l'Académie a reçu une communica- tion de M. Dupasquier, relativement à un phénomène météorologique qui s'est étendu sur plusieurs départements de la Fi-ance pendant les grands orages des 16 et 17 octobre 1846. M. Dupasquier a examiné la matière ter- reuse tombée dans les départements de l'Isère et de 1 .\in. D'après l'extrait de sa Note insérée dans les Comptes rendus, il paraît que les analyses des deux matières, quoique iin peu différentes dans leur composition, présentent néanmoins une certaine concordance. M. Dumas a bien voulu me charger d'examiner la même substance tombée dans une autre localité. Ayant trouvé quelque analogie entre la matière que je viens d'analyser et celle qui a été examinée par M. Dupasquier, j'ai pensé que les résultats pourraient inté- resser l'Académie. » L'échantillon sur lequel j'ai opéré provient de la ville de Valence (Drôme ; il a été envoyé par M. Bravais, au laboratoire de la Faculté des Sciences. « Ce résidu , dit M. Bravais, a été recueilli par M. ..... , pharmacien à >' Valence, qui a pris les plus grandes précautions pour s'assurer de sa .. pureté. La pluie est tombée à plusieurs reprises, d'abord le vendredi » 16 octobre, dans l'après-midi, puis le samedi 17, entre six et sept heures " dii matin, et encore dans la soirée, suivant le témoignage de plusieurs .' personnes. » M. le docteur Moulin , du Bourg-Argental (Loire) , qui paraît avoir observé le phénomène avec beaucoup de soin , en donne les détails suivants : « Samedi le 17 octobre, entre onze heures et midi, le vent étant au > sud, parut tout à coup un brouillard lanugineux dans sa forme, et ram- " pant; il tomba une pluie fine et serrée qui n'avait rien d'extraordinaire à " l'apparence, mais qui, déposée sur les feuilles des végétaux, offrait l'as- » péct des gouttes d'un sang chlorotique. Par le repos, la partie aqueuse étant " évaporée, le résidu avait l'aspect d'un tritoxyde de fer.j sa saveur était (8i. ) ■» styptique; au toucher il présentait quelque chose d'oléagineux. Cette pre- » mière pluie cessa à midi et demi. Une seconde pluie, à deux heures de » l'après-midi, eut pour résultat d'offrir sur les mêmes feuilles un dépôt i> ayant l'apparence d'une terre grasse, qui n'avait plus ni la même visco- " site, ui la même saveur styptique. Était-ce un produit nouveau, ou " une décomposition par lavage à grande eau du premier résidu? Cest >' ce que j'ignore, etc. » » M. Bravais dit dans sa Lettre , que « cette pluie terreuse a été remarquée >• à Dié et Valence (Drôme), à Saint- Péray et Annonay (Ardèche) , à Vienne » et Bourgoin (Isère), à Montfaucon (Haute-Loire), et aussi dans quelques » localités des départements de la Loire et de l'Ain. Mais c'est surtout à » Valence que le phénomène a acquiç les proportions les plus considérables. » » M. Fournet, de Lyon, qui s'est beaucoup occupé de ce sujet , a recueilli un grand nombre de documents très-intéressants, desquels il résulte que ce phénomène atmosphérique s'est passé sur une étendue beaucoup plus grande qu'on ne le croyait d'abord. « Le phénomène, dit M. Foûrnet, a commencé à la Guyane, il s'est I) étendu à New-York; de là on le retrouve aux Açores, puis sur la France >' centrale et orientale, et il s'efface graduellement en Italie. Dans ce phé- >i nomène total , la pluie de terre est un accident partiel; les documents qui » m'ont été fournis par divers observateurs établissent qu'elle s'est étendue » jusqu'au pied du mont Cenis à Lans-le-Bourg. Elle a couvert une super- » ficie de 2IO kilomètres de longueur de l'ouest à l'est, et de 160 kilomètres » du nord au sud. Sa plus grande abondance a été dans l'axe du bassin du » Rhône, de Crémieux à Valence. Cette terre vient si bien de la Guyane » et autres côtes de l'Amérique, que M. Ehrenberg, de Berlin, a pu recon- » naître des formes d'infusoires propres à la partie du continent ci-dessus » indiquée (Guyane); il y a donc concordance entre nos deux systèmes » d'observations , etc. " » La matière telle qu'elle m'a été remise présente l'aspect d'une terre jau- nâtre; délayée dans l'eau, elle prend une teinte rouge. Sa densité prise à II degrés est représentée par 2,3a6. :. ' ■ <; Ija petite quantité de matière que j'ai eue à ma" disposition ne m'ayant pas permis de doser séparément la matière organique et l'eau contenue dans cette substance , j'ai dû me borner à déterminer la perte obtenue par la cal- cination : o8'',457 de matière, préalablement desséchés dans le vide au-dessus de l'acide sulfurique, ont donné o,4o3 après la calcination; ce qui donne ii,8a pour 100 en eau et matière organique. En jugeant d'après la calcina- ( 8. a ) tiou , la proportion de la matière organique m'a paru assez notable. Après la calcination , la substance prend une teinte rouge plus prononcée. " li'analyse de cette matière terreuse m'a donné les résultats suivants : Silice 58,8 Alumine i3,3 , Peroxyde de fer 6,6 Carbonate de chaux 21,1 Oxyde de manganèse traces. » L'analyse de M. Dupasquier, sur les matières tombées à Meximienx (Ain), adonné les résultats suivants : Silice 52,0 - Alunaine ^,5 Peroxyde de fer hydraté ........ 8,5 . • .; Carbonate de chaux 26,5 . ; • - . Carbonate de magnésie 2,0 ' ,.,•!.."•. Débris organiques 3,5 " Quoique les chiffres de ces deux analyses ne soient pas les mêmes, on voit néanmoins qu'il existe une certaine analogie entre la pluie de terre tom- bée à Valence et celle tombée à Meximieux. « Il m'a paru aussi d'un assez grand intérêt de vérifier si la pluie de terre tombée à Valence présentait les mêmes formes microscopiques que celle ob- servée par M. Ehrenberg. N'étant pas très-exercé à ce genre d'observations, j'ai prié M. Decaisne de vouloir bien se charger de cette détermination. Voici la communication de M. Decaisne : « J'ai examiné la poussière que vous " m'avez remise, et j'y ai observé une assez grande quantité de corpuscules » organisés que je considère comme végétaux : ce sont des ruastruns , >• quelques clostéricés, des granules de matière verte; puis, enfin, quelques >' débris d'infusoires qui disparaissent en les soumettant à l'action de l'am- " moniaque. La dessiccation à laquelle ont été soumis tous ces corpuscules " m'empêche de pouvoir les rapporter exactement à leur genre et espèce ; » M. Ehrenberg, par son extrême habitude et sa longue expérience d'une » étude semblable à celle que vous me demandiez, pourrait seul déterminer » chacun des corpuscules qui composent la poussière qui vous inté- >' resse, etc. » ' , CHIMIE. — Deuxième Note sur le plâtre, en réponse aux observations de M. Millon ; par M. G. Plessy. " Les observations peu mesurées que M. Millon a cru devoir me faire ne (8i3) seront point relevées par moi devant l'Académie. Je me contenterai de dire mes résultats pour toute réponse; mais auparavant, je dois rappeler ici les conclusions de M. Millon : « En résumant mes résultats analytiques, dit M. Millon, tous les sulfates » de chaux naturels retiennent leur eau d'hydratation à 85 degrés, et la " perdent de io5 à no degrés. On voit que tous les sulfates de chaux sup- » portent une perte d eau fractionnée, et que le second état d'hydratation » doit s'exprimer par ' i'. . ■ '^^. 2 (SO3) HO, 2 CaO. . ;..•-'. » Le dernier quart d'eau d'hydratation ne s'enlève que très-lentement, si , " l'on ne porte point la chaleur jusqu'au voisinage de 200 à 3oo degrés; à Il ia5, 145 degrés, on ne sépare que des traces d'eau en plusieurs heures. » Cette résistance est certainement très-favorable à\a cuisson du plâtre des- » tiné aux constructions. Elle prévient même, à une température un peu » forte, la déshydratation complète après laquelle le plâtre ne se gâche >' plus. " " Cette dernière phrase ne justifie-t-elle point la Note que j'ai déjà eu l'honneur de présenter à l'Académie, et faut-il admettre, avec M. Millon, que déshydratation et calcination sont des termes synonymes? >' M. Millon demande que je formule nettement mes résultats; je vais le satisfaire. » Voici ce que j'ai observé : • " » Le gypse de Montmartre commence à perdre son eau de cristallisation entre gS et 100 degrés, contrairement à ce qui a été avancé par M. Millon. » J'ai déterminé la perte qu'éprouve le plâtre à 1 10 degrés dans lair des- séché et à l'air libre. » Première expéiience. — On a opéré sur le gypse de Montmartre, avec 2^^562 de matière; cette expérience dure six heures. La perte est de o8'',488 = 19 pour 100. » Deuxième expérience. — On a opéré à l'air libre avec 1,619 ^^ '"^~ tière; l'opération dure trois heures. La perte est de 0,294 = 18,2 pour 100. "'il Troisième expérience. — On a opéré, dans l'air desséché, avec 3,i24 de matière; l'opération dure six heures. La perte est de 0,542 = 17 pour 100. X On le voit, ces résultats sont fort éloignés de ceux obtenus par M. Millon, et il est impossible d'accorder avec les nombres précédents la formule du nouvel hydrate de M. Millon, qui exige une première perte de i5 pour 100 d'eau. Je ne sais pas comment M. Millon a réussi à n'enlever que i5 pour 100 d'eau à des échantillons de plâtre qu'il a maintenus à une température cou- C. R., 1847, '" Semestre, (T. XXIV, N" 18.) 1 o6 ( 8»4 ) sfante de iiodefjrés pendant quatre heures dans nn premier cas; douze heures dans un autre, puis quinze, etc. » En résumé, le plâtre abandonne», à i lo degrés, une quantité d'tau qui peut s élever de 17 à 19 pour loo. " En fixant à i5 pour 100 cette quantité, M. Millon a commis une erreur. " Bien que le plâtre retienne avec plus de force son eau de cristallisation lorsqu'on lui en a enlevé déjà une certaine quantité, la formation d'un nouvel hydrate à 1 10 degrés me paraît inadmissible. » Je maintiens donc les conclusions énoncées dans ma dernière Note, et je persiste à considérer mes résultats comme opposés en tous points à ceux de M. Millon. » , CHIMIE. — Note sur l'action de l'acide suif hydrique sur le chlorure de silicium^ et sur un nouveau compose' de chlore ^ de soufre et de silicium; par M. Isidore Pierre. Il Fjorsqu'on lait passer, dans un tube de porcelaine chauffé au rouge, de l'acide sulfhydrique et du chlorure de silicium en vapeur, ces deu.x substances réagissent Tune sur l'autre; il se proiluit abondamment de l'acide chlorhy- drique qui se dégage avec l'excès de gaz sulfhydrique et un peu de chlo- rure de silicium qui a échappé à la réaction. n Si l'on fait passer dans un tube en U , plongé dans l'eau froide, le pro- duits de cette réaction , il s'y condense un liquide fumant, doué d'une odeur piquante et fétide, rappelant celle de l'acide sulfhydrique et du chlorure de soufre. Le liquide ainsi obtenu était rendu un peu laiteux par du soufre qu'il tenait en suspension. Abandonné pendant quarante-huit heures dans un flacon bien bouché, il a laissé déposer le soufre qu'il tenait en suspension ; il s'est déposé en outre, sur les parois du flacon, des cristaux ;issez limpides d'un jaune citron, qui n'étaient autre chose que du soufre cristallisé en petits prismes obliques à base rhombe, sans aucune modification. " Le liquide condensé a donc la propriété de dissoudre le soufre, et de le laisser déposer en cristaux appartenant au même système que ceux que l'on obtient par la voie sèche. La petitesse de ces cristaux ne m'a pas permis d'en déterminer les angles; mais je compte y revenir prochainement. .Te n'ai pas trouvé de traces sensibles de sulfure de silicium dans le minime dépôt qui s'est produit dans le tube de porcelaine. » En distillaut au bain d'huile, dans une cornue tubulée munie d'un ther- momètre, le liquide condensé dans cette opération, et rejetant les parties (8i5 ) les plus volatiles (qui passent ordinairement entre 60 et 80 degrés , et qui ne sont autre chose que du chlorure de silicium mélangé d'une petite quantité de chlorosulfure), on obtient une liqueur limpide incolore, fumant à l'air, douée d'une odeur qui tient de celle du chlorure de silicium et de l'acide sulfhydrique. " Son poids spécifique à i5 degrés est environ i,45, c'est-à-dire un peu moindre que celui du chlorure de silicium. Lorsqu'on le projette dans l'eau, il donne lieu à un dégagement abondant d'acide sulfhydrique, et à un léger dépôt de soufre. Il bout au-dessus de 100 degrés. La petite quantité de matière que j'ai obtenue ne m'a pas permis d'en déterminer exactement la température d ébullition. " r/analyse de ce produit m'a donné les résultats suivants : ■ ■., , I- II- III- " ■ IV. Chlorure 65,79 (i) 65, 81 » » Soufre. » »' i5,oi •« Silicium » a ', » 19554 » La formule CPSSi, en prenant pour l'équivalent du silicium Si= 266,82, exigerait : .. ■ • Chlore ...'....'.... 65 , 47 • - Soufre 14, 83 Silicium '9? 70 » Doit-on considérer cette substance comme appartenant au même type moléculaire que le chlorure de silieium, et comme dérivant de ce dernier par la substitution de i équivalent de soufre à la place de i équivalent de chlore i* " Toute autre hypothèse conduit à une formule si compliquée, soit que l'on prenne pour l'équivalent du silicium 266,82, 177,84 ou 88,92, auxquels correspondent les formules SiO', SiO*, SiO, pour l'acide siHcique, qu'il est assez difficile de ne pas se prononcer pour l'affirmative. J'ai pensé que la détermination de la densité de vapeur pourrait être d'un utile secours pour éclairer la question ; j'ai trouvé par l'expérience 4,78 à 214 degrés. » La densité de vapeur calculée d'après la formule Cl'' S Si = 3 volumes de vapeur est 5,oo. La très-petite quantité de matière qui me restait, après mes analyses, pour cette détermination , ne m'a sans doute pas permis de la (i) Les analyses I et III ont été faites sur un produit condensé pendant la distillation avant celui qui a servi pour les analyses II et IV ; la concordance des résultats indique suf- fisamment qu'il s'agit ici d'un produit nettement défini et homogène. 106.. ( 8i6 j faire avec toute la précision désirable, et je n'ai pu la répéter faute de matière. Mais, tel qu'il est, ce résultat ne permet pas d'adopter un autre mode de condensation que celui du chlorure de silicium lui-même. » Je pense que l'ensemble des propriétés que je viens d'énumérer justi- fiera, aux yeux des chimistes , le nom de chlorosulfure de silicium que je propose de donner à cette substance. La découverte de cette substance faci- litera peut-être le choix encore si incertain entre les trois formules SiO, SiO* et S0% attribuées à l'acide silicique, et les trois formules correspon- dantes attribuées au chlorure de silicium. » CHIMIE. — Sur la composition du nitrate d'ammoniaque cristallisé à des températures différentes; par M. T. Townsend Harkis, de New-York. « J'ai fait dernièrement, sous la direction de M. Pelouze, quelques recherches ayant pour but la détermination de la quantité d'eau de cristal- lisation renfermée dans le nitrate d'ammoniaque cristallisé aux températures ordinaires et déposé d'une solution fortement concentrée, évaporée à loo degrés. Dans ces recherches je me suis servi du procédé de M. Pelouze, pour le dosage des nitrates, par le permanganate de potasse, dont la description se trouve dans le tome XXIV des Comptes rendus. >> Mes premières expériences ont été faites sur le sel cristallisé à 1 5 degrés. Les cristaux étaient bien définis et isomorphes avec le nitrate de potasse. On contiaît bien que ce sel est anhydre, c'est-à-dire possédant la formule NH4,0,N05, et je donne les résultats que j'ai obtenus, plutôt comme preuve de l'exactitude du procédé que comme confirmation des analyses déjà faites. Ayant bien desséché les cristaux entre des feuilles de papier Joseph, et sous une grande pression, j'ai opéré ainsi: j'ai réduit une certaine quantité de fer pur à l'état de protochlorure, en le dissolvant dans un excès d'acide chlor- hydrique. J'ai ajouté, comme l'indique la méthode, une quantité de nitrate suffisante pour amener une partie du fer seulement à ,rétat de perchlorure , et puis j'ai suroxydé le reste en ajoutant du caméléon d'un titre connu. "Voici mes expériences : Première expérience. » J'ai dissous 2 grammes de fer pur dans un excès d'acide ; j'ai ajouté goo milligrammes du nitrate: il m'a fallu 6'^",5 d'un caméléon, dont le titre était 6i'^'',4 pour 1 gramme de fer, pour terminer l'opération. En faisant une simple proportion , nous trouvons que le caméléon a réduit à l'état de perchlorure io5 milligrammes de fer: 61,4 : 1000 :: 6,5 : .r;= io5, (8i7) laissant 2000— io5= iSgS milligrammes, qui ont été peroxydes par le nitrate. Par la théorie, gSa milligrammes de nitrate anhydre sont exigés pour porter à l'état de perchlorure 2 grammes de fer. En faisant la proportion gSa : 2000 :: goo :x=r 1890, - . ce qui correspond jusqu'à 5 milligrammes avec le chiffre que la pratique nous a fourni, indiquant que le sel est anhydre. Deuxième expérience. 2 grammes de fer; goo milligrammes de nitrate ; 6*^,6 de caméléon. Différence avec la théorie =r 3 milligrammes. Troisième expérience. 2 grammes de fer ; 854 milligrammes de nitrate ; , i3'^'^,9 de caméléon. Différence = 2 milligrammes. . . Quatrième expérience. . -, h ' ] • ' ' ' i . 2 grammes de fer ; • . < : . ' g5o milligrammes de nitrate; • . ' ; ;,;, ■ o",4 de caméléon. Différence = i milligramme. ; _ » On voit que toutes ces expériences s'accordent bien , et que l'erreur n'excède jamais 5 millièmes. » J'ai examiné le sel qui se dépose d'une solution concentrée, évaporée à 100 degrés. Il forme une masse fibreuse et mal définie. Suivant Davy et Berthollet, il contient 8,3 pour 100 d'eau; et comme cette quantité est en dehors des proportions chimiques, il me paraissait évident que cette eau était interposée entre les cristaux, mais non combinée au sel. J'ai essayé de le débarrasser de cette eau , pour voir s'il était possible de me procurer le sel anhydre. J'ai trouvé que le sel retient l'eau avec beaucoup de ténacité, car ce n'était qu'après l'avoir soumis plusieurs fois à une forte pression , le laissant chaque fois pendant plusieurs heures sous la presse , que je me suis débarrassé de l'eau qu'il contenait. J'ai réussi, enfin, à obtenir le sel parfaite- ment anhydre , comme mes expériences le montrent : Première expérience. 2 grammes de fer ; ■ " . ' 85o milligrammes de nitrate; ., . i3",2 de caméléon = 2i4 milligrammes de fer. 2000 — 214= 1786 milli- •■-.■ '1 grammes. Différence avec la théorie = 1 milligramme. ( 8i8 ) Deuxième expérience. 2 grammes de fer ; 900 milligrammes de nitrate ; 7",! de caméléon. Différence = 5 milligrammes. ■■; - Troisième expérience. 2 grammes de fer ; , , 900 milligrammes de nitrate ; 7 centimètres cubes de caméléon. Différence = 5 milligrammes. .. Quatrième expérience. 2 grammes de fer ; 85o de nitrate ; i3",2 de caméléon. Différence =: i milligramme. " Le nitrate, cristallisé à froid ou déposé d'une solution à 100 degrés, est donc identique par la composition. Dans l'un et l'autre cas, il a pour for- mule H' Az, HO, Az O' =H*AzO,AzO'. Mais il m'a paru que la forme cristalline n'est pas la même. " J'ai déterminé la solubilité du nitrate d'ammoniaque en soumettant , sans l'évaporer, un poids connu de la dissolution saturée dé ce sel, à l'action du perchlorure de fer dans une liqueur acide. Celte méthode donne des résul- tats qui comportent beaucoup d'exactitude : roo parties d'eau dissolvent i85 de nitrate d'ammoniaque à 10 degrés. » CHIMIE. — Note sur lajbrmule de la nicotine; par M. B4brai.. (Extrait.) « Dans un Mémoire récent, M. Schlœsing a publié des expériences sur la nicotine, dont il a conclu qu'il faut admettre, pour représenter la composition centésimale de cet alcaloïde, la formule C^"H'* Az', proposée par M. Melsens, et non pas C^''H'°Az*, que j'avais donnée en \%l\i. Dans la Note que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie, je commence par montrer, «II moyen du simple rappel des chiffres de mon analyse , que si je n ai pas été conduit, il y a cinq ans. à la formule C-°H'*Az*, c'est uniquement parce que mes calculs ont été faits avec les anciens poids atomiques. En se servant des nouveaux équivalents pour faire les calculs, on conclut de mon ancienne analyse rigoureusement les mêmesnombres que ceux donnés par MM. Melsens et Schlœsing. / " J'ai recherché ensuite si la détermination de la densité de la vapeur i ( 8i9 ) de la nicotine pouvait jeter quelque jour sur la question de savoir s il y a lieu de doubler la formule aujourd'hui admise. Comme il n'y avait encore, à ma connaissance du moins, parmi tous les alcalis volatils, que l'ammoniaque dont on élit déterminé la densité à l'état gazeux, j'ai commencé par recher- cher la densité de la vapeur de raniline,Jque sa formule avait fait rapprocher de la nicotine par beaucoup de chimistes, .l'ai trouvé le nombre 3,^1 o, et le calcul donne 3,202, quand on suppose que la formule de l'aniliue G^*H'* Az* correspond à 4 volumes de vapeur. , ' . » Ce résultat, conforme à la densité de l'ammoniaque, dont l'équivalent est aussi représenté par quatre volumes, conduit à penser qu'il doit en être de même de la nicotine. » fia détermination de la densité delà vapeur de cet alcaloïde présentait une certaine difficulté, à cause de l'élévation de la température de son ébul- lition et d'une sorte d'altération qu'elle subit par l'action d'une forte chaleur, .le me suis assuré d'abord que cette altération n'est pas une oxydation, cac elle se manifeste dans une atmosphère d'acide carbonique; elle se fait d'ail- leurs sans dégagement d'aucun gaz, ni d'aucun liquide. J'ai conclu de mes expériences, qu'il se formait très-probablement un composé solide isomère de la nicotine, que je n'ai pu me procurer en assez grande quantité pour en faire l'analyse, lia distillation de lanicotine m'a fourni, en moyenne, 3 pour 100 de résidu solide, même après plusieurs distillations. " ■ . t> Ce résultat montrait qu'il n'y avait pas obstacle à la détermination de la densité de la nicotine, pourvu qu'on eût soin de défalquer le poids du corps solide formé. « Une première expérience m a donné pour nombre brut 5,8 1 5; et, après défalcation, 5,63o. _ " . . i- . -, " Une seconde expérience m'a donné 5,829 pour nombre brut , et 5,607 après défalcation. » Or, par le calcul, la formule C^"H'*Az^ donne 5,578 , mais ne corres- pond qu'à 2 volumes de vapeur. ..• .'• .. " Je regarde dès lors comme prouvé, qu'afin que l'équivalent de la nicotine corresponde à 4 volumes, il faut admettre la formule C*''H*''Az*. " Je termine ma Note par quelques détails sur les propriétés de la nico- tine: sa densité, sa propriété de dissoudre le soufre, d'être hygrométrique , et sa réaction avec le chlore. « ( 820 ) GALVANOPLASTlli. — Note sur les dijjërences qui existent entre les dorures au mercure et les dorures électrochimiques; par M. Barral. « J'ai été appelé un grand nombre de fois à résoudre cette question : Par quels procédés un objet donné, en cuivre ou en argent, avait-il été doré? L'état physique ne pouvait fournir d'indication décisive; l'œil le plus exercé aurait pu se tromper, si un caractère certain , fondé sur une réaction chimique, ne s'était présenté. Or il se trouve qu'en attaquant à froid ou à une douce chaleur, par de l'acide nitrique étendu, les divers objets dorés soumis à l'é- preuve, on obtient toujours des pellicules d'or, conservant, quand l'attaque ne se fait pas trop énergiquement, la forme primitive des surfaces recou- vertes. Ces pellicules sont jaunes d'or sur les deux faces quand elles provien- nent de dorures faites soit par le procédé de simple immersion dans une dissolution alcaline d'or, soit par le procédé du courant galvanique appliquée la décomposition de liqueurs appropriées. Au contraire, les pellicules prove- nant de bronzes ou de bijoux dorés au mercure sont toujours d'une couleur rouge-brun plus ou moins foncée sur la face interne , d'abord appliquée sur les objets recouverts. » Pour expliquer cette différence dans l'aspect des pellicules d'or, j'ai commencé par faire faire des dorures au mercure avec des quantités d'or déterminées. Les bijoux obtenus, traités par l'acide nitrique étendu, ont fourni des pellicules d'or présentant bien une couleur brune foncée sur leur face interne, mais dont le poids était supérieur à celui de l'or employé. Les pel- licules non dissoutes par l'acide n'étaient donc pas de l'or pur. L analyse di- recte a démontré qu'elles contenaient 3 pour lod environ de cuivre ou d'ar- gent, selon qu'elles provenaient d'objets de bronze ou d'argent. . » Ce fait posé, il m'a semblé évident que, quand on applique l'amalgame d'or sur un bijou, il se forme à la surface un amalgame double d'or et de cuivre ou d'argent. Quand on soumet ensuite la pièce à l'action de la cha- leur, le mercure se volatilise, et il reste un alliage qui établit l'adhérence entre le métal précieux et le métal recouvert. , " Si l'on vient alors à attaquer le bijou doré par l'acide nitrique , le métal dont il est formé se dissout intégralement, et l'acide mord sur l'alliage ; il en- lève le cuivre ou l'argent, près de la surface interne où l'or est en petite quantité. Mais la proportion d or augmentant à mesure que l'on s'approche de la face externe, elle préserve bientôt l'autre métal de la dissolution, comme on sait que cela a lieu pour tout alliage dans lequel l'or domine. » On comprend alors que les pellicules provenant d'un objet doré au mer-» ( 82, ) ciire doivent être recouvertes sur leur face interne, après l'attaque par l'aride nitrique, d'une petite couche d'or très-divisée qui la colore en brun ; on com- prend aussi pourquoi l'acide azotique laisse de l'or impur après la destruc- tion des bijoux. » Quand il s'agit, ali contraire, d'objets dorés par les procédés électro- chimiques, les pellicules d'or recouvrent le cuivre ou l'argent sans qu'il y ait pénétration de l'or, sans qu'il se soit formé de l'alliage; elles sont comme une sorte de peinture simplement superposée à la surface des objets qu'elles re- couvrent: aussi l'acide nitrique les laisse-t-il intactes. » Notre explication démontre que les nouvelles dorures doivent être moins solides que les anciennes, à quantité d'or égale. Il est évident qu'une couche simplement superposée ne peut avoir la même adhérence qu'une couche soudée à l'objet par un alliage des deux métaux pénétrant jusqu'à une certaine profondeur. Cependant nous devons ajouter que, par compen- sation , les nouvelles dorures ont sur les anciennes un avantage qni est ressorti également de nos expériences. Les pellicules provenant de la dorure au mer- cure, étant interposées entre l'œil et la lumière, paraissent comme criblées d'un grand nombre de trous, ce qui provient de ce que le mercure a été obligé de s'évaporer et a laissé une couche discontinue. Au contraire, les couches d'or, déposées par la pile ou par immersion, ont une continuité, non pas absolumer^t complète , mais relativement très-prononcée ; et par conséquent , dans l'usage domestique , particulièrement pour les vases ou les ustensiles des- tinés à être rais en contact avec des aliments acides, les objets de cuivre dorés au mercure pourraient présenter des inconvénients bien moins redou- tables avec les nouvelles dorures. » PHYSIQUE. — Nouvelle batterie magnéto - électrique destinée à faire fonctionner les télégraphes à de grandes distances sans le secours de la pile. (Extrait d'une Lettre de M. Dujardin.) « Cette batterie se compose : i" de trois aimants en fer à cheval, à sept lames chacun ; a" de six bobines placées sur les extrémités des branches des aimants, sur lesquelles est enroulé un fil de cuivre de 7700 mètres de lon- gueur, pesant aS kilogrammes; 3° d'une plaque de fer, de 64 centimètres de longueur, appliquée sur les pôles des trois aimants auxquels elle sert d'armature commune. Un levier fixé sur l'armature permet de la soulever et de la laisser retomber, ce qui constitue toute la manoeuvre de l'appareil. Un léger effort suffit pour exécuter cette manœuvre. Les commotions que donne C. R., 1849, I" Semestre. (T. XXIV, N» 18.) IO7 ( «22 ) la batterie sont assez fortes pour être dangereuses. Lorsqu'on rompt con- venablement le circuit pendant qu'on soulève l'armature, on obtient de longues étincelles qui enflamment le fulmi-coton, le coton ordinaire, le lyco- pode, l'éther, l'alcool et l'essence de térébenthine. » On a fait fonctionner simultanément deux télégraphes électriques : l'un qui tinte les dépêches, et l'autre qui les écrit , en mettant dans le circuit par- couru par le courant de la batterie : i° un fil de fer, couvert de résine laque et de coton, de -j^ de millimètre de diamètre et de 4'oi mètres de lon- gueur; 2° un fil de fer, isolé comme le précédent,- de —^ de millimètre de diamètre et de 665 mètres de longueur; 3° une colonne d'une dissolution saturée de sulfate de cuivre pur, de i'",74 de hauteur et de o",oi de dia- mètre; 4" enfin, une colonne d'eau distillée, de o^jOoS de hauteur et de o^jOay de diamètre. D'après ce résultat, on peut présumer qu'il serait pos- sible de correspondre, an moyen d'un fil conducteur ordinaire et de la nou- velle batterie, de Paris à Bruxelles sans station intermédiaire. >• PHYSIQUE DU GLOBE. ^ Mémoire ayant pour titre: « La lune exerce-t-elle une influence sur les tremblements de terre ?y9rtr M. Perré. Ce Mémoire sera l'objet d'un Rapport. M. Démidoff adresse les tableaux des observations météorologiques faites à Nigné-Taguilsk pendant les mois d'octobre, novembre et décembre i846, et le résumé des observations de l'année entière. M. CoTTEREAU donue quelques détails sur un accident qui a eu lieii en em- ployant dans un pistolet An fumi- coton au lieu de poudre ordinaire. « Tia charge de poudre pour ce pistolet étant de 3 grammes, i gramme de fulmi-coton a fait éclater le canon en plusieurs morceaux , dont un, après avoir traversé une plaque de zinc de 5 millimètres d'épaisseur, est allé s'implanter dans un mur. ToUs les éclats ont été projetés dans une direction perpendiculaire à l'axe du canon; pour là balle, elle a suivi la direction nor- male et s'est enfoncée de 2 centimètres d'épaisseur dans une planche de sapin qui servait de but. » M. Attenoux adresse une Note sur des observations barométriques qu'il a faites à Salon. Il annonce avoir observé constamment un abaissement du baromètre quand il tombait de la neige dans la ville, ou même seulement dans les environs. M. Attenoux croit avoir aussi remarqué que la présence de la neige sur le ( 8a3 ) sol exerce une influence fâcheuse sur les iDclividus dont la respiration est difficile: la même remarque avait été faite par des voyageurs qui, dans leur ascension sur de hautes montagnes, ont éprouvé une oppression plus mar- quée, à altitudes égales, sur les parties couvertes d'un tapis de neige que sur celles où le roc était à nu. M. D. Lanneu , qui avait adressé précédemment un Mémoire ayant pour objet d'appliquer le dénivellement des eaux de la mer, produit acciden- tellement par les vents, à la désinfection de plusieurs ports de la Méditer- ranée, et notamment du port de Marseille, prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail des Commissaires à l'examen desquels son Mémoire a été soumis. M. Piobert est adjoint aux anciens Commissaires. . ' • : M. Paquet communique des observations concernant l'effet produit par les exhalaisons de \'Actea cimicifuga sur les punaises ; ^ elles abandonnent promptement, dit M. Taquet, les lieux dans lesquels on conserve quelques échantillons de cette plante. » L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés, présentés par M. DE LA Porte et par M. Pbggiiv. La séance est levée à 5 heures. ■ A. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 5 mai 1847» ^^^ ouvrages dont voici les titres : /. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences , i*^ semestre 1847, n'' 16 et 17; in-Zi". Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Che- VREUL, Dumas, Pelouze, BoossmCAULTeiREGNAULT; 3* série, tome XIX; mai 1847; 10-8°. , ' ; . Annales des Sciences naturelles; février \%[\']; '\n-%°. - " Bulletin de i Académie royale de Médecine ; i5 avril 1847; '"-8°. Compte rendu des Travaux de la Société royale et centrale d'Agriculture, depuis le iç) avril 1846 jusqu'au 11 avril 1847; P'^'' ^- P^YEN; brochure in-S". Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous In direction de M. L. Renier; 80" à 85* livraisons; in-8''. ( »^4 ; Annales forestières ; a^ s rie, tome 1*^'; avril 1847; iQ"8°- Bulletin de la Société d'Horticulture de l' Auvergne; 4* année; mars et avril 1847; in-8». Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; par M. Gh. d'Orbigny; tome VI, loi^ et 102* livraison ; in-S". Recueil des Historiens des Gaules et de la France. Tome treizième, i-éimprimé par le procédé lithotypograpliique de MM. Pez et Dupont; 1846 ; in-folio. Expériences sur le Sel ordinaire employé pour l amendement des terres et l'engraissement des animaux ; par M. le baron Daurier. Nancy, 1 847 ; in-8°. 0/?u5cu/e ^frap/jiVjiue; par M. Saint Ange Plet. Gaeii , i846;in-8°. Essai sur le Traitement rationnel de In descente de l'ulérus et les affections les plus communes de cet organe ; par M. Ollivier (d'Angers); m-W. Supériorité des Émissions sanguines directes dans le Traitement des affections utérines ; par \e même. /m-S". Mémoire sur les Tremblements de terre dam le bassin, du Danube; par M. PerreY; brochure in-8". Annales des Maladies de la Peau et de la Syphilis; 1^ année, II* volume; feuilles 19, ao, 21, 22, a3 et ^4; in-S". Comice agricole d'Epinal, séance publique du 20 septembre 1846; in-S". Des Bases de l'Instruction secondaire; par M. CÉNAC-Moncaut; 2® édition; brochure in-8°. Théorie de i Engourdissement et de l' Insensibilité produits par les inhalations éthérées; par M. Je ANNEh. Bordeaux, 1847; in-8°. . ■ ■ A. ERR4TA. (Séance du 26 avril 1847.) Page 735, ligne 3, au lieu de ^r», lisez -^. Page 735, ligne 4» ou lieu de -^ plus 7, lisez ■;— presque {. Page 738, ligne i5, au lieu de -^, lisez -^. Page 738, ligne 29, au lieu de ^, Usez -~^. Page 738, ligne 3o, au lieu de 22 millions, lisez 17 millions. Page 788, ligne 33, au lieu de sept ans, lisez six ans. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 10 MAI 1847. - PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS , DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur l'accroissement en hauteur des végétaux; par M. Charles Gaudichaud. « Une des questions les plus importantes de l'organographie et de la phy- siologie des végétaux, et sur laquelle tout reste encore à faire, est, sans contredit, celle de l'accroissement en hauteur des diverses parties qui les composent. » Presque tous les botanistes anciens et modernes se sont cependant oc- cupés de ce sujet : les uns par des moyens superficiels et en quelque sorte empiriques ; les autres , par de profondes études microscopiques. Mais , il faut bien le reconnaître , tous ces essais ont été sans résultats concluants. : » Cela devait être ainsi , par la raison que la science manquait encore de base et de principes; parce qu'on ne s'était pas fait, jusqu'alors, une idée exacte de ce qu'étaient les plantes, et qu'on ne connaissait réellement ni leur nature, ni leur composition anatomique, ni surtout les forces qui détermi- nent leurs fonctions physiologiques. » On pensait, en effet, et beaucoup de personnes le pensent encore, que l'allongement ' Vers la fin de février, elles ont commencé à lever, et, comijie elles étaient conservées dans un appartement bien chauffé, plusieurs ont rapide- ment donné leurs mérithalles primordiaux, c'est-à-dire ceux qui sont formés par les premières feuilles normales ou primordiales , pour parler le langage habituel des botanistes (a). , " • n Ayant eu moins de lumière que de chaleur et d'humidité, plusieurs de ces germinations ont rapidement acquis des dimensions considérables. » D'autres ont marché plus lentement. » Toutes ont été soumises à des divisions régulières très-exactes , indiquées par des points (3). Ces divisions se sont progressivement accrues , de la base au sommet, tantôt avec régularité entre les mesures, tantôt avec la plus grande irrégularité, mais toujours de manière à prouver, ainsi que Duhamel l'a fait , je crois, le premier, que dès que les mérithalles ont acquis quelques centimètres de longueur, les accroissements sont nuls ou presque nuls à la base extrême, tandis qu'ils deviennent de plus en plus considérables au sommet. Les mérithalles primordiaux des bourgeons du marronnier d'Inde croissent donc par le sommet et non par la base (4). (i) Sept exemples sont mis sous lés yeux de l'Académie. Ils montrent les divers effets de développement dans les tigelles, les pétioles, les limbes. .': (2) Ce langage n'est pas le plus exact; car, en réalité, le mérithalle primordial est celui de l'embryon- Les cotylédons sont aussi réellement les feuilles primordiales des végétaux. (3) Nous avons employé , dans nos premiers essais , des encres colorées. Dans les derniers , nous nous sommes servi de l'encre ordinaire ; mais nous n'avons pas tardé à reconnaître que celle-ci est vénéneuse et donne aux plantes une maladie analogue à celle des pommes de terre. Il nous paraîtrait donc préférable d'user de celles qui viennent de la Chine , ou de toute autre préparation analogue, et dont on devra se servir avec un pinceau très-effilé et non avec une plume qui blesse toujours un peu les tissus. Pour les expériences faites en plein air, il sera nécessaire de se servir de peintures à l'huile siccative. Les fils métalliques, même les plus capillaires , nuisent aux expériences et faussent les résultats. Ils doivent être exclus. (4) Voyez dans les Comptes rendus, tome XXII, séance du 3o mars 1846, page 56?. -. où l'opinion contraire a été exj)rimée. ( 83o ) » Nous savons très-bien que, dans plusieurs végétaux, et spécialement dans les Monocotylés à feuilles engainantes, les mérithalles tigellaires des embryons et même des tiges, lorsquils sont arrivés à leur degré presque normal de développement, s'arrêtent au sommet et grandissent encore un peu à leur base , par un dernier effort de végétation qui s'explique pour ainsi dire de lui-même; mais ce phénomène, constaté par un grand nombre d'ob- servateurs, notamment par le célèbre A.-P. de Candolle, et dont nous avons uous-même figuré et décrit des exemples remarquables, n'a ordinairement pas lieu dans les Dicotylés, et jamais dans le marronnier d'Inde, qui est le végétal que nous avons peut-être le plus étudié, et que nous connaissons le mieux. » C'est ce fait particulier que, dans l'intérêt de la science, nous tenions surtout à démontrer par des expériences (i). » Nous ne nous sommes pas borné , dans nos recherches sur cet important sujet, à étudier seulement les effets de croissance dans les mérithalles tigel- laires divers; nous avons aussi soumis aux mêmes expériences des pétioles, dès limbes , les différentes parties des fleurs et des fruits, et, partout, nous avons obtenu des résultats presque identiques, c'est-à-dire que les marques faites sur ces organes divers ont acquis deux et trois fois les dimensions , égales ou inégales , des premières mesures , et que les proportions des parties supérieures ont généralement dépassé celles des inférieures (2). » Pour les limbes des feuilles et des folioles, on conçoit qu'ils doivent naturellement subir la même loi de croissance , puisqu'ils naissent pour ainsi dire tout formés, avec leurs nervures tracées, leurs dentelures découpées, leurs bords, leurs lobes et leurs sinuosités bien dessinés, et qu'ils ne peuvent généralement grandir que d'une manière assez uniforme dans toutes leurs parties. Ce sont cependant les mérithalles qui, sous ce rapport, offrent le plus d'anomalies. Mais elles sont plus apparentes que réelles, et tiennent à des phénomènes d'alternance entre les forces qui déterminent les dévelop- pements partiels des pétioles et des limbes (3). " Nous reviendrons, plus tard, vous parler de ces anomalies et aussi de (i) Les plus grands progrès d'une époque consistent souvent à détruire les erreurs des temps qui l'ont précédée. (2) Tout nous servira, même les exceptions, dont nous chercherons les causes et dont nous trouverons certainement les explications. (3) Il est des feuilles simples qui semblent ne pousser que par la base. Plusieurs botanistes ont constaté ce fait apparent, mais aucun n'a encore songé à l'expliquer. ( B3i ) celles de toutes les parties des fleurs et des fruits , dont nous tenterons alors de vous donner une explication physiologique rationnelle (i). " Si, en général, les raérithalles tigellaires, pétiolaircs et limbaires, les trois articles des phy tons normaux, sont séparément soumis aux mêmes causes de développement; si, dans chacune de ces parties, prises isolément, les forces se centralisent et deviennent, pour ainsi dire, individuelles, égales ou plus ordinairement inégales; et si, dans toutes les trois, la puissance de végétation se ralentit par degré et finit par s'arrêter complètement à la base, alors qu'elle persiste et augmente même pendant un certain temps au sommet, ne sera-ce pas, pour tous les physiologistes, une preuve de plus à l'appui des principes d'orgauographie que nous avons institués, et, en même temps, une nouvelle démonstration de la théorie des mérithalles que nous avons proposée et que nous ne cesserons jamais de défendre? » Qui donc, pour peu qu'il soit imbu des lois qui régissent les développe- ments des corps organisés, ne reconnaîtra, dans ces faits si simples et en apparence superficiels, trois centres naturels et bien distincts de formation, analogues à ceux qui caractérisent certaines parties des animaux (2) : un pre- mier pour le raérithalle tigellaire, un deuxième pour le mérithalle pétio- laire et un troisième pour le mérithalle limbaire (simple ou divisé) , et représentant le corps et les membres ou articles d'un même individu, d'un même phy ton; membres ou articles qui nous sont encore dévoilés par l'ana- toraie; par l'alteruance des systèmes vasculaires (3); par de nombreux avor- ( I ) Relativement aux nombreuses modifications qu'on pourra rencontrer, elles deviendront , pour nous , le sujet de recherches nouvelles et fort intéressantes. Plus on en trouvera et plus nous marcherons vite ; car les véritables lois des forces physiologiques nous seront surtout bien indiquées par les inégalités , les anomalies et les alternances qu'on pourra remarquer dans les développements. (2) Certains botanistes, peu versés dans l'anatomie des plantes, et qui pourtant nous font une rude opposition dans des lieux où, bien à tort, ils se croient inexpugnables, vous diront qu'il n'y a aucun rapport à établir, et qu'il n'existe pas la moindre analogie entre les articles des végétaux et ceux des animaux, par la raison ,- disent-ils , que les vaisseaux des plantes sont continus dans les feuilles articulées aussi bien que dans celles qui ne le sont pas , fait que nous avons complètement établi. Mais ces botanistes oublient peut-être que les plantes sont des êtres uniquement cellulo-vasculaires , et que dans les animaux, les vaisseaux du corps communiquent aussi parfaitement bien avec le bras, l'avant-bras , la main, etc. Il n'y a , sans nul doute , aucune comparaison sérieuse à faire entre les membres des végétaux et ceux des animaux ; mais nous dirons qu'on pouvait être plus heureux dans l'expression de leurs caractères distinctifs. (3) Voyez Gaudichaud; Organographie , PI. hfig. i , 2, 3, 4> 5 et 6; /*/. //,• PI. VI, fis- ^' • ( 832 ) tements partiels, et, enfin, lorsque certaines feuilles normales ont accompli leurs fonctions physiologiques , par la désarticulation de ces trois parties , c'est-à-dire du limbe et du pétiole, du pétiole et du mérithalle tigellaire persistant (i), ou corps du phyton, qui sert à constituer la tige complexe? » De tels faits n'ont pas besoin de commentaires, et nous pensons qu'il doit suffire de les signaler pour en faire comprendre toute l'importance. >' Le but que nous nous sommes proposé d'atteindre , dans cette première communication, est, avant tout, d'appeler l'attention des observateurs sur ce point essentiel de la science ; de signaler ces expériences simples et faciles aux horticulteurs, à tous ceux qui aiment et cultivent les plantes, et, aussi, aux jeunes savants botanistes qui ont à leur disposition des jardins , des serres et toutes les facilités désirables pour bien étudier. » Nous pensons, en effet, que des expériences de ce genre, si elles sont faites avec soin, avec méthode et par un grand nombre d'habiles observa- teurs, sur des tigelles d'embryon et sur des tiges, sur des pétioles et sur des limbes, ainsi que sur les diverses parties des fleurs et des fruits prises à tous les degrés de développement, sont appelées à rendre les plus grands services à l'organographie et à la physiologie, et à poser des règles ou des lois qui manquent totalement encore à la science. c '■ ■>. " Nous pensons encore que ces premières études, si on les fait concorder avec de bonnes et sérieuses observations d'organogénie et d'anatomie micros- copiques des tissus de ces différents corps ou organes pris à toutes les épo- ques de leur vie, ou autrement dit de leur organisation, verseront sans nul doute le plus grand jour sur cette question, avec laquelle il faudra aussi en finir si l'on veut marcher d'un pas assuré vers la physiologie des plantes (a). >' Nous terminerons ce résumé de nos Notes en conseillant aux personnes (i) Foyez Ga«dichaud; Organographie , PI. Il, n" 3; PI. VI, fig. 54; PI- ^t fig- ' > PI. Xn,j;g. 11, a, etc. (2) Nous ne doutons pas un seul instant que de pareilles recherches faites par des hommes attentifs ne fournissent rapidement des règles certaines et, pour ainsi dire, mathématiques, sur les causes de l'accroissement en hauteur des végétaux. Elles nous conduiront , dans tous les cas, à un but fort important , à la connaissance directe de la feuille organique, dont on ne sait peut-être pas encore bien la nature normale ; à comprendre toutes les modifications qu'elle présente ; et, sans nul doute, à une classification plus rationnelle de cette partie essentielle de la végétation basée sur les rapports vasculaires naturels qui existent entre les pétioles , les limbes et leurs divisions. De la connaissance des organes à celle de leurs fonctions il n'y a qu'un pas ; mais ce pas est immense, et l'organographie seule nous le fera franchir. • . ( 833 ) qui pourront se livrer à ce genre d'expérimentations , d'observer pour ainsi dire jour par jour, et, aussi, de tenir exactement compte des phénomènes mé- téoriques dont la puissance sur la végétation est infinie. » ZOOLOGIE. — iVo' En dernier lieu, je désire énoncer brièvement ma profession de' fui quant à la base des roches paléozoiques, qui est donnée en détail dans une brochure tirée du dernier numéro du Quaterlj, journal de la Société géolo- gique de Londres. 11 suffit maintenant de dire que, là dedans, je m'oppose entièrement à une proposition toute récente de mon ancien ami et collabo- rateur, M. Sedgwick, qui ne tendrait à rien moins qu'à absorber plus de la moitié de mon système silurien dans son système cambrien. Je donne l'histoire de l'origine de ces noms, et je fais voir comment le système silurien était nommé et distingué en deux grands étages et plusieurs formations, dans Tannée i835, avant qu'on eût pensé même au mot cambrien. Ce mot n'a été suggéré qu'un an après la publication de ma classification, et il a été adopté dans la présomption que les vastes masses de schistes ardoisiers du pays de Galles du Nord se ti'ouveraient remplies de fossiles distincts de ceux déjà nommés siluriens. Toutes les recherches ultérieures démontrent ce- pendant que, ni en Russie, ni en Scandinavie, ni en Amérique, il n'existe une grande formation fossilifère inférieure quelconque qui soit remplie d'autres restes organiques, que celle que j'ai nommée lower-silurian (silurien inférieur). Vu ces généralisations établies sur une si vaste échelle, je m'op- pose nécessairement au changement de nom proposé par M. Sedgwick , d'au- ( 84i ) tant plus que , jusqu'à ce jour, il a toujours annoncé que son pays cambrien , dans lequel il cherchait à trouver des formes inédites et particulières, ne lu' offrait que des types siluriens. Tout l'éclaircissement qu'on a jeté dernière- ment sur le pays de Galles du Nord ne fait donc que prouver que le système silurien des îles Britanniques est d'une plus grande épaisseur qu'on ne l'avait supposé dans le commencement. Par de telles recherches et celles de M. de la Bêche dans le pays de Galles et en Irlande, et par d'autres observations dans le midi de l'Ecosse, on sait maintenant que les roches siluriennes des îles Britanniques ont une extension aussi vaste que dans l'Amérique du ■ Nord. :,.,; \,V ■.:, 'V,/ . ;" ■.; ■ » Je dois aussi dire que, dans tout le pays de Galles, il y règne une con- cordance générale entre les roches supérieures et inférieures du système silurien , et qu'en maints endroits les fossiles de ces deux dépôts s'entrelacent tellement, qu'il serait physiquement impossible d'en former deux systèmes ou terrains. Enfin on a trouvé dernièrement des défenses de poissons cartilagi- neux dans les parties inférieures du système, qui ressemblent extrêmement aux défenses des ichthyolites des Ludiow-rocks. Il ne reste donc plus le moindre doute que le système silurien constitue le plus inférieur des terrains pa- léozoïques dont les fossiles ont été décrits; et les dernières recherches dans le pays de Galles ne font que rendre plus frappante l'identité de ce terrain dans les îles Britanniques, avec ses équivalents eu d'autres pays. En effet, si l'on allait substituer le mot cambrian à celui de lower-silurian, il s'ensuivrait qu'un nom géographique, tiré d'une région dont les fossiles n'ont jamais été décrits, remplacerait des types de fossiles établis depuis longtemps et qui ont été comparés eu Europe et en Amérique. En outre , le système silurien réduit, par là, à une bande le plus souvent insignifiante {upper silun'an) , disparaîtrait même des continents russe et Scandinave, où son fondateur l'avait développé ; résultat évidemment opposé à toutes les règles reconnues parmi ceux qui cultivent les sciences naturelles. On doit remarquer en même temps que le silurien inférieur, dans les pays où il constitue le cambrien de M. Sedgwick, est associé à des roches contemporaines de porphyre d'une imîuense épaisseur, et se présente sous un aspect si bouleversé et si cristallin qu'il a bien mérité tous les soins qui lui ont été voués par mon contemporain distingué. ,- , ;. - » En outre, je dois dire qu'au Longmynd, dans le Shropshire comme dans le pays de Galles, en Irlande et autres pays, des roches siluriennes inférieures , caractérisées par tous leurs fossiles, recouvrent, d'une manière discordante, des roches de sédiment sans fossiles, dans lesquelles on n'a pu C. R., i»47, i-'Semcjire. (T. XXIV, N" 19.) IIO ( 842 ) découvrir que çà et là des traces les plus grossières de la vie animale. Si l'on désire continuer l'usage du mot cambrien, il sera donc nécessaire de le restreindre à ces roches tout à fait inférieures à celles qui contiennent les types qui ont été publiés depuis tant d'années comme siluriens. Après ce peu de mots, je laisse sous la protection de l'Académie le système silurien, qui m'a procuré (à ce que je crois) l'honneur d'être élu son correspon- dant (i). " M. Dumas annonce la mort de M. Hatchett, un des correspondants de l'Académie pour la Section de Chimie. M. Flourens fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son Eloge historique de Blumenhach ^ la dans la. séaace publique du a6 avril 1847. {f^oir au Bulletin bibliographique.) M. Walckeisaer, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, présente en son nom et celui de son collaborateur M. P. Ge«- vAis, le quatrième et dernier volume de VHistoire des Insectes aptères. ( Voir au Bulletin bibliographique. ) M. DE BucH , un des huit associés étrangers de l'Académie , présent à la séance, fait hommage d'un exemplaire de sa Description géognostique de l'île de l'Ours (Bàren-Insel). (^o/r au Bulletin bibliographique.) M. DuvERNOY fait hommage d'un exemplaire de son article OvoLOGiE, extrait du Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle. [Voir au Bulletin bibliographique.) RAPPORTS. CHIMIE. — Rapport sur un Mémoire relatij aux innovations notables introduites dans la thérapeutique des eaux thermales sulfureuses; présenté par le docteur Pujeade. (Commissaires, MM. Gay-Lussac, Arago, Rayer, Lallemand rapporteur.) « Dans le Mémoire qu'il a soumis au jugement de l'Académie, le docteur Pujeade montre facilement les avantages de l'administration des eaux ther- (i) Pour éviter toute équivoque, M. Élie de Beaumont m'a suggéré qu'il. serait encore mieux d'avoir recours au mot cumhrien , tiré des schistes noirs de Skiddaw, en Cumberland, qui sont évidemment inférieurs à toute roche à laquelle on puisse appliquer le mot de silurien. ( 843 ) maies dans toutes les saisons, surtout contre les affections chroniques, si dis- posées à s'agf[raver par les mauvais temps , et par de trop longs retards dans l'emploi des moyens les plus propres à les combattre. Tout le monde peut fa- cilement comprendre combien il importe de ne pas être obligé d'attendre cinq ou six mois, et quelquefois beaucoup plus encore, pour faire usage des eaux minérales quand elles sont indiquées. Cependant les établissements thermaux ne sont, en général, accessibles que pendant les deux ou trois mois les plus chauds de Tannée. Or il s'en faut de beaucoup que tous les ma- lades soient libres, ou en état d'être transportés, dans cette saison; et, chez la plupart, l'affection qui réclame l'emploi des eaux minérales se manifeste ou s'exaspère dans les neuf ou dix mois pendant lesquels ces établissements sont fermés. C'est en automne et en hiver, quand les fonctions cutanées dimi- nuent et subissent de brusques et fréquentes variations, que se développent ou s'aggravent les nombreuses affections chroniques dont la guérison est si longue et si difficile à obtenir. On sait combien le froid et l'humidité sont contraires à toutes ces maladies, quelque forme qu'elles affectent; et cepen- dant tout ce que peuvent faire aujourd'hui les praticiens, pendant la mau- vaise saison , c'est d'envoyer la plupart de ces malades dans le Midi , en atten- dant l'époque des eaux: trop heureux, le plus souvent, quand ils peuvent empêcher le mal de faire des progrès jusqu'au mois de juin ou de juillet, attendus avec impatience. )' D'un autre côté, quand les malades ont obtenu leur guérison, ou du moins une amélioration notable, par l'administration des eaux en été, ils rentrent chez eux en automne, pour se retrouver sous l'influence des mêmes causes qui avaient produit ou exaspéré le mal ; il leur est donc bien difficile d'éviter des rechutes. Tandis que, s'ils avaient obtenu cette guérison pendant l'hiver, leur convalescence coïnciderait avec le retour du printemps, et serait par cela même puissamment favorisée, au lieu d'être compromise comme à l'ordinaire. S'ils n'étaient pas entièrement guéris la première fois, ils ne per- draient pas du moins, en hiver, ce qu'ils auraient acquis et, l'année suivante, ils pourraient faire un pas déplus, sans crainte de rétrograder. Ces considé- rations devaient nécessairement frapper tous les . praticiens éclairés. Aussi, beaucoup de médecins anglais envoient-ils des malades à Bath en hiver; aussi, ceux d'Aix-la-Chapelle et des environs n'attendent-ils pas la belle saison pour faire prendre les eaux à ceux qui sont sur les lieux, comme le font aussi les habitants de Dax, de Plombières, de Bagnères, ceux de Badenprès de Vienne, etc. ; aussi les inspecteurs des eaux d'Aix, en Savoie , se sont-ils em- pressés d'imiter les propriétaires de Vernet etd'Amélie-les-Bains [Àrles-les- IIO.. ( 844 ) Bains , Fort-les-Bains), en employant des sommes considéiables , fournies par le Gouvernement, à mettre leur établissement en état de recevoir des malades pendant l'hiver. " II n'a donc pas de doute à conserver sur l'importance de pouvoir admi- nistrer les eaux thermales dans toutes les saisons. Ce besoin est si générale- ment senti, que tous les établissements bien dirigés font des efforts dans ce sens , et qu'on donne partout , au milieu de l'hiver, des bains et des douches avec des eaux thermales artificielles , faute de mieux. Ainsi le principe est aujourd'hui généralement reconnu : On ne croit plus que les eaux minérales ne soient bonnes que pendant deux ou trois mois de l'annéç. Pourquoi les idées saines que professent tant de médecins distingués ne sont-elles pas gé- néralement appHquées? C'est qu'il ne suffit pas de fournir aux malades, des établissements pour l'hiver, des appartements, des corridors, etc. , entretenus constamment à la température la plus convenable; il faut encore qu'ils puis- sent respirer souvent l'air du dehors, et s'exposer aux rayons du soleil. Un air confiné, peu renouvelé, satisfait mal aux besoins de l'hématose; et la plus douce température, quand elle est trop uniforme, trop constante , favo- rise l'affaiblissement de l'économie. D'ailleurs, l'actioh du soleil est aussi sa- lutaire à l'espèce humaine qu'à tous les êtres vivants; elle est surtout indis- pensable quand la constitution est affaiblie, détériorée, et c'est précisément le cas des affections chroniques, qui réclament l'usage des eaux minérales. N'est-ce pas le soleil qu'on ordonne à ces malades quand on les envoie dans le Midi? ■ ■ .,,,-. ,..•;, • ,. » Le docteur Pujeade, pénétré de l'importance de ces conditions de succès dans l'emploi des eaux thermales, a parfaitement compris tout le parti qu^l pouvait tirer du beau climat du Roussillon , pendant les neuf ou dix mois de l'année qui ne permettent guère à la plupart des établissements d'en faire usage, et il s'est efforcé, comme ses voisins de Vernet-les-Bains, de mettre le sien en état de recevoir avantageusement des malades pendant toute l'année. On va voir qu'il était, pour cela, favorisé sous bien des rap- ports. «.En effet, les sources qu'il a exploitées sont situées dans la délicieuse vallée du Tech , à 200 mètres au-dessus du niveau de la mer; elles sont abri- tées des vents du nord par le voisinage de montagnes élevées, et de l'aspect le plus pittoresque; la température atmosphérique, dans les jours les plus rigoureux, descend rarement au-dessous de zéro, et la durée moyenne des hivers n'est guère que d'un mois. C'est, au reste, ce qu'il est facile de deviner au simple aspect de la végétation environnante; les montagnes voisines sont ( 845 ) couvertes de lauriers-thyms, d'aloès, d'agaves, de cactus, et le Lawin ÂpolLo y acquiert les plus grandes dimensions; enfin les orangers, les ci- tronniers, les yuca, les mimosa et autres plantes tropicales y vivent eu pleine terre. " Quant aux sources hydrosulfureuses du docteur Pujeade, dans une sur- face d'environ loo mètres, il en a trouvé huit principales dont la tempéra- ture varie de 34 à 62 degrés centigrades, ce qui lui a permis d'employer directement les plus tempérées et de faire servir les plus chaudes à chauffei- une partie de son établissement, en même temps que leur température s'abaisse à l'abri du contact de l'air, au degré nécessaire pour l'usage des bains , douches , vapeurs, etc. Dans les appartements les plus bas et les plus chauds, des cabinets ont été réservés, avec une baignoire, pour que les ma- lades les plus faibles ou les plus souffrants eussent à supporter moins de dé- placement, [/eau pénètre dans toutes les baignoires par en bas , afin que ses gaz ne s'évaporent pas quand on les remplit ; et la plupart sont pourvues des appareils de douches les plus variés et les mieux appropriés à toutes les in- dications qui peuvent se présenter. Un réservoir particulier permet à d'autres baigneurs de se livrer à l'exercice de la natation; des locaux particuliers, dont la vue donne sur la campagne, sont destinés à l'inhalation des vapeurs thermales pour ceux dont les organes respiratoires sont affectés, et des moyens simples permettent de faire varier la température de la vapeur à volonté. Ainsi les eaux sulfureuses, les plus puissantes par leur composition et leur température, peuvent être administrées sous toutes les formes dans le même établissement, pendant toute Vannée, et sous le plus beau ciel de France. » Toutefois , si le docteur Pujeade a été favorisé par le climat et par les eaux, il a rencontré de grands obstacles de toute nature qu'il n'a surmontés qu'à force d'intelligence et de ténacité; il faut espérer qu'il n'en mettra pas moins dans la poursuite des améliorations dont il a tracé le programme dans son Mémoire. » Il est à désirer aussi que cet exemple encourageant soit suivi dans des localités voisines aussi favorisées par le climat et par l'excellence des sources. Ainsi, par exemple, l'administration de la Guerre va faire construire, en face même de l'établissement du docteur Pujeade , un hôpital militaire pour l'administration des eaux d'une autre source hydrosulfureuse, très-abon- dante, beaucoup plus élevée que le faîte du bâtiment projeté, et d'une tempé- rature de 62 degrés centigrades. Rien ne serait donc plus facile que de faire circuler cette eau dans toutes les parties de l'établissement , pour les main- ( 846 ) tenir en hiver à la température la plus convenable, en même temps qu'elle se refroidirait, à l'abri du contact de l'air, de manière à pouvoir être admi- nistrée en bains, etc., après ce long parcours. Un pareil établissement, situé dans le climat le plus favorable, à quelques lieues de Port-Vendres, à deux journées d'Alger, aurait l'immense avantage de pouvoir administrer les eaux thermales les plus puissantes , aux malades et aux blessés de notre armée, pendant toute l'année, au lieu de leur faire attendre l'époque de la saison des eaux , qui n'est bonne, à Baréges , que pendant deux mois. L'admi- nistration de la Guerre et le pays y gagneraient autant que l'armée. » Enfin , plusieurs localités des Pyrénées-Orientales, encore moins élevées au-dessus de la mer, et, par conséquent, plus chaudes qu'Amélie-les-Bains, offrent des sources ferrugineuses, alcalines, gazeuzes, etc., très-abondantes et très-chargées en principes actifs. 11 n'y aurait que bien peu de chose à fiaire pour seconder la nature, le climait, et créer des établissements propres à recevoir les malades qui sont privés, pendant neuf mois, de la faculté de prendre , sur les lieux , les mêmes eaux minérales , à cause de la rigueur de l'automne, de l'hiver et même du printemps dans le Nord. >' La latitude du Roussillon n'est pas la seule condition climatérique avantageuse à toutes ces eaux , il faut encore tenir compte du peu d'éléva- tion des sources au-dessus du niveau de la mer; car tout le monde sait que les sites très-élevés, dans les contrées les plus méridionales, sont aussi rigou- reux que les plaines du Nord. C'est précisément ce qui arrive pour un grand nombre d'eaux minérales , d'ailleurs très-puissantes , des Pyrénées, des Alpes et des Apennins. Celles du Roussillon réunissent donc deux avantages qu'il est difficile de rencontrer associées, et qui sont pourtant indispensables pour constituer un climat aussi favorable au traitement des maladies chroniques dans toutes les saisons. » Quand on étudie les eaux minérales d'Allemagne, comme chimiste et comme médecin , on voit bientôt que celles dont il vient d'être question ne leur sont pas inférieures pour la composition, tandis que le climat des deux pays ne peut être comparé. Cependant toute l'Europe se rend à ces diffé- rentes eaux des bords du Rhin , parce qu'elles sont puissamment soutenues par les gouvernements, lorsqu'ils ne les exploitent pas eux-mêmes; tandis que, chez nous, les établissements les plus utiles au pays et à l'humanité ne sont pas même protégés par une loi : la propriété des eaux minérales n'est encore assurée par aucune législation spéciale, bonne ou mauvaise; et ce défaut de sécurité pour l'avenir paralyse toute entreprise importante. » En résumé, votre Commission pense que le docteur Pujeade mérite les ( 847 ) éloges de l'Académie pour les améliorations qu'il a introduites dans l'admi- nistration des eaux thermales hydrosulfureuses, surtout pendant l'hiver. Elle désire que beaucoup d'autres eaux minérales, très-puissantes et non moins favorisées par le climat, puissent être également employées , sur les heux, dans toutes les saisons. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. • M. Balard fait remarquer qu'il serait très-facile, au moyen de liqueurs titrées, d'apprécier la composition de ces eaux sulfureuses, et de voir si les variations qu'elles peuvent éprouver dans leur composition correspondent aux variations de leur température. NOMEVATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission chargée de présenter une liste de candidats, pour la place d'acadé- micien libre, vacante par suite du décès de M. B. Delessert. Cette Commission doit se composer de deux académiciens libres, deux membres pris dans les Sections de Sciences mathématiques, deux pris dans les Sections de Sciences naturelles et du Président de l'Académie. MM. Arago et Pouillet, Flourens et Duméril, Héricart de Thury et Pariset ayant réuni la majorité des suffrages s'occuperont, de concert avec M. Ad. Brongniart, de préparer la liste de candidats. MÉMOIRES PRÉSENTÉS MÉCANIQUE. — Suite au Mémoire sur la torsion des prismes; par M. DE Saint- Venant. (Extrait par l'auteur.) ■' • (Commission précédemment nommée.) M On a montré [Comptes rendus , 11 mars 1 847, tome XXIV, page 485) que la solution des problèmes sur la torsion des prismes élastiques se réduisait a la détermination de la forme courbe prise par leurs sections transversales primi- tivement planes et perpendiculaires aux arêtes, ou, ce qui revient au même, à la détermination de l'excès du déplacement longitudinal d'un quelconque de leurs points, sur le déplacement du point central, où ces mêmes sections sont traversées par l'axe du prisme, autour duquel se fait la rotation. Soit toujours %' cet excès, pour un point dont ^ et z sont les coordonnées par ( 848 ) rapport aux deux axes principaux d'inertie de la section, se coupant à son centre, et soit Q l'angle de torsion pour l'unité de longueur du prisme; il s'agit de déterminer ^' de manière que, pour toutes les valeurs de ^' et z, on ait et que, pour les valeurs de _^ et 2 relatives au contour seulement, on ait cette autre équation , qui exprime que la pression extérieure est nulle, ou est normale à la surface latérale. » Cette dernière équation se partage en quatre autres quand la section est un rectangle, et ^' est exprimable alors, comme on a vu, en une série compliquée d'exponentielles et de sinus. » Mais le problème est bien plus simple quand la section est une ellipse. » Alors, h et / étant les deux demi-axes, on a, pour le contour, Y' z' l'équation (2) devient -, (3) ■ . ■-v(g' + e.) + A»z(f -ej) = o, et la solution est ;..-,."" >> On peut vérifier facilement que cette solution satisfait aux équations (i) et (3), et, aussi, qu'elle est la seule ; car, si l'on fait ^' = Q ~'-2j'^ + "> on obtient, par la substitution, deux équations exprimant que u serait la température permanente prise aux divers points d'un espace prismatique dont l'enveloppe est imperméable à la chaleur : en sorte que u ne peut être que constant, et, par conséquent, nul, puisque le déplacement relatif |' doit être zéro au point central, origine des coordonnées j^, z sur la section. T/expression (4) résout donc complètement la question. » Les sections d'un prisme élastique à base elliptique prennent donc , ( 849 ) par la torsion, la forme gauche simple d'un paraboloide hyperbolique. On n'a, alors, que \e premier des deux gauchissements signalés aux Mémoires du 22 février et du 22 mars 1847- , ' ¥' : > " En représentant par ii = -hi^, jx' = - A' i , les moments d'inertie de la section iautour des axes des jr et des z, et par G le coefficient d'élasticité de torsion , on a pour le moment, autour de l'axe du prisme, des forces pro- duisant la torsion 6 : . . . • .... . - - . P + F V. , •.• : ■ ■ •■. en sorte que l'expression du moment de torsion trouvée, en 1829, par M. Gauchy, pour le prisme à base rectangle, et qui est, alors, seulement approchée [Comptes rendus , tome XXIV, page 485), est exacte pour le prisme à base elliptique. " -• . - ( ■ . ■■ ' " . , ■ PHYSIOLOGIE. — Recherches critiques et expérimentales sur les propriétés et les fonctions de la moelle épinière et de la moelle allongée, et sur les rapports de ces propriétés et de ces Jonctions avec celles des muscles et du système nerveux ganglionnaire, accompagnées d'applications à la pathologie; par M, Kii,owvSéqva.ho. ' . . ' (Commission précédemment nommée.) . ' •. . \ « Parmi les expériences rapportées dans ce Mémoire, je crois, dit l'au- teur, pouvoir appeler plus particulièrement l'attention sur celles qui ont eu pour objet la mesure de \a Jbrce motrice des membres postérieurs de gre- nouilles avant et après la section de la moelle. » Voici le procédé que j'ai employé pour mesurer cette force motrice : je fixe au torse des grenouilles un petit crochet auquel je puis suspendre, à vo- lonté, tel ou tel poids. Je tiens l'animal par le train antérieur, et je suspends à un de ses membres postérieurs un poids faible, mais suffisant pour le tenir tendu. Dans cet état, si l'on pince un des doigts de ce membre, il se fléchit aussitôt. Parce procédé, on arrive toujours, avec une assez grande préci- sion, à connaître le poids le plus fort qui permette la flexion. Je regarde comme soulevé, tout poids qui laisse s'opérer même une flexion très-faible. Partout où je dirai qu'une grenouille a soulevé tel poids, j'entendrai que c'est là le poids maximum, à 5 ou 10 grammes près, qu'elle puisse soulever. » 1°. Immédiatement après la section de la moelle épinière, derrière la seconde paire de nerfs, la force motrice est quelquefois nulle; mais, en gé- néral, elle est le quart ou le tiers de ce qu'elle était avant l'opération. D'au» C. R., 1847, >" Semestre. (T. XXIV , N» 19.) I I I ' ( 85o ) très fois elle est la moitié, et très-rarement les deux tiers de ce qu'elle était. Jamais elle ne reste ce qu'elle était. Une grenouille, par exemple, ayant pu soulever 60 grammes, avant l'opération, ou ne pourra rien soulever immé- diatement après, ou soulèvera 10, 20, 3o ou 4o grammes, mais jamais 60. » 2°. Cinq minutes après l'opération, la force motrice a, en général, aug- menté notablement ; il est très-rare qu'elle soit nulle alors. Ordinairement elle est le tiers ou la moitié , et quelquefois les trois quarts de ce qu'elle était avant l'opération. » 3°. Quinze minutes après l'opération , la force motrice a encore aug- menté. Elle est alors, en général, la moitié ou les trois quarts de ce qu'elle était avant l'opération. Quelquefois elle a atteint le degré où elle était avant l'opération. » 4°« Vingt ou vingt-cinq minutes après l'opération, la force motrice est, eu général , la même qu'avant l'opération. » 5°. Une heure après l'opération, la force motrice a encore augmenté. Elle est quelquefois alors le double de ce qu'elle était avant l'opération; en général, cependant elle n'atteint pas encore aussi iiaut. » 6°. Deux ou trois heures après l'opëration , la force motrice est, en gé- néral, le double et quelquefois le triple de ce qu'elle était avant l'opération. Arrivée à ce degré, la force motrice paraît cesser de croître; mais pour- tant elle croît, de fort peu, il est vrai. Quelquefois elle a dès lors atteint son maximum, mais cela est rare. >• 7°. Vingt-quatre heures après l'opération, la force motrice est, en gé- néral, arrivée à son maximum. Quelquefois cependant il faut deux, trois ou quatre jours pour que ce maximum soit atteint; mais, dans tous les cas, l'ac- croissement est extrêmement faible dès que quelques heures se sont écoulées après l'opération. >> Pour présenter ces différents résultats aussi nettement que possible, je vais donner les chiffres des poids soulevés par deux belles grenouilles vertes A et B : Av. l'opér. auss. apr. 5"" apr. i6™ apr. aS™ apr. i** apr. a*" apr. 4*" "P""- a^*" apr-, 4*^ "P""- A. 6o gr. 20 gr. 45 gr. 60 gr. 80 gr. i3o gr. 140 gr. 140 gr. i5o gr. i5o gr. B. 60 gp. 10 gr. 3ogr. 4° gf- 6ogr. loogr. iio gp. i3o gr. t4ogr. 140 gr- X Quand la force motrice a atteint son maximum , elle reste à peu près stationnaire pendant cinq, dix, quinze ou vingt jours, après lesquels elle dé- croît peu à peu ; et, si la grenouille survit plusieurs mois à l'opération , la force motrice arrive à être inférieure à ce qu'elle avait été avant l'opération. Ghei ( 85i ) des grenouilles qui ont survécu six , sept ou huit mois, elle a été réduite , peu à peu, jusqu'à la moitié ou le tiers de ce qu'elle avait été avant l'opération. » Peut-être la force motrice ne diminuerait-elle pas si les grenouilles opé- rées étaient bien nourries , et si l'on excitait souvent des mouvements dans les membres postérieurs. C'est ce que tendent à faire admettre deux observations mentionnées dans mon Mémoire. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sUr un appareil de sauvetage , le porte- amarre; prtr M. Delvigne. (Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Piobert, Duperréy. ) « Bien des efforts ont été tentés pour établir de loin une communication entre un bâtiment naufragé et la terre, ou de bâtiment à bâtiment. Entre autres moyens, M. le capitaine anglais Manby a imaginé de faire arriver un cordage, en fixant une de ses extrémités à une bombe lancée par un mor- tier; mais ce moyen réussit difficilement, parce que la vitesse du projectile fait souvent rompre la corde. Le tir d'une bombe n'est d'ailleurs pas sans danger, et la violence du vent opposant ensuite une résistance considérable au cordage déployé dans l'espace, il en résulte de très-grandes déviations ; enfin, lorsque la bombe manque le but, la corde est entraînée au fond de l'eau et le coup est perdu. >' Pour remédier à ces inconvénients , au lieu d'entraîner un cordage par le tir d'une bombe, j'ai imaginé un projectile, formé du cordage même, roulé en bobine allongée et d'un cylindre en bois qui lui sert d'enveloppe. Cette bobine, lancée par une bouche à feu, se dévide très-rapidement dans sa course , et l'enveloppe creuse en bois va porter l'extrémité du cordage au point où il s'agit de porter secours. Si le but est manqué, ce cylindre creux devient une petite bouée et flotte près du navire. » Je dois à la bienveillance , à l'appui de M. le Ministre de la Marine , d'avoir pu expérimenter ce système avec différentes bouches à feu , et il ne me reste plus de doutes sur la possibilité d'établir facilement une communi- cation , soit de navire à navire, du navire à la terre ou de la tçrre au navire, au moyen de ce projectile que je nomme \e porte-amarre. » Dans les essais que j'ai faits à Lorient, par ordre de M. le Ministre de la Marine, la portée moyenne du porte-amarre, tiré par le mortier de i5 cen- timètres (calibre de 24) sous l'angle de a5 degrés, a été de aSo mètres; son poids était de 7'"',5oo, et la charge de poudre de 160 grammes. Avec la caronade de 3o, la portée a été de Sao mètres sous l'angle de i4 degrés , et III.. ( 852 ) de 385 mètres sous l'anffle de 19 degrés. Le porte-amarre pesait 10 kilo- grammes, et la charge de poudre était de aSo grammes. » On avait craint qu'un vent fort venant de côté donnât lieu à de grandes déviations, mais l'expérience a prouvé qu'il n'en était pas ainsi. La corde poussée par le vent , exerçant une légère action contre la partie postérieure du projectile, fait incliner un peu sa pointe vers le vent, et donne lieu à une sorte de dérivation qui fait compensation à l'action du vent. " Tout est préparé en ce moment, pour l'essai d'un porte-amarre du ca- libre de 80 , par les canons à la Paixhans et le mortier de 11 centimètres , avec lesquels je compte bien ateindre à la portée de 5oo mètres. «, GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — Mémoire sur la théorie des courbes; par M. VoizoT. (Transmis par M. le Ministre de l'Instruction publique. ) (Commissaires, MM. Poinsot, Sturm,Lamé. ) PHYSIOLOGIE. — De V action tonique de l'éther sulfurique ; par M. Parchappe. (Commission de l'éther.) L'auteur a fait quelques expériences touchant l'action de l'éther sulfu- rique introduit, sous forme de vapeur, dans le rectum. Voici une de ces expériences que nous rapportons en entier: ■ « De la vapeur d'éther sulfurique est introduite d'une manière continue par l'anus dans le canal digestif d'un chien mâtin adulte, de petite taille. L'opération a été continuée pendant treize minutes, avec une suspension de quatre minutes. 73 grammes d'éther ont été vaporisés; mais la moitié, au moins, de la vapeur est ressortie de l'anus par un courant continu pendant l'opération. Au moment où Ton prépare l'animal à subir l'opération, il pousse des cris perçants. Pendant les six premières minutes de l'opération, plaintes sourdes, puis agitation, cris violents , gêne de la respiration, ballonnement du ventre , hébétude du regard. •I Laissé libre, l'animal voit, entend; il marche sans trébucher; il est sensible à la douleur; il cherche à fuir, à se cacher. Soumis de nouveah à l'action de la vapeur d'éther pendant quatre minutes, après quelques plaintes sourdes, quelques mouvements latéraux de la tête et quelques mou- vements de la langue pour lécher ses lèvres , il tombe dans la stupeur. On cesse l'opération. L'animal, mis sur ses pattes, s'y tient un instant. II ne voit ni n'entend. On lui coupe un bout de l'oreille sans qu'il bouge. A la section d'un bout de la queue, il jette un petit cri. Il tombe sur le flanc et ( 853 ) demeure immobile. La respiration est haute, lente, profonde. Les oreilles sont insensibles à la section, à la torsion, à l'introduction d'un instrument piquant dans le canal auditif. On coupe une rondelle de la queue , l'animai relève un peu la tête , ouvre les yeux , tourne la tête du côté de la queue, en poussant un léger cri. Cinq minutes après la suspension de l'opéra- tion, l'assoupissement de l'animal est plus profond. T-ia queue est pincée, tordue , sans que l'animal crie. Il se fait dans la tête un léger mouvement. Plusieurs rondelles de la queue sont successivement coupées, sans qu'il y ait ni cris ni mouvement. » La respiration se fait comme dans le sommeil. Le sang qui coule des plaies est vermeil. L'animal reste dans cet état de profond assoupissement pendant une demi-heure. A partir de ce moment, la respiration s'embar-. rasse,la circulation s'affaiblit, l'animal se refroidit; quelques mouvements spontanés des pattes, quelques gémissements , un léger cri; puis le poil se hérisse, les membres se roidissent, la respiration se suspend, et la mort ar- rive une heure vingt-sept minutes après le commencement de l'opération. Autopsie : Inflammation considérable de toute la longueur du tube digestif. Injection très-vive avec ecchymoses de la pie-mère cérébrale. » MÉDECINE. — Topographie médicale de la ville et gorge de Salins (Jura): diathèse lymphatique des habitants ; traitement avec les eaux salées et les eaux mères des salines de cette ville. — Des causes, de la nature, du traitement de la fièvre typhoïde et de sa contagion dans le Jura; par M. Germain. (Adressé pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon.) '■ ' , ■ . '..■'".,. '•_. . '.■''. i- ■■■ ^ MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'un système propulseur à rames verticales articulées, appliquahle à la navigation à vapeur maritime et fiuviale ; par M. Teksiiss.. (Commissaires, MM. Dupin, Poncelet, Morin.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE — Figure et description dun appareil destiné à la préparation usuelle de Veau gazeuse et des divers liquides chargés d'acide carbonique; par M. Briet. (Commissaires, MM. Becquerel, Payen, Balard.) ( 854 ) CORRESPONDANCE. M. Bdssy prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place d'académicien libre , vacante par suite du décès de M. B. Delessert. •I» (Renvoi à la Commission chargée de préparer une liste de candidats.) CHIMIE. — Recherches sur les sels ; par M. Charles Gerbardt. PHYSIOLOGIE. — Sur la division du centre nerveux, proposée par M. Marshall Hall; par M. S. Pappe:«heim. (Extrait par fauteur.) «• ,..^,, Choisissons un Mammifère comme type : la masse totale du centre nerveux est uniforme d'abord , pour l'œil nu , à peu près jusqu'au moment où les organes principaux se sont produits, et où leurs deux parties la- térales se sont soudées ensemble. Dans cet état de choses, ce que nous nommons corps calleux et commissures" du cerveau, est créé par la masse totale du cerveau. .\i » Mais bientôt cette masse changé d'aspect, et la nature des commissures se transforme. ' » La masse, pour ainsi dire lamellaire, uniforme , se partage en trois lamelles concentriques, dont la moyenne est gris-rougeâtre , tandis que les deux autres, que nous désignerons, pour abréger, sous les noms de capsule interne et de capsule externe, sont blanches. Il sera facile de faire voir que , dans la lamelle moyenne, se forment les racines des nerfs périphériques; de sorte que nous pourrions la nommer appareil péiiphérique. Je dis que les capsules produiront l'appareil central , et si un nerf périphérique part d'elles, c'est tout au plus un élément central, qu'il aura pris de cet appareil. » Le travail de scission en trois lamelles, dont il vient d'être question, est bien loin de se produire dans toute l'étendue du cerveau à la fois ; c'est dans les hémisphères, où il est évidemment le preniier. Dans les corps qua- drijumeaux, il se manifeste plus tard, et c'est après ces parties que l'on commence à le reconnaître dans les couches optiques et les autres parties de la masse nerveuse. . .«'.De plus, cette scission, qui se prononce à l'œil nu comme à l'observa- tion microscopique, n'empêche pas que la formation ultérieure ne pro- cède, dans toutes les parties , de la même manière; car il y a des parties qui , ( 855 ) une fois produites , continuent à s'organiser aux dépens de la masse totale , en tirant leurs sources nourricières de toutes les trois mamelles , comme , par exemple, les cornes d'Ammon, les corps striés, tandis qu'il y en a d'autres dans lesquelles l'une ou l'autre lamelle s'arrête , ou s'évanouit même, pendant qu'une seule perfectionne davantage sa structure. » Enfin il y a des parties , dans la lamelle primitive , qui ne participent pas du tout à ce travail de scission , ou qui y participent seulement dans l'un ou l'autre ordre des animaux, ce qui a lieu pour la valvule extérieure du cervelet. » Pour que cè travail de scission soit bien compris dans sa signification physiologique, il faut que son étude marche toujours de concert avec la re- cherche de la structure , et alors on le réduit aisément aux lois suivantes : " Il produit des accumulations, qiii deviennent les centres pour une for- mation tertiaire. Il produit la structure spéciale (fibres, cellules, etc.). Il existe bien, à la vérité, des éléments centraux, qui se joignent aux élément.s périphériques, pour composer un organe, et quelquefois un nerf des élé- ments centraux et périphériques; mais il n'existe pas, comme le soutient M. Hall, des organes centraux particuliers, dans les cerveaux des Mammi- fères. La seule vérité qui nous soit restée, jusqu'à présent, est celle que M. Flourens a établie le premier, que le cervelet est le coordonateur des mouvements. Il sera l'objet de nos communications futures : on verra alors s'il nous a été possible ou non de donner une explication suffisante de ce phé- nomène , qui est le problème le plus difficile, et un des plus élevés de l'esprit humain. » La division du cerveau en deux parties, dont je nomme l'une partie périphérique, l'autre partie centrale , et qui nous a conduit à restreindre à trois la distinction des parties de cet organe d'après son développement , savoir: a partie centrale, b périphérique, c mixte de a et è; cette con- clusion, dis-je, doit nous décider assez fermement, à abandonner tout à fait la dénomination de cerveau, si nous nous imaginons d'exprimer par ce mot une chose réellement différente de ce que l'on nomme système nerveux des animaux vertébrés : car essentiellement le cerveau n'est rien qu'une extrémité centrale du système nerveux périphérique , plus une quan- tité des éléments centraux. . . . . . ' ^ » Or ce n'est pas la composition , mais la forme qui nous a fait exprimer la différence, et le terme général qui nous induit à une classification univer- selle du système nerveux est plutôt celui qui , en regardant l'ensemble de ce système , distingue : ( 856 ) • >- a seulement par des éléments centraux,^ seulement par des éléments^ périphériques, c par une combinaison des éléments centraux et périphé- riques. » ANATOMIE. — Disposition des fibres nerveuses dans l'organe électrique de la torpille. — Structure des ganglions des nerfs rachidiens. [ Extrait d'une Lettre de M. Wagner à M. Flourens (i). ] « Depuis quelque temps, j'ai recommencé mes travaux physiologiques sur le système nerveux. J'ai été assez heureux pour trouver des faits entière- ment nouveaux. Je prends la liberté de vous entretenir des deux plus im- portants. ■ " Jusqu'à présent, on avait l'opinion que les fibres nerveuses primitives se terminent par des anses, mais que chaque fibre marche isolée et non divisée jusqu'à cette terminaisoii. M. P. Savi a montré, le premier, que sur les dia- phragmes de l'organe électrique de la torpille, les fibres primitives forment des mailles en se bifurquant. On avait émis quelques doutes sur ces observa- tions ; je ne les ai pas seulement confirmées, mais j'ai trouvé une complication plus curieuse. » Chaque fibre nerveuse qui pénètre dans l'organe électrique devient plus grosse vers sa terminaison, se gonfle, pour ainsi dire , et , avant de se ter- miner sur les diaphragmes, donne un nombre de douze à quinze rameaux ou branches qui forment, en se bifurquant avec d'autres branches d'une autre fibre primitive, les mailles que M. Savi a décrites dans son Mé- moire. Mais ce n'est pas encore la dernière terminaison des nerfs. Les branches donnent naissance à d'autres qui viennent ou des anses ou des branches à leur bifurcation, et qui se bifurquent de nouveau, pour former un réseau très-fin autour des cellules du tissu électrique, lequel montre des noyaux ronds, comme les épithéliums. Chaque fibre élémentaire est enve- loppée d'une gaine, très-épaisse vers sa terminaison, et qui est l'origine des gaines plus minces des branches. On voit partout des noyaux dans les gaines. » Voici donc une division très-compliquée de fibres primitives; je ne doute pas qu'on n'en découvre ailleurs , et , moi-même , je crois être près d'en découvrir dans d'autres tissus; mais nulle part la transparence d'un tissu n'est aussi grande que dans le tissu électrique. (i) Cette Lettre, écrite de Pise, en date du ip février, n'est parvenue que cette semaine au Secrétariat de l'Institut. • . ., ■'...■ ( 857 ) Pour voir le réseau du second ordre, il faut un fort grossissement et beau- coup de netteté dans l'image. Qu'il me soit permis de dire à cette occa- sion de quel secours a été pour moi un excellent système de lentilles qut M. George Oberhauser a bien voulu m'envoyer à Pise. H Un autre fait plus général et important pour toute la physiologie du système nerveux, c'est la découverte de la vraie structure des gan- glions, du moins des ganglions des nerfs rachidiens, du nerf trijumeau, de la paire vague. J'ai trouvé à peu près la même conformation , d'abord dans la torpille, plus tard dans les raies et les squales, animaux précieux pour ces recherches, à cause du manque ou du peu de développement, dans les gan- glions, du tissu cellulaire qui empêche de suivre les fibres primitives dans les ganglions des autres animaux. » Voici ce que j'ai trouvé déjà l'année passée, et que j'ai confirmé depuis dans un grand nombre de cas : » Chaque fibre élémentaire qui vient d'une racine du nerf du côté du cerveau ou de la moelle épinière se prolonge en un globule ganglionnaire (corpuscule nerveux) qui laisse voir son noyau avec le nucléole. De chaque globule ganglionnaire prend naissance une autre fibre nerveuse , qui s'al- longe dans les branches périphériques du nerf correspondant. Quelquefois on voit parfaitement la moelle de la fibre pénétrer dans le globule gan- glionnaire même; dans d'autres cas, ce sont des fibres nerveuses plus fines (les soi-disant fibres sympathiques) qui prennent leur naissance des corps ganglionnaires; et de l'autre côté, les fibres primitives s'élargissent peu à peu et prennent l'apparence ordinaire. » J'ai été bien étonné de cette structure des ganglions , qui sera certai- nement la même dans l'homme et les autres Vertébrés. Cette découverte changera les vues qu'on avait sur la physiologie du système nerveux , et la marche qu'on a suivie. Mais l'anatomie sera toujours la base de notre phy- siologie. " GÉOLOGIE. — Sur la constitution géologique de quelques parties de l'empire du Maroc. (Extrait d'une Lettre de M. Coquand à M. Éliede Beaumont.) « ... Je suis revenu ces jours derniers du Maroc, après un séjour de quatre mois parmi les tribus du petit Atlas. Voici, en deux mots, l'historique de mon voyage. L'empereur du Maroc a accordé à un Maure la concession des mines de la province de Tétouan , et ce Maure s'est associé des négociants marseillais qui m'ont chargé de leur faire un Rapport sur l'avenir de ces mêmes mines. J'ai donc été obligé (et je vous assure qu'on n'avait pas besoin C. R., 1847, 1" S^me^tre. (T. XXIV, N" 19.) 112 ( 858 ) de stimuler mon zèle) de parcourir les montagnes qui s'étendent depuis le Rif jusqu'au promontoire de Ceuta. » Trois grandes formations concourent à la constitution géologique de ces contrées. C'est d'abord la zone littorale formée des contreforts du petit Atlas qui s'abaissent graduellement jusqu'à la mer, où elles dessinent des promontoires allongés, entre lesquels s'ouvrent de grandes plaines alluviales. Cette première zone est entièrement occupée par le terrain ancien, et, par ce nom j'entends dire le terrain de transition dont la base est convertie eu gneiss, en micaschites et en phyllades. A ces schistes cristallins succèdent les anagénites, les grauwackes, les calschistes, des calcaires noirs fossilifères et des schistes argilo-marneux. Ces diverses roches, dont l'ensemble constitue un massif très-puissant, sont couronnées par un dépôt très-épais de grès rouge, de conglomérats rouges, de marnes amarantes, dont les détails de composition ne diffèrent en rien des grès bigarrés du Var, à cette seule différence près, que, dans le Maroc, ils sont totalement dépourvus de débris de porphyre rouge quartzifères. Le terrain de transition se divise nettement en trois étages : scbistes cristallins , grauwackes et calcaires noirs , grès et conglomérats rouges, lesquels passent des uns aux autres par des gradations insensibles, de manière à ne former qu'un seul tout indivisible. Je vous avoue que, les premiers jours, j'étais tenté de voir, dans les grès rouges, des grès bigarrés; naais les coupes prises à Berrisalah m'ont fait déserter cette première opinion. C'est qu'en effet il existe entre eux et les grauwackes la liaison la mieux nuancée et la concordance la plus parfaite. Les calcaires m'ont offert des fragments d'orthocères et des empreintes d'orthis, ainsi que des myriades d'articles d'encrines : aussi croit-on avoir sous les yeux un marbre dévonien de la Belgique. Mais sont-ils réellement dévoniens ou siluriens? voilà la question. Dans la première hypothèse, quel serait en Europe l'équivalent des grès rouges supérieurs? A coup sûr ils sont de transition. Nous verrons plus tard si la détermination des orthocères sera de nature à fixer invariablement leur véritable position. » A Ceuta, à Rastorf et à l'extrémité de presque tous les promontoires, on observe de superbes filons de granité et de pegmatite tourmalinifères injectés dans les micaschites. Ces filons se rattachent, suivant toute vrai- semblance, à une grande masse granitique éruptive que la Méditerranée recouvre en ce moment. Au surplus, les environs de la Garde-Freynet et du Plan-de-la-Tour (Var), ainsi que les falaises de l'île d'Elbe, reproduisent, terme pour terme, les accidents géologiques de cette portion du Maroc. ." Aux terrains de transition succèdent les étages jurassiques : grandes (859) masses calcaires, dolomitiques à leur partie inférieure, bitumineuses à leur partie moyenne, et lithographiques à leur partie supérieure. Leur caractère dominant est une stratification bien marquée, et la monotonie des lignes qu'elles dessinent à l'horizon. Le calcaire lithographique est pénétré de silex et ressemble, d'une manière frappante, à la inajoUca de l'Italie dont il est l'équivalent, ainsi qu'aux calcaires rabanes qui, dans les Alpes provençales et dauphinoises, forment le chapiteau des formations jurassiques. Les roches de Gibraltar , ainsi que les montagnes secondaires de l'Andalousie , sont, en général, d'origine jurassique. " Le terrain crétacé est représenté par trois termes distincts ; c'est, après le terrain de transition, auquel la rencontre de fossiles donne beaucoup d'im- portance, celui dont la physionomie est la plus nette et la moins équivoque. Le premier terme est formé par un calcaire blanc-grisâtre compacte, qui n'admet aucune autre substance subordonnée ; c'est le calcaire de la Sainte- Beaume, des Alpines, de Cassis, d'Ollioules et de Grasse, avec les mêmes formes dentelées et crénelées. J'ai eu la fortune d'y découvrir la Chama arnmonia et quelques autres fossiles néocomiens. Le calcaire à Chama limite le petit Atlas et lui prête des paysages et des points de vue du plus haut style. Le second terme , qui se lie au premier par une fusion qui empêche d'établir une limite bien tranchée, est représenté par des calcaires de même pâte et de même couleur que le calcaire à Chama, mais qui renferment des nummulites et des térébratules. Ces fossiles deviennent plus abondants dans les couches supérieures, et s'y trouvent associés à quelques grains de quartz roulé. Ces nummulites ont jusqu'à 12 centimètres de diamètre. La liaison des couches à nummulites, avec le terrain à Chama, est incontestable, et si on admet qu'elles représentent le grès vert (le même problablement qui ren- ferme des hippurites dans les environs de Constantine), le Maroc confir- merait, d'une manière plus éclatante encore que les autres régions observées jusqu'ici, la séparation que vous avez, vous le premier, introduite dans la science, du calcaire à dicérates AuxecXe terrain jurassique. Le troisième el dernier terme du terrain crétacé, est le terrain d'albarèse et de macigno, qui a pris, dans le Maroc, un développement tellement prodigieux, que les Apennins ne sauraient aujourd'hui lui disputer le pas. Ce sont bien là encore ces calcaires. à veines spathiques, ces*argiles délayables, et ces grès micacés dont les alternances successives donnent naissance à des accidents de paysages et à des cultures si variées. Tanger est bâti sur des albarèses pétris de Fucoides targioni et intricatus. Les mêmes plantes reparaissent sur plusieurs autres points, notamment dans les montagnes de la province de ( 86o ) Tétouan , rejetées entre le petit et le grand Atlas; et je doute fort qu'entre ces deux chaînes il existe autre chose que ce terrain, dont la continuité finit par devenir monotone. J'ai recueilli, dans Berridere, des nummulites, mais d'une autre espèce que les nummulites du terrain crétacé proprement diti Rien n'est plus évident que son indépendance par rapport à toutes les autres formations. Le Maroc nous offrira encore la relation véritable des deux terrains à nummulites, et de plus le moyen de les séparer l'un de l'autre. Il me paraît très-difficile, pour ne pas dire téméraire, d'introduire dans le tertiaire ces masses effrayantes de macigno et d'albarèse. » Le terrain tertiaire se compose de trois étages : le premier, d'eau douce et formé presque exclusivement par des brèches argilo-calcaires ; le second, par la molasse marine; tous les deux sont soulevés et plaqués dans le fond des vallées secondaires. Le dernier étage est un dépôt vaseux , rougeâlre, ho- rizontal et formé probablement au fond d'un lac qui occupait les régions voisines de la Méditerranée. » Les travertins abondent sur tous les points. Bien que ce sujet paraisse usé ou de peu d'intérêt, cependant leur étude dans le Maroc m'a dévoilé des faits nouveaux, je dirai même piquants, mais qui ne peuvent trouver ici leur place. " Outre les granités intercalés dans les schistes cristallins , les environs de Ceuta m'ont présenté des éruptions serpentineuses, et les serpentines y sont cuprifères comme en Toscane. Les grès rouges de la vallée de Cuitan sont traversés par des spilites dont le faciès rappelle les spilites du Var d'une manière frappante. Dans le voisinage des spilites abondent les mines de cuivre et de plomb. » PHYSIQUE. — Note sur des sjmpiezomètres indépendants de la température; par M. Gaudin. (Extrait.) ' « Tous les physiciens savent que le baromètre ordinaire ne peut indi- quer, sans percussion et calcul, les légères oscillations de la pression atmo- sphérique qui se trouvent masquées, dans cet instrument, par l'inertie de la colonne de mercure et son changement de longueur, sous l'influence de la température ambiante ; aussi a-t-on cherché à construire des baromètres à réservoir d'air (dits sympiezomètres)\ permettant l'emploi de liquides plus fluides et moins denses que le mercure, et, par suite, jouissant d'une plus grande sensibilité. » J'ai trouvé plusieurs moyens de construire des sympiezomètres indé- pendants de la température. ( 86j ) » Première solution.— Si l'on place, dans le sol d'une bonne cave, à r ou 2 mètres de profondeur, une bouteille en verre (ou dame-jeanne) de la con- tenance de i5 ou 20 litres, après avoir scellé à son orifice un tube en plomb (ou en gutta-perka) d'un très-petit calibre, que l'on amènera dans la pièce destinée aux observations, pour l'adapter à un tube vertical en verre, de 2 ou 3 millimètres^de diamètre, qui plongera, par sa partie inférieure, dans un réservoir cylindrique contenant de l'essence de térébenthine rectifiée ou de l'eau additionnée de chlorure de calcium ; si, en outre, on a amené, par la succion, la colonne liquide à la hauteur convenable dans le tube vertical, au moyen d'un bec à robinet, soudé à la douille , qui joint le tube en plomb au tube en verre , la colonne oscillera désormais suivant la pression atmo - sphérique, avec une échelle de variation quinze fois plus étendue que celle du baromètre à mercure. Quant à l'action de la température, dans ses va- riations diurnes et annuelles, elle sera si faible ou si lente, et avec tant de causes de compensation, que les indications de ce baromètre usuel n'en seront pas affectées d'une façon sensible. >• Deuxième solution. — Imaginons un thermomètre à air renversé dont la tige capillaire vient se souder au réservoir d'un autre thermomètre à li- quide, composé d'essence de térébenthine et de mercure; la tige de celui-ci, qui part de la partie inférieure du réservoir commun , après avoir décrit un coude, se continuera verticalement : cela établi , si les degrés de ce thermo- mètre liquide sont de 2™™,8, il arrivera que, pour chaque variation de i degré, le mercure s'élèvera ou s'abaissera de cette quantité dans la tige verticale , et cette pression, en plus ou en moins, viendra réagir sur le thermomètre à air; mais comme en même temps, par l'action du même changement de tempé- rature , la pression de l'air aura varié d'autant, c'est-à-dire pour chaque degré de ± YTS X o™,76oo = o'",oo28, il arrivera que la limite de l'air (ou index), marquée par le sommet de la colonne d'essence de térébenthine élevée dans le tube capillaire, ne bougera pas. Si, au contraire, la pression vient à va- rier, la colle d'essence de térébenthine y obéira avec une marche qui dé- pendra , à la fois , du calibre des tiges des deux thermomètres , de la section de la cuvette du thermomètre liquide et du changement de ressort produit dans le réservoir d'air, par le déplacement même de l'index. » En définitive , comme le calibre de la tige du thermomètre à air peut être réduit à un demi-millimètre carré, tandis que le calibre du thermomètre liquide sera au moins de 5 ou 6 millimètres carrés, on aura encore facilement , pour l'échelle barométrique, des centimètres au lieu de millimètres. » Il est bien entendu que les réservoirs devront être entourés de matières peu conductrices de la chaleur, pour que la température ambiante n'impres- ( 86a ) sionne que lentement, et au même degré, le contenu des deux réservoirs. Je me suis assuré de la vérité de ce principe par diverses constructions qui, sans figures , ne pourraient être comprises ni exposées assez clairement dans cet extrait. « Depuis huit ou dix mois, j'observe ces sympiezomètres pour savoir s'il n'y aurait pas absorption d'air par l'essence de térébenthine; je n'ai pas re- marqué d'absorption sensible, mais bien plutôt la formation d'un gaz au sein de l'essence elle-même, dans une circonstance particulière qui me porte à préférer la dissolution de chlorure de calcium , colorée par un sel de chrome. » Il est évident que l'échelle de ces instruments pourra être déplacée , soit périodiquement, soit avec le temps; néanmoins je pense qu'ils rempliront toujours bien leur destination , qui sera de fournir à la météorologie des données qui lui avaient manqué jusqu'à présent; on en pourra faire, pour la marine et l'agriculture , des baromètres usuels ou baroscopes , pouvant indi- quer, du premier coup d'œil, les coups de vent et le moment précis des phases barométriques. " J'ai remarqué, en effet, avec ces sympiezomètres, que la pression atmo- sphérique varie sans cesse dans les deux sens ; et , quoique placé à 2 mètres de mon instrument, je pouvais enregistrer des oscillations de \ de millimètre (pour Oj'yôo), tout en suivant un autre travail. » M. MiLLON prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission d'exa- miner la question débattue pntre lui et M. Plessy, relativement à la déshy- dratation du sulfate de chaux. (Les Notes adressées sur ce sujet par MM. Plessy et Millon sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Chevreul , Pelouze et Balard.) M. GuiLLON, dont un travail relatif au broiement de la j>ierre dans la vessie, a obtenu une uieution honorable, au concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie de l'année i845, en adressant ses remercîments à l'A- cadémie, croit devoir présenter quelques observations relativement à une phrase du Rapport qui semble lui attribuer le perfectionnement plutôt que l'invention du brise-pierre à évacuateur. M. Martin Saint- Ange, auteur de deu^ Mémoires couronnés au concours de 1845 (prix relatif aux organes de la reproduction chez les Vertébrés, et prix relatif au développement du fœtus chez les Oiseaux et les Batraciens) , adresse ses remercîments à l'Académie, et lui demande l'autorisation de ( 863 ) reprendre, temporairement, les Atlas qui accompagnent ces deux travaux, dont le dernier lui est commun avec M. Baudrimont. Cette demande est renvoyée à l'examen de la Commission administrative. M. Dumas, professeur agrégé de la Faculté de Médecine de Montpellier, se fait connaître comme auteur d'un Mémoire qui a obtenu une mention honorable au concours, pour le grand prix des Sciences physiques de i845 (question des organes de la génération chez les Vertébrés). M. Dumas dési- rerait obtenir l'autorisation de reprendre ce Mémoire, qu'il se propose de faire imprimer dans les « Mémoires de la Société Linnéenne de Bordeaux. » La Commission administrative sera consultée sur ce point. M. Flourbns, à l'occasion de cette communication, déclare qu'il est au- torisé à faire connaître l'auteur d'un autre Mémoire présenté au même con- cours, et qui a également obtenu une mention honorable. Les billets cachetés, joints aux deux manuscrits, sont ouverts en séance; le pli du n" i porte le nom de M. Bellingeri; celui du n° 4? 1^ no'ïi de M. Dumas. M. Laignel, dont les inventions relatives aux moyens de diminuer les dangers des chemins de fer ont obtenu, au concours de i845, un des prix fondés par M. de Montyon , adresse ses remercîments à l'Académie. M. Pauwels réclame la priorité pour l'invention d'un régulateur à gaz, soumis au jugement de l'Académie par M. Mutrel. (La Lettre de M. Pauwels et les pièces qu'il produit à l'appui de sa récla- mation sont renvoyées à l'examen de la Commission chargée de faire un Rapport sur l'appareil présenté par M. Mutrel.) i , M. Gaivnal met sous les yeux de l'Académie une tête moulée sur un cadavre conservé par son procédé et exhumé après quatre années. M. Gannal prie en même temps l'Académie de charger une Commission de constater a valeur réelle àe %on procédé d'embaumement. .[,, ,_ , . , (Commissaires, MM. Chevreul, Flourens, Dumas.) M. Ed. Robin, auteur d'une Note précédemment présentée , et relative au mode d'action que peuvent exercer pendant la vie les substances qui, après la mort, préservent de la corruption, prie l'Académie de ne point se faire rendre compte de ce travail jusqu'au moment où il l'aura complété, comme il se propose de le faire, par des communications ultérieures. ( 864 ) L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés, présentés , l'un par M. Lamarre-Picquot, l'autre par M. Progin. La séance est levée à 5 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 5 mai 1847, '^^ ouvrages dont voici les titres : Revue des Trèfles de la section Ghronosemium ; par MM. Soyer-Villemet et GoDRON. Nancy, 1847 ; in-8^ Journal des Usines et des Brevets d'Invention ; mars 1 847 ; in-S". Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale et de Toxicologie ; par M. Rognetta; mai 1847 in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales; mai 1847; iD-8*- Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale et de Toxicologie; mai 1847; in-8". Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ;a\r\\ 1847; in-8. Journal de Médecine vétérinaire, publié à l'Ecole de Lyon; tome III; février et mars 1847; i^-S"- Revue botanique, recueil mensuel; par M. Duchartre; 2* année; 9* et 10* livraison; mars et avril 1847 5 brochure in-8°. La Clinique vétérinaire ; avril 1 847 ; in-8°. Journal desConnaissances utiles; avril 1847; in-8°. Prothèse dentaire. — Aperçu sur les dangers des Dents à pivot, à ressorts et à crochets; par M. Fattet ; brochure in-8°. Matières colorantes et Procédés de Peinture employés par Rubens; découverte faite par M. Régnier. Gand , 1 847 ; in- 8°. Annales des Travaux publics de Belgique ; tome V. Bruxelles; in-8''. Bibliothèque universelle de Genève, et archives des Sciences physiques et na- turelles; n" 1 5 ; 1 5 avril ; in-8''. Atlas de l'Etna; par M. Sartorius DE Waltershausen, assisté de MM. Ca- vallari, Peters et Roos; i'' et 2* livraison; in-folio. Berlin. Comptes rendus des Travaux de l'académie impériale des Sciences de Saint- Pétersbourg pour l'année 18^6; par M. Fuss; brochure in-8''. Memoirs. . . Mémoires du Cadastre géologique de la Grande-Bretagne et du Musée de Géologie industrielle de Londres, publiés par ordre du Comité des Finances ; vol. i". Londres, 1846; in-8°. ( 865 ) An Encyclopedia. . . Encjclopédie historique, théorique et pratique de l'Ingénieur civil; par M. E.GhESy, i vol. in-S". Londres, 1847. A brief Notice. . . Notice sur la vie, les recherches et' les découvertes de F.-W. Bessel; par M. F.-W. Herschel. — (Extrait du Rapport annuel de la Société royale astronomique.) Londres, 1847; in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. ScHUMACHEK ; n"' 696 et 597 ; in-4''. Nachrichten . . . Nouvelles de l'Université et de i Académie royale des Sciences de Gottingue; mars et avril 1847. Gottingue; in-8°. Kongl . . . Mémoires de l .Académie royale des Sciences de Stockholm pour /'ann^e 1844 ; 2* série. Stockholm, 18/(6; in-8°. Ofversigt. . , Comptes rendus des séances de i Académie des Sciences de Stockholm ; 2* série, n°* 8, g, i o ; 3* série , n"' 1 à 6 ; in-S". Arsberattelse. . . Compte rendu des progrès de la Chimie et de la Minéra- logie, présenté le "ii mars 1846, par M. Berzelius. Stockholm, 1846; in-S". Nieuwe Bijdrage . . . Nouvel essai pour servir à la connaissance des Siluroides r^e Vana; par M. P. BleCKER. Batavia, i846;in-8°. Siluroideorum bataviensium conspectus diagnosticus ; auctore P. Blcker. Batavia, 1847; in-8°. ■■•■ '■ ' Labroideorum actenoideorum bataviensium diagnoses et adumhrationes ; auctore Blecker. Batavia, 1846; in-8''. Historia. . . Histoire physique et politique du Chili , publiée sous les auspices du gouvernement Chilien; par M. G. Gay. — Botanique, tome II, i" et 2^ livraison; in-8°, avec atlas in-folio. . - ■ . , Raccolta. . . Recueil scientifique de Physique et de Mathématique ; 3* année, n°8. Rome, 1847-, i"-^"- Gazette médicale de Paris; n*" 17 et 18. ■ . Gazette des Hôpitaux; n*" 46 à 52. -, L'Union agricole; n°* 149 et i5o. . . ; Programme des prix proposés par la Société d'encouragement pour l'industrie nationale pour les années 1848, 1849, '85o, i85a, i853, i855 et 1860; in-4''. A. fi' Académie a reçu, dans la séance du 10 mai 1847, ^^^ ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences , !"■ semestre 1847, n° 18 ; in-4°. C. R., 1847, '" Semestre. (T. XXIV, N" 19.) ï l3 ( 866 ) Inslitut voyal de France. — Académie des Sciences. — Eloge historique de M. Blumenbach, associé étranger de l'Académie; par M. Flourens; lu dans la séance publique du a6 avril 1 847 ; iB-4°. Bulletin de i Académie royale de Médecine ; n" i4, 3o avril 1847 ' ''i"8°- Société d.' Encouragement pour l'industrie nationale. — Rapport sur les prit proposés pour la culture des arbres résineux; par M. Ad. Bbongni art ; in-4°- Nouvelles Suites à Buffon. — Histoire naturelle des Insectes. — Aptères; par MM. le baron Walckenaer et P. GervaiS; tome IV; in-8°, avec planches. Première esquisse d'un Traité élémentaire d' Ovologie . — Ovologie des Verté- hrés; par M. DuvERNOY ; brochure in-8°. Monographie de la famille des Hirudinées; par M. Moquin-TandoN ; i vol. in-8°, avec planches in-8°, présenté, au nom de l'auteur, par M. Serres. Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne; janvier et février 1847; 'n-^"- jt/ ■ Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; avril 1847 > ^^'^"r " Création, au sein de l'Académie des Sciences , d'un Aéropage appelé à déve- lopper et à perfectionner, par l'application , toutes les découvertes utiles au bien- être des populations ; par M. DuCROS, de Marseille; in-S". Du Traitement intelligent de In folie, et Application de quelques-uns de ses principes à la réforme des criminels; par M. Voisin ; brochure in-8°. Notions essentielles d'Algèbre élémentaire ; par M. LaisnÉ; brochure in-8°. Jouma l de Pharmacie et de Chimie; msii 18 ^'j-., in-8°. Loi d'union; par M. Sardat; i'847 ' brochure in-8°. Disserlatio inauguralis medica de Arsenico ; auct. J. WiNCKLER. Budae, i845;in-8''. Dissertatio inauguralis medica de Emphjsemate pulmonum ; auct. Weisz- bach. Pestini, i845; in-8''. Dissertatio inauguralis medico-politica de juvene Medico; auct. J. Wer- BANCSICS. Budae, i845; in-8°. Dissertatio inauguralis medica sistens Cerebrum et Pulmones; auct. E. Schle- siNGER. Budae, 1845 ; in-S". , Dissertatio inauguralis medica de Exnnthematibus sjphiliticis ; auct. C. Jacz. Budœ, iP45;in-8«'. Dissertatio inauguralis medica de Sympathia et Antipathia ; auct. E. Simojneji. Pestini, 1846; in-8°. Dissertatio inauguralis de Sanguine in statu sano et morboso; auct. A. Joffe. Pestini, 1846; in-S". Dissertatio inauguralis medica de Laryngitide et TracUeitide chronica ; auct. J. Hermann. Pestini, 1846; in-8°. ■ ' ' ( 867 ) Disserlatio inaucjuralis medica de Uroscopin; aiict. \j. Ganzler. Pestini, i846;in-8°. Disserlatio inauguralis medica de CroUp laryngeo; aiict. L. MiLKO. Pestini, 1846; in-8°. Disserlatio inauguralis medica sistens ideas quasdam pœdialrico-patlioloijicas ; auct. V. Savoly; iii-S". Disserlatio inauguralis medica de noxis Cosmeticorum usas communis ; auct. J. Obongay; 1846; in-S". Disserlatio inauguralis medica de Progressibus medicinœ reçenlioris œvi ; auct. W. HOFFMAN ; ia-8°. Disserlatio inauguralis de germine Phthiseos pulmonalis; auct. J. Czak- TORNGAY ; in-8". Urolithiasis . . . Disserlatio inauguralis medica; auct. J. Hezsay. Pes- tini, 1846; iu-8°. Generatia quœdam de aquis mineralibus . . . Disserlatio inauguralis medica; auct. P. Brassovangi. Pestini, 1846; iu-8''. Obserualiones Geographiœ medicinœ. Disserlatio inauguralis medica; auct. .1. DusCHAK Pestini, 1846; in-S". Aulochiria. . . Dissertalio inauguralis medica ; auct. A. Stadler. Pes- tini, 1846; in-8°. . , ' Disserlatio inauguralis medica de Menslruatione ; auct. F. Miller. Pes- tini, 1846; in-8°. Disserlatio inauguralis medica de Cancero labiali; auct. J.-A. Horva. Pestini, 1846; in-8°. ' • . , , ' Dissertalio inauguralis polilico-medica de hisloria Vaccinœ in Hungaria; auct. A. Rakitta. Pestini, 1846; in-8°. Disserlatio inauguralis medica de auris et auditûs Vitiis; auct. G. Makara. Pestini, 1846; in-8°. Dissertalio inauguralis medica sislens Endocarditidem ; auct. G. Maltas. Pestini, 1846; in-8°. Systemata medicinœ a Paracelso ad nostra lempora , fasc. I. Dissertalio inau- gularis historico-medica; par M. H. Adler. Pestini, i846;in-8''. Dejudicio Medici forensis sœpe dubio. Disserlatio inauguralis medico-forensis ; auct. L. BOBOR. Pestini, 1846; in-8°. Dissertalio inauguralis medica sislens quœdam de consensu et antagonismo; auct. J. Babits. Budae, 1846; in-8°. Hypochondria. . . Dissertalio inauguralis medica; par M. A.^ RuSNYAK. Bud£e, 1846; in-8°. ( 868 ) TiCczkek. . . Programme de l'Université royale Magyare, pour l'année sco- laire 1 846 — 1 847. Bude ; in-folio. The Quarterly. . . Journal trimestriel de la Société géologique de Londres ; mai 1847 ' iQ"8°- On the silurian. . . Sur les roches siluriennes et leurs annexes, dans quelques parties de la Suède; par M. R.-J. MuRCHiSON. (Extrait du Journal géologique de Londres, février 1847.) In-8''. On the Discovery . . . Sur la Découverte de roches siluriennes en Cornouailles ; par le même ; | feuille in-8'' d'impression. - On the . . . Sur les roches siluriennes du midi du pays de Galles ; par le même ; in-8". Russia in Europe ... Carte géologique coloriée de la Russie d'Europe et des monts Ourals, de MM. R.-J. MuRCHisON, DE Verneuil et A. Keyserling; i845. Die Bàren-Insel. . . Description géognostique de l'île de l'Ours; par M. LÉo- POLD DE BuCH, d'après le.s renseignements fournis par M. B.-M. Keilhau. Berlin, 1847; in-4''. Sul Planeta. . . Mémoire sur la planète Uranus; par M. J. Calandrelli. Bologne, 1847; in-S"- Gazette médicale de Paris; xP 19 ; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n°' 53 et 54 ; in-folio. L'Union agricole i n° i5i. F. ERRJTA. (Séance du 26 avril 1847.) Page 668, ligne 29, au lieu de ii''io™57', lisez n''5'°n'. Page 668, ligne 3o, au lieu de ii''2°'55% lisez io''57"'9*. (Séance du 5 mai 1847) Page 791 , ligne i, au lieu de M. Vanner, lisez M. Wanwer. Page 823, ligne 6, au lieu de M. D. Lannea, lisez M. de Sannbs. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. ■-»»^< SÉANCE DU LUNDI 17 MAI 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. RAPPORTS. Il est donné lecture d'un Rapport sur deux travaux de M. Dvssy, concer- nant, l'un, V emploi de la magnésie dans le traitement de l'empoisonnement par l'acide arsénieux ; l'autre , de nouvelles observations sur les deux variétés de cet acide. Par suite d une réclamation de priorité relative au premier de ces tra- vaux, l'Académie ajourne à une prochaine séance le vote sur les conclusions du Rapport. -, IVOMINATIOIVS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission qui sera chargée d'examiner les pièces présentées au concours pour le grand prix des Sciences mathématiques de l'année 1847- La question proposée est la suivante : Établir les équations des mouve- ments généraux de l'atmosphère terrestre, en ayant égard à la rotation de la Terre, à l'action calorifique du Soleil, et aux forces attractives du Soleil et de la Lune. MM. Liouville, Arago, Gauchy, Sturm, Lamé obtiennent la majorité des suffrages. ... ; . . C R., 1847, l" Stmeslrt. (T. XXIV, N" 80.^ I l4 ( 870 ) MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE ANIMALE. — De la circulation chez les Insectes; par M. Emile Blanchard. (Commissaires, MM. Duméril, Milne Edwards, Valenciennes.) « Le célèbre auteur de ï Anatomie comparée, ne trouvant pas dans les Insectes d'autres vaisseaux que le vaisseau dorsal, crut que toute circulation véritable disparaissait chez ces Articulés. Selon Guvier, les trachées se ra- miSant dans le corps entier de l'animal, Tair devait ici aller chercher le sang, de même que le sang va chercher l'air dans les animaux à respi- ration pulmonaire ou branchiale. » Depuis, divers anatomistes ont étudié la circulation dans les Insectes. Us ont choisi ordinairement des larves transparentes qui leur ont permis de distinguer, sous le microscope et au travers de l'enveloppe tégumentaire , des courants du liquide sanguin. M. Carus a observé ainsi un mouvement circu- latoire dans les larves d'Ephémères et d'Agrions. MM. Wagner, Bowerbank, Newport, etc., ont constaté les même faits. Selon ces observateurs, toute la circulation des Insectes se réduisait à ceci : le sang, poussé d'arrière en avant par le vaisseau dorsal , baignait les organes en tombant dans les cavités du corps, ou un mouvement d'avant eu arrière le faisait rentrer dans le vaisseau dorsal par des orifices postérieurs. » M. Léon Dufour, qui a tant contribué à faire connaître l'organisation des Insectes, se refuse comme Guvier, à admettre une circulation quelconque chez ces animaux. Suivant cet anatomiste, le vaisseau dorsal ne serait qu'un simple cordon sans cavité intérieure. « Son mouvement, dit-il, ne serait » que le résultat de la simple contractilité de tissu, une espèce de frémis- » sèment fibrillaire commun à beaucoup de tissus vivants. » » Telles étaient les diverses opinions touchant la circulation chez les In- sectes. Ce qui aurait dû peut-être surprendre, c'était, d'après l'explication or- dinaire, l'indépendance en quelque sorte de l'appareil circulatoire et de l'ap- pareil respiratoire, les trachées, suivant l'opinion générale, ne devant se trouver au contact du liquide nourricier que par les courants traversant les lacunes comprises entre les organes. Cependant on ne s'y arrêta pas. L'étude par transparence ne permettant pas de distinguer certains détails, la ques- tion en est toujours restée à peu près au même point. - ,i> ;..< ->> » Il y avait pourtant un moyen très-simple de suivre chez les Insectes (871) tout le trajet du sang; il suffisait de pousser des injections avec un liquide coloré. On n'a pas eu recours à ce procédé ; ou , si l'on y a eu recours , on n'a pas réussi à en tirer parti. Néanmoins, parmi les animaux invertébi'és, il y en a peu où ce moyen d'investigation donne aussi facilement un bon ré- sultat. Soit que l'on injecte par le vaisseau dorsal, soit que l'on injecte par les lacunes, on remplit aussitôt tout le système circulatoire. Rien de plus remarquable et de plus élégant qu'un insecte convenablement injecté: toutes les trachées , qui se ramifient en branches si déliées dans tous les organes , sont colorées par l'injection; cependant, pas la plus petite gouttelette de liquide n'a pénétré dans leur intérieur. » Les trachées des Insectes, on le sait, sont formées de deux membranes entre lesquelles se trouve interposé un fil contourné en spirale. C'est entre les deux membranes que pénètre le liquide sanguin. Use trouve ainsi, de toutes parts, en contact avec l'air contenu dans les tubes trachéens, et la réoxygé- nation du sang s'effectue comme chez les animaux pourvus de poumons, bien qu'il y ait une disposition anatomique fort différente. Par suite de cette observation, la structure des trachées se trouve expliquée. Bien évidemment, le fil spiral ne sert pas seulement à leur donner une certaine solidité; il a encore pour usage de maintenir écartées les deux gaines qui les constituent, et de les tenir béantes près des orifices respiratoires, pour livrer passage au fluide nourricier. » Quand les trachées deviennent vésiculeuses , leur fil spiral disparaît, et alors des canaux extrêmement nombreux et d'une très-grande finesse les parcourent en tous sens. » Si l'on injecte un insecte par le vaisseau dorsal, le liquide, après l'avoir traversé dans toute son étendue , s'épanche bientôt dans les lacunes de la tète et du thorax , et vient se répandre dans les lacunes abdominales. 11 pé- nètre alors entre les deux membranes trachéennes par des lacunes qui en- tourent les orifices respiratoires; enfin il est ramené dans le vaisseau dorsal par des canaux latéraux afférents, qui s'étendent sur les parties dorsales, jusqu'à l'origine des faisceaux trachéens. Ces canaux afférents sont ainsi en nombre égal à celui des stigmates de l'abdomen ; il en est de même du nombre des cloisons du vaisseau dorsal , qui varie aussi suivant les types. n Les tubes trachéens portant l'air dans toutes les parties du corps por- tent donc également le sang réoxygéné à tous les organes; l'espace compris entre les deux gaines des organes respiratoires paraît remplir ici l'office de vaisseaux nourriciers. Ainsi la circulation des Insectes s'effectue, comme chez beaucoup d'animaux invertébrés , à circulation en partie lacuneuse. Seule- ii4.. ( 87a ) ment il y a une disposition analomique très-particulière : l'activité du mou- vement circulatoire est ici, comme ailleurs, en rapport avec l'activité de la respiration. ■' J'ai étudié la circulation chez un assez grand nombre d'espèces de la classe des Insectes , pour avoir acquis la certitude qu'à cet égard il n'y a point de différence essentielle entre les divers types du groupe tout entier. Je me suis assuré que les modifications anatomiques étaient des plus minimes , même entre les représentants des divers ordres de cette grande classe d'animaux. » Mes observations ont porté dans l'ordre des Coléoptères, principalement sur les Méloés, les Dytiques, les Hydrophiles, les Géotrupes, etc.; dans les Orthoptères, particulièrement sur les Blattes; dans les Hyménoptères, sur les Bourdons , les Guêpes et surtout sur l'Abeille; dans les Hémiptères, sur les Nèpes et les Ranatres; plusieurs sur Lépidoptères et diverses Chenilles, sur quelques Diptères à l'état de larve et d'insecte parfait. '• Partout j'ai observé les mêmes faits, et j'ai constaté que les larves et tes insectes adultes ne différaient que sous des rapports dénués d'importance. » Je terminerai en faisant remarquer que tout ce que j'avance ici est mis hors de toute espèce de doute par mes préparations déposées au Muséum. En outre, rien de plus facile que de vérifier le fait en peu d'instants, puis- qu'il suffit d'injecter un liquide coloré en faisant une simple ouverture à l'abdomen d'un insecte, pour remplir immédiatement toutes les lacunes, ainsi que la portion vasculaire des trachées, et, par suite, le vaisseau dorsal lui-même. >> CHIRURGIE. — Considérations anatomiques et thérapeutiques sur lesjistules vésico'vaginales. Jutoplastie par glissement; par M. A.-J. Joberx, de Lamballe. (Commission précédemment nommée.) « J'ai eu l'honneur, en i845, d'adresser à l'Académie l'observation d'un cas de guérison d'une fistule vésico-vaginale , à l'aide d'un procédé que j'ap- pelais autoplastie par glissement, et je m'engageai à lui soumettre un travail plus étendu sur cette matière. » Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de lui présenter aujourd'hui, j'in- dique d'abord les causes des fistules vésico -vaginales, leur situation, leur forme, plus souvent transversale que longitudinale, le mécanisme de leur formation, et j'insiste sur la nécessité de les diviser en fistules traumatiques produites par l'action directe de divers instruments, et en fistules consécu- tives à la gangrène, déterminée par la pression qu'exerce la tête de l'enfant pendant l'accouchement. ( '873 ) » Je passe en revue les différents accidents qui accompagnent et qui com- pliquent les fistules vésico-vaginales , tels que lery thème, les pustules, les ulcérations du col ou des parties extérieures, les graviers, les calculs, les ré- trécissements de la vessie, sa hernie, les oblitérations de l'urètre, etc. » J'aborde ensuite la question du traitement. La partie historique montre que les anciens n'ont pas fait mention du traitement des fistules vésico-vagi- nales. Il faut arriver jusqu'à Dessault pour trouver quelques aperçus anato- miques et physiologiques ayant trait à la manière de guérir cette grave maladie. Viennent ensuite les travaux des contemporains, MM.. Roux, Vel- peau, Lallemand, etc. » Dans le nouveau Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie , je reviens sur les recherches que j'avais faites antérieurement pour guérir les fistules vésico-vaginales. Ne trouvant pas dans l'élythroplastie que je mettais en application les éléments de succès que j'avais cru d'abord ren- contrer dans cette méthode opératoire, j'ai porté toute mou attention sur la disposition anatomique du vagin, et j'ai été conduit à un résultat qui s'appuie déjà sur plusieurs cas de guérison. J'appelle autoplastie par glissement le procédé à l'aide duquel je déplace la vessie de l'endroit où elle repose sur le col utérin; je fais descendre le vagin de son point d'insertion au col utérin, vers le pubis , afin de rendre d'abord l'écartement des lèvres de la fistule moins considérable , et ensuite afin de faciliter, au delà de toutes les prévisions jusqu'ici connues, la réunion et l'affrontement des bords de la solution de continuité. » Les différents temps de l'opération sont indiqués avec détails dans mou Mémoire, et j'insiste sur les précautions à prendre pour fixer la sonde de telle façon qu'elle ne puisse rompre les moyens d'union , ni agir d'une ma- nière fâcheuse contre les parois de la vessie. » La question d'opportunité, par rapport à l'opération, m'a vivement préoccupé. J'ai tracé les conditions dans lesquelles elle pourrait être prati- quée le plus favorablement, et j'ai cherché à bien préciser les différentes causes qui s'opposeraient au succès. " J'ai terminé en rapportant six observations de fistules vésico-vaginales, opérées à l'aide de l'autoplastie par glissement, et suivies de guérison. Chez une malade , la solution de continuité siégeait sur le col de la vessie ; chez les cinq autres, elle occupait le bas-fond de l'organe. • • » Des planches et des dessins de pièces anatomiques, annexés à mon travail, montrent la disposition des parties sur lesquelles on opère. » ( 874 ) ANATOMiE. — Sur la coordination générale et la structure intime du système nerveux de la langue dans l'homme et les mammijères ; par M. Bocrgebt. (Commission précédemment nommée. ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le MiMSTHE DE l'Intérieur adresse, pour être soumis au jugement de l'Académie, un travail qui lui a été présenté, sous forme de Rapport, par M. le docteur Josat, à la suite d'un voyage que ce médecin a fait en Alle- magne , sous les auspices de l'Administration , dans le but de recueillir des renseignements concernant les moyens propres à prévenir les inhumations anticipées. Le manuscrit a pour titre : De la Mort, de ses caractères, et des moyens de prévenir les inhumations avant décès. « Mon travail, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, se compose de trois parties : Ija première est exclusivement consacrée aux moyens d'empêcher le délaissement des moribonds avant la mort consommée ; la deuxième com- prend tout ce qui concerne les morts apparentes; la troisième, enfin, les mesures propres à prévenir les inhumations précipitées. )> Je n'ai point la prétention d'avoir tout dit sur ce sujet; mais, si je ne me fais illusion, je crois être parvenu à donner, à des idées déjà anciennes, des développements méthodiques qui les rendent susceptibles de passer faci- lement de la spéculation à la pratique. « Renvoi à la Commission chargée d'examiner les pièces adressées au concours pour le prix fondé par M. Manni. La Commission en fera l'objet d'un Rapport spécial. M. le Ministre de l'Instructioiv publique invite l'Académie à lui faire con- naître son opinion sur un projet formé par le Conseil municipal de la ville de Castelnaudarj , pour fournir aux habitants de cette ville, en quantité i\xîîi%dM\e^\e% eaux destinées aux usages domestiques. Le Conseil municipal, à la demande duquel M. le Ministre provoque le jugement de l'Académie , désire surtout savoir si , dans le système proposé par M. l'ingénieur des Ponts et Chaussées de l'arrondissement, les eaux con- duites dans la ville auront, dans toutes les saisons, les qualités désirables sous le rapport hygiénique. (Renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Dumas, Pelouze et Balard.) ( 875 ) OPTIQUE. — Détermination exacte de la dispersion de l'œil humain, par des mesures directes; par M. Adolphe Matthiessen , d'Altona. (Extrait par l'auteur.) . . (Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Babinet.) Voici les conclusions du Mémoire : ■■ 1°. La distance de la vision distincte d'une division sur verre, éclairée par transparence par de la lumière rouge monochromatique, dont la lon- gueur d'ondulation correspond, en moyenne, avec la raie B du spectre so- laire, est plus que double de celle requise pour voir nettement la même division éclairée par de la lumière indigo G, pour les observateurs à vue longue. Les distances varient moins pour les yeux normaux , et peu pour les myopes. » 2". Le rapport de ces distances est tel , pour les yeux sains, que l'écar- tement entre le foyer rouge B et le foyer indigo G au fond de l'œil , est sen- siblement d'une quantité constante, en supposant toutefois qu'un point blanc, placé à la distance de 270 millimètres, forme son foyer E à 16 millimètres derrière le centre optique de l'œil, ce qui correspond avec i5°"",io4 de foyer principal. L'examen de la structure de l'œil humain m'a fait connaître que son foyer se trouve effectivement à 16 ou 17 millimètres derrière son centre optique pour un objet placé à 270 millimètres de distance, et que le système convergent de l'œil représente une lentille biconvexe de la forme la plus avantageuse pour rendre son chromatisme le plus petit possible. r> 3°. Un point lumineux blanc , placé devant des yeux sains à la distance de la vue distincte, donne effectivement au fond de l'œil une série de foyers colorés très-parfaits, lesquels se trouvent rangés sur une ligne droite de trois cinquièmes de millimètre de longueur, dont le prolongement passerait par le centre optique. L'objet blanc en question donne réellement son foyer B à ]6'°™,3, E à 16 millimètres, et G à i5""",7, derrière le centre de l'œil. Des mesures, fournies par des yeux de vue très-diverse, donnent pour extrêmes de cette longueur o""",58 et o""",62. » 4°- Une lentille biconvexe d'eau distillée , à la température du sang, de la forme de la moindre aberration chromatique possible, de i5""",io4 d^ foyer principal pour la lumière moyenne E, ne donnerait que o'"'",5o6 d'é- cartement entre les foyers B et G. Le crow^n employé pour mes systèmes surachromatiques diminuerait cet intervalle à o""",42, puisque, malgré sa forte puissance réfractive, une lentille convergente de crown, de même ( 876 ) foyer qu'une lentille d'eau , donne beaucoup moins de dispersion. Si le système convergent de l'œil était remplacé par une lentille de la meilleure forme en flint ordinaire de Guinand, dont l'indice B = i,6i3, G = i,645, la distance entre les foyers B et G serait de o™™,66. J'ai mesuré tous les in- dices sur un goniomètre de M. Babinet, dans lequel j'ai remplacé le colli- mateur par une fente lumineuse. " 5°. La dispersion de l'œil humain , beaucoup plus forte que celle du verre ordinaire, est encore très-supérieure à celle de l'eau, et approche de celle du flint-glass ordinaire. Je vérifierai ces mesures sur des caractères fins d'imprimerie, copiés galvanoplastiquement en creux, et dressés de ma- nière à produire une écriture lumineuse sur fond opaque, éclairée par un spectre solaire bien fait , en le regardant à travers mes oculaires surachro- niatiques sans foyer moyen. » 6°. Il n'est guère admissible que la nature ait assigné aux milieux réfrin- gents de l'œil une dispersion supérieure à celle que détermine l'expérience-, il est même remarquable qu'elle ait choisi des matières qui, à une réfraction peu supérieure à celle de l'eau, joignent un pouvoir dispersif aussi considé- rable ; il est donc extrêmement probable qu'elle n'a pas jugé convenable d'atténuer, dans la formation des foyers au fond de l'œil , l'effet normal de cette dispersion. " 7°. La nature a employé des moyens en dehors de l'appareil conver- gent de l'œil proprement dit , pour rassembler cette ligne de foyers exacts en une sensation unique ; elle a dû procéder ainsi , afin de lui donner la précieuse faculté d'un champ très-étendu de la vision. » 8°. L'œil humain est moins achromatique encore que l'on ne pensait; mais, en revanche, il est exempt d'aberration de courbure pour la lumière comprise entre B et G et pour des faisceaux peu obliques , pénétrant à tra- vers une pupille peu dilatée; car, en composant mes lentilles surachroma- tiques, sans foyer moyen E, de manière à produire une aberration de sphé- ricité, soit en plus , soit en moins , les traits de la division apparaissent de suite ombrés sans irisation , ce qui est le caractère de l'aberration de cour- bure. » 9". Les indices de réfraction de la moyenne des milieux réfringents qui composent le système convergent de l'œil humain sont très-approximativement pour la lumière correspondante à la raie B du spectre solaire i,3634, E = 1,37, G = 1,3765. Ces indices sont proportionnés de telle façon, que les foyers peu intenses de la lumière du jour s'écartent d'une quantité précis cément égale de part et d'autre du foyer de la lumière la plus vive, ( «77 ) » io°. Ces déterminations méritent de la confiance, puisque j'ai déter- miné rigoureusement d'avance les moyennes des verres monochromatiques employés, et puisquej'ai éliminé des expériences l'erreur provenant du chan- gement volontaire de la vision distincte, en mettant l'observateur dans la possibilité de comparer les foyers diversicolores d'un seul coup d'œil, par une seule inspection. Ma méthode consiste à équilibrer la dispersion inconnue de l'œil par la dispersion connue de l'oculaire ; c'est le principe des pesées par la balance. » . • f PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Essai sur la théorie mécanique de la chaleur; par M. Briot. (Commissaires, MM. Arago, Cauchy, Sturm, Lamé, Babinet.) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur une extension nouvelle donnée aux formules géométriques; par M. Briot. ~. , (Commissaires, MM. Cauchy, Poncelet , Duhamel.) GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — Addition à un Mémoire précédemment présenté sur les courbes à double courbure; par M. Voizot. (Commission précédemment nommée.) PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur la parole; par M. Second. (Commissaires , MM. Magendie , Serres , Lallemand.) CHIMIE ORGANIQUE. — Mémoire sur l'analjse des produits de la combustion du fulmi-coton et de la poudre; par M. Jean. (Commissaires, MM. Pouillet, Pelouze, Payen.) MÉTÉOROLOGIE. — Figure et description d'une nouvel anémomètre ; par M. Henry. (Commissaires, MM. Babinet, Laugier, Mauvais.) MÉCANIQUE XPPLIQVÈE. — Description et Jigure d'un nouveau frein à l'usage des chemins de fer; par M. Kettenhoven, (Commission des chemins de fer.) M. JouRDANT soumet au jugement de l'Académie le modèle et la description d'un appareil destiné à écarter plusieurs des causes qui tendent à produire le déraillement des convois sur les chemins de fer. (Commission des chemins de fer.) C. R., 1847, i" Semestre. {T. XXIV, ««20.) ' l5 ( 878 ) M. Steffani adresse un Mémoire écrit en italien sur la nécessité de con- server et d'améliorer les bois des montagnes et des collines en Italie, et sur les moyens d'obtenir ce résultat. (Commission nommée pour de précédentes communications relatives au reboisement des montagnes.) M. Velpead met soùs les yeux de l'Académie le modèle d'un nouvel obtu- rateur du palais, inventé par feu M. Orro, de Bâle, et M. Bchler, dentiste à Rome. Ce qui distingue cet appareil de ceux qui sont communément em- ployés, c'est qu'il se compose de deux plaques unies à charnière, dont la postérieure , grâce à sa mobilité et à une disposition particulière , se main- tient constamment en apposition avec le voile du palais et cède facilement aux mouvements du palais et de la langue. (Commissaires, MM. Roux, Velpeau, Lallemand.) M. MoRTON adresse, de Boston, une Lettre renfermant une réclama- tion de priorité pour la découverte des effets produits par l'inhalation de l'éther. (Commission de l'éther.) M. ViCENTE Y Hedo transmet une Note sur les effets de l'injection de l'éther dans le rectum. (Commission de l'éther.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Instrdctioji pdbliqce invite l'Académie à lui faire con- naître, le plus promptement possible, sa détermination relativement à l'acceptation du legs fait par feu M. le baron Barbier, pour un prix annuel d'une valeur de 3 000 francs, destiné à récompenser les personnes qui, au jugement de l'Académie des Sciences, auront fait une découverte précieuse pour la science chirurgicale, médicale et pharmaceutique, ou pour la bo- tanique dans ses rapports avec l'art de guérir. La Commission chargée de préparer un Rapport a terminé son travail , qui sera incessamment soumis à l'approbation de l'Académie. M. le Ministre de la Guerre adresse, ptjwr la bibliothèque de l'Institut, ( 879 ) ua exemplaire d'un ouvrage qui vient d'être publié par les soins de son dé- partement, et qui a pour titre : Tableau de la situation des établissements français en Algérie, année 1 845- 1846. MM. les Secrétaires de la Société philosophique et littéraire de Man- chester , en adressant un nouveau volume de leurs Mémoires {voir au Bul- letin bibliographique), demandent que cette Société soit comprise dans le nombre de celles auxquelles l'Académie des Sciences donne le Compte rendu hebdomadaire de ses séances. (Renvoi à la Commission administrative.) ASTRONOMIE. — Nouvelle comète découverte par M. A. Colla, de Parme. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Jrago.) " Hier soir, à 9 heures (temps vrai civil), j'ai découvert une comète téles- copique très-faible dans la constellation du petit Lion, entre les deux étoiles marquées, dans Y Atlas céleste de Harding, n"' 21 et 3o, à environ i5i de- grés d'ascension droite, et 36° ^^ de déclinaison boréale. » Cette nouvelle comète offre, à travers le télescope, 1 apparence d'une petite nébulosité presque circulaire, avec quelque trace d'un point scintillant par intervalles dans la partie centrale. ;■■'"■:■■ » Son mouvement en ascension droite est lent, le mouvement en décli- naison est très-sensible, et dirigé vers le pôle boréal. » « M. Arago communique à l'Académie les observations suivantes de la comète de M. Colla, qui ont été faites à TObervatoire de Paris, les i3, 14 et i5 mai 1847 : DATES. TEMPS MOYEN de Paris. ASCBNSIOH DROITE de la comète. DÉCXl MAISON delà comète. ^ OBSERVATEURS. i3 mai 1847 i4 h m s II .41 .42 13.10.43 11.34.45 0 , // i5o.48.i8 i5o.4ï-45 150.39.20 + 37° 59 '.56" + 38..8.3I + 38.34.36 ' Laugier. Laugier. Goujon . Laugier. Faye. Goujon . i5 ; . îi5.. f 88o ) » Cette comète était tellement faible le i3 et le i4 , que la lumière d'une étoile de lo' grandeur qui se trouvait à côté d'elle l'effaçait entièrement. Pour faire l'observation , il fallut cacher, derrière un fil , cette étoile de 1 o* grandeur, et l'étoile de ^f qui a été comparée à la comète et qui en était distante de plus de 9 minutes. Le i5 mai, la comète avait augmenté d'éclat. Une légère condensation de lumière au centre rendait les observations plus faciles. » M. Laugier a calculé des éléments paraboliques, sur ces trois observa- tions embrassant à peine un intervalle de deux jours. On attendra , pour corriger cette première ébauche, des observations plus nombreuses et plus éloignées. » ASTRONOMIE. — Extrait dune Lettre de M. Valz à M. Arago. « Je viens de lire dans le dernier Compte rendu, que l'on pourrait élever des doutes sur la question de savoir si les cartes de Berlin ont été construites exclusivement sur l'inspection directe du firmament. Je ne crois pas que de pareils doutes soient admissibles. Le but qu'on a voulu atteindre a été , en effet, de constater l'état du ciel plus sûrement que par des cata- logues qui comprendraient difficilement toutes les étoiles, et seraient d'ail- leurs sujets à des erreurs dont les cartes sont bien plus facilement exemptes. Aussi a-t-on vu ces cartes conduire à la découverte des deux dernières pla- nètes. Si M. Challis s'en fût servi au lieu de suivre une marche plus pénible, il n'eût pas manqué une découverte qui échappa en pareille circonstance à Lemonnier et à Lalande. Les instructions, j'en eus dans le temps une connais- sance personnelle, relatives à la confection des cartes, portaient qu'on procéderait par inspection immédiate du ciel.... Du reste, ce que j'avance ici est facile à constater : les astronomes qui ont pris part au travail étant pour la plupart vivants, et notamment, du moins je l'espère, M. Hussey, l'auteur de la carte de la i4* Heure. Je puis, enfin, donner la preuve maté- rielle que les étoiles de V Histoire céleste, qui manquaient lors de la confec- tion de cette carte , ne s'y trouvent pas portées; en effet, la première étoile, p. 338 , de ï Histoire céleste, a été dans ce cas , et elle ne figure nullement sur la carte. Il vous sera facile de véi'ifier tous ces faits , soit d'après les instructions qui furent publiées, soit en recourant aux témoignages des nombreux astro- nomes d'Italie, d'Angleterre ou d'Allemagne qui ont pris part au travail. •> M. Laimarche adresse un Tableau présentant, par mois et par année, I " le nombre des jours où le temps est devenu pluvieux dans les diverses phases de la lune; 2° les variations barométriques correspondant à ces ( 88i ) phases, tableau dressé d'après les observations faites à Cherbourg pendant les années i838, iBSg, i84o, i84i, 1842; et un Tableau semblable pour les années i844) i845 et 1846, d'après les observations faites à Saint-Lô. Le Secrétaire met sous les yeux de l'Académie trois tableaux im- primés des observations pluviométriques faites à Alger, pendant les an- nées 1 838- 1846, par M. Don, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la province d'Alger. L'instrument qui a servi à mesurer les quantités de pluies est placé , à Al- ger, dans le centre de la ville, sur une terrasse élevée de 4o mètres environ au-dessus du niveau de la mer. Parmi les résultats généraux que font ressortir ces tableaux, nous nous contenterons de citer les suivants : la moyenne annuelle de pluie a varié de 720™™,75 (1839) à io46°™,75 (1846). La moyenne des neuf années est de 898""",622. Les moyennes trimestrielles, à partir du i" décembre, donnent : mni , i" trimestre 428,680 ?,° trimestre 207 , 142 3" trimestre 1 3 , 47 ' . _ ■' 4° trimestre 235,338 ce qui montre l'existence d'un trimestre très-pluvieux et d'un trimestre très- sec, séparés par deux trimestres moyennement et à peu près également plu- vieux. En novembre 1841, il est tombé à Alger, en moins de quarante-huit heures, 189 millimètres d'eau. Dans l'espace d'une heure et demie seule- ment, le 1 novembre, de i i''3o'" à i heure après midi, on en a recueilli 49 millimètres. M. d'Anglas de Malherbe demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire relatif à Y impossibilité de la quadrature du cercle. Mémoire qu'il avait précédemment présenté , et sur lequel il n'a pas encore été fait de Rapport. M. DucROS adresse une Note relative à des expériences qui l'ont porté à admettre que Vaction magnéto-électrique peut déterminer, chez l'homme et cheiz les animaux, le sommeil et l'insensibilité. '•'. Les expériences sur les animaux étant, de l'aveu de l'auteur, encore très- peu nombreuses , M. Ducros sera invité à les répéter. M. Delaurier communique ses idées sur quelques applications que l'on ( 88a ) pourrait faire de la photographie, et sur les modifications qu'il conviendrait de faire subir, dans ce cas, aux procédés ordinaires. M. DiEUDONNÉ propose un moyen pour obtenir directement, sur le cuivre du graveur, le trait et la disposition des ombres d'un dessin donné par la chambre obscure et dont on veut faire une estampe à l'eau forte. M. Faulcon adresse un paquet cacheté. li'Académie en accepte le dépôt. COMITÉ SECRET. La Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. B. Delessert, fait la présentation suivante : En première ligne M. Duvernoy. f MM. Bussy. En seconde ligne et par ordre alphabétique < ^ " . " j Reynaud. ( Vallée. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la pro- chaine séance. La séance est levée à 6 heures. ' A. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 17 mai 1847, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences, i"semestre 1847, n° 19; in-4°. Ministère de la Guerre. — Tableau de la situation des Etablissements français dans l'Algérie; i845 — 1846; in-folio. Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres, des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 86* et 87* livraison; in-8". Patria . . . La France ancienne et moderne , morale et matérielle j ou Collec- tion encyclopédique et statistique de tous les faits relatifs à l'Histoire physique et intellectuelle de la France et de ses Colonies; par une Société de Savants ; i'^ et 2* partie; a vol. in-12. Société des Sciences médicales de l'arrondissement de Gannat. — Rapport , par M. Secrétain; brochure in-8°. Tableau indicatif des Maladies qui peuvent motiver l'ablation en totalité de l'os maxillaire supérieure ; par M. Ripault ; brochure in-S". {/ ( 883 ) Clinique iconographique de i Hôpital des Vénériens; par M. RicORD; i6^ li- vraison ; in-4". Analyse du Traité de la Science de l'Univers de M. Lamennais , et du Cosmos de M. de Humboldt ; par M. Trouessaut ; in-8°. Statistique minéralogique , géologique et minérallurgique du déparlement de Saônercl-Loire; par M. ManÈS ; brochure ^-8". Mémoire sur la Peste et les Quarantaines; par M. Brachet. liyon, 1847 ' brochure in-8''. La Responsabilité individuelle ; par M. Pellarin. Paris, 1847 ' iD-8°- Observations, pluviométriques faites à Alger, du i" janvier 1 838 au 3i dé- cembre 1 846 , et résumées en trois tableaux dressés par i ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la province d'Alger, M. Don [Tableau). Journal de Médecine, Chirurgie, Pharmacie et Médecine vétérinaire de la Côle-d'Or, publié par la Société médicale de Dijon; a* année; avril 1847 ; in-8". Journal de In Société de Médecine pratique de Montpellier; mai 1847 ; in-8". L'Abeille médicale; mai 1 847 ; in-8°. Leçon d'Arithmétique, dédiée aux Candidats aux écoles spéciales; par M. Verhulst. Bruxelles, in-8'. Nomenclator zoologicus, continens nomina systematica generum animalium tam viveritium quam fossilium; auct. L. Agassiz, fasc. XIÎ , continens indicem universalem Soloduri;} 8^'] ; in-8°. Memoirs of the. . . Mémoires de la Société philosophique et littéraire de Manchester; a^ série, vol. VII, parties. Londres, 184e; in-S". Proceedings . . . Procès- Verbaux de l'Académie américaine des Sciences et des Arts; mai à novembre 1846; in-S"; 4 feuilles d'impression. Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher ; n° 698 ; in-4°. Resultate des. . . Résultats obtenus à l'observatoire magnétique de Munich, pendant les années i843 à i845; par M. DE Lamont. Munich, 1846; in-4°. Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université et de l'Académie rojale des Sciences de Gœttingue; n*" 7, 10 mai 1847; in"8°- Raccolta scientifica. . . Recueil scientifique de Physique et de Mathématique ; 3* année, n" 9. Rome, 1847; in-8°- El Azucarrero. . . Le Sucrier, journal industriel d'intérêts locaux; 1" année, n"' I, 2, 3, novembre et décembre 1846, et janvier 1847. Madrid et Malaga , in-8°. Gazette médicale de Paris; 17* année, n" 20; in-4°- Gazette des Hôpitaux; n°' 55 à 67; in-folio. L'Union agricole; n" iSa. ' . A. ERRATA. (Séance du 10 mai 1847-) Page 827 , ligne 4> ajirès les développements en hauteur. . . , ajoutez des phytons. Page 849, ligne 25, au lieu de au torse des grenouilles , lisez au tarse des grenouilles- ( 884 ) l. 1 . s 0 »o M . SiO es <3o «! O O 6 do "d Weo ®«iddgi z w w .^6^6 w wtdKOQ^ ^ a • + gJ cog:;dccwdddddc«dd^2;ï5ag;cowï!Jï!;ï!iK*s«3t«c«d«: • s s S :n en 000 - « fO 3 s s «s « es 'S -95 E s : : Se • • " - M s ■3 «s . . s . . s . . JS 0 -4) >< 3 3 3 ca S^ ^ ^ u M o; ^ 4J é >< „ «-. J "«3 J J >< >< K (^ >^ ^ %. ci = ^&. — U^fcri-il^'r^^^SSC 0 ^ S -ba J«ss2 = 2S3Ss3'S-=JS-Sî;sses.«3«3rt3srt2n WoO^O^OO^OO — -— 0»3-3QQ3Qt;o3ofl50033S . . . I>« « « r^X OîOfOQO OiOC^CO V!i-QO r^OO « r^cn Od-m "OfO -00 OiO Otû «;0 OJ O-AS - - o « fO v^XO C^IO ^*VO fO Ç Cû 00 Wl ^^^^^ in as ; ^ + + + 1 + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + >-â O ro ^O 00 O ^O OîCO OXO fO C5 -ON c^co «OMiXifOCîOro-- tr^OO O! | îO O^IO PO 0S as s «OyD r^- 0 «^^- - »0 aiOi>^ - *- s ++++++++++++++++++++++++++++++ + + + + 1 C^ / nouajLH 0 «V5 ir^Ov^C^O O ClSO 00 00 ^*fO OOOOfOCÛOOOOX M 0 Ovf- Ov^O fo in^* •^ « m cr> " m c^m o - OO ir^ C; o t-^',0 ^i^fjfovj-c^c^o r^ r^ao 0 - o - CXO t£,(C c-. r^ i EU ces \ g s ++++++++++++++++++++++++++++++ + + + + fO vj- PI PO o r^^5(-ro lO « to ce 0 OXO O--00a>Pi--ai C-i>^ en n»o»nin'n» c^ câ 'K01I3ÀB g 3 ©«««owOiO^coQOri ov» <» O O O to can va-in oo « go c^ m - « X c^X vr ^^ =) --o»nc^-oo^*-oocooof! ^*^o to « co fo « c. c^v^-m « jo ^jj- n OVX « 0 S « es 1 ^ " ++++++++++++++++++++++++++++++ + + + + o ir^'^O c^OO r^ OlO -00 OiC^c^-lO ^*00 0^. 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Oi c^x o ^d-^* - es - r^ r» 0 X g £ ++++++++++++++++++++++++++++++ + + + + C! c^fO 5ûtn r^- -tO -«£> - (S Oves» -X OX ^*in o >n X es M c^iO in O-J r^in - es v::f i>.v^fO yo o C - OX 0«:no^*es>.-._ © r^-X - Oi-^* en X 0 VJ- oSi PO in - PO ^-^ «O fOin-c«-iner>point:^o--o^*Mes- vi-io e^ ir^in c^ t^v^m o - Oi es in « 3 -a ■ vs-co vj-in ioioioinininininininininin»ninin»ninininin"ninioioio vj-in 10 in \ " r^ r^ c^ 1 c^ Il x. =. 2 - es fO ^^m '^ [>x C: -^ - « e«î vi-in !û c^X O o - M m v^m o c^X O^ O - « PO ■a o ----------cseseSNMNMcseseseo H tSm fe m COMPTE RENDU ■ ' DES SÉANCES .■-—.'■ ■■ :' ■ - DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 24 MAI 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. AT)i\ViSE TaATHÈHATïQiJE. — Mémoire sur les lieux analytiques ; par M. Augustin Cabcht. « Considérons plusieurs variables .r, j^, z,... et diverses fonctions explicites m, v, w,. . . de ces mêmes variables. A chaque système de va- leurs des variables x, j-, z,. . . correspondra généralement une valeur dé- terminée de chacune des fonctions u, v, w,. . . Si d'ailleurs les variables x, y,z,... sont au nombre de deux ou trois seulement, elle pourront être censées représenter les coordonnées rectangulaires d'un point situé dans un plan ou dans l'espace, et, par suite, chaque système de valeurs des va- riables pourra être censé correspondre à un point déterminé. Enfin, si les variables x ^y, oux, y,z, sont assujetties à certaines conditions représentées par certaines inégalités, les divers systèmes de valeurs de x,y, z, pour les- quels ces conditions seront remplies, correspondront à divers points d'un certain lieu ; et les lignes ou les surfaces qui limiteront ce lieu dans le plan dont il s'agit , ou dans l'espace , seront représentées par les équations dans lesquelles se transforment les inégalités données quand on y remplace le signe < ou > par le signe =. » Concevons maintenant que le nombre des variables x, y, z,. . . de- C. R., 1847, '" Semestre. (T. XXIV, N'ai.) I ï6 C 88& ) vienne supérieur à trois. Alors chaque système des valeurs de x , jr, z,. . j déterminera ce que nous appellerons un point analytique, dont ces variables seront les coordonnées, et, à ce point, répondra une certaine valeur de chaque fonction de J?,^, «,.... De plus, si les diverses variables sont assu- jetties à diverses conditions représentées par des inégalités, les systèmes des valeurs de a:, ^, z,. . ., pour lesquels ces conditions seront remplies, cor- respondront à divers points analytiques dont l'ensemble formera ce que nous appellerons un lieu analytique. Ce lieu sera d'ailleurs limité par des enve- loppes analytiques dont les équations seront celles auxquelles se réduisent les inégalités données quand on y remplace le signe < ou > parle signe =. » Nous appellerons encore droite analytique un système de points ana- lytiques dont les diverses coordonnées s'exprimeront à l'aide de fonctions linéaires données de l'une d'entre elles. Enfin , la distance de deux points analytiques sera la racine carrée de la somme des carrés des différences entre les coordonnées correspondantes de ces deux points. ') La considération des points et des lieux analytiques fournit le moyen d'éclaircir un grand nombre de questions délicates, et spécialement celles qui se rapportent à la théorie des polynômes radicaux. Elle confirme et laisse subsister non-seulement les formules et propositions établies dans les Mémoires que j'ai présentés en i83o, et qui ont été publiés, soit dans le Bulletin de M. de Férussac, soit dans le Recueil des Mémoires de l'Académie; mais encore les formules et propositions que renferme mon Mémoire du i5 mars de cette année, sur les racines des équations algébriques à coeffi- cients entiers, et même celles que contient le Mémoire présenté dans la séance du 22 mars, et dans les suivantes, et relatif à la théorie des poly- nômes radicaux, sauf toutefois quelques modifications que je vais indiquer. » Soit p une racine primitive de l'équation oc" soit, de plus, f [p) un polynôme radical et à coefficients réels, représenté pai- une fonction linéaire des diverses puissances de p. La méthode du plus grand commun diviseur de deux polynômes radicaux à coefficients entiers, et par suite la théorie des polynômes radicaux , pourront être complètement établies, pour une valeur donnée du nombre «, s'il est prouvé que le polynôme i{p) peut toujours être décomposé en deux parties, dont l'une soit un polynôme radical à coefficients entiers, et dont l'autre corresponde à une factorielle 0 plus petite que l'unité , les coefficients demeurant finis. II y a plus : quand il s'agira de fonder la méthode et la théorie en question, on (887) pourra , conformément à l'observation que j'ai faite dans la séance du 5 avril, prendre pour 0 non plus la factorielle, mais le module même du poly- nôme f (/î), et substituer partout ce module à la factorielle que 6 représentait auparavant; en conséquence, il suffira de prouver que le polynôme f(p) peut toujours être décomposé en deux parties, dont l'une soit un polynôme radical à coefficients entiers, et dont l'autre offre un module inférieur à l'unité, les coefficients demeurant finis. » Or, en premier lieu, il résulte des principesexposésdans les divers paragra- phes de mon dernier Mémoire, et spécialement dans le paragraphe 2, page 5 1 8, que la décomposition dont il s'agit pourra être effectuée pour un polynôme radical composé de trois ou quatre termes au plus. Pour des polynômes radicaux composés d'un nombre quelconque de termes, la même décompo- sition a été réduite à la solution d'un problème de mcuvimum ou de minimum. Mais cette réduction suppose (page 5 18) que, parmi les diverses valeurs que peut acquérir© quand on fait croître ou décroître d'une ou de plusieurs unités les coefficients renfermés dans le polynôme f (p), il y en a une infé- rieure à toutes les autres, et produite par des valeurs finies de ces coefficients. C'est ce qui aura lieu, par exemple , si , n étant égal à 3 , le polynôme f (p) se réduit , comme on peutalors le supposer, à un binôme de la forme a+êp. C'est ce qui aura encore lieu toutes les fois que 0 deviendra infiniment grand pour des valeurs infinies des coefficients renfermés dans le polynôme f {p). Mais on conçoit que cette dernière condition pourrait n'être pas remplie, et alors la solution du second problème n'entraînerait pas nécessairement la solution du premier. ' - . » Comme je le montrerai dans un prochain article, la considération des lieux analytiques est éminemment propre à guider le calculateur au milieu des difficultés que je viens de signaler. " Dans la dernière séance, M. Ijiouville a parlé de travaux de M. Kummer, relatifs aux polynômes complexes. Le peu qu'il en a dit me persuade que les conclusions auxquelles M. Kummer est arrivé sont, au moins en partie, celles auxquelles je me trouve conduit moi-même par les considérations précé- dentes. Si M. Kummer a fait faire à la question quelques pas de plus, si même il était parvenu à lever tous les obstacles, j'applaudirais le premier au succès de ses efforts; car ce que nous devons surtout désirer, c'est que les travaux de tous les amis de la science concourent à faire connaître et à propager la vérité, n 116. ( 888 ) TFiéORiE DES NOMBRES. — Troisième Mémoire sur le dernier théorème de Fermât ; par M. G. Lamé. « Le Mémoire que j'ai présenté à l'Académie, dans la séance du 5 avril dernier, contenait une nouvelle démonstration du dernier théorème de Fermât , appliquée à l'exposant 5 ; le Mémoire actuel a pour but de faire voir que le même genre de démonstration s'étend à beaucoup d'autres nombres. >' La proposition de Fermât peut être regardée comme établie, pour tout exposant premier qui satisfait aux deux conditions que je vais énoncer. La première est que l'un des trois nombres de l'équation à résoudre soit divi- sible par cet exposant. Cette propriété est démontrée pour une multitude de nombres premiers, tels que 1 1, 17, 23, 29, 419 tous de la forme (6/ — i ). •> Pour énoncer la seconde condition , il faut se rappeler le théorème connu , avancé par Fermât et démontré par Euler, savoir que , si n est un nombrepremier,la(«— 1)'^™* puissance de tout nombre entier premier avec «, étant diminuée de i , donne une différence divisible par n. Cela posé , il faut que, pour l'exposant dont il s'agit, cette divisibilité ne puisse pas avoir lieu, lorsqu'on substitue au nombre entier un sous-facteur de l'unité, qui ne soit pas une «'«'"* puissance. » La méthode que j'ai employée pour vérifier cette dernière condition , m'a présenté d'abord comme exceptions les exposants 17, 3i, et d'autres encore. Mais j'ai reconnu depuis que ces exceptions ne sont qu'apparentes , qu'elles tiennent à des propriétés remarquables , particulières aux nombres qu'elles concernent , et qui ne s'opposent pas à la généralisation que j'avais en vue. )' Ainsi le théorème de Fermât est démontré pour les exposants qui satisfont à la première condition, tels que 11, 17, 28, 29, [\\. Quant aux autres, savoir: i3, 19, 3i, 37, 43, tous de la forme (6i-hi), si l'on ne peut établir qu'un des trois nombres de l'équation à résoudre est nécessai- rement divisible par l'exposant , il résulte néanmoins de la nouvelle démons- tration, que l'équation est impossible quand on suppose cette divisibilité. En outre, même pour ces derniers exposants , l'équation ne peut admettre de solution en nombres complexes, lorsque l'une des trois puissances est multi- pliée par un sous-facteur de l'unité. « PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la théorie des fluides élastiques et sur la chaleur latente des vapeurs; par M. Pouillet. Ce Mémoire paraîtra, avec ses développements , dans le prochain Compte rendu. ( «89 ) NOMINATIONS.;., '^ ■"''■'.. T/Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Aca- démicien libre, en remplacement de feu M. 5. Z?e/eMerf. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 58, M. Duvernoy obtient 3i suffrages. M. Largeteau i5 • ,•' • M. Bussy i6' ■ ';*■ '""'.:- .' M. Vallée a ' . ' ' " - ' M. Duvernoy, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. - ■ -..,.;..;..■ /.;. ; .. ,.. -■ Sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. •L'Académie procède, également par la voie du scrutin, à la nomination de la Commission chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour le grand prix des Sciences physiques de l'année 1847. La question est la suivante : Etude des mouvements des corps reproduc- teurs ou spores des algues zoosporées et des corps renfermés dans les anthé- ridiesdes Cryptogames , telles que Chara, Mousses, Hépatiques et Fucacées. MM. de Jussieu, Decaisne, Ad. Brongniart, Gaudichaud, Richard, réunis- sent la majorité des suffrages. .• ■ MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE. — Recherches anatomiques , physiologiques et pathologiques sur la théorie du clavier; par M. Brown-Seqdard. (Commission px'écédemment nommée.) u Dans le Mémoire dont j'ai l'honneur de lire à l'Académie un résumé succinct, je me propose, en premier lieu, de démontrer que l'hypothèse connue sous le nom de théorie du clavier est inexacte en ce qui concerne la moelle épinière , et, en second lieu, de substituer à ce qu'il y a de faux dans cette théorie une opinion en harmonie avec les faits. !< On sait que la théorie du clavier a l'ambition d'expliquer une partie du problème des rapports de l'âme -et du corps, celle relative aux facultés que possèdent l'homme et les auimaux de faire mouvoir à volonté tel ou tel de leurs muscles, et de reconnaître de quels points de leur surface tégumen- taire provient «ne sensation. ( Sgo ) » Il y a dans cette théorie trois parties 'bien distinctes. L'une d'entre elles est entièrement psychologique : je n'ai pas à m'en occuper ici. Une autre partie consiste dans l'isolement anatomique et physiologique des fibres primitives, dans toute la longueur des nerfs. J'accepte ceci comme vrai, malgré plusieurs exceptions mentionnées dans mon Mémoire. >' La troisième partie est celle qui me paraît insoutenable. D'après elle, les fibres primitives des nerfs, après être devenues fibres de la moelle, mon- teraient toutes jusqu'au cerveau, en restant isolées l'une de l'autre anatomi- quemenl et physiologiquement. Pour prouver cette disposition des fibres de la moelle, on s'appuie sur l'examen microscopique de la moelle, et sur la prétendue impossibilité de s'expliquer l'isolement des sensations et des mouvements autrement que par l'isolement anatomique et physiologique des fibres de la moelle et leur ascension jusqu'au cerveau. » Ce dernier argument ne mérite guère qu'on s'y arrête ; je dirai donc seulement qu'il m'a été facile de trouver plusieurs manières, autres que celle indiquée, d'expUquer l'isolement des sensations et des mouvements. Quant aux recherches sur la structure intime de la moelle, elles ont donné des résultats tantôt favorables à la théorie du clavier, tantôt en opposition formelle avec cette théorie. J'en trace l'histoire dans mon Mémoire, et je conclus qu'il faut chercher ailleurs des preuves pour ou contre la théorie dont je m'occupe. " L'anatomie descriptive et l'anatomie comparée m'ont donné une fonle de faits contraires à cette théorie. J'en examine avec soin la valeur dans mon Mémoire; je ne puis ici que les indiquer rapidement. Je montre successi- vement que cette théorie est inapplicable aux animaux articulés et à ce curieux poisson, YÂniphjoxus lanceolatus ; que, chez presque tous les rep- tiles, les amphibies et les poissons, les dimensions transversales de la moelle sont en contradiction avec la théorie ; que les renflements de la moelle, qui sont proportionnés aux dimensions des membres, ainsi que M. Serres l'a démontré sur tant d'animaux , ne sont pas dus seulement à ce qu'il s'y trouve plus de substance grise qu'ailleurs, mais aussi à un peu plus de substance blanche; que, chez quelques poissons, la somme des surfaces de section transversale des nerfs trijumeau et vague égale à peu près la surface d'une section transversale de la moelle allongée au niveau du nerf vague; que, suivant des mesures prises par M. Volkmann sur un cheval, et par moi sur plusieurs lapins et cochons d'Inde, le carré de la portion blanche d'une sur- face de section transversale de la moelle est plus grand pour une section ou renflement lombaire, que pour une section à la région cervicale ; que, d'après ( 891 ) M. Volkmann , la somme des surfaces de section transversale de toutes les racines des nerfs spinaux, chez le Crotalus mutus, égale onze fois la surface de la partie blanche d'une section transversale de la moelle épinière a son origine. \. i » Après avoir conclu de la plupart de ces faits que la moelle épinière , à son origine, ne contient qu'une partie des fibres qui composent les racines des nerfs spinaux, j'arrive, dans mon Mémoire, aux vivisections et aux ob- servations pathologiques. Gomme il faudrait de trop longs détails pour mon- trer en quoi et comment les faits dont je vais parler sont contraires à la théorie du clavier, je me contenterai de les exposer sommairement. » Après la section transversale des cordons postérieurs de la moelle, an dos par exemple, le train postérieur reste sensible, à peu près, au même degré qu'avant l'opération. Ce résultat a été obtenu par MM. Bellingeri , Schœps , Calmeil , Bolando , Seubert, Van Deen , Budge et Stilling. Mes expé- riences à ce sujet ont été faites sur des animaux appartenant aux cinq classes de Vertébrés. J'ai pris des précautions que je puis appeler exagérées, pour éviter les causes d'erreur et surtout celles provenant de l'action réflexe. » Six observations pathologiques ont été réunies par M. liOnget , dont une est d'accord avec le résultat expérimental que je viens de rapporter, et dont les autres lui seraient tout à fait contraires, si elles avaient la signification que leur donne ce physiologiste. Mais il est aisé de faire voir qu'elles ne l'ont pas, et qu'il y a eu à cet égard une fausse interprétation. En effet, dans ces observations, il y a simultanément lésion des racines et des cordons posté- rieurs (i), c'est-à-dire une cause certaine d'anesthésie (la lésion des racines) et une cause d'anesthésie qu'on voulait démontrer par ces observations (la lésion des cordons). J'ai recueilli un assez grand nombre d'observations de lésions des cordons postérieurs avec conservation de la sensibilité. Je les ai transcrites dans mon Mémoire. » Après la section transversale d'une moitié latérale de la moelle, au dos par exemple, j'ai vu, ainsi que Schœps, Van Deen et Stilling, le membre pos- térieur du côté de la section conserver sa sensibilité à peu près au même degré qu'à l'état normal. Quant au mouvement volontaire qui persiste dans ce cas, suivant Stilling, je me suis assuré positivement de son existence chez (i) Dans une de ces observations, l'état des racines n'a pas été noté ; mais comme la lésion occupait toute la largeur des cordons postérieurs aux lombes et au dos, on peut être fondé à penser que les racines postérieures étaient altérées, sinon au dehors de la moelle, au moins dans la moelle même. les grenouilles, et d'une manière moins formelle chez les oiseaux; mais chez les mammifères il en est autrement, car le train postérieur tout entier paraît alors paralysé du mouvement. " J'ai recueilli quelques observations pathologiques qui tendent à prouver qu'avec la lésion d'une moitié latérale de la moelle, il peut y avoir, chez l'homme, conservation plus ou moins complète de la sensibilité et des mou- vements volontaire». » Ici viennent , dans mon Mémoire, bon nombre d'expériences , faites par MM. Budge, Slilling, Valentin , Van Deen, Engelhardt, Poletti, Harless, Weber et par moi-même, expériences qui déposent toutes contre la théorie du clavier. '• Après avoir discuté la valeur de ces faits , j'arrive aux phénomènes si bien caractérisés par M. Flourens, il y a déjà plus de vingt ans, et qui prou- vent que la moelle épinière a la faculté de lier les contractions musculaires en mouvement d'ensemble. C'est ce qu on appelle aujourd'hui propriété d'a- daptation ou d'appropriation à un but. Cette propriété existe à un merveil- leux degré de précision chez les Batraciens. Tous les Vertébrés la possèdent, et j'ai même trouvé, d'ans beaucoup d'observations pathologiques , des traces de son existence chez l'homme. J'ai essayé de montrer, dans mon Mémoire, que les physiologistes français qui ont soutenu , contrairement à M. Flourens, qu'après l'ablation des deux grands oi-ganes encéphaliques la faculté de per- cevoir des sensations subsiste, ont pris les mouvements dus à la faculté d ap- propriation à un but, pour des mouvements voulus consécutivement à une perception. Je m'appuie sur les phénomènes de l'appropriation à un but, pour démontrer que l'organisation de la moelle qui ressort de la théorie du clavier est inutile et impossible. J'aborde enfin d'autres théories, et je montre, en me fondant sur les mouvements appropriés à un but, qu'un mécanisme très-simple peut servir à la fois d'explication à ces mouvements et à l'iso- lement des sensations et des mouvements volontaires. Mais comme ce mé- canisme ne peut pas expliquer tous les faits anatomiques, physiologiques et pathologiques qui ont leur siège dans la moelle épinière , j'ai cherché si ces faits ne pourraient pas être mieux expliqués, en admettant que les per- ceptions et les volitions peuvent s'opérer dans toute l'étendue du centre céré- brorachidien, tant qu'il y a continuité entre les diverses parties de ce centre. Plusieurs objections empêchant d'admettre cette manière de voir dans son intégrité, j'ai été conduit à en retrancher ce qui est relatif aux volitions et j'ai opéré une fusion entre cette, doctrine et celle dont j'ai parlé, et qui repose sur un mécanisme anatomique et physiologique extrêmement simple. ( «93 ) J'appuie la théorie qui résulte de cette fusion sur quelques faits nouveaux, et je termine mon Mémoire en montrant que cette théorie peut s'appliquer aux animaux invertébrés aussi bien qu'aux vertébrés et à l'homme. » PHYSIOLOGIE. — Note sur la nature de la caduque chez l'espèce humaine; par M. CosTE. ;' (Commissaires, MM. Flourens, Serres, Duméril.) « Tous les physiologistes admettent aujourd'hui qu'au moment de l'im- prégnation et avant la chute de l'œuf, il se forme dans la matrice de la femme une psendomembrane qui en tapisse la face interne, bouche l'ou- verture des trompes , celle du col, se remplit d'un fluide désigné sous le nom d.'hjrdropérione , et constitue la caduque. On suppose que, lorsque l'œuf se présente, cette membrane obturatrice exhalée lui fait obstacle, qu'il est obligé de la refouler devant lui , de s'en coiffer comme d'un double bonnet qui le maintient dans une position fixe, l'empêche de tomber vers le col et de s'échapper au dehors. >' Telle est la théorie qui a reçu jusqu'ici l'assentiment à peu près unanime, et sur l'exactitude de laquelle j'ai depuis longtemps élevé des doutes. Mais les faits sur lesquels je me suis appuyé pour en contester la valeur n'ayant pas" suffi pour faire partager la conviction qu'ils m'avaient inspirée , j'ai dû me livrer à de nouvelles recherches. J'ai ouvert un grand nombre de cadavres de femmes suicidées, et, après plusieurs années de persévérance, j'ai fini par recueillir, sur la gestation de l'espèce humaine, des observations si déci- sives, que toutes les questions douteuses peuvent maintenant être considérées comme résolues. Je communiquerai successivement à l'Académie le résultat de mes travaux, et je commence aujourd'hui par ce qui se rapportée l'entrée de l'œuf dans l'utérus et à la formation de la caduque. « Il ne se produit jamais normalement dans la matrice de la femme , ni avant ni pendant la gestation , de pseudomembrane , ni d'hydropérione , et, par conséquent , la caduque théorique dont les autres représentent la forma- tion sur des figures idéales n'existe pas. >' L'œuf traverse librement les trompes, pénètre directement dans la cavité utérine, se met en contact immédiat avec la muqueuse hypertrophiée, la déprime dans le point de sa surface où le placenta doit se développer; et la muqueuse elle-même , influencée par l'action qu'il exerce sur elle, se tuméfie autour de lui, l'ensevelit dans un pli circulaire qui se ferme au devant de l'œuf comme une bourse et constitue ainsi ce que l'on a désigné sous le nom de C. R., 1847, I" Semestre. (T. XXIV, ^«' 21.) I I 7 ( 894 ) feuillet réfléchi de la caduque. Aussi ce feuillet qui, d'après mes observations, est un prolongement de la muqueuse utérine, a-t-il, dès le principe, la même structure que cette dernière. Il est glandulaire et vasculaire comme elle dans toute son étendue. Plus tard toutes ces traces d'organisation s'af- faiblissent et s'effacent; mais on en reconnaît tiès-facilement l'existence quand on examine des matrices pendant le premier mois de la gestation; j'en ai plusieurs exemples dans ma collection, qui ne laissent aucun doute à cet égard. On y remarque aussi, sur la partie la plus saillante du feuillet réfléchi , une sorte de cicatrice ou d'ombilic qui indique le lieu où le pli cir- culaire de la muqueuse utérine s'est formé pour envelopper l'œuf. » Ainsi donc, chez l'espèce humaine, l'œuf n'a de rapport qu'avec la muqueuse utérine; et, quand, dans le cas d'avortement ou après la parturition, cet œuf est expulsé, c'est la muqueuse exfoliée qu'il entraîne avec lui. " Les résultats que je viens de faire connaître s'éloignent tellement des idées reçues, que je ne me suis décidé à en accepter la responsabilité que lorsque les faits sont devenus irrésistibles. Je les présente avec confiance au jugement de l'Académie, et je suis persuadé que, si jusqu'à présent on n'a pu réussir à résoudre le problème , cela tient seulement à la difficulté de se pro- curer des matrices peu développées. Cependant M. Sharpey, qui, sous ce rapport, a été plus heureux que ses prédécesseurs, a, de son côté, élevé des doutes sur la valeur de l'ancienne théorie. Mais les pièces dont il a pu dis- poser ne lui ayant pas permis d'embrasser l'ensemble du phénomène , il a essayé de combler les lacunes de ses observations par des hypothèses plus en harmonie avec la nature des faits qu'il avait sous les yeux. Il a proposé deux explications , dont l'une se concilie assez bien avec le résultat de mes recherches. Je signale ici cette concordance , afin de donner à la doctrine que je veux faire prévaloir toute l'autorité dont elle a besoin pour triompher d'une opinion depuis longtemps accréditée, et prendre rang dans la science. » x^IÉMOmES PRÉSENTÉS. CHIRURGIE. —Extraction sous-périostée des os et reproduction des os ; extraction sous-périostée des côtes,' par M.^.lixKGia. (Gommissaires,MlVI. Flourens, Roux, Velpeau.) « La chirurgie, dit l'auteur du Mémoire , a fait un grand pas, quand au lieu d'enlever complètement un os dont une partie seulement était altérée , elle est parvenue, au moyen de l'emploi de la scie à chaîne, à enlever seulement la portion malade. Un autre progrès non moins important, ajoute- t-il, serait de trouver une modification du procédé opératoire qui permît ( 895 ) la reproduction de la partie d'os réséquée. Or les travaux des physiolo- gistes modernes établissant d'une manière incontestable que l'os est formé par le périoste, la modification désirée consiste évidemment à ménager cette enveloppe membraneuse lorsqu'on fait l'ablation de la partie dure, siège principal de l'altération morbide. Que l'on conserve le périoste, et un nouvel os succédera à l'ancien. Sans doute, on dira que jusqu'ici on a emporté le périoste, parce qu'on l'a trouvé grossi, gâté, affecté d'une dégénérescence incurable. C'est une erreur que l'on reconnaîtra dès qu'on examinera avec des yeux non prévenus. Dans la plupart des cas, le périoste n'est point altéré; il est grossi parce qu'il est déjà devenu la matrice du nouvel os qiie la nature tendait à former. » M. Largbi décrit la méthode opératoire à laquelle il a été conduit par ses considérations, et rapporte plusieurs cas dans lesquels il l'a appliquée avec succès pour l'excision soit des os longs, soit des os plats. M. Floureivs fait remarquer, à cette occasion, que le procédé chirurgical proposé dans ce Mémoire, est la conséquence directe des expériences con- tenues dans l'ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de Théorie expé- rimentale de la formation des os. Dans cet ouvrage , M. Flourens a consacré un chapitre à prouver que « le périoste reproduit toutes les portions d'os " quon lui ôte (page 66) ». De plus, M. Blandin a déjà fait une appli- cation de la théorie de M. Flourens. Il a extrait toute une clavicule malade, en laissant le périoste; et, au bout de quelques mois, la clavicule a été reproduite. (Voyez Gazette médicale, n° i4, 3 avril 1847, P* 261.) CHIRURGIE. — De la propriété hémostatique du coton ; par M.'Rov^mvi. (Commissaires, MM. Flourens, Velpeau, Lallemand.) L'auteur, en terminant son Mémoire, résume, dans les termes suivants, les résultats auxquels il est arrivé : . « i*^. Le coton en bourre est hémostatique. ■ >• 2°. Pour l'employer, il faut préalablement le couper en fragments, éponger la plaie avec soin, appliquer vivement le coton sur cette plaie avant que les bords n'aient été salis par une nouvelle quantité de sang ; puis maintenir ce coton exactement en place pendant quelques minutes. » 3°. On peut recourir au coton pour arrêter les hémorragies capillaires et celles des vaisseaux de petit calibre. " 4°- Le coton n'est pas un hémostatique infaillible ; mais il est plus sûr que les moyens conseillés jusqu'à ce jour contre les hémorragies dont je viens de parler, il a, du reste, l'avantage sur ces derniers par plusieurs raisons: . ■ ■ 117.. ( 896 ) pafce qu'il est d'une application facile , à la portée de tout le monde ; parce qu'il ne cause aucune espèce de douleur au malade, qu'il ne retarde en aucune façon la guérison des plaies destinées à suppurer, et parce qu'on peut se le procurer facilement à peu près partout et à très-bon prix. » 5°. Enfin l'usage du coton, à cause de la propriété hémostatique qu il possède, est pour ainsi dire la condition sine qud non de l'emploi thérapeu- tique des caustiques alcalins à haute dose. « Les caustiques alcalins ont la propriété de liquéfier le sang, et par con- séquent de faciliter les hémorragies. Lorsque, dans le cours d'une opération par ces caustiques , un vaisseau a été ouvert, l'extrémité béante de ce vaisseau se trouve souvent cachée dans l'épaisseur de l'escarre, et alors il devient presque impossible de la saisir avec des pinces, et par conséquent de la tordre et d'eu faire la ligature. L'emploi du coton fait ici merveille, et rend des services qu'on attendrait en vain de tout autre agent. » MÉDECINE. — Aperçu de quelques-uns des avantages que la thérapeutique peut retirer de la cautérisation opérée à l'aide, des agents chimiques à Vétat de dissolution dans l'eau; par M. Malapert. (Commissaires, MM. Roux, Velpeau.) « Ce Mémoire, dit l'auteur, comprend quatre ordres de faits : • (Commissaires, MM. Serres, Becquerel, Pouillet.) M. Durand envoie, de Caen, la deuxième partie de son Mémoire sur un nouveau système d'exploitation des prairies naturelles, le système du pi- quet. L'auteur, dans ce Mémoire, s'occupe aussi de l'influence des plantes aromatiques dans Talimentation du bétail. (Renvoi à la Commission nommée pour le premier Mémoire sur ce sujet présenté par M. Durand.) M. TissEBANT soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : application des progressions géométriques à la règle des intérêts composés. (Commissaires, MM. Mathieu, Sturm, Mauvais.) CORRESPONDANCE. M. le AIiNistRE DE l'Instruction publique invite l'Académie, conformément à la décision royale du 23 octobre 1840, à lui présenter deux candidats pour une place de professeur adjoint de toxicologie à l'École supérieure de pharmacie de Strasbourg, place devenue vacante par la nomination de M. Oppermann à la chaire de pharmacie. , La Section de Chimie préparera, dans la prochaine séance, une liste de candidats. M. le MiNisTBE DE l'Instbuction publique demande s'il a été fait un Rapport sur diverses communications anonymes adressées par un habitant de Saumur. Aucun Mémoire relatif aux sujets indiqués dans la Lettre de M. le Ministre n'est parvenu à l'Académie, qui, d'ailleurs, n'aurait pu, d'après un article de son règlement sur les communications anonymes , en faire l'objet d'un Rapport. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une brochure écrite en allemand , par M. Zuppinger, de Zurich , sur la maladie des pommes de terre. M. le Ministre des Affaires étrangères consulte l'Académie sur l'intéré que pourrait avoir une exploration scientijique des îles Sandwich , explora-. ( 899 ) tion que rendra aujourd'hui plus facile et plus fructueuse la présence diin consul français qui va séjourner dans ce pays. A l'occasion de cette communication , plusieurs membres de l'Académie présentent des remarques sur l'importance de certaines recherches scienti- fiques à faire, soit dans cet archipel, soit dans des parties voisines du con- tinent américain, comme la Californie et le haut Pérou. Une Commission composée de MM. Arafjo, Serres, Dumas, Élie de Beau- mont, Gaudichaud, Duperrey et Milne Edwards, est chargée de préparer un Rapport en réponse à la demande de M. le Ministre. THÉORIE DES NOMBRES. — Sur la théorie des nombres complexes. (Extiait d'une Lettre de M. Kummer à M. Liouville.) « Breslau, le 28 avril 1847- « . . . . Engagé par mon ami M. Lejeune-Dirichlet, je prends la liberté de vous envoyer quelques exemplaires d'une Dissertation que j'ai écrite, il y a trois ans, à l'occasion du jubilé séculaire de l'Université de Kœnigsberg, et d'une autre Dissertation d'un de mes amis et disciples, M. Kronecker, jeune géomètre distingué (i). Dans ces Mémoires, que je vous prie d'accepter en signe de ma profonde estime, vous trouverez des développements sur quelques points de la théorie des nombres complexes composés des racines de l'unité , c'est-à-dire de l'équation r"= i, qui ont été récemment le sujet de quelques discussions au sein de votre illustre Académie , à l'occasion de l'essai d'une démonstration du théorème de Fermât, proposé par M. Lamé. Quant à la proposition élémentaire pour ces nombres complexes, quun nombre com- plexe composé ne peut être décomposé en facteurs premiers que d'une seule manière , que vous regrettez très-justement dans cette démonstration défec- tueuse en outre en quelques autres points, je puis vous assurer qu'e//e n'a pas lieu généralement tant qu'il s'agit de nombres complexes de la forme ao4-a,rH- a2r* + ... + a„_4r"~', mais qu'on peut la sauver en introduisant un nouveau genre de nombres complexes, que j'ai appelé nombre complexe idéal. Les résultats de mes recherches sur cette matière ont été communiqués à l'Académie de Berlin et imprimés dans ses Comptes rendus (mars 1846) ; un Mémoire sur le même sujet paraîtra bientôt dans le journal de M. Crelle. Les applications de cette théorie à la démonstration du théorème de Fermât m'ont occupé depuis longtemps, et j'ai réussi à faire dépendre l'impossi- (i) M. Liouville a remis aujourd'hui pour la Bibliothèque un exemplaire de chacun de ces deux Mémoires dont il avait déjà dit quelques mots à la séance précédente. ( 900 ) bilité de l'équation 3(f—y=.z'^ de. deux propriétés du nombre premier n, en sorte qu'il ne reste plus qu'à rechercher si elles appartiennent à tous les nombres premiers. Dans le cas où ces résultats vous paraîtraient dignes de quelque attention, vous les trouverez exposés dans le Compte rendu de l'Académie de Berlin, de ce mois. " , ASTRONOMIE. — Extrait dune Lettre de M. Gooper, directeur de l'obser- vatoire de Markree. (Communiqué par M. Le Verrier.) >. « La comète découverte en février dernier par M. Hind n'a été que très-rarement observée après son passage au périhélie. La position obtenue par M. Graham , pour le i[\ avril, c'est-à-dire vingt-cinq jours après le pas- sage au périhélie, offrira de l'intérêt aux astronomes qui voudront fixer, d'une manière définitive, l'orbite de cette comète. M. Graham s'est occupé de cette question, et il a cherché si les observations accuseraient une forme elliptique de l'orbite, ce que M. Yvon Villarceau n'avait pu faire qu'au moyen d'observations embrassant un arc moins étendu que celui dont dis- posait M. Graham. Voici les places fondamentales sur lesquelles le calcul a été basé , et les résultats qu'il a fournis : la première observation est de M. Hind, les deux autres sont de l'observatoire de Markree. Temps moyen de Greenwicb. Longitude. Latitude boréale. Février 1847 6,4i2o3 If iZ' Zf ,1^ . 72<'49'59",5 Mars. 16,38726 17.18. 1,5 80.17.4,7 Avril..., 24,39717 44-39-i3,6 i6.44- 3,5 Passage au périhélie , mars ..,,... 30,287825 temps moyen de Greenwich. Longitude du périhélie ...;.. 275''5g' ii",9 ) Équinoxe moyen de Longitude du nœud 2i°36'36'',9 j , o janvier 1847. Inclinaison . 48''39'45",i Logarithme de la distance périhélie. ... . 8,63oo8i7 Excentricité 0,999 918. 558. 53 Sens du mouvement .• • • • Direct- » Les observations du 6 février et du 16 mars sont exactement repré- sentées. Le calcul surpasse l'observation du a4 avril de — o",6 en longitude et de — a",i en latitude. Mais la durée de la révolution serait de 1 1991 ans, et c'est assurément le cas, ajoute M. Graham, d'appliquer cette remarque de Delambre : Si la parabole ne suffisait pas pour des ellipses si allongées, elle ne suffirait jamais. « ASTRONOMIE. — Éléments paraboliques de la comète découverte à Parme ^ le 7 mxii 1847, f^^f^- Colla. (Calculés par M. Goujon.) Passage au périhélie i3, 53578 mai 1847 Longitude du périhélie 1 52° 57' 20" Longitude du nœud ascendant i75°23'5o" Inclinaison 77° '9' 'o" Distance périhélie 2,0983848 Sens du mouvement Rétrograde. » Ces éléments ont été calculés sur les observations des i3 , 17 et 20 mai. L'observation moyenne est représentée à — 3" en longitude et à — 2" en latitude. Cette comète est très-faible, elle s'éloigne du Soleil et de la Terre; on ne pourra peut-être plus faire d'observations. Nous l'apportons ici celles qui ont été faites à l'Observatoire depuis le 1 5 mai. DATES. TEMPS MOïES de Paris. ASCENSION DROITE de la comète. DÉCLINAISON de la comète. OBSERVATEnKS. 17 20. mai 1847 h m s 9.54.46 10.49.37 0 ( // i5o 33 II 150.27.29 0 / // + 39 4 54 + 89.50.25 Laugier. Laugier. M, Dumas communique une Lettre de M. Bussy, relative à la réclamation faite dans la précédente séance, en faveur de M. Mandel, pour remploi de la magnésie dans les cas d'empoisonnement par l'arsenic. M. Lewy, près de partir pour Bogota (Nouvelle-Grenade), où il est appelé comme professeur de chimie, demande à l'Académie des Instructions sur les travaux auxquels il pourrait se livrer, dans l'intérêt de la science, pendant son séjour dans ce pays. Renvoi à la Commission nommée à l'occasion de la communication de M. le Ministre des Affaires étrangères. M. Martin demande de nouveau l'autorisation de reprendre , pour un temps, l'Atlas joint à son Mémoire sur les organes de la reproduction chez les Vertébrés , Mémoire qu'il se propose de publier prochainement. M. Lereboullet adresse une semblable demande relativement à l'Atlas d'un Mémoire qu'il avait présenté au concours de 1 845 , et qui a obtenu un accessit. [j' Académie, avant de se prononcer sur ces deux demandes, attendra l'opinion de la Commission administrative à laquelle la question a déjà été soumise à l'occasion de la première Lettre de M. Martin Saint-Ange. C. R., 1847, i«fSfm« les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences, i" semestre 1847, n° 20; in-4''. Société royale et centrale d' Agriculture. — Bulletin des séances, Compte rendu mensuel rédigé par M. Payen; 2" série, t. II; n" 8; in-8°. Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et PoiRRÉ; avril 1847; in-8°. Mémoires de la Société rojale des Sciences, de VAgriaikure et des Arts de Lille; année i845; in- 8°. Traité des Fractures et des Luxations; par M. Malgaigne; tome P', in-8'', avec atlas de 16 planches in-folio. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Velpeau.) Diptères exotiques nouveaux ou peu connus; par M. MacquaRT; Supplément. Paris, 1846; in-8°. (Cet ouvrage est présenté par M. Milne Edwards.) Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; par M. Gh. d'Orbigny; tome VI , io3® et io4* livraison; in-S". Annales de la Société d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Letltres du département d'Indre-et-Loire; tome XXVII. Tours, 1846; in-8°. Des Prisons et des Prisonniers ; par M. Vingtrinier. Versailles , 1 84o ; bro- chure in-8°. ' Statistique spéciale des Maisons de répression, ses Conséquences ; par le même. Rouen , i845 ; brochure in-8''. Statistique criminelle. — Examen des Comptes de l' Administration de la Jus- tice criminelle, publiés depuis 1826 jusqu'en i843. Rouen, 1846; broch. in-8°. (Cet ouvrage est destiné, ainsi que les deux précédents, au concours pour le prix de Statistique.) Théorie des Fonctions analytiques. — Note de M. J.-A. Serret. Paris , 1 847 ; in-4°. Du Médecin de la Folie et de la Société; par M. Malatier ; brochure in-4''. Revue médico-chirurgicale de Paris [Journal de Médecine et Journal de Chi- rurgie réunis) , sous la direction de M. MalGAIGNE; i'^* année, mai 1847; in-8». Journal des Usines et des Brevets d'invention; avril 1847; io-8''. Journal de Médecine vétérinaire , publié à l'Ecole de Lyon ; tome III; avril 1847; Jn-S"- ( 9o4.) Expériences relatives aux effets des Inhalations d'éther sulfurique; par M. A. Thiernesse. Bruxelles, 1847; in-8°. Academiœ Albertinœ Regiomontanœ secularia tertio celebranti gratulatur Aca- demin vrastislaviensis. — Accedit Ernesti-Eduardi KuMMERi Disputatio. Vras- tislaviae, iP44; in-4"- De unitalibus complexis Dissertatio; publiée deffenditheopoldus Kronecker. Berolini , 10-4°. Untersuchungen . . . Recherches sur le Développement des Annélides; par M. A.-E. Grube; i'* livraison. Kœnigsberg, i844; in-4°- Ursache. . . Découverte de la Cause des maladies des Pommes de terre, et moyen facile de prévenir le retour de cet accident; par M. ZuPPiNGER. Zurich, 1847 '■> in-8°. (Transmis par M. le Ministre de l'Instruction publique.) Animali . . . Description et Anatomie des Animaux invertébrés de la Sicile citérieure, observés vivants dans les années i822-i83o; par M. DELLE Chiaje ; tome VIII; Appendice, observations critiques et Table générale in-folio, pages I à 48, et planches 174 à 178. (Renvoi à M. Milne Edwards pour un Rapport verbal.) Il gran Sasso d'Italia. . . Journal de Sciences naturelles économiques d'Italie, publié par M. Rossi. Aquilée, in-8*'. Relazione . . . Rapport sur la première année d'enseignement dans l'Ecole de Mécanique appliquée aux Arts, fait au Ministre de l'Intérieur; par M. C.-.T. GiuLio, professeur à ladite École. Turin, i845-i846; i -| feuille in-i2. Sunti. . . Résumé des Leçons de Mécanique appliquée aux Arts, faites en l'année 1 846-1 847 > « l'Ecole royale de Turin; par le même ; n°' i, a , 3 et 4 ; in-S". Hand boek . . . Manuel de Zoologie; par M. Vander Hoeven ; i"' volume , i"^ livraison. Amsterdam, 1846; in-8°. Gazette médicale de Paris; 17* année, n* 21; in-4'*- Gazette des Hôpitaux ; n"' 58 à 60; in-folio. L'Union agricole; n° 1 55. F. ERRATA. (Séance du 10 mai 1847-) Page 861 , ligne 3o, au lieu de la colle d'essence de térébenthine , lisez la colonne d'essence de térébenthine. COMPTE RENDU DES SÉANCES , DE L'ACADÉMIE DÉS SCIENCES. ^laaa-- i ' SÉANCE DU LUNDI 31 MAI 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIOLOGIE. — Note touchant l'action de diverses substances injectées dans les artères; ^ar M. Flodrens. -■ « I. J'ai déjà fait connaître l'action de Ve'ther injecté dans les artères (i). Véther injecté ei ïéther inhalé ont un effet inverse. L'éther i'nAa/e détruit la sensibilité avant la motricité; l'éther injecté détruit, au contraire, la rao^ncïVe avant la sensibilité (t.). " II. Je n'avais employé, dans mes premières expériences, que ïéther sulfurique. n Depuis lors, ïéther acétique^ ïéther oxalique, ïalcool, ïacide sul- furique et ï ammoniaque m'ont donné les mêmes résultats que ïéther sul- jurique. » J'ai injecté successivement, dans les artères de différents chiens, d'abord de ïéther acétique (3) , puis de ïéther oxalique (4), puis de ïalcool (i) Comptes rendus , tome XXIV, page 432. (2) Il ne détruit même la sensibilité que lorsque la dose injectée est trop forte. [Ibid., page 484. ) (3) A la dose de i y gramme, de 2 grammes. (4) A la dose de I gramme. . • ' C. R., 1847, '" Sematre. (T. XXIV, ^<' 22.) "9 S) ( 9o6) e ctifié {\), puis de Yacide sulfurique étendu d'eau (a), puis de Vamnio- niaque également étendue d'eau (3); et, dans tous ces cas, il y a eu perte de la motricité, perte souvent absolue, complète, et conservation complète de la sensibilité (4)- 'I III. Pour donner une idée de ce premier ordre d'expériences, je vais en citer une. Je prends l'expérience faite avec Yammoniaque. » 3 décigrammes di" ammoniaque, étendus dans 4 grammes d'eau , ont été injectés dans l'artère crurale gauche d'un chien, en poussant du côté du cœur (5). )' Sur-le-champ, paralysie de mouvement dans tout le train postérieur. " Le nerf sciatique est mis à nu. On le pince, et l'animal pousse des cris aigus ; mais nul mouvement du membre : à peine quelques contractions Jibrillaires très-faibles. » IV. Les expériences avec les éthers acétique et oxalique, avec Valcool, avec Yacide sulfurique, n'ont été que la répétition de celle-là. Toujours paralysie soudaine du mouvement dans le train postérieur de l'animal; quel- quefois même abolition entière de toute contractilité Jibrillaire ; toujours conservation entière, la plus entière, de la sensibilité. 1' V. L'injection de i ^ gramme àessence de térébenthine dans l'artère crurale droite d'un chien, en poussant vers le cœur, a produit un effet qui diffère un peu de l'effet précédent. » U y a bien eu, de même , perte du mouvement et conservation du sen- timent; mais la perte du mouvement s'est accompagnée d'un phénomène nouveau. Dans les expériences précédentes , les mnsc\es paralysés étaient relâchés et flasques; ici, ils étaient, au contraire, dans un état violent de roideur tétanique. 1) VI. L'injection de i gramme d'éther nitrique a été suivie d'une mort presque instantanée. " VII. Après avoir trouvé des substances qui, injectées dans les artères, abolissaient la motricité sans abolir la sensibilité, je n'ai pas désespéré d'en trouver qui aboliraient la sensibilité sans abolir la motricité. ( I ) A la dose de i gramme , de i | gramme. (2) A la dose de i5 centigrammes d'acide dans 8 grammes d'eau. (3) A la dose de 3 décigrammes d'ammoniaque dans 4 grammes d'eau, .v •■ (4) Il faut remarquer pourtant, et particulièrement pour Yacide sulfurique , qu'à une dose trop forte , la sensibilité disparaît avec la motricité. C'est ce qui arrive aussi pour les éthers, ainsi que je viens de le dire ci-dessus, noie 2. . : j/ S (,' a /Xi (5) Fojez, sur les effets de l'injection , poussée vers le cœur, ma Note précédente. [Comptes rendus , tome XXIV, page 483.) ( 907 ) » VIII. Dans cette vue, j'ai essayé d'abord Y extrait aqueux de bella- done, qui ne m'a donné aucun effet sensible, du moins du genre de ceux que j'étudie. » Mais , chose bien remarquable, Yextrait aqueux de belladone ne m'a- vait rien donné, et la poudre, la simple poudre de racine de belladone, m'a donné précisément, et au plus haut degré, le phénomène que je cherchais. » IX. 3 décigrammes de poudre de racine de belladone, en suspension dans 18 grammes d'eau, ont été injectés dans lartère crurale droite d'un chien, en poussant vers le cœur. » Sur-le-champ, paralysie du mouvement dans tout le train postérieur de l'animal. Je dis paralysie du mouvement, et jusqu'ici l'expérience est comme les autres. Voici où la différence commence (i). >' Le nerf sciatique est mis à nu; on le pince, et Ion voit qu'il a conservé toute sa motricité fibrillaire. Il a conservé toute sa motricité Jibrillaire , et il a perdu toute sa sensibilité. On le pince , on le déchire , on le coupe , on l'ar- rache, sans que l'animal sente rien, absolument rien. » X. Les poudres de ciguë (2), de valériane (3), de poivre (4), de tabac d'Espagne (5), etc., m'ont donné les mêmes résultats que la poudre de bella- done. « XI. Cette circonstance d'agir à l'état de poudre, et de n'agir qu'à 1 état de poudre , que m'avait offerte la belladone , m'a conduit à essayer les pou- dres les plus inoffensives, les plus inertes. La poudre d'écorcede chêne, celle de Ijcopode, celle de réglisse, celle de tilleul, ont produit les mêmes effets que les poudres de poivre, de ciguë et de belladone. » XII. Je ne rapporterai qu'une expérience, faite avec \a poudre de ra- cine de réglisse. » a décigrammes de poudre de racine de réglisse, en suspension dans 18 grammes d'eau, sont injectés dans l'artère crurale droite d'un chien , en poussant vers le cœur. • . ; ■'.••., » Sur-le-champ, tout le train postérieur est paralysé. » Le nerf sciatique est mis à nu , et pincé , coupé, déchiré, arraché, sans (i) Ilfaufbien distinguer, dansées expériences, ]a force générale de mouvement , le mou- vement général du membre, qui disparaît dans toutes , de la contrnctilité Jibrillaire, du mou- vement j>ofe' des fibres, qui subsiste dans quelques-unes. (2) A la dose de 2 décigrammes. (3) A la même dose. ■. , ' ^ (4) A la dose de 1 décigramme. . . . '. • (5) A la même dose. 119.. ( 9o8 ) que l'animal éprouve la moindre douleur: la motricité fibrillaire subsiste (i). » Comment un peu de poussière de réglisse, injectée dans une artère, peut-elle détruire Xa sensibilité à\ii\ nerf, la sensibilité nerveuse , et la dé- truire à ce point ? >) XIII. Je n'ai pas besoin d'ajouter que j'ai répété bien des fois chacune des expériences que je viens d'indiquer. Je vais les publier dans tous leurs détails, et je me borne à en présenter ici ce résumé succinct. » La physiologie n'en a peut-être pas de plus étonnantes ; et pourtant elle n'en a pas de plus sûres. » ■ Remarques de M. Mjvgendie sur la communication de M. Flourens. « Notre confrère M. Flourens vient de nous parler des résultats qu'il a observés après avoir injecté diverses substances dans l'artère crurale; mais il n'a pas tenu compte d'une circonstance capitale dans ce genre d'expé- rience. C'est la manière dont les liquides injectés se comportent pour, traverser les vaisseaux capillaires et parvenir aux veines. Certaines sub- stances parcourent avec facilité les capillaires, dont le diamètre varie de un dixième à un millième de millimètre ; mais beaucoup de liquides ne les franchissent que très-difficilement , et beaucoup aussi , loin de les franchir, s'y arrêtent, bouchent ces infiniment petits tubes, interceptent complète- ment la circulation du sang, et, par suite, les fonctions qui en dépendent; de telle sorte que des liquides , très-innocents de leur nature, produisent des accidents graves, par le seul fait qu'ils n'ont pas les propriétés physiques convenables pour traverser les capillaires. J'ai donné de longs dévelop- pements à ce résultat dans mes leçons au Collège de France , sur les phéno- mènes physiques de la vie: ainsi l'eau, par exemple, ne passe qu'en partie des artères aux veines; elle s'imbibe dans les parois des vaisseaux, s'extra- vase et finit par causer l'arrêt de la circulation du sang. Du mucilage, même peu visqueux , ne traverse pas davantage les capillaires, et si l'on sus- pend dans l'eau ou tout autre liquide des poudres impalpables inertes, les particules suspendues ayant des dimensions qui ne sont pas en rapport avec le diamètre des vaisseaux capillaires , les obstruent et y interceptent toute circulation. La gangrène générale du membre est souvent la suite de cette obstruction. L'huile, le vernis, le mercure produisent des effets semblables. Dans beaucoup de maladies où le sang lui-même ne conserve pas l'intégrité de ses propriétés physiques en rapport avec son passage à travers les capil- (i) Les animaux, soumis à ces expériences, sont 'tous morts au bout de quelque temps, en présentant des symptômes à^ asphyxie. : ■ • ' , ' ( 909 ) laires, certains phénomènes locaux, certaines lésions organiques, n'ont pas d'autre origine. C'est ce qui arrive le plus souvent dans cette maladie que l'on qualifie, avec si peu de raison, d'inflammation : dans ce genre de lésion locale, il n'y a ni Jeu, m flamme, ni par conséquent d'inflammation ; mais il y a obstruction mécanique temporaire des vaisseaux capillaires ; obstrue- lion que, d'ailleurs, on produit à volonté, en modifiant les propriétés physiques ou chimiques du sang. » J'aurais donc désiré que notre honorable collègue, qui a injecté dans l'artère crurale plusieurs liquides inhabiles à traverser ces capillaires, eût tenu compte des effets de l'obstruction de ces vaisseaux par ces liquides ; les résultats qu'il vient d'énoncer n'eussent ainsi offert rien d'étrange ni de con- tradictoire. » , - M. FtotiREivs répond qu'il a si bien tenu compte des obstacles mécaniques opposés à la circulation , que c'est précisément à ces obstacles qu'il attribue l'action des poudres (§ XI). Mais le phénomène nouveau, le phénomène im- portant n'est point là : le phénomène nouveau est que certaines substances abolissent la sensibilité, et que d'autres , au contraire , abolissent la motricité, quoiqu'elles soient toutes également injectées dans les artères. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Distribution du sucre et de quelques autres principes immédiats dans les Betteraves ; par M. Paten, « Le siège de la sécrétion sucrée dans les Betteraves a fixé l'attention des observateurs. » Eh établissant moi-même, par une analyse immédiate déjà ancienne, plusieurs faits (i), qui sont restés dans la science, j'avais annoncé que le liquide séveux montant dans les vaisseaux pouvait être extrait à part e analysé; qu'ainsi, l'on constatait directement la très-faible proportion de substance sucrée contenue dans ce liquide. V Plus tard, M. Decaisne, notre confrère, dans une étude organo^ra- phique approfondie sur cette racine, examinant l'application des réactifs (albumine et acide sulfurique) proposés par M. Raspail pour déceler la pré- sence du sucre, démontra que, dans le plus grand nombre des cas, en ce qui touche la Betterave, ce réactif est infidèle; que si, d'ailleurs, on se fon- dait sur ses indications, la plus grande partie du sucre ne se trouverait pas dans tes vaisseaux , comme M. Raspail l'avait pensé, mais plutôt dans un tissu spécial composé de cellules closes, cylindroïdes , accompagnant les (i) J'ai rappelé ces faits, ainsi que ceux publiés depuis par M. Braconnot, dans mes Mémoires sur la composition et les développements des végétaux, insérés tomes VIII et IX des Savants étrangers. (Voyez tome IX, page i53. ) ( 9'o ) faisceaux vasculaires, formé avant ces faisceaux et existant même sans eux dans les dernières couches de l'accroissement des betteraves. M. Decaisne fit remarquer, en outre, que ces couches ne devraient pas renfermer de sucre si ce principe immédiat n était contenu que dans les vaisseaux. » De mon côté, j'ai cru pouvoir entreprendre de donner une démonstra- tion directe de la question, évidemment douteuse encore, relative au siège principal de la substance sucrée. » Le moyen auquel j'avais songé consistait à séparer le plus exactement possible, par des incisions convenables, le tissu celluleux du tissu spécial entourant les faisceaux vasculaires, puis à faire l'analyse de chacune de ces parties isolément; enfin à comparer leur composition. " La principale difficulté résidait dans l'anatomie, base de toute la mé- thode. Pour diminuer les chances d'inexactitude, je choisis d'abord une racine de la variété champêtre appelée communément disette. » Cette variété se distingue par la grande quantité de ses produits bruts, le volume des racines et les faibles proportions de sucre qu'elles contiennent; ses zones concentriques des deux sortes de tissus affectent souvent des limites nettement tranchées: les zones Jihreuses blanches étant alternativement inscrites dans un cercle de tissu cellulaire rempli d'un suc colore' en rouge, et circonscrites à ce tissu, plus large d'ailleurs que dans les autres variétés. » Mettant donc à profit ces particularités de l'organisation, je découpai, au-dessous du collet, nue racine en tranches perpendiculaires à l'axe : sui- vant ensuite avec une lame mince et tranchante les contours indiqués par l'opposition des couleurs, j'obtins les deux tissus séparés, négligeant, d'ail- leurs, à dessein, les trois dernières couches doubles dans lesquelles le tissu cellulaire est tellement rétréci, que les limites entre les deux tissus se confondent. " Dans les quatre doubles zones plus rapprochées de l'axe , les parties fibreuses blanches réunies se trouvèrent en poids, comparativement avec les parties celluleuses rouges, dans le i-apport de loo à 54- » La portion fibreuse, la plus abondante, se montra aussi plus riche en substance sèche : elle en renfermait lOj'^a pour loo, tandis que la portion celluleuse n'en donna que 8,63 ; les substances solubles dans l'alcool à 85 de- grés formaient 8,8 pour lOO des zones fibreuses sèches, tandis qu'elles con- stituaient à peine 5,8 pour loo des zones celluleuses également desséchées; enfin, le sucre extrait, en cristaux épurés, des deux parties fut égal à 5,87 pour 100 du poids des zones fibreuses fraîches, tandis qu'il atteignit seule- ment 2,6 pour 100 du poids des zones celluleuses normales. » Si l'on ajoute les quantités de sucre pur proportionnellement au poids (9'0 des deux zones dans la betterave, on trouve qu elles forment 4,72 pour i 000 des parties de la racine employées ; elles seraient plus fortes de 0,67, eu tenant compte de la composition des couches externes qui formaient les 0,391 du poids total, et atteindraient alors 5,89 pour 100 de la racine entière au-dessous du collet. » Dans la comparaison des deux zones, fibreuse et celliileuse, si diffé- rentes quant aux proportions de sucre, on remarque, en outre, que la substance incristallisable, soluble dans l'alcool à 85 degrés , était une fois et demie plus abondante, relativement à la quantité totale dissoute, dans la zone celluleuse que dans la zone fibreuse (la première contenant de cette substance 3,71 pour 5,8; et la seconde, 2,74 seulement pour 8,81 ). 1) Il en fut de même d'une autre substance organique étrangère an sucre , gommeuse, insoluble dans l'alcool à 85 degrés, soluble dans l'eau : la zone celluleuse, épuisée par le premier véhicule, en contenait le tiers de son poids, tandis que la zone fibreuse, également épuisée, en donna moins du quart (i). n Terminant enfin l'épuisement des deux tissus par des lavages à l'acide acétique, l'ammoniaque et la potasse, le tissu fibreux perdit un peu plus de substance albuminiforme, et cependant laissa plus de cellulose ; en somme, la substance sèche des zones cellulenses contenait 6 ^ pour 1000 de son poids de tissu végétal pur, tandis que la substance sèche des zones fibreuses donna 7 millièmes de son poids de tissu également épuré. En ajoutant ces deux quantités, et tenant compte de la proportion totale de substance sèche con- tenue dans la betterave employée, on voit que celle-ci contenait moins de 6,8 de cellulose pour 1000 de son poids à l'état normal (2). >i Les résultats qui précèdent ne pouvaient laisser de doutes quant à la betterave disette. Il importait de rechercher si des différences analogues existaient dans la composition des deux sortes de tissus formant les zones alternatives des betteraves à sucre. » Les essais sur une betterave blanche à collet vert ont présenté les faits suivants : , (i) Elle est soluble dans l'alcool affaibli , précipitée par l'eau de chaux en excès , se dessèche en plaques translucides , donne à la calcination des vapeurs acides et un charbon boursouflé ; la potasse ne la convertit pas en gelée. (2) Sous le microscope, cette cellulose montrait des membranes et fibrilles élémentaires de cellules et quelques lambeaux de vaisseaux; ceux-ci furent colorés en jaune par l'iode, atta- qués ensuite par l'acide sulfurique, gonflés, brunis et dissous, ils contenaient donc , outre la cellulose, une matière azotée, tandis que les débris de cellules restèrent d'abord blancs, en se désagrégeant furent colorés en bleu-violet intense, puis dissous : offrant ainsi les ca- ractères de la cellulose pure. ( 912 ) » Cent parties des quatre premières doubles zones concentriques autour de l'axe contenaient en poids, savoir : Zones fibreuses 7 1 jOi Zones celluleuses 28,99 " Les premières ont donné pour 100 : Substance sèche 16,26 (dont 100 = 4>64 cendres blanches) Eau 83,74 " Les secondes ont donné pour 1 00 : ■Substance sèche i4,25 (dont 100 = 10, 35 cendres brunes) Eau 85,75 ïoo parties des zones fibreuses sèches laissèrent 82 , 1 7 soluble dans l'alcool à 85 degrés , et 17 ,83 insoluble. 100 parties des zones celluleuses sèches laissèrent 72 ,58 soluble dans l'alcool à 85 degrés, et 27 ,42 insoluble. La substance épuisée des zones fibreuses contenait i >2g d'azote pour 100 représentant 8,385 d'albumine. La substance épuisée des zones fibreuses celluleuses contenait. . . i , 23 d'azote pour 100 représentant ' , . ; . 7 ,995 d'albumine. Le résidu de l'incinération fut, pour les zones fibreuses épuisées, de. . . 6,62; Il s'éleva, pour les zones celluleuses épuisées, à ' 18,26. On obtint, de i»%7 15 des zones fibreuses desséchées i,3io milligr. de sucre cristallisé ou 76 p. 100. La même quantité des zones celluleuses ne donna que 0,801 milligr. de sucre cristallisé ou 46,6 p. 100. » Si Ton examine ce que chaque zone fournit de sucre pur dans 100 par- ties de la betterave normale, on trouve Zone fibreuse ;.. . 8,83 Zone celluleuse. . .', r. • ' 1,92 Total 10,75 >• Dans une betterave blanche à collet rose, les expériences comparatives ont offert, entre les zones fibreuses et celluleuses, des différences dans le même sens, quoique la richesse totale en sucre se soit trouvée un peu pluS forte. Ainsi, le rapport des zones fibreuses aux zones celluleuses fut de 0,7066 à 0,2934; et la substance sèche, de 0,1691 à i454 (0- s. (i) Les zones fibreuses étaient plus larges, mais la séparation fut plus difficile et sans doute moins exacte que dans la betterave à collet vert. (9^3) \ .,■•..'/■- SOLUTION alcoolique à 89 degrés. .tlCOOL à 85 dejjrés. TOTAL soluble. SUBSTANCE insoluble. Les zones fibreuses donnèrent pour loo. Les zones celluleuses donnèrent p. loo. 74,21 67,55 2,87 5,67 77,08 73,22 22,08 26,78 La quantité de sucre cristallisable a été pour 1 00 , dans la partie fibreuse normale, de i3, i Et dans les zones celluleuses , seulement de ; . . . 6,81 » Toutes les expériences qui précèdent sur les betteraves à sucre ayant été faites en employant les parties intérieures de la racine où la séparation des zones concentriques offre le moins de difficulté, il importait de constater les relations entre le poids de ces parties et celui des zones plus externes. )i Quatre doubles zones intérieures semblables à celles analysées pesaient 62 centièmes, et les quatre doubles zones extérieures, 38 centièmes du poids total: dans celles-ci, les vaisseaux sont bien moins nombreux que dans les zones plus centrales , ainsi que l'a montré M. Decaisne; la sub- stance sèche s'y est montrée plus abondante: elles en contenaient 17,37 pour 100, et les zones intérieures n'en donnèrent que j5,8a. La différence dans les proportions du sucre fut sensiblement du même ordre ; ces diffé- rences expliqueraient , peut-être , la plus grande richesse saccharine observée par M. Peligot dans quelques betteraves arrivées au terme de leur maturité : elles doivent varier au surplus et être d'autant plus grandes, que l'air ainsi • que le terrain sont moins humides au moment de la récolte. Je me propose d'examiner ces variations aux approches de la maturité des betteraves; j'es- sayerai en outre de vérifier si le volume et les proportions des zones à cellules cylindriques pourraient caractériser les meilleures variétés à sucre et servir à les reconnaître. " Les détails analytiques qui précèdent prouvent que l'alcool à 85 degrés enlève à la betterave desséchée une substance étrangère au sucre et dont la plus grande partie est même soluble dans l'alcool à 89 degrés : ce sont les matières azotées solubles indiquées dans mes premières analyses ; leur na- ture azotée se peut déduire de la comparaison entre les parties insolubles • Il était d'ailleurs possible d'avoir la composition di fec de la partie so- luble dans l'alcool. Je n'ai pas négligé ce moyen de vérification : l'analyse a donné pour 100 de la substance desséchée, 1,12 d'azote (1), ce qui corres- pond avec les déductions précitées. Conclusions. » Il résulte des faits contenus dans ce Mémoire: i> 1°. Que le sucre est sécrété, pour la plus grande partie, dans le tissu des betteraves qui accompagne les faisceaux vasculaires, tissu spécial formé de cellules cylindroides étroites, décrites et figurées par M. Decaisne; » 2°. Que la substance gommeuse peut être extraite directement à froid par l'eau , du tissu épuisé par l'alcool à 85 degrés; elle forme des o,25 aux 0,33 de ce résidu (2); » 3°.. Que les 0,66 environ des substances azotées, représentées par l'ana- lyse élémentaire, sont entraînées en dissolution par l'alcool à 85 degrés; que, par conséquent, l'albumine ne renferme que le tiers de l'azote total; » 4°- Que non-seulement le tissu des zones fibreuses des différentes va- riétés de betteraves contient la plus grande partie du sucre sécrété dans ces racines, mais encore qu'il renferme moins d'eau , moins de gomme , moins de substances azotées solubles , moins de substances inorganiques contenant des proportions bien moindres de sels solubles (81,7 au lieu de 99,1), un peu plus de matières azotées insolubles et de cellulose. .*' » Ainsi, l'analyse chimique démontre que les fonctions physiologiques rassemblent en proportions très-différentes les sécrétions des principes im- médiats et des matières minérales , dans les zones concentriques et alterna- tives , des deux tissus organiques (3). » (i) Et 6,81 de matière inorganique. (2) Il suffit que la division de la substance ait été complétée par un broyage dans l'alcool anhydre, pour l'extraire à l'aide de l'eau froide , après l'épuisement par l'alcool à 85 degrés , qui d'ailleurs enlève probablement un peu de cette matière gommeuse. (3) MM. Poinsot et Brunet m'ont aidé à faire la plupart de ces déterminations délicates. Je m'empresse de leur en adresser ici mes remercîments. ( 9>5 ) PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la théorie des fluides élastiques et sur la chaleur latente des vapeurs; par M. Vovii.\.^. y- ' § I. "■■■•■ ' ,'■• ■ ■■ « 1. Le XII" livre de la Mécanique céleste contient une théorie générale des fluides élastiques qui repose uniquement sur les lois de l'attraction des sphères, et sur quelques propriétés primitives attribuées aux éléments de la chaleur; c'est à la fois l'un des derniers et des plus beaux travaux de Laplace. Il eut la satisfaction de voir sa théorie confirmée d'une manière remar- quable, d'un côté par les expériences relatives à la vitesse du son, qu'il avait lui-même proposées dans ce but, et d'un autre côté par quelques expé- riences de dégagement de chaleur, exécutées toutefois, comme elles pou- vaient l'être, dans des limites assez restreintes de température et de pression. 1' Cette théorie a un trop haut degré d'importance, soit par les prin cipes mêmes qui lui servent de base, soit par les lois générales qu'elle embrasse implicitement, pour que les physiciens n'essayent pas de la sou- mettre à des épreuves plus multipliées et plus décisives : il faut que l'expé- rience prononce, non pas sur sa valeur mathématique, qui restera incontes- table, mais sur sa valeur physique, que nous devons regarder comme douteuse tant qu'il ne sera pas démontré qu'elle est l'expression fidèle des faits.;,, ..^,".''-^•; "■•-•-'■ri ■.■■-■■-■■ ' .'. ■'"■'.'' '■ « Nous savons aujourd'hui que la loi de Mariotte, que la loi d'égale dilata- tion et celle de la constance du coefficient de dilatation sont moins absolues, moins rigoureusement exactes qu'on ne l'avait supposé d'abord ; mais les écarts qui ont été observés jusqu'à présent ne portent pas atteinte à ce qu'il y a d'essentiel dans la théorie des fluides élastiques : c'est seulement une raison de l'étudier de plus près et de n'en accepter les conséquences qu'avec une plus grande réserve. » Dans cet élat de choses, il m'a semblé qu'il y aurait de l'intérêt à reprendre cette théorie et à discuter l'ensemble des résultats auxquels elle conduit lorsqu'on l'applique aux vapeurs; j'avais d'ailleurs un motif par- ticulier de me livrer à ces recherches: occupé depuis longtemps, avec M. Peligot, d'expériences sur les gaz produits par l'explosion des diverses poudres et sur les effets dont ils sont capables, il devenait nécessaire pour moi d'apprécier l'usage qu'il est permis de faire des formules théoriques lorsqu'il s'agit de ces limites extrêmes de température et de pression. •) liaplace s'était borné à indiquer en quelques mots comment la for- I20. , (9.6) mule qui exprime la quantité de chaleur d'un gaz, en fonction de la tem- pérature, de la pression et du coefficient de capacité, peut s'appliquer aussi à la vapeur d'eau. Plus tard, Poisson, après avoir trouvé cette expression par une autre méthode, et après lui avoir donné une autre forme, avait cru pouvoir déterminer le coefficient de capacité par une considération particulière; il supposait, avec quelques physiciens , qu'à toute température et au maximum de tension, i kilogramme de vapeur d'eau contient toujours la même quantité de chaleur. Le résultat auquel il arrive par cette voie ne pouvait pas être exact; au reste, il reconnaît lui-même que l'hypothèse ne s'accorde pas avec les faits observés. » Il n'est pas venu à ma connaissance que la question ait reçu de plus amples développements. » Voici maintenant les principaux résultats auxquels je suis parvenu : " 1°. L'un des facteurs de la formule générale étant pris pour équation de condition, l'on y introduit les températures et les tensions maximum qui ont été données par 1 expérience : il arrive que les valeurs que l'on en lire pour le coefficient de capacité vont en croissant avec la température, et if est facile de démontrer que la vraie valeur de ce coefficient doit être ou plus petite que la plus petite de ces valeurs, ou plus grande que la plus grande; elle ne peut pas être comprise entre ces deux limites. Cette indication est d'autant plus précieuse, que la valeur de ce coefficient est toujours plus grande que l'unité et probablement toujours plus petite que trois demi. » 2°. La quantité totale de chaleur que possède i kilogramme de vapeur à une température quelconque et au maximum de tension peut évidemment être considérée comme composée de trois parties : i° celle que contient le kilogramme de liquide à la température o ; a" celle qui est nécessaire pour le chauffer, en le maintenant dans cet état, jusqu'à la température que l'on consi- dère; 3° enfin la chaleur latente qu'il faut ajouter encore pour produire la vaporisation à cette température. Il résulte de là une nouvelle équation entre les chaleurs latentes, les quantités totales de chaleur et la chaleur spécifique du liquide lui-même. La comparaison de cette équation avec la première fait connaître , en général , s'il faut prendre la valeur du coefficient de capacité au-dessous de la plus petite limite, ou au-dessus de la plus grande. ;;■•:>'" -n'iM" » Pour la vapeur d'eau, par exemple, la chaleur latente à o degré de- vrait être de près de aoo unités plus grande qu'elle n'est à loo degrés, si le coefficient de capacité était pris à la limite supérieure. ": J*p.-;i' » Cette conséquence était trop importante pour que je ne fusse pas era^ • - • ( 91? ) pressé de la vérifier; or la chaleur latente à o def;ré m'a paru être seulement de 56o unités , c'est-à-dire bien loin de ce qu'elle devrait être pour qu'il fût permis de choisir pour z la limite supérieure: c'est donc ici la limite infé- rieure qu'il faut choisir. » Dans la comparaison dont il s'agit, intervient pareillement la chaleur spécifique à pression constante de la vapeur elle-même ; et la discussion me conduit à regarder comme probable que le nombre 0,847, donné sur ce point par MM. Delaroche et Bérard, doit être notablement augmenté. » Au reste, la valeur relative de deux chaleurs latentes prises à des tem- pératures assez éloignées, et la capacité du liquide lui-même suffisent, en général, pour déterminer celle des deux limites qu'il faut choisir, sans qu'il soit besoin d'avoir recours à la chaleur spécifique de la vapeur ; celle-ci ne devient nécessaire que pour obtenir la valeur du coefficient de capacité. C'est ainsi que je crois pouvoir assigner à ce coefficient une valeur égale à 1,02, ou tout au plus i,o3 pour la vapeur d'eau. ' ' ;'- • » 3°. Quand, par la méthode que je viens d'indiquer, on est parvenu à choisir avec certitude la limite qui convient à une vapeur donnée, on a im- médiatement, et par le fait même, la solution de l'une des questions les plus importantes et les plus controversées, celle qui est relative aux quan- tités de chaleur. ,-...' A . ., . ' ; ■ ■• • ■ " » Si la variation des deux chaleurs latentes du liquide fait connaître que c'est la limite inférieure qui lui appartient, le kilogramme de vapeur de ce liquide au maximum de tension possède des quantités de chaleur croissantes avec la température; au contraire, pour les liquides auxquels appartient la limite supérieure, le kilogramme de vapeur possède des quantités de cha- leur qui sont décroissantes à mesure que la température s'élève. >' (\°. Les tensions maximum de la vapeur d'eau sont connues depuis la température de Sa degrés au-dessous de zéro, qui correspond à o^^jSi , jus- qu'à 236°, 2 qui correspond à 3o atmosphères; dans cet intervalle on peut choisir autant de températures et de tensions que l'on voudra pour les substi- tuer dans l'équation de condition dont il a été parlé, et vérifier ainsi, dans une étendue considérable de l'échelle thermométrique, l'exactitude de la pro- position que j'ai énoncée au commencement. D'une autre part, la comparaison des chaleurs latentes à o et à 100 degrés faisant connaître que le coefficient de capacité doit être pris au-dessous de la limite inférieure, il en résulte que pour la vapeur d'eau les quantités de chaleur sont croissantes à mesure que la température s'élève, et malgré cela.lçs chaleurs latentes semblent être lentement décroissantes. , _ ' ' ' ( 9'8 ) » Les vapeurs qui ont , comme la vapeiir d'eau , des quantités de chaleur d'autant plus grandes que la température est plus élevée, présentent ce phé- nomène remarquable : que, si on les suppose renfermées dans un vase im- perméable à la chaleur, de telle sorte qu'elles ne puissent ni se réchauffer ni se refroidir par leur contact avec les parois, elles peuvent alors recevoir une expansion indéfinie, sans que le refroidissement produit par cette expansion soit capable de déterminer la moindre précipitation de liquide; au contraire, elles ne peuvent recevoir aucune compression plus grande, sans qu'il n'y ait à l'instant liquéfaction partielle de la vapeur. " 5". Les tensions maximum de la vapeur d'acide carbonique sont con- nues depuis la température de 80 degrés au-dessous de zéro , qui correspond à jatm 2 jusqu'à la température de 10 degrés au-dessus de zéro, qui correspond à 45 atmosphères: dans cet intervalle on constate aussi la marche croissante des valeurs tirées de l'équation de condition; mais ne sachant rien des cha- leurs latentes du liquide, nous ne pouvons pas ici avoir recours à ce carac- tère pour décider quelle est celle des deux limites qui convient au coeffi- cient de capacité : heureusement les expériences de Dulong sur les sons produits dans le même tuyau par des gaz différents nous donnent directe- ment ce coefficient et lui assignent une valeur de i,339, qui s élève de beaucoup au-dessus de la limite supérieure qui résulte des pressions obser- vées; c'est donc cette limite qui convient à l'acide carbonique. >' Il en résulte que, contrairement à ce qui arrive pour la vapeur d'eau, la vapeur d'acide carbonique contient des quantités de chaleur décrois- santes, c'est-à-dire d'autant moins grandes que la température est plus élevée. » L'opposition qui se présente ici entre la vapeur d'eau et celle d'acide carbonique se maintient nécessairement dans les phénomènes décompression et d'expansion: ainsi, dans un vase imperméable à la chaleur, l'acide carbo- nique peut être indéfiniment comprimé, sans qu'il y ait liquéfaction , la cha- leur qui se dégage étant toujours plus que suffisante pour élever la tempé- rature au delà de ce qui est nécessaire au maximum de force élastique ; au contraire, si on lui permet de se répandre dans un espace plus grand, la chaleur lui manque, et il faut absolument qu'une portion passe à l'état li- quide ou solide, pour que le reste conserve son élasticité. " Cette déduction semble manifestement confirmée par les phénomènes qui se produisent dans l'appareil de Thilorier, et la déduction contraire, re- lative a la vapeur d'eau, semble aussi confirmée par les phénomènes qui se produisent dans la marmite de Papin, où la condensation du jet de vapeur ( 9^9 ) peut être attribuée au refroidissement qui résulte du contact de l'air, plutôt qu'à celui qui résulterait de l'expansion de la vapeur elle-même. >' Les deux termes qui entrent dans l'expression de la chaleur latente de l'acide carbonique étant alors de même signe, les variations sont beaucoup plus rapides que pour l'eau: à 4o degrés au-dessous de zéro , la chaleur la- tente de l'acide carbonique est, par exemple, beaucoup plus grande qu'à la température o, et elle diminue ainsi très-vite jusqu'à ce qu'il arrive sans doute un point où elle approche d'être nulle. » On connaît la tension maximum du protoxyde d'azote, depuis la tem- pérature de 87 degrés au-dessous de zéro, où elle correspond à i atmosphère, jusqu'à 1 1 degrés au-dessus de zéro , où elle correspond à 44 atmosphères. Les résultats du calcul , pour cette vapeur, sont en tout point conformes à ceux que présente l'acide carbonique. » Le gaz défiant, pour lequel Dulong nous a aussi donné le coefficient de capacité, et dont M. Faraday a observé les tensions maximum, depuis o jus- qu'à ^3 degrés au-dessous de zéro, présente des anomalies si extraordinaires, qu'il me parait certain, ou que la formule théorique est en défaut, ou que lee expériences n'ont pas une précision suffisante ; je ne vois aucun moyen d'en concilier les résultats avec l'hypothèse d'un coefficient de capacité con- stant, et indépendant de la température et de la pression. On pourrait sup- poser, toutefois, que le gaz de Dulong n'était pas identique avec celui de M. Faraday, ou encore que la liquéfaction est accompagnée de combinai- sons nouvelles. \ • ,.; . . ,^, , ,.' .r: i/ ' -'•';!■ .-;/■ - » 6°. En exceptant, jusqu'à nouvelle vérification, tout ce qui se rapporte à l'hydrogène bicarboné, je crois pouvoir conclure de ces recherches que la théorie de Laplace s'applique aux vapeurs, dans une étendue considérable de l'échelle thermométique; que, par l'interprétation de l'équation de con- dition qui s'en déduit, les vapeurs se trouvent divisées en deux classes; savoir : les vapeurs à chaleur croissante , comme la vapeur d'eau, et les va- peurs à chaleur décroissante, comme celle de protoxyde d'azote et d'acide carbonique j enfin, que par la combinaison de l'équation des chaleurs la- tentes avec celle des quantités de chaleur, on parvient à établir entre les va- riations de chaleur latente, la chaleur spécifique du liquide et celle de sa vapeur, de nouveaux rapports, qui permettront sans doute de soumettre la théorie à des épreuves expérimentales plus faciles et plus étendues. - §"• ' » 2. La quantité de chaleur que possède l'unité de masse d'un fluide ( 920 ) élastique peut être représentée par une expression de la forme [Mécanique céleste, livre XII) q = m -^ n {a -\- t) p-' ; . (i) q indique la quantité de chaleur, t la température, p la pression, a= 272 ou l'unité divisée par le coefficient de dilatation des gaz, «= ~ , k étant le rapport des capacités du fluide élastique à pression constante et à vo- lume constant; il est supposé indépendant de la température et de la pression , nous l'appellerons coefficient de capacité; enfin , /n et « sont deux constantes qu'il s'agit de déterminer, soit par des hypothèses, soit par des données particulières. >i Nous n'avons, jusqu'à présent, aucune notion sur la quantité absolue de chaleur que possède un corps; tout ce que nous pouvons faire se réduit à apprécier des différences, c'est-à-dire à mesurer les quantités de chaleur plus ou moins grandes qu'un corps doit perdre ou gagner pour passer d'une température à une autre, d'une pression à une autre, ou, en général, pour passer d'une certaine condition à une autre condition qui se distingue de la première par des caractères physiques, chimiques, ou mécaniques rigou- reusement définis. » Représentons, en conséquence, par ^, la quantité totale et inconnue de chaleur que possède l'unité de masse d'un fluide élastique à la tempéra- ture «, et sous la pression p^ ; q représentant la quantité de chaleur pareille- ment inconnue qui appartient au même corps, à la température f et à la pression p. Nous aurons ' ' '»r-*n'/ri q — q, = — n{a + tt)p-^ + n[a + t)p-'. (2) » Alors la constatite n peut être déterminée au moyen de la chaleur spé- cifique du gaz à pression constante; en effet, la pression p restant la même, et la température étant seule variable , il est évident que le coefficient différen- tiel -j- exprime la chaleur spécifique dont il s'agit. Sa valeur générale étant ^=r np~^, elle devient np—'^6uv la température <, et la pression ^, : en représentant donc par c^ la chaleur spécifique du gaz correspondant à ces conditions, la chaleur spécifique de l'eau étant prise pour unité, il en résulte np-' = = c. (9^1 ) et, en substituant cette valeur de «, la différence (j — q, des deux quantités inconnues de chaleur prend la forme ^T; '?-^'=^^(« + m[^-(?)^-']- ' -(3) » On voit qu'elle ne dépend plus alors que de i,, de p^, de z et de c,, c'est-à-dire de la température, de la pression, du coefficient de capacité et de la chaleur spécifique à pression constante dont le gaz est doué à la tem- pérature tf et à la pression pf, qui ont été prises pour point de départ. '• 3. Avant d'appliquer aux vapeurs cette formule générale , il n'est peut- être pas inutile de rappeler, en peu de mots, les conséquences auxquelles elle conduit pour les gaz permanents, puisqu'il ne nous restera plus alors qu'à y introduire ce qui constitue le caractère distinctif des vapeurs, c'est-à- dire le maximum de force élastique qui correspond à chaque température et qui varie avec les diverses substances. » 1°. La pression restant la même et égale à /;, , si l'on fait passer le gaz de la température t, à la température t, la différence q — q, des deux quantités de chaleur qu'il contient à ces deux températures est égale à c, {t—tt), c'est-à-dire qu'elle est proportionnelle, à la fois, à la différence des températures , et à la chaleur spécifique du gaz; on voit, de plus, qu'elle est positive pour < > f , , et négative pour t i Cette relation entre les chaleurs spécifiques et les pressions se déduit aussi de l'équation précédente; car il est évident qu'une augmentation de I degré dans c, augmente de ( — j la température t qui i-ésulte de la com- pression, et de c ( — j la quantité de chaleur; mais cette élévation de tem- pérature de I degré sous la pression /?, correspond à une quantité de cha- leur c, : on a donc .... -..•,. » Ainsi la chaleur spécifique à pression constante ne change pas avec la température , elle reste la même pour tous les points de l'échelle thermomé- trique, le changement de pression est la seule cause qui la puisse modifier : suivant que z est plus grand ou plus petit , cette modification prend elle-même une plus grande ou une moindre étendue; mais quelle que soit la valeur de z , qu'elle soit égale à 0,296 comme pour les gaz permanents, ou qu'elle soit presque nulle comme pour certaines vapeurs, la chaleur spécifique éprouve toujours des changements inverses de ceux de la pression; elle augmente quand la pression diminue, et vice versa, elle diminue quand la pression augmente. " Dans tous les cas , dès que z est connu pour un fluide élastique , il suffit de savoir quelle est sa chaleur spécifique à une pression donnée pour en déduire sa chaleur spécifique à toute autre pression. De même, si l'on connaissait les chaleurs spécifiques correspondantes à deux pressions, on pourrait en tirer 121 .. ( 9^4 ) la valeur de 2 et, par suite, celle du coefficient de capacité. C'est ainsi que les deux chaleurs spécifiques de l'air déterminées par MM. Delaroche et Bérard conduisent à une valeur du coefficie'nt de capacité qui ne s'écarte pas beaucoup de celle qui résulte de la vitesse du son. » 4°- La densité d'un gaz dépend de la température et de la pression , et cette dépendance est exprimée par la relation générale p = bd {a-\- t), qui devient Pt=bdt{a-ht,), ■ pour la température t, et la pression p, ; il en résulte d p / a + t,' Cette équation , combinée avec l'équation (4) , donne , d_ d, qui exprime la loi que suivent les densités des gaz lorsqu'on les comprime dans des vases imperméables à la chaleur. » 4. Les formules que je viens de rappeler ont été vérifiées par les diverses expériences relatives à la vitesse du son, par une expérience remarquable de MM. Clément et Désormes, et par des expériences faites d'après le même principe par MM. Gay-Lussac et Welter ; les limites de ces dernières s'éten- dent, pour la température, depuis ao degrés au-dessous de o jusqu'à 4o de- grés au-dessus, et pour la pression, depuis un septième d'atmosphère jus- qu'à 2 atmosphères. Toutes ces expériences ont eu pour objet de déterminer le coefficient de capacité de l'air, et de reconnaître s'il est, en effet, con- stant et indépendant de la température et de la pression , comme la formule primitive le suppose. Laplace avait indiqué en quelques mots comment ces formules s'appliquent à la vapeur d'eau (Mécanique céleste, liv. XII, p. iSg); et Poisson, en reprenant plus tard la question sous une autre forme {Annales de Chimie et de Physique, t. XXIII, p. SSy, année i8a3), avait essayé de tirer parti des expériences qu'il avait à sa disposition pour en déduire la valeur du coefficient de capacité, qu'il estime approximative- ment à 1,073. Poisson reconnaît bien que l'hypothèse qui lui donne ce résultat n'est pas d'accord avec les faits; mais il n'indique aucun moyen d'échapper à cette sorte de contradiction , ni aucune méthode qui permette (■ 9^5 ) de mettre en œuvre les données expérimentales d'une manière plus satisfai- sante. [Traité de Mécanique, tome II, page 65o, année i833.) » Je ne sache pas que, soas ce point de vue, la question relative aux va- peurs ait reçu de plus amples développements; c'est sous ce point de vue, et, en quelque sorte, pour mettre à l'épreuve les formules fondamentales, que je me propose de la traiter ici. " On s'est beaucoup occupé de la relation qui existe entre les tensions maximum de la vapeur d'eau et les températures correspondantes, on a fait d'heureux essais pour exprimer l'une de ces quantités en fonction de l'autre; mais ces diverses fonctions, même celles qui représentent le plus fidèlement les données de l'expérience, ne peuvent être considérées que comme des for- mules empiriques: les faits sont ici trop complexes pour que la formule qui leur doit son origine puisse être mise au même rang que celle qui procède d'une idée générale et qui, par cela seul, porte en elle-même, sinon sa justification physique, du moins sa raison d'être abstractivement. C'est pourquoi , dans la discussion suivante, je m'abstiendrai de mêler aux formules théoriques celles qui expriment les pressions en fonction des températures. D'ailleurs, celles de ces fonctions qui sont bonnes pour une vapeur sont peut-être mauvaises pour une autre ; rien ne nous dit , en effet, qu'elles ne doivent pas comprendre des éléments qui changent , soit avec la composition atomique , soit avec la substance propre de chaque liquide. Elles pourraient perdre ainsi leur carac- tère de généralité, tandis que ce caractère persisterait dans les fortnules théoriques qui ne font que toucher à la tension maximum comme à une der- nière limite qu'elles ne peuvent franchir. » Gela posé , reprenons l'équation générale

— log/>, et celte équation n'est pas satisfaite pour les diverses valeurs de < et de ^, ou plutôt elle ne donne pas pour z une valeur constante. Il faut donc en conclure, ou que le kilogramme d'eau au maximum de force élastique ne contient pas la même quantité de chaleur, ou que la formule théorique est en défaut, soit par ses principes mêmes, soit parce qu'elle suppose à tort que le coefficient de capacité est indépendant de la température et de la pression. » Admettons que la quantité de chaleur change; alors on peut faire à cet égard toutes les hypothèses possibles, on peut supposer qu'elle change par oscillations ou par alternatives, c'est-à-dire qu'elle ait des maximum ou des minimum qui se montrent seulement une fois ou qui se répètent plusieurs fois dans la portion connue de l'échelle thermométrique. On peut supposer pareillement, et ceci semble plus naturel, que la quantité de chaleur va sim- ( 9^7 ^ plement en croissant ou en décroissant, non pas d'une manière uniforme, mais d'une manière continue, sans qu'il y ait d'autres maximum ou minimum que ceux qui appartiennent aux températures extrêmes. '1 Nous ne savons rien sur ce point; mais en interprétant l'équation précé- dente, nous pouvons, je crois, en tirer d'importantes inductions. En effet, si la quantité de chaleur est, par exemple, croissante avec la température, il faut que t'>t^ donne toujours (jr — ^, > o, et par conséquent _^ > i, et que t i pour <> i, et j-< I pour i < <, , ou vice versa, suivant que la quantité de chaleur est croissante ou décroissantje avec la température. La loi de conti- nuité indique d'ailleurs que ces valeurs de z ne peuvent pas varier brusque- ment, de telle sorte que les deux qui correspondent à deux valeurs consécu- tives de t laissent entre elles un intervalle fini. ■ : . ■ . ' 1) 11 faut donc absolument que la vraie valeur de z , celle qui doit donner le coefficient de capacité, soit plus petite que la plus petite de celles qui sont tirées de l'équation de condition , ou plus grande que la plu^ grande. » Cette conséquence nous fait voir combien il y a d'intérêt à examiner avec soin les nombres qui résultent de cette équation pour les diverses va- leurs de t et de p. n Le tableau suivant contient ces résultats pour la vapeur d'eau; il m'a semblé nécessaire de les chercher en prenant pour t^ et p, les points de dé- part les plus différents. Il aurait été au moins inutile de faire ces calculs de degré en degré ; j'ai donc pris au hasard et sans choix des intervalles assez éloignés. ,. • (9^8) Tableau des valeurs de z et de k , en partant de diverses origines (i). VALEUBS VALEURS CORRESPONDANTES DE Z l T DE h. ~ -àÛM^^ Pour '■ = 0,0. = 4,6. Pour '' z. = >00. = 760. Pour '' "" P, = -- 181,6. = 10 atm. i. p- k. z. h. — 32, o o,3i 0,04640 . ,0487 o,o56i5 1,0595 0 , 06298 1 ,0672 0,0 4,60 » » o,o6i3o 1 , o653 0,06902 1,0742 + 5o,o 9', 98 o,o5633 I ,0597 0, 06835 1,0734 0,07763 1,0842 80,0 364,54 0,05896 1 ,0627 0,07521 1,0811 0,08349 I ,ogii 121,4 2 X 760 0,06362 I ,0679 0,08069 I ,0878 0,08847 i»097' i53,o 5 X 760 0,06644 1,0712 0,08347 I ,091 1 0,09396 I ,io37 181,6 10 X 760 0, 06902 1,0741 o,o86i3 1,0942 >J » 214,7 20 X 760 0,07181 1,0774 0,08971 1,0985 0, ioi6i 1 ,ii3i 236,2 3o X 760 0,07346 I ,0793 0,09173 I , lOIO 0, 10346 1 ,ii5i 266,0 5o X 760 0,07562 I ,0818 0,09432 I ,1043 0, io6o3 1,1186 3ii ,0 lOO X 760 0,07850 T ,o85i 0,09756 1,1081 0,10900 1 , 1 223 444,7 5oo X 760 0,08557 1,0936 o,io552 ',i'79 0 , I 1 693 I ,1326 516,76 I 000 X 760 0,08861 I ,0972 0, 10880 1 ,22IO 0, 120 1 3 I , I 365 " On voit donc que , quelle que soit l'origine, soil que ion parte de o degré , de lOo degrés ou de 181", 6, les valeurs de z, et par suite celles qui s'en dé- . duiraient pour le coefficient de capacité, vont en croissant d'une manière continue à mesure que la température s'élève ; on doit de plus remarquer que ces valeurs sont d'autant moindres , que Ton prend pour point de départ une température plus basse. Il est certain cependant que la vraie valeur de 2 ne dépend ni de l'origine que l'on adopte pour ï,, ni de l'échelle thermomé- (1) Dans ces calculs, j'ai adopté au-dessous de o degré les tensions observées récemment par M. Regnault; entre o et 100 degrés , la Table que j'avais calculée autrefois d'après la formule de Laplace, modifiée par M. Biot (Traité de Physique de Biot, tomeI,annnée 1816); au-dessus de 100 degrés, la Table donnée par MM. Arago etDulong, qui s'étend, comme on sait, jusqu'à 24 atmosphères; ce terme de leurs expériences est encore aujourd'hui la limite de ce que nous connaissons. C'est par un simple mouvement de curiosité que j'ai ajouté les pressions de 5o, 100 et 1 000 atmosphères en les déduisant de la formule dont MM. Arago et Dulong ont fait usage. Ces trois derniers résultats n'entrent pas dans la discussion ; ils in- diquent cependant que, même pour 1000 atmosphères, cette formule ne donne pas des nombres dont l'impossibilité soit évidente. . ( 9^9 ) trique, ni même de l'unité dont on fait usage pour compter les quantités de chaleur; elle est indépendante de toutes ces conventions, par cela seul que le coefficient de capacité n'est qu'un rapport de deux quantités de chaleur, et qu'il est lui-même supposé primitivement être indépendant de la tempé- rature. La plus petite des valeurs trouvées pour z appartient à — 32 degrés , et résulte de l'hypothèse <, = o; la plus grande appartient à i36°,-i (en pre- nant cette température comme limite supérieure de celles qui ont été obser- vées), et elle résulte de t, = i8i,6; on peut donc conclure que la vraie valeur de z est < o, o464o ou > o, io346. Assurément ces limites seraient un peu plus étendues, en prenant successivement pour tf la plus basse tem- pérature, — 32 degrés, et la plus haute, a36°,a, et elles léseraient davan- tage encore, si les expériences se prolongeaient vers les deux extrémités de l'échelle thermométrique ; mais ici le point important est moins de savoir au juste quelles sont ces limites , que de faire comprendre la méthode qui les donne. » Admettons que z doive être pris au-dessous de la limite inférieure o,o464 ; alors, dans l'équation z a une valeur constante plus petite que celle qui donne ^ = i : or, pbur i > i, on a toujours /j > p, ; ( — ) est une fraction, dont la valeur est d'autant plus grande que z est plus petit : donc pour i > < , on aura toujours ^ > i , et par conséquent q — ç, > o. ^ » De même pour < ■<<« on a toujours^, > y?; ( — j est > i, sa valeur est d'autant plus petite que z est plus petit; donc pour < < « ,,on aura toujours ^ < I , et par conséquent q — q, • La variation des chaleurs latentes peut nous fournir des caractères de cette espèce. " 5. Représentons par x la quantité absolue de chaleur que possède i kilo- gramme d'eàu liquide à o degré, par s sa capacité pour la chaleur, et en général par 1 la chaleur latente de la vapeur. » La quantité totale de chaleur q , que possède i kilogramme de vapeur au maximum de tension /?, et à la température <,, se compose de toute celle qui est dans le kilogramme d'eau à o degré , de celle qu'il faut lui donner pour le porter à la température i, , en le maintenant à l'état liquide , enfin de toute la chaleur latente X, , qu'il faudra ajouter encore pour en faire la vaporisation complète sous la pression maximum /), ; on a donc . q^ = X -\- Stt +k,\ on a pareillement . q^= X + st -hX pour la température quelconque i, et pour la tension maximum correspon- dante p. Il en résulte X = X, + 9 -7, -*(<-«,). . (8) >i Si l'intervalle de température àe t^ k t était très-considérable , la valeur de s pourrait n'être pas rigoureusement la même dans l'expression de q, et dans celle de q ; mais il n'est pas nécessaire ici de tenir compte de cette différence. ' ( 93i ) Hi Ce qui frappe d'abord dans cette valeur {générale de X, c'est qu'elle coû-^ tient deux termes qui peuvent être de même signe ou de signes contraires : dans le premier cas, il arrive toujours que la chaleur latente diminue à me- sure que la température s'élève , et que , de plus , elle change très-rapide- ment, parce que le dernier terme, qui est proportionnel à la différence des températures, aura , à lui seul , une valeur considérable, sans compter celle qui résulte du terme q — ç, des différences de chaleur ; au contraire , dans le second cas les deux termes opposés se détruisent, au moins en partie, et alors c'est de leur grandeur relative que dépend la marche croissante ou dé- croissante de la valeur de X; il serait possible, à la rigueur, qu'il y eût dans ce cas des alternatives de maximum ou de minimum. ') Pour la vapeur d'eau, la chaleur latente est connue seulement à la tem- pérature de l'ébuUition; elle paraît être alors de 537 unités : prenons ce point pour origine, en faisant t^ z=. loo et X, = 537. » Si l'on devait choisir pour z la limite supérieure , la quantité de chaleur étant décroissante, q — q^ serait positif pour t = o, et sa valeur serait de près de 100 unités, même en donnant à z une valeur très- voisine de la limite; s étant d'ailleurs égal à i , on aurait , .. ., , , . . — s [t — t ^) = 100 ..,'■■•■. et . . ,. .,.■■■'.'. X = X, ■■+- 200 , c'est-à-dire que la chaleur latente , à o degi-é , serait de plus de soc unités plus grandes qu'à 100 degrés. » Cette conséquence m'a paru des plus remarquables. « J'ai donc déterminé la chaleur latente de la vapeur d'eau pour la tem- pérature o; on sait que ces déterminations sont délicates, mais j'avais ici assez de latitude pour ne pas craindre de méprise. » Voici la méthode que j'ai employée: '" » Un tube de verre mince d'environ i centimètre de diamètre et 20 centi- mètres de longueur, d'un poids connu, contient quelques grammes d'eau qui ont été pesés avec soin, et qui sont destinés à l'évaporation. Pour re- cueillir la chaleur latente qu'ils doivent prendre pendant le changement d'état, on fait plonger le tube dans un bain refroidi jusqu'à une tempé- rature voisine de zéro, dont on observe la loi de réchauffement ; ce bain se compose lui-même d'une centaine de grammes d'eau contenus dans une cloche mince de verre de 4 ou 5 centimètres de diamètre et d'une hau- teur suffisante : afin d'empêcher la condensation des vapeurs extérieures sur 12a. ( 93^ ) les parois de la cloche, elle est ajustée avec un bouchon dans un vase cylindrique de verre de 12 ou i5 centiraètrea de diamètre, et d'une assez grande hauteur pour que la couche d'acide sulfurique qui en couvre le fond n'exerce pas une action trop directe sur la partie inférieure de la cloche. On évite ainsi et la condensation des vapeurs et l'effet des courants d'air, qui troubleraient l'un et l'autre la loi du réchauffement. n L'eau du bain doit avoir un niveau de quelques centimètres plus élevé que le niveau de l'eau dans le tube d'évaporation ; elle doit être agitée régu- lièrement avec un agitateur convenable ; la température est indiquée par un thermomètre que l'on abserve au kathétomètre. » liCS choses ainsi disposées , on détermine avec soin la durée du réchauffe- ment de demi-degrés en demi-degrés , par exemple depuis 3 ou 4 degrés jusqu'à 7 ou 8 degrés. Pendant cette première période , il n'y a aucune éva- poration dans le tube; il communique, il est vrai, avec la machine pneuma- tique , ou plutôt avec une cloche sous laquelle il y a de l'acide sulfurique concentré, mais le vide .n'est pas fait. Le réchauffement étant parvenu à 8 degrés , la seconde période commence, c'est-à-dire que l'on fait le vide rapidement, et cependant avec assez de précautions pour que Tébullition soit modérée , sans soubresaut, ni projection de liquide. A l'instant la marche du réchauffement se ralentit; on pourrait même faire retomber le thermomètre à 7°,5, ou du moins le maintenir près de 8 degrés pendant 10 ou 12 mi- nutes, qui est le temps nécessaire pour vaporiser de i à 2 grammes d'eau; alors on rend l'air, et, pour plus de sûreté pendant cette troisième et dernière période, on continue d'observer encore la loi du réchauffement jusqu'à 10 ou 1 1 degrés, la température ambiante étant d'environ 20 degrés. n Ces indications suffisent , sans entrer dans plus de détails , pour faire voir que cette méthode atteint le but : connaissant, par une nouvelle pesée, le poids de l'eau qui s'est évaporée, connaissant le temps pendant lequel le bain , avec tout ce qui le constitue, a été maintenu entre 7 et 8 degrés, par l'effet de l'évaporation , et ce qu'il a dû recevoir de chaleur dans cet intervalle, il est facile d'en détruire la quantité de chaleur que l'évaporation elle-même lui a enlevée. ' ^i. i • >) Plusieurs expériences, doht les résultats sont assez concordants, me donnent environ 56o unités pour la chaleur latente de la vapeur d'eau à o degré. » La principale difficulté de ces expériences résulte d'un phénomène dont , je l'avoue , je n'avais pas tenu assez de compte dans mes prévisions. Les pré- parateurs ont tant de peine à faire réussir dans les leçons l'expérience de ( 933 ) , Leslie,que je ne m'attendais pas à rencontrer ici, comme un obstacle, la con- gélation par le vide ; c'est cependant ce qui arrive. Le liquide qui fournit à levaporation se trouve, comme nous l'avons dit, environné par l'eau du bain , dont la température est de 7 ou 8 degrés, et qui, de plus, est agitée vive- ment, surtout autour du point où le froid se produit; malgré ce réchauffe- ment considérable, la couche superficielle se gèle sans cesse, quand ou ne ménage pas l'opération avec assez de soin , et il arrive souvent qu'elle forme alors une sorte de piston qui, étant lancé par la force élastique de l'eau à la glace qui est au-dessous, s'en va quelquefois jusque dans la machine pneu- matique. Il ne faut pas seulement éviter cette cause d'erreur, il faut même veiller avec le plus grand soin à ce qu'aucune parcelle de liquide ne soit lancée par le bouillonnement, contre les parois du tube, au-dessus du niveau de l'eau du bain. On y parvient en mettant une sorte de tampon lâche de fils fins de platine dans le liquide , et un autre tampon pareil un ^eu au-dessus de sa surface, mais au-dessous du niveau du bain. » Il paraît donc bien certain que, pour la température de la glace fon- dante , la valeur de q — q^ est négative, que la valeur de 2 se détermine en conséquence par la limite inférieure, et que la vapeur d'eau contient des quantités de chaleur croissantes avec la température. y Je suis porté à croire pareillement que les vapeurs d'alcool et d'éther sont à chaleurs croissantes comme la vapeur d'eau; en effet, M. Despretz a déterminé autrefois les chaleurs latentes de ces vapeurs [j^nnales de Chimie et de Physique, tome XXIV, page Sag). Les nombres auxquels il est parvenu , 208 pour l'alcool , 97 pour l'éther , ont été confirmés depuis et peuvent être regardés comme à peu près exacts ; ils se rapportent aux températures d'ébuUition , savoir 78°, 7 et 35", 7, et à des liquides dont les capacités étaient 0,62a et o,520. " Avec ces données, il est facile de voir, par la formule précédente, qu'à la température de zéro, les chaleurs latentes de ces vapeurs devraient être portées la première à plus de 208 + 49 = 267, et la deuxième à plus de 97 4- 19 = 1 16, si elles étaient à chaleur décroissante. >' Or des expériences analogues à celles que j'ai faites pour l'eau me don- nent, seulement pour l'alcool absolu , environ ai5 ou 220; il est vrai qu'elles me donnent pour l'éther un nombre très- voisin de la limite 1 16, ce qui laisse pour ce dernier liquide la question indécise. " 6. Après avoir démontré que la comparaison de deux chaleurs latentes d'une vapeur, prises à deux températures un peu éloignées, suffit en général pour décider si cette vapeur a des quantités de chaleur croissantes ou dé- ( 9^4 ) croissantes, il feste encore à résoudre une question qui est d'un grand inté- rêt pour la science : celle de la détermination du coefficient de capacité. Cet élément est le plus important de la théorie des fluides élastiques; et s'il était connu pour les vapeurs dont on connaît aussi les tensions , on en pourrait dé- duire sinon la loi , du moins la marche des accroissements ou des décroisse- ments des quantités de chaleur. " L'équation des chaleurs latentes, combinée avec celle des quantités de chaleur, donne pour la température o et pour la vapeur d'eau, lOO — (1 — 11) c, = ^ - 372 — 272^^j p, est toujours égal à 760 millimètres, et p k 4"'"',6. Cette valeur de la cha- leur spécifique de la vapeur d'eau à 100 degrés sera d'autant plus grande, que z sera lui-même plus grand; pour z=: o, z = 0,01 , 2^=0,02, z= o,o3, z = o,o4, le dénominateur devient successivement 100, 86, ni, 55 et 3q. D'une autre part, mes expériences assignent, il est vrai, Une valeur positive à l—Xf , puisqu'il paraît bien constant aujourd'hui que X, , ou la chaleur la- tente de l'eau à 100 degrés, est seulement 537; mais en adoptant ce nombre, on aurait X — X, ^ 23, et à moins que z ne fût excessivement petit, on au- rait pour Ci une valeur plus grande que l'unité. » La chaleur spécifique de la vapeur d'eau n'est connue que par les re- cherches de MM. Delaroche et Bérard ; ces physiciens, par une expérience sur laquelle ils conservaient eux-mêmes des doutes, l'ont estimée à 0,847. ^^ grand travail de la chaleur spécifique des gaz dbnt cette expérience fait partie, est, sans contredit, l'un des plus remarquables de ceux que la phy- sique expérimentale ait accomplis au commencement de ce siècle; on peut, dire qu'il n'y a pas un des nombreux résultats qu'il contient qui n'ait été con- firmé, et pas une des méthodes d'observation dont il y a été fait usage, qui n'ait servi au progrès de la science : on ne doit donc pas s'étonner si la plu- part des physiciens ont adopté le nombre 0,847 pou'' '^ chaleur spécifique de la vapeur d'eau, avec plus de confiance que les auteurs eux-mêmes. » L'exactitude de ce résultat me semble cependant peu probable d'après les considérations qui précèdent; et, en examinant,plus Scrupuleusement l'ex- périence de MM. Delaroche et Bérard, je suis porté à croire qu'elle donne réellement un nombre plus grand que 0,847- » Voici, en effet, le passage qui se rapporte à ce calcul {/annales de Chimie et de Physique, tome LXXXIV, page i3i , année 18 13), après ( 935 ) avoir fait deux expériences successives , l'une avec de l'air sec , l'autre avec de l'air satui'é de vapeur d'eau à 89 degrés. Les auteurs disent : « La différence entre les résultats de ces deux expériences, faites exac- 11 tement dans les mêmes circonstances, est donc 9",5 — 8°,4 = i°,i ; c'est » l'effet produit par la vapeur aqueuse. 1) Le baromètre était, pendant la durée de l'expérience, à o'^,'j!')g6, et, » d'un autre côté, la tension de la vapeur d'eau à 89 degrésj^est, suivant la >' table de Dalton , égale à o^joSoS ; par conséquent, dans l'air saturé de va- » peurs, le volume de l'air était à celui de la vapeur dans le rapport de i5 >' à I. L'effet des fluides élastiques sur le calorimètre étant, dans les mêmes )i circonstances, proportionnel à la quantité qui le traverse, il résulte des » expériences précédentes qu'un volume d'air sec élevant la température du » calorimètre de 8*',4 au-dessus de celle de l'air ambiant, un volume égal " de vapeur relèvera de 16°, 5 , toutes choses étant d'ailleurs égales; par » conséquent, la chaleur spécifique de l'air atmosphérique étant i, celle d'un » même volume de vapeur sera 1,96, et d'un même poids 3,i36 qui '1 multiplié par 0,2669, chaleur spécifique de l'air par rapport à l'eau >> donne 0,837. " " Sans entrer dans d'autres considérations , et en adoptant simplement la marche qui est indiquée dans ce passage , je remarque que le volume de la vapeur étant -^ de celui de l'air, lorsque l'air humide traverse le calorimètre il ne passe réellement en air que les -jf du volume , lesquels ne doivent , par conséquent, produire sur le calorimètre qu'un effet égal au f^ de 8° 4 ou 'j°,8']5; l'effet de la vapeur est donc 9,5 — 7,876= i°,625 au lieu de 1° i. Cette différence doit être multipliée par 16 pour rendre l'effet de la vapeur comparable à celui de l'air sec : ainsi, la vapeur seule aurait produit sur le calorimètre une élévation de a6 degrés. A volume égal , sa capacité est donc |^= 3,1 par rapport à celle de l'air, à poids égal 3,i x| = 4,q6- enfin, 4>96x 0,2669= i,32 lorsqu'on la rapporte à l'eau. » Si je ne commets pas moi-même une erreur en indiquant cette correction il en résulterait que l'expérience de MM. Delaroche et Bérard si elle ne donne pas très-exactement la chaleur spécifique de la vapeur d'eau , indique- rait du moins que sa valeur est plutôt supérieure qu'inférieure à celle de l'eau liquide. » En appréciant, d'une part, les incertitudes qui peuvent rester sur la cha- leur spécifique de la vapeur, et , de l'autre , les incertitudes qui peuvent rester aussi, soit sur mes résultats pour la chaleur latente à o degré, soit sur le nombre 537 lui-même, je suis porté à croire que la vraie valeur de z est très- ( 936 ) voisine de 0,02 ou o,o3 , ce qui donne pour le coefficient de capacité de la vapeur d'eau Â:= 1,020, ou A:=i,o3i. » Dans tous les cas , la valeur de q — q,, essentiellement négative pour t <, t, et positive pour t> t,, ne peut pas varier aussi rapidement que s[t — tf), et il en résulte que les chaleurs latentes de la vapeur d'eau vont en décroissant lentement à mesure que la température s'élève, bien que les quantités totales de chaleur aillent elles-mêmes en croissant. Cependant un calcul facile montre que le rapport des chaleurs latentes n'est pas égal au rapport des chaleurs spécifiques, bien qu'il varie dans le même sens. " Cette conclusion s'applique à l'alcool, et très-probablement à l'éther; ainsi , jusqu'à présent, je ne vois pas de liquide dont la chaleur latente aille en croissant avec la température. § ni. >' 7. Nous pouvons passer maintenant à l'examen d'un autre ordre de phénomènes. » On connaît le grand et beau travail de M. Faraday sur la liquéfaction des gaz; cet habile physicien n'est pas seulement parvenu à liquéfier ou à solidifier la plupart des corps aériformes qui, depuis leur découverte, avaient en quelque sorte été considérés comme des fluides élastiques aussi perma- nents que l'air lui-même, mais il est parvenu aussi à mesurer les tensions maximum que ces vapeurs d'une espèce nouvelle sont capables d'exercer à diverses températures. Nous avons donc pour ces corps à grandes puis- sances élastiques et si difficiles à manier lorsqu'ils ont été amenés à l'état liquide, des Tables d'élasticité moins étendues, il est vrai, mais fort analogues à celles que nous possédons pour la vapeur d'eau. » Le tableau suivant, que j'extrais de la cinquième édition de mes Éléments de Physique, page 345 , résume ces données pour les six corps les plus difficiles à liquéfier ; les températures y sont exprimées en degrés cen- tigrades et les tensions en atmosphères. ( 93? ) GAZ ACIDE PROTOXTBE GAZ GAZ HYDROGÈNE TBMPÈBATURE. oléflant. carbonique. tl'azote. chlorhydrique. sulfliydriq. arséniqué. - 87% » y 1,0 » » jj -84,4 » M 1,1 M » u - 81,7 u » 1,2 » » M - 78,9 u 1,2 •,4 U » )) — 76,1 » » 1,6 » » » - 73,3 9,3 .,8 1,8 ',8 1,0 » — 70,5 » U 2,0 M » » - 67,8 10,3 2,8 2,3 2,4 1,2 U - 65,o » » 2,7 1> )) )) — 62,2 1 1 ,3 3,9 3,1 3,1 1,3 » - 59,4 » 4,6 3,6 U » 0,9 -56,7 12,5 5,3 4,1 4,0 ',6 1,1 — 53,9 u » 4,7 u V » — 5i ,1 i3,9 7,0 5,4 5,1 ',9 ',4 -48,3 » » 6,1 u u » -45,5 i5,4 8,9 6,9 6,3 2,4 •,8 -42,8 V » 7.8 )) » » — 40,0 17,0 11,1 8,7 7,7 2,9 2,3 — 37,2 » » 9,7 . » » i> - 34,4 '8,9 i3,5 10,9 9,2 3,5 2,8 — 3i,7 )> » 12,0 » » s - 28,9 21 ,2 16,3 i3,3 '0,9 4,2 3,5 — 26,1 » «7,8 '4,7 » » K — 23,3 23,9 19,4 16,1 12,8 5,. 4,3 — 20,5 « ■' '7,7 i3,9 w 4,7 - 17,8 37,2 22,8 '9,3 i5,o 6,1 5,2 — i5,o » 24,8 21 ,1 .. » » — 12,2 3i,7 26,8 22,9 '7,7 7,2 6,2 — 9,4 » 29,' 24,8 )> u » - 6,7 36,8 3o,7 26,8 21,1 8,4 7,4 - 3,9 » ° 28,9 23,1 » » — 1,1 42,5 37,2 3i , t 25,3 9,9 8,7 + ',7 » » 33,4 » u y + 4,4 » u w 3o,7 11,8 IO,0 » Examinons d'abord les trois premiers de ces corps. Pour abréper les calculs, je me suis borné à prendre au hasard une partie des températures et des pressions observées pour les substituer dans l'éqyation de condition (7), C. R. , 1847, 1" Semestre. (T. XXIV, N<>28.) I 23 (93-8) afin d'en déduire les valeui"^ de z. Les résultats en sont indiqués dans le tableau suivant : j Tableau des résultats jjour le gaz oléfiant, l'acide carbonique et le protoxyde d'azote y em. prenant t, = = — 4° degrés. GAZ OLÉFIANT. ACIDE CARBOKIQlir.. II PROTOXYDE d'azote. I TEMPERATURE. P- 5. P- z. 1- -1,- P- r. 1- -V.- - 67° 8 10,3 0,255 2,8 0 , 0926 -h 6,76 2,3' 0,0959 4- 7,36 -56,7 12,5 0,24? 5,3 0, IOI2 + 3,4 4,1 0,0995 -t- 3,89 - 45,5 i5,4 0,242 8,9 0 , I 084 + 0,89 6.9 o,io33 -+- i,o4, — 40 >o 17,0 » II, i » + 0,00 8,7 )> 0,00 .-,34,4 ■8,9 0,225 i3,5 0, 1218 ' — 0,69 10,9 0 , i o58 — 1,04 ^'23,3 23,9 o,io4 i9'4 0,1248 — 1,89 .6,. o,ii3o — 2,62 — 12,2 3i,7 0,182 26,8 0,1285 — 2,87 22,9 0,1171 — 3,92 - 6,7 36,8 0,173 3o,7. 0, i3i7 — 3,17 26,8 0,1191 — 4,44 — ',' 42,5 0,169 37,2 , 0,1200 3,82 3... 1 0,1217 *^ 4,88 t " Pour l'acide carbonique et le .protoxyde d'azote, les valeurs de 2 crois- sent avec les températures jd'nne manière continue comme pour la vapeur d'eau; elles sont seulement un peu plus grandes, mais l«s différences n'ont rien d'extraordinaire. 11 paraît donc que les quantités de chaleur contenues dans ces vapeurs vont aussi en croissant ou en décroissant régulièrement; elles seront croissantes si l'on doit prendre z au-dessous de la limite infé- rieure , et décroissantes si l'on doit le prendre au-dessus. Nous n'avons pas ici le secours des chaleurs latentes pour décider notre choix entre ces deux alternatives, mais nous avons une autre donnée beaucoup plus précise: le coefficient de capacité a été déterminé directement par les expériences acoustiques de Dulong; ce coefficient est k = l,S3g pour l'acide carbonique, et A = 1 ,343 pour le protoxyde d'azote , ce qui donue z = o,253 et z = o,255. >' O'^st donc la limite supérieure qu'il faut clioisir, et il en résulte cette conséquence très-digne de remarque, c'est que les deux vapeurs dont il s'agit ftdnt à 'quantités de chaleur décroissantes. Ainsi, tandis que i kilo- gramme de vapeur d'eau , a» maximum de tension, contient des quantités de chaleur d'autant plus grandes que la température est plus élevée, il arrive au contraire que i kilogramme de vapeur d'acide carbonique ou de protoxyde d'azote contient d'autant plus de chaleur que la température s'abaisse davantage. ' : ' ' : ( 9^9 ) » Il y a , par conséquent, deux classes de vapeur : les unes à chaleur croissante, les autres à chaleur décroissante; la vapeur d'eau est le type des premières, et la vapeur d'acide carbonique le type des secondes. , , » Puisqu'on connaît le coefficient de capacité et la chaleur spécifique de l'acide carbonique et du protoxyde d'azote par rapport à l'eau , il est pos- sible de calculer le nombre des unités de chaleur gagnées par le refroidisse- ment et perdues par le réchauffement; c'est le résultat de ce calcul qui est indiqué dans la colonne q — q^: on voit, en conséquence , que i kilogramme de vapeur d'acide carbonique doit gagner 6,76 unités de chaleur lorsqu'il tombe de — 4° degrés à — 67,8, et qu'il doit perdre, au contraire, 3,82 unités en s'élevant de — ^o degrés à — 1,1 ; les gains et les pertes de cha- leur sont un peu plus considérables pour le protoxyde d'azote. " Avant de terminer ce qui est relatif à ces deux corps, nous devons rap- peler encore ce que nous avons dit précédemment d'une manière générale; c'est que leurs chaleurs latentes doivent s'accroître considérablement à me- sure que la température s'abaisse , et diminuer très-rapidement à mesure qu'elle s'élève. . ., , : -, > '• On serait porté à croire, au premier abord, que le phénomène de disparition des liquides observé par M. Cagniard-Delatour est lié au mouvement des chaleurs latentes, et qu'il se produit quand la chaleur la- tente devient nulle. Cette conclusion me semblerait prématurée; pour avoir une opinion arrêtée sur ce point, il faudrait savoir comment varient les capacités des liquides pour la chaleur quand ils sont soumis à de hautes températures et à d'aussi fortes pressions. >• 8. Le gaz oléfiant présente deux anomalies extraordinaires : 1° les va- leurs de z tirées de l'équation de condition sont décroissantes à mesure que la température s'élève ; 2° elles sont les unes plus grandes , les autres plus petites que 0,193, qui se déduit du coefficient de capacité donné par Dulong pour le gaz oléfiant. j> La théorie serait donc ici très-gravemeut en défaut. >i Mais qu'est-ce que le gaz oléfiant? celui que Dulong a soumis aux vibrations était-il identique à celui que M. Faraday a soumis à la compres- sion? Il est permis d'en douter; car il n'y a peut-être pas de corps dont l'iden- tité soit plus difficile à établir ; Dulong le savait bien, et M. Faraday, l'a aussi reconnu par des différences inexplicables de force élastique sur des portions de ce gaz qui paraissaient devoir être exactement les mêmes. Au reste , M. Faraday finit par conclure lui-même que les pressions qui correspondent aux températures .inférieures sont trop fortes pour que l'on puisse admettre 123.. ( 94o ) l'existence d'un corps unique; je suis donc porté à croire que des nombres si étranges et si contradictoires que donne le gaz oléfiant, on ne peut tirer aucune objection sérieuse contre les formules théoriques. » 11 est seulement présumable ou que le gaz est, en effet, composé de deux gaz différents, comme l'indique M. Faraday, ou que, du moins, la compres- sion fait naître des liquides isomères, dont les vapeurs ne sont plus iden- tiques avec le gaz primitif. « 9. Le tableau suivant coiitient les résultats du calcul pour le gaz chlorhydrique, le gaz sulfhydrique et l'hydrogène arséniqué, en prenant «, = — 4o. :....■ GAZ CHLOEHÏDRIQDE. GAZ SDLF BTDRIQDE. GAZ aVDROGÈ:' Mais les deux "équations de condition qui précèdent , donnent r(''-') = ^(-'.)[.-.^-(;-.r]- Cette valeur, combinée avec celle àe q — q^^ conduit à la force élastique p est toujours, comme nous l'avons dit, plus petite que p' : il faut cependant que ( — ,) soit > o; d'où il résulte jr > z. « Ainsi , pour < < *, , les valeurs de j sont plus petites que l'unité ; mais z est une limite inférieure , au-dessous de laquelle f ne peut pas descendre. » Par conséquent, I kilogramme de vapeur d'eau ne peut pas exister, à moins que la différence entre la quantité de chaleur de la vapeur à loo de- grés et la sienne ne soit plus petite que c, (372) (i — z) ou c^ x 334, en ( 943 ) prenant , z = o,oa ; ce qui donnerait 284 unités , en adoptant la chaleur spécifique de la vapeur d'eau, de MM. Delarocheet Bérard; ou, en d'autres termes, le kilogramme de vapeur d'eau au maximum de tension qui contient le moins de chaleur possible^ n'en contiendrait pas 284 unités de moins que le kilogramme de vapeur à 100 degrés: mais, en revanche, le kilogramme de vapeur d'eau qui contient le plus de chaleur pourrait en contenir des quan- tités toujours croissantes, car rien n'indique pour j- une limite supérieure. 'j «!» Les résultats deviennent inverses lorsqu'on les applique à l'acide car- bonique; alors, comme nous l'avons dit, c'est par compression qu'il faut agir, et non par expansion, t', p' et c', dans les formules précédentes, i-epré- sentent donc la température, la pression et la chaleur spécifique de i kilo- gramme d'acide carbonique, pris d'abord à zéro par exemple, et au maximum de tension, et comprimé, autant que l'on voudra, dans un vase imper- méable à la chaleur, puis refroidi pour prendre la température i, et la pres- sion maximum correspondante p. » Il faut, comme dans l'autre cas, que [—,) soit > o et < i; et, par conséquent, que l'on ait encore ^ > z. Il en résulte, en achevant les cal- culs avec les données connues, que i kilogramme de vapeur d'acide carbo- nique, au maximum de tension, porté au plus haut degré de clialeur et de compression, ne peut pas avoir i4 unités de chaleur de moins que le même kilogramme à o degré et à 3o ou 4o atmosphères. -.(•>)•; ,\ -, " Au contraire, par expansion, l'acide carbonique peut Pèioevoir des quantités de chaleur indéfiniment croissantes. >i On comprend, d'après cela, que le mélange en diverses proportions de deux vapeurs de type différent doit donner, par la compression et l'expansion, des phénomènes très-coxnplexes ; il y aura peut-être un grand intérêt à étudier, sous ce point de vue, les changements qui se peuvent pro- duire, par les variations barométriques, dans les couches de l'atmosphère plus ou moins chargées de vapeurs d'eau. » , ; . . TFfÉORiE DES NOMBRES. — Sur la décomposition d'un polynôme radical à coefficients réels en deux parties, dont la première est un polynôme radical à coefficients entiers, et dont la seconde offre un module plus petit que l'unité; par M. Augustiiv Cauchy. PHYSIQUE. — Sur l'attraction magnétique à l'appui de la théorie de l'universalité du magnétisme i par W. deHaidat. (Extrait par l'auteur.) « M. de Haldat a présenté , sur l'attraction magnétique , un Mémoire dont ( 944 ) le but principal est de répondre aux objections opposées à la théorie de Tuniversalité du magnétisme établie dans un précédent Mémoire présenté à l'Académie en mai 1846. » On examine ici : 1 ". si les deux modes de manifestation de l'état magné- tique proposés par M. Faraday sont exactement établis, et l'on prouve que la distinction qu'il a faite entre les corps qui prennent la direction parallèle à l'axe des aimants ou direction de l'influence magnétique, et ceux qui se dirigent transversalement à cet axe, distinction déjà reconnue dès l'année 1821 , par M. Becquerel, a des caractères qui ne peuvent être méconnus, et qui apparaissent plus évidents quand, pour les constater, on a recours à des substances qui possèdent au degré le plus prononcé la propriété de prendre ces directions différentes, telles que le bismuth et le cuivre, sous forme d'ai- guilles minces. On prouve aussi que ces directions opposées ne peuvent pas être attribuées à la longueur des aiguilles et ne sont pas le résultat d'une composition de force, puisque les mêmes directions subsistent dans les mêmes aiguilles, quelle que soit leur longueur. On prouve, enfin, qu'on peut obtenir des aimants qui prennent à volonté la direction longitudinale ou transversale, en les composant de petits fragments d'aiguilles d'acier très- minces, de 2 à 4 millimètres de longueur, et qui, réunis dans des tubes de verre, peuvent recevoir artificiellement des dispositions qui leur donnent la direction désirée. » 2°. L'auteur a examiné si cette dispositicJn des corps à prendre des di- rections différentes relativement à l'axe des aimants entre les pôles opposés desquels ils sont placés , peut être assimilée aux électricités vitrées et rési- neuses, et n'a pas trouvé de preuves favorables à cette opinion; car les expé- riences tentées pour obtenir des phénomènes de l'électricité statique, par des procédés purement magnétiques , ont été sans aucun succès. » 3°. Les recherches qui ont pour but de reconnaître la disposition des corps à obéir à l'influence des aimants, et qui forment la troisième partie de ce Mémoire, y sont présentées comme propres à constater la présence du fer dans les corps. Elles établissent des différences très-remarquables entre les divers produits de ce métal, selon ses étals d'oxyde, d'aUiage, soit avec les métaux ou les métalloïdes, ou selon qu'il est sous forme de sel. Dans ce dernier état, la disposition à acquérir l'état magnétique est à son minimum : nulle dans plusieurs de ces substances , elle n'est entière dans aucune. De ces recherches il résulte que le fer est le corps le plus éminemment magnétisable; que des quantités infiniment petites de ce métal peuvent être indiquées paf la suspension des corps qui en contiennent entre les pôles (945) opposés de puissants aimants, et que ce procédé ne le cède pas au procédé chimique comme moyen d'indication. Toutefois l'auteur est bien éloigné de conclure, avec les partisans du magnétisme spécial, que les phénomènes d'attraction magnétique supposent la présence du fer, puisqu'on peut former , des corps avec des éléments composants, dans lesquels il est impossible de le supposer. >' 4°- La quatrième partie de ce Mémoire est destinée à éclairer la pra- tique dans la fabrication des aimants à foi'ce constante. Elle renferme l'expo- sition d'expériences sur la disposition des divers produits du fer à acquérir et à conserver l'état magnétique , et sa conclusion est que la pureté de ce métal est la condition essentielle de la disposition à acquérir ce pouvoir; comme la disposition à le conserver consiste dans les proportions exactes entre les principes qui constituent ce métal à l'état d'acier. » RAPPORTS. PHYSIQUE DU GLOBE. — Rapport sur un Mémoire de M. Wisse, intitule' : Exploration du volcan de RucuPichincha. (Commissaires, MM. Elie de Beaumont, Duperrey, Boussingault rapporteur.) « L'Académie nous a chargés de lui rendre compte d'un Mémoire de M. Wisse , intitulé : Exploration du volcan de Rucu-Pichincha ( république de l'Equateur ). » Quito, où réside actuellement M. Wisse, est placé sur un plateau très- élevé et très-étendu que limitent deux chaînes de montagnes à peu près parallèles et dirigées du nord au sud. Dans ces cordilières , de nature tra- chytique, se trouvent plusieurs volcans actifs : le Gotopaxi, le Tunguragua, le Sangai , le Pichincha , offrartt le singulier spectacle de pics recouverts de neige d'où sort presque continuellement une colonne de fumée. C'est que l'altitude des hautes cimes des Andes dépasse généralement 4 800 mètres au- dessus du niveau de la mer, hauteur de la limite inférieure des neiges perpé- tuelles, sous la zone équinoxiale. Ces pics, si accidentés dans leurs formes, auxquels on peut joindre Cayambé, Pamba-Marca, Papa-Urcu, Chilla- pulco, Chichichoco, sont devenus célèbres, malgré leur dénomination passa- blement indienne , depuis qu'ils ont servi de signaux dans la triangulation exécutée par les académiciens français pour mesurer, sous l'équateur, quelques degrés du méridien terrestre. , . . . , O.K., i8i6, !«■■ Semestre. (T. XXIV, N" 220 1^4 ■( 946 ) » Dans ces populations , établies sur les grands plateaux des Andes , où la civilisation a toujours eu le plus de tendance à se développer , les événements qui agitent si fréquemment et si profondément les autres parties du monde , ne se produisent là qu'à de rares intervalles. La vie y est peu active, douce, monotone peut-être, comme le climat; les souvenirs y sont durables. Ainsi, après un intervalle d'un siècle, on s'entretient de la mesure des degrés du méridien , comme si l'opération venait d'être terminée; les noms de Godin, de Bouguer, de la Gondamine, de .Tussieu, sont populaires à Quito, et l'on ne manque pas de montrer à l'étranger, qui arrive dans cette ville, la maison qui était occupée par < Messieurs de la Compagnie française. » » Le séjour prolongé des savants illustres dont on vient de prononcer les noms n'a pas été sans influence sur la vocation, l'aptitude pour l'étude des sciences qu'on remarque chez les habitants de Quito , et dont nous avons eu récemment une nouvelle preuve , dans la longue et importante suite d'obser- vations météorologiques faites à l'Antisana, par M. Garlos Aguirre. » M. Wisse devait rencontrer, et a rencontré en effet, à Quito, le plus utile concours. Le premier travail que ce jeune professeur a adressé à l'Aca- démie a pour objet la description du cratère d'un volcan ; c'est que , dans une contrée où les tremblements de terre sont fréquents , et où l'on a conservé le souvenir des désastres causés par les éruptions du Cotopaxi , du Tunguragua et de la Moya de Pelileo , les phénomènes volcaniques sont ceux (jui frappent le plus l'imagination , qui excitent le plus vivement la crainte , l'intérêt ou la curiosité. Ges phénomènes , souvent si redoutables , ont attiré l'attention des Européens dès le commencement de la conquête du Nouveau Monde. Ainsi, lorsqu'au mois d'octobre iSig, l'armée espagnole, réunie à un corps d'Indiens Tlascaltèques , traversait la cordilière d'Ahualco, dans sa marche sur Tenoctitlan, elle se trouva en vue du Popocatepetl , et ce fut très-probablement là qu'eut lieu la première tentative faite pour explorer les volcans de l'Amérique, comme tend à le prouver un passage d'une des Lettres adressées par Fernand Cortès à Charles-Quint : « Voyant » sortir de la fumée d'une montagne très-élevée , et désirant pouvoir faire " à Votre Majesté un rapport détaillé sur tout ce que ce pays renferme de " merveilleux, je choisis, entre mes compagnons, dix des plus courageux, '1 et je leur donnai l'ordre de monter sur la montagne pour y découvrir le » secret de cette fumée. » Bernai Diaz del Castillo, dans sa Chronique, dit qu'un des plus intrépides capitaines, Diego Ordaz, fit partie de l'expédition qui échoua néanmoins, à cause de l'abondance de la neige, de la rigueur du froid et de rinapétuosité du vent. Un bruit considérable qu'on entendit ( 947 ) fin approchant du sommet détermina surtout l'expédition à rebrousser chemin, n'emportant avec elle que de la neige et quelques morceaux de glace, dont la vue , ajoute Fernand Certes, nous étonna beaucoup, parce que ce pays est sous le ao* degré de latitude , et que , par conséquent , sui- vant l'opinion des pilotes, il devrait y faire très-chaud. En iSaa , les Espa- gnols réussirent enfin à pénétrer dans le cratèi*e du Popocatepell. Dans une de ses Lettres , Fernand Gortès annonce qu'il ne manque plus de soufre pour fabriquer de la poudre, parce qu'un certain Francisco Montano en a extrait du volcan, en se faisant descendre , attaché à une corde, jusqu'à la profon- deur de 70 à 80 brasses. Cortés reconnaît que cette manière de se procurer du soufre n'est pas exempte de dangers, et que, par cette raison , il sera plus prudent d'en faire venir de Séville. » Un peu après cette époque , c'était en 1 552 , un homme fut assez témé- raire pour renouveler une pareille tentative dans le volcan de Granada , situé non loin du lac de Nicaragua ; cet homme n'était pas un soldat, mais un moine de l'Ordre des Dominicains, nommé Blas de lùema : sou but n'était plus de se procurer du soufre, mais de l'or. A'cet effet, Blas s'était muni d'une cuiller et d'un seau en fer pour puiser et recueillir le précieux métal; l'explorateur et les appareils étaient suspendus à une chaîne de i4o brasses. Inutile d'ajouter que, bien avant d'arriver à la matière incandescente, le moine dominicain, suffoqué par la chaleur, s'empressa de donner le signal qui devait le faire remonter au jour, où il arriva dans l'état le plus déplo- rable. .- ' , ■ ■ ,'• .-,. , , . ;.' - . ' ■ "■ . , » Les faits qui viennent d'être relatés ont suggéré à M. de Humboldt cette réflexion : que , de nos jours , aucun naturaliste voyageur ne s'est engagé , par zèle pour les sciences, dans des entreprises aussi hasardées que celles que l'on a tentées dans le seizième siècle pour retirer du soufre ou de l'or de la bouche des volcans enflammés. Nous croyons devoir contester l'exactitude de cette assertion; car, pour nous, M. de Humboldt, lui-même, est la preuve la plus évidente de tout ce que l'amour désintéressé des sciences peut inspirer de dévouement et de courageuses résolutions. Ce n'était pas en cherchant du soufre, et moins encore de l'or, que l'illustre voyageur faillit perdre la vie dans la crevasse de Verde-Cuchu, alors qu'il explorait le Pichincha. C'est aussi l'intérêt seul de la science qui, quarante-quatre ans plus tard, a conduit M. Wisse, à travers mille dangers, dans les cratères jusque-là inexplorés du même volcan. » Le volcan de Rucu-Pichincha est situé à 18 kilomètres, et à l'ouesl- îiord-ouest de Quito : bien que cette distance soit peu considérable, on met I24-- (948) sept à huit heures pour la franchir, à cause ties sinuosités de la route. Arrivés au point nommé el Arenal , on commence à gravir une pente extrê- mement rapide , un talus de pierre ponce, du sommet duquel la vue plonge, presque à pic, dans un immense cavité. Vu des crêtes supérieures qui l'en- tourent, le Pichincha présente deux cratères distincts, séparés par une espèce de mur, une arête de trachyte. Au fond des cratères on distingue le lit de torrents par où s'écoulent les eaux. De l'Arenal, la descente dans le premier cratère, ou cratère oriental, ne présenta pas de grands obstacles; mais il n'en fut pas de même pour parvenir dans la cavité occidentale. M. Wisse avait d'abord espéré y pénétrer en suivant le cours des torrents , mais bientôt il fut arrêté par des escarpements de l\o à 5o mètres. Il fallut donc gravir l'arête de partage, le mur de rocher qui divise les deux cratères. La descente, comme il arrive généralement, offrit les plus grandes diffi- cultés. Sur des pentes aussi inclinées on ne peut se maintenir qu'autant que le sol est assez meuble pour qu'on puisse y former, par la pression du pied, une espèce de marche; mais cette mobilité du terrain qui atténue l'obstacle augmente le danger, en inspirant trop de sécurité. En effet, quand ou se croit solidement établi , il arrive que subitement une grande surface du sol se met en mouvement , entraînant tout avec elle. C'est ce qui est arrivé à M. Wisse et à ses compagnons; aussi on ne peut pas précisément dire qu'ils sont descendus , mais qu'ils ont eu le bonheur de tomber sans se rompre le cou dans le cratère occidental du Rucu-Pichincha. >' M. Wisse , aidé par son élève , M. Garcia Moreno, a levé, en détail, le plan des deux grandes cavités du volcan. Le plan qui accompagne son Mémoire présente beaucoup d'intérêt ; plusieurs coupes donnent une idée exacte de la disposition des fissures par lesquelles s'échappent les vapeurs sulfureuses. On voit, sur ce plan , que le cratère occidental, à peu près cir- culaire, a environ un diamètre de 45o mètres: à l'ouest de cet emplacement qui , à l'exception d'une coupure par où sortent les eaux , est entouré d un mur de trachyte de 4oo à 5oo mètres de hauteur , on trouve une protubé- rance à peu près conique de 80 mètres d'élévation. C'est de ce cône que s'échappent en grande abondance de l'acide sulfureux , de la vapeur d'eau et de l'acide sulfhydrique. Il est bien à regretter que M. Wisse n'ait pas été muni , dans cette expédition , des réactifs nécessaires pour constater la présence de l'acide carbonique, acide qu'on a constamment rencontré dans les autres volcans de l'Equateur. » Ce sont des morceaux de ponce, des trachytes, dont le volume varie depuis quelques centimètres jusqu'à 4^5 mètres cubes, qui forment par ( 949 > leur accumulation pêle-mêle des cavernes, des espèces de cheminées, des soupiraux par où s'échappe, avec bruissement, de la vapeur aqueuse. C'est dans les fissures les moins chaudes que le soufre se condense en cristaux. Sous le rapport géognostique, le Rucu-Pichincha présente les mêmes carac- tères que les autres volcans de la province de los Pastos, des trachytes eu place, des blocs de trachytes fendillés et amoncelés, de la pierre ponce et pas de trace d'une coulée de lave. n Dans les vallées des Andes, qui sont dominées par des volcans, on observe constamment des espaces plus ou moins étendus, jonchés de roches de trachyte, véritables blocs erratiques que la tradition attribue à une éruption. Puracé, Pasto, Cumbal ont leur nimipaniba ou champ de pierre. Ce sont ces blocs, qui {gisent à une assez grande distance de la base du Coto- paxi, dont la Condamine dit qu'ils atteignent souvent, en grosseur, le volume de la chaumière d'un Indien; cette estimation n'a rien d'exagéré, puisqu'un de vos Commissaires a mesuré un de ces blocs qui avait 21 mètres cubes, et qu'on supposait avoir été lancé par le Cotopaxi lors de la dés- astreuse éruption de 1746. Le rumipamba le plus remarquable, dépendant duPichincha, est celui d'Aùa-Quito, qui, toujours suivant la tradition, aurait été formé par l'éruption de iSSg. M. Wisse doute que telle soit l'origine de ces roches, parce que, suivant ses calculs, il aurait fallu que ces énormes projectiles eussent été lancés à 3700 mètres au-dessus du cône d'éruption pour avoir pu retomber sur le versant oriental de la cordillère avant de rouler dans la plaine où ils sont actuellement. Une seconde objection que M. Wisse ajoute à la première, pour combattre l'opinion de la tradition, c'est que les blocs d'Ana-Quito sont tellement nombreux et tellement volumineux, qu'on ne saurait concevoir qu'ils soient sortis des cratères, dont la capacité, selon lui, ne pourrait pas les contenir à beaucoup près. Au reste, il n'est peut-être pas possible déjuger le volume des matières lancées par un volcan d'après les vides apparents qui se sont formés dans ses bouches d'éruption. ^ » Quelle que soit d'ailleurs l'origine des blocs erratiques qui bordent en quelque sorte les montagnes volcaniques de l'Equateur, il paraît évident que les champs de pierre n'ont été formés qu'après le soulèvement des chaînes trachytiques. On peut appuyer cette opinion de quelques considérations géologiques qui nous semblent de nature à fixer un instant l'attention de l'Académie. » Le plateau trachytique de Quito, que l'on peut considérer, suivant l'heureuse expression de M. deHumboldt, comme un volcan polystome, ( 95o ) est lecouvert, dans toute l'étendue de ses vallées, par un sédiment arénacé, plus ou moins solide. Les fentes, les anfractuosités qui caractérisent la roche trachytique, ont été remplies, comblées par les conglomérats ponceux, les argiles [tepetate),\es sables agglutinés , presque toujours déposés en couches nombreuses horizontales. Ces sédiments constituent le sol des vallées, des steppes que l'on parcourt depuis Pasto jusqu'à Riobamba, en restant à une hauteur absolue de 3ooo à 4ooo mètres. Ces dépôts alluvials, qui atteignent quelquefois une épais>:eur de plusieurs centaines de mètres, particuUère- ment au milieu des larges vallées, sont sillonnés par des ravins profonds, étroits, résultat de l'érosion des eaux qui coulent encore dans ces lits encaissés. Ce sont ces fréquentes coupures qui occasionnèrent tant de difficultés aux académiciens français lorsqu'ils eurent à choisir un em- placement convenable pour y mesurer la base, point de départ de leur triangulation. " C'est à la surface de ces dépôts stratifiés généralement en couches horizontales et reposant sur la roche en place, que sont venus se placer les blocs erratiques, dont la constitution minéralogique est exactement semblable à celle des trachytes qui forment les crêtes les plus élevées des volcans; ces blocs trachytiques, par la disposition qu'ils affectent dans les rumipamhas , ne sont pas sans une certaine analogie avec les moraines des anciens glaciers. , >' Dans l'intérêt des discussions qui pourront s'élever un jour sur l'origine de ces singuliers champs de pierres , il était utile de lier exactement , comme l'a fait M. Wisse, la position d'Ana-Quito à celle des cratères d'éruption du Pichincha; ce travail topographique, combiné à un nivellement baro- métrique exécuté avec de bons instruments, forme, avec la relation de l'expédition, une suite de documents importants pour l'histoire des volcans. On ne saurait trop encourager ce genre de recherches; car, il faut bien l'avouer, malgré des travaux déjà assez nombreux , nos connaissances sur ce point de la physique du globe sont encore peu avancées. " En conséquence, vos Commissaires ont l'honneur de vous proposer d'adresser des remercîments à M. Wisse pour son intéressante communi- cation. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( 95. ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Commission de neuf membres qui sera chargée de l'examen des pièces ad- mises au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon. MM. Serres, liallemand, Roux, Andral, Velpeau, Rayer, Duméril, Ma- gendie et Flourens réunissent Ja majorité des suffrages. i>I£MOIB£$ PRÉSENTÉS. ''■■'., PHYSIOLOGIE. — Obseivations sur la contraction musculaire ; parM. Prévost. (Commissaires, MM. Duméril, Milne Edwards, Valenciennes.) « î,ies muscles sont l'élément contractile au moyen duquel les mouvements sont exécutés chez les animaux ; la fibrine en est la base. Celle-ci existe dans le sang, où elle est en solution dans le sérum; en se précipitant, elle dé- termine la coagulation du sang. Si, dans une goutte d'eau, l'on projette une goutte de sang, d'une certaine hauteur, on voit au microscope les globules jouges flotter dans le liquide, et la fibrine séparée sous la forme de petits caillots d'un blanc jaunâtre; leur apparence est entièrement semblable à celle des fragments de la croûte inflammatoire que l'on observe dans les phlegmasies : c'est une masse confuse tenant le milieu entre une gelée et des globules agglomérés. Ce caillot est très-élastique, assez résistant, et se déchire en fragments in-éguliers. Au moyen de la compression, on en sépare des granules sphériques d'un diamètre de o""",ooi, qui nagent dans le liquide, et semblent avoir perdu toute capacité d'adhérer entre elles; il s'en voit encore d'autres plus grosses d'un diamètre de o'"™,oo5. Ces globules-ci sont fort transparents et rappellent les globules lymphatiques du sang ; je les crois engagés dans la fibrine comme les globules rouges dans le caillot, sans en former la portion constituante. » Chez l'embryon des Vertébrés, les muscles de la vie animale ont d'abord la forme de cylindres gélatineux fort transparents: plus tard, la partie cen- trale de ces cylindres s'organise en filets rougeâtres; ils occupent peu à peu tout l'intérieur du cylindre, et la gelée qui les enveloppe s'amincit et se change en une fine enveloppe. Chez les Vertébrés, les Crustacés et les In- sectes, il existe une grande différence entre les muscles de la vie animale et ceux de la vie organique. Nous entrerons , à cet égard , dans de plus grands détails ailleurs. La fibre musculaire du cœur semble tenir le milieu entre les ( 95^ ) deux ordres. Tandis que les muscles du mouvement volontaire présentent des cylindres réfjuliers; que ceux des intestins semblent disposés en paquets de fibres étroites juxtaposées les unes aux autres, mais sous forme cylindrique, dans le cœur, on voit encore quelques cylindres très-minces et plissés trans- versalement. Chez les Mollusques, dont les mouvements de locomotion rap- pellent ceux nommés péristaltiques, l'un et l'autre système ne présentent que des muscles disposés comme ceux de la vie organique. >' Dans la Note que je publie en ce moment, je m'occuperai des muscles de la vie animale d'un insecte très-commun dans nos jardins, le Carahus auratus. Si nous exposons sous le microscope quelques faisceaux charnus, convenablement étendus dans l'eau, nous voyons qu'ils sont entièrement composés de cylindres de longueur et de diamètre divers : il est difficile d'estimer leur dimension longitudinale; la transverse varie entre o""°,oa et o^^joS. Les cylindres jaune pâle chatoyants sont entourés d'une membrane celluleuse extrêmement fine, et adhèrent très-faiblement entre eux; on remarque à leur surface des plis transverses, très-réguliers, très-prononcés, qui, par leur transparence, offrent à l'œil des ligues circulaires noires, plus ou moins larges, plus ou moins éloignées les unes des autres, selon que la fibre musculaire est dans un état de contraction ou de relâchement. Dans l'état de relâchement, les crêtes de ces plis sont à une dislance de o™",oo42. Lors- que le cylindre musculaire est contracté , ces mêmes crêtes sont toutes rap- prochées les unes des autres, et le diamètre du cylindre en est un peu grossi. » Du reste , il n'est plus question ici de ces inflexions en zigzag de la fibre musculaire. Ijorsqu'elle se contracte , les plis se serrent par le rapprochement des particules qui constituent le cylindre fibrineux, et qui , gravitant les unes contre les autres dans le sens longitudinal , occupent un espace moins long et déterminent ainsi le mouvement des plis; il est aisé de s'assurer par l'obser- vation directe de la réalité du fait. Si l'on examine des paquets de fibres ar- rachées immédiatement à l'animal, on les voit dans l'eau où elles sont sus- pendues, exécuter des mouvements ; elles se raccourcissent, se tordent, on voit les plis se rapprocher; et même les contractions étant ici tout à fait anor- males, les plis s'effacent et le cylindre présente un assemblage de petits nœuds. En cet état, ou remarque très-bien le rapprochement des granules fibrineuses entre elles, et leur application les unes aux autres, suivie de relâ- chement; une portion du cylindre est entièrement plissée , et c'est en général sur ce point d'attache que joue la partie libre, qui passe incessamment du repos à l'action, de la contraction au relâchement. >i J'ai été curieux d'observer sur cette action spontanée de la fibre mus- culaire, l'effet de quelques agents; un seul courant galvanique produit, dans ( 953 ) les cylindres , de vives contractions , mais épuise assez promptement leur irritabilité. Laissés à eux-mêmes dans de l'eau pure et à la température de a5 degrés centigrades, les cylindres continuent à se mouvoir pendant trente à qua- rante minutes, peut-être plus. " Dans une solution saturée de chlore , étendue dans quatre fois son poids d'eau distillée, le mouvement est plus vif, les contractions plus énergiques; mais le temps pendant lequel elles ont lieu n'est pas plus long. » Dans une solution de i partie d'acide cyanhydrique dans 99 parties d'eau, nous voyons immédiatement de vives contractions dans les cylindres; mais, au bout de deux minutes, toute irritabilité est détruite sans retour. " Dans une solution de i partie de morphine pour 99 parties d'eau dis- tillée, les contractions des cylindres continuent pendant cinq à six minutes, et sont abolies sans retour. » Dans une solution de r partie de sulfate de strychnine pour 99 parties d'eau , les contractions musculaires étaient très-vives; toutefois, elles ces- saient au bout de trois minutes, presque le même temps que dans la so- lution d'eau cyanhydrique : mais l'aspect des cylindres sous le microscope était très-différent ; les fibrilles offraient encore , en flottant dans le liquide, cet aspect tortillé, contracté, qu'elles avaient pris au moment où le liquide vénéneux les avait touchées. " Je n'ai pas poussé plus loin ces observations, qui n'ont fait, au reste, que confirmer ce que l'on savait déjà , c'est que les liquides que nous avons employés exercent leur action sur le systènie nerveux, soit à la portion cen- trale, soit à la partie périphérique. Ces expériences, très-aisées à répéter , montrent que le microscope, en variant les sujets de ses observations, peut jeter du jour directement sur le mécanisme d'actions qui paraissaient trop éphémères chez les Vertébrés, pour y être convenablement soumises. » Je donnerai , incessamment, des dessins comparatifs de la fibre mus- culaire, dans les diverses classes du règne animal. » OROGRAPHIE. — Nouvelle Note sur la couleur des eaux et sur les substances ve'gétales quelles peuvent contenir; parM. J. DvRocnER. i'. '■' ■■■■■, • . i ■ • ;-.'t»,v. t (Commission précédemment nommée.) ,;. . ,...,,.. « Dans la réponse à ma Note du 19 avril, que M. Martine a présentée à l'Académie lé 5 mai dernier, il n'articule aucun fait important pour la ques- C. R., i»47, i"SemeiIre.(T. XXIV, N'0 28.) 125 ( 954 ) tion en litige; je me serais donc abstenu de toute réplique, si je n'avais eu d'autres observations à communiquer. Je ne chercherai point dans quel but M. Martins voudrait faire croire que je renonce à mon opinion; et, sans entrer dans aucune discussion de mots, je me borne à maintenir mes conclu- sions précédentes, savoir : i" que le bleu est, abstraction faite des variations de nuances, la couleur propre des eaux qui s'écoulent des champs de neige et de glace ; 2" que ce caractère est sensible en Suisse comme en Norvi^ége , sauf le cas où les eaux sont complètement troubles; 3° que la teinte bleue peut être modifiée , passer au vert par le mélange de substances colorées. En outre , je disais dans ma première Note (Comptes rendus, tome XXIV, page 444) qu^ c'est à l'existence de matières organiques et probablement de nature végé- tale, que me paraît tenir l'absence de la couleur bleue dans les eaux des rivières et des lacs de la Suède. C'est à une conclusion semblable qu'est arrivé M. Deville dans ses recherches récentes sur les eaux potables, dont un extrait a été présenté à l'Académie le 19 avril dernier. Ce chimiste a, en effet, constate par l'analyse qu'il n'y a pas de matière colorée dans les eaux bleues du lac de Genève, tandis qu'il a reconnu dans les autres eaux la pré-' sence d'une matière organique, jaune et identique, suivant lui, aux acides créniques de M. Berzelius. » Je citerai, à cette occasion, un fait que j'ai observé il y a déjà quelque temps, et qui montre que le développement de végétaux cryptogamiques se manifeste rapidement dans les eaux qui renferment des quantités très- faibles de matières organiques. De l'eau de source d'excellente qualité et très-limpide, prise à Rennes et abandonnée à elle-même dans un flacon en verre, bouché à l'émeri, a laissé, au bout d'une quinzaine de jours, déposer au fond de ce flacon des corpuscules végétaux, d'abord très-ténus, mais qui plus tard sont devenus de plus en plus visibles , en prenant une teinte verte, avec mélange de parties d'un gris jaunâtre. En augmentant de volume et s'agrégeant ensemble , ces corps ont formé des conferves réunies par touffes, ayant 5 à 6 millimètres de hauteur. J'ai vu le même phénomène de végé- tation se produire dans de l'eau distillée, contenue également dans des flacons bouchés, mais provenant d'alambics de pharmacie, qui avaient servi à la distillation de matières organiques. » On conçoit que les eaux qui s'écoulent des neiges et des glaces sont , en général, privées de substances végétales, et, par suite, elles doivent offrir, quand elles ne sont pas tout à fait limoneuses, la teinte bleue qui paraît propre à l'eau chimiquement pure; mais, au contact de l'air, elles s'im- prègnent peu à peu de particules organiques et de sporules qui s'y trouvent ' ' ( 955 ) en suspension , et, à mesure que le contact est plus prolongé , la proportion de matière organique doit augmenter. D'ailleurs, comme dans l'expérience que je viens de citer, les corpuscules végétaux peuvent prendre vie dans les points où ils trouvent des conditions favorables à leur existence, et ils doivent s'accroître de plus en plus par la réduction de l'acide carbonique. " A mesure que les substances organiques contenues dans les eaux augmentent en quantité, quelle qu'en soit la nature, elles tendent à en mo- difier ou même à en effacer la couleur bleue par la superposition de celle qui leur est propre. On comprend d'ailleurs qu'en raison de leur origine, les eaux de source et celles de la plupart des rivières et des étangs que nous avons en France doivent habituellement contenir des substances organiques, et ne peuvent avoir la même teinte que les eaux provenant de la fonte des □eiges et des glaces. " , , , . ÉCONOMIE RURALE. — Influence de la division de la propriété en général et des vignes en particulier , sur les progrès de l'agriculture, et sur le bien-être de la masse des citoyens ; par M. Bouchardat. (Extrait par l'auteur. ) ( Commissaires, MM. Mathieu, Héricart de Thury, de Gasparin.) « Tout le monde reconnaît aujourd'hui les inconvénients du morcelle- ment toujours croissant de la propriété: il est donc inutile d'insister sur ce point, sur lequel de nombreux travaux ont été exécutés dans ces derniers temps ; mais il ne sera pas sans intérêt de rechercher quelle a été jusqu ici l'influence de ce morcellement sur le bien-être de la masse des citoyens. » Je ne m'occupe, dans ce Mémoire, que d'une contrée très-limitée, une partie seulement de l'ancienne élection de Vézelay; mais mes études ont une base excellente. La statistique agricole de ce pays a été dressée il y a un siècle et demi par le maréchal Vauban, dans sa Description géographique de l'élec- tion de Vézelay. n Etat comparé de la propriété en 1696 et en 1846. — La part du peuple dans la propriété, en 1696, est facile à compter. Voici comme Vauban s'exprime à cet égard : « Le peuple ne possède pas un pouce de terre. « Aujourd'hui le peuple qui cultive la terre la possède en grande partie. Au temps où Vauban écrivait, toute la propriété était réunie en grandes pièces dans un petit nombre de mains ; aujourd'hui la division a atteint souvent des proportions incroyables: il existe beaucoup de parcelles de vignes de un, deux, trois, quatre ou cinq ares; pour les champs, la division est moins grande , mais elle est encore considérable. laS. . (956) » Valeur comparée de la propriété en 1696 et aujourd'hui.— Le?, nombres compris dans le tableau qui suit, sont tirés d'actes authentiques, et complétés par des estimations exactes; ils se rapportent à quelques pièces de terre ou de pré pris au hasard. Champ de 5o ares Champ de io5 ares Pré de 3i ares. . . . Pré de 27 ares. . . . Champ de 100 ares Champ de iSa ares. Champ de 100 ares. VALEUR en 1696. IIT. 60 220 55 52 420 220 VALEUR en 1723. 70 3i5 55 VALEUR en i8i3. 200 400 3oo 25o i8o 800 400 VALEUR en 1846. 1 600 3 000 2000 I 5oo 600 2600 2400 » De 1693 en i8i3_, la valeur de la propriété n'a pas pris un essor consi- dérable , tandis que de i8i3 à 1847 '^ ^ ^'^ extraordinaire; cet accroisse- ment a coïncidé avec le morcellement progressif de la propriété, comme je l'établis dans le Mémoire. » Etat de la culture en 1696 et aujourd'hui. — « FjC rapport des terres, 1 dit Vauban, ne va guère à plus de trois et demi pour un; les habitants " sont lâches et paresseux. On cultive presque exclusivement le seigle, » J'orge et l'avoine; un septième des champssont en friche , et un cinquième )' des vignes. » » Aujourd'hui les choses ont bien changé de face: aucun champ médiocre n'est en friche, la culture a gagné les morceaux les plus stériles, toutes les vignes sont cultivées; les produits de la terre sont plus variés et ont doublé en quantité. » Sort des habitants des campagnes en 1 696 et en 1 846. — En 1 696 l'habi- tant des campagnes ne mangeait que du pain d'orge et d'avoine , ne buvait que très-rarement de vin, ne mangeait pas de viande plus de trois fois par an. Beaucoup d'enfants mouraient par défaut de nourriliue; tous étaient à peine couverts de mauvaise toile à demi pourrie. Aujourd'hui le sort du peuple est bien changé: si l'alimentation laisse encore quelque chose à désirer, elle diffère beaucoup de ce qu'elle était en 1696. Nous pouvons, à ( 95? ) J'aide de chiffres précis, nous faire une idée exacte de la différence des deux situations. " En 1696, la population des communes du département de l'Yonne, comprise dans l'ancienne élection de Vézelay, était de 8486; elle était, en 1846, de 16 ia4- » Seize mille habitants vivent à l'aise sur le même pays où huit mille mouraient de faim. ' ■ Conclusions, . . • ' • \ » Toutes réserves faites pour les nombreux inconvénients que pré- sentent pour la culture les parcelles très-petites, on peut conclure des faits que j'ai exposés dans ce Mémoire, que la division de la propriété est l'œuvre la plus considérable de la Révolution. Le sol est aujourd'hui la grande caisse d'épargne de l'habitant des campagnes: c'est ce morcellement de la terre qui a fondé chez nous , sur des bases immuables , le bien-être et l'égalité des citoyens. » , . MÉCANIQUE PHYSIQUE ET EXPÉRIMENTALE. — Êtudes expérimentales sur les cours d'eau; deuxième partie (i) : jaugeage par les déversoirs,- par M. BOILEAU. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin.) i: Je me suis proposé, dans ces recherches qui ont été précédées de la construction d'un nouvel et vaste établissement expérimental, de déterminer les éléments du jaugeage des cours d'eau à section peu étendue qui alimen- tent les usines. FiC procédé qui m'a paru le plus simple et le plus en rapport avec la nature du sujet consiste à établir, dans une portion régulière du cou- rant, un barrage vertical à biseau, et à laisser le fluide couler sur toute sa largeur, de sorte que les phénomènes de la contraction des veines liquides n'aient lieu que sur une arête vive , rectiligne et horizontale : les mouve- ments qui en résultent acquièrent un double intérêt en présentant l'élément de la formation de ces veines. » Dans mes recherches de l'année i845 (2), j'avais réglé le régime du canal d'expériences au moyen d'un orifice particulier placé à son extrémité d'aval; dans celles-ci, j'ai construit deux dispositifs de prise d'eau destinés (i) Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences (2 février 1846). (2) Idem, ibid., 20 juillet 1846. ( 958 ) à iulroduire de grands volumes de liquide sans produire dans le réservoir des ondes qui , en se propogeant le long du canal , eussent compliqué les phé- nomènes de mouvements étrangers à ceux qu'on voulait étudier. M. Poncelet, à qui l'on doit d'avoir fait ressortir l'importance de cette précaution, a ima- giné un appareil très-simple qui résout le problème , et dont les deux idées principales ont été appliquées en grand à la construction des deux genres de pertuis modérateurs dont il s'agit. >' Les principales circonstances du mouvement des nappes liquides sont les suivantes : en amont du barrage, la surface fluide est, comme l'a observé Dubuat, divergente avec le fond du canal, dans le sens du courant, jusqu'à une certaine section où commence la dépression particulière aux déversoirs. J'ai reconnu que cette section est celle à partir de laquelle les molécules in- férieures s'élèvent, d'abord lentement, pour se précipiter bientôt vers la crête du barrage; ainsi elle est le lieu du passage de la divergence à la con- vergence des filets, ou routes moyennes des particules liquides qui y sont parallèles; je la nomme section principale. La nappe fluide présente des ca- ractères variés et importants : en faisant arriver l'eau lentement dans le canal, on produit d'abord un suintement, puis une nappe de plus en plus épaisse, mais adhérente au barrage , malgré les deux arêtes vives sur lesquelles elle passe , extension de la belle loi énoncée par F. Savart (i) , à l'occasion de ses expériences sur des veines issues de petits orifices circulaires en minces pa- rois. Dans cet état d'adhérence des nappes, si l'on y plonge, au-dessus du seuil du déversoir, un corps solide quelconque, il se produit à l'instant une sorte , d'explosion- sourde et la nappe se détache entièrement du barrage , séparation brusque qui peut se produire spontanément pour une certaine grandeur de la charge sur le seuil. Dans ce phénomène, analogue à l'un de ceux que j'ai observés en étudiant les diverses périodes de l'action dyna- mique d'un courant sur un prisme mince immergé (2), l'air introduit sous la nappe liquide se met en équilibre de pression avec l'atmosphère. La ren- contre de cette nappe avec le fond du canal en aval donne lieu à un remous- tourbillon , et l'eau apportée par ce remous au pied du barrage est soutenue à une hauteur croissante avec la chute , par la pression de la partie infé- rieure concave de la nappe. La charge du déversoir augmentant, le sommet de la colonne liquide ainsi formée finit par atteindre la crête du barrage, la bulle d'air s'évanouit, et l'on voit se reproduire un nouvel état de la veine (i) Annales de Chimie et de Physique, tome LIV, année i833 . (2) Numéros déjà cités des Comptes rendus de l'Académie des Sciences. (959) que j'appelle des nappes noyées en dessous , les deux premiers étant ceux des nappes adhérentes et des nappes libres. En plongeant à différentes pro- fondeurs, dans la région du bief d'amont où se forme la veine liquide, des tubes soit droits, soit recourbés et diversement disposés par rapport au cou- rant, j'ai observé que la colonne liquide s'élève, dans la branche verticale de ces tubes, à la hauteur du niveau supérieur dans la section principale : cette propriété remarquable conduit à une application pratiquement exacte du principe des forces vives , en conséquence de laquelle la formule de la dépense des barrages est, pour le cas d'un canal rectangulaire, H en désignant par H la charge totale sur le seuil du déversoir, indiquée immédiatement par un simple tube droit immergé contre la face d'amont du barrage; K = =: représentant le rapport, à cette charge, de l'épaisseur e de la nappe liquide au-dessus du même seuil , de sorte que H — e est la chute à la surface, depuis la section principale jusqu'au barrage, dont S repré- sente la hauteur verticale. Cette relation montre la loi des coefficients de correction de la formule ancienne, et peut d'ailleurs être ramenée à la même formule que celle-ci. Les expériences, exécutées avec des largeurs L du barrage, de o"',90o et de i'",6o, des hauteurs S et des charges variées, ont conduit à reconnaître que le rapport K =: — est sensiblement constant pour les barrages verticaux et les nappes libres. Dans le cas des nappes adhé- rentes et des nappes noyées en dessous, il se produit, sur le talus de la crête du barrage, des mouvements oscillatoires et des remous qui troublent un peu la loi de l'écoulement; le rapport K varie avec la charge , et la for- mule précitée doit être multipliée par un coefficient qu'on peut, pour les applications, regarder comme constant et égal à 0,97. » Les roues hydrauliques dites de côté étant fort répandues dans l'in- dustrie, et les déversoirs qui les alimentent pouvant d'ailleurs servir au jau- geage du courant d'eau moteur, il était important de rechercher si la pré- sence et le mouvement des palettes modifient sensiblement la dépense de ces déversoirs. L'expérience , d'accord avec les résultats de l'examen des circonstances qui peuvent influer sur l'écoulement, a montré qu'il y a, pour une charge donnée au-dessus du seuil , une vitesse des palettes , pour laquelle le déchet de dépense qu'elles occasionnent, atteint un minimum, vitesse ( 96o ) qu'il importe, en conséquence, de faire prendre aux récepteurs dont il s'agit (i). " ÉLECTROCHiMiE. — Mémoire sur l'électricité galvanique ; par M. Ledeau. (Extrait par l'auteur.j (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Despretz.) V « Ce Mémoire a pour objet la recherche des causes de lélectricité gal- vanique et de leurs modes d'action. >' J'ai commencé par examiner les objections élevées contre le principe de Volta; j'ai reconnu que toutes ces objections tombent devant un examen attentif des faits. Les physiciens expérimentant avec le galvanomètre seule- ment, et voyant le courant changer de direction selon le liquide employé, ont conclu de ce changement à celui de l'électricité de tension dégagée sur chacun des métaux formant le circuit. Ils se sont trompés; il est facile de s'en convaincre en employant, comme je l'ai fait, des électroscopes à lames d or en même temps que le galvanomètre. Quels que soient le sens du cou- rant et la nature du liquide dans lequel plonge le couple vohaique, l'électri- cité des métaux de ce couple est la même et conforme au principe de Volta. C'est donc sur une erreur de fait que repose le principal argument contre ce principe. >' L'action chimique est effectivement une cause d'électricité; tantôt elle combat la force électromotrice du contact, tantôt elle s ajoute à elle : de là, la raison des courants contraires. En un mot, le courant électrique est le produit d'une résultante de plusieurs forces. » Un exemple frappant de la différence d'action de ces forces est celui du fer placé dans 1 acide nitrique concentré , vis-à-vis d'une lame d'or ou de platine avec laquelle il ne communique que par l'intermédiaire de l'acide, li'or est positif, et le fer négatif, lorsque ce dernier métal est attaqué; mais si le fer est rendu passif, c'est-à-dire inattaquable par l'acide nitrique , c'est lui, au contraire, qui prend l'électricité positive, tandis que l'or devient négatif. Ce renversement d'électricité a heu seulement à la condition que les deux métaux ne se touchent pas. Quand le contact est établi entre eux, le fer, attaqué ou non, est invariablement positif, et l'or négatif. " Cette seule expérience présente trois effets bien distincts , et indique par (i) Voir les résultats analogues concernant les roues à aubes courbes- {Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, 12 avril i847- ) ■ . - (960 conséquent trois causes différentes; savoir: i° le contact des métaux entre eux; a° le contact des métaux avec l'acide ; 3" l'action chimique. n Toutes les autres expériences que j'ai faites, et dont je rapporte une par- tie dans mon Mémoire, tendent aux mêmes conclusions. Après les avoir ana- lysées pour déterminer la part de chacune des causes dans la production des phénomènes, j'ai recherché la loi de tension des piles électriques. Cette loi n'est pas aussi simple que l'a supposé Volta: elle n'augmente pas pro- portionnellement au nombre des couples, mais en raison composée de la force électromotrice des corps en contact et de l'électricité dégagée par l'action chimique. > » Dans la quatrième partie de mon Mémoire, j'ai rapporté les résultats de mes expériences sur les piles sèches; j'ai construit un grand nombre de piles de ce genre avec des couples cuivre et zinc séparés par du papier Joseph, du bois, de la soie, de la toile, du vernis à la gomme laque et plu- sieurs autres cor{>s. Mes observations ont porlé principalement sur les piles à papier Joseph, et sur les pilrs à vernis à la gomme laque. J'ai reconnu que, lorsque le temps est très-sec, les premières donnent au condensateur une charge sensiblement la même que celle donnée par les piles à eau ; avec cette différence cependant, qu'au lieu d'un conlact instantané, il faut , pour une pile de 60 couples, une demi-heure au moins pour charger le conden- sateur. I>es piles formées de cette sorte conservent pendant longtemps la même tension. Il n'en est pas ainsi des piles dans lesquelles le liquide est remplacé par une couche de vernis à la gomme laque appliquée soit sur l'un, soit sur l'autre des métaux du couple voltaique; outre qu'elles chargent le condensateur plus faiblement et plus lentement, elles cessent de donner des résultats appréciables au bout de quinze ou vingt jours. Ceci m'a amené à reconnaître que la multiplication d'électricité produite par les piles sèches repose sur les mêmes principes que celle résultant des piles à liquide, et a pour cause non-seulement la force éleclromotrice des deux métaux en contact, mais encore la décomposition chimique du corps interposé. Ainsi le vernis à la gomme laque qui sépare les couples do la pile est réellement décomposé; on s en aperçoit en vernissant seulement la face cuivre: quelques jours après , on trouve que la substance qui le colore en rouge est passée sur le zinc. » La cinquième et dernière partie de mon Mémoire contient diverses observations sur le mode d'action de la force électromotrice des métaux en contact: cette force se propage à travers le corps humain. Un homme ayant, dans une de ses mains , une lame de cuivre avec lequel il touche un morceau C. R., i8'»7, i" Semestre. (T. XXIV, N» 22.) 1^6 (96a) de zinc, électrise négativement le plateau d'un condensateur qu'il touche de l'autre main. •• IjC corps humain, dans ce cas ainsi que dans d'autres que je cite, agît comme le liquide ou la rondelle humide qui sépare les éléments d'une pile ; et il est probable qu'on pourrait former des piles d'une puissance de tension considérable, en réunissant un grand nombre d'hommes armés, d'une main , d'un crochet de cuivre, de l'autre, d'un crochet de zinc, et se tenant ensemble en entrelaçant leurs crochets. J'en ai fait l'épreuve sur huit per- sonnes: l'effet a été tel, que l'enlèvement du plateau supérieur du conden- sateur a fait voler en éclat les lames d'or de l'électroscope. Les hommes ainsi réunis agissent également sur l'aiguille aimantée du galvanomètre. Bien mieux; il suffît souvent que deux personnes se tenant par la main prennent, de l'autre main , un des bouts du fil multiplicateur pour faire dévier l'aiguille aimantée : cela arrive surtout quand les personnes sont d âge ou de sexe différent. » OPTIQUE. — Sur les phénomènes optiques auxquels donnent lieu les nuages à particules glacées ; par M. A. Bravais. (Commissaires, MM. Arago, Babinet, Laugier.) » Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, traite des halos, parhélies et autres météores ayant avec ceux-ci communauté d ori- gine. Il en embrasse l'étude sous trois points de vue différents : description méthodique de ce qui a été observé; histoire critique des expUcations don- nées antérieurement; enfin, théorie rationnelle de ces phénomènes, basée, d'un côté, sur les observations, de l'autre, .sur les caractères physiques et cristallographiques de la neige. >' La partie descriptive comprend environ cent cinquante observations : vingt-quatre appartiennent au xvii* siècle; les autres sont plus récentes. Je ne comprends pas, dans ce relevé, les apparitions ordinaires de halos simples, qui sont fréquentes et échappent à toute énumération, ni même les apparitions des parhélies ou parasélènes situés à 22 degrés de l'astre, trop nombreuses aussi pour qu'on puisse en dresser une liste exacte. Les diverses formes indiquées par les observateurs peuvent se ramener aux types qui suivent : » Halo de 22 degrés, parhélies de 22 degrés, arcs obliques de » Lowitz allant des parhélies au halo , arcs tangents ordinaires du halo de » 22 degrés, soit supérieur, soit inféiieur, halo elliptique circonscrit au » halo de 22 degrés, halo de 46 degrés, arcs tangents horizontaux du halo ( 963 ) » de 46 defjiés, arcs tangents latéraux du halo do .\6 degrés, cercle parhé- » lique, parbélies situés à environ 45 degrés du soleil, arcs tangents extraor- " dinaires du halo de 22 degrés, halos extraordinaires avec des rayons de » 5?, i4?, 19?» 28?, 35? et 90? degrés, arcs circumzénithaux extraordinaires " qui leur correspondent , parhélies blancs ( ou paranlhélies) situés à 1 20 de- " grés de l'astre, parhélies situés à environ 100 degrés, cercle oblique vu M par Hall, colonnes verticales qui paraissent au lever et au coucher, croix n solaires et lunaires, faux-soleils vus par Rothman, Gassini, en contact avec 11 le vrai soleil; enfin l'anthélie et les arcs en sautoir qui le traversent. » » J'ai recueilli avec grand soin tous les faits qui prouvent que le substratum de ces phénomènes est un nuage glacé. Les observations de Verdries , Gmelin, Scoresby, Parry, Brandes, Galle, Raemtz et I^angherg ne laissent aucun doute à cet égard : ainsi Langberg a vu un halo se dessiner sur un champ de neige, à peu près de même que nous voyons quelquefois larc-en-cie'' sur les gouttes de rosée peu après le lever du soleil. » J'ai analysé toutes les opinions émises sur les halos par Huguens, Ma- riotte, Gassini, Thomas Young, Venturi, Fraunhofer, Brandes, et par MM. Babinet et Galle. T.es explications sont parfois très-nombreuses : par exemple, le halo de 46 degrés a été expliqué de six manières différentes. En faisant un choix raisonné entre ces diverses opinions, on a déjà fait un grand pas vers la théorie complète du météore ; mais les arcs tangents latéraux du halo de 46 degrés, les parhélies de ^6 degrés, les arcs circumzénithaux extraordinaires, les parhélies blancs, le cercle de Hall, les colonnes verti- cales, les croix , les faux -soleils , l'anthélie et les arcs en sautoir de l'anthélie restent encore sans interprétation satisfaisante. Mon travail comblera, j'es- père, cette importante lacune. » Pour procéder méthodiquement à l'analyse d'un phénomène aussi com- plexe, j'ai d'abord formulé les lois générales de l'illumination de l'atmosphère par des corpuscules géométriquement semblables et semblablement éclairés; j'ai pris ensuite pour point de départ un système de pi'ismes à axes verticaux ; les phénomènes lumineux qui correspondent à ce cas étant convenablement analysés , les autres cas plus complexes s'en déduisent sans de trop grandes difficultés. Les théorèmes sur lesquels s'appuie cette analyse sont des corol- laires des deux suivants : i< 1°. Le sinus de l'angle que le rayon incident fait avec tout plan qui con- » tient la normale à la face d'entrée est au sinus de l'angle que le rayon I. réfracté fait avec ce même plan, comme l'indice de réfraction est à » l'unité. 126.. ( 964 ) » a". Ija projection du rayon lumineux sur tout plan qui contient la nor- » maie à une face réfringente, traverse cette face en suivant la loi de Des- » cartes, la puissance réfractive [P — i) du second milieu étant préalable- >' ment multipliée par le carré de la sécante de l'angle que fait le rayon in- » cident avec sa projection. » >' Ija rc^flexion de la lumière donne lieu à des théorèmes du même genre qui se déduisent des précédents, eu supposant l'indice / égal à — i. » Les phénomènes qui dépendent des prismes à axes verticaux peuvent être imités au moyen d'un prisme d'eau à axe vertical , enfermé entre trois lames verticales de verre assemblées à 60 degrés ; en faisant tourner rapidement ce prisme sur lui-même , et faisant tomber sur lui un fais- ceau de rayons solaires, ou la lumière d'une bougie, on reproduit : 1° les deux parhélies avec les queues blanches opposées au soleil qui les accom- pagnent ; 2° les deux cercles parhéliques (passant par le soleil et parallèles à l'horizon), qui , dans la nature, sont superposés l'un à l'autre, l'un d'eux dû à une l'éfloxion extérieure, l'autre à deux réfractions séparées par une réflexion à l'intérieur (comme dans l'arc-en-ciel de premier ordre); 3° les parhélies colorés qui sont formés, à 98 degrés du soleil, par des rayons qui ont subi deux réfractions et deux réflexions internes. On peut même ainsi engendrer le parhélie distant de 142 degrés du soleil, parbélie qui résulte de rayons réfléchis quatre fois sur les faces verticales internes, mais dont la lumière est trop faible pour qu'on ait jamais pu l'apercevoir dans l'atmosphère. » Si les rayons solaires tombent sur la base supérieure du prisme d'eau, sous un angle de i5 à ao degrés avec la surface, on voit se former l'arc ho- rizontal qui, dans la nature, est situé à 46 degrés au-dessus de l'astre : cet arc est rigoureusement circulaire et centré sur le zénith. " Le même appareil peut servir à reproduire l'anthéiie : il suffit de substi- tuer au prisme triangulaire une lame quadrangulaire de verre tournant autour d'une de ses arêtes verticales. Si des stries sont tracées sur les surfaces de cette lame, cet anthélie artificiel est traversé par deux arcs symétriques dis- posés en sautoir. » Les parhélies situés à 120 degrés du soleil s'expliquent de différentes manières, et paraissent dus surtout à des prismes cannelés, par exemple à des prismes dont la section représenterait deux triangles équilatéraux alternes entre eux et de même centre (prismes hexagones étoiles). J'examine les di- verses formations de ces parhélies, dans le cas de deux réflexions et dans le cas de deux réfractions : si le nombre des réflexions est impair, il n'y a pas ( 965 ) lieu à la formation d'un parhélie. Cette partie de la question peut aussi se résumer en un certain nombre de théorèmes généraux. ') Pour pouvoir comparer les données du calcul avec celles de l'observa- tion , j'ai dû mesurer Piudice de réfraction de la place pour les différentes couleurs du spectre. L'accord des données calculées d'après ces indices avec les données numériques des observations est, en général, très-satisfaisant ; il ne m'a point paru qu'il y eût lieu à recourir à l'une ou à l'autre des deux hypothèses suivantes faites par M. Galle , savoir : i" que l'indice de réfraction des cristaux générateurs serait supérieur à l'indice de la glace; i° que la zone la plus intérieure du halo de aa degrés devrait sa lumière à des angles dièdres de Sg^ai' provenant des faces de troncature du prisme hexagonal ou triangulaire. " )' En définitive, l'explication des diverses parties du météore me paraît être la suivante: " Le halo de 11 degrés est dû aux angles dièdres de 60 degrés, dans des prismes qui n'offrent aucun mode particuUer d'orientation. » liC parhélie de 22 degrés est produit par les mêmes angles, les axes des prismes devenant verticaux. » L'arc tangent circumzénithal du halo de 46 degrés est produit par les angles de 90 degrés de ces prismes à axes verticaux. » Loi-sque les axes prennent des directions indéterminées, il se forme à travers ces mêmes angles, un halo de 46 degrés de rayon. ^ >' IjCs arcs tangents supérieur et inférieur du halo de 11 deprés sont engendrés par les angles de 60 degrés, les axes des prismes étant horizon- taux. Les prismes dont les axes ont leur point de fuite à 90 degrés du soleil donnent lieu à la partie la plus brillante de ces arcs. Si le soleil est suffi- samment élevé, ces arcs se réunissent en une courbe unique, qui est un halo elliptique à petit axe vertical , circonscrit au halo de 22 degrés. " Les arcs tangents latéraux dn halo de l\Q degrés sont produits par les angles de 90 degrés des prismes dont les axes sont horizontaux : parmi ces prismes, ceux dont le point de fuite des axes snr la sphère céleste est à 67° 62' du soleil donnent lieu à la partie de Tarda plus lumineuse et la plus voisine du halo de l\Ç> degrés. » Le cercle parhélique est dû à la réflexion sur les faces verticales des prismes dont les axes sont horizontaux ou verticaux. » Le parhélie de 45 degrés paraît être, le plus souvent, un parhélie secon- daire formé par le parhélie de 22 degrés. i> Les halos extraordinaires, arcs circumzénithaux extraordinaires sont dus (966) aux faces de pointement qui terminent quelquefois les prismes. Les équa- tions de ces arcs sont remarquables, et prouvent que les branches qui les composent sont, d'un bout à l'autre, ou ascendantes ou descendantes, ce qui n'a pas lieu pour les arcs tangents du halo de aa degrés. " Les diverses circonstances du halo vu par Hall en 1796 peuvent s'expliquer par des prismes à axes verticaux , et dont le pointement supé- rieur portait des faces faisant avec l'axe cristallographique un angle de 70° 32'. ' « Les parhélies situés sur le cercle parhélique à diverses distances du soleil sont dus à des hexagones étoiles, ou à des dodécagones étoiles de diverses sortes. » Les colonnes verticales qui surmontent le soleil à son lever sont dues à la réflexion externe des rayons sur la base inférieure, ou interne sur la base supérieure de prismes à axes verticaux, ces prismes étant d'ailleurs soumis à de petits balancements autour de la verticale. >' Les rayons qui éprouvent 3,5,7 réflexions du même genre, alterna- tivement sur les bases supérieure et inférieure de 3, 5, 7 prismes pareils, non liés entre eux , contribuent à augmenter l'éclat ainsi que la longueur de ces colonnes lumineuses. » Les rayons qui subissent 2, 4, 6 réflexions du même genre donnent lieu aux lueurs verticales, à bras supérieur et inférieur égaux entre eux, lesquelles accompagnent l'astre dans sa route sur la sphère céleste, jusqu'à aoà a5 degrés d'élévation au-dessus de l'horizon. Ces lueurs, en se combi- nant avec une portion du cercle parhélique , donnent le phénomène de la croix. ). Les faux-soleils de Rothman, Bouguer, Cassini, Malezieu peuvent s'expliquer par des prismes à axes verticaux ou sensiblement verticaux , portant pour pointements des faces presque horizontales inclinées de 89° 53' sur l'axe, et par des rayons qui, entrant par l'une des faces verticales, se réfléchissent deux fois sur les faces internes de l'angle dièdre de 179° 46', et sortent par la face verticale opposée à celle d'entrée. » L'anthélie est dû à des cristaux à axe horizontal , dont les bases verti- cales ont une de leurs trois diagonales verticale ; les angles dièdres de 90 de- grés à arêtes parallèles à cette diagonale engendrent alors l'anthélie. Si les bases offrent des stries d'accroissement, lanthélie peut être traversé par des arcs en sautoir. Je montre que ces stries peuvent exister, et qu'elles doivent former avec l'horizon des angles égaux à o,3o, 60 et 90 degrés. .1 Enfin, en recueillant le petit nombre de faits qui peuvent fournir ( 967 ) quelques renseignements sur la valeur de l'angle dièdre du rhomboèdre élémentaire de la glace, j'arrive à ce résultat, que cet angle dièdre pourrait fort bien être égal à 90 degrés ou à un angle très-peu différent de l'angle droit. » » PHYSIQUE. — Recherches sur le rayonnement de la chaleur. Détermination des pouvoirs réflecteurs (suite); par MM. F. de la Pbovostaye et P. Desains. (Commission précédemment nommée. ) « Dans un travail présenté à l'Académie le ig avril dernier, nous avons donné les résultats d'une série d'expériences entreprises pour déterminer les pouvoirs réflecteurs des métaux. Gomme la plupart des miroirs employés avaient subi l'action du marteau, nous avons fait, depuis cette époque, de nouvelles observations pour reconnaître si l'écrouissage, qui tend à augmen- ter la densité des métaux et la dureté de leur surface, rend , à degré de poli sensiblement égal, leur pouvoir réflecteur notablement plus grand. Dans ce but, nous avons comparé la réflexion de la chaleur sur des miroirs de même nature, polis autant que possible au même degré, mais obtenus et travaillés par des procédés très-différents. Les expériences ont porté sur l'or, I argent, le cuivre, le laiton, le platine. » Nous avons employé deux miroirs d'or, tous deux d'un fort bel éclat. Le premier était en plaqué poli au marteau, le second avait été obtenu en déposant, sans cuivrage préalable, une couche d'or excessivement mince sur miroir d'acier parfaitement poli. Pour l'argent on a opéré : 1" sur un miroir de plaqué; 1" sur deux miroirs d'argent au premier titre, dont l'un avait été fondu et doucement poli, l'autre, au contraire, avait été martelé après la fusion au point de doubler d'étendue; 3° sur un miroir de cuivre argenté par une immersion de très-courte durée dans un bain convenablement préparé. Les miroirs de cuivre rouge avaient été martelés , on leur a comparé un miroir de fer cuivré, recouvert, par le procédé électrochimique, dune couche de cuivre très- mince. Les quatre miroirs de laiton , dont on a lait usage, avaient été, les uns fondus, les autres martelés. On a pu les obie- nir à deux états très- distincts. Dans le premier état, bien qu'on aperçût sur la surface des stries parallèles et très-fines, les images étaient assez nettes. Dans le second, les stries avaient disparu, mais le poli avait (pielque chose de laiteux, et les images semblaient estompées sur leurs contours. Enfin le platine a été employé à l'état de lame épaisse et polie, ou bien à l'état de dépôts chimiques d'épaisseurs différentes. ( 968 ) Tableau des pouvoirs réflecteurs. NOM ET ETAT DES SUBSTANCES. Argent fondu , bien poli Même argent battu, bien poli . Plaqué d'argent Cuivre argenté laiteux Laiton fondu , poli vif Laiton battu , poli vif Laiton fondu , poli gras Laiton battu , poli gras Cuivre battu Fer cuivré Or plaqué Acier doré , poli très-parfait Platine en lames Platine chimiquement déposé sur cuivre Platine déposé de même, mais en couche cinq ou six fois plus épaisse et médiocrement poli POUVOIR BEFLECTElf. ABSOLU. 0,96 à 0,96 à 0,97 0.91 0.97 0,97 0,93 0,93 0,89 0.9' 0.93 0,93 0,95 0'97 o,83 G, 83 0,76 » Nous avons aussi déterminé le pouvoir réflecteur de la fonte de fer, il a été trouvé égal à 0,74 à 0,75. La surface avait été travaillée avec soin, ne présentait aucune cavité; mais les images étaient très-grasses et peu distinctes. Quelques essais tentés sur le mercure liquide nous ont pré- senté beaucoup de difficulté. Ils paraissent conduire au chiffre de 0,77 environ. Nous ne donnons cette valeur qu'avec une extrême réserve, et comme une première approximation. Il semble, d'après les nombres précédents, 1° qu'une couche métallique polie, aussi mince qu'on peut l'obtenir par les procédés électrochimiques, réfléchit autant de chaleur qu'un miroir massif de la même substance ; 2" que le pouvoir réflecteur des métaux, variable avec leur natiu-e, dé- pend peu de la manière dont ils ont été travaillés, pourvu que leur degré de poli soit le même. Ce résultat n'a rien d'inconciliable avec les varia? tiens que présentent, d'après M. Mellpni, les pouvoirs absorbants des ( 969 ) mêmes substances, lorsqu'on modifie leur état physique [annales de Chimie et de Physique, 3* série, tome I, page 36i). Pour le faire voir nettement, supposons qu'il s'agisse de l'argent : le pouvoir absorbant de ce métal est 0,02 ou o,o3 en prenant celui du noir de fumée pour unité; une variation qui le porterait à o,o5 serait énorme par rapport à sa valeur - ., piimitive. Or un pareil changement n'amènerait, dans le pouvoir réflecteur, qu'une diminution de 0,02 sur 0,97; quantité tellement petite, qu'elle est presque à la limite de celle dont l'observation peut répondre. » PHYSIQUE. — Détermination expérimentale du pouvoir rotateur, par influence magnétique, d'un grand nombre de composés transparents; par M. Adolphe Matthiessen, d'Altona.( Premier Mémoire, PARTIE DESCRIPTIVE.) (Commissaires, MM. Biot, Arago, Pouiliet.) K Voici les conclusions du Mémoire : » i". Vingt-trois des deux cent vingt espèces de verres, taillés en paral- lélipipèdes, polis sur toutes les faces, que j'ai l'honneur de présenter à l'Aijadémie, placés entre les deux pôles d'un électro-aimant, font tourner le plan de polarisation plus fortement que le verre pesant de Faraday; SiO% 2(BoO'),3(PbO'). Mes silicates de plomb purs, SiO',6(PbO) et SiO', 4(PbO) donnent un effet plus que double du.borosilicate de plomb, qui était, jusqu'à ce jour, la matière la plus active connue. Je donnerai, dans peu de temps, la liste de ces vingt-trois combinaisons vitrifiées. » a". Trois d'entre elles seulement résistent aux influences atmosphériques; ce sont: un flint cobaltifère; un silico-aluminate de plomb et potasse j, riche en alumine, et un silico-aluminate de plomb sans alcalis, mais plus riche en silice. Tous les autres ternissent rapidement à l'air, comme le borosilicate de Faraday, dont l'emploi , dans la fabrication des objectifs de microscope, a produit des effets très-beaux, mais éphémères. Les silico- «luminates de plomb méritent, à plusieurs égards, de devenir les flintsdes opticiens. >> 3°. On augmente la rotation eu introduisant des cylindres de verre actif, dans les axes creux de l'aimant, tout en rapprochant les pôles presque à se toucher. v . . • » 4". Influence de la composition chimique sur le pouvoir rotateur dès verres. — Les silicates, et peut-être les chlorures, sont au premier rang sous le rapport de la sensibilité ; viennent ensuite , dans un ordre décroissant : lesÇ > aluminates, les siUco-alumiuates, les bismuthites, les arsénites, les borates,; . eu., 1847, 1" SemcsUe.(t.X\\V, N» 22.) V ;>~J^5^:-:> V ''''■ ' ( 97« ) les sulfures, les borosilicates, les oxysulfures et les phosphates. Les fluorures que j'ai pu examiner sont insensibles. " 5°. L'oxyde de plomb est la base qui agit le plus éuergiquemeul sur la lumière polarisée ; viennent ensuite : le bismuth , l'antimonne , le zinc , le raercuie et l'argent. » 6". IjCS sels vitrifiables de fer, de cobalt et de nickel sont tellement opaques, que l'on ne peut les examiner qu'à o"",! à o""",5 d'épaisseur; les verres les plus sensibles donnent peu d'effet en feuilles aussi minces. La rota- tion est cependant manifeste dans des verres à base magnétique ; peut-être donneraient-ils plus d'effet que tous les autres ^ si leurs couleurs foncées ne les mettaient hors de ligne. » 7°. La présence de la magnésie, de la strontiane et de la baryte dans les combinaisons ne produit aucune différence appréciable. ■) 8°. Les verres colorés en pâte par l'or, le cuivre, l'urane, le chrome, et par le manganèse, ne paraissent pas sensiblement changer le pouvoir rotatif, qu'ils auraient sans cette addition {voir la réserve pour l'urane et le cuivre, à l'article i3). » 9°. r.a chaux , lasoude et la potasse diminuent le pouvoir rotateur des verres; il en est de même de la fumée, lorsqu'elle teint en jaune ou brun la pâte de verre. >• \o°. L'acide phosphorique fondu, le silex, l'agate et le fluorure de calcium ne décèlent aucune action du fluide magnétique. Je n'ai pas réussi à obtenir suffisamment transparent l'acide borique fondu. » II". Influence de la composition des verres sur Vépaisseur à laquelle ils donnent le maximum d'effet. — Lorsqu'un verre contient du fer , du co- balt ou du nickel en assez petite quantité pour lui conserver une transparence suffisante, la rotation augmente graduellement avec l'épaisseur du verre, jus- qu'à celle de 83 millimètres, qui est le plusgrand écartement queje puis donner aux pôles de mon appareil; tandis que les verres sans métal magnétique et en même temps sans acide borique, sans soude et sans potasse, ont leur maximum d'effetà une épaisseur beaucoup moindre, qui varie entre il\ et 26 millimètres. Un électro-aimant, animé par 6 éléments de Bunsen, assez fortement chargés pour faire supporter aS kilogrammes à l'un de ses pôles verticaux, agissant sur un de mes meilleurs silicates de plomb , donne 20 degrés de rotation à l'épaisseur de 1 5 millimètres , et aucune à 4o millimètres ; tandis que , sous la même influence magnétique, le verre de Faraday donnée degrés à i5 mil- limètres , et 9 degrés à 4o millimètres. >' 12°. La présence de l'acide borique, ou d'un alcali, augmente aussi ( 97' ) dans les verres la transmission de la rotation produite par les bases dont il est parlé à l'article 5; mais, par contre, ils diminuent leur sensibilité, tandis que les métaux magnétiques l'augmentent. Il ne faut pas voir dans les mots sensibilité et transmission ou conductibilité, une déduction théorique, mais des abréviations ayant pour but d'exprimer deux modifications d'une même action rotatrice qui font varier l'effet final. Un verre peu sensible, mais bon conducteur, peut- donner une rotation supérieure à celle d'un solide très- sensible, mais mauvais conducteur, puisque le premier permet d'augmenter presque indéfiniment son épaisseur utile. » i3°. L'urane et le cuivre amoindrissent la conductibilité des verres qui en contiennent. « i4". Influence de la cristallisation sur le pouvoir rotateur des solides transparents. — Sur une centaine de. cristaux que j'ai pu examiner jusqu'à présent, un seul est sensible au magnétisme : c'est le sel gemme, dont l'é- paisseur maximum est de a6 millimètres, La rotation qu'il produit est con- sidérable, puisqu'elle égale presque celle du verre de Faraday. Cela est d'autant plus remarquable, que des cristaux de chlorure de mercure, de carbonate ou de chromate de plomb sont inactifs. D'autres composés transparents cristallisés en cubes déceleraient-ils un effet? Plusieurs fluorites taillés ne donnent rien; mais cela peut tenir simplement à l'insensibilité du fluor et du calcium. » i5°. Action attractive d'un pôle de l'aiifiant sur les solides vitrifiés ou cristallisés. — Tous les solides contenant un métal magnétique, le verre commun des bouteilles par exemple, sont matériellement attirés par l'aimant, surtout les cristaux ferrugineux, comme la spinelle et les grenats. L'émeri tient au pôle, comme la limaille de fer. n 16". On peut découvrir, par l'attraction, la présence d'une trace d'un métal magnétique , dans un petit fragment de verre ou de toute autre matière. On le colle, par une parcelle de cire blanche, à un fil de cocon de soie blanchie, et on le fait pendre au devant du pôle non aiiftanté, à une distance d'un quart de millimètre. Aussitôt. qu'un fort courant électrique est établi ,1e fragment est attiré; il reste immobile s'il ne contient pas do métal magnétique. Il faut avoir soin d'employer de la cire parfaitement exempte de rouille, de limaille de fer et de poussière. » 1 7°. Influence de la puissance de l'aimant sur l'activité du verre. — Un petit nombre d'éléments fortement excités augmente le pouvoir rota- teur des phosphates et du verre cojitenant du métal magnétique; un grand nombre d'éléments augmente celui des verres alcalins. Î27.. ( 972 ) » i8°. Dans ces expériences il convient, en général, de faire usage d'une pile de Bunsen, de 5o éléments ou couples, assez faiblement chargée pour fournir au fer doux de l'appareil une force attractive égale à celle décrite dans l'article 1 1. >' Je dirai ici, en passant, que l'on produit une belle lumière électrique en tenant un crayon ordinaire à la main, et en interposant sa pointe entre les deux électrodes rapprochés On protège les yeux efficacement par des be- sicles de verre jaune ou vert ; je développerai plus tard ma pensée sur la pré- férence que je donne à ces couleurs. » 19". Réaction de la trempe sous l'influence magnétique. — La trempe a peu d'influence sur la lumière naturelle; l'opticien regarde à peine si les verres de sa lunette sont trempés: pour lui, la densité parfaitement homo- gène du verre suffit , puisqu'il veut obtenir des foyers et non pas des teintes colorées. » Lorsqu'il s'agit, comme ici, de lumière polarisée, de mesures de la rotation du plan de polarisation, l'homogénéité rigoureuse est d'une impor- tance secondaire, tandis que l'absence complète de trempe (très-difficile à obtenir) devient de rigueur; puisque même le degré le plus faible de trempe ne tourne pas seulement le plan de polarisation , mais diminue encore considérablement la rotation par influence magnétique. " 20°. La trempe accidentelle d'un verre se modifie, en plus ou en moins, par l'action des pôles airnantés*; le plus souvent passagèrement , quelquefois pourtant d'une manière permanente. .le ne puis pas encore préciser les règles de la production de ce phénomène. L'interruption et le rétablissement brusque du magnétisme, de même que l'invertissement des pôles de l'ai- mant , produisent des effets plus marqués que l'action continue. Ordinai- rement ces secousses magnétiques diminuent la trempe des verres pendant l'expérience, et augmentent, par conséquent , la rotation du plan de pola- risation. Les verres contenant de l'alumine ou de l'acide borique montrent ce phénomène d'une manière plus tranchée que les autres, he borosilicate de Faraday par exemple, lorsqu'il est légèrement trempé, augmente son pouvoir rotateur après plusieurs secousses, pour perdre l'accroissement après le repos. Les verres contenant un métal magnétique ou du bismuth perdent de leur trempe pendant l'expérience. » 21°. Quelques verres, cependant, ne réagissent pas d'une manière aussi simple. L'uu de mes silicates de plomb, très-basique, donne d'abord 18 degrés de rotation; trois ou quatre changements de pôle le portent à aO'degrés; quelques secousses de plus, et la rotation revient à 18 degrés; un (973) , . _ .^ plus ffrand nombre d'inlervertissements subséqueûfs le foiil tômlîèr à i5 et même à i4 déférés. Après un quart d'heure de repos, on peut recommencer la même série d'opérations avec le même succès. » 22°. Je crois avoir observé que des verres sans trempe peuvent acquérir une trempe permanente par des secousses magnétiques , répétées quelques douzaines de fois; les verres contenant du bismuth seraient dans ce cas. » 23°. Il y a des verres complètement détrempés, qui, satis acquérir de la trempe par les secousses, subissent un changement dans leur pouvoir rotateur par les premières secousses qu'ils éprouvent; ce changement persiste pendant plusieurs jours. Un de mes silico-bismuthites de plomb, plus sensible que le verre de Faraday à la première expérience, perd bientôt et pour longtemps la moitié de son pouvoir rotateur. Un verre optique Saiut-Gobain, au contraire, qui ne donnait que i degré de rotation aux premières secousses , en donne ensuite 1 1^ à a degrés. " 24°. On distingue facilement l'effet de la trempe du pouvoir rotateur propre, en ce que la trempe fait dévier le plan de polarisation sans l'inter- vention de l'aimant , tandis qu'un verre sans trempe ne le dévie que par in- fluence magnétique. Il s'ensuit que le plan de polarisation qui arrive sur l'analyseur, après avoir traversé un verre trempé, peut varier de 2 à 4 deprés pendant la répétition des expériences. >' 25°. Des verres ramollis après la fonte ont perdu souvent jusqu'à un quart de leur sensibilité primitive, même sans être trempés. » OPTIQUE. — Note sur un perfectionnement apporte' au pointage du saccharimètre ; par M. Soleil. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée.) . y Dans le saccharimètre soumis par l'auteur au jugement de l'Académie, les 23 juin et i8août 1846, le pointagie se fait à l'aide d'une plaque de quartz à deux rotations, et la mesure de la richesse du sucre du liquide observé s'obtient au moyen du compensateur. Ce dernier appareil peut être comparé à une lame de- quartz perpendiculaire à l'axe, variable à la fois quant à l'épaisseur et au sens de la rotation à droite ou à gauche, et pouvant, par là même, être amenée au degré convenable, pour compenser exactement l'effet de rotation produit par la colonne du liquide sucré qu'il s'agit d'analyser. » L'avantage du mode de pointage adapté à ce saccharimètre , résulte principalement de la facilité avec laquelle on compare les deux teintes ( 974 ) juxtaposées de la plaque à double rotation. Pour rendre ce pointage encore plus efficace , l'épaisseur donnée à la plaque de quartz correspond à la teinte désignée par M. Biot sous le nom de teinte de passage. » Mais , dans la pratique usuelle, la nuance des différentes lumières dont on s'éclaire , et la coloration des liquides à essayer, s'ajoutent à la teinte dont il vient detre question, la modifient sans cependant détruire l'identité de couleur des deux demi-cercles juxtaposés de la plaque à deux rotations, identité qui est la condition essentielle du pointage. " Il résulte de là moins de sensibilité dans les nuances observées, et, par suite, moins d'exactitude dans les évaluations. )' Pour obvier à cet inconvénient, M. Soleil avait ajouté à son appareil uiie pince destinée à recevoir un ou plusieurs verres cplorés, et choisis dans les nuances complémentaires de la coloration anormale du liquide et de la lumière employée. .. Cette addition remplissait assez bien le but proposé; mais, outre qu'il est difficile d'avoir toujours à sa disposition un nombre suffisant de verres convenablement nuancés, ces verres absorbent une assez forte proportion de lumière. » On obtient un résultat beaucoup plus satisfaisant en rec curant à l'ap- pareil suivant, qui n'est, au fond, qu'une application nouvelle du grand fait de la polarisation chromatique découvert par M. Arago , qu'une modi- fication de ce merveilleux instrument qui, dans les mains de son inventeur, est déjà devenu tour à tour polariscope, scopéoscope, polarimètre, cyano- mètre, photomètre. >' Derrière un prisme de Nichol , on fixe , dans un même tuyau , une plaque de quartz perpendiculaire à l'axe et de l'épaisseur indiquée par M. Arapo, comme la plus convenable pour la production de teintes riches , ni lavées , ni assombries. Le rayon polarisé par le prisme s'épanouit, par son passage à travers la plaque de crislal , en une série circulaire de rayons colorés et po- larisés dans des plans différents. Ces rayons arrivent au polarisateur du sac- charimètre, et ce polarisateur invariablement fixé, servant d'analyseur par rapport à la lumière qui sort de la plaque de cristal, laisse passer, en plus grande proportion, celui de ces rayons dont le plan de polarisation coïncide avec sa section principale. » On conçoit dès lors: i" qu'eu faisant tourner l'ensemble du prisme de Nichol et de la plaque, on puisse colorer d'une teinte voulue quelconque le rayon qui va traverser le liquide plus ou moins coloré dont on veut faire l'analyse ; 2" que la teinte artificielle obtenue ainsi , s'ajoutant à la teinte ( 975 ) communiquée par le liquide et la modifiant, reproduise, dans tous les cas, une de ces teintes sensibles nécessaires pour un pointage parfait. » Le petit appareil composé du prisme de Nichol et de la plaque équivaut donc, par sa nature, à une série indéfinie de verres colorés, et la remplace complètement. On pourrait l'appeler, en raison des fonctions qu'il remplit ici, le reproducteur des teintes sensibles. » MÉDECINE. — Théorème sur les chocs; par M. Phillips. (Commissaires, MM. Sturm, Lamé, Mon but , en construisant ce prisme , a été d'offrir aux micrographes une pièce de très-peu de valeur applicable à tous les microscopes, qui permette , par conséquent, à chacun de conserver le modèle d'instrument auquel il est habitué, et qui convient le mieux à son genre de recherches, tout en lui apportant les avantages qu'il n'obtiendrait qu'en achetant un nouvel instrument. » Cet éclairage oblique, combiné avec le mouvement de rotation delà platine, donne lieu à de très -beaux effets. Je mets sous les yeux de l'Aca- démie un objet très-propre à montrer ces effets; c'est une navicula lineata. Elle présente trois systèmes de lignes : deux obliques forment des losanges ; le troisième coupe les deux autres suivant les diagonales de ces losanges. Ces lignes, que les meilleures et les plus fortes lentilles permettent à peine d'aper- cevoir avec la lumière directe , deviennent tout à coup saillantes et très- nettes au moyen de mon prisme. » Ce prisme donne à la lumière une obliquité de 3o degrés environ pai- rapport à l'axe : du reste, je me suis assuré que les effets étaient toujours les mêmes avec une obliquité de ao ou de 4o degrés, ce qui répond d'avance à l'objection qu'on pourrait faire à l'appareil , de ne pas permettre de varier l'obliquité de la lumière. » C. H., 1847, i" Semestre. (T. XXIV, N° 22.) '28 ■ (978) MÉTÉOROLOGIE.— Note sur une température anormale qui s'est produite au centre de la France au mois de mars 1847/ /"^^ ^- ^' Rendu, membre de la Commission scientifique d'Algérie. ■< Au milieu du mois de mars dernier, une partie des plaines du centre de la France a éprouvé un fi-oid dont je ne connais pas d'exemple à pareille époque de l'année. Ce froid anormal n'a pas été ressenti à Paris. Je l'ai observé à Vendôme , avec un thermomètre à mercure gradué sur verre , dont le zéro est exact, et les autres degrés à un ou deux dixièmes près; ce thermomètre était suspendu librement à une petite branche d'arbre, dans un jardin au bord du Loir, et à 2 mètres au-dessus de son niveau. » Le tableau ci-joint donne les températures de Vendôme comparées à celles de Paris. On y remarque, en cinq jours, une variation de 87 degrés, dont je ne connais pas d'exemple dans nos contrées. La différence des tem- pératures avec Paris est aussi extraordinaire pour un point tel que Vendôme, situé à 85 mètres au-dessus de la mer , et à 1 5o''"°™ S. 35" O. de Paris. " Du reste , cette température n'a pas été restreinte au bas-fond où se trouve la ville : sur le plateau , plus élevé de 5o mètres , les vignes ont souffert du froid ; les abricotiers ont gelé, mais les autres arbres ont résisté; les aman- diers étaient en fleurs le 18, et les pêchers quelques jours plus tard; des cèdres du Liban et un pin d'Alep de deux ans et demi, qui avaient déjà résisté à l'hiver de 1 844-45, ont pareillement résisté. » Je n'ai pas de renseignements précis sur les contrées voisines ; mais la vigne a souffert dans plusieurs départements : à Ghâteaudun, le froid paraît avoir été le même qu'à Vendôme; à Nogent-le-Rotrou , on a eu 1 5 degrés Réaumur. 11 Mes observations ne commencent que le 1 1 mars ; le thermomètre a dû descendre à — 10 degrés ou à — 12 degrés, car il marquait — 7°,5 à neuf heures et demie du matin, et il s'élevait alors rapidement. ( 979 ) '^'^^'^ TARIS. VESDOMf: . 1 jovas du mois. il Miniraa. Maxima. ÉTAT UU CIEL A MIDI. Minima. Maxima. ÉTAT DU CIEL A MIDI. II -6,5 -2,3 N.-E. Beau. -2,5 N. 40» E. Ciel très pur. 12 - 7.4 — 0,2 S. Neige abondante. -18,0 H- 1,0 N.-N.-E.lematin;à8l'i5n> le temps se couvre , le vent passe au S.-O. et à l'O.-N.-O i3 - 3,6 + 7,' S. Couvert. — 2,0 + 1,0 N. -O. Brouillard , temps couvert. ■4 — o,a + 8,7 S.-.S.-0. Nuageux. -6,0 -+- 8,0 N.-E. Quelq. légers nuages bas qui disparaissent, ciel calme et pur. i5 - 1,3 + ia,6 S.-E. Beau. - 2,0 -t-i4,o E. Ciel très-pur. i6 -1- o,8 -(-i5,o S.-E. Beau. -0,5 -i-i5,o E.-S.-E. Ciel très-pur et très-calme; dans la jour- née, vent fort E.-S.-E. •7 M- 3,0 + 17.6 S.-E. Beau. w +•9,0 E-S.-E. Ciel très-pur et très-calme; à g*" 3o™ vent très-fort S. 35» à 40» E. i8 + 4,4 + 16,2 S.-E. Beau. -i- 1,2 -(-16,0 S.-E. Ciel très-pur; dans la journée vent vif S. 25° E. S.-E. Ciel très-pur pres- '9 + 2,3 + >6,7 S.-S.-E. fort. Beau. -h 1,0 + i5,o que calme ; à ^ 30*" vent violent S.-S.-E.; dans la journée , nuages supé- rieurs 0. , nuages infé- rieurs S. ; le soir, temps très-couvert . 20 -t- 7,5 +i3,7 S.-S.-O. Très-nuageux. + 7,5 -i-i5,o S. 40° 0. Larges éclaircies. 31 + 7,3 -i-i3,8 S. Quelques éclaircies. -H 6,2 +'4,6 S.-O. Nuages épais qui se dissipent ensuite; il a plu pendant la nuit. 22 -t- 5,o -l-i3,5 E.-S.-E. Très-nuageux. + 6,3 -1-11,8 S. et E.-S.-E. variable ; un peu de pluie. 23 + 4,0 +i3,8 0. Nuageux. + 5,5 +11,0 N.-E. Ciel pur pendant la nuit; le matin, nuages 0. 10» N.; le vent passe au S.-O. 24 + 7.6 +i3,7 0. Nuageux. -t- 6,0 -t-i3,o N.-O. Quelq. légers nuages 25 + 6,5 -t-i5,8 S. Nuageux.. + 9.8 -1-18,0 S.-O. Ciel couvert; lèvent varie et le ciel devient clair dans la journée. M. Renou sera invité à compléter son intéressante communication , en y joignant les observations faites dans des lieux voisins de Vendôme , de ma- nière à montrer jusqu'à quelle distance s'est étendue l'anomalie. On en 128.. ( 98o ) connaissait déjà (juelques exemples ; mais aucun ne présentait entre deux Jieux aussi rapprochés que Paris et Vendôme et aussi peu différents en alti- tude, une différence semblable à celle qOe nous montre cfe tableau. MÉTÉOROLOGIE. — Jrc-en-ciel vu sur le sol; par M. E. Renou. ■< Je crois devoir dire (Quelques mots d'un phénomène peu remarqué jusqu'Ici, parce que les circonstances qui lui permettent de se montrer avec tonte son intensité se présentent assez rarement. Oti sait qu'à l'automne VEpeira diadema (Araignée des jardins) couvre la terre de fils très-nombreux ; l'année dernière, par suite de circonstances atmosphériques favorables, 1 abondance de ces fils était extraordinaire. Le 4 novembre , à 8 heures du matin, aux environs de Vendôme, après une rosée très-abondante et par un ciel pur, le soleil, haut de 7°3o' au-dessus de l'horizon, dessinait, à la surface des prairies, un arc-en-ciel hyperbolique, presque aussi brillant que lare céleste qu'il complète iuférieurement. Quoique produit par le même cône, il présente partout à l'œil un aspect fort différent; l'habitude de juger les objets en vraie grandeur à la surface de la terre , empêche de voir autre chose qu'une hyperbole : de plus , la largeur de l'arc va en augmentant avec la distance, puisqu'elle soutend toujours le même angle. " Ce phénomène s est présenté plusieurs jours avec une intensité plus ou moins remarquable. ». TÉLÉGRAPHIE ÉLECTRIQUE. — Extrait d'une Lettre de M. Bregiet à M. Arago. Mercredi, à 5 heures du soir, pendant une forte pluie, la son- >' nerie du télégraphe électrique, établie dans une petite cabane, à l'une « des extrémités du chemin atmosphérique de Saint-Germain , se mit à ca- >' rillonner. L'employé crut qu'on allait lui transmettre une dépêche. Quel- >' ques lettres lui étaient déjà parvenues ; mais comme elles ne formaient » aucun sens, il se préparait à dire : « Je ne comprends pas, » lorsqu'une » détonation, seiViblable à celle d'un fort coup de pistolet, se fit entendre; » une vive lumière se montra au même moment , le long des conducteurs » fiixés aux parois de la cabane. Ces conducteurs, d'tm diamètre de -^ à -j^ )) de millimètre, tombèrent en fnorceaux telleïnent chàùds, qu'ils laissèrent » des traces de brlilure manifestes Sur les tables en bois qui lès i'èçtirè'àt. Oh » voyait même, aux extrémités de plusieurs '(ïe des fVi^tnWls, des marques ( 98» ) » non équivoques de fusion. Les fils de divers éleclro-aimants des appa- » reils télégraphiques renfermés dans la cabane, furent rompus; l'employé » reçut une forte secousse dans tout le corps. " La cabane du Vésinet où le tonnerre produisit tous ces effets, est en » communication avec l'établissement télégraphique de Paris, par des fils " portés sur des poteaux. A Paris , rien ne fut brisé; il n'y eut aucun phéno- » mène digne d'être noté, si ce n'est le départ de plusieurs sonneries. » Mais à 200 mètres du Vésinet, un des poteaux sur lesquels le fil conduc- » leur reposait, portait, depuis le haut jusqu'en bas, et sur le côté qui fai- " sait face à la voie de fer, des traces évidentes du passage de la foudre : le " sommet était tout fendu ; il s'en était détaché des éclats. M Les fils qui, partant de la cabane du Vésinet se dirigent sur Paris, sont » au nombre de trois. Ils s'élèvent brusquement à la hauteur de 6 à 7 mè- » 1res, en formant, chacun, un angle droit. Aux sommets de ces angles on » vit trois aigrettes persister pendant plusieurs secondes après l'explosion. " A quelques mètres de l'extrémité du chemin de fer atmosphérique, se » trouve ce que l'on nomme une aiguille. Un employé que son service ap- " pelait, au moment de l'explosion, à tenir la manivelle qui sert à faire niou- » voir l'aiguille, reçut, dans tout le corps, une commotion très-violente. " [>es ouvriers dont il était entouré éprouvèrent aussi de vives secousses. " Suivant moi, l'explosion partit du chemin de fer. A raison de la » quantité énorme de métal dont il est formé et de l'étendue de sa sui-face , " A s'é jieut que le chemin, au moment d'un orage, soit le siëjje d'une tension " électrique très-inteilse , et ique le fluide aille Se diécharger SUr les fils du " télégraphe, car ils ne sont éloignés des rails, des tuyaux, des aiguillés, >• que de 3 à 4 mètres. >' Pour prévenir la ruine des appareils , et, surtout, pour mettre les em- " ployés des télégraphes à l'abri des explosions foudroyantes et mortelles, " je crois qu'il serait convenable d'arrêter les fils conducteurs en fer de 3 à >' 4 millimètres de diamètre, à 5 à 6 mètres des cabanes; l'union de ces gros » fils et des appareils s'opérerait au moyen de fils également métalliques, » mais très-fins. Alors il n'arriverait jamais aux postes télégraphiques, que » la quantité d'électricité que pourrait transmettre le fil fin , le fil à très- " petite section. En cas de décharge, ce fil se fondrait, se romprait, non '• plus en dedans, mais en dehors des cabanes occcupées par les em- >' ployés. » ( 982 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — JSote sur les chemins de fer pneumatiques ; par M. Sainte-Preuve. L'auteur annonce que la solution qu'il a expérimentée à Paris , dans l'été de i844î du problème de la locomotion pneumatique, est maintenant mise en pratique, sur une grande échelle, dans la ville même de Londres, pour remplacer le câble sans fin qui remorquait les omnibus du rail-way de Blackwall. • M. Isidore Bourdon rappelle que, dès l'année 1819, il a publié divers écrits concernant Xirifluence de la déclivité sur le cours des liquides de l'économie-animale , et sur Vétat des organes; les considérations théoriques y étaient confirmées par les résultats d'observations faites tant sur l'homme sain que sur l'homme malade. M. Bourdon pense que cette idée de l'in- fluence de la position, sur laquelle il est revenu à plusieurs reprises, a servi de point de départ à divers travaux qui ont contribué aux progrès de la physiologie et de la thérapeutique. Il demande que sa nouvelle Note soit considérée comme un supplément à ses précédentes publications, et que le tout soit renvoyé à l'examen d'une Commission. > ''i;> "«' M. Bryant fait remarquer , à l'occasion d'une communication récente de M. Coste sur la formation de la caduque , que M. Valentin , dans son Rap- port sur les progrès de la physiologie , mentionne l'opposition faite par M. Pappenheim, en 1840 ou i84i, aux idées alors admises sur ce'point par les embryologistes. M. GoHPiÈGNE adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heurefs.un quart. A. ( 983 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 3i mai 1847, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences, i" semestre 1847, n° ai ; in-4''. Annales de Chimie et de Physique; parMbll. Gay-Lussac, Aeago, Ghe- VREUL, Dumas, Pelouze, BoussiNGAULTefREGNAULT; 3* série, tome XIX; juin 1847; iïî-S"- Société royale et centrale d' Agriculture. — Bulletin des séances, Compte rendu mensuel rédigé par M. Payen; 2® série, t. III ; in-S". Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; tome XII , n" 1 5 ; in-S". Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres et des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM, DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 88* à 92* livraison; in-S". Mémoires de la Société royale des Sciences et Arts de Nancy, i844- Nancy, i845; in-8°. Aide-Mémoire de Trigonométrie, ou Tableau figuratif des principales for- mules de la Trigonométrie rectiligne; par M. MuNCH. Strasbourg, 1847; in-8°. Annales forestières ; 2* série, tome VI; mai 1847; in-8°. Bulletin de la Société d'Horticulture de l'Auvergne; mai 1847; 'n-8°. Rétracture des tissus albuginés ; par M. Gerdy; i feuille in-8°. Mémoire sur les Rétractions des tissus albuginés; par le même; f de feuille in-S". Théorème sur la Somme des trois angles du triangle , démontré d'une ma- nière simple et rigoureuse; par M. Merque. Lodève , 1847; '0-8". Types de chaque Famille et des principaux genres des Plantes croissant sponta- nément en France; par M. Plée ; 36° livraison ; in-4°. Observations sur le Métamorphisme normal; par M. Virlet d'Aodst • I feuille in-8°. Supplément aux Notices publiées les 1 1 février eti'j mars 1847, *"^ ^^* appa- reils à inhalation de la vapeur d'éther; par M. Gharrière ; i feuille in-8''. Recueil de la Société Polytechnique ; n" 27 ; in-8". Journal des Connaissances utiles; mai 1847 ' ^^'^°- Observations des Phénomènes périodiques. (Extrait du tome XX des Mé- moires de r Académie royale de Belgique.) In-4''. Memoirs and... Mémoires et Procès- Ferbaux de la Société chimique de Londres; vol. III, n" 20; in-S*. , ( 984 ) Adress. . . Discours prononcé à la réunion annuelle de la Société géologique de Londres, le 19 février 1847, P^'' ^- ^'- Horner, président de la Société. liOndres, 1847; in-8''. Most important. . . Découverte et Réfutation de graves erreurs concernant l'électricité, la chimie, le magnétisme, et Explication du phénomène de la po- larité de l'aiguille aimantée ; par M. STEVENSON. Londres, 1847 ' '"-8°- The sidereal... Le Messager astronomique, journal mensuel, publié par M. MiTCHEL. Nouvelie-Orléans, in-4''. Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n" 699; in-4°. Das chirurgische. . . . Clinique chirurgicale des Maladies des yeux à Er- langen ; par M. IjEYfelder. Berlin , 1 846 ; in-8°. , Raccolta scientifica. . . Recueil scientifique de Physique et de Mathématiques ; 3* année, n° 10. Rome, 1847; in-8°. Descrizione. . , Description d'une nouvelle espèce de Lépidoptère nocturne , genre Seriooris ; par M. Costa ; j feuille d'impression. Gli iustrumenti. . . Instruments de chirurgie trouvés dans les fouilles faites à Herculanum et Pompéia, et conservés dans le Museo Borbonico , publié par M. VuLPES; i''" livraison. Naples, 1846; in-4'*. (Extrait du volume XIV du Museo Borbonico. ) Gazette médicale de Paris; n° 22. Gazette des Hôpitaux ; n°*6i à63. L'Union agricole; n"* 149 et i54. A. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. >»«<»« SÉANCE DU LUNDI 7 JUIN 1847. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COiMMUINICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Païen demande à l'Académie la permission de compléter la com- munication qu'il a faite dans la dernière séance : « Depuis cette séance , M. Ad. Brongniart ayant exprimé l'avis que la réaction de l'iode pourrait indiquer les différences de composition, que l'analyse signale, entre les tissus particuliers de la betterave, j'ai fait celte expérience, très-simple, en plon- geant une tranche mince (coupée perpendiculairement à l'axe de cette racine) dans une solution aqueuse saturée d'iode. >' On peut constater, en examinant à l'œil nu cette tranche dans le liquide , les caractères suivants qui distinguent ses tissus : >. 1°. Le tissu spécial, à cellules étroites cylindriques, contenant le maximum de sucre et de substances inorganiques concrètes, se dessine, par sa nuance plus blanche et plus opaque, sur le tissu celluleux voisin; ). a". Le tissu celluleux, pauvre en sucre, mais plus abondant en eau comme en matière azotée et sels solubles, oppose sa nuance jaune orangé, translucide, au blanc mat du cercle concentrique précité. Et ainsi de suite alternativement se détachent les unes sur les autres les zones de composition et de coloration différentes. » De telle sorte que la tranche de betterave blanche montre aussi bien les C. R., iS\0. i" Semestre (T. XXIV, N» 25.) I 29 ( 986 ) . indices des deux sortes de tissus à composition spéciale, que les tranches de la betterave disette à zones alternatives blanches et roses. " On remarque, d'ailleurs, la coloration jaune orangé intense des vais- seaux au milieu des zones blanches ; coloration indiquant la matière azotée abondante qui imprègne, dans toute leur épaisseur, les membranes de ses vais- seaux, et qu'une observation avait effectivement annoncée dans le Mémoire précédent. » Enfin, le même phénomène de coloration jaune très-foncé indiqua une couche épaisse enveloppant toute la racine. J'ai examiné sous le microscope cette couche périphérique, et j'ai reconnu qu'elle est formée de quatre à six rangées de cellules épidermiques, toutes formées de cellulose fortement injectée de substances azotées et de silice, bien plus résistantes, avec leur coloration, à l'action de l'acide sulfurique que ne le sont toutes les mem- branes du tissu cellulaire sous-jacent; celles-ci se désagrègent les premières, développant ainsi, même directement et sans épuration, la coloration bleu- violet intense : attribut de la cellulose pure ou très-peu injectée. » On voit que la présence et la persistance d'une enveloppe générale com- posée de cellulose injectée de silice et de substance azotée, est conforme à l'une des lois générales que j'ai signalées de la composition chimique des végétaux (i). n ÉCONOMIE RURALE. — Aperçu sur la chimie phjrsiologique ; par M. Charles Gaddichavd. « Il n'est pas un agriculteur, un horticulteur, ou même un simple maraî- cher, qui ne connaisse, au moins par la pratique, l'action de l'air et de la lumière sur la végétation. » Il n'est pas un botaniste, un anatomiste ou un modeste jardinier qui ne sache aujourd'hui que les végétaux monocotylés et dicotylés , pour peu qu'ils soient bisannuels ou vivaces , s'accroissent incessamment du centre à la circonférence. » Enfin, il n'est pas un physiologiste, vraiment digne de ce nom, qui n'admette que les tissus végétaux agissent en raison directe de leur nature, de leur âge, de leur position, ou, autrement dit , selon le milieu dans lequel ils sont appelés à remplir leurs fonctions. » Ce sont là, maintenant, autant d'axiomes irrécusables que plusieurs (i) Cet épiderme, sec, forme 0,0012 tlu poids de la beUerave, contient 0,024 d'azote et donne o , 225 de cendres. ( 987 ) exemples choisis parmi les faits les plus vulgaires et les plus connus de tout le monde, vont nous servir à remettre en mémoire. » On sait que les plantes de nos jardins potagers, qui croissent naturel- lement en plein air, verdissent plus ou moins, et quelles produisent, selon leur nature, des principes divers acres, amers, aromatiques, etc. " On sait aussi qu'en les privant du contact direct de l'air et surtout de la lumière, soit en les liant, soit en les abritant sous des cloches, soit enfin en les couvrant de terre, elles blanchissent généralement et perdent unegrande. partie de leurs propriétés naturelles pour en acquérir de nouvelles, parfois très-différentes, et ordinairement sucrées. , » Pour en donner une idée, il nous suffira de citer le céleri (^Apium graveolens) ^ la scariole [Lactuca scariola) , la chicorée endive [Cichurium endivia), la laitue {Lactuca sativd), le chou [Brassica oleracea), et enfin la chicorée sauvage {Cichorium intybus), vulgairement connue sous le nom de barbe de capucin , qu'on fait croître dans les caves et autres lieux obscurs et humides. » 11 n'est pas un paysan, pas un terrassier même du département le plus arriéré et le plus fortement nuancé par notre savant confrère M. Charles Dupin, qui ne sache parfaitement cela. La science en a-t-elle donné l'expli- cation physiologique ? Pas encore ! >' Tous savent aussi, d'un autre côté, que, si l'on abandonne à l'air des pommes de terre, elles verdissent et acquièrent des propriétés qui les font généralement bannir de la consommation habituelle. » Cette propriété qu'ont les pommes de terre de verdir par l'action de la lumière directe a été récemment rappelée par un très-habile agriculteur, M. Vilmorin, correspondant de l'Institut, et indiquée comme un bon moyen de conserver les tubercules destinés aux semis. " Ce savant agronome a parfaitement eu raison de conseiller ce procédé; car, en exposant les pommes de terre à faction de l'air et de la lumière, on leur fait perdre une partie de leur humidité surabondante et acquérir un degré de vitalité qu'elles n'ont pas ordinairement. " Nous nous proposions nous-mêmes, dans un travail que nous avons fait en 1845, d'indiquer ce moyen, non-seulement pour les tubercules destinés à la plantation de l'année suivante, mais aussi pour la plus grande partie de la récolte de réserve. L'expérience nous a, en effet, démontré que les tuber- cules verdis, et par cela même rendus désagréables au goût ou même insa- lubres, lorsqu'ils sont ensuite conservés à l'abri de la lumière directe, re- prennent, en vingt-cinq ou trente jours, toutes leurs propriétés premières et 129 . . ( 988 ) deviennenl presque anssi savoureux que s'ils n'eussent pas subi ce genre d'al- tération. » Nous nous proposions donc de conseiller aux agriculteurs de tenter ce procédé, surtout pour les pommes de terre destinées aux silos et autres lieux analogues où on les conserve ordinairement, mais bien entendu , de l'expé- rimenter avec le plus grand soin avant d'y soumettre leurs récoltes géné- rales : car le meilleur conseil, lorsqu'il s'agit d'aussi grands intérêts, a tou- jours besoin d'être sanctionné par l'expérience. » Cette action puissante de la lumière sur les productions végétales étant bien constatée par l'expérience de tous les temps, nous avons naturellement dû en faire l'application à quelques végétaux utiles, et surtout à la bette- rave, qui, depuis un demi-siècle, a pris une grande importance agricole, » Il y a, en effet, plus de trente ans que nous avons étudié les betteraves sous le rapport de la production du sucre, et que nous avons reconnu que certaines pratiques de culture, basées sur l'action relative de la lumière et de l'obscurité, avaient une grande influence sur la sécrétion de la matière sucrée. » On sait que les betteraves acquièrent de très-fortes dimensions , et que , selon les terrains, elles grandissent souvent de 8, lo, et même i5 centi- mètres au-dessus du sol. » Il a dû, tout naturellement, nous venir à la pensée de faire des études comparatives sur les proportions de sucre renfermées dans les parties supé- rieures et inférieures de ces tiges charnues, et nous avons trouvé que non- seuleraent ces proportions étaient plus grandes dans les régions infé- rieures que dans les supérieures, mais aussi plus pures et d'une plus facile extraction. " Comme , à cette époque , nous nous occupions presque exclusivement de chimie, et que nous avions toutes les facilités désirables pour opérer, nous ne bornâmes pas là nos recherches. » Dans un jardin botanique, que nous avions fondé, nous cultivâmes des betteraves, et comme le terrain était très-favorable à ces plantes, nous en obtînmes d'énormes. » Ayant précédemment reconnu que les parties inférieures et souter- raines renfermaient plus de sucre que les parties supérieures ou aériennes , et attribuant cette différence à l'action de l'air et de la lumière, ou, autre- ment dit, à la formation, dans le sommet de la tige, de principes différents, nous chaussâmes et buttâmes fortement un certain nombre de ces plantes , et, vingt-cinq ou trente jours après, nous trouvâmes qu'elles contenaient,. , ( 989 ) dans cette région supérieure, beaucoup plus de sucre que la même partie de celles qui n'avaient pas subi cette opération. » Ce ne sont là que des souvenirs dont les éléments sont restés en d'autres mains, et que nous ne signalons ici que pour appeler l'attention sur un phé- nomène de physiologie qui a besoin d'être vérifié, et qui, s'il était reconnu exact et constant, trouverait peut-être d'utiles applications en agriculture. » Depuis ce temps, nous nous sommes sérieusement occupé des bette- raves , mais particulièrement sous le rapport de l'anatomie. Un extrait de nos études a été inséré dans notre Orgànogrnphie (i), qui date d'une quin- zaine d'années. n La betterave est un végétal dicotylé, fort remarquable en ce qu'il offre annuellement plusieurs couches ou zones distinctes. Nous avons cherché à nous rendre compte de ce singulier phénomène , el nous avons cru recon- naître qu'il était dû à ce que chaque verticille de feuilles formait un système particulier produisant une sorte de couche vasculaire distincte (2) : on sait que ces couches ou zones vasculaires sont séparées par d'épaisses tranches de tissus parenchymateux (3). » Cette explication a été contredite , au moins implicitement , et peut fort bien n'être pas exacte ; mais, comme elle n'a pas été directement remplacée , nous la maintenons en attendant mieux. " Ce que nous savons très-bien , c'est que ces couches vasculaires se dé- veloppent normalement de haut en bas et du centre à la circonférence , comme celles des autres dicotylés; que les tissus vasculaires et cellulaires de la péri- phérie sont les plus jeunes, et que pendant qu'ils fonctionnent pour leur dé- veloppement, ils ne le font pas pour leurs sécrétions particulières. " Les proportions de sucre doivent donc être plus grandes dans les couches du centre, qui sont plus anciennes, plus épaisses, et, pour ainsi dire, ache- vées (4) , que dans celles de la circonférence , qui sont encore en voie de for- mation. » Nous savons que des opinions contraires ont également été avancées à ce sujet; mais n'ayant pas eu l'occasion de vérifier les faits sur lesquels elles reposent, nous ne les admettons qu'avec une juste réserve. Quoi qu'il en soit, les couches extérieures de la betterave étant les moins épaisses, et , seloa (i) Voyez GiiunicHAUD ; Organographie , page io5 , table XII. (2) Voyez GAnDicHAtiD; Organographie, PI. XII, ^g. 2. (3) Idem, ibidem; PI. XII, fig. 2. . v (4) Idem, ibidem; PI. XII, fig. 2. ( 99° ) nous, les plus jeunes, comparables, sous ce rapport, aux fruits encore verts, aux nouvelles pousses de l;i canne à sucre , du maïs, etc. , on pourrait peut-être les enlever pour la nourriture des bestiaux , et réserver celles du centre pour la fabrication du sucre. Cette simple pratique offrirait, du moins nous le pensons, de très-grands avantages aux fabricants, et de plus grands encore aux agriculteurs, puisque, selon les principes physiologiques de la chimie moderne , ce sont les tissus les plus jeunes qui sont les plus azotés , et , dit-on, les plus nourrissants (i). ') Toutes les observations que nous avons faites sur les plantes saccha- rifères, moins toutefois celles qui le deviennent par étiolement, nous ont démontré que les proportions de sucre sont toujours en raison directe du degré de maturité des plantes ou de leurs parties. Ainsi, la betterave, les fruits , la canne à sucre , etc. , sont exactement dans ce cas. >' Nous avons déjà dit un mot de la canne à sucre (2) , et la circonstance nous engage à en parler de nouveau pour montrer la vérité de nos assertions , et les appuyer de preuves plus manifestes encore. » On sait que cette plante est une graminée dont les phytons se déve- loppent les uns au-dessus des autres, et, bien entendu, les uns après les autres, comme les uns dans les autres, pour former des tiges grêles, arti- culées, dont chaque nœud ou mésophyte porte une feuille. Eh bien, l'expé- rience nous a démontré que, dans cette plante, la saccharification s'opère en montant, et très-régulièrement, de la base au sommet, article par article, ou, pour parler plus exactement, phyton par phyton, et que les entre-nœuds ou mérithalles tigellaires de la base sont entièrement mûrs et sucrés, alors que les autres sont encore herbacés et de plus en plus vireux vers le sommet. )i Ce fait essentiel a été constaté d'une manière bien plus directe encore par un de nos anciens amis de la marine , M. A. Vinson père, actuellement médecin à l'île Bourbon, qui a su en tirer le plus heureux parti. » Voici le résumé de ce que ce savant médecin et très-habile industriel nous écrivait, à ce sujet, le il\ octobre 1842 : « J'ai reçu les exemplaires de vos nouveaux Mémoires, etc. Un fait indus- » triel de la plus haute importance pour mon établissement m'avait déjà été » révélé, quant à la canne, par Texpérience. Il renversait toutes les idées (i) Les tissus du sommet, de la périphérie et de la base extrême doivent donc être préT férés pour la nourriture des animaux. ' ' ■ " ■■ ' ' (2) Comptes rendus; 8 avril i844) 3o juillet i845. ' ' t ' ■ • ■ (99» ) » reçues jusque-là. La science vient en aide à la pratique, et c'est là son plus » beau triomphe. Voici ce dont il s'agit : » Nous achetons, dans notre usine, le vesou à tant la barrique. MM. les » planteurs de canne (et j'étais de ce nombre) croyaient que la canne verte » donnait plus de vesou que la canne bien mûre qui, selon eux, devait se » dessécher sur pied. Ils savaient bien que le jus de la canne verte conte- >' nait moins de sucre que celui de la canne mûre ; mais, n'ayant en vue que » la quantité et nullement la qualité, le cas n'étant pas prévu par nos mar- » chés , ils nous forçaient à manipuler leurs cannes avant la maturité , » ce qui nous occasionnait de grandes pertes. » Le vesou de la canne verte marque, à l'aréomètre de Baume , depuis » 8 jusqu'à lo degrés; et, à mesure que le suc s'élabore, il marque de lo à >• i3 degrés, le plus communément i2"3o'.! Or l'expérience m'a révélé que » la quantité de vesou est plus grande dans la canne bien mûre que dans la » canne verte. " ' . » Il y a donc avantage, sous le rapport de la quantité et de la qualité, » à laisser mûrir les cannes. » " Et, après avoir établi de justes comparaisons entre la canne verte et les » fruits verts, ce savant industriel ajoute : « Dans la canne encore verte, l'écorce est épaisse et dure, les fils longitu- » dinaux sont confondus , les cellules ne sont pas distinctes, leurs cloisons » sont épaisses et sans vides ; d'où il résulte que le parenchyme forme une » masse opaque, compacte, qui, par une forte pression, ne donne qu'un » liquide albumineux , mucilagineux, féculent et à peine sucré. La canne » sortant des cylindres reprend, après la plus forte pression, sa forme ') primitive. » Dans la canne bien mûre , au contraire , l'écorce est mince , les fils lon- n gitudinaux bien distincts ; le parenchyme , vu au microscope , est composé » de cloisons dilatées, minces , dont l'intérieur est plein de jus d'autant plus )) abondant et sucré , que la maturité est plus avancée. La canne sort entière- " ment écrasée des cylindres. » n Cette Lettre, dont je ne donne qu'un extrait, se termine par le tableau suivant, qui, par les utiles renseignements qu'il renferme , me paraît devoir prendre place dans les Comptes rendus : ( 99^ ) COARRETÉE QUANTITÉ DEGRÉ. ETAT PHYSIQUE des MOIS de à deux mu- lets, de vesou obtenue à un moulin du vesou à l'aréomètre ÉTAT DE lA SAISOR. cannes. travail. grandeur de de moyenne. la chevaux. Baume. Cannes vertes Juillet. I I barrique 45"^ 0 - 9,00 Temps froid et pluvieux. Août. 1 barrique 56<^ 1 barrique 68"^ - 9.45 — 10, îo Temps froid et pluvieux. Un peu plus chaud et pluv. Cannes Jaunissantes. . . Septembre. ' C.inncs presque mûres. Octobre. I I barrique 89"^ — II, 3o Chaud et temps sec. » r^a savante pratique de M. Vinson vient donc confirmer et fortifier même la théorie , et prouver , ainsi que nous l'avons déjà fait , que la saccba- rification est progressive et marche avec les développements successifs des phytons, de leurs organes, de leurs tissus; et enfin qu'elle agit toujours de bas en haut, ou , ce qui revient au même, du centre à la circonférence. " Supposez, en effet, qu'à la place de ses longs mérithalles articulés, la canne à sucre en ait de très-courts, non articulés, et que les vaisseaux radi- culaires de tous les phytons descendent successivement les uns au-dessus des autres, de manière à former des couches concentriques, comme on le remarque dans cevta'ms liracœna^ cordjline, jucca, etc.; les couches du centre inférieur (i), qui seront réellement lés plus anciennes de tout le végétal, seront aussi naturellemement chargées d'une plus grande quantité de matière sucrée. » La démonstration exacte de ce fait nous est donnée par le Phœnix sjlvestris, dont les habitants des Indes orientales retirent le vin et le sucre de palme , au moyen de fortes entailles alternes qu'ils pratiquent successi- vement et annuellement de la base au sommet des troncs. » Plus les entailles voisines de la base de ces stipes sont profondes, plus les produits liquides qu'on en retire sont abondants et riches eu matière sucrée; tandis que celles du sommet, que l'on pratique souvent jusque dans le bourgeon terminal , donnent des résultats inverses. » Tels sont du moins les renseignements qui nous ont été donnés et qui s'accordent parfaitement avec les principes d'organographie et de physio- ( I ) Les couches centrales d'un point quelconque de tige de Monocotylé et de Dicotylé sont toujours plus anciennes. ( 993 ) logie que uous avons exposés et que nous venons de reproduire pour la canne à sucre; puisque les parties centrales de la base de ce palmier (i) représentent exactement, selon nous, les mérithalles inférieurs ou les plus anciennement formés de la canne à sucre, etc. » Ce ne sont donc pas les feuilles qui , dans les betteraves , les maïs , les palmiers, la canne à sucre, etc., sécrètent les principes sucrés , mais bien les tissus tigellaires, radiculaires ou concentriques, et particulièrement les plus anciens de la base, comme dans la canne à sucre (2), ou du centre inférieur, comme dans les betteraves, les palmiers, etc. » Les arbres saccharifères à cœur ligneux , tels que certains érables , etc., devront naturellement offrir quelques modifications à cette règle, sur laquelle nous comptons revenir, afin de la régulariser et de la fortifier de tous les faits que nous avons pu réunir. " En donnant aujourd'hui, prématurément peut-être, ces notes superfi- cielles, nous avons voulu, une fois de plus, essayer de faire comprendre qu'il y a dans la nature une physiologie, et, comme nous l'avons déjà dit, une chimie physiologique ou chimie naturelle, dont les phénomènes s'accom- plissent sous l'action de la vie et pour la vie elle-même ; chimie entièrement distincte, à nos yeux , de celle qui traite et n'a encore pu traiter que des corps inorganiques et des corps organisés mourants, ou entièrement privés de vie, qui tue et ne saurait rien animer, et que bien mal à propos, selon nous, on décore du titre de physiologie. •• . " Ce n'est pourtant qu'avec une certaine répugnance que nous avons adopté le nom de chimie physiologique. Si nous l'avons fait, toutefois, c'est qu'en réalité les corps organisés, leurs éléments organisateurs et toutes leurs sécrétions résultent [)ositivement de la conjbinaison des quatre éléments principaux qui les caractérisent. Mais quelles sont les forces , les agents (i) On peut voir ce palmier dans les grandes galeries phytologiques du Muséum. Nous le devons à l'extrême obligeance de notre savant confrère, M. le docteur Wallich, qui a bien voulu nous l'envoyer de Calcutta , pour nos prochains travaux de physiologie. (2) Il ne sera pas inutile de remarquer ici que , dans la canne à sucre , lorsque les phytons du sommet se développent encore , ceux de la base , dont les mérithalles tigellaires sont de plus en plus chargés de sucre, ont leurs feuilles épuisées, jaunies, souvent complètement flétries ou mortes. La saccharification marche donc en raison inverse de la vitalité des phytons , de leurs organes, de leurs tissus. Nous reviendrons sur ce sujet important en traitant de là maturation des fruits , du phéno- mène de l'étiolement naturel et artificiel , etc. C. R. , i84; . i«r Semestre. (T. XXIV , N» 23 ' 1 3o ( 994 ) énergiques qui président à ces combinaisons? quelles sont les actions bien nettement indiquées produites par l'électricité , par la lumière et par la chaleur; par l'air, par l'eau et leurs éléments; par les corps étrangers qui pénètrent dans les végétaux et s'y fixent, pour la plupart, après avoir subi de nombreuses réactions? «rsfji) iinr, • » Telles sont les questions qu'on pourrait faire et qui resteraient sans réponses. » Puisque, enfin , la physiologie, comme il nous est aujourd'hui donné de la comprendre, produit des combinaisons, nommons-la donc chimie physiologique , en attendant des noms qui jurent un peu moins de se trouver ensemble. Mais distinguons-la entièrement des autres chimies, delà chimie des corps inorganiques surtout, et non moins nettement de la chimie des corps organisés , qui serait peut-être mieux nommée des corps désorganisés (i). » Ainsi donc nous proposerions , pour obvier aux inconvénients qui ré- sultent de la confusion des noms et des idées , d'admettre trois sortes de chimie : >' i"^. La chimie des corps inorganiques, qui na pas besoin d'être carac- térisée; » 2°. La chimie des corps organisés, qui est aujourd'hui si riche en faits admirables, mais qui n'en est pas moins désorganisatrice poin- cela; » 3°. La chimie physiologique ou naturelle, qui , sous l'action d'une force encore inconnue , sous l'action de la vie, est essentiellement organisatrice, et dont le sublime artisan, les laboratoires, les appareils, les agents, les forces et les combinaisons n'ont rien de commun avec ceux des autres chimies. n C'est donc vers cette chimie qu'on ne connaît pas encore, et dont on parle toujours, qu'il faut diriger tous nos efforts, si nous voulons mar- cher dans la route de la vérité , et tenter d'arriver un jour à la connaissance des causes appréciables de la vie ou , autrement dit, de la seule et véritable physiologie. I) Nous n'avons, pour cela, qu'un seul moyen à employer: c'est défaire (i) Toutes les considérations que nous avons présentées à ce sujet s'appliquent exclusi- vement aux procédés qui opèrent sur les produits végétaux par des réactions chimiques , lesquelles, dans beaucoup de circonstances, peuvent les modifier, ou même les décomposer. Nous n'ignorons pas qu'il existe des procédés physiques , dus à notre illustre confrère M. Biot, par lesquels ceux des produits végétaux qui sont liquides et perméables à la lu- rnière peuvent être étudiés , sans subir aucune altération dans leur constitution naturelle. Les caractères que l'on découvre ainsi par une simple intuition optique sont réellement propres aux produits dont il s'agit, tels qu'ils sont sécrétés. ( 995 ) en phytologie ce qu'on a pratiqué en zoologie; c'est d étudier à fond l'organisation des êtres végétaux avant de chercher à en expliquer les fonctions; c'est de faire des anatomies générales, et, en un mot, d'arriver à mieux connaître les merveilleux appareils où s'accomplissent les phéno- mènes de la vie. » Jusque-là, la chimie peut faire d'innombrables découvertes, elle n'en restera pas moins, ce qu'elle est aux yeux de tous, une science, sans nul doute, admirable, mais insuffisante pour expliquer les phénomènes delà vie. Lorsqu'elle agira sur les corps organisés , elle nous en fera exactement con- naître, un à un, les éléments constituants, les proportions, peut-être même les équivalents; elle extraira tous les corps sui generis, toutes les sécrétions, tous les tissus particuliers, et nous en dévoilera la nature intime: elle sépa- rera nettement la cellulose, le ligneux, la fécule, le sucre, la gomme, la résine, les huiles fixes, volatiles, toutes les combinaisons salines, etc. : mais pour cela elle n'en sera pas moins toujours de la chimie organique pure, et non de la physiologie. . , » Nous ne croirons donc à la physiologie des savants modernes qui se sont levés contre l'évidence des faits et des principes rationnels, que lors- qu'ils auront composé, nous ne dirons pas un être végétal vivant, un organe, un tissu complexe, même un tissu simple, puisque cela est impos- sible, mais seulement une cellule, une fibre, un vaisseau, un grain de pol- len , un grain de fécule , ou , selon les uns , une goutte , et, selon les autres , une utricule de ce qu'ils appellent le cambium. n Nous n'y croirons, enfin, que lorsqu'ils auront au moins prouvé ce qu'au nom de la science qui souffre de leur mortelle opposition, l'Académie est peut-être en droit d'exiger d'eux, qu'ils ont des principes arrêtés et précis sur l'organographie et l'anatomie des végétaux, c'est-à-dire sur les merveil- leux laboratoires où se fabriquent et fonctionnent les vases vivants de la chimie physiologique. • ' • » Pour arriver à la physiologie végétale, il faut donc, avant tout, connaître l'organisation dans tous ses rapports, et l'anatomie dans tous ses détails; connaître la composition élémentaire de l'organisation, ce que la chimie organique sait déjà très-bien connaître; le jeu des combinaisons élémen- taires qui produisent l'organisation, ce qui sera, selon nous, la grande mis- sion de la chimie physiologique, de la chimie vivante, de la chimie natu- relle, dont l'anatomie et la chimie organique ont préparé tous les matériaux. Alors, mais seulement alors, nous apparaîtra dans tout son jour, dans toute ' i3o.. (996) sa magnificence, la physiologie réelle dont nous pourrons étudier, en les admirant, les évidentes manifestations. " THÉORIE DES NOMBRES. — Mémoire sur diverses propositions relatives à la théorie H es nombres; par M. Augustin Cauchy. « Des propositions diverses, relatives à la théorie des nombres, peuvent se déduire du théorème fondamental que renferme mon Mémoire du 1 5 mars dernier, et qui s'y trouve énoncé dans les termes suivants : '• Théorème. Supposons que, X étant une fonction entière de x à coef- ficients entiers, l'équation X=o soit irréductible; si une seule racine x de cette équation vérifie une autre équation algébrique, et à coefficients entiers, 9(x) = o, alors la fonction y (x) sera divisible algébriquement par la fonction X. Donc, si, dans cette dernière, le coefficient de la plus haute puissance de x se réduit à l'unité, on aura ^{x) =X']f{x), t|; (a:) désignant encore une fonction entière de .r , à coefficients entiers. » Ce théorème conduit surtout à des résultats dignes de remarque, dans le cas où les racines de l'équation X=o peuvent être exprimées par des fonctions entières d'une première racine x. Alors, en effet, si l'on prend pour %{3C) le produit de fonctions entières et semblables des diverses racines, et si les diverses fonctions sont à coefficients entiers, le produit f^{x)-, quand on prendra pour X la racine en question, se trouvera réduit à un nombre entier /, et, par suite, la différence sera divisible algébriquement par X. Donc, par suite, si l'on attribue à x ( 997 ) une valeur entière qui rende X divisible par /, le produit j^ipc) sera lui- même divisible par /. » Supposons maintenant que l'on désigne par y une fonction entière des diverses racines j:, x, , x^, . ., et soient • les valeurs distinctes que peut prendre y en vertu d'échanges opérés entre les racines dont il s'agit. Alors les termes de la suite seront les diverses racines d'une équation nouvelle , et rien n'empêchera de prendre pour / (x) le produit de fonctions semblables des divers termes de cette nouvelle suite. Alors aussi on obtiendra encore des propositions analogues à celles que je viens d'énoncer. , " Ces diverses propositions, et les conséquences qui s'en déduisent, com- prennent, comme cas particuliers, ainsi qu'on le verra dans mon Mémoire, celles qui se rapportent à la théorie des polynômes radicaux, et spéciale- ment celles que renferme un beau Mémoire de M. Rummer, présenté à l'Académie par notre confrère M. Liouville , dans une des précédentes séances. » Parmi les théorèmes auxquels je suis parvenu, et qui sont relatifs à la théorie des équations binômes, je citerai les suivantes : " Soient n un nombre premier impair, / un nombre entier quelconque, et g, h deux facteurs entiers dont le produit soit égal à n — i , en sorte qu'on ait « — I = ^h. Soient, de plus, o une racine primitive de l'équation (0 ' - . ' '■ af=i, r une racine primitive de l'équivalence (2) ■ x"^i, ( mod. / ) , et .y une racine primitive de l'équivalence ^ (3) x"-' = i (mod.n). Enfin , supposons qu'après avoir partagé les racines imaginaires de l'équa- tion (i) en h périodes, dont chacune comprenne g racines diverses, on ( 998 ) nomme Po, Pi, ■ ■ ■ ph-i les h sommes dont chacune est formée avec les racines coniprises dans une même période , en sorte qu'on ait ■ ' --r- p , (4) Pk = --P + P +P et posons (5) X,= ■- {x — f/) {x — p'' Si l'on représente par f (js) le polynôme radical et du degré « — i, auquel on peut réduire une fonction entière des sommes ' ■ Po, Pi 7 • • ■ ■> Ph-S 1 la différence n^)-np) sera divisible algébriquement par la fonction Xo, et la différence f(^)-f(/) par la fonction X^. >' De plus , si l'on représente par r^ ce que devient p,, quand on remplace p par r dans le second membre de la formule (a), les divers termes de la suite représenteront h racines distinctes de l'équivalence (6) '• Xi,^i (mod. /), et le produit (7) •. [fW-f(r)][f(r)-f(rO]...[f(r)-f(r^*-')] sera divisible par /. . » Il est bon d'observer que, dans le cas où / est un nombre composé en sorte qu'on ait p,q,. . . étant des nombres premiers, elX, [j.,... des nombres entiers, les ( 999 ) racines de l'équivalence (2) sont en nombre égal à n' m étant le nombre des Facteurs premiers p, q,. . . . Mais, parmi ces racines se trouvent des racines primitives , dont chacune doit être élevée au moins à la n''^"" puissance, quand on veut la transformer en une puissance équiva- lente à l'unité suivant le module n. Ajoutons que, si l'on nomme /■ une de ces racines primitives, les divers termes de la suite représenteront /i racines distinctes de l'équivalence (2). » Dans un autre article, je reviendrai sur ce sujet, et je comparerai les résultats auxquels je suis conduit, dans la théorie des polynômes radicaux, avec ceux qu'a obtenus M. Kummer. » OPTIQUE ET TYPOGRAPHIE. — Notice sur les miroirs magiques des Chinois et leur fabrication ; suivie de documents neufs sur l'invention de l'art d'im- primer à l'aide de planches en bois , de planches en pierre et de types mobiles, huit, cinq et quatre siècles avant que l'Europe en fît usage. (Extrait des livres chinois par M. Stanislas Julieiv. ) « Miroirs magiques. — Plusieurs savants illustres ont cherché long- temps et sans succès , la véritable cause du phénomène qui a fait donner à certains miroirs métalliques, fabriqués en Chine, le nom de miroirs magiques. Dans le pays même où on les fait , aucun Européen n'avait pu obtenir jusqu'ici, des fabricants ou des lettrés, les renseignements qui nous intéressent , parce que les uns les tiennent secrets , quand par hasaid ils les possèdent , et que les autres les ignorent en général. J'avais trouvé maintes fois, dans les livres ciiinois, des détails sur ces sortes de miroirs, mais ils n'étaient point de nature à satisfaire la juste curiosité des savants, soit que l'auteur donnât de lui-même une explication hasardée, soit qu il avouât de bonne foi que cette curieuse propriété est due à un artifice de fabrication dont quelques artistes se réservent le monopole. Cette réserve prudente se conçoit aisément, quand l'on songe que les rares miroirs qui produisent le phénomène requis se vendent dix et vingt fois plus cher que les autres. Un grand miroir de ce genre existe entre les mains ( lOOO ) de M. le marquis de La Grange, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (i). » Sans insister davantage sur cette question, je me hâte de présenter à l'Académie des Sciences la traduction littérale d'un passage chinois, fort étendu, que je viens de trouver dans l'encyclopédie intitulée Ke-tchi- king-jouen , liv. LVI , fol. 6 et suiv. J'aime à penser que cette com- munication sera accueillie avec intérêt. " Tkéou-kouang-kien ou miroirs qui se laissent pénétier par la lumière (expression qui vient d'une erreur populaire). Si l'on reçoit les rayons du soleil sur la surface polie d'un de ces miroirs, les caractères ou les fleurs en relief qui existent sur le revers, se reproduisent fidèlement dans l'image (reflétée) du disque. Chin-kouo (écrivain qui florissait au milieu du xi'^ siècle) en parle avec admiration dans ses Mémoires intitulés Mong- ki-pi-tân, liv. XIX, fol. 5. Le poète Kin-ma les a célébrés en vers; mais jusqu'au temps des empereurs mongols, aucun auteur n'avait pu expliquer ce phénomène. Ou-tseu-hing, qui vivait sous cette dynastie (entre 1260 et i34i), a eu le premier ce mérite. Voici comment il s'exprime à ce sujet : « Lorsqu'on place un de ces miroirs en face du soleil, et quon fait » refléter, sur un mur très-rapproché, limage de son disque, on y voit " apparaître nettement les ornements ou les caractères en relief qui > existent sur le revers. Voici la cause de ce phénomène qui provient de )) l'emploi distinct de enivre fin et de cuivre grossier. Si , sur le revers du 1' miroir, on a produit, en le fondant dans un moule, un dragon disposé » en cercle, sur la face du disque, on grave profondément un dragon » exactement semblable. Ensuite, avec du enivre un peu grossier, on >' remplit les tailles profondes de la ciselure; puis on incorpore ce métal » au premier, qui doit être d'une qualité plus pure, en soumettant le miroir " à l'action du feu; après quoi l'on plane et l'on dresse la face du miroir, >• et l'on y étend une légère couche de plomb (étain?) ( I ) Ce miroir, dont le revers est en grande partie oxydé , offre quatre grands caractères unis (c'est-à-dire sans relief) et d'un métal plus pâle que le reste du disque , savoir : à droite, le mot choang (deux), et à gauche, le mot kin (métal, métaux); en bas, le mot très-compliqué cheoii, longévité; celui du haut est masqué par une couche d'oxyde. Il est probable que c'est le mot/oK, bonheur, qu'on associe toujours, sous forme de souhait, au mot longévité. Au centre du miroir se trouvent deux lignes verticales , de cinq petits caractères chacune, dont le sens est ( ligne droite) , image supérieurement vraie et pure; (ligne gauche) , par un soleil clair, les (quatre grands) caractères naissent d'eux-mêmes, c'est-à-dire apparaissent d'eux-mêmes et se détachent nettement sur l'image du disque poli. ( lOOI ) -o-n I,oisqii'on tourne, vers le soleil, le disque poli d'un mii'oir ainsi " préparé, et qu'on reflète son inia^je sur un mur, elle présente dislincte- » ment des teintes claires et des teintes obscures qui proviennent, les » unes des parties les plus pures du cuivre, les autres des parties les " plus {{rossières. » - :. ' ■ . ' » Ou-tseu-hin{f , à qui nous devons l'explication qui précède, nous apprend qu'il a vu briser en menus fragments un miroir de ce genre, et qu'il a reconnu par lui-même lexactitude de sa description. « . , Note de M. Seguieb. .1 tj'obligeance de M. le marquis de La Grange nous procure l'honneur de placer, sous les yeux des membre-; de l'Académie, un miroir métallique du genre de ceux appelés en Chine miroirs magiques. Nous avons pensé que l'un de ces miroirs présenterait un intérêt plus piquant, le jour même où notre confrère, M, Julien, .adressait à l'Académie la traduction d'un ou- vrage chinois, expliquant par quels procédés métallurgiques les artistes chinois obtiennent les images produites par la réflexion des rayons solaires sur ces miroirs. "'» En cherchant si notre industrie n'offre rien de semblable à ce que les Chinois obtiennent suivant la méthode traduite, par l'emploi de métal à des degrés d'alliage différents, nous trouvons que, dans la confection des cylindres à imprimer les étoffes, il arrive souvent que la trace des dessins frappés au mouton subsiste encore lorsque le cylindre a été réduit de dia- mètre, en ramenant sur un même plan toutes les parties du cylindre, pour faire disparaître le creux du dessin. >> Un effet analogue se fait aussi remarquer lorsque l'on abat le relief d'une pièce de monnaie ou d'une médaille, et que l'on polit le métal, f^a différence des densités qui subsistent entre les diverses parties différemment comprimées pendant la frappe , laisse apercevoir très-nettement les con- tours d'un relief qui n'existe plus. » TiC même effet se produit encore dans les moulages , même du bois. Cette propriété que possède la matière de présenter à l'œil un aspect différent après les changements moléculaires qui résultent d'une compression partielle, a donné naissance à une industrie qui consiste à convertir en bois moirés et mou- chetés des bois unis, en leur faisant subir de simples compressions partielles. Mais, entre ces opérations industrielles çt les curieux effets obtenus par les Chinois, il reste toute la différence d'une image visible à tous moments , à un dessin qui n'apparaît qu'au milieu des rayons réfléchis sans pouvoir être dis- • C. R, 1847, i"Semej!/'f. (T. \KIV,N0 25.) - : . . - , .. l3l ( I002 ) tingués sur le miroir même pendant leur réflexion ; des essais, suivant le pro- cédé traduit par M. Julien , nous apprendront si tout le prestige ne tient pas à une légère couche d'étamage dont les Chinois recouvrent le travail métal- lique opéré à la surface de leurs miroirs dits magiques, précisément peut- être pour dissimuler à l'œil les dessins que les rayons solaires rendent seuls apparents par la diversité de leur réflexion. » TYPOGRAPHIE. — Extrait des livres chinois; par M. Stasiislas Julien. « Planches stéréotypes en bois. — Suivant Klaproth {Mémoire sur la boussole, page 129), le premier usage des planches stéréotypes en bois remonterait au milieu du x* siècle de notre ère : « Sous le règne de Ming- » isong, delà dynastie des Thang postérieurs, dans la deuxième des années >' Tchang-hing (982 de Jésus-Christ), les ministres Fong-tao et Li-yu pro- " posèrent à l'Académie Koue-tseu-kien de revoir les neuf King (livres cano- 1! niques), et de les faire graver sur des planches de bois pour les imprimer » et les vendre. L'empereur adopta cet avis; mais ce ne fut que sous leni- " pereur Thaï-tsou, de la dynastie des Tcheou postérieurs, dans la deuxième >> des années Kouang-chun (ou en gSa), que la gravure des planches de»; » King (ou livres canoniques) fut achevée. On les distribua alors, et ils " eurent cours dans tous les cantons de l'empire. » » M. Klaproth fait observer que l'imprimerie , originaire de Chine, aurait pu être connue en Europe environ i5o ans avant qu'elle n'y fût découverte, si les Européens avaient pu lire et étudier les historiens persans; car le pro- cédé de l'impression employé par les Chinois se trouve assez clairement exposé dans le Djemma'a et-tewarikh de Râchid-Eddin , qui termina cet immense ouvrage vers 1 an i3io de Jésus-Christ. » Nous ajouterons que l'Europe aurait pu connaître l'imprimerie 860 ans avant qu'elle ne fût découverte dans nos contrées, si quelques années avant le commencement du vi* siècle, elle eût été en relation avec la Chine. Grâce à ce procédé, quelque imparfait qu'il fût dans l'origine, il eût été possible de reproduire à peu de frais, en nombre immense, les chefs-d'œuvre de l'antiquité grecque et romaine, et d'en préserver un grand nombre d'une perle aujourd'hui irréparable. » li'usage de la gravure sur bois, pour reproduire des textes et des dessins, est, eu Chine, infiniment plus ancien qu'on ne l'a cru jusqu'ici. Nous lisons, en effet, ce qui suit dans l'encyclopédie chinoise, Ké-tchi-Âing- jouen, liv. XXXIX, fol. 3 : « Le huitième jour du douzième mois de la 11 treizième année du règne de Wen-li , fondateur de la dynastie des Souï ( ioo3 ) " (l'an 593 de Jésus-Christ), il fut ordonné, par un décret, de recueillir les " dessins usés et les textes inédits, et de les graver sur bois pour les publier. » Ce fut là, ajoute l'ouvrage que nous citons, le commencement de " l'imprimerie sur planches de bois ; l'on voit qu'elle a précédé de beaucoup » l'époque de Fong-in-wang ou Fong-tao (à qui l'on attribue cette invention >' vers l'an gSa). » " Cette citation se trouve reproduite dans une autre encyclopédie chinoise intitulée Po-t'ong-pien-ldn, liv. XXI,, fol. 10. Suivant un autre recueil intitulé Pi-tsong, l'imprimerie sur bois prit naissance dès le commencement du règne des Souï (58 1-6 18 de Jésus-Christ); elle se répandit sensiblement sous les Thang (618 à 904)) prit une grande extension sons les cinq petites dynasties (907 à 960); enfin elle arriva à sa perfection et à son plus grand développement sous la dynastie des Song (96031278). :^■hv^.i'■ :''.■,.-: V-, -.•,'..";■;.: " Un savant chinois du milieu du xii* siècle, que j'aurai l'occasion de citer tout à l'heure, à propos des types mobiles, ne rapporte pas, il est vrai, la date précise de l'invention, mais il la fait positivement remonter plus de 400 ans avant Fong-ing-wang, à qui beaucoup d'écrivains chinois, et, après eux, plusieurs savants d'Europe, ont fait honneur de celte découverte. n est même permis de penser que cette invention était déjà connue et en usage avant 593, puisqu'on dit que l'empereur ordonna «/orj d'imprimer avec des planches en bois. Si c'eût été un art tout à fait nouveau, on n'eîlt pas manqué d'en faire connaître l'origine et l'auteur. » Impression sur planches de pierre gravées en creux. — La découverte de ce procédé, qui eut lieu entre l'invention des planches stéréotypes en bois et celle des types mobiles en pâte de terre cuite , n'a pas été connue, que je sache , des missionnaires français ni des savants d'Europe. " On commença d'abord, au milieu du il* siècle de notre ère, à praver sur pierre des textes anciens pour en maintenir la correction qu'altéraient chaque jour l'ignorance ou la négligence des copistes; mais il ne paraît pas qu'à celte époque reculée, on ait songé à faire servir ces planches gravées à 1 eproduire et à multipUer les principaux monuments de la littérature chinoise. » On lit dans les Annales des Han postérieurs, biographie de Tsai-yong : « Dans la quatrième année de la période Hi-ping (i^S de Jésus-Christ), » Tsai-yong présenta à l'empereur un Mémoire dans lequel il le priait » de faire revoir, corriger et fixer le texte des six livres canoniques. >• Il l'écrivit lui-même enroug,e, sur des tables de pierre, et chargea des » artistes habiles de le graver en creux. On plaça ces tables en dehors des .'. . i3i. . f roo4 ) » portes du grand collège, et les lettrés de tout âge venaient chaque jour » consniler ces planches pour corriger leurs exemplaires manuscrits des six " livres canoniques. » " Les caractères de ces textes graves étaient écrits à l'endroit , et par consé- quent n'auraient pu servir à en multiplier des copies , puisqu'après l'impres- sion , les signes chinois seraient venus en sens inverse. La seule destination de ces planches était, on le voit, de servir à conserver l'intégrité des textes. Sous plusieurs dynasties suivantes , ces mêmes planches furent successi- vement reproduites et copiées, tantôt en une seule écriture, tantôt en trois caractères différents. Les historiens nous apprennent qu'il était accordé un an aux étudiants pour étudier les six livres dans chaque écriture; au bout de trois ans, ils devaient être en état de les lire couramment sous ces trois formes. >' Ce ne fut que vers la fin de la dynastie des Thang (904), que l'on commença à graver des textes sur pierre, en sens inverse , pour les imprimer en blanc sur fond noir. » Eou-yang-siun s'exprime ainsi dans son recueilarohéologique intitulé Tsi-kou-îo : « Par suite des troubles qui eurent lieu sur la fin de la dynastie >' des Thang, Ouen-tao ouviit les tombes impériales et s'empara des livres >' et fies peintures qu'on y avait renfermés. Il prit l'or et les pierres j; précieuses qui en ornaient les enveloppes et les rouleaux , et les abandonna » sur place. De là vint que les manuscrits autographes des hommes les plus » renommés des dynasties des Weï et des Tsin , que les empereurs conser- " valent précieusement , s'égarèrent et tombèrent en des mains indignes. 1) Dans le onzième mois de la troisième année de la période » Chun-hoa (993), l'empereur Thaï-tsong ordonna, par un décret, de " graver sur pierre et de reproduire par la voie de l'impression tous les " manuscrits de ce genre qu'on avait pu acheter et recueillir. On les impri- », niait à la main sans qu'elle fût salie par l'encre (i). » " » Dans l'encyclopédie intitulée Tchi-pou-tso-tchaï (recueil X), on a re- produit im petit ouvrage en deux livres , où sont décrits minutieusement toutes les inscriptions antiques et tous les autographes d'hommes célèbres qui furent imprimés de la sorte (c'est-à-dire en blanc sur fond noir), depuis I au 1 143 jusqu'en iil^i de Jésus-Christ. J'ai l'honneur de présenter à l'Aca- démie une inscription funèbre , imprifnée ainsi sur pierre, et qui , pour l'élé- gance et la netteté des formes, ne le cède pas aux plus belles éditions impri- mées avec des planches en bois. (1) L'auteur veut dire qu'après avoir e«crc' la pierre et y avoir étendu lé papier, on pas- sait la main sur le revers de la feuille, pour qu'elle reçût uniformément l'impression. Aujour- d'hui, les Chinois se servent d'une brosse douce, et obtiennent ainsi un tirage plus régulier. f ioo5 ) ■' » Impression en types mobiles, entre io/|i et \ol\^ (le Jésus-Christ. ~ On lit dans ie Mong-khi-pi-tân , Mémoii-es de T'chin-kouo qui fut reçu docteur eu io56 de notre ère (liv. XVIII, fol. 8; Bibliothèque royale , fonds (le Fourtnont, u° '5g!^ , vol. 24) : « On imprimait, avec des planches de bois gravées, à une époque où la » dynastie des Thang (fondée en 61 H) n'avait pas encore jeté de l'éclat )' (allusion à l'emploi des planches stéréotypes en bois, sous la dynastie pré- n céclente). Depuis que Fong-ing-ouang eut commencé à imprimer les cinq 11 Rings (livres canoniques), l'usage s'établit de publier, parle même pro- » cédé , tous les livres de lois et les ouvrages historiques. » Dans la période King-li (entre io4> et 1048 de .lésus-Çhrist), un » homme du peuple (un forgeron, même ouvrage, liv. XIX, fol. 1 4), nommé " Pi-ching , inventa une autre manière d'imprimer avec des planches appelées » ffo-pan ou planches ( formées de types) mobiles (cette expression s'emploie . " encore aujourd'hui pour désigner les planches de l'imprimerie impériale qui " se trouve à Péking, dans le palais TVou-ing-tien). En voici la description : " Il prenait une pâte de terre fine et glutinense , en formait des plaques " régulières de l'épaisseur des pièces de monnaie appelées Tsien, et y gravait " les caractères (les plus usités), i-; ;/i ;.v'' ' ■' . .:,• . - ' ' ■ ' ■ .. - - » Pour chaque caractère , il faisait un cachet (un type) ; puis il faisait cuire >' au feu ces cachets (ces types) pour les durcir. » Il plaçait d'abord , sur une table, une planche en fer, et l'enduisait d'un « mastic (très-fusible) composé de résine , de cire et de chaux. >' Quand il voulait imprimer, il prenait un cadre en fer (divisé intérieure- » ment, et dans le sens perpendiculaire, par des filets de même métal ; 0/2 " sait que le chinois s'écrit de haut en bas), l'appliciuait sur la planche de " fer, et y rangeait les types en lei serrant étroitement les uns contre les n autres. Chaque cadre rempli (de types ainsi assemblés) formait une » planche. "' ri/. '.r-::\ : 1 ? .>', - ■. ;; ; ; » Il prenait cette planche, l'approchait du feu pour faire fondre un peu ' I. le mastic ; puis il appuyait fortement , sur la composition , une planche de " bois bien plane (c'est ce que nous appelons un taquoir), et , par ce moyen, » les types (s 'enfonçant dans le mastic) devenaient égaux et unis comme une " meule en pierre. , 1 . r ; '.,»,.'•: ■-/'.„ ^:-- ' . » S'il se fût agi d'imprimer seulement deïix ou trois exemplaires d'un " même ouvrage, cette méthode n'eût été ni commode ni expéditive; mais, n lorsqu'on voulait tirer des dizaines, des centaines et des milliers d'exem- » plaires, l'impression s'opérait avec une vitesse prodigieuse. D'ordinaire , on » Se servait de deux planches en fer (et de deux cadres ou formes). Pendant ( ioo6 ) » qu'on imprimait avec l'une des deux planches , l'autre se trouvait déjà garnie " de sa composition. L'impression de celle-ci étant achevée, l'autre, qui était » déjà prête, la remplaçait de suite. On faisait alterner ainsi l'usage de ces " deux planches , et l'impression de chaque feuille s'effectuait en un clin " d'œil (i). » Pour chaque caractère, on avait toujours plusieurs types semblables, » et jusqu'à vingt épreuves (vingt types répétés) des signes les plus fré- » quents , afin de reproduire les mots qui peuvent se trouver plusieurs fois » dans la même planche. T^orsqu'on ne se servait pas de ces doubles, on les » conservait enveloppés dans du papier. » [jCS caractères étaient classés par ordre tonique, et tous ceux de chaque >' ton étaient disposés dans des casiers particuliers. S'il se rencontrait, par " hasard, un caractère rare qui n'eût pas été préparé d'avance, on le gravait " de suite, on le faisait cuire avec un feu de paille, et l'on pouvait s'en servir >' à la minute. » La raison qui empêcha l'inventeur de faire usage de types en bois , c'est » que le tissu du bois est tantôt poreux, tantôt serré, et qu'une fois impré- >' gnés d'eau , ils auraient été inégaux , et que , de plus , ils se seraient agglu- » tinés au mastic de manière à ne pouvoir plus être enlevés pour servir à une " nouvelle composition. Il valait donc beaucoup mieux faire usage de types » en pâte de terre cuite. Lorsqu'on avait achevé le tirage d'une planche , on n la chauffait de nouveau pour faire fondre le mastic, et l'on balayait avec " la main les types qui se détachaient d'eux-mêmes, sans garder la plus « légère particule de mastic ou de saleté. )i Quand Pi-ching fut mort , ses amis ont hérité de ses types et les con- » servent encore précieusement. » On voit , par ce dernier passage, que l'inventeur des types mobiles , en Chine, n'eut pas d'abord de successeur, et que l'on continua à imprimer, comme auparavant, avec des planches de bois gravées. ■ n Ce retour bien naturel à l'ancien mode d'imprimer ne tenait certaine- ment pas à l'imperfection du procédé de Pi-ching, mais à la nature de la langue chinoise , qui , étant dépourvue d'un alphabet formé d'un petit nombre de signes, avec lequel on pût composer toute sorte de livres, mettait l'impri- meur dans la nécessité de graver plusieurs fois autant de types qu'il y a de mots différents, et d'avoir (suivant la division des sons en cent six classes) (i) Les Chinois n'impriment que deux pages à la fois, sur un seul côté du papier, qu'ils plient en deux avant le brochage. La partie blanche qui se trouve entre les deux pages, porte ordinairement le titre de l'ouvrage, le numéro et la section du livre , et le chiffre de la page. ( Ï007 ) cent six casiers distincts, renfermant chacun un nombre énorme de types plusieurs fois répétés, dont la recherche, la composition et la distribution, après le tirage , devaient exiger un temps considérable. Il était donc plus aisé et plus expéditif d'écrire ou faire écrire, comme aujourd'hui, le texte qu'on voulait imprimer, de coller ce texte sur une planche en bois, et den faire évider, au burin, les parties blanches. Depuis cette époque jusqu'à nos jours, les imprimeurs chinois ont continué, en général, à imprimer avec des plan- ches en bois, ou avec des planches stéréotypes de cuivre, gravées en relief. Mais, sous le règne de l'empereur Rhang-hi, qui monta sur le trône en 1662, des missionnaires européens , qui jouissaient d'un grand crédit auprès de ce monarque, le décidèrent à faire graver 25oooo types mobiles en cuivre qui servirent à imprimer, sous le titre de Kou-kin-thou-chou , une collection d'ou- vrages anciens et modernes, qui forme 6000 volumes in-8° (i), et dont la Bi- bliothèque royale de Paris possède plusieurs parties considérables [VFIistoire de la musique , en 60 liv. ; Y Histoire de la langue chinoise et des caractères de l'écriture dans les différents siècles , en 80 liv. ; et V Histoire des peuples étrangers, connus des Chinois, en 70 liv.). Cette édition peut rivaliser, pour l'élégance des formes et la beauté de l'impression , avec les plus beaux ou- vrages publiés en Europe. > . " » Il existe , dans le palais impérial de Péking , un édifice appelé Wou- ing-tien, où, depuis 1776, l'on imprime, chaque année, un grand nombre d'ouvrages, avec des types mobiles obtenus, comme en Europe, à l'aide de poinçons gravés et de matrices. •' La Bibliothèque royale possède plusieurs éditions, d'une finesse et d'une beauté admirables, qui portent le cachet de cette imprimerie dont les types mobiles ont reçu de l'empereur le nom élégant de Tsiu-tchin, c'est-à- dire perles assemblées. » Le Rapport officiel qui précède une de ces éditions nous apprend un iait très-intéressant, dont l'observation pourra peut-être donner lieu, en Europe, à des expériences et à des résultats d'une sérieuse importance. Nos poinçons en acier et nos matrices en cuivre entraînent de grandes dépenses, et sont exposés à se détériorer rapidement par l'oxydation. Les Chinois ont paré à ce double inconvénient, en gravant leurs poinçons en bois dur et d'un grain fin (ce qui coûte, pour chaque type, de 5 à 10 centimes) , et en ( I ) Quelques années après , on commit la faute de faire fondre et de détruire ces aSo 000 ca- ractères en cuivre. Ce fait regrettable nous est fourni par la préface d'un petit ouvrage sur l'agriculture, imprimé plus tard, par le même procédé, dans l'établissement typographique du palais impérial appelé PFou-ing-ticn , dont nous allons parler avec quelque détail. . • ( ioo8 ) s en servant pour frapper des matrices dans une sorte de pâte de porcelaine qu'on fait cuire au four, et où Ion fond les caractères, destinés à imprimer, avec un alliajje de plomb et de zinc , et quelquefois avec de l'argent. Reste à savoir comment l'on peut réussir a justifier (comme l'on dit en termes de fondeur) des matrices d'une telle matière. Il est permis de penser que la justification de ces matrices ne laisse rien à désirer, car les résultats typo- {jraphiques que nous avons sous les yeux (par exemple l'édition en petit texte du Choui-king-tchou , ou Livre des Rivières , avec un Commentaire , qui a été communiquée à M. Arago, par fauteur de la présente Notice), .sont de nature à satisfaire les juges les plus compétents et les plus difficiles. ■• Je ne terminerai pas cet article sans exposer les motifs qui décidèrent l'empereur Khien-long à fonder, en 1776, l'imprimerie en types mobiles du palais fVou-ing-tien. Ce monarque éclairé, ayant rendu un décret, en 1773, pour faire graver sur bois et imprimer aux frais de l'Etat io[\\i des ouvrages les plus importants de la littérature chinoise, un membre du Minis- tère des Finances, nommé Kin-kien, considérant qu'il faudrait un nombre énorme de planches pour imprimer cette vaste collection de livres, et que les frais de gravure seraient immenses, proposa à l'empereur d'adopter le système d impression en types mobiles , et lui soumit les modèles de ces tvpes disposés sur seize planches et accompagnés de tous les renseignements nécessaires pour la gravure (voyez ci-dessus, page 1007, ligne 28) des poin- çons en bois, la frappe des matrices, la fonte et la composition. .. L'empereur approuva ce projet par un décret spécial, et ordonna d'imprimer, suivant le plan de Kin-kien, ces io4ia ouvrages, dont le Gatalofue descriptif et raisonné, publié par ordre impérial, forme 120 vo- lumes in-8°. Ce précieux ouvrage existe à la Bibliothèque royale de Paris, et nous y avons puisé, liv. LXXXII, fol. 53, les détails qui précèdent. .. Dans ces derniers temps , l'imprimerie en types mobiles, appelés paï- tseu (ou caractères composés) , a fait des progrès sensibles en Chine, et l'on finira peut-être, dans un avenir prochain, par renoncer à lusage des planches de bois gravées. Nous possédons, à Paris, plusieurs grands ou- vrages publiés d'après ce procédé: par exemple, un Traité sur l'art militaire (.FTou-thsien-heou-pien) , en i[\ vol. ; un Dictionnaire tonique des noms de nWei {Li-taï-ti-li-jan-pien j, en 16 vol. in-4''; ime description géographique duplobe, d'après les auteurs chinois, orientaux et européens (^ai-Ao«e- thou-tchi), 0.0 vol. in-4*'; ^tc. Ces éditions, il est vrai, sont loin d'avoir la même pureté que celles qui sortent des presses impériales; mais elles sont fort nettes et beaucoup plus correctes que celles qui proviennent de planches en bois , les auteurs ou les éditeurs ayant maintenant, comme nous, ( '009 ) riiabitude de revoir les épreuves du texte jusqu'à ce qu'il leur paraisse tout à fait exempt de fautes typographiques. » Je m'arrête ici , pour ce qui regarde l'imprimerie en Chine; plus tard, je demanderai à l'Académie la permission de lui présenter divers documents sur l'époque précise de l'invention de la poudi'e à canon dans l'empire du Milieu, sur l'usage antique des cerfs-volants à la guerre, pour transmettre 'les dépêches à un corps d'armée ou à une ville assiégée; sur le moyen, in- connu jusqu'ici en Europe, de faire en grand et d'une manière infaillible, de la porcelaine craquelée ou truitée, c'est-à-dire dont l'émail est fendillé en tous sens et présente une sorte de réseau continu; etc. » RAPPORTS. MÉTÉOROLOGIE. — Rapport sur un Me'moire de M. Hardy, intitulé : Notes climatologiques sur l'Algérie au point de vue agricole. (Commissaires, MM. Boussingault , de Jussieu, Gaudichaud, i . ■' de Gasparin rapporteur.) , « L'Académie a reçu, de M. le Ministre de la Guerre , un Mémoire intitulé : Notes climatologiques sur l'yélgérie au point de vue agricole , composé par M. Hardy, directeur de la pépinière centrale du Gouvernement à Alger, en vous invitant à le faire examiner, et appelant votre concours pour l'intro duction, dans nos possessions africaines, d'une agriculture riche, variée et en rapport avec les conditions de climat et de sol de ce pays; la Commission m'a chargé de vous présenter le résultat de son examen. » Les cultivateurs qui se trouvent transportés dans des sites et des climats différents de ceux où ils ont pratiqué jusque-là , ne parviennent à y appliquer les procédés les plus convenables à leur nouvelle position que par de longs tâtonnements et un nouvel apprentissage. En Algérie, ces difficultés étaient encore aggravées par le défaut de modèles et de guides locaux; non qu'il n'existât pas déjà dans ce pays une méthode pour mettre les terrains en valeur, mais, il faut bien le dire, nous y arrivions avec une opinion trop avantageuse de la supériorité de nos lumières, et avec un mépris trop peu fondé pour l'intelligence des anciens habitants du pays. Au lieu d'étudier leurs procédés, pour les corriger ensuite quand l'expériencenous en aurait indiqué les défauts, nous les avions dédaignés pour y substituer les nôtres, tels que d'autres conditions statistiques et atmosphériques les avaient fait naître et perfectionnés. M. Hardy a été du nombre de ceux qui ont douté et ont fait appel à l'expérience et à l'étude attentive des phénomènes C.R., l847,l"■Seme«I•e.(T.XX^V,^<'23.) iSa ( lOIO ) nouveaux que présentait la végétation, et il s'est attaché surtout à celle de la climatologie, en comparant ses données avec la marche de la végétation. En présence d'une nature si différente de celle de Pai'is, il a compris qu'il aurait le climat pour ennemi, s'il ne savait s'en faire un allié; il a cherché à apprécier ses avantages pour s'en servir, ses inconvénients pour les éviter, et c'est cette étude physiologique du climat algérien, qui devait précéder toutes les autres, qui a dirigé sa marche et assuré ses succès. >i L'auteur reconnaît en Algérie deux saisons : l'une calme , chaude et sèche; l'autre venteuse, pluvieuse et froide, où sur leur passage les vents polaires abaissent la température jusqu'à + a degrés ; tandis qu'elle est à + 8 et + ro aux abris. Ce sont les vents qui surtout jouent un grand rôle dans ce climat. Ceux de nord-ouest commencent avec l'équinoxe d'automne, continuent à souffler par bourrasques en octobre et novembre, diminuent de décembre à janvier , et c'est le moment le plus agréable de l'année ; mais dès la fin de janvier ils redeviennent violents, froids et secs. Ce temps est celui que l'on appelle la grande haie, et dure jusqu'à la première quinzaine de mai; la pluie devient de plus en plus rare, l'évaporation est considérable, le sol se durcit extrêmement. Pendant l'été, les courants d'air sont subordonnés aux causes locales; près de la mer, grand calme le malin; l'après-midi, brise de mer; dans l'intérieur, les courants s'échangent entre les vallées et les points élevés qui les avoisinent. 11 arrive quelquefois , dans cette saison, que le courant tropical s'abaisse au niveau du sol; on éprouve alors un vent de sud-est violent, très-chaud, et qui élève la température jusqu'à 45 degrés. Les Arabes lui donnent le nom de simoun; c'est le sirocco des Italiens. " La, pluie, amenée par les vents d'ouest sur le continent africain, est de moins en moins abondante en s'éloignant de l'Océan où se trouve le grand réservoir de vapeur, depuis le Maroc jusqu'en Egypte; elle y tombe pendant le règne des vents froids de l'hiver. Quarante-neuf jours pluvieux donnent, à Alger, 884""^, 58 1 d'eau de pluie dans l'année : le trimestre de l'été ne donne que i3"'',47i d'eau de pluie répartie en trois jours. La saison des pluies commence à l'équinoxe d'automne; le nombre de jours pluvieux et la quantité des pluies va en augmentant jusqu'à hi fin de décembre, et diminue ensuiti- graduellement jusqu'au milieu de mai, où la sécheresse devient presque con- tinue (i). A Alger comme en Provence, les mois les plus froids sont les plus pluvieux : l'eau atmosphérique profite donc peu à la végétation; tandis qu'au (i) Nous avons remplacé ici les chiffres donnés par M. Hardy par ceux du dernier tableau lie M. Don , qui contient une année de plus d'observations. f ton ) centre du continent européen , la plus ffrande quantité de pluie tombant dans les mois les plus chauds, les circonstances les plus propres à favoriser le dé- veloppement des plantes s'y trouvent réunies. « Tant que le sol conservera une certaine dose d'humidité, ajoute M. Hardy, » la rosée sera abondante; mais quand le vent d'abord, et le soleil ensuite, » l'ont desséché profondément, ce qui arrive vers la mi-juin, les rosées ne » sont plus sensibles que sur les bords des cours d'eau, des marais, et dans » les terrains arrosés; cet état continue jusqu'en septembre. Fréquemment » il se forme des brouillards, le matin, au centre des plaines, qui, malgré » la sécheresse environnante, conservent encore de l'humidité; il s'en forme » quelquefois aussi sur le bord de la mer; ces brouillards durent peu d'ordi- " naire , le soleil de midi les fait disparaître; mais, dans la Mitidja, ils se " renouvellent presque chaque matiu. » Telle est l'idée générale que l'au- teur nous donne du climat de l'Algérie. Voyons maintenant quels sont ses effets sur la végétation. " On peut diviser en trois groupes les végétaux frutescents de l'Algérie. Le premier, formé d'arbres à feuilles caduques : les peupliers de différentes espèces, les aunes, les frênes, les ormes, stationnent dans les ravins , sur le bord des cours d'eau, dans les terrains qui conservent leur humidité toute l'année ; le deuxième groupe comprend les agaves , les cactiers , les palmiers , qui semblent détachés d'une région plus chaude et ont été importés en Algérie, si l'on en excepte le chamœrops, fléau des défricheurs, que l'on retrouve encore dans les parties les plus méridionales du continent euro- péen; le troisième groupe, vraiment indigène, brave les vents, l'aridité du sol et la sécheresse atmosphérique : il est composé d'arbres toujours verts dont les feuilles sont simples , petites, roides, sèches, coriaces. Tels sont les oliviers, les phylliréas, les lauriers-francs, les pistachiers , les caroubiers , les chênes-liéges , yeuses, ballotes, kermès, espèces prédominantes qui ha- bitent les sols en pente les plus secs. " Cette végétation présente un phénomène que l'auteur a le premier si- gnalé, quoiqu'il doive tomber sous le sens de tous ceux qui parcourent le pavs. « On est étonné, dit-il, de l'aspect que présentent les arbres aborigènes » proprement dits, celui de croitre plus en longueur qu'en hauteur, d'avoir " constamment une cime large, aplatie : s'il arrive à quelques espèces de » nature à prendre une grande élévation, de se trouver dans des conditions » de terrains propres à favoriser leur développement le plus intense, elles » croissent avec vigueur pendant quelque temps; puis, arrivées à la hauteur >' des arbres du pays , la cime se dessèche, la végétation refoulée s'étend hori- ( I0I2 ) » zontaleraent : c'est ce qu'on peut observer sur les peupliers plantés à Bouf- " farick , au centre de la plaine de la Mitidja, dans des conditions de sol hu- » mide qui ne laissent rien à désirer pour cette essence, et cependant ces arbres » sont impuissants à s élever au delà d'une hauteur de lo à 12 mètres. On » en remarque souvent qui s'élèvent davantage et qui ne paraissent pas en- » core souffrir par la sommité; ceux-là se trouvent ordinairement à la base >' immédiate d'une colline rapide dont le sommet est bien des fois plus élevé » que les arbres. 1» Cette impuissance de la végétation à s'élever au delà d'une certaine li- » mite, limite qui est loin d'être celle ordinaire, ce refoulement de la cime » des arbres vers le sol , prouvent évidemment qu'il existe à une hauteur plus' " ou moins grande une couche d'air où elle est impossible et dont l'avidité » est entretenue par le courant aérien du désert. Tous les arbres qui croissent » en Algérie affectent cette forme qui leur est commandée par celte cause . « impérieuse. )i Si 1 on examine les revers des montagnes et des coteaux qui font face à » l'ouest et au nord, on voit qu'ils sont pelés, ou simplement couverts de " broussailles rabougries, composées presque exclusivement de chêneskermès » et de lentisques ; si l'on y rencontre des arbres d'une hauteur appréciable , » réunis en groupe ou isolés , c'est toujours dans des dépressions de terrain » où s'accumulent l'humus et l'humidité, et plus souvent et en plus grand » nombre, sur les revers opposés qui regardent l'est et le sud. C'est l'influence » pernicieuse du courant polaire qui cause cette perturbation; son action in- » cessante au moment de la végétation, la paralyse, s'oppose à la repro- >i duction et au développement des semis. La même chose a lieu dans les » plaines, en dehors des endroits où l'humidité est assez grande pour exciter » la végétation. » Dans un massif accidenté , tous les ravins et toutes les pentes exposées à » l'est et au sud ne sont pas toujours garantis du vent du nord-ouest , par la » raison qu'il est quelquefois gêné dans sa marche par des obstacles contre » lesquels il frappe et qui le renvoient dans différentes directions, quelque- » fois sur lui-même. » Ce n'est pas sur le sommet des montagnes ou sur leurs revers opposés à » l'action du soleil que se trouvent, comme on pourrait le croire, les parcelles )i de forêts que l'on cite et où croît le cèdre , mais sur les revers est et sud où » le vent de nord-ouest ne frappe pas directement. Cette exposition est la )' plus abritée des vents et celle qui conserve le plus d'humidité, quoique le » soleil y darde constamment ses rayons ; et , bien que l'action directe du soleil >i soit une cause puissante d'évaporation, elle est beaucoup moindre pour ( ioi3 ) » ce qui concerne le sol que celle qui résulte des vents secs : dans le pre- » mier cas, elle est considérablement modifiée, lorsque l'ombrage des arbres >' se projette sur le sol; le courant d'air venant du Sahara se maintenant con- » stamment dans les régions supérieures, et forcé encore, par les reliefs du » terrain, à s'élever davantage, ne frappe pas ces localités privilégiées qui n jouissent d'une atmosphère tranquille, absorbant mieux l'humidité du sol. » Ces effets météorologiques du climat qui se produisent en grand sur les » arbres, se reproduisent aussi dans des proportions moindres pour un » champ de blé. Les portions du champ qui sont opposées à l'action directe » des vents d'hiver restent chétives, ne tallent pas et ne donnent qu'un » maigre produit, tandis que les parties abritées dans des conditions de sol, » égales d'ailleurs, donneront un produit quatre à cinq fois supérieur. « •' M. Hardy conclut de ces considérations, qu'il y a un immense avantage à se créer des abris, et que la culture des arbres devrait figurer pour une large part dans l'économie rurale algérienne, qui, selon lui, doit être du tiers du terrain. Au lieu de les disperser dans toute l'étendue du domaine où leur ombre nuit à la végétation, il conviendra d'en former des abris continus à la distance de loo mètres les uns des autres, qui couperont le vent et protége- ront la croissance des plantes herbacées. La première ligne de défense sera formée des arbres les plus robustes, de trois rangs serrés de cyprès, l'arbre des abris par excellence, qui atteidront 12 à i5 mètres de hauteur; la deuxième, d'oliviers; la troisième, de mûriers, et la quatrième enfin, d'arbres fruitiers. Chacune de ces barrières protégerait les terres arables placées dans l'intervalle, et sur lesquelles le vent n'arriverait que divisé, criblé, ayant perdu sa violence, en passant à travers les feuilles et les branches des arbres. Ce mode d'abri, déjà usité dans les contrées de la France où sévissent les vents violents , recevra à Alger l'application la mieux justifiée. » Chargé de la direction des pépinières du Gouvernement, l'auteur a dû rechercher quels étaient les végétaux exotiques qui pouvaient s'accli- mater en Algérie. Nous ne trouvons pas encore , dans le catalogue de ses expé- riences , tous ceux dont l'acclimatation doit être essayée, tant s'en faut; mais nous devons cependant recueillir ce qui a été fait, pour qu'à l'avenir on ne revienne pas sur des faits acquis. M. Hardy mit en pleine terre, à la fin de Tété i844î des espèces de végétaux ligneux qui croissent ordinaire- ment sous les tropiques , au nombre de cinquante-six. Us crûrent tous pen- dant l'été avec une vigueur remarquable, favorisés par une humidité en rapport avec la chaleur. Quand la température baissa, en octobre, on établit une série d'abris de roseaux assez rapprochés, et orientés de manière à ce que le vent du nord-ouest ne pût les frapper directement , et qu'ils n'eussent (I0.4) ainsi à subir que les effets de la température. Tous ces végétaux i)e parurent aucunement souffrir jusqu'à ce que le thermomètre fût descendu à + 5 de- grés; mais voici ce qui arriva à ce degré, selon leur sensibilité plus ou moins grande au froid. Végétaux qui ont succombé à un abaissement de + 5 degrés. i. Hyinenœa Ccourberil. 5. Inga unguis cati. 2. Crescentia Çajeti. 6. Baahinia tomentosa. 3. Bauhinia anatomica. •]. Carolinœa princeps. 4- Ùesmodium umbellàtum. 8. Copaïfera officinalis. Végétaux qui ont succombé à un abaissement de + 3 degrés. 1. Acacia stipularis. 'j. Mammea af ricana. 2. Bixa orellana. 8. Bombax malaharicum. 3. Adenanthera pavonina. g. Terminalis cateppa. 4. Spondias mombin. 10. Calophyllum calaba. 5. Spondias cytherea. 11. Rheedia americana. 6. Coccoloba uvifera. Végétaux qui ont succombé à un abaissement de 4- i degré. 1. Guarea trichilioides. 4- Averrhoa acida. 2. Tamarindus indica. 5. Malpighia panicifolia. 3. Acacia nilotica. 6. Sapindus saponaria. Végétaux qui ont résisté à un abaissement de + i degré. 1. Dracœne draco. ' '7- acacia quadrangularis. 2. Bougainvillea spectabilis. 18. Russelia juncea. 3. Allamanda verticillata. ig. Jatropha multifida. 4. Combretum purpureum. 20. Jatropha curcas. 5. Stephanotis floribunda. 21. Brus felis violacea 6. Achras du Brêeil [tAviséyxTo). , 22. Cordia scabra. ■j. Tecoma venusta. iV .''i>.i • 23. Cordia domestica. 8. Bignonia stans. 24. Myrtus pimenta. 9. Sapindus indica. 25. Euphorbia splendens. 10. Dracœna brasiliensis. 26. Hibiscus litijlorus. 11. Laurus persœa. 7.1. Hibiscus rosa sinensis. 12. Anona cherimolia. 28. Hibiscus mutabilis. i3. Cœsalpiniaechinata. 29. Hibiscus abelmeschus. 14. Ccesalpinia sapan. 3o. Soplwra tomentosa. i5. Moringa pterigosperma. 3i. Peracinia regia. 16. Acacia Lebbeck. » La plupart des plantes qui ont succombé , ont été surprises par le froid en état de végétation; il est probable que si elle eût été moins avancée, et que les rameaux eussent été aoûtés, au contraire, toutes auraient réussi- ( ioi5 ) M. Flardy considère ceux qui, dans cette condition, ont survécu à l'abaisse- ment de + I degré, comme étant acquis au pays , mais seulement aux abris où la température n'est pas sujette à un abaissement plus considérable. " Mais s'il est des végétaux qui ne supportent pas les températures basses, il en est d'autres qui ne résistent pas à la sécheresse atmosphérique du cliniat ii'Algei-, ou aux variations de température auxquelles ils y sont soumis. Végétaux qui ont succombé à la sécheresse de l'été. I. CasUarina paludosa. i5. Daphne indica. 0.. Acouba japonica. " " .' 'i6. Acacia dealbata. - 3. Cuninghamia lanceolata. ' ' ' 17. Magnolia julan. 4- Araucaria imbricata. i ' ' '. 18. Magnolia ombrella. 5. Araucaria brasiliensis. . 19. Magnolia purpurea. 6. Illicium floridanum. ... 20. Magnolia macrophy lia. , .,, , ■j. Illicium anisatum. ' - .'ai. Rhudodendrum (genre). 8. Clianthiis puniceus. ' . 22. Azalea (genre). ' ' , g. Burchelia capemis. . ; 23. Kalinia latifolin . 10. Abies religiosa. 2^. Kalmia glauca. ' . 11. Frenelia capensis. 25. Ledam latifolium. 12. Thea viridis. ■ ^ , 26. Mendozia villosiana (Brésil). i3. Thea bohea. 27. Andromcda {t.o\\\.\e i^enre). 14. Camellia japonica. .'■ ' '-'-.■■ 28. Haken suaveolens. » L'auteur croit cependant que ces plantes pourraient réussir dans les vallons humides et ombragés. >> Après avoir déploré que les eaux de pluie abondante qui tombent sur les montagnes et qui devraient , en les faisant servir à l'irrigation , devenir le principal élément productif du pays, ne servent qu'à former des marais pes- tilentiels qui déciment la population , et sont le principal obstacle à ses pro- grès agricoles, l'auteur conclut en disant que le pays ne sera rendu fertile qu'à la condition de le couvrir d'abri, en boisant d'une manière conq^acte le tiers de sa surface ; en emprisonnant toutes les eaux courantes et en les consacrant exclusivement à l'agriculture. Mais cette oeuvre n'est pas le fait du travail isolé. . ,'• . ' . : :-■;•.■ » Votre Gommiâsion pense que ces moyens, déjà éprouvés dans nos con- trées méridionales et dans l'Algérie elle-même , doivent attirer toute l'atten- tion des colons et celle du Gouvernement ; que dans ce pays, qui a une saison rendue si sèche plus encore par la nature de ses vents que par la tempéra- ture, des abris qui préserveront la surface du sol et les plantes du contact immédiat de ces vents; des irrigations qui rendront à la terre l'humidité, sans laquelle il n'y a pas de végétation et qu'une évaporation excessive lui enlève sans cesse, sont, en effet, les deux moyens principaux à eni- ( ioi6 ) ployer pour établir en Algérie une agriculture prospère. Les abris pré- serveront les végétaux placés sous leur protection , de ce choc direct des vents froids et secs dont l'auteur a décrit les effets, rendront moins va- riable la température de l'hiver, modéreront l'évaporation et prolongeront la durée de la saison végétative des plantes herbacées. Les irrigations trans- formeront la culture nomade en culture sédentaire, en faisant disparaître cette suspension estivale de la végétation, pendant laquelle les travaux sont suspendus et les bestiaux restent sans pâture fraîche; elles feront sortir l'a- griculture de l'Algérie du cercle borné de végétaux croissant dans une saison trop analogue à celle pendant laquelle végètent nos céréales. Son été, dont elle n'éprouve maintenant que les inconvénients et les souffrances, cessant d'être un été du Sahara, deviendra un été des Antilles, quand l'humidité sera unie à la chaleur, et lui permettra de cultiver des plantes d'un produit plus grand, qui ne feront pas concurrence aux produits de notre sol. Votre Commission approuve donc les deux moyens proposés par M Hardy, et dé- sire que le Gouvernement en provoque et en féconde l'application. Mais elle n'a pas cru devoir y ajouter d'autres conseils et des vues plus générales; «lie a pensé que l'Académie, par l'organe d'une de ses Commissions, ne pouvait prendre la responsabilité de ces propositions; qu'elle ne le pourrait qu'après une étude approfondie faite sur les lieux , ou après une enquête qu'elle ne pouvait provoquer. Elle n'a donc pas cru possible d'aller plus loin que l'examen du Mémoire que le Ministre vous avait renvoyé , et a dû décliner l'invitation qu'il vous faisait de lui indiquer la marche à suivre pour introduire en Algérie une agriculture riche, variée en rapport avec les conditions du climat et le sol du pays. Elle conclut donc seulement à l'approbation du Mémoire de M. Hardy. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. »IÉMOIRES PRÉSENTÉS PHYSIOLOGIE. — Modifications de la respiration chez les personnes soumises à l'inhalation de l'éther; expériences de MM. Ville et Blandin. (Extrait. ) « Dans les recherches que nous avons entreprises au collège de France, M. Blandin et moi, nous nous sommes proposé un but tout autre que les physiologistes et les chirurgiens qui se sont occupés jusqu'à présent del'éthé- risation , les uns se proposant surtout d'étudier le curieux phénomène de l'in- sensibilité produite par l'inhalation de l'éther, les autres de faire à leur art des applications utiles du fait nouvellement découvert. Pour nous, nous avons voulu étudier seulement la respiration pendant cet état si étrange et si remar- ( 'o»7 ) quable; et comme si rien, dans cet ordre nouveau de phénomènes, ne devait répondre aux prévisions lé{jitimes de la science , nous avons découvert l'in- verse de ce qu'il semblait permis de supposer. >• En effet, dans cet état d'insensibilité complète où la vie semble éteinte, où les membres refroidis ont perdu souvent la faculté de se mouvoir, la respi- ration produit plus d'acide carbonique que dans l'état où le jeu des organes s'exerce librement et naturellement. Dans le cours de l'éthérisation, l'acide carbonique provenant de la respiration augmente toujours à mesure que la sensibilité s'affaiblit, et diminue à mesure qu'elle renaît et redevient complète. Ce fait nous a paru digne d'intéresser l'Académie et de lui être communiqué avant d'avoir reçu tout le développement que nous semblent devoir lui as- surer nos recherches ultérieures. » Voici, entre beaucoup, quelques résultats d'expériences dont nous four- nirons à l'Académie tous les éléments lorsque nous aurons l'honneur de lui présenter notre Mémoire : - NUMÉROS des expériences (i). ACIDE CARBOSIQUE produit pendant la respira- tion normale. ACIDE CARBOMIQCE produit pendant l'état d'in- sensibilité. PROPORTION de l'éther contenue dans l'air inhalé. DCRËE de l'inhalation. i 2,4l 4,84 6,70 m s 2.3o 2 3,o5 4,38 12,17 » S 2,79 3,11 12,00 4-00 4 1,36 3,32 12,68 4.00 S 2,o4 4,42 14, II 2.3o (i) Toutes nos analyses ont été faites avec le nouvel eu mistes connaissent les précieux avantages sur les anciennes diomètre de M. Regn méthodes. ault, dont les chi- » Nous n'entrerons aujourd'hui dans aucune discussion sur les chiffres du tableau qui précède ; nous désirons, en les publiant, prendre seulement dateet assurer nos droits à la découverte d'un fait que nous croyons important. Cette considération paraîtra suffisante à l'Académie , nous l'espérons, pour excuser les réticences de cette communication anticipée, que la prudence nous con- seille et que nous eussions voulu éviter. » C. R., 1847, 1" Semestre. {T. XXIV, N" 23.) i33 ( ioi8 ) CHIRURGIE. — Note sur un nouveau mode de réunion des plaies; par M. Baudens, chirurgien en chef du Vai-de-Grâce. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Roux, Lallemand.) « Les bandelettes agglutinatives et les sutures sont les moyens connus pour la réunion des plaies. Les agglutinatifs sont infidèles, la suture est fort douloureuse, elle coupe les tissus, et son action cesse souvent, alors qu'elle serait encore nécessaire. J'ai trouvé un mode de réunion aussi simple que facile, qui est exempt des inconvénients reprochés aux agglutinatifs et aux sutures. S'agit-il, par exemple, d'affronter les lambeaux à la suite d'une amputation; on fixe sur le bandage, circulairement placé au-dessus du moi- gnon, deux fortes épingles, l'une en avant, l'autre en arrière, en ayant soin de laisser libres la tète et la pointe; puis on prend un double point d'appui en plaçant autour de ces épingles une anse de gros fil de coton. Les fils sont ensuite ramenés vers le moignon où ils s'entrecroisent, et rap- prochent les téguments avec toute la puissance désirable à la manière d'un bandage unissant. On termine par un huit de chiffre, comme après l'opération du bec-de-lièvre. Ce mode de réunion, que j'ai souvent occasion d'appliquer dans mon- service au Val-de-Grâce, réussit parfaitement. On conçoit tout le parti que l'art chirurgical peut en tirer. » Le Mémoire de M. Baudens est accompagné de deux figures représentant la disposition de l'appareil, l'une , pour un cas d'amputation tibio-tarsienne, l'autre pour une plaie à la tête résultant de l'ablation d'une loupe. M. DucBOS soumet au jugement de l'Académie deux Mémoires ayant pour titres, l'un: Avulsion d'une dent opérée sans douleur et sans réveil dans le sommeil léthargique avec insensibilité, déterminé au moyen de l'appareil magnéto-électrique de Clarck ; l'autre : Constatation de l'influence de l'ima- gination dans les tentatives de l'avulsion d'une dent , pour localiser l'intelli- gence et pour empêcher le courant magnéto-électrique de frapper d'insensi- bilité une partie circonscrite du corps , l'ouverture antérieure de la cavité buccale, lorsque toutes les autres parties sont devenues insensibles et inaptes aux actes intellectuels. (Commission précédemment nommée.) M. MiLNE Edwards présente, au nom de l'auteur, M. Robert, un travail ayant pour titre : Recherches sur les mœurs et les ravages de plusieurs insectes .rjlophages, notamment des scoljtes, dans les ormes, les pommiers , les chênes et les pins , et sur le double effet [guérison des arbres, avec augmentation d'accroissement annuel en diamètre) produit par l'enlève- ( »oi9 ) ment partiel ou général rie la vieille écorce du tronc et des grosses branches jusqu'au liber. (Renvoi à la commission précédemment nommée pour d'autres communi- cations du même auteur sur ce sujet. M. Decaisne remplacera dans cette commission feu M. Z?«> suivantes DATES. TEMPS MOYEN devienne. ASCENSIOK DROITE. DÉCLIhAISON. i5 mai 1847 16 lo'' 6"»44s8 10. 5. 1,0 9.24. 19,6 9. 35. 32,6 io''2'»39»,24 10.2. 25,04 10.2. i3, i3 10.2. 3,77 + 38'>32'2i",8 + 38.48. i5, 4 + 39. 3.58, I ■+- 39.19.29,5 in..... 18 " Une première ébauche des éléments nous a montré que ces observations » ne suffisent pas encore pour donner des résultats certains. " ASTRONOMIE. — M. BoND adresse les expressions suivantes des éléments circulaires de la dernière planète, tels qu'ils ont été calculés par M. Georges P. Bond, sur les observations faites à Cambridge (États-Unis d'Amérique) : Nœud ascendant 1 29° 1 8' Inclinaison i°42'26" Rayon vecteur 3o , 000 Mouvement diurne dans l'orbite 21 ",71 Longitude au moment de l'opposition, le 19,706 août G. M. S. T. . . 326''44'3'" M. Kopp prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Strasbourg. Il joint à cette demande un exposé de ses travaux. M. Pallas, médecin principal en Algérie , adresse une Note relative à la part que prend, suivant lui , Vélectricité atmosphérique dans le développe- ment de certaines maladies, notamment au développement de celles qu'on a coutume d'attribuer aux exhalaisons des marais. M. Gros demande et obtient l'autorisation de retirer deux Notes qu'il avait précédemment présentées et qu'il se propose de publier. Ces Notes , sur les- quelles il n'a pas encore été fait de Rapport, sont relatives, l'une à des re- cherches sur la vésiculation du lait , l'autre aux spermatozoïdes . A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. )[ja séance est levée à 6 heures. A. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU r.UNDI 14 JUIN lb'47. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. ' MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Sur le mouvement propre de trois amas d'(Hoiles du Catalogué de Messier; par M. Laugier. (Extrait.) « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les premiers résultats des re- cherches que j'ai entreprises sur les mouvements propres des néhuleuses et , en particulier, des nébuleuses n°* 3, 1 1, et 28 du Catalogue de Messier, publié dans la Connaissance des Temps pour l'année 1784. )i La nébuleuse n*" 3 a trois minutes de diamètre d'après Messier; elle est ronde, son centre est très-brillant. J. Hibrschel dit qu'elle contient plus de mille étoiles de la 11* grandeur et au-dessous. » La nébuleuse n" 1 1 a un diamètre de quatre minutes ; Messier l'a dé- composée en un grand nombre d'étoiles qui sont de la 11" grandeur, à l'exception d'une seule, qui est de 9*. » Enfin , la nébuleuse n° 28 a deux minutes d'après Messier ; c'est un amas d'étoiles de i4* et t5* grandeur, très-riche et excessivement condensé au centre. Messier les avait observées dans le courant de l'année 1764. Je rap- porte ci-dessous leurs positions moyennes tirées de son Catalogue et ré- duites au i" janvier 1847, ^^"^"^ 4"^ ^^* positions moyennes que j'ai déduites C. h., i8}6, i"5<îmei(re. (T. XXIV, N" 24.; ' '34 ( ro22 ) de mes propres obsei'vations pour la même époque. Tous ces calculs ont été faits à l'aide des Tables de Bessel. Positions moyennes au i" janvier 1847. . NÉBULEUSE N» 3. NliBULElISE N° II. NEBULEUSE N° 28. i Ascension droite. Décli- naison. Ascension droite. Décli- naison. Ascension droite. Décli- naison. D'après IVIessier 2o3»48'i6" 203.47. 9 H-ago 7' 32" -l-ag. 9.12 280" 41 '52" 280.43.47 - 6» 25' 58" — 6.37.18 273045' 12" 273.47.21 - 24o55'32" - 24.56.30 Différences - I. 7 -+- 1.40 Messier a comparé la né- buleuse à /» du Bouvier. -4- 1.55 — 1.20 -+- 2. 9 - 58 La nébuleuse a été compa- rée par Messier à / Sa- gittaire. » Si l'on songe à la réputation que Messier avait acquise comme obser- vateur de comètes, si l'on remarque que ses observations ont été faites au méridien dans les circonstances les plus favorables, ces différences paraîtront bien grandes pour être considérées comme des erreurs d'observation; il y a donc de très-fortes raisons de croire qu'elles représentent, en partie, les dé- placements de ces nébuleuses de 1 764 à 1 847 , c'est-à-dire pendant un intervalle de quatre-vingt-trois ans. ' » J'espère pouvoir, dans quelque temps, présenter un Catalogue de né- buleuses dont les positions auront été déterminées, avec le plus grand soin, à l'aide de l'équatorial de Gambey. Je me borne, quant à présent, à signaler ces mouvements qui me paraissent dignes de l'attention des astronomes, et qui pourront conduire à des conséquences importantes. « THÉORIE DES NOMBRES. — 5«r la décomposition d'un nombre entier en facteurs radicaux ; par M. XvovsmiCuMcsY. u Soient n , X deux nombres entiers quelconques ; soient encore I, a, b,. . ., n — b, n — a, n — i les entiers inférieurs à «, mais premiers à «, et Viz le nombre de ces entiers» Enfin , soit p une racine primitive de l'équation (0 X" = i; ( im3 ) et supposons le nombre entier X décomposé d'une manière quelconque en facteurs radicaux, en sorte qu'on ait (a) ' X = 9(p)x(/î)'|^((5)..-5r(p), ?ip)i X{p)i'^{p)f ' 'f^ip) ^tant des polynômes radicaux à coefficients en- tiers. Si parmi ces polynômes plusieurs se réduisaient à des diviseurs de l'unité, c'est-à-dire à des polynômes auxquels correspondrait la factorielle i, leur produit serait encore un diviseur de l'unité; et, par conséquent, on pourra toujours admettre que, parmi les divers facteurs compris dans le second membre de la formule, un seul zs ((s) est diviseur de l'unité. On pourrait même, si l'on voulait, se débarrasser entièrement de ce facteur, en le réu- nissant à l'un des autres, par voie de multiplication. » Soient maintenant a, b, c,. . k ' ' les nombres entiers qui représentent les facteurs premiers et distincts de n , en SQfte qu'on ait (3) n= a"b^c^... . ~ les exposants a , S, y, . . . étant eux-mêmes entiers; et posons (4) y_(x°-.)(xi^^-.) ( '^-.)...(x^-.)... P-.) (x'^-i) (/_.). ..(.^-.)... Les racines primitives de l'équation (i) pourront être représentées par les divers termes de la suite (5) . ■ p, p", p",..., p-\p-\ p-', ■ : et seront précisément les m racines de l'équation irréductible (6) X = o. . - ■ Gela posé, concevons que la lettre caractéristique N, placée devant un polynôme radical à coefficients entiers, indique le nombre entier qui repré- sente la factorielle correspondante à ce même polynôme , en sorte qu'on ait généralement (7) Nç(p) = , .. ^ ■ , (16) N 9 (p) = î> {x) y (x«) . . . y (^«-«) y (.r "-*) + XJ\x) , J{x) étant encore une fonction entière de .r à coefficients entiers. Donc, en remplaçant x par r, et ayant égard à l'équivalence (r4), on trouvera (17) • N9(p) = 9(r)ç(r'')...9(r''-)j;.->;ik X" = I, et la décomposition effectuée, comme on peut toujours l'admettre, de ma- nière que parmi ces facteurs radicaux, l'un, au plus, divise l'unité. Si l'on nomme les facteurs de X qui ne divisent pas l'unité ; si d'ailleurs les nombres n , -X sont tels, que l'on puisse satisfaire pour des valeurs entières de j: à l'équi- valence ^ ,. . ' x"^ i (mod. X), toute racine primitive r de cette équivalence rendra le produit divisible par 3Z>. « Corollaire. Si 3t, se réduit à un nombre premier/?, la formule (19) en- traînera l'une des suivantes , (20) ç(r) = o, x(0 = o, t{;(r) = o,... (mod. p). » Les propositions et formules précédentes fournissent immédiatement, quand n est réduit à un nombre premier impair, plusieurs des résultats aux- quels est parvenu M. Rummer. » Lorsqu'en supposant n premier et impair, on pose , dans la formule (16), ■ ■ A' = I , . ..'-., la fonction x" — Il X = se réduit précisément au nombre n, et, par suite, la formule (16) donne . (21) N9(<9) = [9(i)]''-* (mod. n). ... Cette dernière équivalence, étant combinée avec un théorème connu de ( 1027 ) Fermât, entraîne, ainsi que M. Kummer l'a remarqué, la proposition suivante : » 3* Théorème. Lorsque n est un nombre premier impair, la factorielle correspondante au polynôme radical (f{p) est équivalente à l'unité, suivant le module n., excepté dans le cas où ij3(i) est divisible par n, et, dans ce dernier cas, elle devient divisible elle-même par n. » Observons encore que, si n est un nombre premier et impair, l'équa- tion (7) pourra être présentée, non-seulement sous la forme (2a) ' N9(p)=''-=Ny((,)'.Nx(p), Ny^s) ne pourra être qu'an diviseur de />""', c'est-à-dire /j, ou une puissance de/7. En désignant par /?•* cette puissance, on aura (36) ^^ = N?(p)=f(p)?(p^)...?(p«-0. » Au reste, si le nombre n est tel , que les théorèmes relatifs à la décom- position des nombres entiers en fadeurs premiers subsistent, quand on sub- stitue des facteurs entiers aux facteurs radicaux, alors , en raisonnant comme dans un précédent Mémoire [voir la séance du 5 avril , page 58^] , on prou- vera, i" que les facteurs •,.. • .. r^. . .: ■■?(p), ?(f')i-,?(f'"-') ; '''■. [ seront premiers entre eux ; 2° que leur produit ou la factorielle N(p (p) divisera le nombre p dont elle ne pourra {différer. Donc alors le nombre X devra se réduire à l'unité dans la formule (36) qui coïncidera elle-même avec la for- mule (18) de la page 582, en sorte qu'on trouvera (37) p = Ny(p) = ^(p)?(p^)...9(p«-')- Alors aussi \voir la séance du 22 mars dernier, page 480] , on aura néces- sairement ; n — i (38) 4^= A'-{^-t)~ B\ A, B étant deux nombres entiers. Mais il n'est pas toujours possible de choisir A, B de manière à vérifier cette dernière équation. Si, pour fixer les idées , on prenait « = 23 , ^ = 47 > 1 équation (38) donnerait 188 = A^ + i'iB\ C. R., 1847. i" SemeHre. (T. XXIV, No24.) I 35 . ( io3o ) et ne pourrait se vérifier que pour des valeurs de jB* positives et infé- rieures a 23 ~ 23' par conséquent, pour des valeurs de B positives et inférieures^ 3. Or, comme en attribuant successivement à B les valeurs i et a , on obtient pour valeurs correspondantes de la différence les deux nombres i65, g6, dont aucun n'est un carré parfait, nous devons conclure , avec M. Kummer, que les théorèmes relatifs à la décomposition des nombres entiers en facteurs premiers ne s'appliquent pas aux polynômes radicaux, pour des valeurs quelconques de «, et cessent, par exemple, d'être applicables, quand on suppose n = i3. « Il reste à examiner ce que devient la formule (36) quand elle ne se ré- duit pas à la formule (S^) , et à montrer le parti qu'on peut tirer alors des principes établis dans la précédente séance. C'est ce que nous verrons dans un autre article. » ENTOMOLOGIE. — Histoire des métamorphoses du Tetanocera ferruginea ; par M. Léon Ddfocjr. (Extrait par l'auteur). « Il n'y a pas longtemps que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie l'histoire d'une larve de casside qui vit sur Yfnule dyssentérique , et dont le corps élégamment frangé s'abrite, s'ombrage sous un singulier manteau, formé d'un échafaudage d'excréments concrets, mobile sur un pivot. J'ai expliqué comment la nature, en dotant cette larve d'une si curieuse, si insolite industrie, avait voulu et la préserver de l'inclémence du temps, et dissimuler sa présence à ses ennemis ; car, ici-bas , la guerre est presque l'état normal des grandes comme des petites bêtes. C'est là une loi d'harmonie, une loi de pondération. » C'est encore une métamorphose inédite , un de ces épisodes poétiques de la science entomologique que je viens soumettre à votre admiration. Une mouche dont la moindre humidité offenserait et l'aile délicate et le duvet, rendu si à propos imperméable, est destinée à passer dans l'eau son premier et son second âge , son état de larve et celui de chrysalide. Ce n'est point dans l'ordre des Diptères un fait nouveau que l'existence aquatique des larves, car Swammerdam et Réaumur nous ont appris que celles des Stratiomjs vivent ( io3i ) ainsi. Mais savait-on quelque chose sur les mélamorphoses de ces Muscides ncalyptérées , à la démarche grave, au vol silencieux, dont les populeuses tribus habitent les plantes de nos étangs? Non, et sur des milliers d'espèces mentionnées dans les ouvrages des diptérologistes, aucune n'avait encore été surprise dans les mutations de sa triple forme. C'est un fait de ce genre dont je vais tracer succinctement l'histoire. • Vers la fin de l'automne de 1846, je découvris dans l'eau d'une mare près de Saint-Sever, au milieu des lemna et des callitiiche , une larve dont la taille était loin d'être microscopique, puisqu'elle avait de i5 à 20 millimètres de longueur. Après avoir soigneusement étudié les conditions où elle vivait, je la transportai dans mon laboratoire en lui conservant le mieux possible ces conditions ; j'eus le bonheur, vivement senti, de la voir prospérer, se trans- former en chrysalide, et, malgré la longue rigueur de l'hiver, d'en obtenir, au printemps suivant, l'insecte ailé. » Cette larve grisâtre et finement chagrinée est sujette, comme la sangsue, à des variations de forme et de structure apparente, dues à l'extrême contrac- tilité de son pannicule tégumentaire. Tantôt elle se ramasse sur elle-même, se ratatine et offre des corrugations fort chagrinées avec une forme ovalaire, tantôt elle acquiert un grand degré d'extension et devient alors allongée, atténuée en avant, plane en dessous, un peu convexe en dessus. Elle n'a que onze segments, trois céphaliques , trois thoraciques et cinq abdominaux. Jus- tifions cette division. . " Les segments céphaliques sont tubuleux , rétractiles, ou pouvant s'en- gaîner les uns dans les autres comme les tuyaux d'une lunette, dépourvus de chagriné, et bien plus étroits que les suivants, sous lesquels ils peuvent s'abriter entièrement. Ces modifications de forme et de texture entraînent des attribu- tions physiologiques spéciales. Il faut, pour les bien comprendre, étudier les manoeuvres de la larve vivante. Ces trois segments, doués d'une sensibilité, d'une contractilité exquises, cumulent, suivant moi, l'universalité des fonc- tions des sens des autres animaux, comme le toucher, la vue, l'odorat, le goût, l'instinct ou l'intelligence, quoiqu'ils n'en aient point les organes spé- ciaux. Les trois segments céphaliques représentent la tête et le suçoir bi-ar- ticulé de la mouche. Ceux du thorax correspondent aux trois compartiments soudés de l'insecte parfait. Enfin, je le dis avec un sentiment d'admiration p:)ur la conformité organique, la mouche née de celte même larve, dont l'é- ducation a été pour moi si mêlée de sollicitudes et de satisfaction, n'a non plus que cinq segments à l'abdomen. » Presque toutes les larves des Muscides ont deux paires de stigmates ; l35.. ( io3a ) dans celle-ci il n'en existe qu'une seule paire, et elle est postérieure. Vous allez voir combien la nature a été prévoyante pour sauvegarder cette impor- tante fonction respiratoire dans un animal aquatique dépourvu de branchies. Ces orifices pneumatiques sont logés dans le fond d'une caverne stigmatique placée au dernier segment du corps et à un segment éminemment mobile. '. Celte caverne est couronnée par huit larges lobes triangulaires égaux. Ceux- ci, dans l'acte respiratoire, demeurent émergés et s'épanouissent comme une corolle régulière à huit pétales. Mais lorsque l'animal est forcé de plonger, loi-squ'il est ballotté par la tempête, il serre aussitôt les cordons des lobes de sa caverne, ceux-ci deviennent connivents et s adaptent si bien par leurs bords, qu'ils ferment hermétiquement ce réceptacle des stigmates. Ces orifices sont des boutons orbiculaires où l'air s'insinue par une fente médiane, et (juand le tégument de la larve s'amincit, en se distendant, une loupe vigilante peut constater et les deux grands canaux trachéens qui y aboutissent, et leur anastomose antérieure en une arcade commune. Voyez comme cette circulation d'air est admirablement adaptée à l'existence des seuls stigmates postérieurs! Une semblable disposition pulmonaire est rare dans les insectes, mais j'en ai signalé des exemples dans mon Ànatomie des Diptères^ ouvrage de longue haleine dont l'Académie a voté, il y a cinq ans, la publication, et qui attend encore sa mise au jour. » Quelle fut ma surprise lorsque peu de jours après avoir replacé dans leau de son bocal cette larve que je venais de tant tourmenter pour l'étudier et la dessiner, je découvris, à la surface du liquide, un corps noir flottant qu'un examen attentif m'apprit être une chrysalide , ou mieux , une pupe. Si je n'avais pas eu la certitude d'avoir rigoureusement isolé et séquestré ma larve, je n'aurais pas pu croire, tant je trouvais cette pupe dissemblable, qu'elle pût lui appartenir. La curieuse chrysalide, si inopinément improvisée, se balançait, au moindre souffle, comme une nacelle. En méditant sur sa mission, je me sentis plus porté que jamais à m'humilier devant ces étonnantes prévisions conservatrices de la nature. Là où l'œil du vulgaire n'aurait certainement su voir qu'un fragment inerte de branche noircie par la pourriture, j'y voyais, moi, le berceau hermétique d'une nymphe tendre, emmaillottée, immobile, l'espoirjde la prospérité de la Tétanocère. Je pres- sentais que ce précieu.x conceptacle fœtal était appelé, par destination suprême, à braver la tempête pendant cinq mois de la plus mauvaise saison, à devenir le jouet de la tourmente des eaux, à conserver sa vitalité malgré la glace qui pouvait l'ensevelir pendant des jours ou des semaines. Et, en définitive, l'éclosion de l'insecte ailé est venue, au printemps, révéler, ( io33 ) proclamer bien Haiît lès intelligentes sollicitudes clé la Providence. Cette chrysalide avait donc besoin d'être formée d'un tissu en même temps imperméable, résistant et élastique, pour mettre sa frêle nymphe à l'abri du contact direct de l'eau et pour atténuer l'effet des ballottements, des chocs inévitables; elle avait besoin d'nne configuration qui l'empêchât de se submerger à toujours et de compromettre au milieu de tant de dangers, de tant d'éléments de destruction, ce précieux dépôt d'une vie simplement léthargique. C'est là, si je ne me trompe, la philosophie de la science. >' Dans cette phénoménale métamorphose de la larve, où sa peau, se détachant de sa chair intérieure, qui se modèle en nymphe, se contracte, se condense, pour devenir la pupe , le berceau de celle-ci: forme, couleur , texture, attiibutions physiologiques, tout est changé. Au lieu d'un corps allongé , grisâtre , contractile, on ne trouve qu'une coque noire, olivaire , immuable, bombée d'un côté, déprimée de l'autre, une pirogue destinée à voguer et à gagner le port malgré l'agitation des vents, le choc répété de la pluie et les perturbations de toute espèce. Et, remarquez-le bien : dans la larve, la convexité est supérieure; dans la chrysalide, tout est renversé : le bombé est en bas, et le plane en dessus; elle nage donc sur le dos, et tout est prévu pour que, dans cette supination, l'éclosion de l'insecte ailé n'éprouve aucun obstacle. En avant, elle a comme un col court, dont les angles sont tuberculeux; mais, ô merveille réservée à l'œil scrutateur de l'heureux entomologiste! la loupe découvre , à ces tubercules, une aigrette de poils redressés et divergents: c'est le gouvernail de la nacelle. En arrière est une sorte de poupe, une queue réfléchie sur le plan supérieur et offrant encore les vestiges survivants des dents de la caverne stigmatique de la larve ! >' Les considérations, les faits se pressent en foule pour mettre en relief les prévisions incessantes de la création pour la conservation individuelle. La cavité du berceau aquatique où repose la nymphe a une ampleur qui lui permet de contenir une certaine quantité d'air. Or, celui-ci, indépen- damment de son utilité pour la respiration lente et insensible de la nymphe, a égalentent pour but de diminuer la pesanteur spécifique de la nacelle et de faciliter ainsi son existence flottante. » Dans les pupes, en général, quand il y a un panneau antérieur qui se dessoude pour l'éclosion définitive de l'insecte ailé, ce panneau est placé à la région dorsale du thorax. La nature a fait, pour notre chrysalide aquatique, une exception, et elle le devait. On ne la surprend jamais en défaut, jamais on ne la trouve inconséquente. Puisque cette chrysalide surnageait sur le dos, il ne fallait pas que l'insecte ailé, si délicat, si tendre au jour de sa ( io34 ) naissance, fût exposé à se noyer. Ce panneau, ce volet, a donc été établi à la région sous-thoracique qui devient supérieure par le fait de la supination. " C'est à la mi-novembre 1846 que je soumis à mon observation directe la larve dont je viens d'esquisser l'histoire, et c'est le i5 avril 1847 *1"^ j^ ^'^ naître la Tétanocère ferrugineuse , muscide asse? répandue dans diverses latitudes de l'Europe, et dont le genre a été fondé par le vénérable doyen des entomologistes français, M. Duméril. » M. Walckeivaer fait hommage à l'Académie de deux cartes géographiques dressées par lui: l'une est une carte générale de la France; l'autre, une carte physique du même pays. [P^oir au Bulletin bibliographique.) Cette dernière doit être accompagnée d'un texte explicatif , qui paraîtra prochainement. RAPPORTS. ZOOLOGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. E. Rljvnchard, intitule': Recherches zoologiques et anatomiques sur l'organisation des Vers. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Rayer, Valenciennes rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. Milne Edwards, Rayer et moi, de faire un Rapport sur un travail soumis à votre jugement par M. E. Blanchard. » Le sujet de ce Mémoire .sont des recherches zoologiques et anatomiques sur l'organisation des Vers. » Quand il s'agit de ces animaux , tout le monde cite les noms de Rudolphi, de Goëze , et les zoologistes ajoutent ceux de Zeder, de Brenser, de Siebold , de Blainville, deDujardin, et de beaucoup d'autres auteurs fort nombreux qu'il est inutile de citer, parce qu'une érudition bibliographique ne servirait pas à éclairer le Rapport que je viens vous présenter aujourd'hui. On ne devra pas croire cependant que j'aie oublié les travaux antérieurs pour apprécier ceux dont je vais parler. Je crois préférable de rappeler, à l'occasion de chaque ordre étudié par M. Blanchard, les noms des anatomistes qui ont fait des recherches sur le même sujet. » Je dois d'ailleurs dire, en commençant , que l'auteur du Mémoire dont nous avons à vous rendre compte a fait précéder le développement des re- cherches qui lui sont propres, par un exposé des travaux des helmintholo- gistes qui ont écrit avant lui sur cette branche de la zoologie. L'analyse qu'il en a faite est assez complète pour rendre inutiles d'y ajouter d'autres détails. >' Malgré le grand nombre de recherches faites sur les Vers , il y avait en- core des questions fort importantes à résoudre pour arriver à une connais- ( io35 ) sance plus complète de leur orf^anisation. Elles touchaient surtout aux grandes fonctions de la circulation et du système nerveux. » L'Académie a excité l'ardeur des anatomistes en mettant au concours, plusieurs fois, des questions relatives à l'étude de l'organisation des Vers. On se rappelle qu'elle a couronné un grand et beau travail de M. Jules Cloquet sur l'anatomie des Ascarides ; et cependant on se demandait encore s'il existait , dans ces grands Helminthes , un système nerveux et un système circulatoire. Des questions de cette importance pouvaient être faites sur la plupart des autres groupes. « M. E. Blanchard a le grand mérite d'avoir répondu , d'une manière positive, à plusieurs de ces questions, et même aux plus difficiles. 11 a montré aux membres de la Commission, sur des préparations aussi délicates que bien faites, et par conséquent fort nettes, les appareils de plusieurs de ces systèmes généraux. Il faut aussi faire remarquer qu'il a eu l'adresse et l'ha- bileté d'injecter les vaisseaux d'animaux qui n'ont souvent que 3 ou 4 milli- mètres de longueur. Les observations anatomiques qu'il présente dans son travail ne sont pas le résultat d'un examen des organes vus à des grossisse- ments plus ou moins forts, et à travers la transparence plus ou moins parfaite des tissus. Nous devons louer M. Blanchard sur la méthode suivie dans ses recherches. » Avant d'aller plus loin, je dois rappeler ici, en peu de mots, que le groupe des Helminthes est composé de la réunion de trois ordres d'animaux bien distincts , et qui ont cependant entre eux des liaisons assez fortes pour ne pas pouvoir être séparés. Le naturaliste , habitué à suivre les nombreuses modifications de l'organisation des animaux , n'est pas étonné de ces grands changements de forme, qui paraissent quelquefois si étranges, qu'on les nomme des dégénérescences des êtres. « Le zoologiste aplanit presque toujours les difficultés qui en paraissent la conséquence , en embrassant d'un coup d'œil plus élevé les rapports de liaison entre les espèces , sans se préoccuper de l'idée, en quelque sorte fon- damentale, attachée souvent par nos dénominations à tels ou tels groupes. » Ces idées fort simples et, pour ainsi dire élémentaires, que M. Siebold a si bien senties lorsqu'il a voulu donner une définition générale de la classe des Vers, s'appliquent aux ordres des Helminthes, lorsque l'on comprend parmi eux non-seulement les espèces qui vivent dans le corps des autres animaux, mais que l'on y joint celles qui vivent dans le sein des eaux , libres et indé- pendantes, soit pendant toute leur vie, soit pendant une partie seulement de leur existence. » Un des goupes de la grande classe des Vers comprend les animaux dé- ( io36 ) sif^nés sous le nom de Cestoïdes. On y rapporte pour types principaux les Taenias, les Bothriocéphales, qui passent aux formes des Cysliques propre- ment dits par les Gysticerques. ^ . » Un autre groupe se compose des Vers aplatis non articulés, pourvus de ventouses : ce sont les Trématodes , sur l'anatomie desquels plusieurs anato- mistes ont fait déjà des recherches fort importantes. Si ces espèces vivent renfermées dans les différents viscères des animaux, les naturalistes recon- naissent aujourd'hui, par les observations de Dugès et d'Ehrenberg, et par les recherches de M. de Quatrefages sur les Planariées et sur les Némertes, que cet ordre doit comprendre un grand nombre d êtres qui ne sont jamais parasites. " Enfin les Ascarides et tous les Vers, qui sont les Cavitaires ou les Néma- toides , seraient un troisième groupe très-indépendant si les Linguatules ne venaient pas se placer entre eux et les Cestoïdes. » En étudiant de nouveau chacune des principales espèces de ces groupes , M. Blanchard est arrivé à généraliser plusieurs faits très-importants. Il a démontré l'existence des nerfs dans les taenias du Cheval , du Loup, de la Fouine, en suivant les filets nerveux qui partent des quatre ganglions placés par paires autour de l'œsophage, pour se diriger, par plusieurs branches, vers les ventouses, ou, par un seul long filet, à travers les articulations du corps. Le taenia de la Fouine est une des espèces où cette préparation peut être faite avec plus d'évidence, à cause de la grosseur de la tête du Ver. Il a découvert, dans ces Helminthes, les vaisseaux de l'appareil circula- toire : ils sont doubles et ils communiquent entre eux par de nombreuses ramifications vasculaires qui rampent sur la surface de la peau. Dans les préparations que M. Blanchard nous a montrées pour appuyer ses observa- tions, il avait eu le soin d'injecter les canaux gastriques par un liquide diffé- remment coloré de celui qu'il avait fait pénétrer dans les vaisseaux sanguins. Ces pièces anatomiques montrent que ces organes ne communiquent pas avec les canaux gastriques, et qu'ils appartiennent à un système tout à fait différent. n Les recherches de M. Blanchard sur les Trématodes et les genres voisins ont été plus nombreuses et non moins heureuses. Elles l'ont conduit à rapprocher, avec quelques autres naturalistes, des Vers auxquels on appli- quait exclusivement ce nom, la plupart des animaux composant la classe des Turbellarice de M. Ehrenberg. Comme ces observations ont fait croire à M. Blanchard que les ganglions nerveux fort développés, qui sont près de chaque côté de l'œsophage, n'ont pas entre eux de connectif , il a voulu faire ressortir l'importance de ce caractère, qui devient pour lui la diagnose de §a seconde classe, par l'emploi d'une dénomination significative. On voit r .037 ) qu'il a hésité sur le choix de l'un des deux noms imaginés par les illustres anatomisles de Berlin cités tout à l'heure; et, comme ni le nom de Tré- matode, ni celui de Turbellaria n'offraient à son esprit un sens assez positif, il a pensé devoir donner à cette classe un nom nouveau, celui àiAné- vorme sans collier. Nous ne lui reprocherons pas cette introduction d'un nouveau mot, tout en observant qu'il eût été peut-être préférable de con- server un nom ancien, admis par tous les helminthologisles, et qu'il se serait approprié par l'originalité de ses travaux. Un nom significatif, tel que celui qu'il a composé, n'exprime que l'état actuel de nos connais- sances; peut-être que lui-même viendra à démontrer, par des observations plus heureuses, que ce nom nouveau ne convient pas à tous les animaux qu'il groupe sous cette dénomination caractéristique. Ce conseil me paraît d'autant mieux à sa place , que M. Blanchard a séparé des Planariées les Némertes pour en faire un cinquième type du sous-embranchement des Vers. Il pense que la réunion des deux ganglions céphaliques se fait dans ces animaux par deux connectifs , au lieu d'un seul unique qui existe dans les autres animaux. La petitesse de ces filets dans les Némertes peut lui faire espérer de trouver, dans les Vers qu'il appelle Anévormes, ce nerf de con- nexion. Son existence ramènerait alois tous les Vers à la condition géné- rale des autres animaux qui ont un collier nerveux oesophagien pour centre du système sensitif; mais elle ôterait la valeur de la nouvelle dénomination. " M. Blanchard a disséqué, avec détail, les genres Péripates et Mala- cobdelles. Il a ajouté de nouvelles observations, qui complètent ce que l'un de nous, notre confrère M. Edwards, avait fait connaître de l'orgaiiisatioii du premier de ces deux genres. lies recherches sur le second de ces ani- maux montrent les véritables affinités des Malacobdelles, que l'on plaçait auparavant plus près des Sangsues. » Si Bojanus et Meblis avaient déjà fait connaître, dans leurs beaux tra- vaux sur les Distomes, l'existence du système nerveux et de lappareil circu- latoire , on ne peut méconnaître que les méthodes anatomiques suivies par M. Blanchard ne précisent davantage aujourd'hui la connaissance de l'or- ganisation de ces singuliers parasites. Il a mieux limité, dans ses prépara- lions, les ramifications de l'appareil digestif, et les deux plans de vaisseaux sanguins situés de chaque côté de cet appareil. » L'habile auteur du Mémoire dont nous rendons compte nous a montré aussi les plus heureuses injections des vaisseaux de l'Amphistome. On voit sur ces Vers longs de 2 à 3 millimètres, les plus fines et les plus admi- rables ramifications de vaisseaux cutanés, en même temps que les troncs C.R., 1847, ^"SemestreiT. XXIV,^■<24.) • 36 ( io38 ) plus gros naissant de la grande couronne du pourtour de la bouche , et qui se renflent en petits culs-de-sac arrondis. Cette disposition peut être si- gnalée comme une tendance de la nature vers la distribution du sang dans des lacunes des autres animaux. " L'étude que M. Blanchard a faite des animaux de cette classe ajoute donc à ce que de très-habiles anatomistes avaient fait avant lui. Mais en même temps que l'anatomie de ces animaux devient plus complète, la zoologie profitera du travail de M. Blanchard, car il fait connaître plusieurs espèces nouvelles des divers genres de ce groupe, et il donne le moyen de les caractériser plus nettement après en avoir fait une synonymie critique fort étendue; ce qui n'est pas, comme on le sait, la partie la moins difficile d'une monographie. " Nous arrivons enfin à la classe des Nématoïdes. Ceux qui se rappellent ce que M. Jules Gloquet a publié sur ces animaux , les doutes exprimés sur l'existence du système nerveux, ou la négation absolue de tout appareil circulatoire, que les auteurs les plus célèbres ont consignés dans leurs ou- vrages, jugeront, comme nous, que M. Blanchard a fait une véritable découverte, en montrant les vaisseaux injectés des Ascarides. On voit, en effet, sous la trompe oesophagienne, un très-petit renflement rougeâtre, d'où sort un vaisseau qui se réfléchit en passant au-dessus de l'œsophage , et qui se prolonge dans toute l'étendue du corps. Un autre filet sanguin sort du même coeur rudimentaire , et court sur toute l'étendue des téguments , au-dessous de l'intestin. Je n'ai trouvé, dans aucun auteur, le moindre pas- sage qui me fasse croire qu'un anatomiste avait déjà entrevu cette organi- sation. Ces vaisseaux suivent ces deux lignes blanches faciles à voir dans l'Ascaride, et dont M. Cloquet avoue lui-même n'avoir pu reconnaître la nature. Il faut bien observer que les deux filets sanguins ne constituent pas la ligne blanche dont nous parlons. M. Blanchard a suivi, dans l'Ascaride, les nerfs, depuis leur ganglion jusqu'à leur plus grande ténuité. Il montre qu'il y a toujours deux ganglions céphaliques, donnant naissance aux bran- ches nerveuses. « L'analyse rapide que nous venons de faire du Mémoire de M. Blanchard montre que cet habile anatomiste a fait connaître par son travail plusieurs faits importants sur l'organisation des Vers , dont l'anatomie et la zoologie tireront grand profit. " L'auteur ne se dissimule pas les lacunes qui restent à remplir pour le compléter. Il faut espérer que des circonstances favorables , mais malheu- reusement tout à fait fortuites dans ce genre de recherches , viendront lui en fournir les moyens. ( ^o39 ) " On ne doit pas oublier que l'anatomie fine et délicate de ces animaux ne peut être faite que sur les individus encore frais. Un des fjenres les plus importants à examiner serait la Linguatule. Pour faire comprendre combien la rencontre de certains Helminthes est due au hasard, je citerai à TAcadémie que les seuls exemplaires de ce genre fort rare , déposés dans la riche collec- tion du Muséum d'Histoire naturelle, ont été donnés par notre confrère M. Duméril , qui les a extraits d'une tumeur du nez d'un chien, il y a plus de trente ans, et que , malgré les recherches les plus assidues, on n'a pas encore pu en retrouver d'autres exemples à Paris. » Nous espérons cependant que M. Blanchard sera plus heureux et que sa persévérance lui fera vaincre les difficultés qui ont retardé la publication d autres travaux. Nous l'engageons à poursuivre avec ardeur ce genre de recherches, où il est assuré de trouver encore des faits importants qui couronneront son travail. » En ce qui concerne le Mémoire actuel, vos Commissaires n'hésitent pas à engager l'Académie à accorder son approbation au travail de M. Blanchard, et à en ordonner l'impression dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. CHIRURGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. le docteur Jobert, de Lamballe, intitulé : Considérations anatomiques et thérapeutiques sur les fistules vésico- vaginales. Autoplastie par glissement. (Commissaires, MM. Roux, Velpeau, Lallemand rapporteur.) « Le dernier Mémoire du docteur Jobert est, en quelque sorte, la suite de celui qu'il a présenté à l'Académie sur le traitement de quelques fistules urinaires de l'homme, trop étendues pour pouvoir être guéries par les moyens ordinaires. Les conditions sont analogues dans les deux cas, et c'est la même pensée qui a guidé l'auteur dans les améliorations qu'il a su apporter au traitement des deux infirmités. La nouvelle méthode opératoire, appliquée par le docteur Jobert au traitement des fistules vésico-vaginales, étant fondée sur uu nouveau mode d'obturation, il importe, avant tout, d'entrer dans quelques explications sur les divers procédés qui ont été mis en usage pour réparer des pertes de substance. )' I^a plus ancienne manière est celle de la transplantation. Elle consistait , par exemple, à prendre un lambeau de la peau du front, ou du bras, pour ré- parer une portion du nez. Mais, dans les deux cas , il fallait faire cesser, tôt ou tard, la continuité du lambeau avec les parties voisines, dont il avait jusque-là reçu le sang et la vie. TiOrsque la circulation n'était pas suffisamment établie i36. . ( io4o ) à travers la cicatrice, le lambeau se mortifiait en totalité ou en partie; c'est ce mode opératoire qu'a d'abord employé le docteur Jobert contre les fistules vésico- vaginales, mais il a fini par y renoncer, quoiqu'il en eût obtenu deux guérisons. f^a présence des urines augmentait encore le grave inconvénient qui vient d'être signalé. " Plus tard on a taillé ce lambeau dans le voisinage de la perte de sub- stance ; après l'avoir disséqué jusqu'à sa base , on l'a déplacé, sans tordre son pédicule, pour mettre en contact les surfaces saignantes. C'est ainsi, par exemple, qu'on a pu réparer une portion de la joue et des lèvres avec la peau du col. De cette manière la circulation n'est jamais interrompue dans le lambeau, puisque son pédicule ne doit pas être coupé. Ce procédé pourrait être appelé auloplastie par décollement ou par dissection , tandis que les deux premiers sont de véritables gre^ejr^ puisqu'on est obligé de faiie cesser toute continuité entre le lambean et les parties auxquelles on l'emprunte. " Quand la peau est très-élastique et peut se déplisser facilement, quand elle est en même temps doublée d'un tissu cellulaire très-abondant, on peut faire subir un grand déplacement au lambeau , sans le soumettre à des tiraillements capables de compromettre la réunion. C'est ce qu'a fait le docteur Jobert quand il a pris une partie du scrotum pour réparer de larges portes de substance de l'urèlre. Cette autoplastie par glissement est encore plus avantageuse que la précédente, puisqu'on n'est pas même obligé de disséquer le lambeau pour lui faire recouvrir la surface à réparer; il suffit de rafraîchir tout ce qui doit contracter des adhérences. On peut aisément comprendre combien cette intégrité du tissu cellulaire sous -cutané est favorable à la vitalité du lambeau. » 11 est vrai que tous les ti.<«sus n'ont pas, comme le scrotum , des rides nombreuses faciles à déplisser dans tous les sens; mais ceux qui sont doublés d'un tissu cellulaire abondant peuvent encore subir un grand déplacement quand on pratique, à quelque distance des bords de la perte de substance, une incision suffisamment longue dans le sens du plus grand diamètre de la surface à réparer. Alors les parties réunies par des points de suture ne sont plus exposées à des tiraillements douloureux, qui favorisent surtout la section prématurée des chairs, et, par suite, l'écartement des bords mis en contact. Ce mode de déplacement a lieu, comme le précédent, par glissement ^ sans que les parties, attirées à la rencontre des autres aient été disséquées, et par conséquent, sans que leurs connexions avec les tissus sous-jacents soient changées, sans qu'elles cessent d'en recevoir directement le sang et la vie. C'est cette méthode que le docteur Jobert a mise en usage ( io4i ) pouf l'oblitération des fistules vésico-vaginales les plus étendues. Elle est fondée sur un véritable glissement , puisque le déplacement du lambeau s'o- père au moyen du tissu cellulaire qui unit les parois de la vessie à celles du vapin . » Mais, avant d'aller plus loin, il est indispensable d'examiner les fistules vésico-vaginales sous le point de vue des difficultés qui s'opposent à leur guérison. » Le premier obstacle qui se présente est le contact habituel de l'urine avec l orifice interne. Dans les fistules urétrales, l'urine s'échappe seulement pendant l'émission normale, qui reste toujours soumise à l'empire de la vo- lonté. Mais, par cela seul qu'une fistule aboutit dans la cavité de la vessie, l'urine peut s'introduire continuellement dans l'ouverture accidenlelle. D'un autre côté, le peu d'épaisseur de la cloison vésico-vaginale ne permet pas que le trajet fistuleux soit long, oblique, sinueux, et l'urine tombe directe- ment dans le vagin sans rencontrer d'obstacle sur son passage; il en résulte aussi, quand on veut opérer la réunion des parois, que les bords ne peuvent s(; toucher dans une grande étendue. Enfin, la cloison étant flottante entre deux cavités, manque de point d'appui des deux côtés, et les bords affrontés peuvent très-facilement se dévier dans im sens ou dans l'autre; de sorte que les siu'faces préparées à la réunion ne se trouvent plus eu contact qu'avec la membrane muqueuse de la vessie ou du vagin , et l'on sait que les surfaces muqueuses ne peuvent jamais contracter d'adhérences. » Ces données permettront de comprendre ce qui se passe dans les diffè- re ntes espèces de fistules vésico-vaginales, suivant leur étendue, leur an- cienneté, etc. >' A la suite d'un accouchement laborieux, par exemple, si le trajet fis- tuleux est très- étroit, l'inflammation des parties voisines peut être assez vive pour que le gonflement mette les parois en contact, et la guérison peut avoir lieu spontanément. Mais cotte heureuse terminaison est excessivement rare, parce qu'il est difficile que le contact des parois soit assez intime et assez prolongé, pour que la pression exercée par l'urine, quand la vessie se distend, ne détruise pas bientôt le travail de la cicatrisation. • \ '■ "' >' Lorsque cette période inflammatoire diminue avant que la cicatrice soit complète, les urines s'échappent par l'ouverture accidentelle. Si on leur donne alors, à l'aide d'une sonde, une issue pku libre que celle qu'elles trouveraient par la fistule, elles peuvent ne pas mettre obstacle à la réunion consécutive. Mais il faut pour cela que l'ouverture accidentelle soit presque capillaire. Plus tard, la cautérisation d'un pareil trajet fistuleux peut en dé- truire la surface calleuse, et reproduire une inflammation aiguë, qui mette ( I042 )• de nouveau les parois en contact, et en favorise Tadhésion. C'est par ce mé- canisme qu'il faut expliquer la guérison de quelques fistules par divers pro- cédés qu'on a trop vantés, et dont la cautérisation seule était le véritable principe curatif. Mais chaque cautérisation détruit une partie de la surface endurcie, et les plus énergiques, celles qu'on pratique avec le fer rouge, sont aussi celles qui détruisent le plus de tissus; aussi ont-elles d'autant moins de chances de réussir qu'elles ont été plus souvent employées. Il Quand les fistules vésico-vaginales ne sont pas assez étroites pour que le gonflement des parties voisines puisse amener le contact des bords, il faut nécessairement employer des moyens artificiels pour maintenir ce rappro- chement pendant tout le temps nécessaire à la cicatrisation; ces cas sont les plus nombreux sans comparaison. » Tant que l'ouverture n'est pas très-étendue, il est possible den main- tenir les bords rapprochés sans exercer trop de tiraillements sur les tissus voisins, et la réunion peut avoir lieu avant qu'ils soient déchirés par les crochets ou les fils introduits dans les chairs, puisqu'il ne faut pas plus de cinq ou six jours pour qu'ime cicatrice s'organise entre des surfaces bien disposées à contracter des adhérences. G est contre ces fistules de dimension moyenne que la sonde érigne et les diverses espèces de suture ont souvent réussi. » Mais la cloison vésico-vaginale éprouve quelquefois des pertes de sub- stance bien plus étendues, et l'ouverture qui en résulte ne mérite plus le nom de fistule, tant elle est béante et permet facilement à la vessie de se ren- verser dans le vagin; ici les moyens ordinaires de réunion étaient insuffisants. Quand bien même la suture aurait pu mettre en contact les bords opposés, ce n'eût été qu'à force de tiraillements douloureux, et bientôt les fils au- raient coupé les tissus trop tendus : il en serait résulté de l'écartement entre les surfaces affrontées, et le moindre intervalle suffisait pour laisser passer les urines; d'ailleurs, aucune réunion ne pouvait avoir lieu sans une coapta- tion parfaite. Aussi ces désordres étaient-ils regardés comme au-dessus des ressources de l'art, par ceux même qui s'en étaient le plus occupés; ils n'o- saient rien tenter pour en obtenir la guérison, parce qu'ils ne trouvaient pas, dans les procédés qu'ils avaient jusqu'alors employés, les moyens de vaincre de si grandes difficultés; ils en étaient réduits à chercher, dans la mécanique , des ressources de toute espèce pour diminuer les inconvénients du passage continuel des urines par le vagin, et, il faut bien le dire, les plus ingénieux de ces appareils n'ont jamais procuré que peu d'allégement à cet état déplorable. ( «043 ) " Cependant le docteur Jobert n'a pas reculé devant ces cas désespérés ; il ne s'est pas laissé décourager par des essais infructueux. Sortant des voies battues, à force de persévérance il a fini par créer une méthode nouvelle, plus hardie que les autres, et cependant tout à fait rationnelle ; méthode dont il est difficile de limiter les ressources, puisqu'elle lui a permis de réparer presque toute la cloison vésico-vaginale détruite par la gangrène, à la suite d'un accouchement laborieux. » Après avoir employé avec succès l'autoplastie par glissement à fermer de larges fistules urétrales situées au devant du scrotum , le docteur Jobert a pensé qu'il pourrait en faire l'application aux grandes pertes de substance de la cloison vésico-vaginale, et il l'employa dans des cas où la transplantation par greffe, avec torsion du pédicule, avait complètement échoué. Voici sur quelles données anatomiques la nouvelle conception est fondée : » La cloison vésico-vaginale consiste en deux parois distinctes, adossées, mais non confondues , dont les surfaces libres ou muqueuses font partie d'un systèmes d'organe différent, et dont les fonctions n'ont entre elles aucun rapport. La paroi de la vessie est séparée de celle du vagin par un tissu cellulaire assez abondant et assez élastique pour permettre à l'une des cavités de se distendre indépendamment de l'autre, et de se déplacer sans entraîner l'autre. Il était donc possible d'inciser la paroi vaginale sans inté- resser la membrane muqueuse de la vessie, ni le plan musculeux qui l'enve- loppe : or cette paroi vésicale était seule indispensable à la réparation d'un réservoir urinaire; on pouvait donc, dans les cas de destruction considé- rable de la double cloison, faire cesser la tension de la paroi vaginale, après la réunion des bords de la fistule , en incisant cette paroi toute seule en dehors des points de suture. Les tiraillements produits par une trop forte tension devaient dès lors cesser; on prévenait, par conséquent, la section rapide des chairs par les fils, et l'écartement des bords qui en aurait été bientôt la conséquence. Ainsi, par exemple, la cloison vésico-vaginale étant détruite depuis le col de la vessie jusque vers son bas-fond , on pouvait rafraîchir les bords de cette énorme ouverture , et les mettre en contact d'avant en arrière par des points de suture ; alors, si l'on pratiquait une incision transversale sur la paroi vaginale , entre les fils et le col de la matrice sans atteindre le plan musculaire de la vessie , on permettait à. la matrice, de reprendre sa position habituelle, par l'écartement des lèvres de l'incision, elle tissu cellulaire delà vessie se trouvait seul à découvert, à la place que devait occuper la paroi supérieure du vagin. De cette manière, les débris de la cloison vésico-vaginale, conservant toute leur épaisseur au ( io44 ) point de contact, pouvaient être maintenus longtemps en rapport sans éprouver de tiraillements, quoique les bords avivés et rapprochés n'eussent pas été disséqués. D'un autre côté, la paroi postérieure de la vessie, tirée en avant, devenait la paroi inférieure et suffisait pour clore le réservoir des urines. Si cette poche nouvelle était plus petite que celle qui existait avant l'accident, elle était composée des mêmes éléments, c'ost-à-dire d'une membrane muqueuse tapissée par un plan de fibres musculaires. F/émission des urines pouvait devenir plus fréquente, mais elle était de nouveau soumise à l'empire de la volonté , et c'était tout ce qu'il s'affissait d'obtenir pour faire cesser l'infirmité. » Ceci n'est pas une pure hypothèse, c'est le résumé d'une des observa- tions du docteur Jobert, avec cette circonstance, encore plus remarquable, que la gangrène , chez cette femme, avait aussi détruit l'urètre, et que le uQuveau col de la vessie, formé de toutes pièces avec ce qui en restait, retient parfaitement les urines pendant trois heures, malgré la station, la marche et tous les mouvements auxquels peut se livrer la femme la mieux constituée. " Si la fistule est allongée et située sur la ligne médiane, une double inci- sion doit être pratiquée d'arrière en avant , entre les points de suture et les parois latérales du vagin , pour éviter les tiraillements qui auraient lieu en travers. Si la fistule était à droite ou à gauche, l'incision devrait être pratiquée sur la paroi vaginale correspondante, qui serait seule tiraillée. Alors les points de suture seraient ramenés spontanément, avec la plaie, vers la ligne médiane. En un mot, les incisions de la paroi vaginale doivent être prati- quées sur tous les points tendus qui paraissent menacés de tiraillements. Voilà en quoi consiste esseniiellenient la nouvelle méthode du docteur Jobert , et cette pensée hardie , mais parfaitement rationnelle , est fondée sur la structure même des parties; elle promet de porter à ses dernières lirnites les ressources de la chirurgie contre les fistules vésico- vaginales, puisque le dédoublement de la cloison permet des rapprochements qu'aucun autre moyen n'aurait fait espérer. " Au reste, ces débridemenls sont tout à fait sans danger. Aucune artère importante ne circulant dans l'épaisseur de la double cloison, il ne peut y avoir d'hémorragie à redouter dans aucune direction. Il n'est pas survenu non plus d'autres accidents graves chez les malades opérés par le docteur .Tobert , et il en a guéri six sur huit. • «i'*!*- tyv!. " Quant au manuel opératoire, il est d'une exécution moins difficile qu'on ne pourrait le supposer , d'après la nature et la profondeur des parties sur les- quelles il faut agir. Depuis longtemps Lisfranc avait montré qu'on peut ( io45 ) facilement, et sans inconvénient, attirer le col de la matrice à l'entrée de la vulve , en le saisissant avec une double érigne. Or, la matrice, en descen- dant, attire avec elle la cloison vésico- vaginale ; il suffit donc qu'un aide la retienne avec les pinces , tandis qu'un autre déprime , du côté du rectum , la partie postérieure du vagin, pour que l'opérateur puisse rafraîchir les bords de la fistule , presque aussi facilement que s'il s'agissait de parties si- tuées à l'extérieur. Les points de suture sont appliqués ensuite à l'aide d'in- struments fort simples qui remplacent les doigts. Avant d'abandonner com- plètement le col de la matrice, pour lui permettre de remonter à sa place, on doit faire cesser tout tiraillement qui pourrait persister encore, en pratiquant quelques mouchetures sur les points de la paroi vaginale qui paraissent trop tendus. » Les fils des points de suture sont coupés au niveau de la vulve. Un tampon d'amadou est introduit dans le vagin pour absorber le sang, et une sonde est placée dans la vessie, pour donner une libre issue aux urines. >' Mais un simple Rapport ne permet pas de donner une idée de tout ce qui concerne des désordres si variables et des détails opératoires si minu- tieux; c'est dans le Mémoire de l'auteur que les praticiens devront chercher tout ce qu'ils auront besoin de connaître pour suivre son exemple. » Quant aux observations de guérison qui servent de base à ce travail , votre Commission a pu constater les traces des opérations pratiquées sur la plupart de ces femmes , les cicatrices des incisions et des points de suture , l'étendue des parties déplacées, et par conséquent celle des désordre réparés, surtout dans les cas les plus graves, par lesquels on peut juger de tous les autres. » En résumé, la méthode nouvelle du docteur Jobert permet aujourd'hui d'espérer la guérison de fistules vésico-vaginales qui seraient restées incu- rables par tout autre moyen , et qu'on n'osait pas même opérer auparavant. Les dimensions de l'ouverture ne devront plus être regardées comme un obstacle insurmontable, pas plus qu'une situation profonde, une direction longitudinale ou oblique, uae forme irrégulière, etc. L'autoplastie par glis- sement, appliquée à ces cas désespérés, peut donc soustraire à la plus dé- goûtante infirmité des femmes dont l'existence n'eût été qu'un supplice pour elles et pour les autres. » Votre Commission pense qu'un pareil progrès est assez important pour que le Mémoire du docteur Jobert mérite d'être inséré parmi les travaux des Savants étiangers. » . , ... Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. C. R., 1847, i" Semestre. (T. XXIV, N« Î84.) I ^7 ( io46 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission de cinq membres , qui sera chargée d'examiner les inventions admises au concours pour le prix concernant les arts insalubres. , MM. Dumas, Payen, Chevreul, Rayer et Pelouze réunissent la majorité des suffrages. AIEMOmES LUS (îHiMiE. — Recherches sur les matières gélatineuses des végétaux; par M. E. Fremt. (Extrait par l'auteur.) [Deuxième Mémoire.] (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Payen.) • Dans le Mémoire que j'ai eu l'honneur de lire à l'Académie , je me suis proposé de tracer l'histoire des substances gélatineuses des végétaux, et de démontrer que ces corps constituent une des séries les plus intéressantes de la chimie organique. Les faits qui se trouvent développés dans mon travail me permettent d'établir les conclusions suivantes: » i". Il existe dans le tissu des végétaux , à côté de la cellulose , une sub- stance insoluble dans l'eau, l'alcoolet l'éther, que j'ai nommée pectose , et qui , par l'action des acides les plus faibles, se transforme en pectine : les acides étendus n'opèrent cette modification que sous l'influence de l'ébullition ; et l'acide acétique qui n'agit pas, comme on le sait, sur l'amidon, est aussi sans action sur la pectose. La pectose ne saurait être confondue avec la cellulose; car cette dernière substance, comme l'avait parfaitement reconnu M. Payeu , ne donne pas de traces de pectine lorsqu'on la traite par les acides : mes expériences ont confirmé celles de I\L Payen. » 2°. J'ai trouvé dans la plupart des fruits et des racines une substance amorphe, comparable aux ferments, et surtout à la diastase; elle peut faire éprouver aux substances gélatineuses , contenues dans les végétaux, une série de transformations isomériques. J'ai donné à cette substance le nom de pectase; en réagissant sur les matières gélatineuses, elle donne naissance à différents phénomènes qui constituent la fermentation pectique. " 3°. Les acides qui sont employés pour transformer la pectose en pectine peuvent, suivant leur nature et leur proportion, former des substances différentes et qui possèdentchacunedes propriétés distinctives bien tranchées: ainsi, lorsque l'acide est très-faible, on obtient la pectine proprement dite, (■ 'o47 ) qui ne trouble pas l'acétate neutre de plomb. Si l'acide est plus concentré, ou si l'ébullition a été prolongée plus longtemps, le corps qui prend naissance précipite l'acétate neutre de plomb; je lui ai donné le nom de parapectine ; et enfin, en employant un acide énergique, on peut former un troisième corps, que j'ai nommé métapectine , qui est faiblement acide aux réactifs colorés, tandis que les précédentes étaient neutres, et qui peut précipiter le chlorure de barium. » 4°- Si l'on introduit une petite quantité de pectase dans une dis- solution de pectine, et qu'on maintienne la température à 3o degrés environ, on voit la pectine se changer en peu de temps en un corps gélatineux el consistant : cette transformation curieuse, qui explique la production des ge- lées végétales , peut s'effectuer à l'abri de l'air; il s'est formé, dans ce cas, deux acides: l'un est nouveau, je l'ai nommé acide pectosique ; l'autre est \ acide pectique. L'acide pectosique, que l'on pourrait confondre avec l'acide pectique, s'en distingue immédiatement par sa solubilité complète dans l'eau bouillante. Dans la réaction de la pectase sur la pectine , c'est l'acide pectosique qui se produit en premier et qui se change ensuite en acide pectique par l'action prolongée de la pectase. I^es alcalis libres ou carbonates peuvent transformer à froid la pectine, d'abord en pectosates, et ensuite en pectates. >' Les phénomènes qui viennent d'être décrits sont si faciles à observer , ils caractérisent la pectine avec une telle netteté, qu'il m'est difficile de comprendre comment, dans ces derniers temps, on a confondu la pectine avec les gommes, les mucilages, et surtout avec l'acide pectique qui est insoluble dans l'eau. >• J'ai soumis l'acide pectique à une étude toute spéciale, et je crois avoir surmonté les difficultés que présentait son analyse, et surtout la détermination de son équivalent. Je reconnus, en outre, que l'acide pectique, chauffé à 200 degrés, perdait de l'eau et de l'acide carbonique, et pro- duisait un acide pyrogénénouveau que j'ai nommé pjropectique. « L'acide pectique présente la propriété singulière de se dissoudre en quantité considérable dans les sels neutres ou acides; il forme alors des combinaisons précipitables en gelée, par l'alcool, qui se trouvent souvent mélangées à la pectine, la rendent gélatineuse et empêchent, par leur présence, de reconnaître, au moyen de l'analyse élémentaire, les i-apports si simples qui lient la pectine aux autres corps gélatineux. » 5°. Les corps gélatineux peuvent éprouver une dernière période de 137.. ( io48 ) transformation et se changer en deux acides énergiques et très-solubles. I! suffit, en effet, de faire bouillir de l'acide pectique dans l'eau pendant un certain temps, pour le transformer en un premier acide, que j'ai nommé parapectique , et en un dernier acide, qui est l'acide métapectique. Les acides parapectique et métapectique prennent encore naissance dans la réaction des acides ou des alcalis sur la pectine ou l'acide pectique. Les pectates peuvent, par une ébuUition prolongée, se transformer en métapectates. Ces deux acides se distinguent facilement l'un de l'autre , car le premier précipite l'eau de baryte, et le second ne trouble pas ce réactif; ils peuvent décomposer, par l'ébuUition, le tartrate double de cuivre et de potasse à la manière du glucose. Pour m'assurer que cette propriété n'était pas due à la présence du sucre, j'ai dû avoir recours à l'appareil de polarisation et à l'action du ferment : guidé par les conseils que M. Biot a bien voulu me donner, j'ai reconnu d'abord que les acides parapectique et métapectique n'exerçaient aucune action rotatoire sur la lumière polarisée , et qu'en pré- sence du ferment ils ne produisaient pas de traces de fermentation. » 6°. Après avoir examiné toutes les propriétés des corps gélatineux et reconnu qu'en employant des agents très-faibles et comparables à ceux qui se trouvent dans les végétaux , on pouvait développer successivement leur acidité, et de neutres qu'ils étaient d'abord les transformer en acides éner- giques, je devais rechercher si, pendant l'acte de la végétation , les substances gélatineuses n'éprouvaient pas des changements comparables à ceux que j'avais produits artificiellement. En suivant, dans ce but, pendant deux an- nées, les modifications qui peuvent s'opérer dans les fruits pendant leur maturation, j'ai reconnu que les corps gélatineux qui s'y trouvent peuvent passer par les différents états intermédiaires que je viens de décrire : ainsi les fruits verts contiennent en abondance de la pectose ; à mesure que la ma- turation s'avance, la pectose se change en pectine, et lorsque les fruits sont dans un état complet de maturation, la pectine est souvent transformée complètement en acide métapectique. Les modifications que j'ai examinées dans ce Mémoire sont donc précisément celles qui s'opèrent pendant I9 maturation des fruits. ' u >s«. » 7°. Dans les analyses que je publie dans mon Mémoire, et que j'ai va- riées à l'infini , j'ai toujours reconnu que la composition des corps gélati- neux ne pouvait être représentée par du charbon et de l'eau, et qu'elle s'éloi- gnait, par conséquent, de celle des corpà neutres proprement dits. Comme l'expérience accuse toujours une quantité d'hydrogène plus forte que celle ( io49 ) qui existe réellement dans les corps organiques, je ne puis attribuer à une erreur d'analyse la différence que j'ai obtenue. » Le tableau que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie démontre que toutes les substances gélatineuses, semblables à celles qui dérivent de l'amidon, sont isomériques, ou que, du moins, elles ne diffèrent entre elles que par les éléments de l'eau. Ce résultat pouvait être prévu à l'avance; car, lorsqu'on introduit dans un flacon un mélange de pectase et de pectine , et qu'on ferme ensuite hermétiquement le flacon , on voit la pectine se transformer successivement en acides pectosique, pectique, parapectique et ftiétapectique , sans former aucun produit secondaire. » Les capacités de saturation que je donne dans le tableau suivant prouvent aussi que l'acidité des corps gélatineux augmente à mesure que leur équi- valent diminue: ainsi la parapectine, dont l'équivalent est très-lourd et qui prend lo pour loo d'oxyde de plomb pour former un sel neutre, ne rougit pas la teinture de tournesol; et l'acide métapectique, dont l'équivalent est très-léger, produit un sel de plomb qui contient 67 pour 100 d'oxyde et présente une acidité comparable à celle des acides malique ou citrique. NOMS COMPOSITION COMPOSITION OXYDE DE PLOMB des substances dos substances contenu dans lOO gélatineuses. gélatineuses. des sels de plomb. parties de se!. Pectose » O*H"0",8H0 ce. H'» 0", 8 HO » C«'H"0", 7HO,PbO » ■ 10,6 Pectine Parapectine Métapectine C«'H"0",8H0 C"H"0",6HO,2PbO >9>3 Acide pectosique. . . C"H'»0",3H0 C"H"0",H0,2Pb0 33,3 Acide pectique C"H»0",2H0 C"H'«0'%2PbO 33,8 r) Acide parapectique. C"H"0^',2H0 C"H"0^',2PbO 40,5 Acide métapectique. C'H'O', 2HO C»H'0',2PbO 67,1 (*) Je dois faire rema rquer que la formule de "acide pectique que j'adopte ici , conduit h une com- position en centièmes c ]ui s'accorde parfaitcme nt avec les analyses d'acide pect ique que l'on doit à M. Regnault, et avec cel es que j'ai publiées dans mon premier Mémoire sur les c }rps gélatineux. » Le Mémoire dont je viens de présenter le résumé, et qui fait partie du travail général que j'ai entrepris depuis longtemps sur la maturation ( io5o ) des fruits, démontre donc que les végétaux contiennent un corps neutre et insoluble qui peut se transformer, pendant la végétation, en un acidç énergique ; en essayant de déterminer sous quelles influences se produit cette modification remarquable, je crois avoir traité une question qui intéresse également la chimie et la physiologie végétale. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHiM[E. — De l'action calorifique de la pile de Bunsen , du chalumeau à gaz oxygène et hydrogène sur le carbone pur, artificiel et naturel; par M. Jacquelain. (Extrait.) (Commissaires, MM. Arago, Thenard, Dumas, Pelouze, Regnault.) « Quelques-unes des propriétés physiques du carbone pur, dont j'ai fait une étude spéciale , se trouvant liées intimement aux faits observés depuis environ soixante-dix ans, touchant l'action de la chaleur sur le diamant et sa combustion dans l'oxygène , je vais rappeler brièvement les expériences les plus décisives avant de faire connaître mes résultats. ,, ^^- » Cadet, Biisson, Macquer et [javoisier, ayant d'abord soumis des dia- mants à l'action violente et brusque de la lentille de Tschirnhaus, ont constaté qu'ils décrépilaient et se brisaient en éclats, tandis que rien de pareil n'arrivait par un écbauffement gradué. » En examinant au microscope ces diamants plusieurs fois retirés du foyer, quelques-uns ont été vus criblés de cavités , feuilletés et complètement charbonneux. » Du charbon pur, placé , comme les diamants , en vases clos pleins d'acide carbonique ou vides d'air, n'a pas tardé à s'exhaler aussi en vapeur. Ainsi, par une modification judicieuse apportée dans les expériences des académi- ciens de Florence , Lavoisier arrive à se convaincre de la volatilité du carbone. » Malgré la confirmation que ces expériences ont reçue du travail de Tennant sur le même sujet, Guyton de Morveau continuait à considérer les charbons ordinaires comme des oxydes de diamant, et, plus tard, il s'aperçut, en répétant quelques combustions dans l'oxygène , que le diamant placé au foyer de la lentille de Tschirnhaus devenait charbonneux sur toute la sur- face, et bouillonnait sur quelques points. » Enfin, M. Silliman, essayant l'action d'une chaleur excessive sur le C io5i ) charbon , l'anthracite et la plombagine , crut obtenir des globules transpa- rents de carbone fondu. " De leur côté , MM. Biot et Arago ayant exprimé le doute que le diamant pourrait bien différer du carbone par la présence d'un peu d'hydrogène , il en est résulté une divergence d'opinions qui a provoqué les expériences fon- damentales d'Hiimphry Davy, de MM. Dumas et Stas, par lesquelles tous les chimistes sont demeurés convaincus de l'identité chimique entre le dia- mant et le carbone pur des laboratoires. » Les épreuves que j'ai fait subir au carbone n'ont pas été aussi nom- breuses que le sujet le comportait, parce que les recherches de cette na- ture deviennent promptement onéreuses. » Quoi qu'il en soit , la première série d'expériences fut exécutée avec une pile de Bunsen de loo éléments, et la seconde série avec un chalumeau à gaz oxygène et hydrogène comprimés ; ces deux sources de chaleur ont été appliquées, soit au diamant, soit au carbone pur. » Or il résulte des observations de la première série accomplie avec des diamants sphériques de i,5 millimètre environ, et déposés tour à tour dans la cavité de charbon qui termine le pôle de ce nom, que ces petits sphé- roïdes de carbone transparents ont suffi , tantôt pour intercepter le courant électrique lors du contact avec les pôles , tantôt pour simuler la déviation de la flamme lors de l'interruption du contact. » Ainsi , lorsque après un premier contact on éloigne lentement du dia- mant le charbon mobile appartenant au pôle zinc, on observe qu'à une cer- taine distance la lumière électrique jaillit du pôle zinc, semble fuir le dia- mant, et prend une teinte pourpre pareille à celle de l'arc lumineux pro- duit par l'approche d'un barreau aimanté. Si , après quelques tâtonnements, on arrive à faire prendre au cône mobile une position telle que le jet de flamme tombe suivant le diamètre vertical du diamant sphérique et l'enve- loppe symétriquement, ce dernier s'échauffe jusqu'au blanc le plus vif, se ramollit et se partage en plusieurs fragments, qui s'écartent lentement et de plus en plus , sans pourtant se détacher les unes des autres; alors le diamant se trouve changé en véritable coke. La densité du diamant, avant l'expé- rience, était de 3,336; après sa conversiou en coke, elle ne s'élevait plus qu'à 2,6778. " Ainsi modifié, le diamant raye encore le verre; mais sa cohésion a di- minué, au point qu'il se brise entre les doigts. » Soumis à l'action calorifique du chalumeau à gaz hydrogène dans une atmosphère d'acide carbonique, le diamant devient éblouissant de lumière, et, en très-peu d'instants, la masse diminue et disparaît sans résidu. » Si l'on interrompt l'expérience à plusieurs reprises pour examiner sa surface, on ne la trouve plus raboteuse , mais lisse et brillante au point d'in- cidence du jet de flamme, sans la moindre apparence de tache brune. " Ces résultats sont les mêmes quand on remplace, dans l'expérience pré- cédente, le diamant par le carbone d'essence de térébenthine purifié pen- dant dix-huit heures par un courant de chlore au rouge blanc. " De petits prismes de charbon dur des cornues à gaz ayant subi trente-six heures l'action du chlore, m'ont donné, à mesure que le carbone dispa- raissait sous le jet de gaz oxygène et hydrogène, de petits globules fondus dont parle M. Sillirnsm ; mais , essayés au chalumeau avec du carbonate de soude sur un fil de platine , ces globules ont produit un très-beau verre : ce n'était donc pas du carbone fondu, comme l'avait supposé cet observateur. » Entre autres considérations, je citerai la suivante : s'il faut une chaleur excessive pour opérer le dimorphisme du diamant , ne pourrait-on pas con- clure de là que les diamants savoyards ont pu se produire dans des circon- stances analogues? Dans ce cas, au lieu de supposer au diamant une origine ignée , on pouirait , en s'appuyant surtout des élégantes et belles expériences de M. Ebelmen sur le durcissement de la silice en gelée, on pourrait, je le répète, admettre que du carbone, déposé par suite de l'action lente d'un métal ou de tout autre corps sur le sulfure ou le chlorure de carbone, a donné naissance, avec le temps, à une matière transparente et d'inné extrême dureté. » .... vu'iSiQUE.— Note sur les microscopes à éclairage oblique. (Extrait d'une Note de M. Oberbaeuser adressée à l'occasion d'un appareil présenté , dans l'avant-dernière séance, par M. iVacAef.) « Les microscopes à miroirs hors de l'axe optique oni été imaginés en Angleterre, il y a environ dix-huit mois. M. Abraham , de Liverpool, me les ayant fait connaître, j'en ai construit immédiatement, et la description s'en trouve déjà dans la Micmgraphie de M. Hugo de Mohl, publiée l'année dernière à Tubingue. " Je ne crois pas que le miroir à double mouvement des Anglais, qui permet de varier la distance et l'obliquité, puisse être avantageusement remplacé par un prisme à angles fixes, qui ne jouit pas de ces mêmes avan- ( io53 ) tages, et qui, au contraire, diminue sa lumière là où il faudrait plutôt raccroître .... » (Renvoi à la Commission chargée d'examiner l'appareil de M. Nachet.) CHIMIE. — Analyse des produits de la combustion du fulmi-coton ; par ■._•••"' M. Jean. (Commission précédemment nommée.) L'auteur annonce avoir reconnu que , si les produits de la combustion sont sensiblement les mêmes pour divers échantillons de coton azotique préparés par un même procédé, ils s'écartent, au contraire, notablement pour des spécimens obtenus par des procédés un peu différents. A la Note est joint un cylindre en acier dont M. Jean a fait usage pour ses expériences, et que l'explosion de 4 grammes de coton a mis hors d'état. ANALYSE MATHÉMATIQUE.— /îecAercAe* sur la série analytique de Lagrange; par M. Cuio. (Deuxième Mémoire. ) :' ' (Commissaires, MM. Gauchy, Sturm, Binet. ) M. MuTREL adresse, à l'occasion d'une réclamation de priorité soulevée par M. Pauwels , une Note et des pièces justificatives ayant pour objet d'établir ses titres à l'invention d'un regM/a^ewr à gaz. . - - . (Commission précédemment nommée.) M. Lemaitre, de Rabodanges , qui avait précédemment fait connaître les premiers résultats de ses observations sur \ emploi de l'inhalation de l'éther chez les épileptiques, adresse une addition à sa première Note. Chez un des malades mentionnés dans sa précédente communication , le sommeil déterminé par l'inhalation de l'éther a toujours amené une attaque légère et de courte durée; mais l'attaque plus grave qui aurait eu lieu un peu plus tard a manqué. Chez l'autre, le sommeil n'a point été accom- pagné de convulsions, et le jour suivant n'en a pas moins offert un calme qu'on ne pouvait guère attendre d'après l'état antérieur à l'éthérisation. ( Commission de l'éther.) M. DccROS présente deux nouvelles Notes, dont l'une a pour titre : Le principe de la dualité de l'homme prouvé par la localisation de la sensibilité, avec intelligence instinctive chez un individu frappé d'insensibilité générale C. R., 1847, !«■• Semeitre. (T. XXIV , N" 24.) 1 38 ( io54 ) et ctabolition d'intelligence par le courant magnéto-électrique de Clarck ; l'autre a rapport à certaines modifications des phénomènes de la vision ob- servées chez une personne que l'action des mêmes courants avait plongée dans le sommeil accompagné d'insensibilité. (Commission précédemment nommée.) M. Gajvnal adresse comme pièces à consulter par la Commission cliargée de faire un Rapport sur son procédé d'embaumement , un historique des re- cherches qui ont été faites dans cette direction tant par lui que par d'autres médecins. (Commission précédemment nommée.) CORRESPONDANCE. PHYSIOLOGIE. — Comparaison entre les effets tétanoides des états électrogéniques , et ceux de la strychnine, de la narcotine , etc.; par M. Marshall Hall. « Si l'on fait traverser la moelle épinière ou les nerfs lombaires de la gre- nouille, mis à nu et parfaitementisolés, par un courant voltaïque faible, mais continu ,«et qu'au bout de dix à vingt minutes on éloigne l'appareil voltaïque, on voit sur-le-champ se produire un état tétanoïde très-énergique des membres inférieurs. » Si l'on place une grenouille dans une solution d'acétate de strychnine très-faible, pendant le même espace de temps, il survient aussi un état té- tanoïde des membres inférieurs. « Ces états tétanoides sont-ils identiques dans leur mode d'action , ou bien sont-ils tout à fait différents à cet égard comme ils le sont dans leur source ; et , si cette différence existe, y en a-t-il quelque application utile à en faire à la science de la médecine? Telle est la question que je me pro- pose de discuter dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca- démie. » Il n'est pas nécessaire, depuis l'ouvrage classique de M. Flourens sur le système nerveux, de rappeler les faits qui prouvent qu'une irritation quelconque de la moelle épinière ou des nerfs musculaires produit des con- tractions des muscles situés au-dessous. Il est plus essentiel de citer les faits qui démontrent qu'une irritation portée sur certains nerfs incidents prove- nant des tissus cutanés, muqueux et autres, agit par le centre spinal sur ( io55 ) des nerfs spéciaux qui sont liés mystérieusement par ce centre avec les pre- miers, et produit ainsi des contractions dans le système musculaire. Les premiers faits sont des exemples d'actioas directes ; les seconds, d'actions réfléchies. , . ■ ■ >' Y a-t-il quelque ressemblance, quelque parallélisme entre ces phéno- mènes et les états tétanoïdes électrogéniques et ceux que produit la strychnine ? C'est encore une question qu'il semble utile d'examiner. I. — De Vétat électrogénique de la moelle épinière. » Dans un Mémoire récemment lu à la Société royale , j'ai décrit, avec tous leurs détails, une série d'expériences concernant les états tétanoïdes pro- duits en exposant la moelle épinière, les nerfs musculaires, et, en quelque sorte, les nerfs incidents à un courant voltaïque. Cet état des nerfs est ce que j'appelle état électrogénique. » Je n'ai qu'à observer ici que cet état électrogénique des nerfs, et Tétat tétanoïde des muscles qui en est l'effet, persistent d'une manière continue jusqu'au moment où ils cessent entièrement. Il n'est pas besoin de renouveler les excitations; il n'y a pas de paroxysmes. » J'ai reconnu plus récemment que ni le courant voltaïque, ni l'état électro- génique ne s'opposent aux actions réfléchies, effet des excitants extérieurs. Ces actions dépendent donc d'un principe moteur ou excitoraoteur tout à fait diffé- rent de l'électricité; ou bien il en faudrait conclure que deux états provenant d'un seul et même principe peuvent traverser sans interférence les mêmes tissus. L'état électrogénique des nerfs est actif et direct, et continu dans son influence sur le système musculaire : c'est de ï excitation. Et ce n'est pas , je crois , comme l'imagine mon excellent ami M. Matteucci , de \ excitabilité augmentée (i). Nous allons voir quelle différence et même quelle opposition existe entre cet état et celui provenant de la strychnine, tout tétanoïdes qu'ils soient tous deux. . , II. — De l'état tétanoïde du. système spinal, effet de la strychnine. " L'état du système spinal sous l'influence de la strychnine suit une loi d'action totalement opposée à celle que nous venons de considérer. Ici pas d'activité , pas d'action continue. Ce n'est plus de l'excitation, c'est de l'excita- bilité. Il faut des excitants; les actions ne sont plus directes, elles sont réflé- chies. C'est ce que font ressortir, ce me semble, les expériences suivantes : (l) Leçons sur les phénomènes physiques, etc.; 1847, p. 242. i38. . ( io56 ) » Première expérience.— J'ai mis une grenouille [Rana temporaria) daus Une solution très-faible d'acétate de strychnine, de manière à produire lentement l'état tétanoide : le premier phénomène a été le passage du mou- vement volontaire à un spasme tétanoide de tous les membres , accompagné d'une respiration forte et coassante. Cet état de spasme a bientôt cessé , et lorsque toute excitation extérieure a été écartée , les yeux sont redevenus proéminents, la respiration s'est faite normalement, les membres supérieurs et inférieurs étaient parfaitement souples et constamment fléchis. » La grenouille semblait éviter à dessein tout mouvement volontaire. Les mouvements de la respiration offraient quelquefois des signes d'un état téta- noide, état qui était sans doute excité dans ce cas, comme dans le cas de mou- vement volontaire, parle frottement de la peau contre la table ou contre la p^que de verre sur laquelle l'animal était posé ; car la moindre excitation exté- rieure, le léger contact d'une plume , le plus léger contact du doigt, la phis légère secousse de la table ou du plancher, produisait un état de rigidité et de spasme tétanoide , les yeux étant retirés, la respiration suspendue, les mem- bres affectés de roideur tétanique. « Deuxième expérience. — J'ai placé un crapaud [Bufo vulgaris) dans une solution d'acétate de strychnine faible. Il a fcillu plus de temps pour la pro- duction de l'état tétanoide pour ce crapaud que pour la grenouille ; mais alors les phénomènes ont été, à quelques circonstances près, les mêmes. F^e cra- paud faisait des mouvements volontaires continuels, jusqu'au moment où l'état tétanoide se manifestait; et cet état était reproduit lorsqu'on passait quelque objet devant les yeux de l'animal, effet d'émotion que je n'ai pas observé sur la grenouille. » L'état tétanoide produit par la strychnine paraît limité au système spinal. Le cerveau, le système ganglionnaire n'est pas impliqué. Il y a des mouvements volontaires dans le crapaud jusqu'au moment du développement du tétanos ; le cœur ne cesse pas de battre et la circulation continue dans les capillaires, comme je l'ai vu dans une expérience dans laquelle j'ai di- visé la moelle épinière près de l'occiput, étalé les membranes de la patte sous le microscope, et observé l'état de la circulation dans les vaisseaux capillaires. » Troisième expérience. — J'ai divisé la moelle épinière près de l'occiput, et appliqué une solution d'acétate de strychnine sur la surface cutanée. Dans cinq à dix minutes, l'état tétanoide était établi, la respiration forte et coassante s'était fait entendre, les extrémités antérieures (c'était une grenouille mâle, dans le printemps) se courbaient fortement sur la poitrine, les extrémités ( io57 ) postérieures s'étendaient tétaniqiiement. J'ai ôté les téguments de la partie postérieure de l'animal; les membres postérieurs sont devenus de suite tout à fait mous et fléchis. Plus de spasme, plus de tétanos, même lorsqu'on pinçait les membres , dépourvus de leur peau , et en même temps les origines de leurs nerfs incidents excitomoteurs. Les extrémités antérieures étaient dans l'état ordinaire, et lorsqu'on les irritait, il y avait tout à coup rigidité des membres postérieurs. » Quatrième expérience. — Dans une autre expérience, j'ai séparé les té- guments de la partie antérieure d'une grenouille , les laissant sur les membres inférieurs. Plus d'état tétanoïde alors, en irritant les tissus dénudés des par- ties ou extrémités antérieures , tandis que la moindre irritation de la peau des extrémités antérieures produisait des spasmes énergiques. » Toutes ces expériences furent répétées avec les mêmes résultats. Dans les cas où la moelle épinière avait été divisée et la peau enlevée, il y avait tétanos à l'instant si l'on touchait la partie de la moelle où la section avait été faite , ou si l'on laissait tomber la grenouille sur la table. » Cinquième expérience. — Dans une grenouille affectée de l'état téta- noïde produit par la strychnine, j'ai divisé les nerfs lombaires prés de la moelle épinière. Le tétanos a cessé instantanément dans les membres in- férieurs. » Cette influence de la strychnine sur le système nerveux est donc limitée à la moelle épinière comme centre spinal. Les nerfs n'en sont pas susceptibles: autre circonstauce qui distingue l'état tétanoïde de la strychnine d'avec l'état éleclrogénique. " • ' . » Sixième e.xpérience. — J'ai soumis trois grenouilles à l'influence de la strychnine: dans une grenouille, le système nerveux était entier; dans les deux autres, la moelle était divisée près de l'occiput. Toutes étaient suscep- tibles des excitations extérieures. » J'ai placé la première de ces grenouilles dans une petite quantité d'eau, de manière à ce qu'elle pût respirer, et je l'ai bien préservée de toute exci- tation. Le lendemain elle était bien vivante et parfaitement libre de tout état tétanique. » J'ai mis une des deux autres, dont la moelle épinière était divisée, dans de l'eau fraîche, de la même manière, et je l'ai placée également à l'abri de toute excitation et dans une atmosphère pure et froide. Le lendemain, cette grenouille était aussi bien vivante, mais toujours affectée de tétanos. » I>a troisième grenouille, dans laquelle la moelle épinière avait aussi été divisée, près du crâne, a été excitée incessamment au moyen d'un stylet ( io58 ) d'argent ordinaire, passé et repassé sur la surface cutanée: dans deux mi- nutes elle est devenue très-faible, et dans cinq minutes elle était absolument morte. » Septième expérience. — J'ai soumis deux grenouilles à l'influence d une solution d'acélate de strychnine faible, ayant préalablement divisé la moelle près de l'occiput. Toutes deux sont devenues tétaniques. » J'en ai excité une, qui paraissait la plus énergique, d'une manière con- tinue, de façon à produire un tétanos presque constant. Bientôt la sus- ceptibilité sous les impressions , et les contractions des membres s'affaibli- rent; après un espace de temps assez court, cette grenouille était très-faible, pendant que l'autre était vivace comme auparavant. J'ai laissé la grenouille , ainsi affaiblie, en repos. Après un certain intervalle, elle s'était notablement rétablie. " Ces expériences nous apprennent, ce me semble, ce qu'il faut faire, ce qu'il faut éviter, dans le traitement de certaines maladies, le tétanos trau- matique, l'hydrophobie. Nos malades meurent s'ils sont excités; pourraient- ils survivre s'ils étaient préservés absolument de l'excitation extérieure? " J'ai déjà dit que dans les grenouilles affectées par la strychnine, et dans lesquelles la moelle n'était pas divisée , la respiration n'est pas suspendue , excepté dans les moments du tétanos. L'expérience suivante prouve que l'état létanoïde de la grenouille produit par la strychnine ne cause pas l'expulsion des oeufs. « Huitième expérience. — Une grenouille femelle dont les oviductes étaient pleins d'œufs, fut soumise à l'influence de l'acétate dé strychnine. Elle fut mise à l'abri des excitations, et elle s'est parfaitement rétablie. Quelques jours plus tard, j'observai qu'une quantité d'œufs avait été expulsée (i). » Ainsi la respiration n'est pas nécessairement suspendue; les œufs ne sont pas nécessairement expulsés, dans l'état d'éréthisme produit par la strych- nine. Si la strychnine était administrée à plus haute dose, les phénomènes pourraient être différents. L'excitabilité étant extrême, le tétanos serait constant , la respiration serait suspendue , et de deux manières la mort serait prompte ; il est probable que les œufs seraient expulsés. " Ces expériences ont été faites sur des Batraciens. Quelles seraient les différences si elles étaient faites sur d'autres animaux? Cette question, pleine d'intérêt , est d'une trop grande étendue pour que je la traite à cette occa- (i) Le célèbre Dupuytren a observé un cas de tétanos dans lequel le fœtus a été retenu dans l'utérus. f io59 ) sion. Je nie permettrai seulement de donner une seule expérience sur un animal vertébré et à sang chaud. " Neuvième expérience. — J'ai mis la quarantième partie d'un grain d'acétate de strychnine , en solution, dans la gueule d'un petit chat âgé d'une semaine; dans un instant le larynx s'est resserré, et l'animal est mort d'asphyxie. >' C'est à cette contraction du larynx qu'est due la mort presque subite produite par ce poison. C'est à cette même contraction qu'il faut attribuer bien des événements fâcheux dont les médecins sont témoins dans leur pratique. " Dixième expérience. — J'ai mis une grenouille dans une solution d'acé- tate de morphine, elle est devenue simplement inerte et immobile. Dans quelque position gênée qu'on la posât, elle ne remuait pas. 1) Onzième expérience. — J'ai mis quelques gouttes d'une solution d'acé- tate de narcotine dans la gueule d'une grenouille, et j'ai placé l'animal dans une solution semblable, mais faible. Le premier signe de l'influence de cet agent consiste dans des mouvements alternatifs d'extension et de flexion des deux membres inférieurs , mouvements rapides et énergiques ; le second signe est un état tétanoïde des quatre extrémités , en avant et latéralement , bien différent de la tension rigide produite par la strychnine , et non moins spé- ciale et remarquable ; le troisième , une rétraction des yeux ; le quatrième, la suspension de la respiration, d'où résulte le cinquième, c'est-à-dire des paroxysmes tétaniques, en apparence sans excitation extérieure. Ces derniers phénomènes sont probablement cause et effet ; la respiration étant suspen- due , l'excitant intérieur du mouvement respiratoire s'accumule et devient cause efficiente d'une action excitée, réfléchie, spasmodique. ,. , . " Douzième expérience. — J'ai enlevé le cerveau d'une grenouille et étalé la membrane des pattes sous le microscope; j'ai introduit alors sous la peau une solution de digitaline. La circulation, dans les vaisseaux capil- laires, a disparu graduellement, tandis que les actions excitomotrices restaient énergiques. - . , » De ces dernières expériences nous concluons que, des principes actifs de l'opium , la morphine affecte le cerveau exclusivement, et la narcotine la moelle épinière d'une manière toute spéciale. La digitaline agit sur le système ganglionnaire. » • ( io6o ) PHYSIOLOGIE. — Étude d'emhrrogénie végétale; par M. L.-R. Tulasive. (Extrait par l'auteur.) « La théorie proposée, il y a quelques années, par M. Sohleiden, sur la génération de l'embryon végétal , a été mal accueillie en France ; mais on y a peu fait soit pour la combattre, soit pour en vérifier l'exactitude. Bien qu'elle ait eu un tout autre succès dans la patrie de son auteur, elle rencontra dans M. Meyen un adversaire dont l'autorité méritée lui enleva beaucoup de partisans : cependant, quand on compare les résultats des observations de cet illustre physiologiste, à ceux obtenus par M. Schleiden, on s'aper- çoit qu'il n'est pas impossible de les concilier. Les travaux de MM. Bron- gniart, Amici, R. Brown, avaient déjà fait savoir que le boyau pollinique, malgré tous les obstacles qu'il avait à franchir, parvenait toujours jusqu'au nucelle; M. Schleiden prétendit qu'il ne s'arrêtait point au sommet de ce corps, mais qu'il pénétrait dans son intérieur, et que, refoulant le sac embryonnaire, il s'y logeait et engendrait directement l'embryon par son extrémité même. M. Meyen fut forcé de reconnaître que, dans certains cas, le tube pollinique pénétrait , en effet , dans la cavité embryonnaire du nucelle , mais il s'attacha à prouver que, plus généralement, l'extrémité de ce tube s'arrête au contact ou même à une certaine distance du sac embryonnaire , et que sous son influence naît la vésicule embryonnaire, premier état de l'embryon, ou premier anneau de son suspenseur, que l'auteur regarde comme toujours distinct du boyau pollinique. " Il s agissait donc de constater avec précision, par de nouvelles recher- ches, de quelle manière le tube pollinique se comporte avec le sac em- bryonnaire, quand cet organe existe certainement dans l'ovule. J'ai, dans ce but, soigneusement étudié tous les moments, pour ainsi parler, du phé- nomène de la fécondation chez trois espèces de J^eronica d'abord [P'. he- derœjolia, V. triphjllos et V. prœcox), puis chez plusieurs autres plantes. " Il m'a été maintes fois possible de constater fort nettement, dans les Véroniques, que le tube pollinique pénètre très-profondément dans le sac embryonnaire, et en y conservant quelque temps tous les caractères qui lui sont propres. Cette pénétration nécessite la perforation du sac et n amène jamais un long rebroussement intérieur, comme le voulait M. Schleiden , ce qui donne raison contre lui à M. Wydler. " A aucun instant, je n'ai rien vu qui pût recevoir le nom de vésicule embryonnaire. ( 'o6i ) " r/allongement antérieur du sac embryonnaire et la progression en sens inverse du lube poUinique font incessamment paraître celui-ci plus pro- fondément engagé. Aussitôt que le sac a grandi et pris une forme plus sem- blable à celle qu'il doit longtemps conserver, la matière plastique qu'il ren- ferme abondamment s'organise en cellules, de sa circonférence vers son centre, et commence ainsi le tissu du périsperme. Cette organisation est déjà assez avancée , que la portion du tube poUinique qui plonge dans le centre du sac ne représente encore qu'un filament claviforme rempli de matière mucoso-grumeuse indivise. » Mais bientôt cette même matière se fragmente, et le tube qui la con- tient se trouve partagé, par un nombre variable de cloisons transversales, en autant de cellules; puis la dernière de ces cellules se partage elle-même dans le sens longitudinal, pour donner naissance aux deux premières cellules qui commencent réellement l'embryon. La multiplication cellulaire conti- nuant par une segmentation non interrompue, et suivant deux sens princi- paux de cellules agrandies, le nouveau corps acquiert presque aussitôt et conserve quelque temps une forme sphérique; plus tard, sa face antérieure se déprime, ses côtés s'allongent en cotylédons, mais il lui faut encore long- temps croître en toutes ses parties simultanément, pour qu'il ait atteint sa taille et ses proportions normales. » J'omets tout ce qui a trait au développement des autres parties de la graine. » Ces observations confirment donc la théorie embryogénique de Schlei- den, au moins en ce qu'elle a d'essentiel; mais je n'en conclurai point avec lui et M. Wydler, la négation de la sexualité végétale. Je ne crois pas da- vatitage que M. Endlicher ait eu raison de changer les rôles respectifs attri- bués depuis si longtemps à l'anthère et à l'ovaire; le pollen, à mon sens, ne doit point cesser de représenter l'organe mâle des végétaux; l'ovaire, l'or- ganisme femelle; l'embryon , il est vrai, est une procession évidente du grain de pollen , mais j'en induis seulement que la substance du mâle continue essentiellement l'espèce, ou du moins que le phénomène de la fécondation s'opère comme s'il consistait dans la nutrition spéciale et indispensable de ce produit masculin par l'organe femelle. Cette manière de voir n'a, d'ailleurs, aucunement la prétention de soulever le voile impénétrable qui cache le mystère de la reproduction des êtres vivants, et laisse à chacun des sexes son influence propre sur le fruit de leur union. » Congrès scientifique d'Italie. — Le prince Bonaparte dépose sur le C. R., 1847, i" Semestre. (T. XXIV, M» 24.) iSg ( 1062 ) bureau la circulaire officielle qui annonce ronverture du neuvième congrès scientifique italien à Venise, pour le i3 septembre 1847, et s'estime heureux d'être, en cette occasion, l'organe de cette communication à 1 Académie des Sciences, qu'il verrait avec joie représentée à cette réunion. Il émet le vœu que l'Académie puisse prendre cette proposition en considération. MM. HoMBRON et Jacqdinot adressent une Lettre eu réponse à la réclama- tion faite par M. Le Guillou dans lavant-dernière séance. " Nous n'avons pas cru, disent les auteurs de la Lettre, devoir insérer un Rapport concernant M. Le Guillou dans une publication à laquelle ce chirur- gieu est complètement étranger, et où il n'est nullement question de ses col- lections.... Nous ajouterons qu'avant l'impression de notre ouvrage, nous nous étions assurés de l'assentiment du savant rapporteur de la Commission. » M. Boucher de Perthes, qui avait soumis précédemment au jup^ement de l'Académie son ouvrage sur Vindustrie primitive, annonce que l'impression du livre est terminée, et que la publication en aura lieu dès que la Commission aura fait son Rapport. La Commission mixte nommée par l'Académie des Sciences et par l'Aca- démie des Inscriptions et Belles-Lettres sera invitée à hâter son travail. M. Paret, qui avait adressé plusieurs communications relatives à des questions de physique générale, prie également l'Académie de vouloir bien engager les Commissions à l'examen desquelles ses diverses Notes ont été ren- voyées, à vouloir bien hâter leur travail, ou à déclarer, si telle est leur opinion, que les travaux sur lesquels elles ont été appelées à se prononcer ne sont pas de nature à devenir l'objet d'un Rapport. La séance est levée à 5 heures. F. , ERRyiTA. (Séance du 7 juin 1847.) Page 998, ligne 22, au lieu de [f(r)- fW}[f(r) - fM] . . . [f(r) _f(r''-')] lisez m'-)-i{?mi{r)-î{f)]...[î{r)-i{/-')]. ' Page 994 j ligne 29, après physiologie, ajoutez végétale. Page 994, ligne 33, ... ce que la chimie organique sait déjà très-bien nous enseigner ; connaître le jeu des combinaisons, etc. 1 Page 994, ligne 36, dont l'anatomie, la physique et la chimie organique, etc. ( io63 ) BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, clans la séance du 7 juin 1847, '^^ ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences, I " semestre 1 847, n" aa ; in-4'*. Société rojale et centrale d' Agriculture. — Bulletin des séances, Compte rendu mensuel rédigé par M. Payen; 2® série, t. III, n° i";in-8*'. Lettre à M. P. Paris, sur le projet de mettre en direction la Bibliothèque royale, etc. ; par M. Raoul-Rochette ; brochure in-8°; 1847- Bulletin de l'Académie rojale de Médecine ; tome XII, n° 16; ia-8". Annales de la Société entomologique de France; a* série, tome V, i" tri- mestre 1847; in-8''. Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres et des Arts, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, sous la direction de M. L. Renier; 93* et 94* livraison; in-8°. Notices sur diverses questions de chimie industrielle, médicale et agricole; par M. J. GiRARDiN. Rouen, 1847; in-8°. Des Cartes agronomiques en France; par M. DE Caumont ; brochure in-4"; 1847. Mémoires et Analyse des Travaux de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la ville de Mende; 1 843 - 1 844 ; in-S". Bépertoire d'Optique moderne, ou Analyse complète des travaux modernes relatifs aux phénomènes de la lumière; par M. l'abbé MoiGNO ; i" partie ; in-8°. Monographie de /a Phlegmatia albadolens;par M. Dronsart; broch. in-8''. (Adressé pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie, fondation Montyon.) , L'Académie a reçu, dans la séance du 14 juin 1847, '^•' ouvrages dont voici les titres: , ." ' . . Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie royale des Sciences, i" semestre 1847, "" ^^ > i'^-4°- Carte générale de la France et des Pays limitrophes , dressée sur le plan de la Carte des Gaules Cisalpine et Transalpine, etc., etc.; par M. le baron Walke- NAER. Paris, i847- ■ > ( io6/, ) o w Ô(y2^C«C/35nc«!«C«î»«JOcOU3MOc«COC/3l/30c«(/!(«OWc/;cOC/JOW s se 4) ta z a. ^; X s B I v .^ ►< S S; 3 s s c; V O 3 3 H ? ? S- C/l CA CA 3 0 ~ p eu « ee « 2 ** 1 O" I (A ' " 3 S > M) 3 i: T) CO O ,4) U H 3 3 "2 2 3 2 -a) -« 3 « -« -« Il 5 '*> « '1* ï 'ï* « ^ S « « uai>ZCuZHH& c^lO ^TflO c-«'0 ■" t-> O vj- O Cl O OXi- - O^ O o Cï Oi OiOO « Oî « r^ o - O + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + Ol O « CO + + + - O ■ »0 iO m v:*- r^fO Oi'-Û f) - »o « v:J- OltT) Ofî-OtOOOccoo ■ Oi>«--00O-Olo «lO r^- c^OOO - « +++++++++++++++++++++++++++++++ as fo o - « M + + + Eïâ O O O -H 'Eia c» es ea o es os o 00 o « c^ o oxo in 00 tri V1-00 tr> ^* o 00 to r^oo oo lo oo oo « v^po t-.x oi^^so fo o oi a>oo tn « Cîin o M r^>o +++++++++++++++++++++++++++++++ ■ vj-ro i>.v*fr> 00 m ^*'-Û OîfO Oco 00 « rHO 00 - »0 CT! + + + in + v^ (S - O v*00 o tû v^ « ^* o rv» O »n O ^* Oico vrf-;o (Tï Oi o 00 OOlOfOtO o -loro c^lo a>*PO v^v^^^CO Ci o>*>o — . CO cr> cr> X ^«hlo - lO - lo ^^o in lo lo ^*in in v:fin ininininminininiooinmintoinminws'^iû 5^ ;0 o CO Oico - va- en in in in r^ r^ r^ i in CO CO a O o ocovOfOvj-ooom ir^c>.o c-»m « ^*io ^^ iTJo o co o oxo c^co o m oo in m « r; o m «û o m - Ci - o 00 00 05 oi ■ ■ 00 es >■ - f) fo cs-««es««c^ + :h + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + cri- >- « « + + + ys CO o - r^in in -^o ai- r^in o m co oo v*-oo O". -, - 00 vi-m c< o cr.xi oi n - co oo oioo o ovoo c^^^m o « Oï Oïoo inin^ûcoco o-.- - c^ m t^co fO o - c-<0 CO M CT5 o v:)-v^in -CCcOOt£> OOOrO v^cO - te v^lO tû to in v^ ^0 00 « CO Oï^* - « Olin c^D o CT;« o o rivs-Ci (r.CO 00 CO o - in r^ « oo - r» CO vi-o o -.esinoom c-. o -inoo - - oco « ts oit^pioocoto dinoocû oi - +++++++++++++++4+++++++++++++++ - c< « + + + Cl cm Cl Cl c^ - te Cl cioo - v^j. fii^ in r^oo co m c^*oo - ^*in oo o oo es ^si-n o CO o « m cico - in m civa-to - Ci o o co ci"^ o o r^in co co te ^d- Ci - - û O m c^co v^ o - 00 c^v^co 00 - in m t£> o cim to to - ci^^in co es t^m »*t£) c^ m vi-m in in in ^a-v^io m ^^lo inwmininminintr'ininintrjtoininintûtû O O t£) •X> to r» - --ïl- Cl in in in r~- r^ !>• I v^ - tO - v:!-in ^^v* (S Clin co m o vl-po toooesinooeo v^eo co o 0>* r^ co co es o - 00 o - - in co v^tn o m r-- - Clin in m co i-<0 ^=*-Xi r^ in v:)-in in m m ^a-^^in m ^*in in m in vd-m ininintominincûtoininintoto g es es 00 o - ^* O in in inco in r^ r^ r^ i c-- m-- es co v*in '-O r^X Cl ' eo co ^rt-o '-JS r-<0 Cl o - « co ^d-m to r-X Ci O - --------es«MMesci Parmi un grand nombre de faits nouveaux recueiUis depuis cette- époque, une méthode, née de ces discussions, mérite peut-être de fixer un instant l'attention de l'Académie. » Quelques excursions agronomiques dans le nord de la France et en Belgique nous ont offert l'occasion de recueillir chez MM. Crespel-Delliss»- et Tiburce Crespel un fait très-intéressant : ces agriculteurs manufactu- riers ayant reconnu, comme la plupart de leurs confrères, l'influence favorable des tourteaux de graines oléagineuses pour hâter le terme de,, C.Vi..,\%'fi,i" Semestre. i^.XSXK ,Vfi^:):\ /'':'■: > l4o vi.-. t . .' ;, absaiènt ( 1066 ) jsaiènt cette ! de l'effet à obtenir. engraissement, dbsaiènt cette substance alimentaire en proportion même » Admettant, d'ailleurs, que la matière grasse joue le principal rôle dans cette application des tourteaux, ils ont essayé à plusieurs reprises, depuis deux ans, de remplacer ces tourteaux par la graine de lin; les résultats se sont trouvés précisément en rapport avec la quantité de substance grasse sur laquelle ils avaient basé leur dosage , dans les deux cas , pour l'engrais- sement des bœufs et des moutons. » fj'avantage d'un engraissement plus prompt au moyen de la matière grasse plus abondante compensait donc non -seulement la diminution, dans cette partie de la ration alimentaire, des substances azotées, du mu- cilage, etc., mais encore la différence, dans le rapport de a à i ,' entre les prix du tourteau et de la graine oléagineuse. n Le fait que nous venons de citer, avec l'autorité des noms qui s'y rattachent, était digne sans doute de prendre place dans la discussion; toutefois, avant d'en entretenir l'Académie, nous avons cru devoir attendre qu'il eût acquis plus d'importance encore par les résultats de nouvelles ap- plications qui commençaient à se réaliser. » De semblables expériences en grand, entreprises en Angleterre, ont enfin donné lieu à l'adoption d'une méthode générale (i) suivie déjà dans un grand nombre d'exploitations agricoles; le temps est donc arrivé d'en tenir compte. » Voici les faits , et quelques données analytiques qui établissent numéri- quement les différences entre les tourteaux et les graines de lin. » La méthode nouvelle d'engraissement du bétail, en Angleterre, y est désignée sous le nom de M. Warnes, qui, le premier, a démontré les avan- tages de cette méthode dans sa belle exploitation de Trimingham. Cet agronome a prouvé, par son exemple, que la culture du lin , peu profitable depuis la baisse des cours de ses produits textiles, devenait lucrative lorsque , au lieu de vendre la graine aux fabricants d'huile , on l'appliquait directe- ment à l'engraissement des animaux et à la production des fumiers ; qu'on pouvait même profiter delà qualité oléifère de ce nouvel aliment pour amé- liorer les fourrages de qualité inférieure , les débris de turneps de diverses tiges, racines et autres détritus de plantes qui , naguère, étaient jetées au fumier. 1) Afin de mieux opérer le mélange et de l'hydrater au point conve- (1) Voir les Notices insérées dans la Sentinelle des campagnes, le Moniteur de la propriété, \ Écho de l'agriculture , etc. ( 1067 ) nable, les débris et fourrages secs, hachés mécaniquement d'abord, sont soumis à la coction dans l'eau, celle-ci ayant été préalablement chargée des principes de la graine de lin grossièrement moulue, solubles à une tem- pérature de 100 degrés; l'aliment est distribué encore tiède aux bestiaux , qui le mangent avec avidité. » Pour terminer l'engraissement des bœufs, les rations se composent par tiers environ de graine de lin et de deux autres substances alimentaires : orge et fèves ou féveroles , fèves et son , son et orge ; chacune de ces ra- tions est soumise à la coction dans quatre fois environ son poids d'eau , durant quinze à vingt minutes. » M. Warnes a observé qu'en variant sous ces trois formes la composition des rations d'engraissement , on entretenait mieux la santé des animaux. » Chaque bœuf est tenu isolé dans une sorte de cellule étroite appelée box^ où d'ailleurs les conditions de propreté, de température douce, de tran- quillité sont soigneusement réunies, en même temps que des dispositions sont prises afin que l'engrais soit recueilli sans la moindre déperdition. ') Les moutons sont , dans le même établissement , soumis à un régime analogue. » Ces moyens forment aujourd'hui la base des procédés d'engraissement qu'emploient MM. Thompson, Marschall et autres nourrisseurs. Plusieurs Sociétés agricoles de la Grande-Bretagne regardent comme incontestables les avantages de cette méthode , et s'occupent de la propager à l'aide de bro- chures répandues à profusion. Tableau comparatif de la composition des graines et tourteaux de lin. REPRÉSENTANT EN MATIÈRES ORGANIQUE ET SUBSTANCES analysées après dessiccation. AZOTE pour 100. MATIÈRE grasse. KÉSIDU de Tincinéra- tion. INORGANIQUE : Substance azotée. Cellulose et matière végétale. Substance grasse. Sels miné- raux. Graine de lin. . . 3,33 35,5 4,24 21,64 32,68 35,5 4,24 Tourteau de graine de lin. 6,00 7,5 5,88 39,00 47,62 7,5 5,88 " On voit, à l'inspection du tableau qui précède, que le tourteau de lin contient presque deux fois plus de matières azotées que la graine; o,25 en i/jc. ( io68 ) plus de substances organiques non azotées (cellulose, mucilage, etc.), et 0,35 pour 100 de plus en composés minéraux; la matière grasse seule s'y trouve en proportion moindre. >' Tous les principes constituants étant d'ailleurs identiques dans ces deux substances alimentaires, elles ne diffèrent évidemment que par les pro- portions de l'un de ces principes, la substance grasse. On ne saurait donc, rationnellement, refuser d'admettre que cette substance fût la principale cause des différences remarquables observées à la suite du changement dans la ration nutritive; de reconnaître enfin que telle est la cause de l'avantape obtenu en substituant la graine oléifère au tourteau privé de plus des troi^ quarts de la matière grasse que contenait la graine. » Si l'on considère, en outre, que les habiles agronomes dont nous avons, cité les noms, comptant sur l'influence de l'aliment riche en matière grasse, sont parvenus à utiliser, au profit de l'engraissement, les fourrages trop pauvres en principes adipeux pour recevoir une pareille destination , qu'ils ont rendu l'engraissement plus rapide, plus économique , en même temps que la culture du lin devenait plus profitable, on conviendra, sans doute, que la science a fait une chose utile en appelant l'attention des agriculteurs sur le rôle des matières grasses végétales dans l'engraissement des animaux^ » ART DU PORGELAINIER. — Procédé des Chinois pour craqueler l'émail des vases de porcelaine ; par M. Stanislas Julien. « En Chine, comme en Europe, les amateurs de porcelaine recherchent avec avidité, et achètent à des prix exorbitants, les vases à fond blanc ou grisâtre, dont l'émail est fendillé de mille manières, tantôt en dehors, tantôt en dehors et en dedans; c'est ce qu'on appelle des vases craquelés. Tl arrive , quelquefois , chez nous , que dans une fournée de trois à quatre cents vases de porcelaine, il s'en trouve un ou deux dont la couverte (l'émail) est en partie craquelée; mais jusqu'ici , quoiqu'on connaisse bien la cause de la craque- lure (elle tient à ce que l'émail n'a pas le même retrait que la pâte du vase), on n'avait pas encore pu la produire en grand et d'une manière infaillible sur toute une fournée. " Les Chinois le font par un procédé des plus simples, qui intéressera, sans doute, les amateurs de porcelaine et les fabricants. » La Bibliothèque royale possède un ouvrage chinois ^ en 8 volumes, intitulé : Kin-té-tchin-tao-lou (Histoire des poteries et porcelaines de la manufacture impériale de Kîn-té-tchîn ) , où l'on donne à ce sujet les détails suivants (liv. VI^J^oL j} : ( io69 ) '< Tsouï-khi on vases craquelés. — Les vases de ce genre qui ont été ." . " fabriqués sous la dynastie des Song du Sud (entre 422 et 477), sont d'une n pâte grossière et dure , ils sont épais et lourds. Il y en a d'un blanc de riz et )) d'un bleu clair. Pour obtenir la craquelure , on combine du hoa-chi (de la ' :' » stéatite) avec la matière de l'émail. Après que le vase a été soumis à l'action » du feu, l'émail se divise en un nombre infini de raies légères qui courent en » tous sens (en formant une sorte de réseau continu), comme si le vase était -, ■ - « fendu en mille pièces. On prend ensuite de l'encre grossière ou de la san- " guine, et l'on en remplit les fentes du craquelé; puis on essuie et l'on nettoie " le vase. Il y a des vases ainsi fendillés, sur le fond uni desquels on dessine , ,-.':■ » des fleurs bleues. » • » L'auteur de l'ouvrage précité nous apprend que l'on imite parfaitement ^ ^ ■ ^ ' ces anciens vases craquelés, à la manufacture impériale de Kîn-té-tchîn. '«> , ^. , ' MÉTALLURGIE DES CHiNOiS. — Alliages du Cuivre, cuivre blanc, gongs et , ; ' to7n-. qu'on le fait fondre et qu'on en fabrique divers vases et instruments. En le /• > '-^i:''.''' )\:^-^ '•■ ' combinant avec Une certaine quantité d'arsenic, on obtient le pé-tong oiil ; V- ' ' V'-t cuivre blanc, qui est deux fois plus difficile à travailler (que le jaune), et ''"./^ dont les riches seuls font usage. Tout cuivre jaune qui provient du mélange ■ vt' du cuivre rouge et de la calamine peut être martelé à chaud; mais si l'on a "■-, J' ,, , ,i! V , remplacé la calamine par le plomb du .lapon, il doit être martelé à froid,r\ ; ; ; . •:. ' '-'"'■''■}■■: ■ ^>t Pour que le cuivre soit propre à la fabrication des instruments de 'V\ '" ■ musique, on y mêle un alliage d'étain (20 pour 100). Ces sortes d'instru- ',:>. v. '- ments se font d'une seule pièce et sans soudures. Quant aux ustensiles de cuivre de forme carrée ou ronde, on réunit leurs parties à l'aide de rivets ou de soudures. On en distingue deux : la petite soudure, au moyerl âé ' ^^ ■';,;--'': .^ poudre ou limaille d'étain, et la grande soudure, pour laquelle on emploie • '\ ' ^^~^.: -.j^y:;.' y'^_ la poudre ou limaille de cuivre sonore (formé de 80 parties de cuivre et de • 20 d'étain). Cette limaille de cuivre se fixe sur la pièce à l'aide d'une pâte de riz à laquelle on la mêle d'avance, et qu'on enlève ensuite par un simple , r l*^ lavage. Par là, la limaille de cuivre reste en place; autrement elle ne tar- t^ . - ,•" .'.i, ,; derait pas à se disperser. Pour souder des vases d'argent, on fait usage dé ;' ■'<- ' '^ ? - v limaille de cuivre rouge. (/.•.'' " Toutes les fois qu'on veut marteler un instrument de cuivre, par ■ ; _ ( I ) Extrait de la petite encyclopédie Thien-kong-khaï'Wé i publiée en 1637 par .fo>tg(' ',:' •. ' \ • .'»'.' '.■ '■ (1070 ) exemple un tching, appelé vulgairement lo (un gong, tam-tam à fond plat), il n'est pas nécessaire de fondre d'avance le métal sous une forme arrondie ; on peut le battre immédiatement, sans autre préparation. >> Mais si l'on veut marteler un tcho , vulgairement appelé tambour de cuivre (un tam-tam), ou des ting-ning (cymbales), on fond d'abord le métal sous forme de plaque arrondie , puis on le bat au marteau. " Lorsqu'on bat un gong ou un tam-tam, on ne se sert point d'une enclume. On étend sur le sol la masse ou la feuille de métal. Si l'instrument doit être de grande dimension , plusieurs ouvriers se placent autour et la frappent à coups redoublés. t)e petite qu'elle était, la pièce s'élargit et s'étend, et bientôt du corps de l'instrument, s'échappent des sons vibrants, qui partent tous des points frappés à froid. Lorsque le centre du tam-tam a été relevé en bosse, un ouvrier habile lui donne graduellement, en le battant à froid , la qualité de son requise. On peut lui donner à volonté deux sortes de sons: le son femelle (aigu), ou le son mâle (grave); mais il faut calculer, à un centième et même à un millième près, le degré de saillie ou de dépression de la bosse centrale. C'est par un grand nombre de coups de marteau , qu'on détermine le son mâle. » Lorsque le cuivre jaune vient d'être martelé, il est d'un blanc blafard; mais il suffit de le limer pour lui rendre sa couleur naturelle. » ART MILITAIRE ET NAVIGATION. — Notes sw l'emploi militaire des cerfs- volants et sur les bateaux et vaisseaux en fer et en cuivre, tirées des livres chinois ; par M. Stanislas Julien. " Suivant l'encyclopédie chinoise Khé-tchi-king-youen (liv. LX, fol. 8), la tradition attribue l'invention des cerfs-volants au célèbre général chinois Han-sin, qui florissait en l'an 206 avant Jésus-Christ. Ce ne fut que plu- sieurs siècles plus tard que l'on songea à les faire servir à l'amusement des enfants. » Ce général (dit l'ouvrage intitulé Tching-tchai-tsa-ki) convint avec Tchin-i qu'il entrerait par le centre même de la ville qu'il assiégeait ; mais comme il ignorait la distance qui séparait son camp du palais Wei- yang-kong, où il voulait pénétrer par un chemin souterrain, il fit construire un grand cerf-volant qu'il lança, par un vent favorable, dans la même di- rection (en tenant compte, sans doute, de la longueur de la corde et de la courbe qu'elle décrivait). n Même ouvrage. — Dans la troisième, année de la période Thaï-lhsing , du règne de l'empereur Wou-ti de la dynastie des Liang ( l'an 549 ^^ Jésus- Christ) , Héou-king assiégeait la ville de King-thaï. Comme les habitants de ( 1071 ) la ville ne pouvaient faire connaître au loin leur position critique, ils con- struisirent, en papier, un grand nombre de cerfs-volants, et les lancèrent pour demander du secours au dehors. » Héou-king, les voyant s'élever dans les airs, consulta ses officiers. « Par- » tout où arriveront ces cerfs-volants, dit l'un d'eux, nommé Wang-weï, ils » donneront des nouvelles des assiégés et feront connaître leurs besoins, etc. » » T^aisseaux en métal [Ihid. , liv. XXVIII, fol. 12).— Le célèbre philo- sophe Hoaï-nan-tseu, qui florissait entre i63 et 1 56 avant Jésus-Christ, parle de vaisseaux entièrement construits en fer. » I/histoire de l'arrondissement de Kiao-tcheou rapporte que, dans le district de Ngan-tiug, se trouve encore le vaisseau en cuivre de Keou-tsien, roi de Youé, qui régnait en l'an 4^5 avant notre ère; il était enfoncé dans le sable , et on l'apercevait au reflux de la marée. )> On lit dans le recueil Chi-i-ki ( publié par Wang-kia entre ^65 et 419 de Jésus-Christ) que, lorsque le roi de Yen-khieou envoyait porter le tribut, son ambassadeur montait sur un navire , entièrement construit avec des feuilles de cuivre, qui le conduisait jusqu'à la capitale. » >< Il résulte de documents authentiques déjà publiés ou faciles à produire, que deux mille sept cents ans avant Jésus-Christ, les Chinois avaient inventé l'art d'élever les vers à soie; mille ans avant, la boussole pour les voyages de terre et de mer {;voir le Mémoire de Klaproth, adressé à M. Alex . de Humbold t); quatre cents ans avant, les bateaux et les vaisseaux entièrement construits en fer; deux cents ans avant, l'encre et le papier à écrire , la poudre de guerre (un siècle avant Jésus-Christ , suivant le Père Amyot): après Jésus-Christ, l'imprimerie avec des planches de bois (entre 58 1 et 593), ^vec des planches de pierre gravées (en 904), avec des types mobiles (entre io4i et 1049), la porcelaine (dans le viu® siècle), les puits forés, l'art d'éclairer et de chauf- fer avec le gaz inflammable, puisé au sein de la terre et conduit à de grandes distances, les ponts suspendus en rottins ou en chaînes de fer, les pompes à incendie, les cartes à jouer (l'an 1120 de .Tésus-Christ) , le papier-monnaie entre 1260 et i34i ; etc. n En médecine, ils traitent avec succès, suivant les missionnaires, bien que par des moyens empiriques, un grand nombre de maladies jusqu'ici réputées incurables en Europe. » Ils ont su atteindre et transformer, au moyen de médicaments et d'une alimentation particulière, le liquide qui colore tout le système pileux, et donner aux cheveux blonds et roux, une teinte noire qui se maintient, pen- ( '072 ) daiit leur accroissement continuel , jusqu'à la vieillesse qui vient les faire tomber ou les blanchir. M. Imbert, aujourd'hui évêque en Chine (à qui l'Europe est redevable de la description des puits forés des Chinois), offre, au témoignage de M. l'abbé Voisin, l'un des directeurs actuels des Missions étrangères, une preuve vivanle de cette coloration interne des cheveux. C'est par ce moyen que les Chinois, en corrigeant ainsi, de temps en temps, les écarts de la nature, peuvent se dire, depuis la plus haute antiquité, le peuple aux cheveux noirs. n En économie rurale et agricole , ils obtiennent par les engrais et les irrigations, et par une multitude de méthodes qui leur sont propres, des résultats constants et réguliers, qui, lorsque les inondations ou les fléaux du ciel ne viennent point entraver ou détruire le travail du cultivateur, suffisent pour nourrir une population de 36o millions d'hommes. » En horticulture, ils savent changer la couleur des fleurs, sur pied, hâter la floraison des plantes d'agrément et la fructification des arbres, faire produire à des arbres nains, des fruits aussi gros et aussi excellents que ceux qui proviennent de grands arbres , et créent , pour ainsi dire , à volonté , dans le règne végétal, des phénomènes qui causeraient dans nos contrées autant d'admiration que de plaisir. » Il faudrait écrire un long Mémoire pour indiquer seulement ce que les livres chinois peuvent nous faire connaître d'inventions utiles pour les arts et l'industrie, ainsi que pour l'alimentation, le comfort et l'agrément de toutes les classes. Je ne l'essayerai pas. Il est permis de penser que pour .satisfaire aux besoins des arts et servir les progrès de la civilisation , le génie des Européens trouvera par lui-même , pendant bien des siècles enpore , après des essais et des efforts longtemps continués, une multitude d'inven- tions utiles ou bienfaisantes, que les Chinois avaient trouvées avant eux, mais qui gisent cachées dans leurs livres, et y resteront inconnues, tant qu'un gouvernement libéral et éclairé ne fera pas entreprendre à ses frais ou sous ses auspices, soit le dépouillement, soit la traduction des ouvrages où des procédés scientifiques et industriels, applicables à notre état social et à nos besoins, sont consignés et nettement décrits. >' Pour exécuter ce projet, dont l'utilité ne saurait être contestée , il suf- firait de consacrer, chaque année, une modique somme à la publication d'un volume ou deux d'extraits et de traductions de ce genre. Au bout de dix ans, et avec une dépense comparativemeut minime, on posséderait presque tous les documents scientifiques ou industriels des Chinois qui peuvent recevoir chez nous une application immédiate, ou nous mettre sur la voie de découvertes aussi importantes qu'inespérées. » ( I073 ) M. PiOBERT fait hommage à l'Académie d'un nouveau volume de son Traité d artillerie théorique et pratique. Ce volume , qui appartient à la partie théorique et expérimentale de l'ouvrage , est relatif aux propriétés et effets de la poudre. x^IEMOmES PRESEIX TES MÉCANIQUE. — Mémoire sur la théorie des mouvements relatijs; par M. J. Bertrand. (Commissaires, MM. Cauchy, Lamé, Combes.) « La découverte du principe de d'Alembert et surtout l'ouvrage admirable dans lequel Lagrange développa les conséquences qu'on en pouvait tirer, semblent avoir mis fin aux problèmes ingénieux que les géomètres se pro- posaient, par défi, sur des questions de mécanique; on pourrait même ajouter que, trop souvent, après avoir étudié la mécanique analytique, on croirait faire une chose inutile en cherchant à compléter l'étude de la science par la lecture des travaux épars dont les prédécesseurs de Lagrange ont en- richi les recueils académiques du xviil* siècle. Je crois que cette tendance, malheureusement très-générale, est de nature à nuire aux progrès de la mé- canique, et qu'il ne serait pas difficile de signaler quelques-uns des fâcheux résultats qu'elle a déjà produits; la trop grande habitude de tout déduire des formules fait perdre, jusqu'à nn certain point, le sentiment net et précis des vérités mécaniques consi^rées en elles-mêmes: et si la science a gagné, d'une manière incontestable , à l'introduction de ces méthodes si générales , on peut dire, par compensation, que chaque question doit néanmoins se présenter sous un jour moins lumineux , et qu'enfin les procédés analytiques dont on fait aujourd'hui un si grand usage, sont plus propres à convaincre l'esprit qu'à l'éclairer, et qu'à lui permettre de suivre, pour ainsi dire, d'une manière intuitive , lés relations des effets avec les causes. » Ces réflexions ne se sont jamais présentées à moi avec plus de force qu'après la lecture successive de deux Mémoires dans lesquels le même sujet est traité, à près de cent ans de distance, par Clairaut et par M. Coriolis. " M. Coriolis , en s'occupant à deux reprises différentes de la théorie des mouvements relatifs, s'est rencontré, sans le savoir, avec l'illustre Clairaut, qui, dans les Mémoires de l'académie des Sciences pour 1742» avait résolu» plusieurs problèmes en faisant précisément usage du théorème de M. Coriolis; C. R, «47, ierSenie<. lodure : eau : : 4 * 5oo lodure : eau : : 10: 5oo • lodure : eau ; : 5o : 5oo lodure : eau : : 1 00 : 5oo lodure : eau : ; aSo : 5oo i ___^__ i4i< ( 'oyG ) » Résumons en quelques mots toutes les expériences faites sur les sub- stances salines, et les résultats qu'elles ont présentés. >' Les sels qui favorisent l'écoulement de l'eau distillée sont : » Les iodure et bromure de potassium, les azotates de potasse et d'am- moniaque, les chlorhydrates d'ammoniaque et de potasse, le cyanure de po- tassium et l'acétate d'ammoniaque. " Tous ces sels, à des doses qui ne seraient pas toxiques, bien entendu, faciliteraient le passage du sang dans les vaisseaux capillaires; nous l'avons vérifié directement sur le cheval vivant, pour l'iodure de potassium, l'azotate de potasse , les chlorhydrate et acétate d'ammoniaque. » Les sels qui ne paraissent pas modifier l'écoulement de l'eau distillée sont seulement : » Les iodures de sodium et de fer, l'azotate d'argent et le deuto- chlorure de mercure. " Les sels qui retardent l'écoulement, beaucoup plus nombreux que les précédents, sont : • n Les azotates de soude , de plomb , de strontiane , de chaux , de magnésie ; les chlorures de sodium, de calcium, de magnésium; les chlorhydrates de morphine et de strychnine; le cyanure de mercure; les sulfates de potasse, de soude, d'ammoniaque, de magnésie, de zinc, de fer, de morphine, l'alun; les phosphates de potasse, de soude et d'ammoniaque; les arséniates de potasse et de soude; les bicarbonates et carbonates d'ammoniaque, de potasse et de soude; les oxalates des mêmes bases, le bioxalate de potasse; l'acétate de plomb; le citrate de fer; l'émétique. » Ces sels, à des doses non toxiques, retarderaient la circulation capil- laire, ainsi que nous l'avons vu directement sur le cheval vivant, pour le chlorure de sodium et le sulfate de magnésie. >i Pour découvrir le rôle que pouvaient remplir, dans l'écoulement des solutions salines, les acides et les bases, nous avons considéré ces derniers corps isolément. » Nous avons vu que la potasse, la soude et l'ammoniaque retardent loutes l'écoulement de l'eau distillée; nous n'avons pu expérimenter que sur ces bases, car les solutions de chaux, de strontiane, exposées à l'air, se changent en carbonates qui obstruent bientôt les «tubes. » Quant aux acides: deux seulement paraissent favoriser l'écoulement, ce sont les acides cyanhydrique et sulfhydrique ; d'autres ne modifient pas sensiblement l'écoulement, tels sont les acides azotique, iodhydrique, brom- hydrique, bromique, chlorhydrique (à petites doses). Ce sont ces derniers r 1077 ) acides qui, unis à la potasse et à l'ammoniaque, donnent les sels qui favo- risent l'écoulemeut. » Enfin, ceux qui le retardent sont les acides iodique, chlorhydrique (à hautes doses), carbonique, oxalique, phosphorique, acétique, citi'ique, arsénique, arsénieux, sulfurique et tartrique. » Nous avons recherché si les propriétés physiques et chimiques des sub- stances jouaient, dans la vitesse variable d'écoulement qu'elles ont offerte, un rôle du premier ordre, comme nous l'avions reconnu pour la pression, la longueur du tube et son diamètre, et la température. Nous avons consi- déré tour à tour la densité du liquide, sa capillarité, sa fluidité, la solubi- lité de la substance, sa déliquescence, son efflorescence , son affinité pour l'eau, la contraction qu'elle fait éprouver à l'eau au moment de sa dissolu- tion , et nous avons constaté que toutes ces circonstances n'ont qu'une in- fluence secondaire dans la vitesse de l'écoulement. » Un courant galvanique traversant les filets fluides en mouvement n'a rien changé à la durée de l'écoulement d'une même quantité de liquide à une pression et à une température constantes ; soit qu'on agît avec une pile de 4o ou 222 éléments, et que le courant positif eût lieu suivant le cours du li- quide ou en sens contraire. " L'écoulemeut étudié sur un grand nombre d'eaux minérales, telles que celles de Baréges, Eaux-Bonnes, Plombières, Cauterets, Challes, Spa, Mont- dore, Enghien , Fougues, Bussaog, Prugues, Contrexeville, Passy, Saint- Alban, Balaruc, Vichy, Hauterive, Châtel-Guyon , Epsom, Sediilz, Pullna, nous a donné des résultats tout à fait en rapport avec ceux que nous avaient offerts les sels et les acides qu'on y rencontre; aucune eau minérale ne ren- ferme des sels favorisant récoulement. Ainsi, les substances salines n'entrant qu'en petite quantité, comme il arrive communément, dans les eaux mi- nérales les plus fréquentées , elles ne retardent que de quelques se- condes le temps de l'écoulement ; ce retard est combattu par la présence de l'acide suif hydrique qui active l'écoulement, pour les eaux sulfureuses de Baréges, de Bonnes, de Cauterets, etc., etc. : au contraire, l'acide carbo- nique rendant l'écoulement plus lent, cette propriété vient s'ajouter à celle de la petite quantité de sels, et 1 écoulement est encore plus tardif, ainsi qu'on le remarque pour les eaux acidulés de^Vichy, de Hauterive, de Saint-Alban, de Châtel-Guyon, etc., etc. Quant aux eaux minérales qui contiennent une très-gi'ande dose de principes minéralisateurs, comme on devait s'y attendre, elles retardent considérablement l'écoulement; telles sont les eaux purgatives d'Epsom, de Sedlitz et de Pullna. ■;, » Nous ne pouvons que mentionner, dans ce court extrait, l'étude que nous ( 1078 ) avons faite sur l'écoulement d'infusions de différentes sortes de thés; de décçctions de gayac, de salsepareille, de quinquina, de guimauve; de vins plus ou moins alcoolisés,, tels que le madère sec, l'aï et le sillery mous- seux, le rhum de la Jamaïque. " li'éther employé pur, coule environ trois fois plus vite que l'eau dis- tillée; néanmoins, mêlé à l'eau, il en retarde l'écoulement. L'éther uni au sérum du sang, comme on l'a vu pour l'alcool, rend aussi l'écoulement plus lent. Nous avons alors été conduit à admettre que le principal symptôme de l'ivresse produit par l'éther pouvait coïncider, quant à la cause , avec celui que produisait l'alcool. » L'étude de l'écoulement du sérum combiné avec diverses substances nous a porté à faire quelques expériences qui peuvent mettre en lumière le rôle que remplit la fibrine au point de vue de la circulation, et son état dans le sang, état qui laisse toujours à désirer, malgré les travaux des phy- siologistes et des chimistes sur ce point important de la science. !> Nous avons reconnu que le mouvement du sang défibriné (sérum et globules) était impossible dans un tube d'un calibre même cent fois plus fjrand que celui des capillaires des mammifères, par suite du défaut de sus- pension des globules au sein du véhicule en mouvement, les corpuscules san- guins étant plus lourds que le sérum. Le sang défibriné provenant d'un chien mort par hémorragie, et filtré convenablement, n'a pu passer à tra- vers les capillaires des poumons du même chien, sous la pression normale du sang, les poumons encore chauds étant maintenus dans une étuve à 40 degrés centigrades: au bout de quelques secondes, l'écoulement devenait de plus en plus lent, et cessait entièrement; alors le poumon acquérait la couleur rouge foncé du liquide qui devait le traverser. « D'ailleurs il résulte d'expériences faites par M. Magendie, au Collège de France, que le sang d'un animal, privé chaque jour d'une certaine quan- tité de sa fibrine, devient impropre à la vie; les animaux succombent bientôt, et les poumons sont gorgés de sang, comme si on les avait soumis à un courant de sang défibriné. " Sur le vivant , les globules du sang, examinés au microscope, sont éga- lement répartis dans la capacité des vaisseaux; au contraire, les globules en occupent toujours la partie déclive^ lorsque le sang a été défibriné. Cette différence nous porte à penser que la présence de la fibrine n'est pas indif- férente dans la répartition tout à fait égale des corpuscules sanguins au sein du sérum dans le sang vivant , condition sans laquelle la circulation n'est pas possible. '1 Or la fibrine est plus légère que le sérum; si elle était entièrement ( '079 ) dissoute dans ce véhicule, l'inconvénient que nous venons de signaler, exis- terait à plus forte raison. " La fibrine pure qu'on obtient immédiatement du sang du cheval, celle contenue dans la lymphe et le chyle, et les expériences de M. MuUer sur le sang de la grenouille, militent en faveur de la présence de la fibrine dans le sérum du sang vivant; mais est-ce à dire qu'elle soit tout à fait étrangère à la constitution des globules du sang? Nous ne pouvons l'admettre, en nous appuyant sur les faits précédents. La fibrine pénètre-t-elle tout le globule, ou bien lui forme-t-elle une sorte d'atmosphère, qui, le rendant plus léger, lui permet d'être en suspension dans le sérum? La petite quantité de fibrine trouvée en dissolution dans le sérum le saturerait-elle, et serait-elle renou- velée par celle que lui fourniraient les globules au fur et à mesure de son assimilation aux organes? Il est difficile de répondre à chacune de ces ques- tions , dans l'élat actuel de la science. » « PHYSIOLOGIE. — Recherches sur les deux ordres de tubes nerveux élé- mentaires, et les deux ordres de globules ganglionnaires qui leur corres- pondent; par M. Ciii. RoBiiv. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Flourens, Milne Edwards, Duvernoy.) « \,e but de ce travail est de démontrer que les ganglions des nerfs rachidiens et du grand sympathique ne donnent pas naissance à des tubes nerveux élémentaires, ce que beaucoup d'anatomistes modernes admettent (Hannover, Valentin, Remak , Bidder et Volkmann , etc., etc.) , mais que tous les tubes nerveux naissent exclusivement de la moelle épinière et de l'encé- phale. Par conséquent , on ne peut considérer ces ganglions que comme de petits centres nerveux spéciaux, jouant, pour certaines fonctions, le même rôle que le centre cérébro-spinal joue pour d'autres fonctions. Ces réflexions se présentent naturellement à l'esprit lorsqu'on voit la cavité des tubes ou fibres nerveuses élémentaires, issues de la moelle épinière ou de l'encéphale, s'aboucher dans la cavité des globules ganglionnaires à l'un de leurs pôles, et renaître, au pôle opposé du globule, de la même manière qu'ils s'y étaient jetés. " A partir du globule, ces tubes nerveux vont se perdre dans les organes. Ainsi ces globules particuliers, dont l'agglomération constitue les ganglions des nerfs, ne sont autre chose que des organes qui sont interposés entre l'origine du tube nerveux et sa terminaison sur un point déterminé de son trajet , peut-être y en a-t-il plus d'un sur chaque tube : ils l'interrompent ( io8o ) pour le laisser renaître anssitôt; ils en changent, ils en modifient la structure en un point, pour la lui rendre immédiatement. " liCs auteurs qui ont écrit jusqu'à présent sur ce sujet n'avaient pas observé l'arrivée et l'issue de chaque tube élémentaire aux deux pôles opposés de chaque globule, mais seulement l'un ou l'autre. C'est ce qui les a conduits à considérer, comme un petit centre nerveux d'origine, pour chaque tube, chacun de ces globules ganglionnaires. " 11 est encore un autre fait, plus important que le premier, qui n"a pas été signalé par les anatomistes qui ont étudié la structure des nerfs. » Tous n'ont décrit qu'un seul ordre.de globules; il y en a cependant deux ordres qui diffèrent l'un de l'autre par des caractères nombreux, tirés du volume, de la forme, du contenu, des parois, etc. Ti'un de ces ordres de globules est toujours en connexion avec les tubes nerveux élémentaires de la vie animale ou tubes larges , etc.; l'autre est affecté spécialement aux tubes élémentaires de la vie organique , ou sympathiques , ou tubes minces, etc. Jamais on ne trouve de tubes larges communiquant avec le deuxième ordre de globules, et réciproquement, jamais les tubes minces ne sont en connexion avec les pôles des globules de premier ordre. » Il résulte de ces faits qu'on ne peut plus mettre en doute l'existence des deux ordres (tout à fait distincts) de tubes nerveux élémentaires, nommés plus haut; ce que, cependant, quelques auteurs ont fait dans ces dernières années (RoUiker). " Les deux ordres de globules et de tubes correspondants existent dans les ganglions des racines postérieures ou sensitives des nerfs de la moelle épinière ; mais les globules n'existent pas dans les racines antérieures ou motrices. ■• Ils existent aussi dans les ganglions des nerfs encéphaliques et du grand sympathique; seulement dans ces derniers il y a un bien plus grand nombre de globules et de tubes minces que de globules des tubes larges (trente à cinquante sur un environ, plus ou moins, suivant les ganglions). Dans les ganglions rachidiens, au contraire, il y a environ quatre à cinq globules des tubes larges pour un de l'autre ordre. » Ces faits viennent confirmer les observations des anatomistes qui ont signalé l'existence des deux ordres de tubes élémentaires dans les nerfs de la vie animale et ceux du grand sympathique , mais avec prédominance des tubes larges dans les premiers , et des tubes minces dans les seconds. Malgré cela, aucun d'eux n'avait signalé l'existence et la différence des deux ordres de globules ganglionnaires. ( io8i ) » L'absence de globules ganglionnaires sur le trajet des racines rachidiennes antérieures ou motrices distingue anatomiquement les tubes élémentaires des nerfs moteurs de la vie animale de ceux des nerfs sensitifs. Mais ce carac- tère si tranché ne peut s'observer que dans la courte étendue des racines spinales, avant leur réunion et le mélange de leurs tubes. Si voulant pousser plus loin les déductions à tirer des faits précédents, nous nous demandons quelles fonctions il faut attribuer aux globules ganglionnaires, nous répon- drons que ce sont des modificateurs de l'action qui a lieu dans les nerfs sensitifs et les nerfs organiques ; mais il est impossible de savoir de quelle nature est cette modification. » Puisque les ganglions du grand sympathique et des nerfs encéphalo- rachidiens renferment les mêmes globules ganglionnaires et les mêmes tubes élémentaires , mais seulement en proportions différentes , on voit qu'on ne peut pas avec Reil, Bichat, etc., établir deux systèmes nerveux indé- pendants l'un de l'autre. Cette opinion est fondée sur les communications du grand sympathique avec les nerfs de la moelle épinière, sur les faits de nerfs fournis au diaphragme abdominal des oiseaux , exclusivement par le grand sympathique (Sappey), sur la substitution partielle et successive de nerfs encéphaliques ou rachidiens , au grand sympathique chez un grand nombre de Vertébrés. Beaucoup d'autres arguments ont été réunis par plusieurs anatomistes français et allemands, qui ont déjà publié des Mémoires remarquables sur ce sujet et ont amené la question au point où elle en était à l'époque où ces recherches ont été commencées. Les faits qui démontrent ces résultats ont été publiés en partie dans le Bulletin de la Société Philomathique (février et mars 1847), ^^ "^ peuvent être exposés ici, non plus que l'historique qui est très-étendu, de même que l'exposé des questions nouvelles que soulèvent les faits précédents. » PHYSIQUE. — Recherches sur la chaleur dégagée pendant les combinai son.\ chimiques ; par MM. P. -A. Favre et J. -T. Silberihann. (Extrait par les auteurs.) (Commission précédemment nommée.) X*" partie. — Décomposition des corps dimorphes spath d'Islande et arragonite. Calories. La chaleur opérant la décomposition du spath .... 3o8 , i absorbées ; La désagrégation de l'arragonite 38,3 dégagées; La décomposition de l'arragonite désagrégé ^-995 2 absorbées. C. R., 1847. I" Semestre. (T. XXIV, S« 23. ) '42 ( «o82 ) « Comparant ces deux substances par leurs propriétés optiques , le spatb , cristal à un axe, donne des anneaux autour de son axe pour des cristaux perpendiculaires à cet axe et placés dans la lumière polarisée. L'arragonite , qui esta deux axes, offre dans la même lumière, pour des plaques taillées per- pendiculairement à l'axe moyen, le phénomène des lemniscates ou d'an- neaux autour de chaque pôle, puis d'autres courbes qui enveloppent ces dernières. « Nous avons pensé modifier ce phénomène dans l'arragonite en la chauffant. En effet, on voit les anneaux se développer, grandir, au point que deux ordres d'anneaux polaires se sont ouverts pour envelopper à la fin chacun des deux pôles', en même temps que les deux axes se sont visible- ment rapprochés, de telle sorte que la tendance de l'arragonite, pour passer à l'état du spath , était optiquement hors de doute : seulement ce pas- sage n'est pas visiblement complet ; car, à un certain moment , le cristal se fen- dille dans tous les sens, et sa désagrégation est telle, qu'il ne présente plus qu'une teinte opaline qui ne laisse pas passer de lumière. L'arragonite dans cet état est complètement arrivé à l'état de spath, ce que prouvent les expé- riences précédentes. XP partie. — Chaleur dégagée pendant la décomposition des corps oxygénés. Décomposition du protoxyde d'azote. « D'après ce que nous avons exposé dans un Mémoire antérieur, il suit que la décomposition du protoxyde d'azote, au lieu d'absorber de la cha- leur, paraît, au contraire, en donner, et que cette quantité serait de I iS'j calories par gramme d'oxygène séparé de ce protoxyde. Mais comme cette déduction est tirée d'expériences qui, au premier abord, paraissent un peu complexes, quoiqu'elles ne présentent aucune cause d'incertitude, si ce n'est, comme nous l'avons dit, qu'il a pu s'échapper quelque peu d'oxygène raïs en liberté et non combiné au charbon, lequel a pu nous donner un nombre plus fort, nous avons entrepris d'opérer la décomposition d'une manière directe, en faisant passer cet oxyde dans un tube de platine main- tenu rouge au milieu du foyer de la chambre à combustion par du charbon qui était dosé à la manière ordinaire. » Le chiffre obtenu a été de 1090,5 calories. >i Nous avons trouvé ici un nombre inférieur à celui précédemment dé- terminé : nous n'attachons de l'importance qu'au fait en lui-même; car on sent bien que, quand un volume de gaz est obligé de passer par tant de ( io83 ) conditions successives, on puisse fort bien se tromper d'un centième; que, d'un autre côté, les calories trouvées sont la différence entre deux nombres très-forts, par conséquent plus probablement entachés d'erreur; qu'enfin c'est avec un nombre plus faible qu'on a déterminé un nombre plus fort. Quoi qu'il en soit, ce chiffre ne diffère que de 64 unités de celui pré- cédemment déterminé. Nous pensons que ce chiffre pourrait lui-même encore être diminué de quelques calories , si l'on tient compte de quelques traces de vapeurs nitreuses. Ainsi le fait de chaleur produite durant une dé- composition est mis hors de doute. Décomposition de l'eau oxygénée. » I gramme d'oxygène dégagé donne 1 3o3 calories. » Si l'on considère qu'au nombre trouvé il faudra encore ajouter la chaleur de volatilisation de l'oxygène que nous ne connaissons pas, mais qui doit être au moins un peu plus forte que celle de l'eau, ou près de 600 ca- lories, on porterait le nombre vers igSo. Ce nombre devrait encore subir quelques corrections, car l'oxygène était nécessairement saturé de vapeur d'eau; d'où diminution du poids réel d'oxygène dégagé, et, d'autre part , diminution de calories prises par cette eau vaporisée. Ces deux quantités tendent à augmenter le chiffre : ce nombre paraît à peu près la moitié de celui que nous avons trouvé pour ce gaz brûlant l'hydrogène. XIP partie. — Composés salins (premier Mémoire). » Nous avons, dans des Mémoires précédant celui-ci, étudié la chaleur développée durant l'accomplissement de certains groupements moléculaires nouveaux bien indubitables; durant l'accomplissement de certaines modifica- tions dans la constitution physique que nous avons considérée aussi comme une véritable modification dans la constitution chimique. Poursuivant ces recherches, nous avons compris qu'il ne suffisait pas de constater une for- mation nouvelle par l'étude du rapport des éléments constituants, mais qu'il fallait étudier le phénomène pendant qu'il s'accomplissait pour établir sé- rieusement une formule vraie. >' Étudier la quantité de mouvements qui mènent à une constitution notir velle, n'est-ce pas saisir le phénomène pendant son accomplissement et créer les éléments d'un calcul pour établir des théories propres à généraliser les phénomènes physico-chimiques? .r. » Nous voyons dans les phénomènes qui créent des modifications passa- gères ou d'acheminement, ou nouvelles et stables, des mouvements incom- 142.. ( io84 ) plets ou de tendance , ou complets et capables de créer une gravitation du- rable. » On obtient tous les jours des corps nouveaux qui se produisent par des contacts quelquefois fortuits , presque toujours provoqués. Les chimistes n'assistent pas à la réaction, ils séparent les produits formés, les analysent, constatent des réactions, etc.; mais les formules telles qu'on les possède alors et les réactions sont encore insuffisantes. Les formules n'expriment qu'un rapport certain, mais elles ne sont pas absolues, elles peuvent être souvent M , M', M', etc., car on n'a pas assisté à la réaction qui les établit. Les réac- tions sont incomplètement connues; on n'en constate que le résultat dont on ne peut connaître toute la valeur sans avoir vu la quantité de mouvements qui a créé la condition d'équilibre. " On n'assiste pas au phénomène de production. Personne ne contestera ce point; mais nous dirons plus : séparer un corps formé , c'est encore le mo- difier par rapport à sa constitution chimique; un sel cristallisé n'est pas un sel dissous. Ce Mémoire, comme ceux qui le suivront, seront tout entiers une attaque dirigée contre cette croyance. it L'appareil que nous avons créé pour étudier les chaleurs latentes et spé- cifiques est celui que nous avons employé : il est simple , sûr, peu dispen- dieux et applicable par tous. Nous serons heureux si l'on nous en offre un plus simple encore. Qu'on songe pourtant que quatre semaines nous ont suffi pour faire près de trois cents déterminations. » Notre manière d'opérer nous mettait à l'abri d'erreurs provenant de la chaleur spécifique inconnue des liquides contenus dans l'appareil, son chan- gement de température étant presque nul. Nous avons du reste , comme précé- demment, exprimé nos résultats en calories; nous pensons qu'il est inutile de faire ressortir combien cela est d'une importance majeure pour comparer les résultats de divers ordres. Résultats fournis par les expériences. » I gramme d'acide sulfurique S HO*, mis en présence de : Équiv. d'eau. Premier -j 9,4 Second \ 8,8 Premier \ 18,8 Second -j 1752 Premier j 36 , 7 Second i. 28,3 Équiv. d'eau. ' 64,7 ^ 94,6 3 m, 9 4 1 22 , 2 5 i3o,7 6 1 36 , 2 Équiv. d'eau. 7 8 9 10 20 i4i,8 145,1 .48,5 48,4 i48,7 ( io85 ) » I gramme d'acide sulfurique S HO*, combiné hors de l'appareil avec un nouvel équivalent d'eau, pour devenir S HO*, HO, mis en présence de : Kquiv. d'eau. Premier 4-. 9'*; Équiv. d'eau. Second ^. . 7,8; Équiv. d'eau. Premier -j- '7>3; Équiv. d'eau. Second - . . 12,3. » I gramme d'acide sulfurique S HO*, combiné hors de l'appareil avec deux nouveaux équivalents d'eau, pour devenir S HO*, 2 HO, mis en pré- sence de : Équiv. d'eau. Équiv. d'eau. Premier \. . . . g, 5; Second |. ... 7 ,6. '1 Nous donnons, avec ces résultats, la courbe d'hydratation, de laquelle nous déduisons le chiffre probable de SO' se combinant à HO , chiffre qui serait 94 environ. Combinaisons des bases avec les acides dans leurs poids équivalents, ces derniers étant en grand excès , mais très-aqueux. I gramme de chaux hydratée hors de l'appa- reil , saturé par : Ac. sulfurique 669,2 (*) Ac. chlorhydrique 6o3 ,2 Ac. azotique 607 ,0 Ac. acétique 5i8,2 I gramme de potasse étendue d'eau, saturé par : Ac. sulfurique 3i i ,8 Ac. azotique 3i2,5 Ac. chlorhydrique 3i4,4 Ac. phosphor. monohydraté. . . 325,4 Ac. phosphor. trihydraté 323,9 Ac. acétique 283,5 Ac. citrique 268 , 3 I gramme de soude étendue d'eau , saturé par : Ac. sulfurique 464 > 3 Ac. azotique 47*^ )^ Ac. chlorhydrique ^Ç)5.,Z Ac. phosphor. monohydraté... 474)4 Ac. phosphor. trihydraté 4^0, 1 I gramme de soude étendue d'eau , saturé par : Ac. formique 407 > 7 Ac. acétique ^iii,o Ac. valérique 4'4) ' Ac. citrique 4^3 , 7 I gramme d'ammoniaque étendue d'eau , sa- turé par : Ac. sulfurique 52g, 7 I gramme de baryte en dissolution , saturé par : Ac. chlorhydrique 181 ,7 Ac. acétique i58 ,5 I gramme de baryte cristallisée dans 4)4^0 d'eau , saturé par : Ac. acétique 80,7 I gramme de strontiane en dissolution , saturé par : Ac. chlorhydrique 184 , 7 Protoxyde de fer précipité par i gramme d'ammoniaque. . . 71,7; i gramme de protoxyde de fer donne donc 323,4- (*) I gramme de chaux précipitée de l'azotate de chaux par l'acide sulfurique donne 66,2. ( io86 ) Formation des sels acides. " Nous opérions sur un poids de 2 décigrammes environ de potasse et de soude; l'éprouvette pouvait contenir 12 centimètres cubes d'eau. Oxalate de potasse : 1 gr. de potasse étendue d'eau. Equiv. d'acide. 287,5 i285 , 1 Beaucoup d'eau. 345,6) ^. 3g^gjPeudeau. ! Autant d'eau que peut en conte- nir l'éprouvette qu'on introduit dans la moufle; la température est de i6, i3 et 1 1". Oxalate de soude : I gr. de soude étendue d'eau. Kquiv. li'acide. I 428,2 ,^,^,, l^.>i,i,4^ 619,4 Beaucoup d'eau. 688 , o Beaucoup d'eau . 4- f 688,0 65o,i| Eau saturée. Tartrate de potasse : I gr. de potasse étendue d'eau. Équiv d'acide- 264 ( 455 , 2 Beaucoup d'eau . ( 480,6 Peu d'eau. 482,0 Tartrate de soude : I gr. de soude étendue d'eau. £quiv. d'acide. .. 392,4 Î387 , 1 Beaucoup d'eau. 586,9 Peu d'eau. , ( 392 , 1 Beaucoup d'eau. ( 596 , 1 Peu d'eau . „ ^4i3,7 Beaucoup d'eau. 1590,0 Peu d'eau. Oxydes formulés R'O' précipités par l'ammoniaque. " Nous avons analysé les sels : les sulfates d'alumiue et d'uranyle étaient purs ; le sulfate de fer était plus ou moins acide. Les analyses faites avec grand soin , nous tenions compte de l'excès d'acide que nous savions, par nos recherches sur les sels acides, n'exercer aucune influence. Une seule chose complique encore nos résultats , c'est l'état insoluble de l'oxyde séparé et sa combinaison avec l'ammoniaque, conditions de chaleur en phis à ajouter évidemment à celle dégagée par l'oxyde R* O* se combinant à son acide. I gr. de l'oxydé donne donc Sesquioxyde d'aluminium précipité par 1 gramme d'ammoniaque. i34,2 6ô5,2 Sesquioxyde de fer précipité par 1 gramme d'ammoniaque 295 ,8 234 , 3 Oxyde d'uranyle précipité par i gramme d'ammoniaque 5i8,5 2,1 ( io87 ) » Il faut se garder de voir ce dernier chiffre aussi faible , car il est sin- gulièrement diminué par la formation de l'uranate d ammoniaque. Rapport entre les chaleurs données par les bases prises dans leurs poids équivalents. Chaux 607 Strontiane 343 Soude 520 Protoxyde de fer 4^4 Potasse 539 Sesquioxyde de fer 661 : 3 = 220 » Ammoniaque. 49^ Sesquioxyde d'aluminium . iii3:3 = 3'7i) Baryte 49^ Oxyde d'uranyle 11 beaucoup trop faib!»;. » Nous avons précipité la chaux de l'azotate au moyen de nos liqueurs de potasse et de soude ; les résultats ont été tels que nous les attendions. La chaleur absorbée était celle que la chaux dégage en plus dans ses combi- naisons. » On se rappelle qu'à la suite de nos recherches , nous avons été con- duits à admettre le poids variable des équivalents des corps simples , et par suite à considérer les corps sous un volume et non sur quatre ; certains corps, tels qu'un grand nombre de corps oxygénés, l'ammoniaque, le deutoxyde d'azote , l'acide sulfurique monohydraté, etc., n'étant plus un obstacle à cette manière de voir. » On se rappelle que nous avons émis des doutes sur la constitution des oxydes à formule M^O', et que nous avons exprimé la possibilité de les envisager, ainsi que l'a fait M. Gay-Lussac, de la même façon que les oxydes à formule MO. » On se rappelle aussi que nous avons considéré les sels doubles comme des sels simples, mais doublés, la molécule double métallique devenant hé- téro-métallique par simple phénomène de substitution. » Ces deux manières de voir trouveront dans les résultats précédents des éléments qui les corroboreront. n De même que l'acide sulfurique peut se combiner avec i , 2, etc., équi- valents d'eau, l'eau peut se combiner avec 1,2, etc., équivalents d'acide. » Il n'existe pas de sels acides dans une suffisante quantité d'eau , malgré la présence d'un grand nombre d'équivalents d'acide en excès. » Andrews, en disant que les sels acides en se formant ne dégagent pas de chaleur appréciable, a commis la seule erreur de croire qu'ils se formaient. " Les acides présentent plusieurs séries : dans chacune pour chaque acide, la chaleur dégagée est en raison inverse du poids de l'équivalent ; mais si les acides sont pris dans des séries différentes, il n'en est plus ainsi. « Les bases pour le poids équivalent offrent tantôt des chaleurs égales , ( io88 ) taatôt des chaleurs différentes. L'eau est celle qui offre la chaleur la plus faible. " L'ammoniaque séparant les oxydes de la formule M^O' donne une chaleur trop forte, parce que l'oxyde se précipite, parce qu'elle-même contracte une combinaison avec lui; mais la chaleur en moins qu'elle doime en se combinant à l'acide du sel serait énorme, si on la reportait en entier sur l'oxyde M^ O' fonctionnant comme un seul équivalent. » Guidés par l'expérience , nous dirons donc , à propos de ces derniers oxydes, M*0' : nos expériences jusqu'à présent nous les donnent en disso- lution comme très-analogues avec ceux MO ; mais quand leurs sels cristal- lisent , il n'en est plus ainsi , son cristal diffère essentiellement : ainsi de même que nous formulerions le type salin cristallisé des sels à oxyde MO par S*0'M^, nous formulerions momentanément les sels à oxyde M^O' par S*0"M*, un seul des éléments métalliques pouvant se substituer dans le sel double cristallisé. XIIP partie. — Composés salins (deuxième Mémoire). Expériences dans lesquelles nous avons étudié les chaleurs mises en jeu pendant la destruction des cristaux, pris dans le poids de i gramme : 1". Azotates d'ammoniaque 63,3 2°. » de soude 43,6 3". « dépotasse 66, g 4"- " destrontiane ^9,3 5°. » de chaux "-85,7 6". Chlorures de sodium 8,5 7°. x de potassium 47 >6 8°. » de barium i6,i 9". » de strontium 23 ,8 lo". » d'ammonium. .... 66,2 II". ■> de calcium '4j6 12°. Sulfates de potasse 33,3 13°. . i4". ' ï5°. 16°. . 17°. . 18°. . .9°. > 20°. ■ > 21". » de soude 4? > ' d'alumine + 1 2 , 7(*) d'ammoniaque ..... 10,4 d'uranyle -1-10,2 de potasse et d'eau . . 24 , 3 de protoxydede fer. . 11,6 deprot.deferetdep. 20,6 de baryte 52,2 de strontiane 58 , 4 22». Sulfates de chaux 23 , i Par le .sulfate d'ammoniaque 0,0 23°. Sulfates de pot. et d'alum. . . . 22,4 24°. >' d'am. et d'alumine. . . i8,3 25°. Acétates de soude 26.9 26°. » dépotasse -|-ii,6 27°. ï de potasse et d'eau .. . i8,5 28°. » de chaux -f-21 ,9 29". « de baryte 3,3 3o°. Oxalates d'eau 58,7 3i°. » dépotasse 36, 9 32°. » de potasse et eau ... . 59,5 33°. Carbonates de potasse -|- 2,5 34°. » depotasseeteau. . . 49)' 35°. >' de soude 49)8 36». Tartrates d'eau i8 ,8 37°. >> de potasse 16, 5 38°- • de soude 24,2 39°. » de potasse et soude. . 39,3 4o°. Phosphate de soude 49>4 4i°. Pyrophosphate de soude 21,1 (*) Nous avons marqué du signe -+- les résultats donnant un dégagement de chaleur. ( îo89 ) On a , en mélangeant en dissolution du sulfate de fer et du sulfate de potasse. 0,0 ' » du sulfate de fer et du sulfate d'ammoniaque .... 0,0 " du sulfate d'alumine et du sulfate de soude 0,0 " du sulfate d'alumine et du sulfate de potasse .... 0,0 » du sulfate d'alumine et du sulfate d'ammoniaque. 0,0 du tartrate de soude et du tartrate de potasse .... 0,0 » En mélangeant en dissolution du phosphate de soude rendu acide par l'acide acétique, avec une dissolution de chlorure de calcium , il ne se pro- duit aucun précipité, et l'on obtient 0,0. Conclusions. » i". Un sel neutre en dissolution et cristallisé constitue deux corps Dissous S O'K isomères :^^.^^,j.^,g,^.j^.. . . >' a°. Les sels acides et les sels doubles ne se forment qu'en cristallisant ; c'est le sel neutre cristallisé, M^ du type remplacé par des M quelconques. Nous pourrions rappeler encore les phénomènes exercés par la chaleur sur les sels cristallisés , acétates, chlorates, etc., qui prouvent ce doublement. » 3°. L'état acide de l'eau , son remplacement par un autre dissolvant , ne sont que des conditions permettant la décomposition du produit cristal- lisé en de nouveaux produits, moins condensés, qui peuvent se mouvoir dans un milieu approprié à leurs conditions d'existence. L'efflorescence, la déliquescence, la précipitation du sulfate anhydre de soude, par exemple, au sein de l'eau, offrent beaucoup d'intérêt à ce point de vue : peut-on dire que l'action de l'air sur un sel qu'il effleurit est une action dissolvante telle qu'on l'entend ordinairement? et cependant il y a une grande ana- logie dans la marche du phénomène. L'eau à 5o degrés agissant sur le sulfate de soude hydratée lui enlève son eau : peut-on dire que cette eau se dissout dans l'eau? » 4°- IjCS dissolvants agissant à ce point de vue sont une preuve de l'in- fluence décomposante de certaines forces si énergiques, et pourtant si peu apparentes, telles qu'on les trouve dans le règne organique. » 5°. Dans le phénomène de dissolution par l'eau , des phénomènes secondaires s'exercent de la part de ce liquide sur les sections semblables du cristal, en apportant des éléments dont il faut tenir compte dans l'appré- ciation du chiffre de disjonction : des changements de dissolvants pour un même corps éclaireront cette question. » 6°. Des liens réunissent les phénomènes de dissolution aux systèmes C. R., 1847, l'fSemejj/e.tT. XXIV, N"2S.) l43 ( I09O ) cristallins détruits par l'action dissociatrice du dissolvant. Entre autres preuves, nous nommerons les soufres et les carbonates de chaux. » Ainsi devient plus probable notre manière de voir dans l'interprétation du phénomène des chaleurs latentes, que nous avons déjà dit n'être qu'un phénomène chimique, HO devenant dans la glace (HO)" avec un exposant simple quelconque plus fort que i. » Dans un prochain Mémoire , nous exposerons nos recherches sur la dissolution de certains sels acides que nous ne pouvons effectuer qu'à l'aide d'une liqueur alcaline; sur le rôle d'hydratation de l'eau, en variant les dissolvants, en dissolvant et précipitant des sels anhydres. Nous pourrons alors aborder plus facilement l'étude des relations qui lient le cristal aux corps nouveaux qui sont les produits de sa destruction. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — De la composition du sang dans le scorbut,- par MM. Becquerel et Bodier. (Extrait par les auteurs.) (Commissaires, MM. Dumas, Andral, Payen.) « Les auteurs ont fait l'analyse du sang dans cinq cas de scorbut bien caractérisé , développé chez des femmes âgées de 1 hospice de la Salpêtrière. Ces analyses les ont conduits aux conclusions suivantes : " 1°. L'examen du sang de cinq malades atteints de scorbut n'a révélé aucun de ces caractères de dissolution décrits par les anciens, regardés par eux comme constants, et admis comme tels sans contestation. " L'augmentation de l'alcalinité de ce liquide, ou une proportion plus considérable des sels du sang, n'a pas été non plus constatée. » 1°. Le sang était notablement appauvri en globules et en albumine so- luble, et, par conséquent, plus riche en eau. Cet appauvrissement tient sans doute à la diminution très-sensible de l'appétit des malades et ne doit point être considéré comme la cause de l'affection scorbutique. Il est, toutefois, remarquable qu'avec cet état anémique tant caractérisé, il n'ait existé au- cune trace de bruit de souffle dans le système circulatoire. » 3°. La fibrine que l'on devait s'attendre à trouver diminuée , ou au moins modifiée dans ses propriétés, s'est présentée dans les proportions normales, ou sensiblement augmentée de quantité et avec les caractères qu'elle offre dans l'état de santé. " 4°' Enfin, la seule modification positive que l'on ait pu constater dans le sang a été une diminution très-considérable de la densité de ce liquide; ( logi ) diminution qui est loin d'être proportionnelle à l'abaissement du chiffre des matériaux solides du fluide sanguin. » Cet abaissement de la densité est-il le résultat d'une modification quel- conque, inconnue dans sa nature, des principes solides du sang? joue-t-il un rôle dans la production de la maladie, et est-il le point de départ des infil- trations sanguines? Nous l'ignorons, et nous nous bornons ici à signaler le fait sans l'interpréter. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les amides de la naphtalidame. (Note de M. Lesbos.) [Extrait. ] (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Balard.) " L'aniline n'est pas le seul alcaloïde organique qui , en perdant de 1 hy- drogène, puisse donner des combinaisons analogues à celles que l'on obtient avec l'ammoniaque. Je viens de m'assurer que la naphtalidame peut donner naissance à des amides, qui se forment dans des circonstances semblables à celles dans lesquelles se produisent les amides et les anilides. » Carbamide naphtalidamique C'*H"N*0 (i). — L'oxalate neutre de naphtalidame, soumis à la distillation sèche, fond d'abord en perdant de l'eau de cristallisation. Bientôt après, la masse fondue entre en effervescence, et il se dégage alors de l'eau et volumes égaux d'oxyde de carbone et d'acide carbonique, en même temps qu'il distille de la naphtalidame et une nou- velle substance à laquelle je donnerai le nom de carbamide naphtalidamique. La masse jaunâtre qui se trouve dans le récipient, bouillie longtemps avec de l'alcool, est ainsi privée de toute la naphtalidame dont elle était mélangée, et laisse la carbamide naphtalidamique à l'état de pureté. » La carbamide naphtalidamique se présente alors sous forme d'une masse légère, d'une grande blancheur et d'un aspect un peu soyeux. Elle n'est pas volatile sans décomposition ; elle distille à une température assez élevée, en même temps qu'une portion se décompose en se charbonnant. Elle est insoluble dans l'eau et extrêmement peu soluble dans l'alcool bouil- lant, qui la laisse déposer, par le refroidissement, sous forme d'une poudre composée d'aiguilles microscopiques. Les acides étendus et la potasse ne l'attaquent point. " Plusieurs analyses ont conduit à la formule C"H'«N'0. (i) Dans la notation de M. Gerhardt, — H=i, — C=:i2, — O = i6. 143. . ( loga ) , » Voici comment s'explique sa formation. L'oxalate neutre, étant C»0*H*+ 2(Ç"'H»N), donne C"H"N'0' = C" H'^N'O + H'0' + CO. Mais comme il se dégage en même temps de l'acide carbonique et de la uaphtalidame, par suite de la décomposition d'une partie de l'oxalate em- ployé ; pour expliquer la réaction dans tous ses détails , il faut prendre deux .proportions d'oxalate neutre de naphtalidame : 2C"H»N'0< = 2C"'H»N + C'H'^N'O + 3H'0 + 2CO -+- CO^ carb. napht. » Carbamide naphtalidamique sulfurée C H'* N* S. — L'espèce sulfurée de la carbamide naphtalidamique se produit par l'action directe du sulfure de carbone sur la naphtalidame. Lorsqu'on met du sulfure de carbone en contact avec une dissolution de naphtalidame dans l'alcool absolu, il se dépose, au bout d'un jour ou deux , une substance blanche cristalline, qui recouvre les parois du vase. Les eaux mères retiennent en dissolution de l'hydrosulfate de naphtalidame. » En employant des dissolutions très-étendues de naphtalidame et de sulfure de carbone dans l'alcool absolu, la carbamine naphtalidamique sul- furée se dépose en aiguilles blanches et très-brillantes. Elle est insoluble dans l'eau, l'alcool et le sulfure de carbone. » L'analyse a donné, pour la formule de ce produit, C*'H'*N'*S. Sa formation s'explique donc par l'équation suivante : aC'H'N + CS'= C H'^N'S + H'S. » Bouillie avec une dissolution alcoolique de potasse , le soufre est rem- placé par de l'oxygène , et la carbamide naphtalidamique est régénérée. En effet, e'H"N'S-i-H'0 = C"H'«N'0 + H'S. » L'acide oxalique donne, par la distillation, de l'acide oxalique mono- hydraté, de l'acide formique, de l'acide carbonique, de l'oxyde de carbone et de l'eau. Les oxalates neutres des alcalis organiques soumis à l'action de la chaleur donnent, soit des oxamides, soit des formiamides, soit des carbamides. >i Si nous représentons l'ammoniaque + H par Am, l'aniline + H par An , et la naphtalidame 4- H par Np, le tableau suivant expliquera la formation de toutes les amides dérivées des oxalates neutres, en employant la notation ( 1093 ) de M. Laurent, dans laquelle le signe — indique la quantité d'hydrogène qu'il faudrait ajouter à l'état d'eau pour régénérer le sel ammoniacal , ani- lique ou napbtalidamique : Acide monobasique. Genre formiate CO'HR Forraiate d'ammoniaque CO'HAm Formiamide CO H Am —2 Formanilide CO H An Acides bibasiques. Genre oxalate C'O'R' Oxalate d'ammoniaque C'O'Am' Oxamide C'OMAm')' Oxalate d'aniline C'0*An' Oxamilide C»0'(An')» Genre carbonate C'O'R' Carbonate d'ammoniaque CO^Am' Carbanilide C0( An') ' —2 Carbanilide sulfurée CS (An }' Carbamide naphtalidamique . . . CO(NP )' Carbamide naphtalidamique sul- furée es (Np')' » Des combinaisons analogues s'obtiendront probablement avec tous les alcalis azotés et non oxydés (quinoline, conine, nicotine, etc.). >i J'ai aussi obtenu de nouvelles combinaisons avec la naphtalidame et d'autres réactifs, tels que les chlorides, fluorides, etc. Leur description fera le sujet d'un travail particulier. » PHYSIQUE DU GLOBE. — De la couleur de l'eau des glaciers. ( Note de M. Ed. Gollohb transmise par M. Martms.) (Commission nommée pour un Mémoire de M. Durocher.) « J'ai eu l'occasion, à plusieurs reprises, de voir l'eau des torrents qui sortent des principaux glaciers de la Suisse. Des deux Grindelwald , du Ro- senlauï, de l'Aaar inférieure et supérieure, du glacier du Rhône, de celui de Viesch, d'Aletsch, de l'Hinter-Rhein, de la vallée de Saas et de la vallée de Chamonix. Nulle part, les eaux provenant immédiatement de la fonte de ces glaciers ne m'ont présenté une teinte bleue; je dis immédiatement, parce qu'il ne peut être question ici que de l'eau examinée à peu de distance de la voûte des glaciers : plus loin , lorsqu'elle a parcouru un long trajet , que les eaux de source s'y sont mêlées, et qu'elle a été rassemblée dans un bassin tranquille, dans un lac, ce n'est plus de l'eau de glacier, elle a subi ( '«94 ) des modifications profondes; sa constitution et sa couleur ne sont plus les mêmes. » En sortant du glacier, l'eau est toujours trouble et laiteuse; elle n'est jamais limpide, ainsi que MM. Agassiz et Ch. Martins l'ont déjà fait remar- quer; et, quant à sa couleur, elle est constamment d'un ton gris. Ce ton, bien connu des artistes observateurs, varie à l'infini; la gamme en est très- étendue : du gris-verdâtre au gris-bleuàtre, au gris-jaunâtre, il y a toute une échelle de nuances. La couleur de cette eau est soumise aux influences atmosphériques; par les temps de pluie, elle n'a pas le même ton que quand il fait beau. J'ai pu juger des variations de couleur qu'elle éprouve, en faisant une série d'observations régulières à la voûte terminale du glacier de l'Aar, en i845 et en 1846, pour des expériences de jaugeage. " Par le beau temps, vue en masse et à distance, elle avait une teinte grise, terne, opaque; elle tenait en suspension une grande quantité de par- ticules minérales. Par un temps de pluie, le gris virait au jaune ocreux; examinée dans un flacon ou dans un verre, la différence de ton disparaissait en partie. Tout cela s'explique si l'on veut bien prendre en considération l'origine de cette eau. Elle provient de quatre sources différentes: 1° de la glace; 2° des névés supérieurs ; 3° de la pluie; 4° de la condensation atmo- sphérique (l'eau des sources qui peuvent surgir sous le glacier est insigni- fiante). Avant d'arriver à la partie terminale, elle joue un rôle considérable dans l'économie du glacier. Par les canaux et les fissures capillaires, elle circule dans la masse entière et entraîne les corps qu'elle rencontre sur son passage. " Indépendamment des particules minérales dont on connaît l'origine, elle renferme encore en suspension une grande quantité de fragments orga- niques végétaux et animaux. Les mers de glace des hautes régions alpines sont habitées par une foule d'êtres organisés, encore peu connus. Ainsi MM. Gh. Vogt et Bassnitz, en se livrant à des recherches sur la neige rouge, fort abondante sur Us glaciers, recherches en partie inédites, ont reconnu, et j'ai pu moi-même vérifier le fait, sous le microscope, qu'indépendamment des sporules de proloccocus qui constituent la neige rouge, l'eau des glaciers contenait encore une variété très-grande de fragments de végétaux crypto- games non encore déterminés. Je ne doute pas que des recherches suivies n'amènent plus tard dans la science l'introduction d'une flore glacière. » Quant aux organismes animaux, M. Desor, le premier, a signalé l'existence des puces de glacier ( ZJe.yona glacialis). On en trouve sur toute l'étendue de la surface. Au glacier de l'Aar, il suffit de soulever la première ( logS ) pierre venue de la moraine médiane pour en découvrir des myriades ; ces petits insectes sont si nombreux dans leur loge de glace , qu'elle en con- tracte une teinte noire. Ces puces ne peuvent pas se nourrir d'eau distillée; il faut donc qu'elles aient recours à quelques débris organiques pour sub- venir à leur existence. Nous avons essayé de les fourrager avec des tiges et des spores de protococcus sans résultat bien concluant. Enfermées dans un bocal entouré d'un mélange réfrigèrent, elles ne résistent pas à une température de — i8 degrés centigrades. Ce froid les fait périr au bout de peu d'instants. " Ces faits doivent être présents à la mémoire des personnes qui ont eu occasion de séjourner sur les glaciers; ils donnent à penser qu'il y a là toule une organisation à étudier. Une série nombreuse d'êtres microscopiques appartenant au régne végétal et au règne animal vivent et prospèrent au sein des glaces, à i 5oo mètres au-dessus du niveau de la mer. » D'un autre côté, il n'en est pas moins constant, d'après les lois qui régissent le mouvement des glaciers , que leur masse entière finit par se renouveler au bout d'un certain nombre d'années, y compris les débris minéraux, végétaux et animaux qui sont à leur surface et dans leur intérieur; ils arrivent tous successivement au talus terminal, tous se retrouvent dans les eaux qui s'écoulent des voûtes inférieures : de là l'origine de leur extrême impureté et de la couleur grise, laiteuse, dépourvue de transparence, qui les caractérise. » GÉOLOGIE AGRICOLE. — Du rapport qui s'observe dans les vallées à plusieurs étages , entre la nature des terres et l'ancienneté relative des alluvions; par M. N. BouBÉE. (Extrait.) (Commissaires, MM. Elie de Beaumont, Boussingault, de Gasparin.) ■I Dans ce Mémoire, l'auteur s'est principalement occupé de la vallée de l'Ariége; mais il croit pouvoir étendre aux autres vallées cultivables les résultats de ses observations qu'il résume, quant à la question d'application, de la manière suivante : » Au point de vue de la géologie agricole, l'étude à laquelle nous nous sommes livré démontre que l'épuisement des terres, tel que les agriculteurs l'ont de tout temps admis et constaté, sans se l'expliquer il est vrai, mais que les savants ont souvent refusé d'admettre et ont classé parmi les erreurs et préjugés populaires, parce qu'ils ne pouvaient pas s'en rendre compte, est, dans beaucoup de cas, la cbose la plus simple et la plus positive. On voit, de plus : i°que cet épuisement tient surtout à la décomposition d'une ( '096 ) partie des matières minérales qui constituent le sol; 2° que pendant tout le temps que dure cette lente décomposition minérale, la végétation en retire une alimentation active et puissante ; 3° que lorsque cette décomposition est terminée, il ne reste dans le sol que des matières inertes, incapables de fournir aux plantes des éléments de nutrition , ce qui oblige alors le culti- vateur à donner à sa terre des engrais beaucoup plus abondants et plus complexes, jusqu'à ce que, par un amendement géologique convenable, il rende à cette terre les éléments naturels de son ancienne fécondité. » OPTIQUE. — Observations sur le Mémoire de M. Matthiessen ^ présente' à l'Académie dans la séance du ig mai dernier; par M. L.-L. Vallée. (Commission de M. Matthiessen.) « M. Matthiessenatrouvé, par une expérience, que la distance de la vision distincte augmente quand le point vu est successivement éclairé par des rayons rouges, oranges, jaunes, verts, etc. C'est ce que j'avais trouvé avant 1821 et que j'ai consigné dans un Mémoire à l'Académie, dans la Science du Dessin et dans la Théorie de l'œil {n°* 237-246). Une expérience de M. Lehot, publiée en 1828 , a confirmé ces faits. " On en conclut que le foyer est moins reculé dans l'œil à mesure qu'on éclaire le point rayonnant , successivement en rouge , en orangé , en jaune, etc.; c'est-à-dire que l'œil ne réunit pas, n'achromatise pas les rayons différemment colorés. Cependant l'œil est achromatique dans le véritable sens de ce mot , puisque les images qu'il donne ne sont pas irisées. Aussi M. Matthiessen est-il conduit à dire qu'il y a , en dehors de l'œil , des moyens par lesquels les foyers séparés donnent une sensation unique (page 876 des Comptes rendus). >' J'ai raisonné différemment et je me suis dit ( Théorie de l'œil , n° 245 ) que l'œil devait avoir en lui, et non en dehors de lui, les moyens de prévenir l'irisation des images; puis j'ai prouvé qu'en effet, si le corps vitré se compo- sait de couches de plus en plus denses, le cône assez obtus sortant du cris- tallin s'allongerait, en approchant de la rétine, de telle sorte que s'il deve- nait presque une ligne droite, les rayons violets et les rayons rouges venant d'un point rayonnant blanc seraient sensiblement réunis, puisqu'ils coïnci- deraient à peu près ensemble, suivant cette ligne. C'est un moyen d'achro- matisme auquel on n'avait pas songé, et qui sert à l'exphcation d'une infi- nité de faits. J'ai en conséquence nommé appareil acuteur celui qui serait constitué par le corps vitré ainsi composé, et M. Babinet, dans son Rapport ( I097 ) du 4 mai 1846 > en rendant justice à mon idée, l'a si bien appréciée, qu'il a aussi donné un nom, celui de cuspidateur, à l'appareil en question. » Mon idée supposant que les rayons sont infléchis dans le corps vitré , j'ai fait des expériences pour vérifier mon hypothèse. Les unes n'ont rien prouvé; d'autres, selon moi, ont positivement établi que l'humeur vitrée courbe les rayons , notamment celle du n° 673. Plusieurs faits viendront encore appuyer ce que j'ai tâché de rendre aussi clair que possible par les calculs et par les expériences. » Sur la demfmde de M. Vallée, quatre Mémoires imprimés sur la théorie de l'œil, qu'il adresse en même temps que cette Note, sont renvoyés, à titre de renseignements, à la Commission chargée d'examiner le travail de M. Matthiessen. • OPTIQUE. — Sur [emploi de l'éclairage oblique pour les objets observés au microscope. ( Note adressée par M. Chevallier à l'occasion des communica- tions i-écentes de MM. Nacbetet Oberhaeuser) [Extrait.] « .... L'éclairage obliquen'est pas une chose nouvelle, et le microscope de Dellebare, approuvé par l'Académie en 1793, ainsi que celui du célèbre Charles (de l'Institut), portent des miroirs que l'on peut, à volonté, placer en dehors de l'axe optique. J'ajouterai que M. Amici a, depuis plusieurs années, adopté ce genre d'éclairage* et que dans mon Manuel du micro- graphe (1839), page 1 13, j'ai indiqué les avantages de la lumière oblique, alors que plusieurs personnes ne voulaient observer qu'à l'aide d'un éclairage rigoureusement dans l'axe. » (Renvoi à 'a Commission chargée de rendre compte de l'appareil présenté par M. iVflcAef.) MÉDECINE. — Sur la coloration accidentelle de l'humeur vitrée chez l'homme et les animaux; par M. Garon du Villars. (Commissaires, MM. Roux, Rayer, Lallemand.) M. Caron du Villars, dans une Lettre adressée en même temps que son Mémoire, propose l'emploi de Véthérisation dans les Cas cChjdrophobie : ajoutant d'ailleurs qu'il n'a pas eu occasion d'essayer ce moyen , mais qu'il est porté à en attendre de bons résultats d'après ceux qu'a obtenus M. Pei::tusio, de Turin , dans les accès tétaniques. ■ .v ..i- ' V :î . • ,,;'».. >w C.R., 1847, i"Semej«re.(T.XXlV, IN<>2S.; l44 ( logS ) PHYSIQUE. — Nouvelles recherches sur là constitution moléculaire des corps; discussion des opinions soutenues par M. Laurent, relativement aux sili- cates; par M. Gaudin. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Regnault.) PHYSIQUE. — Recherches sur la dilatation et sur quelques autres propriétés physiques de l'acide sulfureux anhjdre et de l'éther sulfureux; par M. IsiDOBE Pierre. (Commission précédemment nommée.) MÉTÉoaOLOGiE. — Observations barométriques faites à Quito pendant les années i844) i845 et 1846; par M. Wisse. (Commissaires, MM. Duperrey, Boussingauit, Regnault.) MÉTÉOROLOGIE. — Observations météorologiques faites à P rivas pendant le mois de mai 1847; P^'^ ^- Fbaysse. (Commission précédemment nommée.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'un nouveau pétrisseur mécanique ; par M. Boland. (Commissaires, MM. Poncelet, Payen, Combes.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Figure et description d'une charrue mécanique ; par M. Louis Fadre. (Commissaires, MM. Boussingauit, de Gasparin, Morin.) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note concernant un mojren de prévenir le déraillement sur les chemins de fer;- par M. Crebessac-Vernet. (Commission des chemins de fer. ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Heurtoir à enrayage naturel, destiné à prévenir le déraillement des véhicules marchant sur les chemins de fer ; par M. Medinger. (Commission précédemment nommée.) M. Oftendiivger soumet au jugement de l'Académie deux Mémoires ayant pour titre : lun , Notions préalables et principes déduits de l'idée des alté ( 1099 ) rations des solides, des fluides et des mixtes; l'aulre, jéphorismes sur r existence et la réalité des altérations des solides, des fluides et des mixtes. (Commissaires, MM. Serres, Andral, Rayer.) M. Larroque père, auteur d'an Traité sur la fièvre typhoïde , présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, adresse, confor- mément à une disposition prise par l'Académie, relativement aux pièces de concours, une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. DucROs adresse un nouveau Mémoire concernant les phénomènes pré- sentés par un individu qu'il avait plongé dans le sommeil au moyen du courant électro-magnétique de l'appareil de Clarcke. (Commission nommée.) M. Lestoivive soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur ïéqui- libre des corps célestes. (Commissaires, MM. Cauchy, Mauvais.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de lInstruction publique transmet une Note de M. Au- TOURDES , sur la réforme du calendrier grégorien. M. Ârago est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. le Secrétaire perpétuel de l'Ac/vdéhie des Reaux-Arts annonce que cette Académie a désigné MM. Halévj et Cardfja comme membres de la Commission mixte qui sera chargée de faire un Rapport sur l'orgue expressif présenté à l'Académie des Sciences par M. Steii». PHYSIOLOGIE. — Nouvelle communication sur l'emploi des vapeurs éthérées ; par M. Roux. « Il y a longtemps que de nouveaux faits concernant l'éthérisation n'ont été ccimmuniqués à l'Académie. En voici deux qui me paraissent offrir quelque intérêt : ils sont relatifs à l'emploi de ce moyen sur des sujets qui avaient à subir l'opération de la taille. Comme les occasions de pratiquer cette opération sont rares maintenant, peut-être n'y a-l-il point encore en 144.. ( 1 I oo 1 d'expérimentation de ce genre dans les hôpitaux de Paris. En fût-il autre- ment, je n'en considérerais pas moins ce que j'ai observé comme étant de quelque valeur. Et, du reste , on pouvait à priori , et l'on peut , à bien plus forte raison maintenant, présumer que la taille , soit chez les enfants, soit chez les sujets adultes, est une des opérations pour lesquelles l'éthérisation peut être employée avec avantage. » Pour la première fois donc, il y a douze jours, j'y ai soumis un jeune homme de vingt-deux ans auquel je devais faire la taille périnéale , par la méthode latéralisée, pour un calcul que je présumais être mural, que j'avais estimé avoir le volume d'un petit œuf, et auquel la lithotritie n'était point applicable. C'était à l'Hôtel-Dieu ; notre confrère M. Dumas assistait à cette opération. Mes conjectures, quant à la composition, à la forme et à la grosseur du calcul, se sont trouvées confirmées; deux minutes avaient suffi pour amener le malade à un état de complète insensibilité. L'opération n'a pas été très-laborieuse, mais elle n'a pas non plus été très-simple, à cause de quelques difficultés que j'ai éprouvées pour saisir la pierre de la manière la plus convenable, et de quelques efforts qui ont été nécessaires pour l'extraction. Elle a duré de cinq à six minutes. Le patient a commencé à sortir du sommeil dans lequel il était plongé, au moment où la pierre franchissait l'ouverture faite aux téguments. Il ne croyait pas que l'opération fût pratiquée, et raconta que dans un rêve, qui lui avait paru long, il était dans un bâtiment et voyageait sur mer. Ce jeune homme n'a épi'ouvé aucun accident consécutif; et d'après l'état dans lequel je l'ai trouvé ce matin, sa vie me paraît assurée. » C'est il y a cinq jours seulement que j'ai fait une seconde lithotritie avec éthérisation. Les effets de l'éthérisation elle-même ont été, à peu de chose près, semblables aux précédents; l'opération a été terminée pareille- ment sans que le malade en ait eu la conscience. Mais ce qui donne à ce cas un intérêt tout particulier , c'est qu'au lieu d'avoir eu à extraire de la vessie un ou plusieurs calculs, j'en ai retiré une sonde de gomme élastique d'un gros calibre , altérée par l'effet de son long séjour dans cet organe ; corps étranger dont le malade ne soupçonnait pas la présence, et sur le mode d'introduction duquel il ne donne aucun renseignement. D'un autre côté, ce malade est un vieillard de quatre-vingts ans passés, bien constitué et d'une force encore remarquable pour son âge, mais dont la vessie avait été' irritée et fatiguée par des manœuvres de lithotritie, répétées jusqu'à près de cent fois, pour des calculs véritables, il y a douze ou quinze ans, et par des manœuvres plus récentes, inutilement entreprises pour extraire la sonde ( iioî ) élastique, qu'on croyait être un amas de matière calculeuse. Je ne sais pas s'il se relèvera de la demi-prostratiou dans laquelle il est tombé consécuti- vement à l'opération. » M. JoMARD, de l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, membre de la .Commission mixte chargée d'examiner un ouvraj^e de M. BoucnEu de Perthes sur l'industrie primitive , demande que l'Académie des Sciences, à laquelle cet ouvrage a été d'abord présenté, fasse savoir à l'auteur que l'ab- sence de figures représentant les objets indiqués dans son livre comme ap- partenant à l'industrie primitive, ne permet pas à la Commission de se pro- noncer sur la justesse des opinions qu'il a mises en avant. MÉTÉOROLOGIE. — Sur la variation diurne de l'intensité magnétique horizontale, à Bossekop (Laponie), pendant l'hiver de i838 à 1839; par MM. Lottin et A. Bravais. « Le 22 avril 1 844 » nous avons communiqué à l'Académie une Note relative, à la liaison lemarquable qui existe à Bossekop, entre l'état plus ou moins stable du magnétisme terrestre pendant une période de vingt- quatre heures, et l'amplitude de la variation diurne de la déchriaison pendant la même période. Nous ajoutions que la discussion de nos obser- vations d'intensité magnétique horizontale nous conduirait probablement à des résultats pareils à ceux que nous avait fournis la déclinaison. » Nous avons l'honneur défaire connaître à l'Académie quelle est, dans ce même lieu, la variation horaire de ce nouvel élément, entre deux midis consécutifs. » Nos observations ont embrassé trois périodes distinctes : l'une de dix- neuf jours, du 19 décembre i838 au 8 janvier 1839; la seconde de vingt- quatre jours, du 4 février an 6 mars 1839; la troisième comprenant vingt jours, non séparés par des interruptions, depuis le 16 mars jusqu'au 5 avril de la même année. Nous avons dédoublé chacune de ces trois séries en deux groupes numériquement égaux , l'un comprenant les journées calmes , magné- tiquement parlant , l'autre embrassant les journées à orages magnétiques , suivant la méthode déjà indiquée {Comptes rendus, tome XVJII, page 729). Nous avons calculé les courbes de variation diurne de l'intensité horizontale correspondant à chacun de ces groupes, pour chacune de ces trois séries. Les résultats obtenus sont sensiblement les mêmes pour les trois périodes. Nous nous bornons donc à rapporter ici les moyennes déduites des trois séries réunies, c'est-à-dire des soixante-sept jours d'observation. ( I I oa ) Fariation diurne de V intensité magnétique horizontale , à Bossehop. UEUBE. Temps moyen astronomique. INTENSITÉ HOniZOSTALE. BEURE. Temps moyen astronomique. > INTERSITÉ HORIZONTALE. Jours calmes. Jours pertiirl^s. Jours calmes. Jours perturbés. Midi 2>> 4 6 8 10 Minuit I ,0012 1,0028 i,oo36 I , oo5o . I ,0043 1 ,0008 0,9982 I ,oo3o I ,oo65 I ,0116 I ,0082 i ,0002 0,9890 0,9860 i4'' 16 18 20 22 Midi 0,9987 1 ,0000 I , 0024 I ,0020 t ,0010 I ,0012 0,9886 0,9934 0,9948 0,9995 0,9997 1 ,oo3o Moyennes. . I ,0017 0,9984 » L'unité est la valeur moyenne de l'intensité horizontale , à Bossekop. >> Les observations ont été faites sur une aiguille suspendue à deux fils non parallèles, et dont l'axe magnétique était perpendiculaire au méridien magnétique du lieu, suivant la méthode qui a été exposée par M. Gauss. Le pôle nord (pôle austral) de l'aiguille était dirigé vers l'ouest. On a appliqué aux nombres précédents les corrections nécessitées par les chan- gements de température de l'aiguille. » Les résultats obtenus sont extrêmement semblables à ceux que donne l'aiguille de déclinaison ; les intensités croissantes correspondent presque toujours à une marche croissante de la déclinaison, c est-à-dire à nn mou- vement du pôle nord vers l'ouest, et w/ce i^erra. » Les changements de la déclinaison étant considérés comme dus à la composante est-ouest de la force perturbatrice horizontale, les changements de l'intensité horizontale doivent être attribués à la composante nord-sud de la même force perturbatrice. Celte composante nord-sud, qui trouble l'intensité horizontale, est trois à quaire fois plus grande que la composante est-ouest qui fait varier la déclinaison. Ainsi il existe une direction , presque constante, suivant laquelle agissent les forces perturbatrices horizontales : cette direction court du N. 17° O. au S. 17° E. de la boussole. En outfe, cette ligne , que nous appelons \axe des perturbations horizontales , se rapproche d'autant plus du méridien magnétique, que les perturbations ont une valeur absolue plus considérable. En d'autres termes, la loi siîivant laquelle croissent les amplitudes des variations diurnes des deux éléments, ( iio3 ) à mesure que l'état magnétique des journées d'observation devient de plus en plus instable, procède plus rapidement pour l'intensité horizonlale que pour la déclinaison. « Si, dans la formation des moyennes horaires de l'intensité horizontale on rejette successivement les journées dont l'état magnétique a été le plus instable, pour ne conserver que les journées les plus calmes, la courbe de variation horaire se rapproche de plus en plus de la forme qu'elle affecte dans l'Europe tempérée : par exemple, d'après les observations faites par M. Lamont, à Munich, pendant les mois de janvier, février et mars des années 1842 et i843, l'intensité horizontale présenterait son maximum (1,00018) vers 18 heures (T. A.) , son minimum (0,99972) vers 23 heures, avec deux petits maxima peu marqués vers 2 heures et vers 8 heures, ce qui ne diffère pas beaucoup de la marche du même élément à Bossekop , lorsque les aiguilles sont très-peu agitées. « Les observations de la déclinaison nous ont déjà conduits à des résultats du même genre (voyez Foyage en Scandinavie , Magn. terrestre, toine I, page 509). Dans les journées très-calmes, la variation de la déclinaison à Bossekop offre beaucoup de ressemblance avec délie que l'on observe dans nos climats. » Il résulte de ce qui précède que la variation diurne des éléments magnétiques est un phénomène complexe, lequel dépend au moins de deux causes distinctes : l'une constante ou presque constante, qui étend son action sur toute l'Europe; l'autre, régulière dans les heures de ses maxima et minima , mais d'intensité éminemment variable d'un jour à l'autre , et dont le foyer paraît être situé dans les régions voisines du pôle magnétique boréal. » ASTRONOMIE. — Extrait dune Lettre de M. Hind à M. Paye. « Dans la séance du 19 avril 1847, M- Arago a entretenu l'Académie d'une observation importante faite par M. Hind à l'observatoire de M. Bishop. Les remarques de M. Arago ont engagé M. Hind à compléter sa première communication par les détails suivants, que les astronomes liront avec intérêt. » Le passage de la comète de M. Hind, près du soleil, le 3o mars de cette année, paraît avoir attiré l'attention des observateurs dans plusieurs établissements astronomiques de l'Europe; mais l'état de l'atmosphère n'a point favorisé leurs recherches. A Berlin, le ciel a été constamment couvert; à Altona, une averse de neige a fait échouer tous ces préparatifs; à Cam- ( iio4 ) bridge et à Cranbrook, où M. Dawes cherchait la comète avec une excel- lente lunette de Munich, de six pouces d'ouverture, le ciel était voilé d'une espèce de brume blanchâtre qui devait rendre toute tentative infructueuse. » Il en était de mênae à Paris et à Londres. Cependant, à Londres, il arrivait, par instants, que de gros nuages balayaient devant eux ces vapeurs légères dont les longues traînées recouvraient le ciel, et alors le ciel devenait momentanément d'une pureté admirable. Ce fut dans une de ces éclaircies que M. Hind découvrit enfin la comète, près du soleil, après vingt minutes de recherches inutiles. " Après avoir montré, dans la séance du 19 avril, tout le parti qu'on pouvait tirer de Tobservation de M. Hind pour l'étude de la constitution physique des comètes, M. Arago avait particulièrement insisté sur la phase que le noyau aurait dû présenter, en supposant ce noyau opaque et non lumi- neux par lui-même. Les calculs entrepris à ce sujet, par M. Yvon Villarceau, indiquaient, dans cette hypothèse, l'étendue approchée de ces phases à divers instants du jour. I^a question était ainsi nettement posée; la réponse de M. Hind n'est pas moins nette. " Ma profonde conviction, dit 1 astronome anglais, est qu'une appa- •' rence de cette nature n'aurait pu échapper à mon attention. Vers \^ 54" » (après-midi), à l'époque où la comète se voyait le plus nettement , je soup- » connai bien une légère altération dans la forme circulaire du noyau ; mais >' à II*" 10™, j'avais examiné la comète avec le même oculaire: la phase » calculée était alors plus, grande, elle devait être bien plus sensible, et » cependant je n'ai rien vu de semblable; le noyau m'a paru alors parfai- » tement rond , et les bords parfaitement définis. )' Les deux queues n'étaient pas toujours visibles , elles paraissaient épia- » ner de chaque côté du noyau, semblables à deux traînées de fumée.... » (M. Hind a joint à sa Lettre une représentation graphique de cette appa- rence ; ce dessin montre que la comète n'a pas changé essentiellement d'as- pect dans le voisinage du soleil; seulement la figure qu'on attribue géné- ralement à ces astres est plus nettement accusée dans ce dessin , et le noyau , beaucoup mieux défini, y paraît dépouillé de la partie antérieure de ses enveloppes gazeuses). « En définitive, si ma mémoire me sert bien, je » puis assurer qu'il n'y avait, dans ces apparences, rien qui ressemblât aux » phases déduites du calcul; et si même j'ai soupçonné par instants une i> altération quelconque dans la forme circulaire du noyau, cette altération « m'a paru varier de place et doit être, à mon avis, expliquée en grande « partie par l'état de l'atmosphère , ainsi que l'espèce de scintillation dont j'ai ( iio5 ) >' parlé dans ma Lettre précédente.... J'espèrç avoir satisfait, en donnant ces » détails, au désir exprimé par M. Ara^jo. » )' Il est à regretter cependant que M. Hind n'ait pas indiqué le pouvoir amplificatif de la lunette dont il s'est servi. ASTRONOMIE. — Eléments de la comète de M. Colla. ( Communiqués par M. Hind. ) Temps du passage au périhélie, mai i847 • • ■ • 30,42763 temps moyen de Greenwich. Longitude du périhélie i44" '8' i5",5 ) équinoxe moyen de Longitude du nœud ascendant 174° 18' 38" ,6 j 1847 > *'• Inclinaison 79° 3'25",9 Distance périhélie 2,11 2o38 Mouvement Rétrograde. ASTROISOMIE. — Note Sur la comète de M. Colla ; par M. Yvon Vularceau. « Le mouvement apparent de cette comète est très-lent; à cause de cela, il m'a paru convenable de faire concourir à la déterminalion des éléments approchés de son orbite, le plus grand nombre possible d'observations. » J'ai fait préalablement l'application de la méthode des moindres carrés à seize observations faites à Paris, Vienne, Padoue, Hambourg et Green- wich, du 1 3 au 23 mai; en suivant le procédé indiqué dans une communi- cation présentée à l'Académie à propos de la grande comète de i843. Puis, eu m'aidant d'une construction géométrique fort commode, due à M. Binet, j'ai trouvé deux systèmes d'éléments qui satisfont à peu près également bien à l'ensemble des observations. .,;.. -, ■ ' . » Ces deux systèmes sont : . 1°. Passage au périhélie , mai 1847 21, 845 85 temps moyen de Paris. Longitude du nœud ascendant i74''26' 17",8 ^ rapportées à l'équinoxe Longitude du périhélie 200° 89' 7", 3 ) moyen de o mai 1847. Inclinaison ioi°4o'46")i Distance périhélie 2, 1 3 1 287 Excentricité i ,08947 » Le sens du mouvement héliocentrique est rétrograde , ainsi que l'in- dique suffisamment l'inclinaison. » Les erreurs moyennes que ces éléments laissent subsister sont comprises entre — 39" et -+■ 4o" pour les longitudes; celles relatives aux latitudes varient de — 10" à + 9". , , 0. R., 1847, i"Semej(re. (T. XXIV, N» 28.) l"45 ( iio6 ) 2». Longitude moyenne le o mai 1847, t. m. de Paris. 243» 18' ^6", g \ rapportées à Longitude du nœud ascendant 184° 3' 2",o > l'équinoxe moyen Longitude du périhélie 35i° i3' 47"j4 ' 'J" o mai. Inclinaison 39° 32' 55", 2 Demi-grand axe o ,919774 Excentricité 0,5547X9 Sens du mouvement héliocentrique Direct. On en déduit: Moyen mouvement héliocentrique diurne i»7' 2",4 Distance périhélie o,4og539 Durée de la révolution sidérale 322 •> , 195 )' Voici le résultat de la comparaison des positions calculées au moyen de ces éléments, avec trois observations : LIEU. PADOCE. VIENNE. GREENWICU. Époque de l'observation Excès j en ascension droite. . . . du calcul ( en déclinaison i3 mai -27" — 3 18 mai 0" + 25 23 mai -h 25" + 1 >> Ces deux systèmes d'éléments n'ont reçu aucune correction. On peut présumer que des corrections convenables les amèneraient l'un et l'autre à représenter plus exactement les observations; mais le peu d'étendue de l'arc observé ne permet guère de se prononcer actuellement entre eux. » La faible différence entre l'excentricité dans le premier système et l'unité rangerait la nouvelle comète dans la catégorie des comètes à orbites sensiblement paraboliques : des considérations tirées de son faible éclat comparé aux distances très-différentes dans les deux orbites, militeraient en faveur de la première solution. » Quant à la seconde, on ne pourrait arguer de la cburte période de ré- volution , que la comète devrait avoir été déjà observée plusieurs fois. En effet , en vertu de la faible différence entre les moyens mouvements de la comète et de la terre , ces deux astres , une fois arrivés dans le voisinage l'un de l'autre, circulent longtemps sans s'éloigner beaucoup ; mais, lorsqu'ils ont commencé à s'écarter, ils vont en s'écartant de plus en plus, pour ne se rap- procher qu'après un temps d'autant plus grand , que la différence des moyens mouvements est plus petite. ( II07 ) » Mais, en supposant un instant que cette seconde soltition soit la vraie, on aura lieu de s'étonner que la fausse orbite correspondante ait , à très- peu près, pour excentricité , celle qui convient au plus fjrand nombre des comètes connues , et non point toute autre valeur beaucoup plus différente de l'unité. Si l'on regarde une semblable coïncidence comme peu probable , on sera porté à trouver en cela même une nouvelle probabilité en faveur de ta première solution. Remarquons toutefois que nous n'aurions pas pu envi- sager ce point de vue de la question, si nous n'avions point déduit des ob- servations une valeur approchée de l'excentricité, au lieu de la supposer, à priori, égale à l'unité, selon le mode généralement pratiqué. " Des observations plus éloignées permettront peut-être de décider laquelle des deux orbites est la vraie, et d'apporter à cette orbite des corrections qu'il serait superflu de tenter en s'appuyant sur les seules observations ci- dessus mentionnées. ') Ne pouvant choisir actuellement entré les deux solutions, nous nous abstiendrons d'examiner les circonstances pleines d'intérêt qui se rapporte- raient à la seconde solution. " P. S. .J'ai appris que M. Laugier, de son côté , était parvenu à recon- naître la possibilité de satisfaire aux observations par deux orbites dissem- blables. » PHYSIQUE. — Rapport entre les propriétés optiques et les propriétés magné- tiques de certains cristaux. (Lettre de M. Plucker à M. j^rago.) « En répétant les expériences de M. Faraday sur l'état magnétique et dia- magnétique des corps , je suis parvenu, de mon côté, à beaucoup de résultats nouveaux. Je prends la liberté de vous communiquer quelques-unes de mes expériences, en choisissant celles qui, montrant des rapports entre la direc- tion des axes optiques des cristaux et celle des courants électriques, éta- blissent un rapprochement entre la lumière et le magnétisme. » I. Si l'on suspend une plaque de tourmaline telle que M. Soleil en fournit pour les appareils de polarisation, à un fil de cocon entre les deux pôles d'un électro-aimant, on observera les faits suivants : " 1°. Si le fil de cocon coïncide avec l'axe du crislal, celui-ci se placera comme le ferait une masse de fer de même forme , c'est-à-dire de manière que la plus grande dimension coïncide avec la ligne qui joint les deux pôles de l'aimant. >' a°. Si le fil de cocon est perpendiculaire à l'axe du cristal (ce qui ré- î45.. ( iio8 ) pond à un double mode de suspension) , la force magnétique, provenant du fer contenu dans la substance, sera surmontée, et le cristal prendra une position telle, que son axe soit perpendiculaire à la ligne des pôles. » II. Si l'on suspend un cristal naturel de tourmaline d'une certaine lon- gueur (j'en ai pris un, entre autres , qui sur 4o millimètres de longueur avait une épaisseur de 4 millimètres) de manière qu'il puisse osciller librement entre les deux pôles rapprochés autant que possible, il se placera, avec sa lon- gueur, dans la ligne des pôles. Mais si l'on éloigne les pôles, ou bien si l'on allonge ou raccourcit le fil de suspension , de sorte que le cristal oscille dans un plan horizontal qui s'éloigne de la ligne joignant les deux pôles de l'aimant, la tourmaline fera un quart de révolution , de manière que , dans la position nouvelle, son axe devienne perpendiculaire à la ligne des pôles. Il y a une distance intermédiaire où la tourmaline n'est pas affectée par l'aimant. » III. Le spath d'Islande est un corps diamagnétique , repoussé par chacun des deux pôles de l'aimant. Si l'on en taille une plaque, perpendiculaire à l'axe, comme pour les expériences d'optique , et qu'on la suspende entre les deux pôles , elle s'y placera, comme tout corps diamagnétique, de manière que sa plus petite dimension, c'est-à-dire son axe, coïncide avec la ligne des pôles. En éloignant le plan d'oscillation de la ligne des pôles, la plaque, surmon- tant la force diamagnétique de la matière, se placera perpendiculairement à la ligne des pôles. A une certaine distance la plaque est indifférente. " IV. J'ai pris une topaze de Brésil taillée de sorte que deux de ses faces sont perpendiculaires à l'un de ses axes, et deux autres faces à l'autre axe; voici ce que j'ai observé : " 1°. En la suspendant entre les deux pôles de l'aimant, de manière à ce qu'elle puisse tourner librement autour d'une ligne quelconque, située dans te plan des deux axes, la topaze se place de telle sorte que ce plan devient perpendiculaire à la ligne des pôles. » a". Si, au contraire, le fil de suspension est perpendiculaire au plan des deux axes, la topaze se place de manière que la ligne intermédiaire entre les deux axes est perpendiculaire à la ligne des pôles. " V. Une feuille de mica oscillant horizontalement se placera comme la topaze dans la première expérience. " Dans les dernières expériences IV, i°, 2° et V, la topaze et le mica ont dû vaincre respectivement les forces diamagnétique et magnétique de la ma- tière. " J'ai conclu des expériences précédentes et d'un grand nombre d'autres, la loi suivante : ( "09 ) » Si Von porte un cristal quelconque à un seul axe entre les deux pôles d'un aimant, l'axe du cristal est repoussé par les pôles. Si le cristal est à deux axes , la répulsion a lieu, avec la même force , sur chacun des deux axes. » La force nouvelle émanant des pôles est indépendante de l'état magné- tique ou diamagnétique des cristaux. D'après la forme extérieure de ces cris- taux , la force magnétique ou diamagnétique augmente ou diminue la force nouvelle exercée sur les axes. Cette dernière force l'a emporté sur les autres dans tous les cristaux que j'ai examinés, du moins après l'éloignement des pôles. J'en conclus que lajhrce nouvelle diminue moins vitequand la distance change, que les forces magnétique et diamagnétique. » J'ai opéré sur des cristaux de poids très-différents, les uns d'une fraction de gramme seulement, les autres de plusieurs centaines de grammes; la loi empirique s'est confirmée partout. J'ai examiné un grand nombre de cristaux, surtout à un seul axe optique, et j'en ai trouvé seulement trois dont le magnétisme ne permettait pas la manifestation de l'action de l'électro-aimant sur l'axe, et encore ces cristaux possédaient-ils, tous les trois, une polarité magnétique permanente. » J'ai fait toutes mes expériences avec un grand électro-aimant en me servant de 3 ou 4 petits éléments de Grove. Quant aux premières expé- riences, on réussit très-bien avec un seul élément. M. Vom Kolke, qui m'a assisté avec habileté dans mes expériences, vient même, sur ma demande, de les répéter avec un aimant ordinaire. » -'• GÉOLOGIE. — Nouveaux renseignements sur les couches traversées par la sonde dans le forage du puits artésien de Naples. (Extrait d'une Note de M. Cangiano.) ■> On est arrivé à une profondeur de i38 mètres. » A 124 mètres de profondeur, on a trouvé le terme du tuf gris de Sorrento, et l'on a rencontré, au-dessous, une couche de sable rempli de coquilles marines de l'époque tertiaire. A la suite de cela, l'eau, qui était dans le trou, s'est élevée et se trouve maintenant à i4 mètres au-dessous du sol. » A présent, on creuse une marne argilaire , contenant des mica argentés et des coquilles; on espère rencontrer l'eau au terme de cette marne, sur l'argile bleue qui doit être au-dessous, ou bien entre l'argile bleue et le calcaire, » ( l'io ) MÉDECINE. — EJJets des vapeurs d'éther administrées par le rectum. M. PiROGOFF, dans une Lettre qui accompagne l'envoi de son livre sur rétliérisation par le rectum , annonce que depuis la publication de cet ouvrage, il a eu l'occasion d'appliquer sa méthode avec un plein succès dans les cas suivants : « 1°. Deux fois, dans l'extirpation partielle de la mâchoire supérieure : les opérés, dans l'état d'assoupissement parfait , se débarrassèrent très- facilement du sang et des glaires accumulés pendant l'opération dans la bouche et dans le gosier ; >' 2°. Trois fois dans l'opération de la pupille artificielle , et deux fois dans l'opération du strabisme ; l'opération dans tous ces cas fut rendue plus facile par l'immobilité de 1 œil : dans un des cas, l'œil tourné en haut fut accroché à travers la conjonctive et rabaissé ; I) 3°. Une fois dans la rhinoplastie : l'opéré, jeune homme de dix-sept ans, fut assoupi par a onces de vapeurs d'éther introduites par le rectum ; l'assoupissement se prolongea pendant trois quarts d'heure, temps que dura l'opération ; '< 4°- Une fois dans l'extirpation du second et troisième os métacarpien ; et, enfin, une fois dans une opération de la taille. " Dans tous ces cas, la réaction fébrile et nerveuse après l'opération n a pas été plus forte qu'ordinairement, et l'assoupissement s'est déclaré sans excitation précédente; mais dans un cas, après que la malade fut revenue de l'assoupissement, elle fut fortement agitée et se démena tout à fait comme dans un état d'ivresse, pendant une demi -heure comptée depuis la terminaison de l'opération. » PHYSIQUE. — Observations Jattes sur un des miroirs chinois dits miroirs magiques. (Lettre de M. Person. ) « M. Piou , officier de la Marine royale , m'ayant confié un miroir magique chinois, j'ai reconnu que les figures du revers étaient visibles dans l'image réfléchie au soleil, par la raison que la surface réfléchissante était plane vis-à- vis ces figures, et convexe vis-à-vis le reste. Les rayons réfléchis sur les parties convexes divergent etne donnent qu'une image affaiblie ; au contraire, les rayons réfléchis sur les parties planes gardent leur parallélisme et don- nent une image dont l'intensité tranche sur le reste. >' J ai vérifié cette forme de la surface variable d un point à l'autre, en la ( IIII ) couvrant d'un papier percé d'un trou d'un centimètre environ ; si le trou répond à un des reliefs du revers, le faisceau réfléchi reste étroit et intense : ailleurs il donne une image étalée qui s'affaiblit rapidement quand la dis- tance augmente. » On imite cette disposition en soudant une bande étroite de fer- blanc derrière une plaque pour daguerréotype, à peu près plane et brunie : si on l'expose au soleil, rien ne décèle d'abord l'épaississement ou relief qui est derrière; mais si on la courbe un tant soit peu, une ligne lumineuse se manifeste dans l'image : il est facile de s'assurer que cette ligne répond à la bandelette soudée derrière, laquelle , par son épaisseur, s'oppose à la cour- bure dans certains points de la surface. » Il est clair que si les miroirs chinois , dont on a parlé dans la séance dernière, sont plans, l'explication que je viens de donner ne s'applique pas; mais elle me parait certaine pour le miroir que j'ai eu à ma disposition. » STATIQUE. — Théorème de statique; par M. E. Catalan. « Pour que quatre forces P, Q , S , T, situées ou non situées dans un mêma plan, mais non appliquées en un même point, se fassent équilibre, il fout et il suffit : " 1°. Que deux de ces forces, par exemple les forces P e< Q , soient re- présentées en grandeur et en direction par les deux côtés opposés AB , CD d'un quadrilatère ; » 2°. Que les deux autres forces S et T soient représentées par des droites respectivement égales et parallèles aux deux autres côtés AD , BC de ce quadrilatère; » 3°. Que les directions de ces deux dernières forces rencontrent les côtés BG, AD en des points E, F tels que l'on ait BE _ DF cl "~ ÂF' " 4°- Enfin, que les forces P ei Q agissent en sens contraires , et qu'il en soit de même pour les forces S , T. » M. ScARPELLiNi adresse le prospectus d'un journal scientifique hebdoma- daire qui va se publier à Rome, sous le titre de Correspondenza scientifica, pour lequel il sollicite le concours des savants français. ( II12 ) M. Anquetil , auteur d'une Note précédemment présentée, sur la cause des mouvements de l'aiguille aimantée, prie l'Acadéniie de hâter Je travail de la Commission à l'examen de laquelle cette Note a été renvoyée. L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés par M. PouMARÈDE et par M. Jodiiv. La séance est levée à 5 heures. A. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 7 juin 1847, '^^ ouvrages dont voici les titres : Précis de Cristallographie , suivi d une Méthode simple d'analyse au chalu- meau; par M. h AVnKNT. Paris, 1847; brochure in- 12. Sur la Formation des alcaloïdes artificiels; par M. KOPP; brochure in-S". Recherches sur le Sulfate chromatique ; par le même ; brochure in-8''. Encyclopédie Roret. — Allumettes chimiques, Poudre-Coton , Amorces fulmi- nantes; I vol. in- 18. Annales de la Société royale d' Horticulture de Paris; mai 1 847 ; in-8°. Annales de Thérapeutique médicale et chirurgicale et de Toxicologie; juin 1847; in-8". Journal de Pharmacie et de Chimie ; juin 1847 ; in-S". Journal de Médecine, Chirurgie, Pharmacie et Médecine vétérinaire de la Cole-d'Or; a* année ; mai 1847; in-8''. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; juin 1847; in-8^ Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; mai 1847; in-8. Bibliothèque universelle de Genève, et Archives des Sciences physiques et na- turelles; i5 mai; in-8°. Gelehrte anzeigen. . . Nouvelles scientifiques publiées par les membres de l'Académie des Sciences de Bavière; volumes XVI à XXIII, année i843 à année 1846 inclus. Munich, in-4°. Bulletin... Bulletin de l' Académie rojale des Sciences de Çavière; i'* année (1846), n"' I à 77, 1846, et année 1847, °^ ^ ^ 1- Munich, in-4^ Abhandlungen . . . Mémoires de la Classe des Sciences physiques et mathéma- tiques de l'Académie royale des Sciences de Bavière; 4® volume, 3* partie. Munich, 1846; in-4°. (.ii3) Âbhandiungen. . . Mémoires de la Classe des Sciences philosophiques et phi- lologiques de l'académie royale des Sciences de Bavière; 4* volume, 3* partie. Munich, 1846; iu-4°. Abhandlungen. . . Mémoires de la Classe d'Histoire de l'Académie rojale des Sciences de Bavière ; 4^ volume, 3* livraison. Munich, 1846; in-4°. Ueber das... Sur l'Elude des Antiquités grecques et romaines. — Essai présenté en commémoration du 87* anniversaire de la fondation de l'Académie de Munich; par M. E. Von Lasaulx. Munich, 1846 ; in-4°. Die ueberbleibsel . . . Bestes de l'ancienne race égyptienne. — Mémoire lu à la séance publique de l'Académie rojale des Scieriçes de Bavière; par M. F. Pruner. Munich , 1 846 ; in-4°. . Ueber die. . • Sur les Ordalies chez les Germains, considérées dans leur rap- port avec leur religion. — Discours prononcé en commémoration du 88* anni- versaire de la fondation de l'Académie royale des Sciences de Bavière; par M. G. Philipps. Munich, 1847; in-4°- Almanacb. . . Annuaire de l'Académie royale des Sciences de Bavière, pour l'année iS^"]. Munich, 1847; 'n-12. Trigonometrische . . . Mesures trigonométriques faites dans les Etats ponti- ficaux et en Toscane; par M. J. MarCENI , ingénieur, sous la direction de l'Institut impérial des ingénieurs géographes, pendant les années i84i, 1842 et 1843. Vienne, 1846; in-4°. Annuario. . . Annuaire de l'Observatoire royal de Palerme, pour l'année 18^^. Païenne, 1846; in-i6. (Présenté par M. Le Verrier.) • Gazette médicale de Paris; n° a3, et Table des matières de l'année 1846. Gazette des Hôpitaux ; n°' 64 à 66. ^' L'Union agricole ;n'^ i55. li' Académie a reçu, dans la séance du i4 juin 1847, ^^* ouvrages dont voici les titres : Carte phjsique de la France et des pays voisins; par M. le baron Walke- NAER. Paris, i847- Traité de la Fièvre typhoïde; par M. DE Larroque; 2 volumes in-8<*. Paris, iS47- Bèglement de la Société Fraternelle des Protes des Imprimeries typographiques de Paris, autorisée par une décision de M. le Ministre de l'Intérieur, en date du 1 7 mai 1847, époque de sa fondation; brochure in-8'*. ' ^ u^-id"' /s >: ;•' '^ ' C. H., i847,i"Semei 'D*8°. (Cet ouvrage est adressé pour le con- cours Montyon.) Journal des Connaissances médico-chirurgicales; juin 1847 > '""S"- Bulletin de la Classe physico-mathématique de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, tome V, n"' 21 à a/j, et tome VI, n"' i à 8; in-8". Astronomische . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher ; n" 600 , in-4". Abhandlungen. . . Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Bohême ; 5^ série, vol. l à IV. Prague, 1841 à 1847; '"-4°- Cimento. . . Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle, publié par MM. Matteucci , MossoTTi , Pacinotti, Pilla, Piria, Paul Sa vi et Pierre Savi; 4« année; i846. Pise, in-S". Storia. . . Histoire de la Médecine, depuis son origine jusqu'à nos jours, et spécialement Histoire de la Médecine en Italie; par M. P. Manfré; partie i''*. Naples, i844; 10-8". Raccolta scientifica. . . Recueil scientifique des Sciences physiques et mathé- matiques; 3* année, n°2; i'"'juin 1847- ï^onie, in-8°. Gazette médicale de Paris; 17" année, n" 24; in-4*'- Gazette de:, Hôpitaux ; n°' 67 à 69; in-folio. L'Union agricole; n° i56. L'Académie a reçu, dans la séance', du 21 juin 1847, '^* ouvrages dont voici les titres : *'• Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences, I " semestre 1 847, n" 24 ; in-4''- Traité d'Artillerie théorique et pratique. — Partie théorique et expérimentale. — Propriétés et effets de la poudre; par G. Piobért; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; juin 1 847 ; in-8''. ' Société royale et centrale d'Agriculture. — Bulletin des séances, Compte rendu mensuel rédigé par M. Païen; 2* série, t. III, n" 2 ; in-8*'. Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot e/ Poiré; Sa* année, 3* série; mai 1847; 'n-S". Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres et des (11,5) Jrls, etc.; nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT, soUs la direction dt M. li. Renier; 97® el 98* livraison; in-8°. Voyage géologique aux Antilles , aux îles de Ténériffe et de Fôgo ,î par M. Sainte-Glaire Deville ; ;)u6/i^ sous les auspices de M. le baron DE Mackau ; 1" livraison; in-'4°- Notice nécrologique sur M. Brochant de Villiers; par M. MiGNERON ; bro- chure in-8°. (Présentée par M. rfe ^onnor^/.) Note sur le Problème des Tautochrones ; par M. Bertrand ; i feuille in-/|*. Dictionnaire universel d'Histoire naturelle; par M. d'OrbigNY ; livraisons io5 et 106; in-8°. Académie des Sciences, Lettres et Arts de Montpellier; Mémoires de la Section des Sciences, année 1847; Jn-8°. Théorie de l'OEil; par M. Vallée; livraisons là 4; iû-S". Atlas général des Phares et Fanaux, à l'usage des Navigateurs; par M. CouLlER, publié sous les auspices de S. A. R. Monseigneur le Prince DE JoiNViLLE; Suède. Paris, 1847; in-4°- Système de Géologie et Origine des comètes, ou très-court résumé du 2* volume de l'Atmosphérologie; par M. BEnON-jin-S". Notice sur la Balistique; Balle carabinée pour fusil lisse; par M. A. MpREL; I feuille in-8*'. Essai sur la cause de la Maladie des Pommes de terre; par M. Le Mesl • I feuille in-4''. Notice sur l'île de Sein; par M. le baron de la Pylaie; ^ feuille in-S". Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; juin 1847; 'Q'^". Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; n° 97 ; in-8''. Revue médico-chirurgicale de Paris {Journal de Médecine et Journal de Chi- rurgie réunis) , sous la direction de M. Malgaigne; i'* année, juin 1847; in-8''. La Clinique vétérinaire ; mai et juin 1847 ? •'^•8"- Recueil de la Société Polytechnique; avril 1847; io-S". L'Abeille médicale ; ynm 1847; in-8''. Quelques Recherches sur l'arc voltdique; par M. de la Rive ; broch. in-8". Recherches pratiques et physiologiques sur l'Ethérisatiqn; par M. Pirogoff. Saint-Pétersbourg; in-8''. Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n" 601; in-4». Annuario. . . Annuaire de l'Observatoire royal de Palerme, pour l'année 1847. Palefme; in-ia. ( iii6) Pensieri . . . Pensées sur l'Jction des Remèdes; par M. A. LoNGO. Palerme ^ 1 1 feuille in-8°. Sulla Temperatura . . , Sur la Température atmosphérique observée à Parme ; par M. Colla. (Extrait de la Raccolta jisico-chimico italiana.) ln-8° . Cenno . . . Essai sur les huit Comètes télescopiques qui se sont montrées en 1846; p'ar M. A. Colla, directeur de l'Observatoire de l'Université de Parme. (Extrait du même recueil; 1847.) In-8°- Sulle Minière... Sur les Mines des environs de Massa- Mariltima; par M. Paul Savi. Pise, j847 ; in-8°. Giornale. . . Journal botanique italien, publié par la réunion des Membres de la Section de Botanique des Congrès scientifiques italiens; publié sous la direc- tion de M. Parlatore; fasciculi i et6. Florence, 1847 5 ^^■^''■ Gazette médicale de Paris; n° aS ; in-4°. Gazette des Hôpitaux; n°' 70 à 72 ; iq-folio. L'Union agricole; n° 157. ERRATA. (Séance du i4 juin 1847.) Page 1026, ligne 12, au lieu de pour, lisez par. Page 1028, ligne 17, au lieu de 0i,&iB.tje^+i, lisez 6*9/= R*,/ 6*+/. Page 1028, ligne 25, au lieu de f(p'~), lisez f(p~'). Page 1029, ligne 25, au lieu de (— t) ^ , lisez ( — i) Page !o3o, ligne ^, au lieu de =, lisez à. 2 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. »(»»«-^ SÉANCE DU r.UNDI 28 JUIN lt:47. PRÉSIDENCE DE M. ADOLPHE BRONGNIART. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. THÉORIE DES NOMBRES. — Mémoire sur les facteurs modulaires des Jonctions entières d'une ou de plusieurs variables; par- M. Augustin Cauchy. « Les formules que l'on désigne en algèbre sous le nom d équations se trouvent remplacées, dans la théorie des nombres, par ce qu'on a nommé des équivalences ou des congruences relatives à un module donné. On sait que le nombre des racines réelles d'une équation ne peut surpasser son degré, et l'on peut en dire autant du nombre des racines réelles d'une équivalence, lorsque le module est un nombre premier. On sait encore que le premier mem- bre d'une équation algébrique à coefficients réels est toujours décomposable en facteurs réels du premier ou du second degré, dans le cas même où cette équation n'offre pas de racines réelles, et que cette décomposition , quand le nombre des facteurs est le plus grand possible , ne peut s'effectuer que d'une seule manière. Il importait de voir s'il existait des propositions analogues pour les premiers membres des équivalences algébriques, dont, jusqu'à ce jour , on a cessé généralement de s'occuper, quand leurs racines réelles venaient à disparaître. Telle est la question que j'ai voulu approfondir, et que je suis effectivement parvenu à résoudre , comme on le verra dans le présent Mémoire. Je me bornerai , dans cet article , à indiquer sommaire- C. R., 1847, i" Semeure. (T. XXIV, N'aS.) 1^7 ( "i8 ) ment les principaux résultats de mes recherches, !e Mémoire devant être prochainement publié dans mes Exercices d'Analyse et de Physique mathé- matique. « Soient x , y, z... diverses variables et n un module entier quelconque. Deux fonctions entières de x,y,z...., à coefficients entiers seront dites équivalentes entre elles, suivant le module n, lorsque, pour des valeurs entières quelconques de x,y, z..,,la différence de ces deux fonctions sera divisible par n. Lorsqu'une fonction sera équivalente au produit de plusieurs autres, chacune de ces dernières sera ce que j'appellerai un diviseur ou facteur modulaire de la première. Un facteur modulaire sera irréductible lorsqu'il ne pourra être décomposé en facteurs du même genre. Considérons en particulier une fonction i{x) de la seule variable x, cette fonction étant toujours entière et à coefficients entiers. Si le module n est un nombre premier, alors, d'après un théorème connu de Fermât, on aura pour une valeur entière quelconque de x , (i) x"^x (mod. n); et, par suite , dans une équivalence de la forme (2) f (x) ^ o , le degré du premier membre pourra toujours être abaissé au-dessous de n. Cet abaissement étant effectué, le nombre des racines réelles de l'équi- valence (a) ne pourra surpasser le degré de cette équivalence. Donc l'équi- valence ne pourra subsister pour une valeur entière quelconque àe x , et une fonction i{x), d'un degré inférieur an, ne pourra être équivalente à zéro, qu'autant que chacun des coefficients compris dans f{x) sera équivalent à zéro, c'est-à-dire divisible par n. » Si le module n cesse d'être un nombre premier, en sorte qu'on ait (3) n = p^q'^..., p, q, - . . , désignant les facteurs premiers de «; si d'ailleurs on nomme iV l'indicateur maximum correspondant au module n, tout nombre entier x premier à n vérifiera la foi'mule (4) . j:^ = i (mod.«). Par suite, si l'on nomme w le plus grand des exposants X, |x,..., un nombre entier quelconque x vérifiera la formule (5) x'^-^'^^x (mod. n). ( ii'9 ) Donc alors, dans l'équivalence (2), le degré de {[x) pourra toujours être abaissé au-dessous de la limite iV 4- co, qui, elle-même, est inférieure au module n. » Revenons maintenant au cas oîi le module n est un nombre premier, le déféré de f (ar) étant, comme on peut le supposer, inférieur à n. Alors, en s'aidant de quelques formules établies dans le premier volume des Exercices de Mathématiques , page 1 60 , on arrive aux propositions suivantes : . -, >' i*"' Théorème. Le module n étant un nombre premier, une fonction de f(a:) à coefficients entiers ne peut être décomposée que d'une seule ma- nière en facteurs modulaires irréductibles, dans chacun desquels le coeffi- cient de la plus haute puissance de x peut être supposé réduit à l'unité. » of Théorème. Les mêmes choses étant posées que dans le théorème pré- cédent, concevons que la fonction i{x) soit équivalente au produit de plu- sieurs facteurs modulaires (f{x),.y^{x), '^{^)i ••■■> ^n sorte qu'on ait (6) f (•«)= ? (J?) X W ^ W - (™od. n). Si l'on désigne par rs[x) un facteur modulaire irréductible, ce dernier ne pourra diviser i(x) sans diviser l'un des facteurs (f{x), ^ {x), i>(ar), .... » 3® Théorème. Les mêmes choses étant posées que dans les théorèmes précédents, nommons les racines réelles ou imaginaires de l'équation algébrique (7) V!{X) = 0, qu'on obtient en égalant à zéro le facteur modulaire et irréductible, repré- senté par le facteur ts [x). La fonction {{x) sera ou ne sera pas divisible par zs(x), suivant que la condition (8) f(a)f(S)f(7)... = o (mod.n) sera ou ne sera pas satisfaite. » 4* Théorème. Tout commun diviseur modulaire de deux fonctions entières f (Jc), P{x) divise nécessairement leur plus grand commun diviseur. » Pour montrer une apphcation de ces principes, supposons n = 19, et i [x) = x^ — t. 147.. ( II20 ) Pnisqu'en prenant pour x un nombre entier quelconque, on aura x^'* — x^o (mod. />), et que le plus grand commun diviseur modulaire des deux binômes j:" — X ^ x'" — \ sera leur plus grand commun diviseur algébrique x — i ; l'équivalence ■r' — I ^o n'aura qu'une seule racine réelle, savoir, l'unité; et la fonction X ' — I = (x — I ) (jc* + j:^ -I- j: ° + X + i) n'aura qu'un seul diviseur linéaire du premier degré, savoir, x — \. Donc , en vertu du théorème i*'', le facteur modulaire x" -^ x"^ + x"^ + X -^ l sera ou un facteur irréductible, ou le produit de deux facteurs irréductibles du second degré. Celte dernière hypothèse est la véritable : on a , en effet , X* + x' + j:^ + JT + I =(jr* — 4^^ -(- i) (x' + Sx + I ) +.193^, et, par conséquent , x" + x^ ■^- x"^ + X -^ \ ^(j:^ — l\x+ \) (x^+ 5x+ i) (mod. 19). » ANALYSE ALGÉBRIQUE.— iWi^woiVe SUT une nouvelle théorie des imaginaires, et sur les racines symboliques des équations et des équivalences ,• par M. Augustin Cauchy. Préliminaires. « Les géomètres, surtout ceux qui s'efforcent de contribuer aux progrès des sciences mathématiques, ont été quelquefois accusés de parler une langue qui n'a pas toujours l'avantage de pouvoir être facilement comprise, et de fonder des théories sur des principes qui manquent de clarté. Si une théorie pouvait encourir ce reproche, c'était assurément la théorie des ima- ginaires, telle qu'elle était généralement enseignée dans les Traités d'al- gèbre. C'est pour ce motif qu'elle avait spécialement fixé mon attention dans l'ouvrage que j'ai publié, en 1821, sous le titre à' Analyse algébrique, • ( H'-'I ) et qui avait précisément pour but de donner aux méthodes toute la rigueur que l'on exige en géométrie, de manière à ne jamais recourir aux raisons tirées de la généralité de l'Algèbre. Pour remédier à l'inootivénient signalé, j'avais considéré les équations imaginaires comme des formules symboliques, c'est-à-dire comme des formules qui , prises à la lettre et interprétées d'a- près les conventions généralement établies, sont inexactes ou n'ont pas de sens, mais desquelles on peut déduire des résultats exacts en modifiant et altérant, selon des règles fixes, ou ces formules, ou les symboles qu'elles renferment. Cela posé, il n'y avait plus nulle nécessité de se mettre l'esprit à la torture pour chercher à découvrir ce que pouvait représenter le signe symbolique sj—i, auquel les géomètres allemands substituent la lettre i. Ce signe ou cette lettre était, si je puis ainsi m'exprimer, un outil, un instru- ment de calcul dont l'introduction dans les formules permettait d'arriver plus rapidement à la solution très-réelle de questions que l'on avait posées. Mais il est évident que la théorie des imaginaires deviendrait beaucoup plus claire encore et beaucoup plus facile à saisir, qu'elle pourrait être mise à la portée de toutes les intelligences, si Ton parvenait à réduire les expressions imaginaires et la lettre i elle-même, à n'être plus que des quantités réelles. Quoiqu'une telle réduction parût invraisemblable et même impossible au premier abord, j'ai néanmoins essayé de résoudre ce singulier problème, et, après quelques tentatives, j'ai été assez heureux pour réussir. Le principe sur lequel je m'appuie semble d autant plus digne d'attention , qu'il peut être appliqué même à la théorie des nombres, dans laquelle il conduit à des résultats qui méritent d'être remarqués. Entrons maintenant dans quelques détails. § 1". — Sur les équations symboliques et sur leurs racines. Application à la théorie des imaginaires. >' fiCS deux lettres /, m désignant deux nombres entiers, les notations admises par les géomètres offrent plusieurs moyens d'exprimer que ces deux nombres, divisés par un troisième n, fournissent le même reste, ou, en d'autres termes, que Z est équivalent à m suivant le module n. Ainsi, en par- ticulier, on peut écrire, avec M. Gauss, (i) l^m (mod. ri). Pareillement, étant donnés deux polynômes ip(x), /(■x) dont chacun soit une fonction entière de la variable x, si l'on veut exprimer que ces deux polynômes fournissent le même reste, quand on les divise algébriquement ( I 122 ) par un troisième 7s[x). ou, en d'autres termes, que (p{jc) est équivalent à x(j?) suivant le module w(a"), on pourra écrire, comme on l'a déjà fait [voirie Mémoire de M. Kummer inséré dans le journal de M. Crelle, XXX* volume , 3* cahier] , (2) cp{x)^xi^) [ mod. KT (x) ] . Mais il est clair qu'à l'équivalence (2) on pourrait substituer l'équation (3) R9(^) = Rx(^), si l'on désignait à l'aide de la lettre caractéristique R placée devant une fonction entière de x, le reste qu on obtient quand on divise cette fonction par ro(x). Alors aussi, en nommant f (x) une fonction entière divisible exactement parBr(jf), on aurait (4) Rf (X) = G. » Ce n'est pas tout. Au lieu de placer une lettre caractéristique R devant une fonction entière (p (x), pour indiquer le reste qu'on obtient quand on di- vise cette fonction par G7(x), on pourrait convenir que l'on se servira, pour cette indication, d'une lettre symbolique substituée à la variable x, dans la fonction elle-même. Soit i cette lettre symbolique. La seule présence de la lettre t, substituée à x dans une fonction entière ^{x), indiquera qu'avant de poser dans cette fonctions = /, on doit la réduire au reste de sa division par zs{x), et alors la formule (3) pourra s'écrire comme il suit : (5) tandis que la formule (4), qui suppose la fonction i{x) divisible par ©(a:), donnera (6) f (0 = o. Comme la plus simple des fonctions divisibles par le diviseur rs {x) est ce diviseur lui-même , la plus simple des équations symboliques de la forme (6) sera (7) ■ 5^(0 = o. » Si la fonction i{x) n'a pas zs{x) pour diviseur, alors, en nommant U{x) le quotient, et i^{x) le reste qu'on obtient en divisant {{x) par ro(x), on aura (,8) f{x)=n{x)r:^{x)-h ^{x); ( '1^3 ) par conséquent (9) f(0=n(«>(o+MO, et, eu égard à !a formule (7), (10) f(0 = Comme, en vertu de la formule (20), on aura /* = — !, i* = — {2=1, et, par suite, en nommant m un nombre entier quelconque, i — 1 , l — l, il en résulte que , si la fonction f (j?) est déterminée par une équation de la forme f (x) = Uo-h a,x -h a^x" ■+- a^x^ + a^x* -h . . ., on aura f (j) = fifo + <Ï2 +««+•'.•+ («I — «3 +. . )i. Cela posé, il est facile de voir ce que deviendront les équations algébriques dans lesquelles entre une variable x, quand on les transformera en équa- tions symboliques, en substituant à la variable x la racine symbolique /de l'équation imafjinaire Ainsi, en particulier, les équations algébriques* {a -+■ bx) (c -I- dx) = ac -h bdx^ -h (ad -\- bc)x, (a — bx) (c — dx) = ac -h bdx^ — [ad -h bc)x, desquelles on tire [a' — b^x^) {c' - d'x') = {ac+bdx^Y - [ad+bcfx^ ( 1127 ) fournironl, quand on y remplacera x par i, les équations imaginaires [a + bi) [c -+- dî) = ac — bd + {ad ■+■ bc) /, (24) , {a — bî) (c — di) = ac — bd — {ad -+- bc) i , et (a5) (a» + *») (c» + ^'') = (ac - bdy -h {ad -f- bc)'. Si, dans la dernière on réduit a, b, c,d k des nombres entiers, on obtiendra immédiatement le théorème connu , suivant lequel deux nombres entiers , dont chacun est la somme de deux carrés , donnent encore pour produit une somme de deux carrés. De plus, si dans la première des équations (24) on pose a=cosa, i = sina, c = cosê, d=s\n§, on obtiendra la formule connue (26) (cos a -h i sin a) (cos ê + t sin S) = cos (a + ê) -+- i sin (a -I- ê) , de laquelle on passera immédiatement au théorème de Moivre, compris dans l'équation (27) (cos a + I sin a)" = cos na -+- isin na. D'ailleurs, quand on voudra décomposer une équation imaginaire , par exemple Tune quelconque des formules (24), (26), (27), en deux équations réelles, on ne devra pas oublier de réduire d'abord chaque membre à la forme linéaire a -+■ bi. Sous cette condition, la formule (27) fournit immé- diatement les valeurs connues de cos ncn, et de sin ncr. exprimées en fonctions entières de cos a et de sin a. ^ II. — application des principes ci-dessus exposés à la théorie des nombres. it Les principes exposés dans le paragraphe premier, après avoir fourni le moyen d'établir une théorie claire et précise des équations imaginaires^ peuvent encore être appliqués avec avantage à la théorie des équivalences. Seulement, dans cette théorie, ce que nous avons nommé ï équation ca- ractéristique en X devient une équation ou une équivalence algébrique à coefficients entiers; et une racine symbolique i de cette formule caracté- ristique est une indéterminée à laquelle, on peut attribuer définitivement, non plus une valeur réelle quelconque, mais une valeur entière arbitraire- ■ , '■ - ■ "^ i48.. ( II28 ) ment choisie. Ajoutons que, s'il s'agit d'équivalences relatives à un module premier p, le coefficient de la plus haute puissance de x dans la formulé caractéristique pourra toujours être supposé réduit à l'unité. » Je développerai, dans les Exercices d Analyse et de Physique ma- thématique j la théorie des racines symboliques des équivalences. Je me bor- nerai, pour l'instant, à énoncer quelques-unes des propositions remar- quables auxquelles mes recherches m'ont conduit. " i*' Théorème. Le module/? étant un nombre premier, nommons 'ts[x) un facteur modulaire irréductible , et i une racine symbolique de l'équiva- lence (i) cT(a?)^o {moA. p). Soient d'ailleurs des fonctions entières de x à. coefficients entiers. Si la formule (2) y (i) X (j) (J; (j) ... = o (mod./j) se vérifie , elle entraînera l'une des suivantes : (3) (p(i) = o, x(f) = o, ij;(r') = o, ... {mod. p). » 2" Théorème. Le module p étant toujours un nombre premier, ts{x) étant un facteur modulaire irréductible , et / une racine symbolique de l'é- quivalence (i), nommons f{x, i) une fonction entière de x et de i, qui n'offre que des coefficients entiers, et qui soit du degré n par rapport à x. Il pouvant être un nombre entier quelconque inférieur à p. Soient d'ailleurs (4) 'O) *( » '25* • ■ ? 'n-l > n fonctions entières de î, dont chacune, prise pour valeur de x ., vérifie la formule (5) f(^, 0 = 0 («"od. p), aucune fonction entière de i ne pourra remplir cette même condition sans devenir équivalente à l'un des termes de la suite (4). » 3*= Théorème. T>es mêmes choses étant posées que dans le théorème précédent, si l'on peut décomposer la fonction f(j:, ï) eu facteurs modulaires symboliques de même forme qu elle , en sorte qu'on ait (6) f(ar,t) = ?(x,i)x(a?,0^(^> '■)••• (mod.;)), ( i'a9 ) chacun de ces facteurs sera équivalent au produit de plusieurs des facteurs linéaires multipliés par un nombre entier. " Ce qui semble mériter une attention particulière, ce sont les applica- tions que l'on peut faire des théorèmes ici énoncés aux équivalences binômes, c'est-à-dire aux équivalences de la forme (8) j?" — I ^ o (mod. p)y lorsque p — i n'est pas divisible par n. Considérons spécialement le cas où le facteur irréductible zs{pc), étant un diviseur modulaire de x"— i , ne divise jamais x"* — i, quand on prend pour m un entier inférieur à n. Alors / sera ce que j'appelle une racine symbolique primitive de l'équivalence (8) , et l'on déduira , des théorèmes déjà énoncés , la proposition suivante : « 4" Théorème. Le module p étant un nombre premier, et n un nombre entier qui ne divise pas p— i, nommons i voie racine symbolique primitive de l'équivalence (8). Cette équivalence aura pour racines les divers termes de la suite en sorte qu'on aura X" — I = (x — i) {x — i)... {x — i"-'). " On peut aussi établir la proposition suivante : " 5* Théorème. Les mêmes choses étant posées que dans le 4* théorème, nommons s une racine primitive de l'équivalence (9) j:"-' ^ I (mod. «), et g, h deux nombres entiers qui vérifient la condition n- i = gh. Si l'on pose (10) X,= {x~ i''){x - .-*^*). . . {x - ,->'-'^*-*) , Xf, sera un facteur modulaire, non symbolique, c'est-à-dire indépendant de f , quand la condition (11) p^ ^ I (mod. n) ( ii3o ) sera vérifiée; et alors tout diviseur modulaire, non symbolique, de x"— i sera de la forme Xj^. " Exemple. Si, pour fixer les idées, on suppose x = 5, p = 19, / sera une racine primitive symbolique de la formule x' — 1^0 (mod. 19), et le binôme x^ — i aura pour facteurs modulaires du second degré les deux trinômes x^ — ^x -^ j , x' -\- 5x -h I, qui seront équivalents aux deux produits {x — i) {x — i") , {x — i''){x — /* ). )i Dans un autre article, je montrerai comment le 5* théorème se lie à quelques propositions démontrées par M. Rummer, dans le XXX" volume du journal de M. Grelle. " PHYSIOLOGIE. — Note sur la sensibilité récurrente; par M. Magendie. » Les découvertes scientifiques ont des destinées très-diverses. Celles-ci , accueillies avec transport dès leur naissance, parcourent le monde, excitant partout l'enthousiasme. Tel est leur immense et facile succès, qu'on les croi- rait l'une de ces brillantes erreurs qui viennent, à des périodes trop rappro- chées, satisfaire cet impérieux besoin des hommes, celui d'être trompés. » Celles-là, nées dans l'obscurité, y restent jusqu'à ce qu'une circon- stance heureuse vienne les mettre en lumière et glorifier leur auteur. .' D'autres , ayant d'abord jeté un certain éclat , ne* parviennent pas à surmonter le mauvais vouloir des contemporains. Après avoir lutté et com- battu, elles finissent par s'évanouir et tomber dans l'oubli s'il ne leur vient à propos un secours efficace. " Une remarque assez importante que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie en iSSg, et qui, je crois, peut être envisagée comme une décou- verte , se trouve malheureusement aujourd'hui dans cette dernière catégorie. » .Te ne raconterai point ici ses vicissitudes; je dirai seulement qu'elle a été condamnée deux fois par des Commissions de l'Académie, puisque ces Commissions ont couronné deu.v ouvrages dans lesquels ma découverte est qualifiée d'erreur. Appuyé sur une autorité des plus respectables, chacun est en droit de croire que je me suis fait illusion (chose, d'ailleurs très-pos- sible^ car quiconque travaille est sujet à errer). ( ii3i ) » Un autre motif a dû porter à la même conclusion. J'étais membre de ces deux Commissions; je m'y suis abstenu, je devais m'y abstenir; mais j'aurais pu protester, tandis que j'ai gardé un silence qu'on a sans doute interprété comme un aveu tacite de mon erreur, bien que , à vrai dire, il eût une tout autre signification. Probablement mes honorables collègues agirent dans cette circonstance d'après la maxime : Amicus Plato, sedmagis arnica Veritas. .Te suis moi-même grand partisan de cette sage maxime, et je l'ai mise plus d'une fois en pratique, en ayant soin, toutefois, de ne préférer à Platon que la vérité. " Pourquoi mes honorables collègues ne me consultèrent-ils pas? pour- quoi ne me demandèrent-ils pas à voir mes expériences, que je me serais empressé de répéter devant eux? Je ne dois l'expliquer que par un sentiment de discrétion bienveillante envers un confrère dont la position pouvait leur paraître embarrassante. » Quoi qu'il en soit, pour clore toute discussion , j'accorde que tous ceux qui n'ont pas vu mes expériences peuvent regarder ma découverte comme gravement compromise; car, malheureusement, les physiologistes qui ont voulu les reproduire s'y sont pris de telle manière, qu'il leur était impossible d'en vérifier les résultats. Cependant il s'agit d'un fait que je regarde comme ouvrant une voie nouvelle aux recherches expérimentales sur les fonctions, encore si obscures, du système nerveux. C'est donc pour moi un devoir de revenir sur ce point de physiologie et de mettre tout le monde à même de constater l'exactitude des résultats que j'ai fait connaître en iSSq. » Disons d'abord en quoi consiste le phénomène que j'ai appelé, en iSSg, sensibilité en retour , et que je crois préférable de nommer aujourd'hui j'e«j'/- bilité récurrente . « Si l'on met à découvert, avec les précautions convenables, une paire des nerfs rachidiens , on reconnaît que les deux racines sont sensibles , mais qu'elles le sont à des titres bien différents. Dans les postérieures , la source de la sensibilité est au centre et se répand à la circonférence ; chez les anté- rieures, au contraire, l'origine de la sensibilité est à la périphérie et se pro- page vers le centre. C'est pourquoi je donne à cette dernière le nom de sen- sibilité récurrente. » Pour prouver que la sensibilité de la racine antérieure vient bien réel- lement de la périphérie , je la divise transversalement vers le milieu de sa longueur et des deux bouts qui résultent de sa section, le périphérique reste sensible, tandis que le central est insensible. " Pour démontrer que cette sensibilité de la racine antérieure rachi- dienne est acquise et qu'elle prend sa source dans la racine postérieure cor- ( Il32 ) respondante, je divise de même cette dernière, et, à l'instant, la racine an- térieure perd toute sensibilité. Des deux bouts qui résultent de la section de cette racine postérieure, celui qui tient au ganglion est devenu insensible, tandis que celui qui tient à la moelle possède encore une vive sensibilité. " Donc cette racine reçoit elle-même directement sa sensibilité de la moelle épinière. " Je n'insiste pas davantage sur ces résultats qui sont littéralement ceux que j'ai annoncés à l'Académie en j SSg, et que j'ai démontrés dans mes Leçons au Collège de France (i). J'ajouterai seulement que je les maintiens rigou- reusement exacts, et que je suis aujourd'hui, comme alors, toujours prêt à les faire voir à ceux qui m'en manifesteraient le désir. " Actuellement, je vais rapporter des faits qui sont de nature à jeter un nouveau jour sur le phénomène de la sensibilité récurrente des racines anté- rieures. » Différant en cela des racines postérieures , qui sont constamment sensi- bles, il arrive quelquefois qu'en interrogeant la racine antérieure, on la trouve dépourvue de sensibilité. Cela s'observe particulièrement quand l'ouverture du lachis et la séparation de la racine ayant été laborieuse , les animaux sont affaiblis par la douleur et par la perte de sang. » Mais cette insensibilité n'est que temporaire , il suffit d'attendre quel- ques instants, et bientôt le phénomène apparaît et se maintient tant que l'é- tat de la plaie et des parties environnantes permet de l'observer. » Cette disparition momentanée de la sensibilité dans un nerf est un phénomène fort singulier qui appartient à la sensibilité récurrente, et qui la distingue essentiellement de la sensibilité directe de la racine postérieure, sensibilité que je n'ai jamais vue disparaître complètement. '• Cependant, lorsque l'expérience est convenablement faite, on constate immédiatement, à l'ouverture du rachis, la sensibilité récurrente de la racine antérieure, et, pour y parvenir, j'ai reconnu que le meilleur procédé est celui dans lequel on ne découvre la moelle épinière que d'un seul côté et dans l'étendue d'une ou deux lames vertébrales. " J'ai remarqué, en outre, que l'expérience étant aussi bien faite que pos- sible, si l'animal a perdu une certaine quantité de sang, le phénomène ne se manifeste pas; j'ajoute que, dans le moment où il est le plus apparent, on peut le faire disparaître en pratiquant une saignée. " Dans mes premières expériences , avant de connaître l'influence des (i) Leçons sur les fonctions et les maladies du système nerveux, rédigées par M. Cohstamtin James. ( ii33 ) causes que je viens de signaler, il m'était arrivé do trouver les racines anté- rieures tantôt sensibles, tantôt insensibles. Ce résultat, qui pouvait paraître iilors contradictoire, n'est cependant que l'expression rigoureuse des faits et dépend de cette particularité remarquable, qu'un nerf sensible peut, sous certaines influences , perdre temporairement sa sensibilité pour la recouvrer ensuite. » La sensibilité que j'appelle récurrente n'appartient pas exclusivement aux racines antérieures des nerfs rachidiens. Je l'ai également trouvée dans le nerf facial , et elle existe probablement dans d'autres nerfs encore. » Je m'occupe en ce moment de recherches à cet égard, j'aurai prochai- nement l'honneur de les communiquer à l'Académie. » Je joins à cette Note le récit de quelques expériences que j'ai faites avec mon collaborateur habituel, M. le docteur Bernard, bien connu de l'Aca- démie , et qui a pris la peine de les rédiger. Expériences sur la sensibilité récurrente des nerfs. » Première expérience. . — Sur un chien de trois à quatre mois, vif et bien portant, on découvre la moelle lombaire du côté droit, dans l'étendue de deux vertèbres. Les racines nerveuses, mises à découvert, sont les quatrième et cinquième lombaires. " Aussitôt après l'expérience, qui a un peu fatigué l'animal, on pince la racine antérieure de la quatrième paire lombaire, qui ne donne pas de si- gnes manifestes de sensibilité, [ja racine antérieure de la cinquième paire lombaire est dans le même cas. Alors on coupe ces deux racines de manière à ce qu'il en résulte des bouts périphériques et des bouts attenant à la moelle. L animal n'a pas éprouvé de douleur au moment de la section des racines ner- veuses antérieures, et le pincement de ces deux bouts de nerfs résultant de la section de la racine ne donne pas non plus des signes évidents de sensibilité. » On découvre ensuite le nerf facial sur la joue, et l'on divise transversa- lement ses rameaux. Les bouts périphériques étant pinces ne paraissent pas sensibles d'une manière évidente. " Après ces premières tentatives, on laisse l'animal pendant quelques instants se reposer du trouble général causé par l'expérience. Il est possible alors de constater, de la manière la plus nette, la sensibilité des bouts pé- riphériques des racines antérieures des quatrième et cinquième lombaires. Les bouts périphériques des branches du nerf facial présentent de même de la sensibilité de la manière la plus évidente. )' Cette sensibilité en retour des racines antérieures lombaires et du nerf C.R., 1847, i"Semei:re. (T. XX1V,N<>26J l49 ( ii34 ) iacial se prolonge avec une égale intensité pendant toute la journée. Quatre heures après l'expérience, on constate encore, de la manière la plus tran- chée, la sensibilité vive des bouts périphériques des racines lombaires et du nerf facial. » Le lendemain (vingt-quatre heures après Texpérience), malgré un com- mencement de gonflement et de suppuration des plaies, on retrouve égale- ment la sensibilité récurrente dans les nerfs indiqués plus haut. " Deuxième expérience. — Sur un chien de taille moyenne de quatre à cinq mois, vif et bien portant, on découvre la moelle lombaire du côté droit dans l'étendue d'une seule vertèbre. I^a paire nerveuse, mise à nu, est la cinquième p.TJre lombaire. » La racine antérieure de cette paire nerveuse étant légèrement dégagée est pincée et est bien évidemment sensible. On constate cette .sensibilité à plusieurs reprises, puis on coupe cette racine antérieure, et le bout périphé- rique conserve sa sensibilité, tandis que le bout attenant à la moelle est de- venu complètement insensible. La plaie du dos est recousue. On examine de nouveau cinq heures après : rien n'est changé ; la sensibilité du bout périphé- rique de la racine antérieure est toujours très-vive, et l'insensibilité complète du bout central persiste. Alors on coupe la racine postérieure correspondante, ce qui détermine de la douleur et de l'agitation. Aussitôt la sensibilité en retour de la racine antérieure disparaît , si bien que des quatre extrémités nerveuses résultant de la division des deux racines antérieure et postérieure , il n'y en a plus qu'une seule où la sensibilité persiste très-vive; c'est le bout central de la racine postérieure. » Le lendemain, vingt-deux heures après l'expérience, la plaie est fétide et dans un commencement de suppuration ; néanmoins on peut constater encore la sensibilité exquise du bout central de la racine postérieure et l'insensibilité complète des trois auti-es. )> Troisième et quatrième expérience, faites sur des animaux de même âge, quatre à six mois. — On constate les mêmes faits; savoir : sensibilité en retour des racines antérieures et du facial. Quelquefois, au moment même de l'expérience, cette sensibilité récurrente n'est pas bien évidente, et alors il faut attendre quelques instants pour que les animaux soient un peu remis du (rouble causé par les douleurs de l'expérience. On a constaté aussi que la section de la racine postérieure faisait disparaître la sensibilité en retour de la racine antérieure d'une manière constante, et cela même dix-huit heures après l'opération. On a vu aussi que la sensibilité en retour de la racine an- térieure, une fois détruite par la section de la racine postérieure, ne repa- raissait plus, quelle que fût le temps qu'on attendît. ( ii35 ) >' Cinquième expérience, faite sur un chien adulte. — Mêmes résultats constants de la sensibilité en retour qui a persisté jusqu'au lendemain (la racine était attachée avec un fil). " Sixième expérience. — Sur un chien adulte, on enlève deux vertèbres lombaires, et l'on constate, après avoir laissé reposer l'animal une dizaine de minutes, que les racines antérieures sont sensibles. Alors on saigne l'animal, et cette sensibilité en retour disparaît, tandis que la sensibilité des racines postérieures persiste toujours. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Note sur l'état du sang dans un cas de scorbut y par M. Andral. « Dans la dernière séance de l'Académie, MM. A. Becquerel et Rodier ont communiqué un intéressant travail sur des cas de scorbut , dans lesquels il n'y avait ni changement appréciable dans l'aspect du sang, ni diminution de la fibrine. Pendant que ces messieurs rassemblaient les matériaux de leur travail, j'observais à la Charité (en avril dernier) un fait analogue qui fut souvent alors 1 objet de mes entretiens avec les personnes qui suivaient ma visite, et qui tend aussi à établir que, contrairement à ce qui a été parfai- tement constaté dans plus d'un cas, le scorbut peut déjà traduire son existence par les symptômes les plus tranchés et les plus graves, sans que le sang se montre altéré, soit relativement à son aspect, soit relativement à sa proportion de fibrine. " De pareils faits me paraissent importants à enregistrer, parce qu'à Paris on n'a que très-pen d'occasions d'examiner le sang des scorbutiques , el que, cependant, une connaissance exacte de l'état du sang dans le scorbut peut beaucoup contribuer à éclairer de grades questions de pathogénie. " Le cas dont je désire entretenir quelques instants l'Académie est relatif à un homme de soixante et un ans qui, depuis plusieurs années , s'était progres- sivement affaibli, et qui, au moment de sou entrée à l'hôpital, présentait tous les symptômes d'un scorbut déjà très avancé. Des pétéchies nombreuses et de larges ecchymoses étaient disséminées sur les menibres et sur le tronc. Du sang s'écoulait presque continuellement par les narines, et l'on en expri* mait facilement des gencives. Le malade, d'un jaune de cire, était d'une faiblesse extrême. Au moindre mouvement, sa respiration devenait très- gênée, son cœur battait violemment, il se sentait tout étourdi, et il était menacé de syncope; à peine pouvait-il faire quelques pas sans être menacé de perdre connaissance : il avait une répugnance extrême pour les aliments, ( ii36 ) et le peu de nourriture qu'il pouvait prendre était très-péniblement digéré. Le pouls était ordinairement à 68. Un jour nous le trouvâmes avec la peau chaude, le pouls fréquent, la langue sèche, et une oppression telle, que le malade semblait menacé de périr dans un état de suffocation ; il avait une toux presque incessante. L'auscultation et la percussion ne purent être que très-incomplétement pratiquées, parce que le malade ne pouvait pas se tenir sur son séant sans une extrême angoisse. Il me sembla qu'une forte congestion des bronches et des poumons s'était développée, et que, vu la réaction fébrile manifeste qui existait, il y avait chance de soulager le malade en lui tirant un peu de sang; une petite saignée fut donc pratiquée, et elle fut effectivement suivie d'un amendement momentané des sympômes ; la respi- ration surtout devint sur-le-champ moins gênée. Je ne manquai pas d'exa- miner le sang; je m'attendais à le trouver diffluent et dissous; mais, à mon grand étonnement, il n'en fut pas ainsi. Ce sang était, en effet, constitué par un petit caillot dense et résistant comme le caillot des phlegmasies; ce caillot était recouvert d'une couenne parfaitement caractérisée; il était, d'ailleurs, d'un très-petit volume, et restait comme suspendu au milieu d'une grande quantité de sérum. Par son aspect, ce sang ne ressemblait donc en rien à celui que présentent ordinairement les scorbutiques. Il avait, au contraire, l'aspect que j'ai souvent trouvé dans le sang des chlorotiques; cet aspect se* trouva très-bien expliqué par les résultats que me fournit l'analyse qui en fut faite par M. Favre. En effet, sur looo parties, ce sang donna : En fibrine 4>420 En globules 44>4o*' En matériaux solides du sérum. . . •jG ,554 En eau 8^4 (626 « 1000,000 >' Ce sang, par sa composition, ressemblait donc au sang des chloro- tiques : il était, comme lui, remarquable et par la grande diminution de ses globules, et par la forte proportion d'eau qu'il contenait. Et cependant le malade auquel il appartenait avait certainement présenté d'autres symptômes que ceux d'une simple chlorose; les pétéchies , les ecchymoses dont sa peau était couverte ne se rencontrent point dans cette maladie; on peut même dire que rien n'est plus rare que d'observer des hémorragies chez des chlo- rotiques. Quant à la fibrine, loin d'être devenue moins abondante que dans le sang normal , elle s'était , au contraire , élevée au-dessus de sa moyenne physiologique. Ce résultat est tout différent de celui que m'avait donné l'ana- lyse du sang d'un autre scorbutique, que j'ai fait connaître dans mon Essai • ( ii37 ) d Hématologie pathologique , et dans laquelle, conjointement avec M. Ga- varret, j'avais trouvé les globules dans leur proportion à peu près normale, et la fibrine au contraire très-peu abondante. Ce dernier fait a aussi été vu par M. Magendie. J'avais également trouvé très-peu de fibrine (moins d'un mil- lième) dans le sang d'un malade atteint de pourpre hémorragique, maladie qui a véritablement le caractère d'un scorbut aigu. J'ai entretenu l'Académie de ce dernier cas, dans une Note que je lui ai lue en novembre i8/|4. Mais le fait que je viens de rapporter, et qui est confirmatif de ceux qui viennent d'être communiqués à l'Académie par MM. Becquerel et Rodier, démontre que les symptômes qui caractérisent ordinairement le scorbut peuvent se produire, sans être nécessairement accompagnés d'une diminution de la fibrine du sang. Ce n'est donc point dans cette diminution qu'il faut placer la cause prochaine du scorbut ; ce n'est point même par elle qu'on peut se flatter d'expliquer plusieurs des symptômes de cette maladie , et en particulier les nombreuses hémorragies qui coïncident constamment avec elle, et la caractérisent. Sous ce rapport, comme sous plusieurs autres peut- être, il est permis de comparer le scorbut et la fièvre typhoïde. Dans celle-ci, en effet, l'abaissement de la fibrine du sang au-dessous de son chiffre normal se rencontre assez souvent, mais n'est pas nécessaire à l'existence de la maladie. L'observation autorise seulement à établir e' Un autre fait remarquable que j'ai fait connaître il y a déjà plusieurs années (i), c'est la reproduction rapide de la fibrine, à mesure qu'on la soustrait aux animaux. Non-seulement elle ne diminue pas, mais sa quantité t augmente; un cheval, par exemple, qu'on défibrine chaque jour, pourra, an bout d'une semaine, fournir, dans une même quantité de sang, dix fois plus de fibrine qu'à la première défibrination. Il faut dire toutefois que cette fibrine de formation nouvelle, et que pour ce motif j'avais appelée néqfibrine, n'est pas précisément la fibrine normtile ; ses qualités chimiques la rappro- chent beaucoup de l'albumine; mais elle a, à un haut degré, le pouvoir de coagulation spontanée qui distingue éminemment la fibrine. Aussi ceUe jeune, fibrine permet-elle le passage du sang à travers les vaisseaux capillaires , passage qui devient très-difficile quand le sang est défibriné, parce que le liquide s'imbibe et s'infiltre dans les parois de ces vaisseaux. De là l'origine des taches, pétéchies, hémorragies, et des lésions organiques qui suivent les altérations du sang. n D'ailleurs, j'ai déjà signalé les difficultés qu'on rencontre quand on veut apprécier rigoureusement la quantité de fibrine contenue dans le sang. Avec nos procédés actuels d'analyse, on n'obtient et on ne sépare la fibrine qu'à la condition qu'elle se coagule; car, si elle restait en dissolution dans le sang après sa sortie des vaisseaux, il deviendrait très-difficile de la séparer et de la distinguer de l'albumine et même des globules. Or, les causes qui enlèvent à la fibrine sa coagulabilité sont nombreuses ; les alcalis, les acides faibles, les matières végétales ou animales en putréfaction, etc., produisent ce résultat en quelques instants. Injectez dans les veines d'un animal bien (i) Leçons sur Us phénomènes physiques de la vie , rédigées par M. Constantin James, de i836 à 1839. ( ««4» ) portant, quelques grammes de sous- carbonate de soude, et aussitôt la fibrine perd sa coagulabilité; vous n'avez rien changé à la quantité normale de cette substance; mais, comme elle ne se coagule pas, que le sang reste liquide, vous ne pouvez juger de sa proportion, ni même de sa présence. Cette re- marque a d'autant plus de valeur, que c'est précisément dans les maladies les plus graves que la fibrine perd tout ou partie de sa coagulabilité. >' Dans les cas même où l'on parvient à connaître la quantité exacte de fibrine, il est d'un immense intérêt d'étudier les propriétés physiques et chimiques de cette substance. J'ai déjà fait remarquer qu'il existe une grande différence entre la fibrine normale et la fibrine des fièvres typhoïdes, du scorbut, du purpura hémorragique, etc. La première est élastique, résis- tante; il faut un certain effort pour la rompre : tandis que la deuxième est friable, n'offre presque aucune élasticité et se déchire à la moindre traction. Mais ce sujet commande de nouvelles études. » Je me résume en disant que, dans l'état actuel des connaissances physio- logiques, ce sont surtout les altérations de la fibrine qu'il est urgent d'étudier, car ce sont ces altérations qui paraissent être l'origine des maladies les plus redoutables. » PATHOLOGIE. — Observations relatives à la fièvre typhoïde; par M. Serres. « L'observation que notre honorable collègue, M. Andral, vient de com- muniquer, intéressante d'abord sous le point de vue des modifications que la composition du sang peut éprouver dans le scorbut, l'est encore, ainsi qu'il l'a observé, sous le rapport de la pathologie. » Jj'étude des altérations du sang dans les maladies, réintroduite à une époque où la chimie et l'anatomie microscopique nous permettent d'en saisir les variations, a ouvert une voie nouvelle à la médecine et à l'anatomie pathologique. Mais , pour en retirer les avantages qu'il est permis d'en espérer, il est nécessaire d'en bien apprécier les conditions, c'est-à-dire de saisir les rapports qui existent entre les variations de la composition du sang et les maladies coexistantes. '• Si je ne me trompe, c'est la vue-pratique qui ressort des réflexions jud icieusesque MAndral a ajoutées à ses observations, et à laquelle je viens m'associer, particulièrement en ce qui concerne le rapprochement qu'il a fait entre le scorbut et certaine forme de la fièvre typhoïde ou entéro- mésentérique. » Comme notre collègue, je pense, d'après mes propres observations, C R., 1847, i*"- Semestre, (T. XXIV, N» 26.) 1 5o ( Il42 ) que dans cette dernière maladie la fibrine du sang peut s'abaisser au-dessous de son chiffre normal; comme lui encore, je pense que cette diminution de fibrine n'est pas nécessaire à l'existence de la maladie. C'est une altération concomittante , mais rarement primitive. En' France, les altérations primi- tives de la fièvre typhoïde sont presque toujours l'engorgement des plaques de Peyer et des ganglions mésentériques. Je dis en France, parce qu'il paraît qu'en Allemagne , en Russie et même en Angleterre, ces altérations de l'in- testin et du mésentère sont moins fréquentes que chez nous. « On conçoit, d'après cela, que le point essentiel pour la thérapeutique consiste à déterminer la période de la maladie à laquelle se manifeste le plus ordinairement la défibrination du sang. Cette détermination sera d'autant plus utile, que l'observation permet déjà d'établir que, dans la fièvre entéro-mé- sentérique ou typhoïde , la fibrine du sang diminue d'autant plus que la forme adynamique se prononce davantage. Or on sait que les toniques convien- nent particulièrement dans cette forme de la maladie, qui fut celle sous la- quelle elle se présenta lors de son début. » En effet, lorsqu'en 1812 nous décrivîmes, avec M. Petit, la fibrine en- téro-niésentérique ou typhoïde, la nature septique et adynamique de cette maladie nous frappa par-dessus tout. Quelle que fût la constance de sou siège, la constance et l'uniformité des altérations organiques que nous ren- contrions après la mort; quelque profonde que nous parût quelquefois la dés- organisation de l'intestin et du mésentère , nous persistâmes toujours à ne point circonscrire la maladie dans le cercle de ces lésions. « 11 y a , disions-nous , quelque chose de plus qu'une affection locale ; " la cause, quelle qu'elle soit, qui agit sur l'intestin, est certainement d'une >' nature délétère, puisque nous trouvons le tissu de sa membrane muqueuse » toujours grièvement altéré, et souvent même dans un état de destruction » absolue. Or un pareil agent , transmis par l'absorption aux glandes du » mésentère , doit y porter une altération profonde. Aussi son passage y est- n il marqué par l'état de désorganisation qu'elles nous présentent... Enfin, » ce même principe, disséminé, par une absorption ultérieure, dansl'univer- " salité du système, ne peut qu'y produire des effets d'une gravité remar- » quable.... Ainsi s'explique cet appareil de symptômes généraux, si )> imposants dans leur ensemble, et si fréquemment funestes dans leur « résultat (i). » » De là la méthode qui fut mise en usage, et dont les effets avantageux nous parurent alors incontestables. (i) Traité de la Fièi>re cntéro-mêsentériqne , page 12 ; par MM. Petit et Skures. ( ii43 ) » Mais, comme on aurait pu le prévoir d'après les lois posées par Sydenham sur la marche des maladies endémiques et épidémiques, la forme adynamique de la fièvre typhoïde fut remplacée par une forme subinflam- matoire d'abord , puis subbilieuse , auxquelles la méthode tonique ne fut plus généralement appropriée : de là les critiques peu méritées dont cette méthode fut l'objet. » Le rapprochement que vient de faire M. Andral entre le scorbut et la forme adynamique de la fièvre typhoïde, rapprochement qu'il aurait pu étendre encore, justifie donc l'emploi des toniques diffusibles dans cette forme de la maladie , et la défibrination du sang qui l'accompagne en indique, en quelque sorte, la nécessité. >' Les remarques importantes que vient de faire notre honorable col- lègue, M, Magendie , sur les modifications qu'éprouve la fibrine elle-même dans le cours de la fièvre typhoïde ou entéro-mésentérique, indiquent encore les ressources précieuses que la thérapeutique pourra retirer de l'analyse approfondie du sang dans les affections typhoïdes ; car il est vraisem- blable que ces modifications fibrineuses se lient aux formes diverses que peut revêtir cette maladie, qui, depuis que nous l'avons fait connaître, M. Petit et moi, n'a rien perdu ni de sa gravité ni de son danger. » ASTRONOMIE.— Remarques de M. Laugier sur quatre observations de la comète de Hind, faites à l'Observatoire de Paris. « M. Schmidt, astronome assistant de l'observatoire de Bonn, a publié, dans le n" 599 des Nouvelles astronomiques de M. Schumacher, les éléments paraboliques de la comète découverte par M. Hind le 6 février 1847, ainsi que le tableau des comparaisons de ces éléments avec les positions obtenues dans les principaux observatoires de l'Europe; celui de Paris figure dans ce tableau pour quatre observations, celles du 19 et 24 février, du 6 et i4 mars, publiées toutes quatre dans les Comptes rendus^ tome XXIV, pages 449 ^^ 563. Voici, d'après M. Schmidt, l'excès des positions calculées sur les posi- tions observées : Ascension droite. Déclinaison . 19 février + 62", 20 " -+■ 77",34 (*) 24 + ii2",58 + 4",9o 6 mars -f- 56", i5 — 4"»26 4 + 2",36 - 56",47 II (*) L'observation du 19 février, publiée d'abord dans les Comptes rendus, tpme XXIV, l5o. . ( >i44) » Comme les éléments paraboliques de M. Schmidt satisfont très-bien à la plupart des observations, on est amené naturellement à rejeter sur celles de Paris les différences précédentes : or, pour ma part , je ne puis admettre de telles erreurs , même dans la position du 19 février, la seule qui m'appar- tienne, et qui a été prise à une époque où la comète était encore très-faible. M. Arago m'ayant engagé à voir ce qu'il y avait de fondé dans ces discor- dances, j'ai cru devoir réduire, à mon tour, ces quatre observations , et j'ai trouvé des positions qui diffèrent notablement de celles qui ont été publiées dans les Comptes rendus , tome XXIV, pages 449 et 563. " Voici mes résultats : Temps moyen de Paris . Ascension droite. Déclinaison. 19 février lo'' ô-^So» 339048' 48" + 62° 3 1' 49" 24 10.10. 10 345.55.40 : -H 58. 12. «4 : 6 mars 8.47.17 355.28. 16 +47.59.7 '4 8,19. 5 1. 11.47 + 37.33 17 >' L'observation du a4 février est donnée comme douteuse, le ciel était nuageux, on n'a pu faire qu'une seule comparaison de la comète avec une étoile voisine. » Si maintenant on applique à ces positions les corrections d'aberration et de parallaxe pour les comparer ensuite aux éléments de M. Schmidt, on trouvera des différences très-admissibles comme on en peut juger par le tableau suivant : Ascension droite. Déclinaison. 19 février + i3" — 9" 24 + 39" + 2" observation douteuse. 6 mars — 4" — 8" 14 +4" - 6" » On voit par ces résultats que les grandes différences trouvées par M. Schmidt provenaient seulement des erreurs de réduction : les astronomes comprendront facilement l'empressement que j'ai dû mettre à relever de* discordances qui, jusqu'ici, ne s'étaient jamais rencontrées dans les obser- vations émanant de l'Observatoire de Paris. » M. DuMÉRiL fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la Notice qu'il vient de publier sur la vie et sur les ouvrages de feu M. Duponchel. page 3o6 , avec une faute d'impression , a été reproduite après rectifications par M. Yvon Villarceau , et imprimée page 449 ^ 1* sui'e de ses éléments elliptiques. C'est cette dernière position que M. Schmidt a comparée à ses éléments ; mais je crois qu'une erreur s'est glissée dans son calcul de la déclinaison. ( i>45 ) M. JoMARD, de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, fait hom- mage d'un exemplaire de deux Notices qu'il a publiées dans le Bulletin de la Société de Géographie (numéros de mars et d'avril 1847), ^* <1"^ ^"* P'^"'" titre: l'une, Extrait d'un Mémoire sur l'uniformité à introduire dans les notations géographiques ; l'autre , Instructions pour le voyage de M. Prax dans le Sahara septentrional. TiC même Membre présente une carte de l'Arabie et des pays circon- voisins, dressée par lui pour l'intelligence de l'histoire de l'Egypte sous Mohammed-Aly. RAPPORTS. BOTANIQUE. — Rapport sur un ouvrage de M. Claude Gay, ayant pour titre : Historia fisica y politica de Chile. (Commissaire, M. de Jussieu rapporteur.) « L'Académie m'a chargé de lui rendre compte de l'ouvrage présenté par M. Gay, sous le titre d! Histoire physique et politique du Chili, en espagnol. Cet ouvrage est le fruit de douze ans de travaux et de recherches consacrés par ce voyageur français à l'exploration de cette partie de l'Amérique. Pendant tout ce temps , le Gouvernement chilien , comprenant tout l'intérêt de ces recherches, et appréciant le caractère, le zèle et les connaissances de M. Gay, l'a secondé avec une libéralité que nous devons proclamer et louer hautement; et, plus tard, il a encouragé celte publication, qui justifiera sa généreuse protection. M. Gay ne s'est pas contenté des observations d'his- toire naturelle auxquelles l'appelaient ses études spéciales , ni de celles de géographie et de physique, qui se lient si intimement aux précédentes. Il a consulté les archives des différents établissements civils et religieux du Chili, il y a recueilli des pièces nombreuses et intéressantes; et de là le double caractère de son ouvrage. Il a paru déjà huit livraisons, formant deux vo- lumes, de l'histoire du Chili, à l'appui de laquelle viennent des documents peu connus et inédits; mais nous n'avons pas à nous occuper de cette partie, qui ressort plutôt d'une autre Académie. » Nous avons sous les yeux neuf livraisons de l'histoire naturelle; une seule, jusqu'ici, est consacrée aux animaux (Mammifères). C'est trop peu pour apprécier, en ce moment, les résultats obtenus par M. Gay pour cette partie de la science ; résultats que nous savons , d'après ses collections dépo- sées au Muséum, devoir être fort étendus. Cette première livraison sera ( ii46 ) bientôt suivie par d'autres, dont les manuscrits sont achevés; et, quand elles auront atteint un nombre suffisant, TAcadémie pourra s'en faire rendre compte par un membre de sa Section de Zoologie. » La Botanique est la partie la plus avancée, puisqu'elle a fourni déjà huit livraisons ou deux volumes, comprenant les plantes polypétales thala- miflores et caliciflores, c'est-à-dire à peu près le quart de la totalité des Phanérogames. Elles sont au nombre de 980 espèces , distribuées dans lia genres appartenant à 58 familles. Le Chili est heureusement situé pour la Botanique : bordé d'un côté par la mer, de l'autre par la chaîne des Cor- dilières, qui présente sur cette longue ligne quelques-uns de ses sommets les plus élevés, touchant presque d'une part le tropique, de l'autre l'extré- mité australe de l'Amérique, de telle sorte que sa flore présente les formes les plus variées, celles de la plupart des latitudes et altitudes. Aussi, en comparant la liste générale des familles des plantes à celles que nous trou- vons représentées au Chili, nous voyons qu'il n'en manque que peu d'im- portantes et essentiellement équatoriales, beaucoup moins que dans toute autre région tempérée. >' A la fin du siècle dernier, lorsque les connaissances sur les richesses botaniques du ChiU se bornaient à celles qu'avaient constatées Feuillée, Frezier et Molina, elles n'excédaient guère une centaine de plantes. Les collections faites parRuiz et Pavon les augmentèrent notablement; mais elles restèrent, pour la plupart, inédites, ainsi que celles de Dombey. On com- prend donc, d'après les nombres que nous avons cités plus haut, et qui doivent faire présumer celui de 4 à 5 000 plantes pour la totalité de celles que présente la flore actuelle, quelle énorme proportion d'acquisitions entièrement nouvelles les explorations modernes assuraient à notre science. En effet, à l'époque où M. Gay envoya ses premières collections, presque tout y était inconnu; mais, en même temps que lui, plusieurs botanistes, MM. Bertero, Poeppig, Bridges, Cuming et d'autres encore, parcouraient le Chili. La publication de beaucoup des matériaux récoltés par eux a de- vancé celle dont nous nous occupons, et par là elle se trouve sans doute moins riche en nouveautés; mais, par compensation, elle est plus complète, puisqu'elle a pu profiter de ces autres travaux; et encore, malgré toute cette concurrence, sur les 980 espèces déjà énumérées, il s'en trouve encore 248 (le quart à peu près) de nouvelles. 11 y a sept genres nouveaux (i) (l) Les genres Barneoudia et Psychrophila dans les Renonculacées, Perreymondia dans ( i'47 ) et l'établissement d'une nouvelle famille (i). D'ailleurs, tous ces autres do- cuments n'ont paru, jusqu'ici, que par fragments rédigés sur des plans divers, en diverses langues, en divers pays, épars le plus ordinairement dans des Recueils généraux. I^a flore de M. Gay aura l'avantage de les pré- senter réunis, coordonnés, rédigés d'après un plan uniforme, dans un petit nombre de volumes faciles à consulter, et vérifiés pour la plupart par la comparaison des nombreux matériaux qu'il a recueillis et observés par lui- même. Ces matériaux font partie de l'Herbier du Muséum de Paris, où les botanistes pourront ainsi chercher les types authentiques de la flore chi- lienne. C'est une garantie et un moyen d'étude dont la nécessité est aujour- d'hui reconnue. On y a eu égard, autant que possible, dans la rédaction de cet ouvrage, et les plantes de M. Gay ont été comparées avec celles des grands herbiers de M. de CandoUe et de M. Hooker, auquel on doit la con- naissance de tant de plantes du Chili. 1' L'ordre général des familles et des genres est celui de l'ouvrage le plus complet et le plus universellement adopté aujourd'hui, le prodrome de M. de CandoUe. L'auteur donne les caractères de chaque famille, suivis de quelques observations sur le rôle qu'elle joue dans la flore générale et dans celle du ChiH. Pour chaque genre, on trouve d'abord le caractère essentiel en latin, puis plus détaillé en espagnol, puis des observations sur sa distri- bution géographique, et générale et particulière au Chili, sur ses usages et ses propriétés. Chaque espèce est signalée par une phrase caractéristique en latin, suivie de la synonymie qui indique, avec le nom vulgaire, les noms déjà proposés , les auteurs et lés figures à consulter à son sujet ; puis elle est décrite plus complètement en espagnol , avec l'indication des localités pré- cises, et le plus souvent des hauteurs où elle a été observée, l'indication de ses usages et d'autres observations plus ou moins étendues , suivant le degré d'intérêt qu'elle présente. » On comprend que l'ouvrage n'a pas été rédigé seulement à l'usage des botanistes européens, pour lesquels plusieurs de ces détails eussent été superflus, mais qu'il doit avoir pour lecteurs les habitants du pays dont il traite : et nous devons souhaiter vivement qu'il y soit accueilli, et y répande le goût et la connaissance des sciences naturelles. Une fois familiarisés avec la langue et les méthodes des naturalistes , ils pourront donner la main les Crucifères, Bulnesia et Pintoa dans les Zygophyllées, B.als^mocarpon dans les Légumi- neuses, Huidobria dans les Loasées. , ..!■ • •' ' • (i) Celle des Eucryphiacées. ( ii48 j à ceux de l'Europe , leur communiquer la lumière au lieu de la recevoir. C'est alors seulement qu'on doit espérer des connaissances complètes sur ces riches contrées qui, jusqu'ici, n'ont été étudiées que par des étrangers et des passagers. Car, si l'on excepte l'Amérique du Nord, toutes les flores améri- caines, ainsi que nous les nommons, ne sont jusqu'ici que des descriptions d'herbiers formés par des voyageurs parcourant plus ou moins rapidement de vastes pays sur une ou plusieurs lignes seulement : ce n'est pas une statis- tique complète, patiente, étudiée sur tous les points du territoire, dans tous les instants de l'année, comme l'est une flore d'un pays européen ; et encore celles-ci ne sont pas aujourd'hui même complètes. " Cependant, sans prétendre à cette perfection, celle de M. Gay, fruit de douze ans d'explorations incessantes, poursuivies avec ardeur et puissam- ment secondées, sera la plus complète qui ait été publiée jusqu'ici sur une partie de l'Amérique du Sud; mais il faut qu'elle se poursuive et s'achève, qu'elle ne s'arrête pas en chemin comme la plupart de nos flores exotiques. Espérons qu'elle continuera à jouir de l'appui qui a permis de l'entreprendre, et que le Chili, qui a adopté notre compatriote, soutiendra jusqu'au bout cette laborieuse et vaste publication, qui nous apprend à connaître toutes ses richesses naturelles. " M. Gay, qui faisait marcher de front les recherches de géologie , de mé- téorologie et de géographie avec celles de botanique, a pu ainsi constater les terrains et les hauteurs où croît chaque plante, toutes les conditions exté- rieures nécessaires à sa végétation. Il les indique souveiit dans les observations qui suivent chaque espèce, et il les résumera en les développant dans un cha- pitre général de géographie botanique. >' Un atlas in-folio est joint ;i l'ouvrage. Les planches de botanique sont dessinées par M. Riocreux, avec le talent et l'exactitude dont il a déjà fait preuve dans plusieurs autres ouvrages. Nous devons nommer aussi plusieurs jeunes et habites botanistes que M. Gay s'est associés pour la rédaction de l'ou- vrage, MM. Barnéoud, Closs et Rémi. Le nom de chacun se trouve à la fin de la famille qu il a traitée ; celles qui ne portent pas de nom et qui forment la plus grande partie l'ont été par M. Gay lui-même. 1' Nous pensons que cette publication mérite et a tout l'intérêt de l'Aca- démie, quoique nous ne puissions lui proposer de l'exprimer, parce qu'il s'agit d'un ouvrage imprimé. » ('i49) NOMEVATIONS. L'Académie dési^jne par la voie du scrutin les cinq membres qui compo- seront la Commission chargée d'examiner les pièces adressées au concours pour le prix de Physiologie expérimentale. MM. Flonrens, Milne Edwards, Rayer, Magendie et Serres réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Études sur le rapport qui existe entre le poids atomique , la forme cristalline et la densité des corps; par M. Filhol. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Regnault. ) « Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Aca- démie renferme un résumé critique des travaux les plus essentiels qui ont été publiés sur le rapport qui existe entre le poids atomique, la forme cris- talline et la densité des corps; il renferme, en outre, l'exposé de quelques expériences et de quelques vues qui me sont propres. » J'examine successivement les travaux de MM. Dumas, Kuffer, Boullay, Persoz, AmmermuUer, Schrœder et Kopp. » M. Dumas a été conduit, par ses recherches, à la découverte d'une loi très-remarquable, qu'on peut exprimer de la manière suivante : les volumes atomiques des corps isomorphes sont égaux. » Tous les faits qui ont été observés jusqu'à ce jour par les auteurs les plus recommandables, tous les essais auxquels je me suis livré moi-même, démontrent que cette loi est de la plus parfaite exactitude. >• M. Kuffer a publié, en 1824, un Mémoire dans lequel il expose une for- mule qui peut servir, d'après lui, à calculer la densité des corps d après leur poids atomique et leur forme cristalline. Je démontre que la formule de M. Kuffer est en opposition avec la loi de M. Dumas, et que la vérité de l'une entraîne nécessairement la fausseté de l'autre; je fais voir, en outre, comment M. Kuffer a pu calculer, à l'aide de données inexactes, des den- sités qui s'accordent d'une manière surprenante avec celles que fournit lex- périence. » Je discute ensuite les idées de M. Persoz et les formules à I aide desquelles il calcule la densité des corps d'après leur poids atomique ; je prouve que G. h , 1847, l" Semestre. (T. XXIV, N» 26.) I -^ I ( ii5o ) l'on est conduit, en suivant la marche qu'il indique, à des résultats qui sont vrais dans un grand nombre de cas, mais que Fon est presque aussi souvent conduit à des résultats inadmissibles. Les écarts doivent être attribués , ce me semble, à ce que, dans les formules de M. Persoz, il n'est pas tenu compte de la forme cristalline, qui a beaucoup d'influence sur la densité, comme on peut s'en assurer en examinant des corps dimorphes. " J'analyse ensuite les travaux de M. Boullay sur le changement de volume qu'éprouvent les corps pendant la combinaison; je fais connaître le résultat d'un grand nombre d'expériences que j'ai faites moi-même en opérant comme l'avait fait M. Boullay : mes recherches prouvent que le coefficient de con- traction de plusieurs composés appartenant à un même genre est sensible- ment le même pour plusieurs d'entre eux; ce qui prouve que le rapport qui existe entre les densités calculées de ces derniers (dans l'hypothèse où les élé- ments se seraient unis sans changer de volume) est le même que celui qui existe entre leurs densités réelles : d'où résulte la possibilité de déterminer par le calcul la densité de quelques-uns d'entre eux. » Je recherche ensuite si la formule donnée par M. Ammermuller pour calculer les densités de certaines combinaisons conduit toujours à des résul- tats satisfaisants, et je prouve que cette formule a fourni à ce savant des densités calculées très - exactes , quand même les éléments de son calcul étaient évidemment inexacts; ce qui démontre, à mon avis, qu'elle ne peut pas être conservée. .- Passant enfin aux travaux de MM. Schrœder et Kopp , je m'arrête surtout sur les rapprochements à l'aide desquels ce dernier a essayé de prouver que la théorie, qui consiste à considérer les oxysels métalliques comme formés par un corps halogène composé uni au métal, est mieux appuyée par l'étude des volumes que l'ancienne théorie, et je me demande si les mêmes rapprochements n'existeraient pas aussi quand on admettrait cette dernière. Je démontre que l'exemple fourni par M. Kopp dans son Mémoire, et d'après lequel il n'en serait pas ainsi, est exceptionnel et sup- pose une erreur dans la densité admise pour l'oxyde d'argent ; je prouve qu'en substituant à celui qu'a choisi M. Kopp d'autres exemples pris au hasard, on arrive à des résultats tout différents. » Je ne me suis pas occupé , dans ce Mémoire , du rapport qui , d'après M. Kopp, existe entre la valeur des angles et la valeur du volume atomique dans les corps régulièrement cristallisés. T^es expériences que j'ai entreprises sur ce sujet n'étant pas encore assez complètes, j'en ferai l'objet d'un tra- vail spécial que j'aurai l'honneur de soumettre plus tard au jugement de l'Académie. » ( ii5i ) HIÉMOIRES PRÉSENTÉS. ANATOMIE. — Mémoire sur l'ossification des cartilages du larynx ; par M. Sego\d. (Commissaires, MM, Flourens, Milne Edwards, Despretz.) L'auteur, en terminant son Mémoire, en donne le résumé suivant ; i< 1°. L'étude de l'ossification des cartilages du larynx sert à éclairer plu- sieurs points de l'histoire anatomique et physiologique de l'organe de la voix. >' 2°. Bien que l'âge soit une des causes de la transformation osseuse des cartilages, l'époque de la vie à laquelle commence ce changement d'état est extrèmemeut variable. )' 3°. Lorsque cette altération s'opère, elle débute toujours par les points corrrespondants à des insertions musculaires. » 4°- L'ossification commence parle cartilage cricoïde, elle finit par les cartilages aryténoïdes. " 5°. Quand le cricoïde est entièrement transformé, ses dimensions générales peuvent être modifiées de telle sorte, que la partie antérieure du cartilage ne peut plus s'engager sous le thyroïde ; d'où la difficulté de pro- duire les sons élevés de la voix de poitrine. " 6°. Le thyroïde , par suite de l'ossification , subit des changements notables : le trou qu'on observe ordinairement au devant du tubercule supé- rieur s'oblitère; la ligne oblique décrite par certains anatomistes, contestée par d'autres, peut apparaître sous forme de crête ou de ligne arrondie; le bord inférieur du cartilage s'épaissit et gêne l'engagement du cricoïde. », 7°. Une disposition, indépendante de l'ossification, peut exercer une grande influence sur l'extension du mouvement de bascule du cartilage cricoïde; c'est la longueur de la corne inférieure du thyroïde. Cette longueur est très-variable et ne dépend pas des dimensions générales du cartilage. » 8°. Deux parties des aryténoïdes résistent longtemps à l'ossification : ce sont les apophyses supérieures et les apophyses internes, » 9°. Il faut ranger, parmi les cartilages du larynx, les corpuscula triticea qui, en s'ossifiant^ se soudent, le plus souvent, à la grande corne du cartilage cricoïde. » CHIMIE. — Recherches sur les divers composés platiniques dérivés du sel vert de Magnus; par M. Raewskt. (Extrait par l'auteur. ) (Commission précédemment nommée. ) « Dans un premier Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Aca- : t5i.. ( Il52 ) demie (i), j'ai démontré que le sel vert de Magnus, soumis à l'action d'une quantité considérable d'acide nitrique, donnait naissance, non pas au sel de Gros , mais à deux sels nitriques d'une composition différente ; j'ai indiqué , en outre, que l'un de mes sels est susceptible de donner, par une double décom- position, les phosphate, chlorhydrate, chromate, oxalate et carbonate de la même base. C'est en poursuivant l'étude de ces combinaisons, que j'ai été conduit à regarder comme certaine l'existence d'une nouvelle série de sels plaliniques, et, par conséquent, cVune base nouvelle. Il me restait cepen- dant une autre lacune à remplir, c'est l'étude des composés secondaires qui prennent naissance quand on traite le sel vert Magnus par un très-grand excès d'acide; car la réaction est bien loin d'être aussi simple que celle observée par M. Gros dans la préparation de son sel nitrique. Dans mon premier Mémoire, j'ai constaté les faits sans présenter des résultats analy- tiques ; mais maintenant que j'ai été assez heureux pour faire cristalliser le sel qui se dépose dans les eaux mères par le refroidissement , et contrôler sa composition par des analyses multipliées, les faits observés, joints à des ré- sultats nouveaux , m'ont fourni des renseignements plus complets sur le mode de formation de mes deux sels. " Le sel nitrique des eaux mères est blanc après plusieurs cristallisations; sans cette précaution, il conserve une légère teinte jaunâtre, il cristallise en petits prismes aiguillés et brillants, il déflagre dès qu'on le chauffe, donne un sublimé de chlorhydrate d'ammoniaque, de l'eau, et laisse un résidu de platine métallique. Sous l'influence de la potasse caustique, il jaunit, produit un précipité qui se dissout à la température de l'ébullition ; en même temps, un dégagement considérable d'ammoniaque, se manifeste : à froid, le sel n'éprouve pas cette décomposition ; si on le met en contact avec l'acide sulfurique légèrement étendu, on ne remarque rien : mais si l'on ajoute au mélange du cuivre métallique, il y a formation des vapeurs rutilantes. L'azotate d'argent à froid ne produit dans sa dissolution aucun trouble. Les résultats obtenus par l'analyse m'ont donné la formule suivante : (Cl PtC10H«Az-,AzO« = iéquiv. ou Pt^j 0-H'^Az',3AzO«— aéquiv. Si maintenant on considère que dans la réaction de l'acide nitrique sur le sel vert de Magnus, il y a un dégagement abondant des vapeurs rutilantes, formation d'eau, d'acide chlorhydrique; que la dissolution acide évaporée à (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, tome XXIII, page 353. ( ii53 ) siccité, après avoir séparé le sel nitrique des eaux mères et calciné, laisse un résidu énorme de platine; en considérant, dis-je, tons ces faits observés , nous pouvons représenter la réaction par l'équation suivante : ici O'H'AzSaAzO" ici ^j0'H"AzS2Az0»4-Pt'0S8Az0^+i9U0 4-5HCl-(-i2Az0'. » En étudiant ces divers composés auxquels mon sel nitrique de plaline donne naissance, j'ai été conduit à modifier la formule que j'avais adoptée dans mon premier Mémoire. Ce changement est d'accord avec les résultais analytiques obtenus pour ma série de sels; j'ai vu que l'équivalent devait être plus élevé et que la série était plus oxygénée. Je ne change rien , quant à la composition de ma base, je ramène seulement ma formule à la formule générale des nitrates. Admettant que l'équivalent d'hydrogène de l'acide est remplacé par i équivalent de base, mon sel nitrique sera formulé amsi ici ICI 0=H"AzS2AzO''aulieuPt'J 0'H"Az',2AzO'. ( Cl Sels platiniques de la série Pt' \ 0'H"Az* . ') On obtient facilement cette série par une double décomposition avec d'autres sels solubles, en partant du sel nitrique, qui est assez soluble dans l'eau, surtout à chaud. » Phosphate. — Ce sel est blanc ; il cristallise en petites aiguilles douées d'un grand éclat , groupées en étoiles, et qui se feutrent facilement quand on les exprime entre des doubles de papier Joseph ; il est très-peu soluble dans l'eau chaude et presque insoluble dans l'eau froide. C'est un sel tribasique , dans lequel le troisième équivalent de base est remplacé par l'eau. Les nombres obtenus en centièmes conduisent à la formule ici (Cl 0'H"AzSHO,PhO', ou Pt'j 0'H'=AzSHO,PhO'. » Oxalate. — C'est une poudre blanche , grenue et cristalline , peu soluble dans l'eau chaude et presque insoluble dans l'eau froide; de sorte que , pour l'obtenir à l'état de pureté convenable, il suffit d'un simple lavage. Plusieurs analyses ont conduit à la formule ici ( Cl 0'H"AzSC*0% ou Pt'l 0'H"Az',2C'0'. ( "54 ) » Carbonate. — Ce sel constitue une poudre blanche et grenue dans des liqueurs moyennement concentrées; dans des liqueurs étendues, au con- traire, il forme un précipité caillebotteux, qui , du reste, ne présente aucune différence quant à la composition avec le premier sel. A cause du peu de solubilité de ce sel dans l'eau, on se contente de jeter le précipité sur le filtre et de le laver. L analyse a donné pour la formule de ce produit : ÎCl ( Cl 0'H"AzSC'0», ou Pt'J 0'H"AzS2C0'. Sels platiniques de la série Pt'l O'H'Uz'. » Chlorhydrate. — On l'obtient facilement en décomposant le nitrate platinique par l'acide chlorhydrique : c'est une poudre blanche et grenue assez soluble dans l'eau froide et beaucoup plus dans l'eau chaude; sa for- mule est ici 0'H"Az',Cl'. C'est un chlorhydrate qui sort tout à fait de la série que j'ai étudiée et qui semble plutôt appartenir à la série du sel nitrique des eaux mères. En effet, étant donné un nitrate qui a pour formule !C1 0'H"Az',2AzO«, le chlorure correspondant devrait être représenté par (Cl Pt'J 0-H"AzSCP. Or, au lieu de ce composé et qui résulte de l'action de 2HCI sur 2 équivalents du sel nitrique, j'obtiens un chlorhydrate provenant de l'action de 3HG1 sur 2 équivalents du même sel. La formation de ce composé se conçoit par la présence d'un excès d'acide chlorhydrique qu'on emploie pour sa prépa- ration; et ce qui parle le plus en faveur de cette supposition, c'est sa solubi- lité dans l'eau froide, propriété qui n'appartient à aucun sel de cette série. » M. B. Zanon soumet au jugement de l'Académie un Mémoire écrit en italien sur la possibilité de conserver sous terre, au moyen de la chaux hydraulique i les corps animaux préalablement imprégnés d'acide arsénieux. (Commissaires, MM. Dumas , Balard, Lallemand.) ( ii55 ) M. Engelhard adresse une Note écrite en allemand sur la préparation des plaques daguerriennes. M. Regnault est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Buenos envoie une nouvelle Note concernant les phénomènes cfu'il annonce avoir observés chez des individus plongés dans un sommeil accom- pagné d'insensibilité déterminé par l'action de l'appareil magnéto-électrique de Clarcke. (Commission précédemment nommée.) CORRESPONDAIVCE. M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce adresse, pour la biblio- thèque de l'Institut, un exemplaire du 63" volume des Brevets d'invention expirés. CHIMIE. — reddition au procédé de dosage de l'azote par l'emploi des liqueurs titrées ; Réponse aux réclamations de priorité de MM. Bineau et liongchamp ; par M; Eug. Peligot. « Depuis que j'ai présenté à l'Académie une Note sur un procédé propre à déterminer, d'une manière rapide, la quantité d'azote contenue dans les sub- stances organiques , je suis parvenu à donner à ce procédé un tel degré de simplicité, que je le crois de nature à être exécuté désonnais, de même qu'un essai alcalimétrique ordinaire, par des personnes presque étrangères aux opérations chimiques. » J'ai remplacé par un tube en fer le tube en verre qui reçoit la matière à brûler. J'emploie un tube en fer creux laminé, de 2 centimètres environ de diamètre et d'une longueur de 80 centimètres : ouvert des deux bouts, ce tube reçoit à l'une de ses extrémités un bouchon taraudé en fer qu'on lute avec un peu de plâtre ; au moyen d'un bouchon en liège , il communique par l'autre bout avec l'appareil en verre destiné à condenser l'ammoniaque. » Il eût été peu commode de défaire , à la fin de l'opération , le bouchon en fer pour aspirer le courant d'air qui doit amener dans l'appareil conden- seur les gaz que contient encore le tube ; comme d'ailleurs cette opération est assez difficile à exécuter, alors même qu'on opère dans un tube en verre, j'ai cherché à remplacer l'air atmosphérique par un gaz provenant de la dé- ( ii56 ) composition d'une substance placée d'avance dans ce tube même, .l'ai atteint le but que je me proposais en employant Tacide oxalique : j'en introduis I gramme ejiviron au fond du tube; ce corps, en présence du mélange de chaux sodée, se décompose, à la fin de l'opération , lorsque la combustion de la matière organique est achevée, en fournissant un dégagement de gaz hydrogène pur. En faisant passer, en effet, sur ce mélange alcalin, contenu dans un tube de verre , un courant d'oxyde de carbone , on obtient un carbo- nate et de l'hydrogène , ainsi que l'ont déjà constaté MM. Pelouze et Miilon. » .Te me suis assuré, par de nombreuses expériences synthétiques, que les résultats fournis parle procédé ainsi modifié sont d'une exactitude qui ne laisse rien à désirer. J'ai constaté que toutes les substances organiques azotées , en y comprenant les cyanures simples et doubles , peuvent être analysées par cette méthode : les azotates sont les seuls composés qui ne laissent point dé- gager leur azote sous forme d'ammoniaque ; ce qui , au surplus, est un avan- tage plutôt qu'un inconvénient, attendu qu'il importe souvent de pouvoir distinguer l'azote appartenant à ces sels , de celui qui fait partie des composés organiques dont on cherche à établir la composition. " Je dois profiter de l'occasion qui m'est offerte de revenir sur ces questions pour répondre à deux réclamations de priorité relatives à ce procédé d'ana- lyse. " M. Bineau a publié en i846, dans les Annales de la Société d'agricul- ture de Lyon, une Note sur un procédé de dosage de l'ammoniaque et de l'a- zote des matières organiques. » Si j'avais eu connaissance de cette Note, je n'aurais pas manqué de citer M. Bineau, ainsi que j'ai cité M. Baudrimont, comme ayant déjà songé, avec d'autres chimistes probablement, au principe sur lequel repose le procédé que j'ai décrit. Quant aux détails d'exécution , je n'aurais rien changé à ce que j'en ai dit. Entre l'acide chlorhydrique sédécihydraté que M. Bineau indique pour préparer sa liqueur d'épreuve, et l'acide sulfurique à i équivalent d'eau dont je fais usage, je n'aurais pas hésité à choisir ce dernier acide : j'ai indi- qué dans ma première Note les raisons qui m'ont fait préférer la dissolution de saccharate de chaux aux alcalis caustiques dont M. Bineau conseille l'emploi. " Il paraît certain, d'ailleurs, que le procédé dont M. Bineau revendique la priorité est resté à l'état de projet; aucune analyse de matières azotées n'a été publiée par ce chimiste , qui s'exprime ainsi dans les quelques lignes qu'il consacre, dans sa Note, à la description de son procédé : « S'agira-t-il du dosage de l'azote dans les matières organiques ? Après le ( 1.57 1 » traitement par la chaux sodée indiquée par MM. Will et Varrentrapp, rien >i évidemment n'empêchera , pour évaluer l'ammoniaque formée, d'employer » le procédé qui vient d'être décrit. » » M. Longchamp a aussi fait une réclamation de priorité. En 1826, il a distillé de la barégine dans une petite cornue , et il a fait passer le gaz qui se dégageait,. à travers de l'acide azotique dont le titre a été déterminé par la quantité de marbre que cet acide pouvait dissoudre avant et après l'o- pération. Je n'ai pas compris quel rapport on peut trouver entre cette expé- rience et un procédé exact et rapide d'analyse quantitative. » M. Sacc, auteur d'un Mémoire qui a été jugé digne d'une mention hono- rable au concours pour le grand prix des Sciences physiques (question concernant le développement du foetus chez les Oiseaux et les Batraciens), en adressant ses remercîments à l'Académie, lui communique deux nouveaux faits qu'il a observés en poursuivant ses recherches sur la formation de l'œuj chez les Oiseaux. L'un a rapport au passage de l'oxyde ferrique mêlé 'aux aliments, dans la coquille de l'œuf; l'autre à la nécessité de donner aux .poules une substance plus nilrogénée que l'orge , dès que la ponte commence ; et aux propriétés nutritives des plumes. « 1°. Les poules mises en expérience pondaient des œufs à coquille blanche tant qu'elles reçurent de la craie; mais la coquille passa sur-le-champ au jaune orangé quand on y substitua le calcaire jaune grossier, si riche en oxyde ferrique, qui fait la majeure partie des collines sur lesquelles est bâtie la ville de Neufchâtel. La coquille des œufs redevint blanche lorsqu'on eut remis les poules au régime de la craie. » 2°. Pendant la fin de l'automne et l'hiver de 1 846-47 , les poules qui ne pondaient pas se sont contentées d'orge, et leurs fonctions digestives étaient très-normales. Dès qu'elles commencèrent à pondre, elles se mirent toutes à s'arracher réciproquement les plumes et à se les enlever à elles-mêmes lorsqu'on les isolait ; nourries d'orge et de plumes coupées en petits morceaux et légèrement brisées, elles parurent se trouver bien de ce régime, et il nous a toujours été impossible de trouver dans leurs déjections la plus légère trace des plumes avalées, qui avaient donc été digérées. Les mêmes poules cessèrent de s'arracher les plumes d'ès qu'on eut adjoint le lait à leur régime ordinaire. Comme, pendant ce temps, les coqs que j'avais en expérience n'éprouvèrent pas ce besoin d'aliments nitrogénés , je suis tenté de croire qu'il a été provoqué dans les poules par la formation des œufs , et suis per- suadé qu'on arrêterait complètement la ponte en nourrissant les poules avec C. R. , i847, I" Semestre. (T. XXIV , N» 26.) I Sa ( ii58 ) des substances privées de nitrogène ou peu riches en ce principe. Une autre conséquence à tirer de ce fait, c'est que les oiseaux domestiques feront d'autant plus d'œufs, que leur nourriture sera plus riche en nitrogène à 1 époque de la ponte, n PHYSIQUE. — Note sur l'action électrique dans la dorure et Iq zingage; par M. Sainte -Preuve. « La théorie électrique trouve, dans les deux arts de la dorure par im- mersion dans les solutions salines d'or et du zingage du fer, deux vérifica- tions qu'on n'a pas encore exposées clairement. n La dorure se pratique de la' manière la plus avantageuse quand le bain est alcalin, et* le zingage, quand le bain est acide. Ces deux faits s'accordent avec le classement fait par M. Berzelius, et avec les observations de M. Becquerel. »• En effet, d'après M. Berzelius, l'or est négatif dans son contact avec le cuivre; et, d'après M. Becquerel, I or est aussi négatif quand il est en con- tact avec les alcalis. Il y a donc concordance des deux actions électriques, concordance favorable au dépôt d'or en couches minces sur le cuivre. » r3e même , le zinc est positif quand il est en contact avec le fer, et le contact avec les acides lui do.nne le même état électrique. Il y a donc encore concordance des deux actions électriques. >) Mais il ne suit pas nécessairement de ces principes qu'on ne puisse dorer et zinguer que dans les conditions que j'ai rappelées. » On peut, en effet, produire des circonstances exceptionnelles où la dorure s'effectuera dans un 'bain pris acide ou neutre, et où le zingage se produira dans un bain pris alcalin ou neutre. Il suffira, en effet, que l'action électrique du cuivre sur l'or soit plus puissante que celle du bain acide ou neutre Sur l'or, et de même que l'action électrique du fer sur le zinc l'emporte sur celle du bain alcalin ou neutre sur ce métal. >' Enfin on peut, grâce à l'intervention du courant électrique d'un élé- ment voltaïque (ou même d'une pile) , changer en négatif l'état positif que tendait à prendre le bain acide dans la dorure , et en positif l'état négatif qu'aurait pris de même, sans cette adjonction, le bain de zingage. " PHYSIQUE. — Note sur la locomotion pneumatique; par M. Sainte-Preuve. « A l'appui de ce qui a été dit, dans le sein de l'Académie, sur les avan- tages qu'offre le système de locomotion pneumatique, je viens indiquer un ( "59 ) rapprochement de faits qui ma été signalé par M. Calla. T.e pont en fonte (jui a cédé récemment au moment du passage d'une locomotive de l'un des railsways anglais était, de tout point, identique avec celui qui, dans Lon- dres, est jeté sur l'une des rues, et qui fait partie du railway de Blackwall, dont le service n'a jamais été interrompu par suite d'aucun accident sem- blable, r^es légers wagons qui circulent sur le chemin de Blackwall n'exercent sur la voie que le cinquième environ de la pression exercée par les loco- motives ordinaires; et quand les câbles remorqueurs auront été remplacés par le tube en tôle de fer élastique, dont MM. Clarke et Varley ont bien voulu m'emprunter l'idée , ces mêmes wagons pourront être remplacés par d'autres plus légers encore, puisque le piston du tube pneumatique prévient , bien mieux que les câbles remorqueurs, toute sortie de la voie. >' On se récrie contre les frais énormes d'établissement des machines fixes qu'a nécessitées , jusqu'à ce jour , la locomotion pneumatique : mais dans le cas où les convois sont nombreux, où il s'agit d'un service d'omnibus, comme sur la ligne de Blackwall , ces machines fixes sont plus économiques que les loco- motives ; et , pour |e cas plus ordinaire où les convois se suivent à longs inter- valles, j'ai reconnu qu'il y avait avantage à remplacer les machines fixes par des appareils que je n'ose appeler du nom de machines, tant ils sont simples, et qui, fixés sur le premier wagon, détermineront la locomotion de tout le convoi. Ces appareils seront composés de plusieurs chambres en tôle de fer, où s'opéreront successivement la dilatation suivie d'évacuation partielle , puis la condensation de l'air brûlé incomplètement par le charbon contenu dans un foyer central. Mises successivement en communication avec le tube pneu- matique, par l'intérieur d'une navette suffisamment allongée, ces chambres recevront donc une portion de l'atmosphère interne de ce tube, et la ré- pétition de ces aspirations produira une locomotion régulière. » ;;,•.■ M. Ghambon adresse une Note sur uu mojen de constater la présence de l'acide suljurique libre dans les vinaigres. (Commissaires, MM. Pelouze, Payen, Balard.) M. Vallot communique des observations sur les habitudes des trois insectes suivants : le Cjrnips atra, dont la larve produit la galle serpentiforme de la ronce; la noctuelle capsulaire, dont la larve vit et se transforme dans les capsules du Lychnis dioica, et le sylvain azuré, dont la larve, qui vit habituellement sur le chèvrefeuille, attaque aussi les feuilles d'une plante Q\o\\(YiiQ,\'tSymphoricarpos leucocarpa. ( I i6o ) M. DE Paravev, à l'occasion d'une communication récente de M. Stanislas Julien sur l'époque à laquelle remonte l'invention de l'imprimerie chez les Chinois, soutient que cette invention est beaucoup plus ancienne , et a pris naissance dans d'autres pays. « La Chine, suivant lui, n'a fait qu'appliquer sur du papier le procédé suivi en Assyrie, dans l'Indo-Perse, pour imprimer sur les toiles de coton et autres étoffes. M. Lahotte demande et obtient l'autorisation de reprendre une Note qu'il avait précédemment présentée concernant un appareil de sauvetage , Note sur laquelle il n'a pas été fait de Rapport. COMITÉ SECRET. La Section de Cbimie présente la liste suivante de candidats pour la place de correspondant, vacante par suite du décès de M. Hatchett. En première ligne : M. Graham , à Londres ; En seconde ligne , ex œquo et par ordre alphabétique: MM. Bunsen, àMarbourg; Dobereiner, à léna ; Robert Kane, à Cork; Mosander, à Stockholm. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures. F. ERRJTA. (Séance du 21 juin 1847.) Page 1091, figne 8, au lieu de M. Lesbos, lisez M. Joseph Delbos. •-»»»< COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIQUES. JASVIER — JUIN l847- TABLE DES MATIERES DU TOME XXIV. Pages. Accouchements. — Recherches sur les causes de la mort chez les enfants qui succom- bent pendant letravail de l'accouchement; par M. Kiitg u5 — Note sur un nouveau moyen de diminuer les fâcheux effets de l'implantation du pla- centa sur le col de l'utérus; par M. Miquel. i85 Acide azotique. — Dosage de l'acide azotique et des azotates; Note de M. Gojjort 21 Acide flïorhydriqde. — De la véritable nature de l'acide flnorhydrique anhydre ; Mé- moire de M. Louj-et ^34 Acide sdlfoxiphosphoviniqije. — Recherches sur cet acide; par M. Chez 388 — Réclamation de M. Wurtz à l'occasion de cette communication 5oo — Réponse de M. Chez 565 Acides ov soufre. — Sur une nouvelle série d'acides du soufre ; par M. Plessjr igS — Action de l'acide sulfhydrique sur le chlo- rure de silicium ; Note de M. Is. Pierre. . 814 — Action d'un mélange d'acide sulfurique et d'acide nitrique fumant sur quelques substances organiques ; Mémoirede M. Ca- hours 555 — Sur un moyen de constater la présence de l'acide sulfurique libre dans le vinaigre; Note de M. Chambon 1 iSg Acides oras. — Recherches chimiques sur les acides gras du beurre de coco ; par yi. Saint-Evre 246 acoustique. — Sur les intervalles des sons mu- sicaux; Note de M. Jonhson (écrit par erreur Jackson ) 374 ot 44^ C. R., 1847, !«■• Semestre. (T. XXIV.) Fag«. Acoustique. — Note sur les vibrations sonores de l'eau ; par M. Wertheim 656 Aérostats. — Nouveau système de locomotion aérienne; par M. Van Hecke 68 — Rapport sur cette invention; Rapporteur M. Babinet iSa — Réclamation de priorité adressée à l'occa- sion de la communication de M. Van Hecke ; par M. Jennesson 68 T- M. Gaudin présente quelques considéra- tions sur les modifications à apporter aux aérostats pour les rendre propres à monter et à descendre à volonté sans perte de lest, et pour s'opposer aux effets d'endosmose 3o6 — Mémoire sur l'hélice considérée comme moteur aérien ; par M. Plazanet 446 Air atmosphérique. — Examen de l'air confiné dans les écuries où ont respiré un certain nombre de chevaux; par M. Lassaigne.. . 116 Alcalis.— Action des alcalis chlorés sur la lumière polarisée et sur l'économie ani- male ; Mémoire de M. Laurent 219 — M. Dumas, à l'occasion de cette communi- cation , énonce les résultats d'un travail qui l'a conduit à des conclusions confor- mes à celles auxquelles arrive M. Laurent. 227 — De l'influence des alcalis dans divers phé- nomènes naturels, et en particulier du rOle que joue l'ammoniaque dans la nutri- tion des animaux; Note de M. Kuhlmann. 263 Aluns. — Étude sur le sulfate d'alumine et de potasse. Etude sur quelques sulfates de sesquioxyde de fer; par M. lacijuelain. .. 44 i53 ( ii6a ) Ahuosiaoce. Voyez Atote (Composés de l'). Analyse matbématiqce. — Mémoire sur les sé- ries à sommes infinies et sur leur appli- cation à la théorie des nombres ; par M. Lebesgue — Démonstration générale du théorème de Fermât sur l'impossibilité, en nombres entiers, de l'équation i'«+j'"=z''; par M. Lamé — Remarques de M. Liouville h l'occasion de cette communication — M. Cauchy rappelle que, le ig octobre l'i^G, il a donné une méthode et des formules qui lui avaient semblé pouvoir conduire à ladémonstration du théorèmede Fermât. — Note sur quelques propriétés des facteurs complexes ; par M. Cauchy — Mémoires sur les mouvements des systèmes de molécules ; par /e même 348 et — Jlémoire sur les racines des équations al- jjébriquesà coelTicients entiers, et sur les polynômes radicaux ; par le même — Mémoire sur la loi de réciprocité dans la théorie des résidus quadratiques; par ï\ï. Liouville, — Sur les valeurs approchées des fonctions elliptiques de seconde espèce ; par M. d'Es- locquois — Mémoire sur les maxima et les minima conditionnels; par M. Cauchy. . — Extraction homogène des racines de tous Ses indices ; Note de M. Jmbeit — Mémoire sur les lieux analytiques; par M. Cauchy — Sur la décomposiiion d'un polyndme ra- dical à coelTicients réels en deux parties, dont la première est un polynôme radical à coefficients entiers, et dont la seconde offre un module plus petit que l'unité; par le même — Sur la décomposition d'un nombre entier en facteurs radicaux ; par le même, .... — Recherches sur la série analytique de La- jrange ; par M. Chio — Mémoire sur les facteurs modulaires des fonctions entières d'une ou plusieurs va- riables ; par M. Cauchy — Mémoire sur une nouvelle théorie des ima- ginaires et sur les racines symboliques des équations et des équivalences; par le même , Voir aussi à l'art. Géométrie analytique. AsATOuiE. — Recherches d'anotomie micros- copique sur le test des Crustacés déca- podes ; par M. Lavalle — Observations de M. Vrolik sur les nerfs du péritoine de l'hyperoodon, analysées par M. Bourffery,..,- ,,i-,\t^;i Pages. ii5 3io 3i5 3 16 3i7 4.4 407 577 599 7.57 790 88.') 943 1032 io53 1117 44 68 i54 '94 îoi Page». AxATOMiE. — Sur les nerfs du péritoine; Let- tre de M. Pappenheim à l'occasion des observations de M. FroW sur les nerfs du péritoine de l'hyperoodon 7^ — Sur une disposition particulière de l'appa- reil urinaire chez le cochon domestique; Mémoire de M, Lacauchie — Recherches sur la structure intime de la masse musculaire et de la membrane té- gumentairc de la langue dans l'homme et les mammifères; par M. Bourgeiy — Anatomie comparée du sarigue femelle; Mémoire de M. Pappenheim 186 — Mémoire sur la disposition des ligaments de l'articulation coxofémorale; par M. /snard. — Observations de M. Mat/eucci sur un organe qui a été considéré comme un appareil électrique dans certaines espèces de raies. — Remarques de M. Duméril à l'occasion de cette communication 3o3 — Note sur la structure de la langue; par M. Pappenheim 367 — Recherches sur l'organisation du cerveau : formations ciliaires; far le même 368 — Recherches anatomiques et zoologiques sur l'organisation des vers; par M. E. Blan^ chard, 0C)i — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Yalenciennes »o34 — Études sur les types inférieurs de l'em- branchement des Annelés; par M. de Quatre/âges 77^ — Sur la disposition des fibres nerveuses dans l'organe électrique de la torpille. — Sur la structure des ganglions des nerfs rachidiens ( extrait d'une Lettre de M . Wagner à M. Flourens) 856 — Sur la coordination générale et la structure intime du système nerveux de la langue dans l'homme et dans les mammifères; Mémoire de M. Bourgery 874 Anémomètres. — Figure et description d'un nouvel anémomètre; par M. Henry 877 Appareils divers. — M. le Ministre des Fi- nances invite l'Académie à lui faire con- naître le plus promptement possible le jugement qu'aura porté la Commission chargée d'examiner l'ébullio«cope alcoo- métrique de M. Brossard-Yidal — Appareil pour exécuter sous l'eau des tra- vaux d'extraction de rochers ou des tra- vaux de maçonnerie, employé en 1S46 au port de Croisic ; par M. de la Gournerie, — Rapport sur cet appareil; Rapporteur M. Marin 7^5 — Sur un moyen simple et peu dispendieux pour faire le vide ; Note de M. Hossard. . i — M. Moutsard présente le modèle en petit '9 64 6 ( ii63 ) d'une machine à vapeur à laquelle est ap- pliqué le régulateur dynamométrique à action instantanée, dont il a fait Tobjet d'une précédente communication Appareils divers. — M. Amhlard prie l'Aca- .léniie de se faire rendre compte d'un ap- pareil qu'il lui a précédemment présenté, et qu'il désigne sous le nom de « respi- rateur artificiel » — Mémoire sur les appareils fumivores; par ]\I . Combes — Mémoire sur l'hélice considérée comme moteur aérien ; Note do M. Platanet — Régulateur du gaz d'éclairage, présenté par M. Uutrel ..\ 448 et — Lettre de M. Kopainshy relative à son ap- pareil de chauffage . . . — Description et figure d'un appareil mis en jeu par la détonation de la pyroxyline, de la poudre à canon et autres composés fulminants ; Note de M. Berthauh — Appareil pour pratiquer des saignées lo- cales; présenté par M. Gouyon — Mémoire sur une modification apportée r> la vis d'Archimède ; par M. Letellier. . . . — Appareil destiné à la préparation usuellede l'oau gazeuse et des divers liquides chargés d'acide carbonique; Note de M. Briet. — Figure et description d'un nouvel anémo- mètre ; par M. Henry — ■ Modèle et description d'une nouvelle pompe à incendies; par M, Blancard..., — Descriptions et figures d'une machine à >apeur rotative et d'une pompe rotative; ;)ar M. Mathon — Figure et description d'un nouveau pétris- seur mécanique; par M. Boland Figure et description d'une nouvelle char- rue; par M. Louis Faure Ap.iTUMÉTiQDE . — Appareil destiné à abréger l'opération de la multiplication et à en écarter les chances d'erreur; présenté par M. Bitranowsky — Sur une méthode très-facile de calculer les logarithmes ; Note et Mémoire de M. Koralek 6i3 et — iSotes sur les fractions continues, sur des procédés d'approximation pour les racines numériques, sur quelques propriétés des nombres ; par M. Bourdat — Application des progressions géométriques à la règle des intérêts composés; Note de M. Tisserant Voir aussi aux articles Analyse matké- mati(fue. Théorie des nombres. Armes a feu. — Procédé pour la fabrication des bouches à feu de l'artillerie; Note de M. d'Adhèniar, ,,,. P«sw 387 Armes a feu. — Nouveau fusil se chargeant par la culasse; présenté pur'M. îlontigny. — M. Rouillet présente un fusil muni d'un 3oo mécanisme destiné à prévenir les acci- dents communs à la chasse 448 et 698 — Nouvel appareil d'artillerie; Note de M. Dorso 6i() Arsenic et ses composés. — Sur l'emploi de la 369 m.ngnésie comme contre-poison de l'acide arsénieux; réclamation de priorité adres- 379 sée, en faveur de feu M. Mandel, par M. de Haldat 3o4 445 — Sur la présence de l'arséniate de fer dans les eaux minérales des Pyrénées; Note de io53 M. Lemonnier G29 — Nouvelles observations sur les deux va- 499 riétés d'acide arsénieux; parM. iJuj^.. 774 — L'Académie entend, dans la séance du 17 mai 1847, un Rapport sur ce Mémoire et sur un autre du même auteur concer- 566 nant l'emploi de la magnésie comme con- tre-poison de l'arsenic : la question de 567 priorité soulevée sur ce dernier point par la Lettre de M. de Haldat n'ayant pas été discutée, le vote sur les conclusions du Rappoit est ajourné jusqu'à plus ample information 869 853 — M. Dumas communique une Lettre de M. Bussy relative à la réclamation sou- 877 levée en faveur de M. Mandel 901 Astronomie. — Sur les découvertes astronomi- 1019 qnes qui appartieuncnt aux Arabes; Lettre de M. Sédillot 3o6 - Observations de la planète découverte par Ibid, M. Le Verrier, faites à l'observatoire de Milan ; par M. Stambucchi 624 1098 — Détermination des éléments de la nouvelle planète; par M. Benj. Valz 688 ibid. — Lettre de M . Schumacher concernant deux Étoiles qui ne se trouvent plus dans le ciel ; possibilité d'une erreur dans les re- gistres de Lalande 640 557 — M. F. il/aui'fliiannoncequ'ilacommencédes recherches concernant l'existence de l'é- toile de II l'Histoire céleste » , indiquée 68S dans la Lettre de M. Schumacher comme pouvant s'identifier avec la planète de M. Le Verrier 641 — Sur le mouvement propre de trois amas 655 d'étoiles du Catalogue de Messicr ; Note de M. Laugier ton Voir aussi aux mots Comètes, Planètes, 8û8 Mécanicjue céleste. Atmosphère terrestre [Mouvements généraux de l'), question proposée pour sujet du grand prix de Mathématiques de 1847. — L'Académie reçoit , en date du 27 février, i85 un Mémoire adressé pour ce concours i53.. ( i«64) , P.-.ge». dont la cidture est fixée au i" mars 36g Aurores boréales. — Considérations sur les hypothèses proposées pour expliquer les phénomènes de l'arc lumineux des au- rores boréales; par M. Mortel ^5r) Azote (Composés de t'). — Dosage de l'acide azotique et des azotates; par M. Gossart. 21 — De l'influence des alcalis dans divers phé- nomènes naturels, et, en particulier, du rôle que joue l'ammoniaque dans la nu- trition des animaux; Note de M. Kuhl- mann 263 — Sur un procédé propre à déterminer d'une manière rapide la quantité d'azote con- tenue dans les substances organiques ; Mémoire de M. Peligot 55o **»t;f». Azote (Composés de l'). — Procédé pour la détermination quantitative de l'ammo- niaque; réclamation de priorité envers M. Peligot; Note de M. Bineau 686 — Sur un mode pratique de déterminer la proportion de l'azote contenu dans une matière animale; Note de M. Long- champ. 807 — Képonse de M. Peligot aux réclamations de priorité contenues dans les deux Notes précédentes " j5 — Recherches concernant l'action qu'exercent sur les plantes l'ammoniaque et l'acide nitrique ; par M. Persos âSg et 562 BiiMSTiQOE. —Sur la relation des charges de poudre avec les vitesses initiales qu'elles communiquent aux balles, et sur celle qui lie les forces vives de ces balles au volume de l'impression produite dans le plomb; Mémoire de M. Slorin 25 Baume de Tolu. — Mémoire sur les principes constituants de ce produit végétal ; par M. Kbpp 614 Belladone. — Note ayant pour titre: « Rapi- dité thérapeutique et innocuité intoxica- tricede l'extrait do belladone dans l'éther sulfurique d'après la méthode buccale et pharyngienne «; par M. Ducros 74 Betteraves. — Distribution du sucre et de quelques autre» principes immédiats dans les betteraves ; Mémoire de M. Paxen. 909 e' 985 Bois. — Recherches sur la composition élémen- taire de difTérents bois et sur le rende- ment annuel de i hectare de forêts; par M. Eug. Chevandier 269 — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. de Gasparin , 4*8 — Rapport sur un Mémoire de MM. Eug. Chevandier et Wertheim, ayant pour objet la recherche expérimentale des proprié- tés mécaniques du bois ; Rapporteur M. Poncelet SÎJ Boisement des montagnes. — Sur la nécessite de conserver et d'améliorer les bois des montagnes et des collines en Italie; Mé- moire de M. Steffani 878 Borates. — Note de M. Aug. Laurent sur ces composés 94 Botanique. — Rapport sur un ouvrage de M. Cl. Gar, ayant pour titre: «Historia fisica y politica de Chile » (partie botanique); Rapporteur M. de Jussieu 1 145 BoDSSOLEs — Rapport sur un appareil proposé par M. Léon du Parc, ayant pour objet d'établir un curseur de direction sur la rose dos vents du compas de roule dont on fait usage à bord des bâtiments ; Rap- porteur M. Duperrey 36 Bulletins bidliografbiques. — 1^, 47, Si , iSg, 207, 25 1, 3o8, 334, 393, 467, 5o3, 568, 630, 699, 754, 823, 864, 882, 903, 983, 1063 et , 1112 Caduque ( Membrane). — Note sur la nature de la caduque chez l'espèce humaine ; par M. Cosie 893 — M. Bryant rappelle, à cette occasion, une opinion depuis longtemps soutenue sur la même question par M. Pappenhcim.. . 982 Calendrier. —Sur la réforme du calendrier grégorien ; Note de M. Autourdes, trans- mise par M. le Ministre de l'Instruction publique • 1091) Canal de Marseille. — Mémoire sur la con- struction de ce canal ; par M. de Mont- richcr 377 Candidatures. — M. Mutel demande à être W ( i Page? . porté sur la liste des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Borr de Saint-Yincenl 117 Candibatures. — M. Fèvre adresse une de- mande semblable 1 58 — M. Vallée également igS — M. Guérin-Méneville demande à être com- pris dans le nombre des candidats pour Si^ la place vacante dans la Section d'Éco- ™ notnic rurale, par suite du décès de M. Duliochct 370 — M. Couverchel adresse une demande sem- bable Ibid. — M. de Calignjr prie l'Académie de vouloir bien comprendre son nom parmi ceux des candidats pour la place vacante dans la Section de Mécanique 499 — M. Grimpé adresse une semblable de- mande. Ibid. — M. Loiseleur-Deslongchamps se présente comme candidat pour la place vacante dans la Section d'Economie rurale Ihid. — M. Vallée demande à être porté sur la Itstedes candiditts pour une place vacante d'Académicien libre Ibid. — M. Peligot prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section d'Économie rurale 55g — tA. Duvernoj- prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. B. Delessert 689 — M. VaZWe adresse une semblable demande. 795 — M. Bussx également 854 — M. Ko/ip prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des can- didats dont elle discutera les titres, à l'oc- casion de la présentation pour une place vacante à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Strasbourg 1020 CAnBO:«E. Voir au mot Diamant, Cartes géologiques. — M. Dufrénoy met sous les yeux de l'Académie une carte géolo- gique du département de Saône-et-Loire, par M. Wanèî, coloriée par impression, à l'Imprimerie royale , par M. Derenémesnil. 73 Cautérisation. — Sur les avantages que la thé- rapeutique peut retirer de la cautérisation opérée à l'aide des agents chimiques à l'état de dissolution dans l'eau ; Mémoire de M. Malapert 896 Chaleur. — Recherches sur le rayonnement de la chaleur: variation du pouvoir émissif avec l'inclinaison. Détermination des pou- voirs réflecteurs ; Mémoires de MM. de la Prouostaye et Besoins. ,., Co, 684 ** 9^ i65 ) Chaleur. — Essai sur la théorie mécanique de la chaleur ; par M. Biioi 877 — Mémoire sur la théorie des fluides élasti- ques et sur la chaleur latente des vapeurs; par M. Poui7.'e( 888 et giS — Recherches sur la chuleur dégagée pendant les combinaisons chimiques; par MM. Fa- vre et Silbermann ,081 Chambre obscure. — Sur un moyen de faire servir directement la chambre obscure à l'art du graveur; Note de M. Dieudonné.. 882 Chemiss de fer. — Mémoire sur un chemin de fer à quatre rails; par M. /. Bazin. . . 18 — Description et figure d'une attache de sû- reté pour les voitures des chemins de fer; par M. de Bavay {^i — M. de Bazclaiie demande et obtient l'auto- risation de reprendre un appareil qu'il avait précédemment présenté , et qu'il dé- signait sous le nom de n chronomètre guide pour les chemins de fer » bo — Nouveau système d'union pour les wagons dont se compose un convoi ; proposé par M. Merlateau iq5 — M. Andraud annonce qu'il a fait établir à Paris un tronçon de chemin de fer d'a- près le système qu'il a soumis ou juge- ment de l'Académie 206 — Note sur les moyens de prévenir le dérail- lement des convois ; par M. Chtfion 307 — M. Seguier présente un modèle eh petit du mécanisme qu'il a imaginé pour le sys- tème de traction sur les chemins de fer. Sog — Addition à un Mémoire de M. Derict/uekem sur un nouveau système de chemins de fer 38o — Mémoire de M. Dégenetais concernant les viaducs de Barentin et de Mirville 38- — Notes de MM. Pingaull et Michel et de M. Tonnelier, sur des moyens destinés à prévenir les accidents des chemins de fer 448 — M. Andraud prie la Commission qui a été chargée d'examiner son système de pro- pulsion pour les chemins de fer, de vou- loir bien assister aux expériences qui se font sur le tronçon de chemin qu'il a établi 46f) — M. de Grenier adresse une réclamation de priorité relative aux divers systèmes de chemins de fer dans lesquels le moyen de prévenir le déraillement repose sur l'exis- lonco d'un rail central ihid. — Mémoires concernant la statistique des chemins de fer de Paris ,^ Bennes et de Paris à Caen , dans différentes hypothèses concernant la direction et les embranche- ments de ces chemins ; par M. de Condé. 498 ( ii66 ) Page.. Cbemiss de fer. — M Dericquchem annonce qu'il a modifié son système de chemin de fer à rail directeur moyen , de telle manière qu'il peut se prêter à de grandes vitesses et à des courbes d'un petit rayon. 655 — Dispositif destiné à diminuer les dangers lies transports par chemins de fer; pré- senté par M. Gain 689 — Nouveau frein à l'usage des chemins de ter ; proposé par M. Keitenhoven 877 — Appareil destiné à prévenir le déraillement des convois; proposé par M. /our(iant.. . Ibid. — Note concernant un moyen de prévenir le déraillement; par M. CreieMoc-Ferne/. . 1098 — Heurtoir à enrayage naturel destine à pré- venir le déraillement; par M. Medcnger.. Ibid. Chemins àe fer atmosphériques. — M. Sainte- Preuve prie l'Académie de vouloir bien renvoyer ime Note qu'il lui a précédem- ment présentée, à la Commission chargée de l'examen dn système de chemin de fer atmosphérique de iNl. llédiard 23 — Soupape longitudinale pour les propul- seurs des chemins de fer atmosphériques ; soumise au jugement de l'Académie par M. Moujlard ^gj — Nouveau système de soupape longitudinale pour les tubes propulseurs des chemins de fer ; par M. Moujlard 655 — Note sur les chemins de fer pneumatiques; par M. Sainte-Preuve C)82 — Note sur la locomotion pneumatique ; par le même 1 1 58 Chimie animale. — Lettres de M. Liebig à iM. Gay-Lussac sur des recherches de chimie animale 6g et 195 Chikie PHïsiOLOGiQCE. — Aperçu sur la chimie physiologique; Mémoire de M. Ch.Gaudi- chaud • 986 Chinois {Arts des]. — .Sur les miroirs magiques des Chinois ; Notes de M. St. Julien et de M. Seguier ggg et 1 001 — Nouveaux documents sur l'époque de l'in- vention dos divers procédés d'imprimerie en Chine ; Note de M . St. Julien 1 002 — Procédés des Chinois pour craqueler l'é- mail des porcelaines. Alliages de cuivre employés en Chine. Emploi militaire des cerfs-volants ; vaisseaux en métal des Chi- nois ; par Ze mé)ne 1068, I 06g et 1070 — Lettre de M. de Paravey réclamant, pour d'autres pays, l'invention de l'imprimerie. 1 160 Chirvkgie. — Supplément à une précédente communication sur des modifications ré- cemment introduites dans l'opération de la cataracte ; par M. Guêpin 1^1 — .Sur plusieurs cas nouveaux de guérison complète de fistules vésico-vaginales , avec perte de substance, au moyen du procédé de réunion autoplastique par glissement ; iVlémoire de M. Jobert, de Lamballe 68 Chirurgie. — Rapport sur le travail de M. Jo- bert, relatif à plusieurs cas nouveaux de guérison de fistules vésico-vaginales; Rap- porteur M. Lallemand lor — Amputations des deux jambes pratiquées coup sur coup ; Note de M. Broniet 79 — Opération de la taille urélrale bilatérale; extraction de g calculs volumineux adhé- rents à la vessie ; guérison ; Note de M. Defer îoo — hur un cas d'ostéosarcome observé à l'hô- pital de la marine, à Brest; Note de M. Roux 3jo — Ues plaies et des fistules de l'estomac con- fidérées dans leurs rapports avec la gas- trostomie ; Mémoire de M. Sédillot 584 — IJe la manièrede sonder l'oreille de dehors en dedans; Note de M. Baudelocc/ue 696 — Considérations anatomiques sur les fistules vésico-vaginales ; par M. Jobert, de Lam- balle 87-.! — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur Al. Lallemand io3q — Rlémoire concernant l'extraction sous-pe- riostée des os et leur reproduction; par M. Larghi 894 — Remarques de M. Flourens à l'occasion de cette communication ggS — .Sur un nouveau mode de réunion des plaies ; Note de M. Daudens 1018 CmoBE ( Composés du ). — Action des alcalis chlorés sur la lumière polarisée et sur l'éco- nomie animale; Mémoire de M. iaurent. 219 — M. Dumas, à l'occasion de cette commu- nication, énonce les résultats d'un tra- vail qui l'a conduit à des conclusions conformes aux opinions développées par M. Laurent, daus ses derniers Mémoires. 227 — Analyse du sesquichlorure de chrome pur; , par M . Jacquelain O79 — Action de l'acide sulfhydiique sur le chlo- rure de silicium, nouveau composé de chlore, de soufre et de silicium; Note de M. ts. Pierre 8i4 Chrome (Composés dc).— Etudes sur la réaetior; de Tacide sulfurique sur le bichromate de potasse. — Étudesur l'alun de chrome; par M. Jaccjuelain 4^9 — Analyse du sesquichlorure de chrome pur; détermination de l'équivalent du chrome; étude et discussion des propriétés du ses- quichlorure de chrome pur; par M. Jac- t/uelain 679 CiRCULATio.N. — Note sur la circulation du sang chez les Coléoptères ; par ^|. Nicolet ib W ( I PagM. Ci)i.onATios8MÉTALLiQiEs Note sur ces colo- rations) par M. Cornar 698 Comètes — Eléments do la comète du 5 février J847; par MM. Laugier, Yillarceau et Goujon 3o5 — Eléments de la même comète calculés par M. Graham, d'après ses propres observa- tions et d'après celles do M. Uind 33^ — Lettres do M. Uind à M. Faye sur la comète du 5 février 3o5, 448, 689 et i io3 — Eléments elliptiques de cette comète; par M. Yvon Yillarceau 44g — Eléments de l'orbite parabolique de la même comète ; présentés au nom de W . Graham par M. Le Verrier Âga — Note sur la comète de M. Uind, parM. Yvon Yillarceau , . , 553 — Eléments provisoires de la nouvelle co- mète ; par M. Benj. Vah 638 — Eléments de la comète de M. Uind; par VI , Butillon gn, — Lettre de M. Colla sur la découverte d'une nouveIlecomète,faiteparluilegmai 1847 879 — M. Lk Ycrrier communique une Lettre de M. Cooper concernant les éléments de la comète de M. Hind calculés par M. Gra- !'""'■: 900 — Eléments paraboliques de la comète de M. CoHa calculés par M. Goujon goi — Observations de la nouvelle comète , par M. Littrow; communiquées par M. Le Verrier ,0,g — Remarques de M. Laugier sur quatre ob- servations de la comète de M. Hind, laites à l'Observatoire de Paris 1 143 Commission administrative MM. Chevreul et Poncelet sont élus membres de la Com- mission centrale administrative pour l'an- "éei847 3 CoMMi ssio.vs DES PEix.— G/anii prix des Sciences mathématiques pour 1847 : Commissaires, M.M. Liouville, Aiago , Cauchy, Slurm, Lamé SCg — GrandprixdesSclencesphïsiijuespnur 1847 : Commissaires, MM. de Jussieu, Oeeaisne, Ad. Brongniart, Gaudichaud, Richard. . 889 — Prix de Médecine et de Chirurgie : Commis- saires, MM. Serres, Lallemand, Roux, .Aiidral, Velpeau, Rayer, Duméril, Ma- gendie, Flourens y5i — Prix concernant les Arts insalubres ; Com- missaires, MM. Dumas, Payen, Chevreul, Rayer, Pelouze 104(1 — Prix de Physiologie expérimentale : Com- mlssairesjMM. Flourens, Milne Edwards, Rayer, Magendie, Serres 1149 — Commissions MODIFIÉES. — M. Élie de Beau- mont est adjoint à la Commission char- 167 } gée de l'examen d'une Note de M. de Pn ravey sur l'emploi à faire dans les con- structions des laves d'Auvergne et des ardoises des Ardennes CoMBissio.vs SPÉCIALES. — Une Commission, composée du président de l'Académie, de deux académiciens libres, de deux mem- bres pris dans les sections des Sciences mathématiques , et de deux autres pris dans les sections des Sciences physiques, est chargée de présenterune liste de can- didats pour la place d'académicien libre, vacante par suite du décès de M. Bory de Saint~Y incent. Commissaires, MM. Hé- ricort de Thury et de Bonnard, Arago et Biot, Flourens et Chevreul — CetleCommission présentelaliste suivante de candidats : i" M. Civiale, 2" et par ordre alphabétique, MM. Fèvre, Large- tcau, J. Reynaud. Sur la proposition d'iiii membre, M. Vallée est admis par l'Acadé- miecomme candidat pour la place vacante. — Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'académicien libre, vacante par suite du décès de M. B. De/esjei( ; Commissaires, MM. Arago et, Pouillet, Flourens et Duméril, Héricai-t de Thury et Pariset , et le président de l'Académie, M. Ad. Brongniart — Cette commission présente la liste sui- vante de candidats : !<> M. Duvernoy , 2" et par ordre alphabétique, MM. Bussy, Largeteau, Reynaud, Vallée — Commission chargée de présenter une question pour le grand prix des Sciences mathématiques , année 1849 : Commis- saires, MM. Flourens, Serres, Milne Edwards, Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire , Ad. Brongniart — Membres désignés pour faire partie du jury chargé d'examiner les pièces de con- cours produites par MM. les élèves de l'École royale des Ponts et Chaussées : MM. Poncelet, Dufrénoy, Liouville Congrès scientifiques. — MM. les Secrétaires généraux du Congrès scientijîquc de France annoncent que la réunion de 1847 aura lieu h Tours, etcommencera le i'" septembre. Coton. — Sur les propriétés hémostatiques du coton ; Note de M . Bourdin Coton azotique , coton fulminant. Voir au mot Pyroxyline. Créatine. — Nouvelles recherches sur la créa- tine ; par M. Heinsk Cristaox. — Rapport entre les propriétés op- tiques et les propriétés magnétiques de certains cristaux ; Note de M. Plucker. . . — Etudes sur le rapport qui çiiste etitre le Pages. 18 153 20G 847 «82 .545 773 40 895 1 107 ( n68 ) Pige», poids atomique, Va forme cristalline et la densité des corps ; par M. Filhol 1 149 Ckcstacés. — Recherches d'anatomie micro- scopique sur le lest des Crustacés déca- podes ; par M. Lavalle la Cuivre. — Nouveau procédé de traitement mé- tallurgique des rainerais de cuivre; par MM. iliVo» et PAi7/i/>s 617 Pagt». CuivaE. — Mémoire sur les maladies quiatta- qaent les ouvriers en cuivre ; par MM. Oie- vallier et Bois de Loury 618 — Alliages de cuivre employés en Chine : cui- vre blanc, gongs et tams-tams; Note de M. Slanislas Julien 1069 Cyanogène. — Mémoire sur les combinaisons du cyanogène ; par M. Wurts 4^ D Uécès — M. le Président annonce la perte que vient de faire l'Académie dans la personne de M. Gamhey, membre de la .Section de Mécanique, décédé le 8 janvier i847. .. 129 — M. le Président annonce la perte que vient de faire l'Académie dans la personne de M. Dutrochet, membre de la Section irÉconomie rurale, décédé le 4 février 1847 i6i — M. le Président annonce la perte que vient de faire l'Académie dans la personne de M. B. fleiewerï, académicien libre, dé- cédé le 1"' mars 3o;i — M. BumuiannonceledécèsdeM. Ha. — Sur l'aimantation , par les hélices, de bar- reaux placés dans leur intérieur. — Obser- vations relatives à un organe qui a été considéré comme un appareil électrique dans certaines espèces de raies ; Notes de M. Ch. ilatteucci 3oi Remarques de M. Duméril sur la dernière partie de cette communication ....... 3o3 Recherches sur la conductibilité électrique et la résistance au passage des solides et des liquides (2' Mémoire); par M. Edm. Becquerel Î76 M. Garson annonce qu'il est parvenu, au moyen de l'action électrique, à nettoyer les sculptures en métal et en marbre, et à soustraire , par l'emploi du même agent, ces objets aux dégradations dues aux causes atmosphériques 4^^ — Mémoire sur les circuits électrochimiques simples formés de liquides; par M. Bec- querel ^^■' — INote de M. de Haldat, sur l'attraction ma- gnétique à l'appui de la théorie de l'uni- versalité du magnétisme 9')3 — Mémoire sur l'électricité galvanique; par M. Ledeau • 9(x> — Mémoire concernant la précipitation des métaux sur les métaux ; par M . Detaurier. 97.T i54 i I [ 70 ÉiECTRiciTÉ. — Sur un accident arrivé au télc- ' graphe électrique de Saint-Germain ; Noie do M. Breguet y8o — De l'électricité atmosphérique, considérée par rapport à certaines maladies, dont le développement est attribué aux exhala- tions des marais; Note de M. Pallas.., 1020 — Sur Faction de l'électricité dans la dorure et dans le zincage; Note de M. Sainic- Preuve.,,.,,.. n58 — Sur l'emploi des courant» magnéto-élec- triques, pour rappeler à la vie des ani- m:iux privés de sensibilité soit par l'action de l'éthcr, soit par cellededivers poisons; Mémoire de M. Ducros 369 — Emploi du double courant magnéto-élec- trique dans le traitement de l'empoison- nement par l'acide cyanhydrique. — Action revivifiante des mêmes courants dans le cas d'asphyxie produite par l'in- halation de l'ether; Mémoire de M. Du- cros , A47 — Action du double courant magnéto-cluc- trique pour retarder la mort dans le cas d'empoisonnement par l'acide arsénieitx; Mémoire de M. Ducros 498 — Emploi des mêmes courants comme moyen de distinguer la mort apparente de la mort réelle; par le même Ibid. — Expériences tendant à établir que l'action électromagnétique peut déterminer , chez l'homme et chez les animaux , le sommeil et l'insensibilité ; Lettres et Mémoires de M. Ducros, 881, 8j7, 975, 1018, io53, 1 099 et 1 1 55 Ëlectbicité animale. — Recherches sur les phénomènes de la contraction musculaire induite, sur la relation entre la direction du courant électrique et les phénomènes électro-physiologiques qu'il produit; par M. Matteucci iji^ Éloges HiSTUBiQUES. — M. Flourens, secrétaire perpétuel pour les Sciences physiques, lit, dans la séance publique du 36 avril 1847, l'éloge historique de M. Blumenhach , associé étranger de l'Académie 75J Embaumements. — M. Cannai prie l'Académie de vouloir bien faire juger par une Com- mission son procédé d'embaumement. 863 et 1054 — Sur la possibilité de conserver sous terre, au moyen de la chaux hydraulique, les corps des animaux préalablement impré- gnés d'acide arsénieux; Mémoire de M. Zanon 1 1 5 i Embryogénie. — Observations sur le dévelop- pement du cœur du poulet; par MM. Pré- vost et Leberti^:.i,'fii.^i.,'iVii'4iii'ff>:;-.-ii, 391 . '- * > Embryogénie. — Formation de l'aorte dans le poulet; communication faite par M. Ser- res à l'occasion des résultats annoncés par MM . Prévost et Lebert 29 ! — Remarques de M. Milne Edwards relatives h la même question 299 et Soy — Observations sur les analogies et les diffé- rences des arcs viscéraux de l'embryon dans les deux sous-embranchements de Vertébrés; par M. E. Baudement 299 — Note sur la nature de la caduque chez l'es- pèce humaine; par M. Coste 8()^> — Remarques de M. Bryant concernant les opinions professées sur le même sujet par M. Pappenheim . 982 Embryogénie végétale. — Etudes d'embryogé- nie des végétaux; par M. Tulasne 1060 Encre de sureté. — Notes de M. de Surmont et de M. de Wolfensheim sur des encres de sûreté 466 Engrais. — Mémoire sur les engrais : indica- tion d'un procédé destiné à empêcher la déperdition de l'azote que recèlent les végétaux et les déjections animales; par M. Dive 184 — Mémoire sur l'emploi des sels ammonia- caux comme engrais; par M. Schaiten- mann 38o — Expériences "faites à Mulhausen concer- nant la même question; par M. Gau..., Ibid. Engraissement. — Influence des substances gras&es, sécrétées dans les plantes, sur l'engraissement des Herbivores ; Mémoire de M. /'. Etueu. — Considérations présentées par M- Serres relativement aux propriétés thérapeutiques de l"élher et aux inconvé- nients auxquels pourrait exposer remploi irréfléchi de cet agent ^8 — RemarquesdeM.iiouj:'COncernant la même question Ihid. — Communication de M. Roux relative aux effets de l'éther introduit par la res- piration bç) — Communication sur le m£me sujet; par 31. Yelpeau 91 — Observations relatives aux effets produits par Tinbalation de l'éther; Note de M. Laugier. Ij3 — Observations sur Tinfluence de la respira- tion de l'éther; par M. Gerdr- ... I25 — Réclamation do priorité relative à la décou- verledes propriétés stupéfiantes de l'éther, et expériences relatives aux effets de cet agent ; par M. Ducros 1 28 — Instrument pour l'inhalation de l'éther, présenté par M. Charrière Ibid. — Nouvel appareil pour l'inhalation de l'é- ther, présenté par M. Charrière i85 — Appareil ayant la même destination, pré- senté par M. Liier Ibid. — Nouvelle Note sur les effets de l'éther ; par M. Yelpeau lag — Remarques à l'occasion de cette commu- nication ; par M. Slagendie 1 3^ — Réponse de M. Milne iîdwa; t k ( 1172 ) m- Pa;es. l'élher pendant les opérations chirurgi- cales ; par M. Laugier 276 Ktiiek. — Deuxième communication sur l'in- halation étiiérée; par M. Gerar M. Gui'of 55- — Mémoire sur la théorie des courbes ; par U. Voizot 85a et 877 — Mémoire sur une extension nouvelle don- née aux formules géométriques ; par le même 877 — Supplément aux précédentes communica- tions ; par le même 375 — Mémoire sur les lieux analytiques; par t\.Cauchr 885 Glaciers. — Etudes sur les glaciers du nord et du centre de l'Europe; par M. Durocher. 444 — .Sur la couleur de la glace des glaciers , sur celles des eaux qui s'en écoulent et les caractères des stries burinées par eux ; Note de M. Martins 545 — Sur la couleur de la glace des glaciers et des eaux qui s'en écoulent; Mémoire de M. Durocher 677 — Remarques de M. Martins à l'occasion du Mémoire do M. Durocher 786 — Nouvelle Note de M. fiurocAer concernant la mémo question ()53 — De la couleur de l'eau des glaciers ; Note do M. Collomb, transmise par M. Martins. 109^ H Histoire naturelle. — M. Yalloi adresse des remarques relatives, les unes à des obser- vations d'histoire naturelle qui lui sont propres, les autres à l'c'claircissement de passages obscurs ou mal interprétés des auteurs anciens 3o6 Huiles essentielles.— Mémoire sur la compo- sition de l'essence de thym ; par M. L. Doveri 3go Hydraulique. — Expériences relatives à la dé- pense des orifices alimentaires des roues hydrauliques à aubes courbes sous l'in- fluence du mouvement de ces roues; par M. Doileau 647 et 957 "— i Rapport sur deux Mémoires de M. de Saint- Venant relatifs à la théorie de la résistance des fluides ; Rapporteur M. Cauchj- 675 -— Recherches expérimentales sur le mouve- ment des liquides de nature différente dans les tubes de très- petits diamètres; par M. Poiseulle 1074 Hydrodynamique. — Mémoire sur la théorie de la résistance des fluides; par M. de Saint- Yenant 24^ Hygiène publique. — Statistique des maladies et des décès causés par la transformation en marais des excavations qui longent le chemin de fer de Strasbourg à Bàle dans les communes de Bollwiller et de Feld- kirk; par M. Dolfus-Ausset 77g — Note sur un moyen destiné à l'assainisse- ment de ces marais ; par M. Sainte-Preuve. go2 — Lettre de M. Lanner relative à un précé- dent Mémoire sur un projet de nettoyage des ports de la Méditerranée au moyen du déoivellement des eaux accidentelle- ( "75 ) ment produit par le venl 823 HyciÈNE PUBLIQUE. — Note sur les inconvénients qu'il y aurait eu à jeter dans le bassin PaBC... 1 do port de Marseille les eaus dérivées de la Duranco; Lettre de M . Sainte-Preuve . goa Voir aussi Tartlcle Slatistiijue médicale . luPRiMEniE. —Nouveaux documents sur Tln- vention de l'art d'imprimer à l'aide de planches en bois, de planches en pierre et de types mobiles, procédés employés en Chine plusieurs siècles avant que l'Eu- rope en fit usnge; Note de M. Si. Julien. 1002 — M. de Paiavey soutient que l'invention de l'imprimerie est plus ancienne que ne l'annonce M. Stanislas Julien, et qu'elle a pris naissance dans d'autres pays 1 160 Injectées (Substances). — Note touchant l'ac- tion de diverses substances injectées dans les artères ; par M. Flouiens goS — Remarques de M. ilagendie à l'occasion de cette communication goS — Réponse de M. Flourens aux remarques de M. Magendie. -. 80g Insectes. — Note sur la circulation du sang chez les Coléoptères ; par M. Nicolet 18 — Note sur les zones enlomologiques de nos Pyrénées ; par M. Léon Dufour 833 — Mémoire sur la circulation chez les in- sectes ; par M. E. Blanchard 780 — Histoire des métamorphoses du Tetanocera Jerruginea ; par M. Léon Dufour io3o ObseTvatioiiS concernant les habitudes du Cynips atra, de la noctuelle capsulaireet du Sylvain azuré; par M. Vallot 1 iSg Voir aussi l'article Économie rurale. Instruments d'arpentage* — Figure et descrip- tion d'un nouvel instrument d'arpentage remplaçant la chaîne et le porte-chaîne; par M. Buffet igS — M . Maison prie l'Académie de hâter le tra- vail de la Commission à l'examen de la- quelle a été renvoyé l'instrument qu'il désigne sous le nom de « trigonomètre ». 30G — M. Oppert père soumet au jugement de l'Académie une chaîne d'arpenteur de son invention 3oo Instruments d'astronomie. — Note sur de nou- veaux moyens d'éclairer les fils des réti- cules et des micromètres; par M. Arago.. 32i — Micromètre oculaire à double réfraction, sous une forme nouvelle imaginée par M. Ara^o 4^^ — M. Secrétan soumet au jugement de l'Aca- démie un instrument de passage 446 Instruments d'astronomie. — M. Secrétan pré- sente un cercle répétiteur muni d'un ap- pareil inventé par M. Leroy, appareil ' qui peut remplacer avantageusement le vernier, et qui sert à constater l'exacti- tude des divisions du limbe d'un instru- ment gradué , , Ihid. Instruments de chirurgie. — Scia tournante présentée par M. Nyrop, de Copenhagne. 4g8 — Appareil pour pratiquer des saignées lo- cales; présenté par M. Gouyon 567 — M. Cornay présente une nouvelle modifi- cation de l'instrument qu'il désigne sous le nom de « lithéréteur » f88 — Obturateur du palais , invente par M. Otto, de Bàle, et construit par M. Buhler .... 878 Instruments de géodésie. — M. Brunner pré- sente un théodolithe qui, pour une gran- deur donnée du cercle répétiteur, et sans augmentation du volume de l'instrument, présente tout ce qui est nécessaire pour les observations de magnétisme terrestre. 387 Instruments de physique. — Sur des appareils qui permettent d'employer la lumière de la lampe ordinaire à double courant d'air pour les expériences d'optique à faire dans les cours publics; Note de M. Soleil.... 3oo — Sur un petit instrument électrique à lame vibrante; par M. Froment 428 — Description d'un appareil deslinéà donner directement la vitesse de propagation de réleclricité; par M. Silbermann ."i.'>7 — Note sur un petit goniomètre à réflexion comparée; par M. Ma«Ai>i(eH. 781 — Note sur des sympiézomètres indépendants de la température; par M. Gaudin 860 — Perfectionnement apporté au pointage du saccharirai'tre ; par M. So/ei/ gjS — M. Vidi présente un baromètre construit sur un nouveau principe, et désigné par lui sous lenom de (t baromètre anéroide». ^7.^ — Appareil destiné à permettre l'éclairage obliquedes objets observésau microscope, présenté par M. Nachet 1^,76 — Note adressée à l'occasion de cette présen- tation ; par M. Ohcrhaeuser . . loSa — Note adressée , à l'occasion de la même piéscnlalion, \>inf 'iA,, CàftMier , . . . . f. lojjj ( "7^ ) I. Pages. Labykx. — Mémoire sur l'ossification des car- tilages du larynx ; par M ■ Second ii5i LlG^ECx. — Réponse à une réclamalion de prio- rité soulevée par M. Gerhardt concernant Tidentité du ligneux et de la pectine; Lettre de MM. Figuier et Poumarède 4^^ LiTHOTRiTiE, — M. Deleau annonce qu'il est parvenu è pulvériser et à tamiser les cal- culs dans la vessie, de manière à n'avoir que des fragments d'un volume propor- tionné à la largeur de l'issue 4^ — M. Leroy d'EtioUes prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours de mé-' decine et de chirurgie plusieurs de sos inventions relatives à la lithotritie 8o — Note sur un nouveau brise-pierre; par M. Leroy d'Étiolles 299 — Mémoire de M. Mercier sur diverses raodi- P«8«s lications apportées par lui aux procédés de lithotritie 618 Logarithmes. — Sur une méthode très-facile de calculer les logarithmes ; Note et Mé- moire de M. Koraleh 61 3 et 688 LcNE. — Rapport sur un Mémoire de M. fle- launay concernant la théorie analytique du mouvement de la lune; Rapporteur M. Liouvillc ... 6 — Lettre de M. Hansen sur la théorie de la lune 79S — Mémoireayant pour litre : « La lune exerce- t-elleune influence sur les tremblements do terre u ? par M. Perré 82a Ld>ette8. — .Sur l'emploi du soufre sublime et du charbon animal pour le nettoiement des objectifs de lunettes ; Lettre de M. Siret C92 M Machine^ a tapeir. — Sur les dispositions pro- pres à annuler complètement ou en partie Vinnueace de Vespace nuisible da.ns les ma- chines à vapeur; Mémoire de M. Comie;. 355 et 489 — Mémoire ayant pour titre : « Nouveau sys- tème de machine à double effet et à nou- veau genre de point d'appui » ; par M. Pentsolds 655 — Descripiion et figure d'une nouvelle ma- chine à vapeur rotative; par M. ilathon, 1019 Màorésie. — Sur l'emploi de cette substance comme contre-poison de l'arsenic ; ré- clamation de priorité en faveur de feu M. Mandel, adressée par M. de Haldat. . 3o4 — Rapport sur deux Mémoires de M. Bussr, dont l'un est relatif à la magnésie em- ployée comme contre-poison de l'arsenic : l'Académie ajourne le vote sur les conclu- sions de ce Rnpporl jusqu'à l'examen des pièces concernant la question de priorité soulevée par M. de Haldat . . 869 — Lettre de M. Bussy relative à cette ques- tion de priorité 901 Magnétisme terrestre. — Note sur la cause des mouvements de l'aiguille aimantée et sur une boussole de nouvelle inven- tion; par M. jln^uefiZ 38j — M. Lion adresse un Mémoire ayant pour titre : n Du Magnétisme terrestre, ou nou- veau principe de physique céleste» 44^ — Sur la variation diurae de l'intensité ma- gnétique horiiontale à Bossekop (Lapo- nie) pendant l'hiver de i838 à iSïg; Mé- moire de MM. Loltin et Bravais 1 1 01 Maïs. — Mémoire sur la panification et la con- servation de la farine de mais; par M. de la Passe 790 Mal de mer. — Mémoire sur les causes de cette affection et sur les moyens d'en atténuer les effets; par M. Pellarin i lo Marais. — .Statistique des maladies et des décès causés par la transformation en marais dos excavations qui longent le chemin de fer de .Strasbourg à Bâie dans les com- munes de Bollwiller et de Feldklrk ; par M. Dolfus-Ausset 779 — Note sur un moyeu d'assainir ces marais; par M . Sainte-Preuve 902 Marées. — Rapport sur un travail deM. Keller ayant pour titre : « Essais sur les courants de marée et sur les ondes liquides » ; Rap- porteur M. Duperrey 49 Mathématiques. — Note ayant pour titre : «Construction, par la règle et le compas, de la racine cubique d'un nombre»; par M. Fodera loo Mécanique. — Mémoire sur les forces centrales; par M. Caivano 11') — Mémoire sur la théorie de la résistance des fluides ; solution du paradoxe proposé à ce sujet par d'Alembert; comparaison de la théorie aux expériences; par M. de Saint'Yenant ^43 ( I p.gf.. Mëcaniqoe. — Mémoire sur l'équilibre des corps solides dans les limites de leur élas- ticité, et sur les conditions de leur résis- tance quand les déplacements éprouvés par leurs points ne sont pas très-petits ; par M. de Saint-Venant 260 — Mémoire sur la torsion des prismes et sur la forme affectée par leurs sections trans- versales primitivement planes; par le même 4^^ — Théorème sur les chocs; par M. Phillips. 97$ — Mémoire sur le mouvement d'un système de molécules dont chacune est considérée comme la réunion de plusieurs atomes ou points matériels; par M. Cauchy 4'4 — Recherches mathématiques sur l'action des locomotives et sur la propulsion at- mosphérique; par M. Foex 618 — Mémoire sur la torsion des prismes; par M. de Saint-Venant 847 — Mémoire sur la théorie des mouvements relatifs ; par M. Bertrand 1073 — Mémoire sur les mouvements des systèmes de molécules ; par M. Cauchy 348 Mécanique céleste. — Rapport sur un Mémoire de M. Delaunajr concernant la théorie analytique du mouvement de la lune; Rapporteur M. Liouville 6 — Eléments provisoires de la planète de M. Le Verrier pour l'époque du 7 dé- cembre 1846; calculés par M. Benj. Vais. 33 — Nouvelles recherches sur les variations sé- culaires dans l'orbite des comètes dues à la résistance de Péther ; par M. Banet. . . 557 — Mémoire sur l'équilibre des corps célestes ; par M. Lestonne I099 Voir aussi aux mots Comètes, Planètes. Médecine. — De la guérison de la phthisie par la gymnastique des poumons et par l'en- graissement; Mémoire de M. Bureau Rinffier II — Sur les maladies des pays chauds. Topo- graphie médicale de Tlemcen ; compte rendu des maladies externes qui y ont régné pendant les années 1843-1846 i8 — Mémoire ayant pour titre : « Traitement électrolytique, ou le galvanisme employé comme remède chimique contre les mala- dies locales » ; par M. Krusell 42 — Sur une rétention d'urine chronique ces- sant pendant les accès d'une fièvre tierce et se reproduisant dans les intervalles d'apyrexie ; Note de M. Cazenave 7g — Rapport verbal sur un ouvrage de M. Moij'- sisovics concernant le traitement des ma- ladies syphilitiques; Rapporteur M. Lal- lemand iQq — Mémoire sur les fièvres typhoïdes périodi. C.R., i847,i«f Seni««re. (T. XXIV.) 177 ) Fagei quemcnt développées par les émanations del'étangde l'Indre basse; par M. Ancelon. 447 Médecine. — Sur la cliorionitis ou la sclérosté- nose cutanée, maladie de la peau non en- core décrite par les auteurs; Mémoire de M. Forget 9"5 — Mémoire ayant pour titre : « Notions préa- lables et principes déduits de l'idée des altérations des solides, des fluides et des mixtes», et « Aphorismes sur l'existence et la réalité des altérations des solides, des fluides et des mixtes »; par M. Often- dinger '09^ — Observations relatives à la fièvre typhoïde ; par M. Serrer •.. Ii4' Métaux. — M. Chabert prie l'Académie de re- garder comme non avenue une Note qu'il avait précédemment adressée, de concert avec M. Desplaces, sur les oscillations d'un corps métallique suspendu par un fil au-dessusd'une plaque d'un autremétal. 4" — M. Lermier écrit qu'il a fait, dès l'année 1837, des expériences sur le même sujet que MM. Chabert et Desplaces lt>id. — M. Bâtonnet écrit qu'il s'est aussi occupé d'expériences de ce genre 3o7 — Remarques de M. Balard à l'occasion de cette communication Ibid. Météobologie. — Mi Arago fait l'analyse ver- bale d'un Mémoire de M. Henry concer- nant les influences de toute nature qu'a exercées l'électricité atmosphérique sur les télégraphes électriques des Etats-Unis. 4^ — Sur l'abaissement extraordinaire du baro- mètre , qui a été observé à Dijon les aa et 23 septembre 1846; Note de M. Perrey. . 128 — Sur un météore lumineux observé à Ver- sailles dans la nuit du u février 1847. .. 3o7 — Sur la théorie de la rosée ; Mémoires de M. Melloni 53i et 641 — Note sur une poussière tombée en mer le i5 mai 1846; Lettre de M. Leps 566 — Observation de trombes ; par le même. . . . Jhid. — Sur une pluie de terre tombée dans le dé- partement de la Drôme, de l'Isère, du Rhône et de l'Ain les 16 et 17 octobre 1846; Note de M. Dupasc/uier 6a5 — Sur la pluie terreuse tombée dans le sud- est de la France pendant les grands orages des 16 et 17 octobre 1846; Note de M. iewr. 810 — Abaissement du baromètre à Salon , qaand il neige dans cette ville ou dans les envi- rons; Lettre de M. Atienoux 822 — Sur une température anormale qui s'est produite au centre de la France au mois de mars 1847; Note de M. Ê. Renou.. . . 978 — Arc-en-ciel vu sur le sol ; Note du même observateur 980 i55 ( "78) P«?CS. 84 252 396 660 MÉtÉORûtOGiQUEs (Observations) faites à l'Ob- servatoire de Paris, pour décembre 1846. — Janvier 1847 — Février — Mars — Avril 884 — Mai 1064 — M. Fraysse adresse les tableaux des obser- vations météorologiques faites à Privas pendant les mois de décembre 1846, jan- vier, février , mars, avril , mai 1847 80 307, 465, 669, 902, 1098 — Observations météorologiques faites à Rouen pendant le deuxième semestre de j846; par M. Preisser 307 — Observations météorologiques faites à Saint-Lâ pendant l'année 1846; par M. Lamarche Ibid, — Observations météorologiques faites à Di- jon pendant les cinq derniers mois de l'année 184G, et résumé des observations de l'année entière ; par M. Delarue 465 — Observations météorologiques faites à ' Rouen en décembre 1846, janvier et fé- vrier 1847 ; par M. Preisser ôSg — Observations météorologiques faites à Nijné-Taguilsk par les soins de M. Dé- midoff, octobre, novembre et décembre 1846 822 — Tableaux dressés par ^.Lamarche, et pré- sentant, 1° le nombre des jours où le temps est devenu pluvieux dans les di- verses phases de la lune; 2° les varia- tions barométriques correspondant à ces phases, tableaux dressés d'après les ob- servations faites à Cherbourg pendant les années i838-i842, et à Saint-Ld dans les années i844-'846 880 — Observations barométriques faites à Quito . pendant les années 1844, i845 et i846j par M. Wisse •. 1098 Microscopes. Voir à l'article Instruments de phjrsi . . > à58 Nerveux (Système). — Réponse de M. Flourens aux remarques de M. Magendie Ibid. — Nouvelles remarques de M. Magendie sur le même sujet Ibid, — Nouvelle réponse de M. Flourens aSg — .Sur la découverte du siège distinct de la sensibilité et de la motricité; Note de M. Flourens t . . i . 3 16 =i- Remarques do M. Magendie à Poccasion de cette communication 3ig =^ Sur la durée de la vie des grenouilles en au- tomne et en hiver après l'extirpation de la moelle allongée et de quelques autres portions du centre nerveux cérébro-rachi- dien; par M. Brown-Seriuait .... 363 et 688 ■^ Recherches critiques cl expérimentales sur les propriétés et les fonctions de la moelle épiuièrc et de la moelle allongée ; par le même g4g ^ Sur les expériences faites par différents physiologistes, relativement aux proprié- tés des nerfs; Lettre de M. Longet. ..... 38 J '- Sur la motricité et la sensibilité des faisceaux de la moelle épinière; Note de M. Pappenheim ûq5 =- Recherches concernant la structure des nerfs qui ont perdu leurs fonctions sous l'influence de l'éther ; par ie même ....... 4g6 =^ Sur la division du système nerveux ett sys- tème cérébral , système spinal et système ganglionnaire ; Note de M. Marshal-Hall. 619 '^ Remarques de M. Oucro.; sur quelques-unes des propositions contenues dans la Note de M. Marshal-Hall 6g8 =^ M. Laltemand fait remarquer qu'il a de- puis longtemps appelé l'attention sur plusieurs des faits que M.. Marshal-Hall donne en preuve de ce qu'il nomme V action réflexe des nerfs Ibid. *— Sur la division du centre nerveux proposée par M. Marshal-Hall; Remarques de M. Pappenheim 854 ■»- ÎVIouvemonts intérieurs des nerfs cheî la brebis ; Note de M. Sàchero 619 "»- Remarques de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hi- taireh l'occasion de cettic communication. Ibid. »79 ) P'SM' NerVecX (Système). —Du mode de terminaison des nerfs dans l'appareil électrique de la torpille; Lettre de M. R. Wagner it M. Milne Edwards . jgS — Disposition des fibres nerveuses dans l'or- gane électrique de la torpille : structure des ganglions des nerfs rachidiens ; Lettre de M. Wagner 860 — Recherches .inatomiques et physiologiques sur la théorie du clavier ; par M. Brown- Sequart 88() — Comparaison entre les effets tétanoldes des états électrogéhiques et ceux de la strych- nine, de la narcotine, etc.; Mémoire de M. Marshal-Hall io54 — Recherches sur les deu* ordres de tubes ner- veux élémentaires et les deux ordres de globules ganglionnaires qui leur corres- pondent ; par M. iJoii'n 1079 — Note sur la sensibilité récurrente; par M. Magendie ii3o NicOTiME. — Note sur la formule de la nico-. tine; par M. Barrai 818 Nitrates. — Mémoire sur un nouveau mode de dosage des nitrates, et en particulier du salpêtre; par M. Pe/ouie ■ 20g — • Sur la composition du nitrate d'ammo- niaque cristallisé à des températures dif- férentes; Note de M. Townsend Harris. ■ ■ 816 Nominations. — M. Faje est nommé membre do l'Académie, Section d'Astronomie, en remplacement de feu M. Damoiseau 57 - M. Combes est nommé membre de l'Aca- démie , Section de Mécanique, en rempla- cement de feu M. Gambey 544 — M. Decaisne est nommé membre de l'Aca- démie, Section d'Économie rurale, en remplacement de feu M. Dulrochet 675 - M. Civiale est nommé Académicien libre en remplacement de feu M. Bory de Saint- Vincent 242 — M. Bucerno^ est élu Académicien libre, en remplacement de feu M. B. Delessert. . . 889 — M. Lebesgae est nommé correspondant de l'Acadiimié, Section de Géométrie 182 — M. Kuhlmann est nommé correspondant de l'Académie, Section d'Economie ru- rale. 596 Observatoires. — Sur la différence en longi- tude des observatoires de Paris et de Greenvvich ; Note de M. Goujon 430 Œa {Théorie de V). Voir au mot Optitjue. ''JEiL {Maladies de Z'). — Sur les colorations accidenteliee de l'humeur vitrée chej l'homme et lés animaux ; Mémoire de M. Caron du Villars 1097 (£tiF. — Recherches chimiques sur le jaune d'œuf ; par M. Gobley 65^ — Nouveaux faits concernant la production de l'œuf chez les oiseaux; par M. Sacc. . tib-j i55.. ( n8o ) Optiqos. — Sur une modification du phéno mène des houppes colorées de Haidinger ; Lettre de M. Botzenhart — Sur les modifications du phénomène des houppes colorées de Haidinger ; deuxième Note de M. Silbermann — Sur les modifications que la réQexion à la surface des cristaux doués de l'opacité métallique, fait éprouver à la lumière polarisée; Mémoire de M. de Senar- mont — Mémoire sur la réflexion et la double ré- fraction de la lumière par les cristaux doués de l'opacité métallique ; par le même — Détermination expérimentale du pouvoir rotateur par influence magnétique d'un grand nombre de composés transparents; par M. Matthiessen — Sur les phénomènes optiques auxquels donnent lieu les nuages à particules gla- cées ; Mémoire de M. Bravais — Note sur un perfectionnement apporté au pointage du saccharimètre; par M. Soleil. — Rapport entre les propriétés optiques et les propriétés magnétiques de certains cris- taux ; Note de M. Plucker — Sur la théorie de l'œil : 5" Mémoire ; par M. Vallée — Sur le chromatisme très-considérable de l'œil humain, déterminé par la mesure des foyers colorés; Note de M. Mat- thiessen — Remarques adressées à l'occasion de ce Mémoire ; par M. Vallée Ordonnances royales, confirmant la nomina- tion de M. Five à la place devenue va- cante dans la Section d Astronomie, par suite du décès de M. Damoiseau — Confirmant la nomination de M. Combes à la place devenue vacante dans la Section de Mécanique, par suite du décès de 31. Gambey — Confirmant la nomination de M. Decaisne à la place devenue vacante dans la Section d'Economie rurale, par suite du décès de M. Dutrochet Pagrs. 43 "4 327 8o5 969 96a 1107 676 875 1096 Page» 656 757 Ordonnances roïales, confirmant la nomina- tion de M. Civiale à une place d'Académi- cien libre en remplacement de M. Bory de Saint-Vincent 203 — Confirmant la nomination de M. Duvernor à une place d'Académicien libre, en rem- placement de feu M. Delessert 1019 Organiqces ( Substances ). — Du mode d'action qu'exercent pendant la vie les substances qui, aprrs la mort, préservent de la cor- ruption; Mémoire de M. fio2>in. .. 116 et 863 — Sur un proct-dé propre à déterminer d'une manière rapide la quantité d'azote con- tenue dansles substances organiques; Mé- moire de M. Petigot 55o — Recherches relatives à l'action du mélange d'acide sulfurique et d'acide nitrique fu- mant sur quelques substances organiques; par M. Cahours 553 Voir aussi l'article Azote {Composés de /'). Orgues. — M. Acklin soumet au jugement de l'Académie un orgue qui se joue par une seule touche i58et 24** — Note de M. S■ 4/ ('I P.gM. — Dupuis-Delcourt, 1 1 janvier 4? — Faure. Même sénnce Ibid. — ilatihiessen. Même séance,. ,. Ibid. — Roche. Même séance Ibid. — Seguier^ 1 8 janvier ^9 — Hattin. Même séance 8o — Vanner, aS janvier • 1 28 — Chodzco, 8 février 206 — Bobierre. Même séance Ibid. — Heurteloup. Même séance Ibid. — Brown-Seijuari. Même séance Ibid. — Payen, 1 5 février 242 — /ean. Même séance a^g — Oiown-Seijuart. Même séance Ibid. — Merlateau, aa février 307 — De ta Provostare et Desains, i" mars.. . 334 — Ducros. Même séance Ibid. — Maissiat. Même séance. . Ibid. — Ducros, 8 mars 3o3 — Faure. Même séancei. Ibid. — Hutin. Même séance Ibid. — Dumas, 1 5 mars 4i8 — Cauchjr, aa mars ' 485 — Lamé. Même séance. Ibid. — Bonjean. Même séance 4g4 — Durand et Manoury. Même séance 5oa — Persoz ,29 mars TjGa — Miahle, 5 avril 629 — Boileau, 12 avril 65q — Dumesnil. Même séance Ibid. '— Pecqueur. Même séance Ibid. — Daval, ig avril 698 — Brochet. Même séance Ibid, — Cazenave. Même séance Ibid. — Millon. Même séance Ibid. — De la Parle, 8 mai 823 — Progin. Même séance Ibid. — Lamarre-Picquot, 10 mai 864 — Progin. Même séance Ibid. — Faulcon, 17 mai 882 — Chodsko et Charpenne , 24 mai goa — Compiègne , 3l mai 082 — Poumarède , 24 juin 1 1 12 — Godin. Même séance Ibid. — L'Académie accepte, dans sa «éance du 2.5 janvier, un paquet caclieté présenté sans signature, mais dont l'auteur se fera reconnaître au besoin par la présentation d'une suscription semblable et écrite de la même main j 28 Parole. — Mémoire sur la parole; par M. Se- gond. 877 Phormiiim tenax. — Mémoire de M. Vincent sur celte plante textile 386 — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M . Boussingaull 542 Phosphore (Composés no). — Recherches sur les composés du phosphore; par M. Wurtt, 288 81 ) p.ftt. Phosphore (Composés du). — Sur la forme cristallographique du sulfophospbale tri- basique de soude , décrit par M. Wurtz ; Note de M. de la Provostaye 3.5H — Mémoire sur un nouveau procédé de dosage du phosphore ; par M. RacwshX 681 Photographie. — M. Arago annonce qu'il a reçu de M. Blanquart-Evrard la descrip- tion du procédé au moyen duquel ont été obtenues des images photographiques sur papier, présentées dans une précé- dente séance 4'' — Description de ce procédé 117 et 653 — Lettre de M. le Secrétaire de l'Académie des Beaux- Arts , relative au même pro- cédé 44** — M. Boue annonce que l'on peut argenter, au moyen de la galvanoplastie , les plan- ches de métal destinées à recevoir des images photographiques 446 — Sur quelques applications qu'on pourrait faire de la photographie, et sur les modi- fications qu'il conviendrait de faire subir, dans ce cas, aux procédés ordinaires; Lettre de M. Delaurier 881 — Sur la préparation des plaques daguer- riennes; Note de M. Engelhard ii55 Phtuisie.— De la guérison de la phthisie par la gymnastique des poumons et par l'en- graissement; Mémoire de M. Bureau Riojfrey II — Mémoire ayant pour titre: « Méthode de traitement de la phthisie, fondée sur une nouvelle théorie de la nature de cette af- fection et des causes qui la produisent » ; par M. Vanner 791 Physiologie. — Observations sur le dévelop- pement des oursins; par M. Dufossé.. .. i5 — Note sur la circulation du sang chez les Coléoptères ; par M. Nicolet 18 — Eipériences sur les fonctions des nerfs pneumogastriques dans la digestion ; par MM. Bouchardat et Sandras 58 — Du mode d'action qu'exercent, pendant la vie, surl'économieanimale, les substances qui, après la mort, préservent de la putré- faction ; Mémoire de M. Robin. .. 1 16 et 863 — Du rêle que joue l'ammoniaque dans la nutrition des animaux ; Note de M. Kuhl- mann 263 — Remarques sur les observations de M. Gruby, relatives aux mouvements vi- bratoires de l'épithélium du péritoine, chez les grenouilles soumises à l'inhala- tion de l'éther ; Note de M. Pappenheim.. 367 — Segmentation d'une portion du vitellus pendant le passage de l'œuf à travers l'ovi- diicte, chez les oiseaux, les reptiles écail- ( itga ) Pages , leiiJL et tel poissons cartilagineui; Note de M. Cosie ...,...,. 6a3 Physiologie. — Mémoire sur la circulation des insectes j par M. Blanchard. ....... .t. 870 — Recherches anatomiques et physiologiques sur la théorie du clarier; par Mt Brown- Sequart , i , 88g — iïJote touchant l'action de diverses sub- stances injectées dans les artères; par M. Flourens 1 ... i 903 '- Remarques de M . Magendie à l'occasion de cette communication. . «. . . 1 1 . .< •. 908 — Réponse de M. Flourens ,.i. 909 — Obserrations sur la contraction muscu' lairc; par M. Prévost. ........ .1 g5l *- Lettre de M. Bourdon, concernant ses re- cherciies relatives à l'influence qu'eterce la déclivité sur le cours des liquides de réconomie animale^ et sur l'état des or- ganes...., , i 98a — Recherche» expérimentales sur le tnoute- ment des liquides de nature dirférente dans des tubes de très -petits diamètres ) par M. Poisettlle. .. i , , . . , 1074 =" Note sur la sensibilité récurrente; par M. Magendie .. I l3o Physiologie végétale. — Mémoire adressé au concours pour le prix concernant le mou- vement des corpsreproducteurs des algues^ G18 — Mouvements spontanés des granules pro- venant de l'écrasement de très-jeunes bourgeons ; Lettre de M. Laurent 806 — Recherches sur l'accroissement en hauteur des végétaux ; par M. Gaudichaud, ...... 82a ^- Aperçu sur la chimie physiologique; par le même. g36 Vhysiqoe du globe.— Sur la théorie de la rosée; Mémoires de M. Mellani. . . . . . 53i et 6/fi ^ Sur la quantité de chaleur annuellement employée à évaporer de l'eau à la surface du globe, et sur la puissance dynamique des eaux courantes des continents ; Mé- moire de M. Daubrée. .... t 548 Pbtsiqle mathématique. — Sur les équations différentielles des ondulations lumineuses danslesmilieuxisophanes; Note de M. Ai d'Ettingshausen 80 ( — Essai sur la théorie mécanique de la cha- leur ; par M. Briot 877 Planètes. — Éliiments provisoires de la pla- nète de M. Le Verrier pour l'époque du 7 décembre i846; Lettre de M. fait.. . . 33 ~ Observations de la dernière planète; par MM. Siruve à Pulkova, Utlrow àVienne, et, Wiillestorf k Venise; communiquées par M. Le Verrier 338 *- Lettres de M. Schumacher et de M. Mawy concernant l'identité probable de la nou- P»gèi. Velle piatiète et d'uh Attt'e obsërtré pal- Lalande le 10 mai iJgS. Sar/ Planètes. — Observations de là planète dé- couverte par M. Le Verrier, faites à l'ob- servatoire de Milan ; par M. Stambucchi. 62^ -^ Sur deux étoiles de Lalahde qui ne setrou- tent plus dans le ciel : possibilité d'une erreur dans les registres de Lalande; Lettre de M. Schumacher 63gl *.- M. Mauvais annonce qu'il a commencé des recherches concernant l'existence de l'é- toile de VHisloire céleste, indiquée par MM. Petersen et Walker (cités dans la Lettre précédente) comme pouvant s'iden- tifier avec la planète de M. Le Verrier. . . GlfO — Note de M. Mauvais sur une observation itiédito de la nouvelle planète. ......... 666 ~ Lettre de M. Vah au sujet de la 8* étoile de la page i58 de VHisloire céleste de Lalande ^gg — Deuxième Lettre de !VI. VoU, écrite à l'oc- casion de la même question, sur la ma- nière dont ont cté construites les Cartes célestes de Berlin SSt* — - Eléments circulaires de la nouvelle pla- nète , calculés à Cambridge (États-Unis d'Amérique) par M. Pond; communiquée par M. Le Verrier loig Plamtes tiScïiLES. — Note sur une plante de la Chine qui offre dans ses bulbes un ali- ment, et dans ses fibres ligneuses une ma- tière textile ; Note de M. de Paraver .... 4g^ Platine (Composés DU )< — Recherches sur les divers composés platiniques dérivés du sel vert deMagnus; pat M. Bae*f>sky... . ii5/ Poibs ATOHiéuE. — Etudes sur le rapport qui existe entre le poids atomiqne, la forme cristalline et la densité des corps; par M. Filhol I i4g PoàKÉs DE TERRE. — Sur les avantages qu'il pourrait y avoir à renouveler par semences les pommes de terre , dans le brut de pré- venir le retour de l'affection à laquelle cette plante a été sujette depuis deux an- nées ; Note de M Y. Paquet 3g-^ — ■ Sur la maladie des pommes de terre et sur les moyens propres à ramener l'abon- dance et la bonne qualité des récoltes ; Mémoire de M. Mella 49^ Porcelaine. — Note sur la cuite des porcelaines dures à la houille; par M. Vital-Roux.. . 44' -^ A l'occasion de Cette communication , M. Al. Bron^iflr( annonce que M. Renard, de Saint-Gon (Marne) fait en ce moment des essais de cuisson de la porcelaine dure au gaz extrait de la tourbe, essais qui jusqu'à présent ont eu des résultats satisfaisants ..............<....,...... 44^ I ( ii83 ; r«5tj. Présidence de i' académie.— M. Pouillet est élu vico-président pour l'année 1846. — M. Ad. Brongniart, Tice-présidant pendant l'an- née r846, passe aux fonctions de président. 1 Pr.ix DÉCERNÉS dans la séance publique du 16 avril 1847 (concours de i845). — Prix d'Astronomie (fondation de Ijalande). Prix décerné à M. Uencke 701 — Prix de Mécanique (fondation Montyon). Prix décernes à M. Pecqueur et à M. Cor- dier Ibid. — Prix de Statistique. Il n'y a pas eu lieu à décerner de prix. Mention honorable à M. Ballin,... 7o3 — Prix fondé par madame de Laplace. Obtenu par M. Maniion , élève de l'École Poly- technique , sorti le premier de la promo- tion de 1843, puis par M. Varroy, sorti le premier de la promotion de 1846 704 — Prix relatif aux organes de la reproduction dans les cintj classes d'animaux vertébrés. Prix décernés, l'un à MM. Pappenheim et Vogt; l'autre à M. Martin-Saint- Ange. Accessit à M. Lereboullet. Mentions hono- rables aux auteurs des Mémoires inscrits sous le n° i (M. Bellingeri); et sous le nO ^{V\. Dumas) 704 et 863 — Prix relatif au développement du fœtus chez les oiseaux et les batraciens. Prix décerné à M. Martin-Saint-Ange, Mention hono- rable à M. Sacc 714 — Prix de Physiologie expérimentale. Prix dé- cerné à M. Bernard. Mention honorable à M. Parchappe 716 — Prix concernant les moyens de rendre moins dangereuse une profession . Prix décerné à M. Laignel ^1^ — Prix de Médecine et de Chirurgie. Aucun des ouvrages présentés n'a paru mériter, soit un prix , soit même une récompense. Encouragements accordés à M. Guillon, à M. Brière de Boismont, à M. L. Boyer, à M. Morel-Lavallée. Indemnité accordée à M. Maisonneuve 721 Prix proposés. — Grand prix de Mathématiques pour 1848. Trouver les intégrales des équations de l'équilibre intérieur d'un corps solide élastique et homogène dont toutes les dimensions sont finies, par exemple d'un parallélipipède ou d'un cy- lindre droit, en supposant connues les pressions ou tractions inégales exercées aux dilTérents points de sa surface 727 — Prix extraordinaire sur l'application de la vapeur à la navigation. Proposé pour i836, remis successivement à i838, 1841, 1844, et enfin à 1848 Ibid. — Prix d'Astronomie ( fondation de Lalande}. 728 Pages. — Pcix (ie Jf^cam'fi(e( fondation Montyon),.. 728 — Prix de Statistique ( fondation Montyon). . Ibid. — Grandprix des Sciences physiques pour 1849- Établir par l'étude suivie du développe- ment de l'embryon dans trois espèces , prises chacune dans un des trois premiers embranchements du règne animal , les Vertébrés, les Mollusques et les Articulés, des bases sAres pour l'embryologie com- parée 729 — Grand prix des Sciences physiques proposé pour 1843, remis au concours pour i845 , et de nouveau pour 1849- Déterminer par des expériences précises les quantités de chaleur dégagées dans les combinaisons chimiques 73o — Prix de phxsiologie expérimentale ( fonda- tion Montyon ) 781 — Divers prix du legs Montyon {prix de Mé- decine et de Chirurgie ; prix concernant les arts insalubres ) 732 Propulseurs. — Description et figure d'un sys- tème propulseur à roues verticales articu- lées, applicable à la navigation à vapeur maritime et fluviale ; Mémoire de M. Teis- sier 853 PtCERONs. — Loi que suivent dans leur snc- cession les lésions faites aux plantes par les aphidiens ou pucerons j Note de M. Smée 871 Pi'iTS ARTÉSIENS. — Rapport sur le puits arté- sien commencé par M. Mulot dans l'en- ceinte de Calais ; Rapporteur M. Êlie de Beaumont 323 — Nouveaux renseignements sur les couches traversées par la sonde dans le puits arté- sien qui se fore au palais du Roi , à Naples; Note de M. Cangiano 1109 Punaises. — Effet produit sur ces insectes par les exhalaisons de VActea cimicifuga; Lettre de M. Paquet SaS PïROXïUNE. — Sur la composition de la py- roxyline ; Note de M. Pelouse 2 — Lettre de M. de Vrij sur le même composé. 19 — Faits divers relatifs au coton-poudre; Note de M. Bonjean 22 — MM. Beuter et Vankereknoff adressent les résultats numériques d'une analyse du coton fulminant, obtenus par un procédé qu'ils annoncent comme nouveau , mais qu'ils ne font pas connaître 4^^ — Note sur la pyroxyline, le coton azotique et la xyloïdine ; par M . Payen 85 — M. Biot annonce qu'il lira dans une pro- chaine séance des remarques relatives à la communication de M. Pelouze 88 — M. Peloaze annonce que MM. Flores Do- monte et Ménard ont obtenu , par l'action ( ii84 ) 1» Page.. de l'acide nitrique fumant sur la mannite et les diverses espèces de sucres et de gommes , des composés nitriques analo- gues à ceux qu'on prépare à l'aide de l'a- midon et du ligneux 89 Pyroxïhne. — Essais comparatifs des divers ligneux détonants; Note de M. Bonjean. 190 — M. Cottereau écrit qu'il est parvenu à for- mer indirectement de la pyroxyline avec l'amidon , comme on en fait avec le coton 3o5 — M. Pelottze fait remarquer que ce résultat a déjà été annoncé par M. de Vrij Ibid. Pajf., PïROxïLiNE. — Sur plusieurs 'composés déto- nants produits avec l'acide nitrique et le sucre, la dextrine, lalactine, la mannite et la glycérite; par M. Sobreio — Sur divers produits analogues à la xyloï- dine et à la pyroxyline; Note de MM. Flores Domonte et Ménard — Accident produit par la rupture du canon d'un pistolet chargé avec le coton-poudre; Lettre de M. Cottereau 822 — Analyse des produits de la combustion du coton-poudre etdela poudre; parM. /ean. 877 et io53 2i- 390 R R£Gdi.at£i:ks a gaz. — M. Mutrel soumet au jugement de l'Académie un régulateur de son invention l^l^i — Réclamation de priorité élevée par M. Pau- weU, à l'occasion de l'appareil présenté par M. Mutrel 863 Régdlatecrs a gaz. — Réponse de M. Uutrel à la réclamation de M. Pauwels, concer- nant le régulateur de son invention io53 BosEE. — Mémoire sur la théorie de la rosée; par M. Jtfe//om 53i et 64i .Sang. — Sur les moyens de distinguer le sang humain du sangde tous les animaux ; Note de M. Ancelon 44? — De la composition du sang dans le scorbut; Mémoire de MM. Becquerel et Radier. . . 1090 — Note sur l'état du sang dans un cas de scorbut ; par M. Andral 1 135 — Remarques faites à l'occasion de cette com- munication ; par M. Magendie 11 39 — Observations relatives à la fièvre typhoïde, présentées , à l'occasion de la même com- munication , par M. Serres 1 141 Sauvetage {Appareils de). —Figure et descrip- tion d'un appareil de sauvetage présenté par M. Poitrot 1 16 Note sur un dispositif destiné h rendre in- submersibles les chaloupes et autres pe- tites embarcations; par M. Pii^e/. 790 et 90a — Note de M. Delvigne sur un appareil de sauvetage de son invention , le porte- amarre 85i — M. Lamolte demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre une Note sur un appa- reil de sauvetage qu'il avait précédem- ment présentée, et sur laquelle il n'a pas été fait de Rapport 1160 Sections de l'académie. — La Section d'Astro- nomie présente comme candidats pour la place vacante dans son sein , par suite du décès de M. Damoiseau : 1" M. Paye ; 2° M. Delaunax 4? — La Section de Géométrie présente comme candidats pour la place vacante dans son sein , par suite de la nomination de td.Jacobi à une place d'associé étranger- 1° M. Lebesgue; 1° et par ordre alphabé- tique, MM. Oslrogradski , Richelot, Sar- rut, Steiner, Stern. Sur la proposition d'un membre, M. Laurent est présenté par l'Académie comme un des Candidats pour la place vacante 1 5ç) — La Section de Mécanique propose de dé- clarer et l'Académie décide qu'il y a lieu d'élire à la place vacante par suite du dé- cès de M. Gamber 392 — La Section de Mécanique présente, comme candidats pour cette place: i" M. Pec- tjueur ; 2« M. Cordier; 3° M. Breguet... ."ioï — La Section d'Économie rurale présente la liste suivante de Candidats pour une place vacante de correspondant: i" M. Kuhl- mann ; 1° et par ordre alphabétique , MM. Uardr, BidolpfU, Biejfel et Schat- tenmann 667 — La Section d'Économie rurale propose de déclarer, et l'Académie décide qu'il y a lieu d'élire à la place vacante par suite du décès de M. Dutrochet 629 — La Section présente lallste suivante de can- didats: 1° ex œi/uo, MM. Chevandier et Decaisne ; a° M. Peligot; 3° en œtjuo , ( ii85 ) Page.. MM. Boachardat , Guérin - Mêneville , IfOiseleur-Deslongchamps 659 — La Sectionde Chimie présente comme can- didats pour une place vacante de corres- pondant : 1° M. Graham ; i^ ex cet/uo et par ordre alphabétique, MM. Bunsen , Do- bereiner, B. Kane et Mosander i ifio Sel COHHIIN. ^— Sur les propriétés du sel commun comme aliment ; Mémoire de M. Plouviez 368 — Recherches entreprises pour déterminer l'influence qu'exerce sur le développement du bétail le sel ajouté à la ration (deuxième Mémoire)} par M. Boussingauti. 636 — Expériences concernant l'influence du sel dans l'engraissement des bétes h laine; par M. Dailljr 648 Sels. — Recherches sur les sels ; par M. Ge- rhardt 854 Sensibilité. — Noie sur la sensibilité récur- rente ; par M. Magendie 1 i3o Voir aussi à IServeux ( STStème). Singes. — Note sur un singe américain appar- tenantaugenreBrachyure; par M. Isidore Geqffioy-Saint-Hilaire 5^6 Soufre (Composés du). — Études sur le sul- fate d'alumine et de potasse. Etude sur quelques sulfates de sesquioxyde de ferj par M.Jacquelain 44' ^ Mote sur la déshydratation du sulfate de chaux ; par M. Ptessy 658 ' — Réclamation de M. liillon à l'occasion de la Note précédente 695 — Réponse de M. P/ej4r 812 — M. Millon prie l'Académie de renvoyer ces diverses communications à l'examen d'une Commission 86a — Recherches sur la dilatation et sur quel- ques autres propriétés physiques de l'a- cide sulfureux anhydre et de l'éther sul- fureux ; par M. Isidore Pierre I0<)8 Sourds-muets. — M. Baudeloci/ue prie l'Aca- démie de vouloir bien faire constater l'état d'une idiote sourde-muette , âgée deg ans , qu'il a soumise à un traitement médico- chirurgical 4'' Statique. — Démonstration d'un théorème de statique; par M. Catalan iiii Statistique. — Extrait «l'un travail intitulé : «Tableau général d'un pays aurifère»; par M. Auguste de Saint-Hilaire, ....... ^O'i — Influence de la division de la propriété en général et des vignes en particulier , sur ' ■' les progrès de l'agriculture et sur le bien- être de la masse des citoyens; par M. Bou- chardat gSS Statistique médicale. — Statistique des mala- dies et des décès causés par la transfor- mation en marais des excavations qui longent le chemin de fer de Strasbourg à Bâlc ; Mémoire de M. Dolfits-Ausset 779 — Topographie médicale de la ville et gorge de .Salins (Jura); diatlièse lymphatique, des habitants; traitement avec les eaux salées et les eaux mères des salines de cette ville; des causes de la nature, du trai- tement de la fièvre typhoïde de sa con- tagion dans le Jura; Mémoire de M. Ger- main 853 Subsistances. — Considérations sur les sub- sistances; lues dans la séance publique du aO avril 1847, par M. de Gasparin. . . . ^53 .Sucre. — Distribution du sucre et de quel- ques autres principes immédiats dans les betteraves; Mémoire de M. i'iyen. 909 et 985 Sulfates. Voir l'article Soufre {Composés du). Tatocs. — Sur lé genre Âpar, sur ses espèces et sur ses caractères établis jusqu'à pré- sent d'après un animal factice; Note de M. Isidore G eoJjTrox -Saint-Hilaire 672 Télégraphie. — M. Arago fait l'analyse ver- bale d'un Mémoire de M. Henry, concer- nant les influences de toute nature que l'électricité atmosphérique a exercées sur les télégraphesélectriques des Etats-Unis. 4^ — M. Ihtjardin adresse une nouvelle Lettre re- lative à une réclamation de priorité con- cernant une disposition adoptée par M. Breguet dans son système de télégra- phie électrique 45 — Remarques de M. Arago à l'occasion de celte communication Ibid. C. R., 1847, 1" Semestre. (T. XXIV.) Télégraphie. — Nouvelle Lettre de M. Du- jardin, relative à une réclamation de priorité concernant une disposition adop- tée par M. Breguet dans son système de télégraphie électrique 2o5 — - Systèmedetélégraphieacouslique pratiqué par le canon , et nouveau moyen de cor- respondance pratiqué avec un seul fanal ; Lettre et Mémoire de M. Sudre .. 2o5 et 3oo — Description d'un télégraphe hydraulique; par M. Pigoni 38y — Moniteur électrique pour les chemins de fer ; Présenté par M. Breguet 4-^8 — Lettre de M. Paltrineri sur un télégraphe électrique de son invention 466 — M. Dujardin communique les résultats i56 ^ ( J qu'il a obtenus en aimantant une grosse barre d'acier, dans le but de remplacer, dans les télégraphes électriques, les fais- ceaux en fer à cheval pardesaimantsd'une seule pièce. . . 4'''' Télégraphie. — R'jciamation de priorité pour l'invention du certaines pièces employées ]>aT M. B reguec dans son moniteur élec- trique ; Lettre de M. Rieussec 497 — Itemarques de M. Arago à l'occasion de cette roclaraalion Ibid. — Impression immédiate en caractères alpha- bétiques desdépêches transmises parleté- légraphe électrique; Note deM.Berïtflu/». 654 *— Nouvelle batierie magnéto électrique, des- tinée à faire fonctionner les télégraphes à de grandes distances sans le secours de la pile; Note de M. Dujardin 821 Textiles (Substances). — Sur un moyen propre à faire reconnaître, dans un tissu de laine ou de soie , le mélange de fibres d'origine végétale; Notes de M. /V//e«ier. . 128 et 3oo — Mémoire sur le /•'horm/um tenax; par M. Fin- cent 386 — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M Boussingault 5^2 Tiii:<>RiE DES NOMBRES. — Mémoire sur les séries à sommes infinies et sur leur application à la théorie des nombres ; par M. Lebesgue 1 15 — Démonstration générale du dernier théo- rème de Fermât; par M. Lamé 3lo — Remarques de M. Liouville à l'occasion de cette communication. 3l5 — M. Cauchy rappelle qu'en octobre 1846, il a donné une démonstration el des for- mules qui lui avaient paru pouvoir con- duire à la démonstration du dernier Ihéo rèrae de Fermât 3 1 6 — Note sur quelques propriétés des facteurs complexes; par M. Cauchy 347 — Note de M. Lamé , relative à la démonstra- tion du théorème de Format 35i — Notesurlalhéoriedes nombres complexe» ; 186 ) par M. Wantiell 430 Tbéorie des nombres. — Mémoire sur de nou- velles formules relatives à la théorie des polynômes radicaux, el sur le dernier théorème de Fermât; par M. Cauchy... 469, 5i6, 578, 633 et («i — Second Mémoire sur le dernier théorème de Fermât; par M. Lamé . . 569 — .Sur les fractions continues. Sur des procé- dés d'approximation pour les racines numériques. Sur quelques propriétés des nombres ; Noies de M. i?our(ijl ... ... 65r> — Troisième Mémoire sur le dernier théo- rème de Fermât ; par M. Lamé 888 — Sur la théorie des nombres complexes ; Extrait d'une Lettre de M. Kummer à M. Liouville 89^ — Mémoire surdivorses propositions relatives à la théorie des nombres ; par M. Cauchy. 996 TiTAKE. — Recherches sur l'équivalent du titane; par M. Is. Pierre 389 Torrents. — Rapport sur un Mémoire de M. Gras, intitulé : n Rerherches sur les causes géologiques de l'action dévasta- trice des torrents des Alpes >' ; Rapporteur M. de Gasparin icO Tremblements de terre. — Noie de M. Daa- brée sur le tremblement de terre des bords du Rhin '^oi — La lune exerce-t-elle une inlloence sur les tremblements de terre? Mémoire de M. P erré Sia Troclodttes. — M. Garnieiécrit qu'ila trouvé, le 16 décembre 18^6, sous le hangar d'une ferme de la montagne Noire, un nid de troglodytes contenant sept petits encore sans plumes 79 Trl'ffes. — Aperçu sur l'histoire des truffeset sur leur mode de propagation ; par M. Bo- bert ()6 — Opinions des Chinois concernant l'influence du tonnerre sur le développement des truffes ; Lettre de M. de Paravey 206 \'ariolb. — Considérations physiologiques sur la variole et son traitement; par M. te- sauvage 687 Végétation. — Observations sur quelques faits relatifs à la végétation ; par M. Per- soz 559 — Aperçu sur la chimie physiologiq le; par M. Gaudichaud 986 — Loi que suivent dans leur ^succession les lésions faites aux plantes par les aphi- diens ou pucerons ; Note de M. Smée. . . 3^1 Voir aussi aux articles Plantes usuelles et Économie rurale. Vide (iloyens défaire le). — Sur un moyen simple et facile de faire le vide; Note de M. Hossard 116 Vinaigre. — Sur un moyen de constater la présence de l'acide sulfurique libre dans le vinaigre; Note de M. Chambon 1 15 Vis d'Archiuéde. — Mémoire sur une modifi- cation apportée à cet appareil ; par M. Le- lellier 7"^^ ( m87 ) P.8>>- Voix. — M. E^rel annonce avoir terminé son travail sur les moyens d'étendre et de perfectionner la voix de chant r)0'i Volcans. — Rapport sur un Mémoire de M. Wisse, intitulé : « Exploration du volcan de Rucu-Pichincha » ; Rapporteur M. Boussingault 94S VoYACîs sciENTiFiQDEs. — M. Bochet d'Héri- court, près de partir pour le nord de TAbyssinie, demande h l'Académie des instructions 796 — M. le Ministre des Affaires étrangères con- sulte l'Académie sur l'intérêt que pour- rait présenter une exploration scienti- fique des îles Sandwich 976 Pi; Voyages scientifiques. — M. /e Ministre de VInstruction publique écrit relativement au même projet, c'est-à-dire sur l'inté- rêt que pourrait présenter une explora- tion scientifique des iles Sandvfich ... . 898 — M Levi>y , près de partir pour Bogota (Amérique du Sud), demande k l'Aca- dcmie des instructions pour les recherches auxquelles il pourrait se livrer pendant son séjour dans ce pays , où il est appelé pour professer la physique 901 — Rapport sur un ouvragede M. C/.Gar, ayant pour titre : « Historia flsica y politica de Chile u (partie botanique) ; Rapporteur M . de Jussieu 114^ XïLOïDiNE. — Voir au mot PrroxïUne. Zoologie. — Note sur le genre Apar, sur ses espèces et sur ses caractères établis jusqu'à présent d'après un animal factice; par yi. Isidore Geoffroy -Saint-Hilaire 57a — Note sur un singe américain appartenant au genre Brachyure ; par le même 576 — Recherches sur l'organisation des vers; par M. £. Blanchard 601 — Monographie du genre Cerf; par M. Pu- cheran 604 — Etudes sur les types inférieurs de l'em- brancbement des Annelés ; par IVl. de Qua- trefages ^76 Zoologie. — Note sur les zones entomologi- ques de nos Pyrénées ; par M. Léon Dufour. 833 — Histoire des métamorphoses du Tetanocera ferruginea ; par le même i o3o — Rapport sur un Mémoire de M. Blanchard, intitulé : u Recherches zoologiques et ana- tomiques sur l'organisation des vers; Rapporteur M. Yalenciennes io34 i56.. ( ii88 ) TABLE DES AUTEURS. MM. PagM- ACRLIN eouract au jugement de l'Académie un orgue qui se joue par une seule touche. i58 ADHÉMAR ( d' ). — Mémoire sur un procédé de son invention pour la fabrication des bouches à feu de l'artillerie l85 ALIBRAN. — Efleta de l'inhalation de l'éther chez des malades soumis à diverses opé- rations chirurgicales. ( Premier et second Mémoire. ) 55^ AMBLARD prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte d'un appareil qu'il lui a précédemment présenté, appareil destiné à porter, dans les poumons des personnes privées de sentiment, de l'air atmosphérique pur ou chargé de vapeurs diverses SGg AMUSSAT. — Observations relatives aui ef- fets de l'inhalation de l'etber sur les ani- maux et sur l'homme 1284 et 365 — Effets observés chez les fœtus contenus dans l'utérus d'une femelle soumise à l'inhalation de l'éther 384 ANCELON.— Mémoires sur les fièvres typhoï- des périodiquement développées par les émanations de l'étang de l'Indre basse 44? — Note sur les moyens de distinguer le sang humain du sang de tous les animaux ibid. AN ORAL. — Note sur l'état du sang dans un cas de scorbut 1 1 35 — M. Andral est nommé membrede la Com- mission chargée de l'examen dos pièces admises au concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie gSi ANDRAUD annonce qu'il a fait établir dans Paris un tronçon de chemin de fer sur l'échelle d'exécution , d'après le système de locomoùon qu'il a précédemment sou- mis au jugement de l'Académie ao6 — M. Andraud prie la Commission qui a été chargée d'examiner son système de pro- pulsion pour les chemins de fer de vouloir bien assister aux expériences qui se font sur le tronçon de chemin qu'il a établi.. 4^ ANGLASDE MALHERBE(d') demande et MM Pajes obtient l'autorisation dé reprendre un Mémoire relatif à l'impossibilité de la quadraturedu cercle, Mémoire qu'il avait précédemment présenté, et sur lequel il n'a pas encore été fait de Rapport 881 ANNESLEY, à qui l'Académie avait décerné, en i833, une médaille pour ses recher- ches sur le choléra asiatique , exprime le désir de recevoir cette médaille, qui n'a- vait pu alors lui être transmise, parce qu'on ignorait le lieu de sa résidence.. . . tjoa ÀNQUETIL. — Note sur la cause des mouve- ments de l'aiguille aimantée, et sur une boussole do nouvelle invention 387 — M. Anquetil prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyée la Note précédente 1 1 12 ARAGO. — Rapport sur une Note de M. Ed. Diot, concernant les étoiles filantes et les bolides observés il la Chine . . 39 — Réponse à une réclamation de priorité élevée par M. Dujardin contre MM. Bre- guet et Page 45 — Note sur de nouveaux moyens d'éclairer les fils des réticules et des micromètres.. 32i — Micromètre oculaire à double réfraciion sous une forme nouvelle 352 et 400 — Remarques à l'occasion d'une réclamation de priorité élevée par M. Rieussec , rela- tivement à l'invention de certaines pièces employées dans le moniteur électrique de M. Breguet 497 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Schumacher sur la dispa- rition du ciel de deux étoiles de Lalande, et sur la possibilité d'une erreur dans les registres de cet astronome 64» — A l'occasion de la présentation d'une Note de M. Koralek, relative à une méthode très-facile de calculer les logarithmes, M. At-tigo donne quelques détails tendant à faire ressortir ta simplicité de celle mé- thode tii'i ( ' MM. Page». — M. Aiago communique à PAcadémie les observations de la comète de M. Colla, qui ont été faites à l'Observatoire de Paris, les i3, 14 et 1 5 mai 1847 • . 879 — M. Arago fait une analyse verbale d'un Mé- moire de M. Henry, concernant les in- fluences de toute nature que l'électricité atmosphérique a exercées sur les télé- graphes électriques des États-Unis 4^ M. Arago fait, d'après sa correspondance par- ticulières, des communications relatives aux questions suivantes : ^ — Sur une modification du phénomèm des houppes colorées de Haidinger (Lettre de M. Bôtzenhart ) 4' — Sur les effets produits par l'inhalation de l'éther ( observations de M. Laugier) 123 — Sur le magnétisme développé par le cou- rant électrique, et sur un organe parti- culier de la Baie (Lettre de M. Mat- teueci) 3oi — Sur la théorie de la rosée ( Lettres de m. Melloni) 53i et 641 — Sur la théorie de la lune (Lettre de M. Hansen) 79$ — Remarques au sujet de la 8° étoile de la i58* page de « l'Histoire céleste» de La- lande et de l'indication qu'on trouve de cette étoile dans les Cartes publiées par M. Harding en i8a2 et dans la Carte de Berlin publiée en i83i (Lettre de M. VaU) 799 — Sur la manière dont ont été construites les Cartes célestes de Berlin ( Lettre de m..Valz) 880 — Sur un accident arrivé au télégraphe élec- triquede.Saint-Germain(Leitrede M. Bre- guet) 980 — Sur les rapports entre les propriétés op- tiques et les propriétés magnétiques de certains cristaux (Lettre de iA.Plucker)., 1107 — M. Arago annonce la mort de M. d'Ho- sery, jeune savant qui faisait partie de l'expédition scientifique de l'Amérique méridionale (Sig — Vi^. Arago annonce qu'il a reçu de M. Blan- ^uart-Evrard la description du procédé au moyen duquel ont été obtenues des images photographiques sur papier mises sous les yeux de l'Académie 46 — M. Arago présente, an nom de l'auteur, les cléments elliptiques de la comète du '89 ) MM. P«8«!. 5 février, calculés par M. Yvon Yillarceau. — M. Arago met sous les yeux de PAcadémie un instrument construit par M. Breguet, qui le désigne sous le nom de « moniteur électrique pour les chemins de fer » .... 418 — H. Arago présente, au nom dn M. Mat- thiessrn, un petit goniomètre à réflexion compaiée ^g, — M Arago présente, delà part de MM. James Watt et Muirhead, un ouvrage intitulé: n Correspondance de J. Watt sur la dé- couverte de la théorie de la composition de l'eau » 35 M. Arago met sous les yeux de PAcadémie trois tableaux imprimés des « observa- j lions pluviométriques faites à Alger pen- dant les années 1838-1846», par M. Bon, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la province d'Alger gg — M. Arago met sous les yeux de l'Académie le iS' volume du « Recueil des historiens des Gaules et de la France, » reproduit par M. Dupont au moyen du contre- épreuvage lithographique -gi — M. Arago présente, au nom de M. de la Bêche, le i" volume des Mémoires du cadastre géologique de la Grande-Bre- tagne et du Musée de Géologie indus- trielle de Londres • Ibid. — M. Arfl^o est nommé membre des Commis- sions chargées de présenter des listes de candidats pour les places d'Académiciens libres, vacantes par suite du décès de M. Bory de Saint-Vincent et de M. Benjamin Delessert i54 et 847 — M. Arago est nommé membre de la Com- mission chargée d'examiner les pièces présentées au concours pour le iiranfl prix des Sciences mathématiques de l'an- née 1847 Sfiq ■ ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES {ilil. les membres du Bureau de V) an- noncent que la prochaine réunion aura lieu à Oxford , à dater du a3 juin 1847. . . J87 ATTENOUX annonce avoir observé constam- ment un abaissement du baromètre quand il tombait de la neige dans la ville de Salon où il observait, ou même seule- ment dans les environs de cette ville.. . . 8211 AUTOURDES. — Note sur la réforme du ca- lendrier grégorien 1 oc)9 B 8ABINET. — Rapport sur un Mémoire de M. le docteur Fan Hecke ayant pour titre : « Nouveau système de locomotion aé—' . rienneii ; . . . . . ibi ( II90 ) MM. Page?. TtALARD — Remarques sur la diflérence de constitution entre l'étlier nitrique et l'c- ther sulfurique, présentées à l'occasion des différences observées dans l'action de ces deux éthers sur réconomie animale. , aSg — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Bozonnet îo^ — Remarques à l'occasion d'un Rapport fait par M. Lallemand sur un Mémoire de M. Pujade relatif aux innovations intro- duites dans la thérapeutique des eaux thermales sulfureuses 84" lîALLIN. — Une mention honorable lui est accordée pour son « Essai sur la statistique du canton de Grand-Couronne, Seine- Inférieure » (coDcours de Statistique de 1845) 703 B.^NET. — Nouvelles recherches sur les va- riations séculaires des comètes dues à la résistance de l'éther. . 557 BARRAL. — Note sur la formule de la nico- tine 818 — INote sur les différences qui existent entre les dorures au mercure et le.s dorures élec- trochimiques 810 BARTHf;. — Lettre relative à un météore lu- mineux observé à Versailles dans la nuit du 1 1 févriir 1847 3o7 liAUDELOCQUE prie l'Académie de vouloir bien faire constater l'état d'une idiote sourde-muette, âgée de neuf ans, qu'il a soumise à un traitement médico-chirur- gical 4^ — Note sur la manière de sonder l'oreille de dehors en dedans 6t,6 BAUDEMENT ( E. ) — Observations sur les analogies et les différences des arcs viscé- raux de l'embryon dans les deux sous- embranchements de Vertébrés. 299 BAt3DE^S. — Sur l'emploi de l'inhalationdes vapeurs étliérées, comme moyen de distin- guer les affections simulées des affections réelles ... 38a — Nouveau procédé pour laréunion des plaies. 1018 B.AUDRIMONT. — Un Mémoire qui lui est commun avec M. Martin-Saint-Ange ob- tient le prix relatif au développement du fœtus chez les oiseaux et les batraciens (concours de i845) 714 BàVAY (oË). — Description et figure d'une attache de sûreté pour les voitures des chemins de fer 4 ' BAZELAIRE (de), qui avait soumis au juge- aient de l'Académie un appareil désigné sous le nom de n chronomètre-guide pour les chemins de fer », demande et obtient l'autorisation de retirer cet appareil, sur lequel il n'a pas été fait de Rapport. . . . 80 •^II"- Pagr,. BAZIN (J.). — Mémoire sur un chemin de fer à quatre rails 18 BECQUEREL. — Mémoire sur les circuits électrochimiques simples, formés de li- quides 5o5 BECQUEREL (A.).— Mémoire sur la composi- tion du sang dans le scorbut ( en commun avec M. Radier) 1090 BECQUEREL ( Edb. ) — Recherches sur la con- ductibilité électrique, et la résistance au passage des solides et des liquides. ( Deuxième Mémoire . ) 37G BELGRANII — Etudes hydrologiques dans les granités et les terrains jurassiques formant la zone supérieure du bassin de la Seine ^87 BELLINGERI se fait counaitre comme auteur d'un travail qui a obtenu une mention ho- norable au concours pour le grand prix des Sciences physiques de 1845 863 BERNARD. — Ses expériences sur les nerfs pneumogastrique et spinal ouaccessoirede VVillis, obtiennent le prix de Physiologie expérimentale (concours de 1845) 716 BERTHAULT. — Description et figure d'un appareil mis en jeu par la détonation de la pyroxyline, de la poudre à canon et autres composés fulminants 566 — Note relative à l'impression immédiate, en caractères alphabétiques, des dépêches transmises par le télégraphe électrique . 654 BERTRAND. — Mémoire sur la théorie des mouvements relatifs 1073 EESSERON. — De l'emploi des inspirations d'éther dans le traitement de la méningite cérébrospinale 81)7 BILLY(de). — Note sur un terrain diluvien argileux du département des Vosges. . . . 788 BINEAU. — Procédé pour la détermination quantitative de l'ammoniaque et de l'a- zote des matières organiques. Réclamation de priorité adressée à l'occasion d'une communication récente de M. Pe%o(. .. 686 BIOT annonce qu'il lira, dans une prochaine séance, des remarques relatives à une communication faite par M. Payen sur la pyroxyline, le coton hypoazotique et la xyloïdine 88 — M. Biot est nommé membre de la Com- mission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'Académicien libre, vacante par suite du décès de M. Borr dK Saint-Vincent i54 — M. Biot fait hommage à l'Académie d'un Précis de l'histoire de l'Astronomie plané- taire , qu'il a écrit à l'occasion de la dé- couverte de M. Le Verrier, et publié par articles dans le « Journal des Savants » . . 3^3 ( 1 MM. _ '■ V'i"- BIOT (Éd.). — Note sur les étoiles filantes et les bolides observés à la Chine. (Rapport sur cette Note; Rapporteur M Arago.) . . Sg BLANCARD présente le modèle en petit et la description d'une pompe à incendie..... 1019 HLANCHARD(E. ). — Recherches sur l'orga- nisaiion des vers fioi — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Ffl- lenciennes io3^ —Mémoire sur la circulation chez les insectes. 870 BLANCHE. — Sur les effetsde l'inhalation de l'éther sulfuiique '9' BLANCHE'!' adresse la figure et la description d'un appareil qu'il emploie depuis plu- sieurs années , pour projeter des vapeurs élhérées dans la trompe d'Eustache et dans le pharynx , pour certains cas de surdité nerveuse , el de névralgies crâniennes ou faciales 3o6 RLANDIN. — Recherches expérimentales sur les modifications de la respiration chez les individus soumis àTinhalaiion de l'é- ther (e!> commnn avec M. \ille) ioi6 BLANQU ART-EVRARD. — Procédés em- ployés pour obtenir les épreuves de pho- tographie sur papier 4''> "7 ** ^^^ BOBIERRE. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 8 février ) . aofi BOILEAD. — Expériences relatives à la dé- pense des orifices alimentaires des roue» hydrauliques à aubes courbes j sous l'in- fluence du mouvement de ces roues 647 — Études expérimentales sur les cours d'eau; deuxième partie : jaugeage par les déver- soirs ,. 957 BOILEAU. — Dépôt d'un paquet cachetc (séance du 12 avril) 6.Î9 BOLAND. — Description et figure d'un nou- veau pétrisseur mécanique ....,•.. 1098 liONAPARTE (('h.) présente une circulaire du Congrès scientifique italien qui an- non l'e l'ouverture delà notivelle session, à Venise, pour le 1 3 septembre 1847. . 1061 BOND. —Éléments circulaires de la planète de M. Le Veri"ier, d'après les observations de Cambridge (États-Unis) 1020 BON JEAN. — Faits divers relatifs au colon- poudre 22 — Essais comparatifs des divers ligneux . , 190 — Observations médicales relatives à l'action de l'ergotine, dans les hémorragies ex- ternes, chez l'homme. Artère radiale cou- pée eu deux, guérie sans ligature 494 — Supplément à ses précédentes communica- tions sur l'ergotine 688 60NNAF0US, à l'occasion des communica- tions relatives aux effets des vapeurs de l'éther , rappelle des expériences qu'il a 191 ) MM. faites, depuis longtemps, relativement aux vapeurs ammoniacales BONNARD est nommé membre de l.i Com- mission chargée de présenter une liste di' candidats pour la place d'Académicien lilire, vacante par suite du décès de M . Bory de Saint-Vincent BOrZENHART. — Sur une modification du phénomène des houppes colorées do Hai- dinger BOUBÉE. — Sur le rapport qui s'observe clans les vallées à plusieurs étages , entre la nature des terres et l'ancienneté relative des al lu viens . BOUCHARDAT. — Expériences sur les fonc- tinns des nerfs pneumogastriques dans la digestion (en commun avec M. Sandras). — Études sur les cépages de la Bourgogne et d'autres contrées viticoles — Influence de la division de la propriété en général et des viuncs en particulier, sur les progrès de l'agriculture, et sur le bien- être de la masse des citoyens Î\I. liouchardat est présenté par la Section d'Economie rurale comme l'un des can- didats pour la place vacante, ]>ar suite du décès de M . Dutrochec BOUCHER DE PERTHES prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission chargée d'examiner soii ouvrage sur l'Industrie primitive BOUCHUT — Apparitions de phlyctènes par suite de brûlure pratiquées sur dos cada- vres BOUE, annonce que l'on peut argenter, au moyen de la galvanoplastie. Tes planches de métal , de manière à les rendre propres à recevoir les images photographiques . . BOUNlCfclAU adresse, pour le concours du prix de Statistique, un ouvrage iuipiime « sur la navigation des rivière» à marées », et un Mémoire manuscrit ayant pour titre: «Notes analytiques sur la naviga- tion des rivières à marées » BOURDAT. — Notes sur les fractions conti- nues. Sur des procédés d'approximation pour les racines numériques. Sur quelques propriétés des nombres BOURDIN. — De la propriété hémostatique du coton ... BOURDON (IsiD.) adresse l'indication des parties qu'il considère comme neuves dans un travail sur la peste et les quarantaines , admis au concours pour les prix de Méde- cine et de Chirurgie — M. Bourdon rappelle que, dès l'année lAit), il a publié divers écrits concernant l'in- fluence de la déclivité sur le cours des li 19/ ..V, 1035 58 423 9'''> 659 1062 38o j()(i 65.T 89,5 til;, (119^) MM. Pages. (juidesde l'économie animale et sur Téiat des organes 982 ROORGERY adresse l'extrait d'un opuscule de M. Vrolik relatif aux nerfs du péritoine de l'hyperoodon 44 — Mémoire sur la coordination générale et la structure intime du système nerveux de la langue dans l'homme et les mammifères. 874 — Recherches sur la structure intime de la masse musculaire et de la membrane tégu - men taire de la langue dans l'homme et les mammifères i54 BODRGCET.— Observation d'un cas de luxa- tion de l'épaule , réduite avec facilité sous l'influence des inhalations d'éthcr 335 BOUSSINGAXJLT. — Observations sur l'eau minérale acide du Paramo de Ruiz, dans la INueva-Granada 397 — Rapport sur un Mémoire de M. Vincent, ayant pour objet l'exposition d'un procédé propre à constater si un tissu de chanvre ou de lin renferme des Sis de Phormium tenax 54^ — Suite des recherches entreprises pour déter- miner l'influence que le sel, ajouté à la ration, exerce sur le développement du bétail 636 — Rapport sur un Mémoire de M. Wisse, inti- tulé: «Exploration du volcan de Rucu- Picliincba » 945 BOUVIER. — Sur les effets de l'inhalation de l'éther. 200 BOYER ( L. ). — Un encouragement lui est ac- cordé par la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie (concours de 1845) pour ses recherches concernant l'opération du strabisme 724 BOYS DE LOURY. — Mémoire sur les affec- tions qui atteignent les ouvriers en cuivre (en commun avec M. Chevallier ) 6i8 — Mémoire sur la fabrication des allumettes chimiques (en commun avec MM. Che- vallier et Bricheteau) 618 BOZONNET annonce qu'il s'est occupé d'ex- périences analogues à celles qui avaient fait l'objet d'une Nota de MM. Chaberi et Desplaces, Note relative aux mouvements observés dans un corps métallique sus- pendu par unûl au-dessus d'un autre mor- ceau de métal 3o7 BRACHET. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 19 avril) (198 BRAVAIS. — Sur les phénomènes optiques auxquels donnent lieu les nuages à parti- cules glacées 962 — Sur la variation diurne de l'intensité ma- ^étique horizontale, à Rossekop (Lapo- nie), pendant l'hiver de i838 à 188g (en commun avec M. Lottin ) BREGUET. — Moniteur électrique pour les chemins de fer — Sur un accident arrivé au télégraphe élec- trique de Saint-Germain — M. Breguet est présenté par la Section de Mécanique comme candidat à la place vacante dans son sein , par suite du décès de M. Gambny BRICHETEAU. — Mémoire sur la fabrica- tion des allumettes chimiques (en com- mun avec yiM.Chefallier et Bois de Loury). BRIERE (de). — Moyens proposés pour dissi- per le malaise qui suit quelquefois l'inha- lation prolongée de l'éther BRIÉliEDE BOISMONT. - Un encourage- ment lui est accordé par la Commission des prix do Médecine et de Chirurgie (concours de i845), pour ses recher- ches concernant la distinction à éta- blir entre certaines espèces de délire et la folie BRIGERE et Darpentigkt, à l'occasion de la Lettre adressée à l'Académie par M. le Ministre de l'Intérieui , concernant un projet d'établissement d'une caisse de retraite pour la classe ouvrière , envoient divers documents relatifs à la condition des ouvriers employés dans les filatures de coton , et en général des hommes qui travaillent dans les manufactures BRIET. — Figure et description d'un appareil destiné à la préparation usuelle de l'eau gazeuse et des divers liquides chargés d'a- cide carbonique BRIOT. — Essai sur la théorie mécanique de la chaleur. . — Mémoire sur une extension nouvelle donnée aux formules géométriques BBONGNIART ( Ad.), vice-président pendant le cours de 1846, passe aux fonctions de président — M. Brongniart est nommé membre de la Commission chargée de présenter une question pour le grand prix des Sciences naturelles à décerner en 1849 — Et membre de la Commission chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour legrand prix des Sciences physiques de l'année 1847 BRONGNIART (Al.), à l'occasion d'une Note do M. Vital-Roux , annonce que M. Benard, de Saint-Gon (MarneJ, fait en ce moment des essais de cuisson de la porcelaine dure au gaz extrait de la tourbe, et que ces essais ont eu, jusqu'à présent, des résultats satisfaisants Pagt». 1 101 428 gfo 5 02 618 37i 4^ 853 877 Ibid. 545 889 443 ^y MM. Pag„. KRONZET. — Letlro relative il une amputa- tion de deux jambe» , nn BROWN-SEQUAKT. - Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 8 février). , ao6 — Uépôt d'un paquet cacheté (séance du i5 fé- vrier) 249 — Note sur la durée de la vie des grenouilles , en automne et en hiver, après l'extirpa- tion de la moelle allongée et de quelques autres portions du centre nerveux cérébro- rachidien 363 et 688 — Recherches critiques et expérimentales sur les propriétés et les fonctions de la moelle épininre et de la moelle allongée. 849 — Recherches anatomîques , physiologiques et pathologiques sur la théorie du clavier. 889 BRUNNER. — Théodolite qui , pour une grandeur donnée du cercle répétiteur, et sans augmentation du volume de l'instru- ment, présente tout ce qui est nécessaire pour les observations de magnétisme terrestre 38^ BRYANT fait remarquer, à l'occasion d'une communication récente de M. Cosie sur la formation de la caduque, que M. Va- lentin, dans son Rapport sur les progrès delà physiologie, mentionne l'opposition faite par M. l'appenheim, en 1840 ou 1841, aux idées alors admises sur ce point par les embryologistes i 82 BUCH (de) fait hommage d'un exemplaire de sa « Description géognostique de l'île de l'Ours ( Baren-Insel) » 842 BUFFET. — Figure et description d'un nouvel instrument d'arpentage remplaçant la chaîne et le porte-chaine igS '93) MM. BURANOWSKY soumet au jugement de l'A- cadémie un appareil de son invention, qui a pour but d'abréger l'opération de la multiplication et d'eu écarter les chances d'erreurs BUREAURIOFFREY. - De la guérison de la pbthisie par la gymnastique des pou- mons et par l'engraissement BU.SSYest présenté comme l'un des candidats pour la place d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. Boix de Saint- Vincent ■ , — Nouvelles observations sur les deux variétés d'acides arsénieux — M. Bussf prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candi- dats pour la place d'Acadëmicien libre vacante par suite du décès de M. B. De- lessert , . . — Il est donné lecture d'un Rapport sur deux travaux de M. Busv" concernant, l'un, l'emploi de la magnésie dans le traite- ment de l'empoisonnement par l'acide arsénieux; l'autre, de nouvelles observa- tions sur les deux variétés de cet acide. Par suite d'une réclamation de priorité relative au premier de ces travaux, l'Aca- démie ajourne son vote sur les conclusions de ce Rapport ; — Lettre de M. Bussy à l'occasion de cette réclamation — M. Bussx est présenté comme l'un des candi- dats pour la place d'Académicien libre va- cante par suite du décès do M . B. Delessert. BUTILLOIN. — Éléments de lu nouvelle co- mète de M. Hind Pajks. 555 206 774 851 869 9»' 88/ 691 CAHOURS (AuG). —Recherches relatives à l'action du mélange d'acide sulfurique et d'acide nitrique fumant, sur quelques substances organiques . . "iSS CAIVANO. — Mémoire sur les forces cen- trales 116 CAUGNY (de) prie l'Académie de vouloir bien comprendre son nom parmi ceux des candidais pour la place vacante dans la Section de Mécanique 499 CAMBAY.— Sur les maladies des pays chauds. Topographie médicale de Tlemcen ; compte rendu des maladies externes qui y ont régné pendant les années i8{3-46.. 18 CANGIANO. — Nouveaux renseignements sur les couches traversées par la sonde dans le forage du puits artésien de Ma- ples 1 109 CE., 1847, i" Semestre. (T. XXIV.) CARDAN. — Effets produits sur une femme enceinte , par l'inhalation de l'éther 385 CARON DU VILLARS. — Sur les colora- ' tions accidentelles de l'humeur vitrée chez l'homme et chez les animaux 1097 CATALAN . — Dérac«stration d'un nouveau théorème de statique 1 1 1 1 CAUCHY, à l'occasion d'une communica- tion de M. Lamé, rappelle que, dans un Mémoire présenté à l'Académie, le 19 oc- tobre 1846, il exposait une méthode et des formules qui lui avaient semblé pouvoir conduire à la démonstration du dernier théorème de Fermât 3iô — Note sur quelques propriétés des facteurs complexes. 347 — Mémoire sur les mouvements des systèmes de molécules 348 167 ( > MM. Pag"- CAUCHY.— Mémoire sur les racines des équa- tions algébriques à coedicients entiers, et sur les polynômes radicauif ^o^ — Mémoire sur le mouvement d'un système de molécules dont chacune est considérée comme formée par la réunion de plusieurs atomes ou points matériels 4'4 — Mémoire sur de nouvelles formules rcla- lives à la théorie des polynômes radicaux, et sur le dernier théorème de Fermât. 469, 5iG, 578, 633 et 661 — 1 )ép6t d'un paquet cacheté ( séance du 22 mars ) 4^^ — Mémoire sur les maxima et minima condi- tionnels 767 — Mémoire sur les lieux analytiques 885 — Sur la décomposition d'un polynôme radi- cal à coelHclents réels en deux parties, dont la première est un polynôme ra- dical à coefTicicnts entiers, et dont la kcconde offre un module plus petit que Tunité 9(3 — Mémoire sur diverses propositions rela- tives à la théorie des nombres ggG — Sur la décomposition d'un nombre entier en facteurs radicaux 1022 - Mémoire sur les facteurs modulaires des fonctions entières d'une ou de plusieurs variables 1 * ' 7 — Mémoire sur une nouvelle théorie des ima- ginaires, et sur les racines symboliques des équations et des équivalences 1 120 — M. Cauchf lit, au nom d'une Commission, lin Rapport sur deux Mémoires relatifs à la théorie de la résistance des fluides. Ce Rapport donne lieu à une discussion , à la suite de laquelle MM. les Commissaires sont invités à examiner de nouveau leur Rapport pour y faire, s'ils le trouvent à propos, quelques modifications, confor- mément aux remarques qui leur ont été présentées 675 — M. Cauchy est nommé membre de la Com- mission chargée d'examiner les pièces présentées au concours pour le grand prix des Sciences mathématiques de l'année 1847 869 CAZENAVE. — Note sur un lait de rétention d'urine chronique, cessant pendant les trois stades de plusieurs accès d'une fièvre tierce, et se reproduisant immédiatement après chaque accès 79 ■ — M. Cazenave prie l'Académie de vouloir bien désigner une Commission qu'il ren- dra témoin des bons résultats obtenus dans le traitement de certaines maladies , 4 pur une méthode dont il est l'inventeur. '94) MM. F.ijt^ mais sur laquelle il ne donne aucun dé- tail.... 69b CAZENAVE. — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 19 avril ) (198 CH ABERT prie r Académie de regarder comme non avenue la Note qu'il lui a adressée en commun avec .M. Desplaces, sur les oscil- lations d'un corps métallique suspendu par un iil au-dessus d'une autre masse de métal 4*^ CHALLAYE (de). — Mémoire sur l'agricul- ture du royaume Lombarde- Vénitien. . . SSu — Mémoire sur le peigne moissonneur du riï et des autres grains, inventé par M. fiianco, de Vérone . . .• 3!iu CHAMBON. — Note sur un moyen de con- stater la présence de l'acide sulfurique libre dans les vinaigres ii5>; CHARPENNE Dépôt d'un paquet cacheté, en commun avec M. Chodsco (séance du 34 mai) 90J CHARRIÉRE présente un appareil de son in- vention, destiné à l'inhalation de la va- peur de l'éther, appareil qui, dit-il, a déjà été mis en usage dans la plupart des hôpitaux de Paris 1 28 — îâ . Charriére présente un appareil iioit- veau pour l'inhalation des vapeurs d'éther. 1 85 CHASLES fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du discours d'ouverture de son . cours de Géométrie supérieure. 49 CHATON communique le résultat de ses re- cherches concernant les moyens de pré- venir le déraillement des convois sur les chemins de fer 307 CHEVALLIER. — Mémoire sur les affections qui atteignent les ouvriers en cuivre (en commun avec M. Boys de Loury ) (iib — Mémoire sur la fabrication des allumettes chimiques (en commun avec MM. Boys de Loury et Biicheleau ) 618 CHEVALLIER. — Sur l'emploi de l'éclairage oblique pour les objets observés au mi- croscope ioy7 CHEVALLIER fils réclame , en faveur de feu '^.Alphonse Leroy, professeur à l'École de Médecine de Paris, et M. Valet, pharma- cien, la priorité, pour des essais con- cernant la possibilité de faire du pain avec la racine de chiendent 204 CHEVANDIER (Eue). — Recherches sur la composition élémentaire de différents bois, et sur lerendementannuel de i hec- tare de forêts. (Troisième Mémoire.).. 269 — Rapport surce Mémoire; Rapporteur M. de Gasparin 4 ' 8 — Recherche expérimentale des propriétés mécaniques du bois (en commun avec ( '> MM. I>agc^. M. W>T et annonce que les recherches auxquelles se rapportent ces deux dépôts sont assez avancées pour qu'on doive s'attendre à en voir prochainement les résultats rendus publics 4 j — M. Chevreul met sous les yeux de l'Acadé- mie un échantillon du mortier du pont- aqueduc de Roquefavour. 4 '8 — M . Chevreul esl nommé membre de la Com- mission administrative pour l'année 1847. 2 — Membre de la Commission chargée de pré- senter une liste de candidats pour la place d'Académicien libre, vacante par suitedu décès de M. Borjr de Saint-Vincent l5f^ ^- Et de la Commission du prix concernant les Arts insalubres io46 — M. Chevreul fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de : « Théorie des effets optiques que présentent les étoffes de soie )) 485 CHIO. — Recherches sur la série analytique de Lagrange. (Deuxième Mémoire.) io53 CHODZCO. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 8 février) 206 — Dépôt d'un paquet cacheté (en commun avec M. Charpenne) (séance du 34 mai).. 902 CHRISTOL — Sur VHipparilherium, nou- veau genre de la famille des Solipèdes. . . 374 CIVIALE est présenté comme l'un des can- didats pour la place d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. Bory de Saint-Vincent 206 — M. Civiale est nommé Académicien libre en remplacement de M. Borj' de Saint- Vincent ... ; ... 24a — Ordonnance royale qui confirme sa Domi- nation 253 CLAPEYRON est présenté par l'Académie comme l'un des candidats pour la place vacante dans la Section de Mécanique, par suite du décès de M. Gamher 5o2 CLOEZ. — Recherches sur l'acide sulfoxy- phosphovinique et sur ses composés. . . 388 — Réponse à une réclamation de M. Wurtz, relative à la Note précédente 565 COLLA, — Sur la découverte d'une nouvelle 95) comète faite par lui, le 9 mai 1 847 ; Lettre à M. Arago COLLOMB. — De la couleur de l'eau de» glaciers COMBES. — Mémoire sur les dispositions propres à annuler, complètement ou en partie, l'influence de l'espace nuisibledans les machines à vapeur — Mémoire sur les appareils fumivorcs. . . . — Addition au Mémoire sur un nouveau mode de distribution de la vapeur propre à diminuer l'influence des espaces nuisibles dans les machines à deux cylindres — M. Combes est présenté par l'Académie comme l'un des candidats pour la place vacante dans la Section de Mécanique, par suitedu décès de M. Gambey — M. Combes est nommé membre de l' Aca- démie, Section de Mécanique — Ordonnance royale qui confirme sa nomi- nation COMPIÈGNE. — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 3 1 mai ) CONDE (de). — Recherches concernant la statistique des chemins de fer de Paris il Rennes et de Paris à Caen, dans diffé- rentes hypothèses concernant la direction et les embranchements de ces chemins. . COQUAND. — Sur la constitution géolo- gique de quelques parties de l'empire du Maroc CORDIER. — Rapport sur un Mémoire de M. Raulin , intitulé : u Mémoire sur la constitution géologique du Sancer- rois » CORDIER est présenté par la Section de Mé- canique comme l'un des candidats pour la place vacante dans son sein, par suite du décès de M . Gambejr — Un second prix de Mécanique est accordé à M. Cordier pour les modifications et sim- plifications qu'il a introduites dans les ma- chines hydrauliques ou à vapeur ( con- cours de 1845) CORNAY présente une nouvelle modification de l'instrument qu'il désigne sous le nom de lithéréteur , — Note sur les colorations métalliques COSTE. — Mémoire concernant la segmenta- tation d'une portion du vitellus pendant le passage de l'œuf à travers l'oviducte chez les oiseaux, les reptiles écailleux et les poissons cartilagineux — Note sur la nature de la caduque chez l'es- pèce humaine COTTEREAU écrit qu'il est parvenu à former indirectement de la pyroxyline avec l'ami- don, comme on en fait avec le coton 879 1093 355 .'|8!) .5oî 544 6,56 98V, 498 857 t)7o 701 688 698 623 893 20$ %- 5,.. ( "96) MM. f't"- COTTEREAU. — Note sur une question de priorité relative à la préparation delà py- roTylineau moyen de l'amidon Sgi — M. Cottereau donne quelques détails sur un accident qui a eu lieu en employant dans un pistolet du fuhni-coton au lieu de poudre ordinaire 822 COUVERCHEL prie l'Académie de vouloir bien comprendre son nom parmi ceux des candidats pour la place vacante dans MM. t'"S'» la Section d'Économie rurale , par suite du décès de M. Dutrochet. 3^0 CREBESSAC-VERNET. — Noie concernant un moyen de prévenir le déraillement sur les chemins de fer 10(18 CRESPON. — Recherches sur les différents in- sectes qui attaquent l'olivier et le mûrier, et sur les moyens de prévenir ou de dimi- nuer les dommages qu'ils causent à l'agri- culture 3oii D * DAILLY. — Expériences concernant l'in- fluence du sel dans .l'engraissement des bêtes à laine 648 DAMODR . — Mémoire sur la composition de l'eau de plusieurs sources sîlicifères de l'Islande 182 DANGER ET Flandin, en adressant pour le concours de Médecine et de Chirurgie, leurs divers travaux sur les poisons , y joi- gnent, conformément à unedécision prise par l'Académie pour les pièces admises à ce concours, l'indication de ce qu'ils considèrent comme neuf dans les résultats de leurs recherches ~ 44? DARPENTIGNY et Brigêre , à l'occasion de la Lettre adressée h l'Académie par M. le Ministre de l'Intérieur, concernant un projet d'établissement d'une caisse de retraite pour la classe ouvrière, envoient divers documents relatifs à la condition des ouvriers employés dans les filatures de coton, et en général des hommes qui travaillent dans les manufactures . 4^ et '9^ DAUBRÉE. — Note relative à un tremble- ment de terre ressenti sur les bords du Rhin 453 — Observations sur la quantité de chaleur an- nuellement employée à évaporer de l'eau à la surface du globe, et sur la puissance dynamique des eaux courantes des con- tinents 548 DAVAL. — Dépôt de deux paquets cachetés (séance du 19 avril ) ''98 DECAISNE. — Observations sur la culture et la préparation de la garance , faites pen- dant un voyage en Zélandc 4^6 — Mémoire sur la greffe herbacée ■■ Sgg — M. Decaisne est présenté, par la Section d'E- conomie rurale, comme l'un des candidats pour la place vacante dans son sein , par suite du décès de M. Dutrochet ( ex œijuo avec M . Hug. Chevandier ) olg — M. Decaisne est nommé membre de l'A- cadémie, Section d'Économie rurale... 67^ DECAISNE. — Ordonnance royale qui con- firme sa nomination 757 — M. Decaisne est nommé membre de la Commission chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour le grand prix des Sciences physiques de l'année 1847 889 DEFER. — Note sur une opération de taille urétrale bilatérale avec extraction de neuf calculs volumineux adhérents à la vessie. 3oo DÉGENETAIS. — Mémoire ayant pour titre: « Protestation contre la réception des via- ducs en courbe établis dans les vallées de Barentin et de Mirville » 38; DE LA PORTE. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 5 mai ) 8^3 DELARUE. — Tableau des observations mé- téorologiques faites à Dijon pendant les cinq derniers mois de l'année 1846, et résumé des observations de l'année entière 4''^ DELAUNAY. — Mémoire concernant la théorie analytique du mouvement de la lune. (Rapport sur ce Mémoire; Rap- porteur M. Liouville. ) tj M. Delaunar est présenté, par la Section d'As- tronomie, comme l'un des candidats pour la place vacante dans son sein , par suite «lu décès de M. Damoiseau 4/ DELAURIER communique ses idées sur quelques applications que l'on pourrait faire de la photographie , et sur les modifications qu'il conviendrait d'ap- porter, dans ce cas, aux procédés ordi- naires 83i — Mémoire sur la précipiwtion des métaux sur les métaux S)'-' DELHOS (écrit par erreur Lesbos). —Note surlesamides de la naphtalidame. 1091 et i i(io DELEAU annonce qu'il est parvenu à pulvé- riser et & tamiser les calculs dans la Tes- ( i'97 ) sie, da manière à n'avoir que des frag- ment» d'un volume proportionné à la largeur de l'issue DELESSE. — Mémoire sur la constitution niiuéralogique et chimique des roches des V osges DELESSERT ( Bbnjamw). — Sa mort, arrivée le i" mars 1847, **' annoncée à l'Acadé- mie dans la séance du même jour DELESSERT (Fa.) annonce que les collec- tions botaniques, les herbiers et la biblio- thèque qui lui ont été légués par son frère, feu M. B. Delessert, continueront, comme par le passé, à être à la dispo- sition des savants. M. Gab. Delessert a pris une semblable détermination relati- vement aux collections de coquilles et de minéralogie qui lui ont été léguées ...... DELVIGNE. — Note sur un nouvel appareil de sauvetage, le «porte-amaire » DEMIDOFF adresse les tableaux des obser- vations météorologiques faites à Nijné- Taguilsk , pendant les mois d'octobre , novembre et décembre 1846, et le résumé des observations de l'année entière DERICQUEHEM. — Addition à un précé- dent Mémoire sur un nouveau système de chemins de fer M. ùericquehem annonce avoir modifié son système de chemin de fer à rail direc- teur moyen , do telle manière qu'il peut se prêter à de très-grandes vitesses et à des courbes d'un petit rayon DESAINS (P.). — Recherches sur le rayon- nement de la chaleur: variation du pou- voir émissif avec l'inclinaison (en com- mun avec M . (/e la Provostaye ) . . — Recherches sur le rayonnement de la cha- leur. Détermination des pouvoir? rétlec- teurs (en commun avec M. de la Provo- staxe) 684 et — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du i"^ mars) (en commun av^c M. de la Pro- l'ostajre ) DESCHAMPS. — Note sur l'inhalation de l'éther DESCLOIZEAUX. — Observations physiques sur les principaux geysirs d'Islande. ... DESPRETZ, à l'occasion d'une Note de M. Flourens touchant l'action de l'éther sur les centres nerveux, présente des remarques sur la composition de l'air res- piré par les personnes soumises à l'inha- lation de l'éther , et sur les moyens aux- quels on pourrait songer pour fournir à la respiration la quantité suffisante d'oxy- gène DETTINGSHAUSEN. - Note sur les équa- 46 290 3o9 r<â8 85 1 831 38o 655 60 334 610 456 347 m M . Pag. tions différentielles des ondulations lumi- neuse!, dans les milieux isophanes DEVILLE . — Recherches sur la composition des eaux potables DIEUDONNÉ propose un moyen pour ob- tenir directement, sur le cuivre du gra- veur, le trait et la disposition des om- bres d'un dessin donné par la chambre obscure, et dont on veut faire une estampe à l'eauforte . DIRECTEOR GÉNÉRAL DE L'ADMINIS- TRATION DES DOUANES (le) adresse, pour la bibliothèque de l'Institut , un exemplaire du u Tableau général dos mouvements du cabotage pendant l'année 1 845 » DIVE. — Mémoire sur les engrais: indica- tion d'un procédé destiné à empêcher la déperdition de l'azote que recèlent les végétaux et les déjections animales DOLFUS-AUSSET. — Statistique des mala- dies et des décès causés par la transforma- tion en marais , des excavations qui lon- gent le chemin de fer de Strasbourg à Bâle, dans les commune^ de Bollwiier et deFeldkirk DOMEYKO. — Sur un vanadiate de plomb et de cuivre. — Sur le terrain tertiaire et les lignes d'ancien niveau de l'Océan aux en- virons de Coquimbo. — Description des terrains des Andes du Chili comprenant la description du volcan d'Antuco DON. — Observations piuviométriques faites à Alger pendant les années i834-i846. . . DORSO. — Modèle et description d'un nou- vel appareil d'artillerie DOVERL — .Mémoire sur la composition de l'essence de thym DOYÈRE. — Recherches sur le dosage des va- peurs d'éther dans les inhalations — Étude des appareils d'étbérisation le plus on usage aujourd'hui dans la pratique chirurgicale DUCROS. — Note ayant pour titre: «Rapi- dité thérapeutique et innocuité intoxica- trice de l'extrait de belladone dans l'éther sulfurique, d'après U méthode buccale et pharyngienne , etc. » : réclamation de priorité relativement à l'emploi de l'é- ther en friction sur les parois buccales pour suspendre momentanément la sen- sibilité ^4, — Note ayant pour titre : ■< Revendication dé- finitive du principe physiologique fonda- mental, sur lequel est entée l'application pratique de M. Jackson » laij — A l'occasion d'un passage contenu dans une ' communication de M. Yelpeau , concer- 801 693 S«a 36i) .84 "9 793 8S1 6,9 390 425 695 ( "9^ MM. V'f nant les bons effets qu'on pourrait at- tendre de l'inhalation de l'éther dans cer- tains cas de contractions musculaires , M. Ducros rappelle ce qu'il a dit à ce sujet dans un Mémoire présenté à l'Aca- démie le 16 mars 1846 , 191 DUCROS. — Sur l'emploi des courants élec- triques pour faire cesser subitement les effets produits par l'inhalation de l'éther. •aSG — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du i*'' mars) ... 334 — Mémoires relatifs à l'emploi des courants magnéto-électriques, comme moyen de rappeler à la vie des hommes ou des ani- maux privés do sensibilité , soit par l'inha- lation de l'éther, soit par suite d'asphyiie, soit enfin par l'action de l'acide cyanhy- drique Sfig et 44? — DépAt d'un paquet cacheté (séance du 8 mars) 3g2 — Mémoire sur les symptômes de l'empoison- nement par l'acide arsénieux administre au moyen de la méthode endermiqne, et sur l'action qu'exerce dans ce cas, pour retarder la mort, l'emploi du double cou- rant magnéto-électrique 498 — Mémoire concernant l'emploi des courants magnéto électriques, comme moyen de distinguer la mort réelle de la mort appa- rente. Un paquet cacheté, concernant la même question, déposé en février 1847, ost ouvert, conformément à la demande de l'auteur, dans la séance du 22 mars. . . 4g8 — Kote ayant pour objet de réfuter quelqucs- nnes des propositions contenues dans une Note récente de M. Marshal-Hall, sur l'ac- tion réflexe des nerfs 698 — Réclamation relative à une erreur signalée par M. Sninl-Genès . ngo — Note relative h des expériences tendant à prouver que l'action magnéto-électrique peut déterminer , chez l'homme et les animaux, le sommeil et l'insensibilité. 881 — Emploi du double courant magnéto-élec- trique pour produire et pour dissiper, suivant la durée plus ou moins prolongée de son action, le sommeil et l'insensi- bilité chez l'homme et chez les animaux. Observations faites sur les hommes et les inimaux plongés, au moyen de cette ac- tion, dans un sommeil accompagné d'in- sensibilité. 897,975, 1018, io53, 1099 et ii55 lîUFAY. — Recherches expérimentales et théoriques sur l'éthérisation 608 DUFOSSE. — Observations sur le développe- ment des oursins (^Echinus esculentus). . i5 DUFOUR (Léon). — Notice sur les zones en- tomologiques de nos Pyrénées 833 •MM. Page,. DUFOUR. - Histoire des métamorphoses du Tetanoecrajerruginca io3o DUFRÉNOY met sous les yeux de l'Académie une carte géologique du département de Saône-et-Loire, par M. Manès, colo- riée par impression, à l'imprimerie royale, par M. Derénémesnil 73 — M. Dufrénoy présente, au nom de M. Da- mour, un Mémoire sur la composition de l'eau de plusieurs sources silicifères de l'Islande 18-.! — M. Dujrènax présente, au nom de M. Dé- leste, un Mémoire sur la constitution mi- miralogique et chimique des roches des Vosges 290 — M. Dufrénoy présente, au nom de MM. Ri- vât et Phillips, la description d'un nou- veau procédé de traitement métallur- gique des minerais de cuivre 617 — M. Dufrénoy présente, au nom de M. Do- meyho, les trois Mémoires dont les titres suivent : « 1° sur un vanadiatede plombel de cuivre; a" sur le terrain tertiaire et les lignes d'ancien niveau de l'Océan aux en- virons de Coquimbo ; 3° description des terrains compris dans une coupe transver- sale des Andes du Chili & la latitude de la Conception, depuis la baie de Talcahuano jusqu'au sommet de la cordillère de Pi- chachen , comprenant la description du volcan d'Anluco » -gî — M. Dufrénoy présente , au nom de M. Gru- ner, un Mémoire sur un minéral nouveau, dont la composition correspond à un py- ro.xèno à base de fer 79} — M. Dufrénoy est nomme membre de la Commission chargée d'examiner les pièces de concours produites par les élèves de l'École des Ponts et Chaussées 773 DUJARDIN réclame de nouveau la priorité d'invention pour son appareil magnéto - électrique , et déclare n'avoir trouvé dans aucun des recueils scientifiques qu'il a pu consul 1er la preuve que l'idée appartienne à M. Page, comme l'a avancé M. Bre- guet 45 et 2o5 — Lettre sur les résultats obtenus en aiman- tant une grosse barre d'acier, dans le but de remplacer, dans les télégraphes élec- triques, les faisceaux en fer il cheval par des aimants d'une seule pièce 4^ — Note sur une nouvelle batterie magnéto- électrique, destinée à faire fonctionner les télégraphes à de grandes distances sans le secours de la pile 821 DUMAS , à l'occasion d'nn Mémoire de M. Aug. Laurent concernant les actions des al- calis chlorés sur la lumière polarisée et ( i»99) MM. Pifl». •iir r«cononuc animale, énonce les résul- tats d'un travail qu'il so propose de sou- mettre prochainement à l'Académie, et qui l'a conduit à des conclusions se rappro- chant, à beaucoup d'égards , des opinions développées dans les derniers Mémoire de M. Laurent 227 — M. Dumas annonce la mortda M. Hatchett, un des correspondants de l'Académie pour la Section de Chimie 842 — M. Dumas communique une Lettre de !M. Bussx, relative à une réclamation faite en faveur de M. Mandel, pour l'emploi de la magnésie dans les cas d'empoison- nement par l'arsenic 901 — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du iSmars) 4'** — M. Dumas est nommé membre de la Com- mission chargéed'examiner les inventions admises au concours pour le prix concer- nant les Ans insalubres. 1046 DUMAS, professeur agrégé de la Faculté de Médecine de Montpellier, se fait connaître comme auteur d'un Mémoire présenté pour le grand prix des Sciences physiques au concours de 184a (question des or- ganes de la génération chez les Verté- brés), Mémoire inscrit sous le n" 4t el qui a obtenu une mention honorable. . . . 863 UUMERIL. — Remarques à l'occasion de la présentation d'une pièce anatomique par M . Flowens 1 -g — Remarques sur un organe particulier de la Raie ... 3o3 — M , Duméril est nommé membre de la Com- mission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'Académicien libre, vacante par suite du décès de M. B. Delesseit 847 — Et de la Commission chargée de l'examen des pièces admises au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie gSi — M. Duméril fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la Notice qu'il vient de faire paraître sur la vie et les travaux de feu M. Duponchel 1 144 DUMESNIL. — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 1 2 avril ) 669 DU PARC (Léon). — Appareil ayant pour objet d'établir un curseur de direction sur la rose des vents dn compas de route dont on fait usage à bord des b.'ttiments à va- peur. (Rapport sur cet appareil; Rap- porteur M. Duperrey .) 36 DUPASQUIER ( Alph. ). — Notice sur une pluie de terre, tombée dans les départe- ments de la DrOme, de l'Isère , du Rhône et de l'.Mn , les iG et 17 octobre 1846 625 DCPASQUIF.R (A1.PII.). - Emploi du chlo- rure d'or pour apprécier la présence d'une matière organique en solution dans les eaux ordinaires , potablesou non potables, (ijd — Nouveau moyen do reconnaître la pré- sence, et même approximativement la quantitédu bicarbonate de chaux tenu en solution dans les eaux potables.. 62S et 808 DUPERREY. — Rapport sur un appareil pro- posé par M. le capitaine de corvette Léon du Parc, ayant pour objet d'établir un curseur de direction sur la rose des vents du compas de route dont on fait usage a bord des bâtiments à vapeur 3(> — Rapport sur un travail do M. Relier, in- génieur hydrographe de la Marine, inti- tulé : « Essai sur les courants de marée et sur les ondes liquides » 4M DUPDLS-DELCOURT. - Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 1 1 janvier) 47 DURAND. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 22 mars) (en commun avec M. ilanoury ) 5uu — Nouveau système d'exploitation des prai- ries naturelles, dit système du piquet. ( Deuxième Mémoire) 89b DUROCHER (J.). — Étude sur les glaciers du nord et du centre do l'Europe ;J j4 — Sur la couleur de la glace des glaciers et des eaux qui s'en écoulent (177 — Nouvelle Note sur la couleur des eaux , et sur les substances végétales qu'elles peu- vent contenir. gSS DUÏROCHET. — Sa mort, arrivée le 4 fé- vrier, est annoncée à l'Académie dans la séance du 8 du même mois , i(ii DUVAL. — Expériences sur l'inhalation de l'éther et du sulfure de carbone. Descrip- tion d'un nouvel appareil pour l'inhala- tion de l'éther tiili DUVERNOY prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candi- dats pour la place d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. B. De- lessert , et rappelle les différents travaux qu'il a successivement soumis à son juge- ment (iS ) — yi. Duvernoy fait hommage d'un exemplaire de son article « Ovologie , » extrait du Nouveau dictionnaired'Histoire naturelle. 84' — M. Duvernoy esi présenté comme l'un des candidats pour la place d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. £. Dclessert 88'.; — M. Duvernoy est nommé à la place vacante d'Académicien libre 8 89 — Ordonnance qui confirme sa nomination.. 1019 ( labo ) MM. p.a«». EDWARDS ( Milse) communique une Lettre de M. Dufbssé concernant des observa- lions sur le développement des oursins. . i5 — M. Milne Edwards présente, au nom de l'auteur, M. Nicolet, une Note sur la cir- culation du sang chez les Coléoptères. . . . t8 — M. Milne Edwards présente un travail de M. Lacauchie, sur une disposition parti- culière de Tappareil urinaire chez le co- chon domestique 68 — Réponse à quelques-unes des remarques de M. Magendie relatives à une commu- nication de M. Velpeau sur les effets de l'inhalation de Téther i38 — Remarques relatives à une communication faite par MM. Prévost et Lebert, sur le développement du cœur chez le poulet. . ^99 — Remarques relatives à l'insertion , dans le Compte rendu de la séance du 22 février, de^uelques remarques de M. Serres con- cernant la communication précédente... 309 — M. Milne Edwards est nommé membre de la Commission chargée de présenter une question pour le grand prix des Sciences naturelles à décerner en 1849 54.'> — Rapport sur des recherches paléontolo- giques faites en Bretagne et dans l'Anjon, par M. M. liouault 5g3 — M. Milne Edwards communique quelques passages d'une Lettre de M. Wagner, relatifs au mode de terminaison des nerfs dans l'appareil électrique de la tor- P'"e 795 — M. Milne Edwards, présente au nom de l'auteur, M. Robert, un Mémoire relatif aux ravages de certains insectes qui attaquent le bois, aux moyens employés pour combattre ces ravages, et aux effets que produisent ces procédés relativement MM- Pagp». à la végétation des arbres sur lesquels on en fait l'application toirt — M. Milne Ed-wards est nommé membre de la Commission chargée d'examiner les pièces adressées au concours pour le prix de Physiologie expérimentale 1149 ÉLIE DE BEAUMONT, à l'occasion d'une réclamation de priorité élevée par M. Du- cros, relativement à l'emploi de l'éther, demande l'ouverture d'un paquet cacheté qu'il avait déposé au nom de M. iackson. Ce paquet , ouvert en séance , renferme deux Lettres relatives aux effets thérapeu- tiques de l'éther absorbé par les voies de la respiration, et à leur application dans la pratique chirurgicale 74 Rapport sur le puits artésien commencé par M. Mulot, dans l'enceinte de la ville de Calais 3^3 — Remarque à l'occasion d'une réclamation de priorité élevée par M. Wells, et rela- tive à l'emploi de l'éther 3^3 — M. Étie de Beaumonl, en présentant, au nom de M. Waltershausen , les deux pre- mières livraisons de l'Atlas de l'Etna , communique quelques fragments d'une Lettre de l'auteur 791 — M. £/ie de Beaumonï communique l'extrait d'une Lettre de M. Coquand sur la consti- tution géologique du Maroc 8.57 ENGELHARD. — Note sur la préparation des plaques dagnerrienncs ii55 ESTOCQUOIS (d'). — Note sur les valeurs approchées des fonctions elliptiques de seconde espèce 699 EYREL. — Nouvelle communication concer- nant un précédent travail sur les moyens d'étendre et de perfectionner la voix de chant 902 * FAL'LCON. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 17 mai) 882 FAXIRE (Louis). — Figure et description d'une nouvelle charrue 1098 FAURE. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 1 1 janvier) 47 — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du ' 8 mars) 392 FAVRE. — Recherches sur la chaleur dégagée pendant les combinaisons chimiques (eu commun avec M. Silbermann) 1081 PAYE est présenté, par la Section d'Astro- nomie, comme candidat pour la place va- cante dans son sein , par suite du décès de M. Damoiseau 4? — M. Faye est nommé membre de l'Académie, Section d'Astronomie, en remplacement (le M. Damoiseau Sy ( 120I MM. P=8"- FAYE. — Ordonnance royale qui confirme sa nomioation 117 — M. Faye communique plusieurs Lettres de M. Bind concernant la comète du 6 fé- vrier 1847 3o5, 448, fiSg et iio3 l ÈVIIE demande à être compris dans le nom- bre des candidats pour la place d'Acadé micien libre vacante par suite du décès de M. Boiy de Saint- Vincent 1 58 — M. Fèvre est présenté comme l'un des can- didats pour la place d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. Bory de Saint-Vincent 206 flGUlER. — Réponse à une réclamation de priorité adressée par M. Gerhardt, con- cernant le ligneux et la pectine (on com- mun avec M. Poumarède) ... 4^ Fll.HOL. — Études sur le rapport qui existe entre le poids atomique, la forme cristal- line et la densité des corps Ii49 FLANDIN ET Damciir , en adressant, pour le C'inuours de Médecine et de Chirurgie, leurs divers iravanx sur les poisons, y joi- gnent, conformément à une décision prise par l'Académie pour les pièces admises à ce concours , l'indication de ce qu'ils con- sidèrent comme neuf dans les résultats de leurs recherches 44? FLORES DOMONTE. — Sur divers produits analogues à la xyloïdine et à la pyroxyline fen commun avec M. ilénard) 390 FLODRENS. — Note touchant les effets de l'inhalation éthérée sur la moelle épi- nière i6i — Note touchant les effets de l'inhalation do l'élher sur la moelle allongée. , . . 24^ et 253 — Réponse à des remarques faites par M. Ma- gendie à l'occasion d'une partie de cette communication 253 . — Réplique à M. Magendie, par suite de la même discussion , concernant la décou- verte du siège distinct de la sensibilité et de la motricité. 259 — Sur la découverte du siège distinct do la sensibilité et de la motricité. Note rela- tive à la même discussion 3i6 — Note touchant l'action de l'éther sur les centres nerveux 340 — Note touchant l'action de l'éther injecté dans les artères. . 482 — Note touchant l'action de diverses sub- stances injectées dans les artères goS — Réponse à des remarques faites par M. Ma- gendie à l'occasion de cette communica- tion 909 — Eloge historique do Blumcnbach, lu à la séance annuelle 753 — Romarc(ues à l'occasion d'une communi- C. R., ,847, 1" Semctlre. (T, XXIV.) MM. p,g„ cation de M. Larghi sur l'extraction sous- périostéo des os , et leur reproduction ... St) — M. Flourens met sous les yeux de l'Acadé- mie une portion de défense d'éléphant présentant à l'intérieur un morceau de fer lancé par une arme à feu, lequel a donné lieu au développement d'un exos- tose , 1^1) — M. Flourens fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de : « Théorie expérimentale de la formation des os ». . 179 — IW. Flourens fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son « Éloge historique de Blumcnbach « 84'j! — M. Flourens communique une Lettre de M. /o7r concernant les effets produits par l'inhalation de l'éther; expériences faites par M. Joly sur lui-même 36o — M. Flourens communique une Lettre de M. Marshal-IIall sur la division du sys- tème nerveux en système cérébral, sys- tème spinal et système ganglionnaire.. . 619 — M. Flourens communique l'extrait d'une Lettre de M. Wagner concernant la dis- position des libres nerveuses dans l'or- gane électrique de la torpille, et la struc- ture des ganglions rachidiens 856 — M. Flourens est nommé membre des Com- missions suivantes : — Comm kssions chargées de présen 1er des listes de candidats pour les places d'Académi- ciens I ilires , vacantes par suite du décès de MM. Borr de Saint-Vincent et Benjamin Delessert l54 et 847 — Commission chargée de présenter une question pour le grand prix des Sciences naturelles à décerner en 1849 545 — Commission chargée de l'examen des pièces admises au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie gSt — Commission chargée d'examiner les pièces adressées au concours pour le prix de Phy- siologie expérimentale . "49 FODERA, correspondant de l'Académie pour la Section de Médecine et de Chirurgie , dépose sur le bureau une iNote ayant pour litre: « Construction géométrique par I9 rèi;le et le compas de la racine cubique d'un nombre » 100 FOEX. — Recherches mathématiques sur l'ac- tion des locomotives et sur la propulsion atmosphérique; formules propres à faire apprécier les avantages et les inconvé- nients des deux modes de traction 6/8 FORGET. — Mémoire sur la chorionitis ou la sclérosténose cutanée , maladie de la peau non décrite par les auteuis 9-^5 i58 .f MM. FRAYSSE — Tableau des observations météo- rologiques, faites à Privas pendant les mois de décembre 1846, janvier , février, mars , avril , mai 1847 80 , 3o7 , 465 , 65g , 902 et 1 01 ( 1202 ) Pages P»8f" MM fREMY. — Kecherclies sur les matières géla- tineuses des végétaux 1046 FROMENT. — Sur un petit instrument élec- trique à lame vibrante 418 G •■♦ f GAIL. — Expériences faites à Mulhausen sur l'emploi du sulfate d'ammoniaque comme engrais 38o GAMBEY. — Sa mort, arrivée le 28 janvier, est annoncée à l'Académie 129 GANNAL met sous les yeux de l'Académie une tête moulée sur un cadavre conserve par son procédé, et exliumé après quatre années 863 M . Gannal adresse , comme pièces à consulter par la Commission chargée de faire un Rapport sur son procédé d'embaume- ment, un historique des recherches qui ont été faites dans cette direction tant par lui que par d'autres médecins io54 G.ARNIER annonce que, le i6décembre 1846, il a trouvé sous le hangar d'une ferme située à Anglet, sur la montagne Noire , montagne couverte alors de deux pieds de neige depuis une vingtaine de jours, un nid de troglodyte vulgaire, où étaient sept petits encore sans plumes -n (iARSON annonce qu'il est parvenu, au moyen de l'action électrique, à nettoyer les sculptures en métal et en marbre, sans regrattage ni ponçage. Il croit éga- lement être parvenu , par un procédé élec- trocliimique, à soustraire la surface de ces objets aux dégradations produites par les agents extérieurs aériformes ou li- quides ^66 GASPARIN (de). — Rapport sur un Mémoire de M. Gras, ingénieur des Mines à Gre- noble, intitulé: « Recherches sur les causes géologiques de l'action dévastatrice des torrents des Alpes 100 M. de Gasparin fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du troisième volume de son (c Cours d'Agriculture » 260 — Rapport sur le Mémoire de M. Chimndier , intitulé: «Recherches sur la composition élémentaire des différeuts bois , et sur le rendement de i hectare de forêts 418 •' — Considérations sur les subsisiances '32 — Rapport sur un Mémoire de M. Hardy , intitulé : « Notes climatologiques sur l'Algérie a» point de vue agricole » 1009 GA.SPARIS (de). — Démonstration d'un théo- rème de géométrie analytique i ifi GAUD1CHAUD(Ch.) — Recherches sur l'ac- croissement en hauteur des végétaux Si-I — Aperçu sur la chimie physiologique 986 — M. Gaudichaud est nommé membre de la Commission chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour le grand prix des Sciences physiques de l'an- née 1847 88.0 GAUDIN. — Considérations sur les modifica- tions apportées dans la construction des aérostats , de manière à les rendre propres i» monter ou à descendre dans l'atmo- sphère sans dépense de lest ou de gaz. . . . 3o(i — Note sur des sympiozomètres indépendants de la température 860 — Nouvelles recherches sur la constitution moléculaire des corps; discussion dos opinions soutenues par M. Aug, Laurent, relativement aux silicates 1098 GAY. — Historia fisica y politica de Chile. (Rapport sur la partie botanique de cet ouvrage; Rapporteur M. de Jussieu.). . . . n45 GAY-LUSSAC communique deux Lettres de M. Liebig concernant des recherches de chimie animale 69 et ig5 GEOFFROY -SAINT-HILAIRE (Is.) pré- sente , au nom de l'auteur , M. Des Murs, trois nouvelles livraisons de « l'Iconogra- phie ornithologique» 117 — Note sur le gtnre Apar, sur ses espèces et sur ses caractères, établis, jusqu'à pré- sent , d'après un animal factice ; et Note sur l'Once de BuHbn 5^2 — Note sur un singe américain appartenant au genre Brachyure 576 — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. Sachero , sur les mouvements intérieurs dans les nerfs chez la brebis , et sur une réclamation de priorité qui y est jointe • 623 — M. Geoffroy est nommé membre de la Com- mission chargée de présenter une question pour le grand prix des Sciences naturelles à décerner en 1849 545 — M. Geoffroy fait hommage à l'Académie ( I MM. Page», d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de faire paraître sur la vie, les travaux et la doctrine de son père 64" GERDY. — Observations sur l'influence de la respiration de l'éther laS et a8o GERHARDT. — Recherches sur les sels 854 GERMAIN. — Topographie médicale de la ville et gorge de Salins (Jura): diathèsc lymphatique des habitants ; traitement avec les eaux salées et les eaux mères des salines de cette ville. Des causes, do la nature, du traitement de la fièvre ty- phoïde, et de sa contagion dans le Jura. . 853 GERVAIS. — Sur un bouquetin fossile dSns les Cévennes 691 — Sur les mammifères fossiles des sables ma- rins tertiaires de Montpellier (en com- mun avec M. Marcel de Serres) 799 GORLETÎ. — Recherches chimiques sur le jaune d'œuf. (Deuxième Mémoire. ) ... 654 COIN. — Description et figure d'un dispositif destiné à diminuer les dangers des trans- ports par chemin de fer 689 (ÎOSSART. — Dosage de l'acide azotique et des azotates 21 GODJON. — Éléments de la comète dtcouverte Je 6 février , par M. Hind (en commun avec MM. Laugier et Yvon Villarceau). , , 3o5 — Note sur la différence en longitude des observatoires de Paris et de Greenwich . 4^ — Éléments paraboliques de la comète de M. Colla 901 GOURNERIE(de la). — Appareil pour exé- cuter sous l'eau des travaux d'extraction de rochers on de maçonnerie, employé au port du Croisic en 1846 64 — Rapport sur cet appareil; Rapporteur, M . Morin ^65 GOUYON adresse la description d'un petit appareil au moyen duquel on peut faire des saignées locales, et dont il croit que l'emploi pourrait, dans bien des cas, être substitué avec avantage , soit à l'ap- plication des sangsues, soit à celle des ventouses scarifiées 567 GRAS. — Recherches sur les causes géolo- giques de l'action dévastatrice des tor- rents des Alpes. ( Rapport sur ce Mé- moire ; Rapporteur M. de Gasparm.). . . . 100 GRENIER ( DE ). — Réclamation de priorité relative aux divers systèmes de chemins de fer dans lesquels le moyen de prévenir le déraillement repose sur l'existence d'un rail .central 4^ ao3 ) MM. _ pa,„: GRIMPE prie l'Académie de vouloir bien comprendre son nom parmi ceux des can- didats pour la place vacante dans la Sec- tion de Mécanique 499 GROS demande et obtient l'autorisation de retirer deux Notes qu'il avait précédem- ment présentées, et qu'il se propose île publier. Ces Notes , sur lesquelles il n'a pas encore été fait de Rapport, sont rela- tives, l'une à des «recherches surlavési- culation du lait; » l'antre aux k sperma- tozoïdes » I020 GRUBY. — Expériences sur l'inspiration des vapeurs d'éther chez les animaux 19.! GRUNER. — Description d'un nouveau mi- néral dont la composition correspond à un pyroxéne à base de fer 794 GUEPIN. — Supplément à une précédente Note sur des modifications récemment introduites dans l'opération de la cata- racte 4* GUÉRLN - MÉNEVILLE. — Note sur le dommage cause, en 1846, aux récoltes d'olives, par le ver ou larve du Dacus oleœ 40 — Sur un insecte qui nuit gravement aux moissousjdans l'arrondissement de Bar- bezieux, et sur les moyens de préserver les céréales de ses attaques 268 — M. Gucrin prie l'Académie de vouloir bien comprendre son nom parmi ceux des candidats pour la place vacante dans la Section d'Économie rurale, par suite du décès de M. Uutrochet 370 — M. Guérin est présenté, par la Section d'Économie rurale, comme l'un des can- didats pour la place vacante 609 GUILLON. — Un encouragement lui est accordé (concours de Médecine et de Chirurgie de 1845 ) pour son travail re- latif au broiement de la pierre dans la vessie 721 — Remarques relatives à une phrase du Rapport ,qui sembie.lui attribuer le per- fectionnement plutôt que l'invention du « brise-pierre à cvacuateur » 8fe GUIOT adresse une nouvelle rétlaction de ses recherches sur les courbes algébriques, en demandant que ce Mémoire soit sub- stitué au premier, sur lequel il n'a pas encore été fait de Rapport 557 i58. ( iao4 ) H MM. Paft». HALDAT (de) réclame, en faveur de feu M. Mandel, pharmacien à Nancy, la prio- rité p lur l'application de la magnésie comme contre-poison de Tarsenic 3o^ — Note sur l'attraction magnétique, à l'appui de la théorie do l'universalilé du magné- tisme 9)3 HANSEN. — Lettre sur la théorie de la lune. 796 HARDY. — Notes climatologiques sur l'Algé- rie au point de vue agricole. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. de Gasparin.) 1009 HATTIN. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 18 janvier) 80 HEINSK. — Nouvelles recherches sur la créa- tine 5oo HENCKE. — La médaille fondée par M. de Lalande lui est accordée pour la découverte qu'il a faite, le 8 décembre i845 , de la nouvelle planète qui a reçulenomd'i45(ree. noi HENRY. — Figure et description d'un nouvel anémomètre - 877 HÉRICART DE THUKY est nommé membre de deux Commissions chargées de pré- senter des listes de candidats pour les places d'Académiciens libres, vacantes par s\iite du décès de Al. Bory de Saint- Vincent et de M. B. Delesserl. . . i54 et 847 HEURTELOUP. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 8 février) 20B HEYFELDER. — Observations concernant les effets de l'inhalation de l'éther sulfu- rique et de l'éther chlorhydriquc.. . . 65.5 MM. Page, HIND. — Lettres à M. Paye sur la comète du 5 février 3o5, 448, 689 et iio3 — Eléments de la comète de M. Colla. iio.5 HOGARD. — Cartes, croquis et coupes pour servir à l'explication de la constitution géologique des Yosges 444 HOMBRE.S-FIRMAS(d'). — Supplément à une Note précédente sur les effets d'un coup de foudre gj) — Note sur des effets extraordinaires de la foudre , 763 — Notes sur Fressac (Gard), et description de deux anciennes térébratales inédites. . 586 — Description de la Terebratula aîesiensis. . . . 83C HOMBRON et Jacqbihot.— Lettre en réponse à une réclamation fsitc par M. Leguillou dans la séance du 3i mai, concernant la suppression qui a été faite de son nom et de ses travaux dans la reproduction d'un Rapport sur les résultats scientifiques du voyage de l'Astrolabe et de la Zélée 10G2 HOSSARD. — Note ayant pour titre : « Moyen simple et pcudispendieuxdefairelevideu. 1 lO — Comparaison des effets produits par l'inha- lation des vapeurs de l'éther et celle du gaz acide carbonique 49' HUTIN. — Effets de l'inhalation de l'éther observés sur des malades soumis à des opérations chirurgicales ao'.2 — Dépôt d'un p&quct cacheté ( séance du 8 mars. ) 'igi IMBERT. — Extraction homogène des ra- cines de tous les indices 790 ^ INSPECTEUR GÉNÉRAL DE LA NAVIGA- TION DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE (l') transmet le ubieau des hau- teurs de la Seine, à Paris, pendant l'an- née 184') , observées journellement à l'échelle du pont de la Tournelle 656 ISNARD. — Mémoire sur la disposition des ligaments de l'articulation coxo-fémoralc. 194 JACKSO,\,écrilparerreurpour/oA;ijon.-Nolo relativeaux intervalles des sous musicaux. JACKSON. — A l'occasion de diverses com- munications concernant l'insensibilité produite par suite de l'inhalation de l'c- tlier, on ouvre, à la demande de M. Élie 374 de Beaumont, un paquet cacheté qui «e trouve contenir une Lettre de M. Jackson relative à celte découverte, dont il s'an- nonce comme l'auteur JACKSON. — Revendication de la décou- verte concernant l'action de l'inhalation de l'élher pour produire rinsensibilité (extrait d'une Lettre adressée h M. Éliede Beaumont) iqa — M. Jackson adresse divers documents léga- lisés ayant pour objet de constater ses droits à celle découverte ijSg JACQUELAIN. — Étude de la réaction de l'acide sulfurique sur le bichromate de potasse; élude sur l'alun de chromo 439 — Etude sur le sulfate d'alumine et de po- tasse; élude sur quelques sulfates de sés- quioxydede fer /^/^l — Analyse du sesquichlorure de chrome pur; détermination de l'éqiiivalentduchrome; étude et discussiondcs propriétés du ses- quichlorure de chrome pur 679 — Note sur l'action calorifique de la pile de Bunsen et du chalumeau à gaz osy{;ène et hydrogène sur le carbone pur, artificiel et naturel io5o JACQUEMIN. — Mémoire ayant pour litre : Il Plan détaillé d'un enseignement agri- cole complet , tel qu'il convient à la France >i 18 JACQUINOT ET HoHDROx. — Lettre en ré- ponse à une réclamation faite par M. Le- guittouj dans la séance du 3i mai, con- cernant la suppression qui a été faite de son nom et de ses travaux dans la repro- duction d'un Rapport sur les résultats scientifiques de l'expédition de l'Astrolabe el de la Zélée 1062 JEAN. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du iSfévrier) 2^0 — Mémoire surl'analyse des produits de lacom- bustion du fulmi-coton ei de la poudre. . 877 — Analyse des produits de la combustion du fulmi-coton io5,) ÎENNESSON — Réclamation de priorité con- cernant l'invention d'un appareil de loco- motion aérienne, analogue à celui de M. Yan Hecke fi8 JOBERT , DE Lamballe. — Sur plusieurs cas nouveaux dcguérison complète de fistules vésico-vaginales , avec perle de substance, an moyen du procédé de réunion autoplas- lique par glissement 68 — Réflexion sur l'auloplastie urétrale, etc ( Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Lallemand. ) ,Qn — Considérations anatomiques sur les fistules vcsico-vaginales. Autoplastie par glisse- ""'" 872 — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Lallemand loJn 5 ) MM ■ P>|W. lODIN. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 2 1 j uin ) 1 1 1 u JOLY. - Observations faites sur lui-même , relativement aux effets produits par l'inha- lation de l'élher 36o JOMARD , de l'Académie des Inscriptions et Bollea-Letlres, membre de la Commis- sion mixte chargée d'examiner un ouvrage de M. Boucher de l'erlhcs, sur l'industrie primilive, demande que l'Académie des Sciences , à laquelle cet ouvrage a été d'a- bord présenté, fasse savoir à l'auteur que, faute d'avoir sous les yeux toutes les figures des objets indiqués dans ce li- vre , comme appartenant à l'industrie pri- mitive, la Commission ne peut se pro- noncer sur la justesse des opinions qu'il a mises en avant 1 101 — M. Jomard fait hommage d'un exemplaire de deux Notices qu'il a publiées sous ces litres: «Extrait d'un Mémoire sur l'uni- formité à introduire dans les notations géographiques »; et n Instructions pour le voyage de M. P/ojrdans le Sahara septen- trional » iiiS — M. Jomard présente une nouvelle carte de l'Arabie et des pays circonvoisins , dressée primitivement par lui pour l'intelligence de l'hisloiro de l'Egyple sous Mohammed- -Aly 1145 JOURDANT. - Modèle el description d'un appareil destiné à écarter plusieurs des causes qui tendent à produire le déraille- meni des convois sur les chemins de fer. . 877 JULIEN (Stanislas). — Notice sur les mi- roirs magiques des Chinois el leur fabri- cation ; suivie de documents neufs sur l'invention de l'art d'imprimer à l'aide de planches en pierre et de types mobiles, huit, cinq et quatre siècles avant que l'Européen fit usage 999 et 100a — Note sur les procédés des Chinois pour craqueler l'émail des vases de porcelaine. 1068 — Notejsur les alliages de cuivre, cuivre blanc, Rongs et tams-tams. , 1060 — Notes sur l'emploi militaire des cerfs-vo- lants, et sur les bateaux el vaisseaux en fer el en cuivre, tirées des livres chinois. JCSSXEU (de). — Rapport sur la partie bota- nique d'un ouvrage de M. Claude Gaj, ayant pour titre : ci Historia fisica y politica de Chile « . — M. dcJussieu est nommé membre de lii Com- mission chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour le grand prix des Sciences physiques de l'année 1847 889 1070 114.'; ( r2o6 ) K «im Pages KELLER. — Essai sur les courants de marée et sur les ondes liquides. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Duperrey.). ... 49 KETTENHOVEN. — Description et figure d'un nouveau frein à Tusage des chemins de fer. . 877 KING. — Recherches sur les causes de la mort chez les enfants qui succombent pendant le travail de l'accouchement Ii5 KOPCZYNSKY prie l'Académie de vouloir bien compléter la Commission àl'examen de laquelle avait été renvoyé un appareil présenté jadis par lui, sous le nom de ti calorifère polonais » 499 KOPP. — Mémoire sur les principes consti- tuants du baume de Tolu 614 — M. Kopp prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candi- dats pour la place vacante à l'Ecole supé- rieure de Pharmacie de Strasbourg ; il joint à cette demande un exposé de ses travaùi lOQo MH. Pages. KORALEK. — Note relative à une méthode très-facile de calculer les logarithmes 61.^ — Nouveau Mémoire sur le même sujet 688 KRXJSELL. — Mémoire ayant pour titre : «Traitement électrolytique, ou le galva- nisme comme remède chimique contre les maladies locales m 42 KUHLMANN. — De l'influence des alcalis dans divers phénomènes naturels, et, en particulier, du rôle que joue l'ammo- niaque dans la nutrition des animaux. . . 26^ — M. Kuhlmann est présenté par la Section d'Economie rurale , comme l'un des can- didats pour une place vacante de corres- pondant 567 — IM . Kuhlmann est nommé correspondant de l'Académie, Section d'Economie rurale.. 696 — M. Kuhlmann adresse ses remerciments à l'Académie 689 KUMMER. — Sur la théorie des nombres complexes (extrait d'une Lettre à M. Liou- nlle) 893 LACAUCHIE. — Sur une disposition parti- culière de l'appareil urinaire chez le co- chon domestique 68 LAIGNEL. — Se» moyens de sûreté appliqués aux chemins de fer obtiennent le prix re- latif aux Arts insalubres (concours de 1845) 7>9 — M. Laignel adresse ses remerciments à l'Académie pour le prix qu'elle lui a décerné 863 LALLEMAND. — Rapport sur un Mémoire de M. lohert, de Lamballe, intitulé: «Ré- llexion sur l'autoplastie urétrale, etc. ». 109 — Rapport verbal sur un ouvrage de M. le docteur iloij'sisovics, relatif au traitement des afl'ections syphilitiques 180 — Rapport sur un Mémoire relatif aux inno- vations notables introduites dans la thé- rapeutique des eaux thermales et sulfu- reuses ; présenté par M. le docteur Pujade. .< 842 — Rapport sur un Mémoire de M. le docteur Johert, intitulé : n Considérations anato- miques et thérapeutiques sur les fistules vésico-vaginales. Autoplastie par glisse- ment » 1039 LALLEMAND. — Sur les inconvénients que peut avoir, dans certains cas chirurgi- caux , l'insensibilité déterminée par l'in- halation de l'élher i5o — M. Latlemand fait remarquer, à l'occasion d'une Note de M. ilarc-Dupuy sur les eflels de l'injection de l'éther dans le rectum, que les opiacés administrés de l,i même manière ont aussi, comme l'a con- staté Dupuytren , une action beaucoup plus prompte et plus énergique que quand on les porte d'abord dans l'estomac 607 — A l'occasion d'une Note de M. Ducros ayant pour objet de réfuter quelques-unes des propositions contenues dans une Note récente de M. Marshal-Hall sur l'action réflexe des nerfs, M. Lallemand fait re- marquer qu'il a très-anciennement appelé Tattention sur plusieurs des faits donnés par M. Marshal-Hall en preuve de cette action réflexe, dans laquelle il penche à voir plutôt une nouvelle expression d'une fonction connue, que l'expression d'une fonction nouvellement découverte C98 — M. Lallemand est nommé membre de la Commission chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix de Médecine et do Chirurgie LAMARCHE. — Tableau des observations météorologiques, faites par lui h Saint- Lô pendant l'année 1846, et des obser- vations horaires du baromètre pour le 21 mars, le ai juin, le 21 septembre et le 21 décembre 1846 — a Tableau présentant par mois et par années: \° le nombre des jours ou le temps est devenu pluvieux dans les di- verses phases de la lune; 2° les variations barométriquescorrespondant à ces phases, lableau dressé d'après les observations faites à Cherbourg pendant les années i838, 1839, 1840, 1841 , 1842. .. - ns une traversée de Bone à Alger, Ob- MM. PagtJ. servations de trombes faites à bord du même bâtiment 566 LEREBODLLET.— Son Mémoire, inscrit sons le n" 5, obtient l'accessit au concours pour le prix relatif aux organes de la re- production dans les cinq classes d'animaux vertébrés (concours de iS^S) 704 — M. Lereboullet demande l'autorisation de reprendre l'atlas de ce Mémoire 901 LERMIER écrit qu'il s'est occupé , dès l'année 1827, d'expériences sur les oscillations d'un corps métallique suspendu par un fil au-dessus d'une autre masse de métal ; qu'il en avait fait l'objet d'une Note adressée à l'Académie sous pli cacheté , et que, l'année suivante, il fit connaître SOS résultats dans un Mémoire adresse à l'Académie de Médecine 4'' LEROY D'ÉTIOLLES pris l'Académie de vouloir bien admettre au concours, pour les prix do Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon , ses procédés pour la lithotritie urétrale, son système de percussion par détente, et son applica- tion des écrous brisés aux instruments li- ihotriteurs 80 — Nolesur le parti qu'on peut tirer, pour la li- thotritie, de l'inhalation de réther,dnns le but de faire cesser la contraction des fibres musculaires de la vessie 191 — Note sur un nouveau brise-pierra 299 LESAUVAGE. — Considérations physiolo- giques sur la variole et son traitement. . 687 LE.SliOS (écrit par erreur pour Delbos). — Sur les amides de la naphtalidame. . 1091 et uGo LKSTONNE. — Mémoire sur l'équilibre des corps célestes '"99 LETELLIER. — Mémoire sur une modifica- tion apportée à la vis d'Archimède 788 LE VERIvlER présente, de la part de M. E. Cooper, directeur de l'observatoire deMackrée (Irlande), les éléments de la dernière comète , calculés par M. Graham, sur les observations de M. Hind, Londres, 6 février, et deux autres faites par M. Gra- ham lui-même, à l'observatoire de Mac- krée 337 — M. Le Verrier communique à l'Académie des observations de la dernière planète, qu'il a riçues de MM. O. Struve, de Pul- kova, Littrow, de Vienne, et Wùlleslorf, de Veuii-e 338 — M -Le Verrier présente , au nom de M. Gra- ham, de nouveaux éléments de l'orbite parabolique de la dernière comète 49!) — M. Ae Verrier communique des extraits d'une Lettre de M. Schumacher et d'une Lettre de M. ltfauo'< concernant l'identité 1 ( I209 ) MM. probable — Réponse à une Note de M. Durocher sur la couleur de la glace des glaciers et des eaux qui s'en écoulent ^W' MATHIEC, avant de quitter le fauteuil de président, rend compte de ce qui s'est fait { I2II ) MM. Page». pendant Tannéo 1846 , relativement à l'impression des Mémoires de l'Académie et des Mémoires des Savants étrant^ers f MATHON. — Figure et description d'une machine à vapeur rotative et d'une pompe rotative 1019 iMATTEUCCI.— Sur l'aimantation, par les hélices , de barreaux placés dans leur intérieur. Observations relatives à un organe qui a été considéré comme un ap- pareil électrique dans certaines espèces de Raies 3oi — Recherches sur les phénomènes de la con- traction musculaire induite; sur la rela- tion entre la direction du courant élec- trique et les phénomènes éleclrophysiolo- giques qu'il produit 4'4 MATTHIESSEN. — Dépôt d'un paquet ca- cheté ^séance du II janvier) 4? — Note sur un petit goniomètre à réflexion comparée ^81 — Mémoire sur le chromatisme très-considé- rable de l'oeil humain, déterminé par la mesure des foyers colorés 876 Détermination expérimentale du pouvoir rotateur par influence magnétique, d'un grand nombre de composés transparents. 969 M AU V Aïs ( V .) annoncequ'il a commencé des recherches concernant l'existence de l'é- toile de l'Hùio/re céleste, indiquée par MM. Petersen et Walker , comme pou- vant s'identifier avec la planèle do M. Le Verrier 641 Note sur une observation inédite de la nou- velle planète 666 MAYOR. — Appareil pour l'inhalation de l'é- ther, applicable a\ix enfants, aux idiots ou aux aliénés qu'on veut priver de sen- sibilité avant de les soumettre à des opé- rations chirurgicales ' 386 MEDINGER. — Heurtoir à enrayage naturel , destiné à prévenir le déraillement des véhicules marchant sur les chemins de fer '098 MELAIS. — Expériences destinées à prouver que l'insensibilité qui survient par suite de l'inhalation de l'éther est due à une as- phyxie (en commun avec MM. Preisser et Pillore) 49° MELLA. — Mémoire sur la maladie des pommes de terre et sur les moyens pro- pres à ramener l'abondance et la bonne qualité des récoltes 49^ MELLONI. — Surlalhéoriede la rosée. 53i et 641 MÉNARD. —Sur divers produits analogues à la xyloïdine et à la pyroxyline (en com- mun avec M. flores Domonte) . . îgo MM. Pagn.' MERCIER. — Mémoire sur les diverses mo- difications qu'il a apportées aux procédés de lithotritie OrS MERLAl'EAU. — Nouveau système d'union pour les wagons dont se compose un con- voi sur les chemins de fer igS — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du aa fé- vrier) 307 MIAHLE. — Dépôtd'un paquet cacheté(8éance duSavril) 629 MICHEL.— Note concernant certains moyens destinés à prévenir les accidents sur les chemins de fer (en commun avec M. Pin- l?""'') 44** MILLON. — Sur la déshydratation du sulfate de chaux | Note adressée Ji l'occasion d'une communication récente de M. Plessy. . . . 69') — M. union prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission d'examiner la question débattue entre lui et M. Plessy, relativement à la déshydratation du sul- fate de chaux 8fh — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 19 avril ).. 698 MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE(i.E)adresseleLXIl« volume des « Brevets d'invention expirés >> 18') — M. /e Ministre de l'Agriculture et du Com- merce demande, pour la ville d'Aix, qui va exécuter de nouveaux travaux dans son établissement d'eaux minérales, commu- nication des recherches que fit autrefois sur ces eaux M. de Frrycinet loiq — M. le Ministre de l'Agiiculture et du Com- merce adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du LXIIl' vo- lume des « Brevets d'invention expirés ». 1 i5b MINISTRE DES FINANCES (le ) invite l'Aca- démie à lui faire connaître, le plus promp- tement possible, le jugement qu'aura porté, sur l'ébullioscope alcoométrique de M. Brossard-Yidal , la Commission à l'examen de laquelle cet appareil a été renvoyé ig MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS (ie) invile l'Académie à désigner trois de ses< membres pour être adjoints au jury chargé de prononcer sur le mérite des pièces de concours produites par les élèves de l'Ecole royale des Ponts et Chaussées. 773 MINISTRE DE L'IN.STRUCTION PUBLI- QUE (le) accuse réception de l'ampliation qui lui avait été adressée, conformément à une décision prise par l'Académie, des instructions préparées pour le voyage de M. Tarder de Montravel 19 ^ M. le Ministre de l'Instruction publique transmet l'ampliation des ordonnances iSg.. 1212 ) MM. Pages. royales qui confirment la nomination de M. Faïe , à la place vacante dans la Sec- tion d'Astronomie, par suite du décès de M. Damoiseau; — de M. Combes, à la place vacante dans la Section de Mécanique , par suite du décès de M. Gambey; — de M. Decaisnc, à la place vacante dans la Section d'Economie rurale, par suite du décès de M. Dutrochet; et des ordonnances royales qui approuvent l'élection, en qua- lité d'Académiciens libres , de M. Civiale, en remplacement de M. Borj de Saint- Vincent; — de M. Duvernox, en rempla- cement de M. De/ewer». . 117, a53, 656, 7.57611019 — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une Note de M. d'Estocquois sur les valeurs approchées des fonctions elliptiques de seconde espèce Sgg — M. le Ministre de l'Instruction publique invite l'Académie à lui faire connaître son opinion sur un projet forme par le Conseil municipal de la ville de Castel- naudary, pour amener dans cette ville, en quantité suffisante, les eaux destinées aux usages domestiq ues 874 — M. le Ministre de l'Instruction publique invite l'Aradémie à lui faire connaître, le plus promptement possible, sa déter- mination relativement i> l'acceptation du legs fait par feu M. le baron Barbier, pour un prix annuel de 3ooo francs , destiné a récompenser les personnes qui, au juge- ment de l'Académie des Sciences , auront fait une découverte précieuse pour l'art de guérir 878 — M. le Ministre de l'Instruction publique invite l'Académie à lui présenter deux candidats pour une place de professeur adjoint de Toxicologie à l'Ecole supé- rieure de Pharmacie de Strasbourg 898 — M. le Ministre de l'Instruction publique demande s'il a été fait un Rapport sur di- verses communications anonymes adres- sées par un habitant de Saumur 898 — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une brochure écrite en allemand par M. Zuppinger, de Zurich , sur la ma- ladie des pommes de terre 898 — M. le Ministre de l'Instruction publique consulte l'Académie sur « l'utilité des expériences et des observations qui pour- raient être faites aux iles Sandwich , au moyen des instruments de physique dont dispose la Mission catholique » 016 — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une Note de M. Autourdes, sur la rclorme du calendrier grégorien 1099 MM Pafn. MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈ- RES (le) transmet un opuscule lu au Con- grès scientifique de Gênes, par M. S. Fer- rari, et ayant pour litre : « Ricerca sul nu- méro aritmelico i> ^"î — En répanse à une Lettre par laquelle l'Académie des Sciences lui avait exprimé le désir d'obtenir des renseignements sur le sort de M. Aimé Bonpland; M. le Mi- nistre annonce que la nouvelle de la mort de ce savant, donnée par quelques jour- naux , est démentie par une Letre récente de M. le consul deFrance à Montevideo. 4i)9 — M. le Ministre des Affaires étrangères con- sulte l'Académie sur l'intérêt que pourrait avoir une exploration scientifique des iles Sandwich , exploration que rendra aujour- d'hui plus facile et plus fructueuse la pré- sence d'un consul français dans ce pays. . 898 MINISTRE DE L'INTÉRIEUR ( le ) provoque le jugement de l'Académie sur un travail qui lui a été présenté, soua forme de Rapport, par M. le docteur Josat, h la suite d'un voyage fait en Allemagne, sous les auspices de l'Administration, dans le but de recueillir des renseignements con- cernant les moyens employés pour préve- nir les inhumations anticipées 874 MINISTRE DE LA GUERRE (le) annonce qu'il a fait déposer au Secrétariat, confor mémcnt au vœu exprimé par l'Académie, les manuscrits laissés par feu M. Aimé, membre de la Commission scientifique de l'Algérie. A cette Lettre est joint un in- ventaire détaillé de ces diverses pièces rapprochées comme elles l'avaient été par M. Aimé lui-même avant son départ pour l'Afrique 18 — M. le Ministre de la Guerre invite l'Acadé- mie à hâter le travail de la Commis- sion chargée d'examiner un Mémoire de M. Hardy, sur la situation de la pépi- nière centrale du Gouvernement, et sur la culture du nopal et l'éducation de la cochenille en Algérie i85 — M. le Ministre de /a Guerre rappelle à l'.Aca- démie qu'il l'a invitée précédemment à lui désigner un candidat pour coordonner les documents laissés par feu M. Aimé, mem- bre de la Commission scientifique de l'Al- gérie. La publication des travaux de la Commission se poursuivant avec activité, M. le Minisire prie l'Académie de vouloir bien lui faire parvenir, le plus prompte- ment possible, le Rapport des Commis- saires qu'elle a chargés de s'occuper Je cette désignation 558 — M. le Ministre de la Guerre adresse, pour ( I2l3 ) MiM. la Bibliothèque de l'Institut, un exem- plaire d'un ouvrage qui vienl d'être publié par les soins de son département, et qui a pour titre : « Tableau de la siiuation des établissements français en Algérie, an- nées 1845 et 184(5 » MINISTRE DE LA MARINE(le), qui avait demandé précédemment à l'Académie des instructions relatives aus observations scientifiques à faire dans le cours d'une exploration de l'Amazone , devant être exécutée sous le commandement de M. Tardy de Montravel , :iiinonce que l'expédition est ajournée MIQUEL. — Note surun nouveau moyen de di- minuer les fâcheux effets du placenta greffé sur l'orifice de l'utérus MOIJ'SISOVICS.— Traitement des affections syphilitiques. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Lallemand. ) MONTIGNY. — Nouveau fusil se chargeant par la culasse MONTRICHER (de). — Mémoire sur le canal de Marseille MOREL-LAV ALLÉE. — Un encouragement lui est accordé (concours de Médecine et de Chirurgie de 18 j5), pour son travail sur lu cystite cantharidienne MORIN. — Note sur la relation des charges depoudreavecles vitesses initiales qu'elles communiquent aux balles, et sur celle qui lie les forces vives de ces balles au volume de l'impression produite par le plomb — Rapport sur un Mémoire de M. de la Gour- nerie , concernant un appareil pour exé- cuter sous l'eau des travaux d'extraction de rochers ou de maçonnerie, employé au port du Croisic , en 1846 P.ge, 878 '9 i85 180 387 721 25 765 — M. Morin fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du troisième volume de son Pages. P»8" OSTROGRADSKYest présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour la place de correspondant, vacante par suite de la nomination de M. Jacobi à une place d'associé étranger i5() PALLAS. — Note relative à la part que prend l'électricité atmosphérique au développe- ment de certaines maladies, notamment do celles qu'on a coutume d'attribuer aux exhalations des marais loao PALTRINERI appelle l'attention sur une partie d'un télégraphe électrique de son invention, dont il désirerait que M. Bre- guet essayât l'application à son télé- graphe /J66 PAPPENHEIM. — Surles nerfs du péritoine; Lettre adressée à l'occasion des observa- lions de M. Vrolick sur l'hyperoodon .... ^3 — Anatomie du sarigue femelle 186 — Remarques sur les observationode M.Gruhy relatives aux mouvements vibr.itoires de l'épithélium du péritoine chez les gre- nouilles soumises à l'action de l'éther. . . 867 — Note sur la structure de la langue Jbid. — Recherches sur l'organisation du cerveau : premier Mémoire ayant pour objet les for- mations ciliaircs 368 — Sur la motricité et la sensibilité des fais- ceaux de la moelle épinière ^9^ — Recherches concernant la structure des nerfs qui ont perdu leurs fonctions sons l'influence de l'éther 496 — Note sur la division du centre nerveux, proposée par M. Marshall-Hall 8.54 ^ Un Mémoire de MM. Pappenheim et Vogt, inscrit sous le n" 2, partage le prix relatif aux organes de la reproduction dans les cinq classes d'animaux vertébrés ( con- cours de 18^ 5) 704 PAQUET (V.). — Réflexions sur les avantages qu'il y aurait à renouveler par semence les pommes de terre, dans le but de pré- venir le retour de l'afl'ection à laquelle cette plante a été sujette depuis deux an- nées 3g2 — Observations concernant l'eflet produit par les exhalaisons de VActea cimici/uga sur les punaises 82Î PAR.iVEY (de). — Note sur divers passages des auteurs chinois qui ont cru, comme Pline, à l'influence du tonnerre sur la production des truffes 206 — Note sur une plante de la Chine qui ofl're dans ses bulbes un aliment, et dans ses fibres ligneuses une matière textile 498 — M. de Parafer, à l'occasion d'une Com- munication récente de M. Stanislas Julien sur l'époque à laquelle remonte l'inven- tion de l'imprimerie chez les Chinois, soutient que cette invention est beaucoup plus ancienne cl a pris naissance dans d'autres pays nGo PARCHAPPE. — Son Mémoire sur l'anatomie et la physiologie du cœur considéré dans l'homme et les mammifères, obtient une mention honorable au concours de Phy- siologie expérimentale de 18)5 7i() — Note sur l'action tonique de l'éther sulfu- rique 852 PARET prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a éié soumis son Mémoire sur la chaleur spécifique des corps 567 — M. Paret prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission chargée d'examiner plusieurs communications qu'il a faites précédemment et qui sont relatives à des questions de physique gé- nérale 1062 PARISET. — Rapport sur une nouvelle mé- thode d'enseigner à écrire, par M. Lam- berl-Lelieur 58S — M. Pariseï est nommé membre de la Com- mission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'Académicien li- bre, vacante par suite du décès de M. B. Delessert 84' PATOT prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle ont été renvoyées ses deux Notes sur le moyen de préserver les olives de la piqûre des vers , et sur un moyen de préserver les lainages des attaques de teignes 80 PADWELS réclame la priorité pour l'inven- tion d'un régulateur à gaz soumis au juge- ment de l'Académie par M. Muirel 863 PA'ÏEN. — Note sur la pyroxyline, le coton- hypoazotiqueet lexyloïdine 85 — M. Paycn dépose sur le bureau une Note ( 12l5 ) MM. Pïges. qu'il se propose de lire dans une pro- chaine séance |52 VAYE^. — Distribution du sucrect de quel- ques autres principes immédiats dans les betteraves 90901 985 — Influence des substances grasses sécrétées dans les plantes, sur rengraissetncnl des Herbivores io65 — M. Piiyen l'ait hommagu à l'Académie d'un ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de « Enquête sur la maladie des pommes de terre en France, pendant les années 1845-4^^» Examen et onalyse de divers échantillons des récoltes >• 5Î7 — M. Payen fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du Rapport qu'il a fait en qualité de Secrétaire perpétuel de la Société royale et centrale d'Agriculture, à la réunion annuelle de cette Société. .. 670 — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du i5 février 1847) '-4^ — M. Payen est nommé membre de la Com- mission chargée d'examiner les inventions admises au concours concernant les Arts insalubres 1046 PECQUEUR est présenté, par la Section de Mécanique, comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Gnmher 5o2 — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du Il avril) 659 — Le premier prix de Mécanique est accordé à M. Pecqueur pour les derniers perfec- tionnements qu'il a introduits dans ^la machine à vapeur rotative qui porte son nom (concours de 1845) 701 PELIGOT (Etc.). — Sur un procédé propre à déterminer, d'une manière rapide, la quantité d'azote contenue dans les sub- stances organiques 55o — Addition au procédé de dosage de l'azote par l'emploi des liqueurs titrées ; réponse aux réclamations de priorité de MM. Bi- neau e\, Longchamp 1 1 55 — M. Peligot prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des can- didats pour la place vacante dans la Sec- tion d'Economie rurale, et indique, parmi ses différentes publications, celles qui se rattachent plus particulièrement aux travaux propres à la Section SSg M. Peligot est présenté , par la Section d'Eco- nomie rurale, comme l'un des candidats pour la place vacante dans son sein par suite du décès de M. Dutrochet 659 PELLARIN. — Mémoire sur le mal de mer., iio PELOUZE. — Note sur la composition de la pyroxyline 2 MM. Page. — M. Pclouze communique une Lettre de M. de Viij sur le même sujet 19 — M. Pelouze communique une Lettre de M. Gossart sur un nouveau procédé de do- sage de l'acide azotique et des azotates. . ai — M. Pelouze annonce que IVIM. Flores Do- monte et Ménard ont obtenu, par l'action de l'acide nitrique fumant sur la matinite et sur les diverses espèces de sucres et de gommes, des composés nitriques analo- gues à ceux qu'on prépare à l'aide de l'a- midon et du ligneux 8f) — A l'occasion d'une Lettre de M. Cottereau, qui dit être parvenu à former de la py- roxyline avec l'amidon, M. Pelouse fait remarquer que ce procédé a déjà été employé par M. de Yrij 2o5 — Mémoire sur un nouveau mode de dosage des nitrates, et particulièrement du sal- pêtre SW) — M. Pelouze communique une Note de M. Sobiero sur plusieurs composés déto- nants produits avec l'acide nitrique et le sucre, la dextrine, la lactine, etc.... 2^7 — M. Pelouze est nommé membre de la Commission chargée d'examiner les in- ventions admises au concours concernant les Arts insalubres iu4(> PELTIER annonce avoir trouvé un moyen certain de faire reconnaître, dans un tissu de laine ou de soie, le mélange do fibres végétales 1 28 — M. Pe/fier adresse , de Douai-la-Fontaine, une Note sur des expériences ayant pour objet de faire reconnaître la présence de libres végétales dans des tissus annoncés comme formés entièrement de (ils de na- ture animale 3oo PENTZOLDS. — Mémoire ayant pour titre : « Nouveau système de machine à double effet et à nouveau genre de point d'appui pour la navigation » 655 FERRÉ. — Mémoire ayant pour titre : « La lune exerce-t-elle une influence sur les tremblements de terre? » Sia PERREVE. — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 4 janvier ) 23 PERRElf. — Note sur l'abaissement extraor- dinaire du baromètre , qui a été observé à Dijon les 22 et 23 décembre 1 846 1 28 PERSON. — Observations faites sur un des miroirs chinois , dits miroirs magiques. . . 1 1 10 PERSOZ (J.). — Observations sur quelques faits relatifs à la végétation 559 — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 29 mars) 5^n — M. Persoz, en adressant ce paquet , y joint une Lettre concernant les premières re- ( ■ MM. Page». cherches relatives à Taction qu'eserccnt sur les plantes l'ammoniaque et l'acide nitrique 562 PHILLIPS. — Théorème sur les chocs gjS PHILLIPS ET Rivot. — Nouveau procédé du traitement métallurgique des minerais de cuivre 617 PIERRE (IsiD.).— Recherches sur l'équivalent du titane 38g — Note concernant l'action de l'acide sulphy- drique, sur le chlorure de silicium , et sur un nouveau composé de chlore , de soufre et de silicium 814 — Recherches sur la dilatation et sur quel- ques autres propriétés physiques de Tacile sulfureux anhydre et de l'éther sulfureux 1098 PIGONI. — Description d'un télégraphe hy- draulique 387 PILLORE. — Expériences destinées à prouver que l'insensibilité qui survient par suite de l'inhalation de l'éther est due à une asphyxie (en commun avec MM. Pieisser et Melars) . . 490 PIKGAULT. — Sur des moyens destinés à prévenir les accidents sur les chemins de fer (en commun avec M. Michel) 44^ P{NJON , médecin à Saint-Etienne , annonce qu'il s'est occupé de recueillir, dans l'ar- rondissement qu'il habite , des rensei- gnements pour la détermination de la vie moyenne 3o6 PIOBERT fait hommage à l'Académie d'un nouveau volume de son « J'raité d'artille- rie théorique et pratique». Ce volume, qui appartient à la partie théorique et expérimentale de l'ouvrage , est relatif aux propriétés et effets de la poudre 1073 PIROGOFF. — Nouveau procédé pourproduire, au moyen de la vapeur de l'éther, l'insen- sibilité chez les sujets soumis aux opéra- tions chirurgicales 789 — Effets des vapeurs d'ctheradministréespar le rectum 11 10 PISTEL soumet au jugement de l'Académie une Note sur un dispositif destiné à rendre insubmersibles les chaloupes et les petits bâtiments. 790 — Lettre relative à la Note précédente 902 PLANTAMOUR (Philippe). - Note sur un procédé pour dorer les roues des montres et des chronomètres 784 PLAZANET. — Mémoire sur l'hélice consi- dérée comme moteur aérien 44^ PLESSÎ. — Sur une nouvelle série d'acides du soufre 198 — Note sur le plâtre ■ 658 .6 ) MM. pjg„. PLESSY. — Deuxième Note sur le plâtre, en réponse à des observations de M. Idillon. 812 PLOUVIEZ adresse un supplément à son Mémoire sur les propriétés du sel com- mun (chlorure de sodium) comme sub- stance alimentaire 368 PLDCKER. — Rapport entre les propriétés optiques et les propriétés magnétiques de certains cristaux 11 07 POISEULLE. — Recherches expérimentales sur le mouvement des liquides de nature différente dans les tubes de très-petits diamètres... 1074 POITROT. — Figure et description d'un ap- pareil de sauvetage 116 PONCELET est nommé membre de la Com- mission administrative pour l'année 1847. 2 — Rapport sur un Mémoire de MM. Eugène Chevandier et Wertheim, ayant pour objet la recherche expérimentale des propriétés mécaniques du bois SSj — M. Poncelct est nommé membre de la Commission chargéed'examiner les pièces de concours produites par les élèves de l'Ecole des Ponts et Chaussées 773 PORTA adresse , conformément à la décision prise par l'Académie , relativement aux ouvrages présentés pour le concours de Médecine et de Chirurgie, un résuméde ses « Recherches sur les altérations pa- thologiques des artères à la suite de la ligature et de la torsion » 369 POUILLET. — Mémoire sur la théorie des fluides élastiques et sur la chaleur latente des vapeurs. 888 et 916 — M. Pouillet est nommé vice-président pour l'année 1847 i — M. Pouillet est nommé membre de la Com- mission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'Académicien libre, vacante par suite du décès de M. B. Delessert. 847 POOLLAIN demande, au nom de la Société libre d'Émulation de Rouen, l'échange du Bulletin de cette Société contre les Comptes rendus des séances de l'Aca- démie des Sciences 80 POUMARÈDE. — Réponse à une réclamation de priorité «dressée, dans une précédente séance, par M. Gerhardt (en commun avec M. Figuier) . 45 — Dépôt d'un paquet cacheté (séanceduai juin), 1 1 1 2 PREISSER. — Tableau des observations mé- téorologiques faites à Rouen pendant les mois de juin à décembre 1846, et janvier, février 1 847 3o7 et 669 — Expériences destinées à prouver que l'in- sensibilité qui survient par suite de l'in- ( t2i7 ) MM. t>«gu. halalîon de l'ctber est du« à une asphytie ( en commun avee MM. Pillore et Melajrs). 49" tHÉSIUENT DE L'ACADÉMIE (le) annonce que le XXll* volume des Comptes rendu) est on distribution au secrétariat 36 =^iH.le Président annonce la perte que vient de faire l'Académie dans la personne de M. Gantbdr , membre de la Section de Mécanique, décédé le a8 janvier 1847... lag a- M. ie PrèsidetU annonce là perte que vient de faire l'Académie dans la per" sobhe de M. Dutrochet, décédé le 4 ^c^ vrier 1847 . i l6l =— Mi /e Président annonce la perte que vient de faire l'Académie dans la personne de M. B. Delessert, décédé le i" mars 1847. âog 1>REV0ST. — Observations sur le dévelop- pement du cœnr chez le poulet ( en com-» mun avec M. Lebert) agt '— Observations sur la contraction tnusculaire. gât t'ROGIN. — Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 5 mai ) 8a3 '^ OépAt d'un paquet cacheté (séance du 10 mai)... t . 864 MM. Pagn PROVOSTAYE (F. Dk la). — Recherchés sur le rayonnement de la chaleut- : variation du pouvoir émissifavec l'inclinaison (en commun avec M. P. Desains) 60 — Ûépdt d'un paquet cacheté ( séance du i"' mars) (en commun avec M. Desains). . . 334 -— Note sur la forme cristal lograpbique du sulfophosphate tribasique de soude décrit par M. Wurtt 358 — Recherches sur le rayonnement de la cha- leur: détermination des pouvoirs réflec- teurs (en Commun avec M. Desains.) 684 et 967 PDCHERAN. — Monographie du genre Cerf : première et deuxième partie : généralités. 604 PUJADE soumet au jugement de l'Académie deux Mémoires ayant pour titre , l'un : CI Innovations notables introduites dans la thérapeutique des eaux thermales sulfu- reuses 11; l'autre, « Faits cliniques recueillis à l'établissement thermal d'Amélie-Ies- Balns » 557 ~ Rapport sur ces Mémoires; Rapporteur M. hallemand 1 , 84a i.JDATREEAGBS (bi>. -^ Études sur tes typés inférieurs de l'embranchement des Annetés. ....... 776 HàEWSKY. — Mémoire sur un noUVeàn procédé de dosage du phosphore 68i — Recherches sur les divers Composés plati' niques dérivés du sel vert de Magnus. . . . Ii5t UAULIN. — Mémoire sur la constitution géologique duSancerrois. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Cordier, )...,. 670 RAYER est nommé membre de la Commis.» sion chargée de l'examen des pièces ad- mises au concours pour les prix de Méde- cine et de Chirurgie gS» — M. Rayer est nommé membre de la Commis- sion chargée d'eXaminer les inventions admises au concours concernant les Arts insalubres 1046 "- Et de la Commission chargée d'examiner les pièces adressées au concours pour la prix de Physiologie expérimentale n49 %EMAK adresse, pour le concours de Méde- cine et de Chirurgie, une analyse de son travail sur le développement du poulet, et notamment sur le développement du système nerveux intestinal 36g C. R., 1847, tef&me»«»-e.(T.XXIV.) ïlËNÔtT (Ë.). — Note «uf uni température anormale qui s'est produite au centre de la France au mois de mars t847 978 — Arc-en-ciel vu sur le sol ; . g8o REUTËR adresse lés résultats numériques d'une analyse qu'il a faite du coton fuU minant par une méthode qu'il dit nou- velle, mais qu'il ne fait pas connaître ( en commun avec M. Vankercknof/) 46 RËVEL. — De la cause de l'insensibilité pro- duite par l'inspiration des vapeurs éthé- rées 6io REYNAUD (J.) est présenté Comme l'un des candidats pour la place d'Académi- cien libre vacante par suite du décès de M. Bory de Sainl-Vincent. 106 — Et comme candidat pour une place sembla'' ble vacante par suite du décès de M. B. Delessert 889 RICHARD est nommé membre de la Commis- sion chargée de l'examen des pièces adres- sées au concours pour le grand prix des Sciences physiques de l'année 1847. . . . . 889 160 ■ê ( iai8 ) MM. Pas"- RICHELOT est présenté, par la Section de Géométrie , comme Tun des candidats pour la placedecorrespondantvacantepar suite de la nomination de M. Jacobi à une place d'associé étranger i59 RICHIER. — Note sur la pyroxyline Sga RIDOLPHI, DE PisE, est présenté par la Section d'Économie rurale comme l'un des candidats pour une place vacante de correspondant 56j RIEFFEL, directeur de l'Institut agrono- mique de Grand-Jouan, est présente par la Section d'Économie rurale comme l'wi des candidats pour une place vacante de correspondant Ibid. BIEUSSEC. — Réclamation de priorité pour l'invention de certaines pièces employées par M. Bieguet dans son moniteur élec- trique 497 RIVOT El Phillips. — Nouveau procédé du traitement métallurgique des minerais de cuivre 617 RORERT. — Aperçu sur l'histoire des truffes et leur mode de production 66 — Résultats de quelques ob!>ervations concer- nant un état maladif des arbres, la plé- thore de la sève 192 — Recherches sur les mœurs et les ravages de plusieurs insectes xylophages, notamment des scoly tes, dans les ormes, les pommiers, les chênes et les pins, et sur le double effet (guérison des arbres, avec augmen- tation d'accroissement annuel en dia- mètre ) produit par l'enlèvement , partiel ou général, de la vieille écorce du tronc et des grosses branches jusqu'au liber ». 1018 RORIN. — Note sur l'inhalation de l'éther. 567 RORIN. — Recherches sur les deux ordres de tubes nerveux élémentaires, et les deux ordres de globules ganglionnaires qui leur correspondent Ï07Q RORIN. — Du mode d'action qu'exercent pendant la vie, sur l'économie animale, les substances qui, après la mort, pré- servent de la putréfaction 116 — M. Robin prie l'Académie de ne point se faire rendre compte de ce travail jusqu'au moment où il l'aura complété, comme il se propose de le faire, par des communica- tions ultérieures 863 ROCHE — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du II janvier). ^j MM. paj„. ROCHET D'HÉRICOURT annonce son pro- chain départ pour le nord de l'Abyssinie, et prie l'Académie de vouloir bien lui donner des instructions sur les observa- tions qu'il y aurait lieu de faire dans ce pays 795 RODIER. — De la composition du sang dans le scorbut (en commun avec M. Ed. Bec- fjuerel) lOgo RONDON prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'exa- men de laquelle ont été renvoyées ses communications sur la fixation d'un premier méridien commun à tous les peuples 8u ROUAULT. — Recherches paléontologiques faites en Bretagne et dans l'Anjou. (Rapport sur ces recherches ; Rapporteur M. Milne Edwards .) ."h>3 ROUILLÉ. Voyez RouiUet. RODILLET présente un fusil muni d'un mé- canisme destiné à prévenir les accidents communs à la chasse 4^^^ — M. Rouillei demande que ce mécanisme soit admis à concourir pour le prix fondé par M. de Montyon en faveur des décou- vertes qui auront pour but de ménager la vie et la santé des hommes 698 ROUX présente quelques considérations sur l'emploi thérapeutique de l'éther, et in- siste sur la nécessité d'une grande circon- spection dans les essais qui vont se faire de la méthode de M. Jackson 78 — Communication relativeaux efiotsdel'éther introduitpar la respiration. 89, i45, i68et 1099 — Réplique à des remarques de M. îlagendie concernant la même question 176 — Communication relative aux inspirations de l'éther '^39 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation faite par M. Flourens touchant l'action de l'éther sur les centres ner- veux 344 — M. Roux est nommé membre de la Com- mission chargée de l'examen des pièces admises au concours de Médecine et Chi- rurgie 9-" — Nouvelle communication sur l'emploi des vapeurs éthérées 1099 KOUX.— Sur un cas d'ostéosarcome observé à l'hôpital de la marine de Brest 370 SACC. — Son Mémoire, inscrit sous le n» 3, au concours pour le prix relatif au dé- veloppement du foetus chez les oiseaux et les batraciens (année i845) obtient une mention honorable 7 '4 — M. Sacc communique deux nouveaux faits ( 1219 ) MM. •"•»••• qu'il a observés en poursuivant ses recher- ches sur la formation de l'oeuf chez les oiceaux iiS^ SACHERO. — Mouvements intérieurs dans les nerfs chez la brebis 023 SA1NT-EVRE(Ed.).— Recherches chimiques sur les acides gras du beurre de coco. . . 246 SAINT-GENÈS. — Remarques concernant les réclamations de priorité de M. Ducios, pour la découverte des effets-produits par Tinhalation de l'éther 697 ~- Rectification relative à la Note précédente. 7;jo S/VINT-HILAIRE (Augoste de) — Extraitd'un travail intitulé : « Tableau général d'un pays aurifère » 4o2 SAINT-VENANT (de). — Mémoire sur la théorie de la résistance des fluides. Solu- tion du paradoxe, proposé à ce sujet, par d'Alembert, aux géomètres. Comparaison de la théorie aux expériences 24^ ~' Un Rapport sur ce Mémoire est, après une .discussion, renvoyé à la Commission qui avait été chargée de Texaminer 676 — Mémoire sur l'équilibre des corps solides, dans les limites de leur élasticité, et sur les conditions de leur résistance, quand les déplacements éprouvés par leurs points ne sont pas très-petits 260 — Mémoire sur la torsion des prismes et sur Ja forme affectée par leurs sections trans- versales primitivement planes. .. . 4^3 et 847 SAINTE-PREUVE prie l'Académie de vou- loir bien renvoyer la Noie sur les che- mins de fer atmosphériques, qu'il a pré- sentée dans la séance du 7 juillet 1845, à la Commission chargée de l'examen du système de M. Hêdiard 23 — Note sur l'assainissement des marais pro- duits par l'établissement du chemin de 1er de Strasbourg à Bàle. Note sur les in- convénients qu'aurait pour la population de Marseille, sous le rapport hygiénique, le déversement, dans le bassin du port, des eaux dérivées de la Durance 902 — Note sur les chemins de fer pneumatiques. 982 — Note sur l'action électrique — Observations sur les habitudes du Cynips atra, de la Noctuelle capsulaire et du Sil- vain azuré 1 i5q VALZ (Benj. ). — Éléments provisoires de la planète de M. Le Verrier, pour l'époque du 7 décembre 1 846 34 — Détermination des éléments de l'orbite de la nouvelle planète. — Éléments provisoires delà nouvelle comète; Lettre à M. Le Verrier 638 — Sur la huitième étoile de la page i58 de f ( 122 2 ; MM, VMistoire céleste de Lalande, regardée comme une des positions de la planète de M. Le Verrier VALZ ( Benj. ) . — Sur la manière dont ont été dressées les cartes célestes de Berlin .... VAN HECKE soumet au jugement de l'Aca- démie un nouveau système de locomo- tion aérienne — Rapport sur ce Mémoire j Rapporteur M . Babinel VANKERCKNOFF adresse les résultats numériques d'une analyse qu'il a faite du coton fulminant, par une méthode qu'il dit nouvelle, mais qu'il ne fait pas con- naître (en commun avec M. Beuter) VAN LEEMPOEL. — Mémoire ayant pour titre: « Reconstruction d'un four à ré- verbère, en conservant le feu et la cha- leur « Vanner. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 25 janvier ) — fllémoire relatif à une méthode de Irai- lement de la phthisie, fondée sur une nouvelle théorie de la nature de cette affection et des causes qui la produisent. VARROY, élève de l'Ecole Polytechnique, sorti le premier de la promotion de 1846, reçoit le prii fondé par M"" de Laplace.. VELPE.AU. — Remarques à l'occasion de dif- férentes communications relatives aux propriétés de l'élher en vapeur — (Communication relative aux effets de Téther introduit par la respiration — Note sur les effets de l'inhalation de l'élher. — Remarques à l'occasion de deux commu- nications de M. Magendie, relatives à réther i38 et — Remarques à l'occasion d'une Lettre de M. Constantin lames, communiquée par M. Magendie , et relative à des accidents qui ont suivi une opération de l'ampu- tation des amygdales, pratiquée sur un malade préalablement soumis à l'inha- lation de l'éther ; nouveaux renseigne- P.ges. 799 880 68 l52 46 689 128 79' 704 76 9' 129 '77 MM. Page ments sur les effets de l'inhalation de l'élher, considérée au point de vue chi- rurgical aSo — M. Yelpeau met sous les yeux de l'Acadé- mie le modèle d'un nouvel obturateur du palais, inventé par fou M. Otto, de Bâle, et M. Buhler, dentiste à Rome. 878 -- M. Yelpeau est nommé membre de la Com- mission chargée de l'examen des pièces admises au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie gSi VICENTE Y HEDO présente une Note sur les effets de l'injection de l'élher dans le rectum 878 VIDI préseule un baromètre construit sur un nouveau principe , et qu'il désigne sous le nom de « baromètre anéroïde» ... 97^ VILLARCEAU (Yvos). — Éléments de la comète découverte, le 6 février, par M. Hind(en commun avec MM. Laugier et Goujon) ^oH — Eléments elliptiques de la nouvelle ce- mêle 449 — Note sur la comète de M. Hind 563 — Note sur la comète de M. Colla i io5 VILLE — Recherches expérimentales sur les modifications de la respiration chez les individus soumis à l'inhalation de l'élher (en commun avec M. Blandin ) 1016 VINCENT ( Ao.). — Recherches sur le Phor- mium tenax 386 — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Boussingault 5^3 VITAL-ROUX. — Note sur la cuite des por- celaines dures à la houille 44'^ VOGT. — Un Mémoire qui lui est commun avec M. Pappenheim, et qui était inscrit sous le n" 2, partage le prix relatif aux organes de la reproduction dans les cinq classes d'animaux vertébrés (concours de •845) 704 VOIZOT. — Mémoire sur la théoriedes courbes 85* — Additions au précédent Mémoire. . 877 et 975 VBIJ (DE). — Sur la pyroxyline. .t 19 w WAGNER.— Disposition des fibres nerveuses dans l'organe électrique de la torpille. . . 798 — .Structure des ganglions des nerfs rachi- diens 856 WALCKENAER, Secrétaire perpétuel de l'A- cadémie des Inscriptions et Belles-Let- ires, présente en son nom et celui de son collaborateur, M. P. Gervais, le 4* et dernier volume de « l'Histoire des in- sectes aptères ».•.. < 842 — M. WalekenaeriAil hommage à l'Académie de deux cartes géographiques dressées par lui : savoir, une carte générale de la France, et une carte physique dn même pays 10Î4 WANTZEL. — Note sur la théorie des nom- bres complexes 4^ WELLS. — Réclamation de priorité relative à l'emploi de l'éther administré pai les voies de la respiration , pour su»' ( I2a3 ) H.B" pendre la sensibilité chez les individus destinés à subir des opérations cbiiurgi- cales WERTHEIiM. —Recherches expérimentales des propriétés mécaniques du bois; en commun avec M. Eug. Chevandier. (Rap- port sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Pon- celet.) — Note «ur les vibrations sonores de l'eau. . WISSE. — Mémoire ayant pour titre; « Ex- ploration du volcan de Rucu-Pichincba. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Boussingault .) 94^ — Observations barométriques faites à Quito pendant les années i844~4^~43 '"9^ WOLF écrit que, dès l'année 1 841, il avait 37a 537 656 MM r^f^ui. l'ait usagB de la vapeur d'éther dans le traitement des maladies de l'oreille et de certaines maladies du poumon ; mais qu'en raison du mode d'administration auquel il avait recours, il n'était pas ar- rivé à reconnaître la propriété précieuse qu'a cet agent d'amortir la sensibilité. . . (J97 W0LFEN3HEIM. - Communication rela- tive aux encres de sûreté 46^ WURTZ — Recherches sur les composés du phosphore , 288 -- Mémoire sur les combinaisons du cyano- gène 43(i — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. Chez, relative à l'acide sul- foxiphosphovinique et à ses composés. , , . Son y VON VILLARCEAU. - Voye» YiUarceau. /ANON soumet au jugement de l'Académie un Mémoire écrit en italien, « Sur la pos- |ibilitéde conserver sous terre, au moyen delà chaux hydraulique, les corps ani- maux préalablement imprégnés d'acide arsénieux » ,»» 11S4, ERRATA. (Tome XXIV.) yoyez aux pages ia8, 336, 466, 5o4, 568, 629, 659, 763, 834, 868, 883, 904, 1062, II 16 et 1160,