O&vv 1988
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
S' Soi^^Jl, u
umiittmkÉiumTm
PARIS. — IMP&IHERIE DE BACHELIER ,
rue du Jardinet , i i .
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
•
DES SÉANCES
DE L ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
PAR HM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME TRENTE ET UNIÈME.*
JUILLET - DÉCEMBRE i8iK>.
PARIS,
BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DE l'École polytechnique, du bureau des longitudes, etc..
Quai des Augustins, n° 55.
1850
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI l" JUILLET 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERRET.
MEMOIRES LUS.
OPTIQUE. — Mémoire sur la réflexion totale ; par M. J. Jami.\.
(Renvoyé à l'examen de la Section de Physique.)
« Dans un Mémoire, précédemment soumis à l'Académie, j'ai montré
qu'en se réfléchissant sur les substances transparentes, les deux composantes
principales d'un rayon lumineux acquièrent une différence de marche
variable avec l'inclinaison, et que si le faisceau incident est polarisé rectiligne-
ment, le rayon réfléchi prend tous les caractères d'une polarisation ellip-
tique. Cette propriété appartient à la presque totahtédes substances transpa-
rentes; et s'il eu existe quelques-unes qui en sont dépourvues, elles satisfont
à des conditions extrêmement difficiles à rencontrer, et constituent un cas
particulier d'autant plus curieux qu'il est plus rare.
" A l'époque où Fresne! fit connaître ses formules de réflexion, on admet-
tait que l'exception était la loi gfénérale, et l'on croyait <|ue tous les corps
transparents polarisent rectili<;nement la lumière. Aussi, loin de rendre
compte de la différence de marche des composantes du rayon réfléchi, la
théorie de Fresnel s'appuie précisément sur ce principe, " qu'elle n'existe
pas; » par suite, elle s'applique à des exceptions et n'est [)as l'expression gé-
nérale des phénomènes. ^ ^
C. R-, i85o, a™'' Semestre. (T XXXI, !N° 1.) I
**.
( 2 )
» On sait d'autre part qu'une interprétation élégante de ses formules avait
conduit l'illustre physicien à l'explication des phénomènes de la réflexion
totale, et qu'il en avait calculé toutes les particularités par des expressions
algébriques déduites de ses premières formules; il était donc permis de pen-
ser que les conséquences de principes trop peu généraux avaient besoin
d'être vérifiées , et il devenait nécessaire de reprendre expérimentalement la
question: c'est dans ce but que j'ai entrepris les expériences suivantes.
» J'ai employé des prismes de verre dont la section principale est un
triangle rectangle isocèle; la lumière polarisée à 45 degrés du plan d'inci-
dence pénétrait dans la substance par l'une des faces latérales des prismes ,
et sortait par l'autre, après avoir subi une réflexion intérieure totale sur la
face de l'hypoténuse. Le prisme était placé au centre de mon appareil
général de réflexion ; ou pouvait mesurer les incidences sur la face d'entrée,
calculer celles de la réflexion , et déterminer à l'émergence la différence de
marche des rayons principaux, au moyen du compensateur qui m'a servi
dans toutes mes recherches sur la réflexion.
» Cette différence de marche provient de deux causes, ou delà réflexion
totale, ou des défauts d'homogénéité des prismes; et pour apprécier la pre-
mière, il faut soigneusement éviter la seconde. Or l'expérience apprend
que les substances les plus pures se compriment sous l'influence des actions
mécaniques au moyen desquelles on les polit, et qu'elles offrent alors, avec
une grande régularité, dans le voisinage des surfaces, les phénomènes
de la trempe, c'est-à-dire des différences de marche qui s'ajoutent à celle de
la réflexion totale; il est facile de les apprécier et d'en tenir compte.
» J'ai fait scier le prisme en deux parties égales que j'ai accolées suivant
les faces de l'hypoténuse par l'intermédiaire d'un liquide de même réfrin-
gence, et j'ai replacé le système sur l'appareil , en donnant à l'un des prismes
qui le composent la position qu'il avait dans les expériences précédentes; il
est facile de voir que le rayon transmis subissait alors les mêmes actions , et
qu'il n'y avait d'éUminé que la réflexion totale. Je mesurais alors les diffé-
rences de marche dues aux causes d'erreur.
" Après cette correction, qui n'est pas sans importance, mes expériences
ont vérifié parfaitement les formules de Fresnel.
» Pendant que je faisais ces expériences, M. Gauchy traitait de nouveau
la question théorique, et arrivait à une formule qui ne diffère de celle de
Fresnel que par une très-petite quantité, le coefficient d'ellipticité; c'est
dire que l'expérience justifie également bien les deux résultats sans pouvoir
décider entre eux.
( 3 ) ^, ^
» En résumé, le phénomène de la réflexion à l'intérieur sous des inci-
dences obliques se caractérise par deux actions importantes qui avaient flB:
besoin d'une étude attentive, la totalité de la réflexion et l'existence d'une
différence de marche. Les recherches récentes de M. Arajjo sur la quantité "ï;
de lumière réfléchie et mes expériences actuelles sur les changements
de phase s'accordent pour ne laisser aucun doute sur les conclusions
théoriques. » * .
M. Rousseau commence la lecture d'un Mémoire ayant pour titre : Du ^
sucre et de sa fabrication.
Cette lecture sera continuée dans une prochaine séance.
»
HIEMOIRËS PRÉSENTES
MÉCAiSiQUE APPLIQUÉE. — Extrait d'un Mémoire sur les conditions de
stabilité des ponts suspendus ; par M. Garvallo.
(Commissaires, MM. Poncelet, Morin.)
« Le douloureux événement d'Angers a fixé mon esprit sur les conditions
de stabilité imposées par l'Administration des Ponts et Chaussées dans la
construction des ponts suspendus.
" Je me suis proposé de trouver la loi générale des oscillations des chaînes
de suspension sous l'influence de la marche cadencée d'un régiment.
n Les formules qui donnent les ordonnées et la vitesse du mouvement
d'oscillation , en faisant abstraction des frottements et des résistances du mi-
lieu, s'appliquent sans erreur sensible, pendant la durée très-courte d'une
oscillation.
» Si l'impulsion se renouvelle à la fin de cette période, on obtient, pour
l'équation du mouvement, une formule discontinue dont tous les termes
s'évanouissent, à l'exception de celui qui détermine les inconnues pendant la
période que l'on considère.
>• Il en est de même si l'impulsion arrive après un multiple quelconque
du temps que dure une oscillation. Si ce multiple est fractionnaire, les
effets peuvent diminuer au lieu d augmenter avec le temps.
" li'abaissement maximum du sommet de la parabole est d'autant plus
grand que le pont a plus de portée et qu'il est primitivement moins chargé.
" Tl en est de même du carré du temps d'une oscillation complète.
" Fj'accroissement de tension dû au poids mobile renferme un terme pro-
I..
éÊ0-
.^.- ■ (4)
portionnel à la vitesse de ce poids an moment où il s'appuie sur le tablier,
et au nombre des impulsions quand elles ont lieu à des périodes égales à un
multiple entier de la durée d'une oscillation. Ce terme varie encore en raison
*» inverse de la racine carrée de la demi-longueur des chaînes; il est d'autant
plus grand que cette racine est plus petite.
if » Quelle que soit la section que l'on donne aux chaînes, on ne peut pas
■<^ construire de ponts suspendus qui résistent à l'effort produit par un régi-
ment marchant à un pas dont la vitesse diffère peu de celle du pas accéléré,
i*» Le nombre des impulsions concordantes hécessaires pour produire la
rupture est toujours réel et assez petit pour tous les ponts suspendus déjà
construits. Il est inférieur à la racine carrée de la demi-longueur des
chaînes, exprimée en mètres.
» Il résulte de là qu'il n'est pas utile de modifier les conditions de stabi-
lité exigées aujourd'hui pour l'établissement des ponts suspendus.
» Il faut seulement empêcher d'une manière absolue, et sous des peines
très-sévères, le passage dès troupes sur ces ponts, autrement que par petites
sections dont l'une ne doit s'engager sur le tablier que lorsque la précédente
en sort à l'autre extrémité.
" Suit l'aualyse et l'application des formules aux deux ponts de la Roche-
Bernard et de Beaumont-sur-Sarthe, dont le premier à 200 mètres et le se-
cond 100 mètres de portée. Les durées des oscillations sont de i",4o7 et
i", 168; les abaissements maximum des sommets des deux paraboles o™,ao4
et o"", 1^5; enfin, le nombre des pas produisant la rupture, 7 et 5. »
M. Lamperierre adresse un supplément au Mémoire qu'il avait précédem-
ment présenté sur les moyens de reconnaître la quantité et la qualité de la
sécrétion chez la femme.
Dans cette nouvelle Note, l'auteur signale les modifications qu'il a fait
subir à son appareil aspirateur, et indique les applications qu'on en peut
faire à divers cas chirurgicaux.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. Carrière, qui a présenté au concours pour les prix de Médecine et de
Chirurgie de la fondation Montyon un ouvrage intitulé : Le climat de l'Italie
sous le rapport hygiénique et médical, donne, conformément à une des con-
ditions posées pour ce concours, l'indication des parties de son travail qu'il
considère comme neuves.
■ (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
>
**
M. Le Gbay adresse, à l'occasion d'une communication récente de
M. Blanquart-Évi-ard, une réclamation de priorité pour l'emploi dujluortire
d'argent dans les opérations photographiques, et indique, comme pièce à
l'appui, un opuscule imprimé dont il a précédemment adressé un exemplaire
à l'Académie. Des recherches postérieures à cette publication l'ayant con-
duit à modifier en quelques points son procédé, il le décrit complètement,
et adresse en même temps quelques spécimens des produits qu'il en a
obtenus.
(Renvoi à la Commission nommée pour le Mémoire de M. Blanquart-Evrard.)
#
CORRESPOND AIVCE.
M.TeTHmiSTRE de l'Instruction publique accuse réception d'une copie du
Rapport t'ait à l'Académie, dans sa séance du 3 juin, sur le travail de
M. de Froberville concernant les races nègres de l'Afrique orientale au sud
de l'Equateur.
M. le Ministre de la Guerre adresse, pour la bibliothèque de l'Institut,
un exemplaire du premier volume de l'ouvrage de M. Fournel sur la richesse
minérale de V/élgérie, ouvrage publié aux frais du Gouvernement par le
département de la Guerre, de concert avec le département des Travaux
publics.
M. Duméril présente, au nom de l'auteur M. Ch.-Lucien Bonaparte, un
exemplaire d'un tableau systématique des Reptiles et des Amphibies. [Koir
au Bulletin hibliogrnpldque .)
M. Galle adresse ses remercîments à l'Académie qui, dans la séance pu-
blique du 4 mars dernier, lui a décerné le prix d'Astronomie (fondation
Lalande) pour l'année 1846.
VOYAGE AÉRONAUTIQUE.
M. Arago rend compte , à peu près en ces termes, du voyage aéronau-
tique de MM. Bixio et Barral.
MM. Bixio et Barral avaient conçu le projet de s'élever en ballon à une
grande hauteur, pour étudier, avec les instruments perfectionnés que la
science possède aujourd'hui, une multitude de phénomènes atmosphériques
encore imparfaitement connus. Il s'agissait de déterminer la loi du décrois-
•* «
(6)
sèment de la température avec la hauteur; la loi du décroissement de l'hu-
midité; de décider si la composition chimique de l'atmosphère est la même
partout; de doser l'acide carbonique à diverses élévations; de comparer les
effets calorifiques des rayons solaires dans les plus hautes régions de l'atmo-
sphère avec ces mêmes effets observés à la surface de la terre ; de constater
s'il arrive en un point donné la même quantité de rayons calorifiques de
tous les points de l'espace; de rechercher si la lumière réfléchie et trans-
mise par les nuages est ou n'est, pas polarisée, etc.
fiCS instruments nécessaires pour une expédition aussi intéressante avaient
été préparés par M. Regnault avec un soin et une précision infinis ; jamais
l'amour des sciences ne s'était manifesté avec plus d'abnégation. M. Wal-
ferdin avait fourni plusieurs de ses ingénieux thermomètres à déversement;
enfin les voyageurs étaient pourvus de baromètres très-exactement gra-
dués, propres à faire connaître la hauteur où leurs diverses observations
auraient été tentées.
MM. Bixio et Barrai avaient confié le soin de préparer le ballon et
ses accessoires à un aérouaute connu par vingt-huit voyages aériens;
toutes les dispositions avaient été faites dans le jardin de l'Observatoire.
L'ascension eut lieu le samedi 29 juin, à lo^i'j'^ du malin; le ballon était
rempli de gaz hydrogène pur, préparé par l'action de l'acide chlorhydrique
sur le fer. D'après toutes les prévisions et tous les calculs, les deux physi-
ciens devaient pouvoir s'élever jusqu'à la hauteur de 10 à laooo mètres.
Au moment du départ, on put s'apercevoir facilement que plusieurs dispo-
sitions de l'appareil aérostatique n'étaient pas convenables. Le ballon, sous
l'action des rafales, s'était déchiré en plusieurs points, et l'on avait été obligé
de le raccommoder en toute hâte; il tombait une pluie torrentielle. Que
fallait-il faire? Ne pas partir eût été le plus prudent; mais MM. Bixio et
Barrai rejetèrent bien loin une pareille idée. Us se placèrent dans la nacelle
et s'élancèrent intrépidement dans les airs, sans même qu'on eût pris le soin
de déterminer avec un peson la puissance ascensionnelle de l'a'érostat. Leur
mouvement de bas en haut fut extrêmement rapide : tous les spectateurs
le comparaient à celui d'une flèche; bientôt MM. Bixio et Barrai dispa-
rurent dans les nuages, et c'est au-dessus de ce rideau qui les dérobait à la
vue des hommes que s'est accompli le drame émouvant qu'il nous reste à
raconter.
Le ballon dilaté pressait avec une grande force sur les mailles du filet,
qui était beaucoup trop petit; il s'enfla de haut en bas, descendit sur les
voyageurs dont la nacelle avait été suspendue à des cordes trop courtes, et
4^
'«
(7)
les couvrit en quelque sorte comme un chapeau. Alors les deux physiciens
se trouvèrent dans la position la plus difficile; l'un d'eux, dans ses efforts
pour dégager la corde de la soupape, produisit une ouverture dans le pro- *
longement inférieur du hallon; le gaz hydrogène qui s'échappait presque à
la hauteur de leur tête les asphyxia successivement, ce qui occasionna chez
chacun d'eux d'abondants vomissements. En consultant le baromètre,
MM. Bixio et Barrai s'aperçurent qu'ils descendaient rapidement; ils cher-
chèrent à découvrir la cause de ce mouvement imprévu, et reconnurent que
le ballon s'était déchiré dans la région de son équateur sur une étendue de
près de 2 mètres. Ils comprirent alors, avec un sang-froid qu'on ne saurait '
trop admirer, que tout ce qu'ils pouvaient espérer, c'était de sortir la vie ,^
sauve de leur entreprise hardie; ils descendaient avec une vitesse très- ■ * s
supérieure à celle de leur ascension, ce qui n'est pas peu dire. MM. Bixio # .**
et Banal se débarrassèrent de tout ce qui leur restait de lest; ils jetèrent
par-dessus le bord de la nacelle des couvertures dont ils s'étaient munis pour
se garantir du froid et jusqu'à leurs bottes fourrées, mais ils ne se séparèrent
d'aucun de leurs instruments de recherches. On voit que c'est précisément
l'inverse de ce que certains journaux ont annoncé.
MM. Bixio et Barrai tombèrent à ii*" i4'" dans une vigne, dont le ter-
rain était heureusement détrempé, de la commune de Dampmart, près de
Lagny. FiCS laboureurs et les vignerons accoururent, trouvèrent les deux
physiciens se tenant par les jambes afin de neutraliser autant que possible
le mouvement horizontal de la nacelle, et leur prêtèrent les secours les
plus empressés. Un voyage exécuté dans de pareilles conditions n'a pu ap-
porter à la science qu'un très-minime contingent, relativement à ce qu'il
était permis d'espérer; toutefois, nous devons dire que nos deux physiciens
ont constaté, par des expériences décisives, que la lumière des nuages n'est ' ■ •'^^
pas polarisée; que la couche de nuage qu'ils ont traversée avait au moins
3ooo mètres d'épaisseur et que, malgré l'existence de ce rideau entre le ciel
et la terre, le décroissement de la température a été à très-peu près sem-
blable à celui qui résultait du célèbre voyage aéronautique de Gay-Lussac,
exécuté par un ciel parfaitement serein. On a déduit, des observations ba-
rométriques comparées à celles qui ont été faites à l'Observatoire de Paris,
que, dans la région où le ballon s'est déchiré, nos deux voyageurs étaient
déjà parvenus à la hauteur de Sgoo mètres. Un calcul semblable a montré
que la surface supérieure du nuage traversé était à 4'200 mètres.
* ( 8 )
MÉTÉOROLOGIE. — EJfets d'un coup de foudre. (Note de M. Jomard.)
« Mercredi 26 juin, à 9 heures du soir, la foudre a éclaté sur la route de
Lozerre à Orsay, et frappé un peuplier, élevé de 3o à 36 xnètres, aux trois
quarts de la hauteur. Elle a sillonné l'arbre , en spirale, et fait deux fois le
-^ tour du peuplier. Des éclats nombreux ont été enlevés dans une grande lar-
geur (environ i5 à 25 centimètres), et à 5 centimètres de profondeur. Vie sol
^P* est encore jonché d'éclats de bois, transportés à plus de 3o mètres de dis-
'•$ ., tance. Il y en a de i^jSo de longueur et de a5 centimètres de largeur. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Remarques sur quelques circonstances de la dernière,
éruption du Vésuve. (Lettre adressée à M. Arago par M. le capitaine de
vaisseau Bailleul, commandant le Jupiter. )
• Dans cette plaine, comme dans toutes celles qui avoisinent Naples, la
Tigne a pour tuteurs des arbres, dont la plupart sont des peupliers dits
d'Italie. Les plus voisins de la lave n'out point été altérés" par la chaleur ni
par les vapeurs, et ils ont poussé leurs feuilles comme de coutume; seule-
ment, elles se sont développées un peu plus tard, même chez ceux qui sont
restés en contact avec la lave.
» Mais dans cette plaine se trouvent çà et là des pins dits parasol; ceux-là
«r sont tous morts, même à des distances de plusieurs centaines de mètres.
Ser.iit-ce parce qu'ils ne perdent point leurs feuilles pendant rhi\er, et que
ces feuilles auront respiré les vapeurs qui, même deux mois après l'éruption,
se dégageaient encore abondamment de celte grande masse de laves?...
Peut-être cette question vous offrira-t-elle quelque intérêt.
» Mais le but de cette Lettre est autre; voici ce qui m'a déterminé à vous
l'écrire.
" Plus de cinq semaines après l'éruption, la superficie même de ce vaste
plateau de lave était encore tellement chaude, qu'il était presque impossible
de s'arrêter dessus, même avec de fortes chaussures. Il y avait des parties,
plus ou moins étendues, où le calorique était plus abondant encore, sans
(9)
doute à cause que les matières qui s'y trouvaient accumulées étaient moins
conductrices; ces espaces étaient, généralement, d'une couleur blanchâtre,
mouchetée, si je puis m'exprimer ainsi, de taches jaunes accusant la pré-
sence de matières sulfureuses. Il s'élevait parfois de ces localités particulières
de petites trombes, assez puissantes pour agiter et même déplacer des
scories superposées aux masses granitiques. Lorsque ces trombes avaient
atteint les limites de la lave et qu'elles rencontraient les arbres avoisinants,
elles en agitaient les feuilles et en arrachaient même, puis l'éciuilibre se
rompait ou, si vous voulez, se rétablissait en répandant les éléments de la
trombe dans l'espace. ^
" Voilà ce qui m'a semblé mériter de vous être signalé. >•
MÉTÉOROLOGIE. — Phénomènes d'électricité atmosphérique observés à
P^augirard pendant l'orage du a6 juin. (Extrait d'une Lettre de M. Mène
à M. Arago.)
« Depuis près d'un mois, j'avais placé sur mon laboratoire un fil de fer
d'environ 83 mètres de long, afin d'étudier la tension électrique de l'atmo-
sphère et de répéter quelques expériences de M. Peltier sur la météorologie.
Mercredi soir, vers les sept heures , c'est-à-dire au moment où l'orage s'est
fait entendre, je montai au belvédère où se trouve attaché mon fil conduc-
teur; mais la pluie était si abondante et le vent si violent, que je ne pus me
livrer à aucunes observations: du reste, pAr une bizarrerie que je ne veux
pas expliquer ici , mes appareils ne me montraient qu'une très-faible tension
électrique. C'est alors que, dans le but de fixer l'électricité, je me hasardai
à placer sur mon fil conducteur une pierre d'aimant assez forte; presque au
même instant, je vis une colonne de feu sortir d'un éclair, s'abattre sur l'ai-
mant, se promener comme en langues de feu dans toute la longueur du fil,
et illuminer toute son étendue; puis, à l'endroit où le fil se perd dans la
terre, un bruit sourd et profond s'est fait entendre durant quelques secondes.
Ce phénomène s'est répété à cinq reprises différentes, et a duré chaque
fois près d'une demi-minute. Il était même tellement visible, que plusieurs
personnes de la maison de mon père vinrent me supplier de cesser ces expé-
riences, craignant que les résultats n'en fussent dangereux et regrettables.
A la troisième fois seulement où ce phénomène a paru, on a pu entendre une
légère détonation et sentir une faible secousse dans l'appareil; cet ébranle-
ment a eu lieu surtout dans la partie où le fil se perd dans la terre. Il a
occasionné la chute de plusieurs tuiles du mur où il se trouve fixé; il a, en
C. R , i85o, a"" Semestre. (T. \XXI, K» 1.) 2
■%
( «o )
outre, déraciné, brisé et coupé comme par bandes un rosier de trois pieds,
autour duquel j'avais négligemment enroulé la fin de mon fil. Enfin, toutes
les fleurs qui se trouvaient sur le passage du fil conducteur, au moment où
il arrive en terre, ont été desséchées dans cei laines parties do leurs tiges.
" Jusqu'au moment du second orage, je ne donnai pas suite à mes expé-
riences. Je me retirai dans mon laboratoire et apprêtai quelques appareils
qui n'ont malheureusement pas pu me servir; mais vers les neuf heures, je
montai sur mon laboratoire et j accrochai sur la partie moyenne de mon fil
la même pierre d'aimant qui venait de me servir au belvédère.-Je dois. Mon-
sieur, avant de vous donner la relation des phénomènes qui ont paru cette
fois, vous dire les précautions que j'ai prises pour attacher cette pierre d'ai-
inant et pour continuer ces expériences, car je prévoyais le danger qu'il
■pouvait y avoir dans une semblable tentative. Je me suis muni, pendant
tout le temps de mes observations, d'une longue tringle de fer de 2 mètres,
au bout de laquelle j'avais attaché une chaîne à chien rivée au toit de mon
laboratoire. A l'aide de cet appareil grossier, j'ai pu me permettre, sans
dangers, différentes opérations que je vais décrire.
» Un quart d'heure après avoir replacé la pierre d'aimant, je remontai
sur mon laboratoire afin de continuer mes recherches, et je vis une aigrette
lumineuse, bleuâtre, longue d'environ 66 centimètres, qui était arrêtée sur
l'aimant, elle ressemblait à un fer de lance, long et étroit, dont la pointe
était dirigée vers la terre; sa lumière augmentait d'intensité par moments,
et diminuait surtout lorsque la pluie tombait plus fortement. A un de ces
moments même, je me suis hasardé à toucher le fil conducteur avec ma
tringle, et j'en ai tiré deux ou trois étincelles bleuâtres qui ne m'ont donné
qu'une faible secousse, et qui aimantèrent complètement ma tringle, car,
depuis ce jour, elle attire le fer, etc. Vers les neuf heures et demie, c'est-
à-dire au moment où l'orage s'est un peu calmé, ce phénomène a paru
s'éteindre; plusieurs personnes m'ont alfirmé cependant l'avoir vu reparaître
vers les dix heures et demie, lorsqu'un nouvel orage grondait encore sur
Vaugirard, mais j'étais alors absent et ne saurais vous garantir le fait.
« Durant le temps où l'aigrette lumineuse donnait le plus de clarté, il
s'est produit plusieurs circonstances que je ne dois pas oublier; ainsi, le fil
paraissait comme rouge blanc, et à l'endroit où il se perd en terre, les
pailles, les fleurs étaient attirées à lui, et paraissaient aussi lumineuses dans
leurs extrémités supérieures. Les gouttes de pluie qui découlaient de l'aimant
semblaient brillantes comme des diamants, jusqu'au moment où elles tom-
baient sur le toit de zinc de mon laboratoire, et faisaient même entendre à
( " )
leur tombée un petit bruit semblable à la décharge de machines électriques;
aussi, en recueillant une centaine de ces gouttes dans un vase de verre, que
par excès de précaution j'avais encore isolé , il m'a été facile d'en charger
faiblement une petite bouteille de Leyde. »
M. DciFOUB, curé de Travant, près Beaugency (Loiret), adresse quelques
détails sur le météore du 5 juin, dont l'apparition lui fut annoncée par la
clarté qui illumina tout d'un coup sa chambre, et fit pâlir la lumière près
de laquelle il travaillait. Il put encore, après avoir pris le temps d'ouvrir sa
fenêtre, suivre dans le ciel une partie du trajet du météore qui se trouvait,
au moment où il l'aperçut, au-dessous de la constellation de Cassiopée.
M. Tremblay, professeur de mathématiques à l'Aigle (Orne), annonce
avoir vu, le 24 juin au soir, un météore lumineux de couleur rougeâtre qui
se mouvait d'orient en occident , et laissait après lui comme une traînée
d'étincelles.
M. Arago, à l'occasion de ces deux communications, donne, d'après un
journal du Midi, quelques renseignements relatifs à un météore lumineux
observé, en plein jour, le 6 juin, par plusieurs habitants de Bretenières
(canton de Genlis, Côle-d'Or).
« Vers 1 1*" 15"* du matin, dit un témoin oculaire, j'étais dans mon jardin
lorsque j'aperçus une ligne de feu parfaitement horizontale, et allant du sud
au nord, ou plutôt du sud-sud-est au nord-nord-ouest. A la fin de cette
ligne ignée, il y eut comme une gerbe de lumière d'un rouge de brique;
puis, quinze ou vingt secondes après l'extinction, j'entendis les deux déto-
nations qui ont jeté l'alarnie... »
C'est aussi vers onze heures environ que, le même jour, une détonation
a été entendue sur un grand nombre de points du département de la
Côte-d'Or.
M. Bravais, qui avait obtenu l'autorisation de reprendre temporairement
son second Mémoire sur les systèmes de points distribués régulièrement,
présente de nouveau ce travail, qui est renvoyé à l'examen de la Commission
désignée à cet effet dans la séance du 6 août 1849.
M. l'abbé Rosdon envoie une suite à ses précédentes communications sur
la fixation d'un premier méridien commun à tous les peuples.
( «2 )
M. DuDociT présente des considérations sur l'énoncé d'un théorème d'Eu-
clide.
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est Jevée à 5 heures et demie. A.
BULLETIN BIBLIOGRAPBIQim.
L'Académie a reçu, dans la séance du i®"" juillet i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
i" semestre i85o ; n° ^5; in-4".
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
2* semestre 1849; to™^ XXIX; in-4°-
Séances et travaux de l'Académie de Reims; année i849-i85o; n°' i3 à 16;
in-S".
Richesse minérale de l'Algérie, accompagnée d'éclaircissements historiques
et géographiques sur cette partie de l'Afrique septentrionale ; par M. Henri
FouRNEL; tome I", texte. (Publié par ordre du Gouvernement.) Paris, 1849;
in-4°.
Procès-verbal d'installation de M. le D*^ Barrier en qualité de chirurgien-
major de r Hôtel-Dieu, succédant à M. le D"' Pétrequin. Lyon, i85o; in-8°.
Mémoire sur les systèmes formés par des points distribués régulièrement sur
un plan ou dans l'espace; par M. A. BRAVAIS. Paris, i85o; in-4°.
Conspectus systematum herpetologiœ et amphibiologiœ ; Caroli-Luciani
Bonaparte. Editio allera reformata, i85o; tableau in-fol.
ERRy^TA.
(Séance du 24 juin i85o. )
Page 833, ligne 2, au lieu de MM. Prévost et Desains, lisez MM. de la Pbovostaye et
Desains.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
MirntoJ
>««»4
SÉANCE DU LUNDI 8 JUILLET 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIMS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce la perte que vient de faire 1 Académie
dans la personne de M. Raffeneau de Lile, l'un de ses correspondants
pour la Section de Botanique.
M. Gbevreul expose l'extrait d'un premier Mémoire intitulé : Recherches
expérimentales sur la peinture à l'huile.
Ce Mémoire paraîtra dans le Recueil des Mémoires de V Académie.
M. Ca. DupiN fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son Rapport
d'inspection sur l'École nationale des Arts et Métiers d'Aix , et du Rapport
qu'il a fait, au nom d'une Commission de l'Assemblée législative, sur une
demande de crédit pour dépenses relatives à l'exposition de îvondres.
( P^oir au Bulletin bibliographique. )
C. R., i85o, a"»" Semestre. (T XXXI, M' 8.) 3
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission chargée de décerner le prix Guvier, prix qui sera accordé à
l'auteur de l'ouvrage le plus remarquable sur le règne animal ou sur la
géologie, publié depuis la mort du grand naturaliste jusqu'au i" jan-
vier i85o (i).
MM. Flourens, Élie de Beaumont, Milne Edwards, Dumérii et Duvernoy
réunissent la majorité des suffrages.
AIÉMOmES LUS.
PHYSIQUE. — Mémoire sur la transmissibilité de la chaleur ; par
MM, Masson et Jamim. (Extrait.)
(Renvoi à la Section de Physique.)
« Tout le monde connaît aujourd'hui les remarquables expériences par
lesquelles M. Melloni démontra que les sources calorifiques sont composées
de rayons de différente nature ayant des propriétés spéciales , correspon-
dantes à celles qui distinguent les lumières de diverse couleur, et que les
substances possèdent , par rapport à ces chaleurs , une véritable coloration
insensible à l'œil , mais qui se révèle par la nature et la proportion des
rayons qui les traversent.
» Pour établir ces vérités remarquables, M. Melloni emploie des sources
arbitrairement choisies; les divers rayons qu'elles émettent produisent alors
des actions individuelles différentes, de sorte que l'effet produit est la super-
position des actions élémentaires que l'on observerait si l'on étudiait sépa-
(i) Il paraît convenable de rappeler ici, en peu de mots, l'origine de ce prix, qui sera
décerné, pour la première fois, en i85i.
La Commission des souscripteurs pour la statue de Georges Cuvier avait offert à l'Académie
une somme résultant des fonds de la souscription restés libres, avec l'intention que le produit
en fût affecté à un prix qui porterait le nom de prix Cuvier et qui serait distribué tous les
trois ans au meilleur ouvrage sur le règne animal ou sur la géologie. L'Académie a accepté ce
don et le Gouvernement a autorisé la fondation de ce prix qui, à dater de i85i, sera décerné
tous les trois ans.
( «5)
rément chaque rayon simple , et il est extrêmement difficile de déduire du
résultat composé les actions élémentaires qui le constituent. Cette méthode
s'applique avec succès dans l'observation des phénomènes qui sont communs,
pour le sens et l'intensité, à toutes les vibrations; mais elle devient com-
pliquée, pénible et dangereuse quand elle s'attaque à des actions où la
diversité des chaleurs amène des résultats inégaux. Elle a pu mettre en
évidence la polarisation de la chaleur et la loi de Malus, mais elle ne peut
faire connaître les plans de polarisation des chaleurs polarisées qui ont tra-
versé une lame de quartz, parce qu'ils sont différents, ni analyser les phé-
nomènes des lames minces, à cause de la dispersion qu'elles produisent.
Aussi M. Melloni, éclairé par ses premières expériences, a bientôt essayé
d'analyser les chaleurs émises par le soleil et qui s'étalent avec la lumière
dans le spectre. Il reconnut l'existence de vibrations calorifiques obscures,
moins réfrangibles que le rouge, et d'autres qui accompagnent la lumière.
Etudiant alors la transmissibilité de ces diverses chaleurs, à travers le verre
et l'eau , il vit que ces substances éteignent les rayons obscurs , et qu'elles
laissent passer une très-grande proportion de chaleur lumineuse, tandis que
les corps noircis analogues au verre noir éteignent les chaleurs lumineuses
pour transmettre celles qui sont obscures.
•1 II est évident que cette seconde méthode, depuis longtemps pratiquée
avec succès dans l'étude de la lumière , introduisait dans l'investigation des
phénomènes calorifiques une simplicité remarquable, puisqu'elle permettait
de savoir à quelle réfrangibilité appartiennent les chaleurs qui passent ou
non à travers les corps, et non-seulement de prouver qu'ils ont des thermo-
colorations différentes, mais de savoir à quels rayons elles s'appliquent; il
était ensuite possible, en superposant les actions élémentaires, de conclure
les phénomènes multiples produits par les sources composées, .(j»);* . -. .
» Cependant M. Melloni n'a pas persisté dans cette voie féconde, et,
dans un ouvrage récemment publié , qui renferme le remarquable ensemble
de ses découvertes, il reproduit la série des raisonnements et des expé-
riences où il a été conduit par sa première méthode. Nous pensons qu'il est
plus simple, pour arriver au même but, d'isoler chaque couleur homogène
et d'étudier son action. M. Melloni nous pardonnera d'essayer de le faire et
de suivre une voie qu'il a ouverte par son Mémoire de i844-
» Nous pensons, d'ailleurs, qu'il est utile de reprendre ces expériences,
dans le but d'apporter des arguments en faveur de l'une ou de l'autre
des deux théories de la chaleur. L'une, admise depuis longtemps, et que
M. Melloni acceptait dans ses premiers travaux, consiste à considérer la cha-
3..
( .6}
leur et la lumière comme des effets de causes différentes; et M. Melloni , qui
avait constaté les chaleurs sans lumière, croyait avoir produit une lumière
sans chaleur, en faisant passer à travers une superposition d'eau et de verre
vert, des radiations que l'on pouvait concentrer par une lentille, et qui,
disait-il, devenant aussi brillantes que le soleil, ne produisaient aucune
action calorifique sensible sur les instruments les plus délicats. Cependant,
après la découverte de la polarisation de la chaleur et ses études de i844i
conduit par le progrès naturel et continu de ses découvertes, M. Melloni
arriva à une opinion entièrement opposée qu'il développe dans sa Thermo-
chrôse , en l'appuyant de raisons auxquelles on ne peut objecter que les
expériences qui lui servaient autrefois à la combattre.
» S'il est vrai, comme Ampère l'a imaginé le premier, que la chaleur el
la lumière soient deux effets différents d'une cause unique , il est évident
que ces deux effets doivent varier proporliounellenient dans tous les phéno-
mènes, quand on opère sur une vibration unique à la fois lumineuse et calo-
rifique; de sorte que, s'il arrivait que les proportions de chaleur et de
lumière qui passent à travers un corps ne fussent pas égales, il faudrait
abandonner l'hypothèse de l'identité des causes. Or les assertions anciennes
si positives de M. Melloni, et quelques-unes de ses affirmations actuelles,
laissent des doutes dans l'esprit des lecteurs. Ainsi , M. Melloni a autrefois
fait passer un spectre solaire a travers un verre bleu de cobalt qui le parta-
geai t eu bandes allernativernent brillantes et obscures, et annoncé que le
spectre calorifique ne présente aucune alternative semblable. Revenant siu-
le même sujet dans sa Thermochrôse , il renouvelle cette assertion, que les
proportions de chaleur et de lumière qui traversent les verres colorés ne
sont pas proportionnelles, et cherche à expliquer par une action de l'œil ce
phénomène dont la cause lui paraît plus physiologique que physique.
» D'autre part, les nombres que nous trouvons dans le Mémoire de i844,
prouvent, il est vrai, que le verre et l'eau sont traversés par une grande pro^
portion de chaleur lumineuse, sans établir, d'une manière positive, que la
transmission soit absolue pour la chaleur comme elle l'est pour la lumière;
ils montrent , au contraire , qu'une épaisseur de i4 millimètres d'eau laisse
passer les ^ de la chaleur rouge, et, à coup sûr, elle laisse passer plus de
lumière.
» Voulant donc reprendre ces travaux , nous avons, avec l'assistance d'un
artiste aussi éminent que modeste, M. Ruhmkorf, préparé un spectre avec
les plus minutieuses précautions, et nous avons successivement fait passer
des radiations d'une réfrangibilité donnée, à travers certaines substances
( I? )
transparentes, choisies parmi celles dont la dialhermanéité est la plus iné"
gale, telles que le sel gemme, le cristal de roche, l'alun, le verre et l'ean ;
nous avons reconnu qu'elles transmettaient également et totalement toutes
les chaleurs comprises entre le ronge et le violet extrêmes. )■<' D'autres écrans laissent passer certaines couleurs séparées par d'autres
qu'ils éteignent, lie chlorure de chrome n'est transparent que pour le rouge
et le vert, un verre violet laisse passer le rouge et le violet; et toujours l'ex-
tinction ou la transmission calorifique suivit les mêmes lois.
" Mais le verre bleu de cobalt était plus intéressant à étudier, d'abord
parce qu'il fut employé par M. Melloni, ensuite parce qu'il partage le
spectre en bandes brillantes et obscures; nous avons retrouvé les mômes
bandes pour la chaleur.
» Ce ne sont là que des expériences de sens; mais nous avons pu heureu-
sement mesurer à la fois les rapports des chaleurs et des lumières trans-
mises.
» Un écran immobile, percé d'une fente étroite, laissf.it arriver une por-
tion du spectre sur une pile très-mince; celle-ci, montée sur une règle
mobile, était amenée dans le trajet db faisceau , et servait à trouver la pro-
portion de chaleur transmise; on l'éloignait ensuite, et le rayon, continuant
sa route, tombait sur des appareils qui permettaient de mesurer le rapport
des intensités de la. lumière. Cette double mesure, effectuée dans un nombre
( i8 )
considérable de cas , nous a montré que les rapports des quantités de lumière
et de chaleur transmises aux quantités directes étaient toujours identiques.
» Quand un rayon de lumière homogène traverse une même substance
prise sous des épaisseurs variables, l'intensité est représentée à l'émergence
par la formule I = M*, formule qui doit aussi s'appliquer à la chaleur. Nos
expériences, exécutées sur trois lames de verre jaune dont les épaisseurs
étaient i, 2 et 3 , ont vérifié également bien, et avec la même valeur de M,
la loi précédente.
» Mais si la lumière incidente était composée de plusieurs couleurs iné-
galement transmissibles, le faisceau émergent serait représenté par une
formule
I = M«^-M"'-f-M"^
Il serait altéré dans sa composition et suivrait une loi d'extinction que l'ex-
périence ne pourrait pas faire connaître ; c'est ce qui résulte des expériences
calorifiques de M. Melloni.
» A ces expériences, nous avons cru devoir en ajouter quelques autres d'un
ordre différent et d'une délicatesse plus grande , dont le but spécial est de
montrer que les vitesses et les longueurs d'onde de la chaleur sont iden-
tiques à celles de la lumière qui a la même réfrangibililé, expériences qui
confirment celles de MM. Fizeau et Foucault.
» Nous avons polarisé la lumière à la sortie du prisme, nous l'avons fait
passer à travers des quartz de différente épaisseur ou des dissolutions
sucrées, et nous avons toujours vu le plan de polarisation de la chaleur et
de la lumière dévié dans le même sens et d'une même quantité.
» Trois lames minces de -i-, ^ et i longueur d'onde, présentèrent les
mêmes interférences pour les deux ordres de phénomènes : la première
donnait une polarisation circulaire; la deuxième une polarisation rectiligne
dans un plan dévié de 90 degrés; la troisième laissait le rayon émergent pola-
risé comme le rayon incident.
» La conclusion de ces expériences peut s'exprimer généralement : dans
tous les phénomènes produits par une radiation d'une réfrangibilité unique
à la fois calorifique et lumineuse, les rapports des quantités de chaleur et de
lumière, après et avant l'action, sont identiques.
» Toutes les modifications vibratoires constatées dans la lumière se re-
trouvent avec la même intensité et la même valeur numérique pour la
chaleur.
» Celte proportionnalité constante des effets suffit pour nous faire admettre
l'identité des causes. "
( '9 )
PHYSIQUE. — Mémoire sur la polarisation de la chaleur par réfraction
simple; par MM. F. de l\ Phovostaye et P. Desains.
(Renvoi à la Section de Physique,) •
« Dans un précédent travail inséré aux Annales de Chimie et de Phy-
sique, 3* série, tome XXVII, nous avons étudié la réflexion sur le verre de
la chaleur naturelle ou polarisée, et nous avons reconnu que les formules
indiquées par Fresnel comme représentant les proportions de lumière ré-
fléchies, donnent, quand il s'agit de la chaleur, des résultats vérifiés par
l'expérience d'une manière tout aussi parfaite. Nous nous sommes proposé
d'étendre ces recherches au cas de la réfraction, et de donner ainsi à la
théorie une nouvelle et plus ample confirmation. Nous avons donc cherché
à en déduire mathématiquement la proportion de la chaleur transmise à
travers une ou plusieurs lames de verre sous une inclinaison quelconque, et
nous avons ensuite vérifié les formules auxquelles nous sommes parvenus
par de nombreuses observations. Elles confirment nos premiers résultats et
les complètent, car le phénomène dont il s'agit ici dépend tout à la fois de
la réflexion et de la réfraction.
» Nous indiquerons d'abord les résultats du calcul.
» Concevons qu'un faisceau de chaleur polarisée dans le plan d'incidence
et d'intensité égale à l'unité, tombe, sous l'angle i, sur un système de lames
à faces parallèles, et représentons par n le nombre de surfaces (double du
nombre des lames), par R la fraction . ,,. { ; on arrive à démontrer que
la quantité totale réfléchie est . — _ . , et la quantité transmise
— —, ^-- Les mêmes formules s'appliquent au cas où la chaleur est po-
I -t-(rt— i)R rr -1 r
larisée perpendiculairement au plan d'incidence pourvu qu'à R = . ;/■_, ■,'
on substitue R' = ''^"^, '.~ v
tang' ('+'•)
.. Pour la vérification expérimentale , il fallait se mettre à l'abri de l'in-
fluence de l'absorption que la chaleur éprouve toujours dans les milieux
diathermanes. Nous y sommes parvenus en prenant diverses précautions
qu'on trouvera indiquées dans notre Mémoire. Nous nou§ bornons ici à
citer quelques résultats.
( ao )
Chaleur polarisée dans le plan d'incidence
Sons l'angle 60°
Sous l'angle 70°.
Av«c I lame..
» 2 lames.
» 3 lames.
» 4 lames.
» I lame. .
» 2 lames.
» 3 lames.
INTENSITÉ OBSEKVËK
du rayun transmis.
0,706
0,542
0,439
0,396
0,541
0,370
0,282
INTENSITE CALCULEE.
Chaleur polarisée perpendiculairement au plan d'incidence.
Sous l'angle 70" Avec 3 lames.
■> I lame..
Sous l'angle 75° \ » 2 lames.
f • 3 lames.
0,775
0,803
0,676
o,58i
0,705
0,544
0,444
0,374
0,544
0,374
0,285
0,788
o,8o£
0,675
o,58i
" L'accord est tel , que nous pouvons regarder nos formules comme
pleinement vérifiées par l'expérience. Nous allons donc examiner quelques-
unes des conséquences auxquelles e;lles peuvent conduire.
Théorème de M. Arago sur l'égalité des quantités de lumière polarisées contenues dans le
rayon réfléchi et dans le rayon réfracté.
» M. Arago a démontré expérimentalement que, lorsque de la lumière
naturelle tombe sur une lame de verre à faces parallèles, le rayon transmis
et le rayon réfléchi contiennent, l'un et l'autre, des quantités égales de lu-
mière polarisées dans des plans rectangulaires. D'autre part, dans les
Traités de Physique , on cherche à prouver théoriquement la même propo-
sition en la déduisant des formules de Fresnel; mais on l'a fait seulement
pour le cas où l'on considère la réflexion et la réfraction produites par une
seule surface. Or M. Brewster, dans les Transactions philosophiques
de i83o, page i45, affirme que la preuve expérimentale donnée par
M. Arago est nécessairement inexacte, attendu que si la proposition est vraie
pour une surface, elle ne saurait être vraie pour une lame. Nous trouvons,
au contraire, par nos formules, que, lorsque de la lumière naturelle vient
{ ^I )
tomber sur une pile de glaces , la quantité de lumière polarisée contenue
dans les rayons transmis est égale à la quantité de lumière polarisée con-
tenue dans les rayons réfléchis. Dans les deux cas , elle a pour expression
|w(R— R^) ■ - i! T
[i+(«-i)R][H-(«-i)R']'
Rotation du plan de polarisation produite par une pile de glaces lorsqu'on fait tomber sur
elle de la lumière ou de la chaleur primitivement polarisées.
» Relativement à cette rotation, noua établissons que, toutes choses
égales d'ailleurs, le plan de polarisation du rayon réfléchi se rapproche d'au-
tant plus lentement, et que le plan de polarisation du rayon transmis s'éloigne
d'autant plus vite du plan d'incidence, que la pile contient un plus grand
nombre de glaces. ,
Proportion de lumière ou de chaleur contenue dans le rayon réfléchi et dans le rayon
transmis.
« Nous arrivons aux propositions suivantes :
>' 1°. Quand la pile se réduit à une seule glace, la proportion de lumière
ou de chaleur polarisée dans le rayon transmis va en croissant jusqu'à
l'angle i = 90° compté à partir de la normale. En appelant X l'indice de
réfraction, elle est alors
» 2". Cette proportion est toujours la même pour i = 90°, quel que soit
le nombre des lames.
» 3°. Dès qu'on emploie une pile formée de plusieurs lames, la propor-
tion de chaleur polarisée dans le rayon transmis a un véritable maximum.
!a lames, a lieu pour
3 lames, »
10 lames, »
» 4°' Quand on augmente le nombre des lames , l'angle pour lequel a
lieu la proportion polarisée maxima se rapproche de plus en plus de l'angle
de polarisation complète, et le maximum se rapproche de plus en plus de
l'unité.
Piles de glaces parallèles et croisées.
" Quand de la chaleur naturelle tombe sur une pile de glaces, plus ou
moins inclinée sur l'axe du faisceau , le rayon émergent peut être regardé
comme formé d'un mélange de chaleur naturelle et de chaleur polarisée.
C. R , iSSo.ara'Semeide. (T. XXXI, IN» 2.) 4
= 74° 4'',
= 64" 52'.
Caa)
Le rapport de cette dernière à la chaleur totale peut être déterminé comme
il suit :
» On place derrière la première pile de glaces , mais à une certaine dis-
tance et non en contact avec elle , une seconde pile parfaitement identique
et semblablement inclinée, puis on donne successivement aux plans de ré-
fraction des positions parallèles et perpendiculaires entre elles. Dans les
deux cas, on observe les intensités. Leur différence , divisée par leur somme,
donne le carré du rapport cherché.
» De ces recherches, comme de celles que nous avons déjà publiées sur
ce sujet, il résulte que les lois de la chaleur rayonnante sont précisément
celles de la lumière. Bien plus, lorsqu'il s'agit des intensités, les valeurs nu-
mériques sont souvent les mêmes dans les deux cas , pourvu qu'on emploie
des rayons de même origine et de même réfrangibilité. Ce sont des consé-
quences que nous nous proposons de mettre encore plus en évidence dans
un travail que nous aurons l'honneur de communiquer prochainement à
l'Académie et qui aura pour objet la réflexion métallique. »
La lecture de la correspondance est renvoyée à la séance prochaine.
A 4 heures et demie , l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. F.
( a3 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE .
L'Académie a reçu , dans la séance du i" juillet t85o,les ouvrages dont
voici les titres :
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie;
a' série, tome III; n" 9; juin i85o; in-S".
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique; n" 6, tome XVII; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; année i849-i85o,
tome IX; n°» 6 et 7; in- 8°.
Results of the. . . Résultats des observations faites à l'observatoire royal du
cap de Bonne- Espérance, dans les années 1829, i83o e< i83i ; parle lévérend
Fearon Fallows; réduites sous la direction de M. G.-B. Airy, astronome
royal. (Extrait du XIX* volume des Mémoires de la Société royale astrono-
mique.) Iu-4°.
On the. . . Sur l'évent des Marsouins; Note de M. F. Simpson. (Extrait
des Transactions philosophiques de la Société rojale de Londres; année 1848;
Impartie.) Broch. in-4°.
The seventeenth. . ». Djor-septiéme Bapport sur les travaux de la Société
royale polytechnique de Cornouailles {année 1849). Falmouth ; in-8''.
Monatsbericht. . . Comptes rendus mensuels des séances de l'Académie royale
des Scierices de Prusse; février i85o; in- 8°.
Annali délie scienze. . . Annales des Sciences mathématiques et physiques;
par M. Barnabe Tortolini; juin i85o; in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Sghumacber; n° 720.
Gazette médicale de Paris; n° 26.
Gazette des Hôpitaux; p™ 75 à 77.
L'Abeille médicale; n° i3; i" juillet i85o; in-8*'.
Magasin pittoresque; tome XVIII; 26* livraison.
Fj Académie a reçu, dans la séance du 8 juillet i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
a*"' semestre i85o ; n° i ; in-4''.
Annales de Chimie et de Physique, par MM. Gay-Lussac, Arago, Ghe-
( =»4 )
vREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault et Regnault; 3« série, t. XXIX;
juillet i85o; in-8°.
Rapport d'inspection sur l'Ecole nationale des Arts et Métiers d'Aix, adressé à
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce; par M. Ch. Dupin;
I feuille I; in-8°.
Rapport fait au nom de la Commission chargée d'examiner le projet de loi
tendant à ouvrir au Ministre de l'Agriculture et du Commerce un crédit de
5o ooo francs, pour dépenses relatives à l'exposition de Londres; par le même ;
1 feuille in-S".
Société nationale et centrale d' Agriculture. — Bulletin des séances, Compte
rendu mensuel, rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel; i^ série; tome VI;
n° I ; in-8°.
Histoire naturelle des drogues simples, ou cours d'histoire naturelle professé
à l'École de Pharmacie de Paris; par M. N.-J.-B.-G. GuiBOURT; 4* édition;
tome m ; in-S".
Mimosa pudica, L. Mémoire physiologique et organographique sur la sensi-
tive et les plantes dites sommeillantes; par M. FÉE. (Extrait des Mémoires de
la Société d'Histoire naturelle de Strasbourg; tome IV.) Strasbourg, 1849;
broch. in-4'*.
Cours 'd'économie rurale, professé à l'Institut agricole de Hohenheim ; par
M, GOERITZ. (Traduit de l'allemand par M. JuLES RiEFFEL.) Paris, i85o;
a volumes in-8°.
Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres et des
Arts, etc., nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT frères, sous la direc-
tion deM. L. Renier; Soi" et 3o2* livraisons; in-8''.
Lettre de M. Sabin Berthelot, consul de France à Sainte-Croix de Té-
nériffe, à M. le chevalier Matthieu Bonafous, sur l'éducation des vers à soie
aux îles Canaries; i feuille in-8°.
Annales forestières ; 2* série, tome IV, n°6; juin i85o; in-8".
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; n° 7; juil-
let i85o; in- 8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
»8ao' ■
SÉANCE DU LUNDI 15 JUILLET 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
ftlEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIOLOGIE. — Obsetvations sur une Lettre de M. Charpentier; par
M. DE GaSPARIN.
u Le Compte rendu da 24 juin contient une Lettre de M. Charpentier, de
Valenciennes, qui dit que les faits que je mentionne dans ma Note sur le
régime des mineurs belges sont en pleine contradiction avec ses propres ob-
servations; s'il avait cette pensée, il a.très-bien fait de consulter M. Boisseau,
directeur d'un des charbonnages de Charleroi, qui ne fait que confirmer la
plupart de mes assertions, et n'est en désaccord avec moi que sur trois points
dont il sera facile de démontrer le peu d'importance dans la question qui noHS
occupe.
•> M. Boisseau a sans doute consulté ses souvenirs ; de mon côté , après
une première enquête, j'avais prié M. Henri Goffart, directeur des forges et
chaibonnages de Montceau et Sambre, de prendre des renseignements exacts;
il a entendu séparément un grand nombre d'ouvriers, et le régime que j'ai
indiqué n'est que le résultat de cette double et minutieuse enquête. Il était
C. R., l85o, a"" Semestre. (T XXXI, N" 3.) 5
C 26 )
impossible que l'un et l'autre de ces directeurs ne se rencontrassent pas sur
les points principaux,
>) Nous différons du Rapport de M. Boisseau, i° en ce que, selon lui , l'ou-
vrier prendrait chaque jour pour lo à i5 centimes d'eau-de-vie de ge-
nièvre; 2° qu'il boirait chaque jour i litre de bière; 3° qu'il apprêterait
deux ou trois fois par semaine ses légumes du soir avec de la viande de
porc, outre les repas de viande des dimanches sur lesquels nous sommes
d'accord.
» 1°. Les ouvriers que nous avons entendus ont déclaré qu'ils ne prenaient
dans la semaine ni bière, ni liqueur /erinentée. Mais, en admettant qu'ils
prissent de l'eau-de-vie de genièvre, cela n'ajouterait rien à la partie azotée
de la nourriture, et cette boisson agirait au contraire dans le même sens que
le café, en retardant l'expulsion des matières azotées, ainsi que le prouvent
les expériences de Boëker, et la faible consommation d'aliments que font les
ivrognes qui disent que le vin les nourrit. Ainsi, pas la moindre contradiction
entre mes conclusions et le fait contesté de l'usage constant et général de
leau-de-vie.
» 1°. Selon M. Boisseau , les ouvriers boiraient chaque jour i litre de bière.
Nous avons dit que ceux que nous avons entendus avaient déclaré qu'ils n'en
prenaient point dans la semaine, mais seulement le dimanche. Mais, quant
à ceux qui en useraient, ils ajouteraient o^'', 48 d'azote à leur régime, si leur
bière valait celle de Strasbourg analysée par M. Poinsot, d'après M. Payen,
page 475 de sa Chimie industrielle. Le demi-gramme d'azote ajouté au ré-
gime ne changerait en rien les conclusions de ma Note.
)i 3". Les ouvriers de notre enquête ont déclaré qu'il n'y avait que quelques
ouvriers privilégiés qui mangeassent de la viande un autre jour que le di-
manche. M. Boisseau avoue que les ouvriers ont des positions pécuniaires
très-variées qui ne leur permettent pas de suivre le même régime. Il est pos-
sible que ceux qu'il a consultés fussent dans ces positions privilégiées ; les
nôtres n'y étaient pas. Il n'en resterait pas moins acquis qu'un grand nombre
d'ouvriers vivent et travaillent en ne mangeant de la viande qu'une fois par
semaine; ce qui suffirait pour prouver ma thèse. Mais d'ailleurs nous diffé-
rons moins encore que l'on ne pense. En effet, il ne s'agit pas clans la se-
maine de viande de boucherie, mais seulement de lard employé trois fois
pour accommoder les légumes. Or, que l'on se serve de bière et de lard , on
n'ajoute presque rien aux principes azotés des aliments, et, par conséquent,
au chiffre énoncé pour le résultat du régime des mineurs de Charleroi.
» Aucune de ces différences n'infirme donc les conclusions de ma Note,
( ^7 )
et les deux enquêtes concordent sur tout le reste d'une manière remar-
quable.
» Telles sont les pleines contradictions qui ont si fortement ému l'auteur
de la Lettre de Valenciennes. Si, au lieu de juger mon travail par l'extrait
inséré dans un journal quotidien, il eût lu mes Notes originales, il aurait vu
d'abord que je ne conseille nullement l'abandon du régime animal, et que je
ne cite celui de Charleroi que comme une exception remarquable. Mais,
pour donner à chaque ouvrier 66 décagrammes de viande par jour, sans
compter le reste, comme aux ouvriers anglais du chemin de fer de Rouen, il
faudrait leur donner le même salaire el se charger de nourrir leur famille.
Il ne faut pas les blâmer d'avoir trouvé une autre solution.
» Qu'ensuite l'auteur de la Lettre trouve que le travail des mines altère la
santé, je n'y contredis point : mais là n'est pas la question. Il faudrait com-
parer la santé de ces ouvriers sous des régimes différents, et ne pas nous
dire que la vie des mineurs de Charleroi est plus longue que celle des mineurs
de Mons, de Liège et d'Anzin, parce qu'ils descendent à la mine dans des
couffats au lieu de descendre par des échelles. Le fait est que quand ils
viennent à Charleroi et qu'ils n'ont plus la fatigue des échelles, ils ne peu-
vent soutenir la tâche des ouvriers de Charleroi.
» Enfin , avant d'accuser mon travail d'être contradictoire avec les prin-
cipes de MM. Liebig et Magendie, il faudrait savoir ce que ces principes ont
de commun et d'opposé entre eux, et ne pas confondre celui qui s'appuie sur
les principes de M. Liebig et le soutient avec celui qui ies attaque et les
infirme. »
M. Arago fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son éloge histo-
lique de Carnot. [Voir au Bulletin bibliographique. )
« M.PiOBERT^ présente à l'Académie une Note imprimée contenant diverses
considérations émises depuis plusieurs années aux examens de l'École d'ap-
plication de l'Artillerie et du Génie , relativement à la forme la plus avan-
tageuse à donner aux triangles dans les levers. Cette question a été soulevée
de nouveau, et trois Mémoires ont été adressés récemment à l'Académie
sur ce sujet ; mais la discussion ne paraît porter que sur une solution unique ,
que Cagnoli (i) d'abord, et ensuite quelques auteurs modernes, ont cru
pouvoir déduire d'un théorème donné par Bouguer (2) pour le cas où l'on
(i) Trigonométrie; traduction de Chompré , 2*= édition. Paris, 1808, page 198.
(2) La Figure de la Terre. Paris, 1749» P^g^ ^7-
5..
(a8)
n'a qu'un seul côté à calculer; tandis qu'il existe des solutions variées, sui-
vant les conditions de minimum auxquelles on veut satisfaire. La présente
Note pourra jeter quelque lumière sur cette discussion, et dans l'examen de
ces divers Mémoires. »
Communication de M. Duperrev.
« M. NiCARD adresse à TAcadémie des Sciences , au nom de la famille de
M. de Blainville , la suite du texte et des planches de ÏOstéographie, dont
les premières livraisons avaient été précédemment offertes par M. de Blain-
ville, notre illustre et très-regrettable confrère. »
RAPPORTS.
ÉLECTROPHYSIOLOGIE. — Rapport sur les Mémoires relatifs aux phénomènes
électrophj'siologiques présentés à l'Académie par M. E. dd Rois-Rethono
(de Berlin).
- (Commissaires, MM. Magendie, Becquerel, Despretz, Rayer,
Pouillet rapporteur.)
« On peut distinguer dans l'électrophysiologie trois ordres de phéno-
mènes : ,
» 1°. Ceux qui se manifestent dans les poissons électriques;
» %°. Ceux qui résultent d'une cause extérieure connue, comme la
commotion due à l'étincelle, à la bouteille de Leyde, au courant de la
pile, etc;
» Nous les appellerons phénomènes des courants extérieurs;
n 3°. Ceux qui résultent de causes inconnues et dans lesquels on peut
constater cependant tous les caractères électri(jues ;
» Nous les appellerons phénomènes des courants organiques.
» Cette classification n'a rien de définitif; elle est évidemment transitoire,
nous ne l'employons que pour éviter la confusion. Quand les courants que
nous appelons ici courants organiques auront été mieux étudiés, quand leurs
causes, aujourd'hui inconnues ou très-imparfaitement connues, auront été
analysées ou seulement circonscrites avec plus de soin , il sera possible d'é-
tablir des distinctions rationnelles. Eu attendant, il ne peut y avoir aucun in-
convénient à les comprendre sous une dénomination commune, surtout en
faisant la réserve très-explicite que cette dénomination de courants orga-
niques ne préjuge rien sur la cause qui les produit; c'est l'expérience et la
( 29 )
discussion qui doivent apprendre si cette cause est organique ou inorga-
nique, si elle est intérieure ou extérieure, et dans ce dernier cas, les phé-
nomènes correspondants repasseraient parmi ceux du second ordre.
» On sait, au reste, que Nobili a employé l'expression de courant propre
de la grenouille; que M. Matteucci a employé celle de courant musculaire;
que M. du Bois-Reymond a employé celles de lois du courant musculaire ,
lois du courant nerveux, etc.
» Nous nous servirons aussi de ces expressions comme de Texpression
plus générale de courants organiques , qui les embrasse toutes; mais ce seia
toujours sous la réserve expresse que nous venons de faire ici dès le com-
mencement pour être dispensés de la reproduire à chaque occasion.
" Les Mémoires que M. du Bois-Reymond a présentés à l'Académie ne
se rapportent qu'indirectement aux poissons électriques; ainsi nous laisserons
de côté ces phénomènes pour nous occuper exclusivement des deux autres
branches de l'électrophysiologie.
§ I. —Phénomènes des courantt extérieurs.
» La commotion électrique est le premier phénomène qui ait manifesté
l'action de l'électricité sur les corps vivants. Les physiciens ne furent pas
longtemps à reconnaître que la commotion peut prendre tous* les degrés
d'énergie, qu'elle peut être assez forte pour tuer comme la foudre, ou assez-
faible pour donner des contractions ou des sensations à peine perceptibles.
La pile de Volta, suivant sa force, reproduisit tous les effets que Ton avait
obtenus, soit des corps simplement électrisés, soit des batteries les plus puis-
santes; pour reparaître sous une autre forme et dans des conditions diffé-
rentes, le phénomène n'en conservait pas moins toute sa complication pri-
mitive: seulement la science put espérer que, mise en possession de moyens
nouveaux , elle parviendrait un jour à pénétrer plus avant dans cette action
singulière, et qu'elle découvrirait enfin les modifications que les forces
électriques impriment aux forces organiques pour déterminer le mouvement
irrésistible et instantané qui constitue la commotion.
» Nous ne devons pas retracer ici l'historique de toutes les opinions qui
ont été émises sur ce sujet , ni même de toutes les expériences qui ont élé
tentées ; mais il importe de rappeler en peu de mots les faits principaux qui
rentrent dans les recherches que nous avons à examiner et qui tendent à les
éclairer.
» ^. l'origine du galvanisme, et en opérant sur la grenouille que nous ap-
pellerons galvanique, pour indiquer qu'elle est préparée à la manière de
( 3o ) . "
Galvani, Volta fut un des premiers qui saisit dans les conlractions (juelques
faits importants; savoir :
» 1°. Que la contraction est presque certaine par le courant direct, c'est-
à-dire par celui qui traverse les nerfs dans le sens de leur ramification, et
qu'elle n'a presque jamais lieu par le courant inverse, c'est-à-dire par celui
qui, traversant les nerfs en sens contraire de leur ramification, se propage
vers la colonne vertébrale;
» 2°. Que la contraction qui se manifeste au premier instant du passage
du courant cesse d'avoir lieu pendant que le courant continue avec la même
intensité, et que, quelquefois, elle se manifeste au moment où, le circuit
étant rompu, le courant cesse de passer;
j> 3°.. Que la grenouille galvanique devient toujours insensible au cou-
rant, soit direct, soit inverse, qui l'a traversée pendant vingt-cinq ou trente
minutes; mais qu'elle reste Irès-sensible au courant contraire, et qu'elle
peut aussi recouvrer sa sensibilité si , au lieu d être soumise au courant
contraire, elle est abandonnée au repos pendant quelques instants : de là le
nom à^ alternatives voltianes ou d'alternatives voltaïques, donné à ce phé-
nomène.
" En i8oo, M. Le Hot reconnut que si le courant direct détermine la
contraction- au moment où il s'établit , c'est au courant inverse qu'il appar-
tient de la donner au moment où l'on supprime les communications pour
rompre le circuit; qu'il en est de même de la saveur qui résulte d'un seul
élément, c'est-à-dire qu'elle se manifeste à \a. fermeture du circuit si le cou-
rant va de la langue au métal, et lors de sa rupture û le courant va au con-
traire du métal à la langue.
» En i8i6, M. Bellingeri , en confirmant les résultats relatifs aux contrac-
tions, y ajoute cette circonstance importante déjà entrevue par Pfaff, Crève
et quelques autres physiciens, savoir : que les contractions se produisent avec
la même régularité et la même force lorsque , au lieu de faire passer le cou-
rant direct du nerf au muscle et le courant inverse du muscle au nerf, on se
borne à faire passer ces courants dans une certaine longueur du nerf seul
après l'avoir isolé; s'il s'agit du courant direct, il se propage alors de l'ex-
trémité du nerf la plus voisine de la colonne vertébrale à l'extrémité la plus
voisine du muscle; s'il s'agit du courant inverse, son fil positif au contraire
est mis en contact avec la portion du nerf la plus voisine du muscle, et son
fil négatif en contact avec la portion la plus rapprochée des vertèbres.
" En 1827, M. Marianini, par des expériences ingénieusement dirigées,
avait été conduit à énoncer cette proposition : que le courant direct déter-
(3. ) • -
mine une contraction au moment où il s'étaJjUt et une sensation au moment
où il cesse, et que le courant inverse produit dans un ordre inverse ces deux
phénomènes de contraction et de sensation ; mais, jusqu'à présent, les expé-
riences des autres physiciens ne paraissent pas confirmer cette loi dans toute
sa rigueur. Il est difficile de remplir toutes les conditions qui sont nécessaires
à la constance des résultats.
» En 1829, Nobili a constaté que les grenouilles galvaniques, douées d'une
grande vigueur, éprouvent des contractions à peu près égales au moment
de la fermeture du circuit, soit que le courant soit direct ou inverse, et
que c'est seulement quand elles ont été un peu affaiblies que la loi observée
par M. Ijc Hot se manifeste avec régularité. Il a constaté un second fait
fondamental : c'est qu'en agissant sur les nerfs seuls et isolés, au moyen de
l'un et l'autre courant direct ou inverse, pourvu qu'il ait une certaine in-
tensité, on peut déterminer des contractions tétaniques ou un tétanos élec-
trique analogue peut-être, quant à l'effet, au tétanos ordinaire , sous la seule
condition d'établir et de rompre le circuit, coup sur coup, à des périodes
assez rapprochées; d'où il résulte, comme il le dit, « que le courant con-
" tinu tend à hébéter les nerfs, et le courant discontinu à les exciter. »
" En i844» MM. Longet et Matteucci, en isolant la racine antérieure
des ners rachidiens, sur le cheval, le chien, le lapin et la grenouille, pour
en soumettre la plus grande longueur possible au courant direct et au cou-
rant inverse, annoncent que les résultats qu'ils ont obtenus sont exactement
opposés à ceux que donnent les nerfs mixtes, c'est-à-dire que dans la racine
spinale antérieure , les contractions n'ont lieu qu'au commencement du cou-
rant inverse et à la ruptnre du courant direct.
>• En 18445 M. Matteucci avait conclu d'abord de quelques expériences
intéressantes, que sous l'influence du courant direct un nerf perd plus tôt la
sensibilité que sous l'influence du courant inverse de même force ; revenant
plus tard, en 1846, sur ce premier résultat, et après y avoir appliqué des
méthodes mécaniques d'expérimentation que nous n'avons pas à examiner,
il est conduit à cette proposition générale :
" Que le courant électrique circulant dans les nerfs mixtes d'un animal
" vivant ou récemment tué fait varier l'excitabilité de ce nerf; si le cou-
" rant est direct, l'excitabilité est diminuée et détruite, tandis que cette
» excitabilité est conservée et augmentée par le passage du courant inverse. »
•> En 1847, ^- Matteucci, continuant ses expériences sur les actions com-
parées du courant direct et du courant inverse, donne pour conséquence de
ses dernières recherches, ce résultat digne d'attention, savoir: qu'en sépa-
( 30
rant les deux membres de la grenouille galvanique et en les disposant de telle
sorte, que le nerf de l'un soit traversé par le courant direct et celui de
I autre par le courant inverse fourni par une pile de Faraday de i5 à
20 éléments, le premier devient insensible, conformément à l'observation
de Volta, après vingt-cinq ou trente minutes; alors si l'on continue à faire
passer encore le courant pendant quelques minutes , pour rompre ensuite
le circuit, il arrive qu'au moment de la rupture le membre qui était tra-
versé par le courant inverse, au lieu d'être insensible, entre à l'instant dans
une contraction tétanique qui est suspendue si l'on fait passer de nouveau
le courant dans le même sens , mais qui persiste pendant plusieurs minutes
si l'on maintient la rupture du circuit.
;> Telle est la série des résultats qui semblent les plus importants pour ce
qui regarde l'action de l'électricité extérieure sur la nature organique. Nous
ne voulons pas dire qu'ils sont tous incontestables, car il y en a qui pa-
raissent contradictoires; mais plusieurs reposent sur des expériences dont
l'exactitude a été vérifiée par divers observateurs. Quant aux autres, des re-
cherches ultérieures ne manqueront pas de les confirmer ou de les réduire
à ce qu'ils ont d'essentiellement vrai.
» Il était nécessaire de rapprocher ces faits sans lesquels on ne pourrait
pas se rendre compte de ceux qui se rapportent à ce que nous avons appelé
les courants organiques et dont nous allons maintenant nous occuper.
§ II. — Phénomèes des courants organiques.
1) Tout le monde connaît aujourd'hui le nom de Galvani et le nom de
Volta; tout le monde sait aussi la discussion mémorable soulevée, il y a plus
d'un demi-siècle, entre ces deux illustres fondateurs de la science qui est de-
venue l'électromagnétisme.
>' La question était celle-ci : les contractions de la grenouille galvanique
sont-elles dues à une électricité propre ou à une électricité extérieure et
étrangère? Galvani soutenait l'électricité propre, Volta soutenait l'électricité
étrangère; et, chose admirable, bien faite pour donner de la prudence et
de la réserve à ceux qui cherchent la vérité, même à ceux qui la cherchent
avec l'esprit le plus pénétrant, et la conviction la plus vive, ces deux opi-
nions, en apparence exclusives et contradictoires, n'étaient probablement
l'une et l'autre qu'un mélange d'erreur et de vérité.
» Dans certains cas, la contraction résulte d'une électricité étrangère
comme le voulait Volta; mais cette électricité n'a pas la source qu'il lui
assignait. Dans d'autres cas, la contraction résulte peut-être d'une électricité
( 33 )
propre, couiinc le voulait Galvani; mais la source en reste inconnue, et
nous verrons plus loin li?s notions que l'on a lecueillies à cet égard.
n Cependant l'opinion de Volta prévalut pendant de longues années; ou
ne s'étonnera pas dans l'avenir qu'en présence de la pile vollaïque et de ses
effets, l'opinion de GalvanL, jusque-là stérile, ait été négligée, qu'elle soit
tombée dans l'abandon et presque dans l'oubli; son temps n'était pas venu,
non-seulement elle ne s'était donnée force et ajjpui par aucune découverte,
mais elle avait été maintenue dans l'impuissance de justifier elle-même sa
prétention en produisant ses preuves.
» Il fallait pour cela que l'action électromagnétique fût connue, que le
multiplicateur fût inventé et qu'il fût ensuite perfectionné par le principe
de compensation.
» Alors Nobili , l'auteur de ce perfectionnement ingénieux qui donne au
galvanomètre une sensibilité comparable à la sensibilité organique, eut à
peine achevé son nouvel appareil, qu'il en fit une application des plus
heureuses.
>' Il voulut savoir si son galvanomètre, plus fidèle dans ses impressions
que la grenouille galvanique elle-même, serait aussi mobile pour accuser la
présence des forces électriques les plus faibles. C'est dans cette comparai-
son de deux appareils , d'une structure si dissemblable, soumis cependant à
une loi commune, s'agitant l'un et l'autre sous l'influence du même moteur,
que Nobili constata un fait nouveau qui devait faire revivre l'opinion de
Galvani.
» Le Mémoire de Nobili est daté de Reggio, le 3 novembre 1827, il fut
bientôt suivi d'un autre portant la date du 1" novembre 1829; ces deux
Mémoires doivent être comptés parmi les plus remarquables qui aient paru
sur ce sujet, tant par les vérités nouvelles qu'ils contiennent, que par la pré-
cision avec laquelle elles sont exposées. Sans en faire une analyse complète,
nous en tirerons les faits généraux qui suivent : tu rjf r,!
» 1°. La grenouille galvanique a un courant propre dirigé des muscles
aux nerfs ou des pieds à la tête;
» 2°- En disposant à la suite l'une de l'autre, dans le même ordre, plu-
sieurs grenouilles galvaniques, on obtient une pile dont la tension va crois-
sant avec le nombre des éléments, comme le démontrent les déviations
croissantes de l'aiguille du galvanomètre;
» 3". On constate la présence des faibles courants étrangers et leur di-
rection en les faisant passer seulement par une portion Ubre du nerf de la
grenouille; les contractions qu'elle éprouve accusent le courant direct ou
C. R., f85o, a>»« Semestre. (T. XXXI, K» 5.) 6 .
(34)
inverse, suivant qu'elles ont lieu à la rupture ou à la fermeture du circuit.
» Nous rappelons cette dernière observation pour faire voir avec quel
soin Nobili avait lui-même indiqué l'usafre de la grenouille que M. Mat-
teucci a appelée plus tard grenouille galvanoscopique , après en avoir per-
fectionné la préparation, et que M. du Bois-Reymond appelle ensuite gre-
nouille rhéoscopique. Nous préférons cette dernière dénomination , parce
qu'elle se confond moins avec celle de grenouille galvanique que nous avons
adoptée pour désigner la grenouille préparée à la manière de Galvani.
» Après ces recherches d'tin si haut intérêt, dues à la rare sagacité de
Nobili, viennent dans l'ordre des dates celles de M. Matteucci, qui se sont
portées en même temps et sur le sujet qui nous occupe et sur les poissons
électriques; mais, comme nous l'avons déjà indiqué, nous n'avons pas ici à
nous occuper de ces dernières.
» M. Matteucci, dans une période de dix années, à partir de i838, a pu-
blié dans divers recueils un grand nombre de Mémoires où l'on remarque
de louables et persévérants efforts pour arriver enfin à des conclusions géné-
rales sur les phénomènes d'électricité propre qui se manifestent dans les
animaux à sang chaud et à sang froid.
» Il a le double mérite d'avoir institué à cet égard une foule d'expériences
qui seront consultées avec intérêt, et d'avoir contribué grandement à attirer
l'attention sur ces phénomènes remarquables. Parmi les conclusions diverses
qu'il a formulées comme conséquence de ses travaux et qui sont plus parti-
culièrement rapportées dans ses Mémoires de 1841, 1842, i843, et dans
son Traité des phénomènes électrophysiologiques publié en i844> il y en a
deux surtout qui semblent être l'expression la plus fidèle des faits nouveaux
auxquels il a été conduit, savoir:
» 1". Que dans tous les animaux à sang froid et à sang chauJ , ou vivants
ou récemment privés de la vie, il y a uu courant électrique musculaire
dirigé dans le muscle lui-même, de son intérieur à sa surface;
» 2°. Que la grenouille rhéoscopique entre en contraction lorsque son
nerf est mis en contact avec le muscle d'une autre grenouille ou avec celui
d'un lapin, et que l'on détermine dans le muscle dont il s'agit une contrac-
tion prononcée, soit à l'aide d'un courant extérieur, soit par des actions
mécaniques.
» C'est ce dernier phénomène qui a reçu plus tard le nom de phénomène
de la contraction induite.
> '» Mais la première de ces propositions soulève immédiatement la ques-
tion de savoir si le courant musculaire de M. Matteucci est autre chose que-
(35)
le courant propre découvert par Nobili; après des efforts réitérés, il ne pa-
raît pas que M. Matteucci soit parvenu à établir entre ces deux courants
des caractères distinctifs parfaitement définis.
» Pour ce qui regarde la seconde proposition, celle de la contraction
induite, elle constate un fait nouveau et important, mais il paraît regret-
table que M. Matteucci n'ait pas accepté la conséquence qui lui avait été
suggérée à ce sujet par notre confrère M. Becquerel, et que M. Matteucci
a pris soin de consigner lui-même à la suite de son Mémoire {Annales de
Chimie et de Physique, 3* série, tome VI, page 39). Celte idée aurait sans
doute conduit M. Matteucci à des observations plus fécondes que les dis-
cussions auxquelles il s'est livré pour expliquer la contraction induite.
» Nous arrivons enfin aux recherches de M. du Bois-Reymond qui com-
mencent au mois de janvier i843 {Annales de Poggendorjf) , et qui se sont
continuées avec succès jusqu'aux dernières communications qu'il vient de
faire à l'Académie.
» Nous essayerons aussi, en ce qui le regarde, de résumer les principales
propositions auxquelles il est parvenu par diverses séries d'expériences, qui,
si nous en jugeons par celles qui ont été faites sous nos yeux , portent au
plus haut degré le caractère de précision que peut leur donner l'habileté du
physicien, jointe à l'habileté du physiologiste.
» Nous espérons n'avoir rien négligé d'essentiel en présentant sous la
forme suivante les lois établies par M. du Bois-Reymond :
n 1°. Les nerfs, après leur section et pendant leur vitalité, c'est-à-dire
pendant tout le temps qu'ils sont aptes à exciter des contractions muscu-
laires ou à transmettre des impressions, donnent naissance à un courant qui
est sensible au galvanomètre, et qui, hors du nerf, est dirigé de la surface
ou de la section longitudinale à la section transversale.
» L'intensité de ce courant est dépendante de la position et de la distance
des points par lesquels le nerf est introduit dans le circuit du galvanomètre :
elle est nulle quand ces points sont symétriques par rapport à Yéquateur du
tronçon nerveux, considéré comme cylindrique; elle est maximum, au
contraire, quand l'un des points de contact étant sur l'équateur, l'autre se
trouve au centre de l'une des bases du cylindre, c'est-à-dire au centre des
sections transversales.
» 2°. Les muscles de tous les animaux , pendant tout le temps qu'ils sont
aptes à se contracter sous des influences quelconques, manifestent un cou-
rant analogue à celui des nerfs et soumis aux mêmes lois, tant pour la direc-
tion que pour l'intensité.
6.,
(36)
>' Sur quoi il faut remarquer que certains muscles, tels, par exemple,
que le gastrocnémien et le triceps de la grenouille, offrent des sections trans-
versales naturelles, là où les faisceaux musculaires vont aboutir au tendon,
les aponévroses musculaires n'étant alors que des revêtements de ces sections
transversales naturelles.
» 3°. En comparant les divers muscles entre eux , on observe que le.courant
est d'autant plus intense que le muscle est destiné à exercer une action mé-
canique plus grande, soit que cette action doive être volontaire ou involon-
taire: ainsi les faisceaux du cœur, qui ne sont pas soumis à l'empire de la
volonté, manifestent un courant énergique comme les muscles destinés à la
vie de relation, qui tous sont faits pour obéir à la volonté; tandis que les
faisceaux musculaires des intestins montrent un courant très-faible comme
n'ayant à exercer (|ue de faibles actions mécaniques.
» 4°- Lorsqu'on observe au galvanomètre le courant produit par le
muscle gastrocnémien d'ime grenouille, et que, par un moyen extérieur
quelconque, électrique ou non électrique, on détermine dans le muscle des
contractions répétées, on voit qu'à l'instiint l'intensité du courant ordinaire
et naturel auquel il avait donné naissance éprouve une diminution d'intensité
des plus remarquables.
» Il en résulte que la contraction musculaire, quelle qu'en puisse éti*e la
cause, ne s'accomplit pas sans qu'il survienne un changement considérable
dans la circulation électrique intérieure.
" La grenouille rhéoscopique, mise en contact par son nerf et sous les
cowditions requises, avec ce muscle tétanisé, éprouve elle-même des con-
tractions correspondantes qui résultent de ces diminutions d'intensité; on la
voit s'agiter convulsivement si le muscle avec lequel son nerf est mis en
contact est lui-même dans un état de convulsion, et si, au contraire, les
contractions de ce muscle sont espacées et successives, la grenouille rliéosco-
pique les compte en quelque sorte et les mesure par ses mouvements
espacés et successifs, toujours correspondants.
1) Ce fait fondamental donne une explication directe de la contraction
induite de M. Matteucci.
n fia grenouille rhéoscopique, qui a seulement son nerf introduit dans le
circuit, présente les mêmes phénomènes.
>** 5°. f/orsqu'on observe au galvanomètre le courant produit par un
tronçon nerveux qui n'entre, par exemple, dans le circuit qiiu par la
moitié de sa longueur, touchant d'un côté par sa section transversale, et
de l'autre par les points de son équateur, et que l'on vient exercer des
( ^7 )
actions diverses sur l'exlrémité de la moitié libre qui est en dehors du cir-
OBiit, on voit qu'à l'instant le courant ordinaire et naturel auquel il avait
donné naissance éprouve une diminution d'intensité , analogue à celle qui se
montre dans le muscle à l'instant de la contraction.
» IjCS actions que ion exerce sur l'extrémité libre du tronçon nerveux
peuvent être, soit un courant direct ou inverse, soit une cautérisation, soit
-une intoxication, soit un froissement mécanique.
» U en résulte que les actions locales qui se transmettraient, soit au
muscle, soit au centre nerveux, si le nerf n'était pas détaché de l'un et do
l'autre, semblent efficaces pour modifier l'état électrique du nerf dans les
portions mêmes qui n'en sont pas directement affectées.
» 6". Après avoir coupé, à la hauteur du bassin, l'un des nerfs sciati-
qnes d'une grenouille entière et vivante, on la dispose de telle sorte, que,
par chacune de ses extrémités inférieures, elle entre dans le circuit du {;al-
vanomètre et le ferme, aucun phénomène électrique n'apparaît. On fait
absorber en haut l'azotate de strychnine, le tétanos se manifeste, et se ma-
nifeste seulement dans le membre inférieur dont le nerf n'a pas été coupé;
à l'instant l'aiguille du galvanomètre accuse un courant qui est, en dehors,
dirigé du membre contracté à celui qui ne lest pas, et (jui est par consé-
quent un coiirant direct dans le membre contracté.
» Tel est l'aperçu que nous pouvons donner ici des principaux résultats
de M. du Bois-Reymond. ■- » ..
" Chacune de ces propositions n'est, comme nous l'avons dit , que l'é-
noncé général d'un grand nombre d'expériences comparatives exécutées et
coordonnées avec soin. M. du Bois-Reymond a répété devant nous toutes
celles de ces expériences qui nous ont paru les plus capitales, et il s'est em-
pressé d'y introduire, selon nos désirs, toutes les modifications qui nous
sont venues à l'esprit.
>' On comprendra sans peine tout ce qn'il a fallu de zèle, de sagacité, de
profondes méditations pour pénétrer aussi avant dans un sujet presque neuf,
où il fallait en quelque sorte créer les moyens d'observalions, les procédés
d'expérience et les expériences elles-mêmes.
» iM. du Bois-Reymond avait pour point de départ les résultats de
Nobili et ceux de M. Matleucci, antérieurs à i843, et que nous avons rap-
portés pliis haut. D'après cela, on peut se faire une idée des progrès consi-
dérables qu'il a fait faire à cette partie naissante de l'électrophysiologie et
en même temps de l'excellente direction expérimentale qu'il lui a imprimée.
n Jusqu'ici nous ayons restreint les travaux de M. du Bois -Raymond
( 38 )
exclusivement aux expériences qu'il a faites sur les animaux et aux lois qu'il
en a déduites; mais nous avons à parler encore d'une autre observation qui
mérite une attention particulière.
» Tout le monde comprend que nous voulons parler du courant qui
semble se manifester dans le corps humain, doué de toute la plénitude de
la vie, au moment où l'on contracte les muscles du bras par la puissance
de la volonté. .
» Ce fait nouveau, découvert par' M. du Bois-Reymond , n'est ni moins
positif, ni moins bien constaté que les précédents; ajoutons, de plus, qu'il
n'est pas moins général, en ce sens, que la première personne venue, quand
on lui aura expliqué comment elle doit s'y prendre, produira sans aucun
doute une déviation plus ou moins marquée sur l'aiguille du galvanomètre ;
toutefois l'intensité de l'effet paraît dépendre sinon de la puissance de la
volonté, du moins de l'intensité de la contraction (t).
» Nous donnons à ce fait une place à part pour deux motifs : parce qu'il
soulève une grande question et parce qu'il a été l'objet principal des com-
munications que M. du Bois-Reymond a faites à l'Académie. Dans sa pre-
mière Note, on lit, en effet, ces paroles : « L'objet de cette Note est de faire
» connaître à l'Académie la série des expériences qui a fini par me conduire
» à la découverte du développement d'un courant électrique dans les
« muscles d'un homme vivant à l'instant de la contraction. »
» La grande question que le fait soulève est donc celle-ci : Dans l'homme
vivant se développe-t-il, en effet, un courant électrique dans les muscles
à l'instant de la contraction?
» Nous venons de dire que la production d'un courant n'est plus contes-
table, que ce courant est démontré par le galvanomètre avec non moins
d'évidence que ceux qui se manifestent quand, sous les conditions requises,
on introduit des muscles ou des nerfs dans le circuit. C'est déjà un point
fondamental, mais ce n'est pas tout; il reste à savoir si ce courant, dont le
galvanomètre accuse la présence , est, en effet, développé dans les muscles,
et s'il est le résultat nécessaire de leur contraction.
(i) Dans une de nos séances, l'un des Commissaires (M. Becquerel) a désiré que l'expé-
ïience fût tentée de la manière suivante, savoir : que le bras fût contracté hors du circuit et
que, vingt ou trente secondes après la fin de la contraction, les deux bras fussent introduits
dans le circuit, sans contraction nouvelle. Alors l'aiguille du galvanomètre a encore éprouvé
une déviation dans le sens ordinaire, mais moins grande que si le bras eût été actuellement
contracté. Ce fait semble indiquer que si le courant se manifeste au moment où la contraction
eommence, il ne cesse pas cependant au moment où la contraction cesse.
(39)
» Or, il y a là ample matière à controverse; nous n'avons pas l'espérance
de trancher la question, nous essayerons seulement de la discuter et d'en
marquer les éléments douteux.
» Pour simplifier cet examen, pour marcher par degré des phénomènes
les plus simples aux phénomènes les plus compliqués, nous devons com-
mencer par jeter un coup d'œil sur les courants organiques en général,
afin de démêler, autant que nous le pourrons, ce qu'il y a de connu et
d'inconnu dans leur origine et dans leur cause.
)• Nous avons rappelé que le courant propre de la grenouille avait été
soutenu par Galvani et combattu par Volta. On était d'accord sur le fait, on
admettait de part et d'autre la contraction simple de la grenouille , c'est-à-
dire celle qui se produit au contact du nerf et de certains points du muscle;
mais, tandis que Galvani donnait ce fait comme une preuve du courant
propre , Volta l'expliquait par l'hétérogénéité des éléments mis en contact
et par \a force électromotrice qui , dans sa théorie, devait en être la consé-
quence.
» Cependant les progrès de la science, surtout depuis la découverte de
l'électromagnétisme, ont peu à peu mis en lumière une force nouvelle, soup-
çonnée autrefois par Fabroni et par d'autres physiciens, qui est capable aussi
de développer de l'électricité et de faire naître des courants; cette force est
Vactisn chimique. Aussitôt que son efficacité a été bien reconnue , il est
arrivé qu'elle a fait invasion dans le vaste domaine que le génie de Volta
avait attribué à la force électromotrice, et que, de proche en proche, elle
en a pris possession en véritable souveraine.
>> La force électromotrice, telle du moins qu'on l'admettait d'abord, a
donc disparu à peu près complètement, et avec elle a disparu aussi l'expli-
cation que Volta avait donnée de la contraction simple de Galvani.
» Mais en scrutant à son tour l'action chimique elle-même, arrive-t-on à
cette conclusion : Qu'elle est la seule cause capable de produire des courants
électriques? Cette question est depuis longtemps résolue , et résolue néga-
tivement. En laissant de côté l'électricité ordinaire développée par le frot-
tement et la pression, il y a deux grandes classes de phénomènes qui
échappent évidemment à l'action chimique, savoir: les phénomènes élec-
triques que présentent les cristaux analogues à la tourmaline , et les phéna-
raèues thermo-électriques.
» Ija science, au point où elle est arrivée, pourrait-elle affirmer qu'elle a
fait le dénombrement rigoureux et sans appel de toutes les causes diverses
( 4o )
qui doaaent naissance à un développement d'électricité; pourrait-elle affir-
mer que tout courant électrique procède essentiellement de l'une des origines
qui sont aujourJ'liui connues et constatées? Nous ne le pensons pas. Sur quoi
porterait, en effet, un tel jugement? Les causes actuelles sont diverses et
restent sans explications; nous savons qu'elles sont efficaces, mais nous ne
savons pas pourquoi elles sont efficaces; nous présumons qu'il y a entre elles
une certaine dépendance, mais nous ne savons ni en quoi elle consiste, ni
même en quoi elle peut consister; nous sommes frappés de leur diversité,
mais nous ignorons jusqu'au principe qui doit sans doute les enchaîner l'une
à l'autre. Or, dans cette ignorance presque absolue, comment pourrions-
nous affirmer que ce principe primitif ne se manifestera jamais sous des
formes nouvelles et avec des apparences qui nous auraient échappé jusqu à
ce jour.
» Nos efforts doivent donc avoir un double but : distinguer les phéno-
mènes analogues et rechercher leurs lois pour marquer, autant que nous le
pourrons, le caractère de la cause qui les produit; chercher des phéno-
mènes nouveaux pour découvrir des causes nouvelles ou pour pénétrer plus
profondément dans la connaissance des causes connues.
» Le phénomène que nous avons rapporté plus haut, si habilement ob-
servé par Nobili, bien qu'il ne soit pas nouveau à tous égards, n'en con-
stitue pas moins, sous ce rapport, une découverte des plus importantes.
n Premièrement parce qu'il fait connaître, pour la première fois, ce fait
fondamental, que la grenouille galvanique donne un courant capable de
dévier l'aiguille aimantée, courant régulier, d'une direction constante et dé-
pendant de la sensibilité organique, dans ce sens, du moins, qu'il en suit
ou qu'il en marque toutes les phases, s'accroissant quaud elle s'accroît, et
s'éteignant quand elle s'éteint.
» Secondement parce que la cause d'un tel courant, au lieu de ressortir
avec évidence du mode d'expérimentation, semble se cacher dans les pro-
fondeurs de la nature organique elle-même.
.. En effet, Nobili a indiqué en passant que le courant propre pourrait
bien avoir une origine thermo-électrique, mais il ne l'a pas démontré, et, il
faut le dire, aucun physicien n'a essayé de le démontrer, tant les analogies
semblent peu favorables à cette opinion.
» Après Nobili, on a pensé que le courant propre devait son origine à
des actions chimiques; mais, jusqu'à présent, cette opinion ne paraît pas
avoir reçu une justification complète. L'action chimique a son critérium in-
r ^' )
faillible; quand on l'invoque, on est tenn démontrer snr qnoi elle s'exerce»
et ce qu'elle fait. Or, dans le sujet qui nous occupe, personne n'a signalé ni
les éléments qui se combinent , ni les produits qui se forment.
11 II y a même sur ce point une distinction nécessaire : si le courant
propre est le résultat d'une action chimique, n'est-il pas important de savoir
si c'est une action chimique intérieure ou extérieure? C'est-à-dire, si c'est
une simple réaction de^^ éléments organiques constitutifs les uns sur les
antres, sans influence ni concours d'aucun agent pondérable étranger, ou si
c'est une.aciion exercée sur le corps organique par les milieux extérieurs
qui sont en contact avec lui. ,
" Dans ce dernier cas, la grenouille galvanique, ou le corps organisé en
général , serait simplement analogue à un couple zinc et cuivre qui ne pos-
sède pas en lui-même la puissance de développer de l'électricité , et qui
doit, pour recevoir cette puissance, être mis en contact avec un acide ou
un autre milieu conducteur capable de se combiner avec lui.
» Dans le premier c'as , au contraire , le corps organisé posséderait par
lui-même la puissance de faire naître des courants; il la posséderait, soit
par sa nature, soit par sa structure, soit par la réaction chimique de ses
éléments propres et constitutifs.
» C'est ainsi que nous sommes forcément ramenés au débat primitif qui
eut lieu entre Galvani etVolta; le terrain n'est plus le même, les arguments
et les preuves ont changé de caractère, mais au fond c'est la même pensée.
» Il faut remarquer, de plus, que celte distinction ne s'applique pas
seulement aux phénomènes qui nous occupent ici, mais qu'elle s'applique
encore aux poissons électriques eux-mêmes, c'est-à-dire, en général, à tous
les phénomènes électrophysiologiques qui ne sont pas le résultat évident
d'une électricité dont la source est au dehors, et que l'on fait artificielle-
inent passer dans les corps organisés.
» L'électrophysiologie est à peine naissante, elle touche à des phéao-
mènes infiniment complexes qui semblent être l'un des liens qui unissent 'a
nature inorganique avec la nature organique, elle ne peut pas avoir moins
que les autres sciences expérimentales l'obligation impérieuse d'explorer,
avec les soins les plus méthodiques et les plus réfléchis, le terrain sur lequel
elle se propose d'édifier.
" C'est pour cela que nous insistons sur cette première et vieille ques-
tion : les courants qui se manifestent dans les tissus à l'état de vie ou de
survie ont-ils une cause extérieure ou intérieure, une cause connue ou in-
connue?
C. K., i85o, a"»' Semestre. {T. XXXI, M" 3 )
(40
» Il est à regretter que cette question n'ait pas été abordée d'une manière
explicite par les expérimentateurs dont nous avons rapporté Içs résultats ;
ils auraient sans doute imaginé des expériences allant droit au but et propres
à lever tous les doutes.
» Voici cependant ce que nous pouvons tin-r de leurs expériences, bien
qu'elles n'aient pas été faites à cette fin.
>■ M. Matteucci, poursuivant l'idée de Nobili, et la perfectionnant, a con-
struit des piles par la simple juxtaposition des éléments organiques entre eux,
sans aucun intermédiaire, les deux éléments extrêmes étant seuls en contact
avec des liquides conducteurs ; or les déviations produites par ces piles
semblent indiquer que si les couranls étaient dus à une action chimique
extérieure, il faudrait que, quand les éléments organiques se touchent entre
eux, l'action chimique fût la même que quand ils touchent le liquide con-
ducteur, qui est d'une nature si différente.
» M. du Bois-Reymond ayant démontré que les nerfs donnent aussi nais-
sance à des courants dont il a établi les lois , il faudrait que l'action du
liquide conducteur avec lequel il les met en contact fût la même sur la
substance des nerfs que sur la substance des muscles; et, comme d'ailleurs on
peut faire des piles avec les nerfs comme avec les muscles, il faudrait de
plus que les sections transversales et longitudinales des nerfs eussent entre
elles une action chimique pareille à celle qu'elles exercent sur le liquide
conducteur.
» Nous regrettons de n'avoir pas demandé à M. du Bois-Reymond de
faire sous nos yeux l'expérience suivante que probablement il a eu occasion
de faire dans le cours de ses recherches : un nerf sur lequel on a fait une
ligature conserve encore une conductibilité suffisante, on peut l'introduire
dans le circuit du galvanomètre de deux manières, soit en y comprenant
la ligature elle-même, soit en la laissant en dehors, mais toujours en rem*
plissant la condition qu'il touche d'un côté par sa section transversale et de
l'autre par sa section longitudinale; or, s'il arrive que dans le premier cas
il ne donne rien, et que dans le second cas il donne son courant ordinaire,
il paraîtrait difficile d attribuer le courant à une action chimique extérieure,
car l'on serait sans doute fort embarrassé d'expliquer alors pourquoi elle
s'exerce dans le second cas et ne s'exerce pas dans le premier.
>' Beaucoup d'autres expériences peuvent être tentées dans la même
voie.
' Dans l'état actuel des choses, la Commission n'a pas été iinaniinc pour
tirer une conclusion définitive; elle se borne à dire seulement que l'en-
(43 )
semble des phénomènes porte à regarder comme extrêmement probable que
ces courants organiques ne sont pas l'effet (i'une action chimique extérieure,
mais il serait bon d'eu donner des preuves plus incontestables que celles
qui ont été produites jusqu'à ce jour.
» En supposant cette première question résolue dans le sens où elle
semble devoir l'être, il s'en présente une seconde qui n'est pas éventuelle
pour tout le monde, et qui a déjà été l'objet de beaucoup de discussions,
c'est celle-ci : les courants dont il s'agit tirent-ils leur origine d'une action
chimique intérieure, ou de la nature même et de la structure des tissus
soumis à des forces particulières.''
» Rien n'est plus évident que la variété prodigieuse des phénomènes chi-
miques qui s'accomplissent dans un être organisé à chacun des instants de
son existence. Parmi ces phénomènes il y en a qui cessent immédiatement
avec la vie, il y en a d'autres qui persistent sous 1 influence de forces dont
nous sommes loin d'^ivoir une parfaite connaissance; ceux-ci, considérés
comme simples phénomènes chimiques, donnent-ils la raison pleine et
entière soit de la contractilité qui reste aux muscles, soit de la sensibilité
qui reste aux nerfs, soit des autres propriétés qui survivent encore, pendant
un temps plus ou moins long, suivant le rang que les animaux occupent
dans l'échelle des êtres.
» Il nous semble qu'en répondant affirmativement et qu'en acceptant cette
explication comme suffisante, on ferait descendre au rang des causes occultes
et insaisissables l'action chimique qui est si nette et si précise, on lui ferait
perdre son caractère essentiel qu'elle tient exclusivement de l'analyse posi-
tive de ses effets.
n Mais si l'on ne peut pas dire aujourd'hui que les actions chimiques qui
succèdent à la vie rendent compte de toutes les propriétés organiques per-'
' sistautes, peut-on dire au moins qu'elles expliquent les phénomènes élec-
triques qui se manifestent au galvanomètre, et qui vont en s'affaiblissant avec
les restes de la vitalité? Sur ne point, les opinions sont partagées : personne,
sans doute, ne conteste que les actions chimiques dont il s'agit ne doivent
être accompagnées d'un dégagement d'électricité; mais les uns, se contentant
de cette appréciation générale, regardent comme très-probable, sinon comme
certain, que cette électricité est la cause des courants organiques; les autres
y font plus de difficultés, ils restent en suspens, ils attendent que ces
actions chimiques aient été étudiées et analysées de plus près, et, en atten-
dant , iU doutent plus ou moins que l'on parvienne par cette voie à expliquer
7-'
( 44 )
complètement la direction , l'intensité et tous les autres caractères des cou-
rants organiques.
» Il y a donc là une seconde question à résoudre, question géuénifc
dans laquelle il ne faut pas perdre de vue qu'il n'y a pas seulement à cher-
cher la ciiuse des courants que l'on observe dans les nerfs et dans 1rs
muscles, mais qui! y a en outre deux phénomènes à expliquer, savoir :
l'affaiblissement intermittent qu'éprouve le courant musculaire pendant la
contraction du muscle, et la modification qu'éprouve le courant nerveux
pendant l'excitation du nerf.
>' Nous devons, de plus, faire une remarque d'une autre nature: les lois
données par M. du Bois-Reymond se rapportent, en {jénéral, soit à des
lambeaux de muscles et de nerfs adhérents à un être dont la vie est dou-
loureuse, soit à des portions détachées dont la séparation est assez récente
pour qu'elles conservent encore quelque chose de ce que l'on appelle la
sensibilité organique. Mais les coups du scalpel sont-ils sans influence?
La mutilation elle-même n'enlre-t-elle pour rien dans les phénomènes
que l'on observe? Les liquides exsudés, altérés, transportés par endosmose
ou autrement, n'y prennent-ils aucune part? Ces questions méritent un
sérieux examen; il faut les discuter et les résoudre avant de conclure du
fragment à l'ensemble, de la partie au tout. Ici, l'induction seule est im-
puissante, il faut des preuves, des preuves positives pour être autorisé à
étendre au système musculaire entier, et surtout au système nerveux consi-
déré dans toute son intégrité, ce qui se manifeste dans une portion de nerf
prise à part, et qui vient de subir l'action des ciseaux.
" Ainsi, en résumé, notre opinion sur la cause des courants organiques rn
général est la suivante : celte cause est inconnue.
" 1°. Il est probable que ces courants ne résultent pas d'une action chi-
mique extérieure;
» 2°. Il n'est pas démontré qu'ils résultent d'une action chimique inté-
rieure; c'est là une question à résoudre, et, suivant qu'elle recevra une
solution positive ou négative , les conséquences ultérieures prendront des
caractères très-différents.
>i Revenons maintenant au courant qui semble i-ésulter de la contraction
du bras.
» Voici les éléments de la discussion :
» 1°. Si, d'après les expériences mentionnées da is la sixième proposition
(des faits observés par M. du Bois-Reymond), une grenouille ne donne pas
(45)
de courant sensible, c'est que ses membres inférieurs tendent à produire
(les courants égaux et opposés;
» 1°. Lorsque, ayant coupé l'un des nerfs sciatiques pour paralyser un
des membres, on détermine dans l'autre des contractions tétaniques, l'inten-
àité de sou courant diminue conformément à la quatrième proposition ;
alors le courant du membre paralysé ou condamné au repos devient pré-
dominant, et le galvanomètre le rend visible avec la direction qu'en effet il
doit avoir, c'est-à-dire qu'il est direct dans le membre tétanisé;
') 3°. Lorsqu'on fait entrer les deux bras dans le circuit du galvanomètre,
on n'observe d'aboi'd que des effets accidentels, dépendants sans doute de
l'état cutané des doigts qui touchent aux conducteurs; quand ces effets
irréguliers sont apaisés, et que l'aiguille du galvanomètre est devenue
immobile, on détermine la contraction volontaire de l'un des bras, alors
l'aiguille du galvanomètre est à l'instant déviée, sa déviation accusant tou-
jours un courant inverse, c'est-à-dire dirigé, dans le bras contracté, de la
main vers l'épaule.
n Or, si l'on examine ces trois dernières propositions pour en saisir l'en-
chaînement, on éprouve d'abord une difficulté qui est celle-ci : entre la
deuxième proposition et la troisième, il y a une certaine analogie; là c'est
une jambe qui se contracte artificiellement, ici un bras qui se contracte
volontairement : mais pourquoi le courant est-il direct dans le premier cas,
et inverse dans le second? C'est là un point important; il est à regretter que
M. du Bois-Reymoud, qui a pris soin de signaler lui-même cette diffé-
rence, cette inversion constante dans le sens du courant, n'ait pas senti la
nécessité d'en expliquer la raison : tant que cette explication ne sera pas
donnée, on pourra contester qu'il y ait une liaison nécessaire ou même une
liaison quelconque entre la troisième expérience et la deuxième.
" D'après les principes de M. du Bois-Reyniond , l'effet d'une contrac-
tion soutenue n'est pas de faire naître un courant, mais d'affaiblir et de
suspendre par intermittence un courant qui préexistait; il faut donc un
courant préexistant, ou plutôt il en faut deux qui soient égaux et opposés,
el qui se neutralisent, puisque l'aiguille du galvanomètre est au zéro; l'un
doit se trouver essentiellement dans le bras qui va se contracter, et c'est lui
que la contraction affaiblira; l'autre, par raison de symétrie, doit se
trouver dans l'autre bras, et c'est lui que la contraction rendra prédomi-
nant. Ainsi, le courant que l'on observe au moment de la contraction, n'est
pas développé dans le bras contracté; il est , au contraire, précxistaiit dans-
( 46 )
le bras au repos, et il se montre par cela seul qu'il cesse d'être complètement
neutralisé.
» Si la question doit, en effet, être posée en ces termes, il nous semble
que, pour assimiler celte expérience aux précédentes, il ne reste plus
qu'une condition à remplir, c'est de démontrer nettement que les muscles
du bras de l'homme , sur lesquels s'exerce la contraction , si on les considère
dans leur état naturel, sont disposés de telle sorte qu'ils donnent naissance
à nn courant direct continu, allant de l'épaule à la main, et qu'ils donnent
ce courant d'après les lois des sections longitudinales et transversales. Cette
condition est indispensable ; tant qu'elle ne sera pas remplie, les expériences
ne peuvent être assimilées, ou ne peut pas et l'on ne doit pas regarder la
troisième proposition comme étant une conséquence de la deuxième.
» Mais admettons, pour un instant, que cette première difficulté soit
levée, que la forme des muscles du bras qui entrent ici en jeu, que leur
structure, leur enlacement, leur disposition absolue et relative conduisent
à la conclusion voulue, c'est-à-dire qu'il suffise d'y appliquer les lois du cou-
rant musculaire , pour faire voir qu'en composant les directions et les inten-
sités, l'on obtient pour résultat final un courant continu dirigé de l'épaule à
la main; toute la question serait-elle résolue? faudrait-il regarder comme
certain que la troisième expérience est identique à la deuxième, et qu'elle
s'explique rigoureusement par la même cause? Nous ne le pensons pas, il
y aurait encore des doutes dépendants de la diversité des conditions et de la
complication du problème : mais le moment n'est pas venu de les faire res-
sortir et d'en discuter la valeur.
t> En définitive, le courant qui semble appartenir à la contraction mus-
culaire de l'homme vivant est un phénomène des plus curieux. Tout en ap-
plaudissant à cette découverte de M. du Bois-Reymond, tout en accordant
qu'elle a peut-être des liaisons intimes avec les autres phénomènes électro-
physiologiques dont il a si habilement étudié les lois, nous n'admettons pas
que ces liaisons soient aujourd'hui démontrées d'une manière concluante.
» Nous ne terminerons pas ce Rapport sans faire une réflexion qui nous
est inspirée par le désir d'encourager M. du Bois-Reymond à s'attacher de
plus en plus aux méthodes rigoureuses qui l'ont conduit à constater tant de
faits nouveaux. Il nous a été impossible de ne pas remarquer quelques mots
qui se trouvent au commencement de son premier Mémoire , et par lesquels
il annonce « que ses recherches aboutissent à une théorie positive de l'agent
" nerveux et de la puissance motrice des muscles. »
( 47 )
» Gependaat le texte de ses communications n'aborde la discussion d'au-
cune théorie, il ne contient que dos faits dont nous avons essayé d'apprécier
l'exactitude et l'importance.
» La théorie annoncée par les paroles que nous venons de rappeler reste
donc complètement en dehors de notre examen; nous ne pouvons la con-
sidérer que comme un point de vue particulier, une idée abstraite, une
pensée d'avenir portée devant l'Académie.
" Il paraît assez naturel que M. du Bois-Reymond conçoive en lui-même
de grandes espérances sur la fécondité de la carrière nouvelle dans laquelle
il est venu à son tour chercher la vérité, et dont lia déjà exploré les premiers
abords avec des succès dignes d'éloges. Grâce aux moyens d'observation qu'il
a imaginés, il a su y trouver des faits d'une certaine espèce qui ajoutent beau-
coup à la richesse de la science ; mais rien ne démontre, jusqu'à présent , que
l'on doive y trouver.des faits d'une autre espèce , c'est-à-dire des vérités
qui expliquent l'agent nerveux et la puissance motrice des muscles. Si uti
jour, dans l'avenir, après de longues et laborieuses recherches, ces vérités
plus complexes viennent à sortir en effet du creuset sévère de l'expérience, il
sera permis de dire que la science a fait un grand pas de plus.
» En attendant, vos Commissaires ont vu avec le plus vif intérêt les expé-
rences de M. du Bois-Reymond, ils ont reconnu la parfaite exactitude de
toutes celles qui ont été faites devant eux, ils ajoutent qu'ils espèrent beau-
coup des recherches de plus en plus rigoureuses qui seront poursuivies dans
cette voie.
» Pour conclusion, ils proposent à l'Académie de remercier M. du Bois-
Reymond , et de le féliciter des diverses séries de faits qu'il a démontrés par
l'expérience. »
liCs conclusions de ce Rapport sont adoptées.
iXOMEVA'nONS.
M. le Ministre de l'Iivstrcctioji publique invite l'Académie à nommer les
deux Membres qui, au terme de la loi du i8 juin i85o, devront faire partie
de la Commission formée auprès du Ministre de l'Agriculture et du Com-
merce pour s'occuper des questions relatives à la création d'une caisse des
retraites.
Ij'Académie procède, par la voie du scrutin, à cette nomination.
MM. Mathieu et I>upin réunissent la majorité des suffrages.
( 48)
»IEMOIRES LUS.
MINÉKALOGIE. — Mémoire sur l'énieri d'Asie Mineure, dans ses rapports
géologique, minéralogique et commercial , et sur les minéraux associés
avec l'éineri; par M. J. Laurence Smith.
(Gorainissaires, MM. Gorclier, Élie de Beaumont, Dufrénoy.)
« Des diverses substances minérales employées dans les arts, l'émeri est
une de celles qui ont offert le moins de facilité pour l'examen géolofjique,
cl sur lesquelles, par suite, il nous reste le plus à apprendre à cet égard,
[/étude, en place, de cette substance considérée sous le point de vue
scientifique et pratique, devant ainsi offrir un grand intérêt, je profitai de
la position que j'occupais sous le gouvernement turc pour suivre certains
renseignements qui me parvinrent les derniers mois de l'année iS'iô. Avant
cette époque, l'existence de l'émeri en Asie Mineure n'avait pas été signalée. .
Au commencement de l'année suivante, j'ai découvert eu place, pour la
première fois, l'émeri de l'Asie Mineure. Postérieurement à cette époque , j'ai
rencontré plusieurs autres gisements dont il est question dans ce Mémoire.
» Les principaux gisements de l'émeri en Asie Mineure sont ceux de
Gumuch-dagh et de Kulah. Le premier est une montagne située près de
ces intéressantes ruines reconnues parle voyageur français, M. Poujoulat,
comme étant celles de l'ancienne Magnésie sur le Méandre. L'autre, Kulah,
est dans cette partie de l'Asie Mineure appelée Catacecawnène ou le pays
brûlé. J'ai décrit avec détail la formation géologique de ces deux endroits,
qui consistent essentiellement en calcaire métamorphique reposant sur le
schiste micacé, gneiss, etc. Le marbre à Kulah est profondément altéré à
la surface par la lave qui a coulé anciennement des nombreux cratères qui
déterminent principalement l'aspect de cette région. FiCS autres localités nou-
velles où se trouve l'émeri sont celles A^Aduhi et de Manser en Asie Mi-
n(^ure, et les îles de Samos et de Nicoria.
,r" L'émeri est enchâssé, soit dans la terre qui recouvre la pierre calcaire,
soit dans le roc lui-même, et il se trouve en blocs depuis la grosseur d'un
pois jusqu'à celle de plusieurs milliers de kilogrammes. Les fragments sont
le plus souvent angulaires, quelquefois ronds, et lorsqu'ils affectent cette
dernière forme, ils ne paraisseiit pas l'avoir prise par attrilion. liCS blocs
qui se trouvent dans le sol n'offrent que peu d'intérêt pour le géologue ,
parce qu'ils ont pu y être laissés par la décomposition de la roche, ou y être
- - - . . . ( 49 )
transportés d'un autre endroit. Cependant on peut difficilpment admettre
cette dernière supposition, d'après ce que l'on trouve à Gumuch-dagh, car,
ici, ce n'est que sur le sommet, et non pas sur les côtés de la montagne
que j'ai trouvé l'émeri.
» Après avoir étudié l'émeri et les roches qui l'environnent, je suis arrivé
à la certitude que l'émeri a été formé et consolidé dans la pierre calcaire
dans laquelle on le trouve, et qu'il n'a pas été détaché des roches plus an-
ciennes (comme le granit et le gneiss), puis logé dans la pierre calcaire lors
de l'époque de sa formation. Mes raisons pour penser ainsi sont les suivantes:
» 1°. Les recherches les plus minutieuses, faites dans les anciennes roches
de ces localités, dans celles qui sont placées sous les calcaires, n'ont pu
me faire découvrir le plus petit fragment d'émeri; en outre, les blocs
d'émeri qui se trouvent dans la pierre calcaire ne sont jamais recouverts de
fragments de roches étrangères. Quoique l'on trouve du schiste micacé dans
la pierre calcaire à Kulahj il n'est jamais en contact avec l'émeri , et ne con-
tient aucune trace de corindon. J'insiste sur ce point, parce que, dans mes
échantillons, la matière calcaire qui recouvre l'émeri se trouve sous deux
états "différents : tantôt c'est la roche originaire, et tantôt une concrétion
formée par les infiltrations des eau.x calcaires.
» 2°. La pierre calcaire qui est en contact avec l'émeri diffère presque
toujours, par sa composition et sa couleur, de la masse du rocher. A Kulah,
par exemple, oîi le marbre qui forme la roche est d'une grande pureté
(comme l'analyse l'a prouvé), la partie qui est en contact avec l'émeri est
d'une couleur jaune foncé, ayant l'appai-ence du fer spathique , et contenant
une grande quantité d'alumine et d'oxyde de fer. L'épaisseur de cette couche,
placée entre le marbre et l'émeri, est très-variable; mais, ce qu'il y a d'in-
contestable, c'est qu'elle passe petit à petit au marbre blanc, de sorte que
leurs cristaux sont enchevêtrés les uns dans les autres, et démontrent ainsi
qu'ils appartiennent à la même roche. i-t-,
" Si ces blocs d'émeri avaient été séparés d'une roche plus ancienne, puis
enchâssés dans le marbre lors de sa formation, il n'y aurait aucune raison
pour que le contact ne soit pas direct et immédiat, sans cette transition du
calcaire Jèrro-alumineujc en marbre pur. Ce que nous voyons est exacte-
ment ce qui semble avoir eu lieu, lorsque des minéraux ferrugineux et alu-
mineux se forment tt se séparent ensuite de la pierre calcaire, qui n'est pas
encore consolidée.
» Dans ce Mémoire, nous donnons encore des raisons pour appuyer la
C. R., i85o, 2™« Sem«J«. (T. XXXI, N" 3) 8
( 5o)
supposition que l'émeri s'est formé dans le calcaire par un procédé de sépa-
ration.
» Dans ma collection , je possède un échantillon qui démontre ce fait
d'une manière remarquable. C'est un nodule dont le noyau se trouve entouré
de deux cercles concentriques. Le noyau se compose d'emeri; le premier
cercle concentrique est du chlorotoïde, et enfin le cercle extérieur de ïéme-
rilite. Ce dernier minéral était en contact avec la roche. Ces minéraux sont
composés à peu près comme il suit :
» Ëmeri. — Mélange de corindon (alumine un peu hydratée) et fer oxydulé.
» Chlorotoïde. — Silice, 24; alumine, /^o■, oxyde de fer, iS; eau, 7.
» Einerilite. — Silice, 3o; alumine, 5o; chaux, i3; eau, 6.
» On voit que si l'on commence par la surface extérieure (direction dans
laquelle nous devons rechercher la consolidation du nodule), la plus grande
partie de la silice est éliminée en se combinant avec une grande quantité
d'alumine, et un peu de chaux pour former un minéral particulier. Ensuite,
le reste 'le la silice se combine avec une autre quantité d'alumine et beau-
coup d'oxyde de fer pour former un autre minéral. Enfin , en dernier lieu ,
l'alumine et l'oxyde de fer qui restent cristallisent séparément, leurs attrac-
tions homogènes étant plus fortes que leur affinité chimique. Des effets de
cette nature ne sont pas rares, mais ils sont toujours dignes de remarque.
" En terminant les considérations géologiques sur cette substance, et en
ayant égard aux localités dans 1 Asie Mineure et les îles environnantes , je
ferai remarquer que, dans l'avenir, lorsqu'on aura étendu les observations
qui ont déjà été faites, on trouvera sans doute que l'émeri constitue un ca-
ractère géognostique pour certaines formations calcaires de cette partie du
monde, comme les nodules de silice pour les craies d'Europe.
» Dans l'étude minéralogique de l'émeri, j'ai cherché à démontrer qu'il
doit être considéré plutôt comme une roche que comme un minéral, et qu'il
consiste dans un mélange de corindon et des minéraux d'oxyde de fer plus
ou moins constamment associés avec d'autres minéraux qui seront décrits
dans la seconde partie de ce Mémoire >
M. L/vuRENT commence la lecture d'un Mémoire sur les habitudes de quel-
ques animaux nuisibles aux bois des approvisionnements de la marine.
Cette lecture sera continuée dans une des prochaines séances.
(5i)
PIÈGES DONT IL N'A PU ÊTRE DONNÉ COMMUNICATION
DANS LA SÉANCE DU 8 JUILLET.
!»IÉMOIRES PRÉSEr\rÉS
GÉOLOGIE. — Banc de goémon fossile dans Le département du Finistère.
(Note de M. A. Bobierre. )
(Commissaires, MM. Boussingault, Dufrénoy, Payen.)
« Il existe dans le département du Finistère, dans la commune de Ké-
rouan, une anse d'une vaste dimensioii où le flux amène, de temps immé-
morial, des fucus sans cesse accumulés et comprimés par les sables qui s'y
trouvent mélangés. Isa disposition de la baie de Teven où s'opère cette accu-
mulation de végétaux est telle, que les rochers s'opposent à l'enlèvement des
varechs constamment comprimés, et que le retrait de l'eau pourrait, sans
ces obstacles naturels, disperser au fur et à mesure de l'accroissement de la
masse. On comprend ce qu'a pu produire, sous de telles influences et sur de
grandes masses de varechs, l'action simultanée et longtemps prolongée de
la pression des sables, de l'eau salée et de l'atmosphère; un véritable banc
de combustible s'est formé. Les molécules végétales se soudant de la manière
la plus intime, il en est résulté une masse homogène, à texture feuilletée,
mais cependant très-cohérente, susceptible de prendre le poli et dont l'en-
semble occupe une longueur de i 5oo mètres environ. On peut, sans exa-
gération, évaluer à looooo hectolitres la quantité de cette singulière sub-
stance qui s'avance dans la mer jusqu'à 800 mètres environ, et dont l«s
grandes marées permettent d'apprécier l'énorme développement.
» Je ferai remarquer, en passant, qu'il est impossible de douter de l'ori-
gine de la substance que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, car, ainsi
que dans les houilles, certaines empreintes y accusent de la manière la plus
tranchée la forme du végétal qui a donné naissance à la masse, et, à ce
sujet, mes observations concordent avec celles de M. Vincent, pharmacien
de la marine à Brest, et qui a été à même d'étudier cette intéressante
. formation.
» La composition du goëmon fossile est la suivante :
( 52 )
Matière organique 83 , 3
{ de sodium
chlorures < de magnésium
, (de calcium ,
Sels solubles dans l'eau ( > 8,o
ide potasse
de soude
de magnésie
Carbonate de chaux et dé magnésie 1,7
Alumine et oxyde de fer 3 ,0
Silice 4»"
100,0
Azote , 18 pour 100.
» La proportion d'azote que l'analyse décèle dans cette substance est de
beaucoup supérieure à celle de toutes les tourbes connues, et explique con-
curremment avec la présence des sels solubles les propriétés fertilisantes du
goémon fossile. Cette quantité d'azote est plus considérable ici que dans la
plupart des poudrettes, où elle n'est que de 16 pour 100 environ.
» Chaque année on extrait dans les marais de Montoire (Loire-Inférieure)
3ooooo hectolitres de tourbe destinés à falsifier dans l'Ouest les résidus de
raffinerie employés comme engrais; cette tourbe renferme 5 à 6 pour 100
d'azote, c'est à peu près le tiers de ce que j'ai toujours trouvé dans le
goémon fossile, dont la texture représente , en somme, l'engrais si fertilisant
employé à l'état de goëmon vert, mais qui a ici subi une condensation des
plus commodes pour les besoins de l'agriculture.
» Examinée au point de vue industriel, cette substance intéressante m'a
donné les résultats suivants :
» La calcination avec la litharge accuse un poids de carbone pur qui
s'élève à 28 pour 100 de la matière, ce qui correspond à une puissance calo-
rifique de 2022. D'après tes calcids antérieurement faits, la tourbe ordinaire
dùtine 1 5oo et le bois séché à l'air, 2945.
n 100 parties de matière sèche m'ont donné les chiffres ci-dessous repro-
duits :
Eau ammoniacale contenjant un dixième de goudron. ... 38
Charbon d'un beau noir bleuâtre Sa
Gaz très-éclairant. .•.;■.•.. lo
too
» L'eau ammoniacale donne une quantité de sulfate d'ammoniaque qui
correspond à 4 pour 100 du goëmon employé. On en obtiendrait une plus
( 53 )
forte proportion en ajoutant un peu de chaux à la substance soumise à la
calcination.
» Décanté et distillé, le liquide goudronneux, qui représente 5 pour loo
du goémon , donne un hydrate de méthylène analogue à l'esprit de bois, et
une quantité de parassine beaucoup plus forte que celle qu'on obtient par la
distillation des tourbes ordinaires.
» Le résidu charbonneux retenant environ 6 pour loo d'azote contient,
pour loo parties,:
Carbone 66,2
l de soude \ . ...^ ' •
Sels solubles 'dépotasse > i5,i
( de magnésie )
• Carbonate de chaux et de
magnésie 3,5
Alumine et oxyde de fer. ., . 5,2 ' : ,
Silice lo.o
100,0
» Comme le prouvent ces chiffres, le goémon fossile pourrait être exploité
avec un avantage réel. Il renferme, en effet, tous les éléments au moyen des-
quels sa carbonisation pourrait être opérée économiquement par l'emploi
des gaz carbonés. Son ammoniaque serait condensée avec profit au moyen d'a-
cide sulfurique, et la parassine séparée du goudron et de l'hydrate de mé-
thylène a aujourd'hui, comme on sait, un débouché des plus avantageux
comme matière éclairante.
» Quant au résidu charbonneux, il en est peu qui soient plus convenables
comme matière absorbante, pour être additionnée de corps fertilisants
propres à activer la végétation. A l'action propre de ces corps viendrait
s'ajouter, en pareil cas, l'influence des sels solubles que contient ce résidu
lui-même. ».
PHYSIQUE. — Note sur la rotation que l'esscTwe de térébenthine et le sirop
de sucre font éprouver au plan de polarisation d'un rayon calorifique qui
les traverse; par MM. F. de laProvostaïe et P. Desains (i).
(Renvoi à la Section de Physique.)
« Dans un Mémoire imprimé au tome XI des Annales de Chimie et de
(i) Note adressée sous pli cacheté dans la séance du 24 juin i85o, ouverte dans la séance
du 1 5 juillet i85o sur la demande des auteurs.
(54)
Physique, 3* série, M. Biot rappelle des expériences par lesquelles il avait,
conjointement avec M. Melloni, prouvé que » les propriétés rotatoires du
>' cristal de roche s'exercent aussi sur les rayons calorifiques et lenr impri-
« ment des déviations de même sens qu'aux rayons lumineux. » Puis il
ajoute : « Nous n'avons pas essayé si la même propriété de modifier les flux
» calorifiques existerait pour les liquides qui exercent un pouvoir rotatoire
>• sur la lumière polarisée, et il y aurait beaucoup d'intérêt à constater
» l'identité ou la dissemblance de l'action dans ce dernier cas où elle est
» puremetit moléculaire. "
» Nous avons cherché à résoudre la question qu'avait ainsi posée, depuis
plusieurs années, l'illustre académicien dont nous venons de citer les paroles,
et nous avons reconnu que , dans la transmission à travers l'essence de
térébenthine ou les solutions de sucre, les rayons de chaleur polarisés
éprouvent des rotations soumises aux lois qui régissent celles que les rayons
lumineux éprouvent dans les mêmes circonstances.
'< Nous avons opéré sur les rayons solaires de réfrangibilité déterminée, à
savoir les rayons qui accompagnent le rouge extrême et ceux qui accom-
pagnent le vert tirant au bleu.
» Nous les avons polarisés en leur faisant traverser une spath d'Is-
lande.
» Puis nous les avons transmis à travers des colonnes d'essence de téré-
benthine de longueur o^joS, o™, i, o™, i5; ou bien à travers une colonne
d'eau sucrée de o^joS de longueur, mais à différents degrés de saturation.
Enfin, ils étaient transmis à travers nn nouveau spath analyseur.
I. Avec l'essence, la rotation était proportionnelle à la longueur de la
colonne traversée.
•' Avec le sirop de sucre, elle était proportionnelle au degré de concen-
tration.
.' Pour les rayons verts, la rotation est sensiblement la même que pour
les rayons lumineux correspondants. Pour les rayons rouges extrêmes, elle
est un peu moins forte , ce qui tient à ce que le flux calorifique est mêlé de
rayons obscurs de moindre réfrangibilité que le rouge et qui abaissent , par
conséquent, l'action rotatoire que le liquide exerce sur le flux dont ils font
partie.
» Quant aux méthodes employées pour déterminer la rotation , il n'est
pas nécessaire de les développer ici. Nous ferons remarquer seulement que si
l'on observe les indications de l'appareil thermoscopique pour deux posi-
tions rectangulaires du spath analyseur , il suffira de diviser chacune d'elles
( 55 )
par leur somme pour avoir le carré du cosinus de l'angle que la section du
spath fait, dans la position qui correspond à cette déviation, avec le plan de
polarisation dévié par le liquide actif. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches sur les lois de l'hjdraulicitë et de la
solidification du mortier; par M. H. de Villeneuvb.
(Commissaires, MM. Berthier, Élie de Beaumont, Regnualt.)
« Grâce aux admirables travaux de M. Vicat, on connaît les principales
propriétés des mortiers. La résistance à l'action de l'eau des pâtes dont la
chaux est le liant est désignée sous le nom Alijdraulicité. Cette propriété est,
d'après M. Vicat, communiquée à la chaux par une certaine combinaison de
silice et d'alumine. Cette combinaison s'établit de deux manières, ou direc-
tement et immédiatement par la cuisson des calcaires argilifères, ou d'une
manière indirecte et progressive par l'action des pouzzolanes sur la chaux.
" La cuisson des carbonates calcaires contenant de o à 6 pour loo
d'argile, fournit les chaux grasses. Si la teneur en argile s'élève de 6 à
■xZ pour loo, les calcaires produisent des chaux de plus en plus hydrau-
liques. De i3 à a7 pour lOO d'argile on obtient les chaux limites; les ciments
résultent de la cuisson du calcaire contenant de 27 à 43 pour 100 d'argile.
Enfin, les marnes et les argiles, soumises à une chaleur convenablement
ménagée, produisent des pouzzolanes d'autant plus énergiques que les
argiles sont plus pures.
" D'après les connaissances actuelles, il y aurait discontinuité entre les
chaux hydrauliques et les ciments. Les caractères tranchés de ces deux
ordres de produits sont séparés par les chaux limites qui, ne pouvant ni se
déliter en poussière et former une pâte lorsqu'on les humecte comme la
chaux, ni prendre une cohésion durable lorsqu'on gâche leur poussière
broyée, doivent être rejetées comme nuisibles aux mortiers.
» Les incuits de chaux grasse et de chaux hydraulique provenant de car-
bonates incomplètement décomposés ont été signalés, pour la première
fois, par M. Minard, et présentent des propriétés analogues à celles des
chaux hmites.
" A côté de ces notions viennent se placer nos observations nouvelles.
» Tous les calcaires cuits é[)rouvent, lorsqu'on les humecte, une augmen-
tation de volume due à la solidification de l'eau; il y a délitement de la
chaux. La combinaison avec l'eau se fait avec d'autant plus d'énergie, de
rapidité, de chaleur, et une absorption d'eau d'autant plus grande, que la
( 56 )
chaux est moins hydraulique. Lorsqu'on fait agir l'eau sur les calcaires cuits,
dans les circonstances ordinaires, le gonflement des chaux limites peut n'en
déliter qu'une portion et diviser seulement la masse en grumeaux.
» Dans les ciments le gonflement ne produit que des gerçures. Nous
avons trouvé que si l'on humecte les chaux limites et les ciments à une tem-
pérature élevée, si on les soumet même à un couraat de vapeur d'eau, le
gonflement et le délitemeat se produisent comme pour les chaux hydrau-
liques, et les produits obtenus jouissent de propriétés analogues à celles des
chaux douées de la plus haute dose d'hydraulicité.
" Mais, lorsqu'au lieu de favoriser l'action de l'eau, nous la ralenlissous
soit par refroidissement, soit en n'appliquant l'eau que par parties succes-
sives , nous parvenons à ralentir, à atténuer à notre gré le gonflement et le
développement des chaux limites. Les chaux limites soumises ainsi à une
aspersion d'eau préalable, ou simplemeat exposées pendant plusieurs jours
à l'action hygrométrique de l'atmosphère, peuvent être broyées ensuite, leur
cohésion persiste; elles se comportent comme de bons ciments. La désagré-
gation naissait de l'augmentation de volume des molécules de chaux limites
postérieures au gâchage et à la prise. Cette désagrégation a été éludée lors-
qu'une partie suffisante du gonflement a été obtenue avant le gâchage, avant
même le broyage.
" On voit donc qii'en favorisant l'action de l'eau sur les chaux limites , nous
les utilisons comme chaux hydrauliques supérieures; qu'en faisant agir fai-
blement l'eau sur les chaux limites, on peut les broyer ensuite et les utiliser
comme ciments très-liants.
» Les carbonates incomplets, nommés aussi sous-carbonates et incuits,
donnent naissance à des produits analogues aux chaux limites. Lorsqu'on
les humecte faiblement avant broyage, ils agissent à la manière de ciments
durables, et ils peuvent être , en cet état, employés isolément ou mélangés
avec les chaux hydrauliques.
» Lorsqu'on aide l'action de l'eau sur les sous-carbonates par la chaleur,
ils se délitent et agissent comme chaux. Si la température s'élève, alors
l'incuit se comporte comme un mélange de chaux ordinaire et de carbonate
neutre, phénomène pareil à l'action décomposante de l'eau exercée sur les
chaux hydrauliques lorsqu'on attaq ie celles-ci par une grande quantité
d'eau chaude; observation capitale due à M. Berlhier.
" En faisant agir l'eau faiblement et avant broyage sur les carbonates cal-
caires incomplets, ou bien en les exposant à la vapeur d'eau atmosphérique
avant broyage , nous sommes parvenu à obtenir une cohésion persistante ,
. . c 57 ) • ■ • ; ,
non-seulemeat avec les soiu-carboiuites de chiux hydraulique, mais encore
avec ceux qui proviennent de calcaires à chaux grasse.
» Nous sommes ainsi amené à attribuer les facultés hydrauUcantes non
pas seulement à l'action de la si,lice et de l'alumine, mais encore à rinfluence
de l'acide carbonique et à la .plupart des corps négatifs propres à donner,
avec la chaux, des composés insolubles. L'hydraulicité aurait sa source essen-
tielle dans l'insolubilité.
» L'acide carbonique produit l'hydraulicité, non-seulement par combi-
naison directe, mais encore par combinaison indirecte, à la manière des
pouzzolanes. ; ii
» Ainsi le ciment et les chaux hydrauliques, qui, par une longue exposi-
tion à l'air, se sont chargés d'acide carbonique, étant de.enus ainsi riches
en éléments négatifs, peuvent être mêlés à la chaux grasse , et jouer le rôle
des pouzzolanes les plus actives. En broyant des mortiers de chaux hydrau-
liques, solidifiés depuis quatre ans, nous avons obtenu une vraie pouzzo-
lane, qulfarsait établir sous l'eau la prise d'un mortier de chaux grasse dans
l'espace de quatorze heures. Ne voit-on pas là le secret de certaines manipu-
lations attribuées aux Romains, et de quelques habitudes des constructeurs
du midi de la France?;-'' '''^^"'''>'^>j^^''.*^(^'"*>:i*»'l!-'^^r*'
» L'acide carbonique est le principe hydraulicant le plus économique,
mais il n'amène pas la plus haute cohésion dans les mortiers et les ciments.
» Une cuisson poussée jusque \evi la scorification fait subir aux calcaires
argileux une nouvelle disposition moléculaire qui les rapproche des propriétés
des .chaux limites ordinaires. Les grands principes de l'hydratation, favo-
risée par la chaleur ou atténuée par l'aspersion incomplète, donnent encore
ici des produits classés dans les chaux hydrauliques ou dans les ciments; mais
ces produits sont alors doués d'une cohésion Irès-remarquable : nous sommes
parvenu ainsi à fabriquer ries ciments qui ont pu rayer le marbre.
. n Les produits qui donnent les plus grands résultats en ce genre , sont ceux
qui proviennent de calcaires argileux, riches en alumine; ce sont ceux qui
éprouvent au feu la contraction la plus prononcée.
« Il résulte de ce qui précède, que les produits variés de la cuisson des
calcaires ont chacun une utilité différente, et que tous peuvent être utilisés,
incuits ou brûlés. - .^ ....:.. /ij. - _
>' Les conséquences pratiques de ces observations sont telles, que l'on
pourra maintenant obtenir économiquement les mortiers hydrauliques dans
presque tous les lieux où gisent des masses calcaires, et mettre à profit les
C H. i85o, a"«Semej((e. ;T. X\XI, X" 3.) " 9.
( 58 )
produits divers de la cuisson iaé{»ale, telle qu'elle s'opère dans les foui-s
ordinaires.
» Depuis quinze ans nous avons nous-même contribué à fonder des éta-
blissements où l'expérience a sanctionné notre théorie des chaux limites , des
soùs-carbonates, des chaux vieillies. 3ooooo mètres cubes de maçonnerie
du chemin de fer de Marseille à Avignon donnent une éclatantesanction à
un système de production des matières hydrauliques. A l'heure qu'il est , les
environs de Marseille offrent i oooooo de mètres cubes de maçonnerie établis
d'après un système devenu populaire dans la contrée, et qui permet de con-
struire en maçonnerie hydraulique au prix que l'on mettait auparavant à la
bâtisse en chaux grasse. «
PHYSIOLOGIE. — Nouvelles recherches sur les rapports qui existent entre
la présence du goitre dans un pajs et la nature géologique du sol.
(Extrait d'une Note de M. Grange.)
(Commission nommée.)
■jf« Je viens de parcourir une partie du Piémont et spécialement les grandes
vallées qui dépendent du mont Vizo et du mont Blanc, et j'ai recueilli pen-
dant ce voyage de nouvelles preuves à l'appui des opinions que j'ai énon-
cées sur la cause du goitre et du crétinisme. J'ai rapproché mes observations
de celles de la Commission de Turin , sous le rapport de la distribution géo-
graphique du goitre et du crétinisme.... M. Sismonda, membre de la Com-
mission et auteur d'une carte géologique du Piémont, a bien voulu me prêter
le secours de ses connaissances spéciales; nous avons comparé ensemble la
carte du goitre et la carte géologique, et nous avons reconnu que le fait que
j'ai signalé, la présence du goitre et du crétinisme sur les terrains magné-
siens, se vérifiait parfaitement en Piémont. Je choisirai la vallée d'Aoste pour
donner un exemple de ces phénomènes.
" De Turin à Ivrée on traverse ces magnifiques plaines couvertes de di-
luvium alpin. A Calmet on rencontre quelques goitreux; ils deviennent plus
nombreux à Ivrée, qui est la clef de la vallée d'Aoste. Dans toute la partie
inférieure du cours de la Doire , on trouve du terrain schisteux recouvert
par des couches de diluvium , et çà et là des masses de granit. Ces forma-
tions sont dominées par des montagnes de calcaires métamorphiques ; les
personnes affectées de goitre ne sont pas très-nombreuses. Au delà de Bard ,
ou rencontre Ips terrains magnésiens proprement dits, qui ont été soulevés.
■ ( 59 )
par des masses de serpentine, d'amphibole et de schistes talqiieux; tous ces
calcaires sont dolomitiques et sont habités par des populations gravement
frappées par le goitre et le crétinisme. C'est spécialement entre Serres et
Morgex que ces affections font le plus de ravages. Les sources qui alimentent
les populations laissent déposer du tuf, partout on rencontre des cargneules,
et auprès de ces roches des sources qui contiennent une assez grande quan-
tité de sulfate de magnésie pour être purgatives.
" D'Aoslé je suis allé au grand Saint-Bernard, et dans cette vallée du
Saint-Bernard, j'ai recontré le goitre jusqu'au dernier village. Saint-Remy,
situé sur Une formation de micaschistes, est seul à l'abri de cette maladie.
" Dans la vallée d'Entremont, cette formation de micaschistes que nous
avons vue succéder, à Saint-Remy, aux calcaires métamorphiques, s'é-
tend jusqu'à Orcières, à un niveau de beaucoup inférieur à Saint-Remy, ,
et tout cet espace, occupé par cinq villages et un grand nombre de hameaux,
est entièrement préservé du goitre. A Orcières on voit reparaître les cal-
caires et gypses dolomitiques qui s'étendent de là dans le Valais jusqu'à
Merell. Avec eux le goitre commence à se montrer, et il est très-répandu
entre Saint-Brauchier et Martigny, et dans une partie de la vallée de
Bagues. ,»>,.,u .yi .> <, ,
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur les modifications qu'éprouve le sang dans
sa composition chimique, lorsque les hommes ou les animaux, d'ailleurs
en santé, sont soumis momentanément à des souffrances vives et capables
d'user rapidement l'organisme. ( Mémoire de M. Clément, chef des travaux
chimiques à l'Ecole d'Alfort. )
(Commissaires, MM. Magendie, Andral, Pelouze.)
« Dans ces travaux, dit l'auteur, je me suis proposé un double but,
celui de constater d'abord la modification que devait inévilablement
éprouver le sang dans le cas indiqué, et en quoi consistait cette modifica-
tion; en second lieu, d'arriver par ce moyen, s'il était possible, à expliquer
les phénomènes de la respiration et de la nutrition.
n J'ai consigné, dans deux tableaux joints à ma Note, les résultats que
j'ai obtenus. En jetant les yeux sur ces tableaux, on voit que, sous l'in-
fluence de la douleur, le sang perd partie de sa fibriuo, partie de sou albu-
mine , sans perdre de globules, jj ', :t>7fWU:fî»m« *■ >• • • " 'Ji
" En partant de ces faits, et en comparant la composition chimique du
sang à celle des tissus mous (des muscles en particulier), on est conduit à
9--
( 6o )
des considérations loutes nonvelles sur le rôle qne jouent, dans les fonctions
de la nutrition et de la respiration, la fibrine et l'albumine. Je n'ai pu donner,
dans ma Note, qu'une indication très succincte des diverses questions qui se
trouvent ainsi soulevées; mais ces indications suffiront, je l'espère, pour
faire jufjer de l'intérêt qu'il y aurait à suivre ces recherches. »
CHIRURGIE. — Nouvelle méthode opératoire pour la cure radicale des
hernies inguinales. (Extrait d'une Note de M. Valette. )
(Commissaires, MM Velpeau, Lallemand.)
« J'ai eu l'hounenr d'adresser à l'Académie', sous pli cacheté, en mai et
novembre 1849, des observations de cure radicale de hernie inguinale, ob-
tenue par un procédé nouveau qui m'appartient. Je ne possède pas encore
des faits assez nombreux pour traiter la question dans tous ses détails;
mais, en attendant, je prie l'Académie de vouloir bien recevoir la commu-
nication de l'opération que j'ai imaginée pour guérir une affection qui,
jusqu'à présent, a mis en défaut la puissance de l'art.
» Cette opération consiste , i'' à refouler dans toute l'étendue du canal
inguinal, et même au delà, un bouchon tégumentaire; 2° à le maintenir en
place pendant un temps suffisant; 3° à obtenir, an moyen de la cautéri-
sation, des adhérences solides, et dans une grande étendue. »
L'auteur donne .une description de l'appareil instrumental, description
que nous ne pouvons reproduire, parce (ju'elle ne serait pas suffisamment
intelligible sans le secours de la figure. Qu'il suffise de dire que, lorsque la
hernie a été réduite et que le chirurgien, à l'aide du doigt indicateur, a
poussé dans le canal inguinal une sorte de tampon emprunté aux téguments
voisins, une des pièces de l'appareil en quesiion vient se substituer au doigt,
et maintenir le tampon en place en le pressant fortement contre la paroi
antérieure du canal, et prenant son point d'appui sur une seconde \nèce
qui représente, en quelque sorte, le pouce de l'opérateur. Celte seconde
pièce est en métal, et rapprochée à volonté au moyen de la première,
qui est en bois. Ctllc-ci est creusée d'un petit canal courbe, dans lequel
joue, comme un trocart dans sa gaine, une aiguille à suture qui, ((uand on
l'a fait sortir, s'oppose à tout glissement rétrograde du tampon dans le canal.
Ija pièce métallique elle-même, au lieu d'être pleine, est évidée dans le cen-
tre, de manière à permettre l'application d'un caustique destiné à déterminer
la production d'une escarre.
^ Cette cautérisation, pratiquée au moyen d'une pâte de chlorure de
■• .,it'" .■.■'■•
• ( 6, )
zine, est faite assez profondément pour que l'escarre comprenne rn épais-
seur la paroi antérieure du canal inguinal, et la portion du bouchon qui
est en contact avec elle.
« Lorsque IVscarre est éliminée, des adhérences très-fortes se sont éta-
blies entre les parties du bouchon et du canal épargnées par la cautérisa-
tion, fj'appareil est enlevé à la chute de l'escarre (du septième au dixième
jour); l'ulcération se cicatrice avec rapidité, et du tissu inodulairc vient
ençpro ajouter à la force des adhérences que l'on cherche à obtenir.
•• J'ai pratiqué, dit M. Valette, cette opération sur cinq malades de mon
service; elle est, je puis l'affirmer,. d'une exécution facile, d'une innocuité qui
a étonné les nombreu.\ témoins qui ont vouln suivre mes opérés; enfin, son
efficacité me paraît sûre. J'espère pouvoir publier un assez grand nombre
d'observations, pour que la question paraisse résolue à ceux qui les liront.
Jusque-là, ma méthode soulèvera probablement bien des préventions, mais
elles tomberont devant le témoignage des faits. Ce qui s'est passé sous
mes youx nie permet d'annoncer, sans hésitation, que le moment n'est pas
éloigné où les chirurgiens guériront enfin une affection à laquelle on n'op-
pose aujourd'hui que des moyens palliatifs. »
CHIRURGIE. — De l'application du galvanisme , de la chaleur solaire et du
feu au traitement du cancer et de cei tains ulcères de mauvaise nature.
Emploi de la charpie d'écorce de chêne; par M. Crusell.
(Commission précédemment nommée.)
L'auteur, ayant reconnu l'extrême importance qu'il y a à obtenir la prompte
cicatrisation des plaies qui restent après l'ablation de tumeurs cancéreuses,
et ayant essayé les divers agents thérapeutiques qu'on recommande dans ce
but, avait remarqué que les liquides ou les graisses qu'on emploie commu-
nément comme véhicules du médicament, produisent des effets fâcheux;
ainsi la décoction d'écorce de chêne, dont il imbibait les plumasseaux de
charpie, devait être suspendue au bout de très-peu de jours. Il imagina alors
de laisser sécher complètement la charpie qu'il avait fait macérer dans c< Ite
décoction, et de s'en servir ensuite ponr le pansement, sans Phumecler de
nouveau. Il assure être arrivé, par ce moyen, à conserver à l'état de plaie
simple, jusqu'à la complète cicatrisation, des plaies qui semblaient disposées
à prendre, faute de celte précaution, im mauvais caractère.
( 62 )
CHIMIE APPLIQUÉE. — Du sucie et de sa fabrication; par M. Rousseau.
(Commissaires, MM. Theiiard, Boussingault.)
Ce Mémoire, dont la lecture, commencée dans la séance du i" juillet,
ne put, faute de temps, être reprise dans la séance suivante, est renvoyé,
sur la demande de l'auteur, à l'examen d'une Commission.
M. PoRRo adresse un supplément à son Mémoire sur la mesure des bases
trigonométriques.
(Renvoi à la Commissioii précédemment nommée.)
M. Duvoir-Leblanc prie l'Académie de vouloir bien nommer uue Com-
mission en présence de laquelle il fera des expériences sur un nouveau sj's-
tème de ventilation, et généralement sur divers moyens qu'il a imaginés pour
maintenir, dans une enceinte, l'air à un état convenable de pureté et de
température.
(Commissaires, MM. Ghevreul, Pouillet, Regnault.)
M. TiFFEREAU soumet au jugement de l'Académie une modification qu'il
a apportée au sablier commun. Au lieu de conserver aux deux ampoules de
verre la forme conique, il leur donne la forme de tubes cylindriques dans
toute la portion qu'occupe le sable lorsque l'ampoule est pleine. Une échelle
graduée, disposée comme celle d'un thermomètre, permet, lorsqu'on met
l'instrument en jeu, de reconnaître à chaque instant quelle est à peu près
la quantité de sable tombée, et, par suite, combien il s'est écoulé de temps
depuis qu'on a retourné le sablier. L auteur pense que cet instrument , qui
est peu coûteux, pourrait être utile dans certaines opérations où l'on a à ap-
précier de petits intervalles de temps, sans être astreint d'ailleurs à ime
grande exactitude; il cite, en particulier, les opérations photographiques.
(Commissaire, M. Largeteau.)
GORRESPOIXDAIViCE
M. le Mi.NisTRE DE l'Instructio.v PUBLIQUE deuiau Ic à connaître, aussitôt
qu'il se pourra, le jugement qui aura été porté par la Commission chargée
d'examiner diverses communications de M. Hector Carnot relatives aux in-
fluences exercées par diverses causes, et notamment par la vaccine, sur le
mouvement de la population en France.
( 63 )
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce demande, pour la biblio-
thèque de rinstitiu national agronomique, une collection complète des Mé-
moires de V Académie des Sciences.
Cette demande est renvoyée à l'examen de la Commission administrative.
ASTRONOMIE. — Eléments elliptiques de la nouvelle planète {Paithénope);
par M. Goujon.
Époque, i85o, mai . 26,43o63, temps moyen de Paris
Anomalie moyenne àf l'époque , 287° 5']' 27" \ j,
Longitude du périhélie ^.r«?^ri' • 817 .38.42 \ ^^Iq^^^ ^g^o^"
Longitude du noeud ascendant. ......:... . i25. 3.49 /■
Inclinaison. 4 -36.51 , . 4' '•
Excentricité 0,0966218 (
, ■ „, . „-
Longitude du nœud ascendant. . laS. 3.5i )
Inclinaison 4 ■ 36 . 5 1
Excentricité 0,0966209 ((p = 5<'32'4o",6)
Durée de la révolution. . .... . . . . . .\<,. . 3""', 82788 /
» Cette orbite a été calculée sur les observations faites à Naples le 18
mai i85o, à Âltona le 28 mai et à Paris le 9 juin. L'observation moyenne
est exactement représentée. Une observation faite à Paris le 5 juillet est
représentée à 10" en ascension droite, et à 1" en déclinaison. »
(64)
M. Coeur prie l'Académie de voiiloii- bien hâter le travail de la Commis-
sion qui a été chargée -de faire le Rapport sur une Note relative à Xapprd-
ciation des sons musicaux, présentée par lui en septembre 1847-
(Renvoi à la Commission nommée.)
M. Dupuis-Delcour adresse, à l'occasion de la Note insérée dans le Compte
rendu de la séance du i" juillet sur l'ascension aéronautique de MM. Bixio
et Baral, des remarques tendant à établir que les accidents qui ont terminé
cette expédition d'une manière si brusque et l'ont rendue si périlleuse, ne
sauraient être icnputés à un défaut de précautions de sa part, et tiennent
seulement aux circonstances atmosphériques.
!\î. Joseph Dobrzki adresse des considérations sur le rôle que joue Vélec-
tricité dans la nature.
M. Bracbet envoie deux nouvelles Notes ayant pour titre : l'une, Appli-
cation de l'héliostat à la photographie ; l'autre, Application de la télé-
graphie Chappe à la phonégrapfiie.
M. AuBRÉE présente une Note sur un procédé qu'il a imaginé pour la
photographie sur papier. L'auteur exprimant le désir que le procédé dont
il envoie la description ne soit pas divulgué, sa Note sera considérée comme
un simple dépôt, et conservée sous pli cacheté.
L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés parvenus dans la
séance du 8 juillet, et adressés, l'un par MM. F. de lx Provostaïk et P. De-
sains, l'autre par M. Chatim.
PIÈGES DE LA SÉANCE DU 13 JUILLET.
AIÉAIOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANK^Uii APPLIQUÉE. — Ménoirc sur la stabilité des voûtes;
par M. J. C\RVALLO. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morln.)
« Depuis longtemps,- les géomètres se sont occupés de la question de la
stabilité des voûtes. Des formules empiriques, des méihodes graphiques,
des méthodes de calcul ont été données par divers auteurs , pour la solution
de cette question. L'application des procédés graphiques ou de calcul est si
( 65 )
longue, que, le plus souvent, les constructeurs évitent de s'en servir. Us se
contentent de formules empiriques faisant connaître un petit nombre des
éléments de la question, et ne donnant jamais le plus important d'entre eux,
la pression maximum par unité de surface, exercée sur les matériaux em-
ployés dans la construction.
» L'étude que nous soumettons au jugement de l'Académie a pour objet
la détermination des formules générales qui résolvent le problème de la sta-
bilité des voûtes, l'application de ces formules aux voûtes habituellement
employée dans la pratique, et la construction de Tables donnant, pour
chacune d'elles, les éléments qu'il est utile de connaître.
» Nous nous sommes proposé de résoudre le problème suivant :
» Étant donnés l'éqnation de l'intrados d'une voûte cylindrique, le poids
du mètre cube de la pierre à employer , la pression par centimètre carré
sous laquelle cette pierre s'écrase, le coefficient du frottement de la pierre
sur le lit de mortier; déterminer l'extrados curviligne de manière à res-
treindre, autant que possible, le cube de la pierre employée, sous la condi-
tion qu'aucun glissement n'ait lieu, et qu'en aucune des arêtes des plans de
joint la pression n'excède le dixième de celle qui produit l'écrasement.
» Imaginons une section de la voûte faite par un plan normal aux généra-
trices du berceau. Il suffira d'établir les conditions de stabilité du système de
forces situé dans ce plan, sans s'inquiéter des dimensions perpendiculaires
qu'on peut toujours supposer réduites à l'unité et symétriquement placées à
droite et à gauche de ce plan. Nous admettrons que les mortiers ont fait prise
assez fortement pour que leur densité soit identifiée à celle de la pierre dont
ils forment les joints , et que leur adhérence détermine la valeur du coefficient
du frottement sur les plans de joint.
" Considérons sur cette section la trace de l'un des plans de joint : les vous-
soirs situés au-dessus exercent, sur la surface de ce plan , des pressions dont
la résultante coupe le joint en un certain point M. Le lieu de tous ces points M
est la courbe des pressions, courbe directrice du cylindre des pressions dont
les arêtes sont parallèles à celles du berceau.
" La solution du projslème se trouvera dans l'étude des propriétés de
cette courbe. »
MÉDECINE, — De l'action fébrifuge de l'alkekenge ou coquerei des vignes;
par M. Gendron.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
Les nouvelles observations rapportées dans ce Mémoire tendent à cou-
C R., «50, î"»" Semeilre. (T. XXXI, N» S.l 'O
( 66 )
firmer* ce que l'auteur avait avancé dans ses deux précédentes communica-
tions sur l'emploi avantageux qu'on peut faire des capsules d'alkekenge dans
le traitement des fièvres intermittentes. M. Gendron reconnaît cependant que
les espérances qu'il avait conçues de pouvoir substituer, dans tous les cas,
ce médicament à d'autres fébrifuges plus coûteux, ne se sont pas complè-
tement réalisées. Aujourd'hui, une longue série d'expériences lui a permis de
distinguer les circonstances où ce remède est principalement indiqué, et de
mieux déterminer les doses auxquelles il convient de l'administrer; celles
qu'il avait indiquées étaient d'abord beaucoup trop faibles , et il n'est pas
étonnant que les médecins qui ont suivi ces indications aient eu à signaler
assez fréquemment un défaut de succès.
M. Gendron a étudié l'action des diverses parties de la plante. Les pro-
priétés fébrifiiges résident plus particulièrement dans les capsules et les
baies; elles sont plus prononcées quand on se sert des fruits qu'on a laissés
mûrir sur la tige et y subir un commencement de dessiccation : la récolte s'en
peut faire en octobre, et, à cette époque, le médicament semble agir plus
énergiquement. Cependant les baies séchées à une chaleur d'étuve, réduites
en poudre et conservées à l'abri de l'air et de la lumière, conservent leurs
propriétés d'une année à l'autre. La poudre des capsules isolées est très-
amère; celle des baies est, de plus, notablement acide. M. Gendron a pu,
sans inconvénient, donner par jour jusqu'à 3o grammes de cette poudre eii
deux fois; la dose la plus habituelle d'ailleurs est de lo à 12 grammes.
GÉOMÉTmu. — MéiTioire sur la théorie des courbes; par M. Yoïzot.
(Commissaires, MM. Cauchy,Binet.)
STATISTIQUE. — De la population nubile de la France à quinze ans
d'intervalle {en 1824 ^t i83g); par M. Hect. Garnot.
(Commission précédemment nommée.)
MÉDECINE. — De V équilibre du calorique appliqué à l'organisation de
l'homme , soit en santé ^ soit en maladie; par M. Wariner.
(Commissaires, MM. Balard, Rayer.)
L'auteur, qui, dans de précédentes communications, s'était déjà occupé
de la même question dans le cas particulier de la fièvre typhoïde , considère
ici, d'une manière plus générale, les effets qui peuvent résulter d'une élé-
vation ou d'un abaissement de la chaleur animale, et de l'utilité que peut
(67 )
avpir, pour l'art de guérir, l'emploi des moyens dont l'effet immédiat est
de ramener au type normal la température, soit de tout l'ensemble du
corps, soit d'un organe en particulier.
M. PoRRo adresse , comme deuxième supplément à son Mémoire sur un
appareil destiné à la mesure des bases trigonométriques , des observations
sur le degré d'exactitude d'une opération faite avec cet appareil.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. Vallot adresse, de Dijon, un spécimen d'une Renonculacée qui vient
d'être découverte dans les environs de cette ville, et dont il n'a trouvé la
description ni dans Xa. Flore de la Bourgogne , m dans la Flore de la Côte-
d'Or, ni même dans la Flore française.
Le spécimen, avec la Note qui l'accompagne, est renvoyé à l'examen d'une
Commission composée de MM. de Jussieu et Brongniart.
M. Lelli soumet au jugement de l'Académie un Mémoire écrit en italien,
sur le système du monde en général, et en particulier sur notre sjstème
solaire.
M. Largeteau est invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire
savoir à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. PiOBERT est adjoint à la Commission chargée d'examiner les communi-
cations de M. Gaucherel et de M. Hossard, sur les meilleures conditions à
donner aux triangles géodésiques.
CORRESPONDA.^CE
M. le Ministre DE lInstruction publique transmet une circulaire imprimée
d'un météorologiste anglais, M. E.-P.-B. Martin, qui demande des rensei-
gnements sur ce qui a été observé en France pendant l'ouragan des 29, 3o
et 3i mars dernier, ouragan qui a exercé ses ravages dans le sud de l'Angle-
terre et s'est fait aussi sentir sur divers points du continent.
Une Commission, composée de MM. Babinet, Laugier et Mauvais, aura
à examiner la question de savoir s'il est possible de recueillir sur ce sujet
assez de renseignements pour en faire l'objet d'un Rapport.
M. BoussiNGAULT Communiqué l'extrait suivant d'une Lettre que lui a
adressée de Quito M. Wisse, en date du 9 mai i85o.
10..
(68)
« J'ai l'honneur de vous adresser la relation d'une expédition que nous
sommes allés faire, M. Garcia Moreno et moi, auSangaï, volcan des Andes
de l'Equateur.
» Ma relation écrite est accompagnée d'une carte de Riobamba au Sangaï,
d'une vue du volcan, et d'une feuille de détails géologiques.
» Les échantillons que j'ai recueillis au volcan vont partir avec un nouvel
envoi de roches que je vais faire. Us n'an-iveront en France probablement
que vers le mois d'octobre prochain.
» Je suis toujours résolu à effectuer mon retour par les Andes de la Nou-
velle-Grenade et à aller déboucher à Cartagena , sur l'Atlantique. Il y a une
petite difficulté : le choléra a envahi tout le territoire grenadin, il a remonté
tout le Magdalena, il est à Neiva, et nous apprendrons bientôt qu'il est à
Popoyan, où il arrivera en remontant le Cauca. Il est à Bogota où il fait
de grands ravages. Ainsi il n'y a plus d'altitude qui l'arrête : on l'attend à
Quito. »
M. Eue de Beaumoimt fait remarquer, à cette occasion , que déjà on avait vu
la même maladie sévir sur des populations qui habitent, dans les montagnes
du Tyrol, des lieux dont l'élévation est considérable, quoique bien moindre
que celle de Bogota.
CHIMIE. — De faction des bases sur les sels, et en particulier sur les
arsénites ; par M. Alvaro Reynoso.
« On admet généralement que, lorsqu'on traite par une dissolution
alcaline un sel dont l'oxyde est insoluble , cet oxyde se précipite sans se
redissoudre, à moins qu'à l'état de liberté il ne soit soluble dans un excès
d'alcali avec lequel le sel qui le renferme a été mis en contact.
» En étudiant l'action de la potasse et de la soude sur les arsénites, j'ai
été conduit à observer quelques faits, qui, s'ils ne sont pas précisément con-
traires à la règle générale que je viens de citer, prouvent tout au moins que
ce phénomène de précipitation est quelquefois intimement lié à la nature
du sel surnageant le précipité; de telle sorte que, dans certains cas, ce sel
pourra déterminer la dissolubilité de l'oxyde.
» Ainsi, par exemple , les oxydes de cuivre, d'urane, de cobalt, de nickel ,
d'argent, de mercure et de sesqui-oxyde de fer, étant insolubles dans la potasse
et dans la soude, quand on verse de la potasse ou de la soude dans les arsé-
nites de ces bases, il devrait y avoir simplement précipitation de l'oxyde
insoluble, et formation d'arsénite de potasse ou de soude, sans qu'un excès
( 69 )
de potasse dût exercer aucune action sur l'oxyde. Cependant j'ai trouvé
que les arsénites de tous ces oxydes sont complètement solubles dans la po-
tasse, quoique à l'état de liberté ces oxydes y soient insolubles.
» L'arsénite de fer est très-soluble dans la potasse.
>' La dissolution de l'arsénite de cuivre est bleue , et se décompose au
bout d'un certain temps en protoxyde de cuivre qui se précipite, tandis que
l'arsénite de potasse passe à l'état d'arséniate.
» La décomposition de la dissolution de l'arsénite de mercure est presque
instantanée. La dissolution d'argent est incolore, et se décompose très-lente-
ment en précipitant de l'argent en poudre noire. Cette dissolution ne préci-
pite pas avec le chlorure de sodium; au contraire, le chlorure d'argent,
insoluble dans la potasse , s'y dissout très-facilement aussitôt qu'on ajoute de
l'arsénite de potasse. ... w
1) J'ai profité de ces deux propriétés de l'arsénite d'argent pour opérer la
réduction des sels de palladium au moyen de l'argent. Voici comme on fait
l'expérience : on verse, dans la dissolution de l'arsénite d'argent dans de la
potasse, du chlorure de palladium auquel on a ajouté d'avance de l'arsénite
de potasse. On ne tarde pas à voir se former un précipité de poudre noire,
qui contient de l'argent et du palladium métalliques. Le chlorure de platine
est réduit beaucoup plus vite que celui de palladium. Il est à remarquer
que, dans ces réactions, l'arsénite d'argent se décompose plus vite que quand
il est seul. . ;; f^;, ,.,
» Les arsénites de cobalt , de nickel et d'urane ne se dissolvent complè-
tement dans la potasse et dans la soude qu'à l'état naissant. Pour cela, il
faut se servir de l'arsénite de potasse avec un grand excès de potasse , et
verser cette dissolution dans un sel soluble de cobalt, de nickel ou d'urane.
>' Ces réactions peuvent facilement se comprendre , en admettant que
l'arsénite de potasse peut former, avec la combinaison de la potasse avec ces
oxydes, un sel double soluble, et que c'est sous cette influence que leur dis-
solution est déterminée. Quand on fait agir la potasse sur un sel insoluble
dont l'oxyde est lui-même soluble dans un excès de potasse, il ne peut y avoir
de dissolution qu'à la condition de la formation d'un sel double soluble. Ainsi,
par exemple , j'ai constaté que l'arsénite de plomb est insoluble dans la po-
tasse. La preuve que ces réactions dépendent de la nature du sel formé, c'est
que l'arsénite de plomb, insoluble dans la potasse, est complètement soluble
dans la soude.
n Quand on verse de la potasse dans un sel insoluble , elle s'empare d'a-
bord de l'acide , et l'oxyde , mis en liberté , restera sans action sur le sel
( 70 )
formé, car il est insoluble; mais si l'on y ajoute un excès de potasse, et que
l'oxyde y soit soluble , alors, si la combinaison de cet oxyde avec la potasse
ne peut se combiner au sel surnageant , on aura deux sels solubles en pré-
sence, qui, pouvant former un sel insoluble par leur décomposition, régé-
néreront les sels primitifs. Cependant ce cas est le plus rare, car l'expérience
a prouvé que presque tous les sels de potasse ont la propriété de former un
sel double soluble avec les oxydes solubles dans la potasse.
» Pour l'ammoniaque , j'ai constaté la dissolution de l'arsénile de sesqui-
oxyde de fer.
1 En résumé, il peut y avoir quatre cas dans l'action d'un excès de potasse
sur les sels insolubles :
>' i". Certains oxydes solubles à l'état de liberté dans la potasse , et for-
mant des sels doubles solubles avec tous les sels de potasse , on peut observer
la dissolution en toute circonstance ;
» 2". D'autres fois , des oxydes solubles dans la potasse, à l'état de liberté ,
formeront des sels insolubles dans la potasse quand l'acide sera de nature à
ne pas former un sel double soluble avec la combinaison de l'oxyde avec
la potasse;
n 3°. D'autres oxydes insolubles, à l'état de liberté, dans la potasse,
pourront néanmoins former quelquefois un sel double soluble, et, par
conséquent, se dissoudre quand on les mettra en contact avec la potasse à
l'état naissant , en présence du sel de potasse auquel ils peuvent se combiner.
» 4°- Lorsque l'oxyde est insoluble dans les alcalis, il se précipite, sans
se redissoudre, quand on traite, par un excès de base alcaline, le sel qui le
renferme. Ce dernier cas se présente lorsque l'oxyde précipité ne peut for-
mer un sel double soluble. »
MM. Af/vuREL et Jatet demandent (|ue la machine à calculer qu'ils ont
soumise au jugement de l'Académie soit admise à concourir pour le prix de
Mécanique.
(Renvoi à la Commission du prix de Mécanique.)
M. DE IVoRiEGA. présente une Note sur la manière de faire servir les
oiseaux à la direction des aérostats.
M. J. Samuel exprime le désir que l'Académie intervienne auprès de
l'Administration pour la réorganisation d'un corps (C aérostiers .
M. MoREAU DE Saint-Ludgere demande si un Mémoire qu'il avait présenté
au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1837, et qui n'a
( 7« )
pas été mentionné dans le Rapport de la Commission, peut être présenté à un
nouveau concours.
li'Auteur peut présenter sur la même question un nouveau travail, mais
non le premier Mémoire.
M. BousiGUEs adresse des spécimens de photographie sur papier, obtenus
au moyen d'un procédé nouveau qui permet d'obtenir directement des
épreuves positives. Il adresse, sous pli cacheté, la description de ce procédé
qu'il croit être en mesure de porter promptement à un plus haut degré de
perfection.
Le dépôt de ce paquet cacheté est accepté.
A 5 heures l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
li'Académiea reçu, dans la séance du i5 juillet i85o,les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences;
a™* semestre 1 85o ; n° 2 ; m-^°.
Institut national de France. Biographie de Lazare-Nicolas-Marguebite
Carnot, Membre de la première classe de l'Institut de France (Section de
Mécanique);par M. Arago, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences,
lue le lundi 21 août 1837. (Extrait du tome XXII des Mémoires de l'Aca-
démie des Sciences.) Paris, i85o; in-4°-
Sur la meilleure forme à donner aux triangles dans les levers trigonométri-
ques; par M. PiOBERT; \ feuille in-8°.
Etudes sur les irrigations de la Campine et les travaux analogues de la
Sologne et d'autres parties de la France; par M. Hervé Mangon. Paris,
i85o; un vol. in-8°.
Musée d'anatomie de la Faculté de Médecine de Strasbourg. Histoire des
polypes du larynx; par M. C.-G. Hermann. Strasbourg, i85o; in-fol.
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine; tome XV, n° 19; i5 juil-
let i85o;iQ.8°.
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o^'Oiomioioint^mioioioin v:^»o >n 'X» '-O '~û « t£> vo "-a lo a5 ai Cl o - a:^ r^ « « co t^oo vo v^x» c^oo oo o oo o^m m ct->*vj- c^ c^ a~.oo pi
„~_,-PJM««~Pl«pl-.-.~-««--PI-~PlPIP!Pl«-- ~«pl
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vH- « - PI m c^vît- PI m o PI ^ttoo m çû ^rt- PI r^xi - ^^^^d-oo popioo«pi«n« v^c^pi ^
PO PI o - a;r^-ooo v:i-va-çû oo co ai Oï^sj-co vjj-co oo oioo O". pi c^co pi o ^* oo -■ oo Oi
-coco o •■£> ~comco a.v^^o — '~*to tû r^co c£ico o pico oooco "^^ — PI ai
«5t^<^'^'nm»nioto>o»niomm ^*>o iotocoo^^o«£)<^. J'en étais ici de ma Lettre, lorsque M. le docteur Fiarrey est venu me
communiquer une autre observai ion qu'il a faite avec beaucoup de soin
avaut-hier lundi 8 juillet à g^i'5'^ du soir. Les points de repère qu'il avait
pris très-exactement donnent, pour la trajectoire apparente du bolide,
. ( Ascension droite . 118° 3o'
•^ (Distance au pôle nord. . . 37°
, ,. . . ( Ascension droite. 64° 3o'
Point de disparition ..< ^. .1 .
"^ ( Distance au pôle nord . . . 29°
» Durée de l'apparition, trois secondes. Éclat du bolide beaucoup plus
vif que celui de Jupiter.
» Enfin les journaux de Toulouse d'aujourd'hui annoncent que « le
I. 22 juin vers 1 1 heures du matin, par un très-beau temps, on entendit à
» Oviédo (Espagne) un bruit étrange dans une région de dix lieues, et l'on
.1 vit daiis l'air une espèce de trombe de feu. On crut d'abord que c'était
" l'effet d'un tremblement de terre ou bien de quelque phénomène élec-
» trique ; mais plus tard on apprit que ce fait singulier était le résultat
• d'un aérolithe tombé dans la direction de Proaza , à trois lieues d'Oviédo
» et huit de Gison. Dans cette dernière ville, on pensa que c'étaient des
.' coups de cunon tirés sur mer par quelque bâtiment. »
AIÉMOIRES LUS.
ZOOLOGIE. — Recherches et résultats d'observations de mœurs des animaux
nuisibles aux grands approvisionnements de bois de marine; par
M. L. Laurent (de Toulon). (Extrait par l'auteur. )
(Renvoi à la Section d'Anatomie et de Zoologie. )
« 1°. TiCs espèces de Tarets que j'ai observées à Toulon, à Rochefort, à
fjôrient, à Brest et au Havre, sont le Taret naval, le Taret d'Adanson , le
Taret bipalmulé de la Méditerranée, et 4'espèce décrite et figurée par
Sellius sous le nom de Teredo marina.
( 75 )
» Ces observations, jointes à celles que j'ai pu faire à Nantes et à Paris,
me permettront de présenter des déterminations nouvelles à l'égard du
genre Taret.qui confirmeront les études déjà faites par M. de Blainville.
" 2". Mes éludes, pendant à peu près tous les mois de l'année, sur le
laret naval , m'ont conduit à considérer celte espèce comme ovovivipare et
hermaphrodite se suffisant à elle-même. Les documents bibliographiques
et iconographiques, et des communications qui m'ont été faites par M. de
Blainville, me portent à considérer comme étant aussi ovovivipares et her-
maphrodites, le Taret bipalmidé, le Taret nucivore et le Taret décrit par
Sellius. Je suis donc très-porté à croire que la majorité des espèces de Tarets
est ovovivipare et hermaphrodite , mais je ne puis encore me prononcer sur
ce point à l'égard du Taret d'Adanson.
» 3°. Les études ovologiques et embryologiques que j'ai faites principa-
lement sur le T^ret naval, en les comparant à celles faites sur les œufs et
les embryons de l'Huître commune {Ostrea edulis) , confirment ce qu'on
sait déjà de l'ovologie et de l'embryologie des Mollusques acéphales.
" J'ai dû m'attacher à bien déterminer les particularités de mœurs qui
permettent de considérer les œufs , les spermatozoïdes et les embryons in-
cubés, comme complètement inoffensifs à l'égard des bois. C'est ce que j'ai
fait, et il m'a été facile de constater que les produits de la génération des
Tarets dans ces trois états ne peuvent, en aucune manière, exciter la solli-
citude des agents chargés de la surveillance des grands approvisionnements
de bois dans des fosses d'immersion, approvisionnements constamment pré-
servés des attaques de ces animaux qui ne peuventjamais pénétrer dans ces
fosses.
» 4°- H n'en serait pas de même à l'égard des fosses d'immersion semi-
naturelles, dans lesquelles les Tarets, à l'état de jeunes ou de larves, ont pu
s'introduire, attaquer les bois et se reproduire même près des portes des
écluses. Mais nous avons vu que la répression de leurs ravages est prompte ,
puisqu'on possède les moyens de les tuer en remplissant ces fosses d'eau
douce, et'en l'y laissant séjourner quelques jours. L'eau douce pure eu
abondance suffit seule pour tuer les œufs, s'ils étaient pondus, les sperma-
tozoïdes , s'ils étaient éjaculés, et les larves ou les jeunes Tarets encore libres
qui s'introduisent dans ces fosses, et enfin les Tarets adultes qui ont déjà
attaqué les bois placés près de l'embouchure de ces fosses semi-naturelles.
» Les agents delà surveillance et de la conservation des bois de la marine
sont donc parvenus, depuis plusieurs années, à instituer et à pratiquer avec
succès les deux méthodes les plus importantes pour la conservation des
II..
( 76 )
bois, soit dans l'eau douce (Rochefort), soit dans l'eau plus ou moins sau-
mâtre (Toulon et Brest). Ces deux méthodes, disons-nous, sont les plus
importantes, puisque Tune est préventive, complètement et constamment,
et l'autre répressive promptement et toujours efficacement.
» Le perfectionnement des méthodes de conservation des grands appro-
visionnements de bois, obtenu dans les trois premiers grands ports militaires,
est en voie d'application à Lorient et à Cherbourg, où l'on a recours encore
à l'envasement.
» La partie de l'hisloire naturelle des mœurs des Tarets, dont la connais-
sance est, au point de vue pratique , la plus importante pour MM. les ingé-
nieurs, nous a paru devoir être, et est en effet, la détermination exacte de
l'état dans lequel les Tarets s'introduisent d'abord dans les fosses d'immersion
et ensuite dans les bois.
» MM. les ingénieurs, conservant toujours les traditions du célèbre
Duhamel du Monseau, pensaient, d'après lui, i" que les Tarets jettent
leur fiai j ou pondent des œufs pendant la belle saison seulement; i" que
lejraides Tarets nest d'abord qu'une glaire très-déliée ; 3° que cette glaire
ou le frai déposé sur les bois finit paréclore, et que les Tarets s'introduisent
alors dans les bois. Or le frai (œufs et sperme) n'a jamais été observé par
MM. les ingénieurs , ni même par M. Sganzin, directeur des travaux hydrau-
liques à Lorient , qui a tenté vainement de le découvrir en observant à la
loupe. Nous n'avons jamais vu nous-même aucun individu des trois espèces
que nous avons observées le plus fréquemment pondre des œufs ni éjaculer
du sperme, et nous avons vu , au contraire, si souvent et si constamment tous
les individus placés dans des vases où ils vivaient très-longtemps, expulser
leurs petits à l'état de larves , que nous avons dû être conduit naturellement
à penser que le Taret naval , dont tous les individus que nous ouvrions , même
quelquefois dans un très-jeune âge , contenaient en même temps des œufs
dans l'ovaire et des embryons plus ou moins avancés dans leur développe-
ment, que nous avons dû penser, disons-nous,, que le Taret naval était
ovovivipare et hermaphrodite se suffisant à lui-même. Nous avons cru en-
suite pouvoir induire de ces observations, dont les résultats étaient constants,
que les deux autres espèces (le Taret bipalmulé et le Taret nucivore), dont
on a vu et figuré des individus pleins d'embryons , devaient aussi être ovo-
vivipares et hermaphrodites suffisants. Mais, nous le répétons ici à dessein,
.nous n'avons jamais vu les nombreux individus de l'espèce Taret d'Adansou
que nous avons observé, pondre des œufs ni éjaculer du sperme, ni contenir
des embryons à divers degrés de développement
. ( 77 )
» Fje point le plus intéressant et le plus curieux de la vie des Tarets, est
le moment où le petit, sous la forme d'une larve, pourvue d'une couronne
de cils natatoires (comme les petites Huîtres) et d'un long pied (qui manque
toujours dans les larves d'Huître), après avoir nagé dans les vases et souvent
en s'élevant du fond à la surface de l'eau et descendant de nouveau pour re-
monter encore , après avoir ainsi manœuvré pendant environ vingt-quatre
heures, vient marcher avec son pied linguiforme très-long, soit au fond,
soit sur les parois des vases, pour y chercher le bois dans lequel il doit pé-
nétrer. Après s'être promené, à la manière des Chenilles arpenteuses, pen-
dant quelque temps à la surface de petits morceaux de bois choisis pour se
prêter à nos observations microscopiques , nous les avons vus se placer dans
les sinuosités de la périphérie, surtout dans les sillons qu'offre la surface des
rayons médullaires du bois entre les couches formées par les faisceaux
ligneux. .---i-f ^;,v.-'Ti>-T'';c«fi)'i' ■<.■-■-
« Le jeune Taret, dont la coquille bivalve esî sphéroïde, très-lisse et jau-
nâtre, se niche sans peine dans les sillons, et, par la pression qu'il exerce
en se mouvant de droite à gauche et vice versa, produit facilement un petit
godet pour y loger la moitié de son corps. Ce godet est le pi*emier commen-
cement du trou et„du canal qu'il doit creuser dans l'épaisseur du bois. >
" Aussitôt niché dans ce godet, le jeune Taret se recouvre d'une couche
de substance muqueuse qui se condense, brunit un peu, et offre au centre
un et quelquefois deux petits trous pour le passage des deux siphons. Cette
première couche, qui le lendemain et surtout le troisième jour devient cal-
caire, est le commencement du tube de l'animal. On ne peut voir ce qui se
passe au-dessous, à cause de son opacité. Mais en sacrifiant et détachant du
bois les jeunes Tarets , le deuxième et le troisième jour, on reconnaît que
l'animal sécrète avec une très-grande promptitude une nouvelle coquille
i)lanche sons une forme tout à fait semblable à celle de l'adulte.
» Celte nouvelle coquille, toute parsemée de stries à dentelures très-fines,
déborde promptenient la coquille embryonnaire. L'apparition de la nouvelle
coquille coïncide si exactement avec la térébration du bois et la formation
rapide d'un trou relativement profond, qu'on doit la considérer évidemment
comme l'instrument principal de ta perforation. D'ailleurs, le jeune Taret
mange les molécules du bois râpé et en rend les fèces. Pendant que la nou-
velle coquille fonctionne et grandit très-rapidement, la coquille embryon-
naire adhérente à la face externe et postérieure de la nouvelle, s'use et dis-
paraît graduellement de haut en bas (c'est-à-dire du dos vers le ventre), soit
par absorption, soit par l'effet des frottements réitérés contre les parois du.
( 78 )
trou fait dans le bois , frottements qui résultent des mouvements des deux
valves qui agissent chacune comme une râpe fine sur la périphérie du bois
sans cesse ramolli par l'eau. A cette époque, il serait impossible de recueillir
un suc acide fourni par l'animal pour faciliter la perforation. Il est égale-
ment impossible de constater la présence du drap marin qui recouvre la
coquille térébrante.
" Le petit tube calcaire a la forme d'un cône à sommet mousse, et percé
d'un seul ou de deux trous pour l'accès de l'eau et le passage des siphons.
Au milieu de ce trou du sommet du tube, se voit l'extrémité blanche de
chaque palette, qui n'existe que rudimentairement.
" Je mets sous les yeux de l'Académie les préparations à l'appui des faits
que je viens d'exposer. Les parties et les formes que je viens de décrire sont
toutes visibles à la loupe.
» L'accroissement des jeunes Tarets est très-rapide dans l'espèce Teredo
navalis. Et, chose extraordinaire, j'en ai observé plusieurs qui, quoique
encore très-petits, contenaient déjà des embryons en petit nombre et assez
bien développés.
>' En raison de cette précocité et de cette grande force de reproduction
du Teredo navalis, soutenue pendant toute l'année soit à Toulon, soit à
Brest, on se croit autorisé à regarder cette espèce comme la plus nuisible.
Conclusions.
» 1°. En attendant que la question de la sexualité et celle des modes de
reproduction soient définitivement résolues pour toutes les espèces de Tarets
et même après cette solution, le point le plus important dans l'étude des
mœurs de ces animaux nuisibles est et sera probablement toujotu'S la con-
naissance des habitudes des jeunes Tarets à l'état de larve, et celle de leur
introduction dans les fosses et dans les bois.
» 2°. Cette connaissance nous semble devoir être considérée comme de-
vant servir à légitimer la préférence qu'on donne aux agents naturels (eau,
sol, air), pour la conservation des grands approvisionnements de bois de
marine. »
CHIRURGIE. — De l'ablation ou de la destruction des loupes et tumeurs
analogues sans opération sanglante; par M. A. Legr;vnd. (Extrait par
l'auteur.)
(Commissaires, MM. Velpeau, Lallemand.)
« Deux faits que j'ai eu l'occasion d'observer m'ont inspiré ce Mémoire,
Le premier remonte au mois d'octobre iSSg, et m'a été fourni par ma pra-
( 79 )
tique. Je fus mis en demeure , par une personne de la société , de lui enlever
plusieurs loupes qu'elle avait sur la tête , sans avoir recours à aucune opéra-
tion sanglante! J'y réussis. J'avais oublié celte affaire, quand, le 22
avril 1844, j'eus à constater le décès de M"* de L... , qui venait d'être enle-
vée, à l'âge de 4"* ans, par un érysipèle de la face et du cuir chevelu. Cette
maladie lui était survenue, alors qu'elle était pleine de vie et de santé, à
la suite de l'ablation de deux loupes, pratiquée à l'aide du bistouri. Ce cruel
événement me rappela ce que j'avais fait en iSSg, et je crus de ce moment
qu'il était de mon devoir de rechercher les occasions de faire de nouvelles
applications de la méthode que j'avais instituée, et de rassembler les faits
analogues à celui que je viens d'indiquer.
•1 Je commencerai par décrire ici le procédé que j'emploie. Il consiste à
diviser la peau dans toute son épaisseur, comme on le ferait avec le bistouri,
par l'application linéaire, et plusieurs fois répétée, d'une solution aussi con-
centrée que possible de potasse pure, agent qui détruit toute vitalité dan>
les tissus qu'il atteint. En répétant la cautérisation, toujours sur les mêmes
points, l'escarre linéaire qu'on obtient gagne en profondeur, et il arrive un
moment où l'on peut saisir la loupe avec une pince et l'enlever. La solution
de continuité se referme comme celle faite par l'instrument tranchant, et
l'on obtient une cicatrice qui ne diffère en rien de celle qui succède à la
plaie produite par le bistouri. Si le kyste est trop fortement adhérent, s'il
est multiple, si la tumeur n'est pas renfermée dans un kyste, on détruit les
produits morbides par des cautérisations successives et pratiquées sous la
peau. Dansée procédé comme dans l'ancien, il faut complètement enlever
ou entièrement détruire la membrane propre de ces tumeurs, ou autrement
on s'expose à une rechute. J'ai déjà eu l'occasion d'appliquer trente-deux
fois cette méthode, et il ne s'est jamais produit aucun phénomène qui pût
faire craindre la venue de l'érysipèle , si facilement mortel quand il se
développe sur le cuir chevelu, à la face ou dans leur voisinage.
» J'ai cru devoir compléter la tâche que j'avais entreprise, en me livrant
à quelques recherches sur la nature intime de ces tumeurs, dont la présence
constitue presque toujours une difformité , est souvent une incommodité ,
et peut à la rigueur (ainsi que j'en ai cité un exemple), mais dans des cas
fort rares, constituer un danger. Pour les recherches microscopiques, je me
suis adjoint M. le docteur Mandl, que 1 Académie connaît, et voici le ré-
sultat de l'examen que nous avons fait de deux loupes, provenant l'une du
cuir chevelu, et la seconde siégeant sur le front. Celle-ci présentait une en-
veloppe dure, d'une transparence cornée, dans laquelle on apercevait de
(8o)
petits points blanchâtres disséminés par groupes. En exanninant sous le mi-
croscope de petites tranches Yninces de cette enveloppe, nous avons re-
connu qu'elle était formée par des lamelles d epithélium. Quant aux petits
points blanchâtres, ils nous ont présenté l'aspect de corps granuleux, obscurs
et paraissant formés de graisse.
" fi'intérieur de cette loupe était rempli d'une matière ayant la consis-
tance du miel, et qui, examinée au microscope, nous a présenté les élé-
ments suivants : i° des cristaux de cholestérine en abondance; a° de petites
gouttelettes et des granules.de nature graisseuse; 3° des corps irréguliers gra-
nuleux, jaunâtres ou noirâtres, de nature aussi probablement graisseuse ;
4° des lamelles épithéliales, dont quelques-unes seulement étaient pourvues
de noyaux, mais la plupart en étaient privées; 5° des globules à divers
degrés de développement, depuis le globule allongé et terminé en pointe;
6° des membranes pourvues de noyaux de globules et de fibres. La masse
remplissant le kyste présentait, dans quelques endroits, de petits corps de
consistance plus solide, mais dont les éléments étaient identiques aux pré-
cédents.
" De l'ensemble de ces faits, nous avons cru pouvoir conclure que la
tumeur située sur le front provenait de la transformation pathologique d^une
glande sébacée, et que la présence de tous les éléments de développement
que nous venons d'énumérer indiquait assez qu'on avait affaire à un tissu
en voie d'accroissement; opinion qui coïncide avec le fait observé, puisque,
depuis quelques mois, la loupe faisait des progrès sinon rapides, du moins
appréciables.
» fja loupe que nous avions examinée précédemment nous avait, au con-
traire, paru provenir de la transformation pathologique d'ufi follicule
pileux. On y trouvait aussi tous les éléments que nous venons de signaler
pour la loupe située sur le front, tous, moins la cholestérine cependant.
L'enveloppe ne renfermait pas ces points blanchâtres signalés plus haut,
mais elle était pourvue d'un derme solide, et, au fond du sac, ou retrouvait
encore les traces du germe pileux {pulpe du poil).
« Mettant à profit les recherches des micrographes sur la structure intime
de la peau, j'ai cherché à donner une théorie de ce genre de produit patho-
logique. Il reconnaît, pour cause la plus directe, une oblitération acciden-
telle du col de la glande sébacée ou du follicule pileux, ou bien, il est la
conséquence d'une altération des humeurs sécrétées par la membrane
interne de ces organes. Mais , chose assez singulière et que je crois cependant
avoir démontrée par des faits, c'est que cette altération peut dépendre
( 8. )
d'une influence congénitale, de sorte que les loupes constitueraient, dans
certains cas, une malade héréditaire. J'ai pu compléter mon travail par
l'analyse chimique d'une de ces tumeurs, analyse que je dois à l'obligeance
de M. Dumas, aujourd'hui ministre de l'Agriculture et du Commerce.
» Voici le résultat de cette analyse :
6'
La loupe humide pesait. . 7 ,o3o
Après avoir été desséchée au bain-marie, à une température
de 100 degrés , elle ne pesait plus que 3, 170
La perte en eau a donc été de .,...'.. ... . .'. . 3, 860
Ou bien en décimales : matière solide. ....•..".....'. 4^, 10
Eau 54 , 90
Poids total de la loupe 100 , 00
» La dessiccation n'est ici mentionnéeque pour mémoire, car la loupe ne
nous a point été remise dans un état permettant une expérience rigoureuse
de dessiccation , qui aurait dû être faite dans le vide à une tetnpérature de
lao à i4o degrés centigrades.
» Les 3^% 170 de la matière desséchée ont été épuisés par l'alcool absolu,
auquel ils ont cédéo^^iaS (soit 89 pour 100) de matière grasse, jaunâtre,
solide à la température ordinaire, mais facilement fusible.
» La loupe épuisée par l'alcool n'a cédé qu'une trace à peine perceptible
de matière à Téther bouillant.
)' Nous avons voulu nous assurer que , dans le résidu des opérations que
nous venons d'indiquer, il ne se trouvait pas de matières grasses à l'état de
savon. Dans ce but , nous avons fait bouillir le tout avec de l'eau acidulée par
l'acide chlorhydrique. Après cette opération, l'eau acidulée a été évaporée
à siccité au bain-marie ; elle a laissé un léger résida de matières extractives.
FjH portion de matière insoluble a été traitée par l'alcool et l'éther auxquels
elle n'a cédé qu'une très-petite quantité de matière extractive jaunâtre sans
aucune apparence de matière grasse. Nous pouvons donc affirmer que la
loupe analysée ne contenait ni savon, ni graisse saponifiée. Le résidu solide
qui était resté après les premières opérations que nous venons d'exposer,
s'est dissous complètement, mais non sans difficulté, dans les acides chlorhy-
drique et nitrique. La dissolution s'est opérée en quarante-huit heures envi-
ron dans l'acide chlorhydrique concentré froid; cette dissolution offre la
couleur violette riche qui caractérise les dissolutions d'albumine , de caséine
et de fibrine dans ce liquide. Il résulte de ce qui précède, que l'on doit con-
sidérer cette loupe comme étant composée essentiellement de fibrine souil-
C R., i85o, a"« Semertre. (T, XXXI, N» 4.) I^
( 8a )
lée par 4 pour loo de son poids de matière grasse. La matière minérale n'a
pas été recherchée.
» On a voulu s'assurer si la matière soUde ne renfermait pas de matière
susceptible de se transformer en gélatine. On a donc fait bouillir celte
matière solide avec de l'eau pendant deux heures environ; le liquide filtré
ne s'est pas pris en gelée après dix-huit heures de repos. On a ensuite con-
centré le liquide en le faisant bouillir pendant deux heures encore sur la
matière solide. Mais ce second liquide, concentré et filtré , n'a pas présenté
plus que le premier des traces de gélatine. Il était légèrement opalin et
tenait une petite quantité de matière en dissolution. Ce liquide était préci-
pité parle sublimé, le tannin, le protonitrate de mercure (ce dernier pré-
cipité était très-abondant); mais l'alcool, les acides sulfurique, nitrique,
chlorhydrique, acétique, le prussiate jaune rendu acide, ne le précipi-
taient pas.
» M. Dumas termine cette analyse en regrettant de ne pas avoir eu plu-
sieurs loupes à sa disposition. Il aurait voulu , en effet, pouvoir s'assurer de la
présence ou de l'absence de l'albumine ou du caséum, en un mot, des
matières albuminoïdes que la chaleur coagule pendant la dessiccation au
bain-marie. La recherche des sels et de leur nature serait aussi sans doute
d'un grand intérêt. «
CHIMIE. — Mémoire sur un nouveau mode de dosage de l'étain;
par M. Ch. Mène.
(Commissaires, MM. Pelouze, Bussy.)
« Jusqu'à présent, dans les analyses chimiques, on a toujours dosé l'étain à
l'état d'acide stannique. La difficulté ou plutôt le soin minutieux que l'on doit
mettre dans ces manipulations, le temps qu'il faut employer à sa préparation,
à ses lavages, à sa dessiccation, et en même temps l'inexactitude inévitable
de ce procédé, font souvent un obstacle et un empêchement aux analyses
de ce métal.
» M'étant servi avec succès d'une autre méthode de dosage, j'ai cru qu'il
était de mon devoir d'en faire part à l'Académie, et de la soumettre à
l'examen des chimistes. Cette méthode nouvelle est fondée sur l'emploi d'une
liqueur titrée, c'est assez dire, je pense, qu'elle est d'une simplicité, d'une
rapidité et d'une exactitude que l'on ne pouvait atteindre dans l'autre
procédé.
» fje principe sur lequel j'ai établi mon dosage d'étain est basé sur la
(83)
propriété que possède le protochlorure d'étain d'enlever le chlore à tout
corps capable d'en céder. Si donc on vient à verser une dissolution de per-
chlorure de fer, sel coloré en jaune rouge, dans du protochlorure d'étain,
sel tout à fait incolore, le sel de fer lui cédera i équivalent de chlore pour
le faire passer à l'état de perchlorure, sel incolore, et restera dans la liqueur
à l'état de protochlorure, sel, lui aussi, incolore, >"
Fe'GP + SnCl = 2(FeCI) + SnCl?.
La décoloration du sel de fer devra donc avoir lieu tant que le sel d'étain
aura besoin de chlorure; mais, sitôt que le protochlorure se sera complète-
ment changé en perchlorure, la moindre goutte de la dissolution du sel de
fer colorera vivement la liqueur d'essai , et marquera la fin de l'opération.
Que la dissolution du perchlorure de fer soit titrée, et l'on connaîtra tout de
suite la quantité d'étain qne l'on cherche.
•• Cette méthode d'analyse est déjà si usitée et si répandue dans les labo-
ratoires, que je dois me dispenser de donner ici d'autres détails que ceux
nécessaires à l'analyse même de l'étain.
» Pour cela, on introduit dans un matras d'environ ~ litre, i à 2 grammes
de matière à analyser avec un mélange de i partie d'acide nitrique et 6 d'a-
cide chlorhydrique; on attaque vivement par une courte ébiillition, ou
mieux jusqu'au moment où la liqueur devient colorée en jaune et sent for-
tement le chlore. L'étain, dans ce moment, se trouve dissous à l'état de per-
chlorure. C'est alors que l'on ajoute du zinc dans le ballon , jusqu'à ce que la
liqueur devienne claire, incolore et limpide. Le zinc, en se dissolvant, fait
passer tout l'étain au minimum, c'est-à dire qu'il le précipite à l'état métal-
lique, mais que l'acide chlorhydrique en excès le redissout immédiatement
et le conserve dans la liqueur d'essai à l'état de protochlorure. A cet instant,
avec une burette graduée on verse la dissolution titrée du protochlorure de
fer jusqu'à coloration fixe, et l'on détermine par un simple calcul la pro-
portion d'étain que l'on voulait trouver.
" Il est utile d'ajouter à la liqueur à essayer une certaine quantité d'eau,
surtout quand on opère sur des alliages qui contiennent du cuivre.
" Quand l'analyse que l'on exécute porte sur un mélange d'étain et de
métaux, comme le cuivre, le plomb, etc. , c est- à-dire de matières inatta-
quables ou du moins fort peu attaquables par l'acide chlorhydrique, le
zinc, comme précédemment, décolore la liqueur et les précipite tous à l'état
métallique, leurs particules se réunissent au fond du vase et n'empêchent
nullement l'opérateur de saisir le moment de la coloration finale. Quand,
12..
(84)
au contraire, ce sont des métaux attaquables par l'acide chlorhydrique,
comme le fer, etc., ils restent dans la liqueur à l'état de protochlorure et
ne gênent en aucune façon, puisque leurs affinités pour le chlore sont
mpindres que celle de l'étain et du protochlorure de fer.
>' L'arsenic seul fait exception à la règle; aussi est-il nécessaire de faire
précéder la matière d'essai d'une opération préliminaire. Il suffit, quand
l'étain se trouve allié à ce métal , de le chauffer assez fort quelque temps
dans un creuset brasqué; l'arsenic alors se volatilise, et l'étain, resté seul
avec les autres métaux fixes, se dissout dans un mélange d'acide, comme je
l'ai indiqué précédemment.
» Enfin, les bases terreuses, comme la chaux, la baryte, l'alumine , ne
mettent aucun obstacle au procédé que j'indique.
» Avant de terminer tout ce qui est relatif au dosage de l'étain, j'indi-
querai un procédé commode et court pour se procurer le perchlorure de fer;
jl est important, en effet, de ne pas se servir d'un sel qui contienne la plus
petite trace d'acide azotique libre, car autrement, dans l'analyse des alliages
d'étain, il agirait sur les autres métaux, les oxyderait, et causerait inévita-
blement des erreurs. Pour fabriquer le perchlorure de fer, je me suis servi
avantageusement du peroxyde de fer, et mieux du colcotar que je faisais
bouillir environ lo minutes avec de l'acide chlorhydrique pur, et que je fil-
trais immédiatement.
" Cette liqueur ne s'altère pas et peut se conserver indéfiniment. Le per-
chlorure de fer peut cristalliser par le refroidissement et la concentration ;
mais la perte que l'on éprouve , les produits variables et accidentels que l'on
forme, et surtout l'inutilité de ce soin, me font ne pas conseiller l'emploi
de ce sel en cristaux.
» Pour titrer une dissolution de perchlorure de fer, il est presque inutile
de dire qu'on doit peser exactement i gramme d'étain, voir en nombre de
divisions sur la burette ce qu'il faut pour le perchlorurer, et le comparer
par le calcul aux résultats de l'analyse.
n Du reste, l'emploi de ces modes de dosage est déjà si simple et si fami-
lier aux chimistes, que je ne dois pas me permettre ici de donner de plus
amples détails. »
(85)
MÉDECINE. — De l'utilité de l'écorce de /'Adansonia digitata dans les
fièvres intermittentes ; par M. Simon Pierre. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Serres, Andral, Rayer.)
« Il y a deux années environ que M. le docteur Duchassaing , médecin à
la Guadeloupe, communiqua à l'Académie le résultat de ses expériences sur
l'utilité de l'écorce de \ Adansonia dans les fièvres d'accès. L'usage de cette
écorce lui fut enseigné par les nègres, qui l'emploient habituellement pour
combattre les fièvres paludéennes.
» Une certaine quantité de ce médicament me fut confiée par M. Nalalis
Guillot, afin de commencer une série d'expériences sur des malades. Ces
expériences ont été tentées, depuis deux ans, en Bourgogne, dans une loca-
lité où la fièvre est endémique, ainsi qu'à l'Hôtel-Dieu de Paris, dans ces
derniers temps. Les résultats ont été de nature à me permettre d'appeler
l'attention de l'Académie sur un médicament dont l'utilité me semble
incorïtestable.
» Ayant choisi, pour l'administration, des fièvres graves , dont plusieurs
avaient persisté, malgré l'emploi du sulfate de quinine, j'ai vu mes malades
guérir, et ces guérisons ont été durables.
>> liC nombre des observations recueillies par moi est de sept. Elles eussent
été plus multipliées, si j'avais eu à ma disposition une quantité suffisante
de l'écorce dont je suis dépourvu en ce moment.
» Dans toutes les circonstances où j'ai employé ce médicament liouvéau ,
les accès de fièvre étaient parfaitement c aractérisés et de types divers. Des
malades, les uns vivaient en Bourgogne, les autres venaient d'Afrique, un
dernier venait de La Rochelle; l'un d'eux enfin était uu médecin dont l'af-
fection remontait à plusieurs mois. Aucun des individus atteints ne présentait
de ces fièvres légères susceptibles de guérir par le repos au lit.
" L'écorce A' Adansonia leur fut administrée à la dose de 3o grammes en
décoction dans i litre d'eau; trois doses semblables ont suffi, dans la plu-
part des cas, pour faire disparaître la maladie.
» La saveur de celte décoction n'est nullement désagréable, et l'action du
médicament n'est accompagnée d'aucun des inconvénients qui peuvent être
la conséquence de l'action du sulfale de quinine.
» h' Adansonia digitata est une plante commune au Sénégal, où Adansoii ,
qui la décrivit, la vit employer aux usages que j'indique. Rien ue serait plus
facile que de se procurer de nouvelles écorces; et, en considérant le prix.
( 86 )
élevé des préparations de quinquina, d'une part, ainsi que les dépenses que le
traitement des fièvres intermittentes impose au trésor public; en considérant,
d'autre part , la difficuhé que l'on éprouve aujourd'hui à se procurer du
sulfate de quinine, même falsifié, on peut croire que l'Académie rendrait
un immense service aux populations , en fixant son attention sur les faits que
je présente, et en provoquant l'introduction en France d'une quantité suf-
fisante d'écorces propres à servir à des expérience» plus étendues que celles
dont j'ai l'honneur d'exposer ici les résultats. »
« A la suite de cette communication, M. Bussy annonce que l'attention
de l'Administration est déjà fixée sur la question que vient de soulever
M. Pierre. Sur les instances de l'École de Pharmacie de Paris, M. le Ministre
de l'A^çriculture et du Commerce a fait venir de nos établissements du Sé-
négal plusieurs centaines de kilogrammes du baobab {Adansonia digitata),
pour être soumis à des essais chimiques et thérapeutiques. M. Bussy s'em-
pressera d'en mettre à la disposition des praticiens et des chimistes qui dési-
reront faire des expériences avec celte substance. »
]VI£MOIR£S PRÉSENTÉS.
HYDRAULIQUE. — Expériences sur les lois de l'écoulement de Veau à
travers les orifices rectangulaires verticaux à grandes dimensions,
entreprises à Metz pendant les trois derniers mois de i8a8 et pendant
les années 1829, i83r et i834; par i\T. le colonel Lesbros (i). (Extrait
par l'auteur.)
« Ces expériences forment deux catégories distinctes relatives, 1 une aux
orifices limités à la partie supérieure, l'autre aux orifices découverts ou en
déversoir.
» Orifices limités à la partie supérieure. — On s'est beaucoup occupé
jusqu'à présent de l'écoulement de l'eau se précipitant librement dans l'air
à travers ces orifices, mais dans des conditions qui ne sont pas toujours
celles de la pratique. En effet, les pertuis en usage sont presque toujours
ouverts dans des cloisons plus ou moins épaisses, et au lieu d'être tout à fait
(i) Ce travail est adressé par M.Jle Ministre de la GcERfee, qui invite l'Académie à le faire
examiner par une Commission et demande qu'il lui soit adressé copie du Rapport dont ce
trava il aura été l'objet.
(87)
isolés des parois du réservoir, ils en sont souvent très-rapprochés, et sont
accompagnés , dans l'intérieifr de ce réservoii-, de murs en aile plus ou moins
longs, plus ou moins évasés, circonstances qui toutes modifient les lois de
l'écoulement. Les auteurs admettaient généralement que le coefficient par
lequel il fallait multiplier la dépense théorique pour obtenir la dépense
réelle, augmentait à mesure que la distance entre les bords des orifices et
les parois correspondantes du réservoir diminuait. Mais quelles étaient les
lois de cette augmentation dans chaque cas particulier et pour touti^s les
dispositions qui se rencontrent dans la pratique? On était dans la plus com-
plète ignorance à cet égard, et par conséquent il était impossible de calculer
le produit de l'écoulement sans s'exposer à commettre des erreurs qui pou-
vaient s'élever, pour certains dispositifs et certaines charges, jusqu'à ^ et
même ^ de la valeur réelle de ce produit.
» Pour déterminer ces lois , j'ai fait onze cents expériences sur des orifices
dont la hauteur a varié depuis 5 millimètres jusqu'à 4oo, et la largeur depuis
ao jusqu'à 600, avec dix-neuf dispositifs différents choisis parmi ceux qui
sont le plus généralement usités. Au moyen des résultats obtenus, j'ai con-
struit une Table qui donne, pour chaque ouverture et pour toutes les charges
de liquide sur son sommet, depuis zéro jusqu'à .3 mètres, les coefficients de
la dépense correspondants aux divers dispositifs. Cette Table est appli-
cable, soit directement, soit par interpolation, à tous les pertuis quelles que
soient leurs dimensions, même à ceux, d'ailleurs fort rares, dont le plus long
côté serait placé dans le sens vertical. Eu effet , l'expérience a démontré que:
» i". Ces coefficients ne dépendent que du plus petit intervalle qui sé-
pare les bords opposés de l'orifice et restent les mêmes, toutes choses égales
d'ailleurs, quelle que soit l'autre dimension de l'ouverture, pourvu qu'elle
n'excède pas environ vingt fois la première , condition que remplissent
ordinairement les pertuis de la pratique;
» 2°. Pour les orifices dont les côtés contigus sont inégaux, les coefficients
de la formule qui tient compte de la hauteur de l'ouverture, sont, à égalité
de charge sur le sommet, les mêmes quand la plus grande dimension est
verticale que lorsqu'elle est horizontale.
» Comme il s'était présenté quelques doutes à l'occasion du lever que
j'avais fait en 1827, de la veine fluide jaillissant par un orifice carré de o",20
de côté en mince paroi plane, et entièrement isolé du fond et des faces du
réservoir, sous une charge de i'",68 sur le centre, j'ai de nouveau levé cette
veine, mais en prenant à la fois le contour entier des sections, afin d'éviter
toute cause d'erreur. Il résulte de cette opération , plusieurs fois répétée ,
( 88 )
que, contrairement aux idées reçues, la vitesse théorique dne à la charge sur
le centre de gravité de la section contractée* est de y^ de sa valeur plus
faible que la vitesse moyenne dans cette section. Pour le même orifice comme
pour celui de o™,20 de largeur sur o™,o5 de hauteur, sous une charge de
i™,5i sur le centre, daus le cas où leur base est au niveau du fond du réser-
voir et leurs bords verticaux ne sont éloignés que de o™,02 des faces laté-
rales de ce réservoir, la vitesse théorique est encore de yi-^ de sa valeur plus
petite que la vitesse moyenne dans la section contractée. Pour un orifice de
o™,6o de hauteur sur o™,02 de base en mince paroi plane, sous une charge
do i^jS.'î sur le centre, la vitesse théorique est , au contraire , de -j^ de sa
valeur plus forte que la vitesse moyenne dans la section contractée.
>' Les pertuis sont très-souvent prolongés au dehors du réservoir par des
canaux rectangulaires découverts, d'une trop petite longueur pour que le
régime des eaux puisse y devenir uniforme. On admettait, d'après Bossut ,
que, dans ce cas, la dépense des orifices était la même que si le canal n'exis-
tait pas. Pour vérifier ce fait, j'ai exécuté cinq cent vingt-six expériences avec
treize dispositifs différents, sur les mêmes orifices que j'avais d«jà soumis à
^ l'épreuve sans canal additionnel, afin que les résultats obtenus dans les deux
cas fussent exactement comparables. Ces observations on fait voir que le
canal, excepté pour les Irès-forles charges et dans quelques cas seulement,
fait toujours diminuer notablement la dépense, et que, pour les très-faibles
charges et certains dispositifs, il la réduit à environ les f de ce qu'elle serait
si^ l'orifice débouchait librement dans l'air. L'influence du canal est très-sen-
sible, même lorsqu'il est très-court et fortement incliné à l'horizon ; ainsi , le
produit d'un orifice carré de 0^,20 de côté, sous une charge de o'",ai sur le
centre, dans le cas où sa base est au niveau du fond du réservoir et ses bords
sont éloignés de o'",oa des faces latérales de ce réservoir, diminue brusque-
ment de Yj (Je sa valeur, lorsqu'on adapte à cet orifice un canal de o™,74 ^^
longueur, incliné à environ 3 de base sur i de hauteur.
" On admettait , d'après une savante analyse de M. Navier, que le rap-
port de la vitesse réelle dans les coursiers qui prolongent les pertuis, à celle
qui est due à la hauteur de chute, était constant pour un même dispositif.
Les nombreuses opérations que j'ai faites pour déterminer cette vitesse en
divers points des canaux que j'ai soumis à l'expérience, et dont les résultats
sont consignés sur les tableaux détaillés et sur les planches, au nombre de
trente-sept, qui accompagnent mon Mémoire, prouvent au contraire que
ce rapport varie d'un point à l'autre du canal pour une même charge de
liquide, avec la charge pour un même point du canal , enfin avec le dispo-
( 89 )
sitif qui accompagne Torilict', et même avec les dimensions de cet orifice.
" Diibuat a établi, pour calcnler la dépense des orifices lorsque la veine
contractée est recouverte par des remous, une formule f|ui, bien que ne
reposant sur aucun résultat d'observation, a été généralement adoptée. Mais
elle ne comprend pas le cas, qui peut se présenter souvent , où la veine con-
tractée n'est recouverte qu'en partie, et, appliquée dans les autres cas à
quarante-neuf expériences que j'ai faites sur ce sujet, elle donne des coef-
ficients qui ne suivent aucune marche régulière, et diffèrenf notablement
de la valeuf uni((ue que leur attribue ce célèbre hydraulicien. Les coeffi-
cients de la formule ordinaire de la dépense suivent, au contraire, une loi
parfaitement régulière, en les ordonnant d'après les valeurs du rapport des
charges sur le sommet de l'orifice, mesurées en aval au point le plus haut
des remous , et en amont, dans l'intérieur du réservoir, en un point où le
liquide soit stagnant. J'ai déduit de mes expériences une Table des coeffi-
cients correspondants aux diverses valeurs de ce rapport, au moyen de la-
quelle on pourra calculer la dépense, soit que les remous recouvrent la veine
en totalité ou en partie, soit qu'ils ne l'atteignent pas. * •
» Orrfîies découverts ou en déversoir. — Les déversoirs débouchant libre-
ment dans l'air ont été, jusqu'à présent, l'objet de beaucoup plus d'expé-
riences en grand que les orifices limités à la partie supérieure, parce qu'elles
sont, sous tous les rapports, bien plus faciles à exécuter pour les premiers
que pour les seconds. Cependant l'évaluation de leur dépense présentait au
moins autant de difficultés, à cause de l'énorme différence des résultats
trouvés par les divers observateurs, dans des circonstances que l'on croyait
identiques. Les expériences que j'ai faites, au nombre de deux cent six, sur
des déversoirs dont la largeur a varié de 20 millimètres à 600, avec treize
dispositifs différents, choisis parmi ceux qui sont le plus en usage, ont sin-
gulièrement éclairci la question. Elles ont démontré que : 1° les faces laté-
rales du réservoir ont de l'influence sur la dépense tant que sa largeur n'ex-
cède pas environ dix fois celle du déversoir, tandis que, d'après quelques
auteurs, cette influence serait nulle, et, d'après d'autres, elle cesserait de se
faire sentir lorsque la seconde largeur est inférieure à un quart de la pre-
mière ; "i? le fond du réservoir, selon qu'il est plus ou moins rapproché de
la base du déversoir, fait, suivant le cas, augmenter ou diminuer la dépense;
3" les obstacles placés par certains expérimentateurs en amont des orifices,
pour amortir la vitesse du courant, modifient sensiblement les lois de l'écou-
lement. En tenant compte de ces faits nouveaux, de la manière dont les
charges de liquide ont été mesurées et de la disposition des appareils qui ont
C. B., i85o, a™" Semestre. (T. XXXI, N» 4. ) l3
( 90 )
servi aux observations, la différence entre les résultats obtenus par les divers
auteurs s'explique parfaitement, et toute incertitude cesse. J'ai déduit de mes
expérieaces uue Table qui doane, pour toutes les charges totales sur la base
des déversoirs, depuis i jusqu'à 3o centimètres, et même, dans quelques
cas, jusqu'à i mètre, les coefficients de la formule ordinaire de la dépense
correspondants aux divers dispositifs.
» Pour calculer la dépense des déversoirs prolongés par des canaux rec-
tangulaires découverts d'une petite longueur, où le régime des eaux ne peut
parvenir à Y uniformité , on n'avait d'autre règle que celle que Dubuat a
établie pour les canaux où ce régime est, au contraire, unijbrme, et qui est
évidemment inapplicable au cas dont il s'agit. Afin de combler cette lacune,
d'autant plus fâcheuse qu'elle se rapporte à des dispositions très-fréquemment
usitées, j'ai fait cent six expériences sur huit dispositifs différents, et j'en ai
déduit une Table analogue à la précédente, qui donne les coefficients à ap-
pliquer à la formule ordinaire de la dépense théorique pour avoir la dépense
effective. J'ai aussi déterminé la vitesse réelle du liquide en divers points des
canaux; les résultats des opérations sont indiqués sur les tableaux détaillés
et sur les planches de l'atlas annexé à mon Mémoire.
» Il n'a été fait sur les déversoirs incomplets ou en partie noyés qu'une
seule observation, d'après laquelle Dubuat, qui en est l'auteur, a établi ime
formule pour évaluer la dépense en pareil cas. Mais, appliquée à quarante
et une expériences que j'ai faites sur cet objet, elle présente les anomalies
les plus choquantes. C'est pourquoi je propose de lui en substituer une autre
tout aussi simple, et qui satisfait avec beaucoup d'exactitude à tous les ré-
sultats que j'ai obtenus. J'ai dressé une Table des coefficients de cette der-
nière formule pour toutes les valeurs du rapport de la portion de la veine
qui n'est pas noyée à la charge totale, depuis 0,00 1 jusqu'à i.
» Les formules servant à évaluer la dépense des déversoirs supposent,
généralement , que la charge totale sur la base de l'orifice est mesurée exclu-
sivement en un point où le liquide est parfaitement stagnant. Mais la déter-
mination directe de cette charge est souvent très-difficile et quelquefois
même impossible, soit à cause des obstacles que présentent les locahtés, soit
parce que le fluide, avant son arrivée dans la sphère d'activité du déversoir,
est animé d'une vitesse dont, en réalité, la hauteur génératrice est inconnue.
La charge moyenne dans le plan de cet orifice est, au contraire, en général
facile à relever; c'est pourquoi j'ai établi, au moyen dés résultats de mes
expériences et de celles des autres observateurs, des formules d'interpo-
lation qui, liant cette dernière charge à la charge totale dont il s'agit, per-
( 9' )
metlent de déterminer celle-ci en fonction de l'autre, et, par suite, de cal-
culer la dépense effective. «
Le travail de M. Lesbros sera examiné par une Commission composée de
MM. Arago , Poncelet, Regnault, Piobert et Morin.
CHIRURGIE. — Maladie de la conjonctive connue sous le nom r/'ophthalmie
égyptienne; par M. Heinbich.
(Commissaires, MM. Roux, Velpeau.)
VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Exploration du volcan de Sangaï [République
de l'Equateur) ; par MM. Wisse et Garcia-Mcreno.
(Commissaires, MM. Arago, Dupferrey, Boiissingault. )
CORRESPONDA.NCE.
ÉLECTRICITÉ ANIMALE. — Troisième réponse à M. Matteuci; par M. Emile du
Bois-Reymoivd (de Berlin).
u Dans une Lettre imprimée dans les Comptes rendus ( t. XXX , p. 479)>
M. Matteucci a réclamé la p^yorité de plusieurs découvertes d'électricité
animale que je venais de communiquer à l'Académie. Dans deux réponses
à celte Lettre, successivement insérées dans les Comptes rendus (t. XXX,
p. 5i2 et 563), je crois avoir prouvé, de la manière la plus évidente et en
m etayant de documents irrécusables, que les réclamations de M. Matteucci
sont dénuées de fondement. Ce n'est donc pas sans quelque surprise que j'ai
vu M. Matteucci, peu de tenips après, reproduire toutes ses assertions dans
une longue FiCttre qu'il ne s'est pas contenté de voir insérée dans les Comptes
rendus (t. XXX, p. 699), mais qu'il a fait en outre imprimer à Florence.
Dans celte Lettre, M. Matteucci dit, au sujet de la discussion qui s'est élevée
entre lui et moi, quilfia pas eu l'intention de l'exciter; que très-volontiers
il l'aurait évitée; et que, si cette discussion n'avait pas été portée devant
l'yécadémie, il n'aurait pas osé l'en entretenir; quand, bien au contraire,
tout le monde sait que c'est M. Matteucci, et non pas moi, qui est l'instiga-
teur de ce débat. M. Matteucci dit aussi qu'il ne sait comment qualifier le
sens du dernier paragraphe de ma deuxième réponse, paragraphe dans lequel
je conclus simplement, de ce qui a précédé, que, si M. Matteucci a dans son
portefeuille des expériences inédites sur l'influence de la contraction sur le
i3..
(90
courant musculaire, mes publications sur ce sujet, qui datent de i843, se-
ront indubitablement antérieures à ses futures publications sur le même
sujet. En y mettant la meilleure volonté du monde, je ne vois pas, en effet,
même après y avoir été rendu attentif par M. Matteucci, ce qu'il y a dVrt-
(junljjiahle dans une conclusion aussi logique. Dans sa Lettre, comme je
viens de le dire, M. Matteucci commence par reproduire ses premières as-
senions que j'ai déjà réfutées. Il s'attache ensuite à prouver que la loi du
courant musculaire, telle que je l'ai formulée, est inexacte; que l'identité du
courant muscidaii-e et du soi-disant courant propre de la grenouille, que
j'ai proclamée avant M. Cima et lui-même, n'est qu'hypothétique; que la
variation négative du courant musculaire dans l'acte de la contraction, telle
que je la démontre sur l'hommu et sur la grenouille, est une chimère ; enfin,
que mes méthodes d'investigation sont de tout point vicieuses. A tout cela
qu'ai-je à répondre? sinon que je ne sais trop quelle occasion iVl. Matteucci
a pu avoir de connaître les méthodes qu'il condamne, mais qu'il paraît s'en
faire une étrange idée; que les faits dont il persiste à nier l'exactitude ont
eu pour témoins désormais tout ce que l'Allemagne et la France comptent de
savants les plus illustres. Je ne me sens donc pas l'obligation de com-
battre ici, par des développements qui paraîtraient oiseux à presque tout
le reste des savants, les doutes que M. Matteucci peut conserver à l'é-
gard de mes résultats. Il n'en est pas ainsi relativement à un autre point
de la Lettre de M. Matteucci. « J'ai nié, dit-il, et je nie toujours ce fait (le
" fait du courant développé par la contraction du bras), parce que, en fai-
" sant usage du galvanomètre, j'ai obtenu, comme le plus grand nombre
" des observateurs, ou des résultats incertains, ou des résultats sans aucun
» rapport avec le degré de la contraction et le nombre des éléments qui se
>i contractent. Parmi ces observateurs dont les résultats sont incertains ou
>' en contradiction entre eux, il faut citer M. du Bois-Reymond lui-même
" qui, dans la communication du i8 mai 1849, P.ai'le du développement
» dans la contraction d'un courant inverse, et qui , dans celle du 25 mars
" i85o, dit qu'en opérant sur la grenouille tétanisée, il trouve un courant
n direct. » Il paraît que l'apparente contradiction relevée par M. Matteucci
a encore arrêté d'autres personnes que lui; j'ai donc eu tort de ne pas parer,
par quelques mots d'explication, au malentendu qui pouvait en résulter.
Mais je suis étonné que M. Matteucci ait pu trouver, pour sa part , la moindre
difficulté dans ce sujet. M. Matteucci, après l'avoir nié bien des fois, dit
s'être convaincu, en i845, de la production, dans tous les animaux, d'un
phénomène semblable au courant de la grenouille. Il doit donc très-bien
(93)
savoir que ce courant affecte , dans les membres de différents animaux, des
directions contraires, de manière à être inverse dans les uns et direct dans
les autres. J'avais déj^ publié ce fait dans mon Mémoire de i843, et j'en
avais donné la véritable explication. Le soi-disant courant propre n'est autre
chose, en effet, qu'un embranchement de la résultante de tous les courants
qui, dans tous les muscles du membre, circulent incessamment entre leurs
coupes longitudinales et leurs coupes transversales naturelles. La direction
de cette résultante, dans un assemblage de muscles aussi compliqué que
celui d'un membre, ne peut être déterminée que par expérience. Mais, s'il
est impossible de prévoir cette direction par théorie, il n'y a, d'autre part,
aucune raison valable pour qu'elle ne varie pas d'une espèce à l'autre avec
la forme des muscles et leur mode de groupement. Or la variation d'inten-
sité du courant dans la contraction étant toujours négative, rien n'empêche
non plus, par conséquent, que le courant qui résulte de cette variation dans
un circuit où les courants de deux membres se balançaient à l'état de repos
soit, pour le membre contracté, direct dans (me espèce comme dans la gre-
nouille, et inverse dans une autre comme dans l'homme. J'en viens mainte-
nant au second point de la Lettre. M. Matteucci, comme on l'a vu, nie le fait
de la variation négative du courant musculaire dans la contraction. Tou'e-
fois, par une contradiction moins facile à expliquer peut-être qne celle dont
je viens de donner la clef, M. Matteucci réclame, en même temps, la
priorité de la découverte qu'il considère comme illusoire. « Je n'ai pas fait
» erreur, dit-il , en affirmant avoir démontré l'influence de la contraction et
» de l'état tétanique sur le courant de la grenouille, car, dans mon Mémoire
" publié dans la Bibliothèque universelle, mai i838, j'ai dit positivement
>' que le courant cesse ou s'affaiblit sous l'influence des contractions téta-
» niques excitées par la noix vomique ou auiremeut, et que les signes de
» ce courant reparaissent lorsque les contractions tétaniques sont passées.
» Les expériences analogues à celles dont parle M. du Bois- Raymond dans
» sa Note du aS mars 1 85o ont été publiées cinq ans avant les siennes. »
» Voici le passage cité de la Bibliothèque universelle , nouvelle série,
tome XV, page 164 : " L'influence du tétanos est telle, que le courant
« propre manque toujours lorsque la grenouille en est attaquée. Nous
» n'avons plus de contractions, ni désignes au galvanomètre. Si l'animal
>• a été tué par le poison , on ne réussit plus à en obtenir; mais si , au con-
» traire, le tétanos a été produit par l'irritation qu'on a donnée à la gre-
1) nouille en la préparant , une fois que les convulsions sont passées , les
>' signes du courant propre apparaissent encore. »
( 94 )
>• La citation de M. Malteucci n'est donc pas tout à fait exacte , en tant
qu'il n'est question ici d'une recrudescence du courant qu'après le tétanos
qui n'a pas été la suite de l'intoxication par la strychnine. Quoi qu'il en soit,
on pourrait être porté à croire, d'après cela, que M. Matteucci , dès i838,
aurait observé la variation négative du courant dans la contraction , et moi-
même j'ai donné dans cette erreur, à ce point que, dans mon Mémoire
de 1843, j'ai attribué, avec toute la bonne foi possible, à M. Matteucci la
priorité de la découverte en question. Mais, depuis lors, M. Matteucci a
donné du passage cité une interprétation tout à fait différente. Voici ce qu'il
écrivait à M. Dumas, en septembre i845, au sujet de mon explication de
la soi-disant contraction induite : « Il paraît (jue M. du Bois-Reyinond
» admet que le courant musculaire ou propre s'affaiblit ou s'interrompt
» pendant la contraction musculaire ; mais il n'y a aucun fait qui vienne
» à l'appui de cette idée. Galvani avait bien vu que les contractions propres
" s'affaiblissent dans la grenouille prise de tétanos ; moi-même j'ai bien
>' confirmé ce fait, mais il faut remarquer que cet affaiblissement se
>' montre parce qu'on prend pour indication du courant propre la contrac-
» tion de la grenouille même, en repliant sa jambe sur les nerfs lombaires.
» Mais on ne trouve pas cela en mesurant le courant propre ou le muscu-
» laire avec le galvanomètre, fia différence est donc due à l'état d'excitabi-
» lité du nerf dans l'animal tétanisé. Ce n'est que dans un cas, que j'ai noté
V dans mes premiers travaux et que j'ai vérifié après, que l'on pourrait
» trouver la preuve du principe admis par M. du Bois-Reymond. J'ai trouvé
» que les grenouilles, prises dans l'état de surexcitation développée par
>i l'emploi de la noix vomique, préparées à la maaièrf ordinaire et dispo-
i> sées en pile,- donnent un courant propre plus faible que celui qu'on
» obtient en agissant sur des grenouilles qui n'ont pas subi l'action de la
" noix vomique. Mais, si l'on réfléchit que les contractions ne persistent pas
>> dans les grenouilles préparées et disposées en pile, on ne pourra pas voir,
» dans ce fait unique , la démonstration du principe invoqué par M. du
» Bois-Reymond. » ( Annales de Chimie et de Physique, 3* série , tome XV,
pages 69 et 70.)
» On voit donc que l'observation de M. Matteucci , relatée dans la
Bibliothèque universelle, porte sur un tout autre point qu'il ne le semble au
premier aspect. Celte observation , du propre aveu de son auteur, se rap-
porte uniquement à l'état du courant musculaire après que le tétanos a cessé.
Ainsi donc , M. Matteucci peut avoir démontré une espèce d'influence du
.tétanos sur le courant, influence qui revient à ce que, dans les muscles faii-
(95 )
gués, le courant a perdu de son énergie, ce qui, d'ailleurs, était facile à
prévoir. Mais il y a loin de là , encore du propre aveu de M. Matteucci ,
à l'influence de la contraction sur le courant que j'ai notifiée, influence qui
consiste en ce que la courbe des intensités du courant musculaire rapportées
au temps subit, à chaque contraction du muscle, une inflexion rapide diri-
gée vers l'abscisse. C'est donc tout à fait à tort que M. Matteucci vient affir-
mer aujourd'hui que ses expériences de i838 sont analogues aux miennes
de i843; et même si, par impossible, M. Matteucci avait eu à cette époque
sous les yeux le phénomène de la variation négative du courant dans la con-
traction, il aurait, par ses publications postérieures, anéanti les droits que
cette observation aurait pu lui donner à la découverte en litige. En effet ,
depuis lors, M. Matteucci, comme cela peut se voir dans ma deuxième
Réponse, t. XXX, p. 566, a plus d'une fois entretenu l'Académie de ses efforts
infructueux pour découvrir une action électrique quelconque à l'instant de
la contraction. Pendant quelique temps, il a. cru devoir admettre qu'il y
avait une légère exaltation du courant ; mais, à la fin , il en est arrivé à avouer
franchement qu'il lui était impossible de rien constater de pareil. M. Mat-
teucci ayant de la sorte annoncé successivement qu'il y avait , dans la con-
traction, d'abord diminution, ensuite exaltation, puis, enfin, constance
de l'effet électromoteur, ce physicien avait rendu , évidemment, impossible
de découvrir la véritable relation entre le courant et la contraction , sans
qu'il eût à faire valoir, à cette découverte , des droits quelconques. Mais
l'histoire de la science ne s'y tromper^ point, et la vérité, c'est qu'aujour-
d'hui encore M. Matteucci se trouve hdrs d'état d'observer le phénomène
en question, puisque, en vertu de l'étrange contradiction que j'ai déjà
signalée, il persiste à en révoquer en doute la réalité. Je n'appréhende
même pas que j'aie à me déjuger jamais en avançant qu'à moins d'abandonner
pour les méthodes d'expérimentation qu'il rejette sans les connaître celles
qu'il préconise comme les seules de bon usage , l'électrophysiologiste de Pise
ne parviendra pas à pouvoir constater seulement ma découverte de la varia-
tion négative du courant dans la contraction. "
M. HousEZ présente un Mémoire ayant pour titre : Essai sur les causes
premières du mouvement matériel.
M. DuDOuiT envoie, comme supplément à la communication qu'il avait
faite dans la séance du i" juillet, une Note intitulée : Considérations sur la
" (96 )■
section de la ligne aux tmis cinquièmes , sur Euclide et sur l'application
du calcul infinitésimal à l'astronomie .
M. GiOANNETrr adresse, de l'île de la Triaité (Anlilles), un Mémoire
accompagné de figures sur la possibilité de diriger les aérostats.
^. JM. Brjvchet poursuit ses communications sur des questions d'optique.
L'objet de sa nouvelle Note a rapport à une modification qu'il propose pour
la caméra obscurn.
M. Vaissier, qui avait adressé, dans ime des séances précédentes, une
Note sur le mouvement perpétuel, prie l'Académie de vouloir bien se faire
rendre compte de cette communication.
L'auteur a dû être informé de la décision prise depuis longtemps par
"l'Académie relativement à la question du mouvement perpétuel.
. * M. Barde.\.\t demande que l'on fasse de nouvelles recherches pour s'assurer
si une Note qu'il avait adressée à l'Académie n'est pas parvenue au secré-
tariat de l'Institut, son intention étant d'adresser un duplicata de cette Note
en cas que la première se soit perdue en route.
M. E. Marchaao envoie, de Fécamp, une Note sous pli cacheté
L'Académie en accepte le dépôt.
La séance est levée à 4 heures un'quart. A.
(97 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
t/Académie a reçu, dans la séance du 8 juillet i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Journal des Connaissances médico - chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Mautin-Lauzer ; tome XXXV; n° i ; i*' juillet i85o; in-8°.
L' Agriculteur praticien , Revue d'Agriculture, de Jardinage et d'Economie
rurale et domestique , publié sous la direction de MM. F. Malepeyre , G. HeuzÉ
et BossiN; II* année; o° i3i ; juillet i85o; in-8°.
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. Magne; n° i3; i" juil-
let i85o; tome III ; in-8°.
Revue thérapeutique du Midi.— Journal de Médecine , de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques; par M. le D' FuSTER; n° 12; 3o juin i85o; in-8°.
Annales de la propagation de la Foi; n° i3i ; juillet i85o; in-8°.
Viaggio. . . Voyage à la chaîne du mont Rlanc et au grand Saint-Bernard,
exéaité pendant le mois d'août 1849; pcr M. FiLIPPO Parlatore. Flo-
rence, i85o; in-8°.
Flora italiana. . . Flore italienne, ou description des plantes qui croissent
spontanément en Italie et dans tes îles adjacentes , disposée selon la méthode
naturelle; parle même; i" fascicule. Florence, 1848; broch. in-S".
Astronomische. .. Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n" 721,
Gazette médicale de Paris; n° 27.
Gazette des Hôpitaux; n°' 78 à 80.
Le Magasin pittoresque; tome XVIII; 3^* livraison; in-8°.
Les Alpes, journal des sciences naturelles, agricoles, médicales, physiques et
astronomiques; n° i; i" juillet i85o.
C. R., i85o. a"»« Semestre. (T. XXXI, N» *.) >4
{ 98 )
I/Académie a reçu , dans la séance du i5 juillel t85o,les ouvra{);es dont
voici les titres :
Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du département de
ta Charente; tome XXXJI; n"' i el 2 ; janvier à avril i85o; in-8°.
Recueil des travaux de la Société médicale du département d'Indre-et-Loire ;
a* série; 3® et 4* semestres de 1849; in-8".
Aperçu des travaux de la Société des Sciences naturelles de la Charente- Infé-
rieure depuis sa fondation, en iS^6, jusqu'à la fin de 1849; P^^ '^ Secrétaire
S'.-G.-L. Sauvé; La Rochelle, i85o; broch. in-8*.
Annales médico-psychologiques; par MM. Baillarger, Brierre de BoIS-
MONT et Cerise; tome II; juin i85o; in-8°.
Annales de la Société centrale d'Horticulture de France; volume XLÏ;
juin i85o; in-8°.
Répertoire de Pharmacie, recueil pratique , rédigé par M. le D'' A. Bou-
CHARDAT; 7* année, tome VII, n° i ; juillet i85o; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales, publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzeb; n° a; i5 juillet i85o; in-8°, avec atlas in-4°.
Du son dans le pain; par M. AuG. Duboys. Limofjes, i85o ; broch. in-8".
Bibliothèque universelle de Genève; juin i85o; 4* série, n° 54; in-S".
Report... Rapport de M. Airy, astronome royal, au Comité supérieur.
Greenwich, i85o; in-4°.
Rappresentazione. . . Représentation géométrique des lignes de' second ordre;
par M. Ermano Lelli; brocb. in-S".
Il fatto. .. Le fait parlant, Lettre à l'auteur de l'ouvrage intitulé: De la
manière de bien élever les vers à soi,e ; par M. le lY Adgustin Bassi. Lodi ,
i85q; brocb. ia-8°.
Effemeridi. . . Éphémérides astronomiques de Milan pour tes années 1847»
1848, 1849 ^' i85o; 5 brochures in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; n° 722.
( 99 )
Gazette médicale de Paris; n° a8.
Gazette des Hôpitaux; n"* 8i à 83.
L'Abeille médicale; n" i4.
Le Magasin pittoresque ; tome XVIII; 28* livraison.
L'Académie a reçu, dans la séance du aa juillet i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences;
2"* semestre 1 85o ; n" 3 ; in-4°.
Dictionnaire général de Médecine et de Chirurgie vétérinaires , et des sciences
qui s'y rattachent, anutomie, phjsiologie, pathologie, chirurgie, physique,
chimie, botanique, matière médicale, pharmacie, économie agricole, eh:.;
por MM. Lecoq, Rey, Tisserant, Tabourin, directeur et professeurs à
l'Ecole nationale vétérinaire de Lyon. Lyon et Paris, i85o; i vol. in-8''.
Recherches sur les logarithmes, et, en particulier, sur la différentielle d/ = —
qui les engendre dans le calcul intégral; par M. "VoizOT. Paris et Chatillon ,
i85o; broch. in- 8°.
Extrait de la notice historique sur la transformation du ligneux en matière
fulminante dite fulmi- coton, de M. A. MOREL; porM. J.-F.-J. MOULLABD.
Paris, i85o; broch. in-8°.
Encyclopédie moderne. Dictionnaire abrégé des Sciences, des Lettres et des
Arts, etc., nouvelle édition, publiée par MM. DiDOT frères, sous la direc-
tion de M. L. Renier; 3o3* livraison ; in-8°.
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. MagnE; n" i4;
tome III; 16 juillet i85o; in-8°.
Revue médico-chirurgicale de Paris, publiée sous la direction de M. Mal-
GAiGNE; 4* année ; tome Vil; juillet i85o; in-S".
( lOO )
Revue thérapeutique du Midi. — Journal de Médecine , de Chirurgie et de
Pharmacie pratiques; par M. le D'' FuSTER; n° t3; i5 juillet i85o; in-8°.
Proceedings . . . Procès-verbaux de l'Académie des Sciences naturelles de
Philadelphie; vol. V; n° 2; in-8°.
Monatsbericht. . . Comptes rendus mensuels des séances de l' Académie royale
des Sciences de Prusse; avril i85o; in-8"'.
Nacbrichten... Nouvelles de l'Université et de l'Académie royale de Gottingue ;
n°9; 17 juin i85o; in-8°.
Astronomische . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher ; titre et
table.
Gazette médicale de Paris; n" ag; in-4''-
Gazette des Hôpitaux ; n°" 84 à 86.
Réforme agricole; n° aa.
Les Alpes; n° a.
Magasin pittoresque ; tome XVIII; ag* livraison.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIEINCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 JUILLET 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
AfÉMOIRËS ET COMMUNICATlOiNS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Détermination générale des lois de variations
du pouvoir rotatoire, dans les systèmes liquides, où un corps doué de
ce pouvoir, se trouve en présence d'un ou de deux corps inactifs, qui se
combinent avec lui sans le décomposer chimiquement ; par M. Biot.
« Si je parlais, devant un autre auditoire que l'Académie, je devrais
in'excuser de revenir encore, sur un sujet dont je l'ai déjà entretenue tant
de fois, depuis trente-cinq ans. Mais les Membres de cette assemblée savent,
par l'expérience de leurs prédécesseurs comme par la leur propre, que,
dans les recherches physicomathématiques, où un expérimentateur isolé se
trouve n'avoir pour guide que ses investigations individuelles, le progrès ne
s'obtient qu'à force de constance, en travaillant toujours à perfectionner et
à étendre, ce que l'on avait d'abord imparfaitement et incomplètement
aperçu. Je ne surprendrai donc ici personne, en venant annoncer aujourd'hui
la généralisation, très-simple et très-évidente, d'une loi phénoménale, dont
je n'avais jusqu'à présent reconnu que des linéaments, qui la comprenaient
(J. K., c85o, 7.'^' Semcsue (T. XXXI, M» 8. ) '^
( I02 )
tout entière, sans que je le susse. J'exposerai d'abord le principe, d'où
cette généralisation se déduit; j'indiquerai ensuite sommairement, la nature
et le nombre des épreuves expérimentales, par lesquelles j'ai constaté sa
justesse. Appliquant alors les lois numériques fournies par ces expériences,
aux réactions chimiques, dont elles expriment les effets simultanés, je mon-
trerai , que, dans les systèmes liquides où on les observe, la substance douée
de pouvoir rotatoire , et les deux substances inactives mises en sa présence,
sont toujours dans un état de combinaison ternaire, dont les conditions d'in-
timité, varient, pour chacune d'elles, avec les proportions de leurs masses
relatives, qui s'y trouvent associées. De sorte qu'en faisant changer ces pro-
portions, par des phases continues, convenablement réglées , le pouvoir ro-
tatoire que la molécule active, acquiert, dans la molécule complexe, peut,
à volonté, être rendu progressivement plus grand, ou moindre, ou être
maintenu fixe; et, dans ces trois cas, être amené à une même valeur absolue,
par une infinité de proportions diverses, qui sont assignables d'avance, par
le calcul. Inversement , si l'on se donne une solution ternaire d'un dosage
quelconque, contenant une substance active, et deux inactives, comme celles
que j'ai étudiées, l'application réciproque des mêmes lois fera connaître le
pouvoir rotatoire absolu, que la substance active y exercera ; et ce pouvoir
calculé se trouvera toujours conforme aux observations, dans les étroites li-
mites d'erreur que celles-ci admettent. J'établis en détail toutes ces propo-
sitions dans mon Mémoire, qui sera inséré au cahier prochain des Annales
de Chimie et de Phjsique. J'exposerai seulement ici la marche générale des
raisonnements et des expériences, qui me les ont fait découvrir.
» Si, dans une solution aqueuse d'acide tartrique, on introduit une quantité
d'acide borique , assez restreinte pour qu'elle s'y liquéfie complètement ,
l'addition de ce corps, qui n'exerce par lui-même aucune action rotatoire,
produit aussitôt deux modifications considérables, dans les effets optiques
qui s'observaient auparavant. Les déviations imprimées aux plans de pola-
risation de tous les rayons simples, sont fortement accrues; et, d'autant plus
fortement que la proportion d'acide borique introduite, a été plus grande.
En outre, les amplitudes relatives de ces déviations sont toutes changées; de
sorte que le mode si remarquable de leur dispersion, qui est spécialement
propre à l'acide tartrique dissous dans l'eau pure, a totalement disparu. Si,
de ces aperçus généraux, on passe aux mesures, et qu'on détermine compa-
rativement les intensités absolues des pouvoirs rotatoires, que l'acide tartrique
acquiert ainsi, par des dosages divers, en l'étudiant toujours sur un même
rayon simple, et en rapportant les évaluations à une même unité de sa
( io3 )
masse, on trouve que ces iatensités varient continuellement, avec les pro-
porlious (le l'une et de l'autre substances inactives, l'eau et l'acide borique,
qui lui sont associées. Pour exprimer ce fait avec précision, et pouvoir en
spécifier nettement les conséquences, il faut représenter, par des symboles
généraux, les trois éléments d'action qui y concourent. Considérant donc
une solution quelconque, composée d'acide tarlrique, d'acide borique et
d'eau, je suppose qu'elle contienne, dans chaque unité de poids,
i La proportion d'acide tartrique. . s;
n d'acide borique /3;
» d'eau e;
les lettres s, j3, e, représenteront alors individuellement des fractions numé-
riques, positives, dont la somme devra toujours être égale à + i. Et la so-
lution que l'on veut considérer sera matériellement définie, quand on don-
nera les valeurs de toutes trois, ou seulement de deux d'entre elles, puisque
la troisième en résultera toujours par cette condition.
Mais on peut encore atteindre le même but, par le seul emploi des sym-
boles, sans aucun besoin de convention ultérieure. Pour cela, il n'y a qu'à
introduire dans l'énoncé, les rapports binaires des proportions pondérales,
au lieu de leurs valeurs absolues. En effet, supposons généralement :
e e
d'où résulte
e
= np.
P
)i 11 est facile de voir que les deux seules lettres n et p, définissent com-
plètement la solution considérée. Car on déduit, de leurs expressions ici po-
sées :
(2) [i + (n-«)^]j3 = i; [n-(i + «)p]£ = |s; [i-i-ii-hn)p]e = np.'
Ces trois équations feront donc connaître £, |3, e, quand les valeurs des
lettres n et p seront assignées; et elles les donneront conformes à la condi--
tion prescrite, que leur somme soit i.
» Pour compléter les préparatifs d'exposition dont j'aurai besoin, il me reste
seulement à dire que j'emploierai désormais le symbole [aj^, pour désigner
le pouvoir rotatoire moléculaire , actuellement exercé par l'acide tartrique
sur le rayon rouge moyen, du spectre, dans toute solution quelconque
i5..
( io4 )
définie par les lettres n et p. J'ai depuis longtemps montré comment on peut
calculer ce pouvoir d'après l'expérience, quand on connaît les éléments de
dosage de la solution où il s'exerce, sa densité, et l'amplitude des déviations
que le rayon rouge considéré y subit, à travers des tubes de longueur
assignée.
» Ces conventions étant posées, le fait que j'ai rapporté plus haut, s'énonce
sous une forme précise et générale , par la définition suivante : dans tontes
les solutions composées d'acide tartriqiie, d'acide borique, et d'eau, le pou-
voir rotatoire [a];., varie avec les valeurs individuelles des deux rapports n
et (D. En langage algébrique, [aj^ est une fonction complexe de ces deux rap-
ports. Le même énoncé s'applique à tous les systèmes liquides ternaires, où
un corps, doué de pouvoir rotatoire , se trouve en présence de deux corps
inactifs, qui se combinent moléculairement avec lui, sans le décomposer
chimiquement; et ce cas général, embrasse comme cas particulier, celui où
l'un des corps inactifs étant supprimé, le système se trouve réduit à l'état
binaire.
" Le problème qu'il s'agit de résoudre consiste donc à trouver la forme
de cette fonction complexe, soit directement, soit par voie de décomposi-
tion et de recomposition successive; en subdivisant la totalité des phéno-
mènes en séries distinctes, dont les lois isolées puissent être saisies, et qui
reliées ensemble les embrassent tous. C'est ainsi, qu'en géométrie, on peut
définir une surface sans avoir son équation algébrique, si l'on assigne la
nature des sections courbes qui doivent s'y tracer, quand on la coupe par
deux séries indéfinies de plans parallèles , menés suivant des directions rec-
tangulaires l'une à l'autre.
» Lorsque j'eus découvert les modifications soudaines, que le pouvoir
rotatoire de l'acide tartrique éprouve, quand on ajoute de l'acide borique
à l'eau dans laquelle il est dissous, je fis beaucoup d'efforts pour trouver une
voie d'exploration méthodique, à travers les caprices de ces phénomènes;
mais je ne pus y réussir. L'expérience me montrait bien que la valeur du pou-
voir rotatoire résultant variait avec chacun des éléments du dosage; mais il
m'était impossible de saisir la loi, triplement complexe, de ces changements.
Heureusement je présumai que le problème se simplifierait, si je le restreignais
à des cas de combinaisons seulement binaires; en cherchant d'abord à établir
la loi des pouvoirs rotatoires, pour des solutions dans lesquelles le rapport
pondéral de l'eau à l'acide tartrique, - ou n, serait maintenu constant, la
proportion d'acide borique j3 étant seule laissée variable. Mon espérance ne
( io5)
fut pas déçue. Je trouvai, qu'avec cette limitation, les valeurs de [aj^ étaient
complètement représentées, par les ordonnées d'une hyperbole équilatère,
dont la courbure très-évidente, se réf[lait d'après trois coefficients dépen-
dants de la valeur du rapport n, mais restaient communs à toutes les solu-
tions d'une même série, où n est constant. Ceci n'était qu'une extension de
la forme rectiligne que j'avais reconnue antérieurement, exprimer les pou-
voirs rotatoires de l'acide tartrique, quand il est en combinaison binaire
avec l'eau pure. Seulement, dans ce premier cas, la branche d'hyperbole
s'était trouvée si peu courbe, qu'elle se confondait sensiblement avec sa
tangente, dans l'amplitude de parcours que les observations pouvaient em-
brasser. Pour déterminer le mode de variation de ces hyperboles, je fis, sur
les solutions tartroboriques, Irois séries d'expériences fort nombreuses, dans
lesquelles les valeurs du rapport n étaient respectivement i,o3666, 3 et 5,
ce qui comprenait à peu près l'ensemble des cas expérimentalement réali-
sables. Depuis celte époque, i835, dans toutes les études que j'ai eu à faire
sur des solutions de ce genre, soit pour mes recherches propres, soit pour
vérifier les beaux résultats de M. Pasteur, j'avais toujours soin de préparer
les expériences nouvelles, de manière qu'elles rentrassent dans une de ces
trois séries; ce qui offrait le double avantage de les confirmer, et d'en être
confirmées. Ces épreuves m'ont toujours montré que leur marche hyperbo-
lique, suivait très-fidèlement la progression des pouvoirs rotatoires, pour
chaque valeur constante du rapport «, qui leur était spéciale. Mais je n'a-
percevais aucun moyen de les lier entre elles, de manière à les approprier
aussi aux cas intermédiaires; et un grand nombre d'expériences, faites avec
beaucoup de soin, sur de tels cas, demeuraient isolées, dans mes registres.
Je conservais cependant la persuasion , que les solutions effectuées avec d'au-
tres valeurs du rapports, c'est-à-dire avec des proportixsns relatives d'eau
et d'acide tartrique, numériquement différentes, devaient pouvoir se ratta-
cher à ces trois séries, où la proportion du troisième élément, l'acide bo-
rique, parcourait des phases de variabilité si étendues; et j'avais cherché à'
découvrir cette connexion par beaucoup de tentatives, qui avaient été infruc-
tueuses, n'étant pas dirigées d'après des principes méthodiques. C'est à quoi
je suis enfin parvenu, en suivant une voie plus rationnelle. Si l'on a donné
quelque attention aux considérations générales que j'ai exposées préliminaire-
ment, sur l'intervention simultanée des deux rapports de masses, n et p, dans
les molécules des combinaisons ternaires, on verra tout de suite que le fil
de jonction qui m'avait si longtemps échappé, se présentait cependant avec
évidence. Il ne fallait, pour le saisir, qu'appliquer au deuxième rapport dé-
( io6)
terminatif j5, le même artifice de réduction, des cas ternaires aux cas binaires,
qui m'avait déjà réussi, pour le premier n.
« Le raisonnement qui conduit à cette seconde réduction , est des plus
simples. Prenons une solution ternaire X, ne contenant qu'une seule sub-.
stance douée de pouvoir rotatoire, comme celles que nous considérons ac-
tuellement; et, conformément à la notation que nous avons adoptée, dési-
{jnoris {rénéraleraent les trois éléments numériques de son dosage , par les
lettres s, /3, e. Ces trois nombres étant donnés, on pourra en déduire la valeur
correspondante du rapport
t
9 =
Alors, en introduisant ce p , dans les trois relations générales que j'ai désignées
par le symbole (2), et l'associant successivement aux valeurs de n , qui sont
respectivement propres à nos trois séries hyperboliques, où ce rapport a
été maintenu constant, on obtiendra les valeurs des fractions s, /3, e, qui
correspondent à cette valeur spéciale de p, dans chacune d'elles; et l'on en
conclura numériquement, par sa loi hyperbolique propre, les trois valeurs
de [a]r, qui dérivent de ces données. Elles se trouveront diverses. Mais
elles appartiendront respectivement à trois solutions ternaires, où le rapport p
sera commun, et se trouvera aussi le même que dans la solution proposée X;
de sorte que, dans ces quatre cas, le rapport «, qui dépend de la propor-
tion d'eau e, aura seul des valeurs différentes. Or, d'après les résultats
précédemment obtenus, pour les cas où ce même rapport n était maintenu
constant, l'autre p étant variable, l'analogie la plus palpable nous annonce,
que nos quatre [a]r actuels, qui ont p constant, seront pareillement repré-
sentés par les ordonnées d'une nouvelle hyperbole équilatère , plus ou moins
courbe, laquelle aura pour abscisse l'élément variable e, c'est-à-dire la pro-
portion d'eau; et , comme les trois [ajr déduits des séries antérieures, suf-
fisent pour déterminer complètement cette hyperbole, en les associant aux
valeurs respectives de e qui y correspondent, il n'y aura plus qu'à voir, si ,
effectivement, le quatrième [a]r, celui de la solution proposée X, se trouve
également donné par cette hyperbole , d après son abscisse propre e, entre les
petites amplitudes d'erreur que comporterait sa détermination directe par
l'expérience. Ce sera donc une vérification à faire. J'ai l'espérance qu'on la
trouvera suffisamment établie dans mon Mémoire. Je n'ai pas voulu d'abord
recourir à des expériences nouvelles, spécialement faites pour ce but. J'ai
pensé que l'épreuve serait plus décisive, et plus convaincante, si je l'appli-
( lo? )
quais premièrement à d'anciennes expériences, effectuées sans aucune idée
qu'elles pussent servir à cet usage, et que leurs proportions de dosage ne
m'avaient pas permis de comprendre dans mes trois séries hyperboliques;
de sorte qu'elles m'offraient ici des conditions de vérification tout à fait im-
prévues. A la vérité, plusieurs d'entre elles remontant aux premières études
que j'avais tentées sur les solutions tartroboriques , je devais présumer qu'elles
pourraient bien n'être pas tout à fait aussi précises que celles queje réaliserais
aujourd'hui, avec plus de pratique, et des appareils mieux réglés. Mais, en
faisant la part de cette imperfection relative, leur indépendance complète
de mes nouvelles idées, me paraissait leur donner un avantage décisif. J'ai
donc commencé par les employer; et, heureusement, je les ai trouvées beau-
coup meilleures que je n'en avais l'espérance. Ayant alors reconnu qu'elles
s'accordaient fort bien avec les relations que j'avais voulu mettre en évi-
dence, je les ai complétées par d'autres, que j'ai faites exprès pour combler
leurs intervalles, en donnant à ces dernières toute la précision qu'il m'est
aujourd'hui possible d'y apporter. Si l'on ajoute à cet ensemble de résul-
tats, les [a]r des anciennes séries hyperboliques avec lesquels on les com-
bine, et que l'on doit aussi considérer comme autant de données d'expé-
rience passibles de petites erreurs, on verra que mes épreuves portent sur
soixante-huit déterminations expérimentales distinctes , qui ont été appli-
quées, par un même procédé de calcul, à la loi physique dont je voulais
constater la réalité. Or j'ai trouvé que les pouvoirs rotatoires [a]r, conclus
de cette loi, se sont toujours accordés avec l'observation, dans les étroites
limites d'incertitude que celle-ci comporte; sans que les écarts occasionnels
présentassent aucun indice de continuité, dans leurs sens, ou leurs gran-
deurs. Il s'est en outre présenté ici une particularité, tout à fait conforme à ce
que j'avais déjà reconnu pour les solutions tartriques purement aqueuses, oîi
les variations du pouvoir rotatoire [a],., ne dépendaient aussi que des chan-
gements de la proportion d'eau, c'est-à-dire des variations du seul élément
de dosage e. Gomme la même restriction avait lieu ici, dans chaque série
de solutions tartroboriques, oii p était rendu commun, le lieu géométrique
de leurs [a];., a été modifié de la même manière, dans toute l'étendue des
essais que j'ai pu réaliser. liCS branches hyperboliques obtenues pour les
diverses valeurs de p, depuis i jusqu'à loo, se sont toutes trouvées si peu
courbes, et, dans leurs points d'appHcation, elles étaient si distantes de
leurs sommets géométriques, qu'elles ne se sont pas montrées sensiblement
distinctes de leurs tangentes locales, auxquelles j'ai dli par conséquent les
assimiler dans le calcul numérique, comme je l'aurais fait en opérant sur
( io8 )
des solutions qui auraient été formées uniquement d'acide fartrique et
d'eau. Ceci étant constaté, les trois anciennes séries hyperboliques , qui
fournissent les données déterminatrices propres à chaque valeur de jS , en
offrent toujours une qui devient surabondante pour établir une droite; et
cette troisième sert ainsi elle-même d'épreuve , pour vérifier la justesse de
la relation rectiligne. La communauté de cette relation à des systèmes
liquides de nature si diverse, quand on n'y fait varier que la proportion
d'eau, découvre, entre les réactions chimiques qui s'y opèrent, une ana-
logie manifeste. Dans tous les systèmes ternaires , où p est constant , c'est-à-
dire où la proportion de l'acide tartrique à l'acide borique est maintenue
constante, le groupe moléculaire actuel, qui résulte de l'union de ces deux
corps, semble, quelles que soient leurs doses relatives, impressionner tou-
jours la masse d'eau ambiante, comme ferait un acide simple, doué du
pouvoir rotatoire, et s'unissant en combinaison binaire avec l'eau. Mais ce
n'est là qu'un caractère apparent, je dirais presque superficiel, de ces
réactions. Nous en reconnaîtrons tout à l'heure d'autres, qui sont bien plus
intimes.
» Pour les présenter clairement, je continuerai d'employer la forme
géométrique. J'ai désigné symboliquement par la lettre p, le rapport g, de
la proportion d'acide tartrique, à celle de l'acide borique, dans les sys-
tèmes liquides que nous étudions. Ainsi, à mesure que l'acide borique y
devient moins abondant, la valeur de p augmente; et, à mesure qu'il devient
plus abondant, elle s'affaiblit. En outre, dans chaque classe de solutions,
où cette valeur est maintenue constante, les pouvoirs rotatoires [a],., sont
représentés généralement par les ordonnées d'une ligne droite , ayant pour
abscisses la proportion d'eau e. Maintenant, si l'on suit cette construction
géométrique, dans toutes ses phases, en attribuant d'abord au rapport p
des valeurs très-grandes, puis graduellement de plus en plus petites, jus-
qu'au dernier terme d'affaiblissement où l'on puisse l'amener par l'expé-
rience, on commence par obtenir des droites sur lesquelles les pouvoirs
rotatoires [a] r, croissent quand e augmente. A mesure que p s'affaiblit, la
droite qui contient les [a.]r, s'incline progressivement vers l'axe des e; puis
lui devient tout à fait parallèle, quand p est à peu près ii |. Ainsi, pour
cette valeur de p , le pouvoir rotatoire [a],, se maintient sensiblement
constant, quelle que soit la proportion d'eau e ; ce qui se vérifie, en effet,
dans toute l'étendue des changements que l'on peut faire physiquement
4ubir à cette variable. Si l'on continue à faire décroître p , au delà de ce
( I09 )
terme, le lieu rectiligne des [aj^, devient de nouveau oblique à Taxe des e.
Mais le sens de son inclinaison est opposé, à ce qu'il était auparavant; et
depuis lors, jusqu'aux plus faibles valeurs de |5 que l'on puisse réaliser les
pouvoirs rotatoires [a];., appartenant à un même|5, décroissent toujours
quand la proportion d'eau e, augmente.
" Voilà les lois géométriques et numériques du phénomène , telles que
l'expérience les donne. Il faut maintenant découvrir leur signification phy-
sique, et voir ce qu'elles nous apprennent, sur le mécanisme complexe, par
lequel les variations qu'elles représentent sont opérées.
n Pour cela, il est nécessaire de se rappeler, que l'acide tartrique dissous
dans l'eau pure, se combine avec elle en un système moléculaire nouveau,
où son pouvoir rotaloire propre se trouve accru, d'autant plus que la pro-
portion relative de l'eau est plus abondante. Un effet analogue se produit
encore, lorsque l'acide tartrique est mis en contact intime avec l'acide bo-
rique, par la fusion, sans l'intermédiaire de l'eau. Seulement, son pouvoir ro-
tiitoire propre devient alors beaucoup plus considérable, à égalité de masses
relatives. Du reste, sauf la différence d'intensité, dans ces deux cas de
combinaisons binaires, la loi de l'accroissement est pareille; et, dans toute
l'étendue des phases où l'on peut le suivre, on le trouve toujours directement
proportionni'l, à la quantité de la masse inactive, avec laquelle l'acide tar-
trique est combiné. Mais, quand les deux corps inactifs, l'acide borique et
l'eau, sont mis, à la fois, en présence de l'acide tartrique, comme dans les
casque nous venons d'étudior, une nouvelle circonstance intervient, qui
rend l'effet résultant plus complexe. Car, à la vérité, chacun d'eux tend
encore à exalter le pouvoir rotatoire de l'acide tartrique, en se combinant
avec lui, individuellement. Mais l'eau, qui exerce sur les deux acides une
attraction inégale, puisqu'elle est inégalement apte à les dissoudre, tend à
les disjoindre par la différence de ces attractions; et, par là, elle rend leur
combinaison actuelle moins intime, comme aussi optiquement moins active,
qu'elle ne serait sans sa présence; tandis qu'en même temps, sa propre com-
binaison avec l'acide tartrique, accroît directement le pouvoir rotatoire, que
son effort pour désunir les deux acides, affaiblit. Il y a donc ici deux in-
fluences contraires, qui interviennent toujours simultanément, dans la for-
mation du pouvoir rotatoire résultant, qu'on observe; et leur prédominance
alternative, amène toutes les variétés de phases que l'expérience accuse. Pour
s'en convaincre, il ne faut que les reprendre sous ce point de vue, dans le
même ordre qu'elles ont suivi lorsqu'elles se sont manifestées.
C H, i85o, a-n'SemeKre. (T, X>XI, N» 8) l6
( "o )
" Supposons d'abord la masse de l'acide taitrique très-considérable, re-
lativement à celle de l'acide borique, auquel cas, le rapport^» ou p, sera
fort grand. Alors les particules de l'acide borique, adhéreront à l'acide tar-
trique d'autant plus fortement, qu'il les sollicitera par des attractions plus
nombreuses, exercées à de moindres distances. L'intervention de l'eau aura
donc d'autant moins d'efficacité pour dissoudre des éléments si intimement
unis; et l'affaiblissement qu'elle produira dans le pouvoir rotatoire résultant,
par linégalité de son attraction sur les deux acides, pourra ne pas égaler
l'accroissement que sa combinaison propre y apportera. Tant qu'il en sera
ainsi, le pouvoir rotatoire [a]r augmentera par l'addition de l'eau. Mais,
pour des proportions égales d'eau, ajoutées au système binaire des deux
acides, cette augmentation devra s'affaiblir, à mesure que l'acide borique
deviendra relativement plus abondant, parce que la masse de l'acide tar-
trique qui lui est associée, le retiendra avec moins de force. Tout cela est
exactement conforme à ce que l'expérience nous montre. En poursuivant
cette vue, ou conçoit que, si l'on continue à faire croître graduellement la
masse relative de l'acide borique, il arrivera un terme, où l'effort de l'eau
pour le séparer de l'acide tartrique , affaiblira le pouvoir rotatoire de celui-
ci, autant que sa propre combinaison avec l'eau l'augmentera. Ainsi, à ce
point d'équilibre, le pouvoir rotatoire résultant [a]r , paraîtra rester le même
pour toutes les proportions de l'eau, du moins tant que les effets qui se
combattent ne sortiront pas des limites d'amplitude, où leurs expressions
suivent des formes linéaires. C'est encore ce que la série de nos expériences
npus H présenté. Ce pas franchi, si la proportion relative de l'acide borique
continue de croître, l'effort de l'eau pour désunir les deux acides, affaiblira
le pouvoir rotatoire résultant [a ]r, plus que sa combinaison propre avec
l'acide tartrique ne l'augmentera. Alors ce pouvoir devra diminuer, à me-
sure que la proportion d'eau augmente. C'est ce qui arrive encore. En outre,
pour des proportions égales d'eau ajoutées, la quantité absolue de cette
diminution est d'autant plus grande, que la proportion relative de l'acide
borique est plus considérable, parce que la combinaison binaire des deux
acides, en devient optiquement plus énergique, et eu même temps moins
résistante à la désunion. Telle est l'interprétation naturelle, je dirais plus
volontiers, la traduction mécanique, de tous les résultats que les expériences
nous avaient fournis.
« U aurait été facile de transformer, dans une expression algébrique geué-
( I>I )
raie , le procède de calcul numérique, par lequel j'arrive ainsi à détei'miner
ilirectement le pouvoir rotatoire [oijr, que l'acide tartrique doit exercer dans
une solution tartroborique de dosage quelconque. Mais je n'ai pas voulu
effectuer cette transformation , par deux motifs. D'abord , elle aurait été
pratiquement inutile, et même désavantageuse; car l'expression algébrique
à laquelle on parvient, serait d'une application beaucoup moins commode
que le calcul numérique direct. En outre, le lieu général des [a]^ ainsi ob-
tenu, quoique devant, sans aucun doute, coïncider très-approximativement
avec le lieu réel, si on le restreint aux amplitudes de variations réalisées par
l'expérience, s'en écarterait probablement beaucoup dans sa configuration
et ses caractères, hors de ces limites; de sorte qu'il donnerait une image,
plutôt fausse que juste, de ce qui se passe au delà, en réalité. Notre calcul
numérique, au contraire, repose sur un principe de fait, sur une relation que
l'expérience nous montre toujours se produire, dans les combinaisons bi-
naires, d'un corps doué de pouvoir rotatoire avec un autre qui en est dé-
pourvu; et tout l'artifice de son application aux systèmes ternaires, n'a con-
sisté, qu'à décomposer l'ensemble de leurs effets en portions séparées, qui
fussent isolément réductibles à ce cas simple. Alors l'empirisme de cette géné-
ralisation porte uniquement sur la forme des expressions approximatives par
lesquelles les effets des combinaisons binaires sont représentés; et, en cela
encore , il n'y a rien d'incertain , tant que nous restons dans les faits obser-
vables, puisque, dans ces limites , les expressions que nous avons employées
ne sont elles-mêmes que des déductions immédiates de l'expérience. Cette
discussion critique de notre procédé, montre donc que le même principe de
résolution en systèmes binaires, peut être généralement appliqué à tous les
systèmes liquides ternaires, dans lesquels un corps doué de pouvoir rotatoire
se trouve associé à deux substances inactives, qui se combinent avec lui sans
le décomposer chimiquement, ce qui justifie le titre que j'ai donné au pré-
sent Mémoire. Et comme la méthode que j'y ai exposée, n'a consisté qu'à
réduire des faits compliqués à des faits plus élémentaires , elle embrasse
évidemment, dans ses applications, tous les cas de variabilité des pou-
voirs rotatoires, depuis les plus simples jusqu'aux plus complexes, qui
ont été jusqu'à présent observés. »
M. AuGusTi.>i Cauchy présente à l'Académie les Mémoires suivants :
Mémoire sur un système d'atomes isotrope autour d'un axe, et sur les
deux rayons lumineux que propagent les cristaux à un axe optique.
« Dans ce Mémoire, l'auteur applique les formules générales qu'il a éia-
i6..
(lia)
blies, dans la séance du 4 février, à la détermination du mode de polarisation
des deux rayons lumineux que propage un cristal à un axe optique. Il prouve
que, dans le cas où les deux rayons sont peu inclinés à l'axe et dirigés suivant la
même droite, ils sont, comme l'a supposé M. Airy, polarisés elliptiquement;
les ellipses décrites par les atomes d'éther dans chacun d'eux étant à très-
peu près semblables, mais disposées de manière que leurs grands axes se
coupent à angles droits. Il montre aussi que, dans le cas général, les rayons
dont la direction est perpendiculaire à l'axe optique sont doués de la pola-
risation elliptique; les ellipses décrites par les atomes d'éther pouvant se
réduire à des cercles ou à des portions de droites. Il serait à désirer que les
physiciens examinassent sous ce point de vue les cristaux à un axe optique,
en recherchant si quelqu'un d'entre eux ne transmettrait pas, dans les direc-
tions perpendiculaires à l'axe, des rayons polarisés elliptiquement. »
Mémoire sur la réflexion et la réfraction de la lumière à la surface ex-
térieure d'un corps transparent qui décompose un rajon simple doué de la
polarisation rectiligne, en deux rayons polarisés circulairement en sens
contraires.
« Dans ce Mémoire, l'auteur détermine, à l'aide des méthodes générales
qu'il a précédemment exposées, les intensités et le mode de polarisation des
rayons réfléchis et des deux rayons réfractés par la surface extérieure d'un
corps transparent, en appliquant spécialement ses formules au cas oîi le
corps dont il s'agit décompose un rayon simple en deux rayons doués de la
polarisation circulaire. »
RAPPORTS.
THÉORIE DE LA LUMIÈRE. —Rapport sur un Mémoire de M. Jamin, relatij
à la double refraction elliptique du quartz.
(Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Cauchy rapporteur.)
« Lorsqu'un rayon de lumière, doué de la polarisation rectiligne, ren-
contre, sous l'incidence perpendiculaire, la surface extérieure d'une plaque
de cristal de roche taillée perpendiculairement à l'axe optique, un prisme
analyseur décompose le rayon émergent en deux rayons colorés, dont les
teintes sont complémentaires et varient, quand le prisme analyseur vient ;i
tourner. Ce phénomène remanjuable, découvert en 1811 par M. Arago ,
devint bientôt l'objet de recherches approfondies. M. Biot reconnut que
(ii3)
l'azimut d'un rayon simple et complètement polarisé était dévié par la
plaque de cristal de roche, tantôt à droite, tantôt à gauche, le sens de la
rotation élant déterminé par la nature spéciale de la plaque employée. Il
reconnut encore que l'angle de rotation était proportionnel à l'épaisseur de
la plaque, mais variable avec la réfrangibilité, et réciproquement propor-
tionnel, pour des rayons de réfrangibilités diverses, aux carrés des longueurs
d'ondulation. Il restait à donner une explication du phénomène. Une idée
heureuse et neuve s'offrit au génie de Fresnel. Il trouva que, pour rendre
compte de l'expérience, il suffisait d'attribuer à la plaque de cristal de roche
le pouvoir de décomposer le rayon incident en deux autres rayons polarisés
circulairement, mais en sens contraires, et propagés avec des vitesses iné-
gales. Effectivement, la superposition de deux semblables rayons reproduit
à chaque instant un rayon doué de la polarisation rectiligne, mais polarisé
suivant une droite mobile qui tourne autour du rayon en décrivant un angle
proportionnel au chemin parcouru.
'■ Lorsque la plaque de cristal de roche est terminée par des faces non
plus perpendiculaires, mais parallèles à l'axe optique, le phénomène que
nous venons de rappeler disparaît, du moins sous l'incidence perpendicu-
laire; mais il reparaît peu à peu sous des incidences obliques, ou bien en-
core, quand les faces qui terminent la plaque sont inclinées sur l'axe. Pour
expliquer ces faits, M. Airy a généralisé l'hypothèse admise par Fresnel, et
supposé que le cristal de roche décompose un rayon doué de la polarisa-
tion rectiligne, mais oblique à l'égard de l'axe du cristal, en deux rayons
doués de la polarisation elliptique, mais propagés avec des vitesses inégales,
dans lesquels les atomes d'éther décrivent deux ellipses semblables entre
elles, les grands axes de ces ellipses étant perpendiculaires l'un à l'autre , et
l'un de ces grands axes étant perpendiculaire à l'axe optique. I^a superpo-
sition de ces deux derniers rayons reproduit à chaque instant un nouveau
rayon polarisé elliptiquement , dont il suffit de reconnaître les éléments
|)Our être en état de déterminer la différence entre les phases des deux
rayons composants, et le rapport entre les deux axes de l'ellipse correspon-
dante à chacun d'eux. M. Airy a d'ailleurs suffisamment justifié son hypo-
thèse, à l'aide d'expériences dont les résultats se sont accordés avec elle.
» Quant à la loi suivant laquelle les deux paramètres qui déterminent la
nature du rayon résultant varient avec linclinaison de ce rayon par rapport
à l'axe optique du cristal, elle a été d'abord recherchée par M. Mac-Culagh.
Cet auteur a reconnu que, pour obtenir la loi énoncée par M. Biot, il
( "4)
suffisait d'introduire deux termes du troisième ordre, avec des coefficients
égaux au signe près, mais affectés de signes contraires, dans les équations
aux dérivées partielles du second ordre, qui peuvent représenter, non pas
un mouvement vibratoire quelconque, mais un rayon simple propagé au
travers d'un cristal à un seul axe optique, dans le cas où l'on prend pour
variable indépendante, outre le temps, une seule coordonnée mesurée dans
la direction de ce rayon. M. Mac-Culagh a d'ailleurs constaté l'accord de la
furniule en termes finis à laquelle il est parvenu avec deux expériences de
M. Airy. Ajoutons que l'un de nous a déduit de la théorie des actions molé-
culaires des formules qui, dans le cas où il s'agit de rayons peu inclinés sur
l'axe optique du cristal de roche, s'accordent sensiblement, au moins sous
certaines conditions, avec les hypothèses et les formules de MM. Airy et
Mac-Gulagh.
>> M. Jamin a pensé , avec raison , qu'il serait utile d'appliquer, à l'étude
de la double refraction produite par le cristal de roche, les procédés à
l'aide desquels il avait déterminé, d'une manière si précise, la nature des
rayons réfléchis par la surface d'un corps isophane, et constaté les lois de
cette réflexion.
» En conséquence, il a étudié avec soin le mode de polarisation du rayon
émergent d'une plaque de cristal de roche taillée perpendiculairement à l'axe
optique , dans le cas où le rayon incident est doué de la polarisation recti-
ligne, et en admettant que la forme de l'ellipse décrite par un atonie d'é-
iher dans un rayon peu incliné à l'axe optique est très-peu modifiée par la
réfraction à l'émergence. Les résultats que M. Jamin a déduits de ses obser-
vations s'accordent avec les formules que nous avons ci-dessus mentionnées,
et sont renfermées dans plusieurs tableaux auxquels les physiciens attacheront
certainement beaucoup de prix.
» En résumé, les Comuiissaires sont d'avis que le nouveau Mémoire de
M. Jamin est digne, comme ses Mémoires précédents, d'être approuvé par
l'Académie, et imprimé dans le Recueil des Savants étrangers. »
JjCS conclusions de ce Rapport sont adoptées.
.i'l»^'J,J>'"' '■''-
( "5 )
aiémoirës lus
PHYSIQUE. — Expériences sur la ténacité des principaux métaux
malléables , faites aux températures o, loo et 200 degrés; par
M. A. Baudrimont.
r
(Commissaires, MM. Pelonze, Dufrénoy.)
« Il y a environ seize ans que j'ai entrepris une suite de recherches ayant
pour but la détermination expérimentale des lois de l'action réciproque des
molécules des corps homogènes. Pour satisfaire au programme que je
m'étais imposé, j'ai dû successivement étudier la constitution des fils métal-
liques, l'élasticité et la ténacité des métaux à des températures variées.
>i En i835, j'ai couimuniqué à l'Académie le résultat de mes recherches,
sur la constitution des fils métalliques, il est résulté de ce travail que les
métaux n'acquéraient des propriétés constantes que par un recuit bien mé-
nagé, et que les différents moyens que l'on emploie par les écrouir, tels que
le martelage, le laminage et l'étirage en fils, en diminuant leur volume ou
rapprochant leurs molécules, augmentent considérablement leur ténacité.
» Eu 1837, j'ai entrepris les expériences sur l'élasticité des métaux par la
méthode des tractions. Ces expériences m'ont démontré que l'allongement
des fils métalliques était proportionnel aux charges qu'on leur fait suppor-
ter, jusqu'à leur rupture. Ce résultat a été aussi obtenu par M. 'Wertheim.
" En 1843, j'ai entrepris les expériences sur la ténacité des métaux aux
températures o, 100 et 200 degrés, expériences qui sont l'objet du présent
Mémoire.
» IjCS métaux soumis à I expérience ont été le cuivre , l'or, le platine,
l'argent, le palladium et le fer réduits en fils.
" Ces fils étaient maintenus horizontalement dans un bain de glace fon-
dante, d'eau bouillante ou d'huile chauffée à + 200 degrés.
» La traction était opérée par du sable s<^c qui coulait lentement et à
volonté dans un vase qui le recevait. Aussitôt que le fil se rompait, le vase,
en tombant, faisait partir une détente qui arrêtait instantanément l'écou-
lement du sable.
» Le vase, le sable qu'il contenait et le crochet qui le portait étaient
ensuite pesés sur une excellente balance.
;> Les résultats ainsi obtenus sont consignés dans le tableau suivant :
( ii6 )
Ténacité des principaux métaux malléables aux températures o, loo et 200 degrés, pour le diamètre et la
section trouvés expérimentalement, et pour i millimètre carré de section trouvée par le calcul.
Or
Platine .
Cuivre..
Argent .
Palladium
Fer. . . .
DIAMETRE
à -+- 16».
mm
o,4i25o
0,41000
0,48000
0,39825
0,39760
O , 17500
AIHE I MAXIHA
de et
la section, | moyennes.
mm q
0, 13364
o,i32oa
0,18095
o,ta456
0,12409
0,03405
Maxima.
Moyennes.
Maiima.
Moyennes
Maxima.
Moyennes.
Maxima
Moyennes.
i Maxima.
Moyennes.
(Maxima.
Moyennes.
TÉNACITÉ
à -(-o".
à -t- 100°.
à -+-300".
k
k
k
2,546
3,107
1 ,75o
2,459
a,o35
1,722
3,040
2,695
2,392
2,987
2,546
2,281
4,585
3,990
3,590
4,542
3,9.58
3,296
3,546
3,o55
-i,329
3,528
2,898
2,3i4
4,590
4,o83
3,625
4,527
4,o3i
3,36o
5,046
4,835
5,i3o
4.940
4,611
5,057
TÉNACITÉ POUa 1 HILLIM. CARRE DE SECTIOK
■0°.
k
•9,o5i
18,400
33,026
22,626
25,338
25, 100
38,620
28,324
36,983
36, 481
209,813
2o5,4o5
• lOo".
k
15,766
16,224
20,421
19,284
22,o5o
21 ,873
34,626
33,266
33,871
32,484
201 ,o3i)
191,725
k
13,094
12,878
i8,ii8
'7.3';7
19,839
i8,2i5
18,706
18,677
29,212
37,077
2i3,3o5
210,270
» fl résulte des expériences consignées dans ce travail :
" 1°. Que la ténacité des métaux varie avec la température;
" 2°. Qu'elle décroît généralement, mais non sans exception, quand la
température s'élève ;
» 3° Que, pour l'argent, elle diminue plus rapidement que la tem-
pérature ;
» 4°- Que, pour le cuivre, l'or, le platine et le palladium, elle décroît
moins vite que la température;
" 5°. Que le fer présenle un cas particulier Fort remarquable ; à
-H toc degrés sa ténacité est plus faible qu'à o degré ; mais à + aoo degrés
elle est plus grande qu'à cette dernière température. y>
MEMOIRES PRESENTES.
« M. RwGR présente, au nom de M. Charlieh, médeciu-vétérinaire à
Reims, un travail relatif à un nouveau procédé opératoire, employé, depuis
quelque temps, par l'auteur, pour pratiquer la castration des vaches.
» Dans ce procédé , Topérateur pénètre daus la cavité du bassin à l'aide
d'une incision pratiquée à la partie supérieure du vagin, [/opérateur saisit
ensuite les ovaires avec des pinces, tord ces organes et les arrache.
» M. Charlicr a opéré neuf vaches à l'aide de ce procédé ; plusieurs de
( "7 )
ces opérations ont été faites en présence de M. Landouzy, professeur à
l'Ecole secondaire de médecine de Reims.
» Ces neuf opérations ont complètement réussi; résultat d'autant plus
remarquable que, dans des expériences récentes, la castration des vaches
pratiquée à l'aide d'un autre procédé a souvent donné lieu à une péritonite
mortelle. "
(Commissaires, MM. Serres, Rayer, Lallemand.)
MÉDECINE. — Note sur une modification survenue dans la constitution
médicale du canton de Dieuze {Meurthe), à la suite d'un changement
opéré dans le mode d'exploitation de l'étang de Lindre-Basse; par
M. Ancelon. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Serres, Andral.)
'< Dans deux Notes présentées à l'Académie des Sciences, le 21 juil-
let 1845 et le 1 5 mai 1847, jamais fait connaître et le mode d'exploitation
de l'étang de Lindre, et les endémies qui on sont la suite constante. Ces
endémies, qui se succèdent sans interruption, sont: 1° des fièvres inter-
mittentes, dont les villages de Lindre-Basse et d'Assenoncourt sont le berceau
habituel; 2° des fièvres typhoïdes qui partent, chaque trois mois, du village
de Guermange ; 3° des affections charbonneuses qui se montrent à Tar-
quimpol, village bâti sur une éminence qui forme presqu'île, au sud de l'étang
de Lindre.
" Dans le mode d'exploitation habituel de l'étang de Lindre on le tient
plein d'eau pendant deux ans consacrés au développement et à l'accroisse-
ment du poisson qu'on y entretient, puis on le pêche et on le vide, dès le
i" octobre de la seconde année, afin de le dessécher et de le livrer à l'agri-
culture la troisième année. A la première année, correspondent les fièvres
intermittentes; à la deuxième, les fièvres typhoïdes; à la troisième, les affec-
tions charbonneuses.
» Ce cercle régulier d'opérations rurales et de maladies vient d'être
modifié, pour la première fois, en 1848 et 1849. ^'^ propriétaire actuel,
contrairement à ce qui se pratiquait jusqu'en ces derniers temps, au lieu de
laisser dessécher son étang au printemps de 1849 (troisième année), a cou-
vert de minces nappes d'eau toutes les surfaces impropres à l'agriculture,
et nous a exposés, le 9 mai 1849, ^ ""^ inondation qui couvrit d'eau les
treize premiers kilomètres de la vallée de la Haute-Seille (cette rivière a
C. R., i85o, a™» Semestre. (T. XXXI, N" ».) i'J
(.18)
sa source dans l'étang de Lindre-Basse), dans une largeur moyenne de
900 mètres.
» De ce changement insolite, apporté au mode d'exploitation de l'étang
de Lindre, est résultée une modification singulière de la constitution médi-
cale du pays.
» 1°. Les affections charbonneuses n'ont pas reparu , comme d'habitude^
en 1849, '^'^'^^ ^^ village de Tarquimpol que, dans mes précédentes com-
munications, je désignais comme le foyer de cette sorte d'endémie.
» 2°. A partir du 9 mai 18491 toute la contrée a été envahie par une vé-
rilable épidémie de fièvres intermittentes; épidémie dont la marche s'est
calquée d'ailleurs sur ces endémies circonscrites, dont Lindre-Basse et Asse-
noncourt sont les foyers habituels. Ainsi, malgré leur apparition insolite et
prématurée, les fièvres intermittentes ont affecté, à leur début, le type
quotidien, qui bientôt s'est effacé pour faire place au type tierce; elles ont
été comme suspendues pendant la chaude et sèche température d'août, pour
reparaître, avec les brumes de l'automne, sous la forme de quartes rebelles.
» Depuis le 11 mai, l'état sanitaire de la ville de Dieuze, qui était satis-
faisant jusqu'alors, s'est notablement modifié sous Tinfluence de la consti-
tution dont je parle. Les fièvres se sont répandues dans la ville, en grand
nombre, à l'exclusion de toutes les autres maladies; elles ont pris une telle
extension, que notre population de trois mille neuf cent quatre-vingt-dix
âmes a fourni, à chacun des quatorze médecins, une moyenne de trente
fiévreux, et que chacune de nos quatre pharmacies a distribué la dose
énorme de 4o grammes de sulfate de quinine depuis le 9 mai jusqu'au
II Juin 1849- Devons-nous à ce surcroît d'émanations paludéennes l'immu-
nité du choléra asiatique, qui, après avoir pénétré dans l'arrondissement de
Château-Salins, dès le 28 juillet, s'arrêta sur le bord des marais de la Haute-
Seille? La prédilection qu'il affecta pour les points les plus élevés, les plus
secs et les moins boueux, dans notre département, engagerait à admettre
cette hypothèse.
" Depuis l'automne dernier," les 671 hectares de l'étang de Lindre-Basse
contiennent leurs 20000000 de mètres cubes d'eau; l'étang, qui se trouve
ainsi rempli pour la première année (fièvres intermittentes), nous fournit
des émanations qui se rapprochent, pour leur mode d'action, de celles qui
s'exhalent habituellement dans le cours de la seconde année (fièvres ty-
phoïdes). L^es fièvres actuelles (juin i85o) se montrent rarement avec le
type tierce; elles sont fort irrégulières. Les plus communes sont quoti-
diennes et passent fréquemment à l'état continu et typhoïde. Rarement
( 119)
nous avons eu occasion d'observer autant de pernicieuses quotidiennes car-
diaques et tierces céphaliques. Quels que soient les doses et le mode d'ad-
ministration des fébrifuges employés (émétO'Cathartique, sulfate de quinine,
acide arséuieux), les récidives sont fréquentes et se reproduisent régulière-
ment chaque quinze jours : il rst rare qu'il no faille pas revenir au moins
deux fois aux aniipériodiques ; souvent il faut remplacer l'un par l'autre.... '
ÉCONOMIE RURALE. — Procédé pour obtenir le lait des vaches d'Algérie
sans faire intervenir le veau; par M. Reboulleau.
(Commissaires, MM. de Gasparin, Payen.)
En Algérie, comme dans plusieurs autres pays chauds, on n'obtient du lait
d'une vache qu'en la faisant d'abord teter quelques instants par son veau. Les
paysans ne doutent point que la mère n'ait la faculté de donner ou de rete-
nir son lait à volonté, et qu'elle ne l'abandonne que lorsqu'elle a vu s'appro-
cher son nourrisson. Cette opinion est évidemment erronée, mais le fait sur
lequel elle s'appuie est réel; et, en effet, si l'on veut, comme dans nos pays,
traire la vache sans une opération préalable, on échoue complètement. Les
vaches algériennes ne sont pas aussi bonnes laitières que les nôtres, et cela
se conçoit aisément quand on compare ce qu'est le régime alimentaire dans
les deux pays. Mais, en France, des vaches, même mal nourries, aban-
donnent leur lail^sans qu'il soit besoin de faire intervenir le veau ; ainsi ce
n'est pas à l'alimentation seulement que tient la différence en question.
M. Reboulleau pense (et c'est une opinion qui s'accorde avec celle qu'ont
émise antérieurement les voyageurs qui ont porté leur attention sur les ha-
bitudes du gros bétail dans les pays chauds), M. Reboulleau, disons-nous,
pense que ce sont nos vaches qui présentent un écart de l'état normal ; que
la facilité avec laquelle elles nous abandonnent leur lait au moyen desimpies
tractions exercées sur le mamelon , est une faculté acquise et devenue trans-
missible. Cette faculté appartiendra-t-elle un jour aux vaches de l'Algérie?
c'est ce qu'on ne saurait affirmer d'avance; mais ce qu'on peut dire, c'est
qu'un pareil changement, qui devrait s'accomplir au milieu de circonstances
très-défavorables, exigerait un temps fort long. Faut-il cependant que nos
colons se résignent jusque-là à suivre la pratique des indigènes, à conserver
les veaux qui diminuent notablement la quantité du lait, et qui cependant,
étant mal nourris avec la petite porlion qu'on leur en laisse, ont beaucoup
perdu en qualité quand on les livre au boucher? M. Reboulleau ne l'a pas
pensé : il lui a semblé qu'on pourrait remplacer la succion exercée par le
•• : : ■' -V' 17..
( l'-o )
jeune animal par une succion qu'exercerait le vacher. Il a construit à cet
effet un petit appareil de la forme d'une pipe turque, ayant son fourneau
en terre cuite et son tuyau en bois; la seule différence entre les deux usten-
siles est que, dans le dernier, le fourneau, qu'on a soin de faire propor-
tionné aux dimensions du mamelon qui y doit être introduit, porte à son
bord libre une sorte de collerette en baudruche doublée de peau qui se
colle autour du pis, et que le tuyau , à son extrémité buccale, est muni d'une
soupape qui se ferme aussitôt ({ue l'on cesse d'aspirer, de sorte qu'on peut,
sans inconvénient, interrompre le mouvement de succion. Quand un peu
de lait a coulé par ce moyen, il suffit des tractions méthodiques opérées par
la main pour entretenir l'écoulement.
ÉCONOMIE RURALE. — Sur un nouveau procédé de bouturage; par
M. E. Delacboix, professeur à l'Ecole de Médecine de Besançon.
(Commissaires, MM. Ad. Brongniart, Gaudichaud.)
« Il y a peu d'années , j'eus l'honneur de soumettre à l'examen de l'Aca-
démie un nouveau procédé de bouturan;e, qui consiste à tenir le fragment
dans l'eau par sa base, et dans la terre par sa partie moyenne, avec une
ligature ou une incision annulaire dans l'intervalle. Le succès incomplet de
ce procédé ne m'a pas découragé dans la recherche d'un moyen simple ,
économique et s<\r de multiplication par bouturage; et cç moyen, je crois
l'avoir trouvé.
H Ma nouvelle bouture est plongée entièrement dans la terre, formant
un arc souterrain, dont la convexité, qui regarde en haut, vient affleurer
le sol, seulement par sa partie moyenne, en un point qui doit être muni
d'un bon œil ou d'un petit rameau entier. De cette manière , la bouture est
protégée dans toute son étendue, et le petit bout, au lieu d'élre le siège
d'une dessiccation plus ou moins nuisible au succès, devient une voie d'ab-
sorption. L'œil, exposé seul à la vie aérienne, en supporte impunément, et
même avec avantage, toutes les excitations.
» Quoique mes essais ne datent que des derniers jours de juin, j'ai déjà
assez vu pour être convaincu que ce procédé peut être sérieusement utile.
)i Deux sillons parallèles, distants de o™,io, ont été pratiqués dans
un potager de médiocre valeur, situé sur un plateau calcaire des envi-
rons de Besançon. Une centaine de boutures (pommiers, poiriers, pru-
niers, abricotiers, tulipiers, rosiers, etc.), presque toutes entièrement
prises sur du bois de l'année, ont été courbées et enterrées par bouts de l'un
( I^' )
à l'autre sillon. Quelques arrosements ont été faits. Aujourd'hui, 2a juillet,
toutes ces boutures, en plein air et au soleil, ont la fraîcheur qu'elles avaient
au moment de la plantation. Chez la plupart, la partie aérienne est déjà le
siège d'une végétation active, notamment chez des poiriers et des tulipiers,
dont les bourgeons atteignent une hauteur de 1 à a centimètres. Si l'enra-
cinement, comme je l'espère, est double et complet cet automne, j'aurai
l'honneur d'en informer l'Académie par une nouvelle Note. »
MÉDECINE. — Deuxième Mémoire sur les maladies de l'oreille. — Étude
sur le cérumen; par M. Mène.
(Renvoi à la Commission nommée à l'époque de la présentation du
premier Mémoire.)
MM. MoniNERET et Fleury adressent une indication des parties qu'ils con-
sidèrent comme neuves dans un ouvrage qu'ils ont publié en commun, et
qu'ils adressent au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de
la fondation Montyon , le Compendium de médecine pratique.
(Renvoi à la Commission des pri.\ de Médecine et de Chirurgie.)
M. PuLVERMACRER soumet au jugement de l'Académie un appareil de son
invention, qu'il désigne sous le nom de chaîne-batterie hjdrovoltaïque por-
tative.
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet.)
M. Leboeitf présente des considérations sur l'importance qu'il y aurait à
apporter, dans la description des grands phénomènes météorologiques, une
précision de langage qui rendît comparables des observations faites en dif-
férents lieux. Il pense que l'Académie contribuerait aux progrès de la mé-
téorologie si elle indiquait aux observateurs les circonstances qu'ils doivent
mentionner, et les expressions qu'ils peuvent employer pour rendre exacte-
ment leur idée et la faire bien comprendre au lecteur.
(Renvoi à la Commission nommée pour de précédentes communications
du même auteur.)
( 122 )
CORRESPONDAIVCE
M. le Ministre de l'Instructiox publique accuse léceplion de l'extrait qui
lui a été adressé du procès-verbal de la séance du i5 juillet dernier, séance
dans laquelle MM. Mathieu et Dupin ont été élus membres de la Commission
des retraites instituée près le Ministère de l'Agriculture et du Commerce, en
exécution de la loi du i8 juin i85o.
PHYSIQUE TERRESTRE. — J^oyage aéronautique de MM. Bixio et B\rral.
M. Arago rend compte, à peu près en ces termes, du voyage aéronau-
tique de MM. Barrai et Bixio.
MM. Bixio et Barrai viennent d'exécuter une nouvelle ascension aérosta-
tique dans l'intérêt de la science. Je suis persuadé que la lecture de leur
journal suffirait pour faire apprécier ce que ce voyage a rapporté de
neuf et d'intéressant. Mais on en a jugé autrement; on a voulcrque, par une
indication rapide, je misse les personnes les moins familiarisées avec ces
matières à même déjuger de l'importance d'une découverte dont MM. Barrai
et Bixio viennent d'enrichir la météorologie. Je cède à c« vœu.
MM. Barrai et Bixio firent, il y a quelques jours, une ascension qui, dans
les circonstances si défavorables où elle a été exécutée, n'a guère eu, et
ne devait guère avoir qu'un résultat, celui de prouver leur courage, et l'on
peut même dire leur témérité.
TiCS deux savants voyageurs étaient bien résolus à recommencer leur en-
treprise dans de meilleures circonstances; mais, cette fois, ils n'avaient plus
à faire leurs preuves, ils pouvaient attendre le jour et le moment.
M. Regnault s'était chargé des préparatifs; c'est dire que tout ce que la
physique offre d'ingénieux, d'exact a été mis en œuvre dans la construction
des instruments et dans leur installation. Mais personne ne pourra apprécier,
sans l'avoir vii , le zèle infatigable et le dévouement sans bornes que notre
confrère a déployés jour et nuit dans cette circonstance.
Tout était prêt vendredi, mais le temps fut mauvais. Samedi matin, l'at-
mosphère s'étant éclaircie, on commença à remplir le ballon. L'opération
fut longue, et lorsqu'elle arrivait à son terme, vers les une ou deux heures,
le ciel se couvrit et il tomba une pluie diluviale. La pluie cessa ensuite et
le ciel resta entièrement couvert; il était naturel, dans ces circonstances, de
renoncer à l'ascension projetée. Quelqu'un fit, en présence des deux voya-
,( 123 )
geuis, Tobservation qu'il pouvait être très-utile de connaître le décroisse-
ment de la température atmosphérique avec la haulenr lorsqu'un rideau
continu de nuages nous dérobe la vue du ciel. Les réfractions à des hauteurs
méJiocres dépendent de la loi suivant laquelle s'opère ce décroissement. Eh
bien, il arrive quelquefois que le ciel se découvre tout à coup; or, dans ces
circonstances, il doit rester dans l'atmosphère des traces plus ou moins
marquées du décroissement de température anormal dont la présence du
nuope avait été la cause. Les observations recueillies dans des ascensions
aérostatiques failes dans un temps serein, ne sont pas complètement appli-
cables à ce cas spécial. D'ailleurs, il y a des occasions nombreuses où l'on
observe à travers des éclaircies. Dès que MM. Barrai et Bixio purent juger,
par ces considérations et d'autres qu'il serait superflu de rapporter, que leur
voyage pouvait être utile, ils se placèrent dans la nacelle et s'élaneèi-ent dans
les airs.
Vous connaîtrez tous les détails de cette ascension par le journal détaillé
écrit dans la nacelle même et dont M. Regnault va donner lecture. Je me
contealerai de dire qu'aux plus grandes hauteurs où ils soient parvenus, nos
voyageurs n'éprouvèrent aucun malaise, aucun embarras dans la respiration,
que M. Bixio ne ressentit pas les vives douleurs d'oreilles dont il avait souffert
dans son premier voyage; sans doute à cause de la précaution qu'il prit de
maintenir l'air contenu dans cet organe et l'air extérieur à la même pression,
en faisarit de temps à autre le mouvement dé déglutition. Ajoutons que les
deux physiciens ont rencontré une couche de nuages qui avait plus de
5ooo mètres d'épaisseur, qu'ils ne sont pas parvenus à la traverser entière-
ment, que leur descente a commencé à s'opérer contre leur gré, à la hau-
teur d'environ ■y ooo niètres, que cette descente involontaire a été l'effet
d'une déchirure qui s'était produite vers la partie inférieure du ballon.
Parlons maintenant des observations que nos deux voyageurs ont eu
l'occasion de faire. Lorsqu'ils avaient atteint leur station supérieure dans ce
nuage de 5 ooo mètres, il se forma dans la masse vaporeuse qui les entou-
rait une éclaircie à travers laquelle ils virent le bleu du ciel. Le polariscope,
dirigé vers cette région , montrait une polarisation intense; lorsqu'on poin-
tait à côté, hors do l'éclaircie, la polarisation, au contraire, était nulle. Ceci
ne doit pas être considéré comme une répétition de l'expérience faite dans le
premier voyage, car alors on avait visé à la lumière réfléchie par les nuages,
tandis que cette fois c'est dans la lumière transmise qu'on a constaté
l'absence de toute polarisation. ' v -> '
Un phénomène optique intéressant a signalé cette ascension. Avaiît d'at-
( llk )
teindre la hauteur limite, la couche de nuages qui couvrait le ballon ayant
diminué d'épaisseur ou étant devenue moins dense, nos deux observateurs
virent le soleil affaibli et tout blanc; en même temps ils aperçurent au-des-
sous du plan horizontal de la nacelle, au-dessotis de leur horizon, et à une
distance angulaire de ce plan égale à celle qui mesurait la hauteur du soleil ,
un second soleil semblable à celui qu'etit réfléchi une nappe d'eau située
à cette hauteur. Il est naturel de sup|)Oser, comme l'ont fait nos deux
voyageurs, que le second soleil était formé par la réflexion des rayons
lumineux sur les faces horizontales de cristaux de glace flottant dans cette
atmosphère vaporeuse.
Venons au résultat le plus extraordinaire , au résultat tout à fait inattendu
qu'ont fourni les observations thermométriques. Gay-l^ussac, dans son ascen-
sion par un temps serein ou plutôt légèrement vaporeux, avait trouvé une
température de 9",5 au-dessous de zéro, à la hauteur de 7016 mètres.
C'est le minimum qu'il ait observé. Cette température de 9", 5 au-dessous de
zéro, MM. Barrai et Bixio l'ont trouvée dans le nuage, à la hauteur d'environ
6000 mètres; mais à partir de ce point-là, et dans une étendue d'environ
600 mètres , la température varia d'une manière tout à fait extraordinaire
et hors de toute prévision. Je vais citer le nombre qui résulte de diverses
observations; mais, auparavant, je dois inviter l'auditoire qui m'écoute à ne
pas se livrer à un mouvement irréfléchi d'incrédulité, car je prouverai un
instant après que le résultat que je vais énoncer est exact. MM. Barrai et
Bixio ont vu à la hauteur de 7000 mètres, à quelque distance de la limite
supérieure du nuage , le thermomètre centigrade descendre à 89 degrés au-
dessous de zéro. C'est 3o degrés au-dessous de ce qu'avait trouvé Gay-Lussac
à la même hauteur, mais dans une atmosphère sereine.
J'ai hâte de prouver que ce nombre extraordinaire n'est affecté d'aucune
erreur d'observation. Le baromètre à l'aide duquel on devait déterminer la
hauteur était naturellement muni d'un thermomètre destiné à donner la
température du mercure. Ce thermomètre n'avait été gradué que jusqu'à
37 degrés au-dessous de zéro. Ces 3^ degrés semblaient devoir suffire dans
les plus grandes hauteurs où l'on pût supposer que nos voyageurs s'élèveraient.
Eh bien, le mercure était descendu au-dessous de ce 37* degré; il n'était
pas cependant rentré tout entier dans le réservoir. Par une évaluation qui
ne doit pas être loin de la vérité quand elle est faite par un physicien
du mérite de M. Regnault, le mercure était à 1 degrés au-dessous de 37. fje
thermomètre du baromètre de MM. Bai-ral et Bixio marqua donc 39 degrés.
M. Walfredin a inventé de très-ingénieux thermomètres à déversement,
{ 125 •)
qui donnent eux-mêmes les maxima et les minima de température auxquels
ils ont été exposés. Le thermomètre à maxima est fort en usage : il est à
désirer que le second, qui est moins connu , se répande parmi les physiciens.
Il rendra d'importants services à la météorologie. M. Walferdin avait remis
un de ses thermomètres à minima à MM. Barrai et Bixio. Ce thermomètre
à divisions arbitraires était renfermé dans un étui percé d'un grand nombre
de trous pour permettre la circulation de l'air. Sur la demande de nos deux
voyageurs , il avait été cacheté. Le cachet est arrivé intact, et a été brisé au
Collège de France en présence de MM. Regnault et Walferdin. Des opé-
rations minutieuses ont prouvé que le thermomètre à minima avait baissé
jusqu'à 39", 7. Après ces deux observations précises, à peine est-il nécessaire
de dire que le fait d'un abaissement extraordinaire de la température se
trouve résulter de l'impossibilité où furent nos voyageurs de lire les indica-
tions de plusieurs thermomètres, dont la liqueur était descendue jusqu'au
bouchon de liège qui les maintenait. M. Barrai voulut se débarrasser de ces
bouchons avec un canif; mais ses doigts étant roidis par le froid, l'instru-
ment tomba à travers les mailles de la nacelle. M. Bixio ne fut pas plus
heureux en voulant se servir d'un couteau. Le fait de l'abaissement presque
subit de température dans la masse nuageuse, est une découverte qui inté-
resse au plus haut degré la météorologie. Quelle est la constitution particu-
lière d'un nuage qui le rend apte , par la voie du rayonnement vers l'es-
pace ou de toute autre manière , à un si prodigieux refroidissement? C'est
une question qu'en ce moment il est seulement sage de poser. Peut-être cette
constitution anormale joue-t-elle un rôle dans la formation de la grêle ? Peut-
être est-elle la cause des changements considérables de température qu'on
éprouve subitement dans un lieu donné. F^a solution de ces questions est ré-
servée à l'avenir, ce qui ne diminue en rien l'importance de l'observation.
Dans le journal dont M. Regnault va donner lecture , les températures
ont été déterminées par ce physicien , et les hauteurs calculées par M. Ma-
thieu. C'est assez dire que, des deux côtés, on peut compter avec une
entière confiance sur les résultats. On déduit des calculs de M. Mathieu que
nos deux voyageurs seraient parvenus à la hauteur de 7004 mètres (i), c'est- .
à-dire à 12 mètres en contre-bas de celle où Gay-Lussac s'était élevé; mais il
est juste d'observer que les formules à l'aide desquelles on calcule les hau-
teurs reposent sur l'hypothèse d'un décroissement de température à peu près
(i) Après l'application «l'une correction d'abord négligée, M. Mathieu a trouvé 7016
mètres. ■
C.R., i8'io,2"?=Semej/;e. T.XXXl, N» S.) l8
( IS.6 )
uniforme, et que, dans ce cas-ci, un changement de hauteur que l'on peut
évaluer à 600 mètres , a donné lieu à une variation de température d'environ
3o degrés, taudis que, dans l'air serein, la variation n'aurait été que de 4
à 5 degrés.
La découverte importante faite dans ce voyage aéronautique montre tout
ce que la science peut encore attendre de semblables expéditions quand
elles sont confiées, comme cette fois, à des observateurs intrépides, soigneux,
exacts et sincères.
Journal du voyage aéronautique fait le l'j juillet i85o par
MM. BarrÀl et Bixio.
>' IjCS principales questions sur lesquelles nous devions fixer notre atten-
tion , pendant notre second voyage aérien, étaient les suivantes:
» i". Loi du décroissement de la température atmosphérique avec la
hauteur;
» a°. Influence du rayonnement solaire, dans les diverses régions de
l'atmosphère, déduites d'observations faites sur des thermomètres dont les
réservoirs étaient doués de pouvoirs absorbants très-différents ;
» 3°. Détermination de l'état hygrométrique de l'air dans les diverses
couches atmosphériques, et comparaison des indications du psychromètre
avec le point de rosée dans les très-basses températures;
') 4°- Analyse de l'air atmosphérique à différentes hauteurs;
" 5°. Détermination de la quantité d'acide carbonique contenue dans les
hautes régions de l'atmosphère;
■1 6". Examen de la polarisation de la lumière sur les nuages ;
» 7°, Observation des divers phénomènes optiques produits par les
nuages.
" Les appareils mis à notre disposition étaient :
n 1°. Deux baromètres à siphon, gradués sur verre, dont nous n'avions
à observer que le ménisque supérieur; la position du ménisque inférieur
étant donnée par une Table construite d'après des observations directes
faites dans le laboratoire. Chacun de ces baromètres est muni d'un thei-
momètre divisé en degrés centigrades.
« 2°. Trois thermomètres, portant des échelles arbitraires, fixés à 5 cen-
timètres d'une plaque métallique. Le réservoir du premier de ces thermo-
mètres est à surface vitreuse ; la surface du deuxième est noircie au noir de
fumée; enfin le réservoir du troisième est recouvert d'un cylindre d'argent
( '27 )
poli qui enveloppe également une portion de la tifje. Les réservoirs sont des
cylindres étroits, mais très-allongés. Immédiatement au-dessous des réser-
voirs, la plaque métallique porte une plaque argentée très-polie. La plaque
munie des thermomètres est disposée horizontalement sur un des côtés de
la nacelle, aBu de rester constamment exposée à la radiation solaire.
» 3°. Un thermomètre vertical, à échelle arbitraire, dont le réservoir
cylindrique se trouve dans l'axe de plusieurs enveloppes concentriques en
fer-blanc très-poli, ouvertes à leurs bases, pour permettre la circulation de
l'air. Cette disposition avait été imaginée pour obtenir, au moins approxima-
tivement, la température que marquerait un thermomètre à l'ombre.
>' 4°- Ï^Q psychromètre formé par deux thermomètres à échelle arbitraire.
» 5°. Un hygromètre condenseur de M. Regnault.
'I 6°. Des tubes à potasse caustique et à ponce imbibée dacide sulfu-
rique, pour le dosage de l'acide carbonique de l'air. L'aspiration de l'air de-
vait être produite par une pompe, de i litre de capacité et exactement
jaugée.
" 7°. Deux ballons de i litre de capacité, munis de robinets en acier, et
destinés à recueillir de l'air dans les hautes régions. Ces ballons, disposés
dans des boîtes en fer-blanc, avaient été exactement privés d'air avant le
départ.
» 8°. Un thermomètre à minima de Walferdiu. Ce thermomètre, gradué
par M. Walferdin , est renfermé dans un cylindre en fer-blanc, percé de
trous. Sur notre demande, cet appareil a été placé sous cachet.
>' 9". Un appareil fourni par M. Regnault, et destiné à indiquer le
maximum d'élévation auquel le ballon sera parvenu. Cet appareil est ren-
fermé dans un étui de fer-blanc percé d'un grand nombre de petites ouver-
tures. Le couvercle de l'étui a été aussi revêtu d'un cachet. . '* ,;
» io°. Un polariscope de M. Arago.
» Les instruments divisés ont été construits par M. Fastré, sous la direc-
tion de M. Regnault. Les Tables de graduation ont été dressées dans le
laboratoire du Collège de France ; elles n'étaient connues que de M. Regnatdt.
» Le ballon est celui de M. Dupuis-Delcourt qui avait servi à notre pre-
mière ascension ; mais l'oriHce inférieur se termine par un appendice cylin-
drique en soie , de 7 mètres de longueur, qui reste ouvert pour laisser sortir
librement le gaz pendant la période ascendante. La nacelle se trouve sus-
pendue à 4 mètres environ au-dessous de l'orifice de l'appendice. Les instru-
ments sont fixés autour d'un large anneau en tôle qui s'attache au cerceau
ordinaire en bois portant les cordes de la nacelle. La forme de cet anneau
18..
( *28 )
est telle, que les instruments sont placés à une distance convenable des
observateurs.
» Notre projet était de partir vers lo heures du matin; toutes les dispo-
sitions avaient été prises pour que le remplissante de l'aérostat commençât à
6 heures. MM. Véron et Fontaine étaient chargés de cette opération.
>' Malheureusement, des circonstances indépendantes de notre volonté
ont occasionné de fâcheux retards, et le ballon ne fut prêt qu'à i heure.
Le ciel, qui avait été très-pur jusqu'à midi, se couvrit de nuages, et bientôt
une pluie torrentielle s'abattit sur Paris. La pluie ne cessa qu'à 3 heures.
La journée était trop avancée , et les circonstances atmosphériques trop
défavorables, pour que nous pussions avoir l'espoir de remplir le programme
proposé. Mais l'aérostat était prêt, de grandes dépenses avaient été faites,
et des observations, dans cette atmosphère troublée, pouvaient conduire à
des résultats utiles. Nous nous décidâmes à partir. Le départ eut lieu à
4 heures; il présenta quelque difficulté à cause de l'espace, très-rétréci, que
le jardin de l'Observatoire laissait à la manoeuvre. Un des baromètres fut
cassé, et laissé à terre. Le même accident arriva au thermomètre à surface
noircie.
» Nous transcrivons ici les notes que nous avons prises pendant notre
ascension.
» 4*" 3™. Départ. Le ballon s'élève d'abord très -lentement, en se diri-
geant vers l'est-, il prend un mouvement ascendant plus rapide, après la
projection de quelques kilogrammes de lest. Le ciel est complètement cou-
vert de nuages, et nous nous trouvons bientôt dans une brume légère.
mm
4'' 6" Le barom. marque 694, 7(*)lethermora. dubarom. -I- 16° hauteur = 757""
41- 8" . . 674,96 . .- » = 999
4'' g^So* • • » 655,57 » + (3°,o » =1244
4'' n" . . 636,68 . -h 9»,8 » = i483
(*) Toutes les hauteurs barométriques indiquées ont été ramenées à la température de
o degré par le calcul. Au moyen des observations barométriques et thermoraétriques faites
à l'Observatoire et dans la nacelle , on a calculé les hauteurs de 19 stations au-dessus de
l'Observatoire , et au-dessus de la mer, en les augmentant de 65 mètres. Mais les trois hau-
teurs 65i2, 7016 et 6765 mètres, où la température était descendue à — 35°, — 39° et
— Sg", ont été obtenues en partant , non de l'Observatoire , mais de la station intermédiaire
de 5 902 mètres où la température était de — g°,8 et la pression 367"'", o4- On trouve ainsi
7004 mètres pour la station la plus élevée. Mais il faut encore y ajouter une correction de
12 mètres due à la hauteur 5 902 mètres de la station inférieure'de comparaison , ce qui fait
en tout 7 016 mètres.
( 1^9 )
» Au-dessus de nous une couche contiaue de nuafjes; au-dessous, des
nuajjes détachés qui semblent rouler sur Paris. Nous sentons un vent frais.
4''j3"-
Baromètre 597,78
thermomètre
4- 9",o hauteur =: 201 3""
4''i5"'
558, 7
»
a » = 2567
4'' ao"
482, 2
»
— o'jS » = 3751
» Le nuage dans lequel nous pénétrons présente l'apparence d'un biouil-
lard ordinaire très-épais ; nous cessons de voir la terre.
Baromètre 4*^5, 4i thermomètre — 7'',o hauteur =r 5 1 2 1 ■"
» Quelques rayons solaires deviennent perceptibles à travers les nuages.
» Le baromètre oscille de 366, 99 à 386,42; le thermomètre marque
— 9°,o; hauteur de 69 11 à 6492.
>' Le ballon est entièrement gonflé; l'appendice, jusqu'ici resté aplati
sous la pression de l'atmosphère, est maintenant distendu, et le gaz s'échappe
par son orifice inférieur sous forme d'une traînée blanchâtre; nous sentons
très-distinctement son odeur. On aperçoit une déchirure dans le ballon à
une distance de i™,5 environ de l'origine de l'appendice. Une éclaircie se
manifeste et laisse voir vaguement la position du soleil.
» Le ballon reprend sa marche ascendante , après un nouvel abandon
de lest.
» 4*' 25™. Oscillations du baromètre entre 347, 7^ ^^ 367, o4; le thermo-
mètre varie de — 10°, 5 à —9°, 8; hauteur variant de 633o à 6902 mètres.
» Le brouillard, beaucoup moins intense, laisse apercevoir une image
blanche et affaiblie du soleil. Oscillations du baromètre. Nous sommes cou-
verts de petits glaçons , en aiguilles extrêmement fines , qui s'accumulent dans
les plis de nos vêtements. Dans la période descendante de l'oscillation baro-
métrique, par conséquent pendant le mouvement ascendant «iu ballon, le
carnet ouvert devant nous les ramasse de telle façon qu'ils semblent tomber
sur lui avec une sorte de crépitation. Rien de semblable ne se manifeste dans
la période ascendante du baromètre, c'est-à-dire pendant la descente de
l'aérostat.
Le thermomètre horizontal vitreux marque — 4°> 69
Le thermomètre argenté » — 8°, gS
» Nous voyons distinctement le disque du soleil à travers la brume con-
gelée; mais, en même temps, dans le même plan vertical, nous aperce-
vons une seconde image du soleil, presque aussi intense que la première/
( i3o)
les deux images paraissent disposées symétriquement au-dessus et au-
dessous du plan horizontal de la nacelle, en faisant chacune avec ce plan
un angle d'environ 3o degrés. Ce pliénomène s'observe pendant plus de
lo minutes.
" La température baisse très-rapidement ; nous nous disposons à faire une
série complète d'observations sur les thermomètres à rayonnement et sur les
thermomètres du psychroraètre; mais les colonnes mercurielles sont cachées
par les bouchons, parce que Ion n'avait pas prévu un abaissement aussi
brusque de la température. Le thermomètre des enveloppes concentriques
en fer-blanc marque — 23°, 79.
" 4'*32™. fiCS nuaf^es s'écartent au-dessus de nous, et nous voyons dans
le ciel une place d'un bleu d azur clair, semblable à celui que l'on voit de la
terre par un temps serein. Le polariscope n'indique de polarisation, dans
aucune direction , sur les nuages en contact ou plus éloignés. IjC bleu du ciel
est, au contraire, fortement polarisé.
" Oscillations du baromètre. On jette du lest, ce qui détermine un nouveau
mouvement ascendant.
4'' 45'"- Baromètre 338, o5 therrnoniètre du baromètre — 35° hauteur :=65i2'»
>' Nos doigts sont roidis par le froid , mais nous n'éprouvons aucune
douleur d'oreilles et la respiration n'est nullement gênée. Le ciel est de
nouveau couvert de nuages, mais laisse encore apercevoir le soleil voilé
et son image. Nous jetons du lest, ce qui détermine une nouvelle ascension.
n 4'' 5o". Baromètre 3i5,02. [/extrémité de la colonne du thermomètre
du baromètre est inférieure, de 2 degrés environ, à la dernière division tra-
cée sur l'instrument. Cette division est —37 degrés; la température était
donc de — 39»degrés environ, hauteur = 7016 mètres.
» Le baromètre oscille de 3i5 , 02 à 326, 20; ainsi l'aérostat oscille de
7016 mètres à 6765. Il ne nous reste plus que 4 kilogrammes de lest,
que nous jugeons prudent de conserver pour la descente. Nous espérions
nous maintenir quelque temps à cette hauteur, mais, bien que l'appendice
fût relevé pour éviter la sortie du gaz par son orifice, le ballon commence
son mouvement descendant. Nous faisons nos prises d'air. F^e tube de l'un de
nos ballons se casse sous les efforts que nous faisons pour tourner le robinet;
je second se remplit d'air sans accident.
S*" 2"" Baromètre 436, 4" température —9° hauteur = 45oa"
( '3i )
» Nous rencontrons encore les petites aiguilles de glace.
5h ^m
Baromètre 4^3,1 6
température — 7°
5h ,om
» 540 , 39
— 3»
S"- la"
• 559,70
— 1°
5h ,^ra
» 582,90
» 0°
Le thermomètre vitreux marque + 2°, 5o
» argenté » + 1°, 91
hauteur = 3688"'
= 2796
» = 2452
« =2i85
" S*" lô"*. Baromètre de 698,5 à 618,0; température + i°,8; hauteur
variant de 1973 à 1707.
>' Oscillations produites par les dernières portions de lest que nous jetons.
Nous ne nous occupons plus que de modérer la descente, en sacrifiant tout
ce que nous avons de disponible, hors les instruments, et nous mettons les
thermomètres dans leurs étuis.
» S"* Bo™. Arrivée à terre, au hameau des Peux, commune de Saint-
Denis-les-Rebais , arrondissement de Coulommiers (Seine-et-Marne;, à
quelques pas de la demeure de M. Brulfert, maire de cette commune,
située à 70 kilomètres de Paris.
>> Nous avons eu le bonheur de ne casser aucun instrument à la descente.
Nous ne trouvons au village qu'une charrette pour nous transporter à la
station la plus voisine du chemin de fer de Strasbourg, éloignée de 18 ki-
lomètres. Le trajet fut pénible dans les chemins de traverse; le cheval
s'abattit. Deux des appareils que nous tenions le plus à rapporter intacts à
Paris furent brisés ou mis hors de service: le ballon à air et l'instrument indi-
cateur du minimum de pression barométrique. Heureusement, le thermo-
mètre à minima de M. Walferdin fut rapporté intact, avec son cachet, au
Collège de France.
» Le cachet a été enlevé par MM. Regnault et Walferdin , et le minimum
de température, déterminé par des expériences directes, a été trouvé de
— 39°, 67, par conséquent très-peu différent de la plus basse température
que nous avions observée nous-mêmes sur le thermomètre du baromètre. »
A la demande de M. Regnault, MM. Person , à Besançon; de Bréauté,
à Dieppe; Berlin, à Strasbourg; Haeghens, à Versailles; Monvel, à Orléans;
Renou, à Vendôme; Malaguti, à Rennes; Girardin et Boutan, à Rouen; et
Isidore Pierre, à Caen , ont bien voulu, pendant les journées des 26 et
27 juillet, faire, de quart d'heure en quart d'heure, des observations baro-
métriques et thermométriques, qui sont réunies dans les tableaux sm\Sinis,
ainsi que celles faites simultanément à l'Observatoire de Paris.
( ï3a )
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DU 26 JUILLET *8S0.
HEURES (*)
BESANÇON.
LAGHAPELLE
(près Dieppe).
STRASBOURG.
VERSAILLES.
HAUT. DD BAROH. A1I-DB88DS
HAUT. DU BAROM. AU-DESSUS
HAUT. DU BAKOU. AU-DESSUS
HAUT. DU BAROH. AU-DESSUS
IIBS
DE hk MER
, S70-.
DE LA MER, 146". 90.
DE LA MEB
1M",1.
DE LA MER, IS^",!.
OBSERVATIONS.
Barom. réduit
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i") Le.i heures sont celles du temps moyen de chaque lieu d'observation. Comme a Paris on saraft que MM. Barrai et Bixio n'a?ai'
gartir le 26 juillet, les obserrations d'; ont été Taites que le samedi 27. D'un autre côté, par suite d'un maleutendu. les observatic
esaocoQ ont été faites le S5 et le 2R ; nous ne rapportons Ici quo celles du S6.
ieni pu
obsetTatioQs d«
( i33 )
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DU 26 JUILLET 1880.
nmiin r\n
ORLÉANS.
VENDOME.
RENNES.
CAEN.
ROUEN.
HEllES
HAUT. DU BAROM. AU-DESSUS
HAUT. DU BAROM. AU-DESSUS
HAUT. DU BAROM. AU-DESSUS
HAUT. DU BAROM. AU-DESSUS
HAUT. DU BABOU. AU-DESSUS
des
OBseavAT.
DE LA MER, lie',».
DE LA MER, 83", 7.
DE LA MER, 53", 6.
DE LA HEB
Barum. réduit
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Tempérai.
DE LA MER, 59".
Barom. rédui
Tempérât.
Oarom. réduit
Tempérât.
Barom. réduit
Tempérât
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20,3
C R., iSfjo, 21'» Semestre. ( T, XXXI, K" '0 )
( '3/, )
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES DU 27 JUILLET ISiSO
LACHAPELLB
STRASBODRG.
VERSAILLES.
ORLÉANS.
VENDOME.
HEURES
(près Dieppe).
HAUT. DU BÂROH AU-DESSUS
HAUT, LU BABO,,
. AU-DESSUS
HAUT. DU BAROH. AUHDBSSU8
HAUT, DU BAROM. AU-DESSUS
BAUT. OU BABO
1. AU-DESSUS
DE LA MER, 146", 9.
DE LA UHh
u;",i.
DE LA MEII, 134", 1.
DE LA MER, ]lh",3.
DE LA MER
, 85",7.
0R9BRVAT.
Barom. réduit
Tempérât.
Barom. réduit
Tempérai.
Barom. réduit
Tempérât.
Barom. réduit
Tempérât,
Barom. réduit
Tempérât.
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extérieure.
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HAUT, DU BAROM. AU-DESSUS
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.7,3
19-
( i36 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide nitrique sur les alcalis organiques.
(Note de M. Thomas Anderson, présentée par M. Dumas.)
« En poursuivant des recherches sur la codéine dont j'ai entretenu, il y a
quelque temps, la Société royale d'Edimbourg, j'ai été conduit à observer
quelques phénomènes fort remarquables qui résultent de l'action de l'acide
nitrique sur cette substance, et qui paraissent être communs à toutes les
bases organiques, à toutes celles du moins que j'ai eu l'occasion d'examiner
jusqu'ici.
» Si l'on traite la codéine par de l'acide nitrique très-étendu, on obtient
une base substituée, la nitrocodéine ; si, au contraire, l'acide est d'une con-
centration moyenne, une action fort violente a lieu, accompagnée d'un dé-
gagement de vapeurs d'acide uitreux, dont résulte une dissolution de couleur
orange, déposant, quand on y ajoute de l'eau , un acide résineux. Si l'on
fait évaporer l'acide nitrique en chauffant au bain-marie , on obtient l'acide
nouveau sous la forme d'une masse poreuse, jaunâtre, facilement soluble
dans l'alcool , dont il est reprécipité par l'eau. Je n'ai pas achevé jusqu'ici
l'analyse de cette substance, néanmoins les résultats obtenus paraissent indi-
quer une formule dérivée de celle de la codéine par la substitution de NO^ et
l'addition de plusieurs équivalents d'oxygène. Si l'on traite cet acide par une
dissolution de potasse diluée, il se dissout en donnant à la liqueur une couleur
rouge foncé, et si l'on porte à l'ébuUition , une base volatile d'une odeur très-
forte et particulière se dégage, base qu'on obtient, par la distillation, dissoute
dans l'eau du récipient. Le liquide qui passe est d'une odeur à la fois péné-
trante et putride, et dégage des vapeurs blanches lorsque l'on approche une
baguette de verre humectée avec de l'acide chlorhydrique : il possède une
réaction basique très-forte. Cette dissolution, saturée d'acide chlorhydrique
et évaporée ensuite aui bain-marie, abandonne un sel très-cristallin, qui se
dissout facilement dans l'alcool absolu. Le bichiorure de platine, ajouté à
cette dissolution, doune lieu à un beau précipité jaune. Les analyses de ce
sel ont donné des résultats correspondants à la formule GaHsNHCIPtCla ,
d'où il résulte que la base est la méthy lamine de M, Wurtz. J'avais déjà établi
la formation de la méthylamine par l'action de la chaux potassée et de la
chaux sodée sur la codéine dans le Mémoire que je viens de citer. Cette base
paraît être le seul produit de l'action de la potasse sur l'acide jaune , mais
je me suis assuré que l'action de la chaux potassée sur la codéine elle-même
détermine la formation non-seulement de la méthylamine, mais aussi d'une
( i37)
autre base CjHjN, la propylamine (i). Il paraît donc qu'il existe une cer-
taine analogie entre l'action de la chaux sodée et celle qu'exercent successi-
vement l'acide nitrique et la potasse sur cette base. Je n'insiste pas, pour le
moment, sur ce point-là, sur lequel je reviendrai dans la suite de mes
recherches.
» La narcotme forme avec l'acide nitrique une grande variété de produits
qui dépendent de la concentration de l'acide. Si l'on opère à une température
basse et avec un acide très-étendu, on obtient des bases dérivées que je n'ai
pas encore examinées; mais, par l'action d'un acide plus concentré, il se
forme un acide jaune résineux. Si l'on traite cet acide par une dissolution de
potasse, il se dégage une base volatile, qui, avec le sel de platine, donne des
résultats correspondants à la méthylamine.
» La morphine et la strychnine , par le même traitement, donnent des
bases volatiles que je suis occupé dans ce moment à examiner.
» L'action de l'acide nitrique sur la piperine est très-énergique; des va-
peurs d'acide nitreux se dégagent en abondance, accompagnées d'une odeur
particulière ressemblant à celle des amandes amères. Il se forme une résine
brunâtre, dont une partie flotte à la surface, et dont l'autre reste dissoute
dans l'excès d'acide nitrique, et dont on peut la précipiter en ajoutant de
l'eau.
)' En évaporant l'excès d'acide au bain-marie, on obtient un résidu brun ,
qui se dissout dans la potasse, avec ime magnifique couleur rouge de sang.
A l'ébuliition il se dégage une base volatile d'une odeur particulière et aroma-
tique formant un très-beau sel avec l'acide chlorhydrique , qui cristallise de
l'alcool absolu en aiguilles de i pouce de longueur, même en opérant avec
de très-petites quantités.
» Lorsqu'on chauffe un mélange de nicotine et d'acide nitrique, des va-
peurs rouges se dégagent en abondance ; et, en ajoutant un excès de potasse,
on obtient une nouvelle base volatile, qui paraît être l'éthylamine ; mais mes
expériences ne se sont pas encore suffisamment étendues pour déjà me per-
mettre de prononcer positivement sur ce sujet-là.
» La décomposition des alcaloïdes que je viens de décrire est fort remar-
quable, et paraît jeter un jour important sur la constitution des bases orga-
niques. Je me propose , en conséquence , d'examiner ce sujet d'une manière
(i) Je ferai observer que mes expériences concernant l'action de la chaux sodée sur
la codéine furent faites avant que j'eusse lu la Note de M. Wertheim , publiée dans le numéro
de février des Annalen der Chimie und Pharmacie,
( i38 )
complète, et j'espère être bientôt en mesure de publier les détails de mes
recherches sur les bases précédentes, ainsi que sur quelques autres dont je
m'occupe en ce moment. •>
CHIMIE. — De la nature du phosphore amorphe; par M. A. Schrotter.
« J'ai fait connaître, dans mon Mémoire sur l'élat amorphe du phosphore,
les conditions dans lesquelles le phosphore ordinaire, c'est-à-dire le phos-
phore cristallisé, passe à l'état amorphe, ainsi que les propriétés physiques
de ce corps, lorsqu'il est dans ce dernier état, et la manière remarquable
dont il se comporte à l'égard des autres corps, f/exactitudc de mes obser-
vations et de mes conclusions a soulevé des doutes nombreux , tant à raison
de r?xtrême ressemblance qu'offre le phosphore amorphe avec la combi-
naison connue sous le nom à^oxjde de phosphore, qu'à cause de la différence
frappante qui existe entre les propriétés de ces deux modifications du phos-
phore et la manière dont elles se comportent, différences qui n'avaient jamais
élé observées à un pareil degré pour aucun corps simple. Ces doutes ont d'au-
tant moins lieu de me surprendre, que j'ai moi-même accueilli avec une ex-
trême défiance mes propres observations, tant que des faits incontestables
ne m'ont point eu démontré que le corps quej'avais obtenu n'était point du
tout une combinaison nouvelle du phosphore, mais le phosphore lui-même
sous une nouvelle forme. M. Dumas est le premier qui ait reconnu , dans la
séance de l'Académie des Sciences du 23 octobre 1848 et dans son Cours à
la Sorbonne, l'exactitude de mes expériences et des conséquences que j'en
déduisais. En même temps, mes expériences furent répétées dans le labo-
ratoire de M. Liebig, et elles conduisirent aux mêmes résultais. En Angle-
terre, où mon travail fut connu peu de temps avant mon arrivée, j'eus
occasion d'avoir pour témoins de mes expériences M\l. Faraday, Graham,
Hofmann , Muller, Percy, etc.; et lorsque, comme j ai lieu de l'espérer, ce
corps sera devenu un ailicle ordinaire de commerce^ personne ne poinra
plus aloi's mettre en doute l'exactitude de ma découverte.
" Je n'avais pu, jusqu'à présent, obtenir cette modification du phosphore
sous une autre forme que celle d'une poudre ténue et d'un rouge variant du
clair au foncé, suivant son degré de ténuité. Dans les nombreux change-
nienls auxquels je soumis le traitement de ce corps, je l'obtins quelquefois,
comme lors de mon premier travail, sous forme de croûtes dures, peu dif-
férentes au reste, quant à l'aspect, du phosphore en poudre, et présentant
seulement, aux endroits où il avait été en contact avec le verre, un éclat vi-
treux plus prononcé. Ce phénomène, qui est évidemment l'effet de ce contact,
( '39)
ne saurait, pour ce raoliF, tenir à la nature du phosphore amorphe. Toutefois,
cette circonstance, que les croûtes affectent une couleur plus foncée que le
phosphore en poudre, me fit tenter quelques expériences dans le hut de dé-
terminer la nature de ces croûtes. A cet effet, j'exposai du phosphore ordi-
naire à une température qui était aussi voisine que possible de celle à la-
quelle il se transforme de nouveau, et au bout d'un temps assez long, envi-
ron huit jours, jo l'obtins dans l'état que je vais décrire, n'ayant subi que
le plus léger des changements qu'il pouvait subir.
» J'avais jugé que si l'on parvenait jamais à obtenir sous forme cohé-
rente le phosphore amorphe, ce serait très-vraisemblablement par cette
voie. Mon attente ne fut pas trompée ; car, ce qui est digne de remarque , fe
phosphore était, à la fin de l'expérience, passé à l'état d'une masse tout à
fait cohérente, d'un rouge brun, présentant aux cassures un éclat métal-
lique imparfait et noir. Cette masse cassante a des cassures complètement
conchoïdes. Ces cassures sont irrégulières et offrent des angles aigus et des
bords effilés. L'intérieur de la masse affecte la même coideur rouge que le
phosphore pulvérisé, en sorte qu'à cet égard la ressemblance entre les pro-
priétés physiques , abstraction faite de la disposition fibreuse , et celle d'une
variété de la mine de fer rhomboédrique, l'hématite, est presque complète.
" La dureté du phosphore amorphe cohérent est très-considérable; elle
est de 3,5 et tient par conséquent le milieu entre celle du spath calcaire et
celle du spath fluor. Sa densité est, à 17 degrés centigrades, de 2,089; den-
sité qui est précisément la même que celle que Boettger a trouvée pour le
phosphore ordinaire. Mais, il ne peut y avoir là qu'une coïncidence fortuite,
car j'ai toute raison de croire que le chiffre de cette densité, quoique assuré-
ment fort exact en soi, ne représente pas cependant la densité réelle du
phosphore amorphe. Les morceaux que j'ai entre les mains renferment en-
core un mélange de 0,2 à o,3 pour 100 de phosphore ordinaire, circon-
stance qui doit nécessairement altérer un peu sa densité véritable. Et en
effet, des morceaux de phosphore amorphe qu'on avait soumis à l'influence
encore plus prolongée de la chaleur, et qui renfermaient dès lors moins de
phosphore ordinaire, présentaient, à la température de 17 degrés centi-
grades, une densité de 2,106.
» Dans mon premier Mémoire je m'étais fondé uniquement, pour éta-
blir que le phosphore modifié, par la lumière ou la chaleur, devient
amorphe, sur ce que cette poudre offre le même aspect à l'œil nu ou vue au
microscope du pouvoir le phis grossissant. Mais, actuellement cet état de
masse cohérente apporte une confirmation complète à mes idées , car ce
( '40)
corps n'offre pas, dans sa cassure, la moindre trace de cristallisation, et il
ne présente aucune des propriétés qui ont été observées jusqu'à ce jour chez
les corps cristallisés; d'où l'on doit conclure qu'il est amorphe. Nous pos-
sédons donc aujourd'hui un phosphore octaédrique et un phosphore
amorphe, de même, pour ne citer qu'un exemple analogue , que nous avons
un carbone octaédrique et un carbone amorphe, sans compter le rhom-
boédrique.
» Il est à peine nécessaire d'ajouter que le phosphore amorphe cohérent,
autant du moins que j'ai pu jusqu'à présent le constater, se comporte chi-
miquement de même que le phosphore en poudre. Je dois toutefois faire
observer que la proportion moindre de phosphore ordinaire qui y est
jointe, donne lieu à quelques phénomènes dont il faut tenir compte; autre-
ment, on serait conduit facilement à des erreurs. Lorsqu'on casse un mor-
ceau de phosphore cohérent, il arrive souvent qu'il s'enflamme, et la com-
bustion, accompagnée d'une lumière rouge, se continue ensuite lentement,
et détermine peu à peu la rupture de la masse ; on peut facilement l'éteindre
en versant dessus de l'eau. Si l'on pulvérise cette masse sous l'eau et qu'on
laisse séjourner à l'air la poudre qu'on a débarrassée de la plus grande partie
de son eau , à l'aide d'un filtre en papier, une réaction acide ne tarde pas a
s'opérer, l'eau est absorbée, ce qui a lieu également, mais plus lentement,
quand on a préalablement fait bien sécher la poudre. Quand on chauffe
cette poudre, elle s'enflamme même avant que la température ait atteint
loo degrés centigrades. Elle brille dans l'obscurité et se combine avec le
chlore avec flamme. Tous ces phénomènes ne tienueni pas, comme je l'ai
déjà montré, au phosphore amorphe, mais au phosphore ordinaire, qui y est
mêlé. Les faits pourraient faire croire, à tort, que le phosphore amorphe
repasse lentement à l'état de phosphore ordinaire ; mais il n'en est rien ,
ou, du moins, on n'a rien remarqué de cela durant un laps de trois ans et
demi. .1 ai sur ma table un filtre couvert de phosphore amorphe qui est réduit
en morceaux extrêmement petits, et qui est soumis de la sorte , depuis plus
d'un an , à l'influence de l'air, .fe l'arrose de temps en temps; il se sèche, et
le phosphore cependant ne donne lieu ni à une réaction acide, ni à aucune
odeur. Tout le monde prendrait cette poudre pour de l'oxyde de fer
pulvérisé.
" Je dois ajouter, en finissant, que, depuis la publication de mon pre-
mier Travail sur ce sujet, j'ai eu occasion d'obtenir de nouveau les plus im-
portants des résultats auxquels j'étais arrivé, en changeant en partie les cir-
constances où je m'étais placé, et j'ai constaté, à ma grande satisfaction,
( '41 )
que je n'avais rien à reprendre et à rectifier aux premiers. Qu'il me soit
permis d'ajouter encore un fait, bien qu'il ne se rapporte pas tout à fait au
sujet de cette communication. Je me suis formellement assuré que le phos-
phore peut décomposer l'eau, et qu'il le fait déjà à une température de a5o à
160 degrés centigrades. Si l'on met du phosphore humide dans un tube her-
métiquement fermé par la fusion à ses deux bouts, et si on l'expose quelque
temps à la température susdite, on obtient, en brisant le tube, un gaz hy-
drogène phosphore qui est mêlé à Hj P de P. Thenard, et qui s'enflamme
ensuite de lui-même. On avait déjà admis la décomposition de l'eau par le
phosphore, sous l'influence de la lumière, afin d'expHquer, par la formation
de l'oxyde de phosphore , la couleur rouge qu'il prend alors. Or, mainte-
nant, il résulte des faits ci-dessus mentionnés que cette transformation ne
tient pas à la présence de l'eau, mais que celle-ci est réellement décomposée
par le phosphore , à une température peu élevée. »
M. le Secrétaire perpétuel, au nom de M. Palmstedt, Membre de l'Aca-
démie des Sciences de Stockholm, présent à la séance, fait hommage à
l'Académie d'un exemplaire en bronze de la médaille frappée en l'honneur
de l'illustre chimiste Berzelius.
MÉDECINE. — Graine emphjée dans V Amérique tropicale comme remède
contre les ejfets de la morsure des serpents. (Note de M. Jomard.)
« En quittant cette ville la semaine dernière, M. Herran, chargé d'af-
faires de la République de Gosta-Rica en France, m'a remis un certain
nombre de graines provenant d'un arbre nommé dans le pays cédron, et
qui habite sur les plateaux de la Cordillère des Andes. La propriété qu'on
attribue à celte graine, comme puissant antidote contre la morsure des ser-
pents les plus dangereux, paraît de nature à appeler l'attention, et M. Herran
souhaiterait qu'on la soumit aux expériences nécessaires pour s'assurer de
son efficacité.
» Je crois devoir, en conséquence, adresser à l'Académie les graines que
m'a remises M. Herran, ainsi que l'extrait suivant d'une Lettre qu'il m'a
écrite en partant :
« Ce n'est qu'en 1828 que des Indiens sauvages apportèrent sur le marché
n de Carthagène quelques graines de cédron. Pour en démontrer la vertu
1 infaillible , ils firent mordre des animaux et se firent mordre eux-mêmes
!' par les serpents les plus dangereux, appelés tohoha, corail de la mon-
G. R., i85o, a">« Semestre. i.T. XXXI, No 8.) ^Q
( i4a )
tagne, etc.; la proinptiliiJe avec laquelle- le poison fut neutralisé firt si
» merveilleuse, qu'on paya la graine jusqu'à un doublon (83 francs).
» Pendant mon long séjour dans l'Amérique centrale, j'ai eu moi-même
» occasion de recourir à la graine de cédron dans huit cas différents. Voici
» comme je l'employais:
«•.Cinq à six grains de cette graine étaient râpés; cette poudre, délayée
«'dans une cuillerrc d'eau-de-vie, je la faisais avaler au malade, puis j'en
»- saupoudrais un morceau de linge imbibé d'eau-de-vie que j'appliquais
» sur la morsure ; cela fait , je laissais le malade reposer, et rarement j'ai
» eu besoin de répéter la dose pour le guérir radicalement.
» J'ai encore employé ce médicament avec succès dans des cas de fièvres
» intermittentes qui avaient résisté à l'emploi du sulfate de quinine. »
CHIMIE ORGANIQUE. — De l'action simultanée de la chaleur et des bases
alcalines en excès sur les acides homologues de l'acide acétique; par
M. Auguste Gahours.
« Il existe une série remarquable d'acides représentés par la formule gé-
nérale
dont le premier terme est l'acide formique, et dont le dernier terme que
nous connaissions actuellement , est l'acide cérosique. Un examen attentif et
comparé de ces acides et des alcools dont quelques-uns dérivent, a conduit
a' là découverte de combinaisons très-nombreuses qui, loin de compliquer
l'bistoire des matières organiques, sont venues apporter une grande simpli-
cité dans leur étude, en permettant de rattacher à des séries bien détermi-
nées (constituant autant de familles naturelles) des corps jusqu'alors sau;.
fiènVaûssi , grâce aux travaux dont ces substances ont été l'objet dans ces
dernièt-es années, l'histoire des combinaisons organiques présente-t-elle une
aussi grande netteté que celle des composés de la nature minérale.
» Tout ce qui se rattache aux corps de ce groupe présente donc de I in-
térêt; c'est à ce titre que je crois devoir communiquer à l'Académie les ré-
sultats suivants.
» .l'ai fait voir que l'essence de rue , sous l'influence de l'aci le azotique , se
transforme, suivant la concentration de l'acide et la durée de l'action, eu
quatre acides homologues de l'acide acétique, savoir :
Q20H2oo^, acîàerû tique;
CH'^O*, " pélargonique;
C"'H"'0*, " caprylique;
C'^H'^0% " œnanthylique.
" L'acide pélai-gonique étant le moins connu des acides de ce groupe, j'ai
dû porter de préférence sur lui mon attention. Après avoir contrôlé sa for-
mule par l'examen de quelques sels et de son éther, je me suis demandé, en
lue basant sur les analogies, s'il ne serait pas possible d'en dériver le valyle,
obtenu récemment par M. Roibe, en faisant agir le courant voltaïquesur le
valérale de potasse. La composition de l'acide pélargonique est telle en effet,
qu'en enlevant tout l'oxygène et une quantité proportionnelle de carbone à
l'état d'acide carbonique, il reste un carbure d'hydrogène C'"H", homolop^ue
du gaz des marais, et présentant une composition identique à celle du valyle.
En effet ou a
C<«H'«0*- 2eO»=C"'H'».
" Le gaz des marais pouvant être obtenu facilement en faisant agir un
excès de base alcaline sin- l'acide acétique à une température élevée, j'ai
fait usage d'un procédé semblable; à cet effet, j'ai arrosé de la chaux po-
tassée, préalablement réduite eu poudre fine, du quart de son poids d'acide
péIarj;oniqne, puis, après avoir fait un mélange intime de ces substances, je
l'ai introduit dans une cornue de verre lutée, que j'ai chauffée graduellement
jusqu'à une température voisine du rouge sombre. J'ai recueilli de la sorte,
dans un récipient refroidi, un liquide limpide et mobile, de couleur ambrée;
le résidu de la cornue consistait en un mélange d'alcalis en partie caustiques^'
eu partie carbonates. .l'ai pu constater, en outre, la production d'une quan-
tité considérable de gaz possédant un grand pouvoir éclairant; la partie la
plus abondante du liquide condensé bouillait entre io6 et iio degrés. .le
crus avoir obtenu le valyle, qui bout à io8 degrés; mais l'analyse m'apprit
bientôt que ce produit renfermait plus de carbone et moins d'hydrogène
que ce corps, se confondant par sa composition avec celle du gaz oléfiant.
Afin d'avoir une analyse complète du phénomène beaucoup plus complexe
que celui que présente l'acide acétique, je recommençai l'expérience eu la
disposant de manière à diriger les gaz dans du brome, et à recueillir ceux
sur lesquels ce corps n'exercerait aucune action. Je pus, en effet, m'assurer,
a l'aide de ce réactif, qu'une portion notable du produit gazeux était ab-
sorbée, tandis qu une autre ne l'était pas, et je pus constater en outre que le
20..
( i44)
gaz non absorbé jouissait d'un pouvoir éclairant très-faible comparativement
à celui du gaz brut.
» L'examen de la liqueur bromée m'a démontré quelle renfermait trois
produits distincts en proportion variable, dont on peut exprimer la compo-
sition par les formules suivantes :
C*H*Br*=: 4 vol. de vapeur bouillant à i3o degrés;
C°H°Br*= 4 vol. de vapeur bouillant à i44 degrés;
C*H*Br^= 4 vol. de vapeur bouillant à i6o degrés.
» Le gaz absorbé consiste donc en un mélange de gaz oléfiant C*H*, de
propylène C*H* et de gaz de Faraday G' H'; quant à la partie non absor-
bable par le brome, elle renferme de l'hydrogène e^ du gaz des marais.
» IjC liquide condensé commence à bouillir vers io5 à io6 degrés; les
dernières portions distillent entre i35 et i4o degrés. La partie qui bout
entre io6 et i lo degrés possède une densité de 0,708 à 16 degrés; la den-
sité de sa vapeur a été trouvée, par expérience, de 3,954, ce qui conduit à
la formule
C"H'*= 4 vol. de vapeur.
» Traité par le brome, ce produit s'échauffe et donne un liquide pesant
auquel l'analyse assigne la formule
C««H"« Br* = 4 vol. de vapeur,
ce qui en fait un homologue des précédents.
» Ces résultats obtenus, j'ai dû rechercher si les acides caprylique et
œnanthilique, homologues de l'acide pélargonique, se comporteraient d'une
manière analogue; l'expérience a confirmé cette prévision. J'ai obtenu, en
effet, des carbures d'hydrogène liquide de la forme
C^H™,
ainsi que les gaz C*H*, C°H*, G«H».
» Les acides éthalique et margarique pouvant être obtenus facilement à
l'état de pureté et en grande abondance, je les ai chauffés comme les acides
précédents avec un excès de chaux potassée, et j'ai obtenu des résultats
semblables. On peut donc en conclure rigoureusement que les intermédiaires
entre l'acide pélargonique et l'acide éthalique fourniraient des résultats ana-
logues.
» Ces résultats s'accordent complètement avec ceux que M. Hofmann
( '45)
vient d'obtenir récemment relativement à la décomposition que subit l'acide
valérique sous l'influence simultanée de la chaleur et des bases alcalines em-
ployées en excès.
» Lethal, soumis à l'action d'une température voisine du rouge sombre,
s'est comporté comme les corps précédents. On sait , en outre , par le tra-
vail du capitaine Reynolds, que l'huile de pomme de terre donne, dans les
mêmes circonstances, une grande quantité de propjlène , gaz dont on lui
doit la découverte.
» Il résulte donc des faits précédents qu'à partir de l'acide valérique les
termes homologues du gaz des marais, ne possédant pas une stabilité suffi-
sante pour pouvoir résister à la température élevée sous l'influence de la-
quelle la décomposition de l'acide s'accomplit , se dédoublent en gaz des
marais et hydrogène, et en une série d'hydrogènes carbonés de la forme
G" H", différant l'un de l'autre par l'état de condensation des éléments.
» Ce fait est certes remarquable lorsqu'on le met en parallèle avec les
résultats que nous présente l'acide benzoïque et ses homologues qui, sous
l'influence de la chaleur et des bases, éprouvent une décomposition nette et
semblable à celle que présente l'acide acétique lui-même qui se transforme
uniquement en acide carbonique et en un carbure d'hydrogène complé-
mentaire, sans qu'il y ait séparation ni d'hydrogène ni de carbone.
» Dans toules ces expériences, la proportion du propylène l'a toujours
notablement emporté sur celle du gaz oléfiant et du gaz de Faraday. Ces trois
gaz peuvent donc être considérés comme le produit constant de la décompo-
sition de tous les acides de la série
et probablement aussi de tous les aldéhydes et de tous les alcools qui s'y
rattachent.
» Dans une prochaine Note, je donnerai des développements relatifs à
l'histoire de l'éthylène, du propylène et de leurs homologues, butylène, amy-
lène, etc. »
M. LiEGEY annonce que depuis quelques années il a vu certaines maladies
atteindre en même temps, dans les mêmes lieux , les hommes et les chevaux.
Déjà, en 1849, ^' avait signalé l'apparition du choléra dans la race chevaline;
aujourd'hui il dit avoir vu , dans certains cantons où la grippe s'est montrée
épidémiquement, les chevaux sujets à une maladie à laquelle le nom de
grippe lui paraît pouvoir être, aussi, très-convenablement appliqué. Il croit
( '46 )
devoir appeler l'attention de l'Académie sur cet ordre de faits dont l obser-
vation semble avoir été jusqu'à ce jour un peu négligée par les savants.
M. Wateiet prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com-
mission à l'examen de laquelle a été renvoyé son Mémoire sur le centre des
moyennes distances.
M. IvicHiEviCH adresse, de Macarsca (Dalniatie), uue Note sur un projet
d'écriture universelle (pangraphie) pour lequel il sollicite l'appui de l'Aca-
démie.
Il sera répondu à l'auteur que ce genre de recherches nest pas du nombre
de celles dont soccupe l'Académie des Sciences.
M. Fleureau annonce avoir conçu l'idée d'un mode de navigation aérienne
qui n'exige point Icmploi des ballons, et exprime le désir d'obtenir le juge-
ment de lAcadémie sur son invention.
Il sera répondu à l'auteur que s'il vent adresser une description de son
appareil, cette description sera renvoyée à l'examen d'une Commission.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à cette occasion que, parmi les pièces
de la correspondance, se trouve une autre Note relative également à \aéro-
nautique, mais que cette pièce n'étant pas signée il doit, d'après l'article du
règlement concernant les pièces anonymes, se borner à cette simple indi-
cation.
L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés, présentés par
M. Auzias-Tcrenne, par M. IVicrlès, et par MM. Poisot oncle, d'Arcet et
B0UILL0\.
La séance est levée à 5 heures et demie. F.
EHRyiTA.
(Séance du 1 5 juillet i8ôo. )
Page 26, ligne 35, au lieu de : or, que l'on se serve de bière el de lard, lisez: or, qi
l'on se serve de beurre ou de lard.
( ^hi )
BULLETIN BIBLIOtiHAPniQUE.
I/Académie a reçu, clans la séance du ig juillet i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de i Académie des Sciences;
a""* semestre 1 85o ; n" 4 ; in--»"'
Société nationale et centrale d' Agriculture. — Bulletin des séances, Compte
rendu mensuel, rédigé par M. Paykn, secrétaire perpétuel ; 2* série; tome VI;
n" 2; in-8°.
Compendium de médecine pratique ou exposé analytique et raisonné des
travaux contenus dans les principaux traités de pathologie interne; par
MiM. Louis de la Berge et Ed. Monnehet. Paris, 1837 à 1847; 8 volumes
in-8°. (Adressé pour le concours Montyon.)
Traité philosophique et physiologique de l'hérédité naturelle dans les états de
santé et de maladie du système nerveux, avec l'application méthodique des lois
de la procréation au traitement général des affections dont elle est le principe;
par M. le D' Prosper IjUCAs; tome II. Paris, i8;)o; in-S".
Essai de morphologie humaine. Phjsionomie de relation. Localisation phy-
sionomique des plis fasciaux représentatifs des différents actes de relation, etc. ,
pour servir à l'étude des races; par M. J.-E. GORNAY (de Rochetort).
Paris, î85o; i vol. grand in-i8.
Nouvelle méthode de tenue des livres en partie double, ou journal-contrôle ;
par MM. A. Besson et G. Raspail. Bordeaux, 1849; ' ^°^- Jn-8°.
Sur la répartition des mammifères fossiles entre les différents étages tertiaires
qui concourent à former le sol de la France; 2* partie; par M. PaulGervais^
brocb. in-4°.
Le choléra-morbus épidémique, à Chàteau-Voué [Meurthe); par M. E.-A.
Ancelon. Dieuze, i85o; broch. in-8°.
Bulletin de l' Académie nationale de Médecine; tome XV, n° ao; 3o juil-
let i85o; in-8°.
Séances et travaux de l'Académie de Reims ; années 1 849 ' ^^'^ ' ""' ' 7 ^ ' 9 '
in 8". - •
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; 2* série ;
tome III, n'' 10; juillet i85o; in-8°.
Report from the. . . Rapport de la Commission Sfiéciale nommée par la:
( i48 )
chambre des Lords pour faire une enquête sur les moyens les plus propres à pré-
venir les accidents graves dans Les mines de charbon de terre ; 1849; in-fol.
Report on the. . . Rapport sur la ventilation des mines et des houillères; par
M. J. Phillips, prëseuté aux deux chambres par ordre de S. M. Londres,
i85o, in-fol.
Report of the. . Compte rendu de la dix-neuvième réunion de l'Association
britannique pour l'avancement des Sciences tenue à Birmingham en septembre
1849; in-S".
Essay... Essai sur la théorie de l'attraction; par M. J. Kinnersley
Smythies. Londres, i85o; in-4°.
Pharmaceutical. . . Journal de pharmacie, publié par M. J. Bell ; vol. X;
n" I. Londres, i" juillet i85o; in-8''.
Mémorial de ingenieros. . . Mémorial des Ingénieurs; 5* année; n*" 5
et 6; in-8».
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; n° 723.
Gazette médicale de Paris; n° 3o; in-4*'-
Gazette des Hôpitaux ; n°* 87 à 89.
Magasin pittoresque ; tome XVIII; 3o* livraison.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
•-»»«-•
SÉANCE DU LUNDI S AOUT 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET COMMUXICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
OPTIQUE. — Note sur quelques expériences d'optique déjà anciennes ; sur
les moyens de constater, de perfectionner et d'étendre les résultats que
ces expériences ont donnés ; par M. Arago.
La Note de M. Arago commence en ces termes :
En annonçant à l'Académie l'intention où j'étais de publier mes travaux
inachevés, j'avais dit que je chercherais à remplir les lacunes, avec le con-
cours de collaborateurs jeunes, et dont la vue ne fût pas fatiguée comme
la mienne. J'ai fait connaître déjà le nom des observateurs qui veulent
bien m'aider pour l'achèvement de mes recherches photométriques. J'ai
rendu hommage à leur zèle, à leur habileté, à leur désir de m'être agréables;
cependant leurs travaux et les miens n'ont pas pu être communiqués à
l'Académie avec toute la promptitude désirable. Ici , on a été arrêté par la
difficulté de se procurer les substances nécessaires à la réalisation des expé-
riences ; là , le délai a tenu à des affaires particulières et à des travaux per-
sonnels imposés à mes ^lollaborateurs par leurs fonctions.
C. R., i«5o, a™' Semest:^. (T. XXXI, N» 6.) af
( i5o)
J'ai donc cru devoir renoncer à mon premier plan; je ne le suivrai stric-
tement qu'en ce qui concerne la photométrie. Pour les autres travaux, je les
communiquerai à l'Académie, tout inachevés qu'ils soient. Je décrirai seu-
lement les moyens que j'avais imaginés pour résoudre les questions qu'ils
soulèvent. Je mettrai même mes appareils à la disposition des jeunes obser-
vateurs à qui l'état de leurs yeux permettra d'achever ce que je ne puis
continuer.
J'ai eu dès ma jeunesse l'habitude, bonne ou mauvaise, de travailler, pour
ainsi parler, sur la place publique , de mettre sans réserve au courant de
mes expériences des amis et même des indifférents; il serait donc possible
(lue, parmi les personnes qui m'écoutent, quelques-unes eussent connais-
sance de plusieurs des résultats que je vais énoncer. En tous cas, je ferai
remarquer que ces résultats je ne les ai jamais publiés moi-même, et qu'il
doit m'être bien permis d'indiquer par quelle voie on pourra les perfec-
tionner et les faire entrer définitivement dans le domaine de la science.
Après ce préambule, M. Arago a rapporté les expériences qu'il faisait
déjà en i8i5 sur la réfraction de l'eau entre -+- lo degrés et zéro ; il a indi-
qué les moyens d'observations qu'il mettait en usage, et qui, aujourd'hui,
pourront être remplacés avec avantage par un pointé dirigé sur les bandes
obscures de Fraunhoffer ; mais , a remarqué l'auteur, même par ce moyen
d'observations perfectionnées, on aura peut-être de la peine à reconnaître
si la loi de la réfraction croissante entre -f- lo degrés et zéro éprouve un
changement brusque à -f- 4 degrés, température du maximum de densité.
Il faudra donc recourir à un moyen de mesurer la réfraction plus exact
que l'observation des déviations angulaires ; ce moyen est tout trou vé : il suffit
de faire interférer les rayons ayant traversé des tubes de même longueur,
et renfermant de l'eau à différentes températures. Mais comment, avec des
températures dissemblables, les tubes accouplés peuvent-ils avoir la même
longueur? M. Arago a mis sous les yeux de l'Académie un appareil dans le-
quel la condition d'égalité de longueur, quelles que soient les températures
comparatives des liquides renfermés dans les tubes, se trouve complètement
réalisée. Avec cet appareil, il sera facile de soumettre à une épreuve expé-
rimentale cette idée sur laquelle Poisson fondait sa théorie des phénomènes
capillaires : que les liquides n'ont pas la même densité près de leur surface
extérieure, et dans le voisinage des corps qui les renferment, que dans
leur intérieur.
Le même moyen d'observations, l'interférence de la lumière qui a tra-
versé deux tubes renfermant un liquide, pourrait également servir à déter-
( i5i )
miner la quantité dont ce liquide se dilate lorsqu'on le soustrait à la pression
atmosphérique totale , ou à une portion quelconque de cette pression , si l'on
parvenait à conserver aux tubes les mêmes longueurs relatives dans toutes
les conditions de l'expérience. M. Arago a montré qu'on pouvait éliminer
cette cause d'erreur par un moyen très-simple dont il a donné la des-
cription.
Les expériences déjà faites sur la réfraction du verre échauffé prêtaient
à de graves difficultés, à cause de l'impossibilité qu'il y avait dans l'appareil ,
d'abord employé, à empêcher la température de ce verre de se communi-
quer au verre de comparaison qui devait nécessairement en être très-voisin.
M. Arago a montré comment on peut se mettre à l'abri de cette cause
d'incertitude.
A la fin de sa communication, M. Arago a insisté sur l'intérêt qu'il peut
y avoir à reprendre les expériences comparatives qu'il avait jadis commen-
cées sur la réfraction de l'hydrophane sèche , ou rendue diaphane par l'eau ,
l'alcool ou d'autres liquides.
Depuis la rédaction de cette Note, a dit M. Arago ,en terminant, notre
confrère, M. Laugier, m'a proposé de compléter tout ce qui est relatif aux
réfractions mesurées par des déviations angulaires, à l'aide d'un instrument
qu'exécute en ce moment le célèbre artiste Brunner; je n'ai pas besoin de
dire avec quel empressement j'ai accepté cette offre. D'autre part, un pro-
fesseur bien connu de l'Académie par son exactitude et des Mémoires d'op-
tique importants, M. Jamin, a bien voulu m'annoncer qu'il deviendrait
volontiers mon collaborateur pour toutes les expériences dont j'ai fait men-
tion et dans lesquelles les interférences jouent un rôle essentiel. Je puis donc,
sans hésiter, annoncer à l'Académie que le cadre que j'ai tracé devant elle
sera bientôt rempli.
GÉODÉSIE. — Question de la meilleure forme à donner aux tn'angles
géodésiques ; par M. Piobert.
« Une discussion récente a soulevé de nouveau la question déjà ancienne
des meilleures conditions ou des formes les plus avantageuses à donner aux
triangles géodésiques, et a été soumise au jugement de l'Académie.
» Dans la séance du 25 février i85o, M. Gaucherel présente « un Mémoire
» dans lequel il combat quelques-unes des opinions soutenues, relativement
» à la même question ,. par feu M. Puissant. » ( Comptes rendus, tome XXX,
page 200.)
ai..
( i5« )
» Dans la séance du i5 avril suivant, M. Hossard présente un Mémoire sur
le même sujet : u L'auteur, dans ce travail, se propose de soutenir l'opinion
» généralement admise par les topographes , mais récemment contestée ,
» savoir : que le triangle équilatéral est celui dont la forme présente les
)) meilleures conditions d'exactitude dans les opérations géodésiques. »
[Comptes rendus, tome XXX, page 446.)
» Enfin le même auteur adresse, les 27 mai et 3 juin suivants, une modi-
fication et un supplément à son Mémoire.
» Une question plus générale , celle de la meilleure forme à donner aux
triangles dans les levers , avait été soulevée , il y a plusieurs années , à
l'École d'application de l'Artillerie et du Génie, et une Note écrite à ce sujet
avait été remise au rédacteur des Nouvelles Annales de Mathématiques , qui
voulait l'insérer dans ce Recueil; mais cette Note ayant été égarée pendant
quelque temps, elle ne put être livrée à l'impression , et ce ne fut que beau-
coup plus tard , à l'époque où M. Gaucherel présenta son Mémoire à l'Aca-
démie , qu'on pensa de nouveau à l'imprimer. Comme alors plusieurs nu-
méros des Annales étaient composés à l'avance, elle ne put paraître que
dans ceux des mois de mai et de juin.
» Une Commission ayant été nommée pour examiner les Mémoires
envoyés pour et contre la solution de Cagnoli attribuée à M. Puissant,
il était naturel d'adresser à l'Académie , ainsi qu'au rapporteur de sa Com-
mission, un exemplaire de ce qui avait été écrit sur le même sujet; d'autant
plus que, d'après diverses considérations développées alors, il était évident
qu'on ne pouvait restreindre à une solution unique, une question qui en
comporte un grand nombre, différentes les unes des autres, comme les con-
ditions de minimum auxquelles on veut satisfaire. C'est, du reste, ce qui a
été dit expressément lors de la présentation de cette Note , ainsi que le
constate le Compte rendu de la séance du i5 du mois dernier (page 27).
» C est dans cet état de choses qu'un des auteurs de la controverse a fait
distribuer, dans la dernière séance, à tous les Membres de l'Académie, une
brochure contenant une nouvelle rédaction du travail qu'il avait présenté ,
suivie d'une espèce de résumé de la Note que j'avais remise sur le bureau.
Malheureusement l'auteur était trop imbu de ses propres idées pour pouvoir
entrer dans les miennes, de sorte qu'il est impossible de les reconnaître dans
sa brochure ; et comme, quoiqu'on dise le contraire, je n'ai pas fait distri-
buer ma Note, MM. les Membres ne pourraient pas retrouver le sens de mes
propositions, je me trouve donc forcé de le rétablin. Tel est l'objet de la:
présente Note.
( i53 )
» § I. — Il est nécessaire de rappeler d'abord que le but de la Note impri-
mée dans les Nouvelles Annales de Mathématiques était de prouver, par
divers exemples , la proposition énoncée devant l'Académie , que dans la ques-
tion dont il s'agit « il existe des solutions variées, suivant les conditions de
" minimum auxquelles on veut satisfaire. « [Comptes rendus, tome XXXI,
page 27.) On ne s'étonnera plus, comme l'auteur de la brochure , de ce que
j'ai rapporté diverses valeurs de l'angle au sommet du triangle , correspon-
dant à autant de conditions différentes à remplir, et l'on ne se demandera
pas 0 lequel de ces résultats est exact? 1 (Page 12 de la brochure.)
» Le but de ma première Note étant bien précisé, on concevra facilement
que, quoique Bouguer d'abord, puis Cagnoli et d'autres, aient toujours rap-
porté les variations des côtés des triangles à leurs longueurs, comme il était
rationnel de le faire, on ait dû, lorsqu'on a attaqué la question, en suivant
une voie différente, ne pas s'en tenir d'une manière absolue au même terme
de comparaison. Aussi, dès qu'on s'est préoccupé du déplacement du sommet,
on a dû rechercher s'il n'y avait pas lieu de considérer ce déplacement par
rapport à la hauteur du triangle, puisque ses variations.de longueur ne sont
pas plus particulières à un -côté qu'à un autre, et qu'elles ne résultent, en
général, que des variations simultanées de plusieurs côtés. Il fut évident, en
examinant les triangulations les mieux faites, que la hauteur des triangles
était souvent , à très-peu près, dans le même rapport avec la portion de l'arc
que ces triangles servent à mesurer; tandis qu'il n'existait pas de rapport
constant entre cette portion d'arc et la longueur des côtés de même catégorie,
et que, ce serait tantôt aux plus grands, tantôt aux plus petits qu'il faudrait
rapporter l'erreur de déplacement , quand on admet ce terme de comparaison.
Sans entrer ici dans une discussion étendue sur cette question, qui ne serait:
pas sans intérêt, mais qui, trop spéciale , nous mènerait trop loin, il suffit
ici, pour justifier les nombreuses solutions que la considération de la hau-
teur des triangles introduit dans la question qui nous occupe, de montrer des
eas où il est indispensable d'en tenir compte, si l'on veut obtenir de l'exac-
titude dans les résultats. Pour cela , supposons que l'on cherche les positions
et la distance de deux points liés par deux triangles ayant même base si-
tuée entre eux, opération capitale dans l'établissement de beaucoup de trian-
gulations : on se trouve alors avoir à déterminer l'une des diagonales d'un
quadrilatère, connaissant l'autre: aucun des côtés des triangles n'est dans un
rapport constant avec la position ou la distance des deux points; tandis que la
distance de chacun d'eux à la base n'est autre que la hauteur du triangle dont
( i54 )
ce point est le sommet, et se trouve toujours proportionnelle à la portion de
longueur cherchée qui est comprise dans le triangle.
» C'est par une opération semblable que, dans la grande triangulation
dont on a recouvert la France pour faire la nouvelle carte, la belle base de
EnsisUeim, de 19044 mètres de longueur, a été reliée à la cbaîne du paral-
lèle de Paris à Strasbourg; au moyen de deux triangles établis sur cette
base, on a pu déterminer immédiatement la dislance des stations du Balon et
du Bolchemberg, qui est de 55625 mètres. Cette distance s est trouvée presque
égale (à 2^ près) à la sommedes distancesde ces pointsà la base, ou des hau-
teurs des triangles; mais, dans tous les cas, elle eût été partagée par la base
en parties proportionnelles à ces hauteurs, de sorte que le rapport des
erreurs de déplacement reste le même, qu'on prenne pour terme de com-
paraison, soit les hauteurs des triangles, soit les portions mêmes de la ligne
cherchée ; tandis que les côtés des triangles n'ont pas de rapport déterminé
à l'avance avec la distance des sommets.
» Cette même distance ayant formé la base d'un nouveau triangle dont
Strasbourg était le sommet, elle a servi à déterminer des côtés qui avaient
85 et 90000 mètres de longueur; on conçoit de quelle importance il est, en
pareil cas, d'opérer avec exactitude, d'autant plus qu'ici, ces distances
devaient servir à justifier toutes les opérations géodésiques exécutées pour
mesurer la perpendiculaire à l'arc du méridien de Paris. On eût été encore
plus certain d'obtenir de bons résultats , si les deux triangles construits sur
la base de Ensisheim eussent pu avoir chacun la forme qui donne le minimum
de déformation en hauteur; on peut même dire que, dans ce cas, on eût
obtenu la distance cherchée avec une exactitude complète , lors même qu'on
n'eût pas employé des instruments d'une très-grande précision dans la mesure
des angles.
» Cet exemple montre, avec évidence, qu'il est des cas dans lesquels
l'erreur sur la distance de deux points dépend plus particulièrement de la
déformation en hauteur des triangles; ce serait, au contraire, plutôt des
déformations latérales que dépendrait le plus souvent, en géodésie, l'exac-
titude de ces deux points s'ils étaient situés d'un même côté de la base.
» Ces considérations font tomber complètement les attaques formulées
page 1 3 de la brochure, et montrent en même temps comment la plus grande
déformation en hauteur donne un maximum , contrairement à lopinion de
l'auteur qui n'y voit qu'un minimum (page 12).
» Dans les diverses méthodes en usage pour évaluer les anomalies et les
( i55 )
déviations, on ne s'en tient pas à l'emploi exclusif d'un seul système de
coordonnées; on se sert au moins aussi fréquemment des axes rectangulaires
que du système polaire. Dès lors les expressions de maximum et de mini-
mum, qui n'ont souvent que des significations relatives dans un même
système, sont encore moins absolues en passant d'un système à un autre. Il
faut donc se garder de conclure, sur des mois, de la nature des choses.
Ainsi, de ce que la plus grande déformation en hauteur d'un triangle peut
correspondre à un certain minimummaximorum , on ne doit pas en conclure
qu'elle ne peut pas répondre à une question sur des maxima , comme le
prétend l'auteur (page la^- D'ailleurs on a vu , dans un exemple rapporté ci-
dessns, que la plus grande déformation en hauteur non-seulement répondait
parfaitement aune question qui se présente en géodésie, mais encore con-
duisait à obtenir, malgré les erreurs d'observation des angles, des résultats
d'une exactitude presque mathématique.
» Enfin il est dit (page 12) que « je circonscris la surface dans laquelle
« le sommet du triangle peut errer, sans tenir compte de |la figure qu'df-
" fecte cette surface. » Ce reproche, fût-il mérité, étonne de la part de l'auteur;
car lui-même, après avoir établi (pages 2 et 6) que cette surface est un paral-
lélogramme ou un hexagone , suivant que deux ou trois angles du triangle ont
été observés, dit (page 10): « A la distribution des points sur un hexagone ,
• on pourrait objecter, peut-être avec raibon , qu'en dehors de cette figure
» doivent se trouver d'autres points, de probabilité égale à celle des angles,
n bien que, pour ces points, l'une des erreurs angulaires dépassât la limite
» assignée par l'exactitude des observations. Le lieu géométrique des points
» également probables appartiendrait à une courbe continue, sans doute
» l'ellipse déterminée par les six sommets de l'hexagone. »
» Mais, sans discuter les diverses opinions de l'auteur sur la forme de
cette surface, nous ferons remarquer que notre évaluation d'aire s'applique à
A)utes les formes qu'il a spécifiées; car, en prenant le minimum du produit
du plus grand déplacement en hauteur H par le plus grand déplacement
latéral L, nous avons celui de chacune de ces surfaces. En effet, pour le
cas du triangle isocèle, auquel on est conduit par la condition du minimum
d'erreur, les aires des surfaces ou Ueux géométriques du sommet sont, pour
le parallélogramme , 2HL,
l'hexagone 3HL,
l'ellipse ttHL,
etc., etc.,
( i56 )
expressions pour lesquelles le minimum est donné par les mêmes conditions
d'angles que pour HL.
>' Ayant justifié complètement les solutions que ta considération de la hau-
teur des triangles apporte dans la question, nous indiquons sommairement
les formules qui y conduisent, et nous réunissons dans un tableau un certain
nombre de ces solutions, plaçant en regard celles des cas correspondants,
obtenues en rapportant les déplacements aux longueurs des côtés. Le grand
nombre de formes de triangles qui en résultent pour les cas que nous avons
examinés, et nous sommes loin d'avoir épuisé le sujet, pourra faire juger si
c'est avec raison que nous avons émis cette proposition: la question de la
forme la plus avantageuse à donner aux triangles dans les levers comporte
des solutions variées suivant les conditions de minimum auxquelles on veut
satisfaire; dans chaque cas qui se présente, c'est au topographe à choisir la
forme qui convient le mieux aux conditions qu'on a à remplir.
„ g II. — Dans un triangle dont on connaît un côté b et dont on a mesuré
les angles, on veut déterminer l'influence des erreurs commises dans cette
mesure sur la grandeur à calculer des autres côtés a et c. Les erreurs d'éva-
luation sont toujours très-petites par rapport aux arcs mesurés dans les levers
qui demandent de la précision; de sorte que si l'on fait varier successivement
les deux angles à la base, on a sensiblement les relations
sin Brfrt = c sin rfA et s,n\'Qdc = a?,\ndG.
» Les valeurs de da et de de qu'on en tire peuvent servir à déterminer
la distance du sommet du triangle exact à celui du triangle déformé; cette
distance étant le côté d'un petit triangle dont les deux autres côtés sont da
et de, l'un exactement et l'autre à une quantité excessivement petite du se-
cond ordre près. De plus, ces derniers côtés comprennent entre eux un
angle qui est le supplément de B + rfB; on a ainsi, pour l'expression du
déplacement du sommet B, *
D = \jdà^+ dc^-h 2 dadc cos B.
« Le rapport de la grandeur du déplacement du sommet à la hauteur du
triangle, ou ce qu'on appelle la déformation du triangle, est
'dA. sin'rfC asin rfA sin «^CcosB
I \- — — ■
c sin A sin U V sin^ A sln' C sin A sm C
D I /sin'rf
sin A sin B y sin' j
» Les plus grandes déformations, soit dans le sens de la hauteur, soit la-
( i57 )
téraleraent, ont lieu lorsque dk et dC sont égaux à la plus grande erreur à
craindre dans l'évaluation de chaque angle, dk eidG étant de même signe
dans le premier cas et de signes différents dans le dernier. Elles sont ainsi
respectivement égales aux deux valeurs de l'expression
sin rfA y/sin' A ■+■ sin' C ■!: 2 sin A sin C cos B
sin A sin B sin C
» Les déformations sont sensiblement réduites, surtout en hauteur, quand
A = C; l'expression précédente devient alors -; — — : — - y'a ± 2 cos B.
" Si e est la plus grande erreur possible dans l'évaluation des angles, la
plus erande déformation latérale est -: — : — ;— r \/a — a cos B, et si l'anjïle B
^ " sin A sin B ' ' "
n'a pas été mesuré, on a, pour la plus grande déformation en hauteur,
■ ■ ^y/a + 1 cos Bj de sorte que la moyenne des plus grandes déforma-
tions dans les deux sens, rapportées à la hauteur des triangles, est
sm E
2 sin A sin B
{sji — 2 cos B + y'a -H 2 cos B).
" Pour que cette expression soit un minimum, on a la condition
tang» A — tang A = 2 0uA = C= 56"4i' et B = 66° 38'.
» Si les déformations étaient rapportées au côté c, la moyenne serait
sin£
2 sin B
(^2 — 2C0SB + \/2 + 2C0SB);
son minimum serait donné par la condition tang' A=:i ouA = G:= 45°
et B = 90**.
» Lorsque les trois angles du triangle ont été mesurés , dk et dd de même
signe ne peuvent égaler £, autrement c?B serait égal à 2 e; ils ne peuvent
être plus grands que la moitié de s , et la plus grande déformation en hauteur ;>^
Sin -
2
rapportée à la hauteur du triangle devient -. — , . ^v/2 + 2 cos B, ou sensi-
' ' " sin A sin B '
blement ^^.^ a sin B ^^ "*" "^ ^"^ ^ ' '^ "loyf'niie t'es plus grandes déformations
dans les deux sens est ^g^p'^IinB ^ V^^ — 2 cos B + { V^ + acosB) ; la condi-
C R , i85o, 1^* Semestre. (T, XXXI, N" 6.) 22
( ï58)
tion du minimum exige que tang' A — tang A = 4 ou A = C = 60° 54'
et B = 58° 12'.
» Si les déformations étaient rapportées au côté c, la moyenne des plus
grandes déformations dans les deux sens serait
(v/2 — 2 cos B -f- 1 Vî» + 2 ces B) ;
2 sin B
le minimum serait donné par la condition tang' A = 2 ou A = C = 5i°34'
et 6 = 76° 5 2'.
» Pour que la plus grande des déformations dans les denx sens soit la
moindre possible, il faut que les plus grandes déformations dans chaque
sens soient égales, l'une augmentant quand l'autre diminue; quel que soit
le terme de comparaison , on a, dans le cas de deux angles mesurés,
sj-i. — 2 cos B = \/2 -f- 2 cos B ou tang A = i ou A = G = 45° et B = 90°;
dans le cas de trois angles mesurés, isji — a cos B= y/a + 2 cos B
ou tang A = 2, A = C r= 63''26' et B = 53°8'
» Si l'on détermine le triangle le plus favorable par la condition de cir-
conscrire le plus possible l'espace dans lequel le sommet B peut errer, il
faut prendre le minimum de son aire, oU, ce qui revient au même, du pro-
duit des plus grands déplacements de ce sommet, dans les deux sens; ce
produit étant j—. — r ou -^-. — — -, le minimum est donné par la
' 4si"^cosA lOsinA cos'A r"'
condition tang" A = \, ou A = C = 3o° et B = j^o". En divisant par c'
l'expression de la valeur du produit des déplacements, ceux-ci se trouvent
rapportés au côté; lemiuimum de ce produit est alors donné par la condition
tang'' A = I , ou A = C = 45° et B = 90°.
X En rapportant les déplacements du sommet dans les deux sens, à la
hauteur du triangle, leur produit serait un minimum précisément pour
le cas où les trois angles seraient égaux; en effet, ce produit est , . , / ,
dont le minimum est donné par la condition tang* A = 3, ou A = B = G = 60".
Ainsi, c'est en considérant les déformations par rapport à la hauteur du
triangle, qu'on trouverait en6n une certaine condition de minimum, qui
donnerait le triangle équilatéral.
» Si l'on prend le rapport du produit des déplacements dans les deux
sens à » on aura un sous-multiple du rapport de l'aire du lieu géo-
métrique des sommets à celle du triangle; ce rapport est
2 b sin^ A cos A_
( '59)
ou , . *'° ' , ;-> dont le mininiurn est donné par la condition taqc" A ;;=:. i ,
4sin'Acos'A ' " ■
OU A = C = 45° et B = 90'*.
» Si l'on cherche à rendre la déformation en hauteur la plus petite pos-
sible, il faut rendre
sini
sin A sin B
v/a + acosB ou -^-=r i/» -+- a cos B un miui-
' cin H '
sinB
inum, suivant qu'on rapporte le déplacement du somniet à la hauteur du
triangle, ou au côté; dans le premier cas, on trouve la condiliou tang* A = 1 ,
ou A = C = 45° et B = 90'; dans le second, tang A = 0, A = G = o" et
B = 180°; alors le côté ne peut pas être pris pour terme de comparaison.
« Enfin, dans le cas où ce serait la déformation latérale qui devrait
être la plus petite possible, il faudrait rapporter le déplacement du sommet
à la base, autrement on tomberait sur un triangle impossible; on devrait
avoir A = B = 90° et C le plus petit possible.
Tableau des différentes solutions examinées dans cette Note.
MINIMUM.
DÉFORMATION
rapportée à la hauteur du triangle.
DÉFORMATION
rapportée à la longueur
des cdtés.
NOMBRE
ÉQDATIONS
VALEURS
des angles
liQUATIOHS
de
condition.
VALEUBS
des angles
d'angles
mesurés .
de condition.
A.
B.
A.
B.
Pour la moyenne des plus
grandes déformations
dans les deux sens
tang' A — tangA = a
tang' A — tang A =4
56» II'
60» 54'
66» 38'
58» 12'
tang' A = I
tang* A = 2
45»
51» 34'
90°
76» 52'
2
3
Pour la plus grande des
dcformalions dans les
deux sens
tang A = 1
langA = 2
45»
63» 26'
90»
53° fc'
taug A = I
tang A = 2
45»
63° 26'
90»
53° 8'
a
3
Pour le produit des plus
grandes délormations
dans les deux r.ens . . . .
tang' A = 3
60»
60»
tang' A = I
45"
90°
a ou 3
Pour l'aire de l'espace dans
lequel le sommet du
triangle peut errer
"
»
»
tang' A = f
3o*°
120°
2 ou 3
Pour le rapport de cette
aire à celle du triangle.
tang' A = I
45»
90»
1>
)j
a ou 3
Pour la dcformatiou en
hauteur
tang' A = 1
C très-petit
45»
go»
90°
90°
tang A = 0
C très-petit
0»
90°
tSo»
Oo»
a ou 3"
2 ou 3
Pour la déformation laté-
rale
aa..
( i6o )
THÉORIE DE LA LUMIÈRE. — Sur les mjons de lumière réfléchis et réfractés
par la surface d'un corps transparent; par M. AucusTiiv Cauchy.
« Gomme je l'ai remarqué dans d'autres Mémoires, le principe de la
continuité du mouvement dans Téther fournit le moyen de calculer les
éléments des rayons de lumière réfléchis ou réfractés par la surface extérieure
ou intérieure d'un corps transparent ou opaque.
» Concevons , pour fixer les idées , que la réflexion et la réfraction soient
opérées par la surface extérieure d'un corps transparent. Supposons que
cette surface soit plane, et rapportons les différents points de l'espace à
trois axes rectangulaires a: , j-, z. Enfin concevons que, le corps transparent
étant situé du côté des x positives, on prenne sa surface extérieure pour
plan des y , z, et faisons tomber sur cette surface un rayon simple dont la
direction soit celle d'une droite renfermée dans le plan des x , y.
» Nommons
T l'angle d'incidence, et soient, dans le rayon incident,
T la durée d'une vibration atomique ;
1 la longueur d'ondulation ;
^, >j, Ç les déplacements effectifs d'un atome d'éther mesurés, au bout du
temps t, parallèlement aux axes des x, y, z;
f, >7, Ç les déplacements symboliques du même atome. Le mouvement
simple correspondant au rayon incident sera caractérisé par
l'exponentielle
■ st
5
les valeurs de m, f , J étant déterminées par les formules
It:
« = A:cosT, (^ = ^81^, A: = -j-i, .f = — i,
et i étant l'une des racines carrées de — i . D'ailleurs la réflexion et la ré-
fraction opérées par la surface extérieure du corps transparent donneront
naissance, i° à deux rayons réfléchis, l'un visible, l'autre évanescent, 2" à
trois rayons réfractés, dont les deux premiers se réduiront souvent à un
seul, le troisième étant évanescent. Cela posé, concevons que les déplace-
ments effectifs d'un atome et le coefficient de x dans Texponentielle qui
caractérise un mouvement simple, c'est-à-dire, les quantités représentées
par
?, >7> Ç, «>
( i6. )
quand il s'agit du rayon incident , deviennent
?, , /),, Ç, , M,, pour le rayon réfléchi visible;
le 5 >?e, Ço) «e> pour le rayon réfléchi évanescent;
^ ' ' t ' , / , pour les rayons réfractés visibles ;
r, n", Ç", «"1
I,, rjé, Ç'o «1, pour le rayon réfracté évanescent.
On aura
u, = — u;
et , si l'on désigne chaque déplacement symbolique à l'aide d'un trait hori-
zontal superposé au déplacement effectif correspondant , les équations de
condition relatives à une valeur nulle de x se réduiront sensiblement aux
formules
r| + |,-|'-|"=l:-C, u{1-l)-uf-u"r=uX- uX,
(0 < ri-hY),—Yj'—Yi"=r},—Yi^, u{Tn—ïit) — u'Tn'—u"To"=uWe—u^rie,
( ç+ç,-ç'-r=?.-ç., «(5-ç,)~«'Ç'-«"ç"=«;ç: -«,?,.
D'ailleurs , le rayon réfléchi visible offrant des vibrations transversales
comme le rayon incident, on aura non-seulement
(2) u% + vri =0,
mais encore
(3) . ^ M~|, _ pyj, =0;
et l'on trouvera, au contraire, pour le rayon réfléchi évanescent,
(4) îî = ^, ç, = o.
Ajoutons que, u" étant égal à m' dans tout corps isophane qui produit la
réfraction simple, et peu différent de u' dans les corps doublement réfrin-
gents, on pourra, dans une première approximation, supposer les for-
mules (i) réduites aux suivantes :
r— — __ — — — — //'-4-//" /— — — —
i^){ri+ri,—yi'~Yl"=y)'. —yie, u{ri—Yit) — - {vi'-+-r)") — uWe — u^Ve,
2
( i6a )
Enfin, les formules
(6) !^"(|' + |") + .(„-'+,-") = o,
(7) |=^ c=o,
qui se vérifieront complètement, si le corps donné est isophane, seront
encore sensiblement exactes dans le cas contraire. Or, il est clair que les
douze équations (3), (4)> {^), (6), (7), suffiront à déterminer, sur la
surface extérieure du corps transparent, les valeurs des douze inconnues
en fonctions linéaires des déplacements symboliques
I, Tn, ç,
dont les deux premiers sont liés entre eux par la formule (2). On trouvera
en particulier
u' + u"
a-
an «H
et
(9)
— f'-f-ec' «H «•
S _ ? V ^ / i_c
«'•+•«" , / a'-f-«"\ u'-Jru"
7 b'H-«"\ ^m^
« + U
la valeur de s étant
«. «'. — «'
Il est bon d'observer que, dans ces diverses formules, m,, u\ seront deux
quantités algébriques, la première négative, la seconde positive. Au con-
traire, U, u', u" seront deux quantités géométriques respectivement égales au
produit du facteur symbolique i par trois quantités positives. Ajoutons que,
si l'on nomme !', \" les longueurs d'ondulation dans les deux rayons
{ i63 )
réfractés et t', t" les angles de réfraction correspondants, on aura
u'— k' cost', u" = k" cos t", t; = /t' sin t' = A:" sinr",
les valeurs de k\ k" étant
f — -p-i» f — p- 1-
» Lorsque le corps donné produit la réfraction simple , on a
U = u =
Alors aussi , les rayons réfractés se réduisant à un seul , on peut , dans les
formules (8), (9), poser
|" = o, Ç" = o,
et, par suite, les équations (8), (g) coïncident avec celles que nous avons
obtenues dans de précédents Mémoires.
» Lorsque le corps donné ne produit pas la réfi-action simple, les for-
mules (8), (9) sont seulement approximatives. Alors aussi les inconnues
renfermées dans les équations (i) sont au nombre de quinze; et, pour déter-
miner ces quinze inconnues, il suffit de joindre aux équations (3), (4), (5)
les six équations linéaires qui fournissent , pour chacun des trois rayons
réfractés, les rapports entre les trois déplacements symboliques comparés
deux à deux. *
» Supposons , par exemple, que le corps donné soit du nombre des corps
isophanes qui décomposent un rayon incident en deux rayons polarisés cir-
culairement en sens contraires. Alors , en posant
A:'2 = m'« 4- i>», k"" = u"* -h i^,
ht hff
et choisissant k\ k", de manière que les rapports —, 5 -^ soient positifs , on
obtiendra, pour représenter les deux rayons réfractés visibles, deux équa-
tions de la forme
(.0)
r
n'
.1
ç'
V
— a'
— ^i'
\"
=
n"
=
Ç"
V
— u".
ri'
et des formules (i), jointes aux formules (3), (4)» (7) et (10), on déduira
( i64)
immédiatement les valeurs des quinze inconnues
f,, iï„ ç, ; I', ij', ç'î I", ^', ç"; le, ^., Çe-, l, ^1, Ç^-
» Si l'on veut , en particulier, déterminer les inconnues
desquelles on déduit aisément toutes les autres; alors, on pourra commencer
par tirer des formules (8) et (g) les valeurs approchées de
l,ç,; l'+l"; Ç'+Ç";
puis on déduira des formules
(l"-l'=-i-p^(ç'+r),
(il) {
(r'-ç'=i'^'(l"-+-l'),
les valeurs correspondantes de
|"-|', Ç"-Ç';
et, après avoir tiré des équations (8), (9), (i i) les valeurs des six inconnues
on corrigera les inconnues
ç., ?'-+-?", l, l' + l",
en déterminant leurs corrections , indiquées par l'emploi de la lettre carac-
téristique &, à l'aide des formules
A" -H k' u" — u'
«-(--
2
(i3) <^l.=-> „>.t.,// êTT^ FTr^^ "^^ ^'
« h f' « H
2 2
u h f' « -I-
2 2
( 165)
Enfin, après avoir ainsi corrigé les valeurs des inconnues
et celles des sommes
l'+r, ç'+ç",
on déterminera les différences
1"-?, Ç"-Ç',
à l'aide des formules
» Il est bon d'observer que, dans les formules (8), (9), (12), (i3),
(i4), (i5), les valeurs des deux quantités
£ , m" — u'
sont très-petites, et que dans le calcul des inconnues déterminées à l'aide de
ces formules , les erreurs commises sont de même ordre que les carrés de ces
deux quantités. Ajoutons que dans ces diverses formules on peut aisément
introduire, à la place des lettres
u, V, uf, «", k, k, k",
les angles t, t', t". C'est, au reste, ce que j'expliquerai plus en détail dans un
nouvel article.
» Les formules (12) et (i3) méritent d'être remarquées. Les valeurs
qu'elles fournissent pour c3*Ç, et $%^ sont proportionnelles, la première à|, la
la seconde à Ç, tandis que les valeurs de Ç, et de |, , fournies par les équa-
tions (8) et (9), sont respectivement proportionnelles à Ç et à |. D'ailleurs
les valeurs de (?Ç, et(?f, disparaissent quand on a u" = u', c'est-à-dire quand
les deux rayons réfractés se réduisent à un seul. Donc, dans ce cas, un
rayon incident, polarisé suivant le plan d'incidence, ou perpendiculairement
à ce plan , conservera après la réflexion le mode de polarisation qu'il offrait
primitivement. Mais il résulte des formules (12) et (i3), qu'il en sera autre-
ment, si le corps donné est doublement réfringent, et qu'alors un rayon
incident polarisé, par exemple, dans le plan d'incidence, donnera naissance
C R., laSo, 2"«S«mej(re, (T. XXXI, N»6.) ^3
( i66 )
à un rayon réfléchi , doué de la polarisation elliptique. D'ailleurs ce rayon
réfléchi pourra être considéré comme résultant de la superposition de deux
rayons simples, l'un très-sensible et polarisé dans le plan d'incidence , l'autre
peu sensible et polarisé perpendiculairement à ce plan. Ajoutons que ce der-
nier rayon sera d'autant plus brillant que le module de la différence m" — u!
sera plus considérable.
» TiC phénomène que je viens d'indiquer devra évidemment se produire
encore, quand un rayon simple sera réfléchi sous une incidence voisine de
l'incidence normale, par la surface extérieure du cristal de roche taillé per-
pendiculairement à son axe. Alors aussi un rayon incident, polarisé dans le
plan d'incidence ou dans un plan perpendiculaire, donnera naissance à
un rayon réfléchi, doué de la polarisation elliptique, le rapport du petit
axe de l'ellipse au grand axe étant proportionnel à la différence entre les
vitesses de propagation des deux rayons polarisés circulairement par le
cristal en sens contraires. >>
CHIRURGIE. — Nouvelle opération de staphjloraphie ^ pratiquée avec succès
par le procédé de M. Sédillot. (Extrait d'une Note de M. Sédillot. )
« Chez cette malade, dont la guérison eût été, je crois, impossible avant
l'application de mon procédé, la perte de substance du voile du palais était
trop considérable pour permettre de rapprocher les bords et de les main-
tenir en contact par le seul effet des sutures, et la forte tension des parties,
même après l'emploi de mes incisions auxiliaires, exigeait l'emploi de liga-
tures renouvelées, auxquelles on n'avait pas songé avant l'invention de mes
instruments.
» Mon célèbre maître, M. Roux, a lu dernièrement à l'Académie un Mé-
moire sur la staphyloraphie, depuis longtemps attendu, avec impatience , par
tous les hommes de l'art. Le savant professeur a eu la bonté de considérer
mes communications antérieures sur ce sujet comme un appel de publicité
à sa vaste et brillante expérience, et je m'applaudirais d'un résultat si pré-
cieux pour la science, lors même que mes efforts eussent été, sur tout autre
point, stériles. Je ne pense pas, néanmoins, malgré mon regret d'être en
opposition avec un juge aussi compétent, que les chirurgiens montrent peu
d'empressement à imiter mon exemple. Plusieurs de mes confrères fran-
çais, allemands et anglais m'ont déjà prié de leur envoyer mes instruments
pour en faire usage, et je ne doute pas de leur réussite. Il me paraît difficile,
en effet , que l'on ne prenne pas en grande considération les avantages de
ma méthode qui permet :
{ »67 )
» i*'. D'opérer des sujets moins dociles, et, par conséquent, plus
jeunes;
» 2°. De ne pas exiger une abstinence complète de boissons et d'aliments
pendant plusieurs jours;
» 3°. Ue ne pas condamner les malades à un mutisme prolongé;
» 4°- De renouveler facilement les poin(s de suture selon les indi-
cations ;
" 5°. Et d'obtenir ainsi des succès assurés , même dans des cas compli-
qués où la suture simple eût été manifestement inapplicable.
" L'observation suivante , dont j'emprunte le récit à M. Herrenschnei-
der, l'un de mes aides de clinique, servira à confirmer ces propositions.
» M™* X*** consulta M. Sédillot pour une perforation accidentelle du
» voile du palais, de la largeur d'une pièce de i franc, dont les bords
" étaient complètement cicatrisés. La perte de substance produite par
» ulcération avait d'abord été plus étendue , mais avait diminué pendant
" que la guérison s'en achevait. La luette ne tenait de chaque côté au voile
» que par un mince cordon de fibres musculaires et de membrane rau-
» queuse. La voix était horriblement nasonnée, et la malade fuyait volontai-
1' rement toute société, et demandait instamment à l'art la disparition d'une
» si triste infirmité.
« M. Sédillot, après diverses tentatives de dédoublement du voile et de
» renversement de bas en haut et d'arrière en avant de la luette, pour
» combler la perte de substance , se décida à pratiquer la staphyloraphie ,
» d'après sa méthode, le 5 juin i85o.
•' La luette fut enlevée, et la perte de substance convertie en une plaie
" triangulaire très-large dont il paraissait douteux que l'on parvînt à rap-
» procher les bords. Les piliers furent séparés de la langue et des parois
» postérieure et latérale du pharynx. On divisa, par une incision verticale ,
» toute l'épaisseur du voile, près de la jonction des os maxillaire supérieur,
» palatin et de l'apophyse ptérygoïde, perpendiculairement à l'arcade
» dentaire supérieure au niveau de laquelle le voile paraissait remonté , et
» il devint possible, après l'avivement, d'en maintenir, par deux points de
» suture, les deux moitiés réunies.
» La tension des parties molles était néanmoins assez considérable pour
» que le nœud simple et le nœud du chirurgien fussent insuffisants pour
» en prévenir l'écartement pendant qu'on pratiquait un second nœud su-
" perposé, et M. Sédillot fut obligé de recourir au nœud de M, Fergusson,
» qui lui réussit très-bien.
23..
( i68 )
Il Si l'on a suivi les différents temps de l'opération, on aura vu que le
>' voile, privé de ses attaches inférieures, était remonté vers ses insertions
» supérieures, et que, divisé verticalement au niveau de la dernière grosse
» molaire, il était devenu plus court, plus épais, moins large et beaucoup
» plus lâche sur les côtés de la perte de substance, ce qui avait permis
» d'en amener la réunion.
» Les fils restèrent en place pendant trois jours sans produire d'ulcéra-
>' tions très- profondes. Cependant M. Sédillot jugea convenable d'appli-
» quer un troisième point de suture intermédiaire aux deux premiers , pour
» en diminuer la striction. Le 1 1 juin, sixième jour de l'opération , les deux
» premières ligatures furent enlevées, et le lendemain, 12 juin, le dernier
» fil, placé le 8 juin, fut également retiré.
» La réunion de la plaie était alors achevée et paraissait jouir d'une suf-
» fisante solidité. On conseilla toutefois à la malade de garder le silence et
>' de ne prendre que des aliments mous ou liquides, comme elle l'avait fait
» dès les premiers jours.
" Les plaies accessoires s'étaient tuméfiées, rapprochées et en partie
« consolidées pendant ce temps; tout le voile était rougeâtre, épaissi, et
» circonscrivait, entre son bord libre et la langue, un espace quadrilatère
•> plus large , plus élevé et moins mobile qu'à l'état normal.
» Les premiers jours, la voix était nasonnée; mais, avec un peu d'atten-
n tion, les mots dont la prononciation était la plus défectueuse, tels que
» les mots sieur, point, etc., pouvaient être exprimés naturellement. C'était
» dès lors une affaire d'exercice, et l'on recommanda à M™* X**' des lec-
» tures et des déclamations à haute voix.
» L'amélioration fut si prompte, qu'au i" juillet la voix était redevenue
« nette, d'un timbre clair et sonore, et sans aucune trace de nasonnement.
» Les liquides, qui avaient eu de la tendance, immédiatement après l'opé-
» ration, à revenir par le nez, suivaient la voie régulière, et M"* X***
» quitta Strasbourg parfaitement rétablie.
» MM. les docteurs Boeckel aîné , Stass et Saucerotte se sont accordés à
» reconnaître que la guérison était parfaite. »
" C'est un remarquable exemple du succès de notre méthode, et nous
croyons que l'on ei\t considéré ce cas comme incurable , si l'on n'eût eu
d'autres moyens de traitement que les procédés précédemment connus et
appliqués. »
( i69)
RAPPORTS.
MINÉRALOGIE —Rapport sur un Mémoire de M. Hugard, intitule' : Étude
cristallographique de la strontiane sulfatée, et description de plusieurs
formes nouvelles de cette substance.
(Commissaires, MM. Beudant, Dufrénoy rapporteur.)
« La strontiane sulfatée offre une grande analogie de caractères extérieurs
avec la baryte sulfatée. liCS cristaux de ces deux substances , longtemps con-
fondus dans les collections sous le nom de spath pesant, furent séparés par
Haiiy à la suite de l'examen qu'il fit des échantillons de Sicile. La mesure
de l'angle du solide de clivage de ces cristaux lui offrit une valeur plus
grande de 3 degrés que celle du même angle dans le spath pesant d'Au-
vergne. Une différence aussi considérable, malgré la variation qu'on observe
souvent dans les-angles de la molécule intégrante , eût sapé les belles lois
qu'il avait établies ; aussi Haiiy ne pouvait-il se résoudre à associer les cris-
taux de Sicile à ceux d'Auvergne: ses doutes furent heureusement levés par
une analyse .de Vauqueliii , d'après laquelle les cristaux de Sicile apparte-
naient à la strontiane sulfatée. Étudiant alors avec détail les formes secon-
daires de ce minéral, il reconnut qu'elles offraient un caractère assez facile
pour distinguer ces deux espèces si voisines l'une de l'autre. Il résultait de ce
que les cristaux de Sicile sont le produit de modifications placées sur les
angles aigus de la forme primitive, désignés d'après leurs symboles minéra-
logiques par les signes e'; dans la baryte sulfatée, au contraire, les formes
les plus fréquentes, du moins celles analogues à la strontiane, appartiennent
au prisme rhomboïdal a' donné par des modifications sur les angles obtus.
Ces deux formes fort analogues sont donc orientées perpendiculairement l'une
à l'autre quand on les rapporte au solide de clivage; de plus, l'un des prismes
est obtus (102° 8'), tandis que l'autre est aigu (76° 42'). Ces différences inté-
ressantes, sous le rapport cristallographique et d'un emploi facile, ne son^t
pas absolues, et peut-être les a-t-on trop généralisées : c'est du moins ce qui
ressort du travail de M. Hugard. Une étude circonstanciée de la strontiane
sulfatée qu'il a été conduit à faire par suite de la détermination cristallogra-
phique qu'il exécute de concert avec votre Rapporteur, de la collection du
Muséum d'histoire naturelle, lui a prouvé que beaucoup de cristaux de stron-
tiane échappaient à l'observation de Haiiy. Un assez grand nombre sont en
effet en tables minces, dans lesquelles la forme primitive P, M domine;
( 170 )
ces cristaux sont alors très-analogues à ceux de la baryte sulfatée, et il est
fort difficile de les distinguer quanJ ils n'ont pas une légère teinte bleue ,
fréquente dans la strontiane sulfatée,
" Quelques cristaux affectent, en outre, la (iisposition de la baryte sul-
fatée , appelée trapézienne par Haùy, et qui est caractérisée par la coupe
rectangulaire de leur base; il faut dans ce cas, pour distinguer les cristaux
de strontiane sulfatée de ceux de baryte, mesurer les angles des biseaux e'
et a} ; leurs valeurs indiquent l'espèce à laquelle appartient le cristal qu'on
examine.
» M. Hugard a décrit , dans le travail dont noas rendons compte, vingt-
deux formes nouvelles, ce qui porte à cinquante-huit le nombre de variétés
de cristaux de strontiane actuellement connues; la plupart des formes nou-
velles sont données par des modifications qui se retrouvent dans la baryte
j
sulfatée, telles que a\ e^, e^, e^, b-, g', etc. Ce travail intéressant aug-
mente donc, s'il est possible, l'analogie qui existait entre ©es deux espèces;
il semble, suivant l'observation de Haiiy, « que la nature, en travaillant sur
» des bases dont les propriétés sont si voisines, ait voulu représenter, par
" l'analogie des formes, celle des principes constituants; c'est presque le
» même noyau de part et d'autre , et plusieurs des formes que présentent
>> les deux substances offrent des ressemblances capables de tromper l'œil
« le plus exercé. » Ajoutons, avec Haûy, « que la géométrie, à qui rien
» n'échappe, offre un caractère de distinction certain, et que les formes
" analogues de baryte sulfatée et de strontiane diffèrent toutes par la valeur
" de leurs angles, »
» Il nous reste à indiquer une remarque faite par M. Hugard , qui offre
de l'intérêt, et qui confirme plusieurs observations antérieures, et notam-
ment celles que M. Beudant, l'un de vos Commissaires, a depuis longtemps
publiées; elle consiste en ce que la valeur de l'angle de la forme primitive
de la strontiane sulfatée présente une variation notable qui s'élève à plus
de 3o minutes quand ce minéral admet des mélanges; de plus, suivant
M. Hugard, la nature des mélanges paraîtrait même influer sur la valeur de
l'angle ; ainsi , les cristaux du lac Érié , qui contiennent de la baryte sulfatée ,
lui ont donné un angle inférieur à \o!\ degrés, angle de la strontiane sulfatée
pure; le mélange de chaux sulfatée porterait l'angle à io4*' lo' et même
104° 25'. M. Nicklès, jeune chimiste connu de l'Académie par des travaux
intéressants, a déjà fait des observations analogues, qu'il est juste de rap-
peler. On trouve, en effet, dans un Mémoire qu'il a présenté à l'Académie
( '7' )
le 6 septembre 1848 (i) , que le bimalate d'ammoniaque , qui cristallise clans
le prisme droit rhomboïdal, variait de 71 à 72 degrés, c'est-à-dire do plus
de I degré, par des mélanges même impondérables; ces mélanges étaient,
toutefois, rendus sensibles par le plus ou le moins de coloration des cris-
taux; le monohydrate de zinc a donné des résultats analogues à M. Nickiès.
Ces observations, que nous connaissions, et plusieurs qui nous étaient per-
sonnelles, prouvaient que les cristaux éprouvent une altération par les mé-
langes, une espèce de déformation; ainsi, votre Rapporteur a cité des cris-
taux de strontiane sulfatée dont les faces étaient arrondies par un mélange
de sulfate de chaux. L'observation de M. Hugard , si elle se vérifiait, sem-
blerait prouver que les mélanges ont même une action sur la forme , puis-
que le mélange de baryte diminuerait l'angle au-dessous de sa valeur nor-
male, tandis que celui de sulfate de chaux l'augmenterait. Cette conclusion
changerait les idées que l'on a généralement sur l'influence des mélanges
dans l'acte de la cristallisation; elle ne saurait être admise que confirmée par
de nombreuses observations.
Conclusions.
» Le Mémoire de M. Hugard est une monographie complète de la stron-
tiane sulfatée; il y a fait connaître plusieurs formes nouvelles, dont il a
mesuré les angles et établi les lois de dérivation. Ce genre de travail, qui
exige une connaissance complète de la cristallographie, ainsi que beaucoup de
sagacité, forme la véritable base de l'étude de la minéralogie, et ne saurait
trop être encouragé. Vos Commissaires vous proposent, en conséquence, de
remercier l'auteur de sa communication, et de l'engager à persévérer dans
la voie de l'observation, si féconde pour les sciences naturelles. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce transmet une Note dans
laquelle M. Rogge, fabricant de cériise, à Gand, expose les procédés aux-
quels il a recours pour préserver la santé des ouvriers employés à la prépa-
ration de ce produit.
La Note de M. Rogge est renvoyée à l'examen de la Commission nommée
pour le Mémoire de M. Leclaire, sur la substitution du blanc de zinc à la
céruse dans la peinture à l'huile.
(i) Sur une cause de variations dans les angles de cristaux artificiels. ( Comptes rendus,
tome XXVII, page 270. )
( 172 )
CHIMIE — Msnivre sur les combinaisons définies de l'iode et du phosphore;
par M. B. Corenwiisder.
(Commissaires, MM. Pelouze, Balard.)
« Les combinaisons de l'iode et du phosphore ne sont pas connues jus-
qu'à ce jour, puisqu'on n'est pas encore parvenu à les obtenir à l'état défini
et sous forme de cristaux.
» Il est cependant un procédé qui permet de préparer ces corps dans
ces dernières conditions. Il consiste à faire dissoudre successivement le phos-
phore et l'iode dans le sulfure de carbone, et à soumettre le liquide au re-
froidissement. Bientôt il se dépose des cristaux d'iodure de phosphore dont
la composition dépend des quantités employées.
>' Ainsi, en opérant sur 2 équivalents d'iode et i de phosphore, on
obtient des cristaux prismatiques, de grandes dimensions, colorés en rouge
orangé et qui présentent à l'analyse la composition FPh.
» C'est le protoiodure de phosphore.
» Ce composé fond à 110 degrés environ, s'altère à l'air, se volatilise à
une température plus élevée.
" Il peut être employé avantageusement pour préparer l'acide iodhy-
drique.
» En prenant 3 équivalents d'iode pour i de phosphore et amenant le
liquide en dissolution concentrée, on se procure bientôt des cristaux assez
irréguliers d'un beau rouge foncé et présentant l'aspect de lames hexagones.
Il faut, dans cette circonstance, refroidir avec un mélange de glace et de
sel marin. Ces cristaux , dépouillés de toutes traces de sulfure de carbone
par la distillation, donnent une masse susceptible de cristalliser par voie de
fusion en prismes très-allongés.
" C'est le deutoiodure de phosphore.
>' Il fond à 55 degrés environ , se décompose par l'eau et peut fournir
également de l'acide iodhydrique quand on le chauffe en présence d'une
petite quantité d'eau.
» En opérant sur des quantités dans les rapports de i équivalent de
phosphore sur 1 d'iode, on obtient des cristaux de protoiodure, et il reste
un excès de phosphore dans le liquide mère.
>' Avec 5 équivalents d'iode et a de phosphore, il cristallise d'abord du
protoiodure, et, en dernier lieu, du deutoiodure, ce que justifie l'équation
suivante :
51 -H aPh = PPh-+-PFh.
( 173 )
" Avec 4 et même 5 équivalents d'iode pour i de phosphore, ou voit se
déposer d'abord de l'iode, puis des cristaux de deutoiodure l'Ph.
» L'emploi du sulfure de carbone comme dissolvant, m'a permis d'obte-
nir, sous forme de cristaux, plusieurs autres composés, tels que le chlorure
de phosphore, le sulfure de phosphore, etc. Il en sera question dans des
Mémoires que j'aurai l'honneur de soumettre ultérieurement au jugement de
l'Académie. »
M. Bertrand adresse une nouvelle Note sur une source minérale qu'il a
obtenue au moyen d'un ferrage artésien, à Cusset, département de l'Allier.
M. Bertrand annonce l'envoi d'un flacon rempli de cette eau minérale
qui n'a pas encore été soumise à une analyse chimique régulière , mais dont
les propriétés médicales ont paru être les mêmes que celle de la source des
Célestins, à Vichy.
La Note est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de
MM. Élie de Beaumont, Pelouze et Bussy, Commission qui sera invitée à
déterminer la composition chimique de l'eau de la source de Cusset dès que
les spécimens annoncés seront parvenus à l'Académie.
M. PiORRY, en adressant pour les prix de Médecine et de Chirurgie de
la fondation Montyon le 8* volume de son Traité de Médecine pratique^
y joint, conformément à une des prescriptions établies pour ce concours,
l'indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail.
L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques de i85o. Ce Mémoire porte pour épigraphe
une phrase du Traité de Young sur la résolution des équations d'un degré
supérieur, phrase répétée, suivant l'usage , sur le billet cacheté qui renferme
le nom de l'auteur.
M. Passot transmet une Lettre de M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique en réponse à la demande qu'il lui avait adressée de faire examiner
par une Commission spéciale sa nouvelle analjse du mouvement dans les
trajectoires coniques. M. le Ministre fait remarquer que s'il avait à former
une Commission pour un travail de cette nature, il croirait ne pouvoir la
prendre en dehors de l'Académie des Sciences, à laquelle il engage l'auteur
à s'adresser directement. M. Passot, en conséquence, présente de nouveau
C. U., i85o, a>>"S«m«j«;e T. XXXI, N 6 ) ^4
( '74 ) ,
le manuscrit qui lui a été renvoyé par M. le Ministre, et prie l'Académie de
vouloir bien s'en faire rendre compte,
La Commission qui avait été précédemment chargée d'examiner les
coramunicatioas de M. Passot sur cette question est invitée à prendre con-
naissance des pièces qu'il envoie aujourd'hui, et à en faire, s'il y a lieu,
l'objet d'un Rapport.
CORBESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur, NI. Bianchi, direc-
teur de l'observatoire de Modène, présent à la séance, le premier volume des
annales de l'observatoire de Modène, et divers Mémoires d'astronomie et
de mécanique céleste [voir au Bulletin bibliographique).
M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie un Compte
rendu du procès du professeur Webster accusé de meurtre sur la personne du
docteur Parkraan. Ce compte rendu, qui se compose de ^3 pages, et forme,
en défalquant les portions de pages occupées par des figures, environ deux
cent cinquante pages de nos Comptes rendus, a été écrit par un des rédac-
teurs du journal le Dailj Globe de Nevr-York qui s'était rendu pour cela à
Boston où se jugeait cette cause, et se transmettait par la voie du télégraphe
électrique à Nev?-York où on l'imprimait au fur et à mesure.
M. le général Petit, président de la Commission nommée pour l'érection
d'un monument à la mémoire de feu Larrejr, annonce que l'inauguration de
la statue aura lieu , au Val -de-Grâce, le jeudi 8 août i85o, et invite l'Aca-
démie à se faire représenter par an ou plusieurs de ses Membres à cette
cérémonie.
M. RoDx est invité à se faire, dans cette solennité, l'interprète des sen-
timents de l'Académie envers le savant chirurgien qu'elle avait été heureuse
de compter au nombre de ses Membres.
(.75)
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l'influence qu exerce l'heure de la journée
relativement à la mesure barométrique des hauteurs ; par M. A. Bravais.
(Extrait d'une fiCUre adressée à M. Mathieu.)
« Les calculs, que vous avez faits avec tant de soin , des hauteurs atteintes
par MM. Bixio et Banal, dans leur mémorable ascension du i'] juillet, et
la comparaison qui en résulte entre la hauteur maximum atteinte par ces
messieurs et celle à laquelle s'est élevé M. Gay-[Aissac le i6 septembre i8o4,
m'engagent à vous communiquer quelques remarques relatives à l'influence
que peut avoir l'heure de la journée sur la détermination barométrique des
hauteurs.
>> Deluc me parait être le premier physicien qui ait constaté cette in-
fluence; il reconnut que les observations faites au lever du soleil donnaient
des hauteurs beaucoup trop faibles; mais il est difficile de tirer un chiffre
bien précis des nombres qu'il a obtenus. Ramond alla plus loin et chercha à
mesurer la grandeur de l'effet produit : il trouva que, dans les Pyrénées et
en été, la différence entre la plus grande hauteur (i heure à i heures du
soir) et la plus petite (seconde moitié de la nuit) était la quarante-huitième
partie de la différence de niveau des deux stations.
r> Borner, de Zurich, l'un des compagnons de Krusenstern, dans son
voyage autour du monde, a traité d'une manière spéciale cette question ,
dans un travail sur la mesure barométrique des hauteurs , inséré dans le
tome II des Mémoires de la Société helvétique (Zurich , i833).
» Pour déterminer l'exacte distribution que suit l'auteur de la formule,
d'après l'heure de la journée, j'ai eu recoui's aux observations faites par
de Saussure au col du Géant, par M. Kaemtz sur le Rigi et le Faulhorn
en i83a, par MM. Bravais et Martins sur le Faulhorn en i84i; de la
sorte, j'ai obtenu une Table des corrections que l'on doit appliquer à une
hauteur barométrique, pour la débarrasser de l'influence horaire. Eu voici
les premiers termes :
A midi, retranchez ~j de la hauteur;
A I heure » ^
A 2 heures » y\^
A 3 heures » tît
A 4 heures • 777
A 5 heures » yj-j
A 6 heures » 7777» ^'^■
« Les observations que nous avons faites depuis lors , M. Martins et moi ,
a4..
( 176)
au grand Plateau du Mont-Blanc , donnent les nombres suivants , pour la
différence de niveau entre le Plateau et Genève :
Midi
3521,6
10 heures du soir
3468,7
2 heures
3526,0
Minuit
3452,6
4 heures
3507,2
6 heures du matin
3456,2
6 heures
3493,0
8 heures du matin
3493,2
8 heures
3480,7
10 heures du matin
35i2,6
» Entre le col du Géant et Genève, les observations de de Saussure
donnent :
Midi 3ooo,4
2 heures 3oo4,8
4 heures 2989,5
6 heures 2973,0
8 heures du soir 2957 ,6
8 heures du matin 2967,0
10 heures du matin 2985,6
" Ces nombres montrent que la variation horaire persiste , pour des diffé-
rences de niveau très-considérables.
" A mon passage à Zurich, en 1842 , MM. Escher de la Linth et Mousson
voulurent bien me communiquer une Table empirique qui avait été con-
struite par Horner, pour corriger les hauteurs barométriques, et qui a été
trouvée manuscrite dans ses papiers. Il serait trop long de la retranscrire
ici en entier; en voici les termes pour les six heures qui suivent l'heure
de midi.
Correction à faire aux hauteurs [en toises).
HAUTEUR
en toises.
MIDI.
I HECRE.
2 IIEDRES.
3 BEUBES.
4 BEDHES.
5 HEURES.
6 HEURES.
T
T
T
T
T
T
T
T
200
0,6
- 0,4
— 0,3
— 0,1
+ ,1
+ 0,3
4- 0,5
400
- 1,4
— 1,1
- 0,7
— 0..
— 0,1
+ 0,6
-1- i,«
600
-2,4
- 1,8
- 1,3
— 0,4
-1- 0,2
-h 1,1
-t- 2,0
800
-3,7
- 2,8
- 2,0
— 0,6
+ 0,3
+ 1,7
+ 3,.
1000
— 5,2
-4.0
- 2,8
— 0,8
+ 0,5
+ 2,3
+ 4,4
1200
- 7,0
-5,4
-3,7
— «,«
+ 0,7
+ 3,2
-t- 5,8
» D'après cette Table, dont les sources ne me sont point connues, l'ampli-
tude de la variation horaire des altitudes calculées croîtrait suivant un rap-
port notablement plus rapide que celui des altitudes elles-mêmes; en accor
( '77 )
dant l'exactitude de ce résultat pour de petites hauteurs, on ne peut se dis-
perser, d'autre part, d'admettre que cette progression va ensuite en se
ralentissant, pour des hauteurs plus considérables, comme le prouvent les
observations du col du Géant et du grand Plateau.
» J'ai cherché à appliquer les remarques précédentes dont vous avez
maintenant sous les yeux les principaux éléments numériques, à la compa-
raison des hauteurs obtenues dans les deux grandes ascensions aérostatiques
que j'indiquais au commencement de cette Lettre.
» C'est à 3 heures du soir que l'illustre Gay-Lussac était au point culmi-
nant de sa route; mais MM. Bixio et Barrai n'ont atteint qu'à 5 heures du
soir le point le plus élevé de leur traversée aérienne. Les hauteurs calculées
au-dessus de l'Observatoire de Paris se sont trouvées les mêmes ; alors, pour
ramener les deux observations à la même heure, je calcule, d'après ma
Table, la correction (7^5 — 3-5-0) 6978 mètres, qui est de 33 mètres. L'ap-
plication de cette correction établirait donc une différence de 33 mètres
entre les résultats des deux ascensions. Faut-il ajouter ces 33 mètres à la
hauteur atteinte par nos deux intrépides aéronautes, ou les retrancher de
celle de M. Gay-Lussac ? Cela dépendra de l'heure pour laquelle la Table
de ï Annuaire donne la véritable hauteur : c'est une question sur laquelle il
est dès à présent difficile de se prononcer, d'autant plus que, comme l'a fait
si bien observer M. Arago à la dernière séance de l'Académie des Sciences,
on ne sait point encore comment et avec quel degré d'exactitude la formule
barométrique actuelle pourra se plier à la mesure de différences de niveau
aussi considérables. »
MÉTÉOROLOGIE. — Note sur une détonation aérienne, entendue à Dijon
le 6 juin i85o, et qui a coïncidé sensiblement avec l apparition d'un
bolide ; par M. Alexis Perrey. (Extrait.)
« Le jeudi 6 juin, à i i'' iS" du matin, par un ciel chargé de nombreux
cirro-curaulus, j'ai entendu une explosion brusque et très-forte. J'écrivais
dans mon cabinet, au rez-de-chaussée, la face tournée vers l'est, et ma
fenêtre qui regarde le nord était ouverte.
» Le bruit m'a paru venir du nord-ouest, très-élevé dans l'atmosphère
ou rapproché du zénith. La durée eu a été très-courte, de moins d'une
seconde. Quant aux effets dynamiques qui ont accompagné cette détona-
tion , je n'en ai remarqué qu'un seul : quoique fermée, la porte de mon
cabinet a vibré fortement et frappé trois ou quatre fois rapidement contre
( '78 )
le chambranle. Je suis sorti précipitamment dans ma cour pour regarder
le ciel, je n'ai rien vu de particulier. Les personnes de la maison ont Re-
marqué, comme moi, la vibration des portes, et, de plus, un fort cli-
quetis de vitre analogue à celui qui accompagne des décharges d'artillerie
tirées dans le voisinage. Quant au tremblement du sol ou des murailles,
personne , dans la maison , ne s'en est aperçu.
» Des remarques semblables ont été faites dans toute la ville , et géné-
ralement on a signalé la direction du nord-ouest comme celle d'où pro-
venait l'explosion, que tout le monde a jugée très-courte, quoique quel-
ques personnes lui aient attribué plusieurs secondes de durée. Cependant ,
quelques personnes capables, par leur instruction, d'observer le phéno-
mène, ont reconnu deux détonations ou explosions consécutives , mais dis-
tinctes : quelques-unes ont remarqué encore qu'elles ont été suivies d'un
roulement le long de la côte qui domine à l'otiest de la ville. Telles sont les
circonstances générales constatées à Dijon.
» On a dit qu'immédiatement après l'explosion , la température avait
baissé de 4 degrés , et que W baromètre avait beaucoup varié. Le fait est
faux en ce qui regarde la température. Je n'ai pas fait d'observation à l'instant
même du phénomène ; mais voici ce que j'ai observé à midi :
Baromètre (réduit à o") .... . 73'j"'°',66
Thermomètre extérieur 24°, 3
Humidité relative, eu centièmes 4^
Dans la journée , la température raaxima a été de 26°, i
.l'avais, le matin , la température niinima de i5 ,8
De 9 heures du matin à 4 heures du soir, l'oscillation barométr. a été de o'^^j'jS
» Il est à remarquer, toutefois, que le baromètre marquait, la veille, à
9 heures du matin, 741, 38, et le lendemain, à la même heure, 740,52. »
Ij'auteur discute et combat diverses autres circonstances mentionnées
dans les récits qui avaient cours à Dijon, puis il examine les renseignements
qui ont été recueillis hors de cette ville. Nous ne pouvons le suivre dans ces
détails, et nous passons immédiatement aux conclusions de son travail, qui
sont conçues dans les termes suivants :
i< 1°. Une violente détonation a été entendue sur un cercle de plus de
100 kilomètres de rayon, le 6 juin i85o , vers 11'' iS"" du matin ;
n a". Cette détonation a eu lieu au-dessus de l'arrondissement de Chatillon-
sur-Seine;
» 3". Elle a été accompagnée de l'apparition d'un bolide ou météore lu-
fiuneux , qui paraît en éire la cause ;
( '79 )
1) 4°- Sur plusieurs points elle a coïncidé avec un frémissement superficiel
du sol, qui paraît être la conséquence de la commotion aérienne, plutôt
qu'un ébranlement interne de la croûte solide du globe;
» 5°. La chute d'aucun aérolitho, à la suite de ce phénomène, n'a été
constatée.
» Enfin, j'admettrais volontiers que ce bolide faisait partie d'une zone
météorique remarquable, dans laquelle nous nous sommes trouvés dans les
journées des 5 et 6 juin i85o. »
HISTOIBE DES SCIENCES. — Sur quelques passages de Pline l'ancien qui
semblent pouvoir se rapporter au platine. Nom donné au plomb par les
Mexicains, et conséquences qui s'en déduisent relativement à d'antiques
communications entre l'ancien et le fiouveau continent. (Extrait d'une
Lettre de M. de Pahavey.)
« J'ignore si d'autres ont remarqué que Pline parle du platine sans s'en
douter; car (liv. XXXIII, chap. 3), il parle d'un plomb plus pesant et plus
ductile que l'or; et (liv. XXXIV, chap. i6) il cite, dans les mines d'or et
de lavage de la Galice et de la Lusitanie, un plomb blanc, aussi pesant que
l'or, recueilli avec lui dans les corbeilles et fondu à part,
» Je sais que dans l'or blanc des anciens, d'autres que moi ont vu le pla-
tine, ce qui est possible; mais ici PHne parle du plomb blanc, et le met dans
les raines d'or d'Espagne, ce qui est fort à remarquer. Or précisément
M. Vauquelin a reconnu, dès 1820 ou 182 1, le platine dans des minerais
apportés d'Espagne; ainsi Pline a pu en citer en Galice et en Lusitanie, et
il doit encore s'y en trouver. Je sais que l'argent et le plomb se trouvent
souvent ensemble; mais je ne vois nulle part le plomb cité dans les mines
d'or où le met Pline , tandis que c'est dans ces mines qu'on a , au nouveau
monde, trouvé ce métal pesant et ductile qu'on a alors comparé à l'argent,
plata, et non à l'or.
» Puisque je parle du plomb des mines d'argent qui, étant fondu , ressemble
à du vif-argent, ] observerai encore que, chez les anciens Mexicains, où la
lune se nomme metzli, le plomb est appelé ( Dictionnaire de Molina) Te-
metzli, c'est-à-dire d'un nom où entre celui de la lufie, qui donnait son nom
à l'argent chez les alchimistes, comme on le sait. Les Mexicains ont donc
connu ces anciens rapports de convention entre les métaux et les planètes ,
et n'ont pas eu une civilisation propre. »
( i8o)
M. Br\ciiet adresse uae Note ayant pour titre : Recherches sur la con-
stniction des lentilles achromatiques à échelons, et sur leur application aux
instruments télescopiques .
M. Chenot présente quelques remarques sur le degré de confiance qu'on
peut accorder aux indications des instruments thermométriques dans un
voyage aéronautique aussi rapide que l'a été celui de MM. Barrai et Bixio.
Des réflexions sur les températures observées par les deux voyageurs se
trouvent aussi dans des commiinications anonymes qui , d'après les usages
de l'Académie, ne peuvent être ici que l'objet d'une simple mention.
M. Lesterpt communique les résultats de ses spéculations sur la constitu-
tion du soleil et des étoiles fixes.
M. HiLLON envoie de Mimbaste, département des Landes, une Note sur
un mode de division dont il voudrait qu'on fît usage à la fois pour les grands
cercles de la sphère terrestre et pour le limbe de la boussole.
M. GouRTY adresse un paquet cacheté.
L'Académie en accepte le dépôt.
A 4 heures et demie l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. A.
( i8i )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
fj' Académie a reçu, dans la séance du 5 août i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences;
2™* semestre 1 85o ; n" 5 ; \n-l\°.
Annales des Sciences naturelles; rédigées par MiM. MiLNE Edwards,
Ad. Brongniart et Decaisne; 3* série; 7® année; janvier i85o; in-8°.
Traité de médecine pratique et de pathologie iatrique ou médicale, cours
professé à la Faculté de Médecine de Paris; par M. P.-A. Piorry; tome VUE.
Paris, i85o; in-B".
Commentaires sur la nouvelle législation des engrais promulguée par
M. Gauja, préfet de la Loire Inférieure, le 6 avril i85o; par M. Adolphe
Bobierre. Nantes, i85o; broch. in-S".
Recherches sur les formes les plus avantageuses à donner aux triangles
géodésiques; par M. P.-M. HOSSARD; broch. in-8°.
Mémoire sur la découverte très-ancienne en Asie et dans t Indo-Perse, de la
poudre à canon et des armes à feu; par M. DE Paravey. Paris, i85o; broch.
in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; n° 8; août
i85o;in-8°.
Journal des Connaissances médico •chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer ; tome XXXV; n°8; i^août i85o;in 8°.
Journal de Pharmacie du Midi, Recueil pratique , publié par M. J.-P.-.T. Gay
et H. C. Gay; a* série, tome I*''; novembre 1849; '"-8°.
L' Agriculteur praticien, Revue d'Agriculture , de Jardinage et d'Économie
c. K, i85o, a"»» Semwire. (T. ,\.XX1, N» 6.) ^5
{ iSa )
rurale et domestique, publié sous la direction de MM. F. Malepeyre , G. Heuzé
el BossiN; II* année; n° i3i ; août i85o; in-8".
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. Magne ; n** i5; 3i juil-
let i85o; tome III ; in-8".
Revue thérapeutique du Midi.— Journal de Médecine y,de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques; par M. le D' FuSTER; n° i4; 3o juillet i85o; in-8°.
Mémoire sur les tremblements de terre ressentis dans la péninsule Turco-
Hellénique et en Syrie; par M. Alexis Perrey, professeur à la Faculté des
Sciences de Dijon; broch. in-4°. (Extrait du tome XXIII des Mémoires cou-
ronnés et Mémoires des Savants étrangers de l'académie royale de Belgique.)
Note sur les tremblements de terre ressentis en 1849, *"'*^'<^ d'un supplément
pour r847 ^' 1848; par le même. (Extrait du tome XXII, n° 3, des Bulletins
de C Académie royale de Belgique, )
Sur l'observation des tremblements de terre; par M. R. Mallet. (Traduit
par M. Alexis Perrey.) Broch. in-8°.
Pangraphie, ou écritute universelle, art nouveau cosmopolite. Méthode
f^'ÉTiENNE IviCHlEViCH,Slavo-Dalmate, Membre de l'Assemblée constituante
de Vienne. Vienne, 1848; broch. in-4°.
Extrait du programme de la Société hollandaise des Sciences à Harlem, pour
l'année i85o; i feuille in-4*'.
Memorie . . . Mémoires de i Académie royale des Sciences de Turin; 1" série;
tome X ; in-4°.
Atti. . . Actes de l'observatoire de Modène, recueillis et mis en ordre par
M. J. BiANCHi. Modène, i834; in-fol.
Saggio... Essai d'astronomie analytique; par le même. Modène, iSaS;
in-4°.
Intorno... Sur la latitude de Modène; par le même. Modène, i8a5;
in.4°.
Discussione . . . Discussion des observations barométriques faites à Modène;
par le même. Modène, i833; in-4°.
( '83 )
Sopra . . . Sur les petits mouvements apparents observes dans tes murs et les
(jrands instruments de l'observatoire de Modène; par le même. Modène , i 8^7 ;
in-4°.
Sopra. . . Sur l'analyse linéaire pour la résolution des problèmes de premier
degré; pur le même; premier et second Mémoire. Modène, iSSg et 1848;
in-4°.
Osservazioni , . . Observations fondamentales pour la révision et l'amjmenta-
tion du Catalogue de Piazzi ; par le même. Modène, i8/ii ; in-4°-
Pesizioni. . . Positions moyennes des deux cent vingt étoiles principales de
Piazzi, réduites au solstice d'été de i84o; par le même. Modène, i844; in-4°-
Monografia. . . Monographie des mitres fossiles du Piémont; par M. L. Bel-
LARDl. Tnrin, i85o; broch. in- 4°.
Meraoirs. . . Mémoires de l'Académie /américaine des Arts et des Sciences;
vol. m et vol. IV; i'* partie; in-4''. Cambridge et Boston, 1848 et 1849;
in-4°.
Proceedings. . . Procès-verbaux des séances de l'Académie Américaine
des Arts et Sciences; vol. II; 3o mai 1848-8 mai 1849; in-8°.
Astronomical . . . Journal astronomique de Cambridge ; n"' 4^6.
Skizzen. . . Aperçu sur les équations transcendantes ; par M. Simon Spitzer.
(Extrait des Mémoires de l'Académie de Vienne.) Broch. in-4*'-
Gesetze . . . Lois des équations de l'ordre le plus élevé à une ou plusieurs in-
connues; par le même; avec une préface par M. ScHULZ DE Strasznitzki.
(Extrait des mêmes Mémoires.) Broch. in-4'*.
Aufsuchung. . . Recherches des racines réelles et imaginaires d'une équation
numériqued'un degré supérieur ; par le même; avec une préface par M. Schulz
DE Strasznitzki. (Extrait des mêmes Mémoires.) Broch. in-4°.
Uber die . . . Sur l'intégration des équations linéaires différentielles à coeffi-
cient variable ; parM. J. Petzval. (Extrait des mêmes Mémoires.) Broch. in-4°.
Uber die . . . De la théorie des maxima et des minima; par le même. ( Extrait
des mêmes Mémoires.) Broch. in-4°.
{ i84 )
Ein weiterer... Nouveaux renseignements pour servir à connaître la nature du
phosphore amorphe; par M. ScHnOETTER. (Extrait des mêmes Mémoires.)
Broch. in-4°.
Handboek. . . Manuel de zoologie; par M. Van der Hoeven ; 2* édition;
section II. Amsterdam, i85o; in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n" 724.
Gazette médicale de Paris^ n" 3i ; in-4°-
Gazette des Hôpitaux ; n°' 90 à 92.
L'Abeille médicale; 11° i5; in-8".
Les Alpes; n° 3.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 12 AOUT 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET GOMMUNICAT101\8
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE 1,'ACADÈMIE.
M. Roux dépose sur le bureau une copie du discours qu'il a prononcé,
en qualité de Membre de rAcadémie des Sciences, à l'inauguration du
monument élevé à la mémoire de Larrej.
MINÉRALOGIE. — Note sur des cristaux de diaspore de Gumuch-dagh, près
d'Ephèse [Asie Mineure); par M. Dcfrénoy.
« M. Laurence Smitb , attaché pendant plusieurs années à l'administration
financière de la Porte Ottomane, a eu l'occasion de visiter les principales
localités de l'Asie Mineure où l'on exploite le corindon émeri. Il a reconnu
que, dans presque tous les gisements, ce minéral est accompagné de diaspore
cristallisé; il y est en outre associé avec un minéral noir verdâtre désigné
sous le nom de chloritoïde, ainsi qu'avec un mica blanc, particulier par la
très-grande quantité d'alumine qu'il contient, et auquel M. Smith a donné
le nom d'éinerilite; le diaspore existe dans la roche d'émeri à deux états : sous
forme de petites masses lamelleuses très-brillantes, disséminées d'une manière
C h., >S5o, î"" Semestre. ( T, XXXI, N» 7. ) ^6
f i86 )
irrégulière, et eu aiguilles cristallines allongées. Dans la plupart des échan-
tillons, ces aiguilles se croisent dans tous les sens à la manière de l'arragonite
aciculaire et se ramifient dans l'émeri ; dans quelques cas, elles tapissent de
petites fentes et présentent quelquefois alors des sommets. M. Smith a été
assez heufeux, ou pour mieux dire assez persévérant, pour recueillir
quelques-unes de ces aiguilles terminées. Après deux ou trois jours de re-
cherche sur les lieux, il en a réimi plusieurs portant un pointeraent net et
brillant qui, malgré leurs très-petites dimensions, se prêtent bien à la me-
sure par le goniomètre à réflexion. Il a eu la complaisance de me les prêter
pour en étudier les formes cristallines.
■> Les cristaux qu'il a mis à ma disposition, au nombre de huit, ressem-
blaient, par l'éclat et par la disposition des stries verticales placées sur les
faces gr, à de petits cristaux de topaze. Leur couleur est le blanc un peu
jaunâtre. Ils sont fortement dichroïtes en leurs sommets qui paraissent
presque noirs sous certaines inclinaisons, comme s'ils polarisaient complè-
tement la lumière. Ils ont un clivage très-facile parallèlement à la face g',
et c'est la présence de ce clivage qui communique au diasporc qui n'est pas
en aiguilles le caractère lamelleux que j'ai signalé; ce clivage, malgré sa fa-
cilité, ne donne pas de réflexions très-nettes : c'est le seul angle qui m'ait
offert des différences de -^ degré. Des mesures réitérées des autres angles
n'ont différé entre elles que de 4 minutes au plus. L'éclat nacré de ce
clivage, joint à une disposition striée, sont les causes de cette difficulté dont
on ne s'aperçoit qu'en prenant la mesure de l'angle; car, à la première
inspection, l'éclat paraît assez vif.
» Les cristaux sont fortement aplatis parallèlement à la face g'. La
face g' n'y existe pas; elle est remplacée par deux séries de faces g dont
je n'ai pu mesurer les angles, mais l'identité presque absolue de ces cristaux
avec ceux de diaspore du Saint-Gothard que M. de Marignac a fait con-
naître (i), m'autorise à supposer qu'elles sont représentées par les signes
cristallographiques g^ et g^.
» Les faces M et les facettes du pointement ont un éclat très-vit. La
forme primitive du diaspore est un prisme rhomboïdal droit sous l'angle
de i3o°a'; la position horizontale de la base résulte de l'identité des angles
des faces b* sur les faces M placées sur l'avant des cristaux, et des faces b'
sur les mêmes faces postérieures. Jai en outre vérifié cette position eu
(i) Bibliothèque universelle de Genève; 1848.
( i87 )
cbei'chant l'angle de la trace b* sur M, lequel doit être droit pour ce genre
de forme. Le calcul d'un triangle sphérique composé des faces M, b* et g*,
dont j'avais mesuré toutes les inclinaisons, m'a donné, pour l'angle de ceïte
trace, QO^a'So", qui ne diffère de l'angle droit que de 2 minutes.
» Le tableau ci-après, qui fait connaître les angles du diaspore de l'Asie
Mineure, établit la comparaison avec le diaspore du Saint-Gothard décrit
par M. de Marignac, et celui de Scheranitz par M. Haidinger. Dans une
dernière colonne, j'ai transcrit quelques angles du fer hydroxydé du Cor-
nouailles d'après mes propres mesures; ils font ressortir un rapprochement
intéressant que M. de Senarmont a signalé, et qui consiste en ce que le dias-
pore est isomorphe avec le fer hydroxydé. Ainsi, tandis que le peroxyde de
fer ou le fer oligiste est isomorphe de l'alumine ou du corindon , les hydrates
de ces deux oxydes seraient isomorphes.
DIASPORE
FER HVDKOXysÉ
du Cornouaillcs.
Dufrénoy.
DU SAIMT-GOTUARD.
Marignac.
DE SCUEHNITZ.
Haidinger.
d'êphèse.
Dufrénoy.
MM 1 3o . 00
129.54
»
u
»
V
i5i.36
»
i3o. 2
125.17
125.18
114. 58
I o4 . 00
i5i.35
i5i.33
n6.i8
167. 6
La valeur de ces angles est
celle donnée par le gonio-
mèlre. On ne les a pas
corrigés par le calcul .
»
u 1
i3o.57
»
»
»
U
u
»
u
n
»
I 26 . 20
116.55
117. 10
Mè'
M 6' (faces postérieures). . . .
M £■' 1 1 5 . 00
A' a' lO/l. 12
6'6' i5i.36
b' b' (faces postérieures). . .
6'è'(facesopposées). 116. 38
6' sur €%
s' s^ i44.zîo
»
»
»
»
ff'fi'' i45.4o
(■ /■ 1 26 . 1 2
^1(1 ii6.56
e' e' 117. 46
» Ija présence du diaspore dans les échantillons d'émeri des environs
d'Éphèse ma fait penser qu il devait exister dans celui de Naxos qui forme
un objet de commerce- Effectivement, en visitant deux ateliers où Ton pré-
pare Témeri en poudre, M. Descloizeaux a recueilli plusieurs échantillons
a6..
( i88 )
renfermant des noyaux assez considérables de diaspora , les uns lamelleux ,
les autres aciculaires, analogues aux deux variétés que j'ai signalées dans les
échantillons de Gumuch-dagh. Le diaspore y paraît toutefois plus abondant.
Les personnes qui préparent l'émeri mettent ce diaspore soigneusement de
'côté pour le mélanger avec l'émeri en poudre lorsque les acheteurs le trou-
vent trop foncé et qu'ils désirent qu'il soit brillant. La dureté du diaspore
fait que ce mélange n'altère que faiblement l'émeri ; mais lorsque le diaspore
manque ou que les acheteurs désirent avoir de l'émeri brillant à un prix trop
bas, on y mélange de la poussière de quartz qui en change notablement la
qualité.
» La comparaison du diaspore lamelleux de Naxos avec les échantillons de
diaspore cédés aux collections du Muséum d'Histoire naturelle et de l'Ecole
des Mines par M. Le Lièvre, auquel on doit la découverte de cette espèce
minerait;, porterait à faire supposer que ces échantillons, dont le gisement
n'est pas connu, proviennent de l'Archipel grec. On y letrouve en effet la
chloritoide et quelques grains cristallins rayant le quartz qui ont tous les ca-
ractères du corindon. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur une machine à peser les monnaies;
par M. Seguieb.
« J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie une balance monétaire de
mon invention.
» Cet appareil a pour but de faire faire à la machine à vapeur d'un hôtel
des Monnaies l'importante opération du pesage des flans pour l'ajustage, du
contre-pesage des pièces frappées pour leur réception, travail délicat actuel-
lement confié à la main intelligente de l'homme.
» Les avantages de cette machine sur des êtres intelligents sont de faire
plus certainement et plus rapidement le triage des pièces en justes, fortes et
faibles.
11 La garantie d'un bon triage ne réside actuellement que dans l'attention
soutenue des peseurs; ils doivent constamment mettre en harmonie une per-
ception intellectuelle avec une action de la main qui tend à devenir machi-
nale par sa continuelle répétition.
1) La rapidité du pesage à la main est nécessairement subordonnée à
l'adresse du peseur, qui ne peut jamais trébucher qu'une pièce à la fois.
11 La balance placée sous les yeux de l'Académie sépare en trois caté-
gories, pour les réunir en trois groupes distincts, les pièces justes , fortes et
( i89 )
faibles; par une pesée unique, elle fait un triage qui en exigeait trois, accep-
tant du premier coup, comme pièces justes, toutes celles qui sont dans les
limites de la tolérance légale , limites que cette machine permet de varier à
volonté et qu'elle est appelée à restreindre.
» L'appareil que j'ai l'honneur de placer sous les yeux de mes confrères
se compose de quatre parties principales :
» 1°. Le distributeur ou trémie dans laquelle il suffit de jeter pêle-mêle
les pièces pour être sûr qu'elles seront tontes pesées jusqu'à la dernière,
quels que soient les arrangements quelles aient pu, par l'effet du hasard,
prendre dans la trémie ;
» 2°. La balance proprement dite, qui allie une grande sensibilité à la
faculté de ne trébucher que sous une différence de poids supérieure à la
limite de la tolérance ;
» 3°. Le poseur, qui fait passer successivement tontes les pièces sur le
plateau de la balance; par suite d'une disposition particulière , ce poseur
n'est pas, comme celui des balanciers monétaires, exposé à manquer sa fonc-
tion par le fait des bavures du découpage qui accrochent parfois les flans
entre eux, on le relief des empreintes qui produit dans certaines relations de
position des pièces entre elles le même effet quand elles sortent des coins et
n'ont point encore éprouvé de frai ;
» 4°- Enfin l'aiguillage ou changement de voies, mécanisme qui dirige la
pièce pesée vers le récipient des pièces justes, fortes et faibles, par la nature
et le seul fait du poids de la pièce.
» Deux machines à trier les monnaies existent déjà : l'une n'est pas sortie
de la Banque d'Angleterre, où elle est en usage malgré l'extrême lenteur
de ses fonctions ; la Monnaie de Munich conserve l'autre sous une cage de
verre, au nombre des machines plus ingénieuses qu'utiles; toutes deux ont
coûté des sommes considérables. Nous croyons offrir à moindre frais des
avantages plus grands.
» Notre machine n'est, en définitive, qu'une balance ordinaire de préci-
sion, pourvue des accessoires convenables; pourtant elle n'a pas besoin,
comme celle de Londres ou de Munich , d'un arrangement préalable des
pièces en rouleau et de leur introduction successive dans le tube du poseur ;
pour elle , il suffit que les pièces soient jetées dans sa trémie pour qu'elles
soient triées et pesées.
" Par son emploi, la certitude du pesage ne résidera plus dans le parfait
et constant accord de l'intelligence et de la main de l'ouvrier peseur ; elle sera
le résultat nécessaire du jeu d'organes simples dont les fonctions sont encore
( iQO )
assurées par la belle et bonne exécution que MM. Deleuil père et fils ont su
leur donner.
» Nous serions ingrat si nous ne payions pas encore publiquement une
dette de reconnaissance à M. Winnerl qui a exécuté notre premier modèle. »
GÉOLOGIE. — Nouveaux renseignements sur une caverne à ossements
récemment découverte près cVAlais. (Note de M. d'Houbre-Fihiuas. )
« J'ai eu l'honneur de vous annoncer la découverte d'ossements fossiles
près du sommet du Roc de Duret, qui n'est séparé d'Alais que par le
Gardon. Leur nature, leur conservation, leur petit nombre, nous ont fait
croire que leur enfouissement était plus récent que celui des os déposés
dans d'autres cavernes; M. Gervais ne le fait pas remonter plus haut que
l'époque gallo-romaine.
» Quoique je croie que certaines cavernes aient été les repaires des aui-
maux carnassiers, je pense que beaucoup d'autres ont été remplies par des
courants, et que celle-ci est de ce nombre; alors les os y sont arrivés par la
fissure supérieure, ainsi que je l'ai expliqué. Mais depuis l'envoi de ce petit
Mémoire, j'en ai une nouvelle preuve.
» M. Bellin, l'un des propriétaires du penchant oriental du Roc de
Duret, qu'il exploite comme chaufournier, m'a fait voir, au milieu de la
masse calcaire , une caverne pleine de sable , de 4 à 5 mètres en carré ,
formant le renflement ou le fond d'un puisard , qui remonte vers le sommet
de la colline.
» La formation de ce boyau , qui ressemble à une cheminée , paraît due
au dégagement de l'air, lors de la consolidation de la roche, ou bien à une
déchirure causée par le soulèvement partiel de ses couches. Ce qui est hors
de doute, c'est qu'un courant a rempli le tout de sable, lequel a déversé
sur la pente de la montagne, dès que la grotte a été entr'ouverte; il en
reste dans la cheminée, j'en ai fait tomber avec le bout de ma canne, et
l'on doit m'avertir si son poids, ou la pluie, ou quelque coup de mine, la
faisaient vider tout à fait. Ce sable est fin, grené, semble lavé et tamisé.
M. Bellin m'a dit avoir trouvé précédemment des amas semblables au
milieu de son exploitation, et même des cailloux roulés et du gravier plus
gros. Je signale ce nouvel exemple des puits de terre , ou de sable , des
poches, orgues géologiques, marmites des géants, ou pot-holes, observés
et décrits par les naturalistes. »
( '9' )
IVOMINATIOIVS.
L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination de deux Mem-
bres qui seront chargés de la révision des comptes pour l'année 1849.
Au premier tour de scrutin, MM. Mathieu et Berthier réunissent la majo-
rité absolue des suffrages.
AfÉMOIRES LUS.
MINÉRALOGIE. — Mémoire sur Vémeri d'Asie Mineure dans ses rapports
géologique, minéralogique et commercial, et sur les minéraux associés
avec rémeri (deuxième partie); par M. J. Laurence Smith.
(Commissaires, MM. Cordier, Élie de Beaumont, Dufrénoy.)
« La deuxième partie du Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca-
démie a pour étude spéciale les minéraux que j'ai trouvés avec l'émeri d'Asie
Mineure.
i> Maintenant que j'ai démontré que l'émeri est très-répandu dans cer-
taines parties du monde, formant un minéral du premier ordre et rentrant,
jusqu'à un certain point, dans la catégorie des roches, il ne peut qu'être utile
de mentionner les différents minéraux iiccidenfels ou d'élimination qu on
trouve associés avec l'émeri, et quels sont les faits nouveaux que j'ai observés.
En première ligne, je place le corindon.
» Corindon. — Quoique l'émeri soit constitué, en grande partie, par le
corindon , l'examen de cette substance, dans l'état pur, ou plutôt en cristaux
prismatiques que j'ai trouvés très-souvent en contact avec l'émeri, a mis en
relief plusieurs faits nouveaux qu'il aurait été, autrement, impossible de
bien établir, ayant affaire. à un minéral mixte comme l'émeri.
" Le fait le plus remarquable qui ressort des analyses qui en ont été
faites, est la présence de leau en quantité variable dans toutes les variétés
de corindon , excepté dans le saphir et le rubis. Pour moi , ce résultat a
une grande valeur en démontrant que le corindon harmophane elle corindon
hyalin (spath adamantin et télésie) sont formés dans des circonstances diffé-
rentes; j'ajouterai que, dans toutes les formations d'émeri observées par
moi, les recherches les plus minutieuses n'ont pu faire reconnaître la moindre
trace de corindon hyalin.
» Diaspore. — Ce minéral, qui n'a pas, jusqu'à présent, beaucoup
occupé les minéralogistes, n'a été trouvé qu'en deux ou trois endroits
( 192 )
différents. J'espère démontrer que le rôle que joue le diaspore dan;,
les formations demeri et de corindon est assez important. Avant que mon
attention élit été portée sur l'examen de ce minéral, qui a été premièrement
découvert par M. Le Lièvre, il avait été étudié par M. Dufréuoy sur le diaspore
de Sibérie, et par M. Haidinger sur celui de Schemnitz. Il faut ajouter aux
localités connues de diaspore celles de Gumiich-dagh et Manser en Asie
Mineure, et les îles de Naxos, Sainos et Nicoria dans l'Archipel grec; et je
puis dire d'avance, après les résultats généraux de mes recherches, que ce
minéral sera trouvé presque partout avec le corindon ; de sorte que si jus-
qu'à présent on ne l'a pas observé là, c'est que personne ne l'y a cherché.
Sur les cristaux venant de Chine, j'ai déjà découvert du diaspore. Plusieurs
faits nouveaux concernant ce minéral oni été constatés par mes recherches, et
sont consignés dans ce Mémoire.
I. ÈineriUte (nouvelle espèce de mica). — Le minéral que j'ai désigné
sous le nom (ïéinerilite est une nouvelle espèce appartenant à la famille
des micas. J'ai déjà, dans une Note, indiqué son existence, mais j'en
donne aujourd'hui, dans mon Mémoire, une description complète. Je dé-
couvris d'abord ce minéral dans l'émeri de Gumuch-dagh en Asie Mineure,
et, depuis, associé à l'émeri de Naxos, de Nicoria et de Manser. Sa con-
nexion avec tous les émeris que j'ai eu occasion d'examiner, excepté celui
de Kulah, m'a fait donner le nom d'énierilite à ce minéral. Quand j an-
nonçai cette découverte à M. Silliman, il s'empressa d'examiner les miné-
raux venant des localités de corindon des États-Unis, et il a toujours trouvé
l'émerilite. Depuis mon arrivée à Paris, j'ai découvert et analysé le même
minéral sur un échantillon d'émeri de Sibérie, au Cabinet du Jardin des
Plantes, et j'ai aussi des raisons pour croire que ce minéral est toujours siu'
le corindon de Chine; mais, comme il n'a pas été soumis à l'analyse, je n'in-
sisterai pas sur ce point. Jusqu'à présent, ce minéral n'a été trouvé qu'avec
l'émeri, ou, ce qui est ta même chose , avec le corindon; ces deux minéraux
le contiennent souvent dans l'intérieur de la masse , mais plus souvent à
la surface.
« Éphésite. — C'est encore nne espèce nouvelle. L'éphésite est compacte,
d'une structure lamelleuse, d'un blanc nacré. Elle raye facilement le verre,
et diffère de l'espèce précédente par sa composition , contenant plus d'alu-
mine et moins de bases de protoxydes. Elle a été trouvée avec l'émeri de
Gumiich.
11 Chlorotoïde (une nouvelle espèce). — Cette variété de chlorotoide , que
j'ai trouvée avec l'émeri de Gumuch-dagh, n'a pas la même composition
( 193 )
que les minéraux qui sont rapportés à celte espèce, comme le cblospath
d'Oural, la massonite d'Amérique et la sismondine de Saint-Marcel, mais
elle approche plus de cette dernière.
» Les autres minéraux dont il est question dans ce Mémoire sont : Vhj-
drargilite, le spinel zincifère, la pholérite ou plutôt un silicate d'alumine
hydraté, d'une composition identique avec le pholérite de Guillemin; le
mica, la tourmaline noire, une chlorite identique avec celle du mont des
Sept f^acs; \e Jèr oxjdulé , \e Jeroligiste, \e fer hjrdroxjdé , la pjrite de fer,
le rutile, ïihnénite et le fer titane.
" Il y a encore deux ou trois minéraux que j'ai trouvés associés avec
l'émeri, mais leurs espèces ne sont pas bien établies, à cause de la difficulté
d'on obtenir assez dans un état de pureté pour les soumettre à l'analyse.
L'étude des minéraux accidentels en contact avec lémeri nous a conduit à
plusieurs conclusions générales qui sont mentionnées à l'occasion de la
description des diverses espèces; et maintenant, je crois ne pas trop me
hasarder en disant que les hydrates d'alumine, comme le diaspore, ainsi
que les silicates, comme l'émerilite, la chlorotoïde et la tourmaline; et les
minéraux de fer, comme le fer magnétique et le fer titane, seront trouvés
presque partout où l'on trouve le corindon.
n L'étude que j'ai entreprise sur ce sujet est ainsi terminée ; qu'il me
soit permis d'espérer que l'examen de l'émeri d'Asie Mineure aura servi à
éclairer la géologie et la minéralogie de cette substance jusqu'à présent si
peu connue, excepté dans ses usages. »
PALÉONTOLOGIE. — Second Mémoire sur l'instant d'apparition, dans lesdges
du monde, des ordres d'animaux , comparés au degré de perfection
de l'ensemble de leurs organes; par M. Alcioe d'Orbigny, (Extrait par
l'auteur.)
(Renvoi à la Section d'Anatomie et de Zoologie. )
« Comme nous l'avons fait remarquer dans le Mémoire précédent , le
nombre des ordres a, dans la comparaison, moins de valeur que la perfec-
tion relative des organes. .le cherche, sous ce rapport, à comparer l'instant
d'apparition, dans les âges du monde, des différents ordres d'animaux,
avec le degré de perfection de leurs organes.
» En jetant les yeux sur mon tableau de la répartition des ordres à la
surface du globe terrestre, depuis le commencement de l'animalisation jus-
qu'à notre époque, l'on voit, d'après les données actuelles de la science*,
C. R., i85o, 2™= Semestre. (T. XXXI, N» 7.) 87
( 194)
qu'avec la première grande période géolo{5i(|ue, les terrains paléozoïques ,
vivaient trente et un ordres d'animaux sur soixante-dix-sept, ou presque la
moitié, nombre considérable quand on considère les causes multipliées de
destruction depuis cette période si éloignée de nous.
» Ces trente et un ordres sont ainsi répartis dans les différents embran-
chements : huit ordres d'animaux rayonnes, neuf ordres d'animaux mollus-
ques, onze ordres d'animaux annelés et trois ordres d'animaux vertébrés.
Ainsi les quatre grands embranchements seraient également représentés, ce
qui prouverait que tous sont nés avec la première grande époque du monde
animé, sans manifester de prédominance trop marquée. Ce résultat des pins
•positifs ne serait en aucune manière favorable à l'idée trop généralement
admise que les êtres sont d'autant plus parfaits qu'ils se rapprochent de la
faune actuelle. Pour que cette hypothèse fût vraie, il faudrait que tous les
ordres de la première animalisation du globe appartinssent seulement aux
classes inférieures, ce qui n'est pas. Je crois donc que ces chiffres ont seuls
une grande signification dans la question ; mais avant de conclure je veux
discuter avec détail ce que donnera la perfection relative des ordres dans
chaque embranchement pris en particulier.
» Embranchement des animaux raj-onne's. — Si les êtres étaient d'autant
moins parfaits qu'ils sont plus anciens, on devrait, dans les terrains paléo-
zoïques, trouver que les ordres existants appartiennent aux moins parfaits
et aucun aux plus parfaits; mais il n'en est pas ainsi, car les huit ordres de
cette première période d'existence sont : les Échinodermes échinides, asté-
roïdes, ophicroïdes et crinoïdes, les Polypiers zoanthaires et alcyonaires,
les Foraminifères hélicostègues et les Amorphozoaires. On voit, en effet,
que, sur huit ordres d'animaux rayonnes, quatre, ou la moitié, appartien-
nent aux Échinodermes les plus parfaits et deux aux Polypiers, tandis qu'il
en reste seulement deux aux plus inférieurs, sous le rapport de leur orf^a-
nisation. Il sera prouvé , par cette comparaison, que les plus parfaits des
animaux rayonnes sont nés les premiers sur le globe, ce qui est tout à
fait opposé à la marche croissante du développement successif des organes
des animaux , en remontant des âges géologiques les plus anciens vers les
plus modernes.
" La succession des terrains postérieurs présente-t-elle des faits confir-
mant ou infirmant ces résultats? La deuxième grande époque, les terrains
Iriasiques ne montrent aucun ordre nouveau. La troisième époque, les ter-
rains jurassiques offrent l'ordre des Échinodermes crinoïdes libres, moins
avancés en perfection d'organes que les Échinides et les Astéroïdes de la
( 195 )
première animalisation , et deux ordres de Foraminifères les moins parfaits
de l'ensemble. La quatrième grande époque, les terrains crétacés présen-
tent encore quatre ordres de Foraminifères et un d'Amorphozoaires toujours
les plus imparfaits. Enfin, la cinquième grande époque, les terrains ter-
tiaires n'ont aucun ordre nouveau. Il est dès lors évident que, depuis le
commencement du monde animé jusqu'à l'époque actuelle, les animaux
rayonnes ont marché dans une voie stationnaire, ou même dans une voie
rétrograde, par rapport à la perfection des organes; qu'il n"a été créé au-
cun mode nouveau d'existence, ce qui est tout à fait opposé au perfection-
nement général des êtres dans les âges du monde.
» h'embranckeinent des animaux mollusques renferme , dans les terrains
paléozoiques, les premiers du monde animé, les ordres des Céphalopodes
tentaculifères , des Gastéropodes pectinibranches et scutibranches, des Pté-
ropodes, des Lamellibranches sinupalléales, intégropalléales et pleurocon-
ques , des Brachiopodes brachidés et des Bryozaires. Toutes les classes de
Mollusques s'y trouvent également représentées, et, de plus, on y voit les
Céphalopodes les plus parfaits de cette série à leur maximum de développe-
ment de formes génériques; deux ordres de Gastéropodes les plus complets
après les Céphalopodes. Il sera donc prouvé ici, comme pour les animaux
rayonnes, que les plus parfaits des animaux mollusques sont nés les premiers,
résultat en opposition complète avec le développement successif des organes.
» On voit ensuite apparaître successivement, dans les terrains triasiques,
les Céphalopodes acétabulifères , aussi les plus parfaits des Mollusques. Dans
les terrains jurassiques les Gastéropodes tectibranches et les Brachiopodes
cirrhidés, tous deux inférieurs en perfection à ceux de leurs classes de la
première époque. Les terrains crétacés ij'en offrent pas de nouveau, et les
terrains tertiaires ne montrent que les Gastéropodes pulmonés non supérieurs
aux Gastéropodes déjà existants et encore moins aux Céphalopodes. On
peut donc dire, comme pour l'embranchement précédent, que, dans les âges
du monde, les animaux mollusques sont encore restés stationnaires ou
même ont rétrogradé chez les plus parfaits.
" L'embranchement des animaux annelés montre, dans les terrains pa-
léozoiques, les Insectes coléoptères, orthoptères et névroptères; les Arach-
nides, les Crustacés trilobites, cyproides, phyllopodes et xiphosures, les
Cirrhipèdes, les Annélides dorsibranches et tubicoles. Toutes ces classes y
sont représentées, ce qui est déjà un résultat contraire; mais encore dans
ces classes on trouve, parmi les Insectes trois ordres, parmi les Crustacés
quatre, au milieu desquels sont les Coléoptères, les plus complets des In-
27..
( 196 )
sectes. Les deux séries les plus importantes sont même largement représen-
tées. On aurait, pour les animaux anuelés, des résultats identiques à ceux
des deux embranchements précédents. Les ordres qui apparaissent ensuite
successivement sont: dans les terrains triasiques, Tordre des Crustacés déca-
podes; dans les terrains jurassiques, l'ordre des Crustacés^ isopodes et quatre
ordres d'Insectes, les Diptères, les Hémiptères, les Hyménoptères et les Lé-
pidoptères, nullement supérieurs en organisation à ceux de la première ani-
malisation; dans les terrains crétacés, aucun ordre; dans les terrains ter-
tiaires, deux ordres de Crustacés inférieurs aux premiers, et les Insectes
myriapodes, les moins parfaits des Insectes. Ici l'on doit encore conclure
comme pour les animaux rayonnes.
» \J embranchement des animaux vertébrés ne montre pas, sous ce rap-
port, des résultats aussi positifs. Us offrent, dans les terrains paléozoïques,
les ordres de Reptiles sauriens, do Poissons placoïdes et ganoides. On ne
peut néanmoins pas voir là une confirmation ; car, bien qu'il manque encore
les Oiseaux et les Mammifères, plus complets que les Reptiles et les Pois-
sons, les deux classes représentées ne suivraient pas moins une marche tout
opposée. En effet , les Reptiles de ce premier âge sont certainement bien
supérieurs en organisation aux Serpents sans membres, et aux Batraciens
soumis à des métamorphoses et qui arrivent les derniers. Les Poissons des
terrains paléozoïques renferment les Squales, les plus parfaits des Poissons,
tandis que les plus inférieurs, les Pleuronectoïdes, apparaissent encore les
derniers. Deux classes sur quatre, dans les animaux, vertébrés, ont donc
montré les plus parfaits les premiers.
» On voit ensuite, dans la succession des époques, apparaître, avec la
seconde de l'animalisation des terrains triasiques , l'ordre des Oiseaux
échassiers et celui des Reptiles chéloniens. 11 est curieux, à une époque si
reculée, de trouver déjà des Oiseaux, animaux aériens par excellence, et
des Tortues, les plus parfaits des Reptiles, avant les ordres les plus impar-
faits. Avec la troisième époque il ne se montre aucun ordre nouveau. Avec
la quatrième période naissent un ordre d'Oiseaux et deux ordres de Pois-
sons moins parfaits que les premiers. C'est donc avec la cinquième grande
période qu'ont paru les autres ordres d'animaux. Les Oiseaux qui naissent
alors ne sont pas plus parfaits que les plus anciens. Les Reptiles ophidiens
et batraciens sont assurément les derniers de la classe. Il en est de même des
Poissons pleuronectoïdes non symétriques. Sur les quatre classes, deux ont
donc montré les ordres les plus parfaits les premiers, en suivant une
marche opposée au perfectionnement successif des organes. Les Oiseaux
( '97 )
sont restés statioiinaires. Il n'y aurait, en conséquence, défavorable au
perfectionnement successif des êtres, que les Mammifères qui, effecti-
vement les plus parfaits des animaux vertébrés, ont tous, à l'exception de
l'homme, spécial à notre époque , paru seulement dans la dernière période
géolofjique qui nous a précédés sur la terre. Néanmoins les Mammifères
offrent encore des exceptions, puisqu'ils ont deux ordres, les Pachydermes
et les Édentés , dans la voie décroissante de développement de formes zoo-
logiques, ce qui est encore opposé au perfectionnement général.
» En résumant ce qui vient d'être exposé sur l'instant d'apparition, dans
les âges du monde, des ordres d'animaux comparés à la perfection de
leurs organes, j'arrive aux résultats suivants :
» 1°. Les quatre embranchements des animaux, dans l'ordre chronolo-
gique des âges du monde, n'ont pas marché suivant le degré comparatif de
la perfection de leurs organes, mais bien sur quatre lignes parallèles lout à
fait indépendantes les unes des autres.
» a°. Les classes d'animaux , comme le démontre le tableau joint à mon
Mémoire, sont, à l'exception de deux sur dix-neuf, absolument comme les
embranchements; elles ont marché parallèlement et non successivement
dans les âges du monde.
" 3°. Cette marche particulière parallèle et non successive dans l'ordre
chronologique, pour chaque embranchement et pour chaque classe, est
tout à fait contraire au perfectionnement général des organes en allant du
premier âge du monde vers l'époque actuelle.
» 4°- L'accord du degré croissant de perfection des organes, en mar-
chant des premiers âges du monde jusqu'à l'époque actuelle, loin d'être la
règle constante, comme on avait pu le croire en étudiant les Mammifères,
n'est, au contraire, qu'une faible exception à la marche parallèle générale
et qui n'a pour base que l'arrivée tardive , sur la terre, de l'ordre des Mam-
mifères; cet accord, même sous ce rapport, n'existerait que pour un dix-
neuvième de l'ensemble des classes.
« 5°. Il résulterait encore, de ce qui précède, que les animaux, loin de
perfectionner successivement leurs organes et de passer par tous les degrés
de perfection, dans les âges du monde , ont souvent moins gagné que perdu
de leur perfection dans quelques embranchements, ou sont au moins
restés stationnaires, ce qui exclut tout à fait pour eux, dans les périodes
géologiques, la marche croissante générale du simple au composé. »
( 198 )
PHYSIQUE. — De l'action du magnétisme sur tous les corps (deuxième
Mémoire); par M. Edmond Becquerel. (Extrait par l'auteur. )
(Renvoi à la Section de Physique.)
« Dans un Mémoire, dont j'ai eu l'honneur de lire un extrait à l'Aca-
démie le ai mai 18495 j'ai étudié l'action exercée par un aimant très-puis-
sant sur différentes substances , lorsque ces substances se trouvent plongées
dans des liquides ou dans des gaz. Cette élude m'a piM'mis de démontrer le
principe suivant :
« L'action exercée par un aimant sur une substance plongée dans un mi-
" lieu liquide ou gazeux, est la différence des effets produits séparément
» sur la substance et sur le volume du milieu déplacé. »
>' Si, d'après ce principe, l'on mesure les attractions et les répulsions que
différents corps éprouvent quand ils sont placés successivement dans le vide
et dans divers gaz, l'action magnétique produite sur les particules gazeuses
se déduira de la différence des effets observés. A l'aide de cette méthode,
j'ai pu reconnaître que si la plupart des gaz n'éprouvent que des effets diffi-
cilement appréciables, eu égard à la faible masse sur laquelle on agit, et se
comportent comme repoussés des pôles des aimants, l'oxygène , au contraire,
est magnétique , c'est-à-dire attirable à la manière du fer, et magnétique à
un assez haut degré pour que sa puissance d'attraction soit facilement me-
surée.
» Le travail que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au jugement de
l'Académie est la continuation de ces recherches. Le procédé d'expérimen-
tation dont j'ai fait usage étant le même que celui qui a servi lors des pre-
mières expériences, je n'en ferai pas mention ici; je me bornerai à indiquer
les principaux résultats des observations.
)i Ce Mémoire est divisé en deux parties; la première est relative aux
actions exercées sur les corps solides et liquides, alors que la puissance de
l'aimant employé varie d'intensité; la seconde se rapporte aux gaz soumis à
diverses pressions. Dans cette dernière partie du travail, j'ai pu mettre en
évidence l'action magnétique exercée sur l'oxygène, non-seulement en em-
ployant ce gaz comme milieu dans lequel sont plongés différents corps so-
lides, et en le condensant à l'aide de petits barreaux en charbon, ainsi que
je l'ai déjà fait, mais encore en l'enfermant dans des petits tubes de verre
très-minces. Si ce verre est légèrement repoussé par les aimants dans l'air,
on peut transformer les tubes qui en sont composés , en petits barreaux
magnétiques, par l'introduction seule du gaz oxygène.
( «99 )
« En mesurant l'effet produit par lelectro-aimant employé dans ces re-
cherches, sur les corps solides, liquides ou gazeux, à l'aide de la force de
torsion d'un fil d'argent, et évaluant en même temps la puissance magné-
tique de cet appareil d'après l'intensité du courant électrique qui circule au-
tour de lui, j'ai été conduit, par la comparaison des résultats, aux consé-
quences suivantes :
» i". Les substances repoussées par les pôles d'un aimant dans l'air et
appelées diamagnétiques , telles que le bismuth, le plomb, le soufre, la cire.
Veau, etc., lorsqu'elles ne sont pas mélangées de substances attirables , sont
repoussées avec une force qui , pour le même corps, toutes choses étant
égales d'ailleurs, est sensiblement proportionnelle au carré de l'intensité
magnétique de l'aimant.
>^ Ces substances ne paraissent pas conserver de polarité permanente
après une aimantation préalable.
1) 2°. Les substances telles que le fer parfaitement doux, qui sont ma-
gnétiques ou attirables à l'aimant, mais sans force coercitive appréciable, et
ne conservent pas la propriété polaire après que l'aimantation a cessé , sont
attirées avec une force également proportionnelle au carré de la puissance
de l'aimant.
» 3°. Certaines substances attirables à l'aimant, telles que le platine,
plusieurs composés ferrugineux , etc., donnent des effets différents. On
trouve alors que le rapport de la force d'attraction au carré de l'intensité de
l'aimant, change avec cette intensité, mais, dans la plupart des cas, tend
vers une limite constante à mesure que l'intensité augmente.
» 11 est présumable que ces corps se comportent comme ayant ime force
coercitive sensible, et sont attirés à la manière de ïacier et la Jbnte. On
peut, pour quelques-uns, comme, par exemple, lorsqu'il s'agit du platine,
s'en assurer directement, en remarquant qu'après l'aimantation, ils conser-
vent des pôles pouvant subsister pendant un temps plus ou moins long , de
la même manière qu'un barreau d'acier. Ce fait de la conservation des pôles
a déjà été signalé, entre autres, par mon père et par M. Oersted à propos
de substances différentes. On comprend, d'après cela, que, dans ces cir-
constances , l'action magnétique semble ne pouvoir s'établir sans épix)uver
- une espèce de résistance, laquelle ne paraît pas exister lors de la répul-
sion produite sur le bismuth, le soufre, l'eau, etc., et lors de l'attraction
exercée sur le fer doux.
» 4°- Plusieurs composés, tels que le charbon, le verre, peuvent être
attirés lorsque l'électro-aimant a une faible intensité magnétique, et repoussés
( 200 )
quand il est plus énergique , ainsi que plusieurs physiciens l'ont déjà ob-
servé ; mais si l'on examine avec attention ces composés , après que l'ai-
mantation a cessé, on trouve qu'ils ont acquis la propriété polaire: on peut
se convaincre par là qu'ils se comportent comme doués d'une force coerci-
tive assez grande.
» Si l'on considère ces matières comme des mélanges de substances atti-
rées et de substances repoussées par les aimants, il n'est pas étonnant que
la loi d'attraction soit fort compliquée; car, dans chaque mélange, la por-
tion repoussée par les pôles magnétiques présente les résultats énoncés dans
la première conclusion, et la portion attirée donne lieu aux effets dont il a
été question à propos de la troisième.
» Les conclusions i et 2 , déjà données dans mon pi'emier travail, se
trouvent développées par les deux dernières; l'on peut voir, d'après ce qui
précède, dans quelles circonstances l'attraction exercée sur certains corps, et
la répulsion produite sur d'autres, ne varient pas suivant la même loi.
>i 5°. L'oxygène seul , parmi les gaz soumis aux expériences , est attiré
par les pôles magnétiques. Un électro-aimant agit par influence sur les mo-
lécules de ce gaz comme sur le fer doux , en donnant lieu à une attraction
proportionnelle au carré de l'intensité du courant qui circule autour de cet
appareil. La fraction looo 060 > "ï"^ exprime le magnétisme spécifique de
ce gaz, à masse égale, par rapport au fer doux, le place parmi les fluides
fortement magnétiques. En effet, le liquide le plus magnéticjue que j'aie
trouvé, la dissolution concentrée de protochlorure de fer, est près de trois
fois moins attiré que l'oxygène, à égalité de poids.
» 6°. La puissauce magnétique de l'oxygène augmente avec sa force élas-
tique. Lorsque ce "gaz agit comme milieu ambiant sur des cylindres de cire,
de verre, l'effet que l'on observe est proportionnel à la quantité de particules
matérielles renfermées sous un volume donné, et, par conséquent, à sa
force élastique. Mais lorsqu'il est condensé par des barreaux de charbon , le
pouvoir de condensation du charbon variant avec la pression du gaz exté-
rieur, l'action exercée sur les petits barreaux de cette substance plongés
dans l'oxygène augmente bien avec la pression du gaz dans l'enceinte
où l'oti opère , mais n'augmente pas proportionnellement à cette pression.
» ']". L'air atmosphérique présente les mêmes effets que l'oxygène,
mais en vertu de la présence de ce dernier gaz, et par conséquent avec une
force qui est sensiblement y^^de celle que présente l'oxygène dans les
mêmes conditions, l'effet de l'azote n'ayant pu être apprécié.
)' 8". Le protoxyde d'azote , le gaz oléfiant, 1 acide carbonique, le cyano-
( aoi )
gène, l'ammoniaque, condensés dans le charbon, donnent à èélui-ci une
répulsion plus grande sous l'influence des aimants que lorsqu'il est placé
dans le vide; l'action produite est plus ou moins forte suivant la nature de
ces gaz , comme cela résulte des nombres donnés dans ce Mémoire. Quant à
l'azote et à l'hydrogène, ils ne se condensent pas assez pour donner un effet
sensible dans les limites de nos observations.
» Après avoir exposé les résultats des expériences, j'ai montré à la fin du
travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, que l'hypothèse propo-
sée dans le premier Mémoire rend compte des faits observés jusqu'ici.
» Cette hypothèse consiste à supposer qu'il n'y a pas deux genres d'ac-
tions différentes produites sur les corps par les aimants : actions magnétiques
et actions diamagnétiques, mais bien un seul genre d'action, une aimanta-
lion par influence, et que la répulsion exercée sur les substances qui s'éloi-
gnent des pôles des aimants est due à ce que les corps sont entourés par un
milieu plus magnétique qu'elles.
" Je n'ai présenté cette explication de diamagnétisme que pour lier entre
eux, d'une manière plus simple, je crois, qu'on ne l'avait fait jusqu'ici, les
effets du magnétisme sur les différents corps soumis à son action. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ORGANOGÉNIE VÉGÉTALE. — Sur l' accroissement en diamètre des tiges des
Dicotjlés (deuxième Mémoire); /jar MM. Durand, de Caen, e^MANOVRT.
(Extrait.)
(Commission précédemment nommée, composée d«' MM. de Jussieu,
Richard, Gaudichaud.)
« Nous avons précédemment fait connaître les résultats de nos recherches
sur la betterave pendant la première année de sa végétation; mais, comme,
pour bien faire connaître une plante, il ne faut pas seulement remonter, aussi
loin que possible, dans l'histoire de sa vie, mais encore la suivre dans toutes
les autres périodes de son existence , nous avons dû étudier les betteraves '
la seconde année de leur végétation. Voici l'analyse des principales expé-
riences et observations contenues dans notre Mémoire.
" I. Des betteraves, qui avaient de six à huit couches, ont été plantées'
au mois d'avril, après qu'on leur avait enlevé le bourgeon terminal. Ces
betteraves n'ont pas fleuri, mais, en revanche, plusieurs bourgeons secon-
daires se sont développés ; à l'époque où on les a arrachées, elles présentaient
C. R. , i85o, a">« Semestie. (T. XXXI, K» 7.) ^8 \
( 202 )
toutes, de haut en bas, à partir seulement du corps de la plante, des côtes
dont plusieurs étaient très-prononcées. Chaque côte était placée au-dessous
d'un bourgeon. Dans ces plantes, la végétation ne s était arrêtée sur aucun
point. Cependant, dans les mamelons ou côtes, il y avait, et c'est un fait
très-remarquable, de dix à dix-huit couches ligneuses, tandis que là où il
ne s'était pas formé de mamelons, on ne trouvait que le nombre de couches
ligneuses qui existait lors de la plantation de la betterave. Tous ces faits
sont mis en évidence dans les dessins qui accompagnent notre travail.
'• II. Des bourgeons latéraux et terminaux, enlevés sur des betteraves
gâtées, ont été plantés le i" septembre 1849; arrachés après un mois de
plantation, ils avaient formé des racines dont les unes étaient ligneuses,
tandis que les autres paraissaient être plus jeunes et composées de tissu cel-
lulaire seulement. Dans les racines qui paraissaient formées de tissu cellu-
laire, un fait curieux a été constaté : c'est que, de ces racines formées de
tissu cellulaire dans presque toute leur étendue, quelques unes présentaient,
vers le point de leur insertion , des fibres qu'on pouvait suivre jusque dans les
feuilles; mais ces fibres, chose qu'il faut noier, appartenaient aux feuilles
les plus jeunes.
» III. Une décortication a été faite sur des betteraves à la base des bourgeons ;
peu de temps après , un bourrelet s'est montré à la lèvre supérieure de chaque
décortication, sous le bourgeon seulement. Ce bourrelet a augmenté en
raison directe du nombre de bourgeons et de feuilles qui se sont développés
au-dessus. On a trouvé que chaque bourrelet se composait de tissu cellu-
laire et de fibres qu'on a pu suivre jusque dans les feuilles. Au-dessus de la
décortication, là où il n'y avait ni bourgeon ni feuilles, il ne s'est point formé
de bourrelet contenant de fibres ligneuses, quoique l'écorce y tût également
verte.
" IV. Des betteraves ont été coupées au mois de juillet au-dessous du
collet, et laissées en terre jusqu'à la fin d'octobre ; elles n'ont poussé ni feuilles
ni bourgeons. Elles ont augmenté eu épaisseur et en hauteur, sans former
de nouvelles couches ligneuses. Cet accroissement a été produit par la mul-
tiplication des tissus parenchymateux et l'élongation des tissus fibreux. Les
premiers ont fourni seuls l'augmentation en largeur; les autres avec ceux-
ci l'augmentation eu hauteur.
» V. En faisant des coupes minces depuis le collet de la betterave jusqu'à
son sommet, on reconnaît que les filets ligneux diminuent en nombre pro-
gressivement à mesure qu'on s'élève. Lorsqu'on est arrivé entre les plus
jeunes feuilles et celles qui les ont précédées dans l'ordre du développement,
( 203 )
on trouve une portion de cet entre-nœud uniquement cellulaire. Mais, en
faisant une coupe mince dans la direction ascendante, on aperçoit la tête
de quelques filets; en continuant à faire ainsi de ces coupes, on voit ces filets
devenir plus nombreux et plus gros, jusqu'à la base de ces petites feuilles
(jui sont les dernières productions de l'axe; et c'est à cette base cl dans les
feuilles elles-mêmes que les fibres sont plus nombreuses et plus fortes.
" Des faits contenus dans le présent Mémoire , concordant tous parfaite-
ment avec ceux du précédent, nous croyons pouvoir tirer les conclusions
suivantes :
» Les feuilles et les bourgeons jouent, dans la formation des faisceaux
fibro-vasculaires, un autre rôle, outre celui d'être le siège principal des phé-
nomènes de respiration et d'évaporation. Ce sont, avec les embryons , des
organes où s'engendrent les tissus vasculaires.
« Les tissus ligneux ont une autre origine que les tissus parenchymateux
ou cellulaires.
» Les premiers commencent sans doute par être cellulaires avant de se
constituer et se solidifier; mais ils ne naissent que des feuilles, des bourgeons
ou des embryons. Les seconds naissent dans toutes les parties des plantes
indistinctement; jamais ils ne deviennent filets ligneux ou vaisseaux.
>> En terminant, nous appelons l'attention de l'Académie sur un fait qui
n'est peut-être pas sans intérêt pour la fabrication du sucre de betterave.
Nous avons observé, ainsi que nous l'avons déjà dit, que les betteraves, cou-
pées au-dessous du collet, ne poussent ni feuilles ni bourgeons, alors même
qu'elles sont en terre. Si , après avoir arraché des betteraves, on les coupait
au-dessous du collet, elles ne végéteraient plus. Ou pourrait les placer alors
d'autant plus à lair et à la lumière, pour empêcher leur fermentation , ce qui
est très-important , quon n'aurait plus à craindre le développement des
feuilles et des bourgeons. Ija plaie qu'on fait ?insi aux betteraves ne devient
jamais une cause d'altération pouvant amenei' la pourriture de la plante,
quand on a soin de les exposer à une température de 12 à i5 degrés, dans
un air sec. î^a plaie se cicatrise en très-peu de temps, et l'on peut conserver
les betteraves sans qu'elles pourrissent.
" Pour nous rendre compte des effets pratiques de ce moyeu de conserver
les betteraves, au mois de novembre r848, nous avons séparé en deux lots
des betteraves dont le jus pesait alors 7 degrés, et aux betteraves de l'un,
on a coupé la tête au dessous du collet, en laissant les autres dans l'état où
on lesemmagasine ordinairement. Ces deux lots ont été placés dans un endroit
sec, à l'abri delà gelée, où l'air était renouvelé, et y sont restés du mois de
a8,.
( 204 )
novembre à fin février. Alors on en a extrait le jus. Les betteraves qui avaient
conservé leur collet avaient, presque toutes, donné des signes de végétation;
elles ont fourni un jus marquant 2 à 3 degrés. Celles, au contraire, qu'on
avait coupées au-dessous du collet, n'avaient donné ni fouilles ni bourgeons;
elles ont fourni un jus qui marquait de 6 à 7 degrés- «
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la formation artificielle de l'acide lactique et sur
un nouveau corps homologue du gljrcocolle; par M. Adolphe Strecker.
« L'acide lactique, traité par l'oxyde puce de plomb, donne de l'acide
carbonique et de l'aldéhyde; d'un autre côté, comme l'a fait voir M, Engel-
hardt, il se dédouble par Ig, chaleur en oxyde de carbone, aldéhyde et eau.
Ces réactions m'ont conduit à supposer que l'acide lactique pouvait être une
combinaison conjuguée d'acide formique et d'aldéhyde , analogue à l'acide
formobenzoïlique, qui, dans son mode de formation et dans ses réactions,
se comporte comme une combinaison conjuguée d'acide formique et d'hy-
drure de benzoyle (aldéhyde benzoïque).
« Guidé par ces idées, j'ai réussi, en effet, à former l'acide lactique avec
de l'aldéhyde et de l'acide hydrocyanique, qui se transforme facilement en
acide formique.
» Voici le résultat de mes expériences :
» L'aldéhyde ammoniaque et l'acide prussique, traités en solution aqueuse
par l'acide chlorhydrique, se combinent en fixant 1 équivalents d'eau : il se
forme du sel ammoniac et la combinaison chlorhydrique d'un nouveau corps
homologue du glycocolle et de la leucine, que je aomme alanine. f/équation
suivante représente la formation de l'alanine :
C4 H* Oj 4- Ca NH + 2 HO = C, H, NO,.
aldéhyde alatiine
» L'alanine est un isomère de la lactamide, de l'uréthane et de la sarco-
sine ; elle diffère de ces combinaisons par ses propriétés. L'alanine cristallise
en prismes obliques et rhomboïdaux; elle se dissout facilement dans l'eau;
mais elle est insoluble dans l'alcool et dans l'éther. lia solution d'alanine a
une saveur franchement sucrée; elle est sans action sur le papier de tour-
nesol. Exposée à une chaleur modérée, l'alanine n'éprouve aucune altération;
ce n'est qu'a une température supérieure à 200 degrés qu'elle se sublime
sans changer de composition.
» L'alanine se combine avec les acides, et elle donne un sel double avec
le chloridede platine : ces combinaisons, qui ne diffèrent pas, par leur com-
position, des sels formés par les bases organiques, ont une réaction acide.
Elles sont facilement solubles dans l'eau et dans l'alcool. J'ai analysé les
( ao5 ) •
suivantes :
C, H, NO,, NO. H;
CeH,NO,,HCl;
2(C,H,N0,),HGI;
2(CeH,N04),HCl, aPtClj.
" Ij'alanine se combine aussi avec ies oxydes métalliques en formant des
composés sol ubies dans l'eau, et moins solul)les dans l'alcool. Dans ces com-
binaisons, l'oxyde métallique remplace i équivalent d'eau de l'alanine.
J'ai analysé le sel cuivrique , cristallisé en prismes d'une belle cou-
leur bleue (CgHeNOj, CuO + HO), et qui perd i équivalent d'eau à
lao degrés, et les sels argentique (CgHoNO,, AgO), et plombique
(CgHeNO,, PbO + PbO, HO).
» L'alanine se combine aussi avec le nitrate d'argent; cette combinaison ,
dont la composition se représente par CgHjNO,, AgO, NO, , cristallise
en tables rhomboïdales, sans couleur; elle est soluble dans l'alcool.
» Comme on le voit, l'alanine diffère beaucoup par ses propriétés de ses
isomères, l'uréthane et la lactamide; elle se rapproche plutôt de la sarco-
sine, dont elle se distingue cependant par la propriété qu'elle possède de
s'unir avec les oxydes métalliques. C'est donc l'alanine et non pas la sar-
cosine qui est l'homologue du glycocoUe et de la leucine.
» En substituant le valéral à l'aldéhyde, j'espère obtenir la leucine.
» L'alanine n'est pas attaquée parles acides, ni par une lessive de potasse
concentrée et bouillante. Fondue avec l'hydrate de potasse, elle dégage de
l'hydrogène, et il se forme de l'acide hydrocyanique et de l'acide acétique
qui restent combinés avec la potasse.
» Si l'on fait agir du gaz nitreux (NO3) sur une solution d'alanine, il se
dégage beaucoup d'azote : la solution évaporée à une douce chaleur donne
un résidu sirupeux qui, traité par l'éther, lui abandonne un acide que j'ai
reconnu aisément, par ses réactions et pai- l'analyse élémentaire du sel de
zinc, être de l'acide lactique. En effet, l'analyse de ce sel a conduit à la
formule: CjHjOs, ZnO + 3 Aq. A loo degrés, il perd 3 équivalents d'eau.
Il est donc formé par l'acide lactique ordinaire, et ne renferme pas celui
qu'on trouve dans la chair musculaire.
11 La formation de l'acide lactique dans la réaction dont il s'agit se repré-
sente par l'équation
G.HtNO, + NO, = C,H,0„ 4- HO H- 2 N.
alanine acide lactique
Cette réaction n'est pas sans intérêt, surtout si l'on considère que l'acide
( 206 )
lactique dont la formule doit être probablement doublée, dérive du sucre
de raisin par une simple modification moléculaire. »
CHIMIE ORGANIQUE. —Sur un nouveau mode de préparation de l'éthj'lamine ,■
par M. Adolphe Streckeb.
.1 l..es belles recherches de M. Wurtz ont fait connaître une nouvelle
classe de bases organiques, et ont jeté beaucoup de lumière sur la consti-
tution des alcaloïdes en général. Dernièrement, M. Hofmann a découvert
un nouveau mode de formation de ces hases par la réaction de l'ammoniaque
sur les chlorures et bromures des radicaux des alcools. Voici une mé-
thode pour la préparation de lethylamine, qui présente peut-être quelques
avantages.
') Si l'on fait absorber des vapeurs d'acide sulfurique anhydre par de 1 elher
ordinaire, il se forme de l'éther sulfurique proprement dit ou éther sulfa-
tique (C4H5O, SO3), qui, lorsqu'on ajoute de l'eau, reste dissous dans
l'éther excédant, dont il peut être séparé par l'évaporation spontanée.
» L'éther sulfatique, traité par l'ammoniaque, se comporte comme un
acide anhydre; il absorbe cette base en formant le sel ammonique d'un
acide amidé. Ce nouveau sel se représente par la formule
4S03,C,oH,3NO, + Nn,.
4 équivalents de l'éther composé ont absorbé 2 équivalents d'ammoniaque,
dont l'un est entré dans la composition de l'acide. En traitant ce sel par le
carbonate de baryte ou de plomb, il se dégage de l'ammoniaque, et l'on
obtient les sels barytiqucs ou plonibiques du nouvel acide, que je nomme
acide éthainique. Cet acide, traité par une lessive de potasse chaude, déve-
loppe de l'éthylamine, comme j'ai constaté par l'analyse du sel de platine,
qui m'a donné la composition C^HjN, HGI , PtClj.
» Il se forme en outre de l'alcool et de l'acide sulfurique. »
CHIMIE ORGANIQUE. —Sur les matières colorantes rouges de la garance;
par MM. J. Wolff et A. Strecrer.
« .l'ai entrepris, avec la collaboration de M. Wolff, des recherches sur les
matières colorantes rouges de la garance : voici les résultats auxquels nous
sommes arrivés.
» La garance contient deux matières colorantes rouges, qui ont été dési-
gnées depuis longtemps, par MM. Robiquet et Colin , sous le nom d'ali-
zarine et de purpurine. Ce sont les mêmes corps que M. Runge a décrits
( 207 )
sous le nom de Krapproth et Krapppurpur ; M. Debiis les a nommés acide
iizarique et oxjUzarique.
» fia composition de i'alizarine est exprimée par la formule
qui correspond exactement aux résultats des analyses de MM. Schunck et
Debus. r/alizarine est un acide faible, qui s'unit avec les bases en propor-
tions différentes. Voici la table des sels que nous avons analysés et calculés:
Alizarine bydratée Cjo H, Og + (^ HO ;
Alizariue plombique ^(GjoHjOs) + 3PbO;
La même, autre préparation... 3(C2oH505) + 4'^b O ;
Alizarine calcique 2(C2oHg09) 4- 3(GaO, HO);
Alizarine barytique G^oHeOg + a BaO ;
r.a même, autre préparation... 2(C2uH|j08) + 3(BaO, HO) ;
La même, séchée à 120 degrés. 2(C2oH8 0,) + 3BaO;
La même, autre préparation.. . 3(G2oHjO,)+ 2BaO.
» L'acide chloronaphtalique , GaoHjGlOg, découvert par M. fiaurent,
est, comme noire formule de I'alizarine le fait voir, de I'alizarine chlorée.
On sait que cet a(ide forme, avec les oxydes, des sels d'une couleur roufje
ou jaune. Nous avons vainement cherché à transformer cet acide en aliza-
rine, soit par l'amalgame de potassium, soit par le courant électrique au
sein d'une solution alcaline. Gependant nous ne doutons pas que des recher-
ches ultérieures ne puissent faire obtenir une réaction que la théorie présente
comme possible.
» L'alizarine, traitée par l'acide nitrique, donne, outre l'acide oxalique ,
un acide volatil, que VL Schunck a nommé acide alizarique, et dans lequel
iVLVI. Gerhardt et Laurent ont reconnu l'acide phtaliqite. Nous avons
prouvé, par l'analyse élémentaire du sel argentique , qui nous a donné lu
composition GiaH^Ag^Og., que I'alizarine donne, en effet, par l'acide
nitrique, de l'acide phtalique. f/équation suivante rend compte de cette
transformation :
G2oHe06 + 0,+ 2HO = G,eHeO, + G, IJ^Og.
alizarine ac. phtalique ac. oxalique
» M. Laurent a tiouvé que l'acide chloronaphtalique se transforme de
même ,sous l'influence de l'acide nitrique, en acides phtalique et oxalique.
G'est une nouvelle preuve de la liaison intime qui existe entre cet acide et
l'alizarine.
» La purpurine, la seconde matière colorante rouge de la garance, a
pour composition G,,HgOe; elle diffère de l'alizarine par 2 équivalents de
( 208 )
carbone. Elle donne, ainsi que l'alizarine, avec les différents mordants,
toutes les couleurs qu'on produit par la garance. lie rouge d'Andrinople,
produit au moyen de la purpurine, est beaucoup plus beau (moins bleu)
que celui que l'on obtient au moyen de l'alizarine. Ija purpurine est séparée
de l'alizarine par une dissolution concentrée et bouillante de l'alun , dans
laquelle elle se dissout aisément. Elle donne, avec la potasse, une dissolution
rouge-groseille, tandis que la couleur de la solution potassique de l'alizarine
est d'un bleu pur à la lumière réfléchie, et pourpre quand on la place entre
l'œil et la lumière.
" La purpurine, traitée par l'acide nitrique, se transforme aussi en acide
phtalique et en acide oxalique , d'après l'équation :
C,g He Oe + HO 4- O5 = C,e He O, + Cj H O,.
purpurine ac. phtalique ac. oxalique
'• Dans la garance qu'on a fait fermenter en y ajoutant de la levure, à la
température de 3o degrés, nous n'avons trouvé que de la purpurine; il est
très-probable que l'alizarine s'est transformée , dans ces conditions , en
purpurine, ce qui pourrait avoir lieu avec dégagement d'acide carbonique et
d'hydrogène. »
(Les Notes de MM. Strecker et Wolff sont renvoyées à l'examen d'une
Commission composée de .MM. Dumas, Pelouze, Balard.)
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Images photographiques sur papier obtenues au
moyen de la plaque albumine'e et dans un temps très-court, grâce à
l'emploi d'une substance accélératrice. (Extrait d'une Note de M. A.
HUHBERT DE MoLARD. )
(Commissaires, MM. Chevreul, Regnault, Seguier.)
11 L'emploi de la plaque de verre albuminée a marqué un grand progrès
dans l'art de la photographie, et cependant, pour que, grâce au nouveau
procédé, la photographie sur papier ptit, sur tous les points, et notamment
dans les reproductions de la nature animée , lutter avec avantage avec la
photographie sur plaqué, il fallait découvrir pour l'albumine une substance
accélératrice; c'est à quoi je suis arrivé. Ce moyen est très-simple. L'albu-
mine est un corps tenace, se coagulant fortement par l'action des acides, et,
par suite, peu favorable aux opérations photogéniques; mais elle peut être
parfaitement ramenée à ces conditions par le mélange d'une substance quel-
conque qui la divise sans la troubler, qui modifie sa ténacité naturelle en lui
donnant l'onctueux , la souplesse et la porosité d'une feuille de papier.
(209)
» Tous les sucres, les sirops de cassonade, de miel brut et de mélasses,
le sel de lait, le sérum du lait, les mucilages de pépins de coings, de graines
de lin, de guimauve, etc., etc., sont on ne peut plus aptes à remplir ce
but. Fi'acide saccharique des uns, le mucilage et la gomme des autres, le
gluten ou la fécule amylacée de la plupart , celle surtout que contient le
miel brut du commerce, presque toujours frelaté par l'amidon, agissent on
ne peut mieux sur l'albumine pour la disposer aux opérations photographi-
ques... i5 à 20 pour 100 de mélasse, de sirop de cassonade, de miel brut ou
de sérum du lait mélangés à l'albumine donnent de beaux et rapides résultats.
Si l'on veut opérer par les mucilages épais de coings, ou autres semences,
on renverse les proportions; c'est-à-dire que uo à ^5 grammes pour 100
d'albumine suffisent pour favoriser l'adhérence à la glace du mucilage dont
le peu de ténacité lâcherait dans le lavage. Dans toutes les préparations,
I pour 100 d'iodure de potasse suffit grandement.
>i Voici maintenant un autre procédé pour la photographie sur verre ,
tout différent dans ses préparations de ceux connus et employés jusqu'à ce
jour. Les beaux résultats qu'il me donne dépuis longtemps sur papier m'ont
tout dernièrement fait essayer de l'appliquer au verre, et j'y ai réussi au
delà de mes espérances.
» J'enduis les glaces d'une couche d'albumine pure, et les laisse sécher à
plat. Je les coagule par une immersion rapide dans un bain d'acide nitrique
chimiquement pur, de la force de 7 à 8 degrés, et les passe immédiate-
ment dans un autre bain ammoniacal pour neutraliser l'acide. Ces deUx
immersions doivent être rapides, exécutées dans l'espace de quelques se-
condes et sans le moindre temps d'arrêt. En cet état, les feuilles de verre
coagulées présentent un aspect légèrement laiteux et d'une teinte uniforme;
on les passe à l'eau pure , et on les laisse de nouveau sécher debout et sur
un angle, afin de faciliter et activer l'égouttement. Bien sèches, on les pose
sur un support à chlorurer, et, à l'aide d'un pinceau doux, on les enduit
d'une couche d'iodure d'argent Hquide (solution de précipité jaune d'oxyde
d'argent par l'iodure de potassium dissous à saturation complète dans l'eau
distillée). Au bout d'une minute, la feuille de verre est plongée dans l'eau,
où elle prend de suite un ton jaune-or par l'effet de l'iodure d'argent qui se
précipite instantanément de son oxyde. On lave encore la plaque à grande
eau jusqu'à ce qu'il ne reste à sa surface aucune parcelle de précipité non
adhérente , et on laisse sécher. (Toutes ces opérations peuvent être faites au
grand jour. ) En cet état, la plaque est prête, et l'on peut estimer la certi-
C. R., i85o, a"» Semestre ^T. XXXI, N" 7 ) 29
( 210 )
tude d'une réussite par l'intensité de sa couleur qui doit être d'un beau
jaune-or. Elle peut ainsi se conserver des mois entiers sans altération.
n Au moment d'opérer à la chambre noire, on la rend sensible, comme à
1 ordinaire, par l'acéto-azotate d'argent, mais qui peut alors, sans incon-
vénient, être versé dessus goutte à goutte, ou étendu soit au pinceau, soit à
l'aide d'un papier , sans crainte d'aucune fissure ni gerçures. L'albumine
étant coagulée d'avance, l'acide acétique n'a plus sur elle aucune action, et
ne joue d'autre rôle dans l'opération que celui de désunir la potasse d'avec
l'iode, qui vient alors se combiner avec l'argent, etc., etc.
" Les limites restreintes d'une communication par lettre ne me permettent
pas d'entrer dans de plus amples détails sur ce procédé; mais à sa simple
inspection, les amateurs expérimentés apercevront, je l'espère, quelle certi-
tude de réussite doit procurer à l'opération un io.lure d'argent composé,
appliqué d'un seul coup et toujours invariable dans ses proportions. "
A cette Note sont jointes de fort belles épreuves sur papier, obtenues par
les deux procédés indiqués. Toutes ces épreuves, remarque l'auteur, ont été
obtenues à l'ombre en 3o, 4o ou 5o secondes, avec un objectif de 33 centi-
mètres de foyer.
M. Regnault, à l'occasion de cette communication, annonce qu'il est à
sa connaissance que M. Niepce de Saint-Victor a employé également, et
depuis assez longtemps, de semblables substances comme accélératrices
dans les opérations photogéniques au moyen du verre albuminé; l'indication
de cet emploi doit même se trouver dans une Note adressée, depuis quelque
temps, sous pli cacheté, par M. Niepce de Saint-Victor.
GÉOLOGIE. — Sur la constitution minéralogique et chimique de la serpentine
des P^osges. (Extrait d'un Mémoire de M. Delesse.)
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufréuoy. )
La serpentine se trouve dans les Vosges sur un assez grand nombre de
points. Elle y présente des caractères variables; une variété est d'un vert
obscur et une autre d'un brun marron: malgré ces différences de caractères,
ces deux variétés ont des compositions presque identiques , et ce qu'il y a
de plus remarquable, c'est qu'elles sont, sous ce rapport, presque identi-
ques avec des serpentines de la Saxe et du Harz, analysées par Wogel,
SchMreizer, Jackson et Nultal. Il en résulte que malgré que la serpentine
( an )
n'offre aucun caractère de cristallisation, elle devrait, par la constance de
sa composition, être considérée comme une espèce distincte.
Dans ce travail, M. Delesse a, en outre, étudié la composition des
minéraux nombreux qu'on trouve dans la serpentine. Nous ne saurions
donner le détail de cette partie du Mémoire de M. Delesse. Nous dirons seu-
lement que les grenats qui y existent en abondance sont beaucoup plus riches
en magnésie que les grenats les plus généralement répandus dans les roches;
ils offrent, sous ce rapport, une remarquable analogie avec la composition
de la serpentine qui les contient.
CHIRURGIE. — Des fistules vésico-utérines et vésico-utéro-vaginales ;
par M. le D'' Jobert, de Lamballe. (Extrait par l'auteur.)
(Commission précédemment nommée.)
« Traitement des fistules vésico-utérines. — Jusqu'à présent on n'a que
fort peu connu les fistules vésico-utérines, et leur traitement était tout aussi
peu avancé que leur histoire. Ce n'est que dans ces derniers temps qu'on a
conseillé de les attaquer par le nitrate d'argent porté dans l'intérieur du col
utérin. Ce caustique est trop difficile à manier sur une partie que l'on ne voit
pas, pour qu'on puisse compter sur ses effets salutaires. Il est évidemment
impossible, d'ailleurs, d'obtenir l'oblitération de ces fistules par un agent
aussi peu énergique, et qui ne pourrait avoir que le funeste résultat de
produire une inflammation violente si l'on en faisait un usage immodéré.
C'est par le bistouri , c'est par le ravivement et la suture que je propose de
tenter la guérison de ces fistules. Deux procédés peuvent conduire au ré-
sultat désiré.
» Premier procédé. — Dans ce procédé on tente la guérison de la fis-
tule e^n oblitérant seulement son ouverture de communication avec la vessie,
en laissant en dehors le conduit utérin :
» ï°. Je commence par agrandir, à droite et à gauche , le col de l'utérus ,
dans le sens des commissures; 2° le vagin est intéressé, et sa dissection , qui
se fait latéralement et en haut, exige une grande attention. Le doigt est, de
temps en temps, porté de bas en haut, entre les lèvres de la plaie, pour
reconnaître l'ouverture vésicale. Aussitôt que celle-ci est reconnue , le mu-
seau de tanche est relevé, et le ravivement est pratiqué avec les pinces, les
ciseaux et le bistouri boutonné. Des points de suture sont ensuite appliqués
dans le sens où le rapprochement des lèvres de la plaie est le plus facile.
» Deuxième procédé. — Dans ce procédé on obtient la guérison en inter-
29..
( 212 )
rompaat toute communication entre l'utérus et le vagin, si bien que la vessie
seule a une libre communication avec la matrice. Ici le ravivement ne porte
plus seulement sur l'ouverture vésicale, mais il s'étend à la surface du col
utérin ; car il s'agit de fermer toute communication entre le vagin, l'utérus et
la vessie. Le ravivement doit être opéré avec lenteur, et après avoir incisé à
droite et à gauche le col de l'utérus dans le sens des commissures. Le bistouri
ne doit pas porter seulement sur la surface du col, mais il doit encore ra-
viver ce qui demeure du col utérin ; il faut , en un mot , rendre cette rigole
saignante, et la mettre de niveau avec le reste du col utérin dont on enlève
des espèces de copeaux. Après ce ravivement on a deux surfaces saignantes,
que l'on adapte très-facilement l'une à l'autre. Lorsque ce ravivement est
complet, on s'occupe de pratiquer la suture. On applique d'abord deux
points de suture latéraux dans le sens des commissures , puis un point de
suture médian. Ces trois points de suture représentent trois anses qui com-
prennent une certaine épaisseur du col de l'utérus et du vagin. Ils doivent
être appliqués en bas du conduit utérin, afin de laisser libres les parties
supérieures de ce canal. Le recollement de la cloison et du col de l'utérus
dans cette région déclive, permet donc à la vessie et à l'utérus de commu-
niquer ensemble.
" Les fils peuvent être retirés successivement du sixième au dixième jour.
•' Fistules vésico-utéro-vaginales.— Cette espèce de fistule est visible à
l'œil; mais comme il n'existe plus dans le point où la fistule se rencontre de
vagin inséré au col , ce n'est qu'en disséquant celui-ci latéralement et qu'en
l'incisant profondément d'avant en arrière, et en faisant concourir le col de
l'utérus à la réparation autoplastique , que l'on peut refaire l'organe détruit.
Trois temps distincts signalent ce procédé opératoire.
» Premier temps. — f^e vagin est décollé circonférencielleraent là où ses
restes s'insèrent encore sur le col de l'utérus, et des incisions latérales, faites
obliquement sur les côtés et de haut en bas , permettent à ce conduit de se
relâcher et aux lèvres de la fistule de se rapprocher.
» Deuxième temps. — On procède au ravivement des restes de la cloison
et du col utérin. Pendant le ravivement, on doit se rendre compte de
l'étendue du désordre et du point où s'arrête l'altération. Je regarde comme
très-importante cette appréciation, qui conduit le chirurgien, lorsque le
conduit utérin n'est pas ouvert très-haut, à relever la cloison, de ma-
nière à laisser libre dans le vagin l'ouverture utérine. Mais, lorsque l'alté-
ration remonte trop haut, la conservation du conduit utérin est impos-
sible, et alors il est tout à fait inutile de remonter la cloison au-dessus du
( =»>3)
niveau auquel elle correspond, .et l'on peut alors fixer la cloison dans le
point que l'on juge le plus convenable, et dans l'endroit, par conséquent ,
où elle subit le moins de tiraillement.
» Troisième temps. — Dans ce troisième temps, on fixe la cloison sur le
col, e( l'on met deux larges surfaces saignantes en contact. On les fixe par
des points de suture. Les fils doivent être disposés de manière qu'ils tra-
versent la cloison et une grande partie de l'épaisseur du col de l'utérus. S'il
existe encore de la tension dans les parties , on la fait céder par des incisions.
On enlève les fils du sixième au quinzième jour.
I) Traitement des fistules vésico-vaginales avec destruction du vagin à
son insertion au col de Vutérus. — Ces fistules, ainsi que je l'ai dit, peuvent
exister avec un simple décollement en apparence, tant la perte de substance
est peu considérable, et alors on peut réparer en une seule fois la grave
lésion qui existe. D'antres fois le décollement existe, et, de plus, il y a une
perte de substance suivant la longueur du vagin. C'est dans celte fistule en
fer à cheval qu'il convient de pratiquer l'opération en deux temps.
» Que se passe-t-il entre les surfaces mises en contact? quelle est la marche
que suit la nature pour arriver à l'agglutination et la fusion de ces diverses
parties entre elles?
» On se demande comment des parties qui ne contiennent que peu de
1 élément réparateur, le canevas des organes, peuvent se réunir par première
intention? ne sait-on pas, en effet , que jusqu'à présent on a regardé le moyen
de cicatrisation, avec ou sans suppuration, comme étant fourni par le tissu
cellulaire, les membranes séreuses et les tissus qui s'en rapprochent par leur
structure. C'est du moins là la source que l'on paraît avoir donnée à la mem-
brane des bourgeons et à la lymphe plastique. Eh bien, on ne retrouve,
ainsi que je l'ai prouvé, aucune trace de tissu cellulaire dans l'épaisseur du
corps' et du col de l'utérus, il y en a seulement autour de cet organe, et
encore se trouve-t-il détruit par la gangrène. La cloison seule, qui contient
la trame cellulaire, fournirait donc le produit de cicatrisation. S'il en est
ainsi, on devrait peu compter sur la réunion par première intention. Pen-
dant longtemps cette idée m'a vivement préoccupé , et la question anato-
inique faisait naître en moi une hésitation qui n'était pas favorable à des
essais, à des entreprises opératoires de la nature de celles dont j'ai parlé.
Somme toute, dans cette région on rencontrerait donc peu de sources de
cicatrisation , et peu de certitude pour rétablir la continuité des tissus. Toutes
ces idées, justes jusqu'à un certain point , n'embrassent pourtant qu'une partie
de la vérité. La nature sait mieux calculer ses efforts que le médecin et le
( 2i4 )
physiologiste ne savent les apprécier et les juger. Tout travail morbide,
toute division d'organe amène inévitablement la déposition en quantité va-
riable de fibrine spontanément coagulable, ainsi que les recherches de
MM. Andral et Gavaret l'ont prouvé. Il résulte de là que c'est de la lymphe
qui se trouve déposée partout où des vaisseaux sont ouverts et où un travail
réparateur quelconque peut se faire.
" Il est donc permis d'espérer, ici comme ailleurs, l'agglutination et la
fusion de parties, quoique dissemblables par leur structure, au moyen de la
lymphe plastique. Mais comme la lymphe s'organise moins promptement et
se vitalise moins vite dans des organes qui lui semblent, en apparence, si
contraires, les surfaces, pour se réunir, ont besoin de demeurer longtemps
en contact. I^e travail d'organisation ne se passe pas seulement entre les
surfaces saignantes mises en contact , mais il s'étend à toutes les parties que
baigne le liquide urinaire. Il est évident que les surfaces se couvrent d'une
membrane de nouvelle formation, qui se met en "rapport, par sou mode de
sensibilité, avec l'urine. »
PHYSIOLOGIE. — Étude sur quelques points de la physiologie du cœur;
par M. L.-A. Fatou. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Andral, Regnault, Rayer.)
« Les résultats des recherches que j'ai l'honneur de soumettre au juge-
ment de l'Académie peuvent se résumer dans les propositions suivantes, dont
plusieurs, je le sais, ne sont pas nouvelles, mais ne me paraissaient pas jusqu'ici
suffisamment prouvées.
» Le volume total du système vasculaire contenu dans la poitrine reste
sensiblement le même pendant toute la durée d'un battement complet du
cœur ; la contraction des différentes parties du cœur change peu le volume
total de cet organe.
>i Les changements de capacité des oreillettes et des ventricules résultent
principalement du déplacement de la cloison auriculo-veatriculaire, qui
subit, par le fait des mouvements propres du cœur, des déplacements plus
étendus que ceux que subit toute autre paroi du cœur: la dilatation des ca-
vités du cœur résulte principalement de l'antagonisme de fibres musculaires
qui s'insèrent de chaque côté de cette cloison, de la tendance des poumons
au resserrement et de l'afflux du sang à l'intérieur des cavités du cœm\
1) La forme des ventricules est importante pour le jeu du cœur : de cette
forme résulte que les ventricules , en se contractant et perdant de leur vo-
( 2i5 )
lume uu volume égal à celui du sang qu'ils chassent , ne tendent à laisser
sensiblement de vide que du côté de leur base , et qu'ils ne déplacent pas
notablement les parties des poumons et des parois pectorales dont ils sont
séparés par le péricarde.
» Le cœur aspire le sang veineux et contribue ainsi directement à son
mouvement et indirectement à celui de la lymphe; cette aspiration doit
être en partie la cause de l'absorption qu'exercent les veines et les lympha-
tiques.
» L'impulsion précordiale de la pointe du cœur est due, en grande partie,
à la poussée qui s'exerce sur la paroi opposée aux orifices d'écoulement des
ventricules au moment de leur contraction.
» Le premier bruit du cœur est dû en partie à la tension brusque des
cordages tendineux qui s'insèrent aux valvules auriculo-ventricnlaires.
» Le cœur et les vaisseaux de la poitrine augmentent un peu de volume
pendant l'inspiration et diminuent pendant l'expiration : les mouvements
respiratoires contribuent à produire la circulation du sang, et leur grande
énergie augmente sensiblement la vitesse de la circulation et la force d'as-
piration du cœur; la vitesse de la circulation n'est pas en rapport exact
avec la fréquence du pouls.
» Le sang veineux, quand le cœur est exempt de toute lésion, continue
à affluer dans le cœur pendant la contraction des oreillettes; l'expiration
ne produit pas de reflux, de cours rétrograde, du sang veineux. »
PHYSIOLOGIE. — Remarques sur l'élévation générale de température qui
accompagne nécessairement le développement de toute inflammation
locale; par M. Vaimner.
(Commissaires, MM. Magendie, Rayer. )
« Dans la Note que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie , je me suis
attaché, dit l'auteur, à démontrer qu'une inflammation locale ne peut pas
se développer sans que la chaleur générale du corps s'élève au-dessus de
38 degrés, c'est-à-dire au-dessus de ce qu'elle est dans l'état de santé; une
fois d'ailleurs que l'inflammation locale a commencé , le point malade de-
vient un centre d'irradiation , et contribue à élever la température de tout
le reste du coips. »
MÉDECINE. — Recherches sur le choléra-morbus. Question de la contagion;
par M. Pellarin.
(Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgi*».)
( ai6)
M. CoLRTY demande l'ouverture d'un paquet cacheté àé\to%é en son nom
le 5 août dernier. Ce paquet, ouvert en séance , renferme une Note concer-
nant un instrument imaginé par l'auteur pour extraire de la vessie d'un
homme une tige métallique qui y était tombée , et l'emploi qui a été fait
avec un plein succès du nouvel instrument.
(Commissaires, MM. Roux, Lallemand.)
M. Prangé adresse, à l'occasion récente d'un Mémoire de M. Cartier, sur
la castration des vaches par le vagin, une réclamation ayant pour objet de
prouver que la première idée de ce procédé opératoire lui appartient. Il cite
à l'appui de cette assertion un article qu'il a fait paraître dans le Moniteur
agricole, numéro d'avril i85o, article dans lequel, rendant compte d'une
castration par le flanc qu'avait pratiquée M. Carlier, et des causes de Tin-
succès qu'avait eu cette opération , il propose d'arriver aux ovaires par le
vagiu, et d'opérer la destruction de ces organes au moyen d'une simple tor-
sion, sans aller jusqu'à l'arrachement.
(Renvoi à la Commission nommée à l'époque de la présentation du Mémoire
de M. Carlier. )
MM. BoBiERRE et Cartier soumettent au jugement de l'Académie les ré-
sultats des recherches qu'ils ont faites en commun i-elativement à la conser-
vation des céréales.
Après avoir exposé les causes de destruction qu'il faut combattre , et dis-
cuté les divers moyens auxquels on a eu jusqu'ici recours dans ce but, les
auteurs s'attachent à prouver qu'aucun des moyens qui ont été proposés,
même ceux qui réussissent plus ou moins complètement dans d'autres cli-
mats, ne pourront avoir de succès dans le nôtre. Pour assurer pendant un
temps illimité la conservation des grains, soit en France, soit dans des pays
placés à peu près dans les mêmes circonstances climatologiques, il faut,
avant tout, l'amener à un état de siccité convenable, et empêcher qu'il ne
prenne ensuite de l'humidité; il faut le renfermer dans des réceptacles assez
bien clos pour interdire l'entrée aux insectes qui l'attaquent; il faut enfin
détruire jusqu'aux germes de ces insectes qu'il avait reçus avant d'être dé-
posé dans les réceptacles où il doit séjourner. L'emploi du gaz oxyde de
carbone, auquel certains chimistes ont pensé, remplirait bien, jusqu'à un
certain point, cette dernière indication; lâais, outre que l'opération, telle
qu'on l'a proposée, serait fort coûteuse, elle n'aurait qu'un effet passager,
tant que le grain ne serait pas contenu dans des réceptacles fermant hermé-
( 217 )
tiquement. Les silos de plomb que l'on avait proposés et auxquels il a fallu
renoncer parce qu'ils coûtaient trop cher, eussent assuré le succès de cette
opération. Mais on peut atteindre le but d'une manière plus économique; car,
avec du zinc laminé soutenu par des membrures en bois convenablement dis-
posées, on construit des silos qui remplissent toutes les conditions exigées.
Ceux que les auteurs ont employés dans leurs expériences sont des prismes
triangulaires : une tubulure disposée à la partie inférieure de chacune de ces
caisses permet l'introduction du gaz délétère (acide carbonique provenant de
la décomposition du calcaire par l'acide sulfurique, ou bien de la combustion
du charbon au moyen de l'appareil employé dans les raffineries pour décom-
poser le saccharate de chaux); une tubulure supérieure, dont on dirige de
temps à autre le courant gazeux sur de l'eau de chaux, permet d'apprécier
l'instant où l'acide carbonique a rempli la capacité entière.
Avant d'être introduit dans ces silos, le blé a été préalablement desséché
par une exposition prolongée à une température de 5o à 60 degrés; cette
opération, ainsi que les auteurs s'en sont assurés, ne produit aucun mauvais
goût dans les farines fabriquées. Ils annoncent avoir également constaté que
l'emploi de l'acide carbonique n'entraîne aucune sorte d'inconvénients. Quant
à la dépense, ils font remarquer que si les frais de premier établissement
sont un peu considérables, on a chaque année, tant que durent les silos, une
économie notable sur les dépenses de main-d'œuvre, le remuage à la pelle
étant complètement supprimé.
(Commissaires, MM. de Gasparin, Payen , Decaisne.)
M. Prosper Lucas, auteur d'un ouvrage présenté au concours pour les prix
de Médecine et de Chirurgie , adresse, conformément à une des prescriptions
établies pour ce concours, l'indication de ce qu'il considère comme neuf
dans "son travail, qui est relatif à la question de l'hérédité naturelle dans les
états de santé et de maladie du système nerveux.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
CORRESPONDANCE.
ÉCONOMIE RURALE. — Demande d'instructions pour l'introduction d'une
plante alimentaire^ /'aracacha. (Lettre de M. le Ministre de l'Agriculture
ET DU Commerce. )
" J'apprends qu'un voyageur distingué, M. Wisse , depuis quelques
années en Amérique, est sur le point de revenir en France, en traversant la
C K., i85o, a"" Semestre. (T. XXXI, N" 7.) 3o
( ai8 )
Nueva-Grenada. Je serais heureux de saisir cette occasion d'essayer de doter
la France de Varacacha, qui, dans les Cordilières, rivalise avec la pomme
de terre.
» Je suis persuadé qu'une instruction émanée de l'Académie, et le dévoue-
ment éclairé de M. Wisse pour la mettre en pratique, donneront à cette
tentative de grandes chances de succès.
» Je viens, en conséquence, vous prier de vouloir bien faire nommer
par l'Académie une Commission qui rédigerait une instruction à ce sujet. »
(Une Commission, composée de MM. Boussingault, de Gasparin et De-
caisne, est chargée de rédiger l'instruction demandée pour M. Wisse.)
Le HÈHE Ministre transmet quatre figures d'un veau monstrueux qui lui ont
été adressées par M. Larget, médecin vétérinaire à Tulle (Corrèze). Trois
de ces figures , exécutées au daguerréotype , représentent l'animal sous autant
d'aspects différents; la quatrième figure est peinte à l'huile et dans de plus
grandes dimensions.
Ces pièces sont renvoyées à l'examen de M. Isidore Geoffroy, qui jugera
s'il y aurait de l'intérêt à examiner anatomiquement la pièce tératologique.
M. le Ministre de l'Intérieur invite l'Académie à lui faire connaître le
jugement qui sera porté sur les résultats des essais faits par M. Baude-
locque pour rendre à un jeune enfant, sourd-muet de naissance, la faculté
de l'audition, résultats qui sont tels, selon M. Baudelocque, que cet enfant
peut, comme un autre, profiter de l'enseignement oral.
(Renvoi à la Commission qui avait été nommée à l'époque où M. Baude-
locque annonça l'intention d'entreprendre ces essais, Commission à laquelle
M. Serres est prié de s'adjoindre.)
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Note sur le liquide amniotique de la femme;
par M. J. Regnauld.
« La difficulté que l'on éprouve à se procurer chez la femme le liquide
amniotique à l'état de pureté, la très-faible quantité de principes solides
qu'il contient, environ 0,012 du poids total, expliquent assez le désaccord
des observateurs sur sa véritable composition, et autorisent les doutes des.
physiologistes sur ses rapports avec les sécrétions du fœtus.
" Ayant pu recueillir, dans le service de clinique obstétricale de M. P.
Dubois, des quantités assez considérables de liquide amniotique parfaitement
pur, j'ai procédé à son analyse qualitative. Je ferai remarquer que, dans de
petites quantités de liquide, 5o ou 60 grammes, bien que je n'eusse pas pu
( ai9 )
isoler l'urée, j'avais de fortes présomptions sur son existence, ayant observé
que le chlorure de sodium , abandonné par une solution alcoolique faible de
cette matière desséchée, prend constamment la forme octaédrique.
» Pour extraire l'urée, j'ai fait évaporer 800 grammes de liquide amnio-
tique au bain-marie jusqu'à réduction au tiers du poids total. L'évaporation
doit être achevée sous le récipient de la machine pneumatique, en présence
de 1 acide sulfurique. Sans cette précaution, la très-petite quantité d'urée
contenue dans la liqueur se détruit à la température de 90 ou 100 degrés, en
présence des sels à réaction alcaline qu'elle renferme. La masse, séchée dans
le vide, est reprise à froid par quatre ou cinq fois son poids d'alcool absolu
employé par fractions. Cette solution est séparée d'un dépôt formé de la ma-
tière albuminoide et de différents sels à acides inorganiques , tels que phos-
phates de soude et de chaux, carbonate de soude, chlorure de sodium.
I/alcool , ainsi employé , dissout l'urée , et ne se charge pas de principes
colorants et de matière grasse, ce qui aurait lieu à chaud. Cette liqueur,
abandonnée à l'évaporation dans le vide, ne donne pas encore de cristaux
d'urée; elle se solidifie incomplètement, et devient comme résineuse. Cela
tient à ce que l'alcool absolu, même froid, dissout un sel sodique à acide
organique (acide lactique) , qui entrave la cristallisation de l'urée. Mais en
traitant cette masse résinoïde par l'éther pur et bouillant, on obtient une so-
lution qui, par l'évaporation spontanée dans une capsule de verre, laisse
cristalliser des aiguilles prismatiques blanches qui offrent tous les caractères
de l'urée. Ainsi la forme de ces cristaux est identique, au microscope, avec
celle de l'urée pure dissoute dans l'éther : ils se dissolvent rapidement à froid
dans l'eau distillée, et précipitent par l'acide azotique un sel blanc, très-
peu soluble à froid, cristallin, qui, observé au microscope, a exactement la
forme du nitrate d'urée. Ces cristaux, projetés dans un tube contenant une
solution de nitrite de mercure, produisent un abondant dégagement d'azote.
•' Je m'occupe de déterminer avec précision les autres principes immé-
diats du liquide amniotique; j'adresserai mes résultats à l'Académie dès que
j'aurai isolé et purifié ces composés de façon à ne conserver aucuu doute sur
leur véritable nature. " ' ' r '
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les étoiles filantes du mois d'août. (Note de
M. Coulvier-Gravier. )
" Nos observations sur les étoiles filantes, apparues à l'époque du maximum
d'aotlt de cette année et dans les jours qui ont précédé et suivi cette époque,
3o..
( 220 )
ont donné les nombres suivants pour les météores apparus , par un ciel
serein , en une heure aux environs de minuit.
Nombre horaire
Epoque. i minuit.
3o juillet 1 3 étoiles.
2 août , . . i5
3..... 20
4 28
7 37
8 44
9 77
10 84
II 80
» Une fifjure, jointe à notre Note, montrera mieux la marche ascendante
du phénomène, qui entre maintenant dans sa période décroissante.
» Ces nombres indiquent que le maximum ne dépasse pas les limites or-
dinaires. En fait de globes filants ou bolides, nous avons vu les sept météores
suivants :
Henres et minutes Grandeur
Epoque. de la nuit. des météores.
3 août i2''25'° 2." grandeur.
8 12. i3 2"
9 2.12 2*
10 11.35 i"
1 2 . 5o 3'
12.55 3«
II I o . 36 3"
» Ces globes filants portent le nombre de ceux que nous avons déjà
observés à cent trois. Si nous ne les annonçons pas chaque fois à l'Aca-
démie, c'est pour ne pas abuser de ses moments. Au reste, l'étude ne peut
en être bien faite que dans leur ensemble; ce sera la matière d'une exposition
détaillée dans une des livraisons de notre grand ouvrage, dont la partie his-
torique est déjà publiée, et dont la livraison prochaine, retardée dans le but
d'augmenter le nombre des faits, contiendra les premières généralités sur
ce phénomène curieux. Les matériaux dont nous disposons, et que nous
mettons en ordre au fur et à mesure, sont tellement considérables , que nous
ne craignons plus de variations sensibles dans les résultats généraux et les
lois que nous établirons. »
{ 221 )
M. RoNMY donne quelques détails sur le météore lumineux du 5 juin , qu'il
a eu occasion d'observer à Passy.
La Note est principalement relative aux changements de forme du mé-
téore qui, d'après M. Ronmy, aurait présenté successivement l'aspect d'un
disque parfaitement circulaire, puis échancré à sa partie inférieure, puis
comme évidé au centre, enfin comme composé de deux croissants affrontés ;
ce serait au moment où il présentait cette dernière forme qu'auraient, au
dire de l'auteur, commencé à se montrer des étincelles qui semblaient le
précéder plutôt que le suivre dans son mouvement descendant, et qui con-
tinuèrent à être visibles quelques instants après sa complète extinction.
M. Pennington adresse , de Baltimore (Etats-Unis d'Amérique ) , une Note
manuscrite et un prospectus imprimé concernant un projet de ballon à
vapeur sur lequel il souhaiterait que l'Académie des Sciences voulût bien se
prononcer.
La Note manuscrite n'ajoutant aucun nouveau renseignement à ceux qui
se trouvent dans la Note imprimée, il n'y a pas lieu, d'après les usages de
l'Académie , à la renvoyer à l'examen d'une Commission.
L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés , présentés l'un
par M. NiCKLÈs, et l'autre par M. PtAcr.
La séance est levée à 5 heures. F.
»»»o«
( 232 )
BULLKTIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 12 août i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Com/Hes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences;
2"" semestre i85o ; n° 6; in-4".
Annales de Chimie et de Physique, par MM. Gay-IjUSSAC, Arago, Ghe-
VREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault et Regnault; 3* série, t. XXIX;
août i85o; in-8°.
Annuaire de chimie comprenant les applications de cette science à la méde-
cine et à la pharmacie , ou répertoire des découvertes et des nouveaux travaux
en chimie faits dans les diverses parties de l'Europe; par MM. E. MlLLON et
J. Reiset, avec la collaboration de M. J. NiCKLÈs. Paris, i85o; i vol. 10-8".
De l'insalubrité des rizières. Note lue à l'Académie du Gard par M. le
D'Ph. Boileau-Gastelnau. Paris, i85o; broch. in-8°.
Mémoire à consulter pour le Lycée des arts, sciences, belles- lettres et industrie
de Paris. Paris, i85o; broch. in-8°.
Annales de la Société entomologique de France; 2* série , tome VIII , 2^ tri-
mestre, i85o; in-S".
Annales de la Société centrale d'Horticulture de France; volume XLI;
juin i85o; in-8''.
Annales forestières ; 2* série, tome IV, n° 7; juillet i85oj in-8°.
Répertoire de Pharmacie, j-ecueil pratique , rédigé par M. le D"^ A. Bou-
GHARDAT; 7* année, tome VII, oP 2; août i85o; in-8°.
Memorie. .. Mémoire géologique sur la Campanie; par M. A. ScACCHi.
Naples, 1849; i''i"4°- (Extrait des Comptes tr^ndus de l'Académie royale des
Sciences de Naples.) Présenté, au nom de l'auteur, par M. Dufrénoy, qui
est invité à en faire l'objet d'un Rapport verbal.
( 2a3 )
Aiinali. . . Annales des Sciences physiques et m'ithémn tiques; par M. Bar-
nabe TORTOLINI ; juillet i85o; in-8°.
Revista. . . Revue chimico-pharmaceutique de Madrid; n" 7; 2 août i85o;
in -8°. : ^
Monalbericht. . . Comptes rendus mensuels des séances de l'Académie royale
des Sciences de Prusse; mai i85o ; in-8°.
Astronoiiiische. . . Nouvelles astronomiques de VI. Schumacher; n" 72.5.
Gazelle médicale de Paris; n" 3» ; in-4''.
Gazette des Hôpitaux ; n°' gS à g5.
ERRATA.
(Séance du 29 juillet i85o.
Page 142, ligne i3, ajoutez: Une Commission , composée de MM. Duméril, Andral,
Rayer, Decaisne, est invitée à faire les expériences nécessaires pour constater, autant que
la chose est possible dans notre pays, l'action thérapeutique attribuée aux graines du cédron.
Les spécimens de ce fruit, joints à la Note de M. Jomard, seront remis à cet effet aux Mem-
bres de la Commission.
( 224 )
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 19 AOUT 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES GORftESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
THÉORIE DE LA LUMIÈRE. — Sur les rayons de lumière réfléchis et réfractés
par la surface d'un corps transparent et isophane; par M. Augustin
Cauchy.
« Dans lavant-dernière séance, j'ai appliqué les principes que j'avais
précédemment établis, à la réflexion et à la réfraction de la lumière opérées
par la surface extérieure d'un corps transparent. Je vais aujourd'hui déve-
lopper les conséquences de mon analyse, dans le cas spécial où le corps
transparent est isophane.
•< Los corps transparents et isophanes sont de deux espèces. Il en est à
travers lesquels peuvent se propager des rayons lumineux simples, doués
de la polarisation recliligne. Il est d autres corps isophanes qui possèdent ce
qu'on a nommé le pouvoir rotatoire^ et dont la structure se prête à la pro-
pagation simultanée de rayons lumineux simples polarisés circulaireraent en
sens contraires. Ajoutons que, pour expliquer les phénomènes de réflexion
et de réfraction, il est nécessaire de teniV compte, non-seulement des rayons
L. K., i85o, 2™« Semestre (T. XXXI, N" 8.) 3l
; ^ ( aa6 )
visibles réfléchis ou réfractés, mais encore d'autres rayons que nous appe-
lons évanescents, que la théorie met en évidence, et qui échappent à l'ob-
servateur, parce qu'ils deviennent insensibles à de très-petites distances des
surfaces réfléchissantes ou réfringentes.
» Cela posé, concevons qu'un corps transparent et isophane étant terminé
par une surface plane, on fasse tomber sur cette surface un rayon simple
doué de la polarisation rectiligne. Si le corps ne possède pas le pouvoir
rotatoire, la réflexion et la réfraction donneront naissance à deux rayons
réfléchis et à deux rayons réfractés, l'un visible, l'autre évanescent. Alors
aussi les lois de la réflexion et de la réfraction seront fournies, dans une
première approximation , par les formules de Fresnel, qui supposent que le
rayon réfléchi est toujours doué, comme le rayon incident, de la polarisa-
tion rectiligne. Observons que ces formules, qui contiennent les angles d'in-
cidence et de réfraction, peuvent être censées renfermer, avec l'angle d'in-
cidence, un seul élément, savoir, celui qu'on noumie Vindice de réfraction.
Ajoutons qu'en vertu des formules de Fresnel un rayon réfléchi sous l'angle
qui a pour tangente l'indice de réfraction, devra toujours être complètement
polarisé dans le plan d'incidence. Dans la réalité , il en est autrement. Lors-
qu'un rayon simple doué de la polarisation rectiligne tombe sur la surface
extérieure d'un corps transparent et isophane, la réflexion donne générale-
ment naissance à un rayon doué de la polarisation elliptique; et si, afin de
mieux observer les phénomènes, on substitue la lumière solaire à la lumière
diffuse, comme l'a fait M. Jamin , les résultats des expériences devenues
plus exactes seront conformes, non aux formules de Fresnel, mais à celles
que j'ai données en iSSg, et qui renferment, avec les angles d'incidence ei
de réfraction déjà contenus dans les anciennes formules, un nouvel élément,
savoir, celui que M. Jamin appelle le coejjficient d'ellipticité.
" Les nouvelles formules que renferme le présent Mémoire se rapportent
au cas où le corps transparent et isophane que l'on considère est un corps
qui possède le pouvoir rotatoire. Alors les lois de la réflexion et de la ré-
fraction des rayons lumineux diffèrent de celles que j'ai données en iSSg,
et la théorie, devançant l'expérience, indique de nouveaux phénomènes
qui semblent d'autant plus digues d'attention qu'ils n'ont pas encore été, du
moins à ma connaissance, observés par les physiciens. Parmi les phénomènes
dont il s'agit, on doit surtout remarquer ceux qui sont relatifs à la réflexion
de la lumière. Disons en peu de mots en quoi ils consistent.
» Lorsqu'un rayon simple, et doué de la polarisation rectiligne, tombe
sur une surface plane qui termine un corps transparent et isophane , ce
( 227 ^
rayon peut toujours être censé résulter de la superposition de deux rayons
simples polarisés, l'un dans le plan d'incidence, l'autre perpendiculairement
à ce plan. De ces deux rayons superposés, chacun continue d'être, après la
réflexion, polarisé rectilignement, quand le corps donné ne possède pas le
pouvoir rotatoire. Seuleiiient alors la phase d'un rayon primitivement pola-
risé dans le plan d'incidence est toujours augmentée d'une demi-circonfé-
rence, tandis que la phase d'un rayon primitivement polarisé dans un plan
perpendiculaire au plan d'incidence est augmentée d'un arc qui varie avec
l'incidence; cet arc se réduisant à zéro pour l'incidence perpendiculaire, à
une demi-circonférence environ pour l'incidence rasante, et croissant dans
l'intervalle avec l'angle d'incidence. Ajoutons que l'arc dont il s'agit croît
très-lentement dans le voisinage des incidences perpendiculaire et rasante,
et que, par suite, il peut être censé s'élever de la limite zéro à la limite n,
tandis que l'angle d'incidence varie entre deux limites très-rapprochées l'une
de l'autre. Le même arc acquiert la valeur moyenne -■> pour l'incidence ap-
pellée principale, dont la tangente se réduit sensiblement à I indice de ré-
fraction. Cela posé, il est clair que, si le plan de polarisation d'un rayon
incident forme un angle aigu avec le plan d'incidence , le rayon réfléchi sera
doué de la polarisation rectiligne dans le voisinage de l'incidence perpendi-
culaire ou rasante, et de la polarisation elliptique, dans le voisinage de l'in-
cidence principale. Mais cette polarisation elliptique du rayon réfléchi sera
uniquement due à la différence entre les phases qu'acquerront après la ré-
flexion les deux rayons superposés l'un à l'autre dans le rayon incident,
et polarisés l'un dans le plan d'incidence, l'autre dans un plan perpen-
diculaire.
» Il en sera tout autrement si le corps isophane donné possède le pou-
voir rotatoire. Alors les formules qui représenteront les lois de la réflexion
et de la réfraction renfermeront, outre l'angle d'incidence, deux angles de
réfraction qui correspondront aux deux rayons réfractés , polarisés circulai-
rement en sens contraires, et un coefficient d'ellipticité. Ces formules pour-
ront donc être censées renfermer, avec l'angle d'incidence, non plus im
seul élément, mais trois éléments, savoir : le coefficient d'ellipticité dont il
s'agit, et deux indices de réfraction, ou, ce qui revient au même, la diffé-
rence entre ces deux indices, et l'indice de réfraction moyen. Alors aussi la
réflexion d'un rayon simple polarisé dans le plan d'incidence ou perpendi-
culairement à ce plan donnera généralement naissance, non plus à un rayon
3...
( 228 )
qui reproduira le même mode de polarisation, mais à uo rayon doué de la
polarisation elliptique. Entrons à ce sujet dans quelques détails.
» Concevons d'abord que le rayon incident soit polarisé dans le plan d'in-
cidence. Alors le rayon réfléchi sera doué lui-même de la polarisation rec-
tiligne, et polarisé dans le plan d'incidence, si l'anpjle de réfraction moyenne
se réduit à la moitié d'un angle droit. Mais, si l'angle de réfraction moyenne
diffère d'un demi-droit, le rayon réfléchi sera doué de la polarisation ellip-
tique, et résultera de la superposition de deux rayons polarisés, l'un dans le
plan d'incidence, l'autre perpendiculairement à ce plan. D'ailleurs de ces
deux rayons superposés, le premier sera très-sensible, et le même, à très-
peu près, que si le corps isophane possédait le pouvoir rotatoire dont il est
doué, l'indice de réfraction moyenne demeurant invariable. Au contraire, le
dernier des deux rayons superposés sera peu sensible , et présentera des
vibrations atomiques dont l'amplitude sera proportionnelle à la différence
entre les deux indices de réfraction.
)! Concevons maintenant que le rayon incident soit polarisé dans un plan
perpendiculaire au plan d'incidence; alors le rayon réfléchi sera doué lui-
même de la polarisation rectiligne, mais polarisé dans un plan qui formera
un angle aigu avec le plan d'incidence , si l'angle d'incidence se réduit à
['incidence principale , dont la tangente est à très-peu près l'indice de réfrac-
tion moyenne. D'ailleurs, dans ce cas particulier, l'azimut du rayon réfléchi
par rapport au plan d'incidence offrira une tangente proportionnelle à la
différence entre les deux indices de réfraction, et réciproquement propor-
tionnelle au coefficient d'ellipticité. Si l'angle d'incidence diffère notable-
ment de l'incidence principale, le rayon réfléchi sera doué de la polarisation
ellipiique, et résultera de la supeiposition de deux rayons polarisés l'un dans
le plan d'incidence, l'autre perpendiculairement à ce plan. D'ailleurs de ces
deux rayons superposés, le second sera généralement très-sensible, et le
même, à très-peu près, que si le corps isophane perdait le pouvoir rotatoire
dont il est doué, l'indice de réfraction moyenne demeurant invariable. Au
contraire, le premier des deux rayons superposés sera peu sensible, et
présentera des vibrations atomiques dont l'amplitude sera proportionnelle
à la différence entre les deux indices de réfraction.
» D'après ce qu'on vient de dire, la surface extérieure d'un corps doué du
pouvoir rotatoire offre cette singulière propriété , qu'elle transforme par
réflexion, sous l'incidence principale, un rayon polarisé perpendiculairement
au plan d'incidence en un rayon polarisé dans une direction oblique à ce
( 229 )
plan. Ce fait nouveau, que l'analyse nous révèle, piquera sans doute la curio-
sité des physiciens. Il sera intéressant de voir si les prévisions de la théorie
se trouvent, sur ce point encoi'e, confirmées par l'expérience.
ANALYSE.
>• Considérons un corps transparent et isophane qui possède le pouvoir
rotatoire. Supposons d'ailleurs ce corps terminé par une surface plane que
nous prendrons pour plan dej-z, le corps étant situé du côté des jc posi-
tives, et faisons tomber sur cette surface un rayon lumineux simple, dont la
direction soit comprise dans le plan des xj". Les lois de la réflexion et de
la réfraction seront fournies par les équations (i), (3), (4), (7) et (10) du
précédent Mémoire, qui suffiront pour déterminer les valeurs des quinze
inconnues qu'elles renferment, en fonctions linéaires des trois déplacements
symboliques
I, >î» ç,
dont les deux premiers sont liés entre eux par l'équation (2). Il est bon
d'observer que des équations (i), jointes aux équations (a), (4) et (7), on
déduira immédiatement les formules
(0 ç + Çi = Ç' + Ç", «(?-?,) = «'?' + «"?";
(3) ^-h^,-^'-v"=ii>il + l-H'-f);
la valeur de s étant
«. + «,
s = -, : >
«, u, — c'
et que le premier membre de la formule (3), multiplié par v, sera équi-
valent à
«'l'+«"r-«(l-IO,
en sorte qu'on aura
(4) (m + Êf»)| - (« - £K*) I, = («'+ £(;«)|'+ («"+ s(,«)|".
Si des équations (2) et (4) on élimine |' et f", à l'aide des formules (10)
du précédent Mémoire, on trouvera
(5) k*{i+i)=ii>{k'i'-kr'),
( a3o )
et
(6) („+,,^) !_(„_, ..)|.=i.(^'ç'_qi-'ç").
Les quatre équations (i), (5), (6) suffiront évidemment pour déterminer les
valeurs des quatre inconnues
l, Çu ?', r,
en fonctions linéaires de | et de Ç.
>i Concevons maintenant que l'on nomme «, a, les déplacements ato-
miques mesurés dans le plan d'incidence , suivant une direction parallèle au
plan des ondes, et qu'à ces déplacements effectifs correspondent les dépla-
cements symboliques », »,. Si l'on attribue aux quantités », a, les mêmes
I ?
signes qu'aux quantités ^ , |, , les deux rapports = ? =!- pourront être supposés
égaux au rapport
^ = 8inT,
T étant l'angle d'incidence, et les formules (5), (6) donneront
(7) A:(â + â,) = i(A'Ç'-A"Ç"),
,o\ u + ev' - a — to' - ./«' + «<''w II" + ev'' t;„
(8) --^a--^p-a. = i^-^^Ç'-— pr-Ç
» Il est bon d'observer qu'on lire des équations (i)
(9) 2;<Ç = (m + m') ?' + («+ u") Ç", 2 mÇ, = (m - u') Ç + {u - u") Ç".
" Pareillement, on tire des équations (7) et (8)
(10) 2M»=:i(U'Ç'-U"Ç"), 2M», = i(V'^-V"Ç),
les valeurs de U', V étant déterminées
\}'r=j[u-zv^) + ~ {u! ~\- ti>\ Y'=j{u-+- îP») - ^ («' + £1''),
et D", V" étant ce que deviennent U', V quand on y remplace u' et k' par
u" et k".
" En vertu des formules (i), (7), (8) la valeur de chacune des inconnues
«., ?., ç'> r,
( ^3i )
se composera de deux parties, l'une proportionnelle à «, l'autre à Ç. On
pourra d'ailleurs calculer séparément ces deux parties, en supposant d'abord
Ç = o, puis ensuite » = o; ce qui revient à substituer successivement au
rayon incident les deux rayons qui, étant superposés l'un à l'autre, le re-
produisent, et qui sont polarisés reclilignement, l'un perpendiculairement
au plan d'incidence , l'autre dans ce même plan.
» Adoptons cette marche, et supposons d'abord le rayon incident pola-
risé dans un plan perpendiculaire au plan d'incidence. Alors, les vibrations
atomiques étant renfermées dans le plan d'incidence, on aura Ç = o. Par
suite, on pourra supposer Ç = o, et les formules (i) , (g) donneront
(II) ?,= ?'+?", (« + «') Ç' +(« + M") Ç"=0,
puis on conclura de ces dernières, jointes aux équations (lo),
î" Ç' Ç, 2 a 8 i
, » , «' —a — u" u' — u" lS'lu-\-u")+V"(u + u')
12) {
' 2 fi 8,1
" \'{u+u") + \"{u + u')'
» Supposons, en second lieu, que le rayon incident soit polarisé dans
le plan d'incidence. Alors, les vibrations atomiques étant perpendiculaires à
ce plan , on aura « = o. Par suite, on pourra supposer k = o, et les for-
mules (7), (10) donneront
(i3) k~^, = i{k'^'-k"Ç"), U'Ç' = U"Ç",
puis on conclura de ces dernières, jointes aux équations (g),
j^ _ ?^ _ i«, _ 2«Ç
U" - U' - i" k' - U" (« -H «' ) + U' (« -f- u" )
(.4) { r^'-j''
~ U" (m — «' ) -t- U'(m — m") ■
•' Les formules (la) et(i4) suffisent pour déterminer les lois de la ré-
flexion et de la réfraction opérées par la surface d'un corps transparent et
isophane. En vertu de ces formules, les lois spéciales de la réflexion seront
fournies , si le rayon incident est polarisé dans un plan perpendiculaire au
plan d'incidence , par les deux équations
( a32 )
et, si le rayon incident est polarisé dans le plan d'incidence, par les for-
mules
lu"—- U'
, ç. - _ . /- k ^ -r. p __ X]'{u-u") + V"(u-u') -
» liorsque, dans ces formules, on introduit à la place de «^j u, u', u". A,
/f', k" les angles et les indices de réfraction , on se trouve immédiatement
conduit aux conclusions énoncées dans le préambule. C'est, au reste, ce
que nous expliquerons plus en détail dans un autre article. »
RAPPORTS.
GÉODÉSIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Porro ayant pour titre i
Description d'un nouvel appareil pour la mesure des bases trigononié-
triques.
(Commissaires, MM. Binet, Faye, Largeteau rapporteur.)
« [iorsque l'on veut déterminer la figure de la terre en mesurant un arc
de méridien ou de parallèle, ou bien encore lorsqu'on veut procéder à la
description géométrique d'une grande contrée telle que la France , on forme,
avec des stations convenablement choisies, un enchaînement de triangles
dans chacun desquels on mesure avec le plus grand soin les trois angles ;
puis, on déduit par le calcul les longueurs des côtés de ces triangles de la
longueur d'un premier côté auquel on donne le nom de base. On comprend
aisément toute l'importance que l'on a dû attachera la mesure de ce premier
côté, puisque l'erreur, s'il y en a une, croît comme l'espace embrassé par
la triangulation, et qu'il n'y a point ici à espérer des compensations comme
on en rencontre dans diverses applications des sciences. Pour apprécier le
degré d'exac(itude de l'ensemble des opérations, on mesure ordinairement
une ou plusieurs bases de vérification dont les longueurs, obtenues directe-
ment, doivent être ensuite reproduites par le calcul, sinon rigoureusement,
du moins à très-peu près.
» Le Mémoire de M. Porro que l'Académie nous a chargés d'examiner
contient la description d'un nouvel appareil destiné à la mesure des bases.
Pour mieux le faire connaître, nous dirons quelques mots des divers appa-
reils qui ont été employés pour le même objet, et à la construction desquels
ont concouru des artistes habiles et des savants distingués.
" fiorsque le major général Roy mesura la base de Houusiow Heath, il fit
( 233 )
d'abord usage de trois règles de sapin longues de 20 pieds chacune ; il en fut
peu satisfait, et il les remplaça bientôt par trois tubes de verre longs aussi
de ao pieds chacun. Ces règles de sapin ou de verre, d'une longueur soi-
gneusement déterminée, étaient alignées et mises eu contact. Plus tard, le
général Roy fit usage d'une chaîne d'acier, longue de 100 pieds, construite
par Ramsden; des repères formés par une ligne (racée sur une plaque mé-
tallique correspondaient aux deux extrémités de la chaîne, et indiquaient
l'origine et la fin de chaque portée. C'est aussi avec cette chaîne d'acier que
le général Roy a mesuré la base de Romney Marsh, et le capitaine Mudge
celles de Satisbiiry Plaine et de Hounslow Heath pour la seconde fois.
» Delambre et Méchain,"dans cette mémorable opération qui a servi de
fondement à l'établissement de notre système métrique , mesurèrent les deux
bases de Melun et de Perpignan, et y employèrent quatre règles de platine,
d'environ 2 toises chacune, construites par Lenoir. Les règles étaient ali-
gnées, mais elles n'étaient pas mises en contact; on laissait, entre deux
règles consécutives, un petit espace que l'on mesurait au moyen d'une lan-
guette mobile que portait chaque règle. Ce fut une heureuse innovation que
de ne pas amener les règles jusqu'au contact, et cela a été pratiqué depuis
par tous ceux qui se sont occupés de grands travaux géodésiques. A l'une des
extrémités de chaque règle de platine était fixée une règle de cuivre; la dif-
férence de dilatation des deux métaux indiquait la température qui avait
lieu au moment de l'opération, et servait à calculer la petite correction qui
dépend des variations de cette température.
» De Zach et Plana ont chacun mesuré une base, le premier près d'Aix,
le second près de Turin; tous deux ont fait usage de règles en bois de sapin.
De Zach laissait entre deux règles un intervalle de i ou 2 pouces qu'il me-
surait avec une règle de cuivre portant des divisions qui valaient chacune
o"'", 846. M. Plana s'y prenait autrement : chaque règle portait à l'une de ses
extrémités un châssis en fer dans lequel était tendu un fil de soie que l'on
rendait vertical, puis on approchait la règle suivante jusqu'à ce qu'un point
noir gravé sur la tête d'un clou enfoncé dans cette règle fût bissecté par le
fil de soie. M. Plana évitait ainsi le contact de deux règles, qui est toujours
à craindre, et il était dispensé de mesurer un intervalle entre deux perches
consécutives.
» Dans une lettre adressée à Olbers, M. Schumacher rend compte de la
mesure de la base de Braack, et décrit les instruments dont on y a fait usage.
Ce sont trois barres de fer forgé, de 12 pieds de long, construites par Rep-
sold. Lorsque ces règles étaient placées dans un même plan horizontal , on
C. R., i85o, a»>'= Semestre. (T. XXXI, N" 8.) 32
( 234 )
mesurait avec un coin de verre l'intervalle laissé entre elles; mais lorsque la
pente du terrain obligeait à placer deux règles consécutives à dos hauteurs
différentes, on disposait entre ces règles un cylindre bien calibré, d'nne
longueur suffisante, et que l'on rendait parfaitement vertical. La distance
entre deux règles se composait alors du diamètre du cylindre et des distances
de chacune des deux règles au cylindre; ces deux distances étaient mesurées
avec le coin de verre. Les variations de la température étaient indiquées par
deux thermomètres qui étaient adhérents à chaque verge métallique.
» Ce sont aussi des barres de fer de i toises de longueur que M. Struve
a employées pour mesurer sa base de 23i5 toises. On tenait compte de la
température au moyen de deux thermomètres que portait chaque règle;
l'inclinaison des verges était indiquée par uu niveau. Pour mesurer l'inter-
valle entre deux règles consécutives, M. Struve employait un levier coudé
fixé à l'extrémité de l'une des règles, et dont le petit bras butait contre le
bout libre de l'autre règle, tandis que le grand bras marquait, sur un cadran
divisé, la longueur actuellement comprise entre le bout fixe et le bout mobile
de la lègle.
» L'appareil dont Bessel s'est servi pour mesurer une base de 935 toises
dans la Prusse orientale consistait en verges métalliques taillées en biseaux
aux deux extrémités, les arêtes de ces biseaux étant l'une horizontale et
l'autre verticale; on n'amenait pas les verges jusqu'au contact, et l'on mesu-
rait le petit espace laissé entre elles à l'aide d'un coin en verre gradué sur
ses faces. Quant aux dilatations, Bessel avait adopté le système français; ses
verges étaient composées d'une règle en fer et d'une règle en zinc superpo-
sées et réunies à l'une de leurs extrémités seulement. L'inclinaison des verges
était mesurée par des niveaux.
i> Pour marquer la fin du travail de la journée et le point de départ de la
journée suivante, M. Struve employait un théodolite placé à vingt-cinq pas
de la ligne, et projetait l'extrémité de la dernière verge sur la tète d'un pi-
quet convenablement disposé. Bessel se servait du fil à plomb pour opérer
la même projection.
» La base de Bessel a été mesurée deux fois; les deux résultats différaient
entre eux de a''^, loa.
n Les détails dans lesquels nous venons d'entrer montrent que les appa-
reils, employés depuis Delambre et Méchain pour la mesure des bases, ont
entre eux la plus grande ressemblance; ils consistent essentiellement en trois
règles placées les unes à la suite des autres, et laissant entre elles un petit
intervalle que l'on mesure par des procédés plus ou moins ingénieux. En se
( 235 )
maintenant dans le même ordre d'idées, il serait probablement difficile,
sinon impossible, de rien ajouter à la précision des moyens employés par
Bessel ou par M. Struve. M. Porro, qui est très au courant de tout ce qui a
été fait en géodésie, l'a bien compris ; aussi l'appareil qu'il a soumis à notre
examen diffère-t-il complètement de ceux qui ont été employés jusqu'à pré-
sent. Ceux-ci présentent, quant à leur poids, à leur volume, au personnel
et au temps qu'ils exigent, à leur prix et à leur mode de transport, quelques
inconvénients dont il était désirable que l'on ftit affranchi. M. Porro s'est
donc proposé de construire un appareil simple, peu cotiteux, d'un transport
facile, même dans les pays qui ne sont pas dotés d'excellentes voies de com-
munication. Il a voulu aussi, sans rien sacrifier de la précision qui est un
besoin de la science moderne , que la promptitude et la facilité des opéra-
tions permissent de mesurer une base plusieurs fois. Cela est fort désirable;
car, quelles que soient la perfection des instruments et l'habileté de ceux qui
s'en servent, le contrôle d'une seconde ou même d'une troisième mesure est
toujours une chose utile pour s'assurer du degré d'exactitude que comporte
ce genre de déterminations. Nous venons d'indiquer le but que s'est proposé
M. Porro: l'a-t-il atteint? C'est ce que votre Commission devait examiner.
" Aux trois règles de platine et de cuivre , de fer et de zinc ou de sapin
employées jusqu'ici, M. Porro substitue une règle unique, disposée de la
manière suivante : Une première pièce est un tube de cuivre creux , ayant
une longueur d'un peu plus de 3 mètres, et reposant par trois points sur
deux supports en bois, savoir, à l'une de ses extrémités par une pointe
d'acier qui entre légèrement dans le bois du premier support; à l'autre extré-
mité, les deux points d'appui sur le second support sont pris dans deux sec-
teurs de cercle en cuivre réunis par uue traverse et montés à pivot sur le
tube. Cette disposition permet aux dilatations accidentelles de s'effectuer
sans soubresaut et sans frottement sensible sur le support. r-,>». t
>' Au milieu de la longueur du tube est un niveau à bulle d'air qui sert à
mesurer l'incUnaison du tube lorsqu'il fonctionne. La forme du tube est à
peu près cylindrique; en effet, le tube est construit de telle sorte, que si, le
supposant complètement rigide, on le coupait, lorsqu'il est en place, par un
plan vertical mené par l'axe , on aurait pour section de la surface , non pas
deux lignes droites parallèles comme cela a lieu dans le cas d'un cylindre, mais
deux courbes très-peu différentes de la ligne droite, et ayant leur convexité du
côté du zénith. Par l'effet du poids de l'instrument et de la non-rigidité de
la matière, ces deux courbes deviennent des lignes droites. Dans l'intérieur
du tube, M. Porro a placé des diaphragmes en liège dont les milieux sont
Sa..
( ^36 )
parfaitement en ligne droite, ce qu'il est facile de reconnaître en visant dans
le tube qui est creux et ouvert à ses deux extrémités. C'est sur ces dia-
phragmes que M. Porro fait reposer une tige de sapin huilée et vernie, de
I centimètre de diamètre et de 3",07 de longueur. A chacune des extrémités
et dans l'axe de cette verge de sapin, M. Porro a incrusté une plaque en
alliage de cuivre et de nickel, d'une longueur de 5o millimètres divisés
en 5oo parties, le zéro de la division étant intérieur sur chaque plaque.
Par un étalonnage fait avec le plus grand soin, on détermine la distance
entre les zéros des deux plaques métalliques. Enfin , le tube de cuivre qui
renferme la verge de sapin porte à chacune de ses extrémités une fenêtre
à recouvrement mobile qui permet de lire les divisions des plaques.
» Pour que le transport en soit plus facile, le tube de cuivre peut se di-
viser en trois parties que l'on réunit et que l'on fixe avec des vis à bouton;
la verge de sapin se décompose pareillement en trois parties, et lorsqu'on
veut les rassembler, des repères tracés sur chacune d'elles servent à éviter
les tâtonnements.
Il Telle est la règle qu'a imaginée M. Porro', nous indiquerons bientôt
comment il l'emploie.
» Les pièces dont nous devons maintenant parler sont trois microscopes
achromatiques, grossissant environ quarante fois, et construits de la manière
suivante : Sur le centre d'une pièce à trois branches et à trois vis calantes
s'élève une colonne métallique creuse qui a vers son sommet un niveau sphé-
riq«e au moyen duquel elle peut être rendue verticale. Cette colonne est
traversée, à deux hauteurs différentes, par des branches horizontales et pa-
rallèles qui portent en saillie le tube du microscope dont elles maintiennent
l'axe dans une position verticale. Pour établir complètement la verticalité
de cet axe, on a attaché au tube du microscope un niveau sphérique qui
tourne avec lui. Une crémaillère et un pignon permettent de faire monter
ou descendre le microscope pour amener en coïncidence son foyer et l'objet
à observer. Enfin, le microscope est muni d'un micromètre, composé de
cinq fils parallèles, et d'un sixième fil qui leur est perpendiculaire.
» Au sommet de la colonne centrale du microscope, on a établi un ob-
jectif simple de 3 mètres de foyer et de 60 millimètres d'ouverture , placé
de manière qu'un plan mené par le centre de cet objectif, perpendiculaire-
ment à son axe optique, passe par l'axe du microscope. Cet objectif est dé-
signé par M. Porro sous le nom dobjectij directeur. I^a distance entre le
centre de cet objectif directeur et l'axe du microscope est de 8 centimètres.
» Une échelle en ivoire, graduée sur chaque face en millimètres, couvre.
( ^37 )
lorsqu'on veut s'en servir, le diamètre horizontal de l'objectif directeur; elle
peut se placer à droite ou à gauche de cet objectif, monter ou descendre
d'une certaine quantité parallèlement à elle-même, ce qui est nécessaire
quand le terrain est incliné ; enfin elle peut, en pivotant sur une de ses extré-
mités, se relever pour être mise hors d'action. Le zéro de la graduation de
celte échelle correspond à Taxe optique du microscope.
» Les trois microscopes, entièrement semblables, sont supportés sur le
terrain par trois pieds en bois, ayant chacun une tablette solidement main-
tenue par une seule vis. Ces pieds peuvent se replier de manière à occuper
fort peu d'espace, et leur construction nous a paru très-satisfaisante.
» Nous pouvons maintenant expliquer comment on effectue la mesure de
la base dont la direction a dti préalablement être jalonnée à la manière or-
dinaire. A chaque extrémité de la base, on fixe en terre une borne sur le
sommet de laquelle est incrustée une plaque métallique portant un petit
trou conique. On place alors l'un des microscopes au-dessus de la borne à
partir de laquelle on veut commencer la mesure de la base, et on le pose de
manière que la direction des branches métalliques qui portent le tube du
microscope soit à peu près perpendiculaire à la direction de la base ; l'axe
optique de l'objectif directeur est alors à peu près parallèle à cette direction
de la base. On dispose, en outre, ce premier microscope de façon que son
axe optique, préalablement rendu vertical, s'écarte peu de la verticale pas-
sant par le trou conique de la plaque métallique. Gomme on a eu soin de
pratiquer une ouverture dans chacun des supports, on obtient aisément cette
coïncidence approchée au moyen d'un fil à plomb que l'on fait passer par
cette ouverture. On mesure ensuite, avec beaucoup de précision, la quan-
tité dont l'axe du microscope s'écarte, en avant ou en arrière, de la verti-
cale du trou conique. C'est pour évaluer cet écart que M. Porro a recours à
une disposition que nous allons faire connaître. Il adapte à là partie infé-
rieure du tube du microscope une bague en cuivre portant une tige d'acier
cylindrique, autour de laquelle peut tourner et le long de laquelle peut
s'élever ou s'abaisser la monture d'un objectif achromatique biconcave. La
construction de ce petit appareil supplémentaire est telle, que l'axe de l'ob-
jectif concave peut être amené en coïncidence avec Taxe du microscope.
» Un décimètre en ivoire divisé en demi-millimètres est garni, en son
milieu, d'un pivot d'acier que Ton insère dans le trou conique que porte la
plaque métallique de la borne. Ce décimètre étant placé dans la direction de
la base, on fait alors monter ou descendre l'objectif concave jusqu'à ce que ,
en regardant dans le microscope, on aperçoive nettement les divisions du
( a38 )
décimètre. Dans cette position on Ht les indications des cinq fils du micro-
mètre, puis on fait faire au tube du microscope une demi-révolution, et on
lit de nouveau les cinq fils du micromètre; alors on fait faire aussi à l'échelle
d'ivoire une demi-révolution , et l'on fait deux nouvelles lectures dans deux
positions inverses du tube du microscope. La moyenne de toutes ces lectures
fait connaître la dislance horizontale entre l'origine de la base et l'axe du
premier microscope.
» L'objectif biconcave ne devant pas servir dans les opérations subsé-
quentes , on l'écarté en le faisant tourner avec précaution autour de la tige
d'acier qui le porte.
» Le premier microscope étant installé, comme nous venons de le dire,
et sa distance à l'origine de la base étant connue, à environ 3 mètres de dis-
tance et dans l'alignement approximatif de la base , on place sur son pied et
on cale un second microscope que l'on dispose aussi de manière que la direc-
tion des branches métalliques soit à peu près perpendiculaire à la direction
de la base; c'est une précaution que l'on prend chaque fois que l'on place
un microscope; à 3 mètres plus loin, on place de la même manière un troi-
sième microscope.
» Quand les deux premiers microscopes sont établis et pendant qu'une
personne s'occupe du placement du troisième, deux observateurs présentent
la règle par ses extrémités sous les deux premiers microscopes, et lisent sur
les petites plaques divisées les cinq fils du micromètre ; chaque observateur
fait faire alors une demi-révolution au tube de son microscope, et lit de nou-
veau les cinq fils du micromètre. La moyenne des dix lectures faites par
chaque observateur donne avec une très-grande exactitude la distance entre
les axes des deux premiers microscopes. Une opération tout à fait semblable
donnera la distance entre les axes du second et du troisième microscope,
puis entre ceux du troisième et du quatrième, et ainsi de suite jusqu'à la fin.
(Comme il n'y a que trois microscopes, le premier devient le quatrième , le
second devient le cinquième, etc. )
» Il est dans la mesure d'une base une précaution importante à prendre ,
c'est celle qui consiste à bien aligner les règles que Ton place les unes à la
suite des autres. Dans le système de M. Porro , on voit que ce sont les axes
des microscopes qui doivent se trouver dans le plan vertical passant par la
ligne qui joint les deux termes de la base. Pour économiser le temps sur le
terrain, M. Porro ne s'astreint pas rigoureusement à remplir cette condition,
mais il mesure à chaque fois la déviation de la ligne qui joint les axes de
deux microscopes consécutifs. Pour cela, dans la direction de la base et à
( ^39 )
200 ou 3oo mètres de l'observateur, on suspend un fil à plomb distant de la
base de 8 centimètres (on se rappelle que c'est la distance du centre de l'ob-
jectif directeur à l'axe du microscope); l'échelle du second microscope étant
alors rendue horizontale , l'observateur se place un peu en arrière du pre-
mier microscope et rej^arde le fil à plomb avec une petite lunette qui est
placée de telle sorte, qu'une moitié environ de l'objectif de cette lunette est
masquée par l'objectif directeur du premier microscope. La partie de l'ob-
jectif de la lunette qui est restée découverte reçoit les rayons venant direc-
tement du fil à plomb , tandis que la partie masquée reçoit les rayons éma-
nés de l'échelle d'ivoire après qu'ils ont traversé l'objectif directeur et qu'ils
en sont sortis parallèles, l'échelle d'ivoire étant au foyer de cet objectif
directeur. T/observateur voit ainsi l'image du fil à plomb sur les divisions
de l'échelle d'ivoire au lieu même où cette échelle est rencontrée par la ligne
qui va du fil à plomb au centre de l'objectif directeur; il peut , par consé-
quent, apprécier la quantité dont la ligne qui joint les axes des microscopes
s'écarte de la direction de la base. Cette déviation donne lieu à une correc-
tion toujours excessivement petite et très-facile à calculer.
» La mesure d'une base exige plusieurs jours; on peut, d'ailleurs, dans
le cours d'une journée, être forcé par diverses causes de suspendre l'opéra-
tion : il était donc impartant d'avoir, pour ces cas, des repères certains, in-
variables, d'où l'on pût partir pour continuer l'opération. Voici comment
M. Porro y pourvoit. Il fait solidement ficher eu terre, à très-peu près dans
le prolongement de l'axe du dernier microscope, un pieu sur le sommet du-
quel il enfonce une vis à tête plate; sur cette tête de vis il pratique un petit
trou conique, puis, suivant le procédé employé au début de l'opération, il
détermine la quantité dont le trou est en deçà ou au delà de la projection
verticale de l'axe du dernier microscope. '•-.
» M. Porro suppose que la tige de sapin , avec laquelle il mesure les in-
tervalles successifs des microscopes, n'éprouve aucune variation par suite des
changements de la température et de l'état hygrométrique de l'air; la Com-
mission n'a pas pu faire dexpériences pour apprécier cette assertion. Si le
général Roy a trouvé que le sapin est soumis aux influences atmosphériques
et en reçoit des modifications irrégulières, il faut se rappeler que ses règles
n'étaient pas, comme le sont celles de M. Porro, huilées et recouvertes
d'un vernis qui pût les préserver de l'action de l'humidité. Ces précautions
sont loin d'être sans utilité; de Zach et Plana, après les avoir prises, ont pu
se servir de règles de sapin et en obtenir des résultats satisfaisants. Pour
prouver que des verges de sapin convenablement préparées ne changent
( 24o )
pas de longueur sous l'influence des variations atmosphériques, de Zach
rapporte qu'en 1807 il fit adapter à deux pendules astronomiques une verge
de sapin huilée et vernie; l'une de ces pendules fut placée pendant un hiver
à côté d'une excellente pendule de Ferdinand Berthoud, garnie d'une verge
de compensation, et il était difficile de dire laquelle des deux pendules
marchait le mieux. La seconde pendule, placée pendant quatre ans dans un
observatoire construit eu bois, a constamment suivi une marche régulière.
Nous ferons, au reste, remarquer que dans l'appareil de M. Porro , la règle
n'est pas nécessairement de telle ou telle malière; M. Porro emploie le
sapin parce qu'en le prenant de petite dimension, il peut facilement l'ob-
tenir homogène et de droit fil , et qu'en le recouvrant de plusieurs couches
d'huile siccative et de vernis, il pense le soustraire aux influences atmosphé-
riques; mais rien n'empêche de remplacer la règle de sapin par une verge
métallique, ou mieux encore par deux verges faites de métaux différents et
superposées suivant l'ingénieux piocédé de Borda.
•I On pourrait craindre que le vent n'exerçât quelque dérangement dans
la position des supports des microscopes ; si cet effet avait lieu, on en serait
averti par le niveau sphérique à bulle d'air que porte la colonne de chaque
microscope. 11 serait d'ailleurs très-facile de se préserver de l'action du vent
par l'interposition d'un écran de dimensions suffisantes. Nous pensons aussi
que le tube de cuivre dans lequel est renfei'mée la verge de sapin doit être
garanti, par l'interposition d'un écran, de l'action immédiate du soleil, pour
éviter des mouvements de torsion ou de flexion. Enfin si quelque bourrasque,
si un choc accidentel ou une cause quelconque dérangeait l'un des micro-
scopes pendant la durée de l'opération, on en serait quitte pour recommen-
cer la mesure de quelques portées, puisque l'on a dû avoir la précaution
d'établir en terre, et à des intervalles assez rapprochés, des repères dont la
distance à l'origine de la base a été successivement déterminée avec pré-
cision.
» Avant de se former une opinion définitive sur les appareils de M. Porro,
la Commission a désiré mettre à profit les lumières et l'expérience de M. le
colonel Gorabœuf , qui est bien connu de l'Académie pour les beaux travaux
géodésiques et astronomiques qu'il a exécutés, d'abord en Italie, puis en
France, où il a mesuré la base de Gourbera, près de Dax. M. le colonel
Gorabœuf s'est rendu à notre invitation avec un empressement dont nous
devons le remercier. Son opinion est conforme à celle que nous avons l'hon-
neur de vous exprimer et que nous résumons dans les conclusions suivantes.
» liCS appareils de M. Porro, destinés à la mesure des bases, sont sim-
( a4i )
pies, ingénieusement conçus, d'un usage très-comraode , d'un prix peu élevé
et d'un transport facile en tout pays; ils offrent ce précieux avantage qu'on
peut, sans une grande dépense et en peu de temps, mesurer la même base
deux ou même trois fois. Ces appareils peuvent être d'une grande utilité dans
la pratique de la géodésie. Le Mémoire qui en contient la description sera
consulté avec avantage par ceux qui auront besoin de mesurer une base géo- .
désique.
» Nous proposons à l'Académie d'accorder son approbation aux appa-
reils de M. Porro, et d'ordonner que le Mémoire qui en renferme la descrip-
tion soit inséré dans le Recueil des Savants étrangers. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
aiÉMOIRES LUS.
CHIMIE. — Recherches sur les combinaisons ammoniacales du platine;
par M. Charles Gerhardt.
(Commissaires, MM. Pelouze, Dufrénoy.)
« En considérant les combinaisons remarquables que l'ammoniaque forme
avec le protochlorure de platine, je me suis souvent demandé si l'on ne
pourrait pas, avec le bichlorure de ce métal, obtenir une série parallèle
dont les termes présentassent assez de stabilité pour permettre des doubles
échanges à la facondes sels, comme dans les composés platineux décrits
par M. Reiset. Il y a, il est vrai , le bichlorure bianiraoniacal, le chlorure de
l'intéressante série de M. Gros, qui se comporte comme les protochlorures
ammoniacaux; mais il présente des différences qui semblent, au premier
abord, exclure tout parallélisme entre les deux séries ammoniacales. En effet,
tous les sels de M. Gros sont chlorés , tandis que les deux bases des sels de
M. Reiset ne contiennent pas de chlore. Dernièrement, M. Raevpsky a en-
core enrichi l'histoire du platine d'une nouvelle série de combinaisons sem-
blables, mais qui correspondraient à un chlorure de platine inconnu, et,
chose extraordinaire, supérieur au bichlorure.
» Quels liens existent entre tous ces sels? quels rapports présentent-ils
avec les deux séries ammoniacales du protochlorure? Voilà les questions que
je nie suis proposé de résoudre dans ce travail.
•1 Un simple rapprochement m'a permis de combler une lacune impor-
tante dans la série des combinaisons platiniques. Me rappelant le mode de
formation de M. Gros par le chlore, et l'un des chlorures de M. Reiset, j'ai
C. R., ibSo. 2'^' Semestre. i,T. XXXI, N' 8 ) 33
( a40
pensé que le bichlorure inono-ammoniacal devait s'obtenir par le chlore et
l'autre chlorure ammoniacal du même chimiste. L'expérience a pleinement
confirmé uics prévisions. Mon nouveau chlorure , qui constitue des octaèdres
d'un jaune citronné , est tout aussi remarquable par ses réactions que les
protochlorures ammoniacaux. Il présente des doubles échanges avec d'autres
sels, et ne dégage pas d'ammoniaque par la potasse bouillante. I^orsqu'on le
traite par le nitrate d'argent, on obtient du chlorure d'argent et un nitrate
platinique ammoniacal, dans lequel l'ammoniaque est tout autant masquée
que dans les sels de M. Reiset. Ce nitrate ammoniacal donpe, par double
décomposition , d'autres sels semblables. Enfin j'ai obtenu , à l'état libre et
cristallisé, l'alcali platinique renfermé dans ces nouveaux sels; il se précipite
par l'addition de la potasse ou de l'ammoniaque à leur solution.
•' Je ne me suis pas borné k la recherche de celte première série de sels
platiniques. Pour que le parallèle fût complet entre ces sels et les composés
de M. Reiset, il fallait encore découvrir des sels d'une seconde série renfer-
mant les mêmes éléments, plus de l'ammoniaque; il fallait aussi préciser,
à cet égard, le rôle des composés de MM. Gros et Raewsky.
» Mes nombreuses expériences m'ont permis, je crois, de résoudre ces
questions d'une manière satisfaisante. J'obtiens un nitrate de la seconde série,
en faisant agir de l'acide nitrique sur le nitrate correspondant de M. Reiset,
et, avec ce nouveau nitrate, j'obtiens d'autres sels par double décomposi-
tion. Les sels de MM. Gros et Raewsky sont formés par la même base : ce
sont des sels doubles à deux acides, dont l'un est de l'acide chlorhydrique.
Rien de plus aisé que de le démontrer : lorsqu'on ajoute de l'acide chlorhy-
drique à mon nitrate neutre, il se précipite le chlorure de M. Gros; lors-
qu'on chauffe ce chlorure avec du nitrate d'argent, il se produit le nitrate
de M. Raewsky; lorsqu'enfin on ajoute de l'acide chlorhydrique au nitrate
de M. Raewsky, il se précipite de nouveau le chlorure de M. Gros. Grâce à
l'obligeance de M. Pelouze, qui a bien voulu mettre à ma disposition un
échantillon du nitrate préparé par M. Raewsky lui-même, j'ai pu m'assurer
de la parfaite identité de ce sel et de mon produit obtenu par double décom-
position. J'indique dans mon Mémoire sur quelles erreurs reposent les
formules données par le chimiste russe.
» Dans mon opinion , mes nouveaux sels , ainsi que les composés de
MM. Gros et Raewsky, sont donc au bioxyde de platine, ce que les combi-
naisons de MVL Reiset et Peyrone sont au protoxyde de ce métal. Tous ces
sels contiennent des alcalis particuliers , qui représentent de l'ammoniaque
dans laquelle une partie de l'hydrogène est remplacée par du platine.
( a43 )
» D'après une théorie générale des combinaisons ammoniacales donnée
par M. Laurent, les sels de platine de M. Reiset renferment de l'ammo-
niaque dans laquelle i équivalent d'hydrogène est remplacé par son équiva-
lent de platine Pt, c'est-à-dire par l'équivalent qui est contenu dans les sels
platineux et que nous appelons platinosum.
» Dans mes nouveaux sels, i équivalents d'hydrogène de l'ammoniaque
sont remplacés par l'équivalent du platine qui est contenu dans les sels pla-
tiniques, équivalent qui pèse moitié moins que le platinosum, et que nous
en distinguons par le nom de platinicum ( pt = ^ Pt).
>' Les formules suivantes font comprendre le parallélisme des deux
séries
Ammoniaque platinosée. Ammoniaque ptatiniquée.
(Correspondant au protoxyde de platine.) (Correspondant au bioxyde de platine.)
NH'Pt, Platosammine; deuxième NHpt*, Platinammine; mes nou-
série de Reiset. veaux sels.
N*H'Pt, Diplatosammine; première N^H'pl", Diplatinammine; mes nou-
série de Reiset. veaux sels , ainsi que
ceux de Gros et Raewsky.
» El, ici, j'appelle lattention de l'Académie sur la question de savoir si
un même métal peut réellement avoir 2 équivalents. Elle remarquera que
je ne fais (pie généraliser, en l'appliquant à des corps réputés simples, un
principe reconnu vrai par tous les chimistes pour les groupes composés de
la chimie organique. Ne distingue-t-on pas, en effet, l'équivalent CH*,
appelé méthylène, de l'équivalent G* H' ou gaz oléfiant, et qui, cependant,
renferme les mêmes éléments, unis dans les mêmes proportions?G'est, dit-on ,
le même carbure d'hydrojjène , mais différemment londensé, et c'est cette
différence de condensation qui est cause de la différence des propriétés
dans les deux carbures, ainsi que dans les combinaisons où ils sont en-
gagés. En bien, je fais le même raisonnement pour le platine, pour les
métaux en général , car leur qualité de corps simple est loin d'être démontrée
mathématiquement; je dis : les composés platiuiques contiennent le plati-
nicum pt = I^Pt, qui ne pèse que la moitié du platinosum Pt, occupant la
même place dans les composés platineux , absolument comme les composés
de l'esprit de bois contiennent le me'thylène CH*, qui ne pèse que la moitié
du gaz oléfiant G^H*, occupant la même place dans les composés corres-
pondants dérivés de l'alcool.
33..
( 244 )
Tableau des combinaisons de la platinammine et de la diplatinammine (i).
I. Platinammine.
Platinammine cristallisée NHpt^+aAq.
Bichlorhydrate ^ClH.NHpt*.
Nitrate neutre. NO' H , NH pt^ + a Aq.
Binitrate aNO'H,NHpl^
Oxalate neutre 0=" O* H^ 2 NH pt^ + 3 Aq.
Bisulfate SO*H%NHpt'>
»2
n. Diplatinammine.
Nitrate neutre NO'H, IN^H* pt^ H- Aq.
Sesquinitrate 3N0'H, aN'H'pt" + Aq.
(a NO' H)
Sesquichlorhydro-nitrate (nitrate R.) • • • |p,|TT > , aN*H* pt" + Aq.
ÎQ2Q4JJ2J
Nn»H ( ' ^N'H^pt' + Aq.
!G*0*H*)
. > î 2N^H*pt' + Aq.
(GO* H')
Sesquichlorhydro-carbonatefcarbonate R.). |p,Ti | ? aN^H* pt' + Aq.
Sesquichlorhydro-phosphate ( phosphate R.). Ip.Tr J-aN^H^pt'.
Bichlorhydrate (chlorure G. et R.) aClH, N»H' pl^
(Pt CP Hi
Bichlorhydro-chloroplatinate IniTT ['N^H*pt*.
Bichlorhydro-nitrate (nitrate G. et R. des
eaux mères) J . |, N='H*pt».
Bichlorhydro-sulfate (sulfate G.) J „.„ |,2N'H*pt».
Bichlorhydro-oxalate (oxalate G.) \ . |,aN'H*pt^
!ri2Q4TIi,
NO' H '2N»H*pt'.
(i) Les noms entre parenthèses marqués G. et R. sont ceux donnés par MM. Gros et
Raewsky.
{ 245 )
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Note sur la photographie sur verre et sur quelques
Jaits nouveaux ; par M. Niepce de Saint- Victor.
« J'ai entendu lundi annoncer à l'Académie un procédé d'accélération
qui est le même que celui que j'ai consip,né dans un paquet cacheté, le
20 mai dernier. Je l'aurais publié plus tôt si je n'avais pas tenu à montrer
des épreuves des portraits sur grande plaque. Celles que j'ai l'honneur de
présenter, quoique imparfaites, suffiront pour constater la rapidité avec
laquelle ou a opéré.
» Le procédé consiste à mélanger avec l'albumine 2 ou 3 grammes de
miel par chaque blanc d'oeuf, selon leur grosseur , de même qu'il faut mettre
de 3o à [\o centigrammes d'iodure de potassium cristallisé; avant de battre
les œufs, il est essentiel que l'albumine soit complètement à l'état de mousse,
afin de l'avoir très-pure.
» C'est toujours, jusqu'à présent, une opération assez difficile que d'é-
tendre également la couche d'albumine sur la plaque de verre; peu de per-
sonnes rappliquent convenablement. On se sert ordinairement d'une ba-
guette de verre ou d'une pipette; on bien on l'étend par un mouvement de
la main : mais tout cela demande une très-grande habitude ; tandis que si
l'on parvient à l'appliquer par un moyen mécanique, on rendra la chose
constante et facile : c'est ce que j'espère pouvoir démontrer bientôt.
» La couche d'albumine étant sèche, on passe la plaque dans la compo-
sition d'acéto-azotate d'argent qui doit être composée ainsi :
Nitrate d'argent 6 grammes .
Acide acétique combustible. . 11
Eau distillée 60
» On ne doit laisser immerger la plaque dans cette composition que pen-
dant dix secondes au plus, et la laver ensuite dans de l'eau distillée.
» Après cette opération , on laisse sécher les plaques dans la plus grande
obscurité, pour opérer ensuite par la voie sèche; mais, comme les plaques
s'impressionnent facilement, il faut autant que possible les conserver sim-
plement albuminées.
» Il est utile, en exposant dans la chambre obscure, de placer une plad-
chette avec un fond blanc derrière la plaque de verre , et, pour faire paraître
l'image, il est nécessaire aussi de faire chauffer un peu l'acide gallique, afin
d'en activer l'action sans cependant trop presser cette opération; car il ar-
rive souvent que les plus belles épreuves négatives sont celles qui sont restées
( 246 )
plusieurs heures sous l'influence de l'acide gallique, et sur lesquelles on
croyait qu'il n'y avait pas d'imafje.
» On fixe los épreuves négatives soit avec du bromure de potassium,
soit avec de l'hyposulfite de soude, et, afin d'empêcher le cliché de s'écail-
ler (ce qui arrive avec une couche d'albumine trop épaisse ou avec de
l'albumine de vieux oeufs), on l'enduit d'une légère couche de gélatine
ou d'un vernis à tableau, ce qui lui donne encore plus de solidité.
» De toutes les substances accélératrices que j'ai employées, je n'en ai
pas trouvé de meilleures que le miel (celui deNarbonne m'a paru préférable),
parce qu'il donne plus d'accélération sans avoir les inconvénients de toutes
les autres substances, telles que les fluorures, par exemple, dans lesquels j'ai
reconnu, depuis longtemps, une propriété accélératrice; mais leur action
corrosivefqui se manifeste par un très-fort fendillement dans la dessiccation
de l'albumine) m'y avait fait renoncer pour l'albumine Cependant on peut
les employer sans inconvénient en les mélangeant avec du miel, entre autres
le fluorure d'ammoniaque; et si l'on se sert avec cela d'albumine de vieux
œufs, on aura, par la réunion de ces moyens, une plus grande accélération.
Mais je préviens que la vieille albumine est sujette à s'écailler plus que
la fraîche ; il faut , pour éviter cet inconvénient , laisser sécher complélement
le cliché avant de l'erposer au soleil pour tirer l'épreuve positive , et , pour
plus de sûreté, le couvrir d'un vernis.
" liC mélange du miel à l'albumine donne à l'épreuve négative une très-
jj-rande douceur dans les traits, ce qui prévient, par conséquent, la du-
reté que l'on reproche à ce procédé. On aura donc, par ce moyen , des demi-
teintes et des tons parfaitement fondus, et l'on obtiendra, parla dessiccation
de ce mélange, une couche parfaitement homogène, très-lisse, ne se fendil-
lant plus, lors même qu'on l'expose à la chaleur, et donnant l'image d'un
objet éclairé par la lumière diffuse , dans l'espace de deux à trois secondes au
plus pour un paysage, et de cinq à huit pour un portrait, en opérant avec
ua objectif double (français) pour quart de plaque; pour la grande plaque
nor4n.ale il faut de quarante à cinquante secondes, et de vingt-cinq à trente
avec un objectif allemand.
» Tels sont les résultats obtenus par MM. Vigier et Mestral, qui ont fait
les épreuves que j'ai l'honneur de présenter.
» On peut encore opérer plus promptement que cela si l'on réunit tous
les moyens naturels d'accélération que l'expérience m'a fait reconnaitre.
» 1°. Plus la couche d'albumine est épaisse, plus il y a d'accélération.
» a°. Plus les œufs sont vieux, plus ii y a d'accélération.
( 247 )
» 3°. Plus la composition d'acéto-azotate d'argent a servi , plus il y a
d'accélération.
» Enfin il existe aussi une très-grande différence dans les différentes na-
tures d'albumine, qui varie, d'après moi, selon la nourriture de la poule. Je
diraiquel'albumined'oeuf de cane se fendille moins que celle d'œufde poule.
Quant à l'albumine du sang, elle est très-accélératrice, maison ne peut
pas l'employer seule parce qu'elle ne se coagule pas assez avec l'acéto-azotate
d'argent pour adhérer au verre; il faudrait préalablement la coaguler avec
l'acide azotique.
« Du lavage de la plaque dépend aussi une partie de l'accélération; car si
l'on ne lave pas assez, il se forme une couche couleur de rouille lorsqu'on
verse l'acide gallique; si on lave trop, on enlève une grande partie de l'ac-
célération.
" J'ai consigné également , dans le paquet que j'ai déposé, les moyens de
glacer le papier avec de l'albumine , ainsi que pour préparer un papier né-
patif pour opérer par la voie sèche. Mais divers procédés analogues ayant
été publiés par différentes personnes , je n'en parlerai que pour constater la
priorité, ainsi que l'on peut s'en assurer en ouvrant le paquet cacheté que
j'ai déposé, et qui renferme, en outre, quelques faits nouveaux que je crois
devoir publier, comme pouvant offrir quelque intérêt, et que je vais rap-
porter ici.
» J'ai constaté que, si l'on chauffait l'albumine au bain-marie aune tem-
pérature de 45 degrés, pendant cinq à six heures, on obtenait une très-
grande accélération comparativement à celle qui ne l'a pas été. Ce fait paraît
avoir beaucoup d'analogie avec les modifications obtenues par M. Chevreul
dans l'huile de lin.
'< Je parlerai aussi de quelques faits qui m ont paru assez curieux pour
être mentionnés. Si l'on mêle une solution d'azotate d'argent avec une so-
lution de sel marin ou avec de l'hydrochlorale d'ammoniaque, il se produit
du chlorure d'argent. Ce précipité, resté dans la liqueur où il s'est formé
se colore par une exposition à la lumière; si , alors , on l'expose à la chaleur,
le chlorure redevient blanc.
» Tout le monde sait que l'alcool coagule l'albumine; eh bien, si l'on met
de l'iode daus le même alcool pour en former une teinture d'iode, elle ne se
coagule plus.
» Si l'on met du brome dans l'albumine, le brome se trouve tout de suite
enveloppé par l'albumine sans qu'elle se coagule, et il n'y a plus d'exhalations
de vapeurs de brome.
( 248 )
» J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie quelques épreuves
de paysage faites par M. Martens, d'après mon procédé. »
A la suite de cette lecture, on ouvre, conformément à la demande de
l'auteur, le paquet cacheté déposé par lui le 'io mai dernier. La Note qui y
était contenue, et dans laquelle se trouvent, en effet, toutes les indications
rappelées ci-dessus, est paraphée par M. le Secrétaire perpétuel et sera
conservée dans les archives de l'Académie.
AlÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce transmet une Note
adressée, sous forme de Rapport, à M. le Préfet de Saône-et-Loire, par
M. PoR^ON, vétérinaire à Mâcon, Note qui contient la description d'un veau
remarquable par plusieurs circonstances tératolof[iques.
Cette Note est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de
MM. Serres et Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire.
OPTIQUE APPLIQUÉE. — Note sur un nouveau compensateur pour le
saccharimètre ; par MM. Jules Duboscq et Henri Soleil.
(Commissaires, MM. Babinet, Pelouze, Balard.)
« Grâce au bienveillant accueil que le saccharimètre a reçu de 1 Aca-
démie des Sciences, sur les rapports favorables de MM. Babinet et Balard,
cet instrument , qui donne, ài centième près, la quantité de sucre contenu
dans une dissolution quelconque, a été se propageant de plus en plus; mais
cette propagation rapide a amené des embarras imprévus.
n Pour apprécier, d'uue manière rigoureuse, la déviation du plan de po-
larisation produite par une dissolution saccharifère , M. Soleil avait inventé
le compensateur, formé de deux longs prismes de quartz , parfaitement purs,
homogènes et identiques, et qui glissent parallèlement l'un sur l'autre.
» Autrefois , quand les moyens d'analyse ou d'examen étaient encore im-
parfaits, tous les quartz limpides semblaient purs et homogènes. Mais avec
les appareils optiques que les progrès de la science ont créés, un quartz pur
et homogène sans plaques hémiédriques, sans cristallisations irrégulières ,
sur une longueur de 6 centimètres (longueur du compensateur de M. Soleil),
est devenu, après deux ans de fabrication, une exception tellement rare,
que, menacés de renoncer, par ce motif, à fournir plus longtemps des sac-
( 249 )
charimètres, nous avons dû chercher une modification qui nous permît
d'employer des prismes de quartz beaucoup moins étendus.
» Cette difficulté s'est présentée à nous au moment où, venant de succéder
à notre beau-père et père, nous avions à maintenir la réputation de ses
ateliers. Elle nous a longtemps effrayés; mais enfin, après six mois d'essai,
nous avons complètement réussi, et nous nous estimons heureux de pouvoir
rendre l'Académie juge du perfectionnement essentiel que nous avons ap-
porté au compensateur.
» Le nouvel instrument est plus sensible que l'ancien , et d'un emploi
plus facile par suite de la suppression du vernier. En effet, dans ce modèle,
l'opérateur lit directement sur un tambour ou cercle divisé , la richesse sac-
charine de la dissolution à i centième ou même à ^ centième près.
" Voici, en quelques mots , les différences que présentent les deux appa-
reils. L'ancien compensateur se compose d'un paralléUpipède ou cube de
quartz dextrogyre et de deux prismes de quartz lévogyre, placés en sens
contraire et de 6 centimètres de longueur; la double épaisseur au point de
départ, c'est-à-dire lors de la superposition complète des prismes, est égale
à celle du parallélipipède fixe. On voit, d'après cela, qu'un petit déplace-
ment amène une variation minime d'épaisseur, et l'on comprend par là
même qu'il est besoin du vernier pour estimer les déviations avec une ap-
proximation suffisante.
» Le nouveau compensateur est formé de deux cubes de 12 millimètres
de côté, constitués chacun par deux prismes de rotation contraire, mesurant
l'un et l'autre 35 degrés. Ces cubes sont superposés de manière à ce que les
prismes en contact soient de même rotation pour former, par leur ensemble,
une plaque perpendiculaire à l'axe et à faces parallèles. Quand les deux
cubes sont dans le prolongement l'un de l'autre , les épaisseurs traversées
par le rayon lumineux qui passe par le centre de l'appareil sont égales
entre elles; le moindre déplacement de l'un des cubes détruit cette égalité,
et la différence est accusée par la rotation dans le sens de l'épaisseur prédo-
minante.
» Le cercle divisé qui, dans un parcours d'une demi-circonférence,
donne le millimètre partagé en centièmes, fait connaître directement l'étendue
de la déviation produite à \ centième près, et celte déviation est l'expres-
sion du pouvoir rotatoire de la dissolution soumise à lepreuve.
>' Il était important que, dans la manipulation de l'appareil, il n'y eût pas
de temps perdu, c'est-à-dire que les déplacements du prisme mobile fussent
rigoureusement proportionnels à celui du tambour ou cercle divisé ; cette
C. R. , i85o, a"»» Semestre. (T. XXXI, ^o 8.) 34
( 25o )
èoaditioB est très-exactement remplie par les moyens les plus précis dont la
mécanique est actuellement en possession. »
PHYSIQUE. — RechercJies sur la compressibilité des liquides ; par M. Grassi.
(Commissaires, MM. Pouillet, Regnault.)
L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques, et portant, conformément à une des conditions
établies pour le concours, le nom de l'auteur sous pli cacheté.
Ce Mémoire, inscrit sous le n° 2, est renvoyé à l'examen de la future
Commission.
CORRESPONDANCE.
M. Scccm, directeur de l'observatoire de Rome, remercie l'Académie des
Sciences de ce qu'elle veut bien continuer à comprendre l'établissement
qu'il dirige dans le nombre de ceux auxquels elle envoie le Compte rendu
de ses séances.
PHYSIQUE. — Expériences sur le pouvoir thermo-électrique du bismuth et
de l'antimoine cristallisés. (Extrait d'une Note de M. Svanberg commu-
niquée par M. Regnaxjlt )
« Depuis quelque temps, l'observation de certains faits qu'il est inutile
de mentionner ici m'avait conduit à penser que la force thermo-électriqne
des métaux pourrait bien dépendre de quelque variabilité dans leur faculté
conductrice pour l'électricité. J'étais d'ailleurs porté à croire que cette con-
ductibilité devait être variable avec la direction dans le bismuth et l'antimoine
cristallisés, puisque leur forme cristalline, d'après les recherches récentes
de MM. Faraday et G. Rose, n'appartient pas au système régulier. Je fus
conduit par là à rechercher si le pouvoir thermo-électrique de ces deux
métaux ne serait pas aussi variable avec la direction. Cette conjecture a
été complètement vérifiée par les expériences que je vais décrire.
» Dans les grandes masses de bismuth ou d'antimoine , la texture cristal-
line n'est jamais partout la même; mais il n'est pas difficile d'y trouver des
parties homogènes. Avec une scie on peut donc en former de petites barres,
dont la longueur soit diversement inclinée à leurs plans de cristallisation.
» Parmi les plans de clivage de ces deux métaux à l'état cristallisé, il s'en.
(a5i )
trouve un qui , comme M. Farallay l'a observé le premier, se dislingue des
autres par un plus grand éclat. Ce plan est perpendiculaiie à Yax4 prin-
cipal de cristallisation. Parmi les autres plans de clivage, il y en a un
dont leclat ne le cède pas de beaucoup à celui du précédent. Je nommerai (A)
les barres dont la longueur coïncide avec l'intersection de ces deux plans,
par (B) je désignerai les barres dont la longueur est perpendiculaire au plan
de clivage doué du plus grand éclat. ;;p -, ij
» li'autimoine et le bismuth ont cela de commun que les barres (A) sont
plus positives et les (B) plus négatives dans la série tbermo-électrique, que
toute autre barre qu'on pourra former du même métal. La force thermo-
électrique entre l'antimoine (A) et l'antimoine (B) , ou entre le bismuth (A) et
le bismuth (B), est assez considérable. Si l'on prend une barre intermédiaire
entre (A) et (B), c'est-à-dire telle que la direction de la longueur soit in-
clinée d'une autre manière au plan de clivage, ou si elle n'a pas de texture
cristalline régulière, elle est négative avec (A), et positive avec (B).
>> La direction de la longueur de (B) coïncide, comme on le voit, avec
l'axe magnécristallique de M. Faraday, ce qui a été essayé et confirmé pour
toutes les barres employées. Cet axe a pris la position axiale pour le bismuth,
et équatoriale pour l'antimoine, ce qui s'accorde avec les observations de
M. Pliicker.
» Cette variabilité du pouvoir thermo-électrique du bismuth et de l'anti-
moine semblent donner la clef pour l'explication des courants observés par
MM. Sturgeon et Matteucci dans des circuits formés d'un seul de rps métaux.
Ils n'ont pas été explicables jusqu'ici.
Il Relativement à la direction des courants thermo-électriques entre le
bismuth chaud et le bismuth froid, ou l'antimoine chaud et l'antimoine froid,
différents expérimentateurs ont obtenu des résultats différents. Vorselmann
de Heer, le dernier qui s'en est occupé, a vu le courant aller quelquefois du
métal froid au métal chaud, et d'autres fois du chaud au froid. Il croyait,
d'après ses observations, que la direction du courant dépendait de la diffé-
rence plus ou moins grande entre les températures des deux barres. C'est
surtout avec l'antimoine, qu'il dit avoir souvent observé un tel renver-
sement.
» Pour que de telles expériences aient quelque valeur, il est absolument
nécessaire que les barres avec lesquelles on opère occupent la même place dans
la série thermo-électrique. Ainsi, par exemple, il faut comparer (A) avec (A)
et ^B) avec (B), mais pas (A) avec (B). On doit donc préalablement avoir
essayé si les deux barres sont absolument homogènes. Ce qui est très-remar^
34..
( aSa )
quable, c'est que (A) avec (A) ne se comporte pas de la même manière que (B)
avec (B).
» Ma manière d'expérimenter était la suivaute : Les deux barres étaient
fixées dans des manches en cuivre que des fils, également en cuivre,
mettaient en communication avec un galvanomètre très-sensible. Depuis les
points de contact avec le cuivre, les barres étaient enveloppées de neige
presque jusqu'à l'extrémité libre; de cette manière il ne pouvait pas y avoir
de courant en mettant les extrémités en contact, et leur donnant une
température élevée quelconque. C'est le moyen de constater que les barres
sont thermo-éiectriquement homogènes. Mais si avant de les mettre en
contact on a un faut soit peu échauffé ou refroidi l'extrémité d'une seule des
barres, il s'établit un courant dont le galvanomètre indique la direction.
Si les deux barres sont de bismuth (A) ou d'antimoine (A), le courant va
du métal froid au chaud; si l'on opère avec des barres (B), la direction est
opposée, c'est-à-dire que le courant va du métal chaud au froid.
» Cette différence entre (A) et (B) me paraît très-remarquable, mais je
l'ai vérifiée par des expériences multipliées avec différentes barres. Je n'ai
jamais pu , avec ma manière d'opérer, observer aucun renversement du
courant, quand on faisait croître la différence de température entre les deux
extrémités.
» Pour des petites différences de température , M. Vorselmann de Heer a
trouvé, en expérimentant avec l'antimoine , le courant allant du métal chaud
au métal froid. La direction opposée, que j'ai trouvée pour l'antimoine (A),
ne peut point être expliquée par quelque petite élévation de température
qui, du bout échauffé, se serait communiquée au point de jonction avec le
cuivre; car il est aisé de voir qu'un tel échauffement aurait produit un
effet tout à fait opposé. Mais il est très-possible que M. Vorselmann de
Heer ait expérimenté avec des barres thermo-éleclriquement hétérogènes,
inadvertance bien excusable, puisque le rapport entre le pouvoir thermo-
électrique et la direction du courant, relativement aux plans de cristallisa-
tion, n'était pas alors connue.
» Pour le bismuth (A), j'ai trouvé, comme les physiciens qui ont fait
l'expérience avant moi, que le courant va du métal chaud au froid. La direc-
tion opposée, que j'ai observée pour le bismuth (B), ne saurait non plus
être expliquée par quelque petite élévation de température, qui se serait
communiquée du bout échauffé à son point de jonction avec le cuivre, puis-
que c'est l'effet opposé qui en serait résulté. »
( 253 )
MÉTÉOROLOGIE. — Etoiles filantes observées dans la nuit duioaui i août 1 85o;
par M. Raodl Angles. (Extrait d'une Lettre adressée par M. Bbavais à
M. /irago. )
X Je reçois de M. Angles, l'un de mes anciens compagnons de voyage dans
le nord de l'Europe, la relation d'une chute d'étoiles filantes assez remar-
quable pour que je croie devoir vous en faire part. M. Angles est très au cou-
rant des observations météorologiques , et son récit est digne de toute con-
fiance. « I.e lo août i85o, dit M. Angles, mon cheval s'élant blessé, je fus
» obligé de faire 20 kilomètres au petit pas (>)> ^t ce voyage assez pénible ne
» dura pas moins de cinq heures et demie, depuis 9 heures du soir jusqu'au
» lendemain, 11 août, 2 \ heures du matin. Je cheminais vej-s le nord,
» par un ciel sans nuages, et , dès mon départ, je fus frappé de la quantité
» d'étoiles filantes que je vis de tous les côtés. Vers lo heures , le nombre de
" ces météores augmenta à tel point, que, par instant, il y en avait plu-
» sieurs en même temps. J'ai calculé que , pendant mes cinq heures de roule,
» je n'avais jamais passé trois minutes sans en voir, tandis qu'il y en avait
» eu quelquefois quatre ou cinq en une seule minute : ceci en porte le
» nombre à trois cent cinquante ou quatre cents au moins, dans la partie
» du ciel que j'avais devant moi , et qu'on ne peut guère estimer, il me
« semble, à plus d'un cinquième de la voûte céleste. Je regrette de ne rien
» pouvoir vous envoyer de précis ; mais je puis vous dire que la direction
" la plus générale était du nord-est au sud-ouest; un certain nombre ce-
" pendant se dirigeait droit au sud , et uiême au sud-est , mais je n'en ai vu
» que cinq allant vers le nord-est. Leur éclat était en général très-vif: deux,
» sur sept ou huit, laissaient des traînées lumineuses semblables à celles
» des fusées, et visibles pendant un espace de une à trois secondes. (A ce
» propos, je vous dirai que, le 2 août, j'en avais déjà vu une remarquable,
» dont le passage a laissé une lueur visible pendant plus de cinq minutes. )
» L'éclat de trois étoiles a été assez fort pour faire peur à mon cheval et
» donner une ombre aussi prononcée que celle de la lune à son cinquième
» ou sixième jour. Une d'elles, qui a parcouru un arc énorme, s'est bifur-
» quée au milieu de sa course , et chacun de ses fragments a laissé une
» traînée. Une autre, également très-brillante et de longue durée, s'est
« éteinte au milieu de sa course , qui a été continuée par une trace brillante,
(1) M. Angles se rendait à Mably, près de Roanne.
(254)
>' puis s'est rallumée de nouveau. Une autre, enfin, m'a paru, sans que je
>' puisse l'affirmer positivement , descendre jusqu'à terre, entre les mon-
» tagnes de la Madeleine et moi.
•> Le lendemain, malgré des nuages assez nombreux, j'ai encore vu
» quinze ou vingt étoiles filantes en une demi-heure; ensuite le temps a e'té
/i tout à fait couvert. »
M. Malzl- adresse des remarques critiques sur l'explication donnée par
MM. Bixio et Barrai à\\n phénomène qu'ils ont observé dans leur ascension
aérostatique du 27 juillet [voir les Comptes rendus des séances de l'Aca-
démie, tome XXXI, pages 124 et 129). L'auteur de la Note a eu lui-même
l'occasion d'observer, du sommet du Puy-de-Dôme, quelque temps avant le
coucher di» soleil , une image du soleil réfléchie par un nuage ; or la tempé-
rature de ce nuage, au milieu duquel il avait été plongé près d'un quart
d'heure pendant qu'il gravissait la pente de la montagne, était, suivant lui,
manifestement au-dessus de zéro. Il en conclut que le mirage peut se pro-
duire autrement que par une réflexion à la surface de petits cristaux de
glace, et, par suite, qu'il n'est pas certain que la présence de ces cristaux
ait été pour quelque chose dans la production du fait observé par MM. Bixio
et Barrai.
M. Bésard adresse, de Tournon-sur-Rhône, une Note concernant un
procédé qu'il a imaginé pour résoudre le problème de la vitesse de la
lumière dans les milieux réfringents
Ce système d'expériences n'a pas la nouveauté que lui suppose l'auteur,
ainsi qu'il pourra s'en assurer lorsqu'il aura les moyens de consulter les
Mémoires de la Société d'Edimbourg et les Transactions philosophiques .
M. Vallot ajoute quelques détails à ceux qu'il avait donnés, dans une
autre occasion, sur les galles vésiculeuses du térébinthe, galles qui, sous le
nom de pommes de Sodome,, ont été souvent confondues avec d'autres
productions accidentelles, qui n'ont avec elles rien de commun que d'être
également déterminées par la piqlire de certains insectes.
M. Vallot présente, en outre, quelques conjectures sur l'espèce végétale
qui produit les graines de cédron mentionnées dans une communication ré-
cente de MM. Jomard et Herran, comme un puissant remède contre les
effets des morsures de serpents.
A cette occasion, un Membre de l'Académie rappelle une communication
( 255 )
de M. Rocket d'Héricourt, sur une racine employée avec succès en Abyssinie
contre la rage, et demande si les expériences qui devaient être faites avec
ce médicament, dont le zélé voyageur a mis à la disposition de l'Académie
des quantités suffisantes, ont confirmé les espérances qu'on en pouvait
concevoir.
M. Rayer répond que des expériences sur les animaux ont été faites à
l'Ecole vétérinaire d'Alfort et n'ont pas donné jusqu'ici de résultats favo-
rables. Avant qu'on puisse toutefois porter un jugement définitif sur la
valeur de ce médicament, il faudra l'avoir soumis à des essais plus nombreux
et plus variés, et notamment l'avoir employé à l'état frais.
Cette dernière condition pourra être bientôt réalisée. M. Ad. Brongniart,
en effet, annonce que la plante vit maintenant dans les serres du Muséum,
et que plusieurs individus, provenant des graines rapportées par M. Rochet
d'Héricourt , ont déjà fleuri et porté fruit; dans peu de mois on aura des
racines assez grosses pour être employées dans les expériences qu'on se
propose de faire.
M. l'abbé Hivert, curé à Neuvic (Dordogne), adresse une Note concer-
nant la direction des aérostats.
M, Zaliwsri présente des considérations sur le rôle que l'électricité ']oue,
suivant lui, dans la nature.
M. Brachet envoie une nouvelle Note ayant pour titre : /application des
lentilles sphériques achromatiques et à échelons à la télescopie.
L'Académie accepte le dépôt de quatre paquets cachetés, présentés par
M. Baudriuoint, m. Brachet, M. J. Lehaire, et M. M. Plaut.
A 4 heures un quart , l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. A.
ERRyiTA.
(Séance du 5 août i85o. )
Page 162, ligne 4> après isophane, ajoutez et produit la réfraction simple..
Page 162 , ligne 21, «a lieu de deux, lisez trois.
Page 164, formule (i3), au lieu de «'«" + p% lisez u' u" — v'.
Page 164, formule (i4)> aw lieu de 3 «' u" -f- v', lisez u [u' + u" ) + A'.
■TMiinriniirir
( a56 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 19 août i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
2"* semestre i85o ; n" 7 ; in-4°.
Institut national de France. Discours prononcé, au nom de l'Académie des
Sciences, par M. Roux, le jeudi 8 août i85o, jour de l'inauguration de la
statue de Larrey, à l'hôpital du Val-de-Grâce ; broch. in-8°.
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine; tome XV, n° ai; 1 5 août
i85o ; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales, publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer; 0° 4 ; in-8°.
Le Moniteur agricole, puhlié sous la direction de M. Magne; n° 16;
tome III; 16 août i85o; in-8°.
Revue thérapeutique du Midi. — Journal de Médecine, de Chirurgie et de
Pharmacie pratiques; par M. le D' FuSTER; n° i5; i5 août i85o; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; n° 7, tome XVII; in-8°.
W. Struve. Sur la dilatation de la glace, d'après les observations faites en
1845 et 1846 à l'obseroaloiie central de Poulkova ; par MiM. SCHUMACHER,
POHRT et MORITZ. (Extrait des Mémoires de l'Académie impériale des Sciences
de Saint-Pétersbourg , Sciences mathématiques et physiques; 6* série, t. IV.)
.Saint-Pétersbourg, 1848; broch. in-4°.
Rapport fait à l'Académie impériale des Sciences , par W. Struve, sur une
mission scientifique dont il fut chargé en i^l^"]. — Sur les manuscrits de Joseph
de l'isle conservés à l'Observatoire de Paris; Rapport de M. Othon Struve ,
lu le i3 septembre 1844^ <^v^^ ""^ addition écrite en [848; broch. in-4°-
Catalogue revu et corrigé des étoiles doubles et multiples découvertes à [obser-
vatoire de Poulkova; par M. O. Struve. (Extrait des Mémoires de l'Acadé-
mie, Sciences physico-mathématiques; 6* série, t. V.) Saint-Pétersbourg,
i85o; broch. in-4*.
Détermination de la parallaxe de Cétoile Groombridge i83o; par M. O.
Struve. (Extrait des Mémoires de l' Académie , Sciences physico-mathémati-
ques; 6* série, tome V.) Broch. in-4*'-
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 AOUT 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
i^IEMOIRES ET COMMUMCATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
THÉORIE DE LA LUMIÈRE. — Mémoire sur la réflexion et la réfraction des
rayons lumineux à la surface extérieure ou intérieure d'un cristal; par
M. AcGCSTiN Cauchy.
■ fvorsqu'mi rayon simple tombe sur la surface extérieure ou intérieure
d'un cristal à un ou à deux axes optiques, la propagation du mouvement de
l'éther donne naissance à divers rayons réfléchis ou réfractés, les uns visi-
bles, les autres évanescents. Alors aussi les principes établis dans mes pré-
cédents Mémoires suffisent pour déterminer les lois de la réflexion et de la
réfraction. Mais comme la marche suivie dans l'application de ces principes
peut avoir une influence notable sur la longueur des calculs et sur la forme
[ilus ou moins compliquée des équations définitives auxquelles on parvient ,
il sera très-utile d'indiquer une méthode qui permette d'obtenir facilement
ces équations sous une forme élégante et simple tout à la fois. C'est ce (|ue
nous allons essayer de faire en peu de mots.
» Nous supposerons, dans un cristal à un ou à deux axes optiques , les
C K , i85o, 1'^'' Semestre. (T. \XXI, N» 9.) 35
(a58)
positions des divers points rapportées à trois axes rectangulaires fixes et liés
invariablement à ce cristal. Alors, pour tout mouvement simple propagé
dans une direction donnée, «t correspondant à un rayon lumineux visible
ou évanescent, les trois équations différenlielles qui représenteront les mou-
vements infiniment petits de l'élber feront immédiatement connaître les
rapports entre les trois déplacements effectifs d'un atome d'éther mesurés
parallèlement aux axes coordonnés, et les différences entre leurs phases, ou,
en d'autres termes, les rapports invariables des trois déplacements symbo-
liques qui correspondront à ces déplacements effectifs. Cela posé, un rayon
simple, lumineux ou évanescent, propagé dans une direction donnée, se
trouvera complètement déterminé quand on connaîtra un seul des déplace-
ments symboliques correspondants à ce rayon. Donc la détermination de
deux rayons visibles et d'un rayon évanescent, propagés dans des directions
données, pourra être réduite à la détermination de trois inconnues. On ne
doit pas même excepter le cas où, le cristal devenant isophane, les deux
espèces de rayons visibles se réduiraient à un seul, puisqu'alors les trois
déplacements symboliques correspondants à un seul rayon seraient liés
enlre eux par une seule équation linéaire qui en laisserait deux indéter-
minés.
» D'autre part, lorsqu'un rayon de lumière simple tombe sur la surface
extérieure ou intérieure qui termine un cristal à un ou à deux axes optiques,
chacun des rayons réfléchis ou réfractés, visibles ou évanescents, l'épond à un
mouvement simple caractérisé par une exponentielle qui, sur la surface ré-
fléchissante ou réfringente, doit offrir la même valeur pour tous les rayons
dont il s'agit. Ce principe permet de déduire immédiatement, de la direction
du rayon incident supposée connue, non-seulement les directions des nor-
males aux plans des ondes réfléchies ou réfractées, mais encore d'autres
directions qu'on ne doit pas confondre avec celles-ci , savoir, les directions
que suivent les rayons réfléchis ou réfractés, et qui sont généralement
obliques par rapport aux plans dont il s'agit.
» Cela posé, la recherche des lois suivant lesquelles un rayon simple sera
réfléchi ou réfracté par la surface extérieure ou inlérienre dun cristal,
pourra être évidemment réduite à la détermination de six inconnues, trois
de ces inconnues étant relatives aux rayons réfléchis, et trois autres aux
rayons réfractés. Donc six équations de condition suffiront pour déter-
miner toutes les inconnues. Or, pour obtenir ces six équations, il suffira
d'exprimer que la somme des déplacements symboliques de chaque espèce
correspondante aux divers rayons propagés dans chaque milieu , conserve la
( *59 )
même valeur quand on passe d'un des milieux donnés à l'autre, non-seule-
ment sur la surface donnée , mais encore sur cette surface déplacée et
transportée parallèlement à elle-même à une distance infiniment petite.
» Dans le cas particulier où le milieu réfringent est un corps isopliane ,
non doué du pouvoir rotatoire, les six é(|uations trouvées reproduisent les
formules de réflexion et de réfraction que j'ai obtenues en 1839, et qui
supposent connu, outre l'indice de réfraction, un paramètre très-petit, sa-
voir, le coefficient d'ellipticité. Dans le cas général , les six équations trou-
vées renferment avec ce coefficient d'autres paramètres pareillement très-
petits; et, pour déduire de ces équations les valeurs des six inconnues, il
convient de commencer par éliminer les valeurs des deux inconnues qui
sont relatives aux rayons évanescents. Alors, en négligeant , comme on peut
le faire, sans erreur sensible, les quantités comparables aux paramètres dont
nous venons de parler, ou obtient quatre équations qui suffisent pour déter-
miner les quatre inconnues correspondantes aux rayons visibles réfléchis
ou réfractés, et qui renferment, outre le coefficient d'ellipticité, deux autres
coefficients très-petits dépendants de la nature des rayons évanescents.
1) Parmi les formules auxquelles on parvient en opérant comme on vient
de le dire, on doit rem;u'quer celles qui concernent la réflexion et la réfrac-
tion opérée par la surface extérieure des cristaux à un seul axe optique.
Entrons à ce sujet dans quelques détails.
» Les physiciens ont d'abord admis que les lois de la propagation de la
lumière, dans les cristaux à un seul axe optique, dépendaient de deux para-
mètres, savoir, des indices de réfraction ordinaire et extraordinaire. Si l'on
tient compte uniquement de ces deux paramètres, les surfaces des ondes
correspondantes aux deux espèces de rayons propagés à travers le crislal
seront la surface d'un ellipsoïde qui aura pour axe de révolution un diamètre
de la sphère. C'est même en cela que consiste le théorème de Huygens.
Mais les résultats que fournil le calcul ont une plus grande généralité. D'après
les formules auxquelles j'arrive, la propagation de la lumière, dans un cristal
à un axe optique, lors même que ce cristal ne possède pas le pouvoir rota-
toire, peut dépendre d'un assez grand nombre de paramètres; et le nombre
de ces paramètres s'élève encore à neuf dans le cas où l'on réduit les équa-
tions aux dérivées partielles à l'homogénéité. Dans ce dernier cas, des deux
rayons visibles, un seul qu'on doit appeler le rayon ordinaire, offre des
vibrations perpendiculaires à l'axe optique, et la surface des ondes corres-
pondantes à ce rayon ne peut être que la surface d'une sphère ou d'un
ellipsoïde. Pour l'autre rayon, qu'on doit appeler extraordinaire, la surface
35..
( a6o )
des ondes est celle d'un sphéroïde de révolution, qui peut se réduire à un
ellipsoïde. D'ailleurs les deux surfaces d'ondes correspondantes aux deux
rayons visibles ont toujours, l'une et l'autre, le même axe de révolution.
>' En appliquant mes formules à la réflexion et à la réfraction opérées par
un cristal taillé perpendiculairement à l'axe optique, mais non doué du
pouvoir rotatoire, j'arrive à cette conclusion, qu'un rayon incident, composé
de molécules éthérées dont les vibrations sont perpendiculaires au plan d'in-
cidence, est réfléchi et réfracté suivant les lois très-simples données par
Fresnel, pour le cas oîi le milieu réfringent est isophane. Seulement, si la
surface des ondes correspondantes au rayon ordinaire était une surface d'el-
lipsoïde, l'angle de réfraction devrait être remplacé, dans les formules de
Fresnel, par l'angle compris entre l'axe optique et la normale au plan des
ondes réfractées. Ajoutons que, si le rayon incident offre des vibrations com-
prises dans le plan d'incidence, les lois de la réflexion et de la réfraction
seront fournies par des formules nouvelles, que l'on trouvera dans mon Mé-
moire, et qui sont distinctes, non-seulement des formules de Fresnel, mais
aussi de celles que j'ai données en iSSg.
ANALYSE.
>' Supposons que, les points de l'espace étant rapportés à trois axes rec-
tangulaires, un corps réfringent soit terminé par une surface plane qui
coïncide avec le plan desj-z, le corps lui-même étant situé du côté des a:
positives 'f et faisons tomber sur cette surface un rayon simple. La propa-
gation du mouvement de l'éther donnera généralement naissance, d'une
part, à deux rayons réfléchis , l'un visible, l'autre évanescent; d'autre
part, à trois rayons réfractés, dont deux sont visibles. Cela posé, en
adoptant les notations des pages i6o et i6i , et posant, pour abréger,
X = |-^-|,-|'-|", ac = «(|-f,)-«'f'-«"f",
Y = „ -t- „, _ y,' - >5", 3f = u{r)-^,) + u'Y)'-u"Yl'\
Z=Ç-i-Ç,-Ç'-r, 2i = «(Ç-Ç,)-«'Ç'-«"ir,
on aura , pour x = o ,
( 3& = Wl ^1 — UeH^ , g" = «'. Yl'e — Me>îe. ^ = "% " "«?«•
D'ailleurs on aura rigoureusement
(a6i )
et sensiblement, sinon exactement,
(3) 1; = ^, Ç-o;
On peut ajouter que les quantités ««, «1, dont la première sera négative,
la seconde étant positive , offriront de très-grandes valeurs numériques.
Cela posé, en éliminant les inconnues relatives aux rayons évanescents,
on tirera des équations (i) quatre formules qui pourront être sensiblement
réduites aux suivantes :
^^^ U = i', 5b = VPX,
X, (x— I et V étant trois coefficients très-petits dont les valeurs seront
(5) X = — h— > u, — I = rl-^— IJ!
v= "' ^-
«,— K„
le
» Lorsque le milieu réfringent donné est isophane , alors , les formules (3)
étant exactes , les formules (5) donnent
(6) ^ = 1, v = o,
et les équations (^4)? réduites aux suivantes
(7) Y=XkX, ^=vX, Z = o, 5b = o,
coïncident avec celles que nous avons obtenues dans les précédents Mé-
moires, savoir, avec les formules (i), (2), (3), de la page 229,
» Lorsque le milieu réfringent est un cristal à un axe optique , mais non
doué du pouvoir rotatoire , alors, en supposant ce cristal taillé perpendicu-
lairement à l'axe optique , on a
|'=0, V=0, Ç"=0, t=Or
par conséquent,
v = o,
et les formules (4) donnent
(8) Y=X(^X, g- = fxvX, Z = o, % = o.
Donc alors un rayon simple composé de molécules dether dont les vibra-
tions sont perpendiculaires au plan d'incidence continue d'être réfléchi et
( a62 )
réfracté suivant les lois doaiiées par les deux formules
(9) ■ Z = o , 2i = o ,
desquelles on tire
ou , ce qui revient au même ,
^"^ _ ^'~"sin(T'+T) ^' ^~ sin(T'+T) ^'
T, t' étant les angles formés par la surface réfringente avec les plans .des
ondes incidentes et réfractées. Or les formules (11) coïncident précisément
avec celles que Fresnel a obtenues pour le cas où, le milieu réfringent étant
isophane, le rayon incident est polarisé dans le plan d'incidence.
" Ajoutons que , si le rayon incident est polarisé perpendiculairement au
plan d'incidence , les lois de la réflexion et de la réfraction à la surface du
cristal donné se déduiront non plus des formules (t i), mais desi deux pre-
mières des formules (8). ■'
RAPPORTS.
GÉOLOGIE. — Rapport verbal sur l'ouvrage ojfert par M. Sc\cchi, ayant
pour titre : Memorie geologiche sul la Gampania, ou Géologie de la
Campanie ; Rapporteur M. Dufbé.noy.
« L'ouvrage de M. Scacchi est formé par la réunion de trois Mémoires
que ce savant a lus à 1 Académie royale des Sciences de Naples, et qui sont
imprimés dans les Comptes rendus de cette Société. Ils embrassent dans
leur ensemble les différents phénomènes volcaniques anciens et modernes,
qui donnent à l'étude de la géologie de cette partie de l'Italie un si grand
intérêt. ".
n Le premier Mémoire est spécialement consacré à la description de la
configuration des champs Phlégréens. L'auteur y indique successivement la
position et la forme des nombreux cratères qui communiquent à la cam-
pagne de Naples son caractère particulier; il fait ressortir avec soin le peu
d'inclinaison que présentent les nappes de tuf trachytique de quelques-uns
d'entre eux , et il s'appuie principalement sur cette observation pour en con-
( 263 )
dure que tous ces cratères ont été formés par la déjection et raccuraulatioii
de matières incohérentes. lia présence du trachyte au centre du cratère
d'Astroni, celle de fossiles dans le tuf ponceux du Monte-Nuovo, l'érection
mêm« de cette montagne en une seule nuit, ne lui paraissent pas des^W'gU'-
ments de nature à faire admettre la formation de ces différents cratères par
la voie de soulèvement. Nos observations personnelles nous ont, au con-
traire, porté à adopter la belle théorie de M. de Buch sur l'origine des
champs Phlégréens : nous ne saurions en conséquence partager les opiiiions
théoriques de M. Scacchi; mais nous n'en regardons pas moins comme fort
intéressantes les descriptions circonstanciées qu'il a données des terrains de
la Campanie, où les faits sont rapportés avec beaucoup de méthode et
d'exactitude.
I) Dans le deuxième Mémoire, M. Scacchi examine successivement les
roches qui entrent dans la constitution des champs Phlégréens, cratère par
cratère. Ce deuxième Mémoire comprend en outre des considérations sur
l'île d'Ischia, et en particulier sur le mont Eponiéo.
•> Le troisième Mémoire, exclusivement minéralogique , a pour objet
l'étude des minéraux et des substances minérales formés par les fumaroles
qui s'échappent encore des cratères des champs Phlégréens, et notamment
de la solfatare de Pouzzoles. Parmi ces substances , nous en citerons trois
qui sont nouvelles, et dont la description est due à M. Scacchi , savoir :
" \ialotrichine, qui tire son nom de sa disposition filamenteuse (i) et qui
est composée d'acide sulfurique, d'alumine et d'oxyde de fer et d'eau ;
» r^a inisonit3, recueillie au cap Misène , est un hydrosulfate de potasse
dont les proportions des éléments sont différentes du sulfate ordinaire;
n La dimorfine, espèce de sulfure d'argent, cristallisée en prisme rhom-
boïdal droit, forme qui la différencie du réalgar.
>' L'ouvrage de M. Scacchi est accompagné de trois planches : deux
sont consacrées aux cratères d'Astroni et de la solfatare ; la troisième con-
tient les dessins des cristau\ décrits par l'auteur, et dont les formes sont
nouvelles. »
(i) Aloç Tpt;{iiio; : sel formé de poils.
( 264)
I^IÉMOIRES LUS.
TÉRATOLOGIE. — T'umeur du rectum, renfermant les débris d'un Joetiis,
extirpée chez une fille âgée de six ans ; par M. Bouchacourt, de Lyon.
(Extrait.)
(Commissaires, MM. Serres, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire , Tiallemand. )
« Catherine Sery, âgée de cinq ans et demi , est née à la Croix-Rousse, de
parents sains et bien portants; forte et assez développée an moment de sa
naissance, elle eut de bonne heure le teint pâle, d'un aspect chlorotique,
quoiqu'elle jouît longtemps d'une bonne santé; elle a continué de grandir
régulièrement jusqu'à l'âge de quatre ans. A cette époque, elle fut prise de
quelques accidents nerveux, de nature éclamptique, probablement étran-
frers à l'affection pour laquelle elle réclama plus tard nos soins. Peu de
temps après, son ventre se développa considérablement et devint sensible à
la pression; la constipation était constante, et ne cédait qu'à des lavements
souvent répétés, dont nu médecin avait conseillé l'usage en même temps
que l'application de cataplasmes émoUients sur le ventre. L'état anémique ,
les mouvements tumultueux du cœur, avec intermittence du pouls, avaient
fait prescrire la digitale, l'eau ferrée et un régime analeptique.
» Sous l'influence de cette médication, Citheriue semblait beaucoup
mieux, reprenait ses forces, lorsqu'un matin, sans autres phénomènes pré-
curseurs, elle rendit par l'anus une grande quantité de pus. Ce liquide coula
plus ou moins abondant pendant sept mois, et chaque excrétion purulente
était immédiatement suivie de l'issue d'une grande quantité de mucosités
blanchâtres, filantes, semblables à du blanc d'œuf, et répandant une odeur
extrêmement fétide. I^a petite malade ne tarda pas à maigrir, perdit sa gaieté,
devint morne et taciturne; la marche était pénible, le toucher abdominal
douloureux, les selles continuaient d'être de plus en plus ilifficiles; cepen-
dant l'appétit se conservait, et les digestions n'étaient point altérée?.
" Quinze jours après le commencement de la suppuration , c'est-à dire
vers la fin d'août 1849, °° ^'''^ sortir par l'anus une mèche de cheveux, d'un
châtain clair, lisses, luisants, et sans la moindre intrication; elle fut rejetée en
même temps que plusieurs touffes circulaires, aplaties, très-serÉ-ées et d'un
diamètre égal à celui d'une pièce de cinq francs, fia suppuration tarit vers
la fin de mars i85o, sans qu'on ait rien remarqué de nouveau jusqu'au
17 avriU Ce jour-là , après une marche assez prolongée, il sortit par l'anus
( a65 )
une petite quantité de sang; la naalade éprouvait un ténesme continuel et
très-pénibie. Sous l'influence des efforts continuels de défécation, on vit
apparaître à l'orifice anal une tumeur légèrement rougeâtre qui faisait par-
fois une saillie de plusieurs centimètres, et rentrait quand les efforts avaient
cessé. La malade fut amenée à l'hospice de la Charité, et couchée dans mon
service, salle Sainte-Hélène, n° 8.
» Je reconnus, par le toucher anal, que cette tumeur se prolongeait de
plusieurs centimètres dans l'intestin; que, libre dans presque toute son éten-
due, elle adhérait seulement par sa partie supérieure à la paroi postérieure
du rectum : molle dans quelques points, dure dans plusieurs autres, lisse
dans une partie de sa surface, inégale ailleurs, et recouverte en partie de
cheveux, elle fut considérée comme formée par les débris d'un fœtus, et
constituant un de ces cas rares connus sous le nom de monstruosité par in-
clusion. Telle avait été aussi l'opinion de notre honorable collègue M. Bar-
der, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu , consulté quelque temps aupara-
vant.
» Quoi qu'il en fût de la nature de cette tumeur, elle déterminait, par
sa présence dans l'intestin, de l'irritation, de la douleur, une gêne considé-
rable de ta défécation ; il était indiqué d'en débarrasser la malade pour
rétablir la libre circulation des matières fécales.... La nature se chargea de
préparer et de faciliter singulièrement l'opération. L'enfant, qui s'ennuyait
d'un séjour prolongé dans les salles, obtint qu'on la promenât assez longtemps
sur la place de Bellecour. En rentrant, des efforts de défécation se renouve-
lèrent; un peu de sang parut, les efforts allèrent en augmentant, et la tumeur
sortit presque tout entière. Le lendemain matin , à la visite , nous reconnûmes
que son dégagement était complet ; elle remplissait tout le sillon qui sépare les
fesses, maintenue solidement par un pédicule fixé à la partie supérieure. Le
toucher en faisait suivre le prolongement, qui, à travers l'orifice anal, allait
se confondre avec l'intestin dans la direction du sacrum. Explorant à plu-
sieurs reprises et avec beaucoup de soin ce pédicule, je m'assurai i° qu'il ne
renfermait point de vaisseaux, ou, du moins, d'artères donnant lieu à des
pulsations distinctes; a" qu'il n'était ni creux ni assez épais pour qu'on pût
craindre d'y rencontrer une portion d'intestin renversé.
» Une double ligature fortement serrée sur le pédicule mettant à l'abri
d'une hémorragie , la tumeur est détachée au moyen de deux coups de ciseaux
portés aussi loin que possible de l'intestin, et au-dessous des parties liées;
quelques gouttes de sang s'écoulent; l'opération est promptement ter-
minée. La ligature s'échappa peu d'instants après. Le jour même, l'enfant
C. R. , i85o, a™» Semestre. (T. XXXI, K» 9.) 36
( 266 )
eut une selle abondante avec deux petits caillots de sang pouvant peser
3o grammes au plus; le ventre reste indolent, souple; urines normales, appétit
conservé, pas de fièvre. (Tisane de tilleul, potion calmante, léger potage.)
Le quatrième jour, il sortit ([uelques glaires, mais point de sang; l'en-
fant est aussi bien que possible; elle est emmenée par ses parents. J'aurais
désiré, plus tard, m'assurer, par le toucher, de l'état de l'intestin, de la
marche ultérieure de la plaie produite par la section du pédicule de la
tumeur; cela m'a été refusé par les [Barents déraisonnables et craintifs à l'excès.
Toutefois, immédiatement après l'opération, j'avais reconnu qu'il ne restait
au-dessus du pédicule que des matières fécales endurcies, retenues en haut
de l'intestin par l'obstacle que formait la tumeur.
') Celle-ci représente une masse irrégulièrement ovalaire; elle pèse
70 grammes; sa longueur est de 9 centimètres; sa circonférence de 1 1 cen-
timètres; elle est entièrement recouverte de téguments épais, rosés, par-
faitement semblables à la peau d'un enfant. D'un côté, elle présente des
cheveux serrés, dont les plus longs ont jus(|u'à 10 centimètres, de l'autre,
seulement quelques poils rares, courts et presque blancs.
» En l'examinant avec plus d'attention , on découvre sur la face dépourvue
de poils, à i5 millimètres environ de l'une de ses extrémités, une fente
transversale de 1 centimètres de longueur sur i centimètre de profondeur,
terminée par un cul-de-sac, lia lèvre inférieure de cette fente est irrégulière-
ment divisée par un sillon longitudinal qui se perd en bas, entre deux tu-
bercules cutanés d'inégale grosseur, bornée en haut par deux autres tuber-
cules plus durs, surmontés de deux dents, l'une canine, l'autre molaire; la
lèvre supérieure se termine à droite par un tubercule rouge, au-dessous
duquel est implantée une dent incisive, dont la partie tranchaule regarde
adroite, tandis que la racine se porte à gauche. Cette lèvre supérieure
présente, à son bord libre, une série de petits tubercuh s rougeâtres, qui lap-
pelUnt, par leur forme et leur coloration, les papilles fungiformes de^la langue.
La dent incisive, qui s'est détachée après quelques jours de macération dans
l'alcool, est parfaitement conformée, et offre les caractères d'une dent de la
première dentition. Les deux autres restent solidemint fixées dans leurs
alvéoles, et présentent probablement une disposition analogue.
» Le pédicule qui fixait la tumeur au rectum se terminait sur elle, au
côté gauche de la cavité que nous venons de décrire. On trouve là une
surface encore saignante, au niveau de la section faite avec les ciseaux; sur
une longueur de i5 millimètres, elle a 10 millimètres de largeur. En s'éloi-
gnant de l'implantation des dents que l'on pourrait appeler inférieures , au
■ ■ ( =^67 )
moins quant à leur position, on trouve au-dessous un tubercule mou, mu-
queux; plus à gauche, un tubercule cutané, pédicule, et au-dessus, séparée
par un sillon circulaire, une masse à surface inégale, comme verruqueuse,
qui termine la tumeur en bas, séparée en arrière par le même sillon de la
partie recouverte de cheveux. Au-dessus, la peau est lisse, recouverte de
quelques poils fins et blonds. En incisant longittidiualemeut la tumeur sur
l'un des bords de sa face postérieure, on trouve, au milieu d'un tissu fibro-
Ijraisseux, i" un os arrondi, revêtu de son périoste, supportant les dents cor-
respondantes à la lèvre inférieure, et renfermant tout près de l'une d'elles
une dépression occupée par une vésicule dentaire. La dent incisive est libre
de toute adhérence à l'os; la molaire et la canine, au contraire, sont évi-
demment implantées dans les alvéoles. Détaché plus complètement de ses
adhérences fibreuses et cutanées, cet os présente une forme arrondie à l'une
de ses faces où existe une ouverture ovale, un peu allongée, de i centimètre
dans son plus grand diamètre, et conduisant à une cavité occupée par du
tissu fibreux, dans laquelle s'engage, par une ouverture moins étendue,
un petit faisceau vasculaire qui paraît dépourvu de nerfs. Il est difficile de
rattacher la forme de cet os à celle d'un os régulier appartenant à la tête,
au tronc ou aux membres ; cependant ces rapports avec les dents et avec
l'espèce de cavité buccale en avant, peuvent le faire considérer comme un
os maxillaire; sa surface généralement arrondie en arrière, ses ouvertures,
sa cavité, le rapprochent, sinon plus particulièrement d'un os du crâne, du
moins de la boîte crânienne réduite et atrophiée. Cet os, qui est le plus
gros, serait donc le vestige de la tête. 2° Au-dessous est placé transversa-
lement un petit os, aigu à l'une de ses extrémités, arrondi à l'autre, qui pour-
rait appartenir soit à une côte , soit à l'arc d'une vertèbre. 3° Enfin un noyau
cartilagineux, de la grosseur et de la forme d'une noisette un peu allongée,
termine ce squelette incomplet. Serait-ce comme un vestige des membres
inférieurs?
» Il n'existe nulle part ailleurs d'autres noyaux osseux ou cartilagineux. »
PHYSIQUE. — Recherches sur les phénomènes d'induction produits par le
mouvement des métaux magnétiques ou non magnétiques; par
M. E. Verdet. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Duperrey. )
, « Sans développer ici l'historique de la question, qu'on trouvera dans le
Mémoire , il me suffira de rappeler les faits suivants.
36..
( 268 )
» En i8a4i ^- A.rago a fait connaître à l'Acidémie ses expériences qui
démontrent l'action des métaux en mouvement sur l'aiguille aimantée.
n En 1 832 , ces phénomènes ont été rapportés, par M. Faraday, aux cou-
rants induits que l'aimant développe nécessairement dans la plaque mé-
tallique.
» En 1846, M. Breguet a examiné la réaction de ces courants induits sur
un fil conducteur voisin; il a annoncé que tous les métaux en mouvement
dans le voisinage d'un aimant exerçaient sur un fil conducteur des actions
inductrices de même signe que celles du fer doux placé dans les mêmes
circonstances.
» En 1848, M. Weber a annoncé, au contraire, qu'un cylindre de bis-
muth exerçait des actions inductrices constamment opposées à celles d'un
cylindre de fer doux; il a comparé ce phénomène à la répulsion du bismuth
par les aimants, et l'a , en conséquence, attribué au diamagnétisme.
» Tout récemment (mars i85o), M. Faraday a repris et généralisé les ex-
périences de M. Weber. Il n'a obtenu de résultats bien sensibles qu'avec les
métaux bons conducteurs, et il a expliqué les phénomènes non par le diama-
gnétisme, mais par les courants induits dans la masse des métaux.
» Enfin, il est juste de dire qu'en 1841, M. Dove a publié, dans les
Annales de Chimie et de Physique , des expériences qui se rattachent de
très-près à la question.
» Quant aux méthodes d'expérience, je rappellerai que MM. Weber et
Faraday se contentaient d'approcher et d'éloigner leurs cylindres métalliques
du pôle d'un électro-aimant, et d'obs6rver les courants induits dans une bo-
bine placée au-dessus de ce pôle; que M. Breguet se servait d'une machine
de Page, en substituant les divers métaux au fer doux.
» Je me suis également servi de la machine de Page. Cette machine se
compo.se d'un aimant en fer à cheval, devant les pôles duquel tourne une
plaque métallique. Fjes branches de l'aimant sont placées dans l'axe de deux
bobines à long fil qu'on fait communiquer avec un galvanomètre sensible (i).
Ce sont les courants induits de ces bobines qu'il s'agit d'étudier.
» La seule pièce que j'ai ajoutée à cette machine est un commutateur,
qui ne laisse arriver le courant au galvanomètre que pendant la douzième
partie d'une révolution de la plaque, ce qui permet d'analyser le phéno-
mène dans ses détails.
» J'ai expérimenté d'abord sur les corps magnétiques. J'ai constaté que des
(i) C'était un galvanomètre à i 800 tours, construit par Ruhmkorif.
substances peu niagnéliques , telles que l'oxyde et le sulfure de fer, donnent
des courants induits très-appréciables dans la machine de Page. Ces expé-
riences avaient surtout pour objet d'éprouver la sensibilité de mon appareil.
" Passant ensuite aux métaux non magnétiques , j'ai reconnu que les cou-
rants induits, pendant la période du mouvement où la plaque est très-voisine
de la ligne des pôles, paraissent suivre à peu près les lois de l'induction dia-
niagnétique de M. Weber; mais, en comparant les divers métaux, j'ai
reconnu, comme MM. Breguet et Faraday, que les phénomènes ne dépen-
dent que de la conductibilité des métaux , et nullement de leur pouvoir dia-
magnétique. Je n'ai absolument rien obtenu en substituant aux plaques
compactes des faisceaux de fils ou des masses rectangulaires de poudre
métallique agglutinée par un mastic. Ce dernier mode d'expérience détrui-
sait l'effet des courants d'induction et laissait subsister celui du diamagué-
tisme, si réellement il existait.
» J'ai cherché à expliquer les phénomènes par la réaction des courants in-
duits dans la plaque mobile. Les lois générales de l'induction m'ont indiqué
des courants de signe variable, mais distribués dune manière entièrement
symétrique pendant la période où la plaque s'éloigne de la ligne des pôles,
et pendant la période où elle s'en rapproche.
» Or, l'expérience indique entre ces deux périodes une dissymétrie com-
plète, d'autant plus marquée que la vitesse de rotation est plus grande. Il
en résulte une contradiction qui m'a paru s'expliquer par les principts déve-
loppés par M. Faraday dans sa Lettre à M. Gay-Lussac sur le magnétisme
de rotation.
" M. Faraday a fait voir que la composante perpendiculaire au plan du
disque et la composante parallèle aux rayons découvertes par M. Arago,
indiquaient une dissymétrie des courants induits dans le disque mobile, que la
théorie ordinaire de l'induction n'aurait pu faire prévoir. 11 s'en est rendu
compte en admettant une influence du temps sur l'induction. Cette influence
du temps m'a donné l'explication de mes expériences, et je considère
comme le principal résultat de mon travail de l'avoir manifestée d'une manière
nouvelle.
" Pour être sûr que les phénomènes que j'attribuais à l'influence du temps
sur l'induction n'étaient pas dus à l'influence du temps sur les variations du
magnétisme de l'aimant, ni à une réaction des courants induils sur l'aimant,
semblable à celle qu'a étudiée M. Lenz(i), j'ai remplacé l'aimant de l'ap-
(i) Mémoire sur l'influence de la vitesse de rotation des machines magnéto-électriques.
[Annales de Poggendorff, tome LXXVI.)
( ayo )
pareil de Page par un puissant solénoïde. Les courants induits ont été moins
intenses qu'avec un ainaant; mais leurs lois générales ont été les mêmes, et
la dissymétrie par laquelle se maniFeste l'influence du temps a toujours
persisté.
» J'ajouterai qu'il m'a été impossible de distinguer l'antimoine et le bis-
muth des autres métaux, si ce n'est par la faiblesse de leurs effets. Rien
dans les phénomènes que j'ai observés ne m'a conduit à attribuer à ces deux
corps une induction diamagaétique propre. Je ne veux pas dire qu'elle
n'existe pas; mais je crois ses effets très-faibles par rapport à ceux de l'in-
duction ordinaire. Les phénomènes qui se passent au voisinage de la ligne
des pôles, et qui simulent l'induction diamagnétique, s'expliquent par l'in-
fluence du temps dont je viens de parler.
» Enfin une discussion attentive montre que, pour certaines positions du
commutateur, on pourrait croire que les phénomènes produits par tous les
métaux sont entièrement semblables à ceux du fer doux. Ainsi s'expliquent
les résultats annoncés par M. Breguet. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches sur les eaux de la ville et de
l'arrondissement de Reims ,• par M. E. Madmené. (Extrait par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Chevreul , Pelouze, Andral , Bussy.)
« Le travail se divise en quatre chapitres.
» Dans le premier, j'expose le détail des procédés analytiques. i° J'in-
dique , entre autres, une méthode nouvelle pour la détermination de
l'acide carbonique en excès des carbonates simples. 2" Rien de mieux ,
pour évaluer les azotates, que la méthode de M. Pelouze; il faut agir
sur le produit de la dessiccation des sels solubles obtenus par l'évapo-
ration incomplète. C4ette méthode est très-exacte; je me suis assuré de
l'innocuité des matières organiques, même azotées. 3° La détermination
du poids total des sels est très-inexacte, en général, quand on évapore
un seul litre dans une capsule de porcelaine. J'ai agi sur 10 à ao litres,
et l'évaporation a été faite dans un ballon. 4" Pour la détermination
qualitative des sels, je n'ai pas voulu me borner à indiquer séparément
les acides et les bases tels que les fournit l'analyse; je n'ai pas vu d'incon-
vénient grave à prendre une règle arbitraire, et j'ai adopté la suivante. . . .
» Le deuxième chapitre renferme les détails des analyses. Tous ces détails
sont résumés dans le tableau synoptique placé à la fin de cet extrait.
» Voici les remarques générales déduites de mes expériences :
» \. Toutes nos eaux de rivières et de puits sont exemptes de magnésie.
( a?! )
» Ce résultat ne manquera pas, sans doute, de frapper les chimistes. Dès
mes premiers essais, je fus étonné d'une circonstance aussi exceptionnelle,
puisqu'on s'accorde à signaler la magnésie dans presque toutes les eaux, et
j'ai mis tous mes soins à la découvrir (i); je n'y ai pas réussi. Craignant de
devoir cette sorte d'insuccès h la très-petite quantité de magnésie contenue
dans l'eau, j'ai cherché clans les terrains eux-mêmes, notamment dans la
craie et dans la tourbe, et je n'ai pas été plus heureux.
" Voici l'analyse de deux échantillons de craie , l'un pris dans une crayère ,
l'antre dont l'origine m'était inconnue , mais qui faisait partie d'une vieille
muraille, et venait certainement des environs de Reims :
CKAIE DE L
A CRAYÈnR.
96,684
0,111
2,670
0,535
CBAIE ANCIENNE.
95,38i 96,282
0,077 0,078
3,104 3,i33
o,5o2 0,507
0,936 »
Carbonate de chaux
Phosphate de chaux. . . .
Argile
76,066
0,087
2,101
0,421
21,325
Oxyde de fer
Eau
100,000
100,000
100,000
100,000
n La tourbe m'a donné des résultats analogues; après avoir brûlé plus
de I kilogramme de cette matière dans un fourneau de fer, j'ai soumis les
cendres à l'analyse, et je n'y ai pas trouvé de magné.sie.
» L'eau des puits ne m'en a pas offert davantage. Cependant la ville de
Reims a été désolée par le goitre tant que l'eau des puits y a été seule en
usage. Voici, pour en donner la preuve, un extrait d'une déclaration faite
par les médecins de Reims , en 1746 :
« Nous, doyen, docteurs et professeurs de médecine dans l'Université de
» Reims, certifions que depuis que nous exerçons la médecine dans cette
» dite ville, nous y avons rencontré une infinité de personnes attaquées des
» maux vulgairement appelés incurables ; nous pensons même qu'il n est
» pas de ville dans le royaume où l'on trouve plus de goitres, de scirihes ,
>' de cancers, d'écrouelles, de loupes, de mélicoris, de stéatomes, et géné-
» ralement de toutes les maladies comprises dans la classe des humeurs
n froities.
(i) Je décris dans le Mémoire tous les détails des analyses.
( 272 )
'• Il est ici peu de familles où l'on ne trouve quelque sujet plus ou moins
» infecté de ce virus, et si le secret que nous leur devons ne nous fermait
" la bouche, nous étonoerions le public par le récit de nos misères. Il arrive
" même souvent qu'eu donnaut des leçons d'anatome à nos élèves, et en
" ouvrant à l'Hôtel-Dieu des personnes mortes de maladies aiguës, telles
" que l'apoplexie, nous troiivous le méjentèrn farci de glandes engorgées,
» qui préparaient des causes sourdes de mort dans des sujets sains en appa-
» rence et au-dessus de tout soupçon. »
« En présence de cette déclaration catégorique et des analyses contenues
dans le Mémoire, peut-on attribuer le goitre ou les maladies analogues à la
magnésie ? Ni les eaux de nos rivières, ni les eaux de nos puits, ni le sol lui
même, n'en renferment des traces saisissables.
" II. Les gaz dégagés par les eaux stagnantes peuvent être identiques
avec le gaz ordinaire de l'éclairage.
» Les débris solides apportés chaque jour à Saint-Brice (au-dessous de
Reims) par l'égout général, sont tellement abondants, que le bras droit de
la Vesle en est entièrement troublé sur une étendue de plusieurs centainrîs
de mètres. La fermentation y est accusée par nn développement prodigieux
de gaz, dont voici l'analyse :
DÉSIGNATION DES GAZ.
Oxygène. ...
Azote
Hydrogène
Hydrogène protocarboné
Hydrogène bicarboné. ..
Oxyde de carbone
Acide carbonique
18 JUIN 1849.
Température -*- 18»,8.
Pression o™,758i.
0,3
10,0
48,4
6,3
14,2
18,0
100,0
26 JANVIER 18i5U.
Température -)-9'',9.
Pression o'",7555.
0,4
i8,3
42,5
6,6
21,8
8,5
100,0
» Si je ne me trompe, ces résultats sont les premiers à donner une expli-
(;ation satisfaisante des faits qu'on observe dans toutes les circonstances où
la décomposition spontanée des matières organiques s'exécute comme à
Saiut-Brice. L'oxyde de carbone est si vénéneux , qu'il montre bien mieux
que les hydrogènes carboné» le dauger d'une respiralion prolongée dans
( -73 )
les brouillards qui se forment si souvent au-dessus de ces eaux peu ra-
pides (i). On pourrait, je crois, se débarrasser de l'influence de ces gaz ,
en arrêtant les e^u\ de l'égout dans un bassin recouvert d'un gazomètre, où
les gaz se rendraient d'eux-mêmes et serviraient à l'éclairage ou à des opéra-
tions chimiques.
» III. L'étude de l'eau des puits m'a fourni l'occasion de signaler encore
un fait nouveau.
» Presque toutes ces eaux renferment de l'acide sulfurique et de la chaux ,
et peuvent être envisagées comme renfermant du plâtre. Cependant la
plupart d'entre elles ne décomposent pas le savon; l'expérience en a été
faite avec les plus grands soins : on a mélangé 200 centimètres cubes d'eau
de puits avec 10 centimètres cubes d'une solution de savon contenant
20 grammes de savon blanc dans i litre. La liqueur se trouvait ainsi formée
de o8',2 de savon pour 2 décilitres d'eau de puits, ou de i gramme de savon
pour j litre. Le mélange se conserve plus d'un mois sans laisser paraître de
dépôt; on peut le porter à l'ébullition dans un inatras pendant plusieurs
minules, il ne se trouble pas davantage. Cette circonstance m'a frappé, par
la contradiciion qu'elle apporte à l'opinion unanime des chimistes. En
effet , il est admis d'une manière absolue que les sels de chaux autres que le
carbonate, produisent toujours une décomposition et un dépôt dans les
solutions de savon. ...
" En tenant compte de l'inaction de certaines de nos eaux, et de celles
qui renferment du carbonate calcaire [pourvu que la proportion de ce sel
ne soit pas trop grande), on est amené à penser que tous les sels de chaux
en général ne décomposent le savon avec dépôt qu'au delà d'une certaine
limite, c'est-à-dire que le savon calcaire n'est pas absolument insoluble, et
cette pensée se vérifie par les expériences suivantes :
■I A. On a fait, avec de l'eau distillée et une solution saturée de sulfate
de chaux pur, les mélanges suivants :
190 centim. cubes d'eau et 10 cenlim. cubes solution de sulfate.
» 20 »
"Se »
» 4° "
» 5o «
« 60 »
» 'JO i>
1".
190
2°.
180
3°.
170
4°.
160
5°.
i5o
6°.
i4o
r-
i3o
(i) Dans une visite de salubrité à Clair-Marais, faubourg de Reims, près de Saint-Brice,
nous avons eu le chagrin de trouver sept personnes atteintes de la fièvre , sur onze membres
dont se composait la famille.
C. R.,i85o, a""Se»iej(re. (T XXXI. Neg.) 3^
1°.
0«%0234 su
Itate su
r 200
2°.
0 ,0468
»
200
3°.
0 ,0702
B
200
4°.
0 ,0936
))
200
5».
0 ,1170
»
200
6".
0 ,i4o4
M
200
r-
0 ,i638
B
200
(274 )
>i lia dissolution saturée de sulfate, à la température de i3 degrés, contient
par litre 28',34o de sulfate , ou o,0234 sur 10 centimètres cubes. Ainsi les
mélanges renfermaient :
Ifate sur 200 centim. cubes ou o*'', 117 sur i litre.
» o ,234 »
» o ,35i B
» o ,468 B
» o ,585 »
» o ,702 »
» o ,81g »
» A chacune de ces liqueurs nous avons ajouté lo centimètres cubes de
la solution de savon blanc ( 20 grammes par lilre), et nous avons obtenu :
• 1°. Pas le moindre grumeau et seulement l'opalescence ;
" 2°. Pas le moindre grumeau et seulement l'opalescence ;
» 3°. Pas le moindre grumeau et seulement l'opalescence ;
" 4°- P'"' le moindre grumeau et seulement l'opalescence un peu plus
forte ;
» 5°. Léger précipité , opalescence légère ;
Il 6°. Précipité abondant, liqueur à peu |)rès limpide ;
» 7". Précipité abondant, liqueur bien claire.
n B. Des expériences du même genre , faites avec le chlorure de calcium
pur et fondu, et l'azotate de chaux cristalli.sé (27 centièmes d'eau), ont
donné des résultats semblables. Ainsi tous les sels de chaux, sans exception,
peuvent exister en assez forte proportion dans une eau qui ne renferme pas
d'autres sels, sans produire la décomposition des savons avec dépôt. Le
maximum peut être ainsi fixé :
o>%58o sulfate de chaux anhydre dans i litre,
o^'jSgo chlorure de calcium dans i lilre,
o''',6oo azotate de chaux dans 1 litre.
» L'anomalie que semblait présenter le carbonate calcaire disparaît : il
donne l'opalescence seule jusqu'à une certaine limite et le dépôt an delà. Il
se comporte absolument comme les autres sels. Je me suis assuré que les
autres sels des eaux , les chlorures et azotates , n'influaient en rien sur la dé-
composition, même en élevant leur proportion bien au delà de celles qu'on
rencontre dans les eaux. Il me semble que l'aciJe silicique et l'alumine
restent seuls accusables de la facilité avec laquelle certaines eaux agissent
sur le savon, sans contenir, à beaucoup près , ta quantité convenable de sels
{ 275 )
calcaires. J'ai entrepris d'étudier ce sujet , et parmi les nombreuses expé- ^
riences déj«n faites, je me borne à citer dans le Mémoire celles qui établis- j
sent les points suivants :
» i". L'alumine n'existe pas à l'état d'alun dans les eaux qui renferment
du carbonate de chaux ;
>• a*^. L'alumine n'existe pas dans les eaux à l'état de dissolution carbo- |
nique.
» IV. Il existe à i3 kilomètres de Reims une source ferrugineuse dont les
dépôts contiennent de l'arséninm (i), ainsi que MM. Chevalier et Gobley
Vont reconnu (^Journal de Pharmacie , mai 1848). J'ai constaté de nouveau
ce fait, et j'évalue approximativement à 2 milligrammes la proportion du
métalloïde par mètre cube d'eau. Il faut remarquer la singularité de l'ab-
sence de l'arséninm dans une source voisine et qui donne des dépôts de la
même apparence, à très-pen près. Les autres sources des environs de Reims
ne contiennent pas de matières arsenicales , d'après MM. Chevalier et Gobley ;
à celles qui sont citées par ces chimistes j'ajouterai la source de Béru, à 8 ki-
lomètres au nord de la ville.
» Le Mémoire se termine par quelques considérations théoriques, sur le
mode de dissolution des carbonates insolubles dans les eaux.
" Voici les conclusions auxquelles je suis amené et que je regarde comme
très- probables : Les eaux ne renferment pas les carbonates insolubles à l'état
de bicarbonates. Si 1 acide carbonique influe sur la solubilité de ces carbo-
nates , ce n'est pas en vertu de l'action chimique , mais en vertu de la force
de dissolution. L'acide carbonique n'est pas le seul agent de dissolution des
carbonates ; certains sels ont aussi la puissance de détruire leur insolubilité.
Dans les eanx naturelles les carbonates sont dissous , en partie par l'action
di! l'acide carbonique, et en partie par l'action des autres matières salines. »
(i) Je propose ce nom pour éviter toute confusion.
37.
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ÉCONOMIE RURALE. — Observations faites , en i85o, à la magnanerie
expérimentale de Sainte- Tulle {Basses -Alpes), sur les maladies des
vers à soie; par M. F.-E. Guérin-Méneville. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Duméril, Milne Edwards, Rayer.)
« Quoique arrivé beaucoup trop tard à Sainte-Tulle, j'ai pu fixer les ca-
ractères de plusieurs maladies des vers à soie, étudiées d'une manière insuf-
fisante , l'année dernière, faute de temps; j'ai pu reconnaître, en outre, que
ces mêmes maladies sévissent aussi sur les papillons destinés à faire la
graine. Enfin , j'ai revu les mêmes phénomènes que j'avais fait connaître
dans ma « Notice sur la composition intime du sanjj des vers à soie en santé
et en maladie , » Notice lue à l'Académie dans sa séance du 3 novembre 1 849.
J'ai constaté que ce fluide éprouve des modifications considérables, et de
natures diverses, suivant l'espèce de maladie dont les vers étaient atteints.
J'avais dit, entre autres choses, que le sang des vers à soie malades contenait
une quantiié immense de petits corpuscules animés, auxquels j'ai donné le
nom CChœmatozoïdes; j'ai retrouvé ces corps dans un grand nombre de sai-
gnées faites à ces insectes. J'avais dit encore que les haematozoïdes du sang des
vers infectés de muscardine s'allongent, perdent leurs mouvements et devien-
nent peu à peu les rudiments du boirytis; j'ai revu ce singulier phénomène
un grand nombre de fois, cette année, et j'en ai fait des dessins à la chambre
claire. Des vers infectés de muscardine ont été saignés à plusieurs reprises , de-
puis ce moment jusqu'à leur mort, et j'ai pu constater encore un {jrand nombre
de fois les changements successifs qui s'opèrent dans les haematozoïdes. Ainsi,
pendant les premières heures après l'infection, le sang est encore riche en
globules normaux , et l'on n'y voit pas un seul haematozoide. Quelques heures
plus tard, ces corpuscules animés apparaissent de plus en plus nombreux.
Plus tard encore, on commence à voir des inégalités dans leur volume; ces
inégalités deviennent de plus en plus grandes, et l'on arrive ainsi à une
époque où les plus grands de ces corpuscules sont de véritables thallus
muscardiniques.
" Jusqu'ici je n'avais observé tous ces phénomènes que dans des vers à
soie et dans cpielqucs chenilles d'autres insectes. Cette année, je les ai con-
statés dans les papillons eux-mêmes, lesquels sont sujets, comme je le montre
dans le présent Mémoire, aux mêmes maladies que leurs larves.
» Le résultat le plus important de mes études de quatre années peut se
formuler dans les termes suivants :
( '-78 )
" Le fluide nourricier des versa soie, des Lépidoptères en général, et
probablement de tous les insectes, se renouvelle continuellement, et par une
sorte de génération de ses globules, pendant la vie de ces insectes; mais
quand ils ont satisfait au vœu de la nature, quand ils ont assuré leur repro-
duction, ce renouvellement devenant inutile, il s'opère des changements
physiologiques, des modifications chimiques, qui donnent ordinairement
lieu à la transformation des éléments animaux en éléments végétaux , les-
quels tendent à remettre dans la circulation générale cette matière, désor-
mais inutile sous cette première forme.
» Au point où en sont arrivés mes travaux, il me semble déjà permis
d'établir que le fluide nourricier des vers à soie qui ont accompli les diverses
phases de leur vie (fluide d'une composition différente de celle du sang des
animaux supérieurs), s'appauvrit à partir du moment où l'insecte ne le re-
nouvelle plus par une alimentation convenable ; qu'il ne conserve que les qua-
lités animales strictement nécessaires pour soutenir la vie, jusqu'au moment
où cet insecte a terminé tous les actes qui ont pour but la conservation de
l'espèce, et qu'il se désanimalise ensuite graduellement, jusqu'au point de
ne plus posséder que de simples qualités végétales. Alors il donne lieu à
la formation de ce végétal si simple, du botrytis. On serait donc déjà autorisé
à voir dans la muscardine l'état normal des insectes qui ont terminé leur
carrière, le caractère de leur vieillesse, de leur caducité, et à penser que
lorsqu'elle atteint des vers à soie, des larves, c'est le résultat de modifica-
tions anticipées dans leur fluide nourricier, modifications qui les placent
trop tôt dans la condition des insectes parfaits et caducs.
Il Ces observations nous aident encore à expliquer certains phénomènes
restés obscurs et difficiles à comprendre. On comprend ainsi , par exemple,
comment il se fait que la muscardine envahisse quelquefois des magnaneries
placées dans des pays où l'industrie de la soie ne fait que commencer, des
magnaneries neuves , où il ne saurait se trouver de sporules de l'année pré-
cédente, etc., etc. Dans ces circonstances, il peut s'être produit, soit par
l'alimentation, soit par la composition de l'air de la magnanerie, etc., de
phénomènes qui ont placé le sang des vers à soie dans l'état de désanimali-
sation qui lui fait produire le botrytis. Ou bien quelques femelles de papil-
lons, après avoir pondu leur graine, peuvent être tombées dans des endroits
humides, dans des coins où les botrytis dont elles sont pleines ont pu végé-
ter , fleurir, se couvrir de sporules ou graines, et infecter l'atelier pour l'an-
née suivante. »
(^79)
PHYSIQUE. — Sur la force qui maintient les corps à l'état sphéroidal
au delà du rayon de leur sphère d'actiuite' physique et chimique ; par
M. BouTiGNY (d'Évreiix). (Extrait par l'auteur, )
(Commissaires, MM. Becquerel, Babinet, Despretz.)
« ... La divergence d'opinions qui existe sur la cause de la suspetisioii
des corps à l'état sphéroidal m'a inspiré l'idée des expériences suivantes.
« .T'ai roulé en spirale un fil de platine de o^jOOi de diamètre, de ma-
nière à en former une sorte de crible à mailles circulaires et continues. .l'ai
versé successivement de l'eau, de l'alcool et de l'éther dans cette capsule
d'un nouveau genre, et, comme on le pense bien, ces trois liquides ont
coulé comme au travers d'un crible.
» Cela constaté, j'ai fait rougir la capsule et j'ai recommencé l'expé-
rience avec les trois liquides ci-dessus, et j'ai vu se renouveler sous mes
yeux le miracle de la vestale Tuccia, c'est-à-dire ces trois liquides ne plus
passer au travers de.s mailles du crible et pouvant être transportés à une
certaine distance. .le prie l'Académie de me permettre de m'arréter un
instant sur ces trois expériences qui , à vrai dire , n'en font qu'une.
» Pour ce qui est de l'eau, je renvoie à l'ouvrage que j'ai publié sons le
titre de Nouvelle branche de physique, ou Etudes sur les corps à l'état
sphéroidal, pages 85 et 1 13 à laa.
« Quant à l'alcool et à l'éther, voici ce qu'on observe : la vapeur ([u'ils
produisent, ayant une densité beaucoup plus élevée que celle de l'air, fait
équilibre, jusqu'à un certain point, au courant ascendant d'air chaud pro-
duit par la haute température de la capsule, et cette vapeur, tombant pou-
les vides de la capsule, s'enflamme en dessous et en dessus, et le sphéroïde
se trouve alors placé entre deux cônes de flamme opposés par leur ba' C'est, qu'en effet, l'état sphéroïdal est l'état primordial de la matière;
c'est, qu'en effet, tous les phénomènes que j'ai eu l'honneur de signaler à
l'Académie, depuis quinze ans, appartiennent à la physique des temps pri-
mitifs du globe; c'est, qu'en effet, toutes nos expériences de laboratoire se
sont nécessairement accomplies, sur une vaste échelle, à la surface de la
terre, à l'époque de son incandescence. Il y a donc d'immenses études à
faire sur ce sujet, et d'innqmbrables résultats à recueillir. »
xMÉMOIRËS PRÉSEINTÉS.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Recherches sur l'iode des eaux douces (suite);
de la présence de ce corps dans les plantes et les animaux terrestres ;
par M. Ad. Chatin, professeur à l'Ecole de Pharmacie. (Extrait par
l'auteur.)
(Commissaires, MM. Thenard, Élie de Beaumont, Gaudichaud , Bussy. )
u I. L'existence de l'iode chez diverses plantes aquatiques de l'Europe ,
de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique et de la Nouvelle-Hollande , confirme
ce que nous avions déduit de l'analyse d'espèces des environs de Paris ,
savoir, la présence de ce corps dans la masse du globe et la généralité des
eaux douces.
» 11. L'état de la terre aux époques des végétations anciennes pourrait
se déduire de la proportion de l'iode dans leurs restes fossihs. La houille ,
riche en iode, dut provenir de plantes développées sur une terre encore
baignée par les eaux; à l'anthracite, moins iodurée que la houille, on re-
connaît que des végétaux terrestres sont venus se mêler aux cryptogames
des houillères, et les lignites peu ou point iodés annoncent que les espèces
terrestres dominent enfin sur la croûte du globe sortie du sein des eaux.
L'iode reparaît dans la lessive des tourbes, et son abondance dans le gra-
( a8i )
phile semble enfin devoir classer cette substance parmi les produits d'origine
organique et aqueuse. Bien antérieur à la formation houillère^ le graphite
représenterait la végétation la plus antique du globe.
" III. Les animaux d'eau douce (spongilles, liinnées, sangsues, écre-
visses, goujons, grenouilles, foulques, rats d'eau, elc. ) contiennent de
l'iode; ils sont même plus iodurés que les plantes venues dans la même eau.
» IV. La présence de l'iode dans les eaux douces peut être directement
constatée. Des recherches faites à cet égard sur environ trois cents rivières,
fontaines et puits, on peut conclure, en général :
» i". Que l'iode existe, en proportion variable, dans toutes les eaux qui
sourdent du globe;
» 2°. Que la richesse des eaux en iode peut être présumée d'après la
nature plus ou moins ferrugineuse des terrains qu'elles lavent;
' " 3". Que la proportion de l'iode croît ordinairement dans les eaux avec
celle du fer, de telle sorte que les eaux dites ferrugineuses peuvent être tout
aussi bien nommées eaux iodure'es;
" 4**- Que les eaux des terrains ignés sont plus iodurées, en moyenne, et
surtout plus uniformément, que celles des terrains de sédiment;
» 5°. Que les eaux de la craie verte et des oolithes ferrugineuses tiennent
le premier rang parmi celles-ci; qu'elles peuvent même se placer avant
celles des terrains ignés;
>i 6°. Que tout en étant riches en iode , les eaux de la formation houil-
lère viennent après celles de certains terrains ignés ou de sédiment fer-
rugineux;
" 7°. Que les eaux des terrains essentiellement calcaires et magnésiens
sont très-peu iodées;
» 8". Que l'iode est surtout rare dans les marnes irisées, gangue habi-
tuelle du sel gemme ;
'< 9°. Que les iodures ne sont pas nécessairement proportionnels aux
chlorures ;
» lo". Que les rivières alimentées par les glaciers (Rhin, Rhône, Isère,
Durance, Tet, Garonne, Adour, etc.) sont peu iodurées, surtout à l'époque
de la grande fonte des neiges;
» II". Que les eaux des rivières sont en moyenne plus iodurées , moins
chargées de sels terreux, et surtout plus uniformément iodurées que celles
des sources;
" 12°. Que les eaux de puits sont à la fois les plus calcomaguésiennes et
les moins iodées.
C. R., ifSo, 2"". Semestre. (T. XXXI, ^- 9.) 38
( a82 )
» V. Le rapport qui existe entre le fer et l'iode des eaux , la facile dé-
composition de l'iodiire de fer, et la décomposition complète de l'iodure
des eaux dans l'évaporation sans addition de potasse, rendent probable que
l'iode s'y trouve à l'état d'iodure de fer.
» VI. L'iode existe dans les plantes et les animaux terrestres.
» VIL Les potasses du commerce et la plupart des sels dont elles font la
base sont iodurés; mais le nitrate de potasse, la crème de tartre, l'émétique
et le tartrate double de potasse et de soude sont privés d'iode.
» Les sels ammoniacaux et les soudes sont aussi iodurés, ainsi que le chlo-
rure de sodium des marais salants réputé pur. Le sel gemme et le sel des
salines de l'Est sont presque complètement privés d'iodures.
» VIII. Les liqueurs fermenlées contiennent de l'iode.
» Le vin, le cidre et le poiré sont plus iodurés que la moyenne des eaux
douces.
» Les vins varient, comme les eaux, suivant la nature du terrain. Parmi
ceux observés, les plus riches en iode venaient des côtes granitiques du Ma-
çonnais, du Beaujolais, et de l'ooliihe moyenne de Tonnerre; les plus pau-
vres, de la craie blanche de Champagne. Le bordeaux du sol tertiaire de la
Gironde est moins iodé que le vin de la grande bande de craie verte qui
s'étend des environs de Cahors jusqu'à ceux de la Rochelle.
» IX. Le lait est encore plus riche en iode que le vin, et le lait d'ânesse
l'est plus que celui de vache.
» Abstraction faite du sol, avec lequel elle varie, on peut admettre que
la proportion de l'iode est dans le lait en raison inverse de l'abondance de
cette sécrétion.
» Les œufs (non la coquille) sont très-iodés. Un œuf de poule (pesant
5o grammes) est plus ioduré qu'un litre de lait de vache; il l'est autant que
(ieux litres de vin ou de bonne eau (celle de la Seine à Paris).
» X. li'iode existe dans la terre arable; abondant dans le soufre, les mine-
rais de fer et de manganèse, le mercure sulfuré, il est rare dans le gypse,
la craie blanche, les calcaires grossiers et siliceux, etc.
» XL C'est sur les plantes des eaux ferro-iodées que devront poiter les
essais ayant pour but l'extraction économique de l'iode des eaux douces.
» XII. Une proportion trop minime d'iode dans les eaux potables de
certaines contrées paraît être la cause principale du goitre. Le changement
d'eau et tout au moins l'usage du vin, des eaux ferro-iodées, du cresson de
bonne eau, d'une nourriture animale, des œufs surtout, sont rationnelle-
ment indiqués contre cette affection. Il serait encore utile que le sel des
( 283 )
marais salants fût substitué , dans les contrées à goitreux , au sel de roche
qui s'y trouve habituellement et s'y consomme.
» léH plupart des corps regardés par les thérapeutistes comme pectoraux
et antiscrofuleux sont riches en iode. »
HYDRAULIQUE. — Mémoire sur des formules nouvelles pour la solution des
problèmes relatifs aux eaux courantes; par M. de Saint- Venant,
(Commissaires, MM. Aug. Gauchy, Morin, Combes.)
« Dans les applications pratiques variées que l'on est dans le cas de
faire de l'équation donnée par Prony pour le mouvement des eaux dans
les canaux découverts ou les tuyaux
-I ou RI = aU + AU«
X
(où I est la pente par mètre, U la vitesse moyenne, R le quotient de la
section w par son périmètre mouillé ;(), on éprouve souvent une grande
gêne, tenant à ce que le second membre , qui représente empiriquement
le frottement de l'unité superficielle des parois, en poids de l'unité de vo-
lume du fluide , se trouve composé de deux termes.
» Aussi, et surtout pour certains problèmes implicites où l'on ne peut pas
remplacer l'usage de la formule par celui de Tables numériques de U et RI,
presque tous les hydrauliciens prennent le parti d'effacer le premier terme ,
ou d'écrire
RI = hW,
bien que cette expression soit contraire à ce que l'expérience a appris et
fait dire depuis longtemps à Du Buat, « que les résistances croissent en
moindre raison que les carrés des vitesses. »
" On peut atteindre le même but ou donner une forme monôme à l'ex-
pression de RI en U ou de U en RI, sans s'écarter ainsi des faits, en affec-
tant la vitesse U d'un exposant fractionnaire intermédiaire entre i et a
c'est-à-dire en posant
RI^cU'",
m étant un peu au-dessous de 2.
n On en acquiert facilement la conviction en prenant les logarithme* .
ce qui donne
log (RI) = log c + m . log U ,
38..
( ^84 )
et en construisant deux suites de points ayant pour abscisses les valeurs de
log U et pour ordonnées celles correspondantes de log(RI) fournies par
les expériences sur les canaux et par les expériences sur les tuyaux; car
on voit que chacun de ces deux ensembles affecte une direction rectiligne ,
sauf les anomalies attribuables aux erreurs d'observation.
» Pour arriver aux valeurs les plus convenables de m et de log c on a
employé, concurremment avec le procédé graphique, trois méthodes de
corrections d'anomalies: celle de Laplace (la deuxième), employée par
Prony et M. Eytelwein ; celle des moindres carrés, de Legendre; enfin celle
de M. Cauchy, qui revient, dans le cas présent, à séparer les points en deux
groupes par une par.illèle à l'axe des abscisses menée par le centre de
gravité général, et à prendre pour la droite cherchée celle qui joint le
centre de gravité d'un des groupes au centre de gravité de l'autre.
» En atténuant et compensant ainsi les différences absolues entre les
valeurs des logarithmes de RI fournies par l'équation et celles fournies par
les expériences, on compense et atténue, par cela seul, les différences pro-
portionnelles sur RI lui-même; ce à quoi l'on doit s'attacher suivant tous
les auteurs, et ce qui n'est qu'imparfaitement opéré par un expédient de
M. Eytelwein.
" Les trois méthodes appliquées à quatre-vingt-treize expériences sur
les canaux, ont donné pour m respectivement
1,8990, 1,8812, i,9i5o.
» Elles seraient à adopter, dans le système de correction propre à cha-
cune, s'il n'y avait d'erreurs d'observation que sur les RI.
>i Mais il y en a eu aussi dans le mesurage des U. En écrivant ainsi
l'équation (ce qui eût pu être fait de prime abord)
U = (i)'"(RI)™'
et en la traitant sous cette forme en prenant toujours les logarithmes, les
méthodes ont donné pour m les trois valeurs
i>9o57, 1,9146, i,94Go,
qui seraient à adopter, toujours d'après le principe propre à chacune , s'il
n'y avait d'erreurs que sur les U, ou si les RI en étaient exempts.
)i La valeur de m la plus convenable doit être intermédiaire entre celles-
( a85 )
ci et celles-là. Pour l'oblenir à peu près d'une manière simple, on a supposé
un rapport constant — r entre les erreurs proportionnelles sur Bl et les
erreurs proportionnelles sur U (ou entre celles absolues sur log RI et sur
logU), et l'on a appliqué les méthodes aux erreurs résultantes qui sont
les distances entre les points et la droite, mesurées par de petites droites
non plus parallèles à l'axe des ordonnées ou à l'axe des abscisses, mais fai-
sant avec celui-ci un angle dont la tangente est — r. La deuxième méthode
donne ainsi
m = m' -h {m" — m') >
m' et m" étant les valeurs qu'on a tro,uvées en négligeant successiven;ent les
erreurs sur log U, puis celles sur log RI.
» En appliquant la même relation à des moyennes des résultats des trois
méthodes, et en supposant les erreurs plus grandes sur RI que sur U, on a
eu, en nombres simples, m = — pour les canaux, et — pour les tuyaux.
» Une fois m choisi, log c est facilement calculé.
» La formule pour les canaux est, en conséqueuce,
31 II
RI= o,ooo4oioaU", U = 6o,i6(RI)2ï.
Elle représente les expériences aussi bien que la formule binôme à coef-
ficients Eytelwein, et mieux que celle à coefficients Prony.
» La formule monôme pour les tuyaux, en mettant le quart du dia-
mètre D pour R et en appelant J la pente fictive, ou perte de charge par
mètre courant, due au seul frottement, est
^^ ....^ .. - ,. /DA^
-7- = OjOooagSeU' , U=i i4,4g ( -^j'
Elle représente bien mieux les expériences que celle de M. E>'telwein, ce
qui tient à ce que l'ensemble des points construits avec des abscisses U et
des ordonnées rrj affecte une courbure très-sensible. Quant à la formule
Prony pour les tuyaux, elle est fautive et ne peut pas plus s'appliquer aux
tuyaux longs qu'aux courts; ce qui provient de ce que \es pentes i, prises
pour l'établir, ont été calculées sans déduire (comme Du Buat avait eu pour-
tant la précaution de le faire ) la portion de la charge employée à engendrer la
( 286 )
vitesse de l'écoulemeut dans ie tuyau, portion qui n'est pas négligeable et
qui s'est élevée, dans les expériences, jusqu'à 60 pour 100 de ce qui reste
après sa déduction , et qui doit seul être compté.
» La formule monôme nouvelle relative aux canaux fournit expéditive-
ment autant qu'on veut de valeurs conjuguées de la largeur et de la profon-
deur à donner à un canal pour qu'il transporte un volume d'eau donné sous
une pente donnée , en sorte qu'on peut choisir facilement les dimensions
les plus convenables à l'économie , etc. Celle sur les tuyaux résout sim-
plement le problème du réseau de conduites. La première donne, aussi
simplement que M. Dupuit l'a obtenu dans l'hypothèse m = a , mais d'une
manière plus exacte, des séries convergentes et des Tables usuelles pour les
remous ou gonflements produits par les barrages, même dans les cas où
l'on ne peut pas négliger, comme il a fait, la hauteur due à la vitesse, vis-
à-vis de la demi-profondeur.
» Une formule monôme de la résistance des parois se prête , aussi , bien
mieux qu'une formule binôme, aux calculs dans lesquels on exprime cette
résistance en fonction des vitesses individuelles des filets contigus (*). Ces der-
nières sortes do calculs pourront produire des résultats applicables lorsque
des expériences spéciales, faites surtout, nous le pensons, en mesurant des
vitesses aux divers points des sections de tuyaux circulaires ( portant en
haut une rainure), auront fait connaître la loi et \e coefficient du frottement
mutuel des filets; coefficient que l'on est porté à regarder comme variable
avec les dimensions des sections lorsque l'on cherche à interpréter les faits
connus jusqu'à présent, et lorsque l'on considère que les tourbillonnements
et autres mouvements obliques et irréguliers, qui doivent influer sur la
grandeur des actions intérieures, se forment et se développent davantage
dans les grandes sections. »
CHIMIE. — Salpêtmge des murs. Recherches faites sur les murs de la ville
d'Agen ; — apparition, à leur surface, de cristaux de carbonate de soude
au lieu de cristaux de nitrate de potasse. (Extrait d'une Note de
M. Menigault. )
(Commissaires, MM. Pelouze, Balard, Bussy.)
" Certains murs de la ville d'Agen se recouvrent, surtout dans les bas
(*) Je l'ai montré dans un Mémoire présenté en i843 [Comptes rendus, tome XVII,
page II i4)) quinze mois avant celui où M. Sonnet a considéré anssi le frottement des
divers filets, tant sur les parois que les uns contre les autres [Comptes rendus, tome XX,
page i5o).
(287 )
étages, de ces efflorescences salines que l'on désigne vulgairement sous le
nom de salpêtre. Ce salpêtre , sal petrce, dont le nom , étymologiquement
parlant, est vrai, n'est pas, dans tous les cas, cet important produit que l'on
recherche à grands frais dans les décombres des vieilles habitations, et qui
fait la base de la poudre à feu, mais un composé bien distinct dont j'ai
constaté la composition chimique.
» Le sel dont je parle ici apparaît, à la surface des murs, en cristaux
très-déliés, très-rarement uniformément répandus sur les murs, et, le plus
souvent, groupés par intervalles en forme de houppes soyeuses ou dissé-
minées en li{;nes irrégulières. De quelque manière que ces cristaux se mon-
trent dans ces deux dernières dispositions, ils laissent toujours entre eux
des intervalles plus ou moins grands. Ils peuvent être très-longs ou ne former
qu'une tache blanchâtre sur le mur, tant ils sont courts. Dans de bonnes con-
ditions, ils ont 3 à 4 centimètres de longueur, et leur développement ne
semble limitéqu'àleur défaut de force de cohésion. lisse brisent alors à leur
base, et forment au pied du mur des couches plus ou moins épaisses. Leur
réapparition peut se faire en moins d'un mois. Ces cristaux sont d'une dia-
phanéité parfaite, et s'ils sont quelquefois jaunâtres, cela ne vient que des
saletés qui voltigent dans l'air. Leur goût est alcalin.
» Toutes les fois que l'on voit une efflorescence saline à la surface d'un
mur, on est assez disposé à croire que c'est du salpêtre ordinaire, c'est-à-dire
ce sel à goût piquant qui augmente la combustion du charbon. J'avais re-
marqué, depuis longtemps, à la surface des murs de ma cave, ces longs
cristaux dont je parle j je les avais goûtés plusieurs fois; j'en avais jeté sur
des charbons ardents, et je ne m'étais jamais convaincu que ce fût du nitre :
ma curiosité cependant n'allait pas au delà.
» Ayant fait exhausser, en i844i u'^ '""'" ^ 'i" second pour en faire un
troisième étage, avec des matériaux dont une partie provenait d'une cave
et devait être salpêtrée, je vis, avec étonnement, que le papier de la tapis-
serie , dont le fond était bleu , avait perdu sa couleur et était devenu d'un
blanc sale. Cette disparition de la couleur ne m'aurait en rien surpris, si
elle avait été uniforme, je l'aurais attribuée alors au crépi fait d'un mortier
de chaux et de sable, et dont une partie do la chaux serait restée caustique:
cette causticité aurait agi sur le prussiate de fer, base de la couleur du pa-
pier, et l'aurait décomposé. Mais l'irrégularité des taches devait avoir néces-
sairement une autre origine, et c'est ce qu'un examen plus attentif me con-
firma. Je reconnus que les taches correspondaient à l'existence des vieux
matériaux, et que ceux-ci, au lieu de produire du salpêtre ordinaire, ne
donnaient que du carbonate de soude. C'est ce sel qui, agissant sur l'acide
( 288 )
du prussiate bleu, faisait virer la couleur du papier. Les cristaux de carbo-
nate de soude de ces points du mur n'atteifjnaient jamais une grande lon-
gueur, ils s'effleurissaient à mesure qu'ils se produisaient. Ces cristaux, au
reste, ne se développent bien que dans les caves, dans les lieux humides ou
dans les saisons tempérées. L'été , ils ne laissent qu'une tache blanchâtre et
comme enfarinée au point où ils se produisent
» .l'ai fait, depuis i844i plusieurs recherches pour m'assurer si la soude
carbonatée ue préexistait pas dans son état ordinaire ou dans son état de
combinaison dans les matériaux salpêtres, et toutes mes recherches ont été
infructueuses....
» La constatation du carbonate de soude sur les murs de la ville en ques-
tion ne doit pas plus étouner que celle du nitrate de potasse dans de pareilles
conditions. Il est aussi difficile d'expliquer lexistence de la potasse dans les
murs qui la recèlent, que celle de la soude. L'un des cas, seulement, est
plus commun que l'autre.
» Le nitrate de potasse se rencontre, ainsi que partout ailleurs, dans la
ville d'Agen, et, chose remarquable, ces deux sels ne se trouvent jamais
péle-méle, c'est-à-dire que, si un pan de mur donne du carbonate de soude,
il ne produit pas du nitrate de potasse, et vice versa. Ces deux produits
semblent affecter des lieux différents , et ne pouvoir jamais se montrer réunis
dans le même. A l'aspect, et malgré l'examen le plus attentif, il no m'a ja-
mais été possible de distinguer un mur à carbonate de soude d'un mur à
nitrate de potasse. Ija seule chose que j'ai pu constater, est que les cristaux
de ce dernier sel sont persistants dans l'été, tandis que les autres s'effleu-
rissent facilement. »
STATISTIQUE — Étude sur l'accroissement successij de la population ,
de 1770 à 1848. (Note de M. Carnot.)
(Commission précédemment nommée.)
« Depuis la paix de 1763, dit M. Garnot, l'accroissement de la population
française a été excessivement remarquable. .le me propose de décom-
poser cet accroissement à diverses époques, en majeurs et en mineurs,
travail dont nul jusqu'ici ne s'est occupé, que je sache, et qui est cependant
d'uue haute portée, comme on le verra plus loin. J'embrasse une période de
soixante-dix-huit ans ; je la divise en cinq époques : trois de paix publique;
une de guerre générale; une d'épidémie. Dans la première, l'accroissement
suit une marche normale; dans les quatre autres, cette marche est renversée:
l'enfance est préservée, quand l'âge viril succombe. »
( 289 )
La Note renferme plusieurs tableaux ; nous nous confenteron* de donner
le suivant, qui résume tous les autres :
Population.
1800 à i8i4 ('5 ans de guerres)
i8i5 à i83i (17 ans de paix)
i832 à 1837 (6 ans, choléra)
i838 à 1847 (lo ans de paix)
Total 1800 à 1847 (^8 ans)
Récapitulation générale.
1 .49' .720 mineurs
1.945.463 mineurs
703.896 mineurs
1 .2i5.53o mineurs
Aecroissentent.
703.335 majeurs
.680.637 majeurs
1 5 1 . 1 88 majeurs
375.330 majeurs
5.356.609 mineurs
Population de la France ( i "' janvier 1 848) 1 5 . 637 . 7 34
Population de la France ( 1 " janvier 1 800) i o . 28 1 . 1 25
2.910 490 majeurs
19. 902.570
16.992 080
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Recherches sur la Composition du sang (deuxième
partie) : examen comparatif du sang artériel et du sang veineux chez
des animaux sains et chez un cheval poussif ; du sang veineux chez
un autre cheval avant et après la section des nerfs pneumogastriques .
(Extrait d'une Note de M. Clément.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée, qui se compose de
MM. Magendie, Velpeau , Lallemand.)
« . . , Nous avons réuni, dans les trois tableaux suivants, le résultat que
nous ont fourni nos analyses :
TABLEAU N"
[. — Animaux sains.
NBMÊROS d'ordre.
PREMIER CHEVAL.
DEUXIÈME CUETAL.
TROIBIBME CBEVAL.
■OTENNE.
Eau
Sang
8o5,5oo
76,200
6,4oo
1 1 1 ,900
veineux.
82:6,700
85, 800
4,700
82,800
8i3, 100
81,700
3,800
10 I ,4oo
8i5,i35
81,233
4,966
98,666
Albumine et sels
Fibrine
Globules
I 000 , 000
Sani
8i5,ooo
74,700
6,700
io3,6oo
1000,000
f artériel.
823,400
82,700
5,400
88,5oo
1000,000
I 000 , 000
821 ,200
76,700
3,800
98,500
1000,000
819,801
78,033
5,3oo
96,866
Eau
Albumine et sels
Fibrine. ...
Globules
Totaux
1000,000
1000,000
1000,000
C. R., i85o, 2™« Semeiire. (T. XXXI, N" 9.)
39
( 29° )
TABLEAU N" II. — Cheval poussif.
.«ANG VEINEDX.
SANG ARTÉRIEL.
OBSERVATIONS .
Eau
796,600
74,700
7,200
r2i,5oo
Eau
Albumine et sels.
Fibrine
8o3,5oo
75,900
6,700
113,900
Ce quatrième cheTal, de
même que les trois premiers,
îivait clé tenu couché pendant
deux heures environ. Relevé et
s;ngné d\'ibord à la jugulaire,
ensuitcila carotide, il a donné
du sang artériel presque aussi
foncé en couleur que le s.ing
extrait de la jugulaire.
Albumine et sels.
Fibrine
Globules
Globules
Total
1000,000
Total
1000,000
TABLEAU N" III. — Cheval auquel on avait coupé les nerfs pneumo- gastriques.
SAIGNEE AVANT LA SECTION DES NERFS.
SAIGNEE APRES LA SECTION DES NERFS.
Eau.
Albumine et sels
Fibrine
Globules
Total. .. .
822,500
86,200
7,200
84 , I 00
1000,000
Eau
Albumine et sels,
Fibrine
Globules
Total
798,900
90, 100
7,800
io3,2oo
I 000 , 000
» Il semble résulter de l'examen de.s tableaux qui précèdent , en con-
sultant d'abord le tableau n° I :
» 1°. Que l'eau, ain-si que l'ont signalé déjà, il y a longtemps, d'abord
M. fjassaigne, ensuite et plus tard M. Marchai (de Calvi), est moins abon-
dante dans le sang veineux que dans le sang artériel; 2° que l'albumine,
qui est en quantité plus grande dans le sang veineux avant son entrée dans
le poumon, a diminué dans le sang artériel après sa sortie de cet organe;
3" que la fibrine , qui se trouve à peu près dans des rapports égaux dans le
sang veineux et dans le sang artériel, domine cependant dans ce dernier;
4° que les globules diminuent relativement à l'augmentation de l'eau et à
celle , quoique faible , de la fibrine ; 5° que l'albumine brûle dans le poumon ;
6° que pendant cette combustion elle produit de l'eau, qui passe en partie
dans le sang artériel et détermine la diminution apparente des globules
colorés.
" En consultant le tableau n" II :
« 7°. Que la respiration pulmonaire se faisant d'une manière incomplète ,
comme dans le cas de pousse, la combustion s'affaiblit; 8° que cet affaiblis-
( agi )
sèment est prouvé : i° par la formation d'une quantité d'eau moins abondante
que dans l'état normal; 2° par l'augmentation de l'albumine dans le sang
artériel ; 3° par la diminution de la fibrine et des globules, qui ne se réparent
qu'avec une certaine difficulté.
>• En consultant le tableau n° III :
" 9°. Que, lorsque le poumon n'est plus sons l'influence nerveuse néces-
saire à l'accomplissement normal de ses fonctions : 1° il n'élabore plus le
sang que d'une manière incomplète; a° il exhale beaucoup d'eau sans en
produire sensiblement de nouvelle, ainsi que le démontre sa diminution
dans le sang de la seconde saignée; 3" il ne brûle que peu on point d'al-
bumine, cette dernière étant plus abondante dans le sang de la seconde
saignée que dans celui de la première saignée; 4° et enfin, que la vie s'étei-
gnant dans tout l'organisme, la fibrine ainsi que les globules augmentent en
même temps que l'albumine elle même. "
MÉDECINE. — Études sur les maladies de l'oreille (troisième Mémoire);
effets produits sur l'ouïe par la suppression du cérumen; par M. Mène.
(Commission précédemment nommée. )
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire de l,\ Société royale géographique de Londres accuse
réception des Comptes rendus de V Académie, dernier» numéros du 1' se-
mestre de 1849, ot numéros du i*' semestre de i85o.
M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie de Sciences de Stockholm an-
nonce l'envoi (Te diverses parties des recueils que publie cette Académie.
[f^oir au Bulletin bibliographique.)
CHIMIE. — De l'action du chlore et du brome sur le propylène, l'éthjriène
et leurs homologues; par M Auguste Cahours.
« Dans ses belles rechei'ches sur les éthers, M. Regnault a fait voir que
le gaz oléfiant, soumis à 1 action du chlore, donnait naissance à deux séries
de composés appartenant l'une au groupement G* H*, l'autre au groupe-
ment C*H°, dont les termes ultimes sont, pour le premier C'*CI*, et pour le
second G* Gl*.
» L'action d'une chaleur voisine du rouge sombre sur les acides du
groupe G"" H" O* et sur les alcools qui leur correspondent, fournissant, ainsi
que je l'ai démontré récemment , un gaz polymère du gaz oléfiant, le propy-
39..
( aga )
lène C*H*, gaz qu'on peut obtenir en quantités considérables si Ton observe
certaines conditions de température, j'ai cru devoir étudier l'action du
chlore sur ce gaz , en vue d'établir deux séries parallèles à celles que je viens
de rappeler.
» Si l'on fait arriver dans un grand ballon à trois tubulures, dont l'une,
terminée en pointe, vient se rendre dans un flacon qui sert de récipient,
d'une part un courant de chlore, et de l'autre les gaz qui proviennent de la
décomposition de l'acide pélargonique, de l'acide éthalique ou de tout autre
acide de cette série, on voit se produire , même à la lumière diffuse la plus
affaiblie, une réaction qui se traduit par l'apparition de vapeurs blanches. Si
le courant du gaz est bien réglé, on n'aperçoit jamais la couleur jaune-ver-
dâtre du chlore, et l'on voit ruisseler contre les parois du ballon un liquide
limpide qui vient se rassembler dans le récipient. Ce dernier, qui est com-
plexe, renferme comme produit principal un liquide qui bout vers io4 à
io5 degrés, doué d'une odeur éthérée analogue à celle de la liqueur des
Hollandais, et présentant une composition qu'on peut traduire par la formule
CH'CP.
C'est le composé découvert par le capitaine Reynolds en faisant agir le
chlore sur les produits gazeux résultant de la décomposition ignée de l'alcool
amyliqiie. L'action du chlore sur cette matière devait nécessairement four-
nir une série d'homologues des dérivés de la liqueur des Hollandais : en
conséquence j'ai soumis le produit précédent à l'action successive du chlore,
en observant les précautions indiquées dans le travail de M. Regnault, et je
suis parvenu , non sans difficultés et en opérant sur d'assez grandes quantités
de matière, à réaliser la série suivante : «•*f
C'H'Gl^ bouillant à io4 degrés, D = i, i5i = 4 vol. de vapeur.
C'H'Cl' » à 170 degrés, 0=1,347= " "
C*H'C1* entre igS et 200 degrés, _ D=i,548= « »
C*H'Cl' entre 220 et 236 degrés, » » »
C'H^Cl" entre 240 et 245 degrés, 0=1,626= » »
C'H Cl' bouillant à 260 degrés, D = i,73i= » »
n Enfin on obtient comme dernier produit le chlorure de carbone :
CCI* bouillant à 280 degrés, D= 1,860 = 4 vol. de vapeur.
>i Ce composé est, comme on le voit, homologue de l'acétène perchloré
(sesquichlorure de Faraday).
C*Cl^
( ^93 )
» Les tenues précédents étant soumis à la distillation avec une dissolution
alcoolique de potasse, donnent une série d'homologues de ceux qu'on dérive
de la liqueur des Hollandais et de ses produits de substitution. Celle-ci peut
se formuler ainsi :
C'H'Gl =4 vol. de vapeur.
C«H*G1»= »
C''H»G1»= »
C«H«C1*= ..
CH Gl== ..
G" Gl" = ..
» M. Reynolds ayant également constaté que le brome forme, avec le
propylène , le composé
G^HOfir»,
il restait à obtenir, par l'action successive d'une dissolution alcoolique de
potasse et du brome, une série correspondante à la précédente. J'ai déjà
réalisé plusieurs termes parfaitement définis que j'ai étudiés avec le plus
grand soin; on peut les formuler de la manière suivante :
C*H«Br% D =1,974 bouillant à 1 45" = 4 vol. C«H'Br D = i ,472 bouillant à 62°
C'H'Br', D=2,336 » à 192°= » CH'Br^ D= 1,950 » 120"
C«H'Br', 0=2,469 » à 226°= » C«ffBr^
C'H'BrS D = 2,6oi » à 255»= »
» La facile production de ces composés m'engagea à examiner l'action
successive de la potasse alcoolique et du brome sur la liqueur des Hollandais
bromée , dans l'espoir d'obtenir les deux bromures de carbone
Q> Br' C Cl*
et C'Br« co»'«'espondant aux chlorures ^,^j,-
Bien que j'aie opéré sur aaS grammes de liqueur des Hollandais bromée, je
n'ai pu arriver à la formation de ces deux composés, les dérivés du produit
G*H*Br* étant d'autant plus fortement altérés par la dissolution alcoolique
de potasse, qu'ils renferment une plus forte proportion de brome; outre le
bromure de potassium et le terme brome de la série inférieure , il se produit
des sels de potasse formés par des acides bromes sur lesquels je me propose
de revenir. Néanmoins j'ai obtenu les deux séries
G^H*Br», C^H'Br, ^
C*H'Br', G^H^Br»,
G*H^Br\ G* H Br».
G^H Br^
( ^94 )
" J'ai fait également agir le brome sur quelques polymères du gaz olé-
fiant et du propylène, tels que le butylène, Tamylène, l'oléène, leparamilène,
et j'ai obtenu
C» H« Br» et C» H'Br,
i C«°H'<'Br='
C'»H'»Br*
CH^oBr»
C^^H'^Br».
i C'OH'Br,
et [ C'OH'Br^
» En jetant un coup d'œil sur les résultats qui précèdent, on voit que
tous les termes de la première série correspondent à une suite d'hydrogènes
carbonés représentés par la formule générales
qu'on peut considérer comme les groupements d'où dérivent les éthers
simples ou des isomères de ces derniers , tandis que les termes de la seconde
série, qu'on peut représenter par la formule générale
sont des homologues du gaz oléfiant.
" M. Melsens, dans son important travail relatif aux substitutions de l'hy-
drogène au chlore, a fait voir que le chlorure de carbone CCI* pouvait être
ramené à l'état de gaz des marais C*H*, en passant successivement par Ips
intermédiaires C^HCl», C=H^Cl% C^H'CI.
» M. Regnault ayant démontré de son côté que la liqueur des Hollan-
dais et son isomère, l'éther chlorhydrique monochloré, donnent, sous l'in-
rfluence du chlore, une série de produits isomériques dont les termes ultimps
seulement sont identiques; il serait curieux d'appliquer la méthode des sub-
stitutions inverses de Melsens à ces composés, cette méthode devant con-
duire au gaz G*H°, en passant par l'intermédiaire C*H*CI. Cette dernière
substance, qui présente la composition de l'élher chlorhydrique, doit être
isomérique et non identique avec lui, si l'on se base sur ce fait que les diffé-
rents produits de ces deux séries sont seulement isomériques et ne deviennent
identiques que lorsqu'on arrive au produit final.
» En tout cas, il serait curieux, si l'on parvient à obtenir les produits
C*H*C1 et C*H'Br de la liqueur des Hollandais chlorée et bromée, de les
comparer aux éthers chlorhydrique et bromhydrique, et de chercher par
suite à obtenir une série de combinaisons isomères des différents éthors
# ( 295 )
simples. Si l'on se rappelle en outre que M. Hofmann, en faisant réagir la
potasse hydratée sur l'éther bromhydrique, a pu réffénérer de ralcool, on
pourrait espérer obtenir un isomère de l'alcool, et, par suite, des combi-
naisons correspondantes.
» Nous nous proposons, M, Wurtz et moi, de soumettre à rexamen ces
hypothèses qu'on ne peut considérer que comme des jeux d'esprit tant
qu'elles n'auront pas été sanctionnées par l'expérience. »
L'Académie accepte le dépôt de quatre paquets cachetés, présentés par
MM. BouTiGNY et MoiNiER, par M. Gannal, par M. Lespés, et par M. Ed.
Robin.
La séance est levée à 5 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPniQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 19 août i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Liçoes. . . Leçons de chimie générale avec ses principales applications ; par
M. .T. -M. DE Oliveira Pimentel; tome I". Lisbonne, i85o; in-8°.
Royal astronomioal. . . Société royale astronomique de Londres; vol. X;
mai i85o; n° 7; in- 8°.
Pharmaceutical . . . Journal de Pharmacie ; publié par M. J. Bell; vol. X,
n° 2. FiOndres, i85o; in-8°.
Nachrichten... Nouvelles de l' Université et de l' Académie royale de Gottingue;
n° II ; 5 août i85o; in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n"' 726
et 727.
Messungen . . Mesures pour la détermination des différences de hauteur
entre la mer Noir et la mer Caspienne, exécutées en i836 et 1837, par
MM. G. Fuss, Sawitsch et Sabler. Saint-Pétersbourg, 1846; i vol. in-4".
Neue . . Nouvelles réductions des déclinaisons de Kœnigsberg , pour l'année
18-20; par M. W. DoLLEN, astronome à l'observatoire de Pulkova. Saint-
Pétersbourg, 1849; broch. in-4°.
Gazette médicale de Paris; n" 33; in-4*'.
Gazette des Hôpitaux ; n°' 96 et 97.
L Abeille médicale; n° 16. |f|
( 296 ) #
L'Académie a reçu, dans la séance du 26 août r85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
a™" semestre i85o ; n° 8 ; in-4°.
Rapport fait à M. le Préfet de Police par la Commission chargée de l'examen
des conditions physiques et morales des détenus de la prison cellulaire DE
Mazas. Paris, i85o; broch. in-4°.
Rapport sur les plaies de la vessie par armes à feu; par M. H. Larrey ; bro-
chure in-4°.
The journal . , . Journal de la Société royale géographique de Londres ;
vol. XX; Impartie, i8)0; in-8°.
Report... Rapport fait à l'Institution smithsonienne ; par M. Benjamin
Apthorp Gould, sur la découverte de Neptune. Washington, f85o; bro-
chure in-8".
On the . . . Sur la distribution géographique des langues en Abjssinie et dans
les contrées voisines; par M. Ch.-T. Beke. Edimbourg, r84q; broch. in-8°.
Pure sounds. . . Les sons ne sont pas de pures sensations, Mémoire écrit
pour un concours; par M. A.-G.-Gabriel Jobert. Londres, i85o; bro-
chure in-ia.
Astronomical. . . Journal astronomique de Cambridge; vol. I"; n°' 7, 8
l't 10.
Kong!. Vetenskaps-Akademiens. . . Mémoires de l'Académie royale des
Sciences de Stockholm, années 1847 ^' '848; 1" partie. Stockholm, 1849;
a vol. in- 8°.
Ofversigt. . . Aperçu sur les travaux de l' Académie royale des Sciences de
Stockholm; 5* année, 1848; in-8°.
Arsberàttelse . . . Rapport annuel sur les progrès de la technologie , présenté
à r Académie royale des Sciences de Stockholm en 18/41, i843, «844 e' 1846 ;
par M. G.-E. Pasch. Stockholm, 1849; 4 broch. in-8''.
Arsberàttelse. . . Rapport annuel sur les progrès de la chimie pendant l'an-
née 1847, présenté à la même Académie; par M. L.-F. Swanberg. Stockholm,
1849; I vol, in-8''.
Arsberàttelse. . . Rapport annuel sur les travaux et découvertes botaniques
faites pendant les années i843 et i844i présenté à la même Académie; par
M. J.-E. WiKSTROM. Stockholm, 1849; Parties i et 2; 2 vol. in-8°.
Nâgra . . Quelques réflexions à l'occasion de l'élude de la chimie, discours
prononcé devant la même Académie ; par M. Fi.-F. Swanberg. Stockholm,
1849; broch. in- 8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIEWCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 SEPTEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
THÉORIE DE LA LUMIÈRE. — Détermination des trois coefficients qui, dans
la réflexion et la réfraction opérées parla surface extérieure d'un cristal,
dépendent des rayons évanescents; par M. Aug. Caucht.
« Comme je l'ai remarqué dans la dernière séance, les six équations qui
suffisent à la détermination des lois de la réflexion et de la réfraction opérées
par la surface extérieure ou intérieure d'un corps transparent se réduisent à
quatre, quand on élimine les inconnues correspondantes aux rayons éva-
nescents. Ces quatre équations sont analogues à celles que j'avais précé-
demment obtenues en supposant le corps isophane , et j'ai reconnu d'ailleurs
que, pour passer de cette supposition particulière au cas général, il suffit
de modifier légèrement trois des quatre équations relatives aux corps iso-
phanes, en égalant leurs seconds membres non plus à zéro, mais aux pro-
duits d'un facteur unique par trois coefficients très-petits. Ces coefficients
peuvent être aisément calculés quand les déplacements effectifs des molécules
d'éther sont exprimés on fonction de trois coordonnées a',j', z relatives à trois
plans, dont le premier coïncide avec la surface réfringente, l'un des deux
autres étant le plan d'incidence. Toutefois, quand le corps transparent cesse
C. H., iB5o, %^*Semestre. (T. XXXI, N» 10.) 4°
( ^^98 )
d'être isophane, quand il est, par exemple, un cristal à un ou à deux axes
optiques, il est niiturel de prendre pour plans coordonnés, non plus la sur-
face réfringente et le plan d'incidence, mais des plans qui soient indépen-
dants de cette surface et fixes de position par rapport aux axes optiques. 11
importe de voir ce que deviennent alors les trois coefficients ci-dessus men-
tionnés, et comment ils varient avec les directions de la surface réfringente,
du plan d'incidence et du rayon incident. Remarquons d'ailleurs que , ces
coefficients devant être très-petits, il suffira d'en obtenir des valeurs appro-
chées qui renferment un petit nombre de chiffres. La détermination de ces
valeurs est l'objet du présent Mémoire. Pour plus de simplicité, j'ai réduit
les équations différentielles du mouvement de l'éther à l'homogénéité , en
négligeant les termes du troisième ordre et des ordres supérieurs, ou, ce qui
revient au même, en réduisant à zéro, dans ces équations, des paramètres
dont les expériences démontrent l'extrême petitesse. Je suis ainsi parvenu
à des résultats qui me paraissent dignes de quelque attention, et que je vais
indiquer en peu de mots.
» Le coefficient d'ellipticité , désigné par la lettre X, dépend uniquement
de la direction de la surface réfringente, mais il varie généralement avec
cette direction dans les cristaux à un ou à deux axes optiques. Il est d'ail-
leurs la différence entre deux termes qui correspondent aux deux rayons
évanescents propagés dans l'air et dans le cristal donné. Ajoutons que, de
ces deux termes, le prenjier est constant, et que le second a pour carré,
dans les cristaux à un axe optique, une fonction paire, entière et du second
degré de a''', a étant le cosinus de l'angle formé avec t'axe optique par une
droite normale à la surface réfringente.
» Le coefficient désigné par (fx — i)v est \e produit de deux facteurs.
Ijc premier de ces facteurs est l'inverse de la somme des deux termes dont
la différence fournit le coefficient d ellipticité. Le second facteur dépend
non-seulement de la direction de la surface réfringente, mais encore de la
direction du plan d'incidence, et se réduit au cosinus de l'angle formé par
ta trace de ce plan sur la surface réfringente avec une certaine droite dont
la direction se rapproche beaucoup de celle de la normale à la surface, et
varie avec elle.
» Enfin le coefficient désigné par vv est le produit de deux facteurs ana-
logues à ceux dont nous venons de parler, les deux facteurs étant les mêmes
de part et d'autre, à cela près que, pour obtenir le second facteur du coeffi-
cient vt», on doit remplacer la trace du plan d'incidence sur la surface ré-
fringente par la perpendiculaire au plan d'incidence. C'est du moins la con-
( 299 )
cliision à laquelle on parvient dans le cas où l'angle d'iueideiioe n'est, pas
très-pelit. Dans le cas contraire, on doit diviser le second facteur par l'unité
augmentée d'un terme proportionnel à ju. — i .
» Ces propositions entraînent avec elles des conséquences importantes,
par exemple celle-ci. Lorsque le cristal donné offre un seul axe optique,
et que sa surface extérieure n'est pas perpendiculaire à cet axe, un rayon
incident, renfermé dans le plan d'incidence, donne généralement naissance à
des rayons réfléchis et réfractés dont la nature varie, tandis que ce plan
tourne autour de la normale à la surface. Alors, si l'angle d'incidence se
réduit à l'incidence principale , le rayon réfléchi sera renfermé dans un plan
qui pourra ne pas coïncider avec le plan d'incidence , si celui-ci n'est pas
parallèle à l'axe optique.
" Supposons qu'un rayon simple de lumière, correspondant à une lon-
gueur d'ondulation désignée par 1, rencontre, sous l'incidence t, la surface
extérieure d'un corps transparent, par exemple d'un cristal à un ou à deux
axes optiques ; et rapportons les positions des divers points de l'espace à trois
axes coordonnés rectangulaires, dont les directions soient liées invariable-
ment non plus à celles du plan d'incidence et de la surface du cristal, mais
aux directions des axes optiques. Soient d'ailleurs
?«, Ve, ç« et 1^, ni, 'C
les déplacements des molécules d'éther, mesurées parallèlement aux axes des
.x,j, z, pour les rayons évanescents propagés dans l'air et dans le cristal.
Indiquons à l'ordinaire, à l'aide d'un trait superposé aux déplacements
effectifs , les déplacements symboliques correspondants. Enfin soit
gUX -^ vï -Jr- W2 — st
l'exponentielle propre à caractériser le mouvement simple correspondant au
rayon incident. Lorsqu'on passera du rayon incident aux rayons réfléchis ou
réfractés, on obtiendra des valeurs nouvelles non-seulement du coeffi-
cient u, comme dans le précédent Mémoire, mais encore des coefficients
V, w, qui cesseront de se réduire constamment, l'un au produit
, . 2 TT sin T .
AîSmT= - — j 1,
4o..
( 3oo )
l'autre à ■iéro. Gela posé, soient
««> ^ey We et II,, V,, w'e
ce que deviendront les coefficients
u, V, w
quand on passera du rayon incident aux deux rayons évauescents. Conce-
vons d'ailleurs que les axes des or, j", z forment : i" avec la normale à la
surface du cristal, 7° avec la trace du plan d'incidence sur cette sur-
face, 3" avec la perpendiculaire au plan d'incidence, des angles dont les
cosinus soient représentés, dans le premier cas par rt, è, c, dans le deuxième
cas par rt , ^,, c , dans le troisième cas par <ï,,, b^^, c,^. On aura non-
seulement
j a' + b^ + c^ = i, af+bf+cf = i, a^ + b^ +c^^i,
I <2,rt,,-+-è,é,^4-c,c„ = o, a,a-^-b,,b + c^c~o, aa^ + bb, + cc=o,
mais encore
/s («,«« + b, ^e H- c, iv<, = «, u, 4- i, V, + c, IV, =: A: sin T ,
l a„ «^ -+- é„ w, -4- c„ w^ — rt„ li -\-b^^v.+ c,;w. = o .
Ajoutons que , si l'on pose
(3) k^=^ul-hi>l+wl, k', = slu'l-hV^ + ^l,
kg, k\ seront très-grands par rapport au module de A. Donc les rapports —,
Y seront sensiblement nuls, et les formules (a) fourniront, pour les rap-
ports
"# "*» "t
ainsi que pour les rapports
I r I
U V tv
' ' ' ,
e e e
des valeurs a sensiblement proportionnelles aux différences
f^.<^u-b„c,, c,a„-c„a, ab,,-a,b,,
qui se réduiront elles-mêmes aux quantités
n, b, c
( 3o, )
si l'on suppose, comme on peut le faire, les signes de ct^^, b^, c„ choisis
de manière que l'on ait
(4) S{±ab,c„)=y.
EnBn si la direction indiquée par les angles dont les cosinus sont a, ^, c,
est celle de la normale menée à la surface du cristal et prolongée à partir de
cette surface dans l'intérieur du cristal, on conclura de ce qui précède que
l'on a sensiblement
/5^ (î)_fê) _(?)_, \ï) _\1J \t)
par conséquent
W j = 1, j-, =-i.
Cela posé, les valeurs des coefficients très- petits désignées par 1, p. — \, v
dans le précédent Mémoire se réduiront à très-peu près à celles que déter-
mineront les formules
(7) X =
I I
(8) ^ — 1= _ — . J--
(9)
ailc -+- hve -t- CW' k^, l(e
+ fc,>l.-t-C,^g
-h brie -l-cÇe
et l'on devra d'ailleurs, dans les diverses formules de ce Mémoire, substi-
tuer partout à la lettre v le produit k sin t. Faisons voir maintenant comment
on peut réduire les seconds membres des formules (7), (8), (9) à des fonctions
de l'angle d'incidence t, et des neuf quantités a, h, c, a', L', c\ a", //, c",
dont six pourront être éliminées en vertu des équations (i).
>' Supposons un moment que le rayon caractérisé par l'exponentielle
gUX -i- Vf + WZ — SI
et par les déplacements symboliques ï, >5, Ç, se progage non plus dans
l'air, mais dans le cristal donné. Les équations différentielles des mouvements
infiniment petits de l'éther fourniront, entre ces déplacements symboliques,
( 302 )
trois équations linéaires et hotnogèiies qui renfermeront, avec f, r] , Ç les
coefficients m, c, w^s.
» On pourra d'ailleurs déduire de ces équations linéaires, i" en éliminant
f, ri, ^ , nae équation caractéristique
(lo) ¥{s,u,v,w) = o,
en vertu de laquelle s deviendra fonction dea, v, iv; a" en éliminant *, les
rapports de >3 et Ç à ^ exprimés en fonctions de m, v^ w, en sorte qu'on
aura
(il) l = iL = l,
O, ■Ç, iJP étant trois fonctions déterminées de u, v , w. Remarquons, en
outre, que l'équation (lo) sera généralement du troisième degré par rapport
k s^, et, qu'en conséquence, la résolution de cette équation fournira trois
valeurs de s'. A ces trois valeurs correspondront trois systèmes de valeurs
des fonctions O, "Ç, ^, et aussi trois rayons simples de natures diverses. Ces
trois rayons seront les deux rayons visibles et le rayon évanescent.
" Considérons maintenant, d'une manière spéciale, le rayon évanescent,
et soient
«'., t>:, w:, i:, ^:, çi, «:, p:, ^:,
ce que deviennent , pour ce rayon, les coefficients et fonctions
«, V, w, ^, yj,Ç, t), P, ^.
Les formules (lo) et (ii) donneront
(la) F {s, u,, p1, w',) = o,
(i3) 11=4 = —-
«: , ,^,
Dailleurs, dans une première approximation, les équations différentielles
des mouvements infiniment petits peuvent être supposées homogènes ; et
lorsqu'on admet cette hypothèse, comme nous le ferons ici, la fonction
de .y , u, <', îv, représentée par F(a", m, v , tv), devient elle-même homo-
gène, et l'on peut encore supposer homogènes les fonctions de « , v,w re-
présentées par V, '^, ^. Cela étant, et A', ayant la valeur que détermine la
( 3o3 )
seconde des formules (3), l'équation (12) donnera
(i4)
y' F' F' FJ^*''
puis, en combinaut l'équation (i4) avec la seconde des formules (5), on trou-
vera sensiblement
(i5) ^(t' ~^' -*' -c\ = o,
ou, ce qui revient au même,
(16) F^i,, a, b,c\=o,
attendu que , dans l'hypothèse admise , on a généralement
F(*, ~u, -c, —w) = F{s, u, V, w).
s
« L'équation (i5) ou (16), résolue par rapporta tt» fournira, pour ce
rapport , et par suite pour ttj trois valeurs dont l'une sera très-voisine 4fi
zéro. Cette derpière est précisément celle qui devra être employée dans les
formules ( 7 ), ( 8 ) et ( 9).
» Concevons à présent que l'on combine les formules (8) et (g) avec la
formule (i3) ; on trouvera
( \ _ - ^' f K + K+K ^, -o; +&,'?. + *é a,'d,^b,^.+ c,'^.
D'ailleurs on aura
puis on en conclura, eu égard à la première des formules (a),
(,9) ao:-H^,^,+ c,^:=;^sinr-i-'^'(^-~''')-^''('''r^'^'"'^'^^'-""^/^:.
( 3o4 )
Enfin, comme la formule (i3) serait réductible à la suivante
si au cristal donné on substituait un corps isophane , on pourra générale-
ment supposer T3),, "9^, ^é réduits à des fonctions homogènes de ù,^ v\, w, qui
soient non-seulement du premier degré , mais encore fort peu différentes
de m1, V,, w\. Gela posé, en ayant égard aux équations (i), (2) (5), et en
nommant X , i)li, G ce que deviennent t), '*?, '^ quand on y remplace u , v,
w par a, b, c, on tirera sensiblement des formules (17) et (18),
— >
k sinr
e ' e
^^ ' ) '^ ~ T" *, -f- r A- sin T - (a, jw+i, Olb+c, 0) k'^
Si , pour abréger, on pose
(|x — i) A" sint = m, vAsinT = n,
m, n seront précisément les coefficients très-petits désignés dans le précé-
dent Mémoire par les produits (fjt, — 1)1*, vt', et l'on aura
(a3)
K + K
k^ k'^ o„ X + 6„ iii, -H <•„ e
k'_ ( ^.\ m
\ *, y * sin T
Lorsque l'angle d'incidence t n'est pas très-petit, la formule (a3) se réduit
sensiblement à la suivante :
(.4) n=^--^{a„x + b„^ + c,e).
e '^ e
Mais celte réduction ne pourra plus être admise , si t est assez petit pour
que le produit k siuT soit comparable à la valeur numérique de m.
" Il est bon d'observer que les quantités ici désignées par X, ife, G diffè-
rent généralement très -peu des cosinus a, h, c des angles formés avec les
demi-axes des coordonnées positives par nue droite normale à la surface
du cristal donné. Par suite , si l'on pose
©= V-A-' + ife^ + G^
( 3o5 )
(ô sera voisin de l'upité, et la droite qui formera, avec les mêmes demi-
axes, les angles dont les cosinus seront
Jt l)b G
®' ^' ©'
aura une direction très-rapprochée de celle de la normale-, par suite en-
core , si l'on pose
les quantités A , A, , A, qui représenteront sensiblement les cosinus des angles
formés par la nouvelle droite avec cette normale , avec la trace du plan d'in-
cidence sur la surface réfringente, et avec la perpendiculaire au plan d'in-
cidence, seront trois quantités très-voisines, la première de l'unité, les deux
autres de zéro. D'ailleurs les formules (22), (sS) donneront sensiblement
/!• A'
e ' e
(20) n r= —
\ *f y * sin T
et l'on aura, à très-peu près , pour des valeurs finies de l'augle t,
k k'
(»7) «=-x-t%V
n Les valeurs de X, /«, «, fournies par les équations»(7), (25) et (27J,
sont indépendantes de l'angle d'incidence t. Les coefficients de A,, A, , dans
les deux dernières, sont, en outre , ainsi que X, indépendants de la direction
du plan d'incidence , et dépendent uniquement de la direction suivant la-
quelle on a taillé le cristal donné pour obtenir la surface réfringente.
» Si le cristal donné offre un seul axe optique , la fonction désignée par
F(f , u, V, iv) deviendra une fonction homogène de ,s', a* et v^ -^-w^. Par
suite, la valeur de — > tirée de la formule (16), sera réduite à une fonction
h.
e
de a. Alors aussi l'ou aura
(^8) J-==ii-.
e e
C. K. , i85o, a»» Stmettre. 'ï. X.XXI, N» 40.) 4 1
( 3o6 )
On pourra donc supposer
o'. = «1, '^, = v^, x = a, ifb = 6^
et l'on en conclura
/î^ = a, (JW — a), h^ = a„{x — a),
en sorte que les formules (aS) et (a6) donneront
k A'
m = — ^, ^'^, (X — a)a,,
(ag) { kj\ (^-«)«„
n =
"'■*'■■■ .^
\ *, / X^ sin T
En conséquence, dans les cristaux à un axe optique, les coefficients de X,
m, n sont liés par les formules (7) et (29) aux quantités a, a\ a" , t, c'est-à-
dire, à l'angle d'incidence et aux angles formés avec l'axe optique, 1° par
la normale à la surface réfringente du cristal ; 2° par la trace du plan d'in-
cidence sur cette surface; 3** par la perpendiculaire au plan d'incidence.
Ajoutons que les quantités k,, X peuvent facilement être exprimées en fonc-
tion de a et des sept coefficients que renferment, dans les cristaux à un axe
optique , les équations des mouvements infiniment petits de l'éther, réduites
à l'homogénéité. C'est , au reste, ce que j'expliquerai plus en détail dans un
nouvel article. »
M. Arago présente, au nom de l'auteur, M. de Gasparin, un exemplaire
du cinquième et dernier volume du Cours d'Agriculture. [Voir au Bulletin
bibliographique^ )
MÉMOIRES LUS.
MÉDECINE. — Appareils destinés à porter la chaleur sèche et le froid anhydre
sur toutes les parties du corps dans le traitement des maladies internes
et externes; par M. Fourcault,
(Commissaires, MM. Serres, Lallemand.)
(3o7)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
OKGANOGRAPHiE VÉGÉTALE. —Sur la nature de la cuticule, ses relations avec
l'ovule. (Extrait d'un Mémoire de M. J. Garreau.
(Commissaires, MM. Bronf^niart, Gaudichaud.)
" ... I^a cuticule a déjà été examinée sur un très-grand nombre de
plantes, et toujours elle s'est présentée avec les caractères que lui a assi-
gnés M. Adolphe Brongniart, dans le remarquable Mémoire où il nous a
pour la première fois fait connaître cette membrane; seulement , elle n'a pas
été examinée, au moins que je sache, sur les très-jeunes organes, ou, si cet
examen a été fait, elle n'a pas été suivie dans le but de reconnaître l'époque
à laquelle on peut déjà la distinguer. Ce premier point est de toute impor-
tance, et à lui seul, uue fois éclairci, il peut aider puissamment à fixer
l'opinion des botanistes sur la nature de la cuticule, à décider si elle est
une sécrétion , si elle provient d'une transformation chimique des cel-
lules de l'épiderme, ou si elle se développe à la manière d'un organisme
vivant.
n Toutes les plantes annuelles, ou les pousses de l'année chez celles qui
sont vivaces ou ligneuses, dès le moment où elles commencent leur évolu-
tion jusqu'à celui où elles la terminent, montrent la cuticule avec ses carac-
tères toujours les mêmes. lia seule différence qu'il m'ait été possible de noter,
c'est qu'elle résiste un peu moins à l'action dissolvante de l'acide sulfurique , et
qu'elle offre un peu moins d'épaisseur chez les jeunes organes. Rien n'est
plus aisé que de constater sa présence, même là où l'épiderme n'est pas en-
core distinct du tissu sous-jacent; mais ce n'est pas à la macération qu'il
faut s'adresser pour avoir une solution prompte du fait: les acides, par l'ac-
tion dissolvante et souvent rapide qu'ils exercent sur la cellulose , sont les
meilleurs agents de dissection que l'on puisse employer. F^'acide chlorhy-
drique à peine fumant, bien que n'agissant pas avec beaucoup d'intensité
sur le squelette des cellules, suffit pour l'isoler, si l'on prend soin de broyer
légèrement, sous les verres, la lame de tissu en observation.
» Une jeune feuille de Rheum undulatum ou de Bheum rhaponlicum ,
mesurée et présentant une surface de 4 centimètres, est déjà recouverte de
sa cuticule. Les feuilles accrues des mêmes plantes présentent souvent un
limbe de 900 centimètres carrés, et la membrane les recouvre encore dans
41-
( 3o8 )
tontes leurs parties ; elle s'est doue accrue de manière à présenter une sur-
face deux cent vingt-cinq fois plus grande, et cela, comme Vépiderme, sans
augmenter beaucoup en épaisseur. Les graines de langélique , du cochléaria,
du Lepidium sativuin, prises à l'époque de leur germination et au moment
où l'épisperme se détache des jeunes plantuies, montrent déjà une cuticule
bien distincte. Or ces simples observations semblent déjà suffire pour faire
rejeter l'opinion qui considère cette membrane comme une sécrétion , car il
n'est pas possible qu'une matière inerte puisse pénétrer dans l'épaisseur
d'une première couche sécrétée, pour l'accroître régulièrement dans une
même plante et sur toutes ses parties. D'ailleurs, l'existence de cette mem-
brane chez toutes les vasculaires, et sa composition jusqu'ici identique dans
toutes les plantes que j'ai examinées, ne sauraient permeltre non plus
qu'on admît qu'une matière sécrétée fût la même pour des êtres si divers;
car, jusqu'à ce jour, aucune sécrétion ne s'est montrée commune à toutes
les plantes, à moins qu'on ne veuille considérer comme telle la cellulose.
» Je viens de dire que la cuticule existe chez la plante avant que l'épi-
derme soit distinct; je dois, pour être exact, rappeler que M. Ad. Bron-
gniart et M. Henslow l'avaient déjà constatée sur plusieurs stigmates,
où, comme ou le sait, l'épiderme n'existe pas : seulement, j'ajouterai
qu'on la rencontre fréquemment sur cet organe; au moins, l'ai-je con-
statée sur ceux des Motnordica, Dianthus, Campanula, Fuchsia, Epilo-
bium, OEnothera, Digiialis, Y>^antes auxquelles se sont bornées mes recher-
ches à ce sujet.
" Jusqu'ici cette membrane n'avait été constatée que sur les organes des
plantes qui sont en contact immédiat avec les agents extérieurs ; je crois
donc donner comme un fait curieux et entièrement nouveau, son existence
sur les placentaires et les ovules, où elle existe déjà bien avant la fécon-
dation, et au moment où ces petits organes commencent à se dessiner sur les
placentaires.
" Le sac embryonnaire , dès l'époque où il commence à se montrer,
présente le même aspect et la même résistance que la cuticule, lorsqu'il est
soumis à l'action des acides, et il est bien difficile de ne pas voir en lui la
même substance, qui, dès lors, pourrait représenter le feuillet cuticulaire
interne de la feuille nucellaire.
" Pour déterminer la nature de celte membrane, il était nécessaire de
trouver un moyen à l'aide duquel on pût l'obtenir pure et en quantité suf-
fisante : on l'obtient aisémciit des fleurs de roses pâles, en les faisant d'à-
( 3o9 )
bord infuser, dans le but de les débarrasser pu partie de leurs maliérrs
exlractive et colorante. Après ce premier traitement , si Ton opère sur
5oo grammes de pétales mondés , il fant les délayer datis i 5oo grammes
d'acide sulfurique du commerce, étendu du quart de son poids d'eau. Après
un contact de douze heures, il est utile d'.-'gifcr, avec une spatule de verre,
afin de désagréger les pétales et rendre l'action He l'acide aussi complète et uni-
forme que possible. Le mélangea pris une teinte un peu foncée, sans que les
cellules paraissent sensiblement attaquées; looo grammes d'acide étendu du
cinquième de son poids d'eau, sont ajoutés au n.élauge, qui doit être agité
rapidenu-nt, afin d'en porter régulièrement l'action sur toute la masse. Après
quelques heures de contact, le mélange est devenu pâteux , les pétales se sont
désagrégés, et la cellulose se trouve en partie transformée en dextrine , et l'on
achève la transformation complète en matière soluble, en ajoutant par petites
portions, et en agitant vivement, de l'acide sulfurique concentré, jusqu'à ce
que le mélange prenne l'apparence d'un sirop épais; arrivé à ce point, il
faut immédiatement le verser dans une très-grande quantité d'eau contenue
dans un vase à orifice un peu étroit, afin d'empêcher l'acide de continuer
son action sur la cuticule, (ju'il finirait par dissoudre complètement. L'eau
dans laquelle la dissolution sulfurique a été délayée , laisse bientôt surnager
la cuticule, que l'on enlève à l'aide d'une capsule, pour être lavée à grande
eau, après avoir été placée dans un linge à tissu compacte et résistant. Pen-
dant les lavages, qu'il faut faire en exerçant une pression modérée, la cuti-
cule laisse échapper de petits débris, et se décolore de plus en plus. Quand
l'eau des lavages se montre exempte de tout débris et de matière colorante
elle est lavée à plusieurs reprises à l'eau distillée, puis traitée successive-
ment par une lessive de potasse au trentième , par l'acide chlorhydrique
très-affaibli , lavée de nouveau à l'eau distillée, puis macérée d'abord dans
l'essence de térébenthine, puis dans l'éther : traitements qui ont pour effets
de la débarrasser de la matière glauque qui lui adhère et la pénètre, et des
sels insolubles dont elle se trouve imprégnée, malgré l'action de l'acide
sulfurique.
>' De 5oo grammes de roses pâles, on obtient, en moyenne, lo prammrs
de cuticule, qui, examinée au microscope, se présente avec tous les carac-
tères de celle obtenue par macération; elle se montre très- nette et privée
des lames spirales des trachées, dernier résultat, qu'il est impossible d'ob-
tenir par macération, à moins d'opérer sur des épidernif s détachés
» IjB cuticule, eu raison de la résistance qu'elle oppose aux acides, et de
(3.0)
la propriété que je lui ai reconnue de brûler à la manière des carbones, me
fit supposer qu'elle devait se rapprocher de ces corps par sa composition.
Ma prévision se trouva réalisée, car toutes les analyses que j'en ai faites, à
l'aide de l'appareil ingénieux de M. Millon, la montrent composée de car-
bone et d'hydrogène très en excès par rapport à son oxygène.
» Voici, du reste, les chiffres obtenus dans ces diverses analyses :
ORIGINE DE LA CUTICULE.
Cuticule des pétales de roses pâles ,
Cuticule des corolles du Phox panicutata .
Cuticule des pétales du pavot blanc
Cuticule de la fleur de camomille
Cuticule du son
Cuticule de l'épiderme de la feuille de l'éphé
mère (par macération)
QUANTITÉS
analysées.
0,6970
O , 35oo
o,35oo
0,5240
o,35oo
o , 3480
QUANTITES
des
éléments.
QUANTITÉS
en
centièmes.
FORMULE
brute
doublée.
C. 0,4546
H. o,2o65
0. 0,1772
[C. 0,2260
H. o,o35o
0. 0,0890
C. 0,2260
H. 0,0254
0. 0,0886
C. 0,3470
H. o,o5oi
0. 0,1269
C. o,235o
H. o,o35o
0. 0,0800
C. 0,2210
H. 0,0370
0. 0,0900
C.
H.
0.
65,22
9,35
25,43
C. 17
H. i5
0. 5
C.
H.
0.
100,00
64,57
10,00
25,43
C. .7
H. 16
0. 5
C.
H.
0.
I 00 , 00
64,57
10, 1 1
25,32
C. .7
H. 16
0. 5
C.
H.
0.
100,00
66,22
9,55
24,23
C. 17
H, i5
0. 5
C.
H.
0.
100,00
67,14
10,00
22,86
C. 18
H. 16
0. 4i
C.
H.
0.
100,00
63,54
10,60
25,86
C. .7
H. 17
0. 51
100,00
» n résulte de ces données, que la cuticule doit être considérée comme
uue matière particulière, à composition ternaire, et que l'on peut repré-
(3ii )
senter par la formule brute C'Mr'O*; formule qui, à part l'oxygène,
représente assez exactement celle du caoutchouc. «
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur l'absorption et l'exhalation des
surfaces aériennes des plantes ; par M. Garreau.
(Renvoi à la Commission désignée pour l'examen du précédent Mémoire. )
ÉCONOMIE RURALE. — Observations sur une maladie qui attaque les raisins
de table. (Extrait d'une Note de M. Marie, médecin des épidémies du
canton d'Écouen.)
(Commissaires, MM. de Jussieu, Ad. Brongniart.)
« Au mois de mars de l'année dernière, les priraorisles de plusieurs loca-
lités des environs de Paris et les jardiniers des anciennes résidences royales
observèrent , dans les serres où ils chauffaient du chasselas , le phénomène
suivant : une sorte de cendre tacha les feuilles, s'étendit de proche en proche,
et enveloppa la plupart des grappes dont le grain commençait alors à se des-
siner. La végétation fut entravée ; le grain sphacélé, à odeur de champignon ,
prit peu ou point d'accroissement ; quelques grappes continuèrent, il est
vrai , à végéter, mais le fruit échappé à la gangrène , maigre , amer, dé-
formé, couvert d'une croûte dure, grumelée, fuligineuse, montrant ses
semences par de larges crevasses, atteignit à peine les deux tiers de grosseur,
et presque partout la récolle fut perdue.
» Le mois de juin venu, ce qui s'était passé au printemps dans l'intérieur
des serres chaudes se renouvela à l'air libre dans leur voisinage. Le fléau,
naissant à leur pourtour, se propagea rapidement dans la direction des vents,
et, dans un rayon de 3oo à 4oo mètres, échalas, treilles, espaliers, contre-
espaliers, que ne défendaient ni rideaux d'arbres, ni murs élevés, subirent
sa fatale influence. i85o ramène la même déception. Si dans les localités
frappées l'an dernier, le mal s'annonce avec moins d'intensité relative, il s'y
dissémine malheureusement sur une bien plus vaste étendue. Il se manifeste
aussi dans plusieurs communes nouvelles. Les variétés les plus maltraitées
sont, en première ligne, le frankental; viennent ensuite les muscats, puis
le chasselas, le raisin gris et la madeleine. Sous l'infection, tout grain qui
n'est pas à mi-grosseur peut être considéré comme perdu ; passé cette époque,
la maladie est nulle ou bénigne.
» Cette véritable lèpre du raisin n'est autre qu'un parasite de la famille
( 3.. )
des moisissures fugaces, qui , dans les circonstances favorables à sa propa-
gation, se multiplie avec la plus désolante fécondité. A la face supérieure
des feuilles a luîtes on le voit se dessiner en couronnes blanchâtres à centre
corrodé; il s'empare entièrement des jeunes pousses, crispe et dresse en
l'air leurs bords desséchés. Uaiis la grappe, il saisit d'abord la tige centrale
et ses grosses ramifications, remplit les interstices ramulaires, rayonne en
tous sens sur les pédoncules, et enveloppe le grain de son triste filet.
" Frappé de sa similitude d aspect avec le blanc du rosier et des pensées
{ Oidiuin leuconium de Méral), je fus curieux de connaître l'analogie ou la
différence de ces imperceptibles champignons. Je priai M. Augrand, dont les
vignes .sont atteintes , comm-; les miennes, de vouloir bien m'aider à faire
quelques observations microsc )piques. Une feuille de pensée et un grain de
chasselas malades furent mis successivement au foyer d'un microscope
grossissant de trois à quatre cents fois, avec les précautions nécessaires
pour éviter tout mélange. L'une et l'autre nous offrirent exactement le même
spectacle, celui de la glaciale en petit. C'étaient bien absolument les mêmes
réseaux cristallins, confus, charnus, diaphanes, à fils nus, souvent monili-
formes, plongeant dans le parenchyme , le sphacélant aux points d'insertion ,
et se couronnant de corpuscules isolés ou réunis en grappe , à forme de gland
allongé. La comparaison faite immédiatement avec le blanc d'une feuille de
rosier produisit le même résultat; le parasite était bien identiquement le
même ; et il ne s'en tient pas à ces trois espèces végétales : quelques jours
après, je le trouvais eu rase campagne, à une demi-lieue du foyer d'infection,
sur deux plantes bien différentes, le Sinapis idgra, et le Poljrgonum avicu-
lare, L.; elles en étaient tellement aspergées, que la plus légère secousse
détachait du Sinapis un nuage de spornles. Ce sont donc les ravages d'un
mucor fugace qu'il importe d'arrêter. Voici les moyens que j'ai essayés.
" Brossage. — Il a quelque utilité, mais aussi une grande difficulté d'exé-
cution, et l'inconvénient radical d'être à peu près impossible en grand.
ji Lavage. — Il a été fait sans succès bien apparent avec l'eau simple ou
rendue alcaline par la chaux et l'alun. Si la saison était moins avancée, j'use-
rais des lotions acides. Elles sont très-faciles, et quelques essais m'ont paru
satisfaisants.
>' E bourgeonnement. — L'an dernier, comme cette année, j ai cru re-
marquer que le parasite pullulait, surtout à l'ombre. J'agis en conséquence;
mais plus d'une observation contraire, et surtout ce fait, que le parasite
n attaque que le dessus des feuilles, ne me permettent pas de franchir, sur
ce point, la limite des conjectures.
(3i3)
» Arrachage. — [j'évulsion des grappes et des feuilles malades est bien
certainement ce qu'il y a de mieux à faire au début. Malheureusement elle
est impuissante contre le vent disséminaieur de cette lèpre.
» Fumigations au tabac. — M. Crémont, primoriste distingué, dans les
serres duquel le fléau prit naissance ici l'an dernier , observait chaque jour
ses progrès dans une petite serre temporaire. Justement alarmé, il enleva
soigneusement tout ce qui était malade, lava à plusieurs reprises le reste des
feuilles, et, après avoir clos le mieux possible cette espèce de long châssis
incliné, y brûla plusieurs livres de tabac. Un plein succès couronna cette mé-
thode. Quelque temps après, la lèpre fit une seconde apparition dans une
serre permanente; les mêmes moyens employés restèrent impuissants. Une
fumigation, facile dans une serre étroite , devenait ruineuse et impossible
dans un vaisseau vaste et commun à des plantes délicates qui ne s'en fussent
probablement pas accornmodées.
» S aupoud rations. — On a vu la complète inefficacité de la chaux et de
l'alun déposés par le lavage. Il n'en est pas de même de la fleur de soufre;
soufflée à la suite d'une forte ablution, elle a donné les meilleurs résultats.
Toutefois les essais ont été encore trop peu nombreux pour qu'on puisse dès
à présent faire quelque fond sur l'efficacité de ce moyen. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches sur les eaux minérales de Cransac;
par M. Ch. Blonde.41j.
(Commissaires, MM. Berthier, Pelouze, Bussy.)
« En m'occupant, dit l'auteur, des eaux minérales sous un point de vue
qui avait été négligé jusqu'à ce jour, j'ai été conduit à y découvrir des prin-
cipes encore ignorés, et qui jouent, à ce que je crois, un rôle important
dans leur action sur l'économie. .T'ai trouvé dans toutes les eaux minérales
un peu énergiques que j'ai eu l'occasion d'analyser, du sulfure d'arsenic en
dissolution, et c'est sans doute à cet agent qu'il faut attribuer l'action telle-
ment forte de certaines eaux , qu'elles peuvent occasionner la mort lorsqu'elles
sont prises sans discernement.
» Le sulfure d'arsenic n'est pas le seul que l'on rencontre dans les eaux
minérales. Ainsi j'ai trouvé dans les eaux de Chaudesaigues (Can(al) des
sulfures de fer, d'arsenic, de manganèse, en quantités assez considérables
pour que ces eaux thermales produisent de fortes incrustations de ces
sulfures. »
C. R., ii<5o. l'a» Semritre. (T. XXXI, N' 10.) 4^
(3i4)
M. PupiERY soumet au jugement de l'Académie trois différents dispositifs
de cadrans solaires portatifs.
(Commissaires, MM. Laugier, Mauvais.)
AÉROSTATIQUE. — Considérations sur les conditions auxquelles doivent
être assujettis les appareils destinés à la locomotion aérienne; par
M. d'Altamura.
(Commissaires, MM. Despretz, Seguier. )
M. Beavhont soumet au jugement de l'Académie la description d'un ap-
pareil destiné à utiliser la chaleur dégagée par le frottement. L'auteur
annonce avoir porté , par le moyen de cet appareil , un liquide aqueux
à une température de 120 degrés, et pense qu'on pourrait l'employer utile-
ment comme producteur de vapeur.
(Renvoi à une Commission composée de MM. Despretz et Seguier.)
CORRESPONDAIVCE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Solution d'un problème de situation relatif au
cavalier des échecs. (Extrait d'un Mémoire de M. Paul Volbicelu.)
« Le problème, dont nous indiquerons ici deux solutions générales et
analytiques, consiste à trouver tous les moyens par lesquels le cavalier des
échecs peut parcourir tout l'échiquier, d'une forme quelconque, sans revenir
jamais sur la même case.
" Le premier qui ait tâché de résoudre ce problème théoriquement fut
Euler, dans son Mémoire qui a pour titre : Solution d'une question curieuse
qui ne paraît soumise à aucune analyse. Mais la méthode imaginée par ce
grand géomètre n'est pas analytique dans le sens mathématique, et ne peut
pas conduire à la solution générale du problème, comme Euler même l'avoue
dans plusieurs lieux de son Mémoire.
" Depuis, Vandermonde eut l'heureuse idée de représenter les soixante-
quatre cases de l'échiquier ordinaire par le moyen de deux nombres; de
plus, le même auteur reconnut la loi à laquelle doivent obéir les nombres
mêmes, quand les cases de l'échiquier sont parcourues par le cavalier. Ce-
pendant ce géomètre employa son principe avec beaucoup de limitation ,
et parce qu'il ne lui donna pas le développement analytique qui peut con-
duire, comme nous le verrons, au but proposé, et parce qu'il n'en déduisit
(3i5)
qu'une seule des nombreuses solutions qui appartiennent au même problème,
et enfin parce qu'il n'a pas vu que le même principe pouvait être appliqué
à l'échiquier de forme quelconque. En effet, la méthode de Vandermonde
ne peut pas conduire, telle qu'elle est, à connaître le nombre des solutions.
Celles-ci se divisent en deux classes, une composée de solutions ou courses
du cavalier qui ne sont pas rentrantes , l'autre de solutions ou courses qui
rentrent en elles-mêmes. En outre, cette méthode, telle que l'a laissée Van-
dermonde, n'est pas exempte de tâtonnements, et nous verrons dans notre
seconde solution du problème que, pour éliminer tout à fait ces tâtonnements,
il faut seize équations, et la Table qui en dérive. Du reste, Vandermonde
reconnaît lui-même les limitations que nous indiquons ici.
" Dans le journal des échecs le Palamède, M. CF. de Saenisch, de
Pétersbourg, voyant peut être que, même après les recherches d'Euler, de
Vandermonde et d'autres, la question dont nous parlons n'était pas encore
ni généralement ni analytiquement résolue, se prononçait de la manière
suivante : « Ainsi le problème de parcourir, avec un cavalier, toutes les cases
» de l'échiquier n'a pu être résolu, par les plus célèbres géomètres, que par
)) une série de tâtonnements systématiques. »
" Première solution. Rapportons les cases de l'échiquier quelconque à
ses deux côtés pris comme axes coordonnés, et représentons leurs abscisses
par les nombres consécutifs i, 2, 3, . . ., et de même leurs ordonnées; nous
pourrons établir la loi suivante : la différence entre les coordonnées de même
nom, qui appartiennent à deux cases, l'une de départ, l'autre d'arrivée, pour
un trait quelconque du cavalier, doit être ou 2, ou i, de manière que, si
pour les abscisses on a 1» première différence 2 , on aura pour les ordonnées
la seconde i , ou vice versa.
» Que l'on forme les couples des coordonnées de toutes les cases, qu'on
dispose ensuite ces couples consécutivement, de manière que la loi indiquée
soit observée entre deux couples successifs, et en commençant par un couple
quelconque, on aura la solution de la question.
» Remarquons qu'un couple étant pris, il en est plusieurs qui satisfont à
la loi de succession indiquée, mais qu'il faut en exclure ceux qui ont déjà
été employés. Quant aux autres, chacun d'eux donnera lieu à un essai de
solution. Si, dans le cours de cet essai, on a besoin d'un couple déjà em-
ployé, la solution n'aura pas de suite. Mais, quelle que soit la case prise
pour point de départ, il existe toujours plusieurs solutions, et on les obtient
toutes par cette méthode sans avoir besoin de l'échiquier.
>' Exemple, En considérant un échiquier parallélogramme de douze
4a..
(3i6)
cases , quatre en longueur et trois en largeur, nous aurons les douze couples
suivants, (i,i), (1,2), (i,3), (i,4), (2,1), (2,2), (2,3), (2,4), (3,i), (3, a),
(3,3), (3,4), avec lesquels, par le moyen de la loi convenue, on peut con-
struire toutes les solutions. Nous donnons ici les quatre qui ont pour point
de départ la case marquée par le couple (2,4):
2,4
2,4
2,4
2,4
1,2
1,2
3,2
3,2
3,1
3,1
i,ï
ï,i
2,3
2,3
2,3
2,3
I,«
'.«
3,1
3,1
3,2
3,2
1,2
1,2
1,3
1,3
3,3
3,3
3,4
2,1
',4
2,1
2,2
3,3
2,2
1,3
1,4
',4
3,4
3,4
3,3
2,2
1,3
2,2
2,1
3,4
2,1
1,4
» Seconde solution. En continuant de représenter les cases de l'échiquier
comme précédemment, soient x,, j", les coordonnées connues de la case
par laquelle on veut commencer la course du cavalier, et JC, y celles d une
autre case quelconque, mais placée, relativement à la première, de telle
manière que le cavalier puisse passer de l'une à l'autre par son trait. Il est à
observer ici que le plus grand nombre de traits du cavalier, à partir d'une
case donnée, ne peut excéder 8, quelle que soit la forme de l'échiquier.
w En associant cette vérité à la loi que nous avons établie, nous aurons
les seize équations suivantes :
■jr, = + 2,
X
y
X — Xf = -h a,
J -/* = + 1,
jr-jr, = -2,
jr -j, = ~ l,
3C **"' OC ^ — "■"■ I y
jr - j. = + 2,
3C ^^ 3C ^ ^-^ ^^ ^y
.r — .r, =
jr-j. =-t-
I,
j-j, = -2,
X — x^-= — 2,
r-j. = - •'
•( 3.7 )
qui compienneut d'une manière générale et complète toutes les solutions du
problème pour un échiquier quelconque, sans avoir besoin de l'avoir sous
les yeux.
» Au moyen de ces équations, on construit une Table pour chaque échi-
quier, dans laquelle on trouve calculées pour chaque couple (j^i, J'i) '^*
valeurs dos x, j correspondantes, et admises par la forme de l'échiquier
choisi.
» Exemple. Pour l'échiquier déjà considéré, on fera, dans les équations,
successivement
.r, = I, I, I, I, 2, a, a, a, 3, 3, 3, 3,
j, = I, a, 3, 4, I, a, 3, 4, 1, a, 3, 4,
on en déduira les valeurs correspondantes de x et j-, en rejetant toutefois
celles qui ne conviennent pas à la forme de l'échiquier, comme par exemple
jc = a et _^ = 5 qui correspondent au couple a:, = i, ^, = 3, et l'on réu-
nira les valeurs conservées dans le tableau suivant :
^11 ri
•^,r
^,jr
'',r
1,1
2,3
3,2
»
1,2
2,4
3,3
3,4
3,1
1,3
2,1
3,2
1,4
2,2
3,3
1}
2,1
3,3
1,3
U
2,2
3,4
',4
u
2,3
3,1
1,1
»
2,4
3,2
1.2
»
3,1
2,3
1,2
w
3,2
2,4
1,3
1,1
3,3
2,1
',4
1,2
3,4
2,2
1,3
»
(3i8 )
» Supposons que l'on veuille faire partir le cavalier de la case (2,4 \ on
fera x, = 2, j^, = 4» et l'on trouvera dans ce tableau que les valeurs cor-
respondantes de j: et j donnent les couples (3,2) et (1,2), donc chacun
doit être employé. En continuant avec ces deux couples et faisant usage du
tableau, on obtient les quatre solutions relatives à la case île départ (2,4)
déjà trouvées par la première méthode.
" En répétant pour chacune des autres onze cases les opérations faites
pour la première (2,4), on obtiendra facilement, et sans aucune incertitude,
toutes les solutions pour l'échiquier proposé.
•> IjCs quatre courses que nous avons trouvées, et aussi toutes les autres,
peuvent s'exprimer par la numération successive comme il suit :
12. 8.10.10
I
10.10.
8.12
9.11. 7. 7
4. 4- 4-
4
7- 7-
il. 9
6. 6. 2. 2
II. 9. 9.
1 1
2. 2.
6. 6
3. 3. 5. 5
8. 12.12.
8
5. 5.
3. 3
» Les solutions de notre problème qui commencent par la même case
ont cette propriété remarquable, que, si on les représente sur l'échiquier
avec la numération progressive, il arrivera toujours que les nombres contenus
dans les cases seront tous , alternativement , pairs et impairs. "
ÉLECTROPHYSIOLOGIE. — Nouvelles recherches sur la cause de la contraction
induite et sur celle des courants organiques ; par M. Ch. Matteucci.
Cette Note, peu susceptible d'analyse, et trop étendue pour pouvoir être
imprimée en entier dans le Compte rendu, se compose, ainsi que le titre
l'indique, de deux parties distinctes; nous donnerons seulement ici la
seconde.
Sur la cause des courants organiques.
« Les courants qui se manifestent dans les tissus à l'état de vie ou de sur-
vie ont-ils une cause extérieure ou intérieure, une cause connue ou inconnue?
(3.9)
Le savant auteur du Rapport sur les travaux de M. du Bois-Reymond insiste
beaucoup sur cette première et vieille question, et, en exprimant ses doutes
sur la valeur des efforts faits pour la résoudre, semble désirer des nouvelles
preuves pour démontrer que ces courants organiques ne sont pas l'effet des
actions chimiques extérieures. Je crois donc répondre au désir de la Com-
mission en résumant , en quelque sorte, les conséquences de mes anciennes et
nouvelles expériences, par lesquelles j'ai toujours conclu sans hésitation, que
la cause du courant musculaire ne pouvait être une action chimique extérieure
quelconque, mais qu'il était fondé d'attribuer cette cause aux actions chimiques
de l'organisme vivant. L'importante découverte de Nobili, qui démontrait pour
la première fois l'existence d'un pouvoir électromoteur dans un animal , ne
contenait pas encore la preuve des phénomènes électrophysiologiques géné-
raux et de ses relations avec les propriétés et les fonctions des corps vivants.
Les annales de la science sont remplies de longues et patientes recherches ,
tentées immédiatement après la découverte du galvanomètre, pour découvrir
l'électricité dans les nerfs, dans le cerveau, dans les muscles de différents
animaux ; mais les erreurs et les incertitudes qui résultaient nécessairement
des méthodes défectueuses employées, avaient rendu stériles tous ces tra-
vaux. Pour démontrer incontestablement l'existence des phénomènes élec-
trophysiologiques généraux et ses lois, il fallait pouvoir augmenter la
source organique de l'électricité, en laissant constantes les autres causes
étrangères qui nécessairement intervenaient dans ces expériences. C'est en
construisant des piles avec un grand nombre de masses musculaires prises
sur des animaux vivants ou récemment tués et convenablement préparés ,
c'est en montrant que l'intensité du courant augmente avec le nombre des
éléments musculaires, qu'il a toujours la même direction, quelle que soit la
nature du liquide des extrémités de la pile, quel que soit l'animal dont on
tire les muscles, quelles que soient les parties animales placées aux extré-
mités de la pile, que j'ai démontré l'existence d'un courant musculaire
dirigé dans tous les animaux de l'intérieur à la surface du muscle. Evidem-
ment ces propriétés du courant musculaire excluaient la présence des cou-
rants produits par des actions chimiques extérieures. lia complète évidence
de cette conclusion peut être donnée facilement en formant les extrémités
d'une pile musculaire avec des parties animales identiques, telles que les
deux cuisses entières de la même grenouille : dans ce cas, les lames du gal-
vanomètre plongent dans le même liquide qui est en contact avec les mêmes
parties animales, et le courant a la même intensité et la même direction
( 320 )
qu'auparavant. On peut enfin supprimer les liquides et les lames du galva-
nomètre, et fermer le circuit de cette pile musculaire terminée avec des
parties animales identiques, en employant deux grenouilles rhéoscopiques
naturellement réunies : l'existence du courant musculaire , sa direction , son
augmentation avec le nombre des éléments , peuvent être démontrées de cette
manière, tout aussi bien qu'avec le galvanomètre. Le courant musculaire est
donc produit par une force électromotrice inhérente au muscle vivant ou à
l'état de survie (i). Cette force électromotrice inhérente à la vie consiste-
t-elle dans une action chimique exercée entre les liquides et les matériaux
solides des tissus organiques vivants ou dans une action chimique qui fait
partie des fonctions de l'organisme, ou est-elle due à la nature et à la
structure de ces tissus à l'état de vie ?
» L'explication du courant musculaire par une action chimique était
certainement celle qui avait le plus solide fondement. C'est par l'étude des
lois du courant musculaire et par ses liaisons avec les fonctions organiques ,
qu'on pouvait seulement mettre en évidence la vraie source de l'électricité
animale. Voici les principales de ces lois : i°. L'intensité du courant muscu-
laire se trouve sur les animaux vivants, toutes les autres circonstances étant
égales, d'autant plus grande que les animaux sont plus élevés dans l'échelle des
êtres; ainsi une pile formée d'un certain nombre de muscles d'oiseaux vi-
vants, donne un courant plus fort qu'une pile semblable formée avec des
muscles de grenouille. i°. L'intensité du courant musculaire s'affaiblit
après la mort, d'autant plus vite que les muscles employés appartiennent à
des animaux plus élevés dans l'échelle : ainsi une pile faite avec les muscles
de grenouille donne un courant qui est encore assez fort plusieurs heures
après la mort, tandis que quelques minutes suffisent pour détruire le même
courant dans les muscles des oiseaux ou des mammifères. 3°. L'intensité du
courant musculaire varie ctmsidérablement suivant l'état de nutrition du
muscle, ce qu'on peut facilement démontrer en opérant sur des muscles dif-
férents pris sur le même animal ou sur des grenouilles qui ont été pendant
longtemps placées dans des conditions différentes de vie. Dans l'hiver et sous
des températures très-basses, ce courant devient très-faible dans les gre-
nouilles. 4°. Le courant musculaire obtenu sur des animaux tués par l'acide
(i) Toutes mes recherches ayant été faites avec la méthode des piles formées de masses
musculaires ou d'autres tissus , les résultats au.xquels je suis parvenu doivent se rapporter
aux propriétés de ces masses organiques; je n'ai jamais pu opérer sur des lambeaux de
muscle ou sur des filets nerveux.
(3a. )
hydrosulfurique est notablement plus faible que celui qu'on obtient en tuant
les animaux sans rusa{][e de ce gaz. 5°. La présence du système nerveux et
son intégrité, les poisons narcotiques n'influent pas sensiblement sur les cou-
rants musculaires; les filets nerveux se comportent comme de simples con-
ducteurs. 6". fj'intensité et la durée du courant musculaire sont indépen-
dantes de la nature du gaz dans lequel est placée la pile musculaire. 7°. Enfin,
en étudiant ce courant, avec le même procédé, sur des tissus organiques
différents du muscle, tels que le cerveau, la moelle épinière, le foie, les
poumons, etc., on trouve ce couraut presque exclusivement appartenant au
muscle, sous le rapport de l'intensité, et existant dans tous avec la même
direction. Ainsi, une pile de douze à vingt éléments formés, ou avec des
morceaux de substance cérébrale ou de moelle épinière, pris sur un bœuf,
ou un mouton, ou un lapin, immédiatement après la mort, donne un courant
à peine sensible; tandis que, avec des éléments musculaires pris sur les
mêmes animaux , ce courant est beaucoup plus fort, au moins pour les pre-
miers instants après la mort. Dans tous les cas, les deux éléments du couple
organique sont deux parties du même tissu ou d'un tissu différent, lesquels
sout évidemment doués d'un pouvoir nutritif Irès-inégal. Dans tous les cas,
la partie du tissu pour laquelle le pouvoir nutritif est plus fort , joue le rôle
de l'élément positif du couple. Mais, je le répète, quoique avec des piles
formées avec des éléments tirés du tissu nerveux, ou du poumon, ou du
foie, etc. , le courant organique se trouve avoir toujours la même direction ;
la différence, sous le rapport de l'intensité et de la durée, qu'on trouve en
opérant sur des éléments musculaires, est si grande, qu'on est tenté de con-
sidérer ce phénomène électrique, comme appartenant exclusivement aux
muscles.
» Ces conclusions sout indépendantes de toute hypothèse, mais elles
conduisent naturellement à trouver la cause du courant organique dans une
des actions chimiques qui appartiennent à la vie nutritive des tissus. Il est
impossible de ne pas admettre qu'entre la fibre musculaire, proprement
dite, et le sang artériel qui lui est en contact, il ne s'exerce pas une action
chimique plus foi'te que celle qui a lieu, dans les mêmes circonstances, pour
la membrane cellulaire qui enveloppe le muscle, et qui forme ce que j'ai
appelé sa surface.
» Toutes les lois du courant musculaire que j'ai données sont d'accord
avec cette explication. Les signes du courant organique, obtenus sur des
tissus tels que le poumon et le foie, ou de la partie que j'appelle la partie
intérieure du muscle et qui peut être obtenue en coupant une masse muscu-
C. K., i85o, a"» Semestre. { T, XXXI, iN» iO. ) 4^
( 3.2 }
laire dânS une direction quelconque, me semblent exclure l'explication de la
cause des courants organiques fondée sur la structure des tissus.
» Je conclus donc : i° que les courants organiques sont certainement in-
dépendants des causes extérieures à l'organisme; i° que la cause de ces
courants est inhérente à l'état de vie des tissus organiques, et qu'elle est
liée constamment avec une différence dans l'état et dans le pouvoir nutritif
de ces tissus, de manière que l'élément positif du couple organique est tou-
jours représenté par la partie du tissu dont le pouvoir nutritif est le plus
fort; 3** il est impossible de nier que les actions chimiques de la nutrition
n'interviennent dans la production de ces courants. On peut objecter à cette
manière de voir, qu'elle n'explique pas les modifications qu'éprouvent les
courants organiques dans la contraction, et qu'elle ne montre pas d'une
manière très-claire la liaison entre le courant musculaire et le courant soi-
disant propre de la grenouille. Dans l'état actuel de l'électrophysiologie, il
n'est pas permis de rejeter une explication qui certainement a quelque fon-
dement, par cela seul qu'elle ne peut pas s'appliquer à tous les phéno-
mènes plus ou moins liés à son sujet principal. La liaison entre le courant
soi-disant propre delà grenouille (qu'en opérant avec mes procédés j'ai
toujours trouvé dirigé du tendon à la surface dans le muscle) et le courant
musculaire, est dans toutes les hypothèses du même degré d'évidence, et elle
consiste à dire que le tendon représente toujours l'intérieur du muscle. »
M. R/\MO!v DE LA Sagra transmet l'extrait d'un Journal espagnol , la Espe-
lanza, concernant la découverte qu'aurait faite un chanoine de Séville,
M. Calomarde, d'une étoile nouvelle située à peu de distance de la polaire.
" Cette étoile, dit l'observateur, n'est pas maintenant visible à l'œil nu. Mais
je crois qu'elle le deviendra dans peu de mois, car elle me semble avoir
augmenté d'éclat depuis le premier jour où je l'ai observée. »
M. Arago annonce qu'on s'occupera à l'Observatoire de vérifier la réalité
de la découverte annoncée par M. Calomarde.
L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés présentés par
MM. Barreswil et Boudault, par M. Descbahps et par M. Coliiv.
A 4 heures un quart l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures. A.
( 3a3 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 26 août r85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Noie sur un cas de monstruosité du genre Deradelphe; par M. Paul
GervaiS; broch. in-4°-
Sur les débris fossiles de Mastodonte et d'Elephas africanus; par le même;
broch. in-4°.
Sur le porphyre de Lemires et de Quenast (Belgique); par M. A. Delesse ;
broch. in-S".
Sur la variolile de la Durance; par le même; broch. ia-8°.
Recherches sur les formes les plus avantageuses à donner aux triangles
géodésiques ; par M. P.-M. HOSSARD; broch. in-S".
Analyse des expériences sur la muscardine et les autres maladies des vers à
soie en 1849; Z^^'" ^^^- ^^uérin-Méneville et EuG. Robert; broch. in-8".
Du magnétisme. — Qu'est-ce que le magnétisme ? ou étude historique et cri-
tique des principaux phénomènes qui le constituent, suivie de l'explication
rationnelle qu'il convient d'en donner; par M. le D' Émile GrOMIER. Lyon-
Paris, i85o; broch. {0-8".
Revue médico-chirurgicale de Paris, publiée sous la direction de M. Mal-
GAIGNE; 4'' année ; tome VIII; août i85o; in-8°.
Journal de Pharmacie du Midi, Recueil pratique, publié par MM. J.-P.-J. Gajt
el H. -G. Gay; 2" s'érie, tome P''; décembre 1849; ^^-^°-
Gazette médicale de Paris; n° 34-
Gazette des Hôpitaux; n°' 98 à 100.
Les Alpes; n° 4-
L'Académie a reçu, dans la séance du 2 septembre i85o, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
•2"* semestre i85o ; n" 9; m-f\°.
Cours d'Agriculture; par M. DE Gasparin ; tome V ; in-S".
Annales des Sciences naturelles; rédigées par MM. MiLNE Edwards ,
Ad. Brongniart et Decaisne; 3* série; 7* année; février i85o; in-8°.
Observations sur le peu de probabilité de l'existence dans les contrées pyré-
néennes, soit de la houille, soit d'aucun dépôt considérable de tout autre combus-
tible fossile; par M. A. Leymerie. (Extrait des Mémoires de l'Académie des
Sciences de Toulouse. ) Broch. in-8°.
( 3a4 )
Bulletin de l' Académie nationale de Médecine; tome XV; n° 22; 3i août
i85o; in-8°.
Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Mémoires de la Section des
Sciences; année i85o. Montpellier, i85o; in-4°. (Présenté, au nom de cette
Académie, par M. A.UGUSTE de Saint-Hilaire.)
Compte rendu des travaux de l'Académie du Gard, en séance publique du
Conseil général , le 3o août i85o; par M. NicOT, secrétaire général; bro-
chure in-8°.
Bulletin de laSociété de Médecine de Poitiers; n° 16. Poitiers, i85o; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; n° 9; sep-
tembre i85o; in- 8°.
Table générale des matières et des auteurs de la deuxième série du Journal de
Chimie médicale , de Pharmacie et de Toxicologie [de i835 à i844 inclus);
in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer ; n° 5; i*'' septembre i85o; in-8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie;
2* série, tome III; n° 11; août i85o; in-8°.
Journal de Médecine vétérinaire, publié à l'Ecole de Lyon; tome VI;
juin, juillet et août i85o ; 2 livraisons in-8°.
Revue thérapeutique du Midi. — Journal de Médecine, de Chirurgie et de
Pharmacie pratiques; par M. le D'' FusteR; n° 16; 3o août i85o; in-8".
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; année i849-i85o;
tome IX; n° 8; in-8°.
Bibliothèque universelle de Genéue; juillet i85o; 4* série, n" 54; in-8°.
ERB^TA.
(Séance du a6 août i85o. )
Page aSg, ligne 33, au lieu de neuf, Usez sept.
Page 261 , ligne 3, au lieu de négative, lisez positive.
Page 26 r , ligne 4, au lieu de positive, lisez négative.
Page 261 , ligne 9, au lieu rfe Z = c, lisez Z =: o.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 9 SEPTEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET COMMUNICATION»
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉOLOGIE. — Note sur la corrélation des directions des différents systèmes
de montagnes; par M. L. Eue de Beavmont.
« On connaît aujourd'hui , dans les parties occidentales et méridionales
de l'Europe, vingt systèmes de montagnes, dont les âges relatifs sont déter-
minés avec plus ou moins de précision; ce sont les systèmes : de la Vendée,
du Finistère, du Longmjnd, du Morbihan, du Hundsriick, des Ballons,
du Forez, du Nord de l'Angleterre, des Pays-Bas, du Rhin, du Thûrin-
gerwald, de la Côte-d'Or, du Mont-Viso, des Pyrénées, du Tatra, du
Sancerrois, des Alpes occidentales , des Alpes principales, du Ténare. A
ces vingt premiers systèmes, on peut joindre encore le système du Ver-
cors, dont l'âge relatif, moins ancien que le terrain crétacé inférieur, est
demeuré, du reste, jusqu'ici à peu près indéterminé. On aura à y joindre
aussi plusieurs systèmes nouveaux, que M. Durocher a signalés en Scandina-
vie, dans un Mémoire qu'il a présenté dernièrement à l'Académie.
" Je n^ai pu m'occuper encore, sous mon point de vue actuel, des sys-
tèmes nouveaux de M. Durocher, bien que je les croie , au moins pour la
C K , i85o, a"» SemeK/e. f T. XXXI, NO II.) 44
( 326 )
plupart, parfaitement établis. Je me suis borné, pour le moment, à consi-
dérer les vingt et un autres systèmes, les seuls qui me fussent connus, en
Europe, lorsque j'ai commencé mon travail.
» Chacun de ces systèmes de montagnes est représenté, sur la surface du
globe, par un grand cercle de comparaison, orienté en un point donné
dans une direction déterminée ; le systèntie de la Côte-d'Or, par exemple ,
est représenté par un grand cercle orienté à Dijon , vers l'est 4° degrés
nord; le système du Rhin, par un grand cercle orienté à Strasbourg, vers
le nord ai degrés est, et ainsi des autres.
« Les directions de ces vingt et un grands cercles ont été déterminées
par ilifférents géologues, et la plupart originairement par moi-même. Ces
déterminations ont été publiées successivement à diverses époques. La plu-
part sont imprimées depuis plusieurs années; quelques-unes depuis plus de
vingt ans. Je n'ai rien à y changer pour le moment; Tobjet de mon travail
actuel est seulement de mettre en évidence une propriété que l'ensemble
de ces chiffres, en partie fort anciens déjà, et dont plusieurs ne m'appar-
tiennent pas, possède pour ainsi dire à ïétat latent.
" Chacun des vingt et un grands cercles dont je viens de parler coupe
les vingt autres sous un angle particulier; de là deux cent dix angles diffé-
rents, que j'ai tous déterminés avec une approximation qui m'a paru suffi-
sante, eu égard à la nature des données d'après lesquelles les orientations des
grands cercles ont été fixées.
» Ces deux cent dix angles une fois connus, j'ai eu la curiosité de les
ranger par ordre de grandeur. J'ai pris un papier réglé sur lequel il y avait
trois cent soixante lignes numérotées de quatre en quatre, depuis o jusqu'à
90 degrés, et je croyais que je pourrais y écrire mes chiffres commodément,
mais il n'en a pas été ainsi; de larges espaces de mon tableau sont restés en
blanc, et les angles sont venus se masser dans des intervalles circonscrits
quelquefois tellement étroits, qu'il m'a été absolument impossible de les
écrire tous rigoureusement à leur place.
>> Mes angles étant, ainsi que je l'.ii dit, au nombre de deux cent dix, il
m'a paru qu'il serait peu rationnel de chercher à expliquer un pareil phé-
nomène par les effets du hasard; j'ai cru devoir m'occuper d'en découvrir
la cause nielle.
» J'avais remarqué, il y a piès de vingt ans, que des systèmes de moi-
tagnes d'âges différents ont quelquefois des directions à peu près semblables
ou même identiques, et en signalant plusieurs exemples de ce fait, je l'avais
( 3^7 )
caractérisé par l'expression de récurrence permlùiue des directions (i). Or
en employant ainsi le mot récurrence, j'entendais exprimer la conviction
où j'étais, que les systèmes de montagnes ne sont pas disposés au hasard,
les uns par rapport aux autres, sur la surface du globe, mais que la na-
ture, en les produisant, a été coutrainte de tourner, pour ainsi dire, dans
un circuit fermé, de manière à retomber dans les mêmes repères au bout
d'un certain temps et après avoir épuisé uq certain nombre de combinai-
sons. Les remarques numériques dont je viens de parler ont naturellement
reporté mes idées vers cet ordre de considérations, et j'ai pensé que, si
mes angles voulaient bien me laisser pénétrer le secret du caprice apparent
qui leur faisait affecter une disposition sériale, j'y trouverais l'occasion et
les moyens de donner plus de consistance à mon ancienne idée de la reçut'
rence des directions.
" On concevra sans peine, d'après ce qui précède, que j'ai dû désirer
assez vivement la découverte de ce secret, et que j'ai dû recourir immédia-
tement aux moyens qui me paraissaient devoir être les plus efficaces pour
y parvenir.
» Après quelques tâtonnements arithmétiques sans ri'sultat , il m'a paru
que je n'avais rien de mieux à faire que de mettre mon imagination en cam-
pagne pour tâcher de trouver sur la sphère un réseau systémaiique de
grands cercles dont les intersections mutuelles reproduisent les angles que
l'observation m'avait fournis.
» J'ai d'abord essayé purement et simplement l'assemblage de plans qui
constitue le système régulier de la cristallographie; mais je n'en ai rien pu
tirer de satisfaisant, et je n'ai pas lardé à l'abandonner.
» J'ai alors pensé au système de plans et de grands cercles qui divise la
surface de la sphère en vingt triangles équilatéraux. On sait que quinze
grands cercles, se coupant cinq à cinq en douze points de la surface de la
sphère sous des angles de 36 degrés, la divisent à la fois en vingt triangles
équilatéraux et en douze pentagones sphériques réguliers. Pour m'exprimer
plus clairement encore, ces quinze grands cercles divisent la surface de la
sphère en cent vingt triangles rectangles scalènes égaux en surface et symé-
triques deux à deux, qui peuvent être ajustés ad libitum en trente losanges.
(i) Voyez Manuel géologique de M. de la Bêche , traduit en français par M. Brochant de
Villiers, page 646 (i833); et Traité de Géognosie de M. d'Aubuisson de Voisins, continué par
M. Amédée Burat, tome III , page 342 (i834)-
44..
( 328 )
en vin{ft triangles équilatéraux et en douze pentagones sphériques réguliers.
J'ai quelques motifs pour soupçonner que, au point de vue de la mécanique
appliquée à la géologie, le pentagone est ici la figure la plus caractéris-
tique, et je désignerai le réseau formé par les quinze grands cercles primi-
tifs et par ceux qu'il sera nécessaire de leur adjoindre , sous la dénomination
de Réseau pentagonal. .
>' Les grands cercles primitifs du réseau pentagonal se rencontrent aux
trois angles de chacun des cent vingt triangles scalènes dans lesquels ils di-
visent la surface de la sphère sous des angles de 36, de 60 et de 90 degrés.
TjC réseau fondamental ne renferme pas d'autres angles que ces trois-là
et l'angle de 72 degrés qui résulte de l'addition du premier à lui-même. Par
conséquent, il ne peut devenir comparable au réseau compliqué que for-
ment , sur la surface de la sphère terrestre , les grands cercles de comparaison
des différents systèmes de montagnes, que par l'adjonction systématique d'un
certain nombre de cercles auxiliaires.
•I Pour procéder méthodiquement à cette adjonction, j'ai considéré que
les prands cercles primitifs du réseau pentagonal, par suite de leurs inter-
sections sous l'angle de go degrés, constituent cinq systèmes tri-rectangulaires
coordonnés entre eux avec une parfaite régularité. J'ai remarqué, eu outre,
que les trois plans de chacun des systèmes tri-rectangulaires peuvent être
considérés comme respectivement parallèles aux six faces d'un cube ayant
son centre au centre de la sphère. J'ai reconnu que ces cinq cubes ne
sont autre chose que les cinq positions d'un même cube placé d'abord
dans une situation quelconque, et tournant séparément de 180 degrés autour
de chacune de ses quatre diagonales. Je me suis enfin représenté le cube
dans chacune de ses cinq positions comme le noyau d'un système cristalhn
régulier, composé des faces de l'octaèdre , du dodécaèdre rhomboïdal , et de
tous les dodécaèdres pentagonaux, trapézoèdres, etc., que le système cris-
tallin régulier comprend en nombre illimité. Imaginant ensuite par le centre
de la sphère des plans indéfinis parallèles aux diverses faces de ces types
cristallins, j'ai eu sur la sphère un nombre infini de grands cercles coor-
donnés entre eux avec une régularité parfaite, suivant le genre de symétrie
propre au réseau pentagonal primitif. C'est l'ensemble de ce nombre infini
de cercles que j'appelle le Réseau pentagonal complet.
» C'est là sans doute un système de plans fort complexe, mais il est cer-
tain qu'il divise tout l'espace angulaire autour du point central avec une
symétrie et une régularité singulières. liCS propriétés curieuses de ce système
ne peuvent avoir échappé à l'attention des géomètres; mais, comme j'avais
(3^9)
besoin de le connaître pratiquement, je me suis imposé la loi de calculer
moi-même tous ceux de ses éléments que je pourrais être dans le cas d'em-
ployer.
» Or, aussitôt que j'ai eu mis la main à l'œuvre, j'ai eu la satisfaction de
voir sortir en majorité des Tables de logarithmes, les angles que l'observa-
tion m'avait fournis ; le secret de ces angles était dès lors dévoilé.
» J'ai commencé naturellement par calculer les angles que forment avec
les cercles primitifs du réseau, ou dans leurs rencontres mutuelles, les cercles
qui correspondent aux faces les plus simplement placées dans le système
cristallin régulier, ceux qui se rapportent aux faces de l'octaèdre et que
j'appelle octaédriques , puis ceux qui correspondent au dodécaèdre rhom-
boïdal et que j'appelle dodécaédriques rhomhoidaux .
" Chaque cube a son octaèdre, lequel a huit faces parallèles deux à deux ,
ce qui donne quatre octaédriques pour chacun des cinq cubes. Cependant
il n'y a en tout que dix octaédriques an lieu de vingt, parce que les faces de
l'octaèdre étant perpendiculaires aux diagonales du cube, deux quelconques
des cinq octaèdres ont une de leurs faces dans le même plan, ce qui fait que
les vingt octaédriques, qui devraient exister en principe, se confondent
deux à deux et se réduisent à dix.
" Chaque cube a aussi son dodécaèdre rhomboidal Tpvésenlant douze faces
parallèles deux à deux, ce qui donne, pour chacun des cinq tubes, six ^o-
décaédriques rhomhoidaux. Il y en a trente en tout, qui sont tous distincts les
uns des autres. Les trente dodécaédriques rhomhoidaux , ajoutés aux vingt
octaédriques et aux quinze cercles primitifs, forment déjà un total de cin-
quante-cinq cercles.
» Les intersections de ces cinquante-cinq cercles m'ont donné à peu près
tous les angles fournis par l'observation, du moins pour les angles supé-
rieurs à 20 ou 3o degrés, les seuls que l'observation puisse faire connaître
d'une manière vraiment concluante.
» Ce n'est pas que j'aie trouvé par le calcul les valeurs précises des angles
observés; mais j'ai trouvé des angles qui, dans le tableau dressé par ordre
de grandeur, venaient se placer à peu près ou même exactement devant les
groupes d'angles fournis par l'observation , de manière à ce que ceux-ci
pussent en être considérés comme des valeurs approximatives, un peu alté-
rées par les imperfections inhérentes aux observations géologiques. J'ai
trouvé aussi que certains angles théoriques sont très-peu différents les uns
des autres , et forment des groupes qui se placent généralement devant mes
principaux groupes d'angles observés, affectant ainsi non-seulement dans
( 33o )
leurs valeurs, mais aussi dans leurs allures, une reisembiance vraiment re-
marquable avec les angles fournis par l'observation.
" Parmi les angles que le calcul m'a donnés, il en est un certain nombre
qui ne correspondent pas aux angles observés et qui tombent quelquefois au
milieu des intervalles blancs laissés par ces derniers. Quoique ces angles ne
fussent pas à beaucoup près les plus nombreux, ils auraient pu m'embar-
rasser si je n'avais pas remarqué que beaucoup d'angles existants dans le
réseau ibéorique devaient nécessairement me manquer par les motifs que
voici.
» D'abord, en supposant que le réseau théorique existât d'une manière
complète, il faudrait, pour observer tous les angles qu'il comporte, embras-
ser la totalité de l'un des cent vingt triangles rectangles scalèncs dans les-
quels la sphère est divisée par les quinze cercles primitifs du réseau. Or
rien ne prouve que la partie de l'Europe qui m'a fourni des observations, em-
brasse en totalité un quelconque de ces triangles. Elle s'étend peut-être sur
plusieurs d'entre eux, mais il se peut fort bien qu'elle n'embrasse dans aucun
de ces triangles la partie qui avoisine par exemple l'angle droit.
•' De plus, rien ne prouve qu'on ait constaté par l'observation tous les
systèmes stratigraphiques qui existent dans l'Europe occidentale et méridio-
nale , et je regarde comme fort probable qu'en France même on en décou-
vrira de nouveaux qui donneront de nouveaux angles.
" D ailleurs, il n'est pas démontré que la nature ait réalisé tous les
cercles d'une même catégorie, de sorte qu'une partie des angles calculés
peut être condamnée, par la force même des choses, à n'exister ijue théori-
quement.
» Enfin, et ceci est peut-être le point le plus essentiel, chacun des ride-
meats de l'écorce terrestre paraît s'être opéré suivant une demi-circonfé-
rence de grand cercle seulement et non suivant une circonférence entière;
de là il résulte que, s'il ne s'était opéré qu'un seul ridemeut suivant chacun
des grands cercles théoriquement possibles, chacun de ces grands cercles
ne serait jalonné par les aspérités de la surface du globe que dans la moitié
de sa circonférence et disparaîtrait dans l'autre moitié, comme par une
sorte d'héinihédrie. D'après cela, chaque région de la surface du globe
pourrait ne présenter à l'observateur que la moitié des systèmes de mon-
tagnes que la formule géométrique y indique; de là aussi la disparition
d'une partie des angles calculés d'après cette formule. On pourrait même
concevoir que les lois mécaniques qui ont présidé à la formation des rides
de l'écorce terrestre s'opposassent à l'existence simultanée de certains sys-
( 33ï )
tèmes dans une même région, d'où il résulterait que ceilains angles calcnlés^
géométriquement, mais désavoués par la mécanique, ne pourraient être
observés nulle part.
» On voit, d'après cela, qu'il n'y aurait à se préoccuper de l'absence de
représentants observés pour certains angles calculés qu'autant que celle
absence devien Irait le cas général ; mais comme il s'en faut de beaucoup
qu'il en soit ainsi, il y a bien plutôt lieu de s'attacher aux ressemblances re-
marquables qui se manifestent entre une grande partie des angles calculés
et les angles observés.
» On concevra facilement, d'après tout ce qui précède, qu'après avoir
calculé tous les angles formés par les cinquante-cinq cercles dont j'ai parlé,
j'aie pu croire un moment que ma besogne louchait à sa fin , et que je
n'avais plus qu'à reconnaître parmi ces cinquante-cinq cercles les représen-
tants théoriques de chacun des systèmes de montagnes européens.
" J'ai cherché à opérer ce rapprochement , et j'ai réellement réussi à re-
produire avec une assez grande précision 1 ajustage de quelques-uns de
ces cercles ; mais je n'ai pu les représenter tous, même en faisant la plus
large part possible aux erreurs admissibles de l'observation.
)• .l'ai donc été forcé de reconnaître que mon réseau de cinquante-cinq
cercles était insuffisant et qu'il fallait y ajouter de nouveaux cercles auxi-
liaires.
it D'après la considération de ce qui m'avait surtout manqué pour com-
pléter mon ajustage, j'ai introduit dans le calcul les cercles correspondants
à un dodécaèdre pentagonal dont les faces forment, avec les faces du cube,
des angles de 8°i8'2",6, cercles qui piéscnlent dans l'ensemble du réseau
des rapports de situation assez remarquables.
» Le dodécaèdre pentagonal n'est un dodécaèdre que par l'effet de l'hé-
mihédrie qui fait disparaître la muilié de ses faces, il en compoile réel-
lement vingt-quatre, parallèles entre elles deux à deux. J'ai doue eu réelle-
ment pour chacun des cinq cubes douze plans, c'est-à-dire en tout soixante
plans qui m'ont donné soixante cercles à ajouter aux cinquante-cinq pre-
miers; le nombre total en a été porté à cent quinze.
» J'ai fait les calculs, et les angles obtenus se sont présentés avec les
mêmes allures que les précédents; ils se sont , pour la plupart, massés avec
eux de manière à rendre plus compacte la représentation théorique des
groupes d'angles observés. C'est là toujours ce qui constitue leur propriété
caractéristique au point de vue qui m'occupe, et ce qui établit un rapport
intime entre le réseau pentagonal et la structure stratigraphique de l'écorce
( 332 )
terrestre. Ces nouveaux angles ont donné des représentants théoriques pour
certains angles isolés qui se trouveront beaucoup moins excentriques qu'ils
ne le paraissaient d'abord. Certains angles, mais en grande minorité, sont
tombés dans les intervalles que l'observation avait laissés en blanc : j'ai déjà
expliqué cette circonstance.
" Le calcul fait, j'ai cherché de nouveau à ajuster le réseau théorique
avec le réseau observé; mais cette fois encore je n'ai pu y réussir. Mes
angles observés étant représentés maintenant avec une assez grande préci-
sion , je devais devenir difficile sur les conditions du rapprochement entre
les cercles observés et les cercles du réseau théorique ; et quoique j'en aie
beaucoup approché, je n'ai pu trouver de combinaison qui reproduisît tous
les cercles observés sans faire violence à certains angles que le calcul sem-
blait avoir sanctionnés en leur donnant des représentants.
» De là la nécessité d'introduire encore de nouveaux cercles auxiliaires;
et je me suis mis à calculer :
•> Les angles formés par les cercles correspondants à un dodécaèdre pen-
tagonal dont une face passe par une arête d'un cube différent de celui sur
lequel il s'appuie, et dont les faces forment avec les faces de ce dernier cube
des angles de 3i<'43'3",6;
» Ceux qui correspondent à un autre dodécaèdre pentagonal dont une
face passe par la diagonale d'un cube diffèrent de celui sur lequel il s'ap-
puie , et dont les faces forment avec celles de ce dernier cube des angles
de20»54'i8",6;
» Ceux qui correspondent à un trapézoèdre dont les faces sont perpendi-
culaires à celles de l'octaèdre, et forment avec celles du cube des angles
de 7° 45' 40", 5;
» Enfin ceux qui correspondent à tin autre trapézoèdre dont les faces
forment avec celles du cube un angle de i5''3i'ai".
» Les angles que j'ai déjà trouvés par cette nouvelle série de calculs
suivent exactement les mêmes allures que les précédents; ils continuent à se
grouper avec une prédilection particulière vis-à-vis des groupes d'angles
fournis par l'observation.
" Ainsi la loi qui me sert de guide paraît devoir se soutenir poui' ces quatre
nouvelles séries de cercles; mais il ne m'est pas démontré que ces cercles et
ceux étudiés précédemment satisfassent seuls à la loi énoncée. A priori, il ne
parait pas hors de vraisemblance que la même propriété appartient à divers
autres cercles placés régulièrement dans le système.
Il Théoriquement parlant, ma tâche ne sera complètement remplie que
( 333 )
lorsque j'aurai parcouru la totalité des cercles qui ont, avec les angles ob-
servés, le genre d'affinité que j'ai signalé. C'est l'ensemble de ces cercles
qu'on peut considérer comme constituant sur la sphère le réseau pentagonal
réduit à ce qu'il a d'applicable à la géologie ; et il faut évidemment compléter
d'abord ce réseau avant de pouvoir espérer d'y trouver pour chaque cercle
observé le représentant lo plus exact que le réseau puisse lui fournir, et de
se prononcer ensuite sur le degré de précision avec lequel le réseau penta-
gonal représente les observations. Les calculs seront fort longs, parce que le
nombre des angles et des arcs à calculer croît rapidement à mesure qu'on
multiplie les cercles du réseau. J'ai donc en perspective une assez longue
série de calculs à exécuter avant de pouvoir considérer la matière comme
épuisée et mon travail comme terminé; c'est là ce qui m'a décidé à en sou-
mettre dès aujourd'hui le principe à l'Académie.
» Les cercles que j'obtiendrai en complétant la recherche de tous ceux
qui fournissent des angles généralement en harmonie avec les angles obser-
vés, seront dans une position tellement variée et si rapprochés les uns des
autres, qu'il sera, je crois, impossible que je n'y trouve pas des représentants
admissibles des grands cercles de comparaison de tous les systèmes de mon-
tagnes. J'arriverai donc, je crois, indubitablement à reproduire théorique-
ment le réseau des cercles observés avec toute l'approximation désirable,
sans autre difficulté que la longueur des calculs.
» En minéralogie, quelque compliqué que soit un cristal, on parvient
toujours à en reproduire les diverses facettes par Jes décroissements con-
venablement choisis, pourvu qu'on ait la forme primitive qui en représente
la symétrie fondamentale.
n Si les quinze cercles primitifs du réseau pentagonal peuvent réellement
être considérés comme représentant, par leur ajustage, lu forme primitive
du réseau des systèmes de montagnes, je parviendrai de même à repro-
duire les grands cercles de comparaison de tous les systèmes observés et
observables, en introduisant dans le réseau pentagonal des cercles auxiliaires
qui sont ici, pour ainsi dire, la représentation Aes> décroissements.
n Lorsqu'on effectue complètement le calcul des triangles ilu réseau pen-
tagonal, on trouve souvent des arcs dont l'expression en degrés, minutes et
secondes est précisément la même que celle de certains angles du réseau ,
et l'on conçoit qu'il résulte de là, pour les arcs, un fractionnement en portions
définies, auquel on ne peut refuser une certaine analogie avec la subdivision
en rapports simples qui constitue l'une des bases essentielles de la cristallo-
graphie.
C. K., i85o, a°>e Sem«(re. .T. XXXI. N' H. ) 4^
{ 334 )
" Quelque nombreux que puissent devenir les cercles de la sphère géo-
logique, rien ne sera si facile que d'en représenter les diverses séries par une
notation analogue à celles employées en cristallographie et en chimie, et de
désigner chaque système de montagnes par une formule composée de deux
ou trois caractères; l'emploi du réseau pentagonal pourra peut-être par cela
seul rendre quelque service aux progrès futurs de la science.
" Une partie des cercles du réseau pentagonal s'ajustent autour des centres
et des sommets de pentagones, de manière à former des espèces de caus-
tiques dont la configuration aidera peut-être à concevoir pourquoi certaines
chaînes de montagnes , telles que le Jura et les Alpes , sont courbes dans
leur ensemble, quoique composées d'éléments rectilignes.
» Le réseau pentagonal présente un grand nombre de points où les grands
cercles de comparaison des différents systèmes viennent se croiser en plus
ou moins grand nombre. On peut en compter cent quatre-vingt-deux qui
méritent d'être signalés plus particulièrement sous ce rapport. M. Pissis,
dans un Mémoire très-remarquable , a déjà fixé l'attention des géologues sur
de pareils points de croisement, et j'ai lieu de penser que plusieurs de ceux
qu'il a indiqués figureront dans mon réseau.
» Il ne sera pas sans intérêt d'étudier aussi l'application du réseau penta-
gonal au relief extérieur de la Lune; mais, en raison de la projection suivant
laquelle notre satellite nous présente constamment la même moitié de sa
surface, projection qui change pour nos yeux tous les cercles en ellipses,
cette application semble devoir offrir, dans l'exécution, une complication
particulière.
" Ce n'a pas été sans hésitation que je me suis décidé à soumettre à l'A-
cadémie les idées dont je viens d'avoir l'honneur de l'entretenir, quoique je
ne pusse les accompagner encore du tableau complet des résultats numé-
riques sur lesquels doit reposer un jour l'application du réseau penta-
gonal à la structure stratigraphique de l'écorce terrestre. 11 est même cer-
tain que je n'aurais pas eu cette hardiesse, si je n'avais réussi à me procurer
une preuve, en quelque sorte matérielle, de la possibilité de l'application
dont il s'agit. On conçoit d'ailleurs qu'une pareille preuve ne saurait être in-
différente à un auteur qui a encore plusieurs mois de calculs à fournir, et
qui serait menacé de voir le résultat de tout son travail s'évanouir si le réseau
calculé ne pouvait être appliqué.
» En conséquence, lorsque j'ai vu combien les calculs s'allongeaient, j'ai
cherché à m'assurer, pour ainsi dire ipso facto, delà possibilité de leur
réalisation finale. Pour cela j'ai placé sur le globe que j'ai l'honneur de
( 335 )
mettre sous les yeux de l'Académie, imjllet mobile composé en principe de
vingt mailles, ayant chacune la forme d'un triangle équilatéral de la gran-
deur voulue, pour que le filet s'applique exactement sur la surface sphé-
rique et l'embrasse avec une rigoureuse précision. Puis, sans compléter en-
tièrement le réseau , j'y ai ajouté les cercles et portions de cercles
nécessaires pour en rendre la forme et les principales applications faciles à
comprendre et à exécuter. J'ai figuré quelques cercles auxiliaires dés
octaédriques , des dodécaédriqiies rhoinboïdaux, etc.
» Ces cercles sont liés entre eux d'une manière invariable, mais leur en-
semble est mobile sur la surface du globe. .T'ai installé tout simplement ce
réseau sur un triangle tri-rectangle (ou à peu près tel ), dont j'ai souvent
parlé dans mes leçons à l'École des Mines et au Collège de France (i). C'est
celui qui est formé par les grands cercles de comparaison des systèmes du
Ténare, des Alpes principales et de la grande traînée volcanique des Andes
et du Japon. Ce triangle se compose, dans mon installation, d'un grand
cercle du réseau fondamental (Ténare) et de deux dodécaédiiques rhomhoï-
daiix , trois grands cercles qui seraient probablement autant d'exemples do
récurrence. Or on peut voir d'un coup d'œil , qu'installé de cette manière
le réseau s'adapte assez heureusement , et même avec des circonstances
d'une précision singulière, et qu'il serait difficile de regarder comme fortuites,
à la structure de la surface entière du globe.
Je suis loin cependant de présenter cette installation comme définitive.
Beaucoup d'équations ont plusieurs racines et certains corps ont plusieurs
positions d'équilibre stable. Le réseau pentagonal comprend plusieurs cen-
taines de cercles, dont une vingtaine seulement sont figurés sur le globe
que l'Académie a sous les yeux. Ces cercles si nombreux et de positions
si variées, présentent beaucoup d'angles et de combinaisons propres à
remplacer,, à peu de chose près , les angles et la combinaison des cercles
tondaraentaux. A priori, il n'est donc pas improbable de penser qu'il existe,
en effet, dans le réseau pentagonal, des combinaisons propres à représenter
les accidents orographiques dont j'ai rapproché les cercles fondamentaux
(i) Ce triangle tri-rectangle, qui pourra sans doute recevoir ultérieurement quelques mo-
difications, se trouve complètement indiqué pages 768 à 771 de ma Notice sur les systèmes
de montagnes, formant le tirage à |)art de l'article Systèmes de montagnes du Dictionnaire
(l'histoire naturelle de M. Charles d'Orbigny ; ce tirage à part n'a pas encore paru , parce
(]ue le présent travail m'a obligé d'en suspendre l'impression ; mais les pages 768 à 77 1 étaient
déjà imprimées et tirées ù la fin de l'année dernière (1849), ainsi qu'il serait facile de le
constater, tant pour ces pages que pour tout ce qui le précède, à l'imprimerie de M. Martinet.
45..
( 336 )
plus heureusement eucore que ces derniers. Ainsi l'installatiou provisoire
que je mets sous les yeux de l'Académie pourrait être considérée comme
n'étant qu'une sorte de pis-aller. Or, comme cette installation me paraît
tout au moins ne rien offrir de choquant, je me crois fondé à conclure
d'abord que le principe de sjrmétrie du réseau pentagonal existe réellement
dans la nature.
" Je ne serais pourtant pas étonné que l'hésitation dont je viens d'indi-
quer les motifs, plit être regardée plus tard comme mieux fondée en
théorie qu'en fait , et j'avouerai même que s'il se présentait quelque instal-
lation meilleure que celle à laquelle je suis parvenu à l'improviste et à si
peu de frais, j'en éprouverais, je crois, plus de surprise encore que de
satisfaction; car, en examinant attentivement celle-ci, je trouve qu'elle
réalise, pour ainsi dire en bloc, une foule de combinaisons avec lesquelles
je me suis familiarisé depuis longtemps , et qui , très-naturelles et très-
simples, présentent réellement à mes yeux tous les caractères de la vérité (i).
» Quoi qu'il en soit, et en admettant même, comme je suis assez porté à
le croire , sans toutefois l'affirmer, que la position actuelle du réseau
devra être à peu près conservée , et ne subira que des mouvements que j'ap-
pellerai micrométriqiies , il y a toujours lieu de continuer les calculs jusqu'à
l'épuisement pour ainsi dire de la matière calculable.
Il La solution que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie ,
en supposant que ce soit la bonne, n'est encore que graphique. Je ne
pourrai exprimer par des chiffres précis la position du réseau pentagonal,
que lorsque j'aurai terminé la série des calculs que j'ai indiqués, et même
quelques autres encore, dont les résultats nie seront également nécessaires.
» Je donnerai alors la latitude et la longitude d'un centre ou d'un sommet
de pnntagone , et l'orientation d'un arc déterminé partant de ce point. Tout
le réseau sera fixé par ces trois chiffres; mais je conçois qu'il devra se
passer de longues années avant qu'ils puissent être arrêtés d'une manière à
peu près définitive. En effet, de même que l'orientation du grand cercle de
(i ) Je trouve , par exemple , que le réseau pentagonal ajusté d'après les Andes , les Alpes
principales et le Ténare , ou, ce qui revient presque exactement au même , d'après le pic de
Ténériffe , l'Etna et le Vésuve , représente aussi exactement que possible la structure de
l'Oural, telle que je l'ai indiquée, il y a un an, dans ma Notice sur les Systèmes des mon-
tagnes, pages 656 et suivantes, imprimées en octobre 1849. ^^ '^ plaçant d'après l'Oural seul ^
on ne le placerait pas autrement !
Beaucoup d'autres remarques, moins faciles à exprimer en quelques mots , sont pour moi
aussi frappantes que celle-là.
(337 )
comparaison d'un système de montagnes et la position de son point de
départ sont le résumé de toutes les observations stratigraphiques relatives à
ce système, les trois chiffres qui fixeront sur la surface du globe le réseau
pentagonal seront le résumé intégral des observations stratigraphiques et
orographiques faites dans tout l'univers. Il sera probablement nécessaire d'y
appliquer la méthode des moindres carrés, et de créer une méthode de
réduction dérivée de celle-ci ; il fauilra aussi avoir égard aux modifications
que doit introduire la considération de l'aplatissement, en recourant, s'il
est nécessaire, pour en trouver le principe , au calcul des variations ; de là
une série de calculs fort longs, et qui ne seront pour ainsi dire jamais ter-
minés, en raison des observations nouvelles qui, pendant bien des années
encore, viendront combler les lacunes des observations déjà faites. Il est
donc impossible de prévoir à quelle époque le réseau pentagonal sera fixé
sur la surface du sphéroïde terrestre avec la précision des secondes ; mais
peut-être ne se passera-t-il pas un grand nombre d'années avant qu'il soit
fixé avec la précision des degrés, et même avec celle des dizaines de
minutes.
» La loi que j'ai essayé de constater numériquement et graphiquement
dans la disposition des systèmes de montagnes étant par elle-même le nec-
plus-ultra de la régularité, on pourrait ne pas lui chercher d'autre raison
d'être que cette régularité même.
» Il est cependant facile de concevoir comment elle peut résulter en prin-
cipe de la contraction que la masse interne du globe a éprouvée de siècle en
siècle par suite de son refroidissement progressif. Les effets de cette contrac-
tion sur l'écorce entière du globe, quoique tendant à produire une compres-
sion et non un écartement, ont eu cependtint une analogie sensible avec
ceux du retrait qui a produit la division du basalte en prismes à trois , à
quatre, et plus souvent encore àsix faces. Il est vrai que dans l'exposé précédent
il est question àe pentagones et de diverses combinaisons où entre le nombre
cinq au lieu de Xhexagone régulier qui, dans l'état normal du phénomène,
sert de base aux prismes basaltiques. Mais cette différence n'est qu'un chan-
gement de forme que les propriétés de la sphère introduisent dans la manifes-
tation d'une même tendance fon Jamentale. Le basalte se divise en prismes
hexagonaux, parce que le triangle équilatéral , le carré et Vhexagone sont
les seuls polygones réguliers qui puissent servir à diviser un plan en
parties toutes égales entre elles (comme on le voit dans les appartements
carrelés), et que, parmi ces trois polygones, l'hexagone est celui qui a le
plus grand nombre de côtés et le périmètre minimum pour une suiface don-
née. Mais, à cause de Vexcès sphérique, la sphère n'est pas divisible en
( 338 )
hexagones réguliers ni en carrés; elle ne peut être divisée qu'en triangles
équilatéraux et en pentagones réguliers. Ije pentagone remplace ici l'hexa-
gone; de là l'introduction du nombre cinq et les diverses combinaisons
qui en résultent.
" Les quinze cercles qui divisent la surface de la sphère en douze penta-
gones réguliers jouissent d'une propriété de contour minimum qui en fait le
système de lignes de plus facile écrasement. Si tous les ridements de l'écorce
terrestre s'étaient produits simultanément, ces quinze cercles se seraient
peut-être dessinés seuls; mais comme la production des différents systèmes
de montagnes a été successive , les cercles octaédriques, dodécaédriques , et
autres, ont été probablement des intermédiaires nécessaires pour passer
de l'un à l'autre des cercles fondamentaux. Tous ensemble constituent peut-
être comme une espèce de clavier sur lequel la nature toujours en action
exécute, depuis que le globe terrestre a commencé à se refroidir, une sorte
d'harmonie séculaire. "
THÉORIE DE LA LUMIÈRE. — Mémoire sur les équations différentielles du
mouvement de l 'éther dans les cristaux à un et à deux axes optiques ,•
par M. Augustin Cauchv.
" La méthode dont je me suis servi pour établir les équations différen-
tielles des mouvements infiniment petits de l'éther dans un corps isophane,
peut s'appliquer aussi à la rechercbe de ces équations, quand le corps,
cessant d'être isophane , se transforme par exemple en un cristal double-
ment réfringent. On doit surtout remarquer le cas où l'on peut tracer dans
ce cristal trois plans principaux et rectangulaires entre eux, dont chacun le
divise en deux parties symétriques. Les équations différentielles que j ob-
tiens alors renferment un grand nombre de paramètres qui sont encore au
nombre de quinze, quan I on réduit ces équations à l'homogénéité. Mais, si
des trois coefficients déterminés dans la séance précédente, et relatifs aux
rayons évanescents, le dernier est constamment nul, les quinze paramètres
dont il s'agit seront réduits à neuf, et l'équation de la surface des ondes ren-
fermera six paramètres seulement. Alors le cristal admettra généralement ,
comme l'expérience le montre, deux axes optiques renfermés dans l'un des
plans principaux. Il y a plus; si le cristal est symétrique autour d'un axe,
celui-ci sera l'axe optique uniijue, et clans ce cas les neuf paramètres ci-
dessus mentionnés se réduiront à quatre, trois d'entre eux étant renfermés
dans l'équation de la surface des ondes, réduite elle-même au système d'un
ellipsoïde el d'iuie spbèie, ou plus généralement de deux ellipsoïdes qui
offriront le même axe de révolution.
( 339)
" J'ajouterai ici une remarque qui n'est pas sans intérêt. Supposons que
l'on fasse tomber un rayon simple de lumière sur la surface extérieure d'un
cristal doué d'un seul axe optique et taillé parallèlement à cet axe. Suppo-
sons d'ailleurs lo plan d'incidence perpendiculaire à Taxe optique, et le
rayon incident renfermé dans le plan d'incidence, ou, en d'autres termes,
polarisé perpendiculairement à ce plan. En vertu des formules obtenues
dans la séance précédente, ce rayon devrait être sous l'incidence principale,
transformé par la réflexion en un rayon renfermé ou non dans le plan d'in-
cidence, suivant que le dernier des coefficients correspondants aux rayons
ëvanescents sera ou ne sera pas égal à zéro. J'ai été curieux de savoir si,
dans le cas indiqué, le rayon réfléchi sortait effectivement du plan d'inci-
dence , et s'il éprouvait une déviation sensible. Les expériences que nous
avons exécutées, M. Soleil fils et moi, pour résoudre cette question, en ap-
pliquant à cette recherche le goniomètre de M. Babiiiet, muni de prismes de
Nichol, nous ont convaincus que la déviation, si elle existe, est très-faible,
et ne peut guère s'élever au delà d'un degré, ou même d'un demi-depré.
Les réflexions opérées sous l'incidence principale, et pour des rayons ren-
fermés dans le plan d'incidence, par des surfaces quelconques de cristaux
à un ou à deux axes optiques , nous ont paru aussi ne pas produire de
déviation sensible. Si j'avais à ma disposition un appareil qui permît d'at-
teindre une grande précision , spécialement l'appareil de M. Jamin, je n'hé-
siterais pas à en user pour répéter nos expériences. Car, ainsi que je
l'expliquerai plus en détail dans un autre Mémoire, il est très-important,
sous le rapport théorique, de savoir si la déviation existe, ou si elle n'offre
qu'une valeur qui puisse être négligée dans les calculs.
ANALYSE.
" Supposons qu'un mouvement infiniment petit du fluide éthéré se pro-
page dans un cristal. Représentons au bout du temps <, par |, ri, Ç, les
déplacements d'une molécule d'éther, mesurés parallèlement à trois axes
rectangulaires des x , j, z', et posons, pour abréger,
D'après ce qui a été dit dans un précédent Mémoire, les équations différen-
tielles, d'un mouvement infiniment petit de l'éther pourront être supposées
réduites à la forme
( 34o )
3Ci IT, 2) désignant trois fonctions linéaires et homogènes de |, rj, Ç, qui
seront en même temps des fonctions entières de «, f , tv, composées d'un
nombre fini ou infini de termes. De plus, si l'on nomme a le déplacement
d'une molécule d'éther, mesurée parallèlement à un nouvel axe qui forme
avec ceux des x, j", z des angles dont les cosinus soient a, è, c, on aura
(2) 8 = a| + Ayj 4- cÇ;
par conséquent, en vertu des formules (i) ,
(3) *»« = §,
la valeur de § étant donnée par la formule
(4) s =asc> + b^ + ci>.
1 Ajoutons que les équations (i) et (3) continueront de subsister si l'on
y considère les lettres ^, >j, Ç, » comme représentant non plus des déplace-
ments effectifs des molécules éthérées, mais les déplacements symboliques
correspondants, et même, si l'on y considère, en outre, s, u, v, w comme
représentant non plus les symboles de dérivation D,, D^r > t\i D^, mais les
coefficients des variables indépendantes dans l'exponentielle caractéristique
g ux -t- 17- -4- wt — st
correspondante à un mouvement simple de l'éther.
M Si maintenant on veut attribuer au cristal donné la faculté de propager
de la même manière et suivant les mêmes lois, les mouvements simples de
l'éther de part et d'autre de chacun des trois plans coordonnés, il suffira
évidemment d'assigner à la fonction de a, h, c, u, v, w, ^,yj,Ç désignée
par S une forme telle, que la valeur de a déterminée par la formule (3) de-
meure invariable après un changement opéré dans le sens suivant lequel se
mesurent les coordonnées parallèles à un seul axe, ou, ce qui revient au
même, dans le sigue de ces coordonnées. Mais, si l'on change, par exemple,
le signe des coordonnées parallèles à l'axe des x, on devra changer a en — a,
M en — M, et § en — ^. Donc un ti'l changement devra laisser inaltérable la
valeur de S, et cette valeur ne devra pas non plus être altérée, si Ton change
siuiultanément ou b en —b, v en —v, r\ et — >j , ou bien c en — c,
w et — w , Ç en — Ç.
>• D'autre part, la valeur de S, dans l'équation (3), est nécessairement
une fonction linéaire homogène non-seulement de a, 5, c, mais encore de
(34i )
Ç, ïj, Ç. Donc elle se compose de neuf parties respectivement égales aux
produits
/ a|, b^, c|,
(5) l uYi, bï}, Cl),
.( aÇ, AÇ, cÇ,
multipliés par neuf fonctions entières de «, v, w. Or des neuf produits
compris dans le tableau (5), trois, savoir,
restent invariables quand on change simultanément le sens dans lequel se
mesurent les coordonnées parallèles à un axe quelconque. Donc, pour que la
condition ci -dessus énoncée soit remplie, il faudra que , dans la valeur de S,
ces trois produits se trouvent multipliés par trois fonctions paires de m, c, w.
Quant aux deux produits
ils changeront de signe quand on changera les signes des coordonnées
parallèles à l'axe des^ ou des z, mais resteront invariables quand on chan-
gera les signes des coordonnées parallèles à l'axe des x. Donc, dans la va-
leur de s, ces produits devront être multipliés par des fonctions paires
de u, qui soient en même temps des fonctions impaires de v et de w. En
d'autres termes, les produits bl^, cyi devront être, dans la valeur de S, mul-
tipliés par le produit vw et par des fonctions paires de u, v,w. Pareillement
on devra, dans la valeur de S, multiplier les produits
par le produit ivu et par des fonctions paires de m, v,w., enfin les produits
ayj, b^
par le produit uv et par des fonctions paires de m, v, w. Donc , pour que le
cristal donné ait la faculté de propager de la même manière et suivant les
mêmes lois les mouvements simples de l'éther de part et d'autre de chacun
des plans coordonnés, il suffira que la valeur de S soit de la forme
(6){
s = aCI + ban^Y) ■+- csf^ç
C. R , i85o, a™" Semestre. (T. XXXI, K» il.) 46
( 342 )
4^, an-, 3^ , ce, ^, a, $'■ ^', ^' étant des fonctions entières et paires de u ,
V , iv , par conséquent des fonctions entières de u^, v^, w*.
» [ja valeur de S étant ainsi déterminée, on pourra en conclure immé-
diatement la forme que devront prendre, dans l'hypothèse admise, les équa
tions (i). Pour y parvenir, il suffira de réduire, dans la formule (3) , jointe
aux équations (4) et (6), deux des cosinus rt, b, c à zéro et le troisième à
l'unité. En prenant successivement pour celui-ci a,b et c , on obtiendra les
trois équations
s^^ = ^^ -+- ufSiYj + ttiv^'Ç, etc. ,
que l'on peut écrire comme il suit :
(7) ){s'-on)n=:P {w9i; -^ «^'^),
Telles sont les formules qui paraissent devoir représenter généralement le
mouvement de la lumière dans un cristal divisible en deux parties symétriques
par l'un quelconque de trois plans rectangulaires enire eux.
" Si l'on veut réduire à l'homogénéité les équations (7), comme on peut
généralement le faire dans une première approximation, les coefficients
«, ^, ^, «', ^, A'
réduits à des constantes, représenteront six paramètres distincts ; tandis que
les coefficients ^, DXL, X réduits à des fonctions linéaires et homogènes de
u'', t'^, tv* renfermeront neuf autres paramètres. Donc alors les équations (7)
renfermeront quinze paramètres. Ces quinze paramèlres peuvent d'ailleurs
être réduits à neuf dans les équations (7) et à six dans l'équation de la sur-
face des ondes, sous la condition que nous avons indiquée dans le préam-
bule, et que nous examinerons de nouveau dans un autre article. »
ANATOMiE COMPARÉE. — Deuxième fragment sur les organes de génération
de divers animaux ; par M. Dcvermoy.
Des organes extérieurs de fécondation dans les Crustacés décapodes.
« J'avais découvert, dès i845, qu'on pourrait ajouter aux caractères qui
distinguent les deux sous-ordres des Décapodes , les Brachjgastres et les
Macrogastres ,ce\m très-iraportant de la position des verges; toujours exté-
rieures dans les premiers, s'enroul.int dans l'intérieur du corps chez les
( 343)
derniers, et ne se déroulant au dehors qu'à l'époque du rapproclienient
des sexes.
» Des recherches plus nombreuses que je viens de faire à ce sujet, m'ont
confirmé dans l'exactitude de cet aperçu , et m'ont mis à même de le déve-
lopper et de saisir d'antres rapports et d'autres différences, qui confirment
les propositions que j'ai mises en tête de mon premier fragment sur les
organes de génération des animaux (i).
» Des conclusions que je crois pouvoir tirer de mes nouvelles études sur
ce sujet intéressant, les unes se rapportent à l'anatomie et à la physiologie
de l'appareil extérieur de fécondation, mâle et femelle, chez les Crustacés
décapodes ; les autres à la classification de ces mêmes crustacés et aux carac-
tères distinctifs que l'on peut tirer de ces appareils, pour caractériser cet
ordre et les groupes de différents degrés qui le composent, jusqu'aux plus
inférieurs, c'est-à-dire aux genres et sous-genres, et quelquefois même à
l'espèce.
A. Conclusions relatives à l'anatomie et à la physiologie.
" 1°. Les organes de fécondation mâles (les canaux déférents) ou fe-
melles (les oviductes) ont constamment une double issue au dehors, chez
tous les Crustacés décapodes.
> 2°. Cette double issue est placée, pour les canaux excréteurs des glandes
spermagènes, très-généralement dans les hanches de la cinquième paire
de pieds.
» 3°. Chez quelques Brachjgastres cette issue empiète un peu sur le
dernier segment du sternum qui reçoit la hanche, ou s'y trouve percée tout
entière.
» 4°- ^'^ dernière partie de ce canal excréteur revêtue de la peau , la-
quelle est attachée au pourtour de son issue percée dans la hanche ou le
sternum, constitue la verge de ces animaux.
» 5" Dans les Brachjgastres , où elle reste toujours au dehors, l'épi-
derme de cette peau est plus épais et plus ou moins couvert de poils.
» 6°. Dans les Macrogastres , où elle se replie dans la partie du canal
déférent qui reste toujours dans le corps, ce même épiderme est mou et
non velu; c'est un épithélium.
» 7°. Ce caractère, d'avoir constamment la verge extérieure, qui distin-
gue tous les Brachjgastres , est en rapport avec l'existence, non moins
(i) Voir Comptes rendus, tome XXIX, page 32 1.
46..
( 344 )
constante, de deux paires de fausses pattes, attachées aux deux premiers
anneaux de l'abdomen, et faisant partie de l'appareil extérieur de fécon-
dation.
•• 8''. La première paire de ces appendices fécondateurs, articulée sous
le premier segment abdominal et rapprochée de la verge, est constamment
traversée, dans la plus grande partie de sa longueur, par un canal dont
l'entrée est à sa base, et l'orifice, souvent capillaire, à sa pointe, ou près de
son extrémité.
" Cette première paire est toujours plus forte et presque toujours plus
grande que la seconde.
» On trouve presque constamment les verges introduites dans l'entrée du
canal de cette première paire.
» 9°. On peut en conclure que l'usage de ces appendices est de porter,
plus loin que n'auraient pu le faire les verges, la liqueur fécondante vers les
oeufs, ou dans le réservoir séminal lorsqu'il existe et que la copulation peut
avoir lieu.
» L'usage de cette première paire d'appendices, qui était problématique,
avant notre observation que le canal dont elle est percée règne jusqu'à son
extrémité et reçoit la verge à son origine, est devenu évident et incontes-
table depuis cette observation.
» 1 o°. La forme et les proportions de cette première paire d'appendices va-
rient on ne peut pas plus, d'un genre à l'autre , et se modifient même jus-
qu'à un certain point dans les espèces; de telle sorte que l'on pourra faire
eiitrer ces différences de détails dans l'énoncé des caractères distinctifs des
groupes de la méthode naturelle.
» 11°. La seconde paire d'appendices générateurs, attachée au second
segment abdominal, toujours plus grêle et souvent beaucoup plus petite que
la première, n'est jamais canaliculée.
» On la trouve généralement introduite dans le canal de la première;
soit qu'elle lui serve d'arc-boutant lors du rapprochement des sexes, soit
qu'elle maintienne la verge en position.
» 12°. Dans l'état de repos, cet appareil est couché sous le sternum,
dans une rainure plus ou moins profonde destinée à recevoir l'abdomen ,
qui s'y trouve constamment replié, et ne s'en détache que pour la défécation
et la fécondation.
>> i3°. Un mécanisme très-simple l'y maintient ainsi accroché, dans la
plupart des cas, sans effort musculaire, et de manière que l'extrémité de
l'abdomen qui est en avant, ne soit pas refoulée lors de la progression de
l'animal.
( 345 )
» Ce mécanisme consiste, chez les mâles, dans l'existence de deux cro-
chets, situés dans la partie de la rainure sternale qui répond au second
segment de cette région; et dans deux fossettes correspondantes du pénul-
tième anneau de l'abdomen.
» \[f. IjCs femelles manquent souvent de ce mécanisme, devenu inutile
lorsque leur abdomen est chargé d'œufs.
» 1 5°. Un autre mécanisme bien connu y supplée chez les femelles des
Orbiculaires ou des Leucosiens.
» Chez tous les Brachjgastres , le nombre normal des anneaux de lab-
donien nous paraît être de sept. Ordinairement le troisième, le quatrième
et le cinquième sont soudés ensemble , et la plus grande mobilité de l'ab-
domen a lieu dans l'articulation du troisième avec le deuxième ; ensuite
dans celles du cinquième et du sixième, du sixième et du septième.
» Dans les Leucosiens^ les quatrième, cinquième et sixième anneaux
sont soudés ensemble, chez les femelles, et foi-ment un large couvercle très-
concave , qui contient et renferme les œufs, en s'appliquant au large pour-
tour du sternum. Le dernier segment, petit et très-étroit, est une languette
cunéiforme qui s'engrène dans une échancrure correspondante de cette
région.
" i6°. La soudure des anneaux de l'abdomen est telle, dans la Lupée
sanguinolente^ de la famille des Portuniens , que l'abdomen ne peut se mettre
dans l'extension, qu'en formant tout au plus un angle droit avec le sternum,
ce qui doit rendre la copulation impossible. Les deuxième, troisième, qua-
trième et cinquième anneaux sont soudés ensemble et n'ont, sur le pre-
mier, que des mouvements d'extension limités.
» 17°. Le plan d'organisation de l'appareil extérieur de fécondation des
Macrogastres diffère essentiellement du précédent :
" a. Par la position de la verge, organisée pour s'invaginer dans le canal
déférent , et ne se dérouler au dehors qu'au moment de la fécondation ;
" b. Par l'absence de tout appendice fécondateur chez les uns (lés
Langnustiens) ;
» c. Par l'existence d'une paire seulement de ces appendices chez les
autres (les Homards).,
» d. Par la présence de deux paires de ces mêmes appendices dans
d'autres genres de familles différentes, les Galathées et les Ecrevisses, où
ils se complètent pour former une seule gaîne , qui doit saisir la verge lors
de son déroulement et la porter vers les œufs.
» 18°. Une exception remarquable dans ces plans divers, est celle que
(346)
nous a préseutée une femelle de Callianasse, dont les veiges im peu testacées
ont la plus {jrande analogie avec celles des Squilles; ce rapport nouveau
vient à l'appui de celui que M. Milue Edwards avait déjà trouvé entre les
organes de la respiration de sa famille des Brachyures fouisseurs et ceux
des Squilles.
" Mais nous avons déjà exprimé le désir et la nécessité de répéter et de
multiplier nos observations dans plusieurs groupes de cette famille.
" 19". La fécondation a-t-elle lieu avantou au moment de la ponte dans
les Crustacés décapodes?
" Il y a longtcinps que M. Milne Edw^ards a répondu à cette question
relativement à sa section des //nomoures et à celle des Macroures, chez les-
quels il n a pas trouvé de poche copulatrice. Dans ces deux sections de Dé-
capodes, la fécondation, ainsi s'exprime notre savant confrère, st fait
sans copulation (i).
" Il admet, au contraire, la copulation chez les Décapodes brachyures ,
à la suite de la belle découverte qu'il a faite d'une vésicule copulatrice, qui
doit être en même temps un réservoir séminal, dans le Maja Squinado (2) ,
et, sans doute, dans plusieurs autres espèces de cette section.
» Mais déjà les Telphusiens font , selon le même observateur, exception à
cette règle, n'ayant pas de vésicule copulairice.
n Une autre circonstance citée, non pas contre la copulation en général ,
mais contre l'emploi de la première paire d'appendices pour cet usage, est
la grande proportion de ces appendices, relativement à la petitesse de
l'orifice de chaque oviducte dans certains Brachyures (3).
» ao°. Nous ajouterons quelques observations ou quelques déductions
aux observations précédentes, qui serviront peut-être à confirmer la princi-
pale conclusion de ces observations, que la fécondation se fait sans copu-
lation dans beaucoup de cas.
» La manière dont les oviductes sont farcis, comme des boudins, d'œufs
nombreux serrés les uns près des autres, à l'époque de leur maturité, ne
permettrait la fécondation intérieure que pour les œufs les plus rapprochés
de l'orifice; s'il n'y avait une vésicule copulatrice , ou un réservoir séminal ,
devant l'orifice duquel ils doivent passer successivement au moment de la
ponte, pour être fécondés comme chez les Insectes.
;i) Annales des Sciences naturelles, tome XXV, page 258.
(2) yoir la figure de cet appareil , Histoire naturelle des Crustacés, PL XII, fig. i 2.
(3) Le Grapse peint; Règne animal, PI. XXII, fig. 1, /.
( 347 )
>■ Mais ce réservoir paraît manquer dans un assez grand nombre de cas.
>' Outre ceux indiqués par notre confrère, je présume que la vésicule
ropulatrice manque lorsque la copulation est empêchée par l'impossibilité
d'étendre complètement l'abdomen (comme dans la Lupée sanguinolente ,
ou par la disproportion entre l'orifice étroit de l'oviducte et la première
paire d'appendices fécondateurs.
» Dans ces différentes circonstances, la fécondation a lieu, selon nous,
non pas après, mais au moment de la ponte, comme chez les Batraciens
anoures.
» Il y a rapprochement des sexes, pour cette fécondation, qui doit se
faire dans l'eau, à l'instant même où les œufs sont mis en contact avec ce
liquide, à mesure qu'il est spermatisé, et avant le durcissement de l'enve-
loppe extérieure de ces œufs.
>i Le premier instant de la ponte permet encore l'absorption de cette
eau spermatisée, que ce durcissement empêcherait, et gonfle les œufs dans
une grande proportion.
>' Cette dernière circonstance explique l'observation faite depnis long-
temps, que les œufs que porte l'Écrevisse sous l'abdomen, sont plus grands
que les œufs mûrs restés dans l'oviducte; elle rend laison du prétendu ac-
croissement de CCS œufs, durant cette sorte d'incubation protectrice, sous
l'abdomen de la femelle.
•I Dans une Ecrevisse qui n'avait pas achevé de pondre ses œufs, nous
avons reconnu que ceux restés dans l'oviducte n'avaient q\ie le tiers du dia-
mètre des œufs attachés aux fausses pattes abdominales.
" Cette incubation protectrice, qui caractérise tous les Décapodes, et qui
a nécessité une coque parliculière, agglutinant ces œufs, au moment de la
ponte, aux fausses pattes abdominales, et se durcissant ensuite, et l'augmen-
tation de volume que nous venons d indiquer, conduisent, à priori, à l'idée
de la fécondation à l'instant même de la ponte , lorsqu'elle n'est pas inté-
rieure.
" Il est d'ailleurs probable que, dans le rapprochement des sexes qui
dt'il avoir lieu pour l'une et l'autre fécondation, le mâle aide la femelle à
placer ses œufs sous l'abdomen, et à les agglutiner aux fausses pattes de
cette région.
B. Conclusions relatives à l'histoire naturelle systématique des Décapodes.
" Nous serons court sur ce sujet, où la manière de voir de chaque natu-
( 348 )
raliste classificateur peut différer dans l'appréciation de la valeur relative des
caractères tirés de l'organisation.
» Ce qu'il y a de plus évident, ce sont les grandes différences qui exis-
tent dans les organes et le mode de respiration et dans les organes du mou-
vement des Brachjgastres et des Macrogastres. Les uns, quoique pourvus
d'organes de respiration aquatique, comme toute la classe, sont modifiés
dans ces organes et dans ceux du mouvement, pour vivre souvent à terre et
courir sur le sol; et lorsqu'ils doivent vivre dans leau et s'y mouvoir, c'est
encore au moyen de leurs pattes thoraciques, modifiées en totalité ou en
partie en forme de rames.
» Chez les autres, les Macrogastres , qui vivent habituellement dans
l'eau , la queue est devenue uu important organe de mouvement, et le fluide
respirabie a un libre accès vers leurs branchies, tout autour de leur bouclier.
A ces caractères , plus ou moins exclusifs, plus ou moins prononcés, par-
faitement indiqués et décrits dans l'Histoire naturelle des Crustacés par
M. Milne Edwards, nous pensons en avoir réuni de très-importants relatifs
à l'appareil de génération.
» Us nous ont donné l'idée que tous les Crustacés appartiennent à l'un ou
à l'autre groupe, même en tenant compte des anomalies que plusieurs d'entre
eux présentent.
» C'est cependant avec réserve que nous soumettons notre manière de
voir, comme un progrès , à ceux de nos savants confrères qui se sont le plus
occupés de l'Histoire naturelle systématique ou de la classification des ani-
maux en général, et des Crustacés en particulier.
" Quant aux caractères des familles, des genres et même quelquefois des
espèces, les exemples que je viens de faire connaître des nombreuses modi-
fications de certains plans , dans les organes de génération , les persua-
dera peut-être, au besoin, qu'on peut puiser de très-bons caractères distinc-
tifs des groupes inférieurs dans cette élude des différences.
» Je ne finirai pas cette lecture sans reconnaître combien M. Focillon,
mon préparateur au Collège de France, m'a été utile pour les observations
de détails , surtout pour celles qui ont exigé l'emploi du microscope et pour
les dessins qu'il a exécutés, comme toujours, à ma grande satisfaction (i). »
(i) Ce Mémoire est accompagé de trente-six figures.
( 349 )
CHIMIE. — Sur diverses combinaisons organiques ; par M. Aug. Laurent.
« Depuis plusieurs années, je cherche, avec M. Gerhardt, à faire préva-
loir sur le dualisme un système unitaire basé sur de nouveaux équivalents.
Je ne rappellerai pas les nombreuses corrections qui ont été faites encore
tout récemment, tant par nous que par d'autres chimistes , parmi lesquels je
dois citer M. Strecher, l'habile directeur des travaux de Giessen, corrections
qui sont toujours venues à l'appui de ce nouveau système. Je dirai seulement
que le nombre prodigieux de corps qui ont été découverts depuis peu de temps
viennent tous confirmer nos idées. Cependant au milieu de toutes ces décou-
vertes, on en voit apparaître çà et là quelques-unes qui ne nous sont pas
favorables. Mais, chose digne de remarque, les corps qui en sont le sujet
portent tous un cachet d'incertitude : ainsi ce sont des corps ou impurs, ou
incristallisables , ou des corps dont la formation et les réactions sont tout à
fait inexplicables. Je devrais, sans doute, essayer encore de reprendre moi-
même quelques-uns de ces travaux ; mais, privé depuis cinq à six ans de
moyen d'exécuter des travaux de laboratoire, je me bornerai aujourd'hui à
proposer des corrections, en laissant aux chimistes, qui sont intéressés dans
la question, le soin de confirmer ou de rejeter, par leurs propres expériences,
les appréciations que je vais leur soumettre.
» Ne pouvant citer des nombres, je dirai seulement que les formules que
je donne s'accordent, pour la plupart, mieux avec l'expérience que celles
qui ont été proposées, et que, dans tous les cas, elles remplissent les con-
ditions suivantes :
» 1°. Elles sont beaucoup plus simples que ces dernières;
» a°. Elles permettent d'expliquer soit la formation , soit les métamor-
phoses des corps ;
» 3°. Représentées dans la notation ordinaire, elles offrent toutes pour le
carbone et pour l'oxygène des nombres pairs, et pour l'hydrogène, l'azote
ou leurs remplaçants, un multiple de 4»
» 4°- Ïj^s équations qui représentent leurs métamorphoses sont d'une
extrême simplicité;
» 5°. Les capacités de saturation , déduites des équations de métamor-
phose, s'accordent toujours avec la loi de M. Gerhardt.
« Je dirai d'abord quelques mots du cacodyle, la pierre angulaire de
la théorie des radicaux. Il est digne de remarque que dans aucun Traité de
chimie on n'ait cité l'alcaloïde qui donne naissance aux sels cacodyliques,
i:. R., i85o, a">« Semestre. (T. XXXI, N» li.) 4?
( 35o )
alcaloïde que M. Bunsen a obtenu en traitant l'hydrochlorate par la potasse
alcoolique, alcaloïde dont toutes les combinaisons sont entièrement compa-
rables à celles de la quinine ou de l'aniline, et qui renferme G^H" Az. C'est
l'amide arséniée de l'aldéhyde : 0=" H^ O + H» Az = C^ H^ Az + H^ O.
>> On admet que le cacodyle, semblable à un métal, forme les oxychlo-
rures et les sels basiques suivants :
[3(a^-|-C'H"Az')-+- (0 + G'H'^Az^)] [3(Br'-t-C'H"Az^)+(0-(-C»H"Az^)]
[îCl»Hg + 0,eH"Aï'] [N'0S0Ag+3(0,C«H"Az^)](*).
L^es trois premiers renferment H^O de pins, et le dernier H"0 de moins (**),
par conséquent la théorie du cacodyle n'est plus applicable à ce dernier. Les
quatre combinaisons deviennent, en représentant l'alcali parB,
3C1H+4B + Aq,
3BrH+4B + Aq,
Gl^hg='-4-B+ Aq,
N0'Ag+3B+ Aq.
» fja combinaison de l'acide cacodylique avec le chlorure cuivrique
[C'«H'«A2''0'*Gl'*Gu»] est toutsimplemcntG='H^AzO* + 2ClCu. Les com-
binaisons du cacoplatyle renferment , comme d'autres sels du même genre ,
^ à I atome d'eau qui l'ésiste à une forte dessiccation : ce sont les sels de
l'alcali C*H' Az dont H est remplacé par Pt; ainsi l'iodure de cacoplatyle
et l'hydri-iodate HI + G'H*PtAz+ ^Aq.
" Le sulfide et l'acide cacodylique C*H"Az*-l-S' et -t- O* sont deux
corps hypothétiques; quant au sulfure et au bisulfure de cacodyle, ce sont
tout simplement les càcodylates de l'alcali G'H^Az.
" Chloralise. — M. Staedler obtient ce corps en traitant le chloral hydraté
par l'acide sulfurique; on le représente par
[G'OH^Gl'H)» ou par G'^H'^GI^'O»].
Sa préparation et ses métamorphoses sont inexplicables. On doit avoir
aG^H»Gl'0=' = G^HGl'O* + HGI + aH'O,
chloral Hy chloralise
et
G*HGI*0» +4H»0 = 3GH='0* + CHC1» + aHGI.
ac. formiq. «hloiiQf.
(*) Les formules renfermées dans des [ ] sont écrites dans la notation dualistique, et les
formules libres dans la notation unitaire.
(**) Cette formule s'accorde au millième avec les analyses de M. Bunsen.
( 35. )
n Acide bisulfosuiféthjlique. —Vht le mercaptan et l'acide nitrique,
MM. Lœwig et Weidmann ont obtenu un corps, le sulfite de sulfure d'éthyle,
qu'ils représentent par [SO* -t- S, C*H*°]. Celui-ci, traité par KO, don-
nerait
ac. bisulfo.s.c
de pareilles équations sont impossibles; de plus le nouvel acide serait qua-
dribasique, ce qui est peu probable.
» L'acide sulfureux étant bibasique, il peut donner avec l'alcool et l'alcool
sulfuré trois combinaisons différentes appartenant au genre A+ B*— 2 (A re-
présentant un acide bibasique). On doit avoir :
SO'H»+ -iCWO -2Aq,
S0»H=' + 2C»H''S- 2Aq,
Le dernier terme représente le sulfite de sulfure d'éthyle. Celui-ci, par la
potasse, donne probablement ^
2C*H"'S*0»+ 2H"0 = G*H*0 + 2C^H''S-f-C*H»0»S».
ac. bisulfotulféthyliquc
» Cet acide est à lacide éthyonique ce que l'acide sulfureux est à l'acide
sulfurique; il appartient au genre dont la formule générale est
2 A + B — 2 Aq = acide bibasique.
En un mot, c'est l'acide éthyoneux, car
2 SO' H» + C* H* O - 2 Aq = C H^O'S^ (*).
" Sulfure d'odinyle. — D'après M. Andersen, ce sulfure donnerait, avec
les chlorides mercurique et platinique, les combinaisons suivantes :
[(C»H<«, S^ + 2CPHg)+ (G»H'% S^ + SHg^)],
[(C''H*% S^+ Gl*Pt) -h (G»H'% S»-i- SPt)].
(*) J'ai déjà considéré l'acide sulfosuiféthylique comme l'acide de l'homologue du "az des
marais, soit comme SO'C H". L'acide bisulfosulféthylique pourrait en être regardé comme le
diacide , soit a SO', C H''. Ce* deux corps correspondraient , le premier à l'acide sulfonaptha-
lique, le second à l'acide disiilfonaphtalique.
47"
( 35a )
A ces formules, je substituerai celles-ci, qui s'accordent mieux avec les
analyses et les réactions :
S*H»Glhg»S et G*H»Glpt«S.
» Acide adipique. — M. Bromeiss a cru devoir changer la formule que
j'avais attribuée à cet acide et lui substituer la suivante :
[C"H"0«].
Une nouvelle analyse du sel de baryte me fait maintenir ma formule. Alors
les sels dont j'ai donné l'analyse deviennent
G«H«Ag»0*, G'H'Ba^'O*, C'H'Pb^O*,
G'H'Ga'O'+aAq, G" H« St» O* -4- Aq.
n Azosulfure de benzène. — J'ai attribué autrefois à ce composé la
formule
[6(G'*H'»-4- S») + (3G'* W + alN*)],
ce corps devant se former d'après l'équation
[gG^^H^'O» + i2H»S 4- aH*N" = C'"H«"'S'»N* + i8H»0].
Une nouvelle détermination de l'azote me prouve que j'avais commis une
erreur sur le dosage de ce corps. Gette correction opérée, la réaction
devient A' + B — i, soit
3G'H«S 4- H»N - H«S = CH^NS».
» Acides gallique, tannin, etc. — On attribue à ces acides les formules
suivantes :
.- [Acides gallique C^H'O», tannin G'" H" O", pyrogallique G« H« O" ,
catéchucique G*''H="'0», pyrocatéchucique CH^O', catéchique G'H«0*,
caféique G'^H'^O'.]
» En partant de la formule de l'acide gallique , n'aurait-on pas les trois
séries homologues suivantes :
Ac. gallique CW()\ ac. catéchique G^H'^O', ac. caféique G'^H^'O',
Ac.tanniqaeG'H«OS ac. catéchuciq. G'H'^O',
Ac.pyrogall.G«H''0% ac. pyrocathéc.G«H"'0',
li'analyse du caiféate de théine et de potasse s'accorde exactement avec
cette formule
G'^H 'R^Th^O=.
( 353 )
" jJcide mycomélinique. — Cet acide renfermerait , d'après MM. Liebig
et Wœhler, [C*H"'N'0*1. .l'y substituerai la suivante, qui s'accorde avec
l'analyse et surtout avec le poids atomique du sel d'argent,
C*H*N*0* = G*H*N»0»-H- aH»N - 3Aq,
ac. myc. allox.
c'est donc l'alloxanténide , correspondant à l'oxalénide.
» ^cide hjdriluriqueetnitrohjdrilurique. — M. Schliepper représente le
premier par [G'^H'^N'O"], et son sel de potasse, desséché à loo degrés,
par [C'^H^N'O* + 2KO + 5Aq]. J'y substitue les rapports suivants:
C'H'N'O*. Sous l'influence de l'acide nitrique, il dégage de l'acide carbo-
nique, en donnant de l'acide nitrohydrilurique que M. Schliepper représente
par [C'H*N*0'*]. Ce dernier est évidemment un acide nitré, puisque ses
sels détonent. Je remplacerai ces rapports par les suivants: C*H'XN*0',
qui font voir que ce corps est de l'acide alloxanique nitré. On a alors
C«H'N»0»-t- O» + H*0 = C^H*N='0'' + CO=' + H'N,
G*H*N'0'4-N0»H= G*H»XN»0»+ H»0.
» Acide diliturique. — M. Schliepper attribue à cet acide supposé an-
hydre et à ses sels les formules
[C N" H» O"] [C N» H* W + OH" N» + H^ O]
[C''N«H'0"'+ aKO-t- 3Aqà 100 degrés]
[C« N» H* O" 4- KO -f- 2 Aq à 1 00 degrés ].
L'acide diliturique est évidemment un corps nitré. Je remplacerai ces for-
mules par les suivantes :
Acide diliturique. C/H'XN^O*,
Sels de potasse. . G*H*KXN»0*,
» G^H^K='XN''0*.
Quant au diliturate acide d'ammoniaque, ce n'est pas un sel, il n'en a pas
le caractère, c'est la diimide diliturique, A + B — 2, soit
G* H« XN» O' + Aq.
>' Salicine, rhodéorétine, etc. — M. Gerhardt a constamment attaqué les
anciennes formules de la salicine, de la saligénine, de la salirétine, de la
phlorizine, de la phlorétine , etc., etc. Il est maintenant démontré que toutes
ces formules sont inexactes, et les nouvelles ne sont, pour la plupart, que
celles que M. Gerhardt avait proposées. Si nous représentons la salirétine
( 354 )
paf'A, lasaligénine par B, la phlorétine par D, ou a les formules suivantes:
Hélicine ou glucosamide salirétique. . . . A + B* — a ,
Salicine » saligénique. . . . A -t- C* — 2 ,
Héliçoidine » salirésaligénique. A + BC — 1 ,
Phlorizine " phlorétique. . . . A + D^ — 2.
» La pararhodéorétine, que l'on représente par [C"H"0"], la rhodéo-
rétine par [G^H'^O'"] et le rhodéorétinol par [G'°H"0*] doivent proba-
blement renfermer G'* H" O'*, G»* H" O'* + 2Aq, G"H'«0'' +Aq. Alors
le rhodéorétinol devient Thomologue de la saligénine , et la pararhodéo-
réiine l'homologue de la salicine; c'est-à-dire que la pararhodéorétine est la
tt
glucosamide-rhodéorélinolique, A + R* — a. Elle se transforme, en effet,
en glucose et rhodéorétinol sous l'influence de l'acide chlorhydrique.
.• Aciries euchroïque, paramidiçue. — J'ai déjà dit que la formule
[C"H^N*0»],
attribuée, par M. Wœhler, à l'acide euchroïque, devait être remplacée par
celle-ci :
G* H' NO',
et que les euchroates étaient des mélanges. M. Swartz, qui vient de re-
prendre ce sujet, maintient la formule de M. Wœhlei-, mais il reconnaît
déjà que les euchroates sont des mélanges ; cependant il donne au sel de
baryte cette formule
[C'^]S»0»-hBaO + H*0].
Je persiste dans mon opinion, et je répète que l'acide euchroïque est un
acide amidé, et que M. Swartz, en le desséchant à 200 degrés, l'a décom-
posé et transformé en partie en mellimide, Son sel de baryte paraît être
C*0'H2NBa+ 2Aq. Quant à son acide paramidique [G^'H'oN'O'], je
pense que c'est simpleme:it de la mellimide + ^ de Aq d'humidité, imide
qui, comme la plupart des composés de ce genre, est susceptible de se
combiner avec l'argent ou l'ammoniafjue.
" O reine , lécanon'ne , etc. — M. Gerhardt a déclaré, à plusieurs reprises,
que les formules attribuées à l'orcine, à la lécanorine, à l'érythrine, à l'éry-
thromannite, aux acides érithrique, orsellique, etc, etc., étaient inexactes.
Dans ces derniers temps, nous avons donné ensemble la véritable compo-
( 355 )
sitiou de l'orcine, et qiielques-uaes des corrections proposées par M. Ger-
hardt ont été reconnues exactes. Pour saisir la nature de ces composés, je
remplacerai d'abord la formule de la picro-érytliriae [C'H'^O*"] par
C*'H'*0'+3 ou 4A.f|> et je rappellerai qu'il existe maintenant deux
orcines Homologues, et qu'il y en a peut-être une troisième. Représentons
ces orcines par B, G, D, et comparons-les au méthol , à l'éthol , etc. Alors
les acides alpha-orsellinique, érythrinilique, évernique correspondent à
l'acide carbométhylique, carbélholique; ce sont les acides carborciuiques,
A,B,G...,
 + B-i, Â+C-i,  + D— 1.
La lécanorine, la pseudérythrine, etc., sont des diamides mixtes; ce sont
les carbamides étholorciniques A , B, C , . . ,
 + BEt — 2,  -+- GEt - 2.
Les acides alpha-orseliique, gyrophorique, éverninique, etc., appartiennent
H
à un nouveau genre monobasique = 2 A -(- B* — 3 ou dicarbodiorcinique
A,B,G
a + B*-3, 2Â-)-G»-3, 2 + BG-3.
IjB picro-érythrine est lacarbamide orcinique A -+- B* — 2.
n Je terminerai cette Note en disant un mot sur le dernier Mémoire que
M. Gahours vient de présenter à l'Académie, Mémoire qui vient confirmer
de la manière la plus complète les idées que j'ai émises sur les carbures
d'hydrogène, et donner le démenti le plus formel aux assertions si tran-
chantes du dualisme. Mais comme M. Cabours attribue la paternité de ces
idées à M. Regnault,je crois devoir rappeler ce que j'ai dit et fait il y a
quinze ans sur ce sujet.
» 1°. J'ai formulé le premier, et cela de la manière la plus précise, le
mode d'action du chlore et des alcalis employés alternativement sur les car-
bures d'hydrogène;
» 1". A l'appui de ma manière de voir, j'ai publié un Mémoire sur les
combinaisons chlorées de la naphtaline;
" 3". M. Regnault fit ensuite un premier travail sur le chlorure et le bro-
mure d'aldéhydène ;
» 4"- ''e publiai alors une Note sur le travail de M. Regnault; j'y fis voir
que M. Regnault n avait pas saisi la nature des produits qu'il avait obteiuis,
et j'indiquai la correction qu'd fallait taire subir à l'un d'eux;
( 356 )
» 5°. Dans cette même Note, j'annonçai les métamorphoses que devrait
subir la liqueur des Hollandais, si on la traitait alternativement par les alca-
lis et par le chlore;
» 6°. Plus tard, je fis moi-même deux des composés dont j'avais annoncé
l'existence ;
» 7°. M. Regnault revint ensuite sur ce sujet; il obtint tous les corps dont
javais parlé dans ma Note; il les prépara en suivant le procédé que j'avais
indiqué; il leur trouva exactement la composition que j'avais prévue, et les
métamorphoses qu'il leur fit éprouver vinrent confirmer, en tout point , ce
que javais dit;
" 8°. M. Gahoursvientdedonnercomme nouveau le composé G*H' Br-f-Br*.
Or c'est précisément celui que M. Regnault avait découvert; et la formule
que donne M. Cahours n'est antre que celle que j'avais proposée moi-même
pour remplacer celle de M. Regnault.
" Si j'insiste tellement sur ce sujet, c'est parce que, d'une part, la Com-
mission chargée d'examiner le travail de M. Regnault a passé sous silence
tout ce que j'ai dit et écrit sur ce sujet, et parce que, de l'autre, après avoir
subi pendant quinze ans les critiques les plus malveillantes, à propos de ces
idées, je trouve qu'il n'est pas juste, lorsque l'on s'aperçoit que ces idées
ne sont pas aussi absurdes qu'on l'avait cru, d'en attribuer la paternité à
d'autres. Enfin j'ajouterai que M. Regnault ne s'est jamais attribué cette pa-
ternité.
" Je reçois à l'instant le Mémoire de M. Gladstone sur le chlorophos-
phure d'azote [[""N^Cl*"]. Ce composé, traité par l'eau et la potasse, don-
nerait un acide azophosphorique =[P*N*0*''] dont les sels seraient
[P*N*0'°H- 3MO -t- a à 5Aqj. Ces formules ne sont pas acceptables. Voici
la série des réactions qui doivent se faire :
I». Cl»Ph + H»N = Cl»PhN + H'Cl';
2°. 2Cl='PhNH-6H^O = P*0''H»N + 4ClH + H='N.
Il s'est donc formé de l'acide pyrophosphamique, qui doit être et est en effet
tribasique. »
ÉCONOMIE RURALE. — Note sur la conservation des céréales^ par
M. Léon Dufour. (Extrait.)
« La lecture d'un article de MM. Bobierre et Cartier sur les moyens de
conserver les céréales, inséré dans le Compte rendu de I Académie du la aotit
(357 )
i85o, m'a rappelé qu'en i84i j'avais adressé un Mémoire sur cette question
à la Société centrale d'Agriculture dont j'ai l'honneur d'être correspondant.
» Le procédé que j'indiquais pour préserver les céréales du Charançon ,
du Papillon ou Alucite et des autres insectes destructeurs, est fondé sur
l'expérience et sur le raisonnement. La solution de la question consiste à
placer le blé dans des conditions aptes à prévenir la naissance, le dévelop-
pement des insectes sans nuire à la qualité du grain. Or l'air, la lumière, la
chaleur, l'humidité sont sans contredit les éléments les plus favorables à
toute germination animale ou végétale. Placez vos grains hors de l'influence
de ces éléments, et vous les conserverez éternellement. C'est sur ce principe
que sont fondés les silos des Arabes, que les Mexicains construisent de vastes
et robustes tours hermétiques , des troxes (en vieux espagnol greniers) , où
des milliers d'hectolitres de froment bravent les années sans s'altérer. Il n'y
existe qu'une seule ouverture supérieure et latérale par laquelle on dépose
et on extrait le grain, et qui peut être solidement scellée.
» Avant d'aborder le procédé simple et économique dont une expérience
de quinze années m'a garanti l'efficacité, je dirai en peu de mots l'origine
de ma pratique actuelle. Je m'étais plusieurs fois assuré que le froment ré-
colté dans une même métairie, et dont le métayer retenait pour lui la plus
grande part, se piquait du Papillon ou Alucite dans mon grenier à tous les
airs, tandis que celui du laboureur, placé dans des bahuts, des barriques
reléguées dans les réduits les plus obscurs de son habitation , était parfaite-
ment conservé. Cet enseignement ne fut point perdu pour moi, et il profita
à d'autres aussi.
» J'eus donc l'idée de placer, immédiatement après la récolte, mes grains
bien secs (mais sans l'action de la chaleur artificielle) dans des tonneaux, de
grands boucauts achetés à bas prix chez l'épicier ou l'entreposeur de tabac.
Je les défonçai par un bout , et celui-ci se ferma par un couvercle amovible
tout simplement maintenu en place par une grosse pierre, et que l'on pour-
rait aussi bien établir à coulisse. Ces tonneaux, représentant des colonnes de
6 à 7 hectolitres de grain , sont disposés debout et en séries le long du mur,
dans le lieu le plus sombre du grenier, et l'on a le soin de tenir habituelle-
ment les volets des croisées fermés. Remarquez bien qu'avec ce procédé, la
capacité du grenier peut contenir une quantité plus que double de blé, et
avec bien moins d'embarras. Je me permets d'invoquer ici le témoignage de
M. Victor Rendu, inspecteur d'agriculture, qui a vu et approuvé les colonnes
de blé de mon modeste grenier. Je connais dans notre contrée tel proprié-
C. K., rïiSo Q™' Semescre. (T XXXI, y° H.) 4^
( 358 )
taire qui, d'après le même principe, a fait établir d'énormes coffres en bois
de la contenance de plus de 60 hectolitres de froment.
" Je le répète, depuis quinze ans que j'ai adopté ce procédé, non-seule-
ment il n'y a jamais eu un insecte dans le grain, mais, ce qui est encore fort
appréciable, on évite les dégâts des rats et des moineaux, la poussière, tonte
sorte de déchet. FiC blé ne contracte aucune odeur, il se conserve net et de-
meure également propre à la panification et à la germination. Enfin les ache-
teurs lui accordent sur tous les autres une préférence qui ne s'est point
démentie.
•> Il serait facile d'adopter cette pratique pour les greniers d'abondance
des grandes cités, en faisant fabriquer, en tôle ou en zinc, des foudres ou im-
menses réceptacles de la capacité de 4o à 60 hectolitres, et placés dans les
conditions indiquées. Ce n'est point ici le lieu de parler des modifications
qu'etitraînerait un plan sur de si grandes proportions. »
RAPPORTS.
BOTANIQUE.— Rapport sur un Mémoire de M. Alphonse de Candolle,
ayant pour litre : De la naturalisation des plantes.
(Commissaires, M\I. Brongniart, Gaudichaud, de -fussien rapporteur.^
« Les botanistes, en cherchant à connaître l'ensemble des espèces végé-
tales, objets de leurs études, s'appliquent à constater la manière dont ces
espèces sont distribuées sur notre globe et à déterminer les lois qui président
à cette distribution. Cette branche importante de la science, connue sous le
nqm de géographie botanique, et qui, depuis un certnin nombre d'années,
a fixé l'attention des meilleurs esprits, peut être envisagée à des points de
vue très-divers et soulève des questions variées, dont chacune ne peut être
résolue que par de longues et de consciencieuses recherches. liCS flores et les
herbiers , qui se multiplient et s'augmentent chaque jour, fourniront les
matériaux de cette statistique végétale qui doit servir de base à la science.
Mais, en la supposant complètement établie, il ne faudra pas l'admettre
comme définitive. Celte répartition des êtres organisés est variable comme
les conditions auxquelles elle se subordonne nécessairement. Sur un point
donné de la terre, nous voyons la flore se modifier par l'extinction de cer-
taines espèces, par l'introduction et la naturalisation d'espèces nouvelles.
Dans quelles limites et par quelles causes ces natuialisations ont-elli s lieu?
(359)
Quelle influence ont-elles sur la flore qu'elles viennent chaujjer? Telle est la
question que s'est proposée M. Alphonse de Candolle dans le travail renvoyé
à notre examen.
» Les plantes qui s'établissent définitivement dans un pays où elles n'exis-
taient pas primitivement, peuvrnt venir d'un pays plus ou moins voisin ou
d'un point très-éloi{jné. De là deux classes différentes de naturalisations, les
unes ayant lieu à de petites distances , les autres à de grandes distances , cas
que l'auteur pense, avec raison, devoir examiner séparément.
» Dans le premier cas, le problème sera moins compliqué si la recherche
s'applique à un pays nettement circonscrit, séparé des pays voisins par un
bras de mor assez étroit pour qu'on puisse concevoir la transmission des
graines moins facile que sur un terrain continu, mais cependant encore
possible d'un bord à un autre. Deux contrées de l'Europe présentaient. par-
ticulièrement cette condition, avec d'autres également favorables à l'élude,
leur position à des latitudes diverses et la connaissance complète de leur
flore consignée dans des ouvrages dignes de foi, publiés à diverses époques.
Ces contrées sont la Péninsule Scandinave et la Grande-Bretagne.
» La première, surtout la Suède, a été étudiée à fond par Linné et par
ses successeurs. Or, le point de vue qui nous occupe n'avait pas échappé à
ce grand naturaliste, et il avait signalé plusieurs végétaux d'origine étran-
gère naturalisés de son temps, des colonies de plantes, comme il les appe-
lait (^Âinœn. acad., 1768). Mais ils ont disparu depuis, et les auteurs qui ont
constaté ce fait n'en ont pas observé d'autres qui puissent faire admettre
comme définitif l'établissement des plantes nouvelles. Leur existence parait
donc temporaire sous ce climat septentrional, dont la rigueur, adoucie pen-
dant une certaine suite d'années, ne manque pas de s'exercer de loin en loin
et fait justice de ces hôtes empruntés à d'autres climats. La flore de la pres-
qu'île Scandinave peut donc être considérée comme primitive ou du moins
comme remontant à une ép jque antérieure à nos traditions.
" r^a température de la Grande-Bretagne s'est beaucoup mieux prêtée à
ces importations, quoiquelles y aient été peu nombreuses, puisque le nom-
bre des espèces dont on peut prouver la naturalisation ne dépasse pas qua-
rante-cinq , dont trente-sept seulement d'origine européenne. M. de Can-
dolle s'est aidé dans cette discussion des témoignages et des recherches
éclairées des botanistes anglais. Il y a ajouté un examen plus approfondi de la
dispersion de ces espèces sur le continent européen. Si elles ne s'y montrent
que sur des points fort éloignés, comme l'Italie, la Suisse, l'Autriche, etc.
(ce qui est le cas pour dix -sept), elles doivent avoir été apportées en Angle-
48..
( 36o )
terre par l'homme; et c'est ce qu'ea effet oa sait positivement pour plusieurs
d'entre elles, introduites avec les graines des céréales ou échappées des jar-
dins dans lesquels on les cultivait. Mais pour "celles même qui , au nombre de
vingt, se trouvant sur la zone voisine de la France occidentale ou des Pays-
Bas, ont pu passer plus facilement d'un littoral à l'autre , il n'a pas été pos-
sible, depuis plus de cent ans qu'on observe bien, de prouver qu'une espèce
soit arrivée par les courants , les coups de vent ou les oiseaux de passage ;
de telle sorte qu'on doit encore considérer l'homme comme agent unique ,
volontaire ou involontaire, de leur introduction.
>i M. de Gandolle se livre ensuite à des conjectures sur le nombre des
espèces qui ont pu se naturaliser avant l'année 1700, et sur le contingent que
les différents siècles ont pu fournir pour l'extension de la flore originaire.
Dans ces siècles antérieurs, il n'y a pas de raisons d'admettre pour ces natu-
ralisations des causes différentes de celles qu'on a constatées pour les deux
derniers. De ces calculs fondés sur des raisonnements ingénieux, mais qui ,
néanmoins, ne peuvent être acceptés qu'à titre de simples hypothèses, il
conclut que, depuis l'apparition de l'homme dans la Grande-Bretagne, elle
s'est enrichie au plus de deux cent cinquante espèces phanérogames, c'est-
à-dire d'un peu moins du cinquième de sa végétation actuelle, et que les
onze cent cinquante autres sont véritablement aborigènes.
» M. de Gandolle appelle l'attention des botanistes sur un critérium dont
on s'est peu aidé dans ces sortes de discussions, et qu'il considère comme
très-propre à constater l'existence d'un certain nombre d'espèces, dans la
Grande-Bretagne, depuis une très-haute antiquité. G'est leur désignation par
des noms en langue celtique transmise par des ouvrages d'une date déjà
ancienne, comme celui de Davies {i6'6-i) pour la flore d'Anglesey. Mais cette
langue n'a-t-elle pas, comme toutes celles qu'on parle, continué à s'enrichir
de mots nouveaux pour de nouveaux objets à toutes les époques? Il faudrait
une connaissance intime de ces vieux dialectes et des altérations que le
temps a pu leur faire subir, pour apprécier justement le degré de probabi-
lité fourni par un pareil indice ; et nous avouons que cette connaissance
nous manque complètement. G'est à ceux qui ont pu l'approfondir de nous
éclairer sur ce sujet.
» Mais dans une pareille recherche, qui est réellement du domaine de
l'histoire et qui doit, par conséquent, appeler à son aide les secours variés
sur lesquels s'appuient les recherches historiques, il n'y a pas de doute que
la linguistique ne puisse éclairer certains points obscurs, et M. de Gandolle
a bien fait de la signaler comme un utile auxiliaire.
( 36i )
» Il traite ensuite des naturalisations à grande dislance , et commence par
celles qui ont eu lieu eu Europe depuis la découverte de l'Amérique. Elle
s'est enrichie ainsi de trente-huit espèces venues de pays très-différents,
savoir : trente du nouveau monde et pour la plus grande partie de l'Amé-
rique septentrionale, huit de l'ancien monde. L'Europe méridionale a reçu
dix-sept espèces ; l'Europe moyenne, autant; l'Europe boréale, aucune.
>• Le grand courant des Florides pousse depuis bien des siècles sur le lit-
toral européen, du Portugal jusqu'à la Norwége, des graines nombreuses
dont plusieurs, apportées elles-mêmes à l'Atlantique par les grands fleuves
descendant du nord, trouveraient souvent des conditions analogues à celles
des climats tempérés dont elles sont originaires; et cependant on n'a pas
d'observation prouvant qu'arrivées par cette voie elles s'y soient jamais déve-
loppées et surtout établies. C'est donc encore par l'influence directe ou indi-
recte de l'homme, que ces espèces américaines s'y sont introduites. C'est ce
que prouve le rapport numérique des espèces végétales d'Europe naturali-
sées aux États-Unis, rapport qui dépasse celui de 4 à i, puisque leur
nombre s'élève à cent cinquante-huit. L'émigration incessante de colons
européens portant dans l'Amérique les produits naturels de leur pays desti-
nés à la culture, auxquels se mêlent toujours involontairement quelques
graines qui n'ont pas cette destination , explique cette notable différence, et
démontre la prépondérance, pour ne pas dire l'action exclusive, de cette
cause de naturalisation.
» Pour l'échange de productions végétales entre les régions intertropicales
de l'ancien et du nouveau monde, le rapport est en sens inverse, et le pre-
mier semble avoir reçu du second plus qu'il ne lui a donné, mais seule-
ment dans la proportion de 4 à 3. M. de Candolle pense que la majorité
des espèces a été répandue par la traite des nègres, qui a établi des rapports
directs et fréquents entre les deux côtés de l'Atlantique ; mais qu'il y a eu ,
en outre, dans ce cas, une action indépendante de l'homme et agissant exclu-
sivement d Amérique en Europe, celle du Gulf-Stream qui, se dirigeant
dans ce sens, porte sur les Açores, les Canaries et le golfe de Guinée (c).
» Comment peut-on déterminer l'origine réelle de ces végétaux communs
aujourd'hui aux deux mondes, et dont le nombre s'élève à près de cent
cinquante? Dans la plupart des cas, l'observation directe a fait défaut et
(i) Cette proposition demande un nouvel examen ; car si le Gulf-Stream porte directe-
ment sur le littoral du continent africain, c'est sur un point beaucoup plus septentrional,
qui devrait par conséquent être celui de dépari des espèces naturalisées par cette voie.
( 362 )
Von est réduit aux probabilités. Ce problème avait exercé la sagacité si
connue de M. Robert Brown qui, dans son Mémoire sur la végétation Hu
Congo, a indiqué quelf^ues moyens de solution justement appréciés par
tous les botanistes. Il insistait principalement sur une méthode qui nous
semble avoir droit à leur prédilection; car elle est plus purement botanique,
se fondant sur la nature même des choses, c'est-à-dire sur la liaison intime
qu'on observe le plus généralement entre les caracières des plantes et leur
distribution géographique; de telle sorte que, dans les cas douteux, l'ori-
gine inconnue d'une espèce se déterminerait par les traits de famille qu'elle
possède en commun avec les espèces d'un ordre ou d'un genre exclusive-
ment propres, soit à l'un, soit à l'autre continent.
« M. Brown, recherchant ainsi la patrie du Papayer qu'il pensait trouver
en Amérique, appuyait son opinion d'une autre considération, c'est que cet
arbre utile et remarquable n'a pas de nom en sanscrit. M. de Candolle a
fait sentir toute la valeur de ce critérium, et en a habilement généralisé
l'emploi. Il rappelle que le sanscrit était déjà une langue morte à l'époque
de la conquête de l'Inde par Alexandre, que la nomenclature sanscrite pa-
raît plus précise et mieux connue que celle des Grecs et des Romains, que
toutes les plantes un peu distinctes ou apparentes avaient un nom ou deux
dans cette langue si riche, et qu'en supposant même qu'on se trompe quel-
quefois en lui attribuant des noms empruntés aux dialectes moins anciens
qui ont fait le passage aux langues modernes de l'Inde, ce seraient toujours
des noms antérieurs à la découverte de l'Amérique. 11 en conclut que le nom
sanscrit doit faire préjuger l'origine asiatique de la plante qui le porte, son
défaut l'origine américaine, ce qu'il a confirmé par de nombreuses applications,
où ordinairement d'autres preuves plus ou moins fortes sont venues con-
firmpr celle-là. Cette recherche se trouve singulièrement abrégée et facilitée
par la Flora indica de Roxburgh et l'Index de Piddington, où le nom sans-
crit de chaque plante est rapporté toutes les fois qu'on en connaît un.
» Pour la détertnination de la patrie originaire de ces espèces en litige,
M. de Candolle emploie aussi l'examen de leur distribution sur le continent
et dans les îles d'Afrique. Si elles se trouvent en même temps sur ces divers
points, c'est de l'ancien monde qu'elles doivent probablement venir. C'est
de l'Amérique, si elles ne se rencontrent que sur le continent africain , et
surtout si elles s'arrêtent à la Guinée, puisqu il y a des courants portant
d'Amérique en Afrique, et qu'il n'y en a pas de la côte orientale d'Afrique
aux îles de Madagascar, de France et de Bourbon.
» Après avoir insisté sur la faiblesse de l'influence exercée dans la natu-
( 363 )
ralisation des plantes par les causes naturelles qui ont agi depuis les époqilrs
traditionnelles et continuent à agir de nos jours, et sur la prépondérance
de l'action de l'homme dont les résultats, multipliés en proportion des rap-
ports établis par lui entre les différents pays, devront continuer à s'accroître
de plus en pins, M. de Gandolle, prenant en considération le nombre de
ces plantes dont on a pu prouver avec certitude ou du moins avtc un degré
satisfaisant de probabilité la naturalisation, notiibre si prodigieusement limité
relativement à l'ensemble des espèces végétant sur notre globe, en conclut
que les flores actuelles, à l'exclusion des quelques espèces et pour la grande
majorité de celles qui les composent, remontent pour la plupart à une haula
antiquité, et ont dû précéder sur la terre l'apparition de l'homme.
» Cependant, entre ces diverses flores il existe des rapports qu'on a peine
à s'expliquer. Il y a certaines espèces communes à plusieurs d'entre elles,
malgré des obstacles qui semblent rendre tonte transmission de l'une à l'autre
impossible sans l'intervention de l'homme, comme l'interposilion de milieux
qui ne perm'îttraient pas l'existence, même temporaire, de ces mêmes végé-
taux, et, par conséquent, les arrêteraient au passage, par exemple des hautes
chaînes de montagnes, des mers, quelquefois des espaces immenses dans
lesquels viennent se combiner toutes les sortes de barrières naturelles. Les
plantes qu'on désigne sous le nom d'alpines, et qui, capables de supporter
les conditions d'un aussi rude climat, sont en effet si délicates, qu'elles ré-
sistent le plus souvent à tous nos efforts de culture, comment se trouvent-
elles identiques dans les régions polaires des deux continents, et sur les som-
mets de montagnes dispersées sous des latitudes et des longitudes si divei-ses?
Comment les plantes aquatiques, habitantes des marais ou des étangs où les
confinent les terrains environnants plus ou moins secs qui ne les laisseraient
ni végéter, ni se transmettre, se trouvent-elles cependant celles qui sont com-
munes à la fois à plus de points de la terre? Nous ne pouvons nous en rendre
compte par les moyens ordinaires de dissémination. Ces moyens variés, qui
sont exposés dans la plupart des ouvrages de botanique, sont bons à de très-
petites distances; mais, quand les botanistes ont étendu au loin leur action,
ils ont procédé par raisonnement plutôt que par observation, et l'observa-
tion, ce juge en dernier ressort, n'a pas confirmé l'arrêt que le raisonnement
avait dicté. Ainsi l'action des vents était considérée comme extrêmement
efficace, et l'on insistait complaisamment sur la prise que lui donnent un grand
nombre de graines par leur petitesse, leur légèreté, les ailes, aigrettes et
antres appendices qui l'augmentent. Il faudrait alors que les graines présen-
tassent ces conditions dans les espèces répandues à la fois eu beaucoup de
( 364 )
pays. Or les deux faits sonl loin de se montrer dans un rapport constant
ou même fréquent de coïncidence. Quelquefois ce sont des plantes à graines
fort petites et légères, comme les Orchidées, les Gessneriacées, ou munies
d'aigrettes, comme les Composées, qui sont le plus localisées; quelquefois,
au contraire, ce sont des plantes à graines assez pesantes et sans appendices,
comme les Graminées, Gypéracées, Polygonées, Nyctaginées, etc., qui sont
le plus diffuses.
" Cette faculté de diffusion paraît se rattacher à d'autres conditions d or-
ganisation , et le résidtat signalé sous ce rapport par M. de Candolle a dû nous
frapper. Un de nous, en s'occupant de la classificalion des végétaux et cher-
chant à disposer les familles suivant la série naturelle, c'est-à-dire celle qui
montre dans leur ordre ascendant les degrés successifs de l'organisation de
plus en plus perfectionnée, avait cru, contrairement à l'ordre généralement
adopté et par des considérations que ce n'est pas ici le lieu de rappeler,
devoir placer à l'extrémité de cette série le grand groupe des Dicotylédouées
monopétalées , dont les Composées formeraient comme le couronnement. Un
autre de vos Commissaires, en suivant par l'étude des fossiles la succession
des plantes dans celle des périodes géologiques, et voyant que les flores de
ces grandes périodes, considérées d'une manière très-générale, montrent,
dans la nature et la proportion des végétaux qui les composent, une organi-
sation d'autant moins simple qu'ellfs se rapprochent plus de la période
actuelle, avait signalé l absence complète de ces mêmes Monopétalées parmi
les fossiles observés jusqu'ici, mais s'était abstenu, avec une sage réserve,
d'en tirer des conclusions rigoureuses. M. de Candolle constate un résultat
analogue pour les espèces vivantes, savoir, que les espèces végétales se dis-
persent d'autant plus facilement et généralement qu'elles ont une organisation
plus simple, et il observe que les Monopétalées, les Composées notamment,
fournissent précisément les genres et espèce» dont les aires sont le plus net-
tement et le plus étroitement circonscrites.
» Si l'on rejette l'hypothèse d une sorte de fonds commun entre divers
centres primitifs de végétatiim, dont chacim, avec une majorité d'espèces
propres à lui, en aurait eu quelques-unes existant autre part également dès
l'origine; et si l'on admet une végétation entièrement propre à chacun de
ces centres d'où elle se serait étendue par irradiation; en reconnaissant l'in-
suffisance des causes actuelles pour avoir pu en porter les germes d un de
ces centres à un autre très-éloigné , sans laisser de traces intermédiaires, on
est obligé de recourir à l'action de causes différentes et d autre ordre , telles
que celles par lesquelles la géologie explique les changements considérables
( 365 )
de rapports entre les divers points de la terre, ceux qui, à diverses époques,
«n sont venus modifier la configuration et les conditions cliuiatériques. C'est
donc aux géologues qummiinication. »
FjCS conclusions de ce Rapport sont adoptées.
.MÉMOIRES LUS
ANATOMIE COMPARÉE. — Mémoire sur les plis cérébraux de l'homme et des
Primates; par M. Pierre Gratiolet. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Flourens, Serres, Duvernoy.)
« Les travaux de Rolando , de M. le professeur Gruveilher et de M. Fo-
ville ont fait connaître en détail les circonvolutions, ou, pour parler avec
Willis d'une manière plus exacte, les plis cérébraux de l'espèce humaine.
Les circonvolutions des Singes ont été beaucoup moins étudiées, du moins
elles ne l'ont jamais élé d'une manière générale. C'est là une lacune qu'il
m'apani important de combler.
» Les plis cérébraux n'existent point à un é^al degré de développement
dans tous les Singes. Il y a des Singes à plis cérébraux abondants. Il y a des
Singes à plis cérébraux rudimentaires. Il y en a d'autres, enfin, dont le cer-
veau est absolument lisse. Le cerveau des Singes ne peut donc être caracté-
risé par le fait de la présence ou de l'absence des plis cérébraux. Mais toutes
les fois que ces plis apparaissent, ils se développent dans un ordre si constant,
qu'il réveille l'idée d'un type commun. Ainsi ils peuvent être l'objet naturel
d'une description générale. Cette description entraîne à des détails nom-
breux, mais elle peut être résumée en peu de mots.
» Il y a des plis sur la face externe et sur la face interne de Thémisphère
cérébral des Singes; ceux de la face externe forment cinq groupes naturels,
à savoir: en premier lieu le lobe central [insula de Reil), caché au fond
de la scissure deSylvius, et en second lieu quatre lobes entourant le lobe
ceutral. Ces quatre lobes sont : i" le lobe frontal ; 2° le lobe pariétal ; 3" le
lobe temporal, et 4° enfin le lobe occipital qu'une scissure profonde {scis-
su.re perpendiculaire externe) sépare du lobe pariétal. Dans tous les Singes,
( 367 )
à l'exception peut-être de l'Orang et du Chimpanzé, le lobe central est abso-
lument lisse. Le lobe frontal présente quelques plis arbitraires fort irrégulierSî
et trois plis frontaux dont la direction est horizontale. Le pli frontal supé-
rieur se décompose, dans les Singes les plus élevés, en deux ou trois plis se-
condaires. Le lobe pariétal^a trois plis. fiC pli pariétal moyen se prolonge à
son sommet en un lobule plus ou moins grand. [jC troisième pli se recourbe
au-dessus du sommet de la scissure de Sylvius et descend dans le lobe tem-
poral. La direction générale de ces plis se rapproche de la verticale. Le lobe
temporal comprend trois plis parallèles entre eux et à la scissure de Sylvius.
Enfin deux scissures horizontales divisent la surface externe du lobe occipital
en trois étages parallèles.
» Il y a donc autour du lobe central quatre lobes et douze plis princi-
paux, à savoir: trois plis pour chacun des lobes. Tous les plis d'un même
lobe sont parallèles entre eux ; mais les plis d'un lobe ne sont point paral-
lèles à ceux d'un lobe voisin.
" Outre les douze plis principaux qu ? nous venons d'indiquer, il faut en
signaler quatre dont l'importance n'a point été jusqu'à présent reconnue. Ces
plis passent du lobe occipital au lobe pariétal et au lobe temporal; je les
nommerai plis de passade. Le premier pli de passage est étendu du sommet
du deuxième pli pariétal au sommet de l'étage supérieur Singes américains se dis-
tinguent les uns et les autres en deux groupes. Les deux plis supérieurs de
pa>sage sont bien marqués dans les Singes du premier groupe; le pli supé-
rieur manque dans ceux du second.
49- •
( 368 )
>' Parmi les Sinjjes de l'aiicien con'.inent, ceux du premier groupe se dis-
tinguent aisément par les caractères suivants. Chez les Guenons, les deux
plis sont cachés au fond do la scissure perpendiculaire externe sous le bord
tranchant du lobe occipital prolongé en forme d'opercule. Chez les Serano-
pithèques, le pli supérieur est superficiel et simple ; dans les Gibbons et les
Orangs, il grandit de plus en plus, et se complique de flexuosités nom-
breuses.
» Dans le cerveau humain, les deux plis existent également, mais ils
sont tous les deux grands et superficiels, en sorte que la scissure perpendi-
culaire externe est complètement oblitérée. Cette remarque résout une des
plus grandes difficultés que soulève la comparaison du cerveau de 1 homme
avec le cerveau des Singes.
» Le deuxième groupe comprend les Cynocéphales, les Macaques et le
Chimpanzé. Les Cynoci^phales sont caractérisés par la grandeur du lobe
occipital, toujours très-riche en plis secondaires, et par la petitesse du lo-
bule qui termine le deuxième pli pariétal.
> Dans le Rhésus et le Maimon, ce lobule est également fort petit, mais
le lobe occipital est moins grand et ses plis sont toujours très-simples.
•' Dans les vrais Macaques, le lobe occipital est moindre encore. FiC lo-
bule du deuxième pli pariétal est très-grand.
" Dans le Chimpanzé, le pli supérieur de passage manque; l'opercule du
lobe postérieur est com()let, et ses plis sont relativement très-simples. Enfin
le lobule du deuxième pli pariétal est très-grand. Par tous ces caractères le
cerveau du Chimpanzé diffère de celui des Orangs, des Cynocéphales et
du Rhésus, et se rapproche esseatiellement du cerveau des Macaques et des
Magots.
» [jCS Singes américains qui se rapportent au premier groupe, sont les
Atèles et les Lagolriches, ils ont tous les plis de passage. Les Sais et les
Sajous forment le deuxième groupe. Dans les Sais, le deuxième pli de passage
est grand et superficiel; il e;t profondément caché dans les Sajous. Ces
caractères sont sûrs et d'un emploi facile.
» Le cerveau des Sagouins n'a que des circonvolutions rudimenlaires. F^e
.sommet du pli courbe et le pli temporal supérieur y sont seuls bien dis-
tincts. Les Ouiotitis sont absolument dépourvus de circonvolutions, et la
scissure de Sylviiis est le seul indice de division qui persiste sur la surface
du cerveau.
» Ces faits sont constants, faciles à saisir, et leur fixité leur donne peut-
êli-e uno valeur réelle au point de vue des classifications zoologiques.
( 369 )
» B. A ces faits nous ajouterons les lemarqties suivantes :
" 1°. Dans tous les Singes, la forme générale du cerveau demeure à peu près
la même; mais les lobes occupent sur la surface une étendue relative très-
variable. Dans les Singes les plus élevés, le lobe frontal l'emporte. A mesure
(liion s'abaisse dans la série des Primates, cette prééminence abandonne le
lobe frontal et passe successivement au lobe pariétal et au lobe occipital.
Ce qui se dit des lobes peut se dire également de leurs plis. Ainsi, en suppo-
sant dans deux Singes différents un égal développement de la somme des
plis, cette somme sera, suivant le groupe auquel ils appartiennent, très-
inégalement répartie.
• a". Ijes gennis et les groupes naturels étant définis dans la nature ac-
tuelle comme les espèces elles-mêmes, on peut s'attendre à trouver dans
chacun d'eux une espèce maximum et une espèce minimum. Or, constam-
ment, il y aura plus de circonvolutions dans la première espèce, et il y eu
aura moins dans la dernière. Mais cette tendance au développement, dans
un sens, et à l'anéantissement, dans l'autre sens, ne s'exprime pas également
dans tous les genres. Dans quelques genres, en effet, toutes les espèces étant
exirèmement voisines, il n'y a point entre elles de dégradation évidente.
C'est ainsi que les Papious et les Mandrills, Singes très-élevés et très-intelli-
gents, forment, en quelque sorte, une tête de série dont les derniers anneaux
sont inconnus. Aussi les Cynocéphales l'emportent-ils par la richesse de leurs
plis cérébraux sur la plupart des Pithèques qui les précèdent dans l'ordre
zoologique. Ce fait a , au premier abord, quelque chose de paradoxal, mais
il est facile de résoudre cette difficulté apparente. En effet, si le cerveau
d'un Cynocéphale l'emporte par son développement général sur un cerveau
de Semnopithèquc, par exemple, il lui est inférieur par le type, ce qu'on
peut aisément démontrer.
" 3°. Les points homologues étant paifaitement déterminés sur tous les
cerveaux de Singes, on peut rechercher s'il y a entre les vertèbres cépha-
liqiies et les principales régions cérébrales un rapport constant et nécessaire.
Or, en prenant avec soin le moule intérieur de crânes appartenant à diffé-
rentes espèces, on démontre aisément, par la trace que laissent sur ces moules
les sutures pariélo-frontales et pariéto-occipitales, que ce rapport n'a rien
d'absolu. C'est là un nouvel argument à opposer aux partisans du diagnostic
cranioscopique, soit qu'ils acceptent la méthode de Gall , soit qu'ils pré-
fèrent les hypothèses de MM. Spix et Carus. »
(370)
ilIÉMOIilES PRÉSENTÉS.
MÉDECINE. — De l'emploi des mercunaux dans le traitement de la fièvre
typhoïde {sulfure noir de mercure et frictions avec onguent mercuriel),
méthode de M. Serres; par M. A. Becquerel. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Serres, Andral.)
" En 18475 M. Serres présenta à i'Institut une série de Mémoires desti-
nés à éclairer la nature et le traitement de la fièvre typhoïde. C'est, en
effet , sur ces deux points de l'histoire de celte maladie que le savant
Membre de l'Institut voulut de nouveau appeler ratteution du monde médi-
cal, en indiquant une méthode thérapeutique nouvelle, destinée à prévenir
les accidents les plus formidables, à modérer les symptômes les plus fâcheux,
et, enfin, à transfornjer la fièvre typhoïde la plus grave en maladie plus bé-
nigne. Chargé, par l'Administralion des Hôpitaux, de remplacer provisoire-
ment M. Serres à l'hôpital de la Pitié, j'ai cru ne pouvoir mieux faire que
de continuer la méthode de traitement qu'il avait instituée dans son service
contre la fièvre typhoïde, et qu'à la soumettre à une nouvelle expérimenta-
tion. C'est le résultat de ce mode de traitement que je viens soumettre en
ce moment au jugement de l'Académie.
" Il est d'abord utile de rappeler en quoi consiste le traitement formulé
par M. Serres, et les résultats qu'il a obtenus. Le traitement par les mercu-
1 iaux consiste dans l'emploi du sulfure noir de mercure à l'intérieur (setbiops
minéral) à des doses qui peuvent varier de oS'',6o à 1 grammes, et dans
l'usage extérieur de frictions mercurielles sur l'abdomen (onguent napoli-
tain) à des doses qui varient de i5 grammes à 3o grammes par jour; ce
traitement étant continué huit, dix, douze jours, même plus, jusqu'à la ces-
sation des accidents caractéristiques de la maladie.
)' Voici maintenant les résultats annoncés par M. Serres dans ses commu-
nications à l'Institut : L'emploi du sulfure noir de mercure, aux doses pré-
citées, peut presque toujours être continué huit, dix et douze jours sans
qu'il arrive de salivation, et au bout de ce temps, quand elle se produit,
elle ne se manifeste jamais avec une intensité telle, qu'elle puisse faire re-
douter quelques accidents. Les frictions mercurielles sur l'abdomen ont tou-
jours pour ré-iultat la disparition prématurée des taches rosées, et l'affais-
seraeut rapide du ballonnement du ventre. Sous l'influence combinée de ces
deux moyens la diarrhée se modifie, la fréquence du pouls diminue nota-
blement, la fièvre tombe, la céphalalgie et le délire sont beaucoup atténués.
( 37» )
On u'abrége pas beaucoup la durée de la maladie, elle existe presque tou-
jours pendant son temps ordinaire, c'est-à-dire qu'elle est de trois à
quatre septénaires; mais elle passe sans accidents graves, sans complications
fâcbeuses et surtout sans que la forme adynamique prenne un haut degré
de gravité. Telles sont , d'une manière abrégée, les conclusions du savant
médecin de la Pitié.
» Avant d'exposer les résultats (pie j'ai obtenus dans le trailem<>nt de
quinze cas de fièvre typhoïde, tous très-graves et soumise l'emploi de cette
médication, je dois commencer par déclarer que j'ai suivi dans toute sa ri-
gueur cette formule, afin qu'on ne puisse attribuer à aucun autre moyen
thérapeutique les résultats, plus heureux peut-être encore que ceux de
M. Serres, auxquels je suis arrivé.
» Le sulfure noir était employé dès l'entrée des malades. On commençait
par 1 gramme par jour, eu poudre ou en pillules agglomérées à l'aide d'un
peu de gomme. Cette dose était donnée eu cinq ou six fois. Si l'amélioration
ne commençait pas au bout de deux ou trois jours, on augmentait cette
quantité et on la portait à i^'', 5o et quelquefois même à 2 grammes; celte
dernière dose n'a jamais été dépassée. On suspendait son emploi dès que le
malade entrait eu convalescence; dans aucun cas il n'y eut d'accidents de sa-
livation assez intense pour exiger la suspimsion prématurée du traitement.
>' Les frictions avec l'onguent napolitain sur l'abdomen suivaient pour
leur quantité les doses du sulfure noir: avec i gramme de sulfure on pres-
crivait 16 grammes d'onguent mercuriel en deux frictions, avec application
de cataplasmes pour favoriser l'absorption. Avec i^"', 5o de sulfure noir,
24 grammes d'onguent mercuriel en trois frictions, et, enfin, avec a gram-
mes de sulfure noir, 3o grammes d'onguent également en trois frictions.
» Tous les deux jours, l'abdomen , siège des frictions, était nettoyé avec
du savon afin de favoriser l'absorption.
» [jes moyens adjuvants ont été : 1° lu glace, l'eau de Seltz, la limo-
nade pour toute boisson; 2" les lavements simples ou légèrement laxatifs
pour quelques cas dans lesquels il existait de la constipation; 3° dans les
formes ataxiques, et il y en eut quatre, je joignais à l'emploi du sulfure noir
celui du musc à la dose de o^', ari à o^"', 3o par jour. Ce médicament était
discontinué dès que le délire et l'agitation devenaient moins forts.
» Quinze malades, atteints tous de fièvre typhoïde grave, ont été sou-
mis rigoureusement à l'emploi des mercuriaux. Il y avait dix hommes et
cinq femmes; les dix hommes étaient âgés : deux de seize ans, deux de dix-
sept ans, deux de dix-huit ans, un de vingt ans, deux de vingt-deux ans, un
( 370
de trente-six ans. Les cinq femmes étaient âgées : une de quinze ans, une de
dix-iiuit ans, une de vingt ans, deux de vingt et un ans.
" r.es dix hommes étaient atteints de fièvres typhoïdes présentant les formes
suivantes : quatre la forme abdominale ordinaire avec stupeur, cépha-
lalgie, etc.; cinq la forme adynamique la plus grave ; un la forme ataxique
avec délire et agitation dominante. F-es cinq femmes présentèrent deux fois
la forme ataxique, une fois la form' La ^èvre. —Soas l'influence des premières doses du sulfure noir et des
premières frictions, la peau devint constamment moins chaude, moins
sèche, et, dans quelques cas, elle présenta de la moiteur on de la sueur. En
même temps, le pouls diminuait de force et de fréquence; cet effet se pro-
duisit même dans le seul cas de mort que nous ayons eu , terminaison qui
fut la conséquence d'une perforation intestinale.
» I^a langue d'abord sèche, râpeuse, et les gencives et les lèvres fuligineuses,
ne perdirent ces caractères que lorsque la salivation arriva. Sur les quinze
cas, la salivation eut lieu douze fois; deux fois elle manqua, et les malades
guérirent aussi bien : chez ces deux malades, la langue ne s'humidéfia qu'à
l'instant de la cessation de la fièvre. Dans le cas de perforation intestinale,
la langue resta sèche jusqu'à la fin. Dans les douze cas où la salivation se dé-
veloppa, deux fois elle eut lieu le sixième jour du traitement, trois fois le
septième jour, quatre fois le h litième jour, une fois le douzième et enfin
une fois le treizième. Sauf un cas où la salivation et le gonflement des gen-
cives mit douze jouis à se dissiper et présenta une intensité assez grande,
elle fut, dans tous le> autres, légère et de peu d'importance. Dans aucun
autre cas, elle ne se prolongea plus de quatre ou cinq jours, et elle n'exigea,
chez aucun malade, l'emploi de moyens particidiers.
" On peut, à l'égard de la salivation, établir les propositions suivantes :
1° Dans les cas de fièvre typhoïde à forme ordinaire et de médiocre inten-
sitéj la salivation se montre plus rapidement, elle est plus forte et se pro-
longe un temps plus considérable pendant la convalescence. En général, elle
annonce l'arrivée de cette dernière. 2° Dans les cas plus graves, la saliva-
tion met plus de temps à se produire, elle est, en général, peu int(^nse et
ne se prolonge que les premiers jours de la convalescence; elle précède de
( 373 )
peu de jours la cessation de la fièvre , et constitue un signe qui peut faire
prévoir une guérison très-prochaine. Quelquefois, cependant, elle n'est
manifeste qu'à l'instant de la cessation du mouvement fébrile. 3** Dans les cas
extrêmement graves, la salivation se produit bien difficilement, et, tant
qu'elle n'est pas arrivée , il Faut craindre des complications plus ou moins
fâcheuses. C'est en pareil cas qu'il ne faut pas se décourager et qu'il faut
longtemps insister sur les doses élevées du sulfure noir et des frictions mer-
curielles. l\^ Dans quelques cas d'une gravité médiocre, la salivation ne se
produit pas du tout. Le traitement a toujours été continué chez les quinze
malades, non pas jusqu'à l'instant de la manifestation de la salivation, mais
jusqu'à l'époque de la cessation de la fièvre et de l'amélioration de tous
les symptômes.
>• IjC ballonnement du ventre, sauf le cas de perforation intestinale, a
constamment diminué avec une grande rapidité, et cela dès le commence-
ment du traitement; c'est à l'influence combinée de l'emploi du sulfure noir
et des frictions avec l'onguent napolitain qu'on doit attribuer ce résultat.
» Quant aux selles, sur les quinze malades , il y eut dans deux cas une
constipation que des lavements seuls purent vaincre. Le sulfure noir a été
sans effet pour la faire cesser. Dans deux autres cas, le sulfure noir produi-
sit une diarrhée qui n'existait pas auparavant, et qui , depuis son emploi , se
traduisit par une ou deux selles liquides par jour. Trois fois la diarrhée carac-
térisée à l'instant de l'entrée par cinq ou six selles liquides, diminua nota-
blement dès que le sulfure noir fut pris. Dans huit cas, enfin , la diarrhée ne
fut ni augmentée ni diminuée ; elle suivit son cours et diminua seulement en
même temps que les autres symptômes caractéristiques de la maladie s'a-
mendaient.
" Toutes les fois que les frictions mercurielles ont été faites sur une partie
qui présentait des taches rosées (abdomen), elles ont disparu dans l'espace
de vingt-quatre à trente-six heures; on ne retrouvait plus que celles qui sié-
geaient à la base du thorax, sur la poitrine ou ailleurs.
» Relativement à la céphalalgie , aucun effet sensible n'a été signalé dans
aucun des cas précités; du reste, elle ne constitue pas un phénomène pré-
dominant.
" Dès qu'il existait un délire un peu violent (quatre malades), le musc
était associé à la dose de ^5 à 3o centigrammes au sulfure noir et con-
tinué jusqu'à cessation de ce symptôme. Dans ces quatre cas, l'amélioration
fut rapide, et cinq jours fut le terme le plus long de cette association. Chez
une malade on y joignit pendant trois jours une irrigation froide sur la tête ,
. R. , i85o, 2™» Semestre. (T. XXXI, N» Il .) 5o
(374)
le délire était très-violent, et on avait été obligé de mettre à la malade la
camisole de force.
" iJaspect de stupeur de la face ne disparut que quand il y avait déjà
améliorai ion des autres symptômes; le sulfure noir n'a donc agi sur lui que
médiateroent.
" On peut en dire de même de la toux et du râle sibilant; il n'y a pas
eu, du reste, d'accidents graves à redouter du côté de la poitrine. Il faut
peut-être en excepter le malade qui succomba à la perforation intestinale
le vingtième jour de la maladie, et qui, à l'époque de son entrée, présenta
les caractères d'un engouement bronchique très- intense. Les mercuriaux
n'agissent donc, sur ce symptôme, que par l'influence qu'ils exercent sur
l'ensemble de la maladie.
" Dans aucun cas il n'y eut d'hémorragies inquiétantes.
" La dure'e du traitement fut quatre fois de sept jours, trois fois de huit,
une fois de neuf, trois fois de dix, une fois de douze, une fois de quinze,
une fois de seize, une fois de dix-sept; enfin, la durée moyenne du traite-
ment a été de dix jours.
» [.e minimum de sulfure noir, employé pour tout le traitement, a été
■y grammes et le maximum 24 grammes. T^e minimum d'onguent mercuriel
employé en frictions a été 112 grammes et le maximum 36o grammes;
les moyennes ont été la^^So de sulfure noir en tout pour chaque cas, et
200 grammes d'onguent napolitain.
'■ fia durée totale de la maladie a varié d'une manière un peu sensible.
\je tableau joint à mon Mémoire donne les résultats suivants : une fois douze
jours, deux fois treize, trois fois quatorze, trois fois quinze, une fois seize,
une fois dix-huit, deux fois vingt, dont un cas de mort par perforation in
testinale, une fois vingt et un et enfin une fois vingt-trois jours. La durée
totale moyenne de la maladie , c'est-à-dire de la fièvre, fut de seize jours.
1' IjC malade qui succomba à une perforation intestinale était un homme
de trente-six ans, fort et robuste, qui fut admis à l'hôpital de la Pitié le
huitième jour de la maladie; les symptômes de la fièvre typhoïde étaient
masqués par une bronchite de la plus grande intensité, qui fit méconnaître,
les pr.;uiiers jours, la inaladie principale; il fut traité pendant cinq jours ,
du 8 .'lu 12, par deux saignées générales, de l'ipécacuanha et un purgatif.
Cet engouement bronchique, amendé par ce traitement énergique, ne per-
mit pas de commencer les mercuriaux à l'intérieur et à l'extérieur avant le
douzième juu.'; ils produisirent les résultats heureux qu'ils déterminent or-
dinairement; les différents symptômes s'amendèrent, et il allait mieux,
(375 )
lorsque, sans cause connue, le dix-neuvième jour de la maladie, il fui pris
des symptômes d'une péritonite aiguë à laquelle il succomba le vingtième
jour, et que l'autopsie démontra due à une perforation intestinale.
» Durée de la convalescence. — Chez tous les malades elle tut simple ,
sans complication, et aucuu accident ne l'entrava; chez une seule femme,
atteinte d'une fièvre intense adynaiiiique des plus graves, il y eut une escarre
au sacrum qui mit un mois à se cicatriser.
» En dehors de ce cas et en comptant de l'instaut de la cessation de la
fièvre, les malades restèrent à Ihôpital de huit à vingt-trois jours. »
CHIRCRGIE. — Du phosphène ou spectre lumineux obtenu par la compression
de l'œil comme signe direct de la vie fonctionnelle de la rétine, et de
son application à l'ophthalmologie. (Mémoire de M. Serre, d'Uzès,
première partie.) (Extrait. )
(Commissaires, MM. Regnault , Lallemand.)
« Une faible pression , exercée sur le pourtour de l'œil , fait naître, comme
on le sait, deux impressions lumineuses simultanées : la plus forte apparaît
au point opposé dans l'intérieur de l'organe, la plus faible sous le doigt ou
le corps qui le presse, et l'une et l'autre sous la forme d'une portion d'an-
neau lumineux diversement coloré, tantôt blanchâtre, tantôt bleu clair,
circonscrivant un fond obscur quelquefois, et clair dans certains moments.
Dans ce dernier cas, lanneau en question est toujours annexé à un autre
anneau foncé, concentrique. Le rapport des deux taches de la grande à la
petite est comme i est à 4 environ, quant à la grandeur et à l'intensité
de la lumière qui les circonscrit. Lorsque la pression a lieu à la partie externe
de l'œil, la photopsie est formée par un cercle lumineux dans les trois quarts
de sa circonférence ; le quart qui manque correspond en arrière, et semble
se perdre sous la voûte orbitaire du côté du nez. Sur la partie interne, la
pression fait naître la photopsie du côté de la tempe avec des caractères un
peu différents. La tache apparaît sous une forme plus grande, les bords en
sont bien limités et l'intérieur un peu plus clair. La partie supérieure de
l'œil, pressée de la même manière, est le siège de la perception d'un frag-
ment de cercle lumineux au point opposé, c'est-à-dire sur le rebord orbi-
taire inférieur; il est à contours bien dessinés: la section qui manque est en
arrière. luférieurement pressé, l'œil rend faiblement ce phénomène. Dans
ce cas, la compression a besoin d'être plus souvent renouvelée pour devenir
sensible.
5o. ,
(376)
" En imprimant dans la nuit des mouvements brusques aux deux yeux,
le même phénomène a lieu ; la tache se présente moins large , mais encore
assez claire et correspond aux points d'insertion des muscles droits. Sa forme
est celle de deux quarts de cercle en regard l'un de l'autre , sans se toucher
par leur extrémité.
" La pression exercée sur la cornée à travers la paupière ne détermine
pas de spectre lumineux.
'1 En faisant ces expériences sur soi-même, et en portant toute son atten-
tion sur le point pressé par le doigt, on finit par constater, malgré la vivacité
du phénomène opposé, qu'immédiatement au-dessous de ce doigt il existe
un cercle lumineux inférieur au premier, tant en dimension qu'eu intensité,
mais ayant absolument la même figure et présentant la même déformation
dans sa circonférence , dont un quart de section fait défaut. Sa position est
la même que celle de la grande image opposée, et son échancrure est pla-
cée du même côté.
" Dans une obscurité complète, on aperçoit mieux le phosphène qu'en
plein jour; et lorsque l'œil est ouvert, il n'est jamais plus apparent que lors-
que, venant d'un jour éclatant, on fait l'expérience dans un appartement
médiocrement éclairé.
» Sous une pression lente très-graduée , agissant sur le pourtour de l'oeil
à travers les paupières fermées, le phosphène ne se produit pas; à quelque
degré de force que cette pression s'élève, même jusqu'à la douleur, la rétine
n'aperçoit absolument rien, elle reste dans une obscurité complète; mais
elle s'éclaire par le spectre, si le doigt est brusquement retiré. Le phénomène
n'a pas lieu lorsque la pression cesse graduellemeut.
)i Avec la pulpe du doigt comprimant par saccade le globe, I anneau se
montre avec moins d'évidence que lorsque l'ongle opère cette compression.
» Pour avoir donc le phosphène le plus apparent possible, il convient de
presser l'œil avec un corps dur et un peu anguleux, et de renouveler le
choc au moins deux fois dans une seconde, puisque la plus grande intensité
ne dépasse pas ce temps en durée moyenne; puis il faut agir de préférence
sur la partie de l'œil qui est du côté du nez. Sur plus de mille épreuves , faites
en ce point , le cercle lumineux s'est toujours rencontré, et, en outre, il a tou-
jours été ou plus brillant , ou au moins aussi brillant que les autres nés sous
la pression des parties restantes du pourtour de l'œil ; ces derniers ont sou-
vent manqué, surtout l'anneau sus-orbitaire. Désormais nous désignerons,
par le nom de sus-orbitaire, le phosphène qui apparaît lorsque l'œil est pressé
en bas; de sous-orbitait e , lorsqu'il sera pressé en haut; de nasal, lorsqu'il sera
( 377)
pressé en dehors; et de temporal, lorsqu'il sera pressé en dedans; et enfin de
pérl-orbitaire, le trajet lumineux produit par le parcours continu du doigt
comprimant le tour de l'œil.
» On pourrait obtenir une double lumière annulaire, en comprimant en
même temps avec les deux doigts un même côté de lœil. C'est souvent un
moyen très-bon pour avoir une lumière plus ample; mais la coexistence des
deux cercles perças par la rétine amène de la confusion dans leurs lignes ,
et mieux vaut encore se borner à une pression unique, si l'on a à explorer
les deux yeux simultanément. On est, au contraire, certain d'avoir un éclai-
rage plus considérable, en les secouant tous les deux à la fois , et de manière
à rassembler leurs anneaux.
» Les résultats sont tout autres dans les conditions opposées , lorsque , par
exemple, l'action a lieu sur le côté nasal de chaque œil. IjC phosphène de
chacun se trouvant alors du côté de la tempe, c'est-à-dire séparé par un
grand espace j l'effet de l'un n'ajoute ordinairement rien à l'effet de l'autre:
il y a une exception pour les deux cercles nasaux, qui s'éclairent par leur
rapprochement.
" On réussit d'autant mieux à exciter le phosphène , que la rétine s'est
reposée plus longtemps des fatigues d'une trop vive lumière, et que les pau-
pières sont moins contractées spasmodiquement sur elles-mêmes. Refoulé
dans l'orbite par l'action du muscle palpébral et des muscles droits eux-mêmes,
l'œil étant en quelque sorte couvert par le rebord orbitaire. La pression , si
elle francliitle voile membraneux durci , n'agit plus que sur la circonférence
de la cornée, et une faible partie de la sclorotique, celle qui avoisine cette
membrane lucide, et le phénomène ne se manifeste que mal ou pas du tout.
Ou invitera donc le sujet qu'on veut examiner à clore l'œil sans contracter
ses paupières avec force, et même à les relâcher autant qu'il dépendra
de lui.
» Soit qu'on n'ait pas l'habitude de faire naître le phosphène par de petites
secousses sèches et répétées, soit que le sujet s'imagine voir objectivement
hors de lui quelque paysage , les premiers essais sont ordinairement négatifs;
mais, en insistant, on parvient toujours à montrer le phosphène nasal, et
souvent les autres, et surtout le temporal. Pour cela, il faut que la vue ne
soit pas perdue par une paralysie de la rétine.
» En supposant la non-existence du phosphène, il ne faut pas trop se
hâter de prononcer sur la valeur de cette négation, car elle peut ne pas être
bien établie; mais si, à plusieurs reprises et pendant plusieurs jours de suite,
aucune lumière annulaire ne se manifeste dans l'œil, concluez hardiment
( 378 )
que la réliue est paralysée , que toutes opérations faites sur la cornée , sur
l'iris, sur le cristallin seront des opérations stériles, compromettantes, et
suivies de tous les désenchantements, peines et chagrins qui attendent le
médecin opérant avec la complication d une amaurose bien établie, et dont
l'existence se révèle à l'occasion d'essais réitérés sans apparition de phos-
phène. »
PHYSIQUE. — Recherches sur les proprie'te's physiques des liquides, et en
particulier sur leur dilatation; par M. J. -Isidore Piekre.
(Commission précédemment nommée )
L'auteur énonce dans les termes suivants les conséquences qui lui
semblent résulter de l'ensemble des résultats consignés dans son Mémoire :
« 1°. En général, les substances liquides isomères suivent des lois de
contraction différentes pour des variations égales de température comptées
à partir de leurs températures d'ébullition respectives ;
" 2°. Cependant le formiate d'oxyde d'éthyle et l'acétate d'oxyde de
métbyle font exception à c( tte règle, et suivent exactement la même loi de
contraction:
» 3°. Dans les cas où l'on observe une différence de contraction entre
deux liquides isomères d'un même groupe, cette différence croît, et tou-
jours dans le même sens, à mesure qu'on s'éloigne des températures d'ébul-
lition.
" La similitude de contraction qne nous venons de signaler dans les deux
dernières substances que nous avons comparées ne paraît pas avoir de rap-
port nécessaire avec le mode de condensation de vapeur, puisqu'elle n'a pas
lieu pour l'acide butyrique monohydraté et l'acétate éthylique, pour la li-
queur de^ Hollandais et le chlorure éthylique monochloré, ni pour le groupe
formé par la liqueur des Hollandais monochlorée et par le chlorure éthy-
lique bichloré, bien que, dans chacun de ces trois groupes, le poids spéci-
fique de vapeur des deux liquides qui le composent soit le même comme
dans le groupe formé par le formiate éthylique et par l'acétate méthylique.
» Faut- il ne voir, dans l'identité de contraction de ces deux derniers li-
quides, qu'un fait isolé, exceptionnel, entièrement fortuit, ou cette égalité
peut-elle être attribuée à cette circonstance que ces liquides isomères sont
des éthers proprement dits? Les données nous font défaut pour prononcer
sur celte question que l'expérience seule peut résoudre. "
( 379 )■
ÉCONOMIE RURALE. — De la digestion chez le ver à soie. Mémoire Sui^i
d'observations sur les maladies de cet insecte; par M. Bouchardat.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Duméril , Milne Edwards.)
>' J'ai isolé avec le plus grand soin les matières contenues dans les diffé-
rentes parties du tube digestif du ver à soie. J'ai constaté d'abord qu'elles
possédaient une alcalinité très-prononcée dans toute la partie du tube dési-
gné sous le nom iU'estornac. J'ai délayé ces matières dans l'eau ; j'ai remarqué
que la viscosité de la liqueur était moins grande que celle des liquides pro-
venant d'une simple expression des feuilles de mûrier, sans aucun mélange
avec les liquides digestifs du ver à soie. La liqueur filtrée précipite par la
chaleur, par l'alcool, par l'acide azotique, un produit présentant tous les
caractères des substances albumineiises.
>' J'ai constaté la présence du sucre, de matières gommeuses, de sels so-
lubles, de potasse et de soude ayant des acides organiques pour radicaux,
des sulfates, chlorures et phosphates solubles, dans les matières contenues
dans la première partie du tube digestif du ver à soie; la pâte contenue à
la fin de celte première partie présente des fibres végétales désagrégées. On
y remar<|ue aussi des matières grasses émulsionnées, et une matière colorante
jaune dissoute.
« La portion très-courte du canal intestinal, désignée par les anatomistes
chez le ver à soie sous le nom d'intestin, renferme des matières vertes solides
ayant une réaction acide.
» Si nous cherchons à nous rendre con)pte des phénomènes principaux
de la digestion du ver à soie, la première chose qui nous frappe, c'est l'al-
calinité prononcée des matières contenues dans cette portion considérable
du digestif désignée sous le nom d'estomac ou d'estomac duodénal; cette
alcalinité est due au mélange à la pâte alimentaire d'un liquide très-abon-
damment sécrété par un appareil glandulaire spécial.
» Ce liquide joue un rôle très-iuiportant dans la digestion du ver à soie;
j'ai fait eu sorte d'en obtenir une quantité suffisante pour en examiner les
propriétés les plus remarquables. En plongeant quelques secondes dans de
la vapiur de chloroforme im ver à soie, on peut obtenir deux ou trois gouttes
du liquide particulier. Il est visqueux, mais il renferme très-peu de matières
fixes en dissolution; son alcalinité est beaucoup plus prononcée que celle du
sang du ver à soie.
» Ce liquide agit sur la gelée d'amidon en la transformant en sucre, mais-
(38o )
moins éuergiquement que ne le fait le suc pancréatique des animaux verté-
brés; il est une propriété pour laquelle il ne le cède en rien au sue pancréa-
tique, c'est celle demulsionner les corps {jras. liorsqu'on mélange trois ou
quatre gouttes d'huile avec une goutte du liquide digestif, il suffit d'une
agitation de quelques secondes pour obtenir une éraidsion parfaite.
» Ce liquide possède donc les propriétés les plus essentielles du suc pan-
créatique, celui de désagréger et de dissoudre les matières fibreuses, gom-
meuses, amylacées, celui d'éraulsionner les corps gras; il contribue aussi à
faciliter la dissolution des matières albumineuses ou glutineuses que la feuille
contient.
» Les phénomènes digestifs qui s'accomplissent dans l'organe désigné sous
le nom d'estomac dans le ver à soie sont tout à fait semblables à ceux qui
s'accomplissent dans l'intestin grêle et ses appendices des Mammifères man-
geurs d'herbe.
» Chez le ver à soie, comme chez les Mammifères herbivores, la pâte
alimentaire est rendue alcaline pir la sécrétion d'un liquide spécial jouis-
sant de la propriété de dissoudre l'amidon, de désagréger les fibres végé-
tales, demulsionner les corps gras. Chez l'Insecte, comme chez le Mammi-
fère , ce sont les phénomènes caractéristiques de la digestion intestinale.
» Doit-on admettre que les vers à soie sont dépourvus d'estomac, ou que
cet organe se trouve transposé, et que la portion du tube digestif qui était
désignée sous le nom à! intestin grêle doive être considérée comme TestomacP
Les apparences semblent favorables à cette manière de voir; en effet, le bol
alimentaire parvenu dans cet organe y possède une réaction acide comme
celui qui est contenu dans l'estomac d'un Mammifère, mais un examen attentif
prouve que l'analogie ne peut se soutenir.
» La digestion stomacale des animaux supérieurs consiste essentiellement
dans la dissolution des matières albumineuses, fibrineuses, gélatineuses, sous
l'influence d'un liquide digestif caractérisé par son acidité et la présence
d'un ferment spécial, la gastérase. Nous ne trouvons rien de pareil chez le
ver à soie; la digestion des matières albumineuses et glutineuses s'effectue
avec celles des matières grasses, gommeuses, amylacées et fibreuses dans la
grande portion de l'appareil digestif; elle ne fait tout au plus que se com-
pléter dans cette portion rétrécie.
» Si les éludes nouvelles que je me propose de suivre sur les cossus qui
ravagent nos bois viennent confirmer les faits c[ue j'ai exposés, il faudra ad-
mettre que les insectes herbivores et lignivores sont dépourvus d'estomac;
que la portion considérable de leur tube digestif qui succède à l'œsophage
( 38i )
doit être considérée comme l'orfjane correspondant de l'intestin grêle et de
ses appendices chez les Mammifères herbivores; enfin que le ver à soie pos-
sède un appareil glandulaire très-actif qui correspond an pancréas des ani-
maux supérieurs.
» Dans la seconde partie du Mémoire qui peut être difficilement résumée,
je traite des maladies du ver à soie en général et de la muscardine en par-
ticulier. Après avoir montré par l'observation et par l'expérience que lors-
qu'occasionnelleiïient le sang perd son alcalinité, le ver à soie est beaucoup
plus exposé à l'invasion des végétations parasites. Je démontre comment des
variations très-légères dans la composition de la feuille récoltée dans des
conditions différentes peuvent changer la nature du sang et prédisposer le
ver à l'infection de la muscardine. •>
ÉCONOMIE RURALE. — Sur un moyen de greffer en fente ou en couronne
depuis le printemps jusqu'au mois de septembre. (Extrait d'une Note de
M. LoiSEAU.)
(Commissaires, MM. Gaudichaud, Decaisne.)
« Celte méthode consiste à se servir, pour greffer en fente et en couronne,
eu avril, mai et juin, -des yeux qui, à la base des bourgeons ou rameaux de
l'année précédente, ne se sont pas développés. A partir de la fin de juin ,
lorsque les jeunes bourgeons ont pris un peu de consistance , il suffit d'en
couper les feuilles et de greffer avec ce bourgeon comme on le ferait avec
ces mêmes rameaux au printemps suivant. S'il est encore trop tendre, il est
bon de le vernir avec la poix qui sert à greffer.
» J'ai greffé de cette manière, depuis le mois de mai jusqu'au mois de
septembre, plus de cent cinquante sujets, tant à pépin qu'à noyau, et je
n'en ai pas manqué plus d un cinquième, quoique mes expériences aient été
faites dans un sol très-aride et qu'aucune précaution n'ait été prise pour ga-
rantir les greffes de l'ébranlement par les oiseaux, ou du des,séchement pen-
dant les grandes chaleurs des mois de juin et de juillet. J'ai même réussi à
greffer l'abricot en fente en juillet.
>• En mai, sur i5 j'en ai manqué a; en juin, 3 sur 12; en juillet, 3 sur
i5; en août, o sur 12.
• Il est bon de remarquer qu'un arbre greffé en fente en mai , juin et
même au commencement de juillet, rattrape (à très-peu de chose près) celui
qui a été greffé au printemps, et qu'à la fin de l'année il en diffère très-peu.
D'ailleurs, la greffe en fente, pratiquée en été, commence à pousser dès le
C. R., i85o, a"» Semestre. (T. XXXI, N» 11.) 5l
( 38a )
huitième jour, tandis que l écusson ne commence à jiousser que le quin-
zième jour.
» La greffe en fente a encore l'avantage sur la greffe en écusson de ne
pas exiger que l'écorce se détache; au contraire, les greffes les moins en sève
sont les meilleures. »
M. le D"^ Beknjvrd soumet au jugement de l'Académie un nouveau système
de besicles à la Francklin.
Parmi les personnes qui font usage de besicles, il en est beaucoup qui ont
besoin du secours de ces instruments pour voir de loin comme pour voir de
près, et l'on sent bien que les verres qui conviennent dans un cas ne sont
pas ceux qui conviennent dans l'autre. La première idée qui s'est présentée
a été de faire usage successivement, et suivant le besoin, de deux paires
de besicles; mais ces changements, quand ils doivent se répéter fréquem-
ment, étaient, on le sent, fort incommodes. On adopta donc avec empres-
sement l'idée qu'avait eue l'homme célèbre auquel l'appareil doit son nom,
de réunir dans une même monture deux verres de foyer différent; l'un, for-
mant la moitié supérieure du cercle, servant pour la vision des objets éloi-
gnés, l'autre, la moitié inférieure, étant réservé pour la vue des objets
rapprochés, et spécialement pour la lecture. Cependant cette disposition
avait encore différents inconvénients dont il nous suffira de mentionner un
seul, qui est le plus frappant, et celui auquel il importe le plus de remédier.
Pour que la vision s'opère bien, il convient que le plan de la lentille soit nor-
mial au rayon visuel. Or les besicles étant une fois placées, il faudrait, pour
que cette condition fût toujours remplie, que le changement de direction de
l'axe visuel fût déterminé par un changement de direction égal de l'orbite,
c'est-à-dire de toute la tête, ce qui évidemment n'est pas le cas : ainsi, quand,
après avoir été dirigée vers l'horizon, la vue s'abaisse sur un livre appuyé sur
une table, il y a bien une petite inflexion de la tête, mais le principal mouve-
ment est dans le globe de l'œil. Cette remarque avait suggéré à M. Elkington,
déjà bien connu pour une autre invention, l'idée de ne pas placer dans un
même plan les deux moitiés de lentille appartenant à une lunette, mais d'in-
cliner la moitié inférieur*' de manière à ce qu'elle regardât un peu en bas.
Toutefois, comme rinclinaison la plus favoiabîe n'est pas la même pour des
yeux conformés différemment ou différemment enchâssés, le perfection-
nement de M. Elkington laissait encore à désirer. M. P. Bernard a fait dis-
paraître le principal inconvénient en rendant les deux lentilles correspon-
dant à un même œil indépondantes l'ime de 1 autre, ("hacune a sa montine
( 383 )
propre fixée à l'autre monture par une charnière qui permet de varior
l'inclinaison des deux plans; l'inclinaison favorable une fois trouvée, une
vis de pression la maintient à demeure. Il va sans dire que si les deux len-
tilles de rayon différent sont indépendantes, celles du même rayon sont tou-
jours assujetties à être dans un même plan, et que, par conséquent, le
mouvement imprimé à un des verres inférieurs est toujours partagé par
l'autre.
(Commissaires, MM. Roux, Lallemand.)
M. Ed. Robin adresse, pour prendre date, une Note contenant l'indica-
tion des nouveaux résultats auxquels il est arrivé en poursuivant ses recher-
ches sur l'action toxique des substances qui préservent les matières orga-
niques de la putréfaction, dans certaines circonstances données. En terminant
sa Note il résume lui-même, dans les termes suivants, les conclusions aux-
quelles il est arrivé.
« î.es conservateurs des matières végétales et animales mortes, c'est-à-
dire les agents qui protègent ces matières contre la combustion lente par
l'oxygène humide, ne sont pas des poisons seulement quand ils coagulent
l'albumine ; ils n'empoisonnent pas seulement les êtres organisés qui ont un
cœur, ceux qui ont un système nerveux. Que ces préservateurs de la com-
bustion lente soient ou non capables de coaguler l'albumine, que la coagu-
lation ait ou n'ait pas lieu pendant leur influence sur l'économie vivante,
qu'ils exercent cette influence sur des êtres organisés ayant ou n'ayant pas
de cœur, ayant ou n'ayant pas de système nerveux, ils sont poisons pour
tous les animaux, pour tous les végétaux; sauf peut-être, parmi ces der-
niers, quelques-uns des dernières classes.
» L'action toxique est générale; il lui faut une cause générale. Une seule,
je crois, remplit cette condition : c'est la cause qu'indique leur propriété com-
mune d'être préservateurs de la combustion des matières organisées par
l'oxygène humide. Exerçant ce pouvoir pendant la vie comme après la mort,
dans les végétaux comme dans les animaux, ils ralentissent ou interrompent
complètement une fonction essentielle à la vie des végétaux comme à celle
des animaux, la respiration d'oxygène humide; ils sont, suivant la dose,
médicaments sédatifs chez les animaux, poisons asphyxiants chez tous les
êtres organisés. >•
(Commissaires, MM. Magendie, Payen.)
5j
( 384 )
L'Académie reçoit un Mémoire adressé au concours pour le {jrand prix
de Mathématiques de i85o. Ce Mémoire, inscrit sous le n" 3, est renvoyé
à l'examen de la Commission chargée de décerner le prix.
(Renvoi à la Commission du grand prix de Mathématiques.)
M. Herhite soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour
titre : De l'introduction des variables continues dans la théorie des
nombres.
(Commissaires, MM. Cauchy, Sturm.)
M. H. Bernard adresse une Note sur une poudre dentifrice de sa com-
position qu'il regarde comme exempte des inconvénients qu'on peut reprocher
à la plupart de celles qui lui sont connues.
M. SoRiN prie l'Académie de vouloir bien se prononcer sur l'utililé d'un
procédé expéditif qu'il a imaginé pour le calcul des intérêts.
M. Binet est invité à prendre connaissance de la Note de M. Sorin et à
faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre des Travadx publics demande copie d'un Rapport qui a été
fait à l'Académie, dans sa séance du 19 novembre 1849, ^^^ '^^ améliora-
tions introduites dans diverses fabriques de céruse. M. le Ministre désire
ce document comme pièce à consulter par la Commission qu'il a instituée
pour l'examen des questions relatives à l'emploi du blanc de zinc et du blanc
de plomb dans le service des travaux publics.
Une copie du Rapport demandé sera adressée à M. le Ministre, et l'on v
joindra une copie du Mémoire dans lequel M. Chevreul a exposé les résul-
tats de ses recherches sur l'emploi des préparations de zinc dans la peinture
à l'huile.
M. le Secrétaire de la Société royale de Londres , pour la correspondance
élrangère, accuse réception d'un certain nombre de numéros des Comptes
rendus des séances de l' Académie des Sciences.
M. I'Archevèque de Nicée, Nonce apostolique, transmet une IjCttre de
M. f^olpicelli qui, en qualité de secrétaire de l'Académie des Lincei, nouvel-
lement rétablie par Pie IX, prie l'Académie des Sciences de vouloir bien
( 385 )
comprendre la nouvelle Académie dans le nombre des établissements scien-
tifiques auxquels elle adresse les Comptes rendus de ses séances. M. le Nonce
joint sa demande à celle de M. le Secrétaire de l'Académie des Nuovi Lincei.
(Heiivoi à la Commission administrative.)
M. le Secrétaire perpétuel de la Société hollandaise des Sciences de
Harlem annonce l'envoi fait par cette Société des volumes V et VI de ses
Mémoires.
M. le Secrétaire de la Société royale des Antiquaires du IVord accuse
réception de plusieurs volumes des Mémoires de V Académie des Sciences et
du Recueil des Savants étrangers.
M. l'AncnivisTE de la Société d'émulation de Cambrai annonce l'envoi de
plusieurs volumes des Mémoires de cette Société.
ASTRONOMIE. — Eléments de la comète de M. Petersen corrigés au moyen
de trente-six observations faites depuis t époque de sa découverte jusqu'à
la fin de son apparition dans notre hémisphère ; par M.. Yvon Villarceau.
« Les éléments que j'ai l'honneur de présenter à i'Académie diffèrent peu
de ceux qui sont insérés aux Comptes rendus, tome XXX, page 780. Néan-
moins ces derniers, comparés aux observations, ont présenté des discor-
dances qui se sont élevées en déclinaison jusqu'à environ 10' à l'époque de l;i
plus courte distance à la terre, et ont diminué ensuite. Ces discordances
ne devront pas empêcher les astronomes de l'hémisphère austral d'utiliser
pour leurs observations, l'éphéméride calculée sur ces éléments, et publiée
page 83 1 du même volume. Il était convenable cependant de corriger ces
éléments en employant des positions embrassant tout l'arc observé de l'or-
bite. Les éléments suivants, auxquels je suis parvenu, pourraient être re-
gardés comme définitifs, s'il n'y avait quelque chance que la conjète soit
actuellement observée dans l'hémisphère austral.
Éléments paraboliques de l'orbite de la comète de M. Petersen.
Passage au périhélie. i85o juillet 23,52671, temps moyen de Paris.
Distance périhélie 1 ,o8i5o25
Dist. du périhélie au nœud ascend . i8o"3i' 2", 7
Longitude du nœud ascendant. . . . g2"53'28",9 compt. de l'équin. moy. du 23,5 juill.
Inclinaison 68° 12' 4">6
" Les erreiu's que ces éléments laissent encore ne peuvent pas dispa-
raître au moyen d'un changement dans l'excentricité. 'V^oici maintenant les
( 386 )
observations que j'ai employées et le résultat de leur comparaison avec les
éléments précédents.
LIEU DE l'OBSERVATIOM.
A.ltona
Hambourg
(Hambourg, Altona).
Berlin
Hambourg ,
Altona
Liverpool ,
Paris
Ijiverpool
Liverpool
Paris
Paris
Liverpool
Paris
Paris
Haverhill
Paris
Haverhill
Paris
Paris
Haverhill
Paris. . /. .
Haverhill-
Id.
Id
Berlin .. ..
Paris
Id
Id
Id.
Id
Id
Haverhill
Paris
Paris
Cambridge (Etats-Unis).
DATE.
Temps moyen
de Paris.
1830.
.Mai
Juiç
/
Juill
2,38746
3,40976
3,4^9j6
5, 4 1577
8,40607
8,41410
9,46188
1 o , 46340
12,46476
14,59122
16,50079
•7.49o;)8
21,47900
28,46795
29,45596
I ,45622
4,47390
8,50741
9,45701
13,47222
15,49284
18,44121
22,46187
27,48483
. i, 43054
I ,48328
5,49388
10,4^252
11,45091
12,47911
i3,46o35
14,48848
21 ,4i56i
21,4l582
22,39759
23,55208
ASCEKS. DROITE.
391. 2.38,4
291. 2.l5,0
29047 • 7.0
390- 9 Î4.4
2S8.55.29,S
288.54.54,6
288.24.13,6
287 . 5o . 32 , I
286.38. 1,5
285. 6. 7,3
283.31.37,5
28a. 37. 37, I
'i78.23.21 ,4
268.33.43,8
266.56.21,5
261.43.15,3
256. 6.4',o
243.23.41 ,1
246.35.27,9
239. 10. 10,0
235.39.41,1
23o.53.i3,8
225. 7. 10,8
219. 4-5''.'2?
2l5.I0.12,l
2i5. 7.20,9
211 47- 7.0
208 . 22 . 45 ,6
207.46. 5,1
207.10. 5,2
206.37.12,6
206. 3.52,9
202.49 47,5
202.49. "(o.a
202.25.57,6
201.58.42,3
DECLl.NAISON.
+71.18
-1-71.29
-+-7' -49
-+-72
-1-72.18
-1-72.28
-1-71.38
H-72.56
-h73.i5
-1-73.30.
-1-73.37
+74- a
+74-15
-h74.i3
-H73 56
-1-73. aj
-1-72.13
-t-7i.5o
-+-69.47
-1-G8.26
-+-66. 3
-+-61.53
-(-55. o
-t-47.59
-4-47-52
-+-39 II.
4-26 . 22 .
-1-23.32.
-t-20.36
-t-'7 45
-1-14.45
-4-54
-454
- 7.28
— io.a3
4,8
55,2
17.7
12,2
.43,6
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•49.9
• 3o,7
,43,8
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20,2
38,9
,38,7
16,6
41,4
.6,7
.17,6
. 6,0
59,2
3,4
59.9
55,0?'
6,0
34,5
45,6
18,6
57.9
55,8
23,0
,21 ,9
,34,6
48,8
en M
réduit.
-0:2
- "4.0
+ 2,4
-•- 4.9
- 4.5
- 10,3
- 0,8
- 20,4
■+■ 1,2
-I- 0,2
-h 4.'^
-t- 6,1
- '.4
- 7.6
- 5,4
-I- 4.>
- ^.7
- 2.9
■+■ I ,5
- 6,5
- 3,6
- G,o
-+- 6,4
- ..ï^
- 8,1
- 1.3
- 3,0
- 4.9
-t- 0,1
0,0
■+- 6,7
-I- a,',
-t- 0,6
- 5,4
+ 4,4
- 6.4
en
déclinais,
10,0
i3,o
7,
7.1
«,
5,5
2,1
8,8
4.4
2,6
6,6
7,0
2,0
1,6
2,8
42,4
2,5,
10,2
2,5
■ *.o
2,3
9,6
6,1
24,8
i3,8
12,9?
• >,8
0,1
■ 4.6
2,2
- 2,0
■ 2,2
- 9.9
• 7.4
■ 5,7
- 3,8
* L'ascension droite inscrite dans le Journal de M. Schumacher est 219° 3' 4o",2; nous supposons
qu'il exi.ste ici une erreur de 5*= i' l5" dans la réduction de l'observation.
** La déclinaison donnée dans le même Journ;iI est -t- 47° 53' 55",o. Nous supposons qu'on ait fait
une erreur de 1'.
Ces rectifications hypothétiques n'ont d'antre objet que de provoquer de la part des astronomes
qu'elles concernent , une révision de leurs observations.
( 387 )
» fja marche qu atfecteal les erreurs en déclinaison dans les derniers jours
de juillet, peut provenir de l'influence des observations défectueuses du
commencement de la série, sur la correction des éléments. Ceux-ci, toute-*
lois, n'en sont pas sensiblement altérés, car les erreurs héliocentriques cor-
respondantes sont de beaucoup plus faibles, à cause de la distance à la terre,
qui est alors d'environ moitié de celle de la comète au soleil.
» Pour compléter le tableau précédent en ce qui concerne les observa-
tion» de Paris, je vais donner les positions des étoiles de comparaison ad-
mises dans leur réduction. Ces positions sont celles du jour même de l'ob-
servation.
BitTE.
ASCENSION
DÉSIGNATION DE 1,'ÉTOII.E.
DÉCLINAISON.
REMAKQUE.
1880.
droite.
Mai 10
665o B.A.C, T IJragon.
h m s
19.18.27,41
J> 1 II
+73. 4-22,4
iC
6469 B.A.C, Dragon.
18.49.33,22
-(-73.54.28,0
'7
6ii4 B.A.C. , Dragon.
18.56.46,57
^-73. 53. 7,7
28
* 8' grandeur.
•7-57-47.95
-1-74.24.28,4
Ces positions résiil-
29
rh 9° grandeur.
17.40.11,60
-f-74. 5.19,9
i tent d'observations
Juin 4
5769 B.A.C. , petite Ourse.
16 59.21 ,o3
-H73.2i,i4,(-.
méridiennes.
9
* 8* à 9' grandeur.
'6 .9 4i.53
-1-71 .5o.5o,o
ri
)«■ 7« grandeur.
15.54.26,19
-H6t).53.57,2
i8
)♦- 6® grandeur.
i5. 16, 30,93
-F65.58. 8,8
Juillet 5
4758 B.A.C, Bouvier.
14.13.39,01
-t-39.29. 19,5
10
25713 Lalande's cal. of stars. Bouvier.
i3 52 12,43
-1-26.33. 1,5
11
25637 Lalandc's cat. of stars. Bouvier.
13.48.49,05
-4-23.25.17,1
II
4562 B.A.C , I Bouvier.
i3.33.3i,2i
-l-ao.43. 4,6
i3
4597 B.A.C , T Bouvier.
13.40. 9, 08
-l-i8.i2.3o,()
'4
25629 Lalande's cat. of stars. Bouvier.
13.48. 37,83
-t-'4-47-39,7
21
4572 B A.C. , Vierge.
i3.36. 7,06
- 4-44-28,9
Ï2
421 Weiss, 8' grandeur.
i3.25 23,10
— 7.40.25,1
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide de /'Equisetum fluviatile, et sur quelques
aconitates. (Recherches de M. Baup, communiquées par M. Regnault.)
« Il existait des doutes sur ridentité des acides naturels aconilique el équi-
sitique, et des acides pyrogénés citridique et maléique. M. Baup a cherché
à éclaircir cette question; à cet effet, il a extrait l'acide de la prêle [Equi-
setum fluviatile) et de l'aconit [Aconitwn Napellus) et les a comparés avec
l'acide citrique pyrogéné, nommé citridique, et avec l'acide maléique.
» Par l'examen comparatif qu'il a fait de leurs propriétés et de plusieurs
de leurs combinaisons, il a pu concluie avec certitude que les acides aco-
( 388 )
nitique, équisitique et citridique sont un seul et même acide qu'on devrait
désigner exclusivement sous le nom A' aconitique , de quelque source qu'il
provienne : l'acide maléique , quoique isomère avec lui , n'est cependant pas
identique, et doit conserver son nom.
" Dans l'étude de plusieurs aconitates, M. Baup a rencontré un fait qui
mérite l'attention des chimistes, comme étant le premier exemple d'une
combinaison de 3 atomes d'un acide organique pour i de base. I^e triaco-
nitate de potasse et celui d'immoniaque n'ont qu'un fort petit nombre de
représentants dans la chimie inorganique, par exemple, le tri-iodate potas-
sique de Sérullas.
» Pendant ses recherches sar la prêle, M. Baup y a découvert une ma-
tière jaune particulière, cristallisable, donnant au coton alumine une nuance
jaune qui ne le cède pas à la gaude, et il la désigne sous le nom de flavé-
quisitine. «
M. RocHET d'Héricourt prie l'Académie de vouloir bien remplacer dans
la Commission chargée de faire un Rapport sur les résultats scientifiques de
son voyage en Abyssinie, M. Élie de Beaumont qui se prépare à quitter
Paris, par un autre géologue.
M. Dufrénoy est désigné à cet effet.
M. d'AvEQuiN demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire
qu'il avait précédemment présenté , et sur lequel il n'a pas encore été fait de
Rapport. Ce Mémoire a pour titre : De la Canne à sucre et des produits
qu'on en obtient à la Louisiane.
M. F. Alvarez, médecin à Madrid, annonce l'envoi d'un ouvrage qu'il
vient de faire paraître. Cet ouvrage, intitulé : Manuel des Eaux minérales
d'Espagne et de l'e'tranger, n'est pas encore parvenu au Secrétariat.
L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés par
M. Evrard et par M. Plact.
La séance est levée à 5 heures et demie. F.
( 389 )
BULLETIN BIBLIOGRAPniQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 2 septembre i85o, les ouvrages
dont voici les titres :
Extrait du programme de /i Société hollandaise des Sciences à Harlem, pour
l'année i85o; une feuille iu-4''.
Flora italiana... Flore italienne, ou description des plantes qui croissent
spontanément et végètent comme telles en Italie et dans les îles adjacentes, disposée
selon la méthode naturelle ; par M. P. Parlatore; tome l"'. Florence, i85o;
in-8°. (Offert au nom de l'auteur, présent à la séance, par M. Flourens :
M. DE JussiEU est invité à faire de cet ouvrage l'objet d'un Rapport verbal.)
Annali... Annales de Phjsique, de Chimie et des Sciences accessoires;
tome II; n° 6.
Flora batava. Amsterdam; 1 63® livraison; in-/i°.
Analyse.,. Analyse des eaux minérales des Calclas da Rainha,/ajfe en
juillet 1849; par M. J.-M. DE OUVEIRA PlMENTEL. fjisbonne, i85o; in-4''-
The Quarterly. . . Journal trimestriel de la Société géologique de Londres;
u° 23; août i85o; in-8°.
Naluurkundige. . . Mémoires d'Histoire naturelle des Sciences de Harlem;
5* partie; fascicule 2; 6* partie. Leyde , 1849 ^^ x85o; in-4°.
Astronomische beobachtungen . . . Observations astronomiques de l'obser-
vatoire de l'université de Kœnigsberg; par M. A.-L. BusCH; 29' partie.
Kœnigsberg, 1849; in-fol.
Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université et de l'Académie royale des
Sciences de Prusse ; n° i3; août i85o; in-8''.
Astronomische... Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° '728.
Gazette médicale de Paris; n° 35.
Gazette des Hôpitaux; n°' loi à io3.
Le Magasin pittoresque; août i85o.
Réforme agricole; n° 23.
C. R., i85o, a"» Semestre. (T. XXXI, N» 11.) 5»
( 390 )
L'Académie a reçu, dans la séance du 9 septembre i85o, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
2™* semestre i85o ; n° 10; in-4°.
Institut national de France. Séance publique annuelle de l' Académie française
du jeudi 8 août j85o; in-4''-
Institut national de France. Séance publique annuelle de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres du vendredi 16 août i85o; in-4°.
Traité pratique, des maladies nerveuses; par M. C.-M.-S. Sandras. Paris,
i85i ; 2 vol. in-S".
Notice géologique sur le département de l'Aveyron; par M. Margel de
Serres. (Extrait du tome XVIll des Mémoires couronnés et Mémoires des
Savants étrangers de l'Académie royale de Bruxelles.) In-4°.
Des connaissances consignées dans la Bible, mises en parallèle avec tes décou-
vertes des Sciences modernes; par le même. Bordeaux, i844) broch. in-S".
De l'état des masses minérales au moment de leur soulèvement ; par le
même. (Extrait des Actes de la Société linnéenne de Bordeaux; tome XI,
6* livraison; novembre i84o.) Broch. in-8°.
Note sur cette question : y a-t-il identité entre les espèces des terrains secon ■
daires et tertiaires et celtes qui appartiennent aux générations actuelles? par le
même. (Tiré de la Bibliothèque universelle de Genève, juillet i846.) Bro-
chure in-8°.
Du chlore, de ses composés naturels et de leur importance dans la formation
des couches terrestres; par le même. Bordeaux, i845; broch. in-S".
De l'ancienneté des diverses races humaines; par le même. (Extait du Re-
cueil des actes de l' Académie.) Bordeaux, 1848; broch. in-8°.
Nouvelles observations sur la source thermale de Balaruc ; par MM. Marcel
DE Serres et liOUis Figuier. Montpellier, 1848; broch. in-8".
Du choléra asiatique dans la ville de Marseille, en 1849. Rapport fait à la
( 391 )
Société nationale de Médecine; par M. le D'' H. MÉLi, an nom d'une Commis-
sion spéciale. Marseille, i85o; broch. in-8°.
Mémoire sur tes colonnes torses; par M. Faa DE Bruno. Paris , i85o; bro-
chure in -4°.
Exposition d'une nouvelle méthode de galvanisation, dite galvanisation loca-
lisée ; /;rtr M. le D' DuCHENNE (de Boulopjne). (Extrait des Archives générales
de Médecine.) Paris, iSJo; broch. in-8°.
Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne, publiées par
l'Aca lémie des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Clermont-Ferrand , sous la
direction de M. Lecoq; tome XXIII, mars et avril i85o; in-8**.
Annales de la Société centrale d' Horticulture de France; volume XLl ;
août i85o; in-8°.
Annales de la propagation de la Foi; n° iSi; septembre i85o; in-8°.
L' Agriculteur praticien. Revue d'Agriculture, de Jardinage et d'Economie
rurale et domestique , publié sous la direction de MM. F. Malepeyre , G. Heuzé
et BossiN; II* année; n° i3a; septembre i85o; in-8°.
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. Magne; n° 17; i*' sep-
tembre i85o; tome III; in-8''.
Philosophical. . . Transactions philosophiques de la Société royale de Lon-
dres, pour l'année i85o; i'' partie; in-4°.
Proceedinijs . . Comptes rendus des séances de la Société rojale de Londres;
n"» 73 à 75 ( 1" mars 1849 ^^ ^^ avril i85o); in-8°.
Mafjoetical. . . Observations faites à l'observatoire magnétique et météorolo-
gique d'Hoharton (île de Van Diemen), et par l'expédition navale antarctique ;
publiées par ordre du gouvernement , sous la direction de M. E. Sarine; vol. I",
commençant avec l'année i84i- Londres, i85o; in-4''.
Transactions. . . Transactions de la Société royale d'Edimbourg ; vol. XVI ;
4" partie; in-4°.
Transactions... Transactions de la Société royale d'Edimbourg; vol. XVIIl,
contenant les observations magnétiques et météorologiques faites à Makerstoun ,
année 1 844- Edimbourg, 1848; in-4°.
m
( 392 )
Proceedings. . . Comptes rendus des séances de la Société rojale d'Edim-
bourg; II"* 16, 19, 3 1 et Sa; in-S".
Astronomical. . . Observations astronomiques faites à l'observatoire royal
d'Edimbourg; par feu T. Henderson, astronome royal d'Ecosse, réduites et
publiées par son successeur, M. C. PlAZZi Smyth ; vol. IX, pour i843.
Edimbourg, i85o; in-4°.
Papers. . . Mémoires sur la météorologie, particulièrement en ce qui con-
cerne le climat de la Grande-Bretagne et les variations du baromètre; par
M. L. Howard, fiondres, i85o; in-4°.
Essay... Essai sur la modification des nuages; par le même. Londres,
i832;in-8<'.
Expérimental . . . Recherches expérimentales sur l'électricité; par M. Fara-
day ; 23* série. (Extrait des Transactions philosophiques pour i85o. ) In-4°-
The quarterly. . . Journal trimestriel de la Société chimique; vol. III, n° 2;
juillet i85o; in 8°.
Annali. . . Annales des Sciences physiques et mathématiques; par M. Bar-
nabe ToRTOLiNi; août i85o; in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° 729.
Gazette médicale de Paris; n° 36.
Gazette des Hôpitaux; n°' io4 à 106.
L'Abeille médicale; n" 17.
Les Alpes; n° 5.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 16 SEPTEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERRET.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
AGRICULTURE. — Notes sur /'Apios tuberosa et sur le Psoralea esculenta ;
par M. Charles Gaudichacd.
« Un voyageur français, M. Lamare-Picquot, a remis en mémoire, dans ces
derniers temps, deux plantes alimentaires, dont l'une est depuis fort long-
temps connue et cultivée en Europe, et dont l'autre a été introduite en
France, par lui, le 22 novembre 1848.
■' Toutes deux ont, de prime abord, semblé offrir des caractères de vé-
gétation aussi nouveaux qu'extraordinaires ; mais des études attentives n'ont
pas tardé à les faire rentrer dans le cadre des lois communes.
» La première de ces plantes est V^épios tuberosa du célèbre de Candolle,
ou Glycine apios des anciens botanistes , et la seconde le Psoralea esculenta
de Pursh.
-' J'ai précédemment décrit, devant l'Académie des Sciences (i), les sin-
guliers et remarquables caractères de végétation de cette dernière plante ,
(i) Comptes rendus, séance du 11 juin 1849.
C. K., i85o, a"* Semestre. (T. XXXI, V'- 18.) - 53
>
( 394 )
qui se composait, au moment où elle m'a été remise, d'une sorte de tige
ligneuse, généralement assez courte (de 3 à 6 centimètres), d'une tubérosité
charnue remplie de fécule alimentaire, et de fortes racines non moins li-
gneuses que la tige.
» Après quelques études superficielles, il m'a été facile de reconnaître,
grâce aux principes d'organographie que j'ai adoptés et que j'aurais désiré
voir introduits dans la science, que la prétendue tige qui surmonte le reste
du végétal n'est, en réalité, que le sommet de la racine. Sur ce sommet
naissent et végètent, au printemps de chaque année, des bourgeons adventifs
très-irrégulièrement disposés, donnant naissance à de véritables tiges her-
bacées, ayant canal médullaire, feuilles, fleurs et fruits, et se détachant
ensuite de la fausse tige, après avoir accompli leurs phases de végétation et
de reproduction. D'où il est résulté, du moins pour moi, que la fausse tige
ligneuse et persistante qui surmonte la tubérosité charnue, tige qui n'a jamais
porté de feuilles, et qui, dès lors, est nécessairement dépourvue de canal
médullaire, ne pouvait s'accroître, en hauteur et en largeur, que très-lente-
ment, par le développement centrifuge de son parenchyme général et par
la descension des tissus vasculaires ou radiculaires ligneux de toutes les pro-
ductions herbacées et caduques qui, je le réitère, naissent et végètent
annuellement à son sommet extrême.
>' Les études anatomiques que j'ai faites ensuite ont de tout point confirmé
mes premières assertions à cet égard,
» Le corps ligneux de ces apparences de tiges est, en effet, composé de
tissus vasculo-radiculaires disposés, depuis le sommet jusqu'à la base, en cônes
superposés ou emboîtés les uns dans les autres (i). Fleurs extrémités infé-
rieures descendantes s'étendent, à travers la tubérosité charnue, où elles
forment des couches progressivement concentriques, jusque dans les racines,
en affectant, dans ces dernières parties, le même ordre de distribution or-
ganique. Les extrémités supérieures de ces mêmes tissus vasculaires ligneux
descendants convergent toutes, couche par couche, vers les mérithalles tigel-
laires des écailles persistantes , mérithalles qui se séparent de ces tissus vas-
culaires après leur être restés assez longtemps unis.
" Ainsi donc, dans cette plante, les tiges herbacées se détachent entière-
ment des fausses tiges ligueuses, moins toutefois les écailles des bourgeons
qui leur ont donné uaissance, écailles dont les mérithalles tigellaires ligui-
(i) Il est bien iuutîle de dire que les couches corticales sont disposées dans un ordre in-
verse.
( 395 )
fiés, longs de 4 à 6 millimètres, restent unis à cesfausses tiges ligneuses par
les filets vasculo-radiculaires qui sont descendus des tiges véritables.
1 Une étude attentive m'a enfin démontré que les bourgeons destinés à. la
végétation de l'année suivante (un, deux, trois et plus rarement quatre)
n'ont aucun rapport organique, ni direct, ni indirect, avec ceux qui les ont
précédés; qu'ils sont complètement adventifs, isolés, et qu'ils naissent m-
différemment et sans ordre, tantôt à droite, tantôt à gauche ou au sommet
obtus de cette fausse tige ligneuse, et parfois même au-dessous de ce sommet,
selon que la vitalité du sujet s'est plus ou moins bien conservée sur une on plu-
sieurs de ces parties.
>• Ces bourgeons sont déjà très-visibles, et, je dois le répéter, souvent
très-éloignés du point d'insertion de ceux qui les ont précédés, au moment
où les tiges herbacées se détachent du sujet. Il n'y a donc aucun ordre de
succession possible à établir entre eux.
" Mes expériences ont été faites sur deux pieds de Psoralea qui me
furent donnés, par M. Lamare-Picquot, au mois de février 1849, dans
l'état que j'ai précédemment indiqué, et dont j'ai suivi, pendant deux ans,
les phases végétatives (i849-i85o), depuis le moment de l'apparition des
bourgeons jusqu'à la chute des tiges herbacées.
" A la même époque, M. Lamare-Picquot m'a également remis un tuber-
cule d'y4pios tuberosa qui est resté vivant jusqu'à ce jour, sans donner d'au-
tres signes de végétation que quelques racines véritables très-réduites , peu
rameuses, et deux jets herbacés aériens qui, faute de soins sans doute, se
sont chaque fois rapidement flétris et détachés (i).
» Pendant que je préparais les matériaux de mon second Rapport sur le
Psoralea esculenta. Rapport dans lequel je devais aussi parler de \ Âpios
tuberosa^ recueilli par M. Lamare-Picquot, un savant botaniste vous a pré-
senté un Mémoire sur cette dernière plante. II vous a montré ses tubercules
disposés en sorte de chapelets , en vous assurant que les filets organisés et
vivants qui supportent ces tubercules sont horizontaux, et n'oni pas moins,
parfois, de 2 mètres et plus de longueur (2).
" Une nouvelle communication a été faite, un an plus tard, sur le même
sujet et par le même auteur, à'ia Société centrale d'Agriculture (3) , à laquelle
(i) Je Favaîs' placé devant la croisée close et sans volets d'une chambre exposée au midi.
(a) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, séance du 12 février 1849.
(3) Voi*' Bulletin des séances de la Société centrale d'Agriculture, 16 janvier i85o ,
page 383.
53..
( 396 )
il avait aussi présenté le premier Mémoire (i), sans qu'aucun fait d'organo-
graphie soit venu élucider la question organogénique des filets , des tober-
cules et de la singulière disposition de ces derniers. Je me suis alors senti, je
l'avoue, animé du besoin d'étudier ce curieux phénomène, dont la nature ,
en apparence extraordinaire , m'était inconnue. Cela m'intriguait d'autant
plus, que, dans le premier Mémoire, l'auteur ne considérait les cordons qui
supportent les tubercules et les relient entre eux, que comme de longues
racines traçantes; et que, dans le second Mémoire, il ne s'est pas montré
plus explicite, puisqu'il emploie indifféremment, alternativement et avec la
plus grande indécision, pour désigner ces filaments ou cordons organisés , les
noms de racines, de tiges, de rhizomes, de fibres radicales, ou plutôt,
dit-il, de tiges souterraines, capables de se renfler en tubercules sur plu-
sieurs points de leur étendue.
" Ce savant a donc laissé, à partir de son second et dernier Mémoire, la
question du développement des filets et des tubercules intacte, entièrement
irrésolue.
» Gomme tous les phénomènes de l'organisation des plantes doivent, selon
moi, s'expliquer par la théorie des phytons, des mérithalles et des deux
modes de développement, et que, sous peine d'être taxée d'insuffisance, elle
doit répondre à toutes les questions organographiques qui se présentent , j'ai
considéré comme un devoir d'étudier à mon tour les faits signalés, aux-
quels, je le confesse franchement, je ne comprenais absolument rien.
» Mes recherches anatomiques sur les filets tuberculifères d'un chapelet
de tubercules que je devais à l'obligeance de l'auteur des deux Mémoires,
n'ont pas tardé à me prouver que les phénomènes qu'ils présentent n'ont rien
d'extraordinaire , et que , bien loin de là, ils entrent tout naturellement dans
le cadre des faits normaux.
I. Ces filets sont tout à fait semblables à ceux qui se produisent dans cer-
taines variétés rouges de pommes de terre, où les tubercules, quoique moins
nombreux, sont également disposés en chapelet, c'est-à-dire plus ou moins
longuement espacés sur une tige grêle et souterraine.
» Après avoir longtemps cherché, j'ai fini par rencontrer, grâce à un
habile jardinier, une jeune tige souterraine à'Apios en état parfait de con-
servation. 1
» Elle était grêle, blanche, longue seulement de 9 centimètres , large de
(1) Voir Bulletin des séances de la Société centrale d'Agriculture, séance du i4 fé-
vrier 1849.
( 397 )
5 millimètres, et marchait dans une direction horizontale , exactement comme
toutes celles des pommes de terre, c'est-à-dire avec son hourgeon terminal
recourbé sur l'axe de la tige (i).
» Voici d'ailleurs, en résumé, ce que m'a offert cette jeune et faible tige
dans sa partie droite , allongée et irrégulièrement cylindrique (a) :
" 1°. Quatre petites écailles à peine visibles, éparses, à limbe fortement
appliqué sur la tige, renflées et charnues à la base; la supérieure seulement
était tridentée. Celles qui étaient encore réunies au sommet recourbé de la
tige, et qui composaient le bourgeon terminal, m'ont paru également den-
ticulées sur les bords : elles sont disposées sur la tige dans un ordre quin-
concial.
» 2°. J'ai observé sur des coupes transversales de ces tiges un épiderme
imparfait, composé de deux ou trois rangs de cellules, et recouvrant un
parenchyme cortical très-épais, terminé à l'intérieur par deux ou trois rangs
de petites cellules périxillaires ou prosenchymateuses (tissu générateur de
quelques botanistes) ; un canal médullaire bien conformé et muni de trachées;
une moelle , dont le diamètre égalait celui des deux bords réunis du canal
vasculaire qui la renfermait.
" 3°. J'ai trouvé, sur des coupes verticales faites par le centre des feuilles
écailleuses, de très-petits bourgeons (un dans chacune d'elles) ovales, pour
ainsi dire tubéreux à la base, et légèrement divisés au sommet en écailles à
peine distinctes.
» Ces bourgeons , fixés sur l'axe vasculaire du canal médullaire , étaient
renfermés dans le fond de la concavité des feuilles écailleuses , et , pour ainsi
dire, enfouis dans une excavation du parenchyme cortical.
» 4°' l-ic bourgeon situé au sommet atténué et recourbé de la tige (3),
n'offrait, comme les bourgeons axillaires, que de légers appendices foliacés,
qui ressemblaient bien plutôt à des franges qu'à des écailles, etc.
» Je n'ai donc eu affaire, dans ces recherches dont je ne donne ici qu'un
léger aperçu , qu'à des phénomènes aussi simples que naturels, à des bour-
(i) J^o/ez Gatoichaud , Organographie, PL XII, fig. ii, i2.
(2) L'état de ma santé ne me permettant pas de faire en ce moment des études microsco-
piques, je ne donne ces détails superficiels que provisoirement et pour faire comprendre
l'ensemble de l'organisation de ces jeunes tiges.
J'évite , à dessein , de donner ici les détails minutieux et incomplets que j'ai observés à la
loupe montée.
(3) Le jeune bourgeon de pomme de terre figuré PL XII ,fig. \i, é , de mon Organo-
graphie, donne une idée exacte de celui de VÀpios.
(398 )
geons axillaires et sessiles situés à la base de très-petites feuilles écailleuses;
ou, autrement dit, à de véritables tubercules, comme les définit, les décrit
et les caractérise si bien , en quelques mots , notre honorable confrère
M. Auguste de Saint-Hilaire, dans son excellente Morphologie [i) , comme
je les comprends moi-même, et comme doivent les concevoir aujourd'hui tous
les botanistes sérieux.
» Des bouigeous de ces tubercules, lorsque ces derniers sont convenable-
ment développés, partent d'autres tiges souterraines qui, à leur tour, pro-
duisent de nouveaux bourgeons axillaires et terminaux , lesquels marchent
toujours en s éloignant du tubercule primitif, et nullement en s'en rappro-
chant , ainsi qu'on pourrait le croire, d'après la manière dont s'exprime
l'àUteur des deux Mémoires (2 .
>' Voici, d'ailleurs, la phrase que j'interprète, et dans laquelle il n'y a
certainement qu'un lapsus calaini à corriger : « Ces tubercules, dit-il , sont
II de grosseur très-inégale; mais, quelle que soit la disproportion qui
n existe entre eux, ils offrent tous, vers leur partie supérieure, c'est-à-dire
» sur le point le plus rapproché du tubercule primitif qui leur a donné nais-
>• sauce, deux ou trois yeux ou bourgeons souterrains groupés les uns à côté
>' des autres. "
» C'est, sans contredit, sur le point le plus ÉLOIGNÉ qu'il faut dire; autre-
ment, on ne comprendrait plus ni la forme des tiges, qui, loin d'être allon-
gées et disposées en chapelets , seraient nécessairement sinueuses et en zig-
zag, ni, encore moins, leur surprenante longueur de 1 mètres et plus Les
tubercules secondaires , comme d'ailleurs tous ceux qui se produisent dans le
cours de l'existence d'une espèce végétale, ont leurs bourgeons situés le plus
loin possible du point de départ primitif, et toutes leurs générations succes-
sives tendent incessamment à s'éloigner de plus en plus les unes des autres;
ainsi le veut la loi organique qui dirige la végétation (3). f^es bourgeons
ad ventifs seuls dérogent à cette loi.
" Si l'on admettait qu'il ftit possible que le bourgeon du second tuber-
cule fût situé sur le point de son contour qui se rapproche le plus du premier
(i) fo/eï Auguste de Saint-Hilairk, Leçons de Botanique, page laS.
(2) Bulletin de la Société centrale d'Agriculture, séance du 16 janvier i85o, page 377.
(3) Il y a dans les corps organisés des individus ou des organes dont le sommet se rap-
proche de la base , et vire versd (sommet organique , etc. ) ; mais la partie supérieure d'une
chose quelconque est toujours ce qu'il y a de plus éloigné de sa partie inférieure (sommet
géométrique, etc.).
( 399)
tubercule, il en résulterait des tiges bizarres et indescriptibles... Mais termi-
nons sur ce point , puisque le fait est physiquement et physiologiquement
impossible.
» Quelques exceptions aux lois générales des développements normaux
ont bien été signalées et convenablement établies par quelques physiolo-
gistes; mais on sait maintenant qu'elles ne sont qu'apparentes, qu elles pro-
viennent de l'influence toute-puissante de certains milieux ambiants , ou
qu'elles sont dues à des sortes de contrariétés , à des obstacles organiques
ou autres, qui gênent et entravent la végétation des parties ou des indi-
vidus (i).
» Ici, rien de tout cela n'existe. Les bourgeons destinés à devenir des
tubercules sont axillaires, et, dès lors, régulièrement disposés sur les tiges.
Si tous ne se développent pas, c'est que les phénomènes de végétation de
ces tiges souterraines sont, à très-peu de chose près, semblables à ceux qui
se produisent sur les jennes tiges aériennes des autres végétaux dicotylés, où
l'accroissement et l'épanouissement des bourgeons sont régis par des causes
organiques et physiologiques constantes.
» Si donc, et je dois fortement appuyer sur ce point, tous les bourgeons
d'une tige souterraine à\^pios ne se conveitissent pas en tubercules, cela
tient exactement à la même cause qui fait que tous les bourgeons d'une jeune
tige de chêne, ceux de la base particulièrement, ne produisent pas de
feuilles (2). Ce dernier fait est trop bien connu des botanistes pour qu'il soit
nécessaire de le démontrer ici.
(i) Voyez Gaudiohauo, Organographie, PL III, fig.^, 10; PL IV, fig, 2, 3, 4; PL V,
fig. II, 12; PL VI,fig. 8 à 12, etc., et tous les faits anatomiques dans lesquels on détourne
à volonté les développements organiques de leur véritable direction , PL V,fig. 6, 8, i4;
PL Xin,fig. 5, g; PL XV,fig. i ; PL XVI, fig. 20; />/. XVII, fig. i3, 14, r5; ou enfin
ceux qui se produisent naturellement et par des causes organiques , PL XIII, fig. 2 , 3 ; ou
accidentelles, PL XIII, fig. i.
Un botaniste de grande distinction, M. Ernest Germain, m'a communiqué, depuis plu-
sieurs mois, une foule de faits importants relatifs aux développements primitifs des bulbes et
des tubercules qui viendront accroître le nombre de ces exceptions apparentes.
Comme, à ma connaissance, ce jeune savant n'a pas encore publié ses belles recherches,
je m'abstiendrai de les citer ici.
(2) Je possède une tige souterraine d'Jpios tuberosa chargée de six tubercules { et de deux
tiges aériennes partant du troisième et du cinquième tubercule], sur laquelle la loi du déve-
loppement progressif des bourgeons, de haut en bas , ou , dans ce cas , de l'avant à l'aiTière ,
est parfaitement indiquée.
On trouve, en effet, sur une portion de cette tige, située entre le premier et le second
( 4oo )
» Je me bornerai , pour aujourd'hui, à rappeler une fois de plus, que
partout régnent les mêmes causes, et que, malgré des modifications aussi
faciles à concevoir qu'à expliquer, partout se produisent les mêmes effets.
Les lois de la nature, sur ce point comme sur tous , sont immuables.
» Plusieurs questions du plus haut intérêt restent à résoudre sur VApios
tuberosa; par exemple, celle de savoir si les tiges souterraines de 2 mètres
et plus de longueur ont acquis ces dimensions prodigieuses dans une seule
année, ou s'il leur en a fallu plusieurs, etc.
» Il serait très-utile d'élucider ce fait par de rigoureuses observations.
» Tous les botanistes comprendront l'importance qu'il y aurait à faire
des études comparatives, anatomiques et physiologiques, sur les tiges aériennes
et souterraines de cette plante. Il y a là un champ tout nouveau et fécond à
explorer.
n Des recherches de ce genre, que j'ai faites sur les pommes de terre,
m'ont fourni de très-précieux renseignements que je publierai plus tard. Je
signalerai pourtant dès aujourd'hui, dans les tiges souterraines de cette der-
nière plante, de longues cellules prosenchymateuses , du moins telles que je
li^s comprends, compagnes ordinaires des filets vasculaires ascendants (i),
que j'ai trouvées remplies de fécule, dont les grains, parfaitement arrondis,
avaient les plus petites dimensions. Je n'en ai pas trouvé dans la jeune tige
d'yépios que je viens de décrire. Il s'en forme peut-être plus tard.
» Les tiges aériennes offrent , elles aussi, de très-curieux caractères inédits,
et qui appellent l'attention et l'intérêt des jeunes anatomistes.
» Je terminerai cet extrait de mes Notes sur les tiges subterranées de
ÏApios tuberosa, en disaut que, ainsi qu'on l'observe à la base des bour-
geons pédicules des mêmes tiges dans la pomme de terre (a) , il part de
tubercule , et longue de 6 centimètres , trois petits bourgeons tuberculeux intermédiaires en
voie de développement, dont le plus gros est situé au sommet de cette partie de tige , c'est-à-
dire à la base du second tubercule , et le plus petit à la base de cette même partie de tige ,
ou , autrement dit , près du sommet du tubercule primitif.
n n'est pas une seule plante qui, bien étudiée, ne vienne confirmer, de tous points, les
principes rationnels que je défends.
(i) Les anatomistes qui me combattent directement et indirectement n'ont généralement
pas donné une assez grande attention à ces sortes de tissus allongés, dont l'importance en
phytographie est immense.
Si , comme je l'ai fait moi-même, ils en avaient étudié les développements organogéniques,
ils se seraient peut-être préservés de bien graves erreurs.
(2) Voyez Gaudichaud, Organographie, PI. XII, fig. ix , d, d', d", d" .
( 4o« )
chaque jeune bourgeon sessile et encore renfermé dans le centre de la tiye,
de petites racines , ordinairement deux, qui sortent l'une après l'autre ou
toutes les deux à la fois (t) au-dessous et sur les côtés de la base renflée des
feuilles écailleuses.
» Les agriculteurs et les horticulteurs qui, de nos jours, se montrent si
avides de principes d'organographie et de physiologie, et qui savent qu on ne
cultivera jamais bien une plante que quand on en connaîtra exactement la
nature et les phases végétatives, ne manqueront certainement pas de com-
pléter ces études imparfaites, que le défaut de matériaux m'a empêché de
conduire plus loin, et auxquelles, je le sais, il reste beaucoup à ajouter. »
ASTRONOMIE. — Sur les déclinaisons absolues des étoiles fondamentales
déterminées à Kœnigsberg, en 1820 et 1821; par M. Faye.
« Pour se renfermer dans les limites des Comptes rendus, l'auteur a sup-
primé la première p:irtie de son Mémoire, dans laquelle il a voulu établir
ces deux points : i° les causes d'erreurs actuellement connues sont insuffi-
sautes pour expliquer les contradictions qui se sont manifestées dans les résul-
tats des admirables travaux de Bessel sur les déclinaisons absolues pour 1820
et 1821 ; 2° les divers systèmes de corrections, fondés sur ces causes d'er-
reurs reconnues, laissent toujours subsister des discordances systématiques
entre les déclinaisons de Bessel et celles de i\l. de Struve (Dorpat).
" Le Mémoire tout entier paraîtra bientôt , avec quelques additions , dans
la collection des Mémoires de l'Académie. Il a été restreint ici aux conclu-,
sions de l'auteur.
"... Donc ni la flexion , ni l'erreur personnelle de pointé ne rendent un
compte satisfaisant des anomalies dont il s'agit. Les observations de Bessel
nous révèlent la présence de causes d'erreur dont on n'a pas tenu compte, et
c'est là sans doute ce qui avait donné à Bessel In fei me conviction que les
effets de la flexion ne suivent point la loi généralement adoptée.
" Mais, depuis la mort de Bessel, des travaux d'une grande valeur, exé-
cutés à Pouikova, ont, au contraire, démontré que cette loi était bien celle
de la nature, jusqu'à un degré d'accord avec les faits que les astronomes ne
tiennent nullement à dépasser. Ce qui est vrai pour l'instrument d'Ertel, doit
l'être pour tout instrument bien construit, sauf la particularité du second
(1) Quelle que soit l'époque de l'apparition de ces racines, elles naissent toujours l'une
après l'autre , ainsi que les organes qui les produisent.
C. R , i85o, 2"" Semestre. (T. XXXI, N" 12.) 54
( 402 )
terme de la flexion, dont l'influence n'est à craindre que pour les instrti-
ments qui ne se retournent pas.
11 Indépendamment de toute cette discussion, une circonstance capitale
aurait pu faire pressentir une cause d'erreur essentiellement différente de la
flexion. Partout où l'on a observé le ciel réfléchi, dans les deux hémisphères, à
Dorpat, à Kœnigsberg , à Greenwich , à Cambridge , comme au cap de Bonne.
Espérance, on a trouvé ce résultat frappant : les distances de deux étoiles me-
surées directement sont moindres que ces mêmes distances mesurées par
réflexion. Quelques astronomes, et Bessel le premier, ont attribué ce phéno-
mène à l'effet de la flexion ; mais la flexion n'a point de sens déterminé à priori ;
il est matériellement impossible que, dans tant d'instruments, elle ait toujours
agi dans un seul et même sens : donc ces différences régulières ne tiennent
point à cette cause. C'est aussi là l'opinion de M. Airy , à en juger par ces
termes : « As I bave not the least conception of the physical causes of this
" discordance, I hâve not been able from theory to apply a correction. In
" practice, the melhod bas been the following > [Memoirs oj the R./é. S. ,
vol. VIII, i834.)
)' Si, au lieu de rester dans le doute, on veut prononcer, il n'y a que cette
alternative : ou bien ces discordances naissent seulement de l'emploi d'un
horizon artificiel, opinion adoptée par M. de Struve, et, après lui, par
M. Dœllen, dont j'ai discuté plus haut l'intéressant Mémoire; ou bien elles
affectent au même degré, mais en sens inverse, les deux modes d'observa-
tion , et c'est là la pensée de Bessel et d'une partie de ceux qui ont persévéré
dans l'emploi de l'horizon de mercure.
» Examinons d'abord si un bain de mercure , employé comme miroir hori-
zontal, peut iiitro luire un genre d'erreur particulier. Évidemment non, si le
liquide est en repos , et si sa surface est assez grande pour que les rayons ré-
fléchis par les bords, où s'exerce la capillarité, ne soient pas admis dans la
lunette.
» Ce qu'il faut savoir, c'est si les mouvements du liquide , difficiles à éviter
d'une manière complète, sont réellement sans influence nuisible. Ces mouve-
ments sont de deux sortes ; à savoir : les oscillations de la masse entière , et les
ondulations qui sy propagent en différents sens et qui sont longtemps ré-
percutées par les parois du vase. En donnant au liquide une faible profon-
deur, en l'abritant contre les coups de vent, on a bientôt fait disparaître les
grandes oscillations; il n'y a donc plus à s'en occuper, si ce n'est pour dire
qu'elles peuvent atteindre des amplitudes Irès-notables, sans que la surface
du liquide cesse d'être parfaitement plane; car l'image réfléchie d'une étoile
( 4o3 )
ne présente alors aucune déformation particulière. Restent les petits mou-
vements ondulatoires, dont on ne peut jamais assurer que la surface du
mercure est complètement exempte. Je les ai étudiés avec quelque soin, et
voici ce que j'ai reconnu. Sous l'influence d'une vibration d'oriffine quel-
conque, la surface du mercure prend une disposition sinf^ulière. Si les pa-
rois du vase sont rectanp,ulaires, et dirigées du nord au sud, par exemple, la
surface est comme taillée à facettes parfaitement plaqes, et d'une régularité
toute géométrique ; ces facettes sont les unes horizontales , les autres inclinées
au sud, d'autres au nord , d'autres enfin à lest et à l'ouest. Il y a ainsi, outre
le plan horizontal général sur lequel viennent se dessiner les ondulations,
deux systèmes de plans inclinés d'environ ± 1 3", perpendiculaires au méri-
dien, et d'autres dirigés du nord au sud et inclinés de ±: la". La petite dif-
férence tient sans doute à une erreur de mesure. Si les vibrations augmentent
d'intensité, ces facettes se multiplient, mais les inclinaisons des nouveaux
plans forment, avec les premiers, une progression géométrique
r, -, I, 2, 4, 8....
4—7 7
Il s'en produit aussi dont les azimuts s'intercalent géométriquement entre les
précédents. Celles-ci disparaissent les premières; mais les deux systèmes que
j'ai mesurés persistent très-longtemps. Quant à la hauteur de ces petites
vagues, je n'ai pu déterminer que la somme totale des hauteurs de toutes
celles qui se trouvaient dans le champ de la lunette, par la formule sui-
vante :• -T—j sina, dans laquelle -r désigne le rapport des intensités de
l'image principale de l'étoile et de l'une des images secondaires du premier
système, O l'ouverture superficielle de la lunette, I son inclinaison, a l'incli-
naison de la facette du premier système. On trouve ainsi que toutes ces
vagues, placées les unes sur les autres, font une hauteur d'environ o^^.ooi.
» Il n'y a évidemment rien dans ces phénomènes qui puisse troubler les
lois de la réflexion, et je n'ai jamais pu remarquer le moindre déplacement
persistant de l'image principale, soit au moment où son intensité diminue
brusquement , par suite de l'apparition des images secondaires, soit dans le cas
opposé. Notez que, pour l'instrument dont je me suis servi, l'erreur probable
du pointé n'atteint pas o",a. J'en ai conclu que la surface du mercure en repos
parfait, on, ce qui est beaucoup plus fréquent, parcourue par des ondulations
de ces diverses espèces dont la coexistence est si remarquable, présente un
miroir horizontal parfaitement fidèle. Tout mouvement de masse étant aussi-
54..
( 4o4 )
tôt accusé par une oscillation de l'image, différente, en général, de celles
dues aux troubles de l'atmosphère, l'observateur est suffisamment averti.
>' Procédant donc par exclusion, et certains parles remarques précé-
dentes, puis par les admirables travaux de Bessel sur les erreurs instrumen-
tales, que ces anomalies systématiques ne parviennent ni du bain de
mercure, ni de la flexion qui était nulle ou peu sensible, ni des erreurs de
divisions, etc.; considérant qu'elles sont totalement indépendantes des
Tables de réfraction, et qu'ainsi il ne s'agit point ici de la question jadis si con-
troversée de savoir où il faut placer le thermomètre, il ne reste, à mon avis,
qu'à en rechercher l'origine dans la marche des rayons lumineux dans l'at-
mosphère de l'instrument jusqu'au réticule où s'accomplit l'acte de l'obser-
vation. Je distingue trois phases : i° l'état de l'air ambiant dans la salle où
l'on observe; 2° l'atmosphère propre de l'objectif; 3" l'état de l'air renfermé
dans le tube de la lunette.
» Ija salle d'observation ne communique avec l'air extérieur que par une
ouverture toujours étroite par rapport avec les dimensions de l'édifice. On est
même souvent obligé d'en fermer une partie lorsqu'on observe par réflexion,
afin d'éviter l'agitation du mercure. En général, il y a une différence sen-
sible de température entre l'atmosphère de la salle et l'air extérieur, tantôt
dans un sens, tantôt dans l'autre. Quelle peut être la disposition des cou-
ches de densités variables, ou, pour simplifier, quelle est, en général, la
nature de la surface, assez indécise et variable, qui la sépare de l'air exté-
rieur? .Te me représente de la manière suivante un certain état moyen auquel
répondront les moyennes des anomalies. La section verticale passant par le
centre de l'instrument n'est pas un rectangle, comme celle de la salle; les
angles sont abattus; la partie supérieure est convexe, si l'air intérieur est
plus froid, et l'écoulement de cet air se fait lentement, au nord et au sud,
par les parties ouvertes des trappes verticales. Si l'on mène des rayons, du
centre de l'instrument, aux divers points de cette courbe , les normales en
ces points seront toutes situées au-dessous des rayons. Si l'air intérieur est
plus chaud, au contraire, une disposition inverse s'établit; la courbe s'ouvre
par le haut et forme deux branches qui se redressent au nord et au sud et s'in-
clinent vers le zénith , là où se fait l'écoulement ascensionnel de l'air
chaud. Le caractère de cette courbe est que toutes ses normales sont au-dessus
des rayons correspondants. Sans doute ces formes ne peuvent se réaliser
d'une manière complète que si l'atmosphère est calme ou si les abris sont
suffisants; mais on ne peut nier qu'il y ait constamment une tendance plus
ou moins prononcée vers elles. Or, dans les deux cas, que l'air intérieur soit
( 4o5 )
un peu plus chaud ou qu'il soit un peu plus froid que l'air extérieur, les dis-
tances zénithales seront trop faibles, si elles sont mesurées directement;
elles seront trop fortes, si elles sont observées par réflexion. Rien n'indique
si l'excès peut compenser le défaut (i); ou plutôt, on voit qu'il n'en peut
être ainsi qu'en des cas très- particuliers, attendu que les rayons directs et
les rayons qui atteignent le bain de mercure n'ont pas traversé ces courbes
aux mêmes lieux, surtout si l'instrument est grand. Ce qui précède n'est
qu'une sorte d'aperçu géométrique : il faudrait tenir compte des petites va-
riations de température dans le sens des divers rayons. Je raisonne ici
comme on fait quand on veut se représenter simplement les réfractions dans
une atmosphère qu'on réduit idéalement à une couche d'air sphérique d'une
densité uniforme. Ces réfractions s'éloignent peu de la réalité, quand on ne
s'éloigne pas trop du zénith. irr- «Hrv> u k-
» Passons à l'objectif. On sait avec quelle abondance le verre rayonne la
chaleur, et quoique ce rayonnement soit considérablement restreint par le
toit et ne s'opère que par une fenêtre, il est encore sensible et il fait des-
cendre quelquefois la température jusqu'au point de rosée et plus bas en-
core. Je vais en citer un exemple qui m'a beaucoup frappé. En observant à
l'équatorial pendant une belle nuit d'hiver de 1846, je remarquai un affai-
blissement progressif des étoiles qui finirent bientôt par disparaître, quoique
j'eusse grand soin de nettoyer fréquemment la surface externe de l'objectif.
La face interne s'était recouverte aussi de givre; il s'était même formé un
gros cristal de glace au centre. Il fallut démonter l'objectif; mais le même
effet venant à se reproduire, je dus cesser d'observer. L'objectif se refroi-
dissait donc, en rayonnant à travers la fenêtre , beaucoup plus que tout le
reste de 1 appareil , et il se faisait tout près de sa surface interne un appel
énergique de la vapeur d'eau contenue dans l'air de la salle, vapeur qui,
pour aller se condenser sur l'objectif, avait dû traverser d'abord toute la
longueur du canal de l'axe de déclinaison, ensuite la demi-longueur de la
lunette. On voit, par ce cas extrême, qu'il y a lieu de considérer quelle forme
affectera l'atmosphère propre de l'objectif, c'est-à-dire la couche d'air qui
le recouvre à l'intérieur et à l'extérieur. On trouve aisément que dans les
positions inclinées de la lunette cette double atmosphère , cédant à l'action
de la pesanteur, présentera l'aspect d'une sorte de prisme ayant sa base en
bas, si c'est un prisme d'air froid , et, sa base en haut, si c'est im prisme d'air
(i) Comme cela aurait lieu si l'influence de la gravité était seule en jeu.
( 4o6 )
chaud. Dans les deux cas, ce prisme rapprochera les astres du zénith, quand
on les observera directement, et les en éloignera par réflexion.
)' Examinons enfin l'air renfermé dans la lunette. Ici encore, il y aura,
en général, des inégalités qui toujours s'ajouteront aux effets précédents.
li'air chaud montera jusqu'à l'atmosphère intérieure de l'objectif; l'air froid
descendra, et en admettant une disposition horizontale des couches, les
rayons lumineux seront encore angulairement rapprochés du zénith dans
les observations directes. Si l'on renverse la lunette pour observer le ciel ré-
fléchi, cette disposition des couches d'air se rétablira plus ou moins dans le
même sens , et les rayons seront encore déviés vers le nadir. A la vérité, si
ces deux opérations se succèdent rapidement, comme à l'observatoire de
Greenwich, les couches se mélangeront, et l'un des deux effets sera annulé.
Remarquons en passant que la disposition signalée se reproduira, soit que
la température croisse, soit qu'elle varie en sens inverse. L'air confiné dans
les tubes suivra ces changements avec un retard notable, et nous aurons
toujours, à un degré plus ou moins marqué, cette distribution progressive
des températures dans la colonne d'air de nos lunettes.
» J'ai donné quelques détails sur cette cause d'erreur, au commencement
de l'année, en discutant les beaux travaux de M. Otto de Struve sur la pa-
rallaxe de l'étoile d'Argelander [Comptes rendus, tome XXX, pages laa,
ia3 et 124)' On trouve aussi, dans le dernier volume des Observations de
Greenwich, une remarque importante qui paraît pouvoir être rattachée au
même système d'explications. A la même époque où j'observais Saturne sans
aplatissement ( Comptes rendus, loc. cit.), c'est-à-dire lors de la disparition
de l'anneau, en i848 , M. Airy retrouvait, dans le disque de cette planète,
la célèbre anomalie dont sir W. Herschel avait été si frappé. Mais les jours
suivants, de simples précautions prises pour égaliser les températures avaient
fait reparaître la forme elliptique que des mesures récentes, exécutées à
Greenvrich avec le micromètre à double image de M. Airy, ont si bien mise
hors de doute (i).
» Toutes ces causes, très-faibles isolément, conspirent ensemble et peu-
vent produire ainsi des résultats sensibles. Elles se prêtent surtout , par les
(i) Voyez Greenmch Observations , 1848; i85o, page 44- On y lit, il est vrai, ce pas-
sage : / had slightfy altered the adjiistement of the ohject glass... à côté de : the Dôme has
been open several hours, etc.... C'est à cette dernière précaution (jue j'attribue la réapparition
de la véritable forme de Saturne.
( 4o7 )
perturbations nombreuses auxquelles elles sont exposées , à l'explication des
irrégularités qu'on a constamment signalées dans les effets dont il s'agit.
Mais leur tendance constante à se réaliser doit se retrouver, et se retrouve
effectivement dans les moyennes d'un grand nombre d'observations, exacte-
ment comme la période diurne du baromètre se lit, dans nos climats, non
dans les variations isolées , mais dans les moyennes d'un certain nombre de
jours.
1) Ce sont précisément ces irrégularités qui mettent hors de cause toute
autre explication. Ij'influence de la gravité, par exemple, se retrouverait
jusque dans les observations isolées, quand elles sont assez précises. Rien
de plus constant que la cause, partant rien ne doit être plus régulier que
l'effet, r^à où les discordances varient brusquement, d'un jour ou d'un mo-
ment à l'autre, il faut en chercher la raison dans des phénomènes pareille-
ment fugaces.
» Toujours est-il que ces causes échappent tout à fait au calcul. Même
on pourrait entrevoir leurs formules, que les constantes dont on ferait dé-
pendre leurs expression^ analytiques ne pourraient être déterminées expéri-
mentalement. 11 faut donc écarter ces causes, et ensuite démontrer que l'on
a réussi à les écarter. La première a été supprimée entièrement, on peut le
dire, à Poulkova, grâce à Taérage parfait des salles et à la proscription des
lourds supports en maçonnerie, comme ceux des cercles muraux, dont la
présence doit être une cause permanente d'altération dans l'homogénéité des
couches d'air. Quant à la seconde et à la troisième cause, je ne vois qup
deux moyens de la faire disparaître : ou supprimer les tubes des lunettes et
les remplacer par de simples barres, ou bien y faire le vide (i) , et protéger
l'objectif et même le tube contre le rayonnement par une légère feuille de
métal, placée à quelque distance, que l'on enlèverait pendant la courte
durée de chaque pointé.
" Quelles que soient les précautions prises, il reste à prouver qu'elles ont
réussi, et il n'y a pour cela que les observations par réflexion , réservées aux
circonstances favorables, mais dont on devra enfin obtenir l'accord avec les
observations directes. Il faut encore, il est vrai, tenir compte de l'influence
(i) Faire le vide dans le tube d'une lunette n'a rien d'impraticable, car il est facile de
le fermer hermétiquement du côté du réticule. Il resterait à examiner si l'influence des varia-
tions de la pression atmosphérique deviendrait alors sensible pour des instruments dont le
tube présenterait certaines irrégularités de structure. Du moins cette influence serait-elle
toujours régulière et calculable.
( 4o8 )
de la gravité, de la flexion , eu un mot, qui s'ajoute ou se retranclie aux effets
précédents, mais sans suivre la même loi. Cette flexion devra être déterminée
par l'interversion de l'objectif et de l'oculaire, comme le pratique M. de
Struve, ou bien expérimentalement, à l'aide de deux collimateurs opposés
horizontaux. Mais ici encore il ne faut pas oublier qu'à l'intérieur d'une lu-
nette longtemps placée dans une position horizontale, il peut y avoir des
couches d'air superposées, de densités inégales, lesquelles dévieront les
rayons lumineux dans un sens constant. Faire tourner la lunette de i8o de-
grés autour de son axe optique, n'y remédierait point, car la colonne d'air
ne se retourne pas avec son enveloppe. Ces collimaleurs doivent être vides
d'air: ils donneront sans doute alors des résultats plus consistants.
» Si les conjectures que je viens de hasarder sont fondées, on en déduira
les causes de certaines anomalies qui paraissent avoir longtemps tourmenté
les astronomes, des variations de latitude par exemple. Outre les causes
d'erreur que l'on connaît et qui ont, par cela seul qu'on les connaît, cessé
d'être des causes d'erreur pour devenir des arguments de correction, on
voit que la latitude d'un observatoire peut dépendre de la largeur de ses
trappes, de l'aérage de ses salles, de la longueur même de ses lunettes, des
•massifs de pierre auquel leslnstrumentssont fixés. Si la latitude deGreeûwich,
déterminée par Bradley et calculée par Bessel, est plus faible de plus de i"
que celle de Pond, c'est, en grande partie, que les trappes étaient primi-
tivement plus étroites (Maskelyne les a fait élargir) et que la lunette avait
8 pieds. Pond observait par des trappes plus larges avec une lunette de
5 pieds anglais; de plus, il combinait les observations directes avec les ob-
servations par réflexion, et éliminait ainsi une partie sensible des causes
d'erreurs sur lesquelles je m'efforce d'appeler l'attention des astronomes.
Quelle autre explication peut-on fournir, en effet, de la discordance de ces
deux latitudes:
5i''28'39",9, Bradley;
5i'>28'38",2, Pond.
La latitude a-t-elle diminué de i",7?Non certainement, et Bessel, inquiet
de cette différence, disait qu'il n'y croirait qu'après s'en être assuré par lui-
même. Mais M. Airy a confirmé les résultats de Pond , et Bessel a bien dû
se rendre à l'évidence.
» La latitude de Rœnigsberg a présenté de semblables variations; seu-
lement elles sont en sens inverse. Elle était, en i8i5, de 54°52'5o",2,
elle est maintenant de 54"52'5o",7. Ces deux nombres paraissaient certains
jusqu'aux dixièmes inclusivement. Faut-il croire que la latitude de Kœnigs-
( 4o9 )
berg a angmenlé de o",5? Non, c'est la longueur de la lunette qui a aug-
menté de plus de 2 pieds.
" Que ces variations ne soient qu'apparentes, qu'on ne puisse les attri-
buer à un changement local dans l'écoroe terrestre, c'est ce qui résulte assez,
je crois, de toutes les données de la science sur les portions du continent
où ces mesures ont été faites. En Suède même, cette terre classique des sou-
lèvements actuels et des variations progressives de l'écorce terrestre, mon
savant ami le docteur Agardh vient de déterminer la latitude de l'observa-
toire de Lund, et, deux siècles après Picard, il trouve le même résultat,
presque jusqu'à la même seconde, que notre célèbre académicien (1). Certes
l'accord pourrait être fortuit; maison sait aujourd'hui rendre justice au génie
de ce grand observateur, et l'on ne me saura pas mauvais gré de citer cette
autorité à l'appui de ma thèse.
" Enfin, en supposant toujours que ce système d'explications soit bien
celui qui répond aux phénomènes conpliqués dont je viens de tenter l'ana-
lyse, on se trouve conduit à prédire, en quelque sorte, les résultats que va
fournir bientôt le cercle méridien vraiment grandiose que M. Airy érige en
ce moment à l'observatoire de Greenwich. Je crois que la latitude déter-
minée à l'aide de ce bel instrument différera sensiblement de 5 1° 28' 38", 2 ,
en marchant vers la latitude fixée par les observations de Bradley et les cal-
culs de Bessel. Si même l'instrument devait être employé d'une manière
moins rationnelle que celle que M. Airy a introduite à l'observatoire de
Greenwich, et si l'aérage de la salle était insuffisant, ce qui n'aura pas
lieu, la latitude de Bradley pourrait être atteinte ou même dépassée. J'a-
joute que la différence actuelle des obliquités apparentes, déduites des
solstices d'été et des solstices d'hiver, sera très-probablement un peu aug.
méritée, car les observations du soleil me paraissent plus exposées que
toutes les autres aux causes d'erreur dont j'ai parlé. »
GÉODÉSIE. — Sur la rectification des angles dans le calcul des triangles
géodésiques ; par M. Piobert.
« Dans la séance du 5 août, nous avons lu une Note sur les solutions
variées que comporte la question de la meilleure forme à donner aux trian-
(i) La dlDërence est de i",5.
C. R. , i85o, !■"• Semestre. (T. XXXI, N» 12.) 55
(4io)
fjles dans les levers, afin de justifier différentes propositions que nous avions
émises à ce sujet il y a plusieurs années, et qui avaient été attaquées dans
une brochure distribuée à MM. les Membres de l'Académie. Une seconde
brochure, du même auteur, a également été distribuée dans la dernière
séance du mois d'août , époque à laquelle j'étais absent de Paris; mais cet écrit
est loin d'être une nouvelle attaque; au contraire, en donnant de nouveaux
développements à ses idées, l'auteur admet implicitement la plupart des
propositions qui d'abord avaient été contestées, et il reconnaît que la dé-
monstration de Gagnoli et de Puissant est loin de prouver que la meilleure
forme de triangle est celle du triangle équilatéral (pages i et i3); que, dans
la pratique, on a un grand nombre de problèmes intéressants à résoudre, afin
d'opérer dans les meilleures conditions ( page i ) ; enfin que la considération
du minimum de déformation du triangle dans un seul sens , peut avoir des
applications en géodésie (page i5). Il ajoute, il est vrai, que ces applica-
tions sont fort restreintes, et prend pour exemple la base d'Ensisheira, que
nous avons citée comme ayant été employée à la vérification de la triangu-
lation exécutée pour mesurer le parallèle de Paris à Strasbourg, et à propos
de laquelle nous avions fait remarquer combien il était important d'en dé-
duire avec exactitude la distance du Balon à Bolcheinherg , que cette .base
servait à déterminer.
» L'auteur objecte : « que si l'on ne tenait compte que des écarts en hauteur,
>i on aurait à craindre une désorientation considérable sur le côté déterminé
I) Balon, Bolcheinherg; et comme l'azimuth de ce côté entre dans la dé-
« termination de l'orientation de toute la méridienne qui descend au sud en
» suivant la frontière, tous les points de cette méridienne se trouveraient
" déplacés proportionnellement à leur distance au signal du Balon. « Mais
celte réflexion est ici sans application. D'ailleurs , on peut se dispenser de
faire dépendre l'orientation de toute une triangulation de l'azimut de la base,
dont le mérite essentiel doit être de donner une longueur exactement
mesurée.
» Quant à l'impossibilité avancée par l'auteur, d'employer l'angle le plus
avantageux pour l'exacte détermination en hauteur, motivée sur ce que le
côté ainsi obtenu resterait à peu près égal à la base, on répondra que ,
loin d'être impossible, ce cas se présente souvent : ainsi dans le réseau qui
nous occupe, les deux premiers côtés obtenus au moyen de la base d'En-
sisheim, n'étaient pas beaucoup plus longs que cette base; dans la grande
triangulation qui a servi à mesurer le méridien qui traverse la France, la
(4ii )
base de Melun était dans le même «as; < nfin celle de Perpignan était sen-
siblement plus petite qne le premier côté, Salces-Espiia, qu'elle a servi à
déterminer, et elle était à peu près égale à trois autres côtés des premiers
triangles, Fernet-Espira, Espira- Forcerai et Tauch-Espira.
» La nouvelle brochure ne demande pas une plus longue réponse. Nous
continuerons à ne pas attaquer les idées des autres; nous aurions d'ailleurs
mauvaise grâce à le faire dans cette occasion , puisque l'auteur contribue
pour sa part à jnrtifier nos propositions, en apportant lui-même de nou-
velles solutions de la question (pages 2 et 10) (i); mais nous profiterons de
l'occasion pour examiner une autre question de géodésie, qui nous paraît
ne pas avoir assez fixé l'attention ; elle est relative aux triangles géodésiques
du premier et du second oidre, dans lesquels on mesure les trois angles
qu'on rectifie en répartissant également sur chacun d'eux la différence de
leur somme à 180 degrés, ou la somme des erreurs plus l'excès spbérique.
Alors la question de la meilleure forme des triangles ne feste plus aussi
simple; la répartition des erreurs sur les trois angles change sensiblement les
limites de l'espace dans h quel le sommet du triangle peut errer. Nous
allons essayer d'indiquer les principaux changements que celte rectification
des angles introduit dans la résolution des triangles géodésiques.
>i § I. — ABC étant les trois angles d'un triangle, représentons par A'B'C
ces angles augmentés chacun de la plus grande erreur de mesure; et par
A, B, C, les angles diminués chacun de la même quantité. Il est fat ile de voir,
si l'on construit les triangles, que les différentes combinaisons des évaluations
des angles à la base portent le sommet AC en A'C, si les deux valeurs sont
en excès; en A,C,, si elles sont en défaut; en A'C, ou en A,C', si l'une est en
excès et l'autre en défaut; et en A'C, A,C, AC ou AC, , si l'une est exacte
et l'autre fautive. Ainsi un quadrilatère forme les limites de l'espace dans
lequel le sommet peut se trouver situé , lorsqu'on ne tient compte que de la
mesure de deux angles.
(1) La solution B := 85' 57 ne donne pas un triangle d'une forme sensiblement différente
de celle que nous avons indiquée , et qui a lieu pour tang^ A=2,ou A=:C = 5i'' 34' et
B ^ 76° 52' = 85*42; mais la valeur B = 85*57 paraît fautive, elle ne répond pas à l'équa-
tion trouvée par l'auteur; B est très-peu différent de l'angle droit.
55.
(4i^ )
A'C M-
ifr A'B.C
A'C A C A'B.C A B,C'
* * Mr A'B.C, ^'g^' A.B.C
A'B C ABC
* * AB.C, A.B.C
A' B' C
A'C, AC A,C' A'B C, ABC A.BC
A.B.C,
A'B'G A B' C
* * ABC, A.BC
* ^ ^ A'B'C, ^g^ A.B'C
A C, A, G A B'C, A,B' C
•X- A, B'C,
A.C, ^
" Mais l'introduction de la mesure d'un troisième angle B, modifiant les
valeurs des deux autres A et C, change les positions de ces sommets. A'C et
A, C," sont rapprochés de la position exacte par toutes les valeurs de l'anf le B,
et se placent en A'B.C, A'BC ou A'B'C, et en A,B,C,, A, BC, ou A, B'C,,
suivant que la mesure de B est en défaut, exacte ou en excès. I^a déformation
du triangle est diminuée dans ces différents cas. [^es deux autres sommets
du quadrilatère A'C, et A, C sont, au contraire, portés en dehors des limites
primitives du lieu des sommets, en A'B,C, et en A,B,C par la mesure de
B en défaut, en A'B'C, et en A, B'C par la mesure de B en excès; de
même, le sommet exact AC est transporté en AB|C ou en AB'C par les va-
leurs fautives de B. FiCS mifieiix des côtés du qundrilatère, A'C, AC, AC, ,
A,C ne changent pas de place, les deux premiers par une valeur en défaut
de l'angle B, et les deux autres par une valeur en excès : alors la déforma-
tion du triangle ne change pas. Enfin ces (juatre sommets sont rapprochés
de la position exacte par les autres valeurs de l'angle B.
» Ainsi l'introduction de la mesure du troisième angle du triangle chnnge
la forme du lieu des sommets; d'tm quadrilatère, elle fait im hexagone con-
servant la même diagonale bissectrice de l'angle B, mais réduite d'un tiers
(4i3)
de sa longueur; les anciens côtés tournent autour de leurs points milieiix, et
se rnccolircissent également à leurs deux extrémités; enfin deux nouveaux
côtés, parallèles à la diagonale bissectrice, ont leurs points milieux aux ex-
trémités de l'autre diagonale qui devient un diamètre. Il en résulte que le
nouveau lieu des sommets a moins de hauteur, mais s étend plus sur les côtés
que l'ancien, de manière qu'il conserve la même surface que le quadrilatère.
» Cet hexagone est circonscrit à celui qui serait le lieu des sommets, si
les deux angles à la base étaient seuls employés à la construction du triangle,
et que la somme de leurs erreurs ne dépassât pas s, plus grande erreur de
mesure ; la rectification des angles est donc dangereuse dans ce cas que nous
avons examiné dans notre première Note ; il se présente souvent dans la pia-
tique, mais on ne peut le reconnaître à priori, à moins que la somm.e dfs
erreurs ne soit très-petite.
» On voit, par ce qui précède, que la rectification des angles mesurés
en réparlissant également sur chacun d'eux la somme des erreurs, conduit à
des écarts en hauteurs plus petits, mais occasionne plus d'écarts latéraux;
de sorte que cette rectification n'est pas toujours une correction, qu'elle peut
même devenir désavantageuse, surtout lorsque l'angle au sommet n'est pas
aigu. De plus, si elle diminue les petites erreurs de direction des côtés ou
d'azimuth, d'un autre côté elle agrandit ces erreurs précisément quand elles
sont les plus fortes et les plus dangereuses, et cette augmentation peut s'é-
lever à 3 £. Ainsi la valeur du troisième angle d'un triangle, qui est toujouis
une donnée excellente pour vérifier la mesure des deux autres angles, et
qui peut même servir avantageusement à choisir entre plusieurs évaluations
de l'un d'eux en cas de doute , n est pas toujours propre à les rectifier, et son
emploi à cet usage ne devrait pas être prescrit comme règle générale. F, es
circonstances dans lesquelles on doit rectifier les angles ont besoin d'être
discutées soigneusement, la question étant trè.s-délicate. C'e^t ainsi que,
quand la somme des erreurs de mesure est la plus grande ou égale à 3s, la
rectification conduit à un résultat exact; elle est, en général, avantageuse
lorsque cette somme dépasse 2 s. Quand cette somme des erreurs est très-
petite , les résultats ne sont pas sensiblement modifiés; mnis quand elle
a une valeur moyenne ou approchant de s, il est à craindre qu'un angle
très-fautif B ne vienne ou rendre les deux autres angles inexacts, ou
augmenter l'inexactitude du résultat; circonstance qui aura lieu surtout
loi-sque leurs erreurs seront de signes différents. Pour essayer de sortir de
l'incertitude où jette cette diversité de résultats, nous examinerons plus loin
sous d'autres rapports la rectification des angles des triangles géodésiques.
(4i4)
" Les déformations des triangles dont les angles mesurés ont été rectifiés,
conservent les mêmes expressions analytiques que dans les cas que nous
avons examinés dans notre première Note; seulement, pour obtenir les dé-
formations en hauteur, il faut prendre pour dk la valeur ^e. Alors la
moyenne des plus grandes déformations dans les deux sens devient
— : — -A— 5 (\/2 — acosB -f- 5 Ja + 2COS B);
2 sin A sin B ^ 3 ' '
la condition de minimum exige que
tang' A — tang A = 3 ou A = G = 59°7' et B=:6i°46'.
» Si les déformations étaient rapportées au côté, la moyenne des plus
grandes déformations dans les deux sens serait
sine
(v'a — 1 cos B H- - v^a + 2 ces B) ;
2sin B 3
le minimum serait donné par la condition
tang»A = ^ ou A = G = 48°52' et B = 82«i6'.
» Pour que la plus grande déformation dans les deux sens fût la moindre
possible, il faudrait qu'on eût
3 v'a — 2 cos B =; 2 ^2 -f- 2 cos B,
ou
tangA = -, A = C=:56°i9' et h = 6f-xi'',
le résultat est le même, que le terme de comparaison soit la hauteur du
triangle ou la longueur du côté.
" Toutes les solutions analogues à celles que nous avons traitées dans
notre première Note conduiraient aux mêmes résultats que ceux que nous
avons indiqués dans cette Note.
" § II. — Si l'on examine sous d'autres rapports les changements apportés
dans l'exactitude des résultats par la rectification des angles des triangles
géodésiques, il faut reprendre les considérations précédentes sur les com-
binaisons que peuvent former trois à trois les diverses valeurs qui sont
attribuées aux angles par suite des erreurs de mesure. Nous avons consi-
déré trois valeurs pour chaque angle; on voit, dans ce cas, que si on les
suppose également probables, la répartition des sommets se fait d'une ma-
nière régulière et égale dans toute l'étendue du lieu qui leur sert de limite,
mais que leur probabilité varie suivant leur position. Il y a trois chances
d'obtenir la position exacte du sommet, une seule pour chaque extrémité
et chaque milieu de côté de l'hexagone limite, et deux pour chaque milieu
(4i5)
des six demi-diagonales, formant un hexagone semblable au polygone limite.
Ainsi sur les vingt-sept combinaisons possibles, le résultat exact ou le vrai
triangle n'a que trois chances; les plus grandes déformations en ont douze,
et les déformations moyennes également douze. Les probabilités de chacune
de ces trois espèces de résultats sont donc respectivement —, - et--
^ ^999
" Si, passant à un cas plus général, on considère un grand nombre
de valeurs pour chaque angle, en les supposant toutes également probables,
on obtient des résultats analogues; les chances vont en augmentant d'une
manière uniforme du périmètre de l'hexagone limite au centre. Les som-
mets de même probabilité sont situés sur un même hexagone semblable an
piécédent; tous les hexagones ont leurs côtés parallèles et éloignés les uns
des autres, proportionnellement à la différence de probabilité des sommets
dont ils indiquent la position. Si l'on élevait en chaque sommet une perpen-
diculaire représentant la probabilité de ce point, les extrémités de toutes ces
lignes appartiendraient à une pyramide droite dont le polygone limite, re-
levé d'une unité, serait la première tranche.
3
4
3
3
4
4
5
4
4
3
4
5
5
6
5
5
4
4
5
6
7
6
5
4
4
5
6
6
6
5
4
4
4
5
5
5
4
4
3
3
3
4
3
4
4
3
3
3
2
(4i6)
« Pour n valeurs en excè^ et n valeurs en défaut de chaque angle, le
centre du lieu des sommets a 2« + i chances; chacun des sommets de
l'hexagone le plus voisin en a aw; chaque sommet et chaque milieu de côté
de l'hexagone suivant a in — i chances; et aiusi de suite jusqu'au 2 Ai"""* hexa-
gone ou polygone limite, dont chaque sommet et chaque point de division des
côtés en in parties égales n'a qu'une seule chance de représenter le sommet
du triangle; [in -f- i)' est le nombre total des combinaisons. La rectifica-
tion des angles fait sortir des limites primitives du lieu des sommets in[n -t- 1^
positions, prises parmi les plus fautives, et ayant un nombre de chances
égal a -^^ '-^ ou a ' — —^ j suivant que n est pair ou
impair.
» JiC nombre des triangles dont la déformation est augmentée par l'ac-
ciuissement de l'erreur de l'angle A ou C le plus fautif est
2/?(/8 + i) (2/1-1- 1) n{n — 2)(5w — 2) a.n[n-hi) [%n-^\)- («'— 1)(5« — 3)
3 "^ 3.4 ' **" 3 ' ^3
Le nombre des triangles dont la déformation résulte de l'augmentation des
erreurs des deux angles à la base est
n{n+i){n-\-7.) n{n+8)(n — 2) w (/? -f- 1 ) (/; + 2) {n + 1) (n — 1} {n + g)
3 ^ 2.3.4 ' °" 3 ^ ÏX4
Le nombre total des triangles altérés par la rectification est donc
IT «' + i8/î'-h8« in n'-\- 7.5n'-^ n n — i
8 ' «" 8 '
suivant que n est pair ou impair.
" Quand n est un très-grand nombre, comme cela a lieu dans la pratique,
la probabilité de ces résultats erronés par suite de la rectification des angles
est supérieur a ^•
» Si l'on cherche l'erreur moyenne de chacun des angles rectifiés A et G,
soit en dessus, soit en dessous de leur véritable valeur, on trouve qu'elle
est - £, l'erreur moyenne de mesure des mêmes angles, avant leur rectifica-
tion, étant- £. D'un côté on a l'inconvénient d'augmenter d'un tiers les écarts
de direction les plus dangereux, et de rendre plus inexacts au delà du quart
des triangles; d'un autre côté o;3 a l'avantage de réduire l'erreur moyenne
des anples de -?;S, ou de - de ce qu'elle serait sans la rectification; il faut
o 18 9 ^
prononcer dans chaque cas si l'avantage l'emporte sur les inconvénients.
" On arrive aux mêmes résultats quand la probabilité de l'erreur de me-
sure des angles varie d'une manière régulière avec la grandeur de cette
(4i7 )
erreur. Si l'on considère le cas où la probabilité des erreurs va en diminuant
à mesure que ces erreurs augmentent , comme c'est l'opinion de beaucoup
d'observateurs, et où la diminution est uniforme, on trouve que la réparti-
tion des sommets est,. comme dans l'exemple précédent, égale et régulière
dans toute l'étendue du lieu qui lui sert de limite; mais la probabilité des
sommets n'est constante que sur des son)mets d'hexagones et de dodéca-
gones (dans les parties éloignées du centre à partir du milieu des demi-dia-
mètres), dont les côtés sont parallèles alternativemeut aux diagonales et aux
diamètres du polygone limite. La probabilité de chaque sommet augmente
plus rapidement que dans le cas précédent, du périmètre au centre, et sur-
tout dans les parties moyennes ou zone intermédiaire, du quart aux trois
quarts des demi-diamètres; de manière quesil'on élevait, en chaque sommet,
une perpendiculaire égale à la probabilité de ce point, les extrémités de ces
ordonnées représenteraient une surface appelée dans les arts cul-de-lampe ;
elle serait ondulée, les côtes légèrement saillantes dans le sens des diagonales
de l'hexagone limite , et les parties rentrantes dans le sens des diamètres.
2 2
3 6 3
4 'o 10 4
3 i4 2o i4 3
2 i4 3o 3o l4 2
1 10 34 5o 34 10 I
6 3o 62 62 3o 6
2 20 62 87 62 20 2
lo 5o 96 96 5o 10
3 3o 87 120 87 3o 3
i4 62 120 120 62 i4
4 34 96 i36 96 34 4
14 G2 120 120 62 i4
3 3o 87 120 87 3o 3
10 5o 96 96 5o 10
2 20 62 87 62 ao 2
6 3o 62 62 3o 6
I 10 34 5o 34 10 I
2 14 3o 3o 14 2
3 i4 20 14 3
4 10 10 4
3 6 3
2 2
I
C. R., i85o, a"" Semestre. (T. XXXI, N» là.) 56
(4i8)
" fjc nombre total des combinaisons étant [n + i)*, et le nombre des
chances du sommet véritable ou du triangle exact de v^ "^ ') v" '^1,
la probabilité du résultat exact est , ^" ,.^; mais comme dans la pratique
2(rt -h i)' ' ^
le nombre n est très-grand, la probabilité devient
2(/l-l-l)'
•• Si l'on cherche l'erreur moyenne de chacun des angles modifiés, qui ré-
o
suite des positions de sommet les plus probables, on trouve qu'elle est— e,
l'errpui- moyenne de mesure des mêmes angle^ étant de , s; l'avïmtage de la
rectification est ainsi de réduire l'erreur moyenne des angles de — i, on
de -de celle qu'elle serait sans cette modification. Cet avantage est donc le
même que dans le cas précédent, où la probabilité des erreurs de mesure
était supposée constante, quelle que ftît leur grandeur.
» Ainsi la rectification des angles mesurés, tout en reculant de -z les
limites des erreurs des angles et augmentant le déplacement du sommet dans
plus du quart des triangles, diminue de - l'erreur moyenne sur l'ensemble d'un
grand nombre de résolutions de triangles. On peut donc dire que, en thèse
générale, les avantages de la rectification des sngles sont douteux; et que
ce n'est que dans chaque cas qu'on peut peser avec exactitude, d'après les
circonstances particulières, les avantages et les inconvénients de ce mode
de procéder. »
PHYSiQXJE. — Sixième communication sur la pile (i). Note sur le phénomène
chimique et sur la lumière de la pile à deux liquides; par M. C. Despretz.
c< J'ai fait depuis plusieurs mois un assez grand nombre d'expériences sur
le phénomène chimique et sur la lumière de la pile à deux liqui les. Quoi-
que ce double travail ne soit pas complètement terminé, j'en ferai connaître
les principaux résultats à l'Académie.
» Plus de vingt personnes, tant françaises qu'étrangères, ont été témoins
de mes expériences. Ces expériences sont très-laborieuses, à cause du nombre
(i) Voyez Comptes rendus, t. XXVIII , séance du 18 juin j t XXIX, séances du 16 juillet^
du 16 novembre et 17 décembre 1849; ^*- tome XXX, séance du i" avril i85o.
( 4i9 )
des éléineots et même de la disposition des appareils. J'éviterai par cette
publication anticipée toute discussion de priorité, discussion toujours pé-
nible à soutenir.
'• Voici les résultats auxquels je suis arrivé.
•' 1°. lia nature de la lumière de la pile paraît être indépendante du
nombre et de la disposition des éléments; en effet, si Ton reçoit le faisceau
lumineux électrique, à l'aide dun appareil convenable, dans une lunette de
niauièie à auunier une raie du jaune ou du bleu en coïncidence avec un
fil do la lunette, on n'aperçoit pas de déplacement dans la raie, quand on
passe de loo éléments à 600 éléments bouta bout, ou à 600 disposés en
six séries de 100 parallèles. Il ne s'agit ici que de la réfrangibilité. C'est une
expérience qui a, je crois, de l'intérêt.
» a". Je n'ai pas encore pu voir avec un prisme de sel gemme , si le ton
ou la température de la chaleur qui accompagne la lumière électrique change
avec la tension ou l'énergie de la pile. J'ai seulement constaté jusqu'à pré-
sent que cette température est toujours suffisante pour fondre l'alumine ou
la silice, qu'on emploie 20 ou 600 éléments. Mais le globule obtenu est
d'autant plus petit que la pile est formée d'un petit nombre d'éléments de
même surface. Celte expérience ne prouve qu'une seule chose , c'est que la
température d un petit nombre d'éléments est déjà très-élevée; mais c'est par
la mesure de la réfrangibilité seule, qu'on peut savoir si la température reste
indépendante, comme la lumière, du nombre et de la disposition des élé-
ments, c'est-à-dire de la tension et de l'énergie de l'électricité. C'est une
expérience que nous ferons, mais que nous n'avons pas faite.
" 3°. J'ai cherché à mesurer l'intensité de la lumière électrique par dif-
férents moyens, par l'appréciation de la distance à laquelle on cesse de lire
le plus nettement, et par plusieurs procédés photomélriques connus.
" Le nombre des éléments dans une pile disposée bout à bout (en tension)
n'exerce que peu d'influence sur l'intensité de la lumière. Cette intensité croît
de 5o à 100, de 100 à 600, mais d'une manière peu considérable.
'> Si, au contraire, on réunit les éléments en quantité, de manière à
doubler, à tripler, etc., la surface, alors l'accroissement de l'énergie lumi-
neuse est appréciable avec un procédé quelconque. Cet accroissement
frappe même immédiatement toutes les personnes présentes aux expériences.
" Mon but principal , dans ces sortes d'expériences , était de comparer
la variation de l'énergie lumineuse à la variation du nombre des éléments
(»u de la surface; mais, malgré la répétition des expériences, je n'ai pas en-
56..
(420)
core (le nombres bien concordants fournis par les différents procédés. Les
distances auxquelles on lit le pins nettement , indiquent seulement que
l'énergie lumineuse croît presque proportionnellement à la surface des élé-
ments. 300 éléments, rais en deux séries parallèles de loo, éclairent à
peu près deux fois plus que loo éléments simples, et ainsi successivement
jusqu'à 600 éléments, disposés en six séries parallèles de 100.
" Un grand obstacle au succès complet de ces expériences, est le défaut
de constance de la lumière électrique. L'intensité de cette lumière varie à
chaque instant. Les appareils imaginés pour rendre cette lumière constante
pendant un certain temps sont précieux, ils ont rendu des services; mais
la difficulté déjà très-grande de construire ces appareils de manière à pro-
duire une lumière à peu près constante avec ime pile donnée , devient bien
plus grande quand il faut, comme dans notre travail, régler à chaque expé-
lience l'appareil pour un nombre différent d'éléments ou pour une dispo-
sition différente du même nombre de ces éléments.
» Quoi qu'il en soit, les résultats auxquels nous sommes parvenus sont
déjà importants, si nous ne nous trompons, pour la pratique. On voit déjà
comment on doit disposer les piles pour avoir plus de lumière électrique.
" Ces expériences incomplètes montrent bien la marche du phénomène.
" Pour mieux le faire comprendre, je rapporterai quelques essais que jai
faits pour mesurer l'énergie de la pile par les oscillations de la boussole. J'ai
trouvé, par ce moyeu, que aS ou 600 éléments réunis par un conducteur
d une faible résistance ont la même énergie.
» La pile réunie en quantité offre une énergie croissant sensiblement
comme la surface (1). Si l'on compare ces expériences avec celles que j'ai
présentées sur l'arc voltaïque, et que j'ai trouvées exactes en les répétant, on
voit que le nombre des éléments, qui exerce une si grande influence sur la
longueur de l'arc, en a peu sur l'énergie de la lumière, et n'en a pas sur l'in-
tensité mesurée par la boussole. On voit de plus que l'étendue des éléments
marque son influence par l'accroissement de l'intensité, mesurée, ou par la
boussole, ou par la lumière, ou par l'action chimique.
)i Je me suis aussi occupé pendant assez longtemps du phénomène chi-
mique intérieur et du phénomène chimique extérieur de la pile à deux li-
quides ; j'ai trouvé que :
» 1°. La quantité de zinc dissoute est d'autant plus grande, que la résis-
(i) Il y a ici des remarques à faire sur les conducteurs ; je les consignerai dans le Mémoire.
( 4^1 ) •
tance du conducteur interpolaire est plus faible. L'altération de l'acide ni-
trique, estimée par le permanganate de potasse, marche d'accord avec la
dissolution du zinc. Cependant, je dois dire que le rapport des quantités de
zinc détruites n'est jamais exactement représenté par celui des quantités d'a-
cide hyponitrique formées, par la raison qu'il se dégage d'autant plus de va-
peurs nitreuses dans l'air, que le courant est plus énergique.
>• 2°. La quantité de zinc dissoute dans chaque paire de deux piles d'un
même nombre d'éléments identiques réunis par le même conducteur, dont
fait partie une roue dentée métallique, qu'on met en mouvement ou qu'on
laisse en repos, représente la quantité de gaz dégagé dans le voltamètre, et
est exactement proportionnelle à l'intensité du courant mesurée par la bous-
sole des tangentes; si l'on fait varier l'énergie du courant par l'emploi de
conducteurs différents, sans le concours d'une roue, on arrive aux mêmes
conséquences.
>' 3°. Si l'on mesure le temps nécessaire pour qu'une pile composée de a,
de 4? de 8, de i6, de 3'2, de 64, de 128 ou de ^56 éléments identiques,
réunis bout à bout, produise le même travail chimique extérieur, par exemple,
décompose la même quantité d'eau, on .voit que ce temps décroît rapide-
ment de a à 4? de 4 à 8, qu'il varie peu de 8 à 16, et d'une manière
presque insensible de Sa à 64, de laS à ^56.
» Ces expériences montrent qu'on ne gagne presque rien pour le temps
en doublant le nombre des éléments, quand la pile est déjà composée de
8 éléments; et comme la perte en zinc et en acide est la même dans chaque
paire pour un même travail chimique extérieur, il y a un avantage réel à
ne pas dépasser ce nombre d'éléments. Je parle ici de la pile à charbon , il
doit en être de même d'une pile quelconque à deux liquides. Je n'ai pas
encore fait l'expérience.
» Dans ces expériences, les électrodes étaient des lames de platine fixées
et même soudées à des verges plates de cuivi-e. Toute la partie des verges
qui devait plonger dans l'eau acidulée était couverte de ma,stic; la portion
des lames de platine non couverte avait une surface égale à celle de l'élément
zinc de la pile: la distance de ces lames était de to™", 76.
1) L'eau acidulée était composée de i partie d'acide sulfurique sur Sg par-
ties d'eau.
» On a décomposé d'abord une quantité d'eau capable de fournir 3', 5 de
mélange gazeux; mais comme cette décomposition exigeait plus de trois heures
pour 2 éléments, on a remplacé le large tube dans lequel on recueillait le
( 42a )
mélange gazeux par un tube plus étroit, de la hauteur de i mètre environ
et de la capacité de r litre.
" Je ne publie pas encore les résultats avec tous les détails, parce qu'ils
ne comprennent pas en entier le travail chimique que je me suis proposé
d'examiner. Je veux d'ailleurs faire intervenir les courants dérivés dans ces
expériences aussi bien que dans les expériences sur l'aie lumineux, afin
d'avoir rigoureusement les rapports entre les intensités du courant dans une
même série d'essais.
" Il ne serait pas juste d'exiger dans une Note aussi abrégée la cita-
tion des travaux qui ont été faits, tant en France qu'à l'étranger, sur ces dif-
férents sujets, considérés d'une manière différente. Je tâcherai, dans les
Mémoires que j'aurai l'honneur de présenter à l'Académie, de rendre à chacun
ce qui lui est dû (i).
" Ce qui caractérise mes essais sur le phénomène chimique de la pile de
Bunsen, c'est l'estimation simultanée, du travail chimique intérieur, du tra-
vail chimique extérieur et de l'intensité du courant par la boussole. "
OPTIQUE MATHÉMATIQUE. — M. AuGUSTiN Cauchy présente à l'Académie
un Mémoire sur la réflexion et la réfraction opérées par la surface exté-
rieure d'un cristal à un ou à deux axes optiques, et démontre la propriété
que possède une telle surface de transformer, sous certaines conditions, un
rayon simple renfermé dans le -plan d'incidence, et réfléchi sous l'incidence
principale, en un rayon doué de la polarisation elliptique.
ASTRONOMIE. — Éléments paraboliques de V orbite de la comète découverte
à Senftenherg , par M. Brorsen, le 5 septembre i85o; par M. Mauvais.
Première approximation.
Passage au périhélie, i85o, octobre 19^,20572
Longitude du périhélie 88° i' 47"
Inclinaison du plan de l'orbite 38.29.32
Longitude du nœud ascendant 206. 3i .49
Distance périhélie 0,575618
Sens du mouvement héliocentrique Direct.
..' (i) Je rappellerai alors ce qui a été fait par MM. Gay-Lussac et Thenard avec la pile à un
seul liquide à zinc non amalgamé , par M. Faraday, par M. Daniel , par MM. Boquillon et
Silberman avec la pile à un seul liquide à zinc amalgamé , par M. Pouillet avec la pile de
(4^3)
'• Cette comète avait été découverte le 9, à Paris par M. Mauvais et à
Markree par M. Robertson; mais les deux observateurs, comme on le voit,
avaient élé prévenus par M. Brorsen, qui avait vu l'astre quatre jours avant
eux. "
ZOOLOGIE. — Sur plusieurs genres nouveaux de Passereaux ;
par M. Ch. Bonaparte.
« M. Charles Bonaparte, dans le but d'épargner à la science un de ces
nombreux synonymes qui ne l'encombrent déjà que trop, rappelle, à pro-
pos d'une singulière Alouette (Je l'Algérie, qu'on a l'intention de publier
comme nouvelle, qu'il l'a lui-même fait connaître depuis plusieurs mois,
dans un ouvrage dont il a fait hommage à l'Académie, sous le nom de Me-
lanocorjpha clot-bej (p. 244 de son Conspectus Avium, Leyde, mars
i85o). C'est, en effet, au célèbre médecin de Méhémet-Ali que, d'après le
désir de Temminck qui avait reçu de lui l'oiseau, c'est à Clot-Bey, que l'au-
teur appelle pestilentialis Jlagelli Flagelluni, que l'espèce est dédiée. De-
puis, la forme toute particulière du bec qui rappelle celle du Paradoxornis
de l'Inde, et les couvertures des tarses ont persuadé l'auteur à en consti-
tuer un genre sous le nom de Rampfiocoris , nom qui se trouve déjà adopté
dans plusieurs musées et plusieurs imprimés. Ce genre, avec beaucoup d'au-
tres noms nouveaux et d'espèces et de genres, se trouve consigné dans le
Mémoire dont M. Isidore Geoffroi - Saint - Hilaire a bien voulu donner
lecture et soigner l'impression en ce qui concerne les Perroquets, les Vau-
tours et les Oiseaux-Mouches, dans les Comptes rendus (i). Craignant d'abu-
ser du temps de l'Académie, c'est à M, Guérin-Méneville qu'a été remise ta
suite de cette Revue de la classe des Oiseaux , et il la publie dans ce moment
dans son utile Magasin de Zoologie.
" M. Charles Bonaparte se borne à citer parmi les genres nouveaux
établis depuis ses derniers écrits :
» I. Pyrrhuphonia , Bp., pour les Tangaras à bec, pour ainsi dire, de
Bouvreuil, tels que jamaïca , L., œnea , Sundev. et cinerea , Lafresn.
Daniel à zinc non amalgamé , plongeant dans une dissolution de sel marin ou de sulfate de
zinc, par M. Grove sur la pile à gaz, etc., sur les actions chimiques, et par M. Bunsen, par
MM. Fizeau et Foucault, par M. Casselman, etc. , sur l'intensité lumineuse de la pile de
Bunsen,
(i) Tome XXX, pages i3i, 291 et 379.
( 4a4 )
» 2. DuBUSiA,Bp., en l'honneur de l'excellent ornithologiste, directeur
du Musée de Bruxelles. Ce genre très-naturel, formé aux dépens des vrais
Tangaras et de quelques prétendus Tachjphones j, compte pour le moins
dix espèces qui ont toutes le bec fort, trigone à la base et crochu, et se res-
semblent même par la couleur, telles que T. nwntana, d'Oib., ce géant
des Tanagriens que l'on pourrait même isoler; T. cjanocephala , d'Orb.,
T. oLivi-cjranea , Lafr., Tnch. lachrjmosus , Dubus (dont le T. palpe-
hrosa, Lafr., ne diffère point), T. eximia, Boissonn., T. jlavinucha,
d'Orb., T. victorini , T^afr. (e/egaws^ Less. ), T. suinptuosa , Less. , et Du-
busia seljsia, Bp. (qui a voulu consacrer ainsi la visite de deux savants
amis), à peine différent du Tach. tœniaius i^Duhusia tœniatà) Boissonn.
» 3. Hypochera, Bp. , pour le Combassu ou Fringillanitens.
n 4- LoPHOSPiZA, Bp. , pour le Fringilla cristata (à tort confondu
avec le Tanagra de ce nom) et le pileata, Wied.
» 5. Phonipara, Bp., pour les Loxia canora , Fringilla lepida , etc.,
des Antilles.
» 6. Psittospiza, Bp., pour le Tanagra riefferi, Boissonn. [prasina,
Lafr., Saltator elegans, Tschudi), du Pérou.
» 7. Hesperiphona , Bp., pour la Fringilla vespertina de l'Amérique
septentrionale, dont le Coccothraustes bonapartii, Less. , est la femelle , et à
laquelle se rattachent plusieurs espèces asiatiques, mais non pas le C. inela-
noxanthus , Hodgs., qui reste type du genre Mycerohas , Cabanis. »
MÉMOIRES LUS
ZOOLOGIE. — De la composition de la bouche dans les Insectes de l'ordre
des Diptères ; par M. Emile Blanchard. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Duméril, Milne Edwards, Duvernoy.)
« Les recherches de M. Savigny ont montré pour les appendices qui en-
trent dans la composition de la bouche de presque tous les représentants de
la classe des Insectes, une analogie complète, quant à leur nombre et quant
à leurs connexions
» Cependant M. Savigny a laissé une lacune considérable. Dans l'ordre
des Diptères , les Taons ( Tabanus) iment seuls pris pour exemple. Aussi l'on
ne sait encore que d'une manière bien imparfaite combien la bouche des
( 4^5 ^
Diptères présente, d'une famille à l'autre, de différences profondes, et l'on
sait surtout beaucoup moins quelle est la nature de ces différences.
» Dans deux groupes, les Culiciens et les Tabaniens, on peut aisément
comparer les appendices buccaux à ceux des autres Insectes; on y trouve
une lèvre supérieure, deux mandibules, deux mâchoires sous la forme de
soies, ainsi qu'un épipharynx très-développé, et enfin une lèvre inférieure
plus ou moins engainante. A l'égard de ces types , il ne se présente donc au-
cune difficulté; mais pour les autres Diptères, il n'en est pas de même.
Aussi les entomologistes qui se sont occupés de ces Insectes ne présentent
pas, dans leurs ouvrages, les caractères tirés de la conformation de la bou-
che , autrement qu'en indiquant le nombre des soies qui entrent dans sa
composition. C'est ainsi que trois groupes principaux de l'ordre des Diptères
ont été désignés sous les noms de Hexachœtes, de Tétrachœtes et de Di-
chœtes, suivant que leur bouche est pourvue de six , de quatre ou seulement
de deux soies.
» Jusqu'ici l'on s'est médiocrement préoccupé de ces différences si remar-
quables, et l'on a cru que la bouche des Diptères était complète seulement
dans les espèces ayant six soies, que les mandibules manquaient dans les
espèces n'en ayant que quatre, et qu'enfin les mâchoires manquaient aussi
bien que les mandibules, dans les espèces simplement pourvues de deux
soies-
» En étudiant d'une manière suivie les appendices qui entrent dans la
composition de la bouche des Diptères, chez les représentants des diverses
familles de cet ordre, je n'ai pas tardé à me convaincre qu'il y a, en gé-
néral, toute autre chose que l'atrophie des mandibules et des mâchoires.
') On ne s'est nullement arrêté à la tendance la plus manifeste du système
appendiculaire buccal des Diptères, la tendance à la soudure des parties;
et cependant chez un très-grand nombre de ces Insectes, il est aisé de voir
qu'il n'existe plus que des pièces impaires: chez beaucoup d'entre eux même,
elles sont presque toutes réunies, au moins par leur base, de manière à
former une sorte de tube.
" Pour parvenir à déterminer avec certitude chaque appendice, la diffi-
culté paraissait grande de quelque côté qu'on l'envisageât. Il était indispen-
sable de multiplier infiniment les comparaisons, et je le fis déjà, lorsque
je publiai dans l'atlas de la nouvelle édition du Règne animal de Cuvier, les
détails servant à caractériser les différents groupes de Diptères; mais pour
ne rien laisser dans le doute, cette série de recherches me parut insuffisante.
C. R., i85o, î""» Semestre. (T. XXXI, N° 12.) 57
( 4^6 )
J'eus recours à une suite d'observations de la nature de celles qui, en i845 ?
m'avaient conduit à déterminer les appendices des Arachnides. En un mot,
je fis une élude spéciale des nerfs qui se rendent aux pièces buccales, f^e
système nerveux n'étant {{uère variable, c'était le guide le plus stir.
» Chez les Tabaniens, ou Diptères à six soies, les appendices buccaux
ayant été déterminés rigoureusement par M. Savigny, je n'ai pas besoin de
m'y arrêter. Cependant, comme ce type m'offrait le point de départ le plus
naturel, j'ai dû ra'attacber à reconnaître bien exactement la disposition des
nerfs buccaux; et je me suis assuré que la lèvre supérieure recevait ses nerfs
des centres médullaires ccrébroïdes, et que les trois paires naissant du gan-
glion sous-œsophagien se distribuaient aux mandibules, aux mâchoires et à
la lèvre inférieure, comme chez les Insectes broyeurs.
" Dans les Asiliens, ou Diptères à quatre soies, les mandibules ne dispa-
raissent pas comme on a pu le croire, mais elles se réunissent, se soudent
complètement et ne forment plus qu'une pièce impaire et médiane. En
outre, l'épipharynx des Tabaniens, qui est rudimentaire ou nul chez la plu-
part des Insectes, l'est également dans les Asiliens. L'examen des nei-fs buc-
caux ne peut laisser le moindre doute sur ces faits; en isolant le ganglion
sous-œsophagien , nous retrouvons les trois paires de nerfs que nous avons
vues chez les Taons: les plus internes, ceux de lalèvre inférieure; les seconds,
ceux des mâchoires, et enfin les externes s'engageant dans la pièce impaire,
comme ils s'engagent dans les mandibules chez les Taons.
» Dans les Musciens ou Diptères à deux soies, toutes les pièces sont
retenues dans une gaîne formée par la lèvre inférieure et les mâchoires. En
dessus il existe une lamelle aiguë qui est la lèvre supérieure; comme chez
tous les autres, ses nerfs ont leur origine dans les ganglions ccrébroïdes.
Au-dessous on observe quelquefois un épipharynx saillant, mais qui est le
plus souvent rudimentaire; dans tous les cas, il reçoit des rameaux des nerfs
de la lèvre supérieure. Au-dessous, une lamelle, plus allongée que la lèvre
supérieure, nous montre, comme chez les Asiles, les deux mandibules réu-
nies. Dans tous ces Diptères, il semblait très-difficile de retrouver la trace
des mâchoires, et en même temps on s'étonnait de rencontrer des palpes
situés sur le sommet delà trompe. Or, ayant constaté que ces palpes rece-
vaient leurs nerfs de la seconde paire, j'ai pu me convaincre que le
corps des mâchoires se soudait avec la lèvre inférieure pour former la
trompe.
" Dans quelques Syrphiens (Eristalis), où cette portion n'a pas encore
( 4t>.7 )
Taspect membraneux qu'on lui trouve dans les Muscides, ce fait est très-
apparent, indépendamment même de la considération des nerfs,
» En résumé, la bouche des Diptères nous présente des appendices en
tout comparables à ceux des autres Insectes; seulement ces appendices se
modifient d'une manière spéciale, les modifications les plus importantes
étant produites par le fait des soudures ou plutôt de l'ossification confuse des
parties, ainsi que cela se voit pour les pattes de certains Crustacés, comme
les Galiges; modifications qu'il était très-difficile et peut-être même impos-
sible de bien comprendre par le seul examen des connexions de chaque
pièce , mais qui me paraissent nettement déterminées par l'étude des nerfs
buccaux.
» A ce résumé, j'ajouterai que les modifications du système appendicu-
laire buccal extrêmement légères, en général, dans chacun des ordres na-
turels de la classe des Insectes, deviennent, au contraire, fort considérables
entre les familles de l'ordre des Diptères. Or ce fait , qui se lie encore à
d'autres considérations, me semble devoir conduire à cette conclusion : que
le groupe entier des Diptères a une valeur bien supérieure à celle des au-
Ires grandes divisions de la classe des Insectes, et que cette différence est
telle, qu'on devrait, pour l'exprimer, séparer la classe des Insectes en
deux divisions: l'une, et la plus importante, pour tous les Insectes à quatre
ailes; l'autre, et la moins considérable, pour les Insectes à deux ailes (i).
» En un mot, il y a entre les Insectes diptères et les Insectes tétraptères
quelque chose de comparable aux deux séries principales de la classe des
Mammifères : les Mammifères ordinaires et les Marsupiaux. »
PHYSIQUE. — Etudes comparées de l'électricité voltaïque et de l'électricité
statique (premier Mémoire); par M. Mène.
(Commissaires, MM. Pouillet, Despretz.)
On attendra, pour rendre compte de ce travail, les communications ulté-
rieures que l'auteur annonce comme prochaines.
(i) A chacune il faudrait rattacher plusieurs types aptères.
5?-
( 4a8 )
AlÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ZOOLOGIE. — Recherches sur la phosphorescence du port de Boulogne
(résumé); par M. A. de Quatrefages.
(Renvoi à la Section d'Anatomie et Ae Zoologie.)
« A Boulogne comme au Havre, la phosphorescence du port est due ex-
clusivement peut-être aux Noctiluques.
» L'uniFormité de teinte que semblent présenter certaines vagues lumi-
neuses n'est qu'une illusion résultant du nombre immense et de la petitesse
des points brillants.
» En observant les Noctiluques sous le microscope jusqu'à des grossisse-
ments de plus de deux cents diamètres, on reconnaît que la lumière émise
par chacun de ces animalcules est due à une multitude d'étincelles isolées
et très-petites. Le plus ordinairement, cette lumière ne brille que sur une
faible portion du corps.
» Tous les agents physiques ou chimiques qui excitent la contraction des
Noctiluques, produisent en même temps un redoublement d'intensité dans
la phosphorescence. Certains d'entre eux rendent les animaux momentané-
ment lumineux dans toute l'étendue du corps. Ces faits généraux résultent
d'expériences faites en employant l'électricité, le vide plus ou moins parfait,
la combustion, etc., et en soumettant les Noctiluques à l'action de divers
acides, bases, gaz, etc.
» Les gaz irritants solubles dans l'eau exercent une action des plus mar-
quées.
1' Les gaz propres à entretenir la combustion , les corps enflammés
agissent exactement de la même manière.
" De ces différents faits constatés par plusieurs témoins, je crois pouvoir
conclure :
" i". Les Noctiluques n'ont point d'organe spécial destiné à produire la
lumière, comme cela se voit chez les Lampyres.
» 2°. La phosphorescence chez les Noctiluques n'est pas, comme chez les
fiampyres, un phénomène de combustion.
•> 'i". Chez les Noctiluques, la phosphorescence se rattache intimement
à la contraction spontanée ou provoquée de la trame même du corps. «
( 4^9 )
ÉCONOMIE RURALE. — Mémoire sur la maladie des pommes de terre;
par M. F. Meivesson.
(Commissaires, MM. Gaudichaud , Decaisne.)
L'auteur fait connaître les résultats auxquels il est arrivé dans des obser-
vations suivies méthodiquement depuis trois ans.
Il décrit la marche progressive de la maladie , indique les circonstances
qui en hâtent le développement, et signale les variétés de pommes de terre
qui sont le plus sujettes à présenter cette altération, désignée par lui sous le
nom de mélanose tuberculeuse. Il a essayé , pour arrêter la marche du mal ,
un moyen pratiqué très-généralement, depuis quelques années, en Angle-
terre, procédé qui consiste à froisser fortement avec les pieds toutes les tiges
de pommes de terre à leur base à l'époque où il n'y a encore que les faunes
d'attaquées. Ce moyen ne lui a pas paru sans efficacité; mais il a trouvé plus
d'avantage à couper les tiges à leur base, un peu au-dessus de la surface du
sol. Ayant remarqué, comme l'ont fait déjà plusieurs autres agronomes, que
les variétés précoces sont beaucoup plus rarement attaquées que les autres,
il a pensé que pour celles-ci l'emploi des agents propres à accélérer la végé-
tation aurait pour effet de prévenir ou, au moins, d'atténuer le mal, et les
essais qu'il a faits avec des sels de chaux, avec le sel marin, la cendre noire
employée dans le nord de la France, lui ont paru donner des résultats satis-
faisants. Toutefois, il se promet davantage d'un moyen qu'il n'a pu essayer,
et qui consisterait à régénérer la plante au moyen de graines tirées du pays
d'où elle est originaire, des Andes du Pérou. Pour cela, il croit que l'inter-
vention du gouvernement serait nécessaire, et il ne doute point qu'elle ne
fût acceptée avec reconnaissance par les cultivateurs.
M. Zabkowshi (i), préparateur de physique et de chimie au collège
d'Auxerre, adresse un supplément à une Note qu'il avait envoyée l'an passé
sur les mojens de faire certaines expériences d'optique, de manière à ce
que, dans un cours public, elles puissent être suivies en même temps par
tous les élèves.
(Commissaires, MM. Pouillet, Despretz.)
(i) Le nom de l'auteur, difficile à lire dans sa première communication, avait été écrit
Tabrewski. (Voir Comptes rendus, tome XXIX, page 585.)
(43o)
M. H. Bern/vro adresse une Note concernant les avantages qu'il y aurait
à mettre enjeu les pompes des navires par un mouvement semblable à celui
du cabestan, et sur un dispositiF qu'il a imaginé à cet effet.
. (Commissaires, MM. Combes, Seguier.)
CORRESPONDANCE.
Lettre de M. le Ministre de l'Instructio.v publique.
Il septembre i85o.
Monsieur le Secrétaire perpétuel ,
J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint une ampliation d'un décret rendu,
sur ma proposition, par M. le Président de la République, le i" septembre
courant, et qui a pour objet de déclarer vacant le siège occupé à l'Aca-
démie des Sciences par M. Libri, et d'ordonner le retour au Trésor des
sommes restées disponibles jusqu'à ce jour sur les indemnités de cet ancien
académicien.
Décret du Président de la République.
Au nom du peuple français, le Président de la République,
Vu l'arrêt de la Cour d'assises du département de la Seine , en date du
22 juin i85o ;
Vu la lettre de l'Académie des Sciences en date du 20 août suivant;
Considérant que M. Libri, Membre de l'Institut, a quitté la France dès le
28 février i848;
Sur le rapport du Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,
Décrète :
Art. i. Le siège occupé à l'Académie des Sciences, section de Géomé-
trie, par M. Libri, est déclaré vacant.
Art. 2. Les sommes restées disponibles jusqu'à ce jour sur les indemnités
de M. Libri feront retour au Trésor public.
Art. 3. Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes est chargé de
l'exécution du présent décret.
M. le Préfet de police consulte l'Académie sur un projet qui lui a été
présenté à l'occasion d'une loterie autorisée par le gouvernement. On pro-
( 43. )
pose un mode nouveau d'extraction pour les chiffres formant les numéro»
gagnants. Avant d'autoriser l'emploi d'une méthode qui n'a pas de précédent,
M. le Préfet de police désire avoir l'avis de l'Académie des Sciences.
(MM. Sturm , Lamé, Duhamel sont inviiés à prendre connaissance de ce
projet, et à en faire l'objet d'un Rapport à l'Académie.)
ASTRONOMIE. — Extrait d'une Lettre de M. Hind, i4 septembre i85o.
« fia dernière nuit, à lo** lo" de temps moyen, j'ai découvert une nou-
velle planète (appartenant évidemment au groupe nllra-zodiacal) dans l'aile
de Pégase. Elle ressemble à une étoile de 9* grandeur avec une lumière d'un
bleu pâle. Les observations, réduites provisoirement, donnent:
Temps moyen
de Grecnwich.
Septembre 1 3 n"» 29>" 36» & = 23" 44"" 45',o8 D = + 14- 6' 42",9
MÉTÉOROLOGIE. — Observation d'un météore lumineux faite à Toulouse,
le 7 septembre i85o, à 9 heures du soir. (Extrait d'une Lettre de M. le
D' Labrey à M. Jrago.)
« J'ai observé avant-hier, samedi 7 septembre, à g heures précises du
soir (temps moyen de Toulouse), un bolide d'un éclat remarquable, beau-
coup plus vif que celui de Vénus et qui se mouvait avec une grande lenteur.
n Mon confrère et ami, M. Petit, directeur de l'observatoire, auquel j'ai
fait part de cette observation, m'a fortement engagé à vous la transmettre
dans l'espoir que si elle était insérée par vous aux Comptes rendus, elle
appellerait d'autres communications qui permettraient de calculer les
diverses particularités de la trajectoire du météore.
" D'après les renseignements que je lui ai fournis sur des points de repère
très-précis, voici les coordonnées qu'il a déterminées lui-même:
, ,, , , ,- , ( Ascension droite lôS"
Point de départ du bolide. .. <^. ,. . .,„
■^ (Distance polaire nord.. . 04
„ . ,, . . , , ,. , (Ascension droite 140°
Point d extinction dn bonde. <^. , . , ,
( Distance polaire nord. . . ao"
» Temps employé par le bolide pour aller de l'un à l'autre des deux
points, de 4 à 5 secondes; moyenne, 4*,5. »
(43a)
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles recherches sur la production de l'acide
succiniqite au moyen de la fermentation ; par M. Dessaignes.
« FiOrsque j'ai eu fait connaître sommairement la transformation du ma-
late de chaux brut en succinate de chaux par la fermentation spontanée, je
me proposais d'ajouter à cette première observation les faits que l'analofjie
pourrait me révéler. Cette recherche était déjà bien avancée lorsque M. làebig
a fait paraître un Mémoire sur le même sujet. J'aurais abandonné mon tra-
vail , si dès lors je n'avais trouvé quelques faits qui n'ont pas été observés
par le célèbre chimiste de Giesseu.
» Je me sers de la caséine brute comme ferment, je la mêle intimement
à l'eau tenant en dissolution ou en suspension la matière mise en expérience,
et j'abandonne le tout à la température ordinaire de l'été pendant trois se-
maines ou un mois. Mes essais ont porté sur le malate de chaux neutre et
parfaitement pur, le malate acide de chaux, le malate de potasse, l'aspar-
tate de potasse et celui de chaux, le fumarate de chaux, le maléate de niême
base et l'aconitate de chaux extrait de l'aconit napel. Tous ces sels se conver-
tissent facilement en succinate sous l'influence de la fermentation de la ca-
séine. L'asparagine , sous la même influence, commence par se changer en
aspartate d'ammoni:i(|ue, qui lui-même se transforme en succinate. En effet,
si l'on interrompt la fermentation quand elle est loin d'être achevée, on
trouve dans la liqueur une grande quantité d'acide aspartique en même temps
que de l'acide succinique.
H Le corps non isolé encore qui existe dans les semences de la famille des
Légumineuses et s'y convertit par la germination en asparagine, est aussi
susceptible de se transformer en acide succinique. En effet, si l'on délaye
dans l'eau de la farine de pois pendant douze heures, et si l'on abandonne
à la fermentation, après y avoir ajouté de la craie, la liquenr filtrée, ou y
trouve une notable quantité de succinate de chaux. J'ai fait fermenter sépa-
rément la légumine, la liqueur d'oîi elle avait été précipitée, et aussi' un
corps azoté, précipitant le tannin, et qui a été signalé par M. Braconnot.
J'espérais ainsi découvrir le corps qui produit l'acide succinique. Toutes ces
fermentations donnent pour résultat de l'acide succinique en quantités, il est
vrai, inégales, mais cette partie de mes recherches n'est pas encore terminée.
J'ai aussi produit le même acide par la fermentation de l'émulsion d'amandes
douces, séparée de son huile et mélangée de craie. Il paraît donc que la
(433)
fermentation succinique se rencontrera aussi fréquemment dans la nature
que les fermentations acétique, métacétique, butyrique et valérianique.
» J'ajouterai maintenant un mot sur les acides isomères de la formule .
C*H»0*.
Comme on l'a vu plus haut, les acides fumarique, maléique et aconitique se
convertissent également en acide succinique; celte similitude de transfor-
mation est remarquable, car, d'une part, les citrates de chaux ou de soude,
fermentes avec de la caséine, ne donnent pas d'acide succinique, et, de
l'autre, les deux acides dérivés de l'acide malique se distinguent très-nette-
ment de l'acide aconitique par une autre métamorphose. En effet, j'ai trouvé
que le bifumarate et le bimaléate d'ammoniaque, soumis à la distillation
sèche, donnent une matière très-semblable par la plupart de ses réactions,
mais non identique à celle que le bimalate d'ammoniaque produit dans les
mêmes circonstances. Cette matière, par l'action prolongée de l'acide chlor-
hydrique, se convertit en acide aspartique, qui est absolument le même que
celui que l'on obtient avec l'acide malique. Or le biaconitate d'ammoniaque
et le biéquisétate d'ammoniaque, soumis au même traitement, ne produisent
pas d'acide aspartique. Le maléate ammonique neutre ne précipite pas le
chlorure ferrique, tandis que l'aconitate et l'équisétate neutres d'ammoniaque
précipitent le même sel. Dans l'étude comparative que j'avais commencée
de ces trois acides, j'avais pu facilement me convaincre de la complète
identité des acides aconitique et équisétique, et de la non-identité de ce der-
nier acide et de l'acide maléique; mais les détails que je pourrais donner à
cet égard deviennent inutiles par la publication récente de M, Baup sur ce
sujet.
» Je terminerai enfin en indiquant un moyen d'obtenir, avec l'asparagine,
un acide aspartique cristallisant sous la même forme c[ae l'acide aspartique
tiré du bimalate d'ammoniaque. On chauffe à 200 degrés, jusqu'à ce qu'on
ne sente plus d'odeur ammoniacale, de l'aspartate d'ammoniaque provenant
de l'asparagine; il reste une matière brune peu soluble qui, traitée par l'a-
cide chlorhydrique , reproduit de l'acide aspartique cristallisant en prismes
courts et durs , tels que ceux de l'acide dérivant des acides malique, maléique
et fumarique. »
M. Zauwski prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte de
deux Notes qu'il lui a précédemment adressées ^séances du aa avril et du
C. R., i85o, a"» Semestre. (T XXXI. N" 12) 58
( 434 )
g août i85o), et d'uoe troisième qu'il présente maintenant. Cette dernière
est relative à une application qu'il propose de faire de l'électricité aux be-
soins de la vie commune.
M. Babinet est invité à prendre connaissance de ces Notes, et à faire savoir
à l'Académie si elles sont de nature à devenir l'objet d'nn Rapport.
M. Bhachet adresse une Note ayant pour titre : Application des lentilles
sphériques à échelon au microscope catadioptrique solaire.
L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés, présentés l'un
par M. BouEH, l'autre par M. P. Gobimi.
La séance est levée à 5 heures. A.
(435 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, daas la séance du i6 septembre i85o, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de C Académie des Sciences;
a™" semestre i85o ; n° 1 1 ; in-4°.
Notice sur la faculté spéciale que possèdent les aveugles de naissance pour
Jaire les calculs de tête, et sur l'application avantageuse qu'on en peut déduire
au profit de leur bien-être et de la société; par M. Ramon de la Sagha; bro-
chure in-8°.
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont
été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1 844 > publiée par les ordres de
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce; tome l"^, in-4°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; n° log; in-8".
Annales forestières ; a" série, tome IV, n° 8; août i85o; in-S".
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer; n° 6 ; i5 septembre i85o; in-8°.
Répertoire de Pharmacie, recueil pratique , rédigé par M. le D' A. Bou-
CFIABDAT; 7® année, tome VII, n° 3; septembre i85o; in-8°.
Revue médico-chirurgicale de Paris, publiée sous la direction de M. Mal-
GAIGNE; 4' année; tome VIII; septembre i85o; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; année i849-i85o;
tome IX; n° 9; in-8°.
Monografia... Monographie des eaux minérales d'Alange [Fstramadure).
Madrid, i85o; 1 vol. in-8°.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; n° 730.
Gazette médicale de Paris; n° 37. '
Gazette des Hôpitaux; n°' 107 à 109.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 23 SEPTEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIV8
DES IVIEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉOLOGIE. — Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. Élie de
Beau mont, sur la corrélation des dijjérents systèmes de montagnes (i);
par M. Constant Prévost.
» Les savantes et laborieuses recherches dont M. Élie de Beaumont vient
de communiquer les principaux résultats à l'Académie, auront, je l'espère,
outre une haute portée scientifique comme exemple de l'application de la
géométrie à la géologie, cette conséquence, qui n'est pas sans importance,
de servir à lever tous les doutes, et à mettre fin aux dernières incertitudes
relativement à la véritable cause qui a produit les montagnes.
» D'accord sur les faits qui démontrent incontestablement que le relief
actuel de la surface terrestre est le résultat complexe de dislocations succes-
sives et distinctes, dont l'âge relatif peut être déterminé par les déplace-
ments particuliers que chacune a produits dans le sol, les observateurs sont
encore partagés quant aux causes auxquelles il faut attribuer ces dislocations.
(i) Compte rendu, séance du 9 septembre i85o; tome XXXI , page SaS.
C. R., i85o, a»* Semettre. (T. XXXI, N» 15.) 59
(438 )
» Les ans, disposés à expliquer les phénomènes géologiques par des
causes extraordinaires, croient trouver dans les ruptures, les conlourne-
ments, les redressements de couches originairement plus ou moins conti-
nues et horizontales, la preuve que sous le sol, à de certaines périodes, il
s'est développé graduellement une puissance expansive incommensurable , qui
aurait, pour s'échapper, brisé et soulevé les obstacles qui la comprimaient
et la tenaient captive.
» D'autres, guidés par des observations qui les conduisent à regarder la
Terre comme un corps soumis aux lois du refroidissement, s'expliquent,
par analogie, les mêmes effets, en les considérant comme les conséquences
naturelles du retrait et du ridement de l'enveloppe consolidée du sphéroïde
terrestre, devenue trop ample à mesure que la masse enveloppée a diminué
de volume en se refroidissant.
» Pour les premiers, les dislocations du sol seraient dues à une force
centrifuge; les seconds attribuent, au contraire, les mêmes dislocations à
une force centripète.
» Entre ces deux manières de voir extrêmes et en apparence incompa-
tibles, il s'est cependant trouvé certains amendements possibles, qui, intro-
duits dans le langage et l'interprétation des termes, ont paru devoir faire
cesser de longues et assez vives discussions, mais qui n'ont fait que renvoyer
le jugement définitif à l'expérience et au temps; car il n'y a jamais prescrip-
tion contre la vérité, ni transaction avec elle : tôt ou tard elle doit avoir
complètement raison.
» Sans vouloir revenir sur des débats qui n'ont que trop fréquemment,
peut-être, occupé les moments de l'Académie il y a déjà plus de quinze
années, débats alors utiles, puisqu'ils ont porté leur fruit et qui, par cette
raison, ne sont plus nécessaires aujourd'hui, j'ai cependant besoin de rap-
peler, en quelques mots, et pour ainsi dire historiquement, le passé, afin
de bien préciser l'état et l'importance de la question , et aussi pour justifier
la prétention que j'ai, dans ce moment, de ramener à une seule et même
opinion non seulement les géologues dissidents, mais surtout encore les per-
sonnes du monde éclairé, qui, avec le désir de savoir, n'ayant ni l'occasion
ni le loisir d'examiner les faits, ont, pour se décider, besoin du témoignage
d'une grande autorité.
» J'ai donc pour but de démontrer que l'opinion embrassée depuis long-
temps par M. Élie de Beaumont, opinion à laquelle le nouveau travail de
mon savant confrère vient donner une consécration solennelle, et l'on peut
dire définitive, ne diffère en aucune manière de celle qu'il y a plus de vingt-
( 439 )
cinq ans j'ai professée et soutenue, relativement à la foi-mation des mon-
tagnes.
» Lorsque, dans les premières années du siècle, deux des plus célèbres
élèves de Werner, après avoir exploré, l'un l'Europe jusqu'au cap Nord,
l'auti-eime grande partie des deux continents, se décidèrent, non sans peine ,
à abandonner les systèmes exclusivement neptuniens d'un maître juste-
ment révéré, la géologie positive, qui devait tant au savoir et à la méthode
d'enseignement de ce maître, reçut une nouvelle impulsion de la loyale et
savante opposition faite à ses idées trop systématiques. En effet, de ce mo-
ment d'émancipation, les phénomènes volcaniques, regardés à l'école de
F'reyberg comme des accidents locaux et presque sans importance pour
l'histoire de la Terre, vinrent se placer, à titre égal, à côté des effets pro-
duits par la cause aqueuse dans l'étude et l'explication de la formation du
sol; les roches de cristallisation massives et non fossilifères ne furent plus
considérées comme les premiers précipités d'un li(|aide que n'habitaient pas
encore des êtres organisés, leur analogie avec les produits des volcans ac-
tuels fut reconnue, et, malgré la plus vive résistance de la part des parti-
sans des idées de l'école saxonne, les basaltes, les trachytes, les porphyres et
les granits eux-mêmes furent successivement assimilés presque en tout point
aux laves actuelles, quant à leur origine, leur sortie, leur consolidation et
leur action sur les matériaux du sol préexistant .
« Les tremblements de terre, les émanations gazeuses, les eaux ther-
males, les filons, les volcans enfin, représentèrent désormais dans leur en-
semble la grande cause plutonienne, comme les mers, les lacs, les fleuves
représentaient la cause neplunienne.
>• Avec cette nouvelle manière de voir, d'anciennes idées sur l'origine
ignée du globe durent reprendre faveur. On examina avec plus de soin et
avec moins de prévention les opinions des Leibnitz, des Buffon , celles des
Stenon , des Lazzaro Moro, rejetées ou oubliées comme de purs effets de
1 imagination, et l'on fit plus d'attention aux doctrines soutenues contre
Werner et ses élèves restés fidèles , par nos contemporains, d'honorable mé-
moire, les Desmarest, les Guettard, les Faujas, les Dolomieu, les Montlosier
et particulièrement par Hutton , dont le concours et les efforts ne purent
lutter qu'avec beaucoup de peine contre l'influence, sans doute méritée à
beaucoup d'égards, mais malheureusement trop despotique, de l'immortel
professeur de Freyberg.
» M. Léopold de Buch, convaincu, après son voyage en Laponie, par les
observations que lui fournirent les relations des roches d'origine ignée avec
59..
( 44o )
celles d'origine aqueuse, de l'existence antérieure de celles-ci dans un grand
nombre de cas, et de leur contemporanéité dans d'autres, fut l'un des pre-
miers conduit à chercher l'âge relatif de l'apparition des diverses roches de
cristallisation, en tenant compte, pour se diriger, de l'influence de celles-ci
sur les roches sédimentaires avec lesquelles elles se trouvent en rapport;
c'est de cette manière que le célèbre géologue parvint à reconnaître
non-seulement que les diverses chaînes de montagnes de l'Allemagne avaient
été formées à des époques différentes, mais encore à assigner l'âge relatif
de chacune d'elles.
» C'est cette belle et ingénieuse idée qui, appliquée à l'étude du relief de
la France, puis de l'Europe et du monde entier, avec une sagacité et une
persévérance qu'il ne m'appartient pas de louer, est devenue, entre les
mains de M. Élie de Beaumont, l'une des bases les plus solides de la géologie
moderne et l'une des sources les plus fécondes de ses progrès futurs.
" M. de Buch ne s'était pas contenté de constater les faits et d'en tirer
les conséquences immédiates; sa brillante imagination l'entraîna à rechercher
les causes premières des phénomènes qu'il venait d'observer, et, reprenant
une idée déjà émise, notamment en 1740, par Lazzaro Moro, il essaya
avec toute la puissance de son génie à la faire prévaloir. Supposant que les
matières incandescentes sur lesquelles le sol repose font un effort sans cesse
croissant pour sortir du foyer où elles sont enfermées, il attribua la dislo-
cation et le redressement des couches stratifiées à cet effort et à la sortie des
masses ignées qu'il voyait en effet consolidées dans les fentes et servir d'ap-
pui aux lambeaux redressés; dans cette hypothèse , les montagnes étaient des
portions de sol primitivement horizontales que les granits , les porphyres
quartzifèreà ou pyroxéniques, les trachytes , etc. , avaient soulevées à des
époques distinctes, tantôt suivant des lignes, ce qui avait produit les chaînes;
tantôt autour d'un point ou d'un axe, ce qui avait constitué, pour l'illustre
géologue, les cônes et les cratères de soulèvement.
" Après avoir analysé et discuté avec une scrupuleuse exactitude les nom-
breuses observations qu'il avait, en grande partie, recueillies lui-même, et
qui lui firent reconnaître alors, en Europe, neuf systèmes de montagnes
dont il détermina l'âge par rapport à la série des formations aqueuses
fossilifères, M. Élie de Beaumont, dans le Mémoire capital qu'il publia
en 182g, ne s'est pas positivement prononcé sur la question théorique
tranchée par M. de Buch. En effet, après avoir fait connaître les faits,
il dit : ■< La cause des phénomènes passagers que je viens de rajjpeler
» n'est entrée pour rien dans l'objet de mon travail actuel; les ques-
( 44. )
» lions que je me sois proposé de résoudre n'étaient que des questions
» d'époques et de coïncidence de dates. Les résultats auxquels je suis par-
>■ venu , relativement aux époques auxquelles plusieurs systèmes de mon-
» tafjnes ont reçu les traits principaux de leur forme actuelle, sont absolu-,
» ment indépendants de toute hypothèse relative à la manière dont ils
» ont reçu celte forme. En admettant mes résultats, on resterait libre, à
» la rigueur, de choisir entre l'hypothèse de Deluc, qui expliquait le re-
« d ressèment des couches paj- l'affaissenient d'une partie de l'écorce du
» globe, et l'hypothèse généralement admise par les plus célèbres géo-
>' logues de notre époque , et qui consiste à supposer que les couches secon-
» daires, qu'on trouve redressées dans les chaînes de montagnes, l'ont été
» par le soulèvement des masses de roches piimitives qui constituent géné-
» raieraenl leur axe ceniral et leurs principales sommités. » (Élie de Beau-
mont, Annales des Sciences naturelles^ tome XIX, page 226; i83o. )
» Tous les savants ne procédèrent pas avec la même prudence, et, malgré
la sage réserve de l'auteur du Mémoire Sur quelques-unes des révolutions de
la surface du globe, la théorie des soulèvements admise par M. de Hum-
boldt et par plusieurs autres savants célèbres, fut, pour ainsi dire, accla-
mée comme une vérité incontestable et dès lors inattaquable.
" Cependant, pénétré des écrits de Deluc et des raisons que M. Gordier
opposait à l'invasion des idées qui tendaient à dominer, je professai,
dès i82i,dans mon cours à l'Athénée, une opinion contraire à celle des soulè-
vements; mais je n'avais réellement alors que des doutes et des arguments
timides à faire valoir contre les hypothèses séduisantes du célèbre géologue
prussien.
" Aussi je fus très-heureux et je serai toujours reconnaissant de l'occasion
que l'Académie me donna de m'éclairer et de m'instruire en me faisant
l'honneur, en i83i, de me charger d'aller étudier les phénomènes qui
avaient précédé, accompagné et suivi l'apparition de l'île Julia dans la
Méditerranée.
» Après avoir exécuté^ma mission avec tout le soin et toute l'attention dont
j'étais capable et, je puis le dire , en m'armant de préventions et de défiance
contre ma manière de voir préconçue; après avoir étudié non-seulement le
cône éphémère du volcan sous-marin et les circonstances de sa formation,
mais encore les produits et les phénomènes volcaniques anciens de la Sicile
et de l'Italie, ceux de l'Etna , des îles Lipari, du Vésuve, et puis après, et
pour la seconde fois, ceux de l'Auvergne et des bords du Rhin, je revins en-
tièrement convaincu qu'un enthousiasme fâcheux pour les progrès de la
(440
science avait entraîné beaucoup de géologues avec les savants qui, étran-
gers aux observations géologiques, avaient pris parti et décidé, à priori, la
question en litige.
M En i832, dans mes Rapports sur mon voyage à l'île Julia , je n'ai pas
dissimulé ma pensée, malgré la défaveur avec laquelle elle devait être
accueillie; en effet, je m'exprimais ainsi en terminant l'un de ces Rapports :
« ... Peut-être que lorsque le fait démontré dn redressement , à diverses
" époques, des couches qui les composent (les montagnes) , aura été examiné
>' plus en détail sur un plus grand nombre de points, au lieu d'attribuer les
» lignes saillantes de la surface de la terre à des forces incommensurables
" qui les auraient poussées dehors, reviendra-t-on en partie à des explica-
>i tions toutes simples; en voyant, avec Deluc, que la somme des affaisse-
» ments est plus grande que celle des soulèvements, peut-être trouvera-t-on
" plus naturel de considérer la sortie des granits, des porphyres, des ba-
» saltes et des laves par les fissures du sol disloqué comme une conséquence
n de la dislocation, et non comme la cause de celle-ci. {Rapport sur le
» voyage à Vile Julia, page 46 ) »
» En i833, dans l'extrait de son premier Mémoire qu'il inséra à la suite
de la traduction du Manuel géologique de M. de la Bêche, M. Élie de Beau-
mont fut beaucoup plus explicite qu'il ne l'avait été jusque-là , car aloi-s il
ne balança plus à comparer les reliefs du sol à des plis, à des rides produits
sur l'enveloppe solide qui tendait à suivre dans sa marche, vers le centre de~
la sphère, la matière intérieure refroidie.
>i Si ce n'était pas accepter en tous points la théorie des affaissements d«
Deluc, c'était bien certainement se prononcer contre la théorie des soulève-
ments de M. de Buch; il n'existait donc réellement alors de désaccord entre
la manière de voir de mon honorable confrère et la mienne que relative-
ment à la question particulière des cratères de soulèvement que nous avons
ajournée et renvoyée, après un plus ample informé, à l'expérience et au temps
pour en faire justice à son tour.
» Après cet historique et les remarques qui précèdent, il me semble que
personne ne pourra lire et méditer les nouvelles recherches sur la corré-
lation des directions des différents systèmes de montagnes , sans acquérir la
conviction que son auteur a été inspiré par l'idée fondamentale que les dis-
locations du sol et les chaînes de montagnes, qui en sont la conséquence,
ont été produites par la tendance de l'écorce terrestre à se contracter et à
s'affaisser sur elle-même, et non par la supposition que chaque ligne sail-
lante serait due au soulèvement du sol par une force sous-jacente. En éta-
(443 )
blissant déjà depuis longtemps que chaque système de montagne est disposé
suivant un grand cercle de la sphère, et que, par conséquent, tous les sys-
tèmes sont coordonnés de la même manière par rapport au centre du globe,
M. de Beaumont a repoussé de fait l'hypothèse de puissances soulevantes
ayant leur siège dans une zone située immédiatement sous 1 ecorce conso-
lidée; car, dans cette dernière hypothèse, il semble que la position et la
direction des systèmes de montagnes ne seraient déterminées que par les
points de moindre résistance de l'enveloppe , et alors quelles relations géo-
métriques pourrait-on espérer trouver entre les directions observées des
divers systèmes, et comment la loi si belle, si simple et si utile du parallé-
lisme des accidents d'un même système pourrait- elle se concevoir avec l'ac-
tion d'un agent dont tous les efforts devraient converger vers le point qui
aurait cédé d'abord, et non pas se diviser sur des lignes parallèles?
» Au contraire, dans une sphère ou dans une enveloppe sphérique qui
tend à se fissurer en diminuant de volume, il est tout simple d'admettre que
les molécules homologues étant dans un même rapport avec le centre com-
mun, les lignes de rupture ou de plis devront se coordonner de la même
manière par rapport à celui-ci, et, par suite, se couper entre elles d'après
des lois constantes qui auront pour effet définitif de partager la sphèx'e en
parties égales de même forme, et de dessiner à sa surface des figures géo-
métriques déterminées à l'avance par la théorie ; rien de plus naturel et de
plus nécessaire, daas ce cas, que le parallélisme dans les accidents d'un
même système, que l'antagonisme dans les directions des systèmes qui se
succèdent immédiatement, et que la récurrence périodique des directions
après un certain nombre de dislocations intermédiaires.
>' Il ne m'appartient pas de multiplier davantage les remarques auxquelles
peut donner lieu le Mémoire de mon honorable confrère, dont je réclame
toute l'indulgence si je me suis trompé dans mes interprétations, et cela en
faveur du désir commun qui nous anime de connaître la vérité; ce Mémoire
a déjà été et il deviendra l'objet des méditations de tous les savants qui
apprécieront l'utihté de mes efforts pour atteindre le but que je me suis
proposé. Je ferai seulement encore une dernière observation, c'est que l'au-
teur du Mémoire qui m'occupe a évité scrupuleusement, dans le long extrait
qu'il en a donné dans le Compte rendu, de prononcer une seule fois le mol
soulèvement qui, dans tous les écrits géologiques modernes, est employé si
inconsidérément, que l'on ne parle plus seulement du soulèvement des mon-
tagnes, mais du soulèvement des plaines et des vallées de soulèvement;
partout il a désigné, avec intention sans doute, par les mots rides les
( 444 )
diverses chaînes et systèmes de montagnes , et par ridement l'action qui les
a produites.
•• Ne sont-ce pas là des motifs suffisants pour répudier tout à fait ce terme
soulèvement, si vague en lui-même et si significatif pour ceux qui l'ont in-
troduit dans la science? C'est ce que j'ai proposé et fait depuis longtemps
pour n'employer à sa place que le mot dislocation, qui exprime un fait
complexe, ne préjuge rien quant aux causes , comprend les élévations comme
les dépressions, les soulèvements comme les affaissements, et ne formule enfin
aucune théorie exclusive (i). »
(i) Plusieurs de mes confrères m'ont demandé pourquoi j'attachais tant d'importance à
proscrire le mot soulèvement, si généralement adopté et consacré par l'usage, puisque je
reconnaissais que la plupart des géologues praticiens ne considèrent plus maintenant les
montagnes que comme des rides et des plis formés par suite de la contraction de l'enveloppe
terrestre, et que, d'un autre côté, j'admettais moi-même que, dans le plissement du
sol, des pressions latérales avaient pu élever réellement, par contre-coup, des parties d'a-
bord horizontales, et que, dans quelques cas même, des matières fluides incandescentes,
pressées entre les deux lames parallèles des plis, auraient pu faciliter la rupture de ceux-ci,
sortir avec quelque violence par les ouvertures produites, redresser les lambeaux du sol dis-
loqué et quelqHcfois les élever au-dessus de leur premier niveau?
Voici ma réponse : le mot soulèvement a été introduit dans le langage géologique avec un
sens défini qui exprime un principe et une hypothèse que l'expérience a démontré n'être pas
fondés; en fait, un plan rigide, d'abord horizontal, peut être placé dans une position inclinée
et verticale de trois manières différentes : i" l'extrémité A peut s'abaisser par son propre
poids ou bien sous un effort qui la presse ou l'attire du haut en bas, l'extrémité B restant
fixe; 2° le redressement peut se faire par un mouvement de bascule sur un axe moyen, la
moitié A s'abaissant, la moitié B s' élevant; 3° enfin l'extrémité A restant à sa place, l'extré-
mité B peut être élevée, sous levée par une force agissant sous elle de bas en haut ; c'est dans
ce dernier cas seul qu'il y a soulèvement , et c'est ainsi que l'on a entendu et que beaucoup de
personnes entendent encore la théorie du soulèvement des montagnes.
Mais, m'a-t-on dit , ce n'est plus alors qu'une dispute de mots. D'accord, si tout le monde
veut convenir et peut comprendre (|u'à l'avenir le mot soulèvement exprimera un principe
contraire à celui qu'il avait été destiné à exprimer.
Je citerai un exemple pour rendre plus nettement ma pensée.
Je suppose i° que des physiologistes aient imaginé que tout mouvement chez les animaux
était produit par la force expansive des muscles, et que, pour rendre leur idée, ils aient
introduit dans le langage le mot gonflement, et , par suite , la théorie du gonflement des muscles;
2" que de nouvelles observations aient fait reconnaître plus tard qu'au contraire, tout mou-
vement chez les animaux a pour cause première la contraction de la fibre musculaire qui se
plisse et se raccourcit sous l'influence nerveuse : sera-t-il inutile ou non , rationnel ou non ,
de continuer à parler du gonflement des muscles pour exprimer la cause du mouvement ?
( 445 )
ASTRONOMIE. — Éléments corrigés de Vorbite de la comète découverte
à Senftenberg , par M. Brorsen, le 5 septembre i85o; par M. Mwwis.
Passdge au périhélie, i85o, octobre.. . 19,34955, temps moyen de Paris.
Longitude du périhélie 89° 16' 3",3iComptés de l'équinoxe
Longitude du nœud ascendant 205.59. 3o ,7 ) raoy. de o sept. i85o.
Inclinaison de l'orbite 4°- 8.53 ,3
Distance périhélie o ,5652947
Sens du mouvement Direct.
" Ces éléments ont été calcnlés snr les obsecvations faites à l'Observa-
toii-e de Paris, les 9, i3 et 17 de ce mois. L'orbite approximative dont j'ai
•eu l'honneur de présenter les éléments lundi dernier à l'Académie , m'a servi
à déterminer les distances de la comète à la terre et à corriger les observa-
tions de l'effet de la parallaxe et de Y aberration. J'ai lieu de croire ces
éléments très-rapprochés de la vérité, car l'observation moyenne est repré-
sentée à la précision de 3",7 en longitude et de 3",o en latitude.
" La comète sera encore visible assez longtemps puisque sa plus cou-rte
distance au soleil n'aura lieu que le 19 octobre prochain, mais elle ne tardera
pas à disparaître pour les observatoires d'Europe en passant dans l'hémi-
sphère austral; elle traversera du nord au sud le plan de l'écliptique le aS
de ce mois, vers midi. Si l'attention des observatoires du Sud pouvait être
appelée à temps sur ce nouvel astre, ils pourraient prolonger longtemps
encore les observations.
» Voici réunies, en un tableau , toutes les observations que nous avons pu
faire à l'équatorial depuis la découverte.
DATES .
TEMPS HOTE»
de Paru.
ASCENSIONS
droites apparentes
de la comète.
OÉCLIMAISONS
apparentes.
HOIIBRE
d'observations.
9 septembre.
10
II
1) m s
13.37. ^f°
11.39.39,1
12. i5. 4,7
II .40.39,4
II . 8. 0,3
11.54. 9.5
12. 18.35,7
i5.32. 0,4
Il m s
6. I. 8,63
6. 15.35,26
6.3i .29,73
6.46. 16, 4«
7. 0.37,72
7.15.14,20
7.29. 0,34
7.55.49,55
o 1 II
+ 53.28.20,0
4- 52. i5. 4,3
+ 5o.4i. 9,1
■+- 48.59.57,0
+ 47- 7-56,3
+ 44,57.55,8
+ 42.38.5o,2
+ 37.16.45,6
4
3
3
3
4
3
3
3
12
i3
i4
,5
n
C. K., i85o, a"» Semestre. (T. XXXI, N" IS )
60
( 446 )
» iVI. Plantamoui", directeur de l'observatoire de Genève, envoie les
observations suivantes de la nouvelle comète faites à son équatorial.
DATES.
TEMPS MOYEH
de Genève.
ASCENSIONS
droites apparentes
de la comète.
DÉCLINAISONS APPAKENTES.
NOHBRE
d'obserïations.
i3 septembre.
i3
h m s
10.59.45
12. 0 . l 5
II 31.34
11.54. 4
I I . 16. 5i
^11/
io5. 6. 1,8
to5.i5. 2,9
108.43. i5, I
108.46.35,4
n2, 8.56,0
, » 1 II
+ 47- 9-39. •
+ 47. 4.38,6
+ 45. i.i5,4
+ 44-59- 2,2
+ 42.42.56,8
3
I
4
3
6
'4
i4
i5
» M. Plantaniour a aussi calculé les éléments paraboliques de l'orbite, sur
les observations de Paris, dii 9 et du 1 1 septembre, que je lui avais commu-
niquées en lui annonçant la découverte de la comète, et sur celle du i3 faite
à Genève. Voici les résultais auxquels il est parvenu :
Passage au périhélie, i85o, octobre.. . 19,4048, temps moyen de Paris.
Longitude du périhélie 89° 48' 24" ) Équinoxe moyen
Longitude du nœud 2o5.4i -24 jdii 11 septembre i85o.
Inclinaison 4^ • 52 . 43
Distance périhélie o,56o353
Mouvement Direct.
M. le PnÉsiDENx annonce que le XXIP volume des Mémoires de l'aca-
démie est en distribution au secrétariat.
M. Sédillot présente ses instruments de stapbyloraphie, et rapporte l'ob-
servation d'une malade chez laquelle il a dernièrement opéré l'oblitération
d'une large perte de substance du voile du palais, causée par une ulcération
vénérienne.
« La moitié droite du voile avait été réduite à une très-grande minceur
par la destruction d'ime notable partie de la paroi postérieure ou pharyn-
gienne. Le côté gauche seul avait conservé ses diamètres normaux. Les inci-
sions latérales, pratiquées pour donner au voile une laxité suffisante, avaient
permis la réunion de la plaie centrale. Mais, nonobstant la réapplication
d'un des points de suture, un ptyalisme très-intense, accompagné d'un vio-
(447 )
lent gonflement œdémateux , vint détruire nos espéi'ances d'une réunion
immédiate.
» Je jugeai alors possible de tirer parti de l'incision latérale droite, eu
dédoublant de dehors en dedans l'épaisseur du voile, de manière à former
un lambeau renversé peu à peu, et par une dissection successive, vers la
ligne médiane. Ce lambeau, soutenu plus tard par un nouveau point de su-
ture et étendu aux extrémités supérieure et inférieure de la perte de sub-
stance, finit par combler la plaie et en opérer l'oblitération.
!i J'ajouterai, à cette occasion, qu'on peut renouveler avec une grande
facilité les points de suture, sans compromettre la réunion commencée;
d'autre part, il me paraît possible d'amener le relâchement trèî-complet du
voile par une opération un peu différente de celle dont j'ai déjà exposé les
détails.
» On peut délacher presque complètement les côtés du voile du palais
sans pénétrer dans l'anière-bouche, et sans inciser, par conséquent, la mu-
queuse palato-pharyngienne.
" Il suffit de conduire le bistouri le long du rebord libre du palais, jus-
qu'au-dessous de larcade dentaire. Après avoir divisé la muqueuse et les
cryptes muqueux, qui constituent une couche très-épaisse, on tombe sur
l'aponévrose du muscle péristaphylin interne, (|ue l'on divise au-dessous du
crochet de réflexion de l'apophyse ptérytjoïde : plus en dehors, on coupe
les attaches de l'élévateur supérieur du pharynx, puis plus profondément
encore le muscle péristaphylin externe.
» Le voile représente alors la moitié antérieure d'un anneau attiré en
avant vers la ligne médiane par les fibres du constricteur supérieur qui se
portent du palato-stapbylin à l'épiglotte, et tendent à rap|)rocher les deux
moitiés complètement ou incomplètement divisées du voile, d'après le même
mécanisme qui met en contact les deux côtés de la glotte dans les mouve-
ments de déglutition. On rétrécit, sans doute, de cette manière l'anneau
représenté par le voile, mais on en rétablit l'intégrité, et le moins grand
diamètre de cet organe ne paraît pas défavorable au rétablissement des
fonctions. Dans le cas où le voile resterait encore trop tendu de haut en bas,
on ferait la section du pilier postérieur, et alors la laxité des parties
deviendrait très-considérable et permettrait des réunions véritablement
inespérées. »
60 .
( 448 )
MÉMOIRES LUS.
Hygiène publique. — Mémoire sur un nouveau système de construction des
habitations ; par M.. Hochgesangt. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Piobert, Combes, Sejjuier. )
i< r^'auteiir suppose que les matériaux de ces habitations doivent être pré-
parés en France, pour être portés au loin, et sur le lieu de destination être
assemblés en quelques heures.
n Abordant la question spéciale de l'iacombustibilité, l'autour pense
que les bois employés seuls, même après avoir été pénétrés ou enduits, ne
sauraient donner une entière sécurité. Il discute les inconvénients qu'offre
le fer lorsqu'il est employé seul ; puis il expose les avantages que, selon lui ,
possède un système nouveau dont il est l'inventeur, et qui repose sur l'emploi
du fer étamo-plombé ou du fer bronzé, ou de tout autre métal formant la
paroi externe et combiné avec deux autres parois , l'une en matériaux formés
d'éléments chimiques brûlés (plâtre, mortiers, ou simplement terre battue),
l'autre en bois préparé chimiquement.
» M. Hochgesnngt termine son Mémoire par l'indication d'un certain
nombre de préparations chimiques nouvelles auxquelles il a soumis les bois. »
CHiauRGiE. — Note sur un appareil dérivatif pour le traitement des
surdités catarrhales ; par M. T. Junod. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Magendie, Velpeau, Rayer. )
« Ayant eu l'occasion de traiter une personne atteinte de surdité catar-
rhale qui avait résisté à tous les moyens, j'ai été conduit à penser que le vide
opéré sur les muqueuses qui tapissent les fosses nasales pourrait réussir chez
elle, en agissant comme dérivatif, et le résultat a répondu à mou attente.
» Pour opérer le vide sur l'une de ces cavités, il suffit de fermer l'ouverture
pharyngienne par le moyen d'un obturateur composé d'une petite poche en
baudruche remplie d'air; cette poche doit avoir à peu près le volume d'une
cerise.
» On peut obtenir le même résultat à l'aide d'une sonde droite pourvue
d'un -robinet à l'une de ses extrémités, tandis qu'à l'autre on lie la poche de
baudruche dont nous avons parlé plus haut. F^orsque la sonde a été engagée
jusqu'au pharynx, on y injecte de l'air, de manière à remplir la poche de
baudruche, et l'on ferme le robinet.
( 449)
" r/orifice externe de la fosse nasale est fermé à l'aide d'un morceau de
cire blanche ramollie, laissant passer l'extrémité d'une sonde élastique destinée
à opérer le vide.
» Cette application est simple, d'une innocuité parfaite et n'occasionne
aucune douleur. »
MÉDECINE. — Sur un moyen d'obtenir une grande économie dans les
hôpitaux, les hospices et autres établissements de bienfaisance; par
M. JcNOD. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Magendie, Velpeau, Rayer.)
Dans ce Mémoire, l'auteur a pour objet de prouver, i°que la méthode
hémospasique, dont il est l'inventeur, offre d'incontestables avantages sur les
sangsues; 1° que tout en agissant d'une manière plus puissante, cette méthode
n'offre aucun des inconvénients que l'on peut reprocher à ces Annélides;
?»" que l'hémospasie procure une économie très-considérable. Il insiste sur-
tout sur ce dernier point.
L'Académie reçoit une seconde copie d'un Mémoire destiné au concours
pour le grand prix des Sciences mathématiques. La première avait été
reçue le 5 août i85o, et inscrite sous le n° 1.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur l'application de la télégraphie élec-
trique aux relations sommaires des habitants des grandes villes; par
M, Aristide Dcimont. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Pouillet, Le Verrier, Combes.)
« Pour fixer les idées, nous prendrons Paris pour exemple.
» Cent cinquante bureaux de correspondance télégraphique seraient ré-
partis dans tous les quartiers de Paris et dans la petite banlieue, propor-
tionnellement à la population et à l'activité des relations habituelles. Ces
cent cinquante bureaux seraient reliés entre eux par un système souterrain
de télégraphie électrique, de manière que les dépêches passent être expé-
diées en deux minutes au plus entre deux stations quelconques, quel que
soit d'ailleurs leur éloignement.
•I Dans chaque bureau de correspondance télégraphique stationnerait un
nombre suffisant de commissionnaires pour porter les dépêches à domicile
et recevoir les réponses. Grâce à la grande quantité de bureaux et à leur
mode de répartition, il ne faudrait pas plus de quatre minutes pour porter
( 45o )
la dépêche d'un bureau quelconque à domicile , eu sorte que dans l'espace
de six minutes, au plus, une nouvelle ou un ordre pourrait être transmis de
Vaugirard à Romainville, de Gharenton à Courbevoie, ou enfin d un point
quelconque de la ville de Paris aux quartiers les plus éloignés.
» Organisation du service. — I^e service a dû être organisé de manière
à ce que les dépèches des cent cinquaate bureaux ne fussent jamais exposées
à s'entre-croiser : voici par quel procédé on y est parvenu. Ghaipie station
particulière est réunie à la station centrale par un fil souterrain particulier.
Les stations particulières sont divisées en un certain nombre de groupes, de
telle sorte que les stations d'un même groupe soient à peu près disposées
dans le sens des rayons divergents, la station centrale étant prise comme
centre. Les fils particuliers qui desservent les stations d'un même groupe
sont disposés soulerrainement, isolés à l'aiJe d'une enveloppe de gutta-
percha, et renfermés dans la même fouille et un même tuyau en fonte de
o™,i5 de diamètre.
» Station centrale. — Plusieurs dispositions peuvent être adoptées pour
la station centrale. Nous n'indiquerons que la principale, comme celle qui
nous paraît la plus convenable. Disons d'abord que chaque station particu-
lière est munie, outre son fil particulier, d'un appareil électrique complet,
savoir: i" une pile ou un électro-aimant capable de produire un courant
assez fort pour transmettre les dépêches; i° un télégraphe; 3° une sonnerie;
4° uu manipulateur; 5° enfin, un commutateur cl tous les accessoires ordi-
naires. La station centrale peut ne se composer que d'une seule chambre
où viennent aboutir, d'une manière très-visible dans un ordre régulier de
numérotage, les fils de chaque station particulière. A chacun de ces fils sont
joints, dans l'intérieur de la station centrale: i" une sonnerie; i° un télé-
graphe pouvant indiquer seulement les numéros de toutes les stations, à la
volonté de l'expéditeur.
» TjCS fils des stations particulières, convenablement isolés, viennent se
ranger perpendiculairement le long d'une des parois de la station centrale.
Chaque fil se termine par une boucle ovale et un crochet. Au-dessous de
chaque crochet, ou a marqué sur le mur le numéro de la station à laquelle
le fil appartient. La sonnerie particulière à chaque fil présente un bouton
qui, à l'aide de l'action d'un électro-aimant, sort de i centimètre environ de
la paroi extérieure de cette sonnerie, toutes les fois qu'elle est mise en jeu.
Enfin, en face de la paroi verticale des fils à la station centrale, se tiennent
un certain nombre d'agents occupés à observer sans cesse les sonneries et les
télégraphes à numéros. Gela posé, je suppose que la station n° 3 veuille
(45i )
communiquer avec la station n" lo. Ij'expéditeur à la station n° 3 fait d'a-
bord marcher la sonnerie n° 3 à la station centrale, et sortir par conséquent
le bouton indicateur de cette sonnerie, puis il fait apparaître au télégraphe
n" 3 le n" lo, numéro de la station avec laquelle il veut être mis en rapport.
Alors un des surveillants prend le fil n° 3 et l'attache au fil n° lo à l'aide
des boucles et des crochets qu'on vient de mentionner; aussitôt les deux
stations sont mises directement en rapport, sans intermédiaire. On voit qu'à
l'aide de cette disposition, qui n'exige d'ailleurs qu'un personnel peu nom-
breux, il ne peut jamais y avoir ni croisement, ni confusion dans les
dépêches. »
MÉMOIRES PRESENTES.
M. DU Sa!vdouville adresse un Mémoire intitulé: Des mesures adminis-
tratives à prendre dans le but d'empêcher la propagation des maladies
syphilitiques.
(Commissaires, MM. Velpeau, ^allemand.)
HYGiiiNE PUBLIQUE. — Mémoire sur la conservation des viandes et de toutes
les substances susceptibles d'une prompte décomposition; par M. Janicki.
(Extrait.)
(Commissaires, MM. Payen, Bussy.)
Les moyens que propose l'auteur de la Note sont : i° de faire, au moyen
de la machine pneumatique, le vide autour de la substance à conserver;
a" de remplir les interstices avec de la glace pilée; 3" de geler artificielle-
ment les viandes en opérant comme on le fait pour congeler le mercure
sous le récipient d'une machine pneumatique.
CORRESPONDANCE.
ASTBONO.MiE. — Extrait de deux Lettres de M. Himd.
« Londres, i85o, Seplerabre i6
» Voici une seconde position de la planète que j'ai découverte le i3 :
Septembre 14. à 8'' aS'» 24= a = aS'' 44™ 2%56 5 = -t- 1 3° Sg' ag'.S
>> M. Bishop et moi avons pensé à proposer aux astronomes de donner
à cette planète le nom de J^ictoria, avec une étoile surmontée d'une branche
de laurier pour symbole.
( 45a )
i> Londres, i85o, Septembre ig.
» Voici la seule observation qui soit venue à ma connaissance depuis
le i4. Elle a été faite au grand équatorial de Liverpool par M. Hartnup :
Temps moyen
de Greenwich. 51 Victoria. Distance au pôle nord.
Sept. 17. ni'52°'i2%i 23'^ 4 i"'26%o3 —(7,4279 )/j 76" 28' 36",9 — (9,8045 )/>
12.47. 0,8 23.41 . 24,02 4- (7,852o)/p 76.28.57 ,8 — (g,8o6o)/j
ASTRONOMIE. — E.xtrait d'une Lettre de M. Grahah, astronome de
l'observatoire de Markree Castle.
10 Septembre i85o.
[Nota. Cette Lettre n'a pas été communiquée, par suite d'erreur, à la
séance précédente.)
" M. Charles Robertson, assistant de l'observatoire, a découvert, dans
la nuit du 9 Septembre, une comète qui , vue au grand équatorial , m'a pré-
senté l'apparence d'une nébulosité très-faible et très-diffuse qui remplissait
à peu près le champ. Je n'ai pu y distinguer de noyau, ce qui a rendu les
observations un peu incertaines. Voici les résultats de deux séries compre-
nant chacune cinq comparaisons. Quoiqu'elles soient réduites rapidement
il n'est pas probable qu'elles doivent éprouver plus tard de modification
considérable. L'étoile de comparaison était le n"* 169 de la zone i63 d'Ar-
gelander, dont voici la position apparente :
i85o. Septembre 9. Ji* = 5'>58"'53»,67 5* = 530 38' i",8
d'où la position suivante de la comète :
Temps nioyen
de Greenwich. * apparente. S apparente.
i85o. Septembre 9. i3''4'"33» 6''o"'5i%5 53°29'22"
14.5.25 6.i.3i,5 53.26.17
" Nous avons observé Métis le 6 et le 9 Septembre. La première obser-
vation, corrigée de la parallaxe, donne la position snivante :
Temps moyen
de Greenwich. * «
t5''46'" i5.%7 7''34'"3»,57 -f- 23° ig'Sr",!
ENTOMOLOGIE.— jfVo^e sw des sauterelles qui ont paru près de Saint Pierre
d'Albigny, en Savoie; par MM. Geni.^ et Bonje&n. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Duméril, Milne Edwards.)
« Les auteurs ont reconnu que l'insecte, qui fait l'objet de cette Note,
était VOEdipoda migratoiia (Audinet Serville), dont la présence n'avait pas
( 453 )
encore été signalée en Savoie. Le Musée de la Société d Histoire naturelle de
Savoie en contient quelques individus qui lui ont été envoyés d'Algérie.
>' Ce fut vers le a5 juin de cette année que les insectes dont il s'agit firent
leur apparition. A cette époque, ils étaient sans ailes, c'est-à-dire à l'état de
larves, ce qui tendrait à confirmer l'assertion de quelques observateurs du
pays qui prétendent en avoir vu l'année précédente, en petite quantité il est
vrai.
» FiCS larves observées vers le aS juin couvraient une digue établie sur la
rive droite de l'Isère, à 5oo mètres du hameau de Po, dépendant de la ville
de Saint-Pierre d'Aibigny. Elles s'avançaient lentement, recouvrant presque
complètement les graviers et les moellons de la digue, traversant à la nage,
sans hésitation, les flaques et les courants d'eau qu'elles rencontraient. Elles
séjournèrent sur les digues environ trois semaines; à cette époque, elles su-
birent leur dernière transformation, et prirent des ailes : alors elles se
dispersèrent au loin, après un grand orage qui eut lien le 22 juillet. Le 2 août,
on en recueillit quel(|ues-unes à Chambéry, et le 4 aotit on en vit à Aix
même.
•> Le 26 juillet, jour où MM. Genin et Bonjean les ont observés pour la
première fois, les insectes étaient presque tous ailés, à peine y avait-il quel-
ques larves. Ils étaient dispersés, sur la rive droite de l'Isère, sur une sur-
face de 3 à 4000 mètres de longueur sur 5oo mètres de largeur. Les terrains
parcourus par ces animaux étaient recouverts d'excréments qui, pour la forme
et la couleur, ressemblaient à des grains de blé. L'analyse chimique a permis
de s'assurer qu'ils sont formés par la partie ligneuse des plantes qui ont servi
à la nourriture de l'animal.
» Les ravages causés par ces insectes sont heureusement peu considé-
rables. MM. Genin et Bonjean estiment que le dommage, pour la contrée
envahie, se borne cette année à la moitié de l'herbe des marais, à un cen-
tième des grains de mais, et à un vingtième des feuilles de cette graminée.
Les autres végétaux ont à peine souffert. »
BOTANIQUE. — Note sur (diverses espèces du genre Oidium qui attaquent
dijféi entes plantes; par M. Guékin-Méne ville. (Extrait.)
(Commissaires, MM. deJussieu, Brongniart.)
" A l'occasion de la Note de M. le D"^ Marie [Compte rendu du 2 sep-
tembre i85o, page 3ii) sur la maladie qui attaque les raisins de table,
M. Guérin-Méneville adresse quelques observations, desquelles il croit pou-
C. R , i85o, i"" Semestre. (T. XXXT, N» 13.) 6l
( 45/. )
voir conclure que l'on n'est point autorisé à rapporter à une seule et même
espèce les Oïdium qui se développent sur diverses espèces de plantes (Pen-
sées, Rosiers, Sainfoins, Sinapis , Polygonum, Vignes, etc.) dont les sucs ont
des qualités si diverses. Une observation, que l'auteur a faite depuis quatre ans
dans le midi de la France, tendrait à établir que les Cryptogames qui atta-
quent certains végétaux et leur donnent le blanc se rapportent à des espèces
différentes. Il a eu occasion d'étudier une maladie des Sainfoins tout à fait
analogue à celle des Vignes. Cette maladie est causée aussi par un Oïdium,
mais différent de VOidïum leuconium et de ï Oïdium Tuckeri : Fiies l'a
nommé Oïdium erjsiphoïdes.
>' Or M. Guérin-Ménevillc n'a javais vu VOidiuin erjsiphoïdes attaquer
les raisins, quoique les pièces de Sainfoin malade se trouvent en contact
avec des rangs serrés de Vignes. »
M. Marie communique de nouveaux renseignements sur les ravages
causés par ï Oïdium leuconium. Selon lui, ce parasite ne se borne pas à la
Vigne. Parmi les végétaux qu'il a vus attaqués, il signale les suivants : Plan-
tage major; Scandix pecten; Polygonum aviculare; Ranunculus philonotis;
Lamium album; Lamium purpureum; Ballota nigra; Sinapis nïgra; Erj-
simuin ojjîcïnale; Thlaspï bursa pastorïs; Pisum satïvum; Tragopogon
porrijoliuiii; Cucurbita pepo; Cucumis sativus; Acer pseudo-platanus .
(Renvoyé à la même Commission.)
M. Marcel de Serres écrit qu'il est parvenu à se servir des matériaux
broyés et très-divisés amenés par la sonde dans le forage des puits arté-
siens , pour reconnaître la nature et l'âge des terrains dont ils sont les
résidus. Quelle que soit la finesse des molécules extraites, on peut tou-
jours s'assurer de leur composition en les soumettant à l'action des réactifs ;
et une fois leur nature déterminée, il faut s'aider de la connaissance des
formations environnantes, et surtout des coupes qui peuvent exister aux ap-
proches des lieux où les puits artésiens ont été pratiqués. On peut, à l'aide
de ces données, se former une idée exacte des terrains traversés. M. Marcel
de Serres a appliqué ce procédé d'examen à des puits artésiens forés sur le
domaine de Preignes, dans le département de l'Hérault : il en fait connaître
en détail les résultats.
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Constant Prévost.)
( 455 )
CHIRURGIE. — Note sur un cas de ligature de l'artère iliaque primitive;
par M. Ghass/vignac.
« Il s'agissait d'enlever, sur un malade, âgé de quarante-neuf ans , une
tumeur cancéreuse, occupant la partie interne de la cuisse et pénétrant
jusque dans le bassin, à travers le trou sous-pubien, dont les rebords étaient
détruits.
» La ligature de l'iliaque avait pour objet de mettre à l'abri d'une hémor-
ragie grave, peut-être immédiatement mortelle, pendant le temps que
devait exiger l'extirpation complète d'une semblable tumeur. Deux ponc-
tions, qui y avaient été faites la veille, au moyen d'un instrument très-fin,
avaient donné toutes les deux un jet de sang artériel.
» Quoique l'opération n'ait point été couronnée de succès, puisque le
malade a succombé le lendemain , il est néanmoins très-réel que le but de
la ligature a été parfaitement rempli et que l'ablation complète de la tumeur
s'est faite non-seulement sans hémorragie, mais avec une très-faible perte
de sang. Et cependant toutes les branches principales de l'artère hypogas-
trique et plusieurs des branches de la fémorale profonde ont été nécessaire-
ment divisées.
» fja ligature de l'iliaque primitive n'ayant point encore été pratiquée en
France, du moins d'après le témoignage des auteurs les plus estimés, et
notamment celui de M. Velpeau, j'ai cru que la communication que j'ai
l'honneur d'adresser à l'Académie n'était pas dénuée d'opportunité. »
MÉDECINE. — Note relative au phénomène du phosphène; par
M. L. Martinet. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Regnanlt, Lallemand.)
« La communication faite à l'Académie des Sciences, dans la séance
du 9 septembre courant, par M. Serre (d'Alais), m'engage à adresser à
l'Académie le résultat de recherches faites depuis j)lusieurs années sur le
phénomène lumineux qui se produit sous la pression du globe de l'œil , et
que M. Serre vient de désigner sous le nom de phosphène. Ces résultats ,
qui concordent en partie avec ceux de M. Serre, me semblent, en outre,
tendre à perfectionner le diagnostic des maladies de l'organe de la vision.
» Dans un Mémoire lu à l'Académie de Médecine, j'ai cité l'exemple d'un
jeune garçon affecté d'amaurose, et chez lequel j'avais constaté l'absence, à
6i..
( 456 )
la pression de l'œil, de toute sensation lumineuse, dernier indice de la sen-
sibilité de la rétine, mais qui m'ayant offert la sensation lumineuse de l'étin-
celle dans une électrisation explora/Ave du globe oculaire, me fit augurer
que la rétine n'élait point encore complètement paralysée. Le malade dut
effectivement sa guérison au traitement par l'électricité, qui fut alors em-
ployé.
" J'ajouterai, à ce que M. Serre a écrit relativement aux points où se
développe la sensation lumineuse, qu'elle se produit toujours dans la région
orbitaire externe d'un œil , quand on comprime l'œil opposé dans la même
région orbitaire supérieure et externe.
" J'ai toujours trouvé le phosphèae dans les simples cataractes. Je l'ai
rencontré également dans la paralysie des troisième, quatrième et sixième
paires cérébrales, tandis qu'il a manqué dans la paralysie complète de la
deuxième. Je l'ai observé chez un homme affecté d'une amaurose incomplète
qui revenait sous le type tierce, c'est-à-dire de deux jours l'un , veis midi.
Il existait dans toute sa plénitude dans deux cas de mydriasis, dont l'un ac-
cidentel, irrégulier, reparaissait à des intervalles plus ou moins longs, de
quelques heures, quelquefois même de quelques jours, s'accompagnant
constamment alors d'une paralysie également momentanée de quelques-uns
des filets de la troisième paire, et en particulier de ceux qui se rendent aux
muscles élévateurs de la paupière supérieure et droit interne.
" En somme, je pense, d'après ce que j'ai constaté nombre de fois :
» 1°. Que, s'il est bien reconnu que l'absence du phosphène est un signe
d'amaurose, il est nécessaire de confirmer la valeur de ce signe négatif par
l'exploration électrique qui, en dernier ressort, jugera si la rétine est en-
core douée de quelque excitabilité;
n 2°. Que, lorsqu'on ne parvient pas à provoquer le phosphène tem-
poral par la pression de la région nasale de l'œil amaurotique, il faut, avant
d'affirmer qu'il y amaurose complète, s'assurer, par la pression de la région
orbitaire externe de l'œil opposé, que ce phénomène ne se produit réelle-
ment point; '
>' 3°. Enfin, que certaines maladies, telles que la cataracte, la paralysie
des sixième, quatrième et troisième paires cérébrales, alors même qu'il
existe de notables troubles de la vision, ne s'accompagnent point de l'ab-
sence du phénomène lumineux désigné par M. Serre sous le nom de
phosphène. »
( 457 )
M. Brachet adresse deux Mémoires : l'un sur les différentes modifications
à faire subir au microscope dioptrique de M. ^mici, l'autre sur une modi-
fication importante apportée à la lentille éclairante du microscope solaire.
(Commission précédemment nommée.)
M. «I. Michel envoie la description d'un aérostat construit d'après le sys-
tème Petiii, système auquel il croit avoir apporté d'importantes amélio-
rations.
M. Du Maugat adresse une Note dans laquelle il rend compte d'une ex-
périence qu'il vient de faire et dont le résultat lui paraît de quelque utilité
pour arriver à la solution du problème de la direction des aérostats.
M. DE CivAiLi-ON annonce avoir fait une nouvelle application de sa poudre
pour l'épuration du gaz d'éclairage. Cette poudre, après avoir servi à l'é-
puration du {jaz, est transformée, par un simple lessivage, en un engrais
qui aurait pour effet non-seulement d'augmenter la récolte des pommes de
terre, mais encore de prévenir la maladie de ces tubercules.
(Commissaires, MM. Payen, Bussy. )
M. FocK, d'Utrecht, prie l'Académie de vouloir bien hâter le Rapport qui
doit être fait sur son Mémoire relatif à la stature de l'homme.
M. Boucher, d'Amiens, envoie une Note dans laquelle il signale ce que
lui paraît contenir de neuf l'ouvrage qu'il a adressé pour le concours des
prix de Médecine et de Chirurgie, ouvrage qui a pour titre : Recherches sur
la structure des organes.
M. Deligand, statuaire, chargé par la ville de Pithiviers de l'exécution
de la statue de notre illustre confrère, M. Poisson, prie l'Académie de vou-
loir bien mettre à sa disposition le buste qui est placé dans la Bibliothèque
de l'Institut.
L'Académie décide que le buste de M. Poisson sera confié à M. Deligand.
MM. PoiSAT oncle, d'Arcet et Bouillon adressent un paquet cacheté.
Le dépôt en est accepté.
lia séance est levée à 5 heures. p
(458)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
I ,' Académie a reçu, dans la séance du 23 septembre i85o, les ouvrages
don» voici les titres :
Complea rendus liebdomadaires îles séances de fÀaidémie des Sciences;
a™* semestre i85o ; n" 12; in-4°.
Mémoires de l'Académie des Sciences de l'Institut de France; lome XXII;
in-4°.
De la cure radicale du uaricocèle par l'enroulement des veines du cordon
spermatique ; par M. A. ViDAL (de Cassis); a'' édition, corrigée et augmentée.
Paris, i85o; brochure in-8°.
La surdi-mutité. — Deuxième partie. — Des moyens de communication entre
le parlant et le sourd-muet; le parlant, le sourd-muet et le sourd-muet aveugle,
suivi d'un questionnaire destiné aux médecins et d'un petit dictionnaire usuel de
mimique et de dactylologie, à l'usage des médecins et des gens du monde, avec
planches; par M. le D' A. Blanchet. Paris, i85o; brocb. in-8°.
Esquisse sommaire de la solution du problème de la navigation aérienne; par
M. Wenceslas Jablonowski ; autographie in-4°.
Nouvelles Annales des voyages et des Sciences géographiques, rédigées par
M. Vivien de Saint-Martin; 5' série; 6* aimée; août i85o; iu-8°.
Journal de Médecine vétérinaire, publié à l'Ecole de Lyon; tome VI;
septembre i85o ; in-S".
Revue thérapeutique du Midi. — Journal de Médecine, de Chirurgie et de
Pharmacie pratiques; par M. le D'' FusTER; n° 17; i5 septembre i85o;
in 8°.
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. MaGNE; n° 18; 16 sep-
tembre i85o; tome III; in-S".
Aunali. . . Annales de Physique; par M. F. -G. Zantedeschi; fascicule 5.
Padoue, i849-i85o; ia-8°.
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( 459)
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Gazette médicale de Paris; n° 38.
Gazette des Hôpitaux; n*" i lo à 1 1 a.
L'Abeille médicale; n° iB.
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ERRJTyl.
(Séance du 9 septembre i85o. )
Page 346, ligne i", au lieu de une femelle, lisez un mâle.
Page 348, ligne 18, au lieu de tous les Crustacés, lisez tous les Crustacés décapodes.
(Séance du 16 septembre i85o.)
Page 4 " ) \i%Tie 2 , au lieu de petite , lisez grande.
( 46o )
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
r)E L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 50 SEPTEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERRET.
MEMOIRES ET C0M»ÏUMCAT101\8
DES MEMBRES ET DES CORllESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
GÉOLOGIE. — Quelques propositions relatives à l'état originaire et actuel de
la masse terrestre, à la formation du sol, aux causes qui ont modifié le
relief de sa surface, aux êtres qui l'ont successivement habité {i);
par M. Constant Prévost.
« L La température propre de la terre, c'est-à-dire indépendante de
l'action solaire et supérieure à celle de l'espace ; la quantité d'aplatisse-
(i) J'avais placé plusieurs de ces propositions à titre de résumé à la suite de ma précédente
Note; en les relisant, j'ai vu qu'il serait nécessaire de les multiplier afin d'exposer plus com-
plètement , en quelques mots, l'état actuel des données théoriques assez généralement admises, j^
relativement aux premières pages de l'histoire de la terre. ^ " \^
Tels sont les motifs qui m'ont déterminé à faire cette nouvelle communication qui , bien
que liée à celle du 9 septembre dernier, en devient presque indépendante.
J'aurais pu grossir beaucoup le nombre de ces propositions ; je soumets provisoirement
celles-ci à l'examen sérieux des observateurs qui en trouveront sans doute plusieurs très-dis-
cutables; mais aucune ne leur semblera, j'en suis certain, sortir du cercle des conjectures* ^
permises dans les sciences les plus positives. Je me ferai un plaisir comme un devoir de ré-
pondre, autant qu'il me sera possible , aux objections et aux critiques mêmes, fondées sur
des faits , auxquelles elles pourraient donner lieu , persuadé que de telles discussion
peuvent que servir les intérêts de la vérité. ^_
C. R. , i85o, a"»» Semestre. (T. XXXI, N» 14.) 6a
' ( 462 )
ment des pôles; autorisent à supposer qu'à une époque indétermiuée la
niasse planétaire a été dans un état de malléabilité ignée qui lui a permis de
se modeler sous l'influence de la loi des forces centrifuges.
Il II. Ces mêmes motifs et la température croissante que l'on observe en
pénétrant de plus en plus profondément dans le sol, font considérer la terre
comme un corps qui, placé dans un milieu moins échauffé que lui, est
soumis aux lois générales du refroidissement.
1) III. Les brèches , les poudingues , les roches stratifiées fossilifères pé-
nétrées et modifiées par celles de cristallisation , prouvent que le sol n'a pas
toujours existé, qu'il s'est successivement et lentement formé autour de la
masse planétaire , d'abord par la consolidation de la surface de cette masse
[sol primitif) , puis par des dépôts d'origine et de nature diverses qui l'ont
pour ain.si dire encroûté {sol de remblai).
M IV. En même temps que des matières fluides et incandescentes, tra-
versant le sol primitif fracturé par le retrait, se sont arrêtées dans son épais-
seur ou bien se sont répandues à sa surface d'une manière irrégulière, et y
sont devenues solides en se refroidissant, des matières tenues en suspension
ou en dissolution dans l'atmosphère et dans les liquides aqueux ambiants,
ont formé des sédiments et des précipités stratifiés et superposés, que le
tassement, L' dessèchement et la cristallisation ont consolidés; de là le prin-
cipe et la distinction de deux agents supposés el personnifiés, l'un intérieur,
dit plutonien ou igné, et l'autre extérieur, dit neptunien ou aqueux, qui, al-
ternativement et simultanément, ont concouru à la formation, à l'accroisse-
ment comme à la dislocation et à la dégradation du sol, de la même manière
que les volcans d'une part, et les eaux de l'autre, agissent synchroniquement
aujourd'hui pour modifier sans cesse l'état de la surface terrestre.
» V. Les ondulations, plissements, ruptures, affaissements, redressements
que les roches stratifiées ou massives ont éprouvés; les secousses et déplace-
ments que leur font encore éprouver journellement les tremblements de
^ ^ terre; l'identité de composition des substances rejetées par les cheminées des
volcans de tous les points connus du globe, ne peuvent s'expliquer facile-
ment qu'en admettant que l'enveloppe surajoutée de la terre repose sur une
zone de matière encore molle, probablement incandescente , d'où sont pro-
venus, aux divers âges, les granits, porphyres, trachytes, basaltes et les laves.
^, " VI. Il ne suit pas des conjectures précédentes, ainsi que trop de per-
sonnes le pensent et le soutiennent, que la masse planétaire devait être fluide
au moment où elle s'est enveloppée d'une première pellicule solidifiée par le
refroidissement, et qu'elle doit même l'être encore, en grande partie, en
•fr:
( 463 )
raison de l'excessive température que l'on attribue, peut-être à tort, à son
centre : tout porte à faire croire plutôt le contraire de ces assertions. En
effet, comment une masse sphéroidale liquide, dont la forme aurait dû jour-
nellement changer par l'action attractive combinée des corps célestes, aurait-
elle pu s'entourer d'un encroûtement continu et persistant? Une première
pellicule solide se fût-elle formée , par impossible, que le fluide intérieur
agité par des marées quotidiennes l'aurait aussitôt brisée; en second lieu,
dans le cas d'une fluidité liquide, il faudrait conclure que le refroidissement
de la masse terrestre aurait commencé, et qu'il se propagerait encore du
centre de la partie liquide à sa périphérie.
" VII, Rien ne s oppose, me semble-t-il, à ce que la masse terrestre in-
terne ne soit réellement solide, à l'exception d'une zone devenue de plus en
plus étroite qui serait placée immédiatement sous le sol , et dont la consis-
tance peut approcher de celle des laves en fusion; pourquoi la température
du noyau central ne serait-elle pas uniforme et même inférieure à celle de
la zone supposée molle qui le séparerait de l'enveloppe extérieure?
" VIII. Il ne faut pas conclure de l'augmentation de chaleur observée à
mesure que l'on descend plus profondément dans le sol, que la chaleur
croit dans la même proportion jusqu'au centre de la terre; l'accroissement
de température peut n'être plus sensible à quelques centaines de lieues
de profondeur. En effet, on raisonne toujours comme s'il s'agissait de l'exis-
tence d'un feu central, comme si la chaleur accusée par le thermomètre dans
les mines et les sources profondes avait son foyer dans l'intérieur du globe,
tandis que l'on ne constate réellement que la propagation du froid extérieur
dans l'épaisseur d'une masse d'abord uniformément échauffée.
" IX. Sans discuter les diverses opinions qui ont été émises relativement
à l'origine de la chaleur propre de notre planète, qu'elle soit le résultat de
la condensation subite de sa matière première, ou bien qu'elle vienne, comme
le pensait Poisson , du séjour de la terre dans une partie de l'espace échauffé J||
par le rayonnement des astres, beaucoup plus que ne l'est celle qu'elle oc- ^|t
cupe maintenant, il est évident que, dans l'une et l'autre hypothèse, la tem-
pérature aurait été la même dans tous les points de la masse au moment
initial où celle-ci aurait passé dans un milieu moins échauffé qu'elle. La
terre se serait trouvée alors dans les conditions, par exemple , d'un boulet de
fer rougi dans un fourneau d'où on le sort pour l'exposer à l'air : c'est le
froid alors qui se propage de sa périphérie vers le centre, si toutefois la con-
sistance de la matière est telle, que la circulation moléculaire ne soit pas
possible ; car, si la matière était , liquide , les molécules refroidies gagne-
6a. .
(464)
raient successivement les parties centrales ou profondes , tandis que les mo-
lécules chaudes les remplaceraient à la surface dont la température serait
relativement la plus élevée jusqu'à l'entier refroidissement du tout.
» X. D'après les raisonnements qui précèdent, on peut regarder comme
probable qu'au moment oii la masse planétaire a pris la forme qui la carac-
térise, et qu'elle s'est enveloppée d'un premier sol continu {sol primitif),
sa matière constituante était à un état de consistance tel, qu'avec une tem-
pérature uniforme, et par l'effet de la pression croissante de la surface au
centre de la sphère, les couches extérieures pouvaient être visqueuses et
molles, tandis que celles de l'intérieur étaient de plus en plus denses et
solides.
>> XI. Les relations des diverses parties du sphéroïde terrestre peuvent
être encore à peu près dans les mêmes conditions, car la propagation du
froid extérieur a pu être si lente , qu'aujourd'hui on pourrait rencontrer la
chaleur primitive uniforme à moins d'une centaine de lieues de profondeur.
» XII. Dans cette supposition, on devrait rechercher si la propagation
an froid dans des zones de plus en plus profondes; si, d'un autre côté,
la consolidation incessante probable de la partie supérieure de la zone in-
candescente qui s'ajoute à la face inférieure du sol et en augmente l'épais-
seur [sol sous-priinitif); si, en^a, la sortie et l'épancheraent des matières
rejetées par les évents volcaniques, sont des motifs suffisants de diminution
du volume intérieur du sphéroïde, pour expliquer les ridements et les dis-
locations du sol de remblai j qui, arrivé comparativement à un état d'équi-
libre stable de température, conserve par conséquent une capacité trop
grande pour s'adapter sur la masse enveloppée.
" XIII. Il est nécessaire de faire observer ici que les dislocations du sol
doivent avoir des effets plus complexes qu'on ne le suppose ordinairement,
en raison des causes combinées qui les déterminent, comme aussi en raison
de la non-homogénéité de composition et de structure des masses disloquées.
- Ainsi, par exemple, tandis que les parties extérieures du sol sont, comme
on vient de le dire, à un état d'équilibre de température et de volume, ses
parties profondes , formées des matières qui se consolident continuellement
par les progrès du froid, tendent à diminuer de volume en changeant
d'état et de température; alors elles se fissurent, se fendent (i), et prennent
du retrait, au lieu que les couches supérieures à travers lesquelles les solu-
* tions de continuité se propagent, sont forcées de se plisser, de se con-
(i) C'est là, probablement, l'une des causes des tremblements de terre.
( 465 )
tourner, de s'entasser plus ou moins irrégulièrement, afin d'occuper moins
d'espace, et de ne pas laisser de vide entre elles et les couches sous-
jacentes (i).
» XIV. Après tout ce qui vient d'être dit, il est presque superflu d'ajouter
qu'aucun fait observé ne conduit réellement à supposer que sous le sol ou
dans son épaisseur, il se soit (particulièrement depuis la formation des ter-
rains secondaires) développé, périodiquement ou accidentellement, une
force capable de pousser devant elle, de l'intérieur à l'extérieur, des masses
résistantes de plusieurs mille pieds d'épaisseur, de les briser, d'en soulever
les lambeaux disloqués, et de les maintenir dans des positions verticales ou
fortement inclinées. Si une telle force eût existé, ou bien elle élit eu pour
agent des matières gazeuses comprimées, et alors celles-ci, après avoir
rencontré un point de moindre résistance dans l'enveloppe qui les compri-
mait, se seraient échappées violemment en brisant et projetant dans J'espace
une portion de cette enveloppe; il en serait résulté d'immenses trous dans
le sol, comme il arrive après l'explosion d'une mine : ou bien l'agent eût été
à l'état de masse pâteuse incandescente; et comment alors eût-il produit les
coupures nettes, planes et parallèles que présentent les dikes et les filons.
Enfin, si l'on suppose que l'agent inconnu poussait devant lui, comme des
coins, des roches déjà solides qui auraient entamé, étoile le sol, en auraient
soulevé les fragments séparés et les auraient maintenus dans leur position, en se
logeant dans les vides produits ; on pourra faire remarquer que les cônes
ou protubérances ellipsoïdes plus ou moins allongées qui seraient résulté
de ces soulèvements, devraient présenter une cavité centrale remplie plus
ou moins par la matière soulevante, différente de la matière soulevée, et
montrer des fissures profondes, convergeant et s'ouvrant largement dans
cette cavité, pour se terminer en pointe à la circonférence de la montagne
supposée formée par soulèvement. On peut assurer que l'ensemble de ces
dispositions ne se rencontre exactement dans aucune montagne, et pas même
dans les cônes volcaniques qui ont été donnés comme exemple, et dont
toutes les parties sont uniquement composées de matières épanchées ou
projetées autour de cheminées d'éruption.
" XV. La coïncidence des portions déprimées du sphéroïde terrestre
avec ses pôles actuels ; la répartition des terrains tertiaires littoraux de for-
(i) Dans ce cas, il deviendrait difficile d'espérer retrouver à la surface du sol les figures
polyédriques régulières que le retrait devrait théoriquement produire dans une sphère
homogène, ,
♦
(466 )
mation marine au pourtour de nos continents, de nos îles, dans les golfes
et les estuaires de nos fleuves; l'émersion de ces terrains par suite des
dernières grandes dislocations du sol, qui ont produit nos montagnes alpines,
et cela aussi bien dans le nord que dans les contrées chaudes, ne permettent
pas d'attribuer les dislocations à des changements dans l'axe de rotation
de la terre, et encore moins de faire intervenir le choc des comètes pour
expliquer ces changements : hypothèse anciennement avancée , souvent
reproduite, et soutenue encorç de nos jours avec des raisonnements et un art
qui peuvent séduire , surtout les gens du monde.
« XVI. [/élude des formations marines récentes qui sont aujourd'hui à
sec, bien que dans leur position normale, la forme générale d'un grand
nombre de vallées, les terrasses à plusieurs étages qui découpent les rives,
particuUèrement de celles qui débouchent dans les mers, semblent indiquer
des abaissements successifs, mais distincts, du niveau général de celles-ci:
fait qui ne peut s'expliquer que par l'approfondissement ou l'augmentation
d'étendue des anciennes mers, coïncidant avec l'exhaussement de parties de
nos continents; phénomènes dont peut seul rendre compte le plissement de
plus en plus prononcé de la surface du sol , avec la condition que la somme
des affaissements a été plus considérable que celle des élévations.
). XVII. C'est un préjugé, qui tend malheureusement à se propager, que
de croire que les dislocations ilu sol ont toujours coïncidé avec l'extinc-
tion d'anciennes espèces et la création de nouvelles, et qu'elles ont changé,
pour tonte la surface de la terre, les conditions d'existence des êtres.
» XVIII. En étudiant comparativement les caractères stratigraphiques et
paléontologiques que présentent le soi européen et celui de l'Amérique du
Nord , qui semblent avoir appartenu à un même grand système, depuis les
terrains siluriens jusqu'aux terrains tertiaires, on trouve bien quelques re-
lations entre les changements dans la stratification et ceux que l'on observe
dans les fossiles , mais ils sont plus apparents que réels; les dislocations ont
eu des effets brusques, et les changements dans les faunes et les flores sont
loin d'être tranchés: ces derniers pourraient peut-être s'expliquer par les
variations locales dans les conditions d'existence qui auraient nécessité et
favorisé des migrations, des remplacements, et aussi des destructions.
» XIX. Les différences que présentent les espèces animales et végétales
fossiles des terrains des divers âges comparées entre elles, et avec celles qui
peuplent encore la terre; d'un autre côté, le gisement de ces fossiles, ne
prouvent en aucune manière, que des révolutions générales, violentes et su-
bites , auraient anéanti tous les êtres pour fai*e place à de nouvelles créations.
#
( 467)
» XX. L'organisation des êtres des plus anciens temps était identique avec
ceUe des êtres actuels , et par conséquent les mêmes conditions leur étaient
imposées pour qu'ils puissent exister; ces êtres de toutes les époques ne dif-
féraient spécifiquement entre eux que comme diffèrent les animaux et les vé-
gétaux de l'Europe de ceux de l'Amérique méiidionale, de la Nouvelle-Hol-
lande et de Madagascar. F^a raison des différences que présentent les faunes
et les flores dans le temps, est de même sorte que celle qui fait différer
celles-ci dans l'espace, c'est-à-dire, dans les localités diverses : l'une n'est
pas plus inexplicable que l'autre,
" XXI. 11 est certain, du moins, que l'on ne peut attribuer, dans l'un et
l'autre cas, les différences d'espèce, de genre, d'ordre, de classe, aux
changements survenus dans les propriétés des milieux ambiants, et à ce que
l'on a appelé les révolutions de la surface du globe.
» XXII. Il faut cependant tenir compte, pour expliquer les déplacements
des êtres et leurs variations, non-seulement des modifications causées dans le
climat d'un point donné par son élévation, son abaissement, sa position
aquatique, ou continentale, ou alpine, par suite des dislocations du sol, mais
encore de l'influence de la chaleur propre de la terre qui, en diminuant gra-
duellement, a rendu les climats moins uniformes et de plus en plus extrêmes,
(le manière qu'à une certaine époque , le sol pouvait être partout plus chaud,
nulle part glacé, et l'atmosphère plus humide, circonstances favorables à la
végétation.
» XXIII. Les êtres devenus fossiles sont seulement ceux qui vivaient et ont
péri dans des circonstances particulières , lesquelles ont permis qu'ils puissent
être placés sous des sédiments imputrescibles, qui les ont garantis de la des-
truction en pénétrant leurs tissus , ou en prenant leur empreinte et leur
moule.
» XXIV. Les fossiles ne sont qu'exceptionnellement à la place même où
vivaient les êtres qu'ils représentent; la règle commune, qui semble résulter
de l'examen des gisements, est qu'ils ont été transportés, enfouis ou entassés
pour constituer les dépôts stratifiés, très-souvent longtemps après leur mort
naturelle.
" XXV. Les fossiles ne représentent donc qu'imparfaitement les faunes
et les flores des divers âges; l'abondance relative de telle ou telle classe, fa-
mille et espèce de fossile ne peut donner ni une idée approximative des pro-
portions relatives entre les mêmes groupes et espèces lorsqu'elles peuplaient
la surface de la terre, ni donner les moyens de déterminer la nature du
climat propre au point où les fossiles sont rencontrés.
■#
( 468 )
» XXVI. Il n'y a pas de ligne nettement ni universellement tranchée entre
notre époque dite actuelle ou historique , et les époques anciennes ou géo-
logiques. Notre époque diffère peut-être moins de la précédente que celle-ci
ne diffère de celle à laquelle elle semble avoir succédé immédiatement. Ainsi,
en fait, les terrains tertiaires diffèrent plus des secondaires qu'ils ne dif-
fèrent de ceux qui se constituent maintenant.
» XXVII. Depuis l'apparition des premiers fossiles, les conditions astro-
nomiques , météorologiques , physiques et physiologiques n'auraient pu
changer que par transitions graduées et inappréciables, et elles n'auraient pu
modifier les formes des êtres.
» XXVIII. Des premières propositions précédemment exposées il résulte
évidemment que la surface de la terre n'a pas toujours été habitable, et des
dernières propositions, que depuis la création elle n'a pas cessé de l'être.
» Mais on ne peut, jusqu'à présent, déduire de l'ensemble des faits géo-
logiques l'époque de la création , décider si elle a été instantanée et univer-
selle, ou successive et locale, dire si les êtres les plus simples dans chaque
groupe ou type ont précédé ceux dont l'organisation nous semble plus par-
faite; s'il y aurait eu plusieurs créations indépendantes qui auraient suivi
l'anéantissement complet des êtres précédemment créés : questions que
beaucoup de personnes croient pouvoir cependant trancher, en invoquant
des faits mal interprétés sans doute,
>i XXIX. L'étude physiologique comparée des êtres de tous les âges con-
duit à faire voir qu'avec ceux actuellement existants, ils constituent un grand
ensemble, un grand œuvre dont toutes les parties sont liées et coordonnées
d'après un plan unique qui n'a pu être successivement conçu et, pour ainsi
dire, modifié au fur et à mesure de besoins et de circonstances imprévues.
» XXX. Dans la chaîne non interrompue des espèces, celles dites an-
ciennes ou perdues et celles dites nouvelles ne viennent pas se placer les
unes en tête et les autres à la fin de la série; elles sont, au contraire, entre-
mêlées de telle sorte, que des lacunes observées par les naturalistes parmi
les êtres vivants ont été remplies par des fossiles, comme des hyatus entre
les divers fossiles peuvent être comblés par des êtres vivants.
» XXXI. Tenter, comme on l'a fait fréquemment dans d'excellentes in-
tentions, de faire concorder les phénomènes géologiques avec la lettre des
Écritures sacrées, est, selon moi, une erreur aussi nuisible aux intérêts de la
religion qu'elle l'est aux progrès de la science.
» XXXII. Le mot Diluvium, introduit dans l'étude du sol pour représenter
l'ensemble des témoignages qu'aurait laissés sur la terre le déluge de la Ge-
( 469 )
nèse , a, d'un côté, confondu reellement des effets identiques par la nature
de leur cause, mais qui ont été produits à des époques très-différentes, et
réuni, d'un autre, des effets de causes très-distinctes.
» XXXIII. Aussi les caractères assifjnés aux phénomènes et au.v terrains
appelés diluviens, ne conviennent ni à un seul événement, ni même à la
supposition de la submersion de parties du sol précédemment à sec et
liabilées.
1) XXXIV. Bien plus, les terrains dits anté- ou postdiluviens par quel-
ques géolo{;ues des plus orthodoxes, devraient différer paléontologique-
ment entre eux d'une manière absolue; ce qui ne s'accorderait nullement
avec le récit de Moïse et les croyances admises.
» XXXV. Cet exemple peut suffire pour faire voir le danger de confondre
des choses qui, philosophiquement, doivent rester distinctes.
» Entre la foi et la science, il n'y a ni démonstrations, ni contradictions
possibles, n
ASTRONOMIE. — Ephéiuérides de la nouvelle comète découverte à Cambridge,
aux Etats-Unis d'Amérique, par M. Bond, le 29 août i85o; par
M. Mauvais.
DISTANCES
TEMPS MOÏES
ASCENSIONS
DF.CLINAl-
de
de
droites
S0.1S
LONGITUDES
LATITODES
la comète
1830.
Paris
apparentes.
apparentes.
apparentes.
apparentes.
à
la terre.
b m s
h m s
0 ,
0 /
39 septembre
12. 3 58,2
9.39 33
+ 5.34,3
145.17,9
- 7 58,7
0,4786
4 01 tobre
12. 4 39,5
10. 8.44
- 4- 3,9
155.40,2
- '4 29,2
o,.56i6
9 octobre
la. 5 3o,4
10.34. 5
— 10.57,9
164.27,6
— i8.3i,o
0,6638
14 octobre
12. 6 3o,6
10. 57.22
_ .5.32,7
171.54,7
— 20.26,8
0,7840
■ 19 octobre
12. 7.27,8
11.20 22
— "9. 0,1
178.47.5
- 21.18,9
0,8997
2 '( octobre
12 8.27,8
■1.42.38
- 21. 8,9
i84..5o,7
— 21. 2,6
1,0201
CÎ9 octobre
13. 9 26,5
12. 4.14
— 22.3l,7
190.19,2
— 20. 9,8
i,i38o
8 novembre
13. II. 1 1 ,5
12 44- 4
- 23.55,0
199.43,2
- 17.36,0
1,3489
18 novembre
12.12 :i9,2
13.18.24
— 24.20,3
207.22,4
- '4 5. ,4
1 ,525i
28 novembre
12.13. 3., 7
i3 47.29
— 24.17,4
213.40,4
— 12 19,2
1 ,63o'i
» Ces éphémérifJes ont éié calculées au moyen des éléments paraboliques
que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie dans sa dernière séance.
Elles donnent les positions apparentes, comprenant l'effet de l'aberration et
rapportées à l'équinoxe apparent de chaque date. Si l'on veut avoir les po-
C. R., i85o, 2'>'« Semestre. (T. XXXI, iN" 14.) 63
( 470 )
sitions moyennes corrigées de l'aberration, il suffira de prendre invariable-
ment i2'"o'° pour temps moyen correspondant.
» Il résulte de ce tableau, que la comète ne traversera pas complètement
riiémisphère austral, comme l'ensemble des premières observations sem-
blait, l'indiquer. Après avoir atteint le ai* degré de latitude australe, la
comète se rapprochera de nouveau peu à peu de l'écliptique. Elle restera
donc visible en Europe pendant tout le cours de son apparition, car sa plus
grande dtîclinaison australe sera de 24 degrés environ. Elle ne sera obser-
vable que quelques instants avant le lever du soleil à cause de la petitesse de
ses élongations, qui ne seront que de aS degrés vers la fin du mois d'octobre. »
\>wi9,\Çiv^. — Observations relatives à la Note de MM. Masson et Jamin,
sur les actions calorifiques et lumineuses des radiations prismatiques;
par M. Melloni.
« Dans la séance du 8 juillet i85o, MM. Masson et Jamin ont communi-
qué à l'Académie une Note fort intéressante sur les actions calorifiques et
lumineuses des radiations prismatiques. Cette Note a été textuellement in-
sérée dans le n" 862 du journal ï Institut du 10 juillet i85o. Parmi les bons
résultats qu'elle contient, on y trouve des considérations inexactes, que
je crois utile de mettre eu évidence , afin de ne pas laisser égarer l'opi-
nion publique sur l'état actuel de nos connaissances relatives à l'identité de
la lumière et du calorique rayonnant.
>i Je commence par remarquer que l'expression employée pour dési-
gner cette importante question ayant un sens littéral trop restreint, il peut
arriver, comme il arrive réellement, que les personnes peu versées dans la
philosophie de la science se forment une idée fausse de ce qu'elle signifie.
" S'agit-il de chaleur et de lumière réunies dans un seul rayonnement ,
ou bien de toute sorte de radiations calorifiques obscures ou lumineuses ?
Celui qui se tient à l'interprétation littérale adoptera presque toujours la
première position, et croira avoir touché le but, s'il parvient à démontrer
que la lumière et la chaleur d'un rayon élémentaire suivent exactement les
mêmes vicissitudes dans les phénomènes d'absorption , sans s'apercevoir
qu'aux yeux des opposants, cette vérification isolée laisse la question dnns
le même état qu'auparavant; caries divers degrés d'échauffement produits
par une lumière réduite à la moitié, au tiers ou au quart de son intensité
primitive, ne pourraient être, au bout du compte, que de pures consé-
quences de l'extinction partielle de la lumière, et n'avoir ainsi aucun rapport
(471 )
avec l'existence d'un rayonnement calorifique proprement dit. Mais les sa-
vants qui connaissent la véritable portée do la théorie de l'identité, répon-
dront qu'elle comprend les deux agents réunis et séparés , que c'est une
question de genre et non d'espèce, et que l'examen de la secon.le position
de la thèse susdite doit nécessairement précéder 1 étude de la première.
" En effet, si l'agent calorifique est le même que l'agent lumineux, les
phénomènes de la lumière et de la chaleur rayonnante seront deux mani-
festations diverses d'une seule cause; et comme l'une de ces manifestations
se dévoile uniquement à l'organe de la vue, tandis que l'autre se montre sur
toute sorte de substances organiques et inorganiques, on conçoit que celle-ci
puisse avoir une existence isolée et qu'il y ait, en conséquence, des rayons
calorifiques obscurs.
» Mais ces rayons sont-ils réellement de même nature que les radiations
lumineuses? Voilà la véritable base fondamentale sur laquelle doit poser la
théorie de l'identité, et les physiciens savent que les données qui servent à
l'établir sont d'origine récente et consistent essentiellement dans l'égale
transmissibilité des diverses espèces de radiations calorifiques par un même
corps solide, et dans la variété des proportions de chaleur transmises par
les lames diathermiques exposées aux rayonnements obscurs, directs ou
émergents des différents milieux ; car ces dernières expériences décèlent
dans les flux de chaleur dénués de lumière une hétérogénéité tout à fait sem-
blable à la coloration des rayons lumineux, et le passage en proportions
égales de toute sorte de radiations par une substance solide, réuni à la par-
faite ressemblance des lois générales de la propagation et des modifications
subies à la surface on à l'intérieur des corps, prouve que les éléments calo-
rifiques obscurs ou lumineux constituent effectivement des espèces diffé-
rentes d'un seul et même genre.
» Tout le monde peut juger maintenant si le reproche que m'adressent
MM. Masson et .larnin, d'avoir exposé les données relatives à la transmission
tlu rayonnement des sources terrestres, dans un traité du calorique layon-
nant considéré sous ses rapports d'identité avec la lumière, est juste, et s'il
est vrai , comme le prétendent ces messieurs, que la voie la plus directe
pour résoudre le problème en question, soit la comparaison des actions ca-
lorifiques et lumineuses du spectre solaire.... Du reste, parce que je ne parle
pas de ce dernier sujet dans la première partie de ma Thermochrôse, pou-
vait-on en déduire que je l'avais quitté pour revenir à mon ancienne méthode !
>' J'observerai ensuite qu'un écrit qui montre pour la première fois I éga-
lité de signification de deux phénomènes doués d'apparences contraires,
63..
( 472 )
et confirme ces explications théoriques par des faits inédits , ne saurait être
considéré, comme le font MM. Masson et Jamin, sous l'aspect d'un simple
recueil des découvertes antérieures, lies deux transparences et les deux co-
lorations relatives à la lumière et à la chaleur rayonnante étaient sans doute
connues depuis un certain nombre d'années. Mais personne , avant moi ,
n'avait encore prouvé, si je ne me trompe, que ces actions opposées des
corps sur les radiations calorific|ues et lumineuses constituent un des argu-
ments les plus propres à nous convaincre de l'unité du principe dont elles
dérivent, ni appuyer celte démonstration par l'analyse des flux de chaleur
rayonnante obscure, tirés des flammes et des métaux portés au rouge, ou
simplement chauffés au-dessous de l'incandescence.
» MM. Masson et Jamin remarquent que quelques-unes de mes affirma-
tions présentes sont en opposition avec mes anciennes assertions, et je ne
le nie point; mais je ne puis accepter le sens hostile que ces deux physiciens
veulent bien prêter à de semblables contradictions plus ou moins réelles , et
quelquefois même totalement imaginaires. Voici les faits :
» En transmettant la radiation solaire par une couche d'eau comprise entre
deux verres colorés de cette nuance particulière de vert qin absorbe com-
plètement l'orangé et le rouge , j'obtins, il y a environ quinze ans, une lu-
mière qui, étant concentrée par la réfraction , acquit une intensité sensible-
ment égale à celle des rayons directs; or cette lumière ne donna aucun signe
calorifique appréciable aux thermoscopes les plus délicats de cette époque.
Des artistes habiles, parmi lesquels il suffira de nommer M. Ruhmkorf, par-
vinrent, plus tard, à communiquer au thermomulliplicateur une délicatesse
assez exquise pour me convaincre, au moyeu de cet appareil, que ladite
lumière n'était pas réellement froide, ainsi qu'elle m'avait paru d'abord ,
mais douée de quelques traces de chaleur.
» De pareilles rectifications sont assez fréquentes dans l'histoire des sciences
expérimentales, et ne sauraient devenir l'objet d'aucun reproche mérité,
lorsque le résultat négatif antérieurement obtenu provient de manque de sen-
sibilité dans les instruments usités du temps de l'observateur. Et, sans aban-
donner le sujet qui nous occupe, les académiciens du deniier siècle n ont-ils
pas trouvé que la lumière de la lune était privée de chaleur? Et cependant
les rayons lunaires ont une action calorifique appréciable, comme je l'ai
montré à plusieurs personnes, et comme tout le monde peut s'en convaincre
en se servant d'appareils analogues à ceux que j'ai employés.
» On trouve dans l'un des excellents petits Traités d'optique de M. Brew-
sler, et d'autres ouvrages de physique, la description de certaines expé-
( 473 )
riences de Seebeck et de Wutisch , d'où l'on avait déduit que la position du
maximum de chaleur, dans les couleurs du speclre solaire, varie avec la qua-
lité de la substance diaphane incolore dont le prisme est formé. Ce fait me
paraissait tellement en opposition avec l'idée que je m'étais formée sur la
nature de la chaleur lumineuse, que je voulus m'assurer, par mes propres
investigations, si son existence était bien réelle ou seulement illusoire.
L'expérience ne tarda pas à me prouver qu'un instrument thermoscopiquc,
placé dans les différentes couleurs prismatiques , donne effectivement la plus
haute température, tantôt dans le rouge, tantôt dans l'orangé, et tantôt dans
le jaune des spectres produits par des prismes de verre d'acide sulfurique,
d'alcool ou d'eau, lorsqu'on opère à la manière des physiciens ci-dessus in-
diqués; mais que, dans tous ces cas particuliers, le maximum de la chaleur
lumineuse est constamment situé sur le rouge extrême , si l'on choisit une
distance convenable par rapport à la largeur du faisceau solaire ou de la
bande prismatique employés dans la formation du spectie. Je démontrai
d'une autre manière l'action de l'eau et autres milieux incolores sur la posi-
tion du maximum de chaleur dans les couleurs prismatiques. Je pris un large
prisme de sel gtmme, je l'exposai directement aux rayons solaires, et je me
mis à étudier les valeurs relatives des températures sur la partie visible du
s pectre formé à une petite distance ; je vérifiai d'abord que, dans ce spectre,
produit par le sel gemme, le maximum de température des rayons colorés
se trouvait à l'extrémité du rouge; puis j'interposai une couche d'eau, et je
vis l'action calorifique dominante dans l'espace rouge décroître beaucoup
plus que celle de 1 orangé et du jaune, en sorte que le maximum de chaleur
se transporta sur la limite de cette dernière teinte. La grande diminution de
température dans le rouge dérivait évidemment de l'absorption des rayons
obscuis superposés aux rouges par suite de lîimpleur du faisteau incident;
lesquels rayons obscurs, transmis par le prisme de sel gemme, venaient
s'éteindre dans la couche d'eau placée derrière lui. Cela était d'autant plus
manifeste, qu'en formant le speclre avec un faisceau de rayons beaucoup
plus étroit par rapport à la distance du ihirmoscope (afin de diminuer,
autant que possible, pour les appareils d'observation employés, l'empiéte-
ment de la chaleur obscure), l'interposition de la même couche d'eau ne pro-
duisit plus aucun changement dans la position du maximum. La dernière série
d'expérience servait donc de contre-épreuve à la première, et mettait ainsi
tout à fait hors de doute , et l'impuissance de la matière c!h prisme à changer
la position de la plus haute température dans les couleurs du spectre, et la
cause des variations observées par Seebeck et par Wiinsch.
( 474 )
» Après avoir atteint, d'une manière si complète, le but de mon travail,
je m'arrêtai, sans prétendre le moins du monde que les résullats numériques
de ma seconde série d'expériences représentaient les véritables quantités de
chaleur directe et transmise des radiations lumineuses parfaitement pures du
spectre solaire. Cette prétention était d'autant plus éloignée de mon esprit,
que, pour me tenir dans les mêmes conditions que les physiciens qui soute-
naient l'opinion opposée de l'influence exercée par la matière du prisme sur
la position du maximum, j'avais opéré, sans liéliostat et sans lentilles, avec
un prisme doué d'un faible pouvoir dispersif , et sur un faisceau de lumière
qui, même dans le cas le plus favorable , était encore trop large par rapport
à l'éloignement du prisme.
» Mais MM. Masson et Jamiu passent entièrement sous silence ces diverses
considérations, et soutiennent que j'ai trouvé en i84/j (qui est la date du
travail dont je viens de parler) une diminution de yï de la chaleur rouge,
en interposant une couche de i4 millimètres d'eau sur le passage du spectre ;
puis ils font ressortir avec complaisance la contradiction de ce résultat avec
leurs propres expériences et la théorie de l'identité!... Je ne sais vraimeni
comment caractériser ce mode de discussion,.,, et je veux bien croire qu'il
dérive de convictions erronées acquises pendant une lecture l'apide de
mon Mémoire.
» Pour ne laisser sans réponse aucun point de la critique de MM, Masson
et Jamin , j'ajouterai qu'en i835, quelques années après l'invention du ther-
momultiplicateur, j'avais interposé des verres colorés sur le trajet d'un
spectre fourni par un prisme de sel gemme sans les conditions propres à
éviter le mélange des radiations obscures avec les radiations lumineuses, et
que j'avais vu la chaleur disparaître en grande partie du côté de plus grande
réfrangibilité, en conservant toutefois une marche progressivement crois-
sante ou décroissante entre les deux limites de l'action restante; sans qu'il
me fftt donné d'apercevoir, par rapport à la chaleur, les alternatives d'ab-
sorption et de transmission constituant ces espaces plus ou moins clairs et
plus ou moins sombres qui se manifestent à l'égard de la lumière. Après mon
travail de i844) je compris aussitôt que ce résultat négatif provenait en
partie du peu de sensibilité de l'instrument employé, et en partie de la pré-
sence des rayons calorifiques inférieurs qui, étant très-intenses par rapport
à la chaleur des bandes supérieures, venaient confondre et dissimuler pour
ainsi dire les alternatives en question. Ces causes d'erreur étaient même si
évidentes, que je ne crus pas indispensable de les signaler immédiatement,
et que je remis l'analyse d'un tel sujet à la fin de ma Thermochrôse dont la
( 475 )
publication, bien arrêtée dès cette époque, rencontra ensuite des difficultés
et subit des retards qu'il ne m'était pas donné de prévoir.
» Mais ces retards et ces obstacles apportés à l'impression de mon ou-
vrage ne m'inquiétaient guère relativement aux conséquences erronées que
l'on aurait pu tirer des essais si incomplets de transmission que je viens de
citer; car mon opinion à l'égard des absorptions identiques que les milieux
exercent sur les deux effets, calorifique et lumineux, d'un même rayon, avait
été consignée dans le Mémoire susdit de i844i et i-lairement exprimée par
le passage suivant: « ... En employant des milieux qui ne soient plus par-
» f'aitement limpides, mais réduits à un certain degré d'opacité par la pré-
» sence d'une matière brime attaquant indistinctement toutes les couleurs
» du spectre purifié, nous verrons, dans un second Mémoire, ces couleurs
') si intimement liées à leurs températures, que pendant la transmission elles
» perdront précisément autant de chaleur que de lumière; en sorte que le-
" rapport entre ces deux agents restera inaltérable. » Bibliothèque uni-
verselle de Genève, nouvelle série, tome XLIX, page 167.)
» Cependant MM. Masson et Jamin n'ont pas plus fait attention à ce
passage qu'à toutes les circonstances qui expliquent le but et la nature des
expériences susdites, ainsi que les causes de leur désaccord apparent avec la
théorie de l'identité, et ils se sont empressés de publier des mesures ther-
mométriques et photométriques qui, tendant à confirmer cette théorie, se
trouveraient ainsi, d'après eux, en opposition avec mes anciens résultats.
» Si je suis loin d'approuver la manière de discuter de MM. Masson et
.lamin, j'avoue que je ne trouve rien à redire sur leurs expériences qui pa-
raissent présenter toutes les garanties d'une bonne exécution.
>i Mais il ne suffit pas d'observer et de calculer exactement, il faut encore
savoir envisager les questions sous leurs véritables points de vue; et, si je
dois en juger par les phrases dont MM. Masson et Jamin se servent en citant
mes expériences sur la transmission des ven-es colorés pour le rayonnement
des corps incandescents séparés de la chaleur obscure concomitante, ces
deux observateurs ne conçoivent ni la portée de telles expériences, ni la, ne-
ce«i7e d'admettre une erreur de sensation dans l'organe de la vue, lorsqu'on
adopte la théorie de l'identité du calorique rayonnant et de la lumière.
» Le sujet est d'une si haute importance scientifique, que je demande à
l'Académie la permission d'ajouter encore quelques pages à cette longue
lettre, afin de pouvoir expliquer ma pensée avec toute la clarté con-
venable.
» La lumière des sources terrestres est loujours accompagnée d'une
( 476)
énorme quantité d éléments hétérogènes de chaleur obscure. Ainsi le rayon-
nement de la flamme d'huile contient 90 parties sur 100 de cette espèce de
chaleur, le rayonnement du platine incandescent en a g8 pour 100, et celui
de la flamme d'alcool 99 pour 100 (i). Ces rayons obscurs, qui produisent
les différences si remaïquables des deux transmissions des corps relative-
ment aux flux de lumière et de chaleur terrestre, sont absorbés par l'eau ou
l'alun, et la radiation lumineuse qui sort de ces milieux devient alors inca-
pable de traverser immédiatement certains corps opaques et passe en pro-
portions égales par les diverses substances diaphanes incolores. Cependant,
si l'on transmet le rayonnement lumineux émergent de l'eau ou de l'alun,
par une série de verres colorés, ou trouve que les transparences calorifi-
ques de ces verres s'écartent tellement de leurs transparences lumineuses,
que souvent les lames les plus claires sont les moins transcalescentes, et que
les lames les plus sombres donnent le passage le plus abondant de chaleur,
» Tout cela n'est qu'une pure conséquence de la distribution de la cha-
leur dans le spectre solaire. N'avous-nous pas dit tantôt que la température
augmente du violet au rouge? Rappelons maintenant que, tout en étant
privé de la faculté de comparer exactement les intensités relatives des cou-
leui-s différentes, l'œil aperçoit incontestablement une augmentation d'éner-
gie lumineuse en allant de l'extrémité violette du spectre solaire jusque vers
le milieu du jaune, puis une diminution en partant de ce point de plus
grande clarté, jusqu'au rouge ejctrêine; et nous concevrons de suite com-
ment les milieux colorés exposés à un faisceau de lumière blanche privé de
rayons de chaleur obscure, peuvent se laisser traverser par de petiies quan-
tités de lumière et de granles quantités de chaleur, ou par de faibles pro-
portions de chaleur et de fortes proportions de lumière.
» Imaginons, en effet, deux verres colorés, l'un desquels transmette les
couleurs du spectre appartenant à la partie la moins réfrangible ou inférieure
et intercepte les couleurs moyennes et supérieures, et l'autre se conduise
précisément en sens inverse; et, comme les rayons orangé et rouge sont
plus chauds que les autres, relativement à leur intensité lumineuse, nous
aurons un milieu sombre doué d'une grande transcalescence , et un milieu
clair qui interceptera une forte proportion de la chaleur du flux de lumière
incidente.
» Ces expériences n'ont rien à faire, comme on le voit, avec les bandes
alternativement brillantes et obscures produites dans le spectre solaire par
(i) Voir, pour la démonstration de ces résultats, la page 3o3 de ma Thermochrôse.
(477)
l'interposition d'un verre bleu de cobalt, ainsi que le disent MM. Masson
et Jamin; mais elles donnent des résultats très-marqués, irréfragables, fa-
ciles à reproduire, et montrent, malgré l'opinion contraire de ces deux ex-
périmentateurs, que les quantités de chaleur et de lumière qui traversent les
verres colorés ne sont pas toujours proportionnelles . Ce manque de propor-
tionnalité, qui se manifeste sur la lumière solaire tout aussi bien que sur les
flux lumineux des sources terrestres débarrassés de leurs radiations calori-
fiques obscures, engagea M. Herschel à rejeter la théorie de l'identité de la
lumière et de la chaleur rayonnante; et peut-être eut-il raison de le faire, à
une époque où l'on manquait des données fondamentales relatives à la science
du calorique rayonnant.
» Mais aujourd'hui que les propriétés découvertes dans les corps diather-
miques relativement aux flux de chaleur obscure nous ont révélé dans ces
flux les mêmes affections de transmission et d'absorption que possèdent les
rayons colorés , on ne saurait plus échapper, selon moi, à la conviction in-
time que la liimière consiste dans une série visible de rajons calorifiques .
Et ce principe une fois admis, il devient de toute évidence qu'on ne peut
concevoir la marche opposée de la chaleur et de la lumière depuis le milieu
du jaune jusqu'à l'extrémité la moins réfrangible du spectre solaire, ni dire
pourquoi le rayon rouge est beaucoup plus chaud et beaucoup moins lumi-
neux que le rayon jaune , sans recourir à un défaut de proportionnalité
entre l'énergie des rayons de chaleur visible et la sensation lumineuse qu'ils
produisent sur l'organe âe la vue.
') Cette conséquence est, je le répète, de toute rigueur. J'ajouterai qu'elle
s'explique dans le système des ondulations et qu'elle ne contient rien de
choquant, lorsqu'on réfléchit à ce qui arrive, selon toute probabilité, dans
l'appréciation des sons.
n Quoique l'organe de l'ouïe soit sensible, d'après Savart, à un plus
-grand nombre de périodes vibratoires qu'on ne l'avait cru d'abord, il est
pourtant indubitable qu'a un certain degré de lenteur les oscillations de l'air
ne sont plus perceptibles. Maintenant je demande s'il est raisonnable d'ad-
mettre un saut brusque entre les propriétés des ondes parlantes et les pro-
priétés des ondes muettes, entre la première vitesse oscillatoire de l'air
appréciable à l'oreille et la période de vibration qui la précède immédiate-
ment. N'est-il pas extrêmement probable, au contraire, que la sensation se
développe graduellement et que pour des quantités égales de mouvement,
les vibrations (|ui donnent les sons les plus graves produisent des sensations
beaucoup plus faibles que les autres? Or, si les choses se passent réellement
G. a,, iS5o, a"" Semestre. (T, XXXI, N" 14.) 64
( 47« )
ainsi, il y aurait anaIop;ie complète entre le manque de proporiiounalité des
quantités de mouvement des premières vibrations aériennes perceptibles
avec l'intensité de la sensation acoustique, et le manque de proportionnalité
des quantité; de chaleur des premiers rayons perceptibles avec l'intensité de
la sensation optique. »
ZOOLOGIE. — Sur deux espèces nou^'elles de Paridse;
par M. Charles Bonaparte.
« Je soumets à l'Académie les figures de trois oiseaux.
.1 Les deux premières représentent deux espèces entièrement nouvelles
de la famille des Parides ou Més^^nges, dont l'une devra , suivant moi, con-
stituer un genre nouveau.
» Rappelant par ses formes et sa petite taille notre Paille en queue, et
encore plus la jolie petite Psaltria exilis , Temm., de Java, le nom de
Psaltriparus me semblerait lui convenir. J'en ai dressé ainsi les caractères :
» Genre Psaltriparus , Bp. Rostro minimoj valde compressa : alœ longœ,
rotundatœ ; remignm prima brevissima , secunda longitudine lo œquante,
3 longitudine 7 ; 4 > 5 e< 6 omnium longissimis : cauda gracilis, longa, gra-
data. Et ceux de l'espèce :
» Ps. PERSONATUS. Minor ; cinereus , suhtus alhus ; genis cum mento pur-
pureo-nigris .
» Fem. : Genis rufo-griseis {fere concoloribiis).^
» Elle habite les hautes montagnes du Mexique méridional.
•' La seconde espèce de Mésange est encore plus intéressante pour la
géographie zoologique. 11 est des formes qui appartiennent à certaines loca-
lités européennes, et qui sont restées isolées jusqu'à ce que les localités ana-
logues aient été explorées en Asie et en Amérique. Tel était le genre
Lophophanes, Kaup, jusqu'ici formé de la seule Mésange huppée des forêts
montueuses de l'Europe. Eh bien ! ma seconde espèce constitue un second
r>ophophane, parfaitement typique, et que, voulant dédier à l'intrépide et
généreux voyageur qui la envoyé avec beaucoup d'autres au Musée de
Darmsiadt et à son illustre directeur, M. le I)"^ Kaup, je nomme :
» Lophophanes wollweberi , Bp. Mus. Darmst. ex Mexico Zacatecas.
Cinereo-olivaceus ; subtus albidus : corona occipilali , gula , torque duplici
cervicali plumisque elongatis cristœ ni gris.
« Quand j ai dit que le genre Lophophanes ne comptait jusqu'à présent
qu'une espèce, je l'ai dit nonobstant le prétendu Lophophanes bicolor, qui
( 479 )
n'a été rapproché du cristatus qu'à cause de sa huppe et d'une huppe bien
différente. Cet oiseau essentiellement boréal et américain , que l'on s'obstine
à considérer comme européen, parce qu'il se trouve dans la Russie. . . amé-
ricaine et au Groenland. .. se rapproche bien plus du Parus inornatiis de
Gambel. Et à ce propos , nous dirons que le genre Chaiîiœa, que, d'après de
faux renseignements , nous avions placé nous-mèoie parmi les F'olucres,
doit faire partie de la famille des Parides. Nous insistons davantage sur ce
point, d'autant plus que l'on sait combien nous avons été sévère à main-
tenir dans ses limites naturelles la famille des Mésanges dont nous avons
éliminé non-seulement les Pardolotes , mais jusqu'aux Suthora, aux Me-
lanochlora, etc.
n Nous ne quitterons pas cette famille, que nous plaçons maintenant entre
les Sittinœ et les Ainpelidœ, sans dire que dans le Musée de Berlin nous
avons pu vérifier dernièrement le Parus bokharensis , Fiicht. in Eversm.
Reise Bokh. Zool. Atl. , page i3i, attribué à tort au savant orientaliste
.laubert. Cette espèce doit décidément prendre place dans le système. Elle a
absolument le mèmf Jaci es que le Parus major; mais elle est plus petite
et manque de vert et de jaiuie. En voici la phrase latine : Dilute plumbeo-
cinereus; subtus alhus : pileo, gula, torijue cervicnli interrupto et linea
abdominali média ni gris : genis et rectricibus extimis [caudœ rotundatœ)
albis.
» Quant au troisième oiseau, c'est un Fringillien pas encore connu en
France, mais depuis longtemps eu Angleterre. M. Gould le décrivit, il y a
quelques années , sous le nom de Carduelis burtoni, malgré son gros bec , à
cause du rouge de sa tête et de la couleur de ses ailes. . . Tout récemment ,
dans son bel ouvrage sur les Oiseaux d'Asie, peut-être influencé par mes
remontrances , il en fit un Pinson; mais ce rapprochement n'est guère plus
heureux... ^ous le nommerons CallacanthiS. »
NOMINA'OOIVS
L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination de la Com-
mission qui aura à examiner les pièces adressées au concours pour le gra id
prix des Sciences matlié;natiques. (Question proposée : Trouver pour un
exposant entier quelconque n les solutions en nombres entiers et inégaux
de L'équation x"-hj" = z", ou prouver quelle n'en a pas. )
MM. Cauchy, Sturm, [^iouville. Lamé et Poinsot réunissent la majorité
des suffrages.
64...
( 48o)
MÉMOIRES LUS.
CHIMIE OPTiQilE. — Nouvelles recherches sur les relations qui peuvent exister
entre la forme cristalline, la composition chimique, et le phénomène de la
polarisation rotatoire; par M. L. Pasteur. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoyé à la Commission nommée pour les précédentes communications
de M. Pasteur, Commission composée de MM. Biot, Dumas, Regnault,
Balard, à laquelle s'adjoindra M. Chevreul,)
« Tout le monde connaît cette loi simple et remarquable de la cristallo-
graphie, due au célèbre minéralogiste Haiiy, laquelle veut que, dans un cristal ,
les parties identiques soient toutes modifiées en même temps, et de la même
manière. C'est la loi de symétrie. Or il arrive quelquefois, et Haiiy en
connaissait déjà les principaux exemples, que cette loi n'est pas respectée. Je
comprends, sous l'expression commune dihémiédrie, tous les cas où cette loi
de symétrie n'est pas satisfaite.
» 1°. Pour des motifs que j'ai indiqués dans un Mémoire précédent, il
est nécessaire de sépaj-er les formes hémiédriques en deux classes. liOrsqu'un
cristal est hémiédrique, on peut, dans certains cas, imaginer un autre cristal
identique au premier dans toutes ses parties respectives, mais qui ne lui soit
pas superposable ; à peu près comme il existe une main droite identique,
mais non superposable à la main gaucbe. Ce genre d'hémiédrie , que l'on
pourrait appeler hémiédrie non superposable, n'est pas le seul qui puisse
s'offrir. Le tétraèdre régulier, le rhomboèdre, sont des formes hémiédriques;
mais tous les tétraèdres réguliers sont superposables, tous les rhomboèdres
de même angle le sont également.
» 1°. Dans mes premiers travaux, accueillis par l'Académie avec tant de
bienveillance, j'ai montré qu'il existait une connexion étroite , entre l'hémi-
édrie non superposable et le phénomène de la polarisation rotatoire molé-
culaire.
11 3°. Cela posé, une question se présentait naturellement à l'esprit.
Toutes les substances, aujourd'hui très-nombreuses, qui dévient le plan de
polarisation, lorsqu'elles sont en dissolution, ont- elles des formes cristal-
lines hémiédriques? Réciproquement, l'hémiédrie accuse-t-elle toujours
l'existence de la propriété rotatoire? J'entends parler ici de l'hémiédrie non
superposable; car ces questions sont déjà, en partie, résolues pour ce qui
regarde l'hémiédrie superposable. C'est à la solution de ces questions impor-
( 48. )
tantes, et très-distinctes l'une de l'autre, que je viens apporter quelques
nouvelles observations.
» Les faits que j'ai recueillis cette année se rapportent à l'asparagine, à
l'acide aspartique, à la combinaison du glucose avec le sel marin, et au for-
miate de strontiane.
» 4°' En examinant attentivement la forme cristalline de l'asparagine,
j'ai reconnu d'une manière indubitable que tous les cristaux de cette sub-
stance sont hémiédriques. L'hémiédrie est, en outre, non superposable.
Il était donc probable que cette substance devait jouir de la propriété ro-
tatoire moléculaire, et c'est, en effet, ce que l'expérience a confirmé. Le
pouvoir rotatoire de l'asparagine s'exerce à gauche, quand l'asparagine est en
dissolution dans l'eau ou dans les alcalis; il s'exerce, au contraire, à droite
et d'une quantité relativement beaucoup plus considérable, quand l'aspara-
gine est en dissolution dans les acides minéraux. .
•> 5°. Les relations qui unissent l'asparagine à l'acide aspartique, indiquaient
l'existence probable de la propriété rotatoire dans l'acide aspartique. En effet , ■
l'acide aspartique dévie le plan de polarisation des rayons lumineux, et son
pouvoir rotatoire a de grandes analogies avec celui de l'asparagine.
» 6°. Enfin les recberches récentes des chimistes tendant à faire admettre
que l'asparagine est l'amide de l'acide malique , j'étais conduit à rechercher
le pouvoir rotatoire dans l'acide malique et les malates. L'expérience encore
a répondu à mon attente. L'acide malique, et les sels qui en dérivent, ont la
propriété de dévier le plan de polarisation des rayons lumineux; et j'ai re-
trouvé l'hémiédrie non superposable, dans plusieurs malates. Mais il est un
fait sur lequel je yeux surtout insister à propos de l'acide malique. Cet acide
offre, dans les particularités de son pouvoir rotatoire, des analogies très-
grandes avec les acides tartriques droit et gauche ; et ces analogies condui-
sent naturellement à penser qu'il existe d'intimes relations d'arrangements
moléculaires dissymétriques, entre l'acide malique et l'un ou l'autre des deux
acides tartriques. Il est très-vraisemblable, qu'il doit exister, entre l'acide
malique et l'un des deux acides tartriques, droit ou gauche, un groupement
moléculaire commun, avec la modification que peut apporter, dans ce grou-
pement, la différence de composition de ces acides.
» Cette idée, suggérée par les propriétés physiques, de l'existence d'un
groupement moléculaire commun entre l'acide malique et l'un ou lautre
des deux acides tartriques, est bien éloignée de répugner aux apparences
que nous présente l'organisme. Dans les végétaux , partout oti l'on trouve de
l'acide malique, on trouve de l'acide tartrique, et inversement. Peut-être la
m
(48a)
uature se sert de l'un de ces acides pour faire l'autre. Cette remarque porte
même à soupçonner que le {groupement moléculaire eu question, serait
commun à l'acide malique et à l'acide tartrique dtx)it ordinaire; car c'est
l'acide tartrique droit que l'on trouve en compagnie de l'acide malique,
dans les fruits acides. Les relations qui existent entre les propriétés des deux
acides tartriques droit et gauche, donnent à ces inductions une importance
toute particulier!'. Car, s'il existe un groupement molécidaire dissymétrique,
commun entre l'acide tartrique et droit l'acide malique du sorbier, on doit
présumer, par similitude, qu'il existera aussi un groupement moléculaire
commun, entre l'acide tartrique gauche, et un acide malique encore in-
connu, lequel serait à l'acide malique actuel des chimistes, ce que l'acide
tartrique gauche est à l'acide tartrique droit. En d'autres termes, il y aurait
deux acides maliques, l'un droit et l'autre gauche, comme il y a deux acides
tartriques.
» 7°. Je donne ensuite, dans mon travail, une étude détaillée de la forme
• cristalline et du pouvoir rotatoire, de la combinaison du glucose avec le sel
marin, .le regrette de ne pouvoir entrer ici dans bs curieuses particularités
de la forme cristalline de cette combinaison. .Te dirai seulement qu'elle jouit
de l'hémiédrie non superposable, qu'elle appartient au système du prisme
rhomboïdal droit, et que tous ses cristaux, quoique parfaitement limpides et
simples en apparence, sont toujours le résultat du groupement de plusieurs
cristaux; comme l'arragonite, le sulfate de potasse, etc., en offrent des
exemples.
" 8°. Je termine, par l'examen de la cristallisation du formiate de stron-
tiane. Si l'on étudie avec soin les cristaux de formiate de strontiane, on re-
connaît que, dans toute cristallisation de ce sel, il y a toujours deux espèces
de cristaux, les uns hémièdres à droite, les autres hémièdres à gauche,
identiques, mais non superposables. Cependant, si l'on isole les cristaux
droits et les cristaux gauches, qu'on les dissolve à part, ni l'une ni l'autre
des deux dissolutions n'agit sur la lumière polarisée. Ceci conduit à sup-
poser que l'hémiédrie du formiate de strontiane ne tient pas à l'arrangement
des atomes dans la molécule chimique, mais à l'arrangement des molécules
physiques dans le cristal total; de telle manière, que la structure cristalline
une fois disparue dans l'acte de la dissolution, il n'y a plus de dissymétrie; à
peu près comme si Ion construisait un édifice, ayant la forme extérieure d'un
pojyèdre qui offrirait Chéiniédrie non superposable, et (|ue l'on détruirait
ensuite. Il no resterait plus rien de la dissymétrie primitive, après la des-
truction de l'ensemble. Aussi , quand on fait cristalliser de nouveau des cris-
( 483 )
taux droits ou des cristaux gauches de foimiate de strontiane, chaque espèce
unique fournit les deux espèces de cristaux.
i* " Nous voyons donc ici l'hémiédrie, etmême l'hémiédrienon superposable,
exister dans des cristaux, sans y être accompagnée de ia propriété rotatoire
moléculaire, comme le quartz en offre déjà un exemple. Si l'analogie avec
le quartz était complète, le formiate de slionliane jouirait de la propriété
rotatoire à l'état cristallisé; et, tantôt il l'exercerait à droite, tantôt il l'exer-
cerait à gauche, comme les deux variétés plagièdres du quartz, si toutefois
l'existence des deux axes optiques, clans le formiate, ne met pas obstacle au
phénomène. C'est une étude que je soumettrai ultérieurement à l'Académie.
» Déjà, j'ai signalé une substance qui possède l'hémiédrie non superpo-
sable, sans être accompagnée de la propriété rotatoire moléculaire: c'est le
sulfate de magnésie.
» Mais je me hâte d'ajouter que le formiate de strontiane et le sulfate de
magnésie offrent des particularités, dans leurs formes cristallines, qui per-
mettent de concevoir l'absence de toute propriété rotatoire dans ces sub-
stances, bien c|u'elles jouissent de Ihémiédrie non superposable.
» Eu effet, l'inspection des angles de la foi me cristalline du formiate de
strontiane montre que, si l'un des angles seulement était différent de ce qu'il
est, de 1° 17', il serait impossible, en orientant convenablement les cristaux,
de distinguer les cristaux droits des cristaux gauches; et l'hémiédrie du for-
miate de strontiane deviendrait une hémiédrie superposable. Or jusqu'ici,
dans tous les cas que j'ai en occasion d'étudier, je n'ai jamais trouvé la pro-
priété rotatoire coexistant avec l'hémiédrie superposable; et j'ai même de
fortes raisons de croire que cela n'est pas possible.
» Il est très-curieux que le sulfate de magnésie et ses isomorphes, offrent
une particularité tout à fait analogue. Eii effet , la forme de ces sulfates est
un prisme droit à base rhombe, avec deux modifications sur les arêtes paral-
lèles à chaque base, conduisant à un tétraèdre inégulier. C'est là Ihémiédrie
non superposable. Mais l'angle du prisme de ces sulfates est de go à 91 de-
grés; et le prisme rhombcïdal droit est dès lors (rès-voisin du prifme à base
carrée. Il en résulte que l'hémiédrie, quoique non superposable rigoureuse-
ment, n'est éloignée que de quelques minutes de l'hémiédrie superposable,
que n'accompagne pas jusqu'à présent la propriété rotatoire.
» (On peut voir, sur des modèles de cristaux que je présente ici, la parti-
cularité de la cristallisation du formiate de strontiane). »
¥
0'
t
( 484 ) ^
M. Lebobuf lit une Note sur des pluies abondantes et sur la théorie de ce
phénomène.
L'auteur réclame avec insistance la rectification d'un passage du Compte
rendu de la séance du 27 août 1849, où il est dit qu'il prétend pouvoir an-
noncer d'avance une saison pluvieuse. Les pluies dont M. Lebœuf entendait,
parler constituent, suivant lui, un phénomène distinct, spécial, se manifes-
tant sans discontinuité, indépendamment de la succession des saisons, et
commun à toutes les époques de l'année.
(Renvoyé à la Commission nommée pour les précédentes communications
de l'auteur. )
iMËMOIRES PRÉSENTÉS.
GÉODÉSIE. — Nivellement de l'isthme de Suez, par M. Bourdaloue, et
Remarques sur cette opération; par M. Breton (de Champ).
(Commissaires, MM. Biot, Arago, Duperrey, Largeteau.)
" J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, au nom de M. Bourdaloue, un atlas
de seize feuilles où sont rapportées les altitudes exactes du sol dans la tra-
versée de l'isthme de Suez, et du centre de cet isthme au Caire et au barrage
du Nil. Ces études, qui ont été faites dans le courant de l'année 1847 P"""'
l'établissement d'un canal entre la mer Rouge et la Méditerranée, sont d'un
haut intérêt pour la géographie, et semblent devoir être décisives dans la
question , si obscure jusqu'à ce jour, du canal qui a existé anciennement entre
le Nil et la mer Rouge.
» Les résultats principaux du nivellement de M. Bourdaloue diffèrent
beaucoup de ceux du nivellement qu'exécutèrent en 1799 les ingénieurs
attachés à l'expédition d'Egypte. On peut en juger par les chiffres suivants :
'799- '847-
m m
Basse mer à Tineh 0,00 0,00
Haute mer de vive eau à Suez 9>9o 2,27
Basses eaux du Nil au Mékias 5, 29 13,27
" Il n'entrera dans l'esprit de personne que je veuille, par cette compa-
raison, porter la moindre atteinte à la réputation d'incontestable habileté de
ces ingénieurs. Réduits à se servir d'instruments défectueux dans un pays
ennemi, pressés par le temps, forcés plusieurs fois de suspendre leur tra-
'-^
( 485 )
vail, n'ayant pu d'ailleurs le vérifier, le succès de cette opération était sinon
impossible, du moins fort problématique. L'énorme différence de niveau
qu'ils avaient trouvée entre la mer Rouge et la Méditerranée devait surtout
paraître invraisemblable, mais elle sembla confirmée par les textes de quel-
ques auteurs de l'antiquité, entre autres d'Aristote, de Diodorc de Sicile et
deTline, quoiqu'ils fussent contredits par Strabon.
» Le nivellement de 1847 ^ ^'^ exécuté dans de tout autres conditions.
M. Bonrdaloue, dont on connaît l'aptitude spéciale pour les opérations de
ce genre, était assisté de collaborateurs formés par lui-même. Les instru-
ments, perfectionnés d'après ses propres idées, avaient été construits pour
la circonstance. Le vice-roi d'Egypte avait mis à la disposition de cette bri-
gade une nombreuse escorte, avec le matériel de campement nécessaire dans
le désert, et pourvoyait eu outre libéralement à sa subsistance. Elle a donc
pu opérer dans une sécurité complète et avec toutes les facilités qui man-
quaient à ses devanciers.
» S'il ne s'agissait que de se prononcer entre la nouvelle opération et celle
de 1799, ce qui vient d'être dit pourrait suffire. Mais pour donner une idée
juste du degré de confiance que mérite le nivellement de M. Bouidaloue, il
est indispensable d'entrer dans quelques détails sur les procédés dont cet
habile observateur fait usage. Ces procédés, auxquels il s'est arrêté après une
pratique de trente années, sont en eux-mêmes très-dignes de remarque, et
l'on peut, sans témérité, les opposer à ceux de la géodésie.
» M. Bourdaloue se sert de niveaux-cercles dits de Lenoir, à limettes
d'environ 4o millimètres d'ouverture, la bulle indiquant 10 secondes par
millimètre de déplacement. Avec ce degré de sensibilité qui la rend facile à
gouverner, l'incertitude sur un coup de niveau de 400 mètres tombe dans
la limite de ±o",oo2. La cote est obtenue par «fez/or observations compen-
sées en renversant la lunette et retournant la bulle bout pour bout. Dans
cette manœuvre, il est extrêmement facile d'oublier soit le retournement de
la bulle, soit le renversement de la lunette. Afin de prévenir ces oublis,
M. Bourdaloue fait graver d'une manière très-apparente les chiffres i et 2,
le premier sur la face latérale, à gauche de l'observatrur, du collet carré de
la lunette le plus voisin de l'oculaire, et le second sur la face opposée du
même collet. Le chiffre i est également gravé sur le bout du système de la
bulle qui repose sur ce collet à gauche, c'est-à-dire immédiatement au-dessus
du chiffre i qui s'y trouve déjà. L'autre bout du système de la bulle porte à
droite le chiffre a actuellement isolé. Si l'on vient à exécuter la manœuvre
indiquée ci-dessus, les chiffres 2 se correspondent à leur tour à gauche ide
C. R. , i85o, a»» Semestre. (T. XXXX, N» 14.) 6.5
m
( 486 )
l'observateur, lequel est sûr de n'avoir rien oublié tant que cette coi'respon-
dance existe.
" M. Bourdaloiie fait en outre adapter à la lunette de petites fourchettes
qui ont pour objet de maintenir latéralement la bulle dans une même posi-
tion relativement à l'axe optique. Il est facile de voir que cela est nécessaire
pour l'exactitude, lorsque l'on veut rappeler la bulle à ses repères en tour-
nant l'une des vis à caler qui portent l'instrument, auquel cas le plateau ou
cercle prend presque toujours une petite inclinaison transversale.
» Les personnes qui connaissent la mire à voyant ou à coulisse savent
combien l'usage en est pénible et sujet à erreur. C'est aux efforts persévérants
de M. Bourdaloue qu'on doit de l'avoir remplacée dans la pratique du ni-
vellement par la mire parlante, sur laquelle on lit soi-même la cote dans la
lunette. Elle consiste dans une règle de bois mince, longue de 4 mètres,
large de o™,i2, divisée dans toute sa hauteur en quadruples centimètres
dont la disposition est décrite avec détail dans la Notice sur les nivelle-
ments, publiée en 1847 P^*" ^- Bourdaloue. La lecture de la fraction du
quadruple centimètre sur lequel se projette le fil se fait, par estime, à o™,ooa
près, pour peu que l'on soit exercé. Entre deux observateurs différents, l'écart
peut s'élever à o™,oo4, mais alors on trouve que l'un vise toujours plus haut
que l'autre, ce qui n'a pas d'influence sur le résultat final des opérations,
r.es dimensions et la disposition de cette mire sont le résultat d'essais nom-
breux faits avec un rare désintéressement.
» Pour assurer d'une manière complète l'exactitude des lectures, l'opéra-
teur est assisté d'un aide que M. Bourdaloue appelle lecteur, lequel, après
que l'on a lu soi-même la cote, et pendant qu'on l'écrit, met l'œil à la lunette
et lit à son tour. Si les résultats sont pareils ou ne diffèrent que de o™,ooi
ou o™,oo2 , la lecture est tenue pour bonne. Dans le cas contraire, chacun
observe de nouveau , et l'on a toujours soin de ne pas laisser connaître au
lecteur ce que l'on a écrit. Ce contrôle est d'une grande importance; il pré-
serve de ces grosses erreurs de lecture de r mètre ou 2 mètres qui ne sont
que trop fréquentes, et dont le nivellement de 1799 paraît n'être point
exempt.
» L'opérateur est en outre assisté de deux porte-mires et non d'un seul ,
afin de donner le plus rapidement possible les coups de niveau de chaque
station. Pour comprendre toute l'importance de celte rapidité d'observation,
il suffit de remarquer que le niveau demeure exposé à l'action immédiate
des rayons solaires, source d'erreurs très-perfides. Eu observant très-vite,
on ne leur laisse pas le temps de se produire. Les variations de la réfraction
( 487 )
sont dans le même cas. On voit maintenant l'utilité des détails qui précè-
dent; tous concourent également au même but, qui est de rendre les ob-
servations à la fois rapides et sûres, et l'on parvient, en effet, à les faire en
quelques secondes.
» Dans le système de M. Bourdaloue, la ligne à niveler est parcourue
simultanément par deux observateurs, lesquels partent ensemble du même
point, chacun avec son niveau, son lecteur et deux porte-mires. Ils opèrent
indépendamment l'un de l'autre, mais de manière cependant à se réunir tous
les 2 ou 3 kilomètres pour comparer les cotes. Si l'écart n'excède pas la mil-
limètres, limite qu'une longue expérience a fait connaître comme la pins
convenable, l'opération continue, sinon elle recommence au point de réu-
nion précédent. Un nivellement ainsi conduit est constamment vérifié, et
on peut compter sur son exactitude.
» Telle est la méthode qui a été appliquée en Egypte par M. Bourdaloue.
TjCs opérateurs, pourvus d'instruments bien rectifiés, avaient soin de se pla-
cer à égale distance des deux termes de chaque station, ce qui était indispen-
sable dans un pays aussi chaud que l'Egypte. On suspendait le travail pen-
dant les heures où l'opération présentait quelque incertitude. Ajoutons que
l'on avait choisi pour ces nivellements les trois derniers mois de l'année,
c'est-à-dire la saison la plus favorable.
» Le travail de M. Bourdaloue comprend les abords du Caire jusqu'au
barrage du Nil , puis une ligne d'environ 120 kilomètres allant du Caire au
lacTemsah, près du centre de l'islhme, parla vallée de l'Ouady-Toumilat,
et enfin deux autres lignes joignant ce point à la baie de Tineh et à Suez ;
la première a environ 60 et la seconde 76 kilomètres de longueur. Celles-ci
ont été parcourues en sens contraire par les s(;ctions d'opérateurs auxquelles
on en avait confié le nivellement; cette circonstance n'est point indifférente,
car les erreurs qui peuvent résulter de la marche constante dans une même
direction, ont dû être ainsi à peu près compensées. Pareille compensation a
eu lieu sur la partie de la ligne du Caire, qui a pour centre Abou-Nechabeh,
et dont la longueur est d'environ ■jo kilomètres. On s'est peu écarté de l'iti-
néraire suivi en 1 799 , ce qui permet d'instructives comparaisons entre le
nouveau nivellement et l'ancien.
» Quoique, d'après ce qui précède, il fût inutile de faire de nouvelles
vérifications, néanmoins, pour ne laisser aucun doute aux personnes qui
tenaient encore au nivellement de 1799, M. Bourdaloue en a entrepris
deux, l'une de Suez au Caire par la route des Indes , mais en allant constam-
ment de l'est à l'ouest , et toutefois avec les mêmes précautions que dans le
65..
(488)
nivellement principal. La seconde a été faite avec moins de soins à très-
grands coups par un seul opérateur, de la Méditerranée à la mer Rouge, en
allant constamment du nord au sud. En voici les résultats :
Nivellement Première Seconde
principal. vérification. véri6cation.
mm™
Basse mer à Tineh ( 8 décembre 1 847 ) o,oo o,oo o,oo
Basse mer à Suez ( 25 novembre 1847 ) o,o3 0,10 — o,56
Mers moyennes à Suez o» '9 '^>99 <'j4*
" Mais c'est évidemment l'opération principale qui est la plus digne de
confiance. Sans doute, dans une expédition qui aurait eu un but scientifique,
l'on se serait attaché à prendre quelques précautions de plus pour mieux
assurer encore l'exactitude déjà si remarquable des procédés mis en usage
dans cette occasion. Quoiqu'il en soit, il est certain que M. Bourdaloue a
rendu, par son travail d'Egypte, un service important à la géographie, et
que ses inventions ne peuvent manquer d'avoir la plus heureuse influence
sur l'art du nivellement. »
fj'Académie reçoit deux Mémoires destinés au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques. Ils sont inscrits sous les n°' 4 6' 5.
CORRESPONDANCE.
M. le MixisTRE DE L'AcRicuLTuas ET DU CouMERCE adrcssc pour la biblio-
thèque de l'Institut le LXXI* volume des Brevets d'Invention expirés, et le
Catalogue des Brevets pris en 1849- {P^oirau Bulletin bibliographique.)
M. le Ministre de l'Intérieur demande que la bibliothèque de son Minis-
tère soit mise au nombre des établissements auxquels sont envoyés les Mé-
moires et les Comptes rendus de l'académie.
La demande de M. le Ministre de l'Intérieur est renvoyée à la Commission
administrative.
CHIMIE. — Mémoire sur quelques produits nouveaux obtenus par l'action
du sulfite d'ammoniaque sur la nitronapthaline ; par M. R. Piria.
(Extrait.)
« L'auteur a reconnu que le sulfite d'ammoniaque agit énergiquament sur
les substances organiques du type
M-nH-f-n(AzO*),
( 489 )
en donnant des produits nouveaux. Les acides nitrobenzoïque, carbazotique,
nilranisique, nilrosalicylique sont dans ce cas. L'auteur a particulièrement
étudié l'action du sulfite d'ammoniaque sur la nitronaphtaline.
» Lorsqu'on chauffe ensemble une dissolution alcoolique de nitronaph-
taline [C^"H'(AzO'*)] et une dissolution très-concentrée de sulfite d'am-
moniaque (en ayant soin de maintenir la liqueur neutre pendant toute la
durée de l'ébullition), on donne naissance à deux nouveaux acides isomères
que l'on obtient combinés avec l'ammoniaque.
» Ij'auteur donne à ces acides le nom d'acides naphtioniqiie et thionaph-
tique. Ija formule de ces acides , tels qu'ils existent dans les sels privés d'eau,
est
G" H" Az S" O'.
L'acide naphtionique cristallisé est représenté par la formule
G="'H''AzS='0%HO-+-Aq.
" Il est blanc, presque insoluble dans l'eau froide et dans l'alcool, plus
soluble dans l'eau bouillante, d'où il se dépose par le refroidissement sous
forme de cristaux aciculaires d'un éclat satiné. Cet acide est assez éner-
gique pour déplacer l'acide acétique de ses combinaisons; il est très-stable
et n'est guère attaqué que par les oxydants énergiques. Ainsi l'acide chlor-
hydrique bouillant et l'acide sulfurique, à la température de 200 degrés,
ne l'attaquent pas; l'acide nitrique bouillant l'attaque en le transformant
en une matière résineuse brune.
" Les naphtionates sont tous solubles et cristallisent facilement. L'auteur
rapporte les analyses des naphtiouates de potasse, de soude et de chaux, et
a déterminé les formes cristallines de ces deux derniers sels.
» Le naphtionate de potasse est anhydre.
n Ceux de soude et de chaux renferment 8 équivalents d'eau de cristal-
lisation.
" Acide thionaphtamique . — Cet acide ne peut être obtenu à l'état libre ,
mais il forme des sels parfaitement définis qui ont été analysés. Voici quel-
ques formules :
C="'H«AzS='0^ KO, thionaphtamate de potasse;
C*°H«AzS='0», BaO, 3Aq, thionaphtamate de baryte.
>) Les thionaphtamates de potasse, soude et ammoniaque, sont solubles
et cristallisent. Les autres s'obtiennent par double décomposition. Lorsqu'on
( 490 )
essaye d'isoler l'acide thionaphtamique, il se défait en acide sulfurique et en
naphtalidine (naphtalidame de Zinin G^^H^Az). On obtient facilement et
en abondance la naphtalidine en distillant un thionaphtainate.
» L'auteur signale une propriété de la naphtalidine qui n'avait pas encore
été indiquée; c'est sa conversion, sous l'influence du perchlorure de fer et de
corps oxydants, en naphtaméïne , substance nouvelle d'un beau bleu, et qui
rappelle l'orcine par quelques propriétés.
» En résumé, l'auteur conclut que, sous l'influence du sulfite d'ammo-
niaque, la nitronaphtaline se transforme en naphtalidine, comme elle le
ferait sous l'influence du sulfhydrate d'ammoniaque, avec cette différence
que la naphtalidine naissante s'unit aux éléments de l'acide sulfurique pour
former deux composés isomériques acides de la formule
C*" H» Az S* O» = HO + G*" H» Az S» O^
» A ce point de vue, les acides naphtionique et thionaphtique ont la plus
grande analogie avec les acides formés par la réaction de l'acide sulfurique
sur plusieurs mati'ères organiques.
>• Les deux acides en question présentent le même cas d'isomérie que les
acides sulfovinique et iséthionique, avec cette différence qu'ils prennent
naissance simultanément dans les mêmes circonstances et en quantité à peu
près égale.
» Toutes les tentatives faites pour transformer l'un de ces acides en son
isomère ont échoué. "
CHIMIE. — Note sur la formation de l'acide nitrohippurique dans
l'économie animale; par M. César Bertagnini.
« L'auteur, préparateur de chimie à l'Université de Pise, a constaté un
fait nouveau en examinant les modifications que subissent plusieurs matières
organiques en traversant l'économie animale. En partant du fait connu de la
transformation de l'acide benzoïque en acide hippurique, il a reconnu que
l'acide uitrobenzoïque, introduit dans l'économie, donnait naissance à un
acide qui passe dans l'urine. Gel acide peut être extrait, et offre à l'analyse
la composition
C^'H» Az'O'».
» Il doit être considéré comme de l'acide nitrohippurique. En effet,
M. Bertagnini a dérivé de l'acide hippurique un acide nitrohippurique iden-
^..
( 49» )
tique par ses caractères avec celui qui avait été extrait de l'urine daas les
circonstances mentionnées plus haut. 11 suffit, pour cela, de traiter l'acide
hippurique par un mélange d'acide nitrique fumaut et d'acide sulfurique.
>> li'acide nitrohippurique, soit artificiel, soit extrait de l'urine, se dé-
L'épreuve, après cette opération, présente le même aspect que l'image
daguerrieune, regardée, dans la position où elle est vue, d'une manière dis-
tincte, c'est-à-dire que les ombres sont donné, s par le métal à nu, et les
clairs par les parties qui, ayant été modifiées par la lumière, sont devenues
mates.
( 49^ )
" On peut employer, comme pour l'épreuve daguerrienne , le chlorure
d'or, si l'on veut fixer l'image, en lui donnant plus de vigueur qu'elle n'en
aurait sans cela.
" Je me suis assuré que l'on peut obteair l'image daguerrienne, en expo-
sant la plaque d'argent chlorurée dans la chaiflbre noire, en une heure au
soleil, ou deux ou trois heures à la lumière diffuse, puis plongeant la plaque
dans l'eau ammoniacale; conséquemment, l'image apparaît sans qu'on soit
obligé de recourir à la vapeur mercurielle, laquelle, dans ce cas, ne pro-
duirait aucun effet.
" Avant peu, j'espère pouvoir opérer plus promptement et montrer des
épreuves faites dans la chambre obscure, qui seraient aussi belles que celtes
que l'on obtient avec l'iode et le mercure. Je publierai en même temps tous
les détails nécessaires à assurer le succès de ce procédé , et je montrerai
aussi la possibilité de fixer l'image sur une plaque d'argent iodée, au moyen
de l'ammoniaque, c'est-à-dire sans recourir pour cela aux vapeurs mercu-
rielles et à l'hyposulfite de soude.
" P. S. J'ai reconnu qne la plaque chlorurée chaude est plus sensible à
l'action de la lumière que la plaque chlorurée froide. »
PHYSIOLOGIE. — Note sur le mal de mer; par M. F. Curie. (Communiquée
par M. DuvERNOY.) (Extrait.)
u On attribue, à juste titre, ce mal déchirant au double mouvement du
tangage et du roulis.
» Examinons donc les effets du mouvement du navire. On admet géné-
ralement qu'à linstant où le vaisseau s'abaisse, les parties flottantes du bas-
ventre s'élèvent vers la poitrine et font remonter le diaphragme. Ne peut-on
pas dire que la communication du mouvement ne se faisant pas instantané-
ment, les intestins, étant mobiles, obéissent an mouvement plus tard que le
corps qui reçoit l'impulsion du bâtiment? Lorsque, au contraire, le vaisseau
s'élève sur le sommet des vagues , les viscères se précipitent dans les parties
basses de l'abdomen et entraînent après eux le diaphragme qui s'abaisse re-
lativement au thorax.
« Tons ces mouvements , auxquels ou n'est pas habitué, dit M. Réraudren,
» occasionnent ces tiraillements de l'épigastre, l'un des plus pénibles symp-
» tomes du mal de mer, et le seul ébranlement des nerfs phréniqnes suffit
>' pour déterminer les vomissements. Les ramifications du pneumogastrique,
>> du trisplanchnique, et surtout des deux ganglions semi-lunaires, placés
" au centre de ces mouvements perturbateurs, ne réagiront-ils pas aussi shp
( 493 )
>' l'estomac, les intestins et, pour le dire en un mot, sur tout l'organisme
» animai ? »
» D'un autre côté , M. Magendie a prouvé que le diaphragme était l'or-
gane le plus nécessaire pour déterminer le vomissement.
" Ainsi les mouvements du navire agissant sur cet organe, comme nous
l'avons dit, suffisent pour donner le mal de mer.
>' Il suit de là que, pour faire cesser le mal on pour le prévenir, il faut
trouver le moyen de neutraliser les effets de ces mouvements on de leur
faire équilibre.
» Sans doute, si un médicament, comme l'émétique, peut affecter les nerfs
phréniques et occasionner des vomissements, une autre substance peut pro-
duire le contraire; cependant jamais elle ne pourra empêcher le mouvement
de va-et-vient du diaphragme, et par là l'irritation des nerfs et le désordre
qui en est la suite. Je ne puis cependant pas nier complètement son heureuse
influence. Ainsi les secours de la médecine, qui peuvent avoir leur utilité,
ne pourront jamais être qu'un palliatif, insuffisant dans la plupart des cas.
Il n'est donc pas étonnant que tant d'efforts aient été impuissants.
« On conçoit, en effet, qu'à une force physique, c'est une force de même
nalure qu'il faut opposer. Eh bien, nous la trouvons dans l'acte de la respi-
ration dont nous pouvons heureusement disposer jusqu'à un certain point,
et autant qu'il est nécessaire.
» Dans l'inspiration, le thorax, en écartant ses parois, augmente de ca-
pacité ; l'air (jui s'y trouve se raréfie , et l'air extérieur se précipite dans les
poumons. Le diaphragme, qui en occupe la partie inférieure, s'abaisse et
suit , par conséquent, un mouvement inverse de celui qu'il a lorsque le navire
semble s'enfoncer dans les abîmes.
" Dans l'expiration, au contraire, le thorax se resserre et le diaphragme
remonte, comme lorsque le vaisseau s'élève sur le sommet des vagues.
» Si donc l'acte de la respiration produit sur le diaphragme le même effet
que l'acte combiné du tangage et du roulis, pour combattre le second il
faut lui opposer le premier, inspirer quand le navire descend, et expirer
quand il s'élève.
" Tel est le moyen facile par lequel on peut arrêter ou éviter les pertur-
bations qui causent tant de trouble dans l'organisme.
« J'en ai fait la double expérience.
» Il ne faut pas croire cependant qu'il soit nécessaire d'être sans cesse en
action ; ce serait impossible et sans doute dangereux pour les poitrines déli-
C. R., i85o, a"»» Semestre (T. XXXI, N° 14.) 66
( 494 )
cales. On se repose de temps en teujps, et ce repos peut être de plus en plus
Inujj, à mrsuie que les organes s'habiluent à ces mouvements inaccoutumés.
" Il est à présumer que, par ce procédé, on arrivera plus vite à supporter
la mer, puisquon ne sera pas épuisé, ni même affaibli par la souffrance.
C'est l'expérience qu'il me resterait à faire sur moi-même.
•' Il y a encore une difficulté à lever.
" La durée des oscillations du vaisseau dépasse de beaucoup celles de la
respiration. Voici comment on obvie à cet inconvénient.
" Lorsqu'on inspire l'air pendant le mouvement descendant, on le fait
aussi lentement qu'on le peut, et si l'ascension ne se fait pas encore quand
on a fini , on expire rapidement l'air qui a pénétré dans les poumons, et l'on
inspire de nouveau avec lenteur. On ré()ète laclion autant qu'il est né-
cessaire.
" De même pendant l'ascension, on expire lentement, profondément, et,
si cela ne suffit pas, on inspire rapidement une nouvelle quantité d'air pour
l'expirer avec lenteur, et ainsi de suitp, tant qui; dure le mouvement ascen-
sionnel.
" Quoique mon procédé, sans autre secours, m'ait réussi au delà de toute
espérance , rien n'empêche d'y joindre quelques-uns des moyens qui ont été
proposés, surtout de se coucher; de se placer de préférence vers le centre
de gravité du navire pour diminuer l'amplitude des oscillations; de fermer
les yeux pour ne pas être étourdi par l'instabilité des objets environnants;
enfin, comme l'a proposé M. Vasse, de se comprimer l'abdomen par le
moyen d'une ceinture, pour empêrher, autant que possible, le mouvement
des intestins. Les deux premiers moyens faciliteront le jeu de la respiration ;
le troisième peut-être lui sera-t-il contraire dans un sens et favorable dans
l'autre.
» Il serait sans doute utile, pour certains tempéraments, de faire usage
de médicaments propres à calmer et à fortifier les nerfs. »
Après cette communication, M. Abago observe que \[. Wollaston a déjà
indiqué et fait usage avec avantage de la méthode de M. Curie.
MÉTÉOROLOGIE. — Observations d'étoiles filantes et de bolides , faites à
Berne pendant le mois d'août; par M. Wolp.
« Les Comptes rendus de l'Académie des Sciences nous apprennent
que M. Goulvier-Gravier a observé en août passé plusieurs bolides. Peut-
( %5 )
être ne sera-t-il pas sans intérêt d'apprendre que parmi les quatre cent
soixante-trois étoiles filantes et bolides que j'ai observés à Berne au mois
d'aotit, il y en a deux qui paraissent correspondre à des observai ions de
M. Coulvier-Gravier. J'ai inscrit dans mon journal cent dix- neuf étoiles
filantes et bolides, dont les points extrêmes de leur traînée visible sont fixés
par leur ascension droite et leur déclinaison. Voici les deux bolides que je
crois être les mêmes que ceux qui ont été observés par M. Goidvier-Gravier.
TEMPS MOYEN.
LIEU DE DÉPART.
tlEB d'extinction.
m.
D.
R.
D.
1850.
8 août la*" Sa""
« 1
79- o
212 48
o /
-t- 44-52
-f- 5. i8
o 1
94.25
2j5.57
+ 3445'
-f- 32. 0
1 0 août ji'' 54"
» D'abord ils étaient de couleur rougeâtre, puis bleuâtre; le second
avait le diamètre apparent de Jupiter, et au moment de son extinction , on
aurait dit une petite bombe qui éclatait en répandant des étincelles. »
CHIMIE. — Sur la présence de l'iode dans les eaux douces et dans les
plantes terrestres. (Extrait d'une Lettre de M. AI.^Rcn.iNo. )
B Je viens de lire les conclusions d'un Mémoire de M. Cbatin sur l'exis-
tence de l'iode dans les eaux douces et dans les plantes terrestres.
» Ayant obtenu une partie des résultats signalés par M. Ghatin avant la
publication de son Mémoire, j'avais consigné dans une Note, renfermée dans
un paquet cacbeté déposé à l'Académie le ai juillet dernier, les conclusions
de mon travail sur le même sujet.
» Ges conclusions sont développées dans cette Note sous les sept propo-
sitions suivantes :
» 1°. Toutes les eaux naturelles, à moins de circonstances dont je vais
parler, contiennent de l'iode et du brome;
» 1°. Toutes ces..eaux contiennent de la lithine;
" 3°. Toutes, quand elles prennent leur source dans les terrains superfi-
ciels de la craie ou dans les terrains calcaires, contiennent du fer;
» 4°- L'origine de l'iode et du brome dans les eaux provient surtout de
66..
( 496 )
l'enlèvement de ces principes, aux eaux de la mer, par les vapeurs ou les
particules aqueuses qui s'en échappent incessamment, et qui, transportées
sur les continents, retombent à leur surface à l'état de pluie, de neige ou
degréle;
T^es eaux de pluie et de neige contiennent généralement une proportion
appréciable d'iodure et de bromure.
>' 5*^. Dans les pays bien boisés, l'iode et le brome peuvent disparaître
du sein des eaux qui les tiennent en dissolution, en passant à l'état salin,
sous l'influence des forces vitales, au nombre des principes minéraux fixés
par les végétaux.
" Les cendres de la plupart des bois de nos forêts contiennent de l'iode.
" 6°. Les causes déterminantes du goitre et du crétinisme ne se trouvent
pas dans l'existence du carbonate magnésique dans les eaux dont les goitreux
et les crétins font usage pour leurs besoins alimentaires;
» 7°. La cause déterminante de ces maladies existerait plutôt dans l'ab-
sence de l'iode et du brome, du nombre des principes constitutifs de ces
eaux. »
Comme la Note dans laquelle se trouvent consignées ces propositions, en
contient encore quelques autres que l'auteur ne croit pas devoir publier dès
à présent, il demande qu'elle ne soit pas encore ouverte. Aussitôt que son
travail sera terminé et qu'il pourra être soumis au jugement de l'Académie ,
M. Marchand annonce qu'il s'empressera de réclamer l'ouverture de son
paquet.
M. Sastini adresse une éphéméride de la comète périodique de ô*"'!,
calculée en tenant compte des perturbations produites sur les éléments
elliptiques de cette comète par Jupiter et par Saturne.
Passage au périhélie, iSSa, septembre 28,52921 , temps moyen de Berlin.
Longitude du périhélie 109° 8' 16", 90) Équinoxe moyen
Longitude du nœud 245.52.29 ,23 j du 28 septembre iSSa.
Inclinuson sur l'écliptique 12.33. 16 , ai
Angle dont le sinus est l'excentricité 49- 7.58,83
Mouvement moyen diurne sidéral 534",9i2423
Logarithme du demi-grand axe 0,5478159
M. Leuret, à l'occasion du Mémoire lu à l'Académie, dans la .séance tlu
9 septembre, par M. Gratiolet, sur les plis cérébraux de Vhomme et des
primates , rai]^^e\\e que dans son Anatotnie comparée du système nerveux.
( 497 )
tome I", partie 2*, publiée en iSSg, il a donné la description des circon-
volutions du cerveaii des singes et étudié leur disposition comparativement
avec celle du cerveau de l'homme et de l'éléphant.
(Renvoyé à la Commission chargée d'examiner le travail- de M. Gratiolet. )
M. Carro communique des détails sur un arc-en-ciel lunaire non coloré
qu'il a observé à Meaux , le 23 septembre i85o.
M. GaiTël fait connaître quelques modifications qu'il a apportées au pro-
cédé de photographie sur papier; elles auraient, suivant lui, pour avan-
tage de rendre le papier plus sensible et l'opération plus rapide.
(Renvoyé à la Commission nommée pour examiner le travail de
M. Blanquart-Evrard, de Lille.)
M. FtEURY demande s'il ne serait pas possible de se servir de la photogra-
phie pour déterminer la distance des étoiles , en rendant sensibles les dimen-
sions apparentes de ces astres et la variation de ces dimensions avec celle
du pouvoir amplifiant des lunettes.
M. Métayer propose un moyen de son invention pour accélérer la
marche des vaisseaux.
M. J. RosETi adresse une Note imprimée sur un moyen d'arrêter la
propagation de l'insecte qui attaque les oliviers.
(Comme l'Académie est dans l'usage de ne point s'occuper des Communi-
cations imprimées, il ne peut être fait de Rapport sur la Note de M. Roseti.)
M. Ferdinand Lemaitre communique le projet d'un pont qu'il nomme
aérostatique, destiné à établir une communication entre Calais et Douvres.
M. Vallot écrit que la maladie qui attaque les raisins de table, et que l'on
attribue à la présence de YOidium leucotiium, lui paraît être le résultat du
développement d'un Cryptogame du genre Erysiphe.
Un Amoivyme envoie une Note relative à un moyen de diriperles aérostats.
(L'Académie ne s'occupant jamais des communications anonymes, il n'v
a pas lieu do prendre en considération la Note indiquée.)
f*K.-
(49«)
M. BBA.CHET adresse un Mémoire sur l'impossibilité de diriger les aérostats.
M. Braghet dépose un paquet cacheté.
Ce dépôt est accepté.
La séance est levée à 5 heures. A.
ERRJTA.
(Séance du i6 septembre i85o. )
Page 4i6> ligne i4) ''" lieu de 2.3, Utet 3.4.
(Séance du a3 septembre i85o. )
Page 457, ligne 21, au lieu de concours des prix de Médecine et de Chirurgie, lisez
concours du prix de Physiologie expérimentale.
-Sir
(499)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
'iii^
fj'Académie a reçu, dans la séance du 3o septembre i85o, les ouvrages
dont voici les titres :
Comjites rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences;
a"" semestre 1 85o ; n° 1 3 ; in-4''.
Annales de Chimie et de Physique, par MM. Gay-Lussac, Arago, Che-
vREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault et Regnault; 3* série, t. XXX;
septembre i85o; in-S".
Société nationale et centrale d' Agriculture. — Bulletin des séances, Compte
rendu mensuel, rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel ; a* série ; tome VI;
n° 3. Paris, i85o; in-8''.
Description des machines et procédés consignés dans les brevets d'invention,
de perfectionnement et d'importation dont la duréf)^.est expirée, et dans ceux
dont la déchéance a été prononcée; publiée par les ordres de M. le Ministre de
l'Agriculture et du Commerce; tome LXXI; in-/t°.
Catalogue des brevets d'invention pris du i" janvier au 3i décembre 1849,
dressé par ordre de M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce. Paris, i85o;
in-8».
Inauguration d'un monument à la Mémoire de Louis -NICOLAS Vauquelin.
Notice biographique de ce chimiste; par M. A. Chevallier; broch. in-8''.
Le guide du voyageur aérien. Faits recueillis. Explorations. Découvertes.
Appel aux aéronautes. Paris Nantes; broch. in-8°.
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine; tome XV; n° 23; i5 sep-
tembre i85o; in-8°.
Revue des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; 2^ série;
tome III; n° 12; septembre i85o; in-8''.
■m
( 5oo )
Bibliothèque universelle de Genève; août i85o; in-8°.
Suir azione... Sur l'action du sulfite d'ammoniaque sur la nitrortapUtnline
et sur les produits qui en dérivent; étude de chimie organique faite par
M. R. PiRlA. Pise#i85o; broch. in-4°.
Gazette médicale de Paris; n° Sg.
Gazette des Hôpitaux; n"' 1 1 3 à 1 1 5.
Le Magasin pittoresque ; septembre i85o.
•
m
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 OCTOBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
AIEMOIRES ET COMMUlVICAÏIOI\8
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉOLOGIE. — Extrait d'une Lettre adressée [de Canon près Caen, le
3o septembre i85o) par M. Eue de Be&uuont à M. Constant Prévost.
« J'ai lu ce matin , avec un sensible plaisir, dans le Compte rendu de la
séance du 23 septembre, les remarques que vous avez lues à l'Académie à
l'occasion de ma Note sur la corrélation des directions des différents
systèmes de montagnes. Je vous sais gré particulièrement de la manière
obligeante dont vous avez bien voulu rappeler les aperçus relatifs aux effets
du refroidissement du globe que j'ai joints originairement à l'édition in-4°
de mon Mémoire sur les montagnes de FOisans ( en mentionnant que
M. Fenéon m'avait dit avoir eu aussi, de son côté, la même idée), et que
j'ai reproduits plus tard dans ma Notice sur les systèmes de montagnes
insérée dans le Manuel géologique.
» Quelques-unes de vos remarques tendraient à rappeler que je me suis
toujours senti porté à respecter et même à défendre les travaux de ceux
qui nous ont frayé la route de la science. Je suis heureux de pouvoir vous
prouver, par un nouvel exemple , que je n'en ai pas excepté les doctrines
que vous avez professées dès votre début dans la carrière , en les mainte-
nant judicieusement dans les limites au delà desquelles elles s'écarteraient
C .R. , i85e, a™« Semestre. (T. XXXI, K» iS.) 67
( 5oa )
de la vérité. Pour cela, je prends la liberté de vous adresser ici deux pages
de ma nouvelle Notice sur les systèmes de montagnes, qui ont été impri-
mées l'année dernière et qui auraient paru depuis plusieurs mois si les cal-
culs auxquels j'ai dû me livrer ensuite avaient exigé moins de temps:
" Le système des causes actuelles a pu paraître un retour à la froide
» raison , lorsqu'il n'avait à combattre que la notion vague de quelques
>' grandes révolutions, dont la nature et la cause étaient également indé-
» terminées. Il n'attaquerait pas sous des auspices aussi favorables une série
" régulière de faits claireinent définis. On connaît déjà, en Europe, plus
" de vingt systèmes de montagnes , c'est-à-dire les traces principales de
" plus de vingt révolutions. Le temps n'est peut-être pas éloigné où l'on
" pourra en signaler plus de cent sur la surface entière du globe. Cette
" série de grands phénomènes, par cela seul qu elle sera très-nombreuse ,
» sera moins opposée, dans sa forme, à la série de petits effets dans la-
" quelle on a cru pouvoir circonscrire la puissance de la nature. En pre-
» nant une forme analogue à cette dernière, elle cessera de paraître in-
» compatible avec elle et de sembler, à priori, moins probable.
" fj'école de Saussure ne s'est jamais montrée opposée à l'invocation des
» causes actuelles. Jamais elle n'a nié que le vent, la pluie, les torrents,
» les courants, les marées, les tremblements de terre, etc., etc., ne soient
» des puissances aussi vieilles que le monde : seulement elle a reconnu que
» la surface du globe porte aussi les traces de phénomènes plus énergiques.
» Si les partisans exclusifs des causes actuelles pouvaient admettre quel-
» ques correctifs à une doctrine dont le prestige repose, en grande partie,
» sur ce qu'elle a d'absolu, ils reconnaîtraient qu'une série régulière de plus
» de cent révolutions peut-être est beaucoup moins contraire à leurs prin-
» cipes que ne l'auraient été trois ou quatre révolutions jetées au hasard
» au milieu des âges, comme celles auxquelles on semble quelquefois en-
>' core rapporter vaguement, par une vieille habitude, le commencement
» ou la fin des périodes paléozoïque secondaire et tertiaire; ils compren-
» draient qu'en consolidant, en personnifiant et en multipliant les révolutions
» du globe, sous la forme et la dénomination de systèmes de montagnes ,
» composant une série nombreuse et d'une régularité rationnelle, je marche
» relativement à eux dans une voie de conciliation.
» J'y marcherais plus directement encore en cherchant, comme nous le
» verrons plus loin , la cause de ces phénomènes violents et passagers dans
» les effets nécessaires d'une cause lente et toujours subsistante, le refroi-
» dissement séculaire de notre globe, si cette cause n'était pas sjstémati-
( 5o3 )
» quement repoiissée par les personnes f|iH soutiennent que la nature mi-
» nérale n'a jamais subi aucun changement (i). "
(i) Je suis entièrement de l'avis de M. Élie de Beaumont , les causes actuelles ne sont pas
«eulement celles que journellement nous voyons agir d'une manière lente et continue, ce
sont aussi celles qui , accidentellement, violemment et subitement , produisent des effets in-
solites qui n'ont cependant rien de contraire aux lois qui nous paraissent régir actuellement
le monde physique; un tremblement de terre, une éruption volcanique, la rupture d'une
digue, l'élévation ou l'abaissement relatifs de parties du sol, et, par suite, des dislocations,
l'apparition de nouvelles montagnes, le déplacement des eaux, des déluges passagers ou
des submersions et émersions permanentes, sont des causes et des effets de l'ordre actuel qui
peuvent expliquer la plupart des phénomènes géologiques de tous les âges, de même qiw la
contraction du noyau planétaire et le ridement de son enveloppe sont les résultats nécessaires
du refroidissement inégal de ces parties et les conséquences d'une loi scientifiquement re-
connue. Mais, par exemple, la création d'une espèce nouvelle, telle qu'un lichen ou un
chêne, un insecte ou un pachyderme, venant à augmenter tout à coup et en même temps,
dans un grand nombre de localités éloignées les unes des autres, le nombre des espèces
précédemment créées; ou bien encore le renouvellement total des êtres, que des /-évolutions
(lu globe auraient anéantis , par des espèces nouvelles différentes des anciennes , bien que ren-
trant dans les genres, les ordres et les classes des précédentes créations détruites : ce sont là
des effets étranges, extraordinaires, inexplicables encore pour notre intelligence et dont les
causes sont pour elle miraculeuses.
Je sais bien que l'on a dit et que Von dira encore qu'il n'est pas moins difficile de com-
prendre l'apparition des premiers êtres à la surface de la terre que d'admettre autant de créa-
tions distinctes qu'il y a eu de grandes dislocations du sol, et de supposer que chaque dépôt
a eu sa faune et sa flore particulière : à cela, il n'y a que le doute philosophique à opposer,
en motivant ce doute, i" sur ce que le gisement des fossiles bien étudié ne s'accorde pas plus
avec l'idée de grandes destructions subites qu'avec celle de nouvelles créations; ?." sur ce
que les trois quarts de la surface du sol sont inondés, que le tiers du quart habitable est à peine
connu, que nous n'avons encore examiné réellement que quelques points de l'Europe cen-
trale qui n'est qu'une fraction bien minime des continents; et 3", enfin, sur ce que les
fossiles ne sont que les restes des êtres accidentellement enfouis aux diverses périodes qui
ont précédé la nôtre
La doctrine des causes actuelles n'admet pas plus la constance que la perpétuité dans les
«ffets; ceux-ci deviennent nécessairement des causes secondaires qui modifient les effets sub-
séquents et qui souvent font cesser d'anciens phénomènes et donnent lieu à de nouveaux.
Ainsi, pour choisir un exemple, à mesure que le refroidissement de la masse planétaire di-
minue l'épaisseur de la zone encore malléable et augmente celle du sol, les effets du rttrait
doivent et devront vaiier; lorsque toute la masse du sphéroïde sera solide de sa surface à son
centre, les dislocations du sol seront peut-être impossibles? On peut encore supposer que les
glaces polaires, les glaciers des montagnes constituent un phénomène nouveau qui n'a com-
mencé à se manifester ipt'à un certain degré de refroidissement , etc.
( Note de M. Constant Prévost. )
67,.
( 5o4 )
» Quant à ce qui concerne la production du relief des montagnes, une
manière de voir qui a reçu l'assentiment d'un grand nombre d'observateurs
mérite sans doute de conserver un avocat, et je vous demande la permis-
sion, mon cher confrère, de ne pas cesser encore d'être celui du mot soulè-
vement. Mais, ainsi que vous le remarquez parfaitement, // nj a jamais
prescription contre la vérité, et si, comme je suis toujours assez porté à le
croire, le mot soulèvement est l'expression d'une vérité, cette vérité peut
se passer d'une discussion nouvelle et immédiate.
>• Je serais très-flatté, monsieur et cher confrère, que cette Lettre vous
parût mériter d'être communiquée à l'Académie et insérée dans le Compte
rendu comme complément des remarques que vous y avez consignées. »
Après cette communication, M. Constant Prévost met sous les yeux de
l'Académie deux tableaux qui lui ont servi depuis longtemps dans ses cours
pour exposer les divers systèmes relatifs à la formation du relief du sol , et
il donne une explication verbale de ces tableaux :
« Le premier, qui date de 1822, représente la série des diverses causes
et accidents qui ont produit et changé le relief du sol ; adoptant en partie
dès lors les idées de Deluc, il indique que les anfractuosités , la brisure,
l'inclinaison, la verticalité de dépôts d'abord horizontaux, sont le résultat
de l'affaissement du sol extérieur sur la masse planétaire devenue moins vo-
lumineuse par suite de son refroidissement.
» Le second tableau, qui a plus de quinze années d'existence publique.,
met en regard les deux hypothèses soutenues contradictoirement pour
expliquer la formation des montagnes :
n A. L'hypothèse qui suppose que, par suite du refroidissement, la
crotite consolidée a été ondulée, plissée et fracturée, et que les fragments,
chevauchant les uns sur les autres, ont pris diverses inclinaisons.
» Les conséquences de cette hypothèse sont :
(5o5 )
i*. Dépressions plus considérables que les
protubérances.
2°. Abaissement du niveau général des mers
à chaque époque de dislocation.
3°. Mise à sec ou émersion de plages non
disloquées et encore dans leur position
normale.
4°- Sortie lente des matières ignées par les
fissures de dislocation, aussi bien sur les
arêtes saillantes que dans les profondeurs.
5°. Diminution du volume total de la terre.
Accord avec les faits et l'état actuel^des conti-
nents.
Accord avec les faits : terrains tertiaires , se-
condaires et même primaires de formation
marine en couches horizontales; marques
du séjour des eaux sur les falaises et dans
les vallées des fleuves ; terrasses paral-
lèles , etc.
Accord avec les faits : phénomènes volca-
niques; sortie et écoulement des laves;
dikes à parois parallèles ; failles par abais-
sement; filons non remplis ou remplis par
le haut.
Résultat d'accord avec l'hypothèse de l'ori-
gine ignée de la masse planétaire et de son
refroidissement.
« B. L'hypothèse qui suppose que l'écorce consolidée a été poussée en
dehofs, fracturée, sous levée par des matières sous-jacentes faisant effort
pour sortir.
» Les conséquences de cette hypothèse sont :
1°. Chaque protubérance produite par soulè-
vement déplace une ([uantité d'eau égale à
son volume.
2°. Élévation du niveau général des mers
après chaque soulèvement.
3°. Submersion des plages non soulevées par
suite du refoulement des eaux déplacées.
4°. Sortie violente des matières ignées par
les ouvertures qu'elles auraient faites au
sol et au sommet des points élevés.
5°. Augmentation du volume de la terre.
Contraire aux faits.
Contraire aux faits, puisque sur tous les ri-
vages des mers, autour des continents et
des îles , on voit des marques horizontales
et parallèles du séjour des eaux.
Contraire aux faits dans les formations volca-
niques; la production des cônes par érup-
tions successives, sortie et marche lente
des laves , souvent presque pas de déran-
gement dans le sol sous-jacent.
Résultat contraire à toutes les données ac-
quises et aux lois du refroidissement des
corps.
( 5o6 )
ZOOLOGIE. — Sur les organes de génération de divers animaux. — Troisième
Frajjtnent. — Des organes de génération dans la Jàmille des Scorpions;
par M. DcvERNOY. (Extrait par l'auteur.)
" .lai divisé ce fragment en quatre parties.
» Je donne, dans Xa première , le résultat de mes propres observations sur
les orjjanes femelles de génération des Scorpions.
» La deuxième comprend le résumé de mes recherches sur les organes
mâles dans la même famille.
» ï)din^\n troisième , qui est historique, j'analyse les travaux de quatre ana-
tomistes célèbres qui m'ont précédé dans ce genre d'investigations.
» La quatrième partie est relative aux applications que l'on pourra faire
des différences organiques que je fais connaître, pour la détermination des
espèces et des genres de cette grande famille d'Arachnides.
>i fia seconde édition des Leçons d'anatomie comparée renferme , dans
son huitième tome (ou neuvième volume), pages 342-345, une nouvelle
description des organes femelles de génération , dans la grande famille des
Scorpions.
» A la suite des recherches anatomiques que j'avais entreprises pour cette
description, j'avais reconnu que ces organes, quoique formés d'après un
seul et même plan, très-caractéristique et très-original , présentaient cepen-
dant deux types, dans l'un desquels ce plan est modifié d'une manière im-
portante.
>' Cette considération nouvelle méritait d'être développée et expliquée
par des figures.
" C'est, entre autres, le but que je me suis proposé en rédigeant ce
fragment.
Conclusions.
" i". Je viens de faire voir que l'ovaire tubuleux et en réseau à larges
mailles, ou en treillis, des Scorpions, présente les deux types d'organisation
que j'avais distingués dès i845;
I» 2°. Que, dans l'un et l'autre cas, les ovules.se développent, en premier
lieu, dans la paroi de ces tubes, sorte de gangue proligère, etque leui' cap-
sule nutritive est comme repoussée en dehors, aux dépens de cette paroi,
à mesure de l'accroissement des ovules.
» 3°. Ces capsules développées, et renfermant des ovules mûrs, sont de
( 5o7 )
forme sphérique , avec un pédicule étroit , dans l'un des deux types d'orga-
nisation de l'ovaii-iî ; elles sont oblongues et deviennent de plus en plus
allongées dans l'autre. Dans ces deux cas, le pédicule par lequel elles adhè-
rent au tube de l'ovaire, a un canal qui fait communiquer la capsule et
I ovule qu'elle renfermi;, avec celui de l'ovaire, resté libre et perméable
pour la fécondation, par cet admirable développement des ovules hors du
tube de l'ovaire.
» 4°- En effet, la fécondation devant être intérieure, si les ovules
s'étaient développés dans les canaux de l'ovaire et placés en série les uns
devant les autres, il n'y aurait eu que les premiers vers lesquels la liqueur
fécondante aurait pu avoir accès , et la plupart des trente à soixante ovules
d'une même portée, n'auraient pu être fécondés.
» 5°. Après la fécondation , les ovules viennent se placer en série dans
les tubes ovariens, pour le développement des fœtus d'une même gestation.
Cette circonstance a lieu dans l'organisation de l'ovaire appartenant aux
genres Scorpius, Androctonus et Telegonus.
» 6". Mais dans le genre Biithus, le développement des foetus s'effectue
dans la même capsule qui a servi au développement des ovules, avant leur
fécondation. Cette particularité, très-exceptionnelle, rappelle celle du dé-
veloppement des Pœcilies que j'ai fait connaître. C'est la seconde excep-
tion, si je ne me trompe, à la loi que j'avais cru reconnaître dans le règne
animal, qui veut que, dans la génération bisexuelle, le germe libre ou
l'ovule se sépare toujours de sa capsule nutritive, pour la fécondation ou
après celle-ci; et que le lieu d'incubation pour le développement du foetus,
même intérieur, soit constamment différent de celui où l'ovule se déve-
loppe.
» 8". Outre ces différences dans le lieu ou l'organe d'incubation, le dé-
veloppement du fœtus présente, dans ces deux types d'organisation de
l'ovaire, quelques particularités remarquables qui distinguent encore les
espèces et les genres que ces types caractérisent.
" if. A ne considérer que les différences que présentent les ovaires, on
pourra déjà réunir dans le même groupe, d'après mes observations, trois
des huit genres dans lesquels la famille des Scorpions est divisée (i); ce
sont les genres Scorpius, Androctonus et Telegonus. Le genre Buthus for-
merait, d'après le même principe, un groupe à part. Mais il resterait à
examiner les quatre autres genres, pour voir s'ils se rapportent à l'un ou à
(i) Voir les Insectes aptères, par MM. Walcknaer et Gervais, tome III.
( 5o8 )
l'autre type, ou bien s'ils en présenteraient un autre? Ce qui n'est pas pro
bable.
» 10°. Les organes mâles ont été arrangés, du moins pour les glandes
spermagènes, sur le même plan que les glandes ovigènes; ce sont des tubes
anastomosés entre eux et réunissant souvent, par une ou plusieurs branches
transversales , les glandes des deux côtés.
>) 11°. Je ne saurais assez faire remarquer que la forme tubuleuse et en
échelle, ou en réseau à larges mailles, qui distingue si éminemment l'ovaire
des Scorpions, se reproduit, plus ou moins complètement, dans les glandes
spermagènes.
» 12°. Que ces dernières glandes restent réunies ou séparées, il y a tou-
jours deux canaux déférents, qui s'ouvrent, avec les canaux excréteurs de
deux vésicules ou glandes séminales, dans l'organe de copulation.
" iS". L'appareil de copnlalion ne distingue pas moins la famille des
Scorpions que les autres organes de génération de ces animaux.
n i4°- On sait, depuis longtemps, qu'il n'y a qu'une vulve ouverte entre
les peignes, dans laquelle aboutissent les deux oviducles.
>• i5°. Les organes mâles de copulation sont deux lames cornées,^ qui
se prolongent plus ou moins dans l'abdomen, sur les côtés du foie, et se
portent au dehors, très-rapprochées l'une de l'autre, pour paraître de même
entre les peignes, avec une forme variable, mais toujours terminée en pointe
ou canaliculée.
n i6°. Ces lames, décrites par les anatomistes qui m'ont précédé, et dont
la fonction a été méconnue par Treviranus, mais bien déterminée par
M. Léon Dufour, pour le Scorpion roussdtre, sont enfermées pour leur
partie abdominale dans une gaine membraneuse. Elles offrent la singularité
d'une verge, dont la plus grande partie reste dans le corps et la plus petite
seulement paraît au dehors.
» 1 7°. Leur forme et leurs proportions varient d'ailleurs beaucoup d'un
penre à l'autre, ainsi que l'on pourra s'en convaincre par les figures que
nous en publions (i). Nous ne doutons pas que les différences qu'elles présen-
teront, lorsqu'elles auront pu être étudiées dans tous les genres, ne donnent
de bons caractères pour rectifier ou confirmer les groupes génériques, tels
qu'ils sont établis seulement d'après des caractères extérieurs. Les divers
degrés d'importance de ceux ci ont besoin d'être contrôlés par la connaissance
détaillée de l'organisation intérieure. »
(i) Ce Mémoire est accompagné de deux planches comprenant seize figures.
( 5o9 )
M. Augustin Cauchy dépose sur le bureau un exemplaire de son Mémoire
sur les lois de la réflexion et de la réfraction opérées par la surjace exté-
rieure (l'un cristal à un ou à deux axes optiques. Ce Mémoire doit paraître
dans le XXIII* volume des Mémoires de l'Académie.
RAPPORTS.
PHYSIQUE. — Rapport sur une Note de M. Routiony, intitulée : Sur la force
qui maintient les corps à l'état sphéroidal au delà du rayon de leur sphère
d'activité physique et chimique.
(Commissaires, MM. Becquerel, Desprefz, Babinel rapporteur.)
" L'Académie a souvent eu à s'occuper des faits nombreux et importants,
découverts ou étudiés par M. Boutigny, et qui ont piincipalement rapport
aux phénomènes qui résultent de l'action des corps échauffés sur les liqui-
des, action d'après laquelle ces derniers sont ou semblent être dans un état
moléculaire particulier, que M. Boutigny a désigné par le nom à'état sphé-
roidal. M. Boutigny, après la constatation des faits connus, et la découverte
de faits nouveaux, passe, dans la présente Note, à l'étude des lois physi-
ques qui règlent l'action sphéroidale, et, quant à la nature intime de la
force qui tient les liquides sphéroïdalisés à distance des corps échauffés qui
les su|)portent, il maintient l'existence d'une vraie répulsion à dislance sen-
sible, et combat, par des expériences décisives, l'opinion de ceux qui se-
raient tentés de rapporter la suspension des liquides à l'état sphéroidal à une
interposition de la vapeur émanée du liquide entre ce liquide même et le
vase échauffé où il est contenu.
» Pour ôter toute idée d'action statique ou dynamique de la vapeur,
M. Boutigny a fait un vase où la vapeur ne peut aucunement être coercée.
C'est un simple fil de platine contourné en spirale un peu creuse et dont les
diverses spires ne sont point en contact, de manière à laisser un libre pas-
sage aux liquides qu'on y verse à froid, et à leurs vapeurs dans tous les cas.
En effet, après avoir chauffé cette capsule ou, pour mieux dire, ce tamis
d'une nouvelle espèce, l'eau, l'alcool, l'élher, l'iode y restent à l'état sphé-
roidal et sans couler au travers, tandis que leurs vapeurs le traversent sans
peine, comme il est facile de le voir pour l'alcool et Péther dont les vapeurs
s'enflamment au-dessous de la capsule que forme le fil enroulé en spirale, et
pour l'iode par l'inspection immédiate de sa vapeur qui forme une couche
épaisse au-dessous des spires du fil.
C. R., ibSo, a"" Semestre. (T. XXXI, N' 18.) ^^
( 5.0)
» Ainsi le passage libre des vapeurs au travers des interstices du crible
nouveau, dans lequel M. Bouligny a sphéroïdalisé les liquides, ôte toute
idée de l'action d'une vapeur contenue entre le vase et le liquide et qui,
soit par sa force élastique à l'état d'équilibre, soit par un courant ascendant
agissant dynamiquement, contre-balancerait le poids considérable du sphé-
roïde liquide.
" L'action à distance sensible étant admise par M. Boutigny, il est évi-
dent que ce physicien ingénieux et actif doit être conduit immédiatement à
l'étude expérimentale de cette loi de distance. C'est, pour le moment, la
principale recommandation que votre Commission pense devoir être faite à
M. Boutigny, tout en engageant l'Académie à donner son approbation
aux expériences que contient la présente Note. Ici , comme dans toutes
les branches des sciences d'observation, les faits doivent conduire à des luis
expérimentales numériques, et celles-ci doivent servir de base à des théories
qui puissent embrasser comme conséquences et les faits et les lois. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES LUS.
ZOOLOGIE. — Recherches sur tes Cétacés du genre Ziphius, de Cuvier,
et plus particulièrement sur le Ziphius cavirostris; par M. Paul Gervais.
(Extrait par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Flourens, Geoffroy-Saint-Hilaire , Duvernoy.)
« Au commencement du mois de mai dernier, un Cétacé, long de 6 à
"7 mètres, vint échouer sur la plage des Aresquiers, entre Frontignan et
Villeneuve-lès-Maguelone (département de l'Hérault). Averti vers la fin du
même mois seulement, je parvins néanmoins à réunir quelques fragments
importants du squelette, et, parmi eux, la plus grande partie du crâne, la
mâchoire inférieure, puis toutes les vertèbres du tronc et l'omoplate. Elles
indiquent un animal très-voisin de VHjperhoodon de l'Océan , mais de
moindre grandeur et dépourvu des crêtes osseuses qui surmontent comme
une double muraille verticale les maxillaires de ce Cétacé, et en font l'ani-
mal le plus voisin des Cachalots. C'est surtout à un crâne, trouvé à Fos-lès-
Martigues (Bouches-du-Rhône), et décrit par Cuvier sous le nom de
Ziphius cavirostris , comme provenant d'une espèce perdue, que le crâne de
notre Cétacé ressemble , et j'ai pu m'assurer, par une comparaison attentive,
qu'il provenait bien d'un animal de la même espèce, quoique les naturalistes
( 5.1 )
s'accordent à ve^^ardev encorde Zipkius cnvirostris comme un animal étpînt.
Celui-ci a même été attribué, tantôt à la faune miocène, tantôt à l'étage des
terrains parisiens, c'est-à-dire à l'éocène. Cependant Cuvier s'était borné à
dire que son crâne de Ziphius cavirostris avait été trouvé sur la plage, et il
suffit de l'examiner pour constater qu'il n'a subi qu'un commencement de
pélrification. Il est même à peu près certain qu'il aura été rejeté par la mer
k une époque géologiquement très-récente.
» Un premier résultat de mon travail est donc la démonstration défini-
tive de l'erreur qu'on avait commise en regardant le Ziphius cavirostris
comme une espèce perdue, et en l'attribuant à l'une des faunes antérieures à
celles (jui peuplent aujourd'hui le globe.
n Mon Mémoire renferme aussi une description comparative des deux
crânes de cette espèce, recueillis sur les cotes françaises de la Méditerranée,
et l'indication des caractères par lesquels ils diffèrent de ceux de ÏHyper-
hoodon, du Delphinics sowerbensis , nommé aussi D. micropteius, et du
Delphinus densirostris , Blainv., que l'on sait aujourd'hui habiter la mer des
Indes.
" Je décris aussi les dents du Ziphius cavirostris, soit les inférieures, qui
ressemblent à celles de l'Hyperhoodon et ont la même position , soit les su-
périeures, qui consistent en deux terminales, de forme olivaire, plus petites
que les inférieures, suivies, de chaque côté, par plusieurs autres dents fort
petites, et retenues seulement par la peau des gencives. Toutes ces dents
sont presque entièrement enveloppées de matière cémentiforme.
» Les anciens ne paraissent pas avoir eu connaissance du Ziphius de la
Méditerranée. Il n'en est pas question non plus dans Rondelet, ni dans les
auteurs antérieurs à G, Cuvier. Depuis qu'il a été observé par ce dernier
naturaliste, il paraît n'avoir été vu, ou du moins signalé dans les ouvrages
de zoologie, que fort rarement, et, dans aucun cas, on n'a reconnu l'iden-
tité spécifique de l'individu supposé fossile avec ceux observés vivants; ceux-
ci ont même été dénommés comme s'ils étaient nouveaux pour la science.
Ainsi Risso a fait, d'un individu échoué à Nice, son Delphinus Desmaresti ,
M. Doumet en a signalé un de la côte de Corse comme étant IHvperhoodoii
ordinaire, et M. Cocco a établi, d'après un individu échoué dans le détroit
de Messine, le D. Philippii que M. A. Wagner a legardé à tort comme de
même espèce que le D. inicropterus.
" Quant aux affinités du Ziphius cavirostris, j'établis qu'il est fort voisin
de l'Hyperhoodon, ainsi que l'avait admis Cuvier, et qu'il appartient à lit
même famille que ce Cétacé , aussi bien que le Delphinus sowerbensis et le
68..
( 5.2 )
D. (hnsimstris. Ce deiûier est remarquable par la solidité de son rostre qui
n'a pas en dessus la fjouttière ou canal, visible dans les autres espèces, et
sa mâchoire inférieure porte au milieu de son bord dentaire une paire de
grandes alvéoles indiquant la présence d'une dent presque aussi forte que
celle des Cachalots, mais plus comprimée. Je prends le Delphiniis densiros-
tris pour type d'un genre particulier, sous le nom de Dioplodon, et je crois
qu'il faut rapporter au même genre, malgré quelques légères différences du
crâne et même de la dentition , le Delphiiius sowerbensis on microplerus ,
que M. Lesson a placé dans deux de ses genres : les Àodon [Nodiis, Wagler)
et les Diodon; de ces deux noms, l'im a une signification fautive, et l'autre
était déjà employé dans une autre acception en zoologie.
» Deux autres espèces sont placées par Cuvier dans son genre Ziphius ,
ce sont : le Z. planirostris de l'argile d'Anvers, et le Z. longirostris d'origine
inconnue; le second est celui qui se rapproche le plus du Dioplodon densi-
rostris, mais on ne peut assurer son genre non plus que celui du Z. plani-
rostris avant de connaître leur mâchoire inférieure.
" \iHjperhoodon, le Ziphius cavirostris , le Ziphius planirostris et les
Dioplodon constituent une famille distincte de Cétacés, intermédiaire aux
Delphinorhynques véritables [Stenodelphis , Tnia et Platatiisia) et aux Ca-
chalots. Je donnerai à cette famille le nom de Cétacés ziphioïdes. Le Nar-
whal et l'Anarnack , qu'on en avait rapprochés sous le nom à'Hélérodojites,
sont, au contraire, plus voisins des Delphinus Rissoi et griseus, et forment
une tribu dans la grande catégorie des Cétacés delphinoïdes. "
PHYSIQUE. — Mémoire sur la réflexion de la chaleur; par MM. F. de la
Provostaye et P. Desaiks. (Extrait parles auteurs.)
(Renvoi à la Section de Physique générale.)
' Dans un premier Mémoire sur la réflexion de la chaleur, présenté à
l'Académie le 19 avril 1847, nous avons ^^'*' connaître les proportions sui-
vant lesquelles .se réfléchissent sur un grand nombre de miroirs métalliques
les rayons émis par une lampe de Locatelli. Dans une autre communication
nous avons montré que, contrairement aux opinions admises, le pouvoir ré-
flecteur d'un miroir déterminé peut changer beaucoup avec la nature de la
source. Plus tard, nous avons étudié la réflexion de la chaleur solaire totale,
polarisée par son passage à (ravers des spaths d'Islande, et nous avons fait voir
que les formules de Fresnel pour le cas du verre , et celles de M. Cauchy
pour le cas des métaux, représentent aussi bien le phénomène calorifique
( 5.3)
que le phénomène lumineux. Nous nous proposons aujourd'hui de faire
connaître le résultat de nombreuses expériences que nous avons entreprises
pour étendre et compléter nos recherches sur ces points importants de la
théorie de la chaleur rayonnante.
» Nous avons étudié d abord la réflexion des rayons calorifiques solaires,
simplifiés autant que possible par la réfraction. liCS résultats auxquels nous
sommes arrivés sont résumés dans les tableaux suivants.
Réflexion des rayons calorifiques qui accompagnent le rouge extrême.
ANGLES
d'incidence
PLAN DE POLARISAT
parallèle au plan d'in
ION
cidence.
XION SUR
PLAN DE POLARISATION
perpendiculaire au plan d'incidence.
INTENSITÉS DE LA RRFLE
d'incidence
INTENSITÉS DE LA RÉFLEXION SUR
Acier.
Mêla!
des.miroirs.
PJatinc.
, . Métal
Acier.
des miroirs.
Platine.
o
3o
5o
70
76
»
o,65
o>74
»
0,87
»
o,65
0,72
i
0,856
0
3o
5o
70
7=1
76
0,53
»
0,266
»
ï)
0,62
0,577
u
0,426
»
o,586
o,5o
0,427
»
o,4o3
Chaleur solaire non polarisée. Incidence 70*'.
RÉFLEXION SDR
Acier.
Laîton.
Zinc.
Métal
dos
miroirs.
't
0 -n^
o,63
0,75
0 .rin
0,645
0,59
0,59
o,65
a
Rayons accompagnan
Rayons obscurs pris <
grande que celle qi
du vert ^i 'lii l^Iflii
t le rouce .
1 u ne distance du rouge plus
li sépare le rouge de la limite
7 y-
^-
» Nous avons ensuite exécuté sur la chaleur des lampes, après l'avoir po-
larisée, des recherches analogues à celles auxquelles nous nous étions livrés
sur la chaleur solaire, et nous avons reconnu que si la chaleur est polarisée
dans le plan d'iticitlence, la réflexion va en croissant quand l'incidence aug-
(5i4)
mente, tandis que si la chaleur est polarisée dans le plan perpendiculaire,
l'intensité diminue jusque vers 70 ou -yS degrés. La chaleur des lampes à
cheminée de verre, transmise à travers des lentilles un peu épaisses, se
réfléchit plus abondamment que la chaleur solaire, moins abondamment
au contraire que celle qui vient de la lampe Locatelli. Quant aux rayons
émis par la lampe à alcool salé, nous nous sommes assurés qu'ils ne sont pas
homogènes; mais, pris en masse, ils nous ont paru se réfléchir dans la pro-
portion de 0,86 sur le platine, de 0,88 sur l'acier (t de 0,94 sur le laiton.
» D'après l'ensemble de ces résultais, il semble donc que plus la tempé-
rature de la source s'abaisse, plus le pouvoir réflecteur des métaux pour
les rayons qu'elle émet est considérable. Or, d'après les observations consi-
gnées plus haut , l'intensité de la réflexion des rayons de chaleur, pris dans
la partie obscure du spectre solaire, s'accroît rapidement lorsque la région
dans laquelle on les isole s'écarte du rouge. On se trouve donc ainsi raTiiené
à cette idée, que la chaleur venue des sources à basses températures est sur-
tout formée de rayons analogues ou identiques aux moins réfrangibles de
ceux qui composent le spectre calorifique solaire. Sans doute, pour que cette
manière de voir cessât d'être hypothétique , il faudrait estimer directement
le degré de réfrangibilité moyen ou la longueur d'ondes moyenne de ces
deux sortes de rayons, et nous n'avons pas encore eu le loisir de le faire.
Mais au moins nous avons eu l'occasion de constater que, dans les spectres
imparfaits que l'on obtient en dispersant par des prismes de verre des fais-
ceaux un peu intenses et venus d'une bonne lampe à modérateur, on ne
trouve de la chaleur en proportion un peu notable que dans le rouge ou dans
la partie moins réfrangible que lui. Tout concorde donc pour indiquer la
faiblesse de la réfrangibilité moyenne de la chaleur de ces sources à basse
température.
" Au reste , cette idée à laquelle nous nous trouvons ainsi ramenés par
nos expériences de réflexion, a été depuis longtemps admise comme une
conséquence des nombreuses expériences de M. Melloni sur la transmission
calorifique. D'après ce savant, en effet, les rayons de la partie obscure du
spectre solaire sont de moins en moins transmissibles à travers l'eau, à me-
sure que leur degré de réfrangibilité est moindre. Gomme, d'une autre part,
un décroissement rapide dans la transmissibilité à travers ce liquide accom-
pagne l'abaissement de température des sources, on a admis que les flux
venus de tes sources sont surtout composés de rayons de faible réfran-
gibilité.
( 5i5 )
» Nous avons nous-mêmes fait quelques expériences sur ce point, auquel
nous nous trouvions ramenés forcément par l'ensemble de nos recherches,
et en étudiant les proportions dans lesquelles différentes sortes de chaleur
se transmettent à travers une auge de o™,o5 pleine d'eau et fermée par des
glaces bien polies, nous avons eu les résultats suivants :
Chaleur solaire o ,58
Chaleur solaire préalablement transmise à travers o'",25 à o^iSo d'eau .... 0,92
Chaleur solaire obscure prise à une distance du rouge extrême égale à celle
qui sépare le rouge de la limite du vert et du bleu o> i4
Chaleur solaire obscure notablement plus éloignée du rouge 0,0
Chaleur émise par des charbons rendus incandescents dans le courant d'une
pile 0,23 à 0,24
Chaleur de la craie rendue incandescente dans une flamme d'éther alimentée
par de l'oxygène o , 20
Chaleur de la lampe Locatelli ou de la lampe d'Argand 0,10
Chaleur de la lampe d'Argandpréalablement transmise à traverse", 10 d'eau. o,5i
Chaleur de la lampe à alcool salé 0,02
» Nous terminerons en citant une dernière observation qui concoide avec
les précédentes, et qui donne une indication sur la constitution de la cha-
leur électrique. Dans un beau spectre formé par des rayons venus de cette
source, nous avons facilement trouvé de la chaleur jusque dans le bleu,
tandis que nous n'y étions jamais parvenus en opérant sur les spectres des
lampes. »
M. Ghouhara lit un Fragment d'un traité du mouvement héLicoïde des
astres.
(Commissaires, MM. Laugier, Mauvais.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les figures ellipsoïdales qui conviennent à
l'équilibre d'une masse fluide sans mouvement de rotation, attirée par un
point fixe très-éloigné ; par M. Edouard Roche. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoyé à la Commission nommée pour la précédente communication de
M. Roche, Commission composée de MM. Cauchy et Le Verrier.)
« Lorsqu'une masse fluide homogène sans rotation, dont les molécules
s'attirent mutuellement suivant la loi newtonienne, est soumise de plus à
(5i6)
l'attraction d'un point extérieur très-éloigné, on reconnaît qu'elle peut être
en équilibre sous la forme d'un ellipsoïde dont un des axes serait dirip[é
vers le point attirant. Les équations qui déterminent la longueur des axes de
cet ellipsoïde se discutent en suivant une marche analogue à celle qui sert à
trouver les ellipsoïdes propres à l'équilibre d'un fluide tournant autour d'un
axe; mais les résultats de la discussion sont différents. Ainsi dans le pro-
blème bien connu que nous venons de rappeler, outre deux figures de ré-
volution, il en existe, dans certains cas, une autre à trois axes inégaux tout
aussi propre à l'équilibre. Au contraire, dans la question qui fait l'objet de
ce Mémoire, on ne trouve que deux ellipsoïdes, qui sont de révolution au-
tour de l'axe dirigé vers le point extérieur, et, de pins, allongés vers ce
point. Les deux solutions du problème ne diffèrent donc que par la gran-
deur de cet allongement : l'un des ellipsoïdes étant en général peu différent
de la sphère, et l'autre très-allongé.
» L'allongement sera déterminé dans chaque cas particulier au moyen
d'une équation transcendante, lorsqu'on connaîtra le rapport de la masse
du point attirant divisée par la densité du fluide et par le cube de la dis-
tance des deux corps. Si , par exemple, ce rapport tend vers zéro, le premier
ellipsoïde se rapproche indéfiniment d'une sphère, et le second disparaît :
c'est ce qui arrive quand les deux corps sont très-éloignés l'un de l'autre.
Lorsque ce rapport est seulement très-petit, on peut obtenir des formules
très-simples pour la détermination des deux ellipsoïdes.
>' Mais si ce rapport augmente jusqu'à atteindre une certaine limite, les
deux ellipsoïdes finissent par se confondre en un seul, et n'existent plus au
delà; de sorte que, pour une valeur plus grande de ce lapport, 1 équilibre
du fluide n'est plus possible sous une figure elliptique. Quand les deux
solutions existent, l'un des ellipsoïdes est moins allongé, l'autre plus allongé
que cet ellipsoïde limite dont l'axe de révolution est égal à vingt-cinq fois
environ celui de l'équateur.
') Il résulte, de ce que nous venons de dire, que ces figures d'équilibre
doivent disparaître quand la masse fluide se rapproche du corps attirant,
et d'autant plutôt que la densilé du fluide est plus faible. Ainsi, pour un
fluide de densité égale à celle de l'air, et attiré par le soleil, l'équilibre se-
rait impossible sous une forme ellipsoïdale, si sa distance au soleil ne sur-
passait pas celle de la planète de Mercure. On voit, par cet exemple, que
le problème que nous avons traité se rattache à la théorie des comètes , et
peut y trouver quelques applications. >'
(5,7)
HYGIÈNE. — Essai sur la santé des ouvriers qui s'occupent de la
préparation du sulfate de quijùne, et sur les moyens de prévenir les
maladies auxquelles ils sont sujets; par M. A. Chevallier. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Serres, Payen, Rayer.)
« fia fabrication du sulfate de quinine qui s'exerce en France depuis
trente ans, détermine chez quelques ouvriers des maladies particulières qui
n'ont point été étudiées jusqu'ici. Ayant eu connaissance de ce fait, je me suis
livré à diverses recherches, desquelles il résulte que les ouvriers qui tra-
vaillent à la fabrication du sulfate de quinine sont exposés à être atteints
d'une maladie cutanée qui les force à suspendre leurs travaux pendant quinze
jours, un mois et plus; qu'un certain nombre de ces ouvriers ne peuvent
continuer ce travail et sont forcés de quitter les fabriques où ils étaient
employés.
>' M. Zimmer, fabricant de sulfate de quinine, à Francfort, a reconnu
que les ouvriers qui étaient occupés à la pulvérisation du quinquina dans sa
fabrique étaient atteints d'une fièvre particulière qu'il désigne par le nom
àe fièvre de quinquina (china fieber). Cette maladie est assez douloureuse
pour que des ouvriers qui en ont été atteints aient renoncé à la pulvérisa-
tion du quinquina et aient quitté la fabrique. Du reste, cette maladie n'a pas
été observée en France.
» On ne connaît pas jusqu'à présent de moyens prophylactiques de la
maladie cutanée déterminée par les travaux exécutés dans les fabriques
de sulfate de quinine. Cette maladie cutanée sévit, non-seulement sur les
ouvriers qui sont employés aux diverses opérations, mais encore elle peut
atteindre des personnes qui se trouvent seulement en contact avec les éma-
nations de la fabrique. Elle atteint les ouvriers sobres comme ceux qui se
livrent aux excès.
» 11 n'est pas bien démontré qu'il y ait des causes qui prédisposent les
ouvriers à contracter cette maladie, bien que plusieurs personnes admettent
l'action de ces causes prédisposantes. «
ZOOLOGIE. — Note sur le mode de génération et les transformations
successives d'un animalcule que l'on rencontre chez la Grenouille ; par
M. Gros. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Milne Edwards, Rayer, Valenciennes.)
Dans la vessie de presque toutes les Grenouilles, on rencontre un animal-
cule ayant ordinairement o,o5 à 0,06 de millimètre de longueur, et muni
C. fi., i85o, a"» Semeitre. (T. XXXI, N» 18.) 69
( 5i8 )
d'une couronne de cils vibraliles semblable à celle qui existe chez les Vorti-
celles. M. Gros donne à ce parasite le nom de Torquatina. Cet animalcule
naît de la muqueuse vésicale, dont une vésicule épiihéliale se granule et forme
la couronne, tandis que les vésicules voisines fournissent la matière du corps
du nouvel être. Pour observer cette transformation, il faut prendre sans le
froisser un lambeau de la vessie et le porter rapidement, mais avec précaution ,
sous le microscope, en évitant soigneusement d'exercer la moindre compres-
sion qui détruirait la vitalité de la muqueuse. Au bout d'un certain temps ,
l'animal reploie sa couronne sur elle-même, puis on voit des cils se déve-
lopper sur diverses parties du corps, lequel prend une forme ovale. La
Torquatina %e trouve alors transformée en Opalina, genre d'animalcules
extrêmement communs dans le rectum.
VOpalina, à son tour, se niche dans la muqueuse de l'intestin, où elle ne
larde pas à faire son cocon, pour se métamorphoser ensuite en un Néina-
toïde ascaridien.
PALÉONTOLOGIE. — Z?e.y hrèches osseuses et des cavernes à ossements réunies
près de la métairie de Bourgade, dans les environs de Montpellier; par
MM. Marcel de Serres et Jeanjean. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Flourens, Dufrénoy, Duvernoy.)
Les résultats du travail de MM. Marcel de Serres et Jeanjean se résu-
ment dans les propositions suivantes :
« Les brèches osseuses et les cavernes à ossements sont non-seulement
des phénomènes analogues, mais identiques et appartenant à la même
époque géologique;
>' Les ossements des animaux qui se trouvent dans les fentes verticales
ou longitudinales des rochers calcaires, y ont été généralement entraînés
par des courants extérieurs, ce qui s'induit autant de leur état de conserva-
tion et de leurs fractures, que des particularités des limons d'alluvion qui
les enveloppent constamment;
" La généralité de ces phénomènes, accompagnés partout des mêmes
circonstances, annonce qu'ils doivent avoir dépendu d'une même cause
aussi universelle que les effets qu'elle a produits;
» Les carnassiers peuvent bien avoir dévoré au dehors plusieurs des
animaux que l'on découvre dans les fentes verticales et longitudinales des
rochers calcaires; mais ils ne sont nullement la cause de leur transport,
étant tout à fait impuissants pour y avoir produit l'accumulation réelle-
( 5i9 )
ment extraordinaire des débris osseux qui y sont disséminés de la manière
la plus étran{»e et la plus confuse;
» Les fentes et les cavernes à ossements des environs de Bourgade
ont une grande importance, puisqu'elles démontrent, d'une manière évi-
dente, l'identité des deux phénomènes, et l'impossibilité que des carnassiers,
parmi lesquels se trouvent des espèces du genre hyène, aient jamais pu y
habiter, et encore moins y opérer l'entassement des débris osseux de toute
sorte, qui sont mélangés avec eux dans les mêmes limons;
» Cette impossibilité est ici d'autant plus évidente, que les cavernes
qui correspondent aux fissures supérieures sont entièrement comblées de
débris d'herbivores et de carnassiers empâtés dans les limons ossifères, aussi
bien que dans les fentes dont elles sont en quelque sorte le développement,
ou, pour mieux dire, la continuation;
» Les débris orgaiii((ues des fissures et des cavernes à ossements de
Bourgade appartiennent uniquement aux mammifères terrestres de l'ordre
des carnassiers et des herbivores, dont les restes, disséminés et mélangés de
la manière la plus confuse, ne sont pas plus entiers les ans que les autres,
ia plupart étant brisés et fracturés dans tous les sens ;
» Leur proportion, relativement à leur nombre, est à peu près la
même que celle que l'on reconnaît à ces deux ordres d'animaux, dans la na-
ture actuelle, ce qui annonce une identité dans les milieux extérieurs et les
autres causes physiques de ces deux époques, du reste très-rapprochées. ■>
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Mémoire sur la théorie des tautochrôries ;
par M. J. BEBTnAND.
(Commissaires, MM. Caucby, Sturm.)
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Mémoire sur la putréfaction des conserves alimentaires
et sur les causes qui peuvent la produire; par M. Moiiide.
(Commissaires, MM. Payen, Bussy. )
I/auteur, qui s'est proposé d'étudier les causes auxquelles il faut rapporter
les fréquents insuccès signalés depuis 1 84a, dans la préparation des conserves
alimentaires, croit devoir attribuer la putréfaction à Tintrofluction de l'air
dans les boîtes. Cet accident tiendrait , suivant lui, aux défauts de la soudure,
et surtout à la uiauvaise qualité des fers- blancs que l'on fabrique aujourd'hui,
69..
( 520 )
L'Académie reçoit un supplément pour le Mémoire n° 4> envoyé au
concours pour le grand prix des Sciences mathématiques.
CORRESPOXDAIVCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique écrit à l'Académie pour demander,
au nom de l'ambassade d'Autriche, le renvoi d'un Mémoire adressé au
mois de février 1842 , pour le concours sur la vaccine.
Le règlement s'opposant à la restitution des ouvrages sur lesquels il a été
porté un jugement par l'Académie, la demande de M. le Ministre est ren-
voyée à la Commission qui a examiné les pièces pour le concours sur la
vaccine, afin qu'elle décide si, dans ce cas particulier, on pourrait sans
inconvénient rendre le Mémoire réclamé par l'ambassade d'Autriche.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Note sur la présence de la caséine en dissolution
dans le sang de femme pendant l'allaitement; par MM. Natalis Guillot
et Félix Leolanc.
« La présence d'une substance analogue à la caséine coagulée a déjà été
signalée dans le sang de l'homme malade par M. Dumas. Plus récemment,
MM. Dumas et Cahonrs ont publié , dans leur Mémoire sur les matières pro-
téiques, l'analyse d'un produit extrait du sang et possédant, sinon toutes les
propriétés , du moins la composition de la caséine.
» M. Stas a trouvé récemment que le sang placentaire chez la femme
renfermait de la caséine en dissolution à dose notable.
» [/intérêt qui s'attacherait à démontrer l'existence de la caséine à l'état
de dissolution dans le sang normal de la femme, ou des femelles en lacta-
tion, avait été compris depuis longtemps. M. Dumas chercha même, mais
sans succès, à constater la présence de cette matière chez les brebis pendant
l'allaitement.
« Personne, que nous sachions, n'ayant signalé la caséine en dissolution
dans le sang des nourrices, nous croyons pouvoir porter à la connaissance
de l'Académie les faits que nous venons de constater à ce sujet.
.. Nous avons examiné le sang provenant de deux nourrices en pleine
lactation.
» Le sérum de ces divers sangs, privé d'albumine par la coagulation à
( 5ai )
chaud el filtré, fournit un abondant précipité blanc lorsqu'on le fait bouillir
avec quelques gouttes d'acide acétique.
» Nous avons reconnu dans la dissolution tous les caractères de la caséine.
La quantité de ce produit nous a paru en rapport avec une diminution dans
la proportion de l'albumine (0.
» En opérant de la même manière avec du sang d'enfants nouveau-nés,
nous n'avons pu y rencontrer aucune trace sensible de caséine.
» Du sang d'homme et de femme , examiné de la même façon , nous a
donné un très-lé{;er précipité so redissolvant dans quelques gouttes de car-
bonate de soude, mais beaucoup moins abondant et d'une autre apparence
que le précipité fourni par le sang des nourrices. Ce dernier seul peut être
recueilli.
» Nous ferons connaître prochainement de nouvelles expériences que
nous avons entreprises, en les faisant suivre des résultats analytiques. »
CHIMIE onOANiQUE. —Sur l'éthérification et sur une nouvelle classe d'ëthers;
par M. Gustave Chancel.
« [ia publication récente (2) d'un travail de M. Williamson, sur Téthérifica-
tion, m'oblige à faire connaître à l'Académie, bien qu'ils soient incomplets,
les résultats des recherches que j'ai entreprises moi-même sur le même sujet,
mais que le manque de matériaux nécessaires ne m'a pas encore permis
d'achever. Sans vouloir, eu aucune façon , faire une réclamation de priorité,
je tiens seulement à constater que nous nous sommes trouvés, M. Williamson
et moi, sur un terrain commun, et que nous sommes arrivés en même
temps et à notre insu à des résultats identiques , quoique par une voie un
peu différente.
» Ces résultats confirment entièrement les idées que M. Gerhardt a
émises sur Téquivalent de l'alcool et de l'éther, et d'après lesquelles il faut
représenter ces deux corps par des formules renfermant le même oxygène.
(i) Ce fait nous a paru d'autant plus intéressant, que la caséine du lait de femme présente
habituellement quelques caractères spéciaux, notamment la résistance à la coagulation
par les agents ordinairement employés à cet effet.
(2) Comptes rendus des travaux de Chimie; par MM. Laurent et Gerhardt; i85o, numéro
de septembre , p. 354-
( 5aa )
soif par C*H"'0» et CH^O», soit, en dédoublant, par CH'O et C^H'°0.
Ils viennent également à l'appui des idées de M. Laurent, qui a avancé
que l'alcool étant l'acide vinique de l'eau, l'éther ordinaire devait en être
l'éther neutre et renfermer le carbone sous deux formes , comme le font
voir ces formules, ou toute autre du même genre :
C«H* + H»0 et aC»H* + HH3
alcool clher
ou
et
" Je fis réagir, à une douce chaleur, dans une cornue un mélange intime
de sulfovinate de potasse desséché à 80 degrés dans le vide et d'alcool
potassé obtenu par l'action du potassium sur l'alcool absolu. J'obtins ainsi
ut) liquide très-volatil , qu'à tous ses caractères je reconnus pour l'éther
ordinaire. On a, d'ailleurs,
C» H» (K ) O = SO^ K» -+- C» H" Lfjj,") O.
alcool potassé sulfate de
sulfovinate pot. éther
Cette expérience conduisait donc à ce fait capital que 1 équivalent d'al-
cool peut fixer les éléments de i équivalent de gaz oléfiant pour donner
I équivalent d'éther. Je fis alors la même expérience en substituant du sulfo-
méthylate de potasse au sulfovinate : j'obtins un corps gazeux à la tempé-
rature ambiante (22 degrés), et que je ne pus condenser faute de glace. Je
constatai que le gaz ainsi obtenu était inflammable, très-peu soluble dans
l'eau, et doué d'une odeur éthérée particulière : c'était évidemment l'éther
mixte
G» H'O = ^'^' -(- H»0 :r: OMeEt.
Les résultats précédents me conduisaient tout naturellement à préparer de
semblables éthers mixtes avec les acides polybasiques. J'ai commencé cette
étude avec les acides carbonique et oxalique, et j'y joindrai sous peu Tacide
succinique.
» En distillant le carboraélhylate et l'oxalométhylate de potasse avec le
sulfovinate potassique, j'obtiens deux nouveaux éthers qui appartiennent à
la série éthylique et niéthylique. Il est facile de se rendre compte de la
( 5a3 )
reaction , car on a
oarbo. mélhyl»to
oxalométhylate
sulfovinate carbovinomcthylide
sulTovinate
oxalovinoniéthylide
» En jetant un coup d'œil sur le tableau suivant, on ne pourra se dis-
penser de considérer, avec M. Gerhardt, l'eau et les acides sulfurique, car-
bonique, oxalique, etc., comme des combinaisons bibasiques, quelle que
soit d'ailleurs la théorie que l'on adopte pour formuler les éthers :
CO'HH;
CO»RH:
Acide hydrique OHH;
Hydrate de pot ORH;
Alcool OEtH;
Alcool potas OEtK;
Éther OEtEt;
Éther mixte O Et Met ;
Oxyde potas... . . OKK;
Acide carbonique.
Carbonate acide. .
Acide carbovinique
Carbovinate potas
Ether carbonique
Ether mixte
Carbonate potas. ,
GO' Et H;
CO'KH;
CO'EtEt;
CO'EtMet;
CO'RK. .<
HYGIÈNE. — Mémoire sur la nécessité de réunir un congrès sanitaire
universel pour aviser aux moyens d'arrêter et de détruire la cause du
choléra; par M. Bosapont.
L'auteur pense que l'état marécageux du Delta du Gange est la cause
essentielle du choléra. lie seul moyen de mettre un terme aux ravages de ce
fléau est, suivant lui, d'assainir les localités qui en sont pour ainsi dire le
berceau.
IjCS nations européennes ont toutes le plus grand intérêt à faire dispa-
raître ce foyer d'infection. Mais l'exécution des travaux nécessaires pour
y parvenir entraînera des dépenses si considérables, qu'il est indispen-
sable d'obtenir le concours de tous les peuples civilisés. C'est pour
arriver à ce résultat que M. Bonafont propose la réunion d'un congrès sani-
taire universel qui aurait pour mission de déterminer quels seraient les tra-
vaux qu'il faudrait entreprendre , et d'ouvrir des souscriptions dont le
montant servirait à couvrir les dépenses de cette œuvre importante.
M. Lallemand est prié d'examiuer ce Mémoire et de faire saxpir^^ir l'Apa-
démie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
( 5^4 )
M. HoLLARD prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le
nombre des candidats pour ta place laissée vacante, par la mort de M. de
Blainville, dans la Section de Zoologie.
M. Passot écrit à l'Académie pour lui demander de vouloir bien hâter le
Rapport de la Commission chargée d'examiner ses travaux.
La Lettre de M. Passot est renvoyée à M. Binet, Membre de la Com-
mission.
M. H. Bernard, qui avait adressé dans une précédente séance une Note sur
une poudre dentifrice de son invention, demande que l'Académie veuille
bien nommer une Commission pour examiner cette poudre.
MM. Pelouze, Velpeau et fiallemand sont chargés de prendre connaissance
de cette communication.
M. H. Bernard envoie en même temps la description d'un procédé qui
lui paraît offrir l'avantage de rendre le dessin linéaire plus rapide et plus
régulier.
M. Seguier est prié d'examiner si cette communication est de nature à
faire l'objet d'un Rapport.
M. BoussioL adresse des observations sur la chaleur terrestre et sur la part
qu'elle a dans la formation des sources et des fleuves ainsi que dans la ger-
mination des plantes.
M. Brachet envoie une nouvelle Note destinée à démontrer l'impossibilité
de diriger les aérostats.
M. PiCHON prie l'Académie de vouloir bien nommer une Commission
pour assister aux expériences par lesquelles il se propose de démontrer la
supériorité d'un système de son invention pour l'application de la vapeur
comme force motrice et comme moyen de chauffage.
La Lettre de M. Pichon est renvoyée à l'examen de M. Regnault.
L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés présentés par
MM. Dodero , BoNET et Plaut.
La séance est levée à 5 heures. F.
ERRyiTA.
(Séance du 3o septembre i85o. )
Page 488, au lieu de mers moyennes à Suez. . . ©".ig o-^.gg,
lisez mer moyenne à Suez. . . . o^jgg i^.oS,
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 14 OCTOBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE DE LA TERRE. — Lettre à M. Constant Prévost, au sujet de la
Note qu'il a lue à V Académie dans la séance du 3o septembre 1 85o ;
par M. Faye (i).
« J'ai écouté et lu avec le plus vif intérêt l'exposition de vos principes
en fait de géologie. Cette belle série de théorèmes fondamentaux m'a frappé
par son caractère vraiment philosophique. I^a question de fond est, du
reste , hors de ma portée , et mon incompétence m'interdit toute autre ap-
préciation. Il est un point, cependant, qui touche de près au sujet de mes
travaux et de mes réflexions habituelles : je veux parler de l'origine de la
chaleur propre du globe terrestre; et quoique vous ayez décliné sur ce
point-là toute discussion, je vous demande pourtant la permission de vous
soumettre les remarques suivantes.
» Certes, il est déraisonnable de déduire la température, au centre, de la
progression constatée plus ou moins nettement pour les faibles profondeurs
où nos instruments ont pu pénétrer. Quel est , en effet , le vrai sens de cette
progression, dont la raison varie d'ailleurs d'un lieu à l'autre? N'est-il pas
(i) Cette Lettre a été lue à l'Académie sur la demande de M. Constant Prévost à qui elle
avait été adressée.
C. B., i85o, i<^* Semestre. (T. XXXI, N° 16.) 70
( 5a6 )
évident de soi que, si l'on a cherché à représenter les résultats acquis par
une loi de cette espèce, c'est uniquement parce qu'elle est la plus simple de
toutes, et par la même raison qu'en géométrie, on substitue à un très-petit
arc de courbe sa tangente qui la représente suffisamment pour cette por-
tion-là? Dans l'ignorance complète où nous sommes sur la vraie loi de
l'accroissement des températures, il était impossible d'agir autrement. Mais
conclure, par une extrapolation démesurée, ce qui se passe à i 5oo lieues
de profondeur de ce qu'on a vu à ^ lieue , à i lieue tout au plus , c'est ce
qui n'est assurément pas permis.
» Sans doute, M. Poisson aura voulu d'abord signaler cette erreur, en
soutenant que les températures , au lieu d'être croissantes jusqu'au centre ,
pouvaient aussi bien atteindre un maximum assez voisin de nous et décroître
ensuite jusqu'au centre de la terre. Les faits ne peuvent et ne pourront
jamais décider entre ces deux lois si opposées. Mais quand M. Poisson
voulut donner un certain degré de consistance à son assertion , et présenter
comme une théorie nouvelle de la chaleur terrestre ce qui ne vaut, au fond ,
que comme argument par l'absurde contre les évaluations de la température
centrale, je crois que cet excellent géomètre se trompa doublement.
Il Les astronomes admettent bien que le Soleil et ses. planètes voyagent à
travers les espaces stellaires, dans une certaine direction fort mal déterminée,
avec une vitesse c[u'ils regardent provisoirement comme constante, et dont on
commence à avoir quelque idée. Mais c'est retomber, ce me semble, dans la
faute dont il s'agissait tout à l'heure que de tirer de ce mouvement du Soleil la
conclusion de Poisson f car nous ne connaissons encore ici qu'un élément de
la trajectoire, absolument comme , en fait de chaleur terrestre, nous n'avons
qu'un élément de la courbe des températures. Permettez-moi de donner
quelques développements à cette critique ; je désire voir enfin bannir de la
science une idée qu'on oppose souvent, à tort selon moi, à d'autres idées
qui valent cent fois mieux et qui ont, d'ailleurs, pour elles, cela soit dit
sans 'vouloir jurer in verba magistri , l'autorité d'un nom bien plus illustre.
» Si je vous faisais l'histoire de cette question du mouvement de transla-
tion du Soleil, vous verriez combien cette partie de l'astronomie sidérale est
encore obscure et vague. Par exemple, les observations de Bradley, com-
binées avec celles de Piazzi, contredisent ce mouvement; et ce n'est que
dans ces derniers temps que les beaux travaux de M. Argelander et de
M. OttodeStruve ont donné à cette hypothèse un certain degré de probabi-
lité, Et même on peut objecter à ces recherches une sorte de cercle vicieux.
Voici l'objection : Pour déterminer la direction du mouvement du Soleil ,
(5a7)
on considère les très-petits déplacements réels des étoiles comme étant eux-
mêmes complètement arbitraires; puis on prend en considération les dépla-
cements apparents d'un grand nombre d'étoiles, on en cherche la résultante
générale, et l'on applique cette résultante en sens contraire au Soleil, pour
obtenir le mouvement propre de celui-ci. Mais si l'on admet qu'une loi quel-
conque préside aux mouvements réels des étoiles, les équations relatives an
problème n'ont plus de sens bien précis; elles sont du moins incomplètes.
Or un certain nombre d'astronomes inclinent à se représenter le Soleil
comme faisant partie d'un immense amas d'étoiles et tournant comme les
autres autour du centre commun de gravité; les mouvements des étoiles
ne seraient donc pas arbitraires. Ainsi, tout en regardant le mouvement de
translation du Soleil comme probable, il s'en faut qu'il soit encore rangé
définitivement parmi les acquisitions vraiment positives de la science.
» Quoi qu il en soit , ce mouvement peut-il conduire notre monde solaire
dans un milieu sidéral essentiellement différent de celui où nous sommes?
Qui le sait, et qui le saura jamais? Poisson se représentait sans doute le Soleil
emporté dans l'espace et passant d'un système stellaire dans un autre. Pour-
quoi n'accomplirait-il pas, comme le pensent tant d'astronomes, une simple
révolution autour d'un certain point, centre de gravité de tous les astres
d'un même amas, en restant ainsi dans un même milieu sidéral? IVIais,
même en accordant la première partie de l'hypothèse de Poisson , où trouver
ces espaces doués d'une haute température? Pour moi , je n'ai jamais rien
vu dans le ciel qui justifiât, de près ou de loin, une telle conjecture, à
moins qu^ou ne veuille attribuer cette haute température à l'intérieur des
nébuleuses où les soleils fourmillent; et, encore, peut-on objecter, si les
étoiles des nébuleuses paraissent si condensées, c'est tout simplement à
cause de l'immense distance qui les sépare de la Terre; elles ne le sont
pas plus en réalité que les étoiles dont se compose la nébuleuse où nous
sommes actuellement; il ne fait pas plus chaud là-bas qu'ici. Et puis, si le
Soleil s'engageait dans un de ces espaces spéciaux imaginés par Poisson, en
chaque point desquels les radiations calorifiques sont si intenses, et où, par
suite , l'influence des masses voisines devrait probablement avoir une énergie
proportionnée, comment pourrait-il en sortir, et s'il en est sorti, comment
a-t-il pu ramener intact son cortège de planètes tournant toutes autour de
lui dans ces admirables conditions d'ordre et de stabilité où nous vivons,
et que Poisson lui-même a contribué à nous faire mieux connaître?
» La seule analogie que l'on puisse citer en faveur de cette idée,
la voici : Les comètes voyagent dans notre monde planétaire avec des tem-
70..
( 5a8 )
pératures probablement semblables à celles des espaces qu'elles traversent,
et elles se réchauffent plus ou moins en passant rapidement près du Soleil à
leur périhélie. Mais généraliser ce fait-là, assimiler le monde solaire à des
comètes errantes , comme on l'a dit quelquefois , de système en système, lui
faire décrire quelque immense trajectoire dont un amas d'autres soleils oc-
cuperait le foyer, cela ne vaudrait pas mieux que de doter gratuitement
certains espaces interstellaires de températures fabuleuses, à seule fin de
réchauffer les couches extérieures de notre globe : ce serait toujours expli-
quer, comme l'on disait à l'école : obscurum per obscurius.
" Combien l'hypothèse cosraogouique de Laplace n'est-elle pas supérieure!
Laplace prend pour base, comme Poisson , un mouvement du Soleil, mais
c'est le mouvement de rotation , et celui-là est un fait positif: l'autre, le mou-
vement de translation, ne l'est pas encore, du moins dans le sens rigoureux
du mot. Cette rotation a été mesurée avec toute la précision astronomique;
et si l'on ne peut dire, avec la même précision, ce qu'elle était, en suppo-
sant l'atmosphère du Soleil étendue primitivement par delà les limites de
notre monde, on connaît du moins les lois mécaniques et physiques qui ont
dû régir, dans leur succession, toutes les phases du phénomène supposé.
» La théorie de Laplace rend compte, non-seulement des phénomènes
paiticuliers à la Terre, mais encore de la formation du monde solaire tout
entier, avec ses satellites, ses anneaux mystérieux, et de tous ces faits
simples, mais fondamentaux, tels que les rotations et les révolutions exécu-
tées toutes dans le même sens et dans des ellipses presque circulaires, très-
peu inclinées sur le plan de l'équateur solaire. Pour se former une idée d'un
état de choses qui échappe si complètement à l'investigation directe, l'illustre
auteur de la Mécanique céleste a recours aux forces naturelles les plus sim-
ples, les plus générales, que nous voyons encore et partout à l'œuvre, aux
mouvements les mieux constatés; tandis que Poisson, pour rendre compte
de la chaleur propre de la Terre, et pour cela seulement , ou à peu près, est
obUgé d'inventer une hypothèse basée sur un mouvement de translation en-
core hypothétique, ou, du moins, dont on ne sait presque rien, lequel au-
rait conduit notre monde solaire dans des espaces doués d'une haute tempe -
rature absolument hypothétique. C'est ce que j'appelle une hypothèse à la
deuxième ou à la troisième puissance. La probabihté se réduit alors à zéro.
» C'est la cosmogonie de Laplace qui , jointe aux températures croissantes
de l'écorne terrestre, forme la véritable base de la théorie de la chaleur cen-
trale. J'ajoute que cette doctrine bien comprise n'implique nullement contra-
diction avec vos principes géologiques. Voici un énoncé que j'intercalerais,
( 5^9 )
si j'osais, dans la série de vos propositions; il ferait disparaître toute diffi-
culté en supprimant d'emblée les discussions oiseuses sur l'état et l'inter-
vention du noyau central.
" Les phénomènes observables, dits plutoniens, sont indépendants de l'état
I) où se trouve le noyau central depuis les époques géologiques les plus re-
>' culées, et se rapportent exclusivement à une couche située à une profon-
" deur médiocre. On doif se représenter cette couche comme étant encore
" à l'état de demi-fluidité ou do viscosité. C'est sur cette couche seule que
» l'écorce terrestre proprement dite agit directement, par voie de compres-
» sioa plus ou moins régulière , à mesure que le refroidissement général en-
1 gendre des retraits, des contractions, et, par suite, les dislocations de la
« croûte superficielle; et c'est cette couche seule qui réagit secondaire-
" ment contre l'écorce terrestre, en pénétrant, par exemple, dans les fis-
» sures occasionnées par le retrait , etc.
>i Les phénomènes purement géologiques sont, en effet, hors de propor-
» tion avec l'intervention de la masse entière du globe, quand il ne s'agit ni
» du fait général de la gravité, ni de celui du refroidissement.
» Toute enquête détaillée sur l'état actuel ou antérieur du noyau central
» doit être proscrite comme inutile et impossible. »
» La mer nous offre un exemple bien simple de cette indépendance rela-
tive des couches successives; et là, cependant, la fluidité est complète. On
sait, par exemple, que les plus grandes agitations de la surface s'éteignent à
une certaine profondeur, et y deviennent insensibles.
» Toutefois, pour relier la cosmogonie de Laplaceàla géologie actuelle, il
resterait à écarter vos objections sur la formation de l'écorce terrestre. Je
vais montrer qu'elles ne sont point insolubles, et je ferai voir ensuite, par un
exemple, quelle confiance on peut accorder à ces discussions. Vous dites, et
je crois l'objection renouvelée d'Ampère , que les marées auraient dû oppo-
ser un obstacle permanent à la formation d'une première pellicule, et, par
suite, de la croûte solide actuelle. En second lieu, vous objectez la marche
du refroidissement dans une masse liquide ordinaire, marche qui procède du
centre à la circonférence, parce que les molécules refroidies devenant plus
denses, doivent tomber vers le centre et être remplacées par des molécules
plus chaudes et, par suite, plus légères.
» D'abord, pour ce qui regarde les marées, je ne sache pas qu'on ait ja-
mais cherché ce (|u elles pourraient devenir sur le globe terrestre supposé
près de se solidifier à la surface, ni même ce qu'elles seraient sur un globe
parfaitement liquide, mais enveloppé d'une pellicule solide capable d'opposer
( 53o )
une résistance quelconque et tant soit peu élastique. Je puis du moins
citer un fait bien simple. A Rotterdam, j'ai souvent entendu parler
d'une grande foire qui s'est tenue sur le fleuve (la Meuse) complètement
gelé, malgré les marées qui soulevaient périodiquement, comme à l'ordi-
naire, lacoucheglacéeetprèsde aoooo personnes qui se promenaient dessus
en toute sécurité. Ni l'agitation permanente des flots, ni les oscillations pé-
riodiques de la marée, très-sensible, je vous l'assure, à Rotterdam, n'avaient
empêché la Meuse de geler , et n'avaient réussi à rompre la pellicule de glace
avant l'arrivée du dégel.
» Ajoutons (|ue la densité moyenne de la terre est supérieure à celle des
couches accessibles pour nous; par conséquent, ces couches ont pu se refroi-
dir sans acquérir une densité suffisante pour pénétrer les couches fluides
sous-jacentes.
>' Enfin vous savez mieux que moi comment la lave demi-liquide, mais
coulant très-bien, se recouvre d'une croûte solide et chemine encore lente-
ment par-dessous.
» Je crois que l'intérieur de la terre possède une température plus élevée
que la couche moyenne qui repose immédiatement sur l'écorce solide. Est-ce
à dire que cette croyance ait la valeur d'une assertion réellement scientifique,
et que l'on soit forcé d'en conclure, comme l'ont fait certains physiciens,
que l'intérieur est à l'état gazeux, tout en possédant une densité comparable
à celle des métaux? Nous n'en savons rien, et je vais, pour citer l'exemple
promis plus haut , rappefer une opinion astronomique qui paraît tout à fait
opposée. Quand il s'agit d'expliquer les taches du Soleil, les astronomes ad-
mettent que le Soleil a un noyau opaque, probablement solide, dont la tem-
pérature est considérablement inférieure à celle de l'atmosphère lumineuse.
C'est ce noyau relativement obscur que l'on aperçoit sous forme de taches
noires, chaque fois qu'il se forme une déchirure, un trou quelconque dans
les enveloppes lumineuses. On admet donc implicitement que les lois du
refroidissement, que les progrès de la condensation et du retrait graduel de
la matière peuvent avoir les conséquences les plus diverses.
>' En un mot, je crois bien que le centre de la terre est à une température
très-élevée, non pas à cause de la progression observée dans la crotite super-
ficielle, mais à cause de la cosmogonie de Laplace qui comprend, du reste,
cette progression et tant d'autres phénomènes; mais je n'aurais aucune répu-
gnance à admettre immédiatement le contraire , pour peu qu'on m'en donnât
une raison quelconque. C'est, je le répète , que nos notions sur ce sujet n'ont
aucun caractère réellement scientifique.
( 53, )
» Je m'arrêterais ici si, ayant entrepris de vous exposer l'opinion générale
des astronomes sur ces matières, il ne me restait à vous parler encore de
l'intervention des comètes.
» Voilà l'hypothèse la plus contraire à l'esprit des sciences modernes ,
aux lois élémentaires du sens commun. Les astronomes repoussent ces rêve-
ries qui font violence aux faits observés et aux notions les plus vulgaires. Bien
entendu, je ne parle ici que des tentatives faites pour reproduire l'hypothèse
de Wilson, hypothèse qu'on ne doit pas confondre avec celle de Buffon,
malgré une analogie malheureuse. La tentative de Buffon ajustement échoué;
elle est en contradiction avec les lois mêmes de la mécanique, le grand philo-
sophe a eu aussi le tort, excusable à son époque , de recourir à une comète ,
c'est-à-dire, au contingent, au particulier, au hasard , à l'improbable, finale-
ment à l'impossible , afin d'expliquer ce qu'il y a , pour nous , de plus général,
de mieux établi , de mieux connu , savoir : les conditions astronomiques de
notre existence, nos liaisons et nos analogies avec le monde auquel nous ap-
partenons. Ceux qui ont fait descendre l'abus des cojiiètes jusqu'à l'explication
détaillée des faits géologiques, ont risqué de transformer le faux en absurde.
Buffon, du moins, avait saisi, dans toute sa grandeur, le problème cosmogo-
nique; il a posé la question qui fut plus tard si admirablement résolue par
Ijaplace; il voulait rattacher, à la formation même du monde planétaire, non-
seulement la chaleur propre de notre globe et tout ce qui s'ensuit, mais
encore l'uniforme direction des mouvements de translation , etc.
11 Quant à nous, sans nier absolument les éventualités de rencontre que
l'on met en avant, nous les regardons comme excessivement peu probables
(voyez les travaux de Dionys Duséjour et d'Olbers); nous disons depuis
longtemps, mais certains géologues n'ont pas écouté, que les comètes
connues n'ont pas de noyaux solides; que leur masse est excessivement
faible; qu'on ne saurait même les assimiler à une masse gazeuse, car elles
ne réfractent point d'une manière appréciable les rayons lumineux; que la
densité des nuages et des brouillards est énorme comparativement à la leur,
puisque des nuées très-peu épaisses nous cachent le Soleil, et que les comètes
ne peuvent éclipser, ni même affaiblir à peine l'éclat des moindres étoiles.
Tout cela n'y fait rien: on invente des comètes à noyau opaque et massif,
pour les besoins de l'hypothèse, et on les fait circuler dans les cieux.
» La géologie peut-elle désormais emprunter quelque chose à l'astro-
nomie? Je répondrai en indiquant les curieuses recherches toutes récentes
qu'un astronome anglais, M. Nasmyth, a faites sur les accidents de la surface
de la Lune. Peut-être les géologues y trouveront -ils d'utiles analogies, quel-
( 532 )
ques rapprochements plus ou moins réels à faire entre des phénomènes où
l'agent neptunien n'a jamais introduit de complications, et les faits du même
ordre sur notre planète.
" Je ne saurais aller plus loin ; mon ifjnorance en fait de géologie m'in-
terdit de prendre part au débat auquel vous conviez les partisans de la
théorie des soulèvements. »
THÉORIE DE LA LUMIÈRE. — Mémoire sur un nouveau phénomène de
réflexion; par M. Adgustin Cauchy.
" Supposons qu'un corps transparent étant terminé par une surface
plane, on fasse tomber sur cette surface un rayon simple de lumière dont le
plan de polarisation soit perpendiculaire au plan d incidence. Si le corps
donné est isophane, le rayon réfléchi sera lui-même polarisé rectilignement
et perpendiculairement au plan d'incidence. Mais, en vertu des principes
exposés dans un précédent Mémoire, il en sera autrement, si le corps, ces-
sant d'être isophane , est, par exemple, un cristal à un ou à deux axes opti-
ques. Alors, en effet, un rayon doué de la polarisation rectiligne et pola-
risé perpendiculairement au plan d'incidence pourra être transformé par
la seule réflexion en un rayon polarisé dans un nouveau plan, ou même doué
de la polarisation elliptique. Ce singulier phénomène subsiste d'ailleurs sous
certaines conditions que te calcul met en évidence; et, en admettant, comme
l'expérience l'indique (page SSg), que le dernier des coefficients relatifs aux
ravons évanescents s'évanouit, j'établis la proposition suivante.
" Théorème. I^a réflexion opérée par la surface extérieure d'un cristal à un
ou à deux axes opticjues transforme un rayon doué de la polarisation recti-
ligne, et polarisé perpendiculairement au plan d'incidence, en un rayon
polarisé lui-même perpendiculairement à ce plan , quand les deux rayons
réfractés se réduisent à un seul , ou bien encore quand le plan d'incidence
renferme les directions des vibrations lumineuses dans l'un des rayons
réfractés. Dans toute autre hypothèse, la réflexion transforme un rayon
polarisé rectilignement dans un plan perpendiculaire au plan d'incidence
en un rayon polarisé dans un nouveau plan , ou même doué de la polarisation
elliptique.
" Le phénomène sera surtout sensible pour l'incidence correspondante
au minimum d'amplitude des vibrations de l'éther mesurées dans le rayon
réfléchi parallèlement au plan d'incidence. Alors l'angle d'incidence, réduit à
ce qu'on peut appeler \ incidence principale, aura pour tangente une quantité
( 533 )
peu différente du rapport entre les sinus des angles formés par la surface
réfringente avec les plans des ondes incidentes et réfractées.
» Des expériences que nous avons exécutées, M. Soleil fils et moi, en
faisant usage de l'appareil de M. Jamin, nous ont paru confirmer les prévi-
sions delà théorie, et manifester la polarisation elliptique dans le cas énoncé.
Celles que nous avons dû considérer comme les plus concluantes ont été faites
avec la lumière solaire.
» Mon Mémoire contient les formules qui fournissent les lois du phéno-
mène. Il paraîtra prochainement dans le Recueil des Mémoires de l'Aca-
démie. »
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur le curare i par MM. Pelouze et
Ct. Bernard. (Extrait par les auteurs.)
" Le curare est un poison violent préparé par quelques-unes des peu-
plades, pour la plupart anthropophages, qui habitent les forêts voisines du
haut Orénoque, du Rio-Negro et de l'Amazone.
" Bien que ce poison soit déjà connu depuis longtemps, on n'a pas en-
core de notions précises sur la nature de la substance active qui entre dans
sa composition. Parmi les sauvages qui le vendent ou l'échangent, sa prépa-
ration reste secrète ; elle n'est connue que de leurs prêtres ou devins.
» D'après la relation de M. de Humboldt, le curare serait un extrait
aqueux d'une liane appartenant à la famille des Strychnées; suivant
MM. Boussingault et Roulin (pour plus de détail, voir le Mémoire de
MM. Boussingault et Roulin, ainsi que la l'elation de M. de Humboldt, dans
les Annales de Chimie et de hjsique, tome XXXIX, page a4 et 4o,
i" série), le curare contient une substance analogue à un alcali végétal, la
curarine. Les renseignements qui nous ont été transrais par M. Goudot
sont entièrement conformes à ceux que donne M. de Humboldt sur ce qui
regarde l'extrait aqueux d'une liane; seulement il ajoute, qu'avant que
l'extrait soit tout à fait sec, les Indiens de Messaya y laissent tomber quel-
ques gouttes de venin recueilli des vésicules des serpents les plus venimeux.
Il importe de faire remarquer cette dernière circonstance, parce que les
effets physiologiques du curare conduisent à regarder son mode d'action
comme tout à fait analogue à celui des venins.
» Le curare est une matière solide, noire, d'un aspect résineux, soluble
dans l'eau.
" Nous reviendrons ultérieurement sur les caractères chimiques de cette
C. R., i85o, a"» Semtttre. (T. XXXI, N» 16.) 7» '
(534)
substance. Nous exposerons d'abord ses propriétés physiologiques constatées
sur des animaux vivants.
>' IjC curare se rapproche du venin de la vipère par cette circonstance
déjà bien connue, qu'il peut être ingéré impunément dans le tube digestif de
l'homme et des animaux, tandis que, introduit, par une piqûre, sous la peau
ou dans une partie quelconque du corps, son absorption est constamment et
rapidement mortelle. Nous avons reproduit ce fait et nous nous sommes
assurés de son exactitude par un très-grand nombre d'expériences.
" L'action toxique du curare est instantanée lorsqu'il est injecté directe-
ment dans les vaisseaux sanguins. Une solution aqueuse faible de ce poison ,
poussée dans la veine jugulaire chez des chiens et chez des lapins, a constam-
ment déterminé une mort subite, sans que les animaux aient poussé aucun cri,
ni mauifestéaucune agitation convulsive. L'organisme est comme foudroyé, et
tous les caractères de fa vie s'évanouissent avec la rapidité de l'éclair. Quand
on introduit sous la peau le curare en solution ou en fragments solides, son
action funeste se manifeste plus lentement et avec une durée qui varie un
peu, suivant la qualité du poison, sa dose; suivant la taille de l'animal et
son espèce. Toutes choses égales d'ailleurs, les oiseaux meurent les premiers,
puis les mammifères, et ensuite les reptiles : mais toujours la mort survient
avec des symptômes semblables et très-singuliers. Aussitôt après la piqtlre,
l'animal n'éprouve rien d'apparent. Si c'est un oiseau, par exemple, il vole
comme à l'ordinaire, et au bout de quelques secondes, quand le curare est
très-actif, l'animal tombe mort sans pousser aucun cri et sans avoir paru souf-
frir. Les chiens et les lapins ne présentent, non plus, rien d'anormal aussitôt
après que le poison est déposé sous la peau ; seulement au bout de quelques
instants, comme s'ils se trouvaient fatigués, ils se couchent, et ont l'air de
s'endormir, puis leur respiration s'arrête, leur sensibilité et leur vie dispa-
raissent sans que les animaux aient poussé aucun cri ni manifesté aucune
douleur. A peine y a-t-il parfois de légèies contractions dans les muscles
peaussiers de la face et du corps.
>' En ouvrant immédiatement après la mort le corps des animaux ainsi
empoisonnés, nous avons constamment remarqué des phénomènes qui in-
diquent un anéantissement complet de toutes les propriétés du système
nerveux. En effet, généralement, chez les animaux, lorsque la cessation de
la vie est brusque, les nerfs conservent encore quelque temps la faculté de
réagir sous l'influence des excitants mécaniques ou chimiques. Si l'on excite
nu nerf de mouvement, ou voit survenir des convulsions dans les muscles,
auxquels il se rend; si l'on pince la peau, on donne lieu à ces mouve-
ments spéciaux, qu'on a désignés sous le nom de mouvements réflexes.
( 535 )
Après la mort par le curare , aucune de ces propriétés ne persiste. Sur ra-
nimai encore chaud et mort depuis une minute, les nerfs sont inertes comme
sur un animal qui serait froid et mort depuis longtemps.
» Enfin , après ce genre d'empoisonnement, le sang est constamment noir
et souvent altéré au point de se coaguler difficilement et de ne plus pouvoir
devenir rutilant au contact de l'air.
" Si nous rapprochons cette action du curare de celle du venin de la vi-
père, nous trouverons que les effets du curare offrent une grande analogie,
sauf l'intensité, avec les phénomènes que Fontana a abservés sur le sang et
le système nerveux des animaux morts par le venin de la vipère. Nous avons
dit de plus que le curare, comme le venin de la vipère, peut être introduit
impunément dans le canal intestinal. Cette dernière particularité doit nous
occuper actuellement.
» En voyant linnocuité si complète du curare quand il est introduit dans
l'estomac, on pouvait penser que ce poison était modifié, digéré, en un mot,
par les sucs gastriques, de telle façon que ses propriétés délétères étaient
détruites. C'est dans le but de vérifier cette supposition que nous avons
placé dans du suc gastrique de chien, pendant vingt-quatre ou quarante-
huit heures, du curare au bain-marie entre 38 et l\o degrés centigrades.
Après ce laps de temps, nous avons piqué des animaux avec ce suc gastrique
contenant du curare en dissolution; ces animaux sont morts comme à l'ordi-
naire; de sorte que nous avons pu constater ainsi que le contact du curare
avec le suc gastrique pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures n'avait
aucunement modifié ses propriétés délétères. Cette expérience a été souvent
répétée et variée de toutes les manières, en la produisant tantôt en dehors
de l'animal, tantôt sur l'animal vivant lui-même. Chez un chien , auquel nous
avions pratiqué une fistule à l'estomac, nous avons fait avaler des fragments
de curare avec ou sans les aliments, puis, en retirant au bout de quelque
temps du suc gastrique, nous' 1°. Que son innocuité, quand il est ingéré dans le canal intestinal, ne
peut pas être expliquée par une altération ou une digestion que le principe
toxique subirait, mais bien par une propriété spéciale de la membrane
muqueuse gastro-intestinale, qui se refuse à son absorption. »
CHIMIE. — Sur des combinaisons suijuriques et nitriques de la benzine et de
la naphtaline; par M. Auguste Laurent.
« Le dernier Mémoire de M. Piria sur l'acide sulfonaphtalidamique ,
m'engage à publier les travaux que j'ai faits sur le même sujet, mais en em-
ployant d'autres procédés.
" J'ai considéré la nitrobenzide, l'aniline, la nitronaphtaline et la naph^
( 538 )
talidam comme des dérivés, par substitution , de la benzine et de la naph-
taline, et devant, par conséquent, avoir plus ou moins d'analogie avec ces
derniers. On sait qu'en traitant la plupart d'entre eux par l'acide sulfurique,
on obtient les acides sulfobenzidique, sulfanilique, sulfonaphlalique , sulfo-
naphtalique nitré.
» Ces mêmes acides peuvent s'obtenir par d'autres procédés. Ainsi, en
traitant l'acide sulfonaphlalique par l'acide nitrique, il se forme de l'acide
sulfonaphtalique nitré SO», G'OH'X.
" Si l'on met ce dernier en contact avec le sulfure d'ammonium, on
obtient l'acide sulfonaphtalidamique SO', G'" H'' Ad.
" Celui-ci peut encore s'obtenir à l'aide de la carbamide naphtalidamique.
On chauffe légèrement celle-ci avec de l'acide sulfurique concentré ; il se
dégage immédiatement de l'acide carbonique, et la liqueur, étendue d'eau,
laisse déposer de l'acide sulfonaphtalidamique. On a
2S0*H^-+-C="H"'N*0 = 2SO»C'°H»N + GO'H*.
carbamide
En prolongeant l'action de l'acide nitrique sur l'acide sulfonaphtalique, on
obtient de l'acide sulfonaphtalique binitré, dont le sel ammoniacal, cristallisé
en belles aiguilles jaunes , renferme
SO»G"'H«X»-(-H='N.
Ce sel, traité par l'hydrogène sulfuré, laisse déposer du soufre, et il se
forme un nouvel acide nitré, qui paraît être l'acide sulfonaphtalidamique
nitré SO" G'«H«X Ad.
" Quoique l'on ne connaisse pas la naphialidam nitrée, je pense que
celte base se forme en traitant la naphtaline biiiitrée par l'hydrogène sul-
furé, car en faisant cette opération, j'ai obtenu un alcali rouge-carmin, et
fusant en vase clos sous l'influence de la chaleur.
.' On sait qu'en traitant la benzine successivement par l'acide nitrique ,
l'hydrogène sulfuré et l'acide sulfurique, on obtient de l'acide sulfanilique.
On peut encore obtenir ce dernier de la manière suivante :
» On fait bouillir l'acide sulfobenzidique avec de l'acide nitrique, et l'on
obtient d'abord un nouvel acide, dont le sel ammoniacal renferme
SO' G» H^ X -+- H» N.
C'est donc du sulfobenzidate nitré d'ammoniaque*
» En traitant ensuite ce dernier par l'hydrogène sulfuré, il se forme du
sulfanilate d'ammoniaque.
( 539 )
" En versant un peu d'acide nitrique dans du phtalate nilré d'ammo-
niaque, il se dépose un sel acide qui renferme
G»H'XO^-l-H»N + 2Aq.
En chaufîfant ce sel jusqu'à ce qu'il commence à e'ntrer en fusion, il perd de
l'eau et se transforme en phtalimide nitrée, qui renferme
C»H«XNO».
M. Demidoff transmet à l'Académie les observations météorologiques re-
cueillies à Nijné-Taguilsk pendant les mois d'octobre, novembre et décembre
1849, 3vec le résumé général de l'année.
M. Charles L. Bonaparte demande la parole pour montrer le nouvel
ouvrage de Gould (77ie Birds of Âsia), dont il a parlé dans une des der-
nières séances, à propos du nouveau genre Callacanthls . Ne l'ayant pas
trouvé dans la Bibliothèque de l'Institut , ni dans celle du .lard in des Plantes ,
il s'est empressé de le faire venir de Londres. Il le soumet à l'inspection de
l'Académie avec un double plaisir, ayant élé agréablement surpris par l'ar-
rivée du second Cahier qu'il ne connaissait pas, et qui contient dix-sept
espèces toutes intéressantes, mais une surtout qui enrichit la science d'un
second Sjrrhnptes, du Thibet , plus grand que celui déjà connu.
RAPPORTS
HCONOMIE RURALE. — Rapport sur un Mémoire de M. Rousseau, relatij à la
fabrication du sucre.
(Commissaires, MM. Thénard, Boussingault, Ptiyen rapporteur.)
" L'Académie nous a chargés d'examiner le Mémoire sur la fabrication
du sucre, présenté par M. Rousseau dans la séance du 29 juillet dernier, et
de lui en rendre compte. Nous venons remplir cette mission.
" Les procédés nouveaux qui ont pour but de perfectionner l'extraction du
sucre excitent toujours un vif intérêt. On le comprend sans peine, car celte
industrie, à la fois agricole et manufacturière, tend à élever la puissance du
.sol en France; elle développe le travail et répand d'utiles notions mécani-
ques et chimiques dans nos campagnes; elle exploite dans nos colonies le
principal produit des cultures. -
» L'importance de la fabrication du sucre est grande d'ailleurs , si on la
mesure à l'étendue des débouchés qui lui sont ouverts; notre marché inté-
( 54o )
rieur absorbe chaque année environ 120 millions de kilogrammes, et, dans
un avenir peu éloigné sans doute, la consommation du sucre doit s'accroître
beaucoup; elle pourrait même être triplée chez nous, si l'on en juge par les
progrès qu'elle a faits chez plusieurs nations voisines. Tous les moyens de
rendre les opérations moins chanceuses et les produits plus purs concou-
rent à ce but (i).
» Depuis quarante ans, nos habiles manufacturiers, au prix d'essais per-
sévérants, variés et dispendieux, ont introduit des perfectionnements re-
marquables dans les sucreries indigènes et dans les raffineries. Cependant il
reste encore des problèmes à résoudre et des progrès à faire en France , et
plus encore dans nos colonies; car on obtient seulement en moyenne les
0,6 du sucre que contient la betterave, et à peine les o,4 de la quantité,
presque double cependant, que renferme la canne; aussi les tentatives de
nos chimistes manufacturiers sont-elles en ce moment plus actives que ja-
mais, et Ion peut espérer que bientôt le produit de l'extraction en grand
s'approchera beaucoup des limites assignées par la science.
" Parmi lés circonstances qui offrent les plus graves obstacles à la réali-
sation du maximum de produit, on doit compter surtout la composition
très- complexe des jus de la betterave et de la canne à sucre; composition
instable, d'ailleurs, et variable, en outre, suivant la nature des sols, les sai-
sons et l'époque des récoltes.
» Fies principes immédiats qui engendrent des ferments , ceux qui déve-
loppent des substances coloi'ées ou visqueuses occasionnent souvent l'altéra-
tion du sucre et amènent encore une complication de phénomènes très-défa-
vorables pour son extraction. Un grand nombre de réactifs ont été essayés,
soit dans les laboratoires, soit dans les usines, pour séparer ces substances
nuisibles; mais deux seulement des agents chimiques sont restés dans la pra-
tique : la chaux hydratée, qui rend insolubles plusieurs matières albumi-
noides et pectiques, et le charbon d'os, qui enlève l'excès de la chaux, une
partie des substances colorantes et quelques autres matières étrangères.
» En 181 1, M. Barruel, chef des travaux chimiques de la Faculté de Mé-
decine, indiqua, dans une Note insérée au Moniteur^ l'emploi de l'acide
carbonique pour précipiter la chaux du jus de betteraves et déféqué, comme
(i) La consommation en Angleterre et en Ecosse est de i5 kilos par individu, ou quatre
fois et demie plus forte qu'en France; en Hollande, la consommation dépasse 8 kilos ou
deux fois et demie la quantité employée chez nous ; à Paris, on consomme 10 kilos par tète
ou trois fois plus que la moyenne de la consommation du sucre en France.
(54i )
;i l'ordinaire, avec environ 3 de chaux pour looo de jus. Plus tard, M. Bau-
drimont essaya l'application en grand d'un moyen analogue.
» En i833, M. Kulhman , de Lille , supposant que dans la défécation
usuelle toute la matière azotée du jus se trouve précipitée, mais qu'il y a tou-
jours combinaison d'une partie du sucre avec la chaux, proposa d'effectuer
la séparation de la chaux par un moyen qui lui parut plus prompt et plus
économique que l'emploi du charbon dos: c'était encore l'injection du gaz
acide carbonique dans le jus de betteraves, après la défécation habituelle.
» Plus tard, en i838, rappelant les expériences de M. Pelouze sur la
persistance des propriétés du sucre lorsqu'on vient à le dégager de sa com-
binaison avec la chaux, M. Kulhman, admettant d'ailleurs que la chaux
prévient l'absorption de l'oxygène dans les jus déféqués, émit la pensée que
l'on pourrait fonder un procédé de fabrication sur cette propriété conser-
vatrice du sucre, loin d'avoir à redouter l'influence de la chaux durant le
Iravail manufacturier; qu'en conséquence , il était convenable de faire subir
au sucre combiné avec la chaux , une grande partie des traitements néces-
saires pour sou extraction; qu'en opérant ainsi, Ion é(onomiserait le noir
animal, tout eu facilitant le travail des sucreries.
» Des essais furent entrepris d'après ces indications : on fit bouillir le jus
avec un excès de chaux (i5 pour looo) sans séparation complète des écu-
mes. Fia précipitation de la chaux par l'acide carbonique n'eut lieu qu'a-
près cette ébuUiiion ou l'évaporation partielle, et à la température de aS
à 3o degrés seulement.
» Si les résultats obtenus par ces moyens dans le laboratoire parurent
favorables, ils ne purent , toutefois, être réalisés en grand : aucune fabrique
en France n'adopta un mode d'opérer établi sur de pareilles bases.
» Les choses en étaient là, lorsque, vers la fin de 1848, M. Rousseau
s'occupa de monter en grand un procédé d'extraction du sucre, dont il
avait déterminé, par de longues recherches, les conditions principales de
succès, conditions bien différentes, comme on va le voir, de celles qui
avaient échoué précédemment.
» Il répéta ses essais sur de petites quantités de jus, en présence de
M. Caïl, l'un de nos plus habiles constructeurs d'appareils des sucreries, et
de M. Lequime, fabricant de sucre très-expérimenté.
" Ces messieurs acquirent aussitôt la conviction que le procédé nouveau
devait être avantageux ; ils n'hésitèrent pas à le mettre en pratique, et obtin-
rent des résultats favorables dès les premières opérations faites en gi and.
» Le procédé de M. Rousseau exige : 1° l'emploi d'un certain excès de
C. R., i85o, a"»» Semesire. (T. XXXI, N» 16.) 7^
( 542)
chaux à une température déterminée; i° la séparation des écumes et des
substances précipitées; 3° i élimination immédiate de la chaux unie au
sucre; 4° la filtration sur le charbon d'os en grains; 5° Tévaporation rapide,
la cristallisation et les clairçages par les voies ordinaires.
" Si l'on a pu croire, au premier abord, que ce procédé reproduisait les
moyens indiqués, soit en i833, soit en i848, bien que ceux-ci eussent
constamment échoué, tandis que le procédé nouveau réussit infailliiilement ;
eu y regardant de pins près, ou reconnaît sans peine les différences fonda-
mentales qui 1 s séparent.
" M. Rousseau explique dans son Mémoire les caractères qui distinguent
son procédé des moyens proposés antérieurement, et nous devons dire que
les recherches entreprises par nous pour vérifier les faits annoncés par
l'auteur, viennent à l'appui de ces faits et des explications qu'il en a
déduites.
» Nous croyons donc pouvoir établir nettement le.s différences, en rnon-
trant les causes d'insuccès des premiers moyens et les conditions essentielles
qui ont assuré la réussite du procédé nouveau.
" Le premier moyen indiqué par les prédécesseurs de M. Rousseau avait
évidemment pour but et pour résultat de séparer la chaux après une défé-
cation ordinaire, ou de remplacer, sous ce rapport, le noir animal par l'a-
cide carbonique. Mais on comprendra que cette substitution ne dut pas
être avantageuse, parce qu'elle ne mettait rien à la place des propriétés dé-
colorantes et dépuratives du charbon d'os.
» \je second moyen était inapplicable industriellement, car il offrait plu-
sieurs inconvénients graves sans compensation.
>< En effet : i''. La défécation incomplète laissait, dans le liquide troublf,
des substances organiques que l'acide carbonique remettait ultérieurement
en présence du sucre, puisqu'il les dégageait de leur combinaison avec la
chaux.
» a°. Les jus ou sirops contenant des sucrâtes de chaux, de potasse et <](■
soude, c(>s liquides eussent-ils même été limpides, ne pouvaient être éva-
porés, ni aussi vite, ni aussi facilement que la solution du sucre isolé de ses
combinaisons avec les bases.
» 3°. La température évidemment plus élevée et |)lus longtemps prolon-
gée de l'ébullition , devait déterminer, avec le concours d'une forte réaction
alcaline, l'altération profonde de plusieurs substances ternaires et azotées;
cette altération se manifestait par un dégagement de vapeurs ammonia-
cales et par le développement d'une odeur forte et d'une coloration brune;
( 543)
en supposant que le sucre lui-même fût resté intact, son extraction à l'état
de pureté était devenue plus difficile.
" 4°- En de telles circonstances, l'acide carbonique, employé pour sa-
turer la chaux, pouvait bien arrêter les progrès du mai, mais il était im-
puissant pour remédier aux altérations produites.
» Nous allons montrer maintenant que les conditions réunies dans le pro-
cédé de M. Rousseau sont tout autres, et qu'elles reposent sur des obser-
vations expérimentales nouvelles.
« M. Rousseau opère la défécation avec une quantité de chaux telle, que
non-seulement les substances ayant plus d'affinité pour cette base que le
sucre, mais encore celles qui en ont moins, et, par conséquent, le sucre
lui-même, paissent s'y combiner.
n II en résulte que le sucrate de chaux (i) reste dissous, tandis que les
substances étrangères sont séparées en plus fortes proportions que par la
défécation usuelle.
" Les expériences que nous avons faites sur les produits précipités par
des doses de chaux graduées, nous ont démontré qu'eu effi t plusieurs ma-
tières organiques différentes peuvent être ainsi enlevées successivement
au jus.
" Les conditions essentielles de la nouvelle défécation consistent à verser
la chaux hydratée en forte émulsion dans le jus de betterave préalablement
chauffé à 55 degrés centésimaux environ. I^a température s'élève en même
temps que la coagulation se prononce davantage (2); et, dès que le thermo-
mètre marque de 80 à 90 degrés, mais surtout avant que 1 ébullition com-
mence, on arrête le chauffage en fermant le robinet qui amenait la vapeur.
n On soutire alors au clair, et l'on sépare soigneusement, à l'aide d'une
filtration , toutes les matières floconneuses en suspension dans le liquide.
» Le suc filtré s'écoule directement dans une chaudière à double fond ,
(i) M. Rousseau a observé deux états de combinaison du sucre avec la chanx ; le com-
posé le plus saturé de base pourrait en céder une partie aux substances étrangères à préci-
piter.
(2) L'un des signes principaux d'une défécation complète par ce procédé , consiste dans
la décoloration et la clarification du liquide ; les doses de chaux qui produisent ces effets , tri-
ples ou quadruples de celles qu'on employait naguère , sont plus fortes encore au fur et à
mesure que la saison s'avance , tellement qu'elles doivent être parfois doublées vers la fin de
la campagne , c'est-à-dire trois mois après l'arrachage des betteraves.
72..
(544 )
où l'on procède aussitôt à la saturation de la chaux par le gaz acide carbo-
nique.
" D'abord une mousse volumineuse s'élève; mais, à mesure que la visco-
sité diminue par la décomposition des sucrâtes, la solution sucrée, devenue
plus fluide, laisse échapper le gaz comme s'il passait au travers de l'eau.
Ce changement guide l'ouvrier, qui arrête, au moment convenable, l'insul-
flation du gaz (i).
» Ouvrant alors le robinet de vapeur, on chauffe, par le double fond ,
le liquide , jusqu'à produire UTie ébullition que l'on soutient pendant quel-
ques minutes, afin de chasser l'acide carbonique en excès , et de compléter
la précipitation du carbonate de chaux.
» On verse le liquide sur un filtre chargé de charbon animal en grains ,
sans attendre que le carbonate de chaux se soit déposé, car ce carbonate
cristallin ne s'oppose pas à la filtration.
" Les opérations suivantes, évaporation , deuxième filtration sur le noir
et cuite, s'effectuent comme à l'ordinaire; seulement elles sont plus faciles
et plus promptes: caries sirops moins visqueux, mieux dépouillés de com-
posons calcaires et moins colorés, ne forment plus de mousse durant l'ébul-
lition, se rapprochent plus vite, à une moindre température, ne produisent
pas d'incrustations dans les chaudières, enfin exigent à peine les deux
tiers des quantités de noir qu'on emploie en suivant le procédé usuel.
" Quant aux sucres obtenus, ils sont plus blancs, doués d'une saveur
plus agréable, plus faciles à mettre chaque jour sous les formes usuelles de
pains clairoés, et livrables directement à la consommation au sortir des
fabriques.
» Les cristallisations successives , dites de deuxième , troisième , quatrième
et cinquième jets, sont moins embarrassées et se prolongent dans des sirops
qui, naguère, passaient aux mélasses, et donnent des produits faciles à
égoutter et purifier par les clairçages dans les appareils rotatifs.
(i) On comprend que la soude et la potasse restent dissoutes à l'état de carbonate dont
l'alcalinité réagit sur plusieurs matières organiques azotées et non azotées , en proiluisant
les effets défavorables indiqués plus haut. M. Rousseau peut faire disparaître presque com-
plètement cette cause d'altération ; il indique dans ce but l'addition de l'ammoniaque vers la
fin de l'insufflation de l'acide carbonique. Il se forme du carbonate d'ammoniaque qui, aus-
sitôt décomposé par les sels calcaires à acides organiques, laisse dégager l'ammoniaque et for-
mer du carbonate de chaux ; aussitôt aussi les acides organiques , s'unissant à la potasse et à la
soude, détruisent presque toute alcalinité.
( 545 )
» En présence de ces faits, peut- on conclure que le procédé nouveau
donnera plus de sucre et sera plus économique que les procédés suivis jus-
qu'alors? Gela paraît très-probable, pourvu qu'on ait le soin d'extraire la
plus grande partie du sucre engagé dans les écumes; car un égal volume de
sirop donnera des cristaux plus abondants, on consommera moins de noir
animal , les appareils évaporatoires fonctionneront mieux , exigeront beau-
coup moins de nettoyages ; la faible dépense pour l'acide carbonique (i 5 cen-
times par hectolitre de jus\ et l'excès de chaux (5 centimes environ),
seront très-largement compensés par la diminution des autres frais.
>• A cet égard , les noms des habiles manufacturiers qui, après avoir vérifié
les faits dont nous avons nous-mêmes été témoins chez M. Lequime, ont
adopté cette méthode, présentent la meilleure garantie d'une exacte appré-
ciation.
» Nous pouvons citer, en premier lieu, iWM. Bernard frères, de Santés,
et M. Tilloy, de Gourrières (Nord). L'exemple qu'ils ont donné l'année der-
nière a été suivi par M. Hébert et MM. Rhem frères, de la Basse-Yute
(Moselle), par M. Glovis Godin, de Guincy (Nord), et M. Alexandre Perier,
de Flavy (Aisne). Plusieurs propriétaires de vastes exploitations agricoles et
de sucreries à l'étranger, après s'être rendu compte des résultats obtenus
en France, ont transporté chez eux les appareils de MM. Gaïl et Chéilus pour
appliquer le système Rousseau. Ce sont notamment : en Russie, M. le comte
de Bobrinsky et M. Potoki; aux environs de Varsovie, M. Raut. Plusieurs
directeurs de sucreries coloniales ont la conviction que ces appareils sont
utilement applicables chez eux. MM. Zuluetta, de la Havane, et Robin, de
la Réunion, s'occupent de les installer dans leurs habitations; nous saurons
donc bientôt à quoi nous en tenir relativement à l'application du procédé
aux jus des cannes à sucre , et dans des conditions différentes de celles qui se
rencontrent en France.
» Dès aujourd'hui, nous pensons pouvoir dire qu'en introduisant dans la
sucrerie indigène une méthode nouvelle dont nous venons d'exposer les heu-
reux résultats, M. Rousseau a fait faire un progrès à l'extraction du sucre;
qu'il a rendu un service digne de fixer l'attention de l'Académie et qui mérite
son approbation. »
r^es conclusions de ce Rapport sont adoptées.
M. Payen dépose sur le bureau une Lettre de M. Tréboul qui lui avait
été renvoyée pour en rendre compte à l'Académie. I/auteur de la Lettre
n'ayant pas fait connaître son procédé, il n'y a pas lieu de faire de Rapport.
(54G)
MËiYIOIRES LUS.
CHIMIE. — Mémoire sur la distillation du mercure par la vapeur d'eau
surchaujfée ; par M. Violette. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze, Berthier. )
1 Le nouveau procédé de distillatiou du mercure consiste à plonger la
masse à distiller dans un courant de vapeur d'eau surchauffée à la tempéra-
ture de 35o à 4oo degrés centigrades; la vapeur agit à la fois comme agent
calorifique et agent mécanique; elle chauffe d'abord le métal jusqu'à pro-
voquer la distillation, puis cliasse devant elle et entraîne les vapeurs mercu-
rielles, dont elle facilite le renouvellement; elle hâte la distillation, comme
un courant d'air chaud facilite l'évaporation de l'eau ; les vapeurs aqueuses,
chargées des vapeurs raercurielles, sont condensées ensemble dans un réfri-
gérant ordinaire; le métal se sépare et gagne le fond du récipient, tandis
que l'eau condensée s'écoule à la partie supérieure. C'est chose assez cu-
rieuse d'observer le filet liquide qui s'écoide du réfrigérant; on y distingue
deux courants ou Jeux filets, lun supérieur qui est l'eau, et, au-dessous, le
filet mercuriel; c'est un courant continu de l'une et de l'autre substance. Il
ne se produit aucun soubresaut, et l'opération se passe aussi tranquillement
et aussi facilement que lorsqu'il s'agit de la distillation de l'eau ordinaire.
" L'appareil qui m'a servi dans toutes mes expériences se compose :
\° d'une cornue cylindrique en fonte recevant le récipient qui contient le
mercure; a° d'un serpentin en fer surmontant le foyer qui le chauffe; la va-
peur d'eau circule dans le serpentin , s'y chauffe au degré convenable, entre
dans la cornue, la traverse d'une extrémité à l'autre en immergeant le mer-
cure, et s'échappe, avec les vapeurs mercurielles, pour aller se condenser
l'une et l'autre dans un réfrigérant. »
Dans une série de tableaux l'auteur relate les résultats qu'il a obtenus dans
une suite d'expériences relatives à la distillation du mercure seul ou amal-
gamé; il indique les quantités de vapeur nécessaires, et fait ressortir les
avantages économiques du nouveau procédé qu'il résume ainsi :
" 1°. Facilité de l'opération. On substitue simplement l'ébuUition et la
distillation de l'eau à l'ébuUition et à la distillation difficile (;t dangereuse du
mercure; plus de gêne dans la conduite du feu, plus de crainte de brise-
ment de l'appareil, plus de difficulté po'.ir enlever le métal, plus d'usure
notable de la cornue; température constante et déterminée, et bien infé-
rieure à la température rouge ordinairement employée.
( 547)
'< 2°. Économie de main-d'œuvre. Un ouvrier peut conduire, à lui seul ,
un appareil de distillation charfjé de looo kilogrammes d'amalgame; le nou-
veau procédé se prête aux plus grandes dimensions.
» 3°. Économie de combustible. Elle est certaine , et la pratique seule en
donnera la valeur; on ne dépensera pas un excès de combustible inutile, puis-
qu'on ne chauffera pas au delà de la température nécessaire suffisante à la
distillation du métal.
n 4°- Economie de mercure. La dislillation de loo d'amalgame argenti-
fère détermine la perte de a kilogrammes de mercure. On produit et l'on
distille annuellement 6 millions de kilogrammes d'argent amalgamé; c'est
donc une perte de 120,000 kilogrammes de mercure, valant au moins i mil-
lion de francs, que le nouveau procédé permet d'éviter.
" 5°. Salubrité publique. Dans le nouveau procédé il n'y a pas de perre
de mercure; les vapeurs mercurielles s'éteignent dans la vapeur d'eau et se
condensent avec elle; de plus, dans le mode ordinaire, la vapeur mercu-
rielle remplit encore tout l'appareil, lorsqu'on ouvre ce dernier à la fin de
l'opération, et se répand dans l'air, tandis que, dans !e nouveau mode, la
vapeur a balayé de l'appareil toute vapeur métallique, et l'ouverture en est
sans danger. Ainsi la garantie est complète, et l'emploi de la vapeur d'eau
surchauffée semble avoir résolu le problème longtemps cherché de préser-
ver complètement les ouvrieiis des atteintes mortelles du mercure dans les
nombreuses et importantes industries qui ont à distiller ce métal. "
CHIMIE AGRICOLE. — De l'i/ifluencc que peuvent exercer diverses matières
salines sur le rendement du Sainfoin {eape'riences Jaites en 1849 et
en i85o); par M. Isidore Pierre. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Boussingault, de Gasparin, Payen.)
« L'action d'une substance quelconque employée comme engrais sur une
prairie naturelle, doit être considérée comme la résultante des actions par-
tielles de cette substance sur chacune des plantes qui composent la prai-
rie. Pour pouvoir se rendre compte d'une manière absolue, au point de
vue théorique ou scientifique, du résultat d'expériences faites dans cette
direction, il faudrait donc pouvoir se rendre compte de chacun de ces
effets partiels, ce qui, dans l'état actuel de nos connaissances agricoles,
offrirait d'assez grandes difficultés.
>' liCs prairies artificielles , à raison de la simplicité de leur composition
( 548)
au point de vue botanique, se prêtent beaucoup mieux à ces sortes d'essais;
c'est ce qui m'a conduit à les choisir d'abord plus spécialement pour objet
de mes études.
» Les quelques essais dont je viens aujourd'hui soumettre les résultats au
jufjement de l'Académie, ont porté exclusivement sur le Sainfoin, sur la
variété vulgairement désignée sous le nom de grande graine ou de Sainfoin
à deux coupes.
« J'ai donné, dans mon Mémoire, quelques détails sur les cultures qui
ont précédé la mise en prairie artificielle et sur la manière dont les essais
ont été conduits. .J'y donne aussi une idée de la disposition des quarante-huit
parcelles sur lesquelles ont porté mes expériences et le tableau numérique
des résultats obtenus sur quatre coupes successives du Sainfoin, comprenant
deux années d'expériences.
» Les matières salines que nous avons employées dans ces essais sont les
suivantes :
» i" Carbonate de soude; i° carbonate de potasse; 3° sulfate de soude;
4° sulfate de potasse; 5° sel ammoniac; 6° nitrate de potasse; 7° nitrate
d'ammoniaque; 8" sel marin; 9" plâtre cuit; 10° plâtre cuit additionné de
sel à diverses doses; 11° plâtre cru; \i° plâtre cru additionné de sel à di-
verses doses.
•' Ces diverses substances ont éprouvé, dans leur manière d'agir sur les
coupes successives de fourrage, des variations relatives, par suite desquelles
leur classement par ordre d'efficacité ne serait pas le même, s'il était fait
d'après les résultats obtenus sur l'ensemble des quatre coupes, ou d'après
les résultats fournis par telle ou telle coupe du Sainfoin,
>> Il y a, sous ce rapport, des déclassements assez remarquables dont il
peut être intéressant de suivre la marche, en passant d'une récolte à une
autre.
>) Pour faciliter l'étude de ces déclassements, nous les avons représentés
dans un tableau synoptique qui permettra de les embrasser d'un seul coup
d'oeil {voj-ez le tableau, page 55o).
» Les matières dont on voit l'énumération dans le tableau qui suif,
peuvent être divisées en quatre catégories :
« 1°. Celles qui ont agi et produit une augmentation de rendement sur
les quatre coupes successives du Sainfoin ;
» 2°. Celles qui ont produit une augmentation de rendement, sur une ou
plusieurs coupes successives, sans produire de diminution sur les suivantes ;
( 549 )
» 3°. Celles qui , après avoir agi favorablement sur une ou plusieurs cou-
pes, ont produit ensuite sur les autres une dinainution;
« 4°- Enfin , celles qui ont agi défavorablement sur toutes les coupes.
" Il résulte de l'ensemble des faits consignés dans mon Mémoire, que
certaines substances dispendieuses, comme les nitrates de potasse et d'am-
moniaque, peuvent être cependant d'un emploi avantageux, tandis que
d'autres, comme le sel et le carbonate de soude, ne peuvent guère être em-
ployées sans perte sur le Sainfoin, malgré leur bas prix, du moins dans les
circonstances où nous nous sommes placé.
» On trouve aussi que le sel ammoniac, bien que procurant un excédant
notable de récolte, ne peut être conseillé dans l'état actuel des choses, d'a-
près nos essais, parce que son prix élevé entraîne à des avances qui ne sont
pas suffisamment couvei'tes par lexcédant de recette qui résulte de son
emploi.
» Relativement à l'emploi du plâtre, nos essais ont donné au plâtre cru
l'avantage sur le plâtre cuit à dose égale. Cet avantage paraît se confirmer
chaque jour, et les résultats d'essais nouveaux entrepris cette année, soit par
des cultivateurs des départements de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne,
soit par nous-même. dans le Calvados, sont à peu près unanimes sur ce
point.
>' Le plâtre cru ne diffère du plâtre cuit, comme on le sait depuis long-
temps, que par lo ou II pour loo d'eau qu'il renferme de moins que ce
dernier; il est, par conséquent, moins riche que lui en plâtre réel. L'expli-
cation scientifique du fait de cette supériorité, si sa confirmation devient
générale, est une de celles qu'il serait peut-être prématuré d'entreprendre
aujourd'hui.
» Les proportions que nous avons adoptées, pour la plupart de nos sub-
stances, ont quelque chose d'un peu arbitraire. D'autres expériences pour-
ront décider quelles sont les proportions dont l'emploi produirait les effets
les plus avantageux. De même, l'expérience seule pourra faire la part d'in-
fluence que peuvent avoir sur les résultats les diverses circonstances , qui
dépendent du climat et de la nature du terrain; l'expérience seule aussi
pourra nous renseigner sur l'influence comparative que toutes ces substances
exerceront sur les récoltes subséquentes d'une prairie artificielle soumise à
leur action pendant plusieurs années, et sur les récoltes qui viendront en-
suite remplacer cette prairie artificielle. »
G.K., iSSo.a-ne Semestre. (T. XXXI, IN» 16.)
73
( 55o )
DB«IGNATIO!( DES SUBSTANCES.
Plâtre cru . .
Carbonate de potasse. .
Plâtre cuit
Sel
Sulfate de soude
Nitrate de potasse
Sulfate de soude
Nitrate d'ammoniaque.
Sulfate de potasse
Plâtre cuit
Sel
Sel ammoniac
Nitrate de potasse
Sulfate de potasse
Sel marin
Nitrate d'ammoniaque
Plâtre cuit
Carbonate de soude. . . .
Carbonate de potasse..
Sel marin.
Sel ammoniac
Sel marin
Carbonate de soude, . .
Plâtre cru
Sel
Plâtre cru
Sel.. .
DOSE
par
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N'ont pu
Je démontrerai aussi qu'à l'aide du chloroforme, on peut déceler des
traces d'iode, et j'indiquerai les avantages que ce moyen offre sur les essais
par l'amidon.
» Ce premier travail développe et confirme l'un des faits énoncés dans
un paquet cacheté que j'ai adressé à l'Académie le 20 mai 1848, et dont elle
a bien voulu accepter le dépôt. »
PALÉONTOLOGIE. — Note zoologique et paléontologique sur les Mammijeres
ongulés de France; par M. Paul Gervais.
» De tous les résultats auxquels donne lieu l'étude de nos Mammifères
fossiles comparés aux vivants, les plus remarquables sont peut-être fournis
par les Ongulés, c'est-à-dire par les Proboscidiens , les Pachydermes herbi-
vores, les Pachydermes omnivores et les Ruminants.
» I. Ainsi la paléontologie nous fait connaître l'ancienne existence
sur le sol de la France de huit espèces de Pmboscidiens, toutes éteintes.
Ces espèces appartiennent aux trois genres ; Elephas, Mastodon et Dino-
therium.
» a. Les Pachydermes herbivores sont plus nombreux; on en compte
quarante-neuf ou cinquante espèces bien recotmues, mais toutes ces espèces,
sauf l'Ane et le Cheval, manquent à la nature actuelle. Leurs geni-es sont les
( 55.3 )
suivants : Rhinocéros, Tapiriis, Listriodon, Coryphodon, Lophiodon, Pa-
chjnolophus , Lophiotherium, Tapiruliis, Propalœotherium, Palœotherium
Paloplotherium, Anchitherium, Hipparion , Equus.
» 3. Los Pachydermes omnivores, dont l'astragale est un osselet, et qui se
rapprochent de plus en plus des Ruminants, sont au nombre de trente-cinq
espèces, dont le Sanglier et le Cochon ont seuls survécu. fiCurs espèces
éteintes appartionneiit aux genres: /^dapis, Entelodon, Palœochœrus , Cyclo-
gnathus, Cfiœromorns (i), Sus, Hippopotamus , Anthracotherium , Hjopo-
tamus, Chœropotamus , Hjracotherium (a), Eurjtheriumi?)), Dichobune,
Acotheridum, Chnlicotherium, Anoplotheriwn, A phelotherium (4), Caino-
theriwn et Xiphodon.
« 4- Ruminants : environ cinquante espèces, dont onze vivent encore en
France à l'état sauvage ou domestique; trois sont détruites dans notre pays,
mais existent encore dans d'autres parties de l'Europe (Renne, Élan, An-
lochs), et trente-six sont éteintes. Les genres de ces dernières sont les sui-
vants : Camelus (5), Amphitragulus, Moschus, Cerviis et plusieurs de ses
divisions, Camelopardalis , Antilope, Dremotherium, Ovis, Ihex et Bos.
» En résumé, on peut porter à cent quarante-trois ou cent quarante-cinq
le nombre des Proboscidiens, Pachydermes divers et Ruminants actuellement
connus qui vivent ou ont vécu sur le sol de la France. Cent vingt-cinq ou
cent vingt-sept de ces espèces, c'est-à-dire les |, n'existent plus dans la nature
actuelle; ces cent vingt-sept espèces forment à elles seules la moitié du
nombre total des Mammifères éteints que l'on a observés jusqu'à présent en
France. 11 serait facile d'en élever le chiffre, ainsi que celui des espèces
propres aux autres groupes de la même classe, en y ajoutant dès à présent
celles qui n'ont encore été observées ou décrites que d'une manière insuffi-
(i) Établi par M. Lartet pour une espèce fossile à Sansan (Gers), que je crois être la
même que V Anthracotherium minimum de Haute-Vignes (Lot-et-Garonne).
(2) Fossile à Passy, près Paris, avec le Lophiodon parisiense et le Pachynolophus Duualii.
(3) Nom que je donne à l'animal à pieds trapus, dont j'ai signalé des débris dans les lignites
de la Debruge, près Apt. [Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des
Sciences, t. XXX, p. 602.)
(4) A. Duvernoyi, Gerv. Petit pachyderme grand comme le Daman et le Cajnotherium, à
dents inférieures semblables à celles de ce dernier et de l'AnopIotherium par la disposition ,
mais s'en distinguant par les collines obliques et tapiroïdcs des arrière-molaires.
(5) Fossile dans le diluvium des environs de Reims, d'après un renseignement que je dois
à M. Laurillard.
( 554 )
santé. Cette addition ne chan^fcrait pas la seconde proportion que je viens
d'indiquer.
» C'est donc un fait bien constaté que la grande abondance des Ongulés sur
la région naturelle du globe à laquelle appartient la France, tandis que les
Edentés, si multipliés en Amérique, et les Marsupiaux, exclusivement amé-
ricains ou australasiens, sont très-peu nombreux dans les anciennes faunes
de l'Europe et manquent entièrement à sa population récente.
" Cette étude de nos Ongulés, que je viens de terminer pour mon ouvrage
sur la Zoologieet la Paléontologie de la France, donne lieu à une autre re-
marque importante pour la zoologie générale,
» A mesure que l'on s'élève dans la série des terrains, et, par suite, à
mesure que l'on se rapproche des temps géologiques modernes, on constate
que les Ruminants , d'abord nuls ou fort peu variés, deviennent plus nom-
breux et de formes plus diverses, et qu'ils sont en même temps plus sem-
blables par leurs genres et par leurs espèces aux genres actuels, soit sauvages,
soit domestiques. Au contraire, les Pachydermes herbivores sont moins
abondants, mais ils sont aussi plus semblables à ceux d'aujourd'hui. Aux
Goryphodons, aux Lophiodons, aux Palaeotheriums, aux Hipparions, etc.,
succèdent les Rhinocéros, les Tapirs, et enfin les Chevaux. Les Chœropo-
tames, les Hyopotames, les Entélodons, les Palaeochaerns, les Anthracothe-
rium, les Hyracotherium, les Anoplotheriums, etc., sont remplacés par des
Sangliers ou sous-genres voisins des Sangliers, et par des Hippopotames.
Pendant les premiers âges de la série des formations post-crétacées, les Xi-
phodons, Cainotherium, Acotherulum, etc., avaient suppléé au manque ou
à la rareté des Ruminants. Enfin les genres Bœuf, Chèvre , Mouton et Cha-
meau, c'est-à-dire ceux du groupe des Ruminants qui nous ont fourni nos
espèces domestiques les plus précieuses, n'ont pas encore été observés, avec
certitude du moins, dans les dépôts antérieurs à la période pleistocène.
Aucun des gisements qui nous ont transmis les débris des Mammifères propres
aux cinq ou six populations tertiaires, n'en a encore fourni de traces évidentes,
et la même remarque est applicable au genre Cheval. «
M. Isidore Geoffroy- Saint-Hilaire, en présentant la Note de M. Gervais,
fait remarquer que l'un des résultats énoncés par l'auteur peut être rendu
beaucoup plus remarquable encore. En réalité, le groupe des Pachydermes
herbivores n'a, comme celui des Proboscidiens , aucun représentant vraiment
indigène parmi les animaux actuels; car le Cheval et l'Ane, les seuls Pachy-
dermes herbivores que nous possédions, sont tous deux issus d'espèces essen-
( 555 )
tielleineiit asiatiques. Parmi les Pachydermes omnivores, on peut de même
écarter le Cochon qui n'est qu'une variété domestique soit du Sanglier or-
dinaire, soit du Sanfjlier de l'Inde (question qu'il n'y a pas lieu de discuter
ici). Bnfin, parmi les Ruminants, M. Gervais ne trouve onze espèces qu'en
comptant plusieurs animaux orifjinairement étrangers à la France, savoir les
Ruminants domestiques, qui nous sont tous venus de l'Orient (même le Bœuf,
dit M. Geoffroy-Saint-Hilaire), et une espèce sauvage, le Daim, également
importé de l'Orient sur notre sol. En retranchant ces animaux, il reste sept
espèces; et encore peut-on placer dans une catégorie toute spéciale le Mouflon
et le Cerf de Corse , qui n'existent pas sur le sol continental de la France , et
mêmn le Chamois et les deux Bouquetins qui ne se trouvent que sur quelques
cimes de nos Alpes et de nos Pyrénées.
Si l'on fait toutes ces éliminations successives, on voit que, sur ce même sol
où l'on a découvert les restes d'environ cent trente espèces, le groupe des
Mammifères ongulés ne compte plus que trois représentants essentiellement
indigènes. Ces trois représentants sont le Sanglier, le Cerf et le Chevreuil.
MEDECINE. — Note sur un mode d'altération de la matière séminale;
par M. Demeaux.
(Commissaires, MM. Velpeau, Lallemand.)
ASTRONOMIE. — Mémoire sur le calcul des réfractions astronomiques
d'après l'observation des hauteurs de la lune; par M. Robert Lefebvre.
(Commissaires, MM. Biot, Liouville, Laugier.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique demande à l'Académie de vouloir
bien lui faire connaître son avis sur une proposition qui vient de lui être
communiquée par M. Kupffer, directeur de l'observatoire physique de
Saint-Pétersbourg.
M. Kupffer, occupé depuis plusieurs années à réunir des données pré-
cises pour la climatologie de l'Europe , a obtenu du gouvernement Russe
la création d'un réseau de stations météorologiques qui couvre toute la sur-
face de l'empire de Russie. Les observations, faites avec des instruments
comparés et d'une manière uniforme, sont publiées annuellement dans tous
( 556 )
leurs détails , et livrées ainsi à l'usafje des météorologistes de tous les pays.
Des stations semblables ont été établies en Angleterre et dans ses colonies .
ainsi que dans une grande partie de l'Allemagne; et la publication des résul-
tats qu'on y obtient se fait avec la même régularité.
" Il n'existe en France qu'un trop petit nombre de points où l'on recueille
des observations de cette nature, et, dans l'intérêt de la science, M. Rupffer
voudrait, i° que le gouvernement français établît, en nombre suffisant (trente
ou quarante, par exemple), des stations météorologiques auprès des lycées
et collèges, dont les professeurs de physique montrent le plus de zèle, en
leur fournissant les instruments nécessaires; a° que les observations recueil-
lies fussent publiées annuellement.
La Lettre de M. le Ministre est renvoyée à une Commission composée de
MIVÎ. Arago, Pouillet, Regnault et Duperrey.
M. le Ministre de l'Instrcctioiv publique prie l'Académie de vouloir bien
hâter le Rapport de la Commission chargée d'examiner un travail de
M. Boissy relatif à la direction des aérostats.
M. le MiiNiSTHE DE L Agriculture et du Commerce envoie à l'Académie
des billets pour l'exposition du concours national agricole qui a lieu à
Versailles.
ASTRONOMIE. — Eléments de l'orbite de la planète récemment découverte
par M. Hind ; par M. Yvoiv Villarceau.
" Les éléments que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie sont basés
sur sept observations faites du 1 3 au 3o septembre. Les deux premières ont
été communiquées par M. Hind, les cinq autres sont des observations méri
diennes faites à l'Observatoire de Paris. Quoiqu'un intervalle de i-j jours soit
insuffisant pour déterminer avec précision les éléments de l'orbite des nou-
velles petites planètes, il n'est cependant pas sans intérêt d'en obtenir une
première approximation, surtout lorsque l'état du ciel empêche pendant
longtemps d'observer une planète récemment découverte. J'ai retardé jus-
qu'ici la présentation du résultat de mes calculs, espérant pouvoir le cor-
riger au moyen de nouvelles observations; mais il a été impossible d'en faire
une seule depuis le 3o septembre.
( 537 )
Eléments de ta troisième planète de M. Hind.
Anomalie moyenne le 1 3, 5 sept. i85o, t. m. de Paris. SS^So' o",4
Longitude du périhélie 3o2. 9.48,0 | compté del'équin.
Longitude du nœud ascendant 235. 21. 3 1 ,6 ) moy. du 1 3,5 sept.
Inclinaison . ■ • • 8.24. 1 1 , 7
Angle (sin =: excentricité) 12.26.47 , 3
Demi-grand axe (log ^ 0,367 7^43) 2,332 3o
D'où il suit :
Durée de la révolution sidérale 3'"",56i 862
Moyen mouvement héliocentrique diurne 99^"» '^^ 3
Excentricité o,2i5 5276
" Ces éléments montrent que la nouvelle planète appartient à la catégorie
lie celles qui circulent entre les orbites de Mars et de Jupiter. La compa-
raison avec les observations que nous joifjnons ici, nous porte à croire qu'on
retrouvera sans peine le nouvel astre, lorsque les mauvais temps auront
cessé.
Comparaison des éléments précédents avec les observations.
LIEU DE l'observation.
DATE,
temps moyen
de l'aris ,
1830.
ASCESS. DROITE.
DÉCLINAISON.
OBSERV. — CALCBI..
en M
réduit.
en
déclin.
Londres; équatorial..
Londres ; équatorial. .
Paris ; méridien
Id
Sept. i3,485 39
14,359 56
17,496 70
18,493 40
21,483 53
25,470 45
30,454 32
0 / Il
356. 1 1 . 16,2
356. 0.38,4
355.21 .3i ,5
355. 9.12,3
354.32.48,6
353.46. 4,2
352.52.18,5
■+• '4- 6.42,9
+ 13.59.29,3
+ 1 3 . 3 1 . 20 , 7
-+■ i3.2i.56,8
+ 12.52.33,6
+ 12.10.59,5
+ 11.16.32,9
— 1.7
+ 5,9
— 2,2
— 2,7
-{- 1,2
+ 2,2
— '»9
— 4.9
+ 4,3
- >,3
- 1,3
+ 0,8
+ 0,2
— 0,0
Id
Id
Id
•' Nos éléments représentent, comme on le voit, les observations aussi
bien que possible. La discordance évidente des deux observations faites à
I équatorial peut avoir exercé une influence sensible sur les résultats, et em-
pêché Taccord des observations méridiennes d'être ()liis satisfaisant- »
M. le D'' BiLLOo envoie, pour le concours des prix de Médecine et do
Chirurgie, une Note sur un instrument de son invention destiné à l'alimen-
tation des aliénés.
C. fi., i85o, a"" Semestre. (T. XXXI, N» 16.) 74
é
( 558 )
MM. BuovoESEz Sandera , Fromage et Loiseau adressent chacun une Note
sur la direction des aérostats.
M. Bbacuet envoie un extrait de l'ouvrage de Borelli pour démontrer
l'impossibilité de diriger les aérostats.
M. Emile Tabarié dépose un paquet cacheté.
L'Académie en accepte le dépôt.
La séance est levée à 5 heures. A.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
[j' Académie a reçu, dans la séance du 7 octobre i85o, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Scienca;
2"" semestre i85o ; n" \l\; in-4".
Bulletin de l' Académie nationale de Médecine; tome XV; n° il\; 3o sep-
tembre i85o; in-8°.
Recueil des travaux de la Société médicale d'émulation de Paris, suite des
Mémoires et des Bulletins; \" fascicule du tome XXX de la collection.
Paris, i85o; broch. in-8°.
Annales de la Société centrale d'Horticulture de France; volume WA,
septembre i85o; in-8°.
Compte rendu des travaux de la Commission de souscription pour le monu-
ment de Larrey érigé au Val-de-Grâce, le 8 août r85o. Paris, i85o; bro-
chure 111-8°.
Extrait des matériaux recueillis à la magnanerie expérimentale de Sainte-
Tulle, près Manosque, pendant la campagne séricole de i85o, sur les maladies
des vers à soie et sur la recherclie des moyens d'améliorer leurs races; par
M. GuÉRiN-MiiiNEViLLE. (Extrait de la Revue et Magasin de Zoologie; août
i85o,n°8.) Broch. in-8°.
Observations exceptionnelles de taille et de lithotritie, suivies d'un fait d'exci-
sion d'une exubérance du col utérin, pratiquée avec succès sur une jeune file
vierge; par M. 3.-3. Cazenave. Paris, i85o; broch. in-8°.
Analyse chimique de l'eau minérale sulfureuse alcaline, iodurée et broniurée
de Marlioz, près d'Aix en Savoie; par M. Joseph Bonjean. Chambéry, i85o;
broch. in-8".
( 559 )
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer; n" 7; 1" octobre i85o; in-8°.
Revue thérapeutique du Midi. —, Journal de Médecine , de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques; par M. le D' FuSTER; n° 18; 3o septembre i85oj in-8''.
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. MagnE; n° 19; j*' oc-
tobre i85o; tome III; ia-S".
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des lettres et des Beaux- Arts de
Belgique; n" 8, tome XVII; in-8°.
Mémorial. . . Mémorial des Ingénieurs; 5* année; n° 8; août i85o; iu-8".
Astronomische, . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n°' 732
et 733.
Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université et de l'Académie royale de
Gottingue; n° i4; i" octobre i85o; in-S".
Gazette médicale de Paris; n° 4o.
Gazette des Hôpitaux; n°' 1 16 à 118.
L'Abeille médicale; n° 19.
Le Brevet d'invention; 4® année ; n° 6.
I/Académiea reçu, dans la séance du i4 octobre i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
2""^ semestre i85o; n° i5; in-4°.
Annales de Chimie et de Physique, par MM. Gay-LussaC, Arago, Che-
vREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault et Regnault; 3* série, t. XXX;
octobre i85o; in-8°.
Annales des Sciences naturelles; rédigées par MM. MiLNE Edwards,
Ad. Brongniart et J. Decaisne; 3* série; 7* année; mars i85o; in-S".
Du ricin, considéré sous tous ses rapports, et principalement comme plante
textile; par M. MATTHIEU BoNAFOUS; broch. in-8°.
Notice sur le granit du ballon de Guebwiller et sur la serpentine d'Odern,
vallée de Saint- Amarin [Haut-Rhin); par M. Ed. Collomb; broch. in-8''.
(Extrait du Bulletin de la Société géologique de France; 2* série; tome VII;
page 291 , séance du 4 mars i85o.)
Recherche de la vérité, ouvrage philosophique ; par M. Gaspard Tuyssus,
de Constantiuople. Gonstantinople, i85o; broch. in-8''.
( 56o )
Société fraternelle des Protes des Imprimeries ty'pogrnphiques de Paris.
Discours prononcé par M. E. DuvERGER, le 5 mai i85o; broch. in-8°.
Compte rendu des travaux de la Commission de souscription pour le monu-
ment de [iARREY, érigé au Val-de-Grâce le 8 août i85o. (Offert par la Com-
mission.)
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; n° lo; oc-
tobre i85o; in-S".
L' Agriculteur praticien, Revue d' Agriculture , de Jardinage et d'Economie
rurale et domestique, publié sous la direction de MM. F. Malepeyre , G. Heuzé
et BOSSIN; 12* année; n° i33; octobre i85o; in-8°.
Transactions. . . Transactions de la Société royale d' Edimbourg ; vol. XIX,
2* partie; et vol. XX, i'* partie ; in-4°-
Proceedings . . • Bulletin de la Société royale d'Edimbourg ; vol. Il, n°' 35
à 39; in -8°.
Report. . . Rapport adressé au général sir Th. Makd. Brisbane, sur la pu-
blication dans les Transactions de la Société royale d' Edimbourg de ses obser-
vations faites à l'observatoire de Makersttun; par M. .1. Allan Broun. Edim-
bourg, i85o; broch. in-4°.
Gazette médicale de Paris; n° 4' •
Gazette des Hôpitaux; n°' 1 19 à lai.
Réforme agricole; n° 24
Les Alpes; n° 7.
EHRATA.
(Séance du 16 septembre i85o.)
Page 397, ligne i5, «ta lieu de périxillaires , lisez périxylaires.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIEINCES.
- » n[an
SÉANCE DU LUNDI 21 OCTOBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOAS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
/OOLOGIE. — Note sur plusieurs familles naturelles d'Oiseaux, et
descriptions d'espèces nouvelles ^ par M. Charles L. Bonaparte.
'< Depuis la publication du Tableau d'Ornithologie dont j'ai eu l'honneur
de faire hommage à l'Académie (i), je n'ai pas cessé d'étudier avec persévé-
rance la classe des Oiseaux, et de méditer sur les rapports compliqués des
diverses familles et de leurs séries parallèles. Je viens exposer, aussi briève-
ment que possible, les principaux changements que mes études récentes
m'ont engagé à introduire dans le Système naturel de la seconde classe des
Vertébrés.
» Les familles ont été portées de cent à cent douze ;
" Ijes sous-familles de deux cents à deux cent dix-huit.
n Le nombre de genres (sous-genres pour ceux qui voudront considérer
comme tels mes sous-familles qui sont de véritables grands genres dans le
sens [iinnéen) que j'admets dans la classe est de quatorze cents.
(i) Pour bien apprécier ce petit extrait, et s'en rendre compte, il sera utile d'avoir le
Tableau en question sous les yeux.
C. R.,i85o, a"" S«m«(;e. (T. XXXI, N» 17.) ^^
( 562 )
1 Les nouvelles familles que j'ai fondées ou admises depuis mes dernières
pnblicalions sont :
" Celles des Irrisorides, des Pittides et des MÉNURIDES (restreints) ,
parmi les VOLUCRES ;
" Celles des Épimachides , des ICTÉRiDES et des Plocéides , parmi les
PASSEREAUX CHANTEURS;
•' Celle des MÉSITIDES , si voisine pourtant des Eupètes, parmi li-s
GALLINACÉS;
» Des Cariamides, Thinochorides, Cancro.vjides et Ciconiides, parmi
les ÉCHASSIERS.
" [iB plupart sont, comme on le voit, des sous-familles élevées au ranj; de
divisions supérieures : ainsi les Cancroinides et Cicoidides sont des démem-
brements de la grande famille des Ardéidcs; ainsi les Ictérides se compo-
sent de tous les Sturnides américains, Ictériens et Quiscaliens.
y Les dix-huit sous-familles nouvelles sont :
" Fies Irrisoriens, contenant douze espèces d'Afri(|ue;
>i Les Scythropiens, établis pour une seule de ta Nouvelle-Hollande;
» r>es Piltiens, qui comptent trente espèces appartenant aux parties
chaudes de l'ancien monde ;
•> Les Eupétiens, avec douze espèces de l'Asie et de l'Océanie;
" Les Mjophoniens , avec quatre des mêmes contrées;
" Les /tccentoriens, avec quinze d'Europe, d'Asie et d'Océanie;
" Les Glaucopiens, avec trois de la Nouvelle-Zélande; car c'est à une
ncHAvelle sous-famille des Corvidés que ce nom doit être réservé, le nom de
Crypsiihiniens convenant mieux à l'ancienne sous-famille des Garrulides ,
dont le genre Giaucopis ne fait plus partie;
» Les Garndaxiens, de PAsie et de l'Océanie, avec quarante-cinq
espèces ;
» Les Phjllornlthiens, avec cinquante, d'Asie, d'Afrique et d'Océanie;
" liCS Viduieiis, d'Afrique, avec douze;
" Les Estreldiens, avec plus de cent espèces;
» Toutes parmi les Passereaux.
" Aux sous-familles de Gnllinacés, nous avons ajouté, outre les Mésitiens,
encore si douteux, les RoUuUens , parmi les Perdicides.
" Dans les Échassiers, les Ocjdmmiens, démembrés des RaUiens, et les
P rosoboniens , formés du seul genre Prosobonia, qui a pour type la singu-
lière Tringa leucoptera de la Nouvelle Zélan> Nous ajouterons comme espèces nouvelles, provenant également de la
Nouvelle-Guinée :
» 2, Rkctes DiutjROUS, Bp. [Gitrntlitx bicolor, Mull., et l'une des deux
espèces qui portent le nom de Ci/iclosoma bicolor, dans le Musée de Leyde):
Rufo-fuscus; sabtiis ferrugineus ; capile, coUo, alis, caiidaque nigris.
» 3. Rectes ferrugineus, Bp. {Garndax Jêirugineus, Mull.), Musée
de Fjcyde : Ferrugineo-fuscus ; subtns sordide ochraceùs.
» Par la détermination de la première espèce , nous nous trouvons avoii'
répondu à noire interrogation de la page 36o de notre Coiispectus Jviiim:
QuiD Pitohui kirrocephalus, Lesson? C'est le type d'un genre distinct pour
lequel nous préférons adopter le nom de Rectes, proposé par Reichenbacfc.
" Nos trois espèces seront donc : i. Rectes kirrocephalus ; a. Rectes
dtchrous ; 3. Rectes ferrugineus.
» Quant an genre Cinclosoma , restreint dans ses limites naturelles, il ne
fait pas même partie de nos Garrulaxiens ; nous le plaçons parmi les
y/ccentoriens.
» Je saisis avec empressement cette occasion d'établir une nouvelle espèce
75..
( 564 )
que je viens d'apprendre à connaître dans les riches galeries du Muséum
national, et qui appartient à un groupe dont je me suis spécialement
occupé, celui des éXé^ant^ Garruliens bleus , d'Amérique, dont les uns passent
aux Pies, les autres aux véritables Geais. Très-voisine du Cjanocorax
azureus, mais bien distincte par la différente distribution des deux couleurs
azur et noir, dont elle se revêt comme lui, cette nouvelle espèce deviendra la
quatrième de mon genre Cjaiiocorax , restreint au groupe qui tient de plus
près aux Corbeaux .
» Sa phrase diagnostique sera la suivante :
» Gyanocorax nigerrimus; dorso alisque azureis; cauda rotundata,-
naribus dense tectis plumis holosericeis.
n Sa patrie est la Californie, près de San Blasio.
» Je propose de la nommer Gyanocorax Geoffroyi , Bp., la dédiant à
notre savant confrère, professeur de zoologie, comme témoignage nouveau de
mon estime et de mon amitié, et comme une légère compensation des espèces
que lui avaient dédiées d'autres naturalistes, et, qu'à mon grand regret, j'ai
dû éliminer du catalogue des êtres, comme purement nominales. "
MÉMOIRES LUS.
ZOOLOGIE. — Coup d'œil sur l'ordre des Ganoïdes, et recherches sur les
caractères des Lophohranches , pour déterminer leurs véritables affinités
zoologiques; par M. H. Hollard. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoyé à la Section d'Anatomie et de Zoologie.)
« L'ordre des Poissons ganoïdes, tel que l'a proposé M. Agassiz, se com-
pose de deux catégories très-distinctes par les caractères que fournissent
l'appareil operculaire d'une part, l'écaillure de l'autre. Dans l'une de ces
catégories nous trouvons des Poissons chez lesquels 1 opercule se réduit gra-
duellement à deux pièces et même à une seule, en même temps que le
préopercule s'incorpore à la série des. pièces temporo-maxillaires. C'est dans
ces mêmes genres que nous voyons les plaques squammeuses plus ou moins
ossifiées et souvent émaillées et brillantes, d'où M. Agassiz a tiré le nom de
Ganoïdes. La seconde catégorie, composée des Poissons branchiosléges d'Ar-
tedi ou Hétérodermes de M. de Blainville, doit former un ordre distinct.
Ici l'appareil operculaire est complet , bien que le plus souvent caché sous
la peau et très-bridé j l'écaillure, de son côté, se compose ou d'écaillés cou-
vertes de papilles rudes comme chez les Balistes , ou de gros tuber-
( 565 )
cules acuminés comme ceux des Gycloptères, ou d'épines plus ou moins
fortes, ce qui est le cas le plus général. Je propose, pour ce groupe na-
turel, quoique très-varié, le nom à' Êchinoïdes , qui s'harmonise avec un
système de classification et de nomenclature où la peau fournit les premiers
caractères.
» Dans ce remaniement de l'ordre des Ganoïdes, je me trouve conduit à
rattacher les Lophobranches aux Ganoïdes proprement dits.
» En effet, dans les Syngnathes, genre principal de ce groupe, je trouve
l'opercule essentiellement composé d'une grande pièce subtriangulaire,
allongée d'avant en arrière, très-bombée, et ne touchant au préopercule que
par un bord antérieur court, qui se confond avec le bord inférieur. Un ves-
tige de seconde pièce ou de sous-opercule se voit sur ce dernier bord , sous
la forme d'une languette étroite , presque couverte par la pièce principale.
Quant au préopercule lui-même, c'est un os plus étendu d'avant en arrière
que de haut en bas, et qui participe ainsi à l'allongement général de la face.
Confondu en avant avec la série sous-maxillaire , il n'est recounaissable qu'à
ses rapports avec l'hyoïde. Ce dernier lui-même ne porte plus ici que deux
ou trois rayons branchiostéges filiformes.
» En comparant le système operculaire des Syngnathes avec ceux des
Silures et des Esturgeons, on constate aisément qu'il prend place entre
ceux-ci.
» L'écaillure , à son tour, revêt chez les Syngnathes des dispositions et
des caractères de structure qui se rapprochent bien plus de ceux des
Ganoïdes que de ceux des Échinoïdes. Elle se compose de plaques rhom-
boïdales, ahgnées en séries parallèles à l'axe du corps, comme celles des
Esturgeons, relevées à l'instar de celles-ci sur leur ligne médiane, offrant
en avant, comme celles des Ganoïdes, une pointe qui s'insinue sous l'écailIe
voisine. Ces écailles ont d'ailleurs une structure particulière. De leur arête
médiane partent des arêtes latérales qui descendent vers les bords, souvent
en se divisant et s'anastomosant entre elles. Enfin le microscope démontre
ici une texture subosseuse. Somme toute, l'écaillure des Syngnathes se rap-
proche plus de celle des Esturgeons que de toute autre.
» Si nous ajoutons à ces caractères fournis par l'appareil operculaire et
par la peau, la remarque que le second genre des Lophobranches, les Pé-
gases, conserve la position infère de la bouche qui appartient, comme
l'hétérocercie , à l'âge embryonnaire des Poissons en général , et qui persiste
chez divers groupes fossiles de Ganoïdes, chez les Sturionides et chez les
Poissons cartilagineux, nous arrivons à reconnaître que les vraies affinités
( 566 )
zoologiques des Lopliobranches rattachent ceux-ci à l'ordre des Ganoïdes,
limité comme je l'ai fait plus haut, et marque leur place bien près de la fa-
mille des Sturionidcs. »
PHYSIQUE. — Mémoire sur la chaleur spécifique des dissolutions salines, et
sur la chaleur latente de dissolution; par M. C.-C. Person. (Extrait par
l'auteur.)
(Renvoyé à la Section de Physique [»énéiale.)
« Ayant mesuré précédemment la chaleur nécessaire pour foudre les sels,
je me suis proposé ici de mesurer la chaleur nécessaire pour les dissoudre.
Il faut, par exemple, quarante-neuf calories pour fondre i gramme d'azo-
tate de potasse; en faut-il plus ou moins pour le dissoudre dans l'eau? La
solution de cette questiou n'est pis seulement une affaire de curiosité; il est
clair que cette solution peut jeter du jour sur la constitution intime des
corps, car la constitution des corps doit naturellement varier avec la dé-
pense de chaleur nécessaire pour l'établir.
> M. Graham a mesuré le refroidissement que produisent les sels en se
dissolvant dans l'eau ; mais, comme il n'a pas déterminé la chaleur spécifique
des dissolutions salines, ni la perte ou le gain de chaleur pendant les expé-
riences, son travail ne fournit pas les données nécessaires pour calculer la
chaleur qui devient latente pendant la dissolution.
» A priori, on croirait que la dépense de chaleur, pour dissoudre un sel,
doit être moindre que celle qui est nécessaire pour le fondre, puisque lac-
lion chiuiique entre le sel et l'eui fournit de la chaleur qui arrive en dé-
duction de celle absorbée par le passage de l'état solide à l'état liquide; mais
c'est tout le contraire.
a Qunrante-ueuf calories suffisent pour fondre i gramme d'azotate de
potasse; il en faut soixante-neuf pour le dissoudre. Je suppose qu'on opère
dans 5 parties d'eau; et si l'on augmente la proportion ileau, bien que l'ac-
tion chimique fournisse certainement alors plus de chaleur, la dépense est
encore plus grande; il faut quatre-vingts calories pour dissoudre le sel dans
20 parties d'eau. Il résulte évidemment de là que la simple dilution dans une
quantité d'eau plus grande absorbe une quantité considérable de chaleur.
On peut d'ailleurs s'en assurer direciemenl; et il arrive même, avec le sel
marin, qu'il disparaît plus de chaleur pendant qu'on étend la dissolution
qu'il n'en a disparu pendant qu'on l'a faite. On aurait donc bien tort de
dire que le froid observé quand on dissout un sel , est dû simplement an
( 567 )
passage de l'étal solide à l'état liquide. Ce passage n'absorbe qu'une partie
delà chaleur qui disparaît. Une autre partie, q.uelquefois plus considérable
que la première, imprime aux molécules déjà liquides une modification qui
nous est connue, mais sans laquelle ces molécules ne se dissémineraient pas
dans le dissolvant. On est ainsi amené à reconnaître une chaleur latenle de
dilution ; et l'on ne s'élonne plus de trouver la dépense de chaleur plus forle
pour la dissolution que pour la simple fusion.
» Celte plus grande dépense de chaleur pour la dissolution devra naturel-
lement s'ohserver avec les sels qui ont peu d'affinité pour l'eau; et c'est, en
effet, ce que l'expérience montre avec lazolate de potasse. Mais on conçoit
que si l'affinité pour l'eau est très- grande, l'action chimique peut pro-
duire plus de chaleur que la dilution n'en absorbe. Tel est le cas du chlo-
rure de calcium; il faut quarante et une calories pour le fondre, il n'en faut
que vingt po;ir le dissoudre. Entre ces deux extrêmes, il y a tons les degrés
inteimédiaires. Ainsi le phosphate de soude exige, pour se dissoudre, la même
quantité de chaleur que pour se fondre; l'action chimique et la dilution se
compensent alors sensiblement.
" M. Graham avait remarqué, mais sans tn reconnaître la cause, que la
dissolution d'un sel produisait plus ou moins de froid suivant la tempéra-
ture où l'on opérait. L'azotate de potasse, qui fait disparaître quatre-vingts ca-
lories dans de l'eau à 20 degrés, en fait disparaître quatre-vingt-six dans de
l'eau à 0 degré. Ces différences tiennent tout simplement à la différence qui
existe entre la chaleur spécifique de la dissolution et la chaleur spécifique
de ses éléments. On peut assigner toutes ces variations dans le refroidissement;
par exemple, le sel marin, dans 7 pirties d'eau à 70 degrés, ne produirait plus
de refroidissement, et, au delà de 70 degrés, il réchaufferait l'eau en s'y dis-
solvant.
» En résumé, le Mémoire actuel donne la mesure de la chaleur latente
de dissolution d'un certain nombre de sels dans différentes proportions
d'eau.
» Il explique pourquoi le froid produit par la dissolution d'un sel varie
avec la température où l'on opère.
» Il montre qu'on doit admeitre une chaleur latente de dilution.
• Il permet d'établir une comparaison entre la chaleur nécessaire pour
foudre les corps et la chaleur nécessaire pour les dissoudre.
" Relativement aux chaleurs spécifiques, j'indiquerai seulement quelques
résultats.
» 1°. La chaleur spécifique des dissolutions salines est toujours moindre
( 568 )
que celle des composants, c'est-à-dire qu'il faut toujours moins de chaleur
pour échaufFer une dissolution que pour échauffer séparément l'eau et le sel
qui la composent; cette relation simple ne s'observe que quand on considère
le sel à l'état liquide.
" 2°. La réduction de chaleur spécifique n'a pas de liaison réfjulière avec
l'affinité.
" 3°. Elle n'est pas non plus en rapport avec la diminution cîe volume qui
se produit lors de la dissolution. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Mémoire sur le système nerveux des Insectes ;
par M. Félix Dcjardin. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoyé à la Section d'Analomie et de Zoologie.)
« On a considéré, avec raison, les animaux articulés comme formés d'une
série de segments homologues répétant chacun, tant à l'intérieur qu'à l'exté-
rieur, la même organisation, et, par suite, on a voulu considérer aussi
chacun de ces segments comme un individu d'un ordre inférieur qu'on a
proposé de nommer zoonite. D'après cela on a regardé les ganglions nerveux
correspondants à ces segments comme ayant la même valeur, comme autant
de cerveaux. D'autre part, on a cru que les Articulés, dépourvus de la
faculté d'acquérir et de comparer des idées, sont mus simplement par
l'instinct qui les détermine à agir par des sensations innées. Gonséquemment
on a pensé que cet instinct a sou siège également dans chacun des gan-
glions, d'autant plus qu'on voit un insecte décapité continuer à courir,
brosser ses ailes, ou même voler et se remettre sur ses pattes. Cependant
on ne peut voir dans tous ces faits que des mouvements purement instinc-
tifs et rien qui tienne à l'intelligence. Mais en outre des actes produits
par l'instinct, il y a ceux qu'on ne peut attribuer qu'à l'intelligence, et qui
prouvent que les Insectes, doués de la mémoire des lieux ou des objets qu'ils
ont déjà vus, sont capables d'acquérir et de comparer des idées; tels sont
tous les faits signalés par Réaumur, par Ronnet, par Huber, etc., sur la
vie sociale des Abeilles et des Fourmis. Ces actes ne pouvant se produire
qu'avec le concours des organes faisant partie de la tête , il est clair que
l'on ne peut tirer aucune lumière des expériences de décapitation pour ces
insectes; c'est donc en étudiant la structure même du ganglion sus-œsopha-
pien que nous devons reconnaître si ce ganglion est un véritable cerveau ,
et si cette structure est en rapport avec le développement de l'intelligence.
" FiC cerveau des insectes vivants est tellement mou et translucide, qu'on
( 569)
n'en peut bien couslater la structure et même la forme qu'après l'avoir con-
solidé par l'alcool ou par l'essence de térébenthine, comme l'avait fait
Swammerdam. Mais il est essentiel de reconnaître préalablement dans le
cerveau frais les caractères de la substance dont il est loi-mé et les enve-
loppes dont il est revêtu. Quand on enlève la partie supérieure du crâne
d'une Abeille, on ne voit d'abord que du tissu adipeux, des fjlandes sali-
vaires, des trachées et des sacs trachéens qui cachent complètement le cer-
veau ; en écartant ces tissus , on voit que le sac trachéen seul tient au cerveau,
qu'il entoure de sa double paroi et f|u'il protège comme un coussin rempli
d'air. Si l'on essaye de l'arracher, il se déchire, ou enlève seulement sa paroi
externe, qui est plus épaisse et striée comme celle des trachées; mais il reste
sur le cerveau l'autre paroi beaucoup plus mince qui, faisant l'office de la
pie-mère, envoie dans l'intérieur une infinité de petites trachées partant du
sac trachéen et ne peut s'enlever sans déchirement de la substance céré-
brale. Si l'on consolide par l'essence de térébenthine le cerveau ainsi mis à
nu, on voit paraître, à la partie supérieure, des circonvolutions régulières.
Si l'on enlève la membrane trachéenne et la substance pulpeu.se ou corticale
qui masque ordinairement ces circonvolutions, on finit par les voir tout à
fait à nu, et l'on reconnaît qu'elles appartiennent à une substance interne,
plus blanche et plus consistante, qui correspond au noyau de substance
blanche du cerveau des Vertébrés. Chez les Ichneumons, les circonvolu-
tions forment de chaque côté une masse continue, ovoïde; mais chez les
Abeilles, les Sphex, les Guêpes, les Fourmis, etc. , les circonvolutions for-
ment deux paires de disques gauchis ou repliés, dont le bord est saillant et
renflé comme un bourrelet souvent multiple, et dont l'aire ou la partie cen-
trale est élégamment radiée par des stries ou lamelles partant du centre
comme dans un polypier lamellifère. Ces disques varient d'ailleurs beaucoup
et par l'épaisseur du bourrelet et par le rapprochement des bords opposés.
Chez les Criquets il n'y a qu'un seul disque convexe dans chacun des lobes
qui porte le nerf du stemmate latéral.
" Si l'on continue à enlever la substance pulpeuse ou corticale, on finit
par isoler les corps auxquels appartiennent exclusivement ces disques ou ces
circonvolutions et que l'auteur nomme les corps pédoncules. Ils sont symé-
triquement placés à la partie supérieure du cerveau et se composent d'un
pédoncule épais et court, bifurqué en bas pour se terminer par deux tuber-
cules, et portant en haut les disques radiés qui rappellent ainsi, par leur
forme et par leur insertion, certains champignons ou la fructification des
lichens. Des deux tubercules qui terminent le pédoncule, l'un, dirigé vers le
C. R. , i85o, a™« Semestre. (T. XXXI, N» 17.) '■ 76
( 570 )
tubercule correspondant de l'autre corps pédoncule, paraît destiné à mettre
en rapport les deux moitiés du cerveau; l'autre tubercule, dirigé en avant et
recouvert seulement parla double membrane tracbéenne, correspond à cette
partie du crâne où les Fourmis se touchent mutuellement avec leurs antennes
pour se transmettre les indications nécessaires au service de la colonie; il
est donc vraisemblable que ces tubercules sont destinés à percevoir certains
ébranlements immédiats; c'est comme une modification du sens de l'ouïe.
Les antennes ont aussi un lobe particulier contenant une petite masse de
substance blanche de forme bien déterminée.
>i Toutes ces masses indépendantes ne peuvent recevoir que par l'inter-
médiaire de la substance pulpeuse corticale, les sensations transmises par les
nerfs; aucune fibre ne se continue des uns aux autres. Les nerfs s'enlèvent
en même temps que la membrane trachéenne qui paraît se continuer avec
leur névrilemme.
» Ces parties, qui paraissent plus spécialement en rapport avec les fa-
cultés intellectuelles, sont [)lus ou moins enveloppées par la substance pul-
peuse qui seule existe chez les Insectes auxquels on ne peut reconnaître
d'autres facultés que l'instinct, et qui seule aussi constitue les ganglions du
thorax et de l'abdomen. Plus l'intelligence prédomine sur l'instinct, plus le
volume des corps pédoncules tend à devenir considérable. Ainsi dans l'A-
beille les corps pédoncules forment la 5" paitie du volume du cerveau
et la 940'' partie du volume total du corps, tandis que dans le Hanneton
ils sont moindres qu'un 33ooo*.
>' Dans la Fourmi neutre, dont le corps, sans ailes, sans organes sexuels et
réduit pour ainsi dire à sa plus simple expression, est protégé par un tégu-
ment solide contre l'exhalation et n'a presque pas de besoins individuels,
la substance pulpeuse du cerveau a presque disparu , et ce n'est pas sans
étonnemenl que Ion voit chacune de ses parties isolées dans le tégument
trachéen comme autant de petits cerveaux distincts; aussi trouve-t-on ici
que l'ensemble des parties blanches représente la moitié du cerveau , lequel
est la iSG" partie du volume du corps, 16 millimètres cubes.
>• De ces faits et des observations du même genre qu'il a faites sur de nom-
breuses espèces, l'auteur conclut : 1° que chez certains animaux articulés, il
existe un véritable cerveau dont la structure et le volume sont en rapport
avec le développement des facultés intellectuelles; 2" que ce cerveau con-
tient des corps symétriques de forme complexe, bien déterminés, les corps
pédoncules j lesquels sont entourés d'une substance corticale pulpeuse d'au-
tant plus abondante que l'instinct tend à prédominer sur l'intelligenc;;
( 571 )
3" enfin la même substance pulpeuse, qui existe seule chez les Insectes qui
paraissent n'avoir d'autres facultés que l'instinct, constitue aussi les ganglions
du thorax et de l'abdomen , lesquels doivent régir et coordonner des actes
purement instinctifs. »
PHYSIOLOGIE. — Sur une nouvelle Jonction du Joie chez l'homme et les ani-
maux; par M. Claude Bernard. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Thenard , Duniéril , Magendie, Milne Edwards.)
'< Les expériences d'un certain nombre de physiologistes , et celles de
M. Magendie en particulier, ont appris qu'il peut se rencontrer normale-
ment du sucre dans le sang ou dans d'autres fluides animaux ; mais toujours
on a considéré cette existence des principes sucrés, comme une circonstance
accidentelle et dépendant exclusivement de la nature de l'alimentation.
» Dans ce travail, je viens démontrer expérimentalement :
» i". Que la présence du sucre dans l'organisme animal est un fait con-
stant et indispensable dans l'accomplissement régulier des phénomènes
nutritifs;
" a°. Je prouve que la présence de la matière sucrée chez les animaux
n'est point liée à une alimentation déterminée et qu'elle est produite dans le
foie par une fonction spéciale de cet organe;
» 3°. J'indique, enfin, les principaux caractères de cette formation de
sucre dans le foie, et je montre qu'elle est sous la dépendance du système
nerveux.
» Chacun de ces points demande à être développé.
i". De la présence du sucre dans l'organisme.
» Pendant la période de la digestion , le sang qui sort du Joie par les
veines sus-hépatiques est invariablement sucré chez l'homme et les ani-
maux , quelle que soit la nature de leur alimentation.
« D'abord, j'établis en fait général que c'est par le sang des veines sus-
hépatiques que la matière sucrée est apportée dans la grande circulation. A
ce même instant , c'est à-dire lorsr|ue les veines sus-hépatiques charrient du
sucre, le tissu du foie en est lui-même imprégné dans une forte proportion.
Aucun autre organe du corps n'est dans le même cas, de sorte que la pré-
sence constante du principe sucré distingue nettement le tissu hépatique
pendant la période digestive.
•' Sur l'homme en état de santé, j'ai eu trois fois l'occasion de constater
76..
(57a )
la présence du sucre dans le foie. Ma première observation portait sur
un supplicié, la deuxième sur un homme tué accidentellement par un
coup d'arme à feu , et la troisième sur un individu frappé de mort subite.
» Depuis deux ans j'ai répété ces expériences avec le même succès sur
un grand nombre d'animaux appartenant à des espèces prises dans presque
tous les ordres de la série animale; savoir:
» Parmi les mammifères , dans l'ordre des quadruuianes, des carnassiers,
des rongeurs, des ruminants , des pachydermes.
" Parmi les oiseaux, dans l'ordre des rapaces, des passereaux , des gal-
linacés, des échassiers, des palmipèdes.
» Parmi les reptiles, dans l'ordre des chéloniens, des sauriens , des ophi-
diens, des batraciens.
» Parmi les poissons osseux, dans l'ordre des acanthoptérygiens, des ma-
lacoptérygiens abdominaux , des malacoptérygiens sub-branchiens, des ma-
lacoptérygieus apodes.
» Parmi les poissons cartilagineux, dans l'ordre des sturonieus et des
sélaciens.
" Parmi les mollusques gastéropodes, dans l'ordre des gastéropodes pul-
monés, des pectinibranches.
» Parmi les mollusques acéphales ou lamellibranches.
» Parmi les animaux articulés j'ai pu constater encore la présence du
sucre dans le foie de quelques crustacés décapodes; mais dans cet embran-
chement du règne animal, les organes de la nutrition éprouvent de pro-
fondes modifications , et la détermination du foie m'entraînerait dans l'exa-
men de controverses que je ne puis aborder ici.
>> A mesure que la fonction digestive se ralentit et cesse, la quantité de
sucre versée par les veines sus-hépatiques dans la circulation générale devient
de plus en plus faible en même temps que le tissu hépatique se dépouille
successivement de toute la matière sucrée qu'il contenait. Toutefois chez
les animaux à sang chaud, lorsqu'ils sont bien portants et qu'ils se trouvent
placés dans leurs conditions habituelles d'alimentation, jamais il n'y a dis-
parition complète du sucre dans le foie, parce que dans ces circonstances
l'animal prend un nouveau repas et rentre en digestion avant que la quan-
tité de principe sucré que contient le foie soit épuisée. Mais si l'on soumet
les animaux à une abstinence forcée, le sucre disparaît complètement; de
sorte qu'il arrive un moment où l'on n'en trouve plus de traces dans le tissu
hépatique, pas plus que dans les autres organes du corps. La durée de
l'abstinence nécessaire pour n mener l'élimination complète du sucre dans le
( 57'3 )
foie est susceptible de présenter beaucoup de variations suivant l'espèce des
animaux , leur âge , leur condition de santé , etc.
2°. De la production du sucre dans l'organisme.
» Le sucre se produit dans le Joie indépendamment de la Tiature de V ali-
mentation.
» Pour prouver que la matière sucrée trouvée dans le foie y prend nais-
sance, il faut prouver qu'elle n'a pas été apportée du dehors par les aliments.
Or il est très-facile de se mettre dans ces conditions en soumetlant des
animaux, chiens, chats et même lapins, à un régime exclusivement animal,
dépourvu conséquemment de substances qui, par les procédés digestifs,
puissent donner naissance, dans le canal intestinal, à un principe sucré.
Chez des chiens nourris pendant trois , quatre, cinq et même huit mois exclu-
sivement avec de la viande, j'ai constamment trouvé que les intestins, de
même que le sang de la veine-porte à son entrée dans le foie, ne renfermaient
pas de sucre, tandis que le sang des veines sus-hépatiques en était toujours
abondamment chargé. On peut encore prouver la formation du sucre dans le
foie par une expérience moins longue. En effet, après huit à dix jours d'abs-
tinence , le foie d'un chien se trouve complètement exempt de matière sucrée.
Or, si à ce moment on donne à cet animal des aliments exclusivement com-
posés de viande, on voit le sucre apparaître de nouveau dans son foie aussitôt
que le travail de la digestion commence à déterminer une activité plus
grande dans la circulation de cet organe.
» Donc, puisque chez les animaux nourris exclusivement avec de la
viande on constate constamment que le sang qui arrive dans le foie par la
veine-porte est exempt de sucre , tandis que le sang qui sort de cet organe
par les veines sus-hépatiques en contient toujours, il faut bien reconnaître
que c'est en traversant le tissu hépatique que le sang acquiert sa propriété
sucrée, et admettre qu'il y a dans le foie une fonction particulière en vertu
de laquelle le sucre se trouve produit.
» V,e foie est ainsi chargé d'accomplir en même temps deux fonctions,
savoir : d'une part la sécrétion de la bile , et d'autre part la production du
sucre. Cette dernière fonction commence à s'effectuer avant la naissance,
car j'ai constaté la présence de la matière sucrée dans le foie de foetus de
mammifères et d'oiseaux à diverses époques de la vie foetale.
') Le sucre que produit le foie offre tous les caractères du glucose. De
concert avec M. Barreswil, dans une Note que nous avons eu l'honneur de
présenter à l'Académie, nous avons déterminé ses propriétés chimiques, et
(574)
nous avons constaté, par des expériences faites au laboratoire de M. Pelouze,
!*• que ce principe sucré fermente au contact de la levure de bière, en don-
nant de l'alcool et de l'acide carbonique; 2" que sa dissolution brunit par
les alcalis caustiques, et réduit le tartrate de cuivre dissous dans la potasse.
J'ajouterai que ce sucre hépatique se détruit au contact du sang et des tissus
animaux beaucoup plus vite que le glucose ordinaire, circonstance qui in-
dique que la recherche du sucre du foie, pour être faite dans de bonnes con-
ditions, doit porter sur des animaux récemment morts.
3°. Influence du système nerveux sur la formation du sucre dans le foie.
n La formation du sucre dans le foie est une fonction placée d'une ma-
nière immédiate sous l'influence du système nerveux. Par exemple, quelle que
soit la nature de ralimentation, on fait disparaître complètement en quel-
ques heures, chez les chiens et les lapins, la matière sucrée du foie par la
section des deux pneumogastriques dans la région moyenne du cœur. Il en
est de même toutes lesfois que, d'une manière quelconque, on produit un
ébranlement violent dans les propriétés des nerfs. J'ai trouvé que, dans toute
l'étendue du système nerveux, il existe un seul point très-limité de la moelle
allongée, dont la lésion produit un effet inverse sur la formation du sucre.
Lorsque, chez des chiens et des lapins, on parvient à piquer, avec un instru-
ment acéré, dans un espace très-étroit, limité en bas par l'origine des
pneumo-gastriques, ei en haut par l'émergence des nerfs acoustiques, on
constate, au bout de peu de temps, que le principe sucré s'est répandu avec
profusion dans l'organisme. I^e sang et d'autres liquides du corps en sont
surchargés; l'urine élimine alors cet excès de matière sucrée, et les animaux
sont ainsi rendus diabétiques.
» En résumé, d'après les résultats contenus dans mon Mémoire, je pense
avoir nettement démontré la production du sucre dans le foie de l'homme
et des animaux, et avoir ainsi établi une fonction qui, jusqu'à présent, était
restée complètement ignorée. »
ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. — Recherches sur la gestation de V espèce humaine;
par M. CosTE. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoyé à la Section d'Anatomie et de Zoologie.)
■< Parmi les jeunes femmes dont j'ai ouvert les cadavres à la Morgue de
Paris, il y en a un assez grand nombre qui s'étaient donné la mort au mo-
ment où l'ovule était en état de maturation complète, ou quand il venait de
se détacher de l'ovaire pour se diriger vers la matrice, c'est-à-dire à l'épo-
(575)
que de leurs menstrues, ou quand elles avaient cessé. Chez toutes ces femmes,
sans exception , j'ai trouvé la matrice pourvue d'une membrane muqueuse
tellement épaisse, que, si la constance du phénomène n'avait pas été pour
moi la garantie de son état normal, j'aurais supposé qu'il s'agissait d'une
altération morbide.
» A l'époque, en effet, où je découvrais celle remarquable évolution de
la couche interne de l'utérus, périodiquement ramenée par le travail de
maturation qui a lieu dans l'ovaire à cette époque , les anatomistes en étaient
encore à se demander s'il y avait une membrane muqueuse; et ceux qui
inclinaient à en admettre quelque vestige, la réduisaient à une sorte d'enduit
insignifiant, qui n'était pour eux que la limite interne de la couche muscu-
leuse. Or, ce que je voyais ressemblait si peu à ce qu'ils croyaient , que la
membrane dont je parle, en grande partie formée par des glandules s'ou-
vrant à sa face interne par des oriKces visibles à l'œil nu , avait non-seule-
ment une épaisseur d'un quart ou d'un tiers de la couche musculeuse, mais
que, dans certains cas, elle formait des circonvolutions ou des plis pressés
les uns contre les autres dans la cavité utérine. L'Académie peut juger si , sur
ce point, mes observations sont exactes, par l'examen des pièces n"' i, 2, 3,
qui sont sur le bureau, et dont l'une est représentée dans une des planchés
que je mets sous ses yeux.
» Dans les cas de grossesse extra-utérine, cette membrane muqueuse
peut prendre des proportions bien plus grandes encore; elle forme alors des
plis aussi volumineux que des circonvolutions cérébrales, et n'a quelquefois
pas moins de 10 millimètres d'épaisseur, comme on le voit sur la pièce n° 6.
» Ainsi donc, d'après les faits que je viens d'indiquer, il reste démontré
que toutes les fois qu'un ovule mûrit dans l'ovaire de la femme, ou qu'il s'en
détache, la muqueuse utérine subit une évolution qui la prépare à le recevoir.
" Cette première découverte étant mise hors de tonte contestation, je
recherchai si, chez ces mêmes femmes, les trompes utérines étaient libres
et perméables dans tou!e leur longueur, de manière à pouvoir conduire
l'ovule jusque dans la cavité de la matrice, ou si, comme les auteurs l'ad-
mettaient , elles étaient bouchées à leur entrée dans l'utérus par une pseudo-
membrane, qu'on supposait destinée à former la caduque. Cet examen m'a
convaincu que, contrairement à la croyance commune, ces trompes res-
taient toujouis ouvertes, et que, par conséquent, l'ovule peut tomber dans
la cavité utérine, et qu'il y tombe réellement, puisque jamais, en aucun
temps , rien ne s'oppose à son passage. Mais que devient-il quand il est entré?
C'est ce que les observations suivantes vont nous apprendre.
( 576)
» Sur des femmes suicidées du vingtième au trentième jour après la
conception, j'ai toujours trouvé, comme dans celles dont j'ai parlé plus
haut, les trompes communiquant librement avec la cavité de l'utérus, la
membrane muqueuse, devenue plus épaisse, ayant la même organisation;
mais l'œuf:, au lieu de se trouver dans la cavité utérine, ainsi que je m at-
tendais à 1 y rencontrer, était enseveli dans la paroi même de la muqueuse
hypertrophiée, en sorte que, la malrice ouverte, on aurait pu croire qu'il
n'y avait pas de grossesse. Pour découvrir cet œuf, on était obligé d'inciser
la muqueuse et d'aller le chercher dans son épaisseur. Les pièces n"' ^ et 5 en
donnent la preuve.
» En prenant donc les faits pour ce qu'ils sont, et en ne donnant au mot
H l'aide duquel je les caractérise d'autre sens que celui de ces faits eux-mêmes,
on peut dire que, chez la femme, la grossesse est normalement interstitielle.
Comment un semblable phénomène peut-il se produire? Comment un ovide,
tombé dans la cavité de l'utérus, peut-il , au bout de quelques jours, se trou-
vei- dans l'épaisseur même de la membrane muqueuse qui tapisse cet organe,
et s y trouver à une assez grande profondeur?
« Pour le comprendre, il faut se rappeler un fait connu de tous les natu-
ralistes, que je demande la permission de reproduire ici en peu de mots, et
dont le Pipa nous offre le curieux exemple.
" Chez cette espèce de Batracien , le mâle étend les œufs sur le dos de la
femelle et les y féconde. Dès que ces œufs fécondés se trouvent en contact
avec la peau de l'animal, ils y exercent une influence tellement active, que
cette peau se tuméfie, et que chacun d'eux se creuse, dans son épaisseur,
une alvéole profonde, où il s'enfonce de manière à en être presque complè-
tement recouvert. Ils y restent tant que dure l'incubation , et , quand l'époque
de l'éclosion arrive, ces alvéoles servent encore de retraite aux nouveau-
nés, jusqu'à ce qu'ils soient assez grands pour suffire aux besoins de letu
propre conservation.
« Ce qui se passe sur la peau du Pipa doit avoir lieu de la même manière
à la face interne de la muqueuse interne de la femme. L'œuf s'y enterre,
comme celui du Pipa, dans l'épaisseur de l'enveloppe extérieure de lu fe-
melle , et quand il s'est ainsi enfoncé, l'alvéole qu'il occupe se ferme de ma-
nière à le recevoir. Voilà comment, de superficiel qu'il était, il finit par de-
venir interstitiel; comment, de la cavité de l'utérus oii il se trouvait, il passe
dans l'épaisseur même de la paroi de la membrane muqueuse qui tapisse cet
organe. (Voyez les pièces n*" 4 et 5.)
>' Lorsque l'œuf s'est enseveli dans la paroi de la muqueuse hypertrophiée,
( 577 )
il y {jrandit progressivement et distend la loge qui le renferme. Cette loge
se dilate à mesure et grandit aussi en proportion, f;iisant , par son côté libre,
une saillie de plus en plus prononcée dans la cavité utérine, et, par le côté
opposé, tenant à la couche musculeuse. Sa portion saillante, dans la cavité
utérine, devient ce que les anatomistes désignent sous le nom de feuillet ré-
fléchi de la caduque; la portion qui tient à la couche musculeuse forme
leur caduque séroliue ou placentaire; et le reste de la muqueuse constitue
leur caduque pariétale ou utérine. Ces trois caduques ont, en effet, la même
organisation que la muqueuse utérine dont elles procèdent, et ce n'est que
par le progrès du développement qu'elles perdeut les caractères de cette
organisation.
» Il n'est donc point nécessaire , ponr concevoir la formation des trois
parties continues et contemporaines dont la caduque se compose, d'avoir
recours à l'hypothèse de la pseudo-membrane imaginée parHunter; la mu-
queuse utérine suffit pour expliquer tous les phénomènes.
» Mais si, comme je viens de le dire et comme les préparations anato-
miques qui sont sous les yeux de l'Académie le démontrent jusqu'à l'évi-
dence, la caduque utérine, la caduque réfléchie, la caduque séroliue, ne
sont autre chose que la muqueuse utérine modifiée par la gestation, il s'en-
suit nécessairement que cette muqueuse doit s'exfolier après l'accouché-
ment; caries trois parties de la caduque qu'elle forme se détachent avec
l'œuf. C'est précisément ce qui arrive, et, pour s'en convaincre, on n'a qu'à
examiner la pièce n° 7, prise sur une femme morte vingt-quatre heures après
la délivrance. On y verra, de la manière la plus manifeste, la couche mus-
culeuse presque complètement dénudée et dépouillée, par conséquent, de
la membrane muqueuse qui , avant la grossesse , formait à sa face interne
une couche si épaisse.
» Enfin lorsque les lochies ont purgé la matrice de tous les débris de la
muqueuse exfoliée qui y tenaient encore, et guéri la plaie que l'accouche-
ment y avait faite, il se produit à sa face interne dénudée une végétation
qui régénère cette muqueuse et rend l'organe propre à une nouvelle gesta-
tion. On voit, sur la pièce n° 8 prise sur une femme morte quatre semaines
après l'accouchement , la première origine de cette végétation ou de cette
renaissance. Si étrange que paraisse cette assertion, elle n'en est pas moins
justifiée par les observations les plus précises et les plus incontestables.
" Tels sont les résultats généraux des faits que j'ai recueillis pendant près
de dix années de recherches sur l'une des questions les plus litigieuses , les
plus obscures et les plus intéressantes de l'anatomie humaine. Ces faits,
C. R., l85o, a">« SemeUre. (T. XXXI, N» 17.) 77
( 578 ) . .
fjrâce aux conditions dans lesquelles je me suis placé pour les découvrir,
m ont permis de résoudre une série de prxîblèraes qui ont occupé les aiia-
tomistes pendant près d'un siècle. Il s'en déduit également , comme cousé-
séquences immédiates, l'explication de plusieurs phénomènes sur la nntiire
desquels on n'avait jusque-là que des notions vagues ou inexactes. Parmi ces
phénomènes, je citerai les hémorragies qui succèdent à l'accouchement , les
lochies, et enfin certains cas de slérilité, auxquels il n'est peut-être pas im-
possible de remédier, et que M. Serres a bien voulu signaler à mon attention,
lorsque j'ai mis mes préparations anatomiques sous ses yeux. Mais ce sont
des questions que je réserve pour un second Mémoire. «■
^MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Note sur l'assimilation de l'azote rie l'ait\, par
les plantes, et sur l'influence qu'exerce l'ammoniaque dans la ve'-
gétation; par M. Ville. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Chevreul, de Jussieu, Payen , Boussingault, Regnault. )
« Depuis plusieurs années, je m'occupe de recherches sur la végétation,
et je viens en soumettre les résultats au jugement de l'Académie.
'> A une époque déjà éloignée de nous, M. Th. de Saussure fit la re-
marque qu'une dissolution de sulfate d'alumine se change en alun ammo-
niacal lorsqu'on l'expose au contact de l'air, et que l'exposition est suffisam-
ment prolongée.
» Cette observation, qui date, je crois, de i8o4, met hors de doute la
présence de l'ammoniaque parmi les éléments de notre atmosphère.
» Depuis M. Th. de Saussure, divers chimistes se sont occupés de ta déler-
mination de l'ammoniaque de l'air par des méthodes plus expéditives et plus
rigoureuses. L'importance que les physiologistes accordent aux composés
ammoniacaux dans le développement des plantes, explique l'empressement
que les chimistes ont apporté à opérer cette détermination.
» Aujourd'hui, en effet, on considère l'ammoniaque comme la source
où le règne végétal va puiser l'azote qu'il consomme, soit que cette ammo-
niaque provienne du sol ou des engrais qu'on y apporte, ou, au contraire,
de l'atmosphère.
" Après avoir reconnu , par uae longue suite d'analyses exécutées sur des
masses d'air beaucoup plus considérables que celles sur lesquelles on avait
opéré avant moi, que la quantité d'ammoniaque que l'air contient est à
( 579)
peine appi'éciable lorsqu'on se met à l'abii de toutes les émanations acci-
dentelles qui pourraient en introduire dans les analyses, j'ai été conduit à
douter de la réalité du rôle qu'on lui attribue dans les phénomènes de la
végétation.
» En vue de dissiper les doutes qui s'étaient élevés dans mon esprit, j'ai
semé un certain nombre de graines dans un mélange, à parties égales, de
sable blanc et de brique en poudre, qui avaient été privés, par une calcina-
lion de plusieurs jours dans un four à porcelaine, de toutes les matières
organiques qu'ils pouvaient contenir.
" Ce mélange, partagé dans un certain nombre de pots, a reçu une
addition de 5 pour loo des cendres qui provenaient de la combustion des
plantes dont les espèces devaient être cultivées. Les pots qui ont servi aux
semis ont été enfermés dans une cloche hermétiquement close. Tous les
jours, on a renouvelé l'air de l'intérieur de la cloche au moyen d'un aspira-
teur de très-graude capacité ( 63 1 litres à zéro degré sous la pression de 760).
Mais, comme cette quantité d'air, bien que considérable, n'aurait pas con-
tenu assez d'acide carbonique pour suffire aux besoins des végétations, on
l'a additionnée de 5, puis de 7 pour 100 de ce gaz, au moyen d'un appareil
d'où il se dégageait bulle à bulle pendant tout le temps que durait le
renouvellement de l'air.
» Au sortir de la cloche, l'air traverse un appareil d'analyse où il se dé-
pouille de l'ammoniaque qu'il peut contenir.
» Ainsi , deux expériences s'accomplissent simultanément :
" Dans la première, on dose l'ammoniaque d'une certaine quantité d'air
pur; et, dans la seconde, l'ammoniaque d'une quantité d'air à peu près
égale , après que cet air a servi à la nutrition des plantes qui sont enfermées
dans l'intérieur de la cloche.
» En comparant les résultats des deux analyses, on voit immédiatement
si l'ammoniaque de l'air a pris part au développement des plantes.
» D'un autre côté, on connaît, par l'analyse antérieurement faite d'un cer-
tain nombre de graines des espèces sur lesquelles 0:1 a opéré, la quantité
d'azote qui a été introduite dans la cloche sous forme de semences. Lorsque
l'expérience est finie, on connaît, au moyen d'analyses semblables, la quan-
tité d'azote qui est contenue dans les récoltes, et, par conséquent, la quan-
tité d'azote que les plantes ont assimilé pendant le cours de l'expérience , et,
par Conséquent encore, si cet azote vient de l'ammoniaque ou de l'azote
de l'air.
M Bien que la récolte des plantes n'ait pas encore été faite , on peut consi-
11"
( 58o )
déier la question comme résolue. Il est manifeste, en effet, qu'une certaine
quantité d'azote a été assimilée par les plantes, et que cet azote vient
de l'azote de l'air; car les plantes ont pris, dans la cloche, un dévelop-
pement remarquable, et l'air, au sortir de la cloche, s'est trouvé contenir
la même quantité d'ammoniaque qu'à son entrée. Au surplus, l'ammoniaque
de l'air eût-elle été assimilée en totalité par les plantes, cette conclusion n'en
serait nullement infirmée, vu que l'ammoniaque que l'air a introduite dans la
cloche, depuis quatre mois que l'expérience se continue, égale à peine
I ou 2 centigrammes, quantité évidemment trop faible pour avoir pu jouer
un rôle appréciable dans ce phénomène.
» Ainsi, la conséquence qui se déduit de la seule inspection de la cloche,
c'est que l'azote de l'air a été directement assimilé par les plantes, et que
l'ammoniaque atmosphérique n'a joué aucun rôle sensible.
» Une fois ce résultat obtenu, il me restait, pour compléter l'étude de
ces phénomènes, à déterminer l'influence qu'une certaine quantité d'ammo-
niaque, ajoutée à l'air, exercerait à son tour sur la végétation.
» En vue de m'éclairer sur cette nouvelle partie du sujet, j'ai disposé de
nouveaux semis des mêmes espèces que dans l'expérience précédente. FiCS
pots ont été placés dans une cloche semblable à la première. On a renouvelé
l'air dans l'intérieur de la cloche au moyen d'un aspirateur de même capa-
cité. On a, de même aussi, ajouté à l'air 5, puis 7 pour 100 d'acide carbo-
nique. Enfin, toutes les conditions de l'expérience sont les mêmes, à cette
différence près qu'on dégage tous les jours , dans l'intérieur de la cloche ,
une certaine quantité d'ammoniaque.
» Dès les premiers jours, l'influence de cette addition a été manifeste.
Les feuilles des plantes ont pris une teinte d'un vert plus franc et plus vif;
les tiges se sont élevées plus haut; les rameaux, plus nombreux, se sont char-
pés d'un plus grand nombre de feuilles; mais toutes les plantes n'ont pas
subi au même degré l'influence du nouvel agent : les céréales se sont mon-
trées les plus impressionnables de toutes.
» Dans la cloche où l'air est pur, les céréales sont chétives, étiolées, leur
tige rampe plutôt qu'elle ne s'élève; et dans la cloche où l'air est additionné
d'ammoniaque, elles sont fortes, droites, leurs tiges élancées, desquelles
s'élancent, dans tous les sens, des feuilles nombreuses et abondantes.
» Ainsi , une seconde conclusion se déduit encore de la seule inspection
des appareils, c'est que l'ammoniaque ajoutée à l'air agit favorablement sur
les plantes, et en particulier sur les céréales. »
(58i )
HYDRAULIQUE PRATIQUE. — Suite OU Mémoire sur des Jormules nouvelles
pour la solution des problèmes relatifs aux eaux courantes ; par M. de
Saint- Venant. (Extrait par l'auteur.)
(Commission précédemment nommée.)
« Au Mémoire présenté le 26 août i85o, on a appliqué la formule nou-
velle du mouvement de l'eau dans les courants naturels ou les canaux dé-
couverts,
X
(où ï est la pente par mètre, U la vitesse moyenne, m la section, y^ son pé-
rimètre mouillé, et où l'on a /n = — ) ? à la construction de tables numé-
II /
riques pour la solution pratique et expéditive de l'important problème du
remous, c'est-à-dire du gonflement produit dans un courant jusqu'à une dis-
lance quelconque en amont d'un barrage qui relève ses eaux d'une hauteur
connue en un poinl déterminé.
» Mais les séries convergentes données pour construire les tables ne
s'appliquaient qu'aux courants dont la largeur est extrêmement grande par
rapport à la profondeur.
» Dans le présent Mémoire, on étend la solution et les tables aux cas
d'un rapport quelconque entre la profondeur et la largeur, et même au cas
où les bords ont un talus quelconque.
>> Si l'on appelle / la largeur au plafond, i, H , U la pente par mètre,
la profondeur et la vitesse moyenne du régime uniforme qui avait lieu avant
la construction du barrage, j' ^^ Jo l^s relèvements qu'il produit à des dis-
tances s etSQ, a un coefficient peu différent de l'unité par lequel il faut
multiplier la force vive due à la vitese moyenne d'une tranche pour avoir
sa force vive effective, t la base des talus des bords pour chaque unité de
hauteur, et si l'on fait
Hf _ ., 2 H \jTT7-' _ „ y _ ^ >"• _ ,
/-f-Hf ' /^.aHy/T+T^ H 'H
i-{H-z )-'"-'(!+ f'z)-'"-'(i+ t"z) = Z,
(i -t- z)-'(n- /'z)-'(i+ l' + it'z) = Z';
on a, pour calculer la distance s — So de deux remous quelconques jTi^o
(dont le second peut être le relèvement produit immédiatement en amont
( 58a )
du barrage), la formule Suivante qui est, comme on le voit, tout à fait in-
dépendante du coefficient c
i {s — s„)
H
fjes deux intégrales peuvent être obtenues par la méthode de quadrature
de Simpson (qui donne des résultats aussi approchés que les séries) pour
des valeurs quelconques du talus t et du rapport — = — de la largeur
moyenne à la profondeur du cours d'eau dans son état naturel.
" Ce calcul montre que les valeurs de I~ varient à très-peu près pai
équidifférence en même temps que le rapport t", qui représente la propor-
tion pour laquelle les bords entrent dans le périmètre mouillé. Il en résulte
que, par exemple, pour le cas des lits rectangulaires, où t = o, t" = o, on
a, en prenant pour le point de départ (qui est arbitraire) celui où le relève-
ment est triple de la profondeur primitive, cette table, qui peut remplacer
approximativement des tables plus étendues, et où, d'ailleurs, les termes
non affectés de t" sont tout à fait exacts :
Pour
y
H
= 3,
IS
H
= o.
y .
H
= 2,
is
= l ,0280 +
0,072^"—
U'
(o,o25o
4- 0,002
I
2,1101
0,203
\
0,1009
0,012
o,5o
2,7409
o,33o
0,2255
0,037
0,30
3,2762
0,481
o,455i
o,io3
o,io
3,5847
0,587
o,66io
0,174
o,o5
3,8573
0,687
0,8823
0,257
0,02
4. «927
0,816
1,1868
0,375
y .
H
= 0,01,
is
H
= 4,4377 + 0,9I2f"-
(l,42l5-
-h 0,467 i
» Cette table, où t" n'est pas supposé excéder o,5o, peut être très-utile
dans la pratique. La partie affectée de -— » qui représente l'effet de l'inertie
ou de la variation de force vive du fluide dans le mouvement varié, est petite
lorsque ce rapport est peu considérable, ou que le cours d'eau est profond et
tranquille dans son état naturel. Mais cette partie a une très-grande influence
sur les différences des valeurs de is quand — approche d'être égal à lu-
( 583 )
nité, c'est-à-dire quand le cours d'eau approche de l'état torrentueux, où
les relèvements ne se font sentir qu'à une distance limitée.
>i L'établissement de pareilles tables est essentiellement fondé siir la
substitution d'une formule à second membre monôme
-I = cU'»,
2
à la formule de Prony, où la forme binôme du second membre aU + b\\
serait cause que la pente i resterait engagée dans le dénominateur des inté-
grales donnant s — .y^, en sorte que, pour avoir des tables de remous, il
faudrait, sans la modification qu'on a fait subir à la formule des eaux cou-
rantes, composer ces tables d'autant de séries de tableaux que l'on peut
avoir de grandeurs de la pente i à considérer, ce qui serait impraticable. »
MÉDECINE. — De la coexistence de l'amaurose et de la néphrite
albumineuse (deuxième Mémoire); par M. H. Landouzv. (Extrait par
l'auteur.)
(Commissaires, MM. Audral, Kayer.)
« J'insiste dans mon Mémoire sur l'apparition des troubles de la vue au
début de la néphrite albumineuse, non pour la satisfaction d'avoir décon-
vert un prodrome de plus à une maladie grave, mais parce que la naissance
de ce symptôme avant toute hydropisie doit, d'une part, amener nécessaire-
ment à d'autres idées pathogéniques sur la maladie de Bright , et, d'une autre
part, éveiller activement l'attention du praticien au début de toute amaurose.
" Sous le rapport palhogénique , mes inductions de Tannée dernière se
trouvent déjà en partie réalisées par la belle découverte de M. Bernard, qui
rend le rein complètement élranger au diabète; et, sous le rapport pra-
tique, bon nombre de malades qu'on eût traités l'an dernier pour l'accident
symptomatique, l'amaurose, sont traités maintenant pour l'accident princi-
pal, la néphrite albumineuse.
» L'affaiblissement de la vue signalé par le docteur Frick de Baltimore
et par le docteur Bird dans l'oxalurie, par M. Bouchardat dans l'hippurie
et dans la benzurie, ajoute encore à l'intérêt de cette question, et confirme
pleinement ma doctrine d'une altération nerveuse primitive.
» Mais on remarquera la différence qui existe entre les troubles de la
vue coïncidant avec l'albumine, et les troubles de la vue coïncidant avec le
sucre, l'acide benzoïque, hippurique, etc.
( 584 )
11 Dans le diabète , dans l'hippurie, dans la benzurie , l'affaiblissement de
U vue coïncide avec l'affaiblissement p,énéral de l'économie: dans l'albumi-
nurie, il existe fréquemment avant toute détérioration des forces.
>' Dans le diabète , l'affaiblissement de la vue augmente en même temps
que la maladie : dans l'albuminurie , il diminue quelquefois pendant que la
maladie augmente.
n Dans le diabète, l'affaiblissemeat de la vue commence souvent très-
tard, mais dès qu'il a commencé il est permanent, graduel, uniforme; on
peut presque prévoir ses progrès d'après l'altération de l'urine : dans l'albu-
minurie, il commence le plus souvent de très-bonne heure , mais il est incon-
stant, irrégulier, insidieux; les progrès du mal ne peuvent faire prévoir les
progrès de l'amaurose.
>i Dans le diabète , l'affaiblissement de la vue est proportionnel à la quan-
tité de sucre: dans l'albuminurie, il est sans rapport constant avec la quan-
tité d'albumine.
11 Daus le diabète, il existe souvent, sm-tout à la fin, une opacité con-
sidérable de l'œil: dans l'albuminurie, on ne constate aucune modification
appréciable des milieux transparents ni même de la pupille.
» Dans le diabète, enfin, le malade peut devenir aveugle: dans l'albu-
minurie, la cécité doit être une très-rare exception.
» Malgré ces différences notables entre l'amaurose albuminurique et l'a-
maurose diabétique, elles me paraissent émaner du même genre d'altéra-
tions primitives, c'est-à-dire d'une lésion du système nerveux ganglionnaire.
n En résumé :
" 1°. Les troubles de la vue sont un symptôme presque constant de la
néphrite albumineuse ;
» 1°. Ces troubles constituent une nouvelle espèce d'amaurose qu'on peut
appeler néphritique ou albuminurique;
» 3°. L'amaurose néphritique ne peut être attribuée à la détérioration
des forces ;
>i 4°' Elle annonce souvent la maladie avant l'invasion des autres acci-
dents pathognomoniques;
» 5°. Elle paraît, disparaît et revient sans suivre exactement les phases
du dépôt albumineux des urines ou de l'œdème;
" 6°. Elle doit porter à considérer la néphrite albumineuse comme le
résultat d'une altération du système nerveux ganglionnaire. »
( 585 )
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — iVo^e sw la présence de la caséine et les variations
de ses proportions dans le sang de l'homme et des animaux (suite);
par MM. JNatalis Guillot et Félix Leblanc. (Extrait par les auteurs.)
(Commissaires, MM. Magendie, Pelouze, Payen.)
" Depuis l'époque à laquelle nous avons eu l'honneur de communiquer à
TAcadémie les résultats qui nous ont démontré la présence de la caséine dans
le sang des nourrices, nous avons beaucoup étendu nos recherches. Nous
n'avons pas examiné moins de soixante-dix échantillons de sang de diverses
origines, et nous pensons pouvoir présenter aujourd'hui de nouvelles con-
clusions, que nous croyons de quelque intérêt au point de vue de la physio-
logie , de la pathologie et de la zoonomie.
" Il résulte pour nous de l'étude à laquelle nous nous sommes livrés, plu-
sieurs faits que nous résumerons comme il suit :
» La présence de la caséine en dissolution dans le sang de l'homme, de
la femme et des divers animaux, est un fait normal. Nous citerons, pour les
animaux, le sang de taureau, de bœuf, de vache, de bouc, de chèvre, de
bélier, de mouton, de brebis, de porc, de chien et de fœtus de brebis
et de vache.
" Les proportions de caséine varient suivant les animaux, le sexe, et
suivant diverses circonstances d'alimentation , de santé ou de maladie.
» Ces variations ont une amplitude qui dépasse de beaucoup celles des
éléments constitutifs du sang dosés dans les analyses de ce liquide.
X C'est à l'époque de la gestation, peu de temps avant la parturition et
pendant l'allaitement, que la proportion de caséine se trouve à son maxi-
mum chez la femme et chez les femelles des divers animaux.
» Pendant la vie intra-utérine, la nutrition du fœtus paraît se faire, au
moins en partie, par la caséine qu'on retrouve assez abondamment dans le
placenta, et que nous avons extraite aussi du cordon. Ce fait intéressant avait
été obspivé par M Stas, après avoir découvert la présence de la caséine dans
l'allantoide.
" Dans certains cas pathologiques, la proportion de caséine diminue
beaucoup , même dans le sang des femmes enceintes ou nourrices. La ca-
séitie peut même cesser d'être appréciable aux réactifs.
Ces faits ont été constatés chez des femmes enceintes ou récemment
accouchées et atteintes d'érysipele, danasarque, de pleuropneumonie , de
pleurésie, de péritonite, de fièvre puerpérale, etc.
C, R., i85o, a-n» Semestre. (T. XXXI, N» 17.) 78
( 586 )
" Il sera intéressant de rapprocher ces faits de l'absence de la sécrétion
lactée.
>) Ce sont des circonstances morbides analogues qui expliquent l'absence
de la caséine dans le sang des enfants morts nouveau-nés (absence que
nous avions signalée dans notre précédente Note) , tandis que le sang des
nouveau-nés vivants, enfants ou animaux, en contient beaucoup.
» La caséine que les réactifs ne décèlent plus se rctrouve-t-elle coagulée
et unie aux globules sanguins, ou bien est-elle éliminée par les émonctoires
de l'économie, ou plutôt subit-elle seulement une transformation isomérique
en passant à l'état d'une nouvelle matière albuminoïde? C'est ce que nous
examinons en ce moment, mais c'est un point sur lequel nous ne croyons pas
encore pouvoir nous prononcer.
» Le sang des animaux castrés (bœuf, mouton) nous ayant présenté une
proportion assez notable de caséine, nous nous sommes demandé si chez les
animaux entiers le même fait se reproduirait, L'expérience faite sur le sang
de taureau et sur le sang de bélier nous a indiqué de la caséine en proportion
notable; cependant nous avons remarqué pour le sang de taureau des diffé-
rences marquées d'un individu à l'autre.
» Le sang d'un verrat ne nous a pas donné du tout de caséine, tandis que
le sang d'une truie, non pleine, en a fourni de petites quantités.
» Nous nous sommes dès lors demandé si l'état de jeûne ou d'alimentation
pouvait exercer une influence sur la proportion de caséine contenue, à un
moment donné, dans le sang d'un même animal.
)' Nous avons entrepris à ce sujet des recherches qui nous paraissent
donner déjà des résultats intéressants par leurs variations; mais les expé-
riences ne sont pas encore assez nombreuses pour décider la question d'une
manière absolue.
» Nous en dirons autant relativement à l'examen de l'influence de la
nature des aliments sur la présence et les proportions de la caséine dans le
sang.
n La caséine constitue-t-elle un aliment plus apte à l'assimilation que les
autres matières albuminoïdes? On serait tenté de le croire en rapprochant
les derniers faits que nous venons de citer des phénomènes de la nutrition
chez le fœtus aux dépens d'un liquide sanguin riche en caséine.
» En définitive, c'est dans le sang des femelles en lactation et saines que
la caséine se trouve à la proportion la plus élevée, et le sang, recueilli dans
ces conditions, se prête parfaitement à l'extraction de la caséine. Les pro-
cédés d'extraction et de purification sont au moins aussi simples que s'il
s'agissait de l'extraire du lait.
( 587 )
" La présence de la caséine en quantité plus prononcée dans le sanj» des
vaches laitières, devait nous conduire à chercher le sucre dans ce même
sang.
» Jusqu'à présent , nous n'avons pas expérimenté sur de fortes quantités
de sang. Mais en opérant sur un litre au plus de sang, le réactif de Frommherz
nous a indiqué de petites quantités de sucre par la formation d'un précipité
jaune , et non douteux , d'hydrate de protoxyde de cuivre.
» Il est à noter que les matières solubles dans l'alcool provenant de l'ex-
trait sec où pouvait se trouver le sucre, n'ont donné aucun précipité par la
liqueur cuivrique, tandis que la réduction s'est opérée sous l'influence de la
dissolution aqueuse du résidu traité par l'alcool. Cette expérience rend donc
très- probable l'existence du sucre de lait, au lieu du sucre de raisin. Les
expériences faites sur de plus grandes masses de sang de vaches laitières
permettront seules d'arriver à une conclusion plus certaine. »
MÉDECINE. — Du phosphène dans l'amaurose; par M. Serres, d'Alais.
(Extrait.)
(Renvoi à la Commission nommée pour les précédentes communications
de M. Serres, d'Alais.)
Après avoir passé en revue les divers symptômes qui ont été donnés comme
propres à caractériser l'amaurose et en avoir apprécié avec soin la valeur
réelle, l'auteur arrive à reconnaître que, pris séparément, chacun de ces
symptômes ne fournit le plus souvent que des renseignements peu fidèles;
que, réunis en faisceau, ils peuvent quelquefois suffire pour établir le dia-
gnostic dans les cas simples et dégagés de toute complication ; mais que le
plus souvent ils ne fournissent que des probabilités insignifiantes et presque
sans valeur. Ce caractère pathognomonique de l'amaurose, qu'aucun ophthal-
mologiste n'a pu rencontrer jusqu'à présent, l'auteur croit pouvoir le de-
mander au phosphène, cet anneau lumineux que le moindre contact du
doigt sur l'œil peut faire naître , sans douleur, sans gêne pour l'organe et sur
tous les points de sa circonférence, à l'exception de la cornée; que l'on
trouve constamment lorsque la vue est saine, que l'on retrouve encore, mais
altéré, lorsque la vue est affectée, qui n'existe jamais lorsqu'elle est irrévo-
cablement perdue. Le phosphène, en effet, ne se montre plus lorsque la
rétine est pour toujours amaurotique, même dans les cas où les malades
conservent encore la sensation confuse de la lumière et distinguent le jour
de la nuit.
78..
( 588 )
I/absence fie ce phénomène constitue donc le caractère pathognomo-
nique de l'araaurose confirmée, ou sur le point de l'être, quelle que soit la
cause qui l'ait occasionnée ou préparée. Que la paralysie de la rétine soit
congestive, éréthique, torpide ou organique; que la pupille soit dilatée,
resserrée ou totalement oblitérée, nnobile ou immobile; que la cornée,
l'humeur aqueuse, le cristallin ou le corps vitré aient perdu leur transpa-
rence et soient devenus complètement opaques ; la valeur de ce signe reste
la même.
L'auteur pense que l'électricité, proposée par quelques auteurs poui'
explorer la sensibilité de l'œil , est rarement utile, parce que ce moyen est
incommode et douloureux ; il a surtout l'inconvénient d'être infidèle , en
raison même de sa puissance d action , qui est assez grande pour faire naître
la sensation d'étincelles et de flammes dans des cas d'amaurose confirmée,
comme le prouvent les expériences de M, Magendie.
Quant à la teinte bleuâtre que percevraient les amaurotiques, lorsqu'on
les soumet à rélectricité , ce phénomène ne saurait constituer un signe de la
paralysie de la rétine ; car si, dans l'étude des couleurs du phosphène à l'état
physiologique , on éprouve de la difficulté à reconnaître les différences de
teintes, comment espérer d'arriver à une appréciation quelque peu exacte
de la nuance signalée par Hermschlinger, au milieu du trouble et de la dou-
leur causés par l'électricité.
La simple pression de l'œil est donc préférable dans tous les cas. Il faut
toutefois se tenir en garde contre une cause d'erreur : l'œil amaurotique est
quelquefois le siège de feux amorphes spontanés qui pourraient être confon-
dus avec le phosphène ; celui-ci s'en distinguera facilement par le lieu qu'il
occupe et par la forme annulaire qui le caractérise.
M. Isidore BouRDOiv, pour se conformer aux prescriptions du règlement,
envoie l'indication de ce qu'il considère comme neuf dans le Mémoire sur
Véthérisme qu'il a adressé pour le concours des prix de Médecine et de
Chirurgie.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Intériecr remercie l'Académie de ce qu'elle a bien
voulu mettre à la disposition de la bibliothèque de son Ministère les volumes
des Mémoires et la collection des Comptes rendus qui manquaient à cet
établissement.
( 589 )
CHIMIE. — Note sur l'équivalent chimique du Jer; par M. E. Macmené.
« Plusieurs analystes ont fait connaître dernièrement les résultats qu'ils
avaient obtenus sur et équivalent, celui de tous dont le chiffre primitif a
reçu la modification la plus considérable (de 339,a3 à 35o). J'ai eu Toccasion
de m'oocuper de ce sujet en 1846. Chargé d'analyser les fils présentés pour
le télégraphe électrique du chemin de fer du Nord et ayant reconnu que le
fer était de la plus grande pureté, je fis quelques expériences pour étudier
l'équivalent.
" IjC métal étant dissous dans l'eau régale faible, je précipitais l'oxyde par
l'ammoniaque, je recueillais sur un filtre et, après avoir lavé très-soigneuse-
ment à l'eau chaude , le filtre était porté dans une étuve à 1 10 degrés , puis
calciné dans un creuset de platine. Cette méthode donne de très-bons
résultats quand le lavage a bien entraîné tout le chlorhydrate d'ammoniaque.
•> Voici les nombres obtenus :
Fer.
Seaquioxyde.
Équivalent.
i'^482
2,117
35o,o8
1,452
2,074
35o,i6
1,3585
i»94i
349,82
1 ,420
2,0285
35o,o4
«>49*
2,i3i5
349» 96
1,554
2,220
35o,oo
Moyenne 35o,oi
M. Gdillom demande l'ouverture d'un paquet cacheté déposé par lui à
l'Académie le 5 août i833.
Ce paquet contient la description d'un lithotriteur perfectionné.
(Renvoyé, sur la demande de l'auteur, à la Commission des prix de Médecine
et de Chirurgie. )
M. Franchot adresse un travail dans lequel il cherche à démontrer que la
solution du problème de la direction des aérostats sera impossible tant que
l'on se tiendra dans les conditions dans lesquelles on s'est placé jusqu'à
présent. Il indique certaines dispositions qui, suivant lui, permettraient de
résoudre ce problème.
(Commissaires, MM. Poncelet, Piobert.)
M. Artur fait connaître différents résultats auxquels il serait parvenu de-
puis longtemps et qui ont rapport à l'état sphéroïdal des corps , signalé par
M. Boutignjr.
(Commissaires, MM. Pouillet, Babinet.)
( Sgo )
M. Maizière envoie un Mémoire dans lequel il soutient la théorie newto-
nienne de la lumière.
(Commissaires, MM. Biot, Arago, Regnault. )
M. Janicki présente un Mémoire sur V application en grand du système
des siphons.
(Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Seguier. )
M. Lecomte envoie la description d'un système de télégraphie qu'il croit
applicable à la guerre et qui offrirait l'avantage de transmettre les signaux de
jour et de nuit sans employer ni matériel , ni hommes spéciaux.
(Commissaires, MM. Piobert, Seguier.)
M. Brachet adresse un Mémoire dans lequel il se propose d'expliquer
comment on voit dans leur position naturelle les objets dont l'image arrive
renversée sur la rétine.
(Commissaires, MM. Magendie, Pouillet. )
M. LoiSEAU fait part à l'Académie de l'intenlion où il est de proposer un
prix relatif à ïhomœopathie.
La communication de M. Loiseau est renvoyée à l'examen de la Commis-
sion des prix de Médecine et de Chirurgie , et de la Commission adminis-
trative.
M. ViAU soumet à l'Académie la découverte d'un moteur mécanique qu'il
croit susceptible de remplacer les machines à vapeur.
L'auteur, étant dans l'intention de traiter avec le Gouvernement de la pro-
priété de son moteur mécanique, désirerait conserver le secret sur sa décou-
verte. Cette condition ne peut être admise par l'Académie, qui ne s'occupe ja-
mais que d'inventions livrées à la publicité. Il ne peut donc être donné suite
à cette communication.
M. Marshall Hall fait hommage à l'Académie d'un Mémoire imprimé en
langue anglaise, et intitulé: Synopsis du système spinal. [F'oir au Bulletin
bibliographique. )
M. Flourens est prié de vouloir bien faire sur cet ouvrage un Rapport
verbal.
M. BiANCONi fait également hommage à l'Académie d'un ouvrage imprimé
en langue italienne , intitulé : Histoire naturelle des terrains brûlants, des
( 591 )
volcans fangeux , des sources inflammables, des puits hjdropjriques et des
autres phénomènes géologiques produits par le gaz hydrogène, et de l'origine
de ce gaz. [Voir an Bulletin bibliographique.)
M. Éiie de Beaumont est prié de prendre connaissance de cet ouvrage et
d'en faire l'objet d'un Rapport verbal.
L'Académie accepte le dépôt à'nxï paquet cacheté présenté par MM. F. de
LA Provostaye et p. Desains.
La séance est levée à 5 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 21 octobre i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de C Académie des Sciences;
a™* semestre i85o; n" 16; in-4°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
labiés du i" semestre i85o; in-4°.
Institut national de France. Séance publique annuelle de l'Académie des
Beaux-Arts, du samedi 5 octobre i85o; in-4°.
Specimina zoologica Mosambicana quibus vel novœ vel minus notœ anima-
lium species illustrantur cura J . JoSEPHi BlANCONi; i à 3 fascicule; in-4°-
Storia naturale... Histoire naturelle des terrains brûlants, des volcans de
houe, des sources inflammables , et des autres phénomènes géologiques résultant
du gaz hydrogène; par M. le D' G. Bianconi. Bologne, i84o; in-8°.
Intorno. . . Introduction à la galvanoplastie ; Mémoire posthume de M. le
D"' Giovanni-Battista Bianconi ; broch. in-4°.
Synopsis... Synopsis du système nerveux diastaltique ; par M. Marshall
Hall. Londres, i85o; in-4°.
Sopra alcuni... Sur quelques points de la théorie du mouvement des liquides;
par M. P. Tardy. Florence, 1847; broch. in-4°.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIEINCES,
SÉANCE DU LUNDI 28 OCTOBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
IIËMOIRES ET COMMUIXÏCATIOr^;»
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
ZOOLOGIE. — Sur les organes de génération des divers animaux. —
Qualrième fragment, —Des Spermaphores dans la Sépiole de Rondelet et
dans le Calmar subulé, et des organes qui les produisent dans ces deux
espèces et dans plusieurs autres Céphalopodes ; de leur composition par
ces organes et de leur décomposition dans Veau et dans les organes
sexuels des femelles ; par M. Duverhoy. (Extrait par l'auteur.)
« Ce fragment comprend quatre chapitres.
» Le premier est historique ; j'y montre les progrés successifs de la science,
depuis la découverte des Spermaphores par Swammerdam, vers la fin du
XVII* siècle, jusqu'au moment où elle est parvenue à fixer ses idées sur l'u-
sage de ces machines de propagation.
» Le deuxième chapitre se compose, en premier lieu, d'une description
des Spermaphores appartenant aux deux espèces de Céphalopodes désignées
dans le titre de ce fragment, et de leurs spermatozoïdes; j'y fais remarquer,
en second lieu, les principales différences que présentent les uns et les
autres, selon les genres et les espèces.
" Je décris, dans le troisième chapitre, les organes qui composent Tappa-
C. K. t85o, 2">« Semestre. (T. XXXI, N» 18.) 79
(594)
reil mâle de génération de ces deux espèces, et j'indique comparativement
les différences qu'ils présentent avec ceux de plusieurs autres Céphalopodes.
n Enfin , dans le quatrième , j'expose les observations que j'ai faites sur la
formation des Spermaphores, en les comparant à celles, en petit nombre,
qui ont été faites avant moi. Dans ce but, j'essaye de montrer, autant que
l'état actuel de la science le permet, quel est l'emploi des différentes par-
ties de l'appareil mâle de génération , pour sécréter, modeler et arranger
différemment, selon les espèces, les spermatozoïdes, leur étui et les autres
organes ou substances qu'il renferme.
)' Cette quatrième partie n'est encore qu'une esquisse formée de quel-
ques traits qui me paraissent, à la vérité, assez importants , et qui pourront
servir de point de départ, pour des études ultérieures faites sur les bords
de la mer , dans la saison où le rut des différentes espèces de Céphalopodes
se prépare et se complète.
Chapitre I*^ — Partie historique.
Introduction.
» La connaissance des Spermaphores des Céphalopodes a une très-
grande importance pour la physiologie de la génération. Cette connaissance
est d'ailleurs tellement liée à certains systèmes sur cette fonction , et au
rôle qu'y remplissent les spermatozoïdes, appelés par Buffon molécules or-
ganiques, que j'ai cru devoir rappeler ici, avec quelque étendue, les prin-
cipales phases de la science, à leur sujet, depuis leur découverte par Swam-
merdam.
1 Ou y verra, je me hâte de le dire, que les recherches de nos jours qui
ont eu les résultats les plus propres à éclairer l'anatomie et la physiologie
sur la structure, la composition et la formation des Spermaphores des
Céphalopodes , ont été pubHées de i84o à i84a, par MM. Pelers et Milne
Edwards, soit séparément, soit en commun , et qu'elles ont résolu une partie
d^s questions les plus intéressantes concernant ces singulières machines de
propagation.
» Rappelons tout d'abord que les Céphalopodes ne sont pas les seuls ani-
maux qui en soient pourvus. Le Cjclops castor, ce crustacé inférieur
presque microscopique, produit des tubes spermatiques analogues aux
Spermaphores, et composés de même de substances qui absorbent l'eau, font
éclater le tube, et répandent autour de l'organe femelle d'accouplement,
contre lequel le mâle l'avait collé, les spermatozoïdes qu'il renfermait.
»' L'observation détaillée de l'existence, de la composition et de l'emploi
(595 )
de ces instruments compliqués de propagation, est due à M. deSiebold, qui
l'a publiée déjà en 1839, dans les Mémoires de Dantzick (i).
« Plus récemment , le même savant a découvert dans la famille des
Locustaires, des Spermaphoies formés de petits flacons, qui renferment des
agrégations régulièrement penniformes de spermatozoïdes.
" Ces précautions si remarquables , si intelligentes, pour protéger les
spermatozoïdes et les porter à la rencontre des ovules, suffiraient, au besoin,
pour signaler l'erreur du système qui les considéniit comme des animalcules
parasites, produit d'une génération prétendue hétérogyne ; et pour démon-
trer l'importance du rôle qu'ils sont appelés à remplir dans la génération
sexuelle.
" Au sujet des caractères principaux des Spermaphores et de leurs prin-
cipales différences selon les genres et les espèces, qui sont exposés en dé-
tail dans le chapitre deuxième de ce Jragment, je me bornerai à en extraire
les résumés concernant ces machines compliquées de propagation dans la
Sépiole de Rondelet et le Calmar subulé.
» Voici les particularités observées pour la première fois, ou que j'ai con-
statées dans les Spermaphores du premier de ces animaux :
» 1". [ja grande proportion des Spermaphores et leur nombre.
» Dans une Sépiole qui n'avait que o^jOaS de hauteur, depuis le fond du
sac jusqu'au bec, les Spermaphores atteignaient de 7 à 8 millimètres de
longueur.
« n y en avait de neuf cents à mille réunis dans leur réservoir.
" Si l'on fait attention aux milliers de spermatozoïdes que renferme le
réservoir séminal de chaque Spermaphore, on ne pourra qu'admirer la pro-
digieuse puissance de fécondation départie aux mâles des Céphalopodes en
général, et des Sépioles en particulier; et l'on ne sera plus étonné du petit
nombre de mâles comparativement aux femelles.
» 2°. La double composition du cordon séminal est le second caractère
qui distingue les Spermaphores de la Sépiole. Il a été découvert par
M. Peters; nous n'avons fait que le constater.
» Il y a un cordon formé d'un ruban ligamenteux à spires très-serrées,
auquel sont attachés de toutes parts, par leur appendice caudal , des milhers
de spermatozoïdes.
» Ce premier cordon en compose ua second , qui lui-même est contourné
en spires serrées ou écartées.
(i) Vol. m,tab. 2.
79-
( 596 )
11 3°. Je crois pouvoir expliquer la génération ou la formation du tube
éjaculateur en forme de vis , par quatre tubes fins , contournés en spire
régulière, qui s'enlacent réciproquement et se tressent en pas de vis. IjCS
figures de ce Mémoire rendront cette formation évidente.
11 4°- Il existe un grand nombre de petits corps en étoile, dans la plus
grande partie du tube éjaculateur, dans lequel ces corps sont rangés en
spirale.
11 J'ai retrouvé ces mêmes corps problématiques dans la substance des
testicules.
» Us avaient échappé, jusqu'ici, aux observations des naturalistes.
Résumé des caractères que présentent les Spermatophores du Calmar subulé.
« i". Fleurs proportions sont beaucoup moindres que dans la Sépiole de
Rondelet.
11 Dans un invidu qui avait o"", 094 depuis le fond du sac jusqu'au bec,
chaque Spermaphore n'avait que o™,oo25 de long.
11 2°. Le réservoir séminal s'avance bien davantage dans l'étui.
» 3°. ï^es spermatozoïdes sont réunis, par faisceaux, à un ligament
ramifié.
11 Cette forme d'agrégation n'avait pas encore été décrite ; elle présente
une très-grande différeace avec celle qui se voit dans la Sépiole.
11 4°- I-ies deux parties du flacon et le tube dit éjaculateur^ m'ont pré-
senté, de même, de très-grandes différences, dont les figures jointes au
reste de ce Mémoire donneront une idée juste.
11 Les différences souvent considérables que j'ai signalées dans ce cha-
pitre (i), selon les espèces et les genres, dans la forme et les proportions de
l'étui d'un Spermaphore, dans l'arrangement des spermatozoïdes autour
d'un ligament commun; dans les proportions du réservoir séminal; dans la
forme et la complication du flacon, qui a des parois élastiques, et dont la
capacité est toujours remplie d'un liquide jaune d'apparence huileuse ; dans
la forme, les proportions et les complications du tube dit éjaculateur;
dans la forme et les proportions des spermatozoïdes ; toutes ces différences ,
dis-je, font présumer, avuc la plus grande probabilité, qu'elles dépendent de
modifications relatives dans les organes générateurs qui produisent les divers
rouages de cette machine si compliquée.
(i) Soit d'après les observations de Swammerdam , de Néédaham , et surtout de MM. Pe-
ters et Milne Edwards, soit d'après celles qui me sont propres.
( %? )
» Aussi avons-nous mis le plus grand soin à décrire, dans le troisième
chapitre de ce fragment, l'appareil générateur mâle du Poulpe commun,
de la Seiche officinale, de trois espèces de Calmar et de la Sépiole de
Rondelet.
» Cet appareil se compose essentiellement de trois organes de sécrétions
et de leurs canaux excréteurs différemment combinés. Ce sont la glande
spermagène , la glande dite vésicule séminale et la glande prostate.
" L'ensemble de ces organes m'a présenté trois plans différents.
:> 1**. liCS Poulpes et les Seiches m'ont donné l'exemple du premier
type d'organisation. C'est le seul d'ailleurs qui était connu avant mes re-
cherches.
" La glande spermagène , unique dans l'une et dans l'autre espèce, ne
présente aucune trace de division dans le Poulpe commun; elle est à moitié
séparée en deux lobes, dans la Seiche officinale.
« Son canal excréteur, dans les deux espèces, est long et très-replié. Il
aboutit dans la vésicule séminale à l'extrémité opposée à la terminaison de
cette vésicule dans la prostate.
» La glande spermagène ne produit que des spermatozoïdes, que son
canal excréteur décharge, en forme de boudin serré, dans la vésicule sé-
minale,
» Celle-ci est un long conduit de sécrétion , dont les parois sont en partie
glanduleuses, et dont la cavité a des replis évidemment disposés pour don-
ner aux spermatozoïdes l'arrangement qu'ils présentent dans le réservoir
séminal du Spermaphore.
n La prostate reçoit le produit des deux organes glanduleux précé-
dents, par le canal de la vésicule séminale, et le rend modifié par son canal
excréteur, dans le réservoir aux Spermaphores.
» Ses parois épaisses et glanduleuses, les deux culs-de-sac dans lesquels
sa cavité est divisée, son rapport immédiat avec le réservoir des Sperma-
phores par son canal excréteur, qui y verse ses Spermaphores complets , dé-
montrent ses usages dans ce premier plan d'organisation.
» Nous devons ajouter qu'ici ce premier plan commun aux deux genres
Seiche et Poulpe se différencie un peu.
» Dans la Seiche commune, le réservoir aux Spermaphores verse immé-
diatement au dehors, par son long col, qui se termine dans la cavité respira-
trice, par une sorte de pénis , les Spermaphores et les spermatozoïdes isolés
qu'il renferme.
» Dans le Poulpe commun, au contraire, le réservoir n'aboutit pas im-
( 598 )
niédiatement dans la cavité respiratrice. 11 a un canal excréteur qui a son
embouchure dans une poche éjaculatrice très-musculeuse; le col de cette
poche se prolonge ensuite dans un canal musculo-membraneux assez long,
qui se termine, à la façon d'un pénis, dans la cavité respiratrice.
» 2°. Dans un deuxième pl;m d'organisation, celui des Calmars, que je
pense être le premier à signaler ainsi que le suivant, la glande spermagène
A trois lobes et deux canaux excréteurs distincts : l'un de ces canaux, par ses
rapports immédiats avec la vésicule séminale, répondrait au canal unique
du plan précédent; l'autre, par sa forme plus grêle, ses replis nombreux et
sa longueur relative, se rapporterait davantage à un canal déférent tel qu'il
est généralement constitué. Nous l'avons distingué comme second canal dé-
férent.
" f^e premier mêle son produit immédiatement avec celui de la vésicule
séminale, puis à celui de la prostate.
" L'autre porte les spermatozoïdes qu'il renferme seuls et sans mélange,
soit immédiatement dans le réservoir aux Spermaphores, le Calmar de Dn-
vaucel, le petit Calmar; soit dans la dernière partie du canal de ce ré.^er-
voir, qui charrie en même temps les produits des autres glandes. Il résulte de
celte disposition bien différente du premier plan, que le second canal défé-
rent, qui paraît répondre à deux lobes du testicule, doit porter immédiate-
ment dans le fond du sac aux Spermaphores ou dans son canal , tout prés de ce
fond,, une grande partie des spermatozoïdes sécrétés par le testicule, et sans
qu'ils aient pu être enfermés dans l'étui compliqué qui constitue l'enveloppe
du Spermaphore.
" 3". Dans un troisième plan (i), celui de \a S e'piole de Rondelet, qui nous
paraît intermédiaire entre les deux premiers, la glande spermagène a éga-
lement trois lobes et deux canaux excréteurs.
» Le premier canal déférent est, de même que dans le plan précédent,
enveloppé immédiatement par une sorte de vésicule séminale; il contourne
le testicule ainsi invaginé, et se dégage ensuite pour se rendre dans la pro-
state, où il verse le produit des deux organes sécréteurs.
" Le second canal déféi-ent est court relativement à celui des deux autres
plans, et verse également son produit dans la prostate; celle-ci est une poche
eu cul-de-sac dont le canal excréteur, à proportion beaucoup plus long que
dans les deux plans précédents , porte le produit de la sécrétion des trois
(i) Également inconnu jusqu'ici , malgré la Monographie de M. Peters, où il n'a pas rU:
caractérisé.
( 599)
plaiides clans le réservoir aux Spermaphores. Ce réservoir est considérable
et n'a qu'un court mamelon pour canal excréteur et pour pénis.
" Dans le quatrième et dernier chapitre de ce frajjment , j'ai réuni entre
autres :
» i". Les observations que j'ai eu l'occasion de faire, et que j'ai compa-
rées à celles qui ont été faites, avant moi, sur l'existence dételle ou telle partie
des Spermaphores dans celui des oqfanes de l'appareil génital qui paraît
l'avoir formée, et sur les changements qu'éprouvent les Spermaphores dans
leur réservoir. Ce paragraphe traite particulièrement de leur formation et
de l'ordre de composition de leurs différentes parties.
» Après avoir étudié et pour ainsi dire analysé les différents organes et
les différentes substances de cette machine compliquée, la première idée qui
m'est venue sur leur formation successive, a été celle de la comparer à la
formation d'un œuf d'oiseau qui se complète en passant dans les divers seg-
ments de l'oviducte, dans lesquels le vitellus et son germe sont successive-
ment enveloppés des chalazcs, de l'albumen, de la membrane de la coque,
et de la coque elle-même.
» En cela je suis, avec quelques restiictions cependant, de l'avis de mon
savant confrère, M. Milne Edwards, dont le Mémoire, que j'ai eu l'occasion
de citer, non-seulement dans la partie historique de ce fragment, mais en-
core dans les autres chapitres, renferme celte manière de voir.
» Ici , le vitellus est remplacé par les spermatozoïdes que produit la
glande spermagène. Son canal excréteur les porte ensuite dans cette série
d'organes qui sont plus distincts et mieux séparés que les parties d'un ovi-
ducte d'oiseau , mais qui remplissent des fonctions analogues; quoique nous
leur ayons conservé les dénominations des organes glanduleux de l'appareil
mâle de génération.
» La restriction que j'ai indiquée tout à l'heure, tient à la présence des
spermatozoïdes libres dans le sac des Spermaphores , même dans le cas, comme
dans les Poulpes^ où il n'y a qu'un canal déférent qui aboutit dans la vésicule
séminale. Mais dans celui où les spermatozoïdes sont portés directement de
l'un des lobes du testicule dans le sac aux Spermaphores, par l'un des deux
canaux déférents, comme cela a lieu dans le Calmar de Duvaucel et ie petit
Calmar; on ne pourrait comprendre leur enveloppement successif par les
membranes du réservoir séminal et de celui-ci par celles de l'étui des
Spermaphores.
» Il faut alors, ou qu'une grande partie des spermatozoïdes reste libre,
sans être enfermée dans cet étui, ou qu'elle y entre seulement dans leur
réservoir, comme l'avait présumé Swamraerdam.
( 6oo )
» Quelques observations que nous avons faites dans la Sépiole , nous
portent à penser, sans pouvoir encore l'affirmer, que cela pourrait bien se
passer ainsi. La position des Spermaphores dans leur réservoir, la trompe
en bas, plongée dans un magma de spermatozoïdes et de cellules épithéliales,
semblerait indiquer cette introduciion tardive d'une partie des sperma-
tozoïdes; bien entendu que cette manière de voir, déjà ancienne, n'est en-
core pour nous qu'une hypothèse , fondée sur quelques données qui n'avaient
pas été observées avant nous.
" 2°. Dans les paragraphes suivants, j'ai décrit et discuté le mode de dé-
composition des Spermaphores dans l'eau et dans les organes sexuels des
femelles.
>' Relativement à leur décomposition dans l'eau, outre l'endosmose
nécessaire de l'eau, qui a lieu à travers l'étui et les membranes qui le dou-
blent; il y a une absorption considérable de ce liquide par la matière
amorphe mêlée aux spermatozoïdes dans le réservoir séminal , ou bien ac-
cumulée dans la partie la plus reculée de l'étui.
» C'est le gonflement de cette dernière substance et de celle du réservoir
séminal qui augmente ses dimensions en tous sens, pousse en avant ce
réservoir, le flacon et le tube, et les fait sortir successivement de l'étui par
la trompe ou l'extrémité antérieure de celui-ci. Il y a dans ce phénomène
une force a tergo, plutôt qu'une attraction d'avant en arrière, comme on
l'explique ordinairement. Au reste, l'étui se brise souvent en plusieurs en-
droits et met à nu, immédiatement, tous ses rouages ou les organes qu'il ren-
ferme.
» Pour ce qui est des débris de Spermaphores et des spermalozoïdes
trouvés dans les organes de la femelle , MM. Peters (i) et ErdI les ont signalés
dans la Sépiole, où ils les ont découverts jusque dans les plis. que forme la
paroi intérieure de la dernière partie de l'oviducte, non loin de son orifice.
» Le premier de ces anatomistes indique encore, mais avec doute, une
substance qui lui a paru renfermer des débris de Spermaphores, qu'il a dé-
couverte au fond de la cocpùlle de VÀrgoîiaute, près de l'ovaire.
n Nous avons fait une observation décisive à cet égard ; une femelle de
ce Céphalopode, conservée dans la collection du Collège de France,
renfermait des débris très-reconnaissables de Spermaphores, dans son sac
branchial.
>. Quant aux Spermaphores entiers (a) dont MM. Lebert et Ch. Robin
(i) Mémoire cité, Archives de J. Miiller pour 1842, page 336.
(1) Annales des Sciences naturelles, a" série, tome IV, pagegS.
(6oi )
ont découvert un amas attaché aux parois du sac branchial d'une fenmelle
de Calmar commun, il est évident que cette observation unique, qui dé-
montre surabondamment la pénétration des Spermaphores dans les organes
des femelles, est en même temps un cas anormal, puisque les Sperma-
phores sont restés entiers et n'ont pas éclaté dans l'eau.
» Ce Mémoire est accompagné de quarante et une figures distribuées
dans cinq planches. "
RAPPORTS.
PHYSIQUE. — Rapport sur un Mémoire présenté à V Académie, par
M. L. Pasteur, ayant pour titre : Nouvelles recherches sur les relations
qui peuvent exister, entre la forme cristalline, la composition chimique,
et le pouvoir rotatoire moléculaire.
(Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Regnault,Balard, Biot rapporteur.)
" L'Académie se rappelle, qu'il y a maintenant deux années, M. Pasteur
lui présenta la découverte fort imprévue de la décomposition de l'acide
racémique cristallisé, en deux acides distincts, pareillement cristallisables ,
possédant des pouvoirs rotatoires égaux et de sens contraires, qui se neu-
tralisent mutuellement, quand ces deux corps, mis en solution aqueuse, se
combinent spontanément, à masses égales, et reproduisent l'acide racémique
par leur union. M. Pasteur avait été conduit à ce résultat, par une indica-
tion cristallographique très-délicate, dont l'existence, et encore davantage
la signification dans cette circonstance, avaient échappé aux observateurs
les plus exercés. En étudiant la combinaison simultanée de l'acide racé-
mique avec la soude et l'ammoniaque, il remarqua qu'elle donne des cris-
taux de deux sortes, essentiellement distincts, quoique faciles à confondre.
La proportion des deux alcalis y est la même; et ils ont une forme primi-
tive commune, qui se présente toujours modifiée par des facettes secondaires
de même espèce, en même nombre, placées dissymétriquement sur le solide
primitif. Mais elles y sont réparties, dans chaque sorte , en sens opposé; et
les cristaux d'une même sorte, étant redissous séparément, reproduisent
toujours leur forme propre, jamais l'autre. T/une des deux est complète-
ment identique au tartrate double des mêmes bases, lequel, ainsi que tous
les tartrates, possède le pouvoir rotatoire moléculaire, qui ne se manifeste
jamais dans les racéraatos. [/autre est l'image de ce tartrate double, vue
C. R , l85o, urne Semestre. (T. XXXI, N» 18.) 8o
( 6oa )
dans un miroir. Le racémate double que l'on avait voulu produire, semblait
donc s'être constitué spontanément sous ces deux formes. Or il s'était réel-
lement opéré une décomposition bien plus surprenante encore , et plus
profonde. En effet, chaque sorte de cristaux étant dissoute séparément, se
montra douée d'un pouvoir rotatoire propre, dont l'intensité absolue était
égale pour les deux, mais le sens relatif opposé, comme celui des facettes
qui les distinguaient. Les bases alcalines s'y trouvaient par conséquent
combinées avec deux acides distincts, qui devaient être les composants du
racémique. M. Pasteur les retira tous deux de ces combinaisons par les pro-
cédés chimiques, les épura, les fit cristalliser, et en recomposa 1 acide racé-
mique dont ils résultaient. Il retrouva, dans leurs cristaux , le même carac-
tère constant d'identité dans la forme primitive, et de dissymétrie, ainsi que
d'opposition, dans les facettes secondaires qui les modifiaient. L'un d'eux,
celui qui exerce la rotation vers la droite, est identique à l'acide tartrique
ordinaire.
» C'étaient là sans doute de très-beaux faits, et très-neufs. Mais l'applica-
tion qui les avait fournis , ne leur donnait encore que la valeur d'une parti-
cularité isolée. M, Pasteur comprit, dès le premier abord, qu'ils pouvaient
être l'indice d'une relation générale de physique-mécanique, en vertu de
laquelle, les substances moléculairement douées du pouvoir rotatoire, por-
teraient l'empreinte de cette propriété, dans les cristaux qui en dérivent.
La manifestation expérimentale de cette relation, a été depuis le but spé-
cial des recherches persévérantes de M. Pasteur. Les nouveaux faits qu'il
vous apporte aujourd'hui, quoique fort curieux en eux-mêmes, tirent leur
importance principale de cette direction intelligente, dans laquelle il les a
cherchés, découverts, étudiés. Nous devons donc signaler ici clairement la
série d idées qui la constitue, et qui le guide; c'est ce que nous allons faire en
peu de mots.
» Le pouvoir rotatoire moléculaire se manifeste par une action dissymé-
trique, que les particules constituantes des substances qui le possèdent,
exercent sur les rayons de la lumièi'e polarisée. Ces particules sont donc alors
individuellement dissymétriques; soit, dans leur forme, l'arrangement de
leurs éléments chimiques, leurs qualités externes, ou dans plusieurs de ces
accidents à la fois. Cela posé, lorsque des molécules ainsi faites, viennent à
s'agréger spontanément, et à se grouper d'elles-même en cristaux de dimen-
sion sensible, leur dissymétrie propre se trouvera-l-elle encore empreinte
dans ces agglomérations? et, si elle l'est, quels sont alors les signes obser-
( (Jo3 )
vables de son influence? L'expérience seule peut fournir une réponse à ces
deux questions; et M. Pasteur s'est attaché à la faire sortir de l'examen des
produits qu'il avait obtenus.
" Pour cela, il s'appuie ?ur une grande loi cristallographique que Haiiy a
très-habilement signalée. Voici en quoi elle consiste.
" Tous les cristaux simples, d'une même substance, peuvent être consi-
dérés théoriquement, comme engendrés par l'apposition progressive de so-
lides géométriques infiniment petits, tous d'une même forme, qui se sont
groupés parallèlement les uns aux autres, sous toutes les configurations d'en-
semble compatibles avec ces conditions générales de parallélisme et d'iden-
tité. Dans chaque solide générateur, convenablement choisi, il y a un centre
de figure, par lequel on peut mener trois droites, ou axes rectilignes, qui
se terminent à sa superficie, et qui sont respectivement parallèles à ses arêtes.
On appelle ces trois droites, les axes cristallographiques; et les rapports de
leurs longueurs, joints à leur obliquité relative, caractérisent les divers sys-
tèmes cristallins. On en distingue six. Dans le plus simple, que l'on appelle
régulier, les trois axes ont d'égales longueurs, et font entre eux des angles,
droits. Dans le plus complexe, ils sont obliques les uns sur les autres, et ont
tous trois d'inégales longueurs.
» Les solides cristallographiques ainsi définis, possèdent toujours certains
éléments géométriques, angles, faces, ou arêtes, qui, dans leur confor-
mation , leurs dimensions propres, et leur mode d'assemblage avec les parties
adjacentes, présentent toujours un ou plusieurs couples , dont le dispositif
est identiquement pareil. Si on les envisage sous les mêmes aspects, si l'on
en prend pour ainsi dire le moule local , on n'aperçoit rien qui les distingue
entre eux; tandis que d'autres, au contraire, sont manifestement dissem-
blables. Si l'on suppose que de tels corpuscules, ayant des dimen.sions
insensibles, viennent à s'agréger, librement et avec lenteur, dans un milieu
homogène illimité, en vertu de forces attractives s'exerçant à petites
distances, toute particularité de superposition qui s'appliquerait à un des
éléments du solide primitif, devrait s'opérer également sur tous ses sem-
blables, puisque I iiifiniment petite étendue d'efficacité des forces, rendrait
les conditions déterminantes, localement identiques pour tous. Cette simi-
larité d'effets pareils, devant résulter de la similarité des actions physiques
exercées par les parties semblables, a été justement appelée par Haiiy,
la loi de symétrie. Quoique l'ensemble de conditions abstraites, qui en éta-
blirait physiquement la nécessité, ait dtl, sans doute, ne pas se trouver tou-
jours complètement réuni dans la formation des cristaux naturels, l'influence
80. .
::m:
( 6o4 )
mécanique de la similarité des parties, parait y avoir été bien puissrnte.
Car les conséquences de cette loi abstraite se voient, en effet, réalisées avec
une prédominance incontestable, dans la généralité des produits de la cris-
tallisation. Elle semble exprimer le cours ordinaire et régulier du phéno-
mène; de sorte que les formes qu'on lui voit permettre ou exclure, dans
chaque cristal de dimension sensible, fournissent les indications les plus évi-
dentes, comme aussi habituellement les plus sûres, pour découvrir son type
générateur. Toutefois, on rencontre des cas nombreux, où la cristallisation
y déroge; non pas en présentant, sur tel ou tel élément du cristal, quelque
particularité isolée que l'on puisse imputer à des circonstances accidentelles;
mais en offrant, au contraire, un ensemble symétrique d'effets dissymé-
triques, qui se correspondent , avec une diversité régulière et constante, sur
les plages diamétralement opposées du cristal. Haûy avait aperçu et signalé
ces exceptions, qu'il assimilait à ce qui arrive dans les plantes, lorsque
l'on y voit occasionnellement avorter un certain nombre des organes que
les lois générales de la végétation leur assignent; et il les attribuait à des
influences indépendantes de l'attraction moléculaire, par exemple à la pola-
rité électrique. Mais le phénomène a beaucoup plus d'importance qu'il ne le
croyait. Dans de tels cas, si l'on considère le système total de facettes secon-
daires, toujours en nombre pair, que la loi de symétrie aurait exigées ou
permises, on trouve que la moitié juste de ce nombre y manquent, ou s'y
trouvent remplacées par d'autres dissemblables, soit en dérivation , soit en
grandeur, à leurs opposées. Quoique Haiiy ait eu l'occasion de voir, et de
signaler, presque toutes les individualités de ces formes régulièrement incom-
plètes, il semble n'avoir pas aperçu ce que leur dérogation à la loi de symé-
trie, avait elle-même de symétrique et de général. C'est ce qu'a fait depuis
un célèbre cristallographe allemand, M. Wéiss, en ramenant l'étude com-
parée des cristaux à dépendre de conceptions géométriques plus abstraites ,
qui font plus aisément découvrir leurs rapports d'ensemble. 11 a désigné ce
remarquable phénomène par le nom général d'kémiédrie^ qui est aujourd'hui
adopté universellement, dans l'acception qu'il lui adonnée. Les cristallo-
graphes ont déterminé depuis, par le calcul, toutes les circonstances géo-
métriques, dans lesquelles il peut mathématiquement se produire; mais ils
ont beaucoup moins cherché à découvrir les rapports physiques, ou méca-
niques, qu'il peut avoir avec la constitution des particules cristallines mêmes.
En se dirigeant vers ce but, M. Pasteur a été conduit à sa première décou-
verte. Il en a fait depuis l'objet constant de ses travaux; et c'est également
sous ce point de vue que nous devons surtout envisager ceux qu'il vous pré-
( 6o5 )
sente encore aujourd'hui. Car c'est de là, qu'à nos yeux, ils tirent leur prin-
cipale importance.
» 11 s'est attaché, d'abord, à spécifier exactement les caractères propres de
rhémiédrie que présentaient les cristaux de ses deux acides constituants du
racémique, ainsi que les nombreuses combinaisons salines crislallisables,
toutes douées comme eux de pouvoir rotatoire, dans lesquelles il les avait
séparément enjjagés. L'étude comparative de tous ces produits, lui fit re-
connaître la nécessité de partager les formes hémiédriques en deux grandes
classes, qu'il distingue par les dénominations de siiperposables, et de non
superposables. Voici le motif de cette séparation.
» Prenez un cristal hémiédrique quelconque, appartenant à une sub-
stance dont vous aurez reconnu la forme primitive; et l'ayant placé devant
vous, dans une position fixe, restituez-lui par la pensée les facettes qui lui
manquent, pour que la loi de symétrie s'y trouve satisfaite. Puis, suppri-
mez-y fictivement les facettes réelles, et ne lui laissez que les idéales. Vous
obtiendrez ainsi un second cristal, qui sera encore individuellement hémié-
drique; et qui, déplus, appartiendra encore à la même substance, soit en fait,
si la nature le réalise , soit par dérivation géométrique , si elle ne vous le pré-
sente pas. Or, dans certains cas, ce second cristal ne sera autre chose que le
premier, qui aurait tourné angulairement , d'un certain nombre de degrés ,
autour d'un de ses axes; de sorte qu'il deviendra complètement identique
et superposable à celui-là, si vous lui imprimez ce même mouvement angu-
laire, en sens opposé. C'est là ce que M. Pasteur appelle, une hémiédrie super-
posable. Mais, dans d'autres cas, le cristal fictif, en quelque sens qu'on le
tourne, ne se trouvera jamais identique et superposable au réel. Il lui sera
seulement symétrique, en prenant ce mot dans l'acception que les géomètres
lui donnent; c'est-à-dire qu'il sera l'image de l'autre vue dans un miroir.
C'est là ce que M. Pasteur appelle, ïhémiédrie non superposable.
» Ce dernier genre d'hémiédrie est le moins ordinaire. Or c'est celui
qu'ont présenté les deux acides tartriques, droit et gauche j de M. Pasteur,
ainsi que tous les sels, également doués de pouvoir rotatoire qu'il en a dé-
rivés , lorsque le caractère hémiédrique s'y laissait apercevoir. La mention
de cette réserve est essentielle; car l'absence du signe n'entraîne pas I im-
possibilité absolue de sa manifestation. L'expérience apprend en effet que,
parmi les cristaux d'une même substance , on en trouve occasionnellement
qui sont pourvus de facettes hémiédriques , tandis que sur d'autres , sem-
blables dans tout le reste de leur ensemble, ces facettes manquent, ou sont
toutes développées simultanément, comme l'exigerait la loi de symétrie.
( 6o6 )
li'importance du fait que nous venons de rappeler consiste donc , en ce que ,
dans les deux acides taitriques droit et gauche , comme dans leurs sels, la
seule sorte d'hémiédrie qui apparaisse, est la non superposable. C'est encore
l'hémiédrie non superposable que M. Pasteur vient de constater dans l'aspa-
ragine, dans quelques malates, et dans le ^[lucosate de sel marin. Mais il n'a
nu en distinguer d'aucune sorte, dans l'acide aspartique, l'acide malique,
et les autres malates, quoiqu'il y ait pareillement constaté l'existence du
pouvoir rotatoire moléculaire. L'ensemble de ces faits peut conséquemment
se résumer dans la proposition suivante.
» Toutes les substances douées de pouvoir rotatoire, que l'on a pu jus-
qu'à présent observer à l'état de cristal, affecté de signes hémiédriques,
présententent l'hémiédrie non superposable. L'hémiédrie superposable ne
s'y rencontre jamais. Si les expériences ultérieures que l'on pourra faire,
continuent de confirmer cette exclusion, cela établira une connexion méca-
nique bien curieuse, entre la dissymétrie propre aux molécules qui possè-
dent le pouvoir rotatoire, et le genre de dissymétrie spécial qu'elles im-
priment aux cristaux formés par leur agglomération.
» Ceci conduit naturellement M. Pasteur à discuter la proposition in-
verse. L'hémiédrie non superposable , lorsqu'elle s'observe dans des cristaux
d'une substance, est-elle un indice constant du pouvoir rotatoire molécu-
laire? Fjui-même avait déjà trouvé des cas, où cette réciproque n'a pas lieu ,
par exemple le sulfate de magnésie, le sulfate de zinc, et leurs isomor-
phes. Il y ajoute aujourd'hui le formiate de strontiane, avec des particula-
rités bien dignes d'intérêt.
" La dissolution de ce sel est dépourvue de pouvoir rotatoire Pourtant ,
les cristaux qu'elle dépose sont tous hémiédriques, et de l'espèce d'hémiédrie
non superposable. Mais, ce qui est fort k remarquer, les deux formes oppo-
sées, droite et gauche, s'y produisent, toujours simultanément, sans propor-
tions fixes, dans une même cristallisation. Si l'on sépare les cristaux d'une même
sorte, qu'on les redissolve, et qu'on les abandonne de nouveau à leur propre
réaction, ils reproduisent des cristaux des deux sortes, indifféremment
mêlés ensemble. Or, ni les uns ni les autres, étant dissous à part , ne manifes-
tent le pouvoir rotatoire moléculaire.
" Ainsi, jusqu'à présent, l'existence du pouvoir rotatoire dans les mo-
lécules, paraît entraîner, comme conséquence, l'hémiédrie non superposable,
des cristaux qu'elles forment. Mais l'existence de celle-ci, n'atteste point
l'existence du pouvoir rotatoire moléculaire. Ce manque de réciprocité n'a
rien qui doive surprendre. Car la dissyméirie décelée par les effets optiques,
( 6o7 )
dans les molécules qui possèdent ce pouvoir, paraît être d'une nature spé-
ciale, puis(|n'il s'est trouvé jusqu'ici exclusivement appartenir à des produits
complexes , élaborés par l'organisme vivant. On n'a donc aucune difficulté
à comprendre, que de telles molécules impriment aux cristaux qu'elles
forment, des modifications que d'autres pourraient également produire,
sans leur être, en tout, pareilles; et conséquemment sans posséder la même
spécialité optique dont elles sont douées. A cela, il faut joindre une remarque
très-curieuse de M. Pasteur. C'est que, dans le petit nombre de substances
dépourvues de pouvoir rolatoire, où l'on a jusqu'ici observé l'hémiédrie
non superposable, l'impossibilité de la superposition ne tient qu'à une dis-
semblance d'angles dièdres extrêmement faible; de sorte qu'on pourrait la
dire géométrique , plutôt que physique. Les observations ultérieures feront
voir, si l'hémiédrie non superposable ne deviendrait un indice assuré du pou-
voir rotatoire , que dans les cas où les conditions angulaires qui l'établissent,
dépassent certaines limites d'amplitude.
'1 Nous venons d'analyser, ce que l'on pourrait appeler la partie cristallo-
graphique du Mémoire de M. Pasteur. Nous allons maintenant en considérer
la partie chimique. Elle n'est pas moins intéressante que l'autre.
» Voici d'abord le point de vue où il se place. Lorsque les groupes ma-
tériels qui constituent les molécules d'un corps , possèdent le pouvoir rota-
toire, l'existence de ce pouvoir n'est pas attachée, par une condition de
nécessité absolue, à l'ensemble total du système qu'elles composent. Cet en-
semble détermine seulement le sens, et l'intensité de l'action. La preuve,
c'est qu'on peut faire varier à volonté ces deux effets, en mettant le groupe
actif, déjà formé, en présence d'autres groupes matériels, même inactifs,
avec lesquels il peut se combiner chimiquement, sans décomposition. Car
le système moléculaire résultant, conserve le pouvoir rotatoire, qui se trouve
modifié seulement quant aux deux particularités précitées. Il est bien en-
tendu que ces combinaisons, comme aussi les variations de pouvoir qui eu
résultent, s'effectuent sous la condition que les groupes moléculaires sont
mis en présence à l'état liquide, de manière à pouvoir réagir librement, et
tous ensemble, les uns sur les autres, dans l'espace total où ils sont répartis.
Réciproquement, si l'on retire de la combinaison, la substance individuelle-
ment inactive qu'on y avait introduite, le groupe actif, non décomposé,
reparaît avec le même pouvoir qu'il avait primitivement. D'après cela,
quand un produit organique défini, doué du pouvoir rotatoire, a été ainsi
obsetvé, dans l'état de composition complexe que la nature lui donne, ce
doit être une étude bien curieuse que d'essayer de lui enlever un ou plu-
( 6o8 )
sieurs de ses principes constituants chimiques, soit partiellement, soit en
totalité, puis de les remplacer par d'autres; et de suivre les variations du pou-
voir rotatoire dans ces états divers, jusqu'à ce que l'on arrive à reconnaître
le grou|)e le moins complexe auquel ce pouvoir est essentiellement attaché,
et dont la destruction le fait disparaître.
" M. Pasteur présente, dans son Mémoire, une suite de recherches chi-
miques, faites sur l'asparagine , l'acide aspartique , et l'acide malique, en
vue des considérations que nous venons de signaler. Prenant d'abord la pre-
mière de ces substances, dans l'état où la nature la donne, il y a constaté
l'existence du pouvoir rotatoire moléculaire, et il a reconnu les différences
considérables que ce pouvoir présente, selon que l'asparagine est dissoute
dans Teau pure, ou avec l'adjonction des alcalis et des acides, sous les res-
trictions de temps et de température nécessaires, pour qu'elle ne soit pas
altérée chimiquement par eux. Il a alors excité la réaction, de manière à lui
enlever, soit i, soit 2 équivalents d'ammoniaque, ce qui, comme on le sait,
laisse pour résidu les deux groupes moléculaires qui constituent l'acide as-
partique et l'acide malique. Chacun de ces dérivés lui a encore présenté le
pouvoir rotatoire, dont il a de même étudié les variations dans des milieux
divers, ainsi que dans toutes les combinaisons salines où il a pu les engager,
li'acide malique ainsi obtenu, s'est montré identique à celui que l'on retire
immédiatement des baies du sorbier (i). Ou sait que la plupart des acides vé-
gétaux, lorsqu'ils sont attaqués par la chaleur, donnent, dans leur décomposi-
tion progressive, divers produits encore acides, que l'on appeWe p/rogénés.
L'acide malique, traité ainsi, en fournit successivement deux, isomères l'un
à l'autre, et dont la composition pondérale ne diffère de la sienne que par
la privation d'un certain nombre d'équivalents d'eau. On les distingue entre
eux , par les dénominations de maléique, et de paramaléique. Ce dernier a
été nommé aussi fumarique, parce qu'on le trouve formé naturellement dans
la fumeterre. M. Pasteur a reconnu que ni l'un ni l'autre ne possèdent le
(i) L'identité de ces deux .produits , quant aux propriétés optiques, n'est pas formelle-
ment énoncée dans le Mémoire de M. Pasteur, comme ayant été conhtsXèe expérimentalement.
Elle ne l'est pas non plus dans l'extrait inséré aux Comptes rendus (séance du 3o septem-
bre i85o). On la mentionne ici, d'après ce que l'on croit lui avoir entendu exprimer, dans
des communications orales. L'ensemble de ses expériences a été fait sur l'acide malique na-
turel. Il se pourrait qu'il n'eût pas été en position de sacrifier une quantité d'asparagine
suffisante, pour obtenir la quantité d'acide malique, ou de bimalate d'ammoniaque artificiels,
que les observations optiques exigent. Dans ce cas, ce serait une vérification essentielle à
effectuer. (Note ajoutée à l'impression, par le Rapporteur.)
( 6o9 )
pouvoir rotatoire. Il a observé aussi l'absence de ce pouvoir dans l'acide
pyrotartrique, qui dérive du tartrique par des procédés pareils; mais qui en
diffère par la privation d'un certain nombre d'équivalents d'eau, et d'acide
carbonique. Ainsi, les molécules qui composent ces corps pyrofjénés, n'ont
plus le mode spécial de constitution, d'où la faculté optique résulte. Mais
l'ont-ils perdue parce que la chaleur a seulement eulevé à leurs groupes pri-
mitifs quelques-uns de leurs éléments chimiques, ou aiissi parce qu'elle au-
rait dérangé leur mode d'organisation? Il est fort à présumer que ce dernier
effet, s'y est opéré concurremment avec l'autre; car on l'observe déjà,
quoiqu'à un degré moindre, dans des circonstances, où l'action de la cha-
leur a été beaucoup moins vive, et n'a même enlevé au groupe primitif,
aucun de ses éléments pondérables. Par exemple, lorsqu'on fait fondre l'acide
tartrique cristallisé, sans lui rien faire perdre de ses principes constituants,
et qu'on en dérive ainsi son isomère qu'on appelle le métatartrique, on
trouve que celui-ci a éprouvé dans sa faculté rotatoire, des modifications
très-considérables, qui ne disparaissent qu'après un certain temps, lorsqu'il
a repris de lui-même, sa constitution primitive dans l'état liquide, en pré-
sence de l'eau, ou d'autres corps, sur lesquels on le fait agir; comme si
cette réaction la ramenait, plus ou moins promptemeot, à son premier état.
Il n'y a donc pas lieu de s'étonner, si l'effet beaucoup plus profond de la
chaleur, dans la formation des acides pyrogénés, imprime aux groupes pri-
mitifs une perturbation assez puissante, pour qu'ils perdent totalement le
pouvoir rotatoiie, après qu'ils l'ont subie.
» Il nous reste à signaler, dans le Mémoire de M. Pasteur, un dernier
sujet d'étude expérimentale qui s'offrait directement à ses recherches, et
dont les conséquences ultérieures pourront être fort importanles. L'acide
malique et l'acide tartrique, ont entre eux des analogies qui semblent très-
intimes. Tous deux sont bibasiques; et le second ne diffère chimiquement
du premier, que par l'adjonction de deux équivalents d'oxygène. Ils se pro-
duisent simultanément dans le raisin, et on les y trouve en proportions di-
verses, aux diverses phases de la maturation; de sorte que la nature paraît
les y transformer progressivement l'un dans l'autre. M. Pasteur s'est attaché
profondément à étudier ces relations analogiques. Il les a suivies compara-
tivement, dans les modifications du pouvoir rotatoire, dans les réactions
chimiques, dans les formes cristallines des sels. Tout cela le conduit, non
pas à affirmer, mais à présumer avec beaucoup de vraisemblance, qu'il doit
exister deux acides maliques à rotation inverse, ayant entre eux des rela-
tions pareilles à celles de l'acide tartrique gauche, avec l'acide tartrique droit.
C. R., laSo, a»» Semestre. (T. XXXI, N» 18.) 8l
( 6io )
Ceci est une induction qu'il faudra suivre , et s'efforcer d'établir par l'expé-
rience. Mais, avec les réserves qu'il y a mises, il a eu toute raison de la
signaler.
•' L'Académie voit, par cet exposé, que tous les résultats, si nombreux et
si imprévus, qui lui ont été présentés depuis deux ans , par M. Pasteur, sont
dus à l'application heureuse et constamment suivie, d'un caractère cristallo-
graphique dont, avant lui, l'importance physique avait été seulement soup-
çonnée, et signalée par conjecture, sans qu'on l'eût jamais employé comme
élément de recherche chimique. M. Pasteur a montré, par des faits irrécu-
sables, que ce caractère peut offrir un indice délicat, mais cependant aper-
cevable, de relation et de dépendance mutuelles, entre la configuration ex-
terne des cristaux de dimension sensible, et la constitution individuelle des
groupes moléculaires qui les engendrent. Cet indice lui a servi de fil conduc-
teur pour diriger ses investigations , et pour leur appliquer avec clairvoyance ,
sans hasard, les ressources de la chimie et de l'optique, deux sciences dont
l'association à la cristallographie est indispensable pour pénétrer dans le mé-
canisme intérieur des corps. Cette persévérance à poursuivre une même idée,
en y faisant concourir l'ensemble des connaissances acquises qui peut la
rendre féconde , est un gage assuré de succès ultérieur, auquel , malheureu-
semeTjt, on semble se fier trop peu aujourd'hui. Si M. Pasteur persiste dans
la voie qu'il s'est ouverte, on peut lui prédire que ce qu'il y a déjà trouvé,
n'est que le commencement de ce qu'il y trouvera. Le caractère cristallo-
graphique auquel il s'est attaché, n'est sans doute qu'un des filons de cette
mine. Il faut que, en s'aidant des agents physiques et mécaniques, il le force
à se découvrir quand il est possible, et qu'il ne se manifeste pas spontané-
ment; ou encore, ce qui sera peut-être moins difficile , qu'il en cherche ou
en fasse naître d'autres, qui puissent au besoin le suppléer. La cristallographie
physique est un sujet d'étude à peine abordé. Les découvertes qu'on y pour-
rait faire ne seraient pas seulement précieuses à titre de vérités nouvelles,
mais encoi-e, et surtout, comme fournissant des instruments nouveaux d'in-
vestigalion. Cela nous dévoilerait, peut-être, les relations secrètes qu'ont
entre eux tant de corps que la nature dérive si aisément les uns des autres , et
qui se présentent jusqu'ici à notre ignorance comme des individuaHtés isolées.
La constitution binaire de l'acide racémique n'est vraisemblablement pas un
fait unique; d'autres cas analogues sont à soupçonner, n'attendant qu'un
nouvel artifice de résolution. M. Pasteur est mieux préparé que personne à
explorer fructueusement ce champ de travaux.
» L'accueil favorable que l'Académie avait accordé aux précédentes re-
( 6i. )
cherches de M. Pasteur, a été pour lui un puissant encouragement à y per-
sévérer. Nous espérons qu'elle sera disposée à lui continuer ces témoignages
d'une bienveillance, qui ne fait qu'accroître ses efforis pour s en rendre digne.
C'est pourquoi nous proposons à l'Académie d'accorder encore à ce nouveau
Mémoire de M. Pasteur, l'honneur d'être inséré au Recueil des Savants
étrangers. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
(Sur la proposition de M. Arago, l'Académie décide que ce Rapport
sera inséré dans le Recueil de ses Mémoires.)
GÉOLOGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Laurence Smith ayant pour
objet l'étude du gisement de Vémeri de l'Asie Mineure, et des minéraux
qui jr sont associés.
(Commissaires, MM. Cordier, Élie de Beaumont, Dufrénoy rapporteur.)
« L'émeri est fourni par du corindon granulaire associé à du fer oxydulé
et à un mica argentin particulier. Bien que ce minéral soit exploité, depuis
plusieurs siècles, à l'île de Naxos, son véritable gisement était mal connu il
y a encore peu d'années; l'abondance du mica avait fait supposer que l'émeri
appartenait à des couches de schiste micacé, dans lesquelles les cristaux de
corindon avaient été concentrés. La découverte faite assez récemment de
l'émeri près d'Éphèse, dans l'Asie Mineure, a fourni l'occasion de l'étudier
en place, et nous possédons maintenant des détails assez précis sur l'éteqdue
qu'occupe la région émerifère, sur le gisement de cette substance, ainsi que
sur la nature et la disposition des minéraux qui l'accompagnent.
» La découverte de l'émeri paraît avoir été faite, vers i846, par un ré-
mouleur qui, à cause de son poids, avait l'habitude de s'en servir pour
charger ses roues, et qui en avait laissé quelques pierres à Smyrne.
I' M. Tchihatchef et M. Laurence Smith, qui eurent connaissance à peu
près à la même époque de cette découverte intéressante, s'empressèrent,
chacun de leur côté, de visiter les lieux. M. Tchihatchef a communiqué à
l'Académie, au mois de mars i848 (i), le résultat de l'exploration qu'il avait
faite dans l'année précédente; il établit entre autres que la zone émerifère
a une étendue de 33 kilomètres environ sur une largeur de plus de 4 kilo-
mètres. Cette zone, qui commence à Ekihissar, se dirige du sud-ouest au
(i) Sur le gisement de l'émeri dans l'Asie Mineure ; par M. Pierre de Tchihatchef. {Comptes
rendue de l'Académie des Sciences, tome XXVI, page 363; 1848.)
81..
( 6,a )
noj'd-ouest, en se rapprochant toujours de plus en plus du littoral de la mer
qu'elle finit par atteindre à l'Alamandagh.
" C'est au coiiimencement de 1847 1"^ ^- Smith a également exploré
les gisements d'émeri de l'Asie Mineure; la position que ce savant occupait
à cette époque auprès du gouvernement turc lui a permis de le faire avec
détail, et nous ajouterons qu'il l'a fait avec beaucoup de sagacité et de soin.
Il a constaté, ainsi que M. Tchihatchef l'a indiqué dans la communication
que nous venons de rappeler, que les blocs que l'on voit à la surface du sol
appartiennent au terrain même sur lequel on les trouve répandus.
» La montagne de Gumuch-Dagh, située à 4 Heues à l'est d'Éphèse, est
une localité que M. Laurence Smith cite comme l'une des plus intéressantes
pour l'étude du gisement de l'émeri, et où ses relations géologiques avec les
roches environnantes sont les plus faciles à constater. Ce minéral y forme des
masses plus ou moins considérables, dont quelques-unes ont une surface de
plus de 1 5 mètres carrés; elles sont enclavées dans un calcaire grenu, entière-
ment dépourvu de fossiles, et dont on ne saurait indiquer l'âge; il repose sur
des schistes micacés associés au gneiss, mais il paraît indépendant de ces
roches avec lesquelles le calcaire n'alterne en aucun point. Les masses d'émeri
sont disséminées dans le calcaire d'une manière irrégulière; elles s'y fondent,
pour ainsi dire, et l'on voit des nodules riches au centre se ramifier dans dif-
férents sens, disposition que M. Smith compare à celle des rognons de silex
dans le calcaire. A leur contact, le calcaire est ferrugineux, non par des vei-
nules d'oxyde de fer qui courent dans la masse et la colorent, mais par dupro-
toxyde de fer remplaçant atomiquement une certaine quantité de chaux, ce
qui lui donne l'aspect de spath brunissant ou de fer spathique. Cette circon-
stance, que l'on retrouve dans beaucoup de gisements de minerai de fer des
Pyrénées , et notamment dans la plupart de ceux du Canigou , ne permet pas de
supposer que le calcaire et les amas de corindon-émeri soient contemporains ;
il est probable qu'à Gumuch-Dagh comme dans les Pyrénées, il s'est mani-
festé deux ordres de phénomènes dont les produits se sont pour ainsi dire
entrelacés.
n Outre le calcaire qui forme la matrice de l'émeri de Gumuch-Dagh,
on observe dans cette localité des incrustations de chaux carhonalée fibreuse,
postérieures, qui pourraient induire en erreur sur la véritable nature du gise-
ment; les échantillons qui les offrent donneraient lieu de penser que le cal-
caire est postérieur, tandis que c'est probablement l'inverse qui s'est
présenté.
" Les environs de Kulah, ville située à 3o lieues de Gumuch sur la ri-
( 6i3 )
vière d'Hermus, offrent un second gisement, en tout comparable à celui que
nous venons d'indiquer; ce minéral y forme également des amas irrégniiers
dans un calcaire marbre. Des roches de schiste micacé, de gneiss, de gra-
nit et d'amphibole, constituent les montagnes qui se trouvent à une lieue
au sud des exploitations d'émeri; le calcaire repose également sur ces roches
anciennes, mais il ne paraît y avoir encore dans cette seconde localité au-
cune connexion , même avec les schistes micacés. M. Smith ajoute qu'il a
recherché avec le soin le plus minutieux s'il existait dans cette roche, ainsi
que dans le gneiss, du corindon disséminé, et qu'il n'a pu y découvrir un seul
cristal ; cette absence associerait donc exclusivement l'émeri au calcaire. De
plus, comme le corindon est de l'alumine pure, M. Smith est disposé à admet-
tre que ce minéral a été formé soit aux dépens du calcaire argileux, soit de l'ar-
gile qui accompagne assez fréquemment le calcaire; il serait, dans l'opinion
de l'auteur, le résultat d'une espèce de départ et de la cristallisation de l'alu-
mine, par des phénomènes analogues à ceux qui ont présidé à la formation
des rognons de minerais 'métalliques que l'on observe dans les gîtes de con-
tact. Effectivement, dans la collection intéressante que M. Smith a recueillie,
il existe un rognon d'émeri entouré de tous côtés d'une enveloppe concen-
trique de chloritoïde cristallisée, puis d'une seconde zone d'émerilite ; le
premier de ces minéraux, formé de silice, d'alumine et d'oxyde de fer, par-
ticipe de la composition de l'émeri , tandis que l'émerilite-mica, contenant
5o pour loo d'alumine et i3 de chaux, paraît avoir emprunté ses principes
en partie au calcaire dans lequel il est immédiatement enclavé. Sous le rap-
port de la disposition, ce rognon est presque identique aux nodules de cui-
vre panaché des mines du Temperino en Toscane, où l'yénite et I amphibole
forment des couches concentriques autour d'un noyau central de minerai de
cuivre. En Toscane, comme dans l'Asie Mineure, les rognons associés à du
calcaire sont en contact avec des roches cristallines. Tout porte donc à croire
que l'origine de ces rognons est due, dans ces deux exemples, à des causes
analogues.
>> L'enchâssement des nodules et des amas d'émeri dans le marbre , la na-
ture ferrugineuse du calcaire et le mélange d'alumine qu'il contient, font
supposer, ainsi que nous l'avons dit, que l'émeri s'est séparé de la roche
dans laquelle il existe ; une autre circonstance tend encore à rendre cette
opinion plus probable, c'est que le corindon est accompagné de plusieurs
minéraux essentiellement alumineux, et, par suite, formés des mêmes
éléments que le corindon; ces minéraux sont, en outre, disséminés dans
le calcaire à une petite distance, et, pour me servir d'une expression heureu-
(6i4 )
sèment introduite dans la science par M. de Humboldt, ils en forment, pour
ainsi dire , la pénombre. On ne peut donc méconnaître une certaine liaison
entre tous ces minéraux. Nous citerons le diaspore (alumine bydrate'e) et
l'émerilite : une circonstance qui donne lieu de penser que la formation de
l'émeri est partout due à des causes analogues, c'est que M. Smitb a constaté
que ces deux minéraux , abondants dans le gisement d'émeri de l'Asie
Mineure et de Naxos, se retrouvent en Sibérie et aux États-Unis dans les
mêmes conditions; M. de Marignac a trouvé également le diaspore associé
au corindon au Saint-Gothard. Le gisement du diaspore, longtemps ignoré,
est donc maintenant connu; il est même probable, d'après l'examen que
nous en avons récemment fait, que les échantillons de diaspore, qui ont
servi à M. Lelièvre pour établir celte espèce et qu'il possédait depuis long-
temps dans sa collection, sans en connaître l'origine, proviennent de lîle de
Naxos.
•< Après avoir indiqué avec détail le gisement de l'émeri, M. Smith donne
la description des minéraux qui l'accompagnent et en fait connaître la com-
position. Nous ne suivrons pas l'auteur dans cette étude de minéralogie chi-
mique, d faudrait analyser en détail cette partie de son Mémoire, pour en
donner une idée complète : nous sortirions alors des bornes d'un rapport
académique. Nous citerons seulement les résultats que lui ont offerts ses
recherches chimiques sur les corindons, parce qu'il nous paraît qu'on pour-
rait en tirer une conséquence intéressante sur la pi'ésence de l'eau dans les
minéraux.
» L'essai de la dureté des corindons provenant de diverses localités, essai
sur lequel nous reviendrons à la fin de ce Rapport, a montré à M. Smith
que leur pouvoir, pour user les pierres dures, variait de loo à 55. Pour se
rendre compte de ces différences si grandes et si inattendues, M. Smith a
soumis à l'analyse une série de corindons des Indes et de l'Asie Mineure ; il a
recormu que les saphirs des Indes et les rubis à cristaux nets et transparents
qui donnent la dureté absolue loo, ne contiennent pas la plus légère trace
d'eau, et que leur pesanteur spécifique est de 4,o6 à 4,o8. Le corindon harmo-
phane de la Chine, qui est opaque, ainsi que le corindon de l'Asie Mineure,
qui, bien que bleu, est également opaque et en cristaux imparfaits, n'ont
offert que des puissances d'usure de Sg à 55 ; ils contiennent 3, 80 et 3,91
deau ; leur pesanteur spécifique est de 3,^4 et 3, 10. Ces corindons sont ceux
qui forment les termes extrêmes du tableau relatif à la dureté donné par
M. Smith; mais la série de dureté est presque continue, et l'on remarque
qu'un autre échantillon de corindon de l'Asie Mineure, dont la pesanteur
(6i5)
spécifique est de 3,9a et qui contient 1,60 d'eau, ne possède qu'une puis-
sance d'usure de 77. Il existe donc une relation constante entre la pesan-
teur spécifique du corindon , la quantité d'eau qu'il contient et sa puissance
comme émeri. M. Smith se demande s'il n'y a pas lieu , par suite de ces
différences, de considérer comme d'origine ignée les corindons hyalins,
et comme produits par les phénomènes neptuniens, ceux qui contiennent
une certaine proportion d'eau. Nous ne le pensons pas; mais il nous semble
résulter de ces recherches importantes , qu'on doit considérer l'eau comme à
l'état de mélange et non de combinaison : ce n'est pas non plus de l'eau hy-
grométrique, car il faut développer la température du rouge sombre pour
l'obtenir. Pendant longtemps on a pensé que la présence de l'eau ou de ses
éléments ne pouvait s'allier avec une origine ignée; il est maintenant cei-tain
que les laves à l'état fluide contiennent presque toujours de l'eau emprison-
née dans leur masse et qui se dégage à mesure qu'elles se refroidissent; on y
trouve, en outre, des minéraux hydratés, que l'on a regardés longtemps
comme le produit d'infiltration postérieure, et qui, pour la plupart, ont
cristallisé au même moment que la lave. On peut donc supposer que l'eau
joue dans les minéraux le même rôle que la silice, l'alumine et les autres
éléments qui entrent dans leur constitution , savoir, à l'état de combinaison
et de mélanges. Beaucoup d'analyses seraient inexplicables, si l'on n'admet-
tait pas que les minéraux ont empâté, au moment de leur cristallisation , des
éléments étrangers à leur constitution , de même que les sels que nous fai-
sons cristalliser dans une eau trouble, se souillent des matières tenues en
suspension; pourquoi l'eau serait-elle une exception à cette règle? Cette
hypothèse donnerait la clef de beaucoup d'analyses difficiles à concevoir ;
nous citerons, entre autres, le diallage qui offre les clivages du pyroxène,
et dont la composition est identique avec celle "de ce minéral, à l'exception
de 2,10 à 3,3o pour 100 d'eau qu'il contient Si l'idée que nous émettons
dans ce moment était adoptée , le diallage serait donc un pyroxène ayant
cristallisé dans des circonstances qui lui ont permis de retenir en mélange
l'eau dont l'analyse accuse la présence.
" L'exemple du corindon nous paraît bien concluant en faveur de l'opi-
nion que nous émettons en ce moment; en effet, les analyses de M. Smith
établissent que les corindons , qui, purs, ne contienneut pas d'eau, en ren-
ferment, suivant les circonstances, des proportions variant de o,5, r , 2,5o
jusqu'à 4 pour 100; que la pesanteur spécifique de ces corindons offre des
variations correspondantes aux px'oportions d'eau; enfin, que leur puissance
d'usure éprouve des différences analogues. Quant à cette puissance , il faut
(6,6)
la distinguer de la dureté. Tous les corindous, en effet, rayent les mêmes
corps, mais ils se réduisent en poudre impalpable d'autant plus facilement
et produisent une action d'autant moindre sur les corps que l'on polit, qu'ils
contiennent une proportion plus forte d'eau. Ce corps a donc changé le
tissu des corindons et les a rendus plus fragiles en les rendant en même
temps plus légers.
)' M. Smith a fait ses analyses du corindon au moyen du sulfate acide de
soude. Ce sel attaque, en moins d'un quart d'heure, le corindon réduit en
poudre fine, mais non porphyrisée; sa substitution au sulfate acide de po-
tasse produit une réaction plus rapide ; elle a surtout l'avantage de donner
un alun de soude très-soluble et qui permet de n'employer que peu d'eau
de lavage.
» Pour compléter l'examen du travail de M. Smith , il nous reste à faire
connaître le procédé dont il se sert pour déterminer la dureté effective du
corindon, ou, plus exactement, sa puissance pour user les corps. Il réduit
les corindons en une poudre fine dans un mortier d'acier, le même qui sert
à briser le diamant; il consiste en un cylindre creux et fort épais de o™,oi
de diamètre intérieur, dans lequel entre à frottement un cylindre plein
exactement de même calibre, comme cela a lieu pour le piston d'une ma-
chine à vapeur: il n'existe aucun vide dans le mortier quand le pilon touche
le fond du cylindre creux. On y introduit la matière que l'on veut briser, et,
en donnant deux ou trois coups de marteau frappés rapidement sur le pom-
meau du pilon, on réduit la plus grande partie de la substance en poudre:
il ne faut pas réitérer davantage les coups de marteau, afin de ne pas ré-
duire le corindon en poudre trop ténue. Enfin, pour rendre tous les essais
comparables entre eux, on passe la poudre à travers un tamis de crin,
contenant neuf cents trous dans i centimètre carré; ou prend i gramme de
cette poudre , et l'on essaye combien elle peut user de verre. Pour y parvenir,
M. Smith se sert d'un disque de verre de o™, lo de diamètre, sur lequel il
met une certaine quantité de poudre; il la porphyrise avec vivacité et cir-
culairement, au moyen d'une molette d'agate, jusqu'à ce que la matière ne
crie plus et qu'il n'éprouve plus aucune résistance. Le corindon s'est alors
réduit en poudre impalpable, et il est empâté de poussière de verre qu'il
a détachée du disque: le poids de cette poussière donne la puissance de la
pierre que l'on essaye.
» Ce procédé est d'une exactitude beaucoup plus grande qu'on ne pour-
rait le supposer; en effet, dans les différentes expériences que M. Smith a
exécutées devant vos Commissaires, les résultats n'ont pas varié de a p. loo.
(6i7 )
Le saphir bleu hyalin de l'Inde a donné, pour i gramme de poudre, o^^SS
à o*',86 de poussière de verre; le meilleur émeri du commerce enlève la
moitié de son poids de verre; M. Smith a pris pour base de son échelle le
saphir que nous venons de citer, et il en a représenté la dureté par loo.
Quand donc nous avons dit plus haut que le corindon harmophane avait une
dureté de 55 , cela signifiait que i gramme de sa poudre avait enlevé au
disque de verre sur lequel on avait fait l'essai, une quantité de poussière
de o^', 46.
» L'émeri, que M. Smith considère comme un mélange de corindon et de
fer oxydulé, est de qualité d'autant plus supérieure, qu'il contient plus de
corindon, et, par suite, qu'il produit une usure plus considérable sur le
disque d'essai. Le procédé que nous venons de décrire fournit donc un
moyen pratique pour connaître la valeur d'un émeri; il a permis à l'auteur
de dresser un tableau des différentes variétés d'émeri de l'Asie Mineure, et
d'en classer les exploitations suivant leur richesse réelle.
Conclusions.
» Il résulte de l'exposé sommaire que nous venons de donner du travail de
M. Smith , que ce géologue a fait connaître :
1) 1°. La nature précise du gisement de l'émeri dans l'Asie Mineure et
dans l'Archipel grec;
» a°. Qu'il a décrit la manière d'être et les propriétés des minéraux qui
lui sont associés, notamment du diaspore et de l'émerilite; ce dernier mi-
néral forme, par l'identité de sa composition dans les divers gisements où
l'auteur l'a étudié, un mica constituant une espèce nouvelle et bien déter-
minée;
« 3°. Enfin, qu'il a donné un moyen pour déterminer les qualités de
l'émeri, ainsi que leur valeur commerciale; ce procédé, éminemment pra-
tique, offre en outre de l'intérêt sous le point de vue scientifique, en ce qu'il
permet d'apprécier la différence de ténacité de minéraux de dureié égale.
» Ces recherches de géologie , de minéralogie et de chimie analytique
constituent, par leur ensemble, ainsi que par les faits nouveaux qu'elles
fournissent à la science, un travail du plus haut intérêt. Vos Commissaires
vous proposent, en conséquence, de remercier M. Smith de la communica-
tion qu'il en a faite à l'Académie, et, vu l'i importance de ce travail, d'en
ordonner l'insertion dans le Recueil des Mémoires des Savants étrangers. »
Fjes conclusions de ce Rapport sont adoptées.
C. R., l85o, l'^o Semestre. (T. XXXI, N« 18.) 82
( 6i8 )
AIÉAIOIRES LUS.
ZOOLOGIE. — Mémoire sur la phosphorescence du port de Boulogne, et
sur les animaux qui la produisent ; par M. A. de Quatkefages. (Extrait
par l'auteur.)
(Renvoyé à la Section d'Anatomie comparée et de Zoologie.)
(I La lumière des Noctiluques est de beaucoup plus faible que celle des
Ophiures, et surtout que celle de certaines Annélides. A Chausey, j'avais
aperçu, pour la première fois, les étincelles produites par une Néréide,
malgré la clarté d'une très-bonne lampe à double courant d'air, brûlant à
quelques millimètres de distance. Des Noctiluques, placées dans un tube de
i5 millimètres de diamètre, et formant une couche épaisse de lo millimètres,
donnaient, par l'agitation, un éclair visible seulement à i mètre d'une simple
chandelle. Toutefois, en augmentant le nombre des Noctiluques, en agitant
vivement le tube et en le plaçant sur le verre d'une montre, le cadran s'est
trouvé assez éclairé pour qu'on pût distinguer l'heure. Environ quatre à cinq
cuillerées à café de Noctiluques recueillies sur un filtre , ont permis de lire
à environ 25 centimètres de distance.
» A diverses reprises j'ai tenté de reconnaître si l'émission de cette lumière
était accompagnée d'une production de chaleur. J'ai eu beau varier le mode
d'expérimentation , toujours le résultat a été négatif. Il est vrai que je n'ai
employé que le thermomètre; mais mon instrument était assez sensible, et
chaque fois la boule et une partie de l'instrument étaient plongées dans une
couche entièrement composée de Noctiluques bien vivantes. J'avais en outre
grand soin de ne pas fatiguer ces animaux. Après avoir disposé l'appareil, je
leur laissais toujours, au moins, une demi-heure de repos, l'expérience
m'ayant appris que ce temps est plus que suffisant pour qu'ils recouvrent
toutes leurs propriétés lumineuses, affaiblies par des émissions trop répétées.
Je crois donc être certain que le dégagement de chaleur, s'il existe, est au
moins extrêmement faible.
» Rien de plus aisé que d'observer, à la loupe et dans l'obscurité , des
Noctiluques placées dans un tube de verre. En agitant le tube , on rend ces
animaux lumineux , et un grossissement de 6 à 8 diamètres suffit pour re-
connaître, 1° que, chez le plas grand nombre des individus, la phospho-
rescence n'est que partielle; i° que, parfois, elle se montre et disparaît
alternativement sur plusieurs points du corps d'un même animal; 3° que ce-
r 6i9^
pendant le corps de quelques individus est lumineux dans toute son étendue.
Sous le microscope, et à un grossissement de 3o diamètres, on constate ces
faits de la manière la plus positive. A eux seuls ils suffisent pour prouver que
les Noctiluques n'ont point d'organe particulier chargé de produire la lu-
mière, comme on l'observe chez les Lampyres, chez les Elaters, comme
M. Ehremberg croit l'avoir vu chez ses Mammaria.
.' En portant le grossissement à 60 diamètres, on commence à recon-
naître que les parties lumineuses sont loin de présenter une clarté homogène.
On aperçoit, pour ainsi dire, ce qu'on avait observé dans la mer même.
De très-petits points brillants paraissent et disparaissent çà et là sur un ff>nd
encore uniformément lumineux, ou scintillent sur ses limites. Si l'on porte
le grossissement à 100, puis à i4o diamètres, le nombre de ces points brillants
augmente proportionnellement, le fond lumineux général s'efface presque
entièrement, et l'on reconnaît que la clarté totale émise par une Noctiluque
représente la somme de lumière formée par une multitude infinie de très-
petites étincelles. î-es parties phosphorescentes de l'animal sont en quelque
sorte autant de nébuleuses que l'on résout en employant des grossissements
suffisants; seulement ces nébuleuses, au lieu d'être formées d'étoiles fixes,
sont composées d'étincelles instantanées. IjC dessin que j'ai l'honneur de
mettre sous les yeux de l'Académie donnera une idée assez exacte de ce
phénomène.
" J'ai soumis les Noctiluques à l'action des acides sulfurique, azotique,
chlorhydrique , suif hydrique ; à celle de la potasse, de l'ammoniaque, de
l'alcool, de l'éther, de l'essence de térébenthine, du sel marin, du liquide
d'Owen , de l'eau douce. Presque toutes les expériences ont été faites d'une
manière comparative, d'abord pendant le jour, ensuite pendant la nuit;
toutes ont donné des résultats qui ne différaient guère que par l'intensité. Je
n'entrerai donc pas dans des détails qui trouveront place ailleurs, et me
bornerai à citer quelques faits des plus saillants.
» Pour observer de jour l'action exercée par ces divers agents, je pla-
çais sur le verre inférieur de mon compresseur une goutte d'eau renfermant
des Noctiluques; à côté je déposais une goutte du liquide en expérieme;
je ramenais ensuite en place le verre supérieur, et disposais le tout sons le
microscope. En rapprochant peu à peu les deux verres de l'instrument,
j'amenais ces gouttes au contact, sans les perdre de vue, et pouvais saisir les
premiers effets du poison. Quand celui-ci était suffisamment énergique, on
voyait les ramifications de la trame intérieure se contracter assez rapide-
ment et se détacher par rupture l'une après l'autre de l'enveloppe générale.
82..
( 620 )
Au bout de quelques instants, toutes les ramifications étaient ainsi rompues
et s'étaient retirées vers le centre d'où elles émanent. L'enveloppe résistait
ensuite plus ou moins, selon la nature et l'intensité d'action du liquide em-
ployé. Le réseau sous-cutané persistait, et quand l'enveloppe venait à se
rompre, elle se plissait, par suite de la contraction des mailles de ce réseau.
» De nuit, au moment du contact, on apercevait une vive phosphores-
cence, qui éclatait sur un des points de l'animal, envahissait peu à peu le
corps entier, et durait plus ou moins longtemps, selon la nature du liquide
mis en expérience. Les fragments eux-mêmes, ceux surtout qu'on obtenait
par écrasement, conservaient quelque temps leur clarté. Dans aucun cas,
cette phosphorescence, violemment provoquée, ne reparaissait plus une fois
qu'elle s'était éteinte.
» Je mis dans un long tube de verre de l'eau chargée de Noctiluques. Je
fermai le tube avec un bouchon au travers duquel passait la tige d'un ther-
momètre; puis l'extrémité inférieure du tube fut plongée dans de l'eau à
80 degrés environ. Les Noctiluques ne donnaient aucun signe de lumière.
Au moment où le thermomètre marqua 25 degrés environ, quelques-unes
commencèrent à donner des étincelles. Bientôt elles brillèrent toutes de
leur plus vif éclat, et rien n'était plus curieux que de voir ces petits
globes lumineux monter et descendre le long du tube , indiquant ainsi la
direction des courants qui venaient de s'établir. Lorsque le thermomètre eut
atteint 40 degrés environ, elles s'éteignirent l'une après l'autre.
» Les étincelles tirées directement de la machine électriqne n'ont pas
donné de résultats bien nets, ce qui tient peut-être au défaut d'installation
convenable. Il n'en a pas été de même de la bouteille de Leyde et de la
pile. Toutes deux ont fourni à peu près le même résultat.
" [jBs décharges d'une petite bouteille assez fortement chargée provo-
quèrent la phosphorescence. Trois de ces décharges essuyées par les mêmes
Noctiluques , rendirent ces animaux brillants dans toute l'étendue du corps.
» Pour observer l'action de la pile, une capsule de verre fut remplie
d'eau chargée de Noctiluques. L'un des pôles plongeait dans le liquide,
l'autre était d'abord alternativement plongé et retiré. Toutes les Noctiluques
devinrent promptement lumineuses dans toute l'étendue de leur corps. Un
courant continu produisit le même résultat. Il est à remarquer que dans ces
diverses expériences et quel que fût l'électrode laissé à demeure , c'était tou-
jours au pôle zinc que commençait la phosphorescence et qu'elle se montrait
avec le plus d'éclat.
» Un long tube de verre fut remph de mercure, puis renversé sur la
(6ai )
cuve de manière à obtenir à peu près le vide barométrique. A l'aide d'une
pipette recourbée, j'introduisis à l'intérieur de ce tube 6 centimètres d'eau
renfermant des Noctiluques. La couche formée par ces animalcules était de
4 millimètres. Immédiatement après leur introduction, les Noctiluques se
montrèrent brillantes dans toute l'étendue du corps; mais cet éclat dura peu
et disparut complètement. Environ une heure un quart après, j'introduisis
de l'air dans le tube; les Noctiluques ne donnèrent pas la moindre appa-
rence de lumière.
'• Quatre tubes remplis d'eau chargée de Noctiluques furent disposés à
côté l'un de l'autre. Après quelques instants de repos, on fit passer dans l'un
de l'o.xygène, dans l'autre de l'hydrogène, de l'acide carbonique dans le
troisième et du chlore dans le quatrième. Les trois premiers gaz ( oxygène ,
hydrogène, acide carbonique) ne manifestèrent pas la moindre différence
dans leur mode d'action ; tous trois agirent exactement comme l'air atmo-
sphérique, lueurs bulles, en s'élevant danslestubes, provoquèrent une phospho-
rescence passagère due à l'agitation du liquide et égale dans les trois tubes.
Le chlore, au contraire, détermina immédiatement les phénomènes qui résul-
tent de l'action de tous les agents irritants. La phosphorescence fut vive ,
persislante; elle s'étendit sur le corps entier des Noctiluques el s'éteignit
assez rapidement. Au bout d'un quart d'heure environ, les quatre tubes
furent agités. Le tube où j'avais fait passer le chlore ne donna aucun signe
de lumière. Ceux où se trouvaient l'oxygène, l'hydrogène et l'acide carbo-
nique, se conduisirent exactement de la même manière et comme un tube
renfermant quelques bulles d'air. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Mémoire sur le pouvoir rotatoire qu'exercent sur la chaleur
l'essence de térébenthine et les dissolutions sucrées; par MM. F. de la
Provostaye et P. Desains. (Extrait par les auteurs.)
(Renvoyé à la Section de Physique générale.)
« Nous avons déjà fait connaître une partie des résultats contenus dans ce
Mémoire, en demandant l'ouverture d'un paquet cacheté où nous les avions
consignés le 24 juin i85o (voir Comptes rendus, tome XXXI, page 53).
" Depuis cette époque, nous avons complété ce travail; nous nous
bornons aujourd'hui à appeler l'attention sur le fait suivant.
» Nous savions , d'après les indications de M. Biot , qu'un liquide formé
( 622 )
en dissolvant 3i parties de camphre dans 69 parties d'essence de térében-
thine faisait éprouver des rotations à peu près égales aux rayons lumineux
de réfrangibihtés diverses. Nous avons rempU d'une dissokition, préparée
comme il vient d'être dit, un tube de o™, 10. l^es rayons verts et les rayons
rouges polarisés éprouvaient en le traversant une égale rotation de droite à
gauche d'à peu près 6 degrés ^. Quant aux rayons calorifiques qui les accom-
pagnaient , la rotation était la même , comme on le verra par les nombres
suivants (r) :
Chaleur qui accompagne la lumière verte.
Position de la section principale
du spath analyseur. Uéviations.
Spath à -(- 4» degrés 5 , 1
Spath à — 53 degrés 4 > 9
Spath à -t- 4o degrés 4)8
.) 11 résulte de là que les déviations sont les mêmes à + 4o degrés et à
— 53 degrés, et qu'ainsi la déviation inaxima eût été observée à peu près à
— 6 degrés \.
Chaleur qui accompagne la lumière rouge.
Spath à -t- 4» degrés 4>8
Spath à — 53 degrés . . 4 » 7
Autre essai en prenant un faisceau plus intense.
Spath à -f- 40 degrés 9,1
Spath à — 53 degrés g, 3
Jutre essai.
Spath à -)- 4o degrés lo ,6
Spath à — 53 degrés 10,8
Spath à + 4° degrés . 1 1 ,4
, Spath à — 53 degrés 1 1 , 3
• r>e.s lois du phénomène sont donc les mêmes pour les deux agents, et
l'identité se poursuit dans les détails les plus minutieux. Ainsi, quand il s'agit
du pouvoir rolatoire, ce qui est vrai pour un rayon de spectre lumineux est
aussi vrai pour le rayon calorifique qui l'accompagne. Or, d'après les re-
cherches de M. Biot , les rotations sont à peu près inversement proportion-
(i) Dans ces expériences, le plan primitif de polarisation coïncidait avec la ligne
o»— 180° (lu limbe sur lequel on mesurait les angles.
( 623 )
nelles aax carrés des accès ou des longueurs d'ondes; de telle sorte que,
connaissant les rotations qu'éprouvent eu traversant une même colonne d'un
liquide actif deux rayons différents, et la longueur d'ondè de l'un d'eux , on
peut trouver celle de l'autre. En appliquant cette même loi aux rayons de
chaleur, nous espérons pouvoir déterminer les longueurs d'ondes de tels ou
tels rayons de la partie obscure du spectre.
» Il est vrai que, d'après les mesures de M. Broch {Repertorium der Physik,
tome VII, page i x5) , la loi de M. Biot n'est pas tout à fait exacte; mais elle
donne une première approximation. De plus, en employant le même pro-
cédé avec les chaleurs des diverses sources, on aura un nouveau moyen de
reconnaître si les différences dans la réflexion de ces chaleurs sur un même
miroir métallique sont ou non une conséquence d'une différence correspon-
dante dans les longueurs d'ondes. »
GÉOMÉTRIE. — Mémoire sur la théorie des courbes à double courbure;
par M. Bertrand. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Cauchy, Sturm, Liouville. )
« Les normales à une même surface jouissent de propriétés nombreuses
et indépendantes de la surface particulière que ion considère.
» Je cherche, dans ce Mémoire, à caractériser, d'une manière analogue,
les normales principales d'une même courbe. Ces droites jouissent, comme
je le fais voir, de propriétés très-précises et indépendantes de la courbe
particulière que l'on considère; en d'autres termes, une surface gauche étant
donnée, les génératrices ne sont pas toujours les normales principales d'une
même courbe. Je montre que les surfaces réglées peuvent être , sous ce point
de vue, partagées en quatre classes:
>> 1°. Les surfaces dont les génératrices ne sont les normales principales
d'aucune courbe ;
> 2°. Les surfaces dont les génératrices sont les normales principales
d'une seule courbe ;
)' 3". Les surfaces dont les génératrices sont les normales principales de
deux courbes distinctes;
" 4°- Enfin les surfaces dont les génératrices sont normales principales
d'un nombre infini de courbes. Cette dernière classe ne contient que des
hélicoides à plan directeur.
" Une suiface étant donnée , j'iudique le moyen de déterminer la classe
à laquelle elle appartient.
(624 )
» Parmi les résultats particuliers auxquels je suis parvenu , je citerai les
suivants :
« Les normales principales d'une courbe ne peuvent jamais former une
surface du second degré.
n Pour que les normales d'une courbe soient , en même temps , nor-
males principales d'une autre courbe , il faut et il suffit qu'il existe, entre les
inverses des rayons de courbure et de torsion de cette courbe, une relation
linéai
ire. »
CHIMIE. — Mémoire sur les hydrates d'acide sulfurique; par
M. V.-A. Jacquelain. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Pelouze, Payen.)
« 1°. Il existait au moins dix observations différentes sur les points de
congélation de l'acide à i et a équivalents d'eau; l'auteur, en les rectifiant,
fait connaître les précautions à prendre pour déterminer le point de congé-
lation des liquides visqueux, ce qui explique les contradictions précédentes :
par suite de ces observations , M. Jacquelain a été conduit à faire le rappro-
chement de la cristallisation du sulfate de soude en dissolution saturée à
loo degrés, avec le phénomène de la congélation de l'acide sulfurique
mono, bihydraté d'une part, et, de l'autre, avec les faits observés par
M. Dony sur la cohésion des liquides ;
» a". L'auteur a ensuite préparé de toute pièce, et avec un grand soin,
les acides sulfuriques à 1,2, 3,4i 5 et 6 équivalents d'eau ; il a repris leur
densité pour les comparer à celles de ces mêmes hydrates, obtenus par
combinaison lente dans le vide;
» 3°. Leur résistance à la congélation par un froid de — 20 , — 4o de-
grés, démontre que tous ces produits sont de véritables conîbinaisons ;
» 4°- ^- Jacquelain a découvert, par la synthèse et l'analyse, un nou-
veau composé d'acide sulfurique anhydre et hydraté; les combinaisons
obtenues par synthèse ou analysées dans ce Mémoire, sont :
4(SO'), 3(H0); SO%3(HO); SO',4(HO); SO', 5(HO); SO»,6(HO). »
CHIMIE. — Mémoire sur l'acide iodique anhydre et cristallisé;
par M. V.-A. Jacquelain. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Pelouze, Payen.)
« L'auteur examine pratiquement et théoriquement la valeur des divers
procédés connus pour la préparation de l'acide iodique. f^es faits annoncés
dans ce Mémoire se résument ainsi :
( 6a5 )
" 1°. L'action du chlore sur l'iode et celle du chlorate de potasse exigent
des manipulations trop précises et trop minutieuses pour que l'industrie
s'empare de ces procédés;
» a°. Celui du gaz hypochlorique et de l'iode secs est trop long et fort
dispendieux;
" 3°. L'emploi de l'acide azotique à i,5 et de l'iode fournit prompte-
ment, et sans trop de frais ni trop de manipulations, beaucoup d'acide
iodique très- pur, anhydre et cristallisé, avec lequel on peut se procurer tous
les hydrates de M. Millon;
» 4°- I-ie rôle attribué aux petites quantités d'acide azotique sur le chlo-
rate de potasse est invraisemblable en ce qui concerne la production de
l'acide iodique;
» 5°. Dans la réaction de l'acide sulfureux sur l'iodate de baryte en disso-
lution, il n'apparaît pas de sulfate de baryte;
» 6°. En présence de certaines proportions d'iodate acide de baryte et
d'acide sulfurique, ce dernier peut échapper à l'action caractéristique de la
baryte ;
» 7°. L'acide iodique colore le protosulfate de fer dans l'acide sulfurique
pur et concentré, à la manière de l'acide azotique et des azotates;
» 8°. L'équivalent de l'iode est 1570 au lieu de 1579 et i586, nombres
anciens. »
CHIMIE. — Mémoire sur la dulcine; par M. V.-A. Jacquelain.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Pelouze, Payen.)
« Dans ce travail , M. Jacquelain s'est appliqué surtout à bien définir la
dulcine.
» Cette étude embrasse :
» 1°. L'action de l'acide sulfurique affaibli, de l'acide monohydraté, de
l'acide Nordhaufen, d'où il est résulté deux acides nouveaux, formant avec
la baryte des sels neutres et solubles ;
» 1°. L'action de la potasse, de la chaux, de la chaux potassée, qui la
convertissent en bulyrate, oxalale, carbonate alcalin, plus de l'hydrogène en
très-grande quantité ;
>' 3°. L'action de l'acide azotique, lequel fait naître des acides composant
avec la baryte des sels peu solubles;
C. R , i85o, a">« Semeitre. (T. XXXI, N» 18.) 83
( 626 )
» 4"- Ij'action du chlore qui conduit finalement à un acide formant avec
la baryte un sel neutre, incristallisable et visqueux;
» 5°. [j'analyse élémentaire qui conduit à la formule brute C'H'^O"'. >•
CHIMIE. — Mémoire sur les miniums; par M. V.-A. Jacquelain.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Pelouze, Payen.)
" Dans ce travail, l'auteur fait connaître, d'une manière détaillée, les
divei-s modes d'action de l'acide acétique sur le minium et signale la formation
de l'acétate de minium et de l'acétate de bioxyde de plomb. Ce dernier se re-
présente, d'après l'analyse , par 3 ( G* H' O' ) Pb O'', et sa décomposition , sous
l'impression de la chaleur, s'explique par la production de l'acétone, de la
coumarine, par la réduction de l'oxyde de plomb et la mise en libellé d'un
peu d'acide acétique, d'acide carbonique et deau. L'étude de l'acétate de
minium au contact de l'ammoniaque en dissolution ayant permis de découvrir
le sesquioxyde de plomb Pb^ O', on arrive à des conclusions fort simples sur
la génération des oxydes de plomb, conclusions qui semblent confirmer des
expériences de synthèse indirecte entreprises sur le minium. De là, l'auteur
est conduit à examiner la composition des miniums et des mines oranges du
commerce, pour lesquels il donne une méthode d'analyse exacte, rapide, et
un procédé pour l'analyse des litharges argentifères , très-pauvres. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur la végétation; par MM. Cloëz
et Gratiolet. (Extrait par les auteurs.)
(Renvoyé à la Commission nommée dans la précédente séance pour la
communication de M. Ville.)
« Il y a déjà trois ans que nous poursuivons des recherches sur la végé
tation. Le respect dti à la science et à l'Aradémie nous avait jusqu'à présent
imposé le devoir de ne publier nos recherches qu'au moment où elles au-
raient atteint tout le degré de précision et d'étendue dont elles nous parais-
sent susceptibles. Mais le travail que M. Ville vient de présenter à l'Académie
nous oblige de rompre le silence , et de dire qu'au moment même où ce phy-
siologiste instituait ses expériences, nous nous occupions, quoique par des
voies différentes, de la solution du même problème. No^ recherches ont été
faites au Muséum d'Histoire naturelle, dans le laboratoire de M. Chevreul,
et sous ses généreux auspices. F^es principaux résultats en ont été soumis à
M. le professeur Decaisne, et ils ont déjà reçu un certain degré de publi-
( 6^7 )
cité, puisque M. Fremy les a exposés daus les leçons qu'il a professées le
printemps dernier au Muséum.
• Nous n'avons point l'intention d'entrer ici dans le détail de ces expé-
riences , ce détail trouvera plus convenablement sa place dans le Mémoire
que nous nous occupons de rédiger ; mais nous croyons nécessaire de sou-
mettre dès à présent à l'Académie, celles de nos conclusions qui nous ont
paru ne laisser aucun doute.
» On a, depuis lonpjtemps, fait la remarque que les parties vertes des
plantes décomposent l'acide carbonique ambiant et en séparent de l'oxygèue.
Les plantes aquatiques submergées possèdent surtout cette propriété à un
très-haut degré , et dégagent ainsi , dans un temps relativement très-court,
et dans les conditions normales de leur existence, une énorme quantité
d'oxygène, f^a connaissance de ce fait nous a conduits à choisir ces plantes
pour sujet de nos premières expériences; elles ont été faites sur diverses
espèces de Potamogeton, de Naias, de Ceratophjllum, de Mjriophyllum
et sur des Gonferves.
» Nous formulerons ainsi nos conclusions :
» i*^. Influence de La lumière. — Le dégagement d'oxygène, très- rapide
à la lumière solaire, insensible à la lumière diffuse, est complètement nul
dans robscurité. Dans ce dernier cas, les plantes dont nous parlons, contrai-
rement à l'opinion généralement reçue, ne laissent point dégager la plus
petite trace d'acide carbonique.
" Nous avons essayé de déterminer comparativement l'action des verres
colorés sur la décomposition de Tacide carbonique par les parties vertes des
plantes; or, autant que la difficulté des expériences permet de conclure,
l'activité du phénomène est au maximum, quand on emploie le verre incolore
dépoli : le verre jaune vient ensuite, puis le verre incolore transparent, le
rouge, le vert, et, en dernier lieu, le verre bleu. Nous nous sommes assurés
que ces différences ne tiennent point à des différences de température.
» 1°. Influence de la température. — La décomposition de l'acide carbo-
nique par les plantes aquatiques exposées à la lumière dans un milieu dont
la température s'élève depuis + 4 degrés centigrades ne commence point
au-dessous de i5 degrés, et paraît atteindre sou maximum à 3o degrés.
" La décomposition de l'acide carbonique par des plantes placées à la
lumière dans un milieu dont la température s'abaisse depuis 3o degrés, con-
tinue encore à il\, i3, 12, II degrés, et ne s'arrête complètement qu'à
-f- lo degrés.
» Ce résultat est absolument conforme aux conclusions que M. Ghevreul
83..
( 628 )
a déduites de ses observations sur la circulation et l'ascension des sucs dans
les véfjétaux {Journal des Savants; mai 182a, page 3oi).
« 3°. Influence de la composition du milieu ambiant. — La végétation '
des plantes submergées peut se continuer pendant plusieurs mois dans de
l'eau de Seine aérée et renouvelée chaque jour.
» Dans l'eau de rivière privée d'air par l'ébullition et contenant unique-
ment de l'acide carbonique en même proportion que l'eau de Seine, eau
qu'on renouvelle aussi chaque jour, la décomposition est d'abord très-active,
mais elle se ralentit bientôt, et cesse complètement an bout de quatre ou
cinq joui's.
» Après ce temps, l'intensité de la couleur verte des plantes s'est singuliè-
rement affaiblie.
>i Les phases de ce phénomène sont très-remarquables. En effet, ou
observe d'abord que le gaz qui se produit est mêlé d'une certaine quantité
d'azote, quantité qui va en diminuant, si bien qu'au moment où la décom-
position s'arrête, l'air qui se dégage est de l'oxygène presque pur. On observe
encore que le volume total du gaz azote dégagé est beaucoup plus considé-
rable que le volume de la filante, et si l'on soumet celte plante à l'analyse
élémentaire, on trouve qu'à poids égal elle renferme beaucoup moins
d'azote qu'une portion de la même plante qui n'a point été soumise à lex-
périence.
" Ces faits démontrent que dans l'acte de la végétation des plantes sub-
mergées, il se produit de l'azote provenant de la décomposition des éléments
mêmes de ces plantes; qu'en conséquence, une réparation est nécessaire, et
que l'azote libre ou combiné est un aliment indispensable à la vie des végé-
taux aquatiques.
>' Nous avons dû, dès lors , rechercher l'influence de l'ammoniaque et des
sels ammoniacaux. Dans nos expériences, l'ammoniaque et les sels ammo-
niacaux dissous dans leau à la dose d'un dix-millième en poids, ont toujours
été nuisibles. La décomposition de l'acide carbonique a diminué, et s'est
arrêtée au bout de quelques heures.
» Nous sommes en conséquence en droit de conclure que la plante assi-
mile directement le gaz azote en dissolution dans l'eau.
» 4"- Des lîiouvements des éléments absorbés ou exhalés dans la plante.
— Une observation que tout le monde peut faire aisément est que, quelle
que soit la position des feuilles de Potamogeton dans l'eau , du carbonate de
chaux se dépose constamment à la face supérieure des feuilles (nous disons
supérieure dans le sens des botanistes) et jamais à la face inférieure. Ce fait
( 629 )
paraît démontrer que l'absorption de l'acide carbonique s'effectue essentiel-
lement par la face supérieure des feuilles.
» L'oxygène produit par la décomposition de l'acide carbonique a , dans
la plante, un cours parfaitement défini. Il descend constamment des feuilles
vers les racines. Ainsi, quand un tronçon de Potamogeton garni de quelques
feuilles est placé horizontalement dans l'eau, l'écoulement du gaz a toujours
lieu par la section la plus rapprochée de l'extrémité radiculaire de la plante. »
MÉDECINE. — Du phosphène dans la myopie et la presbytie;
par M. Serre, d'Uzès.
(Renvoyé à la Commission nommée pour les précédentes communications
de M. Serre.)
CORRESPOIVDAIVCE.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. —Note sur les liquides de l'amnios et de l'allantoïde,-
par M. J.-S. Stas. (Extrait par l'auteur.)
« En examinant l'amnios lorsque le poulet brise sa coque , j'avais observé
qu'il s'y ti'ouvait toujours du biurate d'ammoniaque ; je m'étais demandé si
cet urate était le résultat des phénomènes chimiques accomplis pendant le
développement du fœtus, et si celui-ci possédait déjà des fonctions qu'il est
destiné à exercer plus tard. Mes expériences m'ont fait reconnaître que
l'amnios ne renferme jamais d'acide urique sans qu'il en existe en même
temps dans le cloaque. De plus, on en découvre dans le cloaque avant
même qu'il s'en trouve dans l'amnios. Il est donc bien évident que l'acide
urique arrive par la voie du rein et qu'il est un produit de combustion
intérieure qui s'opère déjà chez le poulet avant qu'il ait atteint son entier
développement.
» Dans la liqueur de l'allantoïde, je n'ai pu découvrir ni urée, ni acide
urique; mais j'y ai trouvé une matière organique azotée, cristallisable, .so-
luble dans l'eau et dans l'alcool, dont je n'ai pas encore complètement défini
la nature, faute de matière.
» fia liqueur de l'allantoïde renferme , en outre, des chlorures, sulfates et
phosphates alcalins.
» Chez la vache, l'eau de l'allantoïde renferme tous les sels que l'on ren-
contre dans l'urine de la vache, mais je n'ai pu y constater ni acide hippu-
rique, ni acide benzoïque.
( 63o )
.. On y trouve, en outre, de la fibrine, de l'albumine, de la caséine, et
une quantité notable de sucre de raisin.
.' I/eau de l'amnios, chez la vache, ne renferme ni allanloïne, ni acide
benzoï(jue; elle contient tous les sels de l'urine, ainsi qu'une quantité notable
d'albumine et de fibrine ; elle est saturée d'acide carbonique et contient du
bicarbonate de potasse.
>- Chez la femme, l'allantoide renferme de l'urée, comme on le sait déjà.
» J'ai trouvé également l'urée dans le sang placentaire, et, chose remar-
quable, la partie liquide de ce sang est presque entièrement formée par de
la caséine. Ce sang est peu albumineux et peu fibrineux.
.. Jusqu'il présent il m'a été impossible de déterminer les quantités rela-
tives de ces matières. »
PHYSIQUE. — Nouveau procédé de photographie sur papier, qui permet
d'obtenir directement des épreuves positives,- par M. F. Bousigues.
(Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Commission déjà nommée.)
« Tout papier bien uni , légèrement glacé , exempt de souillures et de
taches métalliques, pourra être parfaitement appliqué à ce nouveau pro-
cédé. Les papiers Canson et liacroix , d'Angoulême, m'ont donné les meil-
leurs résultats.
" On en prendra trois feuilles qui seront successivement plongées dans
l'eau distillée, et étendues sur la glace du châssis, en ayant soin de les y faire
adhérer sur tous les points au moyen d'un linge bien fin. On mettra sur les
autres celle qui paraîtra le plus propre à recevoir l'empreinte lumineuse ; ces
dernières ne servant qu'à entretenir l'adhérence et l'humidité.
» Quand cette humidité aura disparu, ou laissera tomber sur la surface
du papier trois ou quatre gouttes d'une dissolution d'azotate d'argent neutre
qu'il faudra étendre rapidement au moyen d'un pinceau, IjCs traces de cette
dissolution disparaîtront quelques instants après, ne présentant plus sur le
papier que l'aspect d'une légère vapeur. En cet état, le papier sera traité
de la même manière que la plaque métallique. Les vapeurs de l'iode et du
bromure de chaux lui donneront une grande sensibilité, mais il sera néces-
saire de l'exposer plus longtemps aux vapeurs de cette dernière substance.
Voici les chiffres que je pourrais donner :
Premier iodage, i5 secondes; bromure, 35 secondes; deuxième iodage, lo secondes.
( 63. )
" ha glace est ensuite placée dans le châssis et exposée à la lumière, ijui
opère sur le papier presque avec la même rapidité que sur la plaque d'ar-
gent. Le mercure fait apparaître l'image.
» Si l'opération est bien faite, l'exposition à la lumière convenablement
réglée, on obtient une image positive d'une beauté comparable à celle que
donne le plaqué, et du moins bien supérieure, par la douceur de ses teintes,
à celles du procédé ordinaire par l'acide gallique. »
M. LoNGET prie l'Académie de vouloir bien le mettre au nombre des
candidats pour la place vacante dans la Section d'Anatomie et de Zoologie.
M. Ancelon adresse une réclamation relativement à la revendication de
priorité faite par M. Delabarre à propos de sa Note sur la cause la plus
fréquente et la moins connue des accidents déterminés par l'inhalation du
chloroforme.
MM. Dela^uaye, GiRE et Krettly demandent que l'Académie veuille bien
mettre à leur disposition un local pour faire des expériences sur la direction
des aérostats.
Fi'Académie ne prend aucune décision à ce sujet.
M. Mallet adiesse une Note relative à la possibilité d'utiliser lajorcedu
vent pour diriger les ballons.
(Renvoyé à la Commission nommée dans la séance précédente pour des
communications relatives à la direction des aérostats.)
L'Académie accepte le dépôt de quatre paquets cachetés envoyés par
MM. Grusell, Blanquart-Ëvrard, Lapoullé et Plaut.
l^a séance est levée à 5 heures. A.
( 630
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, darts la séance du 21 octobre i85o, outre les
ouvrages mentionnés dans le précédent Compte rendu, ceux dont les titres
suivent :
Etudes théorique et pratique des affections nerveuses, considérées sous le
rapport des modifications qu'opèrent sur elles la lumière et la chaleur; théorie
de l'inflammation; des ventouses vésicantes; par M. H. -A. -P. Baraduc. Paris ,
i85o; I vol. in-S".
Séries météorologiques faites au sommet du Faulhorn , au grand plateau du
mont Blanc, à Brienz et à Chamonix , en i84i, 1842 et i844> P<^^ MM. A. et
C. Bravais, Ch. Martins, Ath. Peltier et F. Wachsmuth; broch. in-8°.
Des climats de la France et de leur influence sur son agriculture et le génie
de ses habitants; par M. Gh. Martins. (Extrait de l'annuaire météorologique
de la France, année i85o.) Broch. in-S".
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine; tome XVI; n° i; i5 oc-
tobre i85o; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; n" 1 10 ; in-S".
Séances et travaux de l'Académie de Reims, années i849-i85o; n*" 20
à 23 ; iu-8°.
Annales médico-psychologiques ; par MM. Baillarger, Brierre DE BoiS-
MONT et Cerise; 2* série; a* année; n° 4; in-8°.
Journal d' Agriculture pratique et de Jardinage, publié sous la direction de
M. Barral; 3* série; tome I"; 20 octobre i85o; n° 20; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer; n° 8; i5 octobre i85o; in-8°.
Journal de Pharmacie du Midi, Recueil pratique, publié par MM. J.-P.-J. Gay
et H. -G. Gay; 2" série, tome II; janvier i85o; in-8°.
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. MaGNE; n° ao; 16 oc-
tobre i85o; tome III; in-8°.
Répertoire de Pharmacie , recueil pratique , rédigé par M. le D' A. Bou-
CHARDAT; 7* année, tome VII, n° 4; octobre i85o; in-80.
Revue thérapeutique du Midi.— Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques ; par MM . lesD"FuSTER et Alquié; n° 19; i5 octobre i85o;
in- 8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 4 NOVEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
«
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur les causes du dégagement de
l'électricité dans les végétaux ; par M. Becquerel. (Extrait par l'auteur.)
« Depuis les immortelles découvertes de Galvani et de Volta, les recher-
ches sur le dégagement de l'électricité ont pris une direction plus philoso-
phique; on s'est attaché à découvrir non-seulement les causes qui opèrent
ce dégagement , mais encore les rapports existants entre l'électricité, l'at-
traction moléculaire et les affinités. Ces recherches ont également eu pour
but l'étude des phénomènes électrophysiologiques; quoique cette partie de
l'électricité soit moins avancée que l'autre, néanmoins les travaux remar-
quables de Nobili, de MM. Marianini, Matteucci, du Bois-Reymond et de
plusieurs autres physiciens prouvent que ce n'est pas en vain, pour la phy-
sique générale et la physiologie, que l'on cherche à découvrir la présence
de l'électricité dans quelques-uns des principaux actes de la vie , ainsi que
dans la constitution des corps organisés.
» Les causes qui dégagent de l'électricité dans les corps organisés, sous
l'empire de la vie, ou lorsque celle-ci a cessé depuis longtemps, sont phy-
siques ou chimiques, et peut-être organiques; dans ce dernier cas, elles se
C. K , i85o, a">« Semestre. ; T. XXXI, ^<> 19.) 84
( 634 )
raltacheraient à certaines fonctions vitales qui n'ont pas encore été nettement
définies.
" Le but que je me propose, dans ce Mémoire, est de montrer la marche
à suivre pour arriver à la découverte des causes physiques et chimiques, et
de faire connaître à l'Académie les résultats que j'ai obtenus dans les appli-
cation» que j'en ai faites aux végétaux dont la constitution, étant plus simple
que celle des animaux, se prêtent plus facilement à l'expérience que ces
derniers.
» Le Mémoire est divisé en trois sections : la première traite des effets
électriques produits dans la circulation de la sève; la deuxième, de l'état
électrique de la terre relativement à celui des végétaux; la troisième, de la
question relative à l'existence des courants électriques dans les tissus des
végétaux.
» Les observations consignées dans ce Mémoire et les conséquences qui
en découlent mettent en évidence les faits suivants :
» i". Production de courants dérivés dans les tiges des végétaux à l'aide
d'aiguilles de platine introduites dans l'écorce et dans le bois, dirigés du
parenchyme à la moelle.
» 1°. Production de courants dérivés allant du cambium au parenchyme
et dirigés, par conséquent, en sens inverse des précédents.
'I 3°. La sève, ou le liquide qui se trouve dans le parenchyme cortical,
tenue pendant quelques instants au contact de l'air, éprouve une modifica-
tion telle, qu'en la mettant de nouveau en contact avec la sève qui se trouve
dans la partie verte du parenchyme de l'écorce, elle devient négative et
l'autre positive.
» If. Courants de la moelle et du ligneux à l'écorce par l'intermédiaire
des racines.
!' 5°. Ces derniers courants montrent que, dans l'acte de la végétation ,
la terre prend continuellement un excès d'électricité positive, le paren-
chyme de l'écorce et une partie du ligneux , un excès d'électricité néga-
tive, qui est transmis à l'air au moyen des vapeurs d'eau exhalée.
» 6°. Les feuilles se comportent comme la partie verte du parenchyme
de l'écorce, c'est-à-dire que la sève qui circule dans leurs tissus est négative
par rapport aux liqueurs, à la moelle et à la terre, et positive à l'égard du
cambium.
» 7°. fil distribution de la sève ascendante et du liquide du parenchyme
cortical, porte à croire qu'il circule continuellement dans les végétaux des
( 635 )
courants dirifjés de l'écorce à la moelle en passant par les racines et la terre,
et peut-être sans passer par ces intermédiaires.
" 8°. Les actions chimiques sont les causes premières, on n'en saurait
douter, des effets électriques observés dans les végétaux.
« 9°. Les effets électriques qui ont lieu dans les végétaux sont très-variés,
et il n'est possible d'en observer encore qu'un petit nombre.
» io°. Les états électriques opposés des végétaux et de la terre donnent
lieu à penser, qu'eu raison de la puissance de la végétation sur certaines
parties du globe, ils doivent exercer une certaine influence sur les phéno-
mènes électriques de 1 atmosphère. »
ASTRONOMIE. — Sur les déclinaisons absolues, sur le diamètre du Soleil et
l'éclipsé totale de i2il\i; par M. Faye. (Suite.)
"... .le vais d'abord m'occuper de l'air renfermé dans les tubes de nos
lunettes. Bessel a constaté que , dans son observatoire fermé , la température
croissait de ^ de degré à i^jSS par mètre de hauteur, c'est-à-dire près de
I degré par mètre en moyenne. J'admets qui! en est de même pour l'air en-
fermé dans une lunette. Cette hypothèse n'a rien d'exagéré , surtout quand
on la combine, comme je le ferai, avec celle de l'horizontalité des couches.
Au reste, je traiterai la question d'une manière un peu plus générale. Gomme
je n'ai pas besoin d'étudier ici la nature des trajectoires lumineuses indéfi-
niment prolongées, mais seulement l'angle que sous-tend, vu du centre de
l'objectif, l'arc compris dans la lunette même, je me bornerai à établir les
formules sous cette restriction.
« Ija loi connue de la réfraction ordinaire est
sin z / 1
sinz, y i
— ; — = 7n =
sin{3 — r)
que l'on peut écrire ainsi
" Si la différence de température des deux couches extrêmes parallèles
est de 1 degrés , nous aurons
tangir = tang«^(7'8'') tang^z-^r),
ou, avec une exactitude suffisante jusqu'à 89 degrés,
r = o",445 tang z ;
84..
( 636 )
et pour un petit nombre de degrés t,
/• = - « o",445 tang z = s .t tang z.
Il Gela posé, l'équation différentielle de la trajectoire lumineuse peut
être réduite , dans le cas dont il s'agit , k dy = tang 6 dx, 6 étant la réfrac-
tion totale opérée depuis l'origine, ou à ^ = * . tang z. 9 [x) dx. Les x sont
comptés sur l'axe de la lunette, en prenant le centre de l'objectif pour ori-
gine; (f{x) exprime la succession des températures décroissantes, avec la
condition que f{x) = o pour j? = o et ou a, en
faisant m = -t i, 2 ou 00 . On obtient ainsi, par les deux formules :
•~=z^s .tang z, -2- j. tang s, j. tang 2, |.j.tangz et aj.tangz.
I
I
— -t-I
m
s
.t. tangz
1
I
a:""
-1-1
/loge
■1
r -
( 637 )
>' J'adopterai provisoirement l'hypothèse la plus simple et la plus natu-
relle, celle où la température décroît, dans l'air de la lunette, proportion-
nellement à la distance de la couche considérée à i'ohJ€Ctif. On voit d'un
coup d'oeil quelles modifications les résultats subiraient dans les autres
hypothèses. En posant t = 7. deijrés, l'erreur croît de o" à a", 54, depuis le
zénith jusqu'à 85 degrés de distance zénithale.
» Ce résultat suffit déjà pour montrer l'importance de cette cause
d'erreur
» Cependant cette cause toujours présente subit de graves modifica-
tions suivant la nature des instruments astronomiques et la manière dont
on les emploie. Dans le quart de cercle de Bradley, elle a dû agir en
entier sur toutes les mesures. Dans le cercle méridien de Bessel, dont la
lunette est dirigée successivement vers tous les points du ciel direct ou dn
ciel réfléchi, il faut tenir compte, non-seulement de la longueur de la lu-
nette, mais aussi de la différence de hauteur de ses deux extrémités, diffé-
rence à laquelle je suppose que la variation de température est proportion-
nelle. L'examen de ces détails nie conduit à adopter, pour expression pro-
bablement trop réduite des erreurs des observations de Kœnigsberg,
o",aa3 tang z ( 2 cos z -t- ^ sin z j •
» Quant aux deux autres sources d'erreur, j'avoue qu'il m'a été impossible
d'en trouver une appréciation numérique satisfaisante. J'ai pourtant calculé
l'effet de l'atmosphère propre de l'objectif, en admettant qu'elle forme une
sorte de prisme d'air dont la température diffère de i degré de celle de
l'air ambiant, exte'rieur et intérieur, et dont l'angle varie comme la distance
au zénith, depuis o jusqu'à 20 degrés pour 80 degrés de distance zénitJiale.
Enfin, pour l'atmosphère de la salle, j'ai fait plusieurs hypothèses en sup-
posant 2 degrés de différence avec l'air extérieur, et j'ai pris la moyenne
des résultats.
» Voici un tableau comprenant : i" l'effet maximum de la première
cause; a" son influence présumée sur les observations de Bradley; 3° son
influence sur celles de Bessel, et dans tous les cercles muraux ou méridiens
où l'on observe directement et par réflexion ; 4° et 5" les effets attribués aux
deux autres causes d'erreur; 6" l'effet total. Les autres colonnes contiennent
les diverses corrections empiriques que l'on a cru devoir appliquer aux
distances zénithales, en divers observatoires. On pourra comparer ces nom-
bres entre eux, et juger jusqu'à quel point je suis parvenu à expliquer les
causes d'erreur qui ont exigé ces corrections empiriques. J'ai rangé, sous ce
r 638 )
dernier titre, l'effet attribué par Bessel à la flexion, attendu que des me-
sures directes ont prouvé que sa lunette n'avait point de flexion sensible.
l" CAUSE
fScACSE
lI-ecAUSE
2e
3»
KOEKIGSB.
GBEENWICB
CAMBRIDGE
s.
maxim.
DRADLET.
BESSEL.
CAUSE.
CAUSE.
SOMME.
i8ao.
iSîfî.
.8',2.
o
O
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
0,08
0,00
10
0,08
0,04
0,04
0,02
0,10
0, 16
0,19
0,26
0,33
20
0, 16
0,08
0,08
0,04
0,20
0,32
o,38
0,42
0,48
3o
0,26
0, i3
0,12
0,06
0,25
0,43
0,55
0,46
0.49
4o
0,37
0,19
0,16
0,08
o,3o
0,54
0,71
0,44
o,3o
5o
0,53
0,27
o,i8
0,09
0,35
0,62
o,85
0,39
0,32
6o
0,77
0,39
0,21
0,11
0,40
0,72
0,96
0,26
o,6i
70
I ,22
0,61
0,23
0, i3
0,45
0,81
i,o4
0,17
0,66
80
2,52
1 ,26
0,27
o,i5
0,55
0,97
•'09
0,07
0,67
85
5,09
2,54
o,3o
0, 16
0,60
l ,06
I,II
0,01
0,67
" Si l'on rapproche ces erreurs, sauf celles que je crois devoir attribuer
au quart de cercle de Bradiey, des coefficients des équations de condition
qui servent à corriger les réfractions moyennes [premier Mémoire (i)], on
voit qu'elles ne peuvent influer d'une manière sensible sur cet élément. Les
réfractions des Tahulœ Regiomontanœ sont donc indépendantes de ces
causes d'erreur; mais on voit en même temps que , s'il s'agit du quadrant de
Bradiey, tout l'effet de l'air de la lunette aurait du porter sur les réfractions
astronomiques, et les augmenter de o",aQ3 tang z. Or la formule des réfrac-
tions étant 67", 5 tang z, il faut, au contraire, multiplier la constante de la ré-
o" 223
fraction des Fundamenta Aslronomiœ par le facteur i + ^ = i ,00^87,
07 )0
pour avoir les réfi-actions réelles, c'est du moins presque exactement le
facteur que Bessel a employé, en 1820, pour construire sa propre Table.
Il résulte donc de là que, du fait seul de la première cause, toutes les
distances zénithales de Bradiey, telles qu'elles ont été réduites par Bessel,
devraient être augmentées du double de cette quantité, c'est-à-dire de
o",445 tangz, ce qui fait a", 5 à 80 degrés. J'examinerai plus tard, en détail ,
la correction dont il s'agit. Aujourd'hui, je me bornerai à signaler l'influence
qu'elle exercerait, si elle était admise par les astronomes, sur la direction
du mouvement propre de notre système .solaire. M. O, de Struve a montré
(i) Consultez aussi le Mémoire de M. Doellen.
( 639 )
qu'en dimiauant d'une seconde toutes les déclinaisons de Bi'adley, il aufaiï
dû placer 20 degrés plus an sud le point vers lequel marche noire Soleil.
» Il est intéressant d'étudier l'influence de l'air dans une lunette placée
constamment dans une direction horizontale, comme les collimateurs ou les
lunettes des niveaux.
.. Si l'on désigne par y la longueur de la lunette, par O le diamètre de
l'objectif, par t la différence de température du haut en bas de la colonne
d'air intérieure, et si l'on suppose les couches horizontales et la variation des
densités uniforme, on trouve, pour la déviation angulaire du rayon central
, „ . . . ~ . e / I ^.f.o,oo3665
et de tout le faisceau conique qui forme image au rpyer, - -t—t,, —7 — •
Cette déviation augmente avec la longueur de la lunette; pour - = iF
et i =: 1°, elle va à '2",oo. Ainsi, quand on emploie deux collimateurs hori-
zontaux fixés à des piliers de pierre pour déterminer, comme à Pouikowa,
le point du zénith, on peut bien trouver une grande constance dans la posi-
tion de ce point, et rencontrer, en même temps, des anomalies persistantes
de plusieurs secondes dans l'amplitude de l'arc compris entre les deux col-
limateurs. Ici, pour I degré de variation, chose assurément possible, puisque
les piliers en pierre peuvent avoir une température très-différente de celle
de l'air ambiant, l'erreur sera de 4">oo. Pour o", 1 de variation seulement,
l'erreur atteindrait encore une demi-seconde environ. Je soimets à M. de
Strnve celle explication des anomalies que ses collimateurs paraissent avoir
présentées. Cette erreur disparaît, du moins dans la mesure de la flexion,
si l'on dirige préalablement les deux collimateurs l'un sur l'autre.
» Je vais examiner maintenant l'influence toute spéciale que l'air des
lunettes exerce sur les observations du Soleil; mais aujourd'hui, je me bor-
nerai à un cas particulier. On sait combien les astronomes ont 1 encontre de
difficultés à déterminer le diamètre du Soleil. Les mesures innombrables
que l'on a accumulées sur ce seul point laissent encore l'astronome indécis
entre 3i'56",84 que M Encke a déduit du pas:>age de Vénus, et Sa' 5", 82
que la réduction de trente- trois années d'observations zénithales, faites à
Greenwich, a fourni à M. de Lindenau. La différence est de 9". En outre,
on peut choisir presque arbitrairement une valeur quelconque entie ces
deux extrêmes, et donner des raisons à l'appui de ce choix. L'indétermi-
nation est bien réelle. Il y a plus : en comparant les mesures du diamètre
horizontal avec celles du diamètre vertical, on a trouvé des différences s-i
tranchées, que des astronomes n'ont point hésité à y voir l'effet d'un apla-
;*
( 64o )
tissement de -h- environ; seulement, le sphéroïde solaire ne serait pas aplati
dans le sens de son axe de rotation, comme toutes les planètes, mais dans
le sens d'un diamètre équatorial. Enfin on a remarqué des anomalies pério-
diques annuelles que l'on a tâché d'expliquer, mais sans succès, en combi-
nant cet aplatissement singulier avec la position connue de l'axe de rotation.
Je vais faire voir, du moins je l'espère, comment on pourrait expliquer
presque toutes les anomalies par l'influence de l'air contenu dans le tube de
nos lunettes.
>■ Un faisceau de rayons solaires, en pénétrant dans une lunette, doit
échauffer un peu, très-peu si l'on veut, la masse d'air qu'il traverse, et pro-
duire ainsi , tout du long du cône lumineux , une faible différence de den-
sité, par conséquent une dilatation du diamètre mesuré. Sans doute, cette
dilatation s'opérera dans tous les sens, mais elle sera plus marquée dans le
sens vertical (instruments méridiens) : car, si l'on considère comment ce fais-
ceau se meut dans la lunette , on trouvera que les pinceaux lumineux ex-
trêmes, supérieurs et inférieurs, en se succédant, rencontrent la même
couche d'air pendant un intervalle de temps sensible, i' par exemple, la
courbure du disque étant telle, qu'un arc de i5" de degré peut êlre considéré
comme une petite droite horizontale. Au contraire, les rayons latéraux ren-
contrent incessamment de nouvelles couches d'air, et n'ont pas le même
temps pour les échauffer. Cela posé, l'effet produit dépendra de la quantité
de chaleur qu'un rayon solaire peut communiquer pendant i', par exemple,
à la couche d'air qu'il traverse, et cette quantité de chaleur, à son tour, va-
riera du zénith à l'horizon, suivant une certaine loi, à cause de l'affaiblisse-
ment produit par l'atmosphère. Nous ignorons cette loi, mais on peut ad-
mettre provisoirement qu'elle est la même pour la chaleur que pour la
lumière, et nous verrons que cette conjecture est assez bien confirmée par
les faits. Admettons donc, avec l'illustreauteur de la Mécanique céleste, que
le logarithme de l'intensité de la lumière d'un astre varie en raison inverse
du cosinus de sa distance au zénith. Appliquons cette loi à l'intensité calori-
fique du Soleil, et comparons-en les conséquences avec les observations.
>' J'appelle t la quantité de chaleur que les rayons du Soleil, à la distance i ,
communiquent à la couche d'air qu'ils traversent dans le tube, pendant
le court intervalle de temps correspondant au passage de i5" d'arc. L'é-
quation des intensités lumineuses de la Mécanique céleste, appliquée ici,
donne
loa T = — 2_ .
( 64i )
I/effet produit par le diamètre vertical du Soleil sera A— sëc $-=d; TetA
sont deux coefficients qu'il s'agit de déterminer à l'aide de deux valeurs ob-
servées Aed. Cela fait, on verra que ces formules représentent ensuite toutes
les observations, sauf les anomalies que le plus ou moins de transparence
de l'atmosphère peut produire à différentes époques d<; l'année.
» J'ai pris, dans l'admirable collection des observations de Greenwich,
tous les diamètres verticaux observés par la méthode que M. Airy a intro-
duite. Cette méthode, dont je ne puis discuter ici les détails, est à l'abri de
toute objection , et ses résultats supportent qu'on y applique le calcul en
toute rigueur. J'ai recueilli de cette manière, dans treize années d'observa-
tions, depuis i836 jusqu'en 1848, quatorze cent trente-sept observations ; je
n'en ai exclu qu'une seule ( en 1842), parce qu'elle discordait de 1 1" avec les
"observations voisines. Voici le tableau des moyennes mensuelles correspon-
dant à peu près au milieu de chaque mois; j'ai donné le même poids à chaque
année. Ce sont les différences entre les diamètres observés et les diamètres
tabulaires de Bessel.
" Laissons de côté, en ce moment, les irradiations pins ou moins contes-
tées de l'œil et des luneltes, discussion que j'ai faite, d'ailleurs, et que je pu-
blierai dans mon Mémoire (i) ; et cherchons à obtenir les deux données néces-
saires pour déterminer les deux seuls coefficients arbitraires de nos formules.
Pour cela, il faut connaître le vrai diamètre du Soleil. Des raisons que je ne
puis exposer ici, mais qui ressortiront en partie de l'ensemble de ces re-
cherches , me portent à regarder, comme le vrai diamètre du Soleil, celui
que M. Le Verrier a déduit des passages de Mercure. Ceux de Vénus, beau-
coup moins nombreux, exigent qu'on le diminue; mais, à mon avis, on ne
peut guère en retrancher plus d'une seconde, encore cela est-il douteux.
Enfin les mesures héliométriques s'accordent avec ce diamètre, et ces me-
sures sont exemptes , en grande partie, de la cause d'erreur dont il s'agit
ici.
" Je déduis de là et des observations de Greenwich, faites vers l'époque
des solstices, deux valeurs de rf, a",3i -) g- et o",57 -+- -^? c'est-à-dire
4", 08 et i'\^o\>o\\vz = 3o°i7' et z'= 73° 37'. A l'aide de ces deux nombres,
je trouve
logT = — 0,10886 et log A = 0,71889.
(i) Foyez le Mémoire de M. Plateau sur rirradiation.
C. R., i85o, a»» Stmettre. (T. XXXI, N» 19.) 85
( 642 )
D'abord, le premier coefficient s'accorde, il est bon de le remarquer, avec
celui que Bouguer avait déduit de ses mesures photométriques, et qui est
— 0,09028. C'est, je crois, une première justification de l'hypothèse. En-
suite, si l'on calcule les douze valeurs du diamètre di; Soleil, pour les douze
mois de l'année , à l'aide de la formule rf = A ^ séc (?, où loer := '- ;
R' ' " cos z
1" 8
et si l'on retranche des valeurs calculées de d l'erreur tabulaire —~-^ on
R
trouve l'accord le plus satisfaisant entre les valeurs calculées et les valeurs
observées. La plus forte différence est dix fois moindre que l'effet total (4",i)?
elle se trouve en septembre et en octobre. On pourra apprécier cet accord
en donnant un coup d'œil au tableau suivant :
NOMBRE
des
observât.
92
90
1.4
125
i55
l52
i3i
i38
129
ii5
106
89
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septemb.
Octobre
Novemb.
Décemb.
i5,7
14,6
16,0
.5,4
.5,8
■4,4
'6>9
.5,8
.3,5
.5,3
.5,5
i4,i
s.
d.
72.30
1/
2,52
64.30
53 .6
3,08
3,48
4.-37
32.28
3,77
4,02
28.11
4,16
3o. .3
37.36
48.49
60. 4
4.07
3,83
3,55
3,23
70. 5
74.43
2,71
2,27
1^8
R
,83
,82
,8.
,79
,78
>77
'77
>78
,79
,8.
,82
,83
Calcul.
0,69
I ,26
. ,67
',98
2,24
2,39
2,3o
2,05
.,76
. ,42
0,89
0,44
Obseiv.
0,47
I , 10
.,42
2,o5
2,53
2,18
2,23
2, .4
2,17
0,98
0.81
0,66
Calc.-Obs.
— 0,22
— 0,16
— 0,25
+ 0,07
+ 0,29
— 0,2.
— 0,07
+ 0,0g
-+- 0,4.
— 0,44
— 0,08
-H 0,22
» Le coefficient A, rapproché d'une des formules précédentes, permet
d'évaluer la quantité de chaleur qu'un rayon solaire communique à la couche
d'air qu'il traverse pendant un très-court espace de temps, arbitrairement
évalué ici à une seconde. Cette quantité de chaleur serait mesurée par un
peu moins de o°,oor. Mais eu insistant, je craindrais d'outrer les consé-
quences de mes calculs.
1 La forme du coefficient A indique que cet effet varie sensiblement en
raison de la longueur de la lunette. Voici donc un troisième moyen de contrô-
ler l'hypothèse. En moyenne, l'amplification apparente du diamètre solaire,
pendant ces treize années, est de 2"+i",8,en prenant toujours le diamètre de
(643 )
M. Le Verrier pour point de départ, et cela pour une lunette de 6 pieds
anglais de longueur. Celle du quart de cercle mural de Maskelyne avait
8 pieds; elle devait donc donner au Soleil un diamètre vertical trop fort
Q
de3",8x?) c'est-à-dire Sa' 5", i- M. de Lindenau a trouvé, par deux mille
distances zénithales, 3a' 5",8a. La lunette du cercle à réflexion de M. Que-
not n'avait sans doute guère plus de 6 pouces de longueur; il devait donc
trouver au Soleil un diamètre trop fort de 3",8x — > c'est-à-dire Sa' o",3.
Or M. Quenota trouvé, par mille observations, 32'o",i5. La petite diffé-
rence serait même ici, quant au sens , conforme à la nature de ces observa-
tions. Du reste, il ne faut pas oublier que ces comparaisons cessent d'être
entièrement légitimes quand le mode d'observation diffère essentiellement de
celui de M. Airy.
>' Après avoir constaté, comme je crois l'avoir fait , l'influence de l'air
sur le cône lumineux qui le traverse pour aller former au foyer une image
du Soleil d'autant plus amplifiée, toutes choses égales d'ailleurs, que ce
cône est plus long, j'ai cherché si la nature ne nous présenterait pas en
grand quelque fait analogue, et j'ai pensé aussitôt au phénomène des éclipses
totales. Là, en effet, nous avons, dans toute l'étendue de l'atmosphère, un
cône semblable où les phénomènes se passent en ordre inverse. Le cône
lumineux réchauffe l'air qu'il traverse, et pénètre, en quelque sorte, l'air
ambiant non échauffé. Dans le cône d'ombre, au contraire, il se forme une
distribution opposée des températures, une espèce d'atmosphère en tronc
de cône au milieu de l'atmosphère générale ; et cette atmosphère conique
doit produire, dans ses couches successives, concentriques et de plus en plus
froides, des phénomènes analogues aux réfractions qui s'opèrent près de
l'horizon, en un mot, des phénomènes de mirage. En suivant cette idée, je
crois m'êlre rendu compte des apparences mystérieuses de l'éclipsé totale
de iS/ja. Les montagnes roses qui apparurent alors, ne seraient autre chose
que les images démesurément agrandies et déformées de quelques parties
des montagnes lunaires, éclairées obliquement par le Soleil, et visibles à
travers des vallées qui se trouvent çà et là, dans une direction favorable,
sur le bord apparent de la Lune. Il n'y a pas un seul fait, dans toute cette
série d'apparences, depuis les montagnes rouges et violacées, ou bien les
bandes rosées qui s'appuient sur le disque lunaire, jusqu'aux montagnes et
aux bandes qui parurent, à d'autres époques, comme soulevées et tenues à
distance du bord de la Lune; il n'y a pas, dis-je, un jseul. fait qui ne puisse
85..
( 644 )
s'expliquer, ce me semble, par les mêmes causes et les mêmes lois aux-
quelles on rapporte les illusions plus compliquées du mirage terrestre. Quand
l'atmosphère est calme, au moins dans les couches un peu élevées, des dif-
férences de température se produisent à l'intérieur de cette espèce d'enton-
noir obscur formé par l'ombre de la Lune; les rayons de lumière qui ne
seraient point parvenus à l'observateur sont réfractés , ramenés vers l'inté-
rieur, et des accidents de la surface lunaire peuvent ainsi devenir visibles,
malgré une amplification et une déformation singulières, grâce à la puis-
sauce de cet immense appareil optique de 40 à 5o lieues de longueur, pas-
sagèrement formé dans notre atmosphère (i).
" Dans le Mémoire dont j'extrais ici des passages, je discute en détail
ces questions et d'autres encore qui me paraissent susceptibles d'être ratta-
chées au même ensemble. Mais ceux qui voudront devancer cette publica-
tion et se former immédiatement une opinion sur ce sujet, n'auront qu'à
considérer la constitution atmosphérique dont je viens de parler, et à lire,
sous l'influence de cette idée, les deux ouvrages suivants. Le premier est la
savante Notice où M. Arago a rassemblé et discuté tous les détails connus,
ou oubliés avant lui, de ces singuliers phénomènes. [>e second est un Mé-
moire de M. Biot sur les réfractions extraordinaires qui se produisent à
l'horizon. Dans ce beau travail, publié il y a plus de quarante années,
M. Biot a discuté les expériences qu'il avait faites, avec M. Mathieu, sur la
laisse de basse mer à Dunkerque, et il y a donné d'avance, on peut le dire,
la théorie de presque tous les genres possibles de mirage.
" Si ces idées devaieni obtenir l'assentiment des astronomes et des phy-
siciens, il est probable qu'à l'occasion de l'éclipsé totale du 28 juillet pro-
chain, dont on commence à se préoccuper, des recherches spéciales seraient
dirigées vers l'étude des variations de la température de l'air, dans le cône
d'ombre, aux plus grandes hauteurs possibles (aérostats). Je les crois plus
fortes qu'à la surface même du sol (2).
» Dans une prochaine séance, j'indiquerai les modifications instrumen-
tales que ces recherches sur les causes d'erreur m'ont suggérées. »
(i) 48 lieues à Perpignan, en donnant 11 lienes de hauteur à l'atmosphère.
(2) Voici une de mes raisons : à Perpignan , par exemple , le pouvoir échauffant du Soleil
étant 1 , 00 aux limites de l'atmosphère , il était réduit à o , 25 dans les couches inférieures à
l'instant de l'observation , abstraction faite , bien entendu , du phénomène de l'éclipsé. Ce
résultat se déduit aisément des formules précédentes. J'ajouterai qu'avant de communiquer
ces idées à l'Académie , je me suis assuré , par des tâtonnements numériques , que les réfrac-
tions extraordinaires pouvaient produire , dans les hypothèses qui m'ont paru plausibles , des
( 645 )
BOTANIQUE. — Comparaison de la végétation d'un pays en partie
extratropical avec celle d'une contrée limitrophe entièrement située entre
les tropiques ; par M. Augcstb de Saint-Hilaire. (Sommaire.)
« Dans un paragraphe intitulé : Observations préliminaires , l'auteur in-
dique les limites et l'étendue de la province de Saint-Paul , qui fait principa-
lement le sujet de son travail ; il fait connaître la direction des chaînes de
montagnes qui traversent celte province, ses cours d'eau et son climat.
" Le second paragraphe est consacré spécialement à l'examen de la végé-
tation. L'auteur croit que, terme moyen, on trouverait une différence énorme
entre le nombre des espèces croissant sur une lieue carrée, d'un côté, dans
la province de Minas Geraes , et , de l'autre , dans celle de Saint- Paul ; mais
si l'on compare les deux pays sous le rapport des différentes formes qui, sui-
vant les cantons, caractérisent l'aspect de la végétation, on reconnaîtra que
Saint-Paul n'offre pas moins de diversité que Minas.
» En se rendant par la route ordinaire de la frontière de Rio de Janeiro à
Saint-Paul, on remarquera que la végétation de la capitale du Brésil s'étend
jusqu*à 21° 55' environ; mais là commence brusquement une autre Flore
extrêmement riche.
» Si, d'un autre côté, on va du Rio Grande, limite de la province de
Goyaz, à la ville de Saint-Paul, on verra s'altérer, par degrés, la végétation
tropicale, et l'on fixera les limites du Boritj [Mauritia vinifera, xMart.), en-
viron par le 22'' degré, [^es arbres rabougris, à écorce subéreuse, di.spa-
raissent des campos, et ceux-ci ne présentent plus que des herbes.
» En deçà de la ville de Saint-Paul , une vaste plaine offre , au milieu
d'une pelouse presque rase, des bouquets de bois peu élevés. Les documents
historiques montrent seuls que cette végétation n'est point le résultat des
travaux de l'homme, et l'auteur conclut de là qu'il est essentiel de tracer la
topographie botanique des divers pays oii s'élève encore une végétation pri-
mitive, avant que celle-ci ait été détruite.
» fjes environs de Saint-Paul, ville située dans un pays élevé, à peu près
par les a3° 33' 10", conviennent parfaitement aux plantes caucasiques. On y
images de 4o", 80", . . et même de 3' 42" de hauteur. Le sens de la déviation peut varier
avec la position de l'observateur dans le cône d'ombre. Évidemment on représente en même
temps ces rapides accroissements de hauteur qu'on a signalés , point capital qui a été par-
faitement saisi par M. Babinet, et qui l'a sans doute conduit à proposer son ingénieuse
hypothèse.
(646)
cultive toutes nos fleurs ainsi que nos arbres fruitiers. Plusieurs plantes de
nos campagnes, apportées sans cloute avec des semences de céréales et de
légumes, s'y sont naturalisées.
" Porto Feliz, par les 23° 3i', forme la limite des campos parsemés d'ar-
bres rabougris. Sauf de rares exceptions, les pâturages naturels que l'on tra-
verse depuis cette ville jusqu'aux limites méridionales de la province de
Saint Paul , et, plus loin, dans celle de Rio Grande, dans les Missions de
l'Uruguay, enfin les campagnes de Montevideo et de Buenos Ayres, sont
simplement herbeux.
>' Les bois vierges n'ont plus la même beauté que sous les tropiques ; leur
vigueur diminue à peu près en raison directe de l'éloignement de la zone
équatoriale.
>i L'auteur établit une statistique comparative des plantes qu'il a récoltées
en janvier, dans l'espace compris entre les 23"!^ et 24°, depuis Sorocaba
jusqu'à l'Itareré , et un nombre égal d'espèces recueillies à Goyaz , entre les
16** et les i4° 5o', de la fin de juin à la fin d'août. Il trouve que les plantes
de Saint-Paul se répartissent en quarante groupes, celles de Goyaz en
quarante-six; que, parmi les premières, il n'y a que sept groupes qui n'ap-
partiennent pas à la Flore de la France, tandis qu'à Goyaz quinze sont dans
un cas semblable. Dans les deux pays, les Composées sont la famille la plus
riche en espèces. Après elles viennent, à Minas, les Mélastomées et les
Malpighiées, à Saint-Paul les Papilionacées.
» Une famille européenne, celle des Conifères, absolument étrangère à
Goyaz, trouve un noble représentant dans Y araucaria Brasiliensis, le plus
utile et le plus beau de tous les arbres du Brésil extratropical. Cette plante,
qui commence sur le plateau de Saint-Paul , par les 23" 39' environ, croît dans
une grande étendue de pays, se rapproche du niveau de la mer à mesure
qu'elle s'avance vers le sud , et pourrait, jusqu'à un certain point , remplacer
les observations barométriques.
» \j Araucaria Brasiliensis est, dans les Campos Geraes, l'arbre par ex-
cellence, et fait l'ornement de cette admirable contrée, située à peu près
entre les 23° [\o' et le 25* degré. L'auteur indique les plantes les plus com-
munes dans les vastes pâturages des Campos Geraes. Il s'en faut qu'excepté
en certains cantons marécageux, on y trouve un grand nombre d'espèces.
Parmi elles, il en est qu'on chercherait en vain sous les tropiques; d'autres
se retrouvent à une grande distance du côté du nord. On peut dire , d'une
manière générale, que la Flore des Campos Geraes a quelques rapports avec
celle de la province limitrophe de Rio Grande do Sul, plus méridionale et
(647 )
moins élevée, mais qu'elle se rapproche davantage de celle des parties plus
septentrionales du Brésil.
X Ici , l'auteur fait une comparaison statistique des plantes des Carapos
Geraes avec celles qu'il a recueillies à Minas dans les alentours d'Ouro Preto
et de Marianna, et arrive à une suite de conclusions qui, peut-être, ne sont
pas sans intérêt.
» A quelque distance des Carapos Geraes, du côté du sud, le pays devient
plus boisé ; VIlex Paraguariensis (r) ou maté, abonde dans les forêts des
enviions de Guritiba. Avec lui croît le Solarium Pseudoquina, ASH., em-
ployé avec succès dans les fièvres intermittentes.
» L'auteur, revenant sur ses pas, indique les limites successives des divers
produits coloniaux, et il ajoute que, depuis l'époque de son voyage, on a
avancé ces limites vers le sud, probablement eu choisissant des expositions
favorables.
» Si les plantes de culture tropicale disparaissent des Gampos Geraes et
du district de Guritiba, en revanche le froment y réussit très-bien, et tous nos
arbres fruitiers y produisent avec plus ou moins d'abondance.
» Au lieu de prolonger son voyage sur le plateau, l'auteur, après avoir
visité Guritiba et ses alentours, descend la chaîne maritime , et arrive au port
de mer appelé Paranaguâ.
" Là, tout change à ses yeux, il revoit des cotonniers, des bananiers, la
canne à sucre, les caféiers, les Cecropia, et une foule d'espèces qui appar-
tiennent à la Flore de Rio de Janeiro. Ainsi , tandis que sur le plateau , presque
à I degré en deçà du tropique, cette Flore a fait place à une autre, on la re-
trouve par les aS" 5' sur le littoral, et elle s'étend jusque dans l'île de Sainte-
Catherine ; ce qui confirme cette observation des géographes , que la végé-
tation des côtes présente une uniformité bien plus grande que celle des
continents. »
M. Payen fait hommage à l'Académie de la deuxième édition de son
Précis de chimie industrielle.
« Cette édition renferme les perfectionnements aux procédés et appareils
précédemment décrits, notamment en ce qui concerne le noir de fumée,
(i) L'auteur montre dans une Note que Lambert , et , après lui , le très- regrettable End-
licher , se sont entièrement trompés sur cette plante ; il fait voir aussi qu'il faut aussi peu
changer Paragiiariensis en Paraguayensis ou Paraguensis que Londinensis en Londonensis .
( 648 )
l acide sidfurique , le chalumeau aërhjdrique, le chlorate de potasse, le
traitement des eaux mères des salines , \'' extraction des potasses des mé-
lasses, le phosphore , la couverte vitreuse des tôles , la conservation des bois,
la. fabrication des engrais , l'épuration du gaz, la fabrication du sucre, le
rouissage du lin et du chanvre.
« Plusieurs industries nouvelles ont été décrites dans cette deuxième édi-
tion; parmi elles on peut citer la fonte économique et salubre du suif, les
acides gras et bougies par distillation , le blanc de zinc , les transformations
du caoutchouc et de la gutta percha , l'acide carbazotique appliqué à la tein-
ture, les péras artificiels, les pâtes inflammables , les charbons moulés , la
carbonisation des menues branches, bruyères , etc.
» Huit planches ont é'té ajoutées, et un }jrand nombre de figures nouvelles
ont été intercalées dans le texte. »
MÉMOIRES LUS
PALÉONTOLOGIE. — Recherches physiologiques sur les milieux d'existence
des animaux, dans les âges géologiques; par M. Alcide d'Orbigny ( troi-
sième Mémoire), (Extrait par l'auleur. )
(Renvoyé à la Section d'Anatomie comparée et de Zoologie.)
X II est une question physiologique de la plus grande importance, et que
peut seule résoudre l'étude des animaux fossiles. Cette question est celle de
savoir si les divers organes des animaux les plus ancieas sont restés les
mêmes, depuis le commencement du monde géologique, ou s'ils se sont mo-
difiés par suite de changements de milieux d'existencf .
" L'organe de la respiration étant, entre tous, par sa nature même, par
sa grande susceptibilité, le plus important, puisqu'il se trouve toujours en
rapport direct avec les milieux d'existence, l'auteur eu fait la base princi-
pale de ses recherches.
>' Il s occupe d'abord des animaux marins sans organe spécial de respi-
ration, qui s'approprient l'oxygène nécessaire à leur exisience par diverses
parties externes de leur corps. Ces animaux dépendent tous de l'erabraiiche-
ment des animaux rayonnes. Au premier âge du monde, dans le» terrains
paléozoïques, ils ont des représentants de toutes les classes, des Amorpho-
zoaires, des Foraminifères, des Zoophytes et des Échinodermes, contenant
non-seulement des genres très- voisins, mais encore des gewres identiques a
(649 ^
ceux qui habitent aujourd'hui nos mers. L'auteur en conclut que les animaux
marins sans organe spécial de respiration étant nés sous toutes les formes
avec les premiers âges du monde, et n'ayant en rien changé leur organi-
sation, on doit en déduire que les conditions d'existence sont restées les
mêmes, et qu'aucun changement appréciable n'existe, dans cette série d'êtres,
de[)iiis la piemière animalisation jusqu'à nos jours.
" Les recherches de M. d'Orbigny sur les animaux marins respirant dans
l'eau par des branchies, lui prouvent qu'avec les terrains paléozpïques, les
premiers de l'animalisation, il existait non-seulement des représentants de
toutes les classes , comme des Mollusques céphalopodes, gastéropodes, lamel-
libranches, brachiopodes , bryozoaires, des Crustacés, des Annélides, des
Cirrhipèdes et des Poissons, mais encore avec un grand nombre de genres
analogues , et quarante-trois genres identiques aux genres de la faune ac-
tuelle. Ces résultats l'amènent à conclure que ces animaux n'ont pas changé
de nature; que ces genres primitifs ou les genres voisins de ceux-ci, qui ont
encore des représentants, prouvent qu'ils avaient, lors de la première anima-
lisation, les mêmes caractères organiques qu'ils conservent encore; que les
milieux d'existence de cette époque devaient être les mêmes que les nôtres ,
et que, dès lors, aucun changement n'a eu lieu dans les éléments de vitalité
que les êtres trouvaient à cette époque, et qu'ils trouvent encore dans les
mers.
" La respiration aérienne par des trachées, chez les animaux terrestres,
occupe ensuite l'auteur. Avec la première grande époque de l'animalisation,
il trouve des Insectes coléoptères, orthoptères et névroptères, des mêmes
genres ou de genres très-voisins de ceux qui couvrent nos continents. Il croit
donc que, relativement aux animaux terrestres respirant par des trachées,
on arrive aux mêmes conclusions que pour les deux modes précédents de
respiration.
» Pour la respiration aérienne par des poumons, elle montre avec les
terrains paléozoïques, les premiers du monde animé, un Scorpion dépendant
des Arachnides pulmonaires, et parmi les animaux vertébrés des Reptiles
sauriens. On voit dans la seconde période, les terrains triasiques, naître les
Oiseaux qui, de tous les animaux, ont le système pulmonaire le plus déve-
loppé, ce qui porte à croire qu'à ces époques reculées les milieux d'existence
dans lesquels vivaient les Oiseaux et les Reptiles, respirant l'air en nature par
des poumons, étaient peu différents des milieux d'existence actuels. La com-
position de l'air, à cette époque, était sans doute peu différente de celle que
nous lui connaissons aujourd'hui. Ces résultats amènent, comme on le voit,
C. R., i85o, a"« Semestre. (T. XXXI, W» i9.; ^&
( 65o )
à des conclusions identiques, et, dès lors, les mêmes conclusions se rappor-
teraient à dix-huit classes d'êtres sur dix-neuf.
» La seule exception réelle, aux résultats généraux, consiste dans l'arrivée
tardive sur la terre, et seulement à l'époque des terrains tertiaires, qui nous
ont précédés sur la terre, des Mammifères, les plus parfaits des animaux.
Cette exception, indépendante du mode de respiration, puisque la respiration
par des poumons existe dans les premiers âges du monde , dépend-elle de
changements de milieux d'existence? C'est ce que l'auteur cherche à éclaircir.
Si cette apparition tardive des Mammifères est due à un changement de
milieux d'existence, ce changement a dû également influer sur les autres
organisations zoologiques, ce qui n'est pas, car trois cents genres de toutes
les classes, de tous les différents modes de respiration, qui existaient anté-
rieurement, se sont continués dans les terrains tertiaires où apparaissent les
Mammifères. Il est impossible, dès lors, d'admettre qu'une modification
dans les éléments vitaux de l'atmosphère en soit la cause. Comme on ne peut
attribuer le retard de l'arrivée sur la terre des Mammifères à aucune cause
physique également marquée pour les autres êtres, on doit croire qu'il dé-
pend de la même puissance créatrice qui, avant cette époque, sans qu'au-
cune autre cause physique puisse être invoquée, avait déjà tant de fois re-
peuplé les mers et les continents de ses nombreux animaux.
» FiCS conclusions de l'auteur, relatives à ce Mémoire et aux deux précé-
dents, sont les suivantes :
» 1°. Si le perfectionnement progressif existait, on devrait trouver tous
les animaux sans organe spécial de respiration dans les premiers âges du
monde, et les autres devraient paraître successivement, suivant leur degré
de perfection; mais, au contraire, tous les modes différents de respiration
arrivant à la fois sur la terre , on en doit conclure que ce perfectionnement
progressif n'existe pas.
» 2°. Que l'on considère entre elles les périodes croissantes ou décrois-
santes de développement de formes zoologiques, que l'on compare l'instant
d'apparition des ordres d'animaux à la perfection de leurs organes, ou qu'on
prenne pour base des recherches comparatives les déductions physiologiques
tirées du mode de respiration des animaux; on arrive toujours aux mêmes
résultats négatifs, relativement au perfectionnement successif des êtres dans
les âges du monde. On doit donc accepter ces résultats comme définitifs.
)> 3°. Aucune modification appréciable n'existant dans les organes de la
respiration des êtres, depuis les époques les plus anciennes jusqu'à l'époque
actuelle, un grand nombre de genres ayant toujours existé avec les mêmes
(65i )
caractères, depuis la première animalisation du globe jusqu'à présent, on
doit croire que les éléments vitaux n'ont pas changé, et que les milieux
d'existence sont restés les mêmes sur les continents et dans les mers.
" 4"' Tj^s milieux d'existence étant toujours restés les mêmes sur les con-
tinents et dans les mers, aucun changement de ces milieux d'existence n'a
pu, dès lors, influer sur l'extinction et sur le renouvellement des faunes suc-
cessives que nous voyons se remplacer tant de fois à la surface du globe ,
depuis la première animalisation jusqu'à l'époque actuelle; dernière conclu-
sion d'une immense portée dans l'histoire chronologique du monde ancien,
et des êtres qui l'ont peuplé à toutes les époques géologiques. "
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSiQUt; xMATHÉMATiQUE. — Sur la distribution de l'électricité à la surface
de deux sphères en présence l'une de l'autre; par M. Ed. Roche. (Extrait
par l'auteur. )
(Renvoyé à la Commission nommée pour les précédentes communications
de M. Roche.)
« Deux sphères isolées et chargées chacune d une quantité donnée d'é-
lectricité étant mises en présence l'une de l'autre , à une certaine distance ,
on sait calculer, au moyen des formules données par Poisson, la tension de
1 électricité en chaque point de ces deux corps. Ce géomètre a pu ainsi com-
parer quelques résultats de la théorie avec des expériences faites antérieure-
ment par Coulomb. Nous avons cherché à présenter les formules de Poisson
sous une forme qui se prêtât à de nouvelles vérifications, en y introduisant
d'autres éléments susceptibles d'une mesure directe.
» Considérons le diamètre commun aux deux sphères, et supposons les
deux points extrêmes entretenus à des tensions électriques constantes , l'une
de ces tensions étant nulle, par exemple, et l'autre égale à une quantité
donnée. L'état électrique de tons les autres points se trouve dès lors entiè-
rement déterminé, et en particulier celui des deux points les plus rappro-
chés sur les deux sphères. Ce sont les épaisseurs de la couche électrique en
ces deux points que nous avons calculées en fonction de leur distance. On
ne peut pas, il est vrai , en obtenir, sous forme finie, l'expression pénérale,
mais nous avons formé une table de leurs valeurs numériques, pour le cas
où les deux sphères seraient égales.
« Ti'inspection de cette table montre qu'à mesure que les deux sphères se
86..
( 65a )
rapprochent, l'épaisseur de l'électricité aux points les plus voisins tend à
augmenter en raison inverse de la distance. Si Ton examine les formules qui
déterminent cette épaisseur, on reconnaît que c'est, en effet, la loi qui
aurait lieu à la limite , les deux sphères se rapprochant de plus en plus. Elle
n'est rigoureusement vraie que lorsque la distance des deux sphères est
(rès-petite relativement à leur rayon. Mais si ce rayon est très-grand, la loi
se vérifiera à une distance finie. Si l'on pouvait assimiler deux condensateurs
plans à des portions de sphères de grand rayon , l'épaisseur de l'électricité
sur ces plateaux serait donc en raison inverse de leur distance : c'est une loi
que l'expérience a déjà fait reconnaître. "
CHIMIE. — Recherches sur Ut saponine; par M. Ferdinand Le Beuf.
(Extrait.)
(Commissaires, MM. Chevreul, Peloiize, Andral, Bussy.)
Étudiée en i832 par M. le professeur Bussy dans la saponaire d'Egypte
(Gypsophila struthium), et en 1828 par MM. Henry fils et Boutrou-Ghar-
lard dans le Quillay (Quillajn saponaria), la saponine à l'élat de pureté n'a
reçu , jusqu'à ce jour, aucune application économique ou médicale , tandis
que les végétaux qui la contiennent ont été, de temps immémoiùal , employés
à divers usages dans les contrées où la nature les fait naître.
M. Le Beuf signale spécialement les écorces de deux de ces végétaux , le
Yallhoy et le Quillay. Lu première de ces écorces , qui appartient au Mon-
nina poljstachia de Ruiz et Pavon, de la famille des Polygalées, paraît pro-
venir des environs de Huanuco au Pérou. Elle a été étudiée par le célèbre
botaniste Ruiz, qui en a fait le sujet d'un Mémoire publié en i8o5. S'il fal-
lait eu croire Ruiz, cette substauce pourrait être regardée comme le spéci-
Jique de la dyssenterie et des diarrhées rebelles, propriété que tendraient à
confirmer les expériences faites par plusieurs médecins distingués de Madrid.
Du reste, cette écorce est employée au Pérou à divers usages économiques
où elle remplace le savon. L'analyse chimique y fait reconnaître une notable
quantité de saponine. Mais le prix très-é!evé du Yallhoj empêche qu'on
puisse le faire servir à la préparation de la saponine : il doit être réservé
pour l'usage médical.
L'écorce du Quillaja saponaria offre, sous ce rapport, de grands avan-
tages. Elle contient une plus grande quantité de saponine que la précédente,
et se trouve dans le commerce à un prix beaucoup moins élevé. Aussi est-ce
au Quillaj qu'il faut s'adresser pour l'extraction de la saponine.
( 653 )
Voici la desci'iption que donne M. Fje Beuf du procédé dont il s'est servi
pour extraire ce principe savonneux :
" Nous avons disposé un appareil à déplacement en cuivre étamé, de la
contenance de lo à 12 litres, auquel nous avons fait souder un double corps
qui l'entoure dans toute sa hauteur; nous y avons fait ajouter une rigole cir-
culaire ou gouttière placée immédiatement au-dessus du robinet inférieur,
destinée à contenir Tesprit-de-vin de chauffage. Après avoir garni de Quillay
moulu (aSoo grammes) le récipient qui fait l'office de bain-marie, on sus-
pend l'appareil à une potence en fer; on verse sur le Quillay environ 8 litres
d'alcool à 90 degrés; on remplit d'eau bouillante le double corps qui entoure
le bain-marie et qui sert de cucurbite, et l'on garnit la rigole d'esprit-de-vin
qu'on allume, fjorsque celui-ci est consumé, on en ajoute de nouveau et
l'on continue à chauffer jusqu'à ce que le liquide alcoolique contenu dans le
bain-marie soit arrivé au point de l'ébullitioi). L'esprit-de-vin de la rigole
achève de se consumer, et, lorsque la flamme s'est éteinte, on ouvre le
robinet, et l'on reçoit dans une terrine l'alcool tenant en dissolution la sa-
ponine.
» Cet alcoolat de saponine est d'une couleur orangée, foncée; il est par-
faitement clair au sortir de l'appareil , mais en se refroidissant il ne tarde
pas à se troubler, et des flocons jaunâtres se précipitent au fond du vase.
Lorsque ce liquide est refroidi, on le verse dans un flacon de 6 litres envi-
ron qui porte une tubulure bouchée à 7 ou 8 centimètres au-dessus du
fond; après vingt-quatre heures, la saponine précipitée occupe la partie
inférieure du vase : on débouche la tubulure sans remuer le flacon, on reçoit
dans une terrine l'alcool coloré, et l'on met à part le précipité de saponine
qui se trouve au-dessous de la tubulure. Ce moyen de décantation nous a
paru nécessaire pour séparer complètement le précipité de la partie liquide :
car la saponine remonte dans la liqueur et revient s'y mêler, pour peu que
l'on agite le vase au fond duquel elle s'est déposée. Afin d'obtenir la sapo-
nine entièrement pure, on lave le précipité avec l'éther .sulfurique qui s'em-
pare de la matière colorante, et l'on renouvelle l'éther jusqu'à ce qu'il sorte
presque incolore. Nous pensons cependant que la saponine obtenue par le
refroidissement de l'alcool peut, sans autre opération, être employée à
l'usage médical.
' r^es 6 litres d'alcoolat de saponine séparés du précipité , nous ont
donné, par l'évaporation de l'alcool, 162 grammes de saponine beaucoup
plus colorée que celle qui s'est précipitée par le simple refroidissement.
Mais toute l'écorce n'est pas épuisée de la saponine qu'elle contient, et une
.( 654 )
nouvelle addition d'alcool à go defjrés peut encore en extraire une quantité
éfjale au tiers de celle que l'on a obtenue par le premier traitement. L'al-
coolat de saponine retient en solution, après le refroidissement, environ
27 grammes de saponine par litre, ou 3,375 pour 100, »
La saponine est soluble dans l'eau comme les gommes pures, et soluble
dans l'alcool comme les résines. Cette propriété remarquable, qui avait été
signalée, mais sans avoir reçu d applications, a été mise à profit par M. Le
Beuf pour rendre solubles dans leau des corps qui, jusqu'à présent, ne pou-
vaient se dissoudre que dans l'alcool. Il a obtenu ce résultat qu'il croit en-
tièrement nouveau, que tous les corps solubles dans l'alcool à 90 degrés,
deviennent divisibles en molécules imperceptibles et solubles en quantité
notable dans l'eau , par l'inlerraédiaire de l'alcoolat de saponine.
il a pu, au moyen de cet intermédiaire, mettre en suspension dans l'eau
le baume du Pérou, l.e baume de Tolu, la résine de gaïac, le baume de
copahu, l'huile de ricin , le goudron de Norwége, \ Assajœtida , l'euphorbe,
l'huile de Croton tiglium, la gomme-outte , la résine de jalap, le lactuca-
rium , le camphre, les huiles volatiles, etc., et obtenir des émulsions sem-
blables à du lait, qui se maintiennent dans cet état sans subir d'altération ;
il a des échantillons qui, après six mois, n'ont éprouvé aucun changement.
L'auteur pense qu'on pourrait employer le même moyen pour suspendre
dans l'eau les diverses préparations d'iode, de quinine, le bichlorure de
mercure, les sels de morphine, dans les cas où ces médicaments doivent
être administrés à l'intérieur.
Un fait remarquable encore, est la division du mercure métallique dans
lalcoolat de saponine. Si l'on verse dans cet alcoolat une certaine quantité
de ce métal et si l'on agite le flacon, le mercure se divise en particules très-
menues qui ont l'apparence de la limaille de fer. Ces molécules sont restées
séparées pendant plus de six mois. Après avoir décanté le liquide et versé
dans de l'axonge le mercure divisé, le mélange s'est effectué avec une grande
promptitude , et deux heures de trituration ont suffi pour rendre le métal
invisible à la loupe.
MKDECiNE. — Réflexions sur le choléra; par M. Guiimdet. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Serres, And rai , Velpeau. )
li'auteur pense que cette maladie est produite dans l'Inde par les émana-
tions marécageuses, de la même manière que sont produites, en Europe, les
fièvres intermittentes.
( 655 )
Selon l'auteur, le choléra se propagerait par voie d'infection et non par
contagion proprement dite. Ij'infection cholérique aurait lieu par l'absorption
pulmonaire. Le choléra aurait son siège dans les nerfs de la vie organique,
ainsi que les fièvres typhoïdes et intermittentes. Toutes ces maladies seraient
des empoisonnements dont la cause agirait sur le système nerveux de la vie
organique, de la même manière que certains poisons végétaux exercent leur
action sur les nerfs de la vie de relation.
M. ViAu, qui dans une précédente séance avait envoyé la description d'un
moteur mécanique destiné à remplacer les machines à vapeur, en témoignant
le désir que son invention ne fût pas rendue publique, écrit à l'Académie
qu'il renonce à garder le secret sur sa découverte, et demande que son travail
soit soumis à l'examen d'une Commission.
(Commissaires, MM. Poncelet, Piobert.)
M. Pitre soumet à l'Académie le projet d'un appareil destiné à préserver
la vie des personnes qu'un accident fait tomber sur la voie d'un chemin de
fer au moment du passage d'un convoi.
(Renvoyé à l'examen de MM. Poncelet et Morin.)
M. GiRK envoie un Mémoire contenant la description d'un appareil
aérostatique qu'il nomme locomoteur atmosphérique.
(Renvoyé à la Commission déjà nommée pour des communications relatives
à la direction des aérostats. )
CORRESPONDAIVCE.
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce adresse, pour la biblio-
thèque, le deuxième volume des Brevets d invention. [Voir au Bulletin
bibliographique. )
PHYSIQUE GÉNiÏRALE. — Note sur les étoiles filantes; par MM. Coulvier-
Gravier et Saigby. (Communiquée par M. Le Verrier.)
« L'apparition des étoiles filantes, au \i novembre prochain, ne changera
en rien la régularité du phénomène durant toute l'année, ainsi que nous
l'avions déjà annoncé. D'après la courbe des années antérieures , que nous
avons mise sous vos yeux en 1849, ^^ nombre horaire, pour le 12 novem-
bre i85o, devait être de 18 à minuit. La courbe des observations de cette
année conduit exactement au même résultat. Ainsi, d'après toutes les pré-
( 656 )
visions, le nombre horaire des étoiles filantes, au la novembre f85o, sera
i8 pour minuit y qui est la moyenne de toute la nuit. En vertu de la varia-
tion horaire, ce nombre sera 1 1 pour le commencement de la nuit et ?>%
pour la fin.
" Cette année i85o termine la première moitié de la période de trente-
quatre ans adoptée par Olbers pour le retour du phénomène à son maxi-
mum. Mais, d'après la marche de la courbe, il ne paraîi pas qu'il en sera
ainsi, et il devient déjà plus probable que le phénomène coniinuera à s'a-
moindrir. «
GÉOLOGIE. — Sur les roches volcaniques du bassin houiller de Commentrj
[Allier) , et la transformation de houille en coke qui s'observe au contact
de l'une d'elles^ par M. Ch. Martins. (Extrait d'une Ijettre a M. Constant
Prévost.)
' A ^8 kilomètres au nord des dernières roches volcaniques modernes,
marquées par MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont sur la portion de leur carte
géologique qui représente le plateau central de la France, j'ai trouvé, dans
le petit bassin houiller de Gommcntry qui occupe le bord septentrional du
plateau central, des basaltes, des péperinos, des spilites et des domites cor-
respondant aux époques basaltiques et irachytiques de lAuvergne.
>• 1°. A I kilomètre du bourg de Néris, si célèbre par ses eaux ther-
males, le château de Cerclier est supporté par une protubérance basaltique
déjà signalée par M- Boulanger dans sa Statistique géologique de l'Allier. Ce
basalte est sorti au milieu du granit porphyroïde sur le bord occidental du
bassin houiller de Commentry.
" 1°. Près de la tuilerie de Sainte-Agathe, à droite de la route de Néris à
Montiuçon, on découvre, sur la pente d'un ravin, un espace elliptique cou-
vert de basalte celluleux en fragments, et d'une vacke contenant des amandes
calcaires.
" 3°. A I kilomètre et à l'est-sud-est de l'usine dr Commentry, un pépfrino
verdâtre, contenant des fragments de vacke et dos paillettes de mica, vient
affleurer sur les bords du ruisseau de la Banne. Puis, à une faible distance
dans la tranchée d'une rigole d'écoulement, on voit lui tuf volcanique en-
durci présentant la décomposition en boules qu'on observe si souvent dans
les basaltes, les trapps, etc.
" 4°- Enfin dans la même localité, mais à 6o mètveg au-dessous de la sur-
face du sol, les mineurs, en perçant une nouvelle galerie, celle de Saint-
( 657 )
Edmond, dans les couches de houille, ont trouvé une roche au contact de
laquelle le charbon de terre était transformé en coke. Cette roche est blan-
che, grenue, faisant pâte avec l'eau, mais durcissant beaucoup par la des-
siccation. Au contact, les schistes bonillers étaient redressés sous des anfjles
compris entre 3o et 55 degrés. Les prismes du coke ont de 4 << 6 centi-
mètres de hauteur, et sont tous perpendiculaii es aux couches de la houille
et à la surface de la roche. Leur cassure présente l'aspect métallique de la
plombagine: en un mot, ils ressemblent complètement au coke artificiel.
M. Ebelmen a bien voulu, à ma sollicitation, faire l'analyse de cette roche.
Je mets en regard les résultats de cette analyse et ceux que M. J. Girardin
a obtenus eu opérant sur le domite léger du Puy-de-Dôme.
Roche de Commentry. DomUe du Puy-de-Ddiiie.
Silice 59,52 5i ,00
Alumine 22,08 24,00
Peroxyde de fer 2,24 8,34
Chaux 2,3i 2,06
Magnésie ' > ' 9 7 > 82
Potasse 6,65 4>66
Soude o , 25 »
Oxyde de chrome 0,66 >>
Oxyde de manganèse » o ,64
Eau ^ 5,5o »
Perte » i ,48
io«,4o 100,00
» Cette analogie de composition et l'aspect extérieur permettent de consi-
dérer cette roche comme analogue aux masses domitiques de l'Auvergne.
Son action sur la houille démontre son origine ignée. Il y a plus : les puys
domitiques des environs de Clermont sont sensiblement alignés du sud-sud-
est au nord-nord-ouest. Si l'on prolonge cette ligne droite, dont le Puy-de-
Dôme et celui de Chopine forment les extrémités, elle vient aboutir préci-
sément à la pointe méridionale du bassin de Commentry oîi se trouve la roche
en question.
» De tous ces faits, je crois pouvoir conclure que l'on découvre, jusque
sur le bord septentrional du massif central de la France, les traces des érup-
tions basaltiques et Irachytiques qui ont eu lieu aux environs de Clermont :
ce sont les derniers efforts de la puissance volcanique venant expirer à la
circonférence du plateau granitique, théâtre de ses manifestations. Si l'on
ajoute à ces éruptions celles des porphyres feldspathiques, les limites étroites
G. R., i85o, 2"" Semeilre. (T. XXXI, N» 19.) 87
( 658 )
du petit bassin de Commentry présentent au moins trois périodes de dislo-
cations postérieures au dépôt de la houille, des grès et des schistes qui rac-
compagnent. Les deux dernières sont contemporaines des périodes domi-
tiqnés et basaltiques du Puy-de-Dôme. »
TOPOGRAPHIE. — Note sur la stadia et sur un procède' pour corriger
l'erreur qui résulte de la variation de distance focale de la lunette;
par M. C.-M. Goulier. (Extrait par l'auteur.)
« La théorie ordinaire de la stadia ne tient pas comple de la variation de
distance focale de la lunetle suivant Féloiguement de la mire. Il peut en ré-
sulter, dans certains cas, des erreurs notables que M. Porro a évitées avec
ses lunettes anallaliques. Nous allons indiquer un procédé plus simple pour
arriver à ce résultat.
» Soient
D la distance de la stadia à l'objectif de la lunette ;
f la distance focale actuelle correspondante à cette distance D;
F la distance focale principale de la lunette;
H la hauteur de la mire qui paraît interceptée entre les deux fils du micro-
mètre ;
m l'écartement de ces fils.
On a.
Hm /^DF
)' De la seconde équation nous tirons
DF
» Substituons cette valeur dans la première, nous aurons
D- F = -^H.
m
« La distance D — F est donc toujours proportionnelle à la hauteur lue
sur la stadia.
» Réglons l'appareil de telle sorte qu'à loo"' + F de l'objectif, cent divi-
sions soient interceptées entre les fils, et l'on aura toujours la distance en
mètres de l'objectif à la stadia, en ajoutant la distance focale principale F
au nombre de mètres indiqué par celui des divisions de la stadia; ou bien ,
( 659 )
eu ajoutant - F, la distance entre la mire et le milieu de la lunette qui, dans
les observations avec les instruments topographiques , correspond générale-
ment au point de station.
3
» Cette addition de - F à la lecture faite de la stadia peut s'obtenir de
trois manières différentes :
" 1°. Numériquement;
» 2°. En laissant entre le zéro des divisions principales de l'échelle sur
laquelle on prend les distances à porter sur le plan et le zéro de la sub-
3
division un intervalle qui représente - F;
» 3°. En faisant, vers le milieu de la stadia, une division plus petite que
3
les autres de la quantité qui représente sur elle - F. Cette division devra
toujours, dans les observations, être comprise entre les fils mesureurs. »
M. Cl. Bernard, à l'occasion de la Note de M. Stas, insérée dans le der-
nier numéro des Comptes rendus de l'Académie, et relative à la présence
du sucre de raisin dans le liquide allantoïdien de la vache, écrit à l'Aca-
démie que, depuis longtemps, il a fait des expériences publiques qui
démontrent l'existence du sucre de raisin dans l'urine des fœtus de vache et
de brebis , ainsi que dans les liquides de l'amnios et de l'allantoide. Ces ob-
servations ont été communiquées avec les expériences à la Société de Bio •
logie , dans la séance du 5 octobre 1 85o.
M. Cl. Bernard prie l'Académie de vouloir bien le mettre au nombre des
candidats pour la place vacante dans la Section d'Anatomie et de Zoologie.
M DE Paravey communique à l'Académie quelques remarques sur une
analogie qu'il a observée entre une figure représentée dans un Almanach
chinois et une figure du planisphère de Denderah.
« Dans un almanach chinois où sont figurés les vingt-huit génies des
vingt-huit constellations lunaires dn système antique, je trouve, pour le
génie d'Antarès ou du cœur du Scorpion, une sorte de Tartare couronné,
monté sur une espèce de renard furieux , et "élevant en l'air, de la main
droite, une sorte de coupe ou gobelet.
« Or, dans le planisphère de Denderah, la projection d'Hipparque , appli-
quée sur ses astérismes, démontre qa'Antarès y est figuré par un hippopo-
87..
k
( 66o )
tame debout, offrant également une coupe ou un vase , sorte de petit gobe-
let contenant du feu.
» En outre, l'hippopotame dit HorapoUon est l'emblème du mal, du fu-
neste; et ici , dans Valmanach chinois, cette cinquième constellation nommée
sin, cœur ou sein, est dite également un astérisme juneste.
" Ces rapports m'ont paru importants à signaler, et comme la queue de
notre Scorpion céleste est aussi nommée en chinois ouey, queue , il est évi-
dent qu'en Chine aussi , un scorpion tout entier a diji répondre à ce signe du
zodiaque, chez les anciens Grecs , signe bien caractérisé, a dit, dans ses cours,
M. Arago. »
M. Brachet adresse la suite de son Mémoire sur l'emploi des lentilles
achromatiques et périscopiques de Huyghens aux lunettes de nuit, et des
lentilles périscopiques achromatiques de WoUaston aux lunettes terrestres
et aux lunettes astronomiques.
L'Académie accepte le dépôt dun paquet cacheté présenté par M. Grange.
lia séance est levée à 5 heures. F.
ERRATA.
(Séance du i6 septembre i85o. )
Page 4o3 , ligne 24 , au lieu de ouverture superficielle , Uset diamètre de l'objectif.
Page 406, ligne 10, au lieu de ver» le nadir, lisez de manière à augmenter la distance au
nadir.
(Séance du \l\ octobre i85o.)
Page 557 , dernière ligne du tableau , au lieu de 352" Sa' i8",5 ; liseï 352° Sa' a8",5.
( 66i )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 21 octobre i85o, outre les
ouvrages mentionnés dans le précédent Compte rendu, ceux dont les titres
suivent :
Alcune . . . Quelques observations sur une nouvelle équation en hydrodyna-
mique; par M. P. Tardy. Rome , i85o; broch. in-8°.
Sulle equazioni lineari. . . Noie sur les équations linéaires aux différences
finies; par le même. Rome, i85o; broch. in-8°. (Extrait des Annales des
Sciences mathématiques de Rome ; août i85o.)
Sulle equazioni differenziali.. , Note sur les équations différentielles linéaires;
par le même; avril i85o. (Extrait des mêmes Annales.) ~ feuille in-8".
The zoology . . . Zoologie du voyage du vaisseau de la marine britannique le
Samarang, entrepris sous le commandement du capitaine Belcher ; Mollusques ,
parties 2 et 3 ; par MM. LovEL Reeve et Arthur Adams. Londres: i85o;
■2 fascicu'es in-4''.
Ou the. . . De i équivalent mécanique de la chaleur ; par M. James Pres-
COTT Joule. Londres, i85o. (Extrait des Transactions philosophiques; par-
tie I ; i85o.)
Pharmaceutical . . . Journal pharmaceutique ; vol. X; n°' 3 et 4-
.lahrbuch . . . Annuaire de i établissement impérial et royal géologique.
Vienne, i'" année; u° 1; i" trimestre.
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; n° 734.
Gazette médicale de Paris; n° 4*.
Gazette des Hôpitaux; n°' 122 à 124.
L'Abeille médicale; n" 20.
(/Académie a reçu, dans la séance du 28 octobre i85o, les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de i' Académie des Sciences;
a™* semestre 1 85o ; n° 1 7 ; in-4".
Notice historique sur la vie et les travaux de Marc-Isambart Brunel, par
M. Edouard Frère, lue à l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de
Rouen, dans la séance du 5 juillet i85o; broch. in-8°.
( 66a )
Quelques notes sur la photographie sur plaques métalliques; par M. J.-B.-IiOUls
Gros. Paris, i85o; broch. iii-8°.
Observations critiques présentées à la Société (V Agriculture et des Arts de
Seine-et-Oise , dans sa séance du 2 août i85o, par M. Adolphe Erambert »
sur les expériences relatives à l'emploi du sel dans i alimentation du bétail ; par
MM. DE Behague et Emile Baudement; broch. in-8°.
Annales de la Société entomologique de France; 1" série , tome Vlll , 3*^ tri-
mestre, i85o; 10-8".
Annales forestières ; a* série, lome IV, 0^9; septembre i85o-, ia-S".
Revue médico-chirurgicale de Paris, publiée sous la direction de M. Mal-
GAIGNE; 4* année; tome VIIl; octobre r85o; in-8°.
Annali. . . Annales des Sciences physiques et mathématiques ; par M. Bar-
nabe ToRTOLiNl; septembre i85o; in-8°.
Tbe telef[raph . . . Table des télégraphes des compagnies de télégraphie élec -
Iromagnétique des États-Unis et des Canadas; rédigée par M. Alfred Vail.
(Offert par M. le professeur MORSE.) Washington , 1849; in-4°.
Abhandlungen. . , Mémoires de la classe d'histoire et de philologie de l'Aca-
démie royale des Sciences de Saxe; tome I". Leipzick , i85o; in-4°-
Berichte . . . Bulletin des travaux de la même Académie , classe des sciences
et classe de philologie et d'histoire ; années 1846 à i85o; a5 livraisons in-S".
Astronoraische. .. Nouvelles astronomiques de M. SCHUMACHER; |n"* 735
et 736.
Gazette médicale de Paris; n° 43.
Gazette des Hôpitaux; n"' laS à 127.
Ij' Académie a reçu, dans la séance du 4 novembre i85o, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
2"* semestre i85o; n° 18; in -4".
Précis de chimie industrielle à l'usage des écoles préparatoires aux professions
industrielles des fabricants et des agriculteurs; par M. Payen; a™* édition
(texte et planches). Paris, i85i ; 2 vol. in-8°.
Multiplication du poisson par la fécondation artificielle; par M. DE Gau-
MONT; une feuille in-8°. (Extrait de X Annuaire normand pour i85i.)
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention
ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1 844 1 publiée par les ordres de
M. le Ministre de r Agriculture et du Commerce; tome 11. Paris, i85o; in-4".
( 663 )
Description générale des phares et des fanaux, et des principales remorqm-^
existant sur le littoral maritime du gloie, à l'usage des navigateurs; par
M. GouLiER; 9™* édition. Paris, i85o; i vol. in-ia.
L'exposition nationale des produits de l'industrie manufac tarière et agricole
de 1849, "" point de vue de l'agriculture et des arts qui s'y rattachent. Rapport
pi é sente à la Société nationale d' agriculture et des Arts de Seine-et-Oise, dan^
sa séance mensuelle du 'j septembre 1849; par M. A. Ekambert. Versailles,
i85o; broch. in-8°.
His toire statistique du choléra asiatique de 1849, ^^"* '^ ^* arrondissement
municipal de Paris; par M. F. Marc Moreau. Paris, i85o; broch. in-8°.
Des êtres mythologiques figurés sur les monuments de l'antiquité; par
M. Marcel de Serres. Bordeaux, i85o; broch. in-8°.
Télégraphie électrique, ou traité de l'électricité et du magnétisme , appliqué à
la transmission des signaux; par M. Ch.-V. Walker, traduit de l'anglais par
M. Magnier. Paris, i85r; i vol. in- 18.
B ulletin de- 1' Académie nationale de Médecine; tome XVI j n° 1; 3i oc-
tobre i85o; in-8°.
Exposé des travaux de la Société des Sciences médicales de la Moselle, 1 849.
Metz, i85o; in-8''.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; n" 1 1 ; no-
vembre i85o; in- 8°.
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; 2* série ;
tome IV, n° i; octobre i85o; in-B".
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer ; n°9; i^"^ novembre i85o; in-S".
L'agriculteur praticien. Revue d'Agriculture , de Jardinage et d'Économie
rurale et domestique, publié sous la direction de MM. F. Malepeyre , G. Heuzé
et BossiN; la* année; n" i34; novembre i85o; in-8°.
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. Magne ; n" 21 ; i*"^ no-
vembre i85o; tome III ; in-8°.
Revue médicale française et étrangère. — Journal des progrès de la médecine
hippocralique;parM. J.-B. Cayol; n"' i i à l'j; in-8".
Revue thérapeutique du Midi. — Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques; par MM. les D" FuSTER et AlquiÉ; n" 20 ; 3o octobre 1 85o ;
in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève; 4* série ; n° 57 ; septembre i85o ; in-8°.
Flora batava. Amsterdam; 164* hvraison; in-4°.
( 664 )
Mémorial. . . Mémorial des Ingénieurs; 5* année; n° 9; septembre i85o;
iu-8°.
An enquiry . . . Enquête sur le voyage de M. Antoine d'Abbadie à Kajfa, à
la recherche des sources du Nil; par M. Ch.-T. Beke. FiOndres, i85o; bro-
chure in 8°.
Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université et de l'Académie royale des
Sciences de Goltingue ; n° i5; 2{ octobre i85o; in-8''.
Astronoinische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n*^ 737.
Le Magasin pittoresque; octobre i85o.
Gazelle médicale de Paris; a° 44; in-4''-
Gazette des Hôpitaux ; n"' ia8 et 129.
L'Abeille médicale; n" ai; in-8°.
Les Alpes; n° 8.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 11 NOVEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Arago a repris le cours de ses communications interrompues par des
raisons de santé; l'objet dont il a aujourd'hui entretenu l'Académie est la
{graduation expérimentale de son polarimètre.
liorsqu'un rayon partiellement polarisé, c'est-à-dire composé de lumière
neutre et de lumière complètement polarisée, traverse dans une direction
convenable une pile de glaces sous un angle suffisamment petit, ce rayon
devient neutre. M. Arago a rappelé les expériences qu'il avait faites jadis
avec de telles piles pour déterminer les angles qui précèdent et qui suivent
l'angle de la polarisation complète par réflexion dans lesquels il entre des
proportions égales de lumière polarisée. Mais ces proportions n'étaient pas
alors déterminables; c'est à remplir cette lacune qu'étaient destinées les
expériences dont M. Arago vient de rendre compte.
Lorsqu'on fait passer un rayon complètement polarisé à travers une lame
de cristal de roche taillée parallèlement à l'axe, on peut le transformer en
un nouveau rayon partiellement polarisé dans lequel, par une application
de la loi du carré du cosinus maintenant démontrée expérimentalement ,
on sait la quantité de lumière neutre et la quantité de lumière polarisée qu'il
C. K., iSSo, 2"« Semestre. (T. XXXI, N" 20.) 88
( 666 )
contient. Ainsi, dans une certaine position de la lame, il y a dans le rayon
qui la traverse deux dixièmes de lumière neutre et huit dixièmes de lumière
polarisée; dans une autre position, la quantité de lumière neutre est 3 et la
quantité de lumière polarisée 7. Une troisième position donne les nombres 4
et 6, et ainsi de suite.
On n'a donc qu'à faire passer ces rayons à travers une pile composée d'un
nombre d'éléments déterminés sous les inclinaisons convenables pour avoir
un polarimètre gradué. C'est ce travail que M. Laugier a bien voulu entre-
prendre à la prière de M. Arago, et qu'il a exécuté avec le plus grand
succès.
Un tableau mis sous les yeux de l'Académie renferme, dans une première
colonne verticale, les quantités de lumière neutre et de lumière polarisée
contenues dans le rayon soumis à l'épreuve. D'autres colonnes verticales
donnent les inclinaisons sous lesquelles le rayon doit traverser des piles d'une,
de deux, de trois et jusqu'à dix lames pour que le rayon devienne neutre.
Après avoir indiqué le parti qu'on pourra tirer de cette Table pour résoudre
une multitude de questions d'optique. M. Arago a montré comment on
pourrait se servir de la Table en question pour déterminer la composition
de rayons qui eussent semblé exiger l'emploi de piles composées de plus de
dix éléments. Il a rappelé ensuite qu'en se servant de la Table et d'expé-
riences très-simples, on déterminera le rapport de la lumière réfléchie
à la lumière transmise pour les inclinaisons voisines de la perpendiculaire
auxquelles ne pouvait pas s'étendre sans certaines difficultés le photomètre
qu'il avait fait connaître dans une précédente communication.
THtiORiE DE LA LUMIÈRE. — iVb( Supposons qu'un cristal à un axe optique étant terminé par une surlace
plane, on fasse tomber sur celte surface un rayon simple de lumière, dont
le plan de polarisation soit perpendiculaire au plan d'incidence. On pourra ,
déduire de la théorie exposée dans mes précédents Mémoires Yincidence
principale, c'est-à-dire, l'incidence pour laquelle la lumière réfléchie et po-
larisée perpendiculairement au plan d'incidence devient un minimum. C'est
ce que j'ai fait; et en opérant ainsi, je suis arrivé à cette conclusion remar-
quable , déjà indiquée par des expériences de M. Seebeck, que dans le cas 011
la surface extérieure du cristal étant parallèle à l'axe optique , le plan d'in-
(667)
cidence est perpendiculaire à cet axe, Xincidence principale a pourtant
gente l'indice de réfraction ordinaire. De plus, en admettant, comme
l'expérience porte à le croire, que le coefficient d'extinction du rayon
évanescent est très-considérable et indépendant de l'angle formé par la
surface réfléchissante avec l'axe optique , et eu négligeant les carrés des
paramètres très-petits compris dans les équations du mouvement de
l'éther, j'ai obtenu , pour les variations de l'incidence principale , une fonc-
tion homogène du second degré des cosinus des trois angles formés par
l'axe optique avec la normale à la surface réfléchissante , la trace de cette
surface sur le plan d'incidence, et la normale au plan d'incidence. Enfin,
en admettant, comme l'expérience l'indique encore, que cette fonction de-
vient un maximum ou un minimum quand, le plan d'incidence étant con-
fondu avec la section principale , la surface réfléchissante est perpendicu-
laire ou parallèle à l'axe optique, j'obtiens une formule qui s'accorde très-bien
avec les résultats d'observation donnés par M. Seebeck , dans un Mémoire
que renferment les Annales de Poggendorff, et que notre confrère M. Re-
gnault a rappelé dans ses Leçons au Collège de France. >•
AGRICULTURE. — Quatrième Mémoire sur les pommes de terre; par
M. Ch. GiBOU DE BuzAREiNGUES. (Lettre d'envoi de l'auteur. )
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences un Mémoire sur
une expérience que j'ai faite, afin de prouver qu'il n'y a point de maladie
dans la dégradation observée sur les pommes de terre, et qu'elle provient
du défaut de maturité , ou est occasionnée par des myriapodes, ou par des
lombrics, ou par des larves d'insectes.
" Ce Mémoire est certifié par un Commissaire que le comice Agricole
de Severac avait chargé, à ma prière, de constater les résultats de cette
expérience.
» Il contient, en outre, un exposé de connaissances physiologiques nou-
velles sur la pomme de terre, desquelles l'économie rurale pourra profiter.
» Ainsi, il n'y a aucun avantage à planter des tubercules gros plutôt que
des petits, puisque le volume des produits ne dépend pas de celui des se-
mences.
» Les tubercules les plus voisins de la surface de la terre sont plus re-
tardés dans leur maturité que ceux qui sont près de la semence.
>• Le tubercule duquel naît un autre tubercule, perd en partie sa matu-
rité par cette production, et quelquefois les derniers formés sont plus mûrs
que les premiers. »
88..
( 668 )
RAPPORTS.
TÉRATOLOGIE. — Rapport sur un veau pkocomèle et hydrocéphale , et sur
des figures de ce monstre transmises à l'Académie par M. le Ministre de
l'Agriculture et du Commerce.
(Commissaire-rapporteur, M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. )
« L'Académie m'a fait l'honneur de renvoyer à mon examen une figure
peinte et trois daguerréotypes, adressés à M. le Ministre de l'Agriculture et
du Commerce, par M. Larget, vétérinaire à Tulle, et que M. le Ministre
s'est empressé de transmettre à l'Académie au mois d'août dernier. Ces des-
sins représentent un veau monstrueux , né vers le commencement de cette
année à Naves , village du département de la Corrèze.
" Les figures photographiques, aussi bien que la figure peinte, étant
extrêmement imparfaites, et M. Larget n'ayant pas jugé à propos d'envoyer
la pièce elle-même, nous nous bornerons à de très-courtes remarques
sur un fait qui, plus complètement connu, élit pu présenter un véritable
intérêt,
» Nous avons insisté, à plusieurs reprises, sur la fréquente répétition des
mêmes types parmi les états anomaux aussi bien que parmi les états nor-
maux de l'organisation, conséquence de la régularité, si bien démontrée
aujourd'hui , de tous ces êtres monstrueux dans lesquels on ne savait voir
autrefois que de vains et bizarres jeux de la nature. Nous avons insisté aussi,
et tout récemment encore à l'occasion de la céphalomélie (i), sur l'attribu-
tion spéciale de diverses monstruosités à certains genres zoologiques, dans
lesquels elles se présentent communément , tandis qu'elles sont extrêmement
rares partout ailleurs , ou même auxquels elles semblent appartenir d'une
manière exclusive. C'est encore à un fait de cet ordre, mais à un fait moins
remarquable que les exemples précédemment cités , que se rapportent les
documents transmis par M. le Ministre de l'Agriculture. Les dessins, tout
imparfaits qu'ils sont, ne laissent aucun doute que le veau de Naves ne soit un
phocomèle, avec complication d'hydrocéphalie. Or, si nous faisons le relevé
des cas de phocomélie consignés dans les annales de la science , voici ce
que nous trouvons :
(i) Note sur deux monstres doubles parasitaires, du genre Céphalornèle ; Comptes rendus,
tome XXIX , page 724.
(66g)
" Dans l'espèce humaine, où les faits tératologiques ont été , depuis deux
siècles, recueillis avec tant de soins, un assez grand nombre de phocomèles
ont été observés et décrits : entre tous, il n'en est qu'un seul, décrit par
M. Mayer (dans le journal allemand de chirurgie et d'ophthalmologie), où la
phocomélie ail été compliquée d'hydrocéphalie. Tous les autres cas étaient
plus ou moins complètement analogues, quant à la conformation normale
de la tête, à celui dont notre confrère M. Duméril a donné, en 1800, une
si excellente relation.
» P^rmi les animaux, la phocomélie a été constatée, d'une part, chez le
cheval, de l'autre, dans l'espèce bovine.
» Chez le cheval on ne connaît qu'un seul cas , et la phocomélie s'y pré-
sente sans complication.
» Chez le veau, Buffon a observé, en 1744» un c^s de phocomélie. C'est
de ce sujet que Morand et Winslow firent Tanatomie à la même époque.
Il était hydrocéphale.
» On voit dans la collection du Muséum un veau phocomèle , donné par
Delalande, qui l'avait acquis dans une vente publique , sans pouvoir obtenir
aucun renseignement sur son origine. C'est encore un phocomèle hydro-
céphale.
» M. Jaeger a décrit en 1827, dans les Archives d'anatomie de Meckel,
deux veaux qui, s'ils ne sont pas de véritables phocomèles, se rapprochent
du moins beaucoup de ce genre tératologique par la conformation de leurs
membres : tous deux étaient hydrocéphales.
» Enfin, nous avons nous-même observé deux cas de phocomélie chez le
veau; dans tous deux il y avait de même hydrocéphalie.
» Le cas recueilli par M. Larget vient maintenant prendre place à la suite
de ces faits, et il réalise les mêmes conditions; c'est encore un veau phoco-
mèle hydrocéphale.
» C'est à ce point de vue, et précisément parce qu'il reproduit des ano-
malies déjà plusieurs fois observées, que ce cas offre quelque intérêt pour la
science. Nous ne saurions voir, au contraire, qu'une circonstance très-insi-
gnifiante dans le fait qui, lors de la naissance du monstre , a surtout appelé
sur lui l'attention publique, la grossière ressemblance de sa tête, modifiée
par l'hydrocéphalie, avec la tête d'un homme. Le veau ou plutôt la velle à
figure humaine, tel est le nom sous lequel le phocomèle a été aussitôt dé-
signé , et qu'il porte encore dans la correspondance à laquelle il a donné lieu.
C'est évidemment en raison de la sensation produite dans le pays par cette
similitude apparente, qu'on a jugé le veau de Naves digne de fixer l'a tention
(670)
du Ministre de l'Agriculture et de l'Académie, et que M. Larget a cru devoir,
pour en conserver l'image, emprunter à la fois le secours du pinceau et celui
de la photographie. Si ce cas s'était produit il y a trois siècles, nul doute qu'on
ne l'eût inscrit dans les livres tératologiques comme un exemple de
Tenfantement d'un individu humain par un animal ; et qu'on ne l'eût expliqué
par l'absurde supposition d'une de ces infâmes unions dont plus d'un mal-
heureux a expié sur le bûcher le crime imaginaire.
" Aujourd'hui, nous ne voyons en lui qu'un exemple, médiocrement re-
marquable, d'une monstruosité bien connue, réalisant dans l'espèce J30vine,
par suite d'un arrêt dans le développement, quelques-unes des conditions
normales des Mammifères dits empêtrés. A ce point de vue, le Phocomèle
de Naves est loin d'avoir le degré et surtout le genre d'intérêt qu'on avait
cru pouvoir lui attribuer; mais nous n'en devons pas moins savoir gré à
M. Larget des soins qu'il a pris pour conserver à la science un fait qu'il
croyait rare et remarquable, et nous avons aussi à remercier M. le Ministre
de l'Agriculture de sa communication et de l'offre qu'il fait, pour les collec-
tions de l'Académie, de la figure peinte et des images photographiques en-
voyées de Tulle. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
AIËMOIRËS LUS.
ANATOMiE COMPARÉE. — Mémoire sur la structure et les fonctions de la
peau dans les animaux annelés; par M. Ad. Focillon (Extrait par
l'auteur.)
« La peau des animaux articulés, mieux nommés, je crois, annelés,
puisque tous ne sont pas articulés extérieurement, est essentiellement consti-
tuée comme celle des Vertébrés , et, probablement, comme tous les tissus
tégumentaires des animaux , d'un derme et d'un épiderme. Mais ces deux
téguments élémentaires offrent une différence tranchée dans leur dévelop-
pement relatif, selon quon étudie l'un ou l'autre des deux sous-embranche-
ments généralement reconnus dans les Annelés. Dans les Insectes, les Myria-
podes, les Arachnides , les Crustacés et les Cirrhopodes, qui constituent celui
des vrais Articulés, l'épiderme prédomine et parcourt les phases du déve-
loppement le plus complet qu'il lui soit donné d'atteindre ; le derme a, par
une sorte de conséquence de la loi du balancement organique, une texture
rudimentaire, qui ne semble reprendre plus de perfection que pour fournir
(671 )
insertion aux muscles. Dans le second sous-embranchement, au contraire,
en considérant les Annélides comme son type le plus incontestable, l'épi-
derme n'est plus, à parler exactement, qu'un épithélium de membrane mu-
queuse; tandis que le derme, se développant de tout ce qui est refusé au
tégument superficiel, devient une enveloppe fibreuse très-épaisse, donne
au corps de l'animal sa solidité, et reçoit d'abondants vaisseaux sanguins
destinés à le nourrir et à fournir aux sécrétions muqueuses ou autres dont
l'épidenne est chargé de lubrifier le corps de l'animal.
» De la peau dans le second sous-embranchement des Ànnelés. — L'épi-
derme offre exactement la structure de l'épithélium à cylindre déci'it par
tous les micrographes à la surface des muqueuses. Extérieurement, on trouve
une membrane finement rayée et montrant de nombreux pores extrêmement
déliés : c'est la membrane superficielle de l'épithélium proprement dit, et
je propose de l'appeler cuticule , à l'imitation des botanistes. Ici elle offre ,
par suite des stries extrêmement fines qui la rayent en deux sens à peu près
perpendiculaires, de belles teintes irisées. A sa face interne sont attachés,
dans l'état de vie, les cylindres d'épithélium. Je ne dirai rien de leur struc-
ture, puisque ce serait répéter ce qui en a été dit partout où l'on a traité de
l'épithélium cylindrique. J'ai, d'ailleurs, pu en suivre le développement.
La couche profonde contient des nucléus isolés, et, en approchant de la
surface , on voit se former peu à peu la cellule, avec tous ses caractères. Les
couches les plus profondes de cet épiderme renferment un pigment dont je
ne traiterai pas ici, m'en rapportant à ce que je dis plus loin relativement
au premier sous-embranchement. Une matière amorphe, mais visqueuse et
transparente, transsude de cet épiderme à travers les pores de la cuticule.
Enfin le derme est un tissu environ trois fois aussi épais que l'épiderme. Des cou-
ches nombreuses de fibres entre-croisées et réunies par du tissu cellulaire en
font une enveloppe résistante et coriace. Cette épaisseur est moindre dans
les Annélides où la peau est protégée par un tube, concrète ou sécrété à sa
surface. Ce derme contient des filets nerveux as.sez abondants, surtout chez
les Annélides qui n'habitent pas de tubes, et montrent toujours un réseau de
vaisseaux sanguins capillaires assez développés, dont l'autre sous-embranche-
ment ne m'a pas offert de traces.
« De la peau dans le premier sous-embranchement des ^nnelés. — Dans
ce premier sous-embranchement l'épiderme passe toujours à l'élat corné
avec ou sans addition de carbonate de chaux. Cet état corné n'exclut pas
d!ailleurs une certaine flexibilité, et au niveau des articulations, comme
dans les espèces à épiderme très-mince, dont je dirai plus tard un mot , les
( 672 )
célules épidermiques , en s'aplatissant et en se condensant, se soudent eu
un tissu transparent et flexible, mais toujours de nature cornée.
'I Avant de décrire cet épidémie , je dois dire qu'à la surface du test des
divers Articulés, on retrouve la cuticule, reconuaissable, surtout quand ce
test n'a subi aucune usure, par des aspérités de toutes formes, dont elle
orne et protège la surface de l'épiderme.
•> Quant à cet épiderme des Articulés, il se partage en trois couches dis-
tinctes. D'abord on rencontre adhérant intimement au derme, une sorte de
double couche des nucléus et des cellules épithéliales de l'épiderme futur ; ces
nucléus flottants dans une substance organisable, mais serrés les uns contre
les autres, montrent divers degrés de développement ou âges, en allant de
dedans en dehors. Puis on arrive à la couche des cellules déjà formées ou se
formant, mais encore libres entre elles ; bientôt ces cellules se chargent de
matière cornée et quelquefois avec cela de grains calcaires. C'est au milieu
de cette couche, mais surtout à sa surface, que l'on trouve le pigment. Je
n'ai pu découvrir exactement , dans tous les cas , la manière dont il se pro-
duit ; mais dans des chrysalides d'Insectes, dans la matière colorante des
yeux, je l'ai vu se former dans des cellules de diamètre variable, remarqua-
bles par l'opacité irrégulière de leurs parois, et les proportions qu'elles
peuvent atteindre. Ces cellules, déjà vues par M. Mandl dans l'œil de l'É-
crevisse, donnent, en se crevant , issue à des corpuscules colorants irrégu-
liers. C'est ainsi que se forment le pigment brun de certains Insectes, le
pigment rouge des Écrevisses, le pigment noir de leur œil. Une autre espèce
de pigment, dont je n'ai pu connaître l'origine, se présente au contraire en
cristaux réguliers de diverses formes et de diverses couleurs. Ainsi l'Ecrevisse
présente ces deux substances réunies. Au pigment rouge qui existe chez
elle, dans l'état de vie, est mêlé un pigment bleu en cristaux prismatiques;
ce dernier se détruit par l'action de la chaleur et des acides, se dissout
lentement dans l'alcool, et c'est ainsi que TEcrevisse , dont la couleur géné-
rale résultant du mélange des deux pigments est le vert obscur qu'on lui
connaît, ne possède plus, après l'action des corps dont j'ai parlé, que son
pigment rouge et devient écarlate. C'est la même opération qui produit la
rubéfaction des autres Crustacés que nous connaissons. Enfin la troisième
couche de l'épiderme est formée par les cellules épithéliales soudées en
lames épidermiques. Ces cellules alors s'emplissent de plus en plus de ma-
tière cornée, pure ou mêlée à des grains calcaires, et enfin leur contenu les
occupe si complètement, qu'on n'aperçoit plus que des taches polygonales,
dont chacune est une cellule entièrement encroûtée. Dans les parties molles
( 673 )
de la peau, la différence ne consiste que dans le degré d'encroûtement
des cellules, et l'on n'y trouve pas de calcaire chez les espèces dont le test
en est chargé.
" Je dois ajouter que, chez les espèces à épiderme très-mince, les cellules
étant très-aplaiies et se soudant intimement, finissent par constituer une
membrane à peu près entièrement transparente et où les traces d'organisa-
tion ont disparu. En tous cas, la matière pigmentaire reste mêlée à l'épi-
derme dans son état de solidification.
» Le derme , que l'on trouve sous cet épiderme compliqué , est un tissu
cellulo-fibreux privé de papilles à sa face externe , possédant de rares filets
nerveux , sauf certaines parties spécialement destinées à l'exercice des fonc-
tions sensoriales, comme l'extrémité des palpes et des antennes. Là, l' épi-
derme reste mou et membraneux , sa surface est papilleuse , et de nombreux
filaments nerveux aboutissent à ces papilles. Mais ailleurs le derme, couvert
d'un épiderme corné ou calcaire , ne montre pour ainsi dire plus de nerfs ,
et, dans tous les cas, est privé de vaisseaux capillaires sanguins; sa face
interne adhère à un tissu cellulo-graisseux ou fournit insertion aux muscles,
en présentant au niveau de cette insertion une condensation bien plus grande
de ses fibres , qui là se doublent en divers sens.
» Je mets sous les yeux de l'Académie des figures de tous ces tissus vus
au microscope et dessinés à la chambre claire, à un fort grossissement. Ce
derme se retrouve chez tous les Articulés; mais, chez beaucoup d'entre eux ,
il est loin d'offrir dans toutes ses parties le même degré d'épaisseur et de
perfection organique. Souvent le derme, soutenu extérieurement par l'enve-
loppe solide dont j'ai parlé tout à 1 heure, n'a pas eu besoin d'offrir cette
continuité de résistance nécessaire chez les animaux vertébrés et chez les
Annélides. Aussi, chez beaucoup d'Insectes, par exemple, les couches fi-
breuses du derme ne se trouvent bien développées qu'au niveau des inser-
tions musculaires; ailleurs elles s'effacent peu à peu, et, dans certains points,
on ne trouve plus à ce tissu qu'un aspect celluleux, qui se confond presque
avec le tissu cellulaire sous-jacent. Ce derme ne m'a présenté, dans aucun
animal de cet embranchement, en quelque point que je l'aie étudié, aucun
des organes sécréteurs qui y sont annexés chez les animaux les plus élevés.
» Sauf de très-légères différences, qui sont loin d'être constantes dans
une même classe, mais qu'on trouvera indiquées dans mon travail , cette
description convient à toutes les classes du premier sous-embranchement ,
même au groupe si curieux des Cirrhopodes, dont les coquilles ne sont qu'un
C. B., i85o, a™« Semeitre. (T. XXXI, N» 20.) 89
( 674 )
état d'incrustation calcaire de l'épiderme, comme on pourra le voir dans
une figure que je donne, d'après le Balanus balanoïdes.
» Quant aux mues, après cette connaissance approfondie de la structure
de la peau , toutes les observations font voir qu'elles ne sont, chez les An-
nelés comme chez les Vertébrés, que la chute périodique de l'épiderme em-
portant avec lui sa cuticule. Seulement, quand l'animal doit modifier ses
formes extérieures, le derme, à la surface duquel s'organise le nouvel épi-
derme, se modèle sous l'enveloppe protectrice du vieil épiderme, qui reste
comme trace de l'ancienae forme, et duquel sort l'animal avec sa nouvelle
enveloppe épidermique et ses nouvelles proportions. C'est ce que les chrysa-
lides montrent avec la plus grande netteté. Je reviendrai ailleurs sur ces faits ,
ainsi que je l'ai dit en commençant; et je laisse également, pour un travail
ultérieur, les observations que je possède sur les poils et autres productions
tégumentaires des animaux annelés. »
MEbÈCÏNE. — Analyse d'un Mémoire sur la contagion et le traitement
de la gale de l'homme; par M. le D' Bourguigivon. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Duméril , Milne Edvirards , Rayer.)
" L'auteur tire les conclusions suivantes de ses nouvelles recherches
mici'oscopiques :
" A. De l'étude de la contagion de la gale du cheval à l'homme il résulte:
1° qu'aucune observation probante , irréfutable, de gale transmise à l'homme
par l'acarus du cheval n'a été publiée jusqu'à ce jour ; 2° que les malades
reçus à l'hôpital Saint-Louis pendant son séjour , comme affectés de gale
transmise par un cheval , et soumis à l'examen du microscope mobile , ont
toujours présenté les acarus et les sillons de la gale de l'homme ; 3° que les
acarus du cheval , mis dans les mêmes conditions que la gale de l'homme ,
tant sur les bras de l'auteur que sur ceux d'un autre individu sain , n'ont ni
fait de sillons pour y vivre, ni fait naître les accidents connus de la psore ;
qu'en un mot, la contagion de la gale du cheval à l'homme n'est pas possible.
Mais de ce que le cheval ne nous transmet pas l'affection que nous connais-
sons sous le nom de gale, il ne s'ensuit pas que ses maladies de peau, et sa
gale en particulier, ne puissent faire naître sur nous certaines éruptions
autres que la psore. L'auteur discute longuement cette question de patho-
logie au point de vue de l'étiologie des maladies de la peau.
» B. De l'étude de la contagion de la gale du chien à l'homme il résulte
(675)
que la gale du chien n'a, jusqu'à ce jour, jamais été scientifiquement dé-
montrée, ni dans sa cause, quant à l'acarus, ni dans ses symptômes, quant
aux signes pathognomoniques.
•> Enfin, de ces observations il ressort ce fait incontestable, important,
c'est-à-dire que les maladies de peau des animaux , causées ou non par des
acarus , déterminent fréquemment chez l'homme , non pas la gale propre-
ment dite , mais des affections cutanées.
» G. De l'étude de la contagion de la gale de l'homme aux animaux, il
résulte que les acarus de l'homme , déposés en nombre considérable sur un
chien, un chat, on lapin, un moineau, un cochon d'Inde et un rat privé,
peuvent vivre un temps variable sur les animaux ; qu'ils se cachent momen-
tanément sous leur épiderme, sans pour cela y former des sillons, ni donner
naissance au moindre accident qui ait rapport à ta gale.
I) Enfin, de tous ces faits, l'auteur conclut, en dernière analyse , que la
contagion de la gale des animaux à l'homme et de l'homme aux animaux est
impossible ; que les maladies de peau des animaux sont souvent pour l'homme
une cause d'affection du même organe, dont le traitement ne doit pas être
insecticide, anlipsorique , mais celui des maladies de peau en général.
» D. D'autre part, pour le traitement, de l'essai de divers médicaments
il résulte:
" 1°. Qu'un grand nombre de topiques jouissent, à des degrés différents, de
la propriété de guérir la gale : ainsi le soufre, les sels potassiques , la poudre
de chasse, l'huile de goudron, l'huile animale de Dippel, l'essence de téré-
benthine peuvent, dans un cas! donné, être une ressource précieuse; car,
bien que les uns soient irritants et aggravent les compUcations , les autres
doués de couleur et d'odeur désagréables, il suffit que leur usage, pendant
un temps qui variera de deux à huit jours , amène une guérison radicale , poijir
quils soient comptés parmi les topiques antipsoriques ;
" 2". Que trois médicaments principaux, la pommade à la poudre de
chasse et au soufre, l'huile de cade, et la pommade sulfuro-alcaline d'Hel-
merick , supérieurs à tous les autres, auraient une efficacité identique si la
pommade d'Helmerick n'augmentait momentanément l'inflammation'des ma-
ladies de peau que l'insecte fait naître secondairement; que le médecin aura
à son service trois médicaments qui guérissent sûrement la gale en quarante-
huit heures , en soumettant les malades à deux frictions générales d'un quart
d'heure de douze heures en douze heures, et en leur faisant prendre un
grand bain savonneux vingt-quatre heures après la dernière friction. »
89..
( 676 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Mémoire sur la polarisation de la lumière réfléchie par le
verre; par M. Ed. Desains. (Extrait par l'auteur.)
« M. A.rago a démontré par l'expérience que dans deux rayons réfléchis
sous des angles différant également en plus ou en moins de l'angle de pola-
risation du corps réfléchissant, les rapports entre les quantités de lumière
polarisée et de lumière totale étaient sensiblement les mêmes.
» Fresnel a trouvé, pour calculer les valeurs numériques de ces rapports,
la formule '^"^ y — ^; — cos (i q . ^^g^j Panale d'incidence et r celui de
cos»(j — r) -)- cos'(j -h r) "
réfraction. Il a montré que cette formule était vérifiée par la loi précédente
de M. Arago.
» Déterminer par l'observation ces valeurs numériques pour diverses in-
cidences du rayon sur le verre, en employant les procédés photométriques
de M. Arago, tel est le but que je me suis proposé dans ce travail.
)i Je me suis servi d'une pile de treize glaces que j'ai d'abord graduée. A
cet effet, j'avais un tube terminé à ses deux extrémités par deux tambours,
dont l'un portait une lame de quartz taillée parallèlement à l'axe et l'autre la
pile de glaces. Je faisais tomber perpendiculairement sur la lame de quartz
un rayon polarisé dans un plan incliné d'un angle a sur son axe; le rapport
entre la lumière polarisée et la lumière totale dans le rayon transn^is était
cos* a — sin" a d'après la loi du cosinus carré démontrée expérimentalement
par M. Arago, et le plan de polarisation partielle de ce rayon coïncidait avec
l'axe du quartz, ou lui était perpendiculaire suivant que a était plus petit ou
plus grand que 45 degrés.
•> Le rayon transmis venait ensuite tomber sur la pile de glaces disposée
de manière que le plan d'incidence et le plan de polarisation fussent en
coïncidence; j'inclinais la pile jusqu'à ce qu'elle le dépolarisât, et je mesurais
l'angle p que ce rayon faisait alors avec une perpendiculaire à la pile. En
faisant varier a, je pus dresser une table de graduation renfermant dans une
colonne les rapports entre la lumière polarisée et la lumière totale contenues
dans différents rayons polarisés partiellement, et dans une autre colonne les
angles que ces rayons devaient faire avec la perpendiculaire à la pile pour
être dépolarisés.
» La pile étant ainsi graduée, je faisais tomber sur un verre noir, sous
( 677 )
des incidences différentes i, des rayons de lumière non poTàrisée. Je recevais
sur la pile les rayons réfléchis en ayant toujours soin de faire coïncider le plan
de réflexion sur le verre noir avec le plan d'incidence sur la pile, et j'incli-
nais celle-ci jusqu'à ce qu'elle dépoiarisât les rayons. Alors, au moyen de la
table de graduation, je trouvais les rapports entre la lumière polarisée et la
lumière totale qu'ils contenaient. J'ai obtenu les résultats suivants :
lile quand Rapports entre la lumière polariBée
n. et la lumière totale,
Angles dUncidence sur
Al
ngles
id'
incidence su
le verre noir.
il
y a dépolari
3o
36-52'
35
42. 3i
4o
48.58
70
48.33
75
4l..52
observés.
calculés.
0,420
o,4i3
0,555
0,563
0,707
o.7'9
0,698
0,708
0,539
o,536
» Pour calculer les rapports cherchés par la formule de Fresnel, j'ai
adopté, pour indice superficiel du verre noir dont je me servais, le nombre
1,42.'). D'après la loi de Brewster, ce nombre correspond à un angle de po-
larisation de 54°56'. Or, en déterminant directement l'angle de polarisation
de ce verre, je l'ai trouvé de 54° 45'.
" J'avais commencé ce travail à la fin de l'année dernière , avant de savoir
que M. Arago reprenait la suite de ses recherches sur l'optique. Je l'ai
achevé depuis, mais je ne le publie aujourd'hui que parce que M. Arago a
bien voulu consentir à cette publication. »
TÉRATOLOGIE. — Mémoire sur un enfant nosencéphale adhérent à son
placenta, et né vivant, à Toulouse, le a6 juillet i85o; par MM. N. Joly
et J. Gditard. (Extrait par les auteurs.)
« Le monstre bumain que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie
est né à terme, ou peu s'en faut; il a vécu quarante-deux heures, il a crié, il
a pu même avaler de l'eau sucrée. Sa mère, âgée de vingt-quatre ans, était
primipare.
» Au commencement de sa grossesse, cette femme se querellait sans cesse
avec sa sœur; celle-ci lui dit un jour : Je souhaite que l'enfant que tu portes
soit un monstre. Dès ce moment, l'imagination d'Anna X... est continuel-
lement aux prises avec cette idée ; elle craint que les malédictions de sa sœur
ne se réalisent, et ses craintes la poursuivent sans relâche jusqu'au moment
de sa délivrance.
n I/enfant monstrueux appartient éviderament,au genre Nosencéphale de
{678)
M. Geoffroy-Saint-Hilaire, mais il offre en outre des particularités très-
curieuses et que nous croyons pour la plupart uniques dans l'histoire des
PSEUDENCÉPH ALIEN S .
" En effet, le placenta adhère par des brides membraneuses à la face et à la
tumeur nervoso-vasculaire qui représente le cerveau ; la bouche est largement
béante , les lèvres sont considérablement écartées l'une de l'autre, le nez est à
peine indiqué, les yeux sont sortis de leurs orbites; enfin il existe une fissure
palatine, et l'un des maxillaires supérieurs (le droit) n'est pas encore soudé
avec l'os qui porte les quatre dents incisives (os incisif ou intermaxillaire). Sauf
un développement considérable de sa partie abdominale, un léger renver-
sement des pieds en dedans et un embonpoint très-remarquable , le reste du
corps n'offre à l'extérieur rien de particulier. Mais il n'en est pas de même
à lintérieur. En effet, nous avons remarqué dans la cavité thoracique un dé-
placement du cœur à droite sans inversion splanchnique abdominale. L'ap-
pareil urinaire et les organes génitaux externes étaient plus développés que
de coutume; mais en revanche nous n'avons trouvé aucun des organes gé-
nitaux internes. Cependant, à en juger par l'inspection des parties exté-
rieures, le sexe du monstre était femelle. L'hymen s'étendait à l'entrée de la
vulve sous la forme d'une membrane percée à son milieu d'un trou parfaite-
ment circulaire, et, derrière lui, l'on voyait une antre membrane plus
mince encore qui fermait l'orifice auquel aurait dû aboutir le vagin, s'il avait
existé.
» Le placenta était petit, en ovale allongé, et du nombre de ceux qu'on
appelle placentas en raquette.
" Le cordon ombiHcal n'avait pas plus de o"',i8 de longueur. Il était formé
d'uûe veine et d'une seule artère.
» [jCS conséquences que nous croyons pouvoir tirer de l'examen du
monstre dont nous venons d'esquisser rapidement les principaux ti-aits orga-
niques peuvent se formuler ainsi qu'il suit :
» 1°. Les brides placentaires ne sont ici rien autre chose que les restes
normalement conservés et accrus de l'un des deux capuchons amniotiques
qui entourent l'embryon dans les premiers temps de son existence. Ce sont
pour nous de simples dépendances du capuchon céphalique normalement
persistant.
)i 2". Les brides ont agi d'une manière mécanique à la manière de vrais
tirants, comme le dit M. Geoffroy-Saint-Hilaire, sur les parties auxquelles
elles sont fixées. En tiraillant ces parties quand le fœtus faisait certains mou-
vements tendant à l'éloigner du placenta , elles ont mis obstacle au dévelop-
( %9 )
peinent normal et complet du nez, des yeux, de la lèvre supérieure et de la
mâchoire du même uom.
» 3°. Elles peuvent même avoir déterminé , au moins en partie , l'atrophie
de l'encéphale et de la portion supérieure de la boîte osseuse qui le contient.
Mais ici nous devons tenir grand compte de l'impression morale produite
sur la jeune femme par les malédictions de sa sœur; l'histoire des Pseuden-
CÉPHALiENS et surtout celle d'une famille toute voisine, celle des Anencé-
PHALiENS , ayant mis hors de doute l'influence des commotions morales vives
et longtemps prolongées sur le développement de l'embryon.
» 4"- Niée chez l'espèce humaine par Camper, Blumenbach et tant
d'autres, l'existence de l'os inlermaxillaire est prouvée chez notre monstre
par l'absence de soudure du maxillaire supérieur droit avec l'os qui porte
les dents incisives.
» 5". Le développement complet de l'appareil urinaire en l'absence de
tout appareil génital interne semble trancher la question si souvent débattue
de l'indépendance primitive de ces deux appareils. Il prouve qu'ils ne pro-
viennent pas d'une seple et même source [les corps de Wolf), mais bien de
plusieurs sources parfaitement distinctes entre elles, comme elles le sont des
corps de Wolj.
» 6°. L'existence des organes génitaux externes et l'absence des internes
démontrent de la manière la plus positive que les premiers ne sont qu'une
simple dépendance de la peau.
" 7**. Enfin, comme le placenta n'a point fourni d'hémorragie soit avant,
soit après la section du cordon ombilical , ne peut-on pas inférer de cette
circonstance qu'il n'existe aucune communication directe, aucune anastomose
véritable entre les vaisseaux du placenta et ceux de la matrice? »
M. AuGENDRE adresse, de Gonstantinople, un Mémoire sur les propriétés
antiseptiques du chloroforme.
Dans ce travail, l'auteur indique la propriété que possède le chloroforme
d'empêcher la putréfaction de la chair musculaire. Il suffit d'une quantité
très-petite de cette substance ( — ;•) pour produire cet effet antiputride.
M. FLOUftENS rappelle que M. Ed. Robin a déjà signalé ce fait dans un
travail communiqué à l'Académie au mois de janvier dernier.
Le Mémoire de M. Augendre est renvoyé à la Commission chargée d'exa-
miner le travail de M. Ed. Robin.
( 68o )
COSMOGONIE. — Mémoire contenant un système de formation de notre
monde solaire; par M. Rathsamhausen.
(Commissaires, MM Mathieu, Laugier, Mauvais.)
PHYSIOLOGIE. — Note comprenant une théorie nouvelle de la vision ;
par M. Dezautière.
(Commissaires, MM. Babinet, Faye.)
M. Francbot adresse un supplément à son Mémoire relatif à la direction
des aérostats.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Éléments de la troisième planète de M. yÀnà. — Seconde
approximation obtenue au mojen de onze observations méridiennes
faites à V Obseivatoire de Paris, du 17 septembre au 29 octobre; par
M. YVON VllLARCEAD.
Anomalie moyenne le o octobre i85o, t. m. de Paris. . 4°° ^2' i5", i
Longitude du périhélie 3oi .56. 3i , 9) comptées de l'équin.
Longitude du noeud ascendant 235.28.25, Sfmoy. du o octobre.
Inclinaison 8. 23 . i5, 3
Angle (sin := excentricité) 1 2 . 35 . 1 3 , 2
Demi-grand axe (log = o,368 2639) '. 2,334 8765
D'où:
Durée de la révolution sidérale 3'"', 567 ■767
Moyen mouvement héliocentrique diurne 994"»^ ' 35
Excentricité Oj^iy 9220
» Quoique nous n'ayons point encore comparé ces éléments avec les
observations, nous sommes fondé à les considérer comme étant déjà très-
approchés. Une autre fois, nous présenterons le résultat de la comparaison,
et, si le temps ne nous manque point, une éphéméride étendue depuis
l'époque de la découverte jusqu'à la fin de cette année.
» (Depuis la remise de cette Note, M. Yvon Villarceau a communiqué
le supplément suivant) :
(68. )
Éphéméride
des positions géocentriques apparentes de la troisième
planète de M. Hind
>
à 0" temps moyen de Pans.
LOG.
LOG.
DATES,
ASCENSIOHS
de la dis- datbs,
ASCENSIONS
do la dis-
18K0.
droites.
DÉCLINAISONS.
tance à I8{M).
la Terre.
droites.
DECLINAISONS.
tance à
la Terre.
b m s
° 1 H
h m 8
0 / //
Sept.... i3
23.45. 8,()5
-(- 14.10.51,6
9,996 78 Octobre. 26
23.23. 2,92
-t- 6.56.40,5
0,079 64
•4
44.19.55
-h 14. 2.32,7
9,996 84 27
23. 7,09
-f- 6.48.38,0
o,o83 03
i5
43.30,00
-+- i3..53.57,7
9,997 01 28
23.13,10
-(- 6.40.48,9
0,086 42
16
42.40,39
-H 13.45. 7,1
9.997 26 29
23.20,96
-f- 6.33.13,3
0,089 87
'7
41.50,82
+ i3.36 1,8
9,997 62 3o
33.3o,64
-1- 6.25.51,4
0,093 34
18
4.. 1,37
-(- 13.26.42,6
9.998 07 3i
33.42,13
-H 6.18.43,3
0,096 84
'9
40.12,12
+ 13.17.10,2
9,998 62 Novemb. i
23.23.53,43
-+-6.11.49,3
o,roo 37
20
39.23,18
-(- i3. 7.25,5
9,999 28 1
24.10,53
4- 6. 5. 9,5
o,io3 92
31
38.34,62
-(- 12.57.29,4
0,000 02 3
24.27,41
-1- 5.58.44,0
0,107 5o
22
37.46,,53
-*- 12.47.22,4
0,000 88 4
24.46,05
+ 5.52.33,1
0,111 10
23
.36.58,98
-t- 12. 37. 5,6
0,001 82 5
a5. 6,45
-f- 5.46.36,6
0,114 71
24
36.12,08
-H 12.26.39,6
0,002 86 6
35.28,58
-t- 5.40.54,8
0,118 34
25
35.25,89
+ 12.16. 5,5
0,004 «0 7
25.52,41
-(- 5.35.27,6
0,121 99
26
34.40,50
-f- 12. 5.23,9
o,oo5 24 8
26.17,93
+ 5.30.14,9
0,125 65
27
33.55,98
-H II. 54. 35,8
0,006 .57 9
26.45,12
+ 5.25.16,9
0,129 32
a8
33. 12,41
-f- 11.43 42,1
0,008 00 10
27-i3,94
-\- 5.20.33,4
0,1 33 00
29
32.29.85
-(- 11.32.43,8
0,009 52 II
2745,38
-t- 5.16. 4,6
o,i36 70
3o
31.48,39
-H 11.21.41,5
0,011 14 12
28.16,41
-t- 5.ii.5o,4
0,140 40
Octobre . i
23. 3i. 8,10
-t- 11.10.36,4
0,012 84 t3
28.50,00
H- 5. 7.5o,6
0,144 'O
2
3o. 29,05
+ 10.59.29,2
o,oi4 64 14
29.35,12
-h 5. 4. 5,3
0,147 81
3
29.51 ,3o
-+- 10.48.20,9
0,016 52 i5
3o. 1,76
+ 5. 0.34,1
o,i5i 53
4
29- '4 ,93
-+- 10.37. '2,4
0,018 49 16
30.39,87
-+- 4.57.17,0
o,i55 i\
5
28.40,00
-V- 10.26. 4,6
0,020 55 17
31.19,43
-+-4.54.14,0
o,i58 95
6
28. 6,55
-H 10.14.58,3
0,022 70 18
32. 0,42
-+- 4-51.24, 7
0,162 67
7
37.34,53
-H 10. 3.54,3
0,024 92 '9
32.42,79
-+- 4-48.49.3
0,166 39
8
27. 4,3i
+ 9. 52. .53,4
0,027 22 20
33.26,54
-+- 4-46.27,5
0,170 10
9
26.35.63
-t- 9-4i-56,7
0,029 60 21
34.11,63
-+- 4.44.19,2
0,173 80
10
26. 8,63
-1- 9.3r. 4,8
o,o32 06 22
34.58,04
-)- 4-43-24,2
0,177 5o
II
25.43,34
+ 9.20.18,4
0,034 .59 23
35.45,74
-t- 4.40.42,4
0,181 30
12
25.19,80
-h 9. 9 38,4
0,037 '9 ^4
36.3), 72
-h 4.39.13,6
0,184 89
i3
2f 58,o3
-(- 8.59. 5,4
0,039 85 25
37.24,95
-h 4-37-57,6
0,188 58
'4
24.38,07
-*- 8.48.40,1
0,042 59 26
38. 16,41
-t- 4.36.54,4
0,193 26
i5
24.19,93
-t- .8.38.23,0
0,045 38 27
39. 9,08
-f-4.36. 3,7
0,195 t)3
16
24. 3,63
+ 8.28.14,7
0,048 23 28
40. 2,92
-H 4.35.25,4
0,199 60
'7
23.49,18
-(- 8.i8.i5,8
o,o5i i5 29
40.57,93
-t- 4-34.59,3
o,'2o3 25
18
23.36,58
-t- 8. 8.26,8
0,0.54 '3 3o
41.54,10
+ 4-34-45,4
0,206 90
19
23.25,83
+ 7.58.48,2
0,057 '5 Décemb. i
42.51,38
-!- 4.34.43,5
0,310 53
20
33.16,96
-f- 7 •49-20, 4
0,060 22 2
43.49,76
+ 4.34.53,3
o,ai4 i5
21
23- 9,94
-+- 74o- 3-7
o,o63 35 î
44-49,23
-t- 4.35.14,8
0,217 76
22
23. 4,80
-4- 7.3o.58,6
0,066 52 4
45.49,76
H- 4.35.47,8
0,231 35
23
23. 1,54
-+- 7.22. 5,4
0,069 74 5
46.51,34
-(- 4.36.32,0
0,234 93
2^
23. o,i4
-+- 7-13.24,5
0,073 00 6
47.53,93
-H 4.37.27,5
0,228 .5o
25
23. 0,60
+ 7. 4 56,1
0,076 3o 7
48.57,53
H 4.38.33,9
0,232 Of)
26
a3. 3,92
-^ 6.56.40,5
0,079 64 8
5o. 2,10
-t- 4.39.51,1 0,235 60
C. R., i85o, ï"»» Semeure. (T. XXXI, N<>20.)
90
( 682 )
[Suite.] Èphéméride des positions géocentriques apparentes de la troisième planète de
M. Hind , à o'' temps moyen de Paris.
LOG.
LOG.
DATES,
ASCEMSIOMS
do la dis-
DATES,
ASCGtISIONS
de le dis-
1850.
diuites.
DÉCLINAISONS.
tance à
la Terre.
18^0
droites.
DÉCI.IDAISONS.
tance h
la Terre.
h m s
^ t !f
b m 8
Décemb. 8
23. 5o. 2,10
+ 4.39.51,1
0,335 60
Décemb. 20
0. 4. 5,12
-+- 5 8. 7",9
0,276 75
9
5i. 7,61
+ 4.41.18,8
o,a39 la
21
5.20,47
+ 5.11.27,8
0,280 06
lO
5a. 14,06 + 4-4' 57,0
0,242 63
22
6.36,5i
+ 5 14 55,8
0,383 35
M
53.21,4a
+ 4.44-45,3
0,246 12
23
7.53,24
+ 5.i8.3i,7
0,286 62
\1
54-29.65
+ 4-^6.43,7
0,249 60
24
9.10,66
-H 5.22. i5, 5
0,289 88
i3
55.38,76| -t- 4.48.51,9
0,2.53 06
25
10.28,7'j
+ 5.26. 6,9
0,293 11
■4
56.48,7a
-+- 4-5>. 9,7
0,256 5o
a6
11.47,47
+ 5.3o, 5,8
0,296 32
i5
57.59,50
-i- 4.53 37,0
0,259 91
27
i3. 6,85
-1- 5.34.12,0
0,299 52
i6
59.11,09
-+- 4 5G.i3,4
0,263 32
28
14.26,86
-h 5.38.25,4
0,.3o2 69
'7
0. 0.23,46
-+- 4.58.58,9
0,266 70
29
'5.47.^9
-t- 5.42.45,8
o,3o5 85
i8
i.36,6o
-+- 5. I 53,3
0,270 07
3o
17. 8,72
-+- 5.47.13,2
o,3o8 98
'9
2.5o,5o
+ 5. 4.56,4
0,273 4a
3i
18.30,54
-+- 5.5i 47,3
o,3i2 09
•iO
4. 5,,u
+ 5. 8. 7,9
0,276 75
32
19.52,91
+ 5.56.28,0
o,3i5 rg
Cette èphéméride a été calculée an moyen des coordonnées linéaires
du Soleil tirées du Naulical Àlmanach et corrigées des termes dépendants de
la latitude solaire; les éléments ont été calculés en employant les positions
du Soleil fournies par la Connaissance des Temps. Voici comment cette
èphéméride représente les observations :
LIEU DE l'Observation.
Londres ; à l'équatorial . .
Id
Llverpool; i l'équatorial.
Paris ; au méridien .....
U
U
Id
Id
Id
Id
Id. .. ...
Id
Id
Id
Id
Id.
Id
DATE.
Temps moyen
de Paris.
18i(0.
ASCEKS. DROITE
observée.
Sept. i3,485 39
14,559 56
i7,.5ao 12
'7.496 70
18,493 40
21 ,483 53
25,470 45
30,454 32
Oct. 1 1 ,420 5i
12,417 '8
i6,4o5 42
17, 402 '53
22,388 41
29,369 .54
Nov. 4,354 18
6,34g ^2
9>34' 94
23.44.
44.
4'
4..
40
38
35
3i
25
a5
23
2?
23
23
.4
25
26
45,08
2,56
25, o5
26,10
36,8i
11,24
• 4.29
39.90
.33,41
. 10,45
57,.5o
•43,77
- 3,40
.24,46
53,08
37,00
54.93
DÉCLINAISON
observée.
-14. C
-13.59.
i-i3.3i.
-i3.3i.
rl3.3I.
hl2.5i.
[-12.10.
1-11.16.
h 9. .5
h 9- 5.
h- 8.24
h 8 14
\- 7.27.
h 6 3o.
42,9
29,3
t8,i
20,7
.56,8
33,6
59,5
3a ,9
44,6
9.2
7.0
11,1
25,5
24,6
H- 5.23.37,8:
en B
réduit.
0,0a
o,5o
0,0a
o,i3
0,20
0,06
0,14
o,o3
0,18
o,o5
o,o5
0,11
0,09
0,14
0,00
0,29
0,14
en
déclinais.
- 3,3
-t- 5,8
+ 5,4
- 0,1
0,0
-t- 1,5
-t- u,l
- 1,6
■+■ 1,2
H- 0,8
-t- 1,2
- t,4
H- 0,3
H- I ,0
3,8:
» N. B. L'observation de Liverpool est la moyenne de deu.\ observations
Temps moyen
i85o.
de Naples.
Novembre 2 . . . .
7'» 3" e-.s
3...
7.21.41,4
( 683 )
très-concordantes de M. Hartnup, corrigées de la parallaxe. — Depuis le
commencement de novembre la planète a constamment été très-faible; les
passages au méridien ont été observés à 3 ou 4 fi's seulement , et il a été
plusieurs fois impossible d'observer la déclinaison aux cercles muraux. »
NOUVELLE PLANÈTE. — M. AnAGO Communique la Lettre suivante qui
lui a été adressée par M. de Gasparis :
« J'ai l'honneur de vous annoncer la découverte que j'ai faite d'une nou-
velle planète, le soir du 2 novembre, à ô*" So™, temps moyen. Elle a l'ap-
parence d'une étoile de 9-10 grandeur, et est douée d'un mouvement assez
rapide en ascension droite. Je crois que sa zone n'est pas éloignée de celle de
Flore. Je suis redevable de cette découverte à mes zones autour de l'éclip-
tique, faites exprès pour ces recherches.
Positions apparentes.
3o»3i'49",9 -f. 7">58'55",o
30.14.41 ,4 (*} -t- 8. 0.18,5
PHYSIQUE. — Réclamation à roccasion des expériences de M. Boutigny,
sur la cause de la suspension des corps à, l'état sphéroïdal ; par
M. Zantedeschi.
M. Boutigny recherchant la cause de la suspension des corps à l'état
sphéroïdal, au delà du rayon de leur activité physique et chimique, ne l'at-
tribue pas à une couche de vapeur interposée entre la capsule et le sphé-
roïde, mais à une force répulsive , entièrement mystérieuse pour lui , quoique
évidente d'après mes principes de physique moléculaire. Par une heureuse
inspiration, il a imaginé d'expérimenter avec une capsule de fil de platine
à mailles circulaires, à travers lesquelles les liquides pouvaient passer à froid.
Il a vu qu'en faisant rougir la capsule , les liquides ne passaient plus à tra-
vers les mailles du crible, et que le sphéroïde se trouvait placé entre deux
cônes de vapeur enflammée, l'un ascendant et l'autre descendant. D où il
conclut, avec raison, que la vapeur, s'échappant librement de toute la su-
perficie du sphéroïde, ue saurait produire la réaction nécessaire pour neu-
(*) Il y a 58", 3 dans une Lettre adressée à M. Le Ferrier.
( 684)
traliser l'action de la pesanteur et maintenir le sphéroïde au delà du rayon
de sa sphère d'activité physique et chimique. Les expériences étaient faites
avec l'alcool, l'éther et l'iode. [Comptes rendus , tome XXXI, page 279 ,
séance du 16 août i85o.)
Les mêmes expériences, entreprises dans le même but et avec les mêmes
liquides, ont été faites par moi dès l'année i845, exécutées dans une séance
solennelle de l'Athénée de Trévise le 5 juin iS/jS, et publiées, en 1846,
dans mon Traité du calorique, pages 299 et 3oo. Je demande la permission
de transcrire le passage.
« Pour prouver que le liquide n'est pas soutenu par de la vapeur interpo-
sée, comme le disent MM. Pouillet, Baudrimont, Bellani, Person et BeUi,
j'ai voulu instituer une série nombreuse d'expériences avec des treillis mé-
talliques, comme l'avait fait, en 1820, Orioli qui n'avait déduit aucune
conséquence de ces expériences. J'ai trouvé excellents les treillis de fil de
laiton , dont les mailles ont i millimètre de côté. On pouvait voir la vapeur
se développer au-dessus et au-dessous des mailles; en employant une sub-
stance très-combustible, comme l'éther, je voyais la gouttelette sphéroïdale
exécutant un mouvement de rotation autour de son axe , très-transparente
et entourée de deux atmosphères de vapeur, l'une supérieure, l'autre infé-
rieure au treillis. Quelquefois je suis parvenu à obtenir, sur le treillis
chauffé au rouge, de l'éther sans flamme. La lampe était alimentée avec de
l'alcool très-rectifié. »
Je suis convaincu que, sans connaître mon travail, M. Boutigny aura
eu l'idée de faire des expériences identiques à celles que j'avais faites cinq
ans auparavant à Venise, et que la nature a récompensé nos recherches en
nous donnant des résultats identiques. Mes expériences, sur l'état sphéroidal
des corps, se trouvent réimprimées dans mes Annales de physique de 1849
et i85o, pages 87 à 53, sous ce titre : De la force répulsive du calorique et
de l'état sphéroidal des liquides, considérés principalement sous le rapport
des phénomènes chimiques qui en dérivent.
M. Martin Saint- Ange prie l'Académie de vouloir bien le comprendre
au nombre des candidats pour la place vacante dans la Section d'Anatomie
et de Zoologie.
M. le Secrétaire de la Sociétée nationale et centrale d'Agricultcre envoie
des billets pour la séance générale de la Société.
. ( 685 )
M. Charles Chevallier , à l'occasion du Mémoire présenté dans la der-
nière séance par M. Brachet, adresse une réclamation de priorité relative-
ment à l'application aux télescopes des oculaires à verres achromatiques
placés à des distances indiquées par Huyghens et Ramsden.
*
L'Académie accepte le dépôt de deux paquets cachetés présentés, lun par
M. Francallet, l'autre par MM. Poisat, d'Arcet et Bouillon.
A 4 heures trois quarts , l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
M. Combes , au nom de la Commission des prix de Statistique pour les
années 1849 ^' i85o, lit un Rapport dont les conclusions sont les suivantes:
1". Année 1849- ~ ^^ P"'' ^^ Statistique est accordé à MM. Martin et
Folley pour leur Histoire statistique et médicale de la colonisation algé-
rienne ;
Une Mention honorable est accordée à M. de Wateville pour son Rap-
port au Ministre de l 'Intérieur sur les enfants trouvés.
a". Année i85o. — Le prix est accordé à MM. Boutron-Charlard et
OssiAN Henry pour leurs analyses des eaux du département de la Seine.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
La séance est levée à 5 heures. A.
ERRjiTA.
(Séance du 21 octobre i85o,)
Page 582, ligne 11 , au lieu de r^o, ?" = o, lisez f=so, t'^o.
( 686 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
[/Académie a reçu, dans la séance du ii novembre i85o, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de r Académie des Sciences;
a""* semestre i85o; n° 19; in-4'*.
Annales des Sciences naturelles; rédigées par MM. MiLNE Edwards,
Ad. Brongniart el J. Decaisne; 3* série; 7" année; avril i85o; in-8°.
Revue critique de l' Ornithologie européenne de M. le D' Degland (de Lille);
par, M. Gh. Lucien Bonaparte; Lettre à M. de Selys Longchamps.
Bruxelles, i85o; i vol. in- 12.
Administration générale de l'assistance publique à Paris. Rapport sur les
épidémies cholériques de i832 et de 1849, dans les élahlissements dépendant
de l'administration générale de l'assistance publique de la ville de Paris; par
M. Blondel, inspecteur de l'administration générale de Tassistance. Paris,
i85o; I vol. in-4".
Notice analytique sur les travaux de M. G.-J. Martin Saint-Ange. Paris,
f 85o; broch. in-4°-
Recherches sur la nutrition et ta sécrétion étudiées dans la rate et le foie, puis
par extension dans le reste de l'organisme ; par M. Semanas. Paris-Ijyon, 1 85o ;
broch. in-8°.
Annales de la Société centrale d'Horticulture de France; volume Xfil;
octobre i85o; in-8°.
Annales de la Société d'émulation du département des Vosges; tome VII;
i" cahier; 1849. Épinal, x85o; in-8°.
Recueil des travaux de la Société médicale du département d' Indre-et-Loire ;
i" série; i" et 2* trimestre 1849; broch. in-8°.
Annales de la propagation de In Foi; n° i33; novembre i85o; in-8°.
Carte géologique de la Grande- Rretagne ; n°' 17 et 18; 55 en 3 feuilles;
( 687 )
56 en 4 feuilles; 59560 en 3 feuilles; 61 eu 3 feuilles; 74 en 4 feuilles; 73;
76 en a feuilles; 79 en 4 feuilles : ensemble 27 feuilles; plus, Coupes horizon-
tales, n" 18. (Présent du {gouvernement anglais.)
Primo. . . Première décade d'observations météorologiques faites à l'observa-
toire de Bologne ; par M. Alexandre Palagi. Bolofjne, i85o; broch. in-fol.
The metalliferous. . . Dépôts métallifères du Cornwall et du Devonshire ; par
M. W. JoRY Henwood. Londres, i843 ; in-8°.
Abhandlungen . . . Mémoires de r Académie royale des Sciences de Berlin;
année 1848. Berlin, i85o; i vol. in-4°.
Moiiatsbericht.. . Comptes rendus mensuels des séances de l'Académie royale
des Sciences de Prusse; juin et juillet i85o; in-S".
Astranomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n" 738.
Gazette médicale de Paris; n" 45 ; iu-4"-
Gazette des Hôpitaux ; n*" i3o et i32. ^
COMPTE RENDU ,
DES SÉANCES'» "^■*""''''-*='''^''"'"^^**'***''
DE L'ACADÉMIE DES SCIEl^CES.
■)'l
1 ,1) iiij) <>.■ ' il 'ib 'iiioii;;
SÉANCE DU LUNDI 18 NOVEMBRE 1850. '
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIRES ET C0MMUIVICAT10N8
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
GÉOLOGIE. — Note sur l'apparition récente des glaciers, sur leur maximum
de développement en Europe, leur diminution et disparition; par
M. Constant Prévost (i).
." J'avais été conduit, plutôt à priori que par des observations directes,
à supp"oser que les glaciers et leurs effets ne remontaient pas à une époque
ancienne, puisque, disais-je , leur établissement sur le sol dépend né-
cessairement de l'état thermométrique général du globe. Les faits intéres-
sants recueillis et analysés, avec autant de zèle que de sagacité, par M. Ed.
Collomb, viennent à l'appui de ma supposition; je profiterai de l'occasion
pour faire remarquer que ces mêmes faits concourent à démontrer que la
doctrine des causes actuelles peut parfaitement se concilier avec l'idée de
modification dans les phénomènes qui se sont succédé à la surface de la
terre, avec l'apparition de quelques-uns, avec la cessation d'autres, et par
conséquent avec un commencement et une fin de toutes choses; ce qui lève
(i) Cette Note a été lue à l'occasion et à la suite de la communication faite dans la mcme
séance par M. Ed. Collomb , voyez page ^09.
G. ft., iSSo, i"" Semestre. iT, XXXI, V- S|.) QI
/■;■ rj ( 690 )
la principale objection opposée à cette doctrine par des personnes qui ont
restreint les causes actuelles aux causes leâtes journalières, et ont voulu que
les effets successivement produits, ayant, suivant elles, été toujours iden-
tiques, fussent pour ainsi dire éternels.
» La constatation des effets géologiques dus à l'eau à l'état de glace, qui
dans ce moment préoccupe avec juste raison les géologues, est l'un des plus
beaux exemples de la nécessité d'avoir recours à l'étude de ce qui se passe
autour de nous pour nous rendre compte des événements qui ont précédem-
ment modifié la composition et la forme du sol qui nous sert de demeure.
» C'est l'observation des glaces polaires et des glaciers des Alpes qui a
fait reconnaître , sur un grand nombre de points de la surface de nos conti-
nents, les traces incontestables d'anciens glaciers qui ont disparu.
» Mais déjà la recherche de la cause et des conséquences des faits démon-
trés, a donné lieu à de nombreuses discussions et à des hypothèses plus ou
moins ingénieuses et divergentes. L'imagination n'a pu rester calme devant la
preuve acquise que, non -seulement presque toutes les montagnes de l'Eu-
rope et du monde connu, mais encore une grande partie des vallées au-
jourd'hui habitées et cultivées ont été couvertes de glaces.
» Pour expliquer l'existence de celles-ci et ensuite leur disparition , com-
bien de systèmes n'ont pas déjà été proposés ! On a considéré comme néces-
saire une période glaciaire, et l'on a désigné sous le nom de terrains glaciaires,
ceux formés pendant cette période. On a cherché dans des circonstances
astronomiques la cause du refroidissement supposé du globe ; encore ici
le séjour ou le passage de la terre dans un point de l'espace moins échauffé
par le rayonnement des astres a joué un grand rôle; la diminution mo-
mentanée de la chaleur envoyée par le soleil par suite de l'extension de ses
taches , etc. , en a joué un autre.
» Beaucoup de personnes, sans adopter aucune de ces excentricités,
pensent qu'au moins les phénomènes glaciaires mettront toujours en défaut
la doctrine des causes actuelles.
« Bien loin d'avoir cette pensée, je crois, au contraire, que ces phéno-
mènes bien étudiés fourniront une nouvelle preuve à l'appui de l'utilité de
la marche rationnelle, qui consiste à procéder, dans les sciences d'observa-
tions, du connu à l'inconnu, et, pour l'histoire de la terre en particulier, à
remonter de proche en proche, du présent au passé.
» Il est vrai que dans cette marche il ne faut pas négliger les circonsiances
secondaires et accessoires, et ne pas vouloir trouver identité où il ne peut
y a\o\r qu analogie.
(Ggi )
» Je demande la permission de consigner ici ma pensée, à cet égard , en
t|uelques mots; me réservant de la développer plus tard.
•' Quelles sont les conditions nécessaires pour qu'un glacier s'établisse?
i" que l'eau qui tombe de l'atmosphère puisse persister sur le sol à l'état de
neige et de glace; a° que la température estivale ne fasse pas fondre toute
la neige tombée pendant la saison froide. C'est la somme de ces restes
annuels qui constitue et étend le glacier.
" D'un autre côté, les rapports de la température moyenne de l'hiver et
de l'été restant les mêmes, il faut que la quantité d'évaporation soit pour
ainsi dire fixe; car si celle-ci diminue, il tombera moins de pluie ou de neige
sur les montagnes, il y aura en conséquence moins ou pas de résidu chaque
année après la fonte, et les glaciers existants diminueront et disparaîtront
même tout à fait.
» L'abaissement et l'élévation des montagnes doit encore entrer comme
élément dans le problème à résoudre , et l'on sait que les montagnes peuvent
devenir plus hautes par suite des dislocations du sol, ou s'abaisser par tasse-
ments ou dégradations.
» Maintenant on doit concevoir que jusqu'à une époque donnée de la vie
du globe sa température propre, jointe à l'action solaire, n'a pas permis à
l'eau de rester gelée sur aucun point de sa surface. A une époque subséquente
et déterminée par le degré de refroidissement de la masse planétaire , les
glaciers sont devenus possibles partout où la quantité d'évaporation a donné
lieu à une chute de neige plus abondante que celle qui pouvait être fondue
par la chaleur climatérique moyenne delà localité; et, par conséquent
aussi, le résidu annuel a été plus considérable dans les contrées humides que
dans les contrées sèches. De cette manière on peut expliquer l'apparition ,
l'extension, la diminution et la disparition alternative des glaciers sur une
surface du sol donnée, selon qu'elle sera successivement plus ou moins
submergée et émergée.
» Faisons une application de ces considérations à l'Europe actuelle et
au moment présent.
» Imaginons un affaissement du sol européen sur lui-même ou un plisse-
ment en grand qui abaisse le fond des bassins en faisant saiUir les massifs
qui les séparent, la mer rentrera dans la vallée de la Seine, dans celle
delà Loire et de la Dordogne, l'Océan communiquera avec la Méditerranée
qui couvrira les plaines de la Lombardie et s'étendra sur les rives de l'Italie,
de l'Espagne et de l'Afrique; la grande vallée de la Suisse, celle du Danube,
91..
( 69^ )
tonte la Belgique, la Hollande, le nord de l'Allemagne, la Pologne et la
Russie enfin seront submergés.
» Les Alpes, les Pyrénées, les Cévennes, les Vosges, la forêt Noire, les
Apennins, le centre de l'Allemagne deviendront des îles ou presqu'îles
autour desquelles se fera une évaporalion bien supérieure à celle qui a lieu
aujourd'hui; alors il tombera plus d'eau et de neige en hiver et il en fondra
moins en été, et d'autant moins que cette irruption des eaux rendra la
température estivale de l'Europe moins extrême. Les glaciers des Alpes et
des Pyrénées redeviendraient alors graduellement ce qu'ils ont été; il s'en
formerait dans les Vosges, dans le Jura, l'Auvergne, les Cévennes, la Bre-
tagne peut-être, qui continueraient à s'étendre jusqu'à ce qu'il arrive ce qui
est arrivé effectivemeat à la fin de l'époque tertiaire, c'est-à-dire jusqu'à ce
que toutes les parties du sol, dont je viens de supposer l'inondation, aient
été successivement émergées.
" Il suffit d'un mot pour faire observer que l'explication que je cherche à
donner de l'apparition de l'extension des glaciers, de leur diminution et
disparition successives, ne s'applique, dans mon hypothèse, qu'àime grande
localité, et que, dans un autre point de la surface de la terre, des effets op-
posés pourraient avoir lieu en même temps. Ainsi l'émersion de l'Europe
pourrait coïncider avec l'inondation d'une partie des continents africains ou
asiatiques; et dans ce cas des glaciers pourraient naître ou s'augmenter dans
ce,s dernières contrées, tandis que ceux de l'Europe diminueraient d'étendue
ou disparaîtraient. »
CHIMIE. — Sur les acidss ferri et ferri-mangani-tungstiques ;
par M. AcG. Laurent.
« Lorsqu'on fait foudre un mélange de nitre et de carbonate de potasse
avec un excès de vp^olfram, on obtient une matière qui se dissout en partie
dans l'eau bouillante et laisse déposer par le refroidissement un sel brun
gommeux. Ce sel gommeux, traité par l'acide chlorhydrique , donne, par
l'évaporation à chaud, de gros prismes à six pans réguliers, dont la compo-
sition peut se rapporter à un nouveau type qui serait W^CM".
" Ce nouveau tungstate présente une composition et des propriétés fort
singulières. Il renferme de l'oxyde ferrique, de la potasse, de l'acide tung-
stique et de l'eau , soit
W«0'»KM^H^-l-6Aq, ou W'O^'R' f»H»4-7Aq.
{ 693 )
» Les acides concentrés n'en précipitent pas l'acide tungstique, et les alca-
lis n'en séparent pas 1 oxyde ferrique. l^e prussiate de potasse n y détermine
aucune coloration. Enfin, ce qui est plus étonnant, c'est que l'hydrogène
sulfuré ne ramène pas 1 oxyde ferrique à l'état d'oxyde ferreux; il en est de
même du sulfure d'ammonium. Mais chauffe-t-on la dissolution de ce sel
avec de la potasse ou de l'ammoniaque, alors il se précipite peu à peu du
tutigstate ferrique , et les acides y occasionnent un abondant précipité d'acide
tungstique.
» Chauffé à aoo degrés, il perd 'j atomes d'eau, puis il se redissout immé-
diatement clans l'eau. Chauffé au rouge obscur, il perd i à a millièmes d'eau
seulement et devient insoluble. Guidé par les idées que j'ai présentées sur
la constitution des sels, j'ai pensé que celui-ci devait encore retenir à une
température rouge 2 à 3 millièmes d'eau. Pour m'en assurer, j'ai chauffé,
dans un tube étranglé, un mélange de litharge et de sel calciné. Une légère
rosée s'est déposée dans l'étranglement , son poids était de 2 millièmes.
Ainsi voilà un sel qui retient vers le rouge obscur 4 millièmes d'eau , et
cette quantité si petite suffit pour lui donner des pi'opriétés particulières
qu'il perd totalement en perdant cette eau. Celle-ci correspond aux H ^
indiqués dans la formule.
" En arrivant ainsi, par la théorie, à des résultats qui sont sur la limite
des erreurs d'observation, je ne saurais les donner avec trop de réserve. Car,
dans de pareilles circonstances , il est à craindre que, malgré lui, l'observa-
teur ne se laisse influencer par ses idées préconçues. '
» Ce ferri-tungstate , traité par le bichlorure de platine et l'alcool, donne,
après la séparation du chloroplatinate potassique, et l'évaporation à consis-
tance sirupeuse , des cristaux d'acide ferri-tungstique.
» Avec la baryte et la potasse on obtient deux sels qui renferment ;
Ferri-tungstate potassique W O" f ^ K*H => + TÂq,
ui j-io!
barytique W O'* f â Ba~-j- 3Aq.
» Le ferri-tungstate d'ammoniaque calciné à la température rouge, puis
traité par l'ammoniaque, donne une dissolution qui renferme du fer; mais
la plus grande partie de l'acide ferri-tungstique se trouve transformée en
acide tungstique ordinaire.
» Quand , après avoir traité le wolfram par l'eau régale, et lavé imparfai-
tement le résidu, on traite celui-ci par l'ammoniaque, ou obtient une dissolu-
( 694 )
lion qui laisse d'abord déposer des cristaux de paratungstate ammonique
(bi-tungstate ordinaire).
» L'eau mère , évaporée et traitée peu à peu par l'acide chlorhydrique , se
prend en une bouillie d'aiguilles très-fines réunies en sphères.
» Ces aiguilles renferment de l'acide tungstique , de l'ammoniaque , de
l'oxyde ferrique , de 1 oxyde manganique et de l'eau ; mais aucun réactif n y
décèle la présence de l'acide tungstique et des oxydes ferrique et man-
ganique.
>' Par l'ébuUition avec les acides ou les alcalis ce ferri-mangani-tungstate
est détruit, et l'on peut alors facilement y constater la présence de l'acide,
du fer et du manganèse.
)' Il est également décomposé par la dessiccation à 200 degrés, il se re-
dissout alors facilement dans l'eau; mais, par l'évaporation , il donne un
mélange de tables hexagonales d'un rose foncé et d'aiguilles blanches ou
légèrement jaunâtres.
» Par le bichlorure de platine, on obtient un précipité de chloroplatinate
ammonique, et la dissolution, évaporée à consistance sirupeuse, donne
l'acide ferri-mangani-tnngstique.
•> Le sel ammonique paraît renfermer
W* O'* f 3 Mn^ Am^ H« -t- 9Aq.
" Il existe certainement un autre type ferri-tungstique , car j'ai dit plus
haut que le wolfram , traité par le nitre et le carbonate de potasse, donnait
un sel gommeux. Celui-ci, pouvant être soumis à l'ébuUition, en présence du
carbonate de potasse , sans déposer d'oxyde ferrique, doit appartenir à un
type autre que celui auquel il donne naissance , sous l'influence des acides. »
CHIMIE. — Note sur le dulcose; par M. Aug. Laurent.
« J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, il y a quelques mois, un
Mémoire sur une nouvelle espèce de sucre que j'ai nommée dulcose et à la-
quelle j'ai attribué la formule
G'*H"0'» + 3Aq,
ce qui en fait un homologue du glucose.
» Dans la dernière séance, M. Jacquelain a déposé un Mémoire sur le
même sujet, en donnant au dulcose la formule
, ( 695 )
» M. Jacquelain ayant, par inadvertance, comparé ses résultats avec
mon calcul du dulcose supposé anhydre, el y ayant trouvé de trop grandes
différences , m'a fait remettre un échantillon très-pur de dulcose , en m'en-
gageant à en répéter l'analyse.
» Voici mes nouvelles expériences; je mets en regard celles de M. Jac-
quelain et les deux calculs théoriques.
LaDRENT . jACQtELAlM .
Calculé. Trouvé. Calculé. Trouvé.
C" 39,62 39,2 39,2 C" 39,47 39,7
H" 7,55 7,65 7,57 H» 7,90 7,7
0" 52,83 0'« 52,63
100,00 .' i 100,00
» Les analyses de M. Jacquelain s'accordent parfaitement avec la formule
que je propose,
C<«H"0"' + aAq.
Si sa formule était exacte, il faudrait admettre que dans les dix analyses
que nous avons faites, nous avons constamment obtenu a à 3 millièmes
d'hydrogène de moins que le calcul, c'est-à-dire le contraire de ce qui arrive
dans toutes les analyses.
" En tous cas, comme les résultats théoriques sont très-rapprochés , il y
a un moyen très-simple de connaître la vérité, c'est de déterminer le poids
atomique du dulcose.
» Je l'ai fait, en analysant la combinaison barytique qui cristallise très-
bien et renferme
C**H»Ba*0«»H- i4Aq.
Si M. Jacquelain veut répéter cette expérience , j'espère qu'il confirmera les
résultats que j'ai obtenus. »
RAPPORTS.
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Conclusions du Rapport sur un Mémoire de
M. DE Sandouville , relatif aux mesures administratives à prendre dans
le but d'empêcher la propagation des maladies vénériennes.
(Commissaires, MM. Velpeau, Lallemand rapporteur.)
« La Commission que vous avez chargée d'examiner la communicaliou
du D' Sandouville, pense que les mesures proposées sont rationnelles,
( 696 )
conformes à celles qui ont été, jusqu'à présent, adoptées dans le même
but; qu'elles en seraient le complément, et peuvent être recommandées avec
confiance aux Ministres du Commerce et de la Guerre pour en poursuivre
l'application. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉDECINE. — Conclusions du Rapport sur une Note de M. Demeacx,
relative à un mode d'altération de la matière séminale.
-. ,,i, (Commissaires, MM. Velpeau, Lallemand rapporteur.)
« La Commission que vous avez chargée d'examiner la Note de M. De-
meaux, pense que ces recherches sont d'une importance réelle, sous bien
des rapports, et propose à l'Académie de remercier l'auteur et de l'engager
à continuer les recherches qu'il annonce comme devant faire l'objet de nou-
velles communications. >-
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES LUS.
PHYSIQUE. — Mémoire sur la réflexion par les liquides; par M. Jamin.
■I i (Extrait par l'auteur. )
(Renvoyé à la Section de Physique générale, )
« J'ai eu l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie un premier
Mémoire sur la réflexion de la lumière par les corps transparents solides. Il
démontrait que ces corps polarisent incomplètement et elliptiquement la
lumière. Ces résultats pouvaient recevoir une interprétation qui en aurait
notablement diminué l'importance.
.1 II est évident, en effet, que les actions mécaniques exercées sur les
substances solides quand on les polit, doivent placer ces corps dans un état
de constitution très-particulier, et faire varier leur élasticité depuis la sur-
face mathématique qui les termine jusqu'à une certaine profondeur dans leur
intérieur. On pouvait donc les considérer comme terminés par une superpo-
sition de couches minces parallèles, dont les indices sont variables, et on
devait craindre que la réflexion de !a lumière s'effectuât, non pas seulement
sur la simple surface de séparation , mais aussi au passage de l'une à l'autre
de ces couches minces ; or la conséquence forcée d'une pareille action serait
l'existence d'une polarisation incomplète et d'une interférence entre les rayons
(697)
élémentaires réfléchis: et si cette objection est fondée, les lois que j'avais
signalées, quoique représentant les phénomènes, auraient dû être attribuées
à un équilibre forcé déterminé par le polissage, et ne pas se vérifier dans le
cas où l'élasticité des substances serait naturellement réglée par la seule in-
fluence des forces moléculaires: dès lors ces phénomènes, tout curieux qu'ils
pouvaient paraître, auraient pu être considérés comme des aberrations dues
à des causes d'erreurs que l'on n'aurait pas éliminées.
>> A la vérité , l'on pouvait diminuer, sinon détruire l'objection , en rappe-
lant que j'avais opéré sur quelques substances solides qui avaient été polies
sans pression en les frottant contre un plan de verre humide, ou sur des cris-
taux, en utilisant les faces naturelles et les plans de clivage, et que j'avais
toujours remarqué les mêmes actions. J'avais, en outre, signalé cette triple
circonstance de réflexion positive, rectiligne ou négative, montré qu'elle
paraissait être en rapport avec la valeur plus ou moins grande de l'indice ,
et n'avoir aucune relation avec la nature du poli.
» Mais pour enlever tous les doutes que l'on pourrait avoir conservés, j'ai
cru devoir, comme argument décisif, aborder une étude nouvelle, celle de
la réflexion sur les liquides; on verra se reproduire les mêmes actions sans
pouvoir les attribuer à une constitution moléculaire anormale.
» Quand on fait réfléchir sur un liquide, sous l'incidence de polarisation ,
un faisceau polarisé perpendiculairement au plan d'incidence, il ne s'éteint
jamais complètement, mais il atteint une valeur minima (K*), toujours en
rapport avec l'intensité du faisceau incident; il n'y a donc pas d'angle de
polarisation complète, mais une incidence de polarisation maxima.
>' Outre cette première modification à apporter aux lois de la réflexion ,
il en existe une autre plus importante, en ce qu'elle change entièrement le
mode de vibration du rayon; elle consiste dans l'existence d'une anomaUe ou
différence de phase entre les deux composantes principales du mouvement
réfléchi , elle prend les valeurs - ? -7-5 X sous les incidences normale , prin-
cipale et rasante.
» Cette variation de l'anomalie se fait d'une manière continue, mais non
uniforme. Quand l'incidence augmente ou diminue à partir de o ou de
90 degrés, l'anomalie conserve sensiblement sa valeur primitive jusqu'à
deux limites d'incidence , l'une supérieure , l'autre inférieure à l'incidence
principale, après quoi e\\e éprouve une variation dont la vitesse augmente
jusqu'à cette incidence principale. Il suit de là que si un rayon incident a été
C K. , i85o,a">« Semestre. (T. XXXI, IN» 21.) 9^
( 698 )
polarisé dans un azimut quelconque , il vibre elliptiquement ou rectiligne-
ment après la réflexion, suivant que les incidences sont ou ne sont pas com-
prises entre ces limites.
" Entre ces deux ordres de phénomènes de nature différente , il existe
d'ailleurs une relation expérimentale facile à constater. Leslimites qui séparent
les incidences où commence et finit la polarisation elliptique , s'éloifjnent ou
se rapprochent quand K augmente ou diminue; elles se confondent quand il
est nul. Alors l'anomalie passe brusquement de - à X. Il n'y a plus de vibra-
tion elliptique, et l'on retombe dans le cas des formules de Fresnel.
» En étudiant un {jrand nombre de substances, j'ai reconnu qu'elles of-
frent deux cas distincts; elles s'accordent à montrer une anomalie passant
numériquement par les mêmes valeurs, mais elles se différencient par le
signe de cette anomalie qui peut être positive on négative, suivant que la
vibration polarisée dans le plan d'incidence est en avance ou en retard sur
la vibration normale.
» Il est jusqu'à présent impossible de constater une relation entre la va-
leur du coefficient R et l'indice de réfraction, tout porte à croire, au con-
traire, que ces deux constantes sont indépendantes l'une de l'autre; mais,
à défaut de lois précises, on peut remarquer généralement qu'en classant
les liquides suivant l'ordre décroissant de leurs indices, ils ont d'abord une
anomalie positive, comprise entre des limites qui se rapprochent jusqu'à se
confondre, puis une anomalie négative qui s'observe entre des limites d'inci-
dence de plus en plus éloignées.
» Les résultats de toutes mes mesures sont parfaitement d'accord avec
les formules de M. Cauchy.
» J'ai complété ce travail par quelques expériences entreprises, d'après le
conseil de M. Cauchy, sur la réflexion à la surface de séparation de deux
corps quelconques, doués tous deux de la polarisation elliptique. La théorie
indiquait que les coefficients d'ellipticité devaient se retrancher. Mes expé-
riences ont été exécutées en superposant à une lame de verre, de l'eau, du
sesquichlorure de fer dissous ou de l'essence de lavande : ces cas ont confir-
mé la théorie; ou bien en plaçant sur l'eau des huiles grasses et essentielles:
mais j'ai obtenu alors des phénomènes entièrement opposés, par le sens et
l'intensité, à ceux que M. Cauchy avait annoncés. Ce point demandera de
nouvelles recherches que j'aurai l'honneur de soumettre à l'Académie. »
( 699 )
AN ATOMIE COMPARÉE. — Mémoire sur V organisation du sjstème vasculaire de
la Sangsue médicinale et de l'Aulostome vorace, pour servir à l'histoire
des mouvements du sang dans les Hirudinées bdelliennes ; par M. Pierre
Gratiolet. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Duraéril, Valencieiines, Duvernoy.)
« Les principaux résultats de ces recherches sont les suivants :
» Les vaisseaux latéraux, dont les parois sont très-musculaires, sont les
principaux organes de l'impulsion du sang; ils se contractent alternative-
ment, ainsi que l'ont très-bien vu MM. Dugès, Weber et Muller, et le sang
qui les parcourt se meut circulairement , tantôt dans un sens, tantôt en sens
opposé.
» Les branches que ces vaisseaux fournissent sont de deux ordres :
» yé. Les unes sont destinées à la peau, et se ramifient dans les réseaux
respiratoires : elles ne s'anastomosent jamais avec celles du côté opposé.
Avant de donner leurs ramifications les plus déliées, elles forment sous la
peau un énorme réseau variqueux, qu'on a jusqu'à présent considéré comme
un plexus de vaisseaux hépatiques, mais qui est bien positivement un entre-
lacement de vaisseaux sanguins.
» B. liCS autres branches sont destinées à l'intestin grêle et à sa valvule
spirale, aux testicules, aux appareils copulateurs, enfin aux anses et aux
vésicules mucipares.
» Toutes ces branches naissent de branches ou de grandes arcades qui
établissent une libre anastomose entre les deux vaisseaux latéraux.
» Ces faits ont, relativement à la circulation du sang, une grande impor-
tance. En effet, les arcades dont nous venons de parler étant constamment ,
dans un sens ou dans l'autre, parcourues par le sang que met en mouvement
la contraction des vaisseaux latéraux, ces vaisseaux jouent évidemment, à
l'égard des vaisseaux qui en proviennent, le rôle de deux pompes foulantes
dont le jeu serait alternatif. Ainsi, le sang tend à passer continuellement des
vaisseaux latéraux dans les réseaux capillaires de l'intestinule et des glandes ,
d'où il est ramené vers les surfaces pulmonaires par les deux vaisseaux
médians, c'est-à-dire par le vaisseau dorsal et le vaisseau ventral, et par un
assez grand nombre de petites veines.
« Or ce courant sanguin , dont le sens est constant , ne peut être refoulé
par les courants des branches cutanées des vaisseaux latéraux, leur force
impulsive s'aoéantissant dans les grands plexus variqueux qu'elles formen*
sous la peau , et qui la doublent dans toute son étendue.
92..
( 700 )
» Les conséquences de ces faits sont faciles à résumer. Le sang oscille
sous l'influence de contractions alternatives, d'un réseau pulmonaire à l'autre.
Il circule dans le principal organe de l'absorption intestinale, dans les testi-
cules et dans les glandes mucipares.
» Cette circulation, très-différente de celle que M. Dugès admettait dans
les prétendues vésicules pulmonaires, montre combien les moyens que la
nature emploie varient. Ici, elle détermine le cours du sang à l'aide de sou-
papes et de valvules; ailleurs, elle parvient au même but, en faisant pré-
dominer certains courants sanguins sur les autres. L'étude de la circulation
dans le système veineux des reptiles, qui est, comme on sait, dépourvu de
valvules, pourrait donner lieu à des considérations du même ordre. »
PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur la transmission des impressions sensitives dans
la moelle e'pinière; parM. Brown-Séquard. (lixtrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Magendie , Flourens , Serres.)
« Tout le monde admet aujourd'hui que la transmission des impressions
reçues par une moitié latérale du corps s'opère, en totalité, par la moitié
latérale correspondante de la moelle épinière. Nous avons trouvé, au con-
traire, que la transmission se fait principalement d'une manière croisée
c'est-à-dire que la moitié droite de la moelle transmet, en très-grande par-
tie, les impressions reçues par la moitié gauche du corps, et vice versa.
» Par suite de l'opinion d'après laquelle la moelle épinière transmet les
impressions en ligne directe, on a dû chercher ailleurs que dans cet organe
la cause du croisement de l'hémiplégie dans les maladies du cerveau, et l'on
s'est efforcé de trouver cette cause dans l'un des entre-croisements que l'on
voit à la moelle allongée, à la protubérance et au devant d'elle. En démon-
trant que la majorité des fibres sensitives du tronc et des membres doivent
s'entre-croiser dans toute la longueur de la moelle épinière elle-même , nos
expériences donnent une solution nouvelle et très-simple au problème de
l'hémiplégie croisée du sentiment.
" Voici quels sont les faits principaux qui nous ont conduit à admettre l'exi-
stence d'un entre-croisement des fibres sensitives dans la moelle épinière. Après
avoir coupé transversalement, sur un mammifère, une moitié latérale de la
moelle épinière, à la hauteur de la dixième vertèbre costale, nous avons
parfaitement constaté : i° que le membre postérieur, du côté de la section de
la moelle , est non-seulement très-sensible , mais qu'il paraît manifestement
plus sensible qu'à l'état normal; 2° que le membre postérieur de l'autre côté
est notablement moins sensible qu'à l'état normal.
( loi )
» Lorsqu'au lieu d'opérer rhémisection de la moelle à la région costale ,
on la pratique au niveau de la troisième vertèbre cervicale, on trouve que
les deux membi-es du côté de la section paraissent plus sensibles qu'à l'état
normal , tandis que les deux autres le sont beaucoup moins.
» Si l'on fait plusieurs sections complètes d'une même moitié latérale de
la moelle , on trouve que la sensibilité subsiste inaltérée du côté coupé, et
qu'elle est presque nulle du côté opposé.
» Nous possédons en ce moment trois cochons d'Inde qui survivent depuis
plus de quatre mois à une hémisection de la moelle , à la hauteur de la
dixième ou de la onzième vertèbre costale, et chez lesquels on constate en-
core une différence notable dans la sensibilité des deux membres posté-
rieurs , celui du côté de la section étant toujours bien plus sensible que
l'autre.
» Pour s'expliquer l'hémiplégie croisée du sentiment dans les maladies
du cerveau , on a supposé que les fibres sensitives des diverses parties du
corps devaient s'entre-croiser dans les centres nerveux. On sait quel désac-
cord existe dans la science ii l'égard du lieu où s'opérerait cet entre-croise-
ment. Quelques auteurs se contentent de désigner, en bloc, la moelle al-
longée, la protubérance et les parties qui l'avoisinenl où l'on trouve des
entre-croisements. D'autres, plus hardis, ont indiqué des parties restreintes,
comme étant le siège spécial de l'entre-croisernent des fibres sensitives. Pour
Ch. Bell , c'est à la face postérieure de la moelle allongée , dans une grande
partie de l'étendue du quatrième ventricule ; pour M. Longet , c'est à l'en-
droit où s'entre-croisent les processus cerebelli ad testes, au niveau du bord
antéro-supérieur de la protubérance.
» Il résulte de mes expériences que c'est surtout dans la moelle épi-
nière que les fibres sensitives s'entre-croisent, et que s'il en existe qui, venues
des membres, montent jusqu'à l'encéphale pour y faire leur entre-croise-
ment, elles doivent être en petit nombre.
» Nos expériences ont été faites sur des mammifères d'espèces diverses :
le lapin, le mouton, le chien et le cochon dinde.
» Pour reconnaître l'existence et apprécier l'énergie de la sensibilité, nous
avons fait usage de toutes sortes d'excitations : pincement, piqûre, galvani-
sation, et enfin brûlure par le feu ou par im acide minéral concentré.
» Notre expérience fondamentale a eu pour témoins un très-grand nombre
de personnes, parmi lesquelles se trouvent M. Rayer, M. Lallemand et
M. Magendie. »
( 702 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE. — Mémoire sur le sulfure d'azote; par MM. J.-M. Fordos et
A. Géus. (Extrait.)
" M. Soubeiran a attribué au sulfure d'azote la formule S'Az, et oVst
principalement sur l'action que l'eau exercerait sur ce composé, à la tem-
pérature de l'ébullition, qu'il s'est appuyé pour en établir la formule.
" Or, dans cette réaction, 3 équivalents d'eau seraient fixés; rien ne se
dégagerait, et il résulterait de cette fixation un sel qui aurait pour formule
S*0', AzH*, Aq, c'est-à-dire un sesquihyposulfite d'ammoniaque.
" Cette assertion a suffi pour nous faire douter de l'exactitude de l'ob-
servation; car, dans l'état actuel de la question, on ne connaît que des hy-
posulfites neutres, de la formule S^O*, MO, et nous croyons Utile de rap-
peler que , dans tous les cas où l'on avait cru reconnaître des hyposulfites d'une
formule différente , un examen plus approfondi nous a toujours fait décou-
vrir des erreurs d'expérience.
" Il nous sembla donc , tout d'abord , que l'étude de l'action de l'eau sur
le sulfure d'azote devait être reprise , et nous nous occupions de cette re-
cherche, lorsque M. Aug. Laurent publia, dans la Reçue scientifique, ses
idées sur la constitution des composés ammoniacaux. Dans ce Mémoire, il
admit que la formule du composé désigné sous le nom de sulfure d'azote,
devait être changée , que ce corps devait contenir de l'hydrogène et être
représenté par S*HAz, et que, par conséquent, il n'était pas un sulfure
d'azote.
" Les résultats que nous avions déjà obtenus , bien que contraires à ceux
de M. Soubeiran, ne nous permettaient pas d'adopter la formule nouvelle;
cependant, comme les assertions de M. Aug. Laurent étaient appuyées sur
quelques expériences, nous avons cru devoir recommencer toutes les nôtres;
et maintenant, certains de l'exactitude de nos premiers résultats, nous nous
décidons à les publier.
•> Lorsqu'on fait réagir le gaz ammoniac sur le perchlorure de soufre,
ces deux matières éprouvent une série de transformations sur lesquelles le
défaut d'espace ne nous permet pas de nous arrêter ici, et l'on obtient, en
définitive, une poussière d'un jaune pur, que M. Soubeiran a considéré, à
tort, comme une substance unique, et qu'il a désignée sous le nom de
chlorure de soufre biammoniacal.
( 7o3 )
" Cette poussière, dont nous avons pu retirer, à l'aide de dissolvants,
jusqu'à cinq substances, fournit à la fois, lorsqu'on la traite par le sulfure
de carbone, du soufre et un produit d'un beau jaune orangé. En la lavant
à plusieurs reprises et à froid, avec de petites quantités de sulfure de car-
bone, on dissout tout le soufre, et en traitant la masse, ainsi débarrassée de
soufre, par le même liquide bouillant , jusqu'à ce qu'elle ne le colore plus,
on enlève toute la matière orangée, que la liqjieur abandonne ensuite,
sous forme de cristaux, en s'évaporant.
» C'est évidemment cette substance , plus ou moins impure , qui a été
étudiée par M. Soubeiran sous le nom de sulfure d'azote^ car elle possède
la plupart des propriétés qui ont été indiquées par ce chimiste.
» Le sulfure d'azote, à l'état de pureté, se présente sous la forme de
prismes rhomboïdaux transparents , dont la pondre est d'un jaune doré des
plus vifs; mais cette poudre ne doit pas être préparée sans précautions , car
un léger choc de cette poudre sur un corps dur suffit pour déterminer une
vive détonation. 5 centigrammes de sulfure d'azote, placés dans un mortier
d'agate et frappés avec le pilon, ont fait entendre un bruit semblable à
celui d'un coup de fusil, et le pilon et le mortier ont été brisés en plusieurs
fragments.
» Lorsqu'on touche le sulfure d'azote avec un corps en ignition, il fuse
sans détoner. Chauffé au bain d'huile , dans un tube fermé par un bout , il
se détruit avec explosion vers 167 degrés, en dégageant de l'azote, du
soufre et des traces de la substance indécomposée.
» Le sulfure d'azote réduit en poudre a une légère odeur; il acquiert à
un haut degré, par le frottement, la propriété d'adhérer au verre et au
papier.
» Son action sur les muqueuses est des plus irritantes.
» L'eau le mouille à peine et ne le dissout pas; l'alcool, l'éther, l'esprit-
de-bois et l'essence de térébenthine en dissolvent de petites quantités ; mais
son meilleur dissolvant est le sulfure de carbone.
» Le sulfure d'azote n'est cependant pas absolument sans action sur le
sulfure de carbone ; mais cette action ne se produit qu'avec lenteur et exige
beaucoup de temps pour être complète. Toutefois elle est des plus remar-
quables. Nous avons vu des dissolutions de sulfure d'azote dans le sulfure
de carbone, se décolorer complètement au bout de quelques mois, et nous
avons reconnu, dans les produits, du soufre, de l'acide sulfocyanhydrique
et un dépôt jaune doré qui avait l'apparence de la matière, peu connue,
( 7o4 )
désignée par les chimistes sous les noms de sulfocyanogène ou de cyanoxy-
sulfide.
>' L'analyse que nous avons faite de cette substance ne conduisait à au-
cune des formules attribuées à ce corps; mais, comme on ne possède au-
cune donnée bien positive sur la composition du sulfocyanogène , nous nous
proposons d'étudier comparativement les deux corps aussitôt que nous au-
rons pu en obtenir une quantité suffisante.
» Analyse du suljure d'azote. — Nous avons mis tous nos soins à la re-
cherche de l'hydrogène, et, dans toutes les expériences, on a employé des
quantités considérables de la matière, afin de diminuer autant que possible
les chances d'erreur.
Premier dosage . . o'^jS de sulfure d'azote ont fourni o^^oiS d'eau.'
Deuxième dosage . . o^',5 de sulfure d'azote ont fourni o*'', o45
Trosième dosage .. . i s', o de sulfure d'azote a fourni o''',oo4
>' Ces résultats, surtout le dernier, prouvent suffisamment que le corps
examiné ne contient pas d'hydrogène et que, par conséquent, la formule
admise par M. Aug. Laurent doit être rejetée.
» Nous ajouterons que la formule S* Az H, qui avait été proposée par ce
chimiste pour le sulfure d'azote, paraît appartenir à une autre substance.
» Maintenant que nous avons prouvé que le composé qui nous occupe ne
contient pas d'hydrogène, et que, par conséquent, il est bien un sulfure
d'azote, il nous sera facile de démontrer que ce sulfure d'azote n'a pas la
composition indiquée par M. Soubeiran. La formule de ce chimiste exigerait
77,32 pour 100 de soufre et a2,68 d'azote.
>' Les nombres que nous avons obtenus sont loin d'être les mêmes et
correspondent à la formule
S^-Az
Comme l'indique le tableau suivant :
Calculé. Trouvé.
Soufre... 69,56 69,47
Azote. .. 3o,44 3o,38 3i,oi 3o,5o
Calculé. Trouvé. TrouTé. Trouvé. Trouvé.
Soufre... 69,56 69,47 68,83 69,95 69,06
100,00
» Ces résulta s sont encore confirmés par l'étude que nous avons faite de
1 action de l'eau et des alcalis sur ce corps.
« Suivant M. Soubeiran , l'eau froide agit lentement sur le sulfure d'azote.
( 7o5 )
elle le change en hyposulfite dammoniaquej si l'on opère à chaud, la dé-
composition se fait très-promptement, et le sel contient une proportion
d'ammoniaque pour une proportion et demie d'acide hyposulfureux.
» Suivant le même chimiste, les dissolutions alcalines activent la transfor-
mation du sulfure d'azote en ammoniaque et en acide hyposulfureux.
') Ces diverses assertions ne sauraient être admises.
» En effet, la décomposition par l'eau, telle que l'indique M. Soubeiran,
se représenterait par la formule
S» Az + 4 HO = S' 0% Az H% HO.
Or, dans cette réaction, en supposant la formule du sulfure d'azote S' Az
exacte, ce qui n'est pas, aucim gaz ne se dégagerait; tandis qu'il est très-
facile de constater que dans cette réaction il se dégage de l'ammoniaque.
» On observe également que la liqueur possède tous les caractères d'un
mélange d'acide hyposulfureux et d'un acide de la série thionique.
>> L'analyse des produits a fait voir que la réaction de l'eau sur le sulfure
d'azote devait être représentée par l'équation suivante :
/4(S»Az) + 9(HO) + Aq=S»OSAzH', Aq + a(S'0», H*Az,Aq) + H»Az.
» Celte formule rend compte de tous les phénomènes observés, et son
exactitude est mise hors de doute par la réaction de la potasse sur le sulfure
d'azote, qui peut se représenter ainsi,
a (S» Az) + 3 (KO) + 6(HO) = S» 0\ KO + a (SO», KO) + 2(AzH^).
>i II se fait un hyposulfite et un sulfite dans des proportions telles que
chacun des deux sels contient une quantité égale de soufre.
» Ces produits sont dus évidemment à deux réactions; à celle de l'eau sur
la surface d'azote, et à celle de la potasse sur l'acide trithionique provenant
de la première réaction. On sait que cet^cide est dédoublé par les alcalis en
sulfite et en hyposulfite ,
2(S»0») + 5(KO) = S^O*KO + 4(SO*KO). »
MÉDECINE. — De l'emploi des douches froides excitantes contre le
tempérament lymphatique , la chlorose et l'anémie; par M. le ly Louis
Fleury.
>> Dans les recherches que je poursuis depuis plusieurs années, je me suis
efforcé de mettre en évidence l'importance du rôle joué par le système ca-
C. H., i85o, 2">o Semestre. (T. XXXI, N» 21.) 93
( 7o6 )
piilaire, dans raccomplissement des phénomènes physiologiques et patholo-
giques; c'est au même but que concourt le nouveau travail que j'ai l'hon-
neur de soumettre à l'Académie, et qui peut être résumé de la manière
suivante :
» 1°. Les douches froides excitantes doivent être placées au premier
rang des agents appartenant à la médication reconstituante, en raison de
l'action qu'elles exercent sur la circulation capillaire, et consécutivement
sur la composition du sang, la calorification, la nutrition et l'innervation.
» 2°. Plus rapidement et plus sûrement que tous les agents hygiéniques
et pharmaceutiques connus, elles modifient le tempérament lymphatique
et lui substituent un tempérament sanguin acquis. Cette heureuse influence
paraît devoir être attribuée à une double action , l'une s'exerçant sur la
nutrition et la composition du sang, l'autre sur les vaisseaux capillaires
eux-mêmes, dont les propriétés vitales et la contractilité sont excitées
de manière à faire pénétrer des globules sanguins dans des vaisseaux qui
auparavant ne donnaient entrée qu'à du sérum. Neuf enfants âgés de trois
à douze ans, offrant tous les caractères du tempérament lymphatique le
plus prononcé, ont été soumis à cette médication; tous ont été notablement
modifiés au bout de trois mois de traitement, et ceux qui l'ont suivi pen-
dant deux années ont été complètement transformés, de façon à ce qu'un
tempérament acquis franchement sanguin , ait pris la place du tempéra-
ment lymphatique. Les douches froides ont exercé, en même temps, une
influence très-favorable sur le développement du corps et du système mus-
culaire , ainsi que sur l'établissement de la menstruation.
» 3°. Cinq jeunes filles, âgées de dix-huit à vingt-deux ans, affectées
depuis plusieurs années de chlorose confirmée, grave, rebelle, ayant résisté
aux préparations ferrugineuses et à tous les modificateurs hygiéniques et
pharmaceutiques connus, ont été soumises à l'action des douches froides.
Toutes ont guéri, la duré du traitement ayant été de sept mois au maximum,
de deux mois au minimum, et de quatre mois et demi en moyenne. L'effet
de la médication a été constamment le même, et s'est manifesté d'abord sur
les appareils digestif et musculaire (rétablissement de l'appétit et des forces,
disparition de la dyspepsie), puis sur le système nerveux (disparition des
accidents nerveux , névralgie, céphalalgie, etc.), et enfin sur le sang et la
circulation (disparition des palpitations, des bruits de souffle, du teint
chlorotique, etc.). Ces faits jettent une vive lumière sur la pathogénie de la
chlorose, sur le mode d'action du fer, et justifient ces paroles de M. Gerdy :
« Le sang se fait dans les capillaires généraux de tous les organes. »
( 707 )
» 4°- Ij'anémie idiopathique et celle des convalescents disparaissent ra-
pidement sous l'influence des douches froides, en raison de l'action que
celles-ci exercent sur la digestion , la nutrition et le système musculaire ;
action qui favorise mieux que tout autre agent thérapeutique la reconstitu-
tion du sang.
» 5°. Dans les anémies symptornaliques liées à certaines affections de
l'utérus (déplacement et engorgement), aux névralgies anciennes et re-
belles, à certaines névroses, à une hypertrophie du foie ou de la rate, à la
cachexie paludéenne , à une phlegmasie chronique des organes digestifs, etc. ,
les douches froides exercent une double action curative, en guérissant simul-
tanément, et souvent l'un par l'autre, les deux états pathologiques.
» 6°. Dans l'anémie accompagnée d'hémorragies abondantes et répétées,
les douches froides exercent également une double action fort remarquable;
en opérant la reconstitution du sang, en combattant les congestions orga-
niques, elles diminuent ou arrêtent les hémorragies qui, après avoir pro-
duit l'anémie, sont à leur tour favorisées par elle; et l'on parvient ainsi à
échapper au cercle vicieux qui se présente si souvent dans la pratique.
L'action hémostatique des douches froides se manifeste même dans des cas
où les hémorragies sont liées à une lésion du solide sur laquelle la médi-
cation n'a aucune prise. C'est ainsi que chez une malade bien connue de
plusieurs des Membres les plus illustres de l'Académie, et réduite au dernier
degré de l'anémie par des métrorragies mensuelles liées à la présence d'un
polype inséré sur le col utérin , les douches froides ont arrêté les hémorra-
gies et fait disparaître l'anémie avant que j'eusse enlevé le polype; c'est
ainsi que chez plusieurs autres malades, elles ont notablement diminué ou
même arrêté des hémorragies mensuelles liées à une tumeur de l'ovaire.
x 7°. Dans l'aoéniie liée à une affection curable , mais sur laquelle les
douches froides n'ont aucune prise, celles-ci rendent encore d'importants
services au praticien, en améliorant l'état général du malade, et en rendant
ainsi plus faciles le traitement et la guérison de l'affection primitive.
•' 8°. Dans l'anémie liée à une affection incurable, les douches froides
sont souvent très-utiles ; elles ont notablement amélioré l'état général de
plusieurs malades atteints d'emphysème pulmonaire , d'une affection orga-
nique du cœur, de cancer, de tumeurs abdominales, etc. »
93.
(7o8 )
HYDRAULIQUE. — Nouveau Mémoire sur le barrage hydropneumatique ,
et sur l'application perfectionnée de son principe aux roues et aux tur-
bines; pr M. L.-D. Girard. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoyé à la Commission précédemment nommée pour le Mémoire de
M. Girard.)
« 1. Nous présentons dans ce Mémoire un nouveau dispositif de barrage
hydropneumatique surmonté d'un barraffe mobile ; le premier jouant ainsi
le rôle d'un barrage fixe, mais ayant l'avantage de pouvoir être ouvert,
dans les crues, par la simple manœuvre d'une vanne ou d'un robinet.
» 2. Après avoir rappelé les résultats consignés dans nos précédentes
communications sur rhydropneumatisation des turbines , des roues à aubes
courbes de M. Poncelet et des roues de côté, nous reprenons l'étude de
ces dernières roues, nous montrons qu'en disposant l'appareil de manière à
pouvoir, suivant les cas, aspirer l'air de l'enveloppe, ou y refouler de l'air
pris au dehors, on arrive à maintenir les niveaux intérieurs, au-dessus ou au-
dessous de ce qu'ils sout dans la rivière; le premier cas se rapportant à la
situation des basses eaux et le second à celle des hautes eaux. Joignant à
cette disposition celle d'un radier mobile d'aval susceptible d'utiliser, dans
tous les cas, par le ressaut, la force vive de l'eau qui quitte la roue, nous
faisons sortir de cette combinaison tout un nouveau système de roues hydro-
pneumatiques, soit de côté, soit eu dessus, soit enfin en dessous, douées
des propriétés remarquables qui suivent.
» A. Réalisation du maximum de rendement , aussi bien avec des niveaux
variables qu'avec des niveaux constants.
» B. Possibilité de cette réalisation avec de grandes vitesses de roues ,
soit constantes, soit variables, selon ce que réclame la nature du travail in-
dustriel à effectuer.
» C. Facilité de donner à ces roues à grande vitesse de faibles diamètres,
en raison de ce qu'on est maître de créer, dans l'intérieur de l'enveloppe ,
des niveaux artificiels en rapport avec la vitesse de la roue et le volume
d'eau qu'elle dépense actuellement, et indépendants des niveaux réels ex-
térieurs. ' .'"■
>' D. Grandes vitesses angulaires résultant à la fois du petit diamètre des
roues et de la vitesse considérable de leurs aubes ou augets; conséquemment,
une grande simplification des transmissions de mouvement, ce qui prociu'e à
ces nouvelles roues l'un des principaux avantages jusqu'ici propres aux
turbines.
( 709 )
n E. Réduction de la largeur des roues à force égale. Cet avantage, dû
à leur grande vitesse, qui leur permet de débiter beaucoup d'eau, est re-
marquable surtout dans la nouvelle roue en dessus, à cause de la facilité
que présente l'évacuation de l'air.
» F. Enfin, économie d'établissement dans les roues et leurs transmis-
sions de mouvement, due aux propriétés B, G, D,E; économie qui, compen-
sant, et au delà, les frais de l'enveloppe et de ses accessoires, permet dès
lors de faire cette enveloppe en métal , pour en assurer l'imperméabilité.
i> 3. Nous considérons aussi l'application du barrage hydropneumatique
aune roue existante, située sur un cours d'eau très-variable et assujettie à de
grandes variations de force et de vitesse ( roue du laminoir de Tilff près
Ijiége, appartenant à la Société de la Vieille-Montagne). Nous montrons que,
sans modifier en rien cette roue, ni les conditions du travail au laminoir,
mais eu adaptant l'appareil hydropneumatique mentionné plus haut , on
arrive à augmenter considérablement l'effet utile, et à le maintenir malgré
les variations de chute, de volume et de vitesse de roue imposées par le
programme.
» 4. Enfin, nous examinons successivement plusieurs objections déjà
faites au nouveau système , touchant :
X 1°. Le mode de régulation de l'appareil , à l'effet d'assurer, dans chaque
cas, I4 réalisation des conditions théoriques;
» a°. La force plus ou moins considérable qui serait requise pour la
pompe pneumatique, si cette pompe avait à subvenir, soit à un entraîne-
ment mécanique de l'air de l'enveloppe par le courant d'eau , soit à une
absorption ou à un dégagement d'air par l'eau , suivant que la pression à
l'intérieur de Tenveloppe serait plus grande ou plus petite que celle de l'air
atmosphérique.
» Nous montrons que ces objections ou ne sont pas fondées , ou peuvent
être annulées par des dispositifs très-simples (notamment par la récolte de
l'air entraîné mécaniquement par l'eau). >»
dans r Europe
)
GÉOLOGIE. — Note sur l'époque d'apparition des glaciers da
centrale; par M. Ed. Gollomb. (Extrait par l'auteur.
" Dans une de ses dernières communications à l'Académie, M. Constant
Prévost termine ses observations relatives à la doctrine des causes actuelles
par ces mots : « On peut encore supposer que les glaces polaires et les gla-
( 7IO )
« ciers des montagnes constituent un phénomène nouveau qui n'a commencé
» à se manifester qu'à un certain degré de refroidissement de la terre, etc. »
[Comptes rendus j tome XXXI, page 5o3.)
» M. Ed. CoUomb signale, à l'appui de cette manière de voir, des faits
qu'il a eu l'occasion d'observer dans les Alpes, dans les Vosges et en Alsace
dans la plaine du Rhin.
» D'après ces faits , les glaciers et les glaces flottantes n'ont pas existé à
toutes les époques géologiques; ils ont eu leur commencement, puis leur
maximum de développement , ensuite ils ont rétrogradé dans les limites que
nous leur connaissons aujourd'hui. C'est leur moment d'apparition dans
l'Europe centrale que M. Ed. Collomb s'est proposé de rechercher.
» Suivant lui , les traces laissées par les glaciers et les glaces flottantes à
la surface du sol ne remontent pas au delà des terrains tertiaires récents , qui
contiennent les ossements des grands pachydermes ; elles marquent proba-
blement le dernier terme de la série des temps géologiques , ou le commen-
cement de l'ère moderne.
" Ces traces sont de deux sortes : les unes se voient dans les montagnes,
sur les lieux mêmes qui ont été autrefois occupés par les anciens glaciers (ro-
ches polies, moraines); les autres ne sont qu'une conséquence du même phé-
nomène; elles ne se retrouvent qu'à une distance plus ou moins grande, dans
les plaines qui entourent les régions élevées occupées par les glaciers (gra-
vier, cailloux arrondis, striés, blocs erratiques, limon).
» Ces divers effets d'une même cause sont évidemment synchroniques.
n II est facile d'étudier les derniers dans la grande vallée du Rhin , entre
Bâle et Mayence, sur une étendue d'environ loo lieues de long sur lo à 12
de large.
>i Les dépôts qui occupent la vallée et comblent , en le nivelant , l'espace
compris entre les Vosges et la forêt Noire, se composent de trois assises dis-
tinctes par l'origine des matériaux dont elles se composent.
» L'assise inférieure est exclusivement composée de cailloux et de graviers
provenant des Alpes.
» L'assise moyenne est, au contraire , formée de débris venus des Vosges
sur la rive gauche du Rhin, de la forêt Noire sur la rive droite , et des mon-
tagnes du .lura , en amont du bassin, dans les environs de Bâle.
» Enfin l'assise supérieure se compose d'un vaste manteau recouvrant le
tout, et qui atteint jusqu'à 5o mètres d'épaisseur. C'est une boue très-fine ,
connue sous le nom de lehm ou loes, qui constitue les meilleures terres vé-
(7")
gétales de la contrée. Ces dernières matières ont une origine alpine.
" Dans aucune de ces assises de la plaine on ne rencontre des blocs que
l'on puisse considérer comme erratiques ; mais on commence à trouver
de ces derniers lorsque Ton pénètre dans les montagnes qui bordent la
plaine.
)' Ainsi, dans ces terrains récents de la plaine du Rhin, que l'on a con-
fondus sous le nom de Diluviwn, on peut déjà reconnaître que ce n'est pas
à un phénomène unique qu'ils sont dus, puisqu'on voit ici les effets super-
posés de causes dont l'origine était très-différente.
» D'un autre côté, dans les vallées des Alpes comme dans celles des Vosges,
on trouve partout des témoignages de l'existence d'anciens glaciers, tels que
des moraines, des blocs erratiques, des roches striées et polies, qui sont en
continuité avec les dépôts les plus récents de la plaine.
>' Depuis le moment où le lehm s'est déposé sur une grande échelle, nul
changement important n'est survenu dans la contrée ; le phénomène a sim-
plement perdu de son intensité. Le limon actuel, déposé par le Rhin dans
des limites très-restreintes à la vérité, est identique au limon ancien; d'autre
part, l'identité des moraines anciennes et des moraines en voie de formation
a été reconnue et constatée : ces moraines sont, dans tous les cas , superpo-
sées à tous les autres matériaux de transport.
» Ainsi l'instant d'apparition des anciens glaciers se trouverait fixé à une
époque géologique très-récente; les glaciers et les glaces flottantes n'existaient
pas encore sur notre globe aux époques paléozoïque , jurassique et crétacée ,
puisque nulle part , dans les assises de ces terrains , on n'a rencontré de traces
de l'action des eaux solides. Celles-ci n'ont commencé à agir sous cet état
qu'à la fin de l'époque tertiaire, et, très-probablement, peu d'instants avant
l'apparition de l'homme.
» Le phénomène glaciaiie , après avoir pris un grand développement par
une cause encore entourée d'obscurité , après avoir étendu son manteau
glacé sur des contrées aujourd'hui habitées et cultivées, a diminué peu à peu ,
graduellement et par intermittences, pour se retirer dans ses limites actuelles,
c'est-à-dire dans les hautes chaînes de montagnes et les régions polaires dont
les glaces sont, pour ainsi dire, les restes d'un grand phénomène dont le
commencement et la plus grande intensité correspondraient à l'époque de
la dispersion et de l'établissement de l'homme sur la terre. »
( 7'2 )
MÉCANIQUE. — Sur les ressorts Jormés de plusieurs feuilles d'acier employés
dans la construction des voitures et wagons; par M. Phillips. ( Extrait
par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Poncelet, Combes, Seguier.)
« Jusqu à présent , il n'existe pas de théorie des ressorts employés , soit
dans le matériel des chemins de fer, soit dans les voitures ordinaires; et les
constructeurs, manquant de règles certaines et précises, ont dû recourir
aux tâtonnements pour établir les ressorts dans les circonstances très-di-
verses que réclame la pratique. Il y avait donc une assez grande utilité à
combler cette lacune, et c'est ce que je me suis efforcé de faire, en partant
des lois fondamentales de la résistance des matériaux. Je crois être arrivé à
la solution de la question, dans le cas le plus général, envisagé sous toutes
ses faces. Toutes les formules générales que j'ai obtenues ont été vérifiées
par l'expérience directe, avec un degré de précision auquel j'étais loin moi-
même de m'attendre , et qui semble indiquer dans l'acier un état d'élasticité
bien plus parfait que dans le fer ou dans la fonte.
» J'ai d'abord cherché la manière dont se comportait un ressort quel-
conque qui serait donné, sous une charge également quelconque. J'ai obtenu ,
à cet effet, sous une forme simple, la valeur du rayon de courbure en un
point quelconque du ressort sous charge. On en déduit l'expression de l'al-
longement ou du raccourcissement proportionnel en un point quelconque
du ressort sous charge. De là résulte aussi, comme corollaire, le moyen
d'obtenir très-facilement, par ime épure, le tracé d'un ressort sous une charge
donnée, épure qui ferait, au besoin, connaître la flèche du ressort sous
charge, et, par conséquent, la flexion ou diminution de flèche que cette
charge produirait. J'ai d'ailleurs obtenu la formule algébrique qui donne ,
sans le secours d'aucune épure, la flèche d'un ressort quelconque sous charge,
et celle qui fait connaître la flexion résultant de cette charge. Ces dernières
formules font voir : i" que la flexion est, toutes choses égales d'ailleurs,
proportionnelle à la charge ; a" que la diminution du sinus de l'anple
formé par la tangente en un point quelconque du ressort avec la tangente
au milieu du ressort, qui est généralement horizontale, est aussi proportion-
nelle à la charge; 3" que la flexion est indépendante de la courbure, et
même de la forme primitive des lames, que celle-ci soit un arc de cercle ou
toute autre courbe.
" Le tracé géométrique dont il vient d'être question, ainsi que la
formule donnant la flexion, ont été vérifiés par un assez grand nombre
(7'3)-
d'expériences directes faites sur des ressorts existants. Les tableaux annexés
au Mémoire montrent à quel point l'expérience s'est trouvée d'accord avec
le calcul.
» La flexibilité d'un ressort est ce qu'il perd de sa flèche sous une charge
donnée, perte qui, ainsi qu'il a été dit plus haut, est proponionuelle à cette
charge. La résistance d'un ressort est la charge maxima qu'il puisse porter,
sans que son élasticité soit altérée. liCS éléments d'un ressort sont : la
forme des feuilles, leur épaisseur, leur rayon de fabrication, leurs étage-
ments, c'est-à-dire la quantité dont elles se débordent les unes les autres;
leur longueur, leur nombre, leur corde de fabrication ou sous charpe; la
flèche et les amincissements, c'est-à-dire le profil extérieur qu'il convient de
donner à chaque feuille, dans la longueur qui correspond à son étagenient.
» J'ai déterminé les conditions qui doivent êtres remplies daus tous les
cas par ces divers éléments; elles sont les suivantes :
» 1°. La nature de la courbe de fabricatiou des feuilles n'a aucune in-
fluence sur la flexion, et n'en a qu'une insensible et négligeable par rapport
aux allongements ou raccourcissemeuts proportionnels en un point quel-
conque : il y a donc avantage , sous le rapport de la simplicité , à choisir des
arcs de cercle;
» 1°. Un ressort doit être combiné de manière à pouvoir toujours être
aplati complètement par une force suffisamment grande;
» 3°. L'épaisseur de chaque feuille doit être égale à son rayon de fabri-
cation multiplié par le double de l'allongement proportionnel maximum
qu'elle éprouverait , le ressort étant aplati; d'où il suit que les épaisseurs sont
proportionnelles aux rayons; . •
n 4" L'étagement d'une feuille quelconque. A, c'est-à-dire la quantité
dont elle doit déborder à chaque extrémité la feuille B placée immédiate-
M
ment au-dessous, est égale à p-, M et r étant le moment d'élasticité et le
rayon de fabrication de la feuille A , et P la moitié de la force qui serait né-
cessaire pour aplatir le ressort;
" 5". Enfin , la règle des amincissements consiste en ce que l'ordonnée
verticale en un point quelconque d'un profil aminci varie proportionnelle-
ment à la racine cubique de la distance de ce point à l'extrémité la plus voi-
sine de la feuille amincie.
-' Ave( ces conditions , on a , comme je l'ai tait voir, tout ce qu'il faut pour
résoudre tous les cas possibles; et même ou a, pour chaque cas, une infinité
de solutions résultant de ce qu'on peut faire varier, comme on veut, les épais-
C. R., iï5o, a"»' Semestr,!. (T. XXXI, N' 21.) 9^
( 7'4 )
seurs des feuilles. Mais j'ai montré qu'il y a avantage , sous le rapport du vo-
lume et du poids du ressort , à ne pas donner aux feuilles des épaisseurs
décroissantes du haut vers le bas du ressort. De là il suit que, lorsque les
feuilles doivent joindre toutes entre elles, elles doivent être toutes sensible-
ment de même épaisseur et de même rayon, ou, rigoureusement, être dé-
crites d'un même centre avec des rayons s'accroissant successivement des
épaisseurs, et ces épaisseurs elles-mêmes varier proportionnellement aux
rayons.
" J'ai fait voir comment, dans la pratique, on appliquerait directement
ces règles pour tous les cas possibles. Après le cas le plus ordinaire , où la
limite de résistance du ressort correspond à son aplatissement, j'ai examiné
celui où cette limite répond à une position différente et donnée, ce qui a
lieu notamment pour les ressorts de suspension des voitures à Voyageurs , où
la charge normale produit presque l'aplatissement.
» Des formules générales relatives aux ressorts à feuilles de même , ou
sensiblement de même épaisseur, résultent diverses propriétés de ces res-
sorts, par exemple celle-ci : que tous ceux de ces l'essorts qui ont la même
flexibilité et la même résistance absolue , ont très-approximativement le même
volume.
» Il a été dit que, toutes choses égales d'ailleurs, le volume d'un de ces
ressorts est moindre que celui d'un ressort dont les feuilles auraient., toutes
ou quelques-unes d'entre elles, des épaisseurs décroissantes, du haut vers le
bas du ressort. De même , le volume et le poids d'un ressort diminuent
encore si les épaisseurs de certaines feuilles viennent à augmenter. Cela
m'a suggéré l'idée d'un nouveau genre de ressort, avec lame auxiliaire.
Dans ce système, le ressort proprement dit se compose d'un certain nom-
bre de feuilles, de même épaisseur et de même rayon; au-dessous se
trouvent une ou plusieurs feuilles auxiliaires, d'une épaisseur commune plus
grande que les premières, et divergeant d'avec celles-ci, avec lesquelles
elles ne se mettent en contact qu'au delà de la charge normale maxima ,
et graduellement. Le ressort proprement dit est la partie qui travaille ordi-
nairement et avec la flexibilité voulue; l'auxiliaire est destiné à lui donner
le degré de résistance absolue qui lui manque. Presque toujours une seule
lame suffit pour l'auxiliaire.
Il J'ai indiqué par quelle méthode, d'ailleurs différente de celle des res-
sorts ordinaires, on pourrait calculer le ressort avec l'auxiliaire, en donnant
à ce dernier, soit la forme circulaire, soit une forme différente, qui réduit
encore très-notablement le poids du ressort. J'ai donné, en outre, dans tous
- (7'5)
les cas, avec ou sans auxiliaire , les formules qui servent à calculer, à priori ,
le poids d'un ressort, en tenant compte des amincissements.
» Soixante ressorts de suspension de vragon à balast, à huit feuilles sans
auxiliaire , ont été construits d'après les principes précédents , pour le chemin
de fer de l'Ouest. Ils devaient perdre o™,o55 sous 2000 kilogrammes, et
s'aplatir complètement sous 454o kilogrammes. A l'épreuve, chez M. Berges,
ils ont tous perdu de o™,o53 à o™,o57 sous a 000 kilogrammes, et se sont
aplatis complètement sous 4 5oo kilogrammes. Après l'enlèvement de la
charge, ils reprenaient exactement leur forme primitive. Ils pesaient 26 ki-
logrammes, au lieu de 28'', 5o, que pèsent ceux que l'on construit actuel-
lement dans les mêmes conditions de flexibilité et de résistance. En outre ,
quatre ressorts furent fabriqués, d'après les mêmes données, avec une feuille
auxiliaire, et trois feuilles pour le ressort proprement dit. Ils se condui-
sirent à l'épreuve de même que les autres. L'auxiliaire , étant circulaire, ces
ressorts ne pesaient que aS'', 5o. On aurait encore diminué ce poids, en don-
nant à l'auxiliaire la seconde forme dont j'ai parlé plus haut. J'ai donné ,
d'ailleurs, des exemples numériques détaillés des méthodes de calcul, en
indiquant les volumes et les poids que l'on obtient pour le ressort, dans
chaque cas.
» J'ai montré comment l'on peut toujours déterminer la pression réci-
proque qui a lieu entre deux feuilles, en un point quelconque d'un ressort,
et le frottement qui en résulte. On en déduit le moyen de reconnaître si les
lames d'un ressort resteront toujours bien en contact, ou si elles bâilleront
quelque part, sous charge.
» Les ressorts de traction se calculent exactement comme ceux de sus-
pension. '
» Quant aux ressorts de choc, j'ai montré comment l'on pouvait ramener
immédiatement leur détermination à celle des ressorts de suspension. »
MATHÉMATIQUES. — Notice sur différents morceaux tirés de manuscrits
arabes et relatifs à l'histoire des mathématiques; par M. le D'' Woepcke.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Sturm, Lamé.)
« Des recherches savantes, entreprises depuis quelque temps par différents
érudits, semblent prouver que l'exploration des manuscrits arabes pourrait
ne pas être sans intérêt pour l'histoire des mathématiques, soit en faisant
mieux connaître le caractère et peut-être le mérite des travaux mathéma-
tiques des Arabes, soit en fournissant des données nouvelles sur le dévelop-
94. .
(7«6)
pement des mathématiques chez les Grecs, maîtres des Arabes, et chez les
anciens peuples de l'Asie.
» Espérant donc pouvoir être utile à la science, j'ai essayé, bien impar-
faitement sans doute, de marcher sur les traces de ces savants distingués, et
j'^i été assez heureux pour faire quelques découvertes qui nie paraissaient
pouvoir contribuer à éclaircir quelques questions historiques. Ce sont ces
prémices que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie.
" Qu'on veuille me permettre, avant d'entrer dans un examen plus dé-
taillé, d'exposer brièvement sur quelles matières portent les morceaux dont
je vais rendre compte. En voici l'indication :
» 1°. Mémoire d'Aboû Sahl Alqoûhî sur une question relative à la sphère
qui ne se trouve pas dans Archimède. Ce problème admet deux inconnues
dépendant chacune d'une équation du troisième degré; l'auteur construit les
racines de ces équations par l'intersection de deux sections coniques, de sorte
que l'une des deux inconnues est représentée par l'ordonnée du point d'in-
tersection, et l'autre inconnue par l'abscisse; en outre, l'auteur discute,
géométriquement et avec une exactitude qui ne laisse rien à désirer, les dif-
férents cas relatifs à la réalité des deux racines conjuguées, et établit, pour
cet effet, des relations très-simples entre les données du problème équivalant
à la relation connue entre les coefficients d'une équation cubique qui décide
si les deux racines conjuguées sont réelles ou imaginaires. Toute la résolu-
tion du géomètre arabe se distingue par une élégance remarquable.
» 2°. Solution mécanique d'un problème de géométrie dépendant d'une
équation du troisième degré que l'auteur construit par un procédé analogue
à la solution du problème des deux moyennes proportionnelles de Platon.
On a remarq\ié que cette solution de Platon était le premier exemple de la
construction mécanique d'un problème géométrique; les Arabes ont donc
su ingénieusement pénétrer dans l'esprit des méthodes grecques et s'en faire
des instruments qu'ils maniaient avec habileté.
»> 3°. Traduction arabe du livre des divisions des surfaces par Euclide, et
comparaison de ce manuscrit avec la traduction du même ouvrage par Dee,
reproduite dans l'édition des œuvres d'Euclide, faite à Oxford par Grégory.
Dans le manuscrit dont il s'a-^it ici, le Traité, composé de trente-six propo-
sitions, est expressément attribué à Euclide, ce qui n'était pas le cas dans
celui traduit par Dee; en outre, notre manuscrit comprend, parmi les figures
divisées, le cercle conformément au passage de Proclus cité dans la préface
de l'édition de Grégory; d'un autre côté, il ne s'y trouve pas de divisions
de pentagones. Enfin, dans la plupart des propositions, il s'y agit d'une di-
( 717 )
vision en deux ou plusieurs parties égales, et seul< ment dans les sept der-
nières propositions d'une division en deux ou plusieurs parties en [)roportion
donnée; au contraire, dans le traité de l'édition d'Oxfoid, les figures sont
toujours divisées en deux parties en proportion donnée.
» 4°- Traduction arabe d'un traité du levier attribué à Eudide. Il est in-
téressant sans doute de trouver un ouvrage de statique chez les Grecs antérieur
à Archimède, surtout si l'on est fondé à l'attribuer à Euclide. Nous remar-
querons que cette supposition est corroborée par un manuscrit latin du xiV
siècle dont l'auteur, après avoir cité le théorème relatif à l'équilibre du le-
vier à bras inégaux , ajoute : Sicut demonstratum est ah Euclide et Archi-
mède et aliis. . •.
» 5°. Passage d'un manuscrit arabe qui semble constater qu'Apollonius
avait donné des développements importants à la théorie des quantités irra-
tionnelles qui fait le sujet du dixième livre des Éléments d'Euclide. Ce pas-
sage est tiré de la traduction arabe d'un commentaire grec sur le dixième
livre des Éléments. Quelques indices nous portent à croire que l'auteur grec
pourrait être Pappus.
» 6". Deux notices tirées d'une bibliographie arabe, dont l'une attribue à
Hipparque un Traité d algèbre, l'autre à Aboiil Wafâ un « commentaire sur
le Traité d'algèbre d'Hipparque. » L'examen de l'ouvrage de Diophante a
prouvé que, sans aucun doute, Diophante n'était pas en même temps l'in-
venteur de la science qu'il développa si prodigieusement. Non-seulement
nous saurions donc à présent à qui reporter l'honneur, sinon de l'invention
de l'algèbre, du moins de sa culture antérieure de beaucoup à Diophante,
mais encore pourrions-nous espérer de retrouver peut-être un jour dans les
manuscrits arabes ce Traité d'Hipparque, document sans doute aussi précieux
qu'intéressant. »
MÉDECINE. — De l'exaltation de Vouïe dans la paraljsie du nerj jacial ;
par M. H. Laridouzy. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Magendie, Rayer, Lallemand.)
« Malgré les travaux de MM. Savart et Flourens sur l'audition , de
MM. Ch. Bell, Magendie, Bérard, Longet, etc., sur la septième paire, un
phénomène curieux et important est resté omis jusqu'à ce jour par les cli-
niciens, c'est l'exaltation de l'ouïe dans la paralysie du nerf facial.
» M. le professeur Roux, rendant compte, il y a trente ans, à l'Institut,
d'une hémiplégie faciale dont il était lui-même le sujet, avait bien signalé
(7i8)
« un ébranlemeot douloureux de la membrane du tympan par les sons un
» peu forts; » mais ce fait était resté isolé, et l'exaltation de l'ouïe n'avait
jamais été notée par aucun patholofjiste , comme symptôme de l'hémiplégie
faciale, lorsqu'il y a deux ans j'en fis l'objet d'une communication verbale
à la Société médicale de Reims.
" Plusieurs observations nouvelles ayant depuis confirmé les conclusions
que j'avais tirées de mes premières remarques, je me crois autorisé à établir
les propositions suivantes.
» Sous le rapport pathologique :
» 1°. L'exaltation de l'ouïe, du côté paralysé, est un symptôme presque
constant de rhémiplép,ie faciale indépendante de toute affection cérébrale;
>' 2°. Cette exaltation paraît en même temps que l'hémiplégie, et dispa-
raît avant elle ;
>' 3°. Elle doit être attribuée à la paralysie du muscle interne du mar-
teau ;
>' 4°- Elle indique que la lésion nerveuse n'est pas située au-dessous du
premier coude de la septième paire;
» 5°. Elle peut exister en l'absence d'hémiplégie faciale;
» 6°. Qu'elle coïncide avec l'hémiplégie ou qu'elle en soit indépendante,
elle disparaît spontanément, complètement, et dans l'espace de quinze
jours à trois mois ;
» '7°. Pour en constater l'existence il est quelquefois nécessaire d'impres-
sionner l'ouïe par un bruit d'autant plus intense qu'on s'éloigne davantage
du début de l'affection ;
" 8°. Un traitement spécial sera presque toujours inutile. Dans le cas où
il deviendrait nécessaire, il consisterait à tamponner l'oreille du côté para-
lysé, et, au besoin, des deux côtés, pour diminuer l'action des ondes so-
nores; à diriger, avec prudence, quelques douches froides ou légèrement
astringentes sur le tympan; et enfin, à galvaniser le nerf facial ou la mem-
brane du tympan. Dans le cas d'hémiplégie, le galvanisme agirait en même
temps contre les deux maladies; et dans le cas d'hypercousie indépendante,
l'action électrique s'étendrait, par la connexion des deux nerfs, jusqu'à
l'intermédiaire.
>• 9°. Sous le rapport physiologique, cette hypercousie dépendante on in-
dépendante de l'hémiplégie, paraît confirmer les inductions de M. le
D' Longet, sur le nerf intermédiaire qui devrait être considéré comme nerf
moteur tympanique , remplissant, pour l'ouïe, le rôle du nerf moteur
oculaire commun pour la vue. »
( 719 )
MÉDECINE COMPARÉE. — Note surV inoculation de la syphilis aux animaux ;
par M. AuziAS-TuRENNE.
(Commissaires, MM. Serres, Andral, Rayer.)
» IjB syphilis est, sans contredit, parmi les maladies de l'homme, une de
celles dont l'étude présente le plus d'incertitudes et d'obscurités. La manière
dont elle se contracte dérobe à l'observateur plusieurs circonstances impor-
tantes, relativement à ses causes , à ses symptômes et à son évolution.
» L'inoculation de cette maladie aux animaux devait donc fournir la
solution de bien des problèmes. Hunier et tous les syphilographes de son
école avaient en vain multiplié les expériences pour arriver à ce résultat.
J'ai été plus heureux, et, {^râce au concours de l'administration éclairée de
la ménajjerie du Muséum , qui m'a permis d'expérimenter sur quelques ani-
maux, et plus particulièrement sur des singes, j'ai pu résoudre un certain
nombre de questions touchant l'étude de la syphilis. . ,
» Dès l'année i844î jai eu l'honneur de faire part à l'Académie des pre-
miers succès que j'avais obtenus. Des objections s'élevèrent contre mon
opinion, et les syphilographes prétendirent que le problème ne serait pas
résolu d'une manière certaine, tant qu'un homme ne se serait pas soumis à
l'inoculation du pus d'un chancre syphilitique que j'aurais donné à un
animal. M. Robert de Welz, professeur agrégé à la Faculté de Médecine de
Wurtzbourg, s'est quatre fois soumis, par dévouement pour la science,
à l'inoculation du pus des chancres que j'avais produits sur un sinj'e
et sur un chat. Ces inoculations ont réussi , et notre courageux confrère a
laissé pendant dix jours s'étendre sur ses deux bras, les quatre chancres
qu'il avait ainsi contractés.
» J'ai rédigé sur cette question, dont je m'occupe depuis six années, un
Mémoire que je me propose de soumettre au jugement de l'Académie, et
dans lequel je développe les détails et les conséquences de mes expériences,
qui sont nombreuses et variées, . . !
.' Mais entre les faits qui m'ont été révélés par ces expériences, il en est
un que je ne veux pas laisser ignorer plus longtemps. Ce n'est pas un fait
que j'annonce légèrement; il m'a été au contraire démontré, sans aucune
espèce d'exception , par toutes les expériences que j'ai faites , et des obser-
vations entreprises sur l'homme sont venues le confirmer. Ce phénomène
établit de grandes analogies entre la syphilis et la petite vérole. Voici en
quoi il consiste.
» Quand on communique à un animal des chancres successifs par inocu-
( 720 )
larion, quel que soit rititervalle qu'on mette dans leur succession, ou de
quelque manière qu'on les combine, le premier chancre se manifeste plus
vite, devient plus large, fournit plus de pus et s'accompagne d'une inflam-
mation plus grande que le deuxième ; celui-ci est au Iroisième ce que le
premier est au deuxième, et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'animal ne puisse
plus en contracter aucun. Cet animal se trouve ainsi vacciné contre la
syphilis, c'est-à-dire que l'état dans lequel il se trouve, relativement à la
syphilis, est analogue à celui clans lequel nous nous tiouvons, relativement
à la petite vérole, après avoir subi l'inoculation du vaccin ou de la petite
vérole. Je désigne cet état par le mot syphiLisation ou par les termes de
vaccination syphilitique. /Les singes sur lesquels j'ai expérimenté sont
actuellement, pour la plupart, dans cet état.
>• Je n'attache pas à ce mot sjphilisation un sens assez net pour préten-
dre qu'il pénètre au fond des choses, et traduise l'essence du phénomène
dont il est question. I^a physiologie et la pathologie ne se prêtent malheu-
reusement pas à une aussi exacte précision. Je ne puis pas non plus décider
si la syphilisation doit impliquer l'idée d'une imprégnation des humeurs ,
plutôt que celle d'une impression particulière produite sur le système m r-
vtux. Sans connaître à fond l'état dans lequel nous place la vaccination ou
l'inoculation de la petite vérole, ne savons-nous pas que cet état nous
exempte, pour un certain temps, de la contagion varioleuse? Eh bien, il en
est de même, quant à la syphilis, de l'état que j'appelle sjphilisation. L'a-
nimal syphilisé se trouve à l'abri de toute contagion syphilitique. Mon Mé-
moire a principalement pour objet l'étude de la syphilisation et de ses con-
séquences. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Mémoire sur de nouveaux procédés et de nouveaux
agents de conservation des matières animales et végétales; par M. Ed.
Robin. (Extrait.)
(Commissair'es, MM. Magendie,Payen.)
Une nombreuse série d'expériences a fait reconnaitie à M. Ed. Robin que
les composés volatils artificiels formés, soit uniquement, soit essentiellement,
de carbone et d hydrogène, constituent une classe spéciale d'agents qui, pa-
ralysant l'action de l'oxygène humide, conservent les substances animales
malgré la présence de ce gaz. Dans cette catégorie, se placent l'éther sulfu-
rique, le chloroforme, le naphte, l'huile de houille brute ou rectifiée, Ihuile
de schiste, l'éther acétique, la benzine, la naphtaline, l'huile d'esprit de
( 7^» )
bois, l'esseuce de caoutchouc, l'essence de pommes de terre, l'essence d'a-
mandes amères, enfin l'éther iodhydrique.
Les matières animales plongées dans ces substances liquides n'y éprouvent
aucune altération putride. Les vapeurs de ces mêmes substances jouissent
également de propriétés antiputrides énergiques. Des morceaux de chair
placés dans des vases clos, au fond, desquels on introduit une éponge im-
bibée de substance conservatrice, retiennent le sang qu'ils contenaient dans
létat frais, et ne décèlent aucune trace de putréfaction, f/auteur conserve
ainsi depuis huit mois, au moyen des vapeurs qui se dégagent d'épongés im-
bibées d'éther sulfurique, de chloroforme, d'huile de houille brute ou recti-
fiée, dans des vases bouchés à l'émeri , des morceaux de viande d'une demi-
livre et d'une livre qui se sont maintenus dans un état de conservation
parfaite. La viande immergée dans de l'eau imprégnée de la vapeur de ces
corps hydrocarbonés paraît aussi se conserver indéfiniment.
M. Ed. Robin, conduit par l'analogie de composition chimique de laquelle
il croyait pouvoir déduire l'e.xistence de propriétés analogues, a découvert
un second ordre de substances qui possèdent à un haut degré la propriété
antiputride. Ce sont les composés binaires de carbone et d'un métalloïde
autre que l'hydrogène. Il a constaté expérimentalement que le sulfure de
carbone, le protochlorure de carbone, l'azoture de carbone, la liqueur des
Hollandais et l'acide cyanhydrique sont, comme les carbures d'hydrogène,
de puissants conservateurs des matières organiques, r^es vapeurs de ces com-
posés, dégagées à la température ordinaire dans des vases clos, conservent
indéfiniment les substances animales qu'on y renferme. A plus forte raison,
cet effet se produit-il lorsqu'on plonge les matières animales dans ces com-
posés liquides. .
Mais il ne suffit pas qu'une substance s'oppose complètement à la putré-
faction, qu'elle garde la forme, le volume et la consistance des objets, il
faut encore qu'elle conserve autant que possible leur couleur. Sous ce rap-
port, le chloroforme, le protochlorure de carbone et l'huile de houille rec-
tifiée sont bien supérieurs aux substances mises en usage jusqu'à présent,
mais ils sont loin d'égaler l'acide cyanhydrique. Dès l'instant oi'l la vapeur
que dégage cet acide à la température ordinaire sature l'air contenu dans un
vase clos, tout pouvoir d'altération est paralysé; la uiatière animale est fixée
à l'état où la vapeur l'a trouvée; il n'y a plus d'altération ni dans la couleur
ni dans aucune des propriétés physiques. Des morceaux de chair musculaire
d'un petit volume, suspendus depuis huit mois dans des flacons bouchés à
l'émeri au fond desquels se trouve, soit une éponge imbibée d'acide cyan-
C. E., i85o, 1'"' Semestre. (T. XXXI, No2i.) gS
( 722 )
hydrique an septième, soit ce liquide lui-même, ont maintenant toute la
fraîcheur, tous les caractères extérieurs qu'ils présentaient au moment où ils
ont été mis en expérience.
Néanmoins , sous les rapports réunis de la modicité du prix , de l'intensité
du pouvoir antifermentescible général, de la rapidité de l'opération et de la
conservation des propriétés physiques, M. Ed. Robin n'a trouvé, parmi les car-
bures d'hydrogène et leurs analogues les composés liquides de carbone et
d'un métalloïde autre que l'hydrogène, aucune substance qui présente au
même degré les avantages de l'huile de houille.
La vapeur qui s'exhale d'une éponge imbibée d'huile de houille brute ou
rectifiée, conserve, avec leur forme, leur volume, leur flexibilité et une
belle couleur d'un rouge brun , des morceaux de chair disposés dans un
vase bien bouché. Aucun liquide ne sen écoule, et l'on peut, à volonté et
tout à son aise, les retirer du vase, les étudier et les disséquer.
Les matières animales qui , par une immersion suffisante dans l'huile de
houille, ou par une exposition prolongée aux vapeurs qui s'en dégagent, se
sont bien imprégnées du liquide, sont désonnais à l'abri de toute putréfac-
tion dans l'air. Retirées du liquide ou de la vapeur, elles se dessèchent et de-
viennent dures comme du bois, si on les laisse à l'air libre; elles conservent ,
au contraire, leur volume et leur consistance si on les met dans des vases
bouchés où l'évaporaiion de l'eau ne puisse avoir lieu.
L'huile de bouille très-rectifiée offre, sur l'huile brute, l'avantage de
nftoins altérer la couleur et de conserver aux chairs une apparence de fraî-
cheur remarquable. Elle pourra d'ailleurs, vu le peu d'élévation de son
prix, être mise en usage dans tous les eas où il est utile de changer le moins
possible la couleur des objets.
On pourrait, si cela était nécessaire, activer beaucoup la préparation
des pièces, en facilitant par la chaleur l'évaporation du liquide; on obtien-
drait ainsi une vapeur plus dense et plus pénétrante.
M. Ed. Robin pense que l'on pourrait appliquer avec avantage l'huile de
houille brute ou rectifiée à l'embaumement des corps et à la conservation
des cadavres pour les dissections, à la conservation des pièces anatomiques,
au tannage des cuirs et à la préparation des cuirs de Russie , à la destruction
des insectes qui attaquent les collections d'histoire naturelle, les bois, les
céréales et les différentes graines, à la conservation des bois, et enfin à la
conservation des céréales et de toutes les graines en géoéral.
( 7^3 )
CHIMIE OYiGAmçiVE. — Considérations chimiques et thérapeutiques sur les sels
d'argent,- par M. le docteur Delioux. (Extrait.)
(Commissaires, MiVT. Pelouze, Andral, Lallemand.)
M. Delioux s'est proposé dans ce travail de déterminer le rôle précis
que jouent les sels alcalins et les matières alburainoïdes ou protéiques des
humeurs organiques dans l'absorption, l'assimilation et le mode d'action in-
time d'une série déterminée de composés métalliques, des sels d'argent.
" On admet, dit M. Delioux, que l'azotate d'argent et les sels de ce
métal sont transformés dans l'estomac par les chlorures alcalins en
chloro-argentates alcalins solubles et immédiatement absorbables. Mais
les chlorures alcalins ne forment avec le chlorure d'argent des chlo-
rures doubles que lorsqu'on fait réagir à la température de l'ébullition
des dissolutions concentrées de chlorures alcalins sur le chlorure d'ar-
gent; et ce nouveau sel est décomposé par l'eau qui tenait en disso-
lution le chlorure alcalin. Ainsi, en admettant que l'azotate d'argent soit
transformé dans l'estomac en chlorure d'argent , et que ce dernier, sous l'in-
fluence des chlorures alcalins, soit ultérieurement transformé en chloro-
argentate alcalin , ce nouveau chlorure double ne serait pas une substance
immédiatement absorbable, puisque, décomposé par l'eau, il donnerait
lieu à la formation d'un composé insoluble, ce même chlorure d argent dont
il est impossible d'expliquer la dissolution et l'absorption en ne tenant
compte que de l'action des chlorures alcalins. On peut assurer, d'ailleurs,
qu'à la température du corps humain et dans l'état de dilution où les chlo-
rures se trouvent dans les liquides organiques, il est impossible d'admettre
la formation d'un chloro-argentate alcalin. L'expérience prouve, en effet ,
que si Ion fait réagir, pendant une heure, à une température variant entre
55 et 20 degrés une dissolution de chlorure de sodium et de chlorhydrate
d'ammoniaque sur du chlorure d'argent récemuîent préparé, le précipité
obtenu ne décèle aucune trace d argent. Mais si Ion fait intervenir dans la
réaction des éléments organiques, on arrive à des résultats différents. D une
série d'expériences relatées par M. Delioux, il résulte que les humeurs or-
ganiques possèdent, dans la réunion de leurs éléments salins et albumi-
noïdes, un réactif susceptible de transformer l'azotate d'argent, et proba-
blement tous les autres composés de ce métal , en une combinaison soluble
et absorbable autre que le chlorure d'argent ou un chloro-argentate alcalin.
95..
( 7^4 )
En outre , les matières albumiuoïdes impriment aux dissolutions argentiques
des caractères spéciaux et dénaturent leurs réactions ordinaires, de telle
sorte que tous les réactifs de l'argent, excepté l'acide suif hydrique, au lieu
de fournir les précipités colorés si caractéristiques, éclaircissent générale-
ment la dissolution et semblent augmenter la solubililé du composé argento-
protéique. »
De ces faits chimiques on doit conclure, suivant M. Delioux , qu'il y a
lieu de modifier le mode d'administration des sels d'argent, et qu'il convient
de les associer à l'albumine et aux chlorures alcalins, afin de faciliter leur
absorption. C'est surtout en l'employant sous forme de lavement que l'au-
teur a eu occasion de juger des avantages de l'administration de l'azotate
d'argent en dissolution dans l'eau albumineuse chlorurée.
Passant au point de vue toxicologique, M. Delioux s'exprime ainsi : « Si
l'azotate d'argent, en présence des matières albuminoïdes, n'est pas précipité
par le chlorure de sodium , comme je crois l'avoir démontré , ce dernier sel ne
saurait être considéré comme le contre-poison du sel d'argent , puisqu'ils ne
peuvent réagir l'un sur l'autre dans l'estomac qu'en présence des éléments
albumineux des liquides sécrétés par ce viscère. L'eau salée ne sera donc utile
qu'en transformant le sel d'argent en un composé qui n'exercera plus d'action
caustique sur la muqueuse gastrique. Pour décomposer l'azotate, comme tout
autre sel d'argent soluble, et déterminer la formation d'un précipité complè-
tement insoluble, il faut recourir au protosulfure de fer hydraté, signalé par
M. Mialhe, et qui s'applique au traitement chimique de la plupart des
empoisonnements métalliques. »
En terminant , M. Delioux appelle l'attention sur la propriété que possède
le lait de précipiter les dissolutions d'azotate d'argent, même en présence
de l'albumine, et il croit pouvoir en conclure que le lait serait un contre-
poison efficace des sels d'argent. Ce sera le sujet d'expériences qu'il se pro-
pose de faire sur les animaux.
TECHNOLOGIE. — Mémoire sur les calcaires de la basse Bretagne; par
M. HORLIN.
(Commissaires, MM. Éhe de Beaumont, de Gasparin, Payen.) "
Dans ce nouveau Mémoire, l'auteur complète les renseignements qu'il
avait présentés dans son premier travail adressé à l'Académie au mois de
mars de cette année, et donne le résultat des explorations nombreuses
(7»5)
auxquelles il s'est livré pendant le cours de l'été. 11 adresse, en outre, un
échantillon de chaux de coquilles jetées, à la température du rouge-cerise,
dans une fosse i-emplie d'eau de mer, d'où elles sont retirées, après leur satu-
ration, pour être répandues sur les terres dont elles accroissent notablement
la fertilité.
CORRESPONDANCE.
M. le Directeur de l'Administration des Douanes adresse un exemplaire
du tableau général du commerce de la France avec ses Colonies et les Puis-
sances Etrangères pendant l'année 1 849- [J^oir au Bulletin bibliographique. )
M. Héricart de Thury fait hommage à l'Académie , au nom du D' Doinen-
get, d'une Notice imprimée portant pour titre : Nouveau recueil défaits et
observations sur les eaux de Challes, en Savoie. ( P^oir au Bulletin bibliogra-
phique.)
CHIMIE. — Sur la composition chimique de l'air. ( Extrait d'une Lettre
de M. Léwy à M. Boussingault.)
« Depuis le mois de mars i85o, jeme suis constamment occupé de l'ana-
lyse de l'air, pris dans la ville de Santa-Fé de Bogota, et, dernièrement, je
suis arrivé à des résultats bien extraordinaires , en ce qui concerne la pro-
portion d'acide carbonique. J'ai trouvé, en août et septembre, jusqu'à 47 vo-
lumes de cet acide, dans loooo volumes d'air, tandis que dans les mois de
mars , avril , mai , juin et juillet la quantité d'acide carbonique n'a jamais été
au-dessus de 3 à 4 pour la même quantité dair. Je crois être parfaitement
sûr de mes expériences : toutes ont été faites à l'aide des méthodes les plus
précises...
» Mes expériences sur l'air atmosphérique recueilli à la surface de l'océan
Atlantique, pendant ma traversée , ont décelé un fait nouveau et très-général
puisqu'il s'est manifesté dans toutes les analyses; c'est que cet air, pris pen-
dant le jour, renferme plus d'oxygène et plus d'acide carbonique que l'air
puisé durant la nuit. Je ne crois pas que cette différence de composition ait
été constatée jusqu'à présent. Toutes mes analyses, sans exception, confir-
ment ce résultat : plus d'acide carbonique et plus d'oxygène le jour que la
nuit; les différences sont plus prononcées par un ciel découvert que par le
Azote.
Acide carbonique.
78.88637
0 . oooSSgo
79 . 00660
o.ooo3336
( 726)
mauvais temps. Je preûds , au hasard , les résultats de deux analyses d'air pris
en mer à une grande distance de la terre ferme :
» 18 décembre 1847, à 3 heures de Taprès-midi, beau temps; vent d'est;
brise assez forte; température de l'air, 24 degrés centigrades; latitude nord,
21 "9'; longitude ouest, 4a°25';
" 4 décembre 1847, ^ ^ heures du matin, beau temps; vent nord-ouest;
brise assez forte; température de l'air, i3 degrés centigrades; latitude nord ,
47 degrés; longitude ouest, i3 degrés.
Composition de l 'air en volume.
Oxygène.
18 décembre, jpur 21 .05973
4 décembre, nuit • . 20.96084
La différence, comme vous voyez, est très-appréciable, puisqu'en exécutant
les analyses avec l'eudiomètre de M. Regnault, je crois pouvoir répondre
derë:Vôô«ie volume....
» On pourrait peut-être expliquer cette plus forte proportion d'oxygène
dans l'air recueilli le jour, en admettant que le soleil, échauffant la surface
de la mer, provoque un dégagement de l'air dissous dans l'eau : air plus
riche en oxygène que l'air de l'atmosphère. On concevrait dès lors que la
couche d'air en contact avec la mer en ftit affectée dans sa composition . »
PHYSIQUE. — Nouveaux renseignements sur le procédé de photographie sur
papier (épreuve positive); par M. F. Bousigues.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
" 1°. Papier. — W est essentiel de rejeter tous les papiers qui n'auraient pas
assez de consistance, ou qui, étant trop glacés, laisseraient voir le jour
comme à travers une multitude de pores. Au reste, la première préparation
fera distinguer aisément la qualité du papier. Il faut qu'étant plongé dans
l'eau, il conserve une couleur blanche très-uniforme et ne laisse pas aperce-
voir sa trame. Les papiers français, contenant de l'amidon, sont en général
très-rapides.
>' of. Dissolution d'argent. — On sait que les sels d'argent sont sensibles
à la lumière; il convient donc de les préparer et de les conserver dans un
endroit obscur. Il ne faudrait pas croire que plus cette dissolution serait
( 727 )
concentrée , plus elle donnerait de sensibilité au papier. Les nombreuses
expériences que j'ai faites m'ont au contraire donné la certitude, que la
sensibilité augmente à mesure qu'on étend la dissolution. Néanmoins, il
est une limite qu'il convient de pe pas dépasser. On pourra prendre comme
terme moyen : 5 grammes d'azotate neutre d'argent pour 3o grammes d'eau
distillée.
» 3°. lodage. — Le papier soumis aux vapeurs de l'iode se couvre quel-
quefois de taches violettes ou d'une couche d'un blanc métallique. Ces deux
effets ont lieu, lorsque l'azotate d'argent n'a pas été également étendu sur
le papier, ou qu'il produit à sa surface une trop grande humidité.
" 4°- Objectifs. — Comme il arrive ordinairement que l'image est plus
éclairée au centre qu'aux extrémités, il est bon de se servir de lentilles ca-
pables de produire des images plus grandes que celles qu'on veut obtenir,
par exemple d'un objectif demi-plaque pour un châssis un quart. Les parties
éloignées du centre seront alors éclairées, et l'on obviera par ce moyen ;i un
grave inconvénient, celui de n'avoir trop souvent que des résultats partiels.
'1 5°. Exposition à la lumière. — Si l'on voulait se contenter d'une
épreuve négative, le temps de l'exposition importerait assez peu; car si
vingt secondes suffisent pour l'obtenir, on pourrait en mettre quarante,
cinquante, cent et même plus sans s'exposer à manquer son expérience.
L'image rendue visible par le mercure serait toujours fort belle; mais le
temps qui convient pour avoir un résultat positif est moins facile à saisir.
Si la feuille de papier soumise aux vapeurs mercurielles prend un ton noir
général, c'est une preuve certaine que la pose n'a pas été assez prolongée;
si au contraire le papier conserve partout sa blancheur, elle a été trop
longue. Entre ces deux points extrêmes il y en a deux intermédiaires qu'il est
essentiel de rencontrer, selon qu'on désire une épreuve positive ou négative.
)i On pourrait avec une très-grande facilité obtenir par ce procédé des
épreuves sur verre, en employant soit la gélatine, soit l'albumine ou
les substances amylacées, d'après les méthodes publiées récemment par
MM. Blanquart-Evrard, Niepce de Saint- Victor, etc.; mais les résultats,
quoique ordinairement très-beaux, ne dédommagent pas toujours de la lon-
gueur des préparations. »
MÉTÉOROLOGIE.— iVo^e sur les Étoiles filantes présentée par MM. Goulvier
Gravier et Saigey (communiquée par M. Le Verrier.)
« Nous avons l'honneur de vous communiquer nos observations d'étoiles
filantes, à partir du maximum d'automne jusqu'à ce jour, maximum arrivé au
( 7^8 )
a 7 octobre, à peu de cbose près comme l'année dernière. Depuis lors, le
nombre des météores a continuellement diminué, ainsi que vous le verrez
par les nombres horaires suivants , ramenés à minuit et au ciel serein :
Am£E.
1880.
DURËC
NOMBRES HORAIRES
MOYENNES
DATES.
de robservation.
moyens.
de 4 «■> 4-
Octobre
25
h m
o.3o
20 étoiles.
.
26
27
0.45
4. 0
23 étoiles.
32 étoiles.
25 étoiles.
29
4. 0
19 étoiles.
3o
1 .3o
20 étoiles.
Novembre
I
3
i.i5
1 .3o
25 étoiles. 1
23 étoiles.
20 étoiles.
4
4. 0
i5 étoiles.
5
1.45
12 étoiles.
6
8
3.45
4. 0
i5 étoiles.
17 étoiles. '
16 étoiles.
9
5. 0
16 étoiles.
10
5. 0
16 étoiles.
12
i3
3.3o
5.45
17 étoiles. 1
i4 étoiles.
> 16 étoiles.
'4
4. 0
17 étoiles.
i5
2.3o
19 étoiles.
» On voit ici qu'il n y a point eu d'apparition extraordinaire pour le
12 novembre, et que la régularité du phénomène n'a point été troublée.
Nous vous avions annoncé précédemment que le nombre horaire moyen au
la novembre serait environ 18. De fait, nous l'avons trouvé de 17; mais
l'observation n'ayant pu se faire qu'à travers des éclaircies , au lieu de ce
nombre, il vaudra mieux prendre la moyenne 16 (du 10 au i4 novembre).
Il résulte de ces faits une première probabilité, très-faible il est vrai, que
l'apparition extraordinaire de 1867, admise par Olbers, n'aura point lieu, et
que les apparitions extraordinaires de 1799 et i833 n'étaient que des acci-
dents, qui peuvent se présenter au la novembre comme à toute autre époque
de l'année. Mais, dans tous les cas, l'apparition d'un maximum extraordi-
naire sera toujours progressive et non subite; comme, par exemple, celle du
10 août, qui embrasse deux mois entiers. »
( 7^9 )
M. Le Verrieb communique l'extrait d'une Lettre de M. Hind , contenant
deux observations de la planète découverte le 2 novembre i85o, par
M. de Gasparis. Ces observations ont été prises avec le micromètre à fils,
lietoile de comparaison était I. SgS du Catalogue de PFeisse.
Temps moyen
i85o. (lo Greenwich. ^ g
Novembre 12. .. g''52"'5" i''5i'"2i%87 +8» 17' 10" ,6
14... 6.27.3 1.47.35,09 -t- 8. ai. 28, 3
M. Ch. Gerhardt prie l'Académie de vouloir bien le comprendre au
nombre des candidats pour la chaire de chimie, vacante au Collège de
France. M. Gerhardt joint à sa demande une Notice sur ses travaux.
(La Lettre et la Note M. Gerhardt sont renvoyées à la Section de Chimie.)
M. PicuoN adresse, pour le concours des prix relatifs aux moyens de
rendre un art ou un métier moins insalubre, une brochure imprimée por-
tant pour titre : appareil à chauffer les peignes à laine et à cachemire par
la vapeur.
M. DE Chavagneux communique l'observation suivante :
« Hier dimanche, entre 1 1 heures et minuit, la lune était entourée d'un
grand cercle obscur dont le diamètre mesurait un angle de près de 60 de-
grés. Au delà, l'atmosphère redevenait brillante, et cela d'autant plus qu'elle
se rapprochait plus de la circonférence du grand cercle obscur, qui, lui,
n'était éclairé qu'autour de la lune par une auréole ordinaire de a ou 3 de-
grés. »
A l'occasion du Mémoire lu par M. le D' Bourguignon dans la dernière
séance, M. le D' Ernest Bazin adresse une réclamation de priorité l'elative-
ment à l'emploi de la méthode des frictions générales qu'il a substituée,
dans le traitement de la gale , à la méthode des frictions partielles en usage
avant lui.
La réclamation de M. Bazin est leuvoyée à la Commission nommée pour
examiner le travail de M. Bourguignon.
M. le D' Durand (de Lunel) envoie une réclamation de priorité relative
à la communication faite, dans la séance du 4 novembre, par M. Guindet,
sur la nature, les causes, le siège, etc., du choléra. Dans un Mémoire publié
C. R., i85o, 1"" Stmejtre. (T. XXXI, K-SI.) 9^
( 73o )
dans la Gazette médicale de Paris, n"' des 22 et 29 septembre 1849,
M. Duraad avait exposé et développé les propositions qu'a émises M. Gnindel.
(Renvoyée à la Commission nommée pour la communication de
M. Guindet.)
M. NoRY-DupAR communique la découverte qu'il vient de faire de gise-
ments de marbre dans la commune de Radon (Orne), à deux lieues d'Alen-
çon.
Il a fait ouvrir une carrière et pratiquer des fouilles sur une étendue de
aS pieds de longueur sur 20 pieds de profondeur. On en a extrait un bloc
pesant 800 livres, qui a été trouvé très-près de la surface du sol. Au fond tie
la carrière, on a rencontré le sable. Dans les intervalles qui séparent les
blocs , on a introduit de longues percbes et l'on a constaté que ces vides se
prolongent à des profondeurs considérables dans une direction oblique par
rapport à la surface du sol.
Avant de s'engager dans une exploitation plus complète, M. Nory-Dupar
désirerait avoir l'avis d'une Commission de l'Académie sur la valeur réelle de
sa découverte. Il envoie un échantillon du marbre de Radon: ce marbre est
bleu turquin veiné de blanc; il présente quelques défauts de poli que
M. Nory-Dupar attribue à la position qu'occupait le bloc d'où il a été tiré.
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Constant Prévost.)
M. Delfrayssé fait connaître à l'Académie un procédé de son invention
pour empêcher le blé de germer dans ses réservoirs et pour le conserver in-
définiment à l'abri de toute altération. Ce moyen consiste à soumettre le
grain à une compression permanente dans un appareil particulier.
M. Decaisne est prié d'examiner si cette communication peut faire l'ob'et
d'un Rapport.
M. le D' Dozous écrit de Lourdes (Hautes-Pyrénées) qu'il possède des os-
sements humains fossiles, et qu'il se propose de les déposer dans un muséum
d'histoire naturelle où les paléontologistes pourront les étudier.
M. Brachet adresse le résultat de ses recherches sur l'application des
miroirs à échelons au télescope catadioptrique de Newton.
L'Académie accepte le dépôt d'un paquet cacheté présenté par M. Bo-
BIBRRE.
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
(75i )
COMITE SECRET.
M. Païen, au nom de la Commission des prix relatifs aux moyens de
rendre un art ou un métier moins insalubre [années 1849 et i85o), fait un
Rapport dont voici les conclusions :
1°; Une récompense de cinq cents francs est accordée à M. Mallst, pour
ses procédés dépuration du gaz d'éclairage par le chlorure de manganèse ;
2°. Une récompense de cinq cents francs est accordée à M. Cavaillon,
pour ses procédés dépuration du gaz déclairage par le sulfate de chaux.
M. Cauchy, au nom de la Commission chargée de juger les Mémoires
adressés pour le grand prix des Sciences mathématiques, année i85o, fait
un Rapport dont les conclusions sont les suivantes :
Aucun Mémoire n'ayant été jugé digne du prix, la Commission propose
de remettre la question à l'année i853.
La séance est levée à 5 heures et demie. F.
bulletin bibliographique.
Ij' Académie a reçu, dans la séance du 18 novembre i85o, les ouvrages
dont voici les titres :
Com.ptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
2°" semestre i85o; n° 20; in-4*'.
Administration des Douanes. — Tableau général du commerce de la France
avec ses Colonies et les Puissances Etrangères , pendant l'année 1849. Paris, x85o;
I vol. in-fol.
Tableau de la nature, édition nouvelle avec changements et additions impor-
tantes, et accompagnée de cartes; par M. A. de Humboldt; traduite par
M. Ch. Galusky; tome I". Paris, i85o; i vol. in-12.
Recheiches sur l'association de l'argent aux minéraux métalliques et sur les
procédés à suivre pour son extraction; ^ar MM. Malaguti et Durocher. Paris,
i85o; i vol. in-8°.
Nouveau recueil défaits et observations sur les eaux de Challes en Savoie; par
M. le D' DoMENGET; broch. in-8°. Chambéry, i845.
( 732 )
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 25 NOVEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
RAPPORTS.
MÉCAJSiQUE PHYSIQUK ET EXPÉRIMENTALE. — Rapport sur un Mémoire de
M. le colonel du génie Lesbbos, intitulé : Expériences hydrauliques rela-
tives aux lois de lecoulemeul de Feau , etc. , entreprises à Metz, dans les
années 1828, 1829, i83i et i834.
( Commissaires , MM. Arajjo , Regnault , Piobert , Morin , Poncelet rapporteur. )
« Cet ouvrage, qui se compose de trois cent douze pages de texte, de
quarante-trois tableaux embrassant plus de deux mille expériences , et d'un
atlas de trente-sept grandes planches concernant la description des appareils
et de divers phénomènes relatifs au mouvement des liquides, a été transmise
l'Académie, dans sa séance du 22 juillet dernier, par M. le Ministre de la
guerre, avec invitation de lui faire parvenir une copie du Rapport qui aura
été fait sur ce travail.
» Ti'Académie se rappelle, en effet, que c'est sous les auspices et aux frais du
Département de la guerre que, déjà, la première série de ces expériences a été
entreprise à Metz, en 1827 et 1828, dans le but de fournir à l'enseignement
de l'École d'application de l'artillerie et du génie, ainsi qu'aux services pu-
bUcs et aux ingénieurs en général, des moyens de jaugeage pratiques et
dénués des incertitudes attachées aux résultats des anciennes expériences
C. a., l85o, a"" Semestre. (T. XXXI, !M» S2.) 97
* ( 734 )
(Rapport (i) d'une Commission composée de MM. de Prony, Navier et
Girard, 2 mai i83i, et Recueil des Savants étrangers, t. 111, année j832).
Ces expériences ont été continuées, dans les années 1828, 1829, i83i et
1834, par M. Lesbros, avec la plus louable persévérance et un esprit de
rectitude, un sentiment des besoins de la science et de ses applications vrai-
ment très-reraarqiiables.
» Les nombreux résultats qui se trouvent consignés dans le Mémoire de
cet ingénieur, seront d'une grande utilité pour toutes les questions ou tra-
vaux qui se rattachent aux théories de l'hydraulique, à l'établissement des
écluses et prises d'eau de la navigation ou des fortifications, des usines et
des systèmes d'irrigation. Malgré de savantes et laborieuses recherches dues
aux hommes les plus éminents, la solution pratique de ces importantes ques-
tions manquait encore, en effet, d'une fouie de données essentielles, en
l'absence desquelles les ingénieurs et les propriétaires d'usines en particulier,
ont souvent été entraînés dans des appréciations erronées , relatives au tra-
vail des moteurs hydrauliques ou au règlement des cours d'eau, et, par
suite, dans des contestations, dos procès même, fort préjudiciables aux inté-
rêts de tous. Aussi, depuis l'impression des premières expériences, dont il
vient d'être parlé, dans les Mémoires des Savants étrangers de l'académie,
le public éclairé attendait-il avec la plus vive impatience la production du
résultat des nouvelles recherches de M. Lesbros, dont le long retard, mo-
tivé dans les premières pages du Mémoire qui nous occupe, tient à des
causes souvent pénibles et toujours indépendantes du fait même de sa
volonté.
" L'importance scientifique que nous attachons au travail de M. Lesbros,
et sa haute utilité pratique, nous engagent à faire connaître ici, avec quel-
ques développements, le but qu'il a cherché à atteindre dans ses nouvelles
expériences, et les principaux résultats auxquels il est parvenu.
» Les expériences de 1827 et 1828 avaient eu spécialement pour objet
la détermination des coefficients numériques qu'il est nécessaire d'appliquer
aux formules de la dépense théorique, pour obtenir la dépense effective des
orifices en minces parois planes, à contraction complète, ou entièrement
isolés du fond et des parois latérales du réservoir. A cet effet , on avait
choisi, comme point de départ et pour type, un orifice rectangulaire
vertical de o"',2o de base, dont ou a fait varier la hauteur depuis o™,oi
(i) Ce Rapport a été inséré dans les Annales des Ponts et Chaussées , i" année , i83i . Le
iMémoire lui-même, a été présenté et lu à l'Académie des Sciences en 1829.
( 735 )
jusqu'à o^jao; les charges, sur cette base, devant elles-rnêraes varier de
zéro à 2 mètres, et les réservoirs alimentaires ayant des dimensions très-
considérables. I-es résultats déduits de ces expériences normales et éta-
blies avec un degré de précision peu ordinaire, ont été généralement adop-
tés par les auteurs et les ingénieurs hydrauliciens, tant en France qu'à l'é-
tranger.
» Ces premières expériences, si précieuses en elles-mêmes, ne pouvaient
néanmoins satisfaire aux plus pressants besoins de la pratique, quoiqu'elles
foui-nissent un élément essentiel pour le jaugeage des cours d'eau, élément
qui a dernièrement servi de base à l'établissement d'un étalon de me-
sure légale chez l'une des nations voisines, dont, pour le dire en passant, il
est regrettable que l'exemple ne soit pas généralement suivi. En effet, les
pertuis des usines et des écluses sont, presque toujours, ouverts dans des
cloisons épaisses, plus ou moins rapprochées des autres parois du réservoir,
qui, elles-mêmes d'une étendue variable, sont tantôt parallèles, tantôt
obliques à l'axe du pertuis et terminées carrément à leurs extrémités d'a-
mont, ou arrondies suivant la forme contractée de la veine fluide, de ma-
nière à présenter une véritable embouchure. Le plus souvent aussi, les
bords de l'orihce sont prolongés , au dehors du réservoir, par un canal ou
coursier de longueur et d'inclinaison variables, servant à diriger les eaux
sur les roues hydrauliques ou vers des décharges inférieures. Enfin , ils sont
quelquefois recouverts, plus ou moins, par les remous ou par l'eau du bief
d'aval. Or on conçoit, à priori, que ces diverses circonstances doivent ame-
ner des modifications essentielles dans les lois de l'écoulement et le débit
des orifices. Telle est aussi la tâche immense, non moins que délicate, que
M. Lesbros s'est imposée dans ses dernières expériences, et dont nous allons
essayer de rendre un compte très-succinct à l'Académie.
» Dans les vingt et une premières séries, comprenant environ onze cents
expériences, si l'on tient compte de celles qui ont été généralement répétées
trois fois, pour chaque charge distincte, afin d'arriver à des moyennes dé-
nuées de toute incertitude, dans ces vingt et une séries, disons-nous, l'au-
teur s'est occupé des orifices fermés à la partie supérieure et débouchant
librement dans l'air, mais avec des dispositifs variés dont nous avons donné
l'indication ci-dessus, et il présente, dans douze tableaux, les résultats dé-
taillés qu'il a ainsi obtenus pour chaque dispOï.itif. Ces tableaux, comme
ceux dont il sera fait mention ci-après, sont divisés en deux parties rela-
tives : l'une, au cas où l'on mesure la charge en un point du réservoir où le
liquide est parfaitement stagnant, et l'autre, à celui où l'on relève cette
97- •
(736)
charge très-près et en amont de l'orifice, ainsi que cela se pratique d'ordinaire.
Chacune de ces parties comprend les données de l'expérience, les éléments
et résultats des calculs relatifs aux dépenses théoriques ou effectives, ainsi
que le coefficient numérique qui s'en déduit et dont on peut, de cette ma-
nière, contrôler l'exactitude. Une colonne d'observations contient tous les
renseignements qui intéressent le mode et les circonstances de l'écoulement.
La légende qui précède ces divers tableaux et les litres qui les accompa-
gnent, mettent le lecteur en mesure de recourir immédiatement aux figures
qui représentent, sur l'atlas, le dispositif concernant chaque série distincte
d'expériences.
» Enfin, ces tableaux détaillés ont fourni à l'auteur le moyen de dresser,
à la fin de l'ouvrage, pour chaque orifice, une table d'interpolation qui
fait immédiatement connaître les coefficients numériques de la formule
pratique ou théorique correspondante, et cela pour toutes les charges, sur
le sommet, comprises entre o et 3 mètres. Les planches de l'atlas con-
tiennent, en outre, les courbes qui ont servi à élablir ces dernières tables,
aussi bien que les profils, cotés, des différentes sections transversales ou
longitudinales du courant liquide, tant dans l'intérieur qu'en dehors du ré-
servoir; ce qui donne à M. Lesbros les moyens d'en déduire des conséquences
utiles relativement à la contraction de la veine fluide, aux remous, etc.
Ces différentes données, à cause de l'exactitude qui les caractérise, permet-
tront aussi, à ceux qui s'occupent de recherches concernant l'hydraulique ,
d'étudier ou de découvrir quelques-unes des lois de l'écoulement des fluides,
restées jusqu'ici inaperçues ou obscures, faute des éléments d'expérience
indispensables.
» Les observations précédentes s'appli([uant à toutes les autres séries
d'expériences, nous n'y reviendrons plus.
» Les treize séries suivantes comprennent cinq cent vingt-six expériences;
elles concernent les mêmes orifices, prolongés au dehors du réservoir par
des canaux ou coursiers rectangulaires, de diverses longueurs et inclinai-
sons, dans lesquels néanmoins, le régime des eaux ne peut parvenir à l'uni-
formité, et d'où l'eau s'échappe librement par l'extrémité inférieure. Les cinq
ou six tableaux qui contiennent les résultais détaillés de ces séries d'expé-
riences, présentent, de plus que les douze précédents, des colonnes relatives
à la vitesse moyenne du liquide en divers points du canal de fuite, déduite
du relevé géométrique des sections transversales en ces points, et dont on
a comparé les valeurs à celles qui se rapportent aux charges de liquide,
prises généralement au-dessus du centre de l'orifice, et quelquefois au-dessus
( 73? )
du sommet de la veioe contractée, quand elle suivait exactement le fond du
canal ou coursier.
» Avant de quitter le dispositif qui se rapporte à ces diverses séries d'ex-
périences, nous croyons utile de mentionner les résultats très-importants,
auxquels M. Lesbros est parvenu en cherchant à déterminer l'influence ab-
solue du rapport de la largeur à la hauteur des orifices. Déjà, dans le Mé-
moire de 1829, on s'était demandé si l'accroissement remarquable du coef-
ficient de la dépense pour les très-petites ouvertures de vannes, tenait uni-
quement à l'influence de la diminution de la contraction, résultant du rap-
prochement même des bords horizontaux de l'orifice. Pour lever toute
espèce d'incertitude à cet éfjard, l'auteur a entrepris une suite d'expériences
sur un orifice rectangulaire, de o™,6o de longueur sur 0^,02 de largeui',
placé tantôt dans le sens horizontal, tantôt dans le sens vertical; il a ainsi
constaté que, en mesurant la charge sur le sommet de cet orifice, et se ser-
vant de la formide qui tient spécialement compte de l'influence de son
ouverture, le coefficient numérique à appliquer à cette formule avait, entre
certaines limites du rapport de la plus grande à la plus petite des deux di-
mensions , la même valeur dans les deux dispositions de l'orifice. Ce résultat
s'est également reproduit dans le cas où la plus grande de ces dimensions a
été réduite à o",20 et à o"',o5. Enfin, l'auteur a constaté, sur un orifice
carré de 2 centimètres de côté , qu'effectivement l'augmentation du coef-
ficient tient au rapprochement même des bords opposés de l'ouverture. C'est,
d'ailleurs, en se fondant sur cette étude approfondie de linfluence du rap-
port des dimensions des orifices rectangulaires, que M. Ijcsbros a expliqué
les anomalies que paraissent offrir les résultats obtenus par quelques auteurs.
" Nous signalerons encore, à propos des orifices débouchant librement
dans l'air, la série d'expériences relatives aux dépenses des pertuis fermés,
ou non, par des vannes de 5 centimètres d'épaisseur, et offrant toutes les com-
binaisons qui se rencontrent le plus souvent dans la pratique , la largeur hori-
zontale de l'orifice étant de 60 centimètres et sa hauteur ayant varié depuis 3
jusqu'à 40 centimètres. lie fait le plus remarquable offert par ces expériences,
qui seront spécialement utiles aux ingénieurs, c'est que la dépense se trouve,
en général, augmentée d'une manière notable par rapport à celle qui avait
lieu sans la présence de la vanne, de ses feuillures et de son seuil; résultat
qui trouve une explication naturelle dans les phénomènes de contraction et
de mouvement de la veine, observés par M. Lesbros, et scrupuleusement
décrits en son Mémoire.
» Dans une série particulière de quarante-neuf expériences , cet ingénieur
( 738 )
a étudié l'effet produit sur la dépense, par des remous artificiels obtenus en
barrant transversalement, siii' diverses hauteurs, rextrémité du canal qui
formait, dans les séries précédeutes, le prolongement exact des bords de
i'oiifice^ Il se servait , à cet effet, d'une planche taillée en biseau vers l'aval,
et par-dessus laquelle le liquide s'écoulait en forme de déversoir. Ce dispo-
sitif permettait de faire recouvrir plus ou moins complètement , par le re-
mous, la veine sortant de l'orifice d'écoulement, de manière à pouvoir étu-
dier ainsi l'uu des cas les plus obscurs de l'hydraulique pratique, et que les
expériences de Bossut et de Dubuat avaient laissé sans solution satisfaisante.
Dans ce but, M. Ijcsbros a ajouté au tableau qui contient les résultats des
précédentes expériences, des colonnes où il a calculé les coefficients relatifs
à quatre formules différentes proposées par divers auteurs, pour déterminer
à priori, la dépense des pertuis dans ce cas. Mais, comme aucune ne repré-
sente d'une manière satisfaisante la véritable loi de la dépense, même lorsque
le remous couvre entièrement la veine , il a dressé , dans le texte , une
table auxiliaire d'interpolation où le rapport des dépenses, avec et sans re-
mous ou barrage , est ordonné d'après le rapport même des charges de liquide
au-dessus du sommet de l'orifice, mesurées en amont dans le réservoir, et en
aval au point le plus élevé du remous.
i> Fies nombres ainsi obtenus suivent, en effet , une marche régulière dé-
croissante, qui permettra de calculer la dépense pour les circonstances dont
il s'agit, avec une approximation beaucoup plus grande que les autres formules
précitées, lesquelles ne sauraient d'ailleurs être appliquées dans le cas où la
veine n'est pas entièrement recouverte par le remous.
» Dans les dernières parties de son Mémoire, M. Lesbros a étudié, d'une
manière toute spéciale, le cas où la charge sur le sommet des orifices est telle-
ment faible, que l'eau s'écoule forcément en déversoir, c'est-à-dire absolu-
ment comme si la paroi supérieure de ces orifices était totalement enlevée,
r^es séries d'opérations qui concernent ce cas , l'un des plus importants et
des plus épineux de l'hydraulique, sont au nombre de vingt et une, et em-
brassent deux cent quatre-vingt-six expériences, qui doivent être considérées
comme la continuation, non interrompue, de chacune des précédentes séries
relatives aux orifices fermés a la partie supérieure, et cela avec d'autant plus
de motifs, que, dans celles-ci, les expériences ont été constamment poussées
jusqu'à la limite des plus petites charges pour lesquelles le moindre abaisse-
ment du niveau, le moindre ébranlement suffisait pour détacher la veine
(lu bord supérieur de l'ouverture.
>i En vertu de cette analogie entre les deux cas, les tableaux, les données
( 7^9 )
et les résuliats d'expériences relatifs aux vingt et une séries dont il s'agit,
sont divisés en deux parties, dont l'une se réfère à la formule ordinaire des
déversoirs, adoptée par Dubuat, et l'autre à la formule qui suppose les ori-
fices fermés à la partie supérieure, etayant pour hauteur l'épaisseur moyenne'
de la nappe qui franchit le seuil du déversoir. M. Lesbros a établi, au sujet
de ces mêmes séries d'expériences, un parallèle très-intéressant et qui sera
particulièrement utile aux ingénieurs hydrauliciens, entre les résultats qui
s'en déduisent et ceux qui ont été obtenus par Dubuat, Eylelwein , Bidone ,
Gastel, etc. L'accord satisfaisant de tous ces résultats fait disparaître, en
grande partie , les anomalies et les incertitudes qui avaient jusqu'ici régné
dans cette matière.
" Une autre série de vingt-six expériences concerne les déversoirs déjà
mentionnés plus haut et formés à l'extrémité libre, d'un canal barré trans-
versalement, sur diverses hauteurs, et alimenté par un orifice placé à 3 mètres
seulement en amont du débouché; de sorte que le régime dans le canal,
n'était pas rigoureusement uniforme, et que les charges au-dessus du som-
met du barrage ont dû être mesurées à partir du point supérieur des remous,
et offrir d'assez fortes incertitudes, surtout pour les très-petites valeurs de
ces charges. Aussi M. I^esbros n'a-t-il point eu égard aux résultats ainsi ob-
tenus, dans la formation de ses tables d'interpolation; son but n'ayant été
que de mettre à profit les expériences relatives à linfluence des remous sur
le débit des orifices placés en amont, et de présenter aux ingénieurs quelques
résultats propres à les éclairer dans des circonslances exceptionnelles.
" Enfin M. Lesbros a entrepris ime dernière série de quarante et une ex-
périences sur des déversoirs incomplets, ou en partie nojés dans l'eau du
bief inférieur, lesquelles se rapportent ainsi plus particulièrement au cas des
prises d'eau libres , des canaux, dans les bassins ou rivières ; cas déjà étudié
par Dubuat, au moyen d'une expérience qui lui a servi à établir une for-
mule admise, faute de mieux, par beaucoup d'ingénieurs, mais qui, ap-
pliquée aux résultats dont il vient d'être parlé, présente les anomalies les
plus choquantes. C'est pourquoi M. Lesbros en a adopté une autre qui fait
dépendre le débit d'un élément moins sujet à variation, et, par là niême,
plus facile à relever.
" Dans l'esprit des recherches exclusivement expérimentales et pratiques
de cet officier supérieur, la formule dont il s'agit et toutes ses analogues
consignées dans le Mémoire, n'ont d'autre but que de fournir aux ingénieurs
des moyens commodes de calculer la dépense des orifices, et cela avec un
( 740 )
degré d'approximation plus que suffisant pour la pratique, tout en faisant
entrer dans les formules, ainsi que dans les tables d'interpolation qui s'y
réfèrent , les données ou éléments qui se prêtent le mieux à la nature phy-
sique de chaque question. Quant aux formules déduites de considérations
théoriques ou d'hypothèses, plus ou moins contestables, proposées par
divers auteurs et dont quelques-unes ont servi de base à la formation des ta-
bleaux d'expériences, elles ont toutes offert, dans l'évaluation des coeffi-
cients de correction dont il faut les affecter, des variations non moins con-
sidérables que celles des formules purement empiriques ou pratiques, et il
se passera encore bien du temps, sans doute, avant que les théories ad-
mises puissent rendre un compte entièrement satisfaisant des résultats de
l'expérience, dans des phénomènes aussi variés et aussi compliqués.
>' Dans l'analyse rapide qui précède et de peur de ralentir par trop la
marche de l'exposition, nous n avons point parlé de diverses remarques ou
conséquences, en elles-mêmes fort importantes, et qui ont particulièrement
fixé l'attention de M. Lesbros. C'est aussi par là que nous terminerons ce
Rapport.
'> Lors des expériences de iSa^ et 1828, le relevé géométrique de la
veine liquide jaillissant librement dans l'air, par un orifice carré de o™, 20
de côté, en mince paroi plane et à contraction complète, avait donné, pour
l'aire de la plus petite section de cette veine, un résultat qui conduisait à
conclure que la vitesse moyenne, dans cette section, surpasse sensiblement
celle qui est due à la hauteur au-dessus de son centre de gravité ; consé-
quence en opposition manifeste avec les notions déduites de la considération
des forces vives et les résultats obtenus par d'autres expérimentateurs, sur
des orifices à la vérité très-petits et circulaires. Cette anomalie pouvait être
attribuée à un léger déplacement horizontal de l'appareil qui avait servi à rele-
ver le profil transversal de la veine fluide. Elle était d'ailleurs trop frappante
pour que M. Lesbros ne saisît pas l'occasion que lui offraient les nouvelles ex-
périences, de recommencer, avec plus de précision encore, le relevé de la
même veine; et, à sa grande surprise, il est arrivé à des résultats très-peu
différents des premiers, et qui ne peuvent s expliquer qu'en admettant, avec
les anciens auteurs italiens, contrairement à l'hypothèse du parallélisme des
tranches, qu'il se forme, en amont de l'orifice et dans le réservoir, des
noyaux ou courants centraux d'alimentation , dont la force vive s'ajoute à
celle qui est due à la charge de liquide sur l'orifice de sortie. D'autres faits
d'observations qui se sont présentés dans le cours des expériences, ont éga-
( 74i )
If ment conduit M. Lesbros à soupçonner l'existence de semblables courants,
sans lesquels ou ne pourrait expliquer ces faits par les principes généralement
admis eu mécanique.
» Au commencement du chapitre fort important, qui concerne les orifices
fermés à la partie supérieure et diversement disposés par rapport aux faces
du réservoir, M. Lesbros présente un tableau résumé, dans lequel il a or-
donné Ions les résultats relatifs à la contraction de la veine, d'après les
fiaetious du périmètre entier de l'orifice , qui correspondent à des parties
situées dans le prolongement des parois du réservoir, et pour lesquelles,
par conséquent , la contraction se trouve ainsi supprimée. Ce tableau
montre, d'un seul coup d'œil, l'influence réelle exercée par la suppression
de la contraction , sur une portion plus ou moins considérable du contour
de l'orifice. Nous ferous remarquer que les dispositifs par lesquels M. Lesbros
produisait cette suppression, se rapprochaient beaucoup plus des circon-
stances de la pratique que ne le faisaient les très-courtes et minces plaques
dont M. Bidone armait les côtés de ses orifices, attendu qu'elles permettaient
au liquide d'affluer latéralement et par-dessus leurs arêtes, en apportant
ainsi un trouble considérable dans l'écoulement de la veine.
•> Un fait également digne de remarque et qui s'est reproduit dans toutes
les expériences de M. Lesbros, consiste en ce que la suppression de la con-
traction sur le fond des orifices, lorsque déjà elle est supprimée sur les bords
latéraux, donne lieu à une réduction notable de la dépense pour les très-
petites charges et les petites ouvertures; ce que l'auteur attribue, avec une
grande apparence de raison, au ralentissement que ces parois font alors
éprouver à la masse, cotnparativeuient faible, du liquide. Il résulte d'ail-
leurs, de l'ensemble des recherches de M. Lesbros sur la contraction, que
l'influence des parois se fait généralement sentir jusqu'à près de trois fois la
largeur correspondante des orifices fermés, et jusqu'à prés de cinq fois
pour les orifices en déversoir; à peu près comme Dubuat l'a observé pour
les bateaux naviguant sur les canaux et les rivières.
" Enfin, nous ne devons pas passer sous silence que, pour l'établissement
de formules pratiques relatives aux déversoirs , M I^esbros a dû étudier,
d'une manière toute spéciale, la relation qui lie l'épaisseur moyenne de ta
nappe liquide, dans le plan des orifices, avec la charge généi'atrice ou totale ■
mesurée eu un point ou le liquide e^t supposé parfaitement stagnnnt. Sans
cette relation, il serait pour ainsi dire impossible, dans beaucoup de cas de
la pratique, notamment quand le déversoir est situé sur le prolongemeilt
d'un long canal d'alimentation • d'obtenir cette éhargé, qui, cependatit,
C K. , i85o, 2«'« Semestre, f ï. XXXI, K» 22.) 9^
. ( 74a )
entre comme donnée principale dans toutes les formules de la dépense de ce
genre d'orifice.
» En résumé, le Mémoire d'hydraulique expérimentale, présenté par
M. Lesbros à l'Académie des Sciences, est une œuvre recommandable par
la précision des appareils et des expériences, par le p,rand nombre et l'uti-
lité des résultats obtenus, par l'exactitude et le soin scrupuleux avec lesquels
l'auteur a décrit , dans le texte et dans les nombreuses figures des planches ,
les appareils, le mode d'opérer et les principales circonstances des phéno-
mènes; enfin par la persévérance et l'excellent esprit qui l ont dirigé dans
l'exécution d'un aussi vaste ensemble de pénibles recherches.
» On ne saurait, en effet, trop louer M. Lesbros d'avoir suivi la route
tracée par les Michelotli, les Bidone, les Eytelwein, les Smeaton, les
Bossut, les Dubuat, etc., en recherchant la vérité pour elle-même et son
utilité propre , en laissant parler les faits sans trop s'inquiéter de leur inter-
prétation scientifique , et en préparant ainsi , pour l'avenir, des matériaux
exempts de doute, de fausses interprétations, et sur lesquels la théorie et les
formules puissent enfin s'asseoir comme sur une base solide. Néanmoins,
fout en applaudissant aux heureux efforts de cet ingénieur, pour remplir les
nombreuses lacunes qui existent encore dans l'hydraulique expérimentale ,
vos Commissaires regrettent qu'il n'ait pu étendre ses recherches à diverses
autres questions non moins essentielles, concernant l'influence de l'inclinai-
son et de la forme de certains vannages ou pertuis, de la proximité d'obsta-
cles mobiles tels que les roues hydrauliques , de la résistance des parois
dans les canaux à régime uniforme, etc. ; questions qui, à la vérité, ont été,
dans ces derniers temps, l'objet des études d'expérimentateurs habiles, mais
au sujet desquelles, malgré les résultats utiles déjà obtenus, il reste encore
beaucoup à faire pour compléter l'ensemble de nos connaissances pratiques
sur une aussi importante matière.
» Considérant la haute utilité des recherches expérimentales entreprises
par M. Lesbros et conduites, à leur fin, d'une manière aussi satisfaisante que
complète; convaincue d'ailleurs de l'heureuse influence que la publication
de ces recherches pourra exercer sur les progrès de la science et de ses appli-
cations aux travaux publics, à la navigation, à l'agriculture, aux usines hy-
drauliques et aux diverses branches d'industrie qui en ressortent, la Com-
mission est d'avis que l'Académie accorde son entière approbation à ce travail,
et qu'elle en ordonne la prompte impression dans le Recueil des Savants
étrangers. »
xtLes conclusions de ce Rapport sont adoptées.
(743)
MÉMOIRES LUS
CHIMIK APPLIQUÉE. — Recherches sur la composition des matières empJofées
en Chine dans la fabrication et la décoration de la porcelaine (première
partie); par MM. Ebelmen et Salvetat. (Extrait par les auteurs. )
(Commissaires, MM. Thenard, Chevreu!, Pelouze, Bejjnault.)
« Le travail que nous avons l'honneur de soumettre à l'Académie a eu
pour but l'examen chimique des matières dont se servent les Chinois pour
fabriquer et pour peindre leurs porcelaines. Une collection complète de ces
matières a été envoyée, il y a trois ans, à la Manufacture de Sèvres, d'après
la demande et les instructions de M. Brongniart, par un prêtre lazariste
chinois, le père Joseph f^y. Une autre collection faite par la même personne
a été déposée à l'École des Mines par les soins de M. Staiiislas Julien. Enfin
M. Itier a rapporté de Canton, à peu près à la même époque, d'autres
échantillons qui sont déposés dans le musée céramique de la Manufacture
de Sèvres , et qui ont été examinés concurremment avec les premiers.
» La première partie de notre travail, que nous présentons aujourd'hui,
concerne les matières employées dans la fabrication des pâtes et des cou-
vertes.
» Les kaolins chinois proviennent de la décomposition de roches grani-
tiques. Tjcur composition chimique est très-voisine de celle des kaolins de
Saint-Irieix.
» IjCS petunt-sé ne sont pas, comme on pourrait s'y attendre, des gra-
nits ou des pegmatites, mais de véritables pétrosilex. Nous en avons ana-
lysé plusieurs échantillons provenant de localités différentes, et qui ont tous
des caractères minéralogiques analogues et à peu près la même composition
chimique. Ces roches paraissent se présenter dans un grand nombre de
points différents de la province de Kiang-Si. On y trouve aussi de véritables
porphyres quartzifères à cristaux de quartz bipyramidés, et qui fournissent,
par leur décomposition, des matières argileuses qu'on utilise aussi dans la
fabrication de certaines espèces de porcelaine.
" Nous avons examiné aussi les. matières désignées sous le nom de hoa-
chy, qui servent à donner aux pâtes une plus grande solidité au feu, et qu'on
utilise aussi pour produire des dessins blancs sur la porcelaine. Les miné-
raux ont, les uns une composition voisine des halloysites, les autres sont
98..
( 744 )
caractérisés par de l'amphibole blanche associée à de la stiatite et à de la
dolomie.
» Nous donnons, en terminant, la composition des pâtes et des cou-
vertes préparées, et nous les comparons aux matières premières ainsi qu'aux
produits similaires européens.
" La deuxiè«ie partie de notre travail, que nous présenterons très-pro-
chainement à l'Académie, comprendra l'examen des diverses matières co-
lorantes employées soit pour fonds dits de grand feu , soit pour la peinture de
la porcelaine à la température des moufles. Le travail analytique est ter-
miné, mais nous voulons pouvoir y joindre les résultats des expériences en-
treprises à Sèvres , pour reproduire plusieurs des fonds de couleur em-
ployés par les Chinois. «
ZOOLOGIE. — Études zoologiques sur le genre Actinia, pour faire suite
aux Études anatomiques sur le même groupe; par iVl. Henri Hollard.
(Extrait par l'auteur.)
(Renvoyé à la Section d'Anatomie et de Zoologie.)
« Dans un premier travail, soumis au jugement de l'Académie, j'ai décrit
<^t apprécié l'organisatioti des polypes du genre Actinia. L'analyse que j'ai
réussi à faire de leurs nombreuses rangées de tentacules, et la démonstra-
tion que j'ai donnée de leur régularité et de l'ordre qui préside à l'arran-
gement de ces appendices, me conduisaient à l'étude zoologique de ce même
groupe, et je me suis appliqué, par de nouvelles observations, à en pré-
parer la monographie en cherchant à déterminer et les caractères précis des
espèces et la manière dont ces espèces se coordonnent. J'ai trouvé dans les
cinq Actinies les plus répandues sur les côtes de la Normandie et de la
Bretagne, et dont je produis ici des dessins exacts, les types de trois sec-
tions ou sous-genres, formant une série qui, caractérisée par la mollesse
générale du corps, l'indépendance des individus et la forme simple et tubu-
leuse des tentacules, touche, par l'un de ses termes, aux Zoanthes et aux
Madrépores, dont les tentacules sont également simples et tubuleux, et
avoisine, par un autre terme, des genres à tentacules complexes ou très-
modifiés, comme les Actinodendres. Vers la première de ces limites sont les
espèces les plus sédentaires et les plus abritées; vers l'autre, les Actinies les
plus mobiles. La première section, ou section A, est caractérisée par la
présence de vésicules adhésives à la surface cylindrique du corps, petits
organes très-distincts des pores qui s'associent quelquefois à eux, par les
( 745 )
couleurs de leurs tentacules ou mieux un système de coloration formé d«
zones et de chevrons de diverses nuances, enfin par leur préférence pour
les fonds rocailleux, fissurés et couverts de sable. Ici se placent les j4. seni-
lis et pedonculata (à système tentaculaire décimal, dépourvues de pores),
et Vj4ct. dianthus (à système duodécimal et à pores latéraux). La section B
comprend des espèces à peau lisse, à cercles tentaculaires réguliers, à sys-
tème de coloration uniforme au moins pour les appendices; ici les stations
préférées sont des rochers sur lesquels l'animal se meut lentement par sa
base, mais qui ne lui offrent pas de retraites, comme dans le cas précédent.
\j/4ctinia equina, qui monte presque toujours à fleur d'eau , et ne se dérobe
qu'à une trop vive lumière, est le point de départ de ce groupe. La sec-
tion C, avec une peau lisse ou sillonnée seulement par les lignes d'attache
des cloisons, se distingue par des tentacules beaucoup plus longs que le
corps, par l'irrégularité des rangées, qui défient toute analyse exacte, et par
des habitudes plus vagabondes que celles des autres espèces, les appendices
servant ici un peu à la translation du corps. Je pars, pour établir ce sous-
genre, de VAct. viridis, et je remarque chez elle une apparition constante de
petits tentacules sur ceux qui sont déjà développés, fait dans lequel on peut
trouver à la fois l'explication de l'irrégularité des cycles et une nouvelle
preuve de la prépondérance à la fois physiologique et anatomique du sys-
tème tentaculaire, qui distingue ce troisième type.
» Depuis l'analyse que j'ai faite de ce système dans les Actinies qui nous
l'offrent disposé en plusieurs cercles rép^uliers, on peut faire entrer dans la
caractéristique des espèces et le système numérique du cycle intérieur
(donnant le nombre premier), et le nombre des cycles eux-mêmes, comme
on le verra dans l'essai descriptif qui compose la seconde partie de ce
travail. «
MÉMOIRES PRÉSENTÉS
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Faits pow servir à V histoire du suc pancréatique;
par M. J.-L. Lassaigne.
" On sait , d'après les intéressantes recherches de MM. Bernard et Bar-
reswil, que le suc pancréatique jouit de la propriété remarquable d'éraul-
sionner les corps gras d'origine végétale et animale, et de les transformer en
acides gras et en glycérine , à la température de 38 degrés centigrades.
" M. Bernard , en répétant dernièrement à l'École d'Alfort , de concert
( 746 )
avec M. Colin, chef des travaux anatomiques de cet établissement, le pro-
cédé à l'aide duquel il en obtient sur les animaux, a bien voulu nous faire
remettre une petite quantité de ce suc, qu'il avait extrait lui-même sur un
cbicn de moyenne taille.
» fies expériences auxquelles nous l'avons soumis, nous ont permis d'a-
jouter quelques faits à ceux déjà connus des physiologistes, et dont les
principaux peuvent être résumés par les propositions suivantes :
" i". [j'action du suc pancréatique sur les huiles s exerce même à la
températui-e de -f- rs à -t- i5 degrés centigrades en moins de quelques
heures. En effet, on mouillant en plusieurs points un papier bleu de tour-
nesol, avec l'émulsion produite par l'huile d'olives et le suc pancréatique,
les parties mouillées du papier bleu rougissent peu à peu de la circonférence
an centre en présence de l'air, et il n'est pas nécessaire de maintenir le mé-
lange d'huile et de suc pancréatique pendant douze à quatorze heures, à la
température de + 38 degrés, comme l'ont avancé les auteurs cités plus
haut ;
>' 2". A la température de + i5 degrés , le mélange de suc pancréatique
et d'huile d'olives s'acidifie, après un temps égal, dans les vases qui le
contiennent ;
" '5°. Cette acidification se produit dans divers gaz , tels que l'oxygène ,
l'hydrogène, l'azote et l'oxyde de carbone; l'air ne semble donc pas par-
ticipera cette singulière réaction, qui est peut-être due à une force de la
même nature que celle désignée par Berzelius, sous le nom de force cata-
Ijtique , et dont la chimie inorganique et organique offre des exemples ;
" 4''' Le suc pancréatique peut conserver son alcalinité faible et sa pro-
priété d'agir sur l'huile pendant plusieurs jours ;
» 5" Dans les conditions où l'huile est modifiée , par le contact du suc
pancréatique , le sucre et la gomme, dissous dans ce fluide, conservent leur
neutralité, ce qui dénote l'action toute spéciale qu'il exerce sur les corps
gras. »
AGRICULTURE. — Sur l'hydratation des blés de la récolte de i8jo ;
par M. E. Millon.
« L'analyse des blés récoltés dans le Nord, en 1849, ™^^ fourni des résul-
tats que je n'ai pas encore publiés; je voulais y joindre l'analyse comparative
des blés de i85o, mais le mode d'hydratation de ces derniers m'a frappé
par une disposition particulière qu'il est bon de faire connaître de suite. Il
( 747 )
en résultei'a , je crois, quelques indications pratiques., tout à fait actuelles,
urfjentes peut-être, et qu'on apercevrait moins bien clans un travail d'en-
semble.
>' Trois ap^riculteurs distingués de rarrondissement de Lille, dont les ex-
ploitations sont assez distantes Tune de l'autre (i), m'ont remis huit échan-
lous de blés qui devaient représenter, d'une part, les variétés les plus
répandues dans la culture du Nord, et, d'autre part, l'état moyen des
récoltes de l'année courante.
» Cette récolte a été troublée, on le sait, au moment même de la mois-
son, |)ar des pluies si abondantes, si continues, qu'on n'a pu faucher, ni
javeler, ni engranger à temps. Les gerbes ont été largement mouillées , l'eau
a pénétré les meules, et la fermentation s'y est mise ; enfin le blé a germé
même sur sa tige.
» Dans de pareilles conditions , je m'attendais à trouver la semence forte-
ment hydratée, chargée même d'une quantité d'eau tout exceptionnelle; il
n'en .a rien été.
» J'ai constaté un minimum d'eau de i5,22 pour loo, et un maximum
de i6,o5.
» Voici, d'ailleurs, ce tableau d'hydratation pour les huit échantillons,
auxquels j'ai conservé les noms que leur donnent les agriculteurs du pays :
Blé blauzé i5,22 pour lOo Blé roux anglais i5,48 pour loo
Autre blé blauzé i5,a2 Blé de mars 15,67
Blé à duvet 6,o5 Blé de mai i5,64
Blébarbu '5,74 Blé d'Espagne i5,52
» I/hydratation moyenne est 1 5, 56.
» Sept échantillons, provenant de la récolte précédente (i849J» conte-
naient la proportion d'eau qui suit :
Blé blauzé ' 7 1 o5 pour 1 00 Blé roux anglais • 7 > • o pour 1 00
Autre blé blauzé 17,00 Blé d'Espagne 16, 5o
Blé à duvet i7)0i Blé de miracle (cultivé
Blébarbu <7,i5 exceptionnellement).. 17,70
» Kn moyenne, 17,07 pour 100.'
'< Je trouve encore dans mes Notes des années précédentes, qu'un blé ,
(i) M. Desquieux, à Fives, près de Lille; M. Demesmay, à Terapleuve; M. Lecat, à
Bondues.
; 748 )
récolté en 1847, ^^"^ l'arrondissement de Lille, ma donné 18, 5 pour 100
d'eau, et uii autre de 1848, i4jOO pour 100.
" Ainsi le blé de la dernière récolte, malgré son mouilla(ife prolongé,
contient moins d ean que le blé de 1 849 dont l'excellente qualité a été
reconnue; il en contient beaucoup moins que le blé de 1847, et nn peu plus
que celui de 1848. Au tot^d, il figure parmi les blés les moins hydratés.
" Cette contradiction apparente entre l'état du blé et les conditions hvpro-
métriques qui ont accompagné sa récolte, s'est expliquée par un examen
plus intime du mode d'hydratation.
" Je me sais souvenu d'avoir analysé un blé tendre exotique, transporté
par eau , et qui avait dû séjourner dans des lieux humides ; sa fleur ne ren-
fermait que i5,2 pour too d'eau, tandis que la farine brute en contTjnait
15,7, et le son jusqu'à r6,3.
>' Je me suis demandé si dans le blé de notre dernière récolte, l'eau ne
s'était pas aussi arrêtée à la périphérie du grain. F/expérience a été décisive.
J'ai reconnu coustammtmt dans la fleur une proportion moindre que dans la
farine brute; cette différence a été en moyenne de | pour 100. Si j'avais
pu disposer d'une quantité de chaque espèce de blé suffisante pour la faire
passer à la meule, au lieu d'employer un petit moulin de fer, le son réf^u-
lieremenl extrait eût présenté un excédan! d'eau que j'évalue à 2 pour
100.
» Mais la différence qui précède suffii pour montrer que l'hydratation
du blé est inégalement répartie; l'eau versée par le ciel n'a pénétré que
la partie corticale du grain ; elle s'y est accumulée , mais elle n'a pas mouillé
le centre. Celui-ci reste dans un état de siccité qui fait entrevoir des chances
favorables à sa bonne conservation.
• Ce mode d'hydratation devient conforme aux variations de latmo-
sphère; il devient conforme aux observations de nos cultivateurs, qui savent
tons que le blé avait atteint ta maturité la plus satisfaisante lors(jue la pluie
eit survenue; leur sentiment se trouve écltiiré et confirmé par le fait précis
que I analyse chimique révèle.
" Maintenant, et c'est ici que les données du laboratoire se ("onvertissi^nt
en formules pratiques, lorsque la mouture du blé sera faite, si la farine
reste à l'état brut, le son devra y introduire promptemeiu ses dispositions
fermentescibles; si. au contraire, le blutoir divise, sans têtard, le son et la
fleur, il aura fait le partage de la partie mouillée et de la partie sèclie, au-
trement dit, delà partie altérable et de la partie saine. Du moins est-il à
pressentir que le son sera soumis à tontes les avaries du mouillage, tandis
( 749 )
que la fleur isolée du son sera dès lors moins exposée et sans doute plus fa-
cilement conservable.
» On devine encore les ressources d'une aération forte et persévérante
appliquée aux blés de i85o. Qu'on s'attache donc à les purger et nettoyer;
qu'on les passe efr repasse fréquemment à la pelle et au crible ; qu'on ne se
presse point de les introduire dans les sacs; qu'on les dispose en couches
moins épaisses sur le plancher du fjrenier, et que les courants d'air pénètrent
celui-ci en tous sens, lorsqu'ils y portent la sécheresse. Enfin c'est le cas ou
jamais de recourir aux ventilateurs énergiques, presque toujours utiles et in-
dispensables en cette occurrence. On récupérera cent fois par la valeur du
produit ce qu'on perdra par déchet de la masse.
» Qu'on ne l'oublie pas, car cette pensée est consolante, l'humidité qui a
saisi nos céréales est superficielle; le remède sera d'autant plus facile et plus
efficace que le mal est moins profond. >'
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de la Marine annonce à l'Académie que le Commissaire
de la République, à Taïti , a envoyé aux îles Sandwich une personne com-
pétente pour observer l'éclipsé tolale de Soleil, qui a dû avoir lieu dans ces
îles le 7 août dernier.
M. le Président de la Commission centrale administrative de l'Institut
transmet à l'Académie une lettre de M. le Ministre des Travaux publics,
concernant un nouveau projet de chauffage pour l'Institut, présenté par
M. L, Duvoir Leblanc. La Commission administrative désirerait que l'Aca-
démie des Sciences fît examiner le projet dont il s'agit, par ceux de ses
Membres qui ont déjà étudié le mode de chauffage et de ventilation le plus
convenable pour l'Institut.
(Renvoyé à la Commission qui s'est précédemment occupée de cet objet.
Commission composée de MM. Chevreul , Pouillet, Regnault.)
M. DuREAU DE LA Malle fait hommage à l'Académie d'un ouvrage intitulé :
Climatologie de l'Italie et de l'Andalousie anciennes et modernes, {f^oir au
Bulletin bibliographique.)
M. Raudrimont prie l'Académie de vouloir bien le mettre au nombre des
candidats pour la chaire de chimie vacante au Collège de France. Prochaine-
C. R., i85o, a"» Semestre. (T XXXI, N» 22 ) 99
( 750
et relatif aux eaux de la ville et de l'arrondissement de Reims, soit admis
,111 concours pour le prix de Statistique de i85i.
fjC Mémoire de M. Maiimené sera renvoyé à la future Commission du prix
de Statistique.
M. le D*^ BoiivET adresse , pour le concours des prix de Médecine et de Chi-
rurgie, un Mémoire imprimé sur le traitement des abcès par congestion par
les injections iodées.
(Renvoyé à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. le C DucHENNE demande à l'Académie l'autorisation de retirer le
Mémoire qu'il avait envoyé pour le concours des prix de Médecine et de
Chirurgie.
M. Duchenne est autorisé à reprendre son travail.
M. Ch. CnEVALUEn adresse une réclamiition de priorité au sujet de la Note
présentée , dans la dernière séance , par M. Bouzigues sur la photographie
sur papier.
M. le D' A. Grimaud demande l'ouverture d'un paquet cacheté déposé
par lui le i5 avril i85o. Ce paquet contient des formules pour l'admi-
nistration du sulfate de hrucine, succédané du sulfate de quinine.
M. le D"^ Briaind envoie une réclamation de priorité relativement aux opi-
nions émises par M. Guindet sur les causes et l'origine du choléra.
M. TiMOTHÉE soumet à l'Académie un projet d'expériences pour dé-
terminer la vitesse de vibration de l'électricité dynamique, c'est-à-dire
pour apprécier le nombre de décompositions et de recompositions du fluide
qui s'opèrent dans l'unité de temps autour de chacune des molécules qui
forment le circuit parcouru par un courant.
M. DE Malbeck adresse la description d'une pompe aspirante de son
invention.
L'Académie reçoit quatre communications sur la direction des aérostats,
qui lui sont adressées par MM. Garnier, Lhentrod, E. Veriot, et par un
quatrième auteur dont le nom est illisible.
A l'occasion des nombreuses communications qui ont été adressées, depuis
quelque temps, sur la direction des aérostats, M. Arago fait observer que
ce sujet a été traité, d'une manière très-remarquable et très-complète, par
( 753 )
un Membre fort distingué de l'Académie des Sciences. Le Mémoire de
Meusnier est resté manuscrit, et se trouve, dit-on, à la bibliothèque de l'École
d'Application à Metz. Il pourrait y avoir quelque utilité à le publier , ne fût-ce
que pour prouver aux personnes qui croient découvrir de nouveaux moyens
de locomotion aérienne, que ce qu'il y a de plausible et de raisonnable
dans leurs idées était déjà parfaitement connu , exposé et apprécié dans le
siècle dernier.
L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés, présenté.s par
MM. BouTicivT et Moinier, par M. Ed. Robin et par M. Théod. Tiffereau.
A Z} heures et demie l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
M. Mathieu, au nom de la Commission chargée de juger les pièces adres-
sées pour la médaille Lalande (années 1849 ^^ i85o), lit un Rapport
dont voici les conclusions :
1°. (Année 1849. ) — La médaille Lalande est décernée à M. de Gasparis,
pour la découverte qu'il a faite, le i4 avril 1849, d'une nouvelle planète
qu'il a nommée Hjrgie;
2°. (Année i85o.) — Le prix d'Astronomie est partagé entre M. de Gas-
paris, qui a découvert , le 1 1 mai et le 2 novembre , deux nouvelles planètes ,
la première nommée Parthénope ( le nom de la seconde n'est pas parvenu
en France) ,'et M. Hind, qui a découvert, le i3 septembre i85o, une nou-
velle planète qu'il a proposé de nommer Victoria.
Les conclusions du Rapport fait par M. Mathieu sont adoptées.
M. P10BERT, au nom de la Commission chargée de juger les pièces adres-
sées pour le prix de mécanique, fait un Rapport dont voici les conclu-
sions :
(Années 1849 ^t i85o.) — 1°. Un ^nxàç: dix-huit cents francs e%X.aiCcovAé
à M. Lesbros, pour des appareils et des expériences sur l'hydraulique ex-
périmentale ;
2°, Un prix de millejrancs est accordé à MM. Maurel et Jayet, pour leur
machine à calculer.
M, Regnault, au nom de la Commission chargée de juger les pièces
adressées pour le prix relatif à la détermination des quantités de chaleur
, , ( 754 )
dégagées dans les combinaisons chimiques, lit un Rapport dont les conclu-
sions sont les suivantes :
fia Commission propose d'accorder, à titre d'indemnité:
1°. Une somme de quinze cents francs à l'auteur du Mémoire ayant pour
épigraphe : Le travail est le fonds qui manque le moins;
' 2°. Une somme de mille francs à l'auteur du Mémoire ayant pour épi-
graphe : Sunt quœdan corpora quorum concursus, motus, ordo, positura ,
figura , efficiunt ignés ;
3°. Une somme de cinq cents francs à l'auteur du Mémoire ayant pour
épigraphe : Les personnes habituées aux grandes expériences de physique
peuvent seules apprécier l'énormité de la tâche qui nous est imposée.
M. Andral, au nom de la Commission chargée de juger les pièces adres-
sées pour le concours de Médecine et de Chirurgie (années 1849 ^^ iSSo) ,
fait un Rapport dont voici les conclusions :
1°. (Année 1849-) ~ Accorder: à M. le docteur Jobert (de Lamballe)
un prix de deux mille cinq cents francs pour son Traité de chirurgie plas-
tique;
A M. le docteur Guillon un encouragement de mille francs pour son
brise-pierre pulvérisateur ;
A M. Martin un encouragement de mille francs pour son ouvrage inti-
tulé : Essai sur les moyens prothétiques des membres inférieurs ;
A M. le docteur Morel-Lavallée un encouragement de mille francs pour
son ouvrage sur les hernies du poumon.
2°. (Année i85o.) — A M. le docteur Herpin une récompense de quinze
cents francs pour son ouvrage intitulé : Études pratiques sur le pronostic
et le traitement de l'épilepsie;
A M. le docteur Delasiauve une récompense de mille francs pour son
travail sur le traitement de l'épilepsie;
A M. le docteur Auguste Mercier une récompense de quinze cents francs
pour ses recherches anatomiques, pathologiques et thérapeutiques sur les
valvules du col de la vessie, et pour ses observations et ses remarques sur
le traitement de la rétention d urine causée par les valvules du col de \la
vessie;
A M. le docteur Wrolir une récompense de mille francs pour son ou-
vrage sur la tératologie;
A M. le docteur Stahl un encouragement de mille francs pour son tra-
vail sur la physiognomonie et l'anatomie pathologique de V idiotie endémique ;
(755)
A M. le docteur Hortacx un encouragement de mille francs pour son
Mémoire sur les effets physiologiques et thérapeutiques des émanations
du tabac observés sur les ouvriers de la manufacture de Paris ;
A M. le docteur Cariuère: un encouragement de mille francs pour son
ouvrage intitulé : Le climat de l'Italie sous le rapport hjgiénique et mé-
dical.
M. Floijrens, au nom de la Commission chargée de juger les pièces adres-
sées pour le grand prix des Sciences naturelles (année i85o), fait un Rap-
port dont la conclusion est que la question proposée est remise au concours
pour l'année i853.
La séance est levée à 5 heures un quart. A.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du i8 novembre i85o, outre les
ouvrages mentionnés dans le précédent Compte rendu, ceux dont les titres
suivent :
Esquisse d'une histoire des amputations, el particulièrement de la méthode de
Celse; par M. A.-E. Lacauchie. Paris, i85o; broch. in-8°.
De la nature et du traitement du choléra; par M. F. AuG. Durand (de
Lunel). Paris, 1849; broch. in-8°.
Notice analytique sur les travaux de M. Charles Gerhardt , professeur à
la Faculté des Sciences de Montpellier; novembre i85o; broch. in-4°.
Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne, publiées par
l' Acalémie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand , sous la
direction de M. Lecoq , rédacteur en chef; tome XXIIl, mai et juin i85o;
in-8".
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie;
2* série, tome IV; n" 2; novembre i85o; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. MARTlN-riAUZER ; n" lo; i5 novembre i85o; in-S".
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. MaGNE; tome III;
n° 22; in-8°; et 4* année, n° i ; in-4''.
Revue thérapeutique du Midi.— Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques; par MM. les D" Fuster et AlQUIÉ; n" 21 ; i5 novembre
i8 5o;in.8°.
( 7^6 )
L'Académie a reçu, dans la séance du 25 novembre i85o, les ouvrages
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
2™* semestre i85o; n" ai ; iD-4''-
Comptes rendus hebdomadaires des séances de ('Académie des Sciences;
tome XXX ; i" semestre i85o ; in-4°.
Institut national de France , discours prononcés aux funérailles de M. Droz,
le mardi 12 novembre i85o; broch. in-4°-
Annales de Chimie et de Physique, par MM. Arago, Ghevreul, Dumas,
Pelouze, Boussingault, Regnault; 3* série, t. XXX; novembre i85o;
in-8».
Climatologie comparée de l'Italie et de l'Andalousie anciennes et modernes;
par M. DuREAU DE LA Malle. Paris, 1849; broch. in-8°.
Du traitement des abcès par congestion , ou de ceux qui dépendent d'une carie,
par les injections iodées; par M. le D' BoiNET; broch. in-4°.
Des fractures longitudinales du corps, des os longs; par M. BouisSON ;
broch. in-4°-
Du choléra, son origine, ses principaux caractères, son véritable traitement
préservatif et curatif, avec les formules pharmaceutiques les plus efficaces contre
cette maladie ; parM. 3. Briand. Rennes, 1849; '"-8°-
Sur une récente et brillante expérience d'optique; par M. MaiziÈRE; bro-
chure in-8°.
Existence d'un premier méridien au détroit de Bering; par M. RONDON.
Aix, 1849; broch. in-12.
Existence d'un contact absolu du jour avec son lendemain sur la longitude du
détroit des deux mondes ; par le même; broch. in-ia.
Revue médico-chirurgicale de Paris, publiée sous la direction de M. Mal-
Gaigne; 4*" année; tome VIII; novembre i85o; in-8".
Répertoire de Pharmacie, recueil pratique , rédigé par M. le D"' A. Bou-
CHARDAT; 7® année, tome VII, n° 5; novembre i85o; in-S".
Le Magasin pittoresque ; novembre i85o.
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. VIagnE; u" 1;
4* année; in-S".
Remarks . . . Remarques sur le sujet du langage avec quelques observations en
forme de notes relatives aux éclaircissements que le langage peut nous fournir sur
l'histoire des opinions du genre humain; par M. le colonel Mathieu Stewart.
Londres, i85o, in-4°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 DÉCEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MÉMOIRES ET C0MMU1\ICATI01\S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Sur les déclinaisons absolues des étoiles fondamentales ;
par M. Paye. (Extrait par l'auteur.)
« Ajjrès avoir étudié l'influence de la cause d'erreur que j'ai signalée dans
le cas le plus simple , c'est-à-dire lorsque les couches d'air sont horizontales ,
il resterait à examiner ce qu'elle devient dans d'autres hypothèses non moins
probables, par exemple dans le cas où les couches seraient dirigées paral-
lèlement à l'axe, leur densité variant dans le sens d'un diamètre quelconque
du tube, et dans celui où elles seraient disposées concentriquement au tube, en
variant de densité rapidement ou même brusquement de la circonférence au
centre. Ce dernier cas donne lieu aux déformations les plus singulières dans
les images, parmi lesquelles il faut ranger le phénomène décrit pir M. Airy,
que j'ai longuement cité dans un Mémoire précédent, et les déformations
des disques planétaires dont j'ai rapporté un exemple qui m'est personnel ,
déformations qui pourraient aller jusqu'à produire une sorte de fausse
image. -
" Plusieurs apparences que j'ai remarquées depuis que j'observe, me
portent à croire que ces dispositions sont loin d'être entièrement exception-
C. R., ii<5o, t'o' Semestre. iT. XXXI, N» 25.) lOO
{ 758 )
nelles, surtout quand les instruments ne sont pas placés symétriquement par
rapport aux sources de chaleur, ou qu'ils sont adossés , comme les cercles mu-
raux, les quarts de cercle, etc. , à d'énormes piliers de maçonnerie. Ainsi, j'ai
vu plus d'une fois les étoiles allongées dans un certain sens (5o° n.j. environ,
au nord) à la lunette du cercle mural, tandis que les mêmes étoiles ne parais-
saient nullement déformées à la lunette méridienne. Ces espèces de queues
ne tenaient point à un défaut de centrage des deux lentilles de l'objectif; j'ai
eu soin de m'en assurer par divers essais faciles à imaginer. Évidemment il se
produisait dans l'air de la lunette des couches longitudinales à température
variable dans le sens d'un diamètre oblique du tube, parce que la lunette se
trouvait placée entre deux sources de chaleur très-différentes, le mur d'une
part, l'air ambiant de l'autre, à quoi il faut ajouter le rayonnement de la
partie latérale et supérieure de la Innette vers une région libre du ciel.
Les images stellaires eussent été simplement déviées dans le sens indiqué
plus haut sans être déformées, si la variation de température eût été uni-
forme; mais elles devaient être déformées et déviées à la fois dans tout autre
cas. Voici donc une nouvelle erreur de nature particulière , provenant tou-
jours de la cause dont j'ai tant parlé, et, encore une fois, l'observateur, dans
une foule de cas, ne sera point averti par l'altération de la figure des étoiles.
» Dans mon précédent extrait , j'ai montré que cette cause générale pou-
vait engendrer des erreurs qui suivront, ici la marche des tangentes des dis-
tances au zénith , là celle des sinus , ailleurs une marche intermédiaire
plus complexe, mais toujours en admettant l'horizontalité des couches. Hors
de cette hypothèse, les erreurs engendrées pourront suivre de tout autres
lois; bien plus, tout en affectant une régularité incontestable, ces erreurs
pourront varier d'une année à l'autre, de manière à dérouter l'investigation
la plus minutieuse. J'en ai cité des exemples frappants.
n On a cherché à tout ramener à la flexion , ou , pour mieux dire , à l'in-
fluence de la gravité sur les diverses parties de nos appareils de mesure. Je
crois avoir montré combien celte explication est insuffisante. D'ailleurs l'in-
fluence de la pesanteur sur nos instruments est tellement complexe , qu'il est
bien difficile d'en aborder l'étude théorique avec un plein espoir de succès.
On se trouve conduit à admettre certaines suppositions arbitraires sur la ré-
sistance, l'élasticité et l'homogénéité des matériaux , sur la liaison des diverses
parties de l'appareil, à négliger d'autres détails sans pouvoir prouver qu'on
est en droit de le faire; en sorte que le problème, déjà difficile pour une
simple barre placée dans certaines conditions , devient inextricable pour nos
appareils compliqués. Enfin, un simple détail de construction , ignoré de l'as-
( 7^9 )
tronome , pourrait faire varier considérablement les données de ce difficile
problème. Je désire pourtant le traiter aujourd'hui, car il se rattache inti-
mement aux questions que je viens de soulever; mais je le ferai d'une
manière purement empirique.
>' Admettons seulement , pour toute hypothèse théorique , que l'effet de
la flexion varie avec continuité, selon la distance zénithale de l'astre observé;
on pourra dès lors en représenter la marche par un certain nombre de
termes de la série
asin(z + A) + ]3sin(23 + B) + ysin (3z + G) -hâsin{^z + D)etc.
La première difficulté est de savoir approximativement combien de termes
il convient de considérer ici ; la seconde est de trouver un système d'expé-
riences qui permette d'en déterminer les constantes, indépendamment de
toute observation astronomique, ou bien, au contraire, un système d'ob-
servations astronomiques dans lequel ces divers termes s'éliminent complète-
ment, comme le voulait Bessel.
» Tout le monde admet le premier terme et en connaît la signification
concrète ; seul, il veut dire qu'à l'aide d'un contre-poids unique, placé à poste
fixe quelque part dans l'instrument, on parviendrait à contre-balancer rigou-
reusement l'erreur représentée para sin (z-4- A). Quant aux autres, j'imagine
qu'ils répondent à un ou plusieurs poids, variables de grandeur et de positiofi
suivant certaines lois déterminées.
» Le second terme peut-il exister? Théoriquement je n'en sais rien ; mais,
à posteriori, je réponds oui. Voici, en effet , la comparaison que j'extrais de
mon premier Mémoire, entre les déclinaisons absolues de Bessel et celles de
M. de Struve.
éclinaison.
Bessel — Struve.
Erreur probable ap|
+ 65°
■+■ 0,11
±: 0,09
■+- 5o
-+- 0,07
±: 0,10
+ 34
+ o,>7
± 0,12
-P 23
4- 0,32
± 0,12
+ 4
+ 0,22
d= o,i3
+ 9
— 0,27
±: o,i3
-h 3
— 0,62
± o,i3
— 10
— o,5o
± 0,14
— '9
— 0,28
db o,i8
" Les quarante-quatre étoiles fondamentales ont été combinées par
groupes de cinq , dans l'ordre même où elles se suivent , afin d'atténuer les
100..
( 76o )
écarts accidentels de ces deux admirables catalogues, et j'ai adopté la ré-
duction nouvelle des étoiles de Bessel qui a été faite par M. Dœllen dans
son excellent Mémoire, Cette réduction ne diffère de celle de Bessel que
par une valeur différente du premier terme de la série ci-dessus (i).
" Ce tableau prouve, ce me semble, l'influence d'un terme sensible du
second ordre, sans qu'il soit possible de dire s'il affecte les déterminations
de Dorpat, ou celles de Kœaigsberg, ou toutes les deux à la fois.
" Quant au terme du troisième ordre, il me suffira de rappeler qu'une
certaine erreur des cercles muraux anglais a paru, à M. Airy, suivre la
marche de asinzcos^z; or cela revient à dire que le sinus du troisième
ordre est sensible et même qu'il a un coefficient égal à celui du premier.
» Ainsi les discordances de nos meilleures distances zénithales indiquent
la nécessité de considérer au moins les trois ou quatre premiers termes de
la série ci-dessus. La cause d'erreur que j'ai signalée pourrait, à mon
avis, engendrer ces termes et même d'autres, en tant qu'elle sera considérée
dans ses effets continus. Mais la différence essentielle avec l'influence de la
pesanteur consiste en ce que celle-ci reste constante, d'une année à l'autre,
dans sa loi et ses coefficients , et ne peut varier qu'avec une lenteur extrême
par l'altération de structure des métaux , par celle des liaisons et des ten-
sions de l'appareil, etc. , tandis que l'autre est soumise aux variations bien
plus considérables de la marche diurne et annuelle de la température. Si
donc on confond les deux causes et les deux lois, il ne faut pas s'étonner de
ne pouvoir assigner aux coefficients la même valeur deux années de suite.
" Supposons donc qu'on ait annulé entièrement cette cause d'erreur en
faisant le vide, par exemple, dans le tube des lunettes , et voyons comment
on peut combiner les observations astronomiques de manière à éliminer les
divers termes de la série indéfinie.
» Si l'on retourne l'instrument qui a servi à mesurer les distances au zé-
nith, si Ton recommence les mêmes mesures dans cette seconde position, la
moyenne de chaque paire de distances zénithales sera indépendante de tous
les cosinus d'ordre pair ou impair, «nais sera affectée de tous les sinus sans
exception.
» Si l'on observe de la même manière, c'est-à-dire dans les deux positions
de l'instrument, les distances au nadir des mêmes astres réfléchis par un
bain de mercure, et que l'on combine par voie de moyenne ces distances
(i) I et 2 « Capricorne ont été comptées pour une seule étoile , de même que i et 2 a Ba-
latice.
( 76i )
au nadir avec les distances au zénith, on éliminera tous les sinus d'ordre
impair.
.1 Mais je ne vois aucun moyen de se débarrasser des autres, en sorte que,
si je ne me trompe moi-même, la méthode proposée et pratiquée par Bessel
tomberait en défaut sous ce rapport. Or, en considérant le tableau ci-dessus ,
il paraît difficile de nier l'existence de ces termes d'ordre pair que la méthode
de Bessel laisse subsister à mon avis.
» Cette belle méthode n'est d'ailleurs applicable qu'aux instruments sus-
ceptibles de retournement; aussi le grand astronome de Kœnigsberg a-t-il
toujours considéré les cercles muraux comme incapables de donner des dé-
clinaisons absolues. Je vais montrer par quels artifices on rendra aux cercles
non susceptibles de retournement tous les avantages qui leur manquent en-
core; je chercherai , en second lieu, comment on pourrait déterminer expé-
rimentalement toutes les constantes d'un nombre quelconque de termes de
la série empirique.
» Les méthodes suivantes s'appliquent à tous les instruments susceptibles
ou non de retournement.
» D'abord en mesurant des angles de i8q degrés on reste complètement
indépendant de tous les termes d'ordre pair, et comme on peut placer un
système de deux collimuteurs opposés dans toutes les positions autour de
l'instrument, on obtiendra ainsi autant d'équations de condition qu'on
voudra de la forme
i8o° = M — m' 4- 2fl, sin2 + aijcos z + 2^3 sin3z + 2 b^ cos 3z + etc.,
« et m' étant les indications du limbe et des microscopes lorsque la lunette
est dirigée successivement sur les deux collimateurs.
» Il y a deux positions des collimateurs particulièrement avantageuses :
» 1°. La position horizontale; alors 2 = 90", et les termes inconnus
de l'équation précédente se trouvent réduits à 2rt, + 2^3 + 2^5 + etc.
On sait que c'est Bessel qui a introduit ce système de deux collimateurs
horizontaux pour déterminer ^ia^.
» 1°. La position verticale; alors z = 0°, et les termes inconnus se
réduisent à 2 é, -f- 2 èj + 2 ij -f- etc. Or voici un moyen simple de supprimer
dans ce cas le collimateur inférieur qu'il serait souvent impossible de placer
dans cette position : ce serait d'employer la lunette supérieure en guise de
collimateur zénithal, c'est-à-dire de la placer rigoureusement verticale à
l'aide d'un bain de mercure, et de remplacer le collimateur inférieur par
l'image réfléchie de la lunette même de l'instrument, à l'aide du même bain
(76o)
écarts accidentels de ces deux admirables catalogues, et j'ai adopté la ré-
duction nouvelle des étoiles de Bessel qui a été faite par M. Dœllen dans
son excellent Mémoire. Cette réduction ne diffère de celle de Bessel que
par une valeur différente du premier terme delà série ci-dessus (i).
" Ce tableau prouve, ce me semble, l'influence d'un terme sensible du
second ordre, sans qu'il soit possible de dire s'il affecte les déterminations
de Dorpat, ou celles de Kœnigsberg, ou toutes les deux à la fois.
" Quant au terme du troisième ordre, il me suffira de rappeler qu'une
certaine erreur des cercles muraux anglais a paru, à M. Airy, suivre la
marche de «sinzcos^z; or cela revient à dire que le sinus du troisième
ordre est sensible et même qu'il a un coefficient égal à celui du premier.
» Ainsi les discordances de nos meilleures distances zénithales indiquent
la nécessité de considérer au moins les trois ou quatre premiers termes de
la série ci-dessus. La cause d'erreur que j'ai signalée pourrait, à mon
avis, engendrer ces termes et même d'autres, en tant qu'elle sera considérée
dans ses effets continus. Mais la différence essentielle avec l'influence de la
pesanteur consiste en ce que celle-ci reste constante, d'une année à l'autre,
dans sa loi et ses coefficients , et ne peut varier qu'avec une lenteur extrême
par l'altération de structure des métaux , par celle des liaisons et des ten-
sions de l'appareil, etc., tandis que l'autre est soumise aux variations bien
plus considérables de la marche diurne et annuelle de la température. Si
donc on confond les deux causes et les deux lois, il ne faut pas s'étonner de
ne pouvoir assigner aux coefficients la même valeur deux années de suite.
« Supposons donc qu'on ait annulé entièrement cette cause d'erreur en
faisant le vide, par exemple, dans le tube des lunettes , et voyons comment
on peut combiner les observations astronomiques de manière à éliminer les
divers termes de la série indéfinie.
» Si l'on retourne l'instrument qui a servi à mesurer les distances au zé-
nith, si l'on recommence les mêmes mesures dans cette seconde position , la
moyenne de chaque paire de distances zénithales sera indépendante de tous
les cosinus d'ordre pair ou impair, mais sera affectée de tous les sinus sans
exception.
» Si l'on observe de la même manière, c'est-à-dire dans les deux positions
de l'instrument, les distances au nadir des mêmes astres réfléchis par un
bain de mercure, et que l'on combine par voie de moyenne ces distances
(i) I et 2 a Capricorne ont été comptées pour une seule étœle , de même que i et a a Ba-
lance.
( 76i )
au nadir avec les distances au zénith, on éliminera tous les sinus d'ordre
impair.
» Mais je ne vois aucun moyen de se débarrasser des autres, en sorte que,
si je ne me trompe moi-même, la méthode proposée et pratiquée par Bessel
tomberait en défaut sous ce rapport. Or, en considérant le tableau ci-dessus,
il paraît difficile de nier l'existence de ces termes d'ordre pair que la méthode
de Bessel laisse subsister à mon avis.
" Cette belle méihode n'est d'ailleurs applicable qu'aux instruments sus-
ceptibles de retournement; aussi le grand astronome de Kœnigsberg a-t-il
toujours considéré les cercles muraux comme incapables de donner des dé-
clinaisons absolues. Je vais montrer par quels artifices on rendra aux cercles
non susceptibles de retournement tous les avantages qui leur manquent en-
core; je chercherai , en second lieu, comment on pourrait déterminer expé-
rimentalement toutes les constantes d'un nombre quelconque de termes de
la série empirique.
» Les méthodes suivantes s'appliquent à tous les instruments susceptibles
ou non de retournement.
» D'abord en mesurant des angles de i8o degrés on reste complètement
indépendant de tous les ternies d'ordre pair, et comme on peut placer un
système de deux collimateurs opposés dans toutes les positions autour de
l'instrument, on obtiendra ainsi autant d'équations de condition qu'on
voudra de la forme
i8o° — u — u' -h 1 Uf sin z -\- ab,cos z + a «3 sin3z + 2 i, cos 3z -)- etc.,
u et u' étant les indications du limbe et des microscopes lorsque la lunette
est dirigée successivement sur les deux collimateurs.
" Il y a deux positions des collimateurs particulièrement avantageuses :
>' 1°. La position horizontale; alors 2 = 90", et les termes inconnus
de l'équation précédente se trouvent réduits à 2 rt, + 2 «3 + 2 «5 -f- etc.
On sait que c'est Bessel qui a introduit ce système de deux collimateurs
horizontaux pour déterminer a rt, .
» 2°. La position verticale; alors 2 = 0'^, et les termes inconnus se
réduisent à 2 ^, 4- 2 èg -1- 2 ^s -(- etc. Or voici un moyeu simple de supprimer
dans ce cas le collimateur inférieur qu'il serait souvent impossible de placer
dans cette position : ce serait d'employer la lunette supérieure en guise de
collimateur zénithal, c'est-à-dire de la placer rigoureusement verticale à
l'aide d'un bain de mercure, et de remplacer le collimateur inférieur par
l'image réfléchie de la lunette même de l'instrument, à l'aide du même bain
(762 )
de mercure. Ces deux opérations donneront évidenmient les coefficients a,
et by , etc. , même quand l'instrument ne pourrait être retourné. Quant aux
autres positions des deux collimateurs, il suffit de connaître à peu près la
distance z , c'est-à-dire leur inclinaison sur la verticale.
» Cette marche a l'avantage d'être exempte absolument des erreurs de
division quand on emploie, autour du cercle, un nombre pair quelconque
de microscopes équidistants; elle enseigne encore le nombre des termes
d'ordre impair dont il convient de tenir compte.
» Quant aux termes d'ordre pair, je ne vois qu'un seul moyen , c'est de
mesurer avec l'instrument des angles verticaux rigoureusement connus , à
priori, en grandeur et en position, et fournis par des artifices optiques. Les
collimateurs opposés ne peuvent plus servir à rien ; il faut des collimateurs
faisant entre eux un angle exactement connu et différent de i8o degrés.
» On voit de suite qu'un collimateur horizontal, muni d'un niveau sen-
sible, et qu'un collimateur zénithal, ou bien l'image de la lunette de l'instru-
ment lui-même réfléchie dans un bain dé mercure, donneront un angle de
90 degrés. Cet angle , mesuré avec l'instrument, fournira la relation
90° = m' — « + a, — 6, — a ij — «3 — ^3 — b^ — «5 — ^5 , etc. ,
dans laquelle on connaît déjà tous les termes, sauf b^ et b^. Mais, pour dé-
terminer «2 , a^, il nous faut d'autres angles que l'angle droit. J'ai tenu
d'autant plus à les chercher, que ces angles nous donneraient un excellent
moyen de contrôler nos instruments. On sait combien d'obstacles on ren-
contre quand il s'agit de mesurer un angle vertical avec précision. Comment
donc espérer qu'un cercle astronomique puisse déterminer exactement une
latitude, par exemple, s'il ne peut mesurer l'angle de 45 degrés dont je vais
parler, oîi les difficultés ordinaires de l'observation des étoiles n'intervien-
nent pas?
» On sait placer, comme je le disais tout à l'heure , avec la dernière
rigueur, un collimateur vertical et un collimateur horizontal ; si l'on dis-
pose un miroir plan de manière à faire voir dans le premier l'image réflé-
chie du second, et à faire coïncider par réflexion les deux axes optiques
formant en réalité 90 degrés , il est clair que le miroir aura une situation
parfaitement définie dans l'espace, car le moindre déplacement angulaire
engendrerait une déviation double dans les axes des deux collimateurs. Main-
tenant , si l'on pointe la lunette de l'instrument sur ce miroir, de manière à
faire voir par réflexion son propre réticule en coïncidence avec son image ,
la lunette aura parcouru depuis le zénith un angle de 45 degrés, qui , mesuré
( 763 )
par l'instrument, donnera les relations («", «', « correspondent à z = o°,
z = 45" et z = 90°),
+ a, - èj + «3 y/^ - ^3 (^i-f- y/^ j — 2^,. . .
45° = «"-«' + «, (i - y^) - *. \/^
- a, - *, - a, ^y/^ + 1 j + *3 y ^ -I- *4---
(v/^0
b,--b,...
Et tout sera déterminé, car b^ se trouve dans d'autres équations, et a^ n'a
encore fifjuré nulle part.
» Enfin , une nouvelle disposition très-simple fournit de nouvelles rela-
tions en nombre quelconque entre les 6, , b^, b^, b^, etc.
» Que l'on place deux collimateurs faisant un angle quelconque avec la
verticale, angle qui n'a pas besoin d'être rigoureusement connu, mais que
l'on dirige ces deux collimateurs l'un sur l'autre, à l'aide d'un bain de mer-
cure, et que l'on mesure avec l'instrument leurs distances zénithales; l'égalité
nécessaire de ces distances donnera (m' répond à z = o)
u = è, (i —cosz) + 6j(i — cos2z) + Aj (i — Gos3z) ■+■ etc.
L'opération est facile à instituer du côté du nadir, en observant les collima-
teurs par réflexion.
» Si les deux collimateurs forment le même angle 90° — z avec l'horizontale,
on aura
u' = a, (i — sinz) — ^2(1 + cosaz) — (23(1-1- sin3z) 4-
-I- ^4(1 — cos4^) etc.
Ici il faudrait un troisième collimateur et un bain de mercure.
» Quand on détermine le point du zénith comme à Greenwich, le résul-
tat est indépendant de tous les termes de la série, sauf de b,, b^, etc.;
(764)
en comparant ce point ainsi déterminé avec celui qui résulte de l'observa-
tion du nadir (réflexion des fils dans un bain de mercure) , on a remarqué
une différence constante d'environ o",5 qui me paraît être un indice suffi-
sant de l'influence des ternies en b,, b^, b^, etc. Il y a même là un moyen
de déterminer b, , si l'on éfjale à zéro tous les autres. Mais quand même ce
point du zénith serait riffoureusement déterminé, les autres observations
n'en seraient pas moins affectées de tous les termes sensibles de la série.
" Dans mon Mémoire complet, je montrerai comment, avec trois collima-
teurs et un miroir plan, on peut diviser un angle quelconque non-seulement
en deux parties égales, ttiais encore en trois, en cinq, en sept, etc. De la
sorte , on peut dire en toute rigueur, qu'on déterminera autant de termes
que l'on voudra, dans la série empirique, laquelle rendra ainsi les mêmes
services que si elle avait été déduite d'une théorie mathématiquement rigou-
reuse. Dans la pratique, je suppose qu'il ne sera jamais nécessaire d'aller au
delà des termes du troisième ou du quatrième ordre.
» On comprend, sans plus de détail , que ces mêmes procédés s'applique-
ront bien plus aisément encore dans un plan horizontal pour déterminer
la valeur rigoureuse d'un angle ou d'un arc donné , pour le diviser en un
nombre quelconque de parties égales, et, par suite, pour vérifier les divi-
sions d'une machine à diviser ou celle d'un cercle astronomique. La seule
différence tient à ce que sur un plan horizontal toutes les directions peuvent
être prises pour origine, et qu'il n'est plus besoin de faire le vide dans les
collimateurs. Cette méthode, basée sur l'emploi de trois lunettes et d'un
miroir plan placé au centre du cercle, est susceptible de donner une exac-
titude extrême, car les éléments d'où dépend cette exactitude, à savoir la
longueur des collimateurs, les grossissements employés, l'illumination du
champ de vision ou des réticules, sont à l'entière disposition du construc-
teur. Si deux des collimateurs sont opposés , par exemple, le troisième for-
mant un angle quelconque avec ceux-là, la bissection des deux angles adja-
cents donnera l'angle droit fondamental, que l'on pourra subdiviser ensuite
d'une manière quelconque. D'ailleurs, on pourra opérer le transport d'un
angle donné ou d'un angle inconnu , et réaliser à volonté l'accumulation des
termes successifs d'une progression dont la raison serait 2, 1,-5 etc.
>. Mais après avoir étudié un cercle astronomique dans la position
horizontale , et avoir donné par là à sa division un caractère presque absolu
de perfection, l'astronome doit encore, à mon avis, étudier l'instrument
complet joint à sa lunette, dans la position verticale, parles procédés que
( 765 )
j'ai indiqués, afin He déterminer les coefficients de la loi empirique de la
flexion; alors seulement l'instrument pourra être dirigé vers le ciel; et si de
nouvelles discordances se manifestent, l'astronome en cherchera, à bon
droit, l'origine dans le ciel, non dans ses organes.
>• Quant aux modifications instrumentales que j'ai annoncées dans ma
dernière Note, elles se réduisent essentiellement aux deux points suivants :
faire le vide dans les lunettes, et détruire toutes les causes d'inégale répar-
tition de la température dans la masse de l'instrument. En faisant le vide,
on peut craindre d'altérer les surfaces de l'objectif. Je ne pense pas qoe cet
inconvénient soit bien grave dans les lunettes de petites dimensions dont
nous nous servons pour les instruments méridiens, mais j'avoue qu'il est im-
possible d'y soustraire les grandes lunettes des machines parallactiques. Pour
celles-là, il n'y a qu'une ressource : c'est de supprimer le tube et de le rem-
placer par une combinaison de barres. Quant aux autres lunettes, il n'y a
pas lieu de craindre sérieusement l'influence de la pression totale de l'at-
mosphère sur l'objectif. On pourrait d'ailleurs donner aux deux lentilles de
l'objectif la même courbure pour les surfaces intérieures, et les coller en-
suite comme M. Biot l'a proposé dans un autre but; alors les deux lentilles
opposeraient ensemble une résistance bien suffisante, surtout si l'on tra-
vaille avec précision le rebord ( irculaire sur lequel elles devront porter.
Quant aux tubes, il n'y a rien à craindre de la pression extérieure; celle-ci
varie à la vérité, mais avec lenteur et régularité, et l'on sait aujourd'hui se
mettre à l'abri, par la détermination fréquente du nadir, des changements
à courte ou à longue période.
" fiCS autres modifications ont trait au cercle mural. Je propose de raser
l'immense pilier en maçonnerie qui porte l'axe et les. microscopes, et de le
remplacer par un simple support en fonte, aussi léger, aussi évidé, aussi
étroit que possible. Ce châssis de fonte ne serait pas plus haut que l'axe même
de l'instrument. L'appareil des microscopes, de même métal que le limbe,
serait fixé centralement à ce pilier, et serait en outre supporté à droite et à
gauche du limbe par deux légères colonnes de fonte aussi hautes que le pied.
Toutes ces pièces de fonte seraient d'ailleurs solidement fixées à une large
base en pierre, dont le sommet resterait un peu au-dessous du plancher.
Et comme il me paraît important d'accélérer, de simplifier autant que pos-
sible chaque observation, je propose encore de réduire à deux le nombre
des microscopes. Si les divisions ont été convenablement étudiées, ou bien
si elles sont aussi parfaites que celles de notre célèbre Gambey, on gagnera
C. R., i85o, a"" Semestre. (T. XXXI, N» 25.) lOI
( 766 )
bien plus qu'on ne perdra par cette suppression, dont je renvoie d'ailleurs
l'examen détaillé à mon Mémoire complet.
i> Pour éviter de ramener encore une fois l'attention de l'Académie sur
ce sujet, je passerai sous silence l'examen des observations du Soleil aux-
quelles je propose d'appliquer les procédés photographiques, et d'antres ques-
tions qui se rattachent à celle-là; j'exposerai ces discussions dans le Mémoire
dont je m'occupe. »
THÉOEIE DE LA LUMIÈRE. — Nots sur la réflexion dun rajon de lumière
polarisée, à la surface extérieure d'un corps transparent; par
M. Augustin Cauchy.
« Supposons qu'un corps transparent étant terminé par une surface plane,
on fasse tomber sur cette surface, et sous une incidence quelconque, un
rayon de lumière doué de la polarisation rectiligne. Supposons encore que
le plan de polarisation coïncide avec le plan d'incidence, ou lui soit per-
pendiculaire. Si le corps transparent est isophane , le rayon réfléchi sera
polarisé dans le même plan que le rayon incident. Ce résultat de l'expérience
se trouve, comme l'on sait, d'accord avec la théorie que j'ai donnée. Celle-ci
conduit, en outre, a la proposition générale que je vais transcrire.
>> Théorème. Le rayon incident étant supposé, comme ci-dessus, pola-
risé dans le plan d'incidence ou dans un plan perpendiculaire, si le corps
transparent donné, au lieu d'être isophane, est un cristal à un ou à deux
axes optiques, le rayon réfléchi pourra être généralement considéré comme
résultant de la superposition de deux autres rayons polarisés, l'un dans le
plan d'incidence , l'autre perpendiculairement à ce plan. L'un de ces deux
derniers ne disparaîtra que dans certains cas spéciaux indiqués par les
formules.
" Si, pour fixer les idées, on suppose que le corps transparent soit un
cristal à un axe optique , qui remplisse les conditions indiquées dans la Note
du 1 1 novembre, les deux rayons qui, d'après le théorème, concourront par
leur superposition à former le rayon réfléchi, subsisteront l'un et l'autre, à
moins que le plan d'incidence ne soit ou parallèle, on perpendiculaire à la
section principale.
n Ces conclusions sont conformes à des expériences que M. Soleil fils a
faites et à d'autres que nous avons exécutées ensemble avec le goniomètre
de M. Babinet muni de prismes de Nichol. »
( 767 )
ZOOLOGIE. — Note additionnelle au quatrième fragment sur les organes
de génération de divers animaux; par M. Duvernoy. [Extrait par
l'auteur (i)].
« Dans la publication successive de ces fragments, j ai eu pour but prin-
cipal de montrer jusqu'à quel point les organes de génération et leurs pro-
duits, peuvent différer, non-seulement d'une famille à l'autre , mais encore
entre plusieurs genres d'une même famille, ou entre des espèces congénères.
» Mon quatrième fragment comprenait entre autres la description de ces
organes dans trois petites espèces de Calmar, le Calmar subulé [Loligo
subulata , Lam.), le Calmar de Duvaucel, d'Orbigny, tt le petit Calmar
{S épia média, L.).
» Mais je n'avais pu rien dire de Y espèce commune {Sepia loligo, L.),
faute d'exemplaires à l'état frais; et j'avais d'autant plus de raisons de le re-
gretter, que cest précisément sur cette espèce que Néedbam avait eu
l'occasion de faire ses précieuses observations.
» Je suis heureusement à même de remplir, dès aujourd'hui , cette lacune
de mon dernier travail , au moins relativement aux organes de génération ,
grâce à un envoi de deux cents exemplaires qui m'a été adressé du Havre ,
il y a quatre jours, et parmi lesquels il s'est trouvé trente mâles très-bien
conservés.
)' Le Calmar commun ayant de plus fortes dimensions que les trois es-
pèces dont je m'étais occupé précédemment , et son appareil de génération
étant plus développé, quoique les animaux, sujets de mes observations, aient
été à la fin de leur rut; je me suis trouvé à même de déterminer avec exacti-
tude toutes les parties de cet appareil.
>' Ces déterminations m'ont servi d'ailleurs à comparer et à préciser, avec
plus de sûreté, les ressemblances et les différences que m'ont présentées les
espèces que j'avais précédemment étudiées.
appareil générateur mdle du Calmar commun.
" La glande spermagène s'étend jusqu'au fond du sac viscéral et montre
un grand volume proportionnel.
» Sa forme, au lieu d'être sphérique ou du moins ronde et aplatie, comme
(i) J'étais inscrit pour lire cette Note dans la séance du aS novembre ; n'ayant pu avoir
la parole , je n'en ai pas changé les termes relatifs à cette date.
lOI..
( 7^8 )
dans la Seiche et le Poulpe, est très-allongée et triangulaire, ayant sa pointe
en arrière, comme pour s'adapter à la forme de la cavité viscérale.
" C'est ce qui a lieu pour tous les organes chimiques , dont la forme n'est
pas essentielle; mais seulement la structure intime (i).
" Celle-ci semble, au premier coup d'œil, ne se composer que de lames
transversales aboutissant, de chaque côté, à une espèce de rigole médiane
longitudinale, qui se voit à la face dorsale de la glande et qui est complétée
en un canal entier par la membrane propre du testicule.
» Ces lames sont des tubes comprimés, de différentes longueurs, analo-
gues à ceux c^ue. nous avons décrits dans la glande spermagène de la Seiche
et du Poulpe; mais leurs origines ou leurs culs-de-sac n'y forment pas,
comme dans ceux-ci , une espèce de pavé à la surface de la glande, que l'on
aperçoit à travers sa membrane propre, qui est très-mince et transparente
dans toutes les espèces de Céphalopodes où nous avons pu l'étudier.
< La glande spermagène du Calmar commun est isolée, comme celle
des autres Céphalopodes , dans une cellule péritonéale qui la sépare du
reste de l'appareil.
» La cavité de cette cellule est de plus divisée par un repli qui aboutit,
vers la base du triangle, à l'orifice du canal dont la rainure que nous venons
d'indiquer fait partie.
" Est-ce par cette ouverture que sortent les spermatozoïdes, à travers
les orifices des tubes ou des poches spermatiques qui se termineraient dans
la rainure déjà mentionnée? Nous n'avons pu le constater.
>' Ils tombent ensuite dans la cellule péritonéale , d'où ils passent dans le
canal déférent, dont l'embouchure assez considérable est percée dans la
paroi de la cellule péritonéale qui est adhérente au sac des spermaphores.
» Depuis son embouchure, le canal déférent reste quelque temps adhé-
rent à ce sac et semble s'y terminer. De sorte que, si l'on n'avait pas re-
connu auparavant la glande spermagène, qui est complètement isolée dans sa
cellule péritonéale, on prendrait facilement la vésicule séminale repliée sur
elle-même, pour un testicule multilobe (a), et l'on regarderait le canal dé-
férent comme sortant de ces organes, au lieu de s'y rendre, comme cela est
en effet.
( I ) Ainsi que je l'ai déjà fait remarquer au sujet du foie , dans le Mémoire sur la forme de
cet organe. Mémoire que l'Académie a bien voulu entendre le 3 octobre i835.
(2) Ainsi que l'a fait l'auteur d'une Monographie anatomique sur les organesde géné-
ration de la Sépiole , cité dans la partie historique de ce fragment.
(769)
» La position de la glande spermagène, enlièrement séparée du reste de
l'appareil générateur, sauf les vaisseaux et les nerfs qui les mettent en rap-
port, est comparable à celle de l'ovaire chez les Vertébrés supérieurs.
" De même l'embouchure du canal déférent est analogue au pe^villon de
la trompe de Fallope ou de l'oviducte propre.
» Cette disposition , déjà reconnaissable dans le Poulpe et la Seiche ^ l'est
bien davantage dans les Calmars, dont la cellule péritonéale, qui reçoit
les spermatozoïdes, n'a que les caractères du péritoine; tandis qu'elle est
blanche, épaisse et fibreuse, comme une albuginée, dans les deux premiers
genres. F/intervalle qui existe entre elle et la substance du testicule est ici
beaucoup moindre.
» La vésicule séminale est longue, repliée sur elle-même et compliquée
dans sa structure. Elle a un cul-de-sac dès son origine, puis un second à
quelque distance de l'insertion du canal déférent. Son extrémité se termine
par un canal étroit qui s'ouvre dans la prostate.
" Celle-ci a deux lobes distincts, triangulaires, dont les cavités s'ouvrent
dans un canal excréteur considérable, lequel se dirige droit vers le fond du
sac aux spermaphores, en deçà duquel il se termine.
» Ce sac a un long col, rétréci en simple canal, puis une dilatation à parois
plus épaisses, avant de se terminer par un orifice en forme de fente à deux
lèvres, dans la cavité branchiale gauche. Cette dernière dilatation répond à
la poche éjacnlatrice des Poulpes.
" Il résulte de cette description et des précédentes, comprises dans mon
quatrième fragment:
" 1". Que l'appareil génital mâle des Calmars a plus de ressemblance
avec celui des Poulpes et des Seiches, que je ne l'avais conclu de l'étude des
petites espèces;
" a". Que, dans toutes ces espèces , le canal déférent ne se rend que dans
la vésicule séminale, et qu'il est accolé, dans son origine, aux parois du
sac aux spermaphores, de manière à faire illusion sur sa direction véritable;
" 3°. Que la glande spermagène, étant isolée au milieu d'une grande
cellule péritonéale, et séparée du reste de l'appareil génital, à la manière des
ovaires des animaux supérieurs, a pu être méconnue dans quelques espèces.
C'est ce qui est arrivé , pour celle de la Sépiole, à M. Peters , dont l'erreur
nous avait entraîné à en commettre une semblable relativement à cette espèce
et aux petites espèces de Calmar que nous avons d'abord étudiées : grâce
aux études que nous avons pu faire sur le Calmar vulgaire , cette erreur
aura été de courte durée;
( 770 )
» 4". S'il y a, indubitablement, une grande analogie dans le plan de
composition de tout l'appareil mâle de génération des espèces de Céphalo-
podes que nous avons pu observer; on trouve cependant des différences dans
les détails de cet appareil qui caractérisent les genres et même les espèces ,
quoique pour celles-ci ces différences soient moins évidentes. »
M. Ch. Bonaparte présente la figure d'un Oiseau (le Notornis d'Owen),
que, jusqu'à présent, on avait cru n'exister qu'à l'état fossile , ou, du moins,
avoir été détruit depuis longtemps comme le Dodo , les Dinornis , etc. Au-
jourd'hui qu'il a été trouvé vivant à la Nouvelle-Zélande , il doit être rangé
dans la catégorie àuStrigops, à\x Nestor hj popolius et de ces diverses espèces
d'Oiseaux dont la race est en voie d'extinction. Le Notornis a des affinités
évidentes avec les Rallides, et parmi ceux-ci il se rapproche des Tribonjx
plus que des Brachjpteryx auxquels Ovk'en le comparait. Malheureusement
on ne connaît pas son sternum; mais on peut hardiment avancer que, quoi-
que destiné à un appareil de vol rudimentaire, il ne doit pas être plat, mais
caréné comme celui des Poules d'eau.
^OMIlVA'^0!\s.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission de cinq Membres, chargée de préparer la question qui devra
être proposée comme sujet du grand prix des Sciences mathématiques à
décerner en iSSa.
MM. liiouville, Sturm, Lamé, Cauchy, Poinsot réunissent la majorité
des suffrages.
aCBMÔmES LUS
physiqup:. — Mémoire sur la détermination des pouvoirs absorbants des
corps athermanes pour les chaleurs de diverses natures; par MM. F. de la
Pbovostaye et P. Desaiivs. (Extrait par les auteurs.)
(Renvoyé à la Section de Physique générale.)
.. Quelle que soit la variété des travaux qui , depuis une cinquantaine
d'années, ont été publiés sur l'absorption calorifique, on peut les rapporter
à trois chefs distincts. Dans les uns , on a en pour objet de prouver expéri-
mentalement, soit la proportionnalité, soit l'égalité des pouvoirs émissifs et
absorbants; dans d'autres, on a établi que le pouvoir absorbant d'une sub-
( 77» )
stance déterminée peut changer beaucoup avec la nature de la chaleur inci-
dente; dans d'autres enfin, on paraît avoir entrepris de mesurer la grandeur
absolue de l'absorption calorifique. Les premiers sont dus à MM. Ritchie et
Dulong. Nous les avons discutés en d'autres Mémoires, et depuis nous avons
nous-mêmes déduit de nos expériences sur la réflexion et sur l'émission de
la chaleur un assez grand nombre de vérifications du principe qu'ils se pro-
posaient d'établir. Mais il faut bien remarquer que ce principe , à l'aide du-
quel on rend compte de la stabilité de l'équilibre calorifique dans une enceinte
dont tons les points, primitivement à même température, n'éprouvent ni gain
ni perte extérieure, est applicable seulement lorsque la chaleur qui traverse
les surfaces des différents éléments est, dans le cas de l'absorption , de même
nature que dans celui de l'émission. On ne peut donc en déduire la mesure
des pouvoirs absorbants que pour la chaleur à basse température, parce que
jamais on n'a mesuré les pouvoirs émissifs des corps portés à riucandescence.
•' Quant aux expériences par lesquelles MM. Baden Powel d'abord, et
Melloni ensuite, ont établi que la proportion de chaleur absorbée varie avec la
nature de la source : elles sont d'une parfaite netteté. Nous ajouterons seu-
lement que nous avons généralisé la vérité qu'elles mettent en évidence, en
faisant voir que les pouvoirs réflecteurs des métaux polis, et par suite les
pouvoirs absorbants qui en sont complémentaires, éprouvent de grandes
variations quand on change la nature des faisceaux calorifiques incidents.
» Leslie, seul, a proposé une méthode pour la mesure des pouvoirs ab-
sorbants. Il recouvrait successivement des substances à essayer la boule d'un
thermomètre sur lequel il concentrait la chaleur d'une source constante, et
comparait les excès stationnaires de sa température sur celle de l'enceinte.
Mais on a déjà fait remarquer que cette méthode est fautive, et il en est de
même de toutes celles qui , à la différence près des appareils thermoscopiques,
n'en sont que la reproduction.
» Il existait donc une lacune sur ce point important de la théorie de la
chaleur rayonnante. Nous avons cherché à la combler, et nous allons exposer
avec quelques détails la méthode que nous avons suivie et les résultats aux-
quels elle nous a conduits.
I) Lorsque, dans une enceinte à température z, un thermomètre est arrivé,
sous l'action d'une source constante, à un degré stationnaire d , la quantité de
chaleur que, dans l'unité de temps, il gagne par son échange avec la source,
est précisément égale à celle qu'il perd par le contact de l'air et par son
échange avec le reste de l'enceinte. Or, quand la source est à une tempéra-
ture très-élevée, ce que le thermomètre émet vers elle est négligeable par
( 77» )
rapport à ce qu'il en reçoit; par conséquent ce qu'il gaf^ne est proportionnel
au pouvoir absorbant de la substance qui le recouvre. D'une autre part, si
la source est vue du thermomètre sous un petit angle, la double perte
qu'il éprouve ne différera pas sensiblement de ce qu'elle serait si le ther-
momètre existait seul dans l'enceinte. Elle sera donc évidemment propor-
tionnelle à la vitesse totale de refroidissement de ce dernier, pour l'excès de
température d — t. On voit que, pour déterminer les rapports des pouvoirs
absorbants de deux substances, il faut en recouvrir successivement un
même thermomètre, l'exposer à l'action de la source qu'on aura choisie, dé-
termioer, dans chaque cas, les vitesses totales de refroidissement correspon-
dantes aux excès définitifs de température qu'il atteint , et prendre le rapport
de ces vitesses.
" Dans toutes nos expériences, nous avons fait usage d'un même thermo-
mètre sphérique très-sensible, que nous avions gradué avec grand soin. Il
était toujours placé dans une position bien détermiuée , un peu au delà du
foyer d'une lentille qui concentrait sur lui les rayons dont on mesurait l'ab-
sorption; et les indications étaient lues à distance, à l'aide d'une lunette
mobile le long d'une règle verticale.
" En opérant successivement avec la chaleur solaire et celle d'une lampe
à modérateur, nous avons obtenu les résultats suivants :
POUVOIRS ABSOBBaNTS rapportés a celui DII noir de FUMEE
POUR
iVu/ni 4^1 sabstiàtcet.
Noir dé'platiue
Cinabre. . J
Blanc de céruse.. . .
Argent en poudre. . .
Argent en feuilles. . .
Or en feuilles
la chaleur solaire.
la chaleur de la lampe.
a
1,00
»
0,28
0,19
0,21
a
0,21
0,0^5
»
o,i3
o,o4
>' Ces nombres s'accordent avec ceux que nous avons obtenus dans nos
expériences sur la réflexion, pour montrer que le pouvoir absorbant des
métaux en lames est notablement plus grand pour la chaleur lumineuse que
pour la chaleur obscure, tandis que c'est l'inverse qui a lieu pour les
substances diffusantes proprement dites, telles que le cinabre et le blanc de
céruse.
" Les considérations qui nous ont conduits à la méthode dont nous
venons d'exposer quelques applications, expliquent des faits qui nous ont
( 773)
d'abord étonnés, mais sur la réalité desquels l'expérience ne nous a laissé
aucun doute.
" En exposant successivement aux rayons solaire un même thermomètre
recouvert d'abord de blanc de céruse, puis d'or en feuilles, poli et brillant,
nous l'avons vu, dans le second cas, atteindre une température notablement
plus élevée que dans le premier. L'expérience se répète très-facilement avec
un thermomètre différentiel dont une des boules est dorée, l'autre blanchie;
au soleil, dans l'air, la température finale de la première est notablement
supérieure à celle de la seconde.
" Faut-il en conclure que le pouvoir absorbant de lor est plus grand que
celui du blanc de céruse? pas le moins du monde. Faut-il dire, comme on l'a
fait quelquefois, que la présence de l'air trouble seule les résultats? pas da-
vantage. Dans le vide, la différence des échauffements est de même sens et
beaucoup plus considérable. Enfin sous l'action du rayonnement d'une même
lampe, notre thermoscope aux boules blanches et dorées nous a donné,
dans l'air et dans le vide, des indications inverses l'une de l'autre. Dans l'air,
réchauffement de la céruse est plus grand que celui de l'or; c est le contraire
dans le vide.
» Si nous ajoutons à tout ce qui précède que réchauffement de la céruse
est plus rapide que celui de l'or, et que dans les premiers instants le thermo-
scope à air semble toujours indiquer qu'elle s'échauffe d'avantage, on re-
connaîtra que les phénomènes paraissent assez compliqués, et Ion concevra
pourquoi, tout en les signalant ici, parce qu en eux-mêmes ils offrent un^
intérêt véritable, nous renvoyons à notre Mémoire pour une explication)
complète. " >
ANATOMiE cOMPAaÉE. — Mémoire sur le système nerveux des Ânnélides'
proprement dites ; par M. A. de Quatrefaggs. (Extrait par l'auteur. )
(Renvoi à la SecUon d'Anatomie et de Zoologie.)
« Pour que le résultat de mon travail fût aussi net que possible, je
devais choisir des espèces assez voisines l'une de 1 autre et pousser mes^
recherches jusque dans les derniers détails. C'est ce que j'ai cherché à
faire. Les genres Néréide, Nephtys, Phyllodocé et Glycère se prêtaient
parfaitement à cette étude comparative. Ces quatre genres ont été réunis
dans la même famille par les naturalistes les plus compétents, et entre autres
par MM. Savigny, de Blainvilie, Audouin et Milne Edwards. C'est dire assez
que la forme générale et les appendices du corps ne présentent aucune diffé-
C. K., i85o, 2™« Semestre. (T. XXXI, N» 85.) I02
( 774 )
rence essentielle. En oiure, chez tous les quatre, la trompe est très-déve-
loppée, mais elle offre dans sa structure, dans le nombre et l'étendue de ses
mouvements, par conséquent dans son appareil musculaire lui-même, de
profondes modifications.
" Chez les Néréides, la trompe est un organe très-compliqué. On y dis-
tingue trois régions parfaitement caractérisées. Ija première représente la
cavité buccale; son appareil musculaire est fort simple. F^a seconde partie
de la trompe est armée de deux dents recourbées très-robustes, mises en
mouvement par des muscles puissants et susceptibles d'exécuter des mouve-
ments étendus et variés. Enfin la troisième région remplit les fonctions d'un
oesophage. Ses muscles, plus faibles mais très-nombreux, sont évidemment
disposés de manière à faciliter la déglutition d une proie même vivante.
" A ce développement considérable et complexe de l'appareil musculaire
de la trompe, correspond chez les Néréides une complication bien remar-
quable du système nerveux viscéral. Pour trouver quelque chose d'analogue,
il faudrait remonter jusqu'aux Vertébrés supérieurs. En outre, ce système,
au lieu de se répéter pour ainsi dire d'anneau en anneau, comme on l'ob-
serve dan;i le système nerveux général, présente, dans chacune des régions
dont nous parlions plus haut, des différences extrêmes.
" Dans la région buccale, les troncs principaux sont grêles, assez nom-
breux et parfois anasiouiosés entre eux. Ils présentent quelques pelits gan-
glions et donnent naissance à un véritable réseau de filets très-fins, qui tapisse
immédiatement la membrane muqueuse. A la région dentaire , les troncs
nerveux deviennent plus rares, mais ils sont plus volumineux et relient en-
semble de gros ganglions , d'où sortent des nerfs considérables. Ces troncs
sont, en outre , reliés ensemble par des commissures très-délicates et singu-
lièrement multipliées. Enfin, dans la région œsophagienne, ces troncs dimi-
nuent rapidement d'épaisseur. Ils deviennent très-grêles, se bifurquent et se
couvrent de très-petits ganglions, d'où partent des nerfs transversaux d'une
excessive ténuité.
» l^a trompe des Nephtys est beaucoup plus simple que celle des Néréides.
La région buccale présente encore à peu près les mêmes caractères; mais la
région œsophagienne ne porte plus que des plans musculaires épais et uni-
formément disposés. Quant à la région dentaire, elle n'est représentée que
par deux sortes de lèvres digitées.
>i Les modifications du système nerveux viscéral s'accordent parfaitement
avec celles de la trompe elle-même. Nous retrouvons à la région buccale
presque tout ce que nous avions vu chez les Néréides. Mais à la région
( 775)
moyenne , les grands centres ganglionnaires dont nous avons parlé plus haut
sont remplacés par de simples anneaux renflés en petits ganglions à l'origine
des troncs nerveux. Quanta la région œsophagienne, elle ne présente plus
que quatre troncs assez volumineux, donnant naissance à des filets très-fins et
très-nombreux.
« Chez les Phyllodocés et chez les Glycères, la trompe, tout en acqué-
rant un volume proportionnel plus considérable, se simplifie beaucoup.
Deux plans musculaires, dont les fibres se croisent à angle droit, et des
muscles rétracteurs placés sur les côtés comme des espèces de haubans, suf-
fisent pour faire exécuter à cet organe tous les mouvements dont il est sus-
ceptible. En outre, dans ces deux genres, les dents disparaissent ou bien
sont rudimentaires et immobiles, et le partage en régions distinctes est à
peine marqué dans les Phyllodocés, entièrement effacé chez les Glycères.
'1 Le système nerveux viscéral est extrêmement réduit dans ces deux
genres. Il consiste en de simples chapelets ganglionnaires, disposés en
anneau aux deux extrémités de la trompe, et réunis par des troncs à peu
près parallèles. Dans U.s Phyllodocés , j ai vu nettement de petits filets trans-
verses partir de ces troncs longitudinaux. Dans les Glycères, ils m'ont
échappé, peut-être à cause de leur ténuité excessive.
» Dans ce qui précède, je n'ai parlé que de la disposition du système
nerveux viscéral ; je n'ai rien dit de ses origines. C'est là pourtant une des
circonstances les plus importances à noter. Ici encore nous retrouverons
cette variabilité d'organisation qui caractérise si singulièrement le système
nerveux des Annélides.
« Chez les Ëuniciens que j'ai examinés, le système dont nous parlons
naît des parties moyennes et inférieures du cerveau; chez les Aphrodites,je
l'ai vu se détacher de deux ganglions accessoires placés sur les connectifs
en dehors du cerveau, et chez les Néréidiens dout je parle, ce système
prend naissance sur le connectif lui-même, mais en présentant d'un genre
à l'autre de très-grandes différences.
» Ainsi, dans les Néréides, on ne trouve que deux racines partant, une
de chaque côté, tout près de la bifurcation des connectifs. Chez les Nephtys
il y a deux paires de racines. On en compte quatre paires chez les Gly-
cères. Dans ces deux genres les troncs nerveux dont il s agit sont à peu
près également espacés le long du connectif, entre le cerveau et la chaîne
ganglionnaire abdominale. Chez les Phyllodocés, au contraire, où l'on
compte trois paires de racines, ces mêmes troncs naissent d'un ganglion
placé vers le milieu de chaque connectif.
' I02 . .
(776)
» On remarquera que le système nerveux viscéral de ces Annélides est
d'autant moins caractérisé comme appareil particulier, que le nombre de ces
racines est plus considérable. Chez les Néréides, où l'on n'en voit qu'une
seule paire, le système dont nous parlons est aussi distinct que l'est le grand
sympathique lui-même chez les Vertébrés. Au contraire, chez les Glycères,
où Ton trouve quatre paires de racines, ces troncs nerveux, étendus simple-
ment d'une extrémité à l'autre de la trompe , semblent n'être que les dépen-
dances du système nerveux général.
» Ainsi, considéré seulement au point de vue anatomiqiie, le système
nerveux viscéral des Annélides présente des caractères qu'on ne retrouve
dans le même appareil chez aucun autre groupe d'Invertébrés. 11 n'est pas
moins digne de notre attention sous le rapport physiologique.
" Chez les Crustacés, les Arachnides, les Insectes, le système dont nous
parlons appartient exclusivement aux appareils de la vie organique. Les
nerfs qui en partent ne se distribuent jamais à des parties dont les mouve-
ments sont soumis à l'empire de la volonté. Chez les Annélides, au contraire,
la plus grande portion du système nerveux viscéral est en rapport avec des
organes du mouvement volontaire. Quelques filets toujours très-grêles con-
servent seuls la destination attribuée d'une manière générale aux nerfs
stomato-gastriques , et se rendent soit à l'intestin, soit vers quelques-uns des
principaux troncs vasculaires. Sur l'Eunice sanguine, il n'est pas très-difficile
de reconnaître qu'un même ganglion fournit à la fois ces deux sortes de
nerfs. Dans les Nephtys, le même tronc qui a fourni des filets aux muscles
volontaires de la trompe se continue jusque sur l'intestin, etc.
» Le même appareil fournit chez les Néréides, chez les Johnstonies, chez
les Nephtys, les ramifications délicates qui tapissent toute la muqueuse
buccale. Il est bien difficile de ne pas regarder ce réseau nerveux comme
étant le siège du goût.
ff S'il en est ainsi, comme tout porte à le croire, le système nerveux
viscéral de ces Annélides fournit à la fois des nerfs de la vie animale, des
nerfs de la vie organique, et des nerfs sensoriaux. Je crois qu'une pareille
accumulation de fonctions n'avait encore été signalée nulle part.
» Ainsi le système nerveux viscéral des Annélides est bien certainement
l'analogue anatomique de l'appareil stomato gastrique décrit chez les In-
sectes, les Crustacés, les Arachnides. Mais par son e.xtrême variabilité, par
la nature complexe de ses fonctions , il présente des caractères spéciaux et
qu'on n'avait encore rencontrés dans aucun groupe zoologique.
» De plus, ce système est essentiellement proboscidien. Il se complique ou
( 777 )
se simpliBe en même temps que la trompe seule. Jusqu'à ce jour, il m'a été
impossible de saisir un rapport quelconque entre les modifications qu'il subit
et les dispositions organiques des autres parties du corps. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
THÉRAPEUTIQUE. — Considérations chimiques et thérapeutiques sur les sels
d'argent; par M. Delioox. (Extrait.)
(Renvoyé à la Commission précédemment nommée.)
Dans cette deuxième partie de son travail , M. Delioux recherche s'il ne
serait pas possible de substituer en médecine à l'azotate d'argent un sel de
ce métal qui offrît l'avantage d'être plus facilement absorbable, d'exercer
une action irritante locale moins prononcée, et enfin de ne pas produire la
coloration bleuâtre des téguments. Il croit rencontrer ces avantages réunis
dans l'iodure de potassium et d'argent en dissolution dans l'eau albumineuse.
Cette solution peut rester exposée à l'air et au jour sans changer de couleur.
Le sel de potassium et d'argent dissous dans le sérum du sang, n'y détermine
aucun précipité, et la solution exposée à la lumière y conserve indéfiniment
sa couleur. De tous les composés d'argent, l'iodure est le seul qui semble
offrir quelque chance d'éviter la coloration de la peau, phénomène qui est
complètement indépendant de l'action thérapeutique du médicament et qui
constitue un des accidents les plus fâcheux que puisse produire l'usage des
préparations argentiques. Il n'est pas douteux que beaucoup de médecins ne
reculent devant l'emploi de ces préparations, retenus qu'ils sont par la crainte
de causer une coloration indélébile des téguments. Il paraît donc ra-
tionnel de substituer l'iodure double de potassium et d'argent à l'azotate
de ce dernier métal dans tous les cas où le traitement doit être de longue
durée, comme dans l'épilepsie. M. Delioux se demande si l'iode qui entre
dans la composition de ce sel ne viendrait pas augmenter l'efficacité de
l'argent : ce que l'on connaît du mode d'action des préparations iodiques lui
semble favorable à cette hypothèse.
M. le D' Bâtard adresse une suite à ses précédentes communications rela-
tives à l'influence de la vaccine sur le déplacement de la mortalité par rap-
port aux âges.
Le nouveau travail de M. Bayaid est renvoyé à la Commission déjà
nommée.
■( 778 )
PHYSIOLOGIE. — Nouvelles remarques et faits additionnels sur la théorie
des phosphènes; par M. Serre, d'Uzès. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
Dans cette communication , l'auteur rapporte de nouveaux faits qui le
conduisent à adopter l'opinion , la plus généralement admise , que toute im-
pression produite sur un point de la rétine, quelle qu'en puisse être la cause,
doit avoir le même résultat qu une action exercée sur le même point par des
rayons lumineux venant de 1 extérieur.
CHIRURGIE. — Observations pratiques à l'appui de la méthode des
injections iodées répétées dans le traitement des tumeurs enkystées ;
par M. BoRELLi. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Roux, Velpeau, Fiallemand.)
Depuis plusieurs années, M. Borelli emploie avec succès cette méthode.
Voici en quels termes il décrit le procédé dont il se sert :
« Dans un point quelconque de la tumeur, même à quelque distance, s'il
le faut pour éviter la vue des marques de la cicatrice, on enfonce un peu
obliquement et à plat une lancette ordinaire qui , pénétrant directement dans
le kyste , laisse une ouverture d'un demi-centimètre environ , par laquelle
on fait sortir la matière contenue dans le kyste : ensuite on injecte la teinture
alcoolique d'iode pure, préparée d'avance dans une seringue, et l'on doit, au-
tant que possible, ne pas en laisser sortir. On ferme l'ouverture avec un mor-
ceau de diachylum ou simplement avec un peu de charpie enduite de cérat
que l'on contient au moyen d'un bandage. La douleur qui suit l'injection se
fait sentir très-vivement pendant une ou deux minutes, et dans les vingt-
quatre heures il survient ordinairement une inflammation dans la tumeur.
5i elle est très-forte, on la diminue aussitôt en appliquant un cataplasme émol-
lient; la tumeur, qui était douloureuse et endurcie, se ramollit, s'affaisse et
commence à laisser suinter par l'ouverture quelques gouttes de liquide coloré.
Si l'on n'applique pas de cataplasme, l'inflammation suit son cours ordinaire
pendant trois jours, et cède ensuite tout à fait, La tumeur se ramollit alors,
et il s'écoule par l'ouverture de la teinture d'iode, mêlée de pus liquide.
» Quelquefois après la première injection et à la suite de la réaction
locale, on peut déjà sentir le kyste qui se détache dans la tumeur, et même
le retirer avec des pinces; mais ordinairement il faut répéter l'injection
une, deux et même trois fois avant d'obtenir une séparation complète du
( 779 )
kyste. Quand elle a eu lieu, on est sûr que la guérison sera radicale; et
l'adhésion des tissus environnants s'opère assez rapidement. »
Les avantages que l'auteur attribue à son procédé sont les suivants : La
ponction de la tumeur n'est pas plus douloureuse qu'une saignée; la
douleur déterminée par l'injection de la teinture d'iode, quoique assez vive ,
est de courte durée; la réaction phlogistique est très-modérée et peut être
calmée immédiatement avec des cataplasmes émollients; la durée du traite-
ment est en rapport avec le volume de la tumeur; quelquefois elle est très-
courte ; en général , elle est de quinze à vingt jours pour les tumeurs ordi-
naires, et d'un mois pour les tumeurs d'un grand volume; le traitement ne
détermine aucun accident grave; la destruction et l'expulsion du kyste
assurent la guérison radicale des tumeurs enkystées; enfin, la cicatrice que
laisse ce traitement n'est pas plus apparente que celle d'une saignée.
M. SoREL devant bientôt, pour cause de changement de domicile, sus-
pendre la fabrication d'oxyde de zinc à laquelle il se livre, prie l'Académie
de vouloir bien inviter les Membres de la Commission nommée pour exa-
miner ses communications relatives à l'innocuité des préparations de zinc
sur la santé des ouvriers, à se rendre le plus tôt possible dans son usine.
MM. les Commissaires pourront voir des ouvriers qui, depuis près d'une
année , travaillant au milieu d'une épaisse poussière d'oxyde de zinc , n'ont
éprouvé aucune espèce de trouble dans leur santé.
M. Sorel désirerait que l'Académie voulût bien charger la même Commis-
sion, ou une Commission spéciale, d'examiner ses procédés de fabrication
d'oxyde de zinc et d'en faire l'objet d'un Rapport.
Enfin, M. Sorel annonce avoir découvert des siccatifs d'une grande puis-
sance, au moyen desquels il rend les peintures avec blanc de zinc, aussi
faciles à sécher que celles que l'on exécute avec la céruse , sans qu'il soit
nécessaire d'employer une huile siccative particulière.
(La lettre de M. Sorel est renvoyée à la Commission précédemment
nommée.)
M. ]\oRY OupAR, pour compléter les renseignements qu'il a adressés, re-
lativement au marbre découvert par lui dans la commune de Radon, près
d'Alençon , envoie le résultat d'une analyse chimique de ce marbre.
(Renvoi à la Commission déjà nommée. )
M. le D' BouRGuiGNO.\ répond à la réclamation de priorité qui a été sou-
levée par M. le D' E. Bazin. Il pense que ce médecin ne peut revendiquer
( 78o )
la priorité de lapplication raisonnée de la méthode des frictions générales
au traitement de la gale de l'homme, un grand nombre de médecins ayant
depuis longtemps rais cette méthode en pratique.
(Renvoyé à la Commission nommée pour les commnnications de
M. Bourguignon.)
M. Fbanchot adresse un tableau qui sert de complément à sa Note
relative à la direction des aérostats.
(Renvoyé à la Commission déjà nommée.)
M. Bbachet adresse une suite à ses précédentes communications sur l'ap-
plication des lentilles sphériques à échelons au photophore.
( Renvoyé à la Commission déjà nommée. )
M. Arago rappelle qu'une Commission de trois Membres a été nommée
par l'Académie, sur l'invitation de M. le Ministre de l'Instruction publique ,
pour examiner comparativement, avec le mètre étalon, un mètre exécuté à
Paris pour le Gouvernement espagnol , et qui doit servir dans le travail con-
cernant le nouveau système de poids et mesures décrété par ce Gouverne-
ment. En raison des travaux que nécessite la mission dont l'Académie les a
chargés, les Commissaires demandent que deux nouveaux Membres soient
adjoints à la Commission.
MM. Regnault et Laugier sont désignés pour s'adjoindre à la Commission
qui se composait de MM. Biot, Arago, Liouville.
CORRESPONDANCE.
INDUSTRIE AGRICOLE. — Perfectionnements des moyens d'extraire le sucre
de la canne.
M. Païen, à l'occasion d'un ouvrage anglais récemment publié, sur les
améliorations à introduire dans les sucreries coloniales, demande à l'Aca-
démie la permission d'exposer, en quelques mots , la description d'un nouvel
appareil très-digne d'intérêt.
" L'auteur de ce travail, M. John Léon, après quelques considérations
sur la culture de la caune aux Antilles , propose , comme base des amélio-
rations à introduire dans les sucreries anglaises, les procédés dont la science
et l'industrie ont doté la fabrication du sucre de betterave.
( 78î )
" Il cite , au premier rang de ces progrès acquis, l'application du charbon
d'os à la dScoloration et à l'épuration des jus; l'emploi des appareils de
chauffage à la vapeur et de concentration des sirops dans le vide; M. John
Tjéon aurait pu ajouter l'application de l'ingénieux ustensile rotatif, à l'égout-
tage rapide et au ckirçage des sucres de deuxième, troisième et quatrième
cristallisations, qui vient d'être introduit avec succès à Cuba et dans plusieurs
colonies.
" Ce qu'il y a dp plus remarquable dans les moyens proposés, est relatif
à l'extraction du jus : on sait que la canne à sucre renferme, en poids,
de 88 à 90 centièmes de jus, et qu'en pratique on en obtient seulement
5o à 55; on porterait ce rendement à 80 pour loo, au moyen d'une presse
analogue aux presses hydrauliques qui, dans nos sucreries indigènes, four-
nissent jusqu'à 90 de jus sur les 99 centièmes contenus dans la betterave.
» On comprendra facilement la disposition générale de cette nouvelle
machine, inventée par M. Bessemer, en la comparant aux pressoirs hori-
zontaux à double effet, dans lesquels le raisin subit alternativement, dans
deux caisses trouées, l'effort transmis par deux plateaux agissant au milieu
d'elles.
" En effet, dans deux caisses en fonte, percées de trous formant les deux
bouts d'un tube rectangulaire, les deux bases d'un piston prismatique, mû
directement par une machine oscillante à cylindre horizonlal, s'enfoncent
alternativement. Ce piston, en entrant dans chacune des caisses, rencontre
une canne descendue verticalement par une ouverture circulaire de la pa-
roi supérieure.
» Chaque coup de piston, en allant et venant, coupe le bout de canne
dépassant la section du tube , et pousse le tronçon qui s'avance en frottant
contre les parois; |es tronçons de canne à sucie accumulés, sont de plus en
plus pressés les uns contre les autres. Cette pression les écrase, fait sortir le
jus par les quatre côtés des caisses, et ces tronçons, graduellement épuisés
de jus, arrivent à l'extrémité ouverte de la caisse; ils tombent alors dans un
récipient à bagasse. Ainsi chacune des caisses est continuellement alimentée
d'un bout (à l'aide d'une trémie verticale), et les tronçons de canne
épuisés, formant le résidu ou la bagasse, sortent continuellement aussi, par
l'autre bout.
» Le service de deux tubes, ou de deux doubles caisses, s'opère simulta-
nément à l'aide de deux pistons mus par la même tige du piston de la ma-
chine oscillante, de sorte qu'une oscillation correspond au va-et-vient des
deux pistons ou à quatre tronçons de canne coupés , écrasés et pressés.
C. K., i85o, s"» Semestre. (T. XXXI, N» 23.) lo3
( 78a )
>' Si la section des caisses a i6 centiraèties de haut sur 8 de large, le*
quatre tronçons représ^ nteiit en moyenne i kilogramme de c*ine par se-
conde on 36ooo kilogrammes en dix heures; on écraserait le double de
cette quantité, ou 72000 kilogrammes dans le même temps, en donnant
aux cases une section de 3a centimètres sur 8; enfin, on pourrait disposer
deux pistons prismatiques, de chaque côté de la tige du piston oscillant, et
alors la quantité écrasée et pressée en dix heures, dans les huit caisses, cor-
respondrait à 144000 kilogrammes de cannes donnant i i4ooo kilogrammes
de jus qui contiendrait environ aa 000 kilogrammes de sucre, et pourrait en
fournir de 1 1 000 à i5ooo kilogrammes, suivant les procédés mis en
pratique.
» Les tronçons de carne se trouvent engagés au nombre de cinq cents
quarante à la fois dans chacune des caisses; chacun d'eux subit, pendant
deux minutes un quart, une pression de 180 kilogrammes environ, par cen-
timèl re carré. F^e poids total d'une de ces presses (à quatre caisses) ne dépasse
guère 5 000 kilogrammes; tandis qu'une presse à trois cylindres qui donne-
rait autant de jus, exigerait o,33 de cannes de plus et pèserait aSooo kilo-
grammes.
>' L'augmentation de rendement en jus, au moyen de la nouvelle presse ,
suffirait pour accroître de 45 à 5o centièmes la production du sucre de canne,
tout en simplifiant l'un des principaux agents mécaniques de ces usines.
" Bientôt les applications en grand qui s'exécutent ne laisseront plus de
doutes sur les résultats définitifs de cette innovation, qui semble, jusqu'ici,
devoir offrir de grands avantages à l'industrie coloniale. "
CHIMIE. — Essai des quinquinas par le chhmjorme;
par M. Rabourdin (Extrait.)
« Je vais chercher à établir dans ce travail comment on peut doser les
alcaloïdes des quinquinas, en utilisant la propriété du chloroforme de dis-
soudre ces corps au sein d'un liquide aqueux.
" Essai des quinquinas gris. — Quarante grammes d'écorces de quin-
quina gris du commerce , pulvérisés et passés au tamis de crin serré , sont
humectés avec quantité suffisante d'eau acidulée par l'acide chlorhydrique
(20 grammes d'acide pour i kilogramme d'eau), et tassés dans une petite
allonge. Une feuille de papier à filtrer est placée dessus , et l'on verse de 1 eau
acidulée pour lessiver la poudre ; on arrête l'écoulement des liqueurs quand
elles passent presque incoloreset privées d'amertume (lorsque la poudre estuni-
formément et convenablement tassée, elleest épuisée quand on a recueilli aoo
( 783 )
à a5o grammes de liquide); on ajoute à la liqueur passée 5 à 6 grammes de
potasse caustique et i5 grammes de chloroforme : on agite vivement le tout
pendant quelques instants, et l'on abandonne au repos. Au bout d'un temps
plus ou moins long, mais qui n excède pas une demi-heure, le chloroforme
est déposé, entraînant avec lui toute la cinchonine. On décante avec soin le
liquide rouge et transparent qui surnage le dépôt sans laisser passer de ce-
lui-ci : on ajoute de l'eau à plusieurs reprises, en décantant chaque fois jus-
qu'à ce que le dépôt soit bien lavé; on le verse alors dans une capsule de
porcelaine. Cette matière est composée d'une partie liquide, qui est une so-
lution chloroformique de cinchonine, d'une partie demi-solide rougeâtre,
formée de cinchonine ^ de chloroforme divisé et comme émulsiouné, et de
rouge cinchonique. On met la capsule sur un bain d'eau bouillante pour
chasser le cloroforme, et l'on traite le résidu par de l'eau acidulée d'acide
cblorhydrique, qui dissout toute la cinchonine et une partie du rouge cin-
chonique. On filtre , et l'on ajoute à la liqueur de l'ammouinque étendue de
quinze à vingt fois son volume d'eau : cette addition se fait goutte à goutte,
en remuant; on cesse d'en ajouter auss-itôt qu'il paraît un nuage blanc qui ne
se dissout pas par l'agitation. Cette manipulation a pour effet de précipiter
le rouge cinchonique sans loucher à la cinchonine. H y a un moment à saisir,
et qu'il est facile d'apprécier, le rouge cinchonique se précipitant sous forme
de flocons bruns rougeâlres, la cinchonine, au contraire, en flocons blancs
caillebotés. Quand on a ajouté une quantité suffisante d'ammoniaque faible,
on filtre la liqueur qui doit être incolore, on lave le filtre avec un peu d'eau
distillée, et l'on précipite les liqueurs réunies par un excès d'ammoniaque;
le précipité , qui est de la cinchonine pure , et dont il est facile de constater
les propriétés chimiques, est recueilli, séché et pesé.
« Une première expérience m'a donné oS'',i9; et une seconde, o«'',i95 de
cinchonine. En prenant le nombre le plus élevé, on a 48'',87 d'alcaloïde pour
I kilogramme de quinquina gris.
» Essai des quinquinas jaunes. — Il n'est pas nécessaire d'agir sur plus
de 20 grammes d'écorces de quinquina jaune, la proportion d'alcali orga-
nique étant beaucoup plus forte dans cette espèce de quinquina que dans le
quinquina gris.
» Vingt grammes de quinquina jaune, pulvérisés et passés au tamis de
crin serré, sont épuisés par de l'eau acidulée, comme il a été dit ci-dessus
en parlant du quinquina gris. L'écoulement deshqueurs est arrêté quand elles
passent incolores et insipides : on obtient ainsi de i 5o à aoo grammes de
liquide , auquel on ajoute 5 à 6 grammes de potasse caustique et lo grammes
I o3 . .
( 784 )
de chloroforme. On agite pendant quelques instants, et l'on abandonne au
repos; il se fait un dépôt blanchâtre, très-dense, composé de quinine, de
ciachonine et de chloroforme : quelquefois la séparation est complète et se
fait en un instant, laissant surnager un liquide rouge et transparent qu'on
peut immédiatement décanter; on lave la solution chloroforniique; on la
recueille dans une petite capsule , et par l'évaporation spontanée du chloro-
forme les alcaloïdes restent à l'état de pureté.
» Je crois inutile de parler de l'essai des quinquinas rouges; ils se com-
portent comme les quinquinas jaunes dont je viens de parler, et tout ce que
j'ai dit relativement à ces derniers leur est applicable.
» Je regrette de ne pas avoir eu à ma disposition toutes les variétés de
quinquina qu'on trouve dans le commerce, j'aurais offert, en dosant les
alcaloïdes de ces diverses variétés, un travail plus étendu à l'Académie;
mais il m'aurait fallu beaucoup de temps pour me procurer les matériaux
d'un travail complet sur cette matière. J'ai cru devoir me borner à donner
mon moyen d'analyse , que je crois appelé à rendre quelques services. »
CHIMIE. — Essai sur le dosage de l'iode dans les substances organiques à
l'aide du chlorofonne ; par M. Rabocrdin.
V La recherche de l'iode au moyen de l'empois d'amidon ne laisse rieu à
désirer sous le rapport de la sensibilité, mais il n'en est pas de même quand
il s'agit d'apprécier la quantité d'iode contenue dans les substances organiques.
» Je viens proposer le chloroforme, non pas pour doser rigoureusement
l'iode dans ces matières, mais pour arriver à une approximation très-satis-
faisante. Le chloroforme peut d'ailleurs se placer avantageusement à côté de
l'amidon pour déceler des traces d'iode, car, à l'aide de cet agent, on le
découvre dans un liquide qui en renferme moins d'un cent-millième de
son poids.
» Si l'on prend lo grammes d'un liquide contenant , ^-^^ „ ^ de son poids
d'iodure de potassium, «ju'on ajoute à ce liquide deux gouttes d'acide nitri-
que, quinze à vingt gouttes d'acide sulfurique et i gramme de chloroforme,
par l'agitation le chloroforme prend une teinte violette très-apparente.
» J'ai essayé de mettre à profit cette propriété remarquable que possède
le chloroforme d'enlever à l'eau l'iode que celle-ci peut tenir en solution à
l'état libre, et de se colorer en violet, pour doser approximativement l'iode
des corps organiques, et particulièrement de l'huile de foie de morue, si
employée aujourd'hui en médecine.
» Je prends : huile de foie de morue 5o grammes , que je mêle, par agi-
(785)
talion dans une fiole, avec 5 grammes de potasse caustique, fondue dans
i5 grammes d'eau distillée, et je chauffe ce mélange dans une grande cuiller
de fer, jusqu'à destructiou complète de la matière organique, le charbon
provenant de cette combustion est lessivé avec de l'eau distillée, pour lui en-
lever toutes ses parties solubles: il faut employer le moins d'eau possible.
Le liquide provenant du lavage est filtré, on y ajoute lo gouttes d'acide
nitrique et de l'acide sulfuriqne concentré, en ayant soin de refroidir ; on y
verse alors 4 grammes de chloroforme, et l'on remue vivement le tout. Par
le repos, le chloroforme se dépose coloré en violet : on peut décanter le
liquide surnageant et laver la solution chloroformique avec de l'eau, sans
lui faire perdre de sa couleur.
>' D'un autre côté, on prépare une liqueur titrée renfermant i centi-
gramme d'iodure de potassium pour loo grammes d'eau distillée, de ma-
nière que lo grammes représentent i milligramme d'iodure.
>' On prend lo grammes de cette dissolution, on y ajoute deux ou trois
gouttes d'acide nitrique, vingt gouttes d'acide sulfuriqne et 4 grammes de
chloroforme; par l'agitation on obtient une coloration que l'on compare à la
nuance donnée par l'huile de foie de morue : on est ordinairement obligé
d'ajouter i, a ou 3 grammes de liqueur titrée pour que la nuance soit de
même intensité.
» J'ai essayé trois espèces principales d'huile de foie de morue qu'on
trouve dans le commerce.
» N" I. Couleur acajou foncé, dite brune dans le commerce;
« N° 2. Couleur ambrée, dite blonde dans le commerce;
» N° 3. A peine colorée, dite blanche ou anglaise dans le commerce.
" Chaque espèce a été essayée trois fois, en agissant, comme il est dit plus
haut, sur 5o grammes.
» Pour avoir une couleur d'intensité égale à la coloration donnée par
5o grammes d'huile couleur acajou, j'ai employé i4 grammes de liqueur
titrée, soit o^'',ooi4 d'iodure de potassium, et 12 grammes seulement de la
même liqueur pour les deux autres espèces d'huile.
■ Ces trois sortes d'huile renfermeiaient donc sensiblement la même pro-
portion d'iode, qui serait de i milligramme pour 5o grammes, si toutefois il
n'y a pas de perte pendant la combustion.
" l'ai d'ailleurs constaté par l'expérience que le chloroforme s'empare de
tout l'iode libre d'une solution aqueuse de ce corps ; j'ai saturé 5oo gram-
mes d'eau par de l'iode pur; après avoir filtré la solution , je l'ai agitée à trois
reprises différentes avec i5 grammes de chloroforme toujours, f^a troisième
fois le chloroforme en est sorti à peine coloré.
( 786 )
» Ici se place tout naturellement une remarque que j'ai faite et qui peut
avoir «on utilité: c'est que le chloroforme pur, en dissolvant uue petite quan-
tité d'iode, prend une couleur violette irès-belle et tout à fait comparable à
la teinte de la vapeur d'iode; mais si le chloroforme est mêlé d'éther sulfu-
rique, même en très-petite quantité, au lieu d'une couleur violette on n'a
plus qu'une couleur vineuse et même rouge caramel , si l'éther est en quantité
notable ; ce caractère servira à faire découvrir la sophistication du chloro-
forme par 1 éther. •<
M. le D"'RiPAULT communique le résultat de recherches qu'il a entreprises
sur l'état du col de l'utérus à l'époque de la menstruation. Il s'est assuré qu'il
n'y a ni gonflement de cette partie ni écoulement de mucosité plus abondant
qu'à l'ordinaire. La seule différence que l'œil puisse constater est l'apparition
d'une ou quelquefois de deux veines bleuâtres , affectant une direction irré-
gulièrement transversale, et formant un relief plus ou moins prononcé sur
la lèvre antérieure du col. On commence à apercevoir cette veine dès le jour
qui précède l'apparition des règles. Elle devient plus apparente le jour où
cette évacuation commence. Mais ce qu'il y a de remarquable, c'est que cet
état variqueux des veines, après s'être manifesté sur la lèvre antérieure du
col avant le début des menstrues et pendant les deux ou trois premiers jours
de leur apparition, s'efface insensiblement, et disparaît pour se montrer pres-
que aussitôt sur la lèvre postérieure où la saillie veineuse devient souvent
plus prononcée qu'elle n'avait été sur la lèvre antérieure. Dans les deux jours
qui suivent la fin de l'évacuation menstruelle, elle disparaît à son tour, ne
laissant qu'une teinte amaranthe plus ou moins foncée.
M. HousEz adresse une Note sur un point d'Astronomie.
M. Le Verrier est prié d'examiner si cette communication est de nature à
être prise en considération.
M. le D"" Flandin, en adressant un paquet cacheté dont il prie l'Académie
de vouloir bien accepter le dépôt , annonce qu'il s'est occupé, depuis long-
temps déjà, de rechercher le moyen de remplacer le coton, dans un grand
nombre de ses applications, par le lin, le chanvre ou d'autres matières fi-
breuses. Ce qui décide M. Flandin à prendre date pour ses travaux, et à
assurer ses droits de priorité scientifique, c'est qu'il vient de lire dans un
journal l'annonce d'une découverte semblable qui aurait été faite en Angle-
terre.
« Sur la demande d'une personne qui avait pressenti la possibilité d'arri-
» ver à ce résultat, je me suis occupé, dit M. Flandin, de recherches propres
( 78? )
» à l'atteindre. Dans le courant de novembre, j'ai fait connaître mes expé-
» riences et fourni des produits de mon travail à la personne intéressée.
» J'ajouterai que depuis longtemps j'ai eu occasion d'entretenir du sujet
>i de mes recherches plusieurs savants honorables, au nombre desquels je
» puis citer un Membre de l'Académie, M. Felouze. »
I/Académie accepte le dépôt du paquet envoyé par M. le D' Flandin,
et d'un paquet présenté par M. Légal.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret,
La séance est levée à 5 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGKAPniQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du i8 novembre i85o, outre les
.ouvrages mentionnés dans le précédent Compte rendu, ceux dont les titres
suivent :
Bulletin de Société impériale des naturalistes de Moscou ; année 1 849 , n° 4 ;
année i85o, n° i ; in-8".
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; année i849-i85o;
tome IX; n° 10; in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève; 4* série; n" 58; octobre i85o; in-8°.
Àcta Societatis scientiarum Fennicœ; tome III; fascicule i*'. Helsingforsiae,
,849;in-4°-
Atlante. . . Atlas élémentaire de botanique; par M. Amb. Robiati ; Milan,
1847; '"-S"-
Trattato . . . Traité de yéométrie descriptive ; par le même ; 1 '* partie ; un
cahier de texte et un de planches. Milan, 1848; in-4°.
Lezioni... Leçons de trigonométrie plane; par le même; Milan, 1849;
brocb. in-4**.
Medico-chirurgical . . . Transactions médico-chirurgicales, publiées par la
Société royale de Médecine et de Chirurgie de Londres; tome XXXIII. Lon-
dres, i85o; in~8°.
Contributions. . . Matériaux pour servir à l'histoire naturelle des Àcalephes
de l'Amérique du Nord; par M. L. AgassiZ; broch. in-4°.
The classification . . . La classification des Insectes, fondée sur les données
embryologiques; parle même; broch. in-4°-
( 788 )
On the Pelorosaurus . . . Du Pelowsuurus , reptile terrestre gigantesque non
encore décrit, et dont les restes sont mêlés à ceux de l'Iguanodon et autres
Sauriens , dans les couches du Tilgate-Forest Sussex. — D'une épine dorsale de
l'Hylosaurus, récemment découverte dans le Tilgate-Forest; par M. G.- A. Man-
TELL. Loadres, i85o;broch. in-4''. (Extrait des Transactions philosophiques
pour i85o.)
Supplementary . . . Observations supplémentaires sur la structure des Belem-
nites et des Belemnotenthis ; par le même. (Extrait des Transactions philosophi-
ques pour i35o.) Londres, i85o; brocb. in-4°.
Proceedings. . . Procès-verbaux des séances de l'Académie des Sciences de
Philadelphie ; vol. V ; n*" 3 et 4 •
Royal astrouomical, . . Société royale astronomique de Londres; vol. X;
n°8, 1 4 juin i85o; in-8°.
Die kaltwasser.'. . L'établissement hjdrothérapique de Kreusen, en Autriche;
par M. le chevalier Joseph de Moczarski. Linz, i85o; in-8°.
Astroaomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; a" 739..
Gazette médicale de Paris; n" 46 ; in-lC-
Gazette des Hôpitaux ; a°' i33 et i35.
L'Abeille médicale; n° 21; '\n-9,°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 26 novembre i85o, les ouvrapies
dont voici les titres :
Ou the. . . Des plus anciennes roches volcaniques des Etats de l'Eglise et des
contrées de l'Italie voisines; par M. R.-J. MURCHISON. (Extrait du Quaterly
journal of the geological Society of London. ) Brocb. in-S".
Grimdziige. . . Eléments de botanique scientifique; par M. J. Schleiden ;
tome II: morphologie , organologie; 3* édition. Leipzig, i85o; in-8°.
De notione folii et coulis , programma; auctore J. Schleiden. Jenae, 1849;
broch. in-4°. (Ces deux ouvrages sont présentés par M. DE JussiEU.)
Astronomische. . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° 740.
Gazette médicale de Paris; n° 47-
Gazette des Hôpitaux; n°' i36 à i38.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIEWCES.
SÉANCE DU LUNDI 9 DÉCEMBRE 1860.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
MEMOIBES ET COMMUIVICATIONS
DKS MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Retour de la comète périodique de M. Faye;
par M. U.-J. Le Vebrieb.
" Parmi les nombreuses comètes observées dans ces dernières années,
il s'en est irouvé plusieurs dont le retour s'effecluera après une assez
courte période de temps. Une des plus remarquables a été découverte, en
1843, par M. Faye. Son excentricité, son inclinaison sont peu considérables;
elle doit revenir au périhélie en Avril i85i. Il était permis d'espérer qu'au
moyen d'une éphéméride exacte et à l'aide d'instruments puissants, on
pourrait la revoir beaucoup plus tôt : elle vient effectivement d'être re-
trouvée à Cambridfje, en Angleterre, au moyen du {jraud équatorial du
duc de Northumberland. Les circonstances dans lesquelles elle se représente
fournissent une précieuse vérification des recherches auxquelles je me suis
livré sur les révolutions antérieures de cette comète.
•• Lorsque le D' Goldschmitdt annonça que la période de cette comète
n'était que de sept années, on ne manqua pas de faire remarquer combien
il était extraordinaire qu'une comète qui revenait si fréquemment dans le
voisinajje de la Terre n'eût jamais été aperçue. M. Faye répondit que l'or-
bite de cette comète coupait à très-peu près celle de Jupiter; que cette cir-
C. K . iS^io l'O' Semestre. (T XXXI, ^e 24.) • «4
( 79» )
constance avait permis aux deux astres de s'approcher très- près l'un de l'au-
tre, et qu'il se pouvait que la comète, quoique décrivant antérieurement
«ne orbite très-allongée, eût été jetée récemment par l'aclion de Jupiter
dans l'orbite restreinte où nous la voyons circuler actuellement. C'est ce qui,
suivant toutes les probabilités , avait eu lieu pour la comète périodique de
ly'jo. On agita, à cette occasion, dans toute l'Europe, les questions aux-
quelles donnaient lieu ces grandes perturbations des comètes par les pla-
nètes, et l'on alla même jusqu'à se demander s'il ne pourrait pas y avoir
identité entre cette comète et celle de 1770. Le désir de fixer l'astronomie
sur ce point me porta à entreprendre, à cet égard, des recherches pour le
succès desquelles il fallait , avant tout , déterminer avec une précision extrême
les éléments de la comète de M. Faye au moyen des observations faites
pendant l'apparition de 1 843 à 1 844i et notamment au moyen des admirables
observations continuées à l'observatoire de Poulkova longtemps après qu'elles
avaient été abandonnées partout ailleurs.
» Je reconnus bientôt que la série des observations faites à cette époque,
dans la partie de l'orbite la plus voisine du Soleil, ne déterminait pas la
partie opposée de l'orbite, c'est-à-dire celle quj s'approche de l'orbite de
Jupiter, avec une exactitude suffisante pour qu'on pût en déduire des résul-
tats uniques et d'une certitude absolue. Il devint nécessaire de tenir compte,
dans les calculs, des incertitudes que les observations laissaient dans les élé-
ments de l'orbite. C'est ainsi que je fus conduit à représenter tous les éléments
en fonctions d'une indéterminée [i", comme on le voit dans le Compte rendu
de la séance du 28 avril i845, ]j." étant la correction indéterminée que doit
subir le moyen mouvement déduit des observations.
» Avant d'appliquer ces éléments à la détermination des révolutions anté-
rieures de la comète, j'en ai fait usage pour fixer l'époque précise du re-
tour au périhélie en i85i. Après avoir calculé, dans ce but, les perturba-
tions que la comète devait éprouver dans 1 intervalle des deux apparitions,
j'ai donné pour ses éléments, au moment du retour au périhélie, en i85i
{/istronom. Nachrichten , n° 540-
Temps moyen = i85i. Avril 3,5o3i
Moyen mouvement diurne « = 475", 1849 + p"
Anomalie moyenne Ç = 0° o' o",oo -t- 2769", 68./'
Angle d'excentricité ? = 33''42'43", 36 — 82",6o . p"
Longitude du périhélie ir = 49"42'4''">09 — ^56,97.;*"
Inclinaison de l'orbite / = i i°2i'39",70 — 2,97.11"
Longitude du nœud ascendant. . , . 6 =: 209"3o'35",oi + jog, i2,(t"
( 79» )
» Il résulcait d'ailleurs de la discussion que jx" pouvait varier entre les
limites ±: ^, mais non au delà.
» C'est à l'aide d'une triple éphéméride, construite dans les hypothèses
fi" = — -55 ix"=o, fi" =-4-^, que le savant astronome de Cambridge,
M. Challis, est parvenu à retrouver la comète , dans la soirée du 28 Novembre
dernier.
« Transcrivons, avant daller plus loin, la Lettre de M. Challis :
« Décembre 4) ï85o.
" Je vous annonce que la comète de M. Paye a été observée ici le a8 No-
" vembre. Comme l'orbite de cette comète a été l'objet de vos calculs, je
» pense que cette nouvelle vous intéressera. Elle a été probablement vue
» plus tôt, mais je n'en ai encore rien appris. La re-décoiiverte {rediscoverjr)
« a été effectuée au moyen d'une éphéméride calculée par M. Stratford,
» directeur du Nautical Jlmanack, au moyen des éléments insérés dans
» les Astronomische Nachrichten (vol. XXIII, page 196)^ et dans les trois
» cas ^'= — o",333, \ii'z= o et |x"= + o",333. Conformément aux obser-
» vations ci-annexées et comparées à l'éphéméride de M. Stratford, laquelle
» est calculée au dixième de minute de temps en ascension droite et au
M dixième de minute d'arc en distance polaire nord, on trouve pour la
') valeur de \il' : par les ascensions droites, + o",a63, et par les distances
» polaires, + o",29o, la valeur moyenne étant
» La comète était extrêmement faible.
»^77-
Observations de la comète découverte par M. Faye, le 32 novembre i843, faites avec le
Northuitiberland-Equatorial de l'observatoire de Cambridge.
Temps moyen
de
Greenwich.
i85o. Nov. a8.. 8.4o.3o,i
29.. 7.46.55,4
m. *<
h m 8
ai. 29.20, 38
31. 3o. 53, 72
loef
8,53o
8,430
N. P. D.»«
» / , //
97.11.40,1
97- 9-46,7
Nombre
logf
de
compar.
— 9,9'6i
5
— 9,9223
S
comparée.
(")
» Les positions sont corrigées de la réfraction. Le logarithme de ^ 1 ajouté
» à celui de la parallaxe horizontale, donne le logarithme de la correction
» à ajouter à l'ascension droite observée pour la parallaxe locale; et pareil-
» lement, avec le logarithme de p on obtient le logarithme de la correction
» à ajouter à la distance polaire nord observée. L'étoile (a) est celle de
104..
( 792 )
» Bessel, heure XXI, 781; j'ai pris sa position telle quelle a été réduite
» par Weisse, savoir :
«
Ascension droite moyenne 21'' 3a™ 3o%24
i85o,o Distance moyenne au pôle nord. . gij" Sg'q",©
» Ces observations de M. Challis devaient fournir deux vérifications im-
portantes. Premièrement, les deux valeurs de (x.", déterminées au moyen
des ascensions droites d'une part et des déclinaisons de l'autre, devaient être
égales. Secondement, la valeur de [i" ainsi déterminée, devait être inférieure,
en grandeur absolue, à o",333. La seconde condition est évidemment satis-
faite. Quant à la première, savoir l'égalité des deux valeurs de fx.", nous en
jugerons mieux après une remarque importante.
» En construisant son éphéméride sur les éléments du 3 avril i85) , sup-
posés invariables, M. Stratford a dû négliger les perturbations que la comète
éprouvera depuis le 28 novembre i85o jusqu'au 3 avril i85i, c'est-à-dire
dans un intervalle de plus de quatre mois. Les perturbations produites par
Jupiter sont cependant assez considérables, et en en tenant compte, on trouve
l'éphéméride suivante, rapportée au midi moyen de Paris :
Nov. 28 à o"» Asc. droite ai"" 26'°4iS69 Déclin. — 7°i8'3i",3
28 a 12 21.37.29,52 — 7.17.35,0
29 à o 21.28.17,60 — 7.16.36,3
29 à 12 21.29. ^'9^ — 7.15.35,2
» Au moyen de cette éphéméride et des deux observations de M. Challis,
on trouve les erreurs suivantes du calcul :
En Asc. droite En déclin.
— i23',93-i-428%i3fx"... — 372",9-i-i266",oft"
» D'où l'on déduit, en déterminant ^" de manière à faire concorder la
théorie avec les observations,
Par l'ascension droite f*" = + o",2895
Par la déclinaison pt" =: -i- o , 2946
n Si l'on détermine la valeur moyenne de [x" en sorte que les observations
soient également bien représentées en jR et en D. , on trouve
f*" = -(-o",29o3,
et alors la théorie représente également l'ascension droite et la déclinaison
avec une simple erreur de 5", c'est-à-dire avec l'exactitude même que com-
portent les observations.
( 793 )
» Ainsi , par cette faible correction , nous donnerons immédiatement an*
éléments que nous avons rapportés plus haut, et qui sont relatifs au passage
de i85i, toute l'exactitude qu'on pourrait tirer de l'ensemble des observa-
tions faites pendant la première apparition et combinées avec les nouvelles
observations. Grâce à l'introduction de l'indéterminée ix", cet accroissement
de précision dans la théorie s'obtient ici sans aucun calcul.
» Mais la conclusion la plus importante à tirer des comparaisons qui pré-
cèdent, est relative à l'exactitude de la théorie que j'ai donnée des anciennes
apparitions de la comète. En supposant, dans cette théorie, que les éléments
fussent des fonctions de l'indéterminée p.", et que cette indéterminée ne pût
varier qu'entre les limites -h ~et — ô? j'avais fait une hypothèse basée sur
l'appréciation de l'exactitude des observations de i843 et de 1844» hypo-
thèse que la réapparition vient de confirmer aujourd'hui de la manière
la plus complète. Nous devons donc espérer que la théorie du mou-
vement elliptique de cette comète comportera toute la précision des
mouvements planétaires, et qu'ainsi son passage près de l'orbite de Jupiter
conduira, dans la suite des temps, à la détermination la plus précise de la
masse de cette planète. L'intérêt qui s'attache ainsi à cette comète doit faire
désirer que l'apparition actuelle soit suivie avec assiduité, ce que les observa-
teurs ne manqueront pas de faire. De mon côté, j'aurai soin de mettre sous
les yeux de l'Académie le résultat de la comparaison de leurs observations
avec ma théorie. »
« M. MiLNE Edwards présente à l'Académie la première livraison du
Catalogue de la collection entomologique du Muséum d'histoire naturelle.
Le grand travail de classement qui sert de base à cette publication fut com-
mencé vers i838, sous la direction de M. Audouin, et a été activement
poursuivi depuis la mort de ce professeur. Aujourd'hui les richesses entomo-
logiques du Muséum ont été, pour la plupart, étudiées avec soin, rangées
méthodiquement et déterminées avec la plus scrupuleuse attention.
" Le professeur-administrateur chargé de la garde de cette collection
a donc pensé qu'il serait utile d'en publier le catalogue descriptif, tant pour
faciliter les recherches que les entomologistes voudraient y faire, que pour
introduire dans la science les espèces nouvelles que le Muséum possède en
grand nombre.
» Le volume que M. Milne Edw^ards dépose sur le bureau de l'Académie
a été rédigé, sous sa direction, par l'aide-uaturaliste attaché à sa chaire
(794)
(M. Emile Blanchard), et comprend les Coléoptères des tribus des Céto-
nines, des Glaphyrines et des Méiolonlhines ; on y compte plus de trois
cents espèces nouvelles. »
« M. Becquebel a présenté à l'Académie son troisième Rapport au Con -
seil {général du Loiret, sur les études relatives à l'amélioration de la Sologne .
Il s'est attaché , dans ce Rapport, à poser nettement la question, afin que
le Gouvernement puisse voir les travaux à exécuter pour régénérer cette
contrée. On y trouve de nouveaux documents statistiques sur le mouvement
de la population, les terres en friche, en eau, en bois et en culture, ainsi
qu'une comparaison entre la Gampine belge, dont la transformation s'effectue
dans ce moment, et la Sologne, en indiquant en même temps, d'après les
observations faites par M. Delacroix, ingénieur des Ponts et Chaussées, en-
voyé en mission par le Gouvernement, qu'à l'aide du drainage et des moyens
employés en Belgique, on arrivera aux mêmes résultats. »
M. Ch. Dupin fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du discours
qu'il a prononcé à l'Assemblée nationale, pour la défense du corps des
Ponts et Chaussées et de l 'Ecole Polytechnique. ( Voir au Bulletin biblio -
graphique. )
M. Ch. Bonaparte fait hommage à l'Académie d'un ouvrage qu'il vient de
publier, conjointement avec M. H. Schlegel, et qui a pour titre : Monogra-
phie des Loxiens. [Voir au Bulletin bibliographique.)
MÉMOIRES LUS.
CHiRUiiGiE. — Résumé d'un travail sur un nouveau traitement de Vhydrocèle;
par M. Baudgns. (Extrait par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Roux, Velpeau , Lallemand. )
" Mon intention n'est pas de refaire, après tant d'autres, l'histoire de Ihy-
drocèle de la tunique vaginale et de son traitement, mais seulement d'ex-
poser en peu de mots pourquoi j'ai cru devoir modifier ce traitement, et sur
quels points portent les modifications apportées.
» A ceux qui seraient tentés de croire que la manière de traiter l'hydro-
cèle est aussi perfectionnée que possible, il me suffira de rappeler les luttes
et les opinions soutenues contradictoirement en janvier 1846, à l'Académie
{ 795 )
de Médecine, par les chirurgiens les plus éminents. Nous avons entendu les
uns reprocher aux injections vineuses la fréquence des récidives, la violence
des douleurs perçues , des accidents de gangrène; les autres objecter aux in-
jections iodées le danger des récidives, de la gangrène , et même de l'intoxi-
calion. Nous les avons vus à des dénégations opposer des dénégations, et,
de là, nous avons conclu que tout n'a pas été dit sur cette importante
question.
» Les changements apportés au traitement actuel de l'hydrocèle portent
essentiellement sur la ponction et sur l'injection.
» Examen au point de vue de la ponction. — Chacun sait que le
trocart habituel expose assez fréquemment à la lésion du testicule. Cet acci-
dent est arrivé à presque tous les chirurgiens répandus et même les plius
éminents. Cela m'est arrivé une fois aussi, il y a vingt ans; depuis ce jour,
j'ai songé à substituer au trocart actuel un moyen inoffensif qui mît sûre-
ment à l'abri de la lésion du testicule et de la tige séminale.
>' .le ne rappellemi pas que la lésion du testicule a lieu, surtout par suite
d'adhérences qui font varier sa position, par suite de l'épaississement des
enveloppes scrotalcs, de leur altération et de celle du liquide contenu.
Ce sont là des cas exceptionnels qui légitimeraient Terreur jusqu'à un cer-
tain point; mais, ce qui est plus surprenant, c'est que la lésion du testicule
ait lieu, même quand la tumeur est parfaitement transparente. M. le pro-
fesseur Roux a démontré que les illusions d'optique tiennent aux effets de
réfrangibililé du liquide. Un testicule gros, engorgé, peut n'être représenté
que par une simple tache brune très- limitée, à cause de cette réfrangibilité.
M. Roux fait, dans ses leçons cliniques, saisir sa pensée par un fait bien
connu, à savoir: que si l'on place la paume de la main devant une vive
lumière, on voit une transparence complète, malgré la présence des os du
carpe et malgré leur opacité.
» Pour donner au diagnostic la plus grande précision possible, j'ai mo-
difié le trocart et la manière de s'en servir.
» Mon trocart se compose de trois pièces : d'une canule de la grosseur
d'une plume de pigeon percée de trois ouvertures, une à chaque bout et la
troisième au milieu , sur un des côtés; la deuxième pièce est une lige cylin-
drique destinée à glisser dans la canule, et armée à l'un de ses bouts d'un
fer de lance; la troisième pièce est une tige pleine faisant l'office de mandrin
obturateur. Avant de m'en servir, j'étudie à travers la transparence du liquide
la position du testicule, mais surtout la disposition des vaisseaux du scrotum.
Afin de ne pas les léser, je fais au scrotum , soit avec une lancette , soit avec
( 796)
mon trocart-acupuncture, qui sera décrit plus loin , une ponclion, et, quand
une quantité suffisante de sérosité pour déprimer les parois de la tumeur
s'est échappée, je place un doigt sur l'ouverture pour arrêter l'écoulement
du liquide. Je cherche alors le testicule, et quand il est sain je le refoule
en arrière, puis je rapproche l'une contre l'autre, comme s'il s'agissait d'éta-
blir un séton, les parois de la tumeur devenue molle et compressible. Ainsi
comprimée à son centre par les doigts de l'opérateur et par ceux de l'aide,
l'hydrocèle forme deux poches, l'une au-dessus des doigts , remplie de liquide,
l'autre au-dessous contenant de plus, refoulées pour éviter le trocart, la
plande et sa tige séminales. A ce moment, les deux parois du Scrotum ainsi
rapprochées et tendues n'offrent que peu d'épaisseur; le chirurgien intro-
duit la pointe du trocart dans l'ouverture précitée, faite par la lancette ou
par le trocart-acupuncture, puis d'un coup sec il traverse rapidement, de
part en part, le scrotum comme sll mettait »m séton. Il a grand soin ensuite
de placer en arrière, pour être en rapport avec le liquide, l'ouverture cen-
trale de la canule du trocart, et, à l'instant même, la sérosité s'écoule par
les deux bouts de la canule.
» Comme on le voit, cette manière de ponctionner les hydrocèles n'offre
j^uère plus de difficultés que la pose d'un séton; elle est tout aussi inoffen-
sive. L'hydrocèle une fois embrochée , qu'on me passe l'expression , par la
canule, il n'y a pas à craindre que celle-ci se déplace et que ses rapports
avec la tunique vaginale, venant à cesser comme par la méthode ordinaire,
exposent, ainsi qu'on le voit si fréquemment, à la gangrène du scrotum par
suite du passage dans le dartos du liquide injecté.
« Voilà pour la ponction. Voyons maintenant en quoi consistent les mo-
difications apportées à Vinjection.
r Si les luttes académiques, dont il a été parlé plus haut , sont demeurées
stériles, cela tient à ce que la discussion n'est pas sortie du champ rétréci
des injections vineuses et iodées. Cela tient surtout à ce que l'élément essen-
tiel n'a pas été abordé. Je vtîux parler de l'irritabilité de la tunique vaginale,
variable selon les individus. Or s'il est vrai que chacun est doué d'un mode
d'irritabilité qui lui est propre, on reconnaîtra tout d'abord que la méthode
actuelle des injections est vicieuse, puisque ces injections sont invariable-
ment de même composition et de même nalnre, quelle que soit l'irritabilité
de la tunique érytloïde. Nul, avant moi, n'a songé à tenir compte de cette
irritabilité variable et individuelle, nul n'a eu l'idi^e de l'harmoniser avec le
liquide à injecter, de manière à éviter les excès comme le défaut de l'inflam-
mation désirable, excès qui aboutissent à des abcès phlegmoneux et même
( 797 )
à la gangrène, défaut d'irritation qui conduit à la récidive de l'hydrocèle. Il
est vrai qu'il y a une troisième chance, celle de tomber juste; mais, en
chirurgie, il faut, autant que possible, ne rien laisser au hasard.
» Si l'irritabilité de la tunique vaginale était invariablement uniforme et
toujours la même, il ne s'agirait plus que de trouver un liquide en harmonie
avec elle; ce serait l'iode, le vin, l'alcool, peu importe. Toujours est-il que
ce liquide, une fois trouvé, serait invariablement bon, et tous les praticiens,
aujourd'hui si divisés d'opinion, se mettraient bientôt d'accord.
» Par ma méthode , j'élève doucement et graduellement l'inflammation
jusqu'à la limite voulue, jusqu'à ce qu'elle ait produit un épanchement de
lymphe plastique pour remplacer la sérosité évacuée. Pour cela, au lieu de
retirer tout de suite la canule du trocart , je la laisse en place un, deux, trois
et même quatre jours, afin de rester en communication avec la tunique va-
ginale tout le temps nécessaire pour l'exciter convenablement. Je dis trois à
quatre jours, parce que ce temps est suffisant, et que passé ce délai des
pseudo-membranes s'organisent autour de la canule et forment un étui qui
l'isole de la tunique vaginale.
» Comme l'irritabilité de cette tunique m'est inconnue, j'agis sur elle par
des moyens doux et gradués dans leur degré d'action. Ainsi , le premier jour,
je fais plusieurs injections d'air. Si elles sont insuffisantes, le deuxième jour
j'injecte de l'eau. Si l'eau n'agit pas assez, je la remplace, le troisième jour,
par de l'eau animée d'azotate d'argent, 5 centigrammes sur lao grammes de
liquide, ou bien avec un peu d'eau de Cologne, Le vin, l'iode, convien-
draient également et trouveraient leur place dans l'échelle ascendante des
topiques irritants. J'ai l'habitude de retenir dans le sac les injections d'air,
d'eau et même d'eau avec azotate d'argent, pendant plusieurs heures , à moins
que l'apparition de la douleur ne force à les faire sortir plus tôt,
» Sur un chiffre de deux cents hydrocéles ainsi opérées, trente-neuf ont
été guéries par de simples injections d'air, et par le travail produit par la
présence de la canule; quarante-sept par l'air et l'eau ; et pour faire naître,
dans les cent quatorze cas restants, le degré d'inflammation désirable,
il a fallu recourir à l'air, à l'eau, à l'eau animée d'azotate d'argent ou de
tout autreliquide excitant. Pour compléter cette statistique, j'ajouterai que,
vingt fois, l'inflammation ayant dépassé les limites voulues, j'ai réprimé son
excès par des applications locales de glace que, depuis longtemps, j'ai substi-
tuée aux sangsues et aux cataplasmes. Trois fois seulement il s'est formé au-
tour de la canule un petit foyer purulent dont une ponction avec la lancette
a fait prompte justice. Une seule fois il s'est produit une escarre par suite
C. H., i(55o, i°"' Semestre. (T. XXXI, N'^ 24.) Io5
( 798 )
d'imprudence. Je n'ai pas eu de récidives toutes les fois que j'ai injecté de
l'air, de l'eau et un autre liquide irritant, mais aussi c'est dans cette caté-
gorie que se trouvent les vingt faits d'inflammation avec excès. Dans la caté-
gorie des hydrocèles traitées uniquement par l'air, j'ai vu une récidive, et
une antre parmi les hydrocèles traitées par l'air et par l'eau seulement. La
moyenne du traitement a été de dix-neuf jours; elle a varié entre dix et
cinquante jours pour les cas compliqués.
» Outre les résultats pratiques, je dois dire encore que ma manière dopé-
rcr n'est pour ainsi dire pas douloureuse. Elle entraîne si rarement la fièvre,
que, souvent, elle pourrait être employée comme méthode curative chez les
vieillards et chez les valétudinaires qu'il est de précepte de n'opérer que
d'une manière palliative, à cause des accidents redoutables par la méthode
ordinaire.
" En résumé, les principaux avantages de notre méthode sont les sui-
vants :
« i*^. Ponction de l'hydrocèle, quel qu'en soit le volume, toujours facile
et à l'abri de tout accident;
>' 2°. liésion soit du testicule , soit de la tige séminale, devenue impos-
sible grâce à notre trocart.
» 3°. Passage dans le dartos du liquide injecté , ne pouvant plus avoir
lien;
» 4"' Evolution de l'inflammation de la tunique vaginale douce, gra-
duée, toujours en harmonie avec son état particulier d'irritabilité ;
» 5". Possibilité d'élever et d'arrêter au degré désirable l'inflammation, et
d'éviter ainsi les récidives de l'hydrocèle dues à son défaut , comme les ac-
cidents dus à son excès ;
» 6°. Imumnité complète de ces violentes douleui-s si fréquentes après
les injections ordinaires;
.1 j". Facilité d'appliquer le traitement curatif, même chez les vieillards
et chez les valétudinaires, à raison de l'absence presque complète de la
douleur. » •
PHYSIOLOGIE. — Du tôle de l'appareil chjlifère dans l'absorption des
substances alimentaires ; par ^. Claude Bernard. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoyé à la Section d'Anatomie et de Zoologie.)
•< On n'a pas donné de nom particulier aux matériaux nutritifs qui , de
1 intestin , sont charriés vers le foie avec le sang de la veine porte, tandis
( 799 )
qu'on désigne spécialement par le mot de cfijle, les seuls produits qui sont
absorbés par le système chylifère.
" Les vaisseaux lymphatiques-chyliféres , c'est-à-dire ceux qui ont la
piopriélé d'absorber la graisse émulsionnée , appartiennent exclusivement à
l'intestin grêle. On les appelle encore vaisseaiix lactés, parce que, pen-
dant la digestion, ils contiennent souvent un liquide émulsif semblable à du
lait, qui les remplit et les rend très-apparents. C'est cette dernière circon-
stance qui permit de découvrir ces vaisseaux , et qui , sans aucun doute , leur
fit attribuer un rôle dans l'absorption des substances alimentaires; mais ce
rôle n'a jamais été nettement déterminé, et rien ne saurait motiver, ainsi
que j'espère le. prouver, l'importance extrême que les physiologistes ont
donnée pendant longtemps au chyle, en considérant ce liquide comme le ré-
sultat définitif de la digestion, et comme la quintessence en quelque sorte
de tous les aliments réunis.
» Le but qne je me propose dans ce travail est de fixer, par des expériences
directes, la nature des principes nutritifs qui sont absorbés et charriés ex-
clusivement par les vaisseaux chylifères. Ces recherches m'ont paru impor-
tantes pour préciser la signification du mot chyle, et pour déterminer s'il
existe réellement des substances alimentaires qui échappent d'une manière
absolue à l'absorption veineuse, et évitent, conséquemment , de passer par
le foie, avant d'arriver au poumon.
" 1°. De l'absorption dic sucre par les vaisseaux chylijères. — La matière
sucrée est absorbée dans l'intestin, tantôt à l'état de glucose, tantôt à l'état
de sucre de canne (i). En ingérant dans l'estomac de différents animaux
mammifères (chiens, chats ou lapins) de grandes quantités de sucre de
canne, j'ai toujours retrouvé ce principe sucré dans le sang de la veine porte;
mais en recueillant le chyle dans le canal thoracique chez ces mêmes ani-
maux et dans les mêmes circonstances, je n'y ai jamais rencontré la pré-
sence du sucre de canne (2) ; de sorte quou constate, dans cette expérience,
que j'ai répétée bien des fois, ce fait singulier, que le sucre n'est pas absorbé
d'une manière évidente par l'appareil chylifère.
" D'après ce qui précède, il faut donc reconnaître que dans le canal
(i) L'acide da suc gastrique peut, ainsi que je l'ai démontré ailleurs , transformer une
petite quantité de sucre de canne en glucose; mais dans les cas où le sucre de canne est en
abondance, la plus grande partie est absorbée sans aucune modification.
(2) On y trouve des traces de sucre de i-aisin qui provient des lymphatiques du foie, ainsi
que je m'en suis assuré.
io5..
( 8oo )
digestif le sucre est exclusivement absorbé par le système de la veine porte,
et admettre, comme conséquence, que la matière sucrée, avant d'être
portée au poumon, traverse nécessairement le foie. On peut démontrer, en
outre, par des expériences décisives, que ce passage du sucre de canne, à
travers le tissu hépatique, a pour effet de lui faire subir une modification
très-importante au point de vue physiologique. En effet , nous avons dit
que si l'on injecte dans le système veineux général d'un chien , par une veine
quelconque de la surface du corps, une dissolution de a à 3 grammes de
sucre de canne, on trouve que, loin d'être assimilée, cette substance est re-
jetée au bout de quelques instants par l'excrétion urinaire; si au contraire
on fait cette même injection par un rameau de la veine porte de façon à ce
que la matière sucrée passe forcément par le foie, avant d'arriver dans le
système veineux général, on constate que le sucre n'est plus éliminé, qu'il
reste et s'assimile dans le sang, absolument comme cela a lieu lorsque son
absorption s'effectue à la suite du procédé normal de la digestion. On com-
prendra très-bien maintenant que l'absorption du sucre, par le système de
la veine porte, soit une condition nécessaire à son assimilation; car si son
transport était confié aux vaisseaux chylifères, le principe sucré serait sous-
trait à l'influence du foie et se déverserait directement dans le système
veineux général , absolument comme cela a lieu quand on l'injecte par la
veine jugulaire.
» a". De l'absorption de Valbumine par les vaisseaux chjlijeres. ^—
Aucun observateur n'a constaté, je crois, rigoureusement que le chyle con-
tienne plus d'albumine chez les animaux qui digèrent exclusivement cette
substance. Il serait d'ailleurs à peu près impossible de conclure , d'après ces
seuls résultats, que la matière albumineuse n'est point absorbée par les
chylifères; car cette détermination de la quantité d'albumine, suivant les
divers modes d'ahmentation, doit être excessivement difficile, parce que le
sang et la lymphe contiennent déjà une grande proportion de ce principe.
J'ai pensé qu'on pourrait apporter un argument physiologique plus décisif
pour la solution de cette question, si l'on arrivait à démontrer que pour
être assimilée, l'albumine avait besoin, comme le sucre de canne, de tra-
verser le tissu du foie. En effet, en injectant dans la veine jugulaire d'un
chien ou d'un lapin un peu d'albumine d'œuf étendue d'eau (i), on constate,
quelque temps après cette injection, que les urines sont devenues albumi-
(i) Sans cette précaution , l'albumine du blanc d'œuf serait trop visqueuse et causerait la
mort de l'animal , en s'arrêtant dans le poumon , ainsi que l'a montré M. Magendie.
( 8oi )
lieuses. Cette expérience est intéressante, en ce qu'elle démontre que l'al-
bumine d'œuf n'est probablement pas identique à l'albumine du sang , et
qu'elle a besoin, pour être appropriée à l'organisme, d'éprouver une mo-
dification préalable. Or le passage par le tissu du foie suffit pour opérer
cette modification nécessaire à l'assimilation de la matière albumineuse ;
car si on l'injecte par la veine porte, elle reste dans le sang et ne se retrouve
pas dans l'excrétion urinaire. Ces expériences tendent évidemment à dé-
montrer que l'albumine est absorbée exclusivement parla veine porte, car
si cette substance était portée dans la veine sous-clavière par le canal thora-
cique, elle serait introduite directement dans le système veineux général, et
se trouverait exactement dans le cas de l'injection par la veine jugulaire,
que nous avons cité plus haut.
» 3°. De l'absorption de la graisse parles vaisseaux chjlifères, — Chez
les mammifères, les matières grasses sont absorbées de la manière la plus
évidente par les vaisseaux chylifères, et déversées dans le sang par le canal
thoracique. L'analyse chimique et l'inspection microscopique du contenu de
l'appareil chylifère, ne laissent aucun doute à cet égard. Dans un précé-
dent Mémoire, j'ai fait voir, après M. Magendie et quelques physiologistes,
que les matières grasses neutres des aliments, pour être aptes à pénétrer
dans les vaisseaux chylifères, devaient avoir reçu préalablement l'influence
émulsive du suc pancréatique, de sorte que l'absorption de la graisse ne
peut commencer à s'effectuer dans l'intestin grêle qu'après le déversement
du fluide pancréatique , tandis que l'albumine et le sucre peuvent déjà être
absorbés dans l'estomac. On sait qu'aussitôt que la graisse émulsionnée
pénètre dans les vaisseaux chylifères, leur aspect change complètement;
au lieu de rester transparents, comme tous les autres lymphatiques du
corps, leur contenu prend un aspect blanchâtre lactescent, tout à fait carac-
téristique, et, grâce à la transparence des vaisseaux, on peut suivre par-
faitement des yeux le trajet de la matière grasse, depuis l'intestin jusque
dans la veine sous-clavière gauche, où elle est déversée par le canal tho-
racique.
» On doit penser, d'après ce qui précède, que, pour rester dans le sang
et pour y être assimilé ,^ les matières grasses n'ont pas besoin de traverser
le foie; c'est, en effet, ce qui a lieu. .T'ai bien souvent injecté dans la veine
jugulaire, et en grande quantité, diverses substances grasses (beurre, huile,
axonge), que j'avais préalablement émulsionnées avec du suc pancréatique
obtenu chez des chiens, et jamais je n'ai vu, après ces injections, les urines
contenir de la graisse et devenir chyleuses.
( 802 )
» 11 semblerait donc qu'il faut , d'après leur voie d'absorption , distinguer
les produits de la digestion en deux groupes : i° les matières sucrées et
albumineuses absorbées exclusivement par la veine porte, et traversant
nécessairement le foie avant de parvenir au poumon; 2" les substances
grasses absorbées par les vaisseaux chylifères et arrivant dans le système
veineux général et dans le poumon, sans avoir préalablement passé par
le foie.
" Celte dernière proposition ne doit pas être prise dans un sens aussi
absolu que la première, car l'inspection microscopique et les expériences
démontrent que la graisse est absorbée, à la fois, par la veine porte et par
le système des vaisseaux chylifères. Quand on examine, chez un chien en
digestion de matière grasse, le contenu du canal thoracique et le sang de la
veine porte, on voit que ces deux liquides contiennent à peu près autant
de graisse émulsionnée l'un que l'autre ; seulement elle est beaucoup moins
visible dans le sang, à cause de sa coloration. Mais si on laisse le caillot se
former et le sérum se séparer, on constate qu'il est i-endu opaque et blan-
châtre comme du lait, par la substance grasse émulsionnée qu'il tient en
suspension.
» Du reste , si chez les mammifères on peut attribuer au système chyli-
fère une part très-évidente dans l'absorption de la graisse, il n'en est pas de
même chez beaucoup d'oiseaux , par exemple, où il est impossible , comme
on le sait, de constater aucune espèce de lymphatiques-chylifères , c'est-à-
dire de vaisseaux lymphatiques blanchâtres chargés de graisse émulsionnée.
.l'ai fait avaler de la graisse à des pigeons, à des coqs, à des émouchets, etc.,
et en sacrifiant ces animaux en pleine digestion , je n'ai jamais trouvé la
moindre apparence blanchâtre ou chyleuse dans leurs lymphatiques intesti-
naux , tandis que le sang de la veine porte contenait beaucoup de matière
grasse émulsionnée.
» En résumé, il n'y a donc qu'une substance aUmentaire (la graisse) pour
l'absorption de laquelle on puisse faire intervenir, d'une manière évi-
dente et réelle, le système lymphatique-chylifère, et encore cette fonc-
tion, qui est partagée avec la veine porte chez les mammifères, est-elle
complètement annulée chez un grand nombre d'animaux , qui cependant
digèrent et absorbent très-bien les substances grasses. D'où je conclus que
le chyle ne peut pas être considéré comme un liquide qui résumerait en lui
tous les principes nutritifs des aliments. »
(8o3 )
CHIMIE AGRICOLE. — Résultats d'expériences sur l'influence du plâtre
[sulfate de chaux-) dans la végétation; par M. Ch. Mène.
(Commissaires, MM. Boiissiiigault, Payen.)
.< Depuis la mémorable expérience de Franklin , on a généralement re-
connu au plâtre (sulfate de chaux) une propriété fécondante et un pouvoir
utile à ragricuUure. Poussé par hasard à ra'occuper de cette question, j'ai
été curieux d'étudier le rôle et l'importance de cette matière , et je me suis
livré, dès le printemps, à une suite de recherches dont je vais entretenir
l'Académie.
» 1°. Pour connaître la manière dont le plâtre agit sur la végétation, j'ai
rempli deux caisses en zinc de sulfate de chaux pur provenant de la double
décomposition du sulfate de soude sur le chlorure de calcium, puis j'ai
semé dans l'une du gazon, dans l'autre du blé. Les deux caisses étaient pla-
cées sous châssis, afin de les préserver des accidents extérieurs, et je les
arrosais tous les deux jours. Au bout de quelques semaines , les plantes
avaient germé superbes et vertes comme en pleine terre; mais à mesure
qu'elles se développèrent , leurs apparences furent si chétives et si tristes ,
que quinze jours après elles ne ressemblaient plus qu'à des herbes dessé-
chées ou flétries.
« 2°. Dans de pareilles caisses, mises dans les mêmes conditions, j'ai
placé un mélange, à parties égales, de sulfate de chaux fabriqué comme
précédemment, et de terre argileuse, puis j'ai semé les deux mêmes espèces
de graines; les plantes ont germé et se sont développées avec une apparence
assez belle, mais incomparablement moindre que dans des terres ordinaires,
et elles ont peu mûri.
" 3°. Dans des caisses et des circonstances analogues aux cas précédents,
j'ai semé des mêmes graines sur du fumier recouvert d'une couche de i cen-
timètre de sulfate de chaux. Au bout de quinze jours, les plantes se sont
développées et ont pris une croissance étonnante; enfin, elles sont arrivées
à une maturité parfaite et à une beauté extraordinaire.
» Ces résultats étaient certainement importants sous un point de vue
pratique, mais ne m'auraient pas dévoilé le rôle du sulfate de chaux, sans
une circonstance fortuite que je vais décrire :
" Un jour je visitais les châssis du n° 3, tenant à la main un verre plein
d'acide chlorhydrique. Par maladresse je laissai tomber quelques gouttes
d'acide sur l'une des caisses, et je vis, à ma grande surprise, une effei-ves-
cence se produire sur la couche de sulfate de chaux; je répétai cette même
( 8o4 )
expérience, et, par des analyses réitérées, je trouvai bientôt que le sulfate
de chaux s'était changé en carbonate.
» Cette expérience avait lieu au commencement de septembre. Je me
mis à chercher la cause de cette transformation, et je présumai, ce qui du
reste était fort probable , que le carbonate d'ammoniaque provenant de la
décomposition spontanée du fumier, en cherchant à se volatiliser par la cha-
leur du soleil, rencontrait le sulfate de chaux, et qu'il y avait double
décomposition.
» Pour m'assurer du fait, je fis construire en toute hâte (car le temps
pressait) des pots de zinc dont le fond était percé comme une écumoire;
je plaçai dans ces pots du fumier, puis une couche de sulfate de chaux, et
j'y semai du gazon.
» Quand l'herbe eut commencé à paraître et à prendre un certeiin déve-
loppement, j'arrosai abondamment pendant un quart d'heure, et je re-
cueillis par le fond du pot un liquide dans lequel on reconnaissait du sul-
fate d'ammoniaque, tandis que, facilement, on constatait la présence du
carbonate de chaux sur la surface du pot. Dès lors tout fut expliqué.
» Je fis cependant d'autres expériences , qui trouveront leur importance
dans un prochain Mémoire, mais qui, dès aujourdhui, ne serviront qu'à
appuyer l'explication que je donnerai des effets du plâtre.
» Ainsi, au lieu de couches de sulfate de chaux, j'ai arrosé des pots à
fonds percés, dans lesquels j'avais semé du gazon sur du fumier, avec des
liqueurs contenant, soit
De l'acide sulfurique , Du sulfate de potasse,
De l'acide ohlorhydrique, Du chlorure de manganèse.
De l'acide azotique , Du phosphate de soude ,
De l'acide acétique , Du sulfate de magnésie ,
Du sulfate de fer, De l'azotate de soude.
" Dans tous ces cas, les gazons sont bien venus, et j'ai constamment re-
cueilli par le fond des vases des liquides contenant des sels ammoniacaux
fixes ou du moins non volatils à la température ordinaire. De tous ces faits,
■ îl est permis de conclure :
" 1°. Que le plâtre par lui-même n'a aucun pouvoir fécondaut, et seul
ne peut pas servir d'engrais ;
" 2". Que le plâtre n'a de propriétés utiles à l'agriculture, qu'autant qu'il
se trouvera mêlé à des substances ammoniacales; car alors il y aura double
décomposition, et l'ammoniaque sera comme emmajjasiné pour les besoins
de la plante ;
( 8o5 )
» 3°. Que le plâtre pourra être remplacé par tout sel qui retiendra l'ana-
moniaque en un composé non volatil à la température ordinaire.
» Ces expériences ont été faites chez moi, à Vaujjirard, en petit, dans
un vaste jardin; toutes ont réussi. Il ne me reste plus qu'à en tenter l'essai
en grand, et j'espère l'an prochain faire admirer, aux promeneurs dans
Vaugirard, plus d'un champ dont la végétation sera active et extraordinaire,
grâce à chacun des sels que j'ai annoncés plus haut. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MINÉRALOGIE. — Sur V association des minéraux dans les roches qui ont un
pouvoir magnétique élevé; par M. Delesse. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy.)
« [/étude minéralogique et chimique des roches qui ont un pouvoii' ma-
gnétique élevé, montre que les minéraux de leur pâte diffèrent entièrement
des minéraux qui remplissent les filons ou les amygdaloïdes, et qu'ils sont,
en outre , plus riches en fer.
» En effet, la pâte d'une serpentine telle que celle des Vosges, par
exemple, est [)rincipalement formée de serpentine commune dans laquelle
sont disséminés du grenat, du diallage, de la chlorite, du fer chromé, du
fer oxydulé, de la pyrite de fer.
•t FiCs filons et les veinules qui la traversent en tous sens, contiennent, au
conti-aire , de la serpentine noble, du chrysotil, de la chaux carbonatée, quel-
quefois de la némalite, de la brucite.
" En comparant les premiers minéraux aux seconds, on voit qu'ils sont
beaucoup plus riches en fer : quelques-uns ont un gisement mixte comme le
diallage et la chlorite, qui s'observent aussi en filons; mais l'analyse apprend
qu'ils sont moins riches en fer que les autres minéraux de la pâte.
» De même, dans un mélaphyre tel que celui d'Oberstein, on a une pâte
magnétique renfermant lo pour loo d'oxyde de fer dans laquelle se trouvent,
outre le labrador, de l'augite, du fer oxydulé, du fer oxydulé titane, de la
pyrite de fer, du carbonate de fer, c'est-à-dire des minéraux riches en fer.
Dans les amygdaloïdes et dans les filons de ce mélaphyre, il y a du quartz,
de la chaux carbonatée et une grande variété de zéolithes, c'est-à-dire de
minéraux qui sont à peu près sans fer ; il y a bien aussi de la chlorite ferru-
gineuse qui contient du fer, mais le plus souvent elle est en contact avec la
pâte.
C. K., i85o. a»» Seme$lre. (T. XXXI. N» 24.) lo6
( 8o6 )
» En général, dans les serpentines, les mélaphyres, les dolérites, les ba-
saltes, les trapps, les laves, etc., dans toutes les roches qui ont un pouvoir
magnétique élevé , les minéraux riches en fer sont donc répartis dans la pâte ,
tandis que les minéraux exempts de fer sont, au contraire, répartis dans les
filons ou dans les amygdaloïdes.
» Dans les amphibolites, les grunsteins, les schalsteins, les spilites, qui ont
uu pouvoir magnétique peu élevé, les minéraux de la pâte ne sont pas sé-
parés de ceux des filons, d'une manière aussi nette que dans les roches pré-
cédentes, et, à l'exception de laprehnite, les zéolithes sont très-rares ou bien
ont complètement disparu.
» Dans les granits, les syénites, les diorites, dans toutes les roches grani-
toides, i! n'y a généralement pas de pâte, et, en tous cas, son pouvoir ma-
gnétique est extrêmement faible; on peut remarquer cependant que les mi-
néraux riches en fer sont encore associés entre eux, car les lamelles de mica
noir sont ordinairement engagées dans les lamelles de hoi-nblende dans les-
quelles se sont développés aussi les grains de fer oxydulé.
)i Les associations de minéraux qui viennent d'être signalées résultent d'une
loi générale , et se retrouvent à différents degrés dans toutes les roches , bien
qu'elles soient mieux caractérisées et qu'elles s'observent surtout dans celles
qui ont un pouvoir magnétique élevé; c'est d'ailleurs par les propriétés ma-
gnétiques des roches qu'elles peuvent être expliquées.
1) En effet , les minéraux qui sont dans les amygdaloïdes du mélaphyre
d'Oberstein ou dans les filons de la serpentine, ont dû se former par infil-
tration à travers les pores de la roche; cette hypothèse, admise déjà par
nn assez grand nombre de géologues, a acquis, dans ces derniers temps,
une grande vraisemblance par suite des travaux importants de M. G. Bischof.
On conçoit, du reste, que des minéraux se sont aussi développés par infil-
tration dans la pâte elle-même; c'est ce qui me paraît avoir eu lieu, en paiti-
ccdier, pour le carbonate de fer, la pyrite de fer, le fer oxydulé ainsi que
ses variétés.
» Cela posé, considérons une roche ayant un pouvoir magnétique élevé,
comme un mélaphyre ou une serpentine; elle sera traversée par des disso-
lutions contenant du fer, du chrome qui sont magnétiques, et par des dis-
solutions contenant de la silice, de la chaux, de la magnésie, de l'alumine,
des alcalis qui sont diamagnétiques. Sa pâte qui est magnétique retiendra
ou attirera les dissolutions magnétiques; il s'y formera par conséquent des
nainéraux riches en fer ou en chrome, tels que ceux qui viennent d'être
signalés, et, en particulier, du fer oxydulé qui est lui-même fortement
( 8o7 )
magnétique. D'un autre côté, la pâte repoussera les dissolutions diamagnp-
tiques dans ses fissures et dans ses cavités; par suite, il se développera dans
ces dernières du quartz, de la chaux carbonatée, des zéolithes ou bien des
hydrosilicates et des hydrocarbonates de magnésie qui rempliront les
amygdaloïdes ainsi que les filons.
» Toutes choses égales, la séparation et la cristallisation de ces divers
minéraux devront être d'autant plus nettes que la roche aura un pouvoir
magnétique plus élevé.
" IjCS forces magnétiques et diamagnétiques ont donc joué un grand rôle
dans la séparation et dans l'association des minéraux , surtout lorsque ces der-
niers se sont formés par infiltration : bien que ces forces soient faibles, elles
agissent d'une manière continue sur des quantités très-petites de substances à
l'état liquide, qui sont par conséquent dans les conditions les plus favo-
rables pour se laisser décomposer facilement et pour obéir aux attractions
ou aux répulsions qui les sollicitent. Les forces électriques qui sont égale-
ment mises enjeu, sont, en quelque sorte, négligeables devant les forces
magnétiques.
» Dans l'hypothèse d'une origine ignée pour tous les minéraux d'une
roche, les explications précédentes seraient encore applicables, seulement
les actions magnétiques s'exerceraient alors sur des matières qui seraient à
l'état fluide au lieu d'être à l'état liquide. »
PHYSIQUE. — Note sur un régulateur électrique; par M. Jules Dcboscq.
(Commissaires, MM. Pouillet, Regnault.)
« L'application de la lumière électrique aux sciences ou aux arts ne peut
se réaliser qu'autant que l'appareil dont on fait usage remplit la condition
de conserver le point lumineux dans une situation invariable. Or, comme
la lumière résulte du passage du courant entre deux charbons, ceux-ci,
brûlant au contact de l'air, se raccourcissent à chaque instant; il faut donc
un mécanisme qui les rapproche l'un de l'autre , proportionnellement aux
progrès de la combustion, c'est-à-dire qui s'accélère ou se ralentisse avec
celle-ci. De plus, le charbon positif, subissant une usure plus rapide que
le charbon négatif, doit marcher plus rapidement au-devant de ce der-
nier, et cela dans un certain rapport qui varie avec la grosseur ou la na-
ture des charbons. Le mécanisme dont nous venons de parler doit donc
satisfaire à toutes ces exigences.
» [ja lampe, ou plutôt le régulateur électrique que nous avons l'honneur
io6. .
( 8o8 )
de présenter à l'Académie, nous semble réunir les conditions voulues. Il
est construit de la manière suivante : les deux charbons sont sans cesse solli-
cicés l'un vers l'autre, le charbon inférieur, par un ressort en spirale qui le
fait monter, et le charbon supérieur, par son poids qui le fait descendre.
Le même axe leur est commun. Le courant galvanique est produit par
une pile de Bunsen , de 4o à 5o éléments ; il arrive aux deux charbons en
passant, comme dans les appareils déjà connus, par un électro-aimant creux
et caché dans la colonne de l'instrument. Quand les deux charbons sont en
contact , le courant est fermé , et il attire un fer doux placé à Textrémité d'un
levier qui enraye une vis sans fin. Un ressort antagoniste tend toujours à faire
dérayer la vis aussitôt qu'un écart se produit entre les deux charbons ; s'il est
un peu considérable, le courant ne passe plus, l'action du ressort redevient
prédominante, la vis est dérayée, et les charbons se rapprochent jusqu'à ce
que, le coiirantt recommençant à passer entre les deux charbons, le mouve-
ment qui les entraînait l'un vers l'autre se ralentit en raison du retour de la
prédominance de l'électricité sur le ressort; la combustion des charbons
augmente de nouveau leur écartement, et, avec lui, l'action supérieure du
ressort: d'où résulte de nouveau la prédominance du ressort, et ainsi de
suite. Ce sont des alternatives d'action et de réaction, dans h^squelles tantôt
le ressort l'emporte , tantôt l'électricité.
» Sur un axe commun aux charbons sont deux poulies : l'une, dont on peut
faire varier le diamètre à volonté , communique , par un cordon , avec la tige
qui porte le charbon inférieur , lequel répond au pôle positif de la pile ;
l'autre , à diamètre invariable, est en rapport avec le charbon supérieur ou
négatif. Le diamètre de la poulie, susceptible de varier proportionnellement
à l'usure du charbon avec lequel elle communique , peut être augmenté
dans la proportion de 3 à 5. Cette disposition a pour objet de conserver
le point lumineux à un niveau convenable, quelle que soit la grosseur
ou la nature des charbons. Il faut seulement savoir qu'à chaque changement
d'espèce ou de volume de charbon on doit faire varier le diamètre de la
poulie. Cette variation résulte de celle d'un tambour mobile communiquant
avec six leviers articulés près du centre de la sphère; l'extrémité mobile des
six bras de levier porte une petite goupille qui glisse dans des fentes cylin-
driques. Ces fentes sont obliques par rapport à la sphère; elles forment des
plans inclinés. Un ressort en spirale appuie toujours sur l'extrémité des leviers,
de sorte que si l'on tourne les plans inclinés vers la droite, les six leviers se
replient vers le centre et diminuent le diamètre. Si, au contraire, on tourne
( 8o9 )
vers la gauche , le diamètre augmente , et , avec lui , la vitesse de translation
du charbon qui communique avec la poulie.
» Nous ferons remarquer, en terminant, que notre régulateur est très-
portatif, et construit de manière à s'adapter à tous les appareils de phy-
sique ou autres qui en pourraient réclamer l'emploi. »
MÉTÉOROLOGIE. — Examen de quelques problèmes de météorologie ;
/3ar M. l'abbé R\iLLABD.
(Commissaires, MM. Arago, Pouillet, Babinet.)
Dans ce travail, qui est fort étendu, l'auteur étudie plusieurs problèmes
fort importants dont il cherche à donner une solution satisfaisante. Parmi les
sujets qu'il traite, on distingue les suivants : l'hypothèse des vapeurs vési-
culaires; la cause du défaut de polarisation de la lumière dans les nuages; la
formation de la pluie et de la neige , du grésil et de la grêle; l'origine des
éclairs; le bruit du tonnerre; les trombes et les tourbillons; les étoiles
filantes, les aurores boréales , etc. Il est deux points surtout qui ont été, de
la part de l'auteur, l'objet d'études plus complètes : ce sont les arcs sur-
numéraires de l'arc- en-ciel coloré, et l'arc en-ciel blanc. Ils forment le
sujet d'un Mémoire spécial, que M. l'abbé Baillard a joint à son grand travail.
MÉDECINE. — Pathologie comparée des endémies et des erizooties produites
par les marais de la haute Seille [Meurthe) ; par M. Ancelon.
( Renvoyé à la Commission nommée pour la précédente communication de
de M. Ancelon.)
M. Baudrihont adresse une Noie sur les variations de densité de l'air
atmosphérique.
(Renvoyé à la Section de Chimie.)
M. le D"^ Bazin, répondant à la dernière communication de M. Bourgui-
gnon , insiste de nouveau sur les droits qu'il croit avoir à la priorité pour
l'emploi de la méthode des frictions générales dans le traitement de la gale.
(Renvoyé à la Commission nommée pour la communication
de M. Bourguignon.)
M. Martini envoie la description d'un nouveau cabestan de son invention.
(Commissaires, MM. Poncelet, Morin.);i!ij;nK>l> nrj.
(8.0)
M. VÉRiOT adresse un supplément à son Mémoire sur la direction des
aérostats.
(Renvoyé à la Commission déjà nommée.)
CORBESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instructioiv publique invite l'Académie à lui présenter
un candidat pour la chaire de Mathématiques du Collège de France, oc-
cupée précédemment par M. Libri, et déclarée vacante par un décret en
date du i" septembre dernier.
La lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique est renvoyée à la
Section de Géométrie.
MM. Ebelmen et Salvktat, désirant publier prochainement le travail
qu'ils ont lu dans la séance du i5 novembre, sollicitent de l'Académie l'au-
torisation de retirer leur manuscrit.
MM. Ebelmen et Salvetat sont autorisés à reprendre leur Mémoire.
M. Leroy d'Etiolles écrit à l'Académie pour faire remarquer que l'encoù-
raperaent, accordé par elle à M. Mercier pour ses recherches relatives aux
valvules du col de la vessie, n'a pas été décerné à l'occasion d'un concours
spécial sur cette question ; qu'il n'y a eu ni examen comparatif ni débat
contradictoire devant la Commission, et que, par conséquent, les droits de
chacun à la priorité d'invention des procédés et instruments applicables au
traitement de cette maladie, sont et demeurent réservés.
M. DE Haan adresse au concours, pour le prix Cuvier (concours de i854),
un ouvrapje sur les Crustacés en général, et spécialement sur les Crustacés
de la Faune japonaise.
Cet ouvrage est renvoyé à la "Commission qui sera chargée de décer-
ner le prix Cuvier en i854.
M. SiLBERMANN sc déclarc auteur, en collaboration avec M. Favre, d'un
Mémoire envoyé au concours pour le grand prix des Sciences physiques,
et qui a été honoré d'une distinction par l'Académie. Ce Mémoire portait
pour épigraphe : « Le travail, c'est le fonds qui manque le moins. » M. Sil-
Jîermann demande l'ouverture du pli cacheté qui accompagne ce Mémoire.
(8ir)
Ce pii ayant été ouvert en séance, il est constaté qu'en effet le travaiî
indiqué est de MM. Favre et Silbermann.
M. Ed. Robin adresse un paquet cacheté dont l'Académie accepte le
dépôt.
A 4 heures et demie l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
M. Serhes, au nom de la Commission du prix de Physiologie expérimen-
tale, lit un Rapport dont voici les conclusions :
La Commission déclare qu'il n'y a pas lieu à décerner le prix de Physio-
logie expérimentale pour les années 1849 et i85o.
Une mention honorable est accordée à M. Stannius pour ses Recherches
atiatomiques et physiologiques sur le système nerveux périphérique des
Poissons.
Une mention honorable est également accordée à M. Hollard, pour sa
Monographie anatomique du gerue Actinie. La Commission engage l'auteur
a compléter son travail par des observations d'embryologie et des expé-
riences physiologiques sur ce groupe de Zoophytes.
M. LiouvitLE, au nom delà Commission chargée de préparer la question
pour le concours du grand prix des Sciences mathématiques à décerner
en i852, propose la question suivante :
Trouver l'intégrale de l'équation connue du mouvement de la chaleur^
pour le cas d'un ellipsoïde homogène, dont la sur/ace a un pouvoir rayon-
nant constant, et qui, après avoir été primitivement échaujfé d'une manière
quelconque, se refroidit dans un milieu de température donnée.
La séance est levée à 5 heures. Ai
(8.0
BULLETIN BIBLIOtiHAPHIQUE.
1/ Académie a reçu, dans la séance du i décembre i85o, les ouvrajjes
dont voici les titres:
Comptes rendus hebdomadaires des séances de r Académie des Sciences;
2"°* semestre i85o; n° aa; in-4°-
Institut national de France. Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et
BelleS'Lettres , au nom de la Commission chargée de préparer le programme de
l'examen spécial institué pour les agrégrés candidats aux places de Membres de
l'Ecole d'Atfiènes, le 8 novembre i85o; une feuille in-4°.
Discours prononcé par M. le professeur Velpeau , dans la séance publique
de la Faculté de Médecine de Paris, le 8 novembre i85o; broch. in-4'*-
L'Académie a reçu, dans la séance du 9 décembre i85o, les ()uvra{j;es
iloni voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences;
2™^ semestre i85o ; n" aS ; in-Zj".
Annales des Sciences naturelles; rédigées par MM. MiLNE Edwards,
Ad. Brongniart et J. Decaisne; 3* série; 7* année; mai i85o; in-8"
Améliorations de la Sologne, Rapport présenté au Conseil général du Loiret
dans sa session de i85o; par M. Becquerel, rapporteur. Membre de l'In-
stitut, MM. Machart, ingénieur en chef, et Delacroix, ingénieur ordinaire;
brocb, in-S".
Muséum d'Histoire naturelle. Catalogue de la collection entomologique. Classe
des Insectes. Ordre des Coléoptères ; par MM. Milne Edwards, E. Blanchard
ef Lucas; 1" livraison. Paris, i85o; in-8°.
Défense du corps des Ponts et Chaussées et de l'École Polytechnique , dis-
cours prononcé à l'Assemblée nationale législative, dans la séance du 19 no-
vembre i85o; par M. Gharles Dupin, Représentant de la Seine-Inférieure ;
i feuille in-8°.
Monographie desLoxiens; par MM. Ch. L. Bonaparte et H. Schlegel;
i85o; I vol. in-^".
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIEINCES.
SÉANCE PUBLIQUE DU LUNDI 16 DÉCEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
Lu séance s'ouvre par la proclamation des prix décernés et des sujets de
prix proposés.
PRIX DÉCERNÉS
POUR LES ANNÉES 1849 ET 1850.'
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX D'ASTRONOMIE
POUR LES ANNÉES 18/19 ET i85o,
FONDÉ PAR M. DE LALANDE.
(Commissaires, MM. Arago , Liouville, Mauvais, Langier,
Mathieu rapporteur.)
« La raéiiailie fondée par M. de Lalande est décernée , pour l'année i84{),
à M. DE Gasparis, astronome attaché à l'observatoire de Naples, pour la
découverte qu'il a faite, le i4 avril 1849, d'une nouvelle planète qui a été
nommée ffygie.
» L'Astronomie s est enrichie de trois nouvelles planètes dans le cours de
l'année i85o.
" M. de Gasparis, à qui la science est redevable de la planète ffygie^ a
C. R., i85o, 2"" Semestre. (T. XXXI, N» 28.) IO7
(8i4)
découvert, le ii mai et le a novembre i85o, deux nouvelles planètes. La
première a été nommée Parthénope et la seconde Egérie.
•' M. Hind, directeur de l'observatoire fondé à Londres par M. Bishop,
a découvert, le i3 septembre i85o, une nouvelle planète qu'il propose de
nommer Victoria. M. Hind avait déjà découvert, en 1847 , les deux planètes
Iris et Flore.
» Le prix d'Astronomie, pour l'année i85o, est partagé entre MM. de
Gasparis et Hind, qui recevront chacun une médaille équivalente à la moitié
de la somme disponible dans cette année. »
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE MÉCANIQUE
POUR LES ANNÉES 1849 ET i85o.
FONDATION DE M. DE MONTYON.
(Commissaires, MM. Poncelet, Morin , Combes, Séguier,
Piobert rapporteur. )
« Parmi les travaux qui ont trait à la Mécanique , et qui ont attiré l'atten-
tion de la Commission , elle a plus particulièrement distingué :
» 1°. Les appareils et expériences hydrauliques dus à M. le colonel du
génie Lesbros ;
» 2°. La machine à calculer de MM. Maurel et Jayet.
» L'importance de ces travaux, dont il a été déjà lendu un compte
favorable à l'Académie, les avantages inappréciables qu'ils peuvent offrir
à l'art de l'ingénieur et à l'industrie en général , portent la Commission à leur
allouer, comme prix des deux années 1849 ^^ >85o, la totalité des sommes
restées disponibles sur la rente affectée par M. de Montyon à l'encouragement
de la Mécanique , et dont le montant annuel n'a point reçu de destination
depuis l'époque où le prix de i845 a été décerné par l'Académie dans sa
séance publique de 1847-
» Prix de i 800 francs en faveur de M. Lesbros , pour des appareils
et expériences sur l'hydraulique expérimentale.
» Ces travaux ayant été l'objet d'un Rapport très-circonstancié fait à
l'Académie, dans la séance du aS novembre i85o_, au nom d'une Commis-
sion composée de MM. Arago, Piobert, Regnault, Morin, Poncelet rappor-
teur, il nous suffira ici de rappeler que les longues et pénibles recherches de
M. Lesbros, commencées en 1828, et poursuivies en 1829, i83i et i834, se
recommandent principalement aux ingénieurs et aux mécaniciens parla pré-
(8i5)
cision des appareils et des moyens d'observation , ainsi que par le but d'uti-
lité pratique qu'il n'a jamais perdu de vue, et grâce auquel il a puissamment
contribué au perfectionnement de l'hydraulique , des moteurs et des machines.
Pour tout dire en un mot, M. Lesbros, dont le travail était, depuis nombre
d'années, si impatiemment attendu, aura enrichi la science et l'industrie du
plus vaste recueil de faits et d'expériences qu'on possède encore sur cette
importante et difficile matière.
)' Prix de looo francs, en faveur de MM. Maurel et Jayet, pour leur
machine à calculer.
" fj'Académie, adoptant les conclusions d'un Rapport qui lui a été fait,
le la février 18495 au nom d'une Commission composée de MM. Cauchy,
Largeteau , Séguier, Binet rapporteur, a accordé son approbation à cette
machine, et a ordonné que la description présentée par ies auteurs fût in-
sérée dans le Recueil des Savants étrangers. Nous rappellerons que cet
instrument a pour objet de faire des calculs numériques suivant l'une des
quatre règles de l'arithmétique, à la volonté de l'opérateur; but qu'il ne faut
pas confondre avec celui de quelques autres machines analogues , telles que
celles de M. Babbage, qui peuvent exécuter une suite d'opérations succes-
sives, dans un ordre déterminé à l'avance. Ainsi la machine aux différences
de ce savant, construite dès 1822 pour 4 chiffres , commencée pour 4o et
même 60 chiffres, mais arrêtée à 8 chiffres en i834, à cause des dépenses
de construction, peut calculer des séries, ou les différentes valeurs que
prend une fonction contenant une variable qui croît ou décroît d'une manière
uniforme; elle devait enregistrer elle-même les résultats obtenus, en former
des tables, et graver les planches destinées à imprimer ces tables. De même
la machine analytique, imaginée par M. Babbage, fera toutes les opérations
indiquées par les expressions analytiques les plus compliquées, et en calculera
les valeurs numériques en employant non-seulement les données fournies par
chaque question, mais encore toutes les données usuelles, inscrites dans
l'instrument , quelque nombreuses qu'elles soient. Cette propriété remar-
quable lui sera donnée par l'emploi des cartons percés, inventés par Basile
Bouchon, et appliqués dès 1738, par Falcon, à la fabrication des étoffes
façonnées ; cartons que Vaucanson a modifiés dans son dernier métier à
tisser, en les faisant mouvoir par un mécanisme de son invention qui rem-
place un ouvrier. Ce sont ces mêmes cartons, mus par le mécanisme de Vau-
canson, que Jacquard a substitués, dès qu'il en a eu connaissance, à la ma-
chine pour laquelle il avait pris un brevet d'invention, le aS décem-
107 . .
(8i6)
bre 1801 (i), et qu'il a très-peu modifiés en leur donnant son nom, sous
lequel ce système est généralement connu depuis que 1 usage de ce métier
s'est répandu.
>> La machine de MM. Maurel et Jayet atteint complètement son but,
en donnant en très-peu de temps (environ 14 secondes pour les pioduits de
six chiffres et ao secondes pour ceux de huit chiffres) les résultais numé-
riques des opérations qu'on lui fait exécuter. Le mécanisme opérateur est
semblable à celui qui paraît avoir été employé dans de très-anciennes ma-
chines (autant qu'on en peut juger d'après leurs descriptions), et qui existe
dans la machine de M. Thomas , décrite dans le Bulletin de la Société, d'en-
couragement (2). La pièce principale de ce mécanisme est un cylindre can-
nelé parallèlement à son axe sur une partie de sa longueur et de son contour,
de manière à former la réunion ou à présenter l'ensemble de neuf roues
juxtaposées et armées respectivement de 1.2.3.4 o" 9 f'cnts. Cha-
cune de ces roues ou parties du cylindre correspond à l'une des positions
d'un pignon mobile le long de son arbre et le fait tourner, à chaque révolu-
tion, de quantités proportionnelles au nombre de dents ou de cannelures
pratiquées dans celte partie du cylindre avec laquelle il engrène.
" I^e mécanisn^e au moyen duquel les auteurs font passer les retenues
d'une unité sur le chiffre des unités de l'ordre supérieur, lors même que ce
chiffre varie de son côté dans le même in.stant, repose sur l'emploi des en-
grenages planétaires dont M. Pecqueur a fait de si belles applications. Ce
moyen ingénieux remplit son but, mais il est un peu compliqué, et exige
un grand effort pour la transmission du mouvement lorsqu'il y a un cer-
tain nombre de retenues à opérer à la fois; de sorte qu'il faut l'abandonner
au delà de quatre ou cinq transmissions, et emprunter directement au
cylindre moteur l'effort nécessaire pour porter les retenues de l'ordre
suivant.
» T^a soustraction ne peut avoir lieu que jusqu'à concurrence du nombre
qui a étéinscrit sur l'instrument, le mécanisme refusant de marcher au delà :
l'opérateur voit alors que le calcul tenté ne peut s'effectuer. De même, il
est averti dans la division, au moment où la machine indique le plus grand
(i) Description des machines et procédés spécifiés dans les brevets d'invention , etc ; tome IV,
page 62.
(2) Rapport de MM. Bréguet et Francœur, séance du 26 décembre 1821 . Volume de 1822 ,
page 33. Description de la machine , page 358.
(8i7 )
nombre entier contenu dans le quotient. Une disposition très-simple fait
ainsi éviter les tâtonnements en maintenant les opérations dans les limites
assignées par la construction. Mais il est à remarquer, à ce sujet, qu<3 les
inventeurs n'utilisent pas toute la puissance que comporterait la partie prin-
cipale de leur mécanisme; car chaque engrenage moteur, agissant sur le
pignon de l'ordre des unités les pins élevées, peut lui faire marquer i8 de
ces unités dans le cas de l'addition, et 8i dans le cas de la multiplication,
indépendamment des retenues apportées par l'accnmulaîion des unités des
ordres inférieurs. Or, le cadran d'un pignon ne peut représenter ces nombres
que par un seul chiffre; l'addition d'un simple compteur pour les unités d'un
ordre supérieur décuplerait donc les nombres sur lesquels ces machines
peuvent agir.
" La sûreté des opérations, qui est le mérite essentiel de toute machine
à calculer, et qui fait défaut dans presque toutes les inventions de ce genre,
est obtenue, dans les instruments de MM. Manrel et Jayet, par un système
de bridement général tel, qu'il n'y a de possibles que les mouvements com-
mandés, et que toute nouvelle opération tentée avant que la précédente ne
soit terminée est empêchée d'une manière absolue ; dtf là point de faux
mouvements, de déplacements irréguliei-s ou incomplets. Les ressorts, qui
peuvent se fausser ou ne pas toujours agir convenablement par suite de
trop ou de trop peu de tension , n'ont été employés par les auteurs que dans
quelques cas, où ils ne servent qu'à assurer d'une manière plus précise la
position des pièces, de sorte que leur rôle, purement passif, n'est pas indis-
pensable au jeu du mécanisme.
.» Dans un des modèles, il existe une galerie supérieure qui fait connaître
la somme d'une suite de produits obtenus les uns après les autres, sans que
les produits partiels cessent d'être mis successivement en évidence. Ce
dispositif, utile dans quelques circonstances, n'est pas indispensable dans la
pratique; il augmente beaucoup la complication et le prix de l'instrument.
» En résumé, la machine de MM. Manrel et Jayet est supérieure à ce qui
a été fait en ce genre; elle remplit ses fonctions avec toute la promptitude
et toute la sécurité désirables. 1*3 Commission émet le vœu que l'Académie
fasse l'acquisition de l'une des trente machines à calculer actuellement en
construction dans l'un des premiers ateliers de la capitale, et qu'elle la fasse
placer dans une des salles de la bibliothèque à la disposition de ses
Membres. »
( 8.8 )
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE STATISTIQUE
POUR LES ANNÉES 1849 ET i85o.
FONDATION DE M. DE MONTYON.
(Commissaires, MM. Ch. Dupin, Mathieu, Héricart de Thury,
Roussingault, Combes rapporteur. )
§ I. CONCOURS DE LANNÉE 1849.
« MM. Martin, médecin à l'hôpital du Dey, et Foley, médecin à l'hô-
pital civil d'Alger, ont adressé à l'Académie un ouvrage manuscrit intitulé :
Histoire statistique et médicale de la colonisation algérienne.
» Cet ouvrage contient les résultats de recherches étendues sur la popu-
lation indigène de l'Algérie, la population européenne immigrée, et les
vicissitudes diverses que l'une et 1 antre ont subies, depuis l'époque de notre
conquête jusqu à ce jour.
» Pour appliquer à la détermination du nombre des naissances , de la
mortalité des enfants, et surtout de la mortalité des adultes dans la popu-
lation européenne immigrée, les documents officiels, émanés des diverses
administrations, ou tirés des registres des hôpitaux civils et militaires, les
auteurs ont dû leur faire subir d'importantes corrections, qui ont exigé une
discussion délicatCi Ils ne se sont pas d'ailleurs dissimulé que plusieurs des
résultats qui ressortent de ces documents, même corrigés, ne peuvent être
admis encore que comme vraisemblables, soit en raison du trop petit nombre
d'observations recueillies jusqu'à présent, soit parce que ces observations
elles-mêmes seraient encore en partie incertaines, ou manqueraient jde pré-
cision. Nous citerons quelques-unes des conclusions auxquelles ils arrivent :
n i". liCS enfants européens immigrés en Afrique avant l'âge de deux ans
et demi ou trois ans n'ont presque aucune chance d'y vivre.
» 2". Depuis dix-huit ans, il est mort, dans toute l'Algérie, un peu plus
du tiers des enfants qui y sont nés de parents européens, défalcation faite
des enfants mort-nés, qui augmenteraient beaucoup ce chiffre. Le nombre
des mort-nés est de i sur 11, 4 naissances, ce qui est énorme.
» 3". La mortalité adulte observée sur l'armée a été en décroissant, à
mesure que les précautions hygiéniques, dont l'expérience avait montré
l'utilité , ont été introduites, et que les causes d'insalubrité ont diminué. Sui-
vant les auteurs, la mortalité dans l'armée est aujourd'hui peu supérieure à
( 8i9 )
ce qu'elle est eu France, et moins grande certainement que dans celle de
nos colonies qui est réputée la plus salubre, l'île Bourbon.
» 4''- I^GS habitants venus des contrées paludéennes de la France parais-
sent moins sujets à contracter des maladies en Al^^érie que les habitants
venus des départements non marécageux, soit du nord, soit du midi. Cepen-
dant, une fois attaqués, et en n'ayant égard qu'au nombre des malades, les
premiers (les habitants des contrées paludéennes) succombent en plus grand
nombre que les seconds.
» 5". Des observations précises sur les maladies occasionnées par les travaux
de défrichement montrent qu'elles peuvent être prévenues, en grande par-
tie, en commençant les défrichements avec l'hiver, et cessant d'y travailler
avant les dernières pluies abondantes qui précèdent l'été.
» L'ouvrage de MM. Martin et Foley a exigé des recherches longues et
difficiles; les faits recueillis y sont discutés avec soin , les conclusions déduites
avec une sage réserve. On y trouve une appréciation judicieuse des condi-
tions propres à diminuer le nombre des maladies occasionnées par les tra-
vaux de défrichement, et des circonstances auxquelles il faut avoir égard
dans le choix des emplacements pour les colonies agrico> M. de Watteville , inspecteur général des établissements de bienfaisance,
a présenté au concours de statistique un Rapport à M. le Ministre de l'In-
térieur sur le service des enfants trouvés et abandonnés en France. Paris,
1849, imprimerie nationale. M. de Watteville est dans une position qui lui
a permis de puiser aux meilleures sources. Il a rassemblé dans quarante-
quatre tableaux les documents officiels qu'il a recueillis et les conséquences
numériques qu'il en a déduites. C'est dans le rapport lumineux qui précède
ces tableaux qu'il discute avec soin toutes ces conséquences, qu'il donne des
renseignements et établit des résultats statistiques dont l'administration
pourra tirer un grand parti dans la réorganisation du service des enfants
trouvés. Depuis quelques années, le nombre des enfants trouvés, âgés de
moins de douze ans, est de 96 à 97000, et le nombre des expositions de aS
à 26000. Les expositions annuelles, ou le nombre des enfants abandonnés,
est donc le quart de la totalité des enfants trouvés : il résulte de ces nombres
que l'on compte un enfant trouvé sur 353 habitants, et une exposition sur
39 naissances.
)i Cet ouvrage a particulièrement fixé l'attention de la Commission, q«i
décerne une mention honorable à M. de Wattevilie.
( 820 )
§ IL CONCOURS DE l' ANNÉE l85o.
"• Le travail de MM. Boutron-CharlarJ et Ossian-Henry sur la constitution
chimique des eaux du département de la Seine a, sous le rapport de l'iiy-
gièoe, un très-grartd intérêt. Ainsi, l'administration municipale étant dans
l'intention d'étendre les distributions d'eau à tous les édifices communau.x,
afin de permettre aux classes laborieuses et peu aisées de la capitale de
puiser abondamment aux bornes-fontaines, a désiré savoir si l'eau du canal
de rOurcq, dont elle a plus de 4ooo pouces fontainiers à sa disposition,
pourrait être substituée, sans inconvénient pour la santé publique, aux
eaux de la Seine dont le piiisayp est si dispendieux.
>' Pour répondre aux vœux de l'administration, il fallait examiner non-
seulement la rivière d'Ourcq, mais encore ses affluents, afin de signaler,
comme il y a lieu de le faire, ceux qu'il importerait de détourner du canal.
M. M. Boutron et Henry ont exécuté ce long et difficile examen : deux années
ont été consacrées à des analyses nombreuses, délicates et plusieurs fois ré-
pétées; aux résultats analytiques, les auteurs ont joint des rensei;jnements
très-intéressants sur les localités, l'état de l'atmosphère, la température des
sources. C'est cet ensemble de recherches utiles que la Commission récom^
pense, eu décernant à MM. Boutrok et Hexry le prix de Statistique en
i85o. »
PRIX FONDÉ PAR MADAME DE LAPLACE.
« Une ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à accepter
la donation, qui lui a été faite par Madame de Laplace, d'une rente pour la
fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des
oHViages de Laplace, prix qui devra être décerné chaque année au premier
élève sortant de l'Ecole Polytechnique,
" Le président remettra les cinq volumes de la Mécanique céleste, V Ex'
position du système du monde et le Traité des probabilités, à M. Malibraiv
Hippolyte-Marie), sorti le premier de l'Ecole Polytechnique , en septembre
1849, et entré à 1 Ecole des Ponts et Chaussées;
» Et à i\î. F ABi.AN (Jean- Alfred), sorti le premier de l'École Polytech-
nique, le 12 octobre i85o, et entré à l'École des Mines. »
( 8.1 )
SCÏKNCES PHYSIQUES.
POUR LES ANNÉES 1849 ET 1880.
RAPPORT SUR LE GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES POUR
L'ANNÉE 1849.
(Commissaires, MM. Pouillet, Despretz, Becquerel, Dumas,
Régnault rapporteur.)
« Le sujet du prix de Physique proposé par l'Académie des Sciences ,
pour l'année 1849» ^^^'^ ^^ détermination des quantités de chaleur dégagées
dans les combinaisons chimiques.
" Six Mémoires ont été présentés au concours et examinés par vos Com-
missaires. La Commission pense que le prix ne doit pas être décerné; les
deux Mémoires qui ont fixé plus particulièrement son attention sont publiés
en grande partie, et, d'après les termes formels dn rèfjlement de l'Académie,
se trouveraient, pour cela seul, exclus du concours.
" Cependant , considérant que plusieurs des Mémoires adressés sont re-
marquables à des titres divers, qu'ils ont exigé de leurs auteurs beaucoup
de zèle et d'efforts, enfin, qu'ils leur ont occasionné des dépenses considé-
rables, la Commission , sans faire une appréciation du mérite relatif , pro-
pose à l'Académie d'accorder, à titre d'indemnité :
n Une somme de 1 5oo fr. au Mémoire ayant pour épigraphe : Le tra-
vail est le fonds qui manque le moins, adressé à l'Académie le 2 jan-
vier 1849, ^^ ^^^^ '*^* auteurs sont MM. P. -A. Favre et J.-T. Silbermamn.
La plupart des résultats consignés dans ce Mémoire ont été publiés dans
les Comptes rendus de l'Académie;
» Une somme de i 000 francs à l'auteur du Mémoire ayant pour épi-
graphe : Sunt quœdam corpora quorum concursus, motus, ordo, positura,
Jigurœ, ejjiciunt ignés. Ce Mémoire, adressé à l'Académie le 3i mars i845,
a été-publié dans les Mémoires de rAcadéuiie d'Irlande;
>i Enfin, une somme de 5oo francs à fauteur du Mémoire portant pour
épigraphe : Les personnes habituées aux grandes expériences de phjrsique
peuvent seules apprécier l'énormité de la tâche qui nous était imposée. Ce
Mémoire est resté inédit jusqu'à ce jour. »
C. K., i85o, 2"'« Semestre. (T. XXXI, N« 88. ) I08
( Saa )
PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE.
RAPPORT SUR LES PRIX DES ANNÉES 1849 ET i85o.
(Commissaires, MM. Magendie, Flourens, Rayer, Milne-Edwards,
Serres rapporteur. )
« Aucun ouvrage de physiologie expérimentale n'ayant été adressé à
l'Académie pour ce concours, la Commission déclare qu'il n'y a pas lieu à
décerner le prix pour les années 1849 ^' i85o.
» La Commission accorde une mention honorable à M. Staivnius, pour
son ouvrage intitulé : Recherches anatomiques et physiologiques sur le sj^s-
tèine nerveux périphérique des poissons.
»^ Elle mentionne également la Monographie anatoinique du genre
^ctinia, de M. Hollard; elle espère que l'auteur complétera son travail
par des observations d'embryologie et par des expériences physiologiques
sur ce groupe de zoophytes. »
PRIX RELATIFS AUX ARTS INSALURRES.
RAPPORT SUR LE CONCOURS DES ANNÉES 1849 ET i85o.
(Commissaires, MM. Rayer, Chevreul, Regnault, Boussingault,
Payen rapporteur.)
« Parmi les procédés soumis à l'examen de la Commission, deux seule-
ment présentent des résultats suffisamment démontrés pour être l'objet d'une
décision de l'Académie.
» Ces deux procédés différents ont, l'un et l'autre, pour objet l'épuration
des gaz de l'éclairage.
» li'un des procédés a été réalisé en grand par M. Mallet, l'autre par
M. de Cavaillon.
>' Dès l'année 1841, M. Dumas rendait un compte favorable à l'Académie
du procédé de M. Mallet; depuis cette époque, les Commissions pour les
prix Montyon se sont plusieurs fois occupées de l'examen de ce procédé.
>' Des résultats analogues furent signalés par les rapporteurs; mais on dut
attendre que la réalisation des principaux avantages de cetle application
nouvelle etît acquis dans plusieurs usines un degré de certitude tel, que le
service rendu parût incontestable.
» IjH Commission pense que ce moment est arrivé; car un plus grand
( 8a3 )
nombre d'usines ont adopté le procédé d'épuration : il se trouve établi main-
tenant en France dans les usines à gaz de Roubaix et Tourcoing, de Saint-
Quentin, de Saint-Denis et de Douai.
» En Belgique, les mêmes appareils fonctionnent avec succès dans trois
usines: à Bruxelles, Bruges et Courtrai.
» Le procédé de M. Mallet consiste dans l'emploi de solutions métalli-
ques, notamment du chlorure de manganèse, résidu de la préparation du
chlore. Cette solution, saturée par quelques centièmes du liquide ammo-
niacal des usines à gaz, passe dans des appareils ou épurateurs disposés en
trois étages, de façon à ce que la solution s'écoule de l'un dans l'autre,
tandis que le gaz la traverse en sens contraire. •
>> Celte sorte de lavage méthodique arrête au passage l'acide carbonique,
l'acide suif hydrique et l'ammoniaque; il se forme du carbonate et du sulfure
de manganèse précipités; plus, du chlorhydrate d'ammoniaque dissous. Des
agitateurs mécaniques entretiennent le précipité en suspension dans les trois
vases : c'est du dernier de ces vases qu'on retire la solution trouble chargée
des produits de l'épuration; on laisse déposer ce liquide dans des récipients,
et par décantation on extrait la solution limpide contenant le chlorhydrate,
que Ion obtient ensuite à l'état solide par évaporation et cristallisation. IjC
dépôt, grillé dans un four à réverbère, donne un mélange d'oxyde sulfaté
de manganèse.
>• Quant au gaz qui a subi cette première épuration, il renferme encore
un peu d'acide suif hydrique : on s'en débarrasse sans peine en le dirigeant,
au travers de l'hydrate de chaux pulvérulent, dans les épurateurs usuels.
« Le procédé de M. Mallet, en éliminant l'acide suif hydrique, fait dispa-
raître une des principales causes de l'odeur infecte du gaz, et prévient la
formation de l'acide sulfureux qui se mêlait naguère à l'air des habitations
où le gaz brûle; il rend doue plus salubre l'air respirable, et diminue ou
détruit les inconvénients des mélanges d'acide suif hydrique ou sulfureux qui
brunissaient l'argenterie et les peintures au blanc de plomb , ou oxydaient
les objets usuels en fer, acier et cuivre.
« L'épuration, ainsi dirigée, permet de recueillir des sels ammoniacaux
que l'on perdait autrefois. Chaque tonne (looo kilogrammes) de houille
distillée fournit au moins 6 kilogrammes de chlorhydrate d'ammoniaque :
les usines de Roubaix et Tourcoing, Saint-Quentin, Saint-Denis et Douai ,
recueillent annuellement 66000 kilogrammes de ce produit; on en obtient
des quantités proportionnées à la consommation du gaz en Belgique.
» La Commission, considérant que M. Mai;,let a réalisé une application
108...
( 8a4 )
ntile pour la salubrité et l'industrie, l'a jugé cligne de recevoir une récom-
pense de 5oo francs sur la fondation Monlyon.
'' M. de Gavaillon atteint le même but par un autre moyen.
" Après de nombreux essais, il a déterminé les conditions favorables à
l'action économique du sulfate de chaux sur le carbonate d'ammoniaque
entraîné dans le gaz de la bouille; il est parvenu même à réunir ces condi-
tions par des moyens si simples et pourtant si efficaces , que dès lors il a pu
réaliser l'épuration sans changer les appareils usités dans les fabriques de
gaz d'éclairage, sans même accroître sensiblement la pression sur les tubes,
joints et vases distillatoires. Ces dispositions remarquables lui ont permis
d'introduire sans difficulté son moyen d'épuration dans de grandes usines de
Paris et des environs. Il se procure l'agent chimique, bien peu dispendieux,
qu'il emploie, en recueillant dans les villes les plâtras de démolition que l'on
jetait aux décharges publiques; puis, à l'aide d'un moulin à noix cannelée et
de blutoirs, il les réduit en une poudre grenue qu'il humecte au point con-
venable, et dont il transforme en sulfate le carbonate de chaux par l'acide
sulfuriqne étendu; il rend cette matière plus perméable au gaz, en y ajou-
tant quelques menus débris de coke. Des indices bien déterminés, faciles à
saisir, guident les ouvriers chargés de cette opération.
n Le sulfate de chaux, ainsi préparé, est placé sur les claies ou tamis en
bois ou en métal des épurateurs ordinaires; le gaz light, en traversant cette
matière, abandonne le carbonate d'ammoniaque, qui , décomposant le sul-
fate de chaux, opère une double transformation produisant du carbonate de
chaux et du sulfate d'ammoniaque.
» Au sortir de ces appareils, le gaz passe dans les épurateurs usuels à
hydrate de chaux, où l'acide sulfhydrique est bien plus aisément fixé (en
fprmant du sulfure de calcium) qu'il ne pouvait l'être lorsque le carbonate
d'ammoniaque accompagnait les gaz.
» Les usines du faubourg Poissonnière et de Vaugirard ont adopté les
procédés de M. de Cavaillon ; l'habile ingénieur de la Compagnie française,
M. Meyniel, déclare que l'épuration, presque complète par ce moyen, ne
laisse rien à désirer; que la pression sur les cornues n'est pas accrue; qu'en-
fin aucun inconvénient ne s'est manifesté dans l'emploi du procédé de
M. de Cavaillon.
" Nous avons nous-mêmes reconnu l'exactitude de ces assertions, en exa-
minant le système dépuration dans les usines; il nous a été facile de nous
assurer d'ailleurs que M. de Gavaillon extrait, par un simple lessivage à
froid, le sulfate d'ammoniaque dissous, et qu'une évaporation permet de
( 8a5 )
faire cristalliser ce sel. On emploie actuellement le même moyen d'épuration
dans la grande usine de MM. Dubochet, Pauwels et G*, barrière de Fontai-
nebleau.
" La quantité de sulfate d'ammoniaque que M. de Cavaillon obtient an-
nuellement des trois usines dépasse 200,000 kilogrammes.
" Les procédés ingénieux, simples et efficaces, à l'aide desquels l'auteur
a réalisé l'application économique du sulfate de chaux à l'épuration du gaz
d'éclairage, sont dignes de l'attention de l'Académie; et la Commission a
pensé que M. de Cavaillo.\ méritait bien de recevoir une récompense de
5oo francs sur la fondation Montyon pour l'assainissement des arts insa-
lubres. >'
PMX DE MÉDECINE ET DE CfflRURGIE.
RAPPORT SUR LES PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE POUR
LES ANNÉES .849 ET i85o.
(Commissaires, MM. Roux, Rayer, Lallemand, Serres, Velpeau, Mîfgendie,
Duméril, Floiirens, Andral rapporteur.)
« La Commission nommée par l'Académie pour juger les prix de Méde-
cine et de Chirurgie avait deux rapports à lui présenter : l'un relatif aux prix
de l'année 1849, l^u'''^ relatif aux prix de l'année i85o.
RAPPORT SUR LE CONCOURS DE 1849.
» La Commission a eu à examiner, pour ce concours, vingt et un ou-
vrages, parmi lesquels quatre seulement lui ont paru devoir être récompen-
sés ; et, au premier rang, elle a placé le Traité de chirurgie plastique de
M. Jobert (de Lamballe); œuvre remarquable où l'auteur a déposé la des-
cription d'un grand nombre de méthodes et de procédés opératoires dont
il a enrichi la chirurgie, mais qui , surtout, fait connaître, dans tous les dé-
tails et dans toutes les modifications , que l'exigence des divers cas particu-
liers ont conduit M. Jobert à lui apporter, une opération nouvelle qui est
devenue pour la chirurgie une heureuse conquête, et pour l'humanité
un incontestable bienfait. Cette opération, qu'il a pratiquée plusieurs fois
avec le pins complet succès, a pour but et pour effet de délivrer les femmes
d'une infirmité déplorable, qui, née de causes diverses, consiste dans une
communication accidentellement établie entre la cavité du vagin et celle de la
vessie. Désormais , grâce aux moyens aussi ingénieusement conçus qu'habile-
( 826 )
ment mis en œuvre par M. Jobert, les fistules vésico -vaccinales, contre les-
quelles, jusqu'à présent, les efforts de la chirurgie avaient presque toujours
échoué, devront être considérées, pour la plupart, comme une affection
curable. Ce résultat a une assez grande importance pour que la Commission
ait cru devoir le récompenser par un prix, le seul, d'ailleurs, qu'elle eût à
vous proposer de décerner pour les années 1849 et i85o. Elle est d avis que
ce prix soit de 2 5oo francs.
>) M. le docteur Guillon, qui déjà, au concours de i845, avait été ré-
compensé pour un Mémoire sur un brise-pierre pulvérisateur, a sensible-
ment amélioré cet instrument; il lui a donné une plus grande simplicité et
une plus grande rapidité d'action; il en a rendu en même temps l'emploi
plus facile; et, comme ces modifications ont paru à votre Commission assu-
rer encore à cet instrument un plus haut degré de sûreté et d'utilité, elle
vous propose d'accorder à M. Guillo.n un encouragement de i 000 francs.
» M. Ferdinand Martin est parvenu à rendre les membres artificiels si par-
faits , qu'il est possible, aujourd'hui, aux personnes privées d'un pied, d'une
jambe ou même d'une cuisse, de masquer en grande partie leur difformité,
et de retrouver la plupart des usages de la portion de membre qu'ils ont
perdue. Les efforts incessants de ce mécanicien pour rendre les membres
artificiels , qu'il fabrique avec une rare perfection , à la fois plus simples ,
plus sohdes et d'un prix moins élevé, ont engagé la Commission à vous pro-
poser pour lui un encouragement de 1 000 francs.
>' M. Morel-Lavallée a soumis au jugement de l'Académie un intéressant
travail sur les hernies du poumon. Jusqu'à présent on ne connaissait sur
cette sorte de hernie que quelques faits épars dans les annales de la science,
qui étaient restés sans liens entre eux , et sans qu'aucun effort de généralisa-
tion eût été tenté dans le but d'instituer quelques principes sur les causes de
ces hernies, le mécanisme de leur production et leurs symptômes. M. Morel-
Lavallée a comblé cette lacune, en réunissant et en soumettant à un judi-
cieux examen tous les faits relatifs au pneumocèle disséminés dans un grand
nombre d'ouvrages; il a ajouté à ces cas divers un cas, observé par lui et
sans analogue jusqu'à ce jour, d'une hernie pulmonaire sus-claviculaire double;
et il est parvenu, par le rapprochement de tous ces faits, à bien établir le
diagnostic du pneumocèle dans toutes ses variétés. Votre Commission vous
propose d'accorder pour ce travail, à M. Mobel-Lavallée, un encouragement
de I 000 francs. »
( 8.7 )
RAPPORT SUR LE CONCOURS DE i85o.
u Fja Commission a eu à examiner, pour ce concours, vingt- quatre ou-
vrages, parmi lesquels il en est huit auxquels elle est d'avis que l'on accorde,
ou une récompense, ou un encouragement.
» M. Herpin, docteur en médecine à Genève, a envoyé, sous le titre
à' Études pratiques sur le pronostic et le traitement de l'épilepsie, un ouvrage
qui se compose d'abord de trente-huit observations relatives à l'épilepsie,
recueillies par l'auteur, puis d'une évaluation bien faite des diverses circon-
stances de chacun de ces trente-huit faits. Ces matériaux originaux servent
de base à l'auteur pour donner, sur plusieurs des symptômes de l'épilepsie,
des aperçus nouveaux , et pour déterminer la valeur de ces symptômes au
double point de vue du diagnostic et du pronostic de l'épilepsie. Il se sert
également de ces mêmes faits pour étudier et apprécier l'influence que les
diverses conditions d'âge, de sexe, de constitution , ainsi que celle de diffé-
rentes maladies, ou antécédentes, ou concomitante*, peuvent exercer sur la
gravité plus ou moins grande de l'épilepsie et sur son degré de curabilité. Il
étudie encore, sous ce même rapport, l'influence bonne ou mauvaise qui
peut être exercée par l'hérédité, la menstruation, la grossesse, l'état de ma-
riage ou de célibat, le degré d'intelligence des individus, leur position so-
ciale, et enfin l'ancienneté de la maladie elle-même. L'importance du sujet
étudié par M. Heupin, la sévérité de la méthode qu'il a suivie pour observer
et apprécier les faits, et enfin l'intérêt de plusieurs des résultats auxquels il
est arrivé, ont paru à la Commission mériter à ce médecin une récompense
de I 5oo francs.
>' C'est aussi de l'épilepsie qu'il s'agit dans le travail présenté au concours
par M. le D' Delasiauve, l'un des médecins de l'hospice de Bicêtre; mais
dans ce travail il n'est question que d'un seul point : de la thérapeutique de
l'épilepsie. M. Delasiauve a pensé (et nous partageons son opinion) qu'il se-
rait d'un haut intérêt pour la médecine pratique de présenter, dans leur
ensemble, les nombreux moyens qui, depuis les temps les plus reculés jus-
qu'à nos jours, ont été employés pour combattre cette redoutable maladie.
Dans cette revue de tant de médications diverses, dont il discute et apprécie
la valeur, l'auteur a fait preuve à la fois d'un savoir de bon aloi et d'un
esprit de sage critique. Nous estimons que, par la publication de ce travail,
M. Delasiauve a rendu à la pratique médicale un service dont il faut lui sa-
voir gré : en fixant ainsi oîi en est actuellement la thérapeutique de l'é-
( 8a8 )
pllepsie, il prépare et facilite de nouvelles recherches. En raison de l'utilité
réelle que doit avoir le Mémoire de M. Delasiacve pour guider les
praticiens dans le traitement de 1 epilepsie , nous vous proposons de lui
accorder une récompense de i ooo francs.
» Des tumeurs ou de simples saillies, dues à un développement anormal,
soit du tissu musculo-membraneux de la vessie, soit de la prostate, se pro-
duisent souvent au col de la vessie. En raison des dimensions que peuvent
prendre ces différentes sortes de tumeurs ou saillies, l'évacuation spontanée
des urines est plus ou moins entravée : il en résulte des altérations de la
vessie, des uretères et des reins, qui s'aggravent avec le temps, et contre
lesquelles les efforts de l'art n'avaient encore trouvé que des palliatifs. I^e
docteur Auguste Mercier, qui a bien décrit, sous le nom de valvules du col
de la vessie , quelques-unes des saillies dont il vient d'être question , a mieux
étudié qu'on ne l'avait fait avant lui leur structure; et, après bien des ten-
tatives et des modifications dans ses procédés, il est arrivé à la construction
d'instruments faciles à manœuvrer, à l'aide desquels on peut inciser ou même
exciser ces valvules, de manière à amener une guérison plus sûre et plus
prompte. M. le I)' Augwste Mercier nous paraît donc avoir rendu un service
à la thérapeutique d'une des maladies les plus graves et les plus rebelles des
organes urinaires ; nous vous proposons de lui accorder une récompense de
I 5oo francs.
» Après avoir rassemblé un grand nombre d'observations tératologiques,
M. Vrolik s'est proposé de donner une histoire générale des anomalies et
des monstruosités que le foetus humain peut présenter. Les descriptions de
l'auteur ont été faites, le plus souvent, d'après nature. Sur cinq cents figures
environ dont se compose l'atlas tératologique de M. Vrolik, trois cents qua-
rante ont été exécutées d'après des pièces qui font partie de sa riche col-
lection. Ces matériaux précieux seront consultés avec fruit dans l'examen de
questions non encore résolues, relatives à l'origine et aux caractères spéci-
fiques de certaines anomalies rares de l'organisation. Le travail de M. Vrolik
contient d'ailleurs des renseignements intéressants sur les causes de plusieurs
maladies du fœtus, et sur le traitement de quelques vices de conformation
congénitaux. D'après ces considérations, la Commission propose d'accorder
à M. Vrolik une récompense de i ooo francs.
» Parmi les investigations de bien des sortes qui sont à entreprendre sur
le crétinisme, une des plus importantes, sans contredit, serait la recherche
faite avec suite et exactitude des altéiations des différents organes, et du
système nerveux en particulier, dans cette triste dégénération de l'espèce
(8^9)
humaine. Il faut le dire, de pareilles recherches n'ont été faites, jusqu'à pré-
sent , que fort rarement et d'une manière très-incomplète. Le mérite prin-
cipal de l'ouvrage du docteur Stahl sur l'idiotie endémique, est précisément
d'avoir décrit avec soin les altérations trouvées chez les crétins, soit dans
les os du crâne et de la face, soit dans les méninges, soit dans l'encéphale
lui-même, soit enfin dans d'autres parties du corps. La constance de ces alté-
rations est d'abord un fait qui frappe dans les recherches de M. Stahl : chez
tous les crétins dont il a examiné le crâne et le cerveau , il a rencontré tou-
jours ou le crâne ou le cerveau déviés de leur conformation ou de leur struc-
ture normale. Quant à la nature de ces altérations , M. Stahl a trouvé que
les os présentaient, dans leur nutrition, les plus grandes irrégularités , atro-
phiés en certains points, hypertrophiés en d'autres, et que, de toutes parts,
ils offraient des traces d'un nrrét de développement. Il a trouvé généralement
une conformation irrégulière du crâne, etc. Dans le cerveau, ce sont aussi
des arrêts de développement qu'il a surtout constatés; enfin, il a rencontré
très-ordinairement autour de l'encéphale ou dans ses cavités intérieures, des
accumulations considérables de liquide céphalo-rachidien. La Commission
propose d'accorder à M. Stahl un encouragement de i ooo francs.
» M. Hurteaux, médecin de la Manufacture des tabacs, a profité de sa
position spéciale pour faire, depuis huit ans, une étude approfondie de la
santé des ouvriers de cet établissement. Différents auteurs , depuis Ramaz-
zini jusquà nos jours, avaient émis des opinions diverses sur les maladies
auxquelles peuvent donner lieu la manipulation du tabac et le séjour dans
les lieux où on le prépare. Pour les uns, des accidents nombreux et graves
frappent ces ouvriers; pour les autres (et parmi ceux-ci il faut compter
Parent-Duchâtelet), leur santé n'est en aucune façon compromise. Un tra-
vail plus récent, dû au docteur Mêlier, a montré ce qu'il y avait d'erroné
dans cette opinion de Parent-Duchâtelet, et il a indiqué les accidents aux-
quels étaient sujets les ouvriers qui préparent le tabac. Ce travail, remar-
quable sous plus d'un rapport, a été composé en grande partie avecles maté-
riaux qui ont été fournis à M. Mêlier par M. Hurteaux. Ce sont ces mêmes
matériaux, qu'il a rendus plus nombreux, dont M. Hurteaux s'est servi à
son tour pour faire le travail qu'il a soumis au jugement de l'Académie. Ce
travail résout plusieurs questions restées jusqu'à ce jour indécises; il contient
une description bien faite des altérations qu'éprouvent dans leur santé les
ouvriers de la Manufacture de tabacs de Paris; altérations dont plusieurs,
ainsi que le montre M. Hurteaux, pourraient être évitées par certaines pré-
cautions hygiéniques qu'il indique et conseille. Sous ces différents rapports,
C. R-, i85o, a™* Semestre. (T. XXXI, N» 2S ) 109
( 83o )
Ir travail dn (docteur Hurteaux a fixé particulièrement l'attention de la Com-
mission, qui propose de lui accorder nn encouragement de looo francs.
» Le climat de l'Italie , sous le rapport hygiénique et médical , tel est le
titre d'un ouvrage de M. le D' Carrière, qui est aussi au nombre de ceux que
la Commission a distingués. Il existe déjà sur le climat de l'Italie un certain
nombre d'ouvrages, mais tous insuffisants, soit en raison du peu de préci-
sion des notions qu'ils renferment, soit parce que la plupart ne s'occupent
que de quelques localités; et cependant les médecins regrettent sans cesse
de ne pas posséder des renseignements plus étendus, plus positifs, et en
quelque sorte plus pratiques, sur le climat de cette région de l'Europe, où
chaque année ils envoient de nombreux malades. Il a paru à votre Commis-
sion que le livre de M. Carrière remplissait cette fâcheuse lacune, par le
grand nombre de détails qu'il renferme, par les distinctions pleines d'in-
térêt qu'il a établies, relativement à la diversité de leur influence sur la
santé, entre les différentes parties de l'Italie, depuis Salerne et Naples jus-
qu'à Milan et à Nice. Ce livre contient un grand nombre de faits et d'aper-
çus qui ne se trouvent consignés dans aucun autre; il est de ceux dont la
médecine pratique doit tirer un profit réel, et, en conséquence, la Com-
mission propose d'accorder à M. Carrière un encouragement de looo fr.
" Il est encore quelques travaux qui ont fixé l'attention de la Commission,
mais qu'elle a remis à un autre concours, pour que les résultats pussent en
être plus complètement vérifiés. Tels sont le travail de M. Duchenne (de
Boulogne), sur l'application de l'électricité, par des appareils qui lui sont
propres, à des recherches physiologiques, pathologiques et thérapeutiques;
le travail de M. Rochoux sur la structure et les maladies du foie et du pou-
mon; et enfin un Mémoire de M. Boinet, dans lequel ce médecin annonce
un fait important pour la thérapeutique chirurgicale, savoir: le traitement
des abcès froids, des trajets fistuleux, et même des abcès par congestion,
avec les injections iodées. Tout en reconnaissant l'intérêt qui s'attache aux
tentatives faites à cet égard par M. Boinet, la Commission a pensé qu'il fal-
lait attendre des faits plus nombreux et plus variés, pour pouvoir juger défi-
nitivement cette méthode et en apprécier la valeur. >•
(83ï )
PRIX PROPOSÉS
POUR LES ANNÉES 1881, 1882, 1883 ET 1884.
SCIENCES MATHEMATIQUES.
GRAXD PRIX DE MATHÉMATIQUES,
PKOPOSÉ POUR 1882 (l).
Trouver l 'intégrale de l 'équation connue du mouvement de la chaleur,
pour le cas d'un ellipsoïde homogène, dont la surface a un pouvoir rayon-
nant constant , et qui, après avoir été primitivement échauffé d'une manière
quelconque, se refroidit dans un milieu de température donnée.
Le prix consistera en une médaille d'or, de la valeur de trois mille Jrancs.
Les Mémoires devront être arrivés au secrétariat de l'Académie avant le
i" octobre iSSa. Ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront con-
tenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
QUESTION PROPOSÉE POUR 1880, REMISE AU CONCOURS POUR 1885.
(Commissaires, MM. Sturm, Liouville, Lamé, Poinsot,
Cauchy rapporteur. )
Les travaux récents de plusieurs géomètres ayant ramené l'attention sur
le dernier théorème de Fermât, et avancé notablement la question, même
pour le cas général, l'Académie proposait de lever les dernières difficultés
qui restent sur ce sujet. Elle mettait au concours, pour le grand prix de
Mathématiques à décerner en i85o, le problème suivant:
Trouver, pour un exposant entier quelconque n, les solutions en nombres
entiers et inégaux de l'équation xf -\-y" = z", ou prouver quelle n'en a pas.
Cinq Mémoires ont été envoyés au concours, et inscrits sous les numéros
1,2, 3, 4» 5. Aucun d'eux n'a été jugé digne du prix. F^es Commissaires sont
d'avis que la même question soit remise au concours, dans les mêmes termes,
pour l'année i853.
Le prix consistera en une médaille d'or de la vajeui* de trois mille francs.
(i) La Commission chargée de proposer le sujet du prit était composée de MM. Sturm,'
Lamé, Cauchy, Poinsot, Liouville rapporteur.
109..
( 830
Les Mémoires devront être arrivés au secrétariat de l'Académie avant le
i" mars f853. Ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus
dans un billet cacheté, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES,
QUESTION FROPOSiE POUR 1848, ET REMISE AH CONCOURS POUR 1835,
(Commissaires, MM. Binet, IJouville, Sturm, Cauchy, Lamé rapporteur )
L'Académie avait proposé, comme sujet de prix , la question suivante:
Trouver les intégrales des équations de V équilibre intérieur d'un corps
solide élastique et homogène dont toutes les dimensions sont finies, par
exemple, d'un parallélipipède ou d'un cjlindre droit, en supposant connues
les pressions ou tractions inégales exercées aux différents points de sa
surface.
Un seul Mémoire a été envoyé en temps utile , et la Commission ne l'a pas
jugé digne du prix.
Mais, considérant que le temps a pu manquer aux concurrents, et que la
question est d'une grande importance, la Commission propose de la remettre
au concours, dans les mêmes termes, pour l'année i853.
Les pièces relatives à ce concours devront être remises au secrétariat de
l'Institut avant le i" novembre i852. Ce terme est de rigueur.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille Jrancs.
Les noms des auteurs seront contenus dans un billet cacheté, qu'on
n'ouvrira que si la pièce est couronnée.
GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES ,
QUESTION PROPOSÉE POUR 1847 ET REMISE AD CONCOURS POUR 18t(4.
(Commissaires, MM. Cauchy, Binet, Sturm, Lamé, Liou ville rapporteur.)
L'Académie avait proposé, comme sujet de grand prix pour 1847 'a
question suivante :
Etablir les équations des mouvements généraux de l'atmosphère ter-
restre, en ayant égard à la rotation de la terre, à l'action calorifique du
soleil, et aux forces attractives du soleil et de la lune.
Une seule pièce est parvenue au secrétariat, et elle n'a pas paru mériter
le prix.
La Commission est d'avis de remettre la même question au concours
dans les mêmes termes, pour i854-
( 833 )
Les auteurs sont invités à faire voir la concordance de leur théorie avec
quelques-uns des mouvements atmosphériques les mieux constatés.
liors même que la question n'aurait pas été entièrement résolue, si l'au-
teur d'un Mémoire avait fait quelque pas important vers la solution, l'Aca-
démie pourrait lui accorder le prix.
f^es pièces relatives à ce concours devront être remises au secrétariat de
l'Institut avant le i*"' janvier i854. Ce terme est de rigueur. — Le prix con-
sistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les noms des
auteurs seront contenus dans un billet cacheté, qu'on n'ouvrira que si la
pièce est couronnée.
PRIX EXTRAORDIXAIRE SUR L'APPLICATION DE LA
VAPEUR A LA NAVIGATION,
PROPOSÉ POUR 1856, HEMIS SOCCESSIVEMENT A 1858, A 1841, A 1844, A 1848,
ENFIN A 18S5.
Un prix de six mille francs a été fondé en i834 par le Ministre de la
marine (M. Charles Dupin) pour être décerné par l'Académie des Sciences,
jdu meilleur ouvrage ou Mémoire sur remploi le plus avantageux de la
vapeur pour la marche des navires, et sur le système de mécanisme, d'in-
stallation, d'arrimage et d'armement qu'on doit préférer pour cette classe
(le bâtiments.
La Commission chargée d'apprécier les pièces envoyées au concours
de 1848 n'en a trouvé aucune digne du prix ; elle propose, en conséquence,
de remettre le concours à la séance pubhque de l'année i853.
Les Mémoires devront être remis au secrétariat de l'Institut avant le
i'"' décembre i852.
PRIX DASTRONOMIE,
FONDÉ PAR M. DE LALANDE.
La médaille fondée par M. de Lalande, pour être accordée annuellement
à la personne qui , en France ou ailleurs (les Membres de l'Institut exceptésj,
aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le travail le plus
utile aux progrès de l'Astronomie, sera décernée dans la procliaine séance
publique.
La médaille est de la valeur de six cent trente-cinq francs.
( 834 )
PRIX DE MÉCANIQUE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
M. de Montyoïi a offert une rente sur l'État pour la fondaiion d'un prix
annuel en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences, s'en
sera rendu le plus digue, en inventant ou en perfectionnant des instruments
utiles an progrès de l'agriculture, des arts mécaniques ou des sciences.
Ce j)rix sera une médaille d'or de la valeur de cinq cents francs.
PRIX DE STATISTIQUE,
FONDÉ PAR M. DE MONTYON.
Parmi les ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions rela-
tives à la Statistique de La France , celui qui, au jugement de l'Académie,
contiendra les recherches les plus utiles, sera couronné dans la prochaine
séance publique. On considère comme admis à ce concours les Mémoires
envoyés en uianuscrits, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, arrivent
à la comiaissance de l'Académie; sont seuls exceptés les ouvrages des Mem-
bres résidants.
Le prix consiste en une médaille d'or équivalente à la somme de cinq
cent trente francs.
Le terme des concours, pour ces deux derniers prix, est fixé au i" avril
de chaque année.
PRIX FONDÉ PAR MADAME DE LAPLACE.
Une ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la
donation, qui lui a été faite par Madame de liaplace, d'une rente pour la
fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des
ouvrages de Laplace.
Ce prix sera décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'Ecole
Polytechnique.
.( 835 )
SCIENCES PHYSIQUES.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES,
QUESTION PROPOSÉE POUR 1885.
(Commissaires, MM. Flourens, dcTussieu, Milne-Edwards, Ad. Brongniarf ,
Élie de Beaumont rapporteur. )
Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les dif-
férents terrains sédimentnires suivant leur ordre de superposition. Discuter
la question de leur apparition et de leur disparition successive ou simultanée.
Rechercher la nature des rapports qui existent entre l 'état actuel du règne
organique et ses états antérieurs.
L'Académie désirerait que la question fût traitée dans toute sa généralité,
mais elle pourrait couronner un travail comprenant un des grands embran-
chements ou même seulement une des classes du règne animal, et dans le-
quel l'auteur apporterait des vues à la fois neuves et précises, fondées sur
des observations personnelles et embrassant essentiellement toute la durée
des périodes géologiques.
Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être remis au secrétariat de l'Académie avant le
i" janvier i853.
Les corps organisés dont les débris existent à l'état fossile dans les diffé-
rents terrains sédimentaires, apparaissent soit isolément, ,soit par groupes
nombreux, dans les couches successives qui représentent les différentes pé-
riodes de l'histoire du globe. Chacun de ces fossiles se présente à l'observa-
teur comme cantonné dans un certain groupe de couches, en dehors duquel
il u'a pas encore été retrouvé. L'urje des premières questions auxquelles leur
étude donne naissance est celle de savoir si chacun d'eux n'a réellement ap-
paru sur la surface du globe qu'au moment où les couches qui nous l'ont of-
feit ont commencé à se déposer, et s'il a disparu immédiatement après leur
dépôt ; si ces corps organisés n'ont eu ainsi qu'une existence passagère , ou
bien s'ils ont préexisté et survécu à la période du dépôt des couches hors
desquelles on ne les a pas observés jusqu'ici.
La géologie ne possède, en dehors de l'étude même des fossiles, aucun
moyen certain de résoudre cette importante et difficile question et toutes
celles qui s'y rattachent.
A une époque oîi aucun essai n'avait encore été tenté pour faire sortir la.
( 83G )
notion des révolutions du globe du vague dans lequel elle s'était d'abord
présentée, on a pu croire que chacune de ces révolutions avait été propre à
détruire la totalité des êtres organisés existant sur la surface du globe et à y
laisser le champ libre pour une création nouvelle. Mais si, comme plusieurs
p^éologues l'admettent aujourd'hui, les révolutions du globe se sont réduites
chacune au soulèvement d'un certain système de chaînes de montagnes , cir-
conscrit dans un fuseau ou dans une zone médiocrement large de la sphère
terrestre, il devient assez difficile de concevoir comment un pareil événe-
ment aurait fait complètement disparaître une espèce d'animaux marins, à
moins que Varea de cette espèce n'ait été extrêmement petite. Certains
géologues , ceux particulièrement qui soutiennent le système des causes
actuelles, sont même portés à restreindre beaucoup plus encore la grandeur^
et par conséquent la puissance destructive des événements dont le globe
terresire a été le théâtre.
Il est donc devenu plus nécessaire, de nos jours, qu'il n'a paru l'être
antérieurement , de songer à bien examiner si la série chronologique des
êtres organisés fossiles présente réellement des lignes de démarcation géné-
rales et absolues, indiquant un renouvellement intégral et simultané de toutes
les formes organiques existantes sur la terre; ou bien si, comme beaucoup
d'observateurs l'ont indiqué, il existe souvent entre deux terrains superposés
des espèces de fossiles communes, de manière à ce qu'aucun terrain n'ait une
faune fossile qui lui soit exclusivement propre.
L'un des points qu'il importerait le plus d'éclaircir est la question, aujour-
d'hui si controversée , de savoir s'il existe réellement des identités entre des
espèces fossiles et vivantes, et entre des espèces appartenant à des terrains
différents et successifs. Cette question ne sera résolue que lorsqu'on aura
fixé définitivement les idées sur les espèces assez nombreuses qui , après avoir
été considérées comme existant dans deux terrains d'âges différents , et
comme établissant une liaison entre les faunes de ces deux terrains, ont été
divisées depuis en deux autres existant chacune dans un seul des deux
terrains.
■ Lorsqu'une espèce semble avoir disparu et avoir été remplacée par une
espèce peu différente, on peut se demander si cette dernière résulte d'une
création nouvelle ou d'une transformation de l'espèce qu'on ne retrouve plus.
On avait cru autrefois que, pendant la durée des périodes géologiques, le
développement du règne animal avait parcouru toute la distance qui sépare
les plus simples monades des Mammifères. L'existence aujourd'hui bien
constatée de Poissons, de Céphalopodes et d'animaux articulés aussi déve-
( 837 )
loppés que les Trilobites, dans des couches situées presque à la base des
terrains fossilifères, restreint considérablement le champ des variations pro-
gressives dont il s'agit, quoique l'apparition tardive des Oiseaux et des Mam-
mifères semble indiquer qu'elles n'ont pas été tout à fait nulles. Il reste à
examiner si ce développement progressif de la nature organique s'est réduit
à l'apparition récente des classes qui sont douées de l'organisation la plus
complète , ou si l'on peut remarquer des indices d'un perfectionnement
graduel dans l'organisation des classes qui ont existé dès les périodes
géologiques les plus anciennes auxquelles nous puissions remonter.
Si un pareil développement a réellement eu lieu , il serait utile de le
défipir avec précision, et, soit qu'on admette qu'il a existé ou qu'on admette
seulement qu'il y a eu dans les formes de chaque classe d'êtres organisés
une variation exprimée par l'ordre dans lequel on rencontre les espèces de
cette classe dans les terrains successifs, on peut se demander si ces change-
ments ont tenu simplement à ce que les espèces ont été créées dans un cer-
tain ordre indépendant de toute loi assignable, ou s'ils ont été en rapport
avec des modifications, soit brusques, soit graduelles, dans la nature des
milieux ambiants, c'est-à-dire dans la composition et dans la température
de l'atmosphère et de la mer, ou bien enfin si la succession des êtres orga-
nisés laisse entrevoir quelques traces d'une variation inhérente à la nature
de l'organisation elle-même et indépendante de la composition constante ou
variable des milieux ambiants.
Dans le cas où certaines modifications de l'organisation se seraient effec-
tuées d'une manière indépendante des variations de composition possibles
de l'atmosphère et de la mer, on aurait à examiner si elles se sont effectuées
simultanément et avec la même rapidité sur toute la surface du globe , mal-
gré les différences de climat des diverses parties de cette surface; question
importante, puisqu'elle implique celle de la simultanéité de dépôt des ter-
rains qiji , sur des points différents du globe , renferment des fossiles
analogues.
Une autre question importante aussi sous ce point de vue, et qui a été
plus d'une fois agitée, est celle de savoir si certaines espèces se seraient
rapprochées de l'équateur par l'effet d'un refroidissement progressif de la
surface du globe.
C. R.,t85o"aW?Sem«ir<;
" De ce premier théorème combiné avec le principe de d'Alembert, on
déduit immédiatement cette autre proposition :
« 2* Théorème. Un mouvement vibratoire infiniment petit à vibrations
transversales et par ondes planes, est du nombre de ceux que peut acquérir
un système réticulaire d'atomes sollicités par des forces d'attraction ou de
répulsion mutuelle et situés à égales distances les uns des autres sur trois
systèmes de droites parallèles à trois axes rectangulaires.
» Ce second théorème suffit pour établir la légitimité de Thypothèse des
vibrations transversales de l'éther dans les rayons lumineux.
>> Eufin, dans un mouvement à vibrations transversales du système réticu-
laire, la force capable de produire le mouvement observé de cbaqueatome se
réduit, au signe près, au produit du déplacement de cet atome par le carré
du coefficient du temps dans la phase; et si la résultante des actions exercées
sur ce premier atome par deux atomes conjugués est projetée sur la direc-
tion du déplacement, la projection sera proportionnelle, d'une part, au
déplacement du premier atome, d'autre part, au sinus verse de la variation
que subit la phase dans le passage du premier atome à l'un des deux autres ;
d'ailleurs, cette variation croît proportionnellement au coefficient de l'abscisse
dans la phase. Donc, en vertu du principe de d'Alembert, le coefficient du
temps et le coefficient de l'abscisse dans la phase sont liés entre eux par une
équation qui fait dépendre la durée des vibrations atomiques de la longueui
d'ondulation. Cette équation est précisément celle qui renferme la théorie du
phénomène de la dispersion, et qui fait connaître les lois de ce phénorçi^ne., »,
III..
( 844 )
ASTRONOMIE. — Éphéméride de la comète périodique de Faye;
par M. Le Verrier.
« Cette éphéméride a été calculée au moyen des éléments que j'ai don-
nés en 1845, et en les corrigeant à l'aide des deux observations faites à
Cambridge le 28 et le 29 Novembre dernier. Les positions , rapportées au
midi moyen de Paris, sont suffisamment exactes pour rendre faciles les
observations de l'astre ; ce qui est le seul objet de cette éphéméride.
1o^. de la dist. log. de la dist.
a »^ d »^
auO-
à s-
i85o. Novembre
28
m '^ h s 0 1 If
21 .28.45 — 7.12. 2
o,3i64
o,3i58
Décembre
2
35. i5 — 7. 3.3o
3l2I
3208
6
42. 2 — 6.52.22
3079
3256
10
49. 5 — 6.38.39
3o37
33o3
'4
56.22 — 6.22.26
2995
3347
18
22. 3.53 - 6. 3.44
2954
3390
22
11.38 — 5.42.39
2914
3431
26
19.34 — 5. 19.14
2874
3470
3o
27.43 — 4.53.33
2834
3507
i85i. Janvier
3
36. 4 - 4.25.40
2795
3543
7
44.34 - 3.55.38
2758
3577
II
53. i6 — 3.23.34
2721
3609
i5
23. 2. 7 — 2.49.35
2685
364 1
>9
II. 7 — 2.13.49
265o
3670
23
20.16 — 1.36.22
2616
'3699
27
29.33 — 0.57. 18
2584
3726
3i
39. 0 — 0.16.48
2553
3a53
Février
4
48.34 + 0.24.58
2523
3778
8
58. 16 -<- I. 7.53
3495
38o3
12
0. 8. .5 + 1. 51.47
2468
3827
16
0. i8. 2 ■+■ 2.36.29
0,2443
0 , 3849
» Tandis que la comète va en se rapprochant du Soleil, sa distance à la
Terre augmente sans cesse : en sorte que le produit des deux distances
reste sensiblement constant depuis le 28 Novembre jusqu'au 16 Février. La
comète ne pourra être observée durant cette période qu'à l'aide d'excellente.s
lunettes. Je présenterai plus tard une éphéméride plus étendue et plus pré-
cise : il fallait, avant tout , donner la possibilité de faire les observations. »
M. le Président présente, au nom du Bureau des Longitudes, uu exem-
plaire de V Annuaire pour 1 85 1 , volume renfermant des Notices scientifiques,
par M. Arago.
( 845 )
M, PouiLLBT fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son ouvrage
intitulé : Notions générales de Physique et de Météorologie, à l'usage de la
jeunesse. [Voir au Bulletin bibliographique.) *
M. Boiis8Ii\g;iult fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la a° édi-
tion de son ouvrage intitulé : Économie rurale considérée dans ses rapports
avec la Chimie, la Physique et la Météorologie. {Voir au Bulletin
bibliographique. )
M. GiROu DE BczAREiNGtTEs adrcsse un 4* Mémoire sur les pommes de terre.
Dans ce travail, l'auteur donne de nouveaux faits à l'appui de son opinion,
que la maladie des pommes de terre est une détérioration produite par des
myriapodes.
MÉMOIRES LUS
Lord Broughah donne lecture d'un travail ayant pour sujet des Recher-
ches expérimentales et analytiques sur la lumière.
AIÉMOIRËS PRÉSENTÉS.
CHIMIE. —Note sur la médication anesthésique locale; par M. le D'' Aran.
(Commissaires, MM, Serres, Flourens, Andral.)
Voici en quels termes l'auteur croit pouvoir résumer ses observations :
Il i". Les propriétés anesthésiques locales se retrouvent dans tous les agents
auxquels ou a reconnu jusqu'ici des propriétés anesthésiques générales.
)i m". Les propriétés anesthésiques locales ne sont pas en raison directe des
propriétés anesthésiques générales, mais bien du degré de fixité de la sub-
stance. Plus elle est volatile, moins son action anesthésique locale est pro-
noncée; c'est ce qui explique l'infériorité relative des propriétés anesthésique .
locales de l'éther sulfurique, par rapport aux autres substances anesthésiques.
» 3°. Un grand nombre d'anesthésiques possèdent des propriétés irri-
tantes pour la peau. Le chloroforme occupe le premier rang sous ce rapport.
Appliqué topiquement, il peut occasionner une brûlure au premier ou au
second degré.
>> 4°- L'agent anesthésique le plus convenable à manier, le plus sûr dans
son action et le moins irritant à la fois , est l'éther chlorhydrique chloré. Le,
sesquichlorure de carbone peut aussi être utilisé dans le même but; mais
( 846)
tandis que l'action de l'éther chlorhydrique chloré est complète après quel-
ques minutes , il faut au moins deux heures pour que l'insensibilité soit pro-
duite avec le sesquichlorune.
» 5°. Pour obtenir des effets anesthésiques suffisants , il n'est pas néces-
saire d'employer les deux agents anesthésiques à très-haute dose; quinze,
vingt , vingt-cinq, trente gouttes au plus d'éther chlorhydrique chloré, ver-
sées sur la partie douloureuse, ou sur un linge humide que l'on applique
immédiatement sur elle, et que l'on maintient en contact avec un morceau
de toile cirée et un tour de bande , calment très-rapidement la douleur et dé-
terminent l'anestbésie en quelques minutes. On peut aussi employer l'éther
chlorhydrique chloré en pommade (4 grammes pour ao grammes d'axonge))
ou le sesquichlorure de carbone (4 grammes pour 3o grammes d'axonge).
Ces deux pommades s'emploient en frictions ou simplement en onction sur
les parties malades.
» 6°. Au point de vue physiologique , les agents anesthésiques en général,
et plus particulièrement l'éther chlorhydrique chloré, déterminent, après un
intervalle qui varie entre deux minutes et demie et dix minutes, la cessation
complète de la douleur dans les parties douloureuses, et, après un temps qui
varie entre cinq et quinze minutes, une insensibilité cutanée, très-facile à
apprécier avec la pointe d'une aiguille. Tantôt la piqûre n'est pas sentie,
tantôt elle ne l'est que faiblement ; mais, pour établir la comparaison , il faut
aller prendre des points de la peau un peu éloignés du lieu où a été faite
l'application.
•1 7°. L'immobilité produite par l'application anesthésique n'est nullement
bornée au point sur lequel se fait cette application ; les parties profondes
perdent elles-mêmes leur sensibilité. C'est ainsi qu'en appliquant les anesthé-
siques sur la peau , on calme les douleurs des organes musculaires , des nerfs,
des cavités articulaires, des organes profondément placés dans les cavités
viscérales de l'abdomen et (iu thorax. Il y a plus : l'anesthésie ne reste pas
toujours hmitée au point d'application, elle s'étend au delà, dans une étendue
variable, mais qui est rarement moindre que a pouces carrés.
» 8°. La durée de l'insensibilité varie suivant la nature de l'agent anesthé-
sique employé, la quantité de substance répandue, le contact plus ou moins'
prolongé. Elle est courte, de demi-heure à une heure, pour les anesthésies
produites dans l'état physiologique; elle est beaucoup plus longue dans les
cas où l'application a été faite dans le but de produire l'insensibilité à la
douleur.
1 9°. Au point de vue médical , le nombre des cas dans lesquels on peut
( 84: )
faire usage des applications locales anesthésiques est véritablement immense.
Ijes nombreuses recherches que j'ai faites sur ce point > .T'appellerai l'attention de l'Académie sur les heureux effets de ces
applications dans le traitement des maladies articulaires. Dans le rhuma-
tisme articulaire subaigu et chronique , à elles seules elles débarrassent en
quelques minutes les malades de leurs douleurs. Dans les asthrites sub-
aiguës et chroniques, elles calment aussi; mais surtout elles permettent
l'application immédiate de certains moyens chirurgicaux, de les comprimer,
par exemple : dans un cas j'ai réussi à étendre , après applications préa-
lables, et sans douleur pour la malade, un membre qui était en rétraction
par suite d'une asthrite chronique du genou. En faisant précéder, dans bèan-
coup de cas, l'emploi de certains moyens chirurgicaux paj- les applications
locales anesthésiques, on rendra, j'en suis convaincu, de grands services aux
malades.
» Mais c'est surtout dans le rhumatisme articulaire aigu que la médica-
tion anestbésique locale m'a paru d'une efficacité merveilleuse. Le calme
appelle par les applications rend momentanément aux malades l'usage de
leurs membres et le sommeil. La maladie elle-même se trouve abrégée dans
son cours, puisque j'ai obtenu ainsi la guérison de rhumatismes très-aigus an
dixième jour en moyenne, celle de rhumatismes aigus au septième jour en
moyenne, et celle des rhumatismes aigu.s au sixième jour en moyenne.
( 848 )
Celte médication a l'avantage de pouvoir être combinée avec toutes les
autres médications internes, et principalement avec les émissions sanguines
qui activent beaucoup la résolution de la maladie, dans les cas où il y a
complication vers les organes intérienrs.
» J'ai traité de la même manière et avec plein succès les douleurs viscé-
rales de la colique saturnine, les coliques nerveuses, utérines , néphrétiques,
les douleurs mêmes de la péritonite puerpérale, le point de côté de la pleu-
résie, celui de la péricardite. Dans tous les cas, sans exception, j'ai obtenu,
sinon la disparition complète et définitive du phénomène douleur, da moins
une amélioration et un soulagement inespéré. »
CHIMIE. — Note sur l'éther chlorhjdrique chloré ; par M. Muvlhe.
(Renvoyé à la Commission nommée pour les précédentes communications
de M. Mialhe.)
.' M. le D' Aran nous ayant prié de mettre à sa disposition les divers
agents volatils auxquels on a reconnu des propriétés anesthésiques , dans le
but d'étudier, avec plus de soin qu'on ne l'avait fait jusqu'ici , leur action
sédative locale, nous lui avons remis, à deux époques différentes, des li-
quides obtenus par la réaction du chlore sur l'hydrogène bicarboné, qui
nous avaient été fournis par deux des meilleurs fabricants de produits chi-
miques de Paris, sous le nom de liqueur des Hollandais. Le premier de ces
liquides a donné, à M. Aran, des résultats cliniques très-satisfaisants,
qu'il s'est empressé de faire connaitre. Il n'en a pas été de même du second.
Nous avons dû rechercher les causes de cette différence de résultats, et
nous avons reconnu que le dernier de ces liquides possédait seul les carac-
tères de la liqueur des Hollandais, tandis que le premier présentait plus de
rapports avec le chlorure de carbone liquide qu'avec la Uqueur des Hollan-
dais proprement dite, offrant une densité et un point d'ébullition plus élevés
que cette liqueur, et de plus n'était pas inflammable. En poursuivant nos
recherches comparatives, nous avons acquis la, certitude que ce liquide n'é-
tait pas du chlorure de carbone, mais bien la liqueur des Hollandais ayant
perdu une certaine quantité d'hydrogène et ayant acquis une proportion
équivalente de chlore, c'est-à-dire la liqueur des Hollandais chlorée.
» Il est donc certain que les heureux résultats thérapeutiques publiés
dernièrement par M. Aran, doivent être rapportés à la liqueur des Hollan-
dais chlorée, et non à la liqueur des Hollandais proprement dite. Mais le
prix de revient de la liqueur des Hollandais chlorée étant trop élevé pour
( 849 )
que cette substance puisse être avanta^jeusement introduite dans la théra-
peutique, nous avons pensé à lui substituer un composé éthéré analogue,
provenant de l'action du chlore sur 1 ether chlorhydrique.
» Il résulte, en effet, des belles recherches de M. V. Regnault, que le
chlore, en agissant sur l'élher chlorhydrique, lui enlève de l'hydrogène ,
forme de l'acide chlorhydrique, se substitue à l'hydrogène enlevé, pour
donner naissance à une série de composés de plus en plus riches en chlore,
qui sont tous isomères des termes correspondants de la série de l'hydro-
gène bicarboné. L'isomérie est complète; car non-seulement la composition
élémentaire est la même, mais encore les densités de vapeur sont identiques.
L'ordre d'arrangement moléculaire est seul différent, ainsi que l'établissent
nettement les réactions chimiques.
" Il était donc permis de penser que ces deux séries éthériformes seraient
douées des mêmes propriétés thérapeutiques, et, partant, que la liqueur des
Hollandais chlorée, dont il vient d'être question, pouvait être remplacée
dans la pratique médicale par l'éther chlorhydrique chloré correspondant.
Ce nouveau composé, expérimenté sur les malades par M. Aran, a complè-
tement confirmé notre supposition, et s'est trouvé doué des .mêmes vertus
thérapeutiques que la liqueur des Hollandais chlorée.
» Ce composé est incolore, très-fluide, ayant une odeur aromatique
éthérée analogue à celle du chloroforme, ou, mieux encore, à celle de la
liqueur des Hollandais; une saveur suci'ée et poivrée à la fois; il est complè-
tement sans action siîr le papier de tournesol; il est à peine soluble dans
l'eau , mais se dissout parfaitement dans l'alcool , dans l'éther sulfurique et
la plupart des huiles fixes et volatiles; il n'est pas inflammable, ce qui le
distingue de la liqueur des Hollandais et des éthers officinaux, et ce qui le
rapproche au contraire du chloroforme; il présenté une densité variable et
un point d'ébullition également variable, oscillant entre i lo et i3o degrés
centigrades: ce qui indique évidemment que ce corps n'est pas constitué par
une substance unique, mais bien par la réunion de plusieurs éthers, de den-
sité et de tension élastique différentes (i). Comme ces divers éthers chlorhy-
(i) La réaction du chlore sur l'éther chlorhydrique donne naissance à quatre éthers qui
sont les mono- bi- tri- et quadrichlorés : les mono- et bichlorés sont les premiers obtenus et
les plus aisés ù préparer, mais ils sont trop volatils pour pouvoir être avantageusement em-
ployés comme anesthésiques locaux; traités par un excès de chlore, ils sont transformés en
éthers tri- et quadrichlorés , qui sont beaucoup plus denses et moins volatils. Ce sont ces
C. K., i85o, 2n>« Semestre. (T XXXI, ti" 26.) 112
( 85o )
driques chlorés jouissent, tous des mêmes propriétés anesthésiques, et que,
d'ailleurs, il serait impossible de songer à les séparer exactement les uns
des autres, nous proposons de désigner le liquide qu'ils constituent, sous le
nom générique d'éther chloi hydrique chloré.
» Telles sont les principales propriétés de ce nouveau liquide anesthé-
sique que nous croyons, avec M. le D' Aran , appelé à jouer un rôle impor-
tant parmi les sédatifs locaux. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un mécanisme pouvant s'appliquer
aux machines locomotives pour gravir les rampes et les plans inclinés des
chemins de fer; par M. Frémaux. ( Extrait par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Poncelet, Morin, Combes.)
« Ce mécanisme consiste en deux organes que j'ai désignés par le nom de
tiges motrices , qui s'appuient alternativement, par l'action de la vapeur, sur
un rail denté fixé entre les deux rails de la voie, de manière à opérer le mou-
vement de la machine. Des ressorts puissants , analogues à ceux qui sus-
pendent les locomotives elles-mêmes, sont placés comme intermédiaire
entre la machine et le mécanisme, afin de prévenir toute espèce de secousse
qui pourrait résulter de l'action successive de ces tiges motrices.
» Ce qui caractérise ce système, c'est le degré de puissance qu'il peut
développer pour vaincre les résistances les plus considérables, parce qu'on
est maître de donner aux tiges motrices et au rail intermédiaire qui leur sert
d'appui, des dimensions et une solidité en quelque sorte illimitées. C'est
ainsi qu'avec une seule machine d'un poids peu différent de celui qu'on
donne actuellement aux locomotives, on pourrait parvenir à faire gravir à
un convoi de deux cents à trois cents tonnes, des pentes susceptibles de s'é-
lever jusqu'à 5 centimètres par mètre. L'avantage de ce système sur tous
ceux qui ont été proposés jusqu'à présent pour remplir le même but, et no-
tamment sur le système des machines fixes , c'est qu'il n'apporte aucun chan-
gement au mode actuel d'exploitation des chemins de fer, et qu'il n'entraîne
aucune modification dans les conditions d'établissement du matériel. Seule-
ment le mécanisme que je propose d'adopter serait appliqué à un certain
nombre de locomotives destinées à desservir les parties montagneuses d'un
deux derniers éthers qui constituent presque spécialement l'éther chlorhydrique chloré.
Consulter le Mémoire de M. V. Regnault, dans les Annales de Chimie et de Physique,
1' série, tome LXXÏ, page 353.
( 85. )
cheiniD de fer. Avec ce nouveau moyen , qui n'exige aucune manœuvre spé-
ciale , une seule locomotive remorquant un convoi aussi considérable qu'on
voudra, pourra, sans l'aide d'aucun renfort, franchir tous les obstacles pré-
sentés par l'inclinaison de la voie aussi aisément que quand le mécanicien
veut la faire avancer, arrêter ou reculer sur les autres parties de la voie. »
M. FocK adresse un supplément à son Mémoire sur les proportions du
corps de l'homme.
Depuis l'époque à laquelle il a communiqué son Mémoire à l'Académie,
l'auteur, ayant eu occasion d'examiner avec plus de soin qu'il ne l'avait fait
encore, le dessin d'un squelette figuré dans le grand ouvrage d'Albinus
[Tabulœ sceleti et musculorum corporîs humani), squelette qui provient
d'un sujet remarquable pour la beauté et la régularité de ses formes, a été
agréablement surpris do l'accord qu'il a trouvé entre les dimensions des
diverses parties de ce squelette et les proportions qu'il a cru pouvoir établir
d'après ses propres observations. Cette remarquable coïncidence a engagé
M. Fock à mesurer exactement une statue antique généralement reconnue
comme im modèle de formes régulières et élégantes. Il a choisi la statue
connue sous le nom d'Adonis. Pour rendre les résultats de son travail plus
faciles à saisir , il a fait de cette statue un dessin d'une exactitude rigoureuse
et de même grandeur que la figure du squelette représenté par Albinus. De
la confrontation de ces deux figures il résulte, suivant M. Fock, que les
règles qu'il a données sur les proportions des diverses parties du corps de
l'homme, s'appliquent aussi parfaitement aux chefs-d'œuvre de la statuaire
antique qu'aux productions les plus parfaites de la nature.
(Renvoi à la Commission déjà nommée. )
PHYSIQUE. — Note sur la propriété' d'attraction et de repulsion de la
lumière; par M. Rec/imier. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Pouillet, Regnault Despretz.)
u Tandis ([ue je me livrais à des recherches sur le mode d'action et de
réaction des agents pondérables et impondérables les uns sur les autres, le
fait acquis de la répulsion des pôles semblables, et de Tattractiou des pôles
opposés, dans les appareils électromagnétiques, me conduisit naturellement
à vérifier si les surfaces éclairées des objets physiques ne se comporteraient
pas, vis-à-vis du flambeau qui les éclaire, comme les pôles semblables des
appareils électromagnétiques, et si, par conséquent, elles ne seraient pas
repoussées parla lumière du flambeau, tandis que les surfaces non éclairées
112..
( 852 )
et obscures en seraient attirées, ainsi qu'il arrive entre les pôles opposés des
mêmes appareils électromagnétiques.
» Une surface plane ne pouvant reculer devant la clarté d'un flambeau,
je dus choisir pour mes expériences des objets sphéroïdes, et leur donner
la plus grande mobilité possible, afin de juger de ce qui se passerait à la
lumière du soleil, à celle d'un flambeau artificiel, et même à celle de la
lune. Il s'agissait, en effet, de faire en sorte que le côté éclairé d'un objet
sphéroïde rendu très-mobile pût obéir facilement, par la rotation de cet
objet, à la répulsion qui devait avoir lieu, si la lumière du flambeau et le
côté éclairé de l'objet sphéroïde se comportaient, vis-à-vis l'un de l'autre ,
comme les pôles semblables des appareils électromagnétiques. »
De ses expériences, M. Recamier tire la conclusion suivante :
« A la lumière solaire, lunaire et artificielle, des globes de différentes sub-
stances et de différents volumes, suspendus avec des fils n'ayant subi aucune
torsion^ et même avec des brins séparés en haut par un chevalet, sont en-
trés en rotation étant placés sous des récipients parfaitement clos, au chaud,
au froid , au sec et même à l'humidité; tandis que des plumes, des objets
légers, plats, à ailes, triangulaires et quadrangulaires, sont restés en repos
dans les mêmes conditions. »
CHIRURGIE. — Note sur le traitement des tumeurs enkystées par la méthode
des injections iodées; par M. Boinet.
(Commissaires, MM. Roux, Velpeau, Lallemand.)
A l'occasion du travail adressé à l'Académie par M. le D"" Rorelli dans la
séance du a décembre, M. le D"^ Boinet écrit à l'Académie que la méthode
des injections iodées, appliquées au traitement des tumeurs enkystées, n'est
pas aussi nouvelle que semble le croire le chirurgien de Turin, et que le
procédé suivant lequel il le met en pratique, et qu'il croit lui être propre,
a déjà été publié et pratiqué en France depuis longtemps.
« Pour notre compte, ajoute M. Boinet, nous employons de cette
manière les injections iodées depuis plus de dix ans. Nous nous sommes
servi indistinctement de la lancette et du trocart; mais ce dernier instrument
nous paraît de beaucoup préférable, parce qu'il permet de mieux retenir
l'injection dans le kyste.
.. Quant à l'opinion de M. Borelli sur le mode d'action de la teinture
iodée sur les parois des kystes et sur les kystes eux-mêmes , nous ne pouvons
l'admettre. Dans toutes les opérations que nous avons faites, nous n'avons
( 853 )
jamais observé ni séparation, ni extraction du kyste, et cependant toutes les
tumeurs enkystées que nous avons traitées par les injections iodées ont par-
faitement et radicalement guéri , et dans un espace de temps aussi court
que celui indiqué par M. Borelli.
n Notre honorable confrère aura peut-être pris pour le kyste ou partie du
kyste la matière contenue dans le kyste et coagulée par l'action de l'iode, et
il en aura conclu que le kyste se décollait, se séparait, se fondait et pouvait
être extrait. Dans tous les cas où nous avons pratiqué des injections iodées,
tout s'est passé comme dans une simple opération d'hydrocèle, si ce n'est
qu'il a fallu revenir à de nouvelles injections. Suivant nos observations, la
guérison n'est que le résultat des modifications apportées par la teinture io-
dique sur les parois des kystes ; dans certains cas, l'action de l'iode irrite, en-
flamme et amène l'adhésion; dans d'autres, elle se borne à activer, à ranimer
les fonctions absorbantes, et à provoquer la résorption des épanchements
en rétablissant l'équilibre rompu entre l'exhalation et l'absorption. >•
A l'occasion de la polémique établie entre MM. Bourguignon et Bazin, re-
lativement à la priorité d'invention de la méthode des frictions générales
dans le traitement de la gale, M. Aube rappelle qu'en i836 il avait mis en
usage cette méthode avec succès; qu'à sa sollicitation plusieurs médecins des
hôpitaux ont également traité la gale par des frictions générales. Il ajoute
qu'il avait insisté sur la recommandation de soumettre à une température de
loo et quelques degrés les vêtements appartenant aux galeux : c'est le com-
plément nécessaire du traitement, car, sans cette précaution, le malade
guéri est exposé à contracter de nouveau la maladie parle contact de ses
propres habits.
La substance qu'emploie de préférence M. Aube pour les frictions est l'es-
sence de térébenthine qui offre, suivant lui, l'avantage d'être plus pénétraiite,
et par cela même plus toxique pour les acares, d'être d'un prix très-peu
élevé, et de ne laisser après son emploi aucune malpropreté sur la peau,
surtout si elle est employée peu de temps après avoir été rectifiée.
(Benvoyéà la Commission nommée pour les communications
de M. Bourguignon.)
M. HussoN soumet à l'Académie des échantillons d'une toile à calquer, des-
tinée à remplacer le papier. L'auteur annonce qu'il fabrique aussi des toiles
opaques qu'il croit susceptibles d'être substituées avec avantage au papier
pour l'écriture et l'impression.
(Commissaires, MM. Pelouze, Babinet, Seguier.)
( 854 )
M. ViAu envoie un supplément à sa précédente communication sur un
nouveau moteur mécanique susceptible de remplacer les machines à vapeur.
(Renvoyé à la Commission précédemment nommée.)
M. Artur adresse une nouvelle communication sur la théorie de l'état
sphéroïdal des corps.
(Renvoyé à la Commission déjà nommée. )
CORRESPONDANCE
M. le Ministre de la Guerre accuse réception de deux exemplaires du
Rapport fait à l'Académie sur le Mémoire de M. le colonel Lesbros, inti-
tulé : Expériences hydrauliques relatives aux lois de V écoulement de Veau
à travers les orifices rectangulaires verticaux à grandes dimensions , en-
treprises à Metz dans les années 1828, 182g, i83i et i834.
M. le Ministre de lÎnstrdctiox publique invite l'Académie à lui présenter
un candidat pour la chaire de Chimie du Collège de France , vacante par la
démission de M. Pelouze.
La TiCtlre de M. le Ministre de l'Instruction publique est renvoyée à la
iSection de Chimie.
M. A. Laurent prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le
nombre des candidats pour la chaire de Chimie du Collège de France. Cette
demande est renvoyée à la Section de Chimie.
ASTRONOMIE.— Évaluation de la masse de Neptune, par M. Auguste Struvb,
d'après les mesures micrométriques exécutées au grand réfracteur de
l'observatoire de Poulkova, par M. Otto Struve. (Présentée par M. Le
"Verrier.)
« Iva série d'observations que je m'étais proposé de faire sur le satellite de
Neptune, fut achevée vers la fin de l'année 1848. Le printemps suivant, je
donnai ces observations à mon cousin Auguste Struve, qui voulait se charger
d'en déduire les valeurs les plus probables des éléments de l orbite du satellite
et ja masse de la planète. A peine avait-il fini ces calculs, au commencement
de l'année courante , qu'il nous fut arraché par une mort prématurée. Des
voyages que j'avais à faire, et d'autres travaux, m'ont empêché, jusqu'à pré-
( 855 )
sent, de publier les résultats de ses recherches. Je remplis maintenant ce de-
voir; mais, avant d'entrer dans les détails des calculs, il me paraît nécessaire
de donner la liste totale des observations, quoiqu'une partie considérable,
celles de 1847, ait été publiée déjà, à une occasion précédente, dans les
Comptes rendus de V Académie des Sciences de Paris et dans les Astrono-
mische Nachrichten.
TEMPS
ANGLE
*
ANNÉES.
DATES.
sidéral
DISTANCE.
de
SOTES.
ds robs.
position.
■847
Sept.
1 1
i3
h m
23.11
23.21
If
'7.9'
i5,54
46°,3
2o3.5
Images très ondulantes, le satellite ne se voit qu'à
peine ; par celle raison , la mesure de la distance
n'est pas très-exacte.
'4
25
21.38
22.37
18,29
i5,92
223,7
208,5
Mesure bonne et exacte.
Le satellite fut reconnu avec sûreté, mais les me-
sures ont souCTert de la mobilité des images
28
0.37
17, 3o
37,55
Malgré sa position peu élevée, le satellite fut très-
bien visible.
3o
22.11
5,07
144.6
Par un bon état de l'atmosphère, je ne doute pas
que je n'aie réellement observé le satellite, quoi-
que avec difficulté.
Oct.
8
23. 4
14,70
233,2
Mesures très-peu exactes , obtenues au milieu des
Nov.
a5
3
22. 8
21.19
18,73
17, o5
219,1
37,55
nuages.
20
37
22.32
21.32
II
16, 3o
28,8
38,5
Des nuages empêchaient les mesures des distances.
Mesures très-peu sûres, par un vent très-fort et des
images très-ondulantes.
28
23. 6
5,95
•44.4
Les images sont bonnes. Je crois avoir reconnu Je
satellite avec sûreté, quoique avec quelque dilii-
cultc.
1848
Dec.
Sept.
20
6
24
=»7
23. 2
21.36
22.11
22.43
18, o3
18,95
18,61
17." 4
35,9
2i5,7
218, i5
43,35
Mesures bonnes et exactes, le satellite est très-
bien visible.
Oct.
2
3
22.38
21.35
14,70
16,19
26,25
42,35
Bonnes images et lucidité extraordinaire de l'at-
mosphère.
.
iti
22. 0
.2,85
'94.9
Le satellite est très-faible. Les mesures de la dis-
tance no peuvent prétendre à une grande exac-
titude.
1849
Nov.
=,4
18
21.54
22.38
15,34
17, 3i
229,7
32,3
» La dernière observation isolée de 1849 *"^ ajoutée lorsque les calculs
( 856 )
étaient déjà avancés considérablement, pour augmenter l'exactitude de la va-
leur à déduire du mouvement moyen du satellite.
» Toutes les observations furent exécutées dans le champ obscur de la lu-
nette, à l'aide de fils très-peu illuminés. Mais quelque faible que fût l'illumi-
nation des fils, le satellite ne pouvait supporter la bissection. Au moins je
suis persuadé qu'en procédant à la manière usuelle des mesures micromé-
triques, l'exactitude des observations aurait dû souffrir considérablement.
Or je préférais, pour les mesures des distances, tenir la planète sur l'uni
des fils et visser l'autre jusqu'à ce que le satellite me parût exactement au
milieu entre les deux fils. L'estime des distances égales, entre le satellite et les
deux fils, me paraît être susceptible d'une très-haute exactitude. Il s'entend
que cette opération fut toujours exécutée des deux côtés du fil fixe du mi-
cromètre, pour éliminer la détermination moins exacte de la coïncidence
des deux fils faiblement éclairés. Les mesures des angles de position se fai-
saient comme de coutume, à la seule différence près que, pour affaiblir en-
core la quantité de lumière introduite dans le champ , je ne me servis que
d'un seul fil que je plaçais alternativement de l'un et de l'autre côté des deux
objets, afin de ne pas commettre des erreurs constantes dans le jugement du
parallélisme entre la direction des deux objets et celle des fils.
" Le grossissement employé dans ces observations a été constamment le
même, de 279 fois. L'oculaire est un de ceux où les surfaces planes se regar-
dent, ce qui détruit l'image de reflet qui se produit dans les oculaires de la
construction de Ramsden. Ce grossissement a suffi pour distinguer le disque
de Neptune, dans toutes les circonstances atmosphériques, et pour recon-
naître ainsi la planète parmi les étoiles environnantes.
. » En premier lieu, Auguste Struve convertit les temps sidéraux des observa-
tions en temps moyens de Pouikova. Puis, les angles de position, donnés par
rapport aux cercles de déclinaison, furent réduits aux cercles de lati-
tude, et les distances apparentes du satellite changées en des distances
(Correspondantes à la distance moyenne de Neptune au Soleil. Dans ces ré*-
ductions, ainsi qu'en général dans le calcul des positions géocentriques de
Neptune, Auguste Struve s'est servi des éléments de cette planète, don-
nés par M. Walker dans les Astronomische Nachrichten, p° 628. 1
» Voici comment se présentent les observations après ces réductions :
l
( 857 )
■
—
TEMPS MOYEN
AKOLE
ANNÉES.
DATES.
de
l'obsepvalipn.
DISTANCE.
position
'«47
Septembre
1 1
h m
1 1 5o
tf
i7,3i5
66° 38
i3
1 I .52
i5,o4o
223 49
■4
10. 5
17,690
2.44. I
25
10.21
.5,445
228.45
28
12. 9
.6, 806
57.48
3o
9.36
4,9'9
164. 5t
Octobre
8
9.56
14, 336
253.25
25
7.54
.8, 416
23g. .6
Novembre
3
6.3o
16,845
57.43
20
6.3o
»
48.54
27
5. 4
.6,325
58.4.
28
6.33
5,963
.64.35
Décembre
20
5. 8
18,283
56. 9
i848
Septembre
6
10.28
18,290
236 . 29
24
9 56
i8,o38
238.5.
27
10. 16
.6,620
64. 3
Octobre
2
9.51
.4,287
46.56
3
8.45
.5,74.
63. .
16
8.18
1 2 , 563
2.5.32
24
7-4'
i5,o58
250..9
.849
Novembre
18
6.45
'7>'96
53.14
'A «
:fl»VIfOK
Il En partant de ces données, Auguste Struve calcula en premier lien des
éléments approximalifs , en y supposant que la forme de l'orbite réelle du
satellite fût parfaitement circulaire. F^a comparaison des positions calculées
sur ces éléments, avec les observations, prouva que les mesures du 27 No-
vembre 1847, indiquées déjà pendant les observations elles-mêmes comme
très-peu sûres, ne s'accordent point avec les autres mesures. La même chose
a lieu pour les mesure» du 16 octobre 1848, mais qui ont été également notées
comme peu certaines. Cependant ces dernières observations s'accorderaient
très-bien, soit en distance, soit en position, si l'on supposait qu'une erreur
eûtété commise dans la notation dujour de l'observation et qu'il fallût lire le 17
au lieu du 16 Octobre. Néanmoins, comme je ne suis pas en état de vérifier
cette dernière supposition, ces deux observations inexactes furent rejetées
dans les calculs ultérieurs, ainsi que l'observation incomplète du 20 No-
vembre 1847. ^^ restait donc dix-buil observations complètes et approxi-
C. R., i85o, 2"" Semtstre iT. XXXI, N» 26. ) I l3
( 858 )
malivement d'égale exactitude, dont il déduisit les éléments les plus probables
de l'orbite elliptique du satellite, d'après la méthode des moindres carrés,
en se servant de formules différentielles pour corriger les éléments primitifs.
Sans m'étendre sur les détails des calculs, exécutés avec le plus grand
soin, je passerai directement aux résultats.
» Les éléments suivants de l'orbite réelle du satellite ont été obtenus :
Ledemi-grand axe a= ï'j",^>g, erreur probable = o",i29
Mouvement moyen par jour p=:6i°,2625 » :> := o°,oo383
Argument de latitude pour l'époque de la
première observation, 1847, Septembre
II, 495 1. m V^iaS-ae' » » = i°34'
Inclinaison i~ 35° 6' » » = o'>4o'
Longitude du nœud ascendant Q= Soo" 5' » » = i^SS'
Excentricité « = 0,02821 » » =0,01120
Différence en longitude entre le péri-
Neptune et le nœud ascendant u = 66'>5r » » = 19043'
Nous tirons encore du mouvement moyen, la période d'une révolution
du satellite R = 5J2i''i"',8, quantité sujette à une erreur probable de
5",5 seulement.
.. Le calcul préalable de l'orbite, fait dans la supposition d'une figure
circulaire, avait fait ressortir une prépondérance considérable en exactitude
pour les mesures des distances, comparées aux angles de position. Dans ses
calculs définitifs, Auguste Struve a eu égard, en quelque sorte, aux diffé-
rences des poids qu'il avait déduites précédemment , en attribuant aux dis-
tances le poids double de celui des angles. Les erreurs des équations de con-
dition , trouvées par la substitution des valeurs finales des inconnues dans
les équations, et comparées aux erreurs des observations tirées du calcul
direct des lieux du satellite d'après les éléments précédemment donnés,
nous ont fourni un contrôle très-satisfaisant de l'exactitude de tous les calculs.
Je donnerai maintenant la liste des erreurs des observations, «en dis-
tance = V, en angle =dP et rsindP — v'.
Calcul — Observation.
f dP !■'
u o , I,
1847 Septembre 11 — o,36 — 3.17 — 0,97
i3 — 1,00 — 0.12 — o,o5
i4 -+- 0,20 — 2.34 — 0,80
25 -)- o,5i — 0.24 — 0,11
28 — 0,38 — 5.5o — 1,67
^ 3o + 0,46 + 2.5o + 0,27
(859)
Calcul — (
Observation.
v
dP
r'
Octobre
8
- o",47
—
0 /
i.Sg
— 0,40
25
— 0, to
—
1.36
— o,5i
Novembre
3
+ 0,46
■+■
3.3o
+ 1,06
28
-4- 0,35
+
21.55
+ 2,36
Décembre
20
— 0,75
-+-
3.53
-+- «,19
848 Septembre
6
— 0.%
—
2.52
— 0,88
24
•4- 0,18
+
I. 5
+ 0,34
27
+ 0,59
—
1 . 0
— o,3o
Octobre
2
- 0,98
—
3.43
— 0,86
3
+ I ,21
-1-
1.14
-t- o,36
24
— 0,20
-f-
0.26
+ 0,11
849 Novembre
18
4- 0,11
-+-
2.32
-f- 0,76
ÎK-I
)' Eu prenant les sommes des carrés des v et des v', nous trouvons
2 p* = 6,10, 1 v'^ = i5,42. Or, Je rapport de 2 p^ à 2 t''* nous apprend que
le poids \, attribué aux mesures des angles de position, par rapport aux
mesures des distances , a été plutôt trop fort que trop faible. Cependant il
faut remarquer qu'une augmentation considérable des erreurs des angles est
due à la seule observation du 28 Novembre 1847, observation qui, par la
proximité du satellite à la planète, a été dite très-difficile dans le journal.
Je suis même d'avis qu'il aurait mieux valu omettre entièrement cette obser-
vation, comme étant troublée par la trop grande proximité de la planète;
mais, vu que, dans mon journal d'observations, je me suis exprimé distincte-
ment sur ce que j'avais reconnu le satellite, notre calculateur n'a pu s'y ré-
soudre. ''^'
« Nous déduisons des 1 v^ et 1 v'"^ précédentes, l'erreur probable à craindre,
dans la détermination de la distance par les observations d'une seule nuit,
égale à o",4o4; et celle d'uu seul angle de position, exprimée linéairement,
ou la valeur probable d'un seul v^, égale à o",642.
» A ce que nous avons vu, Auguste Struve avait aussi introduit dans
ces équations l'excentricité de l'orbite du satellite, et a trouvé une valeur
de cet élément deux fois plus grande que n'en est l'erreur probable. Néan-
moins, je crois qu'il ne faut pas encore accepter cette excentricité comme réel-
lement existante dans l'orbite du satellite. Il me semble, au contraire, que si
nous la mettons égale à zéro, c'est-à-dire si nous supposons la forme circulaire
de l'orbite, alors les erreurs restantes des observations ne seraient pas
encore plus grandes qu'il les faut admettre , en considérant l'extrême fai-
blesse d^.l'qbjet /et la difficulté des mesures.
ii3..
( 86o )
•' Nous parvenons maintenant à l'objet principal de ces recherches,
c'est-à-dire à ta détermination de la masse M de Neptune. Elle se déduit
simplement des valeurs précédemment données de a et de a qui nous four-
nissent
iVI = -jTTr-'. avec l'erreur probable égale à 0,021.57 ^
>< Cette valeur de la niasse de Neptune, qui ne diffère que très-peu de la
valeur que j'ai déduite des seules observations de l'année 1847, est considé-
rablement plus grande que celle qui a été déduite des observations failes par
MM. Bond à l'observatoire de Cambi-idce U.S. = — \ — . La différeiu;e de
" 19400
nos déterminations est provenue évidemment d'une différence constante
dans nos mesures respectives des distances du satellite. A en juger d'après
les valeurs trouvées du demi-grand axe de l'orbite, cette différence constante
doit s'élever à peu près à i",67 : tjuantité quatre fois plus grande que l'er-
reur probable d'une seule distance mesurée. Il s'ensuit que cette différence
ne s'e.xplique nullement par des erreurs accidentelles d'observation, et il
faut la chei-cher dans les méthodes employées d'observation. Dans mes ob-
servations, la distance moyenne dti satellite à la planète a été de 16" à peu
près. Or, si l'erreur était de mon côté , j'aurais dft prendre, pour égales les
deux distances aux fils luisants, des deux côtés du satellite, tandis qu'elles
étaient réellement de i4")3 et de 17",7. En attribuant même un petit accrois-
sement d'incertitude à la faiblesse de l'objet observé, chaque astronome
expérimenté conviendra que c'est absolument impossible de se méprendre
d'autant dans le jugement de légalité de deux distances juxtaposées et
d'égale nature. Par ces considérations, je ne puis chercher l'ongine de la
différence autre part (pie dans la méthode d'observation des astronomes de
Cambridge U.S., sur laquelle il nous manque jnsqu'à présent toute com-
munication détaillée. Il faut cependant convenir qu'ils ont en 17^23' de
différence de latitude ou d'élévation de l'astre snr l'horizon en faveur de
leurs observations, ce qui leur a permis d'employer plusieurs fois des
grossissements de 1 aoo et même de i 5oo fois; mais, d'un côté, un gros-
sissement si fort n'est guère un avantage réel dans la inesui'e d'une dis-
tance de 16"; d'autre côté, il paraît que, malgré ce grossissement énorme,
MM. Bond n ont pas vu la planète pins distinctement que nous, puisqu'ils
nous informent {Proceedings of the American Academj of Arts and
Sciences) qite Ce nest que dans des circonstances atmosphériques favorables
qu'ils en ont reconnu le disque circulaire. La supposition que la différence
(86, )
constante soit provenne de la méthode d'observation des astronomes de
l'Amérique, gagne encore un appui dans la circonstance que les observations
de MM. Bond père et fils diffèrent entre elles considérablement et presque
sans exception dans le même sens. En prenant les différences des distances
mesurées les mêmes nuits par ces deux astronomes, nous trouvons par une
moyenne de sept observations B^ = B' H- o",63. Or la masse de Neptune,
déduite des seules observations de B*, serait plus grande que celle qui suit
des observations de B', dans la proportion de 8 à 7 à très-peu près. J'ose donc
exprimer ici le désir que MM. Bond publient le plus tôt possible les détails
de leurs observations.
' Il existe encore une troisième série d'observations faites sur le satellite
de Neptune, celle de M. liassell ; mais une inspection superficielle des di-
stances mesurées suffit pour montrer qu'elles ne possèdent pas ce degré d'exac-
titude qui est nécessaire pour pouvoir concourir avec succès dans la déter-
mination de la masse de la planète. A ce qu'il me paraît, le manque d'accord
dans ces mesures a son origine dans une construction défectueuse du micro-
mètre employé. Mais M. fiassell possède aussi un micromètre filaire de
Munich, et lors d'une visite que je lui ai faite cette année à Starfield, il
m'a indiqué son intention d'employer dorénavant ce nouveau micromètre,
plus parfait, aux mesures du satellite. Il y a donc l'espérance que dès l'année
prochaine nous posséderons une nouvelle détermination de la masse de
Neptune, de la part de l'astronome distingué à qui nous sommes redevables
de la découverte du satellite. "
ASTRONOMIE. — Extrait d'une Lettre de M. Ansibal de Gasparis , adressée
■ J'accepte avec empressement le nom que vous avez proposé pour la
planète que j'ai découverte.
» Les deux premières positions sont :
Temps moyen
(le Naples. a o
i85o. Novembre 2 7. 3. 6,5 3o.3i .49,9 -H 7.58.55,0
3 7.21.41,4 3o.i4.58,3 H- 8. 0.18,5
îi;
I' fiCS positions contenues dans la circulaire vont jusqu'au 10 Novembre.
( 862 )
Voici les suivantes :
Il m 8
i5
7.43.15,9
i6
8. 7.18,3
21
9.3o.3o,2
22
7.5i . 10,6
26
7.38.16,5
h m s ° ' J' o I II
Novembre i5 7.43. i5, g 27.10. 6,5 + 8.24. 4>^
26.56.28,0 + 8.26.50,8
25.52.17,7 4- 8.4i.i3,i
25.41.46,5 + 8.43.55,3
24.59.39,0 -f- 8.57.45,6
" La première approximation de l'orbite montre que la planète a une
inclinaison de 1 5° au moins. Mais il semble que la planète est dans une po-
sition assez peu favorable pour le calcul des éléments.
.. Nota. M. de Gasparis ayant fait à M. Le Verrier l'honneur de lui
demander un nom pour cette nouvelle planète, M. Le Verrier avait suggéré
à M. de Gasparis le nom à'Egérie.
» La reproduction des deux premières observations fait disparaître l'in-
certitude qui était restée sur la position du 3 Novembre {voir les Comptes
rendus, tome XXXI, page 683). »
ICHTHYOLOGIE. — Lettre relative à l époque du frai des truites; par
M. DE GjVUMONT.
« Je me propose de faire quelques expériences sur la multiplication du
poisson par la fécondation artificielle, et je suis allé, dans ce but, au mois
de septembre dernier, visiter le sieur Remy, à la Bresse, près de Remiremont;
il me déclara, comme il l'avait fait à M. Milne Edwards, que la reproduc-
tion de la truite a lieu dans la seconde quinzaine de novembre et en
décembre.
» Mes observations particulières me portaient à croire que, dans les
rivières du Calvados , la truite frayait plus tard , et j'en fis l'observation au
sieur Remy. Mes idées étaient fondées; je viens d'en acquérir la preuj^e.
En effet, depuis quinze jours j'ai fait pêcher une certaine quantité de
truites dans la petite rivière du Laison, qui arrose mon parc, et qui est bien
connue de M. Élie de Beaumont, dont elle arrose le domaine à Canon. Sur
vingt truites, une seule avait des œufs gros comme des plombs de chasse;
dans toutes les autres , ces œufs étaient encore microscopiques , et devaient
attendre deux mots encore avant d'arriver à maturité.
» Tous les pécheurs que j'ai consultés, et qui connaissent très-bien l'é-
poque à laquelle les truites gravent (c'est le mot qu'ils emploient comme
( 863 )
synonyme de frayer, parce que ce poisson choisit certains endroits sablon-
neux où il y a du gravier pour déposer ses œufs), déclarent que c'est en
janvier et en février qu'a lieu le dépôt du frai , sauf quelques exceptions.
Je me suis convaincu que c'est l'opinion qui est admise par les observateurs
sur différents points de mon département, où il existe des rivières à truites.
» Cette différence entre l'époque indiquée d'après le sieur Remy, dans le
Rapport de M. Milne Edwards, et celle qui me paraît bien constatée en
Normandie pour le frai de la truite , est assez considérable pour être si-
gnalée, et j'ai cru devoir en faire l'objet d'une Lettre, au moment où diverses
personnes se proposent de faire des expériences. »
M. Eue de Beaumont fait observer que la petite rivière de Laison est ali-
mentée presque uniquement (sauf les orages et les fontes de neige) par des
sources qui sourdent au pied des flancs calcaires de sa vallée. Le cours de
cette rivière, depuis sa source jusqu'au parc de M. de Caumont et à Canon,
est de i5 à 20 kilomètres. Elle reçoit, dans presque toute son étendue, des
sources qui augmentent sans cesse le volume de ses eaux; celles-ci, à leur
arrivée à Canon, n'ont été exposées, en moyenne, que pendant quelques
heures aux influences atmosphériques, et durant ce court intervalle de
temps, la température d'environ 10 degrés centigrades qu'elles possèdent
toute l'année au sortir des sources s'altère peu. Elle varie peu de l'hiver à l'été,
et le Laison ne gèle jamais. Sa température ne s'abaisse pas autant, en hiver,
que celle des cours d'eau des Vosges. Il est possible qu'aux mois de janvier et
de février , sa température soit à peu près la même que celle des cours d'eau
des Vosges en novembre.
PHYSIQUE. — Premier Mémoire sur l'électricité statique. Recherches sur les
répulsions des corps électrisés et sur la balance électrique de Coulomb ;
par M. Marié Davy. (Extrait par l'auteur.)
« Les Annales de l 'Académie des Sciences renferment , répartis dans les
années i^SS à 1789, sept Mémoires remarquables de Coulomb, sur les lois
de l'électricité et du magnétisme. Les résultats auxquels est arrivé cet ha-
bile physicien ont conservé jusqu'à nos jours, et conserveront longtemps
encore , une autorité incontestée parmi les savants. Dans ces dernières an-
nées cependant, M. Harris ne craignit pas de reprendre une partie des
expériences de Coulomb, à l'aide d'un instrument nouveau qu'il venait
d'imaginer; et si les résultats qu'il obtint n'ébranlèrent pas la confiance ac-
( 864 )
cordée aux lois de Coulomb , elles ne laissèrent pas toutefois de causer une
certaine émotion parmi les physiciens.
» J'ai repris ces expériences dans le but de découvrir la cause des diffé-
rences qui existent entre les résultats de Coulomb et ceux de M. Harris, et
de déterminer le degré de confiance que l'on peut accorder à la balance de
Coulomb, comme insîrimient de mesure, et les conditions dans lesquelles
elle peut fournir des indications précises.
" Je résume ainsi mon travail :
" i". Deux sphères électrisées ne se repoussent pas en raison inverse du
carré des distances; cependant l'écart qui existe entre cette loi et l'expé-
rience, très-grand pour de petites distances, disparaît sensiblement lorsque
les dislances dépassent neuf ou dix fois le rayon des sphères;
» 2°. Les répulsions observées de ces sphères s'accordent assez bien avec
les répulsions théoriques calculées par M. Roche, d après les formules de
Poissori ;
» 3°. Les trois nombres contenus dans le deuxième Mémoire de Coulomb
sont situés sur une courbe semblable à celle qui représente mes résultats;
>' 4"- L'inexactitude de la loi des répulsions des corps électrisés n'infirme
pas la loi élémentaire des répulsions électriques , dont mes résultats pour-
raient au contraire fournir, au besoin, une nouvelle confirmation;
» 5°. Elle n'influe en rien non plus sur les résultats obtenus par Coulomb,
et étrangers à la loi des distances; car dans ses expériences. Coulomb s'est
rendu indépendant de cette loi, en opérant toujours à la même distance;
» 6°. La loi du carré des distances ne se vérifie pas plus pour les disques
métalliques que pour les sphères;
» 7°. Pour que la balance électrique donne de bons résultats, il faut :
1° remplacer les sphères de moelle de sureau par des disques métalliques;
2° maintenir ces disques toujours à la même distance, comme l'a fait Cou-
lomb. «
PHYSIQUE.— Note sur la photographie; par M. Blanquart-Évbard , de I^ille.
Moyens accélérateurs.
« Ayant appris par un amateur, qui venait de visiter l'Allemagne, qu'un
habile photographiste de Munich, M. fjaucherer, blanchissait les parois de
sa chambre noire pour obtenir plus de sensibilité à l'exposition, j'ai pensé
qu'on pourrait bien s'être trompé jusqu'ici sur le rôle des réfractions de la
lumière dans la chambre noire. Les expériences que j'ai faites viennent de me
(■ 865 )*
prouver, en effet, que plus on réussissait dans les soins que l'on prenait
pour empêcher les réflexions de la lumière produite par l'objectif dans l'in-
térieur de la boîte, plus on amoindrissait l'action photogénique sur la couche
sensible.
» Ainsi, j'ai non-seulement tapissé la chambre noire en papier blanc,
mais, de plus, j'ai blanchi l'intérieur du tube, aux extrémités duquel sont
vissés les deux objectifs, et que les opticiens garnissent en noir. Dans ces con-
ditions, j'ai dégagé , soit sur plaque d'argent , sur verre albuminé ou sur pa-
pier, les quatre résultats suivants :
" 1°. Formation de l'image en moitié moins de temps qu'à l'exposition à
la chambre noircie;
n 2°. Formation de l'image à une lumière d'exposition insuffisante pour
obtenir cette image dans la chambre noire;
» 3°. Uniformité dans l'imprégnation; les blancs ne se perdent pas avant
la bonne venue des parties du tableau placées dans le clair obscur;
» 4°- Résistance infiniment moins grande des couleurs qui se refusent à
l'action photographique, telles que le rouge, le jaune et le vert.
>i Ainsi, uon-seulement les résultats sont meilleurs, au point de vue de
l'art, mais encore la puissance photogénique des objectifs est doublée en
transformant la chambre noire eu chambre blanche.
•' Il serait puéril de déduire ici les conséquences qui résultent des expé-
riences dont je viens rendra compte à l'Académie; l'accélération par la lu-
mière est bien certainement le résultat le plus précieux qui pouvait être dé-
siré dans l'état de progrès où se trouve arrivée la photographie sur plaque
d'argent, sur verre et sur papier.
Préparation des glaces albuminées pour f emploi du fluorure.
" Le fluorure, qui donne une extrême sensibilité aux préparations des
glaces albuminées, est -d'un emploi très-difficile lorsque les glaces sont
préparées par les moyens précédemment décrits, ce corps soulevant l'albu-
mine de la glace , et compromettant souvent le résultat.
» La préparation suivante n'offre pas cet inconvénient.
» On emploie l'albumine sans mélange de substance chimique.
» On place la glace qu'on veut albuminer sur un support à claire-voie ,
bien calé (un pied à chlorurer par exemple), et l'on chauffe à la lampe à l'al-
cool jusqu'à ce que la main puisse encore supporter la chaleur de la glace ;
ceci fait, converse de l'albumine en excès, et l'on chauffe de nouveau, mais
pas assez pour coaguler l'albumine. On enlève la glace du support , on fait
C. R., i85o, •J'"» S• lies personnes habituées aux grandes
expériences de physique peuvent seules apprécier l'énormité de la tâche qui
nous était imposée. » M. Sahuqué demande l'ouverture du billet cacheté qui
accompagne ce Mémoire. Ce billet, ouvert en séance publique, fait con-
naître que les auteurs du travail sont en effet MM. J.-VJ.-M. Dauriac et
E.-J.-L.-A. Sahuqué.
M. le D'' GoNDRET désirerait que l'Académie pût nommer une Commis-
sion pour examiner comparativement les résultats des méthodes de traite-
ment usitées dans les hôpitaux de Paris avec ceux que donne la méthode
préconisée par M. le D'Dixon, de TiOndres.
L'Académie royale des Sciences de Stockholm envoie un exemplaire de la
médaille qu'elle a fait frapper en mémoire de son illustre secrétaire per-
pétuel, le grand chimiste Berzelius.
M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie royale des Sciences de Stockholm
annonce l'envoi des Mémoires de cette Académie pour les années 1846
et 1848, ainsi que de plusieurs publications faites par cette Société savante ;
il accuse réception des tomes 26, 27 et 28 des Comptes rendus.
[/Académie pontificale des nouveaux Lincées remercie l'Académie de
l'envoi de ses Comptes rendus.
M. le Secrétaire de l'Institut national pour l'avancement des Sciences de
Washington accuse réception des tomes 29 et 3o des Comptes rendus, et
adresse des remercîments à l'Académie pour cet envoi.
M. Mène annonce qu'il emploie avec succès le chlorure de chaux liquide
dans le traitement des dartres, des otorrhées chroniques, des plaies, des
ulcères variqueux , etc. _ ' av.
( 870 )
M. IsvRD envoie la description d'une machine de son invention.
M. Combes est prié d'examiner si cette Communication est de nature à
devenir l'objet d'un Rapport.
M. Brachet adresse plusieurs communications relatives à l'optique et aux
aérostats.
L'Académie accepte le dépôt de cinq paquets cachetés présentés par
MM. J. Lemaire et P. Gratiocet, Decosteu, Saint-Criq-Cazeacx , Grange ,
et Faure.
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
M. BiOT, au nom de la Section de Géométrie, présente la liste suivante de
candidats pour la chaire de Mathématiques vacante au Collège de France.
Par ordre alphabétique :
MM. Cauchy,
Liouville.
lia séance est levée à 5 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du a décembre i85o, outre [les
ouvrages mentionnés dans le précédent Compte rendu, ceux dont les titres
suivent :
Encyclopédie Roret. — Irrigation et assainissement des terres, traité de l'emploi
des eaux en agriculture; par M.. Raphaël Pareto. Paris, i85i; 4 vol. in-i8,
avec atlas.
Traité de médecine pratique , éclairée par des recherches physiologiques sur
le mécanisme intime des actes nutritifs et secrétaires , et sur le principe vital; par
M. le D"' Léon Raphaël. Nogent, 1849; i vol. in-8°.
Considérations sur la nature du choléra observé en 1849, ^'^"^ l'arrondisse-
ment de Riom [Puy-de-Dôme) , suivies dune relation d'épidémie dyssentérique
quia régné dans la commune de Teilhède; par M. J.-J. HiPPOLYTE Aguillion.
Paris, x85o; broch. in-S".
Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la
Marne. Rapport sur un appareil destiné à concentrer dans le vide les extraits
( 871 )
pharmaceutiques, inventé par M. Grandval, pharinaciea des hôpitaux de
Reims, lu dans la séance du ag août j85o, au nom de la Commission du hui-
tième concours; par M. HippOLYTE Faure. Châlons, i85o; broch. in-8°.
Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du département de
la Charente; tome XXXII; n° 3; mai et juin i85o; in-S".
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; n" 12; dé-
cembre j85o; in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , publié par M. le docteur
A. Martin-Lauzer; 11° I I ; décembre i85o; ïa-S".
Journal de Médecine vétérinaire, publié à l'Ecole de Lyon; tome VI;
octobre et novembre i85o; in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du aS décembre i85a, les ouvraf^e»
dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de ('Académie des Sciencei;
2""= semestre i85o ; n"' a4 et ^5 ; in-4".
Economie rurale considéiée dans ses rapports avec la chimie, la physique et
la jnétéorologie ; par M. J.-B. Boussingault ; 2* édition. Paris, i85i;
2 vol. in-8<'.
Notions générales de physique et de météorologie à l 'usage de la jeunesse ;
par M. PouiLLET. Paris, i85o; i val. in- 12.
Notice sur les travaux zoologiques de M. Charles -Lucien Bonaparte. Pa-
ris, i85o; broch. in-4°-
Notice sur les travaux d'anatomie et de zoologie de M. Emile Blanchard.
Paris, i85o; broch. in-4°.
Annuaire pour l'an i85i, publié par le Bureau des Longitudes. Jugmenté
de Notices scientifiques, par M. Arago. Paris, i85o; in- 18 (5 12 pages).
Société nationale et centrale d'Agriculture. — Séance pidtlique de rentrée
tenue le mercredi i3 novembre i85o, présidée par M. Dumas, Minisire de
l'Agriculture et du Commerce. Paris, i85o; broch. in-8°.
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine; tome XVI, n" 5; !5 dé-
cembre i85o; in-8°.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
l)E L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 30 DÉCEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. DUPERREY.
AfEMOIRËS ET COMMUIXICA TlOiXS
DKS MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS i)K f/ ACADEMIE.
•
ZOOLOGIE. — Note sur plusieurs espèces nouvelles de Mammifères , de
l'ordre des Primâtes; par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire.
« En rédigeant, il y a quinze ans, la première partie du catalogue des
Mammifères du Muséum d'histoire naturelle, j'avais déterminé un grand
nombre d'espèces nouvelles de Primates, que j'ai successivement publiées dans
divers recueils, principalement dans les Comptes rendus de l'académie des
Sciences et les Archives du Muséum. Je viens de revoir ou plutôt de re-
fondre, au moment de le livrer à l'impression, le catalogue du premier
ordre de la classe des Mammifères, et, malgré le soin que j'avais eu de faire
connaître, au moment même de leur arrivée, la plus grande partie de nos
richesses nouvelles, j'ai trouvé encore dans la collection un certain nom-
bre d'espèces inédites, dont quelques-unes assez remarquables pour qu'il
m'ait paru utile de les publier à l'avance (i).
(i) Pour les espèces antérieurement publiées, îwyei; V'-"^ "'■ '■• ' *- •
Dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences-: S(ii*'îés Singes dé' l'ancien monde,
spécialement sur les genres Gibbon et Semnopithèque , tome XV, page 716; Sur les genres
C. K , i85o, a-n'SffmejJ/e. /T. X^XI, N" 27.) ï l5
( 874 )
» Cette Note comprendra, avec la caractéristique de ces espèces, celle
d'un autre Primate, beaucoup plus précieux, que la Ménagerie du Muséum
vient de recevoir cette semaine même.
» Celui-ci appartient à ce premier groupe des Singes, si remarquable
par les analogies de son organisation avec celle de l'homme, et dont nous
n'avions encore vus vivants, à Paris, que cinq représentants, les deux Tro-
glodytes Chimpansés, l'Orang bicolore et le Gibbon cendré, que la Ména-
gerie a successivement possédés dans ces derniers temps, et, de plus, un
autre Gibbon cendré qui a vécu quelque temps chez un particulier.
» Ij'individu que vient de recevoir la Ménagerie est aussi un Gibbon ,
mais d'une autre espèce, jusqu'à présent inconnue, intermédiaire entre le
Gibbon cendré et le Gibbon de Mu lier [Hjlubates Mulleri , Linn. Martin).
Il vient d'être ramené de Solo par M. le docteur Léclancher, chirurgien de la
marine nationale, qui s'est empressé d'en faire don au Muséum d'histoire
naturelle.
I. Famille des Singes.
» I. Hf lobâtes funereus . La plus grande partie du pelage est d'un gris de
souris, dont la teinte diffère peu de celle de VHjlohates teiiciscus; mais la
gorge ^la poitrine, le ventre, le dessus des mains antérieures sont en grande
partie noirs, ainsi que la partie supérieure et antérieure de la tête. Le de-
dans des membres tire sur la même couleur.
» Nous avons pu constater que ce Gibbon diffère du Gibbon cendré par
la voix , aussi bien que par les caractères ci -dessus indiqués , et par sa patrie
qui est l'île Solo.
» 2. Cercopithecus Werneri. Espèce voisine du Callitriche des auteurs
et du vrai C. sabœus (i), mais où toutes les parties qui s )ut d'un vert oli-
Colobe, Miopithèque et Cercopithèque, tt)iT)eXV, page 1037 ; Sur les Singes américains com-
posant les genres Nyctipithèque , Saïmiri et Callitriche, tome XVI , page i i5o ; Remarques
sur la classification et les caractères des Primates, ibid , page i236; Note sur un Singe amé-
ricain appartenant aii genre Brachyure, tome XXIV, page 5^6; Note sur huit espèces nou-
velles de Singes américains, en commun avec M. E. Deville, tome XXVII, page 497-
Dans les Archives du Muséum d'histoire naturelle : Description des Mammifères nouveaux
du Muséum, famille des Singes, premier Mémoire, tome II, pages 485 à 594 ; second Mé-
moire, tome IV, pages 5 à 42.
Voyez encore le Voyage de Jacquemont , l'expédition de la Vénus, etc., etc.
( I ) C'est-à-dire du Simia sahœa de Linné , auquel , comme nous l'avons reconnu , doit élre
rapporté le Cercop. griscus ou griseo-viridis des auteurs modernes.
(875)
vâlre chez le premier, d'im gris vert chez le second, sont d'un fauve rouX
varié de noir, les poils étant colorés par grandes zones de ces deux cou-
leurs. La différence de coloration est double : substitution du fauve roux au
verdâtre dans les zones claires; zones noires beaucoup plus étendues. Du
reste, face noiic, queue jaune à l'extrémité, comme chez le Callitriche.
" Cette espèce a vécu, à deux reprises, à la Ménagerie du Muséum. Nous
l'avions reçue d'Afrique par la voie du commerce, sans pouvoir nous pro-
curer aucun renseignement précis sur son habitat.
') 3. Cebus elegans. Pelage fauve (passant, selon les individus, d'un
beau fauve doré au fauve grisâtre), avec les membres et la queue plus fon-
cés; une barbe d'un roux doré, et de longs poils uoirs sur la tête : ces poils
forment une sorte de toupet, divisé en deux parties par une sorte de gout-
tière médiane.
» Du Brésil et du Pérou.
» 4- Piihecia chrysocephaln. Belle espèce , tout nouvellement venue
par la voie du commerce. Corps , membres et queue couverts de longs
poils noirs; tête revêtue de poils ras d'un roux doré vif, au milieu desquels
une ligne noire s'étend sur le milieu du front.
» On voit que cette espèce est voisine des P. leucocephala etochrocephala.
On ignore quelle partie de l'Amérique elle habite.
1) 5. ffapale nigrifrons. Front noir, ainsi que tout le tour de la face,
mais non le dessus de la tête. Cette dernière partie, la gorge, le col et les
membres antérieurs sont d'un brun finement tiqueté de roux, les poils étant
annelés, vers la pointe, des deux couleurs. Dos aunelé de noir et de fauve.
Croupe et membres postérieurs d'un roux tiqueté (non d'un roux vif comme
chez l'espèce suivante et chez ÏH. Weddellii). Parties inférieures et inté-
rieures d'un roux brunâtre; mains et queue noirs.
" On ignore quelle partie de l'Amérique habite cette petite espèce.
') 6. Hapale Devilli. Lombes, cuisses, jambes d'un beau roux marron;
dos annelé de noir et de gris ; partie antérieure du dos et membres antérieurs ,
noirs , ainsi que les mains et la queue.
>' Du Pérou, rivière des Amazones, d'où elle a été rapportée avec cinq
autres espèces nouvelles, ailleurs décrites (i), par MM. de Castelnau et
E. Deville.
(i)' Comptes rendus, tome XXVII, loc. cit.
in
( 876 )
II. Famille des Lémuridés.
" 7. Cheirogaleus Jiircifer. Gris avec une ligne dorsale noire, se bifur-
quant à l'occiput en deux brancbes venant passer sur les yeux. Queue noire
dans son dernier tiers.
» De Madagascar. C'est cette espèce que M. de Blainville a mentionnée
dans son Ostéographie sous le nom de Lemur furcifefj mais sans la décrire
et même sans en indiquer les caractères.
>' 8. Lemur rubriventer. Belle espèce, distincte, dès le premier aspect,
de toutes les autres par ses parties inférieures, ses membres et sa fraise d'un
rouge marron. Le dessus est d'un brun roux tiqueté; la queue noirâtre.
w De Madagascar.
» 9. Lemur Jlaviventer. Même couleur en dessus, sur les membres et
la queue; mais la gorge blanche, le ventre jaune, la face interne des
membres jaunâtre. Fraise d'un roux marron, peu étendue.
>' De Madagascar.
» 10. Galago cons pic Hiatus. Voisin du Galago senegalensis (dont le
G. Moholine nous a pas paru différer), mais avec les oreilles plus grandes,
la queue rousse, et chaque œil entouré d'une tache noire, qui est surtout
très-marquée sur les côtés de la racine du nez; l'espace compris entre les
deux taches noires est blanc.
» Cette espèce, qui vient enrichir un groupe jusqu'à présent aussi res-
treint que remarquable, habite Port-Natal. Elle faisait partie de la collec-
tion formée par M. Delgorgue, et dont une partie a été cédée au Muséum
par ce zélé explorateur de l'Afrique australe. »
RAPPORTS.
BOTANIQUE. — Rapport sur un Mémoire de MM. L.-R. et Ch. Tijlas.\e,
sur l'histoire des Champignons hjpogés, suivi de leur monographie.
(Commissaires, MM. de Jussieu, Ad. Brongniart rapportenr.)
« r^e mode de végétation et de reproduction des Champignons a été
longtemps une des parties les plus obscures du règne végétal , et , malgré
les progrès que cette partie de la botanique a faits depuis un demi-siècle ,
bien des points restent encore à éclaircir; mais dans cette vaste classe de
végétaux, que son organisation si anomale avait fait considérer par quelques
savants comme une sorte de règne particulier, rien n'est peut-être plus
( 877 )
singulier que le développement de ces Champignons souterrains dont la vie
entière, l'accroissement et la reproduction, s'opère au sein de la terre sans
qu'aucune de leurs parties vienne en affleurer la surface.
» Cette existence, entièrement soustraite à l'action de la lumière, est une
anomalie même parmi les végétaux de la classe des Champignons qui, géné-
ralement, recherchent les lieux peu éclairés; car les Champignons ordinaires
ne peuvent pas vivre dans une obscurité complète sans être profondément
altérés dans leur forme et dans leur structure, et sans devenir imparfaits et
stériles. Ainsi la lumière, quoique nécessaire à un moindre degré aux Cham-
pignons qu'aux végétaux ordinaires, est presque toujours indispensable à
leur développement régulier, au moins dans la période de leur reproduction.
» Pendant longtemps la Truffe ordinaire et quelques autres espèces éga-
lement comestihles étaient les seuls Champignons dans lesquels on eût re-
connu ce mode insolite d'existence. Aussi, au commencement de ce siècle,
Persoon, dans son Sjnopsis Fungoruni, n'en décrivait que quatre espèces,
et, en 1822, M.. Pries n'en énumérait que douze espèces réparties dans
quatre genres.
» Mais, en i83i, l'étude des espèces comestibles nombreuses de l'Italie
septentrionale conduisit M. Vittadini, de Milan, à un examen plus appro-
fondi de ces Champignons, et à la recherche des espèces de ce groupe qui
ne sont pas susceptibles de servir d'aliments; leur nombre total s'éleva ainsi
à soixante-trois espèces, distribuées dans treize genres différents, dont huit
furent établis par cet auteur.
» L'étude microscopique de ces formes si diverses amena cet habile bota-
niste à y reconnaître une organisation très- variée, et dont les modifications
éclairaient réciproquement la structure obscure et souvent difficile à bien
comprendre de ces Champignons.
" Mais cependant, à cette époque, l'organisation anatomique et surtout le
mode de reproduction des Champignons en général étaient entourés de
tant d'obscurité, les bons instruments d'optique et les modes de prépara-
tion appropriés à ce genre d'observations microscopiques étaient encore si
peu répandus et si éloignés du degré de perfection qu'ils ont atteint depuis,
qu'on ne doit pas s étonner si Vittadini, malgré les progrès qu'il a fait faire
à cette branche de la science , a laissé beaucoup de points à éclaircir et à
étudier plus complètement.
» Les découvertes importantes, faites quelques années plus tard, sur les
divers modes de formation des spores ou corps reproducteurs dans les Cham-
pignons à fructification externe et superficielle, tels que les Agarics, les
(878)
Bolets, les Morilles ou les Pezizes, conduisirent bientôt plusieurs bota-
nistes à reconnaître ces mêmes modes divers de formation des spores dans
les Champignons à fruf;tification interne dont les corps reproducteurs se dé-
veloppent dans les cavités d'un péridium ou enveloppe commune.
'• Ces observations sur les Lycoperdacées ordinaires, dues à MiVT. Berke-
ley, KIotsch, Corda et en partie à MM. Tulasne eux-mêmes, firent immé-
diatement mieux comprendre les descriptions souvent un peu obscures de
M. Vittadini; de nouveljps études montrèrent, en effet, que les Champi-
gnons souterrains, analogues par leur mode de croissance à la IVuffe, se
rapportaient, d'après la structure de leurs organes reproducteurs, et comme
Vitladini l'avait déjà entrevu, à deux types essentiellement différents.
" Chez les uns, nommés Hjménogastrées , l'intérieur de la masse charnue
qui les constitue, présente de nombreuses cavités sinueuses, tapissées par une
membrane analogue à celle qui recouvre les feuillets des Agarics, et dont
les cellules superficielles produisent chacune à leur extrémité libre trois ou
quatre spores qui, se détachant successivement, finissent par remplir ces
cavités.
« L'autre type, comprenant les vraies Truffes et formant le groupe des
Tubéracées et celui des Élaphomycées , offre aussi une masse charnue
dont la surface externe constitue l'enveloppe commune ou péridium, et
dont les cavités nombreuses, étroites, sinueuses, peu distinctes, sont tapis-
sées et en partie remplies par un tissu spécial, mêlé de cellules d'une forme
particulière, produisant dans leur intérieur, comme les thèques des Pezi-
zées, des spores au nombre de trois ou quatre, ou de six à huit.
» Dans les Champignons hypogés , comme dans les Champignons ordi-
naires, il y avait donc deux modes divers de formation des spores : dans
les uns, ces corps reproducteurs se développent à la surface externe de
cellules spéciales nommées basides ou sporophores; dans les autres, ils se
forment à l'intérieur de cellules particulières nommées thèques ou spo-
ranges.
« Cette différence dans le mode de production des spores résultait déjà
des observations et des figures de M. Vittadini , quoiqu'il eût cherché à l'ex-
pliquer par une modification accessoire d'une même organisation. Elle
avait été établie d'une manière bien plus positive dans divers groupes de
Champignons par différents auteurs plus récents, par MM. Ijéveillé, KIotsch,
Berkeley, et par MM. Tulasne eux-mêmes dans divers Mémoires. Elle sert
maintenant de base à la division des Champignons hypogés comme à celle
des Champignons ordinaires.
(879)
» Mais il restait encore bien des points essentiels à éclaircir sur la vie si
. obscure de ces êtres singuliers.
" La découverte d'espèces nombreuses, la comparaison de leurs formes,
de leur organisation , leur distribution dans des genres bien définis, en un
mot, l'histoire naturelle proprement dite de cette curieuse flore souterraine
n'a pas seulement pour résultat d'accroître le catalogue des êtres de la na-
ture; ces découvertes permettent, en outre, d'apprécier bien mieux leur
mode d'existence, de développement et de reproduction, car cette diversité
d'organisation permet d'arriver à la solution de questions qu'on ne parvien-
drait que très-difficilement à résoudre par l'étude d'un petit nombre d'es-
pèces. Combien de questions physiologiques ont été ainsi éclaircies par
l'étude des formes variées des échelons les plus inférieurs de l'organisation.
» Les recherches bien dirigées de MM. Tulasne aux environs de Paris et
dans diverses parties de la France, leur ont d'abord permis de beaucoup
étendre la liste de ces êtres; ainsi, tandis que M. Vittadini, en i83i, n'en
indiquait que soixante-trois espèces réparties dans treize genres, MM. Tu-
lasne ont porté ce nombre à cent vingt-quatre espèces comprises dans vingt-
cinq genres, et ils ont ajouté à la Flore française soixante et onze de ces
espèces.
» L'étude répétée de la structure de beaucoup de ces plantes dans des
phases diverses de leur croissance , les a conduits à des résultats fort in-
téressants, et qui jettent beaucoup de jour sur la vie des Champignons sou-
terrains.
» On sait, depuis longtemps, que dans les Champignons ordinaires, le
corps charnu, de forme si diverse, qu'on considère habituellement comme
formant seul le Champignon , n'est qu'un développement extérieur, une
production temporaire analogue à certains fruits composés , naissant d'un
corps filamenteux, byssoïde, irrégulier, s'étendant sous le sol ou dans les
corps qui servent de support à ces végétaux , et comparable aux tiges sou-
tei-raines de diverses plantes; ce corps, nommé inycelium ou thallus, est
celui qui, sous le nom de blanc de Champignons, sert habituellemen". à la
reproduction du Champignon de couche.
» Tous les Champignons bien observés montraient ce mycélium fila-
menteux et caché précédant la formation et pour ainsi dire l'épanouissement
du Champignon proprement dit; cependant les Tri:ffes paraissaient en être
dépourvues, et plusieurs auteurs, dont les opinions avaient été acceptées
trop légèrement, avaient admis que les Truffes provenaient directement des
( 88o )
spores de ces végétaux, nommés par eux truffinelles, qui se seraient accrues
et dilatées dans tous les sens.
« Les faits observés par MM. Tulasne dans des genres très-voisins des
Truffes, avaient déjà rendu inadmissible cette idée, tout hypothétique.
Ainsi, dans le Balsamia, genre très-rapproché des vraies Truffes, MM. Tu-
lasne avaient observé des spores en germination, émettant, comme celles
des autres Champignons, des filaments déliés et ramifiés, qui, par leur en-
tre-croisement, devaient former le mycélium, appelé à reproduire lui-même,
plus tard, de nouveaux corps charnus, véritable fructification de ces êtres.
" Dans le Delastria et le Terjezia , autres genres de cette tribu , et mieux-
encore, dans les Elaphomjrces qui s'en éloignent peu, ce mycélium produc-
teur du corps charnu qui constitue le Champignon proprement dit, per-
siste longtemps autour de lui, et prouve, par sa présence, que ces Cham-
pignons souterrains, si voisins des Truffes, ne diffèrent pas, sous ce rapport,
des Champignons ordinaires.
>' On pouvait donc admettre presque avpc certitude que les Truffes pro-
piement dites avaient aussi un mycélium produisant ces corps charnus et
fongueux, mais se détruisant promptement pour les laisser continuer à s'ac-
croître isolément. C'est, en effet, ce que des observations suivies avec soin
dans les truffières du Poitou ont démontré à M. L.-R. Tulasne , qui a vu
dans le courant de septembre le sol de ces truffières traversé par de nom-
breux filets blancs, cyhndriques, bien plus ténus qu'un fil à coudre ordinaire,
et cependant composés eux-mêmes de filaments microscopiques cloisonnés,
de 3 à 5 millièmes de millimètre de diamètre. Ces filets blancs se continuent
avec un mycélium byssoide, floconneux, de même nature, qui entoure les
jeunes Truffes, et forme immédiatement autour d'elles comme un feutre
blanc de quelques millimètres d'épaisseur, dont les filaments se continuent
directement avec la couche externe de la jeune Truffe , à peine grosse comme
une noix à cette époque.
» Bientôt cette enveloppe byssoide se détruit peu à peu , d'abord par-
tiellement, puis entièrement, et la Truffe paraît complètement isolée dans
le sol.
» Ce (|u'indiquait l'analogie s'est donc trouvé confirmé par l'observation
directe, et l'on voit que les Truffes, comme les autres Champignons, se re-
produisent par des spores qui donnent naissance à un mycélium filamen-
teux, origine de nouvelles Truffes. Ces faits, importants au point de vue
scientifique, par l'uniformité qu'ils établissent dans le mode d'existence de
( 88i )
toute une grande classe de végétaux, pourront, comme bien d'autres dé-
couvertes de la science, devenir un jour la source d'applications utiles.
1) Ces singuliers végétaux, ainsi isolés au milieu du sol à l'époque de leur
reproduction, sans organes apparents à l'extérieur, offrent cependant, à
l'intérieur, une structure bien plus compliquée qu'on ne l'avait supposé
d'abord. Les observations de Vittadini avaient déjà indiqué la disposition
curieuse des veines blanches et noires qui parcourent le tissu des Truffes,
et qui y étaient signalées par les plus anciens observateurs ; mais les recher-
ches plus variées et plus précises de MM. Tulasne en ont beaucoup mieux
fait connaître les rapports et la destination.
>i Dans leur jeunesse, les Truffes présentent des cavités sinueuses très-
irrégulières, communiquant en partie entre elles, et qui viennent aboutir
tantôt à une ouverture unique correspondant à une dépression ou ombilic
extérieur, tantôt à plusieurs points de la surface, qui ne se font reconnaître
par aucun caractère extérieur. En avançant en âge, les cloisons qui séparent
ces cavités s'épaississent, le tissu qui constitue leur surface se développe sous
forme d'une sorte de tomentum blanc qui les oblitère ; et il en résulte deux
systèmes de veines: les unes, colorées, correspondent aux cloisons qui sépa-
raient les cavités primitives ; les autres , blanches , sont formées par le tissu
filamenteux qui a fini par rempHr ces cavités.
» Les premières sont continues au tissu extérieur qui compose l'enveloppe
du Champignon, ou péridium ; dans leur partie moyenne elles sont formées
par un lacis de filaments ou d'utricules allongés , dirigés dans le sens de ces
cloisons, d'oii naissent des filaments plus courts, à peu près perpendiculaires
aux premiers, dont les extrémités renflées deviennent les sporanges ou utri-
cules sporigènes : c'est à la couleur noire ou brune de ces spores que ces
veines doivent leur couleur foncée. Les autres veines, ou veines blanches, pa-
raissent formées par les prolongements des filaments stériles, entremêlés avec
les utricules sporigènes, et naissant comme eux des cloisons primitives. Les
veines constituées par ces filaments incolores et par de l'air interposé, doivent
à cette structure leur apparence d'un blanc mat et leur opacité , quand on
examine, par transparence, leur tissu réduit en lame mince, circonstance dans
laquelle elles paraissent plus foncées que le tissu rempli de liquide qui con-
stitue les veines colorées. Ces veines blanches aérifères viennent aboutir à la
surface externe, soit en un même point vers lequel elles confluent, soit sur
plusieurs points distincts.
>' On trouve donc dans ces végétaux, si informes et si simples en appa-
rence , un double système de veines, ou plutôt de lames filamenteuses
C. R, i85o, 2"" S«n«• Pour ne pas abuser des moments de l'Académie, je me contenterai de
lui soumettre les conclusions de mou travail , en me réservant de donner dans
mon Mémoire tous les détails qui permettront aux chimistes d'apprécier
l'exactitude de mes expériences.
» Les faits qui sont consignés dans mon Mémoire me permettent de poser
les conclusions suivantes :
» 1°. Les acides tartrique et paratartrique soumis à l'action de la chaleur,
avant de produire des corps pyrogénés, forment chacun trois acides qui dif-
fèrent des acides primitifs par leurs propriétés générales, leur eau d'hydra-
tation, leur capacité de saturation , et qui régénèi'ent en présence de l'eau les
acides primitifs.
» J'ai donc confirmé, dans cette première partie de mon travail, mes
observations précédenlcs, et je crois avoir prouvé que MM. Laurent et
Gerhardt, qui oui changé, il est vrai, le nom des acides que j'ai découverts,
n'ont apporté, dans l'ensemble des faits qui caractérisent la distillation de
1 acide tartrique, aucun changement important.
>' 2°. Le but principal du Mémoire de MM. Laurent et Gerhardt était d'é-
tablir que les modifications que j'attribuais à des pertes d'eau , étaient dues à
de simples changements isomériques , et que l'eau d'hydratation était sans
influence sur la capacité de saturation des acides.
» Pour que cette théorie fût admissible, il faudrait qu'elle fût appuyée sur
des analyses et des observations précises, or toutes les analyses, toutes les
observations que j'ai faites se trouvent eu contradiction avec l'hypothèse de
MM. Laurent et Geihardt.
» Ainsi les modifications des acides tartrique et paratartriqUe qui ont de
l'influence sur la capacité de saturation , se déterminent entre 170 et 1^5 de-
grés. A cette températui'e , ces acides laissent dégager des quantités d'eau
qui augmentent avec les modifications produites; les acides modifiés revien-
nent au contraire à leur premier état lorsqu'on leur rend l'eau que la chaleur
leur a fait perdre; enfin, si l'on soumet à l'analyse élémentaire les acides
modifiés, on reconnaît qu'ils diffèrent des acides primitifs par les éléments
de l'eau. Je ne comprends pas qu'en présence de tous ces faits, on puisse
117..
f 892 )
nier Tinfluence de l'eau sur les modifications des acides tartrique et paratar-
trique.
•• 3°, MM. Laurent et Gerhardt ont voulu apprécier par la balance la
perte d'eau que l'acide tartrique éprouve lorsqu'on le chauffe à 170 defjrés :
je suis étonné que des observateurs aussi exercés n'aient pas reconnu que
l'acide tartrique, chauffé à 170 degrés, ne dégage pas seulement de leau ,
mais encore un acide volatil qui donne au liquide distillé une saveur acide
presque insupportable.
» Je suis donc obligé de contester l'e.xactitude de toutes les observations
de MM. Laurent et Gerhardt qui se rapportent à la détermination de l'eau
dégagée par l'acide tartrique et à la production de ces phénomènes de
trempe , c'est-à-dire de changements de propriétés sans perte de poids , dont
il est souvent question dans leur Mémoire, parce qu'à la température de
170 degrés et même au-dessous, l'acide tartrique perd de l'eau et une partie
de sa propre substance.
>) 4"- Quant aux transformations qui ont été obtenues en présence d'iuie
petite quantité d'eau ajoutée à l'acide tartrique fondu . dans le but de dé-
montrer que la perte d'eau n'était pas la cause des modifications produites,
je prouve au contraire, dans mon travail, en m'appuyant sur des observa-
tions nombreuses, que l'eau ajoutée dans les circonstances indiquées par
MM. Laurent et Gerhardt ne s'oppose pas au.\ phénomènes de déshydra-
tation.
» 5". Sans vouloir insister sur des détails analytiques qui ne pourraient
trouver place dans cet extrait, je dirai cependant que j'ai confirmé la capa-
cité de saturation des acides que j'ai étudiés dans mon premier Mémoire, et
qu'il m'est impossible d'admettre avec MM. Laurent et Gerhardt que l'on
puisse préparer un tartralate de chaux pur en versant de l'alcool dans une
liqueur qui tient en dissolution quatre ou cinq substances différentes; le sel
visqueux qui se précipite doit retenir nécessairement une certaine propor-
tion des corps étrangers contenus dans la dissolution : je crois donc que ces
chimistes ont souvent analysé des sels impurs, et que c'est ainsi qu'il faut
expliquer les différences qui existent entre leurs résultats analytiques et ceux
que j'avais obtenus précédemment.
» En résumé, après avoir constaté par des analyses élémentaires et des
observations nouvelles que les modifications des acides tartrique et paralai-
trique sont toujours accompagnées d'un dégagement d'eau, et qu'elles se dé-
truisent successivement à mesure que les acides modifiés reprennent l'eau
( 893 )
que la chaleur leur a fait perdre, je viens avancer de nouveau que l'eau
exerce de l'influence sur la capacité de saturation de certains acides orjja-
niques, et que les modifications des acides tartriqueet paratartrique ne sont
pas dues uniquement à des changements isomériques. »
CHIMIE. — Recherches chimiques sur l'or; par M. E. Fremy. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Thenard, Chevreul, Pelouze. )
« L'or est de tous les métaux faciles à purifier celui que les chimistes ont
le moins étudié; la série d'oxydation de ce métal est évidemment incom-
plète, et les composés que les oxydes d'or peuvent former avec les acides et
les alcalis sont à peine connus.
» L'étude chimique de l'or présente cependant un grand intérêt; on .sait
que ce métal, semblable à l'arsenic, au bore et au silicium, tend surtout à
former des acides en s'unissaiit à l'oxygène.
» Avant de soumettre à un nouvel examen les principaux composés de
l'or, tels que les chlorures, le pourpre de Cassius, l'or fulminant, etc., j'ai
pensé qu'il était important d'étudier d'abord les combinaisons des oxydes
d'or avec les alcalis qui sont employées actuellement en si grande quantité
dans la dorure par voie humide : c'est le résultat de ces premières recher-
ches que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie.
» Le protoxyde d'or Au* O dont j'ai vérifié la formule, se décompose,
comme on le sait, lorsqu'on le soumet à l'action des alcalis, et se transforme
immédiatement eu or métallique et en aurate alcalin; cet oxyde se comporte
comme le protoxyde d'étain qui se dédouble, sous l'influence d'un excès de
potasse, en étain et en acide stannique : il est donc impossible d'obtenir des
combinaisons d'alcalis et de protoxyde d'or.
" Les au rates sont, au contraire, faciles à produire; jai pu déterminer
leur composition et les étudier avec soin.
•> Je prépare l'acide aurique en faisant bouillir le perchlorure d'or avec
de la potasse en excès ; lorsque la liqueur s'est en partie décolorée, je précipite
l'acide anriquepar de l'acide sulfurique : pour purifier l'acide aurique, je le
fais dissoudre dans de l'acide azotique concentré; je précipite cette dissolu-
tion par l'eau, et je lave l'acide aurique jusqu'à ce que la liqueur ne contienne
plus d'acide azotique.
» L'acide aurique ainsi obtenu est insoluble dans les oxacides et même
dans l'acide fluorhydrique; il se dissout, au contraire, dans les acides
ehlorhydrique et bromhydrique.
i 894 )
i> L'acide aurique se combine immédiatement à la potasse et à la soude :
ces dissolutions , évaporées dans le vide, laissent déposer des aurates de
potasse et de soude cristallisés.
» L'aurate de potasse, que j'ai surtout étudié, cristallise en petites houppes
soyeuses; il est Irès-soluble dans l'eau: cette dissolution est colorée en jaune
et piésente une réaction alcaline. Ce sel se décompose au-dessous du rouge
et donne de l'or mélallique, du peroxyde de potassium et un dégagement
d'oxygène.
» L'analyse de l'aurate de potasse m'a permis de déterminer l'équivalent
de l'acide aurique et la composition générale des aurates.
» Il résulte de mes analyses que l'aurate de potasse a pour formule
KO, Au» O', 6 HO.
Dans les aurates neutres, le rapport de l'oxygène de l'acide à l'oxygène de
la base est donc comme 3 ". i.
» On peut, avec l'aurate de potasse, préparer par double décomposition
tous les autres aurates métalliques qui sont insolubles ; ces aurates se dissol-
vent quelquefois dans un excès de précipitant : ainsi l'aurate de oliaux est
très-soluble dans le chlorure de calcium.
» L'aurate de potasse peut former un bain de djrure électrique, mais il
ne peut être employé pour dorer par le procédé dit au trempé. Dans la do-
rure au trempé, par les procédés de MM. Elkington et de Ruolz, il est donc
probable que le composé d'or qui se forme par la réaction du bicarbonate
alcalin sur le chlorure d'or , n'est pas de l'aurate de potasse.
■> La réaction de l'aurate de potasse sur le sulfite de potasse présente un
véritable intérêt.
» Quand on verse du sulfite de potasse dansMe l'aurate de potasse, il se
précipite aussitôt un sel jaune qui cristallise en longues aiguilles satinées; j'ai
donné à ce sel le nom à'aurosulfite de potasse; il peut être représenté dans
sa composition par la formule suivante :
Au» O', (SO* / + 5 ( KO , SO» ) -f- 5 HO.
Kn admettant cette formule, on considérait ce sel comme résultant de la
combinaison du sulfite de potasse et du sulfite neutre de peroxyde d'or; mais
toutes les réactions de ce singtdier composé tendent à prouver que l'or,
l'oxygène et le soufre s'y trouvent dans un état d'arrangement qui ne s'accorde
pas avec la formule précédente.
'1 II est difficile d'admettre, en effet, que l'acide aurique, qui ne se com-
( 895 )
bine pas aux oxacides et qui fonctionne lui-même Comme un véritable acide,
vienne s'unir précisément avec l'acide sulfureux qui le réduit avec tatit de
facilité. De plus, dans ce nouveau sel, les réactions principales de l'acide
aurique se trouvent entièrement dissimnlées.
» Il est mieux de représenter l'aurosulfite de potasse par la formule
ROjAu^'O' -+-4 [KO, (SO*)=], 5H0;
on voit que ce sel serait produit, d'après cette nouvelle formule, par la com-
binaison de I équivalent d'aurate de potasse avec 4 équivalents de bisulfite
de potasse.
" En consultant, du reste, le mode de production, les propriétés et la
composition de l'aurosulfite de potasse, je suis porté à considérer ce sel
comme résultant de la combinaison de la potasse avec un acide ternaire
formé d'or, de soufre et d'oxygène et à le rapprocher, par conséquent, des
composés que j'ai obtenus en mettant en contact les sulfites et les azotites, et
que j'ai désignés sous le nom de sels sulfazotés; l'or remplacerait l'azote qui
existe dans les sels sulfazotés.
" L'aurosulfite de potasse, semblable aux sels sulfazotés, ne peut être con-
servé qu'à l'état sec ou dans des liqueurs alcalines; dès qu'on le mot dans
l'eau pure, il dégage de l'acide sulfureux, et laisse déposer bientôt de l'or
métallique : les acides le décomposent immédiatement.
" Sous l'influence de la chaleur, les dissolutions d'anrosulfite de potasse
donnent un dépôt d'or très-brillant et adhérent. L'aurosulfite de potasse
prendra de l'importance lorsque je démontrerai que d'autres sels métalliques
peuvent, comme l'aurate de potasse, se combiner avec les sulfites pour
former des composés ayant une certaine analogie avec les sels sulfazotés.
" Tels sont les faits principaux consignés dans le Mémoire dont je viens
. de lire un extrait à l'Académie; dans une prochaine communication, j'exa-
minerai si l'or peut, en se combinant avec l'oxygène, former, comme on l'a
avancé, une base salifiable ayant pour formule Au* O* et un acide plus
oxygéné que l'acide aurique. »
PHYSIQUE. — Stéréoscope de M. Bievrster, exécuté par M. Doboscq.
« M. Brewster , pendant son séjourà Paris, a confié à M./. Duboscq- Soleil
un des modèles de son nouveau stéréoscope en l'autorisant à le reproduire.
Cet appareil, que nous avons l'honneur de mettre sous les yeux de l'Acadé-
mie, consiste en une boîte de forme rectangulaire, dont les faces sont légè-
rement inclinées entre elles : le sommet tronqué de cette espèce de pyramide
( 896)
porte deux petites lunettes à ud tirage, dans chacune desquelles est adaptée
la moitié d'une lentille convergente de o°>,i8 de foyer. Ces deux demi-len-
tilles sont tournées de manière à mettre en regard leur bord tranchant.
•> Pour se servir de l'appareil, on place dans le fond de la boîte une carte
ou plaque daguerrienne portant deux figures, dont chacune représente l'ob-
jet qu'on se propose de voir en relief: mais ces deux figures diffèrent légè-
rement l'une de l'autre, parce qu'elles ont dû être prises sous l'angle qui
convient à la vision de chaque œil considéré isolément. Sous l'influence des
deux demi-lentilles , les rayons partis des images réelles sont déviés et arri-
vent à chaque œil dans une direction telle, que l'observateur ne voit plus
ces images dans leur véritable position , mais aperçoit dans l'intervalle qui
les sépare une image nouvelle résultant de leur superposition , et offrant le
relief de l'objet lui-même.
» Pour bien faire l'expérience, on regarde d'abord d'un seul œil, et, au mo-
ment où l'on ouvre l'autre, le relief se prononce d'une manière frappante. Ce
relief est même quelquefois exagéré quand les images daguerriennes ont été
prises de trop près.
" En colorant avec des couleurs complémentaires les images dans les par-
ties qui se correspondent, l'image unique apparaît incolore ou colorée de
l'une ou l'autre nuance , suivant que les images composantes sont éclairées
également ou inégalement.
>i Cet ingénieux appareil peut servir à étudier une foule de phénomènes
qui se rattachent à la physiologie de la vision. »
Cet appareil est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
MM. Pouillet, Babinet, Regnault.
M. Nero-Decous soumet au jugement de 1 Académie une Note contenant
l'indication de quelques-uns des résultats auxquels il est arrivé dans ses re-
cherches sur la divisibilité des nombres.
(Commissaires, MM. Cauchy, Binet.)
CORRESPOIVDANCE.
M. le Ministre de la Marine prie l'Académie de vouloir bien préparer
pour M. le capitaine d'artillerie de marine Lapejrre, qui vient d'être nommé
récemment commandant particulier de Nossibé (l'un de nos établissements
du canal de Mozambique), des instructions assez précises et assez détaillées
( 897 )
pour que cet officier puisse faire, pendant son séjour dans ce pays, des
observations utiles au progrès de la science.
Une Commission, composée de MM. Arago, de Jussieu, Élie de Beau-
mont, Geoffroy-Saint-Hilaire, Duperrey, Regnault et Rayer, est invitée à
préparer les instructions demandées, et aies présenter le plus piomptement
possible à l'Académie, le départ de M. Lapeyre étant annoncé comme très-
prochain.
M. le Directeur de l'Adjhinistratioiv des Douanes adresse pour la biblio-
thèque de l'Institut, lei trois documents suivants que vient de publier cette
Administration : i° le tableau général du mouvement du cabotage pendant
l'année 1849; ^° '^ tarif des droits de navigation et des droits sanitaires; 3° un
second supplément au tarif officiel des douanes.
M. HiND adresse ses remercîraents à l'Académie, qui, dans la séance du
16 décembre, lui a décerné un des prix d'Astronomie donnés en i85o.
M. DuHEAU de la Malle communique une Note sur le blé germé et mouillé
de i85o.
« M. Millou , dans les derniers Comptes rendus, a établi que dans le blé
mouillé et germé du département du Nord, l'écorce seule avait souffert, que
le noyau du grain, qui donne la farine , est resté intact.
" La moitié des blés , dans l'Orne , ont été mouillés et ont germé en 1 85o.
Le prix de l'hectolitre était, sur les marchés, de 7 fr. 5o c. pour le premier;
de i3fr. 5o c. pour le deuxième, récolté sec.
» Les boulangers, alléchés par le bas prix du premier blé, ont mêlé d'a-
bord Yj , puis -j^^, puis |, puis j , enfin | , et le pain est resté de même qua-
lité, et ils font un bénéfice qui devrait se partager avec le fermier, s'il était
connu, et si la différence entre le blé germé et le blé récolté sec dimi-
nuait un peu.
» Aujourd'hui, i" janvier, le prix du blé non mouillé est de 6 fr. 5o c.
à 6 fr. 75 c.
1) Le blé mouillé non germé, 6 francs, au marché de Mortagne, dépar-
ment de l'Orne. Les qualités inférieures n'ont pas été vendues.
» Quant au poids et au rendement du grain par demi-hectolitre :
Grain. Farine. Pain.
Blé non mouillé 78 livres demi-hectolitre 58 livres 70 livres
Blé mouillé non germé. 72 5i 63
Blé germé et mouillé. . 68 44 ^^
C. a., i85o, a"" Semestre. (T. XXXI, No27.}^f»« JJ '-»»»iK 'O'» i.y »rù.j 1 18
(898)
M. Balard présente, au nom de l'auteur M. Figuier, agrégé près de l'École
de Pharmacie de Montpellier , un Mémoire sur le dosage du brome.
« L'auteur emploie à ce dosage une solution titrée de chlore dont il verse
peu à peu dans la liqueur à analyser une proportion suffisante pour que l'af-
fusion d'une nouvelle dose de chlore ne développe plus de teinte jaune dans
la liqueur saline préalablement décolorée par l'ébuUition. Il s'est assuré, par
des expériences directes opérées sur des solutions contenant des quantités dé-
terminées de bromure, que ce procédé était exact. Il résulte de ce travail,
entre autres, que la quantité de brome contenue dans l'eau de la mer Médi-
terranée est moindre qu'on ne l'avait admis dans des analyses récentes, et en
dosant la quantité d'argent contenue dans le mélange de chlorure et de
bromure d'argent précipité de l'eau de mer. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Extrait d'une Lettre de M. Bence Jones, médecin
de l'hôpital Saint-Georges, à Londres, à M. Regnault, sur les modifica-
tions qu'éprouvent les sels ammoniacaux en traversant l'économie ani-
male.
« Dans les Philosophical Transactions pour l'année i85o, j'ai annoncé
que le tartrate ammonique avait, sur l'acidité de l'urine, une action tout à
lait différente de celle du tartrate potassique, et que de fortes doses de car-
bonate ammonique ne diminuaient pas l'acidité de l'urine.
» Je trouve que le tartrate ammonique, l'hydrochlorate ammonique, le
carbonate ammonique et l'urée, en passant à travers le corps, sont en
partie convertis en acide nitrique , qui peut être démontré dans l'urine
après la distillation.
" Le meilleur mode d'expérience est de prendre 20 à 3o grains d'hydro-
chlorate ammonique; l'urine, passée trois heures après, contiendra de l'a-
cide nitrique. »
PHYSIQUE. — Explication proposée pour le phénomène de l'endosmose;
par M. Barreswil.
« Si l'on prend un tube en U, si dans ce tube on verse de l'alcool, puis
que, dans une branche, on introduise un papier mouillé, et que, dans l'autre,
on suspende un morceau de chaux , il arrivera que le papier seia séché par
l'alcool, 'qui , à son tour, hydratera la chaux, et que, finalement, les choses
paraîtront se passer de la même manière que si l'eau du papier traversait la
couche d'alcool pour se rendre à la chaux.
" Gela posé, si, à la place de l'alcool , ou met une vessie, si l'on substitue
au papier mouillé une colonne d'eau, et à la chaux une colonne d'alcool con-
( 899 )
ceutré ; comme les trois corps nouveaux posséderont des propriétés récipro-
quement analogues à celles des corps précédents, les choses devront se passer
comme précédemment.
>' L'eau devra hydrater la vessie (comme, dans l'expérience précédente,
elle hydratait l'alcool), l'alcool devra déshydrater la vessie (comme, dans
l'expérience précédente, la chaux déshydratait l'alcool); conséquemment ,
l'eau devra passer à travers la vessie pour aller se mêler à l'alcool ; il y aura
endosmose.
» Cette manière d'envisager le phénomène de l'endosmose m'a donné l'ex-
plication de faits nombreux, naturels ou d'expérience, que je vous deman-
derai la permission de vous exposer, si cette première communication vous
paraît de quelque intérêt. »
PHYSIQUE. — Sur la force qui soutient les liquides à distance au-dessus des
surfaces échauffées. (Note de M. Person.)
« Dernièrement, dans un Rapport sur un travail de M. Boutigny, M. Ba-
binet a paru penser que c'était la force répulsive de la chaleur qui soutenait
les liquides à distance au-dessus des surfaces échauffées; seulement, comme
la force dans ce cas aurait un mode d'action peu connu , il engage l'auteur
à l'étudier encore.
» En 1 842 , dans un Mémoire inséré en extrait dans les Comptes rendus,
j'ai admis que les liquides étaient soutenus par leur vapeur, qui peut bien
acquérir une certaine tension , puisqu'elle est surchauffée dans un espace
étroit, d'où elle se dégage par des ouvertures plus petites que la surface qui
la produit. Je me fondais particulièrement sur deux raisons : 1° avec un ap-
pareil que j'avais imaginé, je constatais un intervalle sensible entre le li-
quide et la surface, une fraction très-appréciable de millimètre : la force
répulsive de la chaleur, comme les autres forces moléculaires, ne se mani-
feste qu'à des distances insensibles, doue c'est par une autre force que le li-
quide doit être soutenu; 2" les liquides se soutiennent d'autant plus facile-
ment, qu'ils sont plus volatils, c'est-à-dire qu'on n'a pas besoin de chauffer
autant pour l'éther que pour l'eau , pour l'eau que pour l'acide sulfurique, etc.
D'ailleurs, d'après les expériences mêmes de M. Boutigny, la température
de la surface doit toujours être plus élevée que celle oii la vapeur a une force
égale à la pression atmosphérique.
>• Admettons que ces raisons ne soient que des probabilités , je dis que
l'opinion contraire n'a également que des probabilités pour elle. L'expé-
( 900 )
rience si curieuse de M. Boutip,ny, où le liquide est soutenu au-dessus d'une
capsule criblée de trous, ne décide pas la question. Les ouvertures, il est
vrai, diminuent la force de la vapeur en lui donnant passage; mais comme
avec elles on est obligé de chauffer plus fortement, il est possible que la ten-
sion soit encore suffisante pour soutenir le liquide, d'autant mieux qu'uii
demi-millième d'atmosphère suffit pour cela. L'expérience a le défaut de
diminuer à la fois la force de la vapeur et la force répulsive de la chaleur.
J'ai imaginé une disposition où la force de la vapeur est seule diminuée.
Mais ici, pour abréger, j'indiquerai seulement l'expérience qui me paraît
trancher le plus nettement la question. Que voulons-nous voir? si la vapeur
comprise entre la surface et le liquide a la force de soutenir celui-ci. Le
moyen le plus direct, c'est d'établir un manomètre en communication avec
cet espace qui contient la vapeur. J'ai employé pour cela différents dispo-
sitifs; le plus simple est un tube de vorre en S, dont l'extrémité inférieure
traverse verticalement le liquide et vient s'appuyer sur la capsule. Des
écrans étant convenablement disposés, on constate dans les deux branches
supérieures du manomètre, une différence permanente de niveau égale à
l'épaisseur du liquide. Si l'on opère dans un creuset, pour avoir une épais-
seur d'eau de 3 à 4 centimètres, on a aussi 3 à 4 centimètres pour la dif-
férence de niveau. En un mot, la pression sous le liquide est précisément ce
qu'elle doit être pour le soutenir, et il n'est pas plus nécessaire ici de re-
courir à une force occulte, que dans le cas des pompes après l'expérience
de Toricelli.
>' L'orifice du manomètre peut avoir a à 3 millimètres, quand la cap-
sule n'a pas d'ouvertures; mais s'il y en a, il doit être plus étroit, afin de
pouvoir se placer entre deux, car c'est là seulement que la vapeur peut
prendre une certaine tension. Il n'y a pas, d'ailleurs, à s'étonner de ce que le
liquide soit soutenu tout entier, quoique la pression s'exerce seulement en
quelques points, à plusieurs millimètres de distance entre eux; c'est évidem-
ment un effet de l'adhérence des molécules d'eau entre elles; c'est le cas de
la petite colonne d'eau qui reste à l'extrémité d'un tube ouvert , quoiqu'elle
ne soit soutenue que par con contour. »
L'Académie reçoit communication d'une Lettre annonçant que l'Institut
a été appelé par testament , conjointement avec l'École de Médecine de
Paris, à hériter des biens de feu M. Josse, né à Rennes, et mort en fé-
vrier 1846, à Port-Louis de Maurice.
(Renvoi à la Commission centrale administrative, qui examinera s'il y a lieu
à accepter cet héritage. )
( yoï )
M. DE LA Roquette, secrétaire général de la Commission centrale de la
Société de Géographie, transmet un exemplaire du Rapport adressé au
directeur de l'Observatoire de Washington par M. Walsh, lieutenant de la
marine des Etats-Unis, sur des courants marins inférieurs, dont l'existence
a été reconnue au moyen de sondages dans lesquels on est parvenu à des
profondeurs qui excèdent de beaucoup toutes celles qu'on avait atteintes
jusqu'à présent.
Ce document, que M. de la Roquette adresse à l'Académie comme ap-
partenant à des questions qui sont plutôt du ressort de la physique du
globe que de la géographie proprement dite, est renvoyé à l'examen de
TVl. Duperrey, qui en fera l'objet d'un Rapport verbal.
M. Veuronais, qui avait envoyé en 1848, au concours pour le prix de Sta-
tistique, une Statistique industrielle et commerciale du département de la
Moselle, publiée par lui en 1 844 1 et un annuaire statistique de la Moselle,
pour 1848, demande l'autorisation de reprendre quelques numéros de jour-
naux et autres pièces imprimées, qu'il avait envoyés en même temps, comme
pièces à consulter.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. Fer^andez adresse la formule d'une eau hémostatique de sa compo-
sitiôii , dont l'efficacité a été, dit-il, reconnue par des expériences sur des
animaux, faites en 1842 à l'École d'Alfort, en présence du directeur de
l'établissement, et postérieurement dans un des abattoirs de Paris. L'auteur
cite encore diverses applications sur l'homme, qui ont été également suivies
de succès.
M. Serre se fait connaître comme auteur d'une communication anonyme
adressée dans une des précédentes séances , et relative à la question de la
direction des aérostats.
L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés, présentés
Par M. Wertheim (ce dernier avait été reçu à la séance du 28 décembre ,
et c'est par erreur qu'il n'en a pas été fait mention dans le Compte rendu de
cette séance) ;
Par M. Khafft ;
Par M. Fremt.
La séance est levée à 5 heures. A.
( 902 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du a décembre i85o, outre les
ouvrages mentionnés dans le précédent Compte rendu, ceux dont les titres
suivent :
Le Cultivateur, journal d'Agriculture pratique du département de la Marne,
n" 9; novembre i85o; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique; n°' 9 et 10; tome XVII; in-8°.
Pugillus algarum Yemensium, quas collegerunt annis 1847- 1849, '^''"■•
Arnaud et Vaysière, et descripsit G. xMontagne. (Extrait des Annales des
Sciences naturelles ; tome XIII, avril i85o.) Broch. in-8°.
Annali, . . Annales des Sciences physiques et mathématiques; par M. Bar-
nabe ToRTOLiNi ; octobre i85o;in-8°.
J.-B. BORELLI aBovisio, Defunctionibus corporum organicorum essentialibus.
Taurin., 1850^0-8°.
Délia eterizzazione. . . De l'éthérisation dans les opérations chirurgicales;
par M. J.-B. BORELLi. Turin , 1847; broch. in-8°.
Monografia... Monographie topographique de l'épidémie typhoïde de la
vallée d'Aoste, et compte rendu critico-pathologique sur la condition morbide
essentielle du typhus; parle même. Turin, 1846; broch. in-8°.
Del coUodion . . . Du collodion dans ses différentes applications thérapeuti-
ques; par le même. Turin, i85o; broch. in-8°.
Opinioni. . . Opinions phjsico-pathologiques pour servir d'introduction à
l'étude de quelques maladies et en particulier du procédé phlogistique ; par le
mêtne. Turin, 1848; broch. in-8°.
Intorno . . . Sur une tumeur anévrismatique volumineuse au tiers inférieur de
la cuisse, traitée par la galvano-punclure ; parle même; broch. in-8°.
Proceedings . . . Procès-verbaux de la Société philosophique américaine;
vol. V; n" 44; octobre 1849, mars i85o; in-8°.
Technology . . . L'art de fabriquer et de raffiner le sucre, y compris la fabri-
cation et la révivification du charbon animal; par M. J.-A. LÉON. Londres,
i85o ; I vol. in-fol.
On the. . . De risomorphisme et du volume atomique de quelques minéraux;
par M. J.-D. Dana. (Extrait du Journal de Silliman.) Broch. in-8°.
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. Magne ; tome III ;
4* année , n° 3 j in-4''.
(9o3 )
Gnzette médicale de Paris; o° 48.
Gazette des Hôpitaux; ii°* iSg à i4i-
L'Abeille médicale; n° a3.
Réforme agricole; n° a5.
Le Brevet d'invention ; 5" année ; n° 8.
fi'Académie a reçu, dans la séance du 9 décembre r85o, outre les
ouvrafjes mentionnés dans le précédent Compte rendu, ceux dont les titres
suivent :
Du traitement des fièvres intermittentes par le moyen du vide ou ventouses;
par M. le D' L.-F. Gondret; Paris , i85o; broch. in-8°.
Bulletin de l'Académie nationale de Médecine; tome XVI; n°' 3 et 4;
i5 et 3o novembre i85o; in-8°.
Mémoires de l'Académie nationale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres
de Toulouse; 3* série; tome VI. Toulouse, i85o; in-8°.
Annales de la Société centrale d'Horticulture de France; volume XLI;
novembre i85o; in-S".
Annales forestières ; 2* série, tome IV, n" 10; octobre i85o; in-8".
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie;
2* série, tome IV; n° 3; 5 décembre i85o; in-S".
L' Agriculteur praticien , Revue d'Agriculture, de Jardinage et d'Economie
rurale et domestique, publié sous la direction de MM. F. Malepeyre, G. Heuzé
et BOSSIN; I a* année; n° i35; décembre i85o;in-8°.
Revue thérapeutique du Midi.— Journal de Médecine, de Chirurgie et de Phar-
macie pratiques; par MM. les D" FuSTER et AlquiÉ; n° aa; 3o novembre
i85o;in-8°.
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. Magne; n° 4;
4* année; in-8°.
Gazette médicale de Paris; n" 49-
Gazette des Hôpitaux; u°' i^i à i44-
Fauna Japonica, auctore Ph.-Fr. DE SlEBOLV. — Crustacea, élaborante W. DE
Haan. Lugduni-Batavorum , 1 85o ; i vol. in-4°.
Astronomical. . . Observations astronomiques , magnétiques et météorologi-
ques, faites à l'observatoire de Greenwich, sous la direction de M. G. BiDDEL
AiRY, publiées par l'ordre du bureau de l'Amirauté. Londres, i85o; 1 vol.
in-4''.
( 9o4 )
The Quarterly. . . Journal trimestriel de la Société géologique de Londres;
tome VI; u° il^; novembre i85o; in-S".
Ou the vents. . . Sur les vents de vapeur chaude en Toscane; par M. R.-J.
MURCHISON. (Extrait du même journal.) Broch, in-S".
On the law. . . De la loi de ihodographe circulaire ou d'un nouveau mode
de conception géométrique et d'expression en langage symbolique de la loi
newtonienne d'attraction; par M." W.-R. Hamilton. Dublin, i846; broch.
in-S". ( Extrait des Bulletins de l' Académie d'Irlande.)
Verhandelingeri . . . Mémoires de la première classe de l'Institut rojal néer-
landais; 3* série; tomes II et III. Amsterdam, i85o; in-4°.
Tijdschrift. . . Journal des Sciences mathématiques et physiques , publié par
la première classe de l'Institut royal néeilanduis ; tome III, 3" partie, fascicules
3 et 4; in-8°.
Jaarboeck. . . Annuaire de l'Institut royal néerlandais pour i85o. Amster-
dam, i85o; in-8"'.
Réforme agricole; n° 26.
L'Académie a reçu, dans la séance du a3 décembre i85o, outre les
ouvrage mentionnés dans le précédent Compte rendu, ceux dont les titres
suivent :
Bulletin de la Société des Sciences naturelles et des Arts de Saint-Etienne
(Loire). Saint-Étienne, i85o; broch. in 8°.
Species des Coléoptères trimères sécuripalpes; par M. E. MuLSANT. Lyon,
i85o; grand in-8° formant le tome II des Annales de la Société d'Agricul-
ture de Lyon.
Revue des Odonates ou Libellules d'Europe; par M. Edm. de Selys-Long-
CHAMPS, avec la collaboration de M. le D' H.-A. Hagen (de Kœnigsberg).
Paris, Bruxelles et Leipzig, i85o; i vol in-8°.
Recherches sur les maladies des os désignées sous le nom c/'osléomalacie,
et Lettres sur In cause principale des morts subites survenues pendant l'inhalation
du chloroforme ; par M. G. -P. Stanski. Paris, i85i ; broch. in-8".
Des terrains houillers du département de l'Hérault; par M. Marcel de
Serres; broch. in-4°.
De l'origine des silex de la craie; par le même ; broch. in-8**.
Flore de l'arrondissement d'Hazebrouck, ou description des plantes du pays;
par M. H. Vandamme. Hazebrouck, 18 To; broch. in-S".
Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; a^ série ;
tome IV, n° 4; 20 décembre i85o; m-S".
( 9o5 )
Journal des Connaissances médico ■ chirurgicales , publié par M. le docteu»'
A. Martjn-Lauzer ; n° la ; avec atlas in-4"-
Revue médico-chirurgicale de Paris, publiée sous la direction de M. Mal-
GAIGNE; 4*" année; tome VIH; décembre i85o; in-8".
Revue thérapeutique du Midi. — Journal île Médecine, de Chirurgie et de
Pharmacie pratiques; par MiVI. les D" FusTER et Alquié; n° a3; i ) dé-
cembre i85o; in 8°.
Répertoire de Pharmacie, recueil pratique , rédigé par M. le D' A. liou-
GHARDAT-, 7* année, tome VII, n° 6; décembre i85o; in-8°.
Magasin pittoresque ; décembre i85o.
Gazette médicale de Paris; n"' 5o et 5i ; in-/}".
Gazette des Hàjiilaux ; n"' 146 à i5o.
Le Moniteur agricole, publié sous la direction de M. MaGNE; 4* année;
n°» 5 et 6.
L'Abeille médicale; n" 24; 18 décembre i85o; in-8°
Bulletin médical et pharmacologique de Montpellier ; i" année; n" i.
Illustr.ftiones plantarnm orientalium, ou choix de plantes nouvelles ou peu
connues de l'Asie occidentale; par MM. Taubert et SPACH; 3i* livraison;
in-4°.
Annali... Annales des Sciences mathématiques et physiques; par M. B.
ToRTOLlNî; novembre i85o;in-8°.
[ja trisezioiie. . . La trisection de l'angle rectiligne; par M. Garmink Ve-
isuTJ, de Galatone; broch. in-4°.
Sopra . . Sur un article de l'Institut, relatif aux étoiles filantes ; Lettre du
père Alex. Serpieri à M. B. Tortolini. Rome, i85o; i feuille iii-8".
Mémorial. . . Mémorial des Ingénieurs ; 5" année; n° 10; in-8°.
Nachrichten .. Nouvellesde l' Université et de l'Académie royale des Sciences
de Gottingue; n" 16; 2 décembre i85o; in-8°.
Astronomische .. Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n" 74a.
Arsberâllelse. . . Rapport annuel sur les progrès de la chimie et de la mi-
néralogie, fait le 3i mars 1847; par M. J. Berzelius. Stockholm, 1848;
in-S".
Arsberâttelse. . . Rapport annuel sur les progrès de la chimie en 1848; par
M. L.-F. Svanberg. Stockholm, i85o; in-8°.
Arsberâttelse. , . Rapport annuel sur les progrès de l'histoire naturelle des
Insectes j des Myriapodes et des Arachnides pendant les années i845 et i84(> ;
j)arM. C.-H. Boheman. Stockholm, 1847. (Tome II du Rapport annuel sur
les progrès de la zoologie. ) In- 8°.
Arsberâttelse . . . Rapport annuel sur les progrès de l'histoire naturelle des
Crustacés et des animaux mollusques et radiaires, pour les années i843 et i844;
par M, S. I.OVEJN. Stockholm, 1848; in-b". (Tome UI du Rapport annuel
sur les progrès de la zoologie.)
C. H. , i85o, 2'»« Semestre. ( T, XXXI, N» 37. ) I I 9
( 9o6 )
Sak-register. . . Table des matières et des noms contenus dans les Rnjjports
annuels des années 1821a 1847; P'^^'M' Berzelius , publié par M. A. Wiemp;k.
Stockholm, i85o; in-S".
Kongle. Velenskaps, . . Mémoires de l'Académie rojale des Sciences de
Stockholm, pour 1846 et 1848. Stockholm, 1848; a vol. in-8" et un allas
in-4".
Ofversigt . . . Comptes rendus des travaux de l'Académie royale des Sciences
de Stockholm; année 1847, n™ 7 à 10; année 1848, n"* 1 à 6; année 1849,
n°M à 10; in-8°.
Ueber... Du cristal brookite de l'Oural; par M. N. DE Kokschabow.
Saint-Pétersbourg, 1849; broch. in-S". (Extrait des Mémoires de la Société
minéralogicjue de Saint-Pétersbourg.)
O KristaUitcheskoï. . . Du système cristallin de l'ouralortite ; par le niétiie.
Saint-Pétersbourg, 1848; broch. in-8''.
O Bagrationitie. . . Sur le bagrationite ; par\e même. Saint-Pétersbourg,
1847; broch. in-8°.
Bijdrage. . . Matériaux pour servir à la connaissance des Percoides de l'ar-
chipel Malayo-Moluque , avec la description de vingt-deux nouvelles espèces;
par JM. P. Bleeker. (Extrait des Mémoires de la Société des Sciences et Arts de
Batavia.) Batavia, 1849; hi-4°-
Bijdrage.. . Matériaux pour servir à la connaissance des Scléropares des
archipels de la Sonde et des Moluques; par le même. Batavia. i85o. (Extrait
du même Recueil.)
Bijdrage.. . Matériaux pour servir à la connaissance des Chœlodontaxdes
des archipels de la Sonde et des Moluques; par le même. Batavia, i85o.
(Extrait du même Recueil.)
Bijdrage. . . Matériaux po ir servir à la connaissance des Teuthièdes et des
Rhynchobdelloïdes des mêmes archipels ; par \e même. Batavia, i85o; in-4''.
(Extrait du même Recueil. )
Bijdrage. . . Matériaux pour servir à la connaissance des Blennioïdes et des
Gobioïdes des mêmes archipels; par le même. Batavia, i85o. (Extrait du
même Recueil. )
Bijdrage. . . Matériaux pour servir à la connaissance des Sparoïdes du même
archipel; par le même. Batavia , i85o (Extrait du même Recueil. )
Bijdrage. . . Matériiux pour servir à la connaissance de la Jaune ichthyolo-
(jique de l'île Bali; par \e même. Batavia, 1 849; broch. in-4". (Extrait du
même Recueil.)
Bijdrage. . Matériaux pour servir à la connaissance de la faune ichlhyolu-
qique des parties moyennes ei orientales de Java; par le même. Batavia, 1849;
broch. in-4°- (Extrait du même Recueil.)
Bijdrage . . . Matériaux pour servir à la connaissance des Poissons à branchies
lahyrinthiformes des archipels de la Sonde et des Moluques; par le même. '^
tavia, i85oj broch. in-4°. (Extrait du même Recueil.) >\>^ '•Si '
Ba-
( 9°? )
Overzigt. . . Coup d'œ'd iur tes Labroïdes à écaUles unies, se trouvant à Ba-
tavia; parle même. Balavia, 1847; brocb. in-4°- (Extrait du même Recueil.)
Two Letters .. Lettres de M. G.-N. Newdegate à l'honorable M. H. I^a-
BOUCHÈRE, sur In balance du commerce, f/ondres, 1849; 2 broch. in-8".
On the (jeolofjical . . . De la structure géologique des Alpes, des Carpallies et
des Apennins; par M. R.-.T. MURCHISON ; bioch. in-8°. (Extrait du Philoso-
phical Magazine pour 1 849- )
The arcliitect. . . L'Architecte et la Gazette des bâtiments; n"' 161 et 162,
contenant deux leçons sur T histoire de l'architecture; par M. Samuel Clegg.
The aslronomical. . . Journal astronomique de Cambridge; n°' 11, 12,
i3 et iT).
L'Académie a reçu, lians la séance du 3o décembije i85o, les ouvrafjes
dont voiri les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des sémces de C Académie des Science.'^;
a""* semestre i85o; n" 26; in-4".
Jnslitut national de France. — Académie des Sciences. — Discours prononcé
aux funérailles de M. Beudant, le \i décembre i85o.
Administration des Douanes. — Tableau général des mouvements du Cabotage
pendant l'année 1849. P^'iS) i85o; 1 vol. in-folio.
Administration des Douanes. — Deuxième Supplément au Tarif officiel des
Douanes Paris, i85o; brocb. iu-4''.
Administration des Douanes. — Tarif des droits de navigation, suivi du Tarif
des droits sanitaires. Paris, i85o; brocb. in-4°. ** f\;'
Recherches anatomiques et physiologiques sur le développement du fœtus, et
en particulier sur l'évolution embryonnaire des Oiseaux et des Batraciens ; par
MM. A. Baudrimont et g.-.]. Martin Saint- Ange. Paris, i85o; i vol. in-4''.
(^Extrait du tome XI du Recueil des Mémoires des Savants étrangers.)
Traité élémentaire d'Hygiène privée et publique; par M. A. Becquerel.
Paris, i85i; 1 vol. in- 12.
Annuaire historique, statistique, administratif, militaire, judiciaire et com-
mercial de la Moselle , pour i85o - i85i,p>/tV/?arM. Verronnais. Metz, i85o;
I vol. in-i 2.
Almanach des Militaires français j pour i85o-i85i, ou Passe-Temps de
garnison, i'® et 2" année, publié par M. VerronnaiS; 2 vol in-ia.
Annuaire magnétique et météorologique du Corps des Ingénieurs des Mines,
ou Recueil d'observations météorologiques et magnétiques , fentes dans l'étendue
de l'empire de Russie, et publiées par ordre de S. M. l'Empereur Nicolas 1",
sous les auspices de M. le comte de fVrontchenko , ministre des finances ( t
ingénieur des mines; par M. A.-T. KuPFFER, directeur de l'observatoire phy-
sique central. Année 1846; n"' i et 2. Saint-Pétersbourg, 1849; ^ ^'°^' in-4°.
l^
( 9o8 )
Symbolœ adhistoriam anliquiorem rerum Norvegicanim ; edidit P. -A. MUNCH;
broch. in-4°.
Memorie. . . Mémoires de Mathématique et de Physique de la Société ita-
lienne des Sciences de Modène. Modène, 1848 et i85o; lome XXIV, i'^ et
a^ partie; iii-4''-
RendicoDto. . . Comptes rendus des séances et des travaux de l'Académie des
Sciences de Naples ; tome VllI, 11"' 4^ à 48, juillet à décembre 1849; tome IX ,
n"' 49 et 5o, janvier .1 avril i85o; in-4°.
Sullo . . . Sur le développement de l'électricité dans la combinaison des acides
avec les bases; par M. Matteucci. Pise, i85o; broch. in-4°.
Sopra . . . Sur l'action magnétique des courants électriques momentanés, 7*, 8'
et 9* Mémoire; par M. E. Marianim. Modène, 1846 et 1847; "^^"^ ^''o*
cbures in-8°. ( Extrait des Mémoires de la Société italienne de Modène.)
Storia. . . Histoire d'une sensation partiadière qu'éprouvait une paralytique
quand elle était électrisée; par \ti même; broch. ui-4°. (Extrait des mêmes
Mémoires. )
Di alcune . . . De quelques paralysies guéries par l électricité voltàique ,
2* Mi'moire; parle même; broch. in-4'*- (Extrait des mêmes Mémoires.)
Sui movimenti. . . Des mouvements de la Toupie; I^ettre du professeur
S. -T. MARiANiNt. Modène, i844; broch. in-8*'.
On pronomen . . . Du Pronom relatif et de quelques Conjonctions relatives,
en vieux danois; par M. C.-A. HOLMBOE. Christiania, i85o; broch. in-4°-
Det oidnorske .. Le Verbe dans l'ancien norwégien ; par le même.
Christiania, 1848; brocb. in-4°-
Spéculum regale. . . Le Miroir royal, écrit philosophique et didactique du
Xli" siècle, en ancien norwégien. Christiania , 1 ij48 ; in-8''.
Grammatik. . . Grammaire de la langue soulon , en danois, parScHBEJNDER;
publiée par -Vl. Holraboe. Christiania, i85o; ia-8°.
Uber. . . De la Guerre syro-éphraimitique ; par M. C.-P. Caspasi. Chris-
tiania , 1849; brocb. in-8''.
Fagrskisma. . . baga norivégienne du xm^ siècle ; publiée par MM. MuNCH et
[Jnger. Christiania, 1847; in-8°-
The Architect. . . Journal des Architectes; n° i63.
Gazette médicale de Paris; n** Sa.
Gazette des Hôpitaux; n"' i5i et 162.
Moniteur agricole, 4' année; n° 7.
if
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES.
'W
JUILLET — OÉGEMBBE l85o.
TABLE DES MATIÈRES DU TOME XXXI.
Pages .
Académie des I.incei. — M. VolpicelU prie l'A-
cadémie des Sciences de vouloir bien com-
prendre, dans le nombre des établisse-
ments scientifiques auxquels elle adresse
les Comptes rendus de ses séances , l'Aca-
démie des Lincei, nouvellement rétablie
par Pie IX. L'archevêque de Nicée , nonce
apostolique , transmet la demande de
M. Volpicelli, secrétaire de ladite Acadé-
mie 384
— L'Académie des Lincei remercie l'Académie
des Sciences de l'envoi de ses Comptes
rendus 869
Acide acétique (Acides homologues de l'). — De
l'aclion simultanée de la chaleur et des
bases alcalines en excès sur ces acides;
Note de M. Cahours 142
Acide aconitiçh'E ne diffère point de l'acide
équisétique; Note de M. Baup 387
Acide citridique. — Sur l'identité de cet acide
et de l'acide équisétique; Note de M. Baup. 3S7
Acide éqcisétiqde. — Sur l'acide de Yequisetum
/?upiali7e et sur quelques aconitates; Note
de M. Baup 387
Acide ferri-tcngstiqi'e et acide Jerri-mangani-
turtgstique ; Note de M. Aug. Laurent. .. 692
Acide iodiqbk. — Mémoire sur l'acide iodique
anhydre cristallisé ; par M. Jacquelain. . . 624
Acide lactique. — Sur la formation artificielle
de l'acide lactique, et sur un nouveau
corps homologue du glycocoUo; Note de
M. Ad. Slrecker 2o4
C. R., i85o,a«>«Sem«(re. (T.XXXI.)
Pagei.
Acide nitrique. — Action de l'acide nitrique
sur les alcalis organiques ; NotedeM. Tho-
mas Anderson i36
Acide nitro-hippuriqce. — Note sur la formation
de cet acide dans l'économie animale ; par
M. Bertagini 49°
Acide paratartriqde. Voir l'article Acide tar-
trique.
Acide sdccinique. — Nouvelles recherches sur
la production de l'acide succinique au
moyen de la fermentation ; Note de
M. Dessaignes 4^^
Acide sdlpdrique. — Mémoire sur les hydrates
d'acide sulfurique; par M. lacquelain. . . 624
Acide tartrique. — Nouvelles observations
sur les transformations que la chaleur fait
éprouver aux acides tartrique et paratar-
trique; Note de M. Fremr 890
Adamsosia digitata. — De l'utilité de l'écorce
de VAdansonia digitata dans les fièvres in-
termittentes; Note de M. Simon Pierre.. 85
— Ramarques de M. Bussy à l'occasion de
cette communication 86
Aéronactiques (Voyages). — M. Arago rend
compte du voyage aéronautique exécute
le 29 juin i85o par MM. Bixio et Barrai. 5
— Lettre de M. Dapuis-Delcour à l'occasion
de cette communication 64
— M. Arago rend compte d'un nouveau voyage
aéronautique exécuté par MM. Bixio et
■ Barrai, le 27 juillet i85o laa
120
m
( 9IO )
Pages.
— Journal de ce voyage; par MM. Bixio
et Barrai ■. 126
— Obserrations météorologiques correspon-
dantes, faites le 26 et 27 juillet i85o,
sur divers points de la France. . i32 et i34
Aérostats. — Note sur la direction des aéros-
tats ; par M. de Norlega. 70
— M. Samuel exprime le désir de voir inter-
venir l'Académie pour ta réorganisation
d'un corps d'aérosliers Ihid.
— Sur la possibilité de diriger les aérostats;
Mémoire de M. Gioannetti 96
— M. Fleureau annonce avoir imaginé un
mode de navigation aérienne qui n'exige
pas l'emploi des ballons '4^
— M. le Secrétaire perpétuel mentionne, à
cette occasion, une Note anonyme sur le
même sujet, qui se trouve parmi les pièces
de la correspondance Ibid,
— Note sur un projet de ballon ii vapeur; par
M. Pennington 221
— Note de M. l'abbé Ilivert, concernant la
direction des aérostats 255
— Considérations sur les conditions auxquelles
doivent être assujettis les appareils desti-
tinés à la locomotion aérienne; Mémoire
de M. d'Allamura 3i 'j
— Note do M. Michel sur une modification
qu'il propose pour un système d'aérostats
dont un autre est inventeur. . . . 4''7
— Note de M. du Margot sur une expérience
dont le résultat lui parait utile pour arri-
ver à la solution du problème de la direc-
tion des aérostats Ibid.
— Sur la direction des aérostats; Note adres-
sée par un Anonyme ^97
— Sur l'impossibilitc de diriger les aérostats;
Notes de M. Brachet 498) 5a4 et .558
— TM. le Ministre de l'Instruction publique in-
vite l'Académie à hâter le travail de la
Commission à l'examen do laquelle a été
soumis un Mémoire de M. Boissy, concer-
nant la direction des aérostats 556
— L'Acadcmiereçoit, dans sa séance du 14 oc-
tobre, trois Mémoires concernant la même
question; par MM. Buovœset-Sandera ,
Fromage et Lolseau. 558
— Sur les conditions dans lesquelles i! con-
vient de se placer pour arriver à la solu-
tion du problème de la direction des
aérostats; Note de M. Franchot SSg
— M.M. Detahaye, Gire et Kreltly demandent
à l'Académie son appui pour des expé-
riences concernant la direction des aéros-
tats 63i
— Sur la possibilité d'utiliser la force du vent
pour diriger les aérostats; Note de M Mal
let (.3r
Pages.
Aérostats. — Appareil aérostatique désigné
par son auteur, M. Gire, sous le nom de
locomoteur atmosphérique 655
— Suppléments à un précédent Mémoire sur
les aérostats; par M. FrancAoï.. 680 et 780
— L'Académie, dans sa séance du 25 novem-
bre, reçoit quatre nouvelles communica-
tions concernant la direction des aéros-
tats, dont les auteurs sont : MM. Garnier,
Lhentrod, Yeriot et une quatrième per-
sonne dont le nom est illisible jSa
— Supplément adressé par M. Yeriot au Mé-
moire ci-dessus mentionné 810
— A l'occasion des nombreuses communica-
tions qui ont été adressées depuis quelque
temps sur la direction des aérostats,
M. Arngo rappelle que ce sujet a été traité
d'une manière très-remarquable et très-
complète, par un Membre de l'Académie
des Sciences, feu Mcusnier 76»
.AGRONOMIE. — Sur un nouveau procédé de bou-
turage ; Note de M. E, Delacroix 120
Air atmosphérique. — Sur la composition chi-
mique de l'air; résultats des analyses
faites à Santa-Fé de Bogota ; par M. Levy. 7q5
— Note sur les variations de densité de l'air
atmosphérique; par M. Baudrimont.. . . 809
Alcalis organiques. — Action de l'acide ni-
trique sur ces alcalis; Note de M- T. An-
dcrson 1 36
Alime.^taire ( Hégimb). — Observations sur
une Lettre de M. Charpentier, relative au
régime alimentaire des mineurs belges;
Note de M. de Gasparin aS
Alimentaires ( Conserves ). — Sur les causes
qui peuvent produire la putréfaction des
conserves; alimentaires ; Mémoire de
M. Moride Sig
Allaitement. — Sur la présence do la caséine
en dissolution dans le sang de la femme
pendant l'allaitement; Note de MM. JVa-
talis Guillot et Félix Leblanc 52o
.Allantoïde. — Note sur les liquides de l'am-
iiios et de l'allantoïdc; par M. Stas Ga<)
— A l'occasion de cette Note, M. Bernard
rappelle que depuis longtemps il a fait des
expériences publiques qui démontrent
l'existence du sucre de raisin dans l'urine
des fœtus de vache et de brebis , ainsi que
dans les liquides de l'amnios et de l'al-
lantoïdc 6.59
Amuomiacai'X (Sels) — Sur quelques produits
nouveaux obtenus par l'action du sulfite
d'ammoniaque sur la nitronaphlaline;
Mémoire de M. Piria 488
— Sur les modifications diverses qu'éprouvent
les différents sels amraoniacanx en tra-
(-91
Pages.
versant l'économie animale 4 Lettre de
M. Bence Jones. .. .«. 89S
Amnioiiqob (Liquide). — Note sur le liquide
amniotique de la femme; par M. /. Re-
gnauld ai8
— Note sur los liquides de Tamnios et de l'al-
lantolde; par I\1. Stas 639
— M. Cl. Bernard écrit, à l'occasion de cette
Note, que depuis longtemps il a reconnu
Toxistencedu sucre de raisin dans l'urine
des fœtus de vache et de brebis, et dans
les liquides de l'amnios et de l'allantoïde. GSg
-A.MAi.YSE HATHéMATiQiE. — De l'introductiondcs
variables continues dans la théorie des
nombres ; Mémoire île M. Hermite 384
Voir aussi les articles Géométrie^ Jï/e-
caniquc analytique. Physique mathé-
matique.
Anatomie comparée. — Deuxième, troisième et
quatrième fragments sur les organes de
génération de divers animaux ; par M. Du-
vernoy 3^2 , .5oG, 5gî et 767
— Mémoire sur les plis cérébraui de l'homme
et des Primates; par M. Gratiolet 366
— De la composition de la bouche dans les
insectes de l'ordre des Diptères ; Mémoire
de M. £. Blanchard 4'24
— A roccasioii de cette communication ,
M. Leurel écrit que dans la première par-
lie de son Anatomie comparée du système
nerveux^ publiée en 1839, il a décrit les
circonvolutions du cerveau des Singes,
comparativement à celles du cerveau de
l'homme et de l'Éléphant l^Ç)(S
— Mémoire sur le système nerveux des In-
sectes ; par M . F. Dujardin 568
— Sur la structure et les fonctions delà peau
dans les animaux annelés; Mémoire de
M . Focillon . . 670
— Sur l'organisation vasculaîre de la Sani^sue
médicinale et de l'Aulostome vorace; Mé-
moire de M . Gratiolet (190
— Sur le système nerveux des .^nnélides pro-
prementdites; Mémoire de M. de Quatre-
/"S" 7-3
AnESTiiËsiQiE (M édication). — Noie de M . Aran. 845
Voir aussi l'article Chloroforme.
AmilALEs (Matières). — Sur la conservation
des viandes et de toutes les matières sus-
ceptibles d'une prompte décomposition ;
Mémoire de M. Janicki. 451
— Mémoire sur de nouveaux procédés et de
nouveaux agents de conservation pour
les matières animales et végétales; par
M. Rohin -ao
Animaux ndisidles. — Mémoire sur les habi-
tudes de quelques animaux nuisibles aux
i )
approvisionnements de bois de la marine;
par M. Laurent 5o et 74
Antiiropologie. — M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique accuse réception d'une copie
du Rapport fait dans la séance du 3 juin
i85o sur un travail de M. de Froberville,
concernant les races nègres de l'Afrique
orientale, au sud de l'équateur .'5
— M. Fock prie l'.Acadtmio de vouloir bien
hâter le travail de la Commission à l'exa-
men de laquelle a été renvoyé sou Mé-
moire sur la stature de l'homme 455
— M. Fock adresse un supplément h ce Mé-
moire gfli
Apios tuberosa . Voirl'article Économie rurale.
Appareils chibi'rcicai'X. — Sur des appareils
destinés à porter la chaleur sèche et le froid
anhydre sur toutes les parties du corps,
dans le traitement des maladies internes
et externes; Mémoire de M. Fourcault.. . 3o6
— Appareil dérivatif pour le traitement des
surdités calarrhales ; Note de M. /unorf. 448
— Note sur l'emploi des grandes ventouses
comme moyen d'obtenir une grande éco-
nomie dans les hôpitaux et les hospices;
par le mcme. . . 4^0
.Appareils divers. — Modification apportée au
sablier commun; proposée par M. Ti_ffe-
reau g^
— Appareil à peser les monnaies; présenté
par M. Seguier ,gg
— Description d'un appareil destiné à utiliser
la chaleur dégagée par le frottement ; Note
de M. Beaumont 3ji
— Moteur mécanique supposé propre à rem-
placer les machines à vapeur; Note de
m. Viau 590, 655 et 854
— Appareil destiné & préserver de la mort les
personnes qu'un accident fait tomber sur
le passage d'un train de chemin de fer;
présenté par M. Pitre (555
— Description d'un nouveau cabestan; par
M. Martini goq
— Mécanisme destiné à être adapté aux loco-
motives quand il s'agit de gravir des
pentes rapides; Note de M. Frémeaux. . . 85o
— Note de M. /jm-rf, contenant la description
d'une machine de son invention 870
Arc-en-ciel ld.\aire. Voir l'article Météoro-
logie.
Argent (Sels d'). —Considérations chimiques
et thérapeutiques sur ces sels ; par M. De-
lioux . 723 et 777
Arithmétique. — Recherches sur la divisibilité
des nombres; par H. Nero-Degous..... . 8ç)0
Astronomie. — Sur les déclinaisons absolues
des étoiles fund.ituentales déterminées 6
120..
Kœnigsberg en i8qo et 1821 ; Mémoire de
M. Faye l\oi
Astronomie, — Sur les déclinaisons absolues,
sur le diamètre du soleil et Téclipse totale
de 184a; Mémoire de M. Faye 635
— Sur les déclinaisons absolues des étoiles
fondamentales ; par le même 7^7
— Évaluations, par M. Aug, Struve, de la
masse de Neptune , d'après les mesures
micrométriques esécutées au grand réfrac-
teur de l'observatoire de Puikowa; Note
de M. Otto Struve 854
( 9'^ )
Pag».
P«8».
Astronomie. — M. Ramon de la Sagra transmet
l'extrait d'un journal espagnol, annonçant
la découverte qu'aurait faite un chanoine
de Séville d'une étoile nouvelle située à
peu de distance de la polaire 3t2
— M. Arago annonce qu'on s'occupera à l'Ob-
servatoire de vérifier la réalité de la dé-
couverte annoncée Ibid.
— Extrait d'un traité du mouvement hélicoïde
des astres ; par M. Choumara 5 1 5
Atropine.— Préparation de l'atropine au moyen
du chloroforme; Note de M. Habourdin. 55o
Balances. — Appareil pour le pesage de» mon-
naies ; inventé par M. Seguier 1 85
Barométriol'es (Observations) — Sur l'in-
fluence qu'exerce l'heure de la journée,
relativement à la mesure barométrique des
hauteurs; Note de M. Bravais i^S
Bases. — De l'action des bases sur les sels, et
en particulier sur les arsénites; Note de
M. A. Rexnoso 68
— De l'action simultanée delà chaleur et des
bases alcalines en excès sur les acides ho-
mologues de l'acide acétique ; Note de
M. Cahours , I^^
Beneine. — Sur des combinaisons sulfuriques
et nitriques de la benzine et de la naph-
taline; Note de M. Aug. Laurent .537
Besicles. — Nouveau système de besicles à la
Franklin; Note de M. P. Bernard 382
Bolides. — Observation de deux bolides faite
i Toulouse, le 6 et le 8 juillet i85o;
Lettré de M. Petit à M. Arago 73
— Détonation aérienne entendue à Dijon le
6 juin i85o , et quia coïncidé sensible-
ment avec l'apparition d'un bolide ; Note
de M. Perrey 1 7T
BOTAMiQBE. — M. Vallot adresse, de Dijon, un
spécimen d'une Renonculacée qui vient
d'être découverte dans les environs de cette
ville, et qui ne se trouve décrite ni dans
la Flore de la Bourgogne, ni dans la Flore
de la CAte-d'Or 67
BoTAsiQL'E. — Bapport sur la communication
de M. Vallot i Rapporteur M. de Jussieu. . 365
— Rapport sur un Mémoire de M. A. de Can-
dollf ayant pour titre : « De la Naturalisa-
lion des Plantes;)! Rapporteur M. de
Jussieu •'■"•o
— Rapport sur un Mémoire de MM. L. R. et
Ch. Tulasne, sur l'histoire des champi-
gnons hypogées , suivi de leur monogra-
phie; Rapporteur M. Ad. Brnngniart 876
Botanique (Géographie ). — Comparaison de la
végétation d'un pays en partie extra-tro-
pical, avec celle d'une contrée limitrophe
entièrement située entre les tropiques;
par M. Auguste de Saint-Uilaire 645
Brome. — De l'action du chlore et du brome
sur le propylène, l'éthylène et leurs homo
logues ; Note de M. Coftours 291
— Mémoire sur le dosage du brome ; par
M . Figuier 898
Brocise {Sulfate de). — Une Note sur la sub-
stitution de ce produit au sulfate de qui-
nine, se trouve contenue dans un paquet
cacheté, déposé le 1 5 avril i85o par M. Gri-
maud, et ouvert, sur sa demande, dans la
séance du 23 novembre de la même année. 752
Bulletins bibliographiques. — 12, a3, 71 , 97>
147, 181, 222, a56, 295, 323, 38;i, 435,
458, 499, 558, Sgi , 632, 661 , 680, 73 r,
755, 787,812, 870 et •• 90'^-
Cadrans solaires.— M. Papiery soumet au
jugement de PAcadémie trois diflérents
dispositifs de cadrans solaires portatifs, .
Calobiqce. — Mémoire ayant pour titre : « D
3 14
l'équilibre du calorique appliqué à l'or-
ganisation de l'homme, soit en santé, soit
en maladie; par M. Wanner 66 et 75j
Remarques sur l'élévation générale de tem
(9'3 )
Pages
pérature qui accompagne nécessairement
le développement de toute inflammation
locale; par M. Vanner 2l5
Voir aussi l'article Chaleur.
Candidatures. — M. Hollard prie l'Académie
de vouloir bien le comprendre parmi les
candidats pour la place devenue vacante,
dans la Section de Zoologie, par le dtcès
de M. de Blainville 624
— MM. Longet, Cl. Bernard, Martin Saint-
Ange adressent, chacun en particulier,
une semblable demande.. 63i, 669 et fi8^
— M. Gerhardt prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre au nombre des candi-
dats pour la chaire de Chimie vacante au
Collège de France 729
— M. Baudrimont adresse une semblable de-
mande 749
— M. le Ministre de l'Instruction publique in-
vile l'Académie à lui présenter un can-
didat pour la chaire de Mathématiques du
Collège de France , chaire occupée précé-
demment par M. Lihri et déclarée vacante
par un décret en daté du i" septem-
bre i85o 810
— M . le Ministre de l'Instruction publique in-
vite l'Académie à lui présenter un can-
didat pour la chaire de Chimie du Col-
lège de France vacante par la démission
de M. Pelouze 854
— M. A. Laurent prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre dans le nombre des
chimistes parmi lesquels elle choisira le
candidat qu'elle doit présenter pour la
chaire en question Ibid.
— La Section de Géométrie présente la liste
suivante de candidats pour la chaire do
Mathématiques vacante au Collège de
France: ex œquo et par ordre alphabéti-
que, MM. Cauchy, Liouville 870
— L'Académie procède , par la voie du scru-
tin, à la nomination d'un candidat pour
cette chaire. M. Liouville, ayant réuni la
majorité des suffrages, sera présenté au
choix do M. le Ministre comme le can-
didat de l'Académie 883
Caséine. — Sur la présence de la caséine en
dissolution dans le sang de femme pen-
dant rallaitement; Note de MM. Natalis
Guillot et Félix Leblanc 620
— Note sur la présence de la caséine et les va-
riations de ses proportions dans le sang
de l'homme et des animaui ; par les
mêmes 585
Castration. — Nouveau procédé opératoire
pour la castration des vaches par le va-
gin j Note de M. Charlier 116
— Réclamation de priorité adressée, à l'oc-
Pagfi.
casion de cette communication, par
M . Prangé 2ifi
Cercle [Divisions du). — Sur un mode de divi-
sion proposé pour être employé également
sur les grands cercles des globes et sur le
limbe de la boussole; Note de M. llillon. 180
Celastrbs. — .Sur la propriété dont paraîtrait
jouir le Celastrus edulis pour la guérison
des maladies de poitrine; Lettre ile M. de
Paravey 75 1
Cércsë. Voir l'article Hygiène publique.
Chaleur. — Sur la transmissibilité de la cha-
leur; Mémoire de MM. Masson et lamin. \\
— Observations de M. Mellonih l'occasion do
cette Note 4?"
— .Sur la polarisation de la chaleur par réfrac-
tion simple; Mémoire de MM. de la Pro-
vostaye et Desains 19
— Mémoire sur la réflexion delà chaleur; par
les mêmes* 5 13
— Sur la rotation que l'essence de térében-
thine et le sirop de sucre font éprouver au
plan de polarisation d'un rayon calori-
fique qui les traverse ; par MM. de la Pro-
vostaye et Desains (Note déposée, sous pli
cacheté, dans la séance du 24 juin) 53
— De l'action simultai^e de la chaleur et des
bases alcalines en excès sur les acides ho-
mologues de l'acide acétique; Note de
'^. Cahours i4a
— Description d'un appareil destiné à utiliser
la chaleur dégagée par le frottement; Note
de M. Beaumont. 3i4
— Observations sur la chaleur terrestre et sur
la part qu'elle a dans la formation des
sources et dans la germination des piaules ;
Note de M. Boussiol 524
— Sur la chaleur spécifique des dissolutions
salines et sur la chaleur latente de disso-
lutioii; Mémoire de M. Perion 566
— Du pouvoir rotatoire qu'exercent sur la
chaleur l'essence de térébenthine et les
dissolutions sucrées; Mémoire de MM. de
la Provostaye et Desains 62 1
— Sur la détermination des pouvoirs absor-
bants des corps athermanes pour les cha-
leurs de diverses natures ; Mémoire do
MM. de la Provostaye et Desains 770
Voir aussi l'article Calorique.
Champignons — Rapport de M. Ad. Brongniart
sur on Mémoire de MM. Tulasne, concer-
nant rhistoire des Champignons hypo-
gés 876
Chauffage (Appareils de). — Lettre de M. le
Ministre des Travatix publics concernant
un nouveau projet de chauffage pour
l'Institut , présenté par M. Duvoir-Le-
l'I""'^ • 74y
( 9i4
Pages.
Chemins de fer. — Appareil destiné à être
adapté aux locomotives pour gravir des
pentes rapides; Note de M. Fiémeaux. . . 85o
r.HiRvncic . — Nouvelle méthode opératoire
pour ia cure radicale des hernies ingui-
nales; Mémoire de ]\I. Valette 60
— De l'application du galvanisme, de la cha-
leur salaire et du l'eu au trailement du
cancer et de certains ulcères de mauvais
caractères. — Emploi de la charpie d'é-
corces de chêne; Mémoire de M. Crusell. Gl
— De Tahlation ou la destruction des loupes
et tumeurs .analogues sans opération san-
glante ; Note do M. A. Legiand ... 78
— Mémoire de M. Sêdillot sur une nouvelle
opération de slaphyloraphie pratiquée
avec succès par son procédé. i6C
— M. Sêdillot présente ses instruments de sla-
phyloraphie, et donne l'observation d'un
nouveau cas dans lequel il en a fait usage. 44^
— Des fistules vésico-utérines et vésico-uléro-
vaginales ; Mémoire do M. yoJerl, de Lam-
balle . 211
— Sur un cas de ligaiure de l'artère iliaque
primitive; Note de M. Chassaignac 45'>
— Sur le traitement des abcès par congestion
au moyen des injections iodées; Mémoire
de M. Bomet 7.53,77801 852
— Observations pratiques à l'appui de la"
méthode des injections iodées dans le
traitement des tumeurs; par M. Borelli. 778
— Nouveau trailement i!e l'hydrocèle; Mé-
moire de M. Baudens 79^
— Lettre de M. Leroy d'Éliolles à l'occasion
d'un encouragement accordé par l'Aca-
démie à M. Mercier pour ses recherches
relatives aux valvules du col de la vessie. 810
— Sur une opération de slaphyloraphie exé-
cutée par le procédé de M. Sêdillot i Note
de yi. Delporte 8GG
Chlore. — De l'action du chlore et du brome
sur le propylène, l'éthylèneet leurs homo-
logues; Note de M. Cahours 391
Chloroforme. — M. Ancelon revendique, à l'é-
gard de M. Uelabarre, la priorité pour
l'indication d'une cause fréquenle des ac-
cidents déterminés par l'inhalation du
chloroforme 63i
— Sur les propriétés antiseptiques du chlo-
roforme; Noie de M. Au^endre 670
— M. Flourens fait remarquer que cette pro-
priété du chloroforme se trouve déjà si-
gnalée dans une Note présentée par M. Ed.
fio6;n en janvier i85o Ibid
— Essai des quinquinas par le chloroforme;
Note de M. Rabourdin 78a
— Noie sur le dosage de l'io le dans les sub-
)
Pages.
Stances organiques, i l'aide da chloro-
forme; par M. RaJourdi'n 784
Choléra- MORDUS. — M. Boussingault commu-
nique un passage d'une Lettre que lui a
adressée, de Quito, M. MVisse, qui y fait
mention des ravages exercés par le cho-
léra dans la ville de Bogota, ville située
à al'oo mètres au-dessus du niveau de la
ïner 67
— M. Élie de Beaumont fait remarquer à cette
occasion, que déjà on avait vu la même
maladie sévir sur des populations qui ha-
bitent , dans les montagnes du Tyro! , des
lieux dont l'élévation est considérable ,
quoique beaucoup moindre que celle de
Bogota 68
— Recherches sur le choléra morbus , par
!\1. Pellarin. Question de la contagion, . . ai5
— Sur un congrès sanitaire universel qui se-
rait institué pour aviser aux moyens d'ar-
rêter et de détruire la cause du choléra;
Ncrte de M. Bonafont 5î3
— Reflexions sur le choléra ; par M. Guindet. 654
— Réclamation adressée, à l'occasion de cette
communication, par M. Durand de Lunel. 73c)
— Autre réclamaiion de priorité adressée par
M. Briand 75a
Comètes. — Éléments de la comète de M. Pe-
tersen coirlgés au moyen de trente-six
observalions faites depuis l'époque de sa
découverte jusqu'à la fin de son appari-
tion dans notre hémisphère; par M. Yfon
Villarceau 385
— Ëlémenls paraboliques de l'orbite de la co-
mète découverte par M. Brorsen, le 5 sep-
tembre i85o; calculés par M. Y. Mau-
vais l^•î'i et 443
— Lettre de M. Graham snr une nouvelle co-
mète découverte dans la nuit du 9 sep-
tembre i85o 453
— Éphémérides de la nouvelle comète décou-N
verte à Cambridge (Etats-Unis d'Amé-
rique), parM. Bond, lesyaoùt i85o; cal-
culées par M . Mauvais ^(k)
— Éphémérides de la comète périodique de
6ansi, calculées en tenant compte des
perturbations produites sur les éléments
elliptiques de cette comète par Jupiter
et par Saturne; Communicalion de
M. Santini 4!/^
— Retour de la comète périodique de M. Fuye;
tiolc ôe M. Le Verrier 789
— Éphémérides de cette comète; par /em^/ne. 844
Commission des comptes. — MM Mathieu et
Berthier sont déf ignés, par la voie du
scrutin, comme Membres delà Commis-
sion chargée de la révision des comptes
pour l'année 1849 >g>
(9'
CoMHissiONS DES pBix. — Prix Cuvier : Commis-
saires, MM. Flourens, EliedeBcaumonl,
Milne Edwards, Diiméril, Diivcrnoy... . 14
— Commission du grand prix de matkénta-'
tiijues : Commissaires , MM. Cauchy ,
Sturm, Liouville, I.amé, Poinsot 479
■ — Commission chargée de préparer la ques-
tion qui devra être proposée comme sujet
dn grand prix des Sciences mathématiques
àdécerneren i85'2 : MM.Liouville,Sturm,
Lamé, Cauchy, Poinsot 770
— M. Liouville, en qualité de rapporteur de
cette Commission, faiteonnaitro la ques-
tion qui sera proposée 811
("oMMissiONs MODIFIÉES. — M. Piobert est adjoint
Ji la Commission clinrgée d'examiner les
communications de M. Gaucherel et de
M. Hossard sur les meilleures conditions
à donner aux triangles géodésiques 0^
— La Commission chargée d'examiner, com-
parativement avec le mètre étalon , un
mètre exécuté à Paris p"ur le Gouverne-
ment espagnol et qui doit servir dans le
travail concernant le nouveau système de
poids et mesures décrété par ce Gouverne-
ment , demande l'adjonction de deux nou-
veaux Membres : MM. Rcgnaull et Laugier
sont désignés à cet effet -80
— M. Boussingault remplace M. de Gasparin
dans la (Commission chargée d'examiner
les recherches de M. Horlin sur certains
calcaires de lu basse Bretagne 868
Commissions spéciales. — Sur l'invitation de
M. le Ministre de l'Instruction publique^
l'Académiedésigne, par lavoiedu scrutin,
5)
les deux Membres qui, aux termes de la
loi du 8 juin i85o, devront faire partie de
la Comm ission formée auprès du ministère
de l'Agriculture et du Commerce pour
s'occuper des questions relatives à la créa-
tion d'une caisse des retraites : MM. Ma-
thieu et Dupin obtiennent la majorité des
suffrages 47
COMPBESsiBiLiTÉ. — RechcTches sur la compres-
sibililé des liquides; par M. Grossi 260
Courants sous-marins dont l'existence a été
constatée par des sondes faites à des pro-
fondeurs inaccoutumées. Observations de
MM. Walsh transmises par M. de la Ro-
quette goi
Cristallisés (Corps). — Expériences sur le pou-
voir thermo-électrique du bismuth et de
l'antimoine cristallisés; Mémoire de
M. Svanberg -j^o
— Nouvelles recherches sur les relations qui
peuvent exister entre la forme cristalline,
la composition chimique et le phénomène
de la polarisation rotatoire; Mémoire de
M . L. Pasteur . 480
— Rapport sur ce Mémoire ; Rap|)orteur
M- Biot 601
Cristallograpbik. — Rapport sur un Mémoire
de M. Hagard ayant pour titre : «Étude
cristallographique de la strontiane sul-
fatée, et description de plusieurs formes
nouvelles de cette substance;» Rappor-
teur M . Du/re'noj' 1 69
CoRARE. — Recherches sur la composition et
sur les effets de ce poison végétal ; par
MM. Pelouze et Cl. Bernard 533
D
Décès. — M. le Secrétaire perpétuel annonce,
séance du 8 juillet i85o, la perte que vient
de faire l'Académie dans la personne de
M. Bqffeneau de Lile , l'un de ses Corres-
pondants pour la Section de Botanique. . i3
— M. le Président annonce, séance du 23 dé-
cembre i85o, la perte que vient de faire
l'Académie dans la personne de M. Beu-
dant, décédél e 9 décembre t85o. .... 841
Décrets DU Président de la Répiblioue. — M. le
Ministre de l'Instruction publique transmet
ampliation du décretdu Président de la R'-
pu6/i^ue déclarant vacante la place qu'oc-
cupait M. Li&n à l'Académie des Sciences 4^0
Dehts. — Note de M. H. Bernard sur une
poudre dentifrice de son invention. 384 et ^'4
Dessin linéaire. — M. H. Bernard adresse la
description d'un procédé qui lui paraît
devoir rendre le dessin linéaire plus ra-
pide et plus régulier 5a4
Détonations aériennes. Voir l'article Bolides.
Dilatation. — Recherches sur les propriétés
physiques des liquides, et en particulier
sur leur dilatation ; par M. Is. Pierre. . . 378
Dllcine. — Mémoire de M. Jacquelain sur la
dulcine 62.S
DoLCOSE. — Noto de M. Aug. Laurent sur le
dulcoae 694 :
( 9'6 )
Pas".
Eaux mihériles. — Deuxième Nota de M. Ber-
trand sur uno source minérale qu'il a ob-
tenue au moyen d'un forage artésien à
Cusset, département de l'Allier 1^3
— Recherches sur les eaux minérales de Cran-
.■■hc; par M. Blondeau 3i3
Eaux potables. — Recherches sur les eaux de
la ville et de l'arrondissement de Reiras ;
par M. Maumoné 270 et ^Si
Échauffées (Sdrfaces). — Sur la force qui sou-
tient les liquides à distance au-dessus
des surfaces échauffées ; Note de M. Per-
san 899
Voir aussi, pour diverses communica-
tions relatives aux mêmes phénomènes,
l'article Sphêroïdal (État).
Echecs. — > Solution d'un problème de situa-
tion relatif au cavalier des échecs; Note de
M. P. VolpicelU 3i4
Eclipses. — Sur le diamètre du soleil et sur
l'écIipse totale de 1842; suite d'un travail
de M. i-Ve. .. . 635
— M . le Ministre de la Marine annonce qu'une
personne compétente a été envoyée aux
îles Sandwich pour y observer l'éclipsé
totale de soleil du 7 août iS.'io. 749
Économie rurale. — Procédé pour obtenir le
lait des vaches de l'Algérie sans faire in-
tervenir le veau; Note de M. Reboulleau. 119
— Recherches concernant la conservation des
céréales ; par MM. Bobierre et Cartier, . . 216
— Note sur la conservation des céréales ; par
M. Léon Dufour 356
— Procédé pour empêcher le blé de germer
dans ses réservoirs; Notede ^\.Del/iayssé. 730
— Sur. l'hydratation des blés de la récolte
de i85o; Recherches de M. Millon 746
— Sur le blé mouille et germé de iSSo; Note
de M. Bureau de la Malle 897
— Observations sur une maladie qui attaque
les raisins de table; par M. Marie 3ii
— Sur diverses espèces du genre Oidium qui
attaquent différentes plantes ; Note de
M. Guérin- Méneville .• 4^3
— Des ravages qu'exerce VOidium leuconium
sur un assez grand nombre de plantes
indigènes; Note de M. J/an'e.. 454
— M. Yallot écrit que la maladie qui attaque
les raisins de table et que l'on attribue à
la présence de VOidium leaconium, lui pa-
raît le résultat du développement d'un
Cryptogame du genre Erysiphe 497
Pas".
Economie rceale. — M. le Ministre de l'Agri-
culture et du Commerce demande à l'Aca-
démie des instructions sur les moyens à
prendre pour apporter en bon état en
France VAracacha, plante potagère de l'A-
mérique tropicale, qu'on désire pouvoir
naturaliser dans noire pays 217
— Sur VApios tuberosa et sur le Psoralea es-
culenta; Note de M. Gaudichaud SgS
— Sur la maladie des pommes de terre; Mé-
moire de M. Menesson 4^
— Mémoires sur les pommes do terre; par
M. Girou de Buzareingues 667 et 845
— M . Cavaillon annonce qu'on peut employer,
comme engrais, la poudre au moyen de
laquelle il épure le gaz d'éclairage, après
qu'elle a servi à cet usage 4^7
De l'influence que peuvent exercer diverses
matières salines sur le rendement du sain-
foin ; Mémoire de M. Isid. Pierre 547
— Expériences sur l'influence du plilre dans
la végétation ; Note de M. Mène 8o3
— Sur un nouveau procédé de bouturage;
Note de M. E. Delacroix 120
— Sur un moyen de greffer en fente ou en cou-
ronne, depuis le printemps jusqu'au mois
de septembre ; Note de M . Loiseau 38i
— Perfectionnements récents dans la fabrica-
tiondusucredecanne; Note de M. Par en. 780
— Sur des sauterelles qui ont paru prés de
Saint-Pierre d'Albigny en Savoie; Note
de MM . Genin et Bonjean 4^*
Élasticité. — Recherches expérimentales sur
l'élasticité des corps à plusieurs axes; par
M. Baudrimont 886
Électricité. — Sur la. distribution de l'électri-
cité à la surface de deux sphères en pré-
sence l'une de l'autre; Mémoire de
U. Ed. Roche 65i
— Recherches sur les répulsions des corps
électrisés et sur la balance électrique de
Coulomb; pi.r M. Marie Davy 803
— De l'action du magnétisme sur tous les
corps; Mémoire de M. Ed. Becquerel,
2' partie 19S
— Expériences sur le pouvoir thermo-élec-
trique du bismuth et de l'antimoine cris-
tallisés; Mémoire de M. Svanberg aâo
— Sur l'association des minéraux dans les
roches qui ont un pouvoir magnétique
élevé ; Note de M. Delesse 8o5
— Recherches sur les phénomènes d'induction
(9'
Pases.
produits par le mouvement des métaux
magnétiques ou non magnétiques; Mé-
moire do M. Verdet 267
Electricité. — Sixième Mimoire de M. Des-
pretz sur la pile : Note sur le phénomène
chimique et sur la lumière de la pile à
deux liquides ^ 418
— Etudes de photomélrîe électrique; par
M . Maison, 4" Mémoire 887
— Recherches sur les causes du dégaf;fiment
d'éleotricitédans les végétaux ; par M. Bec-
luerel....: 633
— Nouvelles recherches sur la cause de la
contraction induite, et sur celle des cou-
rants organiques ; par M. Malteucci 3i8
— Etudes comparées de l'éleclricilé voltiïque
ot de l'électricité statique; Mémoire de
fA. Mène 4-17
— Note sur un régulateur électrique; par
M. Duboscij 807
— Projet d'expériences pour déterminer la vi-
tesse de vibration de l'électricité dyna-
mique; par M. Timoiie'e 752
— Considérations sur le lôle que .joue l'élec-
tricité dans la nature; Note de M. 2a-
liwski. 64 et 255
— Sur l'application de l'électricité aux be-
soins de la vie commune ; Note de M. Za-
liwski 433
Electricité athosphérique. — Sur les effets
d'un coup de foudre ; Note de M. Jomaid. S
— Phénomènes d'électricité atmosphérique
observés à Vaugirard pendant un orage,
le 26 juin i85o; Note de M. Mène 9
Electeophysiologie. — Rapport sur les Mé-
moires relatifs aux phénomènes électro-
physiologiques, présentés à l'Académie
par M. du Bois-Reymond ; Rapporteur
M. Pouillet , 28
7)
PaiSe»
Électrophïsiologie. — Troisième réponse de
M . du Bois-Reymond à une réclamation
de priorité adressée par M. Matteucci.. . . 91
Éloges niSTORiQCEs. — M. Laugier, au nom de
M. Arago , secrétaire perpétuel pour les
sciences mathématiques, absentpourcausc
de maladie, lit, dans la séance publique
du lundi 16 décembre i85o, des fragments
de la biographie de S.-D. Poisson 840
Émeri. — Mémoire sur l'éméri d'Asie Mineure,
dans ses rapports géologique, minéralo-
gique et commercial, et sur les minéraux
associés avec l'émeri ; par M . Laurence
Smith 48 et 191
— Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur
M. Dufrénor 611
Endosmose Expérience représentée comme
pouvant conduire à une explication du
phénomène de l'endosmose ; Note de
M. Barreswil 89S
Entozoaires. — Sur le mode de génération et
■ les transformations successives d'un ani-
malcule que l'on rencontre chez la gre-
nouille; Note de M. Gros 5i7
Étain. — Sur un nouveau mode de dosage de
l'élain; Note de M. Mène 82
Étber ( Vibrations transversales de l'). Voir
l'article Physique mathématique ,
Etiiers. — Sur l'éthériOcation et sur une nou-
velle classe d'éthers ; Note de M. Gustave
Chancel 321
— Sur l'élher chlorhydrique chloré; Note de
M. Miahle 848
Etuvlahine. — Sur un nouveau mode de pré-
paration de ce produit; Note de M. A.
Strecker 206
Étutlène. — De l'action du chlore et du brome
sur le propylène, l'éthylène et leurs ho-
mologues ; Note de M. Cahours 291
Feb. — Sur l'équivalent chimique du fer; Note
de M. Maumené 589
Fossiles (Ossements). Voir l'article Pa/eonro-
logie. •
Foudre. — .Sur leseflets u'un coup de foudre;
Note de M. lomard
Frottement. — Description d'un appareil des-
tiné à utiliser la chaleur dégagée par le
frottement; Note de M. Beaumont.. .... 3i4
G
Garance. — Sur les matières colorantes rouges
de la garance; Note de MM. /. Woljfet
A. Strecker 206
Géobésie. — Supplément à un précédent Mé-
C. R., i85o, ame Semestre. (T. XXXI.)
moire sur la mesure des bases trigonomé-
triques ; par M. Porro
Géodésie. — Oliservations sur le degré d'exac-
lituded'une opération faite avec l'appareil
121
(9i8
Pages.
imaginé par M. Porro, pour la mesure
des bases trigonomctriqucs ; Note de
M. Porro (17
(lÉODÉsiB. — Rapport sur le Mémoire auquel
se rattachent les deux communications ci-
dessus inentioiinées ; Rapporteur M. Lar"
geteau ajî
— Sur la question de la meilleure forme à
donnei aux triangles giiodésiques ; Mé-
moire do M. Piobert i5i
— Sur la rectification des angles dans le cal-
cul des triangles géodcsiqucs; Ménicire
de M. Piobert 4<*9
— Remarques de M. Breton, do Champ, con-
cernant un nivellement de l'isthme de
Suez , exécuté par M. Bourdaloae 4^4
GiiOLOGiE. — Mémoire sur rénieri de l'Asie
Mineure et sur les minéraux qui lui sont
associés; par M. Laurence Smith, (\% et 191
— Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Dufrénoy Gii
— Exploration du volcan de Sangaï (Repu- •
blique de l'Equateur); Mémoire de
MM. Wisse et Garcia-Moreno yi
— Rapport verbal sur un ouvrage de M. Scac-
chi , ayant pour litre : n Memorie geolo-
gicbe sulla Campania", ou Géologie de
la Carapanie; Rapporteur M. Do/îeno/.. 262
— Note sur la corrélation des directions des
diflërents sytèmes de montagnes; par
M . Elie de Beaumont 3i5
— Remarques de M. Constant Prévost à l'oc-
casion de celle communication ij^j
— Quelques propositions relatives à l'état
originaire et actuel de la masse terrestre,
à la formation du sol , aux causes qui ont
modifié le relief de sa surface, aux êtres
qui l'ont successivement habité; Mémoire
de M. Constant Prévost l^fyi
— Lettre de M. Elie de Beaumont à M. Cons-
tant Prévost, à l'occasion de ce Mémoire. 5oi
— M. C. Prévost, après avoir coramuijiquc
un extrait de cette Lettre, met sous les
yeux de l'Académie deux tableaux dont il
a coutume de se servir dans ses cours poui-
exposer les divers systèmes relatifs à la
formation du relief du sol 5o4
— Lettre de M. Paye ix M. C. Prévost à l'oc-
casion du même Mémoire Û25
— Sur les roches volcaniques du bassin houil-
ler'de Couimentry et sur la transforma-
tion de houille en coke qui s'observe au
contact de l'une d'elles; Note de M. Ch.
Martins r»56
— Note sur l'apparition récente de» glaciers,
sur leur maximum de développement en
Pag".
Europe, leur diminution et leur dispari-
tion ; par M. Constant Prévost 689
Géologie- — Sur l'époque d'apparition des gla-
ciers dans l'Europe centrale; Note de
M. Ed. Collomb , 70g
— Mémoire sur les calcaires de la basse Bre-
tagne ; par M. Ilorlin 734 et 808
— Mémoire géologique sur l'extrémité orien-
tale des Pyrénées ; par M. Rozet 8^4
— Sur l'emploi qu'on peut faire des matières
broyées qu'amène la sonde, dans les
forages artésiens, pour reconnaître la na-
ture et l'âge des terrains dont ces ma-
tières sont les résidus; Note de M. Mar-
cel de Serres 454
— Second Mémoire sur l'instant d'apparition,
dans les âges du monde, des ordres d'a-
nimaux, comparés au degré de perfection
de l'ensemble de leurs organes ; par
M. A. d'Orbignx ig3
— Des brèches osseuses et des cavernes à os-
sements réunies dans la métairie de Bour-
gade, dans les environs de Montpellier ;
Mémoire de MM. Marcel de Serres et
Jeanjean ; 5i8
— Note zoologique et paléontologique sur les
Mammifères ongulés de France; par
M. P. Gervais 552
— Sur l'association des minéraux dans les
roches qui ont un pouvoir magnétique
élevé ; Note de M. Delesse 8of)
— M. Nory Dupar annonce la découverte d'un
gisement de marbre dans la commune de
Radon, département de l'Orne. 780 et 779
Géométrie. — M. Bravais, qui avait obtenu
l'autorisation do reprendre temporaire-
ment son « Mémoire sur les systèmes de
points distribués régulièrement » , pré-
sente de nouveau ce travail 11
— Sur la théorie des courbes; Mémoire de
U. Voizot 66
— Solution d'un problème de situation re-
latif au cavalier du jeu des échecs; Note
de M. Volpicelli 3l4
— Sur la théorie des courbes ù double cour-
bure; Mémoire de M. Bertrand ftïi
— M. Dudouit présente des considérations sur
j'éncnicé d'un théorème d'EucIide. 12 et gS
GoEEiON FOSSILE. — Ranc de goémon fossile
dans le département du Finistère; Note
de M. A. Bobierre 5i
Goitres. — Nouvelles recherches sur les rap-
ports qui existent entre la présence du
goitre dans un pays et la constitution géo-
logique du sol; Mémoire de M. Grange. . ^S
9'9 )
H
P.-igCS,
Habitations. — Sur un nouveau système de
construction Jes habilalions ; Mémoire
de M, Hochgesangt 44^
HÉMOSTATiQtES ( PuÉPAnATioNs ). — M. Fernati-
dee adresse la formule d'une ean hémosta-
tique de sa composition ... goi
IlTDnASLiQCE. — Expériences sur les lois de
l'écoulement de Tcau à travers les orifices
rectangulaires verticaux à grandes dimen-
sions, entreprises à Metz pendant les
trois derniers mois de 1828 et pendant
les années 1829, 18Î1 et ib34; Mémoire
de M. Lesbros 86
— Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Poncelet jSÎ
— Mémoire sur des formules nouvelles pour
la solution des problèmes relatifs aux
eaux courantes; par M. de Saint-Venant.
283 et 581
HïDSAcuorES (CoNSTP.ncTioNs). — Nouveau
Mémoire sur le barrage hydropneuma-
tique et sur l'application perfectionnée de
son principe aux roues et turbines; par
M. Girard -08
Htdbophobie. — Lettre de M. Vallot concer-
Pa;«.
nant un médicament employé en Abys-
sinia contre la rage aS.')
HvDROpnOBiE. — Remarques de MM. Rayer et
Brongniart à l'occasion de celte commu-
nication '.!5.5
HvDP.0STATiQ0E. — Sur les figures ellipsoïdales
qui conviennent à l'équilibre d'une masse
fluide sans mouvement de rotation, attirée
par un point fixe très-cloigné; Mémoire
de M. Ed. Roche 5i5
Hygiène publique. — M. le Ministre de l'Agri-
culture et du Commerce transmet une Note
dans laquelle M. Hogge , fabricant de cê-
ruse à Gand , expose les procédés auxquels
il a recours pour préserver la santé des
ouvriers employés à la préparation de ce
produit I ^ I
^ M. Sorel prie l'Académie de vouloir bien
hâter le travaif de la Commission à l'exa-
men de laquelle ont clé renvoyées ses
communications relatives à l'innocuité
des préparations de zinc sur la santé des
ouvriers 77g
Voir aussi à l'article Maladies des ou-
vriers.
Insectes. Voir les articles Zoologie, Anatomic
comparée.
— Insectes nuisibles à l'agriculture. Voir Tar-
ticle Économie rurale.
Instructions concernant les observations scien~
tijiques a faire en pays étrangers. — M. le
Ministre de la Marine invite l'Académie
^ préparer des instructions pour M. La-
pcyre, commandant particulier de Nos-
sibé (canal de Mozambique), qui se
propose de faire, pondant son séjour
dans cet établissement, les observations
qui lui seraient indiquées comme pouvant
être utiles aux progrès de la science S
Instrumentsde CHIRURGIE, — Un paquet cacheté,
déposé dans la séance du 5 août, par
M. Courty, et ouvert à sa demande dans
la séance suivante, renferme la description
d'un instrument qu'a imaginé l'auteur pour
retirer de la vessie unetige métallique qui
y était tombée aitt
— Appareils destinés à porter la chaleur sèche
et le froid anhydre sur toutes les parties
du corps dan» le traitement des maladies
internes et externes ; Mémoire de M. Four-
<:'"'lt 3o6
Instruments de cuirop.cie. — Appareil déri-
vatif pour le traitement des surdités ea-
tarrhales ; Note de M. iunod /jiS
— Sur un moyen d'obtenir (par l'emploi des
grandes ventouses) une économie impor-
tante dans les hôpitaux , les hospices et
autres établissements de bienfaisance;
Mémoire de M. Junod U^
— Instrument destiné à l'alimentation des
aliénés ; présenté par M. Billod .SS-
Instruments de physique. — M . Pulvermaeher
soumet au jugement de TAcadémie un ap-
pareil de son invention qu'il désigne sous
le nom de chaîne batterie hydrovollaïque
portative _ ,21
— Note sur un régulateur électrique; par
M . Duboscq _ , 80-
Instrumenis d'optiqce. — Notede MM. Dubosccj
et Soleil sur un nouvcsu compensateur
pour le saccharimêtre jAg
121..
( 920 )
Pages
l^sTr>t'MEsTs d'optique. — Sur la construction
lie lentilles achromatiques à échelons,
etc. ; Note de M. Brachet i8o
Voir aussi l'article Optique,
Iode . — Sur les combinaisons définies de l'iode
et du phosphore; Note de M. Corenwin-
der. . . 1 j2
— Recherches sur l'iode des eaux douces et sur
la présence de ce corps dans les plantes
et les animaux terrestres ; Mémoire de
M. Chatin 280
— Sur la présence de l'iode dans les eaux
douces et dans les plantes terrestres ; Note
do M . Marchand /j()5
Page».
Iode. — Lettre de M. Chatin à l'occasion de
la Note précédente : titres de priorité de
M. Cantu, de Turin, à la découverte de
l'iode dans les eaux potables 868
— Sur le dosage de l'iode dans les substances
organiques à l'aide du chloroforme ; Note
de M. Rabourdin "84
Voir aussi les articles Chirurgie et mé-
decine.
IsTUHES. — Remarques de M. Breton, de
Champ , concernant un nivellement de
l'isthme de Suez exécuté par M. Boiirda-
loue 844
Lait. — Supplément à un précédent Mémoire
sur les moyens de reconnaître la quantité
et la qualité de la sécrétion lactée chez la
femme ; par M. Lamperierre 4
Legs. — L'Académie reçoit communication
d'une Lettre annonçant que l'Institut a
été appelé par testament, conjointement
avec l'École de Médecine de Paris, à hé-
riter des biens de feu M. Josse , mort en
février 1846 à Port-Louis (île Maurice). 900
Liquides. — Recherches sur la compressibilité
des liquides; par M. Grassi li'io
— Recherches sur les propriétés physiques
des liquides, el en particulier sur leur di-
latation ; par M. Isid. Pierre 3^8
Liquides. — Sur la force qui soutient les li-
quides à distance au-dessus des surfaces
échauffées; Note de M. Person 899
Pour ces derniers phénomènes, voir
aussi l'article Sphéroïdal {État].
Loteries. — M. le Préfet de Police^ à l'occa-
sion d'une loterieautoriSéeparleGouver-
ncment, consulte l'Académie sur un nou-
veau mode proposé pour l'extraction des
chiffres formant les numéros gagnants. . . . i3o
LnmÉnE. — Recherches expérimentales et ana-
lytiques sur la lumière; par lord Broii-
^ham 8^5
— Note sur la propriété d'attraction et de
répulsion delalumière;par M. Ke'cami'f/ . 8S1
M
Machines a calculer. — MM. Maurel et Jayet
demandent que la machine à calculer
qu'ils ont soumise au jugement de l'Aca-
démie soitadmiscà concourir pour le prix
de Mécanique -o
— Prix accordé à cette invention au concours
de l'année i85o 814
Magnétique (Pouvoir). — Sur l'association des
minéraux dans les roches qui ont un pou-
voir magnétique élevé; Note de M. I>c-
Irsse 8o5
Voir aussi l'article Électricité.
Maladies des ouvriers. — Sur les maladies
auxquelles sont sujets les ouvriers em-
ployés à la préparation du sulfate de qui-
nine et sur les moyens de prévenir ces
maladies; Mémoire de M. A. Chevallier. Siy
M.IL de mer. Voyez l'article Physiologie.
Matuematiques [Histoire des), — Notice sur
différents morceaux relatifs à cette his-
toire, tirés de manuscrits arabes; par
M.Woepcke /i-'i
Mécamiqde analytique. — Mémoire sur la
théorie des tautochrânes ; par M. /. Ber-
trand .^ii)
Médailles frappées à la mémoire d'hommes
illustres. — M. le Secrétaire perpétuel
présente, au nom de M. Palmstedt, mem-
bre de l'Académie des Sciences de
Stockholm, un exemplaire en bronze de
la médaille frappée en l'honneur de Ber-
zelius i4'
— L'Académie royale des Sciences de
Stockholm envoie.un exemplaire de cette
médaille, qu'elle a fait frapper en mémoire
de son illustre Secrétaire perpétuel .... 8G9
Médecine. — Sur l'action fébrifuge de l'alké-
kenge, ou coqueret des vignes; Mémoire
de M. Gcndron ; 05
— De l'utilité de l'écorce i^Adansonia digitala
( 9*
P.ge«.
dans les fièvres inlermittenlos ; Note de
M. Simon Pierre 85
Mébf.cine. — Remarques de M. Bussy à l'oc-
casion de cette communication 86
— Modification survenue dans la constitution
médicale du canton de Diouze (Meurthe)
à la suite d'un changement dans le mode
d'exploitation de l'étang de Lindre-Basse ;
Mémoire de M. Ancelon iij
— Deuxième Mémoire sur les maladies de l'o-
reille; par M. Mène (étude du céru-
men) «ai et 291
— Graines employées en Amérique contre la
morsure des serpents; Note de M. Jo-
mard et de M. Herran i4'
— Surles galles vésiculeusesdu térébintbe et
sur les graines du cédron, préconisées
comme remède contre la morsure des ser-
pents; Note de M. Vallot 254
— Remarques de MM. Brongniart et Rayer à
l'occasion de cette communication 255
— Remarques sur les analogies entre les ma-
ladies de l'homme et celles des animaux ;
Note de M. Lie^ey .' i45
Remarques sur l'élévation générale de tem-
pérature qui accompagne nécessairement
le développement de toute inflammation
locale; Note de M. Wnnner 2i5
— Appareils destinés à porter la chaleur sè-
che et le froid anhydre sur toutes les par-
ties du corps dans le traitement des ma-
ladies internes et externes; Mémoire de
M. Fourcault 3o6
— De l'emploi du sulfure noir de mercure
et de frictions avec l'onguent raercuriel,
conformément à la méthode de M. Ser-
res, dans le traitement de la fièvre ty-
phoïde; Mémoire de M. A. Becquerel $70
— Mémoire de M. Sandouville, intitulé : «Des
mesures administratives à prendre dans
le but d'empêcher la propagation de la sy-
philis » ■• 45'
— Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Kallemand OgS
— De la coexistence de l'amaurose et de la
néphrite albumineuse; Mémoire de M. H.
Landouzy 583
— Sur la contagion et le traitement de la gale
de l'homme ; Mémoire de M. Bourgui-
gnon 674
— Réclamation de priorité adressée à l'occa-
sion de cette communication; par M.Uoîin. 72;)
— Réponse de M. Bourguignon à M. Bazin. ■ 779
— Réplique de M. Bazin 809
— De l'emploi des douches froides excitantes
contre le tempérament lymphatique, la
chlorose et l'anémie; Mémoire de M. L.
Fleury 7o5
• ) •
P.gfS.
Médecine. — Réclamation de priorité con-
cernant la même question , adressée par
M. Aube 853
— Nouveaux faits tendant à prouver l'avantage
qu'il y a, dans les maladies réputées in-
curables, à permettre aux malades de sui-
vre leurs impulsions instinctives; Lettre
de M. Del/rayssé 751
^- Pathologie comparée des endémies et des
enzooties produites par les marais de la
haute Seille (Meurthe); Mémoire de
M. Ancelon 809
— Lettre de M. Gondret concernant la com-
paraison à faire entre une méthode de
traitement préconisée par M. Dixon, de
Londres, et les méthodes employées dans
des cas semblables en France 869
— Note de M. Mène sur diverses applications
thérapeutiques du chlorure de chaux li-
quide Ihid.
Menstruation. — Sur l'état du col de l'utérus
à l'époque de la menstruation; observa-
tions de M. Ripaull ^86
Mercbre. — Sur la distillation du mercure par
la vapeur d'eau surchauffée; Notede M. Vio-
'f"e 546
Méridien ( Premier). — Notes sur la fixation
d'un premier méridien commun à tous les
peuples ; par M. l'abbé Rondon 11
Métabx. — Expériences sur la ténacité des
principaux métaux malléables faites aux
températures de o, de 100 et de 200 de-
grés ; par M. Baudrimont 1 15
— Expériences sur le pouvoir thermo-électri-
que de l'antimoine et du bismuth cristal-
lisés ; Mémoire de M. Svanberg aSo
— Sur la distillation du mercure par la va-
peur d'eau surchauffée; Note de M. Yio-
lette '. 546
Météores ldminecx. — Observation d'un mé-
téore lumineux faiteà Travant, prèsBau-
gericy( Loiret), le 5 juin i85o, par M. Bu-
four Il
— Observation faite à Passy du météore lu-
mineux du 5 juin i85o; Note de M. Rom-
ny 22 1
— Météore lumineux observé àLaigle (Orne)
le 24 juin i85o; par M. Tremblay Ibid.
— A l'occasion de ces deux communications,
M. Arago donne, d'après un journal du
Midi, quelques renseignements relatifs à
un météore lumineux observé, ca plein
jour, le 6 juin, par plusieurs habitants
de Rrctenières (canton de Genlis, Côte-
d'Or) Ibid.
— Observation de deux bolides faite à Tou-
louse le 6 et le S juillet i85o; Note de
M. Petit 73
{ 9^
Météores lumineux. — Sur )es étoiles (liantes
du mois d^aoùt; Note de M. Coulvier-Gra-
vier 119
— Etoiles filantes de la nuit du 10 au 11 août
i85o; Note de M. Raoul-Angles 253
— Observation d'un météore lumineux, faite
à Toulouse le 7 seplembrei85n, par M . ta; -
rey neveu 43'
— Observations d'étoiles filantes et de bolides
fuites à Berne pendant le mois d'août iS5o,
par M. Wolf 4gJ .
— Note sur les étoiles filantes; parMM. Cob/-
vier- Gravier et Saigey 655 et 727
Météorologie. — Observations faites dans un
voyage aéronautique de MM. Bixio et
Barrai; communication de M. Arago..,. 122
— Journal météorologique des mêmes obser-
vateurs dans cette deuxième ascension faite
le a6 juillet i85o .... lîfi
— Observations météorologiques faites on di-
vers lieux pour servir de termes de com-
paraisons celle de MM. Bixio et Barrai,
les 260127 juillet i32 et i34
— Sur l'influence qu'exerce l'heure do la jour-
née relativement à la mesure barométri-
que des hauteurs; Note de M. Bravais. . . 1^5
— Remarques sur le degré de confiance qu'on
peut accorder aux indications tiiermomé-
triques dans un voyage aussi rapide que
celui de MM. Bixio et Barrai; Note de
M. Chenot 180
— Remarques sur l'explication donnée par
MM. Bixio et Barrai d'un phénomène
qu'ils ont observé dans leur ascension aé-
rostatique du 27 juillet i85o; Note de
M. Maltu a.V,
Sur nn arc-en-ciel lunaire non coloré, ob-
servé à Meaux le 23 septembre i85o;Notc
de M. Carro 497
— Note sur certains cercles observés autour de
la lune dans la soirée du 17 novembre;
par ^1. Chavagneux 729
— M. le Minisire de l'Instruction publique de-
mande l'opinion de l'Académie sur une
proposition qui lui a été faite par M KupJ-
fer pour l'établissement en France d'un
réseau de stations météorologiques sem-
blable à celui qui a été établi en Russie. 555
^ Examen de quelques problèmes de météo-
rologie; Noie do M. l'abbé Raillard 809
— Sur la nécessite de porter, dans la des-
cription des phénomènes météorologi-
ques, une précision de langage qui rende
comparables les observations ; Note de
M. Lehœuf. . 121
MiTionOLOCiQCES (OoSERVATIOss^/aitci À l'Ob-
servatoire de Paris pour juin i85o 72
Pages.
— Juillet 224
— Août 4^0
— Septembre 595
— Octobre n^i
— Novembre ijr2
— Observations météorologiques recueillies à
Nijné-Taguilsk pendant le dernier tri-
mestre de 1845, adressées par M. Dcmi-
doff. . 539
MisÉBALOciE. — Mémoire sur l'émeri de l'Asie
Mineure et sur les minéraux qui lui sont
associés; par M. tourenceSmirà. . 4** *' 19'
— Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Dufrénoy 6n
— Note sur dos cristaux de diaspore de Gu-
mucb-dagh, près d'Éphèse ; N ote de M . i)a-
^ frénuï i85
— Etude cristallographique de la atrontiane
sulfatée. — Rapport sur un Mémoire de
M. Hagard; Rapporteur M. Dufrénoy.. .. 169
— Sur la constitution minéralogique et chi-
mique de la serpentine des Vosges ; Noté
de M. Delessc 210
— Sur l'association des minéraux dans les
roches qui ont un pouvoir magnétique
très-^levé ; Note de M. Delesse 8o5
Minium. — Mémoire sur les miniums; par
M* Jacquelain G26
M0ELI.E ÉpisiÈRE. — Sur la transmission des
impressions sensitives dans la moelle épi-
nière; Mémoire de M. Brown-Sequarl . . . 700
Monnaies. — Sur une machine à peser les
monnaies ; Note de M. Seguier 188
MONL'ME?(TS élevés à la mémoire d'hommes céïè^
bres. — Le président de la Commission
nommée pour l'érection d'un monument
à la mémoire de Larrey, annonce que l'i-
nauguration de la statue aura lieu au Val-
de-Grâce le 8 août i85o, et invite l'Aca-
' demie à se faire représenter dans cette
solennité par un de ses Membres.
.M. Roux est- désigné à cet effet 174
— M. Roux dépose sur le bureau un exem-
plaire du discours qu'il a prononcé à cette
cérémonie 1 8 5
Mortalité {Loi de la). Voir Tarticie Sta-
tistique.
Mortiers. — Recherches sur les lois de l'hy-
draulicilé et de la solidification des mor-
tiers ; par M. de Villeneuve 55
Mouvement. — Essai sur les causes premières
du mouvement matériel; Mémoire de
M. Ilouset 95
Musique. — M. Cœur prie l'Académie de vou-
loir bien hâter le travail de la Commission
à l'examen de laquelle a été renvoyée sa
Note sur l'appréciation des sons musicaux. C'î
{ 9=»3)
s
Naphtalise. — Sur quelques produits nou-
veaux obtenus par l'actioti du sulfite d'am-
moniaque sur la nitro-naphtalinc; Note
de M. Piria 488
— Sur des combinaisons sulfuriques et nitri-
ques de la benzine et de la naphtaline;
Note de M. Aug. Laurent 537
Naturalisation des plantes. — Rapport sur un
Mémoire de M. A. de CandoUe concer-
nant cette question ; Rapporteur M. de
Jussieu 35S
Navigation — Sur un moyen suppose propre
à accélérer la marche des navires; Note
de M. Métaxer 496
Nouimation de candidats pour les places aux-
quelles l'Académie est appelée à faire une
présentation. — M. Liouville est désigne
par la voie du scrutin comme le candidat
qui sera présenté par l'Académie, au
choix de M. le Ministre, pour la chaire
do mathématiques vacante au Collège de
France 883
OKiL. — Du phosphène ou spectre lumineux
obtenu parla compression de l'œil, con-
sidéré comme signe direct de la vie fonc-
tionnelle de la rétine et de l'application
de ce signe à l'ophthalmologie ; Mémoire
de M. &'/TCi(d'lIz.ès) 376
— Note do M. Martinet relative aux phéno-
mènes du phosphène ^^^
— Du phosphène dans l'amaurose ; Note de
M. Serres (d'Uzès) 687
— Du phosphène dans la myopie et la presby-
tie ; par le mérjie ■. . 629
— Nouvelles remarques et faits additionnels
sur la théorie des phosphènos; par le
même ^^8
Voir aussi l'article Optique.
Opbthalhie égyptienne, — MémoiredeM. Hein-
rich sur cette maladie do la conjonctive. . 91
Optique. — Sur quelques expériences d'optique
déjà anciennes, et sur les moyens de con-
stater, de perfectionner, d'étendre les ré-
sultats que ces expériences ont donnés;
Note de M . Arago i :J9
— Communication do M. Arago sur la gra-
duation expérimentale de son polari-
mètre G65
— Détermination générale des lois de varia-
tion du pouvoir rotatoire , dans lej systè-
mes liquides , où un corps doué de ce pou-
voir se trouve en présence d'un ou de
deux corps inactifs, qui se combinent
avec lui sans le décomposer chimique-
ment; Mémoire de M. Biot 10 r
— Sur la polarisation de la lumière réfléchie
par le verre; Mémoire de M. Desains 676
— Rapport sur un Mémoire de M. Jamin re-
latif à la double réfraction elliptique du
quarlz; Rapporteur M. Cauchy ita
Optique. — Mémoire sur la réflexion totale;
par M. Jamin i
— Sur la réflexion par les liquides ; Mémoire
de M. Jamin 696
— Études de photométrie électrique; par
M. Masson ( 4° Mémoire) 887
— Défense de la théorie newionienne de la
lumière ; par M. Maizière 254
— Procédé proposé comme pouvant résoudre
le problème de la vitesse de la lumière
dans les milieux réfringents; Note de
M. Bénard 25^
— Remarques sur l'explication donnée par
MM. Bixio et Barrai de la double image
du soleil , qu'ils ont observée dans leur
ascension aérostatique du 27 juillet ;
Note de M. Mahu 254
— Application des lentilles sphériques achro-
matiques et à échelons à la télcscopie;
Note de M. Brachet 255
— Sur une modification proposée pour la Ca-
méra obscura ; Note de M. Brachet 96
— Nouvelles Notes du même auteur concer-
nant diverses questions d'optique
i8o, 434» 4^7) Sgo, 660, 73o, 780 et 870
Or. — Recherches chimiques sur ce métal ;
par M. Fremr 893
Organiques (Combinaisons). — Sur diverses
combinaisons organiques; Note de M. A.
Laurent 34;)
Organogénie vécëtale. — Sur l'accroissement
en diamètre des tiges des dicotylés; par
MM. Durand et Manoury (2® Mémoire). . 201
Orcasograpuie végétale. — Sur la nature de
la cuticule et ses relations avec l'ovule ;
Mémoire de M. Carreau 3o7
Ouïe. — De l'exaltation de l'ouïe dans la para-
lysie du nerf facial ; Note de M. Landoury. 717
(9^4 )
Pages.
PALÉOMTOtociii. — Nouveaux rcnseignemerKs
sur une caverne à ossements fossiles ré-
cemment découverte près d'Alaisj Kote
de M. d'Hombres^Firmas ir^o
— Sur l'inslant d'apparition, dans les âges
dn monde, des ordres d'animaux compa-
rés au (!cgré de perfection d"e l'ensemble
de leurs organes ; Mémoire de M. âCOrhi-
^.r (seconde partie) igî
— Des brèches osseuses et des cavernes à os-
sements fossiles de la ferme de Bourgade,
aux environs de Montpellier; Mémoire de
MM. Marcel de Serres et Jcanjean 5i8
— Note zoologique et paléontologiquesurlcs
Mammifères ongulés de la France; par
M. Gervais 553
~ Remarques de M. Isidore GeoJJror Saint-
Hilaire à l'occasion de cette communica-
tion 554
— Recherches physiologiques sur les milieux
d'existence des animaux dans les âges
géologiques; par M. Aie. d'Orhigny 648
— Lettre de M. Dozous concernant des osse-
ments humains qu'il considère comme
fossiles 730
Paucréatiqce (Sec). — Faits pour servir h
l'histoire du suc pancréatique; Mémoire
de >I . Lassaigne 745
Pangraphie. — Note de M. Ivichievich sur un
projet de pangraphie ou écriture univer-
selle 146
I'aqcets cacuetés [Dépôts de). — L'Académie
accepte le dépôt de paquets cachetés , pré-
sentés par MM.
— De la Provoslaye et Desains. Séance du
8 juillet 64
— Chalin. Même séance If>'6
Physiologie. — Remarques sur l'élévation gé-
nérale de température "qui accompagne
nécessairement le développement de toute
inflammation locale; par te même 2i5
— Sur le mal de mer; Note de M. Curie, com-
muniquée par M. Duvernoy 49^
— Remarques de M. Arago à l'occasion do
cette communication 494
— Recherches sur le poison appelé curare;
par M M Pelouze et Bernard 533
— Sur une nouvelle fonction du foie chei
l'homme et les animaux; Mémoire de
M. Bernard à;!
— Recherches sur la gestation de l^spèce hu-
maine; par M. Coste 574
— Sur la transmission des impressions sensi-
tives dans la moelle épinière; Mémoire
de M. Brown-Sequart 700
— Sur l'état du col de l'utérus à l'époque de
la menstruation ; communication de
M. Ripault 786
— Du rôle de l'appareil chjlifère dans l'ab-
sorption des substances alimentaires;
Mémoire de M. Bernard. . . 798
— Sur les modifications diverses que subis-
sent les différents sels ammoniacaux en
traversant l'économie animale; Lettre de
M. Bence Jones à M. Regnault 898
Physiologie vécètale. — Recherches sur l'ab-
sorplion et l'exhalatjon des surfaces aé-
riennes des plantes; par M. Carreau. ... 3i 1
— Sur l'assimilation de l'azote de l'air par
les plantes, et sur l'influence qu'exerce
l'ammoniaque dans la végétation; Note
de M. Ville f)78
— Recherches sur les causes du dégagement
de l'électricité dans les végétaux; par
M. Becquerel 633
Physique hatuématiqce. — Mémoire sur un sys-
tème d'atomes isotropes autour d'un axe,
et sur les deux rayons lumineux que pro-
pagent les cristaux à un axe optique; par
M. Cauchy m
— Mémoire sur la réfraction de la lumière à
la surface extérieure d'un corps transpa-
rent qui décompose un rayon simple doué
de la polarisation rectiligne, en deux
rayons polarisés circulairement en sens
contraire ; par le même y 2
— Sur les rayons de lumière réfléchis et ré-
fractés par la surface d'un corps transpa-
rent ; par le même 160
— Sur les rayons de lumière réfléchis et ré-
fractés par la surface d'un corps transpa-
rent et ihophane; par le même 225
— Sur la réflexion ol la réfraction des rayons
122
(9=»6)
Pages.
Iiiminoux à la surface extérieure ou inté-
rieure d'un cristal ; par M. Cauchy aS?
Physique hatbéhatiqie. — Détermination des
trois coefficients qui, dans la réflexion et
la réfraction opérées par la surface exté-
rieure d'un cristal, dépendent des rayons
évancscents; par le même. 297
— Mémoire sur les équations différentielles
du mouvement de l'éther dans les cris-
taux à un et à deux axes oiitiques; par
le même 338
— Sur la réflexion et la réfraction opérées
par la surface extérieure d'un cristal à un
ou à deux axes optiques j par le nu^tne.,
^ 42a et 509
— Mémoire «ur un nouveau système de ré-
flexion ; par le même 532
— Kote relative aux rayons réfléchis sous l'in-
cidence principale, par la surface exté-
rieure d'un cristal à un axe optique; par
le même 666
— Note sur la réflexion d'un rayon de lumière
polarisée à la surface extérieure d'un
corps transparent; par /e même 766
— Note sur les vibrations transversales de
l'cthiT et sur la dispersion des couleurs;
par le même 84a
Pii.E GALVANIQUE. Voir rarticlc Électricité.
Planètes. —Éléments elliptiques de la planète
Parihenope; calculés par M. Goujon. ... 63
— Eléments elliptiques de la même planète;
calculés par M. Ch. Mathieu /Aid.
— Lettre de M. Uind sur la découverte qu'il
a faite, le i3 septembre i85o, d'une nou-
velle planète ■ 43 '
— Lettre de M. flinii sur la deuxième position
dans laquelle il a observé cette planète.. 4'''
— Éléments de l'orbite de cette planète; cal-
culés par M. VifonVillarceau. . . , 556 et 680
— M. Arago communique une Lettre de M. de
Gasparis qui annonce avoir découvert , le
2 novembre i85o, une nouvelle planète.. 683
— M. Le Verrier communique deux nouvelles
observations de la planète de M. de Gas-
paris^ faites par M. Hind 72g
-- Nouvelles observations de cette même pla-
nète (Égérie); Lettre de M. de Gasparis
à M. Le Verrier 861
Planisphères célestes. — Sur une analogie qui
existerait entre une figure représentée
dans un almanach chinois et une figure
du planisphère de Denderah; Lettre de
M. de faravex ;... GSg
Platine. — Recherches sur les combinai-
sons ammoniacales du platine; par
M . Gerhardt 24 '
— Sur quelques passages de Pline l'ancien ,
P«6e<.
qui semblent pouvoir se rapporter au pla-
tine; Note de M. de Paravey 179
Plâtre. —Expériences sur l'influence du plâtre
dans la végétation ; Note de M. Mène. . . . 8o3
Plomb. — Nom donné au plomb par les Mexi-
cains , et conséquences qui semblent pou-
voir s'en déduire relativement à des
communications d'une époque reculée
entre le nouveau et l'ancien continent,
Note de M. de Paravey ,na
Pluie.- Note sur des pluies abondantes et snr
la théorie de ce phénomène; par M. Le-
*«"/■ 484
PoLARiMÉTRES. — Communication de M. Arago
relative à la graduation expérimentale de
son polarimètre 665
Polarisation de la lumière. — Nouvelles re-
cherches sur les rapports qui peuvent
exister entre la forme cristalline, la com-
position chimique et le phénomène de
la polarisation rotatoire; Mémoire de
M. Pasteur 480
— Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur
M. Biat 601
Voir aussi l'article Optique.
PoHUES DE tebre. Voir l'article Économie ru-
rale.
Pompes. — Noie de M. Bernard sur le disposi-
tif qui, suivant lui, serait le plus avan-
tageux pour mettre en jeu les pompes
d'un navire 43o
— ^ Description d'une pompe aspirante, inven-
tée par M. de Malbeck ^52
Ponts. — Mémoire sur la stabilité des ponts
suspendus ; par M. Carvallo 3
— Sur un pont d'un nouveau système dit
aérostatique, destiné à établir une com-
munication entreDouvres et Calais; Note
de M. F. Lemaitre 497
Population [ilouvement de la). Voir l'article
Siatistiffue.
Porcelaine. — Recherches sur la composition
des matières employées en Chine dans la
fabrication et la décoration de la porce-
laine ; par MM. Ébelmen et Salvetat.. . .
743 et 810
Pression atmosphérique. Voir l'article Baro-
métriques inobservations).
Prix décernés par l'Académie. — Prix d Astro-
nomie {(onàaiion Lalande). Année 18J9,
la médaille est décernée à M. de Gasparis
pour sa découverte de la pfanète Uygie.
— Année i85o, le prix est partagé entre
M. de Gasparis pour la découverte de deux
nouvelles planètes, Parthénope et Égérie,
et M. Hind pour la découverte de la
nouvelle planète qu'il propose de dé-
signer par le nom de Victoria. ']5i et 81 i
( 9^7
p»s,>.
Prix décernés par l'Académie. — Prix de Mé-
canique, années 1849 et iSfio. Un prix de
1800 francs est accorde à M. Lesbros pour
ses travaux sur l'hydraulique ejpérimen-
tale. — Un prix de looo francs est accordé
à MM. Maurcl et ]ayet pour leur machine
à calculer. ^53 et 814
— Le piix de Statistique , concours de 18.19,
est accordé à MM. Martin et Folley pour
leur histoire statistique et médicale de la
colonisation algérienne. — Une mention
honorable est accordée à M . Wateville pour
son Rapport au Ministre de l'Intérieur
sur les enfants trouvés «685 et 818
— Concours de i85o. Le prix est accordé à
M .M. BoutronCharlnrd et Ossinn Henry
pour leurs analyses des eauï du dépar-
tement de la Seine 685 et 818
— Le prix fondé par Madame DE Laplac.e a été
obtenu par MM. Malibran et Fabian,
élèves de l'Ecole Poîyiochnique sortis de
l'Ecole les premiers de leur promoiion,
l'un en 1849, l'autre en i85o 820
— Grand prix de Sciences physiques (chaleur
dégagée dans les combinaisons chimi-
ques). Il n'y a pas eu lieu h décerner ce
prix. L'Académie, sur la proposition de
la Commission, accorde: à titre d'in-
demnité, une somme de l'ioo francs à
MM. Favre et Silhermann qui sa sont
fait connaître comme auteurs d'un travail
inscrit sous le n° i et {)ortant pour épi-
graphe: CI Le travail, etc. » — Une somme
de looo francs à l'auteur du travail n° 1
ayant pour épigraphe : « Sunt quœ-
dam, etc. » — Une somme de 5oo francs à
l'auteur du Mémoire n" 3, et ayant pour
épigraphe: « Les personnes, etc. »....
754, 8(1 et 821
— Prix de Physiologie expérimentale, concours
de 1849 et i85o. Il n'y a pas en lieu à
décerner de prix. Une mention honorable
est accordée à M . Stannius pour ses re-
cherches anatomiques et physiologiques
sur le système nerveux périphérique des
Poissons. — L'nc mention honorable est
également accordée à M. Hollard pour sa
monographie du genre Actinie 822
— Prix concernant les Arts insalubres, con-
cours de 1849 et i8.5o. Une récompense
de 5no francs est accordée à M. Mallet
pour ses procédés d'épuration du gaz d'é-
clairage par le chlorure de manganèse. —
Une recompense de même valeur est accor-
dée à M. Cai'aillon pour ses procédés d'é-
puration du gaz d'éclairage par le sulfate
de chaux -3r et 823
— Prix de Médecine et de Chirurgie , concours
)
de 1849. Un prix de 2.")00 fr. e>l accordé à
M. Jobert de Lamballe pour son traité de
chirurgie plastique^ — des encouragements
de 1000 francs à M. G«i//on pour son brise-
pierre pulvérisateur, — J»M. Martin pour
son essai sur les moyens prothétiques des
membres inférieurs^ — à M. Morel-La-
vallêe pour son ouvrage sur les hernies du
poumon 753 et 825
Prix décernés par l'Académie. ^Concours de
i85o. A M. Herpin, une récompense de
lIoo francs pour son ouvrage sur l'épi -
lepsie; — à M Oelasiauve une récompense
de 1 000 francs pour un travail sur le trai-
tement de l'épilepsie; — à M. Mercier
pour ses recherches sur les valvule» du
col do la vessie et sur les rétentions d'u-
rine dues à cette cause , une récompense de
i5o 1 francs; — à M. Wrolik une récom-
pense lie I 000 francs pour son ouvrage sur
la léralologie; — des encouragements de
1000 francs à M. Slhal pour son travail
sur l'iiliotie endémique; — à M. Hurtaux
pour son travail concernant les effets des
émanations du tabac chez les ouvriers de
la manufacture de Paris ; — à M. Carrière
pour son livre sur le climat de l'Italie. . .
95.'|, 755 et 8q5
— Grand prix de Mathématiques pour i85o. —
Il n'y a pas eu lieu à décerner ce prix.. ;8i
Prix proposés par l'Académie. — Grand prix de
Mathématiques pour l8î2 83i
— • Grand prix de Mathématiques proposé poar
i85o, remis au concours pdnr i853 Ibid.
— Grand prix de Mathématiques proposé pour
1848, remis au concours pour i853 83a
— Grand prix de Mathématiques proposé pour
1847, remis au concours pour i8''4 ^*"'-
— Prix extraordinaire sur l'application de la
vapeur à la navigation proposé pour i836,
remis au eoncours pour i8j3 833
— Prix d'yli(roncmi (fondation de Lalande). Ibid.
— Prix de Mécanique (fondation Montyon). 834
Prix de Statistique {ionda\.\OD Montyon). Ibid.
— Prix fondé par M"' de Laplace Ibid.
— Grand prix des Sciences physiques pour lS5i. 835
— Grand prix des Sciences physiques proposé
pour 18J7, remis au concours pour i853. 838
Prix de Physiologie expérimentale (fonda-
tion Montyon ) '*''*•
— Prix de Médecine et de Chirurgie (fon-
dation Montyon )..... SSg
— Prix concernant les moyens de rendre un art
ou un métier moins insalubre (fondation
Montyon ) ^*'<'-
I — Prix Clavier i4 «* 840
Proposées (Questions ). — Mémoires adressés au
I concours pour le grand prix des Sciences ma-
122..
(9^8)
Pas» ■
thématiques de li^. Ijî, 25o, 384, 488 et Sao
Propyléne. — De l'action du chlore et du brome
sur le propylène , l'cthylène et leurs homo-
logues; Note de M. Cahows 291
PsORALEA EscuLENTA. Voîr rarlicie Économie
rurale.
Pages.
P OTRÉFACTiON. — Recherches nourelles sur l'ac
tion toxique des substances qui, dans cer-
taines circonstances données, préservent
de la putréfaction les matières organi-
ques; Note de M. Éd. Ro6m 3SS
QomiKE (Sui/âfe de ). — Sur les maladies aux-
quelles sont exposés les ouvriers employés
à la préparation de ce produit, et sur les
moyens de prévenir ces maladies; Mé-
moire de M. A. Chevallier 5i7
QciNQLiNAS. — Essai des quinquinas par le
chloroforme ; Note de M. Rahourdin. . ,. . 782
R
Réfraction. Voir l'article Optique.
Réfractions astronomiques. — Mémoire sur le
calcul de ces réfractions d'après l'obser-
vation des hauteurs de la Lune; par
M. Robert Lefévre 555
Ressorts. — Sur les ressorts formés de plu-
sieurs lames d'acier, employés dans la
construction des voitures et des wagjjons;
Mémoire de M. Phillips 71a
Saccharibétre. — Note sur un nouveau com-
pensateur pour le sacchari mètre; présen-
tée par MM. Buboscq et Soleil 248
Salpètrage des murs. — Apparition , à la sur-
face des murs, de cristaux de carbonate de
soude au lieu de cristaux de nitrate de
potasse; Mémoire de M. Menigauh 286
Sakc. — Sur les modifications qu'éprouve le
sang dans sa composition chimique lors-
que des animaux, d'ailleurs en santé, sont
soumis à des souffrances vives et capables
d'user rapidement l'organisme ; Mémoires
de M. Clément Sg et 289
— '■ Sur la présence do la caséine en dissolu-
tion dans le sang de la femme pendant
l'allaitement; Note de i/lM. Natalis Guil-
lot et Félix Leblanc 520
— Sur la présence de la caséine et de ses pro-
portions dans le sang de l'homme et des
animaux ; par les m(fmes 585
Safokine. — Recherches sur la saponine; par
M. Ferd. Lebeuf. 652
Sel». — De l'action des bases sur les sels , et,
en particulier, sur les arsénites; Note de
M. A. Rernoso 68
Séminale (Matière).— Note sur un mode d'al-
tération de la matière séminale ; par
M. Demeau^ 555
-^ Rapport sur cette Note; Rapporteur M. Lal-
lemand , f 96
Serpents. — Notes de MM. Jomard et Herran
sur les graines de cédron employées en
Amérique contre la morsure des ser-
pents i4ï
Serpents. — Lettre de M. Vallol à l'occasion
de cette communication et d'une commu-
nication déjà ancienne sur un remède em-
ployé en Abyssinie contre la rage 254
Siphons. — Sur l'application en grand du sys-
tème des siphons ; Mémoire de M. Ja-
n icki 590
Soleil. — Sur les déclinaisons absolues, sur
le diamètre du Soleil et Téclipse totale
de 1842; Mémoire de M. Kire 635
— Hypothèses sur la constitution du soleil et
des étoiles fixes; Noté de M. Lesterpt. . . 180
Solubilité. — Aperçus théoriques sur les
conditions physiques qui peuvent modi-
fier la solubilité; Note de M. Guignet 751
SouRDS-MDETS. — M. le Ministre de l'Intérieur
invite l'Académie à lui faire connaître le
jugement qui aura été porté sur les résul-
tats des essais faits par M. Baudelocque
pour rendre h un jeune enfant, sourd-
muet de naissance , la faculté de l'audition
de manière à lui permettre de profiter de
l'enseignement oral 218
Sphéroï'val (Ktat). — Sur la forcoqui main-
tient les corps à l'état sphéroïdal au delà
du rayon de leur sphère d'activité phy-
sique et chimique ; Note de M. Boutigny. i-^g
— Rapport sur cette commimication; Rap-
porteur M. Babinet .• ■ • • ^09
— Réclamation de M. Zanîedeic/ii à l'occasion
de la même communication.. . 683
— Réponse de M. Boutigny Si M. Zantédeschi. 7.5o
— M. Arthur communique divers résultats
auxquels il annonce être parvenu depuis
( 9^9 )
Page» .
longtemps et qui sont relatifs à ce que
M. Boutignr nomme l'état sphéroïdal des
corps 589 et 854
Sphéroïdal (État). — Sur la force qui soutient
les liquides à distance au-dessus des sur-
faces échaulTées; Note de M. Persan 899
Stabilité des ponts, — des voûtes. Voir les
articles Ponts, Voûtes.
StAdia. — Sur la stadia et sur un procédé
pour corriger l'erreur qui résulte de la
variation de distance focale de la lunette;
Note de M. Goulier 658
Statistique. — M. le Ministre de l'Instruction
publique invite l'Académie à lui faire
connaître le jugement qui aura été porté
sur diverses communications de M //.
Carnot relatives aux influences exercées
par la vaccine et par d'autres causes en-
core sur le mouvement de la population
en France 62
— Population nubilcdela France, à quinze ans
d'intervalle (en i8a4 et 1839); ^'otedc
M. H. Carnot 66
— Etude sur l'accroissement successif de la
population de 1770 à 1848; par le même. a88
— Influence de la vaccine sur le déplacement
de la mortalité par rapport aux âges;
Nouvelle communication de M. Bavard. •]•]•)
Stéréoscope construit, d'après le système
Brewster, par M. Duboseq ... 8g5
Paçen.
Strontiaiie. — Étude cristallographique delà
strontiane sulfatée ; par M. Hugard. Rap-
port sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Du-
Jiénoy 169
Sdcres. — Du sucre et de sa fabrication ; Mé-
moire de M. Rousseau 3 et 6a
— Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Payen SSp
— M. Payen donne de vive voix, d'après un
ouvrage anglais, quelques renseignements
sur des perfectionnements récents intro-
duits dans la fabrication dn sucre de
cannes 780
ScLFUREs. — Mémoire sur le sulfure d'azote;
par MM. Fordos et Gelis 70a
Syphilis. — ■ Mémoire de M. de Sandouville
portant pour titre : « Des mesures admi-
nistratives à prendre dans le but d'em-
pêcher la propagation des maladies syphi-
litiques u /^hl
— Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Lallcmand. . . - i . 695
— Note sur l'inoculation de la syphilis aux
animaux;par '^^ Auzias-Turenne 719
Systèmes du monde. — Sur le système du
monde en général et , particulièrement ,
sur notre système solaire; Note de
M. Lelli 67
— Système de formation de notre monde so-
laire; Mémoire de M. Rathsamhausen . . 680
Tarets. — Observations des mœurs des ani-
maux nuisibles aux grands approvision-
nements des bois de marine. Applications
pratiques de ces recherches; Mémoire de
M. L. Laurent 5o et 74
Télégraphie. — Application de la télégraphie
Cliappe à la phonégraphie ; Note de
M. Brochet 64
— M. le Secrétaire perpétuel met sons les
yeux de l'Académie un compte rendu du ^
procès du D'' Webster, transmis textuelle-
ment de Boston à New-York par le télé-
graphe électrique 1 74
— Mémoire ayant pour titre : n Application
delà télégraphie électrique aux relations
sommaires des habitants des grandes
villes ; par M. Dumont ., 449
— Télégraphe de jour et de nuit applicable à
la guerre et qui n'exige ni matériel spé-
cial ni hommes spéciaux; Mémoire de
M. Lecomte Sgo
Tékacité. — Expériences, sur la ténacité des
principaux métaux malléables, faites aux
températures o, loo et 200 degrés; Mé-
moire de M. Baudrimont n 5
Tératologie. — M. le Ministre de l'Agricul-
ture et du Commerce transmet quatre fi-
gures d'un veau monstrueux qui lui ont
été adressées par M. Larget, médecin vété-
rinaire à Tulle (Corrèze) 21S
— Rapport sur cette communication; Rap-
porteur M . Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. 668
— M. le Ministre de l'Agriculture et du Com-
merce transmet la description d'un veau
monstrueux adressée sous forme de Rap-
port à M. lePrç/ëtdeSaône-et-Loire, par
M. Pornon ai**
— Tumeur du rectum, renfermant les débris
d'un fœtus, extirpée chez une fille âgée de
six ans ; Mémoire de M. Bouchacourt 264
— Sur un enfant nosencéphale adhérent à son
placenta et né vivant; Mémoire de
'mA.JolyetGuitard. 677
Toile a calqcer destinée à remplacer, pour les
dessinateurs, le papier transparent; pré-
sentée par M. Husson 853
(93o)
Pages.
Truites. — Sur l'époque du frai de ces pois-
sons; Lettre de M. de Caumont 862
Pages.
— Remarques de M. de Bcaumont à l'occasion
de cette communication 863
Vaccine. — M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique demande, au nom de l'ambassade
d'Autriche, le renvoi d'un Mémoire
adressé, en 1842, au concours pour le
prii concernant la vaccine 520
— Influence de la vaccine sur le déplacement
de la mortalité par rapport aux âges ; nou-
velle communication de M. Boyard 777
Voir aussi l'article Statistique.
Vacbes. — Nouveau procédé opératoire pour
la castration des vaches par le vagin ; Note
de M . Charlier 116
— Réclamation de priorité adressée, à l'oc-
casion de cette communication , par
M . Pranifé 216
Vapeur d'eac, — Note de M. Pichon sur un
système de son invention pour l'applica-
tion de la vapeur, comme force motrice
et comme moyen de cliauflage 524
— Dittillationdu mercure par la vapeurd'eau
surchauffée; Mémoire de M. Violette 546
Végétation. — Recherches sur la végétation;
par MM. Chez et Gratiolet 626
Veutilation. — M. Duvoir- Leblanc annonce
l'intention de soumettre au jugement de
l'Académie un nouveau système de ven-
tilation 62
Versa soie. — Observations faites, en i85o,
à la magnanerie expérimentale de Sainte -
Tulle (Basses- Alpes), sur les maladies
des vers à soie; par M. Guérin-Méneville. 377
— De la digestion chez le ver à soie et des
maladies de cet insecte; Mémoire de
M . Bouchardat . . 379
Viandes (^Conservation des), — Mémoire de
M. Janicki sur la conservation des viandes
et de toutes les substances susceptibles
d'une prompte décomposition 4^*
— Putréfaction des viandes. Voir l'article
Conserves alimentaires.
Vision. — Nouvelle théorie de la vision; par
M. Dezautierre fc'8o
Voir aussi l'article Œil.
Volcans. — Remarques sur quelques circon-
stances de la dernière éruption du Vé-
suve; par M. Bailleul 8
Vobtes. — Sur la stabiliié des voûtes; Mé-
moire de M . Carvallo 64
A'oTAcES aéron.^utiques. Voir l'article Aéro-
nautiques ( Vojages).
Voyages scientifiques. Voir l'article Instruc-
tions pour les observations scientijiques a
faire dans les pays^étrangers.
Zinc— M. Sorel prie l'Académie de vouloir
bien inviter les Membres de la Commis-
sion nommée pour examiner ses commu-
nications relatives à l'innociiilc des pré-
parations de zinc sur la santé des ouvriers ,
à se rendre le plus tût. possible dans sou
usine 77g
Zoologie. — Note sur plusieurs espèces
nouvelles de l'ordre des Primates ; par
. M. Isidore Geoffroy-Saint -Hilaire 873
— Recherches sur les Cétacés du genre Zi-
phius (Cuv.) et plus particulièrement sur
le Ziphius longirostris ; par M. P. Gervais. 5io
— Note zoologique et paléontologique sur les
Mammifères ongulés de France; par le
même • 552
— Sur plusieurs genres nouveaux de Passe-
reaux ; Note de M. Ch. Bonaparte 4*'
— Note sur deux espèces de Paridées ; par le
même 47^^^ ^^9
Zoologie. — M. Ch. Bonaparte présente la figure * ]
d'un Oiseau ( le Notornis d'Owen ) que jus-
qu'à présent on n'avait cru exister qu'à
l'état fossile, ou du moins avoir été dé-
truit depuis longtemps, comme le Dodo. 770
— Note sur plusieurs familles naturelles
d'Oiseaux, et descriptions d'espèces nou-
velles ; par M . Ch. Bonaparte 5tii
— Coup d'œil sur l'ordre des Ganoides et re-
cherches sur les caractères des Lopho-
branches pour déterminer leurs véritables
affinités zoologiques; Mémoire de M. Hol-
lard 564
— Sur l'époque du frai des truites; Lettre de
M. de Caumont 862
— Remarques de M. Élie de Beaumont k l'oc-
casion de cette communication.. 863
— Etudes zoologiques sur le genre Actinie
pour faire suite aux études anatomiques
sur le même groupe; par M. Hollard 744
( 93' )
TABLE DES AUTEURS.
388
MM. Pages.
ALVAREZ (F.), médecin à Madrid, annonce
l'envoi d'un ouvrage qu'il vient de faire
paraître sous le titre de « Manuel des
eaux minérales d'Espagne et de Tétran-
gsri-
ALVARO-REYNOSO. VoitRernoso {Alvaro).
ANCELON. — Modification survenue dans la
constitution médicaledu canton de Dieuze
(Meurthd), & la suite d'un changement
opéré dans le mode d'exploitation de
l'étang de Lindre-Basse > 17
— Pathologie comparée des endémies et des
enzooties produites par les marais de la
Haute-Seille (Meurthe).. 809
— Réclamation contre la revendication de
priorité faite par M. Delabatre à l'occa-
sion d'une Note de M. Ancelon sur une
cause fréquente et peu connue des acci-
dents déterminés par l'inhalation du chlo-
roforme 63i
ANDERSON (Thomas). — Action de l'acide
nitrique sur les alcalis organiques i36
ANDKAL. — Rapport fait au nom de la Com-
mission chargée de juger les pièces adres-
sées au concours pour les prix de Méde-
cine et de Chirurgie (années 1849 et
i85o) ._ 754
ANGLES (Raoul). — Étoiles filantes obser-
vées dans la nuit du 10 an 11 août i85o. . 333
ANONYMES. — Mémoires adressés au con-
cours pour le grand prix de Mathéma-
tiques 173, aSo, 384, 4*^'' ** 520
— Note relative h un moyen de diriger les
aérostats 497
ARAGO. — Note sur quelques expériences
d'optique déjà anciennes ; sur les moyens
de constater, de perfectionner et d'étendre
les résultats que ces expériences ont don-
nés .' 149
— Communication de M. Arago, relative à la
graduation expérimentale de son polari-
mètre 665
MM. P,j«..
— M. Arago rend compte d'un voyage aéronau-
tique exécuté par MM. Bixio et Banal,
le 29 juin i85o 5
— M. Arago rend compte d'un nouveau voyage
aéronautique fait le 27 juillet i85o, par
MM. Barrai et Bijrio 122
— A l'occasion d'une communication faite par
M. Tremblax sur un météore observé à
Laigle (Orne), M. Arago donne, d'après
un journal du Midi, quelques renseigne-
ments relatifs à un météore lumineux
observé en plein jour, le 6 juiu, par plu-
sieurs habitants de Bretenières (canton de
Genlis, Côte-d'Or) 11
— A l'occasion d'une Lettre de M. Ramon de
la Sttgra, concernant la découverte d'une
étoile nouvelle, qu'on dit avoir été faite
par M . GaZomarde, M. A;a^o annonce qu'on
s'occupera à l'Observatoire de vérifier la
réalité de cette découverte iii
• — Remarques à l'occasion d'une communica -
tion de M. F. Curie, sur le mal de mer. . . 494
— Sur la proposition de M. Arago, l'Aca-
démie ordonne l'impression , dans le Re-
cueil de ses Mémoires , d'un Rapport de
M. Biot sur un Mémoire de M. Pasteur. 611
— A l'occasion des nombreuses communica-
tions qui ont été adressées, depuis quel-
que temps, sur la direction des aérostats,
M. Arago fait observer que ce sujet a été
traité, d'une manière très-remarquable et
très-complète , par un Membre de l'Aca-
démie des Sciences, feu Meusnier ySa
— M. Arago rappelle qu'une Commission de
trois Membres a été nommée par l'Aca-
démie, sur l'invitation de M. le Ministre de
l'Instruction publique, pour examiner com-
parativement, avec le mètre étalon, un
mètre exécuté à Paris pour le Gouverne-
ment espagnol , et qui doit servir dans le
travail concernant le nouveau système de
poids et mesures décrété par ce Gouver-
(93
MM. P«ges.
nement. En raison des travaui que néces-
site la mission dont l'Académie les a char-
gés, les commissaires demandent que deux
nouveaux Membres soient adjoints à la
("ommission j8o
— M. Arago fait hommage à l'Académie d'un
exemplaire de son éloge historique de Car-
not... »7
— !VI. Arago fait, d'après sa correspondance
particulière, des communications relati-
ves aux questions suivantes :
— Sur quelques circonstances de la dernière
éruption du Vésuve; Lettre de M. Bail-
leul 8
— Sur les étoiles filantes de la nuit du lo au
1 2 août 1 85o ; Lettre de M . Bravais 253
Sur un météore lumineux observé h Tou-
louse le 7 septembre" i85o; Lettre de
M. Larrey 4^1
— Sur la découverte d'une nouvelle planète
par M. de Gasparis dans la nuit du 2 no-
vembre i85o; Lettre de M. de Gasparis. . 683
M. Arago met sous les yeux de l'Académie
un compte rendu du procès du professeur
Webster, accusé de meurtre sur la per-
sonnedudocteurParkmann, compte rendu
qui a été transmis Verbatim par le télé-
graphe électrique de Boston à New-York. 174
M. Arago présente, au nom de M. Blanchi,
directeur de l'observatoire de Modènc, le
premier volume des annales de cet obser-
vatoire J^'<^-
— M. Arago présente, au nom de l'auteur,
M. àe Gasparin, un exemplaire du cin-
quième et dernier volume du Cours d'A-
griculture, que vient de publier le savant
académicien 3oD
ARAN. — Note sur la médication anesthésique
locale 845
MM. Pag".
ARCHEVÊQUE DE NICÉE(M. l'), nonce
apostolique , transmet une Lettre de
M. Volpicelli qui, en qualité de secré-
taire de l'Académie des Lincei, nouvelle- •
ment rétablie par Pie IX , prie l'Académie
des Sciences de vouloir bien comprendre
la nouvelle Académie dans le nombre des
établissements scientifiques auxquels elle
adresse les Comptes rendus de ses séances , 384
ARCHIVISTE DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMU-
LATION DE CAMBRAI (M. l') annonce
l'envoi de plusieurs volumes des Mémoi-
res de celle Société 385
ARTHUR. — Lettres concernant divers phé-
nomènes observés par l'auteur, et qui,
suivant lui , se rattachent à ce que
M. Boutigny appelle l'état sphéroïdal des
corps 589 et 864
— Nouvelle communication sur la théorie de
l'état sphéroïdal des corps 854
AUBE réclame la priorité d'emploi des fric-
tions générales dans le traitement de la
gale 85.^
AUBRÉE. — Nouveau procédé pour la photo-
graphie sur papier 64
AUGENURE adresse, de Constantinople, un
Mémoire sur les propriétés antiseptiques
du chloroforme 679
AUZIAS-TCRENNE. — Dépôt d'un paquet
cacheté (séance du 29 juillet) 146
— Note concernant l'inoculation de la sy-
philis aux animaux 719
AVEQUIN (d') demande et obtient l'autorisa-
tion de reprendre un Mémoire sur la
canne à sucre qu'il avait précédemment
présenté, et sur lequel il n'a pas encore
été tait de Rapport 388
BABINET. — Rapport sur une Note de M. Bou-
tiety, intitulé : «Sur la force qui main-
tient les corps à l'état sphéroïdal au delà
du rayon de leur sphère d'activité physi-
que et chimique » 5og
BAILLEUL. — Remarques sur quelques cir-
constances de la dernière éruption du Vé-
suve 8
BALARD présente, au nom de l'auteur,
M. Figuier, un Mémoire sur le dosage du
brome 898
BARDENAT demande que l'on fasse de nou-
velles recherches pour s'assurer si une
note qu'il avait adressée à l'Académie
n'est pas parvenue au secrétariat de l'In-
stitut 96
BARRA L. — M. Arago rend compte d'un
voyage aéronautique fait le 29 juin i85o
par MM. Bixio ot Barrai ,'5
— Journal d'un second voyage aéronautique
fait par les deux mêmes observateurs le
27 juillet i85o 126
BARRESWIL. — Explication proposée pour
le phénomène de l'endosmose 898
Dépôt d'un paquet cacheté, en commun
avecM. Boudault (séance du 2 septembre). 322
BAUDENS. — Résumé d'un travail sur un
nouveau traitement de l'bydrocèle 794
(933 )
MM. I
BAUDUIMONT.— Expériences sur la lénacite
des principaux métaux malléables, faites
aux températures o, loo et 200 degrés. . .
— Recherches expérimentales sur l'élasticité
des corps à plusieurs axes
— Note sur les variations de densité de l'air
atmosphérique
— M. Biiudrimont prie l'Académie de von-
loir bien le comprendre parmi les candi-
dats pour la chaire de Chimie, vacante au
Collège de France
— Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 19
aoilt }
BAUP. — .Sur l'acide de VEquisetum fluviatile,
et sur quelques aconitates
BAÎARD. — Influence do la vaccine sur le
déplacement de la mortalité, par rapport
aux Âges
BAZIN adresse, à l'occasion d'un Mémoire
de M. Bourguignon , une réclamation de
priorité relative à l'emploi de la méthode
dos frictions générales au lieu de frictions
partielles, dans le traitement de la gale.
— Réponse à une nouvelle Note de M. Bour-
guignon, relative à la même question
BEAUMONT. — Description d'un appareil
destiné à utiliser la chaleur dégagée par
le frottement
BECQUEREL. — Recherches sur les causes du
dégagement de l'électricité dans les végé-
taux
— M. Becquerel présente à l'Académie son
troisième Rapport au conseil général du
Loiret, sur les études relatives à l'amé-
lioration de la .Sologne
BECQUEREL (A.). — Mémoire ayant pour
titre : « De l'emploi des mcrcuriaux dans
le traitement de la fièvre typhoïde (sul-
fure noir de mercure et frictions avec on-
guent mercuriel ), méthode de M. Serres.
BECQUEREL (Ed.). —De l'action du magné-
tisme sur tous les corps
BENABD, — Noie concernant un procédé
qu'il a Imaginé pour résoudre le pro-
blème de la vitesse de la lumière dans
les milieux réfringents „
BENCE JONES. — Lettre sur les modifica-
tions qu'éprouvent les sels ammoniacaux
en traversant l'économie animale
BERNARD (Ci,.) — Recherches sur le curare
(en commun avec M. Pelouze)
— Sur une nouvelle fonction du foie chez
l'homme et les animaux
— A l'occasion d'une Note de M. Stas, rela-
tive à la présence du sucre de raisin dans
le liquide allantoldien de la vache,
M. Bernard annonce que depuis long-
temps il a fait des expériences publiques
C. R. , i85o, a™é Semestre. (T. XXXL
ii5
886
809
749
2.55
387
777
7'9
809
3i4
633
794
370
198
254'
898
533
57 >
Ihid.
798
524
430
MM. Pig'i.
qui démontrent l'existence du sucre de
raisin dans l'urine des fœtus de vache et
de brebis, ainsi que dans les liquides de
l'amnioset de l'allantoïde 659
— M. Bernard prie l'Académie de vouloir
bien comprendre son nom parmi ceux
des candidats pour la place vacante dans
la section d'Anatomie et de Zoologie. ■ . .
— Du rôle de l'appareil chylifère dans l'ab-
sorption des substances alimentaires. . . .
BERNARD (H.). — Sur une poudre dentifrice
qui parait exempte des inconvénients
qu'ofl'rent la plupart de celles qu'on em-
ploie 384 *'
— Sur les avantages qu'il y aurait à mettre
en jeu les pompes des navires par un
mouvement semblable à celui du cabestan.
— Procédé destiné à rendre le dessin linéaire
plus rapide et plus régulier 624
BERNARD (P.). — Nouveau système de be-
sicles à la Franklin 38}
BERTAGNINI (César). — Noie sur la for
mation de l'acide nitro-hippurique dans
l'économie animale 49°
BERTHIER est comme Membre de la Com-
mission chargée de la révision des
comptes pour l'année 1849 '9'
BERTRAND (Joseph). — Mémoire sur la
théorie des courbes à double courbure. . .
— Mémoire sur la théorie des tautochrônes.
BERTRAND. — Nouvelle Note sur une source
minérale qu'il a obtenue au moyen d'un
forage artésien, à Cusset ( Allier) ,173
BEUDANT. — Sa mort, arrivée le gdécembre,
est annoncée par M. le Président à l'Aca-
démie dans la séance du 25 du même mois.
BIANCONl fait hommage à l'Académie d'un
ouvrage intitulé : écimens de pho-
tographie sur papier, obtenus au moyen
d'un procédé nouveau qui permet d'a-
voir directement des épreuves positives. 71
— Description de ce procédé 63o el 726
BOU.SSINGAULT communique un passage
d'une Lettre que lui a adressée do Quito
M. Wisse qui y fait mention des ra-
vages exercés par le choléra dans la ville
de Bogota, ville située à 2600 mètres au-
dessus du niveau de la mer 7
— El une Lettre de M. Lewy sur la compo-
sition chimique de l'nir d'après des ana-
lyses faites à Bogota 725
— M. Boussingauh fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire de la deuxième édition
de son ouvrage intitulé ; « Économie ru-
rale, considérée dans ses rapports avec la
Chimie, la Physique et la Météorologie ». 845
(935)
MM.
BOUSSIOL. — Note ayant pour titre : « Ob-
servations sur la chaleur terrestre et sur
la part qu'elle a dans la formation des
sources et des fleuves, ainsi que dans la
germination des plantes »
BOUTIGNY. —Sur la force qui maintient
les corps à l'état sphéroïdal au delà du
rayon de leur sphère d'activité physique
et chimique
— Rapport sur ce Mémoire ( rapporteur
M. Ijabinet)
— Remarques à l'occasion d'une réclamation
de M . Zantedeschi
— Dépôt de deux paquets cachetés ; en com-
mun avec M. Moinier (séances du 26 août
et du 25 novembre) agS et
KOUTRON-CHARLARD et Ossian Hesry.—
Le prix de Statistique, concours de i85o,
leur est accordé pour leurs analyses des
eaux du déportement de la Seine. 685 et
HRACHET. — Applicstion de rUéliostat à la
photographie. Application de la télégra-
phie Chappe à la phonégraphie
— Modification proposée pour la caméra
obscura
— Sur la construction des lentilles achroma-
tiques à échelons, et sur leur application
aux instruments télescopiquea. 180 et
— Application des lentilles sphériques à éche-
lon au microscope catadioplrique solaire.
— Sur dilTérentes modifications à laire suhir
au microscope dioptrique de M, Amici.
Sur une modification apportée à la len-
tille éclairante du microscope solaire.. .
— Sur l'impossibilité de diriger les aérostats.
49*5 > 534 et
- Note sur cette question : ('omment il se fait
qu'on voit dans leur position naturelle les
objets dont l'image arrive renversée sur la
rétine • .
— Sur l'emploi des lentilles achromatiques
et périscopiques de Huygens dans les lu-
nettes de nuit, et des lentilles périscopi-
ques achromatiques de Wollaston dans
les lunettL's ordinaires et les lunettes as-
tronomiques
— Application des miroirs à échelons au té-
lescope catadioplrique de Newton
— Sur l'application des lentilles sphériques
à échelons au photophore
5î4
%
279
509
750
753
83o
64
96
35.5
43',
457
558
5go
660
73o
780
MM. Page,.
BRACHET. — Diverses communications rela-
tives à l'optique et aux aérostats 8-a
— Dépôt de deux paquets cachetés (séances
du 19 août et du 3o septembre). . . 255 et 498
BRAVAIS, qui avait obtenu l'autorisation
de reprendre temporairement son second
Mémoire sur les systèmes de points distri-
bués régulièrement, présente de nouveau
ce travail 11
— Sur l'influence qu'exerce l'heure de la
journée relativement à la mesure baro-
métrique des hauteurs 175
— Lettre à M. Arago sur les étoiles filantes
observées dans la nuit du 10 au 11 août
i85o; par M. B. AngWi 253
BRETON (de Champ). — Remarques sur un
nivellement de l'isthme de Suez exécuté
par M. Bourdaloue 484
BRIAND. — Réclamation de priorité 0 l'occa-
sion d'opinions émises par M. Guindet
sur les causes et l'origine du choléra. .. . 7.52
BRONGNIART (Ad.). — M. Rayer ayant an-
noncé que des expériences faites sur des
animaux avec une racine employée en
Ethiopie contre la rage n'ont pas donné
de résultats favorables , en faisant remar-
quer d'ailleurs que la plante n'a pas été
employée à l'état fiais, M. Brongniart an-
nonce qu'on pourra prochainement en
faire usage dans cet état, les serres du
Muséum contenant plusieurs individus de
ce végétal, nés des graines données par
M. Hochet d'Hêricourt . . 255
— Rapport sur un Mémoire de MM C'A. et
L.-R. Tulasne, sur l'histoire des Cham-
pignons hypogés, suivi de leur mono-
graphie 876
BR0UGH-4M (lord) donne lecture d'un tra-
vail ayant pour sujet des recherches ex-
périmentales et analytiques sur la lu-
mière 845
BROWN-SÉQUARD.— Mémoire sur la trans-
mission des impressions sensillTes dans
la moelle épinière . . 700
BUOVOESEZ. — Note sur la direction des
aérostats 558
BUSSY. — Remarques à l'occasion d'une
commonication de M. S. Pierre, sur l'u-
tilité de l'écorce de VAdansonia digitata
dans les fièvres intermittentes 86
CAHOXJRS (Acgdste). —De l'action simul-
tanée de la chaleur et des bases alcalines
en excès sur les acides homologues de
l'acide acétique 14^
CAHOURS — De l'action du chlore et du
brome sur le propylène, l'éthylèneet leurs
homologues
CANDOLLE (Alphonse de). —De la natu-
123..
291
(936)
MM. Page'-
ralisation des plantes. (Rapport sur ce
Mémoire; rapporteur M. de Jassieu.).,. . 358
CARNOT (Hect.). — Population nubile de la
France à quinze ans d'intervalle (en i8'24
et iSSg) 66
— Etude sur racoroissement successif de la
population, de 1770 à 1848 288
CARRIÈRE. — Indication des parties consi-
dérées comme neuves dans un ouvrage sur
le climat de l'Italie, présenté au concours
pour les prix de Médecine et de Chirurgie. 4
— Un encouragement est accordé à M. Car-
rière pour l'ouvrage ci-dessus mentionne
(concours de Médecine et de Chirurgie
de l'année i85o) 755 ei 83o
CARRO. — Sur un arc-cn-ciel lunaire non
coloré observé à Meaux, le 23 septem-
bre 1 85o 497
CARTIER ET BoBiEKRE soumettent, au juge-
ment de l'Académie, les résultats des re-
cherches qu'ils ont faites, en commun,
relativement à la conservation des cé-
réales 316
CARVALLO. — Extrait d'un Mémoire sur les
conditions de stabilité des ponts suspen-
dus 3
— Sur la stabilité des voûtes 64
CAUCHY (A.). — Mémoire sur un système
d'atomes isotropes autour d'un axe , et sur
les deux rayons lumineux q'ue propagent
les cristaux à un axe optique m
— Mémoire sur la reflexion et la réfraction
de la lumière à la surface extérieure d'un
corps transparent qui décompose un rayon
simple doué de la polarisation rectiligne,
en deux rayons polarisés circulairement
en sens contraiis 1 12
— Rapport sur un Mémoire de M . Jamin, re-
latif à la double réfraction elliptique du
quartz Ibid.
— Sur les rayons de lumière, réfléchis et ré-
fractés par la surface d'un corps transpa-
rent iCo
— Sur les rayons de lumière réfléchis et ré-
fractés par la surface d'un corps transpa-
rent et isophane 226
— Mémoire sur la réflexion et la réfraction
des rayons lumineux à la surface exté-
rieure ou intérieure d'un cristal 257
— Détermination des trois coefficients qui,
dans la réflexion ou dans la léfraction
opérées par la surface extérieure d'un
cristal, dépendent des rayons évanescenls. 297
— Mémoire sur les équations différentielles
du mouvement do l'éther dans les cristaux
à un et à deux axes optiques ■. 338
— Mémoire sur un nouveau phénomène de
réflexion.. 532
MM. Paj„.
CAUCH'Ï. — Note relative auxrayons réfléchis
sous l'incidence principale, par la surface
extérieure d'un cristal à un axe optique. C66
— Note sur la réflexion d'un rayon de lu-
mière polarisée, à la surface extérieure d'un
corps transparent 76G
— Note sur les vibrations transversales de
l'éther, et sur la dispersion des couleurs. 8 '(2
— M. Cauchy , au nom de la Commission
chargée de juger les Mémoires adressés
pour le grand prix des Sciences mathéma-
tiques, année i85o, fait un Happort dont
les conclusions sont qu'aucun Mémoire
n'ayant été jugé digne du prix, la Com-
mission propose de remettre la question
à l'année iS53... n3i
— M. Cauchy présente à l'Académie un Mé-
moire sur la réflexion et la réfraction opé-
rées par la surface extérieure d'un cristal
à un ou à deux axes optiques 42a
— M. Cauchy dépose, sur le bureau, un exem-
plaire de son Mémoire sur les lois de la
réflexion et de la rétraction opérées par la
surface extérieure d'un cristal à un ou
deux axes optiques. 5oq
— M. Cauchy est présenté par la Section de
Géométrie, comme l'un des candidats pour
la chaire de Mathématiques vacante au
Collège de France g^o
— M. Cauchy est nommé Membre de la Com-
mission qui aura à examiner les pièces
adressées au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques 479
— M. Cauchy est nommé Membre de la Com-
mission chargée de préparer la question
qui devra être proposée comme sujet du
grand prix des Sciences mathématiques à
décerner en i852 770
C AU MONT (de). — Lettre relative à l'époque
du frai des truites 862
CAVAILLON (de) annonce avoir fait une
nouvelle application de sa poudre pour
l'épuration du gaz d'éclairage 4^7
— Une récompense de 5oo francs lui est ac-
cordée pour ses procédés d'épuration du
gaz d'éclairage par le sulfate de chaux
(concours des Arts insalubres, i849-5o).
73t et 824
CHANCEL (Gdstave). — Sur l'éthérilication
et sur une nouvelle classe d'éthcrs Sai
CHARLIER. — Nouveau procédé opératoire
pour la castration des vaches par le vagin. 1 16
CHASSAIGNAC — Note sur un cas de liga-
ture de l'artère iliaque primitive 4^5
CHATIN. — Recherclies sur l'iode des eaux
douces; — présence de ce corps dans les
plantes et les animaux terrestres 280
MM. Page"-
CH ATIN —Dépôt d'un paquet cacheté ( séance
du 8 juillet) ^4
— M. Chalin, à roccasion d'une réclamation
adressée par M. Marchand, demande l'ou-
verture de ce paquet, qui contient une
Note sur la présence de l'iode dans l'eau
des pluies d'orage 868
CHAVAGNEDX (de) communique l'observa-
tion d'un phénomène météorologique. . . 72g
('HENOT présente quelques remarques sur le
degré de confi.Tnce qu'on peut accorder aux
indications des instruments thermomé-
iriquos dans une ascension aéronautique
aussi rapide que l'a été celle de MM. Bar-
rai et Bixio 180
CHEVALLIER (Charles), à l'occasion d'une
Note de M. TSrachct, adresse une réclama-
tion de priorité relativement à l'applica-
tion aux télescopes des oculnires à verres
achromatii|ues placés à des distances in-
diquées par Huygens et Ramsden 685
— M. Chevallier adresse une réclamation de
priorité au sujet d'une Note de M. Bou-
sigues, concernant la photographie sur
papier ')5i
CHEVALLIER (A.).— Essai sur la santé des
ouvriers qui s'occupent de la préparation
du sulfate de quinine, et sur les moyens
de prévenir les maladies auxquelles ils
sont sujets 517
CHEVREUL. — Extrait d'un travail intitulé :
i( Recherches expérimentales sur la pein-
ture à l'huile : l'r MfSmoire » i3
— M. Chevreul communique une Note de
M. Nie/jce de Saint-Victor sur un nou-
veau procédé de photographie sur plaqué
d'argent .... 49'
CHOUMARA.— Fragment d'un traitédu mou-
vement hélicoïde des astres 5i5
CLÉMENT.— Recherches sur les modifica-
tions qu'éprouve le sang dans sa compo-
sition chimique, lorsque les hommes ou
les animaux, d'ailleurs en santé, sont
soumis momentanément à des soufïrances
(937)
UM.
Pigti,
vives et capables d'user rapidement l'or
ganisme 69
CLÉMENT. — Recherches sur la composi-
tion du sang 289
CLOEZ. — Recherches sur la végétation (en
commun avec M. Oratiolet) 626
CCBLUR prie l'Académie de vouloir bien hâ-
ter le travail de la Commission qui a été
chargée de faire un Rapport sur une Note
relative à l'appréciation des sons musi-
caux, présentée par lui en septembre 1847. '^4
COLIN. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance
du 2 septembre) 322
COLLOMB (Ed.).— Note sur l'époque d'appa-
rition des glaciers dans l'Europe cen-
trale 709
COMBES lit, au nom de la Commission des
prix de Statistique pour les années 1849
et i85o, un Rapport sur ce concours. . . . 683
CORKNWINDER (B ). — Mémoire sur les
combinaisons définies de l'iode et du phos-
phore \yi
COSTE. — Recherches sur la gestation de l'es-
pèce humaine 074
COULVIER-GHAVIER.- Sur les étoiles fi-
lantes du mois d'août 219
— Notes sur les étoiles filantes (en commun
3.\eQ.^. Saigey) 655 et 727
COURTY. — Dépôt d'un paquet cacheté
(séance du 5 août) 180
— Ce paquet, ouvert dans la séance suivante,
sur la demande de l'auteur, renferme la
description d'un instrument imaginé par
lui, pour retirer de la vessie une tige mé-
tallique qui y était tombé 216
CBUSSEL.— De. l'application du galvanisme,
de la chaleur solaire et du feu au traite-
ment du cancer et de certains ulcères de
mauvaise nature. Emploi de la charpie
d'écorce do chêne 61
— Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 28 oc-
tobre ) 63 1
CURIE (F.). — Note sur le mal do mer (com-
muniquée par M. Duvernoy) 49'*
D
D'ALTAMURA. — Considérations sur les
conditions auxquelles doivent être assu-
jettis les appareils destinés à la locomo-
tion aérienne 3i4
D'ARCET. — Dépôt de trois paquets cachetés,
en commun avec MM. Poisoi et Bouillon
(séances des 29 juillet, 23 septembre et
II novembre i85o) 146, 4^7 et 684
DAURIAC se déclare auteur, en collabora-
tion avec M. Sahuijué, d'un Mémoire pré-
senté au concours pour le grand prix des
Sciences physiques, et auquel l'Académie
a accordé une indemnité 869
DEC03TER — Dépôt d'un paquet cacheté
( séance du 23 décembre ) 870
DELACROIX (E.). —Note sur un nouveau
procédé de bouturage 120
DELAHAYE, GIRE et KRETTLY deman-
(
MM. Pages.
dent que l'Académie veuille bien mettre
à leur disposition un local pour faire des
expériences sur la direction des aérostats. 63 1
DELASIAUVE. — Une récompense lui est
accordée pour son travail sur le traite-
ment de l'épilepsie (concours de Médecine
et de Chirurgie, année i8)o)... 764 et 827
DEtjESSE. — .Sur la constitution minéralo-
gique et chimique de la serpentine des
Vosges 210
— Sur l'association des minéraux dans les
roches qui ont un pouvoir magnétique
élevé 8o5
DELFRAYSSE fait connaître un procédé de
son invention, pour empêcher le blé de
germer dans ses réservoirs, et pour le
conserver indéfiniment à l'abri de toute
altération , j3o
— M. Delfrnyssê communique des faits qui
semblent propres à faire ressortir l'avan-
tage qu'il y a pour le médecin à suivre
les inspirations de l'instinct des malades
dans les cas de maladies réputées incura-
bles ^51
DELIGAND, statuaire, chargé par la ville de
Pithiviers de l'exécution de la statue de
M. Poisson, prie l'Académie de vouloir
bien mettre h sa disposition le buste qui
est placé dans la bibliothèque de l'Insti-
tut 457
DELIODX. — Considérations chimiques et
thérapeutiques sur les sels d'argent,...
7^5 et 777
DELPORTE — Opération de staphjioraphie
exécutée par le procédé de M. le profes-
seur Sédillot > 866
DEME4UX. — Note sur un mode d'altération
de la mallère séminale 555
— Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Lallemand 696
UEMIDOFF. — Observations météorologiques
recueillies à Nijné-Taguilsk pendant les
mois d'octobre, novembre et décembre
1849, avec le résumé général de l'année. 539
DF.SAINS (Ed.). — Mémoire sur la polarisa-
tion de la lumière réfléchie par le verre. G76
DESAINS (P ). — Mémoire sur la polarisa-
lion de la chaleur par réfraction simple
(en commun avec M. F. de laProvostaje). 19
— .Sur la rotation que l'essence de térébenthine
et le sirop do sucre font éprouver au plan
de polarisation d'un rayon calorifique
qui les traverse (en commun avec M. F.
de la Pro\>ostaye) 53
— Mémoire sur la réflexion de la chaleur (en
commun avec M. F. de la Provostayc). . . 5i2
— Mémoire sur le pouvoir rotatoire qu'exer-
cent sur la chaleur l'essence de téiében-
938
thineetles dissolutions sucrées (en com-
mun avec M. F. de la Provostayc) 621
DESAINS.— Mémoire sur la détermination des
pouvoirs absorbants des corps atherma-
nes pour les chaleurs de diverses natures
(en commun avec M. F. de la Provostaye). 770
— Dépôt de deux paquets cachetés, en com-
mun avec M. F. de la Promstnye {séaiicea
du 8 juillet et du 21 octobre).. .. 64 et Sgi
DESCHAMPS. — Dépôt d'un paquet cacheté
(séance du i septembre) 322
UESFRETZ (Ch ) — Sixième communication
sur la pile; Note sur le phénomène chi-
mique et sur la lumière de la pile à deux
liquides ^ig
DESSAIGNES.— Nouvelles recherches sur
la production de l'acide succinique au
moyen de la fermentation ^3-.!
DEZAUTIERE. — Note comprenant une
théorie nouvelle do la vision 680
D'HOMBRE-FIRMAS.-Nouveauxrenseigne-
ments sur une caverne à ossements ré-
cemment découverte près d'Alais iqo
DIRECTEUR DE L'ADMINISTRATION
DES DOUANES i,le) adresse un exem-
plaire du tableau général du commerce
de la France avec ses Colonies et les
Puissances étrangères, pendant l'année
1849 725
— M. le Directeur de l'Administration des
Douanes adrcsae j pour la bibliothèque de
l'Institut, trois documents que vient de
publier cette administration 897
DOBRZK.I (Joseph). — Considérations sur
le rôle que joue l'électricité dans la na-
ture. 64
DODERO —Dépôt d'un paquet cacheté (séance
du 7 octobre ) 5i4
D'ORBlCiNY (Alcide).— Mémoire sur l'ins-
tant d'apparition, dans les ftges du monde,
des ordres d'animaux, comparés au degré
de perfection de l'ensemble de leurs or-
ganes 193
— Recherches physiologiques sur les milieux
d'existence des animaux, dans les figes
géologiques 648
DOZOU.S écrit de Lourdes (Hautes-Pyrénées )
qu'il possède des ossements humains fos-
siles, et qu'il se propose de les déposer
dans un Muséum d'Histoire naturelle, où
les paléontologistes pourront les étudier. 73o
DU BOIS-REYMOND (E.). - Mémoires re-
latifs aux phénomènes électro-physiolo-
giques. (Rapport sur ces Mémoires; Rap-
porteur M. Poaillet) 28
— Troisième réponse à M. Matteucci 9'
DUBOSCQ (Jules). — Note sur' un nouveau
(939)
MM.
compensateur pour le saccharimèlre (en
commun avec M. Ucnri Soleil ;
OUROSCQ. — Noie sur un régulateur éleo-
• rinue
— U'ôuboscg ^"=1 """^ '«' 5'^"^ '■'' ^^'f^-
,, , -struit par lui dans
mie un stéréoscope coii.
le système Brewster
DUCHENNE demande à l'Académie l'autori-
sation de retirer le Mémoire qu'il avait
envoyé pour le concours des prix de Mé-
decine et de Chirurgie
nUDOUlT. — Considérations sur l'énoncé
d'un théorème d'Euclide
— Nouvelle Note ayant pour titre : « Consi-
dérations sur la section de la ligne aux
trois cinquièmes; surEucIide et sur l'ap-
plication du calcul infinitésimal à l'Astro-
nomie «.
DUFOUR (Léox). — Notesnr la conservation
des céréales
DDFOUR. — Observation du météore lumi-
neux du 5 juin faite à Travant, près
Beaugency (Loiret )
DUFRENOY.— Rapport sur un Mémoire de
M. Hugard, intitulé : « Etude cristallo-
graphique de la slrontiane sulfatée, et
description de plusieurs formes nouvelles
de cette substance »
— Note sur des cristaux de diaspore de Gu-
much-dagh, près d'Ephèse (Asie Mi-
neure)
— Rapport verbal sur un ouvrage de M. Scac-
chi ayant pour litre : a Memorie geolo-
giche sulla Campania, ou Géologie de la
Campanie »
— Rapport sur un Mémoire de M. Laurence
Smith ayant pou r objet l'étude du gisement
de i'émeri de l'Asie Mineure, et des mi-
néraux qui y sont associés
DU JARDIN (Feux). — Mémoire sur le sys-
tème nerveux des Insectes
DUMAS présente un Mémoire do M. /. An-
dcrson concernant l'action de l'acide ni-
trique sur les alcalis organiques
DUMERIL présente, au nom de l'auteur,
M. Charles-Lucien Bonaparte, un exem-
plaire d'un tableau systématique des
Reptiles et des Amphibies
— M.DunieVi/est nommé Membre de la Com-
mission chargée de décerner le prix Cu-
vier
DCMONT (Aristide).— Mémoire sur l'appli-
cation de la télégraphie électrique aux
relations sommaires des habitants des
grandes villes
DUPERREY présente, au nom de la famille
deM. de Blainville, les dernières livraisons
parues de l'ouvrage que publiait le savant
248
807
895
95
356
169
.85
26a
611
568
i36
4l9
»7
'■»9
académicien sous le titre (yOstéographie .
DUPIN (Cb.) fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire de son Rapport d'inspec-
tion sur l'École nationale des Arts et Mé-
tiers d'Aix, elJu Rapport qu'il a fait, au
nom d'une Commission de l'Assemblée
législative, sur une demande de crédit
pour dépenses relatives à l'exposition de
*■ '«ndres.
'-"■■ -I nommé Membre d'une Com-
— M. Dupin Km. s'occuper des ques-
mission chargée de -n d'une caisse
lions relatives à la créatl»..
des retraites •.*..
— M ■ Dupin fait hommage à l'Académie d'un
exemplaire du discours qu'il a prononcé
à l'Assemblée nationale, pour la défense
du corps des Ponts et Chaussées et de
l'Ecole Polytechnique 794
DUPUIS-UELCOURT. — Remarques adres-
sées à l'occasion d'une Note insérée dans
le Compte rendu de la séance du i*' juil-
let , sur l'ascension aéronautique de
MM. Birio et Barrai 64
DURAND (de Lknel) envoie une réclamation
de priorité relative à la communication
faite dans la séance du 4 novembre, par
M. Guindet j sur la nature, les causes, le
siège et le traitement du choléra-morbus.
DURAND. — .Sur raccroissement en diamètre
des tiges des Dicotylés (en commun ave>'
M. Manoury) aor
DUREAU DE LA MALLE fait hommage à
l'Académie d'un ouvrage intitulé ; «Cli-
matologie de l'Italie et de l'Andalousie
anciennes et modernes. »
— Note sur le blé germé et mouillé de i85o
DUVER^OY est nommé Membre de la Corn
mission chargée de décerner le prix
Ciivier 14
— Sur les organes de génération de divers ani-
maux. Deuxième fragment 342
— Troisième fragment Des organes de géné-
ration dans la famille des Scorpions. . . .
— Quatrième fragment. Des spermaphorcs
dans la Sépiole de Rondelet et dans le
Calmar subulé , etdes organes qui se pro-
xluisent dans ces deux espèces et dans plu-
sieurs autres Céphalopodes; de leur com-
position par ces organes , et de leur
décomposition ilans l'enu et dans les or-
ganes sexuels des femelles Sgî et
— M Duvernoy communique une Note de
M. Curie sur le mal de mer
DUVOIR-LEBLANC prie l'Académie de vou-
loir bien nommer une Commission en
présence de laquelle il fera des expé-
riences sur un nouveau système de venti-
lation 62
749
89;
5o6
767
49'-i
{ 94o )
Pages.
810
MM.
EBELMEN. — Recherches sur la composition
des matières employées en Chine dans la
fabrication et la décoration de la porce-
laine (eu commun avec M. Salvélat).
74-^
EDWARDS (Milne) est nomm-^' " . - «»
la Commission cha'- - irxembre de
prix Cuvicr. ,. tfée de décerner le
- M. Miln" '■
I' , i^dwards présente à l'Académie
.a première livraison du « Catalogue de
la collection entomologique du Muséum
d'Histoire naturelle j>
EUE DE BEAUMONT est nommé Membre
de la Commission chargée de décerner le
prix Cuvier 1 4
— M. ÉUe de Beaumont, h l'occasion d'une
Lettre de M. Wisse, qui fait mention des
ravages exerces par le choléra dans la ville
'4
793
MM.
de Bogota, située à 260- - • ■ , ^'*"-
j„ „. j , ^^ mètres au-dessus
(lu niveau de I» - , .
j-j. . -. mer, tait remarquer que
on a vu la même maladie sévir sur
des populations qui habitent, dans les
montagnes du Tyrol , des lieux dont l'élé-
vation est considérable , quoique bien
moindre que celle de Bogota 68
ÉLIE DE BEAUMONT. — Note sur la cor-
rélation des directions des différents sys-
tèmes de montagnes 3x5
— Extrait d'une Lettre adressée (de Canon,
près Caen , le 3o septembre i85o ) à
M . Constant Prévost 5o i
— Remarques à l'occasion d'une communica-
tion de M. de Caumont, sur l'époque du
frai des truites 863
EVRARD. — Dépôt d'un paquet cacheté
( séance du 9 septembre) 338
FABIAN. — Le prix fondé par Madame de
Laplace lui est accordé, comme élève sorti
Je premier de l'École Polytechnique, an-
née i85o _. 8 jo
FATOU (L.- A.). — Etude sur quelques points
de la physiologie du cœur ai4
FAURE. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance
du 23 décembre) 870
FAVRE se déclare auteur , en collaboration
avec M.,Silbcrmann, d'un Mémoire présenté
au concou."s pour le grand prix des Sciences
physiques, et qui a été honoré d'une dis-
tinction par l'Académie 810 et 821
FAYE. — Sur les déclinaisons absolues de«
étoiles fondamentales déterminées à Kœ-
nigsberg, en 1820 et 1821 l^Ol
— Considérations sur la chaleur centrale du
globe; Lettre à M. Constant Prevos!, au
sujet de sa Note sur l'état originaire et
l'état actuel de la masse terrestre , elc . . . 5a5
— Sur les déclinaisons absolues, sur le
diamètre du soleil et l'éclipsé totale de
1842 635
— Sur les déclinaisons absolues des étoiles
fondamentales ySj
FERNANDEZ. — Formule d'une eau hémos-
tatique de sa composition 901
FIGUIER. — Mémoire sur le dosage du
brome 898
FLANDIIN , en adressant un paquet cacheté,
annonce qu'il s'est occupé, depuis long-
temps déjà, de rechercher le moyen de
remplacer le coton dans un grand nombre
de ses applications, parle lin, le chanvre
et autres matières fibreuses 786
FLEDREAU annonce avoir conçu l'idée d'un
mode de navigation aérienne qui n'exige
point l'emploi des ballons, et exprime le
désir d'obtenir le jugement de l'Académie
sur son invention 146
FLEURY (Louis). — De l'emploi des douches
Iroides excitantes contre le tempérament
lymphatique, la chlorose et l'anémie. .. ^oS
— MM. Fleury et Monneret indiquent ce qu'ils
considèrent comme neuf dans l'ouvrage
qu'ils ont présenté au concours pour les
prix de Médecine et de Chirurgie 121
FLEURY. — Lettre sur un projet d'application
de la photographie à l'étude du ciel 497
FLOURENS annonce (séance du 8 juillet)
la perte que vient de faire l'Académie dans
la personne de M. Ra/feneau de hile , l'un
de ses Correspondants pour la Section de
Botanique i3
— M. Flourens est nommé Membre de la Com-
mission chargée de décerner le prix Cu-
vicr 14
— M. F/ou;enj présente, au nom de M. Palm-
stedt, de l'Académie des Sciences de Stock-
holm , un exemplaire en bronze de la mé-
( 94
MM. Page»,
daille trappéo en l'honneur de Bertelius, i4i
— A l'occasion d'une communication de
M. Augendre sur les propriétés antiscp-
tiques du chloroforme, M. Flourens rap-
pelle que M. Ed. Robin a déjà signalé ce
&it dans un travail communiqué à l'Aca-
démie au mois de janvier dernier 679
— M. Flourens, au nom do la ('oinmission
chargée de juger les pièces adressées an
concours pour le grand prix des Sciences
naturelles (année i85o), fait un Rapport
dont la conclusion est que la même ques-
tion sera proposée de nouveau comme
sujet du prix à décerner en i853 755
FOCILLON (Ad.). — Mémoire sur la struc-
ture et les fonctions de la peau dans les
animaux annelés ('70
FOCK ( d'Utrecht) prie l'Académie de vouloir
bien hâter le Rapport qui doit être fait
sur son Mémoire relatif à la stature de
l'homme et aux proportions de son corps. 4^7
— Supplément au Mémoire indiqué ci-des-
sus 85 [
FOLLEY ET Martin. — Le prix de Statistique,
concours de 1849, leur est accordé pour
leur Histoire statistique et médicale de
la colonisation algérienne 685 et 818
' )
MM. H«g«.
FORDOS (J.-M.). — Mémoire sur le sulfure
d'uîote (en commun avec M. A Gélis), . . 702
FOURCAULT. — Appareils destinés à porter
la chaleur sècbe et le froid anhydre sur
toutes les parties du corps, dans le traite-
ment des maladies internes et externes. 3o6
FRANCALLET. — Dépôt d'un paquet ca-
cheté (séance du 11 novembre) 685
FRANC.HOT. — Communications ayant pour
objet de prouver que la solution du pro-
blème de la direction des aérostats sera
impossible tant que l'on ne sortira pas
des conditions dans lesquelles on s'est
tenu jusqu'à présent 589, 680 et 780
FREMAUX. — [Mémoire sur un mécanisme
pouvant s'appliquer aux machines loco-
motives pour gravir les rampes et les
plans inclinés des chemins de fer 85o
FREMY ( E.). — Nouvelles observations sur
les transformations que la chaleur fait
éprouver aux acides tartrique et para-
tartrique 890
— Recherches chimiques sur l'or 8g3
— Dépôt d'un paquet cacheté (séance du
3o décembre) 90 1
FROMAGE. — Note sur la direction des aé-
rostats 121
G.ALLE adresse ses remerciments à l'Acadé-
mie qui, dans la séance du 4 mars i85o,
lui a décerné le prix d'Astronomie (fon-
dation Lalande) pour l'année 1846 5
GANNAL. — Dépôt d'un paquet cacheté
(séance du 2G août) agS
GARCIA-MORÉNO. — Exploration du volcan
de Sangaï (République de l'Equateur).
En commun avec M. Wisse 91
GARNIER — Sur la direction des aérostats. 752
GARREAU (J.). — Sur la nature de la cuti-
cule et ses relations avec l'ovule 807
Recherches sur l'absorption et l'exhalation
des surfaces aériennes des plantes ..... 3i 1
GASPARIN (de). — Remarques sur une FjCttre
de M. Charpentier, relative au régime ali-
mentaire des mineurs belges 20
GASPARIS (de ) annonce à M. Arago la dé-
couverte qu'il a faite d'une nouvelle pla-
nète, le 2 novembre i8.5o 683
— La médaille Lalande {année 1849) est dé-
cernée kM.de Gasparis, pour la découverte
qu'il a faite, le i\ avril 1849, d'une nou-
velle planète qui a reçu le nom d'Hygic.
753 et 8i3
— Le prix d'Astronomie (année i85o) est par-
C. R., i85o, i"'» Semestre. (T. XXXI.)
tagé entre M. de Gasparis pour la dé-
couverte des deux nouvelles planètes Par-
thénope et Égêrie, et M. Hind pour la
découverte d'une autre planète qu'il pro-
pose de nommer Victoria 753 et 814
GASPARIS (de). — Observations de la planète
Egério; communiquées par M. Le Ferner. 861
GATEL fait connaître quelques modifications
qu'il a apportées au procédé ordinaire de
photographie sur papier 497
GAUDICHADD. — Note sur VApios tuherosa
et sur le Psoralea esculenta 39'î
GELIS ( A. ). — Mémoire sur le sulfure d'azote
(en commun avec M. J.-M. Fordos) 70U
GENDRON. — Sur l'action fébrifuge de l'alké-
kenge ou coqueret des vignes 65
GENIN. —Noie sur des sauterelles qui ont
paru près de Saint-Pierre-d'Albigny, en
Savoie (en commun avec M. Bonjean).. . 4^^
GEOFFROY -SAtNT-HILAlRE (Isidorb). -
En présentant une Note de M. P. Gervais,
sur les Mammifères ongulés de France,
M. Geoffroy -Saint-Hilaire fait remarquer
que l'un des résultats énoncés par l'auteur
peut être rendu beaucoup plus remarqua-
ble encore '>54
124
(
GEOFFROY-SAIKT-HILAIRE (Isiu.). -
Rappon sur un veau phocomèle et hydro-
céphale , et sur des figures de ce monstre,
transmises à PAcadéuiie par M. le Ministre
de. l'Agriculture et du Commerce figg
— Note sur plusieurs espèces nouvelles de
Mammifères de l'ordre des Primates . . . Sn3
(JERH ARDT. — Recherches sur les combinai-
sons ammoniacales du platine 241
— M. Gerhardt prie rAcacéniie de vouloir
bien le comprendre dans le nombre des
candidats pour ia chairn de Chimie, va.
canteau Collège de France jao
GERVAIS. — Recherches sur les Cétacés du
genre Ziphius, di! Cuvier, et plus particu-
lièrement sur le Ziphius cavirostris 5io
— Note ïoologique et paléontologique sur les
Mammifères ongulés de France 55j
CllOANNETTl — Mémoire sur la possibilité
de diriger les aérostats gg
GIRARD (L -D.). — Nouveau Mémoire sur
le barrage liydropneumatique, et sur l'ap-
plication perfectionnée de son principe
aux roues et aux turbines ^08
ft,.
veau système de construction des habi-
tations 448
HOLLARD (H.). —Coup d'oeil sur l'onlre des
Ganoîdcs, et recherches sur les earac-
lères des Lophobranches, pour détermi-
ner leurs véritables affinités zoologiques. 564
— Etudes zoologiques sur le genre Actinia,
pour faire suite aux études anatomiques
sur le même groupe 744
— Une mention honorable est accordée à
M. Hollard pour sa monographie du
genre Actinie (concours de Physiologie
expérimentale, années i849) i85o). 811 et 8iu
— M. Hollard adresse ses remerclments à
l'Académie 869
— M. Hollardptie l'Académie de vouloir bien
le comprendre dans le nombre des candi-
dats pour la place vacante dans la Section
de Zoologie, par suite du décès de M. de
Blanville 5^4
HORLIN. — Mémoire sur les calcaires de la
basse Bretagne. 724 et 868
HOSLIN, écrit par erreur pour Horlin; voyez
ci-dessus.
IlOUSEZ. — Mémoire ayant pour titre :
« Essai sur les causes premières du mou-
vement matériel )) y5
— Note sur un point d'astronomie 786
HUGARD. — Étude cristallographique de la
stronliane sulfatée, et description de plu-
sieurs formes nouvelles de cette sub-
stance (Rapport sur ce Mémoire; rap-
porteur M . Dufrénoy.) 169
HUMBERT DE MOLARD (A.). — Images
photographiques sur papier, obtenues au
moyen de la plaque albuminée et dans un
temps très-court, grâce à l'emploi d'une
substance accélératrice 2ij8
HURT.AUX. — Un encouragement lui est
accordé pour son » Mémoire sur les effets
physiologiques et thérapeutiques des éma-
nations du tabac, observés sur les ou-
vriers de la ij anufacture de l'aris d
(concours de Médecine et de Chirurgie,
année i83o) 755 et 8^9
HUSSON présente des échantillons d'une
toile préparée de manière à pouvoir rem-
placer le papier à calquer 853
I
ISARD envoie la descri{>tion d'une machine
de son invention 870
IVICHIEVICH adresse de Macarsca (Dal-
malie) une Noiie sur un projut d'écriture
universelle (pangraphie) pour lequel il
sollicite l'appui de l'Académie 146
124- .
(944)
MM. Pages*
JACQUELAIN (V.-A.) —Mémoire sur les
hydrates d'acide sulfitrique 624
— Mémoire sur l'acide iodique auhydre et
cristallisé Ibid.
— Mémoire sur la dulcine 625
— Mémoire sur les miniums 626
JAMIN. — Mémoire sur la réHeiion totale. . . i
— Mémoire sur la transmissibilité de la
clialeur (en commun avec M. Masson). . . 14
— Mémoire relatif à la double réfraction el-
liptique du quartz. (Rapport sur ce Mé-
moire; rapporteur M. Cauchy.) 112
— Mémoire sur la réllcxion par les liquides. 6y6
JANICKI. — Mémoire sur la conservation des
viandes et de toutes les matières suscepti-
bles d'une prompte décomposition 45i
— Mémoire sur l'application en grand du
système des siphons 5go
JAYET ET Macrel demandent que leur ma-
chine à calculer soit admise au concours
pour le prix de Mécanique jo
— Lin prix leur est accordé pour cette inven-
tion 753 et tii4
JEANJEAN. — Des brèches osseuses et des
cavernes à ossements réunies près de la
métairie de Bourgade , dans les environs
de Montpellier; Mémoire de MM. Jean-
jean et Marcel de Serres 5 18
JOBERT DE LAMBALLE. — Recherches sur
les fistules vésico-utérines et vésico-utéro-
vaginales 211
— Un prix est accordé à M. iohert de Lamballe
pour son « Traité de Chirurgie plasti{|ue »
(concours de Médecine et de Chirurgie,
année 1 849 ) 754 et 825
M!ll. Cage».
JOliï (N.). — Mémoire sur un enfant uos-
encéphale adhérent & son placenta et né
vivant (en commun avec M. /. Gaitard). 677
JOMARD. — Note sur les effets d'un coup de
foudre 8
— M. Jomard présente des graines d'un vé-
gétal connu dans l'Amérique tropicale
' sous le nom decédron, graines employées
dans ce pays contre les morsures de ser-
pent, et il y joint l'extrait d'une Note de
M. Herran, sur le» effets de ce médi-
cament 141
JOS.SE. — L'Académie reçoit communication
d'une Lettre annonçant que l'Institut a
été appelé par testament, conjointement
avec l'École de Médecine de Faris, à hé-
riter des biens de feu M. Josse, né à
Rennes, et mort en février 1846, à Port-
Louis , île Maurice 900
JUNOD (T.).— Note sur un appareil déri-
vatif pour le traitement des surdités ca-
tarrhales 44**
— Mémoire ayant pour titre : « Sur un moyen
certain d'obtenir une gramlo économie
dans les hdpitaux, les hospices et autres
établissements de bienfaisance 449
JDSSIEU (de). — Rapport sur un Mémoire
de M, Alphonse de Candolle, ayant pour
titre : « De la naturalisation des plantes ». 358
— Rapport sur une communication de M.Kai-
lot, concernant une Renonculacée obser-
vée dans les environs de Dijou 365
KRAFFT. — Dépôt d'un paquet cacheté
(séance du 3o décembre) 901
KRETTL"X, GiRE et Delahate prient l'Aca-
dé:Die de vouloir bien mettre à leur dis-
position un emplacement po\ir faire des
expériences sur la direction des aérostats. 63i
LALLEMAND. — Conclusions d'un Rapport
sur un Mémoire de M. de Sandouville, re-
latif aux mesures administratives à pren-
dre dans le but d'empêchcria propagation
des maladies vénériennes 695
— Conclusions d'un Rapport sur une Note de
M. Demeaux, relative à un mode d'alté-
ration de la matière séminale 6;,6
LAME est nommé Membre de la Commission
qui aura à examiner les pièces adressées
au concours pour le grand prix des Scien-
ces mathématiques '179^
(945
MM ■'•'S"'-
— M. Z,(im(? est nommé Membre (le la Commis-
sion chaigcedc préparer la question qui
d«vra être proposée comme sujet du grand
prix des Sciences mathématiques a décer-
ner en i852 .. 770
LAMPERIERRE adresse un supplément au
Mémoire qu'il avait précédemment pré-
senté sur les moyens de reconnaître la
quantité et la qualité de la sécrétion lac-
tée chez la femme 4
LANDOUZY (H.). — De la coexistence de
ramauroseetdela néphrite albumineuse. 583
— De l'exaltation de l'ouïe dans la paralysie
du nerf facial 7 '7
LAPOLLLÉ. — Dépôt d'un paquet cacheté
(séance du 28 octobre) 63i
LARGETEAU. — Rapport sur un Mémoire
de M. Pono, ayant pour titre : o Des-
cription d'un nouvel appareil pour la me-
sure des bases trigonomctriques i> a32
LARREY. — Observations d'un météore lu-
mineux faite à Toulouse le 7 septembre
i85o, à 9 heures du soir 4^1
LASSAKiNE (J.-L.)- — Faits PO"r servir à
l'histoire du suc pancréatique 743
LAUGIER lit, au nom de M. Arago, des
fragments de la biographie de S.-D. Pois-
son . • • 840
LAURENCE SMITH (J.)- —Mémoire sur
l'émeri d'Asie Mineure, dans ses rapports
géologique, minéralogique et commer-
cial, et sur les minéraux associés avec
l'émeri 1^^ el 191
Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Dufrénor 61 1
LAURENT (Aco.)- — Sur diverses combinai-
sons organiques. . 349
— Sur des combinaisons sulfuriqucs et ni-
triques de la benzine et de la naphtaline. 53^
— Sur les acides ferri et ferri-mangani-tungs-
tiques 692
— Note sur le dulcose 694
— M. Laurent prie l'Académie de vouloir bien
le comprendre dans le nombre des can-
didats pour la chaire de Chimie , vacante
au Collège de t'rance 854
LAURENT (L.).— Mémoire sur les habitudes
de quelques animaux nuisibles aux bois
des approvisionnements de la marine. . .
5o et 74
LE BEUF ( Ferdinamd ). — Recherches sur la
saponine 65a
LEBLANC (Félix). — Note sur la présence
de la caséine en dissolution dans le sang
de femme pendant l'allaitement (en com-
mun avec M. Natalis Guillot) 520
— Note sur la présence de la caséine, et les
variations de ses proportions dans le sang
)
MM. PagM-
de l'homme et des animaux (en commun
avec M. TSatalis Guillot) 585
LEBCEUF. — Sur l'importance qu'il y aurait
à apporter, dans la description des grands
phénomènes météorologiques, une préci-
sion de langage qui rendit comparables des
observations faites en différents lieux... 121
— Note sur des pluies abondantes et sur la
théorie de ce phénomène 484
LECONTE envoie la description d'un système
de télégraphie qu'il croit applicable à la
guerre, et qui offrirait l'avantage de
transmettre les signaux de jour et de nuit
sans employer ni matériel ni hommes
spéciaux. ... 590
LEFEBVRE ( Robert )— Mémoire sur le
calcul des réfractions astronomiques d'a-
près l'observation des hauteurs de la
lune 5.55
LEGAL. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance
du a décembre ) 787
LEGRAND ( A.). — De l'ablation on de la
destruction des loupes et tumeurs analo-
gues, sans opération sanglante ^8
LE GRAY. — Réclamation de prioiité adres-
sée, à l'occasion d'une communication
récente de M. BlaïK/uart-Évrard, relative-
ment à l'emploi du fluorure d'argent dans
les opérations photographiques. Opuscule
imprimé signalé comme pièce à l'appui
de cette réclamation. . , .S
LELLL — Mémoire écrit en italien, et ayant
pour titre : « Du système du monde en
général, et en particulier de notre sys-
tème solaire » 67
LEMAIRE ( J). — Dépôt d'un paquet cacheté
(séance du 19 août) 255
— Dépôt d'un paquet cacheté; en commun
avec M. L. Gratiolet (séance du 23 dé-
cembre ) 870
LEMAITRE (Ferdinand). — Projet d'un pont
destiné à établir une communication
entre Calais et Douvres ^97
LEROY D'ÉTIOLLES. — Remarques à l'oc-
casion d'un encouragement accordé par
l'Académie à M. Mercier pour ses recher-
ches sur les valvules du col de la vessie... 810
LESBROS. — Expériences sur les lois de l'é-
coulement de l'eau à travers les oritices
rectangulaires verticaux à grandes dimen-
sions, entreprises à Metz pendant les trois
derniers mois de 1828, et pendant les an-
nées 1829, i83i et i834 86
— Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur
M. Poncelet 733
— Un prix est accordé à M. Lesbros (concours
de Mécanique, années 1849-1850) pour des-
(946)
Pag".
8.4
395
180
appareils et dos expériences concernant
l'hydraulique expérimentale. . . . ^53 et
LESPES. — Oi'pât d'un paquet cacheté
(séance du 26 août)
LESTERHT communique les résultats de ses
spéculations sur la constitution du Soleil
et des étoiles fixes
LEURET, à l'occasion du Mémoire de M. Gra-
tiolct, sur les plis cérébraux de l'iiomme
et des Primates, rappelle que, dans son
« Anatomie comparée du système ner-
veux, 11 il a, dés l'année ibSg, donné la
description des circonvolutions du cerveau
des singes et étudié leur disposition com-
parativement avec celle du cerveau de
l'homme et de l'éléphant ^g6
LE VERRIER communique l'extrait d'une
Lettre de M. Hind, contenant deux iib-
servations de la planète découverte le
2 novembre iSS», par M. deGasparis. .. 729
— Et d'une Lettre de M. de Gasparis sur la
même planète 861
— Note sur le retour de la comète périodique
de M. Fore 589
— Ephémérides de cette comète 844
LÉWY. — Sur la composition chimique do
l'air 72.")
LHENTROD. — Communication sur la di-
rection des aérostats . .752
LIEGEÏ. — Remarques sur les analogies entre
les maladies de l'homme et celles de cer-
tains animaux 145
J^IOUVILLE est présenté par la section de
Géométrie, comme l'un des candidats
pour la chaire de Mathématiques, vacante
au Collège de France 870
MM. P'ifê.
— M. LioM'ille est désigné , par la voie du
scrutin , comme le candidat qui sera pré-
senté par l'Académie au choix de M. le
Ministre de l'Instruction publique. ..... 88S
— M. Liouville est nommé Membre de la
Commission qui aura à examiner les
pièces adressées au concours pour le
grand prix des .Sciences mathématiques. 479
— Et de la Commission chargée de préparer
la question qui devra être proposée comme
sujet du grand prix des Sciences mathé-
matiques à décerner en i852 770
M. Liouville , au nom de cette Commissinn,
fait connaître la question qui devra ètri.
proposée comme sujet du prix à décerner
en i852 811
L01SE\U. — Sur un moyen de grelfer en
fciito ou en couronue, depuis h: prin-
temps jusqu'au mois de septembre ... 38i
LOISE.'VU f.iit pan à l'Académie de l'in-
tention où il est de proposer un prix re-
latif ;'i l'homéopathie rtifi
LOISEAU. — Note sur la direction des aéros-
Uts ' 558
LONGET prie l'Académie de vouloir bien
comprendre son nom parmi ceux des
candidats pour la place vacante dans la
section d'Anatomic et de Zoologie 63i
LUCAS (P.), auteur d'un ouvrage prési-nlé
au concours pour les prix de Médecine et
de Chirurgie, adresse l'indication de ce
qu'il considère comme neuf dans son
travail ^'6
M
MAIZIÉRE soumet au jugement de l'Acadé-
mie un IMémoire dans lequel il soutient
la théorie newlonienne de la lumière... Sçp
MALBECK (de; adresse la description d'une
pompe aspirante de son invention ^32
MALIBRAN. — Le prix fondé par M"« de
Laplace est décerné à M- Malihran^ élève
de l'Ecole Polytechnique, sorti le pre-
mier de la promotion de l'année 1849- . -. 820
M ALLE r. — Sur la possibilité d'utili.ser la
force du vent pour diriger les ballons. . . 63i
~ One récompense de 5oo francs est accordée
à M. ilallet pour ses procédés d'épuration
du gaz d'éclairage au moyen du chlorure
de manganèse (prix concernant les Aits
insalubres, concours do 1849- >85a).
73i et 823
MALZU adresse des remarques critiques sur
l'explication donnée par MM. Bixio et
Barrai, d'un phénomène qu'ils ont ob
serve dans leur ascension aérostatique du
27 juillet '.'54
MANOURY. — Sur l'accroissement en dia-
mètre des liges des Dicotylcs (en com-
mun avec iVl. Durand) 201
MARCEL DE SERRES annonce qu'il est par-
venu à se servir des matériaux broyés et
très-diviscs, amenés par la sonde dans le
forage des puits artésiens, pour recon-
naître la nature et l'âge des terrains dont
ces matériaux sont les résidus 454
— Des brèches osseuses et des cavernes a os-
sements réunies près de la métairie de
Bourgade, dans les environs dcMontpvl-
(947 )
HM.
lier (en commun avec M. Jeanjean),. . .
MAUCHANU. — Sur la présence de l'iode
dans les eaux douces et dans les plantes
terrestres
M ARCH AND (E.) envoie de Fécamp une Note
sous pli cacheté • . .
MARGAT (on) adresse une Note dans laquelle
il rend compte d'une expérience qu'il
vient de faite et dont le résultat lui pa-
raît de quelque utilité pour arriver à la
solution du problème de la direction des
aérostats
MARIE. — Observations sur une maladie qui
attaque les raisins de table
— rsouveaux renseignements touchant les ra-
vages qu'exerce VOidium leuconium sur un
assez grand nombre de plantes indigènes.
MARIE DAVY. — Premier Mémoire sur
l'électricité statique. Recherches sur les
répulsions des corps électrisés et sur la
balance électrique de Couloml)
MARSHALL HALL l'ait hommage à l'Acadé-
mie d'un Mémoire intitule : « Synopsis
du système spinal »
MARTIN. — On encouragement lui est ac-
cordé pour son « Essai sur les moyens
prothétiques des membres inférieurs »
(concours de Médecine et de Chirurgie,
année 1849) 754 et
MARTIN ET FoiLEv. — Le prix de Statistique
leur est accordé pour leur Histoire sta-
tistique et médicale de la colonisation
algérienne ( concours de 1849).. ^^^ et
MARTIN SAINT-ANGE prie l'Académie de
vouloir bien le comprendre au nombre
des candidats pour la place vacante dans
la section d'Anatomie et de Zoologie. . .
MARTINET (L.). — Note relative au phéno-
mène du phosphène
MAilTINl envoie la description d'un nouveau
cabestan de son invention
MARTINS (Ch.). — Sur les roches volcani-
ques du bassin houiller de Commentry
(Allier), et la transformation de houille
en coke qui s'observe au contact de l'une
d'elles
MASSON. — Mémoire sur la transmissibilité
de la chaleur (en commun avec M. Janiin).
MA.SSON (A.). — Etudes de photométrie élec-
trique
MATHIEU — Rapport fait au nom de la
Commission chargée de décerner la mé-
daille Lalande (années iS49-<85o). . . .
— M. Mathieu communique une Lettre de
M. Bravais, concernant l'influence
qu'exerce l'heure de la journée sur la
mesure barométrique des hauteurs
— M. Mathieu est nommé Membre de la
P.«r».
5i8
9fi
457
3ii
454
b63
ngo
8a6
818
684
455
80,)
65<)
'4
887
7!>3
Pages •
'9'
46
Commission chargée de la révision des
comptes pour l'année 1849
— Et de la Commission chargée d'examiner
les questions relatives à la création d'une
caisse des retiaites
M.ATHIEU (Charles). —Éléments de l'or-
bite elliptique do la planète Parthénope
découverte par M. de Gasparis G3
MATTEUCCl (Ch. ). - Nouvelles recherches
sur la cause de la contraction induite et
sur celle des courants organiques 3iS
MAUMENÉ (E.). — Recherches sur les eaux
de la ville et de l'arrondissement de
Reims 270 et 761
— Note sur l'équivalent chimique du fer . . . figi)
M AUREL ET Jayet demandent que la machine
à calculer qu'ils ont soumise au jugement
de l'Académie, soit admise à concourir
pour le prix de Mécanique 70
— Un prix leur est accordé pour leur ma-
chine à calculer 753 et 814
MAUVAIS — Eléments paraboliques de l'or-
bite de la comète découverte à Senften-
berg , par M. Brorsen, le 5 septembre i85o. l^■i■l
— Eléments corrigés de l'orbite- de la comète
découverte à Senftenberg , par M. Brorsen,
le 5 septembre i85o /j /J5
— Ephémérides de la nouvelle comète décou-
verte à Cambridge, aux Etats-Unis d'A-
mérique, par M. Hond, le 29 août !85o. 469.
MELLONI. — Remarques à l'occasion d'une
Note de MM. ilasson et Jamin, sur les
actions calorifiques et lumineuses des ra-
diations prismatiques 470
MENE. — Mémoire sur les maladies de l'o-
reille. Etudes sur le cérumen.. . 121 et 291
— Avantages de l'emploi du chlorure de
chaux liquide dans le traitement des dar-
tres , des otorrhées chroniques , des plaies,
des ulcères variqueux, etc 8C9
MENE (Cb.). — Etudes comparées de l'électri-
cité voltaïque et de l'électricité statique 417
— Phénomènes d'électricité atmosphérique
observés à Vaugirard pendant l'orage du
a6 juin Q
— Mémoire sur un nouveau mode de dosage
de l'étain gj
— Résultats d'expériences sur l'influence du
plâtre (sulfate de chaux) dans la végé-
tation jjo3
MENESSON (F.). — Mémoire sur la maladie
des pommes de terre 4''W>
MENIGAULT. — Salpêtrage des murs ; — ap-
parition , à leur surface , de cristaux de
carbonate de soude au lieu de cristaux de
nitrate de potasse 286 '
MERCIER (A.). — Une récompense lui est
accordée pour ses « Recherches {inatomi-
(95o)
0
MM Pages
OSSIAN HENRY et BootbokChasiard. — Le
prix de Statistique, concours de i85o,
leur est accordé pour leurs « analyses
Pages.
des eaui du département de la Seine u . .
685 et 820
PARAVEÎ (de). —Sur quelques passages
de Pline l'ancien qui semblent pouvoir
se rapporter au platine. Nom donné au
plomb par les Mexicains, et conséquences
qui s'en déduisent relativement à d'anti-
ques communications entre l'ancien et le
nouveau continent ito
— Analogie entre une figure représentée dans
un almanach chinois, et une ligure du
planisphère de Denderah 65g
— .Sur les propriétés remarquables dont pa-
rait jouir la racine de Celaslrus edulis
pour la guérison des maladies de poitrine. 761
PASSOT transmet une liCtlre de M. le Mi-
nistre de rinslruction publique en rér
ponse à la demande qu'il lui avait adressée
de faire examiner par une Commission
spéciale sa nouvelle analyse du mouve-
ment dans les trajectoires coniques 173
— M. Passât prie l'Académie de vouloir bien
hâter le Rapport de la Commission char-
gée d'examiner ses travaux S24
PASTEUR (L.). — Nouvelles recherches sur
les relations qui peuvent exister entre la
forme cristalline, la composition chi-
mique et le phénomène de la polarisation
rotaloire ,^80
— Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Bioi 601
PAYEN. — Perfectionnements des moyens
d'extraire le sucre de la canne -80
— Rapport sur un Mémoire de M. Rousseau,
relatif à la fabrication du sucre 53q
— Rapport fait au nom de la Commission
des prix concernant les moyens de rendre
un art ou un métier moins insalubre
( années 1849 et i85o ) ^Si
— M. Payen dépose sur le bureau une Lettre
de M. Tréboul, en déclarant qu'elle n'est
pas de nature à devenir l'objet d'un
Rapport 5/15
— M. Payen fait hommage à l'Académie de
la deuxième édition de son « Précis de
Chimie industrielle u 64^
PELLARIN.— Recherches sur le choléra-moi-
bus. Question de la contagion 2i5
PELOUZE. — Recherches sur le curare (en
commun avec M. Cl. Bernard) 533
PENNINGTON adresse, de Baltimore (États-
Unis d'Amérique), une Note manuscrite
et un prospectus imprimé concernant un
projet de ballon à vapeur sur lequel il
souhaiterait que l'Académie des Sciences
voulût bien se prononcer 221
PERREY. — Note sur une détonation aé-
rienne entendueà Dijon le 6 janvier i85o,
et qui a coïncidé sensiblement avec l'ap-
parition d'un bolide ly-
PER.SON. — Mémoire sur la chaleur spéci-
fique des dissolutions salines, et sur la
chaleur latente di! dissolution 56C
— Sur la force qui soutient les liquides à dis-
tance au-dessus des surfaces échauffées. . 890
PETIT. — Observation de deux bolides faite
.^ Toulouse le 6 et le 8 juillet i85o r3
PETIT (le cÉ.NÉaAL), présidentde la Commis-
sion nommée pour l'érection d'un monu-
ment à la mémoire de feu Larrey, annonce
que l'inauguration de la statue aura lieu ,
au Val-de-Gràce, le jeudi 8 août i85o,
et invite l'Académie à se faire représen-
ter par un ou plusiers de ses Membres à
cette cérémonie 1^4
PHILLIPS. — Sur les ressorts formés de plu-
sieurs feuilles d'acieremployésdans la con-
struction des voitures et wagons 712
PICHON prie l'Académie de vouloir bien
nommer une Commission pour assister
aux expériences par lesquelles il se pro-
pose de démontrer la supériorité d'un
système de son invention pour l'applica-
tion de la vapeur comme force motrice
et comme moyen de chauffage 534
— M. Pichon adresse, pour le concours des
prix relatifs aux moyens de rendre un art
ou un métier moins insalubres, une bro-
chure imprimée portant pour titre : « Ap-
pareil à chauffer les peignes à laine et à
cachemire par la vapeur « 723
MM. y
PIERRE (Is.). — Recherches sur les pro-
priétés physiques des liquides, et on par-
ticulier sur leur dilatation
— De l'influence que peuvent exercer diverses
matières salines sur le rendement du
sainfoin (expériences faites en 1849 ^''
en i85o)
PIERRE (S.). — De l'utilité de l'écorce de
VAdansonia digitata dans les fièvres inter-
mittentes
PIOBERT fait hommage à l'Académie d'une
Note sur la meilleure forme à donner aux
triangles dans les Itjvers trigonométri-
ques
— Question de la meilleure forme à donner
aux triangles géodésiques
— M. Piohert est adjoint à la Commission
chargée d'examiner les Mémoires pré-
sentés par M. Gaucherel et par M. Hos-
sard, concernant la même question
— Sur la rectification des angles dans le cal-
cul des triangles géodésiques
— Rapport fait au nom de la Commission
chargée de juger les pièces adressées pour
le prix de Mécanique (années i849-i85o).
PIORRY, en adressant pour les prix de Mé-
decine et de Chirurgie de la fondation
Montyon, le huitième volume de son
« Traité de Médecine pratique r, y joint
l'indication de ce qu'il considère comme
neuf dans son travail
PIRIA (R.)- — Mémoire sur quelques pro-
duits nouveaux obtenus par l'action du
sulfite d'ammoniaque sur la nitronaplha-
line
PITRE soumet à l'Académie le projet d'un
appareil destiné à préserver ia vie des
personnes qu'un accident fait tomber sur
la voie d'un chemin de fer au moment du
passage d'un convoi
PLAUT. — Dépôt de cinq paquets cachetés
(dans les séances des 12 et 19 août, du
9 septembre, du 7 et du a8 octobre i85o).
221, 255, 388, 624 et
POINSOT est nommé Membre de la Com-
mission qui aura à examiner les pièces
adressées au concours pour le grand prix
des Sciences mathématiques
— Et de la Commission chargée de préparer
la question qui devra être proposée comme
sujet du grand prix des Sciences mathé-
matiques à décerner en i852
POISAT. Voir Poisol.
POISOT. — Dépôt de trois paquets cachetés,
en commun avec MM. d'Aicet elBouillon
(séances du 2g juillet, du 23 septembre
et du II novembre i85o).. 146, 4^9 et
PONCEI.ET. — Rapport sur un Mémoire de
378
.547
85
27
i5i
G7
409
753
.73
G55
63 1
179
770
G84
' )
MM. Page!.
M. le colonel du génie Leslros, intitulé :
(I Expériences hydrauliques relatives aux
lois de l'écoulement de l'eau, etc., entre-
prises à Metz, dans les années 1828, 1829,
i83i et 1834 733
PORNON. — Description d'un veau mons-
trueux ; 248
PORRO. — Supplément à son Mémoire sur
la mesure des bases trigonométriques. . • (i2
— Observations sur le degré d'exactitude
d'une opération faite avec son appareil
pour la mesure des bases trigonomé-
triques 67
— Description d'un nouvel appareil pour la
mesure des bases trigonométriques. (Rap-
port sur ce Mémoire; Rapporteur M. Lar-
geteau.) 232
POXJILLET. — Rapport sur les Mémoires re-
latifs aux phénomènes électro-physiolo-
giques présentés à l'Académie par M. E.
du liois-Bej^mond [de Berlin) 28
— M. Pouillet fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire de son ouvrage intitulé :
« Notions générales de Physique et de
Météorologie à l'usage de la jeunesse ji . 845
PRANGÉ adresse, à l'occasion de la présen-
tation récente d'un Mémoire de M. Car-
tier, sur la castration des vaches par le
vagin, une réclamation ayant pour objet
de prouver que la première idée de ce
procédé opératoire lui appartient 216
PRÉFET DE POLICE (le) consulte l'Acadé-
mie sur un projet qui lui a été présenté
à l'occasion d'une loterie autorisée par le
Gouvernement. On propose un mode nou-
veau d'extraction pour les chiffres for-
mant les numéros gagnants 4^0
PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE (le) an-
nonce que le XXII* volume des Mémoires
de l'Académie est eu distribution au se-
crétariat 44G
— M. le Président annonce la perte que vient
de faire l'Académie dans la personne de
M. Beudant 841
— M. le Président présente, au nom du Bu-
reau des Longitudes, un exemplaire de
VAnnuaire pour i85i, volume renfermant
des Notices scientifiques par M. Arago.. 844
PRÉSIDENT DE LA COMMISSION CEN-
TRALE ADMINISTRATIVE DEL'IN-
. STITUT (le) transmet à TAcadémie
une Lettre de M. le Ministre des Travaux
publics, concernant un nouveau projet de
chauffage pour l'Institut, présenté par
M. L. Duvoir-Lehlanc 749
PREVOST (Constant). — Remarques à l'occa-
sion d'un Mémoire de M. Élie de Beaii-
(95o)
o
JIM. Pagei.
OSSIAN HENRY et Bobtro:«Cbari.ard. — Le
prix de Statistique, concours de i85o,
leur est accordé pour leurs « analyses
MM. p.jei.
des eaux du département de la Seine a . .
685 et 8m
PARA.VEÏ ;dk). — Sur quelques passages
de Pline l'ancien qui semblent pouvoir
se rapporter au platine. Nom donné au
plomb par les Mexicains, et conséquences
qui s'en déduisent relativement à d'anti-
ques communications entre l'ancien et le
nouveau continent 17g
— Analogie entre une figure représentée dans
un almanach chinois, et une figure du
planisphère de Denderah ôSg
— Sur les propriétés remarquables dont pa-
raît jouir la racine de Celastrus edulis
pour la gucrison des maladies de poitrine. 7.^1
PAS.SOT transmet une Lettre de M. le Mi-
nistre de l'Instruction publique en lér
ponse à la demande qu'il lui avait adressée
de faire examiner par une Commission
spéciale sa nouvelle analyse du mouve-
ment dans les trajectoires coniques i^S
— M. Passât prie l'Académie de vouloir bien
bâter le Rapport de la Commission char-
gée d'examiner ses travaux f>t'^
PASTEUR (L.). — Nouvelles recherches sur
les relations qui peuvent exister entre la
forme cristalline, la composition chi-
mique et le phénomène de la polarisation
rotatoire 1J80
— Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Biot 601
PAYEN. — Perfectionnements des moyens
d'extraire le sucre de la canne ;8o
— Rapport sur un Mémoire de M. Rousseau,
relatif à la fabrication du sucre SBg
— Rapport fait au nom de la Commission
des prix concernant les moyens dépendre
un art ou un métier moins insalubre
(années 1849 et i85o) ^St
— M. Payen dépose sur le bureau une Lettre
de M. Tréboul, en déclarant qu'elle n'est
pas de nature à devenir l'objet d'un
Rapport 545
— M. Payen fait hommage à l'Académie de
la deuxième édition de son « Précis de
Chimie industrielle » G.^7
PELLARIN.— Recherches sur le choléra-moi-
bus. Question de la contagion 21.Î
PELOUZE. — Recherches sur le curare (en
commun avec M. Cl. Bernard) S33
PENNINGTON adresse, de Baltimore (États-
Unis d'Amérique), une Note manuscrite
et un prospectus imprimé concernant un
projet de ballon à vapeur sur lequel il
souhaiterait que l'Académie des Sciences
voulût bien se prononcer 2'2i
PERREY. — Note sur une détonation aé-
rienne entendue à Dijon le6janvier i85o,
et qui a coïncidé sensiblement avec l'ap-
parition d'un bolide 17-
PERSON, — Mémoire sur la chaleur spéci-
fique des dissolutions salines, et sur la
chaleur latente de dissolution 566
— Sur la force qui soutient les liquides à dis-
tance au-dessus des surfaces échauiTées. . 899
PETIT. —Observation de deux bolides faite
.'i Toulouse le 6 et le 8 juillet i85o 73
PETIT (le cÉ.'tÉaAL), présidentde la Commis-
sion nommée pour l'érection d'un monu-
ment à la mémoire de feu Larrey, annonce
que l'inauguration de la statue aura lieu,
au Val-de-Gràco, le jeudi 8 août i85o,
et invite l'Académie à se faire représen-
ter par un ou plusiers de ses Membres à
cette cérémonie 174
PHILLIPS. —Sur les ressorts formés de plu-
sieurs feuilles d'acier employésdanslacon-
slruction des voitures et wagons 712
PICHON prie l'Académie de vouloir bien
nommer une Commission pour assister
aux expériences par lesquelles il se pro-
pose de démontrer la supériorité d'un
système de son invention pour l'applica-
tion de la vapeur comme force motrice
et comme moyen de chauffage 534
— M. Pichon adresse, pour le concours des
prix relatifs aux moyens de rendre un art
ou un métier moins insalubres, une bro-
chure imprimée portant pour titre : « Ap-
pareil à chauffer les peignes à laine et à
cachemire par la vapeur » . . . . 729
(95
MM. P»g"-
PIERRE (Is.)- — llecherchos sur les pro-
prictcs physiques des liquides, et en par-
ticulier sur leur dilatation 878
— De l'ioduence que peuvent exercer diverses
matières salines sur le rendement du
sainfoin ( exptSriences faites en 1849 et
en i85o) S^V
PIERRE (S.). — De l'utilité de Pécorce de
VAdansonia d.gUata dans les fièvres inter-
mittentes 85
PIOBERT fait hommage à l'Académie d'une
Note sur la meilleure forme à donner aux
triangles dans les levers trigonométri-
ques 27
— Question de la meilleure forme à donner
aux triangles géodésiques i5i
— M. l'iobert est adjoint à la Commission
chargée d'examiner les Mémoires pré-
sentés par M. Gaucherel et par M. Hos-
sard, concernant la même question 67
— Sur la rectification des angles dans le cal-
cul des triangles géodésiques 409
— Rapport fait au nom do la Commission
chargée de juger les pièces adressées pour
le prix de Mécanique (années i849-i8âo)- 7^3
PIORRY, en adressant pour les prix de Mé-
decine et de Chirurgie de la fondation
Montyon, le huitième volume de son
« Traité de Médecine pratique j:, y joint
l'indication de ce qu'il considère comme
neuf dans son travail ijî
PIRIA (R.)- — Mémoire sur quelques pro-
duits nouveaux obtenus par l'action du
sulfite d'ammoniaque sur la nitronaptha-
line 488
PITRE soumet à PAcadémie le projet d'un
appareil destiné à préserver la vie des
personnes qu'un accident fait tomber sur
la voie d'un chemin de fer au moment du
passage d'un convoi C55
PLAUT. — Dépôt de cinq paquets cachetés
(dans les séances des 12 et 19 août, du
9 septembre, du 7 et du 28 octobre i85o).
221,255,388,524 et 63i
POINSOT est nommé Membre de la Com-
mission qui aura à examiner les pièces
adressées au concours pour le grand prix
des Sciences malhématiqurs 479
— Et de la Commission chargée de préparer
la question qui devra être proposée comme
sujet du grand prix des Sciences mathé-
matiques à décerner en i852 770
POISAT. Voir Poisoi.
POISOT. — Dépôt de trois paquets cachetés,
en commun avec MM. d'Arcet el Bouillon
(séances du acj juillet, du 23 septembre
et du II novembre i85o).. 146, 459 et G84
PONCEI.ET. — Rapport sur un Mémoire de
I )
IHM. Pages.
M. le colonel du génie Lesltos, intitulé :
i< Expériences hydrauliques relatives aux
lois de l'écoulement de l'eau, etc., entre-
prisesà Metz, dansles années 1828, 1829,
i83i et 1834 733
PORNON. — Description d'un veau mons-
trueux ; 248
PORRO. — Supplément à son Mémoire sur
la mesure des bases trigonoraétriques. . . •J'î
— Observations sur le degré d'exactitude
d'une opération faite avec son appareil
pour la mesure des bases trigonomé-
triques 67
— Description d'un nouvel appareil pour la
mesure des bases trigonoraétriques. (Rap-
port sur ce Mémoire; Rapporteur M. Lar-
geteau.) 232
POXJILLET. — Rapport sur les Mémoires re-
latifs aux phénomènes électro-physiolo-
giques présentés à l'Académie par M. E,
du Ïiois-Reymond (de Berlin) 23
— M. Pouillet fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire de son ouvrage intitulé :
« Notions générales de Physique et de
Météorologie à l'usage de la jeunesse )> . 845
FRANGÉ adresse, à l'occasion de la présen-
tation récente d'un Mémoire de M. Car-
lier, sur la castration des vaches par le
vagin , une réclamation ayant pour objet
de prouver que la première idée de ce
procédé opératoire lui appartient 216
PRÉFET DE POLICE (le) consulte l'Acadé-
mie sur un projet qui lui a été présenté
à l'occasion d'une loterie autorisée jiar le
Gouvernement. On propose un mode nou-
veau d'extraction pour les chiffres for-
mant les numéros gagnants 4^0
PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE (le) an-
nonce que leXXII' volume des Mémoires
de l'Académie est en distribution au se-
crétariat 44G
— M. le Président annonce la perle que vient
de faire l'Académie dans la personne de
M. Boudant. .. 841
— M. le Président présente, au nom du Bu-
reau des Longitudes, un exemplaire de
l'AnnuaiVe pour i85i, volume renfermant
des Notices scientifiques par M. Arago.. 844
PRÉSIDENT DE LA C03IMISSI0N CEN-
TRALE ADMINISTRATIVE DE L'IN-
STITUT (le) transmet à PAcadémie
une Lettre de M. le Ministre des Travaux
publics, concernant un nouveau projet de
chauffage pour l'Institut, présenté par
M. L. Duvoir-Leblanc 749
PREVOST (Constant). — Remarques à l'occa-
sion d'un Mémoire de M. Èlie de Beau-
125..
( 952)
MM.
mont, sur la corrélation des différents
systèmes de montagnes
PRKVOST (C.).— Quelques propositions rela-
tives & l'état originaire et actuel de la masse
terrestre, à la formation du sol , aux causes
qui ont modifié lerelief de sa surface, aux
êtres qui l'ont successivement habité.. . .
— M. Constant Prévost , après avoir commu-
niqué une Lettre de M. Élie de Beaunwni,
met sous les yeux de l'Académie deux ta-
bleaux qui lui ont servi depuis longtemps
dans ses Cours pour exposer les divers
systèmes relatifs à la formation du relief
du sol, et donne une explication verbale
de ces tableaux
— Note sur l'apparition récente des glaciers ,
sur leur maximum de développement en
Europe, leur diminution et leur dispa-
rition
PROVOSTAYE (F. delà). — Mémoire sur la
polarisation de la chaleur par réfraction
simple (en commun avec M. P. Desains).
— Sur la rotation que l'essence de térében-
thine et le sirop de sucre font éprou-
ver au plan de polarisation d'un rayon
Pages .
437
461
5o4
689
19
Pages.
calorifique qui les traverse. Note déposée
sous pli cacheté dans la séance du 24 juin
i85o (en commun avec M. P. Desains). 53
PROVOSTAYE (de L*).-Dépôt d'un paquet
cacheté, séance du 8juillet(cn commun
avec M. P. Desains). 64
^ Mémoire sur la réflexion delà chaleur (en
commun avec M. P. Desains) 5iu
— Dépôt d'un paquet cacheté (en commun
avec P. Desains, séance du 21 octobre). . igr
— Mémoire sur le pouvoir rotatoire qu'exer-
cent sur la chaleur l'essence de téré-
benthine et les dissolutions sucrées (en
commun avec M. P. Desains) 611
— Mémoire sur la délerm ination des pouvoirs
absorbants des corps athermanes pour les
chaleurs de diverses natures ( en commun
avec M. P. Desains) ^^o
PULVERMACHEU soumet au jugement de
l'Académie un appareil de son invention,
qu'il désigne sous le nom de chatne-
batterie hydrovoltàique portative I2i
PUPIERY soumet au jugement de l'Académie
trois différents dispositifs de cadrans so-
laires portatifs 3i4
QUATREFAGES (A. de). - Recherches sur
la phosphorescence du port de Boulogne.
428 et 618
Mémoire sur le système nerveux des An-
nélides proprement dites 5^3
RABOURDIN. — Préparation de l'atropine à
l'aide du chloroforme j.5o
— Essai des quinquinas par le chloroforme. 782
— Essai sur le dosage de l'iode dans les
substances organiques à l'aide du chloro-
forme 784
RAILLARD (l'abbé). — E.xamen de quelques
problèmes de météorologie 809
RAMON DE LA SAGRA transmet l'extrait
d'un journal espagnol, la Esperanza, con-
cernant la découverte qu'aurait faite un
chanoine de Sévi Ile, M. Calomarde, d'une
étoile nouvelle située à peu de distance
de la polaire 322
RATHSAMHAUSEN. - Sur le système de
formation de notre monde solaire 680
RAYER, à l'occasion d'une communication
de M. Yallot sur les graines de cédron
comme remède contre la morsure des ser-
pents, annonce que des expériences faites
sur les animaux avec une racine em-
ployée en Ethiopie comme un remède
contre la rage, n'ont pas donné de ré-
sultats favorables. Il est vrai qu'on n'a
pas employé la plante à l'état frais 255
— M. fi>.. 3 et 62
— Rapport «nr ce Mémoire ; Rapporteur
M. Payen 539
ROUX est invité à prendre la parole à l'inau-
guration de la statue de feu Lairer 174
— M. Roux dépose sur le bureau une copie
du discours qu'il a prononcé dans celle
solennité, en qualité de Membre de l'A-
cadémie des Sciences i85
ROZET. — Mémoire géologique sur l'extré-
mité orientale des Pyrénées 884
SAHUQUÉscdéclareauleur, en collaboration
avec M. Dûuriac, du Mémoire n" 4, pré-
sente au concours pour le grand prix des
Sciences physiques, et auquel l'Académie
a accordé une indemnité 869
SAIGEY. — Note sur les étoiles filantes (en
commun avec M. Couhier -Gravier)
655 et 727
SAINT-CRIQ-CAZEAUX.— Dépôt d'un pa-
quet cacheté (séance du 23 décembre). . 870
SAINT-HILAIRE (Acgiste de). — Compa-
raison de la végétation d'un pays en par-
tie extra- tropical avec celle d'une contrée
limitrophe entièrement située entre les
tropiqnes 645
SAINT-VENANT (de). — Mémoire sur des
formules nouvelles pour la solution des
problèmes relatifs aux eaux courantes. . .
283 et 58i
SALVÉTAT. — Recherches sur la composi-
tion des matières employées en Chine
dans la fabrication et la décoration de la
, porcelaine (en commun avec M. Èbel-
men) 743 et 810
SAMUEL ( J. ) exprime le désir que l'Acadé-
mie intervienne auprès de l'Administra-
(
MM l'agcs.
ii((n pour la réorganisation d'un corps
d'aérostiers 70
SANDERA. — Sur la direction des aérostats. 558
SANDOUVILLE (de). — Mémoire intitulé ;
'< Des mesures administratives à prendre
dans le but d'empêcher la propagation
des maladies syphilitiques » 4^'
— Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Lallemand 6g5
SANTINI.— Epliémérides de la comète pério-
dique de 6 ans v, calculées en tenant
compte des perturbations produites sur
les éléments elliptiques de cette comète
par Jupiter et Saturne 49^
SCACCHI. — Géologie de la Campanie. (Rap-
port sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Du-
fiénoy .) 262
SGHROTTER — De la nature du phosphore
amorphe i38
SECCHI, directeur de l'observatoire de Borne,
remercie l'Académie des Sciences de ce
qu'elle veut bien continuer à comprendre
l'établissement qu'il dirige dans le nom-
bre de ceux auxquels elle envoie les
Comptes rendus de ses séances a5o
SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ NATIO-
NALE ET CENTRALE D'AGRICDL-
TURE (le) envoie des billets pour la
séance générale de la Société 684
SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ ROÏALE
DE LONDRES (ie) accuse réception
d'un certain nombre de numéros des
Comptes rendus des séances de l'Académie
des Sciences 384
SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOGRA-
PHIQUE DE LONDRES (le) accuse
réception des Comptes rendus de l'Aca-
démie, derniers numéros d^ 2° semestre
de 1849, et numéros du i"' semestre
i85o 291
SECRÉTAIRE DE L'INSTITUT NATIO-
NAL DE WASHINGTON POUR L'A-
VANCEMENT DES SCIENCES (le)
accuse réception des tomes XXIX et
XXX des Comptes rendus, et adresse des
reraercîments pour cet envoi 869
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L'ACADÉ-
MIE DES SCIENCES DE STOCKHOLM
(le) annonce l'envoi de diverses parties
des Recueils que publie cette Académie. 291
— M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie
des Sciences de Stockholm annonce l'envoi
des Mémoires de cette Académie pour les
années 184G et 1848, ainsi que de plu-
sieurs publications faites par cette Société ,
savante; il accuse réception des tomes
XXVI, XXVII et XXVIII des Comptes
rendus 869
954 )
SECRETAIRE PERPETUEL DE LA SO-
CIÉTÉ HOLLANDAISE DES SCIEN-
CES DE HARLEM (le) annonce l'envoi
fait par cette Société des volumes V et
VI de ses Mémoires 3S5
SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE
DES ANTIQUAIRES DU NORD (le)
accuse réception de plusieurs volumes des
Mémoires de l'Académie des Sciences et du
Recueil des Savants étrangers 385
SECRÉTAIRES PERPÉTUELS DE L'ACA-
DÉMIE DES SCIENCES DE L'INSTI-
TUT. Voir les articles de MM. Arago et
Flourens.
SÉDILLOT. — Sur une nouvelle opération
de staphyloraphie, pratiquée avec succès
par son procédé 1 66
— Nouvelles communications sur ses procé-
dés de staphjloraphie 446
SÈGUIER. — Note sur une machine à peser
les monnaies 188
SERRE se fait connaître comme auteur d'une
communication anonyme adressée dans
une des précédentes séances , et relative à
la question de la direction des aérostats. . 90 1
SERRE (d'Alais). — Du phosphène ou spectre
lumineux obtenu par la compression de
l'œil comme signe direct de la vie fonc-
tionnelle de la rétine , et de son applica-
tion à l'ophtbalmologie 375
— Du phosphène dans l'amaurose 587
— Du phosphène dans la myopie et la pres-
bytie 629
— Nouvelles remarques et faits additionnels
sur la théorie des phospliènes 778
SERRE(d'Uzès). Voir Serre (d'Alais).
SERRES. — Rapport fait au nom de la Com-
mission du prix de Physiologie expéri-
mentale (concours dé 1849-18'io) 811
SILBERMANN se déclare auteur, en collabo-
ration avec M. Favre, d'un Mémoire en-
voyé au concours pour le grand prix des
.Sciences physiques, et qui a été honore
d'une distinction par l'Académie. 810 et 8ui
SOLEIL (Henri). — Note sur un nouveau
compensateur pour le saccharimètre (en
commun avec M. Jules Ihiboscq) 248
SOREL prie PAcodémie de vouloir bien in-
viter les Membres de la Commission
nommée pour examiner ses communica-
tions relatives à l'innocuité des prépara-
tions de zinc sur la santé des ouvriers, à
se rendre dans son usine pour Tcxaminer
au point de vue de l'hygiène 779
SORIN prie l'Académie de vouloir bien se
prononcer sur l'utilité d'nn procédé ex-
péditit' qu'il a imaginé pour le calcul des
intérêts 384
(955)
MM. Page».
STAHIj. — Un encouragement lui est accordé
pour »on « Travail sur la physiognomonie
et l'nnatomie pathologique de l'idiotie en-
démique » (concours de Médecine et de
Chirurgie, année i85o) 764 et 827
ST.\NNIUS. — Une mention honorable lui
est accordée pour ses recherches anato-
miqucs et physiologiques sur le système
nerveuT périphérique des poissons (con-
cours de Physiologie expérimentale , an-
nées i8i(()-i85o) 811 et 822
STAS (J.-S.). — Note sur les liquides de
l'amnios et de l'allantoïde 629
STRECKER(Aoolphe). — Sur la formation
artificielle de l'acide Mctiquc et sur un
nouveau Corps homologue du glycocolle. 204
— Sur un nouveau mode de préparation de
l'élhylamine 206
— Siir les matières colorantes rouges do la
MM. I'a|s9.
garance (en commun avec M. /. Wolf). 206
STRUVE (Otto). — Évaluation de la masse
de Neptune, par M. Auguste Struve, d'a-
près les- mesures micrométriques exécu-
tées au grand réfracteur de l'observatoire
de Foulkova 854
STURM est nommé Membre de la Commission
qui aura à examiner les pièces adressées
au concours pour le grand prix des Scien-
ces malhénatiques .'179
— M. Slurm est nommé Membre de la Com-
mission chargée de préparer la question
qui devra être proposée comme sujet du
grand prix des Sciences mathématiques
à décerner en i852 770
SVANBERG. — E.tpériences sur le pouvoir
thermo-électrique du bismuth et de l'an-
timoine cristallisés (communiquées par
M. RegnauU) iSo
TABARIE (É»ile). — Dépôt d'un paquet
cacheté (séance du 14 octobre) 558
TIFFEREAU soumet au jugement de l'Aca-
démie une modification qu'il a apportée
au sablier commun 62
— Dépôt d'un paquet cacheté (séance du
25 novembre ) 75î
TIMOTHÉE soumet à l'Académie un projet
d'expériences pour déterminer la vitesse
de vibration de l'électricité dynamique. 762
TREMBLAY. — Météore lumineux observé à
l'Aigle ( Orne ) , le 24 juin , vers 10 heures
du soir II
TDLASNE FRÈRES. —Mémoire sur l'histoire
des Champignons hypogés, suivi de leur
monographie. ( Rapport sur ce Mémoire ; •
Rapporteur M. Ad. Brongniart.) 876
VAISSIER. — Lettre relative à une précédente
Note sur le mouvement perpétuel 96
VALETTE. — Nouvelle méthode opératoire
pour la cure radicale des hernies in-
guinales 60
VALLOT. — Sur les galles vésiculeuses du
térébinthe et sur les graines de cédron
préconisées comme remède contre la mor-
sure des serpents 2.54
— M. Vallot écrit que la maladie qui attaque
les raisins de table, et que l'on attribue
à la présence de VOidium leuconium, lui
parait être le résultat du développement
d'un cryptogame du genre Érysiphe 497
— M. Vallot adresse, de Dijon, un spécimen
d'une Renonculacée qui vient d'être dé-
couverte dans les environs de cette ville,
et dont il n'a trouvé la description ni
dans la Flore de la Bourgogne, ni dans
la Flore de la Côte-d'Or, ni même dans
la Flore française 67
— Rapport sur cette communication ; Rap-
porteur M. de Jussieu 365
VANNER. — Remarques sur l'élévation géné-
rale de la température qui accompagne
nécessairement le développement de
toute inflammation locale 2i5
VERDET ( E. ). — Recherches sur les phéno-
mènes d'induction produits par le mouve-
ment des métaux magnétiques ou non
magnétiques / 267
VERIOT(E.). — Note sur la direction des
aérostats 762 et 810
VERRONAIS demande l'autorisation de re-
prendre quelques opuscules imprimés,
joints, comme pièces à consulter, à deux
ouvrages qu'il avait présentés au concours
pour le prix de Statistique de 1848 901
VI AU . — Sur un moteur mécanique supposé
propre à remplacer les machines à va-
peur 590, 655 et 854
VILLARCEAU ( Yvo») . - Éléments de la co-
( 956 )
MM. P»»»».
mète de M. Peter sen corrigés au moyen
de trente-six observations faites depuis
l'époque de sa découverte jusqu'à la fin de
son apparition dans notre hémisphère.. . 385
VILLARCEAU (|"ÏV0N ). — Éléments de l'or-
bite lie la planète récemment découverte
par M. Hind 556
— Éléments de la troisième planète de
M. Hind. Seconde approximation obtenue
au moyen de onze observations méri-
diennes faites à l'Observatoire de Paris,
du 17 septembre au 29 octobre 680
MM . Pas»
VILLE.— Note sur l'assimilation de l'aiole
de l'air, par les plantes, et sur l'influence
qu'exercel'ammoniaque dans la végétation.
VILLENEUVE (H. de).- Recherches sur les
lois de l'hydraulicité et de la solidifica-
tion du mortier
VIOLETTE.— Mémoire sur la distillation du
mercure par la vapeur d'eau surchauffée .
VOIZOT . — Sur la théorie des courbes
VOLPICELLI (Paul).— Solution d'un pro-
blème de situation relatif au cavalier des
échecs 3 14
57S
5.0
546
66
w
WANNER. — De l'équilibre du calorique ap-
pliqué à l'organisation de l'homme, soit
en santé, soit en maladie. 66, 2i5 et ^Si
WATELET prie l'Académie de vouloir bien
hâter le travail de la Commission à l'exa-
men de laquelle a été renvoyé son Mé -
moire sur le centre des moyennes dis-
tances '4^
WATEVILLE (de). — Dne mention hono-
rable lui est accordée (concours de Sta-
tistique d(,- 1849), pour son Rapport au
Ministre de l'Intérieur, sur les enfants
trouvés 685 et 818
WERTHEIM. — Dépôt d'un paquet cacheté
(séance du 3o décembre) 901
WISSE. — Lettre à M. Boutsingault sur l'ex-
ploration du volcan de Sangaï et sur la
marche du choléra dans la Nouvelle-
Grenade "7
WISSE. — Mémoire sur le volcan de Sangai
( République de l'Equateur), en commun
avec M. Garcia-Moreno gi
WOEPCK.E. — Notice sur différents mor-
ceaux tirés de manuscrits arabes et rela-
tifs à l'histoire des Mathématiques. . . . ; . 715
WOLF.— Observations d'étoiles filantes et de
bolides, faites à Berne pendant le mois
d'août 494
WOLFF (J.).— Sur les matières colorantes
rouges de la garance (en commun avec
M. A. Strecker) 206
WROLIK. — Une récompense lui est accordée
pour son ouvrage sur la Tératologie (con-
cours de Médecine et de Chirurgie, année
i85o) 754 «l 827
YVON VILLARCEAU. Voir Villarceau.-
ZABK.OWSKI. — Supplément à une Note
qu'il avait présentée l'an passé sur les
moyens de faire certaines expériences
d'optique, de manière à ce que, dans un
cours public, elles puissent être suivies
en même temps par tous les élèves 4^9
ZALIWSKI. — Mémoire ayant pour titre :
« Du rôle que l'électricité joue dans la
nature » ^''
— M. Zaliwski prie l'Académie de vouloir
bien se faire rendre compte de deux îNotes
qu'il lui a précédemment adressées
(séances du 22 avril et du 9 août i85o),
et d'une troisième qu'il présente mainte-
nant
ZANTEDESCHI. — Réclamation à l'occasion
des expériences de M. Boutignr, sur la
cause de la suspension des corps à l'état
sphéroïdal
433
633
ERRAT J. (Tome XXXI.)
Foyez aux pages i46, a55, 324, 498, 524, 56o, 660 et 685.