D & W î W« COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. ^. gô 4' A s^ :,1 M ,' — -^ — — É-j- PARIS. — IMPRIMERIE DE MALLET-BACHELIER , rue du Jardinet, 12. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉ4NCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIES / CONFORMEMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE £m îafe >>u i3 r3uiftVt ^835 , PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME TRENTE-NEUVIEME. JUILLET. — DÉCEMBRE IG.l'i. PARIS, MALLET-BAGHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DE l'École polytechnique, du bureau des longitudes, etc., Qnai des Aiigustins, n° 55. 1854 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉIHË DES S€M€ËS. •-«»«4M SEANCE DU LUNDI 3 JUILLET 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Ministre de l'Instruction publique transmet une ampliation du décret impérial en date du i'"' juillet, qui approuve l'élection, faite par l'Académie, de M. C. Bernard pour remplir la place vacante dans la Sec- tion de Médecine et de Chirurgie par suite du décès de M. Roux. Il est donné lecture de ce décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. C. Bernard vient prendre place parmi ses confrères. M. le Président donne lecture de la Lettre suivante, qui lui a été adressée par M. BoussiNGAULT : « Liebfrauenberg. Wœrth (Bas-Rhin), 24 juin i854 » Mon séjour à la campagne pouvant se prolonger jusqu'en automne, je vous prie de vouloir bien me faire remplacer dans la Commission instituée pour examiner si l'azote de l'air en mouvement est fixé par les plantes. Quoique cette circonstance ne me permette pas de prendre part aux travaux de la Commission, je ne renonce pas à m'ocuper de la question. J'ai en 6e moment plusieurs plantes qui se sont développées dans un appareil où il a déjà passé plus de i5 ooo litres d'air, et où, d'ici à la fin de l'expérience, i! en passera encore 3o à 4oooo litres. Les résultats de cette observation, que c. R . i854, 2me Semestre. ( T. XXXIX, N» i ) I { -^ ) je surveille avec toute l'attention dont je suis capable, seront consignés dans le Mémoire qui fera suite au travail dont j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie. » M. Dumas remplacera dans la Commission M. Boussingault. ANATOMrn: et physiologie comparées. — Mémoire sur l'organisation des Phjsalies; par M. A. de Qçatrefages. (Extrait.) « Le groupe si remarquable des Acalèphes hydrostatiques ou Siphono- phores a été depuis quelques années l'objet de travaux nombreux qui ont considérablement éclairci son histoire. Toutefois, à l'exception d'Olfers, dont le travail remonte à i83i, aucun naturaliste, que je sache, n'avait eu l'occasion d'étudier sur le vivant, avec le soin qu'exige la science moderne, un des types les plus importants de cette classe. Je veux parler des Physalies qui n'habitent guère que les mers intertropicales et n'arrivent sur les côtes d'Europe que poussées par les vents de sud-ouest violents ej; prolongés. C'est à cette circonstance que j'ai dû de pouVoir étudier ces' curiett*'ani- maux pendant le séjour que j'ai fait à la Rochelle. » L'ensemble de l'organisation des Physalies a été bien vu par OlïeM et par Leukart, bien que ce dernier n'ait eu à sa disposition, que des animaux conservés dans l'alcool. Je crois, néanmoins, avoir ajouté plusieurs faits iiité- ressants à ceux qu'avaient fait connaître mes devanciers. Pour ne pas. donner trop d'étendue à cet extrait, je me bornerai à indiquer ici les parties de ce travail relatives à la complication organique que présentent les organes les plus délicats, au développement des organes reproducteurs^ à la détermina- tion des appendices, etc. J'insisterai seulement sur quelques faits impor- tants au point de vue physiologique, et qui ne pouvaient être observés que sur des animaux vivants. » On peut distinguer dans une Physalie le corps et les appendices. » Le premier est formé par deux poches ou vessies, emboîtées l'une dans l'autre, et laissant entre elles une sorte de double fond. La poche inté- rieure est remplie d'air et communique au dehors par un pore entouré d'une sorte de sphincter. Je me suis assuré, de la manière la plus positive, de cette communication mise en doute ou niée par presque tous mes devanciers. » IjCs parois de la poche extérieure se prolongent à la partie supérieure du corps pour former la crête qui joue le rôle d'une espèce de voile, et à la partie inférieure pour donner naissance aux appendices. Ceux-ci sont de quatre sortes, savoir : des bras très-extensibles et très-contractiles pouvant (3) acquérir jusqu'à 3o pieds de long, des suçoirs, des organes hépatiques con- sidérés jusqu'à présent comme des suçoirs imparfaitement développés, enfin des organes dont la nature me semble encore quelque peu douteuse, mais qui sont très-probablement des organes reproducteurs destinés à se déve- lopper sur place sous la forme de Méduses. » Tous ces appendices sont portés par un assez petit nombre de troncs qui se ramifient, de sorte qu'on compte plusieurs centaines de suçoirs et surtout d'organes hépatiques sur chaque Physalie. Enfin tous ces troncs, ainsi que leurs dernières divisions, sont creux, et cet ensemble de canaux communique avec le double fond placé entre les deux poches qui forment le corps. » Quelque minces que soient les parois de ces espèces de tubes animés, on y distingue toujours plusieurs couches distinctes. Certains bras, par exemple, ont à peine x millimètre de diamètre, et pourtant on y reconnaît aisément deux couches tégumentaires^ dont une produit les organes urti- cants ; deux couches musculaires , dont les fibres sont parfaitement accusées; une couche cellulaire qui, dans le corps, acquiert une épaisseur et une ré- sistance assez considérables ; enfin la membrane muqueuse est encore formée de deux couches dont la plus superficielle est hérissée de longs cils vibra til es. » Tous les appendices naissent par voie de bourgeonnement et se déve- loppent à la manière des bourgeons de l'Hydre d'eau douce. Mais ceux de ces bourgeons qui doivent se changer en organes reproducteurs présentent, en outre, un fait remarquable : on trouve dans leur intérieur une masse .sphérique ayant, à une certaine époque, toute l'apparence d'un œuf. Aussi Olfers a-t-il considéré ces corps comme des espèces de germes ou de larves. Mieux servi, sans doute, par les circonstances, j'ai vu l'intérieur de ces prétendus germes se creuser d'une cavité qui se forme par résorption de la substance ou par lacune (i). Cette cavité ne tarde pas à s'ouvrir au dehors par un orifice qui s'élargit de plu§ en plus et s'évase. Enfin ces organes, dans l'état le plus avancé que j'aie observé, présentent l'aspect d'une petite cloche à parois intérieures lisses, ou, si l'on veut, celui d'une Méduse à ombrelle un peu allongée et qui manquerait de bras. (i) Ce mode de formation des cavités s'observe très-souvent chez les Invertébrés. Je l'ai entre autres, constaté à diverses reprises chez les Mollusques et, en particulier, chez les Mol- lusques phlébentérés. Certains Poissons m'ont montré des faits tout semblables, entre autres dans la formation de l'appareil vasculaire. !.. (4) » Tous les appendices de la Physalie sont creux, avons-nous dit plus haut, et le liquide nourricier, qui doit entretenir la vie dans ces organes, remplit le large canal central qui en occupe la plus grande partie. Ce liquide entraîne partout avec lui des particules empruntées aux substances alimen- taires, et que j'ai observées jusque dans les organes reproducteurs toujours placés à l'extrémité des rameaux fournis par les troncs les plus volumineux. » Les actes qui concourent à la préparation de ce liquide nourricier me semblent mériter à plus d'un titre l'attention des naturalistes. En effet, nous voyons s'intervertir ici, d'une manière remarquable, l'ordre dans lequel se succèdent certaines fonctions; les régions du corps où elles s'ac- complissent sont entièrement changées, et pourtant les grandes lois physio- logiques qui président à la nutrition n'en sont pas moins rigoureusement observées. » Depuis assez longtemps plusieurs naturalistes, et entre autres Pérou et I-«sueur, ont fait connaître des faits de digestion extérieure. Chez les Rhizo- stomes en particulier, la proie saisie par les tentacules est dissoute et sucée sur place. On a dit de ces Médusaires qu'ils ne prenaient ainsi que les sucs alibiles, et l'on a comparé leurs suçoirs aux radicelles des plantes ou aux villosités intestinales des animaux supérieurs. J'ignore si cette observation est exacte ; mais au moins chez la Physalie les choses ne se passent pas ainsi . » En plaçant dans un baquet un de ces animaux qui m'était apporté vivant, je vis au milieu de ses tentacules xui petit poisson de 8 à lo centi- mètres, mort mais bien entier. Une heure environ après, ce même poisson avait complètement changé d'état. Les chairs étaient réduites en bouillie, les écailles entièrement dissoutes, les arêtes ramollies, les vertèbres désagré- gées sur plusieurs points. Un des grands suçoirs de la Physalie, extraordi- nairement dilaté, avait déjà fait pénétrer dans son canal environ i cen- timètres de la colonne vertébrale. A partir du point où celle-ci s'était arrêtée, une traînée, rendue brillante par le pigment des écailles, indiquait Ja route suivie par la matière alimentaire qui se rendait directe- ment dans le double fond placé entre les deux vessies qui forment le corps. » Pressé par le temps et n'ayant pas sous la main les réactifs nécessaires, je n'ai pu m'assurer si le liquide, ainsi sécrété par les téguments de la Physalie, était acide ; mais je suis très-porté à le penser, d'après son mode d'action sur les écailles et le squelette du poisson. Quoi qu'il en soit, il est évident qu'il a agi à la façon du suc gastrique et qu'il a transformé toutes (5) les parties chaniues en un véritable chyme. Celui-ci a été ensuite avalé en nature par la Physalie. Ainsi, dans ce Siphonophore, l'acte physiologique CDrrespondant à la digestion stomacale est tout extérieur, et la cbymifica- tion précède la déglutition. « Chez les animaux supérieurs, les aliments réduits en chyme sont presque aussitôt soumis à l'action de la bile; il en est de même chez les Siphonophores. Dans la plupart de ces derniers, le foie est une dépendance des suçoirs dont il occupe une région distincte. Dans les Physalies, cet organe est représenté par des appendices spéciaux et indépendants, mais dont la disposition est telle, qu'avant d'atteindre le double fond placé entre les deux vessies du corps, les aliments doivent nécessairement se mêler avec les produits de la sécrétion biliaire. » A diverses reprises, j'ai cherché à montrer comment les sucs alibiles préparés par les divers actes digestifs sont exposés à l'action de l'air, ou, en d'autres termes, respirent avant de servir à la nutrition. C'est là, je crois, une des lois physiologiques les plus générales. Malgré l'étrangeté de leiu- structure anatomique, les Physalies viennent encore la confirmer. En effet, la vessie hydrostatique n'est pas seulement un organe de suspension, comme on l'a cru jusqu'ici; elle est, en outre, un organe de respiration dans lequel l'air pénètre et d'où il est chassé sans doute au gré de l'animal, et dans lequel cet air subit les altérations caractéristiques de tout acte res- piratoire. Voici les observations et les expériences qui mettent, je crois, hors de doute ce que je viens d'avancer. » Une Physalie qui avait déjà servi à plusieui's recherches et devait, par conséquent, être fatiguée, se mit tout à coup à perdre du gaz parle pore dont j'ai parlé plus haut. Elle se dégonfla rapidement, et bientôt le corps complètement affaissé retomba à plat à la surface de l'eau : je crus l'animal mort et notai les circonstances de son agonie. Mais moins d'un quart d'heure après, ma Physalie s'était regonflée presque autant que par le passé; . elle s'était redressée et flottait dans son vase comme au moment où je l'y avais déposée. Il me semble difficile de ne pas voir dans ces phénomènes de véritables actes d'inspiration et d'expiration. a Envii'on quatre heures après, je perçai la poche aérienne et recueillis le gaz qu'elle renfermait. A ma prière, M. Robillard, pharmacien en chef de l'Hôpital militaire de la Rochelle, voulut bien se charger d'en faire l'a- nalyse avec toute la rigueur que comporte la science moderne. Le résultat moyen de deux expériences, d'ailleurs parfaitement concordantes entre elles, fut que l'air inspiré depuis quatre heures avait perdu environ 3,3 (6) pour loo d'oxygène. Malheureusement, faute de mercure, le gaz avait dû être recueilli et conservé pendant quelques jours sur l'eau; toute trace d'a- cide carbonique avait disparu, et l'on ne put constater le rapport existant entre ce dernier gaz et l'oxygène disparu. Au reste, cette lacune dans l'ex- périence ne me semble pas de nature à infirmer les conclusions auxquelles conduit l'absorption de l'oxygène. » On voit que, dans la Physalie, les aliments viennent subir l'action de l'air dans le double fond du corps; seulement ils y arrivent à l'état de chyme, et cette action s'exerce aussi bien sur les sucs alibiles que sur les matières impropres à la nutrition et qui doivent être rejetées. Ainsi, ce n'est qu'après avoir respiré que les premiers sont transportés au milieu des tissus qu'ils doivent nourrir. A cet égard, tout se passe donc dans ces animaux, à structure si exceptionnelle, comme chez ceux dont l'organisation s'écarte le moins des dispositions ordinaires. » Quant aux résidus de cette espèce de digestion, ils sont bien certaine- ment rejetés par les suçoirs. I^e résultat de plusieurs injections ne peut me laisser aucun doute sur ce point ; et, pas plus que MM. Olfers et Leukart, je n'ai trouvé la moindre trace d'un orifice postérieur pouvant remplir les fonctions d'anus. » Ce n'est pas seulement l'anatomie, c'est encore la nature même des Siphonophores qui, dans ces dernières années, a soulevé des discussions. Parmi les naturalistes, les uns, fidèles à la manière de penser de Cuvier, regardent ces animaux comme monozoïques ; d'autres, au contraire, pous- sant jusqu'à ses dernières limites la doctrine de la polyzoïcité, veulent voir dans chaque appendice autant d'individus distincts. » De part et d'autre, on me semble s'être laissé aller ici à quelque exa- gération . Après les travaux de MM. Edwards, Kolliker, Gegenbauer, Leukart, Vogt, etc., il me semble bien difficile de regarder les Physsophores, les Agalmes, les Prayas, etc., comme des êtres simples. D'autre part, il me paraît également impossible d'attribuer une individualité distincte à un appendice, isolé il est vrai, mais dont toutes les fonctions se bornent à sécréter de la bile. » L'étude des Physalies, bien plus que celle des autres genres, est propre à nous prémunir contre des idées trop absolues sur ce point. D'une part, si, comme je n'en doute pas, les organes reproducteurs se développent en Méduses destinées à mener pendant quelque temps une vie indépendante, il est clair que chacun de ces organes est, à un moment donné, un individu distinct ; d'autre part, on ne saurait séparer les suçoirs des tentacules qui (7) leur servent si évidemment de bras. D'ailleurs, nous avons vu, dans la vessie aérienne, une réunion d'organes et de fonctions qui touchent à l'ensemble de la Physalie. Enfin, lorsqu'on observe les Physalies vivantes, on constate des actes qui supposent une volonté active et centralisée au moins jusqu'à un certain point. C'est ainsi que j'ai vu à diverses reprises, l'animal couché sur l'eau se relever de manière à redresser sa crête. .le l'ai vu aussi virer de bord par une manœuvre assez compliquée et qui suppose une véritable synergie de presque tous les organes. » De ces faits, nous pourrons conclure qu'ici, comme ailleurs, la nature reste fidèle à la grande loi des gradations. De même que l'organisation, en passant d'un type à l'autre, ne se modifie jamais brusquement, de même, pour passer des êtres simples aux êtres composés, des individus aux colo- nies, nous aurons à constater des nuances intermédiaires souvent difficiles à saisir. » PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — M. DE QuATREF'AGEs met SOUS les yeux de l'Académie les dessins relatifs à ses recherches sur la génération alternante des Syllis. Il résulte du travail de l'auteur, que, dans ces Annélides, la nour- rice, contrairement à ce qu'on avait cru, diffère de V individu againe qui la produit. En déposant sur le bureau son ouvrage en deux volumes, intitulé : Sou- venirs d'un naturaliste, M. de Quatrefages s'exprime ainsi : « Ce livre est la reproduction à peu près exacte d'articles insérés sous le même titre dans la Revue des Deux-Mondes, auxquels j'ai seulement ajouté des notes nombreuses et parfois très-détaillées. Bien qu'il s'agisse d'un ouvrage essentiellement conçu dans un but de vulgarisation, je crois pouvoir en faire hommage à l'Académie des Sciences. A côté des détails historiques ou descriptifs, se trouve toujours une partie scienfifique que j'ai traitée de la manière la plus sérieuse. Là, tout en évitant d'être par trop technique, tout en n'abordant guère que des questions générales, j'ai voulu être aussi rigoureux que si j'eusse écrit pour des savants de profession. A ce point de vue j'aurais pu intituler cet ouvrage: Essais de zoologie et de physiologie générale; car il renferme l'exposé des idées qui m'ont constamment guidé dans mes travaux ou qui en ont été la conséquence. » M. Is. Geoffroy-Saixt-Hilaire fait hommage à l'Académie d'un ouvrage intitulé : Domestication et naturalisation des animaux utiles. Cet oitvrage est une troisième édition du travail général sur l'acclimatation des animaux, (8) publié par l'auteur, en novembre 1849, ^ '^ demande de M. le Ministre de l'Agriculture. A ce travail général, qui est ici reproduit sans changements, sont ajoutés plusieurs articles nouveaux destinés à le compléter. M. VicAT, Correspondant de l'Académie, adresse sous pli cacheté une Note dont il demande le dépôt dans les Archives. « La Note, dit-il, est relative à un fait chimique que je crois nouveau et qui pourrait, plus tard, quand le moment de le publier sera venu, avoir pour les travaux hydrauliques une grande importance. » RAPPORTS. BOTANIQUE. — Rapport sur un Mémoire pour servir à l'histoire naturelle des Sphaignes , par M. W. P. Schimper. (Commissaires, MM. Brongniart, Tulasne, Montagne rapporteur. ) « Si les Mousses qui constituent le genre Sphnigne [Sphagnum, L.) sont remarquables par la singulière organisation de leurs feuilles, dont le tissu élégant n'a pas son pareil dans toute la famille, elles n'offrent pas moins d'importance par les usages qu'elles sont appelées à remplir dans l'économie de la nature. » Cette structure si admirable des feuilles des Sphaignes, objet des nom- breux travaux des phytotomistes et des physiologistes les plus habiles, de- puis Hedwig jusqu'à l'auteur de ce Mémoire, n'est pas la seule raison qui a rendu classique l'étude de ce genre, lequel, si différent d'aspect et de structure quand on le compare aux autres Mousses, forme une sorte de transition et de lien entre elles et les Hépatiques. Il en est, en effet, quelques autres que nous nous bornerons à indiquer brièvement. Ainsi, c'est dans les Sphaignes, qu'en 1822 Fried. Nées d'Esenbeck observa pour la première fois le mouvement spirilloïde du contenu des anthéridies, et que, plus tard, M. Unger détermina la forme des anthérozoïdes et la na- ture de leurs mouvements, phénomènes que l'un de vos Commissaires avait lui-même reconnus en suivant leur manifestation dans les genres Tortule, Funaire et Polylric. » Cette observation, toutefois, remonte beaucoup plus haut pour les Hépatiques. Plus d'un demi-siècle auparavant, Schmidel avait constaté une sorte de trépidation et de fourmillement dans lafovilla de l'organe mâle d u (9) Jungennannia pusilla, L. {Fossombronia, Raddi). Les termes fort clairs dans lesquels ce savant botaniste décrit le phénomène, ne peuvent laisser l'ombre d'un doute à cet égard. Selon M. le D' Gottsche, d'Altona, qui les rapporte au long dans son Mémoire sur V Haplomitrium Hookeri, le mouvement des anthérozoïdes en liberté et la connaissance de leur forme n'auraient échappé à la sagacité de cet excellent observateur que par suite de l'imperfection du microscope à cette époque déjà reculée (1762), et ce serait à Meyen qu'ap- partiendrait la gloire de les avoir vus et décrits le premier. » Quelle que soit la date de cette découverte dans l'une comme dans l'autre famille, elle n'en a pas moins conduit à une autre non moins merveil- leuse, nous voulons parler de celle des anthérozoïdes chez les Fucacées, due aux savantes i-echerches de notre confrère, M. Decaisne, et de M. Thu- ret. Ce court exposé de l'histoire des anthérozoïdes dans les Cryptogames est une nouvelle preuve que les progrès, des sciences, fils du temps et de l'ob- servation, naissent ainsi les uns des autres par une succession continue que rien ne saurait interrompre. » Parmi les propriétés qui font des Sphaignes une tribu digne de fixer l'attention, il en est surtout deux que nous voulons signaler. L'une est cette faculté remarquable qu'elles possèdent d'absorber l'humidité du sol et de l'atmosphère, sorte d'hygroscopicité qui n'est pas sans influence sur certains phénomènes géologiques, comme, par exemple, la formation sur les hauts plateaux tourbeux, de ces réservoirs qui alimentent les sources du pied des montagnes; l'autre est leur mode d'innovation et de rajeunissement qui contribue si puissamment à la production des tourbières par l'accumulation sur place de leurs générations successives- et ininterrompues. » Nous devrions peut-être ajouter que ces Mousses, comme le Lichen d'Islande [Cetraria islandica), sont usitées dans l'économie domestique, et qu'au dire de Bridel on en prépare en Islande, sans doute en les mélan- geant avec de la farine, un pain qui n'est pas désagréable à manger; mais son emploi comme aliment pour les rennes pendant l'hiver est nié formel- lement par Linné dans sa Flora Lapponica. » Nous venons de donner à l'Académie une idée succincte de l'impor- tance du sujet que M. Schimper a entrepris de traiter; nous allons le laisser lui-même exposer les motifs qui l'ont amené à s'en occuper : « Plus d'une fois, dit l'auteur, dans le cours de mes études de la grande » famille des Mousses, les Sphagnum, avec leur physionomie étrange et leur » admirable structure, m'ont attiré vers eux; mais le désir de suivre pas à » pas ces plantes si particulièrement intéressantes, depuis la sporule jus- C. R., i854, ame Semestre. (T, XXXIX, N» 1.) ^ ( 'O ) » qu'à la fructification, et, je dois l'avouer, une sorte de terreur que m'in- » spirait la polymorphie de leurs formes, en ce qu'elle rend presque impos- » sible la fixation des caractères spécifiques, me firent remettre ce travail » d'année en année et m'engagèrent à réserver la monographie de ce genre » difficile, qui devait naturellement faire partie de la Bryologia europœa, » pour la fin de cet ouvrage. Je dus attendre longtemps, car ce n'est qu'a- » près vingt années de travaux et de recherches que ce grand ouvrage, » accompagné souvent de difficultés presque insurmontables, est enfin » arrivé à son terme. Je pus donc reprendre, avec plus de suite, l'étude des » Sphaignes, tant de fois abandonnée; ce qui me facilita singulièrement » cette étude, c'est que j'ai réussi à cultiver dans ma chambre, avec le plus » grand succès, sous des cloches et des cages de verre, toutes les espèces » de Sphagnnin qui se rencontrent en Europe. Rien ne s'opposa donc plus » à mon désir, et je pus entreprendre une biologie complète de ces mer- » veilleuses Mousses des tourbières, etc. » » Cette biologie complète des Sphaignes, que M. Schimper s'empresse de soumettre au jugement de l'Académie, est donc un travail analogue à celui qu'exécuta, avec tant de distinction et de succès, il y a environ une vingtaine d'années, notre illustre confrère M. de Mirbel, et à un autre, non moins remarquable et non moins digne d'éloges, que M. Gottsche, cité plus haut, a publié sur la morphose d'une Hépatique, Y Haplomitrium Hookeri, dans le tome XX des /4ctes de l' académie des Curieux de la Nature. C'est l'application de ce voir venir de Turpin, que Gœthe prisait si haut et qui mériterait, en effet, d'être étendue à certains autres types de plantes inférieures, ainsi que l'un. de nous l'a déjà fait dans ses recherches sur l'Ergot des céréales ; car peut-on se flatter de connaître à fond un être naturel quelconque, si on ne l'a en quelque sorte suivi pas à pas dans les transformations successives qu'il a eu quelquefois à subir depuis sa nais- sance jusqu'au moment où il a communiqué l'existence à un être semblable à lui ? » L'auteur entre en matière et déroule à nos yeux l'histoire des progrès qu'ont fait faire à l'anatomie des Mousses en général et en particulier à celle du tissu des feuilles et de la tige, les beaux travaux d'Hedwig d'abord, ce grand cryptogamiste qui a mis hors de doute la sexualité de ces plantes, puis ceux de Moldenhawer, en i8ia, et, enfin, dans des temps plus récents, ceux de Meyen et de MM. Treviranus, Hugo Mohl, Schleiden, Hoffmeister, Schact, C. Mûller et Nœgeli. Nous ne serions pas équitables si nous ne nous empressions d'ajouter que l'auteur, dans sa thèse inaugurale pour le doc- torat es sciences, et qui a pour titre : Recherches anatomiqties et morpho- logiques sur les Mousses^ avait déjà, lui aussi, apporté un riche contingent d'observations neuves et originales sur le sujet qu'il traite aujourd'hui. » Nonobstant tous ces travaux d'hommes éminents, il restait encore à l'auteur un double but à atteindre ; c'était, premièrement, de contrôler et de rectifier les faits acquis à la science au sujet des Sphaignes ; secondement, de jeter du jour sur les points demeurés obscurs, et de faire connaître les faits nouveaux que l'observation lui aurait révélés. » Parmi ces faits assez nombreux, comme nous le verrons, il en est un surtout qui avait échappé à tous ses devanciers et que nous ne voyons, en effet, enregistré nulle part, c'est qu'il existe dans les plantes de ce genre deux sortes de spores ou séminules, les unes grandes et fertiles, les autres beaucoup plus petites et stériles. Les premières, qui revêtent la forme d'une pyramide tétraèdre déprimée, s'engendrent par quatre dans les cel- lules mères; les secondes sont de petits polyèdres réunis au nombre de seize dans une cellule globuleuse unique. Et, ce qu'il y a d'étrange, c'est que ces deux sortes de spores, tantôt sont réunies dans la même capsule, tantôt se montrent dans des capsules propres à chacune. Ce fait curieux, qui n'est pas sans analogie avec un autre observé par votre Rapporteur dans une Mousse du Chili, ne semble-t-il pas refléter quelque lumière sur la nature de ces spores anormales trouvées dans les capsules mûres de VEu- camptodnn perichœtialis (i)? Ces spores des Sphaignes que M. Schimper dit infertiles, ne seraient-elles pas aptes à propager la plante mère à la manière de certaines gemmes qui ont cette faculté dans les Hépatiques, dans les Lichens et même dans les Champignons ? » Quoi qu'il en soit, et pour revenir au Mémoire dont nous avons à vous rendre compte, nous dirons que l'auteur a semé de ces spores fertiles, et en a observé jour par jour la germination et le développement. Il a remarqué que l'époque à laquelle commence cette germination est assez variable, selon la constitution atmosphérique d'une part, et, de l'autre, selon le milieu dans lequel l'espèce est appelée à vivre, mais qu'en général, pour les Sphai- gnes habituellement émergées, c'est-à-dire vivant hors de l'eau, il se passe deux ou trois mois avant que la spore émette la première cellule de son proembryon. A peine l'évolution de la jeune plante a-t-elle commencé, que celle-ci parcourt ensuite avec une grande rapidité toutes les périodes de sa croissance. C'est alors, et même avant la naissance des «feuilles, que l'on (i) Voyez Ann. Se. nat.. Bot., "if série, t. IV, pi. XIV, fig. 3 en o. a.. ( 12 ) voit poindre les racines restées jusqu'ici inaperçues dans ces Mousses, parce qu'elles n'existent que dans le jeune âge et que plus tard elles s'oblitèrent et disparaissent pour faire place à un autre système d'organes de nutrition. » Arrivée à son état parfait, la tige des Sphaignes est composée de trois ordres de cellules : les unes forment la couche corticale ou périphérique ; les autres, réunies au centre, constituent la moelle ou le système axile; en- fin, d'autres cellules que l'auteur nomme prosenchjinateuses , et qui finis- sent, selon son expression, par se lignifier, donnent lieu à un système intermédiaire autrement coloré qu'on ne rencontre dans aucun autre genre de Mousse. Cette tige est d'ailleurs formée d'un axe principal simple, à végétation terminale indéfinie, et d'un grand nombre d'axes secondaires, stériles ou fertiles, à végétation limitée annuelle. M. Schimper entre ensuite fort en détail dans l'explication des lois qui président à la disposition de ces axes sur la tige, et nous regrettons vivement de ne pouvoir le suivre dans ce chapitre intéressant de son Mémoire, où il fait une si savante ap- plication des beaux travaux de MM. Schimper et Alexandre Braun, et de notre savant confrère M. Bravais, sur l'arrangement symétrique des organes appendiculaires des végétaux. Nous dirons seulement que, d'après les ob- servations de l'auteur, les axes secondaires ou les rameaux latéraux fasci- cules, pendants, que l'on avait crus ramifiés, sont simplement divisés et que la division se fait au moment même où le rameau commence à se former et avant qu'il se couvre de feuilles. D'où il résulte que les branches de cette division ne sont pas des axes tertiaires, mais bien l'axe secondaire lui-même partagé en autant de rayons qu'il y a de branches. Cela explique l'homo- dromie des feuilles de toutes ces branches, et l'antidromie commune de ces mêmes feuilles avec celles de la tige. » Quant aux fonctions que remplissent les branches réfléchies, elles ne sont pas moins merveilleuses que leur disposition autour de la tige ; car, en aidant avec le tissu spongieux cortical à faire monter l'eau depuis la base de la plante jusqu'à son sommet, elles font en quelque sorte fonction de racines adventives et constituent, par leur réuniœi et leur adhérence à la tige, un système hydraulique dont les effets sont au plus haut degré surpre- nants et curieux. Une tige de Sphaigne haute de plusieurs décimètres, que l'auteur avait plongée par sa base gai-nie des rameaux en question dans un flacon rempli d'eau, l'a vidé en fort peu de temps, en déversant le liquide par son capitule terminal qu'il avait eu la précaution d'incliner un peu de côté. Supposez, ce qui a lieu en effet dans les grandes tourbières, que des milliards de siphons semblables agissent de la même façon et avec autant ( i3) de puissance, et vous comprendrez quels étonnants résultats pourront se produire dans cet immense laboratoire naturel. La propriété hygroscopique de ces plantes est telle, que dans des marais tourbeux où les chaleurs de l'été avaient fait descendre l'eau à près d'un mètre au-dessous du niveau des gazons de Sphaignes, M. Schimper a trouvé ces Mousses encore telle- ment imbibées d'eau, que, d'une seule poignée arrachée au hasard, il à pu en exprimer un quart de litre. » Mais ce sont surtout les feuilles de ces plantes, dont l'admirable et singulière structure, sur laquelle s'était déjà exercée, comme nous l'avons dit, la sagacité d'un si grand nombre de botanistes distingués , a été enfin dévoilée et exposée d'une manière claire, et qui ne saurait laisser désor- mais la moindre prise au doute. Ces feuilles, d'une organisation si con- troversée jusqu'ici, que quelques-uns considéraient à tort comme formées d'une seule espèce de cellules séparées, non par d'autres cellules d'une nature différente, mais par des sortes de méats intercellulaires, M. Schim- per, qui a pu en suivre pas à pas l'évolution normale, nous les montre définitivement composées de deux espèces de cellules d'une origine commune , il est vrai , c'est-à-dire née de la division primordiale ou de la segmentation d'inie même cellule; les unes nommées aériennes, qui sont grandes, hyalines, percées de larges trous, et souvent parcourues d'étroites bandelettes ou de fibres disposées en lignes spirales ; les autres, plus étroites, colorées et formant un réseau dont les premières semblent constituer les mailles. Cette phyllogénie est parfaitement bien exposée dans le Mémoire que nous analysons. Il en est de même de la phyllotaxie ou de l'arrangement symétrique de ces organes autour de la tige et des branches, et l'une et l'autre sont figurées dans d'excellents dessins, comme M. Schim- per nous a habitué à en admirer dans son magnifique ouvrage sur la Bryo- logie d'Europe. On pense encore aujourd'hui que les feuilles naissent des cellules corticales de la tige; mais l'auteur nous semble avoir démontré que, comme les rameaux fascicules, elles tirent leur origine des cellules extérieures du cylindre ligneux de la tige, pendant que celui-ci est encore, pour ainsi dire, à l'état de cambium. » Nous n'avons fait qu'indiquer sommairement les points principaux qui, dans ce Mémoire, sont relatifs au système végétatif des Sphaignes; car, si nous avions voulu entrer dans les détails et vous entretenir de tous les faits nouveaux et importants qui y fourmillent, nous aurions craint de fatiguer votre attention et d'outrepasser les bornes d'un simple Rapport. Il nous reste cependant encore à vous parler de quelques phénomènes nouvelle- ment observés par l'auteur dans le jeu des organes de la reproduction. Nous ( «4) serons brefs, par la raison que, dans ses Recherches anatomiques et morpho- logiques, imprimées il y a six ans, M. Schimper a consigné la plupart des résultats auxquels il était déjà arrivé à cette époque par l'observation des fonctions sexuelles des Sphaignes. » Les faits les plus saillants mis en lumière par ces nouvelles recherches sont surtout relatifs au sac de l'anthéridie et à son contenu fécondant. L'auteur attribue aux anthéridies ou organes mâles la même origine qu'aux feuilles. La poche qui renferme les cellules spermatiques, ou ces corpuscules développés plus tard en anthérozoïdes, auxquels on accorde la faculté fécondante, est composée d'ujae couche de cellules que revêt une pellicule cellulaire de matière extra-cellulaire concrète, parfaitement hyaline. M. Un- ger, qui avait parfaitement observé cette membranule, n'avait pu décider si elle était intérieure ou extérieure à la couche cellulaire. M. Schimper a résolu la question, et donne pour preuve qu'elle enveloppe l'anthéridie, ce fait, qu'il a vu s'échapper par l'ouverture de cette membranule, en même temps que la masse spermatique, plusieurs des cellules qui se sont détachées de la membrane celluleuse. » Naguère encore, c'était par simple conjecture et en jugeant par compa- raison avec ce qui se passe dans les plantes supérieures, qu'on était conduit à regarder les anthéridies comme des organes de fécondation dans les Muscinées. Une observation de M. Hoffmeister sur le Jungermannia diva- ricata (i), que vient de vérifier M. Schimper sur les Sphaignes, paraît devoir changer le doute en certitude ; des anthérozoïdes ont été effective- ment trouvés dans l'extrémité dilatée des archégones ou pistils. Les belles recherches de MM. Decaisne et Thuret, de ce dernier surtout, qui les continue incessamment, celles de MM. Derbès et Solier sur les plantes marines, sont venues ajouter de nouveaux faits bien propres à ébranler, sinon à déraciner tout à fait, la vieille incrédulité des anciens botanistes touchant la présence des sexes dans les végétaux inférieurs, et donner gain de cause à ceux qui considèrent comme un fait bien près d'être acquis à la science l'action fécondante des anthérozoïdes des Muscinées et des Algues. » Le développement de la fleur femelle fécondée, et sa transformation en capsule à la maturité, composent un chapitre assez court, l'auteur ayant cru pouvoir renvoyer aux Recherches morphologiques déjà plusieurs fois citées, et dans lesquelles il a donné l'histoire de ce développement. Cepen- dant, dans une Lettre toute récente, adressée au Rapporteur de votre Com- (i) Vergleich. Untersuch. d. Keimung, Entfaltung und Fruchtbild. hôher Krypfogamen, t. VIII, f.6i. { i5) mission, M. Schimper, qui poursuit toujours avec ardeur et persévérance ses observations sur un si intéressant sujet, nous apprend qu'il peut dès au- jourd'hui joindre de nouveaux documents à ceux qu'il a adressés sur l'évo- lution du fruit. Dans une excursion qu'il a faite dans des tourbières, il en a rapporté une ample moisson de Sphaignes, ce. qui lui a permis de suivre cette évolution, dit-il, depuis la cellule germinative, qu'il a pu voir dans ses premiers sectionnements, jusqu'à l'entière formation des spores dans la capsule. Les dessins sont prêts, le texte seul reste à rédiger. M. Schim- per promet d'adresser incessamment à l'Académie ce Supplément à son Mémoire. » Il nous reste, pour terminer, à exposer les raisons qui ont conduit l'auteur à professer cette opinion, que les Sphaignes ne sont pas de véritables Mousses^ mais qu'elles doivent constituer un ordre intermédiaire entre ces plantes et les Hépatiques, ordre ou famille auquel il impose le nom de Sphagninées. » Vos Commissaires conviennent que parmi les caractères saillants pro- pres à faire distinguer cette nouvelle famille, il en est deux surtout qui semblent les exclure de la première; ce sont : i° l'absence de la coiffe, l'épigone se rompant au sommet, comme dans les Hépatiques, et persistant entre la vaginule et la capsule ; i° la transformation d*i rameau périchétial et son allongement en faux pédicelle [pseudopodium). La structure des feuilles semblerait encore venir en aide à cette manière de voir, si l'on ne relrouvait dans les Leucobryacées comme une sorte de transition fournie par des feuilles perforées de trous, il est vrai, mais dépourvues de fibres spirales. » Il ne reste plus qu'un dernier caractère, et c'est cette couche de cel- lules sous-corticales de la tige qui; s'encroûtent et se colorent en brun à une époque avancée de la végétation. Or, l'encroûtement en question, étant analogue à celui des cellules de la capsule et même du pédoncule des autres Mousses, ne nous semble pas avoir toute la valeur que lui accorde M. Schimper pour légitimer la distinction proposée. » L'idée de former une famille de ces Mousses n'est d'ailleurs pas abso- lument nouvelle. M. Endlicher, dans son Gênera plantarum, publié en i836, considérant les Mousses comme une classe, les divise en trois ordres ou familles, les Andréacées, les Sphagnacées et les Bryacées. Trois ans au- paravant, un de vos Correspondants, M. Lindley, avait déjà lui-même, dans son Niocus plantarum, proposé l'établis sèment de la famille des Andréa- cées. Lorsqu'on a étudié ces dernières Mousses, on peut en effet se persuader ( i6 ) non-seulement qu'elles diffèrent de toutes les autres par plusieurs des caractères qui servent à M. Schimper pour fonder ses Sphagninées, mais qu'elles s'en distinguent bien plus encore par la division plus ou moins profonde de la capsule en quatre valves absolument comme chez les Jon- germannes, avec ces seules différences, bien essentielles toutefois, que ces valves restent et sont maintenues réunies entre elles au sommet par un petit disque représentant l'opercule des autres Mousses, et que les spores ne sont pas mêlées à des élatères. Ainsi, à peine touchons-nous au seuil de cette belle et intéressante famille des Mousses, que nous nous voyons contraints d'en séparer deux des membres les plus curieux et les plus singuliers. Car il serait peu logique d'admettre la famille des Sphagninées sans accorder la même faveur à celle des Andréacées. » Au surplus, loin de jeter du blâme sur ces distinctions dont l'avantage seulement nous paraît douteux et la nécessité contestable, nous pensons qu'à certain point de vue elles sont défendables et qu'il n'y aurait pour les ligitimer, qu'à changer la dénomination qu'on leur impose. » L'auteur annonce, en terminant, qu'il réserve pour une prochaine mo- nographie du genre, ses observations sur la distribution géographique des Sphaignes, sur le rôle qu'elles jouent dans la formation des grands dépôts tourbeux, dans la végétation des marais, dans la vie économique de l'homme, et sur l'influence qu'elles exercent sur les conditions hygiéniques des con- trées du Nord. » Tels sont, en abrégé, les faits renfermés dans cet important travail 9e M. Schimper, qui s'accompagne en outre de huit belles planches peintes par lui-même et où l'on peut suivre de l'oeil toutes les phases de l'histoire anatomique et physiologique des Sphaignes. » Vos Commissaires vous proposent d'approuver ce Mémoire et d'en ordonner l'insertion dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MALADIE DE LA VIGNE. — Rapport de la Commission chargée d'examiner les travaux sur la maladie de la vigne. (Commissaires, MM. Chevreul, Becquerel, Boussingault, Montagne rapporteur.) « L'Académie nous a renvoyé pour les examiner et lui en rendre compte,, les Lettres, Notes et Mémoires relatifs à la maladie de la vigne qui lui ont été ^dressés par diverses personnes à partir du mois de janvier de cette année. ( 17 ) • ,» 'Ces cooiEBumcations, au nombre de vingt-trois, dont queiques-imes sont de simples Lettres, quelques auti^s, en petit nombre, de longs Mé- moires, ont été lues par vos -Gommissaiiies avec l'attesation ia plus sérieuse et la plus réflédiie. j> Les opinions mises en avant par les a«t«urs, soit qu'elles oo«oernent les causes de la maladie qui «iésoie nos provinces viticoles, soit qu'elles touchent aux moyens à mettre en usage pour la prévenir ou la combattre, ces opinions sont si diverses, si opposées même l'une à l'autre, que tout en louant, comme ils le doivent, les efforts qui ont été tentés dans cette double direction, les Membres de Totre Commission éprouvent le regret d'avoir à déclarer d'une voix unanime que les travaux sountis à leur appréciation sont loin encore d'avoir porté la conviction dans leur esprit, et qu'ils ne se croient pas suffisamment renseignés pour hasarder un jugement définitif dans une question aussi grave. » Votre Commission est en conséquence de l'avis d'attendre, avant de se prononcer, que des expériences plus positives soient venues lui démontrer , clairement l'efficacité incontestable de l'un quelconque ou de plusieurs des moyens préventifs ou curatifs proposés. Jusque-là, elle pense qu'il est pru- dent, qu'il est même dans l'intérêt de l'agriculture qu'elle suspende son jugement, afin de laisser aux nouvelles tentatives, qu'elle sait pertinemment devoir être faites siu" une large échelle, le teiaps de se produire et d'éclairer la décision qu'on attend d'elle. « La Commission a l'honneur de rappeler en outre à l'Académie qu'il existe déjà deux autres Commissions instituées dans son sein pour le même objet. La première, à laqitelle il a été renvoyé vingt-trois ouvrages en i853, était chargée de juger les Mémoires adressés sur la maladie de la vigne et des autres végétaux ; elle se compose de MM. Duméril, Magendie, de Jus- sieu, Brongniart, Gaudichaud, Milne Edwards, Decaisne et Rayer, en tout huit Membres sur lesquels l'Académie a eu la douleur d'en perdre deux et des plus compétents pour juger cette question. La seconde, nommée dans la , séance du i4 février de la même année pour examiner un Mémoire de M. Dessoye sur la maladie des vignes, se trouve composée de MM. Bron- gniart, Decaisne et Payen. On voit, par cet exposé, que la dernière et ac- tuelle Commission de la maladie de la vigne, dont j'ai l'honneur d'être l'organe, et qui ne fonctionne que depuis le ^3 janvier iSSZj, n'a été saisie i€t n'a pu s'occuper que de la moitié des ouvrages parvenus au Secrétariat. » Convaincus à la fois de la nécessité et de la convenance qu'il y aurait à renvoyer à une seule Commission tous les travaux sur lesquels l'Académie C. R , i854, im« Semestre. (T. XXXIX, ^<' 1.) 3 ( r8 ) désire être éclairée, quand ils ont en vue un seul et même objet, vos Com- missaires osent adresser à M. le Président la prière de réduire à deux, s'il le juge convenable, les trois (Commissions appelées à décider dans la même cause. L'une d'elles ne devrait avpir à s'occuper que de la maladie de la vigne, sujet si vaste, d'un intérêt si puissant et qui préoccupe à bon droit si vivement l'opinion publique ; l'autre resterait chargée de tout ce qui est re- latif aux maladies des autres végétaux. » M. Thenard, à l'occasion d'un passage des conclusions de ce Rapport, exprime le regret de ce que les communications antérieures à la présente année n'aient pas été aussi l'objet d'un Rapport. M. Ddméril, Président de la première des Commissions nommées à cet effet, déclare que les diverses communications renvoyées à cette Commission ont été pour elle l'objet d'un examen sérieux, et que la plupart des moyens proposés, qui semblaient à priori offrir quelque chance de réussite, ont été mis à l'épreuve sous Ta direction de M. Decaisne. M. Decaisne dit que la Commission nommée par l'Académie n'est point ' restée inactive^ mais que de tous les procédés préconisés et expérimentés par elle, soit au Muséum, soit dans les collections dti Luxembourg, il ne s'en est trouvé aucun qui ait offert, jusqu'à ce jour, des résultats suffisants, et que cet insuccès est la seule cause du silence de la Commission. M. Payen demande à l'Académie la permission de faire remarquer qu'il existe cependant un moyen efficace de prévenir ou de faire cesser l'action et les effets désastreux de V Oïdium (ou de l'Érésiphe) sur les fruits de la vigne. « A cet égard, la plupart des Membres de la Société impériale et cen- trale d'Agriculture, ainsi que de la Société impériale d'Horticulture, ont, en maintes occasions, manifesté une entière conviction, fondée sur de très- nombreuses expériences et sur d'incontestables succès. » Le moyen consiste à répandre, à l'aide d'un soufflet approprié, de la fleur de soufre sur toutes les parties de la vigne à trois reprises : d'abord un peu avant la floraison, puis presque aussitôt après lorsque le fruit est formé, enfin peu de temps avant la maturité. j> C'est à l'aide de ce procédé que les habiles horticulteurs de Thomery sont parvenus à sauver la presque totalité de leur belle récolte depuis plu- sieurs années : d'abord ils mouillaient le raisin et les feuilles avant de les saupoudrer de soufre, mais ils ont reconnu que le fruit en restait taché, et, ( '9) depuis lors, ils saupoudrent à sec, et évitent l'inconvénient en question. Uti grand nombre de propriétaires de treilles ont obtenu d'aussi bons résultats du même moyen. » Les horticulteurs prinieuristes, qui s'occupent avec tant de soin de la culture forcée des raisins de table, parviennent aussi à récolter de très-beaux produits en employant la fleur de soufre ; ils ont obtenu également de bons effets du soufre pulvérulent répandu sur les tuyaux de chauffage des calori- fères à circulation d'eau : la température de 5o à 80 degrés de ces tubes suffit pour déterminer la dissémination du soufre dans l'air ambiant, et en couvrir les feuilles et les fruits d'une couche, imperceptible à peu près, suffisante toutefois pour paralyser la végétation parasite. » Des Rapports adoptés à l'unanimité et des récompenses de premier ordre décernées par chacune des deux Sociétés d'Agriculture et d'Horti- culture ont constaté ces remarquables résultats. » Un autre moyen, basé sur le même agent autrement employé, et déjà essayé en France, paraît avoir eu, dans des conditions particulières, un véri- table succès dans les serres à cultures forcées d'Angleterre. » Il a été indiqué par M. Astley Price, jeune chimiste. Ce procédé con- siste dans l'emploi d'une solution, à 8 ou 10 degrés, de penta-sulfure de cal- cium : à la fin de l'automne ou au printemps (avant que les bourgeons soient développés) on imprègne toute la superficie des sarments de cette solution. » Sous l'influence de l'acide carbonique de l'air ambiant, il se forme du carbonate de chaux ; le soufre, en partie, se précipite à l'état d'extrême division, et assez adhérent pour qu'il persiste pendant tout le temps de la végétation annuelle, et répande des émanations efficaces contre Y Oïdium. On n'a pu encore constater, en France, les effets de ce moyen. » Il existe en ce moment des altérations notables sur un grand nombre de pieds de vignes, mais on n'a pas reconnu les relations qui pourraient exister entre ces altérations et la maladie spéciale ou les moyens de la combattre : quoi qu'il en soit, il est toujours utile de savoir que l'on peut, dans des circon- stances bien déterminées, sauver la récolte plusieurs années successivement. » M. Decaisne répond qu'il ne nie pas l'action salutaire des vapeurs sulfu- reuses sur les vignes chauffées, mais qu'il ne faut cependant pas se faire illusion sur l'emploi du soufre. Il a sous les yeux, au Muséum, des treilles de chasselas et de Frankentahl qui ont été soufrées chacune à deux reprises différentes en i852 et en i853, et ces vignes, loin d'être guéries, se trouvent, cette année, dans un tel état de langueur, que non-seulement les 3.. (ao ) sarments ont cessé de fleurir, mais que la couleur des feuilles et leur faible développement dénote à l'oeil k moins exercé tous les caractères d'une plante affaiblie; cependant l'Oïdium ne s'est pas encore manifesté sur les feuilles. — D^ns l'opinion de M. Decaisne, V Oïdium pourrait bien n'être que le symptôme extérieur de la maladie et non sa cause première. A la suite de cette discussion, et avant que les conclusions du Rapport soient mises aux voix, quelques Membres demandent qu'au lieu de ren- voyer les communications relatives aux maladies des plantes usuelles à deux Commissions distinctes, dont l'une s'occuperait exclusivement de la maladie de la vigne, on fonde en une seule les Commissions précédemment nommées. Cette proposition est adoptée : MM. Tulasne et Moquin-Tandon rempla- ceront feu MM. de Jussieu et Gaudichaud dans la Commission unique à laquelle est adjoint, en outre, M. Payen. La Commission, en conséquence, se compose de MM. Duméril, Magendie, Chevreul, Becquerel, Brongniart, Milne Edwards, Boussingault, Payen, Rayer, Decaisne, Montagne, Tulasne et Moquin-Tandon. Les conclusions du Rapport, modifiées seulement en ce qui concerne la future Commission, sont ensuite mises aux voix et adoptées. AIÉMOm£S PRÉSENTÉS. M. LE Ministre de l'instruction publique transmet un Mémoire écrit en espagnol et ayant pour titre : « Découverte du système naturel des nom- bres, » par M. Pu jais de la Bastida, de Madrid. L'auteur, qui exprime le désir d'obtenir sur son travail le jugement de l'Académie, s'est proposé principalement pour but d'établir les avantages de la numération duodécimale. (Commissaires, MM. Cauchy, Binet.) CRISTALLOGRAPHIE. — Sur le dimorpJiisme dans les substances actives; par M. L. Pasteur. (Commissaires, MM. Biot, Chevreid, Dumas, Regnault, de Senarmont.) « J'ai établi dans mes recherches antérieures que toute substance cristal- lisable, active sur la lumière polarisée, avait une forme cristalline telle, que son image vue dans un miroir ne lui était pas superposable. La proposition réciproque n'a pas lieu; c'est-à-dire qu'il ne faut pas conclure de l'existence de l'hémiédrie non superposable à l'existence de la propriété rotatoire mo- (21 ) léculaire. Ainsi le sulfate de magnésie est bémiédrique à la manière des tar- trates, dn sucre, de l'asparagine, etc. , et cependant les solutions les plus con- centrées de sulfate de magnésie n'ont aucune action sur la lumière polarisée. Le quartz présente une hémiédrie non superposable, analogue à celle des produits organiques que je Tiens de citer, et l'expérience prouve que cette substance n'offre aucune action sur la lumière quand elle a été fondue ou dissoute. Si l'on récuse l'exemple du quartz, en objectant que les moyens énergiques de fusion ou de dissolution qu'on lui applique pourraient bien détruire la dissymétrie du groupe moléculaire, ainsi que la chaleur transforme les acides malique et tartrique actifs en acides inactifs, je rap- pellerai la curieuse cristallisation du formiate de strontiane, qui offre avec celle du quartz les plus grandes analogies. Toute cristallisation de formiate de strontiane renferme des cristaux hémiédriques, et même les deux sortes droite et gauche, comme cela arrive pour les cristallisations naturelles de quartz. Mais ici le sel étant soluble dans l'eau froide, il est facile d'observer en dissolution des cristaux droits ou des cristaux gauches, sans avoir été obligé de les soumettre préalablement à des actions énergiques. Or, il n'y a jamais de déviation. Et, de plus, la solution de cristaux exclusivement droits ou exclusivement gauches reproduit des cristaux soit droits, soit gauches. Par conséquent il est impossible de ne pas regarder la dissymétrie de la forme comme le résultat d'un arrangement intérieur au, cristal. Une fois le cristal détruit, toute dissymétrie disparaît. » Ainsi donc des molécules inactives sur la lumière polarisée peuvent se grouper à l'instant de leur cristallisation, de manière à former des cristaux qui, sous le rapport de la forme, ont tous les caractères des cristaux hémié- driques des substances actives. J'ajouterai, d'autre part, que les substances inactives hémiédriques présentent dans leur cristallisation, tantôt la forme droite accompagnée de la forme gauche, comme on le voit dans le quartz et le formiate de strontiane, tantôt l'une seulement des deux formes non super- posables, ainsi que le sulfate de magnésie et le bisulfate de potasse tétra- édrique nous en offrent des exemples. Je me suis assuré, en effet, que pour ces deux substances le tétraèdre est toujours le même. On n'y trouve pas à la fois la forme dii*ecte et la forme inverse, ce qui arrive presque constamment dans le formiate de strontiane et le quartz. » Ces résultats de l'expérience étant posés, et dans le but seul de mieux faire comprendre les observations nouvelles que je vais présenter à l'Aca- • demie, je suppose, pour un moment, que des molécules non plus inactives, mais douées au contraire de la propriété de dévier le plan de la lumière polarisée, se groupent à l'instant de leur cristallisation, de manière à pré- senter la particularité que nous offre le sulfate de magnésie ou le formiate de strontiane. En d'autres termes, imaginons que les molécules d'un tar- trate, par exemple, soient soumises, au moment où elles s'arrangent en cristaux, à des influences de l'ordre de celles qui déterminent le sulfate de magnésie à prendre la forme hémiédrique. Quel sera, dans cette supposition, le caractère hémiédrique de la forme ? Il est très-facile de voir que les deux formes du tartrate dans de telles conditions ne pourront être deux formes comparables par leur hémiédrie aux deux formes du formiate de strontiane ou du quartz. Car ce tartrate dont nous parlons, quel qu'il soit d'ailleurs, a son inverse, et celui-ci, placé dans les mêmes circonstances que le premier, ne pourrait offrir évidemment que ces deux mêmes formes déjà présentées par son inverse. 11 n'y aurait donc aucune différence de forme entre ces deux tartrates, l'un dérivé de l'acide tartrique droit, l'autre dérivé de l'acide tar- trique gauche; ce qui est tout à fait impossible, parce que, dans le cas actuel, l'identité absolue des formes entraînerait forcément l'identité des deux produits, et cette identité n'existe pas en fait. » Il résulte de ces considérations, qu'il y avait un intérêt très-grand à pouvoir étudier lui cas de dimorphisme dans des substances actives sur la lumière polarisée. On conçoit bien, en effet, que la réalisation de l'hypo- thèse que j'ai faite tout à l'heure, de molécules actives qui se grouperaient à la manière des molécules inactives du sulfate de magnésie ou du for- miate de strontiane, ne peut être offerte que par dimorphisme d'une sub- stance active; et même il y a plus, ce qui n'est qu'un accident lorsqu'il s'agit du dimorphisme dans les molécules inactives, pourrait bien être une particularité nécessaire chaque fois qu'il y a dimorphisme avec action rotatoire moléculaire, ainsi que nous le verrons tout à l'heure. » Or, ce que j'ai à faire connaître à l'Académie, c'est précisément le premier exemple de dimorphisme dans des substances actives, et nous allons reconnaître, en effet, que la dissymétrie de la variété dimorphe se présente avec des caractères tout particuliers. » Le tartrate neutre d'ammoniaque droit s'obtient facilement en satu- rant l'acide tartrique droit par l'ammoniaque. La solution laisse déposer, par refroidissement ou par évaporation spontanée, de beaux cristaux volu- mineux de tartrate d'ammoniaque, qui appartiennent au système du prisme oblique à base rectangle, très-voisin d'un prisme droit. Ce sera pour nous la première forme. Le tartrate neutre gauche d'ammoniaque s'obtient de la même manière avec l'acide tartrique gauche. Les formes des deux tartrates ( =^3 ) sont les mêmes et non superposables, comme cela a lieu pour toute la série de ces deux genres de sels. » Lorsqu'à la dissolution de ces tartrates droit ou gauche on ajoute une petite quantité de malate neutre d'ammoniaque, le tartrate change absolument de forme en restant anhydre, et sans entrer d'ailleurs en comr binaison avec le malate. La nouvelle forme, qui sera dite la deuxième, appartient au prisme droit à base rhombe; elle est, par conséquent, incompatible avec la première, et constitue un nouvel exemple de dimor- phisme. Fig. I, Fig. 2. Fig. 3. Fig. 4. » Cette deuxième forme, représentée T^g:- i, est très-bizarre au premier aspect ; mais elle est facile à étudier et à comprendre lorsqu'on la consi- dère comme dérivant d'un octaèdre du prisme droit à base rhombe. Sup- posons un prisme droit à base rhombe portant des troncatures sur les huit arêtes identiques des bases, de manière à présenter à ses extrémités deux pointements octaédriques à quatre faces, et que l'on prolonge ensuite une face à chaque pyramide, jusqu'à ce que les six faces restantes des deux pyramides disparaissent. On aura précisément une forme du genre de celle que nous étudions, si l'on a soin de considérer deux faces extrêmes non parallèles. » Cette dérivation de la deuxième forme du tartrate neutre droit d'am- moniaque sur le prisme octaédrique à base rhombe n'est pas arbitraire. La nature l'indique elle-même; car on trouve souvent existantes les six faces que nous venons de supprimer dans l'octaèdre, et c'est alors, par un déve- loppement inégal de deux faces, que la dissymétrie actuelle est accusée. » Le point le plus intéressant de mon travail consiste en ce que la forme qui nous occupe en comporte trois autres identiques et non superposables avec elle. Pour obtenir ces trois autres formes, il suffira de prolonger suc- ( 24 ) cessiveinent dans l'octaèdre rhomboïdal deuxCaces extrêmes, non parallèles. En faisant toutes les combinaisons possibles, on déduira quatre formes, composées des mêmes parties, inclinées de la même manière et dont aucune n'est supei'posable à l'une des trois autres. Le nouveau genre de formes n'est plus tlérivé par suppression de la moitié des faces de la forme hom^oédri- que, mais par suppression du quart de ces faces. Ce n'est donc pas une hémiédrie, mais une tétnrtoédrie non superposable. » Cette expression de tétartoédrie est déjà dans la science. On la trouve dans certaines cristallographies allemandes. Mais elle n'a été jusqu'à présent appliquée qu'à une conception abstraite de la géométrie des cristaux. Ici elle est réalisée, et d'une manière même qui n'avait pas été prévue. Les cristal- lographes allemands ne se sont occupés que du solide à quarante-buit faces propre au système cubique, qui par hémiédrie peut donner deux solides non superposables à vingt-quatre faces, desquelles on déduit par une nouvelle hémiédrie quatre formes pareilles et non superposables, composées chacune de douze faces. » Le tartrate gauche d'ammoniaque donne dans les mêmes conditions que le tartrate droit une deuxième forme incompatible avec celle qu'il prend habituellement. Elle est représentée ^îg^. a, et reproduit l'une des quatre formes que nous avons déduites par tétartoédrie du prisme rhomboïdal octaédrique. » J'ai recherché avec soin si parmiles deuxièmes formes des deux tartrates d'ammoniaque je ne trouverais pas les formes Jig. 3 et 4> mais je ne les ai jamais rencontrées. C'est ici quelque chose d'analogue à ce qui se passe pour le sulfate de magnésie et le bisulfate de potasse, qui toujours ne présentent que l'une des deux formes hémiédriques possibles. C'est le contraire, par conséquent, de ce qui arrive dans le formiate de strontiane et le quartz où l'on trouve à la fois les deiax formes dans une même cristallisation. » J'ai dit précédemment que quelquefois la tétartoédrie des tartrates d'am- moniaque n'était accusée que par un plus grand développement des faces tétartoédriqiies, mais queleshuit facesde l'octaèdre existaient sur le prisme. Je dois ajouter que souvent aussi il n'y a que quatre faces tétraédriques sur le prisme et que la tétartoédrie résulte alors d'un développement pré- dominant de deux de ces quatre faces ; ce qui nous montre que la tétar- toédrie peut être envisagée comme l'hémiédrie d'une hémiédrie, aussi bien qae comme la tétartoédrie d'une homoédrie. » Les faits qui précèdent ne font pas seidement connaître un nouveau mode de dissymétrie très-remarquable des formes cristallines ; je pense qu'ils ( 25 ) peuvent, en outre, éclairer utilement la question du dimorphisme envisagée d'une manière générale. En effet, on peut se représenter le dimorphisme de deux manières, comme le résultat d'une faible altération dans l'arrangement des atomes de la molécule chimique, ou bien comme le résultat d'un groupe- ment des molécules chimiques suivant un autre ordre dans lecristal, sans que, d'ailleurs, chacune d'elles soit modifiée en rien quant à l'arrangement de ses atomes élémentaires. Or je suppose qu'une substance active, telle que le tar- trate d'ammoniaque, soit dimorphe par suite d'une altération quelconque dans l'arrangement des atomes à l'intérieur de la molécule. La nouvelle molécule, dissymétrique à la manière de la molécule ordinaire, devra conduire à iine hémiédrie, du même genre que le sien, à une hémiédrie simple et non su- perposable. Que si, au contraire, le dimorphisme a seulement pour cause un nouveau mode dégroupement des molécules naturelles dans lecristal, alors on conçoit que, dans le cas de molécules actives, ce mode de grou- pement doive se produire lui-même dissymétriquement, soit dans un sens, soit dans un autre, ainsi qiie cela se voit, mais d'une manière exceptionnelle, chez les molécules inactives. Et, la dissymétrie première des molécules de- vant être traduite par quelque chose sur l'assemblage définitif, aussi bien que celle qui résulte du mode de groupement dans le cristal, il y aura alors deux dissymétries superposées en quelque sorte, par conséquent quatre formes possibles, deux pour les molécules droites, deux pour les molécules gauches. D'ailleurs, comme il est matériellement impossible que les deux formes du sel droit soient les mêmes que les deux formes du sel gauche, les quatre formes, quoique identiques dans leurs diverses parties, ne seront pas superposables entre elles. Telle est, à mon avis, l'interprétation la plus naturelle des faits nouveaux que je viens d'exposer. » Il y a ime autre conséquence peut-être plus grave de l'existence du nouveau genre de dissymétrie propre aux molécules actives. Je n'ai pu étudier les propriétés optiques des cristaux tétartoédriques que je viens de faire connaître, parce que je ne les ai obtenus qu'en opérant sur de petites quantités de matière, et qu'ils se prêtent difficilement à de pareilles obser- vations.. On comprendra, toutefois, l'intérêt qui s'attache à de telles re- cherches. En effet, s'il y a une action du cristal sur la lumière polarisée dé- pendante de sa structure dissymétrique, et tout porte à croire que cette action doit avoir lieu, il est nécessaire que l'effet produit se répète quatre fois avec des caractères d'identité et de dissemblance correspondants aux quatre formes signalées. Le phénomène de la polarisation rotatoire, tout inconnu qu'il soit dans sa cause première, s'accorde parfaitement avec l'hé- C . R . , i854, a"" Semeife. ( T. \XX1X , N» 1. ) 4 ( =6) miédrie. La déviation peut être à droite ou à gauche, tout comme l'hémié- drie offre une forme directe et une forme inverse. Mais on ne voit plus, à priori, ce que pourrait être l'action optique propre aux formes tétartoé- driques. Sans vouloir porter d'avance sur cette question un jugement qui serait nécessairement anticipé, je me contente d'appeler l'attention des phy- siciens et des géomètres sur des études qui, peut-être, nous feraient con- naître un phénomène optique capable d'être quatre fois identique et non superposable à lui-même. » CHIMIE ORGANIQUE. — De U action des protosels de fer sur la nitronaphtaline et la nitrobenzine ; nouvelle méthode déformation des bases, organiques artificielles de Zinin; par M. A. Béchamp. (Extrait.) (Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze, Balard.) « J'ai eu l'honneur de présenter récemment à l'Académie une Note dans laquelle j'ai montré qu'en faisant réagir les sels de protoxjde de fer sur la pyroxyline et les produits nitrés analogues dérivés de l'amidon et de la gomme, on reproduisait très-facilement les substances primitives, la cellu- lose, la gomme et l'amidon. L'expérience est surtout remarquable avec le coton-poudre. Tout l'azote du produit se dégage à l'état de bioxyde d'azote pur. En même temps, le protoxyde de fer se peroxyde, et le coton se régénère en conservant sa texture et ses propriétés physiques ordinaires. » Les produits nitrés dont je viens de parler se comportent donc, dans cette circonstance, comme de véritables nitrates. On sait, en effet, que les nitrates, en présence des sels de protoxyde de fer, dégagent tout leur azote à l'état de bioxyde d'azote pur, tandis que le protoxyde de fer se peroxyde sous l'influence du reste de l'oxygène de l'acide nitrique. » Si l'on fait agir des substances réduisantes d'une autre nature, et no- tamment l'acide sulfhydrique sur la pyroxyline, les choses se passent d'une manière bien différente. " » J'ai eu naturellement l'idée d'étudier l'action des protosels de fer sur les produits nitriques dérivés des hydrocarbures, tels que la nitronaphtaline et la nitrobenzine. Cette fois la réaction a été tout autre qu'avec la pyroxy- line. Elle s'est rapprochée de celle de l'hydrogène sulfuré. Tout l'azote du produit nitrique reste combiné aux éléments de l'hydrocarbure, et la base organique correspondante se produit. Mais, tandis que la production de l'aniline par l'hydrogène sulfuré est très-difficile, elle se fait, au contraire,, avec une facilité remarquable à l'aide des protosels de fer; et je crois que ( 2? ) de tous les procédés de préparation de cette base, si souvent étudiée par les chimistes, il n'en est aucun qui soit aussi commode et aussi peu dispen- dieux que celui que je propose. Tel est le motif qui m'a engagé à publier dès à présent cette Note, bien qu'elle se rattache à un travail plus étendu dans la même direction. » La préparation de la naphtalidame par la nitronaphtaline, à l'aide de cette nouvelle méthode, est également très-facile; et il y a lieu de croire que le procédé que je vais indiquer sera utilement appliqué à la production des bases organiques artificielles dérivées des hydrocarbures. » Le sulfate, l'oxalate et le protochlorure de fer sont sans action sen- sible sur la nitronaphtaline et la nitrobenzine, seuls corps sur lesquels j'ai "opéré jusqu'ici. » Mais il n'en est plus de même si l'on prend un sel ferreux à acide faible, l'acétate de protoxyde par exemple. Ce sel est vivement attaqué : il ne se dégage pas de gaz; du sesquioxyde de fer se précipite, et il se forme de la naphtalidame ou de l'aniline. » Je donne dans mon Mémoire, qui sera très-prochainement publié, tous les détails pratiques de ces préparations. Le prix de revient de l'aniline, en se servant de la benzine commerciale, ne s'élèverait guère qu'à 20 francs le kilogramme. ' » Je m'occuperai prochainement de l'action des protosels de fer sur les dérivés nitriques de l'acide benzoïque et de ses homologues, ainsi que sur les composés nitriques de degrés supérieurs des divers hydrocarbures. » OPTIQUE. — Mémoire sur la détermination des indices de réfraction ; par M. F. Bernard. (Extrait.) (Commissaires, MM. Pouillet, Regnault, de Senarmont. ) « Dans un grand nombre d'expériences d'optique, il est nécessaire de connaître les indices de réfraction de milieux réfringents taillés sous forme de plaques ; il n'est cependant point toujours possible d'employer, dans ces déterminations, les méthodes ordinaires : le procédé auquel j'ai souvent recours, dans mes recherches sur l'action des milieux colorés sur la lumière, est simple, commode et précis. Ce procédé repose sur les principes suivants : » 1°. Tout rayon incident perpendiculaire à la surface d'un milieu réfringent à faces parallèles le traverse normalement; » 2°. Lorsque l'incident est oblique, le rayon réfracté dans ce milieu en ém.erge parallèlement à la direction du rayon incident, et la distance com- 4.. (28) prise entre ces deux directions ne dépend que de l'angle d'incidence, de l'indice de réfraction du milieu réfringent et de l'épaisseur de ce milieu. » De la relation qui lie entre elles ces quatre quantités, on pourra donc déduire l'indice de réfraction, lorsque les trois autres seront connues : or l'épaisseur du milieu est facile à mesurer, l'incidence peut être prise arbi- trairement, et la dernière, la seule inconnue, se déterminé par l'observation. L'appareil que j'ai employé se compose : y> \°. D'une mire formée d'im fil très-fin fixé verticalement dans l'inté- rieur d'un tube horizontal : à l'une des extrémités de ce tube se trouve un diaphragme percé d'une très-petite ouverture, par où la lumière pénètre dans l'appareil ; le parallélisme des rayons est obtenu au moyen d'une lentille placée dans le tube à une distance du diaphragme égale à la distance focale de la lentille : ce système constitue le collimateur de l'appareil ; » 2°. D'un cercle horizontal destiné à donner les incidences : au centre de ce cercle se trouve un support qu'une alidade fait tourner sur son axe vertical, en parcourant le limbe du cercle divisé simplement en degrés; » 3°. D'une lunette portant au foyer de l'oculaire deux fils croisés très- fins, dont l'axe optique parallèle à celui du collimateur peut se déplacer perpendiculairement à cet axe : ce déplacement est mesuré au moyen d'une vis micrométrique sans fin dont l'écrou mobile fait mouvoir la lunette. » Ces trois parties de l'appareil peuvent glisser longitudinalement sur une règle en cuivre et y être fixées à volonté. » Manière d'opérer. — La plaque est fixée sur le plan horizontal du support, perpendiculairement à l'axe du collimateur; la mire est alors aperçue sans déviation : lorsqu'on la fait tourner d'abord d'un angle a, puis d'un angle — a, les rayons déviés dans la plaque reprennent leur parallélisme à l'émergence, et la distance de ces rayons dans ces deux po- sitions extrêmes, évaluée au moyen de la vis, fait connaître le double de la distance cherchée. En représentant par - cette distance, et par n l'indice de réfraction, on arrive facilement à la formule suivante : / 7 2 e cos a V « = sma 1/ I -i- ( — : -. . V \2esina — aj M II ne reste plus qu'à substituer dans cette formule la valeur de d et celle de e qu'on peut également mesurer avec l'appareil. » En prenant certaines précautions dans le détail desquelles je ne puis ( ^9 ) entrer ici, on peut s'affranchir complètement des causes d'erreurs résul- tant d'un défaut de parallélisme des plaques, même assez sensible au sphéroniètre. » Les indices du quartz relatifs à divers rayons du spectre, que j'ai cal- culés par cette méthode, n'ont différé que de un ou deux dix-millièmes de ceux déjà obtenus par Rudberg. Sur six observations, deux indices n'ont présenté de différence que dans les cent-millièmes. » Ce procédé peut être avantageusement appliqué à la détermination des inuices de réfraction des liquides contenus dans des cuves à faces paral- lèles. » ANATOMIE. — Considérations d'anatomie philosophique sur la torsion de l'humérus ; par M.. A. Lavocat. (Commissaires, MM. Serres^ Geoffroy Saint-Hilaire.) « L'os du bras est généralement considéré comme tordu. L'anatomie philosophique invoque cette disposition pour expliquer la situation inverse de la rotule et de l'olécrâne. L'anatomie descriptive l'admet aussi en dési- gnant la fosse humérale externe sous le titre de gouttière de torsion. Mais cette torsion n'est pas démontrée ; et elle ne saurait l'être, parce qu'elle n'est qu'apparente. » En effet, l'humérus paraît tordu lorsque sa fosse externe est bien mar- quée et surtout lorsque la profondeur de cette excavation est encore aug- meiitée par la grande saillie de la surface deltoïdienne et du bord épicondy- lien : on en voit des exemples dans le rhinocéros, le cheval, le bœuf, l'élé- phant, l'échidné, etc. ; mais alors il est facile de reconnaître que l'axe de l'os n'est pas modifié et que l'apparence de torsion n'est due qu'à la ma- nière dont la diaphyse est sculptée. » Si, au contraire, ces mêmes conditions ne se présentent pas, si la fosse humérale externe est superficielle, il n'y a pas même apparence de torsion; l'humérus est à peu près rectiligne, comme on le voit chez l'homme, les singes, le chat, le lièvre et généralement aussi chez les oiseaux. Cela seul pourrait suffire à infirmer la prétendue torsion de l'humérus, parce qu'il n'est pas admissible qu'une disposition aussi fondamentale puisse exister seulement dans quelques animaux et non chez tous. » Quoi qu'il en soit, dans l'hypothèse de la torsion, on reconnaît que, pour la moitié supérieure de l'humérus, rien n'est changé : la tête est in- (3o) terne, comme au fémur correspondant; la grosse tubérosité (trochiter) est externe comme le trochanter; et la surface deltoïdienne est parfois repré- sentée au côté externe du fémur par une éminence que l'on est convenu d'appeler troisième trochanter. Par conséquent, la moitié inférieure serait seule modifiée : on suppose qu'elle a décrit une révolution complète autour de son axe, de telle sorte que sa partie antérieure est devenue pos- térieure, et sa partie externe est devenue interne. » Mais rien ne prouve la réalité de cette inversion, si ce n'est la situation opposée de l'olécrâne et de la rotule, que l'on cherche ainsi à expliquer. Dans ce but, on pouvait tout aussi bien admettre la torsion du fémur, celle du tibia, etc. » Si rien ne démontre la torsion de l'humérus^ il est au contraire facile de prouver que cette torsion n'existe pas. Il suffit, pour cela, de bien éta- blir qu'il y a analogie de corformation pour l'extrémité inférieure de l'hu- mérus et du fémur, ou simplement qu'il y a identité de la partie externe de l'une et de l'autre surface osseuse. » On sait que le plan articulaire inférieur de l'humérus est normalement constitué en dehors par un condyle, et en dedans par une trochlée. Ces deux parties, plus ou moins distinctes selon les espèces, sont très-bien mar- quées chez le lièvre par exemple. L'extrémité inférieure du fémur affecte une disposition qui est essentiellement la même. Ainsi, la trochlée fémo- rale, prolongée en arrière par les deux condyles, répète toute la trochlée humérale ; la seule différence qu'il y ait, c'est que cette dernière, au lieu de se diviser en deux condyles, prolonge sa gorge en avant. Quant au condyle humerai, il est généralement reproduit d'une manière incomplète sur l'extré- mité inférieure du fémur. Mais, dans certains mammifères, et notamment chez le kanguroo^ il est très-distinct. Sculpté en dehors du condyle externe, et non moins saillant que ce dernier, il forme une petite surface articulaire, large de 6 millimètres, allongée et convexe dans le sens antéro-postérieur. Comme à l'humérus, sa courbe a peu d'étendue : elle n'a guère que 1 6 à 17 millimètres. Enfin, il est tourné en arrière et en bas, tandis que celui de l'humérus regarde en avant et en bas. Ce condyle fémoral complémentaire n'existe pas seulement dans les mammifères, on le rencontre aussi chez les oiseaux et particulièrement dans les genres Gallus, Anas, Columba, etc. » En conséquence, la surface articulaire inférieure de l'humérus est con- stituée comme celle du fémur : le condyle, externe dans l'une, est externe aussi dans l'autre. Il n'y a donc pas de torsion. Seulement, ce qui est anté- ( 3. ) rieur ici est postérieur là. Et c'est une des principales causes de l'erreur, à laquelle l'application trop absolue du principe des connexions a aussi con- tribué. » En effet, sans perdre de vue ce principe, il faut ici tenir compte de la loi de destination. A l'aide de ces deux modes d'interprétation, on peut obtenir des résultats exacts. Et laissant de côté la torsion humérale, qui n'est pas admissible, on trouve une explication plus rationnelle relativement à la situation inverse de l'olécrâne et de la rotule. » On reconnaît tout d'abord que le principe des connexions est respecté : l'olécrâne et la rotule sont en contact avec la trochlée à l'humérus et au fémur; et l'une de ces deux pièces osseuses devant être postérieure et l'autre antérieure, la surface trochléenne a subi une légère modification . semblable, soit en arrière, soit en avant. » Cette inversion est elle-même commandée par la loi de destination , si évidente chez les quadrupèdes. En effet, pour faciliter la marche de ces animaux, il était nécessaire que les rayons correspondants des membres thoraciques et abdominaux pussent être fléchis en sens opposé. C'est dans ce but que la direction oblique est inverse pour l'élium et l'omoplate, pour le fémur et l'humérus, etc., et que, par conséquent, les angles formés par ces rayons sont ouverts en sens opposé. Il fallait aussi que les puissances musculaires, au moins pour les rayons supérieurs, hissent soumises à cette loi d'opposition. Aussi, les fléchisseurs de l'avant-bras sont-ils antérieurs, tandis que ceux de la jambe sont postérieurs; et, pour l'extension, le triceps brachial, qui est postérieur, est représenté par le triceps crural, qui est anté- rieur. Il en est de même pour les extenseurs et les fléchisseurs du bras et de la cuisse, du métacarpe et du métatarse. Il y a cependant pour la main et le pied quelques particularités exceptionnelles ; mais il serait trop long et, du reste, peu utile de les exposer ici. » La disposition inverse des muscles qui se correspondent dans les rayons supérieurs devait nécessairement être partagée par les pièces osseuses fonc- tionnellement liées à ces puissances actives. C'est ce qui est arrivé pour la rotule et l'olécrâne, qui ne sont en réalité que des sésamoïdes favorisant l'ac- tion des extenseurs de la jambe ou de l'avant-bras. Il est vrai que générale- ment l'olécrâne fait office de bras de levier, par sa soudure avec le cubitus ; mais, dans certaines espèces, telles que les chauves-souris et les salaman- dres, il devient distinct, et n'étant plus uni aux os de l'avant-bras que par des ftnSceaux ligamenteux, il a tous les caractères d'une rotule, c'est-à-dire (32 ) d'un sésamoïde. En conséquence, puisque les connexions inférieures de l'olécrâne n'étaient pas absolument déterminées, rien ne s'opposait à ce que cet os fût soumis à la loi de destination. De même que la rotule, il a donc pu subir l'inversion des extenseurs auxquels il est essentiellement annexé. Ne fallait-il pas aussi que, pour favoriser l'action de ces muscles, l'olécrâne et la rotule fussent appliqués sur le sommet de l'angle que forment, chez les quadrupèdes, d'une part, l'humérus et les os de l'avant-bras, et, d'autre part, le fémur et les os de la jambe ? » C'est ainsi que, pour satisfaire aux besoins fonctionnels, telles parties, antérieures dans les membres thoraciques, sont devenues postérieures dans les membres pelviens, et cela sans détruire les connexions fondamentales et sans qu'il y ait torsion ni de l'humérus, ni du fémur. » Au reste, l'olécrâne et la rotule ne sont pas les seules pièces • osseuses qui aient obéi à la loi de destination. Ne voit-on pas l'ischium et le cora- coïdien, qui sont analogues, être situés l'un en arrière et l'autre en avant, ainsi que les muscles qui s'y attachent, c'est-à-dire les fléchisseurs de la jambe et ceux de lavant-bras? Et, cependant, on n'a jamais songé à admet- tre qu'il y ait torsion de l'ilium ou de l'omoplate. » En outre, si la torsion de l'humérus était réelle, elle aurait nécessaire- ment entraîné avec elle l'inversion des parties contigués : ainsi, le cubitus, au lieu de rester externe, comme le péroné, aurait dû passer au côté interne. Or, il n'en est rien. De même aussi, on ne saurait démontrer que la partie externe du triceps brachial est analogue à la partie interne du triceps cru- ral, etc. On remarque, au contraire, que les muscles fixés sur le côté externe de l'extrémité inférieure de l'humérus correspondent parfaitement à ceux qui s'attachent sur le côté externe de l'extrémité inférieure du fémur : tel est, par exemple, l'extenseur commun des phalanges. » Il est donc permis de conclure que, par suite des besoins fonctionnels, il y a simple inversion des parties qui se correspondent dans les rayons supérieurs des membres thoraciques et pelviens. Mais, si les parties anté- rieures ici, ont pu devenir postérieures là, dans aucun cas, une partie externe n'est devenue interne. Par conséquent, l'inversion s'est produite tout en conservant les connexions, et sans qu'il y ait eu torsion de l'humérus. » ( 33 ) MÉDECINE. — Sur le retour à leur longueur naturelle des os raccourcis à la suite de fractures chez les enfants. (Extrait d'une Note adressée par M. Th. Hekpin (de Genève), à l'occasion d'une communication récente de M: Baizeau.) «... Il y a plus de vingt ans, au milieu d'un hiver rigoureux (je prati- quais alors la médecine à Carouge, petite ville du canton de Genève), je fus appelé le même jour, dans deux familles différentes, auprès de deux enfants, un petit garçon et une petite fille, l'un de cinq, l'autre de six ans environ, qui, en glissant sur la glace, s'étaient fracturé le fémiir dans son tiers supé- rieur. » Après avoir, chez mes deux blessés, réduit la fracture, je mis, sui- vant le procédé de Dupuytren, le membre en demi-flexion sur un oreil- ler; un lacs fixé au pied du lit maintenait, tant bien que mal, l'extension. Le petit garçon fut docile , et son membre garda bien la position ; la petite fille remuait sans cesse, et il fallait à chaque visite replacer l'ap- pareil . » Après la consolidation, je constatai chez l'un et l'autre un raccourcisse- ment de près de 3 centimètres chez la petite, un peu moindre chez le petit garçon ; tous deux boitèrent quand ils purent marcher. » Je les avais perdus de vue depuis plus d'un an, quand, ayant été appelé dans la famille de mon indocile cliente, j'appris avec surprise qu'elle ne boitait plus du tout; je m'en assurai de mes propres yeux; mais, soupçon- nant qu'elle dissimulait adroitement sa claudication, je la fis mettre nue sur un lit et je constatai, par un examen minutieux, que le membre fracturé avait exactement la même longueur que l'autre. Si ma mémoire ne me trompe pas, on sentait encore la difformité du cal. J'eus hâte de vérifier le fait chez le petit garçon, et le même examen me fournit le même ré- sultat. » Dans une séance de la Société médicale du canton de Genève, je fis part à mes confrères de ce phénomène remarquable. Parmi les assistants était M. le D*^ Olivet, chirurgien ayant une nombreuse clientèle d'enfants. Il nous apprit que le résultat qui me surprenait était un fait général : il avait constamment vu les raccourcissements, suite de fractures dans l'en- fance, disparaître assez vite dans le cours de l'année. » Ayant renoncé bientôt après à la pratique de la chirurgie, je n'ai pas eu l'occasion dès lors de vérifier cette loi de physiologie pathologique; i^. R., i854, i''''' Semestre. (T. XXXIX, N" I.) 5 ( 34 ) mais j'ai vu avec intérêt M. Baizeaii lui donner la sanction d'un examen anatomique et d'expériences sur les animaux. » Cette Note est renvoyée à l'examen des Commissaires nommés pour le Mémoire de M. Baizeau : MM. Flourens, Velpeau, Rayer.) PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un système de télégraphie électrique, applicable aux convois en marche sur les chemins de Jer ; par M. GUTARD. (Commissaires, MM. Pouillet, Piobert, Regnault, Combes.) Nous ne pouvons donner ici la description de cet appareil qui serait dif- ficilement comprise sans le secours d'une figure, et nous nous bornerons à reproduire le premier paragraphe, qui indique suffisamment le but que s'est proposé l'auteur. a Ce Mémoire, dit M. Guyard, a pour objet la communication télégra- graphique automate et permanente pendant la marche des convois, soit poiir éviter les rencontres de deux trains s'avançant dans le même sens ou en sens contraire sur la même voie, soit pour éviter les négligences des can- tonniers pour la fermeture des barrières aux chemins de niveau, etc. Ainsi, ce sont les locomotives elles-mêmes qui, à une distance déterminée, se pré- viennent réciproquement (ou plutôt préviennent leurs conducteurs par une communication télégraphique indépendante de la surveillance de ces em- ployés) de leur position respective sur la voie, et du danger de continuer leur parcours; c'est également par une communication télégraphique qu'un convoi en marche prévient, à distance, de leur négligence les cantonniers qui, aux passages à niveau, auraient oublié de fermer à l'avance les bar- rières. » ZOOLOGIE. — Observations et nouveaux faits sur les Mollusques perforants en général; par M. F . Caïiaaavd . (Commissaires, MM. Milne Edwards, Valenciennes, de Quatrefages. ) L'abondance des matières nous oblige à ne présenter que quelques paragraphes de ce Mémoire, qui contient un très-grand nombre d'obser- vations curieuses : « Après l'examen attentif d'un certain nombre de Mollusques habi- tant les pierres, nous pouvons, dit M. Cailliaud, établir entre eux une divi- sion précise; ainsi, tous les Mollusques perforants dont les coquilles sont . • . (35) réunies par un ligament proprement dit, comme les Saxicaves, Pétricoles^ Lithodomes, Gastrochènes, etc., perforent par le moyen chimique : ce caractère leur est propre à tous, c'est la première série. La seconde com- prend toutes les Pholades qui n'ont point de ligament et qui présentent, en outre, un autre caractère distinctif : ce caractère consiste dans les cuillerons sur lesquels sont insérées les fibres musculaires, et qui, fortement incor- porés dans la masse abdominale du Mollusque, deviennent des leviers dénature à produire une force majeure dans les mouvements à imprimer aux valves de la coquille. Les Tarets appartiennent aussi à cette série, et, de même que toutes les espèces qui portent des cuillerons, agissent par le pro- cédé mécanique. »... Nous avons trouvé le liquide corrosif dans les Pholades, animaux qui, nous l'avons dit, sont du nombre de ceux qui percent par des moyens mé- caniques; mais il n'y a pas lieu d'en être surpris, parce que tous les Acé- phales en. sont également pourvus, bien qu'ils ne perforent pas. C'est là un fait qui était jusqu'à ce jour ignoré, et que nous avons constaté dans les Mol- lusques suivants : Solen vagina^ Lutraria Mans et eljiptica, Rupicola con- centrica, Mjaarenaria, Psammobia vespertina, Arca tetragona et Quaji, Modioia harbata, Pecten varias^ Himdtes sinuosus, Ostrea edulis, Jnomia ephippium. Nos Huîtres, nos Moules, que nous mangeons chaque jour, ont, comme les précédents, cette sécrétion susceptible de dissoudre le calcaire comme l'ont les Mollusques perforants. Les Univalves mêmes en sont pour- vues, et nous n'en' citerons qu'un exemple : dans le genre Murex, de jeunes individus sç couvrent d'aspérités semblables à celles qu'ils ont dans l'âge adulte; il s'ensuit que ces jeunes Mollusques sont obligés de couper ces premières pointes, pour continuer l'accroissement de leur coque par leurs tours de spire jusqu'à l'achèvemept de leur coquille. » Des Echinas rongent encore le calcaire par la voie chimique : nous avons trouvé les espèces Lividus et miliaris se creusant des trous profonds dans la roche, ainsi que VÀrca tetragona^ qui parfois, pour mieux se ca- cher dans les fissures ouvertes et les trous abandonnés des perforants, ronge aussi la pierre pour la soumettre à la forme de sa coquille, dans la partie où . elle s'y attache avec son fort byssus; beaucoup d'autres animailx sont dans le même cas , et doivent ainsi faire usage de leur sécrétion acidulée. A l'aide du papier tournesol, nous avons reconnu ce principe corrosif dans les suivants : Chiton fascicularis et cajatanus, Patella vulgata, Lottia virginea, Fissurella gibberula, et autres. » Les Mollusques marins ne sont pas les seuls susceptibles de dissoudre 5.. ( 36 ) Je calcaire, les fluviatiles agissent encore ainsi; nous voyons ceux des Lymnées, des Planorbes, des Physes se grouper les uns sur les autres et réciproquement s'entre-ronger leur coquille, pour se procurer, en cas de nécessité, les matériaux nécessaires à l'accroissement de leur coque. » D'habiles conchyliologistes se refusant encore aujourd'hui à admettre l'existence, dans ces animaux, d'un acide assez puissant pour dissoudre le calcaire, sans que lés Mollusques eussent à en souffrir, qu'il nous soit per- mis de faire remarquer que cette sécrétion, quoique bien suffisante pour dissoudre jusqu'au marbre le plus compacte, ne peut nuire en rien à la constitution des Mollusques : ne voyons-nous pas, en effet, que l'acide malique, le jus de nos pêches, de nos prunes, de nos bons fruits, ainsi que nos meilleurs vins, qui dans nos aliments journaliers ne nuisent cer- tainement pas à notre santé, ne voyons-nous pas, dis-je, que ces substances qui rougissent (comme on le sait) le papier tournesol, rongent aussi le poli du marbre encore plus fortement que l'acide des Mollusques, et dis- solvent avec facilité leurs calcaires? » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Système de télégraphie électrique à un seul cadran et à poignée portée par un arbre creux ; par M. Didier. (Commissaires, MM. Pouillel, Babinet, Seguier.) PHYSIQUE. — Rhéoscope magnétique, appareil destiné à rendre sensible à la vue la direction des courants électriques manifestés par des actions chimiques; par M. YioKT ((M k\hy). (•Commissaires, MM. Babinet, Despretz.) MÉDECINE. — Traitement des hjdropisies du ventre et de la poitrine par les injections iodées; par M. Leriche. (Commissaires, MM. Andral, Velpeau, Rayer.) CHIRURGIE. — Des tumeurs blanches et des heureux résultats obtenus de la compression dans le traitement de ces tumeurs ; par M. Delarle. (Commissaires, MM. Serres, Andral, Velpeau.) Madame de Vernede prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une Commission un Mémoire de feu M. Philippe de Girard, son oncle, sur un grenier à blé à silos suspendus; elle y joint divers documents destinés à constater la priorité, en faveur de M. de Girard, de ce système qui paraît (3; ) avoir eu des imitations, dont l'une doit être prochainement soumise à une expérimentation en grand faite par ordre de l'État. (Commissaires, MM. Ch. Dupin, Morin, C. Prévost, et M. le Maréchal Vaillant.) M. Ferrero adresse, de Turin, des observations sur deux nouvelles étoiles changeantes , â et y du Corbeau. L'auteur fait remarquer, à cette occasion, que dans une communication précédente qu'il avait faite sur un météore lumineux, sa signature avait été mal lue. La Note, en effet, est indiquée au Compte rendu de la séance du i3 niars i854, sous le nom de Terrero {voirtome XXXVII, page 5i i). Cette erreiu- sera réparée dans Y errata placé à la suite de ce volume. La nouvelle Note est renvoyée à l'examen de M. Laugier. M. DU MoNCEL, en réponse à une réclamation élevée par M. J. Maistre pour l'invention d'un régulateur de la chaleur mis en jeu par V électricité, adresse un numéro d'un journal, le Phare de la Manche, dans lequel il a donné, à la date du 20 juillet i852, un aperçu des dispositions principales de son appareil. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel et Pouillet. ) M. AvEMER Delagrée adressc trois nouvelles Notes relatives au système de machines à vapeur dont il a déjà fait l'objet de nombreuses communi- cations. (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Regnault, Combes.) M. Deloche, qui avait précédemment présenté au jugement de l'Aca- démie un Mémoire intitulé : « Théorie de la gamme, » adresse aujourd'hui inie nouvelle introduction à ce travail, en demandant qu'elle soit soumise, au lieu de la première, à l'examen de la Commission. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Di'RAN adresse de Valence-d'Agen (Tarn), la description et la figure * d'un aérostat mis en mouvement par un appareil électrique. (Commission des aérostats.) M. FouRNERiE, inventeur d'une balance destinée principalement aux (38) . bureaux de douane et d'octroi, adresse, pour être remises aux membres de la Commission chargée de faire un Rapport, sur cet appareil, deux nou- velles copies du Mémoire qu'il avait précédemment présenté. (Renvoi à la Commission nommée.) M. BiARDOT transmet une Note écrite en italien et que lui a adressée, de Sainte-Marie, prés Capoue (royaume.de Naples), M. Caruso. Dans cette Note, l'auteur, qui ne s'est pas fait connaître, mais qui semble s'annoncer comme un des concurrents du legs Bréant, propose les règles au moyen desquelles on pourra, suivant lui, reconnaître que le prix a été mérité. (Renvoi à la future Commission qui jugera s'il y a lieu à faire à l'auteur la réponse qu'il demande.) Ij'Académie renvoie à l'examen de la Commission une Lettre adressée par M. Aumand, qui demande si les services qu'il a rendus pendant que le choléra régnait à Aix, en i835, et à Marseille, en 1849, "^ seraient pas des titres pour obtenir une récompense prise sur le revenu du legs Bréant, revenu dont l'Académie doit disposer, pour récompenser des travaux sur des sujets désignés dans le testament, jusqu'au moment où elle pourra décerner le prix. L'Académie, ' dans le Comité secret d'une séance précédente, avait ren- voyé à l'examen de la Section de Zoologie, une demande qui lui avait été présentée par un de ses Membres, à l'effet de prélever sur les fonds dispo- nibles une somme destinée à faciliter la publication des travaux de paléon- tologie de M. Rouault. Sur la demande de M. Duméril, parlant au nom de la Section, l'Académie décide que la proposition sera examinée par les deux Sections de Zoologie et de Géologie réunies. CORRESPONDANCE. M. LE Ministre de l'Instruction puruque invite l'Académie à procéder, conformément aux dispositions de l'art. 4 du décret du 9 mars i852, à la présentation de deux candidats pour remplir la place de Membre titulaire vacante au Bureau des Longitudes, par suite du décès de M. l'amiral Roussin. M. le Président , après avoir donné lecture de cette Lettre, fait remar- quer que c'est la première fois que l'Académie est appelée à faire une pré- (h) sentation pour le Bureau des Longitudes, de sorte qu'elle n'a pas de précé- dents pour la manière de procéder à la formation d'une liste de candidats entre lesquels l'Académie choisira les deux qu'elle doit présenter. Dans les cas analogues, c'est la Section compétente qui est chargée de la préparation de la liste, et ici, la Section de Géographie et de Navigation est naturelle- ment désignée; mais en considérant, d'une part, ks attributions du Biu-eau des Longitudes, de l'autre, le nombre des Membres de la Section de Géogra- phie qui est de trois seulement, il semblerait convenable de lui adjoindre la Section d'Astronomie. M. LiouviLLE pense que les deux Sections doivent, en effet, faire partie de la Commission chargée de préparer une liste de candidats. Remarquant, de plus, que, parmi les Membres de l'Académie qui font partie du Bureau des Longitudes, il y en a deux, MM. Biot et Poinsot, qui n'appartiennent ni à l'une ni à l'autre de ces deux Sections, mais bien à la Section de Géo- métrie, il propose que la Commission soit formée par la réunion des trois Sections de Géographie et Navigation, d'Astronomie et de Géométrie-. Cette proposition, appuyée par M. Thenard, est mise aux voix et adoptée. M. le contre-amiral Deloffre, qui, à la précédente séance, avait prié l'Académie de le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante au Bureau des Longitudes, et avait présenté une Notice sur ses tra- vaux, adresse aujourd'hui, pour joindre à cette pièce, divers documents relatifs à sa carrière comme marin. (Renvoi à la Commission chargée de présenter une liste de candidats.) M. Lartigue, qui s'est également présenté comme candidat pour cette place, adresse une Notice imprimée sur ses travaux et ouvrages d'hydro- graphie et de météorologie. ' > (Renvoi à la même Commission. ) M. Biot présente à l'Académie un exemplaire de l'ouvrage posthume de M. Auguste Laurent j intitulé : Méthode de Chimie, ouvrage dont il avait donné une idée dans une des précédentes séances. M. Êlie de Beavmont appelle l'attention de l'Académie sur un vo- lume intitulé SiLURiA, qu'elle a reçu dans la dernière séance, de l'un de ses Correspondants, sir Rouekick i^Ivrchison, et que le peu de temps ( 4o ) accordé à la correspondance n'avait pas permis de mentionner avec détail. (Voir au Bulletin bibliographique de la dernière séance, tome XXXVIII, page I 157.) « Dans ce volume, d'environ 5oo pages, qui renferme une belle carte géologique, trente-six planches lithographiées de fossiles, et un grand nombre de diagrammes en bois intercalés dans le texte, l'auteur a présenté, sous une forme condensée, un extrait de tous ses travaux, et même de ceux des autres géologues, non-seulement sur le terrain silurien, mais encore sur les autres terrains paléozoïques, tant de l'Angleterre que de tous les pays où ils ont été observés. Il présente ainsi un tableau aussi complet qu'on puisse le tracer aujourd'hui, de l'histoire du globe pendant les pé- riodes les plus anciennes qui nous aient laissé des restes organiques ; M. Murchison a mis un grand soin à faire connaître les formes successives de la vie pendant ces temps reculés, avant lui si obscurs, et de l'histoire du globe. » Dans un chapitre spécial, qui n'est pas le moins piquant de l'ouvrage, M. Murchison traite ^e la Jorination originaire de l'or, et de sa distri- bution subséquente, parmi des débris, sur différentes parties de la surface de la terre, et il termine (p. 457*458) dans les termes suivants, qui sont traduits littéralement : « Comme conclusion, qu'il me soit permis d'exprimer l'opinion que la » crainte de voir la valeur de l'or considérablement dépréciée par rapport à » celle de l'argent (crainte qui pourrait s'être emparée des esprits de quel- » ques-uns de mes lecteurs), n'est pas appuyée par les données enregistrées » dans la croûte du globe. En somme, de tous les métaux précieux, l'or » est de beaucoup le plus restreint dans sa distribution native. L'argent » et le plomb argentifère, au contraire, sont répandus assez largement » dans la profondeur, au sein des roches, pour conduire à penser qu'ils » devront donner d'énormes profits au mineur habile pendant un long n avenir, et en donneront de plus en plus à mesure que de meilleurs appa- » reils mécaniques et de nouvelles inventions diminueront la difficulté » des travaux souterrains (i). On peut véritablement mettre en doute si les (1) « Un Rapport récent du colonel Lloyd , chargé d'affaires de S. M. B. en Bolivie, » communiqué par l'intermédiaire de S. A. le prince Albert, à la Société royale de Géo- » graphie , montre dans quelle proportion énorme l'argent peut être extrait maintenant des » mines de Copiapo et autres mines de l'Amérique du Sud. Telle était réellement aussi l'opi- ») nion que s'était formée , depuis longtemps , M. de Humboldt. » (4i ) » quantités soit d'or, soit d'argent, qu'on tirera de régions inconnues à nos » pères, se trouveront plus que suffisantes pour subvenir aux exigences d'une » population énormément accrue, ainsi que de notre commerce et de notre » luxe, qui ne cessent d'augmenter; mais ce n'est pas là une thèse géo- » logique, et je voulais dire simplement que la Providence semble avoir » fixé dès l'origine {priginallj adjusted) la valeur relative de ces deux » métaux précieux, et que leurs relations étant demeurées les mêmes pen- » dant des siècles, survivront longtemps à toutes les théories. La science » moderne, au lieu de l'infirmer, confirme la vérité de cet aphorisme du pa- )) triarche Job, qui a ainsi esquissé l'extension persistante de l'un des deux » métaux dans la profondeur et la distribution superficielle de l'autre. » « Sûrement il y a une veine (un filon) pour l'argent — La terre a une » poussière d'or (surely there is, a vein for the silver — The earth hath » dust of gold ( I ). » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Traité théorique et pratique de la conduite et de la distribution des eaux; par M. Dcpuit. M. Combes fait, à ce sujet, la communication suivante :. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, de la part de M. Dupuit, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Directeur du service municipal de la ville de Paris , l'ouvrage intitulé : Traité théorique et pratique de la conduite et la distribution des eaux, qu'il vient de publier. (Un volume in-4° de 36 1 pages avec atlas de 48 planches). Qu'il me soit permis d'en- trer dans quelques détails au sujet de cette importante publication. » Tout le monde sait que M. Dupuit a contribué, pour une part notable, aux derniers progrès de l'hydraulique. Son nom seul est une garantie que les principes généraux de cette science, nécessaires pour résoudre les ques- tions nombreuses qui se rattachent à l'élévation, à la conduite et à la distri- bution des eaux , et les conséquences qui en découlent pour les applica- tions, sont exposés dans son ouvrage d'une manière méthodique, nette et précise. Je signalerai en particulier, sous ce rapport, les chapitres V, VI et VII qui traitent des conduites complexes à diamètre variable, du service en route isolé ou combiné avec un service d'extrémité, des conduites ali- mentées par plusieurs réservoirs, et le chapitre XI qui a pour objet l'étude du mouvement varié dans les conduites, et les questions qui en dépendent, (i) lÀvre de Jobf chap. 28. C. R., 1354, 2">« Semestre. (T. XXXIX, K» I.) 6 (4^ ) concernant les pompes, le système des machines qui les mettent en jeu, les châteaux d'eau, les réservoirs d'air. » Ce qui concerne la quantité et la qualité des eaux, les procédés de fil- tration, le mode de distribution et de vente aux particuliers est contenu dans les deux premiers chapitres ; on y trouve la description des procédés de filtrage employés en petit et en grand, tant en France qu'en Angleterre. Une discussion approfondie sur l'exploitation des eaux, les modes de vente et les tarifs d'abonnement remplit tout le chapitre II ; l'auteur y fait une nouvelle application des principes qu'il a déjà exposés, dans plusieurs articles des Annales des Ponts et Chaussées , relatifs à la mesure de l'utilité publique et des péages sur les voies de communication, question qui se présente dans toute exploitation par une compagnie privilégiée. Il signale les avantages du système continu de distribution et les inconvénients du jaugeage. Quant aux divers modes d'abonnement , il donne la préférence à l'abonnement à forfait et à discrétion basé soit sur une évaluation probable de la consommation, soit sur l'importance du loyer. » Dans les chapitres IX et X , M. Dupuit donne les lois de l'écoulement de l'eau dans les conduites libres, étudie la construction des divers ou- vrages, rigoles, aqueducs, égouts, pierrées où cet écoidement peut avoir lieu. Il recherche les cas où il convient d'adopter l'écoulement libre, ou l'écoulement forcé. Il cite un grand nombre d'exemples de conduites d'eau anciennes et modernes , fait ressortir les différences entre les données pre- mières de l'art ancien et celles qui sont applicables aux constructions ac- tuelles. Il reconnaît que le problème économique de la conduite des eaux est éminemment complexe; que l'ingénieur doit appeler à son aide, suivant les circonstances locales, les divers systèmes usités ; mais que, en général, les ponts aqifeducs, les ponts à siphons et tous les monuments d'une con- struction gigantesque doivent être aujourd'hui remplacés par de simples tuyaux enfouis sous le sol. Des considérations sur la construction des égouts, leur section la plus convenable, les épaisseurs à donner aux parois en maçonnerie, les méthodes de curage terminent le X* chapitre. » Les XlPet XIIP chapitres sont consacrés à la partie purement technique et pratique. L'indication des règles générales qui peuvent servir à détermi- ner, parmi tous les réseaux de distribution que l'on peut adopter pour obte- nir des résultats donnés, celui dont l'exécution exigera le minimum de dé- ])enseest l'objet du XIP chapitre. Le XIIP traite de l'exécution et de l'en- tretien des travaux, de la construction des réservoirs, de la fabrication des tuyaux en fonte, en plomb , en tôle et bitume, des modes d'assemblage et (43) de prise d'eau, des vannes, des bornes-fontaines, des robinels, etc. Ces dé- tails techniques sont complétés par les séries de prix, les cahiers des char- ges et autres documents relatifs à l'établissement et à l'entretien des con- duites et aquedvics de la ville de Paris, réunis dans le XIV® chapitre, et par des Tables numériques destinées à faciliter les calculs sur le mouve- ment de l'eau dans les tuyaux. a Pour parvenir à conduire les eaux avec le moins de dépense possible , » dit M. Dupuit dans son avant-propos, il faut trois choses : la théorie, qui » enseigne les principes généraux de certaines sciences ; la pratique, qui fait » connaître les meilleurs procédés en usage pour diriger les eaux ; enfin , » l'invention , qui fait découvrir les combinaisons les plus avantageuses à » appliquer aux diverses localités. » Le but qu'il s'est proposé est d'expo- ser les principes de la science et les procédés de la pratique. » Nous ajouterons que les considérations économiques présentées dans son ouvrage, sont d'un grand intérêt pour les administrateurs des villes et des compagnies financières qui exploitent des distributions d'eau. » M. Combes présente, au nom de MM. Overduyn et Droinet, un instru- ment que les auteurs désignent sous le nom de vélocimètre , et qu'ils décrivent dans les termes suivants : n L'instrument que nous présentons à l'Académie sert à mesurer le sillage des navires et à déterminer la vitesse des courants d'eau et d'air. » Son principe repose sur la contraction de la veine liquide, dont l'effet constaté, il y a un siècle, par Daniel Bernoulli, a été appliqué depuis par Venturi, au moyen du tube à double cône qui porte le nom de ce savant. » C'est la pression négative, ou plutôt l'aspiration à laquelle elle donne lieu dans la section rétrécie, à l'intersection des deux cônes dont le tube de Venturi est formé, que M. Overduyn, professeur à l'Académie royale de Delft, a utilisée pour créer le vélocimètre. » Un tube, construit dans les proportions du tube Venturi, est atta- ché au navire, parallèlement à sou axe, la base du plus petit cône tournée vers l'avant. Un trou de quelques millimètres de diamètre est percé dans la paroi à l'intersection des deux cônes, à ce trou est adapté un petit tuyau : dès que le navire se met en mouvement, la pression négative se manifeste et augmente avec la vitesse de la marche. » Cet effet produit, il ne s'agissait plus que de mesurer exactement les pressions négatives croissantes avec les vitesses, afin d'en conclure 6.. (44 ) celles-ci. C'est ce qui a été obtenu en prolongeant le petit tuyau commu- niquant au tube plongeur jusqu'à une boîte manométrique de M. Vidi, celle que ce savant ingénieur emploie à la construction de ses baromètres anéroïdes. Elle reçoit le tuyau dans lequel se produit l'aspiration. Ses deux fonds se rapprochent ou s'éloignent selon le vide déterminé, et ce mouvement vertical des fonds de la boite, transformé à l'aide d'un levier en mouvement horizontal, fait tourner une aiguille qui indique sur un cadran le chiffre de la vitesse. » On conçoit aisément qu'une colonne de mercure, ou tout autre moyen mécanique que celui que nous signalons, pourrait fournir les indications voulues. » On conçoit également qu'on pourrait tirer parti de ces indications et y ajouter un totalisateur qui donnerait le chiffre des vitesses obtenues après un temps donné. » Pour déterminer la vitesse des courants dans lui fleuve ou une rivière, il suffit de plonger le tube dans l'eau; l'aiguille du cadran indique cette vitesse ; on l'obtient ainsi à toutes les profondeurs selon qu'on plonge le tube plus ou moins profondément. X On mesure les courants d'air de la même manière ; mais pour cela le tube à double cône doit être construit dans de plus grandes dimensions, en observant toujours les mêmes proportions. » On rend l'action aspiratoire du tube plongeur bien plus sensible, en l'enfermant dans un autre tube plus grand, et ayant soin de placer l'orifice antérieur du tube intérieur dans le plan d'intersection des deux cônes du plus grand tube. » M. Is. Geoffroy -Saikt->Hilaihe présente à l'Académie un ouvrage consi- dérable dont lui fait don le gouvernement hollandais ; c'est V Histoire naturelle des possessions néerlandaises dans l'Inde, publiée, par ordre du gouvernement, par une Commission composée de M. Temminck, Corres- pondant de l'Académie, de MM. Schlegel, Muller, et de plusieurs autres naturalistes distingués des Pays-Bas. Ce don précieux est fait par l'intermédiaire et par les soins de M. Alexandre Vattemare, agent des Pays-Bas pour les échanges internationaux, et qui l'est aussi des Etats-Unis, ainsi que le sait l'Académie, à laquelle M. Vatte- mare a déjà adressé plusieurs ouvrages importants offerts, par divers États et par diverses Sociétés scientifiques de l'Union américaine. ( 45 ) ZOOLOGIE. — M. Serres présente, au nom de M. le Prince Bonaparte, qui n'a pu assister à la séance, de Nouvelles observations sur le développement et la vie des Nématoides, par MM. Ercolani et Louis Vella (de Turin). (Extrait rédigé par les auteurs.) « 1°. Les embryons des Nématoides ovovivipares n'atteignent pas un complet développement ( c'est-à-dire ne se pourvoient pas d'organes géni- taux) là où les dépose leur mère, bien qu'ils paraissent dans les conditions les plus favorables pour bien se développer. Les œufs des Nématoides ovi- pares, ainsi que les embryons des ovovivipares, doivent sortir de l'endroit où ils ont été déposés et vivre en liberté pendant un certain temps pour se compléter en rentrant dans le corps des animaux. » 1°. Les œufs de quelques Nématoides demeurent stationnaires dans le mucus intestinal des animaux chez lesquels leurs mères les ont déposés; les phases de développement de ces œufs, tirés du mucus, se succèdent avec une grande rapidité aussitôt qu'on les place dans l'eau. » 3°. De deux à cinq jours, nous avons assez facilement obtenu le déve- loppement des œufs du Strongle auriculaire de Zeder, en dépit de la putré- faction complète qui s'était emparée du corps des mères, que nous avions recueillies en même temps qu'eux. » 4°. Les embryons qui en sont résultés vivent depuis vingt jours dans l'eau, sans s'accroître cependant ni développer leurs organes géni- taux . » 5°. Des embryons analogues de Nématoides se présentent souvent dans les flaques d'eau des basses-cours où se trouvent des Gallinacées et des tas d'excréments de Mammifères domestiques. » 6". Quelques Infusoires rapportés par Ehrenberg et autres naturalistes aux genres f^ibrio et Anguillnla, ne seraient que des Nématoides à l'état embryonnaire; et, en effet, quelques-uns appartiennent décidément au genre Oxjuris. » a Telles sont, ajoute le prince Bonaparte, les conclusions d'un impor- tant Mémoire que les auteurs s'empresseront de communiquera l'Académie. Je laisse aux naturalistes qui se sont occupés plus spécialement que moi de recherches helminthologiques, à en tirer des conséquences philosophi- ques et rigoureuses. Ils seront frappés de l'analogie que montrent avec ceux en question d'autres embryons vivant communément dans les eaux stag- nantes, et qui passent pour des animaux parfaits. Mais combien de préten- dus genres d'Infusoires devons-nous éliminer de la science? La classe entière ( 46 1 des Infiisoires doit-elle disparaître ou se scinder en plusieurs ? Tel est le vaste champ qui s'ouvre aux méditations des zoologistes. » EMBRYOGÉNIE. — M. DE QiiATREFAGES communique les extraits suivants de deux Lettres dans lesquelles M. Van Beneden lui fait connaître les nou- veaux résultats auxquels il est arrivé en poursuivant ses recherches sur les Cœnures. « Voici maintenant le résultat de l'expérience sur les Cœnures, » Vous savez que M. Kuchenmeister avait un chien qui était nourri avec des Cœnures de mouton au commencement de mars de cette année et qui rendait des Proglottis. » Ce chien a été tué, le 24 mai, à Bautzen, et M. Kuchenmeister a en- voyé des Ténias du Cœnure à Louvain, à Copenhague, à Giessen. » Ils sont arrivés ici vivants le 27. Ils étaient dans un blanc d'œuf. Je les ai tenus en vie pendant huit jours, en renouvelant le blanc d'œuf d'un jour à l'autre. » Le même jour, 27, à g heures du matin, deux jeunes moutons, de deux mois environ, ont pris chacun un demi- Proglottis; l'après-midi, cha- cun a pris un Proglottis entier, et le 3 juin, un des deux, marqué n° i, a avalé encore un Proglottis entier. » Le 1 3 juin, les premiers symptômes du tournis apparaissent; le i5, au matin, on vient m'annoncer que celui marqué n" 2 va mourir. La tête était brûlante, les yeux rouges; les pattes fléchissaient sous le corps ; il donnait de la tête contre le treillage, et il la tournait toujours dans un sens. Je le fais abattre. » La .surface des deux hémisphères en dessus et en dessous offre des .sillons très-irréguliers ; on dirait des tubes abandonnés de certaines Anné- lides : M. Kuchenmeister en a déjà parlé. Il y en a une douzaine. » Au bout de ces tubes, se trouvent autant de Cœnures, presque tous logés dans la substance corticale du cerveau. Quelques-uns sont enlevés avec les membranes du cerveau. Ils ont à peu près la même grosseur, envi- ron 3 à 4 millimètres. Ces Cœnures ne consistent encore que dans une simple vésicule d'un blanc lactescent, remplie de liquide. On ne voit pas encore de têtes (scolex). C'est l'embryon hexacanthe (proscolex) un peu plus déve- loppé qu'à la sortie de l'œuf. »' Ces observations s'accordent entièrement avec celles de M. Kuchen- meister. » J'ai trouvé ensuite dans les muscles et surtout dans le diaphragme, des (47l corps d'un blanc jaunâtre, que l'on distingue fort bien à l'œil nu au milieu des fibres musculaires rouges et qui ne sont, comme l'a ditM. Kuchenmeister, que des individus égarés et qui ne peuvent plus rien devenir. » Le mouton n° i vit encore, mais il est aussi malade que le premier. Je le tiendrai en vie quelques jours encore, pour avoir les scolex développés, et en obtenir de nouveau des Ténias dans le chien. » Voici ce que M. Eschricht m'écrit de Copenhague, à la date du 20 : « IjCS Tcenia cœnurus tirés du chien, le 24 mai, à Bautzen, sont arrivés » à Copenhague, le 26 avant midi, de sorte qu'ils ont pu être avalés par » trois moutons, quarante-huit heures après leur sortie de l'intestin du » chien. L'un des moutons n'en a pas été affecté, mais les deux autres sont » devenus malades le quinzième et le seizième jour. Ils tenaient la tète M tournée, par nécessité, à droite, et l'un ne voulait et ne pouvait rester » que sur le côté gauche, sans être attaqué par des spasmes violents. L'in- » tlammation du cerveau était très- prononcée ; les yeux très-rouges. L'un » et l'autre ont succombé le quatrième jour, et j'ai trouvé grande quantité » de petites vésicules ( 2-3 millimètres) dans la pie-mère et dans la substance » corticale. En outre, il y avait dans les muscles en général et dans les » parois du cœur, ainsi que sous la peau, des vésicules pleines d'une ma- » tière jaunâtre, qui sont probablement, comme le supposent MM. Kuchen- » meister et le professeur Harchner, des individus ec^oMCi. » » J'ai fait abattre hier matin, 29 juin, le second mouton; il présentait à peu près les mêmes symptômes que le premier ; les derniers jours, la patte droite antérieure était constamment fléchie, et en marchant il ne pouvait appuyer sur ses sabots. » En enlevant le cerveau de la boîte crânienne, un Cœnure de la gros- seur d'une petite noisette est tombé sur la table de dissection. » Dans les hémisphères du côté droit se trouvent, en dessus et en arrière, deux autres Cœnures de la même grosseur, et en séparant les hémisphères du cervelet, j'en découvre encore deux autres qui touchent les tubercules quadrijumeaux. J^e cervelet en renferme un aussi dans le lobe gauche. J'en trouve huit en tout. » Ces Cœnures ont, à peu près, tous la même grosseur, sauf deux ou trois qui ne sont guère plus gros qu'un grand noyau de cerise. » A travers les parois on distingue à l'œil nu, dans les plus grands, de petits flocons blanchâtres, séparés les uns des autres, qui indiquent autant de têtes (scolex). Ceux qui n'ont que la grosseur d'un noyau de cerise, ne montrent pas encore de têtes, ni même la place où elles surgiront. C48) » Les Cœnures sont enveloppés d'une membrane de nouvelle formation, produite par l'inflammation des surfaces voisines. Cette membrane est for- mée de tissu fibro-plastique ou de tissu cellulaire embryonnaire, recouvert d'une multitude de granulations élémentaires, d'après mon savant collègue et ami M. Vanlhempen, qui a bien voulu examiner ce tissu à ma demande. » Ces Vers sont très-curieux à cette période de leur développement. Les scolex commencent à se former; mais, comme je m'y attendais, ils n'ont encore ni crochets ni ventouses. Ce n'est que dans huit jours que la tête, avec les crochets et les ventouses, aurait commencé à s'ébaucher. » En retirant un de ces Vers de sa cavité, et en le portant immédiatement sur le porte-objet du microscope, on est tout surpris de voir combien la contractilité des parois du Ver vésiculaire est grande. La surface se ride, les bords se frangent, et le Ver exécute des mouvements fort étendus, qui expliquent son action sur la masse cérébrale ; la substance cérébrale, en effet, cède à la pression du parasite. On voit distinctement des cellules dans la composition des parois de la vésicule, et c'est à leur contraction que sont dus tous les mouvements. » En dessous des parois du Ver vésiculaire, on voit très-distinctement des vaisseaux, anastomosés comme un réseau capillaire; ils correspondent à l'appareil excréteur ordinaire des Cestoïdes et des Trématodes. » Quand un scolex va se former sur la vésicule mère, la surface de la vésicule se ride dans un endroit déterminé; ces rides deviennent circulaires; le centre ensuite se déprime; une éminence apparaît au milieu de la dépres- sion, et le futur scolex se «contre. )) Déjà aussi on voit autour des rides circulaires, des corpuscules calcaires, semblables à ceux qui incrustent le corps des scolex, mais qui ne se trou- vent pas sur les embryons hexacanthes ou proscolex. » Depuis ma dernière Lettre, j'ai eu des nouvelles de Giessen. M. R. Leuckaert a vu les symptômes surgir en même temps, et il a trouvé les Cœnures au même degré de développement. » A ceux qui pourraient croire à une simple coïncidence dans les résul- tats précédents, je ferai remarquer que le Cœnure est loin d'être commun ici, et que j'ai attendu trois ans avant de pouvoir m'en procurer un pour ma collection ; que, pouvant dire d'avance, je vais trouver des Cœnures de telle grosseur et à tel degré de développement, il ne peut plus être question de coïncidence. Autant vaudrait dire que les plantes que l'on sème ne provien- nent pas des graines que l'on a jetées en terre. » ( 49 ) M. Rayer communique l'extrait suivant d'une Lettre que lui a écrite M. Austin Flint, professeur de médecine à Louisville (États-Unis) : « Dès l'année i85i,M. Austin Flint a eu l'occasion d'étudier les bruits que produisaient les soi-disant esprits frappeurs^ et s'est convaincu que ces bruits étaient déterminés par le déplacement volontaire de certaines parties osseuses ou tendineuses. » Les recherches de M. Austin Flint furent entreprises à l'occasion des deux jeunes filles Fox, de Rochester, qui disaient pouvoir mettre les vivants en relation avec les morts au moyen des esprits frappeurs. » A la même époque, M. Austin Flint vit une dame qui avait la faculté de produire volontairement et sans douleur, sur elle-même, des bruits tout à fait semblables, par leur nature et leur intensité, à ceux que faisaient en- tendre les jeunes filles Fox. Ces bruits se passaient dans l'articulation du genou , à la suite d'une contraction musculaire. Quelque temps après , M. Austin Flint observa, sur une autre femme, le même phénomène phy- siologique. Pour produire les frappements , ces deux personnes devaient avoir le pied fixé ou arc-bouté contre le sol. Suivant M. Austin Flint, les frappements s'opéraient par le même mécanisme chez les jeunes filles Fox, car elles ne pouvaient les produire lorsque le pied n'avait pas un point d'appui suffisant. » M. A. Flint a vu, comme M. Schiff, un cas dans lequel les frappements étaient déterminés par le tendon du muscle long péronnier latéral. » En résumé, l'observation des faits a conduit M. Austin Flint à penser que les soi-disant esprits Jrappeurs sont des bruits de frappement produits par des déplacements brusques de parties osseuses ou tendineuses. » CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur diverses questions; par M. Adolphe Strecker. Sur la composition de l'acide tannique. « Il résulte de mes expériences, que l'acide tannique et les tannins, en général, sont des corps bea.ucoup plus complexes qu'on ne l'avait pensé. En effet, par l'action des acides minéraux, des alcalis ou des ferments, ils se dédoublent en glucose et en un nouvel acide en fixant les éléments de l'eau Ce dédoublement, que j'ai annoncé il y a deux ans, m'a servi comme point de départ pour la détermination de la molécule de l'acide tannique. » Suivant les analyses de MM. Pelouze, Liebig et Berzelius, on exprime la molécule de l'acide tannique par la formule CjgHgOja, et l'on suppose que dans les sels neutres 3 équivalents d'eau de cette formule sont rem- C. R., 1854, ame Semestre (T. XXXIX, iN" i..) 7 ( 5o ) placés par 3 équivalents d'oxyde métallique. On ne connaît cependant qu'un seul tannate (de plomb) qui, d'après les analyses, renferme le car- bone et le métal dans le rapport comme i8 : 3 équivalents. » Après avoir vu par le dédoublement de l'acide tanuique en glucose (CjjHia 0,2) et en acide gallique (C,^ H, O,,) que cette formule ne pouvait pas exprimer la molécule de l'acide, j'ai entrepris une série d'expériences pour déterminer la vraie formule de l'acide tannique, et j'ai l'honneur d'en communiquer les résultats à l'Académie. » Pour préparer l'acide tannique à l'état de pureté, j'ai purifié l'acide tannique préparé d'après le procédé de M. Pelouze de deux manières : j'ai dissous une partie dans l'éther pur, et j'ai précipité la solution par l'eau •, quant à l'autre partie, je l'ai dissoute dans l'eau et précipitée par l'éther. Dans ces circonstances, on obtient deux ou trois couches distinctes, dont la plus pesante est l'acide tannique imbibé par la liqueur éthérée. J'ai dissous dans l'eau et évaporé dans le vide ce liquide sirupeux, et j'ai analysé le résidu après l'avoir séché à 120 degrés. Dix analyses exécutées avec de l'oxyde de cuivre dans un courant de gaz oxygène et faites avec les matières provenant de sept préparations, m'ont conduit à la formule C54 Vini O34. l. II. m. IV. V. VI. vil. VIII. IX. X Calculé. Carbone 52,5 52,2 52,2 52,2 52,2 52,3 52, i 52,2 52,3 52,3 Cs, 52,4 Hydrogène... 3,8 3,8 3,7 3,7 3,6 3,9 3,8 3,6 3,7 3,5 H,, 3,6 Oxygène Oji 44 )0 » Après cette formule, le dédoublement de l'acide tannique en acide gallique et glucose peut être représenté par l'équation Cs. Hj, O,, + 8 HO = 3 (C, He 0,0) + C„ H,» O,». Cette équation se trouve confirmée par la quantité de l'acide gallique et du glucose qu'on obtient par la décomposition de l'acide tannique. La pre- mière a été trouvée 87 pour 1 00 (maximum) par M. Wetherill ; pour le glu- cose, j'en ai obtenu jusqu'à 22 pour 100. » La quantité d'eau qu'on peut substituer par oxyde métallique dans la molécule C54 Hjj O34, je l'ai déterminée directement par digestion de l'acide tannique avec de l'oxyde de plomb, et par l'analyse des sels neutres et basiques. Par la première méthode, j'ai trouvé que l'acide perd 4,4 P- 100 d'eau ou 3 équivalents d'eau, ce qui se trouve confirmé par l'analyse des sels de plomb préparés par précipitation, dans lesquels la composition de ( 5r ) l'acide anhydre est représentée par la formule CaUf^Os,, différente par 3 équivalents d'eau de la formule C54 H22 034. Les précipités qu'on obtient par l'acide tanniqueet l'acétate de plomb contiennent, par rapport à C^, de 3 équivalents jusqu'à 10 équivalents d'oxyde de plomb. » Les analyses des tannâtes faites par MM. Pelouze, Liebig, Berzelius, Mulder et Bùchner sont conformes avec la nouvelle formule de l'acide tannique, en supposant que quelques sels ne perdent pas toute leur eau à 100 degrés, ou qu'ils n'ont pas été séchés complètement. » L'acide tannique se combine, suivant M. Berzelius, avec l'acide sulfu- rique ou chlorhydrique, quand on ajoute ces acides à une dissolution de l'acide tannique dans l'eau. On obtient, dans ce cas, des précipités qui se dissolvent au commencement, jusqu'à ce que la liqueur contienne un excès d'acide sulfurique ou chlorhydrique. Ces combinaisons se distin- guent des acides copules en ce que l'acide minéral n'en peut être séparé par les sels de baryte ou des sels d'argent. L'analyse de ces précipités m'a montré qu'ils ne sont que de l'acide tannique imbibé avec la liqueur acide de laquelle ils se sont déposés. En effet, ce tannin sulfurique ne contient que a à 4 pour 100 d'acide -sulfurique, et le tannin chlorhydrique, placé dans le vide, sur de la chaux vive, perd complètement l'acide chlorhydrique. Au reste, ces précipités ne se distinguent en rien de l'acide tannique qu'on a acidulé un peu avec un acide minéral. La formation d'un précipité par les acides minéraux dans une dissolution du tannin est donc tout à fait con- forme avec la précipitation de la même solution par le sel de cuisine ou d'autres sels alcalins, et même par l'éther, et doit être expliquée par une diminution de la solubilité du tannin par suite du changement du moyen dissolvant. » L'acide gallique qui, suivant quelques chimistes, contient dans la formule C,, H^ 0,o 4 ou 2 équivalents d'eau, et, selon mes analyses, un acide tribasique et le sel de plomb jaune, que MM. Liebig et Bûchner re- gardent comme un sel neutre et qu'ils représentent par la formule 4PbO.C„H,0„ est un sel basique qui, séché à 120 degrés, a la composition représentée par la formule 4PbO. C^HjO, ou 3PbO. CmHjO, + PbO. En effet, cinq analyses faites avec des matières de différentes préparations m'ont donné 75,9 à 7,61 pour 100 PbO, nombres qui se rapprochent 7-- 02 beaucoup plus.de la dernière formule que de celle de MM. Liebig et Bùchner. Sur la décomposition de la brucine par l'acide nitrique. » La réaction frappante de la brucine avec l'acide nitrique, dans laquelle les deux corps incolores, dès qu'ils se rencontrent, se colorent en rouge avec dégagement d'un gaz, n'a pas encore été expliquée, malgré les expé- riences de MM. Gerhardt, Liebig, Laurent et Rosengarten. » M. Gerhardt a trouvé que le gaz qui se dégage dans cette réaction, et qu'il n'a pas réussi à condenser, possède l'odeur et quelques autres pro- priétés de l'éther nitreux (C4 H5O . NO3) ; de sorte qu'il ne lui reste aucun doute que ce fût en effet de l'éther nitreux. M. Liebig, de son côté, par la réaction de l'acide nitrique, peut-être dilué, a obtenu un liquide plus pesant que l'eau et ne bouillant qu'à 70 degrés, en conséquence tout à fait différent de l'éther nitreux. M. Laurent, en répétant les expériences de M. Gerhardt, a condensé, dans ime ampoule réfrigérée, un liquide qu'il a rectifié, sans le voir bouillir, à une température ne dépassant pas + 10 degrés, et dont l'analyse lui a donné 29,0 pour 100 de carbone et 6,1 pour 100 d'hydro- gène. Quoique l'éther nitreux contienne 32, o pour 100 de carbone et 6,6 pour 100 d'hydrogène, M. Laurent croit avoir prouvé que le liquide analysé était de l'éther nitreux. M. Laurent a aussi analysé le corps jaune qui reste dans la cornue lorsque la décomposition de la brucine par l'acide nitrique a été accomplie. Suivant deux analyses peu concordantes de ce corps, que M. Laurent a nommé cncothéline, il lui donne la formule '-'42 "22 ^4 ^-'201 et il représente la décomposition de la brucine par la formule QgH^eNjO, -4- 3NOeH = CoH^N^Ojo-H C.HjO.NO^ + 2HO. Brucine. Cacolhéline. Élher nilreux. » M. Rosengarten, qui chercha à contrôler cette formule par des déter- minations quantitatives, a trouvé que le corps inflammable et volatil qui se développe contient le carbone et l'hydrogène à peu près dans le rapport de 4 : 6 équivalents, ainsi que ce ne pouvait être de l'éther nitreux pur. Au reste, l'analyse du corps jaune lui a donné des nombres qui, quoique s'ap- prochant de la formule de M. Laurent, ne la représentent pourtant pas exactement. Ne pouvant ni condenser le produit volatil, ni déterminer l'équivalent de la cacothéline par l'analyse des combinaisons, la seule con- clusion que M. Rosengarten ait tirée de ses expériences, c'est que la formule ( 53 ) de M. liaureiit ne représente pas réellement la décomposition de la brucine par l'acide nitrique. » C'était pour moi une question du plus haut intérêt de constater s'il se formait de l'éther nitreux dans cette réaction, comme ce serait le premier exemple de la formation des combinaisons éthylées d'une autre substance que du sucre ou de l'alcool. Quanta l'éthylamine, qu'on dit avoir obtenue de différents alcaloïdes, rien ne prouve que ce ne fût pas son isomère, la diméthylamine. n J'ai répété les expériences de MM. Gerhardt et Laurent avec 28 grammes de brucine fondue ; le gaz qui se dégageait avait à traverser un système d'appareils, dont le premier contenait une solution de potasse de 1,2 densité, l'autre une dissolution de sulfate de fer protoxyde, le troisième du chlorure de calcium, et dont le dernier était entouré d'un mélange réfrigérant à — 40 degrés. » Dans l'ampoide réfrigérée, il ne tarde pas à se condenser un liquide très-mobile, qui de vert change bientôt sa couleur en jaune. » Des bidles de gaz traversent ce liquide pendant toute la réaction, et se colorent en rouge-jaune dès qu'elles se mêlent avec l'air. » Ce liquide, condensé (3 à 4 grammes), est extrêmement volatil; il bout à la température de — 12°, 5; il possède l'odeur rappelant celle de l'éther nitreux, et brûle avec une flamme pâle légèrement verdâtre. » Pour analyser ce liquide, j'ai fait passer ses vapeurs sur de l'oxyde de cuivre et de cuivre métallique chauffés au rouge, et j'ai déterminé la relation entre l'acide carbonique et l'eau, ainsi que dans une autre expérience le rapport entre l'acide carbonique et l'azote. J'ai trouvé de cette manière le rapport CgH., N. Une autre partie du liquide a été décomposée par une solution alcoolique de potasse. » Après quelque temps, des cristaux d'azotite de potasse se sont déposés, que j'ai transformés en azotite d'argent. » Ces expériences prouvent clairement que ce liquide est l'azotite de méthyleCaH. O3 NO3.' » De plus, j'ai préparé cette combinaison nouvelle avec de l'esprit-de- bois, de l'acide nitrique et de l'acide arsénieux, et elle m'a présenté les mêmes propriétés que le corps volatil de la brucine, et l'analyse a donné la même composition. » La réaction de l'acide nitrique sur la brucine se fait d'une manière si nette, qu'elle permet de déterminer la quantité de l'azotite de niéthyle qui se développe de i équivalent de brucine. A cet effet, je me suis servi d'un ( 54 ) appareil semblable au premier; mais, au lieu de condenser le produit, je l'ai brûlé avec l'oxyde de cuivre, et déterminé la quantité de l'acide carbo- nique et de l'eau. De cette manière, j'ai trouvé que i équivalent de brucine (394 parties) donne a'^'',! d'acide carbonique et 2^'',98 d'eau, provenant de I équivalent d'azotite de méthyle. » Ces résultats s'accordent avec les expériences de MM. Gerhardt et Rosengarten, quoique ces chimistes n'aient pas trouvé la vraie nature du produit volatil ; mais je ne saurais me rendre raison des résultats de M. Laurent. Quant au produit obtenu par M. Liebig, je le prends pour le nitrate de méthyle qui, suivant MM. Dumas et Peligot, bout à 66 degrés et est plus pesant que l'eau. L'acide nitreux, je suppose, dans la liqueur étendue et chaude, s'est converti en acide nitrique et oxyde d'azote, dont le premier s'est uni avec l'oxyde de méthyle. » Quant aux produits non volatils de cette réaction, je ne suis pas non plus d'accord avec M, Laurent. Le corps jaune qui se précipite en diluant la liqueur acide de la cornue par l'eau, et que je nomme cacothéline, n'est pas le seul produit non volatil, mais il se forme de plus une très-grande quantité d'acide oxalique. Parmi les produits volatils, j'ai trouvé, de plus, de l'oxyde d'azote en très-grande quantité et de l'acide carbonique; ce der- nier produit n'est pourtant qu'un produit secondaire de l'acide oxalique. >' Pour la cacothéline, j'ai trouvé la formule C,o Hjj N* O,,. Calculé. Trouvé en moyenne. c<. 5i,9 52, I Hjj 4,8 4,9 N, 12,1 12,6 0,. 3l,2 100,0 » J'ai constaté cette formule de deux manières : d'une part, j'ai déter- miné la quantité de l'acide oxalique et de l'acide carbonique qui se forment dans l'action de l'acide nitrique sur la brucine, et j'ai trouvé que, des 46 équivalents de carbone de la brucine, il se sépare 4 équivalents dans la forme d'acides oxalique et carbonique. Or, en retranchant de 46 C de la brucine, 2 C du méthyle et ces 4 C, on trouve que la cacothéline doit renfer- mer 4o C. » D'un autre côté, j'ai réussi à déterminer l'équivalent de la cacothéline par l'analyse des combinaisons constantes. En effet, la cacotliéline n'est qu'une base nitrée ; mais les combinaisons de cette base avec les acides sont (55) décomposées par l'eau. En versant une solution du chloride de platine dans une solution de cacothéline dans l'acide hydrochlorique, il se forme, après quelques heures, un précipité cristallin qui renferme i4,8 pour loo de platine. Cela s'accorde avec la formule C,o H22 N, 0,8 + H Cl 4- PtH Clj. ;) La cacothéline se combine aussi avec les oxydes métalliques; avec la baryte, j'ai préparé une combinaison soluble de la composition C^oHjjN, O,, +BaO. » Suivant ces expériences, l'équation qui représente la décomposition de la brucine par l'acide nitrique est C,oH,eN, 08 + 5(HO.N05) Brucine. = C40 Hjj N, O,, + Cj H3 O. NO3 + C, Ha Og + 2 NO2 + 4 HO. Cacothéline. Azotite de méthyle. Acide oxal. » La brucine renferme donc le carbone en trois groupes différents : l'un c'est du méthyle; les autres sont transformés, par l'acide nitrique, en caco- théline et acide oxalique. La cacothéline est sans doute une combinaison nitrée qui contient 2 équivalents d'acide hypo-azotique, de manière qu'elle se dérive de la base normale C40 Hj^ N^ 0,o, qui ne diffère de la quinine que par 6 équivalents oxygène. Sur l'hydrocyanaldine. » J'ai trouvé, il y a quelques années, qu'un mélange d'aldéhydate d'am- moniaque et d'acide cyanhydrique, avec un excès d'acide chlorhydrique étant évaporé au bain-marie, donne un résidu de chlorhydrate d'ammo- niaque et d'alanine C, H, O2 NH3 + 2 H Cl + Cj NH + 2 HO = C, H, NO^ . H Cl + NH^ Cl. Aldohyd. d'ammon. Hydrochl. d'alanine. » La réaction est toute différente lorsque le même mélange n'est pas chauffé. Dans ce dernier cas, il se forme au bout de quelques jours, dans le liquide, des cristaux incolores qui augmentent peu à peu. C'est ce corps que je nomme hydrocjanaldine. Il est insipide, sans réaction sur les cou- leurs végétales; il se dissout dans l'eau et l'éther, mais plus facilement dans l'alcool. Il fond à une température peu élevée et se sublime dans une chaleur modérée^ chauffé brusquement, il se décompose avec ime odeur (56) analogue à celle de l'acide cyanhydrique. La solution de ce corps n'est pas précipitée par les sels d'argent, ni même après l'addition de l'acide nitrique; mais, quand on chauffe cette solution, il se précipite du cyanure d'argent et il se développe de l'aldéhyde. Chauffée avec la potasse, l'hydro- cyanaldine dégage de l'ammoniaque, et la solution se brunit avec sépa- ration de résine d'aldéhyde. » L'analyse de l'hydrocyanaldine m'a donné les rapports CgHeNj ou C,,H,jN4, et sa formation s'exprime par l'équation 3 (C, H^ O, NH3 ) + 3 C2 HN + 2 H Cl = C, 8 H, j N4 4- 2 NH^ Cl 4- 6 HO. Aldéhyd. d'ammoniaq. » Il y a là quelque analogie avec la formation de la thialdine, 3(Co 74i' Hydrogène 7,4 7)5 7,5 Azote 8,6 » » Oxygène 9,9 » » 100,0 ( 59) » De plus, cette formule se trouve confirmée par les analyses de plu- sieurs combinaisons. » Nitrate de quinine. Le sulfate de quinine précipité avec le nitrate de baryte donne à l'évaporation spontanée des cristaux rhorabiques, in- colores. L'analyse de cette combinaison, purifiée par plusieurs cristallisa- tions successives, m'a conduit à la formule C40 Hj^ N2 O4 . HO. NO5 , ou, en centièmes : Calculé. Trouvé, Carbone 62,0 62,1 Hydrogène 6,5 6,6 » Le sulfate de quinine dont j'ai préparé la quinine après l'avoir séché à lao degrés, m'a donné 10,7 pour loo et 10,8 pour 100 d'acide sulfuri- que, nombres presque identiques avec ceux calculés de la formule C40 H24 N2 H24 O4.HO. SO3 (calculé 10,7 pour 100 SO3). » Une solution alcoolique de quinine donne avec le nitrate d'argent un précipité cristallin qui se dissout dans l'eau bouillante. Quand on laisse refroidir la solution , elle se prend en une masse qui a l'aspect d'em- pois ; après quelque temps, la masse se transforme en cristaux incolores. Ces cristaux sont une combinaison de quinine et de nitrate d'argent ; ils ne se dissolvent qu'en 3oo parties d'eau froide. J^'analyse m'a conduit à la formule C40 H24 N^ O4. Ag O . NO5. » Quant à l'équivalent de la quinine, quelques chimistes le représentent par la formule Cjo H,2 NOj; d'autres chimistes pensent que c'est plutôt C40 H24 N2 O4. Suivant la première formule, le sulfate neutre de quinine est C20 H, 2 NO2 HO . SO3 , et l'autre sulfate C40 Hj4 Nj O4 HO. SO3 doit être un sulfate basique. Suivant l'autre formule, c'est le dernier sel qui est neutre, et le sulfate C20 H, 2 NO2 HO.SO, est un sel acide qu'on doit représenter par C40 H24 N2 O4 2HO. 2SO3. » Il y a enfin d'autres chimistes qui représentent l'équivalent de la qui- nine par C20 H, 2 NO2, mais qui regardent la molécule de la quinine comme composée de a équivalents, ou comme C40 H24 Nj O4. M D'après les faits connus jusqu'à ce jour, il n'y avait pas de raisons bien déterminantes pour faire adopter l'une des formules de préférence à l'autre ; mais je crois que les résultats suivants nous mettront en état de pouvoir fixer l'équivalent et la molécule de la quinine. » Un mélange d'iodure d'éthyle et de quinine, dissoute dans l'éther, donne après quelques heures des cristaux dont la quantité s'augmente 8.. ( 6o ) avec le temps. I^es cristaux se dissolvent facilement dans l'eau bouillante, et s'en séparent de nouveau en longues aiguilles placées autour d'un centre commun. Ils sont incolores, soyeux, d'un goût amer; ils ne perdent pas de l'eau à loo degrés, et ils fondent à une température supérieure sans décomposition. M Par l'analyse de ces cristaux, j'ai trouvé la composition exprimée par la formule C^, Hjg N2 O4 I , ou, en centièmes : Calcule. Trouvé. Carbone 55, o 55, o 54,8 Hydrogène 6,0 6,2 6,2 Iode a6,5 26,4 » » La formation de cette combinaison, que je nomme iodure d'éthyl- quinine, s'exprime par l'équation C,o H,, N, O, + C, H, I = C, H,, N, O, I. » On obtient une combinaison analogue avec l'iodure de méthyle; l'iodure de méthylquinine m'a donné la composition exprimée par la for- mule C^t HjT Nï O, I, ou, en centièmes : Calculé. Trouvé. Carbone 54, i 54,2 Hydrogène 5,8 5,9 Iode 27)2 26,9 » La solution de ces iodures dans l'eau n'est pas précipitée par l'ammo- niaque, et ce n'est qu'un grand excès de potasse qui trouble la solution. Le précipité qu'on obtient de cette manière se dissout dans l'eau bouillante, et la solution donne des cristaux identiques avec les premiers ; en effet, l'iodure n'a pas été décomposé par la potasse, mais il est insoluble dans une lessive de potasse. Par l'oxyde d'argent, la solution des iodures donne de l'iodure d'argent, et la solution retient une base très-énergique; elle ab- sorbe avec rapidité l'acide carbonique de l'air, et donne avec lui des cris- taux d'une réaction alcaline. La base que je nomme éthylquinine s'obtient en évaporant la solution dans le vide sous forme d'une masse amorphe ; elle se dissout dans l'alcool et en est précipitée par l'éther en cristaux in- colores. Elle se décompose déjà à une température de 120 degrés. J'ai préparé avec la base les sels suivants : Sulfate neutre d'éthylquinine Ca H» NjOj.SOj, Sulfate acide d'éthylquinine Cn H;9 N, Os . SO3 -+- HO . IO3, Chlorure d'éthylquinine d H,9 Nj Oj.CI, Sel de platine double C„ H„ N, 0« Cl. -f- HCl -I- 2 PtCU. (6i ) » Toutes les propriétés de ces combinaisons montrent que l'éthylquinine appartient à la quatrième classe des bases de M. llofmann; c'est une base correspondante à l'oxyde d'ammonium NH^o- La quinine est donc une base nitride (de la troisième classe), et contient dans la molécule C,o Hj^ Nj O4 trois radicaux composés. 11 n'y a pas de doute après cela que la molécule et l'équivalent de la quinine doivent être exprimés par la formule CioHj^NîO*. Quant aux radicaux composés qui entrent dans la constitution de la qui- nine, j'abandonnerais le terrain des faits si je voulais me prononcer. Sur la production artificielle de l'huile de cannelle. » J'ai montré, il y a quelques années, que le styrone, qu'on obtient en traitant la styracine par la potasse en solution concentrée ou alcoolique, est Yalcool de l'acide cinnamique, en ce qu'il montre la même relation à l'é- gard de cet acide que l'alcool à celui de l'acide acétique. Par des expé- riences faites sur ma proposition, M. Wolff prouva, de plus, que le styrone, sous l'influence des moyens oxydants énergiques, se transforme en acide cinnamique. » J'ai trouvé que Je styrone, dans les mêmes conditions dans lesquelles l'alcool se transforme en aldéhyde, donne de l'aldéhyde cinnamique ou de l'huile de cannelle. » En effet, il suffit pour cela d'arroser du noir de platine avec le styrone en état liquide et d'abandonner ce mélange à l'air. Après quelques jours, la plus grande quantité de styrone se trouve transformée en aldéhyde cin- namique, qu'on sépare du styrone inaltéré par le procédé excellent de M. Bertagnini. Avec une solution concentrée de bisulfite de potasse, on obtient des cristaux, qu'on lave avec de l'éther pour les débarrasser du styrone. Les cristaux s'épurent par l'addition de l'acide sulfurique étendu de l'aldéhyde cinnamique en état de pureté. Les mêmes cristaux se dis- solvent dans l'acide nitrique, et, après quelques moments, il se forme des cristaux de nitrate de l'hydrure de cinnamyle. » La transformation de styrone en hydrure de cinnamyle, par l'oxygène de l'air, s'exprime par la formule C.gH.oO, + 2O = CgHgOa + 2HO. Styrone. Hydrure de cinnamyle. Sur la production artificielle de la taurine. » Les propriétés de la taurine m'ont forcé à adopter la conviction qu'on viendrait un jour à bout de préparer ce corps artificiellement. M. Redten- (60 bâcher a déjà essayé de produire la taurine par l'aldéhyde et le bisulfite d'ammoniaque; mais il n'a obtenu qu'un corps isomère de propriétés diffé- rentes. » Je vais exposer les expériences que j'ai entreprises pour atteindre ce but. » Le sulfate de méthyle Cj H, O. SO, donne, avec l'ammoniaque, la sulfométhylane et de l'esprit-de-bois, suivant la formule a (CjH.O.SOj) -+- NH, = C^H.NS^Oe + CaH.O,. » Avec le sulfate d'éthyle, on aurait pu espérer d'obtenir la taurine si la décomposition était analogue : a(C,H50.S03) + NH, = C,H,NS,0e + C,HeO,, Sulfate d'éthyle. Taurine. mais j'ai trouvé que le sulfate d'éthyle se comporte d'une manière différente que le sulfate de méthyle; il se forme un acide copule, que j'ai décrit il y a quelques années, sous le nom d'acide sulféthamique. » Quand on substitue la méthylamine à l'ammoniaque, le sulfate de méthyle pouvait, suivant l'analogie, donner la taurine ; on a, en effet, 2 (CjHjO.SO,) + CjHjM = C^HïNOeSî + C^H^O^, Sulfate de méthyle. Méthylamine. Taurine. » Je n'ai pas essayé ce mode de formation, parce que je me suis assuré par l'expérience que la taurine ne donne pas une trace de méthylamine par sa décomposition avec la potasse. » Le nitrite d'éthyle C4H5O.NO,, que M. Gerhardt range parmi les combinaisons nitrées * ' |, produirait la taurine (ou son isomère) par l'action du bisulfite d'ammoniaque, s'il se comportait comme la nitro- naphtaline. » Avec la nitronaphtaline et le bisulfite d'ammoniaque, on a, suivant M. Piria, C,„H,N04 + 6S02 + aHO = CïoH,NS,0« -H4SO3. Nitronaphtaline. Acide naphtionique. » Par analogie, on aurait, avec l'éther azoteux, C4H5N04-l-6SOi, + 2HO = C4H,NS2 0s + 4S03. Éther azoteux. Taurine. » L'expérience m'a montré que l'azotite d'éthyle ne se comporte pas comme la nitronaphtaline avec le bisulfite d'ammoniaque ; il se dégage de l'azote et il se forme d'acide sulfurique et d'acide éthylsulfurique. ( 63 ) » L'acide iséthionique, qu'on prépare, suivant M. Regnault, par l'acide sulfuriqiie anhydre et le gaz oléfiant, en combinaison avec l'ammoniaque, ne diffère, dans sa composition, de la taurine que par les éléments de 2 équi- valents d'eau, NH, O . C, H5 0 . 2 SO3 = C4 H, NOeSj + 2 HO. Iséthionate d'ammoniaque. Taurine. » Ce sel fond à une température de 1 20 degrés, sans dégager de l'ammo- niaque, et l'on pouvait espérer qu'il perdrait, dans une température plus élevée, de l'eau. D'abord, je me suis assuré qu'on peut chauffer la taurine jusqu'à 240 degrés sans trace de décomposition et sans la fondre. L'isé- thionate d'ammoniaque, chauffé à une température de 200 degrés, a com- mencé à perdre en poids; je l'ai chauffé jusqu'à 2'io degrés et j'ai entretenu cette température jusqu'à ce que le sel ait perdu 1 1 pour 1 00 de son poids. La masse a été dissoute dans l'eau; par l'addition de l'alcool, il s'est précipité des cristaux; ce précipité, dissous dans l'eau, m'a donné, par l'évaporation spontanée, de grands cristaux tout à fait identiques avec des cristaux de taurine préparés de la bile. Ils supportent, comme la taurine, une tempé- rature de 240 degrés sans se colorer ni fondre ; ils ne dégagent pas d'am- moniaque avec une lessive de potasse ; ils ne précipitaient pas les sels de baryte quand on les faisait bouillir avec l'acide nitrique ou l'eau régale. Fondus avec la potasse et du salpêtre, ils dégagent de l'ammoniaque, et la masse contient de l'acide sulfurique. Toutes ces propriétés étant les mêmes que celles de la taurine, et son mode de formation prouvant que la compo- sition n'est pas différente de la taurine, ce produit est identique avec la taurine de la bile. » PHYSIQUE. — Nouvelles recherches sur les impressions colorées produites lors de V action chimique de la lumière (troisième Mémoire); par M. EdjMond Becquerel. (Extrait par l'auteur.) « L'action chimique de la lumière m'a permis, comme on le sait, de rendre sensibles les effets électriques produits lors des réactions qui s'o- pèrent sous l'influence du rayonnement lumineux (i). D'un autre côté, il y a plus de six ans (2), j'ai été conduit à l'observation de ce fait, qu'il est pos- sible de préparer une surface chimiquement impressionnable à la lumière, (i) Ann. de Chimie et de Physique, t. IX, p. iS'}, et t. XXXII, p. 176. (2) Comptes rendus de l'Jcnâémie, t. XXVI , p. 181 (février i84.8).' (64) de façon qu'elle se colore précisément de la teinte des rayons lumineux qui la frappent. La matière sensible qui possède cette propriété remarquable est un chlorure d'argent que l'on peut appeler le chlorure violet, ayant moins de chlore que le chlorure blanc, et se présentant en général mélangé avec ce dernier. » Le chlorure d'argent dont il s'agit pouvant être mis dans des conditions telles, qu'il ne soit affecté qu'entre les limites de réfrangibilité des rayons perceptibles à l'organe de la vision, il était important d'étudier attentive- ment de quelle manière il se comporterait dans l'appareil que j'ai nommé actinoinètre étectrochimiqiie; quels seraient les effets résultant de l'action des différents rayons lumineux dont on ferait varier l'intensité dans des limites déterminées; et, enfin, s'il serait possible d'établir mie méthode photométrique fondée sur des principes différents de ceux qui sont habi- tuellement en usage. Dans le Mémoire cité plus haut [Ann. de Chimie et de Physique, t. XXXII, p. 176), j'ai déjà commencé cette étude, mais j'ai été amené à reconnaître la nécessité d'examiner de nouveau les différentes cir- constances qui accompagnent la préparation de la matière sensible, et le» modifications que produisent la chaleur et la lumière avant que les rayons lumineux lui impriment leur couleur; tel est le but du travail que j'ai l'hon- neur de présenter à l'Académie. » Dans les publications précédentes, j'ai fait connaître différents moyens à l'aide desquels on peut obtenir des surfaces enduites de chlorure d'argent violet donnant des impressions colorées (1), mais celui qui donne les meil- leurs effets consiste à décomposer rapidement, par un courant électrique, une dissolution d'acide chlorhydrique dans l'eau, et à faire arriver le chlore sur luie lame d'argent placée au pôle positif de la pile. On rend ce procédé d'une application facile et certaine, en déterminant, dans chaque circonstance et à chaque instant, la quantité de chlore qui se transporte sur la lame d'ar- gent. On interpose à cet effet, dans le circuit voltaïque, un voltamètre à eau, de sorte que le courant qui décompose l'acide chlorhydrique et trans- porte le chlore sur l'argent, décompose également l'eau acidulée ; les dé- compositions électrochimiques ayant lieu en proportions définies, il se porte autant de chlore en volume sur la lame d'argent, qu'il se dégage de gaz hydrogène dans l'éprouvette placée au-dessus de l'électrode négative du voltamètre. On garantit le verso de la lame à l'aide d^m vernis, afin que le chlore ne se porte que d'un seul côté . (i) Ann. de Chimie et de Physique , t. XXII , p. 45 1 , et t. XXV, p. 447- ( 65 ) » I.a proportion de chlore nécessaire pour les expériences varie dans les limites suivantes : VOLUME DE CHLORE à la pression ordinaire par décimètre carré de surface. EPAISSEUR DE L\ COUCHE SENSIBLE. D'après l'ordie des teintes des lames minces. En supposant la pesanteur spécifique du chlorure d'argent égale à à,i-;. cent. cub. 3,80 Commencement de la couche du mm 0,00068 de 3,80 à 3,90 de 6,5o à 6,90 1 Couche du troisième ordre Concile du quatrième ordre don- nant de belles reproductions^ colorées du spectre lumineux. de 0,00092 à 0,00095 de o,ooi58 à 0,00168 » Dans le Mémoire se trouvent toutes les indications relatives aux diffé- rentes circonstances de la préparation des lames impressionnables, circon- stances qui ne doivent pas être négligées. » En employant une couche plus épaisse que celles qui précèdent, les résultats obtenus ne seraient pas aussi satisfaisants. On doit donc opérer entre les limites de 4 et 7 centimètres cubes de chlore à la pression ordinaire par décimètre carré de surface d'argent ; mais, dans ces conditions, plus la couche est mince, plus la substance est impressionnable, mais moins les nuances obtenues sont belles. » Si l'on projette sur une surface impressionnable ainsi préparée un spectre lumineux, on ne tarde pas à avoir une impression qui commence dans le jaune et l'orangé, c'est-à-dire dans les parties les plus lumineuses de l'image prismatique, et s'étend jusqu'aux extrémités rouges et violettes. Cette impression, ainsi que je l'ai déjà démontré dans un Mémoire précé- dent, reproduit les différentes nuances colorées du spectre. Mais les nuances, quoique très-vives, sont assez foncées, et du côté du rouge, entre les lignes B et A et au delà de A, l'impression tourne au violet et fonce rapidement. Quand la préparation a été faite en suivant les indications données dans le travail, on ne voit aucune impression se reproduire en dehors du violet ; et, sauf la coloration noire du côté du rouge, l'image ne s'étend pas beaucoup aa delà des limites A et H, et occupe la même étendue que le spectre visible. G. R,, 1854. 2""« Semestre. {T. XXXIX, N» 1.) 9 (66) » Si des rayons lumineux mélangés viennent frapper la surface sen- sible, ils laissent, comme les rayons du spectre, une empreinte colorée de même nuance que celle qu'ils possèdent. » Mais cette même substance, lorsqu'elle est soumise à l'influence de la chaleur ou de la lumière avant l'action des rayons lumineux, conduit à des résultats remarquables dont il va être question. » L'action de la chaleur modifie profondément le chlorure d'argent violet. Une élévation de température de loo à i5o degrés fait changer la teinte de la lame préparée sans lui faire perdre de traces de chlore, mais en même temps elle change le mode d'action des différents rayons lumi- neux; la lumière diffuse ou la lumière solaire directe agit en blanc, au lieu de donner une impression de teinte grise, et en outre les nuances colorées sont claires au lieu d'être sombres comme avant le recuit. Mais ce qui est remarquable, c'est qu'en maintenant la température entre 3o et 35 degrés pendant plusieurs jours, on atteint le même but et avec de bien meilleurs résultats. Les teintes jaunes et vertes qui, lors de l'action du spectre lumi- neux sur une plaque recuite à haute température, ne se reproduisaient pas avec netteté, paraissent dans ces conditions; en outre, la matière sen- sible est plus rapidement impressionnable. Ainsi on peut utiliser les plaques préparées de cette manière pour les reproductions des images colorées de la chambre obscure. » On ne peut attribuer à une action chimique l'effet produit sur le chlo- rure d'argent par une différence de température aussi faible, mais soutenue pendant plusieurs jours. Il se manifeste probablement dans cette circon- stance une modification de l'état physique de la substance impressionnable. Ce serait alors un effet du même genre que celui qui a lieu lors de la for- mation du phosphore rouge. » L'action exercée par les rayons les moins réfrangibles de la lumière est également fort curieuse, car elle conduit à un résultat analogue à celui que l'on obtient en prolongeant l'élévation de température des lames. Il semble donc que dans l'un et l'autre cas il se produit des effets molécu- laires du même ordre. Le spectre lumineux agit de la manière suivante sur le chlorure d'argent modifié par les rayons rouges extrêmes. L'action com- mence comme précédemment dans l'orangé, le jaiuie et le vert, puis s'étend peu à peu vers le violet et vers le rouge. Toutes les teintes correspondantes aux couleurs du spectre sont claires comme si les plaques étaient recuites, mais l'impression prismatique est beaucoup plus belle, et même le vert, le jaune et l'orangé ont des nuances plus vives qu'avant l'action des rayons ( 6-; ) rouges extrêmes. Ainsi, à l'avantage que possède le chlorure modifié par les rayons les moins réfrangibles, sur celui qui a subi le recuit, de donner un fond noir sur lequel viennent se peindre les différentes nuances prismatiques, se joint celui de conserver parfaitement les teintes vertes et jaunes. Du côté du rougè, l'image du spectre ne donne une teinte brillante que jusqu'en B ; à partir de cette limite, la teinte noire qui se serait produite étant celle qui domine sur toute la surface, aucun effet n'a lieu dans les premiers instants. Cependant, si primitivement le chlorure n'a séjourné que pendant un temps insuffisant sous l'action des rayons rouges extrêmes, le spectre solaire donne encore une impression foncée au delà de B et de A. » On obtient sur la matière ainsi modifiée par la chaleur ou par la lu- mière de très-belles reproductions colorées du spectre lumineux. Les figures des anneaux colorés et celles que donnent les lames cristallisées traversées par la lumière polarisée sont également bien représentées avec leurs nuances. On peut aussi reproduire les images de la chambre noire qui se trouvent, pour ainsi dire, peintes par la lumière; mais ces reproductions, quoiqu'ayant des nuances plus vives que celles que j'avais obtenues il y a plusieurs an- nées, n'ont jusqu'ici qu'un intérêt purement scientifique, et l'on ne peut songer, quant à présent, à une application, puisque les impressions ne se conservent que dans l'obscurité. Je n'ai pas encore pu arrêter l'action ulté- rieure de la lumière diffuse qui détruit peu à peu les images; ce n'est, pour ainsi dire, que dans un état de passage que la matière impressionnable a la propriété de reproduire les couleurs. » On peut juger, du reste, des effets que l'on peut obtenir d'après quel- ques épreuves que je mets sous les yeux de l'Académie. Les différentes pré- cautions à prendre pour leur production sont indiquées dans le Mémoire. » On voit donc que la substance impressionnable dont la méthode de préparation est indiquée dans ce travail, permet d'obtenir non-seidement des effets de coloration très -remarquables, mais encore des résultats par- faitement comparables lors de son emploi pour observer les effets électri- ques dus à l'action chimique de la lumière. Je compte traiter ce sujet dans une nouvelle communication. » PHYSIOLOGIE. — Expériences pour servir à l'histoire de l'empoisonnement par le curare; par M. Alvaro Retncso. 0 Les procédés pour ralentir l'absorption du curare ont pour but d'em- pêcher qu'une trop grande proportion de poison pénètre dans l'économie, 9-- (68) et de permettre à celle-ci de l'éliminer au fur et à mesure, de telle sorte qu'il ne s'accumule jamais en quantité suffisante pour déterminer la mort de l'animal. Les moyens qu'on peut surtout employer sont : la ligature, les caustiques et les ventouses. » Ligatures. — Nous avons pratiqué une ligature sur la cuisse d'un co- chon d'Inde et introduit sous la peau, au-dessous de la ligature, oS'',o6o de curare. Pendant trois quarts d'heure, l'animal n'éprouva rien; nous dé- fîmes alors la ligature, et huit minutes après, le poison commença à agir, et l'animal mourut douze minutes plus tard. » Caustiques . — Nous croyons devoir ranger dans cette catégorie l'iode proposé dernièrement par MM. Brainard et Greene comme contre-poison du curare. » Première expérience. — oS'',o6 de curare mélangés avec o^',S d'io- dure de potassium et 8 centimètres cubes d'eau ont été injectés sous la peau d'un cochon d'Inde. Pendant les quatre premières heures, l'animal se porta très-bien, mais il périt deux heures après. ^ » Deuxième expérience. — Nous avons mélangé o^^S d'iodure de po- tassium, oS'',4 d'iode et o8'',o6 de curare avec de l'eau. Nous avons ajouté goutte à goutte de l'hyposulfite de soude, jusqu'à disparition complète de l'iode; pour avoir une liqueur franchement alcaline, nous avons ajouté quelques gouttes d'une dissolution concentrée de carbonate de soude, puis nous avons injecté le mélange : l'animal est mort au bout de vingt-huit mi- nutes. » Troisième expérience. — Pendant vingt minutes, nous avons maintenu un mélange de o^\(\ d'iode, o^^oô de curare et o^^S d'iodure de potassium à la température de 5o degrés, nous avons fait disparaître l'iode, comttie dans l'expérience précédente, et le mélange injecté a déterminé la mort au bout de vingt minutes. » Quatrième expérience. — Nous avons injecté sous la peau d'un cochon d'Inde, sans que l'animal mourût, un mélange composé de oS%o6 de curare, o8'',4 d'iode et de l'alcool. » Cincjuième expérience. — Nous avons maintenu à 56 degrés pendant quarante minutes un mélange de oS%o6 de curare, de o^^/j d'iode et d'alcool en quantité suffisante pour dissoudre l'iode. Nous avons traité par l'hyposulfite, etc., et le mélange injecté fit périr l'animal au bout d'une heure quarante minutes, l'action ayant commencé cinq minutes après l'in- jection. Nous avons répété l'expérience; dans celle-ci, l'action commença quatre minutes après l'injection, et l'animal est mort au bout d'une heure un quart. (69) » On peut conclure de ces expériences que l'iode ne détruit pas le curare, mais qu'il l'altère, et, de plus, que la même proportion de ce corps est plus efficace lorsqu'elle est dissoute dans l'alcool, qu'en dissolution aqueuse à la faveur de l'iodure de potassium. » Sixième expérience. — Nous avons mélangé o8',4 d'iode avec oS^S d'iodure de potassium, fait disparaître l'iode libre au moyen de l'hyposulfite de soude, ajouté au mélange o^^ô de curare et injecté ce dernier sous la peau d'un cochon d'Inde qui périt au bout de onze minutes. » Septième expérience. — o8'^,o6 de curare ont été triturés avec de l'hy- pochlorite de soude. Nous avons décomposé l'hypochlorite au moyen de l'hyposulfite de soude; le mélange avait une réaction très-alcaline, et, in- jecté sous la peau d'un cochon d'Inde, il détermina la mort au bout de quatre minutes. » Huitième expérience. — Nous avons injecté sous la peau d'un autre sujet oS',o6 de curare mélangés avec de l'hypochlorite de soude, et l'animal a péri au bout de sept minutes. » Ainsi l'hypochlorite de soude n'altère pas le curare, mais il retarde sensiblement l'absorption. » Neuvième expérience. — Nous avons mélangé de l'hypochlorite de soude avec o8'',o6 de curare, nous avons ensuite ajouté quelques gouttes d'acide chlorhydrique. Après avoir neutralisé la liqueur au moyen du car- bonate de soude, nous y avons versé de l'hyposulfite de soude; la liqueur présentait une réaction alcaline, et injectée, n'a déterminé aucun accident. » Dixième expérience. — oS'',o6 de curare ont été triturés avec de l'eau de chlore ; nous avons ajouté à ce mélange un peu de carbonate de soude et quelques gouttes d'hyposulfite de soude. Le mélange présentait une réaction alcaline, et, injecté sous la peau d'un cochon d'Inde, il ne déter- mina aucun accident. Cependant quelquefois les animaux périssent au bout d'un temps plus ou moins long par suite de la blessure. Ainsi le chlore, soit à l'état naissant, soit à l'état de liberté, détruit complètement le curare. Le sel marin qui se forme dans ces réactions n'empêche pas l'absorption du curare. En effet, o^',o6 de curare, mélangés avec une dissolution de chlorure de sodium, ont fait mourir l'animal au bout de sept minutes. » Onzième expérience. — Nous avons trituré o^'',o6 de curare avec 7 centimètres cubes d'eau et to gouttes de brome. A l'instant, le mélange prit un aspect particulier qui annonçait qu'une réaction avait eu lieu. Nous avons ajouté du carbonate de soude et quelques gouttes d'hyposul- (7o) fite de soude. Le mélange présentant une réaction alcaline fut injecté sous la peau de l'animal ; il ne parut pas souffrir pendant huit heures , mais au bout de vingt-quatre heures il se trouvait dans le collapsus complet qui caractérise l'empoisonnement par le bromure de sodium; il périt trente heures après l'injection. La mort, dans ce cas, était due simplement au bromure de sodium et non au curare. Nous avons répété plusieurs fois cette expérience et toujours obtenu le même résultat. » Pour bien nous convaincre de la part qu'on devait donner à l'action du bromure de sodium, nous avons lait les deux expériences suivantes. » Douzième expérience. — Un gramme de bromure de sodium dissous dans l'eau et injecté, détermina au bout de vingt-quatre heures la mort de l'animal, accompagnée des mêmes caractères que ceux de l'expérience précédente, caractères qui sont entièrement différents de ceux que pré- sente l'empoisonnement par le curare ; dans ce dernier, les animaux per- dent, vers la fin, le mouvement, tandis qu'avec le bromure de sodium, en les excitant, ils sentent et se débattent. i> Treizième expérience. — Après avoir ajouté le brome au curare et laissé la réaction s'accomplir, nous avons mis le mélange au bain-marie jusqu'à ce que le brome fût évaporé complètement. Ensuite, nous avons ajouté quelques gouttes de carbonate de soude et de l'hyposulfite de soude. Le mélange injecté n'a déterminé aucun accident. » Le brome détruit donc complètement le curare, comme le chlore, et il présente sur ce dernier l'avantage d'être d'une conservation et d'un em- ploi faciles. Son action est bien réellement décomposante; en effet, dans les substitutions régulières du chlore, du brome et de l'iode à l'hydrogène des composés organiques, les corps résultant possèdent le même volume, la forme, la couleur, la capacité de saturation, le même pouvoir rotatoire et les propriétés chimiques fondamentales ne changent pas. De plus, comme l'a prouvé M. Laurent pour la strychnine chlorée, l'espèce résultant de la substitution agit sur l'économie animale, à égale dose, de la même manière que l'alcaloïde normal. Il paraît donc probable que la curartne, prin- cipe actif du curare, n'a pas éprouvé un simple remplacement de l'hy- drogène par le chlore ou par le brome, car elle aurait dû rester vénéneuse. On pourrait, à notre avis, employer le brome probablement avec avan- tage, et bien certainement avec autant de succès que tout autre moyen, pour cautériser les plaies où des venins auraient été déposés. D'abord, c'est un caustique très-actif dont on peut arrêter les effets; déplus, il est pro- bable qu'il détruit les venins, comme il détruit le curare. ( V ) » Quatorzième expérience. — Fontana avait déjà fait quelques expé- riences avec cet acide ; mais il en concluait que l'acide sulfurique enlève au poison anaéricain ses qualités nuisibles. Mais, comme il le pressent lui-même, il était dans l'erreur lorsqu'il croyait avoir enlevé tout l'acide au curare; celui-ci en avait retenu probablement une certaine quantité, ou bien il avait été détruit par l'action de la chaleur employée pour l'évaporation de l'acide. Il résulte de plusieurs expériences que nous avons faites, quel'acide sulfurique, suivant la dose, peut ralentir l'action du curare, qui alors ne détermine la mort qu'au bout d'un temps plus ou moins long, ou même opérer un tel ralentissement, que l'animal ne meure pas. » Quinzième expérience. — Nous avons abandonné pendant vingt- quatre heures un mélange de 24 gouttes d'acide sulfurique à 65 degrés, de o^^oô de curare, et de 6 gouttes d'eau. Au bout de ce temps, la liqueur fut neutralisée par du carbonate de soude, et injectée sous la peau d'un cochon d'Inde, qui périt au bout de six minutes. Dans une autre expé- rience, disposée de la même manière, l'animal mourut au bout de quatre minutes. » Ainsi l'acide sulfurique n'altère pas le curare. w Seizième expérience. — Nous avons mis G centimètres cubes d'acide nitrique à 36 degrés avec oS',o6 de curare, et saturé l'acide par le carbo- nate de soude; l'injection faite, l'animal mourut au bout d'un quart d'heure. Comme ni le nitrate de soude, ni le carbonate de soude (nous avons fait l'expérience) ne retardent l'action du curare, il faut conclure que l'acide nitrique altère un peu le curare. La potasse caustique, qui empêche la ra- pide absorption du curare, et retarde ou prévient ainsi l'empoisonnement, altère aussi un peu ce poison. L'eau de chaux retarde très-peu, ainsi que l'ammoniaque, l'absorption du curare. Enfin il existe des sels qui, sans être de véritables caustiques, retardent l'action du curare. Ainsi, l'iodure et le bromure de sodium ont une action très-faible sur l'absorption, tandis que le bromure et surtout l'iodure de potassium la retardent même pen- dant vingt minutes. Et ce qu'il y a de curieux, c'est que l'iodure de potas- sium, à partir de i gramme, produit les mêmes effets, quelle que soit la quantité employée, la dose du curare restant la même (oS'',o6). Nous pen- sons que ce retard dans l'empoisonnement provient d'un effet local et non pas d'une réaction générale, car l'iodure de potassium, introduit préala- blement dans l'économie, ne retarde pas l'action du curare. ( 72) Action du curare sur les vipères. }> Le curare empoisonne dans un espace de temps très-court les vipères, et par là il se distingue du venin de ces reptiles qui n'est pas un poison pour elles, d'après Fontana. Action sur les poissons. » Un petit poisson a vécu pendant quatre jours dans i kilogramme d'eau où l'on avait mis oS'',6 de curare ; au bout de ce temps on lui fit une petite blessure, et il mourut huit minutes après avoir été remis dans l'eau con- tenant-le curare. Cette expérience montre que les membranes des bran- chies ne sont pas endosmotiques pour le curare. » ZOOLOGIE. — Mémoire sur Z'Anomie {j4nomia ephippiuin) ', par M. Lacaze-Ddthiers. « L'Anomie est un Acéphale lamellibranche très-irrégulier, qui semble asymétrique, mais qui est conformé sur le même plan d'organisation que les autres Mollusques à la division desquels il appartient. On ne doit donc pas, avec Bruguières [Encyclopédie méthodique), la considérer comme un Mollusque multivalve, ni avec M. Deshayes ( Dictionnaire d'Histoire na- turelle), comme un type intermédiaire entre les Acéphales lamellibranches et les Brachiopodes; entre les Huîtres et les Térébratules. » Quelles sont les causes des irrégularités, des anomalies qu'on observe dans l'organisme de l'Anomie? Telle est la question que je cherche à résoudre dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie. » Des études minutieuses d'anatomie comparée conduisent à ne recon- naître qu'une seule cause tenant à cette condition biologique particulière, que l'animal fixé invariablement par un byssus devenu osseux, est en même temps couché sur le côté droit. » 1°. L'ossicule ou opercule de l'Anomie est un byssus dont la consistance et la direction ont changé. Les preuves qui démontrent cette assertion se tirent des rapports et de la position de l'organe. Placé dans le cercle que forment les lèvres et les branchies, il est postérieur au pied et aux gan- glions nerveux abdominaux, comme cela arrive en général (i). Il se trouve donc en dehors du cercle nerveux formé par les connectifs bucco-pédieux; (i) Dans la Lime [L, squamola), le byssus est , toutefois , antérieur au pied. (73) mais il est en dedans de celui que font les connectifs bucco-branchiaux. Ces rapports avec les cordons nerveux, suffiraient seuls pour démontrer la véritable nature de l'opercule. A sa base il est en contact de chaque côté avec les organes de Bojanus et les racines des branchies; enfin, il est placé en avant du muscle postérieur ou principal des valves. » La consistance osseuse, presque pierreuse, de l'ossicule, ne peut être lui fait qui s'oppose à reconnaître son origine. On le voît strié finement ; ce qui semble rappeler sa nature fibreuse. D'ailleurs, dans d'autres exem- ples, dans les Arches, la dureté devient telle, que l'on a peine à le diviser. » 2°. Les anomalies de l'organisation ne sont qu'apparentes ; elles sont toutes la conséquence de la direction latérale du byssus. » Fixé invariablement par un ossicule résistant et couché sur le côté droit, l'Anomie trouve dans cette condition un empêchement à son déve- loppement; aussi son manteau et sa coquille, en continuant l'obstacle, laissent-ils une échancrure qui ressemble à une perforation ; et cette posi- tion forcée cause une sorte de torsion qui reporte tous les organes du côté droit. » Si la bouche est à droite, c'est qu'elle y a été entraînée par le mouve- ment de torsion qu'a imprimé le byssus. ') La même raison explique comment la branchie droite est très-con- tournée et très-courte. Elle s'étend moins en avant que la gauche, parce qu'elle a rencontré un corps résistant qu'elle n'a pu dépasser. » L'ovaire, le testicule et le cœcum semblent avoir suivi ce mouvement de transport, et avoir abandonné le foie pour venir se placer dans le lobe droit du manteau. » Ce déplacement des organes qui devaient former la masse abdominale, laisse le cœur dans un péricarde isolé, qui, n'étant plus soutenu, s'affaisse et l'accole au ventricule. Alors arrive cette singulière particularité remarquée déjà par Polli, que l'organe central de la circulation est placé entièrement en dehors de l'économie ; fait anormal très-étonnant, et bien rare dans la nature, dont on peut voir la raison dans un changement de place des par- ties, qui, lui-même, a pour cause la position et la nature particulière du byssus. » Le rectum ne traverse pas le ventricule. Cette nouvelle anomalie doit- elle être considérée comme la conséquence des modifications précédentes? Cela est possible et même probable, mais l'on ne saisit pas la relation de cause à effet. » Le byssus n'a qu'un seul muscle. Ce manque de symétrie est en rap- C. R., i854, 2""= Semesire. (T. XX,XIX, TN» 1.) lO (74) port avec son rôle et la position de l'animal. Il est évident que les muscles . d'un seul côté suffisent; aussi tous ceux de droite avortent et ceux de gauche doivent se développer seuls. Mais de ceux-ci un seul devient néces- saire, car l'animal ne peut se porter en avant ou en arrière ; aussi le muscle antérieur, mêlé et confondu avec ceux du pied, est-il rudimentaire, tandis que le postérieur est excessivement volumineux et composé de deux masses distinctes,- l'une plus tendineuse que l'autre. Cela explique pour- quoi, sur la face interne de la valve droite, on ne trouve qu'une impres- sion musculaire, tandis qu'on en trouve quatre sur la gauche. » En résumé, luie condition biologique suffit pour entraîner des modifi- cations profondes et pour faire de l'Amonie un Pleuronecte des Acéphales, comme la Sole est un Pleuronecte des Poissons. Cette comparaison, qui ne peut avoir rien d'absolu entre des êtres aussi éloignés, fera comprendre quels changements de symétrie se produisent dans les deux cas sous l'in- fluence d'une condition biologique particulière. » M. ï>ujARDiN, de Lille, à l'occasion des remarques faites par M. Piobert, sur le peu d'action que peut avoir la vapeur d'eau pour amortir l'effet d'un boulet rouge, déclare que, dans ses dernières communications, « il a eu bien moins en vue de prouver que son procédé pour l'extinction des incendies au moyen de la vapeur eût été applicable dans le cas particulier de l'in- cendie du Vauhan, que de parvenir à faire prendre en sérieuse considé- ration une méthode qui jusqu'ici a passé presque inaperçue, et qui, cepen- dant, dans une foule de circonstances, pourrait rendre les plus éclatants services. » M. Perkey adresse des remercîments à l'Académie qui a bien voulu en- courager par une allocation de fonds la contiiuiation de ses recherches sur les tremblements de terre. M. ScHiFF prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours pour le prix de Physiologie expérimentale ses recherches sur la transmission des impressions sensitives dans la moelle épinière, et au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie son Mémoire concernant l'influence des nerfs sur la nutrition des os. (Renvoi aux deux Commissions compétentes.) M. Kerckhove-Varent , d'Anvers, prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats dont elle discutera les titres ( 75) quand elle s'occupera de nommer à une place de Correspondant vacante dan^la section de Médecine et de Chirurgie. M. Flocrens rappelle à cette occasion que M. Marshal-Hall, avant de quitter l'Europe, avait adressé une demande semblable que la Section n'oubliera pas sans doute lorsqu'elle préparera une liste de candidats. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.) M. Green présente une image photographique d'un bas-relief qui se trouve à Thèbes au fond d'un tombeau obscur, et y joint une description du procédé au moyen duquel cette image a été obtenue. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Pouillet, de Senarmont, Seguier. ) MM. ViLLEBONNET et Martin écrivent relativement à un instrument de géodésie qu'ils ont précédemment envoyé, et qu'ils craignent n'être pas arrivé à l'Académie. L'instrument a été reçu. M. Valadon prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission à l'examen de laquelle a été renvoyée sa Note sur deux appareils hydrauliques destinés à des usages différents. (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Piobert, Morin.) M. Ed. DE PoiLLY se met à la disposition de l'Académie pour répéter devant une Commission ses procédés de photographie sur collodion sec. (Commissaires, MM. Despretz, de Senarmont, Seguier.) M. Delahaye, en adressant la première livraison de son Atlas d'oogra- phie européenne, ou représentation des œufs des oiseaux qui se repro- duisent en Europe, appelle l'attention de l'Académie sur une publication qui, si elle obtient l'appui nécessaire, comblera, dit-il, une lacune dans l'iconographie zoologique. La Lettre de M. Delahaye est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Chevreul,Milne Edwards, Regnault et Seguier. lO.. ( 76) La Société de physique de Berlin adresse un nouveau volume qu'elle vient de faire paraître (Progrès de la Physique en i85o et i85i), ^ an- nonce l'envoi d'un volume d'une année précédente qui manquait à la Bibliothèque de l'Institut (le volume n'a pas encore été reçu cette fois); elle rappelle qu'elle a envoyé régulièrement toutes ses publications, et exprime le désir d'obtenir en retour quelques-unes des publications de l'A- cadémie. Elle mentionne particulièrement les Mémoires comme étant très- désirables pour elle. Cette demande est renvoyée à l'examen de la Commission administra- tive. M. T. Main, de Glascow, écrit à l'Académie, d'après des renseignements inexacts qui lui ont été donnés, relativement à un des prix que doit décerner l'Académie (le prix pour le perfectionnement de la navigation à moteurs mécaniques) ; il suppose que ce prix est relatif au perfectionnement des machines à vapeur, et il annonce l'intention de présenter au concours une machine qu'il a perfectionnée. (Renvoi à la future Commission. ) M. Marchant-Delegorgue exprime le désir d'obtenir le jugement de l'Académie sur un Mémoire dont il indique le sujet. Comme ce Mémoire se rattache à une des questions dont l'Académie a renoncé à s'occuper (la quadrature du cercle), on fera savoir à l'auteur que son Mémoire ne pourra être soumis à l'examen d'une Commission. M. Brachet adresse deux nouvelles Notes sur des questions d'optique. A 5 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. \a séance est levée à 6 heures et demie. F. ( 77 ) 8CLLETIN BIBLIOGBAPHIQCE. L'Académie a reçu, dans la séance du 3 juillet i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de C Académie des Sciences, i" semestre i854 ; n° 26; in-4°. Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres de l'Institut impérial de France; 2* série : Antiquités de la France; tome III. Paris, i854; in-4°. Domestication et naturalisation des animaux utiles. Rapport général à M. le Ministre de l'Agriculture; par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire ; 3* édition, avec notes et additions nouvelles. Paris, i854; in-12. Souvenirs d'un Naturaliste; par M. A. DE Quatrefages. Paris, i854; a vol. in-12. Méthode de Chimie; ;?ar AUGUSTE LAURENT. Paris, i854; i vol. in-8''. Traité théorique et pratique de la conduite et de la distribution des Eaux ; par M. J. DuPUiT ; suivi d'un extrait de l'Essai sur les moyens de conduire, d'é- lever et de distribuer les Eaux y par M. Genieys, et de la Description des filtres naturels de Toulouse; par M. d'Aubuisson. Paris, i854; in-4°, avec atlas grand in-4°. Tableau de l'Europe orientale, ou Recherches historiques et statistiques sur les peuples d'origine slave , magyare et roumaine; /jorN.-A. KuBALSKi, ancien fonctionnaire public en Pologne ; nouvelle édition augmentée d'un Appendice contenant les derniers documents sur la question d'Orient, avec une carte coloriée comprenant le théâtre de la guerre actuelle; par M. L.-A. Chodzko et P. Raymond. Paris, i854; i vol. in-8°. Oographie européenne, ou Représentation d'es œufs des Oiseaux qui se repro- duisent dans les limites de l'Europe; par M. Delahave; une livraison de 18 planches in-4°. ( 78 ) Coupe géologique des environs des bains de Rennes {département de l'Aude) , suivie de la description de quelques Fossiles de cette localité; par M. A. d'Archiac. Paris, i854; broch. in-S". Quelques mots à propos des Yaks récemment introduits en France. Descrip- tion de ces animaux ; analyse de leur lait; par M. le D"^ N. JOLY ; broch. in-S". La Boulangerie régénérée. Le pain à un prix toujours fixe, invariable! Progrès, économie, prévoyance ; par M. P. GOSSET. Paris, 1 854 ; broch. in-S". Introduction à l'Etude de l'analomie et de la physiologie des dents; par M. OuDET. Paris, i854; broch. in-8°. Extrait du Nobiliaire de Belgique, concernant la famille de Kerckhove- Furent et contenant la biographie du vicomte Joseph-Romain-Louis de Kerckhove- Varent;parM. N.-J.-Van-der-Heyden. Anvers, i853; broch. in-8". Bulletin de l'Académie impériale de Médecine, rédigé sous la direction de MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Giberï, secrétaire annuel; tome XIX; n° 18; 3o juin i854; in-8°. Bulletin de la Société des Sciences naturelles et des Arts de Saint-Etienne (Loire). Saint-Étienne, i854;in-8'^. Bulletin mensuel de la Société zoologique d'acclimatation ; n° 4; juin i854; in-8°. Société impériale et centrale d'Agriculture. Bulletin des séances, Compte rendu mensuel rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel; 2* série, tome IX; n° I ; in-8''. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l' Industrie , fondée par M. B.-R. DE MONFORT, rédigée par M. l'abbé Moi GNO; 3^ année; IV* volume; 26* livraison; in-S". Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tome VII; 3o juin 1 854 ; in-8°. L 'Agriculteur praticien , Revue de l'agriculture française et étrangère ;n° 18; in-8°. Magasin pittoresque; juin i854; in-8°. ( 79 ) Répertoire de Pharmacie. Recueil pratique rédigé par M. BouchardaT; juin i854; in-8°. Revue de thérapeutique médico-chirurgicale; par M. A. Martin-Lauzer ; n» i3; I" juillet i854; in-8°. Revue thérapeutique du Midi, Journal des Sciences médicales pratiques; par M. le D' Louis Saurel ; tome VI ; n° 1 2 ; 3o juin 1 854 ; in-8°. Annales Jcademici, i849-i85o. Lugduni-Batavorum, i854; iii-4''. Viaggio... Voyage dans les parties septentrionales de l'Europe, exécuté dans l'année i85i, par M. Ph. Parlatore; i'« partie. Florence, i854; in-8''. Lezioni... Leçons d'agriculture théorique et pratique pour la Sicile; par le Pèredom Gregorio-Barnara La Via; 2" édition. Catane, i853;in-8''. On the... Sur les changements atmosphériques qui causent la pluie et le vent et les variations du baromètre; 2* édition ; par M. T. HOPKINS. Londres, 1 854 ; in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Pouillet.) Verhandelingen. . . Mémoire pour servir à l'Histoire naturelle des possessions néerlandaises de l'Inde; par les Membres de la Commission d'Histoire natu- relle de l'Inde et quelques auteurs ; publié par ordre de S. M. le Roi des Pays- Bas; par M. C.-J. Temminck. Leiden, 1839-1844; 3 vol. in-P avec un grand nombre de planches coloriées. (Transmis, au nom du Gouvernement Néer- landais, par M. Alex. Vattemare. ) Die fortschritte... Les progrès de la Physique dans les années i85o-i85i; publication faite par la Société de Physique de Berlin; 6^ et 7'' années, i" partie. Berlin, i854; in-8°. Jahresbericht... Rapport annuel de la Société de Physique de Francfort- sur-le-Mein; année i852-i853; in-8". Berichte... Comptes rendus des travaux de l'Académie royale des Sciences de Leipzig, Classe des Sciences mathématiques et physiques; année i853; 2" et 3* livraisons. Leipzig, i853 et i854; in-8''. , Astronomische... Nouvelles astronomiques; n° 908. ( 8o ) Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n°' 76 à 78; 27, 29 juin et 1" juillet 1854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n° Sg; 3o juin i854. Gazette médicale de Paris; n° 26 ; i*' juillet 1 854- La France médicale et pharmaceutique ; n° 7; i" juillet i854. La Lumière. Revue de la Photographie; 4' année; n° 26; i" juillet i854- La Presse médicale; n° 26; i" juillet i854- L Athenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux-Arts; 3' année; n° 26; 1" juillet i854- L'Ingénieur, Journal scientifique et administratif; 3* année; 3i* livraison ; i"juillet 1854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. de Castelnau; n°» 76 a 78; 27, 29 juin et i" juillet i854- ERRATA. (Séance du 26 juin i854) Page I i4i> ligne 8, au lieu de Section d'Ânatomie et de Chirurgie , Usez de Médecine et de Chirurgie. — Ligne i^, au lieu de le nombre des candidats , lisez le nombre des votants. Page 1 149 , ligne 28, au lieu de M. B. Chazaloh , lisez M. R. Chazalon. ►»^«< COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 10 JUILLET 1854. PRÉSIDK^CE UE M REGNAULT. MEMOmES ET COMMUIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE [/ACADÉMIE. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — Carpogruphie anatomique ; par M. Thém. Lestiboudois. « Après avoir montré, dans un premier Mémoire sur la carpographie, "que les carpelles, ainsi que les sépales, les pétales et les étamines, sont for- més par les faisceaux fibro-vasculaires des tiges; qu'ils tirent ainsi leur origine des mêmes sources que les feuilles ; qu'ils se distribuent symétri- quement comme ces organes ; que conséquemment ils sont leurs analogues et doivent montrer la même conformation normale; M. Lestiboudois recherche si, en effet, au milieu de l'immense diversité des fruits, on peut toujours reconnaître dans les carpelles la forme simple des expansions foliacées, discerner comment le type primordial s'est altéré, en apprécier avec justesse les caractères, et les faire servir de base à une classification naturelle des fruits. M Dans l'ordre le plus régulier, les feuilles carpellaires isolées les unes des autres se plient le long de leur nervure médiane, unissent leurs bords sémi- nifères, de manière à former autant de cavités distinctes dans lesquelles sont enfermées les graines attachées aux deux bords de la suture interne. Le prolongement de la feuille forme le style, le prolongement des bords tro- C. R. i854, a""» Senwslie (T. XXXIX, N» 2.) II ( 8a ) phospermiqiies forme le stigmate; cette structure laisse apercevoir tous les caractères de la feuille ; elle se voit dans les fruits formés de carpelles non soudés qu'on peut nommer dialjcarpellés. » Quelquefois la cavité des carpelles isolés se partage longitudinalement par des processus de la membrane interne, qui, partant de la nervure mé- diane,^ sont d'abord incomplets et s'étendent ensuite jusqu'à la suture sémi- nifère; ex. : Astragalus ; quelquefois elle se partage par des processus qui naissent d'un côté et s'unissent aux processus qui viennent de l'autre côté, pour former des cloisons transversales séparant les graines les unes des autres; ex.: Tetragonolobus . Dans le Cassia Jistula, les cloisons sont ligneuses et présentent encore la trace des soudures sur leurs surfaces. Ces dispositions, bien qu'exceptionnelles, doivent être notées, car elles feront comprendre la structure de certains fruits compliqués. » Les carpelles, au lieu de rester isolés, peuvent se souder pour constituer un fruit que l'on peut nommer gamocar^e/Ze. Ce sont ces soudures qui déter- minent surtout les altérations de la forme primitive des carpelles ; elles peuvent se remarquer dans les fruits poljspires^ c'est-à-dire dont les carpelles forment plusieurs tours de spirale, et dans les fruits monospires , ou ceux dont les carpelles sont placés, pour ainsi dire, circulairement. » Dans les premiers, la soudure des feuilles carpellaires est habituelle- ment si peu avancée, qu'elle modifie à peine la conformation générale des carpelles, et que leur assemblage n'est pas regardécomme constituantun fruit unique. Les fruits des Magnolia, des Rubus, etc., montrent ces soudures incomplètes. Il est cependant des fruits à plusieurs cycles dont les carpelles sont complètement soudés, et la structure des fruits qui présentent cette dis- position a été fort mal appréciée : la balauste, ou le fruit du Grenadier, est dans ce cas ; le caractère qu'on lui donne est tout à fait insaisissable, mais il devient parfaitement net, dès qu'on admet la donnée qui vient d'être indi- quée : ce fruit a dix ou onze loges véritablement spiralées; trois ou quatre sont inférieures, six à sept supérieures, inégalement élevées, descendant plus bas que les sommets des loges inférieures, et plus extérieures qu'elles parce qu'elles adhèrent au calice. Les loges polyspermes présentent une sin- gularité très-remarquable : primitivement, leurs trophospermes adhèrent tout à la fois au centre et à la périphérie, de sorte qu'ils divisent les loges en deux; mais quand l'ovaire se développe, l'adhérence de la périphérie se détruit dans les loges inférieures, de sorte qu'elles ont les trophospermes centraux; l'adhérence centrale des trophospermes se détruit dans les loges inférieures, de sorte qu'elles ont les trophospermes pariétaux. Les arrange- • ( 83 ) ments, qu'on voit bien flans les ovaires, se retrouvent tlaus le frxiit mûr; seulement, les trophospermes qui étaient très-épais se sont amincis par la pression des graines nombreuses ; les trophospermes centraux des loges infé- rieures se sont fort allongés à leur partie inférieure et sont devenus presque horizontaux à cause de l'extrême ampleur du fruit. » Les fruits monospires présentent des soudures plus variées et non moins compliquées; ils se montrent sous trois formes distinctes : » Tantôt ils n'ont qu'une seule loge, et leurs trophospermes sont parié- taux ; ils n'ont point d'axe péricarpique, on peut les dire anaxiles. » Tantôt ils ont plusieurs loges, et leurs trophospermes, adhérents au bord interne des cloisons, s'unissent pour constituer l'axe du fruit; ils sont xjrnaxiles. » Enfin, ils sont à une seule loge, et leurs trophospermes, séparés des valves, forment un axe isolé dans la cavité péricarpique; ces fruits sont chorisaxiles. » Tous, comme les précédents, proviennent de feuilles carpellaires, a trophospermes marginaux . .) Pour former les fruits anaxiles, les feuilles carpellaires ne rapprochent pas leurs bords séminifères de manière à constituer une cavité close; ces bords se tiennent écartés et s'unissent seulement aux bords correspondants des carpelles voisins, formant ainsi des trophospermes attachés aux parois de la cavité commune, qui résulte de l'union des carpelles. » Dans ces fruits, les styles conservent habituellement leur position nor- male , c'est-à-dire qu'ils correspondent au milieu des feuilles carpellaires, et que conséquemment ils alternent avec les trophospermes pariétaux. Cependant les styles peuvent se partager : alors chaque valve porte un style vers chacun de ses bords; ex. : Drosera. Les styles peuvent se prolonger moins que les stigmates ; ceux-ci, formés par les bords trophospermiques, peuvent rester éloignés de la ligne médiane et se souder complètement avec les lignes stigmatiques correspondantes des carpelles voisins, alors les stigmates correspondent aux trophospermes; ex. : les Crucifères, les Papa- véracées. » Les fruits anaxiles se lient aux synaxiles par des transitions nom- breuses : les Papaver, les Parnassia, etc., ont leurs trophospermes si saillants, qu'ils s'approchent du centre; Y Jndiosœmum, le Chironia inflé- chissent leurs bords valvaires au point que les trophospermes se touchent; les Crucifères ont leurs trophospermes pariétaux unis par une cloison cellu- laire, comme s'ils avaient un trophosperme axile excessivement élargi ; dans I r, ( 84 ) • le Réséda, les trophospermes pariétaux n'occupent que la partie inférieure du fruit, au-dessus d'eux les feuilles carpellaires rapprochent leurs bords comme font les carpelles qui constituent un trophosperme central. » Dans les fruits synaxiles, les bords trophospermiques unis aux bords correspondants des carpelles voisins, s'avancent au centre du fruit, forment ainsi les cloisons qui séparent la loge, et qui sont conséquemment bilamel- laires ; ils se rencontrent tous au centre et constituent ainsi un trophosperme central. Les deux bords d'un même carpelle rapprochés forment deux lignes séminifères placées à l'angle interne des loges; ces carpelles sont absolument constitués comme ceux des fruits dialycarpellés, seulement ils se sont soudés par leurs faces correspondantes. » Dans ces fruits, les styles continuent de correspondre au milieu des valves, mais les deux trophospermes s'étant rapprochés au centre, vis-à-vis la ligne médiane des carpelles, ils ne sont plus alternes avec les styles. » La conformation du péricarpe est extrêmement variée dans les fruits synaxiles; mais les caractères fort disparates qu'il présente dépendent presque toujours du degré de soudure des carpelles qui le composent, et du mode de séparation qu'ils affectent à la maturité. Leurs carpelles peuvent être séparés au sommet, à la base, dans leur partie moyenne, dans toute leur surface valvaire; ils peuvent, au contraire, être greffés sur toutes les surfaces correspondantes, et présenter même des sou- dures internes. » Ces fruits sont choriscéphaliques , quand les carpelles sont soudés à la base, séparés au sommet, comme dans les Saxijraga , les JSigella, etc. ; M Chorishasiques , quand les sommets sont unis en un seul style, les bases restant séparées, comme dans les j4sclepias, etc. ; » Chorismériques , quand les bases sont soudées, et les sommets réunis en un seul style, formé de filets émanant de chaque carpelle, mais que la partie moyenne des carpelles demeure distincte, conmie dans le Diciamnus ,\e Ruta, etc. • r?i » Chorisphraginatiques , quand les carpelles réunis au centre, dans toute l'étendue de leurs bords, ne sont pas soudés par leurs faces latérales, de sorte que les lames qui devaient constituer les cloisons sont profondé- ment distinctes, comme dans le Colchicum, les Pelargonium, etc. ; » Choristhécaux, quand les carpelles sont tellement écartés, qu'ils fonnent des loges entièrement séparées qui n'ont plus déconnexion que parce qu'elles reçoivent des cordons d'un style commun implanté sur le réceptacle; exemple : la plupart des Eorraginées, les Labiées, etc. ; ces fruits semblent (85 ) présenter la séparation des carpelles la plus grande qui soit possible dans les fruits synaxiles: l'axe semble complètement disparu; mais il n'est que dé- primé et étalé; dans certains genres, comme le Cfnoglossuin, il se relève, il entraîne les loges, qui envoient même des prolongements filiformes jusqu'à son sommet, de sorte que les fruits qui semblent sans axe ont la plus parfaite analogie avec ceux dont l'axe forme une columelle très-dis- tincte et très-développée, telle qu'on la voit dans les Pelai goniuin ; » Sjnthécaux^ quand les carpelles sont sondés dans toute leur hauteur, et dans toute la largeur de leurs faces correspondantes, de manière à consti- tuer un fruit pluriloculaire indivis. C'est là en quelque sorte le type des fruits synaxiles. Ceux qui précèdent ont des soudures moins complètes, ceux qui suivent ont des soudures plus avancées. » Partant de la nervure médiane des valves, la membrane interne peut aller se souder au trophosperme central, de manière que les loges sont subdivisées, comme le carpelle de V Axtragalus ; ces fruits sont sjnnerviques; ex. : les Linum. M Au contraire, les trophospermes peuvent se prolonger et se souder avec la périphérie sur la ligne médiane des valves; ces fruits sont s/niropfiosper- micjues; ex. : le Stramoniuin, etc. » Enfin les valves peuvent s'infléchir et se toucher au centre, puis revenir, en divisant les loges, vers la périphérie, s'y souder avec les valves en recour- bant leurs bords trophospermiques dans une division des loges; de sorte que ces fruits, bien que synaxiles, ont des trophospermes pariétaux : mais ces trophospermes, au lieu d'être formés par les bords correspondants de deux carpelles voisins, sont formés par les deux bords rapprochés d'un même car- pelle; au lieu d'être alternes avec les styles, ils sont placés vis-à-vis de ceux-ci. Ces fruits, dans lesquels les bords on lèvres des carpelles viennent se souder avec le milieu des valves, sont sjnloinatiqucs. On les observe dans les Cucur- bitacées. La structure de ces fi-uits singuliers, nommés péponides, a été mé- connue : les botanistes n'ont vu en eux que des péricarpes qui ont trois-cinq, trophospermes pariétaux, et qui, de plus, ont trois-cinq cloisons. » En formulant ainsi leurs caractères, on énonce deux faits en contradic- tion, car les trophospermes ne sont pariétaux r^ue lorsque les bords val- vaires ne s'infléchissent pas dans le fruit, et lorsqu'en conséquence il n'y a pas de véritables cloisons. On considère comme cloison directe des pro- cessus formés par le retour des valves au milieu des loges. On n'explique pas la présence des processus vasculaires qui existent toujours entre ces cloisons, remplissent le fruit et s'unissent à des faisceaux vasculaires cen- traux. On admet des arrangements contraires aux lois de la symétrie des (86) trophospermes attachés au bord externe des cloisons, an lieu d'être atta- chés à leur bord interne, et opposés aux styles, au lieu d'alterner avec eux. Enfin, on ne peut rendre compté de la disposition des parties au moment où elles se forment. » A l'origine, l'ovaire des Cucurbitacées présente trois-cinq cordons saillants, adhérents par leur ligne médiane à la paroi du péricarpe qui est soudée avec le tube du calice; ces cordons produisent les styles et les stig- mates par leur prolongement supérieur, et se rencontrent au centre quand ils ont pris un certain accroissement. Quand ils se forment, ces cordons peuvent être pris pour des trophospermes pariétaux ; mais dans les cas ordi- naires, les trophospermes pariétaux produisent les ovules le long de leurs bords, à leur surface; dans les Cucurbitacées, les cordons, pleins à leur partie centrale, produisent les ovules dans leur intérieur, à l'union de leur bord extérieur avec le péricarpe. » Il n'y a qu'une manière d'expliquer cette singulière disposition : c'est d'admettre l'inflexion des valves jusqu'au centre et leur retour jusqu'à la ligne médiane des valves, sur les côtés de laquelle elles se soudent. » L'existence de ce double repli des feuilles carpellaires des Cucurbita- cées est démontrée par tous les faits : toujours, dans les péponides, du bord des valves, c'est-à-dire des points qui répondent à l'intervalle des styles, est un réseau vasculaire qui s'étend d'un faisceau vascidaire périphérique jus- qu'à un faisceau vasculaire central, et qui constitue la cloison centripète ou intercarpellaire : on la voit dans les Cucuinis, les Pepo, les Cucurbita , les Brjonia; on la voit même dans VEchalium, dont le tissu intérieur est si ténu et si gonflé de liquide, qu'il se résout en eau. L'existence des lames formant les cloisons centrifuges ou intrà-carpellaires, se repliant à la péri- phérie pour se souder avec le péricarpe et renfermer les graines dans la sub- division de la cavité, n'est pas. moins constante. La structure du fruit des Cucurbitacées est donc évidente à l'origine ; si elle devient méconnaissable à la maturité, c'est à cause de la destruction des cloisons des deux ordres qui laissent ainsi la graine attachée au péricarpe : mais, dans certaines Pépo- nides, le tissu cellulaire se détruit seul, le tissu vasculaire qui forme la char- pente des cloisons persiste et divise l'intérieur du péricarpe par un nombre de cloisons double de celui qu'on avait admis. Cette disposition, qui prouve de là manière la plus indubitable l'existence des cloisons ren- trantes, et de leurs replis rayonnant du centre, se trouve dans le Benincasa cerijera. n Ainsi dans les fruits synaxiles dont la structure est la plus compliquée, on retrouve toujours la conformation simple des feuilles carpellaires qui (87) sont seulement plus ou moins repliées, plus ou moins soudées ; il reste à voir si les caractères originaux se retrouvent également dans les fruits choris- axiles. Ils tiennent le milieu entre les fruits anaxiles et synaxiles : ils ont un axe trophospermique intérieur comme les derniers; mais, comme les pre- miers, ils sont privés de cloisons formées par les bords rentrants des valves; les feuilles carpellaires qui composent ces fruits montrent toutes les nuances qui les unissent aux précédents, » Dans la plupart, leur trophosperme reste isolé dans la cavité péricar- pique, parce que, par les progrès de l'accroissement, les bords des valves se sont séparés de l'axe ; ainsi, nombre de Caryophyllées ont d'abord des cloisons très-minces qui disparaissent et laissent le trophosperme libre au centre du péricarpe. Le Montia^ le Telephium gardent des rudiments de cloisons, même à la maturité : ces fruits ont une parfaite analogie avec les fruits synaxiles. » D'autres fruits chorisaxiles ont une affinité parfaite avec les fruits anaxiles : dans les Portulacées, le trophosperme central se partage en autant de filets qu'il y a des valves; dans le Tamarix gerinanica, les filets s'écartent du centre et se soudent, par leur partie supérieure, aux parois péricar- piques ; dans le Tamarix gallica, les filets sont entièrement soudés aux parois, de sorte que les fruits sont véritablement anaxiles; dans l'Jndro- sœmum, les trophospermes pariétaux finissent par se séparer du bord des valves dans leur partie moyenne, et ne tiennent que par leur bord. » Dans les ^sclepias, ils deviennent libres à la maturité. » Dans ces fruits, l'axe isolé adhère tout à la fois à .la base et au sommet du péricarpe. L'opinion de M. Auguste Saint-Hilaire était qu'originairement ces adhérences existaient toujours ; mais les travaux modernes ont montré que certains trophospermes n'ont pas de connexion avec la partie supé- rieure des fruits, et ont conduit à penser que les trophospermes basilaires n'étaient pas une dépendance des feuilles carpellaires, mais qu'ils étaient formés par la prolongation de l'axe pédonculaire, ou une nouvelle expan- sion de feuilles carpellaires, supérieures à celles qui forment la cavité péricarpique. » Mais le pédoncule n'a pas d'axe vasculaire : ses vaisseaux sont disposés circulairement autour du centre médullaire; il n'y a donc pas un axe dans le fruit, à proprement parler. La formation, d'une nouvelle spire carpellaire est possible, elle se rencontre dans les fruits prolifères ; mais c'est une mons- truosité dans laquelle les feuilles carpellaires normales conservent leurs bords trophospermiques, tandis que dans la théorie proposée, on arriverait à ( 88 ) des anomalies singulières : les feuilles carpellaires primitives n'auraient point d'ovules, et les feuilles carpellaires secondaires produiraient des ovules qui seraient renfermés dansime cavité formée par les carpelles d'une autre spire. Tout cela est contraire aux règles constatées des arrangements des organes. » On peut expliquer la formation des placentas libres d'une manière plus conforme aux lois de la symétrie ordinaires : ou bien ils sont des tro- phospermes pariétaux, ne s'étendant pas au delà de la base des feuilles car- pellaires, s'unissant, et faisant saillie au centre du péricarpe : c'est l'idée qu'on doit concevoir des trophospermes dont les ovules sont fécondés par des cordons confondus avec les valves; ou bien, et c'est le cas des tropho- spermes qui, par leur sommet, se mettent directement en communication avec l'organe stigmatique, on doit admettre que les feuilles carpellaires sont divi- sées jusqu'à la base, de manière que la partie moyenne des feuilles constitue les valves, les parties marginales, les trophospermes qui s'unissent au centre. Cette partition est normale et habituelle, et les trophospermes qu'elle pro- duit se nuancent avec ceux qui sont soudés au sommet du fruit : dans les Primulacées, le placenta libre qui porte un grand nombre de graines et introduit son sommet filiforme dans la base du style, réduit successivement le nombre des graines de manière à ressembler aux placentas filiformes et monospermes. Dans le Plumbago, le trophosperme n'est plus qu'un long filet, naissant du fond de la loge, parvenant jusqu'au sommet, portant une seule graine qui se recourbe et dirige son extrémité radiculaire vers la base du style, dans laquelle elle pénètre, et avec laquelle elle est peut-être sou- dée; le Statice, qui a la même structure, a la base de sa graine évidemment soudée avec la base du style ; dans le Scleranthus, le cordon qui s'élève du fond de la loge s'insère au milieu de la graine dont l'extrémité supé- rieure est attachée au sommet du fruit. Ainsi, l'on passe par des gradations insensibles des fruits à placentas libres à ceux qui ont des trophospermes soudés au sommet du péricarpe, et nous avons vu que ceux-ci sont liés par de nombreuses transitions avec les fruits synaxiles et chorisaxiles. » Les fruits qui ont les trophospermes apicellaires libres ont évidem- ment les mêmes analogies que les précédents. » Tous ces fruits, si variés dans leur conformation, conservent donc leur caractère primordial ; ils ne sont, en réalité, que des modifications d'un même type. Les modes de partition et de déhiscence n'altèrent pas davantage la structure essentielle des carpelles, c'est ce que nous nous proposons de démontrer. Alors il nous sera possible de poser les véritables principes de la classification carpologique . » (89) ZOOLOGIE. — Note sur le Dobb, nouvelle espèce de Pouette-qiieue (Uro- mastix, Merrem.) du désert de Sahara; par M. Valenciennes. (Extrait d'une Lettre à M. le Maréchal Piaillant, Ministre de la Guerre.) « Le Saurien du grand désert de Sahara, que vous avez reçu de M. le général Daumas, est une espèce nouvelle du genre Uromastix. La prépa- ration que les Arabes ont fait subir à l'animal, pour lui faire prendre la forme d'un petit sac, ne l'a pas assez altéré pour qu'on ne puisse pas re- connaître les caractères spécifiques de ce Fouette-queue (i). M Les écailles épineuses et disposées par bandes transversales au nombre de dix-huit verticilles, ressemblent beaucoup à celles de l' Uromastix acan- thinurus de Bell. Il faut remarquer cependant plusieurs différen.ces notables dans les écailles de la tête et dans les épines des cuisses. Il existe quatre plaques carrées, plus larges que les écailles voisines, placées en ligne droite et longitudinale tracée de l'œil à l'angle supérieur du tympan. Les écailles de la région temporale sont aussi plus grandes que celles des autres espèces de Fouette-queue. Celles de la cuisse sont hérissées d'épines plus fortes; celles de la nuque, du poignet et du tarse sont très-petites; les papilles des pores fémoraux sont peu élevées. » Ce Fouette-queue a le corps gris-verdâtre ; le dos est parsemé de taches pâles et rousses, le ventre est blanchâtre et nuageux. » Je propose de désigner cette nouvelle espèce par le nom de Fouette- queue temporal, afin de rappeler le caractère spécifique tiré des plaques de la tempe ; elle serait caractérisée par la diagnose suivante : » Uromastix temporalis corpore ex viridescente griseo; dorso maculis parvulis, subrufis, cons perso; squamis quadratis ad tempora quatuor. » M- le général Daumas a recueilli sur ce petit Saurien, long de 0^,2%, des renseignements curieux, et que M. le Maréchal a bien voulu me transmettre. » Les Arabes donnent à cet animal le nom de Dobb. Il a été trouvé entre Aquebly et Djebbel-Hoggar, par un homme de l'oasis du Tenat, qui faisait partie d'une caravane revenant du royaume nègre de Houassa. Les Arabes des caravanes, tanfrpour ménager leurs provisions, que par friandise, chas- sent le Dobb, le tuent et le mangent. Ils prétendent que cet animal meurt s'il est mouillé par une seule goutte d'eau. M. le général Damnas remarque, avec raison, qu'il y a sans doute une grande exagération dans cette asser- (1) Les Arabes qui avaient préparé le Dobb , avaient peint de couleurs artificielles la tète et les extrémités de l'animal ; il ne faut donc pas tenir compte du caractère donné par ces couleurs, mais ceux tirés de la forme des écailles sont spécifiques et zoologiques. C. R.,i854,2">« S«mei(ie. (T. XXXIX, NO 2.) 12 ( 9° ) ■ tion, qui paraît prouver cependant que le Dohb ne peut vivre que dans les contrées sèches et sablonneuses. » Son Excellence M. le Maréchal Ministre de la Guerre a bien voulu me remettre la peau de ce Reptile pour faire placer ce Saurien dans les collec- tions erpétologistes du Muséum d'Histoire naturelle. » SCIENCES APPLIQUÉES AUX ARTS INDUSTRIELS. — Tableau général de V Industrie des nations, parla Commission française envoyée à V Ex- position universelle en 1 85 1 , tomes IV, V et VI, présentés par M. le baron Chables Dupi.\ , président de la Commission. a Une Commission française fut instituée, en i85i, pour faire partie du grand jury international qui devait prononcer sur les produits présentés à l'Exposition universelle à Londres. » Les Membres de cette Commission, revenus en France, ont ensuite en- trepris, pour les quarante ans de paix générale, l'histoire du progrès des arts correspondants aux trente jurys spéciaux dont chacun d'eux faisait partie. » Les trois volumes maintenant imprimés renferment ce travail accompli pour quinze jurys. C'est, par conséquent, la moitié de notre entreprise. » Au lieu de suivre l'ordre, sans importance, des six groupes dont les jurys étaient composés à Londres, nous avons préféré publier d'abord les groupes embrassant les arts qui font le plus vaste commerce ; ceux qui donnent du travail au plus grand nombre de manufactures et d'ouvriers. » Un premier volume est relatif à toutes les industries qui concernent la filature et le tissage du coton, de la laine et du poil de chèvre, de la soie, du chanvre et du lin. » Un second volume est relatif aux arts qui mettent en œuvre les peaux et les cuirs, leurs préparations et leurs usages dans les diverses industries ; la fabrication du papier; l'imprimerie et les professions accessoires; l'im- pression sur étoffes et la teinture des fils et des tissus ; les tissus délicats ornés, tels que les dentelles et les broderies ; les tapisseries ; enfin les tissus modifiés par les arts vestiaires, et connus sous le nom é'ejfets à usagé. » Un autre groupe, un autre volume, comprennent la mise en œuvre des métaux communs et des métaux précieux. » Quatre Membres de l'Insfitut ont inséré leurs travaux dans les trois volumes, objets de cette Notice. » Je citerai simplement le titre d'une exposition statistique dont je suis l'auteur, sur les progrès comparés des industries du coton, de la laine et de la soie. ■ (9') ■ . » Je m'étendrai davantage, mais sans m'en faire le juge, sur l'œuvre de trois savants confrères. L'Institut entendra sans doute avec plaisir quel- ques explications sur les matières traitées par ces éminents collaborateurs. » M. Peligot donne l'historique des arts qui fabriquent les verres et les cristaux. » Les verres à vitre, par l'universalité de leurs usages, sont l'objet de la fabrication la plus étendue. L'auteur cite particulièrement une im- mense manufacture anglaise, dont les ateliers sont dirigés par un Français, M. Bontemps. Cette fabrique a pu confectionner, avec une rapidité mer- veilleuse, les vitres communes employées à ce qu'on a nommé poétique- ment le Palais de cristal : dans l'espace de quelques mois elle'en a livré ce qu'il fallait pour couvrir plus d'un million de mètres carrés, à raison de i'''66'' le kilogramme de vitres. C'était, comme on voit, un cristal suffi- samment économique pour un palais des mille et une nuits. » M. Peligot fait connaître des faits pleins d'intérêt sur le progrès de la fabrication des vitres et des glaces. » Les Anglais, suivant leurs principes commerciaux, ont dirigé tous leurs efforts vers la production à bon marché; mais, il faut le dire, en général aux dépens de la qualité. » Un des plus beaux et des plus difficiles problèmes à résoudre dans la pratique est celui d'obtenir la superficie parfiiitement plane et le parallélisme rigoureux des deux côtés d'une glace de grande étendue, afin que les images qu'elle réfléchit reproduisent les objets avec une fidélité parfaite. A Londres, tous les bons juges l'ont reconnu, les seules glaces françaises de dimen- sions considérables ont présenté cette perfection, jointe à la pureté de la matière ainsi qu'à la translucidité. » Nos concitoyens réussissent dans un genre différent et bien vulgaire en apparence; ils excellent dans la fabrication des bouteilles. Celles que nous fabriquons pour contenir le vin mousseux de Champagne, sont soumises à des épreuves qui représentent des pressions de aS à 3o atmosphères. » M. Peligot colistate, avec regret, que nos fabricants dédaignent de satisfaire les demandes et les justes exigences des savants, pour les objets de verre ou de cristal que réclament les appareils de chimie et de physique. Puisse un tel reproche les exciter à ne plus le mériter ! » Notre savant confrère offre un historique important sur les cristaux avec ou sans plomb, soit blancs, soit colorés, qu'on emploie pour les services de table, les vases, les candélabres, les lustres, etc. :) L'Allemagne, et surtout la Bohême, sont célèbres pour ce genre de 12.. : ( 92 ) produits ; les expositions de l'Autriche constatent une supériorité, du moins commerciale, qu'il est juste de reconnaître. » La France excelle surtout pour le bon goût de la taille et de la mise en œuvre du cristal dans les combinaisons artistiques. » M. Peligot fait 'connaître avec un soin particulier les progrès de la fabrication des verres propres à l'optique. Les Suisses ont ici la supé- riorité d'invention, depuis un demi-siècle. » En i85i, MM. Maës et Clemandot ont présenté d'admirables pro- duits de leur fabrique de Clichy, près Paris. Ce sont des verres à base de potasse et de zinc, où l'on a fait intervenir comme fondant l'acide boracique : pour la blancheur, ils rivalisent avec les plus beaux cristaux dont le plomb est la base, et sont d.'une grande dureté. Les verres d'optique faits avec ce nouveau cristal, examinés par un habile opticien de Londres, ont été jugés dignes d'une récompense de premier ordre. Il faut espérer que le Gouvernement voudra faire servir au progrès de la science une aussi belle découverte, en commandant quelques instru- ments perfectionnés et qui manquent à l'Observatoire de Paris. » Tel est le sommaire extrêmement imparfait des matières embrassées par M. Peligot. » Un autre Membre de l'Institut, M. le duc de Luynes, a traité seul les trente-cinq industries qui concourent au travail des métaux précieux. Il a lui-même montré son aptitude à ce sujet par ses recherches expé- rimentales sur le damasquinage et l'acier; il dessine comme un artiste, et l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres le compte parmi ses érudits. » La mécanique, la physique et la chimie ont une part remarquable dans les progrès du travail des métaux précieux; M. le duc de Luynes a soin de la faire connaître. » Pour montrer comment les progrès s'enchaînent entre la science et les arts, il suffit de citer la photographie, employant des plaques de cuivre argenté, d'abord au dixième de leur poids, puis au vingtième, puis au trentième, puis au quarantième; malgré ces' économies succes- sives, l'électro-chimie a triomphé de l'ancien plaqué, pour donner de nou- veaux produits que les photographes trouvent à la fois plus économiques, plus constants et de l'usage le plus avantageux. » M. de Luynes ne considère pas seulement l'emploi des métaux précieux à l'état pur ; il explique les découvertes successives des alliages imitant ces métaux et leurs principaux emplois. Les émaux ajoutent leurs ornements à ces créations diverses, ainsi que l'imitation des pierres précieuses, où les Français ont obtenu de si grands succès. (93) » Ce serait au sein de l'Académie des Beaux- Arts qu'il faudrait être pour présenter la partie la plus méritante du travail sur les métaux précieux, celle du génie artistique. C'est la partie qui donne à la France une supériorité constatée par les récompenses de premier ordre que les étrangers ont décernées en i85i. » J'ai réservé pour la tin les travaux de M. Chevreul sur les tapisseries fabriquées par nos manufactures nationales, où depuis trente ans notre confrère, digne émule de Berthollet, professe l'application de la chimie à la teinture. » Il expose en premier lieu, chose difficile et peu connue, la nature des tissus et du travail propres à nos trois manufactures des Gobelins, de Beau- vais et de la Savonnerie; puis il offre le rapide historique des travaux fran- çais dans le genre des tapisseries artistiques, depuis François l" jusqu'à ce jour. » M. Chevreul exhume les documents les plus intéressants sur la créa- tion de Colbert aux Gobelins, école à la fois d'art et d'industrie, non-seu- lement pour la tapisserie, mais pour les travaux de sculpture, d'orfèvrerie, d'ébénisterie. C'est là qu'on a réuni, comme l'exprime l'édit de création, toutes sortes d'arts et métiers, afin de les perfectionner. Ce Conservatoire anticipé trouvait, dès le premier pas, la gloire en cherchant l'utilité. » Vingt-cinq jours après le lo août 1 793, Rolland, un pédant industriel, supprime les trois fabriques créées sous Henri IV et Louis XIV : deux ans après, le Comité de salut public, mieux inspiré, les rétablit parce qu'elles font partie des supériorités de la France. B M. Chevreul analyse et rapporte les services scientifiques rendus aux Gobelins par son prédécesseur, M. Roard, et passe ensuite aux travaux qui lui sont propres. Ceux qui concernent la laine, et qu'il poursuit depuis trente ans, importent surtout aux tapisseries. Vient ensuite sa théorie des couleurs; puis ses recherches sur les causes de leur stabilité, sur la classifi- cation de leurs tons, de leurs nuances, et sur le principe de leur mélange. » M. Chevreul explique la composition de son cercle chromatique, au moyen duquel les tons, les gradations appréciables de chaque genre de couleurs sont rangés dans un ordre qui soumet à l'appréciation des nom- bres leur intensité relative. » Cette théorie des couleurs, si neuve et si fructueuse, est le titre que les Anglais ont fait valoir à l'égal de tous les mérites artistiques, pour dé- cerner aux Gobelins la seule récompense de premier ordre qu'on ait accordée à des manufactures de tapisseries. » Dans une dernière section, M. Chevreul rend compte des produits de (94) nos manufactures envoyés à Londres pour y montrer l'avancement de cette partie de nos arts. » Cette Notice, bien imparfaite, donnera pourtant quelque idée du génie d'intérêt qu'a pour les sciences et les arts le travail collectif dont j'offre aujourd'hui les trois premiers volumes à l'Académie. M lies autres volumes comprendront les travaux de nos confrères dont les noms suivent : » De M. Dufrénoy, sur les arts métallurgiques; » De M. Dumas, sur les arts chimiques; » De M. Payen, sur les matières animales et végétales dont les arts font usage ; » De M. le général Morin, sur les machines d'emploi direct, à. vapeur, hydrauliques, etc. ; » De M. le général Poncelet, sur les mécaniques, et les machines- outils propres aux manufactures; » De M. Combes, sur les travaux du génie civil et de l'architecture; » De M. Charles Dupin, sur les arts maritimes et militaires; » De M. Mathieu, sur les instruments d'optique, d'astronomie et de précision ; » De M. le baron Seguier, sur l'horlogerie ; » De M. Roux, sur les arts chirurgicaux. Je m'applaudirai toujours de mes incessantes importunités, qui m'ont fait obtenir son beau travail, quelque temps avant sa mort imprévue et déplorable ; )) De M. Balard, sur les arts qui mettent en oeuvre les produits animaux et végétaux autrement que par la filature et le tissage ; » Enfin, de M. le comte Léon de Laborde, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles -Lettres, chargé de l'étude des produits industriels, au point de vue du goût et du génie des beaux-arts. » La seule indication du nom de nos célèbres confrères, et du travail qu'ils ont entrepris, suffit pour recommander la partie de notre oeuvre que j'aurai sous peu de mois l'honneur d'offrir à l'Académie. » IXOMEVATIOIVS. L'Académie procède , par la voie du scrutin , à la nomination de la Commission chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix de Mécanique. MM. Poncelet, Combes, Morin, Dupin, Piobert, obtiennent la majorité des suffrages. (95) L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi- nation de la Commission qui aura à décerner le prix d'Astronomie (médaille de Lalande). MM. Liouville, Mathieu, T.augier, Biot, Le Verrier, obtiennent la majo- rité des suffrages. MÉMOIRES LUS. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. — Mémoire sur le phénomène de la divulsioji chez les végétaux (i); par M. Germain de Saint-Pierre. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Brongniart, Moquin-Tandon, Tulasne.) « Je me propose de démontrer que la fasciation des tiges et le dédouble- ment des feuilles considérés jusqu'à ce jour comme deux phénomènes essentiellement distincts, constituent deux phases ou deux modes d'un même phénomène que je désignerai sous le nom de divulsion; j'exposerai les formules ou lois organologiques qui résultent de mes observations sur cet important phénomène. " Les auteurs dont les travaux ont précédé les miens ont circonscrit le phénomène de la fasciation dans les modifications d'expansion de la tige et des rameaux, y compris les axes principaux des inflorescences; je crois être parvenu à établir : i° que l'axe de la fleur est fréquemment (comme les autres axes) le siège du phénomène de la fasciation ; i° que les organes appendiculaires de la fleur augmentent en nombre en raison directe de l'intensité du phénomène de la fasciation ; 3° que cette multiplication des organes appendiculaires de la fleur s'opère, ainsi que la multiplication des feuilles caulinaires, en vertu d'un dédoublement congénial analogue à celui qui détermine un axe à se diviser ou à s'épanouir en plusieurs ra- meaux. » Je suis arrivé à cette démonstration en établissant par une longue série d'observations que les phénomènes qui avaient été considérés chez les feuilles comme des accidents de soudure, sont en réalité des phénomènes de dédoublement. C'est ainsi que j'ai rencontré chez des plantes à feuilles (i) Ce Mémoire, accompagné de dix planches dessinées et gravées à l'eau-forte par l'au- teur, est extrait d'un Traité de Tératologie végétale encore inédit, dont l'auteur se propose de soumettre diverses parties au jugement de l'Académie avant de le livrer à l'impression. (96) opposées (Lonicera), entre deux paires de feuilles normales superposées, la paire de feuilles intermédiaire constituée par une feuille normale et une feuille à demi dédoublée : cette feuille dédoublée ne saurait être constituée par deux feuilles, puisqu'elle occupe la place d'une seule feuille et que les autres feuilles sont en nombre normal. Or on rencontre sur un même rameau toutes les transitions entre une feuille dédoublée dans une partie de son étendue seulement, et une feuille dédoublée en deux feuilles entiè- rement distinctes jusqu'à la base. Il résulte de ce phénomène que chez les plantes à feuilles opposées, l'une des feuilles, en se dédoublant, donne lieu à la disposition verticillée par trois, et que le dédoublement des deux feuilles donne lieu à la disposition verticillée par quatre. Les deux feuilles résultant d'un dédoublement peuvent elles-mêmes être dédoublées; le nombre des pièces peut donc se trouver indéfiniment multiplié (i). » Les feuilles provenant de dédoublements ont tous les attributs des feuilles normales; elles présentent un bourgeon axillaire, lequel se déve- loppe souvent en un rameau normal. Ces feuilles sont également espa- cées entre elles et situées symétriquement autour de la tige ; les verticilles successifs constitués par ces feuilles alternent entre eux. Si l'une des deux feuilles opposées reste normale, elle entre dans la nouvelle disposition phyllotaxique et se trouve, par conséquent, déplacée en vertu de l'action produite par le dédoublement de la feuille anormale. >> La multiplication des feuilles par dédoublement coïncide avec le phé- nomène de la fasciation (aplatissement avec hypertrophie) des tiges qui les portent. Cependant, si les feuilles constituent des verticilles réguliers et régulièrement superposés, les rameaux restent ordinairement cylindriques ; mais, dans le cas fréquent où les feuilles midtipliées avec excès sont dispo- (i) Tel est le procédé à l'aide duquel la nature fait passer si fréquemment le type oppo- sitifolié au type cyclifolié (ou verticillé). Les feuilles incomplètement dédoublées que l'on rencontre souvent dans les verticilles, parmi les feuilles d'apparence normale, ne peuvent laisser aucun doute à ce sujet : une observation de ce genre m'a démontré que chez les Ru- biacées des tribus à feuilles opposées et munies de stipules, les types, qui, chez le genre Souvardia par exemple, se présentent verticilles, doivent cette disposition phyllotaxique au dédoublement des feuilles opposées. Chez les Rubiacées indigènes de la tribu des Stellatœ, les feuilles verticillées doivent au contraire être attribuées à l'action d'un phénomène tout différent : la transformation des stipules en organes largement foliacés, de même forme que les feuilles, mais dépourvus de bourgeons axillaires. L'observation que j'ai faite du retour de ces feuilles à l'état de stipules dans les verticilles supérieurs d'un Galitim (G. linifolium) a confirmé l'exactitude de cette explication. (97) sées en spires irrégiilières, la tige qui les porte subit le phénomène de la fasciation. » Relativement au mode de dédoublement que présentent les feuilles, je signalerai les faits suivants : i° le dédoublement a toujours lieu parle par- tage de la nervure moyenne; les nervures latérales ne sont point modifiées; 2° la profondeur ou l'intensité du dédoublement de la nervure médiane n'est pas nécessairement en rapport avec la profondeur ou l'intensité de la bifi- dité du limbe; 3" si les feuilles étaient simplement fendues selon la nervure .médiane, il n'y aurait pas multiplication, il y aurait simplement division; mais les feuilles dédoublées sont complétées du côté dimidié en vertu d'un curieux phénomène, que je n'ai trouvé signalé nulle part, et qne je dési- gnerai sous le nom de phénomène ou loi de complémentation ; 4° dans les feuilles penninerviées, la complémentation s'eftéctue par la production, au côté dimidié, d'une moitié de feuille semblable à la moitié normale ; et lorsque la division de la nervure et du limbe existe jusqu'à la base, il résulte du mode de complémentation énoncé deux feuilles complètes d'apparence normale; 5" dans les feuilles palminerviées, le lobe médian seul se complète; les nervures latérales et le limbe de ce lobe médian se répètent seuls. à son côté interne: il résulte de ce mode de complémentation que si la division de la nervure et du limbe a lieu jusqu'à la base, la feuille a l'appa- rence de deux feuilles dimidiées augmentées seulement chacune d'iui demi- lobe complémentaire ; 6" de même que chez les fenilles simples palminer- viées le dédoublement et la complémentation n'intéressent que le lobe moyen de la feuille, de même, chez les plantes à feuilles composées, le dédoublement ne m'a paru intéresser que la foliole terminale; j'ai trouvé plusieurs fois le rachis dédoublé jusqu'à l'insertion de la paire de folioles normalement opposées. » Le dédoublement parallèle est aussi rare que le dédoublement latéral est fréquent; dans certains cas, ce dédoublement a lieu à la face supérieure; plus fréqiiemment, il s'opère à la face inférieure des feuilles. » Les tiges et les rameaux fasciés ont été longtemps considérés comme un résultat de la soudure de plusieurs tiges ou de plusieurs rameaux. Entre autres faits propres à faire rejeter cette idée erronée (déjà victorieuse- ment combattue par M. Moquin-Tandon) et propres à faire admettre chez les tiges fasciées un épanouissement ou un dédoublement, je citerai le cas d'une tige A' Asparagus que j'ai rencontrée dédoublée en deux tiges cylin- driques dans sa partie moyenne, et simple et cylindrique à sa partie infé- <;. K . 1^54, 2n>« Semcj(;7?.; T. XXXIV, No2.) l3 (98) rieure et à son sommet ; une même feuille squamiforme s'insérait en même temps sur les deux tiges au niveau où elles étaient presque distinctes. » Le phénomène de la torsion qui résulte de l'élongation inégale de deux faces ou de deux côtés opposés, est presque toujours une conséquence du phénomène de la fasciation , lequel consiste dans une hypertrophie qui frappe souvent très-inégalement les diverses parties d'un même axe. » Les dédoublements se produisent chez les feuilles Horaires de la même manière que chez les feuilles caulinaires. On voit fréquemment un sépale, un pétale, une étamine, un carpelle, dédoublés incomplètement ou complète- ment et constituant deux ou plusieurs sépales, pétales, étamines ou car» pelles. En même temps que le phénomène de la divulsion se manifeste par cette augmentation numérique, on voit chaque verticille tendre à constituer deux verticilles parallèles, puis constituer ces deux verticilles juxtaposés et complètement distincts. L'intensité de la divulsion augmentant ordinaire- ment de la base au sommet du rameau, on voit fréquemment chez une même fleur, calice et corolle circulaires, verticille staminal ayant la forme du chiffre 8, et verticille carpellaire constituant deux cercles juxtaposés. Lorsque chacun des verticilles de la fleur constitue deux verticilles, la fleur anormale qui en résulte a été considérée à tort comme on le voit, mais avec apparence de vérité, comme le résidtatde deux fleurs soudées (ce cas a été désigné dans ce dernier sens sous les noms de synanthieet syncarpie). » Enfin, j'ai rencontré même des ovules soumis au phénomène de la divulsion : un axe funiculaire bifurqué se terminait par deux ovules secon- daires constitués chacun par un nucelle entouré d'un tégument; un ou deux appendices membraneux étaient situés sur l'axe et pouvaient être regardés comme les téguments externes de ces ovules anormaux, » BOTANIQUE. — Mémoire sur la famille des Tropéolées, considérée dans son organographie, son anatomie, son organogénie, sa tératologie, ses pro- priétés médicales, sa géographie botanique et ses ajfinités ; par M. Ad. Chatin. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Organographie. — La symétrie de l'androcée et du gynécée, la forme et la couleur des pétales, le fruit, la nature de l'ovule et de l'embryon rap- prochent plus les Tropéolées des Malpighinées que des Géranioïdées. La symétrie générale de la fleur les éloigne surtout des Limnanthées. La formt^ trigone du pollen est spéciale et caractéristique. (99) » Anatcmie. — La portion ligneuse de la tige et des racines des Tropéo- lées se compose d'éléments ponctués, et affecte la disposition rayonnée anomale observée dans beaucoup de lianes. Les racines renferment, mêlés à de grands et nombreux vaisseaux ponctués, des vaisseaux rayés, des vais- seaux réticulés, des vaisseaux annelés, des vaisseaux mixtes annelés-spiralés à anneaux distants et à spire écartée, auxquels s'ajoute un petit nombre de larges vaisseaux aréoles^ et des vaisseaux formés d'un grand tube ponctué, dans lequel tourne en spirale (comme un escalier dans une tour) un large ruban ou tubp aplati. Je propose pour ces derniers vaisseaux, non signalés jusqu'à ce jour, le nom de vaisseaux ponctués spirales. )) Des granules amylacés, de forme arrondie ou elliptique, et d'un dia- mètre moyen de f^ de millimètre, sont déposés dans la plupart des cellules. » Organogénie (i). — he.^ feuilles produisent leurs lobes dans l'ordre ba- sipète, comme cela à lieu chez les Géraniacées, les Malvacées, les Ampéla- cées, les Hypocastanées, les Acéracées, et même chez les Balsaminées, qui sont cependant pinnatinerves; l'évolution des lobes des feuilles est, au con- traire, basifuge dans les Limnanthées. » Calice. Les cinq sépales naissent successivement dans l'ordre quincon- cial et sont d'abord entièrement libres. » Le sépale deuxième né est placé contre l'axe; c'est lui qui, lorsque le bouton a à peu près 3-4 millimètres de longueur, se prolonge par sa base e« un long éperon qui rend la fleur irrégulière. Les sépales 4 et 5 sont latéraux; les sépales i et 3, inférieurs. » Corolle. Les cinq pétales de la corolle naissent simultanément (autant que j'ai pu le voir) un peu avant les étamines, et restent longtemps rudi- mentaires. Les pétales i et a sont supérieurs et longtemps les plus grands. Le pétale r, le seul extérieur dans la préfloraison, qui est subconvoi utive, est toujours placé entre les sépales a et 4, et le pétale 2 entre les sépales 2 et 5. Les pétales 3 et 5 sont latéraux, et prennent place : celui-là entre les sépales 5 et 3, celui-ci entre les sépales i et 4- Le pétale 4 est inférieur, à l'opposite du sépale éperonné, entre les sépales 3 et i . » Les huit étamines de l'androcée naissent successivement dans un ordre singulièrement irrégulier, mais invariable, et qui, tout anomal qu'il soit, (i) L'organogénie des Tropnolées a occupé M. Payer, dont je n'ai eu qu'à confirmer les observations sur un grand nombre de points. i3.. ( loo ) a son parallèle dans quelques plantes que je regarde comme voisines, notamment dans le Koelreuteria. » L'étamine première née des Tropéolées a place devant le sépale 4 ; » L'étamine deuxième née, devant le sépale 5 ; » L'étamine troisième née, devant le sépale 3; » L'étamine quatrième née, devant le sépale i ; » L'étamine cinquième née, près du sépale a ou éperonné, entre lui et le sépale 4- » Ces deux dernières étaraines se suivent de très-près ; il m'a même paru quelquefois qu'elles naissaient simultanément, ou même que leur ordre d'apparition était interverti. » L'étamine sixième née, a place devant le pétale 3. » L'étamine septième née, a place devant le pétale 5; » Enfin, l'étamine huitième née, a place près du pétale i alterne aux sépales 'i et 5. » M. Payer admet que les étamines sixième et septième, dont la nais- sance n'est séparée que par un temps très-court, paraissent simultanément. Le savant professeur assigne d'ailleurs pour place à la huitième étarnine le voisinage du pétale i alterne aux sépales 2 et 4- » En ne s'arrétant pas pour le moment à la légère déviation qu'ont subie les étamines cinquième et huitième, on reconnaît que des huit étamines des Tropéolées les cinq premières nées paraissent former un verticille intérieur, complet et oppositi-sépale, tandis que les trois autres représentent un ver- ticille oppositi-pétale privé des deux étamines qui devraient être placées devant les pétales i et 4- » Comme dans les Malpighiacées, les Sapindacées, les Géraniacées, les Térébinthacées et les Légumineuses diplostémones, et contrairement à ce qui a lieu chez les Limnanthées, les étamines oppositi-pétales des Tro- péolées naissent donc après les étamines oppositi-sépales. » Gjnécée. Il se compose de trois carpelles qui se montrent ensemble aux angles d'un plateau triangulaire équilatéral occupant le centre de la fleur. Les carpelles, d'abord distincts, s'élargissent, se soudent par leurs côtés, se creusent à leur base inférieure et dorsale, qui est comme repoussée sur le fond du réceptacle par l'ovule dirigé du haut en bas, restent long- temps ouverts par leur partie interne et sous-opicilaire, se coudent légère- ment vers l'axe que continue ime columelle sur le sommet de laquelle ils s'appuient, puis se redressent pour former les trois styles. Ceux-ci se soudent à leur tour, mais non d'abord vers leur extrême base (comme dan» ( lo, ) le Z?/c^a/n«Mj), ni jamais par leur portion terminale. Comme dans le Lis, les trois styles circonscrivent, en se réunissant par leurs côtés, un long canal de conjugaison à cavité triangulaire. w On voit bien, au moyeu de coupes passant par les carpelles et la colu- melle autour de laquelle ils sont groupés, que leur base organique est beau- coup an-dessus de leur hase géométrique ; celle-ci répond à peu près au plan de l'insertion des étamines, taudis que la première est presque au sommet de la columelle. De la base organique à la base géométrique s'étend presque toute la cavité ovarienne, que M. Payer dit être creusée dans le réceptacle. » TÉRAïOLOGiK. — Mes observations sont relatives aux étamines et au pistil. » J'ai vu des boutons réduits à quatre étamines, et d'autres dans lesquels le nombre de celles-ci était porté à neuf. Dans les premiers, les quatre éta- mines étaient placées devant chacun des sépales, le sépale a ou éperonné excepté; d'où il ressort : i° que les quatre étamines qui ont seules persisté sont précisément celles qui, dans les fleurs ordinaires, se développent les premières; 2° que l'ordre de tendance à avorter est en raison contraire de l'ordre de naissance. » Une même Sapindacée, le Koeheiiteria , montre à cet égard ce qu'oui observerait dans le Tropœolum s'il se réduisait à sept, à six, à cinq où à quatre étamines, une Malpighiacée, le Dineinandra, la place qu'occuperaient ses étamines si elles venaient à être réduites à deux. >> Le Koelieuieria a un calice et une corolle dont les divisions rappel- lent, par leur position respective, celle du Tropœolum, avec cette différence que le pétale alterne aux sépales 3 et 5 avorte. De ses huit étamines, qui naissent successivement, deux sont déviées et correspondent aux éta- mines cinquième et huitième des Tropéolées. Fréquemment on trouve des fleurs à sept, à six, à cinq ou à quatre étamines seulement : dans le premier cas, c'est l'étamine huitième née qui avorte; dans le deuxième cas, à l'avor- tement de la précédente s'ajoute celui de la septième née, superposée au pétale alterne aux sépales i et 4; dans le troisième, les étamines sont réduites au verticilleoppositi-sépale par la disparition de celle qui a place au devant du pétale avorté ; enfin, c'est parle non-développement de l'étamine opposée au sépale 2 ou supérieur que l'androcée est réduit à quatre parties. » Quant au Dineinandra observé par M. Ad. de Jussieu, il n'avait que les deux étamines des sépales latéraux, c'est-à-dire les deux premières nées des Tropéolées, de plusieurs Malpighiacées et Sapindacées. ( J02 ) » La persistance, dans le Koelreuteria, de l'étamine opposée au pétale avorté, est un exemple de cette belle loi du balancement des organes, reconnue en zoologie par l'illustre Geoffroy-Saint-Hilaire, et que j'ai été le premier, après MM. Aug. de Saint-Hilaire et Moquin -Tandon, à formuler nettement en botanique. — A un autre point de vue, la présence de cette étamine sans la coexistence du pétale, est un argument concluant contre l'opinion, encore accréditée, suivant laquelle les étamines opposées aux pétales seraient une production de ces derniers. j) Les boutons à neuf étamines offrent ceci de particulièrement instructif : que l'étamine la plus rudimentaire, sans doute la dernière née et certaine- ment la supplémentaire, est située devant le pétale i, l'un des deux pétales qui , dans les fleurs ordinaires, est éloigné de toute étamine ; que l'étamine du pétale 2, ordinairement déviée, lui est ici exactement superposée, tout en ayant conservé le huitième rang en développement; que le même retour en place a eu lieu pour l'étamine du sépale éperonné ; et, en résumé, que la symétrie générale de l'androcée, obscure dans les fleurs ordinaires par la déviation de deux étamines et l'avortement de deux autres, est indiquée clairement par le développement tératologique d'une neuvième étamine. Il ne manque plus, pour la reconstruction effective du type théorique, que de voir apparaître une dixième étamine devant le pétale 4- Cette étamine, qui, on peut l'assurer à l'avance, occuperait le dixième rang par l'ordre de naissance , compléterait le verticille extérieur, oppositi-pétale comme dans les Géraniacées et les Malpighiacées diplostémones. » Le célèbre Robert Brown a observé des fleurs monstrueuses de Tropceo' lum majus, L., à cinq carpelles. Le même fait s'étant présenté à moi dans le T. minus, L., je me suis assuré que le verticille des carpeUes était oppositi' pétale. Cette reconstruction du type symétrique du gynécée démontre, comme celle de l'androcée, que les Tropéolées sont beaucoup plus éloignées des Limnanthées qu'on ne l'admet généralement. » Caractères physiologiques. — Le plus remarquable se déduit de la présence d'une huile essentielle sulfo-azotée (Cloèz) semblable à celle que j'ai retirée des Limnanthées et qui se forme dans la plupart des Crucifères. Cette huile, qui correspond aux propriétés antiscorbutiques communes aux Crucifères, aux Tropéolées et aux Limnanthées, n'établit entre ces plantes qu'un faible lien subordonné aux affinités plus puissantes déduites des caractères organiques. » Géographie botanique. — Elle rapproche les Tropéolées des Malpighia- cées dont la plupart habitent avec elles les contrées chaudes de l'Araé- ( io3 ) rique; elle les éloigne, au contraire, des Géraniacées et des Limnanthées, » Affinités. — Les faits d'organographie (la symétrie florale surtout), d'anatomie, d'organogénie, de tératologie et de géographie botanique éloi^ gnent les Tropéolées des Limnanthées et les rapprochent plus de l'alliance des Malpighinées que de celle des Géranjoïdées. » Si, étant admises les affinités des Tropéolées avec les familles der l'al- liance des Malpighinées, j'avais à signaler leurs rapports divers avec ces familles, je placerais sur un premier cercle les Acérinées et les Erythroxylées; les Malpighiacées, les Sapindacées et les Hypocastanées formeraient un cercle plus intérieur dans lequel se trouveraient les Tropéolées, plus rap- prochées toutefois des Malpighiacées , par la structure du péricarpe, l'ovule unique, la chalaze placée sur le côté des cotylédons, la présence et la nature des stipules, les tiges et racines à structure anomale; des SapiU' dacées, par leurs fruits quelquefois à une seule loge, quoique tricarpellaires, par leurs espèces herbacées et par quelques faits d'organogénie et de térato- logie; des Malpighiacées et des Sapindacées, à la fois par la structure géné- rale du fruit et de l'embryon ; des Hypocastanées, par la soudure et la na- ture amylacée des gros cotylédons ; des Sapindacées et des Hypocastanées réunies, par l'androcée et la largeur du hile, » aiEMOIRES PRÉSENTÉS. M, C.-J. Serret adresse à l'Académie (par l'intermédiaire de M- Liouville) la seconde partie de son Mémoire sur les grandes perfur^ bâtions du système solaire, (Renvoi à la Commission précédemment nommée, et composée de MM. Liouville, Lamé, Laugier.) ZOOLOGIE. — Mémoire sur le développement des Acéphales lamellibranches. (Extrait par M, Lacaze-Duthiers.) (Commissaires précédemment nommés ; MM, IMilne Edwards, Valenciennes, de Quatrefages.) Huître. {i), « Dans un voyage en Espagne, aux îles Baléares et sur le littoral méditer- ranéen français, compris entre Marseille et Cette, auquel j'ai consacré tout (i) Ostrea cdulis ; -~ O, kippopus ; — O. sientina, Lamk.; de la Méditerranée, à Celte et à Mahon (îles Baléares , Minorque. ) ( io4 ) l'été et une partie de l'automne de 1 853, je me suis appliqué à l'étude du développement des Mollusques acéphales lamellibranches, et ce sont les résultats de mes observations que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie. » La science ne possède pas encore beaucoup de renseignements sur l'emoryogénie de ce groupe nombreux. » Les travaux de Carus, de MM. de Quatrefages, Loven et Davaine, les seuls en rapport avec les progrès de l'ovologie, ont porté particulièrement sur les premières phases de l'évolution. On y remarque que, passé un certain degré, les auteurs n'ont pas suivi la formation des organes. Cela tient sans doute à la difficulté que l'on éprouve, soit à se procurer des jeunes larves, soit à les conserver ; car les conditions biologiques nécessaires à leur exis- tence nous échappent le plus souvent. J'ai été assez heureux pour rencon- trer dans nion voyage un nombre considérable d'embryons de la Moule, surtout pour les conserver vivants; cette condition m'a permis de pouvoir observer quelques faits intéressants. » Le développement des Huîtres a été l'objet des études de l'un des au- teiu's que je citais, mais les résultats souvent opposés auxquels je suis arrivé m'engagent à présenter le résumé de mes observations, dans un premier Mémoire, qui sera suivi d'un autre, où le développement des branchies de la Moule comestible apparaîtra sous un jour entièrement nouveau. » L'Huître est hermaphrodite. La fécondation a lieu dans les canaux excréteurs de la glande génitale. Aussi le fractionnement se produit-il très- vite après la ponte, et ne peut-on indiquer la durée des périodes. I^e vitellus se divise le plus souvent tout de suite, en quatre sphères, quelquefois en deux, rarement en trois. » Entre les quatre premiers globes vitellaires, on voit apparaître des vésicules hyalines transparentes, qui par leiu' multiplication forment bientôt une masse distincte. Elles naissent des premières comme par un bourgeon- nement; on en voit d'abord une, puis deux, quatre, cinq, etc. » Les globes vitellaires conservant toujours leur aspect granuleux et opaque, disparaissent bientôt sous cette production nouvelle, qui les enve- loppe. La distinction en partie périphérique et partie centrale admise par M. Vogt, pour l'Actéon, est donc applicable à l'Huître. » L'oeui transformé en une masse framboisée composée de cellules, com- mence alors seulement à prendre une forme. Il devient un peu cordi- forme, et à la dépression qu'il présente et qui correspondra au dos, parais- sent deux bouquets de cils. ( io5) » C'est à ce moment que se développe la coquille. Elle naît par deux boursouflemeïits de l'enveloppe, semblables à deux verres de montre d'une transparence extrême, appliqués de chaque côté de la dépression dorsale. Ces deux moitiés, en grandissant, s'étendant l'une vers l'autre, se rejoignent et forment la charnière. Ce n'est donc pas la charnière qui paraît la pre- mière comme on l'a dit. Alors le dépôt calcaire devient appréciable par les- réactifs. » La partie centrale, obscure, brunâtre, correspondant au vitellus, se détache de la partie périphérique par une sorte de vide qui se forme d'a- bbrd du côté du dos, ensuite du côté opposé ; bientôt son isolement est complet, excepté en deux points qui correspondent l'un en avant à la bouche, l'autre en arrière à l'anus. Dans ce dernier, la masse tient à l'en- • veloppe par une sorte de pédicule cylindroïde qui, en s'allongeant et se creusant d'une cavité, se transformera en intestin. Dans la partie supérieure de la masse se forme l'estomac, et dans la partie inférieure le foie, qur rappelle par sa couleur celle du vitellus. » Les deux bouquets de cils entourent toute la partie opposée à la co- ' quille d'une couronne qui devient l'origine du disque rotateur, et au milieu duquel se creuse la bouche. .A mesure que l'embryon grandit, toutes les formes se régularisent et se dessinent plus nettement. L'intestin et l'estomac, d'abord ébauchés, se creusent d'une cavité plus distincte, et un épithé- lium vibratile y met en mouvement les globules flottant dans le liquide qu'il renferme. » Lé manteau, encore peu séparé du corps, montre les intestins au pour- tour de la coquille devenue régulière et assez grande pour enfermer tout l'embryon, le corps semble creusé d'une cavité générale où l'on ne voit que l'appareil digestif; il se couvre de cils vibratiles, et en avant de l'anus un appendice peu saillant simule un rudiment de pied. » A ce moment le disque rotateur fort développé est entoui'é d'une cou- ronne de cirrhes qui en se mouvant transportent et font tourner la larve avec une rapidité souvent désespérante pour l'observateur. Son rôle doit être lié à la respiration et probablement aussi à la préhension des aliment^. » Les embryons enfermés dans le manteau de leur mère, et les plus développés qu'il m'ait été donné d'observer à Mahon et à Cette, ne m'o»t jamais présenté de branchie et de cœur. » Ils abandonnent le lieu où ils ont subi leurs premières métamor- phoses à un moment qu'il ne m'a pas été possible d'assigner, malgré tous les soins que j'ai apportés'à examiner, sur place même, dans le port de C. R , 1354 2™' Semestre {T. XXXIX, N" 2 ) l4 ( io6 ) Mahon, dés bancs dé la petite Huître stentine (i). J'ai passé des journées entières à observer des Huîtres qui certainement renfermaient des jeunes, sans jamais les avoir vues rejeter un nuage de larve. Aussi n'ai-je pu dépasser un certain degré de développement, et la disparition du disque rotateur coïncidant avec la sortie de la jeune Huître du manteau de la mère, indi- .quéepar M. Davaine, ne me paraît pas suffisamment démontrée-, non plus que l'existence à ce moment d'un cœur et des branchies. . » Tels sont les faits qui se rapportent aux premières phases de l'embryo- génie de l'Huître; j'espère pouvoir, dans un voyage que je vais faire en Corse et en, Algérie, observer les autres périodes et arriver à connaître toute la série des transformations. J'aurai l'honneur de communiquer à l'Académie le résultat de mes observations. » PISCICULTURE. — Recherches sur les fécondations naturelles et artificielles des œufs de Poissons; par M. C. Millet, inspecteur des forêts. ( Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Milne Edwards, Valenciennes, d« Quatrefages .) « Dans les opérations de pisciculture, on doit toujours, pour en assurer le succès, se rapprocher autant que possible des faits naturels. C'est d'après ce principe qu'après avoir étudié pendant de longues années les habitudes et les mœurs des Poissons, j'ai cherché à déterminer les meilleurs moyens de repeupler les eaux en bonnes espèces comestibles. Pendant cinq années consécutives, de 1848 à i854, j'ai fait et j'ai fait faire de nombreuses expé- riences sur les fécondations artificielles appliquées à l'élèvedes Poissons; j'ai recherché, en même temps, s'il ne serait pas possible d'obtenir des résultats au moins aussi satisfaisants, en se rapprochant encore davantage des condi- tions naturelles de la fraye, de manière à rendre les opérations plus simples, plus économiques et plus sûres. J'ai alors repris mes expériences sur la fraye naturelle, et j'en ai comparé les résultats avec ceux de la méthode des fécondations artificielles. » Parmi les diverses espèces de Poissons, on distingue : i" celles qui frayent dans les eaux vives ou courantes ; 2" celles qui frayent dans les eaux tranquilles, dormantes ou stagnantes. Dans la première catégorie, on a les Saumons, les Truites, les Ombres, etc. ; dans la seconde, on a la Carpe, la Tanche, etc. (i) Lamarck, Animaux sans vericbres , tome VII, 226 , n° 5o, 2° édit. ( lo? ) » La Truite fait un véritable nid au moment de la ponte ; elle choisit un lit de gros gravier ou de cailloux lavés par des eaux claires et vives; elle les remue et les nettoyé pour en faire sortir toutes les matières ténues et tous les matériaux étrangers déposés par l'eau. Puis, elle creuse des trous au milieu des cailloux, dans lesquels elle fait écouler ses œufs en se plaçant à une faible distance contre le courant; au fur et à mesure de la sortie des œufs, le mâje les féconde par quelques gouttes ou jets de laitance; la Truite recou- vre ensuite son nid avec les cailloux quelle avait déplacés. » On peut établir des frayères même dans les cours d'eau. Si le lit est . garni de gros gravier ou de cailloux, on utilise ces matériaux sur place ; on se borne alors à les remuer avec une pelle ou art râteau pour en former des tas, des monticules ou de petites digues en pente douce. L'établissement de ces frayères ne présente aucune difficulté et n'occasionne qu'une très-faible dépense. Quand le fond de l'eati ne présente pas de matériaux convenables, on y introduit du gros gravier, des cailloux ou des pierres. » L'établissement de ces frayères artificielles a parmi beaucoup d'autres avantages, celui de retenir les Truites dans les cours d'eau que l'on veut repeupler. Leur efficacité est si réelle, que j'ai pu faire frayer des Truites dans des trous et des fossés d'anciennes tourbières où l'on avait jeté, avant l'époque ordinaire de la ponte, quelques brouettées de pierres cassées servant à l'empierrement des routes. ■ » L'Ombre-Chevalier fraye souvent à des profondeurs très-considérables (3o et 4o mètres). J'ai fait jeter quelques mèti;es cubes de pierres concas- sées et de cailloux dans des fosses de 8 à lo mètres de profondeur; ces matériaux ont servi de frayères aux Ombres. » Pdur le Barbeau, le Chevenne, le Goujon, etc., on fprme, dans les endroits où l'eau est courante et peu profonde, des grèves en pente douce, des tas ou des monticules de pierres et de gravier de rivière, en ayant le soin de remuer et de nettoyer ces matériaux à la pelle ou au râteau. » Le Chabot ou Têtard-Bavard et le Véron frayent parfaitement dans les mêmes eaux que la Truite, surtout dans les fontaines ou les ruisseaux. Les jeunes du Chabot et du Véron éclosent à des époques où les Saumoneaux, les petites Truites, Ombres, etc., peuvent déjà se nourrir avec avantage de très-petits Poissons dont la chair est encore peu Substantielle. » Le Chabot choisit les pierres dont le dessous offre quelques cavités, dans lesquelles il colle ses œufs par petits groupes. Mais il procède tou- jours à un travail préparatoire, qui consiste à approprier la place où il veut ■ faire son nid; il creuse alors une galerie ou un coiUoir qui a une entrée et i4.. ( io8 ) . une sortie. La femelle glisse sous la pierre, se retourile brusquement sur le dos et présente son ventre contre la face de la pierre où elle dépose une portion de ses œufs qui s'y collent immédiatement ; le mâle pénètre alors dans le nid, et, par un mouvement semblable à celui de la femelle, 'il éjacule, en se retournant sur le dos, quelques gouttes de laitance sur les œufs • qui viennent d'être pondus. Le Chabot garde son nid, et se tient à l'entrée de la galerie pour chasser les animaux nuisibles. » Pour la Carpe, la Brème, la Tanche, etc., on dispose les frayères dans une eau tranquille et douce que les rayons solaires peuvent porter à une température tiède. La Carpe notamment fraye parfaitement dans des mares dont l'eau est complètement stagnante. On peut établir des frayères mo- biles à l'aide de fascines ou de clayonnages que l'on pose à proximité des bords, en plan peu incliné, et que l'on charge de quelques mottes de gazon ou de jonc. » La Perche fraye d'une manière toute spéciale. Ses œufs, soudés les uns aux autres par petits groupes, forment un large ruban qui a l'aspect d'une jolie guipure. Ce Poisson n'a qu'un seul ovaire; il le vide complète- ment en une seule fois. Dans un grand nombre d'étangs, de lacs et de viviers, on récolte des œufs de Perché avec des fagots ou fascines plongés -dans l'eau . _A l'époque de la fraye, la Perche quitte les cours d'eau et gagne les.lieux tranquilles. Pour préparer ces frayères, on met dans l'eau des mottes de joncs ou d'herbes, des fascines ou branchages, ou mieux encore on pique sur les rives, à une profondeur de o^jSo à i mètre environ, quelques branches garnies de légers rameaux, des branches de saule par exemple. Il est toujours très-facile de recueillir les œufs; car il suffit de soulever les rubans avec un bâton ou une petite fourche.' » Les frayères artificielles appliquées à la ponte de quelques Cyprins, notamment de la Brème et du Gardon, et à celle de la Perche, ont été em- ployées pour le repeuplement des eauxdans un grand nombre de localités. Dès l'année 1761, Lund en avait obtenu de très-bons résultats; car il était parvenu à produire plus de 10 millions de jeunes Poissons. » J'aurai l'honneur de compléter ultérieurement ces observations sur la fraye naturellie et artificielle. » ( 'og ) ÉCONOMIE RURALE. — Sur Une maladie des blés observée cette année dans le Vexin. (Extrait d'une Note de M. Bouteille;) (Commissaires, MM. Decaisne, Montagne, Tulasne.) «... Cette maladie, dont les agronomes ne me paraissent pas s'être en- core occupés, attaque, dans nos environs, les blés d'une manière alarmante. Elle est due à un parasite, VUredo glumarunij Rob. in Desmaz. {Tricho- basis, Lév. ), qui, cette année, envahit une grande quantité d'épis de blé; ce n'est pas exagérer en disant que, dans des pièces de froment, il y a environ un quart de la récolte jaunie par cette petite Cryptogame qui couvre une partie des épillets en s'emparant des glumes et des ovaires qu'elle rend stériles. » Depuis que M. Desmazières a publié cette espèce dans ses Exsiccata , espèce que l'on avait sans doute remarquée auparavant, mais qui avait été confondue avec VUredo rubigo vera, Dev., je me suis beaucoup occupé de la recherche de cette petite Urédinée, et c'était toujours avec difficulté que j'en trouvais quelques échantillons dans des champs de blé couché; mais cette année, où les blés sont généralement peu versés dans nos cantons, cette Cryptogame est malheureusement abondante. Il paraît que cette petite es- pèce a déjà attiré l'attention de plusieurs cryptogamistes étrangers, car M. le D' Léveillé fait mention d'une Lettre de M. Auerswald, dans laquelle il lui apprend qu'elle a été très-funeste en Saxe, en \8^6 (Tiefària ista pestis anni 1846). » J'ignore si, en France, on a déjà remarqué pareille chose; mais je suis convaincu que, cette année, la récolte en souffrira, et les échantillons que j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie feront voir jusqu'où peut aller le dommage qu'un si petit végétal peut occasionner. » A l'occasion de cette communication, M. Payen annonce avoir reçu de M. Moridej de Nantes, une Note sur le même sujet qu'il était prié de transmettre lundi dernier à l'Académie; il l'avait jointe à d'autres rensei- gnements reçus d'ailleurs pour les présenter tous à la fois à la Société impériale et centrale d'Agriculture. PHYSIQUE. — Description d'une nouvelle pile à courants constants : anodes soluhles introduits dans l'appareil simple; par M. l'abbé Laborde. (Commissaires, MM. Pouillet, Despretz.) (IIO) ÉCONOMIE DOMESTIQUE. — Mémoire sur l'emploi d extraits de viande de bœuf pour la préparation du bouillon gras ; par M. Èdg. Bellat. (Commissaires, MM. Chevreul, Payen, M. le Maréchal Vaillant. ) « J'ai l'honneur, dit M. Bellat dans sa Lettre d'envoi, d'appeler latten- tion de l'Académie sur les applications qui peuvent être faites des extraits de viande à l'alimentation de notre marine et de nos armées en campagne, ainsi qu'aux classes ouvrières et encore à toute la population dans les con- trées où la viande de bœuf est insuffisante pour la préparation du bouillon gras. J'indique le moyen d'y suppléer, par l'exploitation des viandes qui se perdent aujourd'hui, en si grande quantité, dans l'Amérique du Sud, l'Aus- tralie, la Russie du Nord, etc. On utilisera ces viandes en les transformant en extraits qui, transportés en France au plus bas prix possible, pourraient être appliqués à la préparation du bouillon gras. » En opérant sur les viandes de France, je prépare des extraits aro- matiques, se conservant bien, avec lesquels je confectionne des bouillons très-agréables au goût. » Mes procédés sont décrits dans le Mémoire que j'ai l'honneur de pré- senter aujourd'hui, et que je prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à l'examen d'une Commission. » M. RoGtriN soumet au jugement de l'Académie des recheiches sur le principe fermentescible qui se trouve dans la racine de V Asphodèle de Sardaigne. L'auteur, tout en reconnaissant que son travail n'est pas complet, croit pourtant pouvoir conclure des résultats qu'il a déjà obtenus que la substance qu'il a étudiée est nouvelle, et il la désigne provisoirement sous le nom d'asphodéline; il indique les caractères par lesquels elle se distingue de l'inuline, et fait connaître la manière dont elle se comporte sous l'influence de certains réactifs, et relativement à la lumière polarisée. (Commissaires, MM. Pelouze, Payen.) M. BoBDET prie l'Académie de voidoir bien se prononcer sur l'utilité d'une, nouvelle application qu'il a faite de la gutta-percha pour la fabrica- tion de bouchons et bondes de barriques. (Commissaires, MM. Payen, Peligot.) M. AvEMER Delagbée adresse deux nouvelles Notes sur les moyens à ( in ) prendre pour perfectionner les machines à vapeur ^av l'application du prin- cipe dont il a déjà fait l'objet de maintes communications. (Commissaires précédemment nommés: MM. Poncelet, Regnault, Combes.) M. Vives prie l'Académie de vouloir- bien renvoyer à l'examen d'une Commission spéciale un Mémoire qu'il lui a récemment adressé, et qu'on avait supposé destiné au concours pour le prix relatif au perfectionnement de la navigation à vapeur. (Commissaires, MM. Ch. Dupin, Duperrey, Bravais.) M. DU MoNCEL, à l'occasion d'une communication récente àeM. Guyard, sur un moniteur électrique destiné à prévenir les rencontres sur les chemins de fer, rappelle qu'il a lui-même adressé à l'Académie des Notes sur ce su- . jet, et mentionne divers autres articles, publiés par lui, qui établissent, dit-il, en sa faveur la priorité d'invention. (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour le Mémoire, de M. Guf ard : MM . Poncelet, Piobert, Regnault, Combes.) M. Laboclbène, en présentant au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un opuscule imprimé, « Sur une modification particulière et non décrite des nœvus, » y joint, pour se conformer à une des conditions imposées aux concurrents, l'indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. ( Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPONDANCE. M. LE Seckétaire de la Société Linnéenxe de LoxVdres remercie l'Aca- démie pour l'envoi d'un exemplaire du tome XXIV des Mémoires, et d'ime nouvelle série des Comptes rendus. PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur l'oscillation du niveau d'équilibre des mers; réflexions sur les échelles de marée. (Extrait !d'une I^ettre de M. R. Chazalon, ingénieur-hydrographe de la Marine, à M. Élie de Beaumont.) « En examinant les valeurs de K, on remarquera que cette quantité ne semble pas fixe ; elle paraît éprouver une oscillation annuelle. J'avais^ (lia) déjà reconnu ces variations en i84i, car mon premier soin, après la publi- cation de l'annuaire des marées, fut de comparer terme à terme, jour par jour, les résultats du calcul et de l'observation. Voici, exprimées en milli- mètres, les différences moyennes (observation moins calcul ) de chaque mois pour les années i835, iSSg et i84o. » La première ligne de chaque année est relative aux pleines mers , la deuxième aux basses mers; les résultats sont corrigés des petites variations barométriques. Janv. 1 Fév. Mars. Avril. Mai. Juin. Juin. Août. Sept. Oct. Nov. Dec. i835 i839 i84o 129 .42 82 8 233 237. h' 44 68 0 i5o ,5, - 3 53 45 9' 4- 92 —20 26 4 45 0 5i 0 78 36 84 54 97 46 56 82 i65 24 80 49 97 93 129 23 70 23 128 ■9 120 55 "9 100 166 102 212 36 123 i36 202 '49 2l3 70 .69 158 280 144 206 181 290 i3i 184 248 3o3 i54 171 Som. = 85 1 456 3.9 106 349 453 46i 464 739 939 1259 1191 » Ces valeurs correspondent à peu près au milieu du mois, et il faudrait, à la rigueur, leur faire subir de légères corrections pour les faire corres- pondre à des intervalles égaux de 3o degrés, soit en longitude, soit en jours, si l'on représentait l'année par 36o degrés. » Ces corrections nous ont paru inutiles pour une première approxi- mation. » En désignant par z ce qu'il faut ajouter aux calculs de l'Annuaire pour représenter l'observation, on trouve, par des formules analogues à celles de la page 176 (t. VII , Annales hydrographiques) , et que l'on peut aisément en déduire 2= io5-i-74cos(0 -233°i5') + 3icosa(0 - 75°33'). » Dans cette expression l'unité est le millimètre, et le signe 0 représente la longitude du Soleil. Ainsi, d'après ces résultats, au lieu d'employer dans nos calculs un niveau d'équilibre constant noiis aurions dû le supposer soumis à un Jlux annuel de 74 millimètres, dont le maximum se manifes- terait du 1 5 au 16 novembre et le minimum le i4 mai, et à un Jlux semi- annuel de 3i millimètres, dont le maximum se manifesterait le 6 juin et le 7 décembre. » Ce dernier flux pouvait être considéré comme indiqué jusqu'à un cer- (.,3) tain point par la théorie, car j'avais négligé dans mes calculs les variations du petit terme 27 P (3 sin' v — i), qui se trouve dans la formule deLaplace. Ce terme ne donne toutefois qu'un flux semi-annuel de 6 millimètres et demi, dont le maximum arrive aux solstices et le minimum aux équinoxes; mais rien n'indiquait l'existence d'un flux annuel, et il me paraît difificile d'en rendre raison (l'oscillation 27 t' ne serait pas de i millimètre). Serait- il indépendant de l'attraction solaire et lié avec le flux annuel calorifique, bien que le maximum de ce flux se manifeste vers le 20 juillet? Il existe bien un flux annuel barométrique, mais, d'après les résultats consignés dans V Annuaire météorologique , tome I", page 86 , il n'excéderait pas 16 millimètres en eau de mer. » Ces réflexions m'avaient fait hésiter à admettre cette fluctuation du niveau d'équilibre, d'autant plus que mes comparaisons n'avaient pu porter que sur des lambeaux d'observations, attendu que toutes les marées de nuit et une partie de celles de jour manquaient. » M. le colonel Peytier étant venu l'hiver dernier me demander quel- ques renseignements sur ce niveau, j'ai repris mes anciennes recherches dès que mes occupations m'ont laissé un moment de répit. Le marégraphe de Brest m'a fourni de nombreux documents pour cet objet, et la marche sui- vante m'a paru la plus simple et la plus facile. Elle est, en outre, indépen- dante des calculs. » A Brest, les ondes dont la période est j, |, \ de jour sont sensiblement nulles, de sorte que dans cette localité le niveau d'équilibre se confond presque avec le niveau moyen , c'est-à-dire avec le plan horizontal qui est à égale distance du niveau des pleines mers et du niveau des basses mers, ou du moins ne doit en différer que d'une quantité constante assez petite. j> J'ai déterminé ce plan mois par mois en faisant la somme de toute la série des pleines mers consécutives d'une lunaison (soit 57 pleines mers) , avec la série des basses mers correspondantes; la moitié du total donne la hauteur du niveau moyen multipliée par 57. En procédant ainsi, on verrait, par des raisonnements analogues à ceux de la page 337 {■annales hydrogra- phiques, tome VII), que le résultat doit être indépendant du flux solaire et même que la somme des pleines mers, ainsi que celle des basses mers, serait constante si l'inclinaison de l'orbite lunaire sur l'équateur était constante. » Le tableau suivant présente mois par mois la valeur du niveau moyen multipliée par 67, et ramenée à la pression barométrique 760 millimètres; l'unité est le centimètre, et, afin d'éviter les grands nombres, on a retranché C. R., i854, a""» Sem^iire. (T. XXXIX, N» 8.) l5 ( i'4 ) ■20 ooo centimètres de chaque résultat, lequel correspond au milieu du mois. Janv. Fév. Mars. Avril. Mai. Juin, Juin. Août Sept. Cet. Nov. Dec. .847 9r- 124 433 —219 322 40 — 65 —228 — loi 739 622 799 i848 — 122 139 -218 108 12 608 345 5o6 593 1072 682 1480 i849 6i5 408 -87 5i 38i 327 267 394 640 ii65 947 814 i85o 326 364 296 643 366 374 338 684 469 353 593 622 i85i 8,7 4o3 202 284 0 3l2 218 285 398 667 245 589 i852 Total . . 693 — 5 143 3l2 120 74> 364 683 661 936 .549 1543 3401 1433 769 "79 1200 2402 .467 2324 2660 4952 4638 5847 Y = 3480 1490 760 II 70 1200 2400 i5oo 236o 2820 4990 4700 5790 » Pour que chaque valeur mensuelle du total soit relative à des époques successives, où la longitude du Soleil diffère de 3o degrés en 3o degrés en partant du i5 janvier, il faut lui faire subir une correction. Chaque valeur corrigée a été inscrite sur la ligne Y, et ce sont ces valeurs qui doivent être employées dans les formides analogues à celles de la page 176 [annales hydrographiques , tome VII), qui donneront l'expression du niveau moyen en fonction de la longitude. » On devra se rappeler que chacune de ces valeurs doit être augmentée de 25 000" X 6 = iSoooo", puis divisée par 67 x 6 = 342. » En désignant par N le niveau moyen, et par R le niveau d'équilibre, on obtient en millimètres R ±1 constante = N = 4465 -t- 58 cos (O — 229° 28 ) + 28 cos 2(0- 70° 38'). » Nous faisons abstraction d'une petite onde quart annuelle, qui serait 9 cos 4 (O — 5° 52'). » Nous retrouvons donc encore par un procédé différent notre flux an- nuel et semi-annuel. Le premier aurait son maximum vers le 12 novembre, le deuxième vers le i"juin et le 3 décembre; le minimum du premier se manifesterait vers le 10 mai, celui du second vers le i*'' mars et le 3 sep- tembre, c'est-à-dire presque aux mêmes époques déjà obtenues. La gran- deur du flux annuel est assez différente de la première valeur, mais cela n'a rien de bien surprenant si l'on a égard au petit nombre de données employées dans le premier système. » Le niveau d'équilibre est d'une haute importance en géodésie pour les nivellements; son importance n'est pas moindre sous le point de vue géologique. Si notre sol éprouvait, mais avec moins d'intensité, un mouve- ment d'exhaussement analogue à celui qui se produit en Scandinavie, ce mouvement serait masqué sur notre littoral par le jeu des marées et ne pour- rait être constaté et mesuré qu'au moyen du niveau d'équilibre rattaché à des repères bien déterminés. Malheureusement, et on aura peine à le croire, ces repères n'existent dans presque aucun de nos ports. Les échelles de marée, que l'on y rencontre quelquefois, n'étant établies que pour les besoins du moment et non dans un but d'avenir, sont souvent enlevées soit par suite de détérioration, soit pour être repeintes ou replacées ailleurs, et leur nouveau zéro, ou point de départ, se trouve rarement à la même hau- teur que l'ancien. Dans plusieurs circonstances j'ai pu m'assurer que cer- taines cotes obtenues par le moyen d'échelles que l'on présentait comme ayant leurs divisions au même niveau qu'autrefois, offraient des discor- dances s'élevant à lo, i5 et quelquefois qi5 centimètres. Souvent même leurs divisions n'étaient pas bien égales et, de 1829 à 1837, des observations de marée ont été faites avec des échelles divisées, les unes en pied métrique, les autres en pied de roi, sans aucune spécification à cet égard. » Pour remédier à ces divers inconvénients, j'avais pensé qu'il serait nécessaire que des échelles, toutes construites sur le même modèle et le même étalon, fussent établies d'une manière permanente et invariable dans chacun de nos principaux ports. La substance qui m'avait paru offrir toute garantie, sous le rapport de l'inaltérabilité, était la porcelaine avec des divi- sioris en oxyde vert de chrome. J'avais soumis cette idée à la bienveillance^ scientifique de feu Brongniart, qui voulut bien l'approuver et faire exécuter, à la Manufacture de Sèvres, dont il était le directeur, un mètre d'une sem- blable échelle; il me fut livré le i3 mai 1847- Cette échelle se com- posait de deux parties de 5o centimètres chaque ; elle fut scellée dans un massif de maçonnerie à Brest, près de la Mâture, et établie un peu au- dessous du niveau d'équilibre, de manière à être exposée chaque jour à l'action de l'air et de la mer. Une moitié de cette échelle me fut renvoyée après environ quatre ans d'épreuve; j'ai l'honneur de la présenter à l'Aca- démie. On verra que cette échelle est aussi nette que si elle fût restée con- stamment dans un magasin ; l'autre moitié est toujours en place et aussi brillante que le premier jour. » J'avais fait exécuter une autre échelle en lave du Vésuve, placée égale- ment à Brest près de la Mâture ; mais une multitude de coquilles micro- i5.. (ii6) scopiques se sont incrustées sur cette échelle, et ses divisions sont deve- nues illisibles en moins de deux années. » J'ai fait aussi quelques recherches sur la marée diurne de Brest. On sait que la marée semi-diurne ne s'y manifeste qu'un jour et demi après l'action des astres, et l'on admettait qu'il en était de même pour les autres ondes. Eh bien , la marée diurne ne s'y manifeste que quatre jours et demi après. » PHYSIQUE. — aperçu sur des recherches relatives aux effets des cou- rants électriques dans des conducteurs inégalement échauffés, et à d'au/res points de la thermo - électricité; par M. le professeur William Thomsox. a Des considérations théoriques (communiquées en décembre i85i à la Société royale d'Edimbourg), appuyées sur des observations relatives aux lois des forces thermo-électriques qui se développent dans un circuit formé par deux métaux inégalement échauffés, m'ont amené à conclure qu'un courant électrique doit exercer sur la température un effet convectif dans un conducteur homogène métallique dont les diverses parties sont mainte- nues à des températures inégales. J'ai fait luie application particulière de mes raisonnements au cas d'un circuit formé par du cuivre et du fer, et je vais le rapporter ici- pour jeter du jour sur les principes de mécanique sur lesquels le raisonnement général est fondé. » M. Becquerel a découvert que si, dans lui circuit formé par du cuivre et du fer, l'une des soudures est maintenue à la température ordinaire, et que la température de l'autre soudure soit élevée graduellement, il s'établit en ce dernier point un courant du cuivre au fer, et que son intensité va en croissantà mesure que la température augmente, pourvu que celle-ci reste au-dessous d'environ 3oo degrés centigrades; le courant devient de plus en plus faible quand la température dépasse cette limite : il s'arrête complètement à un cer- tain moment pour reparaître en sens contraire quand on arrive au rouge vif. Beaucoiqî d'expérimentateurs ont déclaré qu'il leur a été impossible de vérifier cette découverte singulière; mais la description que M. Becquerel donne de ses expériences ne laisse aucun fondement aux doutes que quel- ques-uns d'entre eux ont cru pouvoir élever sur ses conclusions, et l'on peut en conclure que, malgré son caractère extraordinaire et inattendu, cette inversion thermo-électrique entre le fer et le cuivre n'est pas lui fait excep- tionnel, mais un phénomène qu'on peut s'attendre à voir se produire entre deux métaux quelconques, pourvu qu'on les essaye dans un inter- ( »'7 ) valle de températures suffisamment étendu. M. Regnault a vérifié jusqu'à un certain point la conclusion de M. Becquerel, puisqu'il a trouvé que l'intensité du courant dans un circuit formé par du fil de cuivre et du fil de fer n'augmente pas sensiblement avec la température au delà de 240 de- grés centigrades, et commence à diminuer quand on dépasse de beaucoup cette limite ; mais l'inversion observée par M. Becquerel est nécessaire pour montrer que la diminution de l'intensité du courant est due à un affaiblis- sement réel de la force électromotrice, et non pas seulement à l'accroisse- ment de résistance qu'on sait résulter de l'élévation de température. » Il suit de la découverte de M. Becquerel que, pour des températures inférieures à une certaine limite ( que, pour des échantillons particuliers de fil de cuivre et de fil de fer, j'ai trouvée de 280 degrés centigrades au moyen d'expériences que je rapporterai plus loin), le cuivre est négatif par rapport au fer dans la série thermo-électrique; il est positif, au contraire, pour des températures plus élevées, et à la température limite ces deux métaux sont thermo-électriquement neutres l'un par rapport à l'autre. Il en résulte, d'après la théorie mécanique générale des courants à laquelle j'ai fait allu- sion plus haut, que l'électricité, en passant du cuivre au fer, produit une absorption ou un développement de chaleur suivant que la température des métaux est inférieure ou supérieure au point de neutralité, mais qu'à ce point, il n'y a ni absorption ni développement (conclusion que j'ai déjà vérifiée en partie par l'expérience). Ainsi, si dans im circuit formé par du cuivre et du fer, une des soudures est maintenue à 280 degrés, qui est la température de la neutralité, et l'autre à une température inférieure, il s'établira un courant thermo-électrique du cuivre au fer par la soudure chaude, du fer au cuivre par la soudure froide : ce courant produit un développement de chaleur en ce dernier point, et pourrait servir à élever des poids si on l'employait à mettre en mouvement une machine électro- magnétique ; mais il ne détermine aucune absorption de chaleur au point de jonction le plus échauffé. Il faut donc qu'il y ait une absorption de chaleur en quelque autre point du circuit, et dans l'un ou l'autre des métaux considérés isolément; et la chaleur absorbée ainsi doit être égale à celle qui est développée à la soudure froide, augmentée de la quantité de cha- leur qui répond aux effets mécaniques produits en d'autres points du circuit. Les points où cette absorption peut se produire sont seulement ceux où les températures des métaux considérés isolément ne sont pas uniformes, puis- que l'effet thermique d'un courant dans un conducteur homogène unifor- mément échauffé est toujours un développement de chaleur. Il faut donc (,i8) en conclure que l'absorption de chaleur est causée par le passage du cou- rant du froid au chaud dans le cuivre, et du chaud au froid dans le fer. Quand on force un courant à traverser un circuit à l'encontre de la force thermo-électrique, le même raisonnement fait voir qu'il se produit un déve- loppement de chaleur, et la quantité ainsi développée est égale à celle qui serait alors absorbée à la soudure froide, augmentée de celle qui répond à l'énergie dépensée par les agents ( chimiques ou autres) servant à transmettre la force électromotrice. L'effet thermique inverse total, qui se produit, comme nous l'avons démontré, dans les portions inégalement échauffées des métaux, peut être attribué en totalité à l'un d'eux seulement; ou, ce qui semble plus naturel, peut être considéré comme la somme ou la diffé- rence de deux effets partiels. En adoptant, pour fixer les idées, cette der- nière supposition, sans toutefois exclure la première comme impossible, nous pouvons affirmer, ou bien qu'il y a absorption de chaleur par suite du passage du courant du chaud au froid dans le cuivre, et développe- ment de chaleur, quoique à un moindre degré, dans le fer qui complète le circuit; ou bien qu'il y a absorption de chaleur par suite du passage du froid au chaud dans le fer, et développement de chaleur à un degré moindre dans le cuivre ; ou enfin qu'il y a absorption de chaleur dans les deux métaux : dans chacun de ces cas, l'effet inverse se produit quand on change le sens du courant. Cet effet inverse dans un seul métal, dont les diverses parties sont inégalement échauffées^ pourrait être nommé une con- vection de chaleur ; et pour éviter toutefe les circonlocutions, nous dirons que l'électricité vitrée porte avec elle de la chaleur, ou que la chaleur spécifique de cette électricité est positive quand cette convection se pro- duit dans la direction nominale du courant; la même chose s'appliquant à l'électricité résineuse quand la convection est contraire à cette direction nominale. On est conduit ainsi à admettre la vérité de l'une ou de l'autre des trois hypothèses suivantes : ' » L'électricité vitrée porte avec elle de la chaleur dans un conducteur cuivre ou fer inégalement échauffé : plus dans le cuivre que dans le fer; » Ou l'électricité résineuse porte avec elle de la chaleur dans un conducteur cuivre ou fer inégalement échauffé , mais plus dans le fer que dans le cuivre ; » Ou enfin l'électricité vitrée porte avec elle de la chaleur dans un conducteur en cuivre et l'électricité résineuse dans un conducteur en fer, inégalement échauffés. ( '19) ' » Aussitôt après avoir communiqué cette théorie à la Société royalç d'E- dimbourg, je me suis mis à l'œuvre pour rechercher par l'expérience laquelle de ces trois hypothèses était la vraie; les seules données thermo- électriques que possède la théorie ne me permettaient pas, en effet, de faire un choix parmi elles. Mon esprit donnait une légère préférence à la pre- mière sur la seconde, parce qu'à la suite de Francklin on attribue géné- ralement un sens positif à l'électricité vitrée, et je répugnais à accorder quelque probabilité à la troisième. Mes recherches ont été continuées pres- que sans interruption pendant plus de deux années, grâce à la persévé- rance de mon aide inteUigent, M. Mac Farlane, qui a construit pour moi les appareils les plus variés, et m'a assisté dans la conduite de mes expé- riences. M. Robert Davidson, M. Charles A. Smith, et d'autres amis, m'ont aussi prêté le concours le plus utile pendant une grande partie du temps que j'ai consacré aux investigations dont je présente aujourd'hui le résultat. » Jusqu'à ces derniers temps, les expériences que j'ai entreprises sur des conducteurs, tant en cuivre qu'en fer, malgré leur nombre et leur variété, ne m'ont donné que des résultats négatifs ; mais mes anticipations théo- riques étaient d'une telle nature, que, bien que l'expérience se refusât à en démontrer l'évidence, ma confiance en leur vérité ne put être ébranlée par cet insuccès. Il y a environ quatre mois; je réussis enfin, à l'aide de nou- veaux appareils, à démontrer que l'électricité résineuse porte avec elle de la chaleur dans un conducteur inégalement échauffé. » Un appareil semblable et d'une égale sensibilité ne me fournit aucun résultat pour le cuivre. On aurait donc pu s'attendre à trouver la vérité dans la seconde hypothèse ; mais, pour établir cette vérité avec certitude, j'ai toujours continué depuis mes essais, et fait presque chaque semaine une expérience sur le cuivre avec des appareils de plus en plus sensibles. J'ai pu enfin réussir, dans deux expériences, à établir avec certitude, que l'électricité vitrée porte avec elle de la chaleur dans un conducteur en cuivre inégalement échauffe. » C'est donc la troisième hypothèse qui se trouve être la vraie : conclu- sion à laquelle je ne m'attendais nullement, je dois l'avouer. » ( 120 ) PHYSIOLOGIE kPPUQVKE. — Transmission des sons par l'intermédiaire des corps solides,- application de ce fait à l'éducation des enfants atteints de surdité incomplète; Lettre de M. l'abbé Le Cot, curé de Boulogne- sur-Seine. « Frappe depuis longtemps de la difficulté qu'éprouvent les sourds- muets à se faire comprendre dans les usages ordinaires de la vie, et con- sidérant qu'ils peuvent presque tous entendre quelques sons, j'ai cherché le moyen d'utiliser cette aptitude en profitant de ce phénomène connu, que le son est transmis d'une manière bien plus énergique par les corps solides que par les gaz. Le résultat a dépassé mes espérances. » Voici le moyen que j'emploie. Je prends un porte- voix ordinaire, fait en zinc ou en fer-blanc, j'en fais saisir entre les dents, par le sourd-muet, l'extrémité à petit diamètre et j'articule les sons distinctement, mais sans effort, en plaçant ma bouche au centre du pavillon. Obligé, pour appliquer ce procédé à un grand nombre de sujets, de le faire connaître aux per- sonnes naturellement chargées des enfants, je l'avais décrit dans un paquet cacheté que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie, et qu'elle a bien voulu recevoir dans sa séance du ao mars dernier; j'ai su depuis qu'Itard, long- temps avant moi, avait eu la même idée et l'avait publiée dans son ouvrage ; mais, comme les résultats obtenus d'après les indications fournies par ce savant médecin paraissent avoir été peu importants, puisque sa méthode a été complètement abandonnée ; que ceux qu'il m'a été donné d'obtenir sont, au contraire, très-marqués, je crois pouvoir m'adresser à l'Académie pour lui soumettre le résultat de mes travaux. » J'ai essayé ce procédé déjà sur un assez grand nombre d'enfants, cer- tainement plus de vingt, et presque tous ont immédiatement répété les sons qu'on leur faisait entendre ; mais trois enfants pauvres ont été spécia- lement l'objet de mes efforts. .» Le premier. Aimée Rollet, jeune fille âgée de dix ans, sœur de trois autres sourds-muets, sourde de naissance, n'ayant reçu aucune espèce d'instruction et n'articulant aucun son, a été soumise à ce procédé au mois de février dernier; aujourd'hui elle épelle, écrit tous les mots qu'on lui dicte et prononce un bon nombre de mots usuels ; l'intelligence de cette en- fant s'est considérablement développée depuis le commencement de ces exercices; le sens de l'ouïe s'est tellement amélioré, qu'on peut aujourd'hui lui faire entendre tous les mots qu'elle coimaît sans l'aide du porte-voix, et qu'elle perçoit des sons tout à fait inattendus, tels que celui d'une sonnette éloignée. ( '^t ) » Le deuxième, Hérit, garçon de dix ans, également sourd de naissance, dans les mêmes conditions d'instruction que le premier, soumis au mois de mars dernier à ce procédé, m'a donné les mêmes résultats ; il parle mieux que le précédent, mais écrit moins bien, ce qui paraît tenir à ce qu'il a moins d'intelligence. » Enfin le troisième, Eugène Rollet, âgé de huit ans et demi, frère du premier sujet, a commencé à suivre les exercices à la fin de mai; aujour- d'hui, il lit l'alphabet et articule déjà un certain nombre de mots. » Je ne crois pas, Monsieur le Président, parvenir ainsi à faire entendre des enfants absolument sourds, cette prétention serait ridicule ; mais je crois fermement qu'on peut ainsi considérablement développer le sens de l'ouïe, et qu'on parvient, après un certain temps, à faire entendre, sans le secours du porte-voix, des phrases entières à des enfants qui d'abord pa- raissaient ne percevoir aucun son. Les méthodes savantes employées avec tant de zèle et de dévouement à l'Institution des Sourds-Muets pour ap- prendre à ces malheureux enfants à articuler les sons, réussissent, il est vrai, mais d'une manière imparfaite : on parvient à les faire parler, mais sans qu'ils aient conscience des sons qu'ils émettent; il en résulte, d'abord, que les élèves ont besoin de faire un grand effort d'attention et d'intelligence qui n'est pas à la portée de tous; il en résulte ensuite que, ne comprenant pas parfaitement ce qu'ils font, sortis de l'école et rentrés dans la famille, lorsqu'ils en auraient le plus besoin, ils s'en dégoûtent, ne s'exercent pas et oublient; il en résulte, enfin, que les sons qu'ils rendent sont souvent faux et discordants, sans qu'ils puissent même concevoir le vice de leur pronon- ciation. » Si je ne m'abuse pas sur la valeur du procédé que j'emploie, il pourrait, entre les mains des personnes exercées dans l'art si difficile d'instruire les sourds-muets, venir puissamment en aide aux méthodes actuellement en usage, et abréger considérablement le temps des études ; mais, de plus, il peut être appliqué par les personnes les plus étrangères à l'éducation des sourds-muets, de sorte que la mère peut commencer elle- même l'éducation de son enfant et l'instituteur primaire la continuer. » Mais, pour qu'une méthode autrefois essayée, puis presque immédia- tement abandonnée, puisse être reprise, il faut qu'elle soit sanctionnée par une autorité irréfragable; voilà pourquoi, Monsieur le Président, je viens m'adresser à vous. » J'ai l'honneur de demander que l'Académie veuille bien nommer dans son sein des Commissaires qui constatent les résultats déjà obtenus, qui C. a., i854, a"n« Semestre. (T. XXXIX, N» 2.) '6 ( '22 ) m'indiquent les expériences qu'ils jugeront utile de faire sur des sujets en- tièrement neufs, et qui puissent ainsi formuler leur opinion sur cette inté- ressante question. Je regarderais comme une faveur que l'Académie voulijt bien accueillir ma demande, et je me mettrais entièrement à la disposition des Commissaires qu'elle aurait nommés. » Une Commission, composée de MM. Rayer, Velpeau et Bernard, est invitée à se mettre en communication avec M. l'abbé Le Got, de manière à pouvoir répéter les expériences et à en faire l'objet d'un Rapport à l'Aca- démie. CHIMIE ORGANIQUE. — Ëludes sur les éthers salicyliques ; par M. Ch. Drion. « Dans un Mémoire présenté à l'Académie le 2 janvier 1 854, M- Gerhardt a fait connaître de nouvelles combinaisons salicyliques, obtenues en fai- sant réagir certains chlorures organiques sur l'huile de gaulthéria ou sur le salicylate d'éthyle. » En chauffant, par exemple, de l'huile de gaulthéria avec du chlorure de benzoïle, on obtient un composé qui ne diffère du premier que par la substitution d'une molécule de benzoïle à une molécule d'hydrogène. » Rapprochant ces faits de ceux qui avaient été observés par M. Cahours, à savoir que l'on pouvait, dans les éthers salicyliques, remplacer une molé- cule d'hydrogène par une molécule métallique, M. Gerhardt a pensé qu'il fallait représenter l'huile de gaulthéria, non par une molécule d'eau dont la moitié de l'hydrogène serait remplacée par du salicyle et l'autre par du méthyle, mais par une molécule d'eau dont la moitié de l'hydrogène serait remplacée par le groupe méthylsalicyle, l'autre moitié pouvant encore, par double décomposition, être échangée contre lui métal ou contre un radical tel que le benzoïle. La constitution de l'huile de gaulthéria serait donc C'H*(CH=')0'' I H ' O; celle du gauUhérate de potasse de M. Cahours, C'H*(GH=')0=' : K celle du benzoate de méthylsalicyle, C'H*(CH=')0* . C'H'O ■ ( 1^3) » Par le même procédé, M. Gerhardt s'esl procuré le cuminate et le succi- nate de méthylsalicyle. » Ce qui précède s'applique également au salicylate d'éthyle. En traitant ce corps par le chlorure de benzoïle, on obtient le benzoate d'éthylsalicyle C'H*(C*H*)0» ) C'H' O ) ' ce qui démontre que le salicylate d'éthyle a la même constitution que le salicylate de méthyle. » M. Gerhardt m'ayant témoigné le désir de voir ses résultats confirmés et généralisés par de nouvelles expériences, j'ai repris l'analyse des compo- sés précédents ; les nombres que j'ai trouvés sont parfaitement d'accord avec ceux qui avaient été obtenus précédemment. » Comme le salicylate d'éthyle n'avait été soumis qu'à l'action du chlo- rure de benzoïle, j'ai fait agir sur ce corps le chlorure de succinyle. J'ai choisi ce dernier chlorure de préférence à d'autres, parce que l'acide suc- cinique étant bibasique, la composition du succinate d'éthylsalicyle dérive, non pas d'une seule molécule de salicylate d'éthyle, mais de deux de ces molécules dans lesquelles tout l'hydrogène libre est remplacé par le groupe succinyle. La formule du succinate d' éthjlsalicyle est donc C'H*(C"H'*)0=' ) C'H*(C='H5)0'' j ' C* H* O^ j O. » Ce corps cristallise en longues aiguilles; il est insoluble dans l'eau, peu soluble dans l'éther, très-soluble dans l'alcool bouillant. On peut, sans l'altérer, le faire bouillir avec une dissolution aqueuse et concentrée de potasse. » Enfin jai cherché à produire le salicjlate d'amjle, afin de vérifier si cet éther se prête aux mêmes combinaisons que le précédent. L'expérience a, sous ce rapport, justifié entièrement mon opinion. » On avait essayé déjà de produire le salicylate d'amyle par les procédés ordinaires de préparation des éthers, mais sans y parvenir. J'ai réussi à le préparer en faisant agir le chlorure de salicyle sur l'alcool amylique. Il est important , pour le succès de l'expérience, de n'opérer que sur de petites quantités de matière à la fois, autrement les réactions se font d'une manière très-tumultueuse et l'on n'obtient que fort peu d'éther, tandis que l'on i6.. ( '24 ) recueille un grand nombre de produits de décomposition parmi lesquels se rencontre en abondance l'hydrate de phényle. » Le salicylate d'amyle est un liquide incolore, très-réfringent, plus lourd que l'eau dans laquelle il est insoluble ; son odeur est agréable, il bout à 270 degrés. » Traité par luie dissolution très-concentrée et bouillante de potasse, il dégage de l'alcool amylique, et il reste du salicylate de potasse. Sa compo- sition est exprimée par la formule C'H*(C'H")0* I Lorsqu'on le traite à froid par une dissolution concentrée de potasse, il se jjrend en masse, et donne le corps C'H*(C=H'^)0^ ) K î^' c'est l'analogue du gaulthérate de potasse de M. Cahours. » Enfin, traité par le chlorure de benzoïle, il se comporte comme les autres éthers salicyliques, et donne le benzoate d'amjlsalicjle a H*(C*H")0=' ) C H' O i ■ » Ce produit reste visqueux pendant fort longtemps, et ne se solidifie que très-difficilement. » Le chlorure de salicjle que j'emploie pour la préparation du salicylate d'amyle, a été obtenu, pour la première fois, par M. Gerhardt, en faisant agir le perchlorure de phosphore sur l'huile de gaulthéria. Dans cette réac- tion remarquable, il ne se forme que des traces d'oxychlorure de phos- phore; mais il se dégage beaucoup d'acide chlorhydrique, et j'ai constaté également la production abondante de chlorure de méthyle. Le chlorure de salicyle peut être chauffé jusque vers 200 degi'és sans se décomposer; mais on ne peut le distiller. » Dans le but de l'obtenir pur, j'ai cherché à le distiller sous une pression moindre que celie de l'atmosphère. Bientôt d'abondantes fumées d'acide chlorhydrique sont sorties de la pompe et m'ont contraint de renoncer à l'emploi de cet appareil. J'ai continué la distillation sous la pression atmo- sphérique, et j'ai recueilli dans le récipient un liquide fumant, présentant tous les caractères des chlorures organiques. ( -25 ) » chauffé avec de l'eau, il attaque vivement ce liquide et s'y dissout. Après le refroidissement, on obtient des cristaux formés d'un mélange d'acides salicylique et chlorobenzoique. Le premier de cesacides étant beau- coup plus soluble dans l'eau que le second, on peut obtenir ce dernier à l'état de pureté par des lavages répétés des cristaux précédents. C'est de l'analyse de l'acide chlorobenzoique que j'ai pu conclure que le chlorure résultant de la décomposition du chlorure de salicyle était du chlorure de chlorobenzoïle C H* Cl O, Cl. Il avait été obtenu déjà par M. Chiozza en faisant agir le perchlorure de phosphore sur l'acide salicylique. » Il est impossible de séparer par la distillation le chlorure de chloroben- zoïle du chlorure de salicyle. Une portion de ce dernier se décompose à chaque rectification, et les points d'ébullition des deux substances semblent très-rapprochés. Cependant le chlorure de chlorobenzoïle paraît le moins volatil des deux; si l'on recueille, en effet, séparément la partie qui distille au delà de a5o degrés, on reconnaît, en la traitant par l'eau, qu'elle se transforme en acide chlorobenzoique presque pur. On obtiendrait sans doute le chlorure de chlorobenzoïle à l'état de pureté, en traitant un chloroben- zoate par l'oxychlorure de phosphore. Mais la vive irritation des yeux et de la poitrine que causent les manipulations effectuées sur les chlorures vola- tils, m'ont empêché de continuer ces expériences. » Enfin, pour acquérir une certitude complète sur la production du chlorure de chlorobenzoïle, j'ai fait agir ce corps sur le carbonate d'am- moniaque, afin de produire la chlorobenzamide. Cette expérience m'a fort bien réussi. Le succès tient à ce que le chlorure de salicyle ne produit point d'amide lorsqu'on le met en présence du carbonate d'ammoniaque : la réaction est très- vive, et l'on n'obtient que du salicylate d'ammoniaque et d'autres produits tous solubles comme lui dans l'eau. D'après cela, en trai- tant le carbonate d'ammoniaque par du chlorure de chlorobenzoïle conte- nant du chlorure de salicyle, le seul corps insoluble dans l'eau qui se forme, c'est la chlorobenzamide. » Cette nouvelle amide cristallise en très-belles aiguilles nacrées, de sa dissolution dans l'alcool ou dans l'ammoniaque. Traitée par la potasse caustique bouillante, elle dégage de l'ammoniaque. » M. Gagxage envoie des échantillons d'iode traité par le gluten, et pré- sentant cette substance, les uns sous forme pulvérulente, les autres à l'état de pilules argentées. L'auteur n'indiquant point son procédé de préparation, les produits qu'il présente ne peuvent être soumis à l'examen d'iuie Commission. ( »26 ) M. Derrien adresse une Lettre concernant les engrais artificiels qu'il prépare dans son usine de Chantenay, et dont il a fait l'objet d'une précé- dente communication. (Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés : MM Pelouze, de Gasparin, Peligot.) M. DE Larue, auteur d'un Mémoire sur l'emploi de la compression dans le traitement des tumeurs blanches, exprime la crainte que ce Mé- moire ne soit pas parvenu à l'Académie. Le Mémoire faisait partie des pièces de la correspondance du 26 juin, mais n'a pu, comme beaucoup d'autres Mémoires arrivés en même temps, être présenté qu'à la séance du 3 juillet. M. Marchal annonce, de Rome, l'intention de soumettre prochaine- ment au jugement de l'Académie un Mémoire sur la navigation aérienne. M. Castagne adresse une Note sur la quadrature du cercle. COMITÉ SECRET. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. M. PoiNsoT, au nom des Sections réunies de Géométrie, d'.\stronomie et de Géographie, présente, en l'absence de M. Biot, président, la liste sui- vante de candidats pour la place vacante au Bureau des Longitudes par le décès de M. l'amiral Roussin. En première ligne , M. Duperrey; En deuxième ligne, M. Del offre; En troisième ligne, ex œquo, MM. Laplace et Lartigue. M. Bravais expose les titres des candidats. Ces titres sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures. É. D. B. ( 127 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du lo juillet i854, les ouvrages dont voici les titres ; Comptes rendus hebdomadaires des séances de C Académie des Sciences, 2" semestre i854 5 n° ' 5 in-4°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; Tables du 2* semestre i853; in-4°. Exposition universelle de i85f. Travaux de la Commission française sur r Industrie des nations, publiés par ordre de l'Empereur; tomes IV à VI. Paris, 1 854; 3 vol. in-8°. Mémorial de l'officier du génie, ou Recueil de Mémoires, expériences, obser- vations et procédés généraux propres à perfectionner la fortification et les con- structions militaires, rédigé par les soins du Comité des fortifications, avec l'approbation du Ministre de la Guerre; n° 16. Paris, i854; i vol. in-S". Etudes sur la géographie botanique de l'Europe et, en particulier, sur la végétation du plateau central de la France ; par M. Henri Lecoq; tome II. Paris, i854 ; i vol. in-8°. Guide du Photographe, i" partie : Description et emploi raisonné des Instruments d'optique appliqués à la Photographie ; par M. Ch. Chevalier. 2" partie : Nouveaux Mémoires et renseignements sur les moyens d'obtenir de belles épreuves sur papier, collodion, albumine et plaques métalliques; pat MM. G. Roman, Cuvelier, Dufaur, Laborde, Arthur Chevalier, etc. 3* partie : Eloge de Daguerre; Documents historiques; Lettres inédites de M. NiEPCE, etc. Paris, i854; in-8°. Monographie des Caloptérjgines ; par M. Edm. de Selys Longchamps, avec la collaboration de M. le D'' H. -A. Hagen. Bruxelles, Leipzig, Paris, i854; in-8°. Synopsis des Gomphines ; par M. Edm. de Selys Longchamps. Bruxelles, i854; broch. in-8°. La Vigne guérie par elle-même; par M. Le Roy Mabille. Paris, 1 854 ; broch. in -8°. Sur le Nœvus en général, et sur une modification particulière et non décrite, observée dans un nœvus de la paupière supérieure. Thèse pour le doctorat en Médecine présentée et soutenue le 8 mars i854; par M. J.-J.-Alex'^ Laboul- béne. Paris, i854; in-4°- (Adressé au concours Montyon, Médecine et Chirurgie. ) ( i28 ) Des dangers que présente l'emploi des papiers colorés avec des substances toxiques; par MM. A. Chevallier et E.-A. Duchesine. Paris, i854; broch. in -8°. Mémoire sur la nature et l'origine des alluvions à l'embouchure des Jleuves qui débouchent dans la Manche; par M. Marchal. Paris, i85/i; broch. in-8°. Annales de la Société impériale d' Horticulture de Paris et centrale de France; juin t854; in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France; tome II, i854; i'^ partie. Bulletin des séances; feuilles 4-9; in-8°. Bulletin de la Société de Géographie, rédigé par la Section de publication et par MM. CORTAMBERT, secrétaire général de la Commission centrale, et Malte-Brun, secrétaire adjoint; 4* série; tome VII; n° 4ij ™ai i854; in-8°. Annales de l'Agriculture française, ou Becueil encyclopédique d'Agriculture; publié sous la direction de MM. LoNDET et L. Bouchard ; 5* série ; tome III; n° la; 3o juin i854; in-8°. Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l' Industrie , fondée par M. B.-B. DE Monfort, rédigée par M. l'abbé Moigno; 3" année; V volume; i'" livraison; in-S". Journal d' Agriculture pratique, Moniteur de la Propriété et de i Agricul- ture, fondé en i83-] par M. le D'Bixio, publié sous la direction de M. Barral; n° i3; 4* série; tome II; 5 juillet i854; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie , et Bévue des nouvelles scientifiques nationales et étrangères; publié sous la direction de M. A. Chevallier; juillet i854; in-S". Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Becueil mensuel de Mémoires sur les diverses parties des Mathématiques; publié par M. Joseph Liouville; février et mars i854; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; n" 28; tome VII; 10 juillet i854; in-S". ERRATA. (Séance du 3 juillet i854) Page 68, lignes i3 et i4, au lieu de o«'',o6 de curare mélangés avec o^',5 d'iodure de potassium et 8 centimètres cubes d'eau , etc., lisez o^^joG de curare mélangés avec o^^S d'io- dure de potassium et o'^',^ d'iode dans 8 centimètres cubes d'eau , etc. .ss^ .^ ' COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'AOADÉmE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 17 JUILLET 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CALCUL mTÉGB.AL. — Sur une formule de M. Anger et sur d' autres formules analogues; par M. Augustin Cauchy. (f J'ai reçu de M. Anger, président de la Société des naturalistes à Dantzick, une Lettre où l'auteur dit : « Occupé depuis longtemps de l'examen des fonctions que les astronomes » allemands désignent par I, savoir de l'intégrale cos {ha ~ k sin a) da = 2 tt Ij > o » j'ai réussi à en tirer un développement en forme de série, frappant par » sa simplicité. Je ne sais s'il a été donné ailleurs. Je trouve -■ — 7- / cos (A a — /: sin a)aa = i-f- r; :, + 7-n ;tt7^; — 7T\-r---- "•" [h'-i "*■ (A' — i)(A'— B»)"*"'";". » Si A est un nombre entier, on obtient comme corollaire le développe- C. R., i854, i"»» Semestre. (T. XXXIX, K» 5. ) '7 ( .3o ) » ment connu et donné par Bessel, ^*" 1.2.3. ..//[ /i + l\2/ ^ I.2(/*+l)(/'+3) \2y' ■■■] » En examinant attentivement la formule de M. Anger, j'ai reconnu qu'elle était comprise comme cas particulier, avec d'autres du même genre, dans quelques formules générales qu'on peut démontrer comme il suit. » On a et l'on en tire : i" en supposant Ax =i, (^) ^"ic ~ ^~')"a;(.r + i)...(x + nV 1° en supposant A j: =r 2, y^l ^ x — n~^ ^ {x — n){x—n-iri)...{x-\rn — i){x + n) D'autre part, on peut, de diverses manières, transformer' la fonction - en intégrales dont les différences finies se déterminent aisément. On a, par exemple, (4) i = X"'""*' et l'on en conclut, en prenant A .r = i , par conséquent, (5) ' ' = r"iizi£:2,-rf<. ^^^ x(x^x)...{x^n) X i-2---« On a encore (6) î=-i^;7r-J «'^''^«' •^ e — I i/o et l'on en conclut, en prenant Ao^ = 2, 1 i r'^^ A''-= : / (2isina)''e«''f/a: ( <3i ) par conséquent, (7) (x — n){x~ n + i). ..(x + n—i)(3:-hn) g2jrri_,J 1.1... n » Soit maintenant f(z) une fonction de z qui reste monodrome, mono- gène et finie pour un module de z inférieur à c, et désignons par a^, a,, a»,." les valeurs de f(z), i'[z), f"(z),..., correspondantes à une valeur nulle de z. En nommant k une constante arbitraire tellement choisie que le module du produit kz reste inférieur à c, on aura (8) f (Az) = flo + «(-+ «2 — + •••• Par suite, en supposant le module de k inférieur à c, on tirera de la for- mule ( 5 ) I e-'-f [A(i - e-')] dt = "-^+ -^^ + ^ et de la formule ( 7 ) \ e'^' l'équation (i5) donnera r . 2 ,, 1.3.3 (16) X x(x+i) x(x-+-i)(.r + 2) x{x-i-i)[x-{- 2){x -h3) II Xi Pi P i ^A'-h... \~kx (1+*)' X-hl ~^(l— X-)' X+2 (l— /-l'x-f-S » Si l'on supposait précisément A — i , le module de jr + 1 étant supé- rieur à l'unité, la formule (i5) donnerait , . II 1.2 I . ''7) X "•" x(x-Hi) "^ *(x-t-i)(x-f-2)"'~ ^r^' par conséquent, I (18) IH ; V -. TT ; .+...= ^ ' \-\- X (I X)\Ou-\-X) X — I et l'on serait ainsi ramené à une formule de Stirling. » Si l'on prend i f(z) = e-, la formule (10) donnera et, par suite,. 1/ cos [a.x — k sin a.) da = X sin olux, Ja / sin (ao- — A: sina) da = X (i — cosaTrJT), la valeur de X étant _, k P ^ ( i33) » La première des équations (ao) coïncide avec la formule de M. Anger. » Si l'on divise la seconde des intégrales 20) par la première, on trouvera X27r sin ( a a; — ^ sin a ) li a ^22j -— ^tangTTJ:-, / cos{ot.x — /rsiaa.)da ce que donnerait aussi la formule («4)- I-^e rapport de ces deux intégrales est donc indépendant de la constante k renfermée dans chacune d'elles. » On pourrait remarquer encore diverses formules que l'on déduit des précédentes, en attribuant aux quantités a:, k des valeurs imaginaires. Si, pour fixer les idées, on remplace x par xi et k par Ai, on tirera de la for- mule ( 7 ) : » 1°. Pour des valeurs impaires de n, (a:5) r'"e-«^sin"arfa= , , , w V^'L"'', , ^^(I - e" ^''"), » 1°. Pour des valeurs paires de «, (24) / e-''^s\n"ada = —f~ ,','^," " ''," , , -,(i — 6-^'="^). Alors aussi la formule {19) donnera la valeur de X étant (26) x=i+ ' '-' '■' X X' + I x{x'+2') (;c'-M)(x'+3') '■••' et, comme le produit variera dans le rapport de i à e^nx^ quand on changera simultanément x en — jc et À' en — k, on aura encore (.7) -^o X2;r x-ksino.^^ ( i34) » Nous observerons, en fniissant, que l'équation (i4) peut être présentée sous la forme symbolique Comme on aura d'ailleurs identiquement on trouvera encore et, plus généralement, (3o) jT e-"f[k[.-e-^)]dt = '.^^^^. » Si, dans les équations (28), (29), on prend successivement pour f(z) les fonctions z ^ \{i-z) et L^ "^ 17737] "iJrTi^iT)' et si l'on a égard à la formule z H 7 z' -< ^ z' !z \{l — z) 2 12 24 730 = S ^"^"-^ n=: I dans laquelle la valeur de c„ est le signe S s'étendant à toutes les valeurs entières, nulles ou positives, de/, g, h,..., qui vérifient la condition /+ 2g 4- 3A -1-...= n, on obtiendra des équations qui subsisteront pour des modules de k infé- ( ,35 ) rieurs à l'unité; puis, en posant on retrouvera les formules que M. Binet a données dans les pages 1 1 1 et 1 14 de son Mémoire sur les intégrales euUriennes. » IVOMINATIOIVS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux, candidats pour la place vacante au Bureau des Longitudes, par suite du décès de M. l'amiral Roussin. Au vote pour l'élection du candidat qui doit être porté en première ligne, le nombre des votants étant 4o, M. Duperrey obtient. ... 34 suffrages. M. Deloffre a M. Laplace - . . . a Il y a deux billets blancs. M. Duperrey, ayant réuni la majorité des suffrages, sera présenté par l'Académie au choix de M. le Ministre comme premier candidat. Au vote pour l'élection du second candidat, le nombre des votants étant 35, M. Deloffre obtient 24 suffrages . M. Laplace . g M. Lartigue. ^ 1 Il y a un billet blanc. M. Deloffre, ayant réuni la majorité des suffrages, sera porté le second sur la liste des candidats présentée par l'Académie. MÉMOIRES LUS. GÉOLOGIE. — Recherches sur la production artificielle des minéraux de la famille des silicates et des alwninates, par la réaction des vapeurs sur les roches; par M. Daubrée. (Commissaires, MM. Cordier, Élie de Beaumont, Dufrénoy, Regnault, • de Senarmont.) « La géologie moderne admet comme démontrée une modification des roches au contact ou dans le voisinage des terrains massifs cristallins : c'est cette idée théorique qui leur a valu la qualification de roches méta^ morphiq^ ues. ( >36 ) » Depuis la mémorable expérience de James Hall , on a admis comme agent principal de métamorphisme une température élevée. Toutefois, la seule intervention de la chaleur ne peut expliquer dans leurs détails les modifications profondes que les roches ont subies dans de nombreuses contrées : des actions chimiques complexes ont évidemment contribué aussi à altérer le type primitif. » Dans des recherches antérieures, que l'Académie a daigné accueillir avec bienveillance, je me suis principalement occupé de la reproduction des minéraux propres aux gîtes stanniferes, et des réactions réciproques des vapeurs l'une sur l'autre. Les nouvelles expériences dont j'ai l'honneur de lui soumettre aujourd'hui les résultats ont, avec quelques modifications dans les procédés, la même idée théorique pour point de départ, et en étendent la portée à une catégorie de roches cristallines. » Le chlorure de silicium réagissant à l'état de vapeur et à la tempé- rature rouge sur les bases qui entrent dans la constitution des roches, se décompose en formant, par échange, du chlorure de calcium et de l'acide silicique. Tantôt cet acide reste libre, tantôt il se combine avec la base en excès et forme des silicates simples ou multiples. n Cette réaction présente ceci de remarquable sous le rapport chimique, et surtout au point de vue géologique, que l'acide silicique qui prend ainsi naissance et les silicates qui en sont les produits ont une extrême tendance à cristalliser. Les cristaux sont petits, mais, en général, fort nets. » En outre, il importe de l'observer, la cristallisation de ces composés a lieu alors à une température de beaucoup inférieure à leur point de fusion. » Avec la chqux, la magnésie, l'alumine, la glucine, on obtient du quartz cristallisé sous la forme ordinaire de prisme hexagonal pyramide, et une partie de la base passe à l'état de silicate. » C'est ainsi que le silicate de chaux nommé wollastonite a une grande tendance à se produire en tables rhombes avec deux larges faces de tronca- ture qui remplacent les angles obtus, forme habituelle des cristaux natu- rels. Souvent ces tables sont groupées perpendiculairement entre elles à la manière des prismes de staurotide. » C'est ainsi qu'avec la magnésie on obtient le péridot en prismes rec- tangulaires. » L'alumine donne un silicate en prismes allongés, à bases obliques, inattaquable par les acides, infusible et avec tous les caractères du disthène. Il est assez intéressant de voir ici du chlorure d'aluminium se former aux dépens du silicium.. ( i37 ) » Pour former un silicate double ou multiple, il faut non-seulement mélanger les bases à silicater dans des proportions convenables, mais encore fournir, en ajoutant en excès l'une d'entre elles ou la chaux, l'oxygène nécessaire à la formation de l'acide silicique. » Un mélange de chaux et de magnésie donne des cristaux de pjroxène diopside, incolore, d'une limpidité parfaite; ils présentent la large tronca- ture et le biseau qui sont ordinaires à l'augite. » Sept équivalents de potasse ou de soude, un équivalent d'alumine, ou bien un équivalent d'alcali, un équivalent d'alumine avec six équivalents de chaux produisent, sous la réaction du chlorure de silicium, des cristaux en prismes obliques avec biseau obtus, à peu près inattaquables par l'acide sulfurique, fusibles au chalumeau, qui, en un mot, présentent tous les caractères des feldspaths. » Par le même procédé, et en faisant varier les proportions et la nature des bases soumises au chlorure de silicium, je suis arrivé à des silicates offrant les caractères cristallographiques et chimiques de la willémite, de Vidocrase, du grenat, de la phénakite, de Vémeraiule, de ïeuclase et du zircon. » En mélangeant les éléments qui répondent aux compositions récem- ment données par M. Rammelsberg pour les tourmalines magnésiennes et ferromagnésiennes, et y ajoutant un excès de magnésie ou de chaux pour fournir de l'oxygène au silicium, j'ai obtenu, au milieu de cristaux de quartz, des prismes hexagonaux fort nets, qui présentent d'ailleurs tous les caractères extérieurs et chimiques de la tourmaline. » Le chlorure d'aluminium peut être utilisé de la même manière que le chlorure de silicium. En passant sur de la chaux au rouge, il produit du chlorure de calcium et de l'alumine en cristaux qui se rapportent à deux types propres an corindon, le prisme basé avec bordure, et la double pyra- mide très- aiguë. Les uns et les autres ont une grande ressemblance, à part les dimensions, avec les télésies. » La même réaction a lieu avec la magnésie, et en outre, dans ce dernier cas, une partie de l'alumine régénérée peut se combiner avec la magnésie en excès, de manière à produire du spinelle reconnaissable à la forme de ses cristaux en octaèdres réguliers tronqués sur les arêtes. Toutefois, il est pré- férable, pour obtenir le spinelle, de mettre un mélange de chlorure d'alu- minium et de chlorure de magnésium en présence de la chaux portée à la chaleur rouge. Avec les chlorures de zinc et d'aluminium, on produit le spinelle zincifère ou gahnite. C. p.., l854, 2""^ Serr.enre. (T. XXXIX, N" 5.) l8 " ( i38 ) » Le chlorure de titane amené sur de la chaux donne, avec d'autres cristaux qui seront étudiés plus tard, le titane oxydé sous la forme de la brookite. » L'oxyde d'étain, obtenu d'une manière analogue, est en cristaux de même forme que celui que j'avais antérieurement produit par réaction sur la vapeur d'eau. Ainsi la forme en prisme rectangulaire persiste, pour l'oxyde de titane et pour l'oxyde d'étain produits par décompositiqn des chlorures de ces métaux, à des températures comprises au moins entre 3oo et 900 degrés. » En faisant réagir le perchlorure de fer sur la chaux, j'ai obtenu le fer oligiste soit en cristaux spéculaires des plus nets, comme ceux du Saint- Gothard, soit en lames hexagonales transparentes, présentant par réfraction la couleur rouge de rubis. Le perchlorure de fer mélangé au chlorure de zinc donne, dans les mêmes conditions, une combinaison cristallisée ana- logue à lajranklinite. » Enfin, la magnésie cristallisée ou périclase de la Somma peut être faci- lement obtenue aussi par la réaction de la chaux sur le chlorure de magné- sium, qu'on trouve parmi les abondantes vapeurs chlorurées des fumaroles du Vésuve. Le même chlorure, décomposé par la vapeur d'eau, donne aussi la périclase, et le chlorure de zinc fournit le zinc oxydé cristallisé. » Les résultats qui viennent d'être signalés conduisent à des consé^ quences géologiques que je puis à peine énoncer ici très-brièvement. » Je ne prétends .pas établir que tous les silicates qui composent la masse des roches cristallines se soient formés par des vapeurs. Mais, même au milieu des roches fondues du Vésuve, on trouve un certain nombre de minéraux sur lesquels M. Scacchi a récemment attiré l'attention, et qui paraissent être un produit de sublimation. . » Parmi les minéraux de plus ancienne formation, il en est beaucoup aussi qui n'ont pu venir, par voie de fusion, tapisser les fissures où l'on rencontre aujourd'hui c€s minéraux si bien isolés; tels sont le pyroxène diopside avec grenat du Piémont et de l'Oural, les feldspaths adulaire et péricline des Alpes, les épidotes et axinites de l'Oisans, et bien d'autres. >' La richesse privilégiée des calcaires cristallins en minéraux souvent étrangers aux roches voisines, ne peut seulement résulter de ce que la chaux, en y réagissant sur la silice, a servi à former des silicates particuliers. Quelles que fussent les impufetés originelles de ces calcaires, le corindon, le spinelle, le périclase, le chondrodite n'ont pu s'y développer, sans l'introduction postérieure d'agents chimiques qui leur étaient étrangers. ( i39) » Tous ces produits variés de transport, silicates, aluminates, oxydeâ el «lutres combinaisons formées, soit dans des fissures, soit au sein de roches devenues aujourd'hui très-compactes, s'expliquent de la manière la plus satisfaisante, ce me semble, par l'intervention d'émanations chlorurées et fluorées. D'ailleurs, quand il s'agit de composés aussi volatils et aussi péné- trants, rien ne s'oppose à concevoir que leur action se soit étendue, à partir du centre de -dégagement, sur des épaisseurs considérables, telles que celles des roches schisteuses cristallines des Alpes ou du Brésil. Tantôt la substitution des silicates ainsi formés n'a été que partielle, comme dans beaucoup de calcaires cristallins qui nous restent comme des témoins per- pétuels des anciennes exhalaisons échappées aux roches éruptives voisines. Tantôt l'attaque a été plus complète, et même la masse primitive a pu disparaître, à l'état de chlorure soluble, tout aussi bien que l'eau qui a formé le fer oligiste des volcans. » Si nous revenons à l'exemple des calcaires cristallins et dolomies les niieux dotés en minéraiix, à ceux du Saint-Gothard, de la Suède, de la Finlande, des Etats-Unis, nous voyons que l'arrivée des chlorures, mélangés de fluorures et quelquefois de composés sulfurés, rend compte de la forma' tion de leurs minéraux les plus caractéristiques. Il faut comprendre dans cette explication les riches dépôts de zinc oxydé rouge avec franklinite de New-Jersey, ainsi que divers amas de fer oligiste et de fer oxydulé qui ont aussi été engendrés dans le calcaire. » On voit des composés magnésiens comme le spinelle, le chondrodite, le mica, le pyroxène, l'amphibole, la warwickite, la serpentine accumulés parfois avec une prédominance marquée, dans des calcaires qui ne ren- ferment pas de magnésie. Ce fait, encore inexpliqué, ne serait qu'une con- séquence des affinités chimiques diffcrenles de la chaux et de la magnésie : car nous voyons partout, dans nos expériences, le chlorure de magnésium être précipité par la chaux, >et quand ces bases se trouvent toutes deux en présence du chlorure de silicium ou d'aluminium, la chaux céder son oxy- gène, et la magnésie, persistant à l'état d'oxyde, entrer de préférence dans la combinaison oxydée avec la silice ou l'alumine régénérée. Le même principe explique la présence de la magnésie à l'exclusion de la chaux, dans les fers oxydulés. Faut-il attribuer à la même cause la prépondérance de la magnésie sur la chaux dans les éléments du granité et dans la serpentine? » Le mode d'enchevêtrement du quartz et des silicates, principalement dans les roches granitiques, a été longtemps une difficulté de toutes les hypothèses sur la formation des terrains dits primordiaux. Or, nous voyons i8.. ( '4o) maintenant dans nos expériences le quartz cristalliser en 'même temps et même plus tard que les silicates, à une température qui dépasse à peine le rouge-cerise, et, par conséquent, énormément inférieure à leur point de fusion. » N'est-ce pas aussi la même cause qui paraît quelquefois soustraire le quartz à l'influence des silicates basiques ou des aluminates, comme dans le granité, où il enveloppe des cristaux de cymophane au lieu d'avoir formé un silicate double comme l'émeraude et l'euclase? V Si le mica exhale encore, par la chaleur, des fluorures de silicium, de bore ou de lithium, osera-t-on affirmer que les pâtes granitiques n'aient pas aussi renfermé dans l'origine des chlorures de silicium, de bore ou d'aluminium, qui manquent, il est vrai, au milieu des vapeurs qu'on recueille aujour- d'hui à proximité des orifices volcaniques, où ils sont décomposés et pré- cipités par la vapeur d'eau, au contact de l'atmosphère, et où on les voit néanmoins contribuer très-probablement à la formation des silicates, déjà attribués par les meilleurs observateurs à un produit de volatilisation? Ne trouve-t-on pas d'ailleurs encore le chlore en quantité considérable dans certaines masses, comme la syénite zirconienne de Norwége, et la roche de l'Ilmen (miascite), où ce corps est principalement combiné dans l'éléolithe, et où il paraît avoir apporté le zirconium, le tantale, avec tout ce cortège d'éléments rares qui forment comme l'apanage de ces roches? » Il n'est nullement démontré que la présence d'une certaine quantité d'eau soit, à de hautes températures, un obstacle à de pareilles réactions, puisque nous voyons la silice et l'alumine se séparer, anhydres, d'une dis- solution aqueuse par une température de 3oo à 4oo degrés. Et si, jusqu'à présent, les expériences ont principalement porté sur les conditions limites des divers modes de formation, par voie humide et par voie sèche, un même effet produit dans ces états extrêmes, comme le quartz et le corindon, nous autorisera peut-être suffisamment à conclure qu'il aurait également lieu dans les conditions intermédiaires. » MÉDECINE. — Mémoire sur l'emploi de l'arséniate de fer dans le traitement des dartres furjuracées et squameuses ; par M. Duchesne-Dupar<:. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Serres, Andral, Rayer.) « Parmi les maladies de la peau sur lesquelles la thérapeutique a le moins de prise, se placent les dartres furfuracées et squameuses, qu'on ( i4i ) désigne le plus ordinairement par les noms de pithjiiasis, psoriasis, lepra vulgaris, ichthjrose, dartre lichénoïde, dartre squameuse centri- fuge, etc. » L'inefficacité constante, contre ces affections, des moyens que la thé- rapeutique ordinaire dirige avec succès contre la plupart des autres derma- toses, a depuis longtemps appelé l'attention sur les modificateurs les plus énergiques de l'économie. C'est à ce titre que l'arsenic, ou plutôt quelques- uns de ses composés ont dû leur introduction dans le domaine de la thérapeutique. Des succès nombreux et inespérés ont paru d'abord sanc- tionner leur emploi ; mais bientôt des accidents graves et multipliés vinrent inspirer aux médecins des craintes justement fondées, qui firent reculer beaucoup d'entre eux devant l'administration de ces agents trop éner- giques. » Témoin de ces accidents pendant mon internat à l'hôpital Saint-Louis, je pensai que les inconvénients signalés tenaient surtout à la forme sous laquelle l'arsenic était employé; et je me livrai à des expériences nom- breuses pour trouver une combinaison qui, tout en jouissant de l'activité favorable de l'arsenic, ne produisît pas les accidents reprochés aux autres préparations arsenicales. Le résultat de ces expériences a été pour moi la conviction que l'art possède dans l'arséniate de fer. un agent précieux, dont l'efficacité ne le cède en rien à celle des autres composés arsenicaux, et qui a sur ces derniers l'immense avantage d'une complète innocuité. . » Fort peu usité en médecine, l'arséniate de fer a été préconisé contre les altérations carcinomateuses et les ulcères de mauvaise nature ; Biett en a proposé l'emploi, mais il y recourait rarement. Cependant c'est un anti- dartreux puissant qui, sans inconvénient, peut être administré, en com- mençant par 2, 3 ou 4 milligrammes, et porté, d'une manière progressive, jusqu'à i5 à 2o centigrammes par jour. L'action de l'arséniate de fer sur l'économie est celle des. toniques excitants. » Sous l'influence des doses trop rapidement élevées, ou par suite d'une impressionnabilité organique exceptionnelle, quelques malades sont affectés d'une toux laryngo-bronchique avec sentiment de constriction à la gorge. Ces phénomènes indiquent la nécessité de suspendre le médicament pour le reprendre, après quelques jours, à doses plus modérées. » Toutefois, il existe une période, qu'on pourrait appeler de saturation, dans laquelle peuvent se manifester quelques accidents de nature inflam- matoire et qui siègent principalement à la peau. La suppression de l'arsenic et l'emploi de quelques antiphlogistiques en ont bientôt fait justice. ( t40 1) A quelle dose peut-on , sans inconvénient, prescrire l'arséniate de fer? Quelle est la durée d'un traitement arsenical complet? La réponse à ces deux questions ^e trouve dans les propositions suivantes qui terminent le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie. f> Première proposition. — L'arséniate de fer possède, à l'instar des autres préparations arsenicales, d'incontestables propriétés curatives appU- cables au traitement et à la guérison des affections furfuracées et squa-* nieuses de la peau. » Deuxième proposition. — Cette substance présente, en outre, le précieux avantage de pouvoir être administrée à doses suffisantes sans provoquer aucun des accidents justement reprochés aux liqueur de Person, teinture de Fowler, pilules asiatiques, etc. » Troisième proposition. — L'arséniate de fer, donné seul ou combiné avec d'autres substances, doit toujours être administré à doses graduées, en débutant par 2, 3 ou 4 milHgrammes, selon l'âge, la constitution et surtoitt l'état des voies digestives. ^ » Quatrième proposition. — Des faits nombreux et rigoureusement observés autorisent à conclure qu'une dose quotidienne de 20 centi- grammes d'arséniate de fer, répétée sans interruption pendant le temps nécessaire, suffit, chez l'adulte, à la guérison d'une dartre furfuracée ou squameuse, quelle que soit son étendue ou son ancienneté» » Cinquième proposition. — La durée du traitement antiherpétique, par l'arséniate de fer, n'a rien d'absolu et varie, en raison de l'âge, de la constitution, de l'étendue et de la gravité du mal ; plus encore, peut-être, du degré de tolérance que présentent les organes digestifs pour ce médica- ment. » Sixième proposition. — Un traitement par l'arséniate de fer n'exclut l'emploi d'aucvm des topiques reconnus utiles contre les dartres et trouve un adjuvant précieux dans l'usage externe et interne de certaines eaux minérales sulfureuses thermales. » GÉOMÉTRIE. — Mémoire sur les treize solides demi-reguliers d^rchimède ; ^ar M. Val AT. (Extrait.) (Commissaires^ MM. Poinsot, Poncelet, Babinet.) « Les recherches que j'ai l'honneur de communiquer à l'Institut se corn-- posent, dit l'auteur, de deux parties bien distinctes : » La première comprend l'examen des treize corps connus sous le nom ( '43 ) de solides d Archimède ; la deuxième est consacrée à l'exposition de quel-: ques résultats inattendus qui constatent l'existence de «nouvelles formes géométriques possédant toutes les propriétés des premiers solides. C'est aux conseils de M. Babinet que je dois la pensée première de ce travail qui me semble n'être pas sans utilité pour la science. » Les corps réguliers auxquels les Traités de géométrie font une part si modeste, ont leura.faces régulières, égales, de même espèce, et leurs angles solides égaux. 1} n'y en a que cinq, et leur caractère le plus important, c'est d'être à la fois inscriptibles çt cipconscriptibles à deux sphères concenr trique^. » Les corps réguliers étoiles, comme les définit M. Poinsot dans le beau Mémoire qu'il a publié en i8io, diffèrent des précédents par l'espèce des faces polygonales et par celle des angles; les premières sont des polygones étoiles embrassant dans leur périmètre deux ou plusieurs fois la circonfé- rence; les angles polyèdres peuvent aussi se former de plans disposés autour de chaque sommet comme le sont les côtés d'un polygone étoile. M. Poinsol en a décrit quatre, dont deux ont été vaguement indiqués avant lui, et ce. nombre n'a pas été dépassé. » Les corps demi-réguliers, à leur tour, sont formés de faces régulières égales, mais d'espèce différente; ainsi le même polyèdre admet des carrés et des triangles équilatéraux ou des combinaisons ternaires. En outre, leurs angles solides sont égaux ; ils ont un des caractères de corps réguliers, celui d'être inscriptibles à la sphère, sans posséder le deuxièrrie; ils ne peuvent lui être circonscrits. Leur nombre semblait limité à treize depuis Archimède; nous constatons qu'il est réellement indéfini. » Kepler a décrit ces treize solides dans un de ses plus beaux ouvrages, celui qui a pour titre : Quinque libri Hannonices muniii (Lintz, 1619). De nos jours M. Sidonne, à la suite d'une Table des nombres premiers publiée en 1808, en présente la génération et quelques propriétés ; ce sont les seuls géomètres qui aient fait une étude spéciale du sujet; le premier toutefois avec ce coup d'œil d'aigle, caractère des hautes intelligences, se borne à indiquer ce qu'il y avait à faire; le second annonce l'intention de l'exé^ cuter, mais si son travail a été exécuté, il n'a jamais été publié : l'un et l'autre ont donc laissé à des mains patientes le soin d'exploiter une mine qu'ils ont eu l'honneur d'explorer. » Toutefois la question a exercé grand nombre d'esprits, et bien longue serait la nomenclature des tentatives enregistrées parles annales de la science sur un tel sujet; on pourrait citer d'abord presque tous les auteurs dp ( i44) perspective, anciens ou modernes, entre lesquels nous distinguerons Albert Durer qui, en idô6, donne la figure des six premiers corps; Daniel Bar- baro, Vénitien, qui en présente un tableau plus complet sans démonstra- tion ni calcul ; le P. Nicéron, dans son Traité de perspective curieuse, i663; Désargues, J.-B. Porta, Ozanam,etc. En second lieu, il faudrait signaler un plus grand nombre de géomètres qui s'en sont occupés à titre de Récréa- tions ou Exercices mathématiques , comme Fr. de Landalle [Commentaire d'Euclide ; iSyS), Barrow [Édition d' Euclide ,• Londres, 1734), qui examine Y exoctaèdre et V icosi dodécaèdre ; Montucla [Histoire des mathématiques) j qui donne, d'après Tartaglia, les éléments de V hexacontaèdre, solide à soixante-deux faces, formé de trente carrés, vingt triangles et douze penta- gones; Déparieux, dans sa Trigonométrie et surtout dans une courte, mais savante Notice du Journal de Trévoux (année 1 737) ; l'académicien Parent, auteur de Notes intéressantes sur plusieurs de ces corps. » Je ne continue pas une pareille énumération, parce que les travaux de Kepler et ceux de M. Sidonne n'ont point été dépassés, encore moins complétés; et c'est pour cela qu'un Traité restait à faire. Je croyais donc remplir seulement une tâche regrettable lorsque, coor- donnant et continuant les recherches de mes devanciers, j'eus la pensée d'exprimer analytiquement les conditions d'existence de ces solides comme l'avaient fait Laplace pour les corps réguliers, dans les leçons à l'École nor- male, et M. Poinsot pour les polyèdres réguliers étoiles dans le Mémoire déjà cité. » J'ai été conduit à trois équations fondamentales dans le cas le plus gé- néral de combinaisons ternaires; elles se sont réduites à deux dans le cas des combinaisons binaires et devaient, comme on le pense bien, se réduire à une seule, celle de Laplace et de M. Poinsot dans le cas le plus simple des corps réguliers. Des conditions d'un ordre secondaire m'ont permis de résoudre les équations du problème et de retrouver ainsi rigoureusement les treize solides d'Archimède. En outre, elles m'ont révélé l'existence de deux séries de corps auxquels je donne provisoirement le nom de solides demi-régu- liers, prismatiques droits et gauches. De ces deux séries indéfinies, l'une est connue, et comprend les prismes droits à bases régulières, égales, paral- lèles, interceptant des carrés d'un côté égal à l'arête commune : ce groupe, qui commence au prisme triangulaire droit équilatéral, contient comme second terme le cube ou hexaèdre régulier (sorte de prisme quadrilatère droit) ; l'autre série, entièrement nouvelle, a une assez grande analogie avec la première : chacun des solides qui la composent a deux faces régulières ( i45 ) égales et parallèles interceptant des triangles équilatéraux ; on peut les con- sidérer comme des prismes droits de la première série, dont une base entraî- nant dans un mouvement général de rotation les arêtes latérales, aurait déplacé les triangles équilatéraux interceptés entre les bases, de ^ , de ^ , de Yô, etc., de révolution, selon que cette base a trois, quatre, cinq côtés. Ce groupe a pour premier terme Voctaèdre régulier ^ qui est un véritable solide prismatique gauche, ainsi que l'indiquent nos formules. » Après avoir remarqué l'importance des modifications apportées par un léger mouvement de rotation, dans les propriétés comme dans la forme des prismes droits, il est impossible de ne pas être frappé de la convergence rapide que présentent les termes correspondants des deux séries qui se con- fondent à l'infini, c'est-à-dire quand le nombre des côtés des bases est infi- niment grand ; la limite vers laquelle tendent les deux groupes est un cylindre droit d'une épaisseur infiniment petite, c'est-à-dire un des grands cercles de la sphère circonscrite ( c'est un sujet à étudier). » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. BOTANIQUE. — Mémoire sur la jécoiidation naturelle et artificielle des yEgilops par les Triticum; par M. Godron. (Commissaires, MM. Ad. Brongniar't, Decaisne, Tulasne.) L'auteur a pour but de rechercher ce que l'on doit penser de VMgilops triticoïdes; il rappelle les recherches faites par M. E. Fabre sur cette gra- minée, établissant que V^gilops triticoïdes naît d'une graine à'jEgilops ovata et que par la culture il se rapproche de plus en plus du froment cultivé. Il ne peut toutefois admettre la conclusion que M. Duval a déduite de ces faits, savoir, que le blé a pour origine V/Egilops ovata, el n'est qu'une simple métamorphose de cette dernière plante. M. Godron, en étudiant les circonstances au milieu desquelles se rencontre VJEgilops triticoïdes, est parvenu à établir que cette graminée est un produit accidentel; qu'elle ne se rencontre que sur le bord des champs de blé ou dans leur voisinage ; que son port rappelle celui des variétés de . blé près desquelles elle a vécu; qu'elle porte des arêtes là où l'on a cultivé le blé barbu, et que ses arêtes sont au contraire rudimentaires dans les lieux où le blé sans barbe est cultivé ; qu'elle est moins féconde que ne le sont les espèces légitimes, etc. Il trouve dans V^gilops triticoïdes tous les caractères C. R., 1854.2"»'= Semestre. (T. XXXIX, N°3.) IQ ( «46 ) d'une plante hybride et, selon lui, elle est le produit de la fécondation de V^gilops ovata par le froment cultivé. M. Godron a confirmé, du reste, cette conclusion par l'expérimentation directe; il a reproduit, par la fécondation artificielle de Y/Egilops ovata par le Triticum vulgare, les deux variétés d'jEgilops triticoides qui se rencon- trent dans le midi de la France. Il a obtenu également deux plantes hybrides nouvelles, l'une par la fécondation de YMgilops ovata par le Triticum spelta, l'autre. par l'action du pollen du Triticum durum sur l'jEgilops trinristata. Ces différents produits ont été mis sous les yeux de l'Académie. CHIRURGIE. —Note sur les plaies pénétrantes de poitrine par coups de Jeu ; par M. Gkyox. (Extrait.) (Commissaires, MM. Duméril, Velpeau.) « Les plaies pénétrantes de poitrine par coup de feu sont, dit M. Guyon, considérées généralement comme de la plus grande gravité. Ce n'est pour- tant pas ce qui résulte de mes observations sur ce genre de blessures pen- dant le long séjour que j'ai fait à Alger » Mon opinion sur ces sortes de blessures est le résultat de trente-neuf observations dont les sujets ont parfaitement guéri. Le cas que je vais rap- porter et que je choisis seulement parce que j'ai pu plus tard observer l'état des parties qui avaient été traversées, montrera quelles sont les ressources de la nature dans les blessures de cette espèce. Plaie pénétrante de poitrine par coup de feu, projectile perdu dans le poumon ; guérison , puis mort , dix-huit mois après , d'une maladie étrangère à la blessure. » Binard, soldat au a* bataillon léger d'Afrique, est atteint, le 7 juin i836, aux avant-postes de Bougie, d'un coup de feu dont la balle, après avoir traversé l'avant-bras gauche (entre le radius et le cubitus, près de l'articu- lation radio-carpienne), va se perdre dans la partie supérieure du poumon droit. Conduit tout de suite à l'hôpital du lieu, il y reçut tous les secours quew'éclamait son état; il en sortit quelques semaines après, n'éprouvant qu'un peu de gène dans la respiration , ce qui ne tarda pas à se dissiper. Aussi Binard reprit bientôt son service et toutes ses occupations accou- tumées. » Dix-huit mois s'étaient écoulés depuis sa sortie de l'hôpital , lorsqu'il s'y présenta de nouveau, et, cette fois, pour une maladie fébrile, qu'on diagnostisa sous le nom de gastro-entérite^ et à laquelle il succomba. (i47) » Le souvenir de sa blessure était encore tout récent dans l'établissement. Aussi, les médecins qui en avaient été les témoins ne négligèrent-ils pas, dans la nécropsie qu'ils firent du sujet, de soumettre à un examen attentif les parties qui en avaient été le siège. Cet examen fut fait par MM. Viton, Mautrey et Ytasse. Le premier, alors chirurgien en chef de l'hôpital, avait soigné Binard lors de sa blessure. Voici le résultat de leur examen : » Plèvre et poumon du côté gauche , très-sains; plèvre et poumon du côté droit , adhérents entre eux sur plusieurs points. » Poumon de ce dernier côté, moins volumineux que l'autre, paraît fort sain, si ce n'est à la face antérieure du lobe supérieur, où existe une légère dépression, de forme circulaire, du diamètre d'un pouce environ, et sans adhérence aucune avec la plèvre costale (i). C'est la surface de la cicatrice laissée par le projectile, et qui est représentée par un tissu blanchâtre et lisse. » Au-dessous de ce tissu, et parfaitement isolé, est un kyste ou poche membraneuse dense et recouverte, à l'intérieur, d'une matière pulpeuse, d'un gris blanchâtre, qui paraît être le produit d'une sécrétion de la poche. Ce produit enveloppe de toutes parts, comme pour garantir de leur choc la dernière, une balle de plomb de calibre ordinaire, deux esquilles et deux sortes de tissu, l'un de toile et l'autre de drap. » Ces deux sortes de tissu provenaient, sans qu'il soit besoin de le dire, des vêtements du blessé, et les deux esquilles, d'une côte que le projectile avait effleurée dans son parcours. » A l'occasion de ce fait contenu dans la Note de M. Gujon, M. Dusiéril dit que la nature présente assez souvent de semblables et d'aussi admi- rables résultats : il cite ainsi le cas d'une balle qui avait pénétré dans le sommet du crâne d'un militaire, lequel, longtemps après sa réforme, exerçait à Beauvais le métier de cardeur de laine; mais cet état déter- minant chez lui de violentes douleurs de tête, il entra plusieurs fois à l'hôpital. Au bout d'une quinzaine d'années, il succomba et on eut l'heu- reuse idée de rechercher la cause des douleurs si vives que produisaient chez lui les moindres mouvements de la tête. On trouva dans le lobe moyen du cerveau, une poche membraneuse suspendue par un très-faible pédi- (i) CeUe absence d'adhérences entre la cicatrice et la plèvre costale, comme aussi la dépres- sion dont il vient d'être question, s'explique par le poids que devaient exercer, sur la sur- face pulmonaire, les corps étrangers dont il va être parlé. 19.. (i48) cule, produit de la méninge, qui soutenait, comme dans une sorte de hamac, une poche fibreuse et soUde contenant et enveloppant une balle de plomb d'un assez gros calibre. Dans une autre circonstance, M. Duméril faisait, au Muséum, avec G. Cuvier, l'anatomie d'une Autruche : ils trouvèrent à la partie infé- rieure du cou, dans un sac fibreux adhérent au tissu de l'œsophage, mais dans une cavité cernée de toutes parts, une masse de graisse noire, une sorte de cambouis, qui recouvrait un très-long clou de charrette, dont la surface, rongée par de profonds sillons, était attaquée et dissoute en partie par la matière graisseuse, qui aurait très-probablement favorisé ensuite l'absorption complète de ce gros morceau de fer. Remarque de M. Velpeau sur la communication précédente. « Le fait que signale M. Guyon est fort intéressant, sans doute; mais les annales de la science en renferment un très-grand nombre d'analogues. Il n'y a peut-être pas de viscère, de région, d'organe dans le corps de l'homme, où des projectiles, plomb, chevrotines, balles, etc., n'aient été trouvés après y avoir séjourné, sans inconvénient sérieux, pendant cinq, dix, quinze, vingt et jusqu'à cinquante ans. » PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Développement de la Moule comestible, et, en particulier, formation des branchies; par M. Lacaze-Dcthiers. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Valenciennes, de Quatrefages.) « Le développement des branchies n'a été étudié par aucun auteur depuis le commencement de l'apparition jusqu'à la formation complète des quatre feuillets. M. Loven (i) n'a indiqué que la présence des premiers rayons, il n'a pas suivi leur transformation. » Quand les branchies apparaissent, le pied, le byssus, les muscles des valves, la charnière (une charnière dentelée), le ligament élastique et l'ap- pareil digestif sont bien développés, on voit aussi l'organe auditif près delà bouche. Les branchies naissent en arrière du pied, dans la partie où le man- teau s'unit au corps, par une double rangée de bourgeons dont la succession régulière se fait en des temps distincts, correspondant à des périodes qui sont caractérisées chacune par la formation d'un des éléments de l'appareil de la respiration. (i) Académie de Stockholm j 1848. ( '49) » La branchie interne se développe la première et commence par le feuillet moyen. Des bourgeons, des tubercules paraissent d'abord à la base du pied; à mesure qu'ils se multiplient, ils s'étendent en arrière en formant une série, dont les éléments sont d'autant plus anciens qu'ils sont plus rap- prochés de la bouche. En s'allongeant, ces tubercules forment de véritables arcs branchiaux, se couvrent de cils vibratiles, et restent libres jusqu'à ce que leur nombre soit de douze à peu près; alors se montre la lame interne ou réfléchie. Une soudure réunit d'abord les extrémités libres des rayons les plus anciens, puis se transforme en une lamelle qui, placée en dedans, remonte vers le côté dorsal, et qui, se creusant de dépressions et de fentes longitudinales, est bientôt divisée en lanières et en rayons sem- blables à ceux qui les ont précédés. » La branchie externe se développe la seconde; elle ne paraît que lorsque la première, déjà bien constituée, renferme un assez grand nombre de rayons, et que son feuillet interne ou réfléchi remonte assez haut. Son ori- gine est la même, mais son accroissement se fait en sens inverse. Le feuillet moyen débute le premier; on le voit naître par un bourgeonnement qui com- mence en arrière et s'étend en avant, en suivant toujours la ligne d'insertion de la branchie interne; on dirait presque que c'est le bord externe de cette insertion qui bourgeonne et produit le nouveau feuillet. » La lame externe ou réfléchie qui constituera le quatrième feuillet, se forme tout à fait à la manière de la lame réfléchie interne de la première bran- chie ; les arcs se soudent par leurs extrémités en commençant toujours par les plus anciens, et la soudure est suivie par la production d'une lame, qui, se creusant de fentes et de boutonnières, se trouve bientôt divisée en une foule de rayons où les cils vibratiles se disposent avec une grande régularité, » Ainsi les branchies se développent en quatre périodes successives, cor- respondant à chacun des feuillets : d'abord la branchie interne et son feuillet réfléchi, ensuite la branchie externe et son feuillet réfléchi. » Tandis que l'une se développe d'avant en arrière, l'autre se forme d'arrière en avant. » Des feuillets, deux s'accroissent de haut en bas, ce sont les moyens ; deux s'étendent de bas en haut, ce sont les internes et les externes ou réfléchis. » Cette marche de la nature peut expliquer des différences anatomiques assez importantes, dont la raison ne saurait se trouver pilleurs que dans le développement. » Ainsi les Lucines n'ont qu'une branchie, mais c'est précisément celle. ( i5o) qui paraît la première, en sorte qu'en s'arrétant au moment de la produc- tion de la seconde dans l'embryon de la Moule , on a un état transitoire qui représente celui qui est permanent dans la Lucine. » Les Bucardes, les Pétricoles, les Chama, etc., ont une branchie ex- terne bien plus petite et plus courte que l'interne : n'en trouve-t-on pas l'explication dans l'apparition tardive de la seconde branchie, dont le dé- veloppement ne marche pas aussi vite que dans la première. L'un des états transitoires de l'embryon de la Moule ne représente-t-il pas encore l'état permanent de la Chama, de la Bucarde et de quelques Pholades, etc. ? » Quand la seconde branchie commence à paraître, je n'ai pas pu voir le cœur, ni observer de mouvement de circulation dans les arcs branchiaux. On peut donc admettre que l'appareil de la respiration précède celui de la circulation. » En résumé, on voit (i) que l'œuf des Acéphales se fractionne d'une ma- nière spéciale, qu'il se divise en une partie centrale et une partie périphé- rique; que de la première sortiront le foie et l'intestin, tandis que de la se- conde naîtront le manteau, la coquille, le disque rotateur, les branchies ; que l'ordre suivant lequel apparaissent les organes est sensiblement le même que celui observé par M. Vogt dans quelques Gastéropodes. « A voir combien tous les auteurs qui se sont occupés du développe- ment des animaux ont mis de soin à établir une comparaison des faits observés dans des groupes éloignés, on peut juger de tout l'attrait qu'a cette partie de la physiologie comparée, véritable philosophie de la science. Si je m'abstiens de suivre l'exemple qui m'est déjà donné, ce n'est pas que le désir fasse défaut, mais il me semble que lorsqu'un plus grand nombre de faits sera recueilli, on pourra se livrer avec plus d'autorité, et avec moins de chances d'erreurs, à des rapprochements qui, lorsqu'ils sont basés sur un trop petit nombre d'observations, deviennent de simples jeux de l'esprit, de pures spéculations hypothétiques à l'appui de telle ou telle théorie. » (i) Daprès ce qui a été dit dans le Mémoire sur le Développement des Huîtres. ( Compte rendu, séance du lo juillet i854.) ( '5i ) ÉCONOMIE RURALE. — Note siir un insecte qui détruit les betteraves pendant leur premier âge; par M. Bazin. (Extrait.) (Commission des maladies des plantes usuelles : MM. Duméril, Magendie, Chevreul, Becquerel, Brongniart, Milne Edwards, Boussingault, Paven, Rayer, Decaisne, Montagne, Tulasne, Moquin-Tandon.) a Tous ceux qui cultivent la betterave savent que sa levée et son pre- mier développement rencontrent de grandes difficultés. Tantôt les germes périssent dans le sol, tantôt les jeunes plantes, à peine sorties de terre, meurent avec une rapidité qui rend la cause du mal très-difficile à saisir. Ordinairement, ce sont les betteraves semées les premières, au mois de mars, qui sont les plus maltraitées. Quand la végétation est languissante, soit à cause du froid, soit à cause de la pauvreté du sol, la plante est perdue. Elle lutte quelque temps, mais succombe toujours. La sécheresse hâte aussi sa ruine. Lorsque la terre est légère, meuble, les risques sont fort grands, la mort presque inévitable. Au contraire, si le sol est compacte, comprimé, il est probable que la récolte sera sauvée. Ajoutons que si l'on fait revenir pendant plusieurs années, sans interruption, les betteraves dans les mêmes champs, on peut être certain qu'elles seront plus ou moins endommagées. » Voilà ce que tous les agriculteurs observent, et les dommages sont si considérables, que, chaque année, ils sont obligés de resemer une quan- tité assez grande de betteraves, parce que les premières semées lèvent trop inégalement, ou ne sortent pas du tout de terre. » Quelle est la cause du mal? un Oïdium!. . . une influence atmosphé- rique !. . . On pourrait le croire, mais il n'en est rien. Il existe un tout petit Coléoptère, très-friand de la betterave, qui se reproduit avec une fécondité surprenante, et qui échappe très-facilement aux regards de l'observateur. Il va, en effet, se cachant dans le sol, où il ronge les germes des betteraves à mesure qu'ils apparaissent. Qu'on soulève légèrement les mottes de terre, et l'on en verra souvent des quantités innombrables. Il n'est pas rare d'en trouver plusieurs autour d'une même graine. Quand leur nombre est si con- sidérable, et que leur éclosion précède la levée des betteraves, la récolte est entièrement compromise. Mais si les insectes ne paraissent qu'après la levée des plantes, les dommages sont moins grands. Ils attaquent les racines, y creusent de petits trous et les minent en partie , mais ils ne les détruisent pas toujours. I^es betteraves échappent souvent à la mort, surtout si la terre est humide, compacte, et la végétation active. » Cet insecte ne se contente pas d'attaquer la racine : quand le temps est ( i52 ) beau, il sort de terre, monte sur la tige et mange les feuilles. Nous avons vu quelquefois de ces petits Coléoptères réunis par groupes sur une petite betterave, qui, au bout de quelques heures, n'offrait plus qu'une tige sans feuilles, bientôt flétrie et morte. Quand les betteraves sont levées, elles ne sont donc pas toujours à l'abri du danger. Il arrive même souvent qu'un certain nombre d'insectes sont occupés à ronger la racine, pendant que d'autres se nourrissent aux dépens de ses feuilles. Ce cas est, comme on Ip pense, fort grave et souvent mortel. » Le Coléoptère qui cause tous ces ravages est YÂtomaria linearis (Ste- phens), A. pygmœa (Heer). Il est étroit, linéaire, long à peine de \ milli- mètre. Sa couleur varie du roux ferrugineux au brun noir. C'est en iSSg que nous avons, pour la première fois, observé cet insecte au Mesnil-Saint- Firmin. Il y a sept ou huit ans, il a été signalé, par M. Macquart, aux culti- vateurs du Nord. Il se montre en mai et en juin, plus rarement en juillet et en août. Voici les moyens que nous employons avec succès pour préserver les betteraves contre les ravages de \' Atomaria linearis : » Le premier consiste à faire alterner les récoltes. « Le second consiste à plomber le sol avec des rouleaux. Il paraît que les Atomaria ne se plaisent pas dans un milieu compacte. Et de plus, la terre comprimée autour de la plante empêche celle-ci de mourir, même lorsque sa racine a été attaquée et coupée sous terre par des insectes. » Le troisième précepte est de préparer bien son champ, fumer conve- nablement et semer quand la saison est assez avancée pour que la végéta- tion ne languisse pas : alors la plante, poussant activement, répare par de nouvelles feuilles les pertes que lui font éprouver les insectes, et résiste malgré les dommages qui entravent son développement. » Quatrièmement, enfin, quand on voit les insectes se multiplier outre mesure, et surtout si l'on est obligé de semer une seconde fois, il faut se garder d'une économie mal entendue de graines, et savoir augmenter, doubler même quelquefois, dans les cas désespérés, la quantité de la semence. » Ce sont là des moyens vraiment pratiques, agricoles et que nous avons reconnus efficaces. Depuis que nous les employons, nos betteraves sont toujours épargnées, tandis que celles de nos voisins sont souvent détruites. Cette année encore, V Atomaria a causé dans plusieurs pays des dégâts con- sidérables. Les agriculteurs les plus capables n'en ont pas été préservés. » ( i53 ) ÉCONOMIE RURALE. — Note sw UTie maladie du lin observée dans le département du Nord ; parM. Loisel. (Extrait.) (Commission chargée de l'examen des communications concernant les maladies des plantes usuelles.) a Dès la première quinzaine de juin, et avant que les fortes pluies vinssent renverser les lins, ils avaient déjà, malgré leur apparente belle venue, donné des signes d'une altération très-fréquemment observée par les cultivateurs. L'affection se révèle par le ton jaunâtre qui remplace la douce verdure qu'offre d'ordinaire un champ de lin. Tantôt uniformément dissé- minée sur toute l'étendue du champ, la teinte jaunissante est peu percep- tible pour les personnes étrangères à cette culture spéciale; d'atitres fois, plus concentrée sur certains points, elle contraste, pour tous les yeux, avec la teinte générale. » En examinant isolément chaque plante affectée, on reconnaît qu'elle est frappée d'un état de langueur et d'étiolement qui s'est traduit par tui arrêt de développement : moins haute et plus grêle que celles qui ont suivi leur végétation normale, elle offre pourtant plus de rigidité et se brise avec facilité, surtout vers sa partie inférieure, quand on cherche à la faire ployer. Cette fragilité est arrivéesi loin pour la racine, que l'arrachement, même opéré avec beaucoup de précaution, en rompt presque toujours le pivot, qui reste enfoui dans le sol et laisse libre une souche courte et tronquée. Les feuilles que supporte la tige passent successivement, de bas en haut, par plusieurs nuances, deviennent noirâtres, comme briilées, et finissent par se réduire en fragments, au moindre frottement; quelques fleurs rabougries les cou- ronnent, elles se flétrissent aussitôt et même avant que de s'ouvrir, et meurent avant que d'être fécondées. » Mais de toutes les lésions qui signalent la maladie, la plus remarquable est sans contredit la présence d'un grand nombre de productions crjpto- gamic/ues qui entourent la base depuis le collet de la racine jusqu'à une hauteur d'un ou deux et même jusqu'à quatre travers de doigt : ces pro- ductions, à peine visibles à l'œil nu, sont très-saisissables avec une simple loupe; elles constituent des sortes de petits tubercules arrondis, de couleur fauve, allant graduellement, suivant leur âge, au brun ou au noir : à quelque degré que soit arrivée la maladie, on est sûr de les rencontrer; en sorte qu'on peut les considérer comme un caractère spécifique, un signe patho- gnomonique du mal. C. R , i85i, a"" Semestre. (T. XXXIX, ^<' 5.) 20 ( i54 ) » Les premiers signes de l'apparition du cryptogame ne remontent guère au delà de l'apparition des boutons floraux : souvent il est plus tardif, mais dans aucun cas il ne paraît dépasser la période de la pleine floraison : sa végétation est très-rapide, et il suffit d'un jour ou deux pour qu'il se mul- tiplie prodigieusement. Dans des évolutions plus avancées, l'agame pro- duit un travail destructeur qui se traduit par des érosions de l'écorce laissant le ligneux à l'état de dénudation complète » Les dommages occasionnés à l'agriculture par cette maladie sont depuis longtemps démontrés par l'expérience : ils portent particulière- ment sur les produits en semences qui sont réduits en proportion du développement acquis par l'affection. Si on s'en rapporte à l'appréciation des juges compétents en pareille matière, la perte provenant de cette source pour la récolte de i854 ne sera pas moindre du tiers d'une récolte moyenne; ce qui relèverait, pour le département du Nord, à environ I million. » C'est vainement que j'ai compulsé les ouvrages d'agriculture qui sont à ma disposition, pour connaître ce qui a été dit sur les divers états patho- logiques du lin : nulle part je n'ai trouvé qu'ils fussent même mentionnés. J'ai cru devoir alors interroger les sciences naturelles pour essayer de ré- soudre les problèmes soulevés par la maladie que je me suis efforcé de décrire; à cet effet, j'ai remis à mon collègue, l'éminent botaniste M. Desraa- zières, des échantillons de lin parfaitement sain et de lin malade à divers degrés » Le savant mycologue, dans une Lettre dont copie est ci -jointe, m'a fait l'honneur de m'apprendre que le cryptogame du lin doit être rapporté au genre Phoma et se rattacher à l'espèce désignée sous le nom de Phoma exiguum qu'il a décrit dans les annales des sciences naturelles et dans ses fascicules des plantes cryptogames de la France. II n'admet pas que cette production fungique occasionne le mal dont il s'agit, et suppose, au contraire, qu'elle naît par suite de l'état morbide de la plante. Aucun moyen préventif ne résulte des observations re- cueillies jusqu'ici sur cet agame, qui n'était pas génériquement et spécifi- quement connu avant que M. Desmazières en fît la description en 18/19, et qui, depuis, n'a reçu des auteurs aucune addition à son histoire. » M. Dessoye adresse un supplément à ses précédentes communications sur la maladie de la vigne. ( i55) » Afin de mieux constater l'action du mode de traitement qu'il emploie, l'auteur a laissé à dessein, au milieu d'un plant de vignes traitées au lait de chaux, trois ceps auxquels il n'a point fait l'application du traitement préservatif. Ces trois ceps, au lo juin, étaient attaqués; tous les autres étaient parfaitement sains. L'auteur ajoute que les vignes traitées au lait de chaux ont une végétation plus vigoureuse que celles qui, n'ayant point été soumises à ce traitement, ont cependant échappé à la maladie. » (Commission pour les maladies des plantes usuelles.) MM. Valleau et Thoumelet soumettent au jugement de l'Académie la description d'un appareil de leur invention pour la carbonisation des diverses matières, os, chaux, tourbes, etc., qui doivent être carbonisées en vases clos. M. Millet adresse des échantillons d'un papier destiné à prévenir la falsification des écritures. (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Regnault.) CORRESPONDANCE. M. LE Ministre de la Guerre adresse, pour MM. les Membres de l'Académie des Sciences, des billets d'admission à l'exposition permanente des produits de l'Algérie. MÉTÉOROLOGIE. — Lettre de M. le Ministre de la Marine, concernant un cas de foudre observé à bord d'un des bâtiments de l'escadre Jratiçaise dans la mer Noire. » M. le vice-amiral commandant en chef l'escadre de la Méditerranée me rend compte d'un fait qui me semble de nature à intéresser l'Académie des Sciences; je viens vous prier de le mettre sous les yeux de votre docte Assemblée. Voici ce dont il s'agit : » Pendant un fort orage, qui a passé sur la rade de Baltchick, la foudre est tombée sur le grand mât du vaisseau français le Jupiter, et, suivant la chaîne du paratonnerre, qui était à son poste, a fait explosion au-dessous des porte-haubans de tribord. Le fluide électrique n'a pas causé de grands dommages, cependant trois hommes ont été légèrement blessés par les débris de la chaîne lancés dans toutes les directions. 20.. ( i56 ) » Je joins à la présente Lettre copie du Rapport adressé à cette occasion à M. le vice-amiral Hamelin, par le commandant du Jupiter, et quelques brins de la chaîne de ce vaisseau, broyée par la foudre. » Dans le même orage, la foudre est également tombée à bord d'un vaisseau turc dont la chaîne n'était pas à l'eau; aussi, le tonnerre dans son explosion a fait, un peu au-dessus du cuivre près de la flottaison, un trou d'environ un pied de profondeur et pareil à celui qu'aurait pu faire un boulet de canon. » Je serais heureux que la communication que je vous adresse ici, fût jugée par l'Académie digne de quelques moments de sa précieuse atten- tion . » Extrait du Rapport adressé à M. le vice-amiral commandant en chef l'escadre de la Méditerranée , par le commandant du Vengeur, M. le capitaine de vaisseau Lugeoi.. « Baie de Baltchick,à hoiài\x Jupiter, le 14 juin i854. » J'ai l'honneur de vous rendre compte de l'accident arrivé ce soir à 7 heures, à bord du Jupiter. I^e tonnerre est tombé sur le grand mât, et le fluide électrique, en descendant par tribord le long de la chaîne, a fait explosion au-dessus des porte-haubans. » A G*" 10™ environ, le second maître de timonnerie Rio avait prévenu l'officier de quart, M. d'Apat, qu'il allait faire mettre les chaînes en place. L'orage était encore éloigné. Le quartier-maître Houget avait lui-même établi celle du grand mât; cette chaîne, établie à o™, 1 5 de la pomme par un anneau à charnière porté sur un petit bout de latte, descendait d'abord le long de la flèche de cacatois et suivait ensuite un galhauban de perroquet au moyen d'anneaux en cuivre rouge ; elle était écartée du bord par un arc -boutant en bois saillant de 2"',4o en dehors des porte-haubans; enfin, l'extrémité inférieure, garnie d'un boulet de 2 kilogrammes, plongeait dans l'eau d'environ 2 mètres. » Au premier bruit de l'explosion , me trouvant sur ma galerie, ma pre- mière pensée fut que l'éclat de tonnerre venait d'avoir lieu bien près de nous ; mais, apercevant en même temps une très-grande quantité de fumée passer par-dessous la galerie, je m'imaginai que c'était un coup de canon parti de la batterie basse, car l'intensité de la détonation avait été la même, et j'allais sonner pour en demander la cause, lorsqu'on vint me rendre compte de l'accident. ( i57) » Le paratonnerre était tordu ; la chaîne, brûlée et broyée en mille mor- ceaux, n'existait plus depuis son point supérieur d'attache ; et les anneaux, le long du galhauban, ainsi que leurs amarrages, n'avaient cependant nul- lement souffert. L'arc-boutant même, bien que simplement appuyé sur le porte-haubans par son bout intérieur, n'était point dérangé et restait sail- lant en dehors et désarmé de sa chaîne. » Ma galerie par tribord était couverte de poussière de brins de cuivre. Tout le gaillard d'arrière, ainsi que la dunette et le porte-haubans, était également rempli de débris de la chaîne ; les divers morceaux qu'on en a ramassés paraissaient brûlés et avaient une teinte violet foncé ; ils étaient brûlants. Plusieurs hommes en avaient été couverts et trois légèrement blessés par les brins de fils de cuivre lancés dans toutes les directions. » M . LE Af INISTKE DE l' AGRICULTURE, DU CoAIMERCE ET DES TrAVAUX PURLICS adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du XV* volume des Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de i854- M. BioT fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Serret, d'un exemplaire de la deuxième édition du Cours d'^lgèhre supérieure, et il exprime une opinion très-favorable sur cet ouvrage. M. Flourexs met sous les yeux de l'académie un nouveau volume des Mémoires de la Société de Biologie. M. Ad. Brongniart, Président de la Société botanique de France, présente, au nom de cette Société, le i*' numéro de son Bulletin. ( i58 ) ASTRONOMIE. — M. Le Verrier communique : i°. Les observations de la nouvelle comète de M. Rlinkerfues, yà?7e* à l'Observatoire de Paris. (Le mauvais temps n'a pas permis d'observer de cette comète avant le i6 juin.) DATES. si. TEMPS HOYEN ASCENSION DROITE. DÉCLINAISON gi OBSERVATEUR. REMARQUES. 1854. de Paris. rs h m s h m s s 0 1 II II Juin 16 i3 44 57,0 3 33 39,35 - (9,723):A -i-52 56 14,0 -i-(o,799):A h Chacornac. Très-brillante; queue de 18' à 16 13.59. 7>4 3.33.47,05 - (9,739):^ -(-52.57.13,1 -i-(o,782):A h Id. 20' de long., moins brillante 16 14. i3. 8,8 3.33.55,21 — (9,753):A -(-52.58. 8,8 -t-(o,764):A h Id. au milieu que sur les bords. 3.46.42,67 - (9,5i5):A -+-54.25.17,8 -(-(0,888): A c Id. '7 12. 4.36,8 42.54 id- 19,5 id. d Id. < 3.46.54.49- (9,573):'^ -(-54.26.35,1 -i-(o,875):a c Id. La comète se voit moins bien >7 12.24 32, 5j 5^^i, id. 35,6 id. d Id. que le 16. Le diamètre du 3.47 4,98 - (9,6i6):A '^l'-'i^'^ 4,87 id. -(-54.27.42,2 -i-(o,863):A c Id. noyau parait plus grand ; la >7 41,3 id. d Id. queue est moins apparente. 17 12. 58.13, 5 3.47.15,47 - (9,65i):A 15,29 id. -(-54.28.44,8 -(-(o,85o):a 43,0 /o,07 - (8,96i):A 4-60.46.19,7 -(-(0,906): A h Chacornac. Les nuages interrompent plu- sieurs fois les observations. 26 13.14.55,9 6.44.29,65 — (9,22o):A -(-60.46. 0,2 -t-(o,9oi):A h Id. 26 13.34.21,9 6.44-46,51 - (9,359):A -t-60.45.43,2 -i-(o,895):A h Id. 28 io.i8.3o,o B.^- 5.41,31 + (9,682):A D.- 7-44,' +(o,844):A i Yv. Vil) arceau . 28 10. 3i. 7,9 «,- 5.30,94 -H- (9,645):A D, — 8. 7,3 -(-(0,857); A i Id. Moyaa peu distinct, vapeurs. 28 10.42.36,1 M^- 5.22,6i:-H (9,6i4):A D,— 8.24,3 -l-(o,865):A i Id. Le ciel se couvre. Juin. 2 14.26.13,8 ^,+ 7.32,97:- (9,i84):A D, H-i-i. 6,0 -i-(o,9i5):A /t Chacornac. Le ciel se couvre à plusieurs 2 14.40 5o, 2 ^*-i- 7.40,72 — (9,3ii):A D, -(-10.25,9 -(-(0,912): A k Id. reprises. La 1" et la 3* com- 2 14.54. 0,7 ®H.-+- 7-46,90:- (9,399):A D»-(- 9.52,2:-h(o,9o8):A k Id. . paraison sont incomplètes à cause des nuages. 3 10.17.53,6 iR^-i-i8.i4,i2 -t- (9,7i8):A D, -(- 1.35,2 -(-(0,812): A l Id. La comète a un noySu très- 3 Il .3o.i5,7 «^-1-18.49,23 -(- (9,576):A D. - 2. 9,5 -i-(o,875):A l !d. diffus. Il semble former di- 3 11.55.22,6 iB^-M9. 2,o5 + (9,5oi):A D»- 3.27,2 -(-(o,894):A l Id. vers centres de condensation 3 12.21 .14,6 5i»-t-i9. 14,55 -(- (9,4oo):A D, — 4-42,0 -(-(o,9o3):A l Id. plus lumineux. 7 i3. 6.24,1 9.17.27,00 H- (9,23o):A -(-49.21.39,7 -+-(0,919): A m Id. «♦-7- '7, 74: W. D. - 2.3i,7 ià. n Id- i ij Noyau très-diffus et très-large; ( 9>7-34,39 -»- (9,o56):A '3^9-27,' |a^- 7.10,68 id. -(-49.20.26,6 -l-(o,925):A m Id. 1 la queue n'a pas éprouvé 7 D, — 3.5o,3 id. n Id. 1 d'augmentation comme le ,/ .„ r;„ < 9->7-5i,59 - (8,i65):A -(-49.17.44,0 4-(o,929):A m Id. \ noyau. 7 D, — 6.25,7 i^- n Id. J 10 10.32.48,2 JB„— 4. 5,5o -t- (9,659):A D, — 5.46,7 -(-(o,824);a 0 Id. 10 12.12.28,6 ai,— 3,41,75 -)- (9,464):A D, — io.5i,4 -t-(o,898):A 0 id. 16 -, Q „ , Q / 10. 4-4o,5i -i- (9,662):A -1-38.43. 5,4 -(-(o,788):A P Id. 9-^9'^'1 10. 4.40,62 ,d. -(-38.42.52,7 id. 1 Id. 16 9:56.i7,4i '"• ff •^; ^ ^9,65o):A •' "^( 10. 4-42,94 "'■ -1-38.42.17,1 -(-(o,8o5):A P Id. -(-38.42. 3,5 id. 1 Id. 16 10,15.45,2* '0. 4.45,57 + (9,633):A ' ' 1 10. 4-45,17 -H 'd- -1-38.41.26,5 -l-(o,823):A P Id. -+-38. 41. 16,1 id. 1 Id. N.B. Les positions de la comète sont corrigées de l'effet de la réfraction. Les chiffres sous parenthèses sont les logarithmes des nombres dont ces chiffres tiennent la place ; A désigne la distance de la comète à la terre ; et les termes qui résultent du rapport de ces quantités sont les parallaxe.s e,\primées en secondes de temps pour les ascensions droites , et en secondes de degrés pour les dé- clinaisons. ( »59) Position moyenne des étoiles de comparaison le i" janvier i854- , ÉTOILES de DÉSIGNATION DES ÉTOILES. ASCENSION DROITE. DECLINAISON. GRANDEUR. comparaison. h m s 0 1 II b Anonyme. 3 42 37,03 + 52 5o 19,4 8" -9' c i (7382 — 3) Lal'sCat. 3.53. 8,39 + 54.39.31,1 9° d 7539 Lal's Cat. of Stars 3. 57.51, 38 ■+■ 54.26. 19,6 T e 66o5 Lal's Cat. of Stars 3.28.21 ,60 + 55.53.59,6 8' f 10461 Lal's Cat. of Stars 5.28.23,90 + 60.32. 8,3 8» -9" . g Anonyme. 6. 8.47 + 60. 5o 8«-9« h 17 Lynx = 23i2 B.A.C. 6.56.31,89 + 61. 0.55,8 6* -7" i Anonyme. 7.27.29 + 60. 3 8' k Anonyme. 8.19.57 4- 55.27 8« l Anonyme. 8.19.54 -f- 54.35 r m 1571 Groombridge. 9.32.46,65 + 49.26.51,4 r n Anonyme. g. 24. 36 -H 49.26 9" 0 Anonyme. 9.41.10 ' -f- 45. 5i 8= P 19604 Lalande. 9.55. 8,55 4- 38.43.55,0 r 1 161 1 Groombridge. 9.58. 16, 04 4- 38.43.59,1 8' 2". Les observations de la planète Amphitrite, faites à l'observatoire de Lejrde , par M. Oiidemans. 1884. T. M. de Leyde. A. Dr. app. Décl. app. Étoiles. h m 8 o , „ o I II Mars 20 12 16 44 '9^ '4 ^9,5 — 9 4' 42»^ "^ 20 12.21.46 55,4 42>o b 20 1 3 . 2 . 5o 3 1 , 5 4° > - *^ 21 12.58. 2 196. i.5i,2 — 9-39. 6,4 « 21 i3. 15.43 39,0 6,0 b 23 12.45.53 ig5.35.5o,9 — 9.33.5o,6 a Mai 3o II. 38. 10 i85.4i.45,8 d Si 10. i.3o 185.43.46jO — 6.57. 7,4 d Positions moyennes pour i854, **• " / Il a 195.31.47,2 — 9.32.55,6 (2 obs.) ''1 b 195.55.89,5 — 9'44- 9>8 (2 obs.) c 196.48.30,2 — 9.39.27,5 (2 obs.) d i85.56.32,3 — 6.51.17,9 » M. Argelander a déterminé la position des étoiles a, b, c an Méridien. La position de c?a été empruntée à la 239^ zone de Bessel. MÉTÉOROLOGIE. — M. Le Verrier communique les observations météoro- logiques faites à Sétif, en Algérie , parM. C. Dumas, négociant, pendant les mois de Mai et Juin 1 854 • ( -6o ) CRISTALLOGRAPHIE. — De l'injluence des milieux sur les cristaux en voie de formation; par M. J. Nicklès. « Le premier chimiste qui se soit occupé de l'influence que les milieux peuvent exercer sur la matière en voie de cristallisation, est Leblanc, dont les résultats, obtenus dans cette voie, ont été publiés vers la fin du dernier siècle. Ses recherches ont été reprises par Beudant, qui en a considérable- ment agrandi le domaine. Les faits observés par ces savants (i) s'accordent a attribuer aux milieux une grande influence sur les formes secondaires des cristaux qui s'y produisent : une eau mère, contenant des poudres très-fines tenues en suspension mécanique, fournit des cristaux d'une forme générale- ment très-simple et très-régulière ; au contraire, les mélanges chimiques exercent, le plus souvent, une action inverse, en compliquant de diverses facettes la forme produite par la dissolution pure ; ainsi l'alun, en octaèdres très-nets, passe au cubo-octaèdre sous l'influence de l'acide nitrique, et à l'icosaèdre en présence de l'acide chlorhydrique. Une addition d'acide bo- rique, ou quelques gouttes de carbonate de potasse ou de carbonate de soude, déterminent, au contraire, la formation de l'alun cubique : il en est de même des autres substances cristallisables, et j'ai moi-même obtenu des dodécaèdres rhomboïdaux de chlorure de potassium dans des dissolutions contenant des chlorures magnésiens. « Dans l'esprit de Leblanc et de Beudant, c'est à ces effets que se borne l'action des mélanges chimiques ; le système cristallin n'en est pas affecté ; la forme seule en est plus ou moins modifiée par des formes secondaires, ou bien celles-ci sont ramenées par eux à une forme plus simple. » J'ai eu plusieurs fois occasion de montrer que cette influence ne s'arrête pas à la superficie du solide ; j'ai fait voir qu'elle peut atteindre l'essence même du cristal en voie de formation. Dans deux Mémoires successifs, présentés à l'Académie en i848 et en i85o, j'ai donné des preuves à l'appui; laissant de côté les faces secondaires qui ont pu se développer dans tel ou tel milieu et modifier l'espèce, je m'attachai spécialement à l'étude des angles ; je reconnus tout d'abord que, sous l'influence de mélanges chimiques, étrangers par leur nature à la substance du cristal, ce dernier peut éprouver des variations angulaires allant jusqu'à i degré et au delà. » Ce résultat, confirmé depuis par divers savants, a reçu, d'ailleurs, la sanction de M. Dufrénoy (a). Sans prétendre expliquer, d'une manière ab- (1) DoFRÉNOY, Traité de Minéralogie , tome 1, page 21 5. (2) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, i85o, i^' semestre, page 169. ( 16/ ) solue, l'influence que les matières étrangères peuvent exercer dans ces cir- constances, il m'a toujours semblé que leur action est purement physique, et qu'elle modifie, d'une manière quelconque, les forces moléculaires qui président à la cristallisation, sans affecter autrement la molécule chimique. » Si telle est réellement l'influence que le milieu, ainsi modifié, exerce sur le cristal en voie de formation, on doit s'attendre à voir ce solide changer de système et de propriétés physiques, ou, en général, contracter une nou- velle forme incompatible avec la première, lorsque, par sa nature, il est sus- ceptible de devenir dimorphe ou polymorphe. » Cette vue pourrait paraître une simple hypothèse, si je ne me hâtais d'a- jouter qu'elle est conforme à l'expérience. En modifiant convenablement le milieu dans lequel une substance dimorphe est en voie de cristallisation, on obtient, pour ainsi dire, autant de corps polymorphes que l'on veut. Ainsi, en présence du carbonate de soude, le sulfate de potasse rhomboïdal devient hexagonal, et en présence de l'acide sulfurique, le sulfate de nickel rhom- boïdal passe à l'état de sulfate à base carrée. » Ces mêmes solides reprennent leur forme première lorsqu'on les fait cristalliser dans l'eau pure. » En modifiant une dissolution de tartrate d'ammoniaque gauche par un peu de malate d'ammoniaque, M. Pasteur a obtenu une seconde forme, rhomboïdale cette fois, de ce même sel. Le même procédé lui a servi à pré- parer la variété dimorphe du tartrate droit. » C'est par des considérations analogues à celles indiquées plus haut que ce chimiste s'est guidé dans sa recherche des formes tétartoédriques du tartrate d'ammoniaque (i); c'est aussi par elles que M. Magnus explique la production des deux formes incompatibles que le soufre peut affecter dans le sulfure de carbone (2). » Quoique j'entretienne, pour la première fois, l'Académie de l'influence que les milieux peuvent exercer sur les substances polymorphes qui y pren- nent naissance, et quoique je n'aie pas encore appelé son attention sur la cause de polymorphisme qui fait l'objet de cette Note, les faits relatifs à cette influence et la théorie qui cherche à les interpréter sont, depuis plusieurs années, dans le domaine public. Je les ai publiés il y a plus de quatre ans (3), et, depuis, ils ont été publiquement discutés à la Sorbonne (i) Comptes rendus de l'Académie, 3 juillet i854, page 22. (2) Annales de Poggendorff, i854, n" 6, page 32. ( 3 ) Comptes rendus des travaux de Chimie de Laurent et Gcrhardt , juin 1 85o ; et Annales de Chimie et de Physique , tome XXXVIII , page 426. C. B. , i85.', 2™e Semestre. (T. XX.XIX, No 3., 2 I ( i62) à l'occasion d'une Thèse de Chimie intitulée : Recherches sur le polymor- phisme, dont je dépose un exemplaire sur le bureau. » Si je n'ai pas plus tôt soumis ces recherches à l'Académie, c'est que j'attendais de pouvoir les compléter; mais, détourné de ce projet par des travaux d'un autre ordre, je ne dois pas tarder davantage, et je prie l'Académie de vouloir bien accepter l'hommage de deux brochures dans lesquelles j'ai consigné les faits en question. »* HISTOIRE DES SCIENCES. — Note sur des notations algébriques employées par les Arabes; par M. Woepcke. « Les Traités d'algèbre arabes connus jusqu'à présent, et appartenant à différentes époques, depuis le IX* jusqu'au xyii* siècle de notre ère, mais ayant tous pour auteurs des Arabes de l'Orient ^ nous présentent cette science sous une forme exclusivement discurave et parlée, et qui n'admet aucun genre de notation, tandis que l'algèbre des Grecs et celle des Indiens nous offrent déjà des commencements d'une notation algébrique. » Je pense donc que la découverte que je viens de faire de l'existence d'une notation algébrique très-développée chez les Arabes de V Occident , peut offrir un certain intérêt pour l'histoire des sciences. n Cette notation est presque aussi complète qu'elle pouvait l'être tant que l'algèbre elle-même restait numérique. Car, je me hâte de le dire, quelque honneur que l'invention de cette notation puisse faire aux géomètres arabes, elle ne diminue en rien la gloire de F'iète , dont l'im- mense et incontestable mérite consiste à avoir introduit la notation litté- rale pour les quantités connues dans le calcul algébrique, et à avoir le premier, en exprimant en même temps les opérations algébriques par des signes, yîgMre des calculs virtuels avec des lettres , que, jusque-là, on n'avait su qu'exécuter réellement sur des nombres, en un mot, à avoir changé la face de la science même, et jeté les bases de l'analyse moderne, en rempla- çant l'algèbre numérique , que nous trouvons chez les Grecs, les Indiens, les Arabes, et chez les Occidentaux avant Yiète, par le calcul des sym- boles (ï). » Voici, maintenant, eu quoi consiste essentiellement la notation arabe : (*) Voir le beau Mémoire de M. Chasles dans lequel l'illustre géomètre a discuté à fond cette importante question. [Comptes rendus de fjcadémie des Sciences, tome XII , pages 741 et suivantes.) ( i63 ) » 1°. L'inconnue et ses puissances sont désignées par les initiales de leurs noms arabes superposées aux coefficients numériques, savoir : » La Impuissance [x) par un chin (ch), initiale du mot chaï{a chose »); » La 2' puissance (a:*) par un mîm (m), initiale du mot mal (« posses- sion » , carré ) ; » La 3* puissance (x') par un câf{c), initiale du mot ca'b ( « cube » ). » a". On pose des équations en plaçant les deux membres de l'équation l'un à la suite de l'autre, et en les séparant par un signe d'égalité figuré ainsi 1. » 3°. Dans chaque membre, on place d'abord tous les termes positifs, et ensuite tous les termes négatifs, en séparant les uns des autres par la par- ticule illâ ( cr moins»); dans un second manuscrit du Traité d'où je tire cette notation, le mot illd est remplacé seulement par son trait final là, ce qui lui ôte son caractère grammatical et lui donne presque tout à fait celui d'une simple notation, donc d'un signe de la soustraction. » 4°- Les racines des quantités sourdes, soit entières, fractionnaires ou mixtes, sont désignées par un djùn (dj), initiale du mot djidzr ( « racine » ), superposé à la quantité sourde, et équivalant, par conséquent, au signe radical. » 5°. Lorsqu'il s'agit de trouver la valeur d'une inconnue par la propor- tion, on écrit celle-ci en séparant les quatre termes les uns des autres par le signe suivant .-., et en mettant à la place du terme inconnu un djùn (dj), initiale du mot djidzr (« racine»), lequel terme est employé conjointement avec ckaï, par les algébristes arabes, pour désigner la première puissance de l'inconnue. » 6°. On se sert, avec une clarté parfaite, de la notion de l'exposant , désigné parle mot ass (au pluriel içâs), qui signifie proprement : « principe, base, fondement ». Qu'on en juge par le passage suivant sur la division des puissances algébriques, que je traduis textuellement, et que je ne cite que comme un exemple entre plusieurs : « l'opération (de cette division) con- » siste à retrancher Vass du diviseur de Vass du dividende ; ce qui reste est » Vass du quotient»; puis par cet autre passage: «le nombre n'a point » d'ass, Vass des choses est un, Vass des carrés est deux, et Vass des cubes » est trois. » Je fais observer exprès, et comme un point très-essentiel, que le mot ass est employé au singulier et non au pluriel. » Pour donner une idée plus précise de cette notation, j'en transcris ici quelques exemples : 21.. ( '64 ) 3 f dj dj dj _ dj Radicaux. V^.,.i8; y/H- • -41; 3v/6...6; Jv/48..,48. Proportion: ii : 20 = 66 : x . . . rf/.'. 66.". 20.-.I i. m c ch c c m Polynômes : \i x + 48x'— 48 x'. ..48 moins 48 1 2 (*) ; 3+ 4x'-4- 6x'— 4 x'. ..4 moins6 4 3. ch I m I ch m Équations : x'+ 20 ^ 1 2 x. . . 1 2 ^ 20 i; yx'+x = 7J...7y O ' i ' m ch I ni 3 x' — 36 =: 32 X — x'. . . I moins 32 ^^ 36 moins 3. » La notation dont je viens de donner un aperçu se trouve employée dans un Traité d'arithmétique, composé dans la dernière moitié du xv° siècle par un Arabe d'Espagne, Ali ben Mohammed Alkalçâdî, et contenu dans un manuscrit appartenant à M. Reinaud, que le célèbre académicien a bien voulu me communiquer. » Il résulte d'autres pièces, que je me propose d'examiner ailleurs avec tous les développements nécessaires, que l'emploi de la notation dont il s'agit, dans le Traité queje viens de signaler, n'est pas un fait isolé, mais qu'un arithméticien et astronome arabe, également originaire d'Espagne, connu sous le nom (ïlbn Albannd, et contemporain de Fibonacci, avait fait usage de la même ou d'une semblable notation dans un Traité, pour la composition duquel il avait, à son tour, puisé dans les ouvrages de deux auteurs antérieurs : Ibn Almon'am et Alahdab. » Enfin j'ai rencontré, dans un manuscrit persan de la Bibliothèque Impé- riale, une table de multiplication des puissances algébriques, où ces puis- sances et leurs valeurs réciproques sont désignées par une notation différente. On a formé les signes qui s'y trouvent en prenant pour les unités (terme constant) la dernière lettre radicale [d) du mot dhâd (a unités » ), et pour les racines la dernière radicale (r) du mot djoudzoûr (« racines a) ; puis en combinant, pour les puissances supérieures, les dernières radicales (/) et [b) des mots amwâl ( « carrés ») et kiâb (« cubes ») d'uoe manière analogue à la manière dont les noms des puissances supérieures sont formés en arabe au moyen de ces deux mots. On a obtenu ainsi la notation suivante : Cubo-cubes. bb . . . x' Qnadrato-quadralo-cubes llb . . . x' Quadrato-cubo-ciibes Ibb . . . x' Cubo-cubo-cnbes bbb. . . a^ Quadrato-quadrato-cubo-cubes ilbb. . . x" Unités d . . . n Racines r . . . x Carrés / . . . x' Cubes b . . . X' Carrés- carrés // . . . x' Quadrato-cubes Ib . . . x' (*) Il faut se rappeler ici que les Arabes écrivent de droite à gauche. • ( >65 ) » Quant aux «fractions » des puissances, ou, comme nous disons, valeurs réciproques des puissances ou puissances négatives, elles sont désignées par les signes des puissances positives correspondantes précédés d'un a, dernière radicale du mot arijzâ ( « parties » ou « fractions » ). Donc on désigne Les fractions des racines I - ) par àr, Les fractions des carrés [i) par al, Les fractions des cubes (^) par ab. Les fractions des carrés- carrés (^) par ail. et ainsi de suite. » M. DucHAussoY rend compte d'observations qui ont été faites récemment sur des cholériques admis à l'hôpital Necker. M. Vernois, médecin de cet hôpital, ayant administré, à un assez grand nombre de malades atteints du choléra, les médicaments dont l'absorption peut être le plus facilement constatée, les résultats ont conduit M. Duchaus- sojr, qui a suivi ces malades, à conclure que « dans le choléra intense il existe une période pendant laquelle l'absorption par l'estomac, le gros in- testin et la peau est, ou absolument nulle, ou tellement faible, qu'on ne peut compter sur elle pour obtenir une action thérapeutique. Cette perte de la propriété d'absorber persiste dans les derniers instants de la vie, alors même que les évacuations ont cessé. » Ces faits, ajoute l'auteur de la Lettre, rendent compte à la fois et des prétendus succès obtenus par des remèdes doués de propriétés différentes, ou même opposées, et l'inefficacité si tristement avérée des médications les plus énergiques dirigées contre le choléra à cette période. Dans l'un et l'autre cas, il n'y a pas eu d'absorption réelle. » M. GuYON prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante de Correspondant de la Section de Médecine et de Chirurgie. A cette demande est joint un exposé de ses travaux et de ses publications. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.) M. Lebert adresse, de Zurich, une semblable demande et rappelle à cette occasion les distinctions dont il a été l'objet de la part de TAcadémie. (Renvoi à la même Section.) ( .66) M. J.-C.-W. Petsch adresse, de Berlin, nne Lettre relative à une pièce qu'il avait précédemment envoyée au concours pour le prix du legs Bréant. M. NisME-DuBORT communique la description d'un procédé qu'il a imaginé pour la ligature du conduit spermatique chez le cheval, opération qui n'a pas, suivant lui, les inconvénients que présente la castration exécutée par les moyens ordinaires. M. Paradis adresse une courte Note sur un moyen qu'il a imaginé pour prévenir le déraillement des véhicules marchant sur chemin de fer. M. Piobert est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. COMITÉ SECRET. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La Section de Botanique présente, par l'organe de M. Adolphe Brojvgmabt, la liste suivante de candidats pour la place de Correspondant vacante par suite de la nomination de M. Moquin- Tandon à une place de Membre titulaire. Au premier rang, M. Schimper, à Strasbourg. Au second rang, M. Planchon, à Montpellier. Au troisième rang, ex œquo, et par ordre alphabétique, MM. Boreau, à Angers, Brebisson, à Falaise, Clos, à Toulouse, Des Moulins, à Bordeaux, Godron, à Besançon, Grenier, à Besançon, Lecoq, à Clermont-Ferrand, Seringe, à Lyon. M. Adolphe Brongniart expose les titres des candidats. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. ( '67 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du lo juillet i854, les ouvrages dont voici les titres : L' Agriculteur praticien , Revue de l' agriculture française et étrangère ; n" 19; in -8°. La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; 3* année; a* série; 19* livraison; 5 juillet i854; in-8°. Intorno... Sur une nouvelle classification des calcaires rouges à Ammonites des Alpes vénitiennes; par M. T.- k. Catullo. Venise, i853;in-4''. Prioritàt. . . Priorité des observations contenues dans la Zoologie fossile des provinces vénitiennes; par le même; ^ feuille in-4°. Fortsetzung. . . Continuation et conclusion du Mémoire précédent; par le même; i feuill'e in-4°- The astronomical... Journal astronomique de Cambridge ; n° 72 ; vol. III; n" 24; 1 5 juin 1854. Magnetische... Détei'minalion magnétique de lieux, calculée en différents points du royaume de Bavière et dans quelques stations étrangères; par M. J. Lamont; partie i". Munich, i854; i vol. in-8''. Annalen... Annales de l'Observatoire royal de Munich; par le même; tome VI. Munich, i853; in-8°. Uber einige... De quelques développements généraux en séries, et de leur application aux fonctions elliptiques ; par M. O. SCHLÔMILCH. Leipzig, i854j broch. in-4''- Uber die... De la détermination des masses et des moments d'inertie de corps symétriques de densité inégale en rotation; par le même. Leipzig, 1 854 ; broch. in-4°. Entwickelung. . . Développement des puissances négatives et de la racine carrée de la fonction r^ + ?•" — 2 rr' ( cos U cos U' + sin U sin U' cos J). Algemeen. . . Compte rendu des travaux de la Société d'Histoire naturelle des Indes néerlandaises; par M. P. Blecker. Batavia, i854; broch. in-S". . Bijdrage... Matériaux pour servir à la connaissance de la Faune ichthyolo- gique de Halmaheira ( Gilolo) ; par le même ; broch. in-8°. Nieuwe tientallen.. Description diagnostique nouvelle d'une nouvelle espèce de Poissons peu connue, de l'île Sumatra ; parle même; broch. in-8''. Mein unsicht. . . Mon opinion sur le Choléra et sa cause probable; pan M. F. LoCHNER. Aix-la-Chapelle, i84o; broch. in-12. ( i68) (â> a S l «. o- o 5 » c rr n o •-ï r? » 3î' 3 a- o 3 H O & S r; u -ï p ? 3 !1 'ti 3 •-Ï b3 1 ^ ^ ^ 1 o «• 3 =i 3 •o c ?. "oo 3 3 *j •"^ o c- s ? 3 » s o c.:3 o »â c: 1 tft rB A &' 3 M 5 w o _o 3 i °'3 (f^ O ■•£> cc«j a> cj»4îs w M - lûtO O^ WOOM M -VO W 00'~ï o OJ bJ -^.pN OJ»J ^ ^J 00 Oi.*^^ t«>-J Oi « 00 - ^ CO 00 OCt£> M o - ^a 4^ CO - c^ o -pN-;^ CDU (JlOJOO- »4^M^ 4^.^4>N ^3 •o Cr» Ot-P^ — 3 U»-(=N » O O M M 4i^•sO -Pn Oî (Jt - Cû Gl Ot OOyS OlCriOOt£) OtOtOiM-pN OOCO M 00 - <£) M W o -pN-pN OJ Oi 00 a> « ^ _ O^ a>4:^4i>-P>^J CTj OJ - o - - OJ-Pn-,û -P^ Vx OJ - w^ «5 oc^c tb vo M œ-pN o>"bo"M o "w» o ">- ii oj or «o I Cy3 ! sa TIIEl'.MOMETIU: | tournant. (ji oi4i> (jiotoiO^aîCTso^oicnwoiOTOtattriotmaiOtoitnotat oj-Pn-pn y» OO^avM^JMtJ-O OTJ o o » bJ *s4îs « O-.-J ^3 00 CT54is'0 -Pn OO-Ps O *nojooo <^- o^û oo 4>n;û ^o - (0 tp i- m w>o kj w o ^j OJ-P> o ^ !£> 03 o O^tJ 00 00-P> W -P^glOt o o -P> OD ~ ^ O 3 cn w^ 00 M oi - «3 O O ojy:> 4^ oox) oxo ^ CO Ot M en OD o OO-Pn Ot OJ m CO^ - OJ O • - 00 OC^J ~ bJ - -pN OJtO ^ Or M Oi M sO 00 U» 0J»O o yD o 00 4iN4^ yS t£> 00 M ^ ^^ 00 Jj 00 Oi o CC^ ^ bJ M o -PN^'P ^ CTî 00 Ci o ^ bJ bJ U?tO - o OJVD ^3 o OJJOO THEKUOMETr.B tournant. o> o»4>N crioicjta5aioc?^cjitDuic^uiwmoimatcntr»(j»tj»W)(j< 01*^41^4^ OO^C-P^MCTl- M- o 0~.»J bJ o - -P> OJ OJ bJ O»^ (Ti^a (7:4i> Os Or 00 OlVO Caii'^^j 000 bJ QObo-pNOO oj4i> bJ 4^-P> cc^ " 00 bv Gi CJHO OJ - u>«û o 050 OJVO - 4^^J OJOJbJOOO-OOOObJ -«--.bJbJbJbJ-----bJbJ •j vj ùJ'-O bJ CTi bo o CO O0-P^'-£> 4i^ o o CTi^J OC'-D 00 OIVO OJ OJ OJ Cl Ci 5 4=vo Ol Ui^ OJ^3 OJ^D - lO tf< OHX) - O O OSOOOJOlOObJ 0»^J bJ M o ^J ^ bJ OJ te OC^J 4^!0 oJvD œ oi C;-^ OC^J WtOOOJOJbJ tnWlP4^Cl 4^sD o "ot"" Cl ono (!Ô ^ 4^tO 00-P> OD-pN o tO OO^J 00 o o THERMOMETIIE ' tournant 0»4:^ CJtU»UiytCiCiCiClOlO»0»Cr(OiyttJ»0«OlCria(tr!tJta OJtO o OJ Cr»-P> O OJ- - OOCnOlC o - M4i^bJ Wl^J vj ^ ^ 4>n Ox^a O Cft OO OJ OJ - 4i>-pN - Oî OJ^J 000 Ot Ol 10 ^ 41N OJO C5 ce - '.û ^J C04^ OJtO _tp««_.j-.0"-O0J0--^J otn c>coo»ojojojo M^^ COOJbO 0 bO c -. - - OJ-P> 10 CC^ en 01 OJ C~-PN-P^ C5 Ol-P^ OJ 0»-Ps M bJ'--ObOi-cO-P> 00 OtOiv'O OJ 00 - bJ SCS •j O) ôi bJ c^-Ss cr, a^ y,4i^ OJ cn-pN bo «---bJ-o— ~^°^ ï 5 CO va « THERMOMETRE tourn.'int. ---MMM10lO>--bO OC-J '^ OJ-J OJ OJ >- tO Cl -bOtJ-<--WbO-«--------- OtO O-J^tO - O OOCOOJOJOJ Cl^J 4^^^ CD ^J 0J--0 C~.'-0 --O-ClOOtn 004^ Ol OJ bO 0C4iN 0 OC^J -o 4^ bO 0 0 ^ M 0 0 OJO COOJSJ OJbJSÛ - 00- OJOlOJbO 0 o^J 0 00 00 OKO »J -^û <0 bô bO n o ~. s. O c s = -3 < O n -! o c = ^cooo— 00- » -■ s c 35 fî s < s E.c -1 < (T> ■« ■< CR — W „ ri , O (^ 'ï n ^ d n n c o fO- < ri; pluie lus . . . rontinue B -5 us rt ■s * o o s = s c -: < .* 5-3 O 2 n o E o c B = «: (j; <: rD (^ ft non 000 3 c c <; < < o ft fî CÇ/2ç/;7;çnt?ÏOOOOOÇ'!OOy'?''Ç''Ç''Ç''Ç"00025i3a2Ç« ^co 'So'p ?? oo"H'*' es PS o 2! ■H O O P- O C5 0/a 5« O es 5» -H 00 w COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 24 JUILLET 1854. PRÉSroENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Ghevreul lit un second Mémoire sur le pendule dit explorateur et la baguette divinatoire. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur F induction en analyse, et sur l'emploi des formules symboliques ; par M. Augustin Cauchy. « L'induction peut être utilement employée en analyse, comme un moyen de découvertes. Mais les formules générales ainsi obtenues doivent être ensuite vérifiées à l'aide de démonstrations rigoureuses et propres à faire connaître les conditions sous lesquelles subsistent ces mêmes formules. Donnons à cette réflexion quelques développements. M Parmi les fonctions qui reparaissent souvent dans le calcul, on doit surtout remarquer les exponentielles qui se reproduisent par difïérentiation, et dont les différences finies se déterminent encore avec la plus grande facilité. » On a, en effet, T>^e'=e', C. a., i854, a"" Semestre. (T. XXXIX, N» 4.) 22 ( 170) et, en supposant Ax = a, (i + A^)e^=e"e*, A^e'= (e'' - i) e^. On a plus généralement, en désignant par a un coefficient constant, par conséquent , D" e"^ = a" e"^, et de ces formules jointes, à l'équation av aa. a a.' I 1.2 on déduit immédiatement la formule symbolique (1 + A^)e"-^= e^' e''\ Il y a plus : cette formule subsistant, quelle que soit la constante a, on pourra évidemment y remplacer l'exponentielle e"^ par une somme de termes proportionnels à de semblables exponentielles, et, en posant f(x) = Ae«'+ B6*^-4-Ce^^+..., on aura encore (i) (»+A,)f(x) = /"'f(^), ou, ce qui revient au même, (2) f(^ + a) = (i + ^D.+ -p;^D: + ...)f(.r). Or on pourra, par induction, étendre les formules (i) et (2) au cas ou f(j:) est une fonction quelconque de la variable ar. Mais la formule de Taylor ainsi obtenue n'est pas toujours exacte ; elle subsiste seulement sous la condition que la fonction f (.r) reste monodrome, monogène et finie, pour le module attribué à la variable x et pour un module plus petit. » Des observations semblables s'appliquent aux diverses formules géné- rales qui peuvent se déduire par induction de l'équation (i), et parmi les- quelles on doit surtout remarquer celles que jje vais indiquer. » Si, dans les deux membres de l'équation (i), on conserve seulement les ( '70' facteurs symboliques, en se dispensant d'y écrire la fonction f(jc), on obtiendra la formule symbolique (3) . i + A.= e"S et de cette formule on déduira par induction les trois suivantes : (4) . D,= il(i + A,), (5) (6) a I A, ~ aD, I aDx l(i-t-Ai) Or il suffira de développer les seconds membres des équations (4), (5), (6) en séries ordonnées suivant les puissances ascendantes des lettres carac- téristiques A^ ou Da:, puis d'appliquer les deux membres de chaque équation considérés comme facteurs symboliques à une fonction déterminée i{x), pour obtenir trois formules générales dont la première, déjà connue, four- nira le développement de la fonction dérivée D,f(^) en une série de termes proportionnels aux différences finies des divers ordres de la fonction i {x). Les deux autres formules générales fourniront deux développements distincts de la différence Le premier de ces développements, trouvé par Maclaurin, sera composé de termes proportionnels à la fonction f (j?) et à ses dérivées des divers ordres. Mais, dans le second développement , les diverses dérivées de la fonction f (ar) seront remplacées par ses différences finies. » Il importe d'observer que, si l'on nomme r le module de la variable z, le développement de la fonction suivant les puissances ascendantes de z fournira une série dont le module sera 2rt" aa.. ( 172 ) D'autre part, si, en attribuant au module r de z des valeurs croissantes , on nomme x, la plus petite valeur de r pour laquelle la fonction f ( j: -+- z) cesse d'être monodrome , monogène et finie, le rapport - sera le module de la série qui aura pour terme général l'expression 1.2... n Donc le terme général de la série de Maclaurin sera le produit delà quantité I.-2.3 . ..n z=Y {n -\- i) par le terme général d'une autre série dont le module sera celui de 3 Trt Donc la série de Maclaurin, comme celle dont le terme général est le produit I .2.3. . . «, offrira un module infini et sera divergente, à moins que l'on n'ait - = o, 1^ = ao . Donc, pour que la formule de Maclaurin subsiste, il sera nécessaire que la fonction f(j:r) ne cesse jamais d'être monodrome, monogène et finie, ce qui arrivera, par exemple, si f (j: ) est une fonction entière de ar, ou d'expo- nentielles réelles ou imaginaires de la forme e"" . » D'autre part, comme les développements des expressions I (t 4- z) et 1(1 +z) suivant les puissances ascendantes de z fournissent deux séries dont le module est l'unité, les deux formules générales déduites des équations (4) et (6) ne subsisteront que si la série (8) f(a-), Af(x), A=f(ar),..., dont le terme général est A" f (a:), est convergente, par conséquent si elle offre un module inférieur, ou tout au plus égal à l'unité. C'est ce qui arri- vera, par exemple, si l'on suppose ( 173 ) et alors l'équation (4) reproduira, pour des valeurs positives du rapport - » la formule connue X X -{- a I 1.2 » = r H ; h ; ; r-? i i a' H- ... , X x-i-2x (x-h 2a) (x + 2a) ' qui se réduit à l'équation (ig) de la page iSa , quand on y remplace x par u {x — i). . » Arrêtons-nous maintenant au développement de l'expression (7) en une série de,termes proportionnels à la fonction f [x) et à ses différences finies des divers ordres. On aura --" Z -\ 7 2^ ^ Z" -+■ -TT- z* — ... \{l+z) 2 2 12 24 720 160 rt = co = :+ S -.-.;(-^)"' n = o les valeurs de c^ et de c„ étant déterminées par les formules I II I I I Donc, en posant, pour abréger, n = o on tirera de l'équation (6) (10) ^i[x)=''-ji{x)dx-<^{x) + ts{x), les intégrales qu'indiquent les signes 2, / étant prises à partir d'une même origine que nous désignerons par la lettre x , et ty (x) désignant une fonction périodique, mais arbitraire, dont la valeur ne changera pas quand x rece- vra pour accroissement un multiple de la quantité Aar = a. Si d'ailleurs on suppose la différence a: — x réduite à un multiple de a, on aura simple- ment cr(a:)=-(p(x), et par suite la formule (10), dans laquelle les intégrales sont prises à partir de l'origine x = x , donnera (11) ^{{x):=-^j{{x)dx--<^[x)^^{^). ( ^74 ) » Si, pour fixer les idées, on pose x = i, et de plus la formule (i i) donnera ('^) 2 ^ = ' + ^ + 5 + • ■ • + 7=1 = U^^) - ? (^) + ? ( I "), la valeur de œ (a:) étant donnée par l'équation ou, ce qui revient au même, par la suivante (14) ?(-)="Sc„^, '•-^-" en sorte qu'on aura n = o iar(x4- i) ...(x+n)' (i5) et (p(x)= 1 -, ; : H 2X 12x(x-4-l) 12 x(x-+- l)(x-f-2) . 19 » , ,9 J 6ox(x+i)(x+2}(a:+3j. i2ox(x+i){x + 2)(x-(-3) (x-^-^) -h (,6) ç(,)=i + ^+_L+-I|_ + ^+.. .^0,577., 566.... » Si, en supposant x = i et a = i, on prenait la formule (11) donnerait (»7)2U^) = U0 + U2)4- ... -hl{x- i) = xl{x)-x-h en ayant égard à la formule ' '" £ (' 77^) ^' = - ^ "' ->I .Xî^TTï^) = ' <^'' pour retrouver immédiatement la formule (20). » Au reste, l'équation (20) et les formules analogues qui serviraient à transformer la somme l{{x) en intégrale définie, et, par suite, à établir rigoureusement les résultats qui se déduisent de l'équation (6), peuvent être fournies elles-mêmes parla méthode d'induction. Ainsi, en particulier, pour obtenir l'équation (20), il suffit de joindre à l'équation (19) les deux formules '"' «Al et d'avoir égard à la formule (27). ( >77 } » Généralement, pour obtenir ainsi des formules analogues à l'équa- tion (20), il suffira de transformer la fonction f (x) en une intégrale définie simple ou double qui offre sous le signe / la variable x dans un seul factein- de la forme e''" ou e"^"^'. On y parviendra, par exemple, à l'aide de la formule à laquelle on pourrait substituer encore les formules du même genre, dans lesquelles un des signes/ est remplacé par le signe 2. « PHYSIQUE. — Recherches sur l'induction électrostatique; Lettre de M. Melloxi à M. Regnault. « Dans une de mes dernières Lettres à M. Faraday, j'élevais quelques doutes à l'égard des conséquences que l'on a cru pouvoir déduire, jusqu'à présent, des expériences qui servent de base au théorème fondamental de l'induction électrostatique. Ces doutes ont passé dans mon esprit à l'état de certitude depuis qu'il m'a été permis de les soumettre à l'épreuve de l'analyse expérimentale : et me voilà aujourd'hui bien convaincu que l'énoncé du théorème susdit doit être essentiellement modifié. Veuillez, de grâce, vérifier les faits que je vais décrire ; et si vous les trouvez exacts, comme je n'en doute point, ayez la bonté de les communiquer vous-même à l'Académie : les expériences sont d'ailleurs très-simples. » Lorsqu'on approche d'un corps électrisé A un conducteur isolé BC, le principe électrique contraire à celui de A se développe en B, l'fiomologue 0( ) en C. En effet, si on place, d'après la méthode d'Œpinus, un corps métal- lique isolé en contact avec l'une ou l'autre extrémité du conducteur, et si on l'approche ensuite d'un électroscope chargé d'une électricité connue, on obtient une action négative pour le contact B, et positive pour le con- tact C, lorsque A est électrisé positivement ; et l'on a, au contraire, une action positive pour B et négative pour C lorsque A est électrisé négati- vement. c. R., i85',, 3">« Semettre. (T. XXXIX, M» 4.) a3 ( '78) » Pour abréger l'expérience, et la rendre peut-être encore plus significa- tive, il suffit d'avoir recours à la méthode de Wilke, qui consiste à composer le conducteur BC de deux pièces détachées, que l'on met en contact et que l'on sépare, sans les toucher, sous l'influence électrique pour les éloigner ensuite de A et les présenter successivement à l'électroscope : car alors on trouve constamment les deux pièces électrisées en sens opposé, l'antérieure possédant toujours l'état électrique contraire à celui de A. Enfin, si on ne sépare les deux pièces qu'après l'éloignement de A, on n'y observe plus aucune trace d'électricité, chacune d'elles se montrant alors à l'état naturel-,, preuve évidente qu'il n'y a eu, pendant l'expérience, aucune transfusion électrique de A en BC, et que les phénomènes présentés par ce dernier corps proviennent uniquement de l'électricité naturelle de BC troublée dans son état d'équilibre par la présence de A. >> I^ développement des deux principes électriques dans un conducteur isolé, par la simple action d'un corps électrisé placé à une certaine distance, est donc un fait incontesté et incontestable. » Cependant, les preuves expérimentales que je viens de citer nt» démontrent cette vérité qu'APRÈS l'action de A et non pendant que cette action est en train de s'exercer, comme on le suppose dans tous les Traités de Physique. » Vous pouvez vous convaincre, dit-on, de l'existence réelle des deux électricités en présence du corps inducteur, soit en approchant successive- ment de B et deC le même électroscope électrisé, soit en suspendant le long de BC une série de pendules à fil de lin : car les signes électroscopiques sont contraires aux deux extrémités du cylindre, et les pendules correspon- dants se meuvent en sens opposé lorsque vous en approchez un corps chargé d'une électricité connue. » Je réponds que ces expériences ne sont guère concluantes, puisque les appareils pour explorer l'état électrique des deux bouts du cylindre sont soumis eux-mêmes à l'influence de A, et subissent en B une perturbation électrique bien autrement intense que celle qu'ils éprouvent en C. Ne serait-il pas possible que le changement des actions attractives en répul- sives, ou vice versa, dérivât tout simplement de cette perturbation élec- trique de l'analfseur et non pas de la qualité différente des électricités qui dominent en B et C ? » Pour résoudre la question, il faudrait donc trouver le moyen de sous- traire les instnunents à l'action perturbatrice du corps iixlucteur. Or, ceci ne présente aucune difficulté. Prenez une lame métallique, etfixez-la verticale^ ' '79 ) ment dansle voisinage du conducteur de la machine électrique, après l'avoir mise en comminiication avec le sol ; approchez du côté opposé une petite balle de moelle de sureau suspendue à un long fil de lin, et vous pourrez tourner tant qu'il vous plaira le plateau de la machine sans que le petit pendule dévie le moins du monde de la direction verticale. Les choses ne se passent pas tout à fait de même lorsque le pendule est isolé et électrisé : car alors celui-ci éprouve une certaine tendance à se rapprocher de la lame ; mais cette tendance dérive imiquement d'une réaction développée par l'électricité du pendule, et n'a rien à faire avec la force électrique prove- nant de l'autre côté de la lame, comme on peut s'en convaincre, soit en supprimant l'électricité du conducteur, soit en lui communiquant succes- sivement les deux principes électriques ; car, dans l'un et l'autre cas, l'incli- .naison du pendule ne subit pas la moindre variation. Au reste, l'attraction de réaction que la lame métallique en communication avec le sol exerce sur le pendule électrisé, diminue rapidement comme toutes les forces de ce genre, lorsque la distance augmente, en sorte qu'elle devient sensiblement nulle à un fort petit éloignement de la lame. » Maintenant, si l'on tient d'une main un électroscope chargé d'une élec- tricité connue et, de l'autre, une lame métallique, et que l'on approche l'instrument tantôt de B et tantôt de C, en le préservant soigneusement de l'influence de A au moyen de la lame maintenue à une certaine distance, on voit ces extrémités du cylindre BC exercer toutes les deux la même espèce d'action électrique sur l'instrument, C étant toutefois doué d'une action plus puissante que B. » Autrement : Si l'on attache le long du cylindre BC la série connue des pendules accouplés et qu'on les soustraie à l'induction directe de A par des lames métalliques convenablement placées, une baguette électrisée de verre, transportée successivement au-dessus de chaque couple normale- ment à l'axe de BC et soigneusement abritée de l'action de A par une lame métallique qui communique avec le sol, augmente ou diminue toutes les divergences des couples, selon que A est électrisé positivement ou négative- ment. On peut même faire cette expérience d'une manière beaucoup plus frappante en disposant la baguette parallèlement à l'axe du cylindre; car alors toutes les divergences subissent en même temps la même phase d'aug- mentation ou de diminution , ce qui dissipe, d'un seul coup de baguette, les illusions que nous nous étions formées à l'égard des tensions électriques contraires développées sur les parties antérieure et postérieure du corps soumis à ï induction. 23.. ( 'So) » En variant la forme de ce dernier corps, on peut enfin rendre l'expé- rience indépendante des écrans qui servent à préserver les instruments d'analyse de l'action directe. » Imaginons, en effet, que l'on ôte toute la partie cylindrique de BC, 0(K- moins une bande supérieure assez forte pour soutenir les surfaces hémi- sphériques placées à ses extrémités; supposons ces surfaces terminées inté- rieurement par un plan muni d'un léger pendule à fil de lin. I/appareil étant isolé et fixé à une certaine distance de la machine électrique en acti-. vite, on voit les deux pendules s'écarter simultanément des surfaces planes correspondantes, l'antérieur moins que le postérieur; mais tous les deux en vertu de l'électricité positive, comme cela résulte évidemment de leur répul- sion commune sous l'action électrique de la baguette de verre, portée succes- sivement en Bet en C. La même répulsion s'obtient lorsqu'on remplace l'hé- misphère antérieur B par un disque très-mince ; ce qui prouve l'existence de l'électricité positive jusque tout près de la surface tournée vers A. Il va sans dire que si A estélectrisé négativement, le sens électrique des appa- rences observées se renverse, et que l'électricité négative est la seule sen- sible dans les diverses parties de l'appareil. » Ainsi le cylindre BC, soumis à l'induction de A, ne développe, à l'état de tension apparente, que la seule électricité homologue à celle du corps inducteur. L'électricité contraire est complètement dissimulée et ne devient sensible qu'après la séparation et l'isolement des parties antérieures de BC et la suppression de la force inductrice. » On pourrait croire, au premier abord, que l'existence de l'électricité homologue à celle du corps inducteur dans la partie antérieure du corps induit, est en contradiction formelle avec les expériences de Coulomb et des autres physiciens qui ont trouvé cette partie électrisée en sens contraire. Mais la contradiction n'est qu'apparente et s'explique naturellement par les deux phases opposées de tension insensible ou sensible que prencl^ succes- sivement sur le plan d'épreuve une des deux espèces d'électricité. » En effet, supposons, pour fixer les idées, que A soit positif et que le point antérieur du cylindre BC, touché avec le plan d'épreuve, possède une seule unité d'électricité sensible et quatre d'électricité dissimulée qui, dans ( i8. ) ce cas, sera négative. Ail moment dn contact, le plan d'épreuve sera élec- trisé positivement, puisque la seule imité électropositive possède l'état de tension apparente. Mais lorsque ce plan, chargé de + i d'électricité sen- sible et de — 4 d'électricité dissimulée, s'éloigne de A pour subir l'essai de la balance de torsion, la dernière espèce d'électricité acquiert, elle aussi, l'état de tension, neutralise la positive et reste en excès de trois unités. Si le point touché possédait trois unités d'électricité dissimulée et deux de sen- sible, le plan d'épreuve, positif pendant le contact de BC et la présence du corps A, accuserait sur la balance de torsion une électricité négative égale à une seule unité. Enfin, le plan d'épreuve serait encore positif au moment du contact avec BC, mais ne donnerait plus à la balance de torsion aucun signe d'électricité apparente, si le point touché possédait des proportions égales du principe électrique sensible et du principe électrique dissimulé. Il est inutile de s'occuper des points placés au delà de cette limite, parce qu'on ne trouve plus alors dans les deux cas que la seule tension électropositive. » Tout se réduit, comme on le voit, à une lutte plus ou moins inégale des deux électricités, qui donnent tantôt un résultat et tantôt un autre, selon qu'elles se trouvent dans un état de développement semblable ou dissem- blable. » Ainsi, la dénomination de point neutre, adoptée par Coulomb pour signi- fier la partie du corps induit où les deux principes électriques possèdent la même intensité, n'est pas, au fond, inexacte. Je crois cependant qu'elle doit être rejetée, parce qu'elle tend à donner une idée fausse de la distribution de l'électricité sensible pendant le phénomène de l'induction : car alors le point en question ne se trouve pas à l'état naturel et manifeste, comme nous venons de le voir, une certaine tension électrique de même espèce que celle du corps inducteur. » Il n'y a pas de doute que la principale cause de l'erreur où nous étions tous tombés jusqu'à ce jour, n'ait été l'apparence trompeuse présentée par les pendules accouplés le long du cylindre métallique soumis à l'induction. En voyant les divergences de ces pendules plus fortes vers les deux bouts que dans la partie centrale du cylindre; et trouvant, d'autre côté, que les extrémités de ce même cylindre donnaient des électricités différentes lorsqu'on les séparait, à l'état d'isolement, sous l'action de la force induc- tive, on était naturellement porté à en déduire que les divergences lextrèmes n'étaient pas produites par le même principe. w Maintenant, si vous me demandez la cause de cette singulière disposi- tion de l'électricité sensible dans le cylindre soumis à l'induction, je répour drai franchement que je ne saurais encore la formuler d'une manière bien nette. Cependant l'explication qui me paraît la plus plausible, c'est que l'électricité homologue à celle du corps inducteur une fois développée dans le corps induit, tend à s'y répandre d'après les lois connues de la distribu- tion électrique; et nous savons que dans lui cylindre la tension est toujours moindre à la partie centrale qu'aux extrémités. Il est vrai que l'électricité rencontre à l'extrémité voisine du corps inducteur ime force de répulsion plus puissante qu'à l'autre bout : aussi y a-t-il de ce côté un phénomène perturbateur que l'on supprime, je ne sais trop pourquoi, dans tous les Traités de Physique. Les doubles pendules s'inclinent vers A, malgré l'élec- tricité homologue sensible dont ils sont pourvus : comme cela arrive toujours lorsqu'on met un corps mobile faiblement électrisé en présence d'un corps fixe doué d'une forte dose de la même espèce d'électricité ; et l'inclinaison des fils qui soutiennent les deux balles de sureau attachées à chaque couple dérivant de la même force attractive, produit naturellement entre les deux pendules une augmentation de divergence. » Mais en revenant à la nouvelle forme sous laquelle je crois indispen- sable d'énoncer le théorème fondamental de l'induction électrostatique, il est facile de voir qu'elle ne complique pas inutilement l'explication des faits qui en dépendent : bien au contraire, elle tend à les présenter tous sous un point de vue unique et invariable, le seul qui soit réellement rationnel et conforme à l'observation. » Ainsi, par exemple, si les deux électricités induites se trouvaient con- temporanément existantes à l'état de tension dans notre cylindre horizontal muni de pendules, comme on l'a supposé jusqu'à ce jour, elles devraient aussi exister dans le même état sur la partie métallique verticale et isolée d'un électroscope mis en présence d'un corps électrisé. Or, pourquoi en touchant la garniture supérieure de l'appareil et en soustrayant ensuite l'instrument à l'action de la force inductive le trouvons-nous électrisé en sens contraire? Évidemment, parce que la seule électricité homologue était, sous l'action du corps inducteur, douée de tension et mobile, tandis que l'autre était privée de tension et de mobilité. Dans le premier cas, on faisait donc une supposition totalement différente de celle qu'il fallait adopter pour avoir l'explication du second. Cette contradiction manifeste n'existe plus dans le nouvel énoncé des phénomènes électriques développés par influence, où l'état différent des deux électricités, que l'on imaginait pour se rendre compte de la charge inductive des électroscopes, est admis comme un fait démontré directement par l'expérience. ( i83 ) » On pourrait citer aisément d'autres exemples analogues. On pourrait montrer encore comment renonciation exacte des états où se trouvent les deux principes électriques d'un corps isolé sous l'action de la force induc- tive permet de concevoir leur développement sans avoir recours au transport de ces deux principes de l'une à l'autre extrémité du corps induit : ce qui serait conforme aux doctrines générales déjà avancées par M. Faraday et aux dernières expériences de M. Latimer Clarck, qui ont donné l'égalité de vitesse pour des courants électriques de tensions très-différentes (i). Mais les faits positifs sur lesquels je désire appeler votre attention et celle de l'Aca- démie exigent que nous nous abstenions pour le moment des idées hypo- thétiques. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Corres- pondant pour la Section de Bolanique, place vacante par suite de la nomi- nation de M. Moquin- Tandon comiat Membre liliûaire. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant Sg, M. Schimper obtient aS suffrages. M. Fée, 3 M. Grenier, i M. Schimper, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. MEMOIRES LUS. CHIMIE. APPLIQUÉE. — Recherches sur la résistance des chaux hydrauliques et des ciments à l'action destructive de Veau de mer; par MM. Malaguti et DcKocuER. (Extrait par les auteurs. ) (Commissaires, MM. Dumas, Peligot, M. le Maréchal Vaillant. ) « Depuis plusieurs années l'attention des savants et des constructeurs est (i) Ces expériences ont été faites, d'après les instances de M. Faraday elles miennes, sur une ligne de 768 milles des conducteurs souterrains qui vont de Londres à Manchester. Les courants électriques dérivaient d'électromoteurs voltaïques composés d'un nombre de couples qui variait entre trente-deux et cinq cents. En voyant ces courants divers se pro- pager tous avec la même vitesse, on ne peut s'empêcher de les comparer aux ondes de dif- férentes longueurs excitées dans l'air par les vibrations des corps sonores ; et de renoncer, par conséquent, à l'idée du transport électrique de l'une à l'autre extrémité du conducteur en vertu d'une tendance au mouvement, qui devrait évidemment augmenter avec la tensioa •du courant électrique. ( '84 ) préoccupée par l'actio» destructive que l'eau de la mer exerce sur les mor- tiers hydrauliques. En cherchant à expliquer ce désastreux phénomène, M. Vicat a montré que l'eau de la mer agit par sa tendance à dissoudre la chaux des mortiers qui est alors remplacée par de la magnésie ; mais jusqu'à présent on n'a pas indiqué de moyens efficaces pour empêcher ou neutraliser cette influence dissolvante : seulement on sait qu'eu général les mortiers hydrauliques les plus énergiques^ les ciments ou les mélanges de chaux et pouzzolanes qui font prise le plus rapidement, sont ceux qui paraissent le mieux résister aux causes de décomposition. Néanmoins, même parmi les mortiers à ciments d'une vitesse de prise semblable, et d'une énergie à peu près égale, il en est qui possèdent des facultés de résistance très-différentes, sans que l'on puisse à priori, ni par une analyse ou un essai rapide, recon- naître ceux dans la stabilité desquels on pourrait avoir une entière confiance. » Au milieu de ces incertitudes, nous avons pensé, M. Durocheret moi, que par l'étude des ciments qui résistent à l'influence décomposante de l'eau de mer, conjointement avec l'analyse des chaux hydrauliques et des ciments dépourvus d'une telle résistance, ainsi que des produits de la décom- position, on pouvait espérer de jeter quelque lumière sur cette question dont la difficulté égale l'importance. » Les échantillons, au nombre de seize, sur lesquels nous avons expéri- menté, sont les chaux hydrauliques de Paviers et de Doué, les mortiers qui en sont composés, les ciments de Boulogne, dePortland, de Pouilly, Vassy et Parker : nous les devons à l'obligeance d'habiles ingénieurs des Ponts et Chaussées, MM. Jebuvier, Watier et Bellanger auxquels nous nous empres- sons d'exprimer ici toute notre reconnaissance. » La marche que nous avons suivie dans nos recherches consiste à exami- ner les modifications qui ont été produites dans les proportions des divers éléments, en comparant les compositions des produits immergés dans de l'eau de mer avec celle des matières semblables qui n'y ont pas été plon- gées : mais, comme nous n'avions point les échantillons de mortiers de chaux et de sable que l'on eût fait durcir dans de l'eau douce, pour les comparer avec ceux immergés dans de l'eau de mer, l'examen de ces derniers n'a pu être fait qu'en comparant leur composition avec celle de la chaux employée à leur confection. Dans ces rapprochements, nous avons dû faire abstraction du sable, et ramener la composition obtenue pour les mortiers à ce qu'elle eût été s'il n'y était pas entré de sable. Nous ne parlerons pas ici de tous les résultats que nous a dévoilés la discussion de nos analyses, et qui sont consignés dans notre Mémoire; nous signalerons seulement les plus sail- ( '85 ) lants, qui prouveront combien ces phénomènes (Je décomposition sont compliqués. » Deux cylindres de chaux hydraulique de Paviers ont été immergés pendant dix-huit mois dans l'eau de mer et dans des conditions égales. L'un d'eux a perdu une énorme quantité de chaux et a gagné très-peu de magnésie^ mais, en revanche, il a fixé une quantité d'acide carbonique presque suffisante pour saturer les deux bases terreuses. Quant à l'acide silicique, une portion notable a été entraînée avec un peu d'alumine. Il semblerait qu'un hydrosilicate alumineux se serait séparé du mortier en même temps que de la chaux, pendant que de l'acide carbonique venait remplacer les éléments qui disparaissaient. L'altération de l'autre cylindre a été moins considérable : la perte en chaux et le gain en acide carbonique ont été moins forts; mais, par compensation, la quantité de magnésie substi- tuée à la chaux y a été le double, et la perte en silicate d'alumine y a été un peu plus forte. Un fait analogue s'est répété pour un mortier fait avec cette même chaux hydraulique de Paviers. » Deux prismes de ce mortier ont été immergés pendant dix-huit mois dans de l'eau de mer. L'un des deux prismes n'avait pas les apparences d'une altération bien marquée, tandis que le second s'est trouvé dans un état de décomposition très-avancé. Toutefois, dans le prisme peu altéré, on a con- staté que de la chaux avait été éliminée, qu'une forte proportion d'acide carbonique s'était fixée, et que les proportions de la magnésie, de la silice et de l'alumine n'avaient pas subi de changement notable. Le prisme dont l'altération était très-avancée , avait subi une véritable transformation sous le rapport de la composition. Une quantité considérable de chaux avait été remplacée par une quantité atomiquement plus grande de magnésie, et l'acide carbonique n'avait pas sensiblement changé : au contraire, l'acide silicique et l'alumine avaient notablement augmenté. ') Pour expliquer ces résultats si différents, pourrait-on invoquer la non- homogénéite de la chaux hydraulique qui a servi à faire ces expériences ? Nous remarquerons que dans le gisement de Paviers les diverses couches de chaux hydraulique n'ont pas la même composition. L'altération éprou- vée par le mortier provenant de la chaux de Doué s'exprime par ime perte considérable de chaux sans substitution de magnésie, et par la fixation d'une grande quantité d'acide carbonique. » Quant aux altérations des ciments, le ciment de Boulogne, préalable- ment durci par l'eau douce, a commencé à se crevasser après huit mois d'immersion dans l'eau de mer : cependant sa composition chimique n'a C. R., i854,a>»= Semestre. (T. XXXIX, N» â.) 24 ( i86 ) pas changé sensiblement. Il en a été autrement pour le ciment de Portland, qui, sous l'action de l'eau de mer, s'est fendillé, a fixé presque autant d'acide carbonique qu'il en contenait à l'état normal, et enfin il a perdu un peu de chaux qu'une faible quantité de magnésie a remplacée. Enfin un mortier préparé avec i volume de ciment de Portland et 2 volumes de sable quartzeux, après avoir été immergé pendant un an dans l'eau de mer, n'a présenté aiicune altération, si ce n'est qu'il s'est enrichi d'acide carbonique. » En résumé , les faits que nous venons d'exposer, et tous ceux qui sont détaillés dans notre Mémoire, démontrent que la décomposition des chaux, ciments et mortiers par l'eau de mer ne s'opère pas constamment de la même manière : la substitution de la magnésie à la chaux a lieu souvent, mais pas toujours, et comme elle est accompagnée d'addition d'acide carbonique, le mortier altéré présente la réunion d'un hjdrosilicate alumineux et d'un car- bonate double qui tend à se rapprocher de la doloinie. Mais il y a des cas où il y a disparition de la chaux sans introduction de la magnésie, et le phé- nomène paraît alors se passer comme s'il avait lieu dans une eau non salée, mais qui serait chargée d'acide carbonique. En outre, dans l'altération des mortiers moyennement hydrauliques, il y a partage des éléments du mortier en deux composés, l'un riche en carbonates terreux, l'autre riche en alu- mine, venant former à la surface du mortier un dépôt neigeux que les vagues enlèvent. Ce partage n'a pas lieu, ou du moins il ne se produit que très- lentement dans les ciments ou mortiers très-durs et faisant prise rapidement. L'altération que ces derniers manifestent consiste en un simple fendillement de la masse, et dans la disparition d'une petite quantité de chaux, avec ou sans remplacement par de la magnésie, et dans les deux cas il tend à se produire une élimination de volume, d'où résulte le fendillement de la masse. » Il nous reste à parler des ciments regardés comme résistant le mieux à l'action de l'eau de mer. Jusqu'à présent, les ciments de Pouilly, Vassy et Parker passent pour les plus stables. Une circonstance nous a frappés dans l'analyse de ces trois ciments : c'est qu'ils sont très-riches en oxyde de fer, et que celui de Parker, qui est le plus résistant, en est encore le plus riche. En effet, nous avons trouvé environ 7 pour 100 d'oxyde de fer dans les ciments de Pouilly et de Vassy, et à peu près 14 pour 100 dans celui de Parker. Nous avons donc été conduits à nous demander si la présence de l'oxyde de fer ne contribue pas puissamment à donner à ces ciments la pro- priété de résister à l'influence décomposante de l'eau de mer. Pour justifier ces prévisions, il y avait à exécuter des recherches expérimentales, en cou- ( i87 ) fectionnant des mortiers ferrugineux, et en les exposant à l'action de l'eau de mer ; mais préalablement il fallait vérifier si l'oxyde de fer contenu dans les ciments et les mortiers ne se comporte pas comme une matière inerte. Ainsi nous avons dû rechercher jusqu'à quel point cet oxyde est susceptible de former, par voie humide, des combinaisons avec la chaux. Dans ce but, nous avons formé, de toutes pièces, des sortes de pouzzolanes, en composant des mélanges de silice et d'un peu de chaux avec de l'alumine et de l'oxyde de fer, puis nous avons étudié l'action de l'eau de chaux sur ces mélanges préalablement chauffés au rouge sombre. Après quelque temps d'immersion, ces matières ont augmenté de volume, et ont offert les caractères les plus remarquables. Chacune d'elles s'est partagée en deux composés distincts, l'un desquels s'est greffé au fond du flacon, et a contracté une cohésion et une adhérence considérables ; tandis que l'autre a pris l'aspect floconneux, et, se gonflant de plus en plus, s'est élevé jusqu'à i5 ou i6 centimètres au-dessus du fond. En analysant ces diffé- rents composés, nous avons reconnu que la quantité de chaux précipitée est indépendante de la présence de l'alumine, tandis qu'elle est augmentée par la présence de l'oxyde de fer : en outre, nous avons reconnu que le composé floconneux était le plus riche en alumine, et que le dépôt con- crétionné était le plus riche en oxyde de fer. » La non-inertie de l'oxyde de fer dans les matériaux hydrauliques parais- sant démontrée par ces expériences synthétiques, nous avons cru pouvoir conclure que la présence de cet oxyde peut contribuer à donner de la sta- bilité aux mortiers et aux ciments immergés dans l'eau de la mer. Il reste, à la vérité, à constater si les ciments ou chaux hydrauliques artificielles, formées par l'association de la chaux avec des argiles ferrugineuses, ou des mélanges d'argile et d'hydroxyde de fer, ou bien encore des mélanges d'argile et de substances pouvant engendrer de l'oxyde de fer, seront inattaquables par l'eau de mer. Mais ces essais exigent un temps considérable, et dès à présent il nous a paru utile de faire connaître les résultats que nous avons obtenus, parce qu'ils peuvent être utiles aux constructeurs de travaux hydrau- liques, et, en outre, parce qu'il y a un grand intérêt à ce qu'ils soient vérifiés par la pratique. Quel que soit l'avenir que l'expérience réserve à nos induc- tions, deux faits ne seront pas moins bien constatés : » 1°. Les ciments réputés comme les plus résistants à l'action destruc- tive de l'eau de mer, contiennent toujours des quantités notables d'oxyde de fer ; » 2°. Certaines combinaisons de silice, alumine et chaux, donnent, a4-- { >88 ) toutes choses égales d'ailleurs, des réactions fort différentes, suivant qu'elles sont dépourvues, ou qu'elles contiennent beaucoup d'oxyde de fer. « ÉCONOMIE RURALE. — Notes sur les maladies de plusieurs de nos plantes usuelles, la carotte ^ le froment, la pomme de terre et la vigne , par M. Armand Bazin. L'attaque de certains insectes, dont les uns entament la racine des végé- taux, les autres percent ou déchirent les tiges, les jeunes pousses, les parties foliacées, serait, suivant M. A. Bazin, la cause première des maladies qu'on a signalées depuis quelques années chez plusieurs de nos plantes usuelles. Ses observations ont porté principalement sur la carotte, le froment et la pomme de terre, et ce n'est que par induction qu'il en étend les résultats à la vigne : il adresse des spécimens de parties attaquées des végétaux, dont quelques-unes contiennent encore, dit-il, des larves des insectes auxquels est dû le mal. Les Notes et les échantillons qui y sont joints sont renvoyés à l'examen d'une Commission composée de MM. Duméril, Payen, Decaisne et Montagne. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ANATOMlE COMPARÉE. — Mémoire sur les organes génitaux des Mollusques acéphales lamellibranches, -par M. le D"^ Lacaze-Duthieks. (Extrait.) K Les doutes qui existent sur les organes génitaux et la reproduction des Mollusques acéphales lamellibranches m'ont engagé à étudier la ques- tion d'une manière toute spéciale, et j'ai l'honneur de soumettre à l'Aca- démie le résultat de mes observations. » La. séparation des sexes est la condition la plus fréquente ; l'hermaphro- disme, contrairement aux opinions reçues, est la plus rare. Ces deux états expliquent le désaccord des auteurs qui n'ont pas étudié les mêmes espèces , et permettent de séparer les Lamellibranches en deux groupes : les Dioïques et les Monoïques. » Dans les Dioïques, l'appareil femelle, réduit à la glande seule, se com- pose de deux ovaires, symétriquement placés de chaque côté du corps, dont la couleur est souvent blanche [F'enus decussata, Lucina lacten, Cor- hula striata) et quelquefois d'un rouge même très-vif (Pm«fl nobilis, Jrca Noe, Spondjlus gaideropus , Lima squamosa) dans ces derniers ; car la teinte ( i89 ) ne disparaît pas au moment de la maturité des œufs, comme le pensait Poli, et ne se produit pas comme le croit M. Deshayes : elle existe bien avant la ponte. » Chaque ovaire est une glande en grappe, ayant son orifice, ses canaux excréteurs et ses culs-de-sac sécréteurs. L'œuf se développe dans les cellules des parois de ces derniers, et s'en détache, tantôt entouré d'une capsule per- sistante, très-transparente, épaisse {Dniolitoralis, j4rcn Noe, Cardiwn rusii- cum, etc.), tAntàt hhre [Spond/lus gcederopus, Pinnanohilis, Gastrochœna tarentina, etc.). Il renferme les mêmes parties que ceux des autres animaux. Souvent il y a deux taches germi natives, quelquefois plusieurs vésicvdes de Purkinje, dont une seule est bieir caractérisée; l'enveloppe vitelline existe constamment, et souvent elle a été confondue avec la capsule, dont elle diffère essentiellement, par son origine et par sa nature. Un épithélium vibratile très-vif tapisse les parois des canaux excréteurs et détermine des courants du dedans au dehors. » L'appareil mâle ressemble en tous points à celui des femelles. Il se compose donc de deux testicules, ayant chacun un orifice et des canaux excréteurs. Quant aux culs-de-sac sécréteurs, on peut, d'après leur forme, les rapporter à deux types principaux : tantôt globuleux et rappro- chés, ils donnent l'apparence exacte d'une grappe [Caidium rusticiim); tantôt éloignés et allongés, ils ressemblent à une arborescence {J^eniis decussata). Leur paroi est tapissée d'une couche de cellules ou petits cor- puscules réfractant vivement la lumière, dans lesquels se développent les filaments spermatiques. La glande mâle est donc liussi une glande en grappe. » Les spermatozoïdes ont tantôt une tête allongée (^Caidium rusticum, edide, Tiigonella piperata, Gastiochœna tarentina, Petricola ruperella, Corbula strlata, etc.) et tantôt globuleuse (^y4nomia ephippium, Mjtiîus eduiis, Pectenvaiius ,Spondjrlus gœderopus , Chaîna griphoïdes^etc.).T>'dn& ces deux types on trouve de nombreuses variétés de formes secondaires ou de grandeur qui n'ont pas de rapport avec les espèces et la taille des ani- maux. Les plus grands sont ceux des Lavignons ( Trigonella piperata); ceux à tête globuleuse sont toujours beaucoup plus petits. La tête peut être un peu moins obtuse {Unio litoralis^ etc.), pointue en avant [Mjtilus eduiis, etc.), courbée en faucille [Coibulata striata) et tordue en vis {^Cardium rusticum, etc.). Comme dans l'ovaire, les canaux excréteurs sont tapissés d'un épithélium vibratile déterminant un courant de dedans en dehors. » Dans les Lamellibranches monoïques, il faut établir une distinction ( »9o ) entre les espèces ayant les glandes des deux sexes bien séparées les unes des autres, et celles où le mélange et la confusion sont complets. » Dans le premier cas il existe deux glandes de chaque côté [Peclenj'aco- hœus, glaber,inaximus). Le testicule est blanc, antérieur à l'ovaire qui est rouge-vermillon ; disposition déjà signalée depuis longtemps par M. Miine Edwards. Chacune des glandes présente une structure et des éléments absolument semblables à ceux qu'on observe dans les Dioïques; aussi n'ai-je rien à ajouter. Seulement, les mêmes conduits excréteurs sont communs au testicule et à l'ovaire, ce qui n'avait pas été reconnu, même par les auteurs qui se sont occupés de la question dans ces derniers temps. » Quand les glandes sont confondues (Huîtres), le mélange est tel, qu'U est bien difficile de pouvoir affirmer si un même tube sécréteur produit à la fois les œufs et le sperme. J^s deux glandes se développent en proportions différentes et produisent ainsi les aspects mâles, femelles et hermaphrodites, auxquels il faut attribuer les désacords qui existent entre les auteurs sur le sexe des Huîtres ; M. Davaine, toutefois, avait reconnu l'hermaphrodisme de cet Acéphale. » On trouve un orifice génital de chaque côté, et non pas un seul, voisin de la bouche, comme l'a dit sir E. Home, ou trois latéraux, comme l'a dessiné M. Davaine. » La glande Bojanus, que l'on regarde aujourd'hui comme un rein, trouve sa description ici, à cause des connexions intimes qui l'unissent aux organes de la génération . Avec les glandes précédentes, elle forme le groupe des organes génito - urinaires. Je dois dire que les preuves à l'appui de cette opinion ne me paraissent pas convaincantes, et que je me propose de faire des recherches pour compléter les renseignements que j'ai déjà ; et aussi, en faisant mes réserves, je dirai que son rôle doit peut-être se ratta- cher aux fonctions de la génération . » Sa structure est fort simple. Sa substance glandulaire est composée de cellules très-lâchement unies, qui ressemblent, par la netteté de leurs con- tours et de leurs formes polyédriques, à un tissu végétal. On trouve dans l'in- térieur, des corpuscules nucléolaires de matière brunâtre qui lui donnent sa couleur. Chacune des papilles, villosités ou plis qui hérissent la face interne du sac de Bojanus est formée d'une couche cellulaire couverte d'un épithélium vibratile très-vif: une cavité en occupe le centre ; celle-ci est en communication avec les organes de la circulation, ce qui a pu faire penser à quelques auteurs, Siebold et Van-der-Howen, que cette glande était l'analogue des appendices veineux des Céphalopodes. Les perles ou con- ( '9' ) crétions rénales qu'on y rencontre sont placées [Pinna nohilis) dans cette cavité centrale et, par conséquent, baignées par le sang. » L'orifice génital et celui de la glande de Bojnnus sont tantôt con- fondus et forment soit une papille ( /Irca Noe, Mytilus edulis, Modiola litho- phaga), soit un petit cloaque { Pinna nobilis), tantôt simplement rapprochés [Cardium rusticum, edule, Cardita sidcnta, Mja arennria, Unio Utoia- lis, etc.), tantôt enfin séparés; mais alors l'orifice de la génération est placé dans l'intérieur même de la cavité du sac de Bojanus [Pecten jaco- bœus, mnximus, glaher, Lima squamosa, Spondylus gœderopus). » Ces deux orifices sont toujours en dedans de l'insertion des branchies et toujours en dehors du nerf connectif bucco-branchial. Leur voisinage avec ce dernier, surtout dans le point où il plonge dans l'abdomen, fournit un rapport précieux pour reconnaître leur position, quelquefois si difficile à voir, que bien des auteurs l'ont méconnue. » Ces faits conduisent à admettre que dans les Acéphales lamellibranches dioiques vivant fixes ( Chama griphoïdes, Pholas dactjlus, etc., etc., etc.) la fécondation, im peu abandonnée au hasard, doit se faire par l'intermé- diaire (le l'eau^ absolument comme dans les plantes dioiques elle se fait par l'intermédiaire de l'air. La vivacité et la vitalité des spermatozoïdes est en rapport avec cette condition physiologique. » Les Mollusques monoïques AoiyenX. se féconder eux-mêmes, et l'opinion ancienne de Poli, Cuvier, de Blainville, et celle plus moderne de Gartner, M.' Deshayes, d'après laquelle tous les Acéphales se suffisaient, leur est applicable. » L'époque de la reproduction a été très-bien étudiée par Poli qui, toutefois, n'a pas assez tenu compte des variations que peuvent apporter les localités et les particularités individuelles. L'été, la fin du printemps et le commencement de l'automne sont les moments où l'on trouve les Acé- phales en gestation; mais, avec les localités, les conditions de température, ainsiqu'avec les espèces, il y a des variations nombreuses. » Pour être plus sûr des résultats, je les ai vérifiés à différentes époques des années i852, i853 et i854, depuis le mois d'avril jusqu'au mois d'oc- tobre, sur des points éloignés et dans des conditions diverses, à Barcelone, Palma, Mahon, Marseille, les Martigues, Cette, dans la Méditerranée; à la Rochelle, à Rochefort, sur les bords de l'Océan et à Paris, avec les espèces q^ue j'ai reçues des bords de la Manche et des eaux douces des environs. » ( '9^ ) CHIMIE. — Note sur quelques réactions peu connues de l'acide borique; par M. Charles Tissier. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Pelouze , kegnault, Balard.) « Le travail que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie est le résultat de quelques observations que j'ai été à même de faire sur l'action dissolvante généralement peu connue de l'acide borique par voie humide; j'espère par là attirer l'attention des chimistes sur cet acide dont les propriétés toutes spéciales pourraient bien être mises à profit pour l'ana- lyse. Je me réserve, si mes occupations me le permettent, de faire un travail complet sur les diverses réactions que présente l'acide borique employé en dissolution , c'est-à-dire d'étudier son action sur les composés binaires et ternaires les plus répandus. En attendant, les résultats qui suivent serviront à donner une idée de la manière d'agir de cet acide, sur plusieurs corps insolubles ou peu solubles dans l'eau, tels que : la chaux, la magnésie, l'alumine, le protoxyde de manganèse, le protoxyde et le sesquioxyde de fer, le protoxyde de zinc, les carbonates de baryte, de chaux et de magnésie, et enfin le phosphate de chaux . I. Acide borique et protoxydes. » Acide borique et chaux. — La chaux hydratée se dissout très-facile- ment dans une solution bouillante d'acide borique ; la proportion de cet acide cristallisé nécessaire pour opérer la dissolution complète, s'élèvp à vingt-cinq ou trente fois le poids de la chaux. » Jcide borique et magnésie. — L'hydrocarbonate de magnésie *est le corps que l'acide dissout avec le plus de facilité ; il n'en est pas de même de la magnésie calcinée, qui résiste très-longtemps à l'action de cet acide. » Protoxyde de Jer et protoxyde de manganèse. — Ces deux bases (hydratées, bien entendu) se dissolvenl; très-bien dans une dissolution bouillante d'acide borique. Seulement il faut une proportion relativement considérable d'acide borique (vingt-cinq à trente fois son poids pour le protoxyde de manganèse, et cinquante à soixante fois son poids pour le protoxyde de fer). La dissolution du borate acide de manganèse paraît inal- térable à l'air ; celle du borate acide de protoxyde de fer se trouble au con- traire immédiatement en déposant du sesquioxyde. » Acide borique et protoxyde de zinc. — L'oxyde de zinc se dissout dans une solution bouillante d'acide borique, même après avoir été calciné au rouge; comme pour le protoxyde de fer, la proportion d'acide borique nécessaire s'élève à cinquante et soixante fois le poids de l'oxyde. ( '93 ) II. Acide borique et sesquioxydes. » Alumine et sesquioxjde de fer. — L'acide borique en dissolution ne dissout pas la plus petite trace de ces deux oxydes, soit que l'on opère di- rectement sur les oxydes hydratés, soit que l'on opère par double décom- position en précipitant un sel de l'un ou de l'autre de ces deux oxydes, par le borate de soude en présence d'un excès d'acide borique. III. Acide borique et carbonates anhydres. » Carbonate de baryte et carbonate de chaux. — L'acide borique a si peu d'action sur ces deux corps, qu'elle peut être considérée comme nulle. » Carbonate de magnésie. — J'ai dit plus haut comment l'acide borique agissait sur l'hydrocarbonate. En revanche, il paraît sans action sur le car- bonate anhydre, car il n'attaque pas la dolomie. IV. Acide borique et phosphates insolubles. » Phosphate de chaux. — L'action de l'acide borique sur ce sel est sans contredit une des plus intéressantes, car il permet d'engager l'acide phos- phorique dans une combinaison dont la formule est constante. » En effet, si à une solution acide (chlorhydrique ou azotique) contenant du phosphate de chaux (ou bien un phosphate soluble et du chlorure de calcium) et un excès d'acide borique, on ajoute assez de borate de soude pour saturer l'acide qui tenait en dissolution le phosphate, il ne se précipite pas de borate de chaux, tandis que tout l'acide phosphorique se trouve pré- cipité sous forme de phosphate de chaux. Le phosphate de chaux qui se précipite dans ces circonstances, n'a pas une composition variable comme celui qui se précipiterait en saturant par l'ammoniaque, mais il a une com- position constante et une formule bien définie. Il correspond à celui auquel M. Berzélius assigne la formule 8 Ca O. 3 Ph O* et qui contient, en calculant avec les équivalents tels qu'ils sont admis aujourd'hui : Acide phosphorique 49>°9 Chaux .'. .i; Sojgi 100,00 » Ce mode de précipitation de l'acide phosphorique de ses dissolutions, joint au procédé que .j'ai soumis l'année dernière à l'Académie (i), pour (i) Note sur un nouveau réactif propre à précipiter l'alumine de ses dissolutions acides ( Comptes rendus, n" 6 du 2"^ semestre i853). G. R., 1854, a"" Semestre. (T. XXXIX, N» 4.) %5 ( 194) séparer cet acide de l'alumine et du sesquioxyde de fer, rend très-facile le dosage des phosphates des terres, des engrais, etc. » Je renvoie à mes deux Mémoires pour les détails dans lesquels il me serait impossible d'entrer ici. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Observations sur les matières colorantes des fleurs ; par M. E. Filhol. (Extrait.) « Des fleurs blanches. — Si l'on soumet pendant quelques instants à l'ac- tion de l'ammoniaque étendue d'eau des fleurs du P^iburnwn opulus , du Philadelphus coronaria, du Chrjsanthemwn vulgare, des Roses blanclies et une multitude d'autres fleurs, on les verra prendre une teinte jaune plus ou moins vive qui persistera pendant longtemps. Les fleurs de f^iburnum opultis ont acquis après ce traitement une couleur jaune aussi belle que celle du Cjtisus laburnum. La matière qui jaunit ainsi sous l'influence des alcalis paraît être répandue dans toutes les fleurs blanches; ce n'est que par exception que j'ai rencontré quelques fleurs qui, sans en être entièrement dépourvues, en renfermaient fort peu. » Dans les fleurs panachées dont la corolle présenté des parties blanches, on voit ordinairement celles-ci prendre une belle teinte jaune sous l'in- fluence de l'ammoniaque. Les étamines, les pistils et en général toutes les parties blanches des fleurs se comportent de la même manière. Les feuilles elles-mêmes jaunissent, lorsque par hasard elles sont dépourvues de chlorophylle. J'ai pu constater ce fait sur les feuilles d'un pied de Convallaria poljgonatum j qui présentaient alternativement des bandes blanches et des bandes vertes. Les premières devenaient d'un jaune vif sous l'influence de l'ammoniaque , absolument comme les fleurs. — Le tissu de quelques fruits jaunit aussi, quoique d'une manière moins prononcée, sous l'influence des alcalis. » Le moyen le plus commode pour transformer une fleur blanche en une fleur jaune consiste à l'introduire dans un flacon à large ouverture conte- nant un peu d'ammoniaque liquide et à lui faire subir l'action de la vapeur alcaline. Le changement se produit alors d'une manière assez rapide. Lorsque la majeure partie de la fleur est colorée en jaune , on peut la retirer du flacon et la laisser exposée à l'air; les parties qui étaient encore blanches jaunis- sent peu à peu et la teinte devient uniforme. On peut aussi tremper la fleur dans de l'eau légèrement ammoniacale, ou bien encore dans de l'alcool ou del'éther mêlés d'un peu d'ammoniaque. Ce dernier moyen doit ( '95 ) être préféré nuand les fleurs sont recouvertes d'un enduit gras qui empêche un liquide aqueux de les mouiller. » Si, après avoir rendu jainie une fleur blanche, on la trempe dans de l'eau acidulée, elle reprend peu à peu sa couleur blanche. » Il est difficile , quand on fait ces expériences , de ne pas se rappeler que , lorsque les teinturiers veulent fixer sur un tissu la couleur de la gaude, ils ajoutent dans leur bouillon un peu de carbonate de soude, qui en avive considérablement la teinte. Il est aisé de constater aussi que les acides, même très-faibles, font disparaître en grande partie la couleur d'une dé- coction de gaude. On peut se demander après cela si la matière qui commu- nique aux fleurs blanches la propriété de jaunir au contact des alcalis ne serait pas de la lutéoline. C'est un point que je me propose d'éclaircir un peu plus tard. » Si l'on fait bouillir des pétales de Roses blanches avec de l'eau distillée et qu'on ajoute dans le décocté un peu de carbonate de soude et un peu de sulfate de cuivre, comme s'il s'agissait d'un bouillon de gaude, on obtien- dra un liquide d'une couleur jaurte dorée assez vive , dont on pourra se servir pour teindre en jaune. Ce liquide communiquera aux tissus de fil et de coton une teinte assez belle qui ne manquera pas de solidité. Presque toutes les fleurs blanches fourniront des résultats du même genre. J'ai joint à mon Mémoire quelques petits écheveaux de fil et de coton que j'ai teints moi-même avec des Roses blanches, des fleurs de Spireajilipendula, de Philadelphus coronaiia et de Gallium mollugo. » La matière à laquelle les fleurs blanches doivent la propriété de se colorer en jaune au contact des alcalis se dissout très-bien dans l'eau , mieux encore dans l'alcool ; elle se dissout moins bien dans l'éther. Quand on enlève la couche superficielle du tissu des pétales de fleurs blanches et qu'on l'examine au microscope, après l'avoir soumise à l'action de l'ammo- niaque très-étendue , on voit toutes les cellules remplies d'un suc coloré en jaune, dans lequel on n'aperçoit pas de granules. » Fleurs dan rouge foncé. — Si l'on soumet des fleurs de Coquelicot à l'action de l'eau bouillante ou de l'alcool, on obtient une solution colo- rée en rouge-violacé. Cette solution prend une belle teinte écarlate sous l'influence des acides, même les plus faibles. Si l'on verse de l'ammoniaque dans la liqueur ainsi acidulée, elle devient d'un beau violet-pensée, sans le moindre mélange de couleur verte. Mais si, au lieu de verser l'ammoniaque dans le liquide préalablement acidulé, on l'ajoute directement à l'infusion, soit aqueuse, soit alcoolique, des fleurs, celle-ci prend une teinte d'un rouge 25.. ( 196 ) verdâtre assez terne. En exposant les fleurs elles-mêmes à l'action de l'am- moniaque on les voit se colorer en un beau violet, semblable à celui qu'on obtient avec l'infusion préalablement acidulée. La matière colorante du Coquelicot diffère donc beaucoup de la cyanine de MM. Fremy et Cloez, car les alcalis ne la colorent pas en vert. » I^s fleurs du Pelargoniuin zonale deviennent aussi d'un beau violet sous l'influence de l'ammoniaque ; leur matière colorante se comporte comme celle du Coquelicot. Celles du Pelargoniuin inquinans prennent une teinte d'un bleu pur, toujours sans le moindre mélange de vert. La Verveine à fleurs d'un rouge foncé, que l'on cultive dans les jardins, communique à l'alcool une teinte d'un rouge violacé. La liqueur alcoolique traitée par l'ammoniaque prend une teinte lie de vin un peu verdâtre. Si l'on fait digérer l'infusion alcoolique de ces fleurs avec un peu d'iiydrate d'alumine sec et réduit en poudre, l'alumine se colore en jaune léger, et le liquide qui la surnage prend luie belle couleur rouge sous l'influence des acides, et une couleur bleue, sans le moindre mélange de vert, sous l'in- fluence des bases. Il y avait donc dans les fleurs de Verveine deux matières distinctes, dont l'une devient bleue sous l'influence des acides, tandis que l'autre devient jaune : c'est au mélange de ces deux matières qu'est due la couleur verte que prend la teinture alcoolique de ces fleurs. » Les pétales de Y Anémone hortensis se comportent comme ceux de la Verveine. Les fleurs de Pivoine rouge deviennent d'un bleu pur sous l'in- fluence de l'ammoniaque. Ces fleurs sont rapidement décolorées par l'alcool ; la teinture qu'elles fournissent est peu colorée , mais elle devient d'un rouge vif et foncé par l'addition des plus légères traces d'acide. La liqueur aci- dulée bleuit au contact de l'ammoniaque, tandis que la solution alcoolique non acidulée prend ime teinte verdâtre. Les pétales des Roses rouges, dont la coleur est très-foncée, deviennent bleus lorsqu'on les expose à l'action des vapeurs ammoniacales ; mais la couleur passe bientôt au bleu-verdâtre. L'alcool dissout facilement la matière colorante des Roses ; mais il se colore très-peu. La plus légère addition d'acide communique à la solution alcoolique une couleur rouge foncé ; l'ammoniaque versée dans la liqueur acidulée la rend d'un bleu verdâtre. » Fleurs roses. — Ces fleurs renferment un mélange de deux sucs, dont l'un est incolore dans les liqueurs acides, tandis que l'autre est rouge; le premier devient jaune par son mélange avec les alcalis, le second devient bleu, et le mélange de ces dernières couleurs produit la teinte verte qu'on observe. Il ne faut pas beaucoup d'habitude, quand on possède les notions ( '97 ) • que je vieos de développer, pour indiquer d'avance les teintes que pren- dront des fleurs roses ou rouges quand on les exposera à l'action des vapeurs ammoniacales. Il est clair, en effet, que la couleur verte tirera d'autant plus sur le jaune, que le rose sera plus pâle, et qu'elle tendra d'au- tant plus à devenir bleue que la fleur sera plus foncée » Des Jleurs bleues. — Ce que j'ai dit à propos des fleurs roses et des fleurs rouges peut s'appliquer aux fleurs bleues. Il suffit, en effet, d'exa- miner les teintes que prennent, sous l'influence de l'ammoniaque étendue d'eau, les fleurs d'un bleu plus ou moins foncé, pour reconnaître que la coideur verte qui s'y développe est d'autant plus jaunâtre que la fleur était plus blanche.... » Effets du mélange des sucs blancs des Jleurs avec les sucs colorés. — Quand on fait infuser dans de l'alcool des fleurs d'Iris, de Violettes, de Pi- voines, de Cercis siliquastrum, etc., on est frappé du peu de richesse de la teinte du soluté alcoolique, alors surtout que les pétales sont complètement décolorés. Il semble naturel, au premier abord, d'attribuer cette décolora- tion à l'influence de l'alcool qui agirait sur la matière colorante comme un corps réducteur, mais un examen approfondi des faits ne permet pas de se contenter de celte explication, et, sans nier que l'alcool ne puisse exercer l'action qui lui a été attribuée par MM. Fremy et Cloez, je crois que la théorie suivante, seule ou combinée avec celle dont je viens de parler, per-- met de se rendre plus facilement compte des faits que l'on observe. E» effet, si, au lieu de traiter les fleurs que je citais tout à l'heure par de l'alcool, on les traite par l'eau bouillante, la dissolution aqueuse n'est guère plus colorée que la teinture alcoolique. Il faudrait donc admettre que l'eau elle- même agit comme un corps réducteur, ce qui n'est nullement probable. » Si l'on verse dans ces solutions, soit aqueuses, soit alcooliques, la plus petite quantité d'un acide soluble, elles deviennent sur-le-champ d'un rouge vif, infiniment plus foncé que la liqueur primitive. La nature de l'acide est indifférente, et cela est tellement vrai, que l'acide sulfureux lui-même avive momentanément la nuance et fait reparaître la couleur qui n'était que dissimulée. L'action prolongée de ce dernier acide ne tarde pas à détruire la couleur. Concevrait-on que la matière colorante reparût sur-le-champ sous l'influence de la plus légère trace d'un acide quelconque , si elle eût été réduite? Pourrait-on, surtout dans cette hypothèse, se rendre compte de l'action de l'acide sulfureux ? Je ne le pense pas. » A mon avis, la décoloration est due au mélange du suc renfermé d^ns les cellules incolores avec celui des cellules colorées.... Quand on lait agir ( 198 ) sur une fleur de l'alcool ou de l'eau bouillante, on détruit son organisation, les sucs qui étaient renfermés dans des cellules distinctes se mélangent, et la matière colorante disparaît. L'expérience suivante vient à l'appui de l'ex- plication que je viens de donner. » Si l'on prend deux volumes égaux d'une infusion, soit aqueuse, soit alcoolique, de fleurs de Pivoine légèrement acidulée, et qu'on étende l'un d'eux de quatre fois son volume d'eau, tandis qu'on ajoutera à l'autre quatre fois son volume d'une infusion de fleurs blanches, on remarquera que cette dernière liqueur sera beaucoup moins colorée que l'autre. » Les sucs blancs détruisent donc, ou plutôt dissimulent la matière colo- rante. Mais ces sucs agissent-ils comme des corps réducteurs, ou bien for- ment-ils tout simplement des combinaisons incolores? C'est ce que les expé- riences que j'ai rapportées pins haut permettent de distinguer, si je ne m'a- buse, car s'il y avait réduction, l'acide sulfureux ne ferait pas reparaître la couleur. Je crois donc que la matière colorante n'éprouve pas de réduc- tion, et qu'elle forme, avec les éléments des sucs blancs, une combinaison incolore. Dans les infusions que l'on prépare en faisant agir sur les fleurs, soit de l'alcool, soit de l'eau, une partie de la matière colorante est libre, tandis que l'autre est engagée dans la combinaison dont je viens de parler. Il est facile de séparer la partie colorée de celle qui ne l'est pas en broyant le liquide avec un peu de phosphate de chaux artificiel ou d'hydrate d'alumine sec; la partie colorée se fixe la première sur le liquide, tandis que la partie dont la couleur est dissimulée reste dissoute en grande partie. Si l'on filtre le liquide, il passe sensiblement incolore. Il est aisé de le colorer en rouge en l'acidulant, et en vert ou en bleu en y versant une solution alcaline. » CHIMIE LÉGAliE. — Nouvelles recherches sur l'arsenic dit normal: par M. Fii-HOL. Dans ce travail, l'auteur s'est proposé principalement de lever les doutes qu'auraient pu faire naître dans l'esprit de quelques personnes des expé- riences publiées par un chimiste étranger à une époque où la question sem- blait définitivement jugée. Nous avons à peine besoin de dire que. les recher- ches de M. Filhol le conduisent aux résultats annoncés par MM. Danger et Flandin et confirmés par le grand travail fait d'ordre de l'Académie, c'est-à-dire à nier une nouvelle fois l'existence de l'arsenic dit normal. (Rçnvoi à l'examen de la Commission nommée pour le précédent Mémoire.^ { «99 ) CORRESPONDANCE. M. LE Ministre DE l'Instruction publique autorise l'Académie à imputer sur les fonds restés disponibles, une somme de 2 000 fr. à M. Marié-Dai'j', pour aider à la construction d'une machine électromagnétique, et une pa- reille somme à M. A. Perrey pour subvenir aux frais de recherches sur les tremblements de terre. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — M. PoNCELET fait hommage à l'Académie, de la part de M. Vvon f^illarceau , d'un exemplaire de son Mémoire Sur r établissement des arches de ponts (Extrait du tome XII du Recueil des Savants étrangers). a Lors de la présentation, en 1846, de la seconde partie de son Mémoire à l'Académie des Sciences, M. Yvon Yillarceau, qui venait d'être attaché à l'Observatoire de Paris, s'était borné à présenter des Tables à double en- trée pour le cas des arches en anse de panier ; les exigences de son service ne lui avaient pas permis, non plus, d'entreprendre le calcul des Tables rela- tives aux arches dites en arc de cercle. Invité par les Commissaires à com- pléter son travail sous ce dernier rapport, il s'est empressé de combler une lacune qu'il regrettait, lui-même, d'avoir laissée dans la seconde partie de son Mémoire. J'appellerai plus particulièrement l'attention de l'Académie sur la manière ingénieuse dont M. Yvon Villarceau s'y est pris pour atteindre ce but au moyen de deux Tables' à double entrée, alors que le problème semblait devoir exiger une Table à triple entrée, correspondant au nombre même des indéterminées du problème, et dont le calcul eût été véritable- ment inabordable. » En employant de nouvelles combinaisons des données et des inconnues, l'auteur . est parvenu à reléguer l'épaisseur à la clef dans les termes du second ordre, qui, étant négligés au premier degré d'approximation, per- mettent, en effet, de réduire la solution à l'établissement de Tables à double entrée seulement : les valeurs ainsi obtenues servant ensuite à en calculer d'autres plus précises au moyen d'une petite Table supplémentaire. » Les mêmes considérations , appliquées aux arches en anse de panier, ont conduit M. Yvon Villarceau à remplacer ses anciennes Tables à double entrée, par d'autres à simple entrée, et qui offrent cela de particulier, quelles suffisent à la pratique sans recourir aux Tables supplémentaires ou ( aoo ) de correction. Ces nouvelles Tables lui ont d'ailleurs permis d'ajouter, selon le vœu des Commissaires, d'intéressants exemples de discussion rela- tifs aux ponts existants avec voûtes en arc de cercle, à tous ceux qu'il avait primitivement présentés pour le cas des ponts construits en anse de panier. » Les géomètres remarqueront, peut-être avec intérêt, un rapproche- ment assez curieux que l'auteur établit, dans une Note, entre la courbe intrados qu'il considère et la courbe dite élastique. Les équations de ces courbes ne diffèrent, en effet, que par des termes de deuxième ordre, presque toujours négligeables, en sorte qu'à défaut de Tables, on pour- rait obtenir une solution approchée en s'aidant d'une lame élastique, encastrée à ses deux extrémités libres, suivant les indications qui ressortent de la théorie. » Enfin, les ingénieurs peu familiarisés avec la théorie des fonctions elliptiques trouveront, dans une addition au Mémoire de M. Yvon Villar- ceau, le développement, en séries ordinaires, des intégrales qu'il avait obtenues dans la première partie, au moyen de ces fonctions, et dont, par un exemple assez simple, il montre comment les mêmes séries auraient p,u servir au calcul d'une partie des Tables de voûtes mentionnées ci- d essus. » PHYSIQUE. — Recherches sur les lois du magnétisme de rotation; par M. Abria. « Je me suis proposé, dans ces recherches, de déterminer, par la voie de l'expérience et indépendamment de toute vue théorique, la valeur de la force développée lorsqu'un aimant et une plaque métallique non magné- tique étant en présence l'un de l'autre, l'un des deux corps est en mouve- ment, et l'influence qu'exercent l'intensité de l'aimant, sa distance à la plaque, l'épaisseur et la nature de celle-ci. Malgré les nombreux travaux de M. Arago et des physiciens qui ont étudié les phénomènes du magnétisme de rotation, on sait que ces lois sont tout à fait inconnues. » L'hypothèse la plus simple, et qui s'accorde le mieux avec les expé- riences déjà faites, consiste à admettre que la force émanée de la plaque, dans le cas où un aimant oscille en présence de celle-ci, est proportion- nelle à la vitesse des oscillations de l'aimant. On est aiqsi conduit à com- parer le mouvement de l'aiguille aimantée à celui d'un pendule, dans un milieu dont la résistance est proportionnelle à la vitesse. Dans cette suppo- sition, les amplitudes successives des petites oscillations doivent former une ( 20I ) progression géométrique décroissante, et si l'on appelle F' et F les actions exercées sur l'aimant par la plaque et par la terre, on doit avoir F_ _ 2 T^ log p ^^' F T'Tv'loge' T étant la durée des oscillations de l'aimant sous l'influence de la terre; T' cette même durée sous les influences réunies de la terre et de la plaque; /3 le rapport de deux amplitudes consécutives obtenu en divisant la plus petite par la plus grande ; n le rapport de la circonférence au diamètre ; e la base des logarithmes népériens. » On a, de plus, T 7 et ir log e y = y/log' p + ït' log' e de sorte qu'on peut écrire (^) r = -;?M3r^vlog/3. )' Ainsi, dans cette hypothèse, la force émanée de la plaque est propor- tionnelle à -^|r ou à 7 log jS. T » Il résulte de la formule ï' = que la durée des oscillations de l'ai- guille aimantée est accrue par l'action de la plaque dans e rapport de l'unité à la fraction 7. Il semble, au premier abord, qu'il doit être facile de vérifier cette conséquence de la théorie, et même de déterminer avec exactitude la valeur de la quantité 7. C'est, en effet, ce que l'on pourrait faire si l'on était libre de compter un grand nombre d'oscillations : mais l'amplitude décroissant très-rapidement lorsque l'aiguille oscille sous l'influence de la plaque, on ne peut en compter avec la précision nécessaire qu'un petit nombre, d'autant plus faible que la plaque agit avec plus d'énergie. Mal- gré la difficulté que présentent les expériences, on peut en conclure, avec certitude, que la durée des oscillations est plus grande sous l'influence de la plaque, mais on ne peut se servir de ce moyen pour déterminer la quan- tité 7, et, par suite, log |3. C. R. . i854, 2"« Semestre, n. XXXIX, ^o4.) 26 ( 2oa ) » J'ai donc cherché à déterminer directement la valeur de |3, et j'y suis parvenu par un procédé assez simple qu'il serait trop long d'indiquer ici en détail, et qui donne des valeurs concordantes et qui se reproduisent les mêmes dans différentes séries d'expériences. » Si la valeur de la force F' est donnée par l'expression (2), on doit pou- voir calculer la déviation que l'aimant éprouve de la part de la plaque lorsque celle-ci est animée d'une vitesse égale et de sens contraire. On arrive sans difficulté à l'expression pour la déviation Q„ que l'aimant doit éprouver de la part de la plaque lorsque celle-ci exécute n tours par seconde. » Il est inutile d'insister sur l'importance de cette vérification sans la- quelle on ne pourrait légitimement se servir des formules (i) ou (2). » Le tableau suivant, qui renferme une partie de mes expériences, in- dique un accord très-satisfaisant entre le calcul et l'observation : la valeur de log |3 a varié dans le rapport de 28 à r, et celle de n dans les limites de 12 a I . Sur soixante expériences, la plus grande différence entre le calcul et l'observation a été une seule fois de 3° i&, et les discordances que l'on remarque tiennent en grande partie à la non-uniformité absolue du mouve- ment de rotation, car le sens et la valeur des différences sont à peu près les mêmes pour les petites et les grandes déviations. ( 203 ) «DMÉROS des expé- riences. VALEURS DE DÉVIATIONS calculées. DÉVUTIOKS observées correc- tions faites DIFFEREMC. REMARQUES. -log/S - 7 log /3 n I 0,00872 0,00872 0,171 i"34' i°37' -)- 3' Aimant de iSo millimètres de lon- gueur, de 7""'"', 74 de diamètre, pesant 663,525 et pour lequel T = 6",i6. Pour les seize premières expériences , plaque de cuivre rouge de io'""',34 d'épaisseur et de 180 millimètres de diamètre. Même aimant. Plaque de cuivre rouge de 4™'",43 d'épaisseur et de 180 millimètres de diamètre. Même aimant. Plaque de cuivre rouge de i""",i9 d'épaisseur et de i8o millimètres de diamètre. Aimant à section rectangul. de 99™™ de long, I7n'™ de large, iim"',88 d'épaisseur, pesant 1 575"',64o pour lequel T= 9'',i8. Plaque de cuivre rouge de 10""", 34 d'épaisseur. 2 a M 0,432 3° 59' 4° 6' + J 3 » U 0,800 7023' 7" 23' » 4 u » 1,757 16-24' 16" 3o' + 6' 5 0,02014 0, 02014 2,049 49-29' 49" 56' -t- 27' 6 o,o3844 0, 03844 0, i55 6" 20' 6" 1 2' — 8' 7 0,03557 0,03557 0,285 10° 45' 100 38' ~ 7' 8 0,03495 0,03495 0,775 29" 56' 29-57' 4- 1' 9 0,06602 0,06602 0,186 1305' 13° 5' B 10 » u 0,454 33''3i' 33° 25' - 6' 11 o,o65o2 o,o65o2 0,746 63" 20' 63022' -H 2' 12 0,1.7^8 0, I 1732 0,245 3i"58' 32° 28' -H 3o' i3 0, i2o36 0,11991 0,433 73° 3' 73034' -)- 3i' '4 0,17767 0,17626 0,224 46011' 45058' — i3' i5 0,19820 0,19618 0,263 72° 0' 720 26' + 26' i6 0,24900 0,24495 0,157 45° i3' 450 34' -1- 21' •7 0,01 174 0,01174 2,047 26° 17' 24033' — 1 "44' i8 0,02145 0,02145 2,068 54" 49' 57° 2' -f-2 Oï3' ■9 0,0 1236 0,0 1236 0,4o2 5-15' 5025' + 10' 20 u ., o,836 10° 58' io°44' — ,4' 21 0,06023 0,06023 0,417 27» 34' 270 44' + 10' 22 o,o5552 o,o5552 0,678 45° 55' 45023' — 32' 23 0,04568 0,04568 0,637 53° i4' 53° 4' — 10' 24 0,06930 0,06930 0,175 19-3' l8"2l' — 4--^' 25 » » 0,352 4i''i' 420 26' H-l 0 25'> iS.. ( 2o4) » En résumé, lorsqu'un aimant est en présence d'une plaque horizon- tale, la valeur de la force peut être déterminée par deux méthodes dis- tinctes. La première, qu'on peut appeler méthode des oscillations , consiste à observer le rapport y de deux amplitudes consécutives : la force est pro- portionnelle à 7 log p. Dans la seconde, à laquelle on peut donner le nom de méthode de rotation, on détermine la déviation que l'aimant éprouve de la part de la plaque. Chacune de ces méthodes a ses avantages et ses in- convénients, mais, ainsi qu'il est aisé de s'en assurer à priori, la première convient beaucoup mieux que la seconde pour l'étude d'un certain nombre des questions que soulève la théorie de ces phénomènes : c'est celle que j'emploie presque exclusivement dans mes recherches. » Les expériences que j'ai faites jusqu'à présent conduisent aux conclu- sions suivantes : » I". L'intensité de la force est proportionnelle à l'intensité magnétique ; » 2°. Lorsqu'on superpose plusieurs plaques, l'effet total est égal à la somme des actions partielles et peut être très-différent de celui d'une plaque imique d'une épaisseur égale à leur somme ; » 3". La loi suivant laquelle la force varie avec la distance dépend des dimensions de la plaque, et ne paraît pas pouvoir être représentée dans Içs cas ordinaires par une puissance de la distance. » Étant obligé, pour déterminer la loi de la distance et de l'épaisseur, de changer les conditions de mes expériences, et ne prévoyant pas l'époque à laquelle elles seront terminées, j'ai cru devoir communiquer à l'Académie les résultats qui précèdent, me proposant de lui adresser, aussi prochaine- ment que possible, le Mémoire où sont consignés les détails des expé- riences. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Tremblement de terre du 20 juillet. L'Académie a reçu à ce sujet les communications suivantes : Observation aux Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées). (Extrait d'une Lettre de M. Ant. Passy.) a Cette nuit, à 2*" 45™ du matin, nous avons éprouvé un tremblement de terre qui a duré de quinze à dix-huit secondes, et dont la direction était du S.S.E vers le N.N.O. Il était accompagné d'un bruit souterrain, sem- blable au roulement éloigné du tonnerre. Quelques pierres se sont déta- chées du rocher qui fait face aux maisons des Eaux-Bonnes. Les lits ont oscillé sensiblement. La journée avait été fort belle. ( ao5 ) » Quelques minutes après, on a entendu un second roulement et l'on croit même une seconde secousse, mais à peine perceptible. >. Observation du phénomène à Àrcachon le "io juillet i854. (Extrait d'une Lettre de M. Lalesque.) n Ce matin, à 2''45'", des secousses assez fortes de tremblement de terre se sont fait sentir, à Arcachon, pendant douze à quinze secondes. » L'axe des vibrations paraissait se diriger du sud au nord. » Pendant le phénomène, le balancier d'une pendule, arrêté depuis plusieurs jours, s'est remis spontanémeiit en mouvement. » L'atmosphère qu'agite toujours une brise très-fraîche du nord ou du nord-ouest, pendant quinze heures du jour, était d'un calme effrayant. Quelques minutes après les secousses, le vent a soufflé avec force du nord-ouest, et s'est de nouveau calmé une demi-heure après le phénomène. » A la Teste, à 3 kilomètres du point où j'écris, les mêmes événe- ments se sont produits avec la même intensité et la même durée. » Observation du phénomène à Castillon-sur-Dordogne, même date. (Extrait d'une Lettre de M. Paquerée.) « Ce matin, vers a"" 3o™, tous les habitants de Castillon et des com- munes environnantes ont été réveillés en sursaut par une assez forte secousse de tremblement de terre. Le mouvement horizontal paraît s'être fait sentir du sud au nord. Les animaux domestiques ont montré, à la suite de ce phénomène, une agitation inaccoutumée. » La journée d'hier a été chaude. Pendant tout le jour et toute la nuit, l'air a été calme : pas un nuage ne s'est montré ; le vent, qui agitait à peine les feuilles, a presque toujours soufflé du nord. « Nous n'avons fait aucune observation barométrique ni thermomé- trique. n Nous ne savons encore si les secousses se sont fait sentir à une grande distance, et si leur intensité a été la même sur les terrains crétacés qui sont près de nous, que sur les terrains tertiaires qui sont les nôtres. » Nous aurons l'honneur de vous transmettre plus tard les renseigne- inenls que nous pourrons recueillir à ce sujet. » Si nous en jugeons par la force de la secousse que nous avons éprou- vée ici, nous ne devons pas craindre que les suites de ce tremblement de terre soient plus désastreuses que celles du tremblement du 26 janvier 1 832, que nous eûmes l'honneur de signaler à l'Académie des Sciences. » ( 206 ) Observation du phénomène à Saint-Sever (Landes). (Extrait d'une Lettre de M. Léon Dcfocr.) « A 2''45"' de la nuit dernière (la nuit du 19 au ao), il y a eu à Saint- Sever (Landes) deux secousses de tremblement de terre coup sur coup, sé- parées par un intervalle d'à peine deux secondes. » J'étais éveillé lors de cette convulsion. J'ai éprouvé dans mon lit un l)alancement successif, et la porte de ma chambre a été fortement ébranlée comme si une cause impulsive en pressait les panneaux. Le ciel était alors serein et très-étoilé. » Les habitants de cette ville ont ressenti cette double secousse, dont la durée totale n'a été que de sept à huit secondes. » Depuis quatre jours le temps est beau et chaud. Il a été précédé par deux semaines de pluie presque continuelle. Le thermomètre centigrade ])lacé à l'ombre a marqué aujourd'hui 3i degrés de chaleur. » M. Andral a appris que le tremblement de terre a été ressenti à Cau- terets, où l'on a éprouvé trois secousses. M. le Maréchal Vaillant communique la Note suivante, tirée des docu- ments réunis par ses ordres au Ministère de la Guerre : TREMBLEMENT DE TERRE DU MIDI. — Extraits des Rapports ojjlciels et des renseignements publiés par les journaux. Tarbes. — Dans la nuit du 19 au 20 juillet, vers 3 heures du matin, un fort tremblement de terre s'est fait sentir pendant plusieurs instants; cette secousse s'est fait ressentir dans tout le département. — Point de dégâts , point d'accidents dans l'arrondissement de Tarbes. (Le Chef d'escadron de Gendarmerie à Tarbes.) Argelès. — Dans la nuit du ao juillet, une secousse terrible de tremble- ment de terre se fit sentir dans l'arrondissement d'Argelès; cette oscillation dura quatre à cinq secondes, allant et venant du sud-est au nord-ouest; le temps d'arrêt ayant été peu brusque, peu d'accidents sont à déplorer. Beau- coup de maisons lézardées, plusieurs se sont écroulées en partie; grand nombre d'églises ont besoin d'être étayées : celle de Saint-Savin , monu- ment historique du x* siècle, se trouve dans ce cas. ( 207 ) Les oscillations se sont fait sentir jusqu'à 2 heures du soir à des intervalles assez rapprochés. A ô"" 3o™ il vient d'y en avoir une presque aussi terrible que la pre- mière, mais de moins de durée. La population passera la nuit hors des maisons. (Le Lieutenant de Gendarmerie à Argelès. ) Bagnères. — Dans la nuit du 19 au ao juillet, vers a** 45"", un tremble- ment de terre a eu lieu à Bagnères : des marbres façonnés se sont brisés en tombant; trois cheminées se sont écroulées. Plusieurs secousses ont suc- cédé à la première , mais à de longs intervalles. La terreur est parmi les baigneurs; cent personnes ont quitté la ville. (Le Capitaine commandant la Gendarmerie à Bagnères.) Bareges. — Dans la nuit du 19 au ao juillet, vers 2 heures du matin, de légères secousses de tremblement de terre ont eu lieu à Baréges ; quelques minutes après, une secousse violente a déterminé les malades de l'hôpital à abandonner l'établissement. Vers les 7 heures du matin, de légers trem- blements se faisaient encore sentir. Les murs de l'hôpital présentent des lézardes , mais qui n'ont pas de gravité. Quelques oscillations fort légères ont été ressenties dans la nuit du 24 ^^ ^^- (L'Intendant militaire de la 1 3' Division. ) Sabres (Landes). — Un tremblement de terre a eu lieu à Sabres, dans la nuit du 19 au 20, à a"" 35". Deux secousses instantanées : la première a fait trembler les maisons et craquer les meubles. Point de dégât ou accident grave. (Le Lieutenant de Gendarmerie de Mont-de-Marsan.) Bordeaux. — Dans la nuit du 19 au ao juillet, à a''45™, un tremblement de terre a eu lieu à Bardeaux ; il a duré sept à huit secondes; il paraît qu'il a eu lieu dans la direction du nord au sud ; à Bègles, le mouvement volca- nique a été très-prononcé. — Voir le Moniteur universel du aS juillet. Vers 2*4^'" du matin, Arcachon a été réveillé en sursaut par le trem- blement de terre. — Voir le Journal des Débats du a5 juillet. Casteljaloux, Tonneins, Marmande, — Le tremblement de terre a eu lieu également à Casteljaloux, à Tonneins et à Marmande. — Voir la Presse du 23 juillet. ( 208 ) Jgen. — Le même phénomène s'est produit, pendant la même nuit à Agen. — Voir la Presse du 23 juillet. Toulouse, Foix, Juch. — Voir la Presse du a4 juillet. Toulouse, Baréges. — Voir le Moniteur du aS juillet. Bordeaux, Toulouse, Colomiers, Foix, Cauterets. — Voir le Journal des Débats du aS juillet. Les journaux ne donnent sur le tremblement de terre qui s'est fait ressentir dans le midi de la France que des renseignements peu circonstanciés; on n'aurait pas pu les reproduire textuellement ici sans répéter, avec des variantes sans intérêt, les faits contenus dans les Rapports officiels cités au commencement de cette Note. A 5 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du \ o juillet 1 854, les ouvrages dont voici les tires : Nachrichten... Mémoires de l'Université et de l'Académie royale des Sciences de Gôttingue; n° lo; 3 juillet i854; in-S". Astronoraische... Nouvelles astronomiques; n° 909. Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n**' 79 à 81 ; 4 5 6 et 8 juillet i854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie ; n° 4o j 7 juillet i854- Gazette médicale de Paris ; n° 27; 8 juillet i854. L'Abeille médicale; n° 9; 5 juillet i854. La Lumière. Revue de la Photographie ; 4* année; n° 27 ; 8 juillet i854. La Presse médicale; n° 27; 8 juillet i854- L' Alhenceum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux- Arts; 3' année; n" 27; 8 juillet i854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n"' 79 à 81 ; 4, 6 et 8 juillet i854. L'Académie a reçu, dans la séance du 17 juillet i854, les ouvrages dont voici les titres ; Comptes rendus hebdomadaires des séances de t Académie des Sciences ^ 2* semestre i854 ; n° 2 ; in-4°. ( 209 ) . Description des Machines et Procédés pour lesquels des Brevets d'invention ont été pris sous le régime delà loi du 5 juillet 18/(4, publiée par les ordres de M. le Ministre de l'Agriculture , du Commerce et des Travaux publics ; tome XV. Paris, i854; i vol. in-8°. Traité clinique et pratique des maladies des enfants; par MM. F. RlLLiET et E. Barthez; a^ édition; tome III. Paris, i854; in-S**. Cours d'algèbre supérieure professé à la Faculté des Sciences de Paris; par M. J.-A. Serret; 2* édition. Paris, i854; i vol. in-8". Traité d'Organogénie végétale comparée; par M. J. Payer ; 3* livraison in-8". Précis élémentaire de Chimie générale minérale et organique, expérimentale et raisonnée; première méthode par laquelle tes faits se déduisent de lois générales au lieu d'être exposés comme des faits sans liaison, qu'il faut apprendre de mé- moire ou ignorer; par M. Edouard Robin; 2® partie: Stabilité et solubilité; I " cahier. Paris, 1 854 ; in- 1 2 . Note sur Stonesfield, près Oxford {Angleterre); par M. ALBERT Gaudry; broch. in-4''. Note sur la géologie de l'ile de Chypre; par le même ; broch. in-4°. Projet de décret sur les banques agricoles, ou Mojens pratiques de prêter sur le mobilier des agriculteurs et de liquider la dette hypothécaire ; par M . CONSTANT . Clermont-Ferrand, 1 854; broch. in-8°. Recherches sur le Poljphormisme; par M. J. NiCKLÈS; broch. in-8''. Sur une cause de variations dans les angles des cristaux; par le même ; broch. in-8°. Exposé des travaux et publications de M. le D' GuYON; Alger, iSSa; broch. in-8°. Comptes rendus des séances et Mémoires de la Société de Biologie; tome V et dernier de la I™ série; année i853. Paris, i854; vol. in-8°. (Offert par M. Rayer, président perpétuel.) Société impériale et centrale d'Agriculture. Bulletin des séances, Compte rendu mensuel rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel; 2* série, tome IX; n° 5; in-8°. Bulletin de la Société Botanique de France, fondée le aS avril 1 854 ; tome I", n° 1 ; publié en juin i854; in-8°. Résumé des travaux de la Commission entomologique pendant l'année i853; par M. leD' Télèphe P. Desmartis. Bordeaux, i854; broch. in-8°. Programme des Prix proposés par la Société industrielle de Mulhouse, dam son assemblée générale du Si mai i854, pour être décernés dans les assemblées générales de mai 1 855 et 1 856 ; broch. in-8°. C. R.,1354 2™«Sem«(,e. (T XXXIX,No4.) 27 ( 2IO ) Sujets de Prix proposés par l' Académie des Sciences, Inscriptions et Belles- Lettres de Toulouse, pour les années 1 855, i856 et iBSy ; \ de feuille in-8°. annales de Chimie et de Plijsique; par MM. Chevretjl, Dumas, Pfxouze, BOUSSINGAULT, Regnault, DE Senarmont; avec une revue des travaux de chimie et de physique publiés à l'étranger; par MM. WuRTZ et Verdet; 3^ série; tome XLI; juillet r854; in-8°. Bibliothèque universelle de Genéwe; juin i854; in-B". Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l' Industrie , fondée par M. B.-R. DE MONFORT, rédigée par M. l'abbé MoiGNO; 3'' année; V volume; 2* livraison; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; 3^ série, tome XXVI; juillet i85/i; in-8°. La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; S*" an- née; 2*" série; 20* livraison; i5 juillet i854; in-S*". Nouveau journal des Connaissances utiles , publié sous la direction de M. Joseph Garnier; 1" année; n° 3; 10 juillet i854; in-B". Répertoire de Pharmacie. Recueil pratique rédigé par M. BouCHARDAT; juillet 1 854; in-S". Revue de thérapeutique médico-chirurgicale; par M. A. Martin-Lauzer ; n° i4; i5 juillet i854; in-8°. Memorie... Mémoires de la Société des Sciences biologiques de Turin; vol. P'; Fascicule i. Turin, i854; in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques ; n° 910. Gazette des hôpitaux civils et militaires ; n°' 82-84 ; 11, 1 3 et 1 5 juillet 1 854- Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n° 4' j 1 4 juillet i854- Gazette médicale de Paris; n° 28; i5 juillet i854. L'Abeille médicale; n° 20; 1 5 juillet i854- La France médicale et pharmaceutique; n° 8; i5 juillet i854. La Lumière. Revue de la Photographie; 4^ année; n° 28; i5 juillet i854. L'Athenœum Jrançais. Revue universelle de la Littérature, de la Science et f/es iîeaux-^r/s; 3^ année; n° 28; i5 juillet i854- La Presse médicale; n° 28; 1 5 juillet i854. Le Moniteur des hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n™ 82-84; 1 1, 1 3 et 1 5 juillet i854. Réforme agricole, scientifique, industrielle; n" 60; mai i854. ( II< ) L'Académie a reçu, dans la séance du 24 juillet i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 2* semestre i854; n" 3; in-4°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, publiés conformément à une décision de l'Académie, en date du i3 juillet i835; par MM. les Secrétaires perpétuels; tome XXXVII; juillet-décembre i853; in-4". Sur l'établissement des arches de pont, envisagé au point de vue de la plus grande stabilité. Mémoire accompagné de Tables pour faciliter les applications numériques; par M. YVON VlLLARCEAU. Paris, i854; in-4°. (Extrait du tome XII du Recueil des Savants étrangers, publié par l'Académie des Sciences.) Éléments d'arithmétique; par M. Valat. Bordeaux, i836; in-8°. De l'influence exercée par la Géométrie de Descartes sur les progrès des Sciences mathématiques; par le même. Bordeaux, 1846; broch. in-8°. Mémoire sur les équations binômes et les radicaux algébriques ; parle même. Bordeaux ; broch. in -8°. Recherches sur la consommation du fer par l'agriculture; par M. AvGXJSTE Jourdier; I feuille in -8". Rapport de M. Francis La vallée, sur un Mémoire de M. Ramon DE la Sagra , intitulé : Mémoire sur les objets étudiés à l'Exposition universelle de Londres et en dehors d'elle, sous le point de vue du progrès futur de l'agriculture et de l'industrie espagnoles; | de feuille in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine, rédigé sous la direction de MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire annuel; tome XIX; n° 19; i5 juillet i854; in-8''. Bulletin de l'Académie rojale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; tome XXI; n"6;in-8''. Bulletin de la Société de Médecine de Poitiers; 1^ série; n°* 22 et 23; février et avril i854; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; n*" 124 et 1 25; in-S". Bulletin de la Société médicale des Hôpitaux de Paris ; 2* série ; n° 9 ; in-8''. Comptes rendus des travaux de la Société impériale de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse, depuis le 9 mai i85'i jusqu'au i4 mai i854; in-8°. Mémoire de la Société d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles- Lettres du département de l'Aube; tome XVIII de la collection ; 2* série, tome V;. H'"'29et3o; I " semestre i854.; in-8'^. 27... ( 212 ) Mémoires de la Société libre d' émulation du Doubs; 2* série; IV* volume, année i853; in-8°. Extrait du programme de la Société hollandaise des Sciences, à Harlem, potir l'année i854; i feuille in-4°- Annales de r Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d'Agriculture; publié par MM. LoNDET et L. BOUCHARD; 5' série; tome IV; n° i; i5 juillet 1854 ; in-S". Annales de la propagation de la Foi; juillet i854 ; in-8°. Archives générales. Archives des hommes du jour agrandies; juin i854; m-S". Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFORT, rédigée par M. l'abbé MoiGNO ; 3* année; Y" volume; 3* livraison; in-8°. Journal d'Agriculture pratique. Moniteur de la Propriété et de l'Agricul- ture, fondé en 1 83'; par M. le D' Bixio, publié sous la direction de M. Barral ; 4* série; tome II; n° i4; 20 juillet i854; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; n" 29; ao juillet i854; in-8°. L' Agriculteur praticien. Revue de l'agriculture française et étrangère ; n" 20; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal des candidats aux Écoles Po- lytechnique et Normale; rédigé par MM. Terquem et Gerono; juillet i854; in-8°. »»Sy9* ERRATA. (Séance du 17 juillet i854) Page t3o, ligne dernière , au lieu de - » lisez ■ Page 1 3 1 , ligne 2 , au lieu de {x — n + i) . . . {x + n — i), lisez (x — /j-4-2) ... (x + n — 2). i i Page i3i, ligne 16, a« lieu de - ■> lisez -• Page i32 , ligne 9, au lieu de i -\- k , lisez i — /t. Page i56, ligne iZ, au lieu de Vengeur, lisez Jupiter. Page 157 , à la suite du Rapport de M. le capitaine de vaisseau Lugeol, sur le coup de foudre qui a frappé le 1 4 juin le vaisseau le Jupiter, ajoutez : Ce Rapport est renvoyé à l'examen de la Section de Physique. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LICADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 51 JUILLET 1854. PRÉSIDENCE DE M. REGNAULT. MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Au commencement de la séance, M. Regnault, en qualité de Président, annonce à l'Académie la perte douloureuse qu'elle vient de faire dans la personne d'un de ses Membres, M. Lalleinand , décédé le 23 de ce mois. M. Flourens fait part d'un accid^ent malheureux arrivé, sur le chemin de fer d'Orsay, au fils aîné de l'ancien secrétaire perpétuel M. Dulong, dont la mémoire est restée si chère à l'Académie. M. Flourens est chargé de transmettre à la famille de M. Dulong l'ex- pression de la part que l'Académie prend à sa douleur. CHiMiK APPLIQUÉE. — Note sur la couleur d'tm assez grand nombre de fleurs ^ par M. Chevreul. (x), la valeur de ç [x) étant déterminée parla formule symbolique (6) ,{x)=[^^-l)(ix), ou, ce qui revient au même, par l'une des deux suivantes : Il y a plus : à la formule (8) que l'on peut écrire comme il suit, (9) ?(-) = îf(-) + [r(74rM-i-^]'^")' on pourra substituer encore d'autres formules analogues. Ainsi, en parti- culier, de l'équation (9), combinée avec la formule symbolique aD^=. l(i + A^), 28.. ( 2.6 ) on déduira immédiatement la suivante: (ro) ffl (.r) = -f .r) -t- r- -^ — -- » Pour réduire les formules symboliques (7), (8), (10) à des équations qui déterminent avec précision la valeur de 9 (.r), il suffira généralement de transformer la fonction f ( x) en une somme de termes proportionnels à dfis exponentielles de la forme e"^. Supposons en effet, (.1) . f(.r) = S^e- a, A désignant des coefficients réels ou imaginaires dont le second change de valeur avec le premier, et la somme qu'indique le signe S pouvant se transformer en une intégrale définie. L'équation (-7) donnera et ('3) ? (■^) = -J{^) + S (f^ - ~~^ - ^) Ae-^. Remarquons d'ailleurs que la formule (11) continuera de subsister, st l'on suppose la valeur de f ( j:) donnée par une équation de la forme (i4) î{x) = %{Ae' + B), A et B étant des fonctions de a. » Revenons maintenant à l'équation (5). On en tirera (i5) ^ [x] = - f i{x) dx ~ f [x). Dans cette dernière formule, l'intégrale f ( {x) dx peut être censée renfermer une constante arbitraire. En déterminant cette constante de manière que ^ {x) s'évanouisse pour jr = x, on aura (,6) .^(.r) = -,£'H^) [X -h (û [X . Lorsque dans l'équation (16) on substituera pour ç (a:) sa valeur tirée de la formule (12) ou(i3), on obtiendra pour ^ {x) une fonction complètement ( 217 ) déterminée, et cette fonction sera certainement une valeur de l'intégrale 2 f (jt), ou, ce qui revient au même, une valeur de ^(x) propre à vérifier l'équation ( 2 ). Car on tire de l'équation (i6) (17) A,^x) = ~ f^'^'^{{z)dz-A,f{x), et, en vertu de la formule (9), jointe à l'équation (12) ou (i3),.le second membre de l'équation (17) se réduira précisément à f(j?). » Au lieu de tirer de la formule (i 2) ou fi -'5) la valeur de (p {x), on pour- rait développer 9 [x) en luie série de termes proportionnels à la fonction f (x) et à ses différences finies des divers ordres; et, pour y parvenir, il suffirait de développer, dans le second membre de la formule (8), l'expres- sion symboli(jue I suivant la puissance ascendante de A^^. On pourrait aussi, en partant de la formule (10), développer y (x) en une série de termes proportionnels à la fonction dérivée D^ f [x) et à ses différences finies des divers ordres. Mais les valeurs de ip [x)^ ainsi déduites des formules (8) et (i3), ne subsiste- raient que dans le cas où les séries obtenues seraient convergentes, et cette convergence exige que la série formée avec les différences finies de la fonction f [x) ou D^ f ("S^) ait pour module un nombre inférieur ou tout au plus égal à l'unité. » Pour montrer une application très-simple des formules que nous venons d'établir, supposons {{x) = m étant un nombre quelconque. Dans cette hypothèse, la formule (11) pourra être réduite à /» /"'-' e-"" dt i e ai, et la formule (12) donnera (•9) fW = FF-)X"(Td-^.-i)'""'^"'"' tandis que l'on aura Jj x>" m — i\\'"-' X'"-' j Donc, pour obtenir une valeur de ^ -^ qui ait la propriété de s'éva- nouir avec la différence x — x , il suffira de prendre (^0 2i. = ^(;^-^-'^) -?(^) + 9(x), la fonction ç [x) étant déterminée par la formule (19). » Si l'on supposait la formule (i4) serait réduite à ' / dt, et la formule (i3) donnerait (.3) ,M=l,(.) + jf"(_l__i.,-l)e-"f, tandis que l'on aurait ■2f^) r 1 [x) dxz=zx[\{x)- l]-X [1 (x) - I ). Donc, pour obtenir une valeur de 2 1 [x) qui ait la propriété de s'évanouir avec la différence x — x, il suffit de prendre (a5) ^\{x) = x{\{x)-x]-^{\{^)-i]- La déhiscence carpellaire, comme la partition, peut être transversale ; elle est dite alors circumscissile : cette dernière a de l'analogie avec Jla partition lomentacée; irrégulière, c'est celle qu'on rencontre dans les fruits nommés ruptiles par C. Richard; joraminaire quand, parla des- truction ou le retrait du tissu péi-icarpique , il se forme une ouverture arrondie, etc. « Le plus souvent la déhiscence carpellaire est longitudinale. )j Selon son siège, elle est : >■> \°. Méricide, si elle a lieu le long de la ligne médiane de la feuilk ( 'aao ) carpellaire; elle a reçu, à tort, des noms différents dans les différents fruits. Dans les dialycarpellés , on dit que la déhiscence a lieu par la suture externe; ex.: les gousses, les Magnolia ; dans les fruits synaxileselle est dite loculicicie; ex.: TuUpa, F^eronica; dans les fruits anaxiles, pour l'exprimer, on dit que les trophospermes pariétaux sont médians. » 2°. Latéricide, si elle s'opère sur les côtés de la ligne médiane. Les fruits dialycarpellés qui la présentent, ex. : Epimedium, ont été appelés bivalves, comme ceux qui s'ouvrent à la fois sur la ligne médiane et par la suture interne , comme les gousses ; les fruits anaxiles qui la présentent ont été dits réple's , parce que les parties médianes des valves ne forment plus que des filets qui entourent, en forme de châssis, les portions trophospermiques, ex. : les Orchidées; enfin, dans les fruits synaxiles, cette déhiscence a été nommée septifrage. » 3". Marginicide, si la division des carpelles a lieu près de leurs bords. Dans les fruits synaxiles, elle se combine avec la partition septicide pour ouvrir les carpelles : on l'a confondue avec cette dernière ; dans les fruits anaxiles, elle donne lieu à cette disposition des trophospermes dits inter- valvaires ; dans les fruits anaxiles et dans les dialycarpellés, cette déhiscence se nuance avec la déhiscence latéricide. » [\°. Placenticide, si la déhiscence sépare le corps trophospermique des valves; ex.: les Asclepias., Wéndrosœmwn, etc. Les fruits chorisaxiles ne sont que des fruits anaxiles dont les trophospermes sont séparés des valves avant la déhiscence. » 5°. SuturicidCj, si les bords des carpelles se séparent. Lorsque cette déhiscence se rencontre dans les fruits dialycarpellés, on dit qu'ils s'ouvrent par leur suture interne ; dans les fruits synaxiles, elle doit nécessairement, ])oiu' ouvrir les loges, se combiner avec la partition intercarpellaire ou avec la partition septicide seulement, comme dans les Linum. » Si l'on considère l'e'tendue de ces diverses déhiscences, on voit qu'elles sont denticides si les feuilles carpellaires ne sont divisées qu'au sommet ou à la hn^e; Jissuraires si elles sont divisées dans la partie médiane; valvaires, de haut en bas, etc., etc. » Les différents modes de déhiscences peuvent se combiner de mille manières : ainsi elle est méricide et latéricide dans le DaturaStramonium; méricide et suturicide dans les fruits dialycarpellés des Légumineuses, des Magnolia, dans les fruits gamocarpellés des Acanthus, etc.', septicide et laté- ricide dans le Scrophularia et dans bien des fruits synaxiles ; placenticide et suturicide, dans \'A.\clepias, etc. Dans le Linum, la déhiscence méricide et ( 221 ) siituricide, à la fois, se combine avec la partition septicide, dans d'autres genres avec la partition intercarpeliaire. » La consistance des fruits n'est pas moins variable que leurs autres qua- lités; les péricarpes sont membraneux, ligneux, osseux, charnus; ces diffé- rents modes de développement des tissus péricarpiques ont fait donner des noms divers aux fruits; et, sous ce rapport, on a fait d'aussi nombreuses confusions que sous d'autres. Ainsi, l'on a nommé haies les fruits charnus, et cependant ils sont tels dans des circonstances bien différentes : on a considéré comme baie le fruit dont le mésocarpe est succulent, comme celui de la Belladone; dont le mésocarpe et les trophospermes soudés sont gorgés de sucs, comme dans le Solanwn; dont l'endocarpe se revêt de corps pleins de sucs, comme dans l'Orange; dont l'arille est charnu, comme dans \'Evo- nj mus; àon\. l'épisperme est charnu, comme dans le Grenadier; dont le calice, devenu charnu, enveloppe le fruit, comme dans VHippophae , le Miirier; dont le réceptacle se développe et s'amollit, comme dans la Fraise; dont la partie pulpeuse est formée par une capule comme dans l'If, par des bractées éparses comme dans le Genévrier, par le pédoncule comme dans V yénacar- (lium, par un phoranthe comme dans la Figue. » Ces faits énoncés, M. Lestiboudois pose les principes de la classification des fruits. » Classification des fruits. — Des considérations précédentes, il résulte que la structure fondamentale des fruits est constante : ils sont formés de feuilles séminifères en leurs bords; que les modifications subies par les feuilles carpellaires sont innombrables ; que l'intervalle de toutes ces modi- fications est comblé par des nuances infinies. La conséquence d'un tel état de choses est qu'il n'est pas rationnel de vouloir faire des espèces de fruits au moyen des modifications des feuilles carpellaires : elles ne seraient pas fondamentalement distinctes, puisque l'organisation primordiale des feuilles carpellaires est la même; elles seraient trop nombreuses, puisque les modi- fications sur lesquelles reposeraient les distinctions sont sans borne; elles ne seraient pas nettement caractérisées, puisque l'on passe d'une modification à l'autre par des transitions insensibles. Enfin, en créant pour ces variétés de structure des entités diverses, exigeant des noms distincts, on détruirait le moyen de saisir les analogies de structure. » Il faut donc pour les fruits, comme pour les autres organes des végé- taux, se contenter de désigner les altérations successives de structure par des épithètes qu'on peut nuancer, tempérer, corroborer, modifier autant qu'on C. H. . i85',, a"" Se»i««re.( T. XXXIX, N»».) ^9 • ( 322 ) veut, et qu'on dispose méthodiquement pour faire apercevoir les liens qui rattachent les unes aux autres les transformations des feuilles carpellaires. » Pourtant, il est des distinctions si naturelles, il est des modifications qui se présentent si fréquemment dans le règne végétal, qu'il est bon d'avoir un nom propre pour les désigner, afin d'abréger les descriptions. Mais il faut que les classes fondées sur les distinctions avouées par la nature soient peu nombreuses ; il faut que les modifications admises pour types de divi- sion dans les classes soient simples, nettes et fréquemment observées; il faut enfin admettre les mêmes dans toutes les classes, puisque dans toutes, les carpelles diversement associés sont fondamentalement identiques. ■) Tous les botanistes sont d'accord pour distinguer les fruits formés de carpelles appartenant à une même fleur, nés sur un même réceptacle [tha- lamus), des fruits formés de carpelles appartenant à des fleurs distinctes, nés sur des réceptacles différents. Les noms employés pour les désigner me paraissant n'avoir pas de précision, on peut nommer les premiers Monotha- lamiques, les seconds Poljthalamiques. » Parmi les Monothalamiques, les uns sont formés de feuilles carpellaires distinctes, ils sont Dialycarpellés ; les autres sont formés par la soudure de plusieurs feuilles carpellaires, ils sont Gamocarpellés. » Les Dialycarpellés sont tantôt à un seul carpelle ou Monocarpellés , tantôt à plusieurs carpelles ou Poljrcarpellés. » Les Gamocarpellés sont tantôt à un seul carpelle fertile, ou Monocar- pellidés , tantôt à plusieurs carpelles fertiles ou Poljcnrpeilés. » Voilà donc cinq classes de fruits. Si l'on veut désigner substantivement les fruits que chacune renferme on peut nommer : » Les dialycarpellés à un seul carpelle, Monocarpellés. » Les dialycarpellés à plusieurs carpelles, Poly car pelles. » Les gamocarpellés à un seul carpelle fertile, Monocarpellides. » Les gamocarpellés à plusieurs caqielles fertiles, PoljcarpelUes . » Les polythalamiques, Poljrthalamions. » Si l'on examine les fruits qui sont renfermés dans chacune de ces classes, la première par exemple, on voit qu'ils se distinguent les uns des autres par des caractères simples, fréquemment observés, et adoptés par les bota- nistes pour établir les divisions méthodiques. Ces caractères sont la soudure du péricarpe avec le tégument de la graine, la consistance du péricarpe, le nombre de graines qu'il renferme, sa déhiscence. Au moyen de ces carac- tères, on peut délimiter quelques espèces de fruits qui comprennent lu ( ^=»3) grande masse des péricarpes, et qui, pour cette raison, ont été adoptées par l'universalité des observateurs. Ce sont : » Parmi les fruits secs et indéhiscents, la Cariopse, qui est monosperme, et dont le péricarpe est soudé avec l'épisperme; YJkène, qui est monosperme, et dont le péricarpe est distinct de l'épisperme ; la Nitcelle, dont le péri- carpe est osseux ; la Carcère, dont le péricarpe est polysperme. » Les fruits secs déhiscents constitueront la Capselle. V Parmi les fruits charnus seront la Drupelle, dont l'endocarpe est ligneux; la Baccelle, dont l'endocarpe est mince ou disparu. » Ces sept espèces de fruits simples peuvent être adoptées ; il n'en faut pas plus. » Les mêmes espèces doivent se retrouver dans les quatre dernières classes, car les fruits qu'elles contiennent ne sont constitués que par l'agrégation variable de carpelles identiques, ayant la même origine, la même conforma- tion, les mêmes altérations. On peut les désigner seulement par une dési- nence différente dans chaque classe. Ainsi les Monocarpelles seront sim- plement appelés Cariopses, Akènes, Nucelles, Carcères, Capselles, Dru- pelles, Baccelles, ou Monocariopses , Monakènes, etc. a Les Polycarpelles, en raison du nombre des carpelles qui les composent, seront des di-tri-tétra-penta-poly-cariopses, akènes, bi-tri-quadri-quinqué- multi-nucelles, carcères, capselles, etc. » Les Monocarpell ides seront des di-tri-tétra-penta-poly-cariopsides, etc. » Les Polycarpellies seront des di-tri-tétra-penta-poly-cariopsies, aké- nies, etc., etc. » Les Polythalamions seront des di- tri- tétra-penta-poly-cariopsions, akénions, etc. » On le voit, au moyen des sept espèces primitives de fruits répétés dans les cinq classes et distingués seulement par la terminaison, on a trente-cinq espèces de fruits, et ce nombre est ensuite multiplié par le nombre des car- pelles. C'est largement tout ce qu'exige la pratique ; il faut s'arrêter là. La multitude de modifications que présentent les fruits seront désignées par des épithètes clairement définies, logiquement coordonnées. » En raison du nombre des spires formées par les carpelles, les fruits seront monospirés ou polyspirés. » En raison du mode et du degré de soudure des feuilles carpellaires, les fruits seront anaxiles, chorisaxiles, synaxiles, choriscéphaliques, choris- basiques, chorismériques, chorisphragmatiques, choristhécaux, synthécaux, synnerviques, syntrophospermiques, synlomatiques. 39- • ( "4 ) » Leur partition sera intercarpellaire, septicide, nervifrage, axifrage, lomentacée, etc. » Leur déhiscence sera intercarpellaire, etc., ou méricide, latéricide, marginicide, placenticide, suturicide, denticide, fissuraire, valvaire, cir- cumscissile, foraminaire, etc. » Leur état charnu sera mésocarpien , endocarpien, arilléen, épisper- inien, polyphorien, calycéen, bractéen, cupuléen, pédunculéen, phoran- théen, etc., etc. » Tous ces mots diversement assemblés permettront de caractériser laco- niquement les innombrables modes de structure que présentent les fruits. » Quelques exemples feront voir combien il est facile de caractériser tous les fruits admis par les botanistes. » La Cariopse ou V Akène conservent leurs noms. » La Noix est une nucelle ou une nucellie, selon le nombre de carpelles. » La Carcérale, une carcère ou unecarcérie, selon le nombre des carpelles. » La Samare, un akène, une akénie, etc., ailé. » La Ciiniare, une uni-bi-tri-capselle, etc., suturicide. » La Gousse^ une capselle méricide et suturicide. » La Drupe, une drupelle. » Le NuctiLaine, luie drupellie. » Le Gland, une akénide cupulifère. » La Noisette, une nucellide cupulifère. » Le Polakène conserve son nom, ou est poljakène. » Le G^/2oiflje est un tétrakène choristhécal. » La Coque, un 2-3-akène, une 2-3-carcère, une 2-3-capsellie, choris- phragmatique. » Le Follicule, une dicapsellie chorisbasique. » La Silique, une dicapsellie marginicide. » La Pixidie, une capsellie circumscissile. » La Capsule, une capsellie. » La PepoA/iV/e, une baccellie synlomatique. » Vffespéridie, une baccellie endocarpienne. » La Balauste, une baccellie polyspirée, épispermienne. » La Mélonide, une baccellie infère, perforée au sommet. » La Xjlodie, un akène, dont la partie charnue est péduncuiéenne. » Le Sorose, un baccellion calycéen. » Le 5yco«e^ un baccellion phoranthéen. » Le Pseudocarpe, un baccellion bractéen, etc. ( 2a5 ) » Ainsi, tous les fruits sont définis avec plus de précision. L'idée de leui- structure et de leurs affinités est conservée; de nombreuses distinctions sont faites là où la confusion existait, et l'on conserve, à l'aide des principes exposés, la faculté de caractériser les espèces de fruits non distingués par les auteurs, espèces bien plus nombreuses que celles qui ont été ac- ceptées. » 'paléontologie. — Mémoire sur le Rhinocéros minutas de Saint-Martin d'Arènes, près délais, département du Gard; par M. d'Hodibres- FiRMAs. (Extrait.) « Les Nouvelles études sur les Rhinocéi os fossiles , publiées par M. Du- vernoy (i), sont un résumé de tout ce qu'on avait écrit jusqu'à présent sur ces animaux et de ses propres observations. Il discute, en profond anato- miste, les caractères d'après lesquels ses prédécesseurs ont déterminé leurs diverses espèces; il décrit et énumère les diverses localités dans lesquelles on a découvert des ossements de Rhinocéros, en Angleterre, en Allemagne, en Relgique, en Italie, comme en France ; une seule a été oubliée, selon moi Je ne me propose pas de suivre les études du savant professeur qui me semblent ne rien laisser à désirer; mais une sorte d'amour-propre, s'il faut l'avouer, m'a porté à lui faire connaître une localité de plus, dans mon pays, où j'ai trouvé des restes de Rhinocéros. » Je les adressai à l'Institut (en octobre iSSg) et je les offris au Mussuni d'Histoire naturelle, s'ils étaient assez intéressants pour y figurer. Une Commission, composée de MM. de Blainville, Flourens et Cordier, sans contredit très-compétente, fut chargée de les examiner, et le premier dans son Rapport, que je rappelai à M. Duvernoy, dit qu'ils ont reconnu une portion subterminale supérieure du cubitus, un « fragment inférieur de » radius, une tète supérieure articulaire d'os métacarpien qui ont appartenu » à une fort petite espèce de Rhinocéros ou peut-être à un jénthropothe- » rium. Il propose à l'Académie des Sciences de me répondre que de nou- » velles recherches à Saint-Martin d'Arènes ne pouvaient qu'être utiles et M profitables à la science, et de me remercier au nom de l'Administration » du Muséum qui acceptait avec empressement, dans l'intérêt de ses riches » collections, les ossements que je lui offrais (2). » » On m'objectera que le Rapporteur semble incertain entre le Rhinocéros (i) Comptes rendus des séances des 17 et 24 janvier et i4 mars i853. (2) Comptes rendus des séances des 4 nov. 1839, 29 juin et 6 juillet i84o. ( 226 ) et V Anthropotherium i je répondrai avec lui que ces deux genres pourront bien un jour se rapprocher, lorsque le dernier, encore peu connu, sera plus soigneusement étudié; j'ajouterai qu'après un nouvel examen, il m'a écrit et répété, à Paris, être persuadé que les os d'Arènes appartenaient à un Rhinocéros. » M. Duvernoy, dans une Lettre qu'il m'a adressée l'an passé, m'assurait » qu'il s'empresserait de réparer, dans un nouveau Mémoire, l'omission- » contre laquelle j'avais réclamé, s'il acquérait la conviction que les » ossements d'Arènes fussent en effet du Rhinocéros minutus. » Il est très- vrai que M. Blainville ne fait pas mention de cette espèce, établie par Cuvier, mais parce qu'il ne l'adoptait point- et qu'il en faisait une variété très-petite du Rhinocéros incisivus. Personne ne le sait mieux que mon savant confrère qui le dit formellement { i ). Ce n'est donc pas sur le Rapport de son prédécesseur, ni d'après les souvenirs de MM. Flourens et Cordier, mais sur les pièces originales qu'il a pu se convaincre ; j'ignore s'il les a vues... M. Duvernoy m'écrit qu'il n'en trouve aucune trace dans V Ostéo- graphie; que Cuvier n'en parle pas dans ses Recherches ; qu'il n'en est fait aucune mention dans l'article Rhinocéros, de M. Laurillard, imprimé dans le Dictionnaire d'Histoire naturelle. Si je ne me trompe, ces ouvrages sont antérieurs à ma découverte. » Cette petite digression m'a éloigné d'Arènes, qui est pour les natura- listes, ainsi que je le ferai voir bientôt, une des localités les plus intéres- santes des Ce venues. » Je ne vois pas parmi les anciens naturalistes, que l'abbé de Sauvages, l'abbé Soulavie, Astruc et Gensanne, qui ont publié leurs observations dans ce pays, aient cité la localité d'Arènes ; je l'ai donc signalée le premier depuis 1817, dans divers écrits présentés à l'Institut, à l'Académie du Gard, ou aux diverses Académies dont j'ai l'honneur d'être associé. Je les ai fait imprimer dans le Recueil de mes Mémoires dont j'ai fait hommage aux grandes bibliothèques, à beaucoup de mes honorables confrères et à tous mes amis (2). J'ai servi de guide, à Arènes (comme dans plusieurs autres quartiers de mon pays), à un grand nombre de savants français et étrangers.... Dans l'itinéraire que je traçai à la Société Géologique, qui me (i) Compte rendu de la séance du 17 janvier i853, page 119. (2) Comptes rendus , tome XXVI, p. 58; Bibliothèque univ., tome XIII, p. 43; Recueil de mes Mémoires , tome IV, p. 128, 1 35 , 187 , 261 ; tome VI, p. ii8. ( 237 ) fit l'honneur de me nommer son Président lorsqu'elle se réunit à Alais, en 1 846 { I ), je n'oubliai point l'excursion d'Arènes. Le peu de temps que dura notre session, nos ruines, nos formations si variées, ne permirent pas de visiter plusieurs des points que j'indiquais. » Quoique je puisse me vanter d'avoir fait connaître la localité d'Arènes, je veux encore, à la fin de ce Mémoire, répéter quelques Notes pour les amateurs que je ne puis plus y accompagner. J'espère que, tôt ou tard, quelqu'un confirmera l'opinion des savants Commissaires de l'Institut. » Lorsque, en mars 18491 je publiai la découverte que M. Bonneau venait défaire d'une caverne ossifère à Saint-Julien, près d'Alais(2), j'avais apporté à M. le professeur de zoologie de Montpellier les os recueillis par moi, ou que d'autres visiteurs me procurèrent. C'est après les avoir bien examinés, que je citai des bois de Cerf, des dents de Bœuf, d'Ours, d'Hyène, d'un Canis entre le Renard et le Chacal ; des tibias, des fémurs, des humérus, des côtes, des phalanges, des vertèbres, des astragales et d'autres os de ces divers animaux, qu'on trouve généralement dans les autres cavernes analo- gues. Mais je citai de plus un radius gauche de Lion, Felis spelunc. Ce dernier morceau, fort rare (quoiqu'on ait trouvé des os de J^ion à Mialet, 1 1 kilomètres vers l'ouest d'Alais), excita quelques doutes (ainsi que mon Rhinocéros d'Arènes) ; ils cessèrent, je dois le dire, dès que je nommai M. Gervais qui l'avait déterminé et me l'avait fait comparer avec le sque- lette de cet animal qui est dans le cabinet de la Faculté des Sciences. Le nom de M. de Blainville aurait-il moins de prépondérance auprès des zoologistes ? » J'extrais, à&V Itinéraire du naturalisle-voyageur dans les Cévennes,\e^ passages suivants pour ceux que pourrait intéresser une visite au gisement d'Arènes. • * » Saint-Martin d'Arènes, vers le sud-sud- ouest, à '3'''', 5o d'Alais, fait partie de la commune de Saint-Christol. On peut s'y rendre en voiture par l'an- cienne route d'Anduze. Le naturaliste, le géologue du moins, n'a rien à voir dans ce trajet : ce sont des terres en culture, des vignes, des mûriers, des oliviers, jusqu'à la rivière d'Alzon. Une fois au pont ou au château d'Arènes, quelques heures suffiront pour parcourir les champs, les bois, les ravins, les bords de l'eau; herboriser ou recueillir les fossiles et les échantillons des roches et terrains qui appartiennent au lias, aux étages inférieur et moyen du système oolithique. ( I ) Recueil de mes Mémoires , tome VI , p. n i . (2) Recueil de mes Mémoires , tome \] , y) 35g, ( S28 ) » Les géologues recueilleront dans le calcaire à gryphées d'Arènes et de Vais les coquilles fossiles qui caractérisent cette formation, et dans les marnes liasiques des ravins une quantité de grosses bélemnites. » Ils rencontreront beaucoup de ces corps pierreux généralement cylin- droïdes^ de diverses grandeurs, traversés par deux siphons spathiques ( quelquefois trois et plus); ils observeront, lorsqu'ils se divisent naturelle- ment ou lorsqu'on les casse en tranches plus ou moins épaisses, ces chevilles cristallisées, entourées d'une couche ocreuse qui les décompose ou les détache : il reste alors deux trous à chaque tranche. » On en trouve de semblables à la Canaou, au sud-sud-ouest d'Anduze, à Fresac proche Durfort et dans bien d'autres formations analogues; quoique très-communes, personne, que je sache, ne les a décrites avant moi. J'avais envoyé de ces tranches à MM. l'abbé Haùy, Sage, de France, de Lamark, de la Metherie, etc., qui les trouvaient fort curieuses, et conve- naient franchement ne pouvoir les expliquer. M. Brongniart m'écrivait le 9 mai 1816 ne savoir à quoi les rapporter. » Ixs corps dont elles ont fait partie n'offrent aucune régularité, nulle trace d'organisation, point de pores, ni de stries; on ne saurait les prendre pour des Mollusques, ni des Madrépores, ni tronçons de végétaux pétrifiés. M. Marcel de Serres avait découvert à Arènes un gisement de ces empreintes d'Ammonites si extraordinaires pour les paléontologistes, dont j'ai décrit quatre variétés, qui sont dans mon cabinet; c'est entre Vais et Mainterar- gues, à gauche du ruisseau . » En 1 8 1 7, je rencontrai à Arènes, dans une terre au sud du château, des morceaux d'os longs et de côtes, avec quelques os courts : je choisis parmi les premiers ceux ayant une de leurs extrémités qui me servit à les déter- miner ; mais il m'était difficile de connaître à quels animaux ils avaient appartenu : on pouvait juger de leur taille, qui approchait de celle d'un mouton ordinaire. Quelque temps après, je remarquai sur le talus d'un ravin au sud-est, à environ o'''',70 du mas de Montagnac, une quan- tité d'ossements assez considérable pour faire supposer que plusieurs animaux y étaient enfouis ensemble. L'éboulement des terres les ayant laissés à découvert, l'air, le soleil et la pluie les avaient décomposés ; ce n'étaient que des débris, mais il en restait encore en 1848 : je les indique comme une enseigne qu'il y a d'autres squelettes dans le voisinage. » Dans une exploration faite avec MM. Requien et les frères Renai:x, ces investigateurs rencontrèrent de larges vertèbres d'environ 7 centi- mètres de diamètre sur t'=,5o d'épaisseur, et une troisième du double ( 2^9 ) j)liis épaisse, mais seulement de a", ^5 de diamètre. J'en avais de pareilles; ce jour-là, je ne rapportai qu'une astragale parfaitement conservée. L'an- née suivante, le hasard nous servit mieux : M. Requien et moi, nous vîmes à l'est de Montagnac, à o'''',8 de ce mas, au miliexi d'un champ récemment effondré, une certaine quantité d'os, toujours fracturés à la vérité, point de crânes, pas une mandibule ; les os plats sont plus fragiles et se conservent moins ; les os courts et les dents roulant facilement, sont entraînés et se trouvent par conséquent plus rarement, du moins dans cette localité. Nous trouvâmes cependant des astragales, des vertèbres, des os métacarpiens, des phalanges, et de nombreux morceaux de fémur, d'hu- mérus, de radius, de tibia, etc. Je gardai seulement pour moi une partie supérieure d'un fémur de Crocodile, un os métacarpien médian gauche du Palœotherium crassum, et une astragale plus petite que celles que j'avais auparavant. M. Laurillard, à qui je l'apportai, la reconnut pour être du Tragulotherium de l'Abcroisat, espèce de Musc qu'il me fit voir aussitôt. » Finalement, en octobre i84o, dans un trou creusé le matin même pour planter un mûrier, dans une terre attenante à la précédente, presque au bord du chemin, à o'''',5o du mas de Montagnac, j'ai rencontré des os de Rhinocé- ros^ principal sujet de ce Mémoire. Le premier était cassé en cinq morceaux, que je rapprochai en les collant sur un gros carton. Je n'ai pas besoin de dire que je suis revenu depuis dans cet endroit, seul ou avec des amis : je souhaite que ceux qui s'y rendront après moi soient plus heureux ou plus habiles dans leiirs investigations. En attendant, si les os que j'avais envoyés à MM. les Administrateurs du Muséum d'Histoire naturelle et qui avaient été égarés, ne se sont pas retrouvés, je puis, faute de mieux, en joindre ici les dessins de grandeur naturelle^ que mon fils avait faits; ils seraient insuffisants, sans contredit, pour les déterminer, mais la Com- mission qui en fut chargée mérite toute notre confiance. » Je continuerai l'extrait de mon itinéraire et, pour ne pas retourner à Alais par la même route, je prends celle de Saint-Jean-du-Pin. » Après avoir fait halte au hameau du Provençal, il faut observer à Carevielle, 2 kilomètres vers l'ouest, les dépôts de sable quartzeux, fin, blanchâtre, exploités pour les verreries. Il y en a plusieurs semblables dans ce pays. On devra voir en passant les affleurements de plomb argen- tifère, dont l'analyse promettait une fortune au propriétaire du fond, quand des recherches plus suivies découragèrent les spéculateurs. Au lieu dit la Mine, les naturalistes reconnaîtront les amas de pyrites qui alimentaient jadis une fabrique de sulfate de fer. Proche le pont de Gisquet, ils dégus- C. R., 1854, a>"« Semestre. (T. XXXIX, N» S. ) 3o ( 23o ) teront les eaux minérales appelées d Alais ou de Daniel, autrefois si en vogue. Ils observeront les lignites de la colline voisine; puis, en face, la frajdionite de Traquette, entre les formations de keuper et de mica- schiste. Non loin du port sont les belles carrières de l'Ermitage, sur la montagne de Saint-Julien. A Chaudebois, ils ramasseront quelques poi- gnées de Jer kj-draté priolitique, et choisiront dans les fissures de la roche quelques échantillons de la gangue qui renferme ces globules. C'est à rai-côte de cette montagne qu'est la grotte à ossements, de M. Bonneau, et sur le revers sont celles de M. Murjas, et les carrières de Duret; j'ai dit en les faisant connaître, qu'elles n'étaient séparées d'AIais que par le Gar- don. » On ferait facilement cette tournée dans un jour. Je peux garantir une bonne récolte aux paléontologistes et aux géologues, ainsi qu'aux botanistes. Plusieurs voudront la recommencer. » M. Isidore Geoffroy -Saint-Hilaire présente, de la part du prince Charles Bonaparte, un Mémoire imprimé, intitulé: Tableau des Oiseaux de proie. Dans ce tableau se trouvent rapportées à leurs familles, sous-familles et genres, toutes les espèces aujourd'hui connues de l'ordre des y4cci- pitres. Ces espèces sont, selon le prince Charles Bonaparte, au nombre de 45 1, savoir : 20 pour les ï^ulturidce ; 3 pour les Gjpaetidœ ; 1 pour les Gjpohieracidœ ; a66 pour les Falconidce ; i pour les Gjpogeranidœ, et 160 pour les Strigidœ. « ASTRONOMIE. — M. Babinet, de la part de M. Brewster, Associé étranger, fait hommage à l'Académie d'un ouvrage récent Sur la pluralité des Mondes. L'auteur se prononce pour l'affirmative, et l'ouvrage est une réponse à un livre de M. Whewell, où la thèse contraire est soutenue. L'une et l'autre de ces publications, à la fois scientifiques et métaphy- siques, ont grandement attiré l'attention du public anglais, et ont été déjà répandues à plusieurs milliers d'exemplaires. M. Brewster pense que son ouvrage aura pour effet de soutenir le respect et la considération qu'avaient justement méritées les grandes découvertes faites, depuis un siècle, dans l'astronomie sidérale. » ASTRONOMIE. — Découverte d'une nouvelle planète; par M. Hi.vd. (Communiqué par M. Laugier.) « Londres, 23 juillet i854- » J'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai découvert une nouvelle pla- nète le 2a juillet à ii''45'"T. M. Elle présente l'aspect d'une étoile de (a3r ) lo*" grandeur. Une réduction provisoire des observations a donné les po- sitions apparentes suivantes : t HEGENT's PAIÏK. Temps moyen. ÀSCENSIO.^ DROITE. DISTANCE AU PÔLE >ORD. Juillet 22 22 a3 h m s 11.56.55 i3. 9.29 13.40.47 10.46.52 h m 8 21. 9.50,69 48,42 47.72 21. 9. 1,29 0 / // 1 06 . 20 . 26 : : 20.45,5 20.5o,2 106.23. i3,7 M. Ra.mon de la Sagra adresse plusieurs exemplaires du Rapport qui a été fait à l'Académie nationale, agricole et industrielle sur son Mémoire relatif à l'exposition luiiverselle de i85r. NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Commission de cinq Membres qui aura à décerner le prix Cuvier pour l'année i854. MM. rlourens, Élie de Beaumont, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards et Duméril obtiennent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE. — Sur le développement d" e'iectricité qui accompagne l'évapo- ration des dissolutions ac/ueuses {deuxième Note); parM.. J.-M. Gaugain. (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour une précédente com- munication : MM. Becquerel, Pouillet, Regnault, Despretz.) « Les recherches dont je vais rendre compte ont porté sur les disso- lutions aqueuses d'un assez grand nombre de corps, dont on trouvera plus loin rénumération; mais le développement d'électricité qui accompagne l'évaporation de toutes ces diverses dissolutions présente invariablement les mêmes caractères généraux qui m'ont été offerts par la dissolution de sel marin (voir le Compte rendu de la séance du 5 juin dernier), et par consé- quent il me suffira de rappeler en quelques mots ces caractères : 1° l'é- kctricité ne se manifeste qu'autant que l'évaporation est accompagnée 3o.. ( -"^32 ) de décrépitation ;. 2° la charge de l'électroscope s'opère gradiielleme nt et va en croissant tant que la décrépitation dure; 3° cette charge est plus forte, toutes choses égales d'ailleurs, quand on se sert d'un électroscope simple que quand on emploie un électroscope à condensateur, et devient inappréciable quand on veut faire usage de mon appareil à double con- densation. On peut donc dire de toutes les dissolutions que j'ai étudiées ce que j'ai dit de la dissolution de sel marin, et conclure que, dans tous les cas, l'électricité qui se manifeste pendant l'évaporation est due au frotte- ment. Reste à déterminer entre quels corps le frottement s'exerce. J'avais pensé d'abord qu'il n'y avait d'efficace que le frottement de l'eau contre le platine, mais les considérations suivantes font voir qu'il en est autrement. » D'abord si l'électricité était due exclusivement au frottement de l'eau et du platine, elle devrait toujours être de même signe, et, comme on le verra tout à l'heure, elle est tantôt vitrée, tantôt résineuse, suivant la na- ture des dissolutions employées. » En second lieu, quand on fait évaporer dans un creuset parfaitement propre une dissolution quelconque, on n'obtient en général que des signes électriques très-faibles, lors même que l'on opère sur une dissolution satu- rée; mais si l'on répète plusieurs fois l'expérience sans nettoyer le creuset, et si la substance dissoute est une substance solide susceptible de se dépo- ser à l'intérieur du creuset, on reconnaît que la présence des dépôts qu'elle forme augmente presque toujours d'une manière très-notable le dévelop- pement de l'électricité. » Enfin, et cette raison me paraît tout à fait décisive, on peut obtenir des signes d'électricité très-manifestes, dans des circonstances où l'eau proje- tée par la décrépitation ne rencontre pas du tout de platine et où le seul corps qu'elle puisse frotter est de même nature que celui qui se trouve dans la dissolution sur laquelle on opère. L'expérience suivante me paraît établir très-nettement ce fait. J'ai calciné une certaine quantité de sel marin et l'ai chauffée assez fortement pour en former une petite masse solide; j'ai fixé cette masse à l'extrémité d'un fil de platine dont l'autre bout commu- niquait à l'électroscope, et je l'ai chauffée de nouveau avec une lampe à alcool; puis, mettant de côté la lampe, j'ai fait tomber sur le culot de sel chaud, quelques gouttes, soit d'eau pure, soit d'eau contenant déjà du sel marin; j'ai obtenu ainsi un développement d'électricité très-considérable, qui ne peut évidemment être attribué qu'au frottement de l'eau contre le sel. » Les raisons que je viens d'exposer me paraissent démontrer clairement ( 233 ) que l'électricité qui se produit pendant l'évaporation provient en très- grande partie, du moins dans beaucoup de cas, du frottement de l'eau contre les dépôts qui tapissent l'intérieur du creuset. L'examen des résul- tats particuliers fournis par les diverses dissolutions sur lesquelles j'ai opéré confirme encore cette manière de voir ; ces résultats se trouvent résimiés dans le tableau suivant : Dcsignalion des substances dissoutes. Potasse Solide Baryte S trontiane Chaux Ammoniaque Acide sulfurique concentré Id. étendu Acide acétique concentré ou étendu Acide azotique concentré Id. étendu Acide chlorhydrique concentré ou étendu. borique phosphorique Chlorure de sodium Chlorure de barium Sulfate de potasse Sulfate de soude ^ulfaie de magnésie Phosphate de soude Borate de soude Azotate de potasse Azotate de soude Azotate de baryte Azotate de strontiane Carbonate de potasse Chlorate de potasse CliarBCs transmises par le creuset à l'éleslroscope. Vitrée. . assez forte Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. très-faible. Résineuse Id. Nulle... . . c Résineuse très- faible. Nulle... . . « Nulle Résineuse très-faible. Id. faible. Id, très-forte. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Vitrée. . faible Résineuse Id Id. très-faible. Id. forte. Id. très-faible. Id. faible. Id. forte. Id. M. Id. Id. Vitrée. . très-forte. Résineuse faible. » D'abord, sil'on rapproche les substances qui ne développent point d'élec- tricité ou n'en donnent que de faibles signes, on voit qu'elles diffèrent beau- coup les unes des autres par leur nature chimique : les unes sont des acides, les autres des bases, les autres des sels ; mais elles ont en général cela de commim, que leurs dissolutions s'évaporent avec une décrépitation nulle ou très-fiiible ; au contraire, les substances qui donnent des signes très-mar^- ( 234) qués d'électricité sont celles dont les dissolutions s'évaporent avec un pé- tillement vif et prolongé, et qui peuvent en outre laisser des dépôts sur les parois du creuset. » En second lieu, si l'on cherche à saisir la conditi on qui détermine le signe de l'électricité développée, on voit qu'elle ne peut résider dans la nature chimique des corps dissous. En effet, parmi les substances peu nombreuses qui chargent le creuset d'électricité vitrée, on trouve cinq bases et deux sels; mais on peut faire cette remarque , que les corps qui se chargent pendant l'évaporation de l'une ou de l'autre des deux électricités sont en général ceux qui ont de l'aptitude à prendre par le frottement la même espèce d'é- lectricité. J'ai décrit, dans ma précédente Note, une expérience qui prouve que le sel marin sec et en poudre s'électrise résineusement par le frottement du platine chaud; j'ai répété cette expérience avec toutes celles des sub- stances comprises dans le tableau précédent, qui peuvent conserver l'état pulvérulent à une température un peu élevée, et j'ai constaté ainsi, que dans les conditions de l'expérience, la baryte, la strontiane, la chaux, le carbo- nate de potasse et le sulfate de potasse prennent l'électricité vitrée ; qu'au contraire, le sulfate de soude, le borate de soude, le sulfate de magnésie, le chlorure de barium, le chlorure de sodium et le phosphate de soude se chargent d'électricité résineuse. Or, si l'on rapproche ces résultats de ceux qui ont été fournis par l'évaporation des dissolutions correspondantes, on voit que, conformément à ce que j'ai annoncé, les corps qui prennent une électricité déterminée par le frottement communiquent au creuset la même électricité dans les expériences d'évaporation. Cette analogie remarquable me paraît être un nouvel argument en faveur de l'interprétation que j'ai donnée plus haut. M Toutes les expériences dont je viens de rendre compte ont été exécutées avec un creuset de platine; mais j'ai constaté que, dans le cas où l'on em- ploie un vase de laiton, le développement d'électricité qui accompagne l'é- vaporation présente encore les propriétés caractéristiques de l'électricité due au frottement. L'oxydation du vase ne peut pas développer d'électricité ap- jiréciable à l'électroscope simple; pour rendre manifeste l'électricité pro- venant de cette source, il est non-seulement indispensable d'employer un condensateur, mais il faut encore établir une communication directe ou in- directe entre l'un des plateaux et le liquide, en même temps que l'autre plateau est mis en rapport avec le métal oxydable. Comme ces conditions ne se trouvent remplies ni dans les expériences de M. Pouillet ni dans les miennes, je regarde comme certain que les signes électriques obtenus ( 235 ) dans ces expériences sont tout k fait indépendants de l'oxydation des vases où s'effectue l'évaporation. » En résumé, il me paraît démontré que l'électricité qui se manifeste pendant l'évaporation des dissolutions aqueuses provient exclusivement des frottements auxquels le pétillement du liquide donne naissance; ces frotte- ments s'exercent soit entre l'eau et les parois du creuset, soit entre l'eau et les dépôts qui tapissent ces parois, soit enfin entre le vase et les pous- sières projetées en dehors. Ces deux derniers frottements semblent toujours produire des électricités de signes différents ; les deux premiers développent tantôt des électricités de même nom, tantôt des électricités de nom con- traire ; le frottement exercé contre les dépôts formés à l'intérieur du creuset paraît être le plus énergique. » Je n'ai pas répété les expériences de M. Pouillet relatives à la décom- position des oxydes réductibles par la chaleur; mais M. Mateucci, qui s'est occupé de ce sujet ^Annales de Chimie et de Physique, a* série, tome XIV, page 245), affirme qu'il n'a pu obtenir la moindre trace d'élec- tricité en décomposant par la chaleur les oxydes d'argent, le peroxyde de plomb et le chlorure d'or. Je crois donc qu'il est aujourd'hui permis de diie qu'il n'existe pas un seul fait bien établi qui prouve que la ségrégation chi- mique soit une source d'électricité ; cette conclusion est importante en elle- même pour la théorie des phénomènes électriques, et semble d'ailleurs con- duire à une autre conséquence , que le développement d'électricité qui accompagne les combinaisons chimiques ne résulte pas non plus de l'acte de la combinaison. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Etudes sur le de'veloppemetit des mérithalles ou entre-nœuds des tiges; par M. Ch. Fermoku. (Extrait.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) PREMIÈRE PARTIE. « Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Aca- démie a pour but de faire connaître des observations et des expériences sur le développement des mérithalles , parties du végétal assez peu étudiées pour que j'aie cru devoir en faire un sujet d'études spéciales. » Ce Mémoire est divisé en plusieurs parties. Dans cette première partie, je me suis proposé de faire connaître et de généraliser les déplacements sur les mérithalles que présentent très-fréquemment les organes appendi- culaires servant à la nutrition des végétaux. ( 236 ) I. DÉPLACEMENT VERTICAL OU LONGITUDINAL. A. Organes de la végétation partant plusieurs d'un même plan. » 1°. Feuilles opposées. — Dans quelques espèces le déplacement longi- tudinal de leurs feuilles est si considérable, qu'il semble établir le passage des feuilles opposées aux feuilles alternes. C'est ce que Ton observe dans les genres TIelianthus,Verhesina, P'eronica, Ljthrum, Tagetes, etc., qui ont des espèces à feuilles opposées et des espèces à feuilles alternes. Il y a même des espèces à feuilles opposées chez lesquelles l'alternance devient si pro- noncée , que dans certaines tiges on ne retrouve plus le caractère d'oppo- sition. Nous possédons des tiges de Pfilox paniculata, Ligustrum vul- gare et Ljthrwn salicaria chez lesquelles l'opposition a disparu pour faire j)lace à l'alternance quinconciale. Plusieurs /^ero/i/ca sont dans le même cas. » L'exemple du Benthamia acwninata de l'École de botanique du Muséum d'histoire naturelle est extrêmement remarquable et mérite d'être particulièrement mentionné. L'axe principal a été enlevé, mais delà courte partie qui reste au-dessus du niveau du sol partent deux tiges opposées. L'une d'elles a ses feuilles toutes opposées, l'autre a ses feuilles alternes ; mais tandis que les feuilles des rameaux de la première tige tendent à l'al- ternance par déplacement, celles des rameaux de la tige à feuilles alternes sont opposées. » Parmi les monocotylédones , le genre Dioscorea seul présente des espèces à feuilles opposées ; il a dû fixer notre attention , et nous n'avons pas tardé à reconnaître que toutes les espèces présentent des feuilles alternes qui semblent être un retour au type général de la phyllotaxie des monoco- tylédones. » 2°. Feuilles verticillées . — Ici les déplacements sont plus nombreux et plus considérables; ils sont très-propres à nous éclairer sur la nature du phénomène que nous étudions. » Les Fuchsia, Veronica , Helianthus , Sedum, etc., dont les feuilles affectent souvent le verticillisme, présentent des déplacements qui vont quelquefois jusqu'à 7 et 8 centimètres [H. tuberosus) au-dessous du point d'exsertion du verticille dont elles devaient faire partie. Les Silphium ternatum et tiifoliatum présentent un déplacement de leurs feuilles qui semblent conduire aux feuilles essentiellement alternes des Silphium laci- niatum, dessectum , etc. Il en est ainsi du Lysimachia vulgaris que l'on dirait être l'intermédiaire, sous ce rapport, du L. verticillata et du L. duhia. ( ^37 ) » Trois exemples remarquables de déplacements novis ont été offerts par le Leptandra virginica, le Poljrgonatum verticillatum et le Zinnia verti' dilata. Les verticilles du premier abandonnent souvent au-dessous d'eux une ou deux feuilles qui font évidemment partie du verticille supérieur. Celui-ci , incomplet , présente la place des feuilles qui sont pour ainsi dire restées en chemin. Le Poljgonatum verticillatum présente une partie de verticille qui se trouve juste au milieu du mérithalle limité inférieurement par un verticille complet et supérieurement par le verticille incomplet, laissant directement au-dessus de cette partie isolée un intervalle où elle aurait dû se placer. Il semble que la tige ait été divisée longitudinalement en deux parties inégales que l'on aurait rapprochées sans faire coïncider les parties du verticille. Le Zinnia verticillata que nous avons sous les yeux a cela de curieux qu'aucun de ses verticilles n'est complet, mais il est tou- jours facile de le compléter par des parties restées en chemin sur le méri- thalle ou portées plus haut par l'inégalité de sa croissance. B. Organes de la végétation ne partant pas plusieurs d'un même plan. M Feuilles alternes. — Ces feuilles se rapprochent souvent assez pour faire croire à l'opposition. Nous avons souvent vérifié ce fait dans le Lycium barbarum, le Carpinus orienlalis , le Carthamus tinctorius , \e,Cjdonia vulgaris , etc. » I^e Specularia perfoliata offre une disposition qui nous a semblé propre à démontrer le passage des feuilles alternes aux feuilles opposées. Souvent , en effet, on trouve un mérithalle très-court entre deux mérithalles plus longs; de sorte que tout d'abord on pourrait croire à l'opposition des feuilles. » Les y4ctinomeris alternifolia et oppositifolia sont remarquables en ce que le premier devient oppositifolia, et réciproquement le dernier devient quelquefois alternijolia, quant à la disposition de leurs feuilles, bien en- tendu. » Nous avons conservé des rameaux de Cydonia vulgaris où le passage de l'alternance à l'opposition est manifeste. Dans l'un, les deux feuilles ne sont pas sur le même plan , mais le mérithalle qu'elles limitent est si court (i millimètre environ), qu'il conduit évidemment à la quasi-opposition des deux feuilles de l'autre rameau, lesquelles feuilles partent du même plan. Ici l'on pourrait croire à un dédoublement , mais l'exemple précédent nous fait plutôt croire à l'avortement complet du mérithalle. » Le retour au verticillisme n'est pas moins manifeste. Dans les Jspara- C. R., 1854. a">« Semestre. (T. XXXIX, M» S.) 3 I ( 238 ) gus on trouve souvent des rameaux formant des verticilles qu'à la vérité nous n'avons trouvés complets que dans Y Asparagus capensis. Il n'est pas rare de voir dans les Lilium candidum et croceum 3 ou 4 feuilles très-voisines ipdiquant une tendance à la verticillarité, et cette tendance est bien plus marquée dans quelques Fritdlaria, particulièrement Y imperialis , où il semble qu'elles indiquent le passage des feuilles alternes des monocotylé- dones aux feuilles verticillées des LUium martagon et supeibuin , du Polj- gonatum verticillatuni, ou celles qui forment une sorte d'involucre aux fleurs des Alstrœineria. » D'ailleurs A.d. de Jussieu a observé un Buplevrum Jnlcalum chez lequel la disposition hélicoïdale des feuilles s'était transformée en verticilles parfai- tement réguliers, et M. Moquin-Tandon, dans sesJlléinents de Tératologie végétale , dit avoir vu , dans l'herbier du savant que nous venons de citer, un rameau de saule dont les feuilles à l'extrémité étaient verticillées. » Ainsi , tandis que les feuilles opposées s'écartent de leur position habi- tuelle pour arriver à l'alternance, nous voyons au contraire les feuilles dites alternes tendre à revenir à l'opposition ou à la verticillarité. » Les déplacements sont surtout prononcés dans les folioles des feuilles composées; très-souvent alors les paires des folioles opposées deviennent alternes, et le petit nombre de folioles alternes que l'on trouve dans les feuilles composées rentrent fréquemment dans l'opposition. II. DÉPLACEMENT HOniZONTAL OtJ LATÉRAL. » Lorsque le déplacement des feuilles opposées est peu prononcé et lorsque le retour à l'opposition arrive immédiatement, il est difficile de constater autre chose qu'un déplacement longitudinal. Mais quand ce dé- placement est très-marqué et qu'il se produit souvent sur le même axe, comme dans les J^eronica, alors le déplacement latéral se prononce aussi , et non-seulement l'alternance en est la suite, mais encore la disposition quinconciale ou une disposition d'un ordre plus compliqué. C'est ainsi que par le raisonnement on peut voir que la forme quinconciale obtenue par le déplacement des feuilles opposées des Pklox paniculata , Ligustrum vul- gare , Lythriun salicaria et de plusieurs Veivnica n'a pu avoir eu lieu que par déplacement latéral. » Chez le Paliurus aculeatus les axes secondaires sont à feuilles disti- ques , -mais l'axe principal présente dans ses rameaux la disposition héli- coïdale exprimée par f ; c'est-à-dire que le neuvième rameau est venu se placer sur le premier. Mais les bourgeons sont axillaires; il a donc fallu que ( ^39 ) dans le premier axe les organes appendiculaires , qui auraient dû être disti- ques, fussent latéralement déplacés pour donner lieu à la disposition exprimée plus haut. D'ailleurs ce n'est pas le seul exemple que nous puis- ions citer, caries Hedera hibemica, reqnoriana et helix-digitata à feuilles distiques nous ont offert des exemples de disposition quinconciale. » Si nous ne nous abusons , nous croyons avoir démontré , dans cette première partie , le déplacement longitudinal et transversal des organes de. la nutrition. » MÉGANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur les modifications qu'on pourrait faire subir au matériel des chemins de fer pour le rendre propre à franchir de fortes rampes en même temps que des courbes de toutes courbures ; par M. Henry Arnoux. (Commissaires, MM. Piobert, Morin, Combes.) '( On comprend qu'il pourrait être utile dans beaucoup de cas, et sur- tout pour les chemins de fer d'importance secondaire, de construire un ma- tériel roulant qui se prêtât à la fois aux courbes de toutes courbures et aux fortes rampes. Mon but est d'indiquer brièvement, dans la présente Note, comment on peut construire un matériel de ce genre, » Je me sers, à cet effet, de la solution qui a été donnée par mon père, M. C. Arnoux, du problème du parcours des courbes, et qui est appliquée depuis plusieurs années sur le chemin de fer de Paris à Orsay. Le matériel construit d'après ce système a reçu le nom de matériel articulé, et il est éprouvé maintenant par une longue expérience. On a pu constater qu'il se prête avec la plus grande facilité au parcours des courbes, et on a pu consta- ter surtout un résultat significatif, la faible usure des bandages des roues. On sait que dans ce système les roues sont libres, les essieux mobiles, et con- stamment dirigés normalement à la courbe qu'ils parcourent. Par ces deux dispositions, les roues se développent, sans glisser, en raison même des lon- gueurs qu'elles doivent parcourir, et les véhicules tendent à tourner à chaque instant autour du centre même de la courbe dans laquelle ils pas- sent. Récemment une modification, dont nous avons suggéré l'idée, a permis, tout en simplifiant l'attelage des w^agons et l'appareil de convergence des essieux, de donner aux convois la faculté de marcher indifféremment en avant et en arrière. » Toutefois ime difficulté restait à résoudre. Les locomotives adoptées jusqu'à présent sur le chemin de fer de Paris à Orsay sont des locomotives 3i.. ( ^4o ) à six roues, dont les essieux extrêmes sont mobiles et portent des roues libres. Les deux roues du milieu, qui sont seules des roues motrices, sont calées sur leur essieu. Celte disposition ne permet d'utiliser pour l'adhé- rence que le poids qui porte sur les roues du milieu, et en outre elle donne lieu dans les courbes à des frottements considérables à cause de la dépen- dance de ces roues. » Pour ces raisons, on pourrait faire au matériel articulé le reproche très-fondé qu'il ne se prêtait ni à la remorque des lourds convois, ni au par- cours des fortes rampes. Pour lever cette objection, on construit actuelle- ment deux locomotives d'après les principes suivants. Elles sont montées sur huit roues, dont quatre, celles du milieu, sont seules commandées par la vapeur. On rapproche ces quatre roues autant que possible, et elles sont calées sur des demi-essieux coudés, en sorte que les roues d'un côté sont indépendantes des roues de l'autre côté. Les deux roues motrices du même côté sont reliées par une bielle et commandées par une paire de cylindres à vapeur. Quant aux essieux extrêmes, ils sont mobiles, dirigés normale- ment à la voie et leurs roues sont libres. On reporte la plus grande partie du poids de la machine sur les quatre roues du milieu, tant par la dispo- sition même de la machine que par le jeu des ressorts. On perd, à la vérité, pour l'adhérence, toute la partie du poids qui porte sur les essieux extrêmes^ mais d'autre part on supprime les frottements parasites à cause de l'indépen- dance des roues de côtés différents. y> Nous avons pensé qu'on pouvait aller plus loin, et, sans rien sacrifier du principe du système articulé, construire des locomotives dont tout le poids serait utilisé pour l'adhérence, et qui pourrait ainsi, tout en remorquant de lourds convois ou en montant de fortes rampes, parcourir des courbes d'un rayon quelconque. Nous avons pensé, en outre, que l'on pouvait trouver dans la dépendance et dans la solidarité que le système articulé établit entre les diverses parties d'un convoi le moyen d'utiliser, pour l'adhérence, telle partie du poids d'un convoi qu'on jugerait nécessaire, et par suite de franchir des rampes plus fortes. » Nous nous sommes proposé, pour atteindre ce but, de commander exactement l'un par l'autre les mouvements de rotation de deux roues con- sécutives. Ces roues sont, comme on le sait, montées sur des essieux mo- biles, et le moyen employé doit être tel, qu'il ne gêne nullement le mouve- ment de convergence ou de divergence de ces essieux. Deux remarques fort simples peuvent y conduire. Les forces qui animent les deux roues peuvent êtî'e décomposées en deux autres : l'une verticale, l'autre horizontale. Si ( a4i ) l'on réunissait ces deux roues par une bielle ordinaire, les composantes horizontales s'opposeraient seules au mouvement des essieux : on doit donc construire la bielle de telle manière qu'elle transmette facilement à la deuxième roue la composante verticale de la force qui anime la première. C'est ce que l'on obtiendra si cette bielle, au lieu de saisir exactement uti bouton de manivelle sur chaque roue, porte deux coulisses horizontales dans lesquelles elle maintienne le bouton de chaque manivelle. » Toutefois, si les choses restaient en cet état, la bielle pourrait prendre diverses obliquités par rapport à la ligne des centres des roues : en outre, le bouton de l'une ou l'autre manivelle pourrait venir à fond de la coulisse correspondante, et le mouvement des essieux pourrait être gêné. C'est à quoi l'on obvie en remarquant que si la bielle restait exactement horizon- tale dans tout le cours de son mouvement, ainsi que cela doit être, chacun de ses points décrirait un cercle dont le centre serait situé sur la ligne des centres des roues, et dont le rayon serait égal à celui des manivelles. Il suffira donc, pour la guider exactement, d'astreindre deux de ses points à décrire de pareils cercles, ce que l'on obtiendra en prenant les deux points d'appui de deux manivelles sur le châssis du véhicule. » L'avantage de cette disposition se montre tout de suite. Le mouvement de convergence ou de divergence des essieux pourra s'effectuer sans autre difficulté qu'un accroissement de frottement produit sur les plaques de l'appareil de convergence par les composantes verticales dont nous avons parlé plus haut, et ce frottement est de même ordre que ceux que cet ap- pareil surmonte déjà. » Dans la pratique, si l'on voulait réaliser cette idée pour la construction d'une locomotive à grande adhérence, on pourrait prendre les dispositions suivantes, que nous esquisserons rapidement. Cette locomotive serait à six roues égales (i) : les essieux seraient aussi écartés qu'on le jugerait néces- saire, puisqu'on ne serait plus gêné pour le passage des coiu-bes; les essieux extrêmes seraient mobiles, et prendraient leur direction sur la voie au moyen des dispositions adoptées sur le chemin de fer de Paris à Orsay. L'essieu du milieu serait partagé en deux demi-essieux, sur chacun desquels serait calée la roue du même côté, et chacun de ces demi-essieux recevrait le mouvement d'un cylindre à vapeur intérieur. (Nous reviendrons sur ce (i) Nous avons étudié et croyons avoir résolu le même problème pour des roues dont les diamètres seraient dans les rapports de i à 2 , ou de 2 à 3 ; mais nous n'osons regarder ces solutions comme assez pratiques pour être présentées. ( 242 ) point.) Sur ces trois essieux serait placé un cliâssis non suspendu, reposant sur les plaques de glissement des essieux extrêmes, et embrassant, par des collets, l'essieu du milieu. La chaudière enfin serait reliée à ce châssis par l'intermédiaire de ressorts, en sorte que la chaudière seule serait suspen- due. Le but de cette disposition est d'établir une dépendance exacte entre toutes les pièces du mécanisme et de la connexion des roues, ce que l'on n'obtiendrait pas si une partie de ces pièces était soumise au jeu de la suspension. Sur le châssis on prendrait, aux extrémités, deux points fixes qui devraient être disposés à la hauteur du centre des roues et dans leur plan vertical, et qui seraient les centres de deux manivelles égales. De chaque côté une bielle régnerait dans toute la longueur de la machine. Cette bielle s'attacherait par ses extrémités aux manivelles dont nous venons de par- ler, et en son milieu à la roue du milieu. En face de chaque roue extrême, elle serait pourvue d'une coulisse horizontale qui embrasserait non pas sim- plement un bouton tenant à chaque roue, mais une glissière adaptée à ce bouton, afin de donner à l'assemblage plus d'exactitude et de solidité. Enfin, si on le jugeait nécessaire, on pourrait encore donner à cette bielle des points d'appui intermédiaires. » La longueur des coulisses dépend du rayon minimum des courbes que l'on doit parcourir Si ce rayon est de 20 mètres, on devra donner à la coulisse une longueur de 12 centimètres en sus de la longueur de la glis- sière. Il est clair qu'on devra, dans l'exécution, tenir compte du déplace- ment du centre- de la roue, par rapport au plan vertical de la bielle et de l'obliquité que pourra prendre, par rapport à ce même plan, le plan de la roue. Ce sont des mouvements dont les amplitudes ne dépassent pas 3 et 5 millimètres, et les disposifions à prendre pour y avoir égard n'offrent aucune difficulté, à cause de l'exactitude avec laquelle est réglé le mou- vement de la bielle, seule condition qu'on doive remplir rigoureu- sement. » En résumé, notre locomotive ne différerait d'une locomotive à six roues couplées du système actuel que dans les points suivants. La chaudière seule serait suspendue, ou, à défaut de cette disposition, il faudrait placer un faux châssis pour les points d'appui des bielles; l'essieu moteur serait di- visé en deux parties; les essieux extrêmes seraient mobiles, et leurs roues libres. Les deux bielles prendraient leurs points d'appui sur le châssis, et saisiraient, dans une coulisse horizontale, une glissière adaptée au bouton de chaque manivelle. M II nous reste à montrer que l'on peut, ainsi que nous l'avons annoncé, ( 243 ) aller plus loin et faire participer à l'adhérence telle partie du convoi que l'on voudra, en profitant de la solidarité qui existe entre les diverses par- ties du matériel articulé. Supposons que chaque véhicule que l'on veut faire participer à l'adhérence soit muni d'une bielle semblable à celle que nous venons de décrire. » Cette bielle et la bielle précédente portent une charnière verticale tout près du point d'attache du levier directeur de leur extrémité. La première se prolonge par une demi-bielle portant une douille, et l'autre par une demi-bielle portant une partie cylindrique. Ces deux parties seront engagées l'une dans l'autre lors de l'attelage ; et, pour donner à l'assemblage de la soli- dité, ellesseront maintenues par une clavette plate entamant les parties cylin- driques par un segment. Il suffira alors de laisser dans la douille un jeu qui, dans le cas d'une courbe de 4o mètres, serait de 1 1 centimètres en chaque sens. Cette disposition pourra d'ailleurs être réalisée avec toute la solidité désirable dans le sens vertical dans lequel il est surtout important de l'obtenir. La seule partie de cette opération qui pourrait être longue, c'est qu'on devra faire tourner les roues sur place jusqu'à ce que les extrémités des bielles soient à la même hauteur. » Toutefois, si l'on remarque que dans un convoi un certain nombre de véhicides, tels que la machine, le tender, les fourgons à bagages, forment une partie fixe qu'on peut toujours préparer à l'avance, on voit qu'on pourra du moins, sans difficulté, se servir pour l'adhérence de toute cette partie du convoi. » Dans les rampes qui sont admises jusqu'à présent sur les chemins de fer, on est limité en général plutôt par l'adhérence que par la force de la machine, ou, si l'on veut, sa puissance de vaporisation. On atteindra donc, sous ce rapport, un résultat notable par les moyens que nous proposons. Mais remarquons en même temps que la longueur de la machine pourra être accrue sans inconvénient, et l'on pourra ainsi accroître sa puissance de vaporisation. En outre, jusqu'à présent, on n'obtient d'adhérence que par la machine même : de là une tendance incontestable à accroître le poids de la machine au delà de ce qui est strictement nécessaire, et à augmenter la proportion du poids mort au poids utile. Au contraire, on aurait avantage, dans le système que nous proposons, à diminuer le plus possible cette pro- portion. Poin- ces diverses raisons, nous pensons que les dispositions que nous présentons pourraient être utiles. » Nous avons dit plus haut que notre machine aurait seulement deux cylindres à vapeur, c'est-à-dire un cylindre pour les roues de chaque côté, ( 244 ) qui sont indépendantes des roues de l'autre côté. On pourrait objecter qu'avec un seul cylindre le passage des points morts donnera de l'irrégu- larité au mouvement. Nous répondrons que si deux cylindres nouveaux sont nécessaires, on pourra les placer extérieurement sans difficulté. Ce serait, à la vérité, une complication, mais nous pensons que le convoi agi- rait comme un volant, et l'on remarquera d'ailleurs que, d'après le système de connexion que nous adoptons, les points morts de cet appareil ou de la résistance sont toujours à angle droit avec les points morts de la machine. » Nous répétons en terminant que l'objet de la présente Note est de prendre acte d'un principe qui, suivant nous, permettra de construire des locomotives à six roues couplées d'après les principes du système articulé, qui pourront par conséquent parcourir des courbes d'un court rayon tout en remorquant de lourds convois. » En outre, le même principe donnerait la faculté de faire participer à l'adhérence telle partie du convoi qu'on voudrait, et permettrait d'atteindre des rampes d'autant plus fortes qu'on ne serait plus limité par l'adhérence; qu'on pourrait accroître autant que l'on voudrait la longueur des machines , et par suite leur surface de chauffe; et enfin qu'on aurait avantage à dimi- nuer le plus possible la proportion du poids mort au poids utile. » OPTIQUE. — Méromètre parallèle ou de transport, instrument destiné à l'observatoire du Collège Romain^ fait pour évaluer de très-petites frac- tions sur une échelle divisée; par M. Porro. (Commissaires, MM. Mathieu, Laugier, Faye.) « Dans l'appareil à mesurer les bases trigonométriques que l'Académie m'a fait l'honneur d'approuver (i), les quantités linéaires à évaluer s'esti- ment par la moyenne de cinq fils fixés au foyer de l'oculaire sur une échelle divisée dont les moindres parties sont des dixièmes de millimètre. L'expé- rience a prouvé que l'estime permet de déterminer ainsi la longueur de chaque portée à cinq millièmes de millimètre près. Bien que cette limite ne laisse rien à désirer dans aucun cas pour le mesurage d'une base, le R. P. Secchi, qui va employer à la mesure de la base de Boscovich le grand appareil que l'Académie connaît (2), a désiré avoir, pour certains cas de comparaison des types entre eux, un moyen de fractionnement plus certain. (i) Rapport à l'Académit' des Sciences, lu en la séance du 19 août i85o. (7t) Voir Compte rendu de la séance du 3o août i852. ( 245 ) Je me suis proposé de composer pour cela un petit instrument pouvant s'adapter à tous les raéroscopes de l'appareil, et pouvant fonctionner sans toucher au méroscope, pouvant même, pour plus de sécurité, produire son effet quoique placé sur un support à part et dont les indications ne dérivent que de phénomènes purement optiques et indépendant d'ajustages métal- liques. C'est ce petit instrument, construit dans les ateliers de l'Institut ïechnomatique, que j'ai l'honneur de mettre aujourd'hui sous les yeux de l'Académie. » Fondé sur le transport que subit l'image d'un objet vu à travers un verre à surfaces parallèles quand on l'incline, transport visible à l'oculaire quand la glace coupe un pinceau lumineux convergent ou divergent (i), ce petit appareil s'interpose à volonté entre l'échelle et l'objectif du mé- roscope. » Il se compose d'un axe horizontal avec cercle et vernier, à une extré- mité duquel s'adaptent des glaces parallèles de différentes épaisseurs et d'un axe vertical avec vis à caler, qui permet d'amener l'instrument sur le méros- cope : un petit niveau sphérique indique grossièrement la verticalité de cet axe, et un niveau cylindrique plus sensible établit le point de départ de la division qu'on détermine d'abord en faisant réfléchir les fils micrométri- ques par la glace même de l'instrument, ce à quoi se prête parfaitement le méroscope panfocal. n Désignant par e l'épaisseur de la glace, par m son indice de réfraction, et par I son inclinaison, le transport t est donné par les formules sin(I — R) t := e cosR et sinR = msini, formules qu'il convient de réduire en Tables. » L'instrument donne l à un centième de grade près, ce qui, avec la (i) M. Bernard a proposé, dans la séance du 3 juillet i854, ce même moyen pour résoudre le problème inverse, c'esl-à-dire pour déterminer l'indice de réfraction par le transport. Ce moyen est appliqué depuis longtemps à l'Institut Technomatique avec le polyoptomètre, mais c'est en plaçant le parallélipipède en expérience entre l'objectif de la lunette d'observation et son micromètre, et non pas entre deux collimateurs dans les rayons parallèles, où le transport dû à l'inclinaison du parallélipipède de verre serait nul, et où mjme le mouvement à coulisse de la lunette devant le collimateur n'accuserait à l'oculaire que ses propres imperfections. C. K. i854, ■»■"« Semestre (T. XXXIX, N» S.) 3a ( 246) glace la plus mince, correspond à un décimillième de millimètre environ : cette quantité est au-dessous des limites de visibilité sous les méroscopes, même avec le plus fort grossissement, mais elle est rigoureusement exacte, et non pas seulement nominale, comme dans la plupart des micromètres connus. » La glace la plus épaisse permet de pousser le transport jusqu'à un millimètre et plus, et permet encore d'apprécier, de première lecture, les millièmes de millimètre. » Pour éliminer les petites erreurs qui pourraient provenir d'un léger défaut de parallélisme ou de planitude de la glace, il n'y a qu'à répéter l'observation dans les quatre positions que la glace peut prendre. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Dosage de la fécule de pomme de terre mélangée à la farine de blé; par M. Cailletet. (Commissaires, MM. Chevreul, Payen, Peligot. ) « Le moyen employé par l'auteur est le suivant : » On prend un poids donné de farine qu'il s'agit d'essayer ; on la dé- laye dans une burette graduée avec un volume donné de solution aqueuse de potasse. On y ajoute ensuite une quantité également déterminée de so- lution, alcoolique de brome : il se forme au bout d'un certain temps un précipité dont on note le volume. Or, comme on connaît d'avance les vo- lumes très-différents des deux dépôts que formeraient, dans des circon- stances toutes semblables, d'une part, de la farine de blé pur, de l'autre, de la farine mélangée d'un quart de fécule, on en conclut, par une simple opération d'arithmétique, les proportions de la fécule dans la farine soumise à l'examen. » M. Bazin soumet au jugement de l'Académie un nouveau Mémoire ayant pour titre : « Maladies des plantes et principalement des plantes alimen- taires : recherches pour servir à l'histoire des mojens curatijs de cette maladie. » (Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour une communication du même auteur faite dans la- précédente séance : MM. Duméril, Payen, Decaisne et Montagne.) M. NozAHic communique des observations qu'il a faites cette année sur la maladie de la pomme de terre, observations qui confirment, dit-il, ce (247) qu'il avait précédemment avancé relativement à l'époque à laquelle l'affec- tion commence à se déclarer, et doivent ainsi recommander à l'attention des agronomes les moyens qu'il avait proposés pour prévenir le mal. (Renvoi à la Commission des maladies des végétaux, Commission qui se compose de MM. Duméril, Magendie, Chevreul, Becquerel, Brongniart, Milne Edwards, Boussingault , Payen, Rayer, Decaisne, Montagne, Tulasne et Moquin-Tandon.) M. Dems adresse, de Lyon, une Note également relative aux maladies qui attaquent, depuis quelques années, plusieurs de nos plantes usuelles. (Renvoi à la même Commission.) M. ScHAHLAU écrit de Stettin (Prusse) pour annoncer l'envoi d'un ouvrage en allemand sur le tjphus et le choléra, et d'un extrait en français de cet ouvrage, avec des considérations sur la nature et le traitement du choléra asiatique. Ces deux ouvrages, destinés au concours pour le prix du legs Bréant, ne sont pas encore parvenus à l'Académie. M. l'abbé d'Herens adresse une Note intitulée : Traitement ejjicace et éprouvé du choléra asiatique. M. Pons , dans luie Note qui se rattache à un Mémoire précédemment présenté par lui sur les eaux minérales de Cauvalat-les-Bains , y joint quel- ques considérations sur l'origine du choléra, sur la nature de cette maladie et sur les principes qui doivent guider dans la recherche 'd'une méthode curative ou préservât! vç. Ces deux communications sont, comme la précédente, renvoyées à l'examen de la Section de Médecine , qui aura à prendre connaissance de toutes les pièces relatives au concours pour le prix de la fondation Bréant. M. Reybard, auteur d'un Traité pratique des rétrécissements de l'urètre présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie , adresse , pour se conformer à une des conditions imposées aux concurrents , une analyse en double copie de son travail. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) ( 348 ) M. Resio (C.) adresse, de Nice, un Mémoire écrit en italien sur l'emploi de l'air chaud comme force motrice. (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour d'autres communi- cations relatives à la même question : MM. Poncelet, Pouillet, Lamé, Morin et Séguier.) M. AvENiER DE Lagrée adressc une 19® et une 20* Note concernant les modifications qu'il croit possible d'introduire dans les machines à vapeur (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Regnault et Combes. ) M. Walmann envoie, de Wesel (Prusse), deux projets concernant le perfectionnement de la navigation aérienne. (Commission des Aérostats : MM. Poncelet, Piobert, Séguier.) L'auteur d'un Mémoire présenté au concoiu's pour le grand prix de Ma- thématiques (questions concernant la théorie des phénomènes capillaires), Mémoire qui portait pour épigraphe, Nec temere nec timide, et qui a été inscrit sous le n" i, adresse aujourd'hui un supplément à ce travail. Ce supplément est renvoyé à la Commission chargée de l'examen des pièces admises au concours ; mais , étant arrivé après le jour fixé pour la clôture, il ne pourra être pris en considération par cette Commission quand elle s'occupera de décerner le prix. M. BiLLiAHD- envoie une Note sur la découverte qu'il annonce avoir laite de formes lumineuses dans l'air. M. Babinet est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Bkachet prie l'Académie de vouloir bien faire examiner une Note qu'il lui adresse sur la question de l'achromatisme de l'œil dans différentes classes de Vertébrés. (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour une précédente com- munication de l'auteur sur la même question : MM. Babinet, Despretz.) ( 349 ) CORRESPONDANCE. ASTRONOMIE. — Méthodes pour déterminer la position du plan de l'orbite d'une planète ou d'une comète; par M. A. de Gasparis. « J'ai l'honneur de vous communiquer deux systèmes de formules avec lesquelles on peut déterminer la position du plan de l'orbite d'une planète ou d'une comète, et, par suite, les autres éléments, les formules étant rigoureuses. Elles donnent lieu à deux méthodes distinctes. » La première méthode s'appuie sur deux observations, éloignées d'im intervalle quelconque et sur les dérivées du premier et du second ordre de la longitude et de la latitude de l'astre. » La seconde s'appuie sur trois observations , éloignées d'un intervalle quelconque l'une de l'autre et sur les dérivées du premier ordre de la lon- gitude et de la latitude. » On voit que ce cas est précisément celui traité par Lagrange. Mais ce grand géomètre, en résolvant le problème, s'est attaché à la formation de l'équation du 7* degré , et ses successeurs ont travaillé à l'abaissement de cette équation. On connaît le bon succès obtenu par M. Cauchy. De mon côté, j'ai tâché d'exprimer les coefficients des deux équations qui contien- nent tang / sin Q, et tang i cos Q, en fonction directe et explicite des don- nées des observations et des dérivées. J'ai obtenu pour ces coefficients des expressions qui permettent de les obtenir très-promptement en nombres , de même que pour la première méthode. » Par un Rapport fait par M. Cauchy sur un Mémoire de M. Michal, j'ai vu que ce géomètre a traité le premier cas. Mais n'ayant publié aucune part son travail, je ne sais pas quelle analogie peut exister entre ses développe- ments et les miens. Je désire d'être éclairé sur ce sujet. » Maintenant que la science possède la méthode d'interpolation de M. Cauchy, le calcul des dérivées peut s'exécuter avec grande précision , et j'ai lieu d'espérer que la première méthode pourra réussir mêm* pour les orbites d'une inclinaison médiocre. Voici mes résultats : H P O B O en D -« -g S H Pi 8 O CD. " ^1^ t^l i H 8 It; "a l"xs + Ci ta B + C8 B + C8 B S e V + en 0) "3 Cg 2 + B t3 C8 >Si «5 B + O a 2 ns 4^ « B ez c 4-* »1 ^ a; F-» -C O J.J o, C o '« w Sn « BV -O ►Cl u rO ^ 3 V "^ O 51 C/3 es -m ^ ù tr j-t -4, c K u> S rt r/) Q -^ ( 25o ) S S o u a) .S "3 ^ « > s; O -a o°°- = . „ c o 8 8 CQ- 8 cQ.ax 8 8 <^ ^^ ■*« «v ^^ ^4 ^^ >>« ^^ «^ 'à" 8 "s"^ a 's"?'?'? iiiiiiiiJ. O o .S .S .i= .5 o o .5 ^c ^c .c .s .s o o P .£ *c« *(fl *<« *3) « u y *5î 'fî GC OQ, Cû- OQ- OQ. C2Q_ 03, ca_ QO- 0 .s c o .t: .s o o .is -S . s . s . £ 1 ++ I I M + + g oMo^a 5 o o ■v» -sj" -s*^ •«*. «^ ■»« "s* «vT ->* a ocj. aa«»S8s«s o o .s .s 'S .s o o .s uuc/i(AcncnuucA tficnu5'£(fiflc^*'ï ooooo.-.soo Uuçjuy''ït/îçjo OQ-cyi.QO-Qa-CQ-qQ-GQ-QCLQQ- O .S O O .5 .5 o o .s cû_ es C^ CÛ- cî QQ-oa- . £ .s . £ . £ 'tfi *t/î 'îfl trt + I I ++ M I "-J= 8 ew«o •'* <ïl-0=- 8 8 e OCD- 8 8 g « '=i°.E « - 8 8 o .s -^ -S c c ^ ^ .s " '5 « "" ■" 8 JÎ^'S § 8 8 8 tfi ' 8 84 J I ^: B 8 .•s .s .•Sa 8 — - OQ. o - — ^~~ o a " c _ -r- " < * 1 cA CA rA r < B s o o . o « —' (A "^ ^^ -S* •^88? ,S B ^ c« c/) ^ B e O ^-'v_^v_- O c 2 ■— .S 5 c i^ _, o 5 *^ « E 2 °°-tïi-a3- 2 ï 2 sSaogsguSu o « M CQ- s 5 o «1.32- C ta. n B B 00. B > «A a w '03 + I + I I M + + .=1 c G g2"ô.ScSoS.S QC1_ ÇQ_ OQ- *^^ Cïi_ Gfl- QX Q2- OQ- a5_ 'i,2B2'iî2ï'i> o en u C O E -88S •a.E 05 > :- ï lA ï O p o O u u o ;j ^, ■**» ^* -^i 8 J 8 S OQ. « O ui m lA 2 O O O g O u O -" O o.S.S o o i l c« Wm 0) en o + + 9 Il es 1^^ fie + + s 4) «j* "C o Ou o + + a o hn = ^"^ 4>-) Q mm CJ 5 + + ^ << Oï C8 il O s o o Ë s ni N ; .S ■" c o a3.(V3,~-„ -OCLOQ. .S.S .S a p n M jn (n •»! -S -^ Ql-QQ,Qa.gXcQ_^ . s .s .s .s .s ° 'x *(rt '« '53 '35 '^ft c « - ■S .S « S + I + I + 1, » ^ ^=-==£| 1 s slsis 33 Q3-'"S 'J-Of2-iï5- O O O O o ^1 1 o o «XQ!5_~ Jr-> on .S .s .s .s c c uî *(« « 'K 'ï/î *33 •2 .S .S .S . S .S + 1 + I + I U iiïj N ' J O O , S ~ S- U J^ .S C - C èo.à=L >" '33 -^ 'S c .c S.S c g S S o (« ^ ^ Q (J (Vi_ CQ- OQ. Cû, CG. OO, ~- « .5 .= .2 .s .^ O ^ "3 vj '« « "^ es es es w + I + I + I (A s o y = ■^ 'S 8 v"' «î « "î ffi 8 fji 8 ^ -y -^ 8 8 Î ? S s.s 8 - s '35 .s , ,« "s *? .:: ■ ■2.5'i.SoS-S.SgSSS OO-OQ.- <Ç l c] t« t« Q!X'2X 8 -S 8 8 S S .S O.S. S = C tfs u en t« 'tn 'y? es es es es I + I + I + 8 8 - = o 55 fi fi tfi fi fi 000000 t^ u i; CJ CJ o I ++ I + I -~? ~° 8 "« "s ''^ '35 'tn ^ o- =~ =.^=~ ^ ^.» ^- aa_ol- a c ■^° ~~° s, -^«■3; '33 Il-^^'l.sî I yj s s -■ >" ^ ~ "c .s .s c "g" o '3! 'S '3ï -j o S (« (A 8 8 O O 00.00. S.) 33 ( ^54) « 3o juillet i854- » Une nouvelle couche de houille vient d'être rencontrée à Creutzwald à la profondeur de 21 6^,89. La sonde l'a déjà forée sur une épaisseur de o",90 et ne l'a pas entièrement traversée. » L'intervalle compris entre cette couche et la première dont la consta- tation a été faite par M. Jacquot, ingénieur des mines, est formé d'un grès schisteux grisâtre, de moyenne dureté, avec empreintes végétales d'une épaisseur de 2",i4. » Un spécimen du grès traversé (un cylindre de o™,70 environ), détaché et rapporté par la sonde, est mis sous les yeux de l'Académie. CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches de chimie 01 gariiquc ; par M. Auguste Gahouus. « En distillant l'huile de ricin avec une dissolution concentrée de potasse caustique, M. Bonis a découvert un alcool particulier qui est à l'acide caprylique ce que l'alcool vinique est à l'acide acétique, ce que l'alcool obtenu de la distillation du bois est à l'acide formique. » Par une étude approfondie de ce nouveau produit, M. Bouis est déjà parvenu à réaliser un certain nombre de combinaisons correspondant aux composés éthérés fournis par l'alcool ordinaire. Or on sait, par les belles recherches de M. Wurtz, qu'à chaque alcool correspond un alcali volatil dérivant de l'ammoniaque ; c'est ainsi : qu'à l'alcool méthylique C* H* O' correspond la méthyliaque C^ H' Az, à l'alcool vinique G* IP O* coiTespond l'éthyliaque G* H' Az, à l'alcool propionique G* H' O* correspond la propyliaque G* H* Az, à l'alcool butyrique G* H'"0'' correspond la butyriaque G' H" Az, à l'alcool amylique G'^H'^'CF correspond l'amyliaque C"'H"Az. Or à l'alcool de M. Bouis, G'*H"0*, devait correspondre la capryliaque CH*'A'. » L'expérience a [)leinement confirmé mes prévisions. En chauffant dans des tubes scellés à la lampe de l'éther capryl-iodhydrique avec une dissolu- tion de gaz ammoniac dans l'alcool concentré, j'ai obtenu une combinaison cristallisée en larges lames très-soluble dans l'eau, surtout à chaud. La dis- solution étant décomposée par la potasse, il se sépare une matière huileuse ( 255 ) douée de propriétés basiques prononcées. Séchée siu* de la potasse solide et purifiée par la distillation, cette substance présente les propriétés sui- vantes : » C'est une huile très-limpide, incolore, douée d'une odeur ammoniacale et qui rappelle en outre l'odeur qu'exhalent les champignons. Cette huile est plus légère que l'eau et bout à une température de 172 à 176 degrés. L'a- nalyse et la densité de vapeur de cette substance m'ont conduit à admettre pour sa composition la formule C'«H'»Az qui correspond à 4 volumes de vapeur. » Cette matière se dissout facilement dans l'acide chlorhydrique avec lequel elle forme un composé déliquescent, cristallisable en larges lames nacrées. » Si l'on verse dans une dissolution concentrée de ce sel une dissolution de bichlorure de platine, il se forme un abondant précipité jaune, d'appa- rence cristalline; celui-ci se dissout facilement dans l'eau bouillante et se dépose, par le refroidissement de la liqueur, sous la forme de lamelles bril- lantes d'un beau jaune d'or ressemblant à l'iodure de plomb. )) Les acides sulfurique et azotique forment également des combinaisons cristallisables et très-solubles dans l'eau. » Ce composé s'échauffe par son contact avec les chlorures de benzoïle et de cumyle, et donne des combinaisons qui correspondent à la benzamide et à la curainamide. » Cette nouvelle base, à laquelle nous donnons le nom de caprjrliaque^ présente, comme on voit, les analogies les plus manifestes avec ses homolo- gues, la méthyliaque, l'éthyliaque, etc. » Par l'action de l'iodure d'éthyle sur cette substance on obtient, comme pour les composés analogues, des bases imidées et des bases nitriles. » J'ai fait l'analyse de la capryliaque ainsi que de quelques-unes de ses combinaisons; ces analyses m'ont fourni les résultats suivants : C"H'»Az, capryliaque, C'«H'«Az, Cl H, chlorhydrate de capryliaque. C'«H'«Az, Cl H, PtCP, chloroplatinate. CH'^Az, m, iodhydrate de capryliaque, C"H'»Az, SO% HO, sulfate de capryliaque. C"H"Az, m. iodhydrate d'éthyle capryliaque. (C*H') 33.. ( 256 ) » J'ai fait voir, il y a déjà dix ans, que l'huile de gaultheria du commerce est un éther composé de la série de l'esprit-de-bois, l'éther méthylsalicy- lique, qu'on peut obtenir artificiellement en faisant réagir sur l'esprit-de- bois un mélange d'acide sulfurique et d'acide salicylique. Cette combi- naison, de même que son analogue l'éther vinosalicylique, jouit de la propriété de former, avec les bases, des combinaisons définies et cristalli- sables contrairement à la manière d'être des autres éthers composés. Pour expliquer cette singulière anomalie, M. Gerhardt a imaginé, sur la consti- tution de ces éthers, une hypothèse fort ingénieuse qui dérive de la consti- tution même qu'il assigne aux acides hydratés. » D'après M. Gerhardt, un acide hydraté peut être considéré comme de l'eau H H O a dans laquelle une molécule d'hydrogène se trouve remplacée par une molé- cule d'un groupement binaire, ternaire ou quaternaire. D'après cette hypo- thèse, la composition de l'acide salicylique hydraté serait exprimée par la formule C'*H'OV H celle de l'acide anhydre par la formule O* C'*H'0* O a » Admettons maintenant que l'introduction du méthyle se soit faite dans le groupement salicyle C'*H'0*; alors on devra représenter la constitution de l'huile de gaultheria par la formule C-H*(C*H»)OV,,,. H '" ' par suite, la seconde molécule d'hydrogène, restant intacte comme dans l'acide salicylique hydraté lui-même, y devra jouer nécessairement le même rôle. » En partant de ce point de vue, M. Gerhardt a pu substituer à la seconde molécule d'hydrogène une molécule de benzoïle, de cumyle, de succinyle en faisant réagir sur l'éther méthylsalicylique les chlorures de benzoïle, de cumyle et de succinyle. Il résultait de là qu'on devait pouvoir ( ^57 ^ également remplacer cette molécule d'hydiogène par du méthyle, de l'é- thyle et de l'amyle. Je suis parvenu à ce résultat en faisant réagir sur du méthylsalicylate de potasse, dans des tubes scellés à la lampe, des éthers méthyliodhydrique, éthyliodhydrique, amyliodhydriquej j'ai ainsi obtenu des composés parfaitement neutres ne formant plus de combinaisons avec la potasse et se décomposant sous l'influence de cette base avec le concours de l'eau, en régénérant de l'acide salicylique. Ces nouvelles combinaisons, qu'on peut formuler de la manière suivante : C'*H*(C='H»)OM C"H*(C='H='J0M C"H*(C^H')OM (C»H') ) ' {C'W) ] ' (C'°H'') )^' donnent avec le chlore, le brome et l'acide nitrique fumant, des combinai- sons définies et cristal lisables. » La première de ces combinaisons bout à la température de 248 degrés, la deuxième à la température de 262 degrés, la troisième au-dessus de 3oo degrés. » En remplaçant le méthylsalicylate de potasse par l'éthylsalicylate de la même base, on obtient une série de combinaisons analogues qu'on peut représenter par des formules toutes semblables. » Les véritables éthers méthyl, éthyl et amyl salicylique, C^H' I ' C*W I ' C'^H" j ' sont donc encore à découvrir. » J'ajouterai, en terminant, qu'en faisant réagir le chlorure d'acétyle sur l'hydrate de phényle, on obtient un produit liquide volatil sans décompo- sition, très-stable et régénérant, sous l'influence de la potasse et d'une tem- pérature élevée, de l'hydrate de phényle et de l'acide acétique. » Les chlorures d'amanthyle, de capryle et de pélargyle fournissent des résultats analogues. Ces réactions peuvent se formuler de la manière sui- vante : C'2H«0^ + C« W C10=' = C1H-^C"'H« O*, C' = H«0*-t- C'*H'»C10^ = CIH 4- C'«H'«0*, C'^n'O* + COR^CIO^ = CIH + C"H^°0% C'^H«0»+C"»H«^ClO='r=ClH + C'°II"0*. ( 258 ) PHYSIQUE. — Remarques sur les principes qui règlent le développement rie l'électricité dans les actions chimiques ; par M. Ch. Matteucci. ■t Plusieurs communications récemment faites à l'Académie sur ce sujet m'ont engagé à répéter quelques-unes des expériences , que j'ai décrites dans mes Mémoires d'électrochimie [Annales de Chimie et de Physique, tomes X, XVI, XXXIV, pages 78, 257, 281), et à tenter quelques nou- velles recherches dont le but était principalement d'examiner si les résultats trouvés depuis modifient les conséquences théoriques auxquelles on était parvenu. Il y a des physiciens qui admettent que le développement de l'é- lectricité a lieu dans toutes les actions chimiques, à la condition qu'elles s'opèrent entre des corps, simples ou composés, conducteurs de l'électricité. Suivant l'opinion d'autres physiciens, il faut que l'action chimique s'exerce en présence d'un électrolite ou d'un liquide conducteur, dont les deux éléments sont séparés en directions contraires par les affinités qui consti- tuent la force électromotrice. Cette seconde opinion, basée sur les expé- riences fondamentales de Faraday, est celle que j'ai appuyée par un grand nombre d'expériences tentées sur la décomposition électrochimique des sels, sur les piles à deux liquides et à gaz. Je m'occuperai, dans ces re- marques, de ces sources d'électricité par action chimique, qu'on pourrait considérer comme contraires au principe précédent, et premièrement de la combinaison de l'oxygène, de l'iode, du chlore, etc., secs avec les métaux, le charbon et l'hydrogène. Davy avait trouvé, il y a longtemps, que certains métaux, en brûlant dans l'oxygène sec, ne dégagent pas d'électricité sen- sible à Y électroscope condensateur. J'ai répété dernièrement ces expériences en tenant très-près des métaux qui brûlent dans l'oxygène ou dans le chlore, et qui communiquent avec un plateau du condensateur, une lame de pla- tine en communication avec le sol, et les résultats ont été également négatifs. J'ai aussi vérifié de nouveau que les bioxydes de plomb et d'argent ne donnent pas d'électricité lorsqu'on les décompose avec la chaleur, tandis que cela arrive en les décomposant avec quelques gouttes d'acide chlor- hydrique, dans lequel cas l'oxyde réduit se trouve chargé d'électricité po- sitive. Nous savons encore que, si l'on a un couple voltaïque ordinaire dont les deux métaux plongent en deux liquides séparés, on peut, en mettant le brome, ou l'iode, ou le chlore en contact avec le métal attaqué, en dissoudre de très-grandes quantités sans qu'il y ait augmentation sensible dans le cou- rant électrique : en mettant ces corps, comme on le fait avec l'acide nitrique •( 2% ) mi avec certains peroxydes, en contact avec le platine du couple, le cou- rant augmente alors notablement, et l'on sait que l'hydrogène de l'eau décomposée dans la pile entre en combinaison avec l'oxygène de «ces corps. » Je passerai au dégagement de l'électricité découvert par M. Pouillet dans la combustion du charbon et du gaz hydrogène. D'après ce que nous avons dit sur la nullité des effets obtenus dans la combustion des métaux, on conçoit difficilement comment le dégagement obtenu par le charbon et l'hvdrogène peut se rattacher à un principe général qui serait celui de la simple oxydation comme source d'électricité. J'ai montré dans mes Mé- moires, comme M. Gaugain l'a vérifié récemment, que la combustion du charbon développe de l'électricité, de quelque manière qu'elle ait lieu, pourvu que ce charbon soit bon conducteur et qu'on tienne une lame n>é- tallique très-près de la portion allumée en communication avec le sol. On sait qu'on peut rendre ce dégagement plus actif en poussant un courant d'air sur le charbon allumé ou en faisant la combustion dans le gaz oxy- gène. J'ai imaginé, pour faire rentrer ce cas dans la règle générale de la pré- sence de l'électrolite, que l'eau contenue dans le charbon et celle qui se forme par la combustion de l'hydrogène, étaient décomposées au contact du charbon incandescent. On peut démontrer directement par l'expérience le dégagement de l'électricité qui a lieu dans cette réaction. A l'appui de cette explication, je ferai remarquer qu'on ne réussit pas, tout en opérant dans les mêmes circonstances, à obtenir des signes d'électricité delà com- bustion du coke. » Pour obtenir des signes d'électricité de la flamme de l'hydrogène ou de l'alcool, il faut tenir une lame métallique plongée au milieu de la flamme en communication avec un plateau du condensateur et une autre lame à l'extérieur ou sur la surface de la flamme qui communique avec le sol. Si l'on a un peu d'alcool allumé sur une de ces lames, l'autre étant plongée dans la flamme, la première s'électrise comme si elle était tenue à l'extérieur de la flamme. J'ai admis que ce dégagement d'électricité était analogue à celui de deux lames de platine qu'on tient plongées l'une dans l'hydrogène et l'autre dans l'oxygène, comme dans la pile à gaz. J'ai trouvé que cette opinion est appuyée par l'activité plus grande des lames de pla- tine dans cette expérience. J'ai répété de nouveau ces recherches et j'ai ainsi confirmé que les effets obtenus avec des lames de platine sont notable- ment plus forts et plus constants que ceux qu'on a avec des lames de cuivre, de laiton ou d'argent. En employant des métaux, tels que le fer et- ( 26o )■ le zinc, qui à une certaine température décomposent l'eau, les résultats deviennent nécessairement complexes. »»Je ne m'arrêterai pas sur le dégagement de l'électricité qui a lieu en versant certaines solutions salines sur un creuset de platine chauffé : on s'accorde, je crois, généralement aujourd'hui à ne pas considérer ce déga- gement comme dû à la séparation de l'eau combinée au sel par l'effet de la chaleur. » C'est principalement la pile, formée de deux liquides différents séparés par une couche poreuse et communiquant entre eux par un arc du même métal, qui présente l'objection la plus valide au principe qui, suivant moi, régit le dégagement de l'électricité dans toutes les actions chimiques. En effet, si dans la pile inventée par M. Becquerel, et qui est formée d'acide nitrique et de potasse, le dégagement de l'électricité était dû à la combinai- son de l'acide et de l'alcali, on ne saurait où trouver l'électricité décom- posée dans lo sein de la pile. Mais il est facile de prouver que la force élec- tromotrice ne réside pas dans cette combinaison. En effet, si l'on forme cette pile en interposant entre la potasse et l'acide nitrique une solution d'acide sulfurique, on aura un courant de la même intensité, comme si la potasse et l'acide nitrique étaient en contact ; au contraire, si l'on dispose la pile de M. Becquerel de manière que les lames de platine plongent l'une dans la potasse et l'autre dans l'acide sulfurique, tout en laissant une couche d'acide nitrique interposée, et par conséquent en contact de la potasse, le courant est nul ou excessivement faible. J'ai décrit dans mon iernier Mémoire d'électrochimie plusieurs exemples de ces couples à deux liquides et entre autres celui formé de polysulfure de potassium et d'acide nitrique, qui est le plus fort qu'on connaisse, car un seul donne l'étincelle, décompose l'eau, etc. Dans toutes ces piles, la condition de l'électrolite décomposé est réalisée, et en choisissant celle formée d'une solution d'acide sulfureux et de nitrate d'argent ou de sulfate de cuivre, j'ai prouvé rigoureusement que la quan- tité d'oxygène de l'eau qui se combine à l'acide sulfureux pour faire de l'acide sulfurique est équivalente à la quantité d'argent ou de cuivre préci- pitée voltaïquement sur la lame de platine. J'avoue qu'il est difficile d'ap- pliquer ce principe à la pile de potasse et d'acide nitrique, et je me borne à faire remarquer qu'en ayant disposé un certain nombre de ces couples en piles de manière à décomposer l'eau dans un voltamètre, j'ai constamment trouvé que l'oxygène développé dans la solution alcaline de chaque couple pst moindre que celui qui se dégage sur l'électrode positif du voltamètre. » Je conclus, de l'enseinble des faits et des considérations que j'ai résumés ( 261 ) dans cette Note, que dans tous les cas où le développement de l'électricité par action chimique peut être rendu plus ou moins fort, restant toujours sujet à être mesuré par la quantité de l'électrolite décomposé en dehors de la pile, il existe toujours dans le couple un électrolite dont les éléments sont séparés en quantités déterminées par les affinités contraires qui ont leur siège sur les deux métaux de ce couple. Tel est le cas de la pile vol- taïque, de la pile à gaz et de la pile à deux liquides. » Faut-il maintenant conclure qu'il ne peut y avoir dégagement d'élec- tricité par action chimique, sensible à des électroscopes ou à des galvano- mètres très-délicats, sans que la condition que nous venons d'établir se vérifie? Il serait difficile de donner une réponse décisive et complètement satisfaisante à cette question, qui se rattache nécessairement au sujet qui a intéressé dernièrement un grand nombre d'observateurs, celui de la conduc- tibilité physique des liquides. Il est certain que dans toutes les sources élec- tromotrices très-faibles, pour lesquelles les produits de la décomposition électrochimique échappent à nos sens, telles que les courants électrophy- siologiques, celles des piles formées avec des solutions salines, etc., etc., on trouve néanmoins des polarités secondaires, c'est-à-dire des effets qui dépendent des produits de l'électrolisation déposés sur les électrodes. » On a décrit, dans ces derniers temps, plusieurs expériences pour prouver que les indications du voltamètre n'étaient pas exactes, ce qu'on trouve, en effet, en se mettant dans des conditions particulières, c'est-à- dire en opérant dans le même temps sur des appareils très-différents pour l'étendue et la distance des électrodes. En dehors de cela, on peut affirmer qu'en employant des fils de platine au lieu de lames pour électrodes, les solutions du voltamètre légèrement échauffées et en se bornant à recueillir le gaz hydrogène, on ne rencontre plus d'anomalies, parce qu'on évite ainsi les causes qui font disparaître une partie des gaz de l'eau décomposée. D'accord avec les résultats publiés récemment par M. Despretz, j'ai toujours trouvé que des solutions aqueuses d'acide sidfurique ou d'acide phos- phorique plus ou moins concentrées et de l'eau pure ou légèrement acidulée , donnaient les mêmes quantités de produits électrochimiques lorsqu'elles étaient traversées par le même courant. Quoiqu'on ne puisse nier absolument qu'il y ait de très- petites portions de fluide élec- trique qui se neutralisent à travers les liquides sans les décomposer et pres- qu'en parcourant leurs surfaces, comme il arrive en grande partie avec la décharge de la bouteille, il est certain qu'il faudrait renverser la loi des équi- valents électrochimiques et le principe étabh dans cette Note, pour pouvoir C. R., i854, a-»» Semestre. (T. XXXIX, N» 8.) ^4 ( 202 ) admettre que la conductibilité physique appartient à l'eau dans le degré qui résulte immédiatement de l'expérience intéressante de M. Foucault. Il y a dans cette expérience, qui a dû frapper tous les physiciens dont les travaux ont porté sur l'électrochimie , des conditions qui expliquent assez clai- lement les résultats qu'on a obtenus : tels sont la mauvaise conductibilité du liquide, la grande surface des électrodes, leur grand rapprochement et un courant assez fort. On ne doit pas être surpris que la décharge de la plus grande partie de l'électricité s'établisse entre ces deux électrodes et à travers la couche presque gazeuse qui les sépare, sous forme d'arc voltaïque, qui certainement doit recombiner les deux gaz. En ayant une pile de 40 à 5o couples de Grove dont le courant est interrompu au milieu d'un voltamètre et à travers un liquide très-mauvais conducteur, on peut voir facilement, en tenant très-rapprochées les extrémités métalliques dans ce second li- quide, un arc lumineux qui s'y établit en donnant lieu à quelques produits gazeux dus principalement à l'action de la chaleur, tandis qu'une décom- position très-vive a lieu dans le voltamètre » M. Boudin fait hommage à l'Académie d'iai exemplaire de la seconde édition de sa Carte physique et météorologique du Globe terrestre. « Cette carte, dit l'auteur dans la Lettre jointe à son envoi, a pour objet de représenter les principales données météorologiques concernant la distri- bution de la température, des vents, des pluies, des neiges et des orages, à la surface du globe. Pour cette nouvelle édition, j'ai mis à profit un grand nombre de documents récents et notamment des données dont je suis re- devable aux conseils éclairés de M. A. de Humboldt. Ma Carte physique résume, à elle seule, six à huit cartes des atlas de Berghaus et de Johnston, en même temps qu'elle évite plusieurs erreurs échappées à ces savants étrangers. » Occupé de réunir les matériaux d'une troisième édition, je serais heu- reux de pouvoir profiter des remarques que voudrait bien faire l'Académie sur celle que j'ai l'honneur de lui soumettre aujourd'hui. « Une Commission, composée de MM. Élie de Beauraont, Duiiénoy et Du- perrey, est invitée à prendre connaissance de cette Carte et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport à l'Académie. L'AcADÉ.uiE DES Curieux de la Nature adresse, de Breslau, lui exeu>plaire d'un nouveau volume de ses Mémoires (partie première du tome XXIV.) ( 263 ) M. JoBERT(de Latnballe) demande et obtient l'autorisation de reprendre temporairement, pour le faire copier, un Mémoire sur les corps étrangers formés dans les articulations. Mémoire qu'il a lu dans la séance du 5 juin dernier. M. Barreau (Ferdinapd) demande et obtient l'autorisation de reprendre une Note sur le choléra, qu'il avait précédemment présentée, mais qu'il s'est déterminé à soumettre au jugement de l'Académie de Médecine, quand il a appris que le concours pour le legs Bréant, dans lequel sa Note avait éx(- admise à figurer, ne serait pas prochainement l'objet d'un Rapport. M. DE Larue adresse, de Bergerac, une deuxième Lettre relative à son Mémoire sur l'emploi de la compression dans le traitement des tumeurs blanches. Une personne qui a inventé un mécanisme pour Vimpression immédiate des dépêches transmises par le télégraphe électrique, exprime le désir de soumettre son invention au jugement de l'Académie, sans être tenue à faire connaître son nom. Un article du Règlement de l'Académie ne permet pas de renvoyer à l'examen d'une Commission les Notes ou Mémoires dont les auteurs veulent garder l'anonyme. Cette même disposition empêcherait également de nommer des Commis- saires pour une autre Note concernant un moteur destiné à remplacer, pour l'usage des chemins de fer, les locomotives à vapeur. Au reste, même quand l'auteur n'eût pas désiré garder l'anonyme, cette Note n'eût pu être l'objet d'un Rapport, le projet du moteur impliquant l'idée du mouvement perpé- tuel, question que l'Académie ne prend pas en considération. La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu , dans la séance du 24 juillet i854, les ouvrages dont voici les titres : Revue thérapeutique du Midi. Journal des Sciences médicales pratiques; publié par M. le D'' Louis Saurel; tome VII; n" i; i5 juillet i854; in-S". 34. ( 264 ) Novorum aclorum Academiœ Cœsareœ Leopoldino-CaroUnœ naturœ curioso- riiin; voluminis vicesimi quarti pars prior, cum tabulis XXIII. Vratislavise et Bonnœ, i854; in-8°. Notizia... Notice historique des travaux de la Classe des Sciences physiques et mathématiques de l'Académie de Turin pendant Cannée i853; par M. E. Sismonda; in-4°. (Extrait du tome XIV, a* série *des Mémoires de cette Académie. ) Royal astronomical... Société royale astronomique; vol. XIV, n° 7; 19. mai t854; in- 8°. Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. XIV, n° i; 1" juillet i854; in-8°. The mining magazine... Magasin de l'art du mineur , publié par M. W.-J. Tenney; n° 3; juin i854. New-York; broch. in-8<'. Untersuchungen... Recherches sur l'anatomie et l'embryogénie des verté- brés; parM. G. Zaddag; i""* partie. Berlin, i854; in-4°. Monatsbericht. . Comptes rendus des séances de l'Académie royale des Sciences de Prusse; mai i854; in-8''. Astronomische. . . Nouvelles astronomiques; n** 9 1 . Gazette des Hôpitaux civils et militaires ;n°'S5-8']', 18, 20 et 22 juillet i854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie ; n° 4^ ; 21 juillet i854. Gazette médicale de Paris; n° 29; 22 juillet i854- La Lumière, Revue de la photographie ; 4* année; n" 29; 22 juillet i854- L' Athenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science e des Beaux-Arts; 3* année; n° 29; 22 juillet i854. La Presse médicale ; n° 2g; 2 2 juillet i854. L'Ingénieur, Journal scientifique et administratif; 32* livraison; 1 5 juil- let 1854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n°' 85-87 ? 18, 20 et 22 juillet 1854. L'Académie a reçu, dans la séance du 3i juillet i854, les ouvrages dont voici les titres ; Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, 2* semestre 1 854 ; n° 4 ; in-4°. Tableau des Oiseaux de proie ; par S. A. le prince C.-L. Bonaparte; broch. in-8°. (Extrait delà Revue et Magasin de Zoologie; n" 8 ; i854). COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 7 AOUT 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MALACOLOGIE. — Note sur une nouvelle paire de ganglions , obseivée dans le système nerveux des Mollusques acéphales; par M. Moquin- Tandon. « On admet généralement, aujourd'hui, dans le système nerveux des Mollusques acéphales, trois paires de ganglions : les ganglions buccaux ou antérieurs {\), les ganglions branchiaux ou postérieurs (2) et les ganglions pédieux ou inférieurs (3). » J'ai découvert dans les Acéphales fluviatiles une quatrième paire de ganglions. Cette nouvelle paire se trouve sur le trajet des grands nerfs qui unissent les ganglions buccaux aux ganglions postérieurs, dans le voisinage (i) Ganglions cérébraux, Mangili; — Ce/veau, Cuvier ; — Ganglions buccaux ou anté- rieurs, Blainville; — Ganglions cérébroïdes , Milne Edwards; — Ganglions labiaux, Duver- noy ; — Ganglions intestinaux , de quelques auteurs. (2) Citerne du chyle. Poli; — Cerveau, Cuvier ; — Ganglions postérieurs , Desliayes; — Ganglions respirateurs , Garner; — Ganglions branchiaux, de quelques auteurs. (3) Ganglion central, Mangili; — Ganglions moyens, Blainville; — Ganglions locomo- teurs, Garner; — Ganglions abdominaux , Keber ; — Ganglions pédieux, intérieurs, ven- traux , de quelques auteurs. C. R. , 1354, î"»» Semestre. (T.XXXIX, N» 6.1 35 ( 266 ) et un peu en avant des orifices de la glande génitale et de Yorgarie pre- cordial (i). » Je désignerai ces ganglions sous le nom de ganglions médians. » Les ganglions médians sont assez développés dans le Dreissena polj- morpha (2) ; ils paraissent à peine plus petits que les ganglions buccaux. Ils ont environ deux tiers de millimètre de grand diamètre. (Dans la même espèce, les ganglions buccaux présentent trois quarts de millimètre.) Leur forme est irrégulièrement triangulaire. Du côté intérieur, ils fournissent lui petit filet nerveux qui semble contourner l'orifice génital; du côté opposé, ils donnent naissance à un autre nerf, qui se divise bientôt et va se perdre dans le tissu de la glande génitale. » Les Mulettes et les Anodontes possèdent aussi des ganglions médians ; mais ils sont relativement plus petits et très-difficiles à isoler. J'avoue que si je n'avais pas été dirigé, dans mes dissections, par la connaissance de ces organes chez la Dreissène polymorphe, je ne serais jamais arrivé à con- stater leur existence (3). » Dans ces deux derniers genres, leur forme est oblongue; ils sont un peu plus dilatés en avant qu'en arrière, et paraissent légèrement sinueux. Les petits filets qui en naissent se portent aussi, l'un dans le voisinage de l'orifice génital, l'autre dans le tissu même de l'appareil reproducteur. » J'ai observé les ganglions médians dans les Unio margaritifer, pic- torwn, Requienii, tumidus et ater, et dans les Anodonta cygnea, pisci- nalis et anatina. » Je ferai remarquer que les Dreissènes présentent un corps déprimé et que par conséquent les renflements nerveux dont il s'agit se trouvent écartés l'un de l'autre. Dans les Mulettes et les Anodontes , au contraire, le corps est fortement comprimé ; aussi les ganglions médians sont rapprochés, et c'est peut-être à cette circonstance qu'ils doivent leur plus faible volume. » Il existe donc quatre paires de ganglions dans les Acéphales fluviatiles, du moins dans les trois genres qui viennent d'être signalés : » 1°. hes ganglions buccaux j dans le voisinage de la bouche et du muscle adducteur antérieur; (i) Glande de Bojanus ou Kcin , de la plupart des auteurs. ( 2 ) Deux malacologistes très-habiles, MM. Van Beaeden et Cantraine , ont étudié l'anatomie de ce curieux Mollusque et décrit avec soin son système nerveux. Ils ne parlent pas de cette quatrième paire de ganglions. (3) M. Alfred de Saint-Simon , à qui j'avais signalé ces^ renflements nerveax , est parvenu à les disséquer dans une Anodonte. ( ^«7 ) M 2°. Les ganglions branchiaux, dans le voisinage de l'orifice anal et du muscle adducteur postérieur ; » 3°. Les ganglions pédieux, près du pied ( ici on ne trouve aucun orifice) ; » 4"- Les ganglions médians, près des orifices génital et précordial (ici on ne trouve pas d'organe locomoteur). » Il serait important de rechercher, si les ganglions médians n'existent pas dans les autres Acéphales fluviatiles et dans les Acéphales marins (i).» M. Le Verrier lit un Mémoire ayant pour titre : Sur la 'précession des équinoxes, sur la masse de la Lune et sur la masse de la planète Mars. M. Montagne est chargé par l'un des auteurs, M. fV.-P. Schimper, Correspondant à Strasbourg, de faire hommage à l'Académie des fasci- cules LVII-LXI de l'ouvrage intitulé : Bryologia Europœa. Ces cinq nouvelles livraisons renferment les seuls genres Hjpnum et Eurynchium et sont accompagnées de 54 planches in-4''. La dernière livraison, qui com- plétera ce magnifique monument élevé à la famille des Mousses, contiendra le genre Andrœa ainsi que les index de tout l'ouvrage, et paraîtra avant la fin de l'année. MÉMOIRES LUS. CHIRURGIE. — Note sur l'extirpation des tumeurs Jîb reuses profondes^ par la méthode dite de morcellement; par M. Maisonneuve. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.) « L'extirpation des tumeurs fibreuses profondes a toujours été considérée par les chirurgiens comme une des opérations les plus graves et les plus dif- ficiles , lors surtout que ces tumeurs sont arrivées à un volume considérable et qu'elles sont enveloppées de gros troncs vasculaires, de nerfs volumi- neux et d'organes splanchniques importants. J'ai pensé qu'en substituant à la méthode ordinaire d'extirpation la méthode dite de morcellement, il serait possible d'attaquer avec succès des tumeurs considérées jusqu'alors comme au-dessus des ressources de l'art. Plusieurs fois déjà j'en ai fait (i) Il faudrait les chercher d'abord dans les espèces à corps déprimé. 35.. ( 268 ) l'application dans des circonstances où les chirurgiens les plus expérimentés avaient considéré l'opération comme impossible, et, grâce.à cette méthode, j'ai eu le bonheur de voir mes tentatives couronnées d'un plein succès. Ce sont deux observations de ce genre que j'ai l'honneur de soumettre a l'Académie. » Première observation. — Tumeur fibreuse occupant toute la moitié latérale gauche du cou, et fixée directement sur les vertèbres; extirpation par la méthode de morcellement. Guérison. » Cougnet (Flore-Olympe), âgée de frente-cinq ans, s'aperçut, au mois de janvier iSSa, d'une tumeur vers le milieu de la région latérale gauche du cou. Malgré les moyens fondants les plus variés, cette tumeur acquit bientôt un développement qui amena des troubles inquiétants du côté de la respira- tion. Justement effrayée des progrès du mal, elle vint, le 3 mai i854, consulter à Paris les chirurgiens le plus en renom ; tous jugèrent que son affection était au-dessus des ressources de l'art. Après six semaines de séjour à l'hôpital des Cliniques de la Faculté , où elle fit de vaines instances pour être débarrassée de sa tumeur, cette pauvre jeune femme était presque rési- gnée à retourner mourir dans son pays , quand on lui conseilla de venir à l'hôpital Cochin. C'était le iSjuin i854- » Cette tumeur, fixée directement sur les apophyses transverses des troisième et quatrième vertèbres cervicales, occupait toute la moitié latérale gauche du cou. Étendue verticalement depuis l'apophyse mastoïde jusqu'au- dessous de la clavicule et transversalement depuis les apophyses épineuses jusqu'au milieu de la face antérieure du rachis, elle refoulait en avant et à droite le larynx, la trachée et l'œsophage , en dehors l'artère carotide, la veine jugulaire interne etle nerf pneumo-gastrique, ainsi que tous les muscles superficiels et les branches du plexus nerveux cervical. Sa face profonde recouvrait immédiatement le plexus brachial, l'artère sous-clavière, les muscles scalènes, auxquels elle adhérait d'une manière intime. » Son bord inférieur était enchâssé entre la clavicule et la première côte ; son bord supérieur remontait sur les muscles trapèze et sterno-mastoïdien jusqu'à leurs insertions. Son bord antérieur, caché d'abord sous la branche verticale et l'angle de la mâchoire, se prolongeait au devant de la colonne vertébrale jusqu'au delà de la ligne médiane, s'interposant ainsi entre les corps des vertèbres et les organes qui y sont adossés. Enfin , son bord posté- rieur, qui s'était insinué au-dessous des muscles angulaire de l'omoplate, splénius et trapèze, débordait en arrière les apophyses épineuses des six dernières vertèbres cervicales. { 269 ) » Développée seulement depuis trois ans, cette tumeur menaçait déjà la malade d'une mort imminente, et l'extrême difficulté de la respiration pré- sageait une suffocation prochaine. » Dans ces graves circonstances, l'ablation de la tumeur était évidem- ment la seule ressource; mais quelque urgente qu'elle fût, cette opération paraissait entourée de dangers si redoutables, que les chirurgiens les plus éminents avaient reculé devant son exécution. Je m'y décidai néanmoins et je la pratiquai le ao juin i854, en présence d'un nombreux con- cours de' chirurgiens et d'élèves. Pendant toute la durée de cette grave opération qui se prolongea plus de trois quarts d'heure, la malade ne cessa pas un instant d'être soumise au chloroforme : elle n'avait perdu qu'une petite quantité de sang, grâce aux précautions extrêmes prises pour éviter la lésion des gros vaisseaux, et grâce surtout à la méthode de morcelle- ment qui me permit d'extraire la tumeur en détail à travers le réseau des nerfs, des vaisseaux et des muscles. » Après l'extirpation complète, c'était vraiment quelque chose d'effrayant à voir que cette énorme excavation au fond de laquelle existaient, à nu, toute la partie latérale droite des six dernières vertèbres cervicales, la pre- mière côte, les nerfs des plexus brachial et cervical, l'artère sous-clavière, la vertébrale, la carotide, la jugulaire interne, le nerf pneumo-gastrique, le larynx, la trachée, le pharynx et l'œsophage. » Malgré cet énorme délabrement, les tissus, rapprochés par un panse- ment méthodique, s'agglutinèrent avec une rapidité merveilleuse, et aujour- d'hui, moins de six semaines après l'opération, chacun a pu se convaincre en examinant la malade, que j'ai présentée à l'Académie, que la guérison était parfaite ; tous les organes ont repris leur position normale, le bras a conservé toute l'intégrité de ses mouvements et de sa sensibilité, la voix est pure, la déglutition facile, et de cette grave opération la malade ne con- serve plus d'autres traces qu'une cicatrice régulière et sans difformité. » Dimensions de la tumeur : longueur, 14 centimètres; largeur, 12 cen- timètres; épaisseur, 8 centimètres; poids, 47^ grammes. » Seconde observation. — Tumeur fibreuse considérable, développée dans l'épaisseur de la paroi postérieure de l'utérus; extirpation par la méthode de morcellement. Guérison. » Madame X., trente-sept ans, était épuisée par des pertes abondantes, qui l'avaient réduite à un état d'anémie complète. De concert avec M. Récamier, nous constatâmes dans l'épaisseur de la paroi postérieure de l'utérus l'existence d'une tumeur dont le volume nous parut être supérieur ( 270 ) à celui d'une tête d'enfant à terme. Il était impossible de songer à l'extir- pation par les procédés connus : c'est alors que j'eus l'idée d'employer la méthode du morcellement qui eut les résultats les plus avantageux. La tumeur était un corps fibreux pesant 62$ grammes, long de i4 centimètres, large de 1 1 , épais de 9 ; sa forme était à peu près exactement ovoïde, la grosse extrémité était tournée en haut, la face antérieure régulièrement convexe, la postérieure un peu aplatie; elle avait été, pendant l'opéra- tion, divisée en deux parties à peu près égales : l'une, droite, pesan t 325 grammes; l'autre, gauche, pesant 3oo grammes. j» Il y a plus de cinq ans que cette opération a été exécutée, et depuis lors la guérison de madame X. ne s'est pas un instant démentie. » CHIRURGIE. — Mémoire sur les fractures du corps et du col du fémur, traitées à l'aide d'un nouvel appareil; par M. Baudens. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.) « Le 3o juillet i83i, dix mille soldats français, commandés par le gé- géral Berthezène, traversaient les défilés de l'Atlas, harcelés par les Ra- bayls. De nombreux blessés, dont plusieurs atteints de fractures des membres pelviens, encombraient l'ambulance, où il n'y avait pas un seul bandage à fracture. La nécessité, surtout quand elle s'inspire de la noble exaltation et des misères d'un champ de bataille, rend ingénieux. Faire arrêter quelques mulets porteui-s de caisses à biscuits; en distribuer le contenu; du contenant faire des planchettes un peu plus longues que les membres auxquels elles étaient destinées ; garnir ces planchettes de plantes herbacées creusées en gouttières, et y déposer les membres brisés par le plomb; fixera leurs extrémités articulaires des bouts de bandes; réfléchir ceux-ci sur le rebord du plancher faisant poulie de renvoi, et les nouer solidement, après s'être servi de ces lacs pour faire une extension et une contre-extension suffisante; opérer la coaptation en embrassant les iragments à l'aide d'autres liens, en forme d'anses opposées d'action, et fixer ces liens par un nœud au verso du plancher, après avoir été réfléchis sur ses bords latéraux : tout cela fut exécuté en moins de temps que je ne mets à l'écrire. » Ce bandage-expédient contient l'idée mère de nos appareils à fracture. L'idée mère, c'est l'extension, la contre-extension, la coaptation d'une ma- nière permanente. Pour obtenir pleinement ce triple avantage, il fallait des perfectionnements que l'expérience n'a pas tardé à nous suggérer. ( ^71 ) Ainsi, les liens de l'extension, en tirant sur le pied, dirigeaient le talon en arrière, et déterminaient une douloureuse pression qui y aurait occasionné, comme avec la plupart des appareils, une escarre. Pour y remédier, que fallait-il? Soulever le talon. Rien n'était plus aisé. A l'extrémité digitale du plancher a été fixée verticalement, en forme de che- valet, une petite planche percée de plusieurs rangées de trous : les lacs extenseurs, passant dans des trous plus élevés que le pied, le maintiennent soulevé sans beaucoup d'efforts. » Les mêmes reproches s'adressaient aux lacs de la coaptation ; ils refou- laient la jambe, et, avec elle, les fragments contre le plancher. Il fallait soulever les fragments, avoir sur eux action dans tous les sens, aussi bien d'arrière en avant que d'avant en arrière, et latéralement. Nous avons eu recours au même moyen que pour le pied. Des planchettes articulées, en forme de murailles, ont été adaptées aux côtés du plancher. Ces parois, également percées de plusieurs rangées de trous, comme autant de doigts d'attente, réservés aux lacs de la coaptation, complètent l'espèce de boîte à ciel ouvert dont nous nous servons avec tant de succès depuis un grand nombres d'années pour les fractures. Cette boîte, ou caisse, est en chêne, formée par quatre parois : une inférieure, deux latérales, et une terminale, ou digitale. La paroi inférieure, ou plancher, a 24 centi- mètres de largeur sur i™,25 de longueur. Dans sa portion pelvienne, elle est réduite à la largeur de la main, afin d'éviter le siège du malade. Son rebord, libre, doit être échancré pour le passage des lacs de la contre-extension. » Des deux parois latérales, l'externe a la longueur du plancher, et 26 centimètres de hauteur. L'interne a la même hauteur, et 90 centimètres seulement de longueur, parce qu'elle s'arrête à deux travers de doigt du périnée, tandis que la paroi externe arrive à la hauteur de la crête iliaque. La paroi digitale ferme la boîte en bas, représentée par une planchette verticale, haute de a6 centimètres, de la largeur du plancher, articulée avec celui-ci, et fixée, quand elle est relevée, par des crochets aux parois latérales. Ces diverses parois sont percées de trois rangées parallèles de trous, pour donner passage aux liens de l'extension, delà contre-extension, de la coaptation. On garnit le plancher de cette boîte d'un matelas étroit de crin très-souple, et assez épais pour que le membre puisse s'y creuser, par sa face postérieure, une gouttière. Deux ou trois petits coussins, posés en pyramide, sont disposés sous le jarret, afin de fléchir légèrement' l'articulation tibio-fémorale, et d'avoir le bénéfice du double plan incliné- ( 272 ) et de l'extension. Le membre étant placé sur cet appareil, on s'occupe des moyens d'opérer l'extension, la contre-extension, la coaptation. » La contre-extension se fait à l'aide d'un anneau, soit de caoutchouc solide, soit de crin recouvert en peau de daim, engagé jusqu'à la racine du membre fracturé, et assez ouvert pour dégager complètement le grand tro- chanter. On a soin de le faire porter en plein sur le périnée, en le tirant en arrière et en haut par un point de sa circonférence. On remplace ensuite les doigts par une longue corde flexible que l'on fait passer sur l'échan- crure du plancher, et on la ramène au verso de celui-ci pour l'attacher à la paroi digitale de la boîte. On conçoit que plus on tire sur cette corde, plus on donne de puissance à la contre-extension. » Les lacs de V extension, de tissu élastique, s'insèrent de chaque côté du genou et à la plante du pied. On a bien soin d'envelopper le genou et le cou-de-pied d'une épaisse couche protectrice d'ouate. On applique ensuite, depuis les orteils jusqu'au-dessus de la rotule, un bandage inamovible que durcit une épaisse solution de gomme, et sur cette cuirasse on fixe, par quelques tours de bande également gommée, les lacs de l'extension. Ceux du genou comme ceux du pied sont solidement noués à la paroi digitale, après avoir demandé à l'extension une action suffisante. » Reste la coaptation. L'affrontement des fragments obtenus par le chi- rurgien cesserait bientôt, si ses doigts n'étaient remplacés par une puissance équivalente. Cette puissance, ce sont de larges rubans élastiques, repliés en forme d'anses pour embrasser le membre à l'endroit de la fracture dans toutes les directions voulues, d'arrière en avant, d'avant en arrière, à gauche ou à droite, et toujours opposés d'action, afin de se faire équilibre. On les attache ensuite aux trous des parois de la boîte pour les faire fonctionner en permanence. » Ce n'est pas tout. Il fallait immobiliser le bassin, l'empêcher de des- cendre pour éviter le chevauchement du fragment supérieur sur l'inférieur. Pour cela, il a suffi de passer autour des hanches une large serviette pliée en cravate, et d'en fixer les bouts dans un des trous de la paroi externe de notre boîte, qui remonte, nous l'avons dit, jusqu'à la crête iliaque. » Tel est l'exposé succinct de notre appareil. Pour en faire ressortir les avantages, il faudrait le comparer aux autres bandages, ce que ne permet pas une analyse rapide. » Que de fois^ dans le moment où nos doigts, secondés des doigts de nos aides, maintenaient réduite une fracture dont les fragments réagissaient (^73) pour se désunir, n'avons-nous pas dit : Voilà le bandage-perfection! C'est ce bandage-type qui nous a servi de modèle. Pour obtenir la réduc- tion d'une fracture oblique du fémur à la partie moyenne, des aides font la contre-extension sur le bassin, d'autres opèrent l'extension sur le genou, et à la fois sur le pied, tandis que le chirurgien assure la coaptation en agissant sur le siège même de la fracture. » Ici, l'extension et la contre-extension, renforcées au besoin par des lacs, opèrent doucement, graduellement, sans interruption, dans l'axe des os brisés. Toutes les forces mises en jeu, parfaitement harmonisées, ni trop fortes, ni trop faibles, agissent par le contact des doigts dont la pulpe est un coussinet protecteur, et la contractilité une puissance douée d'intelligence. Les fragments dont la position a été attentivement étudiée, sont remis et maintenus en place, souvent avec tant de précision, par le chirurgien chargé de la coaptation, qu'on ne retrouve plus trace de la fracture. Ces doigts, nous les avons remplacés par la triple rangée de trous dont sont percées les parois de notre boîte. Les trous sont là comme autant de doigts pour saisir les lacs de l'extension, de la contre-extension et de la coaptation. Les lacs élastiques empruntent au caoutchouc jusqu'à la pulpe et la contractilité digitales. S'il leur manque la vie, ils ont sur les doigts l'avantage de pouvoir être plus nombreux et de fonctionner sans repos et sans fatigue. » Notre appareil a encore pour principaux avantages : » 1°. D'être applicable à toutes les fractures du corps et du col du fémur ; » 2°. De permettre au chirurgien, pendant toute la durée du traitement, de se passer d'aides ; » 3°. De laisser à la cuisse, presque complètement à découvert, la salu- taire influence de l'air et de la lumière : on peut, de plus, recourir aux topiques, et panser les plaies aussi facilement qu'un simple vésicatoire ; » 4"- De conserver au membre sa conformation normale sans le dé- former, sans l'atrophier, ni retarder la consolidation, comme les appareils à attelles; » 5°. De faciliter le transport des blessés, surtout aux armées; » 6°. D'étendre le cercle de la chirurgie conservatrice, et de prévenir souvent ainsi l'amputation, surtout si l'on fait usage de la glace, que nous ne saurions trop préconiser; » 7°. De pouvoir guérir, sans raccourcissement, les fractures obliques. » On sait que l'absence de raccourcissement, dans les fractures obliques du fémur, est si rare, que là guérison avec raccourcissement est regardée C. R. , i854, a™« Semettre. (T. XXXIX, N» 6.) 36 (274) , par des chirurgiens éminents comme étant la règle. Des faits assez nom- breux de fractures obliques du fémur, consignés en partie dans le Mémoire dont nous faisons l'analyse, nous autorisent à penser qu'à l'aide de notre appareil on pourra dire : Le raccourcissement, c'est l'exception. » ANATOMIE — Note sur les expansions des racines cérébrales du nerf optique et sur leur terminaison dans une région déterminée de l'écorce des hémisphères ; par M. Pierre Gratiolet. (Commissaires, MM. Serres, Flourens, Duvernoy.) « Les anciens anatomistes considéraient le cerveau comme le principe de la moelle épinière et de tous les nerfs. Cette manière de voir n'a point été celle des meilleurs auteurs de notre époque, et dès le xvii" siècle, Th. Bartholin tendait évidemment vers une autre opinion ; mais c'est sur- tout des travaux de Gall que date le succès des idées nouvelles qui ont prédominé depuis dans la science. » Or, comme il arrive presque toujours, en poursuivant une erreur on a dépassé le but, et l'on est tombé dans l'extrémité opposée. Dans la pre- mière hypothèse, le cerveau était l'origine de la moelle épinière ; dans la seconde, la moelle produisit le cerveau comme une sorte d'effervescence et d'épanouissement, et cette moelle devint à son tour le rendez-vous central, ou le point de départ de la plupart des nerfs. De là cette proposition gé- nérale, que tous les nerfs viennent de la moelle allongée ou épinière, et non du cerveau; proposition spécieuse, très-favorable au premier abord à cer- taines hypothèses psychologiques, et que M. de Blainville acceptait au point de désigner dans son système le cerveau et le cervelet sous le nom de ganglions sans appareil extérieur. » Plus récemment, M. le docteur Foville, qui a fait faire un si grand pas à l'étude anatomique du cerveau, s'est en quelques points éloigné de cette manière de voir pour se rapprocher de celle d'Ackermann. Ackermanii affirmait que les nerfs crâniens ont une double racine ; par l'une de ces racines ils se rattachent au cerveau, par l'autre à la moelle épinière. La doctrine de M. Foville ne paraît point s'éloigner de celle-ci. Inspiré par les idées nouvelles de Walker et de Charles Bell, il poursuivit au loin dans l'encéphale les prolongements des faisceaux moteurs ou sensitifs de la moelle épinière, et c'est au système de ces derniers faisceaux qu'il rattache les origines de tous les nerfs qui passent par les trous de conjugaison du crâne. Mais il admet en outre une racine cérébelleuse pour le nerf de l'au- dition, et certaines racines cérébrales tant pour le nerf optique que pour le lobe olfactif qu'il considère, à tort selon nous, comme un véritable nerf. » Cette nouvelle manière de voir, plus rapprochée de celle des anciens, et, par conséquent, moins exclusive, nous paraît dans le sens d'un véritable progrès. Remarquons, toutefois, que l'existence des racines cérébelleuses que M. Foville attribue au nerf auditif, est loin d'être un fait démontré. Les racines cérébrales qu'il assigne au nerf optique sont bien réduites et douteuses. Il parle, en effet, d'une petite membrane nerveuse émanée du tractus optique, au niveau du crochet de la tubérosité temporale de la circonvolution de l'ourlet. Mais la relation de cette membrane avec les bandelettes optiques n'est point certaine, en sorte que, en laissant de côté les prétendus nerfs olfactifs, les faits connus ne détruisent pas victorieuse- ment l'opinion de ceux qui soutiennent qu'aucun nerf n'a de relations immédiates avec les hémisphères cérébraux. » Aussi celte opinion est-elle encore celle de quelques bons esprits. Cependant elle ne serait pas, à priori du moins, à l'abri de toute objection. Il y a en effet entre la sensation et l'intelligence un rapport nécessaire, et comme toutes nos idées, celles surtout qui ont été désignées par Wolff sous le nom à'ideœ materiales, supposent, en un certain degré, la faculté de sentir, il est assez difficile de concevoir comment il pourrait y avoir entre l'organe matériel de la pensée et les appareils extérieurs de la sensation une séparation tranchée. Loin de là, il semble qu'il y ait entre ces choses une liaison intime, et les expériences de M. Flourens ont si rigoureusement démontré que l'énergie des sensations et leur intégrité sont liées à l'inté- grité des hémisphères cérébraux^ qu'il paraît impossible de ne point admettre entre le cerveau et les organes des sens supérieurs un rapport immédiat, bien que la difficulté des recherches anatomiques ait jusqu'à présent empêché de déterminer par quelle voie ce rapport nécessaire est établi. » C'est dans cette conviction qu'à l'occasion d'un long travail que je poursuis et qui doit faire suite à l'ouvrage de feu M. Leuret sur l'anatomie comparée du cerveau, j'ai cru devoir revenir avec soin sur les origines des principaux nerfs crâniens. L'excessive délicatesse de ces recherches ne m'a point encore permis de résoudre le problème dans toute son étendue. Toutefois mes efforts, ainsi qu'on va le voir, n'ont pas été absolument stériles, du moins à l'égard du nerf optique qui fait le sujet principal de cette Note. 36.. ( 276 ) » On donne aux racines du nerf optique deux sources principales : les unes proviennent des tubercules quadrijumeaux antérieurs, les autres de l'écorce blanche des couches optiques. » Cette deuxième racine est, dans les Mammifères, la plus importante, et peut être considérée comme un prolongement direct des bandelettes opti- ques. On la voit très-nettement s'enrouler autour du noyau de la couche optique, et se prolonger dans ce sens jusqu'à l'extrémité antérieure de la ligne qui sépare la couche optique du corps strié en suivant le bord du centrum semicirculare de Vieussens. » Jusqu'ici les faits étaient connus, mais on n'a point parlé des rayons fibreux dont cette bande enroulée est le point de départ, et dont la dispo- sition dans l'intérieur de l'hémisphère est à coup sûr l'un des faits les phis intéressants que puisse nous découvrir l'anatomie du cerveau. » Ces rayons se détachent successivement du bord externe de la bande- lette enroulée, à partir du renflement connu sous le nom de corpus genicu- Idtum externum. Il y a en ce point un amas assez apparent de substance grise où ces fibres paraissent se multiplier beaucoup : quoi qu'il en soit, elles s'épanouissent, leui"s pinceaux se dilatent et rayonnent en un large éventail qui s'étale en dehors de la corne postérieure du ventricule latéral, et vient s'unir par son limbe aux couches corticales de l'hémisphère dans toute la longueur de son bord supérieur, depuis l'extrémité supérieure du lobe occi- pital jusqu'au sommet du lobe pariétal. » Jusque-là, ce rayonnement fibreux s'épanouit de la manière la plus évi- dente ; mais déjà, vers les divisions antérieures de l'éventail, on aperçoit entre elles de petits intervalles dans lesquels s'engagent des fibres qui, nées en dehors de ce plan du nerf optique, le traversent pour se porter dans le corps calleux, au coté opposé du cerveau. » D'abord ces fibres sont fort grêles, fort rares, et laissent dominer les fibres de l'expansion du nerf optique, en sorte qu'on peut suivre encore celles-ci avec la plus grande précision ; mais plus on s'avance, plus les faisceaux radiculaires du corps calleux s'épaississent : ils augmentent de plus en plus, et il faut user de précautions toujours croissantes, pour suivre dans leurs intervalles les racines grêles et infiniment délicates du nerf optique ; enfin, vers les parties antérieures du cerveau, cette recherche devient par degrés absolument impossible. Toutefois, en passant des choses évidentes à celles qui le sont moins, on arrive à cette présomption, que, de toute l'éten- due du bord externe de la lame qui s'enroule autour de lar couche optique, naissent des fibres cérébrales ; que ces fibres passent entre celles du corps ( 277 ) calleux, et vont successivement se terminer dans toute la longueur du bord supérieur de l'hémisphère. Mais cette vaste expansion ne peut être nettement démontrée que vers les parties de ce bord qui sont en arrière du corps cal- leux : aussi, dans les animaux quadrupèdes où ces parties le dépassent à peine, est-elle fort difficile à démontrer. Elle existe néanmoins, mais extrê- mement réduite, ainsi que j'ai pu m'en convaincre par une dissection fort attentive de cerveaux de chiens, de chats et de moutons (i). » Voici, je crois, le premier exemple bien avéré de la terminaison d'un nerf non-.seulement dans le centrum ovale de Vieussens, mais dans une région déterminée de l'écorce du cerveau. Si maintenant nous rappelons que cette longue bande de circonvolutions où le nerf optique se termine, prédomine dans le cerveau humain qu'elle caractérise par son développe- ment excessif, nous ne pourrons nous empêcher de soupçonner ici un rapport de la plus haute importance, et nous dirons avec Willis, mais avec plus de raison : Hinc ratio patet.... cur inter visionem et imaginationem communicatio cidssima habetur. » Un semblable rapport existe-t-il entre le cerveau et le nerf acousti- que? Cette question est en ce moment l'objet de mon attention la plus assidue; mais la marche des fibres est soumise à un grand nombre de déviations au milieu des entre-croisements multipliés des fibres médullaires dans le cerveau, que je n'ose encore espérer de la résoudre avec une cer- titude suffisante. Heureusement qu'en anatomie comparée, la démonstra- tion d'une proposition fondamentale relative à quelques termes d'ime série particulière de faits, rend très-probable l'application de cette pro- position à tous les termes de cette série. Mais le respect que j'ai pour l'Académie m'impose le devoir de ne l'entretenir ici que de faits qui m'ont paru suffisamment établis, et dont je suis en mesure de donner une démons- tration. » Dans un prochain Mémoire, j'aurai peut-être l'occasion de donner plus de développement à ces idées, en présentant à l'Académie le résultat (i) Remarquons que chez ces derniers animaux , les fibres qui vont directement au cer- veau sont presque nulles; elles sont bien plus nombreuses dans les animaux carnassiers. Cependant le nerf optique est très-volumineux chez la plupart des Ruminants, et en pro- portion avec le volume, en général, très-considérable de l'œil. Ainsi, il n'y a aucune rela- tion à établir entre le développement de l'œil et celui des racines cérébrales du nerf optique , et peut-être celles-ci se développent-elles en raison de la quantité d'intelligence que l'animaJ: ai reçue de la nature. ( ^78 ) de mes observations sur la loi d'arrangement des plans fibreux de différents ordres qui entrent dans la composition de l'hémisphère cérébral. » M. Adolphe Schlagintweit, de Berlin, présente, au nom de son frère Hennann et au sien, deux reliefs du Mont-Rose et d'une partie des Alpes bavaroises, avec des épreuves de cartes photographiques prises sur ces reliefs ; il met également sous les yeux de l'Académie l'Atlas des cartes et planches accompagnant leur ouvrage intitulé : Nouvelles recherches sur ta géographie physique et sur la géologie des Alpes ; i85/|. « La nouvelle publication de MM. Schlagintweit se rattache à leurs premières « Recherches sur les Alpes », publiées en i85o. Tandis que ce premier ouvrage traite principalement des Alpes orientales, de la Carinthie et du Tyrol, ils se sont attachés, dans celui qu'ils viennent de faire paraître, à étendre leurs recherches aux Alpes occidentales, de la Suisse, de la Savoie et du Piémont. Ils ont donné des cartes topographiques et géologiques et des coupes du Mont-Rose et de plusieurs autres groupes de ces Alpes, et y ont ajouté une série de vues pittoresques dessinées par eux d'après nature, pour représenter plus clairement les caractères de la structure et des formes extérieures des différents groupes de montagnes. » A la fin de leur ouvrage, les auteurs ont tâché de réunir les princi- pales données numériques sur la climatologie des Alpes et de faire voir, sur un tableau physique général des Alpes, l'élévation des points culminants des différents groupes orographiques dans lesquels les Alpes peuvent être divisées, ainsi que les variations des lignes isothermes de la limite infé- rieure des neiges et des lignes indiquant les limites supérieures des prin- cipaux végétaux dans les différentes parties de cette vaste chaîne de mon- tagnes. » En parlant des données topographiques et hypsométriques contenues dans leur ouvrage, et en prenant pour base leurs cartes des affleurements des surfaces horizontales équidistantes ( PL I et XIX de l'Atlas ) , les auteurs ont construit des reliefs de deux groupes caractéristiques des Alpes, savoir : du groupe du Mont-Rose, en Savoie, composé de gneiss et de schistes cristallins, et des environs de la Zugspitze et du Wetterstein, dans les Alpes bavaroises, qui peut bien servir à représenter les caractères orogra- phiquesdes formations secondaires calcaires et marneuses qui constituent le flanc septentrional des Alpes. M. Schlagintweit fait remarquer que la particularité qui distingue ces reliefs de la plupart de ceux qui ont été faits jusqu'ici, c'est que les hauteurs ne sont nullement exagérées, mais que ( 279 ^ l'échelle est absolument la même pour les dimensions horizontales et ver- ticales, de sorte que les pentes des cimes et les inclinaisons des mon- tagnes qui encaissent les vallées ont pu conserver les mêmes angles que dans la nature. Ces angles ont été vérifiés et comparés aux mesures directes des inclinaisons de différentes pentes qui sont réunies dans un chapitre spécial de leur ouvrage. M. A Schlagintweit a eu l'occasion de confirmer pleinement les résultats obtenus d'abord par M. Élie de Beaumont, qui a montré le premier l'importance géologique de mesures exactes pour ces différentes inclinaisons. » M. Schlagintweit a encore soumis à l'Académie des épreuves de cartes photographiques prises sur les reliefs ainsi exécutés. En faisant tomber la lumière sous un angle de 4o à 5o degrés du nord-ouest sur les modèles qui se trouvaient dans une position verticale, les auteurs ont obtenu par la voie j)hotographique des cartes, représentant tous les détails des reliefs et ressemblant à des cartes gravées sur acier dans la manière dite noire ou mordante. « M. Adolphe Schlagintweit ajoute, en terminant sa communication, que son frère Hermann et lui ont eu l'honneur d'être chargés, sur la recom- mandation de M. de Humboldt, d'une mission scientifique aux Indes et dans l'Himalaya. Dans cette mission, entreprise sous les auspices de S. M. le roi de Prusse et de la Compagnie anglaise des Indes orientales, ils seront accompagnés de leur frère cadet, Robert, avec lequel ils vont s'embarquer pour Bombay le mois prochain. MM. Schlagintweit espèrent que l'Aca- démie voudra bien leur faire l'honneur d'accueillir de temps en temps un résumé de quelques résultats de leurs recherches scientifiques aux Indes, qui devront se continuer pendant trois à quatre ans. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE. — Nouvelle théorie des tuyaux sonores; par M. Quet. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Liouville, Chasles.) « Avant Daniel BernouUi, pour expliquer les phénomènes très-variés des instruments à vent, on n'avait qu'une vague comparaison due à Galilée et une expérience de Sauveur, expérience si belle, que Newton crut devoir l'immortaliser. Bernoulli, le premier, dévoila la cause de la multitude de sons que l'on peut tirer d'un même tuyau. Il eut, en effet, l'heureuse idée ( 28o ) de regarder la colonne aérienne comme capable de se subdiviser en conca- mérations plus ou moins nombreuses, et il vérifia par expérience cette con- ception fondamentale. Il esquissa, en outre, une théorie mathématique des phénomènes ; mais cette théorie , même avec les perfectionnements qu'elle a reçus d'Euler et surtout de Lagrange, n'embrasse pas tous les faits connus et se trouve très-incomplète. » En se plaçant à un point de vue nouveau, Poisson, qui avait à un si haut degré l'instinct de la physique mathématique, donna une nouvelle ex- tension à la théorie des tuyaux sonores. Son travail est resté comme la der- nière expression du progrès dans ce genre de recherches très-délicates, et aujourd'hui encore il est invoqué par les physiciens. « Après les brillants travaux des physiciens géomètres que j'ai cités, il y a peut-être quelque témérité à se hasarder dans la carrière; aussi ai-je longtemps hésité. Pourtant la théorie de Poisson ne me paraît pas exempte de graves difficultés dans ses principes et ses conséquences; je demande donc à l'Académie la permission de lui présenter le peu que j'ai fait , en sollicitant toutefois son indulgence. » D'après la théorie de Poisson , le pouvoir résonnant d'un tuyau ouvert doit avoir sa moindre valeur pour les ondes dont la longueur est égale à deux fois la longueur du tuyau ou à une partie aliquote quelconque de cette quantité, c'est-à-dire pour les sons de la série normale des tuyaux ouverts. Cette puissance doit augmenter de plus en plus à mesure que l'on s'éloigne de cette série et atteindre son maximum, lorsque les ondes ont une longueur égale à quatre fois celle du tuyau ou à une partie aliquote impaire de cette quantité , c'est-à-dire pour les sons de la série normale des bour- dons. » L'expérience ne confirme pas ces résultats théoriques. En effet, les tuyaux ouverts résonnent très-bien lorsqu'on leur fait produire les sons de leur série normale ou ceux qui les avoisinent ; ils résonnent médiocrement ou pas du tout pour les sons de la série normale des bourdons. Par des artificps particuliers, on peut, il est vrai, obtenir cette dernière série ; mais alors, par l'effet même de ces artifices, les tuyaux cessent d'être des tuyaux ouverts, et ne sont plus, à proprement parler, que des bourdons renversés. « Poisson s'est probablement préoccupé de cette difficulté assez grave que présente sa théorie, car il semble avoir cherché à y échapper par cette re- marqué : « Dans les calculs, la vitesse de chaque tranche aérienne est sup- » posée très-petite : si l'expression finale de cette vitesse devient infinie pour » la série normale des bourdons, on a là une contradiction algébrique qui ( ^8' ) » désigne l'impossibilité des sons de cette série. « Si l'on admettait ce mode d'interprétation, il resterait toujours une grande difficulté, caries formules montrent qu'en s'approchant de plus en plus de la série normale des bour- dons, on rend les tuyaux ouverts de plus en plus sonores, et cela n'est pas conforme à l'expérience. Mais il est aisé de voir que la difficulté n'est pas seulement partielle, qu'elle reste tout entière; les formules auxquelles Pois- son applique son mode d'argumentation ne sont pas celles que lui fournit immédiatement la théorie: elles se déduisent de ces dernières par approxi- mation. Si, au lieu des formules tronquées, on prend les équations com- plètes, on trouve alors que la remarque de Poisson n'est plus applicable , car, dans ces équations, la vitesse ne devient pas infinie pour les sons de la série normale des bourdons et prend une valeur maximum finie de l'ordre de petitesse que Poisson regarde comme nécessaire. » Ces contradictions entre la théorie et l'expérience, contradictions qui se retrouvent tout naturellement dans le jeu des bourdons, doivent tenir aux principes mêmes de la théorie. J'ai examiné en détail ces principes et j'ai fait voir dans mon Mémoire ceux qui me paraissent douteux. De cette ma- nière j'ai été conduit à faire une nouvelle théorie qui me paraît acceptable et dont je vais maintenant indiquer les principaux résultats. Mais auparavant je ferai remarquer qu'il ne s'agit pas ici d'une théorie des tuyaux considérés avec les embouchures qu'on leur adapte ordinairement : le sujet serait trop difficile; jusqu'ici personne n'a osé pénétrer dans de pareilles obscurités. Dans mes recherches , la tranche d'air à l'orifice est supposée recevoir des impulsions continuelles qui satisfont aux conditions de symétrie exigées par toutes les théories mathématiques des tuyaux sonores. Ce qui va suivre se rapporte aux tuyaux ouverts par les deux bouts. » Dans tous les tuyaux l'air peut vibrer sous l'influence d'un son donné ; mais il y a des longueurs pour lesquelles les vibrations sont très-faibles et d'autres qui correspondent à des vibrations relativement très-énergiques. La sonorité des tuyaux est la plus grande possible lorsque leurs longueurs sont des multiples quelconques de la demi-longueur d'onde ; elle est encore très-grande lorsque les longueurs sont voisines de ces multiples, mais elle décroît à mesure qu'on s'en éloigne, devient bientôt faible, puis très-faible, et elle est à son minimum lorsque les longueurs des tuyaux sont les multiples impairs d'un quart d'ondulation. Ces lois rappellent celles des anneaux transmis de Newton ; ces anneaux donnent en effet une image assez juste de ce qui est relatif aux tuyaux sonores : je m'en suis assuré ; en C.R., .854,3"i« S6.) 'i'] ( 282 ) tenant compte de toutes les réflexions que subit la lumière dans une lame mince, j'ai retrouvé des formules tout à fait semblables à celles qui repré- sentent le pouvoir résonnant des tuyaux. La théorie de Bernoulli n'admet pas toutes les variétés que je viens -d'indiquer; d'après elle, les tuyaux ces- seraient d'être complètement muets , alors seulement que leurs longueurs seraient des multiples exacts d'une demi-ondulation. L'expérience montre que des conditions aussi rigoureuses ne sont pas nécessaires. Au reste, la théorie de Bernoulli correspond à ce qui aurait lieu pour les anneaux colo- rés, si l'on voulait que les anneaux brillants fussent réduits aux minces cercles des maxima d'intensité. » Les noeuds, au lieu d'être immobiles comme le suppose Bernoulli, sont caractérisés seulement par un minimum de vitesse ; les ventres, con- trairement aux idées de Bernoulli , éprouvent des variations de condensa- tion ; seulement la condensation y est constamment minimum. » Quel que soit le son produit, les nœuds sont toujours équidistants entre eux et leur distance est égale à une demi-ondulation. T^es ventres sont placés à égale distance des nœuds ; il y a toujours un ventre à l'extré- mité du tuyau opposée à l'orifice, el la distance de ce ventre au premier nœud est égale à un quart d'ondulation. Contrairement aux idées de Ber- noulli, les nœuds et les ventres ne sont pas en général symétriquement placés par rapport au milieu du tuyau. Cela n'arrive que lorsque le son produit appartient à la série normale des tuyaux ouverts. Si, en partant d'un son quelconque de cette série, on augmente la quantité du son, la demi- concamération du second bout du tuyau s'allonge, tandis que la distance de l'orifice au premier nœud diminue et devient plus petite qu'une demi- concamération. L'orifice n'est plus alors, à proprement parler, un ventre de vibration. A mesure que la quantité du son augmente, la distance de l'ori- fice au premier nœud diminue toujours et finit par être nulle, lorsque le son entre dans la série normale des bourdons; alors l'orifice est un nœud et le tuyau résonne à peine. Si la quantité du son augmente encore, la distance de l'orifice au premier ventre devient plus petite qu'un quart d'ondulation, elle diminue de plus en plus jusqu'à devenir nulle; alors le produit appartient à la série normale des tuyaux ouverts ; l'orifice redevient tm ventre et tous les nœuds et tous les ventres sont de nouveau symétri- quement placés par rapport au milieu du tuyau. )> J'ai donné dans mon Mémoire les formules et, par suite, les lois qui se rapportent aux bourdons ordinaires et axrx bourdons renversés. » ( a83 ) PHYSIQUE. — De l' électricité i^ui se proiluit dans Vévaporation de l'eau salée, (lixtrait d'une Lettre adressée, de Freyberg, par M. ft«icH, à l'occasion d'une communication récente de M- Gaugain. ) « ... Les expériences de M. Gaugain l'ont conduit à un résultat qui s'était présenté à moi par suite d'expériences assez semblables, savoir, que l'élec- tricité développée par l'évaporation de l'eau salée n'est que l'effet du frotte- ment des globules d'eau projetés contre les parois du creuset. J'ai publié ces expériences dans un petit Mémoire présenté à la Société des Sciences de Leipzig dans l'année 1 8/|6, et j'ose me flatter que l'Académie daignera en accepter l'exemplaire ci-joint pour l'usage de la Commission nommée pour la Note de M. Gaugain. » M. Riess, à Berlin, a constaté la même chose, (/^o/r la Note insérée dans les Annales de Physique de Poggendorff, tome LXIX, page i6i.) » Cette Note est renvoyée à l'examen de la Commission chargée de prendre connaissance de deux Notes de M. Gaugain, relatives à cette question. Commission composée de MM. Becquerel, Pouillet, Regnault, Despretz. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur une formule de M. Jnger ; par M. BouRGET. (Commissaires, MM. Cauchy, Liouville, Le Verrier.) « Dans un Mémoire présenté à l'Académie, le i" mai i854, j'ai donné, dit M. Bourget, une méthode nouvelle et simple pour le développement des coordonnées d'une planète. J'ai dit que cette méthode s'appliquait sans difficulté au développement de la fonction I* de M. Bessel. Je montre dans la Note que j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie, comment cette méthode conduit en effet rapidement à la formule de M. Anger, dont M. Cauchy a donné une démonstration si élégante dans la séance du 17 juillet. » MÉDECINE. — Etudes sur le pus ; par M. Bergeret. (Commissaires, MM. Andral, de Quatrefages, Montagne.) L'auteur, en terminant son Mémoire, résume dans les termes suivants le résultat de ses observations. = Semestre. (T. XXXIX, K» 7.) 4o ( 3o2 ) » Une conséquence immédiate du principe que je viens d'énoncer est la suivante : » Lorsque lesjluides élastiques , de nature diverse , produisent des quan- tités égales de travail, ils doivent perdre des quantités égales de chaleur. » Pour soumettre à une vérification expérimentale cette loi déduite du principe général, il faut connaître : i°la quantité totale de chaleur que renferment les divers fluides élastiques à un état déterminé de température et de pression ; a" les relations qui lient la température et la pression pour une même masse de ces divers fluides. La connaissance de ces éléments est surtout importante pour les vapeurs facilement condensables, qui sont, encore aujourd'hui, les seuls fluides élastiques employés dans les machines. » Dans mes précédents Mémoires , qui composent le tome XXI des Mémoires de l'yicadémie des Sciences , j'ai publié les résultats de mes expé- riences sur les forces élastiques de la vapeur aqueuse à saturation aux diverses températures, et sur les quantités totales de chaleur que cette vapeur à saturation présente sous les différentes pressions. Dans des Mé- moires présentés depuis à l'Académie et qui seront prochainement publiés en entier dans ses Mémoires, j'ai donné les capacités calorifiques sous pression constante d'un grand nombre de gaz permanents et de vapenrs suréchaiif- fées, ainsi que les changements calorifiques que les fluides élastiques per- manents subissent pendant leur détente effectuée dans des conditions déter- minées. » Aujourd'hui je me propose d'entretenir l'Académie des expériences que j'ai faites sur les forces élastiques aux diverses températures des vapeurs à saturation, autres que l'eau. J'y joindrai les résultats d'expériences nom- breuses que j'ai faites pour étudier le phénomène de la vaporisation dans le vide et dans les gaz, phénomène sur lequel la science ne possède encore que des notions vagues, déduites d'un très-petit nombre d'expériences fort incertaines elles-mêmes. w Bien que la plupart de ces travaux aient été exécutés de i843 à i85o, mon projet était d'en différer encore la publication, dans l'espoir de pou- voir les compléter. Mais aujourd'hui plusieurs physiciens s'occupant du même sujet, je suis forcé de donner au moins un exposé succinct des résul- tats auxquels je suis arrivé jusqu'à ce jour. » Je diviserai cette Note en cinq parties : » La première renfermera les résultats que j'ai obtenus sur les forces élastiques des vapeurs à saturation fournies par un certain nombre de liquides, choisis parmi ceux qu'il est le plus facile d'obtenir à l'état de ( 3o3 ) pureté, en grande quantité, et à un prix qui n'en exclut pas, à priori, l'em- ploi dans les machines. » Dans la seconde partie, je m'occuperai des forces élastiques des disso- lutions salines, et de l'application qu'on peut en faire à l'étude de divers phénomènes de physique et de chimie moléculaire. » Dans la troisième, j'étudierai les phénomènes de la vaporisation des liquides dans les gaz. » La quatrième renfermera les résultats de mes expériences sur les forces élastiques des vapeurs qui sont fournies, dans le vide, par les liquides vola- tils, dissous ou superposés. » Enfin, dans la cinquième je donne le résultat des expériences que j'ai faites pour décider si la tension qu'une vapeur prend dans le vide est dépen- dante, ou non, de l'état solide ou liquide du corps qui la fournit. Premièke partie. — Forces élastiques des vapeurs à saturation dans le vide. » Je ne m'arrêterai pas à décrire les procédés que j'ai employés pour déterminer les forces élastiques des vapeurs saturées dans le vide. Ces procédés sont semblables à ceux que j'ai appliqués à la vapeur d'eau, et qui sont décrits en détail dans le tome XXI des Mémoires de l'Académie. » Les limites que je suis obligé de m'assigner pour cette Note ne me permettent pas, non plus, de donner les résultats immédiats de mes déter- minations, qui sont très- nombreuses. Je mets sous les yeux de l'Académie une planche qui renferme les courbes que j'ai construites sur l'ensemble de mes expériences. Je me bornerai à imprimer les forces élastiques, de lo en I o degrés, pour les liquides suivants, que j'ai étudiés entre les limites les plus étendues. Ce sont l'alcool , l'éther, le sulfure de carbone , le chloroforme et l'essence de térébenthine. 4o. ( 3o4 ) 1 1 CHLOROFORME 1 TENSIONS de la vapeur d'alcool TENSIONS de la vapeur d'éther SULFURE DE CARBONE. par la tension dans le vide. ESSENCE de térébenthine. 0 mm 0 mm 0 mm 0 mm 0 mm — 21 3, 12 — 20 69,2 - 16 58,8 H- 10 i3o,4 0 2,1 — 20 3,34 — 10 Il3,2 — 10 79.0 ao 190,2 10 2,3 — lO 6,5o 0 182,3 0 127,3 3o 276,1 20 4,3 0 12,73 10 286,5 10 '99'3 36 342,2 3o 7.0 lO 20 24,08 44,0 20 3o 434,8 637,0 20 3o 298,2 434,6 40 5o II ,2 17,2 3o 78,4 40 913,6 40 617,5 Par la méthode 60 26,9 4o i34,io 5o 1268,0 5o 852,7 d'ébullltion. 70 4'. 9 5o 220,3 ÔD 1730,3 60 1162,6 ' ~-^-- - ^-- -v. 80 61 ,2 6o 35o,o 70 2309,5 70 •549,0 36 3i3,4 9" 9'»o 70 539 , 2 80 2947 > 2 80 2o3o,5 40 364,0 100 134,9 80 812,8 90 3899,0 90 2623,1 5o 524,3 110 187,3 90 1190,4 100 4920,4 100 3321 ,3 60 738,0 120 257,0 100 i685,o 1 10 6249,0 1 10 4i36,3 70 976,2 i3o 347,0 1 10 235i,8 .i6 7076,2 120 5i2i ,6 80 1367,8 .40 462,3 120 3207,8 u u i3o 6260,6 90 i8n,5 i5o 604,5 i3o 4331 ,2 » » i36 7029,2 100 2354,6 160 777'2 i4o 5637,7 » » U U 1 10 3o2o,4 170 989,0 i5o 7257,8 » » » • 120 38i8,o 180 1225, 0 l52 7617,3 n 0 » » i3o 4721,0 190 i5i4,7 » u » » u » » » 200 i865,6 » • » ,i 1) » » » u 210 225 1 ,2 » » 0 » » » a » 220 2690 , 3 " n u U » u » u 222 2778,5 » Ces résultats ont été obtenus, soit par la détermination des forces élastiques dans le vide, soit par la mesure de la température que présente la vapeur du liquide en ébuUition sous la pression d'une atmosphère artifi- cielle. La première méthode a été suivie pour les basses températures; la seconde a été exclusivement employée dans les températures élevées. Dans tous les cas, on s'est arrangé de manière que les courbes des forces élasti- ques données par les deux méthodes présentassent une partie commune , d'après laquelle on pût juger de leur coïncidence. J'ai déjà fait voir, dans mon Mémoire sur les forces élastiques de la vapeur aqueuse, que cette coïnci- dence était parfaite pour l'eau, les deux méthodes donnant des résultatsparfai- tement identiques. J'ai reconnu qu'il en était de même pour les autres liquides volatils, pourvu qu'ils soient à l'état de pureté parfaite. Lorsqu'un liquide ( 3o5 ) renferme une portion, même extrêmement petite, d'une autre substance vo- latile, les deux méthodes donnent des valeurs différentes pour la force élastique de sa vapeur à la même température. De sorte que l'on a là un moyen extrêmement délicat pour juger de l'homogénéité d'une substance volatile. » Il est facile d'obtenir le sulfure de carbone à l'état de pureté. Il n'en est pas de même de l'alcool et de l'éther. Quant au chloroforme, quelque soin que l'on mette à sa préparation, il renferme toujours plusieurs sub- stances mélangées, qu'il est impossible de séparer par des distillations frac- tionnées, même quand on opère sur de grandes masses. On obtient des forces élastiques de vapeur différentes, et des densités sensiblement variables, sui- vant que l'on opère sur les premiers ou les derniers produits de la distilla- tion. Aussi le chloroforme m'a-t-il donné constamment des valeurs diffé- rentes pour sa force élastique à une même température, suivant qu'on la déterminait par l'une ou l'autre méthode. Cette circonstance est facile à re- connaître dans le tableau précédent, où je n'ai inscrit qu'une seule des séries d'expériences que j'ai faites sur le chloroforme. » Certains liquides modifient leur constitution moléculaire, lorsqu'on les fait bouillir longtemps sous des pressions élevées. Il arrive alors souvent qu'à la fin de la série des expériences on ne retrouve plus, pour le liquide, la même température d'ébullition sous la pression ordinaire de l'atmo- sphère, qu'au commencement. L'essence de térébenthine en offre un exem- ple remarquable. Ainsi, une quantité considérable d'essence (de 3o à 4o litres) ayant été soumise à l'ébullition pendant plusieurs heures, sous une pression de 7 à 8 atmosphères, s'est transformée à peu près complète- ment en une matière liquide qui bouillait au-dessus de aSo degrés sous la pression ordinaire de l'atmosphère. J'avais mis de côté ce liquide modifié pour en déterminer la nature, mais il a été jeté depuis par mégarde. » D'autres liquides paraissent même subir des modifications moléculaires, rendues sensibles par leurs tensions de vapeur, quand on les abandonne longtemps à eux-mêmes dans des tubes hermétiquement fermés. L'éther m'en a présenté un exemple curieux. J'y reviendrai dans une autre circon- stance. » Je ferai remarquer, en terminant, que la méthode de l'ébullition dans des atmosphères artificielles, les thermomètres étant plongés dans la vapeur, donne nécessairement des résultats exacts pour les liquides homogènes, quand la pression réelle est exactement mesurée ; car c'est par cette méthode que l'on fixe le point 100 des thermomètres. Mais, lorsqu'il s'agit de dissolutions de substances fixes dans des liquides volatils, ou d'un mélange de plusieurs ( 3o6 ) substances inégalement volatiles, la tension de la vapeur peut être très-dif- férente, suivant qu'on la mesure a l'état statique^ si je puis m'exprimer ainsi, la vapeur et le liquide volatil étant plongés tous deux dans un milieu à température invariable; ou qu'on la détermine dans lui état dynamique, ou sous l'influence d'un flux de chaleur qui traverse l'appareil, le liquide recevant la chaleur qui produit la vaporisation, tandis que la vapeur est soumise à des causes de refroidissement qui en déterminent la condensa- tion partielle. Les bornes que je suis obligé de m'imposer dans cet extrait ne me permettent pas de développer davantage ces considérations. Deuxième partie. — Sur les températures d'ébuUition des dissolutions salines. » Tout le monde sait que les dissolutions salines exigent, pour bouillir^ une température plus élevée que l'eau pure, sous la même pression. Pour un même sel, l'excès de température est d'autant plus grand que la propor- tion de la matière dissoute est plus considérable. Toutes les substances solu- bles n'ont pas, au même degré, la faculté de retarder la température d'ébuUition de l'eau dans laquelle elles sont dissoutes, à poids égaux. Cette faculté ne dépend pas seulement de leur solubilité, elle paraît résulter principalement d'une affinité spéciale de la substance pour l'eau. n Rudberg a fait l'observation très-curieuse, que lorsque des dissolutions salines, concentrées, sont maintenues en ébuUition à des températures très-supérieures à loo degrés sous la pression ordinaire de l'atmosphère, les vapeurs qu'elles émettent n'ont cependant que la température qu'elles présenteraient si elles se dégageaient de l'eau pure en ébullition sous la même pression. Rudberg a fait un grand nombre d'expériences sur les dissolutions les plus variées, et avec des instruments très-précis. Les ré- sultats qu'il a obtenus ne peuvent pas être contestés, La conclusion que cet habile physicien en a tirée est la suivante : Quelle que soit la température qu'une dissolution doit prendre pour entrer en ébullition, la vapeur ne pré- sente jamais que la température qu'elle aurait si elle se dégageait de l'eau pure; en d'autres termes, elle présente la température à laquelle la tension de cette vapeur, à saturation dans le vide, fait équilibre à la pression sous laquelle l'ébullition a lieu. Cette conclusion doit naturellement se rapporter, non-seulement aux dissolutions salines expérimentées par Rudberg, mais encore à toutes les dissolutions, dans un liquide volatil, des substances qui sont fixes à la température où l'ébullition a lieu. » Il n'est pas difficile de se rendre compte de ce fait, qu'une dissolution saline doit bouillir à une température plus élevée que le liquide volatil seul. On conçoit, en effet, que lorsque le liquide volatil pur est soumis à l'action ( 3o7 ) de la chaleur, ses molécules, pour prendre l'état de vapeur, n'ont à surmonter que la pression extérieure à laquelle elles sont soumises, et l'adhérence, ou l'affinité spéciale, que ces molécules possèdent pour les molécules similaires qui ont conservé l'état liquide. Dans le cas d'une disso- lution saline, au contraire, les molécules qui prennent l'état de vapeur ont à vaincre, en outre, l'attraction qu'exercent sur elles les particules de la substance dissoute, attraction qui est, en général, plus considérable que celle qui provient des particules similaires. Il est donc nécessaire au développe- ment de la vapeur que le milieu liquide prenne une température plus élevée que s'il était seulement composé de la substance volatile. » Mais je ne conçois pas aussi clairement comment la vapeur, au moment où elle se dégage du liquide, peut présenter une température beaucoup in- férieure à celle des dernières couches liquides qu'elle vient de traverser. J'admets que la vapeur, au moment où elle prend naissance au sein de la dissolution, possède luie force élastique plus considérable que celle qui fait équilibre à la pression extérieure, parce qu'elle doit vaincre, en outre, la force attractive des particules salines. Mais, aussitôt que cette vapeur s est i-assemblée en bulle s'élevant dans le liquide, elle doit se détendre, et ne conserver que la force élastique qui lui est nécessaire pour faire équilibre à la pression hydrostatique qui a lieu dans la couche liquide où elle se trouve en ce moment, et à l'action capillaire des parois liquides de la bulle, action qui diminue à mesure que la bulle prend plus de développement. J'admets que, par suite de cette détente successive, la températtjre de la va- peur doit s'abaisser; mais, comme la bulle est enveloppée du liquide plus chaud, celui-ci doit fournir constamment la chaleur qui disparaît dans la détente; et la bulle, en sortant du liquide, doit être sensiblement en équi- libre de température avec lui. » Pour expliquer la loi de Rudberg, il faut admettre que la vapeur, tant qu'elle se trouve au milieu de la liqueur bouillante, possède, par suite de l'attraction des particules salines, une densité plus grande que celle qui correspond, sous la même température, à la pression hydrostatique qui s'exerce sur elle, et qu'elle ne prend sa densité normale qu'au moment où, en se dégageant du liquide, elle se soustrait à cette action. La vapeur éprouverait alors une dilatation subite, qui rendrait latent l'excès de cha- leur, et la ramènerait, exactement, à la température où sa force élastique faitéquihbre à la pression atmosphérique. » Mais, d'un côté, il faut admettre que cet excès de densité persiste, quel que soit le volume que la bulle acquiert en s'élevant dans le liquide ; car je me suis assuré que la température de la vapeur est la même quand on fait ( 3o8 ) bouillir la dissolution vite ou lentement, et qu'elle est encore la même lorsque le liquide s'élève à une grande hauteur au-dessus du fond chauffé ; bien que , dans ce dernier cas , les bulles acquièrent souvent un volume très-considérable avant de crever à la surface du liquide. » D'autre part , pour expliquer le grand abaissement de température que subirait la vapeur au moment où elle s'échappe d'une dissolution bouillante, très-chargée de certains sels, et si l'on admet les résultats que j'ai obtenus sur la quantité de chaleur qui devient latente par l'expansion des fluides élastiques, il faut supposer dans la bulle de vapeur, tant qu'elle existe au sein du liquide, un excès de compression très-considérable , et bien supé- rieur à celui que l'on peut admettre raisonnablement. » Au reste, j'ai fait quelques expériences pour tâcher de reconnaître si le fait constaté par Rudberg découle d'une loi générale, comme celle qu'il a énoncée, ou s'il doit être attribué simplement aux circonstances dans les- quelles l'expérience est faite. » J'ai voulu reconnaître d'abord si ce fait se présentait encore, avec la même constance, lorsqu'on fait bouillir les dissolutions salines sous des pressions très-différentes de la pression atmosphérique ordinaire, car toutes les expériences de Rudberg ont été faites sous cette dernière pression. Je me suis servi de la petite chaudière en cuivre dans laquelle j'ai fait mes premières déterminations de la force élastique de la vapeur d'eau [Mémoires de l'Académie, tome XXI, page 5i5). Le couvercle de cette chaudière est traversé par quatre tubes fermés hermétiquement à leur extrémité infé- rieure; deux de ces tubes descendent jusque dans le liquide bouillant; les deux autres s'arrêtent dans la vapeur. Ces tubes renferment une petite quantité de mercure, dans laquelle plongent les réservoirs des thermo- mètres, qui se trouvent ainsi soustraits à la pression intérieure. I-^e tube de dégagement de la chaudière communique avec un réfrigérant servant à condenser la vapeur, et ce réfrigérant communique, lui-même, avec un grand réservoir à air, dont on peut faire varier la pression à volonté. » J'ai placé dans la chaudière des dissolutions concentrées de chlorure de calcium, que j'ai fait bouillir sous des pressions, tantôt plus faibles, tantôt plus grandes que celles de l'atmosphère ordinaire ; et je notais les tempé- ratures qu'indiquaient simultanément les thermomètres plongés dans la va- peur et ceux qui descendaient dans le liquide. Les résultats que j'ai obtenus sont inscrits dans les deux tableaux suivants, dont le second se rapporte à Tine dissolution plus chargée de sel. ( 3o9) TEMPÉRATURE PRESSIONS que TEMPÉRATLSE TEMPÉRATURE la vapeur aurait eue SOUS lesquelles du de la si elle avait été la température produite par de l'eau a lieu. liquide. vapeur. distillée en ébullition sous la même pression. Premier tableau. mm 0 0 0 82,52 52,0 47,88 47,84 i36,6i 61, 58 58,20 58, i6 219,44 71,80 68,73 68,61 286,43 U 74,94 74,84 434,19 87,54 85,09 85,07 757,22 » 99,88 99,90 1807, i5 129,86 126,63 126,16 2182,35 I 36 , 3o 132,92 132,42 2702,13 142,79 i4o,35 «39,81 3i23,6g '47 >9" 145.57 145,00 1 Deuxième tableau. mm 0 0 0 57,83 M 4i,i5 4i,oo 58,45 » 4» ,25 41,17 59>o9 W 4i,4i 41,37 133,07 n 57,78 57,63 198,25 » 66,46 66, 3i 198,41 78,45 66, 5o 66,35 282,92 79.1 74,65 74,17 283,68 » 74,72 74,59 362,49 85,1 80, 65 80, 56 479»i7 91,' 87,68 87,59 754,71 102,3 100,00 99.81 » On reconnaît, à l'inspection de ces tableaux, que le thermomètre plongé dans la vapeur marque constamment une température un peu plus élevée que celle qui correspond à la vapeur d'eau pure sous la même pres- sion; mais la différence est petite, et on peut l'attribuer, à la rigueur, au rayonnement du liquide plus chaud, et aux gouttelettes liquides qui sont abondamment projetées par les dissolutions salines en ébullition. Quant aux C. R., i854,a'"« Semestre. (T. XXXIX, N» 7.) 4^ (3io) thermomètres dont les réservoirs descendent dans la liqueur bouillante, leur marche est extrêmement irrégulière; elle présente des variations brusques qui s'élèvent souvent à plusieurs degrés. Il n'est pas possible de rien déduire de certain de leurs indications. » On peut donc admettre que le phénomène observé par Rudberg sur les dissolutions salines en ébuUition sous la pression ordinaire de l'atmo- sphère, se présente encore lorsqu'on les fait bouillir sous des pressions beaucoup plus grandes, ou plus petites. » Pour observer plus facilement les circonstances dans lesquelles le phénomène se passe, j'ai fait quelques expériences dans un ballon de verre à large col, sur des mélanges à proportions variables d'eau et d'acide sulfiirique, en ayant soin toutefois de ne pas mettre assez d'acide sulfu- rique pour qu'une portion de cette dernière substance pût passer à la distillation. J'avais ajusté dans le col de ce ballon deux larges tubes de cuivre, rentrant l'un dans l'autre en forme de tuyau de lunette. Le tube supérieur portait, vers son sommet, deux tubulures latérales qui donnaient issue à la vapeur; son orifice supérieur était fermé par un bouchon tra- versé par la tige d'un thermomètre très-sensible. Avec cette disposition, il était facile d'amener le réservoir du thermomètre dans une région quel- conque du ballon, en conservant la totalité de la colonne mercurielle dans la vapeur. » En opérant ainsi, on reconnaît bien vite qu'il est impossible de trouver une position dans le ballon, où le réservoir du thermomètre ne se recouvre pas constamment d'eau liquide, laquelle retombe, de loin en loin, sous forme de gouttes, dans le liquide bouillant. Or tout le monde conçoit que si l'instrument est constamment mouillé par de la vapeur condensée, il ne peut pas indiquer une température supérieure à celle à laquelle le liquide pur bout sous la même pression. Il est bien évident que toute ex- périence dans laquelle le thermomètre se mouillera, ne prouvera rien en faveur de la loi de Rudberg. Or, cela est arrivé infailliblement dans les expériences de ce dernier physicien. » La plus grande partie de l'eau qui ruisselle sur le thermomètre pro- vient de la condensation sur les parties supérieures de la tige. Pour empê- cher cette eau d'atteindre le réservoir, j'ai fixé sur la tige du thermomètre, immédiatement au-dessus du réservoir, lui disque métallique très-mince qui la recueillait ; un second disque semblable, attaché au premier par trois fils métalliques, pendait au-dessous du réservoir, de manière à le préserver à la fois du rayonnement direct du liquide suréchauffé, et des gouttelettes de dissolution qui sont toujoiu's abondamment projetées par les liquides ( 3ii ) bouillants. Le réservoir sphérique du thermomètre n'avait d'ailleurs pas plus de 8 millimètres de diamètre. n Même avec cette disposition, il est très-difficile de placer le thermo- mètre de manière que son réservoir ne se mouille pas. Tant que le réser- voir est à une distance de plus de 3 à 4 centimètres de la dissolution bouil- lante, il se mouille toujours, et alors il ne peut pas marquer autre chose que la température d'ébullition de l'eau pure. Quand on descend le réser- voir plus bas, pour le rapprocher du liquide, la température s'élève, mais en même temps le réservoir se sèche. La température s'élève ainsi succes- sivement jusqu'à ce que le réservoir touche le liquide. » La région du ballon dans lequel le thermomètre marque des tempé- ratures plus élevées que celle de l'ébullition du liquide pur, se reconnaît même ordinairement à la simple vue; c'est celle dans laquelle les parois intérieures du ballon restent sèches, tandis que les parties supérieures des parois se mouillent constamment de gouttelettes condensées. La hauteur de la couche de vapeur suréchauffée dépend d'ailleurs de la température du liquide bouillant, et surtout de la vivacité de l'ébullition. » En résumé, les observations que je viens de décrire confirment le fait énoncé par Rudberg; mais il me semble qu'elles en montrent en même temps la cause. Car, toutes les fois qvie le thermomètre n'indique que la température sous laquelle la tension de la vapeur aqueuse pure fait équi- libre à la pression extérieure, on reconnaît que le réservoir est mouillé. L'instrument marque, au contraire, toujours une température plus élevée quand son réservoir est sec ; ce que je n'ai pu réaliser que dans les couches de vapeur qui se trouvent immédiatement au-dessus du liquide sur- échauffé. » Je pense donc que la vapeur qui prend naissance dans les dissolutions salines soumises à l'ébullition est en équilibre de température avec elles, et ne possède pas une force élastique beaucoup supérieure à la pression hydrostatique qui s'exerce sur elle. Si la température de cette vapeur s'a- baisse promptement jusqu'au degré qui correspond à la saturation sous cette pression, cela tient à ce que, à cause du peu de capacité calorifique des vapeurs rapportée à leur volume, l'excès de chaleur est promptement absorbé par les causes de refroidissement extérieur, et surtout par la vapo- risation <[ui s'exerce sur cette infinité de petits globules liquides qui sont continuellement projetés dans l'atmosphère de vapeur, au moment où les bulles viennent crever à la surface du liquide bouillant. » J'ai déterminé, sur quelques dissolutions aqueuses, la température à 4'.- (3,.) laquelle il faut les élever dans un appareil manométrique, pour que la va- peur, ainsi produite dans le vide, fasse équilibre à la pression de 760 milli- mètres. L'excès de cette température sur celle de joo degrés, qui donnerait à la vapeur aqueuse cette même tension de 760 millimètres si elle était en présence de l'eau pure, peut servir de mesure, comme M. Plùcker l'a fait remarquer dernièrement, à l'excès d'affinité que la vapeur aqueuse possède pour la substance saline, par rapport à celle dont elle est douée pour les particules similaires d'eau. Mais pour que cette affinité, ainsi mesurée, constituât un caractère spécifique des substances, il faudrait que, pour le même sel, elle variât proportionnellement à la quantité de sel dissoute. Or j'ai reconnu qu'il n'en est pas ainsi. La variation suit une loi plus complexe, qui paraît dépendre de la nature du sel. » J'attachais surtout de l'intérêt à comparer la température à laquelle la vapeur émise dans le vide par une dissolution saline fait équilibre à une pression de 760 millimètres, avec la température que présente la même dis- solution quand on la fait bouillir sous cette même pression. Malheureuse- ment, il est à peu près impossible de déterminer avec quelque précision la température d'ébullition d'une dissolution saline concentrée. L'ébullition est toujours irrégulière: elle se fait par saccades et par soubresauts, et le thermomètre marque des variations brusques qui dépassent quelquefois 10 degrés. On sait d'ailleurs que la température d'ébullition varie avec la nature du vase et la forme de ses parois. » L'ébullition d'un liquide est un phénomène très-compliqué, surtout lorsque ce liquide n'est pas homogène. Des forces moléculaires, dont la nature est encore peu connue, y jouent un rôle important. Il est impossible de faire abstraction de ces actions complexes, et de ne tenir compte, dans l'étude de ce phénomène, que de la pression de l'atmosphère extérieure et de la température du liquide bouillant. » Mais, s'il est à peu près impossible de déduire des résultats certains de la détermination des températures d'ébullition des dissolutions salines, il n'en est pas de même des forces élastiques des vapeurs que ces dissolutions émettent dans le vide. Celles-ci peuvent être déterminées avec une grande précision, et je ne doute pas que cette étude ne fournisse, par la suite, un moyen très-précieux pour constater les phénomènes chimiques qui se passent dans les dissolutions. Je me suis assuré, en effet, qu'aussitôt qu'un phénomène de cette nature a lieu sur des substances dissoutes, il se mani- feste par un point singulier dans la courbe des forces élastiques de la vapeur fournie par la dissolution. ( 3i3) » Je citerai quelques exemples des phénomènes qui peuvent être étudiés par cette méthode. ). On sait que certains sels cristallisent de leurs dissolutions aqueuses avec des quantités d'eau différentes, suivant la température à laquelle la cristallisation a lieu. On peut se demander si cette eau se combine avec le sel au sein même de la liqueur, ou si cette combinaison ne s'effectue qu'au moment de la cristallisation. Les sulfates de soude, de fer, de cuivre, de manganèse, etc., fournissent des exemples très -curieux de ces modifi- cations. » Il sera intéressant de comparer les variations que suit la force élastique de la vapeur fournie par une dissolution saline à diverses températures, avec les variations que subit la solubilité du sel dans les mêmes circon- stances. » Enfin, quand on sera parvenu à constater la loi par laquelle on peut calculer la force élastique de la vapeur fournie par le mélange, à propor- tions connues, de deux dissolutions qui n'exercent pas d'action chimique l'une sur l'autre, d'après les forces élastiques des vapeurs émises par les dissolutions isolées, on pourra constater si les doubles décompositions ont lieu au sein même des dissolutions, ou seulement au moment de la précipi- tation. » Ce peu d'exemples, qil'il me serait facile de multiplier, suffit pour faire voir que l'étude des forces élastiques des vapeurs émises par les dissolu- tions fournira, pour l'étude d'une foule de phénomènes de chimie molécu- laire, un mode d'investigation précieux, dont on peut attendre des résultats aussi importants que ceux que M. Biot a déduits de l'étude de la polarisa- tion rotatoire. Ce mode aura, d'ailleurs, l'avantage d'une application plus étendue. » Jusqu'ici, je n'ai pu faire, dans cet ordre d'idées, qu'une série d'ob- servations sur les dissolutions des sulfates que j'ai mentionnés plus haut. Malgré le vif intérêt que j'attachais à ce genre de recherches, j'ai été obligé de l'abandonner momentanément, parce qu'il m'éloignait trop du but prin- cipal vers lequel mes efforts doivent se diriger. » « M. GiiEVRECL, à propos de l'observation faite par M. Regnnult sur le changement moléculaire que l'éther éprouve dans un tube fermé, dit qu'à fortiori, sous l'influence d'une température suffisante et du contact soit de l'eau et de l'air, soit de l'air seul, il s'altère de telle sorte, que l'emploi qu'on peut en faire comme dissolvant dans l'analyse immédiate présente ( 314 ) des inconvénients qui n'ont pas lieu quand on a recours à l'alcool ; c'est le motif pour lequel M. Chevreul a donné la préférence à celui-ci sur l'é- ther dans l'analyse immédiate des corps gras d'origine animale. En effet, lorsque l'analyse exige une série d'opérations sur la même matière, l'emploi de l'éther changeant de nature complique les résultats de l'analyse, et il faut ajouter que si le produit de son altération ne se combine pas avec certains corps gras, tels que la margarine et la stéarine, l'éther lui-même s'y unit, et M. Chevreul n'a pu obtenir une analyse élémentaire exacte avec une stéa- rine préparée par l'éther ; l'alcool lui-même s'y unit assez fortement. » Ce que M. Chevreul dit ne signifie pas qu'il faut exclure l'éther de l'analyse immédiate organique ; mais le chimiste qui en fait usage doit, pour éviter l'erreur, savoir si l'altération qu'il éprouve et la propriété qu'il a de s'unir fortement à divers corps, peuvent exercer de l'influence sur l'analyse et la préparation des corps qu'on se proposé d'obtenir à l'état de pureté. » PALÉONTOLOGIE HUMAINE. — Communication de M. Serres. o J'ai l'honneur de présenter à l'Académie la photographie d'un crâne celte, trouvé par M. Dumas, à Bellevue, près Meudon, et dont notre illustre collègue a fait hommage au Muséum d'Histoire naturelle, pour la galerie d'anthropologie. » Cette photographie a été exécutée par M. Rousseau, aide de M. le professeur Valenciennes, et a été faite par le procédé imaginé par ce jeune naturaliste. Rien n'égale la précision avec laquelle sont rendus les carac- tères qui distinguent les os qui ont longtemps séjourné dans la terre ou qui sont restés longtemps exposés à l'action de l'air. » La décomposition lente qui s'opère dans le tissu osseux détruit d'abord la lame compacte qui revêt extérieurement les os, et met à nu les canali- cules osseux qui serpentent dans le diploé; puis les canalicules osseux disparaissent, et la surface de l'os paraît inégale, chagrinée. » Ce second aspect est dû à la présence des ostéoplastes qui ont pour ainsi dire été disséqués par l'usure du temps. Les ostéoplastes disparaissent à leur tour et la trame de l'os est alors complètement aréolaire. » Enfin, les parois de ces aréoles sont rongées et le tissu osseux tombe en poussière. » C'est là la marche ordinaire de la décomposition des os par l'action du temps, et, comme nous l'avons déjà dit, elle est accélérée par l'action de l'air, et ralentie quand les os sont de toutes parts environnés par la terre. ( 3i5 ) » On sent toute l'importance de ces caractères, pour l'étude si difficile de la paléontologie humaine. B Or ces divers caractères de l'âge des os sont rendus, par le procédé pho- tographique de M. Rousseau, avec une précision que la main du dessinateur le plus habile ne pourrait jamais atteindre : il en est de même des lignes qui forment l'épure du crâne de l'homme. Rien n'est plus délicat et plus harmonieux dans le squelette que les contours et la fusion des lignes qui délimitent les diverses régions de la tête humaine; en les suivant dans tous leurs détails, on ne peut s'empêcher de reconnaître, avec le philosophe Goethe, qu'un esprit créateur et un être créé se sont réciproquement péné- trés dans ce couronnement des œuvres de la nature. » Or rien encore n'égale la netteté avec laquelle sont nuancées ces lignes par le procédé photographique du Muséum ; il en est une particulièrement, qui est rendue avec une netteté remarquable : c'est celle qui constitue l'angle méta- facial. On sait que cet angle est formé par la jonction de l'apophyse ptéry- goide avec la base du sphénoïde; on sait de plus que l'apophyse ptérygoïde est appuyée, par son extrémité inférieure, contre la grosse tubérosité du maxillaire supérieur, d'où il suit que le prognatisme ou le déprognatisme de la face est la conséquence de l'obliquité ou de la non-obliquité de cette ligne osseuse. De plus, le mouvement de bascule qu'imprime la base de cette apophyse au corps du sphénoïde se communique par la grande aile de ce dernier os à la voûte du crâne, d'où il suit encore que cette voûte est inclinée en arrière ou en avant, selon le déjettement inverse de l'angle méta- facial. Le procédé protographique du Muséum exprime les nuances les plus légères de ce déjettement, avec la précision nécessaire pour mesurer ses variations chez les diverses familles de la race caucasique. » Le degré de précision du procédé photographique de M. Rousseau, le rend ainsi précieux pour la représentation des crânes humains que l'on ren- contre dans les monuments celtiques. » Je me propose d'en faire l'application sur ceux que j'ai recueillis, ces jours derniers, dans l'intérieur d'un monument de ce genre, situé dans la forêt de l'Isle-Adam, dans uri champ nouvellement défriché, au voisinage de l'ancienne abbaye du Val. Les particularités que m'a offertes ce monu- ment intéresseront peut-être l'archéologie. » On peut le rapporter aux monuments que l'on désigne, en archéologie, sous le nom de galerie. » C'était en effet une galerie de sépultiue de la tribu ou du clan des Sylvanectes. ( 3i6) » Son orientation était du nord au midi, où se trouvait l'entrée de la galerie, fermée en cet endroit par une pierre de grès, posée verticalement et dans laquelle était pratiquée une ouverture simulant l'entrée d'un four, et pouvant donner passage à un homme. » L'étendue du monument était de 6 mètres. Les quatre pierres de grès qui le composaient étaient au niveau du sol, ce qui arrêtait le laboureur dans son travail et devint le motif de leur enlèvement. » En procédant du midi au nord, la première pierre avait a^jQo de long sur i^jio de large; la seconde 2", 80 de long sur i™,8o de large; la troi- sième 2", 10 de long sur i™,6o de large, et la quatrième i'",4o de long sur i™,io de large. » Les parois de la galerie étaient formées par un mur construit avec des pierres à chaux, plates et posées les unes sur les autres, sans ciment propre à les réunir. Les pierres étaient posées à plat sur ces murs latéraux qui avaient fléchi sous leur poids et rendu inégal l'intérieur de la galerie. La largeur de celle-ci était, en dedans, de 0^,90 et sa profondeur de i"',4o. Son fond était dallé avec les mêmes pierres à chaux qui avaient servi à la construction des murs. » Son intérieur était divisé en trois compartiments, par deux murs construits comme les précédents, mais beaucoup moins épais. De ces trois compartiments, le premier, correspondant à l'entrée de la galerie, renfer- mait les ossements des femmes et des enfants; le second, occupant le milieu, contenait les ossements des hommes, et le troisième, beaucoup moins étendu que les deux autres, terminait au nord la galerie, et renfermait les ossements des vieillards des deux sexes, qui, du reste, étaient en petit nom- bre, comparativement surtout à celui réservé aux femmes et aux enfants. » La position qu'affectaient les corps indique que les sépultures étaient faites avec soin et de manière à ménager l'espace. Si on les eût placés dans le sens de la longueur de la galerie, les 6 mètres n'en auraient contenu qu'un très-petit nombre; mais en les plaçant en travers et sur deux rangs, on faisait plus que d'en doubler l'étendue. » C'est, en effet, sur un double rang et en travers de la galerie, que se trouvaient placés les squelettes. Les crânes étaient adossés aux murs laté- raux, et les os des cuisses et des jambes en occupaient le milieu. Les corps paraissaient avoir été assis les jambes relevées et les mains placées sur les genoux. Les deux têtes se faisaient ainsi face l'une à l'autre ; l'une regardait l'est, l'autre regardait l'ouest. Nous n'en avons pas rencontré qui fussent en regard du midi ou du nord. (3.7) » Au reste, c'est en faisant la fouille avec soin, que nous avons pu re- connaître la disposition des corps que nous venons d'exposer ; car, par la manière dont ils étaient de toutes parts pressés par la terre, par la pro- fondeur où se trouvaient les crânes, par la position des débris des bassins, qui toujours étaient rapprochés du dallage inférieur de la galerie, il est à présumer qu'après avoir placé ces corps ainsi que nous venons de l'indi- quer, on les recouvrait d'une couche de terre, de la manière que cela se pratique encore aujourd'hui dans les fosses communes. » Cette galerie était-elle une fosse commune? Était-ce une sépulture réservée à une famille ou à plusieurs familles des chefs des Sylvanectes? Je serais porté à admettre cette dernière opinion. » Le garde champêtre, qui avait demandé au propriétaire du champ l'enlèvement du monument, s'attendait à y rencontrer des médailles d'or ou d'argent. Avec ses deux fils, il apportait beaucoup de soin à l'enlève- ment de la terre dans laquelle étaient enchâssés les ossements, et d'où les retiraient MM. Deramond et George Bejot, avec les précautions que récla- mait leur extrême friabilité. » Malgré cette recherche attentive, nous n'avons rencontré ni médailles, ni pièces de monnaie, mais la galerie contenait deux hachettes et deux vases qui, peut-être, offrent plus d'intérêt pour déterminer l'ancienneté du monument. » Les deux hachettes furent trouvées dans le premier compartiment, parmi les ossements des femmes et des enfants. La première, d'une couleur grise, très-polie et tranchante, a 9 centimètres de long sur 5 de large ; la seconde, noirâtre, a 5 ^ centimètres de long sur 4 de large. La largeur des deux hachettes a été prise du côté du tranchant. Cette dernière est, de plus, percée d'un trou à sa petite extrémité. Il semblerait qu'elle était destinée à servir d'amulette à une femme ou à un enfant. » Dans ce premier compartiment, nous trouvâmes un vase de terre non cuite et séchée au soleil, dont la hauteur est de 1 7 centimètres et l'évasement de 12 centimètres. » Le second vase, beaucoup plus petit, beaucoup plus mince, était noi- râtre et cassé en plusieurs petits morceaux qui ne nous ont pas permis d'en déterminer les dimensions. Nous l'avons rencontré dans le second compar- timent destiné aux hommes. » Nous nous attendions à y rencontrer des hachettes plus volumineuses que les précédentes, mais notre attente a été trompée ; ce qui porterait peut-être à présumer que ces squelettes n'appartenaient pas aux guerriers de cette tribu. C. K., i854, a"»» Semtstre. (T. XXXIX, N" 7. ) 42 (3.8) » Quant aux ossements eux-mêmes, nous nous proposons de les faire connaître à l'Académie, dans une nouvelle communication, dans laquelle nous présenterons les photographies des crânes, qui doivent être exécutées par M. Rousseau. » Dès à présent, nous dirons seulement que ces crânes offrent diverses variétés de types qui n'ont pas été signalées dans les fouilles des monu- ments celtes. » Il existe, entre autres, un crâne qui, par la configuration de la face, se rapproche beaucoup du type mongol, et paraît intermédiaire entre le type gaël et le type kimry. » Le type gaél offre, sur certains crânes, une perfection remarquable. » Tel est le court aperçu de la fouille que je viens de faire dans la tribu des Sylvanectes. Je me propose d'aller incessamment en faire une de même nature chez les Bellovaques, aux environs de Beauvais, et il sera, je crois, intéressant d'en comparer les résultats avec les fouilles qui ont été faites, il y a quelques années, aux environs du château de Meudon, fouilles auxquelles se rapporte le crâne dont je viens de présenter la photo- graphie à l'Académie. » CHIMIE APPLIQUÉE. — M. Payen fait à l'Académie la communication suivante : « J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie une seconde édition de mon ouvrage sur les Substances alimentaires. » Parmi les additions que j'ai pu faire à cet ouvrage, on remarquera peut-être les données nouvelles résultant des analyses que.j'ai effectuées avec M. Wood de plusieurs poissons comestibles. » La chair de deux poissons seulement avait été analysée par M. Schlos- berger et M. Schutz; elles me semblaient insuffisantes: on n'avait pas déterminé la matière grasse qui cependant devait caractériser certains pois- sons et jouer un rôle important dans l'alimentation des hommes (i). » C'est en effet, ainsi que l'ont prouvé nos analyses, une des substances (i) La dctennination de cette matière a été obtenue à l'aide de l'appareil à fdtration et distillation continues que j'avais disposé, il y a plusieurs années, pour extraire les matières grasses contenues dans les tissus végétaux. Nous avons réalisé ces expériences dans des con- ditions semblables afin que tous les résultats consignés dans les trois tableaux suivants fussent bien comparables. ( ;^'9 ) dont les proportions offrent, entre les différents poissons de mer et d'eau douce, les différences les plus considérables. w On peut s'en faire une idée en jetant les yeux sur le tableau ci-dessous, indiquant les quantités d'eau, de matière sèche, de graisse, de substances minérales et d'azote dans i oo parties de chair comestible : XOMS DES POISSONS. Raie Congre Morue salée. . Harengs salés. Harengs frais (■* Merlan Maquereau. . . . Sole Limande Saumon Brochet Carpe. . .' Barbillon Goujon Ablette Anguille 75,489 79» 909 47,029 48,998 70,000 82,950 68, "275 86,144 79,412 75,704 77,53o 76,968 89.349 76,889 72,889 62,076 MATIÈRE SKCliE 24,5l 1 20,091 52,971 5i ,002 3o,ooo I 7 , o5o 3i ,725 i3,856 20,588 24 , 296 22,470 23,o32 io,65i 23, m 27,111 37,924 0,472 5,021 0,383 12,718 io,3oo 0,383 6,758 0,248 2,o58 4,849 0,602 1 ,092 0,212 2,676 8,i34 23,861 SUBSTANCES minérales. 1,706 I ,106 21 ,320 (' 16,433 (' 1 ,900 i,o83 1,846 1,229 1,936 1,279 1 ,293 1,335 0,900 3,443 3,253 0,773 3,846 2,172 5,023 3, 112 2,45o 2,4i6 3,74? 1,911 2,898 2 , 095 3,258 3,498 1,571 2.779 2,689 2,000 (') Sur 21,320 de malières minérales, il y avait 19,544 de sel marin. (') Sur 16,433 de matières minérales, il y avait 14,623 de sel marin. (') La composition a été déduite par un calcul approximatif de la composition des harengs salés. M On se fera une idée plus nette des différences qui existent sous le rap- port des matières grasses en comparant la composition de la substance sèche des poissons rangés suivant l'ordre décroissant de ces matières contenues dans 100 parties : Anguille 62,92 Harengs 34 , 35 Congre 24,99 Harengs salés 24,90 Maquereau . 2 1 , 3o Saumon ao,io Limande 10,00 Carpe . . 4.74 Ablette 3 ,00 Merlan 2,83 Brochet 2 , 67 Barbillon 1 ,99 Raie 1,92 Sole 1,79 Morue i , i4 Morue salée o>72 42.. ( 320 ) » La consistance des matières grasses diffère beaucoup aussi ; les plus fluides se trouvent parmi les plus abondantes, tandis que les j)lus con- sistantes sont les moins abondantes dans la chair des poissons auxquels elles appartiennent. » Voici le tableau synoptique résumant ces caractères : Ordre de fluidité des huiles extraites de la chair de différents poissons, indiqué en commençant par les plus fluides . » Huiles : i° d'anguille de rivière; -1° de hareng; 3° d'ablette; 4° de maquereau; 5° de congre; 6° de saumon ; ly" de goujon. » Matières grasses demi-guides : i° de brochets; 2° de carpe ; "i" de li- mande. » Matières grasses consistantes : de morue, de merlan, de sole, de raie, de barbillon. » La proportion considérable de matière grasse que contient l'anguille me semble un fait digne d'attention. N'est-il pas remarquable, en effet, que près des deux tiers (environ 63 pour 100) de la substance fixe de la chair d'un animal soient formés d'une substance grasse, fluide, brune, sans qu'on aperçoive à l'œil nu aucun tissu adipeux distinct? » Je me propose d'examiner sous le microscope, en m'aidant des réac- tions chimiques, la chair de l'anguille, afin de constater l'état et le siège de la matière huileuse dans le tissu organique. « A.fin de rechercher d'abord s'il existait quelques différences notables dans la composition chimique des tissus, nous avons, M. Wood et moi, soumis à l'analyse la chair privée de graisse et desséchée de quatre des poissons qui varient le plus à cet égard; les principales différences se sont manifestées dans le dosage du carbone. Nous les avons indiquées dans le tableau ci-joint : A.NUUILLE. MAQUEREAU. SOLE. BARBILLO.N. Carbone Hydrogène. . . Azote Oxygène Cendres 52,899 = (o,56o8) 7,474 .4,644 '9,296 5,687 5i,5.5 = (0,5488) 6,902 i5,836 .9,608 6, i3() 48,795 = (0,5369) 6,58. .5, 460 20,o32 9, .32 45,927 = (o,5o44) 6,800 i5,535 22,783 8,955 » En voyant la grande variété de composition que présentent les diffé- rents poissons, on comprendra mieux sans doute les effets spéciaux pro- (321 ) duits chez quelques personnes qui éprouvent des dérangements sérieux lorsqu'elles introduisent certains poissons dans leurs aliments, tandis que plusieurs autres poissons ne leur occasionnent aucun embarras gastrique. » On admettra probablement qu'entre des poissons comme la sole ou le barbillon, qui renferment à l'état normal moins de a ^^ millièmes de graisse consistante, et l'anguille qui contient 282 millièmes, ou 100 fois plus, d'une substance grasse huileuse, la différence d'action sur les organes de la digestion puisse être considérable aussi. » M. Chevreul fait hommage à l'Académie d'un ouvrage intitulé : De La Baguette divinatoire , du Pendule explorateur et des Tables tournantes au point de vue de l'histoire, de la critique et de la méthode expérimentale (1). « M. Chevreul s'est proposé de montrer dans cet ouvrage que l'explica- tion qu'il publia en 1 833 des mouvements du pendule dit explorateur s'ap- plique au mouvement des tables tournantes et à la baguette divinatoire , en tant qu'elles sont mises en mouvement par des gens de bonne foi. Il ramène l'explication de ces phénomènes au développement qui se fait en nous d'une action musculaire qui n'est pas le produit d'une volonté, mais le résultat d'une pensée qui se porte sur un phénomène du monde extérieur, sgns préoccupation de l'action musculaire indispensable à la manifesta- tion du phénomène. » Il montre par l'examen critique des principaux ouvrages concernant la baguette divinatoire que, de 1689 à 1702, la baguette divinatoire donna lieu aux mêmes illusions que les tables tournantes. » Enfin, il montre l'influence que \e principe du pendule explorateur peut exercer dans les expériences scientifiques auxquelles nos organes prennent part, et son intervention dans un grand nombre d'actes de notre vie. » En définitive, M. Chevreul montre qu'il n'y a rien de surnaturel dans les phénomènes qu'il a étudiés. » MÉMOIRES LUS. CHIMIE. — Note sur deux procédés de préparation de l'aluminium et sur une nouvelle forme du silicium; par M. Hexri Sainte-Claire Deville. (Commission précédemment nommée.) «■ J'ai l'honneur de présenter à l'Académie la suite d'un travail entrepris , et continué dans un but tout scientifique, mais dont le résultat, confirmé par de nouvelles expériences, me conduit encore à la même conclusion (i) I vol. in-8°, XVI et 258 pages, chezM. Mallet-Bachelier, quai des Augustins, 55. ( 3a2 ) pratique. L'aluminium, dont les argiles les plus communes peuvent conte- nir jusqu'à 25 pour loo de leur poids, est éminemment propre à devenir un métal usuel. Je n'avais pas publié les méthodes dont je me suis servi pour le produire : elles avaient besoin d'être contrôlées par des essais effec- tués sur une échelle encore petite, à la vérité, mais que je ne pouvais tenter avec les fonds affectés à mon laboratoire de l'Ecole Normale. Je dois à l'Académie d'avoir pu réaliser ces expériences et je lui en témoigne ici ma profonde reconnaissance. » Avant d'entrer dans le sujet de cette Note, je dirai tout de suite que tout ce que j'ai annoncé à la suite de mes premières études a été vérifié et confirmé depuis que je possède l'aluminium en quantité un peu considé- rable. Des médailles d'un grand module que j'ai fait frapper, les lames que je mets sous les yeux de l'Académie, n'ont pas éprouvé d'altération à l'air : de petits lingots sont maniés chaque jour depuis plusieurs mois, sans perdre leur éclat. Enfin, cette matière est tellement inoxydable, qu'elle résiste à l'action de l'air dans une moufle chauffée à la température des essais d'or : dans la coupelle, le plomb brûle, la litharge fond à côté de l'aluminium, qui ne perd rien de ses propriétés. Si ce métal s'alliait au plomb, on pourrait évidemment le coupeller. » L'aluminium conduit l'électricité huit fois mieux que le fer, par suifè aussi bien et peut-être mieux que l'argent. » La place qu'il faut donner à l'aluminium parmi les métaux, pour rester fidèle aux principes de la classification de M. Thénard, doit l'éloigner du magnésium, du zinc (i) et du manganèse, à côté desquels il se trouve aujourd'hui. Il faut en faire le type d'un groupe très-naturel composé ,avec lui, du chrome, du fer, du nickel et du cobalt. Ils ont un caractère commun auquel j'attache, au point de vue théorique, la plus grande importance : ils sont inattaquables par l'acide nitrique faible ou concentré devant lequel ils éprouvent la passivité. La passivité, très-énergique pour l'aluminium et le chrome dont les protoxydes (si l'aluminium en possède un) ont une exis- tence éphémère, ne se manifeste pour le fer que dans l'acide nitrique (i) On me permettra de mettre le zinc à côté du magnésium : d'abord le zinc décompose sensiblement l'eau à lOO degrés; ensuite, malgré l'opinion commune, l'oxyde de zinc pur est irréductible par l'hydrogène au milieu duquel il se volatilise, en formant des cadmies artifi- cielles, assemblage de cristaux où l'on aperçoit le pointement rhomboédrique du zinc oxydé. J'ai publié, il y a deux ans, une méthode analytique fondée sur cette propriété du zinc que M. Debray a vérifiée depuis par de nombreuses expériences faites au laboratoire de l'École Normale : il a vu en outre que l'oxyde de zinc résistait à l'action réductrice du gaz des isarais 3u milieu duquel il 5e volatilise entièrement. ( 3^3 ) concentré où la production du protoxyde est impossible; elle ne se montre que très-faiblement pour le nickel et le cobalt, dont les sesquioxydes sont instables et n'entrent que difficilement en combinaison : ces deux métaux établissent le passage au manganèse. Je reviendrai plus tard sur ces ana- logies qui donnent une idée nouvelle de la passivité, bu moins de la partie chimique du phénomène. » L'aluminium, comme le fer, ne s'allie pas au mercure et prend à peine quelques traces de plomb ; il donne avec le cuivre des alliages légers, très-durs et très-blancs, même quand le cuivre entre pour aS pour loo dans la composition du mélange. Il est caractérisé au plus haut point par la faculté de former avec le charbon, et surtout avec le silicium, ime fonte grise, grenue et cassante, cristallisable avec la plus grande facilité. Les plans de clivage se coupent sous des angles qui paraissent droits. » Lorsqu'on attaque cette fonte par l'acide chlorhydrique, l'hydrogène à odeur infecte y indique la présence du charbon. Mais ce qu'elle contient surtout, c'est du silicium qui se sépare à l'état de pureté, lorsqu'on a prolongé l'action de l'acide chlorhydrique concentré et bouillant. Il me paraît évident que le silicium existe dans la fonte d'aluminium au même état que le carbone dans la fonte grise de fer, état encore peu connu, sur lequel mes recherches relatives à l'aluminium me permettront, j'espère, de jeter quelque jour. » Ce silicium est en lames métalliques brillantes, entièrement semblables à de la limaille de platine, et, sous cette forme, il diffère essentiellement du silicium de Berzelius. Cependant je ne crois pas que le silicium soit un véritable métal : je pense au contraire que cette nouvelle forme du silicium est au silicium ordinaire ce que le graphite est au charbon. Ce corps possède, avec une inaltérabilité plus complète, toutes les propriétés chi- miques que Berzelius attribue au résidu de la combustion inachevée du silicium ordinaire. Ainsi, pour donner une idée de cette indifférence à l'action des réactifs les plus énergiques, je dirai que le nouveau silicium que j'ai l'honneur de montrer à l'Académie a été chauffé au blanc, sans changer de poids (et sans donner d'acide carbonique comme le carbure de silicium) dans un courant d'oxygène pur, qu'il a résisté à l'action de l'acide fluorhydrique et s'est dissous seulement dans une sorte d'eau régale formée avec l'acide fluorhydrique et l'acide nitrique. La potasse fondue le trans- forme en silice, mais l'opération est très-longue à se compléter. » H conduit l'électricité comme le graphite. » La fonte d'aluminium dont j'extrais le silicium en contient plus de lo pour 100. Il paraît que, pour la production de cette fonte, il faut que le ( 324 ) silicium soit à l'état naissant au moment de la combinaison : car l'ahimi- nium fondu dans un creuset de terre en attaqueles parois (i), met le silicium à nu, mais ne s'y unit pas; le métal a conservé toute sa malléabilité, et l'on trouve dans le creuset une poudre chocolat à peu près identique au silicium de Berzelius. On verra plus tard que cette fonte est le premier produit qui résulte de l'action de la pile sur le chlorure d'aluminium et sur le chlorure de silicium qui existent toujours ensemble dans les matières impures que l'on soiunet à la décomposition. » Je ne donnerai dans cette Note que deux modes de préparation, les seuls que je connaisse bien et que j'aie souvent pratiqués. » 1°. Procédé par le sodium. — On prend lui gros tube de verre de 3 à 4 centimètres de diamètre, on y introduit 200 à 3oo grammes de chlo- rure d'aluminium qu'on isole bien entre deux tampons d'amiante. Par une des extrémités du tube on fait arriver de l'hydrogène bien purgé d'air et sec ( 2). On chauffe dans ce courant de gaz le chlorure d'aluminium à l'aide de quelques charbons, de manière à chasser l'acide chlorhydrique, le chlo- rure de silicium et le chlorure de soufre dont il est toujours imprégné. On introduit ensuite dans le tube de verre des nacelles, aussi grandes que pos- sible, contenant chacune quelques grammes de sodium préalablement écrasé entre deux feuilles de papier à filtrer bien sec. Le tube étant plein d'hydro- gène, on fond le sodium, on chauffe le chlorure d'aluminium qui distille et se décompose avec une incandescence que l'on modère très-bien, au point delà rendre nulle, si l'on veut. L'opération est terminée quand tout le sodium a disparu et que le chlorure de sodium formé a absorbé assez de chlorure d'aluminium pour en être saturé. Alors l'aluminium baigne dans un chlorure double d'aluminium et de sodium, composé très-fusible et vo- latil. On extrait les nacelles du tube de verre, on les introduit dans un gros tube de porcelaine, muni d'une allonge et traversé par un courant d'hydro- gène sec et exempt d'air. On chauffe au rouge vif : le chlorure d'aluminium et de sodium distille sans décomposition, on le recueille dans l'allonge, et l'on trouve après l'opération dans chaque nacelle tout l'aluminium rassemblé en un ou deux gros globules au plus. On les lave dans l'eau, qui enlève encore un peu de sel à réaction acide et du silicium brun. Pour faire un seul culot de tous ces globules, après les avoir nettoyés et séchés, on les (i) Je prépare maintenant des creusets infiisibles et inattaquables avec de l'alumine calci- née, rendue plastique au moyen de l'alumine gélatineuse. (2) Pour cela on fait passer le gaz au travers d'une boule remplie d'épongé et de noir Av platine et légèrement chauffée. On le dessèche ensuite avec de la chaux sodée. ( 3.5 ] înti'oduit dans une capsule de porcelaine dans laquelle on met, comme fon- dant, un peu du produit distillé delà précédente opération, c'est-à-dire du chlorure double d'aluminium et de sodium. La capsule étant chauffée dans une moufle à luie température voisine du point de fusion de l'argent au moins, on voit tous les globules se réunir en une culot brillant qu'on laisse refroidir et qu'on lave. Il faut enfin maintenir le métal fondu dans un creuset de porcelaine couvert, jusqu'à ce que les vapeurs du chlorure d'alu- minium et de sodium, dont le métal reste toujours imprégné, aient entière- ment disparu. On trouve le culot métallique enveloppé d'une pellicule d'alumine légère provenant de la décomposition partielle du fondant. » On conçoit qu'on pourrait remplacer le sodium par sa vapeur qui se produit si facilement et obtenir l'aluminium d'une manière économique, même en employant un réducteur alcalin. Mais je reviendrai plus tard sur la modification qu'il faut porter à l'appareil que je viens de décrire pour rendre applicable ce mode de fabrication. » 2°. Parla pile. — Il m'a paru jusqu'ici impossible d'obtenir l'alumi- nium parla pile dans des liqueurs aqueuses. Je croirais même à cette im- possibilité d'une manière absolue, si les expériences brillantes de M. Bunsen sur la production du bariimi n'ébranlaient ma conviction. Cependant je dois dire que tous les procédés de ce genre qui ont été publiés récemment pour la préparation de l'aluminium ne m'ont donné aucun résultat. » C'est au moyen du chlorure double d'aluminium et de sodium (Al*CP, NaCl) (i) dont j'ai déjà parlé que s'eifectue cette décomposition. On prépare le bain d'aluminium en prenant deux parties en poids de chlo- rure d'aluminium et y ajoutant une partie de sel marin sec et pulvérisé. On mêle le tout dans une capsule de porcelaine chauffée à 200 degrés environ. Bientôt la combinaison s'effectue avec dégagement de chaleur, et l'on obtient un liquide très-fluide à 200 degrés et fixe à cette température. On l'intro- duit dans un creuset de porcelaine vernie, que l'on maintient avec quelques charbons à une température de 200 degrés à peu près. L'électrode néga- tive est une lame de platine sm- laquelle se dépose l'aluminium mélangé de sel marin sous forme d'une croîite grisâtre. L'électrode positive est consti- tuée par un vase poreux parfaitement sec contenant du chlorure d'alumi- (i) Cette substance intéressante, qui représente le spinelle à base de soude où le chlore rem- place l'oxygène , est le type d'un grand nombre de corps analogues dont je fais l'étude en ce moment pour les comparer aux minéraux oxydes dont ils ne diffèrent que par le chlore qui s'est substitué à l'oxygène. C. K., 1354, i™« Semestre. (T.XXXIX, N» 7.^ 43 ( 326 ) niuni et de sodium fondu, dans lequel plonge un cylindre de charbon ( i ) qui amène l'électricité. C'est là que se portent le chlore et un peu de chlorure d'aluminium provenant de la décomposition du sel double. Ce chlorure se volatiliserait en pure perte, si l'on n'ajoutait du sel marin dans le vase poreux. Le chlorure double et fixe se reconstitue et les fumées cessent. Un petit nombre d'éléments (deux suffisent à la rigueur) sont nécessaires pour' décomposer le chlorure double, qui ne présente qu'une faible résistance à l'électricité. » On enlève la plaque de platine, quand elle est suffisamment chargée du dépôt métallifère. On la laisse refroidir, on brise la masse saline rapide- ment et l'on introduit de nouveau la lame dans le courant. On prend un creuset de porcelaine qu'on enferme dans un creuset de terre et l'on y fond la matière brute détachée de l'électrode. Après le refroidissement, on traite par l'eau qui dissout une grande quantité de sel marin, et l'on obtient une poudre métallique grise qu'on réunit en culot par plusieurs fusions succes- sives en employant comme fondant le chlorure double d'aluminium et de sodium. » Les premières portions de métal obtenues par ce procédé sont presque toujours cassantes ; c'est la fonte d'aluminium dont il a été question tout à l'heure. On peut cependant par la pile avoir un métal aussi l>eau que par le sodium : mais il faut employer du chlorure d'aluminium plus pur. Et, en effet, dans ce dernier procédé, on enlève, au moyen de l'hydrogène, le sili- cium, le soufre et même le fer, qui passe à l'état de protochlorure fixe à la température" où l'on opère, tandis que toutes ces impuretés restent dans le li- quide que l'on décompose par la pile et sont enlevées avec les premières por- tions de métal réduit. » CHIMIE APPLiQUÉt;. — Histoire chimique des eaux minérales et thermales de Vichy, Cusset, Vaisse, Hauterive et Saint-Yorre. — ^naljses chi- miques des eaux minérales de Médague, Châteldon, Brugheas et Seuillet; par M. Bouquet. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Thenard, Chevreul, Dufrénoy, Balard, de Senarmont.) « Les recherches, expériences et observations exposées et décrites dans le cours de ce travail conduisent aux conclusions suivantes : » 1°. Les eaux minérales qui émergent des sources naturelles de\'ichy, (i) Le charbon le plus dense se dissouttrès- rapidement dans le bain et s'y met en poudre : de là la nécessité du vase poreux. ( 327 ) aussi bien que celles qui jaillissent des forages exécutés depuis quelques années autour de cette ville, liées de position aux roches porphyriques ou volcaniques environnantes, sont, sans nul doute, de formation géologique. Elles ont bien certainement toutes la même origine, et les différences que présentent leurs compositions chimiques proviennent incontestablement des modifications par perte ou acquisition de principes qu'elles ont éprou- vées, tant pendant leur séjour dans les assises inférieures du terrain tertiaire que dans le cours de leur trajet ascensionnel. » a". IjCs produits gazeux qui se dégagent spontanément de ces sources ne contiennent ni oxygène ni azote; ils consistent entièrement, dans le plus grand nombre, en acide carbonique : quelques sources seulement émettent des traces infinitésimales d'acide sulfhydrique. « 3". Presque toutes les méthodes d'analyse chimique des eaux miné- rales proposées et suivies jusqu'à ce jour, ont l'inconvénient grave d'en- traîner avec elles le dosage fractionné de chaque principe; ce fractionne- ment complique beaucoup les recherches analytiques au détriment de leur précision. Les seules notions positives que puisse donner la méthode expéri- mentale appliquée aux recherches hydrologiques sont celles des propor- tions de bases et d'acides contenues dans les eaux; d'où cette consé- quence, que les compositions salines généralement attribuées aux eaux minérales sont toutes plus ou moins hypothétiques. » 4°- Il résulte des expériences que nous avons faites sur les eaux de Vichy, qu'elles contiennent les acides carbonique, sulfurique, phospho- rique, arsénique, borique, chlorhydrique et, dans quelques cas particuliers, sulfhydrique; elles renferment encore de la silice, du protoxyde de fer, du protoxyde de manganèse, de la chaux, de la strontiane, delà magnésie, de la potasse, de la soude et une matière organique bitumineuse; nous n'y avons pas trouvé le fluor, l'iode, le brome, la lithine et l'alumine. » 5". Les quantités pondérales de quelques-uns de ces principes, tels que la soude et les acides sulfurique et chlorhydrique, identiques dans plusieurs cas, sont toujours très-rapprochées les unes des autres; celles des autres substances sont au contraire assez variables. Les variations de l'acide carbo- nique paraissent être proportionnelles à la température des eaux; celles des autres principes sont sans aucun doute accidentelles et dépendantes des pro- priétés incrustantes ou dissolvantes de ces eaux minérales. La proportion de potasse qu'elles renferment est très-notable, et dans plusieurs d'entre elles son poids est supérieur à oS'',aoo par litre. » 6°. Bien que peu élevée, la proportion de l'acide arsénique existant 43.. ( 328 ) dans les eaux de Vichy n'est cependant pas négligeable; elle est égale à o8'',oor par litre pour les eaux non ferrugineuse?, et à o8'',oo2 pour celles qui admettent dans leur composition des quantités un peu notables de prot- oxyde de fer. » 7°. Très-différents d'aspect et de compositions chimiques, les produits solides spontanément abandonnés par ces eaux minérales peuvent être divisés en trois groupes distincts. Les premiers, amorphes ou présentant la texture aragonilique, sont surtout formés de carbonates de chaux, de ma- gnésie, de strontiane, de manganèse, etc., etc.; ils contiennent peu de fer et, par suite, sont à peine arsenicaux. Les seconds, encore cristallins, pré- sentent la même composition générale que les précédents, mais, de plus, renferment des proportions très-appréciables de sesquioxyde de fer et d'acide arsénique. Enfin, les troisièmes sont pulvérulents; ils sont en outre essentiellement ferrugineux et donnent à l'analyse de 5 à 8 pour loo d'acide arsénique. » 8*^. Les eaux minérales de Vichy sont susceptibles d'éprouver deux genres d'altération : l'altération par perte d'acide carbonique, déterminant la précipitation d'une partie de la silice, celle de carbonates neutres de chaux, de magnésie, de strontiane, de manganèse, et peut-être de protoxyde de fer, entraînant avec eux des traces de sulfates et de phosphates; l'altéra- tion par oxydation, sous l'influence de laquelle une partie de l'arsenic et du principe ferrugineux se sépare de l'eau minérale, à l'état d'arséniate hydraté très-basique de sesquioxyde de fer. » g". Comparées entre elles et avec les nôtres, les analyses antérieiue- ment effectuées sur ces eaux présentent des désaccords souvent très-considé- rables : les uns sont tout à fait inexplicables; les autres dépendent évidem- ment de la différence des méthodes analytiques suivies par les divers auteurs qui se sont occupés de cette étude. » lo'*. Il résulte toutefois de ces rapprochements, que la composition des eaux de Vichy n'a pas éprouvé de variations bien sensibles depuis un tiers de siècle ; d'où il est permis de conclure à la permanence relative de leur constitution chimique. » lî*^. Les terrains sédimentaires traversés par ces eaux contiennent de la potasse soluble dans l'eau, ce qui explique jusqu'à un certain point les divergences observées dans les dosages de cet alcali, effectués sur des eaux différentes. » 1 2°. Classées suivant leur richesse en principes salins, les eaux miné- rales du bassin de Vichy peuvent être divisées en trois groupes. ( 329 ) » .Le premier, formé des eaux les plus minéralisées, réunit celles de la Grande-Grille, du puits Chomel, du puits Carré, des sources Lucas, de l'Hôpital, des Célestins, des puits forés Brosson, de l'enclos des Célestins et de l'abattoir à Cusset. » Le second comprend les eaux de Saint- Yorre, d'Hauterive, de Sainte- Marie, du puits Elisabeth et de la nouvelle source des Célestins. » Le troisième estformé seulement des deux puits deVaisse et de Mesdames. » i3°. Quelques auteurs ont cherché à expliquer les énergiques pro- priétés médicatrices des eaux de Vichy, par les réactions chimiques qu'elles sont susceptibles de produire dans l'économie, et par suite ont à peu près exclusivement rapporté leur action thérapeutique au sel prédominant en quantité pondérale, c'est-à-dire au bicarbonate de soude. L'exactitude de cette manière de voir est loin d'être déinontrée; car, outre le bicarbonate de soude, ces eaux renferment plusieurs autres sels, notamment des arséniates, qui doivent nécessairement participer à la médication par les eaux deVichy; de plus, comme il est impossible de prévoir et de suivre avec quelque cer- titude les réactions complexes qui peuvent prendre naissance sous les influences multiples de l'organisme, nous croyons que dans l'étude des effets thérapeutiques de ces eaux il est encore préférable de s'en tenir à l'observation médicale pratique. » I 4°- Les sources naturelles de Vichy émettent des eaux en générai plus chaudes que celles qui émergent des puits artésiens ; dans les premières, J'élévation de la température est assez directement proportionnelle à l'abon- dance du débit; cette relation entre le volume et la température n'existe pas pour les puits forés. » i5°. De l'ensemble des sources naturelles ou artificielles du bassin de Vichy, jaillissent, par vingt-quatre heures environ, 63o ooo litres d'eau ; la proportion de principes minéraux ainsi amenés à la surface du sol dépasse 5 ooo kilogrammes par jour; l'acide carbonique foi me à lui seul plus de la moitié de cette quantité totale. » 16". L'hypothèse par laquelle nous avons attribué l'origine des eaux minérales à une émission de vapeurs volcaniques, nous semble, plus qu'aux cune autre, donner la raison de la remarquable permanence de leur compo- sition chiiftique, ainsi que des phénomènes qui accompagnent leurs jaillis- sements. » ( 33o ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS PHYSIQUE. — Recherches sur la transmission de l'électricité dans les fds télégraphiques ; par MM. Guillfjhix et Emile Rurnouf. (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet.) « Nous avons commencé, il y a six mois, sur la propagation de l'électri- cité, une série d'expériences fondées sur les principes suivants. » Que l'on conçoive un long fil de métal isolé et rectiligne : à l'une de ses extrémités, mais sans le toucher, est un des pôles d'une pile électrique dont l'autre pôle communique avec le sol ; à son autre extrémité, mais sans le toucher non plus, est le fil d'un galvanomètre dont l'autre bout plonge dans la terre. Si au même moment on fait toucher un des bouts du fil à la pile et l'autre au galvanomètre, le courant s'élance dans le fil, le parcourt et parvient enfin au galvanomètre dont il dévie l'aiguille. Or le courant met un certain temps à parcourir le fil : si la durée des contacts est assez longue, il franchit le second point de communication et dévie l'aiguille aimantée; mais si les contacts durent trop peu, le courant lancé dans le fil n'arrive pas jusqu'au galvanomètre et ce dernier reste immobile. En dimi- nuant peu à peu cette durée, on devra arriver à un temps précis pour lequel toute déviation cessera : ce temps sera celui que l'électricité mettra à parcourir le fil. « Quand on approchera de ce point, l'impulsion imprimée à l'aiguille par le peu d'électricité qui dépasse le galvanomètre sera très-faible si on ne lance le courant dans le fil qu'une seule fois. Mais en établissant et supprimant les contacts un grand nombre de fois par second^, on multipliera les impid- sions et on les rendra plus sensibles en les accumulant. Or le fil durant chaque contact se charge d'électricité ; si dans les intervalles des contacts elle ne se déverse pas dans le sol, au contact suivant elle agira sur l'aiguille, et cela indépendamment de la longueur du fil et de la vitesse du courant. C'est pourquoi, dès que le fil ne communiquera plus avec la pile ni avec le galvanomètre, il devra être mis en communication directe avec la terre, et il sera ainsi ramené à l'état naturel avant la venue d'un nouveau courant. Cette décharge du fil permettra d'accumuler les impulsions sur l'aiguille et de déterminer le zéro avec précision . » D'après ces principes, nous ^vons construit l'appareil suivant : » Quatre roues de bois dur de 5 centimètres de diamètre sont fixées sur un même axe d'acier. Chaque roue porte, incrustées sur sa circonférence, seize lames de laiton de 2""°,o5 de largeur, séparées par des intervalles égaux ( 33i ) entre eux. Toutes les lames de chaque roue communiquent avec une même virole de laiton placée sur une portion étroite de cette roue. Un ressort appuie sur cette virole et forme un contact permanent ; un autre appuie sur la circonférence et forme une communication intermittente, de sorte que les deux ressorts communiquent entre eux toutes les fois qu'une lame métal- lique passe sous le ressort de la circonférence. Les deux premières roues font passer le courant dans le fil et opèrent ce que nous appelons la charge ; les deux autres^ par des conununications latérales des ressorts entre eux, déchargent le fil. » Charge du fil. — L'électricité arrive par le ressort de la virole de la pre- mière roue, passe à la plaque incrustée, au ressort qui la presse, au fil télé- graphique, revient au ressort de la circonférence de la seconde roue, à la plaque qui le touche, passe à la seconde virole, à son ressort, au galvano- mètre et à la terre. » Décharge du fil. — Les lames incrustées des deux autres roues corres- pondent aux intervalles de bois des deux premières. Aux ressorts de leur circonférence sont unis les deux bouts du long fil ; les deux autres ressorts communiquent avec la terre, loin l'un de l'autre et loin des fils de la pile et du galvanomètre, pour éviter les retours par le sol. Le jeu des deux paires de roues est donc alternatif. » Cette petite machine est mue par un lourd volant qui sert de régula- teiu". A chaque lourde l'appareil, le courant parcourt le fil seize fois et le fil est ramené seize fois à l'état naturel. » On se demande si un courant transmis par un contact glissant de lames métalliques n'est pas affaibli. Dans des expériences préliminaires, nous avons fait passer un courant à travers un appareil simple composé de deux lessorts de laiton flottant sur une roue à surface métallique de 5 centi- mètres de diamètre; le courant jîassait d'un ressort à l'autre. Or le courant est affaibli quand la vitesse de rotation atteint vingt tours par seconde; mais la perte est nulle pour toutes les vitesses quand ou empêche la vibration des ressorts au moyen de pefits étouffoirs analogues à ceux qu'on emploie dans les pianos. » Avec un appareil ainsi disposé, nous avons expérimenté pendant deux mois entiers sur la ligne de Toulouse à Foix. Nous devons cet avantage à M. d'Esparbès de Lussan, directeur des télégraphes à Toulouse, dont les conseils nous ont été souvent utiles et dont l'extrême obligeance a été si bien secondée par MM. les employés de Toulouse et de Foix. La ligne est formée de deux fils de fer parallèles, de 4 millimètres de diamètre et de 8a kilomètres de longueur, ensemble i64 kilomètres. ( 332 ) ■ » Résultats obtenus,— Avant chaque expérience, nous avons noté la dé- viation produite par un contact immobile et permanent, donnant ainsi l'effet total de la pile. Quand l'appareil tourne très-lentement, la déviation est en- viron les f de la première ; cette diminution est due au rapport de grandeur des lames incrustées et des intervalles de bois ; elle est la même pour toutes les vitesses quand le fil est réduit à quelques centaines de mètres de lon- gueur. )) Double période dans la déviation. — Quand on opère sur le fil de 164 kilomètres, la déviation, d'abord très-grande pour ime vitesse de trois ou quatre tours par seconde, décroît par degrés jusqu'à vingt et un tours: elle est à ce moment moins de moitié de ce qu'elle était au début; puis elle augmente régulièrement jjour des vitesses de rotation plus grandes, et ap- proche de la déviation première quand l'appareil fait de quarante à cin- quante tours par seconde. L'effet de la décharge est très-marqué, et l'ai- guille garde constamment la position première pour toutes les vitesses, quand on soulève les ressorts de la décharge et que celle-ci ne s'opère plus. » Cette expérience, répétée plus de douze fois pour les deux pôles de la pile, avec des piles de force de tension et de propagation très-diverse, a tou- jours donné cette double période ; le minimum a toujours été pour la vitesse de vingt et un tours, même après la pluie, quand la conductibilité des po- teaux était encore très-appréciable. Pendant qu'il pleut, l'aiguille est agitée de mouvements irréguliers; le fil perd jusqu'aux deux tiers du courant; il se fait comme une dispersion des ondes électriques et l'expérience est im- possible . » On voit donc que l'aiguille ne descend point au zéro, et que le mi- nimum est compris entre deux périodes. Nous avons cherché les causes de ces deux phénomènes en faisant les expériences suivantes : » Induction des fds télégraphiques. — L'appareil étant disposé comme précédemment, les deux fils ont été séparés à Foix et les deux bouts isolés dans l'air. Le galvanomètre ne communiquait ainsi qu'avec le fil inférieur isolé par son autre bout et complètement séparé de la pile; le jour était très- beau, rien par les poteaux ne passait d'un fil à l'autre, comme nous nous en sommes assurés par le contact permanent du ressort avec les plaques de charge. Or, la roue tournant, l'aiguille a été déviée ; la déviation croissait avec la vitesse ; et pour une vitesse de vingt et \m tours par seconde, elle s'est montrée à peu près égale au minimum de la première expérience. Ici, comme toujours, la déviation cessait quand l'appareil de décharge ne fonc- tionnait pas. » Cette expérience démontre de la manière la plus claire que le fil de re- ( 333 ) tour est induit par l'autre fil au moment même où l'électricité s'engage dans ce dernier. C'est ce courant induit qui, se produisant à toutes les vitesses, dévie l'aiguille d'une manière permanente, et l'empêche dans l'expérience primitive de retomber au zéro. )' On a lieu de s'étonner que l'induction se produise entre deux fils dis- tants l'un de l'autre de 3o à 4o centimètres, et dans de telles conditions; car chaque fil est isolé par un bout ; mais ces effets ne sont sensibles qu'avec de très-longs fils : on les produirait difficilement avec des fils de 200 à 3oo mètres de longueur. » Suppression de la période croissante. — Nous avons réduit à huit, au lieu de seize, le nombre des plaques de charge de nos roues, ce qui doublait le temps de la décharge ; nous avons fait rétablir à Foix la continuité des fils et répété l'expérience principale. Cette fois encore nous avons obtenu le minimum pour la même vitesse de rotation (vingt et un tours); mais ce mi- nimum est demeuré permanent pour toutes les vitesses supérieures. Pen- dant ce temps le fil se décharge deux fois de suite par ses deux bouts ; nous avons constaté que la seconde décharge déviait encore le galvanomètre, et qu'ainsi la première était insuffisante. Le fil perd donc l'électricité moins vite qu'il ne la prend ; avec des plaques assez grandes il se décharge entière- ment, et dès lors le minimum de déviation demeure constant et ne représente plus que l'induction d'un fil par l'autre. » Dans le cas contraire, la déviation augmente au delà du minimum, parce que le fil revient d'autant moins à l'état naturel que l'appareil tourne plus vite. » Toutes les lignes qui aboutissent à Toulouse ayant deux fils, il ne nous a pas été possible d'empêcher l'induction. Cependant tous les faits que nous avons observés sont tellement nets, que nous nous croyons autorisés à prendre cette déviation minimum pour le zéro. D'après ces données, l'élec- tricité parcourt un fil de 4 1 lieues dans l'espace de 7-7^0 ^^ seconde environ ; ce qui donne approximativement une vitesse de 45 000 lieues par seconde dans le fil que nous avons employé. » Nous avons fait en outre d'autres expériences qui viennent à l'appui des premières. » Nous avons mis le galvanomètre entre la pile et le fil de 164 kilomètres, à l'entrée même du courant; l'autre bout du fil a été isolé dans l'air. Le contact permanent de la pile étant établi, l'aiguille a reçu une très-faible secousse, puis est retombée à zéro : ce qui prouvait l'isolement parfait du fil. Quand on a fait tourner l'appareil, l'aiguille s'est déviée, d'autant plus que C. R., 1854, a"" Semestre. (T. XXXIX, ^o 7.) 44 ( 334 ) la rotation était plus rapide; à vingt et un tours par seconde la déviation a atteint un maximum , qu'elle a conservé par toutes les vitesses pins grandes. » Dans cette expérience, le fil, quoique isolé par l'un de ses bouts^ est alternativement chargé et déchargé d'électricité ; mais le galvanomètre n'é- prouve que l'effet de la charge. Quand l'appareil fait moins de vingt et un tours, l'électricité atteint l'extrémité du fil, s'arrête un instant comme dans lui contact immobile, et pendant ce temps d'arrêt n'agit pas sur l'aiguille aimantée. En augmentant la vitesse, on réduit la durée de cet état statique; l'impulsion reçue par l'aiguille s'accroît; et enfin, quand le temps perdu est réduit à zéro, la déviation est au maximum : l'onde va frapper l'extrémité du fil et revient aussitôt sur elle-même pour se décharger. Or cela arrive précisément pour une vitesse de vingt et un tours par seconde; car alors le contact dure exactement le temps nécessaire à la propagation du coiuant jusqu'au bout du fil. » On obtient les mêmes résultats quand on soumet le galvanomètre à la décharge du fil. Enfin, comme on pouvait le prévoir, lorsque le galvano- mètre reçoit la charge et la décharge à la fois, l'aiguille se maintient au zéro. » Cette triple expérience est, principalement dans sa première partie, une remarquable confirmation de l'expérience principale; elle pourrait même suffire, à elle seule, pour mesurer la vitesse de l'onde électrique; elle prouve, de plus, que cette vitesse est la même dans un fil isolé par l'un de ses bouts que dans un circuit complété par la terre. » Tels sont les principaux faits que nous avons observés; nous expose- rons les autres et nous donnerons les séries obtenues, avec les dessins de nos appareils, dans un Mémoire plus étendu. Nous devons dire, en finis- sant, que pour opérer dans des conditions normales, il faudrait posséder un fil, non pas composé de deux lignes parallèles, mais disposé en cercle, ou jnieux encore en rosace. On pourrait dès lors non seulement se soustraire à l'induction, et obtenir le zéro avec ou sans la période croissante, mais encore, comme l'a fait M. Faraday dans ses belles exjîériences, qui concor- dent avec les nôtres, placer des galvanomètres sur différents points du fil, y lancer des ondes électriques d'une longueur déterminée, les y suivre pas à pas, saisir leurs intervalles, leurs oscillations, leurs retours; enfin, ana- lyser tant d'autres faits ou mal éclaircis ou inconnus^ et fournir les plus importantes données à celui qui, plus tard, fera la théorie générale de l'électricité. » ( 335 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles observations sur Valcool bulj'lî(jne; par M. Ad. Wurtz. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Balard.) « Ayant étudié, dans ces derniers temps, les propriétés de l'alcool buty* lique et les différentes combinaisons qu'il peut former, je me propose de communiquer, dans cette Note, quelques-uns des résultats que j'ai obtenus et qui me paraissent nouveaux dans l'histoire des alcools. a Le chlorure de zinc décompose l'alcool butylique à l'aide de la cha- leur; il en dégage du butène (gaz de Faraday) C'H% et des carbures d'hy- drogène liquides «C'H*. Mais, indépendamment de ces produits, il se forme d'autres hydrogènes carbonés. Le butène est mélangé avec un gaz très-carburé, qui n'est pas absorbable comme lui par l'acide sulfurique fumant. Brûlant avec une flamme fuligineuse, soluble, sans résidu, dans l'alcool, ce gaz se condense facilement dans un mélange réfrigérant, pour former un liquide très-mobile, et qui s'évapore rapidement à la tempéra- ture ordinaire. Ce gaî^est Vhydrure de hutylium ^sTT,o (C'HM , , . (C^HM C*H'*' = j J, correspondant au gaz des marais < V Les carbures d'hydrogène liquides, qui se forment en même temps que les gaz précédents, et dont le point d'ébullition varie de loo à 3oo degrés, sont un mélange de carbures C"H" et C"H"~'. Je me suis assuré par l'ana- lyse que les produits qui distillent entre 240 et 280 degrés, sont des car- bures renfermant moins d'hydrogène que ne l'exigerait la formule C" H". » D'après cela, la réaction du chlorure de zinc sur l'alcool butylique est exprimée par les formules suivantes : «C»H">0« = nH»0=' + «C»C% nCH'-'O» = «H^O^ + C'H'<' + [(n-i)(C»H«)- H^]. L'éther butylique 1 (-«tto 1 ^* ^^ forme par l'action de l'iodure de butyle sur le butylate de potassium. Cette réaction, qui est du genre de celles qui ont été indiquées récemment par M. Williamson, n'est pas la seule à laquelle donnent lieu ces deux substances, fjorsqu'on ajoute de l'iodure de butyle à une solution très-concentrée et chaude de butylate de potassium, il se dégage du butène, et il se régénère de l'alcool butylique comme le fait voir l'équation suivante : ^ jO^-^C»H<'l=:C'H'' + r ^ 0^-t-RL 44-. ( 336 ) » Pour préparer les éthers composés de l'alcool butylique, j'ai dû employer des procédés particuliers. En raison de la difficulté qu'on éprouve à se procurer cet alcool, il m'a été impossible d'en sacrifier de grandes quantités pour chaque préparation. J'ai donc eu recours à un seul éther, à l'iodure de butylium, pour préparer un certain nombre d'éthers composés de l'alcool butylique. » L'iodure de butylium est facile à préparer, facile à purifier. En le faisant réagir sur les sels d'argent secs, on éthérifie les acides qu'ils ren- ferment, par double décomposition. Dans ces réactions, l'iodure de buty- lium fonctionne exactement comme l'iodure de potassium, preuve nouvelle et intéressante de l'analogie des groupes organiques C"!!"^' avec les métaux. ). Le carbonate de butylium a été préparé par la réaction de l'iodure de butylium sur le carbonate d'argent. Ces deux corps, introduits dans un matras d'essayeur qu'on a scellé à la lampe, ont réagi l'un sur l'autre à la température de loo degrés. En soumettant le contenu du matras à la distillation, on en a retiré du carbonate de butylium ro 1 C9H9 O C H Q2 C'«H'«0» = ( ' ou C'O' CO )^, r.8O9<0 C»H 2 O* G" H sous la forme d'un liquide incolore, plus léger que l'eau, doué d'une odeur très-agréable, et bouillant à 1 90 degrés. » L'iodure de butylium réagit à la température ordinaire sur le nitrate d'argent pulvérisé; le mélange s'échauffe tellement, si l'on n'a soin de refroidir, qu'il s'en échappe des vapeurs rouges et que le nitrate de buty- lium se décompose au moment de sa formation. Je l'ai obtenu en opérant sur de petites quantités, et en ajoutant un peu d'urée solide au nitrate d'argent, pour empêcher que le nitrate de butylium ne se décompose par la distillation du mélange. » A.insi obtenu, cet éther est parfaitement neutre, doué d'une saveur douce d'abord, et très-piquante ensuite. Il bout vers iSa degrés. » I^a potasse alcoolique le dédouble en nitrate de potasse et en alcool ( AzOM butylique. Il renferme C*H» AzO« = îc'H M^'' » V acétate de butjlium a été obtenu, comme les éthers précédents, par double décomposition entre l'acétate d'argent et l'iodure de butylium. C'est un liquide éthéré, doué d'une odeur très-agréable. Sa densité est de o,8845 à la température de 16 degrés. (337) » La potasse le dédouble en acétate et en alcool butylique. J'ai analysé l'alcool ainsi régénéré. L'acétate de butylium renferme » Je pense que le procédé d'éthérification qui a servi à obtenir les com- posés précédents pourra être appliqué dans un grand nombre de cas à la préparation d'éthers qu'il est difficile ou impossible d'obtenir par les pro- cédés ordinaires. » Voici d'ailleurs la nomenclature et la composition des composés appar- tenant à la famille du butylium, et que je décris dans mon Mémoire : \0^, alcool butylique; C*H'l C8JJ9 ' butylium; C*H', butène (gaz de Faraday); C'H" ) ■ „ |, hydrure de butylium (gaz nouveau correspondant au gaz des marais ) ; p. |, chlorure de butylium (éther butylchlorhydrique); g^ |, bromure de butylium (éther butylbromhydrique); j >, lodure de butylium (éther butyliodhydrique); C'H") Ç.8TT9 1 O^, éther butylique ; C'H" 1 Qi JJ5 0% butylate d'éthylium (éther butyléthylique) ; ^ ^ tna r carbonate de butylium (éther butylcarbonique); AzO'' ] C'H'l^*' ^^^*^*^ '^^ ^'^ty'iu™ (éther butylazotique); C^H'OM , ç;8 JJ9 jO 1 acétate de butylium (éther butylacétique) ; C» j£9 1 0% formiate de butylium (éther butylformique) ;, ( 338 ) S»j^g^°J0» + aHO, sulfobutvlate de baryte; jO% sulfobutylate de potasse; S^l |0% sulfobutylate de chaux; C'HM H >Az, butyliaque; H ) C'H"Az, Cl H, chlorhydrate de butyliaque ; C*H'* AzClH, PtCF, chlorhydrate double de butyliaque et de platine; 2(C*H"ilz, ClH), Au Cl', chlorhydrate double de butyliaque et d'or. » A ces composés, il faut ajouter : Le mercaptan butylique < „ | S^ I H \ CO |Th^«l i H L „ Et l'uréthane butylique 1 ' ou |c-OM ' que M. Humann a obtenu récemment dans mon laboratoire. » CHIMIE ORGANIQUE. — Nofe sur la préparation de quelques éthcrs; par M. Philippe de Glebmont. {Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Balard.) « M. Wurtz m'ayant engagé à étudier l'action de l'iodure d'éthyle sur différents sels d'argent, j'ai obtenu les résultats suivants : » En mettant l'iodure d'éthyle pur et sec en contact avec du pyrophos- phate d'argent parfaitement desséché, le mélange s'échauffe et la masse jaunit et devient compacte. Il est nécessaire de chauffer les matières au bain-marie dans un matras d'essayeur scellé à la lampe, pour achever la réaction. Il est important, pour le succès de cette expérience, de mettre un excès de sel d'ar- gent; autrement l'iodure d'éthyle est décomposé, et l'on obtient une masse acide imprégnée d'iode, dont on se débarrasse difficilement. Quand la réaction est achevée, on reprend par l'éther sulfurique pur; la masse s'y délaye par- faitement bien. Le liquide est filtré pour le séparer de l'iodure d'argent. On enlève l'éther sulfurique en distillant au bain-marie : on obtient ainsi un ( 339 ) liquide visqueux dum lequel on fait passer un courant d'air sec à 1 3o degrés environ ; enfin, on chauffe dans le vide à i4o degrés pour enlever les der- nières portions d'éther sulfurique et d'éther iodhydrique. Voici l'analyse de l'étlier pyrophosphorique ainsi obtenu : » I. oB',369 de matière ont donné o^^aSS d'eau et o6%456 d'acide car- bonique. » II. iS%o46 de matière ont donné o8',8io de phosphate de magnésie. M Ces nombres donnent, en centièmes, Espériences. Théorie. î. ~ II~ Carbone 33,7 33, o Hydrogène 6,7 6,9' Acide phosphorique. . 49 >3 49 >' et conduisent à la formule (2C*H»0)P0'. » La réaction qui donne naissance à l'éther pyrophosphorique est une double décomposition, très-nette, du genre de celles qui se passent entre deux sels métalliques. Deux molécules d'iodure d'éthyle agissent sur une molécule de pyrophosphate d'argent : il se forme deux molécules d'iodure d'argent et une molécule de pyrophosphate d'éthyle, P0= 2AgO + 2(C*HM)=: aAgJ + (aC*H^O)PO'. » L'éther pyrophosphorique est un liquide visqueux, d'une saveur brû- lante, d'une odeur particulière, se dissolvant dans l'eau, l'alcool et l'éther; il devient promptement acide au contact de l'air humide. Une petite por- tion de cet éther, exposée pendant quelques jours à l'air, a absorbé jus- qu'à i4 pour 100 de son poids d'eau. » Il dissout ini peu d'iodure d'argent et le dépose à la longue sous forme de petits cristaux. La potasse le décompose en l'acidifiant, et il se forme un sel déliquescent et cristallin, probablement de l'éthylophosphate dépotasse PhO% aC/H^O, KO. Sa densité est de 1,172 à 17 degrés. Quand on l'expose à la flamme d'une lampe à alcool, il brûle avec une flamme blan- châtre et en répandant des vapeurs blanches. » Cet éther avait d'abord été obtenu au laboratoire de M. Wurtz par M. Moschnine. » L'iodure d'éthyle agit également sur le phosphate d'argent tribasique, la réaction est faible à froid, et, pour la compléter, il faut chauffer au bain- marie. On traite le mélange par l'éther sulfurique, qu'on enlève ensuite en distillant. Le liquide qu'on obtient est chauffé jusqu'à 160 degrés au bain ( Mo) d'huile : à cette température il ne bout pas encore; ensuite on le distille dans le vide et l'on recueille ce qui passe jusqu'à i4o degrés, c'est l'éther phospho- rique ; le résidu non volatil est un liquide très- visqueux et très-acide, qui absorbe promptement l'humidité de l'air. » Voici l'analyse du produit distillé dans le vide : » o^'',3665 de matière ont donné 0,277 ^^'^au et o,5a6 d'acide carbonique. » Ces nombres donnent, en centièmes, Expérience. Théorie. Carbone Sg, i 39,5 Hydrogène 8,4 8, a et conduisent à la formule (3C*H''0)PO». Cet éther est un liquide incolore, fluide, d'une odeur particulière, res- semblant à celle de l'éther pyrophosphorique, d'une saveur brûlante, se mê- lant à l'eau en devenant acide. Chauffe sur une lame de platine, il s'enflamme, brûle avec une flamme blanchâtre en répandant des fumées blanches. » On obtient très-facilement l'éther carbonique par la méthode qui a servi à préparer les éthers précédents. En faisant réagir 12 grammes d'io- dure d'éthyle sur autant de grammes de carbonate d'argent, il se forme, par double décomposition, de l'iodure d'argent et de l'éther carbonique. Il est bon d'employer i équivalent d'iodure d'éthyle pour i équivalent de carbonate d'argent, car l'excès de sel d'argent se décompose dans ces circonstances, et l'on a un dégagement d'acide carbonique qui peut com- promettre le succès de l'expérience. » Quand la masse est devenue solide et pulvérulente, on distille au bain d'huile, pour séparer la matière volatile de l'iodure d'argent; il distille un liquide dont la plus grande partie, après avoir été redistillée, bouillait à 126 degrés. Le liquide obtenu est très-fluide, possède une saveur brûlante, une odeur aromatique agréable, et brûle avec une flamme bleuâtre. En voici l'analyse : » oS'^,3o85 de matière ont donné 0,2875 d'eau et 0,6715 d'acide car- bonique. » Ces nombres donnent, en centièmes, Expérience. Théorie. Carbone 5o ,5 5o , 8 Hydrogène 8,5 8,5 et conduisent à la formule CO'.C'H'O. (341 ) M. GuiLLON adresse, au concours pour les prix de Médecine et de Chi^ rurgie, une pièce justificative à l'appui de celles qu'il .a présentées avant la clôture du concours, ses procédés opératoires pour le traitement des rétré- cissements de l'urètre. La nouvelle pièce se rattache à l'un des cas dans les- quels il a appliqué avec succès cette méthode; c'est l'observation rédigée par le malade lui-même. (Renvoi à l'examen de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie pour l'année i854-) CORRESPONDANCE. M. LE DiRECTElJR GENERAL DES DoUANES ET DES CONTRIBUTIONS INDIRECTES adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du « Tableau général du Commerce de la France avec ses Colonies et les puissances étran- gères, pendant l'année i853. » ASTRONOMIE. — Observations de la planète Bellone à l'observatoire de Bilk. (Lettre de M. Luther à M. Élie de Beaumont.) « J'ai l'honneur de vous communiquer mes observations de la nouvelle planète Bellone , faites à cet observatoire. NOMBRE IflK^S TEMre HOTEN ASCENSION DËCLIMAISON de Gr POSITIONS APPARENTES de Bllk. droite. boréale. comparai- sons. des étoiles de comparaison. h m s » / n 0 f II 0 / w ^ r If Mars I 12 24 23,7 181 23 52,9 1 ' 29,3 10 («) 182 12 16,7 -1- 1 I 59,9 I 13.45.28,5 181.23.22,5 7. 2. 0,3 10 rt D 2 10.37. 0;3 181. i5. 9,4 7..0. 5,6 II (9'io) 180. 8.44,0 -i- 7. 9. 4,0 3 10.39.38,2 181. 5.29,6 719.30, 3 6 (8) 178.30. 3,5 -+- 7'9- '.9 4 10. i3.io,i 180.55. 5i, 3 7.28.37,6 10 (9) 180.55.16,5 -1- 7.29.24,0 5 10 i3.23,5 180.45.47,8 7.38. 3,7 10 (9) 180. 3.49,1 -+- 7.34.45,8 ■9 II. 4'2,5 178.11.30,8 9.44-56,5 8 (9) 176.40.25,9 -\- 9.42.50,7 21 10.32.57,2 177.49.15,7 10. I . 20 , 4 10 f8) 178.59. 9,5 + 10. 3.53,1 3i 11.14.17,2 176. 2.35,0 II. 14. 7,6 6 (9) 173.57.26,5 ■+■ ii.i3.55,9 Avril '7 io.i5.33,7 173.55.29,5 .2.28.14,4 10 (9) 172.17.28,0 -*- 12.28.37,1 i8 10. i5. 25,6 173.50.50,0 ia.3o.î3,4 10 (9) 172.17.27,9 -H 12.28.37,2 27 10. 1.42,6 173.25.14,6 12.41. 0,8 7 (8-9) 173.47.17,3 -(- 12.40.19,3 g » J'ai adopté les positions des étoiles de comparaison selon des nouvelles observations que M. Argelander a eu la bonté de faire à l'observatoire de Bonn. J'ai employé à tnes observations un instrument de la longueur de 6pieds et d'une ouverture de Sa lignes parisiennes. » C. R., 1854, a™« Semestre. (T. XXXIX, N« 7.) 45 ( 342 ) ÉCONOMIE RURALE. — Exposé des travaux sur l'industrie de la soie, faits, en i854, à la Magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle ; par MM. Gcériîî-Méveville et Eug. Robert. (Extrait.) « . . Nous avons encore eu à lutter, comme l'année précédente contre les désastreux effets d'une épidémie qui sévit depuis plusieurs années sur nos belles races françaises de vers à soie. Cette maladie générale, qui l'éduit très-considérablement les récoltes en France, a gagné cette année l'Espagne, d'où l'on avait tiré jusqu'ici de très-bonnes graines de vers à soie pour remplacer, autant que possible, celles que les magnaniers les plus habiles n'osent plus faire avec les cocons récoltés dans le pays. Les éduca- teurs seront donc réduits, l'année prochaine, à s'approvisionner exclusive- ment en Italie, seul pays de l'Europe occidentale où la maladie des graines semble ne pas avoir encore pénétré d'une manière très-sérieuse. » Il résulte clairement de ces faits, que l'épidémie de la gattine s'étend chaque année davantage, pénètre dans des contrées où on ne l'avait pas encore observée, et qu'il est impossible dédire si elle n'envahira pas succes- sivement toutes les contrées séricicoles, et ne portera pas ainsi un coup irré- parable à l'industrie de la soie, qui est une des principales richesses de nos contrées méridionales. » On comprend qu'un pareil état de choses continue à rendre notre position très-difficile. Avant l'épidémie, notre but principal était de recher- cher les races qui convenaient le mieux à notre région, de les améliorer par des moyens rationnels, et d'essayer d'acclimater celles qui nous sem- blaient susceptibles de donner de bons résultats. Mais dans ce temps d'épi- démie, frappant également le règne animal et le règne végétal, tous nos efforts doivent tendre exclusivement à conserver les races hancaises et celles que nous avions acclimatées et perfectionnées, après quinze ans de pénibles travaux; il s'agit de les empêcher de périr. Ce n'est évidemment que lorsque nous n'aurons plus cette lutte à soutenir, que nous pourrons reprendre nos travaux d'amélioration et d'acclimatation des races , but constant de nos soins et de nos légitimes espérances. » Tous les éducateurs et industriels savent que les races françaises sont, en effet, les plus estimées , qu'elles donnent des cocons d'une valeur de i a à i5 pour loo supérieure à celle des cocons provenant des races étrangères, et que ces cocons seuls produisent ces belles soies qui ont assuré, depuis si longtemps, aux soieries lyonnaises et françaises le.ur supériorité unani- mement reconnue. Les filateurs et les fabricants déplorent l'invasion des ( 343 ) races étrangères, résultat si fâcheux de l'épidémie qui dévore les nôtres. Cette invasion a déjà porté ses tristes fruits en nivelant le prix des soies de nos premières filatures d'ordre avec une foule de soies étrangères qui, jus- qu'ici, n'avaient jamais pu supporter la comparaison ni atteindre nos cours. » Ij'influence de l'épidémie qui règne en France, depuis bientôt six ans, est allée en augmentant jusqu'à rendre très-difficiles et très-chanceuses les éducations de vers à soie faite avec des graines produites en France. Ce n'est qu'à l'aide de soins extraordinaires, d'éliminations nombreuses d'individus reconnus atteints, que l'on parvient à obtenir des résultats satisfaisants. Ces difficultés, insurmontables dans certaines conditions et dans certaines loca- lités, expliquent facilement la diversité des résultats qui nous ont été signalés par les personnes qui ont employé la graine de la magnanerie de Sainte- Tulle. Aussi remarque-t-on de belles réussites à côté d'insuccès dans des éducations résultant de la même graine. A la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle, ces produits ont été très-satisfaisants, ainsi qu'ont pu le remar- quer la Commission et les nombreux visiteurs, à qui nos ateliers sont toujours ouverts. Ces éducations nous ont fourni d'excellents et de très-beaux cocons, parmi lesquels nous avons choisi avec le plus grand soin les reproducteurs pour l'année prochaine. La graine a été faite, comme l'année précédente, d'après les données les plus positives et les plus généralement admises par la science et par la pratique la plus avancée. » Outre ces travaux, ordonnés par le Gouvernement, nous nous sommes livrés, comme nous le faisons depuis huit ans, à des expériences et à des recherches nombreuses sur les meilleures méthodes d'éducation et sur les diverses races de vers à soie; recherches plus nécessaires que jamais, eu pré- sence des dangers qui menacent cette précieuse industrie de la soie. Des tra- vaux persévérants peuvent seuls promettre, dans un avenir plus ou moins éloigné, la solution d'un grand nombre de questions très-importantes, qui n'ont pu être suffisamment étudiées jusqu'à ce jour. » ASTRONOMIE. — Observation des étoiles filantes périodiques du mois d'août; par M. Coclvieu-Gravier. « J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie mes observations d'étoiles filantes au retour périodique du mois d'août. Cette année, comme en j846, elles ont été contrariées par la présence de la lune. Le 9 août, on n'a pu voir aucun météore à travers les éclaircies d'un ciel nuageux; mais les 10, r i et 12 août, nous avons obtenu les résultats suivants : ( 344 ) JODR. AVEC OL' SANS LUNE. CIEL. NOMBRE d'Étoiles NOMBRE HORAIBE observé. corrigé . lO Sans liin6 0,3 0,3 o,9 1,0 0.9 1,0 3 52 22 Il5 '94 3„ 37 52 4o Avec lune Sans lune. Avec lune. . • Sans lune • . . 'i ! -^ .2 Avpf* lune. • . . » Il est assez remarquable que le maximum arrive cette année le 1 1 août, au lieu du lo, époque ordinaire de ce maximum. Le nombre horaire moyen des 9, lo et ii août de l'année précédente a été de 48 étoiles filantes {Comptes rendus, a* semestre; page 289). La moyenne des 10, 11 et 1 2 août de cette année n'est plus que de 43 : diminution 5 étoiles ; ce qui confirme, autant que peuvent le faire les observations ci-dessus, l'affaiblis- sement graduel de ce retour périodique et son extinction probable pour l'an- née 1860. « La durée des lectures qui ont été faites dans la première partie de la séance, n'ont pas permis de donner communication de la plupart des pièces qui faisaient partie de la Correspondance ; pièces qui seront réservées pour la séance prochaine. La séance est levée à 5 heures un quart. E. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du i4 août i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 2* semestre i854; n" 6; in-4°. De la Baguette divinatoire, du Pendule dit explorateur et des Tables tour- nantes, au point de vue de l'histoire, de la critique et de la méthode expérimen- tale; par '^. M.-E. Chevreul. Paris, i854; 1 vol. in-8''. Des Substances alimentaires et des moyens de les améliorer, de les conserver et d'en reconnaître les altérations; par M. A. Payen; 2* édition. Pans, i854; I vol. in-i2. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 21 AOUT 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE. — Sur les forces élastiques des vapeurs dans le vide et dans les gaz, aux différentes températures ; et sur les tensions des vapeurs fournies par les liquides mélangés ou superposés ; par M. V. Regnault. TROisiisir. PARTIE. — Dcs forces élastiques des vapeurs dans les gaz. « Les physiciens admettent, généralement, que les vapeurs se comportent dans les gaz comme dans le vide, avec cette seule différence, que dans les gaz l'équilibre de tension s'établit lentement , tandis que dans le vide il s'établit presque instantanément. On montre dans les Cours de Physique un appareil imaginé par Gay-Lussac, et à l'aide duquel on démontre que les forces élastiques des vapeurs dans les gaz sont exactement les mêmes que dans le vide. Néanmoins, il n'est fait mention, nulle part, d'expériences précises ayant servi à établir cette loi, qui est d'une grande importance, notamment pour la météorologie. r> A l'époque où je me livrais à mes études sur l'hygrométrie qui ont été pu- bliées dans le tome XV des Annales de Chimie et de Phjsique ,]' a.\ déterminé, avec grand soin, le poids de la vapeur aqueuse qui se trouve dans l'air atmo- sphérique, à ses différents états de saturation. Je reconnus que, même pen- dant de longues pluies continues qui devaient maintenir l'air à l'état de satura- C. R. , i854, a">« Semestre. (T. XXXIX, K» 8.) 4^ ( 346 ) tion, la quantité d'eau trouvée par l'expérience était constamment plus faible que celle que je déterminai? par le calcul, en me basant, d'un côté, sur les forces élastiques que j'avais trouvées à la vapeur aqueuse dans le vide, et, de l'autre, sur la densité théorique de cette vapeur. » Cette circonstance pouvait tenir à deux causes : » i". La force élastique de la vapeur d'eau pouvait bien ne pas être exac- tement la même dans l'air que dans le vide; » 2". La densité réelle de la vapeur d'eau dans l'air pouvait différer de celle que l'on obtient par le calcul, en se fondant sur la loi de Mariotte et sur la densité théorique; car cette densité n'avait été vérifiée par Gay-Lussac qu'à la température de 100 degrés, et sous des pressions peu différentes de la pression ordinaire de l'atmosphère. » J'ai voulu d'abord déterminer, aussi exactement que possible, le poids de vapeur que l'air saturé d'humidité peut contenir aux diverses tempé- ratures ; car on peut objecter que, dans les expériences où je puisais l'air saturé immédiatement dans l'atmosphère, il restait de l'incertitude sur l'évaluation exacte de la température. Mes nouvelles expériences étaient à l'abri de cette objection ; car je puisais l'air, au moyen d'un aspira- teur, dans une série de tubes remplis d'épongé mouillée, et maintenus à une température rigoureusement invariable pendant toute la durée de l'expérience. Les soixante-huit déterminations que j'exécut.lis ainsi entre les limites de température de o degré à + 27 degrés, ont toutes donné des poids de vapeur plus faibles que ceux que l'on déduit du calcul. Les diffé- rences sont néanmoins peu considérables, car elles s'élèvent rarement à -^^ du poids total . » Le fait se trouvant ainsi parfaitement constaté, pour en trouver la cause, j'entrepris des expériences afin de déterminer, directement, la den- sité de la vapeur aqueuse dans les limites de température analogues à celles qui existaient dans mes premières expériences, ainsi que les forces élastiques de cette vapeur dans l'air. Malheureusement,' la détermination directe de la densité de la vapeur d'eau dans les gaz présente des difficidtés à peu près insurmontables aux basses températures, parce que la quantité pondérale (le cette vapeur est trop petite par rapport à celle du fluide élastique total. J'ai été obligé de me borner à faire les expériences dans le vide. Tant que la fraction de saturation n'atteint pas -^, j'ai trouvé pour la vapeur d'eau une densité égale à celle que l'on déduit de la densité théorique, en y appli- quant la loi de Mariotte. Mais cette densité augmente rapidement qliand on approche de la saturation. Je crois, néanmoins, que cet accroissement ( 347) rapide est produit principalement par nne condensation d'eau liquide sur les parois du ballon dans lequel je faisais mes expériences; et cette con- densation commence longtemps avant la saturation. » Je n'ai trouvé aucun moyen d'éviter cette cause d'erreur, et je crois que le moyen le plus précis de déterminer la densité d'une vapeur dans un gaz, consiste encore à condenser par des substances absorbantes la vapeur qui se trouve dans un volume déterminé de ce gaz, dans des conditions bien connues de température et de pression. Mais, dans ce cas, il faut être bien fixé sur la loi des forces élastiques. » J'ai relaté, à la page i34 de mon Mémoire, les expériences que j'ai faites pour déterminer directement la force élastique de la vapeur d'eau à saturation dans l'air et dans le gaz azote, aux diverses températures. Les quatre-vingt-onze déterminations que j'ai faites entre o et l^o degrés ont donné, sans exception, des forces élastiques de la vapeur d'eau plus faibles dans l'air que dans le vide. Les différences sont du même ordre que celles que j'avais trouvées précédemment entre les poids de l'eau qui sature un volume connu d'air, et les poids que l'on déduit du calcul. Et cependant, dans ces expériences, je me suis appliqué à varier les circonstances autant que possible, et surtout à réaliser celles dans lesquelles on pouvait espérer obtenir la saturation. » La vapeur d'eau n'ayant qu'une faible tension aux basses températures, il était important d'étendre ces expériences à des liquides plus volatils. C'est ce que j'ai fait sur l'éther, le sulfure de carbone et la benzine. L'appareil que j'ai employé est celui qui a été décrit (Annales de Chimie et de Phjsique , 3*^ série, t. XV, p. i3i). On plaçait dans un ballon de 600 à 700 centimètres cubes de capacité une petite ampoule hermétiquement fermée et contenant le liquide sur lequel on voulait opérer. Ce ballon, au col duquel on avait soudé préalablement un tube d'un diamètre plus ou moins large, commu- niquait avec un manomètre à mercure. Ij'ensemble de l'appareil était placé dans une grande cuve remplie d'eau, que l'on maintenait à une température constante. Une partie des parois de la cuve était remplacée par une glace, à travers laquelle on pouvait observer le manomètre. L'appareil étant dis- posé, on faisait un grand nombre de fois le vide dans le ballon, et on y laissait rentrer de l'air parfaitement sec. Enfin, on fermait hermétiquement l'appareil, en y laissant de l'air sous la pression de l'atmosphèie. » On commençait alors par déterminer directement les forces élastiques que prenait cet air sec, maintenu sous un volume constant, aux diverses températures. Puis, après avoir opéré la rupture de l'ampoule par l'action 46.. ( 348 ) de la chaleur, on recommençait cette même série d'observations sur l'air saturé de vapeur. Le liquide renfermé dans l'ampoule avait séjourné préala- blement au contact de l'air, pour qu'il n'eût pas de tendance à absorber l'air du ballon. De plus, on faisait varier, dans les diverses expériences, le volume de l'ampoule par rapport à celui du ballon, afin de s'assurer que l'absorp- tion de l'air par le liquide, ou son dégagement, n'exerçait pas de perturba- tion sensible. » Voici mainte ni uît quelques-uns d es résultats que j ai obtenus : Première série. Capacité du ballon 668 centim. cubes. L'ampoule rentèrinail 7",4 de liquide. Force élastique de l'air à 0 degré 731™", 89 FORCES ÉLASTIQUES FORCES ÉLASTIQUES TEMPÉRATURES. de la vapeur dans le gaz. de la vapeur dans le vide. o 5,17 225,94 232,5 mm 6,6 14,42 340 , 1 5 345,3 5,1 14, 38 336,48 344,5 8,0 20,78 439,50 445,6 6,1 20,78 439,78 445,6 5,8 1 11,09 297,10 3oo,2 3,1 II, II 296,78 3oo,6 3,8 •9.37 4i4,02 423,1 9.» 12,22 3ii,3o 3i5,o 3.7 Deuxième série. Capacité du ballon . Cgo centimètres cubes. Poids du liquide' renfermé Force élastique de l'air seul à 0 degré. . . . 724""", 2 dans l'ampoule. 76^,7 2 Dans cette série, on opère consumaient par voie de température descendat te, afin de réaliser plus sûrement la saturation 33°, 5 1 702,69 722,8 mm 20,1 33,62 705,09 726,0 20,9 3o,97 645,62 659,0 .3,4 26,52 553,67 559,2 6,5 22,83 4:9.63 484,o 4,4 20, o5 429,69 433,9 4,2 '9>99 428,88 433,0 4,1 14,26 337,71 341,0 3,3 ( 349) » Ces tableaux, dans lesquels je n'ai inscrit que les plus grandes tensions observées à une même température, montrent que les forces élastiques de la vapeur d'éther dans l'air sont constamment plus faibles que celles que j'ai obtenues dans le vide : les différences sont d'autant plus grandes que les forces élastiques sont elles-mêmes plus considérables. » Dans la crainte que le tube qui établissait la communication entre le ballon et le manomètre, dans les précédentes expériences, ne fût pas assez large pour permettre une diffusion convenable de la vapeur, je donnais à ce tube le même diamètre qu'au tube manométrique lui-même, c'est-à-dire il millimètres. C'est dans ces conditions que la série suivante a été faite. On prenait d'ailleurs toujours la précaution de faire passer par distillation, avant de commencer les observations, une petite quantité de liquide dans- le tube manométrique. TroUième série. Force élastique de l'air seul à o degré. . . 7o6'"'",9i . TEMPÉRATURES. FORCES ÉLASTIQUES de la vapeur dans l'air. FORCES ÉUSTIQIE» dans le vide. DIFFÉRENCES. o 16,73 368, 8i 379'7 mm '0,9 16,75 369,39 379.8 10,4. 20,78 435,21 445,8 10,6 20,79 435,26 445,9 '0,7 29,31 583, 81 619,0 36,2 29,31 588,68 619,0 3o,3 29,31 593,03 6j9,o 26,0 22,84 4'70,i3 483,8 '3,7 22,86 466, o3 483,9 '7>9 22,84 467,54 483,8 i&,3 » On remarquera que cette série présente des différences encore plus grandes que les précédentes. Mais cela tient à ce qu'on rie s'est pas attaché à n'inscrire que les déterminations niaxima. Les observations à une même température ont été faites à une demi-heure d'intervalle. » Il serait trop long d'indiquer ici les diverses circonstances dans les- quelles les déterminations partielles ont eu lieu pour ces trois séries : ces circonstances exercent une grande influence sur les valeurs que l'on trouve ( 35o ) pour les forces élastiques de la vapeur. Je me contenterai de dire que sou- vent on ne faisait une détermination qu'après avoir maintenu le bain pendant plusieurs heures à une température rigoureusement constante, et dans une agitation continuelle. D'autres fois, on laissait le bain se refroidir très-lente- ment, en le maintenant constamment agité, et l'on faisait la mesure pendant cette période de température descendante qui était éminemment favorable à la saturation. » On obtient les plus grandes valeurs pour les forces élastiques à une même température, quand on refroidit subitement le ballon pour amener luie condensation abondante de vapeur, puis qu'on établit promptenient la température stationnaire. Si l'on observe ensuite, de quart d'heure en quart d'heure, la température du bain agité restant rigoureusement constante, on voit la force élastique diminuer successivement pendant plusieurs heures. Si, au contraire, on élève successivement la température du bain jusqu'au point où on la rend stationnaire, et qu'on observe ensuite de quart d'heure en quart d'heure, on reconnaît que la tension de la vapeur augmente conti- nuellement, sans atteindre cependant, non-seulement la tension qu'elle pré- sente dans le vide, mais même celle qu'on observe à la même température dans les expériences par voie de refroidissement, immédiatement après la condensation de l'excès de vapeur. Je donnerai plus loin l'explication de ces faits. » L'ensemble de ces expériences démontre que la force élastique de la vapeur d'éther dans l'air est constamment plus faible que dans le vide. La différence absolue est plus grande que pour l'eau, et elle augmente avec la force élastique elle-même. » Les expériences que j'ai faites sur le sulfure de carbone et sur la benzine conduisent au même résultat. Les différences entre les forces élastiques qu'une même vapeur présente dans l'air et dans le vide diminuent avec la volatilité du liquide. On peut en juger par les tableaux suivants : ( 3.5, ) Tensions de la vapeur du sulfure de carbone dans l'air. TEMPÉRATURES. FORCES ÉLASTIQUES de la vapeur dans l'air. FORGES ÉLASTIQUES de la vapeur dans le vide. DIFFÉRENCES. 13" 45 227,38 229,3 mm 2,0 22,79 328,66 332,8 4,' 22,81 328,90 333,0 4,1 3o,65 44. ,4- 445,7 4.3 Tensions de la vapeur de la benzine dans l'air. 0 10 64 46,80 48,2 mm •,4 10,67 46,98 48,3 ',4 10,68 46,92 48,3 >,4 .1,37 47,96 5o,3 2,4 11,38 48,57 5o,3 >>7 » J'ai employé, pour étudier le même sujet, une méthode qui présente plu- sieurs avantages sur la précédente. Elle permet d'étudier, avec précision, l'influence qu'exerce, sur la force élastique de la vapeur, la pression totale de l'atmosphère gazeuse qui agit sur le liquide volatil, et la quantité du liquide en excès qui mouille les parois de l'espace. Je me suis servi, pour cela, de l'eudiomètre que j'ai appliqué à l'analyse des gaz, et qui est décrit dans les Annales de Chimie et de Phjsique, tome XXVI, page 333. » J'ai remplacé le tube mesureur de cet appareil, qui consiste ordinaire- ment en un tube de verre traversé par deux fils en platine, par un autre tube de verre qui ne portait pas de fils, et sur lequel j'avais tracé des divi- sions de centimètre en centimètre, devant servir de repères pour fixer les volumes gazeux. On introduisait dans ce tube, avec les précautions qui ont été indiquées dans le Mémoire cité, le gaz dans lequel on voulait opérer la volatilisation ; puis, maintenant le bain qui enveloppait l'appareil con- stamment à la température de 7^,7, très- voisine de celle de l'air ambiant, on déterminait, au cathétomètre, les forces élastiques que présentait ce gaz sec, lorsqu'on affleurait successivement le niveau du mercure dans le tube mesu- reur aux diverses divisions tracées sur ce tube. » Cela fait, on introduisait dans le tube laboratoire, préalablement rempli de mercure sec et sous l'influence du vide, une certaine quantité du ( 352 ) liquide volatil; puis, après avoir établi la communication entre les deux tubes, laboratoire et mesureur, on faisait passer le gaz du mesureur dans le laboratoire, sous une pression assez faible pour que la totalité du liquide introduit pût se vaporiser dans l'espace gazeux qui lui était offert. Enfin, on faisait repasser le gaz mêlé de vapeur dans le mesureur. w On recommençait alors une nouvelle série de déterminations des forces élastiques du mélange gazeux, en faisant occuper à celui-ci succes- sivement les mêmes volumes que le gaz sec avait occupés dans la première série. Il est clair qu'en retranchant des nombres de la seconde série leurs correspondants dans la première, on avait les forces élastiques de la vapeur, à une température constante, mais sous des pressions variables et des volumes différents; par conséquent à des états variables de saturation, » De ces différentes observations, on pouvait déduire : » i". Par la première série, si le gaz sec suit la loi de Mariotte. Je don- nerai dans un autre Mémoire les observations que j'ai faites ainsi sur la com- pressibilité d'un grand nombre de gaz. La méthode, quand elle est exécutée avec les soins convenables, permet de constater que l'air atmosphérique lui- même s'éloigne sensiblement de cette loi, dès les plus légères variations de volume. Les différences sont de l'ordre de celles que l'on déduit de la courbe que j'ai précédemment publiée, et qui comprend un très-grand intervalle de pression. J'ai déterminé, par la même méthode, la loi de compressibilité que suivent des mélanges, à proportions connues, d air atmosphérique et d'un gaz qui, comme l'acide carbonique, s'écarte beaucoup de la loi de Mariotte. • » a". En combinant les deux séries, on peut s'assurer jusqu'à quel point le/ gaz, plus ou moins chargé de vapeur, s'écarte de la loi de Ma- riotte, quand il est plus ou moins éloigné de l'état de saturation. » 3". On peut déterminer comment varie la force élastique de la vapeur, à partir du moment où le liquide commence à se déposer en rosée sur les parois du tube, et reconnaître, par conséquent, si la force élastique de cette vapeur varie avec la quantité du liquide condensé. » Je donne ici les séries d'expériences que j'ai faites sur la vapeur d'é- ther dans l'air atmosphérique et dans le gaz hydrogène. J'y joins d'autres expériences par lesquelles j'ai déterminé les forces élastiques de cette même vapeur dans le gaz acide carbonique, bien que je ne pense pas que ces dernières puissent être employées avec confiance à la détermination de la tension de la vapeur, à cause de la grande solubilité du gaz acide carboni- que dans l'éther, laquelle exerce ici une perturbation notable. ( 353 ) Sur les tensions de la vapeur d'éther dans l'air. ( Tension de la vapeur dans le vide à 7°, 7 = 260 millimètres.) XIMÉROS FORCES ÉLASTIQUES FORCES ÉtASTIQCES FORCES ÉLASTIQUES de la division. de l'air sec. de l'air avec la vapeur. de la vapeur d'éther. 54 611 ,o3 775,93 164,90 52 63o,93 801,33 170,40 5o 652, i3 828,18 176,05 48 675,03 857,08 182,05 46 699,23 887,58 188,35 44 725,58 921 ,08 195,50 42 753,68 956,68 2o3 , 00 40 784,53 995,18 210, 65 38 817,83 1036,98 • 219,15 3^ 853,73 1082,08 228,35 34 893,13 ii3i,48 238,35 32 936,68 1182,13 245,45 3o 984,58 1232,28 247,70 28 1037,1 3 1287,58 25o,45 a6 1097,03 1348,73 25i ,70 24 ii63,83 i4i6,23 252,40 22 1238, i3 V » 54 D 775,83 » 1 On introduit une nouvelle quantité d'éther dans le laboratoire , et on la Tait dissoudre par l'air. 54 U 862,63 25 1 ,60 52 » 883,63 252,70 5o » 905, 63 253, 5o 48 W 929,38 254,35 AS Le lendemain » 95.9,28 254 , a5 46 » 954,23 255,00 44 >■ 981,08 a55,5o 42 » lOIO, 18 256, 5o 40 •• 1041,28 256,75 38 " 1075,18 257,35 36 ,1 1 1 1 1 , 58 257,85 34 » ii5i ,3i 258, 18 32 )) 1195,68 259,00 3o b 1243,98 259,40 28 » 1297,28 260,15 26 » 1357, o3 260,00 24 » 1423,93 260,10 L'éther se trouvait en excès dès le commencement de cette sec< )nde série. C. R , 1354, i"" Semestre. (T. XXXIX, N» 8.) 47 ( 354) Tensions de la vapeur d'éther dans le gaz hydrogène. ( Les mesures sont toutes faites à la température de 7°,7 ) ■ NUMÉROS de la division. HYDROGÈNE SEUL. HYDROGÈNE, PLUS ÉTHER. TE.NSIONS DE LA VAPEUR d'ÊTHER. 48 570,73 8i3,58 242,85 apr. l d'h. 816,18 245,45 46 591 ,63 44 613,68 864,1 3 25o,45 42- 637,78 u » 4o 663,68 9.6,48 .252,80 38 691,33 & » 36 721,93 977,08 255,1 5 34 755,88 » B 32 787,38 io48,38 2G1 ,00 3o 832 ,68 » » 28 877,88 ii35,o8 267 , 20 26 927.68 0 » 24 984,38 1242,98 2Ô8,6o 22 1048,33 » w 20 1 121 , i3 i38o,88 259,75 18 ii54,i3 u » 48 570,73 " 0 On augmente le volume du gaz; on élève la température de i",5, et on laisse l'appareil pendant deux heures; puis on ramène à 70,7. 48 » 816,88 246,15 24 » 1243,68 259 , 3o 24 b 1243,38 259,00 après i h. 20 » i38i,73 260,60 De uxième série. ^UM^;ROs des divisions. HYDROCÈNE SELX. CAÎ AVEC VAPEUR. FORCE ÉLASTIQUE DE LA VAPEUR. 60 633,63 885,28 25 1,65 56 672,43 926 , 33 253,90 52 716,13 97'>43 255, 3o 48 766,28 1022,43 256,1 5 44 823,88 1081,08 257 , 20 40 890,48 1149, 58 259, 10 36 959 ,63 1228,63 259, 10 32 io63,48 I 324, 08 260,60 28 1178,33 1439,98 261,65 L'cther est resté dans le gaz pendant qui me heures avant que l'on c jmmençftt les observations. ( 355 ) Tension* de la vapeur d'éther dans le gaz acide carbonique. Température, 70,7 (cahier V, page 107). NUMÉROS DE LA DIVISION. GAZ SECL. AVEC l'ÉTHER. FORCES ÉLASTIQUES de la vapeur. % 535, S8 674, «8 i38,8o 57 55i,38 » 1) 56 560,28 704,68 14440 52 596,38 749^98 i53,6o 48 637,98 80 I , 40 i63,52 44 685,38 860,88 175,50 40 740, 38 9^9 '48 189,10 36 8o5,88 1009,88 204 , 10 32 883,38 1 io5,83 222,45 28 977,58 i2i3,83 236,25 24 1095,68 1333,93 238,25 22 1165,78 1 4o4 , 08 238, 3o 20 1245,98 » a 18 1337,93 » » On introduit une nou^ elle quantité d'ëther. 59 M 769,78 234,40 56 » 799'33 289,05 52 » 839,33 242,95 48 u 882,33 244,35 44 » 980 , 36 244,98 40 » 986,18 245,80 36 ■■ I o5o , 28 244,40 32 » I 126,53 243,15 28 M 1219,21 241 ,63 24 ., I 333, 53 287,85 1 22 1) l4ol,21 235,43 y> J'ai noté, dans ces expériences, le moment précis où la vapeur com- mence à se déposer en rosée sur les parois du tube. J'ai trouvé, constam- ment, que la vapeur est encore loin alors de posséder la force élastique de 260 millimètres, qui lui correspond dans le vide. Si l'on continue à com- primer le gaz, le liquide condensé devient plus abondant, et la tension de la vapeur augmente et s'approche de plus en plus de celle que l'on observe dans le vide. Mais on ne trouve l'égalité que lorsqu'il s'est formé une 47-- ( 356 ) couche épaisse dans le liquide à la surface du mercure. De plus, cette égalité ne se constate que si l'on observe immédiatement après la réduction de volume, car la tension diminue ensuite avec le temps; et cette marche décroissante continue pendant plusieurs heures, quoique la température reste rigoureusement constante. » L'explication de ces divers faits me paraît très-simple. Lorsqu'un liquide volatil se trouve dans un espace limité en contact, à la fois, avec un gaz qui remplit cet espace et avec la matière qui forme ses parois, il tend à produire de la vapeur jusqu'à ce que la tension de celle-ci soit égale à celle que la vapeur prend à la même température dans le vide. Mais cette vapeur se trouve au contact de la paroi qui, par son affinité hygroscopique, en condense une portion à sa surface. L'espace se trouve donc au-dessous de la saturation, tant que la paroi n'a pas condensé la quantité de liquide pour satisfaire son action attractive sur la vapeur. Cette quantité peut être évaluée en épaisseur de la couche liquide. Dans les parties où cette paroi est verti- cale, la couche liquide ne peut pas augmenter indéfiniment d'épaisseur, parce que la pesanteur tend à faire couler le liquide vers le point le plus bas. On conçoit donc que si la couche qui reste adhérente à la paroi, sous les influences opposées de l'affinité hygroscopique et de la gravité, n'est pas assez épaisse pour neutraliser l'action attractive de la paroi sur la vapeur, l'espace doit perdre de la vapeur; et, si la vapeur perdue ne lui est pas rendue avec la même rapidité par le liquide en excès, on devra trouver constamment une force élastique moindre que celle qui s'observe dans le vide. » On s'explique ainsi comment les plus grandes forces élastiques corres- pondant à une même température s'observent toujours immédiatement après ime diminution de volume ou après le refroidissement, parce qu'alors le liquide qui vient de se condenser a saturé la paroi, et que le temps ne lui a pas permis encore de s'écouler par l'effet de la pesanteur. Cet écoulement s'effectue successivement, et, par suite, la force élastique de la vapeur dimi- nue. Un effet semblable ne peut pas se produire dans le vide, parce que la vaporisation du liquide y est très-rapide, et rétablit immédiatement la vapeur qui se condense sur les parois. » On explique également ainsi plusieurs faits observés par les physiciens. L'air saturé de vapeur par une pluie abondante descend bientôt au-dessous de la saturation, après la cessation de la pluie, lors même que la tempéra- ture décroît constamment, parce que les corps qui y sont plongés lui en- lèvent la vapeur par une action hygroscopique. Si l'on puise par aspiration (357) l'air dans un espace où il est saturé, et si on le fait passer à travers un tube de verre sec maintenu à la même température que l'air, les parois du tube se recouvrent de gouttelettes abondantes, etc. » En résumé, je crois pouvoir conclure, de l'ensemble de mes observa- tions, que la loi de Dalton sur les mélanges des gaz et des vapeurs peut être regardée comme une loi théorique, laquelle se vérifierait probablement avec toute rigueur, si l'on pouvait enfermer le gaz dans un vase dont les parois fussent formées par le liquide volatil lui-même, sous une certaine épaisseur. Mais cette loi ne se réalise que très-imparfaitement dans nos appareils; l'affinité hygroscopique de leurs parois ramène la vapeur à une tension variable et toujours inférieure à celle qui correspond à la saturation. » MÉMOIRES LUS. ZOOLOGIE. — Essai d'application à la classe des Reptiles d'une distribu- tion par séries parallèles; par M. le D'' Aie. Duméhii,. (Commissaires, MM. Flourens, Isidore Geoffroy -Saint-Hil aire, Duvernoy.) « La définition la plus nette de cette méthode de classification est celle que M. I. Geoffroy-Saint-Hilaire a donnée dans les termes suivants : « Que » devons-nous entendre par séries parallèles? Des suites, semblablement » ordonnées, de termes respectivement analogues, par conséquent sem- » blablement croissantes ou décroissantes. » » Cette méthode paraît être l'expression, sinon rigoureuse, du moins la plus approchée, des affinités naturelles des animaux. » Le but de ce Mémoire est de montrer que ce mode de classement, employé jusqu'ici seulement pour certains ordres de Mammifères et d'Oiseaux, semble pouvoir être appliqué à l'étude des Reptiles, en per- mettant d'exprimer plus nettement les rapports mutuels de plusieurs groupes. Son résultat essentiel est de rapprocher ou plutôt de mettre en regard pour deux divisions, ou pour un plus grand nombre, les subdivi- sions qui se ressemblent le plus entre elles. » Si deux séries, par exemple, se composent, l'une des termes a, h, c, et l'autre des termes a', b', c', n'est-il pas évident, en raison même de l'analogie de ces termes, qui diffèrent uniquement par le signe ajouté à la seconde série, que dans cette dernière, c'est a' qui est particulièrement en correspondance avec a, b' avec b, et ainsi de suite. C'est donc présenter d'une façon incomplète cette succession de rapports, que d'énumérer d'abord la série a, h, c, puis la série a', h\ c'. On pare à cet inconvénient ( 358 ) et les affinités sont bien mieux signalées, quand on dispose ces séries sur deux rangs parallèles. » Au contraire, lorsqu'on se borne à la méthode sériale ordinaire et con- tinue, même la plus perfectionnée, celle qui trouble le moins possible les vrais rapports, il faut souvent, à la suite d'un groupe, en placer un autre qui, par ses premiers anneaux, ne paraît pas se rattacher au précédent d'une façon très-intime. Les Sauriens compris dans les deux familles des Chalcidiens et des Scincoidiens nous en fournissent un exemple. Outre les genres à membres bien conformés, elles en comprennent, vers leur fin, un certain nombre d'autres caractérisés par une dégradation successive des pattes, qui même, chez les derniers, disparaissent complètement, comme on le voit chez les Ophisaures d'une part, et chez les Orvets de l'autre. Or ce nest pas suffisamment tenir compte des véritables affinités de ces différents Lézards, que de placer l'une à la suite de l'autre les deux familles auxquelles ils appartiennent. Il serait donc convenable, en raison de ces analogies, de les disposer sur deux rangs parallèles, ce qui permettrait de groviper en correspondance parfaite, sur chacune des deux échelles, les espèces offrant entre elles le plus d'analogie. » D'autres exemples de l'utilité de cet arrangement méthodique peuvent être tirés de l'ordre des Ophidiens. Leur classification, d'après la disposition et la structure du système dentaire, et telle qu'elle est proposée dans V Erpé- tologie générale de MM. Duméril et Bibron, montre les vrais rapports des groupes entre eux. Ils s'y trouvent ordonnés en une série linéaire continue. Considérée dans son ensemble, cette distribution est très-naturelle. Pour phisieurs groupes, cependant, elle doit être modifiée de manière à ce que certaines analogies importantes, qui y sont forcément un peu négligées, soient mises plus en relief. Plusieurs faits à l'appui de cette assertion se trouvent dans ce Mémoire. Il suffit ici d'en citer deux. » Ainsi, les Eryx et les Boas, qu'il est convenable de réunir en une famille sous le nom de Aprotérodontiens, puisqu'ils manquent de dents en avant, à l'os inter-maxillaire, se trouvent, par cela même, nécessairement éloignés des Rouleaux et des Pythons ou Holodontiens chez lesquels on voit ces dents. Malgré cette différence et d'autres qui se remarquent dans certains caractères extérieurs, on observe dans ces deux familles la même conformation générale, les mêmes particularités dans la taille et dans le genre de vie. A laquelle faudra-t-il assigner le premier rang? En renonçant à cet ordre hiérarchique absolu, souvent difficile à suivre, comme on en a la preuve ici, et en ayant recours à l'arrangement parallélique, tout embarras ( 359 ) disparaît, car les affinités de ces deux familles sont alors bien mieux conservées. Il est donc préférable de placer en regard A les Holodontiens , A' les^pivtéro- dontiens, et sur des échelons correspondants de cette double série, les Tri- bus a des Tortricides, a' des Erjcides, b des PjthonideSj b' des Boœides. » Pour d'autres familles, le parallélisme peut être poussé plus loin et s'ap- pliquer à la plupart des genres. Telles sont les deux dernières parmi les Cou- leuvres et dont les dents les plus reculées de la mâchoire supérieure dépassent beaucoup en longueur celles qui les précèdent. Chez les unes, ces grandes dents continuent, sans interruption, la série sus-maxillaire : ce sont des Sjncrantériens, DuM. BiB. Chez les autres, il reste un espace vide au devant de ces longs crochets, comme l'indique le nom de Diacrantériens, DuM. BiB. Les mêmes formes et la même habitude générale, avec des modifications secondaires, se retrouvant dans chacune de ces familles, les genres homo- logues ou correspondants ne sont vraiment pas disposés selon leurs affi- nités réelles, s'ils ne sont placés en regard dans l'une et dans l'autre. On a ainsi l'avantage, tout en conservant à ces familles le rang qui leur appartient parmi les Couleuvres, de rapprocher entre elles : i° les espèces arboricoles ; 3" celles qui vivent dans les lieux humides ou dans les petits cours d'eau; 3" les Couleuvres essentiellement terrestres ; 4** enfin, celles dont la confor- mation spéciale du museau indique des mœurs d'animaux fouisseurs. » Cette méthode de classification parallélique peut être utilement eht- ployée pour les Batraciens Anoures. Elle permet de ne négliger aucune des nombreuses analogies qui établissent des liens si remarquables entre les deux grandes familles des Grenouilles et des Rainettes, dont la différence essentielle réside dans la conformation de l'extrémité libre des doigts. Ce caractère, tout important qu'il est, en raison des modifications du genre de vie qui en sont la conséquence, n'établit d'ailleurs aucune supériorité ou infériorité réelle de l'une de ces familles relativement à l'autre. On se rap- proche donc bien plus de l'ordre naturel en les plaçant sur deux rangs parallèles où l'on trouve un grand nombre de degrés correspondants. » Enfin j c'est entre les deux grandes divisions de la famille des Sauriens Iguaniens établies d'après le mode d'insertion des dents sur les mâchoires, et nommées, à cause de la différence qui s'y remarque, Pleurodontes et Jcrodontes, DuM. BiB., que le parallélisme des subdivisions est le plus évi- dent, car ces deux tribus comprennent plusieurs genres qui se corres- pondent très-exactement. » Il était donc possible, comme on vient de le voir, de tenter une àp^îî- cation à la classe des Reptiles d'une distribution par séries parallèles. C'est ( 36o ) ce qu'on s'est efforcé de démontrer, par un plus grand nombre d'exemples, dans le Mémoire dont il n'est présenté ici qu'un résumé très-succinct, et où sont réunies toutes les considérations qui se rattachent à ce sujet. » ORGANOGRAPHiE VÉGÉTALE. — Mémoire sur les iriflorescences centrifuges du Figuier, du Dorstenia, etc.; par M. A. Trécul. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Après avoir décrit, l'an dernier, devant l'Académie, les divers modes de formation des feuilles, j'ai signalé aussi trois types de développement des inflorescences. Suivant le premier, que j'appelle basifuge, les fleurs naissent de bas en haut sur la tige; suivant le second, que je nomme hasipète, toutes les fleurs se développent du sommet à la base de l'inflorescence ; suivant le troisième, que je désigne par l'épithète de mixte, l'inflorescence générale se forme aussi de haut en bas, mais les fleurs qui naissent sur chacun des axes secondaires apparaissent de bas en haut. Il résulte de là que dans ces deux derniers types d'inflorescence le sommet est plus âgé que la partie inférieure : ce qui est opposé à toutes les lois connues jusqu'ici du développement des tiges. » Aujourd'hui, j'aurai l'honneur d'entretenir l'Académie de quelques inflorescences qui ont avec les basipètes une analogie marquée, mais qui en difïèrent pourtant par leur évolution et leur structure. Je veux parler de quelques inflorescences centrifuges dont l'organisation est différente de celles qui ont été décrites par les botanistes, mais que l'on peut, malgré cela, y rattacher, ainsi que l'Académie en pourra juger. » Accoutumé que l'on était à voir les branches des arbres se développer de bas en haut, on ne s'était pas imaginé qu'il y eût des inflorescences dans lesquelles les rameaux naquissent de haut en bas. Un préjugé semblable a fait méconnaître la nature de l'inflorescence du Figuier. Celle-ci, en effet, est rangée par tous les botanistes parmi les inflorescences indéfinies, c'est- à-dire dont les fleurs s'épanouissent de la circonférence au centre. Cepen- dant la figue a une organisation tout à fait spéciale qui ne permet pas de la confondre avec les inflorescences auxquelles on la rapporte. Par la singu- larité de sa forme, elle a eu le privilège de préoccuper beaucoup les bota- nistes; mais aucun d'eux n'ayant eu l'idée de remonter à sa formation, n'a pu arriver à son appréciation exacte. Dans ces derniers temps, elle fut l'objet des études de M. Payer, qui en a déduit les mêmes conclusions que ses pré- décesseurs] car il dit dans les Comptes rendus (i85i, t. XXXII, p. 937) : (36. ) a I] n'y a d'intéressant à indiquer, dans cette petite famille (les Morées), » dont j'ai étudié les deux genres Morus et Ficus, que le développement j) du pistil, car le fait, que le réceptacle concave de la figue a été à l'origine » convexe, est depuis longtemps admis d'après l'analogie, sinon par l'ob- » servation directe. » M. Payer partage donc l'opinion généralement reçue. Il semble même, d'après cette citation, qu'il ait vu la convexité primitive du réceptacle. Or cette convexité n'existe à aucune époque, ainsi que nous le verrons bientôt. » La figue est donc regardée comme un rameau très-contracté, forte- ment déprimé comme celui qui constitue l'inflorescence des Composées, dans laquelle le sommet de l'axe occupe le centre, ou le fond si la dépres- sion est assez grande pour former une cavité (ex. : l'Artichaut). Ainsi, poiu- tous les organographes, la base de l'inflorescence du Figuier est le pourtour de l'ouverture de la figue, et le sommet de l'inflorescence est au fond de la cavité. Les fleurs, suivant ces botanistes, naissent de haut en bas dans l'intérieur de celle-ci. » J'essayerai de prouver à l'Académie qu'une étude approfondie montre qu'il en est tout autrement. L'organogénie lait voir que les écailles qui fer- ment l'orifice de la figue ne constituent point un involucre qui puisse être assimilé à celui des Composées; car dans toutes les plantes de cette grande famille les folioles de l'involucre ne sont, comme on l'a très-bien dit, que les feuilles inférieures d'un rameau très-contracté, dont le sommet est au centre de la calathide : aussi est-ce avec beaucoup de raison que l'on a placé cette inflorescence des Composées à côté des longues grappes spici- formes du Veronica spicata, etc., et du capitule des Trèfles; mais on s'est trompé étrangement en leur assimilant l'inflorescence du Figuier. » En suivant l'évolution de la figue dans toutes ses phases, nous recon- naîtrons que les folioles qui en ferment l'ouverture sont réellement termi- nales, et non les feuilles ou bractées de la base d'un rameau à entre-nœuds raccourcis, comme celles qui environnent les capitules des Composées. Nous verrons aussi que ce ne sont point les fleurs les plus voisines de l'orifice qui naissent les premières, mais celles du fond, et que l'apparition de ces fleurs, au lieu de se faire du haut au bas de la cavité, a réellement lieu de bas en haut, du fond vers l'orifice. J'ajouterai que l'épanouissement de ces fleurs s'effectue aussi dans le même sens. M. Brongniart s'était aperçu de l'ordre dans lequel elles s'ouvrent. » Étudions d'abord une figue à l'époque de sa floraison. Nous la trou- vons munie d'un court pédoncule à la partie inférieure duquel on observe C. R., i854. ara» Semestre. (T. XXXIX, N» 8.) 48 ( 362 ) trois écailles : ce sont ses premiers organes protecteurs ; il y en a trois autres au sommet du même pédoncule, dont l'influence protectrice s'exerce un peu plus tard. Cette figue, qui est déjà pyriforme, estcouronnée par les écailles de l'orifice, dont le plus grand nombre est contenu dans l'intérieur. Toute la cavité est tapissée par les fleurs. » Si nous voulons suivre l'évolution de cette inflorescence, il faut la cher- cher sous les stipules dans l'intérieur des bourgeons. Nous apercevrons d'abord un petit axe fort court sur lequel naissent successivement les écailles de la base du pédoncule, puis celles du sommet de cet organe. En grandis- sant, ces écailles recouvrent peu à peu l'extrémité du petit axe, sur lequel se développent bientôt, au contact des précédentes, les folioles qui plus tard ferment l'ouverture de la figue. Plusieurs sont déjà apparentes quand celle-ci n'a guère qu'un dixième de millimètre à partir des écailles du som- met du pédoncule. Il n'existe pas encore de cavité à cette époque; on n'ob- serve qu'une surface plane autour de laquelle se développent les folioles. » Quand un certain nombre de celles-ci sont apparues, le sommet de l'axe semble se déprimer par l'élévation du pourtour. C'est là l'origine de la cavité qui devient de plus en plus profonde à mesure que les folioles se multiplient. Le réceptacle n'est donc jamais convexe , même à son origine. » Ce n'est que vers l'époque à laquelle les dernières folioles de l'orifice se montrent, que l'on voit poindre, au fond de la cavité, les premières fleure, sous la forme de simples mamelons très-petits, dont le nombre s'accroît, en montant, sur les parois qui plus tard en sont entièrement couvertes. » Il y a donc, dans l'inflorescence du Figuier, comme deux systèmes se développant dans le même sens, de bas en haut : l'un à la face externe du réceptacle ( il naît le premier), ce sont les bractées; l'autre à la face interne, ce sont les fleurs. C'est là un phénomène bien remarquable. Je citerai bientôt quelques exemples analogues; mais auparavant je décrirai succinctement la disposition du système vasculaire de la figue, dans sa jeunesse au moins. » Comme celui de tous les bourgeons normaux, il part du système vasculaire de la tige , du pourtour de l'espace laissé libre par la séparation de la feuille. Il forme un étui fibro-vasculaire composé de petits faisceaux assez rapprochés les uns des autres , et va se terminer dans les folioles de l'orifice. Il appartient exclusivement au système des bractées. Les fleurs ont aussileur appareil vasculaire particulier, qui naît un peu plus tard que le précédent, et qui est formé de faisceaux bien plus grêles. Il paraît se sépa- rer de l'autre vers la base du pédoncule, dont il occupe le centre. Quelques- uns de ses faisceaux, les plus rapprochés du centre, se rendent aux fleurs du { 363 ) fond de la figue; les autres se distribuent autour de la cavité en émettant, à mesure qu'ils s'élèvent, des ramifications qui se terminent dans les fleurs. Il résulte de cette disposition que la moelle, dans ce pédoncule, et vers la base du réceptacle, ne forme qu'une zone annulaire comme la cduche iitri- culaire externe ou corticale. Plus haut, les faisceaux de ce système interne sont plus épars au milieu d'elle, et s'anastomosent avec les faisceaux péri- phériques. » Cette structure singulière n'est pas exceptionnelle; plusieurs autres plantes ont des inflorescences qui appartiennent au même type de forma- tion. Celles des Dorstenia sont dans ce cas. he Dorstenia ceratosanthes sl une inflorescence fourchue dont chaque branche est couverte de fleurs sur la face interne. Les fleurs s'épanouissent de la naissance de la bifurcation au som- met des branches, en sorte que si l'on suppose ces branches soudées par leurs bords, on a une inflorescence tubuleuse bien comparable à celle du Figuier; mais les vaisseaux qui se rendent aux fleurs partent du sommet du pédoncule, et ne donnent point lieu à un axe vasculaire au centre de cet organe, comme cela se voit dans la figue. » Ces inflorescences du Ficus et du Dorstenia ne sont donc point centri- fuges à la manière des cymes ordinaires. Mais il ne suffit pas d'avoir con- staté leur nature, il faut encore chercher si elles ne se rattachent pas aux autres par un lien plus ou moins caché. Nous avons vu que les faisceaux, qui se répandent an pourtour de la cavité florifère de la figue, se ramifient successivement en montant vers l'extrémité supérieure de l'inflorescence. Cette succession de divisions ne rappelle-t-elle pas, jusqu'à un certain point, la grappe scorpioïde? Et la figue ne pourrait-elle pas être prise pour un en- semble de telles inflorescences réunies, confondues entre elles au point de ne constituer qu'une zone vasculaire continue, périphérique ou externe pour les bractées, et une zone interne pour les fleurs. Que l'on se figure tous les ra- meaux de l'inflorescence de certaines Crassulacées ( Sedum rejlexwn^ Semper- vivum hirsutum, dont les grappes scorpioïdes supérieures sont presque ver- ticillées au sommet de la tige), que l'on se figure, dis-je, tous ces rameaux soudés entre eux, on aura une représentation assez exacte de la composition de la figue. L'inflorescence centrifuge du Monarda didjina est non moins favo- rable à cette démonstration. Son réceptable constitue une sorte de disque un peu divisé sur les bords, à la face supérieure duquel il n'existe que des fleurs, tandis qu'à la face inférieure il n'y a que des bractées. Les fleurs et les bractées naissent du centre à la circonférence; et l'anatomie démontre 48.. ( 364 ) que chacune des fleurs correspond exactement à une des bractées dans l'ais- selle de laquelle elle semblerait être née : de manière que cette inflorescence est évidemment composée de grappes scorpioïdes réunies par la base et termi- nant deux cymes très-contractées. Le réceptacle est plan : si l'on en suppose les bords relevés, on a une inflorescence creuse, comme la figue, n'offrant que des fleurs à l'intérieur, et seulement des bractées à l'extérieur. Les fleurs et les bractées naissent dans le même ordre que celles de la figue ; mais dans le Monarda les bractées sont répandues sur toute la face externe du réceptacle, et chacune d'elles correspond à une fleur, ce qui n'a pas lieu dans la figue. Il ne faut donc pas accorder à ces rapprochements plus d'importance qu'ils n'en méritent : ce ne sont là que des considérations qui ont pour but de constater des analogies plus ou moins éloignées. » De ces inflorescences centrifuges on peut passer facilement aux inflo- rescences basipètes par une hypothèse que l'on a souvent appliquée aux inflorescences indéfinies des Composées. En effet, si l'on suppose le centre du réceptacle du Monarda^ ou le fond de la figue soulevé, refoulé à l'extérieur de manière que les fleurs centrales deviennent celles du sommet, et les fleurs de la périphérie celles de la base de l'inflorescence, on a quelque chose d'ana- logue, pour l'aspect du moins, aux inflorescences basipètes du Lagurus ova- tus, etc. , aux chatons mâles des Artocarpiis nitida, lanceolata, etc. Mais cette analogie n'est qu'apparente ; car leur structure est bien différente. L'organisa- tion des inflorescences basipètes dont j'ai étudié la formation, n'est point celle des grappes scorpioïdes, comme on pourrait le croire; elle ne diffère en rien, au contraire, de la structure des inflorescences basifuges ou indé- finies ordinaires. Seulement, c'est à la base de l'inflorescence que la multi- plication des rameaux ou des fleurs s'opère ; celles du sommet étant nées les premières sont refoulées loin de la base, absolument comme les folioles ou les lobes des feuilles qui appartiennent au type de formation que j'ai appelé basipète-penné. Dans ces feuilles aussi la structure est identique à celle des feuilles dont les divisions apparaissent de bas en haut. » Il résulte de ce qui précède que les inflorescences du Figuier et du Dorstenia doivent être classées parmi les inflorescences centrifuges et non parmi les centripètes. j> ( 365 ) GÉOLOGIE. — Du métamorphisme plus ou moins réel des roches; par M. J. DELASoïnE (Extrait.) (Commissaires, MM. Cordier, Elle de Beaumont, Dufrénoy, Regnault, de Senarmont.) « Les systèmes et même les hypothèses peuvent contribuer à l'avance- ment des sciences; mais c'est à la condition de ne pas trop s'écarter du domaine des faits et de l'expérience. Ainsi la théorie du métamorphisme nous a rendu de grands services, en expliquant par l'action de la chaleur les modifications survenues dans les roches neptuniennes. Mais elle est main- tenant appliquée sur une si grande échelle et à des phénomènes si divers, que je ne puis m'empêcher d'exprimer les motifs de ma surprise et de mon incrédulité » J'admets le métamorphisme, non-seulement dans le sens littéral de ce mot, mais avec toutes les modifications qui peuvent résulter de l'action de la chaleur sur les roches; ce qui signifie, suivant les cas, volatilisation, réac- tion des éléments entre eux, cémentation partielle de proche en proche, etc. (comme on le voit, le domaine du métamorphisme reste encore immense); mais ce que je ne puis comprendre, c'est l'intrusion complète d'éléments étrangers (silice, soude, potasse, feldspath, magnésie, etc.) dans la masse tout entière d'une roche... » Certains géologues rejettent comme moi l'immigration de la silice et du feldspath, mais seulement lorsque les roches siliceuses et feldspathiques ne présentent aucune trace de l'action de la chaleur. Us disent alors que les roches ont été métamorphisées par voie humide. J'admets bien volontiers que le feldspath n'est pas exclusivement d'origine pyrogène, et qu'il s'est aussi formé par voie humide, comme les silex, jaspes, halloysites et autres silicates. Seulement, je ne comprends pas la nécessité de supposer une action métamorphique aqueuse postérieure au dépôt de la roche au fond des mers. L'explication suivante me paraît bien plus naturelle. » Les grès quartzeux proviennent exclusivement du quartz des anciennes roches granitiques désagrégées. Toutes les argiles ne sont que les kaolins impurs des leldspaths de ces mêmes roches. Par conséquent, une quantité proportionnelle et énorme de silicates sodique et potassique a dû être dissoute et entraînée, surtout dans les mers anciennes, par le lessivage à haute température, des continents alors exclusivement feldspathiques. Mais à mesure que les silicates alcalins arrivaient dans les mers, ils y étaient dé- composés par tous les acides forts ou faibles. L'acide chlorhydrique, qui ( 366 ) prédominait sans doute alors, comme maintenant, dans les émanations gazeuses du globe, précipitait la silice et donnait naissance aux chlorures alcalins, et par conséquent à la salure actuelle des mers. Ces dégagements d'acides ayant lieu principalement vers les centres d'éruption, cela nous explique la surabondance si habituelle des quartzites, des jaspes et des agates dans le voisinage des roches d'épanchement (i). » A mesure que la température s'abaissait, que les roches feldspathiques étaient de plus en plus protégées par les dépôts neptuniens, ou que leur alté- ration intérieure avait à se propager plus loin de leur surface , la dissolution des silicates alcalins devenait de plus en plus lente, plus difficile et, par conséquent, leur affluence dans les mers sans cesse décroissante. C'est ce qui explique pourquoi la silice surabonde à l'état de quartzite dans les terrains paléozoiques , et, encore fréquente sous forme de silex dans les roches secondaires, devient assez rare dans les terrains tertiaires, et dispa- raît presque dans la période actuelle. » Quant aux silicates, leur formation est tout aussi simple. Ils se sont nécessairement précipités par voie de double décomposition, toutes les fois que les silicates dissous dans les mers se sont trouvés en présence, non plus d'un acide, mais d'un sel Tion alcalin quelconque. C'est ainsi que se sont formés les jaspes, la glauconie, etc., etc. Enfin, nous savons en chimie qu'un des moyens d'isoler l'alumine, même lorsqu'elle est unie à l'acide phosphorique, est l'addition d'un silicate sodique ou potassique. Il se forme alors, non pas un simple silicate aluminique, mais un silicate alu- mino-alcalin, insoluble, que je regarde comme un feldspath par voie humide. C'est une réaction qui a dîi nécessairement avoir lieu dans la nature, toutes les fois qu'un sel aluminique quelconque est arrivé, en présence du silicate, dans les mers anciennes, chargées, comme nous venons de le voir, de silicates solubles. M. Delesse vient de signaler un fait analogue dans son analyse de la terre verte. » Au reste, la soude et la potasse, dont la présence est aujourd'hui in- contestable dans un si grand nombre de marnes et d'argiles, n'ont sans doute pu résister à une complète dissolution, qu'en se réfugiant dans une combinaison semblable. » La silice (quartz, quartzite, silex) et les silicates (jaspe, glauconie, feldspath, etc.) des roches neptuniennes sont donc, comme les carbonates calcique et magnésique, de véritables précipités chimiques qui, ensemble ou (i) Oberstein, Ligurie, Périgord, etc., etc. (367 ) séparément, se sont mêlés à tous les sédiments, en toute proportion, k toutes les époques géologiques et surtout aux plus anciennes. C'est la pré- dominance de ces quartzites, jaspes et feldspaths, dans certaines roches nep- tuuiennes (comme les grauwacke des Vosges), qui leur a souvent donné une compacité extraordinaire, et qui a fait supposer une action métamorphique venant ultérieurement silicifier ou feldspathiser, c'est-à-dire durcir, des roches ordinairement friables. » Si cette supposition était vraie, il faudrait nécessairement l'appliquer à tous les terrains de sédiment, car cette silicijication y apparaît partout plus ou moins. Il faudrait admettre un métamorphisme incessant et universel, depuis les quartzites phylladiens, jusqu'aux grès lustrés et calcaires siliceux des terrains tertiaires ; c'est-à-dire jusqu'aux points qui sont ordinairement les plus étrangers aux phénomènes ignés. Or les métamorphistes les plus ardents reculeraient, je n'en doute pas, devant une hypothèse aussi exorbitante. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. LE Directeur du Matériel au Ministère de la Marine transmet un Mémoire de M. J^iel, de la Ferté-Macé (Orne), concernant un système de fumigations, que l'auteur suppose devoir être un moyen d'assainissement dans les cas d'épidémie. M. LE Chef de division du Rureau sanitaire au Ministère de l'Agri- culture, DU GoaiiMERCE ET DES Tbavaux PUBLICS trausmet une Lettre écrite de Metz, par M. Cunche qui, à l'occasion du prix du legs Bréant, offre de faire connaître deux remèdes dont il se dit possesseur et auxquels il attribue la propriété de guérir, l'un le choléra, l'autre les dartres. M. Clanet adresse de Toulouse, pour le même concours, un complé- ment analytique à un Traité, manuscrit, sur la nature et le traitement du choléra, qu'il avait présenté, en 1840, à l'Académie des Sciences. M. WiTMACH envoie la traduction en français d'un Mémoire allemand qu'il avait précédemment adressé, pour le même concours, et qui a été mentionné dans le Compte rendu de la séance du aS janvier dernier. Une Note écrite en allemand et portant pour épigraphe : Zum wohle der Menschheit, avec le nom de l'auteur sous pli cacheté, est adressée pour le même concoiu-s. ( 368 ) Un Mémoire de M. Brugère, et une Note de M. Fkéd. Lesuecr, ayant également pour objet la nature et le traitement du choléra, sont, ainsi que les cinq précédentes communications, renvoyés à l'examen de la Section de Médecine. Une nouvelle Lettre de M. Pons est relative aux rapports qui peuvent exister entre le choléra et les variations dans l'électricité atmosphérique. Dans une seconde Lettre, l'auteur considère l'électricité par rapport aux tremblements de terre. M. AuMAND rappelle la demande qu'il a précédemment adressée à l'effet d'obtenir, comme récompense des services qu'il a rendus dans de précé- dentes épidémies de choléra, une somme prise sur les intérêts des fonds du legs Bréant. Cette demande ne peut être prise en considération, le testateur ayant assigné aux intérêts en question une destination fixe. M. Ad. Hammerel annonce qu'ayant, dans une plantation de pommes de terre rondes ordinaires, réservé deux rangs pour des pommes de terre violettes, celles-ci ont été complètement exemptes de la maladie, pendant que les autres, quoique dans le même terrain, plantées au même moment et ayant été l'objet des mêmes soins, en ont offert de nombreux exemples. (Renvoi à la Commission des maladies des plantes usuelles.) M. Sainctelette fait connaître le résultat des observations qu'il a faites sur des vignes atteintes depuis plusieurs annéesde chlorose, et qui sont cette année frappées de stérilité. (Renvoi à l'examen de la Commission des maladies des plantes usuelles.) M. GuÉRiN MiÉNEviixE fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de ses « Recherches sur les maladies des végétaux et particulièrement sur la maladie de la vigne. » (Renvoi, à titre de renseignements, à la même Commission.) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Recherches sur les propriétés des Jonctions définies par des équations différentielles; par MM. Briot et Bouquet. (Extrait par les auteurs.) (Commissaires, MM. Cauchy, Binet.) « Les cas où l'on peut intégrer une équation différentielle sont extrême- ment rares et doivent être regardés comme des exceptions. Mais on peut ( 369 ) considérer une équation différentielle comme définissant une fonction, et se proposer d'étudier les propriétés de cette fonction sur l'équation différentielle elle-même. » Soit une équation différentielle de premier ordre; u sera une fonction de z, définie par la condition de satisfaire à l'équation différentielle et d'admettre une valeur initiale donnée Mq pour z =: Zq. M. Cauchy a démontré que si le coefficient différentiel/ (i<, z) est une fonction finie, continue, monodrôme et monogène pour les valeurs de m et de z voisines de Wo et de Zq, la fonction intégrale it est elle-même finie, continue, monodrôme et monogène pour les valeurs de z voisines de Zq {*)■ Nous reproduisons, en la simplifiant, la flémonstration de l'illustre mathématicien ; c'est là notre point de départ. » Ainsi, la variable z s'éloignant de l'origine Zq suivant un chemin quel- conque, tant que le coefficient différentiel jouit des propriétés énoncées plus haut, la fonction intégrale u reste finie, continue, monodrôme et mo- nogène; mais si l'on arrive à un point z, pour lequel le coefficient différen- tiel devienne infini, se présente sous la forme -j ou cesse d'être monodrôme, la fonction intégrale éprouve autour de ce point des modifications et acquiert des propriétés spéciales. Nous nous sommes proposé d'étudier ces circonstances qui caractérisent les diverses fonctions et les classent en catégories. » I. Supposons que, pour z ;= z, et m = a, («, étant la valeur de u qui correspond à z = z,), le coefficient différentiel devienne infini, de manière, toutefois, que son inverse j- -reste finie et continue. En désignant par m l'ordre de la première dérivée partielle de la fonction -, par rapport à ii qui ne s'annule pas, nous démontrons que, lorsque la variable z tourne autour du point z,, la fonction intégrale ii cesse d'être monodrôme et prend m ■+- i valeurs différentes qui se permutent les unes dans les autres en série circulaire, comme les racines d'une équation unique. (*) M. Cauchy dit qu'une fonction est 77Jo«orf/idOTe lorsqu'elle prend la même valeur en chaque point , quel que soit le chemin suivi pour y arriver ; qu'elle est monogène lors- qu'elle admet une dérivée unique en chaque point, quelle que soit la direction dans laquelle marche la variable. C.R.,i854,2'n«Sfmej(f<; (T XXXIX, N» 8'.) 49 ( ^70) » IL Supposons maintenant que le coefficient différentiel se présente sous la forme -• Ceci a lieu lorsque le coefficient différentiel est le quotient de deux fonctions ç et ij; qui s'annulent toutes les deux par z = z, et « = m, . Si l'on pose z^ z, -+- z', u = Uf + «', en regardant z' et u' comme des quantités infiniment petites, l'équation différentielle devient du' » Après avoir expliqué les diverses manières de former lis groupe des termes du degré le moins élevé dans l'équation, nous posons p et q étant deux nombres entiers correspondant au mode de groupement considéré, Vq une racine d'une équation algébrique, et nous ramenons l'é- quation différentielle à la formule simple (^) -dc= -t » Les propriét-és de l'équation (2) dépendent principalement du coeffi- cient a de la première puissance de Ç dans le développement du numéra- teur. Nous démontrons d'abord que, lorsque le coefficient n'est ])as entier positif, l'équation (2) admet une intégrale monodrôme s'annulant avec t. » Si le coefficient a a sa partie réelle positive, l'équation différentielle admet en outre une infinité d'autres intégrales non monodrômes, et telles, que chacune d'elles prend une infinité de valeurs différentes, quand la variable t tourne autour de i = o. » Lorsque le coefficient a est entier positif, on peut, par une trans- formation convenable, ramener l'équation au cas où ce coefficient est égal à l'unité. Dans le cas où a =: i , si le coefficient b est différent de zéro, l'équation n'admet aucune intégrale monodrôme, mais elle admet une infinité d'intégrales non monodrômes, dont chacune acquiert une infi- nité de valeurs différentes, quand la variable t tourne autour de < = o. Lorsque b =^0 en même temps que a = i, l'équation admet une infinité d'intégrales monodrômes. » Après avoir étudié de la sorte chacune des équations différentielles delà forme (2), fournies par les différents modes de groupement et par les racines de l'équation algébrique qui correspond à chacun d'eux, il est facile de revenir à la fonction u. Une fonction monodrôme Ç de t donne une fonction ii de z ayant q valeurs en chaque point, à moins que q := i', dans ce cas, la ( 371 ) fonction u est aussi monodrôme. On obtient ainsi toutes les fonctions qui satisfont à l'équation proposée et qui se réduisent à m, pour z = z^. » Il résulte de ce qui précède une conséquence assez remarquable : c'est qu'une fonction peut ne pas être complètement déterminée, lorsqu'on l'assujettit à vérifier une équation différentielle du premier ordre, et à admettre une valeur donnée ;<, pour z = z, . Cela arrive en général lorsque le coefficient différentiel se présente sous la forme - pour z = a, et m = u^ . Car nous avons vu que dans ce cas l'équation différentielle admet en général plusieurs intégrales, se réduisant à « = fi, pour z = z,. Elle en admet souvent même une infinité, et alors il s'introduit une constante arbi- traire dans l'intégration. » III. Nous examinons ensuite le cas où le coefficient différentiel que nous désignons par U, est une fonction implicite définie par une équation algébrique (3) F (z, «, U) =±: o. « Tant que U est racine simple de l'équation (3), c'est une fonction monodrôme de s et de u; on rentre dans le cas général, et la fonction inté- grale u est monodrôme. » Si U devient racine multiple d'ordre //, la fonction m cesse d'être mo- nodrôme, et admet en général n valeurs distinctes qui se permutent les unes dans les autres en série circulaire. Mais quelquefois la question est beau- coup plus compliquée, et il est nécessaire de recourir à des transformations qui ramènent l'équation différentielle à la forme (2) déjà étudiée. » IV. Nous avons appliqué la théorie dont nous venons d'indiquer les principaux traits à un grand nombre d'exemples, afin de mettre en lumière les propriétés si variées des fonctions définies par les équations différen- tielles. Nous citerons spécialement des équations différentielles qui défi- nissent des fonctions doublement périodiques de plusieurs sortes, les unes monodrômes dans toute l'étendue du plan, les autres qui changent de valeurs quand on tourne autour de certains points. » ASTRONOMIE. — De l influence des diaphragmes sur la grandeur du disque apparent de la Lune,- par M. Ernest Liouville. (Commissaires, MM. Laugier, Mathieu.) « Si l'on diminue, au moyen d'un diaphragme , l'ouverture de la lunette employée à observer une étoile, cette étoile, au lieu de demeurer un point 49.. ( 370 brillant d'où paraissent émerger des rayons lumineux, acquiert, au con- traire, un disque d'autant mieux déBni que l'ouverture a été rendue plus petite. Mais M. Arago s'est assuré {Jnnuaire du Bureau des Longitudes pour 1862, page 499) que le diamètre apparent des planètes n'augmente pas comme celui des étoiles, quand ces astres sont observés avec un objectif réduit. Les diaphragmes sont également sans influence dans l'observa- tion du diamètre du Soleil. Voyez, sur ce point, ma Note insérée au tome XXXVIII des Comptes rendus, page 283. » J'ai voulu étendre ces expériences à la Lune. A cet effet, j'ai emplové l'équatorial de io4 millimètres d'ouverture, que M. Brunner a bien voulu mettre à ma disposition. Les deux diaphragmes dont je me suis servi avaient respectivement 71 et 35 millimètres d'ouverture. » Je n'ai pas opéré sur le disque entier de la Lune, mais j'ai mesuré la distance d'iuie tache à l'un des bords, avec et sans diaphragme. J'ai eu soin, d'ailleurs, de renfermer les observations faites avec l'un des diaphragmes entre des observations faites à l'aide de l'objectif libre, et de ne comparer les mesures de distance d'une tache au bord, prises avec une ouverture ré- duite, qu'aux mesures obtenues, à la même époque^ sans diaphragme. Ces expériences, répétées pendant les mois de Juin, Juillet et Août i854, m'ont donné les résultats suivants : Sans diaphi'agme. . . Premier diaphragme Second diaphragme. OUVERTURE. 104 millimètres. 7 1 millimètres. 35 millimètres. DURÉE DU PASSAGE. D D — o%oi D + 0% o I NOMBRE DES OBSERVATIONS. 55 36 34 » Ainsi, pour la Lune comme pour le Soleil, les différences sont de l'ordre des quantités dont on ne peut répondre, et l'influence des dia- phragmes est insensible. » En résumé, les diamètres apparents de la Lune, du Soleil et des pla- nètes ne changent pas quand on les observe avec une lunette à ouverture réduite; les diamètres apparents des étoiles augmentent, au contraire. » (373) PHYSIQUE. — Noie supplémentaire à un Mémoire de M. F. Bernard, sur les indices de réfraction; rectification dune erreur échappée à l'auteur dans la rédaction de l'extrait inséré au Compte rendu. (Commissaires précédemment nommés: MM. Pouillet, Regnault, de Senarmont.) « Dans la séance du 3 juillet dernier, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie un Mémoire sur la détermination des indices de réfraction des milieux réfringents compris sous deux faces parallèles : un extrait en a été inséré dans le Compte rendu de la même séance. La description de l'appa- reil que j'ai employé laisse supposer que la lumière qui rencontrait les pla- ques réfringentes soumises aux expériences formait un faisceau parallèle. Or, dans ce cas, la position du foyer de l'image ne devant point changer avec le mouvement de la lunette, le transport n'aurait pu être apprécié; mais les observations ont été effectuées avec la plus grande facilité, les indices ont été calculés très-exactement. Ces faits prouvent que la rédaction seule est in- correcte ; quelques mots suffiront pour la rectifier. M Je rappellerai que dans la partie tubulaire que traverse d'abord la lu- mière se trouvent un fil vertical très-fin, plus loin une lentille convergente d'un court foyer, et, à l'extrémité du tube, un diaphragme présentant une ouverture centrale qui livre passage à la lumière. 11 résulte de cette dispo- sition que, quelle que soit dans le tube la distance de la lentille au dia- phragme, le pinceau lumineux, formé de rayons du spectre très-peu diver- gents, qui rencontrent la lentille à vme grande distance de leur point de convergence au delà du prisme, vient former son foyer en un point très- voisin du foyer principal; la mire est donc plongée dans im faisceau con- vergent ou divergent, et reçoit une quantité de lumière qu'on peut faire varier avec sa distance à la lentille (i). (i) M. Porro, en fliisant remarquer {Comptes rendus, séance du 3i juillet i854) rimjjcs- sibilité d'opérer avec un faisceau de rayons parallèles, ajoute que la mesure des indices , ])ar la méthode du transport, est employée depuis longtemps à l'Institut technomatique. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'établir ici mon droit de priorité sur l'application de celte méthode , soit à la détermination des indices de réfraction, soit à celle des quantités qu'on peut déduire de la formule qui en donne la valeur. Je me bornerai à constater que, pour prendre date, j'ai présenté, le 1 1 mars iSSa, à l'Académie de Bordeaux, une Note sur ce procédé , que j'ai mentionné plus tard dans un Mémoire sur l'absorption de la lumière par les milieux non cristallisés. [Annales de Chimie et de Physique, 3' série, tome XXXV, année 1 852, page 436.) ( 374 ) » J'aurai, j'espère, l'honneur de présenter dans quelques joui-s à l'Aca- démie un appareil construit par M. Duboscq, sur le plan de celui qui m'a déjà servi dans ces expériences ; on pourra s'assurer de la manière dont ii fonctionne et de la précision des résultats qu'il fournit. » M. Panisset adresse la description d'une horloge marine destinée à indi- quer constamment, pendant toute la durée d'une navigation, la latitude et la longitude du lieu où se trouve le navire. Le mouvement est imprimé à ce mécanisme par un piston qui traverse la paroi antérieure du navire et dont la direction est parallèle à la quille. Un appareil, disposé en arrière de la tige, est destiné à décomposer la pression exercée par la résistance de l'eau en deux autres pressions perpen- diculaires entre elles et agissant sur deux systèmes de rouages munis chacun d'un cadran destiné à indiquer, l'un le déplacement dans le sens du méridien, l'autre le déplacement dans le sens du parallèle du lieu. Une Commission, composée de MM. Poncelet, Duperrey et Bravais, est invitée à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire connaître a l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Gerbaldi adresse, de Marseille, la description et la figure d'un mo- teur qu'il destine au concours pour le prix concernant le perfectionnement de la navigation par la vapeur. (Renvoi à la future Commission.) M. AvE-viER DE Làgr^e envoic quatre nouvelles Notes concernant les modifications qu'il croit possible d'introduire dans le système des machines à vapeur. (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Regnault, Combes. M. Battier, vérificateur des poids et mesures à Tulle, soumet au juge- ment de l'Académie la description d'une romaine qu'il a modifiée de ma- nière à en rendre à la fois l'usage plus commode et les indications plus sûres. (Commissaires, M. Poncelet, Morin, Séguier. ) M. TiFFEREAu présente un quatrième Mémoire sur la transmutation des métaux. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Thenard, Chevreul, Dumas.) ( 375 ) M. Verneuil présente une Note sur la direction des aérostats. (Commissaires, MM. Poncelet, Morin, Séguier.) L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix de mathématiques, question concernant le dernier théorème de Fermât. (Renvoi à la future Commission.) M. Danjou de la Gakenne prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyée sa Note sur les moyens propres à prévenir quelques-uns des accidents qui surviennent sur les chemins de fer. (Renvoi à là Commission nommée, qui se compose de MM. Poncelet, Piobert et Morin.) CORRESPONDANCE M. LE Ministre de l'Instruction publique invite FAcadémie à rédiger des Instructions relatives à l'installation des paratonnerres qui, suivant les intentions de M. le Ministre d'État, devront être élevés sur les nouvelles constructions du Louvre, constructions où se trouvent des planchers et combles métalliques, avec des solutions de continuité qui peuvent avoir de l'importance. La rédaction des Instructions demandées sera préparée par une Commis- sion composée de MM. les Membres de la Section de Physique, auxquels sont adjoints MM. Regnault et de Senarmont. PHYSIQUE DU GLOBE. — Z?c l'injluence de la Lune dans les tremblements de terre, et des conséquences probables qui en dérivent sur la forme ellipsoïdale de la Terre, et sur les oscillations des pendules ; par M. Fr'. Zantedeschi. > « Depuis plusieurs années, l'influence de la Lune sur les phénomènes terrestres avait attiré mon attention. Les études que j'ai publiées dans mes Annales de Physique, i849-i85o,^ P^ge 129 (De l'action de la lumière lunaire sur les végétaux , sur les corps inorganiques, et de son action calorifique)^ et ma Note communiquée par M. Arago à l'Académie des Sciences, pendant mon séjour k Paris, dans la séance du 11 octobre 1802 {Sur les mouvements présentés par plusieurs végétaux exposés à l'action. ( 376 ) 'de la lumière lunaire, C. R., tome XXV, page 622) prouvent que j'ai fait (les recherches spéciales sur les influences de notre satellite. » Dans ces travaux, j'ai été toujours guidé par les excellentes idées de (ieminiano Montanari qui, dans son ouvrage publié à Venise, en r685, sous le titre de l'Astroloj^ie convaincue de fausseté, dit, en parlant de l'ac- tion du Soleil et de la Lune, « qu'il est disposé à reconnaître l'influence qu'exercent les positions respectives de ces astres, non pas seulement sur les phénomènes des marées, mais sur bien d'autres encore, tels que des phéno- mènes lumineux, des phénomènes de coloration et même sur des phéno- mènes morbides, les uns déjà indiqués et généralement admis, les autres qui le seront im jour. » » Je suis depnis longtemps arrivé à penser que la forme de la Terre ne peut pas être toujours constante, mais qu'elle présente une forme ellipsoï- dale incessamment variable, c'est-à-dire ayant une tendance continue à de- venir protubérante dans les directions des rayons vecteurs des deux astres qui l'attirent, le Soleil et la Ijune. J'ai toujours cru qu'on pouvait en avoir une preuve directe, en déterminant un point quelconque sur la voûte cé- leste aux époques des basses marées, et aux époques des quadratures. Ce point devrait apparaître plus bas aux époques des hautes marées et des sy- zygies. L'Observatoire impérial de Paris, avec les moyens qu'il a à sa dis- position, pourra vérifier si cette différence est sensible, surtout à présent que, grâce aux travaux de M. Froment, les divisions sont tellement exactes, qu'elles permettent de mesurer, avec la plus grande précision, une diffé- rence de -~T de millimètre entre deux visuales horizontales consécutives. o U U » J'ai toujours admis qu'un pendule à compensation, d'une longueur telle, qu'il batte exactement les secondes à l'époque des quadratures et des basses marées, doit être en retard à l'époque des hautes marées, du passage de la Lune au méridien du lieu qu'on considère, et à l'époque des syzygies; et, en partant de ce fait, que les variations, de la force d'attraction sur la masse de la Terre sont continues, j'en ai conclu la nécessité pour l'astro- nome de prendre les accords du temps, et j'y ai trouvé l'explication de certains sauts des horloges astronomiques, dont les savants n'ont pu jusqu'à présent apercevoir la cause. Je crois qu'un jour nous aurons l'équation des temps en fonctions des variations d'intensité des attractions planétaires, et des mouvements réguliers oscillatoires de la Terre, comme nous avons l'équation du temps en fonctions des mouvements de translation et de rotation de la Terre elle-même. Je dis des mouvements réguliers et oscilla- toires, parce que, quant aux mouvements irréguliers, on ne peut pas établir (377 ) aucune règle ; et seulement nous arriverons à nous rendre compte des phénomènes extraordinaires concomitants présentés par l'atmosphère, par la Terre et par certaines espèces d'animaux. Les mouvements irréguliers que nous appelons tremblements de terre arrivent de préférence, comme on a observé, ou plus fréquemment à l'époque des syzygies qu'à l'époque des quadratures ; et plus souvent à l'époque des hautes et basses marées, que des moyennes. Cette importante observation se trouve dans les œu- vres de Georges Baglivi et de Joseph Toaldo, dont le premier, dans son Historia romani terrce motus, anni 1708, dit : Enfin entre les diverses Tables de réfraction , je puis poser, si je ne me trompe, comme conclusion finale, que toutes ces discordances proviennent d'une seule et même cause, et cette cause serait la partie de la réfraction dont les astronomes n'ont pas tenu compte. Cette partie négligée comprend la réfraction irrégulière et non calculable que les rayons de lumière éprou- vent à l'entrée des salles d'observation quand la température y diffère sen- siblement de celle du dehors; la réfraction toute particulière qui peut se produire dans le corps même des lunettes lorsque des couches de densité à peine variable s'y trouvent disposées dans le sens des parois ; enfin et sur- ( 389 ) tout les termes périodiques de la réfraction ordinaire, termes dont l'expres- sion a pour argument, comme je l'ai fait voir dans cette Note, le coefficient de la réfraction géodésique. Je terminerai en disant que des astronomes du plus grand mérite se sont déjà demandé s'il n'existerait point de termes pé- riodiques dont les auteurs des Tables ou des théories n'auraient pas tenu compte, et dont l'influence se ferait sentir jusqu'à de fort grandes hauteurs. Je renverrai à ce sujet à l'excellent Mémoire de M. Peters sur la latitude de Poulkowa et la parallaxe de l'étoile polaire. » ÉCONOMIE RURALE. — Note sur V introduction en France d'une espèce de ver à soie de l'Inde qui vit sur le ricin commun; par M. Milne Edwards. « On sait depuis longtemps que le ver à soie du mûrier n'est pas la seule espèce de Bombyce que les agriculteurs de l'Inde élèvent, en domesticité, pour en obtenir des matières textiles, et que parmi ces espèces, dont les produits sont à peine connus en Europe, il en est une surtout qui est l'objet d'une industrie importante. C'est VJrrindj arria des Hindous, ou Bombjx cynthia des entomologistes. Sa chenille vit sur le ricin commun, et la soie qu'elle donne, quoique beaucoup moins belle que celle des Bombyces du mûrier, est fort utile, car elle est d'une solidité remarquable. Il paraît que dans plusieurs parties de l'Inde elle sert à l'habillement journalier de la classe pauvre pendant toute l'année, et à celui de toutes les classes pen- dant la saison froide. « L'étoffe qui en est faite, rapporte le D'' Roxburg, » l'un des premiers auteurs qui nous l'ait fait connaître, est en apparence » lâche et grossière ; mais elle est d'une durée incroyable. I^a vie d'une seule » personne suffit rarement pour user un vêtement de cette espèce, de telle M sorte qu'une même pièce d'étoffe passe souvent de la mère à la fille (i). » » Il est aussi à noter que le ver à soie du ricin est très-productif. Sa croissance est rapide, et les générations se succèdent à des époques si rap- prochées, qu'on obtient d'ordinaire six ou sept récoltes de soie par an (2). » J'ajouterai encore que la plante dont les feuilles servent de nourriture à ce Bombyce est d'une culture facile, non-seulement dans l'Inde, mais jusqu'en France, et qu'indépendamment de son utilité pour l'alimentation des vers à soie, elle est précieuse pour l'huile que ses graines fournissent. (i) Trans. ofthe Linn. Soc, vol. VU. (2) D'après Helfer cette espèce donnerait même jusqu'à douze récoltes par an. ( Voyez Asiatic Soc. ofBengal, iSS^, et Annales des Sciences naturelles, 2" série, t. X, p. iSa; iSSg.) C. R., i854, a"'«S97 227,0 68,2 » Les deux mélanges de sulfure de carbone et de chlorure de carbone présentent donc le même fait que nous avons déjà reconnu sur les mélanges d'éther et de sulfure de carbone : les^ tensions de leurs vapeurs sont plus faibles que celles du liquide le plus volatil; elles sont intermédiaires entre les tensions des deux liquides qui composent lejnélange. ( 4o5 ) Mélange de benzine et d'alcool. FORCES ÉLASTIQUES FORCES ELASTIQUES FORCES ÉLASTIQUES TEHPÉftATURES. de la de la vapeur du sulfure de la vapeur du chlorure vapeur du mélange. de carbone. de carbone. 0 7,22 43,17 40,4 20,1 9.98 5o,22 46,8 24,2 i3,i 1 59.66 54,4 29,2 i6,o5 69,43 62,7 35,0 18,59 79»35 71,0 4.,o » Le mélange de benzine et d'alcool a donc donné des tensions de vapeur plus considérables que celles du liquide le plus volatil, ce qui n'avait pas été observé sur les mélanges précédents dans les proportions où on les avait composés. » Les expériences précédentes se rapportent aux forces élastiques des vapeurs que donnent les mélanges des liquides volatils, dans l'état statique, c'est-à-dire lorsque l'espace dans lequel se trouvent le liquide et la vapeur est maintenu à une température constante. Il était intéressant de l'étudier dans l'état dynamique, c'est-à-dire de déterminer les températures que pré- sentent la vapeur et le liquide quand on soumet le mélange à l'ébuUition sous diverses pressions. Je n'ai fait d'expériences jusqu'ici que sur les mé- langes liquides de la première classe, c'est-à-dire sur ceux qui sont formés par des liquides qui ne se dissolvent pas sensiblement, et qui restent par conséquent superposés. » Il convient ici de distinguer deux cas : celui où le liquide le plus volatil forme la couche supérieure et celui où il forme la couche inférieure. C'est sur le dernier cas que j'ai principalement dirigé mon attention, parce que c'est celui pour lequel on peut espérer obtenir les résultats les plus constants : la vapeur du liquide le plus volatil est alors obligée de traverser le liquide moins volatil qui surnage, et se trouve dans des conditions favo- rables pour s'en saturer. Le phénomène paraît cependant très-complexe, parce qu'il dépend de la vivacité plus ou moins .grande que l'on donne à l'ébuUition. Lorsque l'ébuUition est faible, on trouve pour sa température celle à laquelle la somme des tensions des deux vapeurs fait équilibre à la pression qui s'oppose à l'ébuUition ; mais si l'on active le feu, l'ébuUition devient très- tumultueuse, la température monte et finit par atteindre celle sous laquelle le liquide le plus volatil bouillirait sous la même pression, s'il C. R., i854, 2"»« Semetire. (T. XXXIX, N» 9.) 54 ( 4o6 ) était seul. Il est probable qu'alors des cheminées se forment dans la couche du liquide supérieur, et que la vapeur du liquide le plus volatil peut passer sans obstacle, et n'enlève pas sensiblement de vapeur au liquide le moins volatil. Ces irrégularités sont surtout très-marquées quand l'ébullition a lieu sous de faibles pressions. Je réserve pour le Mémoire détaillé, les résul- tats des expériences que j'ai faites sur ce sujet. Cinquième pabtie. — Recherches entreprises afin de décider si l'état solide ou liquide des corps exerce une influence sur la force élastique des vapeurs quils émettent à la même température dans le vide. » Dans mes précédentes recherches sur les forces élastiques de la vapeur aqueuse, je me suis attaché à reconnaître si la solidification que l'eau éprouve quand ellp descend au-dessous de o degré, exerce une influence sur la tension de sa vapeur. A cet effet, j'ai fait un grand nombre de dé- terminations des forces élastiques de la vapeur émise par la glace entre — 32 degrés et o degré. J'ai constaté que la courbe construite sur ces expériences présentait une continuité parfaite avec celle que donnent les forces élastiques des vapeurs fournies par l'eau liquide aux températures supérieures à o degré. » Depuis, j'ai fait des expériences semblables sur deux liquides volatils qui se solidifient à une température facilement réalisable, en présentant encore une tension assez forte pour pouvoir être mesurée avec précision. Ce sont l'hydrocarbure de brome et la benzine. » On peut donc admettre comme démontré par l'expérience que les forces moléculaires qui déterminent la solidification dune substance n'exercent pas dinfluence sensible sur la tension de sa vapeur dans le vide. » Mais j'attachais un intérêt particulier à faire des recherches semblables sur l'acide acétique monohydraté. Cet acide est solide jusqu'à la tempé- rature de 4- i6 degrés; mais, une fois liquide, on éprouve beaucoup de difficulté à déterminer sa congélation. On peut le refroidir quelquefois jus- qu'à 8 ou lo degrés au-dessous de o sans qu'il se solidifie, même quand on imprime de vives secousses au flacon qui le contient. J^a solidification s'effectue, immédiatement, lorsqu'on touche la surface du liquide avec une pointe de verre, ou qu'on y projette un cnstal d'acide solide. » L'acide acétique monohydraté me présentait donc l'exemple d'iuie substance dont on pouvait déterminer, dans une étendue assez considérable de l'échelle thermométrique, les tensions de vapeurs émises par la substance à l'état liquide et à l'état solide. » L'acide acétique qui a servi aux deux premières séries d'expériences ( 4o7 ) était pris sur une masse de i kilogramme qui se solidifiait complètement en apparence; mais, pour plus de sûreté, on a choisi les derniers fragments so- lides qui restaient après la liquation de la plus grande partie. Première série f 12 janvier i844' Températures. Forces élastiques. 6,55 6,37 4,36 5,63 7,62 6,83 10, og 7,80 14,43 10,02 '7,09 II ,61 '9,9' i3,56 » L'acide est resté liquide pour toutes ces températures. Afin de le faire cristalliser, on a retiré l'eau de la cuve et on a communiqué de fortes vibra- tions au ballon, mais sans y parvenir. Ces vibrations ont fini par faire casser le mastic qui établissait la communication avec le manomètre, et on a été obligé d'interrompre l'expérience. Deuxième série , iQ janvier. » Dans cette seconde série, on a entouré le ballon d'un mélange réfrigé- rant pour déterminer la congélation de l'acide. TEMPÉRATURES. FORCES ËLASTIQCES. TEMPÉRATURES. FORCES ÉLASTIQVEÈ. r,36 mm 5,23 P — 0,69 mm 4,27 3,81 5,99 t. — 2,40 3,90 9,09 7,81 9 — 5,11 3,35 > n 10,95 i3, i3 '4,74 8,48 9,29 10,23 , f - 7,55 g - 5,83 3,25 3,56 w 1- B a 3 18,23 7,21 5,52 8,19 12,34 6,64 5,97 7,01 : - 4,24 g - 2,56 g - 0,82 — 0° 3,93 4,26 4,71 4.89 10,91 8,12 La solidification de l'acide n'a e ulieu que vers — 7 degrés. 15,92 10,87 5,27 4,83 Au moment où elle s'est effectué e, la tension a augmenté 3,09 1,53 subitement d'une manière consi dérable, ce qu'il faut at- tribuer au dégagement instanta de fusion. né de la chaleur latente 54.. (408) » Si l'on construit la courbe des forces élastiques d'après ces éléments, on reconnaît que l'acide solide et l'acide liquide donnent deux courbes séparées qui se réunissent probablement au point de fusion ; la courbe de l'acide solide est constamment au-dessus de celle de l'acide liquide, dont les tensions sont plus faibles à température égale. Troisième série. » Comme on craignait que l'acide employé dans les deux premières séries ne renfermât un peu d'eau, on l'a distillé sur de l'acide phosphorique anhydre. Mais on a reconnu qu'alors il se formait toujours une certaine quantité d'acétone. Pour la séparer, on a soumis la matière à une nouvelle distillation et l'on n'a recueilli que le dernier quart du produit; c'est sur celui-ci que les expériences ont été faites. DATES. 1844. TEMPÉRATURES. FORCES ÉLASTIQVE3. OBSERVATIONS. 0 mm I " février 7 4o 10,33 12,25 i5,i8 6,22 7,28 8,o5 9.39 '8,79 11,37 Le !"■' février, l'acide a ré- 21,57 13,26 ACIDE sisté à une température de 12,24 8,o3 — SOjSSsans se solidifier; tandis — 5,38 3,21 que le 2 février il s'est solidifié 2 février 11,09 8,61 7,01 5,35 3,o3 7,52 6,57 6,06 5,59 4>96 dans la glace fondante. 0,00 3,78 4,02 On n'a pas pu continuer 1^^ I ,23 ACIDE expériences plus loin, parce que l'un des tubes de commu- 3,5i 4»59 SOLIDE. nication s'est cassé par acci- 5,52 5,18 1 dent. » L'acide solide et l'acide liquide présentent encore deux courbes ; mais la courbe de l'acide solide est constamment au-dessous de celle de l'acide liquide. Quatrième série , 3 février. » La quatrième série a été faite sur de l'acide acétique distillé une se- conde fois sur l'acide phosphorique anhydre. On a remarqué le même fait ( 4o9 ) que dans la troisième série, c'est-à-dire deux courbes séparées, celle de l'acide liquide ayant des ordonnées plus grandes. TEUPERATURES. ACIDE LIQUIDE. 7.09 7»'7 9>7i 12,12 14,87 17,23 22,37 25,28 >9>84 '9>84 8,07 FORCES ÉLASTIQUES. mm 5,61 5,53 5,57 6,42 7,33 8,59 9,85 i3,i5 i5,36 11.47 11,44 5.79 TEMPERATURES. ACIDE LIQUIDE. ACIDE SOLIDE. AC. LKJ. I ,32 3,54 5,77 0,00 3,57 6,92 9.96 'ï»49 12,43 i3,i4 14,33 FORCES ÉLASTIQDES. 3,96 4,5o 5, .4 3,23 4,06 5,08 6,28 6,97 7,48 7,86 8,42 » Je crois que les anomalies présentées par l'acide acétique monohydraté peuvent s'expliquer par la présence de très-petites quantités de substances étrangères. L'acide obtenu par simple cristallisation renfermait probable- ment une très-petite quantité d'eau en excès ; tandis que l'acide distillé contenait un peu d'acétone. Tant que l'acide est liquide, la très-petite quantité de matière étrangère est disséminée dans toute la masse et n'exerce pas une influence sensible sur la tension de la vapeur. Mais il n'en est pas de même quand l'acide devient solide; alors la substance étrangère se sépare, en combinaison avec une quantité moindre d'acide acétique, et son influence sur la tension de la vapeur devient ainsi beaucoup plus notable. » MÉTÉOROLOGIE. — Observation faite a l'île d'Ouessant sur le coucher du soleil du 22 juillet i854; par M. Laugier. « Je me trouvais à l'île d'Ouessant, le 22 juillet dernier, sur un point élevé d'où l'on découvrait une grande étendue de mer. La journée avait été superbe, le ciel était sans nuages et la mer tranquille comme un lac. Le soleil, fort près de l'horizon, était rougeâtre comme dans les couchers ordi- naires, et son disque paraissait à l'œil nu parfaitement bien terminé. Le bord inférieur toucha d'abord l'horizon de la mer, puis le disque s'y enfonça peu à peu sans se déformer et en conservant sa netteté. Au moment où le ( 4io ) centre de l'astre atteignait la ligne parfaitement définie qui limitait l'horizon de la mer, la partie supérieure du disque, la seule qui fût encore visible, se teinta subitement en bleu. Cette teinte nous sembla uniforme; elle rappelait exactement le bleu des liquides renfermés dans les bocaux que l'on voit ordinairement sur les devantures des pharmacies. Ce phénomène persista tout le temps qu'on vit la partie supérieure du soleil. Aussitôt après le cou- cher, l'horizon présenta son aspect ordinaire. On distinguait encore, à quatre ou cinq degrés au-dessus du point où le soleil avait disparu, trois petits nuages sous-tendant chacun un angle d'un ou deux degrés : encore éclairés par le soleil, leur lumière était, comme avant le coucher, d'un rouge cuivre très-vif. Je n'étais pas seul à observer ce curieux spectacle, je me trouvais en compagnie de MM. Boitard et Saint-Germain, professeurs à l'École navale, et du père de M. Boitard. A quelques détails près, nous avons tous été d'accord quand nous avons rassemblé nos souvenirs. » Comme ce phénomène se présente rarement, j'ai cru devoir publier cette relation ; elle intéressera sans doute les astronomes et les physicens. » CHIRURGIE. — De la doctrine chirurgicale relative à la présence de projectiles et autres corps étrangers portés dans l'économie; par M. Sédillot (i). « On a soutenu, à diverses reprises, que les corps étrangers introduits dans l'économie, et particulièrement les projectiles de guerre, étaient sans inconvénients et sans dangers et que l'organisme les rejetait spontanément au dehors, ou en tolérait facilement la présence. » Il ne serait pas exact d'admettre qu'on a trouvé des projectiles, plombs, chevrotines, balles, dans tous les organes humains, sans qu'il en résultât d'inconvénients sérieux. On n'en a jamais rencontré dans la moelle épinière, la moelle allongée, les pédoncules cérébraux, le cervelet et le reste de la masse encéphalique sans accidents mortels ou excessivement graves. Le fait si remarquable cité par le savant M. Duméril, d'une balle logée et comme suspendue dans un des hémisphères du cerveau, est l'expression habituelle de ces cas complètement exceptionnels. » Les rares malades qui ont échappé aux accidents primitifs, éprouvent des désordres locaux et fonctionnels plus ou moins prononcés, auxquels ils (i) Cette Note est adressée à l'occasion d'une communication de M. Guyon, présentée à l'Académie dans sa séance du 17 juillet i854- (4ii) finissent par succomber. Il est beaucoup d'autres organes encore où des projectiles ne sauraient impunément persister. Supposez-les dans les milieux de l'œil, et la vue sera détruite ; placez-les à la surface de rapport d'une articulation, et les mouvements seront abolis. » Le fait le plus commun, auquel on s'est arrêté avec trop de complai- sance, est celui des projectiles enkystés dans le tissu cellulaire, ou enclavés dans l'épaisseur ou à la surface des os. » Certains hommes d'une constitution vigoureuse ont pu porter impuné- ment ainsi, pendant un grand nombre d'années, des balles ou des fragments de plomb; mais il arrive un moment où des douleurs apparaissent, l'in- flammation survient, et il faut retirer les corps étrangers et quelquefois sacrifier les membres profondément altérés qui les renfermaient. » La clinique si instructive de notre illustre et regrettable maître le baron Larrey était féconde en observations de ce genre, et nous lui avons vu, à l'Hôtel des Invalides, pratiquer de fréquentes amputations pour des lésions osseuses et articulaires dépendant de la présence de corps étrangers datant de quinze et vingt ans. » Une distinction importante mérite d'être faite au sujet de la tolérance de l'organisme. • » Le plomb est le métal le mieux supporté ; les fragments osseux dési- gnés sous le nom d'esquilles le sont moins bien, et c'est à l'enclavement, entre les extrémités d'une fracture, d'une portion osseuse privée de vie, que l'on doit souvent attribuer le défaut de la consolidation et les ostéites con- sécutives qui entraînent la perte du membre. Les pièces de vêtement, et particulièrement celles de fd, de coton et de laine, sont fort dangereuses. Les recueils chirurgicaux sont remplis d'observations de morts déterminées par la présence de ces substances, dont l'expulsion spontanée ou l'extrac- tion ont quelquefois amené des guérisons inespérées. » Sous ce rapport, le fait de M. Guyon ( Comptes rendus du 1 7 juillet dernier) est peut-être unique, puisqu'il s'agissait d'un kyste du sommet du poumon, contenant une balle de calibre, deux esquilles et deux sortes de tissus, l'un de toile et l'autre de drap. » Cette guérison extraordinaire se serait-elle maintenue, et le malade fût- il resté longtemps capable de continuer à servir? Le doute est au moins permis, et il est très-probable qu'à la suite de quelque effort, ou de quelque inflammation intercurrente, le poumon se serait altéré au pour- tour du kyste, sous l'influence des corps étrangers qui y étaient contenus. Broussais rapportait comme preuve de tuberculose produite par irritation (4i2 ) locale, l'histoire d'un militaire dont un des poumons renfermait une simple balle enkystée. La mort avait eu lieu sept ans plus tard, par tuberculisation de l'organe blessé, tandis que le poumon du côté opposé était resté sain. » Ces faits confirment la règle donnée par les chirurgiens militaires les plus expérimentés, de pratiquer l'extraction de tous les corps étrangers portés dans l'économie. Cette indication n'a pour limites que le danger de causer, par des recherches intempestives, plus de désordres et d'accidents que la présence des corps étrangers eux-mêmes ne pourrait en provoquer. » CHIMIE APPLIQUÉE — Note sur une communication de MM. Malaguti et Durocher; par M. Vicat. (Renvoyé à titre de renseignement à la Commission chargée d'examiner le travail de M. Durocher et Malaguti. ) « MM. Malaguti et Durocher ayant soumis à l'Académie un Mémoire qui tend à établir l'efficacité du peroxyde de fer dans les composés hydrauli- ques destinés aux travaux à la mer, nous croyons devoir lui communiquer des faits bien constatés, en opposition directe avec cette manière d'expli- quer la résistance à l'action saline. Ciments indestructibles à l'eau de mer. Peroiyde de fer contenit sur 100 parties. Ciment anglais employé à Cherbourg, dit Médina i2,o5 Ciment de Cahors essayé depuis sept à huit ans an laboratoire 5,5o » Ces deux ciments sont absolument de même valeur pour l'eau de mer. Ciments légèrement attaquables . Ciment de Pouilly 5, lo Ciment de Vassy, de cuisson, moyenne 7 » 35 Ciment de Portland 5, 3o » Ces trois ciments se fissurent sur les arêtes après quelques mois d'im^ mersion . Ciments éminemment destructibles. Ciment de Guetary (Basses-Pyrénées) 5 ,90 » Ce ciment périt en quelques jours après l'immersion. Pouzzolanes volcaniques. Pouzzolane de Rome tenant bien à la mer avec la chaux grasse 12,00 Pouzzolane brune de Naples insuffisante dans les mêmes circonstances. . 16, 3q Pouzzolane de l'île Bourbon plus mauvaise encore, en moyenne 35, 00 Toutes les pouzzolanes des volcans du Vivarais, détestables , moyenne. 20, oq (4i3) Pouzzolanes artificielles. M Toutes les pouzzolanes artificielles fabriquées avec des argiles blanches et convenablement mises en oeuvre résistent à l'eau de mer. Il en est qui ne contiennent pas de fer. Les plus chargées en donnent de 1,20 à 2,00. Chaux hydrauliques. » Les fameuses chaux de l'Ardèche, connues sous le nom de chaux du Theil, les seules qui jusqu'à ce jour aient pu donner authentiquement avec le sable seul des mortiers indestructibles à l'eau de mer, ne contiennent que des quantités insignifiantes de peroxyde de fer et souvent n'en contiennent pas du tout. D'excellentes chaux pour l'eau douce, et qui contiennent jus- qu'à 9 pour 1 00 de peroxyde de fer, on t donné avec le sable des mortiers qui périssent en quelques jours en eau de mer. » Nos dosages relativement aux ciments peuvent ne pas donner exacte- ment les mêmes quantités de peroxyde de fer que ceux de MM. Malaguti et Durocher sans que cette circonstance infirme nos résultats comparatifs. Nous n'avons jamais pu trouver une identité parfaite entre des ciments de même provenance, mais livrés à des époques différentes. » En présence de ces faits, dont nous garantissons l'exactitude, il est dif- ficile d'attribuer un rôle utile au peroxyde de fer, ou du moins de généra- liser cette utilité en s'étayant de quelques cas exceptionnels qui peuvent fort bien s'expliquer par d'autres considérations. Il est fâcheux que MM. Malaguti et Durocher aient ignoré ce que nous avons dit et prouvé sur la fâcheuse influence du peroxyde de fer sur les composés hydrauliques, d'abord dans nos études sur les pouzzolanes artificielles publiées en 1 846 et ensuite dans un article spécial publié dans les Annales des Ponts et Chaus- sées des mois de mai et juin i85o. » Nous devons dire que les meilleurs composés hydrauliques sont sans exception attaquables par l'eau de mer lorsqu'ils sont immergés frais, et que, pour les apprécier convenablement, il faut qu'ils aient acquis sous cer- taines conditions une cohésion plus ou moins avancée. » Les faits nouveaux que contient le travail que nous venons de terminer sur cette importante question de l'action saline, nous auraient décidé à les soumettre à l'Académie s'ils n'étaient destinés au concours sur cette même question, proposée par la Société d'Encouragement. » M. FAYEfait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la 2* édition de ses Leçons de Cosmographie. C. R., i85.', , 2™« Semestre. (T. XXXIX, N" 9.) 55 (4-4) RAPPORTS. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. — Rapport sur un Mémoire de M. Germain de Saint-Pierre, intitulé : Mémoire sur le phénomène de la divulsioh (fasciation et dédoublement) chez les végétaux. (Commissaires, MM. Brongniart, Tulasne, Mo«{uin-Tandon rapporteur.) (Renvoi à la Commission nommée pour l'examen de la Note de M. l'abbé, Commission qui se compose de MM. Velpeau, Rayer et Cl. Bernard. ) CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur des questions relatives à la production industrielle des métaux terreux; par M. Ad. Chenot. Cette Note est consacrée bien moins à l'exposition de nouveaux résul- tats dus aux recherches de l'auteur, qu'à la discussion de ceux qui ont été récemment soumis au jugement de l'Académie par M. H. Sainte-Claire Deville. Ainsi nous ne pourrions, sans devancer en quelque sorte le travail de la Commission chargée de faire le Rapport sur ce dernier travail, donner l'analyse de la nouvelle communication de M. Chenot. Nous nous conten- terons, en conséquence, d'en extraire le passage suivant, qui a rapport aux différents effets que produisent l'aluminium et le silicium dans les alliages. « La grande affinité de V aluminium pour le carbone, avec lequel il forme un véritable alliage très-stable et excessivement dur, le rend très- précieux dans mon système de fabrication des aciers. Il sert à y fixer le carbone, de sorte que l'on peut chauffer et tremper plusieurs fois le même acier sans l'altérer. n 1J aluminium donne des aciers et des alliages en général très-durs, trèsn blancs, veloutés et moirés; ces alliages ont de la ductilité et de la malléa- bilité ; au contraire, ceux de silicium ont une cassure grenue, brusque, d'un blanc équivoque, sans reflet; ils sont excessivement durs, mais cassants, et le deviennent de plus en plus à mesure qu'on augmente la proportion; 5 à 6 pour 1 00 de silicium rendent les métaux et alliages susceptibles de se pulvériser comme des pierres sous le pilon . » La Note de M. Chenot est renvoyée à l'examen de la Commission chargée d'examiner les Mémoires de M. H. Sainte-Claire Deville. ( 4^9 ) M. Manuel de Castro soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur un système de signaux électriques destinés à prévenir les accidents sur les chemins de for. Ce système a été l'objet d'un brevet d'invention pris le 3i octobre i853, et l'auteur pense que cette date lui assure la priorité d'invention à l'égard de M. Guyard et de M. Du Moncel, qui, dans les séances du 3 et du lo juillet dernier, ont adressé à l'Académie des communications relatives aux moniteurs électriques pour les chemins de fer, communications dans lesquelles était aussi mêlée la question de priorité. (Renvoi à la Commission déjà chargée de l'examen de ces sortes d'appareils, Commission qui se compose de MM. Pouillet, Piobert, Regnault, Combes.) M. Champmas adresse, de Nérac, une Note sur certaims phénomènes visuels qui se produisent lorsque l'œil a été frappé d'une vive lumière. L'auteui- décrit avec soin les modifications qui s'opèrent depuis le moment où cesse l'action de la lumière sur l'œil jusqu'à celui où l'impression produite sui' la rétine a complètement disparu. Ces observations, qui n'ont pas toute la nouveauté que leur suppose M. Champmas, lui paraissent devoir être prise*; en considération, quand on se propose de se rendre compte de la manière dont s'opère la vision. La théorie à laquelle ces faits lui semblent plus favo- rables, est celle qui veut ramener tous les sens à n'être que des modifica- tions du sens du toucher. La Note est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Magendie et Babiuet. M. GmÉRiN-MÉNEViLLE communiquc une observation qu'il a faite récem- ment sur des végétaux dont l'aspect rappelait tout à fait celui des vignes malades, et dont l'odeur était aussi celle qui accompagne le développement de l'Oïdium. L'auteur expose les circonstances qui ont dû favoriser le développement de cette affection qui faisait contraste avec l'état sain que montraient sur les parties voisines du même terrain d'autres végétaux, appartenant aux mêmes espèces, mais placés dans des conditions météoro- logiques un peu différentes. Il en tire une confirmation des opinions qu'il soutient depuis plusieurs années, et qu'il reproduit en ces termes : i° La production cryptogamiforme qui envahit beaucoup dp végétaux placés dans certaines conditions particulières, est la conséquence et non la cause de la maladie; 2° cette maladie est due à une modification du milieu dans lequel vivent les végétaux et spécialement à un changement dans la teui- C. R., 1854, a™» S«m«(;f. (T. XXXIX, N09.) ^7 ( 43o ) pérature hibernale; 3° ce changement agit diversement sur les végétaux sui- vant qu'ils s'y trouvent plus ou moins prédisposés, comme cela a lieu pour les animaux durant les épidémies; l^° enfin ,les insectes que l'on rencontre sur les végétaux oïdiés sont ceux qu'on y rencontre habituellement ou qui sont attirés par l'état pathologique de ces végétaux. M. Dessoye adresse deux nouvelles communications sur la maladie de la vigne : l'une envoyée directement, et l'autre par l'intermédiaire de M. de Gasparin. Conformément au désir exprimé par le savant académicien, nous reproduisons, de cette dernière, les passages suivants : a Les maladies de la pomme de terre et de la vigne ont pour cause la crois- sance, sur ces deux plantes, de parasites vénéneux qui sont des Erysiphes. » Je considère ces Erysiphes comme deux importations, qui ont eu lieu en Europe avec celles de plantes exotiques sur lesquelles ils étaient établis. » Le mode de multiplication des deux Erysiphes de la pomme de terre et de la vigne connu jusqu'à ce jour est bien le transport de leurs semences par les vents et le dépôt de ces semences sur les tissus herbacés où elles sont retenues par les rugosités et le duvet de ces derniers; mais les semences des Erysiphes ne se trouvent pas semées pour devenir fertiles sur les plantes qui reçoivent ce funeste dépôt, comme les graines des plantes dico- tylédones dont nous connaissons la germination et ledéveloppement successif. » Les semences des Erysiphes contiennent de la matière organique de ce petit champignon. Surprises, là où elles se trouvent déposées, par l'eau des pluies légères, des brouillards, des rosées, et même par celle qui provient de la transpiration de la vigne et de la pomme de terre, la matière orga- nique qu'elle renferme se délaye et entre en dissolution dans cette eau, qui devient alors empoisonnée pour la plante. Lorsque les pores corticaux s'ouvrent, avec le jour, pour absorber un liquide, qui devrait être bienfai- sant, la plante se trouve infectée sous l'épiderme, et la substance albu- mineuse, qui a conservé quelque consistance, reste sur l'épiderme pour en fermer les pores comme le produit d'une filtration. C'est ainsi que le liquide filtré devient la cause d'une maladie, et que la partie plus consis- tante forme des semis d'Erysiphe. Il y a de l'analogie entre ce mode repro- ducteur et les résultats que l'on obtient avec le blanc de champignon. » Après avoir découvert, en i853, les conditions d'hibernation propres au prétendu Oïdium de Tucker, je crus remarquer, dans un cas de maladie extraordinaire, que c'était par l'empoisonnement de l'eau des pluies légères et des rosées que le parasite se trouvait semé. Dès ce moment, je pensai ( 43. ) qu'en usant artificiellement du même moyen, je pourrais semer l'Oïdium et l'inoculer. J'ai parfaitement réussi dans toutes mes expériences. Voici com- ment j'ai procédé : A l'aide d'un petit pinceau humecté, que je lave fré- quemment dans 3o gouttes d'eau, je recueille, sur les troncs de la vigne, les tuteurs, échalas et autres pièces en bois mort qui la soutiennent, enfin sur des raisins attaqués, du blanc d'Liysiphe, et, cette matière organique tenue dans l'eau pendant vingt-quatre heures, je fais l'application du liquide empoisonné aux tiges, aux pédoncules et aux baies de la vigne, par gouttes rigoureusement, et à l'ombre. L'empoisonnement est plus prompt à la naissance des tiges qu'au milieu, et surtout qu'à l'extrémité supérieure, qu'il est même impossible d'infecter^ parce que le tissu utriculaire de la couche tubéreuse n'est pas vide. Il est aussi plus prompt sur la pulpe des baies que sur les pédoncules. J'ai obtenu des semis d'Érysiphe, après l'ino- culation de la maladie, sur les divers tissus de la vigne, en pleine santé', en quatre heures; d'autres en deux, trois, quatre, cinq jours et même au delà : cela dépend entièrement de l'âge et de la nature des tissus épidermiques , et aussi de la dose vénéneuse de matière organique en dissolution dans l'eau. Le liquide infecté soumis à l'action du deutochlorure de mercure fournit la preuve qu'il est albumineux. Il est plus rebelle à la réaction que l'albumine d'un blanc d'oeuf dissoute dans l'eau.... » Les moyens de combattre 1 a maladie de la vigne et celle de la pomme de terre ne peuvent évidemment être les mêmes, puisque la vigne est une plante vivace dont le vieux bois est ligneux, tandis que la pomme de terre a des tiges herbacées et annuelles. Pour ce qui concerne la vigne, nettoyer le vieux bois sur la fin de l'automne et y appliquer en janvier et février une couche de lait de chaux vive avec addition de i kilogramme d'alun pour loo litres de liquide, voilà un moyen, grand destructeur, et en même temps curatif et préventif, dont chacun doit être tenu obligatoirement de faire usage. Quant à la conservation des fruits, pour les mettre à l'abri des dépôts de semences qui viendront de leiu- dispersion par les vents, le sou- frage, l'eau grison, et le carbonate de chaux alumine, projeté à l'état de lait de chaux très-clair, au moyen d'un balai, absolument de la même manière que lorsqu'il s'agit de faire du granit sur des murailles, suffisent pour arrêter les ravages de l'Oïdium de Tucker. Il en coûtera aS francs pour le nettoiement des troncs, et aS francs pour l'application du lait de chaux alu- '' miné, soit 5o francs par hectare pour la première année. Mais, comme pour la seconde le nettoiement des troncs est superflu, il n'y aura que aS francs à ajouter pour l'emploi du lait de chaux, d'où, en moyenne, i"/' 5o*^ par 57.. ( 433 ) année. Reste la pomme de terre. Sur celle-ci, il n'y a de remède qu'en arro- sant ses tiges avec une composition assez tenace pour qu'elle n'abandonne pas les tissus épidermiques, assez ferme pour que la consistance albumineuse de la matière organique de l'Érysiphe ne puisse pas atteindre ces mêmes tissus, et que l'eau des rosées et des pluies, filtrée à travers l'enveloppe préservatrice des tiges, atteigne l'épiderme pour ne pas l'infecter. » Les deux communications sont renvoyées à l'examen de la Commission des maladies des plantes usuelles. M. Mathiev adresse, de Vitry en Perthois (département de la Marne), des feuilles et rameaux de vigne sur lesquels se trouvent des nombreux individus d'une espèce d'insectes qu'il a presque constamment trouvés sur les vignes atteintes d'Oïdium. ( Renvoi à la Commission des maladies des plantes usuelles.) M. Devergie, en adressant au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un exemplaire de son Traité des maladies de la peau, y joint, conformément à une des conditions imposées aux concurrents, une indi- cation de ce qu'il considère comme neuf dans cet ouvrage. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Dumoulin soumet au jugement de l'Académie une Note sur le parti qu'on peut tirer de l'inspiration de l'oxygène dans des cas de choléra et dans quelques autres circonstances qu'il indique. Il propose, pour faciliter l'emploi de ce moyen dans les hôpitaux, un appareil qu'on peut établir aisément et à peu de frais. M. Ant. Calvet présente des Considérations générales sur la nature et l'origine du choléra-morbus, considérations qu'il désire soumettre au jugement de l'Académie, mais qu'il ne destine pas au concours pour le prix du legs Bréant. M. Arnoldi adresse, d'Altenldrcheii (États prussiens), une Note sur la cholérine et le choléra, et sur les relations qui existent entre ces deux états maladifs, dont, suivant lui, le premier seul serait contagieux. Il envoie, en même temps que ce manuscrit destiné au concours pour le prix Bréant, vingt exemplaires d'un opuscule qu'il a publié sur la même question. Ces trois communications sont renvoyées à l'examen de la Section de ( 433) Médecine, ainsi que d'autres communications également relatives au cho- léra, dont les auteurs sont MM. Czernickowski , Gvglielhi, de Naples, Brunet père et Guyard. Une Notice imprimée de M. L.-F. Bourgogne, médecin à Condé, sur une « nouvelle méthode de traitement du choléra, » est également renvoyée à la Section de Médecine. CORRESPONDAIVCE. M. LE Ministre de la Marine transmet une Lettre dans laquelle M. Ave- nier de Lagrée réclame son intervention, à l'effet d'obtenir de l'Académie ini prompt Rapport sur un jjrojet de machine à air et à vapeur d'eau, qu'il a soumis à son examen. « Il appartient à l'Académie, dit M. le Ministre, dans la lettre jointe à cet envoi, de juger quelle suite comporte la réclamation de M. Avenier de Lagrée. » Le Bureau fera connaître à M. le Ministre de la Marine l'état de la question relativement aux communications faites par M. Avenier de Lagrée. Les Notes successivement envoyées, et dont plusieurs se contredisent entre elles, sont aujourd'hui au nombre de vingt-quatre. La Commission ne pourra porter son jugement sur ce projet de machine, que lorsque l'auteur, ayant enfin fixé ses idées, les aura formulées dans un Mémoire unique. M. le Secrétaire perpétcel de l'Académie des Beacx- Arts annonce que cette Académie vient de s'occuper, conformément à la demande qui lui avait été adressée par l'Académie des Sciences, de remplacer feu M. Blouet dans la Commission chargée d'examiner le Mémoire de M. P. Landry « sur l'application de l'hygiène à la disposition des villes : » M. GUbert^ Membre de la Section d'Architecture, a été désigné à cet effet. M. Flourens signale parmi les pièces imprimées de la correspondance uu ouvrage intitulé : Le Jardin des Plantes de Montpellier, essai historique et descriptif; par M. Ch. Martins, professeur de botanique et d histoire natu- relle à la Faculté de médecine de Montpellier et directeur de ce jardin. « Le Jardin des Plantes de Montpellier est le plus ancien de France, et en Europe ceux de Padoue, Pise, Bologne, Leyde et Leipsig lui sont seuls antérieurs de quelques années. Ce fut à Tinstigation de Richer de Belleval, que Henri IV en décida la fondation en 1 593 ; les états du Languedoc en- registrent cet édit deux ans après, et en • 596 le jardin était planté. Détruit ( 434 ) en partie pendant le siège de Montpellier par Louis XIII en 1622, le Jardin des Plantes fut, pour ainsi dire, fondé une seconde fois par Richer de Bel- leval. Languissant sous les directeurs qui succédèrent à ce zélé botaniste, il se releva sous Magnol et Sauvages Plus tard, Gouan, célèbre élève de Linné, et Auguste Broussonet, Membre de l'Académie des Sciences, si connu par ses voyages et ses travaux zoologiques et botaniques, firent beaucoup pour le Jardin des Plantes. Le successeur de Broussonet fut de Candolle, mort l'un des huit Associés étrangers de l'Académie des Sciences. Celui-ci continua et acheva les améliorations de Broussonet, agrandit le jardin et replanta l'école botanique en suivant les ordres naturels. Delille, qui avait fait partie de l'expédition d'Egypte, succéda à de Candolle. M. Martins, qui a remplacé Delille, a réuni dans cette histoire du Jardin des Plantes de Montpellier, plusieurs souvenirs pleins d'intérêt et entre autres celui-ci, que Tournefort et Antoine de Jussieu furent les élèves de Magnol et de Sau- vages. » M. Flourens présente, au nom de l'auteur, M. E. de Blosseville, une Notice historique sur /. de Blosseville, le célèbre et infortuné commandant de la Lilloise . M. E. de Blosseville, en faisant hommage de cette Notice à l'Académie, la prie de l'accueillir comme vui tribut de reconnaissance pour les encou- ragements qu'elle avait bien voulu accorder aux travaux de son frère, et pour l'intérêt qu'elle prit à tout ce qui se fit en vue de le sauver, lorsque l'on commença à craindre pour le sort de la Lilloise. M. Flourens enfin met sous les yeux de rx\cadémie la quatrième livraison du Traité d'Organoge'nie que publie M. Pajer. Cette nouvelle livraison, qui comprend l'organogénie de neuf nouvelles familles, présente,, dit M. le Secrétaire perpétuel, des travaux qui n'ont encore été exposés nulle part ailleurs, et offre beaucoup de faits curieux. ZOOLOGIE. — Observations sur le développement des Actinies; par M. Lacaze DuTHiERs. (Extrait d'une Lettre adressée kM. Milne Edwards et datée de Saint-Janet, Côtes-du-Nord.) « Je n'ai pu observer les œufs au moment de leur chute ; tous les em- bryons étaient entourés de cils vibratiles, et dans leur substance une distinc- tion bien évidente devait être établie entre une partie centrale plus colorée. ( 435 ) plus granuleuse, et une couche externe. La première seule subit des chan- gements. Par quelques études encore j'espère pouvoir observer les œufs à leur sortie de l'ovaire. » Avant que les changements dont il va être question apparaissent, l'em- bryon est, ou ovoïde, ou sphérique; il se meut rapidement en tournant dans tous les sens. Le premier travail qui se passe en lui est une sorte de creu- sement qui, intéressant la partie centrale et la partie externe, forme bientôt une cavité. A ce moment la jeune Actinie ressemble beaucoup aux œufs de l'Équorée violette. Méduse si abondante dans le port de Cette où j'ai pu ob- server un creusement analogue. » La masse centrale subit alors des modifications qui la divisent d'abord en deux masses inégales par deux pincements qui s'avancent de la circonfé- rence vers la cavité centrale ; on dirait, au premier abord, un fractionnement : mais ce phénomène n'est point analogue à celui que les physiologistes dé- signent par ce nom. A ce moment l'orifice extérieur de la cavité s'allonge, et ses extrémités répondent chacune au milieu de l'une des deux parties. » L'inégalité de cette première division sera suivie par une sorte d'irré- gularité des subdivisions suivantes, jusqu'à ce que le nombre douze soit produit. » D'abord la partie la plus grande des deux moitiés se partage, par des pincements analogues aux deux premiers, en trois parties; l'embryon pré- sente en tout quatre lobes. Bientôt la plus petite des deux moitiés se subdivi- sant en trois, on arrive au nombre six. Ensuite ce sont les deux lobes de la grande moitié les plus voisins de la petite qui se partagent chacun en deux; alors il y a huit lobes. Toujours les extrémités de la bouche correspondent aux lobes occupant le milieu de chacune des moitiés primitives qui, à ce moment, renferment l'une trois, l'autre cinq divisions. » Du nombre huit on passe au nombre dix par la subdivision des deux lobes de la grande moitié, qui encore sont les plus rapprochés de la petite; enfin la même chose arrive dans les parties latérales de celle-ci, et alors il y a douze subdivisions. » On voit que la production des nouveaux lobes se fait toujours vers les parties les plus rapprochées de la division primitive. » A ce moment l'Actinie est très-contractile, elle change souvent de forme, elle se meut dans tous les sens, mais elle avance toujours en tenant la bouche en avant. « Le travail semble alors s'arrêter, ou ne s'appliquer qu'à la régularisation des parties produites ; aussi les lobes deviennent^ls à peuprèségaux. Alors les ( 436 ) tentacules commencent à se montrer, et la multiplication des parties ne se fait plus d'après la même loi. » Les tentacules paraissent d'abord comme des tubercules, des mamelons, au nombre de six ; ils ne sont chacun que le prolongement, comme un doigt d^ gant, de la cavité d'un lobe. Les deux premiers et principaux correspon- dent au milieu des deux moitiés primitives, et sont opposés aux extrémités de la bouche. » Avant que ces six premiers tentacules aient acquis un grand dévelop- pement, on voit apparaître entre eux six autres mamelons, qui forment le second cycle. » A partir de ce moment le mode de multiplication change ; entre chaque tentacule il s'en développera un nouveau, en sorte que les cycles qui se suc- céderont auront des nombres de tentacules égaux : le troisième en a douze, le quatrième vingt-quatre, le cinquième quarante-huit, le sixième quatre- vingt-seize, etc., etc. » Dans cette multiplication des parties, les loges précèdent toujours les tentacules, qui n'en sont que la manifestation extérieure et appendiculaire ; elles augmentent en nombre de la manière suivante : sur le milieu de la paroi des loges les dernières formées, on voit naître une cloison ou pince- ment qui paraît simple, mais qui bientôt se dédouble, et dont les deux feuil- lets, en s'écartant, limitent trois loges, deux latérales, une moyenne ; celle-ci correspond à l'ancienne, et elle se trouve séparée des loges auxquelles elle était contiguë précédemment par les deux nouvelles loges qui se sont pro- duites à ses dépens. » Il résulte de ce mode de développement que chaque loge a deux cloi- sons ^ mais que toujours le dernier cycle est formé de compartiments n'ayant pas de parois latérales propres, car celles qui les limitent appartiennent d'un côté à une loge d'un âge quelconque, de l'autre à la loge du cycle qui précède. » Ce fait est démontré d'une manière non douteuse par le développement des masses intestiniformes, que portent les bords libres des cloisons dans la cavité centrale. En effet, on voit que les six premières paires de paquets se développent sur les douze cloisons qui limitent les six loges pri- mitives, correspondant aux six premiers tentacules, puis viennent six autres paires se développant sur les douze cloisons des six loges du second cycle ; ensuite douze paires de paquets se montrent sur les vingt-quatre cloisons du quatrième cycle. Et ainsi de suite. » Il est facile de distinguer que plus les paquets sont rapprochés du centre, plus ils sont anciens. (437 ) » Ainsi l'arrangement des tentacules des Actinies, d'après leur dévelop ■ pement, ne commencerait que du moment où la régularisation du travail de multiplication des parties serait produite et serait arrivée au nombre douze ; mais cette succession commencerait par le nombre six , et irait en croissant, toujours en doublant, six, douze, vingt-quatre, quarante- huit, etc., et serait précédée par la production des parties, suivant les nombres deux, quatre, six, huit, dix et douze. » Tout le travail de division semble se passer dans la partie centrale; l'enveloppe, véritable couche cutanée, augmente successivement sans prendre part à la production des cloisons. » ZOOLOGIE. — Note sur le développement des Actinies ; par M. J. Haihe. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Milne Edwards.) « Permettez-moi de vous transmettre quelques faits relatifs au dévelop- pement des Actiniens que j'ai observés pendant le mois dernier sur les côtes de Jersey. Ces résultats, tout incomplets qu'ils sont, ajoutent cependant au peu que nous ont appris sur ce sujet sir John Dalyell et M. Spencer Cobbold. » J'ai d'abord vérifié la séparation des sexes, constatée déjà par MM. Erdl, de Quatrefages, etc. Il n'y a qu'un seul ovule dans chaque capsule de l'o- vaire; chaque capsule du testicule renferme, au contraire, plusieurs cen- taines de mille de spermatozoïdes. Dans les espèces que j'ai examinées {Àctinia equinn, L., J. effœta, L.,y4. sulcata, Pennant, J. pedunculata, Pennant, A. coriacea, Cuvier), ceux-ci avaient toujours la tête bilobée et le filament très-allongé. » \IA. pedunculata présente ordinairement les deux sexes complètement séparés, comme les autres espèces; mais quelquefois, au milieu d'une glande ovigène, on trouve quelques capsules spermatogènes, et récipro- quement. » Les ovules sont tantôt sensiblement égaux entre eux, tantôt de plusieurs grosseurs, qui indiquent que plusieurs pontes successives doivent avoir lieu ; et, en effet, il n'est pas rare de trouver des jeunes ayant déjà vingt-quatre ou même quarante-huit tentacules dans la cavité viscérale de femelles qui pré- sentent en même temps des ovules très-petits {Actinia equina et peduncu- lata). La seule différence qu'il y ait entre les petits et les gros ovules, indépendamment de la taille, consiste dans la proportion un peu plus faible de la vésicule Purkinje chez les derniers. On observe souvent deux ou trois taches germinatives. C. R , 1854, a°»« Semettre. (T. XXXIX, N» 9.) 58 ( 438 ) » Je n'ai pas trouvé d'œufs en voie de fractionnement. w La larve ciliée est d'abord sphérique, et on ne distingue ni dépression ni saillie à sa surface ; mais elle ne tarde pas à s'allonger un peu et à pré- senter une extrémité conique. L'autre extrémité se creuse dans son milieu, et là est le rudiment de la bouche. La cavité qui se forme en ce point s'a- grandit peu à peu par le rejet de la matière intérieure, et la chambre viscérale se constitue rapidement. Les téguments forment déjà, à cette époque, une couche distincte à la surface du corps, et qui contient des nématocystes, des globules et des cellules vibratiles presque en tout semblables à ceux que présente l'adulte. Il existe aussi dans la cavité générale de quelques espèces [j4ctinia pedunculata par exemple) de gros globules colorés qui oscillent et tourbillonnent. » Avant qu'il apparaisse aucun mamelon tentaculaire, on voit d'étroits faisceaux de fibres musculaires se former selon la longueur du corps. Ces faisceaux sont les rudiments de la tunique musculaire, et correspondent alors aux lames verticales qui diviseront la cavité viscérale. Leur nombre initial est normalement six dans V^ctinia eqiiina, et probablement aussi dans toutes les autres espèces du groupe; mais il m'a été impossible de m'assurer s'il est le même dans Vy4. pedunculata, ou s'il n'est pas quatre seulement; ce qu'il y a de certain, c'est que bientôt il s'élève à huit dans ce polype, et que plus tard il y devient un multiple de six. » Lorsque ces premières cordes musculaires se sont constituées, la forme jusqu'alors ovale des jeunes larves se modifie un peu; le corps devient plus contractile, et bientôt il s'allonge et se raccourcit extrêmement, en se ren- flant ou se rétrécissant dans son milieu. On ne tarde pas à voir sur l'extré- mité buccale aplatie, et dans les points correspondants aux espaces compris entre les premiers rubans musculaires, saillir des tubercules arrondis qui représentent les premiers tentacules. » Le nombre initial des tentacules est nécessairement en rapport avec celui des premiers faisceaux musculaires verticaux, ou bien des lames mé- sentéroïdes qui s'inséreront à ceux-ci. Mais ces lames ne se développent pas toutes en même temps : deux d'entre elles, qui sont opposées l'une à l'autre, se montrent les premières; elles s'organisent, s'accroissent de haut en bas, et présentent à leur bord lui petit cordon pelotonné avant que les autres aient commencé à paraître. Si l'on considère que ces deux lames mésenté- roides correspondent aux deux commissures de la bouche, et que celle-ci s'allonge en travers dès le principe, avant la formation de tout organe lamellaire ou appendiculaire, on arrive à cette conséquence, que le polype (439) présente réellement le caractère de la bilatéralité avant d'affecter la dispo- sition radiaire, et que le premier de ces types, en se combinant avec l'autre, reste encore longtemps très-apparent. L'étude des Coralliaires adultes montre qu'il ne disparaît jamais complètement. » A mesure que les tentacules grandissent et se multiplient, les fibres musculaires transverses commencent à entourer le corps^ et ces animaux, d'abord très-éloignés, deviennent de plus en plus nombreux, surtout vers l'extrémité opposée à la bouche. Cette extrémité ne tarde pas à s'aplatir, et devient susceptible d'adhérer. Le jeune polype offre alors les caractères les plus essentiels du parent. Jusqu'à ce moment il nageait librement dans l'eau, en tournant assez rapidement sur son axe, et portant son extrémité pédieuse en avant. Il conserve les cils qui garnissent la surface de son corps, même après qu'il peut se fixer et quand il possède déjà trois cycles de ten- tacules. A cette époque les jeunes de Y^ctinia equina ne présentent encore aucune trace des ampoules marginales qui doivent correspondre à ces trois cycles sur le pourtour du disque péristomien dans l'animal adulte. » J'ai ditquele nombre initial des tentacules des Actiniens était six, comme celui des premières cordes musculaires longitudinales. Il peut arriver que, par suite d'avortements accidentels, ce nombre soit seulement cinq, ou peut- être quatre, ou bien que l'inégalité fortuite des premiers tentacules en impose à l'observateur sur le nombre des éléments de ce premier cycle; mais le type est ici normalement hexaméral. L'exception que j'ai citée dans V^dctinia pedujiculata n'atteint vraisemblablement que le second cycle. J'ai, en effet, remarqué que les arrêts momentanés dans le développement des diverses parties de ce second cycle n'étaient pas rares, notamment chez Vjdctinia equina; mais en général il se complète, ainsi que le troisième, suivant les règles qu'a établies M. Hollard. Le quatrième cycle, au contraire, montre presque toujours avec beaucoup de netteté le mode d'évolution que M. Milne Edwards et moi-même avons constaté pour les cloisons des Coral- liaires à polypier; c'est-à-dire que les vingt-quatre éléments qui le compo- seront ne se montrent pas tous ensemble, mais que les douze qui naissent entre les tentacules du premier et du troisième cycle , se développent tous avant ceux qui se placeront entre ceux du deuxième et du troisième. » i»8. ( 44o ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la question de priorité d'invention relative- ment à une pompe en caoutchouc, mentionnée dans la séance du 7 août i854; I-iCttre de M. Jobard. « J'ai l'honneur d'informer l'Académie que je viens rendre hommage à la vérité en déclarant que la pompe qui lui a été présentée par le baron Séguier, dans une de ses précédentes séances, se trouvait brevetée au nom de M. l'ingénieur Jules Michel, de Cette, le 24 mai dernier, et au nom de M. Guibal, le 22 août i85i . En conséquence, la priorité est acquise légale- ment à ce dernier. » M. Leras adresse, d'Alençon, une Note sur la combustion des gaz dans un milieu autre que l'oxjgène ou l'air. L'auteur annonçant comme prochain l'envoi d'un second travail qui se lie étroitement à celui-ci, on attendra, pour renvoyer le tout à l'examen d'une Commission, que la seconde Note soit parvenue à l'Académie. M. Pa VERNE préi»fente une nouvelle Note relative à ses bateaux plon- geurs et aux moyens dont il fait usage pour maintenir constamment dans de bonnes conditions hygiéniques l'atmosphère au milieu de laquelle se trouvent les travailleurs. Le but principal de la présente Note est de faire voir « que la solubilité de l'air dans l'eau de mer n'abrège pas sensiblement la durée de cet état nor- mal dans l'atmosphère respirable, et que l'extraction de l'air dissous, qui sçrait dispendieuse et sans effet utile, peut être avantageusement remplacée par un petit appareil donnant à peu de frais tout l'oxygène qu'on a rare- ment l'occasion de lui demander. » Une Lettre de M. Lanfrey, transmise par M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, est relative à une méthode nouvelle, que l'auteur dit avoir trouvée, pour obtenir une mesure exacte du rayon terrestre. Une Commission, composée de MM. Laugier, Le Verrier et Faye, est invitée à prendre connaissance de cette Lettre, afin de voir s'il y a lieu de demander à l'auteur un Mémoire sur sa méthode que la Lettre ne fait pas connaître. M. Laignel, à l'occasion de l'accident survenu récemment sur le chemin de fer de Sceaux, appelle de nouveau l'attention sur les freins dont il est ( 44i ) l'inventeur, freins dont l'emploi aurait, suivant lui, atténué de beaucoup, sinon empêché complètement, les suites fatales de la collision. M. Pahet, auteur d'un Mémoire intitulé : Opuscule de philosophie phy- sique, prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle ce Mémoire a été soumis. Cette Lettre est renvoyée à la Commission qui se compose de MM. Ma- gendie, Pouillet et Andral. M. Delaiiaye , en adressant un nouveau spécimen des figures d'histoire naturelle qu'il obtient par son procédé de chromolithographie, prie l'A- cadémie de vouloir bien adjoindre aux Commissaires qu'elle lui a déjà désignés M. Valenciennes, qui a eu l'occasion de constater, pour les parties de l'histoire naturelle dont il s'occupe spécialement, l'heureux emploi qu'on peut faire du procédé en question. M. Valenciennes est adjoint à la Commission déjà nommée. M. Cartet annonce que ses recherches sur \a production artificielle de la quinine, dont il avait consigné un premier aperçu dans un paquet ca- cheté présenté à l'une des précédentes séances, lui ont donné depuis des résultats tellement satisfaisants, qu'il espère pouvoir les soumettre très- prochainement au jugement de l'Académie. M. Arceolati écrit, de Londres, qu'un appareil fumivore de son inven- tion va être soumis à l'examen d'une Commission, et demande si l'Académie ne pourrait pas se faire représenter dans cette Commission par quelques- uns de ses Membres ou par des savants pris hors de son sein. Il ne peut être donné suite à cette demande. M. Cassany adresse une Lettre relative à deux Notes qu'il avait précé- demment envoyées, et qui sont du nombre de celles que l'Académie ne peut prendre en considération. La séance est levée à 5 heures un quart. F, (442) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 28 août i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, ?>■ semestre i85/i ; n° 8 ; in-4°. Institut impérial de France. Séance publique annuelle de l' Académie des Inscription et Belles-Lettres, du vendredi 18 août i854, présidée par M. Lenormant, Président. Paris, i854; in-4°. Institut impérial de France. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Discours dcM. LENORMANT, prononcé aux funérailles de M. Simon-Alexandre Langlois, le samedi la août i854; ^ feuille in-4°. Leçons de Cosmographie rédigées d'après les pioc/rammes officiels; par M. H. Faye; 2" édition. Paris, i854; i vol. in-8°. Direction générale des douanes et des contributions indirectes. Tableau général du commerce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères, pendant l'année i853. Paris, i854; 1 vol. in-f". Traité pratique des Maladies de la peau; par M. Alph. Devergie. Paris, 1 854 ; I vol. in-8''. (Adressé au concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Traité d'Anatomie générale. Théorie de la structure, embrassant les substances organiques et les éléments; les tissus, les membranes et les parenchymes ; par M. L.-A. Second. Paris, i854; i vol. in-8°. L' Epigéonosie , ou la Peste universelle du Globe terrestre et surtout des vignes; par M. J.-B, RHODES. Paris, i854; i vol. in-S". ./u/es f/e^/ossewV/e/^ar M. E. DE Blosseville. Évreux, i854; i vol. in-S". Traité d'Organogénie végétale comparée; par M. J. Payer; 4" livraison; in-S". De la constitution physique et chimique des eaux minérales du département des Vosges et, en particulier, de quelques sources peu connues; par M. Ch.-ACH. Pommier. Paris, i85/i ; broch. in-8°. Le Jardin des Plantes de Montpellier. Essai historique et descriptif; par M. Ch. Martins. Montpellier, i854; in-4°. Restes des ducs de Bourgogne (2* race) , coffret et fiole de plomb trouvés dans le château de Saint-Apollinaire, près Dijon, par M. le D'' H. Ripault ; | feuille in-4°. Notice médicale sur les eaux minérales de Vichy. Paris, 1 854 '■> in-S". Notes sur quelques Diatomées marines, rarjes ou peu connues, du littoral de Cherbourg; par M. Alph. DE Brébisson. Cherbourg, i854; broch. in-8°. ( 443 ) Noie sur la possibilité de démontrer le mouvement de rotation de la terre par les phénomènes que la force centrifuge produit à sa surface; par M. TOM Richard. Paris, 1 854; broch. in-8°. Mouture spéciale uniforme des blés français et étrangers. Analjse qualitative et comparative [récolte de i853); par M. BOLAND ; i feuille grand in-f°. Du sol dans une partie de la Haute-Saône. Grès bigarré des environs de Luxeuil; par M. A. Etallon ; broch. in-8°. Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Mémoires de la Section des Sciences; tome II; 3" fascicule ; année 1 854. Montpellier, (854; in-4°. Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Extrait des procès- verbaux de la Section des Sciences pendant l'année 1 853- 1 854 ; broch. in-8''. Annuaire de la Société météorologique de France; tome I" i853- 2* partie. Tableaux météorologiques; feuilles 4^7, 26 à 29; et tome II' feulles 4 à 8; in-8°. ' ' Bulletin de l'Académie impériale de Médecine, rédigé sous la direction de Mi\I. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire annuel; tome XIX; n° 21 ; i5 août i854; in-8°. Bulletin de la Société médicale des Hôpitaux de Paris; 1^ série; n° lo- in-8" Compte rendu des travaux de la Société impériale d'Horticulture de Paris et centrale de France, depuis l'Exposition de mai i853; par M. G. Bailly de Merlieux, secrétaire perpétuel ; 1 feuille in-8°. Mémoires de la Société libre d'émulation du Doubs; 2« série; V« volume i854; l 'livraison. Besançon, i854; in-8°. Annales des Sciences naturelles, comprenant la Zoologie, la Botanique, l'Ana- towAe et la Physiologie comparée des deux règnes, et l'Histoire des corps organisés fossiles; 4" série; rédigée pour la Zoologie par M. Milne Edwards, pour la Botanique par MM. Ad. Brongniart et J. Dec^isne- tome I"' n° 4 ; in-8". ' ' Annales forestières et métallurgiques ; 10 et 25 juin i854- in-8''. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à lAndustrie, fondée par M. B.-R. de MONFORT, rédigée par M. l'abbé MoiGNO; 3« année; V« volume; 8« livrai- son; in-8°. La Presse littéraire . Écho de la Littérature, des Sciences et des Arts; 3* année ; 2« série ; 24« livraison ; aS août [ 854 ; in-8''. Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal des candidats aux Écoles Po- lytechnique et Normale; rédigé par MM. Terquem et Gerono; août i854- (444) Revue médico-chirurqicale de Paris, sous la direction de M. Malgaigne; août i854; in-8°. Memorie... Mémoires de l'Académie des Sciences de l' Institut de Bologne ; tomelV. Bologne, i853; i vol. in-4". Rendiconto... Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences de l'Institut de Bologne pour l'année i852-i853; broch. in-S". Specimina Zoologica mosambicana; cura J.-J. BiANCONi ; fasciculus 6. Bononiae, i85o; in-4°. Repertorio. . . Répertoire italien pour l'Histoire naturelle; par le même; fascicule a; année i853. Bologne, i853;in-8°. De mari o Uni occupante planities et colles Italiœ , Grœciœ, Asiœ Minoris , etc.; par le même; 5'' fascicule. Bologne, i85o; in-/i°. Universalità... Universalité des moyens de préserver des incendies; par M. F. DEL GiUDiCE. Bologne, 1848; i vol. in-4°. Sul moto... Mémoire sur le mouvement du pendule; par M. L. RespiGHI. Bologne, i854; broch. in-4°. Annali... Annales des Sciences mathématiques et physiques; par M. B. ToRTOLiNi; mai et juin i854; in-8°. L'Ateneo italiano L Alhenœum italien. Recueil de Documents et Mémoires relatifs aux progrès des Sciences physiques; n" 1 1 ; i5 août i854; in-8°. Mémorial. . . Mémorial des Ingénieurs; 9* année; n° 6; juin i854 ; in-8°. The choiera... Du choléra expliqué phjsiologiquement , sa nature, ses causes et méthode préventive ; par M. Lewis S HOUGH. Philadelphie, i854; broch. in-8°. (Adressé au concours pour Je prix Bréant.) Sixty annual report... 6'^* Rapport annuel fait à la législature de l'Etat de New-York, le i" mars i854. Albany, i854; in-8°. Annual report... Rapport annuel des conservateurs de la bibliothèque de l'Etat de New-York, du 10 mars i854. Albany, i854 ; in-8°. Ces deux ouvrages sont adressés par M. Al. Vattemare. Natuurkundige. . . Mémoires de la Société hollandaise des Sciences de Harlem; tome X ; 2® série; Harlem, i854 ; in-4°. Gelehrte... Notices scientifiques publiées par les Membres de l'Académie royale des Sciences de Bavière; XXXVIIP volume. Munich, i854; in-4''. Verhandlungen... Mémoires de la Société des Naturalistes de Bâle; i" li- vraison. Bâle, i854; in-8''. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 4 SEPTEMBRE 1854. l'UIvSIDKNCK DE M. COMBES. MEHOIUES ET COMJIUNICATIOIVS DES MEMIÎRES KT DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Note lue par M. Biot^ à l'occasion du Compte rendu de la dernière séance. « Le numéro des Comptes rendus qui vient de paraître, contient une Note de M. Faye, sur les réjiactions astronomiques, dans laquelle notre confrère nous apprend, que la théorie de ces phénomènes, telle qu'elle a été établie par Newton, J>aplace, Ivori et la généralité des géomètres, présente une contradiction (jui l'a toujours frappé . Il spécifie en quoi elle consiste ; et il indique les moyens qu'il a imaginés, pour la fairq disparaître. » Mon nom étant rappelé deux fois dans cette Note, à propos de recher- ches relatives à ce grand problème physique, dont je me suis en effet longtemps occupé, je me trouve dans la nécessité de déclarer ici mon complet dissentiment avec M. Faye, tant sur l'essence de la faute qu'il signale dans les théories adoptées, que sur la valeur du procédé qu'il pro- pose pour y porter remède. Je vais établir ces deux points aussi succincte- ment qu'il me sera possible. » Je commence par l'objection. La théorie actuelle des réfractions astro- nomiques, est calculée pour une atmosphère sphérique, de constitution C. R., 1854, a™* Semestre. (T. XXXIX, N» 10.) S^ ( 446 ) permanente, soumise à une loi invariable de décroissement des densités; ce qui permet d'évaluer la totalité de la réfraction opérée sur la longueur entière de chaque trajectoire lumineuse, d'après la densité actuelle de la dernière couche d'air, dans laquelle l'observateur se trouve placé. » S'il en est ainsi, dit M. Faye, les réfractions qui s'observent entre des objets terrestres, devraient être également calculables d'après cette seule densité finale, et l'on devrait par conséquent la trouver toujours la même, quand cette densité reste constante. Or on reconnaît au contraire, que, dans ce cas, elle est extrêmement variable, même quand les objets entre lesquels on l'observe, sont des sommets de montagnes très-élevés au-dessus du sol intermédiaire. » Les deux faits cités sont exacts, et les auteurs des théories ne les ont point ignorés. Mais la contradiction que M. Faye déduit de leur rappro- chement, quoique vraie au point de vue mathématique, n'a pas, dans les observations astronomiques, la gravité d'application qu'il lui suppose. » Dans l'état habituel de l'atmosphère, les trajectoires lumineuses qui nous viennent des astres élevés de quelques degrés au-dessus de l'horizon, sont des courbes concaves vers la surface terrestre. Si, du centre de la terre, on mène à un quelconque de leurs points une droite indéfinie, qui, pro- longée, marquera sur le ciel le zénith de ce point, et qu'au même point on leur mène luîe tangente, la branche de cette tangente située du côté de l'astre, montrera la direction sur laquelle il serait vu par un observateur placé au point choisi ; et l'angle formé par cette même branche avec le rayon zénithal prolongé, sera ce que l'on peut appeler la distance zéni- thale locale de l'astre. Cet angle grandit sur chaque trajectoire à mesure qu'elle pénètre dans des couches atmosphériques plus denses; mais, du reste, les définitions précédentes s'y appliquent toujours. Maintenant, si un observateur placé à la surface même de la terre, perçoit un ou plusieurs astres par autant de trajectoires pareilles, dont la dernière tangente est diver- sement inclinée sur sa verticale propre, on démontre en toute rigueur, que, depuis le zénith, jusqu'à une distance zénithale d'environ 60 ou 70 degrés sexagésimaux, ce qui comprend presque toutes les observations astrono- miques auxquelles on veut attacher im caractère de précision, la somme totale des inflexions que la réfraction y a opérées, est sensiblement indé- pendante du mode de succession des densités dans les couches supérieures que la trajectoire a parcourues; et qu'on peut la conclure de la densité finale, combinée avec la mesure de la distance zénithale apparente, dans des amplitudes d'incertitude comparables, si ce n'est inférieures, à celles ( 447 ) que les observations elles-mêmes comportent. Ainsi déjà, pour ce cas d'application très-étendu, et de beaucoup le plus essentiel aux astronomes, peu importe qu'il survienne dans l'atmosphère des changements de strati- fication accidentels, puisque les réfractions totales qui s'opèrent n'en sont ])oint ou à peine modifiées. Ce résultat de la théorie mathématique est ma- nifestement confirmé par l'expérience. Car, depuis le zénith jusqu'à 60 ou 70 degrés de distance zénithale apparente, toutes les Tables de réfractions, correctement calculées dans les hypothèses de constitution atmosphérique les plus diverses, donnent presque identiquement les mêmes indications. » Sortons maintenant de ces limites; et, plaçant toujours notre observa- teur à la surface de la terre, faisons parvenir à son œil une trajectoire lumi- neuse, dont la dernière tangente forme avec sa verticale un angle plus grand que 70 degrés. Alors, si nous remontons par la pensée le long de cette trajectoire, nous y trouverons un point, une station, où la distance zénithale locale n'excédera plus cette valeur. Le théorème rappelé tout à l'heure y deviendra donc applicable; et toute la portion de la réfraction qui se sera opérée sur le reste de (a trajectoire, pourra se calculer d'après la densité actuelle de l'air à cette station. Mais cette densité ne pourra s'évaluer que si l'on connaît la loi actuelle de la stratification des couches inférieures, et cette connaissance sera également indispensable pour connaître la portion de la réfraction totale sur la trajectoire considérée. Ici commencent les incer- titudes, et elles sont d'autant plus grandes que les trajectoires sont plus basses ; parce que, d'une part, le point de leur cours où l'indépendance de la stratification commence à être admissible, devient plus distant; de l'autre, parce que la radiation de la surface terrestre et sa température locale occa- sionnent des perturbations plus considérables et plus capricieuses, sur les couches d'air qui en sont rapprochées. On ne peut donc alors se proposer, que de déterminer expérimentalement l'état de stratification moyen, autour duquel les états accidentels oscillent habituellement. Les géomètres se sont beaucoup plus occupés de cette question que M. Faye ne semble le croire quand il dit que les astronomes qui emploient leurs Tables ne tiennent pas compte de cette partie inférieure de la réfraction. Laplace a fait beaucoup d'efforts pour la conclure du décroissement moyen des températures à me- sure que l'on s'élève au-dessus de la surface terrestre. Mais malheureuse- ment les déterminations expérimentales que l'on a jusqu'ici obtenues sur cet élément ne sont ni assez certaines ni assez nombreuses pour que l'on puisse en déduire des moyennes assurées. On trouve dans les additions à la Co/i- naissance des Temps, de 1839 à 1842, et dans le tome XVII de notre Aca- 59.. ( 448 ) demie, plusieurs Mémoires qui ont spécialement pour but, de rechercher l'état moyen de stratification des couches inférieures de l'atmosphère pour l'appliquer au calcul des réfractions qui s'y opèrent, soit sur les astres, soit entre des signaux terrestres; et l'on y a employé avantageusement les in- dications recueilhes par Gay-Lussac dans son mémorable vovage aérosta- tique, ainsi que les observations faites par MM. de Humboldt et Bous- singaidt sur les hautes montagnes des régions équatoriales. L'accord des lois ainsi obtenues à des latitudes si distantes, par des observations si diverses, peut faire espérer que des recherches persévérantes suivies dans ces voies ne seraient pas sans fruit. Quant à l'idée émise par M. Faye d'employer les ob- servations des réfractions terrestres poiu- calculer les réfractions astrono- miques qui se font près de l'horizon, il me semble que les énormes pertur- bations locales qui se produisent entre des signaux placés à de petites distances, donneraient beaucoup plus de risque de vicier les indications moyennes de nos Tables si l'on voulait les y transporter, l'état des couches d'air plus éloignées, pouvant être fort différent de celui qu'elles accuse- raient; et l'inconvénient serait bien autrement grave, si l'on voulait intro- duire les résultats de ces dernières réfractions, si capricieusement variables, dans le calcul des réfractions astronomiques, aux limites de distances zéni- thales où la théorie montre qu'elles sont indépendantes du mode de strati- fication des couches d'air supérieures au lieu d'observation. » Je n'ai pas écrit cette Note dans une intention de critique. Mais unique- ment parce que j'ai cru pouvoir exprimer librement mon avis, sur une question de physique céleste qui m'a longtemps occupé. Je n'aurais ni le temps, ni la volonté, de prolonger sur ce sujet une polémique qui me sem- blerait superflue; et je m'en remets entièrement au jugement général des géomètres, des physiciens et des astronomes pour décider qui, de M. Faye ou de moi, est dans le vrai. » ZOOLOGIE. — M. DiTMÉRiL dépose, pour la Bibliothèque de l'Institut, le IX' et dernier volume de son Erpétologie générale. Il saisit cette occasion pour faire connaître le plan général de cet ouvrage et pour présenter quel- ques considérations sur la méthode qu'il a suivie. « Le volume dont j'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie est le dernier de la grande Histoire des Reptiles, dont j'ai commencé la publica- tion en 1 834- Vingt années se sont écoulées depuis le jour où le premier vojume a paru. Durant cette longue période, j'ai éprouvé le vif regret de Rie voir privé de la savante collaboration de mon aide-naturaliste Gabriel ( 4/.9 ) UiBRON, qu'une mort prématurée a enlevé, en 1848, à ses nombreux amis et à la science qu'il cultivait avec tant de succès. Son nom doit cependant rester attaché à la publication tout entière, car c'est au milieu des travaux préparatoires relatifs aux Serpents qu'il a succombé (i). Ace collaborateur a succédé mon fils, dont le nom se trouve joint à celui de Bibron, à cause de la part qu'il a prise, en sa qualité d'aide-naturaliste, à la rédaction défi- nitive des deux tomes du VIP volume et à celle du neuvième. » Ce n'est pas sans satisfaction, apiès un travail d'une aussi longue durée et qui résume toutes les études que j'ai successivement faites, pendant mon long professorat, que je vois cet ouvrage complètement achevé. Accepté dès l'origine avec bienveillance, ce Traité didactique, rédigé au milieu des immenses matériaux rassemblés dans les galeries du Muséum, est devenu, à cause même de cette heureuse circonstance, le guide de la plupart des natu- ralistes qui se livrent à l'étude de l'Erpétologie. » Une histoire complète des animaux compris dans la classe si nom- breuse des Reptiles manquait à la Zoologie. Les progrès que la science avait déjà faits en 1834, durant les trente ou quarante années écoulées depuis la publication des ouvrages de Lacépède, de Latheille et de Daudin, avaient rendu insuffisants, malgré leur mérite incontestable, ces livres dont les défauts sont l'œuvre du temps et non des auteurs, car ils résident dans les lacunes qu'y avaient fait naître forcément les accroissements continuels et considérables des collections zoologiques. » Des monographies et des travaux de classification étaient venus com- bler quelques-unes de ces lacunes. Tels sont, en particulier, les Mémoires de (\m}i. auditeurs de mes cours, Schweigger et OpPEL, qui avaient trouvé dans le Musée de Paris toutes les facilités désirables pour leurs études. En 1820, Meurem, dans son Essai d'Erpétologie ( Tentninen Herpetologiœ)^ Wagler, en i83o, dans son Système des Amphibies [System der Amphibier), et CuviER, dans la seconde édition du Règne animal, en 1829, avaient marqué im progrès notable dans l'étude des Reptiles. Cependant il n'existait aucune histoire générale et complète de ces animaux. Il manquait surtout une classification analytique et des descriptions spéciales propres à permettre une distinction facile des familles, des genres et des espèces. En d'autres termes, il n'y avait pas pour la classe des Reptiles, telle qu'elle est mainte- (i) Dans une Notice biographique, placée en tète du Vil' volume et accompagnée d'un bon portrait, j'ai réuni tous les titres de Bibron ù l'estime des naturalistes et à la profonde affection de ceux qui l'ont connu. ( 45o ) liant constituée, un guide semblable à celui que j'avais proposé, en i8o5, aux naturalistes, pour le règne animal tout entier, dans ma Zoologie ana- lytique, et plus tard pour la classe des Insectes en particulier, dans la série de tous les articles d'entomologie que j'ai rédigés pour le grand Dictionnaire d'histoire naturelle de Levrault, publié de 1816 à i83o. » La méthode qui règne dans ces deux ouvrages et dans celui que je viens de terminer, consiste surtout dans l'application des principes féconds sur lesquels est fondée la classification naturelle, qui se propose de mettre en relief, autant que possible, les affinités des animaux entre eux. De plus cependant, comme en définitive le but du naturaliste est d'arriver à dis- tinguer un animal de tous ceux qui lui ressemblent le plus, j'ai dû, pour y conduire aisément, faire usage d'un procédé systématique propre à faciliter ce résultat : je veux parler des divisions dichotomiques présentées sous la forme de tableaux synoptiques. Ces divisions amènent nécessairement et par degrés à la connaissance de la classe, de la famille, du genre et de l'espèce : car deux caractères étant mis en opposition, si l'un est rejeté, l'autre doit être adopté. Le point important est de choisir des notes précises qui, dans chaque division, se fassent bien contraste l'une à l'autre et qui soient faciles à saisir. Je n'ose pas croire que j'aie toujours réussi dans ce choix, mais il a du moins été l'objet constant de mes efforts et de mes soins. » C'est aux naturalistes qui, le livre à la main, voudront s'en servir pour la détermination des Reptiles, que je laisse le soin de juger, par l'usage qu'ils en feront, de l'utilité ou des inconvénients de la méthode qui y est suivie. Je ne saurais douter quedes améliorations devront y être appor- tées; mais ma propre expérience et celle d'un grand nombre de zoologistes ne me laissent aucune incertitude sur les avantages réels de la méthode considérée en elle-même. » Depuis que V Erpétologie générale est en voie de publication , il a paru des travaux de classification, dont les principaux sont dus au prince Charles Bonaparte, et des études spéciales sur différents groupes de la classe des Reptiles. Parmi ces dernières, il faut surtout citer l'ingénieux Essai sur la physionomie des Serpents (1837), où l'habile zoologiste M. H. SCHLEGEL de Leyde, tout en montrant les ressources que peut fournir l'emploi exclusif de la méthode naturelle, en a, malgré lui, laissé paraître l'inévitable insuffisance pour l'étude pratique des animaux auxquels il l'a appliquée. Il a d'ailleurs augmenté peut-être les difficultés en se refusant à admettre la plupart des divisions génériques proposées par les zoologistes qui l'avaient précédé. ( 45. ) » Les détails dans lesquels je viens d'entrer suffisent pour rappeler les bases principales du plan de cet ouvrage. Je dois ajouter que les différents ordres dont la classe des Reptiles se compose vont été étudiés avec un égal développement; mais la répartition inégale du nombre des espèces dans ces divers groupes a forcément entraîné des différences dans le nombre de feuilles consacrées à l'histoire de chacun d'eux. C'est ainsi , par exemple, qu'un seul volume a suffi pour les Chéloniens ou les Tortues, tandis que trois ont été nécessaires pour les Sauriens ou Lézards, répartis en huit grandes familles. De même pour les Ophidiens ou Serpents, qui ont exigé de très- longues études, il fallait beaucoup d'espace pour les fairebien connaître, et le VI* volume leur est consacré, ainsi que le VIP, de sorte que celui-ci, en raison des quatre-vingt-seize feuilles dont il se compose, a dû être séparé en deux tomes distincts. Pour les Batraciens, il y a un fort volume et, de plus, la moitié du neuvième. » L'autre moitié de ce dernier contient, sous le titre de Répertoire, un résumé systématique et méthodique des ordres, familles, genres et espèces de la classe des Reptiles en totalité. » Cette portion de l'ouvrage est devenue une sorte de Catalogue raisonné qui sera commode pour reconnaître et étudier les nombreuses espèces actuel- lement rangées et exposées aux regards du public dans les nombreuses col- lections des galeries du Muséum d'Histoire naturelle. C'est un résumé à l'aide duquel on pourra saisir facilement les caractères essentiels de tous les Reptiles dont l'histoire détaillée se trouve dans les différentes parties de l'ouvrage. Nous avons, en outre, signalé dans ce Répertoire quelques-unes des espèces dont la description a été faite soit en France, soit à l'étranger, postérieurement à l'époque de la publication des volumes dans lesquels ces Reptiles devront être rangés en doublant les numéros des espèces dont elles semblent devoir être rapprochées. Des suppléments, au reste, paraissent déjà être devenus nécessaires. Mon fils en a publié un en iSSa dans les Archives du Muséum, pour l'ordre des Chéloniens et pour les familles des Crocodiles et des Caméléons. D'autres Mémoires , faisant suite à ce premier travail complémentaire, seront successivement insérés dans ce même recueil . » Je me suis efforcé de présenter le plus complètement possible les détails si pleins d'intérêt qui se rapportent à l'organisation des Reptiles, à l'accomplissement de leurs fonctions et à l'histoire de leurs mœurs. » Ainsi le premier volume, presque tout entier, est consacré à l'examen général de ces questions importantes étudiées dans l'ensemble de la classa ( 452 ) des Reptiles. En outre, la description de chaque ordre et de chaque famille est précédée de considérations étendues d'anatomie et de physiologie com- parées, propres à faire connaître les différences indispensables à signaler. Je me suis particulièrement attaché à ne négliger aucun détail relatif au genre de vie. » L'histoire littéraire a également été pour moi l'objet d'un soin parti- culier : j'ai inséré (tome P% pages 225-344) une analyse raisonnée des ouvrages généraux qui traitent des Reptiles. Cette appréciation est présentée dans l'ordre chronologique jusqu'à l'année i834, date de la publication du premier volume; elle est suivie d'une longue liste alphabétique des auteurs qui, n'ayant pas écrit des ouvrages systématiques ou méthodiques, ont traité cependant des Reptiles d'une manière générale au point de vue de l'orga- nisation ou de la zoologie proprement dite. En outre, au commencement de l'histoire de chacun des ordres on trouve une indication détaillée de tous les travaux dont les animaux qu'il comprend ont été l'objet spécial. » L'histoire de cette branche de la Zoologie est complétée par le relevé si important, mais souvent si difficile, de toutes les synonymies. Ces indi- cations sont toujours exposées suivant l'ordre des dates^ ce qui fournit au lecteur d'utiles documents historiques. M Les recherches pour toutes les parties de l'ouvrage sont facilitées par des tables méthodiques placées à la fin ou en tête de chaque volume, et le dernier en contient une qui est générale et rédigée dans l'ordre alphabé- tique. Elle contient tous les noms d'ordres, de sous-ordres, de familles, de tribus et de genres des Reptiles qui y sont décrits. La plupart des volumes d'ailleurs contiennent chacun une table des noms de genres adoptés ou rejetés, et ces derniers sont signalés par la différence des caractères d'im- pression . » Le texte est accompagné de cent vingt planches gravées sur acier, formant un Atlas auquel est jointe une explication méthodique très-dé- taillée. Beaucoup de planches ont été tirées en couleur, et un assez grand nombre de ces dessins originaux reproduisent des détails anatomiques parmi lesquels on trouve une série de têtes de Serpents et de Batraciens dépouil- lées de leurs parties molles, afin de montrer les différences du système dentaire, qui ont, en particulier, permis pour les Ophidiens leur division en cinq sous-ordres bien caractérisés. Rien enfin n'a été négligé dans la composition de cet Atlas pour en faire im complément qui est devenu ainsi fort utile à l'ouvrage. » Pour achever l'analyse que je viens d'avoir l'honneur de présenter ( 453 ) à l'Académie, je crois devoir transcrire ici quelques phrases de l' Avant- Propos que j'ai mis en tête du neuvième volume : a C'est avec confiance, que nous livrons aujourd'hui cet ouvrage sur » l'histoire naturelle des Reptiles aux progrès ultérieurs que cette branche » de la Zoologie est appelée à obtenir. Nous avons l'espoir que nos travaux » pourront beaucoup faciliter les études comparatives, qui seules peuvent » servir à l'avancement de la science. » « Ce sera la récompense la plus flatteuse du travail ardu et conscien- cieux auquel j'ai dû me livrer, pendant les cinquante-quatre années de mon professorat, pour répondre à la confiance de notre confrère, mon illustre prédécesseur M. de Lacépède, qui m'avait permis de le remplacer pendant vingt-deux ans ; puis à celle du Gouvernement qui m'a appelé, en iSaS, à remplir la chaire que la mort de ce savant naturaliste avait laissée vacante au Muséum d'Histoire au naturelle. » CHIRURGIE. — Note sur la cautérisation ignée; par M. le Professeur C. Sédillot. « Les procédés thérapeutiques le plus justement vantés ont souvent présenté des périodes d'enthousiasme et de discrédit, dont il n'est pas sans intérêt de se rendre compte. » Pour qu'un moyen de traitement réunisse l'assentiment général, il faut qu'il offre les conditions suivantes : Facilité et simplicité d'application, précision des indications^ explication rationnelle des effets produits. Sans ces avantages, les malades, comme les médecins, repoussent les meilleures médications que des insuccès inévitables, par suite de flagrantes contre- indications, achèvent de compromettre. » L'histoire de la cautérisation ignée nous a paru justifier ces considéra- tions. Toute l'antiquité mettait le feu au nombre des trois indications sou- veraines que possède l'art de guérir. Hippocrate avait dit : Çuœ non medicamenturn sanat, ferrum sanat; quœ non ferruin, ignis. Depuis ce temps, le cautère actuel n'a pas cessé de trouver de nombreux panégyristes, et, pour ne citer que notre époque, tout le monde a lu la Pyrotechnie de Percy, et sait la confiance qu'accordait au moxa notre célèbre Larrey. Cependant l'emploi de la cautérisation ignée est resté restreint aux cas en quelque sorte désespérés, et l'imminence des plus graves dangers en fait seule accepter l'application. » Instruit, par une expérience déjà ancienne, de l'immense utilité de la c. R. i854, a™« Semeslre. (T. XXXIX, N» 10.) 6o ■( 454 ) cautérisation, nous avons cherché à en faire disparaître les inconvénients, et nous avons fait choix d'un procédé aussi avantageux, croyons-nous, que les moyens ordinaires, et plus acceptable. » Les plus grandes répulsions contre la cautérisation tiennent à la crainte qu'inspire l'appareil instrumental. Les malades sont frappés d'effroi à la vue des fers volumineux, coniques, eu roseau, nummidaires, que l'on fait rougir à blanc pour s'en servir, et ils frémissent à l'idée d'entendre leurs chairs crier et éclater lentement sous un moxa enflammé. Pour oser proposer une pareille médication, il fallait au chirurgien une conviction bien forte du danger de ses malades,' et il y renonçait dans tous les cas où l'espoir de la guérison par des moyens plus doux lui était offert. » La réforme que nous proposons consiste à remplacer habituellement le moxa et ces fers volumineux rougis sur un brasier ardent, par un stylet de trousse, en or, en argent ou en acier, chauffé à la flamme d'une simple lampe à alcool. On touche très-légèrement les parties malades, de manière à ne produire ni phlyctènes, ni escarres. L'épiderme seul est atteint et présente une tache sèche et jaunâtre du diamètre d'une tête d'épingle. Ces pointes de feu sont instantanées, et c'est à peine si les malades les ressentent. Les plus impressionnables comparent la douleur à celle d'un pincement ou d'une légère piqûre. Dans l'immense majorité des cas, cette sensation ne se prolonge pas. Si, par exception, il persiste un peu de cuisson et de chaleur, on diminue le nombre des cautérisations, ou l'on entoure, pendant quelques minutes, la partie intéressée d'un linge mouillé, et la douleur disparaît. » Le nombre des pointes de feu varie, selon la nature et l'étendue de l'affection et selon la susceptibilité du malade, de trois ou quatre, à trente, cinquante et même plus, et on les répète une ou plusieurs fois en vingt- quatre heures, ou seulement tous les deux ou trois jours, selon les mêmes règles. m Ce mode d'application, déjà employé d'une manière spéciale et dans des conditions assez rares, nous a paru mériter d'être généralisé et nous en avons fait heureusement usage dans la plupart des cas où l'on n'a pas recours au feu comme moyen d'hémostasie ou de destruction. » L'effet du cautère actuel [voir notre Médecine opératoire, i'^ édition, et notre Traité de l'infection purnlente) est d'appeler énergiquement le sang artériel dans les tissus touchés par le feu. Sur les parties saines la rougeur est uniforme. Si l'inflammation est inégalement disséminée, la rougeur apparaît plus marquée aux points où la phlogose est plus in- (455) tense. Sous ce rapport, la cautérisation est un moyen de diagnostic des inflammations profondes et cachées. » La fluxion de sang artériel, principal résultat de l'application du feu, en explique l'action et les avantages. » Dans les ulcérations infectieuses, sources de lymphites et de phlébites toujours dangereuses et souvent fatales, l'abord du sang rouge modifie im- médiatement les dispositions organiques des tissus lésés. L'oblitération des orifices vasculaires ulcérés met obstacle aux intoxications par introduction dans l'économie de principes délétères. On arrête de même, avec certi- tude, l'inflammation des lymphatiques et des veines dont les vasa vasorum hypérémiés tendent à produire des infiltrations séreuses et des suppurations d'une extrême gravité. L'afflux artériel provoque des épanchements glo- bulaires et fibrineux qui forment barrière à toute extension inflammatoire et à toute propagation infectieuse. » Dans les ulcérations phagédéniques, les plaies virulentes et de mau- vaise nature, la cautérisation ponctuée avec le stylet donne d'excellents résultats : les douleurs brûlantes de la partie lésée cessent immédiatement, et sont efficacement combattues, lorsqu'elles reparaissent, par de nouvelles cautérisations; le gonflement, l'œdème et la coloration d'im rouge bru- nâtre diminuent, et les malades éprouvent une amélioration si notable, qu'ils sont les premiers à réclamer cette médication vraiment héroïque, et que plusieurs se l'appliquent eux-mêmes avec confiance. » Les inflammations profondes, compliquées d'altérations des os, de gonflements séreux et d'indurations couenneuses, sont également modifiées avec ime grande rapidité par la cautérisation ; et une de nos malades, atteinte de gonflement du tibia et privée de sommeil par excès de dou- leur depuis quatre mois, réhactaire, en outre, aux traitements les plus variés, se trouva sur-le-champ soulagée, et en voie de guérison dès la seconde application de notre mode de cautérisation. » On n'ignore pas de quelle ressource est le cautère actuel pour prévenir la gangrène ou en arrêter la marche, et toutes les fois qu'une révulsion énergique est nécessaire, la cautérisation ignée en est le moyen le plus puissant. » Les faits nombreux que nous avons observés depuis plusieurs années ne nous laissent aucun doute sur l'utilité du procédé dont nous proposons de généraliser l'emploi, et nous espérons que notre "appel à l'expérience de nos confrères sera entendu et justifié. » 60.. ( 456 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur les chemins de fer atmosphériques en employant comme moteur la pression de l'air dans des tunnels d'une longue étendue, dont la section est égale à l'espace que les convois y occupent; par M. Seguin aîné. (Suite.) « Dans un premier Mémoire que j'ai présenté le 5 juin dernier à l'Aca- démie, j'ai exposé les avantages du système atmosphérique que je propose de substituer au système de traction par les locomotives actuellement en usage sur les chemins de fer; il me reste maintenant à démontrer que l'adoption de mon système, en procurant les avantages que je lui attribue, conduira aussi, lorsque le trafic sera assez considérable, à réaliser les trans- ports avec plus d'économie. » La principale objection qu'on peut faire à l'établissement de ce mode de transport, consiste dans la difficulté de mettre en mouvement de longues colonnes d'air animées de grandes vitesses, à cause du frottement que l'air exerce contre les parois des conduits dans lesquels il est renfermé. Cette résistance peut être déterminée au moyen des formules données par divers savants, formules dont les résultats et les constantes ont été vérifiées pai- de nombreuses expériences. » En désignant par L la longueur du conduit; D son diamètre; V la vitesse de l'air ; Q le nombre de mètres cubes qui passent par le conduit dans une seconde de temps , nombre égal à la vitesse V midtipliée par la section du conduit 7 ;: D* ; 4 H la hauteur de la colonne de mercure qui mesure la pression que doit subir l'air, à l'entrée du conduit, au moment de son intro- duction, et en admettant qu'il sorte librement par l'autre extré- mité ; » M. Daubuisson trouve que les quatre quantités L, D, Q et H, sont liées entre elles par l'équation (i) ^ 0 = 2336^/: d'où l'on tire l^\ H - Q^L + 42DQ ^^' 5457 00 oD HD' (457 ) » L'inspection de ces formules nous indique que la résistance que l'on éprouve à mettre de l'air en mouvement dans de longs conduits où il est ren- fermé, croît, sauf quelques modifications qu'indiquent les formules, propor- tionnellement au carré de Q, et par conséquent au carré de la vitesse, et en raison directe de la longueur L. Comme d'ailleurs la dépense suit la même proportion que la résistance, que le système se prête éminemment à faire varier les vitesses, qu'il suffit que deux ou trois convois express ou à grande vitesse franchissent chaque jour les espaces qui séparent les stations l'une de l'autre pour satisfaire pleinement à tous les besoins du service public et particulier; qu'enfin, les autres convois peuvent cheminer avec une vitesse beaucoup moindre, on voit déjà, à priori, qu'il sera possible d'équilibrer les dépenses de manière à produire des économies réelles. » J'admettrai que la vitesse des convois ordinaires de voyageurs et de marchandises est de i o mètres par seconde au moment de leur entrée dans les tunnels ; que cette vitesse atteint 1 5 ou 20 mètres lorsqu'ils sont par- venus près de la machine, pour diminuer ensuite et revenir à la vitesse de 10 mètres à leur sortie des tunnels. Les wagons de marchandises et les voitures de voyageurs à petite vitesse, lancés dans les tunnels, pourront former un ou plusieurs convois, dont je fixerai le maximum du poids à 200000 kilogrammes. Je supposerai que les résistances dues au frottement et autres causes s'élèvent à — ou à o,oo5 du poids entraîné, soit 1000 ki- 200 ' t- ' logrammes , et faisant L = 45oo mètres, D = 3 mètres, V = 10 mètres, d'où Q = 70 mètres ; et mettant dans l'équation (a) ces différentes valeurs à la place des lettres qui les représentent, on trouve Tt 4500 X 49°o + 4^ X 3 X 490Q Q 5457000x243 ' Telle est la valeur de la pression exprimée en hauteur de la colonne de mercure, et à laquelle il faut maintenant ajouter la pression nécessaire pour vaincre les diverses résistances du convoi. » Ces résistances, que nous avons supposées être de 1000 kilogrammes, se trouvant réparties sur la seclion du tunnel de 7 mètres carrés, repré- (458) sentent pour chaque mètre une pression de = ll^3, laquelle, divisée par i3,6o, rapport du poids du mercure au poids de l'eau, donne o™,oio5 ; ce nombre ajouté au premier, 0,0 1 8 trouvé ci-dessus, constitue un effort total mesuré par le poids d'une colonne de mercure dont la hauteur est 0,018 4- o,oio5 = 0,0285. » Il suit de là que la puissance de la machine à vapeur capable de mettre en mouvement l'air du tunnel, avec la vitesse de 10 mètres à une distance de 45oo mètres, et à exercer sur le convoi du poids de 200000 kilo- grammes, présentant une résistance égale à 1000 kilogrammes, une pres- sion suffisante pour l'entraîner avec cette même vitesse de 10 mètres, sera exprimée par le poids d'une colonne de mercure de o^jOaSS de hauteur sur une surface de 7 mètres carrés. » La pression totale à exercer sur la section du tunnel sera donc égale à 7 X o",o285 X i36oo kilogrammes, poids de i mètre cube de mercure, ou à 2713 kilogrammes •, et la puissance de la machine à vapeur sera expri- mée par „— j ou, en nombre rond, 34o chevaux. Mais comme la machine devra aspirer l'air d'un côté et le refouler de l'autre en même temps, cette puissance devra être double et égale à 680 chevaux. » Dans les convois express, la vitesse au départ pourra être portée à i4 mètres par seconde, et successivement à i5, 3o et 35 mètres jusqu'au milieu du tunnel, pour diminuer ensuite graduellement et revenir à la vitesse première. En substituant les données relatives à cette nouvelle sup- position, à la place des lettres qui les représentent, on obtient H = o'°,o334. Comme les poids à transporter dans ces trains de grande vitesse seront toujours extrêmement faibles, comparativement aux poids des marchandises et des voyageurs des trains de petite vitesse, j'admettrai que leur maximum ne dépassera pas 5oooo kilogrammes, offrant une résistance de 240 kilo- grammes, correspondante à une colonne de mercure de 0^,0026 ; la pres- sion totale à exercer sera dès lors mesurée par une hauteur de mercure de o™,o334 + 0,0026 = o™,o36, et la puissance que devra développer la machine devra être égale à ^- = 1200 chevaux. » Une longue étude serait nécessaire pour arriver à discerner les moyens les plus efficaces, c'est-à-dire les machines les plus simples et les plus avan- tageuses à employer pour imprimer économiquement à l'air les vitesses ( 459 ) nécessaires au transport des convois, dans les conditions que nous avons établies. Ne pouvant entrer dans cette discussion qui m'éloignerait de l'objet que je me suis proposé, je me contenterai d'esquisser les éléments de la solution du problème sous la forme la plus simple. » Concevons six grandes cuves en maçonnerie, de 7 mètres de diamètre et 3 mètres de hauteur, analogues à celles dans lesquelles plongent les réservoirs à gaz dans les usines ; dans ces cuves se meuvent des pistons de même diamètre garnis sur leurs bords de peaux de moutons auxquelles on aura conservé leur laine ; chacun de ces pistons est fixé à une tige qui le traverse, et à laquelle se rattache aussi un des pistons des six cylindres d'une machine à vapeur, cylindres de i mètre de diamètre, représentant une surface de o",785o. Les six cylindres sont établis au-dessus des cuves, sur de fortes charpentes en fer, à travers lesquelles passent les pistons, et sont reliés deux à deux par des balanciers de manière à former trois systèmes complets de machines indépendantes les unes des autres. » Pour que trois de ces cuves puissent refouler ou aspirer en assez grande quantité et assez rapidement l'air qui doit imprimer aux convois une vitesse de 10 mètres à l'origine du mouvement, il faudra que le produit de la sec- tion du tunnel, multipliée par la vitesse de l'air et divisée par 3, soit égal à la section de la cuve multipliée par la vitesse avec laquelle devra marcher le piston. En désignant cette vitesse par x, on aura donc ^ ,'° — (3,5of X 3,i4 X JT, d'où j:=o",6o. La pression sur le grand piston se déduira de celle exercée sur la section du tunnel, et que nous savons être égale à 2713 kilogrammes; en multipliant par le rapport inverse des vitesses 10 : 0,60, et divisant par la longueur du cylindre, cette pression sera donc 2718x10 _ 3 X 0,60 ' ' Cet effort devra être réparti sur la surface du piston de la machine à vapeur que nous avons vu être de o""',785o, ce qui représente a atmosphères en nombres ronds. » Si l'intérieur du tunnel restait, dans toute sa longueur, constamment sans communication avec l'air extérieur, la quantité de puissance mécanique développée par la machine serait toujours la même pendant que les con- vois passeraient d'une station à l'autre, et la vitesse des pistons ne varierait pas. Mais comme il suffira de mettre en mouvement la colonne d'air inter- (46o) posée entre le convoi et la machine, on établira de i ooo en i ooo mètres des portes à bascule et à détente qui seront ouvertes par le convoi lui- même à son passage dans l'aspiration, et fermées à son passage dans la compression. Ces portes pourront être ouvertes au besoin par des canton- niers placés dans des loges mises en communication avec l'intérieur du tunnel par des portes à doubles fermetures. » Pour déterminer la vitesse du convoi à un point quelconque du tunnel, on fera dans l'équation (i) H = 0,018, valeur trouvée plus haut pour la pression H, D = 3, L = 100 mètres, distance à la machine du point où le convoi dépasse le conduit qui amène l'air dans le tunnel, et longueur réelle de la colonne d'air que la machine doit mettre en mouvement ; on aura ainsi par conséquent (I) Q = ,336v/H^£^^=3a4, ^ ' V 100-1-42x3 ^' et, par conséquent, » Mais si, au lieu de faire marcher le convoi avec cette vitesse, on se borne à 20 mètres, l'équation (a) nous donnera, pour la pression correspon- dante à cette vitesse, H — i°" X 19600 + 42 X 3 X 19600 _ 00 *■■■ f / f "jTïï ■ O ,UOJ^. 5 407 000 X 243 ' En ajoutant à ce nombre o°',oio5, valeur de la pression nécessaire pour vaincre les différentes résistances du convoi, on obtient o,oo33 + o,oio5 = o,oi38 pour la pression de l'air correspondante à une vitesse de 20 mètres, et lorsque la distance à la machine du conduit qui amène l'air est de 100 mètres. » Pour obtenir cette vitesse de 20 mètres, celle des pistons des réser- voirs d'air et des machines à vapeur que nous savons devoir être de o™,6o, devra être augmentée dans le rapport de 20 à 10 mètres, et portée à i'",20. Le volume de vapeur dépensée par suite de cette augmentation de vitesse des pistons se trouvera par conséquent doublé ; mais comme dans le second cas la résistance ou pression de l'air est représentée par la hauteur d'une colonne de mercure de o,oi38 seulement, au lieu de 0,0286, et que Je premier de ces nombres est à peu près la moitié du second, il s'ensuit ( 46r ) que la production de vapeur suffira également dans l'un comme dans l'autre cas. Le convoi, après avoir dépassé le conduit qui aspire l'air du tunnel, continuera sa marche en vertu de la vitesse de 30 mètres dont il est pourvu, vitesse qui serait suffisante pour le faire élever à 20 mètres de hauteur, et il parcourra la distance de 100 mètres qui le sépare du milieu du tunnel en face de la machine, en chassant l'air qui se trouve devant lui ; et, lorsque la compression qu'il exercera sur cet air sera suffisante, elle fera ouvrir deux portes placées au milieu du tunnel qui établissent la séparation entre l'air dilaté et l'air comprimé. » Le convoi, toujours par l'effet de sa vitesse acquise, parcourra la dis- tance de 100 mètres qui le sépare de la communication du tunnel avec la machine qui fournit l'air comprimé; et au delà de ce point, cet air com- primé lui fera continuer sa marche, en même temps qu'il déterminera la fermeture des portes qui séparent la partie du tunnel où l'air se trouve comprimé de celle où il est dilaté. » Tout le système sera d'ailleurs disposé de manière à ce que les mouve- ments puissent s'exécuter dans les deux sens, au moyen de grandes valves à bascule qui permettront d'intervertir l'ordre des courants d'air; et comme la plus grande partie de la force sera employée à mettre l'air en mouve- ment, si quelque portion de la ligne présentait des pentes de plusieurs mil- limètres dans un sens ou dans l'autre, une légère variation dans la vitesse suffirait pour compenser l'excès de résistance du convoi sans déranger sensiblement la régularité du service. » En opérant pour les grandes vitesses comme nous venons de le faire pour les petites, on trouve que, pour la même distance de 100 mètres, la valeur de V est de 63 mètres. Réduisons ce chiffre de moitié envi- ron, 'ou supposons que l'on fasse marcher le convoi avec une vitesse de 35 mètres seulement, on aura H = o^jOio/j, et en ajoutant à ce nombre 0,0026, valeur de la pression nécessaire pour vaincre les résistances du convoi, on a pour la pression totale 0,01 3; le piston de la machine mar- chera alors avec une vitesse de o,84 X -7 = 2™,io. La dépense en vapeur sera proportionnelle à la vitesse du piston et à la tension de la vapeur, et 1 . , 7 X o,oi3 X 3i .600 X 35x 2 1 , , ,. , deviendra ^ — '- g- = 1 100 chevaux, c est-a-dire, à peu de chose près, ce qu'elle était dans la première hypothèse, au moment de l'entrée du convoi dans le tunnel. » Me bornant à montrer la possibilité de mon système et à faire pres- C. R. , 1854, a™» Sememe. (T. XXXIX, W 10.) 6l ( 462 ) sentir ses avantages, sans avoir la prétention de donner une solution mathé- matique et rigoureusement exacte du problème, je me contenterai d'indi- quer sommairement que l'on pourra employer des machines à détente variable, fonctionnant à 4 ou 5 atmosphères, avec ou sans condensation ; il suffira que les chaudières aient des dimensions un peu supérieures aux besoins de la petite vitesse, parce qu'en activant le feu on pourra leur faire produire momentanément la quantité de vapeur nécessaire à la dépense des grandes vitesses. Je passe à l'examen de la question financière, que je traiterai aussi très-succinctement. » D'après des calculs que j'avais établis en 1846, mais dont il serait trop long et superflu de donner ici les détails, je trouvai qu'un chemin de fer établi dans les conditions que je viens d'indiquer coûterait, en moyenne, pour chaque section de i o 000 mètres : Établissement du chemin 4 35o 000 fr. Machine et ses accessoires 5oo 000 Matériel des transports, voitures et wagons 5oo 000 Sommes éventuelles et à valoir 65o 000 6 000 000 Intérêt à 5 "/» 3oo 000 fr. Dépenses et frais annuels 3oo 000 Frais d'administration, d'exploitation, d'entre- tien du matériel estimés à 20 "/o de la recette que l'on suppose s'élever à 76 000 francs par kilomètre 5o 000 700 000 » D'où il résulte que, lorsque l'on serait arrivé à une recette de 73000 francs par kilomètre, recette déjà réalisée sur beaucoup de lignes de chemins de fer, on retrouverait l'intérêt du capital engagé. Cette limite atteinte et dépassée, les bénéfices croîtraient avec une grande rapidité. » MÉMOIRES LUS. CHIRURGIE. — Mémoire sur la thoracentèse sous-cutanée ; par M. Jules Guérin. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.) Le Mémoire est terminé par les conclusions suivantes, que nous repro- duisons textuellement : « \°. La thoracentèse sous-cutanée constitue inie application de la ( 463 ) méthode sous-cutanée générale réalisant, à l'aide d'instruments particu- liers, les caractères et tous les avantages de la méthode dont elle émane. » 2°. Les instruments employés par la thoracentèse sous-cutanée se composent : A d'un trocart plat recourbé à son extrémité libre et muni d'un robinet sur son trajet ; B d'une pompe hermétique munie d'im robi- net à double effet, destiné à permettre l'inspiration et l'expiration du liquide sans déplacement. " 3°. La thoracentèse a pour caractère et pour but spécial d'opérer l'é- vacuation du liquide renfermé dans le thorax à l'abri du contact de l'air, avant, pendant et après l'opération. Elle se propose, en outre, d'opérer cette évacuation de façon qu'aucune partie du liquide extrait ne s'épanche dans le trajet sous-cutané parcouru par le trocart, soit pendant, soit après l'opération. Le résultat physiologique de cette double précaution est de prévenir toute inflammation suppurative de la plèvre thoracique et d'obte- nir son organisation immédiate. » !\°. L'application de la thoracentèse sous-cutanée consiste à faire un large pli à la peau, à ponctionner le thorax à la base de ce pli, de façon qu'après l'opération les deux plaies cutanée et thoracique soient distantes l'une de l'autre de 3 à 4 centimètres. L'instrument étant introduit avec les précautions qui préviennent sûrement l'entrée de l'air, la succion du liquide s'opère au moyen de la pompe, avec une précision qui permet de s'aider des mouvements d'expiration dans la mesure et au degré utile au succès de l'opération » 5°. Sur seize sujets atteints d'empyème et opérés en public au dépôt de Saint-Denis, à l'Hôtel-Dieu et au Val-de-Grâce, et qui ont nécessité trente ponctions, aucune opération n'a été suivie d'accident immédiat ou consécutif; onze sujets ont été complètement guéris; les cinq sujets restants ont succombé à des récidives compliquées : un d'une affection organique du cœur, trois d'une affection tuberculeuse pulmonaire et constitution- nelle, et im d'une pleurésie purulente aiguë résultant d'un décollement traumatique de la plèvre. " 6". Le but que se propose la thoracentèse sous-cutanée, les moyens qu'elle emploie et les résultats qu'elle produit, constituent des caractères positifs qui la distinguent de toutes les méthodes employées jusqu'ici, et permettent de lui reconnaître le caractère d'une méthode originale, ou au moins d'une application nouvelle de la méthode sous-cutanée. » 6i, ( 464 ) CHIRURGIE. — Opération césarienne vaginale pratiquée, avec succès, pour la mère et l'enfant; par M. le D' Baudelocque. (Extrait. ) « Le i5 mars dernier, ayant été demandé par un médecin, M. Piéplu, pour l'aider à terminer un accouchement, chez la femme d'un commerçant, âgée de trente-six ans, et déjà mère de quatre enfants, rue du Faubourg Saint-Honoré, je reconnus, comme ce médecin l'avait fait déjà, une oblité- ration complète du col utérin, avec une bride, d'avant en arrière, formée par la muqueuse vaginale : cette constatation fut faite également, avec beaucoup de soins, par MM. les docteurs Gimelle père et fils. Cette oblitération, qui n'avait pas le moindre pertuis, était-elle la conséquence de la chute d'es- carres qui avait eu lieu pendant le traitement d'une affection utérine que cette dame avait eue avant de devenir enceinte, escarres qui, d'après son médecin, avaient été très- volumineuses? c'est probable. Toutefois, il s'agis- sait d'ouvrir la partie inférieure de l'utérus, pour donner issue au produit de la conception ; c'est ce que je fis, de la manière suivante : » Après avoir enveloppé de linge un bistouri droit jusque près de sa pointe, que je recouvris d'une boulette de cire, je le glissai sur la face pal- maire de l'indicateur de ma main gauche introduite préalablement dans le vagin, et j'enfonçai sa pointe très-doucement dans le tissu de l'utérus qui avait, à cet endroit, 1 1 centimètre environ d'épaisseur, en ayant le soin d'avancer le doigt indicateur en même temps que le bistouri, de sorte que bientôt l'ongle de ce doigt sentît les membranes; alors avec un bistouri boutonné, j'agrandis l'incision en travers, dans l'étendue de 5 centimètres environ, puis je donnai à prendre à la malade 5o centigrammes de seigle ergoté, et j'en attendis l'effet pendant une demi-heure; ce temps écoulé, les contractions utérines ne se ranimant pas, mais l'ouverture artificielle étant dilatable, j'appliquai le forceps, et fis l'extraction d'un gros garçon qui continua de vivre. La délivrance fut naturelle. » Le quatrième jour des couches, des symptômes de péritonite s'étant manifestés, je les combattis avec 8 gouttes de teinture d'aconit, que je continuai plusieurs jours de suite; et le dixième jour, cette dame étant sans fièvre et complètement convalescente, je la laissai aux soins de son médecin; le dix-huitième jour, elle descendit à son comptoir, et depuis celte époque, sa santé n'a pas été troublée un seul instant. » (Commissaires, MM. Andral, Velpeau, Rayer.) M. Baudelocque, avant cette lecture, a présenté à l'Académie un enfant sourd-muet de naissance qu'il a traité par la méthode qu'il avait, dans de ( 465 ) précédentes communications, annoncée à l'Académie comme lui donnant des résultats remarquables. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. BOTANIQUE. — Monographie de la famille des Flacourtiane'es ; par M. D. Clos. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Ad. Brongniart, Tulasne, Moquin-Tandon.) « J'ai cru devoir réunir en une seule famille, que j'appelle Flacourtianées, les deux familles connues sous les noms de Flacourtianées et de Bixinées. Je divise les Flacourtianées en cinq tribus, savoir : Flacourtiées, Azarées, Laetiées, Bixées, Pangiées, et chacune d'elles pourrait être considérée, à juste titre, comme une famille distincte. Voilà pourquoi il est si difficile d'assigner aux Flacourtianées des caractères généraux et concis. Les suivants permettront néanmoins de distinguer cette famille de toutes les autres : « Périanthe à folioles imbriquées; étamines en nombre variable, libres, )) disposées, du moins en apparence, sans symétrie et sans rapport de » nombre avec les pièces du périanthe ou du gynécée; pistil toujours à « plus d'un carpelle, libre, à placentas pariétaux ou à deux rangs de fausses » loges superposées; ovules jamais solitaires, anatropes ; graines en nombre » limité ou illimité ; albumen charnu; embryon homotrope, droit; arbres » ou arbrisseaux originaires de toutes les parties du monde, à l'exception de » l'Europe, à feuilles alternes, simples. » On peut citer comme particula- rités d'organisation propres à certains genres ou à certaines espèces : des feuilles marquées de points translucides, l'existence à l'aisselle d'une même feuille de plus d'un bourgeon dont un se développe en épine (dans cette famille, contrairement à l'opinion exprimée par Kunth, jamais les épines ne représentent des stipules); enfin la variation de forme des feuilles dans les genres Ludia et Erythrospermum. » Les familles des Flacourtianées et des Bixinées réunies se composaient, dans le Prodromus de de Candolle, de quarante-huit espèces comprises en quinze genres. Mais quatre de ces genres, Rjania, Patrisia, Stigmarota, Melicjtiis, doivent disparaître de la famille, entraînant avec eux huit espèces, ce qui réduit le nombre des premiers à onze, et celui des secondes à qua- rante. De celles-ci il faut encore éliminer deux espèces { Roumea inermis, Kisgelaria integrijolia) et réduire trois autres espèces {Erjthrospermum pnuiculatuin, E. eliipticum, E. pjrijolium) en une seule, ce qui porte le ( 466 ) nombre total à trente-six. J'exclus encore de la famille les genres Tachj- hota, Leonia, Microdesmis, Monospora qu'on avait cherché à y faire ren- trer. Aujourd'hui elle embrasse cent vingt-sept espèces se rapportant à vingt-neuf genres et à cinq tribus. » Première Tribu ou Tribu des Flacourtiées, comprenant les genres Flacourtia, Hisingera, Xjhsma, Aberia, Dovjalis et caractérisée comme suit : plantes dioïques, périanthe simple, disque glanduleux entourant les étamines ou l'ovaire, anthères extorses, ovules en nombre limité, styles le plus souvent deux, quelquefois plusieurs ; épines axillaires. — Tribu des plus naturelles. » Je montre d'abord que toutes les espèces de Flacourtia connues appar- tiennent à l'ancien continent et que la division établie par Runth [Nov. Gen. et Spec. ) et adoptée par Endlicher ( Gênera, p. gai) des espèces de Flacourtia en Gerontogeœ et Americanœ n'est pas fondée, pas plus que le caractère tiré des glandes florales sur lequel cette division était établie. Les espèces américaines appartiennent au genre Hisingera, que distinguent et son port et son ovaire iiniloculaire, ce dernier organe étant à plusieurs loges (fausses il est vrai) dans tous les Flacourtia. A la suite de ces élimi- nations, le genre Flacourtia se trouve composé de quinze espèces dont inq nouvelles, savoir : F. rotundijolia , perrottetiana, frondosa, gambe- cola, chinensis; et le genre Hisingera de dix-sept espèces dont sept nou- velles, savoir : H. cinerea, ciliatijolia, Salzinannii, elegans, tweediana., elliptica, paliurus, la plupart des autres ayant été décrites comme étant des Flacourtia. Je rapporte au genre Hisingera le Rumea de Poiteau, qui n'en diffère que par quatre, cinq, six styles, au lieu de deux, trois, et aussi le Prockia obocata Presl. et le genre Litsea de Lamark. Le genre Xjlosma comprend douze espèces dont huit nouvelles : X. integrifolium, leprosipes, longijoliwn , Cumingii, conicarpum, confroversum, luzonensis, Lepinei. Je décris le X. orhiculatum de Forster, espèce qui était à peu près inconnue. Enfin, je fais rentrer dans le genre Aberia le Rownea hebecarpa Gardn. et le Flacourtia obtusa Hochst., décrit par A.. Richard sous le nom de Roumea abjssinica. Les descriptions des genres et des espèces de cette tribu sont accompagnées de tableaux dichotomiques et aussi d'autres tableaux desti- nés à montrer la synonymie. » Deuxième Tribu ou Tribu des Azarées, comprenant les genres Azara, Kuhlia, Banara, Pineda et non moins naturelle que la précédente. Her- maphrodites; périanthe à deux verticilles alternes ou à un seul; étamines infléchies en estivation ; trois, six placentas pariétaux avec innombrables c ( 467 ) ovules; style toujours simple, à peine lobé; testa crustacé, réticulé; stipules, pas d'épines. » C'est à tort que MM. Bennett et Lindley se refusent à distinguer le genre Kuhlia de Y Àzara, et que Endlicher rapporte au genre Banara le Prockia compléta Hook., qui diffère à peine du P. Crucis, plante qui doit rentrer dans les Tiliacées. IJÀsira brasiliensis de Schott doit prendre place dans le genre Banara et n'est autre que le Banara P^ellozii décrit par Gardner comme espèce nouvelle. » Troisième Tribu ou Tribu des LjEtiées, composée des genres Lœtia, Zuelania, Ludia, Scolopia, E rindaphus ; les deux genres Lunania, Erjthro- sperinum se rapprochent aussi plus de cette tribu que de toute autre. Carac- tères : hermaphrodites; périanthe 5- 1 1 phylle; étamines nombreuses, rare- ment cinq, sept; deux, trois, quatre placentas pariétaux; un style toujours simple ; ovules indéfinis ou peu ; capsule et testa lisses, fruit indéhis- cent. Le Sanifda icosandra Swartz paraît différer du Guidonia P. Brown et doit être rapporté au genre Zuelania sous le nom de Z. icosandra. Deux nouvelles espèces de Ludia sont décrites sous le nom de L. bivalvis et L. ma- dagascariensis. Le genre Scolopia de Schreber est rétabli, vu son droit de priorité, aux dépens du Phoberos deLoureiro; le caractère distinctifdes espèces de ce genre réside dans l'appendice qui surmonte l'anthère, et le nom spécifique de rhinanthera, que l'on avait donné à l'une d'elles, pour- rait s'appliquer à toutes. Ce genre se compose de dix espèces dont trois nouvelles : S. pseudocrenata , S. crassipes S. acuminata. Dans le genre E rythrospermum, le critérium des espèces réside surtout dans la forme et autres caractères de l'ovaire. I^es feuilles présentent les apparences les plus diverses dans une même espèce, ce qui m'a conduit à réunir sous le nom à' Erjthrospermum poljmorphum les E. pyrifolium Lam. , paucijlorwn Thou,, paniculatum Poir., ellipticuni Poir. Une nouvelle espèce est décrite sous le nom à'E. laxiflorwn, ainsi qu'une variété de ïamplejcicaule. Le nom d'E. ainplifolium Thou. est rétabli de préférence à celui de E. macro- phjllum Poir. postérieur à lui, et je réunis au genre Erjthrospermum les genres Lemocarpwn Rich., Denhamia Meisn. » Quatrième Tkibu ou Tribu des Bixées-, comprenant les genres Lin- dackeriUj Majna, Carpotroche, Oncoba, distincts pas leurs fleurs polygames, et un second groupe à fleurs hermaphrodites, savoir : Bixa, Echinocarpus, Trichospermum. Cette tribu a pour caractères : un double périanthe à folioles imbriquées au nombre de dix à douze ; des étamines nombreuses ; des pla- centas pariétaux au nombre de deux à sept ; une capsule hérissée de pointes ( 468 ) ou une baie. Plusieurs plantes ayant été décrites sous le non) de Mayna^ l'examen des espèces de ce genre m'amène à conclure qu'on peut conserver le genre Carpotroche d'Endlicher pour le Majrna brasiliensis Rad. et le M. longifolia Pœpp. et Endl. ; et le genre Mayna d'Aublet et Bertham, pour les Mayna odorata Aub., M. paludosa B., M. laxiflora B., M. denticu- lata B. Les deux genres Carpotroche et Mayna sont suffisamment distincts. Les espèces du genre Bixa ont été rapportées provisoirement à deux types: B. orellana et B. platycarpa, auquel je joins le B. urucurana Hoffmsg. Je décris l'Echinocarpus et le Trichosperinum. » Cinquième Tribu ou Tribu des PANGiÉES.Ce groupe, qui comprend les genres Pangium, Gynocardia, Bergsmia, Hydnocarpus^ et auquel j'ai joint le Kiggelaria, a été étudié, à plusieurs reprises, par M. Blume, qui le considère comme une famille distincte. Je me suis borné à débrouiller la synonymie des espèces du genre Kiggelaria. Je montre qu'on ne connaît encore au- jourd'hui qu'une seule espèce, le ^. africana L., et que les plantes dans lesquelles on a voulu retrouver le K. integrijolia Jacq. ne diffèrent pas de l'espèce de Linné, ou appartiennent à des genres différents. » Je termine mon travail par un chapitre consacré à l'ancien genre Prockia. M. Den a proposé de désigner la famille de Flacourlianées sous le nom de Prockiacées, et, chose bizarre, l'espèce sur laquelle a été fondé ce genre^ et la seule peut-être qui aujourd'hui doive porter ce nom de Prockia, le P. Crucis, doit être éliminé de la famille pour rentrer dans les Tiliacées. Quant aux deux autres genres Thiodia et Jphloia, établis par M. Bennett aux dépens du Prockia, et laissés par cet auteur dans les Bixinées, l'un^ Aphhia, appartient aux Capparidées, et l'autre, Theodia, n'aura sans doute sa place fixée dans la série que lorsqu'on connaîtra la structure de ses graines. » Je décris une nouvelle espèced' /^phloia, VA. madagascnriensis . Je rec- tifie des erreurs de détermination faites par Poiret dans sa description des Prockia dans Y Encyclopédie méthodique. Cet auteur a décrit comme P. theœformis W., le P. integrijolia Willd., comme P. laciniata une variété du P. theœformis W., et enfin comme Prockia lobata une plante étrangère à ce genre et qui est presque, à coup sûr, un Xylosma. Des deux espèces décrites par Presl sous les noms de P. luzonensis et P. obovata, l'une est aussi un Xylosma, l'autre un Hisingera. » ( 469 ) PHYSIQUE. — Mesure de la vitesse de V électricité ; réclamation de priorité adressée pa r M . Gounelle à l'occasion d'une communication récente de MM. Guillemin et E. Biirnouf. « Dans la .séance du 1 5 avril 1 85o, M. Fizeau et moi nous avons eu l'hon- neur de présenter un procédé pour mesurer la vitesse de l'électricité dans les fils télégraphiques, ainsi que les résultats que ce procédé nous avait fournis sur les lignes de Paris à Rouen et de Paris à Amiens. Ce procédé consistait essentiellement en la production, au point de départ, d'une série d'inter- ruptions du courant, et en luie interposition alternative au point d'arrivée des deux fils d'un galvanomètre différentiel dont l'alternat avait lieu aux mêmes moments que les interruptions et établissements du courant au point de départ. » Le résultat était obtenu par la rotation d'une roue en bois, incrustée sur son pourtour de lames de platine, qui formaient sur la circonférence de la roue des divisions égales alternativement en bois et en métal. Trois paires de ressorts frottaient sur cette surface, alternativement conductrice et iso- lante, et étaient disposés de telle façon, que les deux premières paires étaient en même temps sm- bois ou sur métal, tandis qu'au contraire la troisième était sur métal ou sur bois. La première paire établissait ou interrompait la communication avec la pile; les deux dernières établissaient la commu- nication de l'autre bout du fil avec la terre, alternativement par l'intermé- diaire de l'un ou l'autre des deux fils d'un galvanomètre différentiel. Par cette disposition, si la vitesse de rotation était très-f;ùble, les courants pas- saient entièrement par la deuxième paire de ressorts et par le fil correspon- dant du galvanomètre dont l'aiguille se trouvait ainsi déviée dans un certain sens. Si la vitesse de rotation était telle, que le temps du passage d'une divi- sion à l'autre était égal au temps que le courant mettait à se propagera l'autre extrémité de la ligne, les courants passaient entièrement par la troisième paire de ressorts et par le deuxième fil du galvanomètre, dont l'aiguille déviait alors en sens inverse de ce qu'elle était précédemmenr. Enfiii, si la vitesse de rotation était intermédiaire entre les deux précédentes, chacun des courants passait en partie par un des fils du galvanomètre, en partie par l'autre. On voit par là qu'en faisant varier la vitesse de rotation de la roue on observait les phénomènes suivants : d'abord l'aiguille du galvanomètre était déviée d'une certaine quantité dans un certain sens; ensuite cette dévia- tion diminuait à mesure que la vitesse de rotation augmentait, puis arrivait à être nulle quand il passait la même quantité de courant dans chaque fil; C. R., i854, 1"" Semestre. (T. XXXIX, ^» JO.) 6a (470) enfin changeait de sens et y parvenait à son maximum, quand la vitesse de rotation était telle, que les temps d'interruption et d'existence du courant étant égaux au temps que mettait le courant à se propager à l'extrémité de la ligne, les courants passaient tout entiers par le deuxième fil du galva- nomètre. » Ce procédé me paraît ne différer en rien de celui qu'ont employé MM. Guillemin et Emile Burnouf ; car employer quatre roues pour inter- caler dans le circuit la pile, un fil de décharge et un fil de galvanomètre, ou n'en employer qu'une seule pour obtenir le même résultat, en se servant du deuxième fil d'un galvanomètre différentiel pour fil de décharge, me paraît être identiquement la même chose. Au reste, la Commission nommée pour examiner le Mémoire de MM. Guillemin et Burnouf, et à laquelle je prie l'Académie de vouloir bien renvoyer ma réclamation, pourra se convaincre de sa justesse en se reportant au Mémoire que M. Fizeau et moi nous avons présenté en i85o. » Ce Mémoire est renvoyé, ainsi que le Mémoire de MM. Guillemin et Burnouf, à l'examen d'une Commission unique formée de la réunion des Commissions nommées pour les deux communications. M. ViQUESNEL fait hommage à l'Académie de sa nouvelle carte de la Thrace. Un deuxième exemplaire de cette carte, et de deux autres cartes précé- demment publiées et dressées d'après ses observations dans d'autres parties de la Turquie d'Europe lui ont servi de canevas pour un tracé manuscrit du réseau des chemins de fer qu'avait proposé M. Boue. L'extrait suivant de la Lettre qui accompagne ce dernier envoi fera comprendre quel but s'est proposé M. Viquesnel. « M. Boue a publié, en i85a, une petite brochure sur les chemins de fer les plus indispensables à faire dans la Turquie d'Europe. J'ai résumé cette Notice, et j'ai lu ce résumé à la Société Géologique dans la séance du 5 avril i852. A l'appui de cette communication, j'ai construit les tracés projetés par M. Boue sur les cartes de mes deux Mémoires sur la Turquie, et je les ai offerts à la Société. Je viens de faire la même opération sur la carte de la Thrace, que j'offrirai à la Société à la rentrée des vacances. » Je vois avec plaisir que le réseau de chemins de fer proposé par M. Boue se trouve en entier représenté sur mes trois cartes qui forment ainsi, pour cet objet, un petit Atlas composé de trois planches, et qui, dans les circonstances actuelles, peut offrir à quelques personnes un certain ( 47» ) intérêt. J'ai pensé que l'ïnstitut recevrait peut-êti'e aVec plaisir un exotn* plaire de ce réseau. » Je répète ici ce que j'ai dit à la Société Géologique. L'idée des tracés est de M. Boue, je lui en laisse tout le mérite, comme aussi toute la respon- sabilité. J'aurais pu sans doute faire quelques objections partielles, propo- ser quelques modifications basées sur des observations personnelles; mais cela n'aurait eu rien d'utile, puisqu'il ne s'agit que de projets taillés à large échelle, c'est-à-dire pris en masse et en laissant de côté les détails. La No- tice de M. Boue aurait dij parler aux yeux, c'est-à-dire être accompa- gnée d'une petite carte donnant le tracé général du réseau. C'est pour rem- plir cette lacune que j'ai construit les projets sur mes cartes. » Ces cartes, avec le manuscrit, sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Élie de Beaumont, Piobert et de M. le Maréchal Vaillant. M. AvENiER DE Lagriée adresse un Mémoire ayant pour titre : « Ma- chine expérimentale destinée à prouver qu'on peut, en associant l'air et l'eau, obtenir un travail mécanique avec une dépense de combustible con- sidérablement moindre qu'avec les appareils ordinaires. » L'auteur rappelle, dans la Lettre d'envoi, que la Commission chargée de l'examen de ses précé- dentes Notes avait demandé que le contenu en fiât rédigé dans un Mémoire unique. C'est pour se conformer à ces intentions qu'il adresse le présent écrit. La Lettre d'envoi est datée du 22 aoijt. Deux Lettres postérieures de dates (du if\ et du 27 août) contiennent, la première une rectification, la seconde une addition à ce Mémoire. (Renvoi à l'examen de la Commission précédemment nommée. ) L'auteur d'un Mémoire présenté au concours pour le grand prix de Ma- thématiques (question concernant la théorie des phénomènes capillaires) avait adressé, dans une précédente séance, un supplément qui, étant arrivé après la clôture du concours, n'avait pas dû être admis au nombre des pièces sur lesquelles la Commission aurait à se prononcer. Instruit de la détermi- nation prise sur ce point par l'Académie, qui devait maintenir les conditions du programme, l'auteur se borne aujourd'hui à demander que la quatrième partie du travail qu'il avait envoyé en temps utile, partie dont il reconnaît que la rédaction avait été précipitée, soit considérée par la Commission comme non avenue. (Renvoi à l'examen de la Commission.) 62.. (47^ ) M. Dessove adresse un Mémoire sur la maladie de la pomme, de terre, Mémoire qui fait suite à ceux qu'il a présentés à différentes reprises sur la maladie de la vigne et dont le dernier a été reproduit par extrait dans le Compte rendu de la précédente séance. Les observations et les expériences que l'auteur a faites relativement à la pomme de terre l'ont conduit à tracer les règles suivantes comme offrant le plus de chances de prévenir les pertes dont a déjà tant souffert l'agriculture : i" choisir des semences saines ; a" planter de très-bonne heure, même avant l'hiver; 3° surveiller de très-près les plantes, afin d'arracher sur-le-chanij) toute tige qui présente des déchirements ou des gerçures. Enfin, il recom- mande comme d'iuie haute importance les essais ayant pour but d'obtenir des semis une variété assez précoce pour être mûrs vers le milieu de juillet; à cette époque on faucherait les tiges. Les fanes coupées seraient recouvertes de terre et l'on arracherait les tubercules plus tard : l'Érysiphe n'arriverait pas assez à temps pour attaquer les plantes. » (Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour les communications relatives aux maladies des plantes usuelles.) M. Pellegrin, auteur de diverses communications relatives à la maladie de la vigne et aux effets du brossage employé comme moyen d'arrêter la propagation de cette maladie, adresse aujourd'hui lUieNote relative à la cause qu'il croit pouvoir assigner à cette affection, en se fondant sur de nouvelles observations qu'il a faites. M. ToRTELLA, qui de même a déjà entretenu à plusieurs reprises l'Aca- démie de ses remarques sur cette maladie, adresse aujourd'hui, de Vérone, une Note sur un moyen de traitement qu'il a imaginé, mais qu'il paraît ne pas avoir encore appliqué. Ces deux communications sont renvoyées à l'examen de la Commission chargée de s'occuper des maladies des végétaux. M. Rousselet annonce avoir trouvé un moyen de préserver les vignes, et prie l'Académie de vouloir bien lui désigner des Commissaires en présence desquels il fera les expériences nécessaires pour constater l'efficacité de son procédé. Si l'auteur veut faire connaître par écrit sa méthode, son Mémoire sera soumis à l'examen de la Commission compétente. (473 ) CORRESPONDANCE. M. LE Ministre ue la Marine annonce que, conformément an désir exprimé par l'Académie, il a demandé au commandant en chef de l'escadre de la Méditerranée des renseignements complémentaires relativement au coup de foudre qui a atteint le vaisseau le Jupiter en rade de Baltchik au mois de juin dernier : dès que ces renseignements lui seront parvenus, il s'em- pressera de les transmettre à l'Académie. M. LE Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du LXXXP vo- lume des brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1791, et un exemplaire du XVr volume des brevets pris sous l'empire de la loi de 1 844- M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de Naples annonce à l'Académie, en date du la août, la mort de M. Mellnni, survenue le jour précédent. Par suite du retard que cette Lettre a éprouvé avant de parvenir à sa destination, l'Académie avait déjà été informée du décès de son célèbre Correspondant. GÉOLOGIE. — Sur la constitution géologique des Alpes. (Extrait d'une Lettre de M. Rozet à M. Êlie de Beaumont.) K Barcelonette, 19, août. » ... Je me propose de présenter cet hiver à l'Académie la série des obser- vations que j'ai faites dans les Alpes. Aujourd'hui, je vais vous les résumer très-succinctement. Voici l'ordre des superpositions des terrains, depuis le massif du Pelvoux jusqu'à la hauteur d'Entrevaux, sens du nord au sud (i). » A gneiss, protogyne, granit, micaschiste, etc. w B lias : b lias inférieur, b' lias supérieur. » C grès à anthracite avec plantes de l'époque houillère, équisetum, fou- gères, sigillaria, etc. » D calcaire jurassique moyen, avec ammonites, quelques bivalves et nombreuses empreintes d'annélides. » E terrain nummulitique, calcaire, macigno et grès quartzeux. (i) Les lettres renvoient à un diagramme qui n'a pu être reproduit ici, mais dont la pré- sence n'a pas paru indispensable pour faire comprendre les indications données par le texte. (474) » Le lias est parfaitement caractérisé sur plusieurs points, par ses fossiles principaux. « Le grès à anthracite qui le recouvre et qui se trouve intimement lié avec lui, ainsi qu'avec le calcaire jurassique moyen qu'il supporte, existe d'une manière assez continue depuis la vallée de la Romanche jusqu'à la hauteur de Mont-Dauphin et d'Embrun ; ensuite, au sud de la Durance, il ne se montre plus que par intervalles, où se rencontrent toujours des traces ou des veines d'anthracite. Quand il manque, le lias et le calcaire jurassique sont intimement liés. w A l'étage jurassique moyen appartient toute la masse des schistes ardoisés, des talcschistes avec veines de quartz, etc., qui s'étend depuis la vallée de l'Ubayette, des deux côtés de celle de l'Ubaye en passant par le mont Viso, bien au delà du mont Cenis, et probablement jusqu'où vous l'indiquez dans votre carte. » Ces schistes, regardés d'abord comme primitifs, ramenés dans le terrain de transition par M. Brochant, remontés par vous jusque dans le lias, occupent exactement la place que je leur assigne : j'ai pu m'en assurer en les suivant pas à pas, le long de la vallée de l'Ubaye, jusqu'au pied du mont Viso. » Le métamorphisme des calcaires résulte de l'éruption de ces belles masses de serpentine indiquées dans votre carte, et si nombreuses autour du Viso, plus d'une éruption de quartz, hyalin et blanc, qui a pénétré ces mêmes calcaires jusqu'à une grande étendue, mais d'une autre manière que la serpentine. C'est là un superbe phénomène, dont la découverte vous appartient, qui donne naturellement l'explication de ces nombreuses ano- malies que présentent les Alpes. L'étude approfondie de cette curieuse niasse de montagnes amènera de grands changements dans les classifi- cations géologiques, et fera remonter dans la série beaucoup de terrains placés en bas. Il restera toujours, néanmoins, cette grande anomalie paléontologique : les plantes du terrain houiller dans le terrain jurassique, et cela sur une étendue de plus de 4o lieues. » Le terrain nummulitique se trouve partout supérieur à tous les étages secondaires et souvent presque concordant avec eux. » M. E. Baudrimont annonce l'intention de soumettre prochainement au jugement de l'Académie un Mémoire sur le traitement du choléra suivant une méthode imaginée par son oncle, M. A Baudrimont, en iSSa, et dont les (475) heureux effets ont pu être constatés dans l'épidémie de 1849, comme dans celle de cette année. A la Lettre est jointe une Notice imprimée sur ce mode de traitement, qui consiste dans l'emploi à haute dose des carbonates alcalins et particulièrement du carbonate de soude. La Lettre et la Notice sont renvoyées, à titre de renseignements, à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie, chargée de prendre connais- sance des pièces adressées au concours pour le prix Bréant^ et de toutes celles qui, sans être destinées à ce concours, sont relatives à la nature, aux causes ou au traitement du choléra. M. LE Président invite à cette occasion la Section de Médecine et de Chirurgie à présenter le plus promptement possible le programme qui lui a été demandé, programme destiné à faire connaître aux concurrents les conditions, les règles auxquelles ils devront se conformer. M. Beavfils adresse une Note sur un moyen qu'il a imaginé pour faire descendre ou remonter à volonté les aérostats. L'auteur indique d'une manière générale un dispositif par lequel il établirait une communication entre l'intérieur du ballon et un réservoir placé au-dessous de la nacelle. Pour les cas où l'on est daps l'obligation de vider en partie le ballon, soit pour le faire descendre, soit pour empêcher l'enveloppe de se rompre quand la pression atmosphérique est notablement diminuée, au lieu de laisser perdre le gaz comme on le fait maintenant, on se contenterait de le dé- placer, de le soutirer du ballon pour le refouler dans le réservoir au moyen d'une pompe analogue à celle de la machine pneumatique. On laisserait au contraire repasser du réservoir dans le ballon une partie du gaz comprimé quand on voudrait donner de nouveau un mouvement ascensionnel, et l'on se trouverait ainsi affranchi de l'embarras qu'ont souvent éprouvé les aéro- nautes quand, n'ayant plus de lest à jeter, ils voyaient l'appareil descendre siu' un point incommode ou dangereux. En pouvant régler à volonté la pesanteur spécifique de tout le système, on se maintiendrait à la hauteur qu'on souhaiterait, et on aurait ainsi résolu une portion du problème de la direction des aérostats, puisqu'on pourrait atteindre les régions dans les- quelles on rencontrerait des courants aériens favorables. M. BicUEL, auteur d'une Note présentée à la séance du 8 mai dernier, et ayant pour titre : «Solution du problème dés aérostats», exprime le désir de connaître le jugement qu'aura porté sur cette Note la Commissioit ( 476) à l'examen de laquelle elle avait été renvoyée, Commission qui se com- pose de MM. Piobert et Séguier. M. L. Plaine prie l'Académie de vouloir bien soumettre au jugement d'une Commission une Note concernant l'électricité, qu'il avait présentée à la séance du 7 août dernier. M. Ghamski prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission à l'examen de laquelle a été soumis son Mémoire sur la Cosmo- gonie, présenté à la séance du 6 mars dernier. Dans cette Lettre, comme dans celle qui accompagnait son premier envoi, l'auteur, qui est étranger, montre qu'il n'a pas une idée juste de ce que peuvent demander à l'Académie les personnes qui lui soumettent leurs écrits. M. Rhodes écrit de Plaisance (Gers) pour s'informer si un ouvrage im- primé, qu'il avait adressé à l'Académie, est parvenu à sa destination. L'ou- vrage a été reçu, présenté à la séance du 28 août et inscrit au Bulletin bibliographique, où l'auteur l'aurait pu trouver s'il s'était moins hâté d'écrire. Comme des réclamations semblables et tout aussi peu fondées se repro- duisent assez souvent, M. le Secrétaire perpétuel rappelle quels sont les usages suivis de tout temps par l'Académie pour cette partie de sa corres- pondance, usages dont elle ne poiurait sans inconvénients s'écarter. Dans les circonstances les plus favorables, il doit s'écouler, entre le jour où lui ouvrage est présenté à l'Académie et celui où l'on adresse à l'auteur l'accusé de réception, un intervalle de deux séances. Il faut ajouter que ces accusés de réception, qui sont habituels delà part de l'Académie, ne sont nullement obligatoires pour elle, si ce n'est lorsqu'il s'agit de pièces envoyées par r.\dministration. M. RouY, auteur d'une Note sur l'application de la fécule à la préf>ara- tion des moules pour les fondeurs en métaux, exprime le désir de connaître le jxigement qu'en aura porté la Commission qui avait été chargée d'en prendre connaissance. Cette Note, ayant été admise au concours pour le prix destiné à récom- penser les inventions qui peuvent rendre un art ou un métier moins insa- lubre, ne peut être désormais l'objet d'un llapport spécial. La Commission ( 477 ) Ja mentionnera, si elle la juge digne d'une distinction, dans le Rapport qu'elle fera sur l'ensemble des pièces soumises à son examen. M. Mazekan, agent voyer à Yigan (Gard), demande quelles sont les formes à suivre pour obtenir le jugement de l'Académie sur un moteur hydraulique de son invention qu'il regarde comme fort supérieur aux moteurs connus et pour lequel il désirerait prendre un brevet. Si l'auteur veut obtenir un jugement sur son appareil, il faut qu'il com- mence par en envoyer vine description suffisamment détaillée ; on lui fera savoir d'ailleurs que s'il obtenait le Rapport qu'il sollicite, la publicité qui en résulterait pour son invention pourrait devenir un obstacle à ce qu'il obtînt un brevet. M. Petit sollicite de même le jugement de l'Académie sur la valeur d'un remède dont il indique, en termes un peu vagues, les propriétés et dont il ne fait pas connaître la composition. Cette demande ne peut être prise en considération. M. Bracuet rappelle un Mémoire, qu'il a récemment adressé, sur l'achro- matisme de l'organe de la vision chez les animaux vertébrés, et demande que l'Académie adjoigne aux Commissaires qu'elle a chargés de prendre connaissance de sa Note, trois Membres nouveaux qu'il lui désigne. Cette demande est aussi du nombre de celles auxquelles l'Académie ne peut donner aucune suite. La séance est levée à 5 heures trois quarts, E. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 28 août i854, les ouvrages dont voici les titres : Die végéta tions-verhàltnisse... De la végétation du sud de la Bavière ^ con- sidérée au point de vue de la géographie des plantes; par M. Otto Sendtner. Munich, i854', i vol. in -8". Der paramorphismus... Du Paramorphisme et de sa signification en chimie, minéralogie et géologie; par M. Th. Scheerer. Brunsw^ick, i854; in-8°. Syphilisationen... La Syphilisation étudiée au lit des malades; par M. W. BoËCK. Christiania, i854; in-8°. C. R. , 1354, 2"»« Scmettre, (|T. XXXIX , K» 10.) 63 ( 478 ) Ueber das... Sur le climat de Munich. Mémoire lu à la séance publique de r Jcadémie ; par M. C. KUHN, le a8 mars i854. Munich, i854; broch. in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques; n° gi 5. Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n°' 99-101 ; 22, a/J et 16 août 1 SS/i. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie ; n" 47 ; ^5 août i854- Gazette médicale de Paris; n" 34; 26 août i854- L'Abeille médicale; n° 24; 25 août i854. La Lumière. Revue de la photographie ; 4* année; n" 34; 27 août 1854- La Presse médicale ; n° 34 ; 26 août i854. L' Athenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux- Arts ; 3* année; n° 34; 26 août i854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n"' 100 à 102 ; 22, 24 et 26 août i854. L'Académie a reçu, dans la séance du 4 septembre 1 854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 2®'semestre i854 ; n*^ 9; in-4". Erpétologie générale, ou Histoire naturelle complète des Reptiles; par M. A.-M.-C. DOMÉRIL, en collaboration avec ses aides-naturalistes au Muséum, feu G. BiBRON et M. A. Duméril ; tome IX. Paris, 1 854 ; in-S" ; accompagné de la 10* livraison des planches, in-8°. Conspectus volucrUm anisodactylorum; auctore Carolo-LuclanoBonaparte; I feuille in-8°. Sur le climat de la Belgique; 6® partie : de l'Hygrométrie; par M. A. QuETELET. Bruxelles, i854; broch. in-4''. Rapport adressé à M. le Ministre de l'Intérieur, sur l'état et tes travaux de l'Observatoire rojal de Belgique, pendant l'année i853; par le Directeur, M. A. QuETELET. Bruxelles; broch. in-8". Description des Machines et Procédés pour lesquels des Brevets d invention ont été pHs sous le régime de la loi du 5 juillet 1 844> publiée par les ordres de M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics ; tome XVI. Paris, r854 ; in-4''. Description des Machines et Procédés consignés dans les Brevets d'invention, de perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée, et de ceiLX dont la déchéance a été prononcée; publiée par les ordres de M. de M. le Ministre de { 479 ) l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics; tome LXXXI. Paris, 1 854 î Suite à la Chimie de Berzelius. Traité de Chimie organique; par M. Chabl^ Gerhardt ; tome II, a* et 3^ livraisons; et tome III, i'* et 2* livraisons. Paris, 1853-1 854; in-8°. Histoire naturelle des Mammifères classés méthodiquement, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports avec les arts, le commerce et l'agriculture; par M. Paul Gervais; i'" partie : Chéiroptères, Insectivores et Rongeurs. Paris, i854; in-S"^. (Faisant partie de la publication intitulée : Les trois Règnes de In Nature.) Etat actuel de la Vaccine considérée au point de vue pratique et théorique et dans ses rapports avec les maladies et la longévité. Mémoire couronné par i Aca- démie royale de Chirurgie de Madrid, dans sa séance du a6 novembre t853, augmenté de recherches statistiques ; par M. AmbroiSE Mordret fils. Paris, i85/}; broch. in-8°. Recherches sur les maladies des végétaux et particulièrement sur la maladie de /fit ui(jfne;/:;arM. F.-E. GuÉRIN-Méneville. Paris, i854; i feuille in-8°. De l'insuffisance des moyens employés jusqu'aujourd'hui contre le choléra asiatique; avec l'exposition d'une méthode nouvelle pour traiter cette maladie; par M. L.-F. BOURGOGNE. Anzin, i854; broch. in-ia. Société impériale et centrale d'Agriculture. Bulletin des séances, Compte rendu mensuel rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel; 2* série, tome IX; n^e, in-8°. Bulletin de la Société Géologique de France; 2^ série; tome II; feuilles 27-31 ( i^mai-ig juin i854);in-8°. Mémoires couronnés et Mémoires des Savants étrangers, publiés par l'Aca- démie rojale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; tome XXV; i85i-i853. Bruxelles, i854; i vol. in- 4°. Bulletin de l'Académie rojale des Sciences , des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; année i853, tome XX; 3* partie; et année i854, tome XXI; i'*' partie. Bruxelles, i853 et i854; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Annexe aux Bulletins. Bruxelies, i854;in-8°. Annuaire de l' Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; i854, 20* année. Bruxelles, i854; in-12. Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles, publiées, aux frais de l'Etat, par le Directeur, M. A. Quetelet ; tome X. Bruxelles, i854; in-4°. ( 48o ) Carte de la Thrace, d'une partie de In Macédoine et de la Mœsie; dressée par M. A. ViQUESNEL. Paris, i854. . Annales de i Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d'Agricul- ture; publié sous la direction de MM. I^ONDET et L. BOUCHARD; 5* série; tome IV; n° 4; 3o août i854; in-8°. Bibliothèque universelle de Genève; août i854; in-8''. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFORT, rédigée par M. . l'abbé MoiGNO ; 3* année; V* volume; 9* livraison; in-S". Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie, et Revue des nouvelles scientifiques nationales et étrangères; publié sous la direction de M. A. Chevallier; septembre i854; in-S". Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tome VII; n° 33; 3o août i854; in-8°. Magasin pittoresque; août i854; in- 8°. Revue de thérapeutique médico-chirurgicale; par M. A. Martin-Lauzer ; n" 17; i" septembre i854; in-8°. Revue thérapeutique du Midi. Journal des Sciences médicales pratiques; publié par M. le D*^ LouiS Saurel ; tome VII; n" 4; 3o août i854l in-8°. Atti — Actes de l'Académie pontificale des Nuovi Lincei; 5* année; 6* ses- sion, du i5 août i852. Rome, i854; in-4''. Videnskabelige... Mémoires de In Société des Sciences de Copenhague pour l'Histoire naturelle, pour les années 1849 " i852; 3 livraisons in-8°. Wie kann... Comment peut-on démontrer qu'une épidémie peut être conta- gieuse sans produire l'infection au lit du malade? Question appliquée aux cas du choléra et de la fièvre jaune ; par M. F. -A. Arnoldi. Cologne, i83f); broch. in- 8°. ERRATA. (Séance du 28 août i854-) Page 44 1) ligne i5, au lieu de M. Cartet, lisez M. Castets. *^^f^^m COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIËIVCES. SÉANCE DU LUNDI 11 SEPTEMBRE 1854. PRÉSIDENCK DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Réponse à la Note de M. JSiot; par 31. Fayé. « Je n'ai point entendu le commencement de la Note dont M. Biol a donné lecture dans la dernière séance ; il m'était donc impossible d'y répondre complètement. La Note de notre illustre confrère a paru hier dans les Comptes rendus : j'y ai cherché quelque argument décisif, mais, je dois le dire, je n'ai trouvé qu'une fin de non-recevoir. Cela s'explique sans donte par la volonté de ne pas faire de critique, de ne pas accepter de discussion, mais cela s'explique encore mieux par la croyance où l'auteur paraît être que les travaux cités par lui ont épuisé la question. Alors, en effet, toute polémique serait superflue. Cette opinion ne m'étonne pas; je l'ai partagée bien longtemps, parce qu'en suivant les travaux des astronomes, puis ceux de M.Biot lui-même, je ne voyais pas qu'un seul pas décisifeût été fait depuis Bessel ; je ne voyais pas que ces discussions et ces recherches, si admirables \ d'ailleurs au point de vue physique et mathématique, eussent introduit, en astronomie ou en géodésie, une seule correction numérique dans le calcul des réfractions, ime seule formule usuelle, une seule prescription utile à la pratique. J'en concluais naturellement que la science était arrivée au terme de ses efforts. Vous l'avez entendu, en effet, Messieurs, voici la situation où j'ai pris la question Jusqu'à 6o ou 70 degrés du zénith, toutes les théories C. K., i854, 2™« Semestre. (T. XXXIX, N" il.) 64 ( 48s. ) s'accordent : la réfraction est connue avec certitude ; au delà de 60 ou de 70 degrés l'incertitude commence, l'effet des fluctuations atmosphériques se fait sentir, mais il n'y a pas à espérer de pouvoir jamais représenter l'état réel de l'atmosplière ; il faut se contenter d'en étudier l'état moyen et ne plus s'occuper de discordances irréductibles. » A cette assertion pure et simple, je pourrais répondre que mon Mé- moire fait connaître des ressources nouvelles, et que la question a changé de face. Mais, de ma part, des assertions ne suffiraient point; j'aurai tou- jours d'ailleurs pour la discussion scientifiqtie du temps et du bon vouloir; et je désire enfin aider quelque peu, si je le puis, au jugement que les géo- mètres, les physiciens et les astronomes sont conviés à porter sur le débat. » Je distingue les trois points suivants dans la Note à laquelle j'ai l'hon- neur de répondre : » 1°. Les réfractions sont indépendantes de la constitution de l'atmo- sphère depuis le zénith jusqu'à 60 ou 70 degrés^ et cette amplitude com- prend presque toutes les observations astronomiques auxquelles on veut attacher un caractère de précision. » a°. Au delà de 70 degrés, l'état actuel des couches inférieures influe sur la réfraction, mais seulement depuis le point où la trajectoire lumineuse coupe les verticales successives sous une incidence de 70 degrés ou plus. A partir de ce point, les réfractions rentrent dans le cas précédent et se trouvent exemptes d'incertitude. » 3°. L'introduction du coefficient de la réfi'action terrestre dans le calcul des réfractions astronomiques aurait pour résultat de vicier les indi- cations moyeimes de nos Tables, surtout dans la région déjà signalée, et d'y transporter l'effet des énormes perturbations locales qui se produisent entre des signaux voisins. » 1°. Il est bien vrai que les réfi'actions astronomiques dépendent fort peu de la constitution de l'atmosphère jusqu'à 60 ou 70 degrés. Mais je ferai remarquer combien cet énoncé est vague. L'astronome a besoin de . savoir ce que signifie cq fort peu ; il a besoin de savoir aussi si c'est bien à 60 ou à 70 degrés que finit cette indépendance. Mon Mémoire a l'avantage de répoudre nettement à ces questions : il montre que les variations de l'atmosphère se font sentir, non pas à 70 degrés, mais à 45 degrés, si l'on veut tenir compte dès fractions de la seconde, et à 65 degrés, à moins de négli- ger 3 secondes. Plus on se rapproche de l'horizon , plus cette dépendance devient sensible, en sorte que l'espèce de discontinuité sur laquelle M. Biot appuie est beaucoup moins marquée qu'il ne le croit. ( 483 ) » Si l'on adopte d'autres lois pour représenter la constitution de l'atmo- sphère, on fera varier sensiblement ces nombres et ces limites ; mais, en suivant la marche que j'indique, on saura du moins ce que l'on fait. » En outre, on risque de donner une idée bien peu exacte des besoins de l'astronomie quand on les circonscrit à 60 degrés ou même à 70 degrés du zénith. Considérez, par exemple, l'observatoire de Greenwich, dont les travaux forment la base de presque toutes nos théories actuelles : vous y verrez le Soleil atteindre annuellement 70 degrés de distance zénithale en hiver, à son passage au méridien ; la Lune et les planètes descendent plus bas encore. M. Airy a institué, depuis plusieurs années, une belle suite d'observations journalières de la Lune qui contribueront puissamment au progrès de la science : ces observations se font, non pas à 60 degrés, non pas à 70 degrés, mais à 76 degrés et même jusqu'au-dessous de 85 degrés. De deux cents observations recueillies en i85i, par exemple, j'en trouve quatre-vingts par delà 76 degrés. Et, quant aux recherches si délicates de Bessel sur les déclinaisons absolues des étoiles fondamentales, il suffit d'un coup d'œil pour voir qu'il n'en excluait que les cinq derniers degrés. Au reste, j'ai ici pour moi l'opinion unanime des astronomes. » Ainsi, ma réponse sur ce premier point peut se résumer ainsi : IjCS réfractions ne sont rigoureusement indépendantes des fluctuations atmosphériques qu'au zénith : c'est un point de théorie; elles en dépen- dent sensiblement dès 45 degrés de distance zénithale : c'est un point de calcul ; la limite de nos besoins journaliers n'est pas à Go degrés ou à 70 degrés, mais à 85 : c'est un point de fait. » 2". Examinons actuellement la deuxième thèse qui m'est objectée. C'est tme fort belle idée, je l'avoue, que de scinder en deux parts la réfrac- tion astronomique, lorsque l'on a reconnu qu'à partir d'une certaine distance zénithale, elle est sensiblement indépendante de la loi de l'atmo- sphère, et de placer le point de partage là où la trajectoire coupe la verti- cale sous cet angle limité; car, à partir de cette région, la réfraction rentre dans les limites où l'indice de cette couche suffit au calcul. Mais, sans rap- peler ici ce que M. Biot sait mieux que moi, combien cette idée est inapplicable, je me contenterai de la soumettre au calcul, afin de mon- trer à l'Académie si elle peut servir de base quelconque à une objection. » On sait que la loi rlsinz = const. est applicable dans toute l'atmosphère supposée sphérique, quelle qu'en 64.. ( 484- ) soit la loi. On en tire aisément l'angle sous lequel un rayon de lumière, qui vient à notre œil sous une incidence donnée, a rencontré la dernière couche de l'atmosphère, celle où / = i . Or, en donnant à l'atmosphère une hauteur de o,oi3 (le rayon de la terre étant i ) ou de 83 kilomètres (M. Biot l'estimera certainement très-exagérée), on trouve qu'un rayon parvenu à nos yeux sous une incidence de 72° 10' a pénétré dans l'atmosphère sous un angle de 70" 3'. Aucune partie de sa trajectoire ne saurait donc jouir de l'immunité qu'admet M. Biot; cette trajectoire dépend, d'un bout à l'autre, de la constitution de l'atmosphère, et il en est ainsi pour toutes les trajectoires comprises entre 72 degrés et l'horizon. » A quoi donc se réduit cette seconde thèse? A mon avis, son utilité se borne à montrer que les géomètres ne risquent pas de commettre une erreur notable lorsqu'ils font porter leurs intégrations non pas du sol jusqu'à 83 kilomètres, mais du sol à l'infini, comme si notre atmosphère était sans limites : et, en effet, comme les densités des couches réglées par leurs lois décroissent rapidement à partir d'une très-faible hauteur, comme les incidences sur les couches successives croissent très-vite à mesure qu'elles se produisent dans des couches plus élevées, l'erreur commise se trouve définitivement insensible. )' 3°. M. Biot affirme que l'introduction de la réfraction terrestre dans le caloil des réfractions astronomiques ne saurait être admise, parce qu'elle ferait participer ces dernières aux énormes incertitudes qui pèsent trop souvent sur la première; là est le point capital, aussi m'efforcerai-je de répondre clairement. » D'abord cette introduction d'une correction indispensable à mes yeux ne modifie pas les réfractions astronomiques énormément, mais dans la mesure même des incertitudes qu'elles comportent et des anomalies qu'elles présentent. L'astronome les a confondues jusqu'ici avec les erreurs de pointé quand il s'agissait de faibles distances zénithales ; mais, lorsqu'il lui arrive de trouver plus loin des écarts de plusieurs secondes, il sent bien que ces erreurs ne sont imputables qu'à la théorie et non à lui. Quiconque a manié un cercle mural sait qu'une erreur de 3 secondes est impossible (j), en général, quand les images des astres sont satisfaisantes. La nouvelle théorie que je propose donne précisément des corrections de cet ordre : donc il n'y a pas de disproportion entre le mal et le remède. J'étais loin de craindre, je l'avoue, que mon Mémoire put laisser place, sur ce point, (i) Même en tenant compte des effets de la dispersion atmosphérique. (485 ) au moindre doute ; M. Biot n'a point remarqué, sans doute, en le parcou- rant, ce fait si singulier, que, sans consulter le ciel, sans recourir à une seule observation astronomique, j'ai retrouvé cependant la formule des réfractions astronomiques d'après les seules réfractions terrestres. » Quant à la région où, d'après M. Biot, les incertitudes de la réfraction terrestre commencent à se faire sentir sur une partie de la trajectoire lumi- neuse, il me semble que là le coefficient de la réfraction terrestre se trouve tout naturellement appelé ici à jouer lui rôle : je m'étonnerais plutôt qu'on n'y eût point songé déjà, si la critique même de M. Biot ne me rassurait à cet égard. En tous cas, il est bon d'examiner s'il est bien vrai que les ré- fractions terrestres soient profondément incertaines lorsqu'on a soin, natu- rellement, d'exclure les cas de troubles passagers dont l'observateur sera presque toujours averti. Voici les résultats de l'expérience : Valeurs du coefficient de la réfraction géodésique. D'après M. de Struve o,o6i8 pays plat. D'après le colonel Corabœuf o,o68g cimes des Pyrénées. G, 0681 sur mer. D'après le général Baeyer , - ( 0,0020 sur terre. Moyenne du nivellement français. . . o,o665 (colonel Peytier). » Faites plus, examinez les écarts des résultats partiels autour de ces moyennes, et vous verrez à quoi se réduisent d'habitude, du moins pen- dant les heures moyennes du jour, les énormes perturbations dont M. Biot est frappé, parce qu'il en a fait un sujet de fructueuses études et de savantes discussions. « Certes, je ne conseillerai jamais de prendre pour mesure de ce coeffi- cient des observations faites au raz du sol, mais sur les mires les plus hautes et les mieux placées. Malgré tout, l'astronome rencontrera de temps à autre des anomalies ; mais il se gardera d'en introduire l'effet dans ses calculs, et il saura bien déterminer, dans ces cas exceptionnels, la région du ciel où les observations cessent d'offrir l'exactitude requise. En tous cas, l'astro- nome ne sera jamais réduit à élever démesurément son observatoire, solu- tion que M. Biot entrevoit pourtant comme une dernière ressource (i) en face de difficultés qu'on ne saurait nier. Et pourtant ce remède extrême ne (i) Astronomie physique , 3* édition, page 294, ligne i 3. ( 486 ) se soustrairait pas à la nécessité de tenir compte des variations périodiques du coefficient n, fût-ce même sur la cime d'une montagne. » Ne nous attachons donc plus à la recherche exclusive d'un certain état moyen qu'on assignerait à la stratification des couches basses de l'atmo- sphère; tenons compte, enfin, d'une manière complète, des fluctuations diurnes ou annuelles qui se produisent autour de cet état moyen. Parmi ces fluctuations, les unes sont accusées par les instruments météorologiques, et l'on sait, depuis un siècle, comment il faut en corriger les observations; les autres échappent à ces instruments : le baromètre et le thermomètre restent muets, et l'astronome est impuissant devant elles. Pour être en droit d'affirmer qu'elles n'ont pas d'influence, il faudrait avoir fait dispa- raître, par les moyens connus, les discordances que tous les astronomes connaissent entre l'observation et les réfractions théoriques, et, puisqu'il faut en tenir compte, n'est-il pas natut-el ou plutôt nécessaire d'emprunter à la géodésie les seules méthodes qui nous décèlent ces anomalies. Mais je me borne à renvoyer sur ce point à mon Mémoire : on y verra si le jeu de ces fluctuations négligées est insignifiant, et s'il est réellement impossible, comme on l'a cru jusqu'ici, de les soumettre, par l'analyse, à un système de corrections régulières. » Historiquement, cette discussion me paraît présenter une grande ana- logie avec celles dont M. Biot a fait aiUeurs si savamment l'histoire. Jusqu'à Flamsteed, et même longtemps après lui, les astronomes ne voulaient tenir compte ni du baromètre, ni du thermomètre : il ne les lisaient jamais. Pour lîradley lui-même, quand on veut aujourd'hui réduire quelques-unes de ses immortelles observations, on en est réduit à consulter les Tables des varia- tions diurnes et annuelles de la pression et de la température à Londres, publiées récemment par M. Glaisher. Un jour viendra où, pour calculer nos propres observations, on recherchera de même la marche diurne et annuelle de ce coefficient ti, dont je conseille aux astronomes de déter- miner désormais, à chaque série, la valeur actuelle. » « M. Mathieu fait quelques remarques sur la communication de M. Faye et sur la Note relative aux réfractions astronomiques qu'il a insérée dans le Compte rendu de la séance du 28 août. Il ajoute ensuite qu'il partage l'opinion émise à ce sujet par M. Biot dans le dernier numéro des Comptes rendus, et qu'il est persuadé que les astronomes ne seront jamais tentés d'adopter les idées de M. Faye et d'appliquer à la réfraction astronomique ( 487 ) la correction qu'il puise dans les données si variables, si incertaines de la réfraction terrestre. » « M. Regnault ne comprend pas comment l'observation des réfractions terrestres pourrait être utilisée dans le calcul des réfractions astronomi- ques. Il lui semble que ces deux phénomènes sont très-inégalement influen- cés par les causes perturbatrices locales. La réfraction astronomique se produit à travers la succession de toutes les couches aériennes qui con- stituent notre atmosphère ; elle dépend essentiellement de la loi suivant la- quelle les pouvoirs réfringents de ces couches varient avec la hauteur. La réfi'action terrestre a lieu dans un nombre très-restreint de ces couches, celles qui avoisinent le sol ; elle est considérablement influencée par la con- stitution topographique du sol et par la nature des corps qui sont à sa surface. M Du reste, M. Regnault ne veut pas entrer dans la discussion d'iuie question qui n'est pas de sa compétence ; il désire seulement présenter quelques réflexions sur les méthodes à l'aide desquelles on a cherché à déterminer les éléments physiques nécessaires au calcul des réfractions. » Les physiciens ont étudié la loi du décroissement de la température et de la pression, avec la hauteur, dans les couches atmosphériques, soit par des observations faites à la surface du globe dans les pays de mort- tagnes, soit par des observations exécutées dans les ascensions aérosta- ti(jues. Les premières laissent beaucoup d'incertitudes, d'abord parce que les observations n'ont pas toujours eu lieu simultanément aux mêmes stations ; puis parce qu'il est impossible d'admettre que les températures observées suivant le flanc d'une montagne soient les mêmes que celles qui ont lieu à la même distance du centre de la Terre, dans l'air libre. » Les ascensions aérostatiques pourront donner des éléments plus cer- tains quand elles seront entreprises pour ce but spécial, avec toutes les précautions nécessaires, et surtout lorsqu'on aura fait disparaître des causes d'incertitude qui existent encore sur le mode d'observation. Les déter- minations faites par Gay-Lussac pendant sa mémorable ascension sont les seules qui aient conduit à une loi simple, que les physiciens ont générale- ment adoptée. Cette loi ne se trouve pas vérifiée par les résultats qu'on a obtenus dans les ascensions récentes. La dernière ascension de MM. Bixio et Barrai, opérée, il est vrai, dans des circonstances atmosphériques excep- tionnelles,,a même montré une perturbation énorme qui ne peut pas être- ( 4«8 ) révoquée en doute. Une partie de ces anomalies peut provenir de ce que les ascensions modernes n'ont pas toujours été faites dans des conditions très-favorables, et qu'on n'a peut-être pas pris toutes les précautions néces- saires pour obtenir des observations simultanées qui se rapportent à une même couche. Il est probable, néanmoins, que la constitution normale de l'atmosphère est fréquemment troublée par des causes passagères et locales, dont aucune méthode générale ne pourra tenir compte. » Il est peu probable que la même loi puisse exprimer le décroissement de la densité de l'air avec la hauteur pendant le jour et pendant la nuit ; puisque, dans ces deux cas, ces radiations terrestre et céleste exercent, pour ainsi dire, des influences opposées. Jusqu'ici on n'a fait d'observa- tions sur les températures atmosphériques que de jour. Il serait nécessaire d'entreprendre des ascensions aérostatiques pendant la nuit; elles seules peuvent fournir des données applicables aux observations nocturnes. » Tout le monde sait combien il est difficile d'obtenir avec certitude, à terre, la température de l'air, même à l'ombre, parce que le thermomètre est influencé simultanément par le rayonnement des corps ambiants. La difficulté est bien autrement grande dans un ballon : i" parce que l'in- fluence des radiations devient d'autant plus prépondérante que la den- sité de l'air est plus faible ; i° parce que le thermomètre est généralement en plein soleil, ou recouvert d'un abri insuffisant; 3° enfin, parce que l'on compare ses indications avec celles d'un thermomètre parfaitement abrité à terre. J'ai pensé que l'on éviterait cette cause d'incertitude en observant simultanément un thermomètre à surface vitreuse ou noircie, et un second thermomètre à surface argentée, placés tous deux en plein soleil. L'in- fluence du rayonnement est très-différente sur ces deux instruments, et comme on pourrait la déterminer directement, par des expériences spé- ciales faites à terre, on réussirait probablement à calculer la véritable tem- pérature du milieu ambiant à l'aide des indications absolues de l'un de.s thermomètres et de la différence de leurs températures simultanées. C'est une disposition de ce genre que j'avais proposée pour les ascensions de MM. Bixio et Barrai; mais les circonstances n'ont pas permis de l'expéri- menter. » M. LE Secrétaire perpétuel donne lecture d'une Lettre de M. le Prési- dent de l'Institut pour l'année i854, rappelant que la séance publique des cinq Académies doit avoir lieu le iS octobre prochain et invitant MM. les ( 489 ) Membres de l'Académie des Sciences qui seraient disposés à faire une lectufe dans cette séance à vouloir bien lui faire connaître, en temps utile, leur intention. M. Payen, Secrétaire perpétuel de la Société Impériale et Centrale d'Agri- culture, présente un nouveau fascicule du Compte rendu mensuel des tra- vaux de cette Société. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ANATOMiE. — Mémoire sur le périnèvre, espèce nouvelle délément anato- mique qui concourt à la constitution du tissu nerveux périphérique ; par M. Ch. Robin. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Rayer, Bernard. ) « Le périnèvre constitue autour àes faisceaux primitifs des nerfs un tube ou gaîne non interrompue, qui s'étend depuis la sortie des nerfs hors de la dure-mère, ou depuis les ganglions pour les nerfs de sentiment jusqu'à la terminaison des tubes nerveux au sein des tissus. Il manque dans les ra- meaux du grand sympathique dont la coloration est grise et la consistance molle; il existe dans ceux qui ont une couleur blanche. Chaque tube est composé d'une paroi épaisse de quelques millièmes de millimètre, dont la substance est homogène, sans fibres ni fissures; mais elle est un peu gra- nuleuse et pourvue de noyaux longitudinaux, d'autant plus écartés les uns des autres et d'autant moins nombreux que le tube est plus large. Les réac- tifs agissent sur lui tout autrement que sur le tissu cellulaire; l'acide azo- tique surtout le durcit et le plisse en lui donnant une consistance parche- minée; lorsqu'au contraire il agit sur le tissu cellulaire, il le gonfle et le réduit à l'état d'une masse granuleuse jaunâtre. n Chaque filet nerveux, visible à l'œil nu ou non, est enveloppé par le périnèvre; c'est à la résistance considérable de celui-ci, à son peu d'élasti- cité que les nerfs doivent de pouvoir résister à de fortes tractions ou à la distension que leur font éprouver les tumeurs, bien que les tubes ou fibres primitives dont ils sont formés soient d'une délicatesse extrême. » Entre les filets qu'enveloppe ]e périnèvie se trouve le tissu cellulaire connu sous le nom de névrilème, qui forme en outre une couche assez épaisse autour des gros nerfs. Or les vaisseaux nourriciers des nerfs se ramifient et se distribuent dans le névrilème seulement.- Aucun capillaire sanguin ne C. a., i85/|, a-"« Semestre. (T. XXXIX, N» 11.) 65 ( 490 ) traverse le pênnèvre pour ramper dans sa cavité entre les tubes ou fibres nerveuses primitives. » En un mot, l'affection morbide connue sous le nom de névrite a son siège dans le névrilème, mais nullement au sein même des faisceaux que forment les tubes nerveux, puisque nul capillaire ne les accompagne d'une manière directe. C'est également au périnèvre dépourvu de vaisseaux et n'étant point traversé par eux, que les filets nerveux doivent la propriété de traverser des tissus diversement altérés sans participer à cette altération. » Le périnèvre présente encore plusieurs autres particularités anatomi- ques et physiologiques intéressantes à étudier. » Cet élément anatomique tubuleux est ramifié comme les filets nerveux qu'il enveloppe d'une manière immédiate. Ces ramifications s'observent : 1° dans les plexus et les anastomoses des branches nerveuses : les anasto- moses des nerfs ne portent en effet que sur le périnèvre; quant aux tubes ou fibres primitives des nerfs, elles ne font que passer d'im filet nerveux dans l'autre, grâce à cette inosculation du périnèvre ou gaine immédiate de ces filets; 2" le périnèvre se ramifie encore lorsque dans la peau, les mus- cles, etc., chacun des faisceaux de tubes ou fibres primitives qu'il enve- loppe, se dissocie en formant des subdivisions dans lesquelles les tubes sont de moins en moins nombreux. Le périnèvre se subdivise alors d'une ma- nière correspondante et finit par n'envelopper plus qu'un seul élément nerveux sur lequel il est immédiatement appliqué. Lorsque ce tube se ra- mifie lui-même en deux ou plusieurs Ijranches, le périnèvre le suit dans ces ramifications. » Si un élément nerveux se termine par une extrémité libre et aiguè, comme on le voit dans les appareils électriques, dans les muscles, etc., le périnèvre s'amincit peu à peu et cesse d'exister un peu avant la terminaison même du tube nerveux. » Si l'élément nerveux se termine dans un corpuscule de Pacini, le péri- nèvre l'accompagne jusqu'à ce renflement dont les couches sont en conti- nuité de substance avec lui. Si au contraire il se rend à un corpuscule du tact, le périnèvre l'accompagne jusqu'à ce corpuscule et se confond avec lui ; en sorte que les corpuscules de Pacini et ceux du tact peuvent être con- sidérés comme une dépendance An périnèvre. » Le périnèvre offre assez souvent une modification de structure qui peut être sénile ou pathologique. Il n'est guère de sujet ayant dépassé 60 ans sur lequel on ne puisse rencontrer cette disposition. L'altération dont il s'agit est caractérisée par un dépôt de granulations graisseuses, tantôt épa^ses, ( 49t ) tantôt plus ou moins rapprochées ou même contiguës, de manière à fbrlnef des plaques d'étendue et de configuration variées. Ces granulations grais- seuses sont incluses dans l'épaisseur de la substance du périnèvre. Partout où elles sont abondantes et rapprochées elles masquent en partie ou entiè- rement les noyaux ovoïdes, allongés, finement granuleux, à contour net, mais pâle, qui sont propres à la substance de ces tubes. » Jje périnèvre constitue les tubes que Bogros a autrefois injectés avec le mercure [Mémoire sur la structure des nerfs, lu à l'Académie des Sciences le 2 mai 1825); mais ces recherches n'ont pas été prises en grande considéra- tion^ parce qu'il prenait cette enveloppe, commune à plusieurs éléments nerveux, pour les derniers éléments des nerfs. Il distinguait pourtant du névrilème fibreux la tunique qu'il injectait et qu'il nommait tunique pul- peuse. M. Cruveilhier, qui a vérifié les observations de Bogros quant à la possibilité d'injecter les filets nerveux visibles à l'œil nu et leurs subdivi- sions (Jnatoinie descriptive, i836, t. IV, p. 756), donne le nom de gaine propre à la tunique dite pulpeuse par Bogros. Il la considère comme étant de la même nature que les membranes séreuses. Il pense que c'est sur elle que portent les causes rhumatismales qui déterminent des névralgies aussi indif- féremment que des lésions des synoviales articulaires, et qu'elle est le siège de la névrite. » Mais on a vu plus haut que le périnèvre est un élément anatomique lui-même; qu'il est simple, homogène, sans vaisseaux; que par conséquent il ne saurait être comparé aux séreuses, qui sont composées d'une trame complexe très-vasculaire, tapissée d'un épithélium mince, qui manque ici complètement. Aussi l'examen direct de ces parties du corps montre que leurs altérations sont bien différentes. » Quelques anatomistes allemands ont vu cà et là le périnèvre (Henle, Jnatomie générale, trad. française, i843, t. II, p. 164 ; R. Wagner, ZJ/c- tionnaire de Physiologie ;'&nm%W\c\, 1847, ^- ^^1 V- ^^^>fi§- ^'î Rolliker, ^natomie microscopique, i85o, t. II, p. 5t5 et p. ?>[\o,fig. 107), mais ils le confondent avec le névrilème et lui en donnent le nom. En outre, c'est sur- tout dans la profondeur des tissus, autour des tubes nerveux isolés ou réunis deux, trois ou quatre ensemble, qu'ils ont observé le /^ennètre dont ils ont figuré les noyaux ovoïdes allongés en les rapportant toujours au névrilème, tissu bien différent de l'élément anatomique décrit dans ce Mémoire. » 65.< ( 49^ ) GÉOLOGIE. — De la prétendue dolomisation des calcaires; par M. Delanoue. Commissaires précédemment nommés : MM. Cordier, Élie de Beaumont, Diifrénoy, Regnault, de Senarmont.) « M. de Biich et les métamorphistes qui ont adopté ses hypothèses, ne nous ont jamais bien exphqué par quel moyen et sous quelle forme ils faisaient arriver la magnésie dans les calcaires. Etait-elle incandescente ou froide, liquide ou gazeuse? Comment le liquide ou le gaz magnésique a-t-il pu pénétrer au centre des masses calcaires et en expulser luiiformé- ment la moitié du carbonate calcique, sans laisser aucune trace de cette modification capitale? » S'agit-il d'une réaction humide, nous avons de nombreux exemples de dolomie artificielle. Nous voyons dans la mer actuelle des mortiers détruits par les sels magnésiques, et nous comprenons très-bien cette éro- sion de contact sur une substance molle, et le départ du sel calcique soluble, mais pour de petites masses seulement. La mer ronge ainsi, avec l'aide des siècles, les plus durs calcaires de ses rivages, mais elle ne les métamor- phose pas en roches de dolomie. « Si la transmutation s'est effectuée, comme on le dit quelquefois, au sein d'un précipité calcaire non encore agrégé au fond des mers, quel intérêt géologique peut s'attacher à un métamorphisme pour ainsi dire contemporain de la roche neptunienne ? » S'il s'agit d'une cémentation par voie ignée, nous la comprenons comme celle de l'acier, de proche en proche, de plus faible en plus faible à mesure que l'on s'éloigne de la surface, et tout à fait nulle au centre, ainsi que cela s'observe toujours au milieu des grosses masses de fer cémenté. Or a-t-on jamais observé quelque part cette magnésisatinn décroissante de la circonférence au centre des calcaires métamorphiques?... » Si l'on a eu raison (ce que je ne pense pas) d'inventer le mot de dolo- misation, il faudrait, pour être conséquent, créer aussi ce mot de magnési- sation^ qui peut seul exprimer l'introduction (supposée) dans les calcaires magnésiens métamorphiques de la magnésie en dose variable, mais insuf- fisante pour les ^^/o/omwer complètement. » Les métamorphistes voient une preuve de la dolomisation dans les vacuoles de certaines dolomies. Les calcaires étant moins denses que les dolomies, le métamorphisme, en les condensant, devait produire un retrait et des interstices. Je répondrai que la plupart des dolomies métamorphiques (493) ont, comme celle du Saint-Gothard, une structure parfaitement massive, et que d'un autre côté les cavités susdites se retrouvent dans une foule de dolomies dont l'inaltération est démontrée par des fossiles, des substances organiques et l'horizontalité régulière des couches (i). » On cite de nombreux exemples de calcaire noirâtre, compacte, non magnésien, qui a pris une teinte grisâtre et une texture dolomitique dans le voisinage des roches pyrogènes et des actions hjdio- thermales (u). Ce fait s'observe dans tous les dépôts calaminaires de la Belgique et de la Prusse rhénane. Moi aussiy je l'avoue, j'ai cru à cette dolomisation partielle du calcaire, à ce métamorphisme de contact; mais je suis bientôt revenu de mon erreur. J'ai analysé ce calcaire altéré, friable, à texture dolomitique, et je n'ai pas plus trouvé de magnésie que dans la portion attenante de calcaire compacte inaltéré (3). J'ai l'intention de continuer ces recherches intéressantes, afin de les rendre parfaitement concluantes. » En résumé, les calcaires métamorphiques sont des roches qui, plus ou moins pures, magnésiennes ou dolomitiques au moment de leur dépôt nepttinien, ont été ultérieurement modifiées par la chaleur plus physique- ment que chimiquement. Pourquoi créer dès lors cette hypothèse gratuite de la dolomisation des calcaires?... N'y a-t-il pas assez déjà des mystères réels de la nature? » ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — Ltudes sur le développement des mérithalles ou entre-nœuds des tiges; par M. Ch. Fermond. (Deuxième partie.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Dans la première partie de ce Mémoire nous avons cherché à démon- trer que les organes de la nutrition subissent des déplacements très-fré- quents qui peuvent donner à la plante une physionomie ou des caractères différents de ceux qu'ils ont d'ordinaire. Nous pourrions nous borner à généraliser les déplacements qui se montrent sur les axes florifères ; mais , comme de l'examen de ces déplacements peuvent résidter des explications faciles de quelques anomalies particulières à certaines inflorescences, nous avons cru utile d'entrer à ce sujet dans quelques développements. I. — Plantes h feuilles opposées ou verticillées. » Chez les PA/oJTj Veronicn, Antirrhinum, Ljthrum, Hydrangea, etc., (i) Dolomies supra- liasiques du sud-ouest de la France, etc., etc. (2) Dites geysériennnes , par M. Dûment. (3) Calcaire dévonien à l'ouest de Maubeuge^ (494) à feuilles opposées, l'opposition des axes floraux est plutôt l'exception, et n'est sans doute que la conséquence de l'alternance qui arrive fort souvent dans les feuilles. Dans le Ljsiinachia vulgaris, les axes floraux sont ordi- nairement hélicoïdés, bien que la disposition générale des feuilles soit le verticillisme ou l'opposition. » Les plantes à feuilles verticillées, dont les axes floraux sont pareille- ment verticillés, présentent aussi, dans ces derniers, de nombreux déplace- ments faciles à constater sur les Nerium, les Eupalorium [cannnbinum, purpurewn, ageratoides), etc. Un grand nombre de plantes se trouvant dans les mêmes cas, nous avons cru inutile d'insister sur ces déplace- ments, que nous dirons être généralement plus fréquents qu'on ne l'avait supposé. » Parmi les inflorescences, celles qui nous ont paru être les plus propres à démontrer l'importance de ces déplacements sont celles des Sambucus, Viburnwn, Cornus, etc. » Dans le Sambucus nigra, l'inflorescence constitue une cyme(i) formée par quatre axes floraux verticillés autour d'un axe central. Cette disposition présente plusieurs anomalies. Ainsi parfois l'axe principal en s' allongeant laisse au-dessous de lui un ou plusieurs axes secondaires, de sorte que la tête de l'inflorescence n'est plus formée, outre le pédoncule central, que de deux pédoncules opposés; mais on retrouve au-dessous deux autres axes floreaux opposés, qui sont évidemment ceux qui appartiennent au verticille incomplet supérieur. En continuant d'appeler mérithalle ou entre-nœud la portion d'axe qui sépare les axes florifères, on reconnaît ici qu'ils s'est formé un mérithalle qui n'existe pas dans la fleur normale. Or ce cas, qui est l'exception pour le Sambucus nigra, devient la forme normale de l'in- florescence du S. ebulus. Au contraire, chez cette dernière espèce, nous avons trouvé ce mérithalle si court, que l'inflorescence revenait à celle du S. nigra. Les Viburnum lantarui, acwninatum et tinus nous ont offert un phénomène analogue. » Chez les Cornus, l'inflorescence se fait d'ordinaire par opposition alter- nante des axes floraux ; il en résulte une cyme analogue à celle du S. ebulus, mais quelquefois le premier mérithalle floral avorte, et l'on retrouve la cyme de quatre rayons du iS'. nigra. Quelque chose de semblable se passe dans les inflorescences des Hjdrangea. » Ainsi l'inflorescence des Sambucus, J^iburnum, Camus et Hydrangea (i) Nous avons conservé ici l'ancienne dénomination de cette sorte d'inflorescence. ( 495 ) nous paraît appartenir à un même mode de formation : aussi les modi- fications tératoiogiques que l'on voit chez l'un peuvent-elles se retrouver chez les autres. En effet, dans le S. nigra le verticille floral est quelquefois de trois rayons : alors, ou bien on retrouve, à la place de celui qui manque, un tubercule indiquant l'atrophie du quatrième ; ou bien encore la place reste vacante, mais on trouve en dessous lui axe solitaire qui est évidem- ment celui qui aurait dû se porter plus haut pour compléter le verticille floral. D'autres fois, l'un des deux axes floraux inférieurs, dans le cas où ces axes se séparent du verticille, au lieu de se développer en fleurs, se déve- loppeen feuilles ; de sorte que, s'il arrivait que l'axe floral opposé se déve- loppât aussi en feuilles, on pourrait croire à l'avortemeut de ces axes flo- raux, alors qu'ils se seraient arrêtés en chemin et transformés en feuilles. Il en est de même du Cornus alba. I^'explication de ce phénomène nous paraît très-simple. En restant au-dessous du point où ils auraient dû se trouver pour constituer le verticille, ces deux axes floraux ont obéi chacim à une force vitale différente : l'un, à la plus énergique, qui forme la feuille; l'autre, à la plus faible, qui forme les fleurs. II. — Plantes à feuilles alternes ou hélicoïdées. » Au contraire de ce que nous venons de voir chez les végétaux à feiùlles opposées ou verticillées, nous trouvons ici les axes floraux qui, d'alternes qu'ils sont d'ordinaire, se rapprochent et forment des mérithalles très-courts, à côté d'autres beaucoup plus allongés. Souvent même plusieurs axes se groupent pour commencer un verticille qui se complète quelquefois. C'est ce cjue nous avons pu constater sur les Aconitum napelliis^ Ijcoctonum et hebpgftiwn; le Delph/nium Requienii, les Reseda alba, lutea, luteola et odorata; les Campanula bononiensis et pjrramidalis , etc. L'inflorescence des Lupinus présente ces déplacements à un plus haut degré. En effet, celle du Lupinus mutabilis peut être considérée comme verticillaire avec dépla- cement, ou comme alterne arrivant fréquemment au verticillisme. Cette disposition est bien plus prononcée et plus souvent répétée dans le Lupinus nanus chez lequel les verticilles sont à la fois complets et incomplets ; mais alors on retrouve souvent au-dessus ou au-dessous les parties sépa- rées qui manquent au verticille. » Cette tendance au verticillisme peut être facilement constatée dans les Ombellijères et les yiraliacées. Ordinairement, indépendamment de l'om- belle terminale, il s'élève de l'aisselle des feuilles un pédoncule qui porte un système de fleurs en ombelles ; mais, chez quelques individus, ces axes- ( 496 ) floraux se rapprochent en verticille plus ou moins complet pour constituer une ombelle gigantesque. Chez les Heraclewn angustijolium etjlawescens, nous avons trouvé trois et quatre de ces axes floraux partant d'un même plan et placés autour de l'axe primaire. Il était aisé de voir alors que deux ou trois de ces axes étaient portés d'un même côté, tandis qu'un autre, seul, leur était pour ainsi dire opposé. Le verticille était incomplet, mais on pouvait reconnaître directement au-dessous les axes floraux qui s'étaient arrêtés en chemin et qui auraient dû occuper les places vacantes du verti- cille. Le Molopospermiim cicutariuin, dans un cas, nous a présenté deux axes floraux placés en haut de chaque côté de l'axe qui porte l'ombelle centrale et partant d'un même plan, et, au-dessous, quatre autres axes floraux formant un verticille incomplet, mais se complétant parfaitement par les deux axes précédents. Dans un autre exemple, nous avons trouvé, partant du même plan autour de l'axe central, trois axes floraux formant un verticille incomplet, mais dont le complément se trouvait dans trois axes floraux étages les uns au-dessous des autres et séparés par des méri- thalles plus ou moins courts ; de sorte qu'en les élevant en ligne droite, par la pensée, le verticille se trouvait très-régulièrement complété. Une variété du même Molopospermum nous a offert un verticille incomplet formé par cinq axes floraux, que deux autres axes presque opposés et placés plus bas pouvaient, en s'élevant, venir compléter. Des observations analo- gues nous ont été offertes par le Levisticuin officinale, le Ferula glanca, V Angelica sjlvestris, V A rchangelica officinale et. les Laserpitium. Dans le Ferula communis , nous avons trouvé des verticilles complets formés de cinq axes floraux; mais le verticillisme, qui est ici l'exception, devient au contraire la règle dans les Ferula Jerulago , Opopanax chironiuiii,Peuceda- num veiticillare. » Chez les Aralia^ cette tendance au verticillisme nous a paru manifeste. D'hélicoïdés que sont plus particulièrement les axes floraux dans VA. japo- nica, ils sont plus souvent opposés ou verticilles dans VA. racemosa et presque toujours verticilles dans XA . edulis. » L'étude des axes floraux des Euphorhia fait reconnaître que tandis que VE. helioscopia n'offre que cinq axes floraux disposés en une ombelle terminale, les Euphorhia sjlvatica, hjberna, virgata, valent ina, etc., présentent, à part l'ombelle terminale, un grand nombre d'axes secondaires hélicoïdés qui semblent conduire au verticillisme en passant par VE. para- lias chez lequel ces axes^ indépendamment du verticille terminal , sont souvent rapprochés en verticilles incomplets. ( 497 ) » Parmi les Molocotylédones, nous avons trouvé cette tendance au verti- cillisme particulièrement chez les Jlstrœmeria, les F'eratrum, les Yucca, les Graminées, etc. » Enfin, les verticilles floraux eux-mêmes ne sont pas exempts de dépla- cements, comme le prouvent les exemples de Lilium candidum, Tulipa gesneriana, Roses prolifères, Juliennes, etc., chez lesquels l'axe floral, plus allongé que d'ordinaire, portait, disposés en hélice, les organes floraux plus ou moins modifiés. M. Moquin-Tandon {Éléments de Tératologie végétale) cite aussi le fait observé par M. Boivin, d'un Arenaria tetraquetra, dans equel tous les verticilles floraux étaient changés en spirales imparfaites. iCes exemples ne sont que le passage exceptionnel des verticilles floraux des espèces précitées à la disposition hélicoïdale normale bien manifeste des parties de la fleur : calice des Camélia; étamines et carpelles des Lirioden- dron, des Magnolia, etc. » Mais si les organes appendiculaires passent de l'alternance au verticil- lisme ou à l'opposition, et réciproquement de l'opposition ou du verticil- lisme à l'alternance, il nous semble qu'il doit y avoir une différence entre les mérithalles de l'un ou de l'autre cas. Par exemple, nous rappellerons l'ano- malie du Poljgonatumverticillatum, dans lequel deux feuilles de verticille supérieur sont restées en chemin, au milieu du mérithalle nettement déli- mité par les verticilles supérieur et inférieur. Si l'on nomme entre-nœud ou mérithalle l'espace compris entre les deux verticilles, il nous semble juste de ne pas donner le même nom à chacune des parties du mérithalle , qui sont séparées par les deux feuilles arrêtées ainsi en chemin. Comme l'opposi- tion ou le verticillisme détermine souvent des nodosités très-prononcées aux extrémités des mérithalles, et, pour n'employer que les mots déjà en usage, il nous a semblé que l'on pourrait nommer entre-nœuds les portions de tige comprises entre les organes appendiculaires opposés ou verticilles , et réserver le nom de mérithalles pour celles qui sont comprises entre deux organes appendiculaires consécutifs, lorsque ces organes sont alternés ou hélicoïdés. Mais alors quelle est la quantité de mérithalles qui correspon- drait à l'entre-nœud? Il nous semble que le type normal de la verticillarité est le nombre trois, et que, par conséquent, chaque cycle hélicoïdal com- posé de trois organes appendiculaires doit être considéré comme l'équiva- lent de l'entre-nœud. En effet, supposons que le Nerium oleander, dont Jes organes appendiculaires sont verticilles par trois, change de forme par Je déplacement hélicoïdal de ses parties : pourvu que ce changement ait lieu toujours dans le même ordre, n'est-il pas clair que nous arriverions à la C.R, i854,a°" Semenre. (T. XXXIX.N» 11.) 66 " ( 498 ^ disposition |; c'est-à-dire qu'après deux hélicules ou tours d'iiélice, la septième feuille se trouverait en ligne droite placée sur la première prise, comme base de l'observation? Mais nous avons vu que les déplacements peuvent aussi avoir lieu latéralement, et la disposition ^ s'écarte peu de la forme fou quinconciale; de plus, nous avons vu encore que la décussation par un déplacement analogue conduisait pareillement à l'ordre quinconcial. Par conséquent, nous pensons que la disposition quinconciale des organes appendiculaires pourrait bien ne devoir être regardée que comme un état intermédiaire entre l'opposition et le verticillisme par trois, mais avec dépla- cement longitudinal et latéral. Or la forme quinconciale est à peu près celle qui domine dans la disposition hélicoïdale des organes appendiculaires; donc nous devons croire que, dans la pluralité des cas, trois mérithalles d'organes hélicoïdés sont l'équivalent d'un entre-nœud. » ÉCONOMIE RURALE. — Observations sur la maladie du noyer; par M A. Bazin. (Extrait.) (Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour les diverses communi- cations relatives aux maladies des plantes usuelles. ) « On a cette année signalé dans différents pays une maladie du noyer. Dès le mois de juin on voyait les feuilles se maculer, se dessécher et tomber. Les fruits ne grossissaient plus et souvent tombaient eux-mêmes. Les noyers ressemblaient à des arbres dont les feuilles auraient été grillées par le soleil et ils étaient vraiment malades. Nous avons étudié avec soin cette maladie, et aujourd'hui nous pouvons assurer qu'elle est causée par des insectes appartenant à l'espèce désignée sous le nom cVJphis juglandis. » Ces pucerons ne se cachent pas sous les feuilles comme beaucoup tie leurs congénères. C'est à la surface supérieure qu'ils se trouvent. Ils vivent par groupes nombreux,, placés sur deux, rangs le long de la nervure mé- diane, les uns à gauche, les autres à droite; ils sont d'abord vers le milieu de la feuille, et plus tard ils descendent vers le pétiole. » On voit, même à l'œil nu, tous les petits points noirs formés par leuis piqûres ; au bout de quelque temps, ces petits points, semblent se réunir, et la feuille ne présente plus qu'une seule ligne noire dans toute l'étendue de sa nervure qui a été piquée par les Aphis. En même temps les parties les plus extérietires de la feuille, le contour et surtout l'extrémité jaunissent, et ces feuilles finissent par tomber; ou, si elles restent sur l'arbre, elles sont languissantes et ne remplissent plus qu'imparfaitement leurs fonctions. ( 499 ) ■ » Ces pucerons, que nous avons observés dans le moisde juin, disparurent ensuite ou devinrent beaucoup plus rares. Depuis quelque temps nous les avons vus reparaître et nous avons conaptétement vérifié l'exactitude de nos premières observations. » M. Lapierre-Beavpré adresse une nouvelle Note sur la maladie de la vigne. Il annonce avoir constaté par de nouvelles observations l'efficacité du procédé qu'il avait employé pour prévenir le développement de l'affec- tion : il a fait subir à ce procédé une modification qui en rend l'emploi plus facile sans augmenter notablement la dépense. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine. ) M. Legrand prie l'Académie de vouloir bien prendre connaissance d'une Note qu'il lui a adressée sous pli cacheté, et dont elle a accepté le dépôt dans la séance du jg décembre i853. Le paquet ouvert en séance renferme une Note ayant pour titre : Nou- velle thérapeutique du choléra-morbus asiatique. Dans cette Note, après avoir exposé les motifs qui l'ont porté à considé- rer cette maladie comme inie gastro-entéralgie portée à son summum d'in- tensité, et par suite à employer pour le traitement de cette terrible maladie des moyens analogues à ceux qu'il emploie depuis longtemps avec succès pour combattre la gastralgie simple, il donne l'observation de deux cas bien caractérisés de choléra qu'il a guéris par cette médication, dont l'agent principal est l'extrait aqueux de noix vomique dans la proportion de i5 à a5 centigramnles pour i?o grammes de véhicule, administré par cuillerée à bouche, de deux en deux heures. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine.) L'Académie renvoie à la même Section deux Lettres également relatives au choléra, l'une de M. Marteau, l'autre de M. Erz. Cette dernière est écrite en allemand et porte le timbre de Francfort-sur-le-Mein. M. Serres, à l'occasion de ces communications, annonce que la Section de Médecine a arrêté les bases du programme pour le prix Bréant et espère pouvoir le soumettre à l'Académie dans la séance du aS de ce mois. M. Chenot envoie la première partie d'un travail sur la transformation des combustibles en gaz, et sur l'emploi de ces gaz. Dans cette première partie, qu'il annonce comme devant être prompte- 66.. ■ ( 5oo ) ment suivie de deux autres, l'auteur appelle l'attention sur les sources abondantes d'acide carbonique pur qui existent sur divers points de notre territoire. Il annonce que l'état de pureté de ce gaz rend comparativement aisée sa transformation en oxyde de carbone, c'est-à-dire en un gaz qui peut être très-utile dans les arts, et qui offre cet avantage, qu'on peut le transporter à peu de frais, au moyen de tuyaux de conduite, du lieu de production au lieu de consommation. La transformation peut se faire en employant des combustibles de qualité inférieure qui se trouvent souvent tout près de la source du gaz acide carbonique, et dont l'éloignement même ne pourrait être considéré comme un grand inconvénient, puisqu'au lieu de porter ces combustibles vers le gaz, on le leur amènerait en le faisant arriver par des tuyaux. (Renvoi à la Commission nommée pour les précédentes communications de l'auteur.) M. Lanfrey adresse un Mémoire contenant les développements de sa précédente Note sur la mesure du rayon terrestre. (Renvoi à l'examen de la Commission qui avait été nommée à l'occa- sion de cette première communication, Commission qui se compose de MM. Laugier, Le Verrier et Faye.) M. Busso» soumet au jugement de l'Académie la description d'un appareil qu'il a imaginé pour la direction des aérostats. (Renvoi à la Commission précédemment nommée pour les communica- tions relatives à la même question, Commission qui se compose de MM. Poncelet, Morin, Seguier. ) m. MoRET présente un Mémoire, dans lequel il paraît avoir pour but principal de montrer comment la connaissance des lois de la mécanique conduit à l'explication de divers phénomènes dans lesquels on n'a pas cou- tume de faire intervenir ces lois. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Pouillet.) M. LE Secrétaire PERPÉTUEL rappelle un Lettre qui avait été communiquée dans la précédente séance et dans laquelle M. L. Plaine priait l'Académie de se faire rendre compte d'une Note sur l'électricité précédemment pré- sentée par lui. MM. Becquerel et Babinet sont invités à prendre connaissance de cette ( 5oi ) Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. CORRESPOIVDAIVCE. MM. LES Professeurs administratectrs du Muséum d'histoire naturelle remercient l'Académie pour le don qu'elle a fait à cet établissement, d'un squelette de Mystriausaurus, acquis par elle à cette intention. M. Regnaclt fait hommage, au nom de M. Matteucci, d'un exemplaire d'un ouvrage que vient de publier ce physicien, et donne connaissance de la I^etlre suivante qu'il a reçue de l'auteur : « En vous priant de faire hommage à l'Académie du premier exemplaire d'un ouvrage que je viens de faire paraître chez M. Mallet - Bachelier, sous le titre de : Cours spécial sur V induction, le magnétisme de rotation, le diamagnétisme, et sur la relation entre la force magnétique et les actions moléculaires, je demande la permission de signaler en quelques mots les re- cherches nouvelles qui y sont contenues. » Dans la première leçon, qui traite des phénomènes généraux de l'in- duction électrodynamique et électromagnétique, j'ai rapporté de nouvelles expériences sur la nature de l'extra-courant, sur l'action réciproque des courants induits, et sur les mouvements excités dans les masses métalliques suspendues entre les pôles d'un électro-aimant. » Dans la deuxième leçon, j'ai décrit la méthode de l'inductionomètre différentiel que j'ai imaginé depuis l'année i84i, et j'ai exposé les lois de l'induction dans les conducteurs filiformes qu'on démontre rigoureusement avec cette méthode. Dans cette même leçon, j'ai décrit un grand nombre d'expériences sur un cas remarquable d'induction qui fut aussi découvert par Faraday, en i83i, et qui, ne paraissant pas rentrer sous la loi plus simple de l'induction, n'avait pas suffisamment attiré l'attention des physi- ciens, et avait été complètement oublié dans les Traités. Ce cas d'induction, que j'ai appelé induction axiale, s'obtient (pour en donner la définition la plus générale) en ayant une masse métallique formée de deux parties qui sont en contact dans certains points et communiquent par d'autres aux extrémités du galvanomètre, lorsque, sans faire varier la distance absolue entre l'aimant inducteur et tous les points de cette masse et en tenant fixe les communications avec le galvanomètre, on renouvelle les points de con- tact de ces deux parties. Je ne citerai ici qu'une de ces expériences qu'on { 502 ) fait en appliquant l'un sur l'autre deux disques de cuivre, bien polis et sem- blables à ceux d'un condensateur dont les centres communiquent avec le galvanomètre : si l'on a un électro-aimant dont l'axe passe par les centres des disques , et si l'on fait tourner ceux-ci autour de leurs centres sans les détacher, on obtient les courants induits. Pour se représenter en quelque sorte l'analogie entre l'induction sur le disque tournant d'Arago et l'induc- tion axiale, on pourrait considérer, dans ce second cas, l'aimant comme formé d'une série de petits aimants distribués sur une surface cylindrique, chacun desquels agirait séparément sur la portion du circuit induit non fermé qui est mise en rotation autour de l'axe de l'aimant. En variant mes expériences, je me suis principalement proposé de généraliser le rapproche- ment entre la direction des courants développés dans l'induction axiale et le sens de la rotation électromagnétique correspondant. Ce rapprochement, que M. Lenz a le premier déduit d'un petit nombre de faits, est particulière- ment appuyé par les lois de l'induction axiale trouvée dans l'intérieur et à l'extérieur d'un solénoide. » Dans la troisième leçon, j'ai exposé avec le plus grand développement mes dernières recherches sur la distribution des courants induits sur le disque tournant d'Arago. Dans cette même leçon j'ai décrit les résultats obtenus en étudiant l'influence du nombre des sections du disque , de sa vitesse de rotation, et de l'état cristallin du corps soumis à l'aimant tour- nant sur la force tangentielle ainsi développée. » Dans la quatrième leçon, qui traite de l'action de l'aimant tournant sur les corps magnétiques et sur ceux qui ne sont ni magnétiques ni conduc- teurs, j'ai décrit les expériences qui démontrent la production du magné- tisme par rotation dans des masses formées de particules magnétiques très- fines, et qui ont moins de ~; de millimètre de diamètre, et qui sont sépa- rées par une couche isolante. J'ai prouvé aussi, dans cette leçon, que l'in- fluence de la division, pour diminuer la force développée par l'aimant tournant devient moindre et cesse à mesure que cette division est plus grande. Après avoir déduit de ces expériences la preuve de l'induction électrodynamique moléculaire, j'ai fait voir que certains métaux, non ma- gnétiques et bons conducteurs, présentent les propriétés diamagnétiques lorsqu'ils sont réduits à l'état de grande division. « Dans la cinquième leçon, sur l'action universelle du magnétisme, sur le diamagnétisme, et sur la polarité diamagnétique, j'ai exposé de nouvelles expériences sur les mouvements des liquides et des gaz soumis à l'aimant, sur le pouvoir magnétique de l'oxygène, et sur l'action différentielle qui ( 5o3 ) règle les mouvements des corps placés dans nn milieu sujet à l'action ma- gnétique. » Enfin, dans la sixième et dernière leçon, je traite de la relation entre la force magnétique et les actions moléculaires. J'ai rapporté dans cette leçon mes expériences sur l'influence de la chaleur, sur les propriétés ma- gnétiques et diamagnétiques. Je me suis particulièrement étendu sur les effets des actions mécaniques, et j'ai déduit d'un grand nombre d'expé- riences, dans lesquelles j'ai soumis le fer à la pression, à la torsion et à l'allongement, que l'élat magnétique, pris ou conservé sous une force induc- trice donnée, augmente toutes les fois que ces actions mécaniques affai- blissent la cohésion, et que le contraire a lieu lorsque cette force devient plus grande. a Dans toutes les parties de ce Cours, et à côté des recherches nouvelles dont je n'ai fait que citer les titres, j'ai exposé et coordonné les travaux modernes les plus importants. A la fin de cet ouvrage j'ai donné les con- clusions théoriques auxquelles j'ai été conduit, et que je résume ici très- brièvement. » 1°. L'hypothèse de deux fluides magnétiques est inconciliable avec l'existence des phénomènes diamagnétiques, car les actions réciproques de ces fluides ne peuvent être opposées suivant qu'ils sont libres ou combinés, et qu'ils se trouvent dans le fer ou dans le bismuth. » 2°. Ij'induction moléculaire, qui est l'effet le plus général développé par l'aimant ou par le courant électrique dans tous les corps, demeure démontrée par l'expérience, de même que les mouvements ou V orientation des molécules sur lesquelles les fluides électriques se neutralisent, et qui obéissent aux actions électrodynamiques. Sur ces données de l'expérience, on peut fonder une hypothèse, qui certainement n'est pas à Tabri de toute objection, mais qui explique suffisamment les phénomènes magnétiques et diamagnétiques, et leur relation avec les actions moléculaires. » 5". L'action de l'aimant ou du courant électrique donne lieu à une variation de l'état moléculaire des corps induits, qui consiste dans l'in- duction électrodynamique des molécules, et dans l'orientation de leurs atmosphères d'éther, qui est la cause du pouvoir rotatoire ainsi développé. Indépendamment de toute hypothèse, il est désormais hors de doute qu'on ne pourra plus expliquer complètement les phénomènes magné- tiques et électrodynamiques sans faire intervenir l'éther faisant partie de la constitution mécanique des corps, et en s'appuyant, par conséquent, sur les théories de la physique mathématique qui sont les mieux établies. «• ( 5o4 ) CHIMIE. -~ Sur la décomposition des sels de cuivre par la pile et la loi des équivalents électrochimiques ; par M. L. Soret. « On n'a pas fait jusqu'ici un nombre d'expériences assez considérable pour mettre à l'abri de toute contestation la loi de Faraday sur les équiva- lents électrochimiques; plusieurs physiciens pensent que cette loi est d'une exactitude seulement approximative. En particulier on a discuté dernière- ment la question d'une conductibiHté physique chez les liquides, et l'opi- nion de MM. Foucault, Despretz, Faraday, etc., est favorable à l'existence de cette propriété des liquides, de laisser passer une faible proportion d'é- lectricité inefficace. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie quelques recherches relatives à la décomposition des sels de cuivre qui confirment la loi des équivalents électrochimiques. Les résultats ne démontrent point sans doute que le courant traversant un électrolyte soit totalement employé à la décomposition, mais ils font voir, tout au moins, la petitesse des diffé- rences de conductibilité physique que présentent les liquides sur lesquels j'ai opéré. Je suis arrivé à des conclusions analogues à celles de M. Despretz sur la décomposition de l'eau (i) et à celles de M. Buff, qui a plus particu- lièrement étudié l'action électrolytique sur l'azotate d'argent (2). » Préparation des sels de cuivre. — J'ai reconnu la nécessité d'employer des sels de cuivre parfaitement purs et en particulier du sulfate de cuivre ne contenant aucune trace de fer. Dans ce but j'ai adopté le mode de pré- paration suivant : Du sulfate de cuivre purifié déjà par une première cristal- lisation est dissous dans l'eau distillée et placé dans une capsule de platine ; il est soumis à l'action d'une pile voltaïque de manière à ce qu'il forme un dépôt de cuivre sur la capsule. Le courant est interrompu avant que la' liqueur soit décolorée ; on remplace la dissolution appauvrie par de nou- veau sulfate de cuivre et l'on prolonge l'opération jusqu'à ce qu'on ait obtenu une quantité de cuivre suffisante. Le dépôt est lavé à l'eau distillée et redissous dans l'acide azotique pur. L'azotate de cuivre ainsi formé est évaporé et décomposé par la chaleur. L'oxyde de cuivre est repris par l'acide sulfurique. Enfin de nouvelles cristallisations débarrassent le sel de l'excès d'acide. » Il est facile de voir que l'on élimine ainsi de la dissolution la plupart des métaux étrangers. La décomposition électrochimique sépare le cuivre (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, du 22 mai i854« (2) Annalen der Chemie und Pharmacie, vol. 85, i" cahier. Bibliothèque univ. de Genève. Avril i853. ( 5o5 ) des métaux des trois premières sections : l'action de l'acide azotique enlève- rait, s'il y avait lieu, l'étain, le titane, etc.; le plomb ne peut se trouver dans la dissolution, à cause de l'insolubilité de son sulfate. Il ne pourrait, tout au plus, se trouver dans la liqueur, en outre du cuivre, que de l'argent, du mercure ou du bismuth, dont il serait facile de constater la présence. » Manière d'opérer. — Les dissolutions que l'on voulait décomposer étaient contenues dans des tubes de verre fermés à une extrémité, dont les dimensions approximatives sont i5 millimètres de diamètre et i8 centi- mètres de longueur. Les électrodes se composaient de fils de platine de I millimètre à i""",5. Le courant était produit par des éléments de Bunsen dont le nombre a varié de deux à cinq et dont on ne renouvelait pas fré- quemment les liquides, en sorte que le courant n'était pas d'une grande énergie. » Après avoir placé dans les tubes les deux dissolutions qu'il s'agit de comparer, on établit les communications, et le cuivre se dépose sur les fils de platine qui servent de pôles positifs. Quand on estime que l'action a été suffisamment prolongée, on enlève les électrodes recouverts de cuivre, on les plonge pendant quelques instants dans l'eau distillée pour les laver ; puis on les sèche rapidement avec du papier Joseph et on les pèse. On dis- sout ensuite le dépôt de cuivre dans l'acide azotique et on pèse de nouveau les fils de platine. La différence des deux pesées donne, pour chaque élec- trode, le poids du cuivre qui s'y est déposé. Pour arriver à de bons résultats, il est essentiel que le dépôt de cuivre soit uni et parfaitement compacte. Sans cette condition, quelquefois difficile à réaliser, on risquerait de détacher quelque parcelle en essuyant le dépôt avec du papier Joseph, la dessiccation ne pourrait être ni rapide ni parfaite et le cuivre s'oxyderait sous l'influence de l'air et de l'humidité. Cette oxydation se produit inévitablement si la dessiccation s'effectue spontanément au contact de l'air par évaporation ; au contraire, lorsqu'il a été essuyé rapidement avec du papier à filtrer, le cuivre conserve son apparence mate et rosée et n'augmente pas du tout de poids pendant tout le temps nécessaire à la pesée et même pendant beau- coup plus longtemps. » J'ai choisi en général comme terme de comparaison une dissolution de sulfate de cuivre saturé à la température ordinaire. » On voit que, dans la méthode adoptée, la dissolution neutre en géné- ral, lorsqu'on commence l'opération, ne tarde pas à devenir acide; on pourrait craindre qu'il en résultât une redissolution partielle du cuivre G. K., i854, a"" Semetlrc. (T. XXXIX, N" 11. ) 67 ( 5o6 ) déposé, sous la double action de l'acide et de l'oxygène qui se dégage dans la liqueur. C'est en effet ce qui arrive lorsqu'on emploie des azotates si l'on prolonge un peu longtemps sa décomposition. Mais cela n'a pas lieu avec le sulfate. Ainsi j'ai trouvé les chiffres suivants pour les poids de cuivre séparés par un même courant : i° d'une dissolution de sulfate de cuivre neutre avec un électrode positif en cuivre, afin que la neutralité fût main- tenue ; 2° d'une dissolution de sulfate de cuivre fortement acide. POIDS DC CUIVRE DÉPOSÉ DANS LE SULFATE DE Cl'lVRE DIFFÉRENCES. Neutre. Acide. I 2 3 gr o,i663 o,i353 o,336o gr 0,l664 0, i355 o , 3302 gr -(- o,oooi 0,0002 0,0002 je n'ai pas trouvé que l'emploi d'électrodes positifs en cuivre fût à l'abri de tout inconvénient. » Résultats. — Le tableau suivant indique les poids des dépôts de cuivre formés par un même courant dans une dissolution de sulfate de cuivre servant de terme de comparaison, et dans une autre dissolution dont le nom est inscrit à la première colonne. Ije tableau ne comprend que les expériences exemptes de causes d'erreurs; les résultats s'accordent avec la loi des équivalents électrochimiques. ( 5o7 ) \0M DE LA DISSOLUTION COMPARÉE AD SULFATE DE CUIVRE. Sulfate de cuivre étendu de -j- volume d'eau Sulfate de cuivre étendu de i volume d'eau Sulfate de cuivre étendu de i volume d'eau Sulfate de cuivre étendu de i volume d'eau Azotate de cuivre concentré Azotate de cuivre concentré Azotate de cuivre concentré Phosphate de cuivre dissous dans l'acide phosphorique. Phosphate de cuivre dissous dans l'acide phosphorique. Phosphate de cuivre dissous dans l'acide phosphorique. Acétate de cuivre Acétate de cuivre Mélange de sulfate de cuivre et de sulfate de potasse. . . Mélange de sulfate de cuivre et de sulfate de potasse . . Mélange de sulfate de cuivre et d'azotate de cobalt . . . Mélange de sulfate de cuivre et d'azotate de cobalt Mélange de sulfate de cuivre et de sulfate de zinc Mélange de sulfate de cuivre et de sulfate de zinc Mélange de sulfate de cuivre et de sulfate de cadmium , . POIDS DU CUIVRE DÉPOSÉ DANS 0,3391 o,i']86 0,3319 0,2577 0,2838 0,4900 o , I 265 o , I 8o5 o, 1207 o , I 389 0,0842 0,0807 o , 2040 o , I I gS 0,0886 0,0834 o, 1453 o, 1009 o , I 280 La dissolu- tion Inscrite k la cotonne. 0,4898 o , 1 259 o , I 809 O, I2I0 o,ï388 o , 084 1 0,0809 0,2039 o>i'99 o,o883 o,o835 o , I 456 o, lOI I o , I 282 » Le mélange de sulfate de cuivre acidifié et de borate de soude m'a donné quelquefois un dépôt un peu plus fort que le sidfate de cuivre pur, et quelquefois un dépôt égal. C'est le seul cas douteux que j'ai rencontré, et je n'ai pas pu reconnaître avec certitude une cause d'erreur; mais comme le dépôt n'était pas toujours parfaitement compacte, je pense que cette exception n'est qu'apparente et qu'elle tient à un peu d'oxydation (i). » Toutes les autres dissolutions de cuivre que j'ai employées ont présenté des causes d'erreur évidentes. Je me borne ici à citer les principales. » Les résultats sont troublés par la présence d'acide azotique libre dans la liqueur, soit qu'elle provienne d'une imparfaite neutralisation dès le com- mencement, soit qu'il se soit déjà dégagé trop d'acide pendant une décom- (1) Je me propose de tenter de nouvelles expériences par une autre méthode pour éclaircir ce point. 67., ( 5o8 ) position prolongée. On a déjà pu voir une petite erreur de ce genre dans le tableau ci-dessus, où la troisième expérience sur l'azotate de cuivre a donné un dépôt un peu trop faible, parce que la dissolution n'était pas parfaitement neutralisée. » Souvent les liqueurs exercent sur le cuivre une action dissolvante dont je me suis assuré directement : c'est le cas du sulfate de cuivre chauffé à loo degrés, du mélange de sulfate de cuivre et de sulfate de fer, etc. » Dans les mélanges qui contiennent des métaux moins oxydables que le cuivre, tels que l'argent, le bismuth, etc., ce sont ces métaux qui se dépo- sent sur l'électrode. » Conclusions. — A moins d'influences perturbatrices évidentes, la loi des équivalents électrochimiques se trouve justifiée dans les limites d'er- reurs d'observation, lorsqu'on compare les poids de cuivre qui se séparent des dissolutions salines de ce métal et qui se déposent sur des fils de platine servant d'électrodes. » Le seul cas douteux qui ait été rencontré dans ces recherches, est celui d'un mélange de sulfate de cuivre et de borate de soude, qui a donné quel- quefois un dépôt un peu plus fort que le sulfate de cuivre pur; mais il est probable que cette exception n'est qu'apparente. n Les différences entre les quantités d'électricité inefficace qui peuvent traverser les divers liquides qui ont été étudiés sont insensibles, et ces expé- riences semblent par là peu favorables à l'existence même de la conductibi- lité physique. Cependant je pense qu'il ne faut pas se hâter de conclure dans ce dernier sens. » En effet, si la quantité d'électricité qui traverse le liquide sans produire une décomposition, est une fraction très-petite, -~^ par exemple, de la quantité totale d'électricité, les différences qui en résulteraient, seraient évidemment plus petites que les erreurs d'observation. Il se peut aussi que les liquides présentent des conductibilités physiques, proportionnelles à leur conductibilité totale, mais cette hypothèse paraît très-peu probable. » ANATOMiE COMPARÉE. — Sur uu cœur artériel accessoire dans les Lapins; par M. ScHiFF. «. Chez beaucoup d'animaux inférieurs, ou connaît des parties plus ou moins étendues du système vasculaire, qui possèdent un mouvement rhyth- mique indépendant du centre circulatoire, et qui, par leurs contractions et par leurs expansions alternatives, aident ou remplacent l'action du cœur. » Mais, pour les animaux supérieurs, on a cru que tous les mouvements ( 5o9) alternatifs que l'on aperçoit dans les vaisseaux périphériques (i), étaient |jroduits seulement par l'impulsion du cœur, jusqu'à ce que, l'année passée, Warthon Jones eût découvert, dans les ailes des Chauves-Souris, une con- traction rhythmique et indépendante de beaucoup de veines. Dans les autres parties de ces mêmes animaux, dans les artères et chez d'autres animaux, Jones n'a pas pu trouver une contraction rhythmique des vaisseaux. » D'après mes observations, les artères de l'oreille des Lapins possèdent, jusque dans leurs plus petites ramifications, un mouvement rhythmique indépendant de l'impulsion du cœur central. Ces artères présentent une expansion, pendant laquelle le sang est en partie aspiré, et une contraction par laquelle elles aident la circulation. » Si l'on place un Lapin sur une table sans tirailler les oreilles, et que l'on tienne ces dernières contre le jour sans comprimer un vaisseau, on trou- ■ vera très-souvent les artères entièrement vides. La grande artère médiane rie montre point de lumière, ou à sa place on voit une ligne rouge très-mince. Mais après quelques secondes, on verra cette ligne devenir tout à coup plus large, l'artère se remplit abondamment de sang, et on voit paraître une quantité de petits vaisseaux, dont avant on ne voyait pas de trace. Après que cette dilatation des vaisseaux s'est accrue pendant quelque temps, les vais- seaux se rétrécissent de nouveau, jusqu'à leur état primitif, pour ensuite se dilater encore, et ainsi de suite. » Le rhythme de ces mouvements n'est pas régulier. En moyenne, je les ai vus se répéter quatre ou cinq fois par minute, sans cause extérieure appré- ciable; j'ai pu augmenter leur nombre jusqu'à onze, et je les ai vus tomber plus rarement jusqu'à deux dans la minute. M L'expansion se fait toujours très-rapidement, la contraction se fait len- tement et peu à peu. Dans les conditions normales, l'état de contraction est plus long que l'état de dilatation. La rareté relative de ces mouvements démontre déjà qu'ils ne sont pas l'analogue du pouls artériel, et qu'ils ne dépendent pas directement de l'impulsion du cœur. Si l'artère est dilatée, on y sent d'ailleurs très-bien le pouls, sans que la dilatation soit sensiblement augmentée par la systole du cœur. » Il est clair que ces mouvements ne dépendent pas non plus de l'aug- (i) Je dis périphériques, car je ne parie pas de ces contractions alternatives des veines près du cœur, sur lesquelles se continuent les muscles cardiaques. Ces contractions, connues de plusieurs auteurs anciens, depuis Sténo et Lancisi , ont été niées à tort, jusqu'au moment où les recherches de M. Flourens les ont mises de nouveau en évidence et leur ont assigné leur véritable caractère. ( 5io) mentation dans la pression du sang pendant l'expiration, parce que l'a- nimal expire très-souvent pendant que l'artère reste en contraction, et dans le moment où l'artère se dilate on ne voit pas la respiration devenir plus profonde. Du reste, si la respiration avait de l'influence sur ces mouve- ments, la dilatation devrait commencer dans les veines et passer des petites ramifications aux troncs artériels : mais c'est justement le contraire que l'on observe, car la dilatation commence toujours à la racine du tronc artériel. n Si l'on augmente la pression du sang en comprimant les veines, on n'empêche pas la dilatation et la constriction des artères. » Puisque tous ces phénomènes se suivent de la même manière, si l'on ne touche pas l'oreille et que l'animal ne la remue pas, il est impossible qu'ils soient causés par une pression sur les vaisseaux, produite par la contraction des muscles environnants. » Il est impossible qu'une contraction plus énergique du cœur, surve- nant de temps en temps, soit la cause de ces mouvements, car si on lie ou que l'on comprime l'artère principale à sa racine, pendant qu'elle est con- tractée et vide de sang, la dilatation consécutive ne manque pas, mais elle est plus faible, et pendant sa durée un rayon mince de sang remplit d'abord les petits vaisseaux et ensuite le tronc, c'est-à-dire a lieu en sens rétrograde. 11 y a régurgitation du sang des veines. Cette expérience prouve que pen- dant la dilatation il y a aussi aspiration du sang. » Si une pression générale dans le système circulatoire était la cause de l'expansion, celle-ci devrait toujours survenir en même temps dans les deux oreilles. C'est ce qui se voit en effet le plus souvent, mais pas toujours. Quelquefois j'ai vu dilatation d'un côté et constriction de l'autre. » Mais ce qui prouve, plus que toute autre chose, que ces mouvements ne peuvent pas être attribués à une pression exercée par le sang, c'est leur dépendance du système nerveux. » Ces mouvements des artères de l'oreille dépendent de la partie cervi- cale de la moelle épinière, et une lésion de cette partie qui ne porte que sur la moitié de la moelle, fait cesser subitement et pour toute la durée de l'expérience ces mouvements dans les artères- du côté correspondant, pendant que la dilatation et l'expansion persistent du côté opposé. » Lorsqu'on coupe les racines motrices, qui partent de la moelle cervi- cale inférieure (et dans quelques cas aussi la première et la seconde racine motrice dorsale), ces mouvements cessent, et les artères restent immobiles dans un état de dilatation moyenne du côté de la lésion. (5ii) » Les nerfs qui excitent ce mouvement rhythmique se rendent vers l'o- rigine par la portion cervicale du grand sympathique. La section de ce nerf au cou arrête les vaisseaux du côté correspondant. Après cette opération, les artères en question sont très-dilatées le premier jour, mais ensuite elles reviennent à un état moyen de dilatation. n Voilà le premier exemple d'un mouvement rhythmique qui se trouve dans une dépendance si directe du centre cérébro-spinal. Et ce qui rend cette dépendance encore plus remarquable, c'est que, comme dans l'iris, les nerfs passent par le grand sympathique, et que ce sont des muscles de la vie orga- nique, des muscles non striés, qui exécutent ce mouvement et qui sont ainsi soumis à la moelle épinière. Il est vrai qu'on a dit que les vésicules lympha- tiques des Grenouilles (qui du reste possèdent des muscles striés) sont dans la même dépendance de la moelle épinière; mais j'ai prouvé, dans un autre Mémoire, que ces vésicules continuent encore leurs mouvements longtemps après la section de leurs nerfs ou après la destruction de la moelle. » Une irritation mécanique des nerfs sensibles de l'oreille ou des racines postérieures correspondantes produit poiu- quelque temps un prolongement très-considérable de l'expansion des artères de l'oreille, pendant que l'état de contraction devient court et passe très-vite. Par cette prévalence de l'ex- pansion, l'oreille correspondante devient beaucoup plus chaude que celle du côté opposé. Si les nerfs sensibles sont coupés, c'est seulement l'irritation du bout central, et non du bout périphérique, qui agit de cette manière. » Toute irritation mécanique des oreilles peut agir comme cette irritatioti des nerfs sensitifs. » Lorsqu'on comprime avec les doigts, un peu fortement, un point de l'artère centrale de l'oreille, pendant qu'elle est en état contracté, cela agit comme une irritation sensible localisée, et cette partie se dilate plus forte- ment et plus promptement que le reste de l'artère, et représente ainsi une . varicosité passagère remplie de sang. Si l'on comprime avec trop de force ou avec les ongles des doigts, on irrite les fibres circulaires de l'artère, et alors ^ cette partie irritée se contracte davantage et reste en constriction pendant la dilatation du reste de l'artère. » La circonférence extérieure de l'artère ne change pas sensiblement ni pendant la contraction, ni pendant la dilatation, ce n'est que le canal inté- rieur qui devient plus mince ou plus large. » Dans d'autres parties du Lapin et dans les oreilles des autres animatix- (5i. ) que j'ai pu examiner, je n'ai pas pu reconnaître jusqu'à présent un mou- vement analogue des artères. » Je dois ajouter que dans le même Lapin la grandeur de l'expansion et de la constriction varie considérablement. Souvent on trouve qu'après plusieurs expansions faibles il vient toujours une expansion forte. » M. ViERORDT, professeur de physiologie à l'Université de Tubingue, annonce avoir imaginé un petit appareil au moyen duquel les battements du pouls sont figurés par une ligne ondée qui donne, en les amplifiant dans Tui rapport déterminé, les déplacements de l'artère, en même temps qu'elle marque les intervalles entre les pulsations consécutives ; la courbe est tracée, par une pointe que le battement de l'artère fait mouvoir de haut en bas, sur une bande de papier couverte de noir de fumée, qui se meut horizonta- lement et avec une vitesse constante. M. Vierordt adresse quelques épreuves des tracés ainsi obtenus, et annonce l'intention d'envoyer prochainement, sur ce sujet, un Mémoire qu'il destine au concours pour le prix de Physiologie expérimentale. A l'occasion de cette Lettre, M. Flovrens rappelle que le moyen employé par M. Vierordt pour les battements de l'artère avait été déjà employé par les physiciens; il l'a été notamment par M. Duhamel, dans ses recherches sur les vibrations d'une corde flexible chargée d'un ou de plusieurs curseurs. M. Saîîson ( Alph. ), chargé par M. le Ministre de l'Instruction publique d'une mission scientifique pour les régions qui sont aujourd'hui le théâtre de la guerre, se met à la disposition de l'Académie pour les observations qu'elle croirait convenable de lui indiquer dans le domaine des sciences naturelles et médicales, si l'Académie veut bien lui préparer des Instructions, il les recevra par la voie de l'ambassade française à Constantinople. Une Commission, composée de MM. Serres, Duméril, Élie de Beaumont et Regnault, est invitée à préparer les Instructions demandées. M. Hevrteloitp prie l'Académie de vouloir bien compléter la Commis- sion à l'examen de laquelle avait été renvoyé son Mémoire intitulé : la Lithotripsie sans fragments. MM. Velpeau et Rayer remplaceront dans cette Commission MM. Roux et Lallemand. (5.3) M. BE ÏjCca signale une erreur dans la mention qui a été faite aux Comptes rendus, de la Lettre par laquelle il annonçait la mort de M. Melloni. On a indiqué le 7 août comme la date de la mort du célèbre physicien, M. Luca avait donné ce jour comme celui de l'invasion de la maladie. I^e décès a eu lieu le 1 1, ainsi que le disait la Lettre de M. Luca, d'accord sur ce point avec celle de M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie de Naples. M. Gab. Jourdan demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire sur le bégayement qu'il avait soumis au jugement de l'Académie, et qui n'a pas encore été l'objet d'un Rapport. M. Leroy d'Etiolles prie l'Académie de vouloir bien autoriser l'ouver- ture de neuf paquets cachetés déposés par lui à diverses époques (du 17 octobre 1821 au 17 juin i844)> ^t ordonner que les pièces contenues sous ces différents plis soient, après qu'il en aura pris copie, conservées dans les archives. M. Leroy d'Etiolles est autorisé à reprendre ces dépôts; s'il y trouve le sujet de communications à faire publiquement à l'Académie, ces commu- nications seront classées dans les archives à la date de leur nouvelle pré- sentation. M. Arnaud, qui avait précédemment adressé un opuscule imprimé sur des silos a •riens, exprime le désir que l'Académie veuille bien, vu l'importance de toutes les questions qui se rattachent à la conservation des céréales, per- mettre que son travail soit soumis à l'examen d'une Commission. L'Académie, en comprenant le Mémoire de M. Arnaud parmi les pièces admises à concourir pour le prix de \a fondation Montyon (prix concernant les inventions qui peuvent influer d'une manière utile sur la santé pu- blique), a rempli, autant qu'elle le pouvait sans manquer aux règles qu'elle s'est imposées, le vœu exprimé par l'auteur. M. Poulain adresse, de Bourbonne-les-Bains, la figure grossie d'un insecte, ou plutôt d'une larve qu'il a observée sur un grain de raisin malade. Cette figure, qui est exécutée avec une certaine adresse de main, mais qui décèle de la part du dessinateur peu d'habitude d'observer des objets d'histoire naturelle, ne peut fournir aucune indication utile. M. TiECTAT soumet au jugement de l'Académie un calendrier de son iwvention et un manuscrit dans lequel il s'occupe des mouvements des C. R. 1854, îHie Semestre. (T. XXXIX, N» 11.) 68 ( 5i4 ) corps célestes, de la cause des marées et d'autres questions concernant la physique du globe. » MM. Laugier et Mathieu sont invités à prendre connaissance de ces pièces, et à faire savoir à l'Académie si elles sont de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. jLE Secrétaire perpétuel mentionne, comme faisant partie des pièces de la Correspondance, une Note qui a pour objet le mouvement perpétuel, et dont l'auteur demande à n'être pas nommé, deux circonstances dont chacune suffit pour faire considérer une communication comme non avenue Cette Note avait été adressée à M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics qui en la transmettant à l'Académie n'a pas demandé qu'elle fût l'objet d'un Rapport. La séance est levé à 5 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 4 septembre i854, les ouvrages dont voici les titres ; Olivin... LOlivine, suivie de quelques remarques sur la formation de l lisez — • Page 383, ligne 1 3 , au lieu de intégrale , lisez intégrable. Page 334, dernière ligne, au lieu de 60", ^o3, lisez 60", 7 12. Page 386, ligne 32, au lieu de Zélande, lisez Zemble. Page 387, ligne 23, au lieu de z z= z^ — (1 — 2nc), lisez z^z^ — (i — 2n)i' Page 44'» J'gne 20, au lieu de M. Arceolati, lisez M. Andreoleti. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 18 SEPTEMBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMLIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Pkésidejît annonce dans les termes suivants une nouvelle perte que vient de faire l'Académie : « Messieurs , » J'accomplis un douloureux devoir en annonçant à l'Académie la mort de l'illustre doyen de la Section de Botanique, M. de Mirbel. Ses funé- railles ont eu lieu le i4 septembre dernier. M. Brongniart a dignement exprimé les sentiments de l'Académie. M. Milne Edwards y représentait la Faculté des Sciences; M. Valenciennes, le Muséum d'Histoire naturelle. )> Une cruelle maladie tenait, depuis plusieurs années, M. de Mirbel éloigné de nos séances; mais son souvenir était vivant parmi nous, qui entendions fréquemment citer' son nom et ses découvertes par ceux de nos confrères ou des savants étrangers à l'Académie qui cultivent la science aux progrès de laquelle notre vénéré et regretté confrère a concouru pour une grande part. » ASTRONOMIE PHYSIQUE.— Note SUT les articles relatifs aux réfractions atmo- sphériques, insérés au dernier numéro du Compte rendu ; par M. Biot. « Lorsqu'une discussion scientifique s'élève dans une Académie telle que la nôtre, et acquiert iin développement qui amène plusieurs de ses Membres à y prendre part, en attirant l'intérêt de tous, ce peut être une C. ft.,i854, a™«S<;me»lre.(T.XXXIX, No IJJ.) 69 (5i8) excellente occasion de faire concourir au perfectionnement des théories controversées, les connaissances spéciales que chaque individu possède, et qui s'adapteraient à leurs détails avec moins d'entente, par le manque d'une direction commune, si elles y étaient appliquées isolément. Cela peut offi'ir aussi l'avantage de répandre dans un plus grand nombre d'esprits éminents, des doctrines que leurs études propres ne leur ont pas donné lieu d'appro- fondir, quoiqu'ils pussent y apporter des améliorations importantes, si on les décidait à y pénétrer. Supposant donc de telles discussions, suivies et soutenues, dans la seule intention de fortifier, d'accroître, la somme des vérités déjà acquises, sans y mêler de misérables sentiments d'aigreur ou d'animosités personnelles, la science ne saurait que gagner à ce qu'elles se produisent ; et, dans cet intérêt, commun à nous tous, on doit plutôt sou- haiter de les voir naître, et s'entretenir par une émulation active, que s'éteindre et mourir sous le froid accueil d'un silence indifférent. » Une condition essentielle, et l'on pourrait dire, logiquement nécessaire, pour que cette lutte d'idées soit profitable, c'est que l'on éclaircisse d'abord complètement le terrain sur lequel la discussion repose; qu'on y marque avec précision les limites actuelles du certain et de l'incertain; qu'on le débarrasse des erreurs qui ont pu s'y introduire, et qu'on le soumette à l'investigation commifhe, ainsi déblayé. Chacun de nous, sans doute, ne pourra remplir cette tâche que dans les bornes de ses vues propres, avec la défiance qu'elles doivent toujours inspirer à ceux qui les croient les plus assurées. Mais cette juste réserve étant admise (et, (jui de nous ne doit pas l'admettre, pour lui-même comme pour les autres!), il faut que chacun soit reçu à dire complètement sa pensée sans qu'on s'en offense ; à exposer librement ce qu'il croit vrai, ce qu'il croit faux, en accordant à ses contra- dicteurs la même patience, la même indulgence, dont il aura presque infail- liblement besoin, à son tour, pour peu que la controverse se prolonge, et s'étende aux régions de l'inconnu. » La discussion qui vient de s'élever dans l'Académie sur l'important sujet des réfractions atmosphériques, me paraît s'être assez généralisée pour que la question puisse êt»e maintenant traitée avec utilité devant elle, dans toutes ses parties. D'excellentes vues ont été émises, sur les procédés physiques qu'il faudrait mettre en œuvre, pour perfectionner les observations de ces phénomènes, par une meilleure appréciation des éléments météorologiques qui y concourent, lesquels ont été jusqu'ici abandonnés à des évaluations imparfaites qui ne sont plus en rapport avec les progrès que la science expé- rimentale a faits de notre temps; état de choses d'autant plus dommageable ( 5i9) à l'astronomie de précision, qu'il apporte journellement dans ses résultats, des erreurs inconnues, que l'on ne pourra jamais corriger ultérieurement. Sur ce point, des améliorations essentielles ont été proposées; d'autres, je crois, non moins désirables, qui n'ont été qu'indiquées, pourraient être utile- ment associées à celles-là. Entrant, autant que je le peux encore, dans ces vœux d'un progrès trop longtemps différé, je demande à l'Académie la permission de lui soumettre, sur l'ensemble'et les détails de ce grand pro- blème d'astronomie physique, les idées de perfectionnement qui m'ont été suggérées, par une longue étude des théories qui s'y appliquent, et par une longue expérience personnelle de ses plus minutieuses particularités. Mais, pour que la combinaison de ces idées avec celles qui ont été déjà présen- tées ici, puisse être fructueusement effectuée, j'ai besoin de définir, par des spécifications précises, les différents ordres de phénomènes auxquels je conçois qu'on devra diversement les appliquer ; et ceci exige que j'établisse préalablement la proposition suivante : » Remonter de la réfraction opérée entre des signaux terrestres, à la réfraction astronomique, par des résultats transportés de la première à la seconde, c'est un mode de déduction, qui, bien que théoriquement admis- sible, aupointde vue mathématique, conduirait à des conséquences vicieuses dans l'application. » Cette proposition sera l'objet d'une Note, que j'aurai l'honneur de lire à l'Académie dans la séance prochaine. » ASTRONOMIE — Remarques de M. Faye à l'occasion de la Note précédente. « Puisque M. Biot annonce qu'il va reprendre ses recherches sur les réfractions atmosphériques, je crois devoir signaler de nouveau à son attention, malgré la dernière phrase de la Note dont nous venons d'en- tendre la lecture, le fait fondamental que j'ai pris moi-même pour point de départ. Ce fait consiste en ce que les variations périodiques des réfractions ne sont pas toutes accusées par le thermomètre et encore moins par le baromètre placés dans la couche où se trouve l'observateur. » Voilà ce qu'on ne saurait contester. Or ce fait a toujours été méconnu ou négligé par les auteurs des théories et des Tables de réfraction. Prenons, par exemple, la théorie de Bessel : M. Sawitsch vient de montrer {Astron. Journal de M. Gould, n° 74) que la loi hypothétique à laquelle le grand astronome allemand s'est arrêté, donne pour la réfraction terrestre l'exprès- 69.. sion suivante, où j'introduis seulement les notations dont je me suis servi : 0,092. p b P fi _l_ r l'ïei'n,, #.f.tanfrC^ r>^ „ W -^ r, dont on fait usage en géodésie pour calculer les réfractions terrestres : or cette formule, suffisam- ment approchée pour le calcul des petites corrections qu'on applique aux dis- tances zénithales des objets terrestres, n'est pas mathématiquement rigou- reuse : son expression différentielle dp ne peut donc être combinée pour servir de base à une théorie, avec luie autre valeur de d() donnée par la considération de l'angle de contingence sur la trajectoire lumineuse, et la l / r X'" relation - = ( - j entre les indices de réfractions de deux couches atmo- sphériques et les rayons de ces couches, obtenue par cette comparaison, ne me paraît pas acceptable. C'est cependant cette relation que M. Faye intro- duit dans l'équation différentielle de la réfraction, qui lui permet de l'inté- grer, et d'obtenir ainsi la formule qu'il propose. Je sais bien que Laplace déduit de la théorie mathématique des réfractions astronomiques une équation de la forme p = 2nv pour représenter les effets de la réfraction terrestre, mais c'est après avoir introduit dans son calcul certaines simplifi- cations fondées sur la petite élévation de l'objet par rapport à sa distance. Si l'on veut remonter de la réfraction terrestre aux réfractions astrono- miques, on ne peut le faire, suivant moi, qu'en prenant pour la réfraction terrestre son expression mathématique, si tant est qu'on puisse jamais l'ob- tenir avec une rigueur suffisante. En agissant autrement, on sera toujours conduit à des conséquences plus ou moins entachées d'erreur. » V. Quant à cette circonstance, qui paraît avoir tant frappé M. Faye, d'avoir retrouvé une équation de méiiie forme que l'équation de Bradley, « sans avoir consulté le ciel, sans avoir eu recours à une seule observation » astronomique, » elle ne prouve absolument rien de ce qu'il veut prou- ( 5^4 ) ver, et elle paraîtra toute naturelle si l'on remarque qu'il a précisément employé dans son calcul l'équation différentielle ordinaire de la réfraction astronomique, laquelle, étant intégrée, conduit nécessairement à l'équation de Bradley. On peut lire, à ce sujet, une Note fort instructive de l'édi- teur de l'ouvrage de Delambre (i), intitulé : Histoire de l'Astronomie au xvin* siècle. On y apprend que les diverses expressions trouvées pour la réfraction astronomique, par Brookïaylor, Bouguer, Simpson, Lagrange, Kramp et Laplace, peuvent toutes être ramenées facilement à la forme simple sous laquelle Bradley l'a représentée le premier. » En résumé, la formule proposée par M. Faye n'a pas, comme la for- mule de Bradley, l'avantage de pouvoir servir de formule approchée : elle ne saurait, dans aucun cas, expliquer les incertitudes des réfractions qui ont lieu à de petites hauteurs. » M. Mathieu demande la parole et s'exprime en ces termes : « M. Faye vient de parler longuement de la réfraction terrestre et de ses capricieuses variations, mais il n'a rien dit pour justifier l'emploi qu'il en fait dans sa formule de la réfraction et pour répondre aux graves objections présentées par M. Laugier. » M. Mathieu rappelle que dans la dernière séance il disait qu'il ne concevait pas qu'on l'on cherchât à remonter de la réfraction terrestre à la réfraction astronomique, comme le fait M. Faye, mais qu'il com- prenait parfaitement le passage de la réfraction astronomique à la réfrac- tion terrestre. Aujourd'hui il ajoute ; C'est précisément ce qui a été fait par l'auteur de la Mécanique céleste. Comme la réfraction terrestre n'est que la partie de la réfraction astronomique comprise entre l'observateur et le point où la trajectoire lumineuse rencontre l'objet terrestre, il in- troduit dans la formule différentielle de la réfraction, mise sous une forme convenable, des simplifications qui le conduisent à la relation p = 2 ne qui donne la somme des réfractions terrestres à l'objet et à l'observateur. Ces réfractions étant sensiblement égales, il en conclut que la réfraction ter- restre pour des objets peu élevés est à fort peu près nv. Laplace ne con- sidère donc pas son coefficient n comme l'expression complète, rigoureuse, du rapport entre la réfraction terrestre et l'angle au centre v des deux sta- tions. Eh bien, M. Faye déduit de la formule approchée p = •i.nv., une loi de décroissement des indices de réfraction ou des densités des couches (1) M. Mathieu. ( 525 ) atmosphériques. Cette loi, entachée de l'erreur qui existe dans p = ani», il la porte dans l'expression rigoureuse de la différentielle de la réfraction, et il arrive à la formule 6o",7o3 tang ^z, - -î-^ p y On a remarqué avec raison que l'analyse ne rend que les choses que l'on a nîises dans les formules : seulement elle les reproduit sous des formes nou- velles et conduit souvent à des résultats imprévus. M. Faye porte dans la formule des réfractions une loi défectueuse de constitution atmosphérique; il n'est donc pas étonnant qu'il en tire une formule qui conduit aux étranges résultats que M. Laugier a signalés tout à l'heure. » Il est permis de conclure de cette discussion que la formule de Bradley ne peut pas être employée dans le calcul des réfractions astronomiques avec le coefficient — y — ? variable seulement comme l'entend M. Faye. Les observateurs seront donc heureusement dispensés de déterminer chaque jour le coefficient n pour en déduire la correction proposée par M. Faye, et ils pourront encore se contenter des indications du baromètre et du thermomètre pour corriger les réfractions moyennes de nos Tables. » GÉOLOGIE. — JYote sur l'origine présumée des dolomies ; par M. Elie de Beaumokt. « Le dernier numéro des Comptes rendus renferme (p. 49^*) une Note de M. J. Delanoûe, relative à l'origine présumée des dolomies. Quoique cette Note soit une critique des idées émises à ce sujet par mon illustre et si regrettable ami M. Léopold de Buch et de ce que j'ai essayé moi-même d'y ajouter, il ne m'est pas permis d'y répondre en ce moment, attendu qu'elle est renvoyée à l'examen d'une Commission. Je puis d'autant moins le faire, que j'ai l'honneur de me trouver moi-même au nombre des Com- missaires désignés ; mais je ne crois pas que ma qualité de Commissaire doive m'interdire de continuer à parler de la dolomie dans mes Cours, ainsi que je le fais depuis vingt ans, et j'espère même que l'Académie voudra bien me permettre de profiter de la circonstance actuelle pour insérer dans les Comptes rendus deux points de mon enseignement habituel, que je suis bien aise de consigner par écrit. » Je n'ai besoin pour chacun d'eux que de'quelques lignes. » 1°. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie un échantil- C. R. , i854, 2n>« Semestre. ( T. XXXIX, N» 12.) 7» ( 526 ) Ion recueilli par moi en i836, près du pont de Moena, dans la vallée de Fassa. Cet échantillon est composé à moitié de mélaphire et à moitié de calcaire gris presque compacte. Il a été détaché de la surface d'un fdon de mélaphire qui traverse le calcaire, et il présente le point de contact des deux roches qui sont soudées ensemble. Je l'emploie presque annuellement dans mes Cours à l'École des Mines et au Collège de France, pour montrer que la transformation présumée du calcaire en dolomie ne doit pas être conçue comme l'effet d'un transport de molécule à molécule, dû au contact du mélaphire. M. de Buch ne concevait pas le phénomène de cette manière. Il n'a jamais employé à ce sujet le mot cémentation. Mon savant ami, qui a conservé toute sa vie une prédilection particulière poiu' ses idées sur l'ori- gine de la dolomie, n'aimait pas à les voir défigurer, et il éprouvait toujours un mouvement nerveux involontaire lorsqu'il entendait reproduire (comme cela arrivait souvent) ce mot malencontreux de cémentation qui, dans l'ac- ception (peut-être inexacte) qu'on lui donne habituellement , exprime dia- métralement le contraire de sa pensée. » 2°. J'ai l'honneur de mettre également sous les yeux de l'Académie un échantillon de calcaire magnésifère {magnesian limestone) que j'ai détaché en 1823 dans les carrières de Building-Hill, près de Sunderland, lors d'un voyage que j'ai fait en Angleterre avec M. Brochant et M. Dufrénoy. Cet échantillon, qui, depuis lors, fait partie des collections de l'Ecole des Mines, y est présenté dans les Cours de géologie chaque fois qu'on parle du magne- sian limestone. Il présente une série de petites assises très-distinctes, presque aussi minces que des feuilles de papier, et il sert à établir qu'il existe des dolomies qui ont été déposées sous la forme d'un sédiment calcaréo- magnésien à l'état pulvérulent. » Afin de suppléer, autant qu'il m'est permis de le faire, à la brièveté obligatoire des lignes que je viens de lire, je rappellerai une Note sur la forme la plus ordinaire des objections relatives à l'origine attribuée à la dolo- mie (1) que j'ai publiée autrefois et dont le contenu n'est pas sans quel- ques rapports avec le contenu de la dernière Note de M. Delanoûe. » M. Montagne présente au nom de l'auteur, M. le Prince Ch. Bonaparte, un exemplaire d'un Mémoire sur les Oiseaux grands- voiliers de la sous- famille des Lariens. (1) Annales des Sciences nàtureties, t. XVIII, p. 269 {1829). ( 5i7 ) MÉMOIRES LUS. CHIRURGIE. — De la cautérisation cutanée dans les maladies du système osseux; par M. Bouvier. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.) « Depuis longtemps j'ai été frappé de l'abus que l'on fait de la cautéri- sation révulsive dans les maladies des os, notamment dans le mal verté- bral, la tumeur blanche, la coxalgie. » Les cas de ce genre forment deux .catégories. Dans l'une, les irritations cutanées ne sont ni nécessaires ni même utiles, et le traitement interne presque seul conduit à laguérison. Dans l'autre, quelque symptôme spécial réclame l'emploi de la dérivation ou de l'excitation cutanée. Mais il n'est pas pour cela nécessaire de détruire le derme ; il suffit d'agir sur les couches superficielles de la peau, sur les tissus sus-dermiques . 1) D'une part, la simple douleur de l'électrisation cutanée, la rubéfaction par les liniments irritants ou les sinapismes, les vésicatoires, les ventouses sèches prolongées, la pustulation du tartre stibié, de l'huile de croton, les applications de créosote, d'ammoniaque, etc., peuvent dispenser, plus sou- vent qu'on ne le croit, d'avoir recours à la cautérisation. En second lieu, quand l'insuffisance de ces moyens indique l'emploi de la cautérisation, on peut substituer à celle que l'on met communément en usage la simple ustion de l'épiderme et du corps muqueux de la peau, comme l'a très- bien indiqué M. Sédillot. » Je me sers de deux procédés pour produire cette cautérisation épider- mique. L'un n'est autre que l'allumette de M. Goudret, dont la flamme est rapidement appliquée ou promenée sur différents points de la peau, où elle produit autant de petits moxas épidermiques . L'autre est l'application également instantanée, mais répétée dans plusieurs points, d'un disque métallique monté sur une tige ou un manche, comme un cachet ordinaire, et chauffé à la flamme d'une lampe à alcool. Le stylet de M. Sédillot ou la sonde de femme des trousses peuvent évidemment servir au même usage. L'essentiel, quelque instrument que l'on emploie, est de ne pas trop le chauffer et de ne pas prolonger le contact au point de désorganiser le derme. » L'intégrité du derme, tel est, en effet, le caractère de cette méthode ; c'est ce qui la distingue des cautérisations transcurrentes, ponctuées, qui se pra- tiquent avec le fer rouge, quelque réduites que soient ses dimensions. De là 70.. ( ^aS ) dérive la propriété qui lui est particulière, de ne déterminer aucune solu- tion de continuité, aucune inflammation suppuratique. » J'ai réussi, par cette seuleustion épidermique, à calmer la douleur symp- tomatique de lésions osseuses, à guérir la paralysie liée au mal vertébral, à procurer la résorption d'abcès ossifluents, aussi bien que par les procédés ordinaires de cautérisation. » D'après les faits que j'ai observés, cette méthode peut remplacer, dans tous les cas d'affection osseuse, non-seulement le fer rouge, mais encore les cautères calci-potassiques, les moxas, les traînées d'acides concentrés, que l'on prodigue dans le traitement de ces maladies, et qui produisent des plaies larges, profondes, de véritables ulcères, le plus souvent inutiles au but qu'on se propose. » J'ai été heureux de voir un chirurgien éminent comme M. le professeur Sédillot provoquer à cet égard une réforme que, de mon côté, j'appelais de tous mes vœux. » OPTIQUE. — Mémoire sur l'aberration de sphéricité et sur de nouvelles méthodes à employer pour la détruire dans les appareils composés d'un nombre quelconque de surfaces sphériques réfringentes ou réfléchissantes disposées consécutivement sur un même axe central; par M. Breton (de Champ). (Commissaires, MM. Babinet, Chasles.) « Je considère, dans ce Mémoire, des points rayonnants situés sur une surface de révolution ayant pour axe celui de l'appareil. Parmi les rayons qui, émanés d'un même point, tombent sur la première surface, il en est un qui peut être considéré comme central dans les faisceaux efficaces auxquels est due la formation des images : c'est celui qui passe par le centre de coiu- bure de la première surface. Cette propriété résulte de ce que le rayon de courbure au point de rebroussement d'une caustique quelconque formée par les intersections de rayons partis d'un point de l'axe est toujours nul, ce qui rend très-grand l'angle de contingence en ce point de la caustique. « Ce rayon central ou focal touche en deux points généralement différents les surfaces caustiques formées par les intersections succes- sives des rayons qui l'accompagnent. Ces points ont pour lieu géomé- trique deux surfaces de révolution autour de l'axe de l'appareil, qui se touchent sur cet axe et s'écartent plus ou moins rapidement l'une de l'autre à mesure qu'on s'éloigne de ce point central. C'est la séparation de ces deux ( 5a9 ) surfaces qui produit la confusion des images. En faisant en sorte que ces deux surfaces aient la même courbure au point où elles se touchent, on assurera leur coïncidence dans une certaine étendue autour du point de contact, et on peut espérer, par conséquent, que les appareils dans lesquels cette condition sera remplie se distingueront sous le rapport de la netteté des images produites. Tel est le problème que je me suis proposé de résoudre. On voit que les considérations qui m'ont guidé ne sont pas les mêmes qui ont guidé jusqu'à présent les géomètres dans les recherches de ce genre. » MÉMOroES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE. — Note sur la densité possible du milieu lumineux et sur la puissance mécanique d'un mille cube de lumière solaire; par M. W. Thomson. (Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Regnault.) « L'existence d'un milieu formant, à travers l'espace, une communica- tion matérielle continue jusqu'aux corps visibles les plus éloignés sert d'hypothèse fondamentale à la théorie des ondulations. Que ce milieu soit (ce qui me semble le plus probable) ou ne soit pas une continuation de notre propre atmosphère, le fait de son existence ne peut être mis en doute quand on songe à la puissance des arguments qui assurent aujourd'hui l'évidence de la théorie ondulatoire, et la recherche de ses propriétés de toute nature devient une étude intéressante au plus haut point. La première question qui se présente naturellement à l'esprit est celle-ci : Quelle est la densité absolue de l'éther lumineux dans une partie quelconque de l'es- pace? Je ne sache pas qu'on ait fait jusqu'ici aucune tentative pour résoudre ce problème, et, en fait, la science à son état actuel ne fournit point pour cela de données suffisantes. J'ai eu l'idée, néanmoins, qu'on pourrait déter- miner une limite inférieure à la densité du milieu lumineux qui rempHt les espaces interplanétaires, par la considération de la puissance mécanique d'un rayon solaire, telle que je l'ai déduite dans des communications anté- rieures présentées à la Société royale d'Edimbourg (i), des résultats obtenus par M. Pouillet sur la radiation solaire, et des travaux de Joule sur l'équi- valent mécanique de l'unité de chaleur. Ainsi la puissance vive de la radia- (i) Proceedings R. S. E., janvier iSSa, ou Philosophical Magazine, octobre i852 : « Sur l'actioD mécanique des rayons de chaleur ou de lumière » . ( 53o ) tion solaire par seconde et par pied carré à la distance de la Terre au Soleil estimée par M. Pouillet à 0,06 d'une unité thermale centigrade, équivalente à 83 pieds-livres (1), est la même que la puissance mécanique d'un rayon solaire qui, dans le milieu lumineux, se propagerait dans un nombre de pieds cubes égal au nombre de pieds linéaires parcourus par la lumière en une seconde. Il suit de là que l'expression de l'énergie totale actuelle et potentielle (2) nécessaire à entretenir le mouvement lumineux dans l'espace d'un pied cube à la distance de la Terre au Soleil, est égale à v^ 5 S ^^ ^^^ — T cl'un pied-livre. La puissance mécanique d'un mille cube de lumière solaire est donc égale à 12 o5o pieds-livres, ce qui équiviaut, comme travail, à un cheval par tiers de minute. Ce résultat peut donner l'idée de la valeur actuelle de l'énergie mécanique des mouvements lumineux et de leur force dans l'intérieur de notre atmosphère. Pour com- mencer simplement à illuminer trois milles cubes, il faut développer un travail égal à celui d'un cheval ; le même travail se renouvelle sans cesse, aussi longtemps que la lumière traverse cet espace, et se perd par émission jusqu'à ce que l'illumination ait complètement cessé, si la source lumineuse cesse subitement d'agir (3). La matière qui possède cette énergie est le fluide lumineux. Si donc nous connaissions les vitesses du mouvement vi- bratoire, nous pourrions déterminer la densité de ce milieu, ou récipro- quement, si nous connaissions cette densité, nous pourrions déterminer la vitesse moyenne des parties en mouvement. Nous n'avons sur ce point au- cune notion précise, mais nous pouvons assigner à cette vitesse une limite supérieure et en déduire une limite inférieure de la quantité de matière par la considération de la nature même du mouvement qui constitue l'onde lu- mineuse. Il paraît en effet certain que les amplitudes des vibrations qui constituent les rayons de lumière ou de chaleur ne sont que des fractions (i) Ce chiffre est obtenu en multipliant 0,06 par iSgo, nombre de pieds- livres qui, d'a- près M. Joule, répond à l'unité thermale centigrade. L'expression pied-livre répond à notre expression kilogrammètre. (2) Ces excellentes expressions ont été introduites par M. Raukine : l'énergie potentielle est l'espèce d'énergie que possèdent des poids élevés à une certaine hauteur ou une certaine masse de poudre à canon ; l'énergie actuelle signifie une énergie de mouvement , celle d'un corps grave venant frapper le sol , par exemple, ou d'un boulet qui sort de la bouche du canon. (3) On trouve de même que i5ooo chevaux par minute sont nécessaires pour produire Vénergie qui se développe dans un mille cube de lumière dans le voisinage du Soleil. ( 53i ) très-faibles des longueurs d'onde, et que les vitesses maximum des parties en état de vibration sont très-petites relativement à la vitesse de propagation des ondes. >i Considérons, par exemple, un rayon de lumière polarisée dans un plan ; soient v la vitesse maximum du mouvement vibratoire ; A l'écarte- ment maximum des deux côtés de la position d'équilibre, et X la longueur de l'onde. Alors, si V représente la vitesse de propagation de la lumière ou de la chaleur, nous avons V A et, par conséquent, si A est une petite fraction de X , f est la même fraction de V (multipliée seulement par a n). La même relation s'applique à la lu- mière polarisée circulairement, puisque, pendant que la particule décrit un cercle de rayon A, l'onde se propage à une distance égale à X. La puissance mécanique totale de la lumière homogène plane polarisée dans un espace infiniment petit contenant des particules qui soient toutes sensiblement à la même période du mouvement vibratoire, est formée uniquement d'énergie potentielle aux instants où les particules, arrivées aux extrémités de leur excursion, ont perdu toute leur vitesse; d'énergie en partie potentielle, en partie actuelle quand elles sont en mouvement pour quitter ou pour regagner la position d'équilibre ; d'énergie uniquement actuelle quand elles j>assent par ces positions : cette quantité est d'ailleurs constante et est par consé- quent égale à chaque instant au produit de la moitié de la masse par le carré de la vitesse que possèdent les particides dans le dernier de ces trois cas. Mais la vitesse d'une particule au moment où elle passe par la position d'équilibre, est précisément cette vitesse maximum de vibration que nous avons désignée par i' ; et par conséquent, si p représente la quantité de matière à l'état de vibration dans un espace donné, dans l'unité de volume par exemple, la valeur mécanique totale de l'énergie, tant actuelle que poten- tielle, qui produit le mouvement dans cet espace à un moment donné, est-ûf". • » L'énergie mécanique de la lumière polarisée se compose d'ailleurs à chaque instant (ainsi que M. le professeur Stokes me l'a fait voir), pour une moitié, de l'énergie actuelle de la particule qui exécute la rotation, et, pour une autre moitié, de l'énergie potentielle de la distorsion qui se produit dans le milieu lumineux; et par conséquent, v étant la vitesse constante de chaque particule en mouvement, le double de l'expression précédente ( 532 ) donnera la valeur de la puissance mécanique qui répond en ce cas à l'unité de volume dans le mouvement total. Il est clair, d'après cela, que si la lu- mière est polarisée elliptiquement, la puissance mécanique relative à l'unité de volume doit être comprise entre - p t''' et pv"^ si v représente la vitesse maximum des particules en mouvement. Si le mouvement est dû à un cer- tain nombre de séries d'ondes coexistantes à périodes différentes, et pola- risées dans le même plan, la puissance mécanique totale sera égale à la somme des puissances mécaniques relatives à chaque série homogène par- ticulière, et la vitesse maximum que puisse atteindre une particule vibrante est la somme de différentes vitesses dues à chacune d'elles. La même re- marque s'applique encore à des séries coexistantes d'ondes polarisées circu- lairement et dont les périodes sont inégales. Il suit de là que la puissance mécanique est certainement moindre que la moitié de la masse multipliée par le carré de la vitesse maximum que puisse atteindre une particule en vertu de la superposition de plusieurs séries d'ondes planes polarisées; et nous pouvons conclure de là que, pour toute espèce de rayons de lumière et de chaleur, sauf le cas d'une série d'ondes homogènes polarisées circu- lairement, la puissance mécanique du mouvement en un point donné est moindre que le produit de la masse par le carré de la vitesse maximum que peut atteindre une particule vibrante dans les diverses phases de son dé- placement. De combien est-elle inférieure à ce produit ? La radiation de la lumière solaire et de la chaleur est trop complexe pour nous permettre de le dire, parce que nous ne pouvons savoir quel degré la vitesse d'une parti- cule peut atteindre, en vertu de la superposition des divers mouvements qui peuvent se combiner, et peut-être même cette vitesse peut-elle s'élever assez pour devenir comparable à la vitesse de propagation ; mais nous pou- vons tenir pour certain que le produit de la masse par le carré de la vitesse maximum ordinaire ou de la moyenne d'une série nombreuse de vitesses maximum des particules en mouvement, ne peut pas dépasser d'une ma- nière notable la vraie valeur de la puissance mécanique du mouvement. » Revenant néanmoins à l'expressidh que nous avons indiquée pour cette puissance mécanique, dans le cas de la lumière homogène polarisée circulairement, seul cas où les vitesses de toutes les particules soient constantes et égales, nous pouvons définir ainsi la vitesse mojenne de vibration : elle est telle, que le produit de son carré, par la masse des particules vibrantes, est égal à la puissance mécanique, actuelle et potentielle j du mouvement qui se produit dans la masse en vibration; et il ■i'^ ( 533 ) résulte d'une manière certaine de tout ce que nous savons de la théorie mécanique des ondulations, que cette vitesse moyenne doit être une très- faible fraction de la vitesse de propagation pour les rayons les plus intenses de chaleur et de lumière propagés suivant les lois connues. J'appelle v cette vitesse, dans le cas de la lumière solaire, à la distance de la Terre au Soleil, W la masse en livres d'un certain volume d'éther lumineux ; l'ex- pression de la puissance mécanique du mouvement sera donc, pour cet espace, W g g étant le nombre 82,2 relatif à la gravité. Nous avons d'ailleurs déduit plus haut de l'expérience la valeur — pour la puissance mécanique (en pieds- livres) d'un pied cube de lumière solaire; la masse W (en livres) d'un pied cube d'éther sera donc donnée par l'équation 32,3x83 » Si nous posons v = - V, il vient 32,2X83 32,2X83 „ n' W = — —TT, X rt* = , — - o -, X n" — V= ""(192000x5280)^ ~ 3899x10" La masse en livres d'un mille cube est donc 32 , 2 X 83 » n' X «=* — (192000)' 2649 X •**' Il est absolument impossible de fixer une limite bien définie du rapport de c à V ; mais il paraît peu probable que ce rapport puisse dépasser, par exemple, g^» pour aucune espèce de lumière qui ait suivi les lois jusqu'ici observées. Nous pouvons donc conclure que, probablement, un pied cube du médium lumineux dans la partie de l'espace que parcourt la Terre, ne contient pas moins de ,550 1. ^^- livre de matière, et un mille cube pas moins de — ^ • livre. lODO X 10' » Si la vitesse de vibration moyenne de la lumière dans l'intérieur d'une sphère concentrique au Soleil et arrivant jusqu'à la Terre, était égale à la vi- tesse qui entraîne cette planète (supposition pour laquelle on peut demander C. R., 1854 , a>"e Semestre. (T. XXXIX, N« 12.) 7I ( 534 ) toute tolérance, puisque cette vitesse est égale à j^yô ^® celle de la vitesse de propagation de la lumière) toute la masse du médium lumineux contenu dans cet espace serait égale à 37^007 ^^ 1* masse terrestre, puisque la puissance mécanique de la lumière dans l'intérieur de cette sphère, puis- sance telle, que la radiation se fait du Soleil à la Terre en huit minutes, est environ égale à rïhrô ^® ^^ force vive de la Terre en mouvement. La vitesse moyenne de vibration est peut-être beaucoup plus considérable que celle que nous avons admise dans ce dernier cas ; la masse du médium peut donc être beaucoup moindre, mais certainement elle n'est pas incomparablement moindre, pas 100 000 fois moindre par exemple. D'un autre côté, il est bon de remarquer que l'estimation précédente fait voir que ce que nous savons de la puissance mécanique de la lumière, rend absolument improbable toute opinion qui accorderait au médium lumineux remplissant les espaces inter- planétaires (ou les espaces qui entourent le Soleil et dont les dimensions linéaires sont comparables avec celles des orbites planétaires) une valeur qui ne fût pas très-faible relativement à la masse même des planètes. » Il est aussi digne de remarque que le médium lumineux est incompa- rablement plus dense que ne serait notre atmosphère prolongée dans les espaces interplanétaires suivant la loi de Boyle, la Terre demeurant en repos dans un espace soumis à une température constante, avec une atmosphère dont la densité à la surface fût égale à celle qu'on y observe actuellement. Ainsi, la masse d'air répondant à un pied cube à une distance très-grande (c'est-à-dire à une distance de la Terre égale à plusieurs centaines de fois son rayon) serait dans cette hypothèse égale à y-^ —, tandis que l'estima- I '"■ tion précédente nous donnerait en réalité -^. -: pour la masse de ma- I .i5bo X 10" ' tière contenue dans un pied cube de l'espace traversé par la Terre. » Ou encore : nous avons vu qu'une sphère qui contiendrait l'orbite terrestre, ne peut pas contenir une masse d'éther lumineux inférieure à celle de 5 X 10'" pieds cubes d'air à la surface de la Terre (cette masse d'air est égale aux x ^r de la masse terrestre). Cependant, d'après la loi '^ 100000 joooo ^ ' de Boyle, un pied cube d'air, ramené à la pression qui existerait à 5ooo milles de la Terre, la température étant imiforme, et le mouvement de la Terre étant supposé n'exercer aucune influence, occuperait un espace sphé- rique égal à 3oo millions millions millions millions millions millions mil- lions fois une sphère dont le rayon serait égal au diamètre de l'orbite de Neptune. » ( 535 ) CHIMIE. — P réparation de l'aluminium; par M. H. Sainte-Claire Devillë. (Commission précédemment nommée.) « La Note que j'ai eu l'honneur de lire devant l'Académie des Sciences, dans sa séance du i4 août, est le résultat d'un travail commencé cet hiver et terminé depuis quelques mois. I.e désir de montrer, à l'appui de mes assertions, des échantillons intéressants par leur volume a seul retardé la publication de mes procédés. Déjà au mois de mars dernier j'annonçais à l'Académie que j'étais arrivé à produire l'aluminium sans le secours des ré- ducteurs alcalins, et j'ai fait voir une lame de ce métal ainsi obtenu. A cette époque, MM. Thenard, Boussingault, Pelouze, Peligot, plus tard MM. de la Rive, Regnault et d'autres personnes bien connues dans la science, me faisaient l'honneur d'assister dans mon laboratoire à des expériences dont, j'espère, ils n'ont pas perdu le souvenir. J'ai eu l'avantage, au printemps dernier, de mettre sous les yeux de M. Liebig une petite masse métallique de 5 à 6 grammes réduite par la pile, procédé dont je ne faisais mystère à personne. Dans le courant de cet été, M. Dumas, dans un discours qui a été imprimé, annonçait à la Société d'Encouragement que j'étais pai'venu à obtenir l'aluminium par la pile. Enfin, M. Balard à la Sorbonne, M. Fremy à l'École Polytechnique, ont répété devant le public mes expériences et les ont publiées dans tous leurs détails. » L'Académie voudra bien me pardonner ces explications que je lui dois à cause d'une circonstance que je ne connaissais pas à l'époque de ma lecture et que j'apprends loin de Paris. Quelques jours avant la séance du i4 août, M. Bunsen publiait, dans les annales de Poggendorff, un procédé à peu près semblable à l'un des miens. Ce procédé en diffère même si peu, que bien des personnes, ignorant et les faits qui précèdent et l'impossibilité dans laquelle je me trouvais alors de connaître le Mémoire de M. Bunsen, pour- raient m'accuser de n'en avoir pas fait mention. » Pour moi, je ne puis qu'être très-heureux d'avoir pu résoudre le problème que je m'étais proposé par les moyens qu'a adoptés un homme aussi haut placé que M. Bunsen dans l'estime de tous les hommes de science. » 7'- ( 536 ) PHYSIQUE. — Résultats de plusieurs expériences faites pendant la dernière quinzaine du mois d'août sur les lignes télégraphiques aboutissant à Toulouse; par MM. Burnouf et Guillemin. (Renvoi à l'examen de la double Commission nommée pour la précédente communication des mêmes auteurs et pour celle de MM. Gounelle et Fizeau.) « L'expérience principale a été répétée sur les lignes de Toulouse à Bordeaux et de Toulouse à Carcassonne : la longueur des deux fils réunis est, pour la première, de 566 kilomètres ; pour la deuxième, de 2o4 kilo- mètres (pour Foix, 164 kilomètres). La perte sur la ligne de Bordeaux était assez grande, mais uniforme; elle était faible sur- la ligne de Carcassonne. Cependant la vitesse constatée a été à peu près la même, environ 1 80 kilo- mètres par seconde. » Nous avons observé que l'aiguille se rapprochait beaucoup du zéro pour la ligne de Carcassonne, et que l'induction était faible; mais ici les fils ne sont très-rapprochés que dans une rue, sur ime longueur de 3oo à 4oo mètres, et s'écartent au sortir de la ville; sur la ligne de Foix, au con- traire, les deux fils sortent de la ville par de longs faubourgs et sont très- rapprochés sur une longueur de 3 à 4 kilomètres. » Dans l'expérience de l'induction, nous avons supprimé les communi- cations avec la terre et nous les avons remplacées par le fil de Carcassonne, dont l'isolement a été bien constaté; le fil de Foix a été induit comme dans la première expérience; la déviation a été de i4 degrés avec une pile de vingt-cinq éléments (Bunsen). » Nous avons fait avec la ligne de Foix une expérience qui paraît indi- quer que deux courants allant en sens contraire dans le même fil se meu- vent avec la même vitesse que s'ils étaient seuls. Les deux fils étant réunis à Foix, deux piles de huit éléments et de même force ont été mises par leurs pôles de même nom en communication avec les deux extrémités du fil , les deux autres pôles plongeant séparément dans la terre; le galvanomètre a été placé à l'une des extrémités du fil entre l'une des piles et l'appareil. Eu contact permanent, les deux courants s'annulaient; mais pendant la rotation, l'aiguille était déviée, et la déviation augmentait jusqu'à vingt et un tours par seconde; ensuite elle diminuait pour des vitesses de rotation plus grandes; quand on. supprimait totalement la décharge, l'aiguille restait sensiblement au zéro. » On peut donner une explication très-simple de l'existence de ce ( 537) maximum à une vitesse de rotation de vingt et un tours par seconde : l'un des courants agit sur l'aiguille au sortir de la pile, l'autre après avoir parcouru le fil ; or, à mesure qu'on réduit la durée des courants, l'action de ce dernier courant neutralise l'autre de moins en moins, et cette action cesse d'exister quand la durée du contact ne suffit plus au parcours entier du fil. » Dans la dernière séance de l'Académie, M. Gounelle a produit une réclamation de priorité en expliquant comment notre expérience n'est qu'une modification de celle qu'il a faite avec M. Fizeau en i85o. Avant d'entreprendre nos recherches, nous avons lu avec attention la Note très- brève insérée dans le Compte rendu de la séance du i5 avril i85o: leur expérience nous a paru complètement différente de la nôtre. w En effet, MM. Fizeau et Gounelle emploient un galvanomètre diffé- rentiel qui est traversé par des courants de sens contraire pour des vitesses de rotation quelconques, et l'aiguille est déviée tantôt dans un éens, tantôt dans l'autre. » Dans notre expérience, un galvanomètre différentiel garderait constam- ment le zéro. Nous employons un galvanomètre à un seul fil, les courants marchent toujours dans la même direction, la déviation de l'aiguille ne change jamais de sens, et, au moment où nous mesurons la vitesse du courant, l'électricité cesse d'arriver au galvanomètre. » Dans l'expérience de MM. Fizeau et Gounelle, la décharge du fil télé- graphique passe constamment par le galvanomètre; dans la nôtre, au contraire, un des points les plus essentiels consiste à ramener le fil à l'état naturel après chaque contact avec la pile, et, comme nous l'avons dit, toutes les fois que la décharge traverse le galvanomètre, l'aiguille garde une position constante et invariable. » MM. Fizeau et Gounelle devraient expliquer comment des courants qui traversent en sens opposé les deux fils d'un galvanomètre différentiel peuvent mesurer la vitesse de l'électricité. Quant à nous, notre idée fonda- mentale est, nous le pensons, suffisamment exposée dans la première partie de notre communication. Nous le répétons, quand la décharge est complète et l'induction nulle, nous n'avons pas deux périodes: l'aiguille divisée pour de faibles vitesses de rotation cesse de l'être pour la vitesse qui mesure la durée de la transmission du courant, et garde le zéro quand la rotation devient plus rapide. » Notre expérience diffère, comme on le voit, totalement par l'idée fondamentale de celle de MM. Fizeau et Gounelle, et la différence entre les résultats obtenus est également très-grande. Quoique l'emploi d'un ( 538 ) interrupteur d'un fil et d'un galvanomètre semble au premier abord établir quelque analogie entre les deux expériences, M. Gounelle ne prétend certai- nement pas réclamer la priorité pour toutes les expériences dans lesquelles interviennent ces instruments, dont aucun n'est de son invention. » Nous aurons l'honneur de soumettre prochainement au jugement de l'Académie un Mémoire contenant tous les détails des expériences et les dessins des appareils. » PHYSIOLOGIE. — Expérience pour déterminer l'action des fluorures sur l'économie animale; par M. E. Maumené. (Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Regnault.) « Malgré tous les efforts tentés jusqu'ici pour déterminer la véritable origine du goitre, on peut le dire, aucun résultat instructif n'est obtenu. L'expérience n'a rien expliqué, la théorie pas davantage. Cette dernière est représentée par deux systèmes différents : l'un attribue le goitre à l'action spéciale et non définie d'une substance unique, tantôt nuisible, comme la magnésie, tantôt absente et n'exerçant plus son influence préservatrice, comme l'iode. L'autre système fait dépendre cette affection d'un ensemble de causes plus ou moins nombreuses et surtout plus ou moins locales. » Dans l'état actuel on ne peut prononcer; cependant il faut peut être accorder la préférence au premier système, lorsqu'on voit le goitre se dé- velopper si rapidement par l'action de certaines eaux. On sait que des jeunes gens se donnent le goitre en deux ou trois mois pour échapper à la conscription ; ou a vu plusieurs familles successivement atteintes du goitre aussitôt qu'elles venaient occuper des habitations placées sur certains cours d'eau; les animaux eux-mêmes devenaient promptement goitreux dans ces conditions. Si ces faits sont bien constatés, ils me paraissent d'une grande valeur contre la théorie des influences multiples, et ils donnent aussi le plus fort argument contre la théorie de l'iode; mais ils conduisent en outre à regarder le goitre comme un effet direct de l'action des substances tenues en dissolution dans l'feau. » Pour résoudre cette question, la meilleure marche à suivre est, je crois, d'essayer sur les animaux l'influence des sels dont la présence a été constatée dans quelques eaux, et dont on est loin de connaître toute l'ac- tion hygiénique. » Au premier rang des matières suspectes on doit placer les fluorures : l'analyse n'a pas indiqué ces corps dans les eaux des pays à goitre; mais ce ( 539 ) n'est pas faire injure aux chimistes qui ont examiné ces eaux que de sup- poser l'omission du fluor dans leurs recherches. Il n'est pas impossible ainsi d'attribuer aux fluorures une part d'action, au moins dans l'hygiène des goitreux. En tout cas, leur étude peut être utile au point de vue loxico- logique. Voici le résultat donné par l'expérience : » Une petite chienne a été soumise au régime suivant : Tous les jours je saupoudrais sa pâtée de fluorure de calcium naturel bien pulvérisé : 5 mil- ligrammes d'abord, puis lo, i5, jusqu'à 5o. Les premiers jours, l'animal vomit une ou deux minutes après l'ingestion ; im peu plus tard, il ne vomit que par intervalles et longtemps après avoir mangé. Craignant l'influence mécanique des bords aigus du fluorure solide, je préparai du fluorure de sodium en une dissolution titrée dont j'employais chaque jour une ou plu- sieurs pipettes. Je commençai par ao milligrammes, et j'élevai la dose peu à peu jusqu'à 120 milligrammes. L'animal montrait un peu d'hésitation lors des premières épreuves^ parce que le liquide mêlé aux aliments ne se trou- vait pas suffisamment déguisé; mais, au bout de quelques jours, je versai le fluorure dans du café au lait : depuis ce moment, le sel fut absorbé sans la moindre difficulté et avec la même avidité que si le café eût été parfaite- ment pur. Pendant plus de quatre mois la chienne avala près de 10 grammes de fluorure de sodium ; elle parut n'éprouver aucune gêne, aucun abatte- ment, elle sembla même s'en porter mieux. Dans les derniers jours, on vit distinctement apparaître im gonflement général du cou, une sorte de collier ou bourrelet qui était assez marqué pour attirer l'attention des personnes étrangères. » L'expérience fut interrompue, bien à regret, par la disparition de la chienne dont je fus plusieurs mois sans nouvelles. Le gonflement n'a pas disparu : dans ce moment même, au bout de trois ans, il existe sans doute encore, mais la chienne est devenue massive et la saillie du cou n'est plus distincte. » Ce gonflement est-il un goitre? Je suis porté à le croire, tout en indi- quant ces faits avec réserve. Il ne m'a pas été possible de donner suite à cette première épreuve, et je crois devoir la publier sans plus attendre. » M,Macmené adresse en outre ime Note qui se rattache à ses recherches sur les eaux de la ville et de l'arrondissement de Reims. Dans ce travail, auquel l'Académie accorda en i85i le prix de Statistique, l'auteur avait traité quelques questions que MM. Boutron et Boudet ont aussi abordées dans un Mémoire lu récemment à l'Académie de- ( 54o ) Médecine (action de l'eau sur le savon, théorie des bicarbonates, etc.). La discussion de ce travail forme l'objet de la nouvelle Note de M. Mau- mené, étant à certains égards une réfutation des opinions soutenues* par les deux chimistes que nous venons de nommer, et à certains égards une réclamation de priorité. L'Académie, n'ayant point été appelée à se prononcer sur le travail de MM. Boutron et Boudet, doit se borner à mentionner la réclamation de M. Maumené. ÉCONOMIE RURALE. — Sur la maladie de la vigne et son traitement. (Extrait d'une Note de M. Robovam. ) (Commission des maladies des plantes usuelles.) « Cette année, chez moi, le fléau a paru seulement le i8 juillet, et pen- dant près d'un mois il n'a envahi que quelques ceps ; mais, à partir du i6 août jusqu'à ce jour, par le temps chaud et sec qui a régné constamment, ses progrès ont été incessants et des plus violents.... J'ai opposé au fléau divers moyens : le soufrage, le brossage, l'eau de chaux chaude, etc. Tous ces moyens ont donné de bons résultats quand ils ont été convena- blement employés et en temps opportun; mais, excepté l'eau de chaux chaude, il a fallu y revenir plusieurs fois. Pour la culture en grand, c'est là un inconvénient capital, parce qu'il augmente considérablement les frais. » Le couchage des sarments fructifères sur la terre ne coûtant rien, et pouvant être, dans l'immense majorité des cas, facilement employé, a été le sujet principal de mes expériences. Cette année, comme les années pré- cédentes, je l'ai pratiqué sur une assez vaste échelle pour porter un juge- ment fondé et positif sur son efficacité. Le simple couchage des sarments sur la terre a toujours suffi pour préserver quand il a été pratiqué à temps ; plus le raisin a été près du sol, plus l'effet a été certain. Dans les cas les plus graves, aidé de l'engazonnement ou simplement d'un peu de terre répandue sur les sarments, il a ramené à la santé des grappes que tous les autres moyens n'avaient pu guérir. On trouve des branches qui sont saines dans tout l'espace où elles rampent sur la terre, et malades au point où elles la quittent; on voit de même des grappes dont une partie plongeant dans l'herbe fait le contraste le plus grand par sa fraîcheur avec la partie qui se trouve librement à l'air, etc. » ( 54i ) M. AvEiMER DE Lagrée adrcssc un nouveau Supplément à ses précédentes communications. (Renvoi à la Commission nommée.) M. Lance envoie d'Adreschs (Var) le modèle et la description d'un appa- reil dont il propose de munir les ouvriers qui ont à exécuter des travaux sous l'eau. M. Séguier est invité à prendre connaissance de cette Note, et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. G. Jarman, dans une Lettre datée de Bolton-Saint-Bury (Angleterre), annonce être en possession d'un moyen de traitement très-efficace contre le choléra. Il offre de venir en France faire l'essai de son remède, dont il pense que le Gouvernement serait disposé à acheter le secret, si l'expérience en avait constaté la bonté. Tant que l'auteur n'aura pas fait connaître son remède, l'Académie ne pourra s'en occuper. CORRESPONDANCE. M. LE Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. Chasse- riau, luie Notice biographique sur /]/. Beautemps-Beaupré. M. le Secrétaire perpétuel transmettra à M. Chasseriau les remercîments de l'Académie pour cet hommage rendu à un savant dont elle vénère la mémoire. CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur de nouveaux radicaux organiques renfermant de l'arsenic ; par MM. A. Cauours et A. Riche. « En terminant la Note relative au stanméthyle que nous avons eu l'hon- neur de soumettre à l'Académie dans la séance du 6 juin i853, nous avons annoncé qu'en faisant agir de l'arsenic libre sur les iodures de mélhyle et d'éthyle, il se formait des combinaisons renfermant du carbone, de l'hy- drogène, de l'arsenic et de l'iode, et qu'en remplaçant l'arsenic libre par l'arséniure de potassium, il se produisait une forte élévation de tempéra- ture, en même temps qu'il passait à la distillation des corps d'une odeur arsenicale nauséabonde. M. Landolt ayant récemment publié des recherches relatives à l'action de l'iodure d'éthyle sur l'arséniure de sodium, nous ne reviendrons pas sur ce sujet, les résultats que nous avons obtenus étant C. R., i854, a'" Semestre. (T. XXXIX, N» 11.) 72 (542) entièrement d'accord avec ceux de ce chimiste : nous ne nous occuperons "dans cette Note que de l'étude des composés qui résultent de l'action réci- proque de l'iodure de méthyle et de l'arséniure de sodium. » Lorsqu'on laisse tomber de l'iodure de méthyle par petites portions dans un petit ballon rempli d'acide carbonique et dans le fond duquel on a introduit de l'arséniure de sodium en poudre, il se produit un dégage- ment de chaleur considérable : en répétant les additions d'iodure de mé- thyle jusqu'à ce que la dernière ne produise phis d'élévation de tempéra- ture sensible, et soumettant le mélange à la distillation dans un courant d'acide carbonique, on obtient quatre produits, savoir : de l'iodure de mé- thyle inaltéré, une matière blanche cristallisée et un liquide pesant com- posé de deux produits distincts. Ce liquide, qu'on n'obtient qu'en faible proportion, même en opérant sur une centaine de grammes de matière, est un mélange de deux produits dont l'un, bouillant à la température de 120 degrés environ, correspond au stibméthyle et à l'alcali phosphore de M. Paul Thenard; le second, bouillant à la température de 1 65 à 170 degrés, jouit de toutes les propriétés du cacodyle, dont il possède en outre la com- position. La matière cristallisée constitue l'iodure d'un radical analogue au stibméthylium; cette combinaison se forme en quantité considérable dans cette réaction, dont elle constitue le produit principal. » Une dissolution saturée de cette substance dans l'iodure de méthyle s'en sépare sous la forme de magnifiques tables douées d'un grand éclat ; ce composé, soumis à l'analyse, nous a fourni les résultats suivants : » o8'',4o8 de matière employée ont donné 0,166 d'eau et 0,273 d'acide carbonique : ce qui donne 4^59 d'hydrogène et i8,53 de carbone pour 100 de matière et conduit à la formule (eH''/As,I. B En effet, on a C 48 18,32 H" 12 4,57 As 76 29,01 I 126 48» 'O 263 100,00 » Bouillie avec de l'oxyde d'argent récemment précipité, cette substance se décompose en fournissant une liqueur fortement alcaline, qui donne par l'évaporation dans le vide des lames cristallines très-déliquescentes qui constituent l'hydrate de l'oxyde du radical arsenméthylium : la dissolution ( 543 ) de l'iodure d'arsenméthylium donne par double décomposition, avec I*a2ï0' tate et le sulfate d'argent, de l'iodure de ce métal et du nitrate ou du sul- fate d'oxyde d'arsenméthylium. Ces composés, qui sont très-solubles et forte- ment déliquescents, se séparent, par l'évaporation de leurs dissolutions dans le vide, sous la forme de beaux cristaux; ces composés donnent à l'analyse des nombres q\ii correspondent aux formules kzO\ (C'H»)* AsO, SOS (C' H')' As O. M Si nous comparons la formule de l'iodure d'arsenméthylium avec celle de l'iodure de cacodyle, nous voyons que la première ne diffère de la seconde que par 2 équivalents de méthyle en plus. Si nous considérons en outre que dans la réaction de l'iodure de méthyle sur l'arséniure de sodium, il ne se forme qu'une très-faible quantité de cacodyle, tandis qu'il se produit une proportion considérable d'arsenméthylium, il devient probable que ce dernier doit prendre naissance par l'action de l'iodure de méthyle sur le cacodyle. Pour vérifier cette assertion, nous avons introduit dans un tube du cacodyle et de l'iodure de méthyle. A peine les liqueurs sont-elles en contact, qu'une réaction violente s'établit, et on obtient une masse de cris- taux d'un blanc jaunâtre, imprégnés d'une matière huileuse de même cou- leur. Les cristaux, débarrassés de l'huile par l'égouttage et l'expression entre des doubles de papier buvard, se dissolvent dans l'iodure de méthyle addi- tionné d'alcool, et s'en séparent sous forme de belles tables incolores iden- tiques aux cristaux qui se forment dans l'action réciproque de l'arséniure de sodium et de l'iodure de méthyle. Soumis à l'analyse, ces cristaux nous ont donné les résultats suivants : » os%5a9 de matière employée ont donné o,aai d'eau et o,a86 d'acide carbonique : ce qui donne (\fi\ d'hydrogène et 18,17 de charbon pour 100 et conduit naturellement à la formule (CH'VAs, I. » Ces nombres démontrent d'une manière évidente l'identité dé cette matière avec celle que nous avons obtenue avec l'iodure de méthyle et l'arséniure de sodium. La dissolution de ces cristaux, décomposée par l'oxyde, l'azotate, le sulfate d'argent, nous a fourni des combinaisons que l'analyse nous a fait reconnaître être tout à fait identiques à celles obtenues plus haut. La liqueur huileuse, jaunâtre, étant traitée par l'eau, puis séchée 72.. ( 544 ) dans le vide, bout vers 1 60 degrés ; soumise à l'analyse, elle nous a fourni les résultats suivants : » 0^^422 de matière employée ont donné 0,1 13 d'eau et 0,168 d'acide carbonique : ce qui donne 2,9 d'hydrogène et 10, 85 d'eau. » Ces nombres coïncident avec la formule C* H' As, I, qui n'est autre chose que celle de l'iodure de cacodyle. Cette réaction peut s'expliquer par l'équation suivante : 2 (C* H' I) + 2 (C H" As) = (C» H»)* As, I -+■ C* H» As I. Le bromure de méthyle réagit énergiquement sur le cacodyle et donne pareillement une belle matière cristallisée, très-déliquescente, qui constitue le bromure d'arsenméthylium et un liquide d'une odeur repoussante, qui est le bromure de cacodyle. » Si l'on remplace l'iodure de méthyle par l'iodure d'éthyle, il ne se pro- duit rien au moment où l'on mélange les matières ; mais si l'on abandonne le mélange à lui-même, il dépose graduellement de magnifiques cristaux très- abondants, qui constituent l'iodure d'un nouveau radical renfermant deux molécules de méthyle et deux molécules d'éthyle unies à une molécule d'arsenic. Ce radical, que nous désignerons sous le nom d'arsenméthyl- éthylium, correspond, comme on le voit, à l'arsenméthylium, dans lequel deux molécules de méthyle sont remplacées par deux molécules d'éthyle : il se forme dans cette réaction luie huile qui, comme la précédente, bout vers 1 60 degrés, et possède comme elle la composition de l'iodure de caco- dyle. En effet, 2 (C* A» I) + 2 (C* H» As) = (C» my (C* H^)" As,I + c* H^AsI. La dissolution de ces cristaux, étant traitée par l'oxyde d'argent, donne une liqueur très-alcaline qui laisse déposer, par l'évaporation, des écailles cristallines très-déliquescentes et qui constituent l'oxyde d'arsenméthyl- éthylium (C='H')*(C^H^)»As, O. » La" dissolution de cet iodure donne pareillement, avec l'azotate et le sulfate d'argent, de l'iodure de ce métal ainsi qu'un azotate et un sulfate bien cristallisés, mais très-déliquescents, dont la composition est repré- sentée par AzO% (C»H'')='(C*IP)''AsO, S0% (C»H»)^(C^H')='AsO. ( 545 ) » Le bromure d'éthyle réagit un peu plus lentement que l'iodure sur le cacodyle, et donne comme lui du bromure d'arsenméthyléthylium et du bromure de cacodyle. » L'éther chlorhydrique se mêle très-bien avec le cacodyle ; ce liquide, placé dans un tube scellé à la lampe avec le cacodyle, ne paraît pas réagir sur lui à la température ordinaire, au bout de quelques jours au moins : mais qu'on vienne à chauffer ce tube à 1 80 ou 200 degrés, il se sépare bientôt une huile qui gagne le fond du tube, dont la proportion va augmentant graduel- lement, et qui tient dans sa masse de longues aiguilles incolores. Si on la distille en ne recueillant que la première moitié, il se forme par le refroi- dissement de la seconde une quantité plus considérable des cristaux précé- dents, qui, très-déliquescents, constituent le chlorure d'arsenméthyl- éthylium (C='H»)«(C*H»)^AsCl. » Une dissolution de bichlorure de platine versée dans la dissolution aqueuse de ce chlorure donne un précipité jaune qui se dissout à la tempé- rature de l'ébullition d'un mélange à parties égales d'eau et d'alcool, et se dépose par le refroidissement en belles aiguilles rouge-orangé. » Le bichlorure de mercure donne, avec cet iodure, un composé cris- tallin incolore qui se présente sous la forme de petites aiguilles blanches satinées, et le chlorure d'or de petites aiguilles jaune d'or. » I^ liquide qui, dans la préparation de chlorure d'arsenmélhyl- "éthylium, a passé à la distillation, bout vers io5 degrés; il possède exacte- ment et les propriétés et la composition du chlorure de cacodyle. » Le sulfure d'éthyle réagit pareillement sur le cacodyle, mais seule- ment à chaud et fort lentement, et donne du sulfure d'arsenméthyléthy- lium cristallisant dans une huile jaunâtre qui n'est autre que le sulfure de cacodyle. » L'iodure d'amyle chauffé avec le cacodyle ne réagit sur lui qu'au bout de deux à trois jours, à une température d'environ 180 degrés, et il donne naissance à des cristaux très-brillants nacrés et en larges tables très- minces, nageant dans un liquide huileux bouillant vers 160 degrés. » Ces cristaux, bien séchés dans le vide, constituent l'iodure d'arsenmé- thylamylium (C*H')»(C"'H"f As, I. » L'huile présente toutes les propriétés de l'iodure de cacodyle. » Ce nouvel iodure donne, comme les précédents, avec l'oxyde, l'azo- ( 546 ) tate, le sulfate d'argent, de l'iodure de ce métal et l'oxyde, le sulfate, l'azo- tate d'arsenméthylamylium, dont la composition est exprimée par les formules (C» H' )=»(€'«' H")» As, O, (C='H')''(C"'H")Us, 0,SO, (C* H' )^ (C" H" ) As, O, Az 0=*. « Lorsqu'on chauffe de l'iodure de méthyle avec de l'arsenic métallique à une température d'environ 200 degrés, celui-ci disparaît, et on obtient une grande quantité de cristaux rouge-orangé qui se représentent sous la forme de larges tables mouillées par un liquide brunâtre; séchés entre des papiers, ils donnent les résultats suivants : » oS'',4o2 de matière employée ont fourni à l'analyse oS',072 d'eau et o^^ogS d'acide carbonique : ce qui donne 1,98 d'hydrogène et 6,65 de carbone pour 100. » Ces nombres conduisent à la formule (C* H')* As, I, AsP, qui fait de ce composé une combinaison d'iodure d'arsenic et d'iodure d'arsenméthy- lium. Si l'on soumet ces cristaux à la distillation, ils se détruisent en donnant une huile, douée d'une odeur pénétrante, qui excite le larmoiement et qui est une mélange de plusieurs substances : la moins volatile, qui bout vers 1 70 degrés, possède la composition de l'iodure de cacodyle : si on la distille avec de l'amalgame de zinc, elle donne un liquide incolore, d'une forte odeur arsenicale, s'enflammant à l'air et doué de toutes les propriétés du cacodyle. La partie la plus volatile, qui ne nous a pas donné d'analyses" suffisamment concordantes, laisse déposer de longues aiguilles blanches d'une grande beauté, isomères de l'iodure de cacodyle. » L'iodure d'éthyle chauffé avec de l'arsenic donne, comme l'iodure de méthyle, de magnifiques tables rouges dont la composition est analogue à celle des cristaux fournis par ce dernier, et conduisent à une formule analogue (C*H=)*AsI, AsP. » Soumis à la distillation, ces cristaux se décomposent en donnant nais- sance à un liquide qui commence à bouillir vers 160 degrés et dont les dernières portions passent à 3oo degrés environ; en soumettant de nouveau ce produit à la distillation, on en recueille une assez forte proportion entre 180 et 190 degrés. Soumis à l'analyse, ce composé donne des nombres qui conduisent à la formule (G* H»)' AsP. ( 547 ) Distillé avec de l'amalgame de zinc, on obtient un liquide et de beaux cristaux; le liquide, qui possède une odeur insupportable d'hydrogène arsénié, bout à il\o degrés, et sa composition peut se représenter par la formule (C* H=)' As; c'est, comme on voit, l'arsentriéthyle de M. Landolt. » Les cristaux se dissolvent dans l'alcool et s'en séparent par l'évapo- ration sous la forme de longues aiguilles soyeuses : ce composé possède exactement la composition de l'iodure d'arsentriéthyle. M Entre 228 et aSa degrés, il passe une quantité assez considérable d'un liquide doué d'une odeur insupportable, qui fournit à l'analyse des nom- bres conduisant à la formule (C*H=)*AsI. Ce composé, distillé avec l'amalgame de zinc, donne lui liquide bouillant vers 200 degrés, qui possède la composition de l'arsendiéthyle ou cacodyle éthylique de M. Landolt. La dissolution alcoolique de ce composé, traitée par le nitrate et le sulfate d'argent, donne de l'iodure d'argent et des nitrate et sulfate bien cristallisés représentés par les formules AzO»(C*H^)='AsO, HO, SO'fc^H^fAsO, HO. » En résumé, nous voyons que les iodures de méthyle et d'éthyle^ en réa- gissant à 200 degrés sur l'arsenic, donnent des produits nettement cristallisés ([u'on peut considérer comme des combinaisons d'iodure d'arsenic et d'io- dure d'arsenméthylium ou d'arsenéthylium. Soumis à la distillation, ces composés se détruisent en donnant : » Dans le premier cas, de l'iodure d'arsendiméthyle ou de cacodyle, et probablement de l'iodure d'arsen tri méthyle; » Dans le deuxième cas, de l'iodure d'arsendiéthyle et de l'iodure d'ar- sentriéthyle. » Quand on remplace l'arsenic par l'arséniure de potassium ou de sodium, ces iodures disparaissent pour faire place à leurs radicaux : il se produit en outre des iodures d'arsenméthylium et d'arsenéthylium. L'iodure d'amyle donne, dans ce cas, des résultats analogues. » Dans ces réactions, nous avons mis hors de doute la véritable constitu- tion du cacodyle, et nous avons fait voir que par sa réaction sur les chlo- rures, bromures, iodures, sulfures de méthyle et d'éthyle, il donne nais- ( 548 ) sance à des chlorures, bromures, iodures, sulfures de nouveaux radicaux qui fournissent une série de sels dont nous avons l'honneur de mettre quelques échantillons sous les yeux de l'Académie, et à l'étude complète desquels nous nous livrons en ce moment. » PHYSIQUE. — Recherches sur les propriétés optiques des corps transparents soumis à l'action du magnétisme (deuxième partie); par M. Verdet. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie la suite d'un travail dont je lui ai soumis la première partie, il y a quelques mois (i). » Dans mes premières expériences, je me suis occupé de mesurer la rotation du plan de polarisation d'un rayon de lumière qui traverse une substance transparente monoréfringente, dans une direction parallèle à la direction de l'action magnétique, et je crois avoir démontré que cette rotation est proportionnelle à la grandeur de l'action magnétique. Dans mon nouveau travail, j'ai considéré les phénomènes qui ont lieu lorsque la direction du rayon lumineux fait un angle quelconque avec la direction de l'action magnétique, et je suis encore arrivé à des lois d'une grande simplicité. » Dans cette nouvelle série de recherches, j'ai dû renoncer à me servir des appareils le plus généralement usités, qui ne permettent de donner au rayon lumineux qu'une seule direction, la direction même de l'action ma- gnétique. J'ai dû recourir à la disposition expérimentale dont M. Faraday avait primitivement fait usage, et qui consiste à faire passer le rayon lumi- neux un peu au-dessus du plan des bases d'un électro-aimant ordinaire en fera cheval. Il est clair que l'on peut ainsi donner à l'axe de la substance transparente et au rayon lumineux telle direction que l'on voudra par rapport au plan de symétrie de l'électro-aimant et conséquerament par rapport à la direction de l'action magnétique ; mais il n'est pas moins évi- dent que, pour la rigueur des expériences, il importe que l'action magné- tique soit constante en grandeur et en direction dans tout l'espace qu'occupe la substance transparente. Cette condition n'est pas satisfaite lorsqu'on emploie les électro-aimants cylindriques qui se trouvent dans les cabinets de physique ; on y satisfait aisément en fixant au-dessus des bases de ces électro-aimants deux fortes armatures en fer doux, présentant en regard l'un de l'autre deux bords rectilignes et parallèles d'une assez grande éten- due. Dans mon appareil, ces deux bords rectilignes avaient i6 centi- (i) Séance du 29 mars i854. (549) mètres de longueur et étaient séparés par un intervalle de 8 centimètres ; je me suis assuré, par les moyens indiqués dans mon précédent Mémoire, que l'action optique et l'action magnétique étaient sensiblement constantes dans toute l'étendue du rectangle dont ces deux bords rectilignes seraient les bases, ainsi qu'un peu au-dessus et un peu au-dessous. » Le rayon lumineux, réfléchi horizontalement par un héliostat et pola- risé par un prisme biréfringent, conservait une direction invariable; il arrivait normalement sur la substance transparente , qui gardait aussi constamment la même position. L'électro - aimant seul était mobile et tournait autour d'un axe vertical passant à peu près par le centre de la substance transparente. Au commencement de chaque série d'observations, le plan de symétrie de l'électro-aimant était parallèle au rayon lumineux ; ou le faisait ensuite tourner d'un angle quelconque, mais, afin de corriger les erreurs qui auraient pu tenir à un défaut de symétrie dans l'ajustement de l'appareil, on répétait chaque observation deux fois, en faisant tourner successivement l'électro-aimant d'un même angle à droite et à gauche de sa position primitive. » Les résultats des expériences peuvent, ainsi que je l'ai annoncé plus haut, se formuler d'une manière très-simple. Quelle que soit la direction du rayon lumineux par rapport à la direction de l'action magnétique, le phénomène optique observé n'est jamais qu'une rotation du plan de pola- l'isation, et cette rotation est proportionnelle au cosinus de l'angle compris entre les deux directions dont il s'agit, proportionnelle par conséquent à la composante de l'action magnétique parallèle au rayon de lumière. J'ai vérifié cette loi sur les substances étudiées dans mon précédent Mémoire, le verre pesant, le flint ordinaire et le sulfure de carbone, et j'ai étendu mes expériences jusqu'à des angles de 80 degrés, compris entre la direc- tion du rayon lumineux et celle de l'action magnétique. » M. Stkads-Dchckheim prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé son Mémoire sur une machine pour tailler, suivant les courbes voulues, Ips lentilles des instruments d'optique. (Renvoi à la Commission nommée. Commission qui se composait de MM. Arago, Babinet et Regnault, et à laquelle sont adjoints, pour la compléter, MM. Pouillet et Séguier.) C. R , 1854, 2m« Sem^sire. f T. XXXIX, n" 18.) 73 ( 55o ) M. Caillât demande et obtient l'autorisation de reprendre deux Mémoires sur l'emploi du plâtre en agriculture, Mémoires qu'il avait pré- cédemment présentés, et sur lesquels il n'a pas été fait de Rapport. Il est également autorisé à reprendre une série d'observations météorologiques présentées par lui à une époque antérieure. M. Heurteloup annonce avoir opéré avec succès, par l'extraction immé- diate, les deux calculeux qu'il avait mentionnés dans sa précédente com- munication. *; M. GoDABD prie l'Académie de vouloir bien lui indiquer la voie à suivre pour obtenir son jugement sur une invention qu'il a faite concernant la production de l'alcool. Si M. Godard décrit son invention dans un Mémoire suffisamment détaillé, ce Mémoire sera soumis à l'examen d'une Commission. M. Brachet adresse des remarques relatives à une communication récente de M. Beaujils, sur un moyen de faire monter et descendre à volonté les aérostats, sans perte de gaz et sans perte de lest. La séance est levée à 5 heures. É. D. B. BCLLETIN BIBI.IOCRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 1 1 septembre i854, les ouvrages dont voici les titres : La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; 3* année; a" série; a5* livraison ; 5 septembre i854;in-8°. Nouveau Journal des Connaissances utiles, sous la direction de M. Joseph Garnier; a'' année; n° 5; lo septembre i854; in-8°. La proprietà... La Propriété Joncière et les populations agricoles en Lom- hardie. Etude économique ; par M. Stefano Jacini. Milan, i854; i vol. in-8". SuUa. . . De la présence du fer dans l'héinatine et de son absence dans le pus; par M. C.-L. Peyrani. Turin, i854; broch. in-ia. Proceedings... Procès-verbaux de la Société royale de Londres; vol. VII, n"5;in-8<'. Royal astronomical... Société royale astronomique; vol. XIV, n" 8; 9 juin F 854; in-8°. ( ^5, ) Report... Rapport de la a 3" assemblée de l'Association britannique poui l'avancement des Sciences. Londres, i854; in-8°. Adress. . . Adresse présentée à la réunion annuelle de la Société Géologique de Londres, par son Président, M. ÉnouARD FORBES. Londres, i854; broch. in-8°. The qiiarterly... Journal trimestriel de la Société Géologique de Londres; vol. X, partie 3, n" 89; in-8°. Sitzungs berichte .. Comptes rendus des séances de l'Académie impériale des Sc^ces de Vienne {Classe des Sciences mathématiques) ; voL XI, 5" partie; vol. XII, I™ partie; in-S". Jahrbuch... Annuaire de V Institut impérial et royal Géologique d'Autriche; 4" année; 3" trimestre i853; in-4°. Tafeln... Tables pour la Description de l'exposition poljgraphique de l'Im- primerie impériale et royale d'Autriche, à Vienne; par M. Alois Auer. Vienne, i853; broch. in-8°. Monatsbericht... Comptes rendus des séances de l'Académie royale des Sciences de Prusse; juin i854; in-8°. Astronoraische... Nouvelles astronomiques ; n° 916. Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; n°' io5 à 107; 5, 7 et 9 septembre 1854. Gazette médicale de Paris; n° 36; 9 septembre i854- Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie ; n° 49 ; 8 septembre 1854. L'Abeille médicale; n° a5; 5 septembre i854- La Lumière. Revue de la photographie ; 4* année; n" 36; 9 septembre 1854. La Presse médicale ; n° 36; 9 septembre i854. L'Athenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux- Arts; 3* année; n° 36; 9 septembre i854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n*" 106 à 108; 5, 7 et 9 septembre i854. L'Académie a reçu, dans la séance du 18 septembre i854, les ouvrages dont voici les titres ; Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, 2* semestre i854 5 n° 11; in-4°. Institut impérial de France. Académie française. Discours de M. PatJN, ( 55a ) prononcé aux funérailles de M. Ancelot, le samedi 9 septembre i854; i feuille in-4°. Mémoire sur les Oiseaux grands-voiliers de la sous-famille des Lariens; par S. A. le Prince C.-L. Bonaparte; broch. in-8°. Enumération des plantes vasculaires des environs de Montbéliard; par M. Ch. Contejean. Besançon, i854; in-S". Traité d' Organogénie végétale comparée; par M. J. P^yer ; 5* livraison; in-8°. Examen critique et comparatif des théories dualistiques et unitaires tw^la chi- mie; par M. LÉOPOLD MiCÉ. Bordeaux, i854; in-8°. Observations sur tes métamorphoses et l'organisation de ta Trichoda lynceus ; par M. Jules Haime. Paris, i853; broch. in-8°. Mémoire sur le Cérianthe (Cerianthus membranaceus); par le même; broch. in-8°. Recherches sur les glandes des paupières et de la pituitaire; par M. Ph.-C. Sappey; broch. in-8°. Deuxième Mémoire sur la Bhizotaxie; par M D. CLOS; broch. in-8°. Observation de hernie traumatique du poumon, guérie sans opération san- glante; parM. Gustave DuFOUR. Paris, i854; broch. in-8°. Notice sur M. Beautemps-Beaupré ; par M. Frédéric Chassériau. Paris, 1 854; broch. in-8". Comparaison entre ta valeur des cocons de la grosse race de vers à soie de Provence et des cocons de ta race acclimatée et améliorée depuis dix ans, par un système de sélection, etc. ; par M. F.-E. Guérin-Méneville ; | feuille in-8". Description du genre Hypoconcha, nouveaux Crabes, faux Bernards t'Her- mile, qui protègent leur corps avec la moitié d une coquille bivalve; par le même ; \ feuille in-8°. Note sur ta théorie des résidus quadratiques; par M. Angelo Genocchi ; broch. in-4°. Démonstration élémentaire d'une formule logarithmique de M. Binet; par le même; suivie d'un Rapport de M. SCHAARsur cette démonstration; ^ feuille in-S". Sur une propriété des nombres. (Extrait d'une Lettre du même à M. QuÉTELET.) ide feuille in-8°. Sur quelques particularités des formules d'analyse mathématique. (Lettre du même au même). | de feuille in-8''. Sur l'emploi de l'infini dans les Mathématiques; par M. J. M. ; ^ de feuille in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉIHIË DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2o SEPTEMBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEilIOIRES ET COMi^IUMCATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Nouvelle détermination de la différence de longitude entre les Observatoires de Paris et de Greenwich; par M. Aiky, Direc- teur de l'Observatoire royal de Greenwich, et M. Le Verrier, Directeur de l'Observatoire impérial de Paris. « La recherche de la différence de longitude entre deux lieux du globe repose, comme on le sait, sur celle de la différence des temps que l'on compte dans les deux stations à lui moment dotmé, celui par exemple où l'on observe un même signal en ces deux stations. Lorsqu'on fait ainsi usage de signaux, l'opération se divise en deux parties distinctes, celle de la déter- mination de l'état des pendules ,et celle de l'observation des signaux. Disons, dès à présent, que nous avons fait usage de signaux transmis par le télé- graphe électrique. » La détermination de l'heure et l'observation des signaux sont sujettes à des erreurs de plus d'un genre, et qui pourraient vicier le résultat qu'on se propose d'obtenir, si l'on ne prenait soin de les éliminer ou de les apprécier de manière à pouvoir en tenir compte. Nous allons rappeler, en peu de mots, en quoi consistent ces erreurs, et indiquer comment on a conduit l'opéra- tion pour se mettre à l'abri de leur influence. Le soin avec lequel ont été r,. R.. i»54, 2°" Semestre. (T. X.XX1X, n" i.5. , ' 74 ( 554 ) éliminées toutes les erreurs constantes est sans doute ce qui distingue la détermination actuelle de celles qui l'ont précédée. » Lorsqu'on détermine l'heure d'un lieu par l'observation des passages des étoiles à la lunette méridienne, une grave difficulté provient des erreurs personnelles des observateurs, erreurs qui peuvent produire des discor-' dances s'élevant jusqu'à une seconde de temps entre les déterminations de l'beiu'e d'un même lieu, faites par divers astronomes. Les déterminations de longitudes dans lesquelles on ne s'est point mis à l'abri d#tette cause d'incertitude,* doivent nécessairement inspirer peu de confiance. On peut échapper à cet inconvénient, en calculant la longitude au moyen de deux séries d'opérations entre lesquelles on fait l'échange des observateurs. M S'il était nécessaire que l'on connût l'instant précis auquel un signal électrique est donné par l'une des stations, on pourrait éprouver quelques difficultés à le fixer avec précision : on évite cet embarras en donnant le signal à un instant quelconque, et en le faisant observer de la même manière dans les deux stations. Dans le cas où il existerait une différence entre les observateurs, relativement à la constatation de l'heure des signaux, cette différence disparaîtrait du résultat final par l'échange des observateurs. » Un retard peut aussi provenir de la durée nécessaire pour la transmis- sion du courant électrique, et l'on a plus de raison de le craindre lorsque le courant doit traverser une grande étendue d'eau. On échappe à l'incertitude qui en pourrait résulter, en faisant partir les signaux successivement de l'une et de l'autre station. Cette disposition permet, en outre, de mesurer le retard en question. On pourra même, pour plus de sécurité, varier convenable- ment le sens physique du courant. » Enfin on eût pu craindre quelque erreur provenant tant de l'inertie des appareils que du changement d'intensité du courant. Après avoir reconnu, par des expériences directes, que les appareils qui vont être décrits n'é- taient pas sujets à cet inconvénient, on a jugé inutile de les échanger entre les stations. }> Ces explications générales étant données, on comprendra mieux le sens de la convention intervenue entre les deux observatoires, et dont nous allons rappeler quelques-iuies des principales dispositions. » L'appareil à signaux observé dans chaque station était une simple aiguille recevant l'action directe d'un courant électrique. On s'attachait à observer le commencement sensible du mouvement de l'aiguille. ( 555 ) » Chaque observatoire disposait d'une pile électrique composée d'un grand nombre d'éléments. On pouvait, à volonté, renverser le sens du cou- rant qu'on .envoyait à l'autre observatoire : ce courant, d'ailleurs, traversait toujours les appareils des deux stations. » L'appareil dont on se servait pour donner les signaux était placé dans une autre salle que l'aiguille, afin que l'astronome qui observait celle-ci ne pût ni voir ni entendre la personne qui donnait les signaux. » Les signaux ont été envoyés par groupes, dont le nombre et l'instant approché étaient indiqués télégraphiquement quelques moments à l'avance; cette disposition ayant pour but de ménager l'attention de l'observateur, et de lui éviter une fatigue préjudiciable à l'exactitude des observations. Chaque groupe comprenait lo signaux environ, donnés de dix à quinze secondes d'intervalle. » Les observations des signaux ont duré une heure chaque jour. L'heure a été divisée en quatre quarts d'heure. Dans le premier et le troisième quart d'heure, les signaux étaient donnés par l'une des stations; dans le deuxième et le quatrième, par l'autre station. On avait le soin, dans chaque station, de renverser le sens du courant dans la seconde série de signaux. » Pour faciliter l'élimination des erreurs personnelles par l'échange des observateurs, ces observateurs ont été chargés d'observer les passages des étoiles et les signaux électriques. » L'état des pendules a été, dans les deux stations, fixé précisément à l'aide des mêmes données astronomiques; ou bien on n'a fait usage que des mêmes étoiles, auquel cas leurs positions absolues n'ont aucune importance; ou bien, si l'on a fait usage d'étoiles dont quelques-unes pouvaient n'avoir point été observées dans l'une des deux stations, on ne l'a fait qu'à l'égard des étoiles dites JbndanientaleSy et dont les positions relatives sont connues avec la dernière précision. Il a été convenu qu'on calculerait séparément les résultats fournis par les deux méthodes. » Tout en estimant que dans le cas où le temps se prêterait convenable- ment aux observations astronomiques, il suffirait peut-être de continuer les signaux pendant trois jours, pour chacune des deux positions relatives des observateurs, il avait été convenu que les observations seraient continuées toutes les nuits, jusqu'à ce que l'un et l'autre observatoire eussent fait connaître qu'ils regardaient l'opération comme terminée. » En conséquence de ces conventions, M. Dunkin, assistant de l'Obser- vatoire de Greenwich, s'étant rendu à Paris, et M. Faye, astronome de l'Ob- 74.. ( 556 ) servatoire de Paris, s'étant rendu à Greenwich, les observations de la première série ont pu commencer dans la soirée du 26 mai dernier. Elles n'ont pas été favorisées par l'état de l'atmosphère : les nuages ont souvent entravé les observations astronomiques, et la tempête a quelquefois empêché la trans- mission des signaux électriques. On a dû, en conséquence, prolonger cette première série d'observations jusqu'au 4 juin. » Si l'on s'astreint à n'employer que les jours d'observations dans les- quels un nombre suffisant d'étoiles communes ont été observées dans les deux stations, quatre jours seulement peuvent être mis à profit, pendant les- quels il a été échangé 563 signaux télégraphiques utilement observés. » Si, au contraire, on fait usage de toutes les fondamentales indifférem- ment, on a cinq jours d'observations et 708 signaux utiles. » La moitié de ces signaux est partie de Greenwich, l'autre de Paris. » Ajoutons qu'on peut, pour déterminer le retard provenant de la trans- mission du courant électrique, faire usage de signaux envoyés dans les jours où il n'a pas été fait d'observations astronomiques. Ces signaux sont au nombre de aôa. » Les observations de la deuxième série ont commencé le 1 2 juin, et ont été faites, à Greenwich par M. Dunkin, à Paris par M. Faye. Contrariées, comme les premières, par l'état de l'atmosphère, elles ont été continuées jusqu'au 24 juin. Sept jours d'observations ont pu être utilisés, soit qu'on n'employât que les étoiles communes, soit qu'on eût recours à toutes les fondamentales indistinctement : ggS signaux ont été utilement échangés. » L'ensemble de toutes ces données ayant été discuté séparément, à Greenwich et à Paris, on est arrivé aux conclusions suivantes, dans lesquelles nous distinguerons, par les lettres A et B, les résultats obtenus : 1° en faisant usage de toutes les fondamentales indistinctement ; a° en employant seule- ment les étoiles observées le même jour dans les deux observatoires. ( 557 ) RÉSULTATS OBTENUS A GREENWICH. RÉSULTATS OBTENUS A PARIS. DATES. KOMnRE do DIFF. DE LONOITDDE D.ITES. NOMRRE de DIFF. DE LONGITUDE signaux. A. B. signaui. A. B. m s m s m s m s 1854. Mai 27 ■ 46 9.20,40 9.20,38 1854. Mai 37 145 9.20,38 9.20,36 29 i46 20,59 20,56 29 .45 20,58 20,55 3l ■47 20,54 20,56 3i 147 20,54 ■20 , 56 SÉRII.. Juin 3 if,5 20,45 * SÉRIE. Juin 3 145 20,44 tt 4 .24 20,49 20,53 4 125 20,49 20,53 Moyennes 9-30,49 9.20,51 Moyennes 9.20,49 9.20, 5o Juin 13 l32 9.20,77 9.20,76 Juin 12 i3o 9-20,79 9.20,76 i3 l32 20,79 20,77 i3 i33 20,78 20,76 ■7 i4o 20,77 20,75 >7 i4o 20,77 20,70 2" 18 .37 20,69 20,73 je 18 137 20,69 20,73 20 148 20,74 20,75 20 i5o 20,75 20,76 SERIE. 22 i55 20,79 20,74 SERIE. 22 .54 20,80 20,74 24 Moyenn i5i BS 20,84 20,84 24 i5i 20,84 20,84 9.20,77 9.20,76 Moyennes 9.20,77 9.20,76 Longitude conclue. . 9.20,63 9.20,63 Longitude conclue. . 9.20,63 9.20,63 » Si l'on veut rapporter la position de l'Observatoire de Greenwich à l'ancienne méridienne de France, il faudra retrancher du résultat précédent la quantité 0% i a qui représente la distance entre cette méridienne et la situation actuelle de la lunette méridienne de l'Observatoire de Paris. On aura ainsi : 9™20%5i. » Le temps de la transmission du courant électrique a été trouvé, en moyenne, de o%o86 à Greenwich, et de 0^,079 à Paris. » Nous ne ferons sur ces nombres que deux remarques : » 1°. La différence de longitude 9™ 20% 63, ainsi trouvée entre Paris et Greenwich, diffère de près d'une seconde de temps de celle déduite de l'observation des signaux de feu, en iSaS; » 2°. La durée o',o8 du temps nécessaire à la transmission du courant électrique n'est sans doute si considérable qu'à cause de la disposition du G^âble au travers duquel le courant traverse la mer. » Nous publierons prochainement tous les détails de celte opération dans un Mémoire spécial. » ( 558 ) « Après cette communication, M. Le Verrier présente les remarques suivantes : premièrement, sur l'opération actuelle en ce qui concerne l'Observatoire de Paris; secondement, sur les opérations antérieurement exécutées pour arriver à la connaissance de la différence de longitude entre Paris et Greenwich. » Lorsque, en i85o, on donna à nos télégraphes électriques la première extension importante, la Commission de l'Assemblée législative, dont je fus le Rapporteur, ajouta plusieurs lignes au projet du Gouvernement, et entre autres la ligne de Dunkerque, sur laquelle elle s'exprimait en ces termes : « La ligne de Dunkerque présente, en dehors des intérêts généraux que » nous avons exposés, ini intérêt scientifique. Dunkerque se trouve sous le » méridien de Paris, et renferme l'une des stations extrêmes de la grande » triangulation qui a servi à la mesure du méridien de France. Or la propa- » gation instantanée du fluide électrique donnant un moyen de déterminer » les longitudes avec précision, il sera utile, dès que cette ligne sera ache- » vée, de comparer la détermination que le télégraphe électrique fournira » pour la longitude de Dunkerque, aux valeurs qui ont été obtenues, soit » par ja triangulation, soit par des' observations directes. » » Bientôt après, la ligne sous-marine qui relie Douvres à Calais ayant été construite, on conçut naturellement la pensée de mettre cette ligne à profit pour déterminer la différence de longitude entre Greenwich et Paris, et ce fut dans ce but qu'on posa, il y a déjà plusieurs années, sur la demande de mon illustre prédécesseur, M. Arago, un fil entre l'Administration des télégraphes et l'Observatoire, ainsi que les fils et appareils de communica- tion intérieure. » C'est dans cet état que j'ai trouvé la question. » Avant tout, il me parut nécessaire d'étudier complètement la valeur réelle des appareils télégraphiques à employer et surtout les conditions dans lesquelles se trouvait l'instrument des passages destiné à donner l'heure de Paris, cette détermination de l'heure ayant toujours été la partie faible des mesures antérieures. Je me bornerai, afin d'abréger, à donner comme exemple de ce qui a été fait, le nivellement de l'axe de la lunette méridienne, nivellement dont la précision a une si haute importance dans la question actuelle. » Le niveau dont on se servait alors ne reposait pas sur les parties frottantes des tourillons, mais bien sur leur prolongement en dehors des coussinets ; en sorte que l'opération du nivellement n'avait de valeur qu'autant qu'on supposait que cette partie extérieure des tourillons était ( 559) le prolongement géométrique de la partie intérieure. Or, eu supposant que par son extrême habileté l'artiste fût parvenu à réaliser cette con- dition dans l'origine (ce que rien n'établit, et, au contrabe), pouvait-on raisonnablement espérer qu'il en devait être encore de même aujourd'hui, après que, pendant dix-huit ans, la partie frottante et la partie extérieure des tourillons ont été soumises à des causes d'altération et d'usure si diverses? » Non assurément; et, loin de là, nous avions des raisons de croire le contraire. En effet, on n'obtenait pas la même inclinaison de l'axe lors- qu'on faisait varier la hauteur de la lunette, fait qui accusait nécessaire- ment, ou bien un défaut réel |dans la construction de la partie frottante de cet axe, ou bien un défaut dans la partie sur laquelle reposait le niveau. En outre, une étude de la forme des tourillons, laite avec notre habile artiste M. Brunner, accusait un défaut de circularité dans l'une des parties sur laquelle on posait le niveau. » Il n'était pas possible de commencer, dans de telles conditions, une opération qui demandait qu'on ne laissât pas de prise à des objections auxquelles on n'aurait pu répondre. » Deux voies s'offraient pour sortir d'embarras : ou bien on laisserait de côté le niveau, et l'on ferait usage de la réflexion de l'image du réticule de la lunette sur \m bain de mercure; ou bien on construirait un nouveau niveau dont les points d'appui seraient sur la partie frottante des tourillons. » J'aurais assurément préféré le premier parti, qui, lorsqu'on peut l'employer, permet d'obtenir l'inclinaison de l'axe rapidement et à tout instant, et qui offre l'avantage de ne donner lieu à aucune opération par- ticulière sur l'instrument lui-même ; mais une difficulté insurmontable s'est présentée. Cette difficulté ne résidait pas dans l'embarras, pour l'ob- servateur, de monter au haut d'une assez grande lunette placée dans une position verticale, encore bien qu'il soit difficile d'instalier, après coup, les appareils nécessaires; mais bien dans l'impossibilité d'obtenir un bain de mercure suffisamment stable à tous les instants de la journée. Très- mal- heureusement les piliers des instruments méridiens sont solidaires du reste de l'édifice. Leurs fondations ont été poussées, il est vrai, jusqu'au fond des catacombes, mais les puits dans lesquels ils ont été construits ont en- suite été complètement comblés, et, de plus, la partie supérieure des piliers est, dans toute son étendue, encastrée dans les pieds-droits des voûtes qui portent l'observateur et l'édifice; en sorte qu'on ne saurait imaginer ( 56o ) une disposition plus propre à transmettre aux piliers les vibrations du sol environnant; et que, si cette disposition est évitée avec le plus grand soin, même dans les observatoires établis en pleine campagne, il eût été, à plus forte raison, à désirer qu'on ne l'eût pas rencontrée dans la partie récem- ment construite d'un observatoire placé dans une grande ville. » Quoi qu'il en soit, et bien que je doive changer un tel état de choses, (je rendrai compte ultérieurement de ce qui a déjà été fait à l'égard du pilier du cercle de Gambey), dans la crainte de retarder trop la mesure de la longitude, j'ai dû me déterminer pour le second parti, savoir : un niveau reposant sur la partie frottante des tourillons. Les difficultés de la con- struction de ce niveau à adapter sur un instrument où il n'avait pas été tenu compte de la condition que nous voulions remplir ont été heu- reusement surmontées par M. Brunner, qui nous a construit un excellent appareil d'une grande fixité et d'une grande précision. » Or, d'une étude très-soignée de l'axe de la lunette méridienne faite au moyen de ce niveau, il est résulté : » 1°. Que la différence entre les résultats obtenus par des nivellements faits dans des positions diverses de la lunette a immédiatement disparu, et qu'ainsi cette différence tenait bien au mode vicieux de la disposition qui consistait à faire reposer !le niveau sur les prolongements des tourillons; » 2°. Qu'il existe entre les diamètres des deux tourillons une légère dif- férence que nous avons déterminée, et dont il est utile de tenir compte quand on veut avoir l'heure absolue ; » 3°. Que l'axe de la lunette méridienne est loin d'avoir la stabilité dési- rable, et qu'indépendamment d'une variation annuelle, dont l'amplitude est fort considérable, l'inclinaison présente, dans une certaine condition de tem- pérature, une variation diurne très-notable et qu'on ne peut négliger dans des opérations délicates. » Cette variation diurne, qui a été insensible pendant la première série des observations faites avec Greenwich, s'est au contraire manifestée pendant la seconde série. Hâtons-nous d'ajouter que le résultat de la longitude n'en a été nullement affecté, attendu le soin qu'on a eu de déterminer très-fré- quemment la situation de l'axe, comme la valeur des autres erreurs instrumentales. » Tandis qu'autrefois les déterminations des erreurs instrumentales ne se faisaient que d'une manière irrégulière et qu'on a pu rester des mois entiers sans déterminer l'inclinaison de l'axe, et plus d'une demi-année sans s'occu- per de la collimation de l'instrument, les erreurs instrumentales, après avoir ( 561 ) été l'objet de la même étude que le niveau, sont aujourd'hui déterminées régulièrement comme il suit : » L'inclinaison de l'axe, trois fois par jour, à 8 heures du matin, 4 heures du soir et minuit; » L'azimut, tous les jours à 4 heures du soir; » La colliination , le mardi de chaque semaine.. » Je chercherai à supprimer ces anomalies dans l'inclinaison de l'axe de la lunette méridienne. Mais je n'ai pas voulu le taire avant que, par une étude, très-pénible il est vrai pour les observateurs, ces anomalies aient été assez connues pour qu'il en résulte, s'il est possible, un perfectionnement dans la discussion des observations antérieures. » Les conditions de l'appareil électrique ont été étudiées avec le même soin. » J'ai hâte de dire que pour tout ce qui concerne les transmissions télégra- phiques, nous avons trouvé dans l'Administration, dirigée par M. deVougy, un concours aussi bienveillant et aussi éclairé que nous pouvions l'at- tendre. Non-seulement les fils nécessaires à nos signaux ont été mis à notre disposition pendant la nuit et le jour, nos dépêches ont été trans- mises, mais l'Administration télégraphique a bien voulu attacher spéciale- ment à cette opération un de ses inspecteurs, M. Faure, dont le concours nous a été très-précieux, notamment pour donner la précision nécessaire à l'installation de nos communications électriques. » J'ai déjà dit que les observations ont été faites, pour l'Observatoire de Paris, par M. Faye. Les réductions et les calculs ont été faits avec le plus grand soin par M. Yvon Villarceau. » Je désire, enfin, que l'Académie me permette de mettre sous ses yeux le dossier complet dans lequel sont comprises toutes les pièces relatives à la mesure actuelle : correspondance, opérations astronomiques, transmission des signaux et calculs. Ce dossier sera conservé avec le plus grand soin, comme propriété de l'État, et afin qu'on soit toujours à même de contrôler l'exactitude ou les défauts du travail. J'ajoute qu'il en sera de même ulté- rieurement de toutes les pièces scientifiques, afin d'éviter qu'à l'avenir l'Observatoire ne se trouve privé de toute espèce de documents sur les opé- rations extraordinaires, comme il l'est aujourd'hui. » Après avoir dit avec quel soin la nouvelle détermination a été traitée à l'Observatoire de Paris, et il en a été de même à Greenwich, j'arrive à la com- paraison du résultat avec les données antérieures. C. R., i854, 1^'" Semestre. (T. XXXIX, N» 15.) 75 ( 562 ) » On a successivement appliqué à la mesure difficile de la distance en longitude des deux observatoires toutes les ressources que l'esprit humain a pu se procurer : les éclipses de Soleil, les occultations d'étoiles par la Lune, les éclipses des satellites de Jupiter, les variations des coordonnées lu- naires, les signaux de feu produits par l'explosion de fusées qui s'élèvent à de grandes hauteurs et dont la lumière se voit à de grandes distances, les triangulations géodésiques, enfin le transport simultané d'un grand nombre de montres marines, portant alternativement l'heure de Paris à Londres et l'heure de Londres à Paris. Tous ces moyens sont dépassés de beaucoup en précision et en certitude par la transmission électrique des signaux. » Les résultats obtenus par leur emploi ont prouvé que les déterminations antérieures étaient beaucoup plus éloignées de la vérité qu'on n'aurait pu le croire; et comme la discussion de ces questions intéresse, non-seulement l'astronomie, mais encore la théorie de la figure de la Terre et la vérification des immenses travaux géodésiques qui ont servi de base aux cartes de France et d'Angleterre, il est essentiel de jeter un coup d'œil sur les opérations anté- rieures, afin de montrer par où elles ont pu pécher, et à quelles conditions une d'entre elles pourrait servir par sa combinaison avec la mesure récente. » La première mesure importante date de 1790. Elle a été exécutée par le général Roy pour l'Angleterre, et par MM. Cassini, Méchain et I^gendre pour la France. La méthode employée consiste à relier les deux points ex- trêmes par une série de grands triangles géodésiques passant par-dessus la mer. Cette belle mesure, qui ouvre l'ère de la géodésie moderne, donne, pour la différence de longitude des deux observatoires, 9™ i8',8. » A cette époque, l'opération principale, qui consiste à orienter sur le terrain un des côtés du réseau de triangles, aurait pu donner prise à quel- ques critiques, car elle est encore de nos jours une des parties les plus déli- cates de la géodésie. Mais si l'on songe que les stations extrêmes étaient des observatoires, où la direction du méridien est parfaitement déterminée, on conviendra que la mesure de 1790 mérite encore aujourd'hui de figurer ici avec les mesures postérieures. » La seconde mesure géodésique a été exécutée en 1821, 1822 et 1823, par les capitaines Kater et Colby pour l'Angleterre, et de Calais à Paris par les astronomes français. Nous pourrions nous borner à cette simple men- tion ; car la partie française de ces opérations, c'est-à-dire la partie com- prise entre Calais et Paris, est restée inédite. Après avoir attendu en vain cinq années les résultats de calculs qui ne devaient jamais voir le jour, on ( 563 ) ne sait par quels motifs, le capitaine Kater s'est décidé, en 1828, à publier la partie anglaise dont voici le résultat : Longitude deGreenwich à l'ouest de Calais 1" âi' 18", 73. Puis, afin de tirer un parti quelconque de tant de travaux, il a emprunté à la Connaissance des Temps, en l'absence, dit-il, d'une autorité plus haute, la longitude de Calais. La somme de ces deux nombres lui donne 2° 20' 17", 73 pour la différence des méridiens des deux observatoires, c'est-à-dire 9™ a i ', 1 8 en temps. » La moyenne des deux résultats que nous venons de citer est g™ 20', o. » Il est malheureux, au point de vue de la théorie de la figure de la Terre, que l'on ait méconnu la nécessité de publier au moins, sinon de calculer immédiatement, la partie de la triangulation qui a été confiée aux astro- nomes français; car ce n'est qu'à la condition de comparer la longitude fournie par ces mesures avec la longitude déterminée directement, soit par les signaux de feu, soit par les signaux électriques, que l'on pourrait en tirer quelque conclusion utile sur la configuration locale du globe terrestre. Mais ces conclusions ne sauraient avoir de valeur, tant que les vérifications essentielles que toute opération géodésique comporte et présente, n'auront pas été obtenues. Par exemple, il faudrait qu'en partant de l'azimvit du premier côté, celui de Greenwich à la station voisine, et en calculant suc- cessivement de triangle en triangle les azimuts des côtés suivants, on re- produisît celui du dernier côté aboutissant à l'Observatoire de Paris. S'il se trouvait: une différence, et que cet écart se trouvât confirmé par notre opé- ration récente, il y aurait là une précieuse indication sur la forme locale du sphéroïde terrestre. On en peut dire autant des latitudes extrêmes de cette chaîne de triangles. Malheureusement on ne sait même pas ce que les trian- gles français sont devenus. » Le colonel Bonne proposa de déterminer directement par des signaux de feu cette différence de longitude que la mesure précédente aurait dû donner. Les opérations furent exécutées, en 1825, par MM. Herschel et Sa- bine pour l'Angleterre, et par MM. Bonne et Largeteau pour la France. Le temps absolu a été déterminé à Greenwich et à Paris par les astronomes des deux observatoires. Tout a été publié par sir J. Herschel dans les Transac- tions philosophiques, sauf les données qu'aurait dû fournir l'Observatoire de Paris ; là encore manquent certains moyens essentiels de contrôle et de vérification. Il s'était glissé quelques erreurs dans les calculs exécutés à Greenwich; M. Henderson, qui les a découvertes, parce que la publica- 75.. [ 564 ) tion était complète de ce côté, a donné, pour résultat final, 9"2i',46, en supposant, comme il était bien forcé de le faire en l'absence des Hâta indispensables, dit-il, qu'à l'autre extrémité de la ligne aucune erreur n'avait été commise. » En i838, M. Dent, célèbre horloger de Londres, transporta douze de ses chronomètres de Greenwich à Paris, et les rapporta de Paris à Green- wich, après les avoir comparés chaque fois avec les pendules sidérales des deux observatoires. La moyenne des résultats fournis par ces chronomètres fut de 9™ 22', I par l'aller et de 9" 2o',5 par le retour. Ce procédé n'a pas toute l'exactitude désirable en pareille matière. Les résultats qu'il fournit ne portent pas en eux-mêmes de contrôle suffisant et dépendent par trop de l'habileté du constructeur de ces appareils délicats. Aussi les astro- nomes qui ont eu recours à cette méthode ne se sont-ils crus garantis contre les chances d'erreur qu'à la condition d'employer un nombre très-grand de chronomètres. » Les résultats fournis par les deux méthodes précédentes sont viciés par une caused'erreurdout ilestsingulier qu'on ne se soit préoccupé ni en 1820 ni en i838. Cette cause d'erreur réside dans la détermination de l'heure par des individus différents dans les deux observatoires. On sait depuis longtemps, depuis Maskelyne, l'illustre prédécesseur de Pond et de M. Airy, l'astronome royal actuel d'Angleterre, qu'il ne suffit pas d'étudier les dé- fauts de nos instruments de cuivre et de verre : que l'organisme humain, considéré comme un appareil d'observation, a lui-même ses erreurs plus ou moins régulières et constantes, tout comme im cercle divisé, une pendule ou une lunette méridienne. Que l'on demande l'heure à un astronome, il la déterminera avec une précision extrême, à 2 ou 3 centièmes de seconde par exemple, par une série d'observations convenables. On se convaincra de l'exactitude de ses résultats par l'accord frappant qu'ils offriront entre eux. Appliquez-y le calcul des probabilités, et vous trouverez qu'il y a mille ou dix mille à parier contre un que cet observateur ne se sera pas trompé de la petite quantité que nous venons d'énoncer. Mais adressez-vous à un autre astronome qui se servira de la même pendule, de la même lunette méri- dienne, des mêmes astres, des mêmes formules, des mêmes éléments de calcul, et il se trouvera que les nouveaux résultats, tout aussi certains en apparence que les premiers, en différeront pourtant, non pas de 2 ou de 3 centièmes de seconde, mais bien d'un tiers, de la moitié de la seconde, même d'une seconde entière et au delà. Et il est impossible d'attribuer ces discordances aux erreurs accidentelles de l'observation; ces discordances ( 565 ) sont constantes, elles sont dues à certaines particularités physiologiques, à certaines affections de l'appareil nerveux qui sert à coordonner nos mou- vements ou nos impressions. » Comment éliminer ces singulières erreurs? En procédant pour l'orga- nisme humain comme pour tous les autres appareils dont nous nous ser- vons. Lorsqu'il s'agit de déterminer avec précision la différence de deux quantités, il faut employer les mêmes instruments pour les mesurer l'une et l'autre, parce que, dans la soustraction des résultats, les erreurs con- stanteset communes disparaissent. Or, si l'on considère que toute mesure se résout en une estime où intervient le cerveau de l'observateur, il deviendra évident qu'aucune différence ne saurait être exacte, à moins qu'elle ne soit appréciée par le même individu. » En discutant à ce point de vue les mesures précédentes, on voit qu'il n'y a pas de raison pour compter sur le résultat à une seconde près ou même davantage. Cette conclusion est contradictoire avec les espérances ou les appréciations de l'époque. Mais elle est incontestable, et nous ne pouvons assez nous étonner qu'on n'ait pas pris en considération une source d'erreurs alors parfaitement connue. Disons cependant que le reproche ne doit tomber ni sur les savants anglais, MM. Herschel et Sabine, ni sur les savants français, MM. Bonne et Largeteau, qui n'ont pris part qu'à des opérations irréprochables, et qui les ont admirablement exécutées. » M. Bouvard a déterminé, en 1821, la différence de longitude, dont nous nous occupons, par une méthode purement astronomique, par la comparaison des ascensions droites de la Lune, observées dans les deux observatoires. Pendant les 9" 20* environ de temps lunaire que la Lune met à passer d'un méridien à l'autre, son ascension droite augmente d'environ 19 secondes en moyenne. Réciproquement, la mesure de cette variation fera connaître l'intervalle de temps qui sépare les deux méridiens. Mais on con- çoit que déduire la différence des méridiens par des observations qui ne por- tent que sur une variation trente fois plus petite, c'est se placer dans une condition fort peu favorable, comme toutes les fois qu'il s'agit de conclure du petit au grand. La méthode suivie par M. Bouvard et plus tard par M. Goujon, avec des modifications conseillées par Nicolaï et Baily, ne peut donc donner quelque exactitude qu'à la condition d'accumuler vm très- grand nombre d'observations. Mais là n'est pas la difficulté réelle. » On avait espéré éliminer ainsi les erreurs personnelles des observa- teurs, erreurs qui vicient si profondément les deux résultats précédents. ( 566 ) Mais cette espérance ne s'est pas trouvée justifiée par les résultats. Les sources d'erreurs personnelles ou physiologiques sont si délicates, qu'on ne sau- rait se flatter qu'elles se reproduisent identiquement, à moins de replacer l'observateur dans des conditions matériellement identiques. Or l'observa- tion des bords de la Lune n'est pas identique à celle d'une étoile. En fait, on a constaté ainsi d'étranges différences constantes qui peuvent dépas- ser un quart de seconde d'un observateur à l'autre. En pareille matière, un quart de seconde produirait près de 8 secondes d'erreur sur la différence des longitudes qu'il s'agit de déterminer. w Conclusions. D'après ces résultats, et leur comparaison avec la nou- velle détermination, on est en droit de conclure que toutes les longitudes déterminées antérieurement peuvent être en erreur d'une seconde ou même davantage, et que, par conséquent, elles ne sauraient servir de base aux calculs précis de l'astronomie lunaire, ni de contrôle pour les opérations de la haute géodésie. Il est essentiel de recommencer toutes les mesures de ce genre qui ont été faites en France, notamment sur le parallèle moyen : car les discordances qui se sont manifestées entre les mesures directes de longitude et les résultats des triangulations peuvent tenir aux erreurs systématiques des premières, tout autant ou même beaucoup plus qu'aux anomalies locales dont on a tant parlé. Le réseau télégraphique qui recouvre la France permettra d'étendre à notre territoire, sans grands frais et en peu d'années, le bénéfice de ces nouvelles opérations, qui sont appe- lées à donner une grande valeur scientifique aux travaux des officiers attachés à la Carte de France, c'est-à-dire à la plus vaste triangulation qui existe au monde. En opérant la jonction des observatoires étrangers, on comblera un desideratum astronomique, et surtout on réunira, comme en un vaste faisceau, toutes les triangulations européennes. Ces travaux se rattacheraient, d'ailleurs, à certains projets que les Anglais ont déjà réalisés en partie, chez eux, pour le plus grand avantage de la navigation et de la régularité du service des chemins de fer. » C'est ainsi que les progrès des sciences pures entrauient d'autres pro- grès dans l'ordre des applications journalières et d'une utilité immédiate ; progrès dont l'Observatoire de Paris provoquera sans relâche la réalisation la plus prochaine, et pour l'accomplissement desquels il osera réclamer, en temps et lieu, l'appui de l'Académie. » ( 567 ) ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les réfractions atmosphériques; par M. BioT. « Dans la dernière séance de l'Académie, je me suis engagé à établir la proposition suivante : » Remonter de la réfraction opérée entre des signaux terrestres, à la réfraction astronomique, par des résultats transportés de la première à la seconde, c'est un mode de réduction, qui, bien que théoriquement admis- sible au point de vue mathématique, conduirait à des conséquences vicieuses dans l'application. » Une étude plus attentive du sujet m'a fait reconnaître que la première partie de cet énoncé renferme une concession beaucoup trop large. Lorsque la foriiuile approximative qui donne la réfraction terrestre proportionnelle à l'angle au centre, a eu son coefficient de proportionnalité numériquement déterminé par des observations faites à de petites hauteurs, elle n'est plus assez générale pour qu'on puisse l'étendre, même comme hypothèse analy- tique, à toute la masse gazeuse de notre atmosphère, parce que la valeur particulière assignée ainsi à ce coefficient serait presque toujours autre que la stabilité de cette masse ne l'exige, dans l'état de stratification qu'on lui attribue. Cette impossibilité, dont on verra ci-après la preuve, rend mon dissentiment avec M. Faye encore plus complet que je ne l'avais témoigné d'abord. » Ces dénominations, de réfraction terrestre et de réfraction astrono- mique, sont impropres. La première n'est que la petite partie de la seconde, qui s'opère dans les couches d'air les plus basses et les plus rapprochées de l'observateur, aux distances restreintes où des signaux érigés sur la sur- face convexe de la Terre peuvent lui être visibles. Concevez une trajectoire lumineuse, qui, partant d'une étoile, parvienne à son œd sous une certaine distance zénithale apparente, après avoir traversé toute l'atmosphère. La somme des déviations que le pouvoir réfringent des couches aériennes aura fait subir au rayon lumineux, dans le sens vertical, sur toute l'étendue de ce trajet, composera la réfraction astronomique, qui, ajoutée à la distance zénithale apparente, donnera la distance zénithale vraie, sous laquelle l'étoile aurait été vue directement à travers le vide. Maintenant supposez, que, dans le plan vertical qui contient cette trajectoire, on érige im signal vertical qui l'intercepte, et qui demeure seul visible pour l'observateur par la lumière propre qui en émanera. Ce signal devra être d'autant plus élevé au-dessus de la surface convexe de la Terre qu'il sera plus distant j et cette ( 568 ) condition de visibilité met des bornes très-restreintes à son éloignement, si on le compare à tout le reste de l'espace que la trajectoire lumineuse venue de l'étoile, a dû parcourir avant d'arriver au signal qui l'a interceptée. La faible portion de la réfraction totale qui se produit alors entre le signal et l'observateur, sur cette même trajectoire lumineuse idéalement continuée, constitue ce que l'on appelle la réfraction terrestre, pour les circonstances ici assignées à l'observation. » Ces définitions étant établies, je me suis proposé de caractériser exacte- ment les relations, tant mathématiques qu'expérimentales, qui existent entre ces deux parties du même phénomène. Les premières sont énoncées et fixées, dans le livre X de la Mécanique céleste, avec un détail et une rigueur de démonstration qui ne laissent rien à désirer. Je les ai tirées de là, en conservant scrupuleusement les mêmes notations symboliques avec les- quelles l'illustre auteur les a exprimées, et qui doivent être familières à tons ceux qui ont voidu étudier, après lui, ce problème, où il faut faire con- courir des considérations de mécanique, de physique, d'astronomie, si délicates et si multipliées. Quant au complément de données expérimentales que le progrès du temps a permis d'ajouter à celles qu'il avait rassemblées, je les ai puisées, en grande partie, dans une longue pratique personnelle des divers genres d'observations qui s'y combinent. J'ai espéré pouvoir ainsi résumer utilement ce que la science nous fournit aujourd'hui de con- naissances positives sur un sujet si important pour l'astronomie, sans y chercher le futile intérêt d'une polémique individuelle qui ne conviendrait ni à mon âge ni à mes goûts, mais en conservant toutefois l'entière liberté de discussion que l'indépendance académique autorise, et qui est indis- pensable pour séparer l'erreur de la vérité. » N'ayant pas ici pour but de suivre les trajectoires lumineuses dans toute l'étendue de leur cours à travers l'atmosphère terrestre, mais seule- ment d'étudier par la théorie et par l'observation des portions de ces trajec- toires comprises entre des rayons vecteurs qui ne sous-tendent au centre de la Terre qu'un angle très-restreint, presque toujours moindre que i degréj, j'emprunte au chapitre II du livre X de la Mécanique céleste leur équa- tion différentielle générale, mise sous la forme la plus appropriée à cette recLerche, et qui est : r est le rayon vecteur mené du centre de la sphère terrestre a un point (i) M=- _},/ -rdv, (569) quelconque de la trajectoire, où la densité de l'air est p, et 4^ p son pouvoir réfringent, la vitesse de la lumière dans le vide étant i . Le coefficient diffé- rentiel (-J-j exprime donc la variation de la densité à cette hauteur entre deux couches d'air infiniment voisines; dv est l'élément de l'angle au centre compris entre deux rayons vecteurs infiniment voisins; et dô est l'angle infiniment petit formé par les tangentes de la trajectoire, aux deux points extrêmes du petit arc que ces rayons vecteurs interceptent. La relation différentielle ainsi établie suppose que l'atmosphère considérée a une com- position chimique uniforme, et que, dans la portion actuellement traversée par la trajectoire lumineuse, les couches d'égale densité sont concentriques à la région de la surface terrestre sur laquelle elles reposent; leur mode de répartition à diverses hauteurs pouvant d'ailleurs être quelconque. La même relation pourrait, avec une légère modification de symboles, être étendue à une atmosphère dont la composition chimique serait variable; mais je ne considère pas ici ce cas. » Si l'on pouvait obtenir la somme des d$, qui se succèdent entre deux points de la trajectoire, situés à une distance finie l'un de l'autre, et que je désigne par M', M" dans la figure ci-jointe, cette somme ou intégrale 9 représenterait l'angle aigu T"1M', ou T'IM", compris entre les tangentes menées à la trajectoire en ces deux points extrêmes M', M", dont les rayons vecteurs embrassent l'angle au centre c. Or, dans les limites d'application ici assignées, la valeur de Q peut être obtenue de deux manières : par la théorie, par l'observation. » Pour suivre la première voie, il faut adapter l'équation différei>fielle C. R., i854, a"" Semetire. (T. XXXIX.^N» 13.) 76 ( 570 ) aux conditions d'application restreinte que nous voulons lui donner, les- quelles exigent que les rayons vecteurs menés aux points M', M" diffèrent très-peu l'un de l'autre dans les étroites limites que la convexité de la Terre apporte à la possibilité d'une visibilité réciproque. Désignant donc le premier de ces rayons par r, , faisons généralement : (a) 7 = '-^ S sera une nouvelle variable qui restera toujours très-petite dans la portion restreinte de la trajectoire à laquelle notre application peut s'étendre. Par exemple, si la station M' était située au niveau de la mer, et que M" fût un signal élevé de 2400 mètres au-dessus de ce niveau, la plus grande valeur de s, sur la trajectoire lumineuse qui joindrait ces deux points, serait 0,000376849, et elle se réaliserait à ce signal même. Cet exemple justifie suffisamment le caractère de petitesse qu'on peut lui attribuer dans les applications plus restreintes. » Introduisant donc cette variable s dans notre équation différentielle(i), elle devient : 2/i(l- <â) (3) d9 = ^^.dv. Pour aller plus loin, il faudrait connaître la composition analytique de p et de (j^\ en fonction de s, dans les couches d'air que traverse la portion de la trajectoire lumineuse comprise entre les deux stations M', M'. Vou- loir l'assigner à priori, ce serait se jeter dans les hypothèses. Mais, en exa- minant les circonstances dans lesquelles cette difficulté se produit, on va voir, qu'à l'aide de quelques déterminations expérimentales aujourd'hui très-faciles, on peut toujours l'éluder avec une approximation suffisante pour toutes les opérations pratiques, et dont j'apprécierai plus loin les limites d'erreur, » Les portions de trajectoires lumineuses que nous avons ici à considérer, sont toujours comprises dans des couches d'air peu distantes de la surface terrestre. Or, les plus simples notions de physique font pressentir que la distribution des densités, et par suite des pouvoirs réfringents dans le sens vertical, y doit être extrêmement variable, et soumise à de continuelles fluctuations. L'expérience ne confirme que trop ces prévisions de la science. C'est ce que savent, ou doivent savoir, tous les observateurs qui ont exé- cuté de grandes opérations géodésiques, et qui se sont rendu compte de (.571 ) leurs détails, par une pratique propre, non pas en les étudiant dans des livres, où l'on se complaît trop souvent à régulariser, par des moyennes, des résultats essentiellement irréguliers. Voyez combien Delambre, obser- vateur toujours sincère, a rencontré de ces capricieux phénomènes dans la triangulation delà méridienne de France! Un air calme ou agité, un ciel cou- vert ou serein, parfois le seul passage d'un nuage qui venait voiler le soleil, fai- saient varier les hauteurs apparentes de ses signaux, et les lui rendaient occa- sionnellement visibles et invisibles. Et ce n'est pas seulement pendant le jour que ces caprices s'observent. Nous en avons eu, Arago et moi, bien des exem- ples dans notre triangulation d'Espagne, qui a été faite tout entière sur des signaux de nuit, placés au- sommet des plus hautes montagnes qui pussent les recevoir. J'en citerai un seul. C'était dans la nuit du aa décembre 1806: nous étions à la station#lu Desierto de las Palmas, d'où nous observions le signal de Campvey, situé à 82657 toises de distance. Le temps était parfai- tement calme depuis plusieurs jours; la température de l'air à notre station, 12 degrés centigrades. Sitôt après le coucher du soleil, dans le crépuscule, la lumière de Campvey se voyait distincte, unique, et bien terminée. Nous prîmes quatre fois l'angle de position entre elle et le signal de Mongo, sans rien remarquer d'extraordinaire. Mais ensuite, nous commençâmes à la voir accompagnée d'une seconde lumière située exactement dans la même verti- cale, à une distance que nous estimâmes au moins de trois minutes de degré. Bientôt il s'en forma trois, puis quatre, toujours dans le même ver- tical; tantôt se montrant toutes ensemble, tantôt s'éteignant isolément, pour reparaître après; l'une d'elles jusqu'à plus de cinq minutes de distance à la plus basse. Ce phénomène dura tant que la lumière de Campvey resta visible, et disparut avec elle dans les vapeurs, vers 1 1 heures du soir. Le lendemain le temps était encore calme, mais la mer était couverte au loin de niasses de brouillard, arrondies, détachées les unes des autres, représentant des monta- gnes. Nous pensâmes que des courants d'air locaux avaient pu refroidir certaines parties de la surface de la mer, entre l'île d'Yviça, où était le signal, et la côte de Valence, où nous étions. Des perturbations analogues et beau- coup plus fortes doivent aisément et fréquemment se produire pendant le jour dans les couches d'air comprises entre deux stations peu élevées au- dessus du sol, comme celle que l'on emploie habituellement pour les petites triangulations. » Ce serait, à mon avis, faire un mauvais usage de l'analyse mathé- matique que de vouloir assujettir à des formules rigoureuses et générales des phénomènes si capricieux. Mais, dans les opérations géodésiques 76. (57a) ordinaires, la minceur et le peu d'étendue de la masse d'air qui sépare deux signaux consécutifs, permet, le plus habituellement, de représenter son état réel, par des expressions approximatives, au moyen desquelles la quan- tité totale de la réfraction, opérée à travers cette masse, sur la portion de trajectoire lumineuse allant d'un signal à l'autre, peut être théoriquement calculée avec un degré de précision qui suffit aux besoins du praticien. » Cela a lieu toutes les fois que les densités de l'air à diverses hauteurs varient dans l'épaisseur de cette masse, suivant une loi de décroissement ou d'accroissement continue, quelle qu'elle puisse être. C'est ce qui arrive en général dans les temps calmes, quand les circonstances météorologiques sont à peu près fixes. L'expérience, d'accord avec le raisonnement, montre qu'alors la variation des densités suit une marche très-lente; de sorte que leurs valeurs, même extrêmes, diffèrent peu entre eSes, dans l'amplitude res- treinte que l'intégrale 6 doit embrasser. Admettant donc qu'un tel état existe actuellement, dans la mince épaisseur d'air parcourue par la trajec- toire lumineuse, ou qu'il n'y soit que peu troublé, on voit que l'on aura déjà une valeur très-approchée de l'intégrale S, en substituant, au coefficient variable de dv, un coefficient moyen et constant, formé avec les valeurs moyennes des quantités qui composent le coefficient théorique rigoureux. D'après cela, si l'on désigne par ^2 ^t p^ l^'s valeurs de * et de p à la sta- tion M", comme elles sont o et p, à la station M' que nous avons prise pour origine des s, la valeur cherchée de $ sera I -f- 7./, (p, 4-pj) Nous apprécierons tout à l'heure les limites d'erreur de cette expression approximative, mais il faut d'abord définir les caractères physiques des élé- ments qui la composent. » Les densités p, et p^ s'obtiendront immédiatement par les observations du baromètre et du thermomètre, faites simultanément aux deux stations. Ixs coefficients différentiels (^) ■, i-~) > représentent la variation virtuelle de la densité en chacun de ces points. On les obtiendrait par des observa- tions météorologiques analogues, effectuées à de petites hauteurs, tant au-dessus qu'au-dessous de chacun d'eux, dans leurs verticales propres, comme je les ai obtenus pour les diverses stations de Gay-Lussac, dans son voyage aérostatique. A défaut de pareilles observations, on pourra, mais avec une approximation moins sûre, quoique très-souvent suffisante, sup- ( 573 ) poser ces coefficients différentiels égaux entre eux aux deux stations, et alors leur valeur commune s'obtiendrait par les observations météorolo- giques simultanées qu'on y aurait faites, puisque, à cause de la minceur de la couche d'air qui est censée les séparer, on pourrait prendre, pour cette valeur, le rapport '~ ^S dans lequel ^2 se déterminerait par la formule barométrique, avec toute l'exactitude nécessaire. Cette égalité des deux coefficients deviendrait rigoureuse, si la variation des densités s'opérait en progression arithmétique avec les s, ce qui, dans les temps calmes, et pour de petites différences de hauteur, s'écarte habituellement très-peu de la réalité. » Pour apprécier le degré d'approximation de cette formule, je me suis formé un type de comparaison exact, qui embrassât et dépassât toutes les amplitudes d'angle au centre, non-seulement admises, mais physiquement admissibles, dans les opérations géodésiques. Prenant comme exemple, l'état des couches inférieures de l'atmosphère, qui s'est réalisé dans l'ascension de Gay-Lussac, j'ai supposé que, dans ces circonstances, un astronome placé à l'Observatoire de Paris eût dans son méridien un signal dont la verticale fit avec la sienne un angle au centre de i^l'io'; et qu'à cette dis- tance, plus grande que le plus grand côté de nos triangles d'Espagne, ce signal lui fût visible à la distance zénithale apparente de 90 degrés, c'est-à- dire dans l'horizon même. Comme seconde épreuve, j'ai réduit l'angle au centre à 3o minutes, ce qui rentre dans les conditions ordinaires des opéra- tions géodésiques. Alors, pour chacun de ces cas, j'ai calculé rigoureuse- ment toutes les particularités de la trajectoire lumineuse, qui, partant des deux signaux, arrivait à l'observateur sous la distance zénithale apparente convenue de 90 degrés. La même analyse m'a donné, avec une égale rigueur, les hauteurs verticales relatives des deux signaux, qui satisfaisaient aux conditions de visibilité supposées ; et, de ces calculs bien vérifiés, j'ai déduit les deux tableaux suivants, auxquels j'ai comparé les résultats de l'expres- sion approximative, lesquels ne s'en écartent que dans d'étroites limites d'erreurs, que les praticiens peuvent négliger; et pour l'angle au centre de 3o minutes, ces erreurs deviennent tout à fait insensibles. ( 574 ) Tableau A. Angle au centre Hauteur de la station M" au-dessus du niveau sphérique de la station M'. V = lOjo'. STATION INFÉRIEURE M'. STATION SUPÉRIEURE M". SOMME DIFFÉRENCE DISTANCE DI8TA^CE DISTANCE des des zénithale ap- zénithale Traie zénithale appa- DISTANCE deux réfrac- deux réfraf- parente de M", RÉFRACTION rente zénithale Traie nÈPRACTION tions tions de M", TU de H'. locale en M'. de M', de M', locale en M». locales . locales. TQ de M'. TU de M". TU de M". z. 90° z,-+-S, 5, Zj Zz + 5. 5. s,+s, s,— s. 90" 6' 55",89 -h 6' 55", 89 9i<>i6'a7'',90 91° 23' 4",, I -h 6' 36", 31 -hi3'32",io H- 19", 68 » Coefficient de la rétraction terrestre conclu de ces nombres : 9 = o,i5o3889.v. i> Résultats analogues déduits de la formule approximative, en évaluant les coefficients différentiels H j— £|,j— ^j , par la parabole la plus basse conclue de l'ascension de Gay-Lussac : « = 0,1 473852 1'; (J,-+- 0,= i3' i5"56'". Erreur de l'approximation : — 16",544. 1 Tableau B. Angle au centre .... Hauteur de la station M" au-dessus du niveau sphérique de la station M' V = 00,30. r, — r, = 304*", 3i3. STATION INFÉRIEURE M'. niSTANCE zénithale ap- parente de M", TU de M'. 90» nilTANCE zénithale vraie de M^ TQ de M'. 2t,-t-5, 900 3'2l",46 REFRACTION locale en M'. 5, H-a'2l",46 STATION SUPÉRIEURE M" DISTANCE zénithale appa- rente de H', Tn de M". Zî bISTANGE zénitbale rraie de M'. TU de M". 32 + ^. 90O25'i7",746 900 27'38'',454 REFRACTION locale en M". -2' 21 ".798 SOlfMC des deax réfrac- tions locales. -4'42".254 DIFFÉKE.VCB des deux réfractions locales. 0| O2 -o",658 » Coefficient de la réfraction terrestre conclu de ces nombres : 9 = o,i568o7 .V. » Résultats analogues déduits de la formule approximative , en évaluant les coefficients différentiels f£P \ , t—E I par la parabole la plus basse conclue de l'ascension de Gay-Lussac : S = o,i56446i'; (î,-(-iî, = -f-4'4'";6o4- Erreur de l'approximation : — o",65o. » Tous les calculs sur lesquels ces résultats sont fondés , se trouvent rapportés en détail dans les Additions à la Connaissance des Temps pour l'année 1842 ( * ). ( * ) Je profite de cette circonstance pour indiquer une faute d'impression qui existe à la page 54 du Mémoire auquel je renvoie. Elle porte sur l'expression approximative de 6, qui est écrit avec le signe — , au lieu du signe -)-. On lui a donné en outre pour facteur -^— — -1 tandis qu'il faut ' '• Ces fautes 'i 's n'existaient point dans le manuscrit , et tous les calculs qui suivent ce passage du Mémoire ont été effec- tués sur la formule exacte. Elle a été reproduite et employée sous sa forme correcte , dans les Notes du tome 1" de mon Traité d'Astronomie, pages 262 et suivantes. ( 575 ) » Connaissant, par cette étude préliminaire, les caractères géométriques des portions de trajectoires lumineuses qui ont pu se former entre des signaux terrestres situés à diverses distances, dans un état régulier des couches inférieures de l'atmosphère, qui a effectivement existé,, cherchons quels sont ceux de ces caractères que l'on pourra constater et apprécier par des observations de distances zénithales, effectuées aux deux stations qui les terminent. » Si deux observateurs placés en ces points extrêmes prennent^y/wMZ^a- némertt les distances apparentes Z,,Zj de l'autre signai, séparé d'eux par l'angle au centre v, la considération du quadrilatère plan CM'IM", dont les angles internes doivent former en somme quatre angles droits, leur donnera immédiatement l'angle intérieur T"IM' ou B, lequel aura pour expression : (5) S=r 180°+»'- (Z.+ Zj). » Mais cette relation ne s'appliquera à une même trajectoire lumineuse que sous la condition rigoureuse que les distances zénithales réciproques auront été observées simultanément. Car si elles étaient seulement réci- proques sans être simultanées, elles appartiendraient généralement aux tangentes extrêmes de deux trajectoires différentes; et la valeur de ô, fournie par la même relation, exprimerait l'angle formé par ces tangentes, qui n'auraient entre elles aucune connexité physique dont on pût se prévaloir. » La valeur de Q obtenue ainsi par des observations, même simultanées, représente seulement la somme 0*, ■+- &^ des deux réh-actions locales qui ont eu lieu à T.in même instant, aux deux extrémités d'une même trajectoire. Mais cette donnée est insuffisante pour que l'on puisse en conclure la différence de niveau des deux stations, ce qui est l'usage spécial auquel ce genre d'observations s'emploie dans les opérations géodésiques. Il devient alors nécessaire de connaître aussi la différence t?, — (?2 des deux réfractions locales, afin d'avoir chacune d'elles individuellement. On y supplée en les supposant égales, ce que nos tableaux A et B montrent devoir être peu en erreur, aux distances restreintes où la convexité de la Terre oblige de placer les signaux géodésiques. Cela revient à considérer comme circulaii'e la portion de la trajectoire lumineuse, qui est comprise entre eux. Mais cette hypothèse, suffisante pour la pratique de l'ingénieur, n'est pas théorique- ment acceptable comme réalité. » Ayant ainsi constaté l'excessive variabilité physique du coefficient ( 576) dedv, dans l'expression différentielle lorsqu'on l'applique à des couches d'air minces, peu étendues, et peu élevées au-dessus de la surface terrestre, comme sont toujours celles qui se trouvent comprises entre deux signaux géodésiques, supposons que, par des observations de distances zénithales réciproques et simultanées, faites entre deux signaux pareils, on ait, à un certain jour, à un certain instant, déterminé sa valeur actuelle, sur la ligne d'air suivie par la trajectoire lumineuse qui va de l'un à l'autre, et qu'on l'ait trouvée égale à — > m étant un nombre connu. On n'en pourra nullement conclure qu'il aurait encore cette même valeur, à ce même instant, sur les trajectoires lumineuses qui parcourraient des portions de la même masse d'air, comprises entre des signaux moins ou plus distants; et nos tableaux A et B offrent des exemples du contraire. Toutefois, admettons hypothétiquement qu'il en soit ainsi. Alors, tous les éléments de l'intégrale S, se trouvant constants, et égaux à — dv entre les limites d'amplitude qu'elle doit embrasser, on en conclura immédiatement, dans ces limites, 7. m Alors — sera ce que l'on appelle le coefficient de la réfraction terrestre, dans les circonstances supposées ; et il est à remarquer qu'il sera essentiel- lement propre et spécial à ces circonstances. » Concevons maintenant que l'on demande quel mode de variation des densités il faudrait idéalement établir dans la masse d'air considérée, pour que le coefficient de dv eût précisément cette valeur constante — ■> dans l'amplitude d'épaisseur et d'étendue qu'elle embrasse? La condition à rem- plir s'exprimera en posant l'égalité : --(— )(â) = -^; d'où l'on tire ^ - — ^- H-4Ap ïtn I -)- 4'^P 2'" ' — •^ Sous cette seconde forme^ l'intégrale se présente immédiatement, et elle est I H-4^|!> — A(i — .y)'", • ( 577 ) A étant une constante arbitraire. Cette constante se détermine par la condi- tion que la densité p, ait sa valeur vraie et observable p,, à la surface de la couche d'air d'où l'on compte les variables s. Pour qu'il en soit ainsi, il faut qu'on ait : i-{-^kp,= A, ce qui donne, après l'élimination de A, ^LtjlL = (, _ sf , et; par suite, ('-^^Y = ^ - s, ou, en remplaçant i — s par son expression équivalente -'? » Si l'on a bien suivi les détails de cette déduction analytique, on doit reconnaître avec évidence que la formule (6), à laquelle nous venons de parvenir, n'est légitimement applicable qu'à la masse restreinte d'air où l'on a déterminé par observation le coefficient m ; et même, qu'elle ne s'étend à tousses points intérieurs, qu'au moyen de la généralisation hypo- thétique sur laquelle l'intégration est fondée. Or, non-seulement M. Faye lui attribue virtuellement ce caractère d'application local, mais, par une extension d'idées bien autrement hypothétique, et, je l'ose dire, contraire à toutes les notions de la physique, tant rationnelle qu'expérimentale, il en fait le type d'une loi de variation des densités, qui doit matériellement s'établir depuis la surface de la Terre jusqu'aux dernières régions de l'atmo- sphère, en conformité avec la valeur actuelle, que l'observation locale aurait donnée au coefficient m l » Avant de revenir sur cette idée, je ferai remarquer que notre équa- tion (6) est, dans sa composition analytique, et jusque dans sa notation littérale, identique à celle que Laplace donne au § 6 du livre X de la Méca- nique céleste^ comme une hypothèse mathématique dans laquelle l'équation différentielle de la réfraction devient rigoureusement intégrable, et conduit à la même expression que la loi de Bradley. Mais, pour que ce mode de 3écroissement des densités, ou tout autre que l'on voudrait imaginer, puisse, même hypolhétiquement, être appliqué à une atmosphère gazeuse, composée de couches pesantes et compressibles, il faut d'abord l'assujettir à une équation de condition, qui est toujours nécessaire pour assurer sa stabi- lité, dans un tel état; puis, si l'on veut qu'elle représente réellement l'atmo- .sphère terrestre,, il faudra disposer des constantes qui la définissent, de C. R. i854, a»« Semestre. (T. XXXIX, N» 13.) 77 (578) manière qu'elle s'y assimile dans ses particularités physiques ; c'est-à-dire que les réfractions à toutes les distances zénithales y soient de même gran- deur, et que le décroissement des températures à diverses hauteurs y soit tel qu'on le constate dans notre atmosphère par l'observation. Or, la consti- tution d'atmosphère représentée par l'équation (6), ne contenant de dispo- nible que la seule constante m, ce serait un singuUer hasard qu'elle pût satisfaire à toutes ces conditions d'identité. Effectivement, la relation nécessaire à la stabilité de la masse gazeuse, détermine à elle seule immédia- tement cette constante; et, à la température de o degré, sous la pression de o™,76, elle lui assigne pour valeur numérique : m = 4525970; d'où — = 0,11738; — est le coefficient de la réfraction terrestre, qui se trouve ainsi notable- ment moindre que l'observation ne le donne, en moyenne, dans notre atmosphère, m étant ainsi déterminé, il en résulte pour la grandeur de la réfraction horizontale, à o degré de température, et sous la pression totale de o'",76, 3o'24",i2, valeur pareillement beaucoup trop faible, comme moyenne. Enfin le dé- croissement moyen des températures, près de la surface terrestre, conclu de ce même /«, dans les mêmes circonstances météorologiques, serait de I degré centigrade pour 63™, 8 d'accroissement de hauteur, progression environ trois fois plus rapide qu'on ne l'observe réellement. w Tous ces résultats ont été établis par Laplace au § 6 du livre X de la Mécanique céleste ^ comme autant de conséquences mathématiquement inhé- rentes à la constitution d'atmosphère représentée par notre équation (6). Je n'ai fait que lui emprunter ses nombres, et je les ai rapportés avec tout ce détail, pour montrer que la valeur occasionnelle du coefficient m, déter- minée par des observations géodésiques faites à travers des couches d'air d'une épaisseur restreinte, et à de petites hauteurs, ne peut pas, sans con- tradiction mathématique, être employée dans l'équation (6), comme carac- térisant un mode de variation des densités applicable à toute hauteur dans notre atmosphère. Car une atmosphère ainsi constituée artificiellement, non-seulement n'aurait pas les qualités physiques de la nôtre, mais ne satis- ferait pas même à la condition de stabilité nécessaire à son existence. » Voilà pourtant ce que M. Faye fait, ou prétend faire. Car il derriande qu'on emploie les réfractions calculées dans cette atmosphère fictive, pour ( 579) corriger les irrégularités de celles que l'atmosphère réelle nous présente habituellement, près de l'horizon. Or ces irrégularités ne peuvent être assu- jetties à aucune théorie générale, parce qu'elles résultent de perturbations opérées dans les couches basses et lointaines de notre atmosphère, par des accidents météorologiques locaux, dont les caprices échappent à toute prévision, et se réalisent même soudainement à notre insu. On ne saurait se débarrasser de leurs effets que par compensation ; et le procédé que M. Faye propose pour y remédier ne ferait que vicier les résultats moyens qui peu- vent être obtenus à la longue. » Supposons, dit M. Faye, qu'une mire éloignée, visible de jour et de nuit, soit placée dans la direction du méridien de l'observateur à une grande hauteur au-dessus du sol, et que l'on ait déterminé sa distance ainsi que son altitude relative, à l'aide d'un nivellement ordinaire à petites portées. On en déduira la distance zénithale vraie de cette mire. L'observation don- nera la distance zénithale apparente. La différence sera l'effet de la réfraction (locale); et, comme on connaît l'angle au centre, on aura la valeur actuelle du coefficient de la réfraction terrestre (sur la portion de la trajectoire lumi- neuse propagée du signala l'observateur). Ce coefficient, introduit dans l'équation (6) de Laplace, donnera la réfraction astronomique actuelle, sous la forme que lui assigne la loi de Bradley, dont tous les éléments se trouveront ainsi déterminés pour l'application. » J'ai présenté ici l'esprit de la méthode aussi fidèlement que j'ai pu le saisir dans la nouvelle notation que M. Faye a substituée à celle de Laplace. .Te regrette, pour mon compte, ces changements de formes symboliques, qui rendent plus pénibles à lire, à retrouver, des théories déjà exposées avec lUî entier développement, dans des ouvrages célèbres, que tout le monde a étudiés. » Je ne reviendrai pas sur la difficulté mécanique, toute grave qu'elle est. Je veux considérer ici la méthode, uniquement au point de vue de, l'application physique et astronomique. Elle se résume, pour moi, en ce point : que, d'après la quantité de la réfraction observée à l'une des extré- mités d'un petit arc de trajectoire lumineuse, réfraction qui n'excédera jamais quelques minutes de degré, M. Faye veut conclure la totalité de la réfraction qui se produira pour des distances zénithales de même ordre, sur toute la longueur des trajectoires lumineuses, qui se seront propagées depuis les extrémités de l'atmosphère jusqu'à l'observateur, en traversant des régions aériennes immensément distantes, dont la stratification pourra n'avoir aucun rapport avec l'état actuel de la même couche d'air comprise 77- ( 58o ) entre l'observateur et le signal observé. Croire que l'état accidentel de celle- ci pourra, devra, se propager ainsi, instantanément, à tout le reste de la masse aérienne, c'est une concession que la vieille physique, je dirai aussi la vieille logique de mon temps, ne me permet pas de faire, et pourtant elle semble indispensable pour que l'application ait lieu. Mais alors, si le même observateur établissait autour de sa station trois ou quatre signaux terrestres, sur diverses directions azimutales, au nord, au sud, à l'est, à l'ouest, comme les couches basses qui les sépareraient de lui pourraient se trouver, au même instant, dans des états physiques très-dissemblables, il faudrait donc que l'atmosphère réelle se conformât simultanément à tous ces états divers, ce qui ne me paraît pas moins dur à concevoir. » Tels sont les motifs du dissentiment que j'ai témoigné, lorsque ce nou- veau moyen de corriger les irrégularités des réfractions atmosphériques, a été annoncé à l'Académie. M. Faye a comparé ma résistance à celle que Flamsteed opposait aux conseils de Newton, quand il voulait lui persua- der de joindre à ses observations astronomiques, les indications du baro- mètre et du thermomètre. Cette comparaison me semble pécher, au moins dans l'un de ses termes. Mais, peut-être, M. Faye n'a pas entendu l'appli- quer à lui et à moi, dans toute sa rigueur. » Je pense qu'il reste beaucoup de perfectionnements à faire dans l'ap- préciation des réfractions atmosphériques; mais il faut, je crois, les cher- cher par une autre voie. C'est ce que j'essayerai de montrer dans la séance prochaine, ou dans celle qui suivra. » A la suite de cette discussion, M. Laugier prend la parole en ces termes : « M. Le Verrier, en répondant à M. Biot, ayant déclaré que les objec- tions que j'avais présentées dans la dernière séance contre la formule de M. Faye n'étaient nullement fondées, je demande à l'Académie la permis- sion d'ajouter à ce que j'ai dit quelques nouvelles observations. » Les conclusions de la Note que j'ai lue dans la dernière séance, sont : « La formule proposée par M. Faye n'a pas, comme la formule de » Bradley, l'avantage de pouvoir servir de formule approchée : elle ne sau- » rait, dans aucun cas, expliquer les incertitudes des réfractions qui ont lieu » à de petites hauteurs. » » Je maintiens aujourd'hui ces mêmes conchisions. » La formule de M. Faye, quand on l'applique au calcul des réfractions avec la nouvelle modification qu'il apporte au coefficient de p, est une for- mule inexacte, et non une formule approchée; car il la déduit d'une équa- ( 58i ) tion qui n'a jamais été considérée comme rigoureuse, et il lui est impossible de prévoir l'influence que peuvent avoir, sur les résultats numériques, les quantités qu'il omet. » M. Faye affirme aujourd'hui qu'il n'a pas eu la prétention de donner une formule rigoureuse; mais, après la lecture des Notes qu'il a publiées dans les Comptes rendus, tout nous autorise à penser le contraire. Je rap- porte entre autres les passages suivants qui me paraissent en contradiction avec ce qu'il avance maintenant. « 1°. Page 382 Je vais déduire cette loi (de la constitution de l'atmo- » sphère) des données admises universellement pour la réfraction terrestre, » et calculer les réfractions astronomiques dans cette hypothèse; nous » aurons ainsi l'avantage de voir clair dans une analyse simplifiée où nous « ne serons pas forcés de rien négliger.... » 2°. Page 388 J'espère que la très-simple correction proposée ayant » pour argument le coefficient actuel de la réfraction géodésique suffira » pour me^^/e c^'rtcco/y;^ <^e.$o/7nrtw la théorie et l'observation. » 3°. Page 482.... A cette assertion pure et simple je pourrais répondre » que mon Mémoire fait connaître des ressources nouvelles et que la ques- » tion a changé de face.... M 4°- Page 482.... Mon Mémoire a l'avantage de répondre nettement à » ces questions. Il montre que les variations de l'atmosphère se font sentir, » non pas à 70 degrés, mais à 45 degrés si l'on veut tenir compte des frac* » lions de seconde, et à 65 degrés à moins de négliger 3 secondes. u 5°. Page 486 Je me borne à renvoyer sur ce point à mon Mémoire : » on y verra si le jeu de ces fluctuations négligées est insignifiant et s'il est M réellement impossible, comme on l'a cru jusqu'ici, de les soumettre par » r analyse à un système de corrections régulières, etc., etc. » » Ces passages ne peuvent laisser dans l'esprit le moindre doute sur l'opi- nion que M. Faye a de son travail. » D'ailleurs, comment M. Faye démontre-t-il l'importance, au point de vue de la pratique, de la modification qu'il propose? C'est en calculant, à l'aide de sa formule, l'influence de la réfraction terrestre sur les réfractions astronomiques qui ont lieu à 45 degrés et à 76 degrés. Eh bien, je ne fais que suivre en cela l'exemple de M. Faye : je prends sa formule, j'y intro- duis, comme lui, certaines valeurs du coefficient de la réfraction terrestre données par l'observation, et je fais voir numériquement à quelles con- séquences inacceptables on est entraîné. » Si la formule de M. Faye lui permet de mettre en évidence les fluctua- ( 58a ) lions atmosphériques qui dépendent des variations du coefficient de la ré- fraction terrestre, on m'accordera sans doute que je puis aussi, par des applications semblables, lui faire accuser ses propres imperfections. » J'aborde maintenant un autre ordre d'idées. » Les valeurs moyennes du coefficient de la réfraction terrestre trouvées en différents pays par MM. Struve, Corabœuf, le général Baeyer et nos offi- ciers d'état-major, s'accordent d'une manière très-remarquable. Par consé- quent, d'après M. Faye, on n'aura pas à craindre, autant qu'on parait le croire, des effets de ses variations. » Que l'Académie veuille bien le remarquer, cet accord ne prouve qu'une chose, c'est que, si l'on choisit le moment de la journée où les réfractions terrestres varient le moins, si l'on a soin d'exclure de la discussion les va- leurs par trop extrêmes, on peut trouver en différents pays des résultats moyens très-concordants. Mais cet accord ne prouve pas que les variations observées dans la valeur de ce coefficient ne soient pas de nature, si on les introduisait dans le calcul des réfractions, à vicier les indications moyennes de nos Tables. » Ouvrons n'importe quel livre qui traite des réfractions terrestres, et nous y lisons presque partout le mot discordance à côté des résultats déduits de l'observation. Le tome IX du Mémorial du Dépôt de La Guerre nous en fournit de nombreux exemples : Delambre trouve deux valeurs néga- tives pour le coefficient de la réfraction terrestre, et un certain nombre de valeurs sont comprises entre o,io et o,3o. » Les observations des officiers d'état-major présentent également de très-grands écarts : le coefficient de la réfraction terrestre y varie de 0,02 à 0,29. Dans une série résultant d'observations faites pendant la nuit, la plus petite valeur est 0,09 et la plus grande 0,20; et l'on peut voir, d'après ces chiffres, si j'exagérais l'étendue des variations de la réfraction terrestre qui surviennent pendant la nuit en la portant à 0,01 (i). » Dans l'Lide, le colonel Everest a fait un nivellement au moyen d'ob- servations simultanées qui présentent quelques coefficients très-forts com- pris entre 0,11 et o,44 ; d'autres, au contraire, sont très-faibles, et, parmi ces derniers, on remarque un coefficient négatif de 0,02. (i) Lorsque le coefficient de la réfraction terrestre varie de 0,02 a o,i5, la réfraction moyenne à 80 degrés varie de 3o secondes ! On m'accordera peut-être cette fois tjue cette variation de 3o secondes dépasse de beaucoup les erreurs possibles des réfractions qui ont lieu à 80 degrés distance zénithale. ( 583 ) • » Enfin, en Angleterre, les travaux géodésiques exécutés jusqu'en 1806 donnent pour valeurs extrêmes du coefficient de la réfi-action teirestre, 0,17, 0,20, o,3o, o,5o et 0,00, o,o3, o,o4, etc. » Les nombres que je viens de citer justifient donc amplement cette opi- nion généralement admise, que les réfractions qui affectent les distances zénithales des signaux géodésiques, sont soumises à d'énormes perturba- tions locales. On peut, en géodésie, s'en affranchir jusqu'à un certain point: d'abord par les distances réciproques et simultanées, ensuite en choisissant le moment propice pour faire l'observation, enfin en revenant plusieurs fois dans les mêmes stations. Mais l'astronome qui ne peut choisir ni les jours d'observation, ni les heures de la journée, sera bien obligé de prendre pour coefficient actuel de la réfraction terrestre le nombre résultant des observations qu'il aura faites au commencement et à la fin de sa série, et, dès lors, il se trouvera exposé à toutes les irrégularités, à tous les accidents que je viens de signaler. C'est pour lui surtout que les réfractions terrestres seront éminemment variables, comme le disait M. Faye au commencement de sa première Note, page 382. Il était dans le vrai alors, et cette remarque qu'il faisait aurait dû, ce me semble, l'arrêter dans ses conclusions. Qu'on ne vienne pas objecter que ces variations considérables arrivent à des inter- valles dfe temps plus ou moins éloignés; il suffit qu'elles aient lieu pour que leur influence tout entière se fasse sentir dans des observations astrono- miques qui, pour être faites à un jour ou à six mois de distance, n'en sont pas moins susceptibles d'être comparées, étant ramenées par le calcul au même instant. « Telles sont les réflexions que je désirais ajouter à ce que j'ai dit dans ma dernière Note. «.L'idée d'emprunter au coefficient de la réfraction terrestre un élé- ment de correction pour les réfractions astronomiques, est sans doute venue à l'esprit de plusieurs personnes. Je l'ai rencontrée dans un ou- vrage publié récemment, et l'on sera bien étonné d'apprendre que cet ou- vrage est précisément le tome IX du Mémorial du Dépôt de la Guerre, si souvent cité par M. Faye dans cette discussion. Je lis en effet, page 454, dans le chapitre même où se trouvent exposées les observations faites par M. Hossard pour déterminer les variations diurnes de la réfraction ter- restre, le passage suivant : « On peut remarquer, ainsi que l'indique d'ailleurs la formule des ré- » fractions terrestres, que l'état du baromètre et du thermomètre n'est pas » l'élément qui exerce la plus grande influence sur la valeur du coefficient ( 584 ) » de la réfraction, mais bien la rapidité du décroissement de la tempéra- » ture dans les couches inférieures de l'atmosphère. Ce dernier élément » étant difficile à déterminer à priori, ne pourrait-on pas renverser la ques- » tion et le déduire d'observations directes du coefficient de la réfraction » terrestre, auxquelles on aurait fait subir quelques corrections dues aux » indications du baromètre et du thermomètre? On obtiendrait ainsi une » nouvelle donnée météorologique qui ne serait peut-être pas sans impor- » tance, et qui, d'ailleurs, serait de nature à jeter un nouveau jour sur des » formules de réfraction terrestre et astronomique. » L'instrument propre à effectuer ce genre d'observations pourrait se ré- » duire à une forte lunette invariablement fixée à un massif en pierre dans » un observatoire, et munie d'un micromètre au moyen duquel on mesu- » rerait, à des heures déterminées de la journée, la distance angulaire entre » un objet situé à 20 000 mètres de distance au moins, et l'axe optique d'un » collimateur, ou mieux encore une mire invariable placée comme repère » à I kilomètre de distance, environ. Ces conditions seraient probablement « réalisables dans un grand nombre d'observatoires. » » Cette idée est exactement celle que M. Faye expose et développe dans les différentes Notes qu'il a présentées à rx\cadémie, et après la lecture de ce passage si net et si précis, on ne comprend pas comment il a cru pouvoir se dispenser de citer M Hossard au commencement du Mémoire qu'il a lu dans la séance du 28 août; on s'explique encore moins la phrase suivante que j'extrais textuellement de la deuxième Note de M. Faye, page 485 : « Quanta la région où, d'après M. Biot, les incertitudes de la réfraction » terrestre commencent à se faire sentir sur une partie de la trajectoire » lumineuse, il me semble que là le coefficient de la réfraction terrestre se » trouve tout naturellement appelé ici à jouer un rôle : je m'étonnerais » plutôt qu'on nj eût point songé déjà, si là critique même de M. Biot ne » me rassurait à cet égard. » » Plus tard, il est vrai (séance du 18 septembre), page Sao, M. Faye, dans une phrase placée en note, dit : « Ici je me suis servi des recherches si remarquables de M. le colonel » Hossard ; j'aurais pu, ou même j'aurais dû invoquer l'opinion formelle- » ment exprimée à laquelle ses recherches l'ont conduit sur l'utiHté de ce » genre de mesures en supposant qu'on veuille les appliquer à l'étude de la » constitution de l'atmosphère et de ses réfractions. » » Mais personne assurément ne s'avisera de voir datis cette dernière ( 585 ) Note, la déclaration formelle que l'idée qui sert de base au Mémoire de M. Faye appartient tout entière à M. Hossard. Je ne crois pas m'être trompé en pensant qu'une question de priorité était, avant tout, une ques- tion scientifique, et c'est pour cela que je n'ai pas hésité à citer cet extrait du tome IX du Mémorial du Dépôt de la Guerre. » Au reste, dans cet ouvrage, M. le colonel Hossard présente son idée avec une sage réserve. Pour lui, le coefficient de la réfraction terrestre est luie nouvelle donnée météorologique qui ne sera peut-être pas sans impor- tance, et qui, d'ailleurs, serait de nature à jeter un nouveau jour sur les formules de réfractions terrestres et astronomiques. » Je n'ai pas besoin de dire que mes critiques ne s'adressent pas à une proposition formulée de cette manière. « Réplique de M. Faye. (i Ce n'est pas à M. Biot que je me propose de répondre en ce moment. Je crois qu'il est de mon devoir d'attendre avec déférence les développe- ments nouveaux que l'illustre savant a promis de donner à ses propres recherches sur la théorie des réfractions. Je m'en réfère d'ailleurs, sur tous les points, aux lumineuses explications que M. Le Verrier vient de donner à l'Académie. Quant aux critiques de MM. Mathieu et Laugier, insérées dans les derniers Comptes rendus, je me bornerai à lire la Note que j'ai pré- parée hier; mais, auparavant, je demande la permission de repousser une accusation que M. Laugier vient de produire avec un certain éclat. » M. Laugier m'accuse d'avoir présenté comme neuves et comme miennes (tout en les gâtant, dit-il) des idées que M. Hossard ou M. Peytier ont publiées cette année dans le tome IX du Mémorial du Dépôt de la Guerre. Bien loin d'avoir tenté d'enlever à ces savants officiers le mérite de leurs travaux, je les ai cités moi-même à plusieurs reprises, dans mon premier Mémoire, pages 383, 384 et 385, avec les éloges dont ils sont dignes, et j'ai plusieurs fois appelé, verbalement, avec insistance, l'attention de l'Aca- démie de ce côté. Il y a plus : M. Laugier a pu lire, dans les Comptes rendus de la dernière séance, p. 5^0, le passage suivant : « Ici je me suis servi (il s'agissait d'une discussion verbale) des recher- » ches si remarquables de M. le colonel Hossard; j'aurais pu, ou même » j'aurais dû invoquer l'opinion formellement exprimée à laquelle ses » recherches l'ont conduit sur l'utilité de ce genre de mesures, en suppo- C. li., i854, 2'« SemeUre.iT. XXXIX, N» 15.) 7^ ( 586 ) » sant qu'on veuille les appliquer à l'étude de la constitution de l'atmo- » sphère et de ses réfractions. » » C'est bien certainement cette citation qui a fait connaître à M. Laugier les idées de M. Hossard et de M. Peytier, et qui lui a signalé leur analogie avec les miennes : comment donc a-t-il pu supposer que j'aie voulu m'en approprier le mérite? » Quant au droit que j'ai de considérer comme miennes les idées expo- sées dans mon Mémoire, il me serait bien facile de l'établir, s'il était sé- rieusement contesté, car je me suis publiquement occupé de ces sujets dans le sens que j'y attache encore aujourd'hui, longtemps avant que le tome IX du Mémorial ait paru, et j'en montrerais au besoin la preuve dans des feuilles lithographiées, authentiques, qui datent de iSSa ou même de i85i.» ASTRONOMIE. — Réponse de M. Faye aux critiques de MM. Laugier et Mathieu. « Les objections que MM. Mathieu et Laugier m'ont faites me semblent être basées sur certaines méprises auxquelles je regrette d'avoir pu donner lieu, malgré le soin que je croyais avoir mis à les éviter. » La première critique consiste à dire que ma formule ne représente pas exactement les réfractions près de l'horizon. L'objection serait valable si j'avais présenté cette formule comme définitive; mais on se rappellera que je n'ai jamais eu cette prétention : je l'ai simplement proposée comme un texte commode pour l'étude et la discussion des phénomènes observés. Cependant il est bon, même sous ce point de vue qui est le mien, de montrer à l'Académie que cette formule (3 = 6o",7i2 tang(z, — 3,26/3), dont aucun coefficient n'a été emprunté à l'observation des phénomènes qu'il s'agit de représenter, n'est pas aussi infidèle qu'on le suppose. Voici le tableau de ses valeurs : ( 587) DISTANCES ZÉHITHALES apparentes. RÉFRACTIONS de Laplace. RÉFRACTIONS suivant la formule. DIFFÉRENCES. o" 0" 0" 0" lO 10,7 10,7 0 20 22,0 22,0 0 3o 35,0 35,0 0 4o 5o,8 5o,9 + 0,1 5o l' 12,1 1' 12,2 0,1 60 1.44,6 '.44,8 0,2 70 2.45,1 2.45,4 0,3 ,5 2.42,7 2.43,4 0.7 80 5.32,3 5.34,0 '.7 81 6. 7 6. 9 2 82 6.5o 6.52 2 83 7.43 7.46 3 84 8.5o 8.54 4 85 10.18 10.23 5 86 12. ï6 12.23 7 87 i5. 2 i5. 9 + 7 88 19. 6 19. 5 — I 89 25.19 24.44 - 35 . 35. 6 32.40 — 2' 26" » Les fortes discordances ne se manifestent qu'à partir de 89 degrés, c'est-à-dire à i degré au-dessus de l'horizon ; de là à l'horizon même elles sont considérables, mais elles ne doivent pas choquer, car si les observa- tions de Greenwich (Bradley) ont donné à Laplace 35 minutes pour la ré- fraction horizontale, il faut dire aussi que celles de Milan (Carlini) ont donné 3i minutes, ce qui s'accorde avec ma formule. » Cet accord n'est pas tout naturel, comme le dit ailleurs M. Laugier, qui ne voit là que le résultat d'une pétition de principe (i) ; c'est au contraire ( I ) Voici les propres termes de M. Laugier, pages 523 et 524 : « Quant à cette circonstance , qui paraît avoir tant frappé M. Faye , d'avoir retrouvétine » équation de même forme que l'équation de Bradley, sans avoir consulté le ciel, sans avoir » eu recours à une seule observation astronomique , elle ne prouve absolument rien de ce qu'il » veut prouver, et elle paraîtra toute naturelle si l'on remarque qu'il a précisément em- » ployé , dans son calcul , l'équation différentielle ordinaire de la réfraction astronomique , » laquelle, étant intégrée, conduit nécessairement à l'équation de Bradley. » S'il en était 78. (588) un fait très-intéressant, car il prouve que la loi de la réfraction terrestre dont ma formule se déduit, sans intrusion d'aucun élément étranger, repré- sente très-passablement^ au point de vue astronomique, la constitution normale de l'atmosphère, c'est-à-dire la loi de succession des indices, d'une couche à l'autre, pendant la majeure partie du jour. » En second lieu, M. Laugier trouve (p. 522, ligne 17) que l'introduction dans cette formule des valeurs diverses que le coefficient de la réfraction terrestre peut prendre dans la journée, produirait des variations de 6 secondes dans le calcul de la réfraction astronomique à 80 degrés du zénith, ce qui lui semble dépasser de beaucoup les erreurs des réfractions (moyennes?) à cette distance. Je le prie de vouloir bien considérer le petit tableau suivant que j'ai formé hier à l'aide d'un seul volume de l'observatoire de Greenwich. ainsi , j'aurais commis une bien grossière erreur, et je ne me pardonnerais pas d'avoir pré- senté à l'Académie, comme une découverte intéressante, ce fait, qu'en partant de la réfraction terrestre on peut, sans consulter le ciel, calculer toute la Table des réfractions astronomi- ques. Mais l'argument de M. Laugier repose tout simplement sur une méprise. L'équation différentielle ordinaire de la réfraction /•, /, ._ dl dp: sinz, — - ri i ne peut pas être intégrée , et , par conséquent , ne saurait conduire nécessairement à l 'équation deBradley. MM. Laugier et Mathieu oublient que, pour l'intégrer (*) , il faut, de toute né- cessité, y introduire une loi quelconque qui rattache les indices ou les densités aux rayons des couches. Les géomètres y ont essayé toutes sortes de lois , surtout celles qui permettent une intégration simple et élégante. C'est ainsi qu'ils sont tombés, par hasard, sur la formule de Bradlcy; mais les lois qu'ils ont imaginées ainsi n'avaient aucun fondement expérimental ; de même, la formule de Bradley consiste en un simple artifice d'analyse fort heureux sans doute, mais dont la signification physique lui était inconnue. Ma découverte, si j'ose employer ce mot, consiste à montrer qu'une des lois dont les géomètres se sont servis dans le but unique de faciliter l'intégration, tout comme l'artifice purement analytique de Bradley, a une base physique jusqu'alors inconnue dans les faits relatifs aux réfractions terrestres. En tout cas, l'objection de mes contradicteurs reposse sur une méprise à laquelle j'avoue n'avoir rien com- pris avant de l'avoir lue dans les Comptes rendus. (*) Elle peut être, comme on sait, intégrée approximaiwement ; mais alors elle conduit à une expres- sion de la forme p — K lang z, -I- B tang' z, , qui n'a rien de commun arec la forninle de Bradley et qui n'est plus applicable à toutes les dislances zéni- thales. P Corbeau 3,9 i5 Argus 3,5 Antarès 5,2 c Grand-Chien 7,2 Fomalhaut 5,3 a. Colombe 10,0 ( 589 ) Discordances observées d'un jour à l'autre. a , Z=74 2 ^5 21 7734 80 i5 81 55 8539 » Ces discordances vont ainsi en grandissant jusqu'à l'horizon, où elles atteignent souvent plusieurs minutes. Il est bien curieux de rapprocher, à cet égard, les observations du Cap de Bonne-Espérance de celles de Green- wich. Là les étoiles qui culminent près de l'horizon sont précisément celles qui passent près du zénith de Greenwich, et l'on trouve qu'au moment même où les observations de 7 du Dragon s'accordent fort bien entre elles à Greenwich, celles du Cap présentent des discordances de 10 secondes, d'un jour à l'autre, et même des erreurs absolues de i3 secondes. Le con- traire a lieu précisément pour a de la Colombe. La cause en est évidemment dans les erreurs des Tables de réfraction où l'on ne tient nul compte de certaines variations de l'atmosphère , aussi fréquentes qu'incontestables ; on en trouverait de bien plus fortes encore si l'on dirigeait les observations de manière à les mettre en évidence. » La troisième objection de MM. Mathieu et Laugier porte sur une con- séquence fort étrange, selon eux, qu'ils se sont crus autorisés à déduire de ma formule. De ce que la différentielle du facteur — 7 — est — 7— r, ils ont conclu que les variations de la réfraction astronomique deviendraient énormes quand n serait très-petit, de sorte que l'influence maximum de la réfraction terrestre aurait lieu quand son coefficient serait nul. MM. Laugier et Mathieu reculent devant cette conséquence; et moi aussi, mais non par les mêmes motifs. Ils n'ont pas remarqué que faire n nul dans ma formule, c'est supposer que l'atmosphère s'étend à l'infini, en conservant partout la même densité, c'est se placer gratuitement dans un de ces cas d'exception que j'ai soigneusement signalés et qui commencent à se produire lorsque 7i tombe notablement au-dessous de sa valeur minimum ordinaire, et surtout lorsqu'il devient négatif. Exiger qu'une formule quelconque se plie aux ré- fractions anormales ou qu'on en puisse faire varier les constantes d'une manière quelconque, c'est exiger l'impossible. Il suffit qu'on soit averti de l'existence passagère de ces anomalies, et sur ce point voyez page 388,. lignes i4 et suivantes. ( 590 ) » Il y a plus: en examinant les variations dont il s'agit, on verra qu'elles sont loin d'être proportionnelles à — » mais bien à p — multiplié par un facteur toujours moindre que l'unité, du zénith à l'horizon. En voici l'ex- pression. dp=^P^^ où l'on a (-ë)- Ainsi les variations de la réfraction astronomique seront toujours une très- petite fraction de cette réfraction elle-même, tant que la variation du coeffi- cient de la réfraction terrestre sera une petite fraction de la valeur actuelle de ce coefficient. Or, si l'on excepte les perturbations qu'aucune formule n'a charge de représenter, il se trouve, en fait, que les variations absolues de n sont d'autant moindres que n est lui-même plus petit, et cela est bien na- turel, puisque les valeurs de n offrent un minimum fort peu variable d'un jour à l'autre et d'un bout à l'autre de l'année. C'est ce fait si remarquable sur lequel j'ai tant insisté dans les séances précédentes et dont M. Laugier peut lire la mention dans mon premier Mémoire, page 385 II y verra qu'à l'époque du minimum les variations ordinaires sont de 0,006 d'un jour à l'autre, ce qui introduirait des variations de moins de 1" dans le calcul des réfractions à 80 degrés. Voilà à quoi se réduiront d'ordinaire les variations étranges sur lesquelles MM. Mathieu et Laugier ont tant insisté. » Leur dernière objection porte sur ce que la loi dont je suis parti n'étant pas rigoureuse, il n'est pas permis de l'introduire dans l'équation différen- tielle de la réfraction. L'insistance de mes adversaires me force à discuter ce reproche avec quelques détails; je ne me bornerai donc pas à dire, comme je serais en droit de le faire, que la loi de Bessel et celle de Laplace ne sont pas plus rigoureuses que la mienne, en thèse absolue, et que ces deux grands géomètres se sont crus pourtant en droit d'introduire des lois em- piriques dans la même équation différentielle. (*) M. Biot m'a objecté que l'introduction du coefficient n, dans le calcul des réfractions astronomiques, aurait pour résultat de vicier ces réfractions jusque dans la partie du ciel où elles peuvent être calculées avec certitude. Il est facile de voir, par l'examen du coefficient K, que l'objection n'est pas fondée , ce qui d'ailleurs est évident de soi , à priori, et indépen- damment de tout calcul. (Sgi ) » D'abord M. Mathieu nous dit 'p. 5'24) pourquoi cette loi p = 2nv est défectueuse : c'est qu'elle ne résulte pas rigoureusement de la loi de La- place; c'est que Laplace ne l'en a déduite qu'à l'aide de simplifications qui ùtent tout caractère de rigueur à cette déduction. Ce raisonnement serait parfaitement juste si la loi de Laplace était elle-même rigoureuse. Or on sait bien que cette loi n'est nullement rigoureuse; on sait que Laplace l'a adoptée après en avoir essayé deux autres, dont l'une donnait une ré- fraction horizontale trop grande, l'autre une réfraction horizontale trop petite, du moins il le croyait ainsi. Il en a conclu naturellement que la vraie loi devait se trouver entre les deux; mais, dans l'ignorance où il était et où nous sommes encore de cette vraie loi, il s'est borné à combiner analytiquement les deux premières, de manière à obtenir pour l'équation différentielle de la réfraction la possibilité d'une intégration élégante. Or, je le demande, parce qu'une telle combinaison ne fournit pas rigoureu- sement la loi p = ^fiv, est-on autorisé à dire que cette loi n'est pas vraie? » Longtemps avant Laplace, on savait que la réfraction terrestre est proportionnelle à l'angle au centre, non pas dans la rigueur mathématique dont il ne saurait être question ici, mais sensiblement. Laplace s'est borné à montrer qu'on pourrait aussi déduire cette loi, à très-peu près, de la con- stitution hypothétique qu'il avait adoptée; mais, parce qu'il avait dû négli- ger quelque chose dans son analyse, il se serait bien gardé d'en conclure que la règle géodésique n'est pas exacte : de même qu'il ne se serait pas cru en droit de contester le coefficient w = — , parce que ses calculs lui don- naient n = — (i). II ^ ^ » Après avoir montré combien sont peu fondées les objections qu'on a faites contre la rigueur de cette loi js = 2 ni>, il me sera bien permis de dire qu'on n'aurait même pas dû les formuler contre moi, car je n'ai jamais pré- tendu qu'elle fût rigoureuse. Bien au contraire, je m'exprime ainsi (p. 882) : « Afin de simplifier, et parce que le choix de la loi empirique qu'on assignera » à l'atmosphère est ici de peu de conséquence, pour le moment, je vais » déduire cette loi des données admises universellement pour la réfi-action » terrestre et calculer la réfraction dans cette hypothèse.... » (i) La seule objection valable, en pareille matière, se tirerait des calculs que M. Biot a basés sur les mesures directes de M. Gay-Lussac, en les reliant par une loi eirrpirique qui représente, au moins pour ce. jour-là, l'état réel de l'atmosphère. Toutefois il est indis- pensable de tenir compte, à ce sujet, de» critiques de M. Regnault. ( 592 ) » Bien plus, je constate, p. 386, qu'elle assigne aux réfractions horizon- tales des variations beaucoup trop fortes, ce qui aurait bien pu, ce me semble, dispenser M. Laugier de m'objecter les trop fortes variations qu'il y remarque à 80 degrés. Qu'on me permette d'exposer à mon tour la critique de cette loi, telle que je l'ai faite moi-même il y a longtemps (i), c'est-à-dire depuis que j'ai songé à lui faire jouer un rôle provisoire en astronomie. » D'une loi quelconque de réfraction astronomique, on peut toujours déduire la hauteur qu'elle assigne à l'atmosphère. Notre loi donne à très- peu près pour cette hauteur A = 6366''»x-- in » Or, en admettant les valeurs précédemment employées pour a et n, on trouve h = il^ kilomètres. Cette hauteur de la dernière couche réfrin- gente est certainement beaucoup trop petite. Donc la loi dont elle est déduite ne saurait être rigoureuse. En outre, quand ce coefficient n passe de son minimum normal à l'un de ses maxima diurnes, h se trouve souvent réduit dans une proportion tout à fait inadmissible. Comment concilier ces conséquences, la dernière surtout, avec l'aptitude reconnue de notre loi à représenter très- passablement les réfractions astronomiques, et parfaitement les réfractions terrestres ? En examinant cette question, j'étais arrivé à la conclusion suivante, dont la seconde partie mériterait bien d'être vérifiée par l'expérience : A l'époque du minimum diurne, époque où l'équilibre est troublé dans le sens vertical, le coefficient de la réfraction terrestre est sensiblement indépendant de la hauteur des couches où l'on observe (2) ; mais il en dépend sensiblement à l'époque du maximum, et va en décrois- sant à partir du sol. Théoriquement, on aperçoit une raison physique de cette différence. Lorsque la température du sol et des couches basses s'élève pendant le jour, l'air surchauffé monte et se mêle avec les couches supérieures. Il se produit des courants verticaux ascendants et descendants que le trouble et les ondulations des images rendent bien sensibles, et ces mouvements établissent et maintiennent une certaine constitution normale de l'atmosphère où se réalisent fidèlement chaquejour les lois précédentes de la réfraction géodésique et astronomique, mais où les lois d'équilibre, telles (i) Je pourrais rappeler aussi la critique que l'auteur de la Mécanique célestes faite d'une loi équivalente, au point de vue de la distribution verticale des températures. (2) C'est ce que l'observation confirme à toutes les hauteurs oii l'on a pu porter des théo- dolites. ( 593 ) que M. Biot les formule d'après les pages si connues de la Mécanique céleste, peuvent bien ne se réaliser jamais. Il n'en est plus ainsi quand survient la période de refroidissement. Alors il n'y a plus de courants ascen- dants; les images deviennent calmes ; les couches ne se mêlent plus; elles se contractent et se rapprochent du sol, tantôt plus, tantôt moins, en rayon- nant vers les couches supérieures. Il en résidte un décroissement des indices plus rapide au début qu'il ne l'est pendant le jour, et il en résulte aussi que le coefficient n peut varier alors avec la hauteur. Peut-être les observations de signaux nous donneraient-elles encore une idée suffisante de la loi de ce décroissement, mais, en l'absence de toute donnée sur la réfraction noc- turne, je n'ai pas dij me préoccuper beaucoup de ces questions : il me suffisait d'entrevoir l'explication de la difficulté que j'ai signalée dans mon Mémoire, au bas de la page 386, et de m'assurer que les considéra- tions statiques auxquelles M. Biot attribue tant d'importance, se trouvent en défaut une fois par jour, et précisément à une époque où l'atmosphère est bien certainement constituée d'une manière normale et stable au point de vue des réfractions. » En terminant, je rappellerai que les objections auxqvielles je me suis efforcé de répondre ici ont laissé intact le fond même de la question princi- pale : Doit-on tenir compte, oui ou non, des variations atmosphériques que ni le baromètre ni le thermomètre ne font connaître, quand on se borne à les consulter dans une seule couche, mais que la réfraction terrestre indique parfaitement? Sur ce point capital, les articles auxquels je réponds ne for- mulent qu'une négation pure et simple dont je ne crois pas que les hommes de science puissent se contenter. » THÉORIE DES NOMBRES. — Décomposition dun nombre premier p ou de son double en m carrés, m> i divisant p — i ; par M. V.-A. Lebesgue. « Solution. Prenez pour un module premier p, relativement à une racine primitive g, les indices des p — 2 nombres suivants : 2,6,12, S.{S -hl)...{p— 2){p — l), doubles des nombres triangulaires, ou, ce qui revient au même, les indices des nombres 2, D, 12, ...,î^ VM 12, o, 2. C. h , 1854, a"* Semestre. {T. XXXIX, No 15.) 79 ( 594 ) Divisez ces indices par m et représentez par Oq, a,, flj,..., «„_! le nombre des indices qui donnent respectivement les restes o, I, 2,..., m — I. Il en résultera que les «o, a,, etc., seront tous pairs, sauf uji, et que l'on aura toujours ÛQ-h a, + a^-h . . . + a,„_, =: p —i. Pour m impair, 2«' — /J =2«/ «i+i =2rt.- «,+2... —^ai ai^,„^^ ; d'où Pour m pair, 2^.- ~ P = 2 ^' ^'^* — S*^' "'-*-* ■■■— 2^' ^'+'"-2 d'où les sommes ^ contenant m termes obtenus en faisant successivement i = o, I , a, . . . , wi — 1 ; les indices i + k, i -h ^k étant diminués de m, quand cela est possible. » Ainsi, pour /« — 4» A == i donnerait la formule p = [ao— a^f-h {a, — a 2 3 ; • » Eisenstein en a demande la démonstration dans le tome XXVIII du Journal de M. Crelle, où il indique le calcid de a^, a,, a^, a^- » La démonstration résulte sans difficulté de son Mémoire sur la division du cercle {Journal de M. Crelle, tome XXVII). Il est à remarquer que les formules de ce Mémoire ne diffèrent que par la forme de formules déjà don- nées par M. Cauchy [Mémoire sur la théorie des nombres. Bulletin de Ferussac ; 1829). (SgS) ■» La règle d'Eisenstein résulte des formules s^p — 'i s = p—% p' ■■=-i, p= 2 r"^'^""- 2 p' nds {.!+{) » La formule plus générale J = p — 2 s =p — 2 m „ ^ i^ainds — (a+b)ind{s+t) 'S^ Q—ainds+(a+b)ind(s+i) conduirait de même à une autre règle pour le calcul de Oo, a,, a^,. . •,«,„_) dans la formule et l'on trouverait m = /jlcpJ, fx > â: > o. » Le nombre w est le moindre multiple des plus grands communs divi- seurs des nombres m et a, m et b, met a + b. » La formule précédente conduit directement aux formules (33), (35), (36), (37), (38) duMémoire déjà cité de M. Cauchy. » CORRESPONDANCE . ZOOLOGIE. — Observations sur quelques points de l'organisation des Actinies; par M. Jules Haime. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Milne Edwards.) « Bien que les recherches de MM. Rapp, Dana, Leuckart, Berthold, Erdl, KoUiker, HoUard sur les Zoophytes du genre Àctinia, de Linné, et le beau travail de M. de Quatrefages sur les Edwardsies aient bien fait connaître l'organisation générale du groupe des Actiniens, le nouvel examen auquel je viens de soumettre diverses espèces trouvées soit à Luc-sur-Mer, soit à Jersey, m'a cependant fourni quelques faits nouveaux que j'ai l'honneur de vous communiquer. » Chez VActinia effœta (Linné), la tunique musculaire, qui est fort épaisse, présente une structure remarquable ; les fibres transverses de la couche ex- terne y prennent surtout un grand développement et se groupent de manière 79- ( 596 ) à former des cordes très-fortes et très-serrées qui s'anastomosent en laissant entre elles des lacunes irrégulières, d'où résulte un tissu très-dense et très- résistant. Les pores qui traversent cette tunique fibreuse et les téguments qui la recouvrent, correspondent exactement aux loges sous-tentaculaires des premiers cycles ; ils sont généralement au nombre de vingt-quatre et se montrent ici dans le voisinage du pied, mais non pas tous à la même hau- teur; les douze pores qui font communiquer avec l'extérieur les loges du troisième cycle sont sur une zone inférieure aux douze autres, et ceux-ci occupent deux zones distinctes quoique très-rapprochées, les six pores des loges du second cycle étant un peu plus bas que ceux du premier. » Des pores analogues, mais beaucoup plus nombreux, existent aussi chez V Actinia peduîicuLata (Pennant); ils sont rapprochés du disque ten- taculifère, et n'occupent pas le milieu des ampoules dont est garni le tronc de cette espèce, ainsi que quelques auteurs l'ont supposé, mais ils sont ou- verts dans les intervalles de celles-ci. J'ai étudié chez cette même Actinie et chez YActinia coriacea (Cuvier), la structure des ampoules ou verrues qui retiennent à la surface de leur corps des grains de sable et des fragments de coquilles. Ce sont de véritables ventouses formées d'une couche de fibres concentriques et d'une couche de fibres rayonnantes; toutes ces fibres sont extrêmement déliées et transparentes, et comme les tuniques tégumentaire et musculaire sont fort amincies dans les points qu'elles occupent, on con- çoit que M. Hollard, qui les a observées sous de faibles grossissements, n'y ait vu autre chose que des bourrelets bilabiaux résultant de l'écartement des fibres transverses de l'enveloppe charnue. » Le développement des bourses bleues qui bordent le disque tentacu- lifère de YActinia equina (Linné), est intimement lié à celui des loges sous- tentaculaires avec lesquelles leur cavité communique. Dans les individus dont le cinquième cycle n'est pas encore complété ou dépassé, on trouve dix-huit de ces bourses, et lorsqu'il y a cinq cycles ou cinq cycles et demi, leur nombre est de vingt-quatre; chez les adultes, où les six cycles sont complets, on en compte quarante-huit ; en sorte qu'elles sont toujours en arrière de deux cycles au moins sur le développement des tentacules. » Les tentacules ne sont pas tous représentés dans la chambre viscérale par une double lame mésentéroïde ; les lames mésentéroïdes des derniers cycles restent rudimentaires ou ne s'étendent que très-peu au-dessous du disque péristomien. Ainsi les adultes de YJctinia effœta ont neuf cycles tentacu- laires complets , sauf quelques irrégularités accidentelles, et cependant au- dessous du bord inférieur du tube gastrique on n'observe que quatre cycles (597) de lames tnéseotéroïdes ; les lames des cinq derniers cycles ne descendent pas jusqu'à ce bord. Les ovaires ou les testicules qui, pendant l'été, appa- raissent dans l'épaisseur des replis mésentéroïdes et finissent par les envahir presque entièrement, ne se montrent pas tous du premier coup; leur déve- loppement semble suivre une marche inverse de celle qu'ont suivie les lames mésentéroïdes elles-mêmes. Ce sont d'abord les lames des quatrième et troi- sième cycles qui présentent les organes reproducteurs les plus étendus, et les lames du deuxième et du premier cycle ne contiendront que plus tard les éléments de fécondation. Dans chaque lame, considérée isolément, le déve- loppement de la glande mâle ou femelle s'effectue de haut en bas. » En décrivant les corps intestiniformes qui s'attachent au bord interne des lames mésentéroïdes, on a déjà distingué une partie supérieure plus grosse et plus colorée que la portion pelotonnée, mais on a cru que ces deux por- tions étaient en continuité directe. Il n'en est rien : chez VActinia sulcata (Pennant), j'ai parfaitement vu le petit cordon pelotonné se terminer en haut par une extrémité atténuée qui se rapproche beaucoup, à la vérité, de l'extrémité également atténuée du gros cordon, mais qui ne s'abouche pas avec elle. Les gros cordons ont toujours sur chacun de leurs côtés un feston très-régulier et muni de cils très-puissants, et souvent ils sont eux-mêmes formés d'un double tube. Ils sont essentiellement composés de globules, de petites cellules arrondies et d'une matière granuleuse ; le feston qui les borde contient seul quelques nématocystes (capsules filifères) très- semblables à ceux de la peau. Dans ÏÂctinia eqiiina ils occupent la portion supérieure des lames mésentéroïdes et se terminent au bord pyloroïde de l'estomac ; dans VActinia sulcata ils remontent derrière le tube gastrique et s'insèrent par leur extrémité aux parois externes de celui-ci ; chez Y Actinia effœta ils occupent seuls tout le bord interne des petites lames mésentéroïdes. Les petits cordons ou cordons pelotonnés proprement dits adhèrent dans toute leur longueur aux lames mésentéroïdes; ils sont composés d'un grand nombre de cellules arrondies et vibratïles et contiennent une certaine quan- tité de grands nématocystes. 'Ces deux sortes de cordons intestiniformes se retrouvent chez toutes les espèces que j'ai observées ; mais chez les /dctinia pedunculata et effœta, c'est-à-dire chez celles dont les parois du corps sont perforées, il existe en outre une troisième sorte de filaments tubuleux qui ne tiennent aux lames mésentéroïdes que par l'une de leurs extrémités deve- nue fibreuse et qui, flottant librement dans la chambre viscérale et dans les loges. sous-tentaculaires, sortent, à la suite des contractions de l'animal, soit par la bouche, soit par les pores du tronc, soit aussi, mais plus rare- (598) ment, par l'extrémité perforée des tentacules. Ces cordons libres sont creusés d'un canal intérieur comme les précédents, mais sont presque en- tièrement composés de grands nématocystes. On voit donc qu'au lieu d'une seule espèce de cordons pelotonnés s'épaississant dans leur portion supé- rieure et se détachant dans certains cas pour être lancés au dehors, ainsi qu'on l'avait avancé, il y a en réalité dans certaines Actinies trois sortes de cordons tubuleux tout à fait indépendantes entre elles et distinctes à la fois par leurs rapports, leurs formes, leur composition et jusqu'à un cer- tain point aussi par leur fonction. » Chez diverses espèces on observe des loges périphériques des globules régulièrement arrondis et remplis de grains colorés, qui sont d'abord mis en mouvement par les courants du liquide nutritif et qui forment ensuite des amas plus ou moins considérables sur certains points des parois internes des loges. C'est à la présence de ces amas intérieurs, et non au pigment de la peau, que sont dues les couleurs plus ou moins foncées du disque et des tentacules des jictinia pedunculata et sidcata, ainsi que les bandes longi- tudinales jaunes qu'on remarque chez Y Actinia effbeta. » La séance est levée à 5 heures trois quarts. L'heure avancée n'ayant pas permis de donner commimication des pièces qui faisaient partie de la correspondance, ces pièces figureront dans le Compte rendu de la prochaine séance. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du i8 septembre i854, les ouvrages dont voici les titres ; Enumération des plantes vascutaires des environs de Montbéliard ; par M. Ch. Contejean. Besançon, i854; in-8°. Observation de hernie traumatique du poumon, guérie sans opération san- glante; parM. Gustave DuFOUR. Paris, i854;'broch. in-8°. (Ces deux ouvrages sont présentés par M. Duvernoy. ) Die fossilen... Sur les restes fossiles de Pikermi, en Grèce, par MM. L. ROTH et A. Wagner. Munich, i854 ; in-4°. Ueber die... Recherches sur les Entozoaires ; par M. Siebold. Liepzig, i854;in-8°. (Ces deux ouvrages sont également présentés au nom des auteurs, par M. Duvernoy, qui est invité à faire de chacun l'objet d'un Rapport verbal.) (599) Annales de la Société impériale d'Horticulture de Paris et centrale de France; août i854; in- 8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine, rédigé sous la direction de MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibeuï, secrétaire annuel; tome XIX; n" 22; 3i août i854; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; tome XXI, n° 8; in-S". Société impériale et centrale d'Agriculture. Séance publique annuelle du dimanche 2^ juillet i8S/^, présidée par M. CilE\n^l]L. Paris, i854; broch.in-8''. Annales de la Propagation de la Foi; septembre i854 ; in-8°. Annales forestières et métallurgiques ; 10 et 25 juillet i854. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l' Industrie , fondée par M. B.-R. DE MONFOBT, rédigée par M., l'abbé MoiGNO; 3* année; V* volume; 1 1* livrai- son; in-S". L Agriculteur praticien. Revue de l' agriculture française et étrangère; n" 23 ; in-S". La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; 3* année ; 2* série ; 26" livraison ; 1 5 septembre 1 854 ; in-S". Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal des candidats aux Ecoles Po- lytechnique et Normale, rédigé par MM. Terquem et Gerono; septembre i854;in-8°. Répertoire de Pharmacie. Recueil pratique rédigé par M. BOUCHARDAT; septembre i854; in-8". Revue de thérapeutique médico-chirurgicale; par M. A. Martin- Lauzer ; n° 18; i5 septembre i854; iu-8°. Revue thérapeutique du Midi. Journal des Sciences médicales pratiques; publié par M. le D" Louis Saurel ; n" 5; 1 5 septembre i854. The journal... Journal de la Société asiatique de Bombay ; vol. V, n" ig, janvier i854; in-S". The journal... Journal de la Société (£ Horticulture de Londres; vol. IX; 3* partie; in-8°. Astronomische. . . Nouvelles astronomiques ; n° 9 1 7. Gazette des hôpitaux civils et militaires; n"' 108 à 1 10; 12, 1 4 et 16 sep- tembre 1854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n° 5o; i5 sep- tembre 1854. Gazelle médicale de Paris; n° 37; 16 septembre i854. ( 6oo ) L'Abeille médicale ; n° 26 ; i5 septembre i854. La Lumière. Revue de la Photographie; 4* année; n° 37; 16 septem- bre i854- La Presse médicale; n° 3^; 16 septembre i854- L Alhenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux-Arts; 3' année; n° 3^; 16 septembre i854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n°" 109 à 1 1 1; la, i4 et 16 septembre i854. L'Académie a reçu, dans la séance du aS septembre i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences, 2* semestre ,i854 5 n" 12; in-4°. Annales de l'Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d'Agricul- ture; publié sous la direction de MM. LONDET et L. BOUCHARD; 5* série; tome IV; n° 5; 1 5 septembre i854; in-S". Annales des Sciences naturelles, comprenant la zoologie, la botanique , l'ana- tomie et la physiologie comparée des deux règnes, et l'histoire des corps orga- nisés fossiles; 4' série, rédigée pour la zoologie par M. MiLNE Edwards, pour la botanique par MM. Ad. Brongniart et J. DecaisnE; t I; n° 6; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFORT, rédigée par M. l'abbé MoiGKO; 3* année; V volume; 12* livraison; in-8°. Journal d'Agriculture pratique. Moniteur de la Propriété et de V Agricul- ture, fondé en 1837 par M. le D''Bixio, publié sous la direction de M. Barral; 4* série; tome II; n° 18; 20 septembre i854; in-8°. ERRATA. (Séance du 18 septembre i854.) Page 538, Mémoire de M. MAUMCNés concernant l'action des fluorures sur l'économie animale. Ce Mémoire a été renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Pelouze, Rayer et Bussy. C'est par erreur qu'on avait répété au lieu de ces noms, ceux des Membres (|e la Commission nommée pour le Mémoire de M. Thomson. COMPTE RENDU DES SÉANCES m L'ACADÉHIË DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2 OCTOBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. œMBES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉCONOMIE RURALE. — Recherches^ sur la végétation; par M. Boussinoault. (Extrait.) « Ce Mémoire est divisé en trois parties. Dans la première, je fais voir que dans une atmosphère limitée, et qu'on ne renouvelle pas, la végétation s'accomplit d'une manière normale, si le sol renferme tous les éléments nécessaires à la vie des plantes. Dans la seconde partie, je recherche si un végétal vivant dans une atmosphère continuellement renouvelée condense et fixe le gaz azote. Dans la troisième partie, je détermine quelles ont été les quantités d'azote absorbées par des plantes qui ont vécu à l'air libre, mais à l'abri de la pluie, et suffisamment éloignées des émanations du sol. PREMIÈRE PARTIE. » Dans un précédent Mémoire, j'ai constaté que trois plants de cresson alénois, venus dans une atmosphère confinée, ont porté des fleurs et des graines, et j'ai fait remarquer que les organes développés dans cette condi- tion n'avaient pas atteint, à beaucoup près, les dimensions ordinaires. Ainsi les tiges, bien que très-droites, étaient aussi déliées qu'un fil très-fin, et ne dépassaient pas une hauteur de x4 centimètres. La surface des feuilles C. R. 1854, irae Semestre. (T. XXXIX, N» 14.) 8o ( 602 ) était tellement réduite, qu'on en traçait le périmètre dans une circonférence de 2 à 3 millimètres de diamètre. Comme le sol avait été suffisamment pourvu de substances minérales exigées par la végétation, que l'atmosphère renfermait plusieurs centièmes de gaz acide carbonique qu'on renouvelait au besoin, j'attribuai l'exiguïté des organes et des fruits à l'absence de la matière azotée assimilable, de l'engrais, qu'on avait exclus à dessein. Si cette explication était juste, on devait faire disparaître les différences obser- vées entre les produits de la culture confinée et ceux de la culture normale, en donnant à la plante enfermée un sol où seraient réunis tous les éléments de la fertilité. » Le 17 mai i854, j'ai rempli un pot à fleurs avec 3 kilogrammes de bonne terre prise dans le jardin. J'ai mis un poids égal de la même terre dans un vase cylindrique en verre, d'une capacité de 68 litres. La terre était humide, mais bien égouttée. De part et d'autre, j'ai semé 3 graines de cresson. Le vase en verre a été bouché, au moyen d'un liège et d'un man- chon en caoutchouc, par un ballon contenant 1 litres d'acide carbonique. Un mois après, le 16 juin, les plantes venues dans l'appareil avaient une hauteur double de celle des plantes qui avaient poussé dans le pot à fleurs, à l'air libre; les feuilles étaient beaucoup, plus larges. » Dès le commencement de cette expérience, j'eus l'occasion de faire une remarque assez curieuse : quand le temps se maintenait au beau, la terre enfermée dans le vase en verre devenait, le jour, aussi sèche à la superficie que le sol du jardin ; généralement elle redevenait humide pendant la nuit. Cependant il arrivait quelquefois que le matin elle n'était pas encore complètement imbibée, car on apercevait çà et là des places circulaires que l'eau n'avait pas encore envahies. Pendant la pluie, cette dessiccation super- ficielle ne se manifestait pas, dessiccation qu'on explique d'ailleurs par les températures si différentes qui régnaient dans l'appareil le jour ou la nuit, et, par suite, par les diverses quantités de vapeur aqueuse que l'atmosphère confinée devenait capable de retenir.... » Le 1 5 juillet, le cresson enfermé était couvert de belles fleurs; sa tige la plus haute atteignait 64 centimètres; les'tiges du cresson poussant à l'air libre ne dépassaient pas en hauteur 34 centimètres, et elles portaient moins de fleurs. » Le 1 5 août, les plants ont été arrachés ; les tiges du cresson confiné avaient alors 72 à 79 centimètres de longueur, et 3 à 4 millimètres de dia- mètre : elles ont fourni 210 graines. » Les tiges du cresson venu à l'air libre avaient [\o à 4^ centimètres de ( 6o3 ) longueui*, a à 3 millimètres de diamètre; on en a retiré SGg graines. Le cresson venu à l'air libre, bien qu'ayant eu, en apparence, une végétation moins vigoureuse, des fleurs moins abondantes, a cependant rendu plus de graines que le cresson développé dans l'appareil. La différence entre les rendements des deux récoltes est peut-être due en partie à cette circon- stance, que la terre du pot à fleurs a toujours été tenue parfaitement nette, tandis que, dans l'impossibilité où l'on se trouvait de pouvoir sarcler, la végétation confinée a été envahie par des mauvaises herbes. C'est ainsi qu'il s'est développé dans le vase en verre trois touffes àe, jromental, hautes de 23 centimètres, et deux plants de mouron, dont chacun portait une vingtaine de semences. B Cette expérience établit de nouveau qu'en vase clos une plante accom- plit toutes les phases de la vie végétale, et, de plus, qu'elle peut y atteindre un accroissement comparable à celui qu'elle acquiert dans les conditions ordinaires de la culture, quand le sol qui la supporte et l'atmosphère qui l'environne réunissent en proportion suffisante les principes nécessaires à son existence. DEUXIÈME PARTIE. » Dans cette série d'expériences, les graines placées dans un sol préala- blement calciné, mêlé de cendres et humecté avec de l'eau pure, se sont développées dans une cage de io4 litres de capacité et formée par l'assem- blage de plusieurs glaces fixées sur des châssis en fer verni. L'appareil, . scellé sur un socle en marbre, était en relation, d'un côté, avec un grand aspirateur établi près d'une source, et, de l'autre, avec un système de tubes présentant une longueur de i™,5o. Les tubes étaient remplis avec des fragments de ponce imprégnés d'acide sulfurique, sur lesquels l'air devait passer, pour parvenir dans la cage, quand l'aspirateur fonctionnait. Une disposition très-simple permettait de mêler à l'air aspiré, avec la régularité d'une horloge, des quantités déterminées d'acide carbonique, de manière à ce que l'atmosphère où vivaient les plantes contînt toujours 2 à 3 pour 100 de ce gaz (i). » La ponce calcinée qui recevait les graines était contenue dans des pots à fleurs de 4 décilitres de capacité ; on les chauffait au rouge avant de s'en servir : cette précaution est indispensable ; chaque pot disposé pour une (i) Les planches et les détails que ne comporte pas un extrait se trouveront dans le Mémoire qui paraîtra très- prochainement dans les Annales de Chimie. 80.. ( 6o4 ) expérience reposait dans un vase évasé en verre dans lequel se trouvait de l'eau » J'ai fait tous mes efforts pour ne faire intervenir dans ces recherches que des cendres exemptes de charbon, parce que j'ai eu l'occasion de remarquer que les cendres alcalines dans lesquelles il reste du charbon contiennent souvent de faibles proportions d'azote.... » Sans doute, le charbon n'exerce pas par lui-même une action bien prononcée, mais si sa présence devient l'indice d'un principe azoté, il y a une raison suffisante pour ne faire usage que de cendres qui en soient exemptes ; et s'il n'est pas possible de les obtenir entièrement blanches, même par une incinération ménagée, on ne doit pas négliger de les sou- mettre à l'analyse pour y rechercher, et, s'il y a lieu, pour y doser l'azote.... » Pour doser l'azote dans les cendres, j'ai fait usage d'une liqueur nor- maie décime dont lo centimètres cubes équivalent à o^'',oi75 d'azote; quand on emploie un acide aussi dilué qui permet de doser l'azote à de faibles fractions de milligramme, il faut s'entourer de beaucoup de pré- cautions, et commencer par déterminer celui que contient presque toujours l'acide oxalique pw/v/îe dont on se sert pour opérer le balayage des tubes » Les cendres que j'ai ajoutées à la ponce, dans les expériences faites cette année, ont été obtenues en brûlant un mélange de tiges et de feuilles de haricots et de lupin; malgré le soin que j'ai mis à les prépaier, elles ont conservé une teinte grise, et elles se sont frittées par suite de leur richesse • en potasse : l'analyse a indiqué que i gramme de ces cendres renfermait Qmiiiig j d'azote. Dans des cendres plus chargées de charbon, j'ai dosé de plus fortes proportions d'azote. En voici quelques exemples M Cendres de foin. — J'ai brûlé une botte de foin provenant de prairies hautes (non irriguées). Une partie de la cendre a été mise dans un creuset et maintenue au rouge pendant quelques heures; la matière prit ime con- sistance pâteuse qui rendit impossible la combustion du charbon : elle était presque noire et fortement frittée. Dans i gramme de celte cendre il y avait 4 milligrammes d'azote, dont une partie se trouvait certainement à l'état de cyanure de potassium. En effet, en ajoutant à la lessive de cette cendre assez d'acide acétique pour la rendre légèrement acide, séparant la silice gélatineuse précipitée et versant dans la liqueur filtrée du sulfate de fer, il y eut un précipité blanc abondant qui, peu à peu, prit une teinte bleue occa- sionnée par l'apparition du bleu de Prusse. La réaction du sulfate de cuivre fut encore plus nette, en ce que le précipité produit présenta tout de suite la ( 6o5 ) belle couleur cramoisie de cyanoferrure de cuivre, ce qui prouve que dans la cendre il y avait du prussiate jaune de potasse. » Cendres de froment. — On a brûlé sur une plaque de tôle une gerbe de blé; les grains carbonisés pendant la combustion de la paille avaient con- servé leur forme. Après avoir broyé la cendre, on l'a chauffée au rouge dans un creuset, sans qu'on ait pu détruire le charbon qui lui communi- quait une teinte grise. Dans i gramme de cette cendre on a dosé 5™"'s,8 d'azote. Je n'ai pu y déceler la présence d'un cyanure alcalin. On a chauffé sous la moufle pendant trois heures, avec beaucoup de ménagement, une j)etite quantité de cette cendre; la matière devint d'un gris très-clair: dans I gramme on ne trouva plus qu'une proportion douteuse d'azote, 0"''"8^07. » Cendres de pois. — On les a préparées en brûlant des pois dans un creuset. La première cendre, riche en charbon, a été broyée et chauffée en élevant graduellement la température jusqu'à ce que la matière commençât à devenir pâteuse. La cendre était grise; on y apercevait quelques parti- cules de charbon. Dans i gramme il y avait 3™'"'s,i d'azote. » Cendres d'avoine. — Obtenues en brûlant i litre de graines au rouge obscur ; elles étaient d'un gris clair : à la loupe on y découvrait du charbon. Dans I gramme de cendres on a trouvé 7™'"'s,5 d'azote. » Dans les cendres de pois et d'avoine, d'ailleurs peu alcalines, il n'y avait pas de cyanure. » Cendres de chiendent. — On a mis le feu à un gros tas de chiendent qu'on avait extirpé d'une vigne. Il en est résulté un brûlis ou cendres noires que l'on considère avec raison comme un excellent amendement. Dans I gramme de cette cendre, mêlée, on le conçoit, à beaucoup de terre, il y avait S"'""^, 5 d'azote.... » Je désignerai sous le nom de cendres mixtes les cendres provenant de la combustion de plantes de haricots et de lupins; comme je l'ai dit, elles n'étaient pas exemptes d'azote, mais, en raison de leur forte alcalinité, je n'ai pu les employer dans mes expériences que dans une proportion très- limitée. Je leur ai donné, comme supplément, des cendres lavées de fumier de ferme.... » Dans les graines semées il y avait en azote, pour loo : Haricots nains 4*%4'3^ Lupins 5 , 820 ( 6o6 ) » Première expérience. — Végétation du lupin pendant deux mois et luie semaine. » Une graine pesant o^%Z?f], devant contenir o^^oigô d'azote, a été plantée le la mai i854. Ajouté à la ponce : oS',o5 de cendres mixtes. » rg juillet. — La plante porte onze feuilles ; les cotylédons sont flétris. » Dans cette expérience, il est passé dans l'appareil 87000 litres d'air. Résumé: Dans la plante récoltée et dans le sol, azote... o''',oi87 Dans la graine o ,0 ig6 Durant la culture , perte en azote o*'',ooo9 » Conclusion. — Il n'y a pas eu d'azote fixé pendant la végétation. » Deuxième expérience. — Végétation d'un haricot pendant deux mois et dix jours. j> Une graine pesant oS'",7ao, devant contenir o^^oSaa d'azote, a été plantée le i4 mai 1 854- Ajouté au sol : o8'^,oi de cendres mixtes et 5 grammes de cendres lavées. » 22 juin. — La plante a six feuilles normales d'un vert foncé; les feuilles séminales sont fortes et charnues. » a juillet. — Les cotylédons et les feuilles séminales sont fanés. » ao juillet. — Trois feuilles situées vers le bas de latige sont tombées ; la floraison commence. » 25 juillet. — La plante porte quatre fleurs épanouies; douze feuilles développées, d'un vert pâle, et trois feuilles naissantes d'un vert foncé ; la tige a 23 centimètres de hauteur. La plante, desséchée à l'étuve, a pesé 2 grammes. j) Durant cette expérience, il est passé dans l'appareil 4^500 litres d'air. Résumé: Dans la plante récoltée et dans le sol, azote... o'',o325 Dans la graine o ,0822 Durant la culture , gain en azote o^^jOCoS » Conclusion. — Il n'y a pas eu une quantité appréciable d'azote fixée pendant la végétation. » Troisième expérience. — Végétation d'un haricot pendant trois mois; production de graines. » Une graine pesant oS'',748, devant contenir oS'',o335 d'azote, a été plantée le i4 mai i854- Ajouté au sol : oS%a de cendres mixtes et I gramme de cendres lavées. (6o7) u 12 juin. — Les feuilles séminales sont fortes et charnues; il y a six feuilles normales dont la couleur est presqwe aussi foncée que celle du haricot du jardin ; les cotylédons sont jaunes. » i" juillet. — Depuis la chute des cotylédons, les feuilles ont pris une teinte pâle ; la plante porte huit fleurs. » i5 juillet. — Il y a deux gousses formées, ayant chacune 3 centimètres de long. Depuis la floraison, les feuilles sont encore devenues plus pâles ; plusieurs sont tombées ; il en reste vingt et une, dont douze assez petites. » 24 juillet. — Une des gousses a pris un développement remarquable, l'autre s'est détachée. » I a août. — On ne voit plus apparaître de nouvelles feuilles ; la gousse, qui était d'un vert foncé le 'i[\ juillet, a pris une couleur jaune. » 17 août. — La gousse est mûre ; la plante est extraite de la cage. La tige a 28 centimètres de hauteur et 6 millimètres de diamètre à la base ; la gousse, 6 centimètres en longueur et 7 millimètres en largeur. On en a retiré deux haricots blancs parfaitement conformés, mais très-petits ; ils ont pesé 6 centigrammes. La plante sèche, y compris toutes les feuilles tombées qu'on avait recueillies avec le plus grand soin, a pesé 2^%847- ^"^ totalité de la récolte a été analysée en deux opérations. » Durant cette expérience, il est passé dans l'appareil 54ooo litres d'air. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote... o'',o34i Dans la graine o ,o335 Durant la culture , gain en azote o''',ooo6 » Conclusion. — Il n'y a pas eu une quantité appréciable d'azote fixée pendant la végétation. » Quatrième expérience. — Végétation d'un haricot pendant trois mois et demi. » Une graine pesant 0^,755, devant contenir o^^oBSg d'azote, a été plantée le 10 mai i854- Ajouté au sol : o^^S de cendres mixtes et i gramme de cendres lavées. » 22 août. — La plante porte deux gousses : l'une mûre, l'autre, encore verte, provient d'une fleur apparue tardivement. De la gousse on a extrait un haricot blanc bien conformé pesant 4 centigrammes. La tige a 3o centi"- mètres de hauteur. ( 6o8 ) » Pendant cette expérience, il est passé dans l'appareil 58ooo litres d'air. Résumé: Dans la plante récoltée et dans le sol, azote... o'f'joSag Dans la graine o «oSSg Durant la culture , perte en azote o'^jOoio » Conclusion. — Il n'y a pas eu d'azote fixé pendant la végétation. » Cinquième expérience. — Végétation de deux haricots pendant trois mois et une semaine. » Deux graines pesant i8'',5io, devant contenir o*'',o676 d'azote, ont été plantées le la mai i854- Ajouté au sol : o^^S de cendres mixtes et 3 grammes de cendres lavées. » 17 juillet. — Les deux plantes portent vingt-six feuilles et treize fleurs. » aS juillet. — Quatre petites gousses dont la couleur, d'un vert très-foncé, contraste avec la pâleur des feuilles. M 10 août. — Deux gousses se sont développées. » 19 août. — On retire des gousses trois haricots blancs semblables, à la grosseur près, à la semence qui les a produits; les trois haricots ont pesé 7 centigrammes; la plante sèche, 58'^,j5. » Pendant cette expérience, il est passé dans l'appareil 555oo litres d'air. Résumé : Dans les plantes récoltées et dans le sol, azote. . . o'"^,o666 Dans les graines o ,o6'j6 Durant la culture, perte en azote o*',ooi o » Conclusion. — Il n'y a pas eu d'azote fixé pendant la végétation. TROISIÈME PARTIE. » Dans cette série d'observations, rien n'a été changé aux dispositions adoptées dans les recherches précédentes, en ce qui concernait le sol , les cendres ajoutées et l'eau. Les pots à fleurs ont été abrités dans un appa- reil en verre, où l'air circulait avec la plus grande facilité, à ce point que, pour peu que le vent se fit sentir, les feuilles étaient agitées sans qu'on eût à craindre que celles qui se détacheraient fussent entraînées au dehors. L'appareil était établi sur un balcon, à 10 mètres au-dessus du sol. » Première expérience. — Végétation d'un haricot pendant trois mois et demi, à l'air libre. (6o9 ) » Une graine pesant o^^yS, devant contenir o8',o349 d'azote, a été plantée le 27 juin t85i . Ajouté au sol ; de la cendre de fumier. » ta octobre. — La plante porte une gousse dans laquelle il y a une graine encore imparfaite. Résiinté : Dans la plante lécoltéé et dans le sol, azote o*'',o38o Dans la graine o ,o349 Durant la culture, gain en azote_ qs^ooSi » Deuxième expérience. — Végétation d'un haricot pendant trois mois, à l'air libre. » Un haricot flageolet pesant o^', 537, devant contenir o^',02i3 d'azote (3,97 pour. 100), a été planté le 10 mai i852. Ajouté au sol : de la cendre de fumier. » 4 juillet. — La plante porte six belles fleurs. » 1 1 juillet. — Les fleurs sont tombées sans laisser de gousses. » 22 juillet. — Il apparaît trois fleurs nouvelles. » 1 2 août. — Il s'est formé une gousse longue de 8 millimètres ; depuis la floraison, les feuilles pâlissent et se détachent, il n'en reste plus que sept; la tige a 24 centimètres. La plante sèche, y compris les feuilles et les fleurs détachées, a pesé 2^'', 11. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote o«'',0238 Dans la graine o ,021 3 Durant la culture, gain en azote o^,oo25 » Troisième expérience. — Végétation de l'avoine pendant trois mois et demi, à l'air libre; production de graines. » Quatre graines d'avoine pesant o^'',i5i, devant contenir oS',oo3i d'azote, ont été plantées le 20 mai i852. Ajouté au sol : de la cendre de fumier. » i*"^ septembre. — Les plants ont de six à jieuf feuilles, et chacun a un jet latéral ; les tiges sont très-droites, rigides ; chacune d'elles porte une graine mûre, bien formée, mais très-petite : les cinq graines ont pesé 2 centigrammes; les plants secs o^'^fi'j. » Les graines semblables à celles qui avaient été semées et la récolte ont été analysées, en faisant usage de la même liqueur normale décime. Résumé : Quatre grains d'avoine, pesant o*"', i5i, contenaient, en azote o'^ooSi Les plantes récoltées et le sol o ,oo4i Durant la culture, gain en azote o'^,ooio G. R , 1854, a"»* Sem«i,«. (T. XXXIX, N» 14.) Si ( 6io ) » Quatrième expérience. — Végétation d'un lupin pendant trois mois, à l'air libre. » Une graine pesant oS^SôS, devant contenir os%o2i4 d'azote, a été plantée le t8 mai (853. Ajouté au sol: de la cendre de fumier. » 7 juillet. — La végétation est remarquable. » 6 août. — Les cotylédons sont tombés. » La plante a perdu des feuilles qui ont été remplacées par de nouvelles pousses. 22 août. — Depuis le 6, les feuilles ont pris une teinte très-pâle. La plante porte onze feuilles; desséchée, elle a pesé i^'jSBS. Résumé : Dans plante récoltée et dans le sol, azote oS'',0256 Dans la graine o ,02i4 Durant la culture, gain en azote o«'',oo42 >■> Cinquième expérience. — Végétation d'un haricot nain pendant deux mois et demi, à l'air libre. » La plante a été arrosée avec de l'eau chargée d'acide carbonique. » Une graine pesant o^^ôSS, devant contenir o^%oio,Z d'azote, a été plantée le 17 mai i853. Ajouté au sol : de la cendre de fumier. » 9 juillet. — La plante a sept fleurs épanouies. » 20 août. — Les fleurs n'ont pas donné de fruit. La tige a 33 centi- mètres de hauteur, elle porte quinze feuilles ; les cotylédons et les feuilles séminales sont flétris, mais ils adhèrent encore. La plante est dans toute sa vigueur; desséchée, elle a pesé 'x^',']i. Résumé: Dans la plante récoltée et dans le sol, azote o^jOa^o Dans la graine o ,0298 Durant la culture, perte en azote o"^,oo23 B Sixième expérience. — Végétation d'un lupin pendant deux mois et trois semaines, à l'air libre. » Une graine pesant o8%34i, devant contenir o^^oaoo d'azote, a été plantée le i5 mai i854. Ajouté : qb^i de cendres mixtes et a grammes de cendres lavées. » La plante a été arrosée avec de l'eau chargée d'acide carbonique. » 23 juillet. — Le lupin a treize feuilles dont quelques-unes sont très- pàles. Les cotylédons sont flétris. Un lupin, planté le i5 mai dans de la terre du jardin, a vingt-cinq feuilles d'un beau vert, et ses cotylédons charnus et d'un vert foncé. (6n) » 7 août. — Les feuilles les plus âgées commencent à se détacher. I^e lupin a 17 centimètres de hauteur; desséché, il a pesé i^%96. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote o"',022g Dans la graine o ,0200 Durant la culture , gain en azote o*'',oo2g » Septième expérience, — Végétation de deux lupins pendant deux mois, à l'air libre. Deux graines pesant o8'',63o, devant contenir o^'',o367 d'azote, ont été plantées le 3o juin i854- Ajouté au sol : 2 grammes de cendres lavées. » 5 septembre. — Chaque lupin a huit feuilles; les cotylédons sont flétris, les plants ont 1 1 centimètres de hauteur. Résumé : Dans les plantes récoltées dans le sol , azote o''',o387 Dans les graines o ,0367 Durant la culture, gain en azote o*'",oo2o » Huitième expérience. — Végétation d'un haricot pendant deux mois et demi, à l'air libre. La plante a été arrosée avec de l'eau chargée d'acide carbonique. Une graine pesant 0^% 7 10, devant contenir o^^SiS d'azote, a été plantée le i4 mai i854. Ajouté au sol : oB'',! de cendres mixtes et f\ grammes de cendres lavées. » 24 juillet. — La plante porte quatre fleurs épanouies, dix-huit feuilles ; sa hauteur est de 29 centimètres. Après dessiccation elle a pesé i^\io. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol , azote o«'',(>35o Dans la graine o ,o3i8 Durant la culture, gain en azote o5'',oo32 » Neuvième expérience. — Végétation du cresson alénois pendant deux mois, à l'air libre; production de graines. o8'',5o de cresson contenant, d'après l'analyse, o^^oaSg d'azote, ont été semés le 1 5 juillet i854. Ajouté au sol : o^',! de cendres mixtes et i gramme de cendres lavées. La plante a été arrosée avec de l'eau chargée d'acide carbonique. » 24 juillet. — Les feuilles séminales sont développées. » 3o juillet. — Apparition des feuilles normales. w 6 août. — Les feuilles séminales sont flétries; on recueille, pour les conserver, celles qui tombent. » 18 aovit. — Commencement de la floraison; les feuilles sont très-petites si on les compare à celles du cresson de jardin ; les tiges sont très-grêles, mais elles ne fléchissent pas. 81.. i> 28 août. — Depuis le 18, la floraison a continué; les feuilles fixées vers le bas des tiges se fanent à mesure qu'il en surgit de nouvelles à la partie supérieure ; il y a déjà quelques graines. » i5 septembre. — Chaque tige porte une graine très-petite, bien que le fruit qui la renferme ne diffère pas beaucoup, en grosseur, de celui du cresson du jardin. Résumé : Dans les plantes récoltées et dans le sol, azote. . . o*'',02'j3 Dans les o*'^,5 de graines o ,0259 Durant la culture, gain en azote o^'',ooi3 f> Ainsi, dans les conditions où ces expériences ont été faites, la quantité d'azote acquise par les plantes a toujours été tellement faible, que, vérita- blement, elle reste comprise dans la limite des erreurs inhérentes à ce genre d'observation ; néanmoins, comme, à une exception près, l'assimilation s'est constamment manifestée, je discute, dans mon Mémoire, si cette faible pro- portion d'azote provient du carbonate d'ammoniaque ou des corpuscules organisés transportés par l'atmosphère, et dont la présence s'est constam- ment révélée dans les observations faites à l'air libre, par l'apparition d'une substance verte qui s'attachait à l'extérieur des pots à fleurs, en formant çà et là des taches superficielles. Je n'ai jamais vu cette végétation cryptoga- mique colorer les vases des appareils dans lesquels les plantes vivaient en- fermées ; mais je l'ai remarquée maintes fois, en filaments verdàtres, dans l'eau recueillie au commencement d'une pluie et qu'on avait conservée dans un flacon. C'est sur ces cryptogames que, tout récemment, un profes- seur de la Faculté de Lyon, M. Bineau, a fait une découverte physiologique d'un haut intérêt, en constatant que « sous l'influence de la lumière » solaire, ils absorbent et décomposent les sels ammoniacaux dont ils assi- » milentles éléments; de sorte qu'une eau pluviale cesse bientôt de con- » tenir de l'ammoniaque quand elle est en contact avec eux » Je termine ce Mémoire par quelques considérations sur le rôle que parait remplir dans la végétation la substance organisée azotée qui préexiste dans la semence ou qui est formée par le concours des engrais. A celte occasion, j'expose les recherches que j'ai faites sur le développement d'un végétal provenant d'une graine dans laquelle il n'y a qu'une quantité à peine pondérable de cette matière organisée, puisqu'une telle graine ne pesait quelquefois que ^ de milligramme. Le résultat de ces recherches est ( 6i3 ) peut-être la preuve la plus frappante, par cela même qu'elle est la plus facile à acquérir, que l'azote gazeux de l'atmosphère n'est pas directement assimi- lable par les plantes, w ÉCONOMIE RURALE. — Note suv un procédé employé avec succès contre la maladie de la vigne; par M. Augustin Cauchy. Jumiga- tions, dont je vais parler, on peut consolider la couche de vernis la plus mince. On procède à cette fumigation après que la plaque a subi l'action de la lumière et celle du dissolvant. » Voici la manière d'opérer \a fumigation . » On a une boîte semblable à celle qui sert à passer la plaque daguer- rienne au mercure, fermant hermétiquement et de la dimension des plus grandes plaques d'acier sur lesquelles on doit opérer, parce qu'au moyen de deux petites barres mobiles appuyées sur des liteaux placés dans l'inté- rieur, on éloigne ou l'on rapproche les barres, selon la dimension de la plaque. » Dans le fond de la boîte, qui doit se trouver à une certaine hauteur du sol, on place une capsule en porcelaine dans l'ouverture ronde d'une feuille de zinc, on chauffe la capsule (contenant de l'essence d'aspic pure non distillée ou rectifiée) avec une lampe à alcool de manière à porter la tempé- rature de 70 a 80 degrés au plus, afin d'éviter de volatiliser une trop grande quantité d'huile essentielle, car alors le vernis se dissoudrait et ne présen- terait plus, comme cela doit être, une couche brillante et de couleur bronze, semblable au premier aspect de la plaque vernie avant l'exposition à la lumière. n Je recommande, dans ces fumigations, de ne chauffer l'essence que jusqu'à ce qu'il y ait un léger dégagement de vapeur, de prolonger l'expo- sition de deux ou trois minutes; de chauffer de nouveau et de recommencer luie seconde fumigation, si cela est nécessaire (la même peut encore servir à une seconde fumigation, mais pas au delà); laisser ensuite bien sécher la plaque, en l'exposant un instant à l'air, avant de faire mordre à l'eau-forte, et, si les opérations ont été bien faites, on aura une résistance complète,, qu'il faut même éviter de porter à l'excès, parce que l'eau acidulée n'agirait plus : dans ce dernier cas, on peut quelquefois faire attaquer la plaque par l'acide^ en la retirant de l'eau une ou deux fois et en la soumettant au contact de l'air. » Toutes les essences de la deuxième catégorie peuvent être employées en fumigations : leur action sera en rapport avec le trouble qu'elles pro- duisent dans la benzine, ce qui fait que certains graveurs préfèrent, par ( 6^4 ) exemple, l'essence de bergamote ( que j'ai indiquée) à celle d'aspic, qui agit trop fortement et qui graisse un peu la plaque, ce qui nuit souvent à l'action du grain d'aqua-tinta. » Les images obtenues dans la chambre obscure et qui sont voilées (ou non entièrement découvertes, comme je l'ai dit) n'ont besoin généralement que d'être soumises à la vapeur de l'essence de bergamote, qui est moins active que celle d'aspic. » Les essences qui sont propres à composer un vernis héliographique peuvent être aussi employées en vapeur pour augmenter la sensibilité des plaques vernies, mais il est difficile d'en régler l'action. » Je recommande de ne faire mordre une planche d'acier que lorsque l'opération héliographique est bien réussie. La première condition pour obtenir une bonne image héliographique, c'est d'avoir une belle couche de vernis sur la plaque d'acier, qu'elle soit exempte de grains de poussière et de bulles d'air, qui forment autant de petits trous après la dessiccation. » Quant à la durée de l'exposition à la lumière, elle est très-rapide quand on opère par le contact d'une épreuve photographique sin- verre ou sur papier, mais elle ne l'est pas encore assez pour que l'on puisse opérer facilement dans la chambre noire : cependant on obtient des épreuves avec assez de rapidité, en opérant avec un vernis composé de bon bitume de Judée et qui a été convenablement exposé à l'air et à la lumière. » J'ai composé un vernis complètement imperméable à l'acide sans le secours des fumigations,- il suffit pour cela de mettre dans le vernis un gramme de caoutchouc, dissous préalablement dans l'essence de térében- thine en forme de pâte onctueuse ; mais alors il ne peut supporter la cha- leur à laquelle on est obligé de soumettre la plaque métallique pour appli- quer le grain d'aqua-tinta nécessaire pour la reproduction des épreuves photographiques . w Ce vernis est excellent pour l'application que j'ai faite de la gravure héliographique sur verre. On opère, dans ce cas, comme sur la plaque mé- tallique, puis on soumet la plaque de verre à l'action de la vapeur de l'acide fluorhydrique, pour graver en mat, ou bien on couvre la feuille de verre de cet acide hydraté pour graver en creux; on obtient ainsi de très-jolis dessins photographiques gravés sur verre, et si l'on opère sur un verre rouge dont la couleur n'est appliquée que d'un seul côté, on a un dessin blanc sur un fond rouge : on pourrait obtenir des dessins blancs sur toute espèce de verres de couleurs. ( 6^5 ) » Avant de terminer ce Mémoire, je citerai dans l'intérêt de la science, les expériences suivantes que j'ai faites. » 1°. On sait, parla publication de M. Clievreul, qu'une plaqiie jeîldwite d'un vernis héliographique ne s'impressionne pas dans le vide liimtnèï{x^. , » Si l'on place une plaque vernie dans l'obscurité, mais à uiivdôiîiraint d'air atmosphérique, comme, par exemple, dans un long tube de tôle", il arrivera, au bout de huit jours, que si Ton verse du dissolvant sur le vernis, il n'agira presque plus, ce sera comme si la plaque avait été sou- mise pendant quelque temps à l'air et à la lumière. ' ■ » a". J'ai renfermé dans une boîte, bien close, une plaqué' vernie qui ;: avait été soumise à l'action de l'air et de la lumière et dont le verriis était devenu insoluble à l'action du dissolvant; quinze jours après, il étaitf dans le même état : donc le vernis ne s'était pas reconstitué dans son état primitif, comme l'opinion en a été émise. » Tels sont les faits qui se rattachent à la question de la gravure hélio- graphique, et si, malgré le pas immense qu'elle a fait depuis un an, elle n'est pas encore arrivée au degré de perfection que j'espère lui voir atteindre un jour, on peut juger de son état actuel par le portrait de l'empereur Napo- léon m, et une épreuve d'un monument (i), que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie. » Avant peu j'espère présenter des épreuves gravées dans la chambre obscure et obtenues en fort peu de temps, soit par un vernis très-sensible, soit par le concours d'un gaz répandu dans la chambre obscure. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Réponse aux observations concernant la résistance des mortiers et ciments emplojés à Veau de la mer; par MM. Malagvti et DUROCHER. (Commissaires précédemment nommés, MM. Dumas, Peligot, M. le maréchal Yaillant.) « Dans une Note présentée dernièrement à l'Académie (séance du 28 août i834), M. Vicat a cherché à infirmer les conclusions de notre travail con- cernant les chaux et ciments employés à la mer. Loin d'admettre l'influence utile que nous avons attribuée à l'oxyde de fer contenu dans les ciments réputés comme résistant le mieux à l'action saline de la mer, M. Vicat dit (i) Le Portrait de l'Empereur a été relouché, mais la f^ue du Louvre est sans aucune retouche. Les opérations héliographiques ont été faites par M"' Pauline Riffaut, et celles de gravure par M. Riffaut, sculpteur. C. H. , i854, a°" Semestre. (T. XXXIX, N" 14. ) 83 ( 626 ) avoir prouvé la fâcheuse hifluence de cet oxyde sur lej composés hydrau- liques. Ce savant ingénieur nous paraît avoir méconnu le rôle de l'oxyde de fer; il l'a toujours considéré comme un corps inerte, à l'égal du sable, ainsi qu'tl le dit formellement dans ses études sur les pouzzolanes artificielles ((pages 66 et 69, etc. ) » Nous-mêmes nous avons dû rechercher s'il en était ainsi, et une paitie de notre travail a eu pour but de montrer que l'oxyde de fer, dans de cer- taines conditions, joue un rôle chimique et fait partie de la combinaison des éléments qui constituent les composés hydrauliques. Ainsi, nous avons préparé des pouzzolanes artificielles qui, contenant de l'oxyde de fer, se comportent tout autrement que les mêmes substances dépourvues de fer; en effet, plongées dans une solution de chaux_, elles précipitent une plus grande quantité de cette base, et donnent lieu à des phénomèi>es particuliers dans lesquels le rôle chimique de l'oxyde de fer est évident. » Mais si ce corps peut communiquer aux composés où il entre des pro- priétés spéciales, nous n'avons jamais voulu prétendre que cette action dépendît seulement de la quantité de cet oxyde et non de son état molécu- laire. De mème,si une argile naturelle ou artificielle renfermait de l'alumine à divers états, sous forme de silicate, d'alumine hydratée, d'alumine cal- cinée à divers degrés de température et même de corindon, pourrait-on pré- tendre que dans tous les cas cette alumine dût; se comporter de la même manière? L'argumentation de M. Vicat n'est donc pas concluante, lorsqu'il cite diverses substances naturelles ou artificielles, dont le mode de forma- tion est souvent inconnu, et dont la résistance à l'action saline de l'eau de la mer n'est donc "pas en rapport avec la proportion d'oxyde de fer qui s'y trouve contenue. Cette circonstance fort naturelle provient, croyons-nous, de ce que les matières ne sont pas toutes comparables, et que l'oxyde de fer qu'elles renferment n'y est pas en totalité dans le même état moléculaire. Il y a là un sujet de recherches à part. » Il est un autre fait qu'invoque M. Vicat, et qui semble incompatible avec notre manière de voir. Il cite des composés hydrauliques qui résistent à l'eau de la mer, quoique ne renfermant pas d'oxyde de fer en quantité notable. On sait combien il est difficile de se prononcer sur la stabilité absolue des mortiers ou ciments employés à la mer; les constructeurs ne sont pas tous d'accord à cet égard ; il y a des mortiers ou ciments que l'on a longtemps regardés comme stables, et qui cependiant à la longue ont mani- festé une certaine altération, soit par suite de différences dans les circon- stances de leur emploi, soit parce que, pour les composés fortement ( 6a7 ') hydrauliques, l'altération exige, pour se produire, un très-long laps de temps. » Quoi qu^l en soit, nous avons montré que la décomposition par l'eau de merdes ciments et des mortiers hydrauliques est beaucoup plus complexe que ne l'avait indiqua M. Vicat, et que les caractères de cette décomposition sont multiples. Or les causts susceptibles de donner de la stabilité aux com- posés que forment la silice, l'alumine, la chaux, etc., peuventfort bien être de natures diverses: nous ne prétendons point que la présence de l'oxyde de fer soit indispensable, ni qu'elle soit toujours suffisante, quel que soit l'état de l'oxyde; il faut, en outre, que la proportion de silice et d'alumine soit comprise dans certaines limites; mais nous persistons à croire que l'oxyde de fer peut jouer un rôle utile, comme élément chimique, dans les composés hydrauliques dont il fait partie. Nous ferons remarquer, en termi- nant, que la plus grande partie des matériaux cités, en diverses occasions, par M. Vicat, comme résistant à l'eau de la mer, de même que ceux que nous avons étudiés, contiennent plusieurs centièmes d'oxyde de fer. » CHIRURGIE. — Relation d'une opération césarienne pratiquée pour la seconde fois sur la mênejemme avec un succès complet ; par 31. Stoltz. (Commissaires, MM. Andral, Velpeau, Rayer. ) Ce Mémoire devant être prochainement suivi d'un autre qui en formera comme le complément, nous nous bornerons aujourd'hui à reproduire le titre de cette première présentation. MÉDECINE. — Diverses communications relatives au choléra. M. BocBÉE prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours pour le prix du legs Bréant, un opuscule qu'il a publié sur le cfioléra-morbus, et qu'il adresse en double exemplaire, avec un exemplaire du n" 20 du journal la Réforme Agricole, dans lequel il a consigné de nouvelles observations relatives à la marche géologique du choléra. — Les conclusions auxquelles l'avaient conduit ses observations dans les épidémies de iSSa et 1848, et dont il avait entretenu alors l'Académie, ont été, dit-il, justifiées par les observations faites en i854. Il appelle particulièrement l'attention sur le fait suivant : » La vallée de l'Arriégeest remplie par un terrain diluvien très-puissant qui, sur divers points, acquiert un très-large développement et une grande profondeur. Elle se trouve ainsi, plus que beaucoup d'autres vallées pyrénéennes, dans les conditions qui favorisent particulièrement le déve- 83.. ( 628 ) loppement de l'épidémie; et en efFet le choléra s'est appesanti sur l'Arriége, et il y exerce, en ce moment, de cruels ravages, surtout à Pamiers et à Saverdun, qui sont les points où le terrain diluvien offre le plus grand développement, et aussi dans le vallon de Barguillères, un peu au-dessus de Foix, vallon rempli par de puissants dépôts alluvionnaires ; à Arnaulac, village bâti sur un massif de terrain diluvien, etc. » A une époque où il n'était pas encore question de l'invasion du choléra dans l'Arriége, j'avais indiqué les villes de Foix et d'Ax comme devant, à laison de la constitution géologique du sol sur lequel elles reposent, échap- per à ce fléau. J'avais aussi indiqué Bagnères-de-Luchon et Saint-Bertrand- de-Coinminges, dans le centre des Pyrénées, ainsi (\ueBnréges e\. Cauterets, comme ne pouvant pas être atteints ; or, bien que l'épidémie paraisse se ré- pandre sur beaucoup de points tout à l'entour des Pyrénées, et jusqu'au sein de ces montagnes, je ne crains pas de répéter avec assurance que ces villes et toutes celles qui reposent sur des rochers compactes, et surtout sur des rochers appartenant aux terrains de granit et de micaschiste, seront complètement préservées, quelque faible que soit leur altitude au-dessus de la mer. Je ne crois pas m'abuser, en disant qu'il y aurait à faire, de ces remarques, une application utile dans' le choix des emplacements destinés à l'établissement des hospices, des casernes, des prisons, toutes les fois qu'on est libre de placer ces grands établissements sur un point ou sur un autre. » M. Legrand appelle l'attention sur les bons résultats qu'il obtient depuis longtemps, pour arrêter les dérangements intestinaux qui précèdent si sou- vent l'invasion du choléra-inorbus asiatique, de l'emploi des pilules com- posées ainsi qu'il suit : poudre de noix vomique torréfiée, i gramme; ma- gister de bismuth, a grammes; diascordium, 7 grammes, pour vingt pilules. « Ces pilules sont prises au moindre trouble qui survient dans la nature ou dans le nombre des évacuations alvines, une immédiatement avant le repas. Mais si, à cette dose, on n'obtient aucune amélioration, on peut doubler ou tripler la dose : deux ou trois immédiatement avant chaque repas. Il est bien entendu que l'usage de ces pilules ne doit point empêcher de res- treindre plus ou moins l'alimentation et de modifier la nature des aliments, s'i)s paraissent contribuer à produire l'effet qu'on redoute si justement. » Les Notes de MM. Legrand et Bocbée sont renvoyées à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie, chargée de prendre connaissance des différentes pièces présentées au concours pour le prix du legs Bréant. ( 6a9 ) L'Académie renvoie également à cette Section les pièces suivantes : Un Mémoire de M. Bizet, ayant pour titre : Recherches sur le siège du choléra-morbus asiatique. Un Mémoire sur les causes du choléra et des fièvres ; par M. Boniteau. Une Note de M. S. Cadet, professeur de physiologie à l'archigymnase de Rome, sur des fausses membranes observées dans les déjections alvines des cholériques et sur des entozoaires qui se trouvent dans ces mem- branes. Une nouvelle Note de M. Czernickowski sur l'emploi d'une ceinture électrisée, dans les cas de choléra. Une 'Note sur le choléra de 1854, portant le nom de l'auteur sous pli cacheté. Une Lettre et un opuscule imprimé, de M. Marbot, concernant le choléra. Une Lettre de M. Maurice dd Parc, annonçant l'envoi d'un opuscule sur le même sujet, qu'il prépare pour l'impression et qu'il désire présenter au concours pour le prix du legs Bréant. M. Vaussin Cuardanne soumet au jugement de l'Académie un Mémoire en deux parties ayant pour titre -.Emploi des machines aérostatiques d'a- près des procédés nouveaux , application de Vaérostation aux voyages, aux besoins de la guerre. (Commission des aérostats. ) M. Vaussin Chardanne adresse la figure d'un dispositif destiné à prévenir les accidents qui proviennent de l'éclairage au gaz. (Commissaires désignés pour une précédente communication de l'auteur sur le même sujet (i3 février i854), MM. Regnault, Morin.) M. Marchal, sous-lieutenant au 2 5* de ligne, envoie de Rome une Note intitulée : Réflexions sur la navigation aérienne. (Renvoi à la même Commission. ) M. Thibout présente la description d'un appareil destiné à permettre de pénétrer dans les lieux dont l'air est devenu irrespirable. (Renvoi à la Commission du prix des Arts insalubres.) ( 63o ) M. Gavelle adresse, de Villeneuve-Saint-Georges, une Note contenant les résultats de ses recherches sur les causes de la maladie de la vigne. Il y joint diverses parties des plantes malades destinées à être soumises à l'examen de la Commission, de manière à lui permettre de porter un premier jugement sur les observations consignées dans la Note, et sur les conséquences qui en ont été déduites. Cette Note est renvoyée à l'examen de la Commission nommée pour les communications relatives aux maladies des plantes usuelles. M. LE Président invite la Commission à faire examiner dès à présent, par quelques-uns de ses Membres, les spécimens adressés avec la Note, leur conservation ne pouvant être de longue durée. Une Note de M. Dcvivier ayant pour titre : Méthode de traitement de la maladie de la vigne et des raisins, est également renvoyée à l'examen de la Commission des maladies des plantes usuelles. M. MoNTAiGUT demande l'ouverture d'un paquet cacheté qu'il avait déposé à la séance du 8 septembre. Ce paquet, ouvert en séance, renferme une Note sur l'emploi de la chaux et celui àes, fumigations avec le goudron contre la maladie de la vigne. (Renvoi à l'examen de la même Commission.) M. HuREL soumet au jugement de l'Académie un Tableau du Sjstème légal des poids et mesures, destiné à l'enseignement . (Commissaires, MM. Mathieu, Binet.) CORRESPONDANCE . M. Barthélémy Saint-Hilaire, remplissant par intérim les fonctions de Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences morales et politiques, transmet deux opuscules imprimés, que leur auteur, M. Grollier, qui les destinait au concours relatif aux perfectionnements apportés aux arts utiles, avait adressés par erreur à cette Académie. (Renvoi à la Commission chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix concernant les Arts insalubres. ) ( 63i ) ZOOLOGIE. — Note sur le caractère jaunique de la Nouvelle-Hollande; par M. PUCHERAN. « Je désigne sous le nom de caractère Jaunique l'ensemble des modifica- tions zoologiques qui appartiennent aux divers groupes d'animaux qui se trouvent originaires d'une partie quelconque du globe que nous habitons. C'est, par cela même, une application du principe par lequel on désigne, sous le nom de caractères génériques ou spécifiques, les traits distinctifs de tel ou tel genre, de telle ou telle espèce. » Les observateurs ont été jusqu'à présent fort peu attentifs à la recherche des généralisations de cette nature. Lorsqu'ils se sont occupés de la Faune d'un pays ou d'un continent, tous leurs soins se sont bornés à l'énuriiéra- tiou des espèces ou des genres ; presque jamais ils n'ont songé à exposer quelles étaient les modifications zoologiques communes aux divers êtres devenus l'objet de leurs études. Nous devons cependant faire une exception en faveur de notre grand zoologiste du xviii" siècle, en faveur de Buffon : en établissant que les Mammifères du nouveau continent le cèdent en taille à ceux de l'ancien, Buffon ouvrait une voie bien féconde en résultats, et dans laquelle il eût été fort à désirer qu'il eût trouvé vin plus grand nombre d'émulés. » La zoologie moderne a signalé, de son côté, que dans les faunes mam- malogiques de certaines régions, les caractères constitvitifs des Mammifères disparaissent dans quelques organes : il y avait, dès lors, dégradation dans ces types, comparés à leurs congénères d'autres parties du monde. La faune de la Nouvelle-Hollande, en particulier, peut être citée sous ce point de vue. » Mais une énonciation aussi générale d'un fait lui-même général est-elle suffisante pour en rendre raison, pour faire connaître quel est le mode sui- vant lequel il s'opère? Nous ne le pensons pas, par la raison qu'exposé aussi vaguement, le caractère spécial de la dégradation ne se trouve point signalé : dire qu'il existe ne suffit point, il est nécessaire de savoir en quoi il consiste. » Or, en entrant dans cette nouvelle voie d'investigation on observe que ce n'est point seulement par l'état d'imperfection des organes génitaux que les Mammifères spécialement propres à la Nouvelle-Hollande se distinguent de leurs congénères des autres parties de l'ancien continent. Les caractères embryonnaires qui leur sont inhérents dans cette partie de leur organisation se manifestent de même, à des degrés divers, dans le système nerveux et dans le système osseux; de telle façon que, même chez des individus dont ( 632 ) la grande taille accuse l'âge adulte, les épiphyses des os longs se trouvent encore nettement séparées. Comme exemple de cette lenteur de l'ossification chez les animaux de ce même continent, nous pouvons citer, parmi les Oiseaux, certaines espèces de Psittacidés, chez lesquelles la claAâcule ne s'ossifie qu'en partie, et reste, par cela même, en partie cartilagineuse. De tous ces faits que tous les zoologistes connaissent et que nous ne faisons que résumer, nous semble pouvoir être déduite la conclusion suivante : » La tendance à la persistance de l'état fœtal constitue le caractère fau- niqiie de la Nouvelle-Hollande. Ajoutons que la même conclusion est appli- cable aux archipels dont la Nouvelle-Hollande constitue, au point de vue de leurs, faunes, le centre d'irradiation. » En partant de ce point de vue, on est conduit à se demander dans quelles limites il est possible de généraliser un semblable résultat. La nature de la dégradation consisterait-elle dans la permanence d'un état fœtal ? L'exa- men des édentés résoudra cette question ; mais, quelle que soit la solution qui sera ultérieurement donnée, il n'en est pas moins intéressant de con- stater que l'on peut admettre deux sortes de dégradations, l'une sériale, Vautre/aunique : dans ce dernier mode, qui quelquefois se confond avec le premier, les types dégradés habitent d'une manière spéciale telle ou telle région du globe; dans le premier mode, les types soijt, au contraire, plus cosmopolites dans leur distribution géographique, ainsi que nous en offrent des exemples les Rongeurs et les Edentés eux-mêmes. La dégradation par l'élément habité (l'élément aquatique) constitue un troisième mode qui, plus souvent encore que le mode de dégradation- faunique, se confond avec celui que nous avons signalé en premier lieu. » Quoi qu'il en soit, ce mode d'organisation de certains Mammifères, en ce qui concerne la Nouvelle-Hollande et même l'Amérique du Sud, est-il en rapport avec la structure géologique de ces régions? Ij'émergence de ces terres serait-elle postérieure à celle des autres parties du monde? La zoologie attend pour la solution de ces difficultés le secours puissant de la géologie et de la paléontologie : cette dernière science ayant annoncé la présence dans les profondeurs de la terre, et dans notre Europe, de débris fossiles présentant une certaine analogie avec l'organisation marsupiale, il reste à déterminer jusqu'à quel point de telles couches fossilifères présentent la structure terrestre de la patrie des Didelphes. Nous pensons que, dans cette circonstance, il existe un lien harmonique entre une semblable nature et le milieu habité ; car, au point de vue du finalisme, nous ne voyons pas qu'il y ait moyen d'expliquer comment et pourquoi telle partie du monde se ( 633 ) trouve, plutôt que telle autre être la patrie à peu près iexclusive de toute une sous-classe de vertébrés. » ASTRONOMIE. — Remarques sur la loi des réfractions ; par M. J.-N. Legrand. « Dans le Mémoire qu'il a lu dernièrement à l'Académie sur les réfrac- tions, M. Faye songe surtout à satisfaire aux réfractions terrestres, et subor- donne à cette condition l'ordre vertical des densités des couches atmosphé- riques. Il compte évidemment que la formule qui aura cet avantage possédera à plus forte raison celui de donner les réfractions astronomiques, et qu'ainsi on pourra corriger directement les observations laites assez près de l'ho- rizon. On admet en géodésie que la réfraction terrestre est proportionnelle à l'angle au centre correspondant aux deux stations. M. Faye part de là pour déterminer l'ordre vertical des densités; pour lui, cet ordre obligé est celui qui satisfait à cette loi, et la formule qui le donne est fort simple. Cet ordre une fois déterminé, on en déduit les réfractions. M La solution de M. Faye me paraît sujette à une objection sérieuse ; c'est que la loi géodésique sur laquelle il s'appuie n'a sans doute pas la gé- néralité qu'il lui attribue. Que cette loi soit suffisamment exacte dans chaque couche pour de médiocres distances, c'est ce que personne ne contestera; mais elle ne saurait être admise avec le même coefficient pour toutes les couches. Ce coefficient doit varier d'une couche à l'autre, il doit être fonction du rayon ou de la densité, et diminuer à mesure que la hauteur croît, de manière à être nul dans le vide où il faut bien que la lumière aille en ligne droite. En le supposant constant pour toute distance et toute hauteur, M. Faye me paraît s'appuyer sur une loi incomplète et par cela même fausse; voyons quelle en sera la conséquence. » La formule qu'il déduit de cette loi pour exprimer l'ordre vertical des densités se trouve discutée d'une manière parfaite dans la Mécanique céleste (liv. X, chap. 1). Laplace remarque que la constitution qu'on attribue à l'atmosphère doit satisfaire et aux réfractions, et à la pression barométrique, et au décroissement de la température à mesure qu'on s'élève; et s'il m'était permis d'y coudre un peu du mien, je dirais qu'elle doit satisfaire aussi à la durée du crépuscule. Puis il montre que la formule en question est loin de pouvoir remplir à la fois toutes ces conditions. L'assujettissez-vous par exemple à représenter la pression barométrique, elle vous donne par cela même une réfraction horizontale et une réfraction géodésique trop petites ; elle vous donne un décroissement de la température A' un degré par 64 mètres, C. K., t&, , im= Semestre. T. XXXIX, W» 14.1 84 (634) qui est beaucoup trop grand; elle vous donne une durée du crépuscule qui est à peine la moitié de celle qu'on observe. En conséquence, Laplace n'hé- site pas à rejeter cette hypothèse, et ainsi fera (je crois) quiconque l'aura lu avec l'attention qu'il mérite. » La succession de densité des couches atmosphériques paraît sujette à des variations fréquentes et assez étendues ; nous n'avons pas de formule assez élastique pour la représenter à chaque instant avec un peu d'exacti- tude ; celle que nous propose M. Paye peut sans doute, comme une autre, embrasser une petite partie sans trop d'erreur, mais elle ne peut prétendre l'embrasser en totalité. Cela fait qu'on ne saurait déduire ni les réfractions terrestres des réfractions astronomiques, ni celles-ci des premières; l'un n'est pas plus permis que l'aiUre. Cela fait aussi qu'on ne peut avec sécurité appli- quer la Table des réfractions qu'aux observations faites à des distances du zénith assez petites pour que l'ordre vertical des densités soit indifférent, et que la réfraction ne dépende que de la couche dans laquelle l'observateur se trouve et qu'il peut connaître. Heureux encore si chaque couche concen- trique à la terre a bien l'homogénéité que nous lui supposons; ou si les erreurs résultant des inégalités dans ce sens se font mutuellement compen- sation! Le cas se présente pourtant souvent où il faut observer beaucoup plus près de l'horizon ; M. Faye a observé des comètes et des planètes dans ces circonstances, il sait bien comment on s'affranchit alors des réfractions; le moyen n'est peut-être pas fort commode, mais il est plus sur que celui qu'il propose. » Mais, dit M. Faye, c'est une erreur de croire que l'ordre des den- sités soit indifférent jusqu'à 70 degrés du zénith : il influe sensible- ment à des distances bien moindres, et la preuve, c'est que ma formule s'é- carte notablement des Tables avant cette limite. Je réponds que si la formule de M. Faye ne concorde pas numériquement avec celle de Laplace, ce n'est pas à cause de l'ordre de densité qu'elle suppose, mais à cause qu'elle ne satisfait pas à la pression barométrique que suppose celle de Laplace. L'ordre de densité des couches est indifférent, mais le poids de l'atmosphère ne l'est pas. Que M. Faye détermine la constante de sa formule de façon à reproduire la pression atmosphérique, et il verra disparaître le désaccord qu'il dénonce. Qu'il suppose même à l'atmosphère une densité constante, pourvu qu'elle exerce la même pression, et à 7g degrés du zénith (ancienne division ; elle lui donnera à i seconde près la même réfrac- tion que la formule sur laquelle les Tables sont construites; Laplace donne ( art. 4) la formule qu'il faut employer à ce calcul, et je l'ai fait. ( 635 ) » Ainsi, 1° le principe de la nouvelle solution est faux, à cause de l'ex- tension qu'on lui donne; 2° cette fausseté est telle, qu'elle vicie la constitu- tion atmosphérique dans ses éléments essentiels ; 3° tant que l'on n'aura pas une meilleure formule pour représenter l'état variable de l'atmosphère, il faut continuer d'opérer de manière à s'en affranchir ; 4° la confiance accordée jusqu'à présent à la Table usuelle des réfractions est légitime, et le reproche qui lui a été adressé n'a pas de fondement; « 5° lorsque pour des distances » au zénith moindres que la limite énoncée, cette Table se trouve inexacte, » il faut s'en prendre à ce que l'état d'équilibre attribué dans le calcul à » l'atmosphère n'existe réellement pas : c'est le seul côté par lequel la » théorie des réfractions puisse être en défaut. » PHYSIQUE. — Recherches sur l'aimantation; par M. J. IVicklès. « Dans un Mémoire présenté à l'Académie dans la séance du 1 4 mars 1 853 et traitant de l'allongemeut des barreaux aimantés et de l'influence qu'il exerce sur leur puissance attractive, j'ai admis en principe que l'attraction doit augmenter avec la distance qui sépare les deux pôles du barreau, me fondant sur cette considération, qu'en écartant ces pôles, on diminue les effets de neutralisation qu'ils peuvent exercer entre eux. Après avoir donné des preuves à l'appui, je fis voir que l'influence signalée a une limite à partir de laquelle elle change de signe, et qu'elle est nulle chez les électro- aimants disposés en fer à cheval (i), agissant à la fois par les deux pôles sur l'armature. » Ces faits, qui ont été vérifiés depuis, permettent de présumer ce qui se passera lorsque, sans rien changer au courant ou à l'hélice, on vient à faire varier la distance qui existe entre les branches polaires d'un électro-aimant bifurqué ; car, en augmentant cette distance, on augmente la masse du fer qui fait partie de l'électro-aimant, ouj ce qui revient au même, on en allonge les branches polaires, ce qui constitue une tendance à l'augmentation de force; ensuite on diminue les chances de neutralisation qui peuvent se pro- duire entre les deux pôles, d'où résulte une autre tendance à l'augmenla- tion de force. » On s'aperçoit facilement que les deux tendances ne sont pas de même (1) Et non pas seulement chez les électro-aimants qui sont garnis de fils dans toute leur longueur, comme on me le fait dire dans quelques ouvrages publiés à l'étranger. 84.. ( 636 ) espèce ; l'une peut être nulle dans un cas donné quand l'autre a tout son effet; par l'écartement des branches parallèles, on ne change rien dans la situation respective des hélices et du fer induit, mais on change beaucoup la position des pôles à l'égard de l'armature, car il est évident que celle-ci intercepte plus de rayons magnétiques quand les pôles sont écartés que quand ils sont très-voisins. » Dans le cours de mes recherches sur les électro-aimants circulaires, j'ai été souvent à même de vérifier ce point de vue; et comme les lois de ces aimants sont les mêmes que celles qui régissent les électro-aimants bifur- ques, on pouvait prévoir que l'écartement des pôles serait également pour quelque chose dans la puissance de ces aimants. Tous les physiciens ne sont pas de cet avis, et M. Dub, entre autres, vient de se prononcer formelle- ment pour l'opinion contraire (i) à la suite d'expériences dont je n'entends pas contester la précision. » Les faits que j'ai à faire connaître ne contredisent pas les résultats de ses observations, mais ils infirment la conclusion qu'il en tire. Pour mieux le prouver, j'opérerai, comme lui, avec des électro-aimants bifurques. L'ap- pareil dont j'ai fait usage est un électro-aimant en fer à cheval dont l'une des branches est mobile et susceptible d'être déplacée; la pièce de jonc- tion avec laquelle ces branches forment le fer à cheval, est une barre de fer rectangulaire, d'une longueur appropriée, munie d'iuie rainure dans le sens de l'axe; la branche fixe est rivée à l'une des extrémités de cette rai- nure; la branche mobile est munie d'un épaulement qui lui permet de voyager dans la rainure; des trous pratiqués de distance en distance dans la pièce de jonction permettent de fixer, au moyen d'une cheville, la branche polaire qui est destinée à être déplacée. Les deux branches se terminent en ligne droite à leur extrémité inférieure; l'extrémité supé- rieure est recourbée ; le rayon de la courbe est plus grand que le rayon de la bobine, de sorte que les deux pôles peuvent être amenés jusqu'à se tou- cher par un de leurs côtés si l'on rapproche suffisamment les deux branches. » Du reste, le contact immédiat n'est pas nécessaire à la démonstration que j'ai à fournir; mais comme, d'un autre côté, on peut indéfiniment écarter les branches, il est aisé de se placer dans des conditions extrêmes, et de décider, du premier coup, la ^question. C'est aussi de cette manière que j'ai procédé en me servant d'un courant de la constance duquel je m'as- surais à l'aide d'une boussole. (i) Annales de Poggendorff, tome XC, page 45 1 ( 637 ) DISTANCE ENTRE LES POLES. Épaisseur de huit feuilles de papier (y millimètre). 120 millimètres ATTRACTION. kU. i4-i5 i8 COURANT b. kil. 52 65 » On le voit, la différence est notable; maintenant il s'agit de savoir si ces nombres expriment des limites ou si les résultats varient avec l'écarte- ment des pôles. Il me fut aisé de reconnaître qu'avec les intensités en jeu, l'attraction ne grandissait plus sensiblement à partir de 12 centimètres d'écartement ; que la distance favorable à l'accroissement augmentait avec la puissance magnétique développée, et qu'elle diminuait quand le courant diminuait lui-même : c'est ce qu'on peut voir dans le tableau suivant, qui contient quelques-uns des résultats moyens , observés à diverses intensités. J'ajoute que les éléments employés étaient de grandes dimensions; que les branches de l'électro-aimant avaient i5 millimètres de diamètre et 9 cen- timètres de longueur ; que les bobines contenaient chacune 47 niètres de fil de I millimètre d'épaisseur, et enfin, que l'armature était un cylindre de fer de i5 millimètres d'épaisseur et de 3o centimètres de longueur. DISTANCE ENTRE LES POLES- Épaisseur d'une feuille de papier o",ooo5 0™,025 o°',o45 0'",I20 0"",220 o"',28o ATTRACTION. COURANT a. kll. 5 8 10 10 9 : COURANT b. ktl. 10 i4-i5 16 i8 18 18 i5 kll. '7 22 23 25 - 26 27 27 27 COl'UANT d. kil. 45 52 55 58-59 65 66 66 » Ces résultats établissent une analogie de plus entre les électro-aimants bifurques et les électro-aimants rectilignes ; on voit que les nombres expri- mant la puissance d'aimantation s'accroissent d'abord régulièrement comme ( 638 ) chez ces derniers; qu'ils décroissent ensuite après avoir passé par un état stationnaire (i), variable avec l'intensité du courant ou du magnétisme dé- veloppé, et dont l'amplitude augmente avec ces intensités. » Le magnétisme rémanant des électro-aimants employés se manifeste dans le même rapport après l'interruption du courant : l'armature tombe spontanément quand les pôles sont à faible distance l'un de l'autre; elle reste suspendue quand cette distance a été augmentée ; enfin elle tombe de nouveau quand l'écartement a atteint un certain point de la progression décroissante. » Des faits analogues ont été observés avec un électro-aimant circulaire construit ad hoc : il se compose de deux disques de fer de 9 centimètres de diamètre et de 2 centimètres d'épaisseur, évidés à une profondeur de 8 millimètres ; ces deux disques sont rapportés sur un axe de 35 millimètres de diamètre; la bobine est enroulée sur le milieu de cet axe qui est suffisam- ment raccourci pour pouvoir être emprisonné par les disques évidés ; ces derniers sont mobiles et peuvent, à partir du contact intime, être écartés à volonté jusqu'à i5 millimètres. Avec cet appareil, l'accroissement de force, produit par l'écartement des cercles polaires, est tellement sensible, qu'on le reconnaît au simple attouchement avec une armature, malgré les diverses causes qui tendent à produire un effet contraire. Voici quelques résultats : DISTANCE ENTRE LES CERCLES Contact Épaisseur d'une feuille de papier 1 millimètre 2 millimètres 10 millimètres i4 millimètres ATTRACTION . COCHANT a. CODRANT 4. kil. VU. I I 7 3 5 5 10 9 12- l3 9 i5 7 i5 » Ces faits ajoutés aux précédents expliquent les résultats obtenus par M. Dub, ainsi que les conclusions qu'il en tire. Ce physicien n'ayant pas assez étendu la limite de l'écartement des branches de ses électro-aimants, (1) Silliman's American Journ. qf Sciences, tome XV, page 38o. (639 ) limites variant de a | pouces à 5 -j , a obtenu des nombres à peu près inva- riables, analogues à ceux que j'ai moi-même obtenus dans les mêmes circon- stances (tableau a). » Conclusions pratiques. — Au nombre des diverses conditions aux- quelles il faut avoir égard dans la construction des électro-aimants rectili- gnes, bifurques ou circulaires, il faut placer le soin de donner aux pôles un écartement approprié à l'intensité magnétique que l'on se propose de développer ; la distance moyenne à adopter pour les électro-aimants bifur- ques delà dimension ordinaire, peut varier entre 6 et 12 centimètres, ce qui représente l'écartement généralement usité. Il faut absolument rejeter des dispositions du genre de celle dont on trouve un exemple dans l'ouvrage intitulé : Le Télégraphe électromagnétique américain, disposition dans la- quelle on s'efforce de rapprocher les pôles de manière à les amener presque au contact. » ZOOLOGIE. — Action perforante dune espèce d' Echinodermes ; Lettre de M. ËuG. Robert. « En explorant les côtes de Bretagne pour voir les perforations du Pholas dactjlus dans le gneiss surmicacé grenatifère dont a parlé M. Cail- laud, j'ai observé un fait du même genre fourni par YEchinus lividus sur l'action érodante duquel on n'est pas encore, je crois, bien fixé. Voici d'ailleurs le ftùt que je soumets à l'Académie des Sciences, en la priant d'accepter, pour le Muséum, l'échantillon de roche ci-joint, qui leprésente. » Au nord de la baie d'Hury, dans le fond de la grande baie de Douar- nenez, sur les côtes du Finistère, on trouve, à marée basse, au pied de la falaise formée par du micaschiste et des grauwackes, un grès ferrugineux dont la surface horizontale est remplie de cavités arrondies occupées par des Oursins. » Dans maintes circonstances, ces Radiaires se trouvent tout à fait em- prisonnés dans les demeures qu'ils se sont évidemment creusées; la roche inattaquable par les acides, dure et lisse au fond des cavités, n'annonce pas qu'ils aient eu recours à la voie chimique pour la creuser de cette manière ; mais si l'on examine le test calcaire sur toutes ses faces, il sera facile de reconnaître que les épines tournées vers les côtés et le fond des cavités , ou vers la bouche de l'animal, toujours située en dessous, sont fortement usées. » D'où je serais porté à croire que VEchinus lividus, retenu dans son jeune âge à la place qu'il a adoptée près de ses parents, par des filaments ( 64o ) de conferves ou de ceramium, creuse sa demeure au fiir et à mesure qu'il éprouve le besoin de s'étendre, au moyen de ses pointes mobiles. J'ajouterai que les Algues calcifères (Nullipores) qui se sont développées sur le bord des cavités et tendent à les fermer, ne s'y seraient certainement pas instal- lées si l'animal de l'Oursin eiit sécrété une liqueur acide. » La pièce mentionnée dans la Lettre de M. E. Robert est mise sous les yeux de l'Académie. « A l'occasion de la communication qui vient d'être faite par M. Eugène Robert, M. Valenciennes fait observer que le beau groupe d'Oursins per- forants de Douarnenez, présenté à l'Académie, donné au Muséum d'Histoire naturelle, et qui sera immédiatement placé à son rang dans la nombreuse col- lection d'Échinodermes de cet étabissement, n'offre pas un fait nouveau. M. Eugène Robert a pu voir dans cette collection des échantillons de roches creusées par V Echinus lividus, exposés au public depuis plus de vingt ans, et montrés aux auditeurs des Cours du Jardin des Plantes, déjà du temps de Lamarck. A côté de ceux-ci, il existe aussi d'autres échantillons, mon- trant le même fait, pris à Guetary, dans des roches crétacées très-dures, par notre confrère M. de Quatrefages. Un Oursin d'un autre genre et d'une famille différente, le Cidaris Savi^nyi, est encore en place dans là même collection, enfermé dans la loge creusée par lui dans le Goniastrcea solida (M. Edw. et J. H. ), zoophyte qui vit dans la mer Rouge. » Puisque l'occasion s'en présente, je ferai remarquer que cette habitude de percer tantôt le bois, tantôt les corps madréporiques, et le. plus souvent les pierres ou les roches, souvent très-dures, est commune à un grand nombre d'animaux les plus différents les uns des autres. Les quelques exemples qui me viennent à la mémoire, montrent qu'on trouve des espèces perforantes dans la série tout entière des espèces animales, et que plusieurs d'entre elles parviennent à faire ces érosions avec les téguments les plus mous, et par conséquent les moins résistants en apparence. G est que ces animaux usent la roche mécaniquement, par l'action de l'eau de la mer qui les baigne de toutes parts, unie incessamment au frottement de leur pied charnu, ou de leurs ten- tacules filiformes, et plus mous encore que la masse charnue des Mollusques. » Il existe dans la famille des Holothuries deux petites espèces de Siponcle, Sipunculus Icevis, Guv., et Sipunculus vernicosus , Guv., qui percent les pierres de la mer des Indes. Une autre espèce, également conservée dans la collection du Muséum, se creuse une loge contournée en spirale dans l'é- paisseur de deux petits madrépores. L'un d'eux appartient à la famille des CyathiniNjE de MM. Milne Edwards et Jules Haime : c'est VHeterocyathus ( 64i ) œquicostatus de ces auteurs. L'autre a été placé, par ces deux mêmes zoolo- gistes, dans la famille des TuiiBiNOLiNiE : c'est leur Heteropsammia cochlea. Comme l'animal perforant polit les parois de sa loge par un léger dépôt vitreux, plusieurs naturalistes avaient cru, à tort, que les polypes de ces Zoanthaires à polyjiiers calcaires déposaient les matériaux de leurs poly- piérites sur une petite coquille du genre des Turbo. Les deux espèces de genre et de famille si différents, ainsi que l'a prouvé la méthode d'observa- tion guidée par l'histoire naturelle descriptive, étaient confondues sous un même nom, celui de Madrepora cochlea. C'est pour faciliter aux zoologistes qui auront occasion de faire de nouvelles recherches surceSiponcle, que je l'ai nommé Sipiinculus cochlearius. » La classe des Spongiaires, ces corps si mollasses, a aussi des espèces perforantes, non -seulement dans le test peu résistant et lamellaire des Huîtres, mais aussi dans les coquilles à test calcaire aussi dur que celui des Cônes. » La classe des Mollusques gastéropodes et celle des Acéphales com- prennent aussi un très-grand nombre d'animaux perforants. » En examinant les familles des Gastéropodes, j'en trouve des exemples dans les genres les plus différents. J'ai vu plusieurs fois des échantillons de roches crétacées, dures, creusées par des individus de Y Hélice aspersa. Cette observation sur les habitudes perforantes de quelques colimaçons a été faite pour la première fois par notre confrère M. Constant Prévost. » D'autres Mollusques gastéropodes pectinibranches ont aussi l'habitude (le se creuser de petites loges dans des pierres dures. Tels sont le Purpura ynadreporanim, Broderip, le Purpura monodon., Quoy, les Leptoconques de Ruppel, les diverses espèces de Magiles; nous en avons trois bien carac- térisées'dans les collections du Muséum. J'ai vu aussi dans des échantil- lons rapportés de Mazatlan par M. l'amiral du Petit-Thouars, des Calyptrées et des Crépidules en place dans leur cellule ; et, ce qui prouve que ces Mol- lusques creusent à l'aide du simple frottement de leur pied qu'ils meuvent à cet effet, c'est que ces animaux se sont toujours montrés réunis deux à deux, et appuyés l'un contre l'autre par le sommet de leur coquille, laquelle ne pouvait ainsi toucher la paroi de la loge ; leur pied charnu était seul en contact avec la roche. Tous les observateurs savent que les Patelles, les Hipponices, les Cabochons creusent sous eux la roche ou la coquille sur laquelle ils se collent, et finissent par s'y enfoncer de plusieurs millimètres. » Les Acéphales perforants sont beaucoup plus nombreux et plus con- C. R., i85^, 1""= Semestre . (T. XXXIX, N" 14. 85 ( 642 ) nus, parce qu'ils ont été mieux observés, les uns étant recherchés comme un mets délicat, les autres à cause des dégâts qu'ils causent. Sur les côtes de la Méditerranée, des journaliers gagnent leur vie à casser les pierres pour y prendre les Modioles, les Modiolarca et surtout les Lithodomes dont la chair, un peu poivrée, est très-estimée ; ces Mollusques se vendent assez bien. » Les Cypricardes, les Vénérupes, les Saxicaves, les Pétricoles, les Corbules, vivent aussi dans les pierres. L'étude des animaux qui construi- sent leurs coquilles, et qu'ils tiennent depuis leur première formation dans les trous creusés dans la pierre, montre combien sont peu fondés et peu naturels les genres caractérisés par les mœurs des animaux ; l'organisation dominant et précédant l'habitude : car les Vénérupes ne sont que des Vé- nus, les Saxicaves desMyaires, les Pétricoles des Tellinacés ; enfin, pour en finir avec cette liste déjà un peu longue, j'ajouterai les Pholades, les Gastrochènes, les Clavagelles. Parmi les Pholades, il y en a une, le PJiolas clavata, qui perce le bois comme le Taret. Cette habitude, si désastreuse dans les ports, et pour toutes les constructions de la marine, prouve évidem- ment que ces Molhisques ne peuvent employer, dans leur action érosive, des liquides qui attaqueraient le corps dans lequel ils établissent leurs petites loges. La Pholade dactyle et le Pholascrispata percent le gneiss micaschiste, ainsi que M. Caillaud, de Nantes, l'a observé sur les roches du Pouliguen, à l'embouchure de la Loire. La même observation a été faite en Angleterre, il faut ici faire une observation importante : je l'ai vérifiée sur nos côtes de Bretagne. Les Pholades ne perforent que le gneiss déjà décomposé, qui se détruit par grains, à l'aide d'un simple frottement. Ce fait prouve que l'animal ne peut détruire une roche aussi dure que lorsqu'elle est déjà rendue facile à attaquer par sa propre décomposition ; en second lieu, c'est, comme l'a bien fait remarquer M. Caillaud, une preuve que l'animal ne sécrète pas une liqueur capable d'agir sur une roche de cette nature. » J'ai essayé plusieurs fois, à l'aide de papier de tournesol, de m'assurer si les Mollusques que je vieus de signaler sécrètent quelques liquides acides, et je n'en ai jamais eu la preuve. » Je viens de citer un grand nombre d'animaux sans vertèbres qui ont des habitudes perforantes. Je sais que je rappelle ici plusieurs faits connus de presque tous les naturalistes ; je puis donner un exemple pris parmi les vertébrés, qui est un peu moins généralement signalé par les naturalistes. Il existe plusieurs espèces de Poissons que l'on ne peut renfermer dans des bassins, même construits en pierre et en ciment le plus dur. Ce sont de petits (643 ) Siluroïdes du genre des Callichthes. Ils sont des plus nuisibles quand ils s'introduisent dans un vivier, car ils le dessèchent bientôt en creusant leur trou dans la muraille. Ces espèces vivent dans les eaux douces de l'Amé- rique équinoxiale, et principalement à Cayenne. Le fait a été observé par le docteur Leblond, naturaliste distingué, correspondant du Muséum, et qui a transmis ses observations à M. de Lacépède. Je prie de remarquer que je ne cite ici ce fait que pour montrer comment les animaux de toutes sortes peuvent creuser les corps les plus résistants. Mais il faut faire atten- tion que l'habitude de se creuser des retraites, des habitations sous la terre, ou dans le sable des grèves de la mer, est bien voisine, presque semblable à celle que nous venons de signaler chez tous les animaux perforants des classes d'animaux sans vertèbres que je viens de citer. Ainsi les RaieSj les Turbots, les Soles, et les autres Pleuronectes et beaucoup d'autres poissons s'enfouissent sous le sable. Les observateurs qui ont séjourné sur le bord de nos côtes sablonneuses de la Manche sont souvent émerveillés de la facilité avec laquelle l'Équille oul'Ammodyte perce le sable, et s'y soustrait à la main du pêcheur. Un grand nombre d'Insectes, de Reptiles se font des retraites; quelques oiseaux, comme le Martin-pécheur et l'Hirondelle de rivage pratiquent des trous de plus de i mètre de profondeur dans les berges sableuses de nos rivières. Un grand nombre de Mammifères se creusent aussi des terriers. Tous les animaux font ces galeries souterraines par des moyens mécaniques. Je n'ai voulu établir autre chose dans ces observations que la généralité du fait de perforation, sorte de faculté instinc- tive innée dans les espèces les plus variées dans toutes les classes de la série animale. » « ASTRONOMIE.— M. Le Verrier présente à l'Académie la communication, à lui adressée par M. Gould, de la découverte d'une trente et unième petite planète. Cet astre a été découvert le i*"^ septembre, par M. Ferguson, à l'observatoire national de Washington, dans le voisinage d'Égérie, qu'il précédait de 23 secondes en ascension droite le lendemain du jour de la découverte. La nouvelle planète, dont l'éclat est presque égal à celui d'Egérie, avait au commencement du mois un mouvement rétrograde de 35' en ascension droite et un mouvement de -f- i'4o" en déclinaison. » Voiciles positions observées par M. Ferguson : T. m. de Washington. Ascension droite. Déclinaison. i854, sept, 3 10,59.2,5 1,52. i3, 68 —2.57.13.8 — 2 12. 1.2,6 1.52,12,34 — 2.57 10,5 — 2 i3.3i.6,6 i.52.n,o6 — 2.57. 4)4 85, (644) » L'étoile de comparaison est SgS B.A.C. et l'on a pris pour position moyenne en i85o,o i'>5o"'22»,i7 — a°47'36",4 » Le mauvais temps a empêché d'observer la nouvelle planète les jours suivants. » a M. Le Verrier communique à l'Académie, de la part de M. Faye, les Éléments et une Ephéméride de la planète découverte par M. Hind, le 22 juillet, calculés par M. Oudemans, de l'observatoire de Leyde. Éléments de la nouvelle planète de M. Hind. Époque : juillet 22,0, T. M. de Green-wich. » / // Anomalie moyenne 298 . 1 3 . 17,4 Longitude du périhélie 26.42.59,3 1 équin. moyen Longitude du nœud ascendant So^.S^.Si ,i5 I du l'^janv. i854. Inclinaison i . 56 . 4 1 , 7 Angle (sin = excentricité) 8.54-39,2 Moyen mouvement diurne 979,715 Demi-grand axe 2 , 35833 Observations employées. Asc . dr. app. Bécl. app. 1 m s < > / ir 0 / Il Juillet. 22 12 55.44 T. M. de Régent 's Parc , 317. 27.14, I — 16.20.40,6 Août. 12 10 47 -'9 T. M. de Leyde, 3l2 20.3i,55 — 17.21.46,5 Septembre. . . 5 9. 23.33 T. M. de Leyde, 307.46.54, 7 — 18. 6.12,3 Ephéméride pour midi moyen à Greenwich et pour l'équinoxe moyen du i" janvier. .854. Asc. droite. Déclinaison. log. A. Éclat. Septembre 9 20'' 29'"44' — i8''8',o 0,1108 1,33 10 ao.29 27 — i8.8,2 II 20. 29 . I I — 18.8,3 12 20.28.57 — 18.8,4 i3 20.28.46 — 18.8,4 0, 1 196 i4 20.28.37 — 18.8,2 i5 20 . 28 . 3o — »8-7.9 16 20.28.25 — 18.7,5 17 20 . 28 . 22 — 18.7,0 0,1288 1,24 18 20.28.21 — ■8.6,4 '9 20.28.22 — 18.5,7 20 20.28 26 — 18.4,8 21 20.28.31 — 18.3,9 o,i386 22 20.28.39 — 18.2,8 23 20.28.48 — i8.i,6 (645 ) 1854- Asc. droite. Déclinaison. log. A. Septembre. 24 2o''a8"'59» - 18° o',4 25 20.29. i3 rr- 17.59,1 0,1487 26 20 . 29 . 29 — 17-57. G 27 20.29.47 — 17.56,0 28 20. 3o. 6 — 17 54,3 29 20 . 3o . 28 — 17.52,4 0,1591 3o 2o.3o.5i — 17.50,5 Octobre. i 20.81.17 - 17.48,5 2 20. 3i .44 — 17.46,3 3 20.32. 14 — 1744.I 0,1696 4 20 . 32 . 46 - i7-4i,8 5 20,33. 19 — 17.39,3 6 20 . 33 . 54 — 17-36,7 7 20.34.31 — 17.34,1 o,i8o3 8 20 . 35 . 10 — 17.31,3 9 20.35.5o — 17.28,5 10 20 . 36 . 32 — 17.25,5 II 20.37. '^ — 17.22,4 0,1910 12 20.38. 0 — 17.19,2 i3 20.38.47 - '7-'5,9 14 20.39.36 — 17.12,4 i5 20 . 40 . 26 - 17- 8,9 0,2017 16 20.41. i8 — 17. 5,2 17 20.42.11' — 17- ».5 18 20.43. 6 — 16.57,6 »9 20.44» 2 — 16.53,7 0,2123 ao 20.45. 0 — '6.49,7 21 20.45.59 - 16.45,5 22 20.47. ° — 16.41,2 23 20.48« 2 - 16. 36,8 0,2228 24 20.49. ^ — 16.32,3 25 20. 5o. II — 16.27,7 26 20. 5i .17 — 16.23,0 27 20,52.25 — i6,i8,i 0,2332 28 20.53.34 — i6.i3,i 29 20.54.44 — 16. 8,0 3o 20 . 55 . 55 — 16. 2,8 3i 20.57. 8 — 15.57,6 0 , 2435 Novembre, i 20.58,22 - i5.52,3 2 20.59.37 - i5.46,8 3 21. 0.53 — i5 4' >2 4. 21. 2. 10 — i5.35,5 0,2535 Éclat. I,l4 i,o5 0,96 0,88 0,81 0,74- ( 646 ) i85/|. Asc. droite. Déclinaison. log. A. Éclat. Novembre. 5 ai*" S^aS' — i5''29',7 6 21. 4-47 — i5.23,8 ■j 21 . 6. 8 — i5. 17,7 8 21. 7.29 — t5.ii,6 0,2633 9 21. 8.5i ^ i5. 5,4 10 21.10. i4 — i4.5g,i 11 12. II. 38 — i4 52,6 12 21. i3. 4 — • 14.46»! 0,2729 0569 Le 22 juillet, l'éclat fut i ,35 Le 12 août « it4Q jl .1:., l.' . -^ 'T^^ Le 5 septembre » ..•,>..,-.;.,,...,>. 1,87 « M. Le Verrier communique les observations de l'inclinaison de l'ai- guille aimantée, faites à Audaux, par M. Antoine d'Abbadie, Membre cor- respondant de l'Institut. Audaux, i85o, avril 4> Inclinaison = 63°. 19', 35 — i854, avril II, =62». 58', 98 « Audaux est situé par 43°2i',6 de latitude Nord et o'' ia"3i',5 de lon- gitude Ouest, comptée du méridien de Paris. La même aiguille a été em- ployée dans ces deux observations, qui donnent 4'i68 de diminution annuelle dans l'inclinaison. » » M. Le Verrier présente les observations suivantes, d'une comète dé- couverte le 18 septembre, à Firenze, par M. Batta Donati. (Cette comète n'est autre que celle découverte, le 12 du même mois, par M. Bruhns.) T. m. de Firenee. Ascension droite. Déclinaison. hmf bnis ^ i ii i854> sept. 18 9'i5 9-4' + 7°" 4 position estimée. — 19 i4-23.36,8 g. 55. 26,97 + 68.42.53,1 — 20 10. 6. 7,5 10. 4- o,65 4- 67.46.46,4 — 21 8.40. 9,4 . ;)fo.i3.3i ,70 + 66.4» 18,7 » La position du 20 résulté 'd'une observation méridienne de la comète, faite à son passage inférieur. Celles du 19 et du 21 ont été déduites d'obser- vations faites à l'aide d'un micromètre circulaire, et qui ont donné les résul- tats que voici : A^ — £»^ D, — D»<^ Étoiles de comparaison. Sept. 19 -^ 36™ 6%86 + 28' 5i",7 Bode i68. Grande Ourse. — 21 -ir o"'ii»,73 — 23' 36",2 Id. 144. Id. » La comète est pour l'instant (28 septembre) une simple et très-faible nébulosité, ne présentant aucun indice de noyau distinct ni de queue. » ( 647 ) TOPOGRAPHIE. — Note sur les lignes défaite et de thalweg; . /)flr M. Breton (de Champ). « Il n'est personne qui n'ait entendu de la bouche d'un professeur, ou lu dans quelque livre, que les lignes àe faîte et de thalweg (ou de partage et de réunion des eaux qui coulent à la surface du sol), rencontrent à angle droit les lignes de niveau, et sont asymptotes des lignes de plus grande pente ordinaires. Pour les distinguer de ces dernières, on ajoute qu'elles sont des lignes de pente minimum, c'est-à-dire le lieu des points où la pente de la surface, suivant chaque ligne de niveau, devient un minimum. Or cette proposition, dans son énoncé général, n'est pas vraie. Pour le prouver, il suffit d'un exemple. . . » Je choisis, à cet effet, la surface engendrée par un cercle. horizontal dont le centre se meut sur une hélice tracée à la surface d'un cylindre droit vertical. Il est évident que la surface ainsi engendrée présente tou- jours une ligne de pente minimum, correspondant au plus grand écarte- ment des projections horizontales des lignes de niveau, supposées infiniment peu distantes les unes des autres. Les points où ce plus grand écartement a lieu sont déterminés , sur chacune d'elles , par la tangente à la projection horizontale de l'hélice directrice. Le lieu ainsi obtenu des points de plus grand écartement de deux lignes de niveau infiniment voisines se compose de deux hélices dans l'espace, lesquelles ont pour projection horizontale une circonférence de cercle de rayon \/R^ + r", R et r désignant les rayons du cylindre et du cercle générateur. Cette circonférence rencontre les lignes de- niveau obliquement sous un angle quia pour tangente trigonométrique - et qui conséquemment n'est droit que pour r = o. » Si l'on effectue la construction, il devient manifeste que par chacun des points de cette même circonférence on peut mener la projection d'une ligne de plus grande pente ordinaire, faisant avec elle un angle dont la tangente trigonométrique est — . D'où il résulte que dans cet exemple les lignes de pente minimum sont coupées par les lignes de plus grande pente ordi- naires. Ainsi la proposition énoncée ci-dessus est en défaut. » On peut remarquer qu'il existe, pour le cas où l'on a r < R, deux hélices qui rencontrent à angle droit les lignes de niveau. Elles ont pour projection horizontale une circonférence de rayon \JR^ — r*. Ces deux hé- ( 648 ) lices sont asymptotes des lignes de plus grande pente, mais ne doivent pas être confondues avec les lignes de pente minimum, lesquelles existent tou- jours, tandis qu'il n'y a plus d'hélices normales aux lignes de niveau, lorsqu'on prend r > R. Or ces hélices, djnt la pente n'est ni maximum ni minimum, sont de véritables lignes de faîte et de thalweg, c'est-à-dire de partage et de réunion des eaux. Elles échappent donc à la définition que l'on donne de ces lignes caractéristiques, ce qui en démontre l'inexacti- tude. » TOPOGRAPHIE. — Construction graphique des erreurs commises dans le lever des plans avec la boussole, par suite de F excentricité de l'alidade ; par M. Breto\ (de Champ). « Tout le monde sait que le lever des plans fait à la boussole est sujet à plusieurs erreurs dépendant, les unes de l'irrégularité de l'action magnétique exercée sur l'aiguille soit par le globe terrestre, soit par les objets environnants, les autres de la construction de l'instrument. Parmi ces dernières on distingue celle qui est due à l'excentricité de l'alidade. J'ai cherché à me rendre compte de ses effets, et je suis parvenu à l'exprimer par une construction d'une simplicité inespérée. » Je suppose, ce qui est le cas ordinaire, que l'on ait levé un polygone par la méthode dite de cheminement, c'est-à-dire en se transportant suc- cessivement à tous les sommets et mesurant la longueur et la déclniaison ou l'azimut de chacun des côtés. Dans cette opération, on aura eu soin d'ob- server toujours en tenant l'alidade du même côté de la boussole, par exemple à droite, et par suite les angles mesurés seront affectés d'une erreur variable avec la longueur des côtés du polygone. Soient A, B, C, D,..., H les sommets rapportés sur le papier. Tracez un second polygone abcd... h, dont les côtés ab, bc, cd, etc., soient respectivement paral- lèles aux côtés AB, BC, CD du premier, et tous égaux à l'excentricité de l'alidade. » Cela fait : » La diagonale menée du point a au sommet quelconque h sera égale en grandeur et perpendiculaire en direction au déplacement qu'aura subi le sommet correspondant H par t effet des erreurs cumulées dues à l'excentri- cité de l'alidade. » La démonstration de cette proposition est extrêmement facile, elle ré- sulte de la construction de proche en proche du polygone rectifié, effectuée (649 ) simultanément avec celle du polygone ABC... H. Il faut négliger la dif- férence entre la longueur réelle de chaque côté et sa projection sur le rayon de visée réduit lui-même à l'horizon. En même temps qu'on aperçoit la vérité de cette proposition, on trouve immédiatement le sens dans lequel il faut opérer la rectification de chaque sommet. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Note sur l'explosion des mines par l'électricité; par M. Th. du Moncel. (Extrait.) « Le système d'explosion, dont j'ai à entretenir aujourd'hui l'Académie, a été installé par moi sur la demande de MM. les entrepreneurs du creuse- ment du port de Cherbourg. Le grand point était d'obtenir une simulta- néité complète d'explosion pour des mines immenses renfermant chacune jusqu'à 4ooo kil. de poudre, car tout l'effet avantageux de ces espèces de volcans, qui, du reste, n'exercent leur effet que souterrainement, dépend essentiellement de la simultanéité d'action des ébranlements partiels occa- sionnés par les explosions. La question d'économie, qui pour d'autres applications avait dû me préoccuper, devenait pour celle-ci une question secondaire ; dès lors je dus, pour ce cas, renoncer à mon système primitif, dont j'ai déjà entretenu l'Académie des Sciences, et recourir au système de MM. Ruhmkorf et Verdu, que j'ai modifié un peu pour en rendre l'application plus facile et plus sûre J'ai eu pour cela recours à un commutateur à rotation, consistant principalement dans une roue épaisse de gutta-percha mise en mouvement par un ressort de pendule, et dont la circonférence portait cinq plaques métalliques séparées les unes des autres par un inter- valle de 2 centimètres environ. Sur cette circonférence appuyait un frot- teur qui, par l'intermédiaire d'un bouton d'attache et d'un fil, était mis en rapport avec celui des pôles de l'appareil de Ruhmkorf, qui fournit l'étincelle à distance. Les plaques elles-mêmes communiquaient par l'in- termédiaire de lames métalliques appliquées sur les deux surfaces planes de la roue, à cinq ressorts frotteurs mis en relation par des boutons d'at- tache avec les cinq fils des circuits. Enfin, une détente à encliquetage, des- tinée à brider le ressort quand il était tendu, permettait, à un instant donné, de dégager le mouvement de la roue. » Avant de parler de ce que j'ai obtenu de cet appareil, qu'il me soit permis de dire quelques mots sur. la construction des mines auxquelles il devait être appliqué. » Une mine de ce genre se compose ordinairement de deux chambres C. H . , i854 , a™« Semettre. ( T. XXXIX , K" 14. ; 86 ( 65o ) carrées, delà contenance de 3 à 4 mètres cubes, creusées à environ 12 mè- tres au-dessous de la surface du rocher, et que l'on remplit de poudre. Pour opérer ce creusement, MM. Dussand et Rabattu ouvrent d'abord un puits de 12 mètres de profondeur, puis ils font partir du fond de ce puits deux galeries horizontales d'environ i^iSo de hauteur sur 5 mètres de longueur, et c'est à l'extrémité de ces galeries qu'ils creusent les chambres à explo- sions. La poudre n'est pas déversée directement dans ces chambres, car dans le long travail du bourrage des mines elle pourrait devenir humide et rester sans effet. C'est dans de grands sacs en gutta-percha, hermétiquement fermés, qu'elle est déposée avec la fusée d'explosion. Chacun de ces sacs contient 2 000 kilogrammes de poudre. Quand ce travail est fait, que les deux bouts de la fusée sont attachés aux fils conducteurs recouverts de gutta-percha, on maçonne solidement, à pierre et à plâtre, les galeries, et on remplit de terre le puits de descente, de sorte que les mines ne sont plus en rapport avec l'extérieur que par les simples conducteurs qui ont eux-mêmes été noyés dans la maçonnerie. C'est précisément cette circon- stance qui m'a fait renoncer à la transmission par le sol. On comprend, en effet, que le contact si intime du fil avec le plâtre et la terre pourrait bien entraîner quelques communications pour peu qu'il y ait quelques défauts dans la gutta-percha. Or une communication entre le fil et le sol, dans le cas où celui-ci entre pour moitié dans le circuit, se traduirait par une déper- dition considérable d'électricité qui empêcherait l'explosion de la mine. J'ai donc préféré employer deux conducteurs au lieu d'un, ce qui d'ailleurs ne m'occasionnait qu'une dépense très-minime, puisque ce fil pouvait être commun aux circuits en rapport avec les trois ou quatre grandes mines qui devaient partir en même temps. » Le résultat de l'inflammation de ces mines par l'électricité a été mer- veilleux. On a évalué à plus de 3ooooo mètres cubes les fragments de rocher ainsi détachés, et ce résultat est d'autant plus important à consigner que des mines semblables établies précédemment à Cherbourg, mais enflammées par les procédés ordinaires, n'avaient produit qu'un très-mince avantage. » Cette Note faisait partie de la Correspondance du 25 septembre. L'auteur a depuis adressé une addition à laquelle nous empruntons le passage suivant : « Il résulte des calculs de MM. Dussand et Rabattu que l'effet des mines enflammées par l'électricité, soit au nombre de deux, soit au nombre de six ou huit à la fois, est, par rapport à celui de mines semblables enflam- ( 65i ) mées par les procédés ordinaires, dans le rapport de 5 à 6, c'est-à-dire qu'il est plus grand d'un sixième. « C'est, disent ces messieurs, un ré- sultat heureux qui assure à ce procédé un incontestable avantage sur tous ceux employés jusqu'à présent. » Les expériences ont déjà été répé- tées deux fois avec le même succès, l'une le 22 août, l'autre le i" sep- tembre; elles ont été faites à i5o mètres de.distance du foyer d'explosion, et l'inflammation de toutes les mines a été instantanée. Maintenant ce pro- cédé est définitivement adopté à Cherbourg. » PHYSIOLOGIE. — Note sur les effets de la pression du diaphragme dans les inhcdations du chloroforme; par M. Gihaudet. L'examen des modifications qu'éprouve la respiration des individus soumis à l'influence du chloroforme, et la discussion de plusieurs des cas dans lesquels l'inhalation a causé la mort, ont porté M. Giraudet à soup- çonner que des circorfstances accessoires, et qu'on avait pu regarder comme presque indifférentes, avaient eu souvent les plus fâcheux effets. Il avait vu qu'à un certain degré de l'anesthésie, la respiration s'opérait sous l'influence presque seule du diaphragme ; il pensa, en conséquence, que tout ce qui pourrait entraver les mouvements de ce muscle, arrêterait complètement le jeu des poumons et amènerait une asphyxie promptement mortelle. C'est dans le but de vérifier ces inductions qu'il a entrepris les expériences qui font l'objet de cette Note. a Mes premières expériences, dit l'auteur, ont été faites sur trois lapins âgés de cinq mois, d'une parfaite santé et dont le cœur donnait en moyenne cent dix pulsations par minute. Soumis ensemble à l'inhalation progressive du chloroforme pendant cinq à six minutes, tous ont présenté les symptômes habituels jusqu'à l'anesthésie complète; le nombre des inspirations, qui était de soixante-dix au commencement de l'opération, s'éleva jusqu'à cent dix pendant l'application du chloroforme. J'abandonnai un des lapins aux effets ordinaires de la chloroformisation ; sur les deux autres, je pressai la paroi abdominale de manière à entraver le jeu du diaphragme. Au bout de quatre-vingts secondes de cette pression lente et modérée, il n'y avait plus de mouvements respiratoires, le cœur donnait encore quelques impul- sions qui cessèrent promptement; j'essayai d'en rappeler un à la vie par les moyens habituels, insufflation, frictions, etc., mes efforts furent complète- ment nuls. A l'ouverture de la poitrine, je trouvai les poumons presque imperméables, et cependant exempts de toute trace d'engorgement ou d'hé- 86.. ( 652 ) patisation ; une légère odeur de chloroforme s'en échappait ; le sang, dans les artères, était très-fluide et presque noir ; au bout de vingt-quatre heures il conservait encore sa fluidité; pas de traces de coagulation, ni dans les cavités droites du cœur ni dans l'aorte. » Voulant m'assurer d'une manière irréfragable si la mort dépendait de la gène apportée au jeu du diaphragme, je recommençai un grand nombre d'expériences sur des chiens jeunes et adultes. Ces animaux, soumis à l'inha- lation du chloroforme, étaient insensibles au bout de quatre à cinq minutes; chez tous, le nombre des aspirations, qui dès le début variait de dix-huit à vingt-cinqpar minute, s'élevait à la fin de l'inhalation à trente et trente-cinq: chez les plus jeunes on pouvait en compter jusqu'à cinquante par minute. Les mêmes phénomènes observés sur les lapins se reproduisirent exactement, et, à l'ouverture du corps, nous ne découvrîmes aucunes traces d'altération dans le tissu du poumon ; le sang était également noir et fluide. Sur l'un de ces chiens, je parvins à lier les nerfs phréniques ; les effets en furent immé- diats, instantanés: plus de mouvements respiratoires; le cœur ne cessa ses impulsions qu'au bout de trois minutes, la mort était réelle. » Pour expérimenter sur des oiseaux chloroformés, il suffit de les com- primer légèrement entre les mains, de manière cependant à empêcher la libre dilatation du thorax ; la mort est plus prompte encore que chez les quadrupèdes. » Lorsqu'on met en rapport ces expériences et les relations d'accidents mortels observés chez l'homme, on est frappé en voyant que la plupart des individus morts pendant de légères opérations, telles que l'avul- sion d'une dent, étaient habillés, serrés dans des corsets oU des vêtements trop étroits, et que, souvent, de fortes pressions avaient été ex'ercées sur la base du thorax; chez toutes ces victimes, on a noté des suffocations, la fai- blesse des inspirations et leur augmentation insensible, la petitesse du pouls, la pâleur, etc. On a cherché différentes explications pour ces acci- dents : celle qui les considère comme le résultat d'une asphyxie me paraît suffisamment établie par les expériences que je viens de rappeler. Conclusions. » 1°. Toutes les causes qui peuvent gêner le jeu du diaphragme chez les animaux soumis à l'inhalation du chloroforme, amènent la mort très- promptement. » 2°. La ligature des nerfs phréniques détermine des accidents mortels plus promptement encore. f 653' ^ » 3". Il y a altération primitive de la fonction respiratoire, changement de rhythme et de caractère, sous l'influence du chloroforme. » 4°- l-ics pressions exercées sur le thorax me paraissent offrir le plus grand danger chez les individus soumis à l'action du chloroforme. » 5°. De tous les moyens proposés pour rappeler à l'existence les animaux sur lesquels j'ai produit à volonté la suspension de la vie, aucun n'a été suivi de succès; les courants électromagnétiques seuls m'ont donné quelques résultats satisfaisants. » 6°. J'ai employé l'électromagnétisme soit au moyen d'aiguilles implan- tées dans le diaphragme, soit en établissant un courant à travers un des •nerfs phréniques. » CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles études sur V amidon; par M. A. Béchamp. a J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, le aS juillet i853, une Note dans laquelle j'annonçais la régénération de l'amidon de son dérivé nitrique, la nitramidine. Pour affirmer ce fait, je m'étais fondé sur ce que l'iode colore en bleu le produit obtenu. Une publication de M. Blondlot est venue depuis jeter du doute sur ma première interprétation. Je devais prouver que la propriété de bleuir par l'iode appartient à la matière amy- lacée essentielle. » Par des recherches sur la xyloïdine, que je me propose de publier bientôt, j'ai été amené à étudier l'action de l'acide nitrique, de l'acide sulfurique, de l'acide acétique cristallisable, du chlorure de zinc et des alcalis caustiques sur la fécule. » Tous les chimistes savent que la fécule subit, avant de se transformer en dextrine, une première modification que l'on a nommée dextrine colo- rable par l'iode. J'essaye de prouver, dans le travail dont j'adresse aujour- d'hui un extrait à l'Académie, que l'insolubilité de la fécule ne tient pas à son organisation, et qu'il existe en réalité une modification de cette sub- stance, qui est soluble dans l'eau froide et intermédiaire entre la fécule insoluble et la dextrine pure. » En effet, si l'on traite la fécule par l'acide nitrique très-concentré ( mélange à parties égales d'acide Az O' l\ HO et Az O' HO ), elle se transforme d'abord en un empois épais qui finit par se dissoudre dans un excès d'acide (i). Si l'on ajoute alors suffisamment d'alcool concentré, toute la (i) La liqueur obtenue est intégralement soluble dans l'eau froide ; il ne s'était donc pas- formé de xyloïdine. ( 654 ) fécule se sépare sous la forme d'une masse poissante qui, lavée à l'alcool, se réduit en une poudre blanche parfaitement neutre au papier de tournesol. Cette substance est déjà un peu soluble dans l'eau froide, mais les neuf dixièmes y sont insolubles. » Si, au contraire, le mélange visqueux de fécule et d'acide est aban- donné à lui-même pendant quarante-huit à soixante heures, ou chauffé jusqu'à apparition de vapeurs rutilantes, il se liquéfie complètement, et la fécule peut encore en être séparée tout entière par l'alcool concentré. Le produit, lavé à l'alcool pour enlever l'acide qui y adhère, est désormais complètement soluble dans l'eau froide. » Dans tous les cas, matière dissoute et matière insoluble sont colora-. blés en bleu pur par l'iode. » Un mélange épais de fécule et d'acide sulfurique concentré, SO' HO, traité par l'alcool, après environ quatre minutes de contact, se comporte tout à fait comme le mélange de fécule et d'acide nitrique, c'est-à-dire que la fécule en est intégralement séparée, et qu'elle est devenue en partie soluble dans l'eau froide. » Au contraire, si le mélange de fécule et d'acide sulfurique a été aban- donné à lui-même pendant une demi-heure, la fécule que l'alcool en sépare est devenue complètement soluble dans l'eau froide. » L'acide acétique cristallisable, chauffé à loo degrés, dans un tube scellé, avec de la fécule, la transforme en modification soluble dans l'espace de trois à cinq heures, sans que les grains se déforment ou se dissolvent ; ils sont seulement fendus (mais non exfoliés) dans la région opposée au tube. Toutefois, suivant la durée de l'action, la fécule peut n'être soluble que dans l'eau chaude. » I/acide acétique ordinaire agit plus vivement sur la fécule et peut la transformer en dextrine dans les mêmes circonstances. » Une dissolution concentrée de chlorure de zinc fondu, par conséquent bien exempte d'acide libre, transforme, à froid, la fécule en empois. Cet empois se liquéfie au bout de quelques heures, lorsqu'on le chauffe à loo degrés. Le mélange peut être chauffé jusqu'à i4o degrés, sans qu'il se forme trace de dextrine ; mais la fécule que l'on sépare de cette dissolu- tion zincique par l'alcool, peut, suivant la durée de la réaction, devenir intégralement soluble dans l'eau froide. » Enfin, la fécule chauffée dans une dissolution très-concentrée de potasse caustique ou de soude caustique, peut perdre tout son azote à l'état d'ammoniaque. Je me suis assuré de ce dégagement d'ammoniaque, ( 655 ) non-seulement par le papier réactif, mais encore en transformant cet alcali en chlorure double de platine et d'ammoniaque. » Dans ce cas encore, si, après avoir saturé l'alcali caustique par l'acide acétique, on ajoute de l'alcool, toute la fécule se sépare. Une petite quantité est devenue soluble, mais la plus grande partie reste à l'état de modification insoluble, non-seulement insoluble dans l'eau froide, mais même dans l'eau bouillante. » Jamais il ne se forme de dextrine sous l'influence d'une dissolution concentrée de potasse caustique ou de soude caustique. » La fécule désorganisée insoluble présente ceci de particulier, qu'elle ne forme plus d'empois avec l'eau chaude, mais, sous l'influence des acides, elle peut devenir fécule soluble et ensuite dextrine. » Je donne, dans mon Mémoire, des détails qui montrent clairement le passage insensible de la fécule insoluble à l'état de fécule définitivement soluble. » Ces expériences me paraissent mettre hors de doute le fait, que la fécule, comme l'a montré M. Payen, est insoluble dans toutes ses parties, quoique formée de couches de différents âges, dont les plus jeunes sont plus facile- ment altérables. » Les propriétés suivantes de la fécule soluble la distinguent nettement de la dextrine : j) 1°. Elle est colorée en bleu pur par la teinture d'iode; » 2°. L'acide tannique y occasionne un précipité comme dans la disso- lution apparente de la fécule ordinaire; » 3°. Elle trouble l'eau de chaux et précipite abondamment l'eau de baryte : l'acide carbonique la sépare inaltérée de sa combinaison bary tique ; » 4°- Son pouvoir rotatoire moléculaire est beaucoup plus grand, et de même sens que celui de la dextrine, il est [a]y= 210° environ; c'est ce qui résulte d'un grand nombre de mesures que je donne dans mon Mémoire. » La dissolution de fécule soluble traverse assez facilement les pores d'une membrane animale. » Enfin il fallait encore prouver que la dissolution de la fécule soluble diffère de la dissolution apparente de la fécule ordinaire. Je ne citerai que la preuve suivante : Si l'on fait bouillir de l'empois dans l'eau et que l'on filtre, la dissolution filtrée ne contient guère plus de o,338 pour 100 de fécule. Cette dissolution se trouble lorsqu'on la concentre au bain-marie, la ( 656 ) ■fécule se sépare et la liqueur filtrée ne contient pas plus de matière dissoute qu'avant l'évaporation. Une dissolution de fécule soluble, au contraire, peut être évaporée en consistance sirupeuse sans se troubler. D II est bon de faire remarquer que la propriété dont jouit la fécule de se colorer en bleu par l'iode, est indépendante du peu de matière azotée qu'elle renferme, puisque la fécule dont l'azote s'est dégagé à l'état d'am- moniaque sous l'influence de la potasse caustique, continue de bleuir par l'iode. » Je me suis assuré, de plus, que la fécule conserve sa propriété de bleuir par l'iode en présence de la salive et d'autres sécrétions animales, et que l'absence de coloration que l'on a observée tient en partie à la pré- sence d'un peu d'alcali, mais surtout à l'influence d'une matière animale qui masque la coloration. » Dès que les expériences que j'ai commencées dans cette direction •seront terminées, j'aurai l'honneur de les communiquer à l'Académie. » ASTRONOMIE. — Remarques sur l'emploi du bain de mercure pour remplacer le niveau dans les observations astronomiques; par M. P. Hossard. « Depuis plusieurs années, dans les observatoires permanents, on rem- place fréquemment l'indication du niveau par l'observation d'un horizon de mercure, soit qu'on prenne l'angle entre une étoile et son image vue par réflexion, soit qu'on détermine la verticalité de l'axe optique d'une lunette dont le champ est éclairé de manière à produire au foyer de cette lunette une image réfléchie des fils qui est amenée en coïncidence avec l'image directe. Au Dépôt de la Guerre, pour compléter les observations géodési- ques de la carte de France, on se propose d'employer, même dans les observatoires passagers de la géodésie, des instruments de grande dimen- sion dans lesquels une lunette nadirale pointée sur un bain de mercure jouerait le même rôle qtie le niveau dans le cercle répétiteur (tome IX du Mémorial du Dépôt de la Guerre, page 483). Ce mode d'observation est susceptible d'un haut degré de précision , mais il présente quelques diffi- cultés dues à l'extrême mobilité du mercure et peut-être aussi à l'éclairage des fils. » Deux causes contribuent à agiter et à déformer les images : la première est un balancement général du bain , comparable aux oscillations du pendule conique et soumis , comme celui-ci , à un déplacement circu- laire très-lent. Il donne lieu à des oscillations régulières des deux fils rectangulaires réfléchis. Ces oscillations, produites par une cause pas- ( 657 ) sagère, n'ont ordinairement pas de durée, et lorsqu'elles sont faibles, elles gênent peu l'observation qui se fait en partageant également l'inter- valle des positions extrêmes; peut-être même, dans ce cas, la grande mobilité du mercure assure-t-elle l'exactitude des résultats moyens, en amoindrissant les chances des erreurs constantes, si difficiles à éviter dans les observations délicates et dont le niveau est loin d'être exempt. La seconde cause est une série d'ondes produites à la surface du liquide par les vibrations des parois du vase. Dans le cas d'une capsule circulaire, elles se propagent en cercles concentriques convergeant vers le centre du bain d'où elles sont renvoyées vers les bords pour se renouveler ainsi, de la même manière, et indépendamment des nouvelles ondes qui peuvent se produire. » Ces ondes donnent lieu à des déformations et à des déplacements irréguliers de l'image à observer, au point de la détruire complètement si les vibrations que la capsule reçoit du sol sont très-prononcées. Elles rendent les observations presque impossibles dans le sein des grandes villes pendant tout le temps de la circulation des voitures. » Dans les observatoires, le bain de mercure est ordinairement contenu dans une capsule circulaire vers le milieu de laquelle est dirigé l'axe optique de la lunette ; ce milieu est précisément le point de concentration des ondes, là où la force vive est accumulée, et où doit, par conséquent, régner le plus grand désordre. » Si l'axe optique était dirigé entre le centre et le bord de la capsule, et que l'image de l'un des fils prolongée passât par le centre du bain, le fil qui lui est perpendiculaire se projetant sur l'une des cordes de la circon- férence qui limite le liquide, les ondes étant d'ailleurs supposées parfaite- ment circulaires, la théorie indiquerait que- l'image du fil dirigé vers le centre ne devrait éprouver aucune oscillation latérale, mais seulement des déplacements longitudinaux; tandis que le fil qui coupe les ondes suivant les cordes, ou leur est tangent, pourrait être fortement agité dans le sens transversal. » Ces prévisions ont été confirmées par l'expérience. » 1°. Une large capsule circulaire à mercure ayant été posée sur un balcon formé d'une pierre de taille massive et à l'aplomb de la corniche du bâtiment où se faisait l'observation, si l'on examinait, par un temps calme et à l'oeil nu, l'image du bord rectiligne de la corniche sur la surface réfléchissante, de manière que cette ligne passât par le" centre C . R. , i854, a"" Semestre. (T. XXXIX , N» 14.) 87 ( 658 ) (lu bain, on remiirqaait que sa partie centrale restait dans une agitation continuelle, tandis que ses extrémités demenraient sensiblement calmes ; que si l'on déplaçait la tête de manière à projeter l'image de la même ligne sur une des cordes de la circonférence du bain, alors on observait des oscillations latérales très-prononcées dans toute l'étendue de cette ligne réfléchie et principalement vers son milieu. » i". Ayant dirigé sur le même bain de mercure une lunette dans laquelle l'oculaire avait été remplacé par un petit microscope armé d'un réflecteur destiné à éclairer les fils (d'après le système employé à l'Observatoire et construit par M. Brunner), on a pu faire les remarques suivantes : » Lorsque l'axe optique de la hinette correspondait au centre du bain, l'image était continuellement agitée et déformée ; il etit été impossible de faire une seule observation présentant la moindre exactitude, et cette image s'éva- nouissait même entièrement lorsqu'une voiture passait dans le voisinage du lieu de l'observation. » Lorsque l'axe était dirigé entre le cercle et le bord du bain, l'un des fils étant lui-même tourné dans la direction du centre, ce fil n'éprouvait que des oscillations extrêmement faibles dans le sens transversal; mais on remar- quait des oscillations longitudinales très-prononcées, rendues sensibles par le déplacement, en ce sens, des grains de poussière attachés à ce réticule. Le fil perpendiculaire, au contraire, était agité par des oscillations transver- sales très-prononcées et fort irrégulières. Enfin, si une voiture venait à passer dans le voisinage, le fil dirigé suivant une corde s'effaçait complètement, tandis que le fil allant au centre restait encore très-visible et presque observable. » Une étoile observée par réflexion était extrêmement agitée dans tous les sens lorsque l'axe optique était dirigé vers le centre, et oscillait dans le sens du rayon, si cet axe perçait le bain de mercure entre le bord et le centre de la capsule. L'image disparaissait au centre lorsqu'une voiture passait à luie petite distance, et elle prenait l'aspect d'une nébuleuse elliptique par- faitement arrêtée, très-allongée dans la direction du centre, et très-étroite dans le sens perpendiculaire lorsque l'observation se faisait entre le centre et la circonférence. u L'observation avec une capsule rectangulaire a prouvé que dans ce cas, ainsi qu'il était facile de le prévoir, les ondes sont rectilignes dans deux sens perpendiculaires, parallèles aux bords de la capsule; que l'agitation ai lieu également dans tous les sens, et que le centre n'est pas plus agité que la partie moyenne. ( (359 ) » Les observations ont été faites avec une lunette appartenant à un cercle de Gambey, dans laquelle le grossissement est d'environ quarante fois, ce qui produisait une amplification de quatre-vingts pour l'étendue des oscil- lations. Le diamètre de l'objectif est de 45 millimètres. » De ce qui précède nous concluons : » Que, dans les observations astronomiques, la capsule à mercure doit être circulaire ; qu'on doit éviter les observations centrales ; que l'axe optique de la lunette doit être rapproché, autant que possible, du bord du mercure, sans toutefois qu'aucune des parties de l'objectif corresponde à la courbure du ménisque convexe; queie fil destiné à être amené en coïnci- dence avec son image, doit être dirigé vers le centre de la capsule ; enfin que, tout en conservant un éclairage suffisant, l'objectif doit être dia- phragmé, de manière à n'embrasser qu'une faible portion des circonférences décrites par les ondes fiquides. » Si l'on voulait observer vers le centre de la capsule, il faudrait alors donner la préférence à un vase de forme rectangulaire, dans lequel le centre n'est pas plus agité que les autres parties, du bain. » Enfin, lorsqu'on observera l'image d'une étoile par réflexion, il sera avantageux que cette image, qui correspond à l'axe optique de la lunette, soit projetée sur le bain de mercure circulaire, à droite ou à gauche de son centre, et vers le milieu du rayon perpendiculaire au plan vertical passant par l'astre et son image. Dans cette position, l'image de l'étoile aura ses oscillations perpendiculaires à ce plan, et l'angle observé n'en sera nulle- ment altéré. » L'éclairage dont on a fait usage laisse une tache noire au centre du champ de la lunette; c'est l'image du trou pratiqué dans le miroir. Peut- être serait-il préférable, afin d'obtenir une lumière plus franche, de diviser le réticule en deux parties, dont l'une, fortement éclairée à l'aide d'un prisme, projetterait son image sur la seconde, qui, seule, serait alors armée d'un oculaire positif ordinaire. La verticale serait représentée par la bissec- trice de l'angle formé par les deux fils et le centre optique de l'objectif. Cet appareil n'a pas encore été essayé, mais il le sera prochainement. » M. MiERGCES, médecin à Anduze, communique les résultats qu'il a ob- tenus, pour le dévida}!,e, à froid, des cocons de vers à soie, d'un procédé de son invention. Ce procédé consiste principalement à hâter la formation de la vapeur qui doit aider à la désagrégation des fils, en plaçant sous une cloche, dans laquelle on fait le vide, les cocons supportés par un tamis, 87.. ( 66o ) au-dessous duquel se trouve le bassin contenant le liquide qui fournit à l'évaporafion. M. A. Chexot adresse un Mémoire ayant pour titre : Sur l'acide car- bonique pur pour arriver à obtenir de l'oxjde de carbone pur comme com- bustible réducteur et véhicule. (Deuxième partie.) L'Académie attendra, pour nommer une Commission, que l'auteur ait présenté les diverses parties dont il a annoncé que se composerait son travail. M. Blondlot prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre des pièces destinées au concours pour le prix de Physiologie ex- périmentale, un Mémoire qu'il a présenté, en novembre i853^ sous le titre de : Recherches sur la digestion des matières amylacées . (Renvoi à l'examen de la Commission du prix de Physiologie expérimentale.) M. Nesmond, auteur d'un Mémoire, précédemment présenté, concernant la loi suivant laquelle s'augmente, proportionnellement avec la température à partir du point d'ébullition, la tension de vapeur d'eau, prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte de ce travail. Cette Lettre sera soumise à M. Regnault qui avait été chargé de prendre connaissance du Mémoire. M. Cazaletz adresse une semblable demande pour sa Note sur l'emploi dès algues, comme moyen de procurer aucc arbres fruitiers l'humidité dont ils ont besoin pendant l'été. (Renvoi à la Commission précédemment nommée, qui se compose de MM. Boussingault, de Gasparin, Payen.) M. Jos. Gallo adres.se de Turin un Mémoire écrit en italien, et ayant pour titre : Etudes de Mécanique naturelle et de Philosophie générale. M. Babinet est invité à prendre connaissance du Mémoire de M. Gallo, et à faire savoir à l'Académie s'il fest de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Desiderio, en faisant hommage à l'Académie d'un exemplaire d'un ouvrage qu'il a fait paraître à Venise sous le titre de : Nouveau principe de thérapeutique, adresse une analyse manuscrite de son travail. M. Andral est invité à prendre connaissance de ces deux pièces, et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport verbal. ( 66i ) M. RoMEY donne une brève indication d'une expérience qu'il a imaginée dans le but de rendre sensible aux yeux le mouvement diurne de la Terre, sans recourir aux oscillations du pendule ou aux autres moyens déjà em- ployés. M. Binet est invité à prendre connaissance de cette Note, et à faire savoir à l'Académie s'il y a lieu de la renvoyer à l'examen d'une Commission. M. Parceint présente une Note ayant pour titre : Description etjîgure d'un moteur universel et continu. La question traitée par l'auteur est du nombre de celles dont l'Académie, par une décision déjà ancienne, a renoncé à s'occuper. M. ScHMiT écrit de Rheinberg (Prusse rhénane) qu'il a trouvé un moyen de Jaire monter ou descendre à volonté' les ballons, sans perte de gaz et sans perte de lest, et qu'il serait disposé à faire connaître sa découverte si! pouvait espérer qu'elle serait l'objet d'une récompense. Si M. Schmit adresse une description de son procédé, son Mémoire pourra être renvoyé à l'examen de la Commission du prix de Mécanique, qui jugera si l'invention mérite une des récompenses qu'elle est appelée à décerner. M. Brachet demande l'ouverture d'un paquet cacheté qu'il avait pré- senté à la précédente séance. La Note qui y est contenue se rapporte aux télégraphes électriques. La séance est levée à 5 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du aS septembre i854, les ouvrages dont voici les titres : Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tome VII; n° 35; 20 septembre i854; in-8°. La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; 3* année; 2* série; i"]" livraison; a5 septembre i854; in-8''. Mémorial... Mémorial des Ligénieurs;()^ aumée -,11° 7; juillet i854; in-S". Astronomische... Nouvelles astronomiques ; n° 918. ( 662 ) Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n°' 1 1 1 à 1 1 3; 19, 21 et 23 sep- tembre 1854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurje; n" 5i ; 22 septembre 1854. Gaze te médicale de Paris; n° 38; 23 septembre i854- L'Abeille médicale; n" 27 ; aS septembre i854- La Lumière. Revue de la photographie; 4* année; n'^ 38; 23 septembre i854- La Presse médicale ; n° 38 ; 23 septembre i854. L Athenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux- Arts; 3" année; n° 38; 23 septembre i854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n°' 112- ii4; 19, 21 et 23 septembre i854- L'Ingénieur. Journal scientifique et administratif; 36^ livraison; i5 sep- tembre 1854. Réforme agricole, scientifique, industrielle; n° 70; juin i854. L'Académie a reçu, dans la séance du 2 octobre i854, les ouvrages dont voici les titres ; Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, 2* semestre i854; "" i3; in-4°. Jnatomie comparée; par M. P.-J. Van Beneden; in-8°. Histoire naturelle des insectes. Gênera des Coléoptères, ou Exposé métho- dique et critique de tous les Genres proposés jusqu'ici dans cet ordre d'in- sectes; par M. Th. Lacordaire; tome II. Paris, i854;i vol. in-8°. Recherches topographiques et médicales sur Nancj;parM. J.-B. SiMONiN père. Nancy-Paris, i854; i vol. in-8''. Recherches sur quelques phénomènes de la Vision, précédées d'un Essai histo- rique et critique des théories de ta Vision, depuis torigine de la Science jusqu'à nos jours; par M. J. Trouessard. Brest, j854; in-8°. L'Agriculture délivrée, ou Mo/ens faciles pour retirer de la terre quatre fois plus de revenu qu'ellerîen rapporte généialement,etc.;parM.. Eugène Grollier. Louhans-Paris, i854; in-S". Traité d'Agriculture à l'usage des Ecoles et autres établissements d' Instruction publique; par \& même. Château-Chinon, i853; in-i8. Ces deux ouvrages sont destinés au futur concours pour le prix des Arts insalubres. ( 663 ) Mesures barométriques, suivies de quelques Observations d'Histoire naturelle et de Physique, faites dans les Alpes françaises, et d'un Précis de la Météorologie d'Jvignon; parM. J. GuÉRiN. Avignon, 1829; in-i8. Obsewations météorologiques faites à Avignon; par le même. Avignon, 1839; in- 18. Études pour servir à l'Histoire botanique et médicale du genre Viola; par M. Ed. ïimbal-Lagrave. Toulouse, i854; broch. in-8°. Mémoire sur le Choléra, principalement sur la marche, les principaux symp- tômes et le traitement de cette maladie; par M.. Marbot ; broch. in-S*^. Destiné au concours pour le prix du legs Bréant. La Géologie dans ses rapports avec la Médecine et fHjgiène publique. Condi- tions géologiques des maladies épidémiques et endémiques en général, et du Choléra en particulier ; par M. Nerée Boubée; broch. in-B". Réforme agricole, scientifique, industrielle; n° 71; juillet i854; in-8°. (Adressé par M. N. Boubée pour être soumis, avec le précédent opuscule, à l'examen de la Commission du prix Bréant à raison d'un article du même auteur relatif à la question.) Recherc lies sur la maladie de la pomme de terre; par M. LoJNDETjIbroch, in-8". Remarques sur l'amadou; par M. le docteur LÉVEILLÉ. Paris, i85/î ; broch. in-S". Prophylaxie du Choléra. Conseils d'hygiène adressés aux ouvriers des villes et aux habitants des campagnes pour se préserver du Choléra; par M. Adrien BORIES. Brest, i854; broch. in-8°. Annales scientifiques, littéraires et industrielles de [Auvergne; publiées par l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand, sous la direction de M. H. Lecoq; tome XXVI ; in-8". Bulletin de i Académie impériale de Médecine, rédigé sous la direction de MM. F. Dubois (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire annuel; tome XIX; n° 23; i5 septembre i854; in-8°. Bulletin de la Société académique d'' Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers. Nouvelle série. Année i853, n™ 29 à 32. Poitiers, i854; in-8". Bulletin de la Société d Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe; a* série, année i853 ; in-S". Bulletin de la Société géographique; rédigé par la Section de publication et par MM. Cortambert et Malte-Brun ; 4* série; tome VIII; n° 43; juillet i854;in-8°. Bulletinde la Société industrielle de Mulhouse; n" 126 ; in-8°. (664) Mémoires de la Société impériale des Sciences, de l' Ayriculture et des Arts de Lille; année i853; i vol. in-S". Mémoires de la Société impériale des Sciences naturelles de Cherbourg ; 2" volume; 2" et 3^ livraisons; in-8°. Mémoires de la Société philomathique de Verdun [Meuse); tome V.Verdun, i853;in-8°. Séance publique de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du déparlement de la Manie. Année i853; in-8°. Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse; tome II; n° i; broch. in -8°. Annales de lAgricullure française, ou Recueil encjclopédique d'Agricul- ture; publié sous la direction de MM. I.ONDET et L. Bouchard; 5' série; tome IV; n° 6; 3o septembre i854; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFORT, rédigée par M. l'abbé MoiGNO; 3* année; V* volume; 13"= livrai- son ; in -8". Journal de Chimie médicale, de Pharmacie., de Toxicologie, et Revue des Nouvelles scientifiques nationales et étrangères; par M. A. Chevallier; octobre r854; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; tome VII; n° 36; 3o septembre i854; in-S". L'Agriculteur praticien. Revue de l'agriculture française et étrangère; n° 24 ; in- 8°. Magasin pittoresque ; septembre i854; in-8°. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; par M. A. Martin-Lauzer ; n" 19; i<='^ octobre i854;in-8°. Principio. . . Nouveau principe de Thérapeutique; par M. le docteur Achille Desiderio. Venise, i854; in-8°. (Renvoyé à l'examen de M. An- dral pour un Rapport verbal . ) ERRATA. {Séance du 4 septembre i854.) M. J. GuERiN adresse les rectifications suivantes pour l'extrait qu'il avait donné de son Mémoire sur la thoracentèse cutanée. — Page 463, ligne 6, au lieu de l'inspiration et l'expira- tion du liquide, lisez l'aspiration et l'expulsion. — Même page, au lieu de suppuration de la plèvre thoracique, lisez de la plaie thoracique. — Jbid., ligne 22, au lieu de des mouvements d'expiration, lisez des mouvements respiratoires. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 9 OCTOBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MÉMOIRES LUS. MÉDECINE. — De l'emploi de la méthode hémospnsique dans le traitement du choléra épidémique; par M. Junod. (Extrait.) (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine.) ) Première observation. — Dans la matinée du 5 septembre i854, je fus appelé auprès d'une femme, âgée de 16 ans, domestique dans une fabrique de tuiles, distante de i kilomètre environ de la ville de Langres. » Au moment de mon arrivée, elle avait des crampes violentes aux extré- mités et dans différentes parties du corps. Ces crampes étaient tellement douloureuses, que la malade se roulait dans son lit où l'on pouvait à peine la maintenir, et qu'elles lui arrachaient des cris déchirants. » Depuis le 24 elle éprouvait un malaise général, des céphalalgies sus- orbitaires, de l'anxiété épigastrique, des nausées continuelles, des déjections alvines fréquentes dont je n'ai pu constater la nature, attendu qu'elles ne se sont plus reproduites dès la première application de la ventouse; le pouls était faible et à gS pulsations. (667 ) » Je me hâtai d'opérer une dérivation énergique sur le membre inférieur gauche. Pour atteindre ce but, je me fis apporter des tuiles sortant du four, j'en pris six qui furent enveloppées de linge et placées contre les parois de la grande ventouse que j'avais préalablement appliquée sur le membre désigné. Sous l'influence combinée de la chaleur et de la dérivation puissante de l'appareil hémospasique, les crampes, les nausées, la céphalalgie, les déjec- tions alvines, disparurent à l'instant et complètement. » Toutefois, afin de produire sur les centres nerveux une influence encore plus sédative, je portai la dérivation hémospasique à ses dernières limites en affaiblissant graduellemment le pouls par la seule action de la ventouse, au point de le rendre insensible. » La séance dura quarante-cinq minutes. Dans cet intervalle, la circon- férence de la jambe hémospasiée avait augmenté de 6 centimètres, et la teinte de ce membre, au lieu d'être rouge, était cyanosée, ainsi que cela s'observe dans les affections adynamiques. » La malade était très-calme. Elle se plaignait seulement de la débilité extrême à laquelle je l'avais réduite. M Le thermomètre indiquait dans la chalevu- du front une diminution de l\ degrés; une sueur abondante et tiède couvrait le reste du corps, sans que la température de la peau fût aussi élevée qu'on le remarque généralement dans l'état inflammatoire. » Le soir du même jour, je revis la malade, que je trouvai dans les con- ditions les plus rassurantes : le retour du pouls à son rhythme normal, la continuation de la sueur, me dispensèrent de revenir à l'application de mon appareil » Le 6, à ma visite du matin, une réapparition légère de la céphalalgie fut dissipée par une dernière application de la ventouse. » Deuxième observation. — Une femme âgée de 36 ans, atteinte par l'épidémie, fut reçue à l'hôpital de Saint-Dizier. » Lorsque, le ai août i854, je vis la malade, le pouls, qui était faible, donnait 92 pulsations ; les extrémités étaient froides et légèrement cyano- sées; des déjections et des vomissements caractéristiques se répétaient à peu près toutes les demi-heures. Elle accusait une sensation continue d'oppression à l'épigastre accompagnée de hoquet, ainsi que de vives douleurs à la région dorsale, ce qui la mettait dans une anxiété extrême. « Comme aucun moyen n'avait pu la calmer, M. Catel, médecin en chef de l'hôpital, voulut bien avoir recours à la grande ventouse, qui fut appliquée en sa présence et en celle de M. le D"" Reber, et eut lieu sur 88.. ( 668 ) l'une des extrémités inférieures, qui fut entourée de plusieurs boules chaudes, afin de provoquer la transpiration, ainsi que nous l'avons dit plus haut. » Sous l'influence de l'entraînement mécanique du sang vers cette extré- mité, la malade fut, en moins de quinze minutes, parfaitement calme et délivrée des douleurs vives qu'elle ressentait à la région dorsale, et tout son corps se couvrait de sueur. » Le 22, cette sueur générale qui persistait encore, et l'apparition des menstrues qui, la veille, avaient immédiatement suivi l'application de la ventouse, semblaient s'être substituées aux évacuations alvines et aux vomissements, lesquels avaient complètement cessé. » La malade avait reposé durant la nuit ; le pouls, à 78, avait diminué en fréquence, repris de la force; nous fûmes ainsi dispensés de revenir à l'emploi de la ventouse, et, depuis, la malade a marché vers la guérison. » Ces deux observations sont suivies de plusieurs autres que nous ne pouvons reproduire ici. Après avoir appelé l'attention sur les circonstances qui semblent prouver, dans ces diverses guérisons_, l'heureuse influence de la méthode de traitement, l'auteur poursuit en ces termes : n Sans vouloir remplacer par la dérivation hémospasique tous les moyens préconisés dans le traitement du choléra, je suis en mesure d'af- firmer aujourd'hui que ce procédé est utile, et qu'il rendra des services réels auxquels ne saurait être atraché aucun inconvénient. Ainsi, l'emploi de ma ventouse permet d'entourer le malade d'une haute température, de lui administrer les stimulants diffusibles. Et cependant on ne sait que trop combien l'élévation de température et les stimulants produisent de congestions fatales, alors qu'ils ne sont pas contre-balancés parla dérivation efficace que je leur associe. J'ajoute que dans un très-grand nombre de circonstances, cette dérivation seule a relevé la circulation, ramené la chaleur et la faculté perspiratrice de la peau, et arrêté en un mot la mala- die dans son développement, lorsque toutefois elle ne se présentait pas avec une gravité au-dessus de toute ressource. » Qu'il me soit permis, en terminant cette lecture, de rappeler que dans l'observation quatrième de mon Mémoire de 1849 ^^ dérivation fit cesser les crampes; et dans les observations cinquième et sixième du même Mémoire, les évacuations cessèrent de la même manière que dans les obser- vations rapportées plus haut. » Des faits et des considérations qui précèdent, se déduisent naturelle- ment, selon moi, les conclusions suivantes : ( 669 ) » 1°. La méthode hémospasique présente des avantages qui procèdent tous des modifications qu'elle apporte à la répartition du sang. » a°. Combinée au calorique, elle étend son action au système nerveux, qui se trouve profondément modifié ; de là ces crises salutaires qui, au début d'une attaque de choléra, se caractérisent souvent par ia cessation immédiate des accidents et par des sueurs critiques. » 3°. Dans la période algide, elle opère la même dérivation, de l'esto- mac et de l'intestin. Et, de plus, en attirant vers les extrémités une grande masse de sang, elle soulage d'autant le cœur, qui alors peut encore avoir action sur un liquide presque coagulé. » 4°. Dans la période de réaction, elle dégage et le cerveau et les poumons, sans faire perdre au malade un sang qui peut lui devenir nécessaire. » 5". L'effet dérivatif est encore le même , alors que des accidents typhoïdes ont remplacé les phénomènes purement cholériques. » 6°. Enfin, dans la convalescence, cette dérivation devient souvent l'unique ressource du praticien lorsqu'il s'agit de prévenir ou de combattre avec énergie et promptitude les accidents inflammatoires qui peuvent encore survenir. » MÉDECINE. — De l'aptitude anesthe'sique des sujets pour le chloroforme et du dosage de cet agent ; par M. E.-A. Ancelon. (Extrait.) (Commissaires, MM. Flourens, Velpeau, Bernard.) « Depuis le lo novembre 1847, j°"^ ^" Simpson fit part au monde chi- rurgical de l'application des propriétés anesthésiques du chloroforme an- térieurement reconnues par M. Flourens, on compte, tant en Angleterre, en France, en Allemagne, en Italie^ qu'en Amérique et dans l'Inde, vingt- cinq cas de mort, plus ou moins contestables, attribués à l'action toxique du chloroforme. Ce chiffre, s'il devait être admis, serait encore, il faut l'avouer, bien minime en comparaison des innombrables anesthésies expérimentées dans le cours de six années. L'éther serait certes plus redoutable, puisque, eu égard au peu de temps où il fut mis en usage et au petit nombre d'opérations dans lesquelles il fut employé, il est comp- table de cinq victimes. Cependant tous les malheurs qui lui sont imputables ont passé assez inaperçus pour que des chirurgiens préconisent cet agent, difficile à manier, au détriment du chloroforme, et les vingt-cinq décès mis sur le compte du chloroforme, après avoir éveillé la sollicitude des tribunaux, ont excité vivement l'attention des sociétés savantes. ( 670) » En nous reportant à l'année 1848, nous voyons le chloroforme accueilli comme un agent puissant, énergique et surtout fort redoutable; il est d'abord mis en œuvre avec une certaine prudence, et l'homme de l'art qui l'emploie reste sams cesse sous la pression d'une crainte salutaire. Mais bientôt on devient téméraire, par suite de l'habitude, de l'expérience que l'on croit avoir acquise ; alors la négligence amène l'heure des déceptions. » Tous les accidents, suivant M. le professeur Rigaud de Strasbourg, qui possède deux faits incontestables, auraient lieu sous l'influence d'une con- vulsion gutturale et de l'occlusion de la glotte, produites soit par la trop grande pureté (i) du chloroforme, soit par l'administration trop lente et à doses fractionnées du liquide anesthésique. Le professeur de Strasbourg, qui ne croit pas aux syncopes mortelles, trop réelles pourtant et bien généralement reconnues, comptant sur les chances d'une anesthésie instan- tanée, cherche à obtenir celle-ci en administrant, en une seule fois, des doses énormes de chloroforme; il fait ce que l'on pourrait appeler de l'anesthésie forcée, en luttant avec ses patients qui réagissent énergique- ment, pendant la première minute, contre l'exubérance de vapeurs chloro- formiques près de les suffoquer : il obtient ainsi un collapsus immédiat et profond. Si quelque revers venait un jour renverser la théorie en vertu de laquelle il opère et mettre un terme à ses expériences, faudrait- il en accuser le médicament ? w Si, à part de rares exceptions, les anesthésiés succombent à une syn- cope spéciale dont je signalerai la cause plus bas, il est certain qu'ils peu- vent courir les chances de lipothymies purement hémorragiques, sans autre danger que celui que l'on redoute dans les circonstances ordinaires. Dans trois cas où la compression artérielle, mal exercée, nous amena une perle de sang assez considérable pour provoquer une syncope sérieuse pendant le sommeil anesthésique, la position plus horizontale des patients, aidée une seule fois de l'action de vapeurs ammoniacales, a suffi pour relever la circu- lation. Il y a d'ailleurs dans l'état général des opérés quelque chose qui rassure et qui, sans que l'on puisse bien en rendre compte, différencie cette j)osition de l'état grave des syncopes par cause anesthésique. » Inutile de s'occuper du chloroforme sous le triple rapport de sa prépa- ration pharmaceutique, des mauvaises méthodes d'inhalation employées par les opérateurs, et enfin de toutes les contre-indications admises jusqu'à (i) M. Rigaud croit à la prompte décomposition du chloroforme trop pur et à l'action funeste du chlore mis à nu. 1)ans mon opinion, c'est le contraire qui a lieu. (671 ) ce jour : tout cela a été largement, habilement, savamment traité. M'étant placé à un autre point de vue, je ne veux m'arrêter que sur ce qui peut se rapporter à l'aptitude des individus pour le chloroforme, et au dosage de ce médicament anesthésique. » § I. — L'anesthésie est d'autant plus rapide, d'autant plus inoffen- sive, que l'estomac est depuis plus longtemps en état de vacuité (voir aux Comptes rendus de l'Académie, séance du 7 janvier i85o, mon Mémoire sur la cause la plus fréquente et la moins connue des accidents déter- minés par l'inhalation du chloroforme), et que l'absorption, en général, est plus active. » j4. Si donc l'action du chloroforme surprend l'estomac rempli de nourriture, comme cela est arrivé chez Hannah Greener (première victime), chez M"® Stock, de Boulogne (deuxième victime^, et autres, la mort sur- vient pendant l'anesthésie, à moins que l'on ne parvienne à délivrer l'esto- mac du poids des aliments et de la tension des gaz qui l'encombrent. Durant l'état de réplétion stomacale, l'influence anesthésique, paraissant toujours difficile, presque toujours insuffisante et souvent nulle, expose à faire inhaler des doses de chloroforme incompatibles avec la vie : dans ces cir- constances, l'agitation, les cris, la résistance du patient, dès la première inspiration de vapeurs anesthésiques, indiquent avec certitude qu'il faut s'abstenir et remettre à un autre moment l'opération projetée; en per- sistant, on voit bientôt paraître les lipothymies qui précèdent et accom- pagnent les indigestions graves (Mémoire cité, page 6), et la mort suivre le collapsus. » Sept observations, faites sur des sujets de conditions, d'âges, de sexes, de tempéraments différents, m'ont convaincu que j'eusse infailliblement perdu mes patients si, par hasard, je n'avais eu le bonheur de parvenir à les faire vomir; chez tous, l'épigaslre s'était distendu, et le ventre instantané- ment ballonné d'une manière fort remarquable : ils eussent succombé à une asphyxie semblable à celle qui tue les animaux météorisés, ou à cet état syn- copal des indigestions graves, désignées jadis par le nom à' apoplexie gastri- que. Je dois ajouter qu'en les entendant crier, qu'en les voyant gesticuler, se débattre, repousser l'appareil d'inhalation, je me gardai bien de pousser plus loinl'expérience chez les derniers d'entre eux, appréhendant qd'ils ne fussent pas à jeun, comme cela était arrivé chez les premiers, quoiqu'ils m'en eussent donné l'assurance avant que je procédasse à l'opération. Les vomis- sements d'ailleurs obtenus dans tous les cas, par le plus heureux des hasards, justifièrent pleinement mes soupçons. ( 672 ) « B. Les sujets dont le tube digestif est en bon état, et qui sont complè- tement à jeun depuis douze, quinze et vingt heures, restent calmes à la première approche de l'appareil anesthésique, et cèdent facilement, sans agitation et sans lutte, à de petites doses de chloroforme; parfois, cepen- dant, on observe un délire tranquille, surtout chez les gens pusillanimes. » C. Les tempéraments sanguins, musculeux et lymphatiques, plus que les constitutions dites bilieuses et nerveuses, les hommes plus que les femmes, les vieillards plus que les enfants, résistent aux agressions hypno- tiques du chloroforme. » Il est des organisations singulières, beaucoup plus communes chez les femmes que chez les hommes, pour qui l'absorption est d'une activité incroyable : de tels sujets, doués de bons estomacs, ne peuvent supporter, sans beaucoup souffrir, une diète de trois à quatre heures. J'ai été appelé à en chloroformer trois pour des extractions de dents molaires. Le premier sujet était une jeune fille de i3 ans, Sophie W..., d'un embonpoint encore médiocre, très-vive, très-active, déjà réglée depuis un an. Il lui fal- lait un repas assez copieux chaque quatre heures. Elle était à jeun depuis plus de six heures quand je lui couvris le nez, la bouche maintenue béante au moyen d'un gros liège, et le menton de la base d'un cornet confectionné avec une serviette encore pliée, et au fond duquel se trouvait une éponge mouillée de quatre gouttes de chloroforme. A peine avais-je placé l'appareil, qu'elle était devenue insensible, et que je pus lui enlever, sans qu'elle s'en aperçût, une grosse molaire; elle ne s'éveilla qu'une minute environ après l'extraction. Le second sujet est une femme, âgée de l\i ans. M"* L..., petite, brune, sèche, vive, énergique, éminemment douée de ce tem- pérament que l'on appelle nerveux ; elle supportait encore plus difficile- ment la diète que la jeune fille dont il vient d'être fait mention : trois gouttes de chloroforme seulement la rendirent insensible en aussi peu de temps que celle-ci. Le sommeil fut profond pendant près de deux minutes, plus de temps qu'il n'en faut pour arracher plusieurs molaires. » Le troisième est un collégien de 11 ans, blond, lymphatique, qui n'avait pas mangé depuis plus de six heures. Il devint insensible, instanta- nément, en aspirant la vapeur de quatre gouttes de chloroforme versées sur l'éponge, et il sommeilla pendant près de cinq minutes, sans avoir été impressionné par l'avulsion d'une grosse molaire. » Avant donc que d'administrer le chloroforme, et afin d'acquérir quelque notion approximative sur l'aptitude anesthésique des individus, il est de toute nécessité de s'assurer : (673) » 1°. De l'état de vacuité ou de réplétion stomacale des sujets que l'on veut opérer ; » a". De la lenteur ou de la rapidité avec laquelle s'opèrent leurs diges- tions, en même temps que de la difficulté qu'ils peuvent avoir de supporter la diète. Jamais, en agissant ainsi, je n'ai trouvé de patient réfractaire à l'action du chloroforme. » § II. — Quand on dépouille les dossiers où sont consignés tous les mal- heurs qui incombent au chloroforme, il est curieux de lire ce que l'on entend, dans ces pièces accusatrices, par dosage du médicament. Certes il n'est pas, dans toute la matière médicale, un agent quelque peu actif que l'on vouliit traiter aussi légèrement. Voici la formule dont on se sert : quelques gouttes, une certaine quantité, une dose minime ayant été versée sur des compresses,, etc., etc. Quant à la capacité, à la forme du flacon où le liquide était contenu, cela semble importer fort peu, nul n'en fait mention. Est-ce bien là une manière rationnelle de doser un médicament considéré, par ses détracteurs, à l'égal d'un poison? Met-on aussi peu de scrupule à compter des gouttes de laudanum, de liqueur de Fowler, de teinture de col- chique ou d'alcoolat de noix vomique? Pour moi, comme pour tous ceux qui voudront s'en assurer, ces vagues et imprudentes expressions, quelques gouttes, etc., représentent depuis 5o centigrammes jusqu'à 8 et lo grammes de chloroforme. Si l'on essaye, comme je l'ai fait dans de nombreuses expériences en i848 et depuis, de verser du chloroforme en se ser- vant de flacons plus ou moins pleins, ayant des formes, des capacités et des goidots différents, on ne tardera pas à se convaincre que le volume, la précipitation, la confusion des gouttes sont toujours en raison directe de la forme, de la quantité du contenu, du diamètre qui mesure le corps et le goulot du vase; que tel qui croit n'avoir laissé tomber que quelques gouttes de chloroforme sur son appareil, l'a imbibé de lo grammes et plus! Aux chances d'erreur que je viens de signaler, il faut bien en- core un peu ajouter celle que fait naître l'émotion chez certains chirur- giens. A quelle dose de poison ont donc succombé les victimes douées d'une plus ou moins grande aptitude anesthésique, quand elles n'ont pas été étouffées par l'application malheureuse d'appareils privés d'air, ou mé- téorisées par le développement de gaz dans l'estomac surpris au milieu du travail de la digestion ? » Pourra-t-on doser jamais le chloroforme au moyen d'un appareil quel- conque? Tout appareil est un vase plus ou moins bien clos, destiné à contenir plus de liquide anesthésique qu'il n'en faut, et à le laisser échapper C. R. 1354, i«« Semestre. (T. XXXIX, N» IB.) 89 ( 674 ) par une ouverture spéciale^ pour être dirigé dans les voies respiratoires ; mais on aura toujours à compter avec la température de l'air ambiant et des mains qui embrassent le vase, et, suivant que cette température sera plus ou moins élevée^ l'évaporation sera plus ou moins active. » Il est nécessaire, avant toute chose, de savoir que le maximum de la dose de chloroforme à employer dans l'opération la plus longue ne doit pas dépasser 19 grammes; que la dose moyenne, calculée sur un nombre considérable d'opérations, est de 1 2 grammes On a vu, dans les pages pré- cédentes, où il est question de l'aptitude anesthésique de chaque sujet, jusqu'à quelle dose minime il est nécessaire de descendre, puisque l'insen- sibilité s'est montrée immédiatement et pour un laps de temps remarquable sous l'influence de trois, quatre et cinq gouttes de chloroforme. En consé- quence, toute l'échelle à parcourir entre ces deux points extrêmes, 19 grammes et trois gouttes, ne peut être l'objet que de tâtonnements qui doivent être faits d'ailleurs avec une extrême prudence. La prudence et l'humanité exigent que l'on débute toujours par trois ou quatre gouttes de liquide, exactement comptées, et que toute addition, jusqu'à produc- tion de l'insensibilité désirée, se fasse avec la même parcimonie. Dans le but de remplir cette double condition avec sécurité, il convient de distribuer tout le chloroforme à employer en doses de 4 grammes, dans de petits flacons cylindriques, à goulot de 5 millimètres de diamètre, et d'une capacité de 6 grammes environ. De la sorte, on est toujours maître de son liquide, et l'on sait exactement ce que l'on en a dépensé. » Je compte plus de deux cents anesthésies, et point de revers. Conclusion. » En ce qui concerne l'aptitude anesthésique : » 1°. L'aptitude anesthésique des sujets est en raison directe de la durée de la diète absolue à laquelle ils se soumettent; » 2°. Les doses de chloroforme à employer sont en raison inverse de l'appétit habituel des sujets, et de la rapidité avec laquelle s'opèrent chez eux les digestions et l'absorption. » En ce qui concerne le dosage : » 1°. Le maximum des doses de chloroforme à employer en inhalation est de 19 grammes; le minimum, de trois gouttes; » tP. L'administration n'en doit être faite que par doses de trois ou quatre gouttes, bien comptées ; et tout le liquide à mettre en usage pour chaque opération doit être divisé en doses de 4 grammes, dans des flacons cylin- ( 675 ) driques, dont la capacité et le diamètre des goulots sont déterminés à l'avance. » CHIRURGIE. — Cure radicale des hernies par les injections iodées, procédé très -simple pour faire pénétrer U injection dans l'intérieur du sac; par M. Maisonneuve. ( Renvoi à l'examen de la Section de Médecine. ) « La communication que j'ai l'honneur de faire à l'Académie a pour objet un procédé chirurgical très-simple, mais qui ne me paraît pas moins offrir un grand intérêt pour la question si importante de la cure radicale des hernies. j) Lorsque, en 1837, M. Velpeau démontra la possibilité d'obtenir la cure radicale des hernies par les injections iodées, on put croire un instant que cette méthode, à la fois si efficace et si exempte de dangers, deviendrait bientôt d'un usage général. Il n'en fut rien cependant. » Une simple difficulté de détail, relative à l'introduction de l'instrument dans la cavité du sac herniaire, suffit pour arrêter les chirurgiens dans cette voie nouvelle. Dix-sept ans plus tard, de nouveaux essais furent tentés par M. Johert, et le résultat définitif fut des plus satisfaisants. Mais les moyens d'exécution étaient restés absolument les mêmes que ceux employés par M. Velpeau; de sorte que les mêmes raisons qui avaient une pre- mière fois empêché les praticiens de suivre la voie ouverte par l'illustre professeur de la Charité les empêchèrent encore d'imiter l'exemple du chirur- gien de l'Hôtel-Dieu. » Et cependant chacun sentait qi^il n'y avait plus qu'un pas à faire pour que cette idée féconde de la cure radicale des hernies par les injections iodées fût définitivement acquise à la chirurgie pratique. C'est alors que je conçus l'idée du procédé suivant : » Premier temps. — Étant donnée une hernie scrotale par exemple, je commence par refouler les viscères dans l'abdomen ; puis, saisissant entre le pouce et l'index de la main gauche la partie moyenne du scrotum, dans laquelle se trouve le sac herniaire vide, je transperce perpendiculairement le tout avec un trocart long et mince, que j'enfonce jusqu'au niveau du manche, et dont je retire immédiatement le mandrin. » Deuxième temps. — Comme les parties pressées entre le pouce et l'index nont guère qu'une épaisseur de 1 centimètre, la tige du trocart presque tout entière fait saillie en dehors des tissus. Alors, au moyen de tractions douces 89.. ( 676 ) et de pressions modérées, j'étale sur toute la longueur de la canule la peau du scrotum et les parois du sac qu'elle renferme; de sorte que le trou d'entrée et celui de sortie deviennent le plus écartés possible, et que, par conséquent, la tige de l'instrument parcourt la cavité du sac dans son plus grand dia- mètre transversal. » Pour plus de sécurité, on peut encore engager le malade à faire descendre momentanément sa hernie, ce qui complète l'écartement des parois du sac, et refoule celles-ci contre les téguments. » Troisième temps. — Pendant qu'avec le pouce et l'index de la main gauche je maintiens les parties molles du côté du trou de sortie, je retire doucement la canule, jusqu'à ce que son extrémité rentre dans la peau des bourses, et arrive dans l'intérieur du sac. On reconnaît sans peine cette circonstance capitale à la facilité qu'on éprouve à faire mouvoir la pointe de l'instrument dans la cavité libre du sac herniaire. » Dès lors, il ne reste plus qu'à pratiquer l'injection d'après les pré- ceptes posés par M. Velpeau, préceptes auxquels je n'ai rien à ajouter. » Malgré sa complication apparente à la lecture, rien n'est plus simple que ce procédé dans son exécution. Il suffit de s'y exercer quelques instants sur un sachet quelconque pour, en comprendre le mécanisme et s'assurer de sa rigoureuse certitude. ' » IjCs applications récentes qui viennent d'en être faites sur l'homme vivant par moi-même, et sur mes indications par mon excellent collègue M. le D"" Follin, n'ont rien laissé à désirer, et j'ai l'espérance que ce simple perfectionnement suffira à vulgariser en peu de temps une opération qui promet d'être une des belles conquêtes de la chirurgie. » ÉCONOMIE RURALE. — Observations sur quelques essais de dévidage de cocons de /'Eria ou Bombyx, cynthia ; par M. F.-È. Gukrin-Méneville. (Commissaires, MM. Milne Edwards, de Quatrefages.) « J'ai reçu, le 26 septembre dernier, pour la Société Zoologique d'accli- matation, un certain nombre de cocons provenant de la seconde éducation de ce nouveau ver à soie, faite à Turin, sous la direction de M. le profes- seur Baruffi, par M. Griseri, membre de l'Académie royale d'Agriculture. Ces cocons renfermaient leurs chysalides vivantes, et ont été soumis, dès leur arrivée, à diverses expériences pratiques dont je parlerai ultérieure- ment. J'en ai sacrifié quelques-uns pour faire des essais de dévidage, grâce à l'obligeance avec laquelle MM. Alcan et Maillard m'ont ouvert leur fila- ture expérimentale des Batignolles, près Paris. ( 677 ) » Avant de faire connaître les résultats de ces premiers essais, faits sur ime trop petite échelle, mais qui montrent déjà qu'il ne faut pas désespérer d'arriver à obtenir de la soie grége et non de la Jîloselle avec ces cocons, il est utile de rappeler ce qu'on savait jusqu'à ce jour à ce sujet. » Roxburgh, en 1802, dans les Transactions àtla Société lÀnnéenne du Londres, après avoir dit que l'étoffe faite avec la soie de ces cocons est en apparence lâche et grossière, mais qu'elle est d'une durée incroyable, ajoute : « La soie de cette espèce n'a pas encore été dévidée, mais on a été » obligé de la filer comme du coton. » » Si l'on s'en rapportait à ce premier et ancien passage, reproduit pai- Helfer dans le Journal de la Société Asiatique du Bengale (Calcutta, 18.37), on penserait qu'il est impossible de faire autre chose que de la Jiloselle avec ces cocons, et qu'on n'en tirera parti qu'en les cardant, ce qui ne serait pas une raison pour en repousser l'introduction. » Cependant il paraît que ce jugement n'est pas sans appel, car on lit dans un Mémoire de M. Thomas Hugon, de Nowgong, dans le royaume d'Assani, travail publié encore dans l'année 1837 du même Journal du Bengale : « On met les cocons dans une dissolution de potasse chauffée » par un feu lent, jusqu'à ce que la soie se détache avec facilité. On les » retire alors du feu et l'on en exprime l'eau doucement; puis ou les prend » un à un ; on les dévide par l'une de leurs extrémités, le cocon étant placé » sur le pouce de la main gauche, tandis que de la droite on en retire une » certaine quantité (de soie) suffisante pour la grosseur d'un brin, et que » l'on a soin d'égaliser, en le frottant entre le pouce et l'index. De » la même manière on ajoute de nouveaux cocons aux premiers, et ils » laissent le fil s'accumuler en tas d'environ un quart de seer (un quart de » kilogramme à peu près). On l'expose ensuite au soleil ou devant un » feu, pour le faire sécher, et on le convertit en écheveaux, à l'aide de deux » bâtons attachés par l'une de leurs extrémités, et ouverts à la manière d'un » compas. La soie est alors prête à être tissée, à moins qu'on ne veuille la » teindre. » » On voit par ce passage si obscur, et écrit par une personne qui se montre tout à fait étrangère aux procédés de filature des soies, que les indigènes de l' Assam semblent obtenir la soie des cocons de VEria en Jils continus^ en dévidant ces cocons, et non en les filant ou en les cardant. Ils paraissent obtenir ainsi delà véritable soie grége. le pense donc, con- trairement à l'opinion de M. Savi de Pise, dans un Rapport qu'il a fait, le 7 juillet dernier, à l'Académie des Géorgofiles de Florence, qu'il ne (678) faut pas désespérer d'arriver à dévider ces cocons pour en faire des grèges, et qu'on peut espérer d'y parvenir avec les moyens que la science et la pratique réunies mettent à notre disposition en Europe, quand on voit que des peuplades à demi sauvages semblent y être arrivées depuis longtemps. » Du reste , les essais que j'ai faits chez M. Alcan me laissent le plus grand espoir de réussir, si je puis les recommencer sur une plus grande échelle et en y consacrant les dépenses et le temps nécessaires. Il ne me semble pos- sible de réussir qu'en employant un procédé de dévidage qui n'exige pas que les cocons flottent à la surface de la bassine. Le procédé Alcan est seul dans ce cas; c'est à lui que l'on devra peut-être de pouvoir dévider ces cocons. M Le 28 septembre dernier, j'ai mis en expérience vingt cocons frais qui pesaient 32S'',45o. Dix ont été soumis au ramollissement par la vapeur et l'eau bouillante qui forme la partie essentielle du procédé Alcan, et ils étaient destinés à donner les deux bouts, composés chacun des brins de cinq cocons, que l'on dévide sur l'asple. Je n'entrerai pas dans le détail des nombreux essais faits dans cette première journée sur ces dix cocons. Il suffit de dire qu'ayant été soumis à l'action de l'appareil Alcan pendant quatre minutes, comme on le fait pour des cocons ordinaires regardés comme un peu faibles , il n'en ont été nullement ramollis. On les a suc- cessivement soumis à l'appareil pendant quatre autres minutes, puis pen- dant cinq autres, puis pendant sept autres, en tout vingt minutes ; mais quoi- que l'ouvrière soit parvenue, après avoir enlevé le frison, à trouver le brin, celui-ci ne se détachait pas bien, et elle disait qu'ils étaient durs et qu'il fallait les cuire encore. » Cette fois ont les a laissés dans l'appareil pendant dix autres minutes : ce qui fait en tout trente minutes d'action successive de la vapeur et de l'eau bouillante; mais la gomme qui agglomère les brins a résisté à tout , on n'a pu dévider que peu de ces brins, mais assez cependant pour penser qu'ils ne sont pas interrompus. » Le lendemain on a soumis les dix cocons qui restaient au même appa- reil , en employant de l'eau alcalinisée. Cette fois le brin s'est montré plus facile à détacher : on a vu qu'on pouvait en tirer de grandes longueurs sans interruption , que les cocons tournaient très-bien dans la bassine , et il m'a semblé, ainsi qu'aux personnes qui m'assistaient dans ces expériences, que le brin était continu et suscqitible de se détacher comme celui des cocons ordinaires, si l'on parvenait à mieux dissoudre la gomme qui les unit et (679) forme cette paroi du cocon semblable, par la consistance et l'aspect général , à l'aspect du parchemin. » Comme plusieurs de mes dix derniers cocons avaient été détruits pen- dant les tentatives diverses faites dans cette seconde journée d'expériences, quand le brin s'est enfin montré docile à la traction de l'asple, il n'est plus resté assez de cocons pour entretenir les bouts , et il a fallu arrêter là ces essais de dévidage dont les résultats sont d'ailleurs assez encourageants pour faire espérer qu'on arrivera bientôt à la solution complète du problème. » La plupart des cocons du Bombjx cjnlhia sont composés d'une soie de couleur orangée; mais il y en a d'un blanc plus ou moins jaunâtre. Après la cuisson, cette soie prend une couleur grise ou de chanvre écru, mais avec un lustre, un soyeux semblable à celui de la soie ordinaire. » Je mets sous les yeux de l'Académie un morceau de tissu, appelé corah au Bengale, et qui est composé de la soie du ver Eria ou Bombjx cjnthia. Ce tissu a été donné à la Société Zoologique d'acclimatation, par M. Tastet, négociant, qui a beaucoup voyagé en Chine et dans diverses parties de l'Inde, et qui connaît parfaitement tous ces tissus et leur origine. On voit que cette étoffe est fabriquée avec de la soie grége et non avec de la filoselle, et s'il est constaté, comme cela est très-probable, que cette soie est réellement celle que l'on récolte en élevant l'E'n'rtj il est certain qu'on obtient avec ces cocons de très-belles soies grèges et que nous pourrons aussi en obtenir en Europe. En comparant ce tissu à la soie, malheureuse- ment en trop petite quantité, que j'ai obtenue de mes premiers essais, on voit qu'il y a identité parfaite pour la couleur et pour l'aspect général. Un fil (le ce tissu, que j'ai détordu et placé près de la soie dévidée chez M. Alcan, ne pourrait être distingué de celle-ci, s'il ne conservait quelques traces de torsion. » Dès aujourd'hui il semble résulter de ces premiers essais faits dans des conditions si défavorables : » 1°. Que les cocons du ver à soie Eria ou Bonibfx cjnthia ont le brin collé avec une gomme que les procédés ordinaires de dévidage. ne peu- vent suffisamment ramollir ou dissoudre; » 2". Que l'addition d'un alcali et une ébuUition assez prolongée amè- nent ce ramollissement ou cette dissolution de la gomme et permettent au brin de se détacher ; "^ » 3°. Que ces cocons, quoique ouverts à l'une de leurs extrémités, semblent cependant composés d'un fil continu susceptible de se dévider en soie grége. ( 68o ) » 4°- Que pour arriver à dévider ces cocons il faudra se servir de la méthode Alcan, parce qu'elle permet de filer sans que les cocons surnagent, comme ils le font dans l'ancienne méthode. » Qu'il me soit permis, en terminant, de dire que les cocons de VEria ne sont pas les seuls sur lesquels nos méthodes perfectionnées de dévidage aient été essayées. Des cocons autrement durs et gommés ont été soumis à des expériences dans la filature de la Condition des Soies et de la Société d'Agriculture de Lyon, et ils ont été parfaitement dévidés par l'habile • fileuse M™* Bournay, qui dirige cet étabUssement modèle. Un nombre suf- fisant de grossiers cocons provenant de la Chine et appartenant au ver à soie sauvage qui se nourrit de feuilles de chêne, ont pu être dévidés parfaite- ment, et la soie grége qu'ils ont donnée, sauf la couleur, peut le disputer, pour la beauté et la régularité du brin, à nos soies ordinaires. Cette grége, comparée à celle des mêmes cocons qui nous vient de ces pays, montre ce que l'on pourra obtenir chez nous de tous les cocons autres que ceux de ver à soie ordinaire, avec la supériorité immense de nos méthodes de filature. » ASTRONOMIE. — Flexion des lunettes et illumination des fus ; par M. J. PORRO. (Commissaires précédemment nommés: MM. Mathieu, Laugier, Babinet, Faye.) « Faisant suite aux Mémoires que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Aca- démie, le 1 7 et le ^4 avril, je m'empresse de mettre sous ses yeux aujour- d'hui un objectif de 1 1 5 centimètres de foyer, avec l'énorme ouverture nette et utile de i a centimètres. » Cet objectif, dont la netteté, sous des grossissements considérables, est des plus satisfaisantes sur les textes objets astronomiques, est doué de la propriété de donner par la réflexion sur une des faces internes représentée par un diaphragme poli (miroir plan percé au centre), placé au centre d'un cercle astronomique, l'image des fils éclairés reproduite au foyer même de la lunette. » Il est évident qu'avec ce dispositif, si la coïncidence de l'image avec le fil d'où la lumière émane a lieu, le miroir est normal à la ligne de visée et l'indication de l'instrument indépendante de la flexion. Dans tous les cas, le micromètre permettra d'évaluer la correction, par conséquent ce sera dé- sormais ce miroir dont l'inflexibilité peut être admise, et non plus l'axe ( 68i ) matériel de la lunette, qui établira la relation de la ligne de visée avec les indications du cercle. » Il est permis d'espérer que les astronomes préféreront désormais changer leurs objectifs, plutôt que passer des années à étudier les défauts de leurs instruments pour n'obtenir, en dernier résultat, que des corrections moyennes justifiées seulement par l'admission de cevlains postuiata relatifs à la matière, qui sont loin d'être incontestables. j) J'ai pareillement l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie l'ocu- laire à éclairage partiel par une petite lame de verre prismatique avec lequel j'ai fait les expériences relatées dans mon Mémoire du 24 avril dernier, qui ont démontré la possibilité d'observer de jour le passage des étoiles, au fil d'abord, puis à son image réfléchie par la quatrième surface de l'objectif. Je suis heureux de lire dans le Mémoire de M. le colonel Hossard ( Compte rendu du 2 octobre) que ce moyen d'éclairage va être employé au Dépôt de la Guerre pour la carte de France. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS EMBRYOGÉNIE. — M. DE QuATREFAGES indique sommairement quelques- uns des faits observés par M. Lacaze-Duthiers , dans l'embryogénie des Dentales. « L'auteur de ce travail a constaté la pénétration des spermatozoïdes dans l'enveloppe de l'œuf, et les a retrouvés vivants à une époque déjà avancée du fractionnement. Il a été témoin des mouvements alternatifs de fractionnement et de fusion des lobes du vitellus. La larve des Dentales présente, dans les première temps de sa formation, la plus grande ressem- blance avec les larves d'Annélides décrites par M. Edwards. Plus tard, elle porte un large organe ciliaire, analogue à celui qui a été décrit chez les larves de plusieurs Mollusques. Cet appareil se détache ici tout d'une pièce, et le pied, qui était placé au-dessous, se développe peu à peu. M. Ijacaze a suivi le développement de plusieurs organes internes, entre autres celui des centres nerveux, des otolites, de l'appareil digestif, etc. Il a vu la cavité stomacale se former par lacunes et érosion, comme l'a dit depuis longtemps M. de Quatrefages. L'exactitude de quelques-uns de ces faits a pu déjà être constatée sur des larves que l'auteur a apportées vivantes à Paris. » En même temps qu'il s'occupait de l'embryogénie des Dentales, M Lacaze revoyait avec soin l'anatomie des animaux adultes, et cette étude CF., 1854, a"" Scmesue. (T. XXX IX, K» 13 ) 9^ ( 682 ) lui a fourni des faits entièrement nouveaux qui feront l'objet d'un Mémoire spécial . » (Commissaires, MM. Milne Edwards, Valenciennes, de Quatrefages.) PHYSlQ: JE GÉNÉRALE. — Mémoire sur l énergie mécanique du système solaire ; par M. Thomson. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés: MM. Pouillet, Babinet, Regnault.) « On établit dans ce Mémoire que la chaleur émise par le système solaire correspond à un développement d'énergie mécanique qui , dans l'espace d'environ cent ans, équivaut à la force vive totale nécessaire pour produire le mouvement de toutes les planètes. Le principal objet de ce Mémoire est de rechercher à quelle source il faut attribuer ce vaste dévelop- pement d'énergie. On y examine s'il faut l'attribuer à un réservoir de chaleur primitive , ou si la chaleur est due à une action chimique (combus- tion), ou si enfin elle est due à d'autres forces que des actions chimiques, c'est-à-dire à des masses en mouvement. Tout réservoir de chaleur primi- tive auquel on voudrait attribuer la radiation solaire doit être entièrement confiné dans le Soleil. On fait voir qu'un tel réservoir serait, suivant toute apparence, insuffisant pour rendre compte de la dépense de. chaleur certai- nement émise depuis six mille ans, et l'on établit de même avec ime probabilité presque aussi forte qu'une action chimique entre les éléments de la masse solaire ne pourrait suffire à l'émission au taux actuel pendant une telle période de temps. On en conclut que la source à laquelle il faut rapporter la radiation solaire ne peut être la chaleur primitive ou la chaleur de combustion intrinsèque. Si ce n'est point une chaleur de combustion, il faut évidemment qu'elle dérive du mouvement de corps qui tombent sur le Soleil (l'entière insuffisance, au point de vue de la durée, de mouvements ordinaires qui auraient lieu dans la matière qui forme le Soleil , est tout à fait manifeste); si c'est une chaleur de combustion, la matière combus- tible doit venir du dehors. Mais aucune matière ne peut arriver des espaces extérieurs au Soleil sans engendrer, par le fait seul de son mouvement, des milliers de fois plus de chaleur qu'il n'en pourrait résulter soit d'une combustion entre ses propres éléments , soit d'une combinaison avec des substances qui se trouveraient primitivement dans le Soleil , à moins qu'elles ne possédassent des affinités chimiques incomjjarablement supérieures à toutes celles des substances connues terrestres et météoriques. Il en résulte que la source de la chaleur solaire doit être météorique, et que cette chaleur résulte du mouvement de météores qui tombent sur le Soleil. ( 683 ) » L'idée d'attribuer à la chaleur solaire une pareille origine paraît avoir été présentée d'abord par M. Waterston, qui la développa à la dernière réunion de l'Association Britannique à HuU. Mais si , comme l'avance M. Waterston , il tombait des espaces extraplanétaires assez de météores pour engendrer la chaleur actuellement émise par le Soleil, la Terre, en traversant leur route, serait rencontrée par eux beaucoup plus fréquemment qu'il n'est probable qu'elle l'est en réalité , et l'accumulation de matière au centre du système aurait dans l'espace des deux ou trois mille dernières années causé dans le mouvement terrestre une accélération que les annales de l'astronomie ne nous permettent pas d'admettre. Les météores qui alimentent la chaleur solaire, au moins depuis la période historique, ont dû par conséquent se trouver à l'intérieur de l'orbite terrestre. Ce sont ces météores, éclairés par le Soleil, que nous voyons (quand le Soleil lui-même est au-dessous de l'ho- rizon) dans ce tourbillon de poussière nommé lumière zodiacale^ qui ciicule autour du Soleil et entraîne dans sa révolution l'atmosphère inter- planétaire avec assez de force pour que la force centrifuge fasse à peu près équilibre à la gravitation solaire, excepté aux environs mêmes de la surface du Soleil. « Les météores eux-mêmes sont probablement vaporisés à une petite distance du Soleil , par suite de la haute température de cette partie de l'espace; mais à la fin ils perdent leur vitesse de rotation à cause de la résistance intense qu'ils rencontrent en entrant dans l'atmosphère du Soleil, et se condensant k l'état liquide par l'effet de la gravitation solaire ils se reposent à la surface du Soleil. La quantité de chaleur ainsi engendrée dans la région de cette puissante résistance, par la chute d'une certaine quantité de matière, dépassera la moitié de l'équivalent du travail pro- duit par la gravitation solaire sur une masse égale qui tomberait d'une distance infinie, d'une quantité égale à la chaleur latente qui se dégage pendant la condensation, augmentée de «la chaleur due aux combinaisons chimiques qui peuvent se produire. La seconde moitié du travail produit par l'action de la gravitation solaire sur les corps qui tombent d'une distance infinie (ou égale à un très-grand nombre de fois le rayon du Soleil) sert à engendrer par la friction la chaleur qui se répand dans les espaces inter- planétaires. » La matière météorique qui s'ajoute ainsi au Soleil et sert à engen- drer de la chaleur (au taux actuel de l'émission tel que l'a détermine M. Pouillet) , en supposant qu'elle s'accumule à sa surface avec une densité égale à sa densité moyenne , le couvrirait sur l'épaisseur de 1 8 mètres 90.. ( 684 ) dans un au , et n'augmenterait pas ses dimensions apparentes de plus de 1 seconde dans [\o ooo années , ce qui dans i ooo ooo d'années ne ferait pas en réalité plus de différence que celle qu'on observe entre le mois de juin et celui de décembre. Cette augmentation , si elle continue de la même manière (quelle que soit la densité actuelle du dépôt), doit donc être insensible depuis les périodes historiques les plus anciennes jusqu'aux observations de l'époque actuelle et, pour des milliers d'années à venir, les mesures du dia- mètre apparent solaire prises avec les plus grands soins ne pourront fournir contre la théorie aucune preuve ni aucun argument. » L'égalité approximative de la température du Soleil dans toutes les par- ties de sa surface est probablement due au fait de la vaporisation des météores (qui, s'ils étaient solides quand ils entrent dans la région d'intense résis- tance, devraient probablement s'accunniler en quantité beaucoup plus considérable dans les régions équatoriales que vers les pôles). Les taches sont probablement l'effet de tourbillons (analogues aux ouragans des ré- gions tropicales dans l'atmosphère terrestre, bien que dus à d'autres canses) qui, par l'effet de la force centrifuge, produisent, pendant un certain temps, une diminution considérable dans le dépôt des matières météoriques sur des portions limitées de la surface du Soleil et leur permettent de se refroi- dir par le rayonnement, au point de devenir sombres comparativement. » I^és Tables suivantes renferment les principales données numériques sur lesquelles reposent les raisonnements relatifs à l'énergie mécanique du système solaire (i). (i) La masse de la Terre est prise, en admettant que sa densité moyenne est cinq fois celle de l'eau , et les autres sont exprimées par leurs rapports avec celle de la Terre. Ces nombres et les autres données astronomiques sont empruntés à V Astronomie de Herschel. Les forces vives de rotation de la Terre et du Soleil sont évaluées dans l'hypothèse que le moment d'inertie de chaque sphère est égal au tiers de sa masse multiplié par le carré du rayon , au lieu des deux tiers de la masse multipliés par le carré du rayon, comme il arri- verait dans le cas où toute la masse aurait une densité uniforme. Ces deux évaluations n'ont été introduites dans la Table que pour établir une comparaison , mais il n'en a pas été fait usage dans le raisonnement. ( 68.5 ) TABIiE !• — Masses , distances , forces et mouvements dans le système solaire. Soleil. ., Mercure . Vénus. Terre. . Mars . . . Jupiter. Saturne. Uranus. Neptune MASSES EN KILOGRAMMES. I 920 000 000 X 433 X 5200 X 5400 X 785 X 2 0IOOOO X 600 000 X 84000 X 112000 X 10'' lO^' 10" 10-' lO" 10" 10" lO" 10" DISTANCE du centre du Soleil en kilomètres. Surf. 1 1 1 i53 233 800 1 460 2930 4590 710 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 KORCE D ATTRACTION vers le Soleil en kilogr. terrestres. Ala surf .28 p. kg. de m. 5520 X 10" 19 200 X 10'" 10 3oo X 10 65o X 10'* 142 000 X 10'* 12600 X 10 438 X io'« 237 X 10"' VITESSES en kilomètres par seconde. A l'éq''. 2,04 48,9 35,8 3o,4 24,6 i3,3 9,8 6,8 5,5 MASSES EN KIL0GRAM.UES. DISTANCE de la surface de la Terre. FORCE D ATTRACTION vers la Terre en kilogr. terrestres. VITESSE relativement au centre de la Terre en kilomètres. Lune. 62 X 10' Equateur terrestre. 38 1 000 6 370 I 720 X 10" I par kilog.de matière, 0,99 0,47 ±. ( 686 ) TABXiE II. — Énergies mécaniques du système solaire. ÉNERGIE POTENTIELLE DE GRAVITATION A LA SURFACE SOLAIRE ÉNERGIE ACTUELLE RELATIVEMENT AU CENTRE DU SOLEIL en kilogrammètres. équivalente à une dépense de lumière solaire, au taux actuel de rémission, pendant une période de: en kilogrammètres. équivalente à une dépense de lumière solaire , au taux actuel de l'émission , pendant une période de: Soleil i33oooX 10" 53 X 10" 342 X io'« 254 Xio" 24 X 10" l8200X io'° 2 g5o X 1 0" 207 X 10" 176X 10'» aus Jours 8i 142 16,7 108 81 7.7 i5 iSi 2 20g 62,6 • 55,7 Mercure Vénus Terre Mars 87 X 10" 1 060 X lo" I ogox 10" i5gX 10" 407 000 X 10" 121 oooX 10" 17 100 X 10" 22 700 X lo" ans jours 7 '93 92 17 94 '54 1 1 21 35290 10 540 i48o '97' Jupiter Saturne Uranus Neptune Lune Rot. de la Terre Total A LA SIRFACE DE LA TERRE. RELATIVEMENT AU CENTRE DE LA TERRE. 3g3x 10" heures 3,0 324X10" ig8oXii" minut. ..48 9,o3 570 000 X 10" 4g486 ans. i56ooox lo" ans . Jours 100 .37 » La seule partie des données numériques énurnérées dans les Tables ou employées dans les raisonnements, et sur lesquelles s'appuie la présente théorie, qui puisse être susceptible d'une correction considérable, est celle qui est relative aux estimations de la chaleur solaire. L'habileté avec laquelle M. Pouillet a surmonté les difficultés qui sont presque inséparables d'une telle investigation lui a permis de donner, en se fondant sur ses ob- servations relatives à la radiation solaire, une estimation de la quantité de chaleur que le Soleil envoie dans un temps donné sur une portion quel- conque de l'espace à travers lequel se meut la Terre, et là on déduit immé- diatement toutes les estimations de chaleur solaire en unités thermiques ( 687 ) dont on se sert dans la présente communication. Les estimations relatives aux valeurs mécaniques de la radiation solaire se rattachent en outre à la valeur mécanique de l'unité thermique, fixée à 423 kilogrammètres d'après les expériences très-précises de M. Joule; cette valeur ne peut différer de la véritable de plus de — ou un ^^ — Si l'on obtient jamais des informations ^ 200 3oo ■' plus exactes au sujet de la radiation solaire, toutes les estimations qui s'y rapportent, par exemple tous les nombres de la deuxième et de la cinquième colonne de la seconde Table, devront être altérées dans la même propor- tion ; mais il est bon de remarquer que, même au cas où ils seraient tous doublés pu triplés, ou réduits à la moitié ou au tiers de leur présente valeur (et il n'est rien moins que probable qu'une correction si considérable de- vienne nécessaire), tous les raisoonements généraux concernant la théorie de la chaleur solaire donnés dans ce Mémoire n'en souffriraient eux-mêmes aucune altération. » PHYSIQUE DU GLOBE. — De l'action du Soleil sur les variations périodiques de L'aiguille aimantée. (Extrait d'une Lettre du P. Secchi à M. Llie de Beaumont. ) (Commissaires, MM. Becquerel, de Senarmont, Bravais. ) « Permettez-moi de vous informer d'un résultat intéressant que je viens d'obtenir en étudiant les variations périodiques de l'aiguille aimantée. Tout le monde sait que ces variations ont une liaison étroite avec le mou- vement du Soleil , mais on n'est pas d'accord sur l'espèce d'action qu'exerce cet astre^ savoir, si elle est directe comme celle d'un aimant, ou seulement indirecte et un effet des changements de température qu'elle produit sur la Terre. Or je crois que cette question pourra recevoir quelque lumière des observations que je vais rapporter. — Le colonel Sabine , dans le dernier volume des Observations magnétiques de Toronto , a fait remarquer l'oppo- sition de signe que le changement de déclinaison du Soleil imprime aux courbes qui représentent la variation magnétique dans les pays tropicaux , mais il lui a paru difficile de faire ressortir de même le renversement pour les pays. éloignés de l'équateur, et content d'avoir signalé ce fait important, il ne le suit pas davantage, ce qui pourtant l'aurait conduit à la véritable loi générale. La difficulté n'est qu'apparente, et (tient seulement au procédé adopté par ce savant^ qui rapporte les courbes mensuelles ou à la moyenne absolue de l'année, ou à la moyenne du mois lui-même. En me servant donc ( 688 ) des travaux de M. Sabine, mais en combinant ses résultats d'une autre ma- nière, j'ai reconnu que la loi d'opposition signalée pour les pays tropicaux, en rapport avec la déclinaison solaire, subsiste aussi pour tous les pays du globe; c'est-à-dire que le Soleil exerce sur toute la Terre une action magné- tique opposée, selon qu'il se trouve au sud ou au nord de l'équateur. — On peut prouver cette proposition de deux manières, c'est-à-dire par l'analyse graphique des courbes et par les résultats du calcul. Pour la première manière, il suffit de prendre les courbes mensuelles, et de les rapporter non pas à la moyenne annuelle absolue, mais à la courbe qui représente la variation moyenne horaire pendant toute l'année. Pour entendre cela , rappelons-nous que la position de l'aiguille (quelle que soit sa relation avec le Soleil) doit dépendre : i° de l'angle horaire de cet astre; 2" de sa déclinaison. Une courbe diurne est la somme résultante de ces deux éléments mêlés qu'il s'agit de séparer. Pour effectuer cette séparation , dé- terminons la courbe moyenne annuelle horaire, par une suite de plusieurs années d'observations : dans celte courbe, l'effet de la déclinaison solaire a disparu, car elle agit en sens contraire pendant deux moitiés de l'année. Si nous prenons maintenant la courbe horaire réelle tracée pour un mois quelconque de l'année, cette courbe sera dépendante de la déclinaison solaire en ce mois, et si des ordonnées de cette courbe mensuelle nous soustrayons les ordonnées de la courbe horaire annuelle , la courbe à laquelle on arrivera ainsi mettra en évidence l'effet de la déclinaison elle-même. Cette opéra- lion graphique est en quelque sorte analogue à la différentiation analytique partielle par rapport à ime variable déterminée. » Maintenant, j'ai fait toutes ces opérations et tracé les courbes résul- tant de la différence entre les courbes annuelle et mensuelle, heure par heure, et j'ai trouvé pour les cinq observatoires de Hobart-Town, Toronto, Sainte-Hélène, le cap de Bonne-Espérance, et Makerstoun en Ecosse, les résultats conduisant kux conclusions suivantes : » I. Les courbes dérivées sont semblables pour les mois de même dé- clinaison solaire, mais opposées dans le sens de l'inflexion pour les décli- naisons opposées. Ainsi, si en janvier, à une certaine heure, la courbe dé- rivée tourne la convexité en haut , en juillet elle la tourne en bas. » II. Pendant que les sens de flexion des courbes horaires annuelles pour le même pôle de l'aiguille sont opposés dans les deux hémisphères ter- restres, le sens de flexion des courbes dérivées reste constamment le même dans les deux hémisphères et change seulement avec la déclinaison solaire. Il suit de là que la courbe dépendante de la déclinaison solaire , en se su- ( 689 ) perposaut à la courbe moyenne annuelle, produit \>av interférence toutes les variations observées dans les différentes saisons de l'année. En superpo- sant ces courbes, les oppositions remarquées par M. Sabine à Toronto et Hobart-Town, et le curieux manque de symétrie dans les deux courbes prin- cipales de Sainte-Hélène, sont parfaitement expliqués. » III. L'excursion de ces courbes dérivées est plus petite dans les mois les plus rapprochés des équinoxes et elle atteint son maximum aux solstices; de sorte que , aux époques des équinoxes , elles seraient des lignes droites. Ce- pendant il paraît que le véritable minimum est en relation avec le passage du Soleil à l'équateiu- magnétique du lieu plutôt qu'à son passage à l'équa- teur géographique, comme aussi les points d'inflexion sont en relation avec le méridien magnétique plutôt qu'avec le méridien géographique. » IV. La structure de ces courbes est assez régulière et plus qu'on ne pourrait s'attendre en cette matière, et elles se montrent comme formées de la superposition de deux périodes : l'un diurne^ l'autre semi-diurne. Cette régularité est surtout remarquable pour les pays les moins sujets à des fréquentes perturbations magnétiques. On voit encore que leurs excursions dépendent de l'intensité magnétique locale. » En voyant ces courbes, on ne peut s'empêcher de soupçonner que le Soleil agit comme ijn aimant sur la Terre. J'ai essayé cette hypothèse en appliquant à ce cas les formules connues qui expriment l'action des aimants à distance » En traçant la courbe observée et la courbe calculée, on voit entre elles une parfaite ressemblance : seulement, on remarque que l'époque du maxi- mum du matin est arrivée un peu plus tard dans la première. Mais cela ne doit pas surprendre; car dans le calcul de ces nombres on a supposé constante l'inclinaison 5e l'aiguille, ce qui n'est pas exact, et la formule étant seulement approchée, on a omis des termes qui, à certaine époque de la journée, peuvent être sensibles. Mais il y a une circonstance physique que les formules sphériques ne peuvent exprimer, la circonstance que, pendant la nuit, la force solaire devant traverser l'épaisseur du globe pour arriver à l'aiguille, et celui-ci étant magnétique, elle se trouve par cela même affaiblie : déplus, nous ignorons la position des pôles magnétiques solaires. En considérant la formule, on sera surpris peut-être d'avoir à tenir compte du rapport de la longueur de l'aiguille à la distance solaire; mais toute sur- prise cessera si l'on observe qvi'on peut obtenir le même résultat en consi- dérant l'action solaire comme modifiant seulement l'action du magnétisme terrestre^ l'aiguille ne devenant ainsi qu'un index des mutations survenues. C. R. , i854, a"" Semestre. (T. XXXIX, N» IS.) 9 1 (690) Alors la longueur de l'aiguille serait ce diamètre terrestre, quantité appré- ciable par rapport à la distance. » Il est impossible de développer ici tout ce qui regarde cette question : je dirai seulement que, puisque les relations de distance et de positions angulaires du Soleil suffisent à expliquer les oscillations périodiques magné- tiques, il n'est pas nécessaire d'avoir recours à des actions indirectes de cet astre, comme aux courants thermo-électriques, et que nous pouvons considérer le Soleil comme agissant à la manière d'un véritable aimant : ce qui d'ailleurs ne doit pas surprendre les physiciens. Cela pourtant n'empêche pas qu'on admette l'action des causes météorologiques comme perturba- trices de ces actions régulières du Soleil et produisant les perturbations extraordinaires de l'aiguille. » ANALYSE. — Mémoires sur l'intégration des équations dijférentielles du premier ordre; par M. Garlin. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Cauchy, Liouville, Lamé.) PREMIER MÉMOIRE. « Le nombre des équations différentielles qu'on sait intégrer est très- limité. Il n'y a véritablement que la théorie des équations linéaires qui soi! faite d'une manière complète. Aussi attache-t-on une grande importance aux procédés nouveaux servant à intégrer des équations différentielles ne ren- trant pas dans les types connus. Dans le travail que j'ai l'honneur de sou- mettre à l'Académie ,, je donne l'intégration de plusieurs équations différen- tielles du premier ordre qu'on ne peut pas traiter par les méthodes ordi- naires. Voici, en quelques mots, quelles sont les questions de géométrie qui donnent naissance à ces équations différentielles. Le problème qui consiste à trouver une courbe coupant, sous un angle constant, une série de courbes, a été très-célèbre à l'époque où le calcul différentiel sortait à peine des mains de Leibnitz et de Newton. De longues pages sont consacrées à ce pro- blème dans les OEuvres des frères Bernoulli. L'analyse est encore loin d'être assez avancée pour en donner la solution générale. On ne traite avec succès que le cas des trajectoires orthogonales, et quelques cas de trajectoires quelconques donnant lieu à des équations différentielles homogènes. Ainsi, dans la plupart des cas, les moyens connus sont impuissants pour intégrer l'équation du premier ordre à laquelle on arrive. Dans ce Mémoire, je donne la solution complète du problème des trajectoires quelconques dans un cas assez étendu : c'est celui où les systèmes de courbes considérées sont ( 691 ) isothermes. J'obtiens sous forme finie les équations des courbes coupant, sous un angle quelconque, les cercles passant par deux points, les coniques et les cassinoïdes homofocales, et enfin certaines courbes que M. A. Serret a étudiées dans le Journal de Mathématiques pures et appliquées. Le Mémoire se trouve naturellement partagé en deux parties : la première comprend quelques théorèmes généraux constituant le fond de ma théorie, et la deuxième les applications des principes de cette théorie. » DEUXIÈME MÉMOIRE. « Dans ce travail, je donne la solution complète du problème des trajec- toires quelconques des systèmes de courbes sphériques isothermes. Cette question, qui paraît assez difficile au premier abord, se résout au moyen des théorèmes suivants : » 1°. L'étude des surfaces isothermes coniques se ramène à celle des surfaces isothermes cylindriques. » 2°. IjCS trajectoires quelconques d'un système de courbes isothermes sphériques sont aussi isothermes. » 3" L'équation différentielle des trajectoires quelconques d'un système de courbes isothermes sphériques peut être mise sous la forme Xr/w + Yd(f = o, X et Y étant des fonctions connues des variables w et ç. Pour avoir l'in- tégrale complète de cette équation, il suffit d'intégrer par rapport à l'une des variables. » 4°- Pour avoir la température des trajectoires orthogonales des sys- tèmes isothermes sphériques, il suffit d'intégrer par rapport à une des varia- bles seulement. « Au moyen de ces théorèmes, on arrive aisément à l'équation finie des trajectoires quelconques des cercles sphériques passant par deux points, des ellipses, des hyperboles et des lemniscates sphériques homofocales. Dans les divers essais qu'on a faits de l'étude des courbes sphériques, on a employé divers systèmes de coordonnées. Pour nous, nous déterminons la position d'un point sur la surface de la sphère au moyen de la longitude ç et du complément Q de la latitude de ce point. Mais, dans nos calculs, il est très- avantageux de remplacer le complément 0 de la latitude par une autre varia- ble w telle, qu'on a w = log tangue. 9ïr- i 69a ) » On voit par là que j'ai étendu à la sphère plusieurs questions que j'ai déjà traitées dans le plan. » MÉDECINE. — Preuves cliniques de la non-identité du typhus et de la Jièvre typhoïde; par M. Forget. « Le travail que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie des Sciences, dit l'auteur dans la Lettre jointe à son Mémoire, offre la solu- tion d'un grave problème, qui tient en suspens le monde médical depuis vingt-cinq ans : c'est celui de l'identité ou de la non-identité du tjphus et de la Jièvre tjplioide. C'est sur des preuves cliniques positives et person- nelles que je conclus à la non-identité de ces deux maladies. » Après avoir prouvé que la question n'est pas encore résolue, j'expose une série d'observations avec autopsie qui démontrent l'absence de l'enté- rite fol! iculeuse dans le typhus. . Comme corollaire des- faits précédents, j'établis un parallèle entre les deux maladies, d'où résulte qu'elles diffèrent, non-seulement par les caractères anatomiques, mais encore par les causes, les symptômes, la marche, la durée et le traitement. L'importance du sujet et la rareté des occasions qui permettent d'élucider cette importante matière, me font espérer que l'Académie voudra bien se faire présenter im Rapport sur ce Mémoire. » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM, Serres, Andral et Rayer. ) CHIMIE. — y4cide nitrique et sulfure de carbone. Action directe des rayons solaires sur ces deux liquides contenus dans un tube hermétique- ment fenné. (Extrait d'une Note de M. Tiffereau. ) (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze.) » Lorsqu'on expose à l'action directe des rayons solaires de l'acide ni- trique concentré et du sulfure de carbone, dans la proportion de trois par- ties en volimie d'acide pour une de sulfure, dans des tubes ,de verre fermés à la lampe, les deux liquides occupant un cinquième de la capacité des tubes, l'acide nitrique se décompose, il se dégage des vapeurs nitreuses en même temps qu'il se forme de l'acide hyponitrique. Les vapeurs nitreuses et l'acide hyponitrique distillent conjointement avec le sulfure de carbone, dans la partie supérieure des tubes. Les vapeurs sont condensées par l'effet de la pression en un liquide bleu-verdàtre qui ruisselle sur les parois internes des tubes, et vient se réunir à la masse liquide du sulfure de carbone. Peu ( 693 ) à peu le liquide se colore et acquiert une teinte verte virant an bleu, qui finit à la longue par devenir presque noire, tandis que la partie d'acide nitrique non décomposé, qui occupe la partie inférieure des tubes, con- serve une nuance plus claire. )) Vingt à trente jours s'écoulent avant que l'action des composés volatils de l'acide azotique sur le sulfure de carbone commence à se manifester; la durée'de cette première période dépend du plus ou moins d'intensité de la lumière. (3n voit alors apparaître des cristaux qui tapissent la partie supérieure des tubes; ces cristaux doivent avoir de l'analogie avec ceux qui se forment dans les chambres de plomb, pendant la fabrication de l'acide sulfurique, mais leur composition doit être plus complexe. Le liquide pro- venant des vapeurs condensées dissout les cristaux ainsi formés; mais leur formation se renouvelle continuellement sous l'influence des mêmes agents constamment en contact entre eux, et régénérés incessamment par l'action des rayons solaires, jusqu'à épuisement de l'acide nitrique ou du sulfure de carbone, quand ces deux liquides ne se trouvent pas dans de justes pro- portions .T'ai répété cette expérience dans plusieurs tubes, avec des pro- portions variées d'acide nitinque à divers degrés de concentration ; dans quatre de ces tubes la réaction m'a paru parvenue à son terme. Deux de ces tubes, où les deux liquides, de densité différente dans le début de l'expérience, ne forment plus maintenant qu'un liquide homogène, parfaitement liquide et incolore, dont le soleil le plus ardent ne pouvait plus altérer la transpa- rence. Des cristaux de forme cubique s'étaient déposés dans ces deux tubes, à leur partie inférieure. Les deux autres tubes contenant un excès de sulfure de carbone, distillé seul, le dépôt formé au bas de ces tubes ne paraît pas être de même nature que les cristaux déposés dans les deux premiers tubes. ))' Après avoir examiné attentivement ces quatre tubes, je les plaçai dans un vase contenant du sable fin, lorsqu'au moment où je m'y attendais le moins, deux des tubes firent explosion en se brisant. Ce n'était pas, du reste, la première fois que j'étais contrarié par un semblable accident. J'a- vais entrepris les mêmes expériences en 1849; ^"^^ étaient à peine depuis huit mois eu cours d'exécution, lorsqu'au milieu de la nuit je fus réveillé par une explosion semblable à celle d'une arme à feu. Tous les tubes ran- gés sur un support que j'avais rentré dans le laboratoire, le temps étant à la pluie, avaient éclaté ; ils étaient li'téralementen poussière: a peine ai-jepu rétrouver quelques extrémités de tubes. J'ai dû attribuer ces détonations ( 694 ) à la présence d'un azoture détonant, qui s'est sans doute formé par suite des réactions chimiqvies dans l'intérieur des tubes. » Je n'ai recommencé cette expérience qu'en juillet iSSa. Dans la prévi- sion d'une explosion, j'ai enchâssé les tubes de verre dans d'autres tubes en métal, ouverts seulement du côté qui devait être frappé des rayons solaires. J'espérais par ce moyen conserver au moins, en cas d'explosion, quelques- uns des tubes, et arriver à connaître le résultat d'une réaction complète du sulfure de carbone et de l'acide nitrique. J'ai donc disposé ces tubes dans un lieu exposé au midi ; ils étaient contenus dans un abri en zinc ouvert sm* le devant; ils sont restés constamment dans cette position, tandis que je suivais avec soin la marche de cette expérience. » pyYSiQUE DU GLOBE. — Sur la cause qui produit le bruit prolongé du tonnerre. (Extrait d'une Note de M. Leclercq.) (Commissaires, MM. Despretz, Babinet, Bravais.) « L'éclair est instantané, les nuages électriques s'étendent sur une sur- face de plusieurs kilomètres. Toutes les électricités de nom contraire dont sont chargés les nuages se déchargent d'un nuage sur un autre; toutes ces décharges partielles ne font pour nos yeux qu'une étincelle, à cause de la rapidité prodigieuse de la lumière, mais ces décharges ont lieu en différents points plus ou moins éloignés, là où sont les nuages. Or, comme le son ne parcourt que 332 mètres par seconde, il nous arrivera successivement à raison de l'éloignement plus ou moins grand des nuages électriques. Ainsi le premier bruit qui frappera notre oreille sera le plus fort, c'est celui qui aura été causé par la décharge du nuage le plus voisin, et ce bruit ira s'affai- blissant à cause de l'éloignement des autres nuages. Si donc, dans un orage, les nuages électriques s'étendaient sur une surface de 3 kilomètres, le bruit durerait neuf secondes. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Composition d'un liquide propre à éteindre tes incendies; par M. Salomos. (Renvoi à l'examen de la Commission du prix Montyon concernant les inventions qui peuvent rendre une profession moins insalubre ou moins périlleuse.) NAVIGATION. — Nouveau système de voilure augmentant la vitesse et la stabilité des navires; par M. MroY. (Commissaires, MM. Duperrey, Bravais.) ( 695 ) PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Appareil électrique pour le tissage des étoffes brochées ; par M. Midy. (Commissaires, MM. Despretz, Babinet.) NAVIGATION. — Sur l'emploi des chaudières des bâtiments à vapeur pour épuiser, dans un temps assez court, l'eau contenue dans la cale; par M. Savlaro. (Renvoi à la Commission du prix concernant les inventions qui peuvent rendre une profession moins insalubre ou moins périlleuse. ) ÉCONOMIE RURALE. — Observations sur la maladie de la vigne, recueillies à Toulouse, du lo juin au 23 juillet. Suite aux communications pré- cédentes de l'auteur relativement à la même question; par M. Dessoye. (Commission des maladies des végétaux.) ÉCONOMIE RURALE. — Procédé au mojen duquel on arrête la maladie des pommes de terre [fauchage des fanes, au ras du sol, dès qu'elles com- mencent à noircir, et emploi de la cendre de bois); par M. Gambier. (Commission des maladies des plantes usuelles. ) M. Marchal adresse de Rome un dessin de l'appareil aéronautique qu'il a décrit dans un Mémoire présenté dans la précédente séance. (Renvoyé, ainsi que l'avait été le Mémoire auquel se rapporte ce dessin, à la Commission des Aérostats. ) M. Passot soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : « Sur les éléments de mathématiques pures qui servent de base à la dynamique analytique . » M. Avenier de Lagriée adresse trois nouvelles Notes contenant des addi- tions et des rectifications à celles qu'il a précédemment envoyées sur son système de machines à vapeur. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) CORRESPONDANCE M. MoRix, directeur du Conservatoire impérial des Arts et Métiers, ;,uinonce que cet établissement a reçu de M. le Ministre de V J griculture ,, ( GgG ) du Commerce et des Travaux publics, par l'entremise de M. Vatiemare , un appareil électromoteur inventé par M. le D' Edmonroup qui désire que cet appareil soit soumis à l'examen de l'Académie des Sciences. L'appareil et la description qui en a été faite seront mis à la disposition de la Cotiimission que l'Académie voudra bien désigner. (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Regnault.) M. Lacocr, de la légation française à Naples, transmet, en double exemplaire, un opuscule sur le choléra, publié par M. le D' Capone qui désire obtenir sur ce travail le jugement de l'Académie. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission du concours pour le prix J5rea«i.) CHIMIE ORGANIQUE. — Note Sur téthe'rification ; par M. Alvaro Reynoso. « L'éthérification a été, dans ces derniers temps^ l'objet des belles recher- ches de MM. Williamson, Chancel et Bertlielot, et, malgré ces travaux, plusieurs questions de théorie des éthers ont besoin d'être étudiées. Une dés circonstances des plus curieuses de la formation de ces corps, c'est, sans contredit, ces réactions où un corps intervient seulement par sa présence sans subir aucune modification. C'est à cette classe de phéno- mènes qu'appartient le fait que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie. » Ignorant les lois qui président à ces faits, j'ai été, jusqu'à un certain point, obligé de procéder au hasard. J'ai essayé plusieurs substances qu'il me semble inutile d'énumérer, car mes insuccès peuvent tenir plutôt au mauvais choix des circonstances qu'aux corps eux-mêmes. Le seul fait bien constaté que j'aie pu trouver, c'est l'action de l'iodure de mercure. Ce corps produit l'éthérification de l'alcool ordinaire sans subir aucune modification et sans donner autre chose que de l'éther. Voici les détails de l'expérience : '< L'iodure de mercure fut préparé par double décomposition, bien lavé et séché. On l'introduisit avec de l'alcool absolu dans un tube de verre vert fermé par un bout, et on scella à la lampe l'autre bout après introduction des corps réagissants. Le tube fermé fut introduit dans un canon de fusil qui fut placé dans un bain d'huile. Si l'on chauffe l'huile jusqu'à 3oo degrés, l'iodure de mercure et l'alcool sont décomposés, la (697 ) masse noircit, et des gaz en grande quantité prennent naissance. Lorsque ceci arrive, il est prudent de jeter le tube au loin sans essayer de l'ouvrir : car il est très-difficile et dangereux de recueillir les produits de la réaction. » Si, au lieu de chauffer l'huile à 3oo degrés, on la maintient seulement à 240 degrés pendant quatre à cinq heures, l'éthérification a lieu sans que la masse noircisse. L'iodure de mercure cristallise en partie, et une petite quantité reste dissoute dans l'alcool en excès. La proportion d'éther ainsi obtenue est assez considérable. » J'ai constaté incidemment que l'iodure de mercure qui se dissout dans l'alcool sous la modification jaune, puisque l'eau, d'après Selmi, le préci- pite sous cet aspect , passe au bout de quelque temps à la modificafion rouge dans la dissolution même d'où il est précipité par l'eau avec cette couleur. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Secousses (in tremblement de terre du 10 juillet 1 854 > ressenties dans le département de la Vienne. (Extrait d'une Lettre de M. Bertrand , curé de Château-Larcher. ) « . . . A i5 kilomètres sud de Poitiers et à 4 est de Vivonne, son chef-lieu de canton, par les 2° 5' de longitude occidentale et les 46" a5' de latitude nord, sur une longueur d'environ 5oo mètres de rochers de formation ter- tiaire, et dont l'extrémité présente tous les caractères d'alluvion, par les rognures de silex et les dépôts de toutes formes et matières qui s'y rencon- trent, est situé Château-Larcher, d'où je vous écris. Son nom lui vient d'un vieux château, assis sur la crête de ce promontoire, autour duquel circule la Clouère; le village se trouve en grande partie sur le versant ouest. Aujourd'hui, quoique presque entièrement détruit, il porte encore mal- gré cela le cachet du xi* ou du xii" siècle. Il dut être dans les temps re- culés, vu sa position, entouré de marais, ses tours, ses épaisses murailles, ses larges et profondes douves, tout à fait imprenable. Les nombreux tu- mulus, dolmen, lechaven (plus de vingt), qui couvrent le vaste plateau qui le domine au nord-nord-est et qui s'étendent au nord du côté d'un camp fortifié, décoré du nom d'Alaric, la quantité de fers à cheval anglais qui se trouvent à l'est, la proximité d'un lieu nommé Hapteresse, au-dessus duquel se trouve dans les marais un tumulus immense (de plusieurs hec- tares) de figure ovoïde, des épées d'acier d'une forme particulière trouvées dans la terre, non loin de là, porteraient à croire que, dans des temps plus ou moins reculés, ce point a pu être de quelque importance. Au reste, un autel gallo-romain, trouvé à Bapteresse, le mur nord de la chapelle de C. R., 1854, a""Semej/re. (T. XXXIX, ^<' 18.) 9^ ( 698 ) construction romaine bien conservé, trois tumulus entourés d'eau et deux men-hirs qui se trouvent dans les environs, peuvent le confirmer. M Après cette digression, dont je vous prie d'excuser la longueur, j'en viens au tremblement de terre. » C'était dans la nuit du 20 juillet dernier, le lendemain du passage de l'Empereur. Il y avait longtemps que j'étais éveillé ; tout à coup un bruit sem- blable à une explosion se fait entendre, ma maison tremble, la charpente craque sur ma tête, et je me sensfortementbercé six ou sept fois dans mon lit. Je compris que c'était un tremblement de terre; déjà j'étais debout, je cours ouvrir ma fenêtre : il n'était pas jour; la lune, à en juger par sa hau- teur, pouvait être levée depuis une heure à une heure et demie. Ma domes- tique, éveillée en sursaut dans son appartement, fut effrayée de se sentir si rudement ballottée; elle regarda s'il n'y avait point quelqu'un sous son lit. D'autres personnes dans le bourg ont ressenti ces secousses; les plus proches de ma maison ont été tellement secouées, qu'elles ont été stu- péfiées et se sont levées sur leur séant; un journalier a été à sa fenêtre croyant que c'était une charrette qui passait dans la rue; ses voisins ont éprouvé les secousses et ont entendu craquer leur armoire dans leur chambre, etc., etc.: presque toutes ces personnes couchent, comme moi, au premier. D'après la position de mon lit et de ceux qui m'en ont parlé, et le ballottement que nous avons éprouvé, la secousse pouvait aussi bien venir de l'est à l'ouest que de l'ouest à l'est : il est fort difficile de le déterminer; je ne pourrais préciser combien de temps elle a duré, mais bien assez pour m'avoir bien promené sur ma couche. » PHYSIQUE. — Note sur les réactions physiologiques des courants d'induction fournis par les piles de Daniell; par M. du Moncel. « Les appareils électro-médicaux sont, comme on le sait, de deux sortes. Dans les uns, les courants d'induction sont produits par la réaction magné- tique d'aimants permanents; dans les autres, les courants sont la consé- quence des réactions par influence exercées par un premier courant vol- taïque, appelé courant inducteur, circulant dans un gros fil enroulé en spirale. Ces derniers appareils, qui sont fort commodes en ce que le cou- rant peut se trouver créé mécaniquement, et par conséquent peut agir des heures entières sans r^u'on ait à s'occuper de la machine, ont pourtant l'im- mense inconvénient de nécessiter une pile de Bunsen, dont l'odeur est suffocante, dont la manipulation est désagréable, et enfin dont le prix d'en- (699) tretien est assez élevé. J'ai cherché à suppléer à ce défaut en employant les courants de Daniell. » Comme les réactions d'induction de ces sortes de courants sont peu énergiques d'une hélice à l'autre, j'ai recherché si l'extra-courant fourni par les réactions du courant sur lui-même dans une spire à fil fin serait suffisamment énergique pour être substitué à celui de Bunsen. Dans cette intention j'ai mis en communication les deux extrémités du fil induit de la machine de Rhumkorff avec les deux pôles d'une pile de Daniell, et je me suis effectivement assuré qu'il suffisait d'interrompre le courant à la main ou plutôt avec les deux manipules pour obtenir des secousses suffisamment énergiques, qui pourraient être encore augmentées par l'interposition entre ces manipules d'un interrupteur mécanique quelconque, tel que celui de M. Pulver-Macher. Le problème s'est donc trouvé ainsi résolu, de telle sorte que la pile, qui peut faire fonctionner dans une maison des sonneries électriques, etc., peut en même temps être employée pour les réactions physiologiques. » Une chose assez particulière dans la création de cet extra-courant, c'est qu'il n'exerce son action physiologique que quand les interruptions se font entre les deux points d'application des pôles du circuit. Cela vient de ce que le corps humain n'est pas assez bon conducteur de l'électricité dynamique pour la transmettre par lui-même. Il joue donc le rôle d'une solution de continuité dans le courant. Pour que celui-ci la traverse, il faut par conséquent une relation métallique. Il en résulte dès lors que le courant d'induction qui traverse nos organes n'est qu'un courant dérivé. En conséquence, si ce sont des plaques que l'on emploie, on devra diriger des fils métalliques de ces deux plaques à l'interrupteur ; si ce sont des ma- nipules, on pourra, en les choquant soi-même par suite du mouvement musculaire qui s'opère alors, obtenir un effet déjà très-prononcé. En em- ployant ce système, on s'assure facilement de la différence des effets physio- logiques exercés par le courant inverse et le courant direct. Ainsi, au moment où l'on approche l'un de l'autre les deux manipules, aucune sen- sation n'est produite ; mais au moment où on les sépare, on éprouve immé- diatement une commotion énergique. » Une pile de huit éléments de Daniell, dont l'entretien annuel ne s'élève pas à plus de 3 francs, que l'on place dans un coin quelconque de sa maison, dont les conducteurs peuvent être aussi fins qu'on le désire et se trouver dissimulés sur les boiseries ou les papiers de tenture, est plus que suffisante 92.. ( 700 ) pour obtenir la plupart des effets que fournissent les piles de Bunsen. C'est, comme on le voit, un avantage immense pour un médecin consultant. » Les effets physiologiques de ces extra-courants s'exercent essentielle- ment sur la contraction des muscles, et sont moins douloureux que les cou- rants purement induits. Ils seraient donc susceptibles de beaucoup d'ap- plications dans les maladies nerveuses. » M. GuiLLOJi annonce qu'il est à la veille de faire l'application d'un procédé opératoire pour les affections de l'urètre qu'il a soumis au jugement de l'Académie, et exprime le vœu que MM. les Membres de la Commission appe- lée à juger ce procédé veuillent bien auparavant constater l'état du malade. M. Lapierrb Beaupré, auteur de plusieurs communications relatives à la maladie de la vigne, annonce l'envoi de spécimens destinés à faire apprécier les effets du mode de traitement auquel il a eu recours. Ces échantillons ne sont pas parvenus à l'Académie. M. Chevallier, en faisant hommage à l'Académie de plusieurs exem- plaires d'un opuscule qu'il vient de publier sur l'empoisonnement par les alla- n}ettes chimiques, appelle l'attention sur un mode de préparation qui écarte ce danger, la préparation avec le phosphore amorphe. « La préparation avec cette substance, qui ne possède pas de propriétés toxiques, a encore, dit M. Chevallier, le grand avantage de ne pas exposer les ouvriers employés à la fabrication des allumettes à la nécrose, maladie grave et qui se termine souvent par la mort. » M. YvAREN prie l'Académie de vouloir bien lui faire savoir si un exem- plaire de ses recherches sur les transformations de la syphilis, qu'il avait adressé par l'intermédiaire de M. le Ministre de l'Instruction publique, est parvenu à sa destination. L'ouvrage a été reçu et renvoyé, conformément à l'intention de l'auteur, au futur concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. M. Bedford adresse de New-Brighton un numéro en double exemplaire du Journal de Liverpool (3o septembre i8ô4) dans lequel il a exposé une nouvelle théorie de l'univers. ( 70I ) M. Braciiet envoie une Note ayant pour titre : « De Informe à donner au ballon et de la nécessité de proscrire toute autre forme que la forme rigou- reusement sphérique. » La séance est levée à 5 heures et un quart. E. D. B. Indications omises dans le Compte rendu de la précédente séance. Page 6i4j à la suite de la Communicaiion de M. Cauchy, sur une méthode de traitement pour les vignes malades , ajoutez : « Une Commission composée de MM. Payen, Decaisne et Tulasne, est invitée à prendre connaissance des procédés employés et à en faire l'objet d'un Rapport à l'Académie. » Page 627, après le titre du Mémoire de M. Stoltz, opération césarienne pratiquée avec succès sur une même femme , ajoutez : « Ce Mémoire est présenté, au nom de l'auteur, par M. Vclpeau qui en donne de vive voix une courte analyse. » Page 65 1, après le titre de la Note de M. Giraudet, sur des observations relatives aux effets de la gêne du diaphragme chez les personnes soumises à l'action du chloroforme , ajoutez : « M. Velpeaa , en présentant ce travail au nom de l'auteur, indique les principales consé- q uences auxquelles il a conduit et ce qu'elles ont d'applicable à la pratique. » BITIXETIIÏ BIBLIOGRAPHIQVE. L'Académie a reçu, dans la séance du 2 octobre 1 854, les ouvrages dont voici les titres : Monographia generum Aloes et Mesem.bryanthemi ; auciore JOSEPHO, prin- cipe de Salm-Reifferscheid-Dijck. Fasciculus6; in-4°. Smithsonian . . . Contributions Smithsoniennes pour l'avancement des Sciences; vol. VL Washington,. i854; in-4°. Directions... Instructions pour récolter, conserver et transporter les objets d'histoire naturelle, rédigées pour l'usage de l'Institution Smithsonienne; 2* édition. Washington, i854; i feuille in-8°. Sewenth... Septième Rapport annuel des régents de l'Institution Smith' son ienne pour l'année iSSa. Washington, r853;in-8°. (702) Astronomical... Observations astronomiques faites à H Observatoire national de Washington, pendant V année 1847, ^^"* ^'^ direction du lieutenant de vais- seau Maury. Washington, i853; in-4°. Transactions... Transactions de la Société philosophique américaine de Phi- ladelphie; nouvelle série; vol. X; Philadelphie, i853; in-/}". Proceedings... Comptes rendus des séances de la même Société; vol. V; n" 5o; juillet-décembre i853; in-8''. Annals... Annales du Ljcée d' Histoire naturelle de New-Y^ork ; vol. VI; n" 2; 4 avril i854; in-8°. Proceedings... Comptes rendus des séances de l' Académie américaine des Arts de Philadelphie; vol. III; pages i à io4; in-8°. Voyages... Voyages de Hollande en Amérique dans les années i632 à i644; parD.-P. DE Vries, traduit du hollandais, par H.-C. MuRPHY. New-York, i853 ; 10-4" (offert par M. J. Lenox). Transactions... Transactions de la Société d'Agriculture de l'Etat de Wis- consin; vol. I et II; i85i et i852. Madison, i85i et i852; in-8°. Report... Rapport du Conseil de l'Institution pour l'éducation des aveugles de l'Etat de fVisconsin. Madison, i853; broch. in-8°. Boston... Journal d'Histoire naturelle de Boston; vol. IV, n" 4^ Boston, i844; vol. V, 1845-1847; vol. VI, n°3. in-8. The Philosophy... La Philosophie de la Physique; par M. And. Brown. Redfield, i854; i vol. in-8. Report... Relation d'une Expédition faite en descendant la rivière Zuni et la rivière Colorado; parle capitaine L. Sitgreaves. Washington, i853; 1 vol. in-S". Exploration... JE'x^/orafîon de la rivière Rouge de la Louisiane, dans l'an- née i852; par MM. R.-B. MARCYetG.-B. Mac-Clelhan. Washington, i853; in-8°. Natural history... Histoire naturelle de la rivière Rouge de la Louisiane, servant d'appendice à l'ouvrage précédent. Washington, 1 853 ; in-8°. The Annular... L'Eclipsé annulaire du a6 mai i854; publiée par l'Insti- tution Smithsonienne. Washington, i854 ; broch. in-8°. Tables... Tables de la Lune; par C-B.. Davis. Washington, i854; broch. in-4". [Almanach Jiautique américain.) Notes... Notes sur de nouvelles espèces d'organismes microscopiques et sur de nouveaux gisements de ces corps organisés; par J.-W. Bailey. Washington, 1854 ; broch. in-4°. (Extrait des Contributions Smithsoniennes.) ( 7o3 ) Catalogue... Catalogue des Coléoptères des États-Unis; par F .-L. Melsheimer, revu par S. Haldeman et J.-L. Le Conte. Washington, i853; broch. 10-4". (Institution Smithsonienne.) On the... 5ur les Serpents de Nerjo-York;parS.~F. Baird. Albany, i854; broch. in-S". — Nouveaux Batraciens américains; par le même; \ de feuille in-8°. Researches... Recherches sur les Nemertes et les Planaires ; par C.Gmk'RO. Philadelphie, i854; n" i; in-4°. On Bibliography... Bibliographie d' histoire naturelle américaine, pour l'an- née i85r ; par le même. Washington, i85a; in-8°. Norton... Almanach de littérature et d'éducation de Norton. New-York, i854; in-ia. Twenty-first... Vingt et unième Rapport de la Société royale polylechtnque de Cornouailles. Falmouth, [853; in-8°. Jahrbuch... Annuaire de l'Institution impériale et royale géologique de Vienne; 5* année; 1 854 5 "" ' 5 in-8°. Monatsbericht... Comptes rendus mensuels des séances de l'Académie royale des Sciences de Prusse ; juillet i854; in-8°. Astronomische. . . Nouvelles astronomiques; n° 919. Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n"* 1 1 4-116; a6) 28 et 3o sep- , tembre i854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n° Sa; 29 sep- tembre 1854. Gazette médicale de Paris; n° Sg; 3o septembre i854. La Lumière. Revue de la Photographie; 4* année; n° 89; 3o septem- bre. 854. L' A thenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et dts Beaux- Arts; 3° année; n° 89; 3o septembre i854. L Ingénieur, Journal scientifique et administratif; 3^* livraison ; i" octo- bre 1854. La Presse médicale; n° 89; 3o septembre i854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. II. DE Castelnau; n°' ii5 à 1 17; 26, 28 et 3o septembre i854. ( 7^4 ) L'Académie a reçu, dans la séance du 9 octobre i854» les ouvrages dont voici les titres ; Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences, 2* semestre i854 ; n° t4; in-4°. Mémoire sur le Rhinocéros minutas de Saint-Martin -d'Arènes, près dAlais [Gard); par M. le baron d'Hombres-Firmas; i feuille in-8°. Examen de deux Mémoires de M. Biot, de l' Académie des Sciences, etc. ; par M. DE ViLLiERS DU Terrage Paris, i854; broch. in-8°. Astronomie élémentaire appliquée à la Chronologie égyptienne; par le même; broch. in-8°. Recherches sur les Vers à soie sauvages et domestiques; par M. GuÉRlN- Méneville; broch. in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société zoologique d' Ac- climatation, n° 7; septembre i854-) Dépôts tertiaires dune partie de la Cilicie trachée, de la Cilicie champêtre et de la Cappadoce ; Dépôts tertiaires du midi de la Carie et d une partie septen- trionale de la Psidie; Dépôts paléozoiques de la Cappadoce et du Bosphore; par M. P. de Tchihatcheff; broch. in-S". (Extrait du Bulletin de la Société Géo- logique de France, 2® série, tome XI.) Expériences sur des boutures droites et renversées; par M. P. DuCHARTRE. Paris, 1 854 ; i feuille in-8°. Famille des Aristolochiées ; par le même; broch. in -8°. Considérations théoriques et pratiques sur l'action des engrais. Leçons pro- fessées à la chaire municipale de Nantes; par M. Adolphe Bobierre. Paris, i854; broch. in-8°. , Rapport de M. A. Chevallier, sur un Mémoire de M. le docteur Sevérin Causse, d'Albi, sur [Empoisonnement par les allumettes chimiques; i feuille in-8°. ERRATA. (Séance du 2 octobre i854.) Page 606 , ligne 4 > <"* ''^" '^^ o'^joS de cendres , lisez o'',5 de cendres. Page 606, ligne i4, au lieu de o'^oi de cendres, lisez o*',! de cendres. Page 611, ligne 11 en remontant, au lieu de o'',5o de cresson, Usa o»'',525 de cresson. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 16 OCTOBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉCONOMIE RURALE. — Introduction du ver à soie du ricin en Algérie. (Lettre de M. le Maréchal Vaillant, Ministre de la Guerre. ) « Paris, le 12 octobre 1854. » Monsieur le Secrétaire perpétuel , » Informé que le Bombyx cjnthia, dont j'avais vainement jusque-là » tenté de tirer des graines de l'Inde anglaise, avait été introduit dans les » États-Sardes, je me suis adressé, au mois de juin i853, à M. l'ambassa- » deur de France à Turin, dans le but d'obtenir pour l'Algérie un envoi » d'œuls du précieux insecte dont il s'agit. » Malgré l'empressement apporté par M. le duc de Guiche, ce n'est que » le 16 août dernier que les premières graines sont parvenues à Alger. » Remises au directeur de la Pépinière centrale du Gouvernement, elles ont » servi à une éducation qui a parfaitement réussi, et dont les résultats » viennent de parvenir à ma connaissance. » Persuadé que l'Académie ne lira pas sans intérêt le Rapport qui m'a été » adressé à ce sujet (i), j'ai l'honneur de vous en transmettre ci-joint une (i) Foir, aux Mémoires présentés, un extrait de ce Rapport fait par M, Hardy, direc- teur de la Pépinière centrale du Gouvernement. C. R. , 1854, 2"" Semestre. (T. XXXIX, n» 16.) QS ( 7o6 ) » copie avec quelques-uns des cocons qui ont été obtenus, vous priant de » vouloir bien le communiquer à la haute Société, et de me faire con- » naître ensuite l'opinion qu'elle aura émise à ce sujet. » « A la suite de cette communication, M. Milne Edwards ajoute que, d'après les indications que lui avait données M. le Maréchal Vaillant, l'Ad- ministration du Muséum a envoyé, il y a quinze jours, à M. Hardy, un lot d'œufs du Bomhjx cynihia, provenant des vers à soie nés au Jardin des Plantes le i août dernier. Le Muséum d'histoire naturelle a fait éga- lement une distribution de cette graine du ver à soie du ricin à divers sériciculteurs et entomologistes à Toulon, Marseille, Nîmes, Lunel, Beau- caire, Lyon, Bergerac, Saint-Sever, Mont-de-Marsan, etc. » M. Milne Edwards espère par conséquent que cette première éducation, commencée par ses soins au Jardin des Plantes à la fin de juillet dernier, ne tardera pas à donner de bons résultats sur plusieurs points du midi de la France, et il a appris que des essais du même genre se répètent en ce moment à Paris. » « M. Is. Geoffroy-Saiîît-Hilaire dit, à cette occasion, que M. le duc de Guiche, qui avait déjà fait un envoi de cocons vivants du Bombyx cynthia à M. le Ministre des Affaires Étrangères, vient (le i3 octobre) d'en rapporter lui-même d'autres, avec de la graine de la seconde éducation de Turin , pour la Société zoologique d'Acclimatation. Ces cocons et cette graine sont donnés à la Société, par M. l'abbé Earuffi, président de l'Université royale de Turin, auquel est due, ainsi qu'à M. liergonzi , l'introduction en Italie du nouveau ver à soie (i). » La Société zoologique d'Acclimatation avait reçu, un mois auparavant , un premier envoi de M. Baruffi et de son collaborateur M. Griseri, qui a dirigé si habilement et si heureusement les éducations faites cette année à Turin. C'est de cet envoi que provenaient les papillons vivants et les œufs que M. Guérin-Méneville a mis sous les yeux de l'Académie, huit jours après la communication de M. Milne Edwards sur l'éducation faite sous sa direction au Jardin des Plantes. Grâce à la générosité avec la- (i) Elle a eu lieu avec le concours du zélé correspondant de M. Baruffi à Calcutta, M. Paddinglon, et de M. W. Reid, savant agronome de Malte. Sur les diverses tentatives de MM. Baruffi etBergonzi , et sur la part qu'ont prise à la difficile importation du Bombyx cynthia MM. Paddington et Reid, on peut consulter une Notice de M. Guérin-Méneville, insérée dans le Bulletin de la Société zoologique d'Acclimatation, numéro de septembre, .p. 3 08 et suiv. ( 707 ) quelle M. Baruffi et ses collaborateurs ont fait participer , notre pays à la distribution des cocons et graines du nouveau ver à soie , et aux soins de M. Edwards, de M. Guérin-Méneville , et des sériciculteurs qui ont reçu ou vont recevoir, de notre savant confrère et de la Société , de la graine du Bomyx cjnihia, il n'est pas douteux que ce précieux insecte ne soit bientôt très-répandu dans le midi de la France , et on est fondé à espérer, avec M. Milne Edwards, qu'il pourra plus tard être cultivé dans nos départements du Centre, peut-être même dans ceux du Nord. » « A cette occasion, après la communication qui précède, M. Dcsiéril demande à faire remarquer que ce Bombjx n'appartient pas à la même section que celui dont la chenille se nourrit des feuilles du miirier. Le cocon que construit celle-ci est arrondi et complètement fermé ou clos à ses extrémités; de sorte que le papillon, après être sorti de sa chry- salide, est obligé de ramollir les fils de son enveloppe soyeuse, en dégor- geant une sorte de bave ou une humeur rougeâtre qui salit, mais qui dissout le bout du cocon : ce qui doit favoriser sa sortie. Malheureuse- ment ce cocon est altéré, et il ne peut plus être dévidé. Pour obvier à cet inconvénient, et afin d'obtenir la soie dans son intégrité, on est obligé d'ex- poser les cocons à une forte chaleur qui fait périr leurs chrysalides, et détruit ainsi chaque année le plus grand nombre des individus de la même race. » Dans la nouvelle espèce, qui a le plus grand rapport avec notre grand Paon de Nuit, dont la grosse chenille se nourrit des feuilles de l'orme, le cocon filé est conique à l'une de ses extrémités, qui présente là une sorte de pointe formée par des fils raides, convergents, au centre desquels la che- nille a ménagé une sortie. Le papillon, lorsqu'il est éclos, peut forcer et franchir aisément cette issue, quand il s'engage dans cette sorte de trémie ou de nasse, dont il écarte les parois résistantes, en les traversant, en même temps que son glissement forcé de dedans en dehors sert à faire mieux développer ses grandes ailes. Les fils raides qui constituent la pointe des cocons étant continus entre eux, mais doublés, collés, repliés les uns sur les autres, la coque, après l'éclosion ou la sortie du papillon, reste dans son intégrité. Il résulterait par cela même un grand avantage pratique dans la sériciculture : ce serait de conserver les insectes de cette race dans leurs cocons sans être obligé de les soumettre à l'action d'une forte chaleur pour dessécher les chrysalides et éviter ainsi leur éclosion, qui, chez le Bombyx du mûrier, altère nécessairement la soie. 93.. ( 7o8 ) » M. Guérin-Méneville s'est assuré que les cocons du Bombyx cjnthia peuvent être facilement dévidés dans leur intégrité, lorsque, à l'aide de cer- tains liquides dissolvants, on a dépouillé les fils dont ils sont formés, de la matière gommeuse qui les réunit comme une sorte d'étoffe, et qu'ils fournis- sent ainsi une soie d'un brillant satiné et d'une ténuité ou d'une finesse très-remarquable. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la théorie des réfractions atmosphériques ; par M. BioT. « La théorie des réfractions atmosphériques n'a été amenée au degré de précision et d'utilité où elle est aujourd'hui, que par les efforts accumulés des plus grands géomètres, combinés avec les perfectionnements progres- sifs de la physique expérimentale. La multitude de considérations délicates qui y concourent, la rend difficile à pénétrer; et il est plus malaisé encore de s'en être rendu assez maître , pour montrer avec justesse en quoi , et comment , on pourrait l'améliorer. Avant d'y prétendre , il faut voir claire- ment d'où elle part, et où elle arrive. Il faut définir exactement les concep- tions mécaniques générales sur lesquelles on l'appuie; distinguer ce qu'elles ont de positif, et ce qui s'y mêle de conjectural ; apprécier le degré de cer- titude, ainsi que la légitimité d'appropriation des données expérimentales qu'on y emploie; et, tout cela reconnu, déterminer les limites d'erreur entre lesquelles nous pouvons espérer de représenter les phénomènes , sous ces conditions. C'est à ce point de vue d'ensemble que je vais me placer d'a- bord, non sans une grande défiance de me trouver insuffisant à l'embrasser. » Cette théorie , prise dans son abstraction géométrique , considère l'at- mosphère terrestre, comme une enveloppe gazeuse, de constitution per- manente, composée de particules pesantes, compressibles, expansibles, qui possèdent une force d'élasticité propre , variable avec leur densité , avec leur température, et qui exercent sur les rayons de la lumière un pouvoir réfringent proportionnel à leur densité. On donne à ce système un arran- gement intérieur, qui, par la généralité de ses caractères, s'assimile aussi approximativement qu'il est possible à l'état moyen de l'atmosphère réelle, sans être compliqué par ses perturbations, dont l'analyse mathématique de notre temps ne saurait pas calculer les effets accidentels. Pour cela on admet que, dans toute son étendue, la densité, en chaque point, dépend seulement de la distance de ce point au centre de la Terre, pouvant d'ail- leurs être une fonction quelconque de cette distance , que l'on s'efforce ( 709 ) ensuite d'identifier , d'aussi près que possible , à celle qui a lieu effective- ment. D'après cette condition conventionnelle, les couches d'égale densité de l'atmosphère fictive sont sphériques , et concentriques à la surface ter- restre qui les supporte. Leur ordre de superposition n'est d'ailleurs analyti- quement astreint qu'à la seule condition de pouvoir se maintenir stable en obéissant aux lois de la statique des gaz. Sous cette réserve , elles peuvent occasionnellement , se contracter ou se dilater dans leur épaisseur propre par un changement simultané de température , comme aussi être soulevées ou abaissées , pourvu que toutes les colonnes verticales conservent une constitution similaire qui leur permette de se maintenir individuellement sans se rompre ni se désagréger. Dans un système gazeux ainsi constitué, la sphéricité des couches d'égale densité imprime à la force réfringente une direction centrale. Le mouvement des molécules lumineuses, s'opère con- formément aux principes des aires et des forces vives, qui réunis, et combinés avec les éléments du contact du premier ordre dans les courbes continues, donnent immédiatement l'équation différentielle de la trajectoire décrite, et l'élément différentiel de la réfraction. Le reste n'est plus qu'une affaire de calcul intégral. » Telle est la conception mécanique la plus générale que l'on ait jusqu'à présent appliquée au problème des réfractions atmosphériques. Toutes les théories que les géomètres ont données de ces phénomènes , depuis Newton jusqu'à nos jours, ont été fondées sur des hypothèses analogues, mais plus restreintes. Avant de rappeler les résultats qu'ils en ont tirés, il convient d'examiner, jusqu'à quel point les abstractions dont elles se composent sont conformes aux réalités physiques ; et à quel degré les particularités qui ne s'y trouveraient pas comprises , peuvent vicier les déductions que le calcul en obtiendrait. » Un état d'équilibre général, et que l'on pourrait appeler sphérique, n'a évidemment jamais lieu dans notre atmosphère. Nous voyons sans cesse ses couches les plus basses, troublées, remuées, agitées,, par suite des acci- dents météorologiques, qui produisant en quelques points des contractions ou des expansions soudaines, engendrent les vents, les tempêtes; et ces fluctuations partielles, se propagent fréquemment jusqu'à plusieurs mille mètres de hauteur. En fait, le repos n'y est jamais qu'accidentel, peu durable, et toujours local. La physique générale nous apprend aussi que la zone gazeuse située entre les tropiques étant maintenue dans un état perpétuel d'expansion, par l'impression prédominante de la chaleur solaire, l'air qui la compose, est continuellement soulevé et porté vers les régions ( 7'o ) supérieures de l'atmosphère, d'où il va se déverser vers les pôles ; tandis que le vide formé à sa base, est continuellement suppléé par un courant d'air inférieur qui afflue des pôles vers l'équateur ; ce qui, combiné avec la force centrifuge engendrée par le mouvement de rotation diurne de la Terre, produit le grand phénomène des vents alizés. Des inégalités d'action calo- rifiques analogues, mais locales, produisent les vents semestriels du golfe du Mexique, et les moussons de l'Inde. Des dérangements soudains, d'une extrême violence, s'opèrent encore fréquemment dans les couches d'air qui recouvrent la surface des mers ou des grands continents d'Amérique et d'Asie, et y propagent au loin leurs ravages. En présence de tels effets, la conception d'une atmosphère partout calme et sphériquement constituée, ne peut être considérée que comme représentant un cas abstrait, qui n'est jamais complètement réalisé. » Ces mouvements intérieurs de l'atmosphère échappent jusqu'ici à tous nos calculs, même quand on n'envisage que ceux qui sont permanents et réguliers. L'Académie appela, il y a quelques années, sur ce sujet, les efforts des physiciens et des géomètres, en restreignant ses demandes, à la seule théorie des phénomènes constants et généraux. Aucune pièce n'a été apportée au concours. Sans doute le problème est encore inaccessible. » Cette impuissance trop avérée de l'analyse mathématique, à s'assujettir jusqu'à présent des phénomènes si complexes, semble envelopper un para- doxe des plus étranges. Les conditions statiques auxquelles les géomètres ont été obligés de plier leurs atmosphères fictives, étant aussi différentes de celles de l'atmosphère réelle que nous venons de le voir, conunent a-t-il pu se faire qu'ils en aient tiré des Tables de réfi-actions si exactement con- formes aux véritables, jusque vers 80 degrés de distance du zénith? Que, dans cette grande amplitude d'application, ces Tables s'adaptent si fidèlement aux circonstances météorologiques locales, dans toutes les con- trées, dans toutes les saisons, à toutes les hauteurs au-dessus de la surface du globe, où l'on a eu l'occasion de les éprouver? Quel est le principe caché d'un pareil accord? d'autant plus surprenant qu'il n'est pas attaché, à telle ou telle hypothèse géométrique plus ou moins heureuse! Car, jus- qu'aux limites de distances zénithales ci-dessus fixées, on l'obtient à peu près aussi parfait, quelle que soit la constitution intérieure de l'atmosphère sphérique à laquelle on applique le calcul, pourvu qu'elle s'accorde avec la réelle dans ses conditions générales d'existence; c'est-à-dire qu'elle soit composée du même gaz, possédant les mêmes qualités physiques, et stra- tifié aussi par couches dont les densités décroissent à mesure qu'elles sont ( 7" ) plus élevées, suivant toute loi quelconque, compatible avec les conditions de leur équilibre; l'inférieure seule étant identifiée quant à sa densité, et à la pression qu'elle supporte, à la couche de l'atmosphère réelle, où l'on veut placer l'observateur; de sorte qu'on lui emprunte uniquement ces deux dernières données. La parité presque exacte de résultats numériques conclus d'hypothèses si diverses, présente déjà im mystère mathématique, qu'il faut nécessairement éclaircir, avant de chercher à découvrir pourquoi ces résultats se trouvent si approximativement conformes aux réalités. C'est aussi à cela que je vais m'attacher d'abord. » Pour montrer jusqu'où cette liberté d'hypothèse a pu s'étendre, sans discordance notable dans les nombres, tant qu'on ne descend pas à plus de 80 degrés du zénith, je rappellerai ici quelques-unes des plus employées, en spécifiant les qualités physiques des atmosphères qui en résultent, qua- lités que les premiers auteurs de ces spéculations pouvaient, tout au plus, vaguement soupçonner. Et comment auraient-ils pu en avoir la notion exacte? ce n'est guère que depuis cinquante ans, que l'on connaît avec pré- cision les lois de dilatabilité de l'air. et des vapeurs, les conditions de leur mélange à l'état aériforme, leurs densités relatives, l'influence de cette den- sité et de la température sur le pouvoir réfringent de l'air, enfin l'énergie absolue de ce pouvoir même, qui est l'élément fondamental des réfractions qu'il peut exercer? Toutefois, chose étrange, et qui montre bien la puis- sance du génie géométrique, la seule contemplation abstraite des condi- tions générales d'existence auxquelles l'atmosphère terrestre doit être assu- jettie, a suffi à New^ton pour établir toute la théorie mathématique des réf.'actions qu'elle produit. OEuvre admirable, qui est demeurée ignorée pendant cent quarante ans, et que la postérité n'a connue, qu'après s'être avancée ime seconde fois, par de longs efforts, aussi loin que lui ! )) L'honneur d'avoir donné le premier aux astronomes une Table de réfractions utilement applicable, et tfiéoriquement calculée, est due à Domi- nique Cassini. Il la publia en 1662. Elle est fondée sur un aperçu tout à fait empirique, mais qui se trouve très-approximativement juste dans ses conséquences numériques même à 80 degrés de distance zénithale. Consi- déré comme s'adaptantà un état de choses réel, cet aperçu revient à con- cevoir autour de la Terre, une atmosphère d'air sphérique d'une certaine hau- teur, uniformément dense, où la lumière se brise à son entrée suivant la loi de Descartes, et se propage ensuite en ligne droite jusqu'à l'observateur. L'hypothèse renferme ainsi deux éléments arbitraires : la hauteur de l'at- mosphère fictive, et son pouvoir réfringent, proportionnel à sa densité.. ( 7'2 ) Prenons, comme cas d'application que cette densité soit celle de l'air atmosphérique à la température de la glace fondante, sous la pression de 76 centimètres de mercure, et attribuons-lui l'intensité de force réfringente qui se conclut aujourd'hui d'expériences directes. Alors l'atmosphère fictive devra avoir 7974 mètres de hauteur; et, à 80 degrés de distance zénithale, la réfraction sera 5'3i", i4 (•)• ^^^ Tables de Laplace, calculées pour une constitution d'atmosphère toute différente, étant appliquées aux mêmes circonstances météorologiques donnent 5'32",4'- C'est ï",i'] de plus. Voilà un exemple de ce mystérieux accord de nombres que j'ai annoncé, et dont il nous faudra trouver la cause mathématique. Il se soutient ainsi depuis le zénith jusqu'à 80 degrés de distance zénithale. Mais, en approchant davantage de l'horizon, l'hypothèse de Cassini donne des réfractions de plus en plus faibles comparativement à celles de Laplace, et l'écart est de i3'37" à l'horizon même. Mais Cassini en a judicieusement restreint l'application à la limite de 80 degrés. Il n'avait pas comme nous la notion et la mesure des données météorologiques. Il y a suppléé en pliaiit son hypothèse à deux réfractions soigneusement observées. Et, comme Delambre ledit avec quel- que naïveté, sa Table est si juste, qu'il a l'air de prendre ses nombres dans la Connaissance des Temps. » Les deux autres exemples que je citerai, se rattachent à un fait d'his- toire scientifique trop curieux , pour ne pas le rappeler ici. » L'insuffisance de la Table de Cassini, pour les réfractions qui s'opèrent à plus de 80 degrés de distance zénithale, faisait sentir vivement aux astro- nomes le besoin de la prolonger. I^e 1 1 octobre 1694, Flamsteed, alors établi à Greenwich, écrivit à Newton qu'il avait commencé à calculer les réfractions qui se déduisent des observations du Soleil et de Vénus faites à de petites hauteurs, pour s'en servir à corriger les observations de la Lune, et obtenir ses positions vraies que Newton lui avait demandées. Cela excita ce grand génie, à s'occuper de ce problème, pour en chercher une solution, non (i) Pour avoir un type de comparaison assuré, je fais ce calcul avec les données adoptées par Laplace, pour ces mêmes circonstaBces météorologiques, au livre X de la Mécanique céleste ; et je les applique à l'expression qu'il a donnée au § 4, de la réfraction dans l'hypo- thèse de Cassini. En conservant la notation dont il fait usage, ces données sont : ^1=7974"') a = 6366198™; 2 K p, =r 0,000294047. Seulement , par abréviation, j'ai remplacé par i la lettre n qui représente la vitesse de la lu- mière dans le vide, et j'ai désigné par p, la densité de l'air dans la couche inférieure, que Laplace appelle (p). ( 7'3) pas empirique, mais mathématique et physique, comme lui seul était ca- pable de le faire alors. Depuis neuf ans qu'il avait publié le livre des Prin- cipes, il avait approfondi la théorie des attractions à petites distances. La marche de la lumière à travers un milieu réfringent quelconque était pour lui un problème de mécanique parfaitement accessible, pourvu que la na- ture et la constitution de ce milieu lui fussent données. Or, à cette époque, on ne connaissait de l'atmosphère que ses propriétés générales, en tant qu'elle est formée d'un air pesant, compressible, élastique, réfringent. L'inégalité de la température à diverses hauteurs était inconnue ; son influence pour modifier le volume de l'air, et son ressort, à peine soupçonnés. Dans un déniiment si absolu de données expérimentales, tout ce que l'on pouvait faire, c'était d'appliquer les principes de la mécanique et de la physique abstraite, à des constitutions d'atmosphères théoriquement possibles, dont les effets optiques fussent calculables par les méthodes d'intégration alors connues, en tâchant d'identifier ces effets aux réfractions qu'on observe. C'est à quoi Newton se dévoua avec une patience admirable. Il resta pen- dant six mois plongé dans ce travail, communiquant à FLimsteed ses ten- tatives, ses réussites, ses mécomptes, ses rectifications, ses espérances, à mesure qu'il avançait. De tant d'efforts, il n'était resté qu'une règle ap- proxuiiative, rapportée par Halley, suivant laquelle, à de médiocres dis- tances du zénith, la réfraction est proportionnelle à la tangente de la dis- tance zénithale ; et une Table des réfractions pour toutes les distances, publiée aussi par Halley dans les Transactions philosophiques de 1721 , comme ve- nant de Newton, sans qu'on sût comment, ni à quelle époque, il l'avait composée. Toute la partie scientifique de cet immense travail, n'a été connue qu'en i836, lorsque le gouvernement anglais eut fait publier par Baily, la correspondance de Newton avec Flamsteed, conservée dans les archives de Greenwich. Non pas que les procédés mathématiques de Newton y soient exposés à découvert; il ne les indique jamais que par parties, en termes voilés, en s'enveloppant d'une extrême réserve. Or, s'il n'est pas déjà si facile de saisir complètement sa pensée quand il veut bien la dire, il l'est beaucoup moins de la lui dérober. Toutefois, en rapprochant des demi-confidences qui lui échappent, sur les voies qu'il essaye, sur les procédés de calcul qui lui ont ou ne lui ont pas réussi ; surtout , en appro- fondissant un théorème qu'il donne sans démonstration, avec une figure en disant seulement à quoi il lui sert, on a pu mettre tous ses secrets au grand jour, retrouver ses méthodes, et reconstruire en nombres la Table de C. R., 1854, a"'eSem«(/e. (T. XXXIX, W 16.) 9^ ( 7'4 ) réfractions que Halley avait publiée d'après lui. On a reconnu ainsi qu'il possédait tous les principes mathématiques de cette théorie : l'équation dif- férentielle de la trajectoire lumineuse, et l'expression différentielle de l'élé- ment de la réfraction, sous la forme simple que La place lui a donnée depuis. Il était arrivé à ces découvertes huit ans avant la deuxième édi- tion des Principes, à l'âge de cinquante- trois ans. Cette reproduction tar- dive d'ime si précieuse portion de ses ti'avaux, jusque-là ignorée, a été publiée dans le Journal des Savants de i836. J'en extrairai seulement les deux hypodièses d'atmosphères qu'il a soumises à ses calculs, et qui, réu- nies, ont servi de fondement aux théories plus parfaites de ses successeurs. h Pour se rendre un coi;ipte exact de la tâche qu'il avait à remplir, il faut envisager le problème, à son point de vue mathématique complet, comme nous pouvons le faire aujourd'hui, et voir quels moyens il avait de le résou- dre. On y reconnaît alors deux parties distinctes : la première consiste à définir la constitution de l'atmosphère sphérique sur laquelle on veut opérer; la seconde, à calculer les réfractions qu'elle doit produire, pour un observateur placé dans ime de ses couches, dont on se donne convention- nellement le rayon r, , la densité p, , la température t, , et la pression /j, qu'elle supporte. Alors l'atmosphère choisie sera complètement définie, si, en une quelconque de ses couches concentriques ayant pour rayon /■, on peut assi- gner la densité p, la température t et la pression p, ces trois dernières varia- bles étant considérées comme des fondions de la première, qui, seule, reste indépendante. » Or, pour que ces quatre quantités puissent être associées dans une même atmosphère gazeuse, supposée en repos, leur ensemble doit toujours être assujetti à deux équations de condition générales : l'une, qui s'écrit en termes différentiels, exprime que le système est dans un état de stratifi- cation permanent; l'autre, qui s'écrit en termes finis, signifie que les lois de la dilatabilité des gaz y sont observées. Si donc on se donne arbitrairement, hypothétiquemeut, une troisième relation entre les quatre variables p, p, t, r, les trois premières se trouveront analytiquement déterminées en fonction de la dernière, et le système atmosphérique, auquel elles appartiendront, sera complètement défini. Je montrerai plus loin que, dans notre atmosphère terrestre, la nature propre de cette troisième relation est très-nettement indiquée par l'expérience, et que les Tables qui représentent le mieux les réfractions réelles, ont été fondées, insciemment, sur les hypothèses qui approchent le plus d'y ressembler. » I^'atmosphère hypothétique étant constituée, çn y approprie l'exprès- ( 7i5) sion générale de l'élément différentiel de la réfraction, et il ne reste qu'à l'intégrer pour avoir la réfraction même en nombres. » Newton ne possédait pas l'ensemble de données qui lui auraient été nécessaires pour reconnaître complètement les propriétés physiques des atmosphères qu'il établissait. J'y suppléerai pour lui. L'analyse mathématique de son temps, ne lui fournissait pas des méthodes suffisamment puissantes pour les intégrations qu'il eut souvent à effectuer. Il y suppléa par des procédés équivalents, mais beaucoup plus pénibles. Le manque de données physiques le força de plier ses résultats aux observations imparfaites que lui fournissait Flamsteed,ce qui en altère l'exactitude numérique. Mais, ces ombres dissipées, on voit reparaître son génie dans toute sa puissance. C'est ce que j'ai tâché de mettre en lumière dans les articles du Journal des Savants que j'ai déjà cités; et je ne reprends les deux cas qu'il a traités que pour achever de prouver l'identité presque parfaite des réfractions qui se pro- duisent jusqu'à 80 degrés de dislance zénithale, dans ces systèmes d'atmo- sphères sphériques, comme dans tous les autres. » Il considéra d'abord une atmosphère où, depuis la base jusqu'au sommet, des différences égales de hauteur correspondent à des diminu- tions égales de la densité. Si l'on suppose, qu'à cette base, la température soit celle de la glace fondante, éî la pression o"',76 de mercure, la hauteur totale de l'atmosphère sera de 15948 mètres, exactement double de celle de Cassini.La température n'y est plus constante. A mesure qu'on s'élève, elle s'abaisse de quantités égales pour des différences égales de hauteur, comme cela s'observe aussi approximativement dans l'atmosphère terrestre ; mais ce décroissement mathématique est environ trois fois plus rapide que dans celle-ci. La réfraction à l'horizon est 3o'24",x7, plus faible encore que la réelle, beaucoup moins toutefois que dans l'atmosphère de Cassini. Malgré toutes ces dissemblances, la réfraction à 80 degrés de distance zénithale se trouve être 5' Sa", 16, plus forte seulement de 1" qu'elle ne l'était alors, et elle diffère à peine de celle de Laplace (1). (i) Le procédé d'intégration approximatif que Newton a dû employer pour calculer les réfractions dans cette première hypothèse est exposé er- détail dans le volume du Journal des Savants pour l'année i836, pages ijSS et suivantes. En désignant par R la réfraction corres- pondante à la distance zénithale apparente et quelconque 0,, on est immédiatement conduit à la formule suivante , rapportée page ^43 , • tang«R = ( — j tang(6, — /zR); n et m sont deux coefficients, fonctions des éléments météorologiques de la couche 94.. V (7i6) » Dans ce premier système atmosphérique de Newton, les pressions à diverses hauteurs sont proportionnelles au carré des densités. Trouvant peut-être que l'étendue de l'atmosphère y était trop restreinte, il en choisit un autre, qu'il avait déjà présenté dans le livre des Principes, et qui a pour caractère que les pressions soient simplement proportionnelles aux densités. Alors la température est constante à toute hauteur, et l'atmosphère s'étend indéfiniment. Si l'on astreint la couche inférieure aux mêmes circonstances météorologiques tout à l'heure admises, la température o" et la pression o'",76, la réfraction à l'horizon est Sg' 54", 6, beaucoup plus forte que la moyenne véritable. Toutefois, à 80 degrés du zénith elle se trouveétre 5' 34", surpassant seulement de 2 secondes celle que nous avions tout à l'heure trouvée. » L'évaluation exacte de cet élément ne peut alors s'obtenir que par des procédés d'analyse très-élevés, qui étaient inconnus à Newton. Mais il y a suppléé par des successions de quadratures paraboliques, dont l'application à l'atmosphère réelle est rendue toujours légitime, parla lenteur du décrois- sement des densités à mesure qu'on s'élève. C'est même là le seul moyen d'établir le calcul des réfractions sur les véritables lois de décroissement que l'expérience peut fournir, sans être arrêté par les difficultés d'intégrations qu'elles présenteraient. * » L'extension indéfinie que cette seconde hypothèse de Newton donne- rait à l'atmosphère terrestre, est contraire au fait de sa persistance. Elle l'est aussi à un grand nombre d'indications physiques. Sa limitation peut se con- clure de ce que, depuis la surface terrestre jusqu'aux plus grandes hauteurs aérienne dans laquelle l'observateur se trouve placé. En continuant d'employer la notation de Laplace, telle que je l'ai spécifiée, dans la Note précédente, on a: I Kp,(t-^i) v/i-4-4f -H-Kp,) — Kp, i + - La règle de Bradley n'est autre que la formule précédente dans laquelle les deux coefli- cients et/j, sont remplacés par des valeurs empiriques, qui se déterminent par la con- dition de satisfaire à deux réfractions observées, l'une loin de l'horizon , l'autre à l'horizon même, comme l'a fait Ne-«jton. Mais il est présumable que Bradley n'y a été conduit qu'en cherchant à modifier analyliquement la règle approximative R = A tang 9, donnée par Halley pour les observations faites à peu de distance du zénith, de manière qu'elle pût s'étendre à toutes les valeurs de 9,. ( 71? ) auxquelles Gay-Lussac s'est élevé, le décroissement de la température a été en s' accélérant, sans qu'il soit possible d'imaginer une cause physique par laquelle il pût être ralenti dans les régions supérieures à celles où il est parvenu. Car, en supposant même, contre toute vraisemblance, qu'il con- servât ultérieurement la même valeur qu'il avait à sa station la plus haute, les lois de l'équilibre ne permettraient pas que l'épaisseur totale de l'atmosphère atteignît 48000 mètres, et par conséquent, il est présumable qu'elle est encore moindre (i). Si donc, les hypothèses qui lui attribueraient une extension plus grande, et même indéfinie, conduisent, par le calcul, à des réfractions peu différentes entre elles, et qui ne s'écartent pas excessive- ment de la réalité, cela tient à ce que, au delà d'un certain degré de raré- faction de l'air, tout le reste de l'atmosphère fictive ne contribue à la réfrac- tion totale que pour une part insensible ou à peine appréciable, qui, en outre, devient indépendante du mode de stratification que l'hypothèse employée lui attribue. » Si l'on veut comprendre toute la puissance mathématique dont Newton a fait preuve dans son travail sur les réfractions, il n'y a qu'à voir combien d'efforts ses plus illustres successeurs ont dû faire avant de le rejoindre. Euler, en 1754, attaque le même problème, avec le même dénûment de données physiques (2). Il obtient l'équation différentielle de la trajectoire lumineuse et lui associe l'équation qui assure l'équilibre. Mais le second membre de la solution, je veux dire l'expression différentielle de l'élément de la réfraction, lui manque ; ou s'il l'a connue, il n'en fait aucun usage; de sorte qu'il se borne à discuter les propriétés géométriques de la trajectoire, sans obtenir la réfraction elle-même. Lagrange reprend la question en 177a, espérant que la règle empirique de Deluc pour la mesure des hauteurs par le baromètre, pourra lui fournir un type véritable de constitution atmosphérique, sur lequel il assoira le calcul (3). Il obtient en effet, pour cette loi particulière, des formules exactes, quoique embarrassées de la complication inhérente à l'expression empirique sous laquelle Deluc l'avait présentée. Mais comme, au fond, elle ne comprend que l'hypothèse d'un décroissement de densités en progression arithmétique, Lagrange n'en déduit et n'en pouvait déduire, qu'une expression de la réfraction analogue (i) Mémoires de l'Jcadémie des Sciences, tome HYU. 9 (2) Mémoires de Berlin ponr 1754. (3) Mémoires de Berlin pour i'J72. (7i8) à la règle de Bradley ; sans indiquer aucunement la nécessité, encore moins la nature, des expériences qu'il faudrait entreprendre pour fonder une théorie plus sûre et plus générale de ces phénomènes. C'est ce que Laplace a fait le premier trente-trois ans plus tard, en i8o5, dans le livre X de la Méca- nique céleste, en concentrant sur ce problème toutes les forces de l'analyse mathématique réunies à une intelligence complète des données expéri- mentales devenues, avec le temps, plus précises, et que son influence pro- tectrice avait puissamment contribué à propager, à étendre, à perfectionner. Cette faculté d'application que lui donnait le sentiment intime des vérités physiques allié à l'esprit géométrique, alliance qui avait manqué à Euler et à Lagrange, se voit dans le choix même de la conception abstraite sur laquelle il établit ses calculs. Trouvant que le décroissement des densités par progression arithmétique faisait la réfraction horizontale trop faible, et par progression géométrique la faisait trop forte, il en prit une mêlée des deux, qui renfermât un nombre suffisant d'arbitraires pour s'adapter aussi approximativement que possible aux effets réels. Son instinct le conduisait ainsi, sans qu'il le sût, à la relation même entre les pressiotis et les densités, qui a matériellement lieu dans notre atmosphère. De là, il tira une Table de réfractions, complètement calculée par théorie, laquelle s'identifie pour ainsi dire avec la vérité physique, dans tous les cas réguliers du phénomène, en fournissant les évaluations moyennes les plus sûres, dans ceux où ses caprices sont impossibles à prévoir. Ce travail n'a pas été surpassé. Ivory l'a refait depuis , avec des formes analytiques plus simples, mais équivalentes pour le fond et les résultats. J'ai à peine besoin de dire que, jusqu'à 80 degrés de distance zénithale, ces Tables, d'accord entre elles, donnent des réfractions très-peu différentes de celles qui se déduisent de toutes les autres hypothèses si variées que nous avons parcou- rues. Cette singulière parité de résultats, se soutient, dans ces limites de distance zénithale, à travers des modifications analytiques, qui par la suppression de quelques termes, changent complètement la constitution de l'atmosphère fictive à laquelle le calcul s'appliquait. Par exemple, dans les prolégomènes des Fundamenta astronomiœ, Bessel a voulu abréger ainsi l'expression symbolique du décroissement des densités adoptée par I^aplace, afin de rendre les intégrations plus aisément exécutables. Il en résulte une atmosphère qui n'a^us que 28370 mètres de hauteur, en conservant à son sommet, où la pression devient nulle, une densité finale qui est les -j-^ de la densité à sa base. Or, malgré tout cela, si la température à cette hase est ( 7'9 ) o degré, et la pression o™,76, la réfraction à 80 degrés de distance du zénith, pour un observateur qui y serait placé, se trouvera être 5'3i",i4, moindre seulement de i",/j que dans les atmosphères deLaplace ou d'Ivory. » T>a remarquable concordance de nombres que j'avais annoncée au com- mencement de cette communication, se trouvant ainsi matériellement constatée dans les cas les plus divers, il reste à en chercher la cause niathématique. On la découvre avec autant de généralité que d'évidence par le théorème suivant (i). » Concevez une atmosphère sphérique dans laquelle les pressions, les densités, les températures, soient réparties à diverses hauteurs suivant des lois quelconques, compatibles avec les conditions de l'équilibre et de la dilatabilité des gaz; prenez seulement pour données les valeurs absolues de ces trois éléments météorologiques, dans celle des couches sphériques où vous voudrez placer l'observateur, et dont vous fixerez à volonté la dis- tance au centre. Alors, sans avoir aucun besoin de connaître la constitution intérieure de votre atmosphère fictive, sachant seulement que la lumière y pénètre en sortant du vide, et se transmet de là jusqu'à l'observateur par des trajectoires non rentrantes sur elles-mêmes, comme cela a lieu dans l'atmosphère terrestre, vous pourrez, pour toute distance zénithale ap- parente qu'il vous plaira de choisir, former deux expressions analytiques de la réfraction, en termes finis, et numériquement calculables, dont l'une vous donnera une évaluation certainement trop forte, l'autre une évaluation certainement trop faible; de sorte que la moyenne des deux comportera toujours une erreur moindre que leur demi-différence, que j'appellerai par cette raison sa titnite d'erreur. Maintenant, comme type d'application, j'attribue à la couche où je place l'observateur, les mêmes conditions météorologiques adoptées aussi par Ivory, c'est-à-dire la tempé- rature f, égale à + 10 degrés centésimaux, et la pression p^ égale à o"',762 ; puis, effectuant le calcul numérique des deux évaluations pour des distances apparentes diverses, depuis le zénith jusqu'à 86° 3o', j'obtiens le tableau suivant, où l'on voit leurs limites d'erreurs respectives, ainsi que les éva- (i) Dans le livre X de la Mécanique céleste, page 268 , i" édition , Laplace a établi une formule approximative , commune à toutes les atmosphères sphériques en équilibre , où l'on voit, en fait, que, jusqu'à plus de 80 degrés de distance zénithale, elles doivent donner des valeurs à très-peu près égales de la réfraction. le théorème que je présente ici prouve la même vérité , en renfermant toutes les évaluations possibles de la réfraction entre des limites d'appréciation rigoureuses , pour chaque distance zénithale à laquelle on veut l'ap- pliquer. ( 7^0 ) luations moyennes qui y correspondent, en regard desquelles je place les réfractions absolues données par la Table d'ivory (i). DISTANCE ZÉNITHALE apparente 6, MOYENNE des deux évaluations de RS, LIMITE d'erreur. RÉFRACTION donnée par la Table d'ivory. EXCÈS de la moyenne sur la Table. 45° o' 0! 58 "357 Il OjOOj 0' 58^36 0,00 74. 0 3.21 ,i54 0,277 3.21,01 + o,i4 8o. o 5.21 ,234 2,243 5.2o,ig + 1,25 84. 0 8 35,o3o !7,4oi 8.2Q,8o ■t- 5,23 85. 0 10. 0,941 34 , I 3o 9.53,84 4- 7,10 86. 0 11.52,846 75,100 11.47,15 + 5,70 86. 3o 12.58, 186 118,490 12.59,51 I ,32 1 ===== » On voit que les deux évaluations, d'abord coïncidentes an zénith , s'é- cartent progressivement l'une de l'autre à mesure que l'on descend vers l'horizon. Mais, même à 80 degrés de distance zénithale apparente, la limite d'erreur de leur moyenne est encore restreinte à a", 243. C'est-à-dire, qu'à cette distance du zénith, toutes les particularités de constitution inté- rieure des atmosphères sphériques, assujetties aux conditions communes de l'équilibre et de la dilatabilité, ne peuvent, quelle que soit leur diversité, modifier la réfraction que dans cette portion minime de sa valeur totale, comme nous l'avons effectivement constaté sur les cas nombreux que nous avons successivement considérés. Quand on s'éloigne davantage du zénith, les deux évaluations s'écartent davantage l'une de l'autre; la limite d'erreur de leur moyenne s'agrandit; mais, par une circonstance bien digne de remarque, jusqu'à 86° 3o' de distance zénithale, ces valeurs moyennes s'ac- cordent encore presque exactement avec les valeurs absolues calculées par les théories d'ivory et de Laplace, comme si toutes les propriétés spéciales des atmosphères fictives que l'on peut imaginer, s'identifiaient en somme dans ce résultat final, avec celles des atmosphères qu'ils ont employées. » Telle est l'explication du mystère numérique sur lequel j'ai d'abord (i) Les formules qui fournissent les deux valeurs numériques de la réfraction , l'une trop forte, l'autre trop faible , sont établies analytiquenient dans les Additions à la Connaissance des Temps pour l'année 1 BSg , pages 65 et suivantes ; le tableau lui-nnême s'y trouve à la page 70. ( 7^1 ) appelé l'attention. Il faut maintenant expliquer aussi le mystère physique qui l'accompagne. Comment se fait-il, que, jusqu'à cette même distance zénithale de 80 degrés, des atmosphères sphériques et en équilibre donnent, par un calcul indubitable, des réfractions, si approximativement con- formes à celles de l'atmosphère réelle, toujours déformée, toujours agitée par les accidents locaux? conformité telle, que les observations les plus précises, effectuées dans toutes les régions du globe, à tontes les hauteurs, dans tous les états météorologiques de la couche d'air où l'on porte les instruments, n'y fassent jamais apercevoir que des différences occasionnelles, à peine appréciables, et de sens divers? Ces questions ne peuvent évidemment se résoudre, qu'en étudiant par l'expérience, les carac- tères propres de l'atmosphère réelle, les dissemblances de sa constitution physique en différents lieux à lui même instant, les conditions de mutabi- lité auxquelles elle est sujette; puis, en examinant jusqu'à quel point ces par- ticularités, non comprises dans nos formules, peuvent vicier la justesse de leur application. Ceci nous mène évidemment dans un ordre d'idées tout autre que celui que nous venons de suivre ; et j'en remets l'exposition à la séance prochaine, ou à celle qui suivra, si l'Académie veut bien m'accorder aussi longtemps son attention. » « M. Chevreul fait hommage à l'Académie de son Rapport sur les Tapis- series et les Tapis des Manufactures nationales , fait à la Commission fran- çaise du Jury international de l'Exposition universelle de Londres. » Ce Rapport comprend quatre parties : » Première partie. — M. Chevreul expose le caractère du tissu qui constitue : i° les tapisseries des Gobelins et de Beauvais; 2° les tapis de la Savonnerie. Il montre que rien n'est surprenant dans le travail du tapissier des Gobelins, si celui-ci a sous les yeux l'envers de la tapisserie et non l'endroit. » Deuxième partie. — C'est un résumé de l'histoire des manufactures de tissus, faite surtout au point de vue de l'élément scientifique, M. Chevreul y fait l'histoire de la teinture écarlate. Il montre que l'écarlate, qui fit la réputation de Gille ou de Jean Gobelin, le fondateur du premier établisse- ment connu sous le nom des Gobelins, était l'écarlate de Venise. » On ne teignit, dans le même établissement, l'écarlate de cochenille qu'après i65o, et M. Chevreul est possesseur d'un manuscrit qui lui vient C. R.,i854, a'n«Semeil;e.(T.XXXIX, N'ie.) 9^ ( 7^2 ) de la famille de Jussieu, d'après lequel on voit qu'en 1666 on n'était point encore arrêté sur le meilleur procédé à suivre pour faire la belle écarlate de Hollande. » A cette époque on faisait dans cette teinture un grand usage de l'acide arsénieux. » M. Chevreul, en montrant ce que Colbert fit pour l'industrie pratique en organisant les Gobelins comme Mnnujactwe royalle des meubles de la couronne, fait mention d'un livre extrêmement remarquable, qui fut pu- blié, en 167 1 , sous le titre A' Instruction générale pour les teintures des laines et manufactures de laines de toutes couleurs, et pour la culture des drogues ou ingrédients qu'on j- emploie. » Ce livre fut réimprimé en Hollande en 1 708, sous le titre de Teinturier parfait, etc. » Théodore Haak, libraire de Leyde, chez lequel il se trouvait, sans par- ler de son origine, en fait le plus grand éloge dans une Lettre dédicatoire adressée à M. Stattmiller. M. Chevreul insiste sur ces faits comme honorant l'administration Colbert. » M. Chevreul rappelle l'heureuse influence que les travaux de Dufay, Hellot, Macquer et Berthollet exercèrent sur la teinture dans le cours du xvin* siècle. » Il parle des travaux de Quémizet et d'ffomassel, qui n'étaient que de simples praticiens. » Homassel publia, de 1798 à 1799, un livre sur la teinture, qu'il dédia au D' Sacombe; il y injurie Berthollet et Fourcroy. » Le D' Sacombe publia, en 1818, une brochure dans laquelle il se dit avoir été l'éditeur de l'ouvrage d'Homassel. A cette occasion, M. Che- vreul fait remarquer que le D"^ Sacombe est très-probablement l'auteur des injures adressées à Berthollet et Fourcroy sous le nom d'Homassel, et à ce sujet il indique la cause de la calomnie dont Fourcroy fut le sujet, relati- vement à la condamnation à mort de Lavoisier. » Troisième partie. — M. Chevreul y fait l'histoire des travaux scientifi- ques exécutés aux Gobelins par Roard, le comte Laboulaye, Marilhac et M. Chevreul. » Quatrième partie. — Elle comprend l'indication des tapisseries des Gobelins et de Beauvais, et des tapis de la Savonnerie, qui furent exposés, en i85i, au Palais de Cristal. » Enfin, dans un Supplément il rectifie une erreur qui se trouve dans les Rapports du Jury imprimés en Angleterre. ( 7-^3 ) » La grande médaille fut donnée aux Gobelins pour YInvention des cercles chromatiques et la perfection du travail des tapisseries . » Ce double motif fut publié dans le Moniteur, et proclamé dans la séance tenue au Cirque-Olympique, où les récompenses furent décernées, aux exposants français par le Président de la République. » Dans l'ouvrage anglais, on a omis de citer l'invention du cercle chro- matique. Une lettre de M. Playfer, adressée à M. Chevreul, prouve que cette omission a été accidentelle. » RAPPORTS. CHIMIE ORGANIQUE. — Rapport sur un travail de M. Lallemand^ ayant pour objet l'essence de thym. (Commissaires, MM. Dumas, Bussy rapporteur.) '< L'étude chimique des huiles essentielles présente une difficulté qui lui est propre, et qui tient, d'une part, au défaut d'homogénéité de ces pro- duits, et, de l'autre, à la facilité avec laquelle ils peuvent s'altérer au con- tact de l'air. » La plupart des huiles essentielles sont, en effet, des mélanges à propor- tions variables de différents carbures d'hydrogène avec des produits oxydés n'offrant, en général, aucun de ces caractères bien tranchés à l'aide des- quels on parvient à séparer d'une manière nette et complète les corps les uns des autres. » Pendant longtemps on n'a eu d'autres moyens d'opérer la séparation des produits préexistant dans les huiles essentielles que de soumettre les essences à des distillations fractionnées ou de les exposer à un abaissement de température; on séparait ainsi la portion la plus volatile de celle qui l'était moins, la portion la moins fusible de celle qui l'était davantage: mais cette séparation, presque toujours incomplète, laissait planer une sus- picion légitime d'erreur sur les résultats que l'on obtenait de l'examen ulté- rieur de ces premiers produits non suffisamment purifiés. » L'essence de thym elle-même, qui fait l'objet du Mémoire dont l'Aca- démie nous a chargés de lui rendre compte, offre un exemple frappant de l'inconvénient que nous venons de signaler. Cette essence a été, en 1847, l'objet d'un travail important de M. Doveri, de Florence : ce chimiste était parvenu, en fractionnant les produits de la distillation, à obtenir un corps bouillant à 23o degrés, dont il a étudié les propriétés et fait connaître la composition. 95.. ( 7^4 ) n En examinant ce travail, aidé de la nouvelle lumière que les observa- tions de M. Lallemand viennent de jeter sur le sujet, on voit clairement que les résultats obtenus par M. Doveri diffèrent très-peu de la vérité, et . qu'ils n'en diffèrent que parce qu'il n'a pas pu opérer sur des produits suf- fisamment purifiés; ces légères différences ont suffi cependant pour lui faire méconnaître la véritable constitution des corps qu'il a obtenus et la place qu'il convenait de leur assigner dans la série des composés chi- miques. » M. Lallemand a été plus heureux en appliquant à la séparation des mêmes principes le procédé qui a été employé avec tant d'avantage par MM. Gerhardt et Cahours pour l'analyse de l'essence de cumin, et qui con- siste à la traiter par la potasse caustique. » En soumettant, en effet, l'essence de thym à l'action de la potasse ou de la soude, M. Lallemand la sépare en deux parties : un carbure d'hydro- gène, qu'il désigne sous le nom de thymène, et un produit oxydé qui reste en combinaison avec la potasse, mais qu'on peut isoler fttcilement par la saturation de l'alcali, auquel il est combiné. M. Lallemand donne à ce pro- duit oxydé le nom de thymol. » Le thymène est liquidé, plus léger que l'eau, bout à i65 degrés. C'est à lui que l'essence de thym doit la propriété de dévier à gauche le plan de polarisation. La composition du thymène et la densité de sa vapeur lui assignent la formule C*''H"'. Il rentre donc, par sa formule comme par ses j)ropriétés, dans la classe déjà si nombreuse des isomères de l'essence de térébenthine; il constitue une nouvelle modification de cette molécule or- ganique remarquable C**'H"' à laquelle appartiennent le plus grand nombre des huiles essentielles végétales provenant de végétaux si différents et retirées d'organes si divers. » Le thymol, deuxième principe immédiat de l'essence de thym , que l'on pourrait appeler camphre de thym, et qui se sépare quelquefois spontané- ment de l'essence abandonnée à elle-même, est solide à la température or- dinaire, très-facilement et très-nettement cristallisable, doué d'une odeur jjarticulière qui n'est pas précisément celle de l'essence, sans action sur la lumière polarisée, fusible à 44 degrés. » Lorsqu'il a été fondu , il peut être maintenu longtemps liquide à la tempéralure ordinaire, surtout s'il renferme une petite quantité de thymène; mais il suffit, lorsqu'il est ainsi liquide à une température inférieure à son point de fusion, de jeter im cristal de thymol dans la masse pour le voir se solidifier instantanément. Ce phénomène de surfusion explique comment (7^5) l'existence du thymol a pu échapper si longtemps à l'observation des chi- mistes, et en particulier à celle de M. Doveri, dont nous avons mentionné le travail plus haut. » L'analyse du thymol et la densité de sa vapeur établissent que c'est un corpsoxydé, qui peutêtrereprésentépar la formulée^" H'* O*; il appartien- draitencore au même groupement moléculaire que l'essence de térébenthine; il peut se déduire du thymène en supposant que dans ce carbure d'hydro- gène 2 équivalents d'hydrogène sont remplacés par a équivalents d'oxy- gène. Il peut être représenté aussi par du camphre ordinaire dont on aurait retranché 2 équivalents d'hydrogène, ou bien encore par du cuminol auquel on aurait ajouté 1 équivalents d'hydrogène. » Si l'on compare l'essence de thym à celle de carvi, si bien étudiée par M. Cahours, on voit que le thymol est isomère avec le carvacrol, comme le thyihène est isomère au carvène. Cette isomérie dans les principes correspondants des deux essences est surtout remarquable si l'on fait atten- tion que ces essences proviennent de plantes appartenant à des familles botaniques très-différentes, et sont retirées l'une des feuilles, l'autre des semences de la plante. » La composition du thymène et du thymol étant bien établie, il était facile de prévoir qu'en les traitant par le chlore , par le brome , par les acides, par les alcalis, on pourrait obtenir par voie de substitution, d'oxydation ou autrement , des produits analogues à ceux que fournissent les composés semblables déjà connus. C'est par l'étude de ces produits nouveaux que M. Lallemand complète celle de l'essence de thym. Nous ne le suivrons pas dans ces recherches, quoiqu'elles ne soient pas dépourvues d'intérêt ; mais nous devons cependant une mention particulière à une série de combinai- •^ous nouvelles , homologues du quinon et de ses dérivés , dont on doit la connaissance à M. Wœlher. Ces composés particuliers font l'objet d'une Note à part, insérée dans les Comptes rendus, et renvoyée également à l'examen de la Commission. » Le thymol C* H'* O^ produit, sous l'influence des agents d'oxydation et une ellipse ayant pour axes h et a = —, [n etn' étant les indices ordinaires et extraordinaires) ; 2° prolon- ger le rayon incident jusqu'au premier cercle, et mener par le point d'inter- section une tangente que l'on prolonge jusqu'à la surface de séparation ; qu'enfin, par cette dernière intersection, on mène deux tangentes aux deux autres courbes caractéristiques du milieu biréfringent, de sorte que les trois rayons correspondants, le générateur et les deux engendrés, sont déter- minés par trois tangentes issues d'un même point de la surface de sépa- ration. » Cela posé, soit un rayon vecteur commun au cercle de rayon A et à l'ellipse ayant pour axes b et a. Il détermine deux tangentes qui se coupent en général. Si l'on accepte comme ligne de séparation des deux milieux la droite qui passe par leur point de rencfontre et par le centre commun des trois courbes, et qu'on mène la troisième tangente, elle détermine un rayon incident tel, que ses deux réfractés restent confondus le long dvi rayon vecteur. » Quand, au lieu de se donner le rayon vecteur de non-division, on se donne la face de séparation, pour trouver ses rayons vecteurs singuliers correspondant à un rayon incident convenablement choisi, et les trouver tous, il faut construire la courbe formée par les intersections des tangentes dont les points de contact sont sur un même rayon vecteur. Elle se compose de deux branches comprises entre deux parallèles à l'axe^ vers lesquelles elles convergent asymptotiquement, et présente (sauf le parallélisme des deux asymptotes) l'allure d'une hyperbole. » Eh bien, les faces qui couperont cette courbe auront seules des rayons vecteurs singuliers, et en auront deux corespondant à deux incidences diverses. Les faces naturelles sont beaucoup trop inclinées sur l'axe pour offrir cette rencontre, qui cesse dès qu'on dépasse la face tangente à la courbe. » L'équation de cette courbe facile à former est . è{Atangr-f- B) + sinr\/ — Atang'r — a Btangr— A" = o; A, B, A" sont des combinaisons connues des paramètres précités et de ( 7^5 ) l'angle L qui sépare l'axe optique de la normale à la face. Ainsi l'on a — A = -^ cos" L + Tt sin' L, - A" = ^ ces* L + -^ sin» L, r, inconnue de la question, est l'angle que la direction commune aux deux rayons forme avec la normale. On voit donc qu'elle est très-compliquée. Par tâtonnement, quand L= io°, je trouve' que les valeurs r= — 8o°a', r = — 80° 3' rendent le polynôme, la première positif, la dernière négatif ; de sorte que r= — 80° 3' exprime, à moins d'une minute, l'angle intérieur d'un rayon qui, quoique ne cheminant pas suivant l'axe et quoique sortant obliquement, cependant ne se diviserait pas. Ce dernier angle surpasse beau- coup l'angle limite; mais nous admettons que pour réaliser ces phénomènes on accepte la condition de juxtaposer au milieu biréfringent, si cela est né- cessaire, des prismes de verre d'angles convenables. Bref, 'dans ce cas, les trois directions intérieures de non-division sont : r = -+- 80 qui donne la non- division unique de première espèce, r' = — 80° 3' et r", un peu inférieur à — 10°, qui donnent les deux directions de non-division de deuxième espèce. » De part et d'autre d'un rayon vecteur singulier, les deux rayons coré- fractés ont une position relative inverse : ainsi, dans l'exemple précédent, depuis r= — 90° jusqu'à r= —80 3', c'est le rayon ordinaire qui est le plus réfracté; entre les deux rayons vecteurs singuliers, c'est le rayon extraordinaire. Au delà, le rayon ordinaire redevient plus rapproché de la normale. I^es rayons vecteurs singuliers donnent donc la clef de ces curieuses alternatives. » La construction des rayons réfractés dans chacune des trois sections prin- cipales d'un cristal biaxe a lieu par l'emploi de trois mêmes courbes, avec cette seule différence, que le cercle et l'ellipse propres au milieu biréfringent à deux axes cessent de se toucher. On comprend donc que des considérations analogues puissent s'appliquer à ces cristaux. Mais le lieu géométrique est bien plus compliqué, puisqu'il admet quatre asymptotes parallèles deux à deux. Qu'il nous suffise ici de signaler cette extension. » ! ■•••.' '.» ( 736 ) OHGANOGÉNIE VÉGÉTALE. — Organogétiie des familles des Orchidées, des Cannées, des Musacées et des Scitnminées,- par M. Payer. ( Extrait. ) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Orchidées. — L'inflorescence du Callanthe veratrifolia , que j'ai pris pour type, est un épi. Chaque fleur naît à l'aisselle d'une bractée mère, mais n'est jamais accompagnée d'une bractée secondaire latérale, comme dans les Lilium. Les sépales sont au nombre de trois; ils n'apparaissent pas tous à la fois. Les deux postérieurs se montrent d'abord; le troisième, qui est antérieur, ne se montre qu'ensuite, et il est longtemps plus petit. Les pétales sont au nombre de trois aussi ; ils alternent avec les sépales, et n'apparaissent également que successivement, mais en sens inverse, c'est-à-dire que ce sont les deux pétales antérieurs qui se montrent les premiers, et que le pétale postérieur ou labelle ne se montre qu'ensuite. Les étamines sont sur deux verticilles, superposés l'un au calice, l'autre à la corolle. Le premier apparaît avant le second, et, des trois étamines qui le constituent, celle qui est superposée au sépale antérieur, et qui seule sera fertile dans le Callanthe veratrifolia, se montre la première; les autres ne viennent qu'ensuite. Le second verticilled'étamines ne se compose que de deux étamines superposées aux deux pétales antérieurs ; car on n'observé jamais devant le pétale posté- rieur ou labelle la moindre trace de l'étamine qui compléterait la symétrie de ce second verticille. Les mamelons carpellaires sont au nombre de trois, et sont superposés aux trois sépales; l'un d'eux, celui qui est superposé au sépale antérieur et à l'étamine fertile, grandit beaucoup, et forme, plus tard, avec cette étamine fertile qui lui est connée, ce que les botanistes ont appelé le gynostème. Les deux autres s'accroissent peu, deviennent connés avec les deux étamines du verticille interne et le gynostème, de façon à former une sorte de coupe bordée du côté antérieur par le gynostème, et du côté posté- rieur par quatre mamelons, dont deux sont latéraux, et représentent les deux étamines du verticille interne, et dont deux sont postérieurs, et représentent les deux mamelons carpellaires postérieurs qui se développent peu. Quant aux deux étamines postérieures appartenant au verticille externe, elles per- sistent pendant quelque temps sous la forme de petites glandes, à la J3ase de cette sorte de coupe à la fois staminale et pistillaire dont je viens de parler, et finissent par disparaître plus tard complètement. » Les bords postérieurs de cette coupe, à la fois staminale et pistillaire, grandissent peu; le bord antérieur, au contraire, formé par l'étamine fertile (737) et le mamelon carpellaire qui lui est superposé, grandit beaucoup et forme le g} nostèrae. Cette coupe entoure une cavité qui, devenant de plus en plus profonde, descend bientôt au-dessous de l'insertion des sépales et des pétales, et forme un ovaire infère dont les parois intérieures sont tapissées par trois placentas alternes avec les mamelons carpellaires, et sur lesquels apparaissent un grand nombre d'ovules. Quand je dis que cette cavité devient de plus en plus profonde, cela veut dire que, la portion périphérique du réceptacle qui supporte les organes de la fleur croissant davantage que le centre, il résulte de cette différence dans la croissance une cavité de plus en plus profonde. » Cannées. — L'inflorescence des Cannées rappelle celle des Lilium. A l'aisselle de bractées, disposées le long d'im axe commun, naissent de petites cymes composées de deux ou trois fleurs au plus ; chacune de ces fleurs est accompagnée d'une bractée latérale fertile, et se compose d'abord de trois sépales, qui naissent successivement, et dont l'un, le premier né, est dia- métralement opposé à cette bractée latérale, et dont les deux autres sont, l'un antérieur et l'autre postérieur. Trois pétales qui naissent simultanément, et alternent avec les sépales, constituent la corolle. L'un de ces pétales est super- posé à la bractée latérale, et croit très-peu d'abord proportionnellement aux autres, et paraît longtemps beaucoup plus petit. L'androcée, contrai- rement à ce que croient tous les botanistes, ne se compose que d'un seul verticille superposé à la corolle. A l'origine, il est formé de trois mamelons qui sont superposés aux pétales, et qui se dédoublent chacun ensuite en deux autres; seulement ce dédoublement n'a pas lieu en même temps pour chaque mamelon. Ainsi le mamelon superposé au pétale postérieur se dédouble presque aussitôt sa naissance en deux autres, dont l'un devient l'étamine, et l'autre le staminode qui lui est adhérent et qui l'entoure dans le bouton. Les deux autres mamelons ne se dédoublent qu'^însuite : l'un, celui qui est superposé à la bractée mère pour former la carène et un des staminodes; l'autre, qui est superposé au petit pétale et par conséquent à la bractée latérale, pour former deux staminodes. Comme dans les Orchi- dées, trois mamelons carpellaires superposés aux sépales constituent primi- tivement le pistil ; mais ces trois mamelons s'accroissent tous trois et s'al- longent en un long tube stylaire. D'un autre côté, la partie périphérique du réceptacle qui supporte tous ces organes, sépales, pétales, étamines et mame- lons carpellaires, grandissant davantage que la partie centrale, il en résulte une cavité de plus en plus profonde, qui est l'ovaire infère. Sur les parois de cette cavité, on remarque trois placentas, qui alternent avec les mamelons C. R , i854, a"" Sem<^itre. (T. XXX IX, N» 16.) 97 ( 738 ) carpellaires, et s'avancent vers le centre de manière à s'y réunir et à partager cette cavité uniloculaire en trois loges , dans l'angle interne desquelles on remarque deux séries d'ovules qui apparaissent successivement du som- met à la base. » MuSACÉES. — L'inflorescence des Stielitzia nugiisla que j'ai étudiées à Madère est une cyme unipare scorpioïde; ces fleurs sont sur deux séries seu- lement et toutes enveloppées dans une grande bractée qui joue le rôle de spathe; elles sont, par suite, chacune accompagnée d'une bractée latérale fer- tile. Le sépales sont au nombre de trois et disposés comme dans les Cannées. Les pétales sont au nombre de trois également et alternent avec les sépales. L'un d'eux, celui qui est superposé à la bractée latérale , s'accroît fort peu et reste toujours très-petit; les deux autres s'accroissent beaucoup, se sou- dent l'un avec l'autre , et forment cette espèce de lance colorée dont les bords recouvrent les étamines et le style. Deux verticilles d'étamines for- ment l'androcée : l'un, qui est superposé au calice, apparaît le premier et se compose de trois étamines; l'autre, qui est superposé à la corolle, appa- raît ensuite et ne se compose que de deux étamines , l'étamine qui devrait être devant le petit pétale superposé à la bractée latérale n'existant pas même à l'origine. Ces étamines, d'abord libres, deviennent bientôt connées par leur base avec les sépales et les pétales, et se soudent réellement à leur sommet avec les deux grands pétales. Elles sont donc connées à la base [st. connatia), et soudées au sommet [st. coalitia). Les mamelons carpel- laires sont au nombre de trois comme dans les Cainiées, et superposés aux trois sépales. Ils grandissent rapidement, et forment trois styles qui .se sou- dent entre eux et avec les deux pétales. D'un autre côté, l'ovaire se forme absolument comme dans les Cannées, et, par suite, il me suffit d'y ren- voyer. » SciTAMiiNÉES. — Chaque fleur de V^lpinia ntitans que seule j'ai pu étudier dans cette famille , se compose , dans la jeunesse , de trois sépales , de trois pétales alternes, de trois étamines superposées à ces pétales et de trois mamelons carpellaires. Les trois pétales ne se développent pas tous à la fois : l'un d'eux apparaît avant les deux autres et reste longtemps beau- coup plus grand. Les trois étamines se comportent comme les pétales, c'est-à-dire que celle qui est superposée au grand pétale apparaît en pre- mier lieu. Mais elles ne deviennent pas toutes trois des étamines fertiles; l'une d'elles porte seule xme anthère : c'est la première née ; les deux autres deviennent promptement connées à leiu" base , s'aplatissent et for- ment à elles deux un large staminode que les botanistes ont pris pour im ( 739 ) pétale, et qu'ils ont appelé carène parce qu'il enveloppe l'étarnine et le style. Les trois mamelons carpellaires deviennent aussi promptement connés à leur base, et forment un tube qui grandit rapidement et s'allonge de manière à dépasser l'étamine. A la base de ce tube, on remarque deux glandes qui n'apparaissent que très-tard et que l'on a prises à tort, pendant longtemps, pour des organes avortés. L'ovaire est infère et triloculaire comme dans les Cannées et les Musacées, et son mode de formation est absolument le même. » MÉDECHSii. — Observations sur la nature du choléra épidéinique et sur les principaux traitements employés pour combattre cette maladie; par M. Baudruiont. (Extrait.) (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.) rt Si la cause du choléra reste encore inconnue, il n'en est pas de même des altérations organiques que cette cause fait naître ; l'étude de ces altéra- tions permet que l'on se rende un compte suffisant des symptômes obser- vés chez les cholériques, et m'a depuis longtemps conduit à penser qu'il serait possible de traiter cette maladie par l'emploi du bicarbonate de soude, qui s'oppose à la coagulation du sang. » Voici, en quelques mots, le résumé du traitement que j'ai employé dès le début de l'épidémie de l'année iSSa, traitement que j'ai vu toujours réussir quand il a été administré à temps : » A. Bicarbonate de soude adniinistré à l'intérieur, l\ k \o grammes à la fois, soit par la bouche, soit en lavement lorsque le premier mode d'ad- ministration est impossible ; » B. Frictions sur toutes les parties du corps, mais principalement sur les membres, la poitrine et le trajet de la moelle épinière, faites avec un Uni- ment formé de parties égales d'huile et d'ammoniaque liquide ; » C. Sinapismes aux membres inférieurs ; » Tisane de fleur de tilleul, bien chaude, contenant 4 grammes de bicar- bonate de soude par litre. » Un succès constant a couronné ce traitement. Il m'a réussi au plus fort de l'épidémie, et il a réussi dans les mains de tous ceux qui ont voulu en faire usage, médecins ou non.... » À. Le bicarbonate de soude peut être pris à haute dose, car il n'a rien 97- ( 740 ) de vénéneux (i). Il en existe naturellement dans le sang de l'homme, et c'est à lui que ce liquide doit sa fluidité dans l'état normal. En effet, si l'on sa- ture la soude du sang par un acide autre que le carbonique, ce fluide se coagule aussitôt, tandis que, si on lui ajoute un alcali, il perd la propriété de se coaguler. Mais, bien plus, la dissolution de bicarbonate de soude est absorbée par le canal intestinal lorsque aucune autre chose ne peut l'être ; elle arrête les vomissements et la diarrhée si elle est prise à temps, et, chose inattendue et bien remarquable, elle produit ce dernier effet dans ime foule de maladies autres que le choléra. » B. L'ammoniaque ne produit qu'un faible effet sur la peau dans la pé- riode de l'asphyxie , mais elle se répand dans l'appartement où se trouve le cholérique; elle l'assainit au point de vue du choléra (2), et se trouve ab- sorbée par \sl voie pulmonaire. Elle produit ainsi des effets utiles en allant chercher le sang jusque dans les vaisseaux capillaires du poumon. » C. Les sinapismes aident la circulation à reprendre son cours normal en appelant, par une action énergique, la vitalité dans des parties éloi- gnées des centres organiques. » MÉDECINE. — Emploi du sesquichlorure de jer dans le traitement du choléra. Ouverture d'un paquet cacheté déposé en décembre i853; par M. VicENTE. « Le 19 décembre i853, j'ai déposé à l'Académie un pli cacheté sur le choléra. Les idées contenues dans ce Mémoire n'étant appuyées sur aucun fait, j'ai cru devoir le garder cacheté jusqu'à ce moment, que l'expérience personnelle a confirmé ma théorie ou, pour mieux dire, le traitement anti- cholérique que je conseillais à priori. » Quelques cas de choléra ont été traités avec succès par ma méthode dans le courant de l'année, mais en nombre insuffisant pour fixer l'attention de l'Académie. Cependant, l'action puissante du sesquichlorure de fer contre les vomissements et la diarrhée cholériques a été constatée depuis par lui praticien très-distingué de Paris, M. le docteur Gaffe, ancien chef de (i) Le bicarbonate de soude ne peut cependant être pris d'une manière continue, même à une dose peu élevée, parce qu'en saturant les acides de l'estomac, il pervertit la digestion et fait naître des accidents assez graves. (2) Depuis i832, ou au moins dans cette année, les ouvriers des fabriques de charbon animal, où il règne constamment des émanations ammoniacales, ont joui d'une immunité complète. ( 74i ) clinique à l'Hôtel-Dieu, rédacteur en chef du Journal des Connaissances médicales pratiques et de pharmacologie, etc. » Si, aujourd'hui, je viens prier l'Académie de vouloir décacheter et s'oc- cuper un instant de mon Mémoire, c'est parce que le sesquichlorure déferai encore triomphé d'un cas de choléra foudroyant dans la personne de mon propre fils, enfant âgé de 7 ans » Cette observation, que nous ne pouvons reproduire ici en entier, est résumée par l'auteur dans les termes suivants : « Choléra algide foudroyant : » Cessation rapide des évacuations alvlnes au moyen d'une solution de 2 \ grammes de sesquichlorure de fer dans 4oo grammes d'eau, prise moitié en lavement, moitié eh potion, dans l'espace de cinq heures. » Guérison rapide sans aucune complication. » Maintenant, considérant le choléra comme une hémorragie, mon traitement par le sesquichlorure de fer est à celle-ci comme la ligature est à l'ouverture d'iuie grosse artère. Si vous liez avant que blessé ait perdu une quantité donnée de sang, vous le sauvez ; si vous arrivez trop tard, l'indi- vidu meurt malgré la ligature. Il faut donc employer mon traitement au début de la maladie, comme je l'ai fait avec mon fils; si j'avais hésité seulement pendant une heure à arrêter les évacuations, j'ai la conviction bien fondée qu'il aurait expiré dans mes bras en quelques heures. « Je termine cette observation en priant l'Académie de vouloir bien nommer une Commission pour expérimenter les effets anticholériques du perchlorure de fer simple, et mieux s'il est sublimé ou à l'état de sesqui- chlorure. » Voici la dose : » Un lavement composé de 120 grammes d'eau et de 5o centigrammes de perchlorure de fer. (Le sublimé est préférable, mais il est six fois plus cher. ) » Une potion composée de aSo grammes d'eau et 2 grammes de perchlo- rure de fer sublimé. » Pour en prendre une cuillerée à bouche d'heure en heure ou plus souvent, dans des cas foudroyants, comme celui de mon enfant. » En même temps favoriser la réaction par les moyens connus; le vin de Malaga et le café noir sont excellents. » Quand la réaction n'est pas franche, j'administre une pilule toutes les heures, composée d'acide picrique, 5 centigrammes et Q. S. d'extrait de gentiane. La dose est de douze pilules dans les vingt-quatre heures. A cette ( 74^ ) dose de 60 centigrammes d'acide picrique ef même à beaucoup moins, le malade devient jaune, couleur de citron, ce qui prouve que ce médicament a pénétré jusqu'aux dernières ramifications des capillaires. » Conformément à la demande de M. Vicente, le paquet cacheté dont l'Académie avait accepté le dépôt dans la séance du 26 décembre i853, est ouvert par M. le Président. La Note qui y était contenue est conforme à l'indication donnée par l'auteur, et renferme notamment les indications relatives à l'emploi du sesquichlorure de fer et de Vacide picrique dans le traitement du choléra. CHiiiURGiE. — Nouveaux résultats obtenus de V emploi de l électricité comme agent de cautérisation dans le traitement de certaines affections chirur- gicales ; par M. Amussat fils. ( Extrait. ) (Commissaires, MM. Becquerel, Velpeau, Rayer.) « En soumettant au jugement de l'Académie de nouveaux résultats obte- nus à l'aide de l'électricité, je demande à lui faire connaître les modifications que j'ai fait subir à mes appareils. » J'ai employé d'abord, pour obtenir le calorique électrique, des piles de Bunsen de 2 1 centimètres de hauteur, réunies en batterie au nombre de 3 à i5. Une batterie de i5 piles, avec l'acide nitrique du commerce et de l'eau acidulée marquant i5 degrés, permet de porter au rouge sombre un fil de platine du n° 27, d'un mètre de longueur. Mais pour obtenir une tem- pérature plus élevée et nécessaire aux opérations, je me suis borné à ne donner au fil qu'une longueur de 20 à aS centimètres. C'est l'appareil dont je me sers ordinairement. » J'ai élevé à une tempéraHu'e à peu près semblable un ruban de platine de 60 centimètres de longueur, de 3 millimètres de largeur et d'une épais- seur inférieure au n" 36 de la filière ordinaire. Depuis ma première com- munication, j'ai fait l'ablation d'une troisième tumeur carcinomateuse, siégeant dans la région mammaire, en faisant subir au manuel opératoire une modification consistant à pédiculiser la tumeur avec un instrument d'acier, au lieu de le faire avec la main, comme dans les deux premières opé- rations. . . . » J'ai cautérisé circulairement la base d'une tumeur hémorroïdale à l'aide d'une pince en ivoire dont les baguettes, articulées à l'une de leurs extré- mités, sont traversées par un mince ruban de platine de 3 millimètres de large, fixé par un petit anneau à l'articulation de la pince. ( 743 ) » Mettant les deux extrémités du ruban de platine en rapport avec une batterie composée de 6 piles de Bunsen de 35 centimètres de hauteur, j'ai pratiqué la cautérisation circulaire de la base de la tumeur en quelques secondes. Cette opération pourrait se faire également avec 12 couples de Bunzen de 21 centimètres de hauteur et un ruban de platine très-mince. Pour apprécier la quantité de calorique électrique produit dans une étendue donnée, je me suis guidé sur l'éclat lumineux plus ou moins grand du fil ou du ruban de platine. Pour opérer la section des tissus, j'ai toujours cru avantageux d'imprimer au fil ou au ruban de platine un mouvement de va- et-vient semblable à celui d'une scie. » PHYSIOLOGIE. — De la phosphorescence des jeux des animaux et du phosphène dans l'homme; par M. Goupil. (Commissaires, MM. Flourens, Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards.) BOTANIQUE. — Série graduée des Jamilles de plantes : leur distribution rationnelle en onze classes, subdivisées par une nouvelle combinaison du nombre des étamines et des pistils; par M. Jonain. , (Commissaires, MM. Brongniart, Montagne, Tulasne.) M. Ferrero adresse de Turin une Note faisant suite à ses précédentes communications sur les étoiles changeantes. M. Laugier, à l'examen de qui les précédentes "Notes de M. Ferrero avaient été renvoyées, est invité à prendre connaissance de cette nouvelle commu- nication. M. TiFFEREAu, en soumettant au jugement de l'Académie im cinquième Mémoire sur la transmutation des métaux , exprime le désir que la Com- mission que l'Académie lui a déjà nommée, veuille bien venir prendre con- naissance des expériences qu'il a entreprises sur l'argent soumis à l'influence de la lumière solaire. (Renvoi. à la Commission déjà nommée, qui se compose de M. Thenard, Chevreul et Dumas.) M. Lapierre-Beacpré transmet les pièces qu'il avait précédemment annoncées, comme devant prouver l'efficacité du traitement qu'il emploie pour prévenir la maladie de la vigne ou en arrêter le développement. (Renvoi à la Commission des maladies des végétaux. ) ( 744 ) CORRESPOIVDAINCE. M. Baudelocque prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.) M. Flourens, en présentant au nom de l'auteur, M. Martin- Saint- Ange, un exemplaire d'un Mémoire (i) récemment couronné par l'Académie, lit les passages suivants de la Lettre d'envoi : « Ce travail se compose de trois parties. La première comprend les recherches anatomiques et physiologiques sur les organes génito-urinaires chez les diverses espèces de Vertébrés indiquées par le programme. La deuxième fait connaître l'analogie des parties qui constituent les organes reproducteurs des deux sexes, établit le parallèle entre les appareils mâle et femelle et suit la marche de leur dégradation. La troisième enfin est rela- tive aux déductions anatomiques, physiologiques et zoologiques qu'on peut tirer de l'étude approfondie de l'appareil reproducteur dans les cinq classes d'animaux vertébrés. » Cette étude nouvelle des organes de la reproduction , demandée par l'Académie , renferme également des questions d'un autre ordre , qu'il était impossible d'en séparer, à savoir, si les organes urinaires font partie essen- tielle de l'appareil reproducteur; s'ils ont originairement les mêmes rapports et les mêmes connexions que chez l'adulte, et enfin si les corps de Wolf ou reins primitifs disparaissent chez tous les Vertébrés à un certain âge de la vie. M. PcTEGNAT, en adressant un exemplaire du travail qu'il vient de publier sur la « Thérapeutique de la syphilis chez les nouveau-nés et les enfants à la mamelle, » rappelle à l'Académie une demande qu'il lui a précédemment adressée, et la prie de vouloir bien, quand elle aura à nom- mer un Correspondant pour la Section de Médecine et de Chiriirgie, le comprendre dans le nombre des candidats. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie. ) (i) Étude sur l'appareil reproducteur dans les cinq classes d'animaux vertébrés, au point de vue anatomique, physiologique et zoologique ; par G.-J. Martin-Saint-Ange. (Extrait du tome XIV des Mémoires des Savants étrangers. ) ( 745 ) CHIMIE ORGANIQDE. — Action de l'iodure de phosphore sur la gljcérine; par MM. M. Berthelot et S. de Lcca. a I. Si l'on mélange i partie d'iodure de phosphore cristallisé et i par- tie de glycérine sirupeuse, une réaction très-vive ne tarde pas à se déclarer : un gaz se dégage, deux liquides distillent ; une partie de la matière reste dans la cornue. » Le gaz est du propylène, C*H'. » Les deux liquides sont de l'eau et du propylène iodé, C H*I. » La matière qui reste dans la cornue est formée de glycérine non dé- composée, d'iode, d'une substance organique iodurée en petite quantité, d'acides oxygénés de phosphore et d'une trace de phosphore rouge. » Voici dans quelles proportions relatives ces divers corps se pro- duisent : • » 1°. Pour I équivalent d'iodure de phosphore et des poids variables de glycérine, on obtient i équivalent de propylène iodé et 4 équivalents d'eau. » 2°. Pour obtenir i équivalent de propylène, il faut employer de 9 à 18 équivalents d'iodure de phosphore. La production du propylène est donc d'une importance secondaire relativement à celle du propylène iodé. » 3". La matière restée dans la cornue varie de nature avec les propor- tions relatives d'iodure de phosphore et de glycérine. Si l'on fait réagir, sur 100 parties d'iodure, 100 parties ou plus de glycérine, les produits sont ceux indiqués plus haut; la glycérine, avec ses caractères et sa composi- tion, en forme la plus grande masse. » Vient-on à employer, pour 100 parties d'iodure de phosphore, 64 par- ties seulement de glycérine, ou moins, ce qui reste dans la cornue se trouve formé par une substance noire, fixe, insoluble dans les divers dis- » Jje point vers lequel s'opère ce changement dans la réaction répond à peu près aux rapports suivants : 2 équivalents de glycérine pour i équiva- lent d'iodure de phosphore. » 4°' i-^ moitié de l'iode n'a pas concouru à la formation du propylène iodé; cet iode se trouve dans la cornue sous diverses formes; il peut être regardé comme s'y trouvant presque en totalité à l'état libre. C. R.,l354 2"^' Semestre. (T. \\\IX, KO 16\ 98 ( 746 ) » D'après ces diverses déterminations, la réaction principale qu'exerce l'iodure de phosphore sur la glycérine paraît devoir se représenter par l'équation suivante : PP + 2C''H''0» = C*H*I + 4HO + I-4-(C''H«0'' + PO» -HO) (*). » La production du propylène iodé est due à une action réductrice exercée par l'iodure de phosphore sur l'oxygène de la glycérine. » II. Nous avons soumis à une étude spéciale les deux produits essentiels de cette réaction : le propylène iodé et le propylène. » Le propflène iodéj C° H'I, forme la presque totalité du composé vola- til. Pour l'obtenir pur, on distille ce composé et on recueille séparément ce qui passe à loi degrés. » C'est un liquide insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et dans l'éther, doué d'une odeur éthérée, puis alliacée. Il se colore rapidement par l'action de l'air et de la lumière, et répand alors des vapeurs extrêmement irritantes. w Sa densité est égale à 1,789 à 16 degrés. » Ce corps présente diverses réactions intéressantes dont nous poursui- vons l'étude. En voici quelques-unes : » L'ammoniaque aqueuse, au bout de 4o heures d'action à 100 degrés, décompose entièrement le propylène iodé. Si l'on distille avec de la potasse les produits de cette réaction on obtient un alcali fort volatil et soluble dans l'eau dont l'odeur rappelle à la fois l'ammoniaque et la marée ; cet alcali forme un chlorhydrate soluble dans l'alcool absolu et déliquescent, ainsi qu'un sel de platine cristallin, soluble dans l'eau bouillante. » La composition de cet alcali se représente par la formule C* H' Az. D'après son analyse, ses propriétés et son origine, cet alcali paraît être de la propjlammine. » L'acide nitrique fumant détruit instantanément le propylène iodé, en précipitant l'iode. » L'acide sulfurique, sans action à froid, le charbonneà chaud, en déve- loppant une petite quantité de propylène. ( * ) La parenthèse représente les acides oxygénés du phosphore , mélangés et combinés avec l'excès de glycérine. Cette glycérine peut être isolée en traitant le mélange par l'oxyde de plomb. ( 747 ) » Si l'on introduit du propylène iodé dans une fiole contenant un peu de zinc et d'acide sulfurique dilué et si l'on chauffe légèrement, le propylène iodé est décomposé et le gaz qui se dégage renferme un quart de propylène, C H' I + 2 Zn+ HO = C» H" + Znl + Zn O. » Ce procédé permet d'obtenir le propylène au moyen du propylène iodé, c'est-à-dire de substituer l'hydrogène à l'iode. » Cette substitution inverse peut être réalisée d'une manière plus com- plète et plus avantageuse en faisant intervenir les affinités toutes spéciales du mercure pour l'iode. » En effet, si l'on place dans ime éprouvette sur le mercure un peu de propylène iodé, d'eau et d'acide sulfurique, ou mieux d'acide chlorhydrique concentré, le mercure s'attaque, et urf gaz ne tarde pas à se dégager. La réaction continue d'elle-même jusqu'à destruction complète du propy- lène iodé. On peut ainsi transformer en propylène jusqu'aux -j^ du propy- lène iodé. La réaction est la suivante : C''H5I-^HC1 + 4 Hg = C« H" + Hg* Cl -i- Hg* L » Elle permet d'obtenir en abondance le gaz propylène à peine connu jusqu'à ce jour. » Le propylène, C H°, peut être préparé à l'état de pureté soit en recueil- lant le gaz dégagé au moyen de la réaction de la glycérine sur l'iodure de phosphore, soit en faisant réagir sur le propylène iodé le mercure et l'acide chlorhydrique. » Ce gaz nous paraissant destiné à être étudié dans les cours et dans les laboratoires, en raison de la facilité de sa production, nous croyons devoir en indiquer rapidement la préparation. » On prépare l'iodure de phosphore par la méthode de M. Corenwinder, en dissolvant dans le sulfure de carbone ^5 grammes de phosphore et 200 grammes d'iode, et évaporant le dissolvant dans un courant d'acide carbonique sec. On prend alors 5o grammes d'iodure de phosphore (PP) et 5o grammes de glycérine sirupeuse (glycérine du commerce purifiée et évaporée jusqu'à 1 6o degrés) ; on mêle le tout dans une cornue tubu- lée. On commence la réaction à l'aide d'une légère chaleur. Dans le réci- pient refroidi se condensent environ 3o grammes de propylène iodé. » Ce produit brut introduit dans un petit ballon avec 1 5o grammes de mercure et 5o à 6o grammes d'acide chlorhydrique fumant, ne tarde pas à 98.. ( 748) dégager du propylène, surtout avec le concours initial d'une très-légère chaleur. On obtient par là 3 litres environ de gaz propylène. 10^,0 de propylène analysé par détonation ont fourni : 3o'',4 d'acide carbonique, en absorbant 45^,a d'oxygène. » D'après la formule C'H", 10*, o de ce gaz doivent fournir : 3o'',o d'acide carbonique, en absorbant 45^,0 d'oxygène. » Ce gaz est absorbé par l'acide sulfurique fumant ou concentré ; » L'acide acétique cristallisable en dissout 5 volumes ; » Le protochlorure de cuivre en solution acide en dissout i volume et demi; » Le brome l'absorbe en s'y combinant. » SI l'on introduit un peu d'iode dans un flacon rempli de propylène, et si l'on expose le mélange au soleil pendant une heure, il s'y forme rapide- ment un liquide très-lourd que l'on purifie en l'agitant avec un peu de potasse. » Ce liquide est Yiodure de propylène, C'îPP. » Récemment préparé, il est incolore et possède une odeur éthéréé; mais l'action de l'air et surtout de la lumière le colorent rapidement : il exerce alors une action extrêmement irritante sur les yeux. » Sa densité est égale 2,490 à 18°, 5. Refroidi à — 10, il demeure liquide. La chaleur le décompose. » Chauffé avec de la potasse et de l'alcool, il se décompose en reprodui- sant en abondance du propylène doué des mêmes propriétés que le pro- pylène primitif. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide iodhjdrique sur la glycérine; par MM. M. Berthelot et S. de Lpca. « La glycérine, saturée de gaz iodhydrique, et maintenue en vase clos à 100 degrés pendant quarante heures, puis traitée par la potasse et par l'éther, fournit un liquide iodé particulier, Yiodiijdrine. » C'est un liquide doré, sirupeux, dissolvant | de son volume d'eau, tou- tefois insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, d'un goût sucré, fixe, mais brûlant sans résidu en dégageant des vapeurs d'iode. Sa densité est égale à 1,783. ( 749 ) » L'analyse fournit des nombres à peu près constants dans les diverses préparations. Ces nombres peuvent se représenter par la formule On aurait d'ailleurs, 2C''H»0*-+-HI = C'*H"I0<' + 6HO. » Traitée par la potasse à i oo degrés, l'iodhydrine se décompose avec une extrême lenteur. Elle fournit par là, d'iuie part, une substance ana- logue ou identique avec la glycérine et l'iodure de potassium; de l'autre, un liquide exempt d'iode, soluble dans l'éther, assez volatil. Une analyse de ce produit a fourni des nombres correspondant à la formule C*H^O'. D'ailleurs, ^6 JJ8 06 = c" H= O» + 3 HO. » Il serait possible que l'iode renfermé dans l'huile de foie de morue et dans les huiles analogues s'y trouvât sous forme d'iodhydrine ou d'un composé semblable. » PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur la cessation des mouvements inspiiatoires provoqués par l'irritation du nerf pneumogastrique ; par M. Budge. « Il y a quelques années que MM. TVeber frères et moi avons décou- vert, chacun de notre côté, que par Y irritation des deux nerfs pneumogas- triques le mouvement du cœur cesse promptement; j'ai en outre observé que le même effet a lieu par l'irritation d'un seul nerf pneumogastrique. Maintenant j'ai trouvé qu'en irritant au cou les deux nerfs ou un seul, on peut causer également une cessation des mouvements inspiratoires. Si l'on met à nu, d'un côté du cou, le nerf en question sur tui lapin bien éthérisé, et rendu ainsi parfaitement insensible, qu'alors on l'isole par un morceau de verre et qu'on le galvanise, tous les mouvements inspiratoires cessent presque au moment même où se produit l'irritation ; les narines ne se dila- tent plus, le thorax ne s'élève plus, et l'abdomen n'est plus poussé en avant. Au contraire, les organes respiratoires sont dans le même état que ■ pendant V expiration ; ce qui se montre par les narines contractées, par la glotte fermée, par les muscles abdominaux retirés (i). Aussitôt qu'on cesse (t) Par suite de la même irritation les gros et les menus intestins sont agités de mouve- ments qu'on peut observer lorsque , par une incision de la peau , on a mis a nu les muscles abdominaux. ( 75o ) d'irriter, le mouvement de la respiration recommence de nouveau. Mais si l'on continue à galvaniser le nerf pendant quelque temps , la respiration recommence malgré la continuation de l'irritation. Le même phénomène a aussi lieu pour les battements du cœur, quand on les a suspendus par le même moyen. » La durée de la cessation des mouvements inspiratoires pendant l'irri- tation du nerf pneumogastrique diffère selon l'âge des animaux. Je les ai vus s'arrêter chez les jeunes lapins, quinze, et même vingt-quatre secondes; chez les chiens très-jeunes, environ vingt-cinq secondes; chez les lapins âgés, de six à trois secondes. » Coupe-t-on un nerf pneumogastrique et irrite-t-on le bout périphé- rique, les battements du cœur cessent, mais les mouvements respiratoires continuent; si ensuite on irrite le bout central, les mouvements inspira- toires cessent, tandis que les battements du cœur continuent. • » Quand j'ai affaibli le courant galvanique, je n'ai jamais observé im accroissement de la respiration ; quelquefois même c'était l'effet contraire qui se produisait ; ainsi j'ai compté dans un lapin avant l'irritation, dans un intervalle de quinze secondes, cinquante-quatre respirations, et pen- dant l'irritation, trente-deux. » C'est un fait bien connu que, si le nerf pneumogastrique est coupé d'un côté, le ligament arythénoïde inférieur du même côté ne montre plus de mouvement pendant la respiration. Il ne revient pas non plus par l'irrita- tion du nerf; mais le ligament arythénoïde inférieur du côté opposé, où le nerf est encore entier, s'approche de l'autre et reste dans cet état pendant l'irritation ; ce qui montre que le muscle arythénoïde du côté opposé se contracte (i }. Si l'on coupe les deux nerfs et que l'on irrite le bout central de l'un d'eux, tous les mouvements respiratoires cessent ou plutôt restent dans l'action d'expiration, à l'exception des mouvements de la glotte. Poin- les deux nerfs phréniques et la moelle épinière, quand on l'a coupée entre la première et la deuxième vertèbre, la respiration est accusée seulement par les mouvements de la face. Si l'on irrite le nerf pneumo- gastrique après cette opération, les mouvements de la face cessent aussi pendant l'irritation. » De ces observations on peut conclure que l'irritation dxi nerf pneumo- gastrique au cou, ou plutôt l'irritation des fibres centripètes de ce nerf, excite les mouvements expiratoires, et l'on voit à quoi il faut s'en tenir sur (i) La contraction des muscles arythénoïdes est dépendante du nerf récurrent. (75r ) la supposition que l'inspiration serait causée au moyen du nerf pneumogas- trique. Ces expériences font encore comprendre comment les nerfs pneumo- gastriques étant coupés, l'expiration passive (c'est-à-dire celle qui a lieu par l'expansion du diaphragme et des muscles intercostaux) continue, tandis que l'expiration active cesse. C'est pour cela que les animaux sur lesquels on a coupé les deux nerfs pneumogastriques meurent au bout d'un temps plus ou moins long par l'effet des gaz nuisibles (acide carbonique) qui ne sortent pas par l'expiration; c'est un point que je traiterai dans un prochain Mémoire. » ÉCONOMIE RURALE. — Sur la production de l'opium indigène. (Extrait d'une Note de M. Decbarmes. ) « On a reconnu depuis longtemps, en clinique, que l'efficacité d'un opium dépend de la proportion de morphine qu'il contient. Les meilleurs opiums que le commerce nous apporte à grands frais de Smyrne, de Con- stantinople, etc., ne renferment que 5 à 9 pour 100 de cet alcaloïde. Le pavot cultivé dans le nord de la France, sous le nom d'œillette, donne l'o- pium le plus riche en morphine, car il n'en contient jamais moins de r3 pour 100 et quelquefois jusqu'à près de t8 pour 100. j) Mais, tout en accordant une grande supériorité à l'opium d'œillette sur ceux du Levant, relativement à sa teneur en morphine ainsi qu'à ses bons effets en thérapeutique, on a regardé jusqu'ici ce produit comme trop peu abondant pour que sa valeur commerciale couvrît les frais d'exploita- tion. C'est là une erreur que nous nous proposons de rectifier par des chif- fres résultant d'expériences précises. Nous entrerons dans quelques détails indispensables, car toute la question de l'opium indigène est dans le prix de revient, de la main-d'œuvre. » Ces données numériques nous ont été fournies par un habile pharma- cien d'Amiens, ex-préparateur de chimie au cours industriel de Rouen, M. Bénard. » Les expériences de M. Bénard ont été faites à Amiens (en i854), du 4 au 14 août (elles auraient pu commencer dès le aS juillet). En travaillant de deux à trois heures par jour, il a incisé, en quatorze heures, a^Sa cap- sules de pavot, et recueilli log grammes de suc opiacé. Pendant cinq jours (de douze heures), un ouvrier l'a remplacé et a incisé laooo têtes sur les- quelles il a ramassé 3s>2 grammes seulement de ce même suc. Ainsi, en soixante-quatorze heures (ou 6 -| jours), 14752 capsules ont été incisées ( 75^ ) et ont fourni 43 1 grammes de suc laiteux qui, après dessiccation complète, se sont réduits à 2o5 grammes d'opium. » L'analyse de cet opium a donné i4575 pour loo de morphine, tandis , que ceux du commerce n'en contiennent que 8 à 9 au plus. Malgré cette énorme différence, en comptant l'opium indigène au même prix que l'o- pium exotique, c'est-à-dire à 5o francs le kilogramme (ce prix s'élève de jour en jour), la valeur des ao5 grammes sera de io',25. Les 6 - jours d'ouvriers, à i^,25 par jour, font ']',']5 : donc il y a encore un bénéfice total de 2*^,5o ou d'environ o',4o par jour d'ouvrier. » D'après ces données, et en tenant compte de l'étendue de terrain ex- ploité, il résulterait qu'un hectare d'œillette contenant environ un million de tètes (bonne culture) exigerait, pour l'extraction de l'opium de chaque capsule, 4o8 journées d'ouvriers, ce qui produirait 28'''', 800 de suc opiacé, se réduisant, après dessiccation, à i3'"',698 d'opium; mettons, pour plus de sûreté, i3'"',5oo. Mais, comme on peut inciser deux fois chaque tète et recueillir une nouvelle et même quantité d'opium sans nuire à la graine, on peut porter à 816 le nombre de jours d'ouvriers nécessaires à l'exploitation d'un hectare d'œillette. Le produit de ces deux opérations serait de 27 ki- logrammes d'opium ayant une valeur de i35o francs; le prix des 816 jour- nées, à 1^25, étant de 1020 francs, il reste pour bénéfice net 33o francs. Ce chiffre est certainement un minimum qu'il ne sera pas difficile de dépasser. » MÉTÉOROLOGIE. — Description de l'aurore boréale vue à l'Observatoire de Paris, le 26 septembre i854; par M. Ch. Diejv (i). « L'existence du brillant phénomène me fut révélée par une lueur rouge qui éclaira subitement le champ de ma lunette dirigée vers la constellation du Dragon ; je portai immédiatement mes regards de ce côté, et je vis le ciel, près de l'horizon, comme embrasé par un vaste incendie : cela eut lieu seu- lement quelques secondes avant la complète manifestation des apparences singulières dont je vais essayer d'indiquer le véritable aspect. » Pour moi, l'aurore boréale s'est montrée dans toute sa splendeur à 1 4 heures précises : à cet instant, au milieu d'une éclatante lumière pourpre (s'étendant dans un espace de plus de 3o degrés à l'ouest du méridien infé- rieur et s'élevant de l'horizon vers les étoiles du Dragon), des rayons bril- lants de coloration rouge -jaunâtre étaient immobiles et rangés verticale- (i) Cette Note est adressée, au nom de M. Le Fe/rier absent, par M. Ycon Fil.'arceaii. ( 753 ■) meut, comme les tuyaux d'un jeu d'orgue, au-dessous des étoiles ]S et -y du Dragon ; un peu plus près du méridien, sous les étoiles 9 et i de la même constellation, d'autres rayons, de forme également cylindrique, parurent simultanément : les uns semblaient fixes et les autres mobiles; trois de ces derniers se déplaçaient dans le sens de leur longueur : l'un surtout était très-remarquable par l'amplitude de son mouvement comparable à celui d'un piston de machine à vapeur dont l'élévation ou bien l'abaissement aurait lieu verticalement en deux secondes. » Dès que la lumière pourpre fut exempte d'agitation, bien qu'elle restât toujours très-éclatante, j'ai entrepris de l'observer avec la lunette dont j'ai déjà parlé ( ! i centimètres d'ouverture). Alors, au milieu de sa plus vive intensité et près de l'horizon, il me fut possible de distinguer parfaitement les étoiles de quatrième grandeur a, t et u de la constellation d'Hercule. » Après cet examen, qui a duré au plus deux minutes, la lumière, tou- jours très-rouge et située sous les étoiles du Dragon, s'est ensuite rapide- ment abaissée et s'est étendue de la manière la plus considérable, c'est-à- dire depuis |S du Cygne à l'ouest, jusqu'au delà de l'étoile Procyon du petit Chien, alors située près de l'horizon à l'est, ce qui comprend environ 200 degrés. Il est à remarquer que, sous l'étoile yj de la grande Ourse alors fort voisine du méridien, aucune lumière ne s'est produite, bien que le ciel fût très-pur et sans aucun nuage. A 14'' 3o", il ne restait plus de trace de ce remarquable phénomène. » GFlOlogie. — Des moules ou des empreintes laissées par les coquilles des temps actuels sur les sables marins ; par M . Marcel de Serres. (Extrait.) « Dans les différents Mémoires que j'ai présentés à l'Académie sur la pétrification des coquilles dans le sein de l'Océan et de la Méditerranée, j'ai à peu près uniquement appelé son attention sur la conversion souvent complète de ces corps organisés en carbonate de chaux cristallin. Il ne m'avait pas été donné jusqu'à présent d'observer des empreintes ou, si l'on veut, des moules laissés par les coquilles actuelles sur les sables où elles avaient été fixées avant leur destruction totale; enfin j'ai été assez heureux pour rencontrer plusieurs moules ou empreintes des coquilles actuelles sur les sables durcis, rejetés sur les côtes de la Méditerranée. La localité où ces empreintes ont été trouvées, la côte de Balavas, est une localité bien connue de ceux qui prennent des bains de mer dans les environs de Mont- pellier. C. R., iSSii, a">« Semestre. (T. XXXIX, N» 16.) 99 ( 754 ) » Les moules extérieurs que nous y avons observés, ont été opérés par les valves du Cardiwn tuberculatum dont les côtes saillantes et les sil- lons profonds ont été parfaitement traduits par les sables durcis; ils en représentent exactement les formes. Il en est de même de ceux qui se sont modelés sur les valves de la Cjtherea chione; seulement, au lieu d'avoir leur surface inégale, elle est au contraire unie et polie, comme celle de la Cythérée dont ils ont pris l'empreinte » Le même échantillon où se montrent les moules, nous a offert un fait non moins curieux : une valve d'un autre individu de la même espèce de Cardium nous a permis de reconnaître comment s'est opérée la substitu- tion de la matière calcaire qui en compose les valves, avec une substance nouvelle qui est ici des sables marins [Arena mohilis, Linné). Dans les par- ties où la décomposition de la coquille n'a pas eu lieu, la substance calcaire existe intacte, tandis que dans celles en partie altérées le carbonate de chaux a été remplacé par des molécules sablonneuses qui en ont pris en quelque sorte la structure. Les côtes des Cardium ont conservé après cette substitution leur saillie et leurs formes. Elles offrent en effet les mêmes dis- positions et la même structure que la portion de la coquille où une pareille transformation ne s'est pas opérée. Il s'est seulement produit dans ce phé- nomène un changement dans la nature de la coquille, mais nullement dans ses caractères extérieurs. » Les sables ainsi agrégés, et qui représentent exactement la structure de la coquille, paraissent devoir la solidité qu'ils ont acquise, au ciment qui en a réuni les molécules en même temps qu'au carbonate de chaux dont ils ont été pénétrés. L'excès de ce carbonate s'est précipité sur les moules que l'on pourrait appeler extérieurs, puisqu'ils se sont formés sur la partie externe de la coquille. Il s'y est déposé en cristaux souvent déterminables, qui se rapportent pour la plupart à la variété inverse d'Haùy. Les cristaux sont, du reste, assez communs dans l'intérieur des coquilles en partie pétrifiées, et au milieu des sables qui ont été, pour les molécules du carbonate calcaire, comme des centres d'attraction. Du moins, on ne les observe pas ailleurs, et ils ne se montrent jamais que dans de pareilles conditions. Les cristaux de ce sel, ordinairement translucides, se rapportent presque tous aux mêmes formes cristallines, et leurs nuances sont généralement uniformes. Elles sont constamment d'un jaune pâle légèrement miellé. » Nous avons comparé les moules extérieurs produits de nos jours avec ceux du monde ancien, et nous n'avons pas trouvé entre eux des diffé- rences essentielles, malgré la diversité des époques auxquelles ils ont été ( 755 ) opérés. Les empreintes ou les moules extérieurs que les mollusques actuels laissent sur les sables ne sont, en quelque sorte, qu'une répétition ou plutôt une continuation de l'une des conditions d'un phénomène commun aux deux grandes périodes de l'histoire de la Terre. » M. Marcfx de Sebres demande l'autorisation de reprendre un Mémoire qu'il avait présenté au concours peur le prix concernant la distribution des restes organiques Jossiles dans les di^érentes couches de terrain de sédi- ment. L'Académie ayant eu récemment à se prononcer sur une demande sem- blable, l'autorisation demandée est accordée sans discussion. MM. Briot et Bouquet demandent «t obtiennent l'autorisation de reprendre un Mémoire qu'ils avaient précédemment présenté, et qui n'a pas encore été l'objet d'un Rapport. Les auteurs se proposent de faire quelques additions à ce travail qui a pour titre : « Recherches sur les fonctions définies par les équations diffé- rentielles, » et de le soumettre de nouveau au jugement de l'Académie. M. Cailliaud demande et obtient de même, l'autorisation de reprendre deuxNotes qu'il avait adressées, l'une en i85i , l'autre en 1 854, relativement à la perforation des pierres par les Pholades. Les pièces d'histoire naturelle qui accompagnaient ces communications lui seront également remises. M. KoLLiKER adresse ses remercîments à l'Académie, qui dans la séance du 3o janvier dernier lui avait décerné un prix pour son « Anatomie des tissus de l'homme» et son « Manuel de l'anatomie générale de l'homme. » M. R61- liker fait connaître les motifs qui l'ont empêché de transmettre plus tôt à l'Académie le témoignage de sa reconnaissance. M. Briois, à l'occasion d'une communication récente de M. Réchamp, concernant V action de V acide acétique sur la fécule, annonce qu'il a con- signé les mêmes faits dans un paquet cacheté déposé le 29 août i853, et dont il demande aujourd'hui l'ouverture. Le paquet ouvert renferme la Note suivante : a J'ai l'honneur d'informer l'Académie que je viens d'établir un système » de dosage de la fécule, basé sur la propriété que possèdent quelques » acides (entre autres les acides acétique et tartrique), de dissoudre à 99- • (756) » chaud la fécule sans l'altérer, ce qui permet ensuite de la précipiter soit o par l'alcool, soit en saturant l'acide par certaines bases » M. Vallée adresse une copie de deux de ses Mémoires sur la vision, qui ont été jugés dignes de paraître dans le Recueil des Savants étrangers, et auxquels il a ftût subir les modifications qu'avait indiquées la Commis- sion, en demandant à l'Académie l'impression de ce travail. Les Mémoires modifiés ont reçu, sous leur nouvelle forme, l'approbation de la Com- mission qui avait fait le Rapport. . M. Grar, président de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Valen- ciennes, prie l'Académie de vouloir bien comprendre cette Société dans le nombre de celles auxquelles elle accorde les Comptes rendus hebdoma- daires de ses séances. (Renvoi à la Commission administrafive. ) M. Sorbier s'adresse à l'Académie, dans l'espoir d'obtenir par sa bien- veillante intervention les moyens de se procurer de la graine de vers à soie du ricin. H pense que l'expérience qu'il a acquise dans cette branche de l'Économie rurale, et les soins qu'il donnait aux nouvelles éduca- tions, contribueraient peut-être à hâter, pour le pays qu'il habite, la propa- gation d'une espèce utile-. Cette Lettre est renvoyée à M. Milne Edwards, avec prière de la trans- mettre à l'Administration du Muséum, qui a déjà fait quelques distribu- tions de la graine de Y Àttacus cjnthia à des personnes jugées propres à en faire bon usage. M. AIaizière, auteur de diverses Notes successivement présentées à l'Académie qui n avait pas cru devoir les renvoyer à l'examen d'une Com- mission, adresse aujourd'hui les épreuves d'un opuscule qu'il prépare pour la publication et qu'il se propose d'envoyer au concours pour un des prix décernés annuellement. Il souhaiterait obtenir un jugement sur cet ouvrage, dans sa forme actuelle, afin de pouvoir le modifier d'après les observations qui lui seraient faites avant sa publication définitive. Celte demande ne peut être prise en considération. La séance est levée à 5 heures. F. (75? ) BULLETIN BIBLIOGRAPIIIQL'E. L'Académie a reçu, dans la séance du 9 octobre i854, les ouvrages dont voici les titres : Dangers des Chemins de fer, et des moyens d y remédier; par M. G. Redon- Drzeimehis. Bordeaux, i854;ili-i2. Découverte du principe de la Maladie de la vigne, et des moyens préventifs ou curatifs contre cette maladie; par M. Cazenave; broch. in-4°. Société aérostatique et météorologique de Finance. Exposé des motifs qui, selon la proposition de M. le vicomte Taillepied de la Garenne, adopté dans la séance du 10 mars, doivent guider la Réunion dans le choix des éléments dune expérimentation préliminaire ; \ feuille in-8". Notice sommaire relative aux Eléments d'un projet de navigation aérienne, en dehors des conditions expérimentées jusqu'à ce jour. (Communication destinée à la Société aérostatique et météorologique de France ; par M. le vicomte Tail- lepied DE LA Garenjse, Tun de ses vice-présidents); i feuille in-4°. Ces deux opuscules sont accompagnés de plusieurs pièces manuscrites, copies de celles que l'auteur a adressées à l'Empereur, à M. le Ministre de l'Intérieur, et à M. le Directeur de l'École de Pyrotechnie de Metz. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, fondée par M. B.-R. de Monfoht, rédigée par M. l'abbé Moi Gis o ; 3* année; V* volume; i4* livraison; ui-8°. Journal d' Agriculture pratique. Moniteur de la Propriété et de i Agricul- ture, fondé en 1837 par M. le D'BixiO, publié sous la direction de M. Bahral; 4^ série; tome II; n° ig; 5 octobre i854; in-S". La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; 3* année; a* série; a8^ livraison ; 5 octobre i854; in-8°. Revue thérapeutique du Midi. Journal des Sciences médicales pratiques; publié par M. le D"" LouiS Saurel; tome VII; n° 6; 3o septembre i854. Intorno... Mémoire sur quelques transformations d'intégrales multiples; par M. AuG. Genocchi. Rome, i853; broch. in-8°. Intorno... Lettre de M. V. Nannucgi à M. R. Roncompagni, sur quelques Traités manuscrits d' Arithmétique et de Géométrie existant à la Ribliothèque Riccardienne de Florence; broch. in- 8°. ( 7^8) Rapido... Coup d'œil rapide sur le Choléra-morbus ; par M. G. Capone, { feuille in -8°. L'Ateneo italiano... LAthenœum italien; n° la; i5 septembre i854; in-S'». Mémorial... Mémorial des Ingénieurs ; g^ année; n° 8; août i854; in-8°. Nachrichten... Nouvelles de l'Université et de l' Académie rojale des Sciences de Gottincjue; n" 12; 1 4 août i854; in-8°. Gazette des hôpitaux civils et militaires; n"» 117 à 119; 3, 5 et 7 octo- bre 1854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n° 53 ; 6 octo- bre 1854. Gazette médicale de Paris; n° 4o; 7 octobre i854. L'Abeille médicale ; n° 28; 5 octobre i854. La Lumière. Revue de la Photographie; 4* année; n°4o; 7 octobre i854. La Presse médicale; n° 4»; 7 octobre i854. L'Athenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux- Arts; 3* année; n° 4o; 7 octobre i854. Le Moniteur des hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau ; n°» i i 8 à i ao ; 3, 5 et 7 octobre i854. L'Académie a reçu, dans la séance du 16 octobre i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 2* semestre i854; n" i5; in-4°. Institut impérial de France. Académie des Beaux-Arts. Séance publique annuelle du samedi 7 octobre i854, présidée par M. Forster; in-4'*. Rapport sur les Tapisseries et les Tapis des Manufactures nationales, fait à la Commission française du Jury international de C Exposition universelle de Lon- dres; par M. Chevreul. Paris, i854;broch. in-8°. Dulong de Rouen, sa Fie et ses Ouvrages; par MM. J. GiRARDiN et Ch. Laurens. Rouen, i854; broch. iu-8''. Etude de C Appareil reproducteur dans les cinq classes d'Animaux vertébrés, au point de vue anatomique, physiologique et zoologique, par M. G.-J. Martin- Sacnt-Ange. Paris, i854; in-4''. (Extrait du tome XIV du Recueil des Savants étrangers. ) ( 759) Monographie de la hernie du cerveau et de quelques lésions voisines; par M. A. Spring. Bruxelles, i853; in-4°. Traité d' Analomie descriptive et d' Histologie spéciale ; par M. E.-M. Van Kempen. Louvain, i854; i vol. in-8''. Manuel d'Anatomie générale; par le même. Louvain, i85i; in-8°. Ces deux ouvrages sont adressés au concours Monljon, Médecine et Chirurgie. Histoire et Thérapeutique de la Syphilis des nouveau-nés et des enfants à la mamelle ; par M Putegnat (de Lunéville). i854; in-8°. Traité d'Arithmétique théorique^ et pratique, en rapport avec les nouveaux Programmes d'enseignement; par le R. P. Faton. Paris, i854; in- 12. De l'Action exercée sur les roches par les Mollusques perforants, et des Moyens de distinguer celte action des effets produits par les agents extérieurs, avec une Note additionnelle à ce Mémoire; par M. Marcel DE Serres. Mont- pellier, i854; brocli. in-4°. Nouvelles Observations sur la culture et la maladie de la pomme de terre; par M. V. Chatel; broch. in-8'^. Maladie de la feigne, du Cerisier, du Nojer, du Mûrier, etc. ; par le même; I de feuille in-8°. Note sur quelques My labres employés avec succès à Pondichérj pour rem- placer la Cantharide; par M. F.-E. Guérin- MÉNEville ; { de feuille in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine, rédigé sous la direction de MM. F. DuROis (d'Amiens), secrétaire perpétuel, et Gibert, secrétaire annuel; tome XIX; n° 24; 3o septembre i854; in-S". Bulletin de la Société de Géographie, rédigé par la Section de publication et par MM. CORTAMBERT et Malte-Brun; 4* série; tome VIII; n°' 44 et 45; août et septembre i854; in-8°. Société d'Encouragement pour [Industrie nationale. Programmes des prix proposés pour être décernés dans les années 1 85 1 , 1 856, 1 860 et 1 865 ; in-4°- Annales de [Agriculture française, ou Becueil encyclopédique d'Agriculture, publié sous la direction de MM. Londet et L. Bouchard; 5'' série, tome IV, n° 7; i5 octobre i854; in-8". Annales forestières et métallurgiques; 10 et 25 septembre i854; in-S". Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, fondée par M. B.-R. DE Mo^FORT, rédigée par M. l'abbé MoiGNO; 3* année; V* volume; i5* livrai- son ; in-S". Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Becueil mensuel de ( 760 ) Mémoires sur les diverses parties des Mathématiques , publié par M. Joseph LiouviLLE; juillet et août i854; in-4". Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; 11" i ; looctobre i854;in-8°. L' Agriculteur praticien. Revue de l'agriculture française et étrangère ;n° i ; septembre 1 854 ; in-8". La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; 3* année ; ît* série; ag'' livraison ; i5 octobre i854; in-S". Nouveau Journal des Connaissances utiles; 2" année, n° 6; 10 octobre i854; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques. Journal des candidats aux Ecoles Po- lytechnique et Normale, rédigé par MM. Terquem et Gerono; octobre 1 854 ; in-8°. Répertoire de Pharmacie. Recueil pratique rédigé par M. BodcHARDAT; octobre i854; in-S". Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n° ao; i5 octobre i854; in-8°. Revue thérapeutique du midi. Journal des Sciences médicales pratiques, publié par M. le D'' LouiS Saurel; n° 7; i5 octobre i854; in-8°. Rapporte... Rapports et Observations concernant le traitement des enfants affectés de crétinisme, recueillis dans l hospice Victor-Emmanuel, de la ville d'Aost; publié par M. L. CiRRARio ; broch. in-4°. Astronomical... Observations astronomiques, magnétiques et météorologi- ques, faites à l'Observatoire rojral de Greenwich, pendant l'année i85a, soùs la direction de M. G. BiDDEL AiRY. Londres, i853; in-4°. Proceedings... Procès-verbaux de la Société rojale de Londres; vol. VII , n° 6; in-8°. Address... Discours prononcé à la Séance annuelle de la Société rojale géographique, le 22 mai i854; par M. le comte DE Ellessmere, président. Londres, i854; broch. in-8°. Denkschriften... Mémoires de [Académie impériale de Vienne. Classe des Sciences mathématiques et naturelles-, tome VII. Vienne, i854; in-4''. Denkschriften... Mémoires de la même Académie. Classe de Philosophie et d' Histoire ; tome V. Vienne, i854; in-4°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 23 OCTOBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. MiLNE Edwards présente les observations suivantes à l'occasion du procès- verbal de la dernière séance. « Comme un des devoirs de l'Administration du Muséum d'Histoire natu- relle est de faire des expériences relatives à l'acclimatation en France des plantes et des animaux qu'elle juge pouvoir y être introduits utilement, et qu'une légère erreur de date commise, bien certainement à son insu, par mon savant collègue M. Geoffroy-Saint-Hilaire (i) pourrait tendre à faire penser que la priorité pour les essais d'éducation du ver à soie du ricin en France n'appartiendrait pas à cet établissement, je crois utile de rétablir ici quelques dates. » Ce n'est pas, comme le pense M. Geoffroy, huit jours après la commu- nication faite ici par le professeur d'entomologie du Muséum d'Histoire naturelle au sujet de la réussite des essais d'acclimatation du ver à soie du ricin, que M. Guérin-Méneville a mis sous les yeux de l'Académie quel- ques papillons du Bombjx cjnthia provenant d'une éducation de ces vers à soie faite à Turin et obtenus à l'aide de cocons envoyés à Paris au com- mencement d'octobre, mais six semaines après la lecture de maNote sur les (i) Com/jtes rendus de la séance du 1 6 octobre, page 706. C. K., 1854, a"»» Semestre. (T. XXXIX, ti" 17.) lOO ( 762 ) vers à soie nés au Jardin des Plantes, de graines envoyées à cet établisse- ment par M. Savi de Pise à la fin de juillet dernier (i), et plus de deux mois après l'annonce de la réussite de cette même expérience faite à la Société impériale d'Agriculture. » J'ajouterai que je possède maintenant une seconde génération des vers à soie du ricin. lia première éducation a été commencée au Jardin des Plantes par moi à la fin de juillet ; la seconde date de la semaine dernière. Malgré la période avancée de l'année, il ne s'est donc écoulé qu'environ deux mois et demi entre la première éclosion des vers et celle de la nouvelle génération provenant de ces mêmes insectes. Une des divisions de la serre tempérée du Muséum a été disposée par les soins de M. Decaisne pour recevoir la majeure partie de cette seconde génération de vers et préserver ceux-ci des accideuis auxquels pourraient être exposés ceux que je continue à élever moi- même. » Il est bon de noter aussi que depuis quinzeans desessaisdu mêmegenre se poursuivent au laboratoire d'entomologie du Muséum. Ces expériences relatives à l'acclimatation de vers à soie exotiques furent commencées en 1 840 par feu notre collègue V. Audouin (2) et eurent pour objet une grande espèce de Bombyx qui vit à l'état sauvage en Amérique (le B. Cecropia). Après la mort de ce savant distingué, son successeur dans la cliairc d'ento- mologie du Muséum tenta à plusieurs reprises d'élever en domesticité ce Bombyx, mais sans succès (3). En i85i^ je fis d'autres essais d'acclimata- tion sur le Bombjx Luna et le Bombyx Polyphemus ; mais ces tentatives n'ayant pas donné de bons résultats, il m'a semblé inutile d'en entretenir le public. » Réponse de M. Is. Geoffroy-SaIxNt-Hu.aire à la réclamation de M. Mil ne Edwards. « C'est dans deux séances successives, celles du 2 et du 9 octobre, que ( I ) Comptes rendus de la séance du 28 août 1 853. C'est la seconde communication faite par M. Milne Edwards dans la séance du 2 octobre, qui a été suivie à huît jours de distance par la Note de M. Guérin, dont M. Geoffroy a fait mention. La communication des premiers résultats de l'éducation faite par M. Milne Edwards eut lieu à la Société d'Agriculture le 2 acût 1854. (2) Voir les Comptes rendus, tome IX , page 96. (3) Plusieurs Notes au sujet de ces éducations, faites sous ma direction dans mon labora- toire, ont été, avec mon autorisation, communiquées à la Société d'Entomologie par les jeunes naturalistes attachés au service du Muséum, et insérées dans le Bulletin de cette Socicti' en 1843 et plus récemment. ( 763 ) MM. Edwards et Guérin-Méneville ont mis des papillons vivants du Bom- byx cjnthia sous les yeux de l'Académie. Je n'ai donc commis aucune erreur de date, en disant que les papillons de M. Guérin avaient été pré- sentés Ai«^ /oM;,y après ceux de M. Edwards ; mais les termes dont je me suis servi, étaient, à ce qu'il paraît, susceptibles de deux interprétations. En parlant de Y éducation faite au Jardin des Plantes, je croyais cependant avoir suffisamment désigné la seconde communication de M. Edwards, la première ayant eu pour objet, non une e'ducation faite, mais, selon son titre même, Y introduction en France du nouveau ver à soie, son éclosion, et son existence à Paris, à l'état de chenilles que notre savant confrère nous a montrées vivantes sur un pied de ricin. » Il est du reste incontestable qu'on doit à M. Edwards la première éducation du Bombyx cjnthia qui ait été faite en France. J'ajouterai même qu'il est encore le seul, à ma connaissance, qui, parmi nous, ait élevé l'insecte depuis la sortie de l'œuf jusqu'à sa reproduction. Les papillons obtenus dans la même semaine par M. Guérin-Méneville pro- venaient, comme |e l'ai dit, des cocons envoyés par MM. Baruffii et Griseri à la Sociélé zoologique d'Acclimatation. » EAUX MINÉRALES. — Observations sur la présence et la quantité d'arsenic contenu dans les eaux du Mont-Dore, de Saint-Nectaire, delà Bourhoule et de Rojat; par M. Thenard. « En retournant cette année aux eaux du Mont-Dore, j'avais d'abord l'intention d'en faire une analyse exacte, et d'analyser en même temps les sources qui en sont voisines ; savoir : celles de Saint-Nectaire, de la Bour- boule et de Royat ; mais l'état de ma santé ne m'a pas permis d'exécuter ce projet. Je me suis borné à déterminer de nouveau la quantité d'arsenic con- tenu dans les eaux du Mont-Dore, à rechercher ensuite si les autres en con- tenaient aussi, et combien elles en pouvaient contenir. La présence de ce corps dans les eaux minérales doit avoir tant d'influence sur leurs effets, qu'on ne saurait, ce me semble, attacher trop d'importance à le doser exactement. » J'ai toujours agi, dans chaque opération, sur lo litres d'eau réduite par l'évaporation dans une bassine d'argent à environ 12 à i5 centilitres. Les eaux ainsi concentrées ont été conservées dans autant de petites bouteilles avec les dépôts auxquels elles avaient donné lieu ; puis elles ont été trans- portées au laboratoire de mon fils à Talmay, où, secondé par lui-même et par 100.. ( 764 ) ses aides, MM. Rommier et Bouilhon, j'ai fait les recherches dont je vais avoir l'honneur de rendre compte. w Nous avons d'abord examiné quels étaient les meilleurs procédés pour doser l'arsenic dans les eaux minérales, quand il s'y trouvait à l'état d'acide. » Trois procédés ont été expérimentés ; ils ont donné de bons résultats. » Le premier consiste à transformer l'arsenic en hydrogène arsénié dans l'appareil de Marsh par l'acide sulfurique pur et le zinc distillé, et à décom- poser l'hydrogène arsénié par la chaleur. Seulement, il faut que le tube soit de verre vert, assez étroit, protégé contre le feu par une lame de clinquant et porté au rouge naissant; il faut même que l'opération soit conduite len- tement : sans cela une petite partie d'hydrogène arsénié pourrait ne pas être décomposé. Il faut aussi introduire l'acide et la liqueur à analyser par un tube droit qui soit assez large pour que l'air s'en dégage aisément, et qui plonge presque au fond d'un petit tube en verre fermé à sa partie inférieure, d'un diamètre un peu plus grand que l'autre et d'environ i 4^ centimètres de haut. Par ce moyen , on est sûr de ne perdre aucune bulle de gaz , et de pouvoir introduire les liqueurs , quand bien même elles contiendraient un léger dépôt en suspension. » Huit milligrammes d'acide arsénieux bien sec et dissous dans l'acide chlorhydrique nous ont donné 6"''"'8,o3 d'arsenic; le calcul donne 6"'"'^, 06. » Le second consiste à introduire dans le tube de verre vert qui doit être chauffé, une spirale en fil fin de cuivre rouge qu'on pèse avant et après l'expérience à une petite balance sensible à moins d'un quart de milli- gramme. Le cuivre contourné en spirale doit être avant tout porté au petit rouge dans un tuyau de fer où sera établi un courant de gaz hydrogène desséché par la potasse caustique ; pour être certain qu'il soit bien décapé, on l'y laisse refroidir. » Il est bon que le tube de verre soit assez long pour le pouvoir chauffer au moins à 45o degrés, là où sera le cuivre , et plus loin au i-ouge naissant, afin de décomposer à cette haute température les petites quantités d'hydro- gène arsénié qui auraient pu ne pas être en contact avec le cuivre et échapper à son action. » En opérant sur 8 milligrammes d'acide arsénieux comme dans l'épreuve précédente, on a trouvé que le poids de la spirale avait augmenté de 6'"""B,o7. » Le troisième procédé consiste à verser dans l'eau minérale un excès d'acide chlorhydrique, et à y faire passer un courant d'un grand excès de gaz suif hydrique pur à la température d'environ 100 degrés, en évitant ( 765) tout contact avec l'air, puis à remplacer le courant de gaz sulfhydrique par un courant de gaz carbonique pur pour chasser l'hydrogène sulfuré dissous, et enfin à laver le sulfure à plusieurs reprises par décantation avec de l'eau distillée bouillante. Les dépôts ne se font que lentement, et les liqueurs ne s'éclaircissent tout au plus qu'en vingt-quatre heures. Avec du soin, on parvient à réunir tout le sulfure dans une petite capsule où on le fait dessécher, et qu'on pèse avant et après l'opération. Mais comme la dessiccation pourrait ne pas être parfaite, il vaudrait mieux transformer le soufre et l'arsenic en acides par l'action de l'eau régale, et estimer ensuite la quantité de soufre par le chlorure de barium, au moyen d'une liqueur titrée. :-. : M Dans tous les cas, ceci suppose que l'oxyde de fer que pourrait tenir l'eau minérale ne soit pas peroxyde; car il serait ramené à l'état de prot- oxyde par l'hydrogène sulfuré, et il y aurait par cela même dépôt de soufre. Je pense qu'un peu d'acide phosphoreux mis en même temps que l'acide chlorhydrique produirait cet effet. '-t>ft« - » Ces premiers essais étant faits, chaque espèce d'eau minérale fut suc- cessivement examinée; elles sont toutes plus ou moins gazeuses et plus ou moins salines. Eau du Mont-Dore, source de la Madeleine, puisée par moi-même. » C'est l'eau de cette source que l'on boit. Elle présente en se refroidis- sant un phénomène remarquable. Elle se trouble légèrement, et de styptique qu'elle est devient presque insipide. Le dépôt est d'un blanc légèrement gris. J'en avais recueilli assez pour l'analyser; malheureusement les quelques décigrammes que je m'étais procurés se sont perdus dans le voyage. Des essais antérieurs, mais qu'il faut répéter, me permettent jusqu'à un certain point de le regarder comme un composé de carbonates de chaux et de prot- oxyde de fer. » La quantité d'arsenic dans l'eau du Mont-Dore a été déterminée parles trois procédés ci-dessus décrits. Le second seulement a été appliqué aux autres eaux. Comme l'eau du Mont-Dore contient du bicarbonate de soude, on y a versé d'abord et peu à peu un excès d'acide chlorhydrique pour le décomposer et dissoudre, autant que possible, le dépôt qui s'était formé par l'évaporation. » L'opération, comme je l'ai déjà dit, a été faite sur lo litres réduits à environ i5 centilitres. ( 766) ■ » En décomposant l'hydrogène arsénié par la chaleur, on a obtenu 5iniiug 3 d'arsenic, ce qui donne par litre o"''"^,53 d'arsenic, ou bien o™'"'^,8 1 2 d'acide arsénique, ou bien encore i™'"'^,a53 d'arséniate de soude, par con- séquent plus que je n'en avais trouvé d'abord. » En le décomposant par une spirale de cuivre, on a obtenu 5™'"'^, 5, ce qui confirme les résultats de l'expérience précédente. La spirale en effet pesait 4^'', 164 avant l'opération et ^^',i6gS après; elle était devenue d'un gris blanc dans le premier quart de sa longueur; elle avait conservé au contraire tout son brillant et sa couleur naturelle dans le reste de sa lon- gueur. Aucune trace d'arsenic ne s'était condensée dans la partie du tube, chauffée au rouge; il ne s'en était manifesté non plus aucune, en allumant le gaz à l'extrémité du tube et exposant le jet enflammé au contact d'une capsule de porcelaine. » Les résultats provenant de l'action de l'hydrogène sulfuré n'ont point été aussi nets que je l'aurais désiré et qu'ils pourraient l'être. La décomposi- tion de l'acide arsenical a bien été complète: car la liqueur, après l'opéra- tion, ayant été décantée, concentrée et soumise à l'épreuve de l'appareil de Marsh, n'a donné aucune tache. Le dépôt lui-même a pu être lavé avec soin et recueilli tout entier; mais il n'a pu être qu'incomplètement desséché, même en plaçant la petite capsule qui le contenait déjà sec en apparence dans du sable chauffé à 60 degrés, et l'exposant à l'action d'un vide fait à quelques millimètres. Toutefois une contre-épreuve ayant eu lieu avec 8 milligrammes d'arséniate de potasse parfaitement cristallisés, les résultats ont été sensiblement proportionnels, si ce n'est que le dépôt fait dans l'eau minérale avait un poids relatif un peu plus fort que celui de l'arséniate. » C'est ce qui m'a fait dire précédemment qu'il valait beaucoup mieux transformer le soufi-e du sulfure en acide suliurique et estimer celui-ci par le chlorure de barium au moyen d'une liqueur titrée , en ramenant d'abord le fer qui serait peroxyde à l'état de protoxyde. » Du moins, de l'expérience faite avec l'hydrogène sulfuré on peut tirer cette conséquence, que l'eau du Mont-Dore contient sans doute l'arsenic à l'état d'acide arsénique, et non point à l'état d'acide arsénieux; car la dé- composition n'a pas lieu immédiatement à la température ordinaire, et le dépôt a la couleur du persulfure d'arsenic. D'ailleurs, ce qui corrobore cette conséquence, c'est que, comme je l'ai déjà dit dans mon Mémoire du 5 juin i853 (Compte rendu), on trouve dans les réservoirs où séjournent les eaux un dépôt rouge ocreux cpii contient de l'oxyde de fer arséniaté. » Non-seulement les eaux du Mont-Dore s'administrent en boisson, mais ( 767 ) encore en bains entiers, en bains de pieds, en douches et en vapeur. C'est même aux bains de vapeur que MM. les D" Bertrand attachent le phis de prix; c'est avec ces bains qu'ils obtiennent les meilleurs résultats. » L'eau est portée à une forte ébullition dans des chaudières en fer. Des tuyaux conduisent la vapeur dans une grande chambre où se trouvent des gradins élevés les uns au-dessus des autres. C'est sur ces gradins que se placent les patients, les uns sur les plus hauts gradins où la température est d'environ 35 degrés, les autres sur les plus bas où elle n'est que d'à peu près 29 degrés. Quelquefois la vapeur est si intense, qu'on se voit à peine à un mètre de distance. On lui donne issue par des vasistas pratiqués au haut de deux des trois grandes croisées qui éclairent la salle d'aspiration. Il y a quelquefois aussi soixante à soixante-dix personnes qui respirent en même temps la vapeur. Des dispositions ont été faites, cetteannée, pour augmenter le nombre des salles de bains. Il serait à souhaiter que les choses fussent disposées de manière que l'on pût donner, dans des cabinets plus ou moins grands, des bains de vapeur à quelques personnes et même à une seule. On y trouverait cet avantage, qu'indépendamment de ce que l'on ne respirerait plus l'air exhalé de la poitrine de ses nombreux voisins, on pourrait n'aspi- rer la vapeur qu'au degré que l'on voudrait. La durée du bain est d'une demi-heure à une heure. » Quoi qu'il en soit, on ne saurait mettre en doute les effets bienfaisants et quelquefois extraordinaires des bains de vapeur, tels même qu'ils sont administrés actuellement. » Il était donc important de savoir si la vapeur n'entraînait pas avec elle quelques-uns des principes salins de l'eau minérale elle-même. » M. le D' Bertrand fils, m'ayaot invité à m'occuper de cette recherche, je fis construire un appareil en fer-blanc propre à condenser et à recueillir une certaine quantité de vapeur. » Cet appareil se composait d'un cylindre en fer-blanc, haut de 5o cen- timètres et large de 16 à 17 centimètres, fermé en bas et ouvert en haut; une anse en fer servait à le porter ; on le remplissait presque entièrement de glace; on le suspendait dans la salle de bain, à une hauteur assez grande pour qu'on ne pût pas l'atteindre, et bientôt la vapeur, se condensant sur les parois extérieures, coulait et se réunissait en gouttelettes dans un vase également en fer-blanc, un peu plus large que le précédent et qui s'y agrafait. C'est pendant l'administration même du bain que l'eau vaporisée a été condensée. Je m'en suis procuré ainsi environ 8 décilitres. » Cette eau, au bout d'un mois, fut examinée. Elle sentait le vieux ( 768 ) fromage, et avait laissé déposer quelques filaments qui ne purent être étudiés convenablement. » D'ailleurs elle était d'une limpidité parfaite. Essayée par le chlorure de barium, l'oxalate d'ammoniaque, le nitrate d'argent, elle se troubla très- sensiblement. Mise en contact avec le papier de tournesol légèrement rouge, elle le fit revenir au bleu. Elle contenait donc des traces de matières salines. V Contenait-elle des traces d'arsenic? C'était probable. Mais il fallait le démontrer. i^sn Il est un autre essai que j'ai tenté; j'ai fait suspendre des écheveaux de fil de fer dans la salle d'aspiration, pensant que si les eaux contenaient un peu d'iodure de sodiiun, il s'en dégagerait pendant leur ébullition des traces d'iode qui se combineraient au fer. J'ai quitté trop tôt le Mont-Dore pour emporter ces écheveaux; ils seront essayés par M. le D' Bertrand fils, inspecteur adjoint, qui possède à Clermont un laboratoire où il lui sera facile de reconnaître si la vapeur d'iode joue quelque rôle dans les effets des bains de vapeur. Eaux de Saint-Nectaire, situées h environ 20 kilomètres du Mont-Dore. , ^ Ces eaux, qui donnent lieu à des incrustations de carbonate de chaux, ( 769) si fines, si belles, si délicates, et dont l'action médicale est puissante, se composent de plusieurs sources. » La quantité d'arsenic a été déterminée en employant la spirale de cuivre et en opérant, comme précédemment, sur 10 litres réduits à environ la centilitres. » On a trouvé dans l'eau de Saint-Nectaire, haut du mont Cornador, gmiiug^^ d'arsenic, ce qui donne par litre o'"'"'^',57 d'arsenic, ou o"''"'b,873 d'acide arsénique, ou bien encore i™'"'s,346 d'arséniate de soude; » Dans l'eau de Saint-Nectaire bas, dite source Gros-Bouillon, 6™'"'«, a, ce qui donne par litre o™"'s,6i d'arsenic, ou bien o"''"'^,934 d'acide arsénique, ou bien encore i"'"'^,44i d'arséniate de soude; M Et dans, l'eau de Saint-Nectaire, source Boëte, 8™"''s,2 d'arsenic, ce qui donne, par litre, o™'"'8,82 d'arsenic, ou i™™s,256 d'acide arsénique, ou bien encore i"""'^,935 d'arséniate de soude. » Les deux premières me furent remises par M. Vernière, inspecteur des eaux, et la dernière par le propriétaire de la source. Eau de Roy at, puisée par moi-même. » Ces eaux, très-abondantes et situées près de Glermont, ne contiennent que 3"''"'s,5 d'arsenic, ce qui donne, par litre, o"""'s,35 d'arsenic, ou bien o™'"'^,536 d'acide arsénique , ou bien encore o™'"'s,827 d'arséniate de soude. Eau de la Bourboule, puisée par moi-même. » Les eaux de la Bourboule, situées à environ 4 kilomètres du Mont- Dore, sur la Dordogne, se composent de plusieurs sources peu abondantes. Je n'ai fait de recherches que sur celle que l'on emploie pour les bains ; elle ne fournit qu'environ 28 litres par minute, mais sa température est de 52 degrés. J'ai été étonné de la quantité d'arsenic que j'y ai trouvé. Nous en avons retiré d'un seul litre, réduit à quelques centilitres, 8™"'s,5, ce qui donne, par litre, i3™'"'s,o2 d'acide arsénique, ou bien 20°""'^, 09 d'arséniate de soude. L'opération avait d'abord été faite sur 10 litres, réduits à environ 12 centilitres; mais la quantité d'arsenic était telle, qu'il s'en était dégagé à l'extrémité du tube, quoiqu'on fît usage du second pro- cédé, c'est-à-dire plus de quinze fois autant que de celle du Mont-Dore. 1) Les eaux de la Bourboule ont une très-grande action sur l'économie animale. Il paraît qu'on les emploie avec beaucoup de succès dans les mala- dies cutanées, et qu'elles sont souveraines contre les affections scroluleuses. La haute température à laquelle on les administre, et les sels qu'elles con- tiennent, peuvent avoir une influence marquée sur les résultats obtenus. C. R. i854, a"»» Semeur*. (T. XXXIX, K» 17.) lOI ( 77» ) ■ Mais c'est à l'arséniate de soude qu'elles doivent sans doute les cures remar- quables qu'elles opèrent. Il serait important de voir si, en ajoutant une quantité convenable d'arséniate de soude aux eaux du Mont-Dore, on obtien- drait les mêmes résultats. Je suis fort disposé à le croire. » Jj'arsenic est un si puissant agent, que même, à des doses extrêmement minimes, il doit agir, surtout quand le patient prend pendant dix-huit à dix- neuf jours consécutifs, comme au Mont-Dore, dans la même journée : un bain entier d'une heure le matin, puis un bain de vapeur de trois quarts d'heure à une heure, ensuite trois à quatre verres d'eau à la température de plus de 4o degrés, enfin un bain de pieds très-chaud, et quelquefois une douche. L'eau pénètre en lui partout : par l'estomac, par les pores, par la poitrine. Si elle contient quelque principe actif, elle ne doit pas être sans effet; elle en doit produire de salutaires ou de nuisibles. Aussi, MM. les D" Bertrand, qui connaissent si bien la valeur médicale de leurs eaux, ne permettent-ils de les prendre qu'après l'examen le plus attentif, et plus d'une fois ils se sont refusés à admettre à leurs bains des personnes qui, de bien loin, venaient s'y rendre. , » Il est donc prouvé que l'arsenic existe à l'état d'arséniate de soude dans les sources minérales qui avoisinent le Mont-Dore, comme dans celles du Mont-Dore même, qu'il y existe en quantité diverse, et quelquefois en quantité qu'on peut dire grande, comme dans celles de la Bourboule. » MM. Chevalier et Gobley en ont déjà signalé la présence dans huit es- pèces d'eaux minérales. » M. Bouquet, dans un Mémoire que je ne connaissais que par extrait des Comptes rendus du i4 août i854, avant la lecture du mien, mais qui me paraît très-remarquable, l'a trouvé dans plusieurs autres; il en a même déterminé la quantité exactement (i). » Quelques autres chimistes l'ont également extrait de sources diverses. » Il suit de là que désormais on devra rechercher avec soin l'arsenic dans les eaux minérales qu'on analysera; il ne se trouvera probablement qu'à l'état d'arséniate dans les eaux salines. » Mais si on le rencontrait dans quelques eaux sulfureuses, il pourrait y être à l'état de sulfure arsenical dissous dans le sulfure alcalin que l'eau con- tient quelquefois. » Maintenant, si l'on considère qu'il peut exister dans les eaux plusieurs autres substances qu'on ne soupçonnait pas autrefois ; que quelques-unes d'entre elles sont très-actives, et qu'il serait possible qu'on y en découvrît de (i) Le Mémoire de M. Bouquet vient de m'être remis en manuscrit} il sera sans doute incessamment publié. ( 771 ) nouvelles, on en tirera cette conséquence, qu'il faut refaire l'analyse, du moins des principales eaux minérales, dans l'intérêt de la science médicale. Mais ce travail long, pénible, difficile, ne pourrait être confié qu'à des per- sonnes qui connaissent toutes les ressources de la chimie et de la géologie. » Il serait digne de l'Académie de le provoquer et de s'y associer, et je m'empresserais d'en faire la proposition dans une séance secrète où elle serait discutée, si j'avais l'espérance de la voir appuyée par quelques-uns de mes honorables confrères. On trouverait dans ce travail, exécuté sous les auspices de l'Académie, l'emploi très-utile d'une partie des fonds Montyon ; ils seraient parfaitement appliqués à leur destination. » M. Le Verrier présente les observations météorologiques faites à l'Obser- vatoire impérial pendant les mois de juillet, août et septembre i854. {P'oir les pages 8i4, 8i5 et 8i6. ) ÉLECTKOCHiMiE. — Remarques concernant la Note de M. Sainte-Claire- Deville, insérée dans le n° 12 des Comptes rendus ; Lettre de M. Bunsen. « Dans le cahier du 1 8 septembre des Comptes rendus de V Académie des Sciences se trouve une Note de M. Sainte-Ciaire-Deville , dans laquelle, tout en rappelant à l'Académie la Note qu'il avait lue dans sa séance du i4 août dernier, il fait mention de mon Mémoire paru dans les /annales de Poggendorjf' qne\qne temps avant cette même séance du i4 août. En réa- lité, c'est cette publication qui a donné lieu à la dernière Note de M. De- ville; car, après y avoir remarqué que, dès cet hiver, il était arrivé à produire l'aluminium sans le secours de réducteurs alcalins; qu'à cette époque MM. Thenard, Boussingault, Pelouze et autres, avaient assisté à quelques- unes de ces expériences ; que plusieurs professeurs de Paris avaient dans leurs leçons parlé de son procédé et répété ses expériences , ce qui néces- sairement devait leur donner une complète publicité, il ajoute : « L'Aca- » demie voudra bien me pardonner ces explications que je lui dois, à cause » d'une circonstance que je ne connaissais pas à l'époque de ma lecture et » que j'apprends loin de Paris. Quelques jours avant la séance du i4 août , » M. Bunsen publiait, dans les Jnnnles de Poggendorff', un procédé à peu » près semblable à l'un des miens. Ce procédé en diffère même si peu , que » bien des personnes , ignorant et les faits qui précèdent et l'impossibihté » dans laquelle je me trouvais alors de connaître le Mémoire de M. Bunsen, » pourraient m'accuser de n'en avoir pas fait mention. Pour moi, je ne puis » qu'être très-heureux d'avoir pu résoudre le problème que je m'étais 101 .. ( 77^ ) » proposé par les moyens qu'a adoptés un homme aussi haut placé que » M. Bunsen dans l'estime de tous les hommes de science. » » Quiconque a lu cette Note , doit y trouver , pour moi , le reproche que M. Deville désire écarter de lui. Je me vois ainsi dans la nécessité d'appeler à mon tour l'attention de l'Académie sur un fait qui précède, que M. De- ville ignorait peut-être, ou dont il n'a pas jugé à propos de faire mention. » C'est en i85a, le 26 mars, par conséquent longtemps avant que M. Deville songeât à la production de l'aluminium, que, dans les ^4 finales de Liehig, j'ai rendu compte du procédé 'd'après lequel, au moyen d'une pile de 4 à 6 éléments, on parvient facilement à tirer du chlorure magné - sique des masses solides de magnésium du poids de 5 à 7 grammes. Il s'en trouve même plusieurs fragments entre les mains de quelques-uns des Memhres de l'Académie qu'a nommés M. Deville. A la fin de cet article, j'ai formellement annoncé mon projet de poursuivre ce travail, ainsi qu'on peut le voir au tome XXXVI des y^nnales de Chimie et de Physique, 1862, yae s^rie: « Préparation du magnésium par voie de décomposition galva- nique, par M. Bunsen. » » Comme ni l'Académie ni M. Deville ne sauraient être de l'opinion que, pour ohtenir la permission de me servir librement de mon propre procédé, il m'eût fallu, en dehors des chlorures déjà mentionnés, donner la longue liste de tous les autres, qui sont pareillement réductibles à l'aide de ce pro- cédé, je crois que le reproche indirectement caché sous les paroles de M. Deville ne peut m'atteindre. I^a même raison m'oblige à me soustraire aux compliments de M. Deville. Car si, d'après la méthode d'un chimiste publiée en i852, un autre chimiste vient, en i854, aux métaux déjà obte- nus par cette méthode en ajouter Un nouveau, il me semble que cela ne suffit pas à transformer en i854 \ inventeur de i852 en simple coap- plicateur. » Je me crois d'autant mieux fondé à donner cette explication, que j'af- firme très-haut le mérite qu'a eu M. Deville de corriger et de perfectionner nos vues quant aux propriétés du métal en question, découvert par mon illustre compatriote, M. Wœhler. » M. Jacnez adresse, au nom de M. Demidoff : 1° Les Observations météorologiques faites à Nijné-Taguilsk pendant le mois de décembre iSSa, rectifiées; 2° le Résumé des Observations météoro- logiques pendant toute l'année 1862; 3° les douze mois de l'année i853; 4° le Résumé de l'année 1 853 ; 5° les Observations psychrométriques faites à Nijné-Taguilsk pendant les dix premiers mois de i853, avec les moyennes de ces mêmes Observations. ( 773 ) MÉMOIRES LUS. ZOOLOGIE. — Observations sur les Ligules; par M. Brullé. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Valenciennes.) « Mes recherches ont eu pour objet une phase de la vie des Ligules qui paraît n'avoir pas encore été observée. C'est la phase pendant laquelle ces vers, vivant dans la cavité abdominale des poissons cyprinoïdes, contraire- ment à ce que l'on admettait et à ce que l'on admet encore aujourd'hui, sont aptes à se reproduire, et présentent xuie organisation beaucoup plus développée qu'on ne l'avait pensé jusqu'à présent. » A l'occasion d'une épidémie de Ligules qui sévit cette année sur les Ablettes (i) dans le canal de Bourgogne, j'ai examiné une quantité consi- dérable de ces vers, depviis le aS août environ jusqu'au milieu du présent mois. D'abord ils se sont présentés au nombre de un à six dans chaque poisson, cherchant à se frayer une issue au travers des muscles et des téguments, ou par les ouvertures naturelles. » Un peu plus tard, j'ai vu un de ces vers, que je venais d'extraire du corps d'une Ablette, pondre deux ou trois petits vivants, qui sortaient de la ligne médiane du ver et qui étaient longs seulement de quelques milli- mètres. Ces petits vers ressemblaient à l'individu mère, si ce n'est que la partie antérieure de leur corps était plus élargie et plus épaisse que la partie opposée. Je ne puis mieux les comparer, sauf la grosseur, qu'aux spermatozoïdes de l'homme. » C'est la seule fois que j'aie été témoin directement de la ponte des Ligules; mais j'ai pu obtenir tuie preuve indirecte de leur viviparité en remarquant que des Ligules placées par moi dans l'eau, après avoir été soigneusement visitées, ne tardaient pas à être accompagnées de petites Ligules vivantes, semblables à celles que j'avais remarquées précédemment. » Enfin, à partir du milieu de septembre, je ne trouvais plus les Ligules dans les Ablettes à moins qu'elles ne fussent accompagnées d'une plus ou moins grande quantité de jeunes Ligules à des degrés de développement variés. C'est même dans cet état que j'ai pu en faire venir de Dijon ces jours derniers, et les montrer à divers savants du Muséum d'Histoire naturelle, et en particulier à M. le professeur Valenciennes et à M. Blanchard. » Ce fait inattendu de la reproduction des Ligules pendant leur vie dans (') Cyprinus alburnus, Lin. ( 774 ) les poissons m'a fait rechercher avec beaucoup d'attention ce que les auteurs pouvaient avoir dit à ce sujet, et je trouve dans une Note de l'ouvrage de Goeze un passage curieux, qui semblerait prouver que la viviparité des Ligules aurait déjà été reconnue, puis rejetée par Goeze lui- même comme une fable. » Voici la traduction de cette Note : « C'est une affreuse chose que la confusion des idées de Sporing au sujet » des particularités de ce ver. On le trouverait aussi, selon lui, dans le » chien. Il produit des petits vivants^ qui sont, il est vrai, très petits, et delà » viennent les vers appelés Cucurbitains par les médecins. » (Goeze, » Eingewerdewûimer, note de la page i86.) » Ce fait, de la production de petits vivants dans un Cestoïde, est assez remarquable pour que ce passage, oublié depuis Goeze, ofïre aujourd'hui im certain intérêt. » On concevra facilement que l'on ne puisse plus regarder comme très- simple un ver qui se reproduit. Aussi reconnaît-on facilement tout d'abord les poches génératrices, je n'ose pas dire les ovaires, puisque je n'ai pu dé- couvrir la moindre trace d'œufs. Ces poches sont placées en travers, tout le long du sillon médian, et leurs ouvertures alternent assez irrégulièrement. Elles forment autant de culs-de-sac qui ont 2 à 3 millimètres de profon- deur et ne paraissent pas ramifiées. Elles ne cessent d'être visibles qu'aux deux extrémités du corps des Ligules. » Un autre système d'organes que possèdent les Ligules, ce sont deux grands tubes latéraux qui s'étendent, comme dans les Ténias, de l'une à l'autre extrémité du corps. Ces tubes sont sans communications transver- sales et diffèrent en cela de ceux des Ténias. Ce sont les organes que M. Blanchard a regardés comme des tubes digestifs. » Un troisième caractère de l'organisation des Ligules de l'Ablette, c'est la disposition vasculaire de leur tissu. Cette disposition est tellement pro- noncée, qu'il me fut facile de la constater avec une petite seringue com- posée d'un tube de verre effilé à la lampe. Depuis, M. Blanchard l'a mise beaucoup mieux en évidence avec des instruments plus parfaits, sur des individus frais que je lui avais apportés. Les vaisseaux des Ligules diffèrent surtout de ceux des Ténias, en ce que les communications très-nombreuses, établies entre les branches longitudinales, constituent un réseau d'une richesse extrême, au lieu d'affecter une disposition transversale. » Si l'on ajoute, enfin, aux organes cités plus haut, l'appareil nerveux que M. Blanchard avait déjà reconnu chez les Ligules du Gardon, on trouve ( 775 ) que ces vers sont, même pendant leur séjour dans les poissons, des Cesloïdes très-bien organisés. On peut donc se demander pourquoi ces animaux avaient été regardés jusqu'alors comme très-simples. » Il me semble que cela tient simplement à ce que les Ligules observées précédemment avaient été vues dans une saison moins avancée que celle où je les ai étudiées moi-même. Quant à la question de leur reproduction, il faut sans doute attribuer à la même cause le silence des auteurs. » Tels que je viens de les présenter, les faits relatifs à la reproduction des Ligules laissent à désirer. Il faudra les lier avec ceux que présentent ces mêmes animaux dans l'intestin des oiseaux. J'ai commencé des recherches à ce sujet, mais je n'ai obtenu encore aucun résultat. Dans l'état actuel de la question, les Ligules offriraient donc deux modes de reproduction, l'un vivipare, pendant ce qu'on regarde comme leur état de larve ; l'autre ovi- pare, lorsque ces vers sont parvenus à l'état parfait. » OPTIQUE. — Mémoire sur la polarisation de l'atmosphère ; par M. Félix Bernard. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, de Senannont. ) « Tout faisceau partiellement polarisé peut être considéré comme résul- tant de la somme de deux faisceaux polarisés à angle droit, l'un dans le plan de polarisation de la partie polarisée de ce faisceau, l'autre dans un plan perpendiculaire. Si l'on représente par a et b les intensités respectives des deux faisceaux composants, et par l'unité l'intensité du faisceau mixte, la proportion de lumière polarisée renfermée dans ce faisceau aura pour valeur a — b : c'est la quantité à déterminer. » On peut toujours opérer la décomposition précédente, au moyen d'un prisme biréfringent d'un angle convenable, dont la section principale est dirigée parallèlement au plan de polarisation ; les intensités respectives de l'image ordinaire et de l'image extraordinaire sont alors proportionnelles aux valeurs de a et de b. Ces faisceaux, après leur passage àtraversun prisme de Nichol analyseur, donneront lieu à deux nouvelles images; mais ici, l'image ordinaire sera polarisée dans un plan perpendiculaire à la section principale de l'analyseur, l'image extraordinaire dans un plan parallèle, et les intensités deviendront égales, pour un certain angleiz formé par les deux sections principales; on aura donc pour déterminer a et b les deux relations, a + b = I, ftrt sin'a = ècos^ a. ( 776 ) en représentant par p. le rapport des intensités maxima des deux images lorsque la lumière incidente n'est point polarisée; de ces deux relations on tire I + p tang- a et, en posant fx langea = tang' a', il vient, ;. a — b ^ cos 2 a'. • » Le facteur p., introduit par l'inégalité de la réflexion due à la différence de vitesse des deux rayons dans le spath et à l'inclinaison différente sous laquelle les deux faisceaux rencontrent les faces de l'analyseur, n'est point négligeable : nous verrous plus loin comment on le détermine. Description du polarimètre. ■■"*•'-• » A l'une des extrémités d'un tube à tirage de a décimètres de lon- gueur, se trouve un prisme biréfringent polariseur formé d'un spath et d'un prisme de verre qui n'achromatise qu'imparfaitement, mais d'une manière égale, les deux images fournies par l'ouverture de 5 millimètres de diamètre d'un diaphragme placé à l'autre extrémité. Contrele diaphragme, est disposé un obturateur présentant deux ouvertures : l'une est libre; à l'autre est adaptée une plaque de quartz à deux rotations de M. Soleil. » Au devant du polariseur, est disposé un cercle qui porte une alidade et un vernier; dans la chape de l'alidade, est engagé un prisme de Nichol analyseur, taillé sous forme de paralléiipipède droit (*). Cet appareil, placé dans un tube concentrique, fendu et à charnière à vis de pression, établi sur un support, constitue le polarimètre proprement dit, et peut s'adapter à d'autres appareils secondaires dont la disposition dépend de l'origine du faisceau à analyser. » Dans tous les cas, lorsque le faisceau est introduit dans l'appareil, on doit commencer par diriger la section principale du prisme biréfringent parallèlement au plan de polarisation du faisceau incident; la plaque bicjuartz de M. Soleil sert alors de régulateur : on la rabat suivant l'axe de l'instru- ment, on fait tourner le polarimètre d'un mouvement d'ensemble dans son collier, jusqu'à ce que la coloration uniforme de deux demi-disques de (*) Les prismes de Nichol ordinaires occasionneraient une perte de lumière réfléchie va- riable avec la position de la surface d'incidence par rapport aux plans de polarisation des deux faisceaux incidents. ( 777 ) chaque image indique qu'on se trouve dans la position cherchée. Le pola- rimètre est fixé dans celte position ; la plaque biquartz est relevée ; on aper- çoit alors deux images circulaires tangentes l'une à l'autre : on détermine les deux azirauths d'égalité 9, ^' les plus rapprochés de l'azimut d'extinc- tion, et on a a = » Pour se servir de cet instrument, dans les observations atmosphériques, on le dispose sur un appareil muni de cercles, de niveaux et d'une bous- sole qui permettent de l'orienter, de déterminer la position du point du ciel observé, et d'étudier la polarisation dans les grands cercles de la sphère. Un petit chercheur placé latéralement sert à diriger, lorsque cela est néces- saire, sans incommoder l'œil, l'axe de l'appareil sur le Soleil. Le tout repose sur un trépied à vis calantes. » Pour déterminer (x, on pointe l'instrument sur une portion du ciel cou- vert dépolarisée, ou bien on interpose entre le diaphragme et l'obturateur une petite feuille de papier blanc; on cherche les azimuts i|<, t|^' qui com- prennent entre eux l'azimut d'extinction. Si l'on représente par I, I' les intensités des deux images à leur maximum, on a les relations et d'où » Deux ou trois jours de beau temps m'ont permis de faire avec cet appa- reil quelques observations sur la polarisation de l'atmosphère. Je me suis proposé d'examiner d'après quelles lois varie l'intensité du maximum de polarisation du ciel serein ; on sait que ce point est situé à 90 degrés du Soleil, et M. Brewster en a fait connaître la valeur moyenne, dans le cas particulier où le Soleil est à 20 degrés au-dessus de l'horizon : la polari- sation de ce point équivaudrait à celle qui serait produite à la surface d'un verre d'indice de réfraction égal à i ,4826, sous l'incidence de 65° 3o'. En partant de ces données de M. Brewster, les formules de Fresnel donnent, pour mesure de cette quantité, le nombre 0,64. » Bien que les observations que j'ai effectuées soient en nombre insuffi- C.R , l854, a™' Semestre. (T. X.XX1X, N» 17.) !<>* I sin*. t +v _ 2 I F "~ = 1' cos^. 2 P- =^ cotar 'g=- 4- + ^ , ( 778 ) sant pour permettre une conclusion définitive, on ne les trouvera peut-être point dénuées d'intérêt : je les ai inscrites dans le tableau suivant. Ces obser- vations ont été faites à Bordeaux : la valeur de [x était i ,087. Ce nombre est, comme on le voit, assez considérable. h.viteCr du Soleil à l'instant de l'observation . ? ?' a a — b Date incertaine. Soir , 4" o 2,45' 21 .40 21 . l5 22° 21.45' 22 . o5 2I°27' 21 40 0,7124 0,7071 i3 octobre i854- Après-midi. < 25° 20 1 '^ 10 5 O 0 1 24.55 24 24 23.45 23. 3o 23. i5 23.10 22 48 22. 3o 22 22. 5o 0 / 24.40 23. i5 23 22.45 22. 5o 22 21.48 2, 21 .3o 2. 21. 3o 0 / 24.47 23.34 23. 12 22.44 21.57 21 .45 0,6236 o,6582 0 ,6670 0,6988 0,7145 o,7o5i i4 octobre. Soir 7°,25 22° 22° 3o' 22° l5' 0,7307 ig octobre (i). Matin 35° 30 20 i5 10 l 5 25° 25 24 . 20' 24.20 23 5o 24 22.58 22.21 21 . l5 0 1 25. 3o 25. 3o 24.20 24.15 24 24 22.56 21 .45 22 35° i5' 24.19 23.58 22.57 22. o3 21.37 0,6106 o,6365 0,6464 0,6734 0,6972 0,7083 (i) L'observation qui correspond à la hauteur de 35 degrés a été faite à raidi. ( 779 ) » On peut se former une idée de la sensibilité de l'appareil, parla com* paraison des nombres qui, appartenant à la même observation, se trouvent dans la même colonne verticale. Ces nombres ne diffèrent généralement que de quelques minutes, et souvent même ne présentent point de différence. La moyenne des deux observations qui correspondent à la hauteur de 20 de- grés, est o,6523. Ce nombre ne diffère que de 0,012 environ de celui qu'a donné M. Brewster. » D'après les valeurs du tableau précédent, on voit qu'à mesure c/ue le Soleil s'approche du méridien, In valeur du maximum de polarisation dimi- nue; cette valeur croît, au contraire, d'une manière continue, lorsque cet astre s'en éloigne, et atteint son maximum lorsque le Soleil est très-près de l'horizon ; l'amplitude de cette variation est d'environ 0,09. » II est bien entendu que ces conclusions ne sont relatives qu'aux valeurs qui correspondent aux positions du Soleil au-dessus de l'horizon. » L'appareil qui m'a servi dans ces observations se manie avec une ex- trême facilité; chaque observation ne prend pas plus de deux minutes. Cet instrument a été construit avec beaucoup de soin par M. J. Duboscq. » M. Félix Bernard met sous les yeux de l'Académie un réfractomètre qu'il avait décrit dans une précédente communication. CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches sur les lignites de Reims ou cendres sulfureuses ; par E. 3Iaumené. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Thenard, Pelouze, Peligot.) (( On voit commencer près de Reims une chaîne de collines qui entoure le bassin de la Seine, et se prolonge en Belgique et jusqu'en Angleterre. Ces collines renferment un gisement de lignites mêlés de sulfure de fer, et doués ainsi de la faculté de s'enflammer à l'air. On les nomme, dans le pays, cendres sulfureuses. » Ces lignites ne sont employés que comme engrais. On a bien cherché, depuis longtemps, à les brûler. Leur apparence, surtout lorsqu'ils sont hu- mides, se rapproche tellement de celle de la houille, et ils s'échauffent d'ailleurs si facilement jusqu'au rouge, qu'on ne pouvait manquer d'essayer leurs qualités combustibles ; mais on n'y avait pas réussi : on était même si bien convaincu de l'impossibilité de s'en servir pour le chauffage, que je ne saurais dire toutes les protestations soulevées contre la seule demande d'en faire l'essai. 102.. ( 78o ) » Pourtant il suffit de choisir une couche convenable, et sur environ moitié de leur épaisseur tous les bancs de nos environs présentent un combustible d'un bon emploi sans aucune préparation. L'unité de chaleur, avec le lignite pris sur les lieux ^ peut coûter jusqu'à dix fois moins cher qu'avec la houille. » Je me borne, dans cet extrait, à indiquer le résultat général de mes nombreuses analyses. Leslignites de Reims sont formés, sur loo de lignite sec, de Acide K/m(9«e (C"H"0=) 4 à 71 Caramelin (i) o,i5à 1,2 Matières résineuses analogues à celles de Bruckner. . . o,3 à 0,4 Pyrite très-divisée 6 à ï5 Sable 2 à GO Argile ) ^ Carbonate et sulfate de chaux i à 8 » Humides comme ils le sont dans la terre, ils renferment en outre une quantité d'eau qui s'élève aux deux tiers de leur poids (63 à 64 pour 100). » Ces résultats prouvent que les lignites choisis peuvent servir de com- bustibles. En effet, avec 70 centièmes d'acide ulraique ils doivent donner : I o'"',5i576 carbone X 8000 calories = 4' 2^ G ■ ,7 d acide _ j qUii^o3689 hydrog. X 3445o . = 1 27 1 Ou en somme ^^97 » Ainsi, en négligeant le caramelin et la pyrite, on peut admettre que I kilogramme de lignite produit 54oo unités de chaleur. La houille moyenne, d'après les analyses de M. Regnault, donnerait environ 85oo; le lignite vaut donc ^ — = o,635 de la houille. 85oo ' » Ce résultat s'est vérifié d'une manière très-nette dans l'expérience suivante : » Une filature de Reims possède trois chaudières absolument semblables et chacune de la capacité de gSoo litres (niveau au milieu de la chaudière). Une seule chaudière peut alimenter la machine, qui donne a8 à 29 chevaux vapeur. Par une longue expérience, on sait que cette chaudière exige très- exactement 100 kilogranimes de houille à l'heure. » Le 23 août dernier, j'ai mis une de ces chaudières en feu avec le lignite seul. A midi et quart, on était en vapeur, et nous commencions à (i) Voir Comptes rendus du mois dernier. ( 78i ) conduire la machine. Nous avons marché jusqu'à cinq heures et quart avec le lignite. Tout alla bien : les manomètres ne baissèrent pas, même aux instants d'alimentation, et le service fut convenable. Nous avons brûlé 800 kilogrammes de lignite : il aurait fallu 5oo kilogrammes de houille. Ainsi le lignite a représenté ^ = 0,626 de la houille au lieu de o,635. » On voit quel parti peut offrir l'emploi du lignite de Reims, réputé jusqu'ici tout à fait impropre à la combustion. La houille coûte, à Reims, de 25 à 35 francs la tonne. Le lignite peut, sur les lieux, c'est-à-dire dans un certain nombre de cas, être obtenu à 2 francs la tonne ou, en raison de sa puissance calorifique, à 2 x -gô- = 3^'> ' 7- » Les prix des deux combustibles sont ainsi dans le rapport 3,17 à 25 fr., 3,17 à 35, c'est-à-dire que l'unité de chaleur, dans le premier cas, coûte huit fois mois cher avec le lignite qu'avec la houille ; dans le second cas, elle coûte onze fois moins. » Le transport élèverait le prix du lignite à 3, 4 ou même 5 francs, c'est-à-dire à o , 1 00 ? /• l 'A environ de aS fr. 3 X -53- = 4,76 = } y, . 35 4x^=6,34=1:;: : ;» 5 X — - T o3 - '''' ' ^^ » Ainsi, dans les conditions les moins favorables, le lignite donne l'iuiité de chaleur pour un prix trois fois moindre que la houille. » Il faut observer que le lignite offre des inconvénients. » \°. Les vapeurs sulfureuses se répandent parfois au dehors du foyer et deviennent une gêne pour le chauffeur. — Cet inconvénient est nul quand les cheminées tirent bien. » 2". L'entretien du feu de lignite exige une attention continuelle du chauffeur ; il ne lui est plus possible de soigner à la fois la chaudière et la machine : il lui faut un suppléant pour celte dernière.— Cette diminution de l'économie offerte par le lignite n'est pas très-grande, il s'en faut : mais j'ai dû la signaler. » 3°. Enfin, l'action du: soufre paraît à craindre pour le métal des chau- ( 782 ) dièresou des cornues : ce qui aurait beaucoup d'importance. — Pour les chau- dières, même en cuivre, l'action du soufre n'est pas à redouter, la tempé- tnre peu élevée du métal, la transformation complète du soufre en acide sulfureux, la présence d'un peu de cendres sur la surface métallique préser- vant entièrement les chaudières. Pour les cornues, l'action des vapeurs du lignite est bien moins dangereuse qu'on le croirait : j'ai entretenu deux cor- nues de fonte (i",8 de longueur) au rouge pendant sept semaines, et la place du coup de feu ne paraît pas plus endommagée qu'avec la houille. En outre, rien n'empêche, et il est bon même à un autre point de vue, d'employer les cornues de terre. » Le lignite peut être employé dans les ateliers, les cuisines, les apparte- ments même; il suffit de le brûler dans des foyers fermés. Il a sur la houille le grand avantage de rester allumé jusqu'à la dernière parcelle. » Quant au choix de la couche convenable dans le terrain, il est très- facile. Il faut prendre le lignite homogène, brun, léger, sans paillettes bril- lantes de pyrite. Il doit se fendre aisément en feuillets horizontaux et en cassures verticales. Un travail de quelques heures met un ouvrier en état de le distinguer parfaitement. » Le noir de lignite, c'est-à-dire le lignite calciné sans air, a ime grande puissance décolorante. Il faut seulement le laver à l'acide et à l'eau. On peut l'employer pour l'extraction du sucre avec un grand avantage. En effet, le noird'osdont lacalcination n'a pasété parfaite, conservedelamatière animale putrifiée dont les partiesbien calcinées ne peuvent opérer l'absorption. Mal- gré les précautions prises dans les fabriques de sucre, jamais ce danger n'est évité d'une manière absolue, et ce n'est pas aller trop loin que d'accuser le sucre d'être toujours souillé d'une certaine quantité de cette matière dange- reuse. Voici, du moins, ce qui me semble en donner la preuve. » 1°. Le noir animal du commerce, lavé à l'eau distillée tiède, lui aban- donne presque toujours un extrait qu'on obtient en réduisant la liqueur au bain-marie et qui présente l'odeur et la saveur les plus désagréables. Cet extrait se colore en rose par la liqueur azotomercurique de M. Millon. » -i". Le sucre candi le plus blanc, enfermé dans un flacon à l'émeri par- faitement nettoyé, prend toujours en quelques mois une odeur fétide sensible. » Ces deux faits, et surtout le premier, me paraissent ne pas laisser de doute sur la mauvaise influence du noir d'os. Il est bien évident que le noir de lignite ne donnerait aucune prise au soupçon. ( 783 ) » Des essais se font en grand dans deux fabriques : quel qu'en soit le résultat, j'aurai l'honneur de le faire connaître à l'Académie. » En terminant, j'ajoute que le noir de lignite peut être employé en pein- ture. Il se mêle sans peine à l'eau, à l'huile, au vernis. Il couvre beaucoup et surtout il sèche aisément. Le mélange avec d'autres couleurs donne les nuances les mieux fondues et d'un bon effet. » STATISTIQUE.' — Recherches sur le nombre des victimes de la foudre et sur quelques phénomènes observés sur les individus frappés ; par M. Boudix. (Extrait.) « Le nombre des victimes de la foudre est assez restreint, disait M. Arago, » pour qu'on puisse regarder comme faible la chance de périr par le ton- » nerre. Les journaux de i8o5 n'annoncèrent pas de coup de tonnerre » mortel en France. En 1806, il ne parlèrent que de la mort de deux en- » fants; en 1807, ils ne citèrent que deux agriculteurs foudroyés; en 1808, » ils ne firent mention que d'un batelier tué. » » Voilà quelle était l'opinion de M. Arago. » Selon M. Kamtz, la crainte du tonnerre ne tient qu'à des préjugés inculqués aux enfants par des parents ignorants. » En regard de l'opinion de ces deux savants, si nous interrogeons les faits, nous trouvons que, dans la courte période de i835 à i852, la foudre n'a pas tué moins de i 3o8 personnes en France. » Nous ne parlons que des individus tués raide. Quant à nos docu- ments, nous les avons puisés dans les archives du Ministère de la Justice, par conséquent aux sources les plus officielles; le nombre des individus tués par la foudre s'est élevé en i835 à 1 1 1, en 1847 ^ '^8. Mais il est évident que les personnes tuées raide sont loin de résumer à elles seules toutes les victimes de la foudre. En 1797, Volney comptait aux États- Unis, dans un seul trimestre, 17 personnes tuées par la foudre et 84 gra- vement blessées. Partant de cette base, nous pensons que le nombre des individus frappés par la foudre doit être au moins trois fois plus considé- rable que celui des personnes tuées sur le coup. Il suivrait de là que la moyenne des individus foudroyés en France dépasserait annuellement le chiffre de 200. » En consultant d'autres documents officiels, nous avons trouvé les nombres annuels moyens ci-après de personnes tuées raide par la foudre ( 784 ) dans d'autres pays: en Belgique, 3; en Suède, 9,64*, en Angleterre, 22. Nous avons construit une carte géographique résumant la répartition par départements des morts causées par la foudre. 11 résulte de ce document : » 1° Qu'aucun département n'échappe complètement aux accidents de la foudre ; 2° que les accidents sont très-irrégulièrement répartis entre les divers départements ; 3° que le maximum des morts par fulmination cor- respond aux départements qui concourent à former le plateau central de la France et à quelques autres départements montagneux : ainsi , dans la période que nous avons examinée, nous trouvons 2 décès dans l'Eure, 3 dans l'Eure-et-Loir et le Calvados, tandis qu'il s'élève à zo dans le Can- tal, à 24 dans l'Aveyron, à 27 en Corse, à 38 dans Saône-et-Loire, à 44 dans la Haute-Loire, à 48 dans le Puy-de-Dôme. L'altitude semble jouer un rôle important. )) D'après 29 cas de foudre tombée à bord des navires à diverses époques de l'année, M. Arago concluait : « Qu'en mer les tonnerres des mois chauds » sont beaucoup moins dangereux que ceux des saisons froides. » » En examinant io3 coups de foudre tombée en France sur des per- sonnes, nous avons trouvé la répartition suivante : janvier, o; lévrier, o; mars, 4; avril, 6; mai, 8; juin, 22; juillet, i3; août, 19; septembre, i4; octobre, i5; novembre, o; décembre, o. » Il suivrait de là qu'au moins en France, les quatre mois les plus froids de l'année seraient à peu près exempts de décès par fulmination. j) En ce qui regarde les i'e.rej, 100 individus foudroyés en France nous ont donné : 67 hommes, 23 personnes dont le sexe n'est pas indiqué, et seulement 10 femmes. En Suède, nous avons trouvé 5 hommes foudroyés contre 3 femmes; en Angleterre, 32 hommes et 1 1 femmes. » Le maximum des personnes tuées par un seul coup de foudre dans les documents que nous avons pu consulter n'a pas excédé le nombre de 8 ou 9. » Ijes animaux sont beaucoup plus maltraités que l'espèce humaine. Dans un grand nombre de cas, des troupeaux entiers ont péri par un seul coup de tonnerre. Selon M. Abbadie, un seul coup de foudre aurait tué en Ethiopie deux mille moutons. » Dans une foule de circonstances, le berger, le cavalier, le chasseur sont épargnés, alors que la foudre frappe les bestiaux, les chevaux, les chiens. » Sur 107 individus tués par la foudre, de i843 à i854, nous en trou- ( 785 ) vons 2 1 signalés comme ayant péri sous des arbres. Mais il importe d'ajouter que le lieu de la mort n'est pas toujours précisé : d'où l'on peut inférer que, sur les i3o8 personnes tuées raide en France, de i835 à i852, 5oo au moins auraient pu échapper à la mort en ne se réfugiant pas sous des arbres. De tels faits nous paraissent mériter d'être vulgarisés. » Jjes incendies causés par la foudre atteignent un chiffre très-élevé; leiu" nombre s'est élevé à huit en une seule semaine pour les départements de la Meuse, de la Moselle, de la Meurthe et des Vosges. A lui seul, le petit royaume de Wurtemberg a présenté, de i84i à x85o, cent dix-sept incen- dies par la foudre. » La foudre cause à la marine des pertes immenses. De 1829 à i83o, dans une période de quinze mois, cinq bâtiments de la marine royale anglaisé ont été foudroyés ; les vaisseaux la Résistance et le Loup-Cervier ont complètement disparu après quelques coups de tonnerre. Il résulte des rapports officiels du gouvernement anglais, que les dommages causés autre- fois par la foudre à la marine royale ne s'élèvent pas à moins de 6 000 à 10 000 livres sterling annuellement (i5oooo à aSo 000 francs). Dans 200 cas de fulmination, 3oo matelots ont été tués ou blessés; 100 grands mâts, du prix de 1 000 à i 200 livres sterling (qSooo à 3oooo francs) chacun, ont été entièrement ruinés. Dans la seule période de 1810 à 181 5, la foudre a mis hors de service 35 vaisseaux de ligne et 35 frégates ou autres navires de moindre importance. Or, depuis que tous les bâtiments de la marine royale ont été pourvus de paratonnerre, les rapports officiels n'ont plus signalé aucun dommage causé par la foudre. » On a souvent répété que le tonnerre ne met pas le feu à la poudre contenue dans les magasins. Nous n'avons qu'une objection à faire : la foudre a mis le feu au magasin à poudre de Tanger le 4 mai 1785; au magasin de Luxembourg, le 26 juin 1807; au magasin de Venise, le 9 novembre 1808; enfin, la foudre, en tombant, en 1769, sur le magasin à poudre de Brescia, a détruit la sixième partie des édifices de cette ville, et causé la mort de trois mille personnes. » Ces faits suffisent, pensons-nous, pour démontrer l'étendue du mal et la nécessité de s'en occuper sérieusement. Dans une seconde lecture nous résumerons la symptomatologie si intéressante des accidents causés par la foudre, ainsi que l'état de la science sur l'anatomie pathologique de ces accidents. Toutefois, nous demandons la permission d'appeler dès ^-. 11., 1854, 2"»«Seni«»(re.(T. \XX1X, N» 17. j Io3 ( 786 ) aujourd'hui l'attention de l'Académie sur deux points aussi importants que curieux de l'histoire médicale de la fulmination, nous voulons parler : 1° des images (peut-être photographiques) produites sur des hommes foudroyés; i° de la mort debout. » Le nombre et l'étendue des communications faites dans cette séance ne nous permettent pas de reproduire cette partie du Mémoire de M. Boudin. L'auteur, annonçant une suite à ce travail, on attendra qu'il ait été pré- senté dans son entier avant de le renvoyer à l'examen de la Commission. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. LE Ministre de l'Instrcction publique transmet copie d'un Mémoire sur la construction des paratonnerres, adressé à M. le Ministre des Finances par M. Gouerel, conducteur des Ponts et Chaussées, qui désire que son travail soit soumis au jugement de l'Académie. ( Renvoi à l'examen de la Commission chargée de faire un Rapport sur l'in- stallation des paratonnerres au Palais de l'Industrie.) Tu. LE DiKECTEUK GENERAL DE l' AGRICULTURE ET DU GoMMERCE adreSSe deS échantillons de feuilles de haricots malades et de poussières recueillies sur d'autres feuilles atteintes du même mal. Ces spécimens obtenus par M. Schidtz, membre du Conseil général du département du Haut-Rhin, sont envoyés par M. le Préfet de ce département. Ces pièces sont remises, séance tenante, à un des membres de la Com- mission nommée pour les diverses communications relatives aux maladies des plantes usuelles. M. CouEKBE soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour litre : « Faits pour servir à l'histoire de la vigne considérée dans ses rapports avec l'Oïdium. » a Lorsque j'ai commencé, dit M. Couerbe, à m'occuper de recherches sur la maladie de la vigne, on pensait communément que la flétrissure des grains, le dessèchement des feuilles avant le temps, s'expliquaient par la pré- sence de l'Oïdium, sans nécessité d'admettre une altération préalable dans la végétation de la plante. Je partageai d'abord l'opinion générale ; mais je ne tardai pas à la modifier et à comprendre que, pour apprécier cet étrange ( 787 ) état des plantes , il fallait agrandir le champ des observations et étudier avant tout la sève dans ses propriétés physiques, sa composition, son organisation vitale, et dans ses rapports avec l'épidémie. C'est le résultat du travail entre- pris conformément à cette idée que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie. » Le Mémoire de M. Couerbe est renvoyé à l'examen de la Commission des maladies des végétaux. Ij' Académie renvoie à la même Commission deux autres communications également relatives à la maladie de la vigne, savoir : une Note de M. Poktelle, adressée de Vérone, par l'intermédiaire de M. Guérin-Méneville ; et une Note de M. Dessoye, intitulée : « Études complémentaires sur les maladies des plantes. » MORPHOLOGIE VÉGÉTALE. — Considérations générales sur la nature axile ou appendiculaire des diverses parties qui constituent le pistil, telles que V ovaire, le stjle, les placentas ; par M. Payer. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Les physiologistes sont loin d'être d'accord sur la nature axile ou ap- pendiculaire des diverses parties qui constituent le pistil. Les opinions les plus diverses ont été émises, et tant qu'on n'a eu pour guide que la mé- thode analogique, il était très-difficile, pour ne pas dire impossible, de se prononcer dans le choix de l'une d'elles. Mais aujourd'hui que l'organo- génie et l'anatomie m'ont fait assister aux évolutions successives de tous les organes de la fleur, la difficulté a disparu, et je vais montrer que dans tout pistil il y a une partie axile qui porte les ovules et une partie appendi- culaire. Mais, pour mettre plus de clarté dans l'exposition des faits, je divi- serai mon travail en deux parties comprenant, l'une les pistils avec ovaire supère, l'autre les pistils avec ovaire infère . PaEMiÈRE PARTIE. — Pistils avec ovaire supère. » Pistil avec ovaire uniloculaire et placenta central. — Le pistil dont il est le plus facile de déterminer la nature axile ou appendiculaire des différentes parties, est sans contredit le pistil avec ovaire uniloculaire à pla- centa central, tel qu'on l'observe dans ]es Polj'gonum, les Statice, les Che- nopodiuin, les CeUisia, etc. Dans toutes ces plantes, en effet, quand les éta- io3.. ( 788 ) mines sont nées, on voit poindre, sur le pourtour du réceptacle, qui a l'as- pect d'un mamelon plus ou moins élevé, un verticille de feuilles carpel- laires. D'abord libres, ces feuilles carpellaires sont promptement connées entre elles à leur base, et forment une sorte de coupe tout à fait analogue à une corolle gamopétale. Le bord de cette coupe est découpé d'autant de festons qu'il y a eu primitivement de feuilles carpellaires distinctes, et le mamelon réceptaculaire est entouré par cette coupe comme le gland de chêne par sa cupule. Cette coupe, en grandissant, devient de plus en plus profonde, et finit par recouvrir entièrement le mamelon réceptaculaire comme d'un sac, dont la partie inférieure gonflée constitue l'ovaire, et dont la partie supérieure effilée forme le style. Quant aux festons qui bordent l'ouverture du sac, ou ils ne se développent que fort peu, se recouvrent de papilles et constituent un stigmate multilobé, ou ils s'accroissent beaucoup; ne se revêtent de papilles que sur leur face interne et constituent autant d'appendices que les botanistes descripteurs appellent des branches du style. vV> :> V » Le nombre des feuilles carpellaires qui entrent dans la composition du pistil avec ovaire uniloculaire à placenta central varie beaucoup selon les familles. Dans les Plumbaginées et les Primulacées, il est de cinq; dans les Jmaratithiis,\e% Celosia, il est de trois; dans les Polygonwn, les Microtea, il est de deux ; enfin, dans les Orties et les Pariétaires, il n'y a qu'une feuille carpellaire, dont la base forme comme une sorte de sac qui enveloppe le ma- melon réceptaculaire et qui porte à son sommet, sur un des bords de son ouverture, un style plus ou moins allongé. » Tandis que ces modifications se manifestent à l'extérieur, d'autres phénomènes se passent à l'intérieur. Dans les Polfgonum, les Amaranthus, les Statice, le mamelon réceptaculaire se revêt d'une ou de deux enve- loppes et devient un ovule, orthotrope dans les Poljgonum, campulitrope dans les Àmaranthus, anatrope dans les Staticc. Dans les Celosia, au con- traire, ce mamelon réceptaculaire dévient un placenta qui se recouvre d'ovules, et si l'on recherche dans quel ordre ces ovules apparaissent, on remarque qu'ils apparaissent de haut en bas, c'est-à-dire que les plus âgés sont au sommet et les plus jeunes à la base. » Les pistils avec ovaire uniloculaire à placenta central sont donc com- posas à' une partie axile, le placenta central qui porte un ou plusieurs ovules, et d'une ou plusieurs feuilles carpellaires qui forment les parois ovariennes et les styles. ( 789) » Pistil avec ovaire pluriloculaire et placenta axile.— S'il est facile de distinguer ce qui est axile et ce qui est appendiculaire dans les pistils avec ovaire uniloculaire à placenta central , il ne l'est pas autant dans les pistils avec ovaire pluriloculaire à placenta axile. Aussi les botanistes qui n'ont eu jusqu'à présent que l'analogie pour guide s'y sont-ils trompés com- plètement. L'organogénie seule pouvait les éclairer. » Lorsqu'on suit, en effet, les développements sticcessifs des Coriaria, par exemple, on remarque, après la naissance des étamines, autour du ma- melon réceptaculaire central, un verticille de cinq feuilles carpellaires comme dans les Plumbaginées. Mais, au lieu de s'étendre toutes par leur base sur un même cercle horizontal, de façon à se rencontrer bientôt et à former une sorte de coupe festonnée, ces feuilles carpellaires s'isolent les unes des autres. Chacune d'elles croît sur un des pans inclinés du mamelon récepta- culaire complètement indépendante de ses voisines. C'est d'abord un bour- relet en forme de fer à cheval dont les branches sont en haut et la courbure en bas. Si les différentes parties de ce bourrelet s'élevaient également, on aurait une sorte de tube ouvert sur un de ses côtés et perpendiculaire à la surface inclinée du mamelon réceptaculaire central. Mais il n'en est pas ainsi ; la croissance de ce bourrelet est beaucoup plus considérable dans la partie médiane, qui est sur la courbure et qui correspond à la nervure mé- diane de la feuille carpellaire, que sur ses branches ; et sur chacune de ces branches elle est d'autant moins grande, que l'on considère une partie plus rapprochée de l'extrémité où la croissance est nulle. Il résulte de là qu'à un certain âge, chaque feuille carpellaire a l'aspect d'une hotte appli- quée sur un des côtés du réceptacle, et que plus tard elle forme un véritable carpelle inséré obliquement par sa base sur ce côté du réceptacle. » La partie inférieure de cette feuille carpellaire se gonfle, et la cavité qui existe entre elle et le réceptacle, c'est une loge de l'ovaire. La partie supé- rieure sur la face interne de laquelle on remarque une fente, c'est le style. Chaque loge de l'ovaire des Coriai'ia se compose donc d' une partie appendi- culaire qui forme la paroi externe, et d'une partie axile qui jorme la paroi interne et sur laquelle naît un ovule. » Le nombre des feuilles carpellaires qui s'insèrent ainsi obliquement sur les côtés du réceptacle, et par suite le nombre des loges de l'ovaire, varie aussi selon les genres. Il est de cinq dans les Coriaria, de deux dans les Tre- mandra., de sept à dix dans les Phjtolacca. Il peut même être réduit à l'unité comme dans les l.aurus; et alors, si l'on suit pas à pas les évolutions ( 79» ) successives du pistil, on remarque que l'unique feuille carpellaire qui se développe apparaît d'abord sur un des côtés du réceptacle seulement comme dans les Urticées. Mais tandis que dans les Urticées cette feuille a, dans l'o- rigine, l'aspect d'un bourrelet qui s'étend de plus en plus par sa base sur ua certle horizontal autour du mamelon réceptaculaire, de façon à l'en- tourer complètement, dans les Lauriers cette feuille carpellaire a, dans l'ori- gine, l'aspect d'un bourrelet en fer à cheval appliqué par sa base sur un des côtés du mamelon réceptaculaire, de façon que les branches soient en haut et la courbure en bas. A.u lieu d'une loge entourant l'axe réceptacu- laire, comme dans les Urticées, on a une loge adossée contre cet axe récep- taculaire, et les parois de celte loge, au lieu d'être complètement appendi- culaires, sont appendiculaires d'un côté et axiles de l'autre. » Dans toutes les plantes que je viens de citer, chaque feuille carpellaire est complètement distincte et indépendante de ses voisines. Mais il n'en est pas toujours ainsi » Pistil avec ovaire uniloculaire et placentas pariétaux. — La pro- portion des deux parties d'origine si différente dont s'est formée chaque loge dans les plantes telles que les Impatiens , les Cerastium , les Clay- toma, etc. , varie beaucoup : tantôt comme dans les Impatiens , la plus grande partie de la loge est formée par l'éperon de la feuille carpellaire, et alors tous les ovules apparaissent de haut en bas sur l'axe contre lequel cet éperon est appliqué; tantôt comme dans les Sparmannia, l'éperon étant presque nul, la plus grande partie de la loge est formée par les bords verti- caux des cloisons, et alors tous les ovules apparaissent de bas en haut. Imaginons que ces bords verticaux chargés d'ovules ne se soudent pas entre eux , n'aurons-nous pas l'ovaire uniloculaire des Brathjs , dont la cavité est incomplètement partagée par des cloisons qui , partant de la circonférence , s'avancent vers le centre sans jamais y arriver, et portent sur leur bord ver- tical et libre des ovules qui apparaissent de bas en haut. Mais tous les bota- nistes admettent qu'entre l'ovaire uniloculaire à placentas pariétaux des Cistes, et cet ovaire uniloculaire des Brathys , il y a à peine de légères diffé- rences. Qu'en conclure? qu'entre les ovaires pluriloculaires à placenta axile et les ovaires uniloculaires à placentas pariétaux^ d y a toutes les transi- tions possibles, et que, par conséquent, dans les uns comme dans les autres , les placentas appartiennent au système axile. » Pistil multiple. — Lorsque chaque carpelle n'a qu'un ovule, comme ( 791 ) dans les Thalictrum, il ressemble complètement au pistil des Laurus, et est composé d'un axe portant un ovule et contre un des côtés duquel une feuille carpellaire s'est éperonnée. Lorsque chaque carpelle est pluriovulé comme dans les Hellébores, il ressemble complètement à une portion du pistil des Sparmannia, c'est-à-dire que les bords de la feuille carpellaire entraînent en s'élevant les côtés de l'axe sur lesquels elleest fixée par sa base, et donnent par suite à cet axe l'aspect d'une lyre dont les branches se chargent d'ovules, se rapprochent et se soudent. Supposons que, dans les Dorstenia cern- tosantlies dont le réceptacle a l'aspect d'un fer à cheval, une feuille carpel- laire s'insère par sa base sur tout le pourtour extérieur, nous aurons une idée exacte du carpelle des Hellébores. » Que si, à l'appui de cette manière de voir, j'avais besoin d'autres preuves, je les tirerais de la structure anatomique. Car si, comme le pré- tend de Candolle, les placentas ne sont que les bords soudés de la feuille carpellaire, les faisceaux fibro-vasculaires doivent partir de la nervvue moyenne de la feuille carpellaire et venir s'épanouir dans les placentas. Oi- c'est précisément le contraire qui a lieu : les faisceaux fibro-vasculaires par- tent de ces placentas pour aller se ramifier dans la feuille carpellaire, comme lorsqu'une feuille s'insère sur une large surface de la tige, on voit un grand nombre de nervures partir de cette tige et venir, comme auxiliaires de la nervure principale, constituer la charpente de la feuille. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur les lois de l'écoulement des gaz à travers les pores du ciment, et sur l'emploi des tuyaux de ciment pour la conduite du gaz de l'éclairage ; par M. Viard. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Pelouze, Regnault, Peligot.) « A l'occasion d'une conduite pour le gaz de l'éclairage que l'on établis- sait à Grenoble en tuyaux faits sur place, avec un mélange, en parties égales , de ciment , de sable et de cailloux , après avoir constaté que ces tuyaux n'étaient pas imperméables aux gaz , j'ai mesuré les pertes dues à la porosité de la matière , et ai déterminé d'abord les lois de la variation de ces pertes suivant la pression et la nature des gaz. » Plusieurs procédés de mesure ont été successivement employés ; mars le plus simple et le plus exact , dont je parlerai seulement ici , a consisté à boucher chaque tuyau à sa partie supérieure; à souder à sa partie infé- rieure une allonge en verre, dont la partie évasée était dans l'intérieur du (79^) tuyau, et dont le col était extérieur; enfin à introduire sur le côté un petit tube en verre , dont la partie extérieure était en relation avec un flacon de Mariotte plein d'eau , et dont la partie intérieure versait l'eau dans l'allonge. Il est bien évident que lorsque l'allonge était bouchée et qu'une première période d'écoidement rapide avait comprimé le gaz renfermé , la quantité d'eau écoulée dans un temps déterminé mesurait la quantité de gaz que le tuyau avait perdue dans le même temps. La pression était déterminée soit par un manomètre à eau , soit par la distance du bas du tube du flacon de Mariotte à l'orifice d'écoulement. » Sept séries d'expériences faites par ce procédé sursept tuyaux différents , et comprenant cinquante expériences sous des pressions variables entre i",7 et u™,a2, ont démontré : » 1°. Que la vitesse d'écoulement est proportionnelle à la simple pres- sion ; » 2°. Que le rapport des vitesses d'écoulement du gaz de l'éclairage et de l'air est compris entre i,58 et i,54- » Il est à remarquer que ces résultats sont semblables à ceux que M. Girard a obtenus pour l'écoulement des gaz à travers de longs tuyaux lorsque domine l'influence du frottement. » La recherche de la variation que subit un tuyau dans sa perméabilité à mesure que l'on s'éloigne du moment de sa fabrication , m'a présenté de grandes difficultés, car les résultats m'ont paru d'abord contradictoires. D'un côté, je trouvais que la perméabilité d'un tuyau laissé dans mon labo- ratoire allait toujours en augmentant avec le temps, de manière à pouvoir devenir par exemple vingt fois plus grande au bout d'un mois , tandis que les tuyaux d'âges différents que je faisais couper dans des conduites établies , présentaient, au moment de leur extraction, des perméabilités d'autant plus faibles qu'ils étaient plus vieux. En définitive, des expériences directes ont prouvé que la différence tenait à ce que , dans le premier cas , les tuyaux laissés à l'air se desséchaient, tandis que, dans le second, le ciment augmen- tait de densité en absorbant de l'eau dont une partie entrait même dans sa constitution. Il faut donc croire que dans les conditions où se trouve une conduite à gaz la perméabilité doit aller en diminuant, tout en restant cependant un peu variable avec l'état d'humidité de la terre qui l'enve- loppe. » Mais, indépendamment de ces deux premiers genres d'influence, l'âge ( 793 ) du tuyau et son état d'humidité, il en est encore un troisième qui se montre de la manière la plus évidente quand on compare la perméabilité d'un grand nombre de tuyaux : c'est leur mode de construction. On sait, d'après les expériences de M. Vicat, que les mortiers hydrauliques et les ciments, lorsqu'ils sont gâchés fermes, sont beaucoup plus denses et absorbent beau- coup moins d'eau que lorsqu'ils sont gâchés clairs. On conçoit donc que les premiers doivent être moins perméables que les seconds. C'est ce que j'ai déterminé par des expériences directes. Les différences se prononcent surtout quand les tuyaux se dessèchent, et dans les cas extrêmes le rap- port a pu s'élever à 20. » On aurait pu craindre qu'aux soudures des tuyaux entre eux la per- méabilité devînt très-grande; mais un tuyau avec quatre soudures ne m'a pas présenté sensiblement plus de perte qu'un tuyau simple construit en même temps. » J'ai encore examiné l'action chimique exercée par le gaz de l'éclairage sur le ciment, et, d'après l'examen de tuyaux de deux ans, je peux dire qu'elle est superficielle, et qu'elle ne peut en rien compromettre la solidité connue de ce genre de tuyaux. » Enfin, d'après des expériences faites sur les mêmes tuyaux, coupés dans ime conduite qui fonctionnait alors depuis deux ans et qui fonctionne maintenant depuis quatre, la perte par porosité seule, et j'insiste sur ce dernier mot , a été pour moi de o''*,5o ou de o''',33 par mètre carré et par heure sous la pression de o™,^; et cette perte se serait réduite à o''',oa sous la pression de 3 centimètres d'eau, qui est en général celle des gazomètres. » En définitive, d'après ces expériences toutes scientifiques, et d'après une première épreuve pratique faite, il y a quatre ans, en petit , près de Gre- noble , il semble résulter que les tuyaux de ciment peuvent être employés avec avantage dans la conduite du gaz de l'éclairage. Mais, par suite de la trop grande rapidité d'exécution de la conduite faite à Grenoble, qui cepen- dant fonctionne en présence d'un établissement rival, ce résultat présente encore quelque incertitude. Dans une Note, j'ai discuté le mode de construc- tion des tuyaux, et traité des fautes que l'on peut commettre et des moyens de les éviter ; j'ai exposé brièvement ce que la belle construction de tuyaux en ciment , faite à Grenoble pour la conduite des eaux, sous la direction de M. Gentil, ingénieur des Ponts et Chaussées, a déjà appris sur les effets C. K. , 1854, 2"« Semestre. (T. XXMX, n" 17.; Io4 ( 794 ) du retrait, ce qu'elle a laissé d'incertain sur les effets de la variation de température dans les conduites à gaz. Je termine par l'exposition des expé- riences qu'il resterait à faire pour décider définitivement la valeur des tuyaux de ciment pour le gaz de l'éclairage. » Toutes les expériences dont il est parlé dans ce Mémoire ont été faites sur du ciment de Grenoble, dit de la porte de Fiance. » MÉDECINE. — Troisième Note sur les conditions géolosiques du choléra; par M. N. Boubée. (Extrait. ) (Renvoyée, conformément à la demande de l'auteur, au concours pour le prix Bréant.) « Ayant consacré les deux mois que je viens de passer dans les Pyrénées à observer particulièrement la marche géologique du choléra pendant qu'il sévit avec intensité dans la plupart des départements pyrénéens, ces obser- vations ont confirmé de la manière la plus complète tout ce que j'ai dit et annoncé précédemment à cet égard — Une chose fort digne de remarque, c'est que l'influence préservatrice si caractérisée qu'exercent à l'égard du choléra la plupart des roches compactas ou imperméables, et surtout les roches granitiques ou feldspathiques non altérées, est nulle ou tout au moins inappréciable à l'égard de plusieurs autres maladies analogues et plus ou moins épidémiques, telles que la cholérine, la suette, etc. . . . J'ai quelques faits nouveaux à l'appui de ce que j'avais annoncé dans mon premier Mémoire : que ce n'est pas du tout le plus ou moins d'élévation au-dessus du niveau de la mer, ni au-dessus de la rivière ou de la vallée, qui peut protéger contre l'invasion du choléra Touille, village élevé à i6o mètres au-dessus du Salât, sur un promontoire de terrain diluvien, a été fort mal traité. Ar- gut, village élevé à plus de 3oo mètres au-dessus de la Garonne, près de Saint-Béat, a subi également l'invasion cholérique, tandis que Saint-Béat, au bord du fleuve, dans une gorge très-étroite, mais entièrement bâti sur le calcaire saccharoïde, a été constamment préservé, bien que l'épidémie sé- visse tout autour de lui. » Qu'il me soit permis d'ajouter que le voisinage même très-rapproché de roches préservatrices est presque toujours insufBsant, si par-dessus ces roches il existe un terrain alluvionnaire ou quelque terrain friable et absor- ( 795 ) bant, tel que la roche granitique elle-même en décomposition, ou toute autre; car si les maisons reposent sur ce terrain perméable, il n'en faut pas davantage pour annuler assez souvent l'influence préservatrice des roches imperméables. » Enfin, je dois faire remarquer que si quelques cas isolés de choléra viennent à se produire dans des lieux reposant sur des roches imperméa- bles, il n'en faut rien conclure contre l'influence préservatrice de ces roches, puisqu'il y a loin de quelques cas isolés, souvent contestables, à une inva- sion véritablement épidémique. « M. Gaiffe soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : a Description d'un appareil électromédical portatif, sans pile. » Un de ces appareils est mis sous les yeux de l'Académie. MM. Briot et Bouquet présentent une nouvelle rédaction deleur Mémoire intitulé : « Recherches sur les fonctions définies par des équations différen- tielles. » (Commissaires précédemment nommés : MM. Cauchy, Binet.) M. Paulet adresse, de Genève, deux Notes ayant pour titre, l'une : « Démonstration de l'égalité à deux droits de la somme des trois angles de tout triangle, indépendante de la théorie des parallèles » ; l'autre : « Démons- tration de ce théorème de Fermât que, hors du second degré, il n'existe aucune puissance qui puisse se partager dans la somme ou la différence de deux autres puissances du même degré. M. AvENiER DE Lagrée cnvoie, en date du 9 octobre, une Note qui fait suite à de précédentes communications; et, en date du 19 du même mois, une autre Note ayant pour titre : « Combinaison mécanique propre à donner à l'arbre de couche des machines une vitesse uniforme, quel que soit le degré de la détente. » (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) io4.- { 796) CORRESPONDANCE M. LE Directeur général des Douanes et des Contributions indirectes adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du « Tableau général du mouvement du cabotage en i85'l » M. G.-B. Greenough fait hommage à l'Académie de là Carte phjsique et géologique de L'Inde Britannique, qu'il vient de publier [General sketch of the phjsical and geologicalfeatures oj British India). M. le Secrétaire perpétuel, en mettant sous les yeux de l'Académie les neut feuilles dont cette Carte se compose, donne quelques détails sur leur contenu. La Carte, qui est à l'échelle de -n > s'étend du sud au nord depuis le cap Comorin et l'île de Ceylan jusqu'aux dernières cimes de l'Himalaya et de l'Hindoo-Coosh, et de l'ouest à l'est depuis l'Indus jusqu'au Brahma- putra, en comprenant les vallées de ces deux fleuves. Le relief du sol y est figuré à grands traits, et le choix des teintes géolo- giques concourt à le faire ressortir. On est frappé, à la première vue, de la vaste étendue des Irapps du Deccan, de celle des terrains de transport et d'alluvion qui couvrent les plaines du Scinde et qui bordent le pied de l'Himalaya-, de la manière dont deux chaînes de roches anciennes contrai- gnent le Gange et le Brahmaputra à rapprocher leurs cours ])rès de leurs embouchures et à confondre leurs deltas, etc. Indépendamment des teintes géologiques, M. Greenough a répandu sur cette Carte, comme sur celles qu'il a publiées antérieurement, une foule de signes et de notes relatives soit aux gîtes minéraux, soit aux formes exté- rieiu'es et aux altitudes du sol et des montagnes, soit aux gisements des fos- siles; et il a particulièrement indiqué les points où MM. Falkoner et Cautley ont trouvé, dans les collines subhimalayennes, de si beaux restes de qua- drupèdes et de reptiles. Les marges de la Carte présentent aussi de nom- breuses listes de coquilles fossiles et autres corps organisés, et une liste des gisements houillers. Les chemins de fer en activité ou en construction sont tracés sur la Carte. M. Greenough s'est plu à consigner sur la Carte même l'expression de sa gratitude envers les directeurs et les officiers de la Compagnie des Indes et ( 797 ) particulièrement envers M. le lieutenant-colonel Sykes, relativement aux facilités qui lui ont été données pour consulter les archives géographiques et géologiques de la Compagnie. ASTRONOMIE. — Extrait d'une Lettre de M. Annibal de Gasparis à M. Élie de Beaumont. « Naples, le 7 octobre 1854- » J'espère que vous voudrez bien faire aux formules suivantes le même bon accueil qu'à celles déjà publiées dans les Comptes rendus : celles-ci en sont tout simplement une transformation. » II- ne sera pas inutile de rappeler la valeur des symboles adoptés. Soient pour le temps «; /, a, /3, la longitude de la Terre, la longitude, et la latitude géocen triques de l'astre. On pose dl , da. rfp Q ^ — to, rf^ — «0 , ■^ — Pc- De même, pour le temps t'; Z', a', /3', etc.^ sont la longitude de la Terre, etc. g » 6, Ô' sont les distances de l'astre à la Terre. On fait -^ = m; cp est la longitude du nœud ascendant de l'orbite inconnue. Si l'on fait w = a sin ]3 cos |3 cos ( Z — a ) a -i- sin ( Z — a) ^01 <ù' = a sin jS'cos/S'cos (Z' — a') «0+ sin (Z' — a') j3'q, on aura l'équation suivante : i-+- w'sin(çi — Z) — M sin (y — Z')hj' -H sin j3 cos j3' y/Zo Z'^ sin ( y — a') m — sin P' cos/3 v/Zq l'o sin (ip — a) jn. Cette équation est relative à ma méthode où l'on emploie les seules dérivées du premier ordre. » Pour l'autre, où il entre aussi les dérivées secondes, j'ai découvert l'équation très-remarquable, résumé de toute ma première méthode, dai /do>\ dl a.d& O — __+.„ (1) \dl I là 9 » M. MiLNE Edwards place sous les yeux de l'Académie de nouveaux microscopes construits par M. M. Nachet, et destinés aux démonstrations ( 798 ) micrographiques. Toutes les personnes qui dans leur enseignement font usage du microscope, savent combien il est souvent difficile de préciser, dans le champ de vision de l'instrument, la position des objets sur lesquels on veut appeler l'attention des observateurs inexpérimentés, et combien il serait parfois utile de faire voir, dans le même moment, à plusieurs élèves ce que le professeur voit lui-même, ou ce qu'il touche avec la pointe de son aiguille. Les instruments en question réalisent ces conditions et sont employés depuis un an par M. Milne Edwards, dans ses leçons à la Sorbonne. Dans le pre- mier de ces microscopes destinés aux démonstrations anatomiques, deux personnes peuvent voir simultanément le même objet. Les deux images sont formées par un prisme dont la section transversale est un triangle équi- latéral, qui est placé immédiatement au-dessus de l'objectif, de façon à ce que ses arêtes soient perpendiculaires à l'axe optique des lentilles. Chacune des deux faces latérales de ce prisme réfléchit l'image de l'objet sous une incidence telle, que cette image sort normalement par la surface opposée ; enfin le faisceau de lumière ainsi déviée de sa route rencontre un second prisme dont les surfaces sont parallèles au premier, mais dont les arêtes forment avec celles de celui-ci un angle droit. L'image, renversée derrière l'objectif, est ainsi redressée dans un sens par le premier prisme, et le redres- sement est achevé par le second prisme, de façon que l'observateur peut diriger sans difficulté ses aiguilles à dissection sur le porte-objet de l'instru- ment. Il est à noter aussi qu'en faisant varier la distance entre l'objectif commun et chacun des ocidaires, on peut ajuster chacune des branches de l'instrument pour des observateurs dont les yeux n'auraient pas le même foyer. » Dans les autres microscopes placés sur le bureau de l'Académie, on obtient trois ou même quatre images dans autant de tubes oculaires séparés, en substituant au prisme ordinaire, placé au-dessus de l'objectif, soit trois prismes réflecteurs disposés autour du foyer optique de l'instrument, soit un prisme quadrangulaire agissant toujours comme prisme multiplicateur. La perte de lumière qui résulte de ces dispositions est moins considérable qu'on ne l'aurait supposé, et bien qu'un microscope de ce genre ne soit pas aussi bon qu'un microscope ordinaire pour des travaux de recherches. M. Milne Edwards pense que l'instrument inventé par M. M.Nachet pourra être très-utile pour les démonstrations dans les Cours d'histoire naturelle des Lycées et autres établissements de l'Université. » (799) PALiioiSTOLOGiE. — M. Serres présente, au nom de S. A. Monseigneur le Prince Charles Bonaparte, une Note sur le Mosasaure; par M. SciILEGEL. « M. le prince Charles Bonaparte m'a chargé de présenter à l'Académie une Note très- intéressante de M. Schlegel , relative au grand Saurien fossile des carrières de Maestricht, connu sous le nom de Mosasnure. » D'une part , les faits consignés dans cette Note modifient quelques-uns de ceux publiés par Camper et Cuvier, et justifient, d'autre part, la conjec- ture de ces deux grands naturalistes sur l'analogie de ses extrémités avec les nageoires des Cétacés , analogie qui, comme on le sait, avait été vivement contestée. « Mon cher Prince , » Vous me demandez des nouvelles relatives à mes travaux scientifiques. J'en ai à vous communiquer une, qui ne manquera pas de piquer au plus vif votre curiosité. Il s'agit du nionstrueux Saurien fossile des carrières de Maestricht. Chargé de faire, ainsi que sur la grande Tortue de mer des mêmes carrières^ un travail destiné à être mséré dans les Mémoires pour servir à la carte géologique de la Néerlande, j'ai commencé par examiner les pièces qui ont été rassemblées et en partie décrites par les deux Camper, dont G. Cuvier a donné l'explication et qui se trouvent actuellement déposées au Musée de l'Université de Groningue. Voici quelques-unes des observations les plus curieuses que j'ai pu faire au début de mes recherches. » Vous vous rappellerez qu'Adrien Camper, en parlant des osselets des extrémités du Mosasaure , constata que ces pièces, faisant partie de sa col- lection, avaient été collées artificiellement, par feu le chirurgien Hoffmàn, sur un bloc de craie sableuse des carrières de Maestricht. En examinant ce bloc, je reconnus aussitôt la justesse de cette observation, mais je m'aperçus encore que l'on avait employé le même artifice à l'égard d'un nombre assez considérable d'autres pièces décrites par Camper, et après lui par G. Cuvier. L'auteur de cette petite supercherie ne s'était pas contenté de creuser, dans ses blocs de craie bien taillés, des trous ; de les remplir de plâtre et d'y fixer les différents débris qu'il se proposait de vendre : il s'était encore permis de réunir, en luie seule, des pièces osseuses assez hétérogènes, de changer ( 8oo ) leur aspect en les enfonçant en partie dans le plâtre, et de les superposer les unes aux autres, afin de faire croire aux acheteurs qu'elles avaient été reti- rées des carrières dans la position qu'il lui plaisait d'inventer. Le tout ayant été préparé avec tant de soin, qu'il avait acquis une apparence parfaite de vétusté, on ne doit pas s'étonner que notre Hoffman ait bien réussi à induire en erreur les pauvres naturalistes, qui n'osaient pas toucher à ces précieuses reliques, à cause de leur fragilité. En effet, il me fallut huit jours d'un travail opiniâtre, pour détacher et nettoyer toutes ces pièces, et j'eus le bonheur de venir à bout de cette besogne, sans en endommager aucune. Je ne vous citerai aujourd'hui que quelques exemples des plus frappants, de la confusion à laquelle ce procédé a donné lieu, et que feu A. Camper a mal- heureusement augmentée, en négligeant de faire graver au miroir les des- sins qu'il a publiés de ces pièces. Vous savez que ce savant, et G. Cuvier avaient pris pour l'os tympanique, une pièce d'une forme très-bizarre et iHiUement semblable au même os chez les autres Sauriens, et que Cuvier, en copiant la figure de cet os donnée par Camper, l'avait placée en sens contraire du dessin original; d'où il résulta qu'après avoir été tournée de droite à gauche par le graveur des planches de Camper, cette figure fut encore tournée sens dessus dessous par Cuvier. En examinant ce débris, je m'aperçus aussitôt que sa partie principale se trouvait, d'un côté, de moitié recouverte d'une lame osseuse très-mince, qui, à son tour, était terminée par un tubercule d'une grandeur assez considérable. Une pareille disposition d'os étant impossible, je dus naturellement conjecturer que ce tubercule ne se trouvait pas à sa place. J'essayai par conséquent de le détacher, et, y ayant réussi, je vis que c'était tout bonnement une épiphyse, collée contre la lame en question, que cette lame n'était autre chose que l'os operculaire de la mâchoire inférieure, et que la partie principale de la pièce se trouvait être l'os coronaire de cette même mâchoire. » Je suis également parvenu à retirer saine et sauve, la grande pièce' prise par Cuvier, pour les restes d'un frontal principal et de deux frontaux antérieurs, « tous, comme dit Cuvier, fort mutilés par leurs bords, » et j'ai pu constater, que cette pièce se trouve partagée, au moyen d'une suture longitudinale, en deux parties égales, dont l'une est complète et aucune- ment endommagée par les bords. » Les osselets des extrémités, que j'ai également retirés de leur couche artificielle, m'ont donné lieu à des observations très-curieuses. Je remar- quai d'abord que les pièces prises par Camper et Cuvier pour des pha- ( Soi ) langes onguéales ne sont que de simples phalanges à deux facettes articu- laires, et que cette erreur de nos savants provenait de ce que l'on avait donné à ces osselets une apparence de forme conique, en enfonçant un des bouts, et le cachant en partie sous la pâte gypseuse, dont on s'était servi pour fixer ces pièces dans un bloc commun de grès. L'osselet, figuré par Cuvier [Ossements fossiles, vol. II, PI. XX, Jig. 21), ne diffère en consé- quence, outre sa moindre grandeur, en rien, de celui représenté sur la même planche, jîg. 6, et les phalanges onguéales de cet être sont encore à découvrir. » J'ai encore pu obtenir des éclaircissements sur les os du carpe. Ceux représentés par Cuvier,^o:. 5 et 22, et pris par lui, le premier comme apparte- nant au Mosasaurus, le second à la Chélone de Hoffman, ne proviennentpas seulement de la même espèce, mais probablement d'un même individu du Mosasauriis, attendu que leurs facettes glénoïdales s'adaptent parfaitement l'une contre l'autre. J'ai de même acquis la certitude que tous les osselets des mains et des pieds, figurés par Camper et Cuvier sur les planches préci- tées, proviennent du Mosasaurus et non pas de la Tortue marine, attendu que j'en ai retiré d'absolument semblables de plusieurs blocs intacts qui ne renfermaient que des débris de ce grand Saurien (entre autres une rangée de six de ces osselets déposés entre les vertèbres et les côtes), et que les osselets des extrémités de la grande Tortue marine offrent une forme tout à fait différente. Vous savez que l'on n'avait jusqu'à présent, que des notions très-incomplètes sur la nature des extrémités de ce grand Saurien fossile, et que la plupart des naturalistes, rejetant la conjecture de P. Camper et G. Cuvier, que ses extrémités pourraient bien avoir offert de l'analogie avec les nageoires des Cétacés, en faisaient un être à pieds marcheurs, en lui accordant tout au plus des membranes natatoires. Or j'ai la satisfaction de pouvoir constater, par des faits bien avérés, la justesse de la conjecture de ces deux grands naturalistes. Il suffit, en effet, d'examiner un seul de ces osselets des phalanges, ou seulement le dessin d'une de ces pièces, pour se convaincre qu'ils ont dû appartenir à une extrémité en forme de nageoire ; car ils sont élargis, plats, sans tubercules ni sinus, et leurs facettes glénoï- dales offrent une surface presque plane. Les os des phalanges de tous les animaux marcheurs sont, au contraire, plus oti moins cylindriques, leurs facettes articulaires s'emboîtent assez sensiblement l'une dans l'autre, et ils sont pourvus, en bas, de tubercules et d'un sinus, pour faciliter C. R., 1854, 2"" Semestre. (T. XXXIX, ^'> 17.) ' o5 ( 802 ) le passage des tendons des muscles fléchisseurs et l'insertion de leurs ligaments. » Tels sont les principaux faits obtenus, dans la première semaine de mes recherches. Tout porte à croire que j'en obtiendrai d'autres, et notre ami Van Breda ne se fera pas faute d'en fournir également, par suite des recher- ches dont il s'occupe dans ce moment, sur les nombreux débris d'osse- ments fossiles des carrières de Maestricht, conservés dans sa riche collection privée. Ce sera encore lui qui pourra donner d'amples renseignements sur la grande Tortue de mer, dont il possède de bien précieux débris. Il s'agira plus particulièrement de savoir, auquel des deux types de tortues marines appartient la grande espèce fossile, par rapport à la structure osseuse de son test : savoir, au type ordinaire, ou à celui représenté par la Chélone coriace ; ou bien, si elle forme un type intermédiaire entre ceux de la créa- tion actuelle. Cette classification, peut-être énigmatique pour beaucoup de naturalistes, ne doit pas l'être pour vous, qui avez bien voulu me faire l'honneur de lire la Notice que j'ai publiée, dans la Faune du Japon, dès l'an i833, sur le squelette de la Chélone coriace, et de noter que la struc- ture du test de cette espèce est totalement différente de ce que l'on observe dans les autres Chéloniens. Du reste, je tâcherai de mettre sous peu les natu- ralistes à même de mieux juger de l'organisation de cet animal curieux, en publiant, dans les Mémoires de la Société royale de Zoologie d'Amsterdam, une description plus détaillée et accompagnée de figures, des parties osseuses d'un être, isolé sous tant de rapports parmi ses congénères. » Je vous ferai parvenir, ces jours-ci, des exemplaires des deux Mémoires que j'ai publiés dans les Comptes rendus de notre Académie, l'un sur les changements de couleur et la croissance des plumes des oiseaux et des poils des mammifères indépendamment de la mue ; l'autre sur le célèbre Dodo et les espèces voisines. Ces deux Mémoires, dont le premier avait déjà en partie paru, en 1862, dans le Naumannia, ont suscité, soit en Allemagne, soit ici, de bien vives discussions. Ce serait un véritable bonheur pour mor, si les naturalistes français et anglais voulaient également y mettre leur écot. » ( 8o3 ) GÉOLOGIE. — Observations sur quelques mines des Etats- Unis et sur le grès rouge du lac Supérieur. (Extrait d'une Lettre de M. le D' Charles T. Jackson à M. Elie de Beaumont.) a ... J'ai à vous communiquer le résultat de quelques nouvelles recher- ches que j'ai faites dans les parties septentrionales des Etats-Unis, notam- ment dans l'Etat de Vermont, où j'ai examiné quelques mines emportantes de cuivre, de plomb et d'or. » Dans les territoires de Vershire et Corinthe, Vermont, la longue bande de pyrites de fer et de cuivre, qui a été exploitée pour couperose depuis un demi-siècle, à Strafford par exemple, devient extrêmement riche en cuivre. La proportion de pyrite de cuivre augmente à mesure qu'on avance vers le nord. La teneur moyenne en cuivre du minerai est de i6 pour loo dans les mines de Vershire et de Corinthe, et l'on peut recueillir beaucoup de minerai qui en contient jusqu'à 20 pour 100. Il y a plus de douze ans que je connaissais l'existence de ces filons, mais je n'ai pu déterminer personne à les exploiter, jusqu'à ce qu'on eût construit un chemin de fer qui passe dans leur voisinage. » En février dernier, au cœur de l'hiver, j'ai fait une exploration partielle des filons, et j'avais à creuser sous une profondeur de 2 à 3 pieds de neige. Au commencement de l'été, on envoya des mineurs, et je pus, dans une nouvelle visite, faire des observations complètes et précises sur le gise- ment du minerai de cuivre. » On le trouve dans une série de veines parallèles, situées entre les cou- ches de micaschiste, dont la direction est à peu près nord-sud, et l'inclinai- son vers l'est ne dépasse pas 3o degrés. La mine affleure près du sommet d'une colline d'environ 3oo pieds d'élévation, et son inclinaison est un peu plus considérable que celle de la pente orientale de la colline. De simples travaux à ciel ouvert ont permis de retirer avec facilitéune grande quantité de minerai de cuivre. On pratique actuellement des puits et des galeries, afin de travailler à couvert pendant l'hiver et d'exploiter les parties les plus basses de la colline. La puissance moyenne des filons est de 3 à 4 pieds, mais la puissance totale du groupe est beaucoup plusgrande, parce qu'il est formé par plusieurs filons parallèles et rapprochés. Les analyses faites par le chimiste qui m'assiste, M. George J. Dickinson, font voir que ces pyrites de cuivre io5.. ( 8o4 ) renferment une notable proportion d'or, pas assez importante cependant pour permettre de le séparer en perdant le cuivre. J'ai proposé d'essayer un traitement analogue à celui qu'on suit pour extraire le cuivre, d'ajouter une certaine quantité de nitrate de soude pendant le grillage en tas, pour faciliter l'oxydation du sulfure de cuivre, puis de séparer le sulfate de cuivre par lexiviation, de précipiter le cuivre à l'aide du fer et d'amalgamer les résidus pour or. » J'ai soumis ce traitement à la Compagnie qui m'employajt l'an dernier dans la Caroline du Nord, mais il n'a pas encore été essayé sur une assez vaste échelle pour qu'on puisse l'apprécier économiquement. J'ai proposé aussi de le suivre dans les mines de la Caroline du Nord, où il serait extrê- mement utile de l'essayer, à Gold-Mill par exemple, où l'on perd une grande quantité d'or dans les sables cuprifères pauvres ou tailings. M La mine la plus intéressante que j'ai étudiée dans le Vermont est celle de Bridgewater que j'ai visitée en juin dernier. » Elle est située dans la partie occidentale du district de Bridgewater, à 5 milles du village, dans une profonde vallée, au milieu des montagnes; un petit torrent traverse la gorge et se jette dans le Watta-Queêhec, un des tri- butaires de la rivière Blanche. » Les filons, assez nombreux, sont quartzeux, et renferment de l'or, de la galène argentifère, de la blende et des pyrites de cuivre. Les roches avoi- sinantessont des schistes talqueuxet chlorité's, formés de quartz granulaire, avec talc et chlorite en feuillets cristallins. Les couches courent à peu près du nord-est au sud-ouest, tandis que les filons de quartz aurifère courent à peu près du sud au nord et traversent ainsi les couches. Ces veines quart- zeuses ont à peu près de i à 3 pouces jusqu'à 3 pieds d'épaisseur; leur inclinaison est d'environ 6o degrés vers l'est et leur direction nord-sud. Des filons croiseurs les rencontrent et les coupent sous un angle de 3o degrés ou un angle un peu moindre, et aux points de rencontre, sous ces angles aigus, la puissance du gîte est considérablement augmentée. En examinant les veines quartzeuses au point où elles forment le lit du torrent, nous trou- vâmes en abondance des esquilles et particules d'or dans la roche, et nous fîmes sauter à la mine des fragments de roches aurifères, qui se prêteraient à une très-profitable exploitation. La blende noire et la galène sont les prin- cipaux minerais du filon, et en pulvérisant et lavant divers échantillons, nous obtînmes toujours une large proportion de galène mélangée d'or. Je reniar- ( 8o5 ) quai sur-le-champ qu'on serait ainsi dispensé d'employer le mercure pour séparer l'or, et, dans un essai que je fis, je réussis facilement à fondre le plomb et à y faire entrer tout l'or; puis par coupellation, dans une coupelle en cendres d'os, je séparai l'or réuni à l'argent sans aucune difficulté. Le plomb réduit donne, par tonne de 2000 livres, pour 6o3 dollars d'or et pour 2 5 dollars d'argent, qu'on sépare de l'or à l'aide des acides. Beau- coup de plomb peut être vitilisé à l'état de litliarge, dans un traitement en grand. » J'espère, quand les affaires reprendront à New- York, que cette mine fixera l'attention qu'elle mérite; mais jusqu'ici on a fait très-peu de chose pour son développement, bien qu'elle ait été concédée légalement à des capitalistes de New-York. » J'ai remarqué, dans cette mine, qu'on trouve de l'or dans presque tous les minéraux accessoires, comme, par exemple, le gahnite ou spinelle zinci- fère, et la blende noire. Je possède un cristal octaédrique de gahnite qui contient de l'or à l'extrémité de l'une des pyramides. » Voici la liste des minéraux des filons : » Or natif en esquilles et petits grains irréguliers dans le quartz, et les autres minéraux du filon ; » Galène argentifère en veines de 2 à 3 pouces d'épaisseur; » Blende noire en veines de a à 3 pouces d'épaisseur, associée au mine- rai de plomb; » Pyrites cuivreuses jaunes très-abondantes dans les parties supérieures de la veine quartzeuse; » Pyrites de fer moins abondantes que celles de cuivre ; » Gahnite (spinelle zincifère) en octaèdres réguliers de^ à ^ pouce de diamètre; » Oxyde brun de fer, nommé gassan. » Le minerai lavé donne 53 pour 100 de plomb aurifère et argentifère quand on le réduit dans un creuset de fer avec du carbonate de soude. » Il est tout à fait intéressant pour nous de trouver de l'or dans nos roches du nord, où peu de personnes s'attendaient à le rencontrer, et j'espère que de nouvelles recherches le feront découvrir sur une étendue beaucoup plus considérable qu'on ne l'avait jamais supposé jusqu'ici. » Il y a déjà longtemps que le général Field annonça la découverte d'une ( 8o6 ) masse d'or pesant huit onces , qu'il avait trouvée dans le sol alluvial de Newr-Fare (Vermont) (voyez Amer. Journ. Science, vol. XII, p. 177); mais on n'en découvrit pas davantage en creusant le sol, et on crut que ce morceau d'or y était tombé accidentellement. Il est certain désormais qu'il existe dans le Vermont de l'or en place dans les filons de quartz qui tra- versent les longues crêtes de schistes talqueux et chlorités qui forment le côté oriental des montagnes Vertes ( Green mountains). » IjCS mines d'or de la Géorgie et de la Caroline du Nord sont mainte- nant, pour la plupart, d'un grand produit, ainsi qu'une mine de la Caroline du Sud, et les mines de cuivreduTenesseeetdela Caroline du Nord envoient une quantité considérable de minerai de cuivre aux fourneaux de fusion de Boston, Baltimore, New-Haven et New-Jersey. Dans le cours de l'année la production s'y accroîtra d'une manière vraiment remarquable. La mine de Gold-Hill, dans la Caroline du Nord, donne actuellement pour 3ooo dollars d'or par semaine, et trois meules chiliennes seulement y sont à l'œuvre. » Les puits dans cette mine ont déjà été poussés à près de cinq cents pieds de profondeur, et l'on a trouvé le filon vertical dans toute cette hau- teur, bien qu'en même temps le filon suive la même direction que les couches, mais non pas le même plan. Les couches en effet sont inclinées à 75 degrés seulement; tandis que le filon, comme nous l'avons observé, est vertical. » Dans les comtés de Guilfort, Rohan, Mecklembourg et Davidson de la Caroline du Nord, on exploite actuellement des mines de cuivre très-productives ainsi que quelques mines d'or importantes. L'oxyde noir de cuivre du Tenessee attire en ce moment l'attention particulière des capitalistes de Londres, et les actions de la Compagnie sont à un taux très-élevé. L'oxyde noir finit à la profondeur de quatre-vingt-dix pieds, et passe à un mélange pauvre de pyrite de fer et de cuivre ; mais en quantité néanmoins si considérable, qu'on peut l'exploiter avec profit, quoique moins aisément que l'oxyde noir. » Vous apprendrez avec plaisir par M. Jules Marcou, qu'il a confirmé mes vues relativement à l'âge du grès rouge du lac Supérieur, et prouvé qu'il n'est point l'équivalent du grès de Postdam, de l'État de New- York, mais qu'il est au-dessus de la série carbonifère, et peut être mis plus justement en parallèle avec le nouveau grès rouge d'Europe et de ce pays, ainsi que nous l'avions primitivement annoncé, MM. de Verneuil, Marcou et moi. M. Marcou a ajouté des résultats importants à la géologie de ce continent, ( 8o7 ) surtout par les recherches qu'il a faites en le traversant jusqu'en Californie, et nous attendons son Rapport avec un vif intérêt. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Mode de production de l'alcool au mojen des fihves végétales et particulièrement du bois ; par M. J. -Ed. Arnould. « Dans les circonstances actuelles, lorsque la fabrication de l'alcool prend un si grand développement, qu'elle détourne plusieurs matières pre- mières, particulièrement les céréales, de leur véritable et plus utile emploi, j'ai pensé qu'il y aurait quelque intérêt à présenter à l'Académie le résultat de recherches sur un nouveau mode de production de l'alcool, bien que ces recherches ne soient pas encore complétées. » M'appuyant sur les travaux de M. Braconnot, publiés il y a trente-cinq ans, et sur ceux plus récents de M. Payen, j'ai entrepris de produire ime matière analogue à l'amidon, du sucre et de l'alcool, avec les fibres végé- tales, et particulièrement avec le bois. » Mes premiers essais ont complètement répondu à mon attente. Je suis arrivé, pour certaines fibres, à rendre soluble 97 pour 100 de la matière employée, et pour certaines essences de bois à convertir en sucre et autres produits solubles ^S à 80 pour 100 du bois employé, puis le sucre a été converti en alcool. . » Je vais indiquer sommairement la préparation de l'alcool avec le bois blanc. » Le bois est réduit en sciure grossière : dans cet étal il est desséché jusqu'à 100 degrés, de manière à lui faire perdre l'eau qu'il contient, car cette eau entre souvent pour la moitié de son poids. On laisse refroidir le bois, puis on verse avec beaucoup de soin, et par très-petites quantités à la fois, de l'acide sulfurique concentré ; cet acide est versé très-lentement pour empêcher la matière de s'échauffer. On mêle l'acide avec le bois au fur et à mesure qu'on le verse; puis, pendant douze heures, on abandonne le mélange : ensuite on le broie avec beaucoup de soin, jusqu'à ce que cette masse, d'abord presque sèche, devienne assez liquide pour couler. Ce liquide, étendu d'eau, est porté à l'ébullition : l'acide est saturé par la craie, et la liqueur, après une filtration, est soumise à la fermentation; ensuite l'alcool est distillé par les procédés ordinaires. » Dans cette expérience, la quantité d'acide sulfurique employé peut être égale, mais ne peut pas être moindre que 1 10 pour 100 du poids du bois sec^ ( 8o8 ) Des recherches en voie d'exécution me font pressentir que la quantité d'a- cide pourra être considérablement diminuée; mais déjà même, avec la pro- portion indiquée plus haut, la fabrication de l'alcool se ferait d'une manière économique, à cause du bas prix des matières employées, qui sont le bois, l'acide sulfurique et la craie. » J'ai l'espoir que l'Académie voudra bien m'excuser de lui avoir soumis un travail incomplet, eu égard à l'importance de la question d'utilité pu- blique. En effet, les peuples auront à leur disposition une nouvelle source de matières alimentaires presque inépuisable, puisque avec le bois on pourra faire, d'une manière très-économique, de la dextnne^ du sacre et de l'alcool. Les gouvernements (et nous savons avec quelle sollicitude le nôtre adopte toutes les mesures, provoque tous les progrès qui peuvent venir en aide au bien-être des populations), les gouvernements, dis-je, verront ces crises alimentaires, si pénibles pour tous, devenir de plus en plus rares, si ce n'est même impossibles, puisque le bois contribuera doublement à l'alimentation publique, d'abord directement, et aussi en fournissant des produits qui étaient demandés aux grains, cette première nourriture des peuples. Ce nouvel emploi du bois rendra à un produit aussi abondant, et dont la conservation est importante à tant d'égards, une partie de sa valeur, au moment où ces usages deviennent presque nuls par suite de l'emploi du fer et du charbon de terre. » GÉOLOGIE. — Existence en Auvergne d'un fait ge'ologique déjà signalé dans la presqu'île Scandinave. Traces laissées pnr des corps choquants partis avec divergence de points culminants. (Extrait d'une Lettre de M. Lecoq à M. Élie de Beanmont. ) a Parmi les faits géologiques si dignes d'intérêt qu'a offerts le sol de Ja grande presqu'île Scandinave , il en est un qui a fixé particulièrement l'at- tention des savants : c'est la. certitude qu'ils ont acquise de la présence de corps choquants partis avec divergence des sommets et rayonnant tout au- tour d'eux et principalement au sud : c'est la remarque importante et incontestable qu'ils ont faite de rochers frappés , offrant un côté choqué et un côté préservé. Ces mêmes faits, je viens de les découvrir en Auvergne, derrière le Mont-Dore, c'est-à-dire à l'ouest et au sud-ouest de ce groupe de montagnes, et avant d'avoir terminé la carte géologique qui les repré- sente et d'avoir mis en ordre les détails nombreux que j'ai recueillis sur ce ( 8o9 ) phénomène, j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences quelques- unes de mes principales observations. » Plusieurs des vallées qui partent du pied du Mont-Dore , dans la di- rection ouest et sud-ouest, sont assez profondément creusées pour que l'on rencontre à une petite distance de leur point d'origine le sol primordial qui supporte les assises volcaniques. Ce sol est formé de granit et de gneiss dans le canton de Latour où le phénomène des chocs est principalement développé ; la roche primitive de ces vallées est partout arrondie , mou- tonnée et creusée de larges sillons (les karren de la Suède), mais sans ap- parence de stries ni de véritable poli. Toutefois ce caractère moutonné et arrondi n'existe que du côté tourné vers le massif du Mont-Dore, et il est facile de reconnaître que des chocs fréquents et longtemps prolongés sont la cause des formes douces si remarquables que présentent toutes les collines et toutes les masses de granit dans cette direction. On y voit avec évidence la trace du passage violent de lourds matériaux. Du côté opposé, les rochers et les monticules sont escarpés, préservés , offrant des angles et des arêtes très-nets ; enfin , on voit que les corps qui ont frappé d'un côté ont sauté par-dessus les monticules , et qu'entraînés par la même puissance, ils sont allés plus loin épuiser leurs efforts. » La vallée d'Orbevialle ou de Chastreix, la plaine de Saint- Donat et sa vallée , les environs du village de Saint-Genès-Champespe sont les lieux où le phénomène s'est montré dans toute sa puissance , et si l'on traverse au delà du dernier village que j'ai cité, et sur les limites du Cantal une plaine onduleuse où s'élèvent de nombreuses éminences de granit, cho- quées d'un côté, préservées de l'autre et parsemées de sapins, on a l'idée exacte d'un paysage suédois. » Si dans la Scandinavie la cause de faits si extraordinaires paraît en- core douteuse, ici elle est évidente. L.es corps choquants sont d'énormes boulets de basalte, quelquefois de granit et même de quartz ou de tra- chyte, mais surtout d'un basalte noir très-dur, à l'origine duqviel on peut remonter facilement. Plusieurs des ces boulets sont encore gisants sur les lieux qu'ils ont battus; mais la plupart, entraînés plus loin, forment au- jourd'hui, dans les cantons de Tauves et de Latour, de véritables traînées de boulets morts et abandonnés par la force qui les chassait avec violence. Le lieu où l'on voit la plus grande quantité de ces masses a reçu le nom de Cimetière des Enragés. Quant à la force qui a chassé ces blocs avec tant de violence, l'eau me paraît être le seul agent capable de si prodigieux efforts et d'une si longue persévérance. L'accumulation des neiges sur le C. R., i854, a"" Semeure. (T. XXXIX, N» i7.) 'o6 ( 8io) Mont-Dore, à une époque où notre planète plus chaude permettait une évaporation plus considérable et pendant les hivers de grands dépôts nei- geux, le retour périodique de la chaleur et des pluies vernales, expliquent parfaitement ces immenses courants et la présence d'eaux tumultueuses qui, perdant peu à peu leur vitesse acquise , abandonnaient successivement les matériaux plus ou moins lourds dont elles étaient chargées. Aucune trace de la présence de la glace , aucune véritable morraine ne s'est montrée dans mes rechei-ches , bien que le phénomène appartienne certainement à une époque voisine de celle où la dispersion des blocs erratiques a eu lieu. » M. le lieutenant-colonel 1\. de Koksharow annonce l'envoi des huit pre- mières livraisons d'un ouvrage qu'ail publie en allemand sous le titre de a Materialen zur Minéralogie Russlands. » Cet ouvrage n'est pas encore parvenu à l'Académie. M. DE Maisières adresse, de Nevers, une Lettre relative à un propulseur nouveau destiné à remplacer, pour la navigation à la vapeur, l'hélice ou les roues à aubes. L'auteur ne dit point en quoi consiste son appareil, mais il offre d'en adresser une description, si l'Académie, dont il désire obtenir le jugement, veut garder le secret sur cette invention jusqu'au moment où il jugera de son intérêt de la rendre publique. Cette demande ne peut être prise en considération. M. Brachet continue ses communications relatives aux instruments d'optique. La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B. ( 8ii ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans sa séance du i6 octobre i854, les ouvrages dont voici les titres : Sitzungsberichte... Comptes rendus des Séances de la même Académie; Classe de Sciences mathématiques et naturelles; février, mars, avril i854; in-S". •Verhandelingen... Mémoires de l'Académie roj^ale des Sciences d' Amster- dam; Impartie. Amsterdam, i854; in-4°. Verslagen... Comptes rendus de la même Académie; P® partie, i" et 2" livraison; IP partie, i" à 3* livraisons; in-B". Mikroskopische. . . Analomie microscopique, ou Anatomie des tissus de l'homme; par M. le D' A. RÔLLIKER; tome II. Leipsick, i854; in-8°. Monatsbericht... Comptes rendus des Séances de l'Académie des Sciences de Pruise; aoiàt 1 854 j in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques ; n° 920. Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n°' 120-122; 10, 12 et i4 octobre i854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n° 54; i3 octo- bre 1854. Gazette médicale de Paris ; n° 4'; i4 octobre i854. L' Abeille médicale ; n° 29; i5 octobre i854. La Lumière. Revue de la Photographie; 4* année; n° /\i', i4 octo- bre ! 854. La Presse médicale; n° 11 ; i4 octobre i854- L' A ihenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Reaux-Arts; 3' année; n° 4i ; '4 octobre i854. V Ingénieur, Journal scientifique et administratif ; 38* livraison ; 1 5 octo- bre 1854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n°» 121 à 123; 10, 12 et i4 octobre i854. 106.. ( 8ia ) L'Académie a reçu, dans la séance du a3 octobre i854» les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 2*" semestre, i854; n° i6; in-4°. Direction générale des Douanes et des Contributions indirectes. Tableau géné- ral des mouvements du Cabotage pendant Cannée i853. Pans, i854; in-4°- Traité jJ! Organogénie végétale comparée; par M. J. Payer; 6'^ livraison; in-8». Voyage au pays des Niam-Niams, ou hommes à queue; par Hadj-Abd-EL- Hamid-Bey. Paris, i854; in- 12. Aperçu clinique sur le choléra; par M. le D' Ch. Levieux. Bordeaux, i854 ; broch. in-8°. Agenda- Mémento des écoles et des nouvelles études, etc.; par M. AUGUSTE Blum. Paris, i854; in-32. Annales de la Société impériale d'Horticulture de Paris et centrale de France; septembre i854; in-8°. Annuaire de la Société Météorologique de France; tome II, i854; i'* partie. Bulletin des séances; feuilles 10 à i3; in-8°. Annales de Chimie et de Physique ; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, BoussiNGAULT, Regnault, DE Senarmont ; octobre i854; in-B". Bibliothèque universelle de Genève ; septembre i854; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des sciences, et de leurs applications aux arts et à i industrie ; fondée par M. B.-R. DE Monfort, rédigée par M. l'abbé MoiGNO; 3* année; V volume; 16* livraison ; in-8". Journal d'agriculture pratique , Moniteur de la propriété et de l'agriculture, fondé en iS3'] par M. le D*^ Bixio; publié sous la direction de M. Barral; 4* série; tome II, n° 20; ao octobre i854; in-B". Journal de Pharmacie et de Chimie; octobre i854; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; n° a; 20 octobre i854; m-H°. Physical... Carte phjsique et géologique de [Inde; par M. G.-B. Greenough; 9 feviilles; in -fol. Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n°' I23 à I25; r7, 19, 21 octo- bre 1854. ( 8i3) Gazelle hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie ; n° 55 ; 20 octo- bre 1854. Gazelle médicale de Paris ; n° 4^ ; 21 octobre i854- La Lumière. Revue de la photographie; 4* année ; n° 4^ ; 21 octobre 1 854. L'Athenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux- Arts; 3* année; n°42; 21 octobre i854. La Presse médicale; n° 4^ ; 21 octobre i854. Le Moniteur des Hôpitaux; rédigéparM. H. de Castelnau ; n°' 124 à 126; 17, 19, 21 octobre 1854 • f-- a I .■ V. O C-^ t; ^ — ^ c c s a o 11 .S' ( 8.4) >- O to a^j ai ot-;^ w M ■" c c£! oo^ o oi-f^ oj sa - o ^ oc^ G5 ot4^ w u >- oxvxv^orUx ai tr< oi a» wt qi cjt cr< ot oi a? tjj-P^ oi o? tn » 00 o oc c~.^J c~. oo 3 M - CD œ^ o 4^ w4^ tooici- - - - -o-P>ocyt 00 wo avw-&NOo- wcocnoD»^ «; -to^42>oovo odojwvo^ Oico-'J2 -- ^j Cj oc'^ oj oc co m oi co sc^ u) cri'..o %o oj u; a> oj tj os oc^ oo o - to ua -»■« — wMusobowio'J»— «[0- — — -« — _«..--^o^.« O 4i<0 0COJO0000OlSî-*^kJ»J Oi- Ot^ ^3 OO 00 o» O^^ ^a -a O^ o O^-PN 4=>"wi "oj'Ôo 0".-Ô - ^ uj"at co U»4ïN - Crt to W WXl Ot CD^ Ul Ol CJr Oî-O O •>© ■-■N5io-»S5«JN5MfOM«w — --M — " — --*----" M-"-" CÛ4^0 OOM -O^J^J M m4>s-^] w C. --f^U» CTi^J ^J .p^ Oi»J Ot 00 O 4i>4^ "bj "- "o "- -Q -J --J 4^"^ gi oj a»-c^'.o Qjvc - 'C Ot O C. at-J o ^ u ^j ^j cw oo OTOioatatOtcricnutaiCi otc;f«mota>crtmu»w»o^o»crsi>X) OJ o CTi W^i o W4^ o ^J OJ C*J — ^J o -CfN o 00 Gl-pN o C- ^ — 4^ « W ta ^j tû g^ - oj-j gi g> U(".0 -Jvj O" twoj— — 0>J CttJ 0>tJtUt~ •- (Tito " o w» -• CTîtc- otû^ utvj crt-.ô - o ^ ai oc>j w 00 00^ co X'^ o w^ -&% "oi M O ùJ « C?« W^ w^ ^J ^J 00 » 'sO <- wtO a> oo-fï^^ -f>v-J ^J Oa o W -< OlÔ -fOHUlOMCWfJlOMMM»-»-»--- M - ----- "" -* y^.^- - OlWO-sOCO a>Cf»UtOJCD-^û Ol ^^ >J O ce 00 ai CD^ ^o _ ^ ^ oo4^s"ot'bt M ■o - gi-p^ aa^j (j S) .^ss a'^^j -j ^o oo oj;j ^ a> oo ot ai m cw-^ aimcrîaiu»aicr»maJi^ oi tu ot - ^J !£) co Ot Ol en OiVO - - OOO ^a 00 o 4--N (J -pN w4^ aiM-~'-M30M^3a-. 4is o i'-O co- M^J o — o W-J -P>^J ^O Oi'i W -P^ >0 o N5 -C>N o tJ »o 00 OJ-J -pN ^j Çrt oj o .p^ o - OlVO tO ^O S) - Oi-ps.;^ Ol- M-P^OJtJ OJQ O j ojvo 'O o u,\o o ^yj o oi cc^-i co ^^J tp y\ la "o w-o ^ a>-j g-.j^ o a< o o .^"îo tJ a> oi t^4^ oi c "-j c^rj -pn ot ai o m uimolmtnoiaiLriOlaicnoaiCïiotalUtylWcnuitrxotmw ox-^- oi oi u» tj» o o '-C ^ oi^j O; ai 00 u c CD co-j oco^jwwojojaiu.---- ♦c^-^^j Vi oj oi^ o ov^j co"bJ - 'o»i (0 -j o "co M "o i aïo u> » ~ oj - "-j oi wi-t", vj ^o 4i> M -i^vo o ^ g-, çri^j oj oj ai 00 - oivo tj oi o s> ui cn".g c^ ^ tjj e w -IJ--K5-M»MPSSM-------------- -- - ~ 00- 'sO oocto aimo. wi- »to»o otaïuiaioi w-p^js^-f^ w tu m _ -p>~o vxy - Ot - ^J Ol -" o Ol-ISs W OtCOM •.»»-»-NÎ;JK;Uli(0-- — — »M-- — — - — -— — Tm* ^cS-.S'~^tS^ oioioioi- M ûc^ ai ai^ en ai oj.fïN4i> w oj w4^ ^ y c y i^' "gv^J •ÔCOCM-MsiOOOJ^J^JOtfl "gi^J a;£>-JtJO»C0OJC0 W -t^tJ lJMMWM»OJO0i>JtO10MM(0MW-UM — (JS3--W>J'"WM--- - oiojwaïaioj- - o oc'O -p^o w -^o o o^o w ovo^ o o">o w otvo •^ "oioiM uîoo"- aicco'w a-."o o m"ai two islj oi^ toccooooaio - ut - ^j oi m^ ano OKD 00 o»4ïs w M ^ÏN - -c«»OJij>;-»MOWOJM a c ? s Q- » T M TUEUMOMËTRE | exlér. tourn. 1 THERMOMETRE ' l'xlcr. lourn. Oc THERMOMETRE 1 eiter. lourn. og .= s câ o- =1 H! a tu 1 w / 1 THEUMOMETUE j ester. toiirn_ n cd w o z.n HiwcsMnassnOzno o ? « o ^ a =■ c 'S o = c o o = «»: = £ < c = < o; ?r U c: £ -: B » - 5 sa C cf; = <; <: ct5 < < (t • n c rt a t/i n •*• ft ' re K 1 s "■ te • cr; r. = r ■! c n — * 1 B Ci • " le -c Ci- re i trav. les n aiicies au N ues nuages. 2- _ n • , n c S 2 n — C cr; ^ ^ "* vs -, ■ B K B .a s; ; "S sT 'j; Cf3 aî ro :::; ~ ■ ^ ;r X. X ix : s-n Ci . • • p — • 2 CTî . 2. rti . ^ i^ c- , «i- ■ " ^ "O p^ ce PS «H 2! O PS o O Si if 6- Ô- S P3 es 5 1-5 2sa2ïgç«2Ç«22zzmpiOMOÇ''OOZ05'=5'""^-Ç'=î''5'^5'^?'op K H H W • S 2 C-? J'' F'' ■ ' 2 M W P o" • Z2 w o o o f" o o o W ç« en OO @^ (8.5) 6 ^. . . A . ^ . . . . ". . ® . .O . ^o o s-o oOu w^dd do t^ddvjd wu ^St«cfid2^KKcoddwWc«c«c«c«zdc«d2:2!ic«ZZaziKWÏ5 o -91 22 as -93 eu Si] O sa as O -9« s» sd O eo (/) ^ ï. >- t. ::«-:>< 0) c c o 1.2 '^ S: •s -c c — <« P - t- S o > > > S 3 = O O O U U U « h ^ ■« O = o 01 ÔJ -0) „ ^ "■ fc. ■ r. li 5 > re s '" te se 4P . S J « J *. SP S s 1. = t. 1. 2 = , ZL^ tu c V iJ -^ P S ï 3 " « O M fi in O 3 w" 3 (— t .-. — s c/3 2 ~% 5- ■ - J' ^^ •n - T> a •O B n n 2 M 3-^3aj3o--OO^s-li3Do3 K ï^ O- cm Co H O O H H P5 Cm m a •Hiuu.niiij Bh ad 3 o i^ o se o O bâ ea © C^ lO r^ 0V£5 00 00 o Cû v*-00 iO O »0 OO OifO o ^ît o Cl - o CO c^co ro 00 C: « CO>Ov*M «>0»r)»n C: r~.vs-00 o OO ^* « M v:ftO Ci « iO vj- Ov:J-VD 00 Cl O O O o 00 C.«0 rOtûiOlOfOiOiOinT) Ci- CltO c^ r^ C.iO «Û « ^ c-^v^ O M- M oo Ci c>.io w fo ca 00 - m ^*co v^tc 00 Ci o ci o fi C>ït Cl c^ o fO - Cl t-^fO OOOOCOO «lO^ït-w^ r^ C1^*0C •-£) - Cl^^in « fO - lO »n oo o c^ CltO M ^Jl-'>D «t£>0 -00 ClO ClClt^'-CO c^« «^D ->o - - M ro fO lO r^ ir^ i:^ c^^^^q-OO <^ « vit r^oo 00 « Cli>« CiMCOmOO r^'-n - o »ntn>o»oio»oininioin'otoio»n»oio'o^oioio»o»o^o«:>«3'-oo^ota^ 'jui-jRonuiiUi ^s- es o Ciro vï-co CO O 00 vj- - ir^oo '^ 00 r^^^tO « co O O ro ci^^co 00 c^in Ci Cl « 00 C) - « vj-v^io v*Mrococo«oa0 r^r^- Cl c^fO OOOOIO O -fO Cl- CJX«0 - c^CiO C; CiO « -OOfliO Clc^OfOvd- C.CO »n M 0»0 r^ClWVTt:^- ClM ClCl-CO v*v:3-»0 ^«j-ro o«0^»o Ot£>ioO - ir^ Clin o ro oo r^iO «5 OtntOfOco o Cic^ Cno t£> t£>v^o o o ova-- ov3-ciCi--vO r-if> o Cio - c^o - -qo'>o ooo^^-m - - fO m m c^ c^M m m r^to en ^*tû O Ci- -OOrO c^N ClNincû^^ n Cl io>0'0io»o>oio»o»o«n>nmotoy5»o»o«:i^^0^0«5«3»o ■îiicii,inoî v^v^ro fO s Cl'vO « 00 O <^ 00 « t-»VO cToo Cl r^'Q c^OO « - - - « - - ■ 00 ^* c^ ■ ro o -^li- - - OMflClWlOOClO^ c^ - ro in o Cl O CïX o - ^ij-^*»n O c^ C.po O 0 in c^ p) >n 00 o Clin c^in c^ - c Cl « « ro CO 0 ^îj- - 00 - VI- - ro 00 Cl i>in 00 00 C.fl « CifO ^* - - M « - « es (M - - « - M M in IN M o o o n es c» Ooo o ovr^^in - - ts es es es ts roroooco ClOl-vj- Ciro - ^* c-^ro to cO 00 - r^t£! ro Cl r^ - - vi- Cl c^tO r^ Cl O in - c^ CVMn in C.in ci - CltO ro - CO ci r^ c^^g-ro eo « - en in in ro vj-oo es O ro vi-in c-^ c-~oo in es c^ao ro vi-<£) v^Cl- -ooincû m o ef-Ci'Si r^ c^ro ci inioininininininio«nininininininino«5ininino«Dt£m300^«2in I 3iii3Konuaiu os 'C O « - c^ro v^ es ro es vj-v^ O c^OD '2 >fl«£>tû 00 O 00 Cl ' f)_«*""-,--,-es-- 1 in "^3- rs es ro c^m O Cl'-Û va-oo 00 r^ Ci Ci Ci^* es o c^ n r^vj-OO - vi- t-^ç£) 00 c^in c~»00 Cl - - >n r^in ioe^rooinv:(--es t^jooin i>in ao ro _ in r^ Cl■<^ es tri O in o t£) c^v:fiO CD ^ r^ o Cl Cl fl-»-_---es-- t>e<5 Cl* ro rxû 00 r^in 00 00 o es - ---~-'es-------«eses Cl « t^ 00 00 vt - Ciro CO c^^ ^ît- O « Cl r^ c^» O t^m 00 -00 'XI OîOin c^Ci c^^ ci r^ o ro r-CO es v^ C.ro — C.'X ro ro t~>ro r> M r- Cl Cl O <£i in - O ro vd-in r^CO Citû es c^ ininininminininininin in ro in Vf o - « citn in r) o - tn to r^oo vj- o in«ninintxtooininino«oto«5tovotJ3t£)to es ro vl-in tO r^OO Ci O M ro vtm tO r-iOO Cl O - « ro v^fin tX r^» Cl O - ^i_».-w.««MeseSeseseSMeses«esroro ■-9) •S I- 2 P. O A f= M k. CO O -o O II E o û 3 O J!. CJ H s a o o r s ^ 3 'S " c c o O' ==® *= 2. c! !^ R o o ^ a a 3 o H o s 5 s s _ - B lo t>5 o B S 5 -S .S ç (8i6) O (O 00^ Ci Wt4iN W M >- =« Oi (Ji4^ - c».4>N - tn ^ .jis oo u 00 •- oi ce Oi M o o ijD -J oc o^ co crtj'soo^j -Un (jj o — œ o —3 ^j K3 K3 M o o o CO Ol C C»J tfRO -o -J ~ o o o ÛO Oi-O W » -fx Ol-^ 00 00 00>o 00 C»JKJ»-J M WtO OîWCO m~J o - -pN CM w»o Ot^J Ot o» o ^J -P> - a " s OJ4^ U W ■- W diD W Cl 00^3 — S5 (O Cs - o u OtO-oO^OtCMtoW 4ï> OO^J 00^ 00 trt o o O) OI^D OCOOWOOOJOCT5 OCtÇ >J Or - Çr» o ^ o^ ot^j cr.^j o^ THERMOMETRE 1 tournant. o^oio^OiaiCrïCricr)avaioiC5a>tr»i.>Cf)cirtrtcr,aiaiat(jtCTiCriaiaia20^a> o t£> •■ 4i> CTi-pîN 0J4^4^ o 00 M W Ol 03 CO OT.O 00- ^ -^ IQ O OJjiN U)-P>4i> - 00-J UJO o OODO — o OJM (.OCOM OJ'i (OOOO — M-JOOoOl-OJ OtVD o ~ a» 00 - 4iN u< oi^ - Ci m OfO ^j a»oou>o o-i^^ci Ci ci oj Ci w - w4=n 00^ wi m4iN^ « -^»J M^Otû - tMOJOt- COX) CiCiCs - O CM- M M tû w- O Oy~£) vj trt « O»^ O O OOOlO a<0»-0 CO- OSCiO CM-pN - M CO tû <1 -3 C7l-pN OD - -PN'O » O 00 O CM CM4^ o CM'..0 ^ o Oi S> M M Ki k> » O CM - M M » c M » w O 4iN CM Ci en Ci-t^ O c;iCiC o cj^c^Cjm cmosw 00 - » trt-o THERMOMETRE I tournant. •0»JvJ vJ^a-O^J«O^JvJ»o>^T*>J*0"^'0^0*O^J^J^J'0^3'OvJ^JvJ.^vJ Ci Ur Ci„ CiCiCiCiCiCyiC«CiCitr«CDO»CJiCJtC»iCiCiO»Crtc?tCiCiCiaiCiCi OOOO »OlCMM-|i-.tM0^J-MCr» 0>~> -&N OO 00 O O 00 00'.O M -pfN M C«-^ ~ MC04^ ~~CD CO-^J^J O *N*0 CO -P^ 00^ CM- M CHCOCCCMM O CMCMO-Ps 4^ CCO CCOx - 4^ o Ox Ci CI>J bJ CJ» O Ci C^ C;^^ Ci-^ o Ci Ci Cu4i^ Ol c^ oo ?i o CO o» Ci 00 CM-fi>^J CM « CO O CJT4iN Ci - CJI O OC^ ^ M tJ K> M U tJ CM-^N cm4^ Cm4^ ^J^JCM ^JOCOUttM W-PN4is ClCO ^JCD^J - O C?«-^ CMClCitUC^- VtO o -- o s ' - - n y. K ^ s. n ? a ' - Cq M - O CO (^ CJICÛ o»i o * - - M M - M û -(--N^J CM M CD O M M 10 t'I-P^ — 3 S3 SJ — — — c;^ O 00^ -J S> M M tJ 10 S) tM-p> CM C^: CM-fÏN O) CM4iN^ O CM en 00 cj» O crtCMbO -piN m 00 OO C.-f^ en CiCO CMCiOOOCO^a^J - OCO CJ»4i> o - ClùJO OOOOOOO C^lCi OOCO Ci^ o CO o Ci-P> Ci o M CM W -P> CM*N - - M4^0 Ci- CiO O- OOCD ?! S _ H OJ+^4^ CM M - CM CM OO M .^J Vt 10 tr, OCO - ao CM 10 CM CM^J ODOCCO o:co^ •1 "-3 H ft X n vj OO - O o M ^ M ^ CM4iN CJ» 00 ClCO C«<1 00^ o Ci CJI M GC^ Ol " 00- - C3 ft T s5 S, <^ 5 B3 CM Cft4^ CM (0 (0 4^ CMCO - ^ en CM tn - o CO en 10 4^ CM^ OD OCCO OOCO 00 COOOCS^-^COWtNJQO CJlVD 00 004^ o CO o en s ^3 4^4^co 4^co - CO THERMOMETRE | tournant. ^5M---«K.---|010M O - CO 00 Ci'J CO 4=> en 00 CM H o >oioio»toM---lototos:ioboto Ci en^j cj cj» o cc"o ^j CM oj-t--^ cm4^ oj4^ 00 - en 00 CM to CJl H o "O Ot4rs Ci - Ci»J CO Cî^3 CMCO ^ o ^o C.CO - 'O "J OO^J CiCn» — vj bO OCO — M-J C^-o ^J CMCiCiOOOOlO — cmcmm cm c«-fc> CMvj — CO OD^J os cjî en Crt bJ c.^j C^-co Ci » cm»o CiW'i Ciwoo oto o -pf^ ce -.- H es ÏS 20 2 te (t t o — c 2 13 » " » 5 ^ ë o s c c aa =-iTî et — * <î — ft — — ©■'""' s « M s = re- »1 n X 3 -• S ï 3 «1 — 3- » . E. ~ • ? ?: • n • ^* ■ . u . . c • • C/3 • 2. = C ■ et; en C c X X 5 3 3 3 « < B r& 55 f* n C te te u C« ÏC (K! a> (ï ït) SCS *• rw3 o es O SI o tri o ce j^ en PS s» O !» en es S ce !» SB QO isnwMZZO j^-p2!Ç«pp E^-v' î" 9 /= r^ ?! -^ ? ? ? -^ -^ -2 2 5? 2 en 3021^20? W O O 2 ! S S tt B COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'A€AUËMIË DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 30 OCTOBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la théorie des réfractions atmosphériques; par M. BioT. « Je me propose aujourd'hui d'examiner, comment il se fait que nos Ta- bles de réfractions, calculées pour des atmosphères sphériques en équilibre, donnent, jusque vers 80 degrés de distance zénithale, des résultats si concor- dants avec les réfractions de l'atmosphère réelle, dont les couches d'égales densités, surtout les inférieures, sont perpétuellement ondulantes et agi- tées. Ce n'est pas, qu'à cette limite, et même plus près du zénith, on ne remarque dans ces phénomènes des variations accidentelles, que l'on dit avoir vu parfois s'élever à plusieurs secondes de degré. Sans prétendre con- tester le fait, je me bornerai à dire que l'appréciation de ces amplitudes est difficile, parce que, pour la connaître avec certitude, il faudrait en séparer les erreurs qui proviennent de l'état des instruments, de l'irrégu- larité locale des températures admises dans le calcul, des Tables de réfrac- tion qu'on y emploie, enfin de l'observation elle-même. C'est pourquoi, dans ce que j'aurai à rapporter ici, sur ces accidents des réfractions atmo- sphériques, je m'appuierai particulièrement sur des observations qui me sont propres, que j'ai faites spécialement pour les étudier, et qui ne seront pas sujettes aux mêmes objections. C. R., t854. 2"" Semestre. (T. XXXIX, N" 18 ) IO7 )) Mais avant tout, je me débarrasserai des mouvements de l'atmosphère, en réduisant leur influence sur les réfractions à ce qu'elle est réellement. La lumière emploie 493 secondes de temps sexagésimal à parcourir la distance du Soleil à la Terre, qui, dans sa valeur moyenne, comprend 24096 rayons ter- restres, dont la longueur est connue en mètres. D'après cela, si l'on donnait à l'atmosphère terrestre 76400 mètres de hauteur, ce qui est plus d'une fois et demie celle que l'on peut lui attribuer d'après les indications physiques les mieux établies, le temps qu'une trajectoire lumineuse, même horizon- tale, mettrait à venir depuis sa sortie du vide jusqu'à un observateur placé à la surface de la Terre, serait moindre que la 3i4* partie d'une seconde. Pour une telle vitesse, les mouvements les plus violents qui puissent se pro- duire dans l'atmosphère sont nuls; et l'élément lumineux traverse les cou- ches aériennes situées sur son passage, comme si elles étaient en repos. Les déplacements qui s'y sont opérés, n'influent sur sa marche, que par la ré- partition des densités et des températures qu'ils ont amenées avec eux. Maintenant, supposez que l'observateur continue de regarder la même étoile pendant quelques instants, comprenant, par exemple, 10 secondes de temjîs sexagésimal. Durant ces 10 secondes, la Terre et l'atmosphère qui la recouvre, auront décrit autour de leur axe commun un angle dièdre qui comprend i5o secondes en arc ; donc, à la fin de cet intervalle, l'élément lumineux qui par- viendra de l'étoile à l'observateur, aura traversé une portion de l'atmo- sphère physiquement différente de celle que le premier avait parcourue , et qui pourra être un peu différemment stratifiée, ce qui occasionnera une iné- galité correspondante dans la réfraction. Or, on sait que la rétine une fois excitée par la lumière, conserve pendant un temps fixe, quoique très-court, l'ébranlement qu'elle a reçu. Conséquemment les impressions produites dans l'œil de l'observateur, par les trajectoires inégalement réfractées venues suc- cessivement de l'étoile durant un intervalle de temps moindre que celui-là, se mêleront et se superposeront pour ainsi dire, de manière à lui faire voir l'étoile plus ou moins dilatée et agitée , selon l'inégalité d'élat des portions différentes de l'atmosphère, que sa lumière aura dû traverser pour arriver jusqu'à lui (1). (1) Les effets optiques dont je veux parler ici, diffèrent essentiellement de ces vibrations lumineuses avec changement instantané d'éclat et de couleur, que l'on observe fréquemment dans les images des étoiles, et que l'on appelle la scintillation. Arago a décrit en détail ces derniers phénomènes dans V Annuaire du Sureau des Longitudes, pour 1 852 j et il en a donné une explicaiion fondée sur le principe des interférences. ( 8i9) » Les astronomes observent tous les jours des accidents de ce genre dans la perception , non-seidement des étoiles , mais aussi des planètes. Il ne sera pas inutile pour le sujet que nous traitons, d'en apprécier au moins ap- proximativementramplitude; et comme on décrit toujours plus sûrement ce qu'on a vu que ce qu'on a ouï raconter, j'en rapporterai ici quelques exem- ples, qui se sont présentés à moi , dans le voyage astronomique que je fus chargé de faire en 1824 et iSaS, sur divers points de l'Italie, de l'Illyrie et de l'Espagne, ayant pour aide le fils que j'ai perdu, et qui était devenu, depuis , membre de l'Académie des Inscriptions. » Me trouvant, au commencement de iSaS, à la station Scarpa, près de Fiume, pour mesurer la longueur du pendule, j'avais aussi à déterminer un azimut, que je désirais obtenir avec la dernière précision. Pour cela, entre autres procédés, j'observai im grand nombre de passages supérieurs et infé- rieurs de la polaire avec une lunette méridienne de Fortin, munie d'un micromètre à cinq fils très-fins, formés d'un fil de cocon dédoublé, que j'avais tendus moi-même, et que je surveillais avec un grand soin. Cette lunette, bien étudiée, était établie sur de gros piliers de pierre, scellés dans le roc; et sa fixité, qui ne s'est jamais démentie, se constatait à tout instant sur une mire visible de jour et de nuit, placée au sud de la station, à 16" en arc du méridien, dans l'île de "Veglia, éloignée de 12. à i5 kilomètres. Les distances zénithales de la polaire étaient approximativement, dans le passage supérieur, ^3°^', dans l'inférieur, 46" 18'; et pour des observations faites aussi près du zénith, les irrégularités des réfractions sont générale- ment peu à craindre. Mais, dans cette localité adossée au sud des Alpes illyriennes, il descend fréquemment de cette chaîne, pendant la saison d'hi- ver, des vents de nord furieux, appelés des Bora, dont la violence est telle, qu'il avait fallu recouvrir notre cabane par des câbles attachés au roc pour qu'elle ne fût pas emportée. Dans ces occasions, le mouvement horizontal de l'étoile, qui, par des temps calmes, est sensiblement uniforme, se mon- trait troublé par des oscillations très-vives, que la lenteur de sa marche générale rendait fort sensibles, et que j'ai soigneusement observées. Quel- ques notes extraites de mes registres en donneront une idée plus vraie que ne ferait une description étudiée. 182S. Février 8. Polaire supérieure; de trois à quatre heures après midi. L'étoile est excessivement agitée par le Bora, ce qui la rend très-dilatée et très- faible. On n'a pu l'observer qu'au 4' et au 5^ fil, en estimant l'instant moyen de son occultation, sans pouvoir l'assurer par ses contacts anté- rieurs et postérieurs que son mouvement oscillatoire rend impossible de fixer. 107.. ( 820 ) 1828. Février 9. La même. Il fait un vent de Bora qui agite l'étoile de la façon la plus violente, et la rend comme une vapeur oscillante. On n'a pu l'observer qu'au premier fil et aux trois derniers. Elle est restée au moins pendant 10 secondes sous le 4' avant de lancer des rayons au delà du second bord, après avoir cessé d'être visible de l'autre côté. Elle fait des oscil- lations qui la portent quelquefois soudainement à plus de 20 secondes de temps de son lieu vrai. 1828. Février 11. La même. Vent de Bora qui l'agite. On a pu l'observer aux cinq fils. Voici quelques remarques sur ses passages. i''' Fil. L'étoile, d'abord séparée du fil , a volé sur lui d'une distance plus grande que le diamètre apparent qu'il sous-tendait. 2' Fil. L'étoile est sous le fil, et, quoique bien plus petite que lui, elle lance des rayons des deux côtés. 3'' Fil. L'étoile éprouve des oscillations qui font varier subitement son lieu, comme en voltigeant, jusqu'à des distances qui valent plus de 10 secondes de temps. Elle se tourbillonne, et se défait quelquefois en plusieurs petites étoiles sensi- blement écartées les unes des autres. 4° Fil. L'étoile est sous le fil et oscille des deux côtés. » Dans ces observations, pendant l'intervalle de temps d'environ 20 mi- nutes que l'étoile employait pour parcourir l'intervalle de deux fils consé- cutifs, on constatait l'immobilité de la lunette en observant des passages d'étoiles dans le sud, et en la ramenant sur la mire de Veglia, qui s'est trouvée toujours exactement bissectée par le fil central. » Ceci prouve donc, que, dans ces cas de perturbations violentes et locales de l'atmosphère, il se produit parfois, même à de médiocres dis- tances du zénith, des réfractions latérales dont la théorie ne saurait tenir aucun compte. Mais on voit également, que, s'opérant par oscillations^ leur influence sur les positions absolues peut être éludée, dans des obser- vations ftïites avec soin : d'abord, par des estimes judicieuses de leurs phases moyennes; puis, par compensation entre les passages qui ont lieu aux diffé- rents fils, et à différents jours. Aussi, les observations que je viens de rap- porter, ont-elles pu être employées à la détermination de l'azimut de la mire, avec non moins d'utilité, et sans plus d'erreur, que celles qui avaient été faites par des temps plus calmes (i). » Dans cette même étendue de distances zénithales, moindre de Bodegrés, (i) Ces déterminations, ont été rapportées en détail, dans les Additions à la Connaissance des Temps pour l'année 1 83o. (821 ) où les résultats de toutes les hypothèses mathématiques s'accordent, les réfractions présentent encore d'autres irrégularités accidentelles, dont l'effet s'exerce verticalement. J'ai eu l'occasion, et le devoir, d'étudier celles-ci avecdegrands soins, quand je retournai à Fermentera en iSaS, pour mesurer de nouveau la longueur du pendule et la latitude, à cette limite australe de notre arc méridien. Mon observatoire nomade offrait pour cette étude les conditions les plus favorables : solidement assis sur une masse de rochers, s'élevant isolée au milieu de la mer, et séparé seulement de l'air extérieur par une mince cabane qui lui laissait un libreaccès autour des instruments, que des toiles légères tenaient constamment abrités contre les rayons du soleil. Aussi, quelles ont été les conséquences de ces dispositions? Du 7 juin au i^'^juillet, 86 séries de passages méridiens d'étoiles ont été observées avec le cercle répétiteur, au nord et au sud , tant de nuit que de jour, depuis 33° 47' de distance zénithale, jusqu'à 74° 8', 7 petite Ourse supérieure et 6 du Cen- taure, par des températures qui ont varié depuis +16",! jusqu'à + 3 1°,3 du thermomètre centésimal. Or, non-seulement l'accord a été général; mais, pour chaque étoile, en particulier, quand on a. rapproché les résultats par- tiels, les écarts de t seconde en arc autour de leur moyenne, ont été des cas tout à fait exceptionnels; concordance, je crois, au moins égale, à tout ce que l'on a pu jusqu'ici obtenir, ou espérer, dans les observations fixes, avec de grands instruments. Ceci proute évidemment l'exactitude des Tables de ré- fraction de Laplace dans toute l'amplitude de distances zénithales que ces observations embrassent, puisque les valeurs de cet élément qu'on en a déduites ont varié, dans les diverses séries, depuis 3^", jusqu'à 192". Dans les observations de jour, que je destinais à la détermination de la latitude, j'avais toujours soin de choisir des étoiles dont le passage au méri- dien s'opérât loin du Soleil, afin d'éviter les perturbations atmosphériques occasionnées par l'action de cet astre à de grandes hauteurs. Mais, afin d'apprécier les erreurs extrêmes, que je pouvais avoir à craindre de sa pré- sence, j'ai profité de l'excellence de ma lunette pour observer deux passages de Rigel et deux de Sirius, qui en étaient beaucoup plus proches ; ce dernier traversant le méridien à moins de i heure de distance de midi, l'un et l'autre, par des températures de 28 à 3o degrés. On ne les voyait plus alors avec l'apparence d'étoiles. C'étaient de petits nuages blanchâtres, voltigeant et tourbillonnant comme une fumée. Cependant les deux passages partiels ne se sont écartés de leurs moyennes que de a" pour Rigel, de i",8 pour Sirius; et la latitude conclue de leur somme est seulement inférieure de o",oS à celle qui se déduit de toutes les autres étoiles observées comme ( 822 ) elles du côté du sud, dans les conditions convenables qu'un astronome intelligent choisira toujours (i). Je conclus delà, qu'en fait, jusqu'à 75 degrés de distance zénithale au moins, les irrégularités des réfractions atmosphériques, dans le sens vertical, sont, comme les latérales, fort petites, oscillantes, et de nature à se compenser dans les moyennes de résultats partiels, même peu nombreux; j'en conclus aussi que, dans ces limites d'application, les Tables déduites des théories analytiques de Laplace ou d'ivory, sont parfaitement fidèles, et qu'on les trouvera telles, quand la disposition des observatoires où on les emploiera, ne détruira point l'iden- tité d'état physique de l'air intérieur et de l'air extérieur, pour laquelle on les a établies; et n'y déterminera pas des agitations qui échappent à toute théorie. « Pour bien comprendre les circonstances qui facilitent l'appréciation théorique des réfractions , depuis le zénith jusque vers 80 degrés de distance zénithale, il faut premièrement se faire une idée exacte des routes que les trajectoires lumineuses, comprises dans cette amplitude, suivent à travers l'atmosphère en venant du vide jusqu'à nous (a). Cette route, pour chaque trajectoire SEO, est entièrement comprise entre deux droites OA, OB, par- { I ) Tous les détails de ces délerminations sont consignés dans le tome XIX des Mémoires de l'Académie. (2) Dans la ligure, C est le centre de la Terre et de l'atmosphère supposées sphériques. ( 8a3 ) tant de l'œil de l'observateur, suivant des directions faciles à détermi-' ner. La plus haute, OA, coïncide avec la dernière tangente de la tra- jectoire considérée; et elle forme, avec la verticale de l'observateur, un angle AOZ, égal à la distance zénithale apparente d,. La plus basse, OB, est parallèle à la première tangente SEÇ de cette trajectoire; et elle forme, avec la même verticale, un angle BOZ, égal à la distance zéni- thale vraie 5, ou ô, + R, R étant la réfraction correspondante à la distance apparente Q,. La trajectoire sera partout plus haute que OB, plus basse que OA. Conséquemment, si vous conduisez ces deux droites jusqu'à la limite extrême de l'atmosphère, telle que le calcul appliqué aux observa- tions physiques nous la fait admettre, l'entrée de la trajectoire s'opérera tou- jours entre les deux points d'intersection ainsi obtenus. Si, de ces points, vous menez deux rayons dirigés au centre C de la masse atmosphérique, qui est aussi celui de la Terre, ils formeront, avec la verticale de l'obser- vateur, deux angles au centre, l'un provenant deOB, plus grand que le réel, l'autre provenant deOA, plus petit. Cela vous fera donc connaître approxi- mativement, et en moyenne, au-dessus de quelle région du globe, et à quelle distance angulaire V, de l'observateur, chaque trajectoire fait son entrée. Si vous voulez ultérieurement savoir à quelle hauteur elle se trouve, quand elle est encore séparée de lui par un angle au centre donné v, vous pourrez facilement avoir deux évaluations de cette hauteur, dont l'une sera certaine- ment trop grande et l'autre certainement trop petite. Pour cela, vous n'avez qu'à mener du centre C une droite indéfinie, formant, avec la verticale de l'observateur, l'angle donné p; puis, la conduisant jusqix'aux droites OB, OA, vous déterminerez les deux rayons d'intersection p, p,, d'où retranchant le rayon a de la Terre, il restera la hauteur p, — a trop grande, et la hauteur p — a trop petite; ce qui vous donnera, en moyenne, la hauteur véritable, avec une approximation d'autant plus grande que les deux évaluations par- tielles seront moins différentes l'une de l'autre (i). Je rejette en note ce O est l'observateur, COZ sa verticale. SEO est une trajectoire lumineuse, qui, partie d'une étoile suivant la droite SE, s'infléchit en E à son entrée dans l'atmosphère, et arrive enO, sous la distance zénithale apparente AOZ ou 6,. Dans la figure, il a fallu agrandir l'épaisseur del'almosphère, hors de toute proportion pour rendre les détails du tracé perceptibles. ( I ) Quand on calculera ces deux limites de hauteur pour de petites valeurs de l'angle i>, la hauteur de la trajectoire se trouvera toujours beaucoup plus proche de p, — a que de p — n, puisque, dans cette dernière portion de son cours la plus voisine de l'observateur, elle approche de plus en plus de se confondre avec la dernière tangente OA. La nécessité de cette distinction est surtout manifeste pour la trajectoire qui arrive horizontale à l'observateur. Car sa première ( 824) calcul trigonométrique très-simple ; je ne rapporterai ici que les données que j'y ai employées, et les résultats que j'en ai déduits. » La première de ces données, c'est la hauteur que l'on attribue à l'atmo- sphère. Dans un travail inséré au tome XVII des Mémoires de V académie, je crois avoir établi, par des considérations physiques et mathématiques très- probantes, qu'elle n'excède pas, et ne saurait excéder, 48000 mètres : ce serait environ , J^^^-,; du rayon de la Terre. Toutefois, pour me rapprocher des idées communes qui la font plus haute, quoique, à mon avis, sans mo- tifs fondés, je substituerai à ce rapport 0,008, ce qui donnera pour la hau- teur 5 1000 mètres environ. Les deux limites d'entrée de chaque trajectoire en deviendront un peu plus écartées ; mais, pour les aperçus que nous vou- lons obtenir, cela n'aura qu'un léger inconvénient. » Il faut ensuite connaître les réfractions R qui appartiennent à chaque distance zénithale apparente 9,. Je les emprunte à la Table de Laplace, que l'expérience prouve être très-exacte, au moins jusqu'à 80 degrés de distance du zénith, ce qui comprend toutes les trajectoires que je veux spécialement considérer, celles qui se forment plus près de l'horizon étant sujettes à des accidents de déformation, impossibles à prévoir et à calculer, comme on le verra clairement par cette étude même. Enfin, pour fixer les conditions de l'application, j'attribuerai à la couche aérienne dans laquelle l'observateur, se trouve, le même état météorologique qu'elle avait àl'Observatoire de Paris lors de l'ascension de Gay-Lussac, c'est-à dire<, =: +3o°,75,p, =:o", 76568. J'y trouverai l'avantage de pouvoir employer, dans notre recherche actuelle, la portion de la trajectoire horizontale que j'ai calculée exactement, pour ce cas-là, et dont j'ai déjà rapporté la marche dans ma communication précédente (i). » Considérons d'abord cette trajectoire qui arrive horizontale à l'obser- vateur. Ses deux limites d'entrée sont très-larges. Les angles au centre, pro- tangente OB, passe nécessairement au-dessous delà convexité de la Terre, dans les ampli- tudes initiales de l'angle au centre v; de sorte que pour ces premières valeurs, on trouverait nécessairement p — a négatif. (1) Cette première portion de la trajectoire qui arrive horizontale à l'observateur a été calculée rigoureusement d'après les données atmosphériques fournies par l'ascension de Gay- Lussac, sans rien emprunter aux Tables, ni à la théorie de Laplace. Celle-ci a pour un de ses éléments déterminatifs , la valeur moyenne de la réfraction horizontale observée par kg astronomes, que Laplace suppose être o°35'6", quand la température de l'air à la station est o degré , et la pression o",76. Mais cet élément est, par sa nature , fort incertain , et je mon- trerai plus tard comment on peut se dispenser d'y avoir recours. ( 825 ) venant des droites OA, OB, différent entre eux de 33 minutes. La moyenne est 7" 29'45". Prenons-la avec cette incertitude, et supposons que la trajectoire ve- nant ainsi du sud dans le méridien de Paris, arrive horizontale à l'Observatoire impérial , dont la latitude est 48° 5o' i4". Celle du point d'entrée sera alors 48° 5o' 1 4" — 7° 29' 45", ou 4i° 20' 29". La trajectoire dont il s'agit, pénétrera donc notre atmosphère un peu au sud de Barcelone. Elle passera au-dessus des Pyrénées , descendra vers la France ; et quand son angle au centre, compté de la verticale de l'Observatoire, sera réduit à 1° 3o', ce qui l'amène sur la limite nord du département du Cher, elle ne sera plus qu'à 1846 mè- tres de hauteur. Sur le parallèle de Fontainebleau, elle sera descendue à 204 mètres, et de là, elle ira en s'abaissant jusqu'à Paris. Etonnez-vous donc qu'un pareil trajet, soumis à des influences météorologiques si diverses, s'opérant si près du sol dans une longue portion de son cours, amène des réfractions qui ne soient pas fidèlement accusées par le seul état phy- sique de l'air, au point d'arrivée! Pour se figurer qu'une telle dépendance fût possible, il faudrait ne s'être rendu aucun compte des conditions dans lesquelles le phénomène s'accomplit. Il y a plus : nous avons supposé que la trajectoire horizontale venait du sud; si nous la faisions venir du nord, de l'est, de l'ouest, ou dans tout autre azimut, les circonstances météo- rologiques qui l'influenceraient dans sa route près du sol seraient dis- semblables ; il pourrait donc, il devrait même, en général, en résulter des réfractions horizontales différentes, au même instant, dans un même état du thermomètre et du baromètre de l'observateur. Comment cette seule indication suffirait-elle à faire prévoir leurs diversités simultanées? » Ces conditions de parcours sont tout autres pour la trajectoire, qui, venant de même du sud, dans le méridien de Paris, arrive à l'Observatoire sous la distance zénithale apparente de 80 degrés. La distance vraie n'est alors que de 80° 4' 59"dans les circonstances météorologiques pour lesquelles nous opérons. Les deux angles au centre d'entrée sur les droites OA, OB, ne diffèrent plus entre eux que de i minute. La moyenne est 2° 19' 20". La trajectoire pénètre alors notre atmosphère à la latitude de 46° 3o' 54", entre Saint-Saturnin et CuUan, à la limite sud du département du Cher. Sa hau- teur est alors celle de l'atmosphère même, telle que nous l'avons admise. Ensuite, pour que l'on puisse voir clairement sa marche à mesure qu'elle se rapproche de Paris, je calcule les hauteurs de la droite la plus basse OB, pour diverses valeurs de l'angle au centre, moindres que 2°i9'2o", hauteurs qui seront certainement moindres que celle de la trajectoire; quand elle arrivera sur les mêmes verticales. J'obtiens ainsi le tableau suivant, dans lequel les C. K. , i8'>4, î"» Sc-meilre. (T. XXXIXjN" 18.) J08 ( 826 ) parallèles terrestres auxquels ces verticales répondent, sont désignés par des noms de localités propres à les faire reconnaître. AXCLF.3 au centre H.ICTEIRS de la droite OB comptés vers le sud, LATITUDES NOMS DES LOCALITÉS à partir de la verticale inférieure à correspondantes. situées approximativement sous le parallèle au zénith duquel la trajectoire se trouve. de l'Observatoire. la trajectoire. » / ti ?.. 1 g . 20 SogSo"" 46".3o'.54" Entre Saint-Saturnii) et Cullan. Arrondissement de Sainl-.\mand (Cher). 1 .3o 0 SiSSg 47.20. i4 lintre Meri-cs-Bois et Ennordre. Arrondissement de Sancerre (Cher). 1.0.0 20^60 47.50. i4 1' !^i" au sud de Châteauneuf. Arrondissement d'Or- léans (Loiret). 0 . 3o . 0 99:0 48.20.14 Entre la Foret Sainte Croix , arrondissement d'É- tampes (Seine-et-Oise), et la Cliapelle-la-Reine , arrondissem. de Fontainebleau (Seine-et-Marne). o.i5. 0 4921 48.35. 14 Sur le parallèle d'Arpajon. Arrondissem. de Corbeil (Seine-et-Oise). 0. 5 0 1626 48.45.14 9560 mètres au sud de FCbscrvatoire. Arrondissement de Sceaux (Seine;. » H me semble que ce tableau parle aux yeux. On y voit que l'élément lumi- neux décrit toute-sa trajectoire, dans un secteur atmosphérique très-aigu, ayant pour axe la verticale de l'observateur, dont d ne s'écarte que de a° 19' 20". Ce secteur, dans son amplitude restreinte, s'adaptantparsabase à la configu- ration delà surface terrestre autour du pointd'observation,yforme, pour ainsi dire, une atmosphère locale, dont la pression sur cette surface, au moment du trajet, est indiquée par la longueur de la colonne barométrique qu'elle y sou- tient. Presque tout ce trajet s'opère fort au-dessus de la région de l'air, qui est le domaine des nuages, et des autres accidents météorologiques ; de sorte que l'élément lumineux, arrivé jusqu'à quelques milliers de mètres de l'obser- vateur, presque sans ressentir ces influences perturbatrices, n'a plus ensuite à traverser qu'une portion de la masse atmosphérique située tout près de la verticale du lieu d'observation, et dont par conséquent l'état physique peut être accusé fidèlement par les instruments météorologiques qu'on y a placés. Alors, pour ne pas vicier volontairement ce reste de trajet, on devra sup- poser que l'observateur n'établira pas sa station immédiatement à la surface ( 8'i7 ) d'un sol exposé aux ardeurs du soleil, d'où s'élèveraient continuellement des filets d'air chaud, remplacés par des filets descendants d'air froid, qui pourraient infléchir la trajectoire, et même intervertir localement sa cour- bure. Mais il lui sera toujours facile de se soustraire à ces mouvements désordonnés. Car l'expérience prouve que les échanges d'où ils résultent, ne s'étendent généralement qu'à de médiocres hauteurs, au-dessus desquelles la vision, même horizontale, des objets peu éloignés, s'opère par des trajec- toires sensiblement rectilignes. J'admettrai donc qu'il s'est mis ainsi hors de ce trouble, en s'établissant par exemple sur les terrasses de l'Observatoire de Paris, ou à ma station de Formentera, ou sur quelque pic encore plus isolé. I^, au niveau de la cuvette de son baromètre, je décris une surface sphé- rique, concentrique au sphéroïde solide de la Terre ; et laissant à la couche atmosphérique située dans cette surface de niveau, les pressions, les densités, les températures, qu'elle a réellement dans chacun de ses points au moment de l'observation, je la considère comme la base actuelle du secteur atmo- sphérique, dans lequel s'accomplit la trajectoire qui arrive à la station sous la distance de 80 degrés. Si l'on se reporte aux démonstrations qui précè- dent, on concevra aisément que^ sous de telles conditions d'observation, il pourra exister une dépendance, au moins approximative, entre l'état de l'air à cette base au point d'arrivée de l'élément lumineux, et la faible réfraction que lui imprime le sectem* atmosphérique restreint, dans lequel toute sa tra- jectoire est comprise. Il ne reste qu'à substituer une appréciation mathé- matique à cet aperçu. Mais cela exige le rapprochement d'un certain nombre de considérations physiques et mécaniques, dont le détail pourrait pro- longer aujourd'hui au delà des bornes de l'indulgence, l'attention que l'Aca- démie peut m'accorder. C'est pourquoi je lui demande la permission de remettre cet exposé à la séance prochaine. » (i) Soit a le rayon CO de la Terre, r celui de l'atmosphère CB ou CZ , le zénith de l'ob- servateur. Les angles AOZ , BOZ sont donnés; le premier est 9, , le second 9 ou 9, -+- R. Pour connaître l'angle au centre d'entrée V propre au point B, nommons V l'angle OBC. On aura , dans le triangle OBC sinV'=r- sinS; V=:G— V; r V se calculera par la première relation , et l'on en déduira V par la seconde. En désignant par un indice inférieur les éléments analogues relatifs à la droite OA, on aura l'angle au centre d'entrée V, propre au point A , par les formules semblables sin V, = - sin 9, ; V, = 0, — \", . Maintenant , étant donné un angle au centre v moindre que V, soit p la longueur du ravoti io8.. ( 828 ) central mené sous cet angle et aboutissant à la droite OB. Si l'on nomme v' l'angle analogue à V, que ce rayon forme avec cette droite ; on aura de même . a . , , , . smp == -sin9 et c=6 — v ; consequemment, c=9 — v. P Ici V est connu et l'on cherche p ; il se déduira de la première relation qui donnera sin8 . (sine — sine') sin-i-fS — c' ) cos j- ( 8 -(- "' ) p z= a — — - , et par suite , p — a = a . — ; = 2a — ; — i-^ ■, sine sini' smc ou, en remplaçant v' par sa valeur connue 6 — v, sin^-c cosfS — ^i>) sm(8 — (') P — a sera la hauteur du point d'intersection au-dessus delà surface de la Terre. Si l'on voulait obtenir la longueur du même rayon central , conduit jusqu'à la droite supé- rieure OA , il n'y aurait qu'à remplacer 9 par 9, dans le second membre ; et , en nommant p, la longueur cherchée , on aurait évidemment sin4 f cos(9, — ~v) p,—az=2a r-TT^ r-^— ' , sm(9, — v) p, — a sera la hauteur du point d'intersection au-dessus de la surface de la Terre. Pour chaque angle au centre » ainsi donné , la trajectoire sera toujours plus haute que p — « et plus basse que p, — a ; du moins, pourvu qu'elle n'éprouve pas d'inflexions locales dans sa courbure , ce qui ne serait à craindre que pour celles qui arrivent horizontales ou presque horizontales à l'observateur. J'ai à peine besoin de rappeler que 9 est toujours égal à 9| + R, R désignant la réfraction qui correspond à la distance zénithale apparente 9,. Dans l'application , j'ai supposé la hauteur de l'atmosphère égale à o,oo8.a. Il en résulte donc r=i,oo8.a, log l-j = 1,9965395, je prends , comme Laplace , a = eseeigS™, d'oii loga = 6,8o388o2. En outre , dans les circonstances météorologiques supposées ^ = -+- 3o'',75; /?, 3=o™,'j65o8. Les réfractions R évaluées d'après la Table de Laplace , sont : à la distance zénithale apparente 9, =: 90° ; R =r 3i'.'3i",5. 9, = èo°; R= 4'. 58", 5. Les résultats numériques rapportés dans le texte ont été calculés avec ces données , d'après les formules établies plus haut. GÉOLOGIE. — Sur la perforation de roches calcaires attribuée à des Hélix. (Note par M. Constant Prévost. ) « Dans la séance du 1 octobre dernier, M. Eugène Robert a mis sous les yeux de l'Académie un très-intéressant échantillon de grès ferrugineux, dont la surface présente plusieurs cavités semi-orbicul aires, dans chacune ( 8ag ) desquelles se trouve comme enchâssé un Oursin Vivant {Echinus lividus). » Ces cavités n'ont pas toutes les mêmes dimensions, mais elles sont sensiblement proportionnées au volume des individus d'âge différent qui les occupent. » Ces Oursins ont-ils réellement creusé leur loge!* Et alors, par quels moyens ont-ils enlevé la substance dure et insoluble dont ils tiennent la place? » Les animaux ont-ils, au contraire, profité d'excavations préexistantes pour s'y établir momentanément? Et, dans ce cas encore, on pourrait dési- rer connaître la cause à laquelle il faudrait attribuer la forme si régulière et si spéciale des cavités qui semblent exactement moulées sur les corps qu'elles enveloppent., » La solution de ces diverses questions n'intéresse pas moins la géologie que l'histoire physiologique et naturelle des animaux. » En effet, lorsque le géologue parcourt la surface de la Terre pour cher- cher des témoignages et l'explication des changements que le sol a éprouvés dans son relief et dans sa constitution, il lui importe beaucoup de pouvoir se rendre compte des causes et des circonstances diverses qui ont modifié les roches tant dans leurs formes extérieures que dans leur tissu et leur composition. » Il est donc nécessaire qu'il ait le moyen de ne pas confondre des effets de désagrégation, d'érosion, de décomposition dus à des influences météo- rologiques, à la puissance physique , chimique et mécanique des eaux, soit douces, soit salées, soit minérales, des vapeurs, des gaz, etc., avec le travail destructeur ou producteur de certains animaux dont, pour cela, les habitudes et le séjour doivent avoir été constatés et signalés par les natura- listes spéciaux. » Ainsi, pour m'en tenir ici à ces derniers effets, que l'on peut appeler physiologiques, le géologue observateur a un grand intérêt à savoir distin- guer les excavations ou perforations produites dans des roches par des êtres qui vivaient dans la mer, de celles dues à des animaux qui habitaient les eaux douces ou les terres émergées. » C'est ainsi que la présence, reconnaissable à des caractères précis, de trous pratiqués par des Pholades, des Modioieset autres Mollusques marins lithophages dans des bancs pierreux, que l'on rencontre aujourd'hui sur les continents et à des élévations plus ou moins grandes au-dessus du niveau des mers actuelles, devient une preuve certaine de changements dans le relief du sol et du déplacement relatif des eaux. » De même qu'il n'est pas indifférent de savoir si des fragments de ( 83o ) végétaux que l'on rencontre au sein des sédiments qui constituent le soi émergé, proviennent de plantes terrestres ou aquatiques, marines ou lacus- tres, il peut-être très-intéressant de reconnaître si les canaux sinueux dont sont percés certains bois fossiles sont l'œuvre de Tarets ou bien de larves d'insectes, etc. » Le géologue ne saurait donc négliger aucune occasion de s'éclairer sur la diversité des agents qui ont pu causer des effets que ses investigations ont essentiellement pour but d'expliquer par analogie, surtout depuis qu'il est bien démontré que les causes qui agissent maintenant 'autour de nous et sous nos yeux ne sont nullement différentes de celles qui étaient en action dans les périodes géologiques antérieures; principe dont l'application a classé enfin l'histoire de la terre, et plus particulièrement l'étude du sol qui en est la base, parmi les sciences d'observation les plus positives et les plus utiles. » Les considérations qui précèdent m'ont engagé à saisir l'occasion naturellement offerte par l'importante communication de M. E. Robert pour porter et appeler devant l'Académie l'examen et la discussion de faits et de pièces recueillis et signalés par moi il y a plus de vingt ans, sans que, jusqu'à présent, les questions qu'ils ont soulevées aient pu être réso- lues d'une manière satisfaisante. » Ces faits offrent de nombreux rapports avec ceux récemment observés par M. E. Robert, ils font naître les mêmes incertitudes, présentent les mêmes difficultés, et ils me semblent, par conséquent, réclamer la même attention de la part des naturalistes qui recherchent avant tout la vérité. » Il ne s'agit plus d'animaux essentiellement marins, comme sont les Oursins, qui auraient excavé sous les eaux la surface de roches grenues et arénacées dont la solidité a peut-être augmenté depuis leur émersion; c'est à des Mollusques terrestres, à des Hélix ou Limaçons qu'il faudrait attri- ])uer la perforation de roches calcaires semi-cristallines offrant toute la résistance du marbre. » Ces animaux, qui nous paraissent privés de tout instrument perforant, qui ne sécrètent pas des fluides évidemment dissolvants, n'auraient pas, comme le font les Patelles, imprimé seulement la place de leur partie adhé- rente sur la surface de roches ramollies et macérées par le mucus qui s'é- coule de leur manteau, mais ils auraient creusé profondément dans la pierre sèche des tubes cylindroïdes de 8 à lo centimètres de long sur 3 à 4 de diamètre pour ceux habités par les Hélix adultes, et larges seule- ment de 4 ^ 5 millimètres pour les plus jeunes; car ici, comme pour les ( 83. ) Oursins observés par M. Eugène Robert, la dimension des canaux perforés est en rapport avec le volume des individus qui y sont établis. » On voit qu'en présence de tels faits, on peut pour les Hélix se faire les mêmes questions que pour les Oursins : Les animaux onl-ils réellement creusé les roches qui leur servent de demeure ? ou bien ont-ils choisi pour s'abriter des cavités existantes qu'ils ont trouvées à leur convenance et à leur taille? Et dans le second cas, on aurait un grand intérêt à déterminer d'une manière précise les causes auxquelles il faudrait rapporter les divers genres de perforation ou excavation des roches. » Une autre analogie ou plutôt de semblables difficultés sont présentées par les deux sortes d'observations que je cherche à réunir et comparer entre elles; les Hélix sont encore moins que les Oursim des animaux qui puissent rester fixés à la même place. Les premiers, essentiellement herbi- vores, et ne pouvant se reproduire qu'après la réunion de deux individus, doivent nécessairement et fréquemment quitter leur gîte ; l'observation jour- nalière constate qu'il en est ainsi, au moins pendant une partie de l'année. On voit également les Oursins circuler et se diriger volontairement au milieu des rochers submergés, au moyen de leurs longs tentacules char- nus et de leurs épines mobiles; on sait qu'ils se rapprochent ou s'éloignent des côtes en raison de circonstances variées ; enfin, ils sont carnivores, et l'ouverture buccale de leur canal digestif n'est sans doute garnie d'organes très-résistants de mastication, ainsi que d'appareils salivaires, que pour broyer les carapaces et les coquilles des Crustacés et des Mollusques dont ils paraissent faire leur noiu'riture. » Comment emprisonnés dans leur chambre pierreuse et placés dans leur position normale, c'est-à-dii-e la bouche en dessous, appliquée sur le fond de la cavité, pourraient-ils clierclier, trouver et saisir leur proie? » Si les Oursins, comme les Hélix, doivent se déplacer, ils reviennent donc retrouver périodiquement chacun son domicile, à moins que la place abandonnée n'appartienne au premier occupant qui se chargerait alors de continuer l'œuvre de ses prédécesseurs, les individus succédant à d'autres individus, et les générations remplaçant des générations précédentes. On pourrait, au moyen de cette supposition, concevoir comment la répétition d'actions insensibles et insaisissables aurait, avec l'aide du temps, qui sait faire de si grandes choses avec si peu d'efforts, permis à des Oursins et à des Hélix de creuser et de perforer des grès et des marbres, sans moyens mécaniques ni chimiques apparents, par le contact seul et répété de leurs parties charnues lubrifiées par la mucosité, tout comme on voit les lèvres ( 832 ) des pèlerins imprimer sur la pierre la plus dure et sur le bronze même les témoignages de la vénération de plusieurs siècles. » Quoiqu'il en soit, je n'ai eu, dans cette analyse rapide et improvisée, d'autre intention que celle de signaler l'intérêt que peuvent présenter des recherches qui auraient pour but de résoudre les questions et les difficultés dont je viens d'entretenir l'Académie. !) Il me faudrait maintenant reproduire ici avec détail les faits dont j'ai depuis plus de vingt ans entretenu en vain les naturalistes, dans l'intention de m'éclairer et de connaître leur opinion motivée sur la valeur de ces faits; je devrais, poiu- faire une chose réellement utile, décrire minutieusement les diverses pièces qui en sont la constatation : j'ai bien déjà fait part som- mairement de mes observations dans les réunions des Sociétés philomathique et géologique, sollicitant des recherches et des objections sérieuses de la part des observateurs en position d'éclairer ces importantes questions. J'ai eu le malheur de n'être pas compris et, ce qui est plus fâcheux, d'être mal compris et même d'être sévèrement critiqué : les uns, sans prendre la peine d'examiner les pièces, ont cru pouvoir déclarer physiologiquement l'impos- sibilité d'admettre que des Hélix pussent percer des pierres ; d'autres, qui ont au moins visité les localités que je leur avais signalées, se sont contentés de regarder la présence des Hélix dans les cavités comme une circonstance indépendante de la cause étrangère et inconnue qui avait produit celles-ci, sans donner les motifs de leur négation. Quelques-uns, des plus savants, se sont crus autorisés à douter de l'action perforante des Hélix sur le fait que l'on trouve souvent plusieurs ^eZ/a? de dimensions différentes dan s un même canal. L'observation est exacte, mais les conséquences que l'on en a dé- duites ne sont pas justes. En effet, ces perforations du calcaire du Monte Pelegrino (celles dont il s'agit spécialement d'expliquer l'origine) ne ressem- blent à aucunes autres connues ; ce ne sont pas des canaux indépendants, continus et d'égal diamètre, dont chacim appartiendrait à un seul individu dont il serait l'œuvre. Dans la longueur d'un tube principal, on voit se dé- tacher d'autres tubes plus ou moins larges et profonds, comme font les doigts d'un même gant; chaque embranchement sert de gîte à un Hélix, et plu- sieurs ont ainsi le droit de passage dans le conduit commun ; quelquefois le commencement d'une nouvelle digitation n'est qu'indiquée par une excava- tion semi-speroïdale sur les parois intérieures du tube principal; quelquefois un tube se bifurque à son extrémité, etc. Ces tubes ne sont pas des canaux parallèlement juxtaposés, mais des ramifications creuses terminées toutes par un impasse concave. » Je comprends l'insuffisance de ce que je pourrais ajouter dan§ ce mo^ { 833 ) ment à moins d'entrer dans des discussions minutieuses qui me feraient abuser des moments de l'Académie. » Je lui demande, en conséquence, la permission de revenir dans une autre séance sur ce sujet d'une manière plus spéciale, après avoir rassemblé les documents nécessaires pour bien préciser l'état des questions à étu- dier et à résoudre; en attendant le moment opportun, les échantillons et les renseignements que je possède seront à la disposition des personnes qui voudraient s'éclairer par leur examen : je les ai déposés dans les collections de la Sorbonne. » Je serais heureux, dans tous les cas, si cette sorte de provocation impro- visée pouvait engager quelque jeune et ardent adepte de la science à s'ap- pliquer, avec toute indépendance et sans idée préconçue, à étudier avec patience, d'une manière expérimentale, les diverses sortes de modifications et d'altérations produites actuellement sur et dans les roches par des actions physiques, chimiques, mécaniques et physiologiques, afin de comparer en- suite ces effets avec ceux dont on peut retrouver les traces dans les terrains des divers âges. » ZOOLOGIE. — Note sur Hes ossements et des fragments d'œujs d'Epjornis, adressés au Muséum d' Histoire naturelle par MM. Delamarre, Armange et Charles Coquerel ; par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire. « Depuis la communication que j'ai faite à l'Académie, en janvier i85i , sur l'Épyornis (i), on n'a cessé de faire à Madagascar des recherches et des fouilles, dans l'espoir de découvrir des restes plus complets de l'oiseau gigan- tesque dont j'avais pu étudier et présenter à l'Académie des œufs entiers, mais seulement quelques os mutilés. Je devais les uns et les autres à une bienveillante communication de M. Malavois, ancien colon de l'île de la Réunion, qui les avait remis en mes mains à titre de dépôt, en attendant que leur propriétaire en eût disposé définitivement. On sait que tous ces objets sont aujourd'hui placés dans les galeries zoologiques et paléontolo- giques du Muséum d'Histoire naturelle, qui les a acquis en janvier iSSa. » J'ai reçu depuis trois dons ou envois de fragments d'oeufs et d'ossements d'Epyornis, l'un au commencement de i853, de M. Delamarre, les deux autres, tout récemment, et presque en même temps, de M. le capitaine (i) Voyez les Comptes rendus, t. XXXII, p. loi. Cette communication a été reproduite, et suivie d'additions, dans les Annales des Sciences naturelles, Zoologie, 3""' série, t. XIV, p. 206. C. R., 1854, i}^'' Semestre. (T. XXXIX, IN" 18.) IO9 ( 834 ) Armange et de M. Charles Coquerel, chirurgien de la marine impériale, tous deux déjà connus de l'Académie parles intéressantes communications qu'ils lui ont faites à diverses époques au retour de leurs voyages, » J'ai pensé qu'on verrait avec intérêt quelques-uns des objets que MM. Delamarre, Armange et Coquerel ont bien voulu me remettre ou me communiquer avec un empressement et une obligeance dont j'aime à les remercier publiquement. » L'envoi de M. Delamarre se composait de vingt-deux fragments d'œufs d'Épyornis (i), la plupart remarquables, eu égard aux œufs déjà connus, par leurs coquilles plus lisses, aussi lisses pour quelques-uns que l'œuf du Nandou. M. Delamarre ayant bien voulu mettre ces fragments à ma dispo- sition, sept d'entre eux font aujourd'hui partie des collections du Muséum; j'ai envoyé les autres, au nom de M. Delamarre, dans les principaux musées départementaux, où l'on a pu ainsi placer, près des moules de l'ensemble donnés à ces établissements par le Muséum d'Histoire naturelle, des fiag- ments en nature qui permettent aux naturalistes éloignés de Paris d'étudier les détails et particulièrement la texture des œufs de l'Épyornis. » J'ai dû aussi à M. Delamarre la première connaissance de la découverte faite à Madagascar de plusieurs autres œufs entiers. M. Delamarre, qui avait entendu parler de ces œufs, au nombre de onze suivant lui, en a vu lui- même un à la Réunion. Il était comparable, dit M. Delamarre, à part ses dimensions gigantesques, à un œuf d'Autruche, étant verni comme lui, et d'un blanc jaunâtre clair. j' Ce sont sans doute ces mêmes œufs ou une partie d'entre eux qui ont été depuis envoyés en Europe. Quatre sont, en ce moment, à Nantes, dé- posés entre les mains de M. Armange, capitaine au long cours, avec divers ossements que M. Armange a bien voulu m'envoyer en communication. L'intérêt qu'offrent ces ossements n'est pas aussi grand que je l'avais espéré, d'après les indications qui m'avaient été données à l'avance. D'après un naturaliste nantais, j'avais cru recevoir le sternum, pièce dont la possession serait pour la zoologie d'un si grand intérêt ; mais mon attente a été déçue : l'envoi ne se composait que d'un fragment de côte et d'un fragment d'os long, qu'on ne peut même rapporter avec une entière certitude à l'Épyornis, et d'une pièce, le prétendu sternum, dans laquelle M. Duvernoy, qui a dé- siré en faire l'examen, n'a vu qu'une partie de plastron, provenant d'une grande tortue terrestre. » Si ces ossements offrent peu d'intérêt, il n'en est pas de même des œufs (i) Non du même œuf, mais au moins de deux œufs différents. Grand axe. Petit axe. Grande circonférence. Petite circonférence. 0,34 0,32 0 , 225 0,23 o,85 0.84 0,71 0,72 0,33 0,233 0,90 0,75 ( 835 ) qui sont dans les mains de M. Armange, et que j'espère, d'après une Lettre récente de lui, pouvoir présenter un peu plus tard à l'Académie. Parmi ces œufs, dont deux sont arrivés à Nantes en i853, et deux en i854, il en est un qui offre des dimensions plus considérables encore que les oeufs que j'ai précédemment décrits^ et dont l'un est sous les yeux de l'Académie. On en jugera par les mesures suivantes, que je place en regard les unes des autres, de manière qu'on en puisse saisir d'un coup d'œil les différences : OEufs de la collection du Muséum , n" i .. . . n°2.... OEuf mesuré par M. Armange » L'un des œufs que possède le Muséum est un ellipsoïde presque régu- lier, dont le volume, à très-peu de chose près, égale 8'''^'=- ''"''•,887; sa contenance est, à cause de l'épaisseur de la coquille, d'un peu moins de 8 litres f. Selon M. Armange, la capacité du plus grand des œufs existant en ce moment à Nantes serait de i litre \ de plus, par conséquent de plus de 10 litres. Il est à désirer que M. le capitaine Armange veuille bien réa- liser prochainement ses intentions , et rendre un service de plus à la science en mettant les naturalistes à même de comparer aux œufs de la collection du Muséum ceux qu'il a reçus, et dont l'un, suivant M. Armange, offre des dimensions si considérables. » Ces œufs avaient été trouvés au même endroit que les premiers connus, et dans le même éboulement dont j'ai parlé, d'après M. le capitaine Abadie, dans ma première communication à ce sujet. » L'Académie a sous les yeux, en même temps que les .ossements envoyés par M. Armange, les pièces que le Muséum doit à M. Charles Coquerel, et qui viennent de Bararouta, localité située sur la côte ouest de Madagascar, par 25 degrés de latitude et 43 degrés de longitude. Les objets rapportés par M. Coquerel sont deux grands morceaux de coquille , l'un d'eux venant d'un œuf qui a été trouvé rempli de sable (i), et deux fragments osseux, dont l'un surtout, qui est une portion de pubis^ offre un très-grand intérêt. M. Coquerel s'est empressé de faire don au Muséum de ces divers objets, et ils sont aussitôt devenus, de la part de notre honorable confrère M. Du- vernoy, spécialement chargé des collections d'anatomie comparée, l'objet d'un examen qui rend superflu tout ce que je pourrais en dire (2). M. Co- (i) M. Coquerel a rapporté aussi ce sable, (2) Voyez ci-après la Note de M. Duvernoy, 109.. ( 836 ) querel qui, à peine arrivé de Madagascar, est reparti pour la Crimée, se propose d'ailleurs de faire lui-même la description et la comparaison de ses ossements d'Epyornis, en même temps qi)e de plusieurs autres objets précieux , dont il vient aussi d'enrichir nos collections zoologiques et zoo- tomiques. » Qu'il me suffise donc de remercier ici M. Coquerel d'avoir su trouver du temps, au milieu des circonstances les plus difficiles, pour les recherches que j'avais cru devoir lui recommander, et d'émettre le vœu qu'il ait, spécialement en ce qui concerne l'Épyornis, des imitateurs animés du même zèle; car, même après les envois récents que j'ai cru devoir signaler à l'Aca- démie, nous ne connaissons encore que bien imparfaitement l'oiseau gigan- tesque de Madagascar. » M. DuvERNOY obtient la parole pour ajouter à la communication précé- dente la Note suivante : « Les deux morceaux de squelette d'Epyornis que j'ai étudiés sont bien mieux caractérisés que les fragments précédemment reçus d'un armateur de Nantes. M. Coquerel a été plus heureux. « 1°. L'un de ces deux fragments est la partie supérieure du tibia du côté droit, avec la portion de la surface articulaire qui reçoit le condyle in- terne du fémur. Celle qui recevait le condyle externe manque. » Il y a, dans les détails de ce fragment, des analogies et même des ressem- blances frappantes avec la même partie dans l'Autruche ; mais aussi des dif- férences sensibles. Ne serait-ce que sa forme comprimée dans l'Epyornis, et plus cylindrique dans l'Autruche ; ensuite la forme concave de la surface articulaire de ce fragment, bien différente de la forme de la partie corres- pondante du tibia dans l'Autruche. » Ces différences indiqueraient-elles d'autres mouvements de la jambe, d'autres usages, celui par exemple de natation? On pouvait déjà le présu- mer par la forme très-comprimée du tarso-métatarsien, acquis avec les pre- miers œufs, et que notre confrère m'a rappelée, lorsque je lui ai communi- qué, ce matin, les résultats exprimés dans cette Note ; tout en persistant, au reste, dans son opinion, que l'Épyornis était un oiseau terrestre, rapproché du Nandou ou de l'Autruche d'Amérique à trois doigts, et du Casoar de la Nouvelle-Hollande. » J'ajoute que ce premier fragment n'a pas les grandes proportions que le volume des œufs pourrait faire supposer. » 2°. L'autre fragment, qui appartient au bassin, montre, au contraire, (837) de très-grandes dimensions, du moins dans son épaisseur, et relativement à la partie correspondante de l'Antriiche. » C'est la portion inférieure du pubis gauche qui s'unit à sa symétrique pour former la symphyse de ce nom. M Je n'entre pas ici dans les détails descriptifs et comparatifs de ces deux fragments, M. Coquerel se proposant d'en faire le sujet d'un Mémoire par- ticulier. » Note fie M. Valenciennes au sujet de la communication précédente. « Je viens d'entendre avec beaucoup d'intérêt l'opinion que notre confrère M. Duvernoy a émise sur les affinités de l'Épyornis. Les nouveaux fragments ostéologiques qu'il a examinés lui faisant saisir des différences assez sensibles entre l'articulation tibio-fémorale de l'Autruche et celle de l'Épyornis, se demande si la patte de l'oiseau fossile n'était pas destinée à la natation. J'ai eu depuis plusieurs années la même pensée. En comparant, pour satisfaire ma simple curiosité de zoologiste, la portion inférieure du métatarse de cet oiseau aux mêmes os des squelettes de la galerie d'Anatomie comparée, je fus frappé de la différence qui existe entre cette extrémité et celle du Casoar de la Nouvelle-Hollande (Dromoeus, Vieillot) et celles aussi de l'Autruche à trois doigts d'Amérique (Rhea, Brisson). Je crus trouver que cet os ressemblait plus à celui des Palmipèdes. J'ai établi cette ressemblance par la longueur du col du condyle du doigt du milieu, par l'obliquité de la poulie sur laquelle joue le doigt externe, et par la gouttière creusée sur la face antérieure de l'os terminée par une échancriire arrondie entre les deux condyles. 11 existe sur la face interne de chacun d'eux une petite tubérosité. Cette disposition m'a paru avoir quelque analogie avec le trou pratiqué au même endroit sur le tarse des Palmipèdes. » Je n'ai pas voulu alors faire, de ces indices aussi légers, le sujet d'une Note; mais j'ai communiqué ces idées dans une de mes Lettres à M. Muller, qui en a parlé à l'une des séances de l'Académie de Berlin. Cette commu- nication a été insérée dans les Comptes rendus de cette savante Compagnie; et depuis, M. Gervais l'a reproduite dans un de ses Mémoires sur les mem- bres des animaux vertébrés. » Je suis donc heureux de voir que M. Duvernoy, de son côté, sans connaître mes présomptions sur ce sujet, a été conduit à la même idée par des observations qui ont une bien plus grande valeur. ( 838 ) M Je ne serais donc pas éloigné de croire que l'Épyornis est un genre à placer entre les Pingouins et les Aptenodytes. Les œufs de l'une des espèces du premier de ces deux genres, l'Jlcn impennis, sont d'une remarquable grosseur. Les mers de l'Afrique australe sont peuplées de ces nombreux oiseaux nageurs et plongeurs. Ils ne quittent leur élément que pour se traîner avec peine sur les grèves et sur les rochers. Ils sont aux espèces de la classe des Oiseaux ce que les Phoques sont aux autres Mammifères. Quel- ques-uns de ces Brachyptères enfouissent leurs œufs dans le sable ou dans des cavernes. Ces habitudes semblent s'accorder avec les circonstances dans lesquelles on a trouvé les os et les œufs de l'Épyornis. » J'ajouterai à ces observations que l'on ne peut déduire la taille des Ovipares de la grosseur de leurs œufs. Dans le travail récent que j'ai fait sur les œufs des oiseaux, j'ai mesuré des œufs de Cygne ordinaire, dont le plus long diamètre varie de o",go à o™,ii2. L'Oie de Guinée [Ànas cy- gnoides. Lin.) pond des œufs plus gros encore; ils sont ellipsoïdes, égaux aux deux extrémités; le plus long diamètre a o^jgo de long. Ces œufs sont, par rapport au corps de l'oiseau, proportionnellement plus gros que ceux de l'Autruche. On sait aussi que les œufs des Mégapodes, petits Échassiers voisins des Ralles, sont d'une grandeur disproportionnée à leur taille. La ponte se compose toujours d'un nombre assez grand d'œufs ; quel qu'en soit le volume, on conçoit comment la nature a pu en agir ainsi, en se rappelant que les œufs se forment successivement et un à un dans l'ovaire ou dans l'oviducte, et qu'ils sont expulsés dès qu'ils sont complets. Aussi une Perdrix, qui couve quelquefois au delà de vingt-cinq œufs, a-t-elle une ponte dont la masse totale est beaucoup plus grosse que son corps. Si l'on voulait suivre ces idées, on trouverait dans certains Gastéropodes des exem- ples encore plus frappants. Un Bulime du Brésil [Bulimus ovatus), genre voisin de nos Colimaçons, pond douze à quinze œufs aussi gros chacun qu'un œuf de Pigeon. » Je termine en disant que ce n'est qu'avec la plus grande réserve que je présente ces aperçus sur les rapports de l'Épyornis et sans méconnaître ce qu'il y a de vrai dans les observations de M. Geoffroy-Saint-Hilaire. Je ne les aurais pas exposés, sans la commtinication très- importante de nos deux savants confrères. » ASTRONOMIE. — Communication de M. Le Verrier^ relative à la décou- verte de deux nouvelles petites planètes. « Découverte d'une trente-deuxième petite planète, faite à Paris, par M. GoLDscHMiDT. — Daus la nuit du 26 au 27 octobre, M. Goldschmidt pointa, dans la deuxième Heure de sa carte écliptique, une nouvelle et très- 18S4. T. m. de Paris. Asc. droite. Octobre 28 b m s i3.i8 9,9 M*— 6.33',94 29 I I Si .52,0 myk-+ 7. 1,80 29 ,3. 3.49 » Octobre 2g h m s I I .5i .40, I h m s 2.23.33,o3 3o 11.46.50,6 2.22.39,34 (839) petite étoile qu'il reconnut le lendemain avoir changé de place. Il la suivit jusqu'au 28 au soir, et, certain que cette étoile errante était bien ime nou- velle petite planète, il fit part de sa découverte à l'Observatoire de Paris. » Voici les positions de ce nouvel astre, qui apparaît comme une étoile de 10" à 11^ grandeur, et telles qu'on a pu les obtenir à l'Observatoire (1) : Étoile Déclinaison. de comparais. B*-+- 3'. 34^8 a Obs. équat. ^ 29 ii.5i.52,o JIî*-+ 7. 1,80 » b B*— 6. 0,2 b h m s h m s Obs. mérid. Positions approchées des étoiles de comparaison. h m s o / 1 Étoile a 2.3o.55 + i4.5i b 2.i6 33 + 14.55 N.B. L'ascension droite apparente de l'étoile b est le 3o octobre 2'' iS" 32%85, d'après une observation faite à la lunette méridienne. » M. Le Verrier, chargé par M. Goldschmidt de dénommer cette Sa* pla- nète, l'a appelée Pomone. » « Découverte dune trente-troisième petite planète., faite à l'Observatoire impérial de Paris, par M. Chacornac. — M. Chacornac a remarqué ce nou- vel astre dans la nuit du 28 au 29 octobre, vers 2 heures du matin. Le mouvement en ascension droite ne laissa au bout d'une demi-heure au- cun doute sur la présence d'une nouvelle planète, brillant d'un éclat de 9* à I o'' grandeur, et dont on a déterminé , dans cette nuit même et dans les nuits suivantes, les positions ci-après ; 18S-i. T. m. de Paris. Asc. droite. Déclioaison. hms hms o,,. Obs. équat. Octobre 28 1617.24,3 2.33.55,38 + 16. 58 45,3 Obs. mérid.! ^9 ''' ''"^'^ f" ^1' ^^ ^^'^ I 3o 11.56.22,3 32.12,58 52.32,8 N.B. L'étoile de comparaison du 28 octobre est 5o33-34 Lai. Cat. of stars. Cette étoile a été observée à la lunette méridienne le 3o octobre, et l'on en a déduit pour ascension droite apparente le 28 octobre : a"" 35'° 34%22. » M. Le Verrier a donné à cette 33'' petite planète le nom de Poljmnie. » (i) Les positions extra-méridiennes ont été déterminées au moyen d'un nouvel équatorial, établi par M. Secrétan, et sur lequel il sera ultérieurement donné des détails. La déclinaison de Pomone n'a pu être obtenue aux cercles muraux dont les lunettes sont trop faibles. (L. V.) ■ ( 84o ) PHYSrQUE MATHÉMATIQUE. — Communication de M. le Maréchal Vaillant, relative à des travaux posthumes de M. Laurent. « Le corps du Génie français a fait récemment une perte qui lui a été très-sensible : un de ses officiers les plus distingués, le chef de bataillon Laurent, que le Comité des Fortifications avait appelé à Paris pour examiner les nombreuses questions d'art et de science qui lui sont journellement adressées, a succombé , jeune encore, à un excès de travail. » L'Académie a reçu, depuis i843, un assez grand nombre de communi- cations et de Mémoires présentés par M. Laurent, et des Rapports, presque tous dus à notre confrère M. Cauchy, ont prouvé l'intérêt que l'Académie a constamment pris à ces communications. Parmi les derniers travaux dont s'est occupé M. Laurent, se trouvent deux Mémoires complètement ter- minés, intitulés : » L'un , Examen de la théorie de la lumière dans le système des ondes ; » L'autre, Théorie des imaginaires , de L'équilibre des températures , et de l'équilibre d'élasticité. » Madame veuve Laurent nous a demandé de déposer ces Mémoires entre les mains de M. le Président. » Nous nous acquittons d'autant plus volontiers de ce devoir, que la fa- veur avec laquelle ces Mémoires seront reçus (nous l'espérons du moins), et le compte qui en sera rendu , si M. le Président veut bien nommer une Commission pour les examiner, donnera peut-être quelque poids aux démar- ches que nous nous proposons de faire auprès de M. le Ministre de l'In- struction publique , pour appeler sa bienveillance sur la position tout à fait malheureuse de Madame Laurent et dé ses enfants. » » M. LE Président renvoie les Mémoires déposés à une Commission qui sera composée de : MM. Cauchy, Liouville, Regnault, Lamé, de Senarmont. Il ajoute que l'Académie tout entière s'associe aux regrets exprimés par M. le Maréchal Vaillant, au sujet de la mort prématurée de M. Laurent, et à ses intentions bienveillantes envers la famille d'un savant, dont les pre- miers travaux avaient mérité son approbation et dont elle attendait encore beaucoup pour l'avenir. » (84i ) MÉMOIRES LUS. MÉDECINE. — Mémoire sur un bruit nouveau perceptible par L'auscultation des cavernes en voie de gue'rison chez les phthisiques soumis à l'adminis- tration de l'hélicine; par M. de Lamare. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Andral et Rayer .^ o En poursuivant mes observations sur la guérison de la phthisie pul- monaire par l'hélicine, substance dont j'ai fait connaître l'emploi et la préparation dans un précédent Mémoire, j'ai été conduit à observer un nouveau bruit en auscultant les phthisiques soumis à l'influence curative de cette substance. Au nombre des phénomènes remarquables qui se passent alors, on peut noter une diminution des neuf dixièmes environ delà matière expectorée, ce qui correspond en même temps à une diminution graduelle de la toux, et successivement de tous les symptômes morbides. Or une mo- dification aussi notable dans^la quantité du liquide qui fournit l'expectora- tion se manifeste par un signe dont on se rend très-bien compte en se rap- pelant que, pour que du gargouillement ou tout phénomène analogue se produise dans une cavité, il faut qu'il s'y trouve en présence de l'air et du liquide; or le liquide en question étant, comme nous venons de le dire, mo- difié considérablement dans sa quantité, le bruit que l'on perçoit par l'aus- cultation se trouve modifié lui-même. Ce bruit, qui n'avait pas encore été signalé, je le nomme bruit de décollement^ parce que l'on ne saurait mieux le comparer qu'au décollement de deux surfaces rapprochées par une sub- stance gluante. Il résulte de ce que les parois des cavernes tendent perpé- tuellement à se rapprocher sous l'influence de l'action curative de l'héli- cine. Il est à remarquer en effet que toutes les cavités fistuleuses, acciden- telles et autres, qui résultent d'un état morbide, tendent à s'oblitérer, à se fermer, à se guérir en un mot, quand on vient à tarir la source de la matière qui y séjourne ou les traverse. C'est précisément ce résultat que j'ai obtenu, .l'ai d'ailleurs fait une expérience très-simple à l'aide de laquelle on peut reproduire artificiellement ce bruit de décollement comme il se passe dans les cavernes des phthisiques. J'ai pris une vessie membraneuse ovoïde de grandeur convenable; je l'ai mouillée intérieurement et extérieurement ; j'y ai introduit une médiocre quantité d'air, et une petite quantité d'une matière grasse et poisseuse, à laquelle j'ai donné autant que possible la densité et les qualités physiques de la matière sécrétée par la membrane pyogénique des cavernes ; et en écartant l'une de l'autre les parois de cette vessie préalablement réunies dans une partie de leur étendue, j'ai obtenu le C. K., i854, 2m8Seme»(re.(T.XXXlX, N0 18.; « lO ( 842 ) bruit de décollement absolument identique à celui que j'avais entendu par l'auscultation. M J'ai pensé que la constatation du bruit que je viens d'indiquer pouvait mériter d'être signalée, parce qu'il n'est jamais indifférent pour le médecin d'assister à toutes les modifications qu'amène dans l'économie l'emploi des moyens thérapeutiques qu'il met en usage. Je dois ajouter quel'hélicine, qui est une substance salubre, organique et facilement assimilable, n'offre aucun des dangers que présentent les préparations d'iode et de fer, dont je tiens l'usage pour pernicieux toutes les fois que la poitrine est com- promise. » CHIRURGIE. — De i'irifluence des opérations sur le sjstèine nerveux^ et du retentissement de la douleur sur l'organisme ; par M. Jobekt de Lamballe. (Extrait par l'auteur. ) (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie. ) « Les opérations exercent, en général, qu'elles soient légères ou graves, une influence immédiate sur les organes , et en particulier sur le système nerveux. Il y a là , pour le chirurgien et le physiologiste , un champ d'étude aussi curieux que négligé, et difficile à explorer (i). Les opérations provo- quent dans le système nerveux des perturbations qui dépendent de l'insuf- fisance de la quantité du sang (anémie) ou de l'ébranlement de l'appareil nerveux. Les accidents se traduisent, dans ce dernier cas, par des symp- tômes qui dénotent un défaut d'équilibre entre les nerfs et les organes qu'ils régissent (fièvre nerveuse traumatique],. L'anémie causée par les pertes de sang peut être passagère ou durable. Elle plonge tout d'abord les organes dans une sorte d'inertie , dans lui état où la syncope s'ex- plique par défaut d'impulsion suffisante des battements du cœur. La fièvre nerveuse est une complication fréquente après les opérations, que l'on doit d'autant plus redouter que le sujet est plus excitable. Elle est provoquée par l'ébranlement du système nerveux , quelle que soit d'ail- leurs la cause qui lui a donné naissance. La fièvre nerveuse constitue une complication grave, et qui, chez quelques sujets, m'a paru aussi dangereuse que le delirium t remens. » Bien qu'il soit impossible de connaître la nature de la douleur, on peut dire que c'est une modification fonctionnelle qui se produit sous l'influence d'une action locale qui retentit sur l'appareil cérébro-spinal. (i) Nous ne nous occuperons point ici des modifications organiques qui naissent de l'in- fluence Iraumatiquc. Cette question, que nous ne pourrions qu'effleurer ici, mériterait d'être à elle seule l'objet d'un Mémoire particulier. ( 843 ) L'influence qu'elle exerce sur l'organisme n'est pas toujours la même. Tantôt elle ne donne lieu qu'à une altération fonctionnelle, tantôt il en résulte une véritable altération matérielle de l'appareil nerveux. Elle part de l'organe lésé, et suit les branches des nerfs sous forme de vibrations, d'engourdisse- ment, de gène, d'élancements. Elle peut être bornée à une petite surface, ou être diffuse . » L'influence de la douleur varie suivant le point de départ, l'état orga- nique de la région, son degré d'intensité, de continuité ou d'intermittence. La douleur enlève le calme et le sommeil; le malade pousse des cris, les idées perdent de leur netteté, et il survient du délire qui peut durer jusqu'à la mort. M Un autre fait incontestable, c'est que les opérations qui déterminent de grandes secousses, peuvent produire des lésions matérielles dans la sub- stance nerveuse^ l'estomac et les intestins qui plus ou moins lentement se désorganisent. Les altérations de ces deux derniers organes ont été regar- dées, par J. Hunter et Karsvel, comme cadavériques et le résultat de la dis- solution de l'organe par le suc gastrique. Mais comment expliquer les ramollissements du cerveau survenus sous l'influence de la douleur? » Les douleurs violentes qui réagissent sur les renflements nerveux, épuisent, arrêtent leurs fonctions, d'autant plus promptement que leur point de départ est plus voisin de la source de toute sensibilité. C'est ainsi que l'on doit se rendre compte de la mort qui survient à la suite de brûlures étendues, des péritonites diffuses, d'étranglements internes et de certaines opérations pratiquées sur les organes génito-urinaires. » La douleur continue, circonscrite et faible, ne retentit pas sérieuse- ment sur les organes placés loin de son point de départ. Elle est sourde et fugace, et n'ébranle pas l'ensemble de la machine humaine. Il n'en est cependant pas de même lorsqu'elle est accompagnée d'inflammation. » Bien que, toutes choses égales d'ailleurs,' la gravité de la douleur augmente en raison de la profondeur et de l'étendue de son siège, et que les effets soient d'autant plus à craindre qu'elle part d'un point situé plus près des centres nerveux, cependant nous posons en fait que toute dou- leur continue et violente peut devenir la source d'accidents redoutables. « Pour terminer ce qui a rapport à la douleur circonscrite, continue et violente, nous donnerons l'analyse de quelques observations qui me parais- sent de nature à confirmer les propositions précédentes. » Dans la première observation , empruntée aux leçons orales de Dupuy- tren, et rédigée par mes honorables amis MM. Marx et Brière de Boismont, iio.. ( 844 ) il s'agit d'un liomme qui entra à l'Hôtel-Dieu pour s'y faire traiter d'un anévrisme faux consécutif de l'axillaire du côté droit. La ligature de l'ar- ■ tère sous-clavière fut pratiquée entre les scalènes, avec l'habileté ordinaire que le grand chirurgien mettait dans les opérations qu'il faisait chaque jour à l'Hôtel-Dieu. Pendant l'opération, qui fut longue, des douleurs vio- lentes se déclarèrent, et au moment où le double nœud de la ligature fut serré, le malade poussa des cris qui ne cessèrent pas jusqu'à la mort. La violence des douleurs était due à la constriction exercée sur la branche anté- rieure de la première paire dorsale; ce qu'il fut facile de constater à l'au- topsie. On put voir en effet que les ligatures entouraient les branches du plexus brachial qui sortent du troisième trou de conjugaison. » Ij'extrémité postérieure du lobe gauche du cerveau présente à l'exté- rieur, au-dessous des membranes, une couleur verdàtre. Plus profondé- ment, la substance est désorganisée, molle, grisâtre; une certaine quantité d'un liquide gris-verdâtre s'en écoule. La substance cérébrale est un peu plus ferme, et parcourue par des vaisseaux injectés. Celte désorganisation s'étend à deux lignes de profondeur. Cet abcès est en communication avec le ventricule du même côté, dont la membrane est cependant lisse et trans- parente comme le reste de l'arachnoïde, qui ne contient qu'un peu de séro- sité rougeâtre. Pie-mère un peu injectée. Ces deux membranes sont soule- vées de la surface du cerveau par un grand nombre de bulles d'air. » Ce fait me paraît démontrer que les impressions douloureuses et con- tinues finissent par produire l'inflammation du cerveau et la formation du foyer. » Le retentissement de la douleur sur les renflements nerveux n'a pas toujours pour résultat une congestion permanente, une inflammation sup- purative et des foyers purulents; mais elle a pour effet immédiat d'altérer la substance nerveuse et de la ramollir. Je pourrais rapporter plusieurs obser- vations coufirmatives de ce que j'avance, mais je me contenterai de citer un fait qui me paraît ne rien laisser à désirer sur l'influence désastreuse de la douleur. » Dans cette observation, il est question d'un homme qui entra à l'hôpi- tal Saint-Louis, en 1H42, pour y être traité d'une tumeur du genou droit. L'affection, arrivée à sa dernière période, réclama l'amputation, qui fut pra- tixjuée le 19 mai. Les douleurs furent extrêmement intenses, et un écoide- ment de sang eut lieu dans le courant du jour. Le dixième jour, l'hémor- ragie se renouvelle et nécessite la ligature de l'artère crurale. Les douleurs de cette seconde opération furent très-vives, et, pendant les pansements, la sensibilité eut un caractère exagéré. Après deux mois de souffrances, il se ( 845 ) manifeste un délire vague, sans fièvre, et, le 3o juin, le malade succombe. L'autopsie, faite trente-six heures après la mort, permet de constater les jiarticularités suivantes : Les vaisseaux du cuir chevelu sont sans injection notable; la sérosité sous-arachnoidienne est en quantité normale; à la base du cerveau, au devant des pédoncules cérébraux, on trouve une couche de pus épais, grisâtre, adhérente à la face inférieure du chiasma et du tuber cinereum; au-dessous de cette couche, et dans l'épaisseur des pédoncides, le tissu cérébral a perdu sa consistance; le ramollissement, assez superficiel dans le pédoncule du côté gauche, est plus profond et plus marqué du côté droit, où les fibres ont disparu pour faire place à une sorte de pulpe qu'on enlève avec facilité; les ventricules sont remplis et distendus par une séro- sité sanguinolente; les organes thoraciques ne présentent rien d'anormal. » Cette observation, si je ne me trompe, vient confirmer ce que j'ai dit du retentissement de la douleur. Les douleurs continues et violentes déter- minées sur un homme doué d'une sensibilité excessive par la lésion, par l'ablation du membre, par la ligature d'une artère, expliquent suffisamment les altérations profondes survenues dans le système nerveux, et les désordres fonctionnels qui en ont été la conséquence. » Ce que je viens de dire me paraît faire ressortir de la manière la plus évidente la nécessité de diminuer ou d'abolir la douleur, afin d'éviter ses effets funestes, rapides ou lents, sur le système nerveux. » Jusqu'à nos jours on s'était borné à faire usage de remèdes dont l'ac- tion incertaine n'offrait que peu de ressources. Cependant cette nécessité de diminuer la sensibilité n'avait pas échappé aux médecins. C'est ainsi que dans sa Médecine opératoire^ M. Velpeau fait connaître les circonstances où les chirurgiens d'une autre époque pensaient qu'il devenait indispensable d'atténuer l'intensité de la douleur. Ils conseillaient, pour arriver à ce but, de précipiter l'opération, de faire usage de l'éther, des opiacés, des réfrigé- rants pour prévenir l'épuisement nerveux. » Ces moyens imparfaits ont heureusement été remplacés par les anesthé- siques, qui diminuent lasensibilité presque à volonté, sans éthériser le nœud vital ou la moelle allongée. » Les découvertes et les rigoureuses et importantes expériences de M. rlourens permettent de fixer notre opinion sur l'administration du chloroforme, et d'établir que son action ne doit jamais dépasser l'éthé- risation des lobes cérébraux et l'insensibilité tégumentaire. Toutefois la prudence doit présider à son administration, et c'est avec raison que M. Ancelon, dans sa communication à l'Académie des Sciences, dans la séance du 9 octobre i85/i, a donné le conseil sage d'administrer le chloro- ( 846) forme en petite quantité et à jeun. Trois ou quatre gouttes souvent lui ont paru suffire pour produire l'anesthésie chez les personnes dont la digestion et l'absorption sont actives. » L'expérience m'a appris combien le chloroforme est utile, non-seule- ment pour modérer et éteindre la douleur, mais encore pour prévenir la fièvre nerveuse, le delirium tremens, un trouble indéfinissable et l'affaisse- ment de l'organisme, qui résulte de l'épuisement par la douleur. Inobser- vation m'a même enseigné que le traumatisme était moins sérieux, que la température locale était modérée, que la réunion des plaies se faisait sans entraves, le sang ne perdant par l'emploi du chloroforme, ni de sa plasti- cité, ni de sa vitalité. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Sciences mathématiques (question concernant le dernier théorème de Fermât). Ce Mémoire , qui porte pour épigraphe : Forsarvet hœc oliin meminisse juvabit, a été inscrit sous le n" 2. M. Babinet présente au nom de M. Coblence une épreuve de la carte physique d'Espagne fournie par une planche gravée sur acier, et une épreuve de la reproduction de cette carte avec addition des divisions militaires, donnée par une planche obtenue au moyen de la galvanoplastie. Nous extrayons de la Note qui accompagne ces pièces , les passages sui- vants : « Voici le système d'économie qui a été accepté par l'auteur, M. Lopez Fabra : la carte physique de l'Espagne ayant été gravée par M. Dyonnetpour un prix de 760 francs, j'en ai tiré un moule en gutta-percha , qui, soumis pendant dix jours à l'action de la pile voltaïque dans un bain de sulfate de cuivre, a donné la reproduction exacte de la planche primitive; sur cette reproduction on a gravé les divisions militaires. Il reste à répéter sept fois encore cette opération pour graver des divisions différentes. Ma reproduc- tion coiîte 4o francs; la gravure des divisions, 5o francs. » Ainsi, ce qui aurait coûté à l'auteur 6 000 francs (75o X 8 = 6000) se trouvera réduit à i 38o francs en comprenant la planche type (90 X 7 = 63o + 760 = 1 38o). » Comme quelques personnes ont prétendu que l'emploi de la gutta- percha dans la galvanoplastie pouvait nuire à l'exactitude des reproduc- (847) tions, M. Coblence présente, comme preuve du contraire, un bas-relief en cuivre fondu avec sa reproduction galvanoplastique très-fidèle, malgré la difficulté que semblerait présenter la multitude des parties détachées. M. Regîîault fait remarquer que la gutta-percha, loin d'être réprouvée pour ces sortes d'applications de la galvanoplastie, est aujourd'hui d'un usage journalier dans toutes les fabriques de bronzes d'art. MÉDECINE. — Sur l'efficacité des mesures préventives et prophylactiques pour prévenir la manifestation des périodes successives du choléra, en V attaquant dans ses prodromes; par M. P. de Pietra Santa. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie.) « C'est dans la maison d'arrêt des Madelonnettes, dit M. de Pietra Santa, que j'ai pu constater l'utilité d'un système de surveillance établi jusque dans les dortoirs et les ateliers, de soins médicaux donnés soit par persua- sion, soit par contrainte. Malgré les conditions défavorables de la maison, et celles qui résultent de la vie peu régulière des personnes qui viennent l'habiter, nous n'avons eu à enregister, pendant ces treize mois d'épidémie, que quatre décès cholériques; cependant, sur les 2 186 personnes écrouées de septembre i853 à octobre i854, 517, c'est-à-dire le quart environ, ont subi l'influence de l'affection à des degrés divers. » Les résultats obtenus sont présentés et résumés dans les conclusions sui- vantes : « 1°. L'épidémie cholérique actuelle a été précédée d'une constitution médicale particulière ( trouble des fonctions gastro-entériques avec tendance marquée à l'adyuamie). » Le premier cas de choléra, aux Madelonnettes, date du 22 novem- bre i853, et, dans les derniers jours de septembre et pendant les mois d'octobre et de novembre, nous avons soigné plus de 5o individus atteints d'embarras gastriques avec diarrhée fréquente, séreuse, abondante. » a''. La diarrhée dite prémonitoire s'est montrée presque constamment (elle n'a pas fait défaut dans 29 cas de cholérine, et sur les 12 autres cas de choléra algide elle a manqué deux fois : la première chez un individu qui avait fait la veille des excès de boisson ; la deuxième chez lui prison- nier, d'ailleurs robuste, qui a guéri très-rapidement ) D 3". La médication symptomatique, rationnelle, déduite de l'étude cli- nique de la constitution médicale et des idiosyncrasies particulières, nous a donné d'excellents résultats. (Ipécacuanha au début; — bains d'air chaud; — potions stimulantes et diacodées; — boissons glacées; — sinapismes; — ( 848 ) dans la période de réaction, quelques ventouses et du sulfate de quinine «ssocié à l'extrait thébaïque.) » 4°- Il est possible de prévenir la manifestation cholérique par l'ap- plication immédiate, intelligente et bien entendue des lois de l'hygiène publique et de la prophylaxie privée. » Aux Madelonnettes, sur 2186 individus entrés dans la prison, du i" septembre i853 au i"octobre i854, Siy ont subi l'influence de l'épidémie à des degrés divers. i"^" catégorie. Embarras gastrique 3o8 ] 2" Id. Diarrhée 168 / •:!<■ 7- 7 /--u 1 ' • } Total 517. 3 la. Cnolenne 29 l 4* Id. Choléra (4 décès, 8 guérisons). 12 ] » Cette disproportion, entre les chiffres 617 et 12, n'est-elle pas de nature à démontrer l'efficacité des mesures préventives et prophylac- tiques ? » Nota. Pendant l'épidémie de 1849 ' *"'" ^^^ population de 1 100 prisonniers , il y a en , aux Madelonnettes , 19 cas de cholérine et 19 cas de choléra , dont 12 décès. MÉDECINE. — Prophylaxie et traitement ahortif de la fièvre tjphoïde et du ckoléra-morbus ; par M. Debexey. (Extrait.) (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie. ) a La fièvre typhoïde est toujours précédée par une période d'imminence, qui est l'état saburral : — inappétence, bouche mauvaise, langue chargée. — Dissipez cet état saburral, il n'y a jamais fièvre typhoïde. La fièvre typhoïde débute par l'adjonction à l'état saburral simple des symptômes de l'embarras gastrique, ou gastro-intestinal prononcé : courbature, cépha- lalgie; troubles dans les premières et les secondes voies, jusqu'à la diarrhée et au vomissement, avec état fébrile. Traitez rationnellement cet état mor- bide par les évacuants : purgatifs, émétiques^ éméto-cathartiques ; la fièvre typhoïde est supprimée. » Or le choléra-morbus peut être considéré comme une fièvre typhoïde pernicieuse. Je ne prétends point, quant à présent, saisir par une défini- tion, le choléra dans sa nature, mais bien exprimer par une comparaison la condition nécessaire de son développement et le mode de son évolution; par conséquent, l'identité de prophylaxie et de traitement aborlif. Ainsi : » 1°. Premier stade, période d'imminence, état saburral. » 2°. Deuxième stade, période prodromique ou prémonitoire, cholé- ( 849 ) rine (borborygmes, diarrhée, vomissements, altération de la face, douleurs musculaires). » Dissipez la première^période, vous empêchez la'seconde d'avoir lieu. Traitez rationnellement la seconde période par les évacuants : purgatifs, émétiques, éraéto-calhartiques, appropriés suivant les indications spéciales, dans un mode d'autant plus énergique que les symptômes sont plus pro- noncés, et vous faites avorter le choléra. » MÉDECINE. — Nouvelles observations sur lesjausses membranes et les ento- zoaires des déjections des cholériques; par M. Cadet. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie.) Cet envoi est accompagné d'une nouvelle série de figures. M. Costa Saya, professeur adjoint de Physique à l'Université de Mes- sine, soumet au jugement de l'Académie un Mémoire écrit en italien, et ayant pour titre : « Projet d'un nouveau moyen de diagnose. » Le paragraphe suivant, extrait de ce Mémoire, donne ime idée du but que s'est proposé l'auteur : « En étudiant, au moyen des procédés de thermochrôse dus à l'illustre Melloni, les effluves calorifiques des animaux, et spécialement ceux de l'homme à l'état de santé et à l'état de maladie, on doit arriver à constituer un moyen de diagnostic comparable pour l'importance à ceux que fournis- sent l'auscultation, la percussion, etc., moyen applicable, non-seulement à la médecine, mais encore à l'hygiène , à la physiologie, etc., etc. » (Commissaires, MM. Becquerel, Rayer.) M. ChouiUara adresse un Mémoire ayant pour titre : Sur le mouvement hélicoïde apparent des corps célestes, et prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle avaient été ren- voyées les deux précédentes communications sur le même sujet. Afin de rendre ce travail plus facile, il a eu soin de reproduire dans ce nouvel écrit la substance des deux premiers. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de M. Mathieu, en rem- placement de M. Mauvais, et de M. Laugier.) M. Verstraet Yser^yt adresse de Bruges deux nouvelles Notes relatives à une question qu'il a traitée aans de précédentes communications, à la manière dont il suppose que s'opère la vision. Son opinion, qui a été sou- C. R. i854, o>ne Semestre. (T. XXXIX, N" 18.) lit ( 85o ) tenue dans les temps anciens par des hommes restés célèbres à d'autres titres, est celie-ci : que nous acquérons par la vue la connaissance des corps non par des rayons lumineux qui, partant de ces corps, arriveraient à notre oeil, mais par des rayons lancés par l'œil vers ces corps. Une Commission, composée de MM. Magendie, Serres et de Senarmont, est invitée à prendre connaissance des diverses communications de M. Verstraet, pour en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport. M. Gros adresse de Moscou, pour prendre date, luie Note contenant les nouveaux résultats auxquels il est arrivé concernant les reproductions hété- rogènes parmi les Infusoires. Ses observations, poursuivies dans les diffé- rentes saisons de l'année, l'ont conduit, sur ce sujet, à une conclusion qu'il énonce dans les termes suivants : « S'il est vrai que les agents extérieurs efficients du développement orga- nique ne peuvent modifier que dans des limites assez étroites les organismes plus élevés, il semble hors de doute que ces mêmes agents peuvent donner à des vésicules d'abord identiques des formes radicalement différentes et une direction évolutive tout opposée. » (Commissaires précédemment nommés: MM. Duméril, Valenciennes, Coste.) M. Dessoye, qui avait, dans une de ses précédentes communications, émis l'idée « que le cryptogame de la vigne pourrait bien avoir été importé en » Europe avec quelque plante exotique d'introduction récente , » aujour- d'hui appelle l'attention sur la ressemblance qui existe, suivant lui, entre les Erysiphes des vignes malades et des parasites qu'on observe à l'état des- séché sur des écorces de quinquina, et Spécialement du quinquina gris. Dans une Lettre de date un peu postérieure, M. Dessoye présente quelques remarques sur la manière dont on a annoncé dans le Compte rendu de la séance du 9 octobre dernier une précédente communication de lui, qui semblerait n'être relative qu'à la vigne, pendant qu'ilj y est en réalité question des maladies de plusieurs végétaux différents. (Renvoi à l'examen de la Commission des maladies des végétaux.) CORRESPONDANCE. M. Flourens présente au nom de M. Barml et de MM. Gide et Baudrj ^ deux nouveaux volumes des OEuvres de M. Arago : le tome II àe^Notices biographiques , comprenant les biographies d'Ampère, Condorcet, Bailly, ( 85i ) Monge et Poisson, et le tome I" du Traité intitulé Astronomie populaire. « Je viens, dit M. Flourens , de parcourir dans ce dernier volume l'avertisse- ment de l'auteur, et je n'ai pu lire sans être profondément touché la phrase qui le termine , les dernières paroles peut-être qu'ait prononcées relativement à ses travaux notre illustre confrère, L'Académie, j'en suis sûr, partagera en les entendant le sentiment que j'ai éprouvé. «< Galilée, déjà aveugle depuis quelque temps, écrivait, en 1660, que se » servir des yeux et de la main d'un autre, c'était presque comme jouer » aux échecs avec les yeux bandés ou fermés. Pour moi, dans l'état de » santé où je me trouve au moment où je dicte ces dernières lignes, ne » voyant plus, n'ayant que quelques jours à vivre encore, je ne puis que » confier à des mains amies, actives et dévouées, une œuvre dont il ne » me sera pas donné de surveiller la publication. » M. MiLivE Edwakds place sous les yeux de l'Académie une nouvelle série de photographies zoologiques exécutées par M. Rousseau, aide-natu- raliste au Muséum d'Histoire naturelle, et fait remarquer la beauté des épreuves représentant divers Lépidoptères nocturnes. Une de ces planches représente des Attacus cjnthia., provenant des vers à soie du ricin, nés au Muséum au commencement d'août dernier. M. Flocrens fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publier sous ce titre : De la longévité humaine et de la quantité de vie sur le globe. En présentant ce livre, M. Floiu-ens s'exprime ainsi : <' Je touche , dans ce livre , à quelques-uns des points les plus impor- tants de l'étude, et, si je puis ainsi parler, de la théorie de la vie. » Tous les siècles ont étudié la vie. Le nôtre commence à l'étudier sous ses grands aspects. « » La question de la quantité de vie, toujours diversement représentée et également maintenue, celle de l'apparition de la vie sur le globe, celle de]'Ajixité des espèces, celle des espèces anéanties et perdues^ sont des questions toutes nouvelles. » A côté de ces questions nouvelles, j'en ai placé quelques autres fort anciennes , mais que je crois avoir rajeunies : celle de la longévité humaine j celle de la formation de la vie, celle de la vieillesse. » J'ai rajeuni la question de la longévité humaine, en donnant un signe III.. ( 852 ) certain du terme de V accroissement j et par suite une mesure précise de la durée de la vie. » A l'étude de ]si formation de la vie (problème qui nous passe), j'ai substitué l'étude de la continuité de la vie. » Quant à la vieillesse, je lui ouvre, du côté physique, de grandes espérances : un siècle de vie normale, et jusqu'à deux siècles deî;/e extrême; et, du côté moral, une perspective qui n'est pas moins belle. Que d'heu- reux exemples des facultés les plus délicates et les plus nobles sans cesse perfectionnées: Fontenelle, Voltaire, Buffon , Bossuet ! » Mais, me dira-t-on peut-être, ce que vous nous citez là, ce sont des exceptions. Point du tout , ce ne sont pas des exceptions , ce sont des ré- vélations. Ce qui est ici l'exception , c'est le talent, ce grand révélateur des forces secrètes et des trésors cachés de l'esprit humain. » M. Maisoxxeuve prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats pour la place vacante dans la Section de Médecine et Chirurgie, par suite du décès de M. Lallemand. (Renvoi à la Section de Médecine et Chirurgie.) M. Maurice Richard, en qualité d'exécuteur testamentaire de feu M. Lal- lemand, transmet un extrait du testament et du codicille par lequel le savant médecin a légué à l'Académie une somme de 5o ooo francs, dont les intérêts seront employés k récompenser ou à encourager des travaux relatifs au système nerveux. (Renvoi à la Commission administrative.) (CHIMIE ORGANIQUE. — Sur deux nouveaux dérivés de l'acide picrique ; par M. F. Pisani. a On sait que, dans la théorie de M. Gerhardt, l'acide picrique dérive d'une molécule d'eau dans laquelle i atome d'hydrogène est remplacé par le groupement trinitrophényle, C* H^ (NO* )' : Acide picrique C» H> P ^^ M O, Picrates C H" j ^^^' j O. » Au point de vue de cette théorie, il devait exister un corps dérivant du type acide chlorhydrique, et un autre corps dérivant du type ammoniaque, renfermant l'un et l'autre le même groupement organique à la place de ( 853 ) I atome d'hydrogène : Chlorure de picryle (ou de trinitrophényle) . ... C°H* p ' |, XL Je suis parvenu à obtenir ces deux corps. » Lorsqu'on fait agir du perchlorure de phosphore sur de l'acide picrique, il se dégage de l'acide chlorhydrique et l'on obtient de l'oxychlorure de phosphore ainsi que du chlorure de picryle : C H» j ^^^'^' j O + Ph CP = Ph CP O -+- j JJ (j6 jja IV ; I chlorure de picryle. » Pour préparer ce chlorure , on introduit dans une cornue de l'acide picrique et du perchlorure de phosphore, en poids équivalents, et l'on chauffe doucement. La réaction est très-vive. Lorsque tout dégagement d'acide chlorhydrique a cessé, et qu'il a passé un peu d'oxychlorure de phosphore, on retire la cornue du feu. Si l'on continuait à chauffer, le chlorure se décomposerait en laissant pour résidu une résine ; on ne pour- rait donc le séparer, par la distillation, de l'oxychlorure de phosphore avec lequel il se trouve mélangé. » Le chlorure de picryle est solide, jaune, d'une odeur agréable, soluble dans l'alcool et l'éther. L'eau le décompose en acide chlorhydrique et acide picrique; avec l'ammoniaque il donne la picramide. » L'azoture de picryle et dhjdrogène (ou picramide) se prépare, d'après le procédé de MM. Gerhardt et Chiozza, en broyant à froid, dans un mor- tier, avec un excès de carbonate d'ammoniaque, le chlorure de picryle brut, mélangé d'oxychlorure de phosphore, On reprend la masse par de l'eau bouillante et l'on filtre. L'amide étant insoluble dans l'eau reste sur le filtre. On la lave avec de l'eau bouillante, puis on la fait cristalliser dans de l'al- cool. » La picramide cristallise en lames terminées en pointe et dentelées, d'un jaune foncé par transmission, avec des reflets violets par réflexion; lorsqu'on la réduit en poudre, elle est d'un beau jaune clair; elle est inso- luble dans l'eau, tant à froid qu'à chaud, peu soluble dans l'alcool à froid, mais assez soluble dans ce liquide bouillant ; elle est fort peu soluble dans l'éther. A chaud, la potasse en dissolution la décompose en dégageant de ( 854 ) l'ammoniaque, en même temps qu'il se forme du picrate de potasse. La chaleur la décompose sans détonation, en dégageant des vapeurs nitreuses et laissant un résidu charbonneux. » PHYSIQUE. — Note sur l'emploi des armatures électro-aimants ; par M. Th. du Moncel. « Il arrive souvent dans les applications mécaniques de l'électricité qu'on veuille agir d'une manière différente et dans des conditions opposées sur des électro-aimants en n'employant pour cela qu'un seul fil conducteur. On sait que les armatures aimantées fournissent le moyen de résoudre la question quand on est entièrement maître du circuit : car en interposant les électro-aimants dans le même circuit, et disposant leurs armatures aimantées en sens inverse les unes des autres, on peut réagir sur les unes en envoyant le courant dans un sens déterminé sans, pour cela, réagir sur les autres qui se trouvent repoussées sans effet, puisqu'elles sont buttées. Réciproquement, en renversant le courant, on peut réagir sur ces dernières et ne pas réagir sur les premières. Mais la question n'est plus aussi facile quand on n'est pas maître du circuit, c'est-à-dire quand on est obligé de maintenir une réaction antérieure et variable avec un courant renversé dont l'effet est précisément contraire à cette réaction. Pour fixer les idées, je suppose qu'on veuille faire imprimer une dépêche par un télégraphe dont le mécanisme imprimeur serait soumis à l'effet d'un courant dirigé dans un certain sens, tandis que le même courant, dirigé dans le sens contraire, ferait marcher le télégraphe lui-même. Dans ce cas, le passage des carac- tères en relief devant- le mécanisme imprimeur peut s'effectuer aussi bien sous l'effet du courant que sous celui du ressort antagoniste. » Si l'effet qu'on réclame de l'électro-aimant du mécanisme imprimeur se trouve subordonné à la dernière des conditions précédentes, le problème ne souffre pas de difficulté; on renverse le courant à la station qui transmet : l'effet devient répulsif sur l'électro-aimant du télégraphe, attractif sur celui du mécanisme imprimeur, et l'effet cherché est obtenu ; mais il n'en est plus de même quand l'armature de l'électro-aimant du télégraphe doit être attirée pour le signalement de la lettre. Comment résoudre le problème dans ce cas?... Tel est l'objet des armatures électro-aimants dont je vais parler. » Qu'on suppose une armature de fer doux enroulée sur sa partie moyenne, qui aura été amincie, en conséquence, de fil conducteur isolé. » Qu'on suppose les deux extrémités de ce fil en rapport, l'une avec le métal du support de l'armature, l'autre avec un bouton d'argent isolé sur ( 855 ) ce support. Enfin, qu'on admette une relation électrique provenant d'une pile locale établie entre le point d'articulation du support en question et un buttoir d'arrêt contre lequel viendra appuyer le bouton d'argent lorsque l'armature sera sollicitée par son ressort antagoniste. Il arrivera deux choses, suivant le sens qu'on donnera au courant. » i". Si le courant ne passe pas dans l'armature électro-aimant, celle-ci pourra être attirée par son électro-aimant^ quelque sens que l'on donne d'ailleurs au courant. » 2°. Si le courant passe dans l'armature électro-aimant dans un sens antagoniste à l'effet de l'électro-aimant, l'armature pour un certain sens du courant dans ce dernier ne sera pas attirée. » Avec ce système, si l'on adapte à la pièce mobile de l'appareil, à la roue des types dans l'exemple que nous avons cité, un interrupteur du cou- rant (de la pile locale) construit de manière à correspondre à celui du transmetteur, on pourra faire marcher le mécanisme imprimeur aussi bien sous l'influence d'une attraction exercée par l'électro-aimant de la roue des types, que sous l'influence d'une répulsion exercée par le ressort antago- niste : car, dans ce dernier cas, l'armature se trouve aimantée en sens inverse par l'effet de l'interrupteur de la roue des types, tandis qu'elle ne l'est pas du tout dans le premier cas. » Cet emploi que j'ai fait des armatures pour un nouveau système de télégraphe imprimeur, que je fais construire en ce moment, peut trouver sa répétition dans une foule d'autres applications mécaniques de l'électricité : c'est une ressource dans les cas les plus délicats de la inécanique de préci- sion, et un moyen de simplifier considérablement les communications électriques. » La construction des armatures électro-aimants n'a, d'ailleurs, rien que de très-simple. On prend un cylindre de fer très-doux, à peu près du calibre d'une forte pointe de Paris, que l'on taraude à ses deux extré- mités pour qu'on puisse lui adapter, en les vissant, deux lames de fer doux. On enroule le fil conducteur sur le cylindre qui est muni, à cet effet, d'une bobine de cuivre ou de deux disques propres à empêcher le fil de glisser, et comme les pôles du cylindre de fer se trouvent portés à l'extré- mité des palettes, celles-ci peuvent agir comme palettes de fer doux ou comme aimants. » A ce sujet, je ferai remarquer que, conformément aux expériences faites par moi, il y a trois ans, je place les palettes de champ par rapport à l'action attractive de l'électro-aimant doni elles servent d'armature. On ( 856 ) gagne à cette disposition de la force, et l'on peut diminuer par là la masse de fer, ce qui est très-important pour le jeu des armatures. Aussi mes armatures, ainsi composées, n'ont-elles guère plus de 6 -^ centimètres de longueur sur i centimètre de largeur et 2 millimètres d'épaisseur. » ZOOLOGIE. — Des Invertébrés lithodomes ou perforants ; par M. Marcel de Serres. « Je prie l'Académie de me permettre d'ajouter quelques observations au Mémoire imprimé que j'ai eu l'honneur de lui adresser sur les Mollusques perforants. L'importante communication que M. Valenciennes vient de lui faire sur le même sujet, rend ces observations en quelque sorte nécessaires, et leur donnera peut-être quelque intérêt. « On ne doit considérer comme perforants que les animaux qui naissent, vivent et meurent dans un lieu fixe, où ils ont creusé leur habitation. Ainsi les espèces qui percent les pierres et y passent leur vie, sont essentiellement lithodomes. Il en est de même de ceux qui s'enfoncent plus ou moins pro- fondément dans le sable. On ne peut pas en dire autant des animaux qui creusent des terriers ou qui vivent dans l'intérieur de la terre. » Si les Hipponices, les Calyptrées et les Crépidules de l'ancien monde, comme ceux des temps actuels, n'entamaient pas les corps sur lesquels ils s'implantent , on devrait les considérer comme n'étant pas des Mollusques lithophages, mais évidemment lithodomes, ils sont par cela même per- forants. » Les véritables Mollusques perforants sont les Acéphales ou Lamelli- branches ; c'est surtout dans la famille des Dimyaires que l'on découvre le plus grand nombre d'espèces qui creusent les roches cristallines et calcaires pour s'y loger et y passer leur vie. On ne peut guère citer qu'un ou deux genres parmi les Monomyaires qui aient de pareilles habitudes, et encore sont-elles bornées aux espèces dont les coquilles sont allongées. Cette famille n'a pas offert, du moins jusqu'à présent, des espèces qui, comme celles du genre Pholas, percent les roches cristallines plus ou moins désagrégées pour s'y loger. On les trouve uniquement dans les roches calcaires. » Les Dimyaires, au lieu de ne présenter que deux genres qui soient per- forants, en ont au contraire un assez grand nombre. Il nous suffira de citer les Arrosoirs, les Clavagelles, les Cloisonnaires, les Fistulanes, les Tarets, les Pholades, les Gastrochènes, les Ongulines, les Corbules,les Sphènes, les (857 ) Saxicaves, les Pétricdles, les Vénérupes, les Galéomes, les Vénus, les Cy- pricardes, les Hiatelles et les Arches. )i La plupart des genres et, par suite, des espèces lithophages que l'on observe chez les Dimyaires, prouvent le rôle important que les valves jouent dans ce phénomène. La différence qui existe entre eux et les Monomyaires, sous le rapport de la quantité de genres lithodomes, tient peut-être à ce que les premiers sont fixés dans leurs coquilles par deux points d'attache, tandis que les Monomyaires n'en ont qu'un seul. Ceux-ci ne peuvent probable- ment pas faire mouvoir leurs valves avec la même force et la même agilité que les Dimyaires, auxquels ce travail est rendu plus facile, au moyen de leurs muscles plus nombreux. » Les habitudes de perforation, plus fréquentes chez les Mollusques Di- myaires que chez les Monomyaires, paraissent ne se présenter que chez ceux qui habitent les eaux salées. Les espèces qui vivent dans les eaux douces et les terres sèches et découvertes, ont d'autres moeurs. Les pre- mières usent leurs nates ou la base de leurs coquilles, et les secondes seule- ment cette dernière partie, mais par un procédé différent de celui qu'em- ploient les espèces fluviatiles, peut-être par suite de la diversité du milieu dans lequel les unes et les autres sont plongées. » Il nous reste donc encore à décrire les moyens à l'aide desquels les Mollusques Lamellibranches fluviatiles et les Gastéropodes terrestres et des eaux douces parviennent en partie à détruire leurs demeures, contrairement à ceux qui, par un instinct particulier, font tous leurs efforts pour les con- server et les préserver de toute atteinte. » M. Triquet adresse les conclusions d'un travail sur la surdité nerveuse qu'il se propose de présenter plus tard à l'Académie dans son entier. Il s'attache à faire voir que cette dénomination de surdité nerveuse n'a pas été comprise, par tous les auteurs, de la même manière, et que ceux qui en ont donné une définition convenable, se sont plutôt appliqués à en étudier les symptômes qu'à rechercher les différentes altérations organiques dont la cophose est le résultat : « L'anatomie pathologique de l'appareil auditif, trop négligée jusqu'à ce jour, doit être, dit l'auteur, l'objet d'une étude appro- fondie; c'est seulement en suivant cette voie qu'on peut faire avancer la science. Conformément à cette idée, j'ai faitune étude minutieuse des causes, et je les ai appuyées sur des faits concluants. Je me suis attaché à perfec- tionner le diagnostic, tout en reconnaissant combien il reste encore à faire à cet égard; enfin, j'ai prouvé par la comparaison de trois séries d'observa- C. a. , i854, a""» Semestre. (T. XXXIX, ^o 18.) I 1 2 ( 858 ) lions empruntées à Itard, à W. Rrainer, à ma pratique, à celle des hôpitaux, que ce n'était plus à un seul moyen de traitement (l'éther) qu'il fallait recourir, mais à des injections médicamenteuses destinées à combattre les lésions de l'oreille moyenne qui sont la cause la plus fréquente de la surdité appelée nerveuse. M. BorivicEAU adresse une nouvelle Note relative à ses recherches sur l'âge auquel peut se reproduire la sangsue médicinale et sur les applications qu'on peut faire des résultats obtenus de l'étude des mœurs de cette hiru- dinée, pour arriver à obtenir en France une production correspondante aux besoin de la thérapeutique. M. Bouniceau avait espéré pouvoir mettre la Commission à portée de répéter les observations consignées dans ses précé- dentes Notes, mais, ayant reconnu que les pièces les plus intéressantes seraient détériorées par le transport, il se borne à prier l'Académie de vou- loir bien se faire faire le plus promptement possible un Rapport sur l'en- semble de ses communications. M. DE QuATKEFAGEs, l'un des Membres de la Commission, fait observer que la question de l'étude des sangsues est en ce moment même, et de la part de plusieurs personnes, l'objet de sérieuses études, et qu'avant de faire un Rapport sur ce sujet, il serait bon d'attendre le résultat des expériences et des essais qui ont été tentés. M. DvjARDiN adresse de Lille une Lettre relative à une question dont il a souvent entretenu l'Académie : V emploi de la vapeur d'eau pour éteindre les incendies. Sa nouvelle communication a pour but de faire connaître un article du règlement qui régit la distillation de jus de betteraves, et qui émane de la préfecture du Nord. Cet article est ainsi conçu : n Article 8. II sera établi un tuyau en cuivre pouvant conduire la va- » peur d'un des générateurs dans l'atelier de distillation, afin qu'en cas d'in- » cendie le feu puisse être éteint par l'expansion de la vapeur. Le robinet B de décharge sera situé au dehors des ateliers. » M. Smith, qui, dans une communication précédente, avait annoncé être en possession d'un moyen de faire à volonté descendre ou monter les bal- lons., sans perte de gaz et sans perte de lest, adresse aujourd'hui, sous pli cacheté, une description de son appareil qu'il destine au concours pour le prix de Mécanique, dans le cas où l'Académie pourrait lui garantir la pro- priété de son invention. Dans le cas contraire, il demande que sa Note lui soit renvoyée sans être ouverte. (859) La pièce sera renvoyée à l'auteur dans l'état où elle a été reçue. L'Aca- démie ne peut garantir aux auteurs la propriété de leurs inventions quand elles ont été de sa part l'objet d'un jugement, ni s'occuper d'une découverte qui ne puisse recevoir immédiatement la publicité. M. Cazaletz prie l'Académie de vouloir bien hâter le Rapport de la Commission chargée de l'examen de sa Note sur l'emploi des algues comme moyen d'entretenir l'humidité au pied des arbres fruitiers pendant leur végétation estivale. Deux des Membres de la Commission, MM. Boussingault et de Gasparin, étant absents, M. Decaisne est adjoint à la Commission et invité à s'occuper avec M. Payen, précédemment nommé, du Rapport demandé par M. Ca- zaletz. M. DE CoRTEuiL adrcsse une Lettre concernant les recherches qu'il a faites sur diverses questions, recherches dont les unes n'ont pas la nouveauté que leur suppose l'auteur, et dont les autres ne pourront être renvoyées à l'examen d'une Commission qu'autant qu'elles auront été traitées d'une manière plus complète. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 3o octobre i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 2" semestre, i854;n°i7; in-4°. De la Longévité humaine et de la quantité de vie sur le globe; par M. P. Flourens. Paris, i854; i vol. in- 12. OEuvres de François Arago, Secrétaire perpétuel de [Académie des Sciences, publiées d'après son ordre sous la direction de M. J.-A. Barbal. Notices biographiques. Tome IL Paris, i854 ; in-8°. Astronomie 'populaire, par François Arago, Secrétaire de l'Académie des Sciences, publiée d après son ordre, sous la direction de M. J.-A. Barral. TomeP'. Paris, i854; in-S". Etudes chimiques sur les eaux pluviales et sur l'atmosphère de Ljon et de quelques points des environs, pendant les années lôSa et i853; par M. A. BiNEAU. Lyon, i854; broch. in-8°. ( 86o ) Mon dernier mot sur le Choléra épidémique en Asie, en Europe et en Amé- rique; par M. d'Agar de Bus ; i feuille in-4°- Résumé de ma Théorie sur les causes, l'action et le préservatif du Choléra; I feuille in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine, rédigé sous la direction de MM. F. Dubois (d'Amiens) etGiBERT ; tomeXX; n° i; i5 octobre i854; iu-S". Bibliothèque universelle de Genève ; octobre i854; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, fondée par M. B.-R. de Monfort, rédigée par M. l'abbé MoiGNO ; 3* année; V* volume; 1 7* livraison ; in-S". L' Agriculteur praticien. Revue de l' agriculture française et étrangère;n° 2; in-S". La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; 3* année ; 3* série; 38* livraison ; a5 octobre i854 ; in-8°. Magasin pittoresque ; octobre i854; in-8°. The eye. . . L'œil dans l'état de santé et de maladie; par Alf. Smee. Londres, 1854 ; in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Despretz, qui est invité à en faire l'objet d'un Rapport verbal. ) Die aufrecht... Etablissement orthopédique, qui est le seul dans lequel les courbures de [épine dorsale aient été réellement guéries; par M. G. Mayer; broch. in-8°.' Materialen... Matériaux pour servir à la Minéralogie de la Russie; par M. NiKOLAï de RorscharoW; liv. I à 5 du texte, et liv. i à 3 de l'atlas. Saint-Pétersbourg, i853. Astronomische... Nouvelles astronomiques; a° 921. Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n°' 126-128; 24, 26 et 28 octobre i854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n° 56 ; 27 oct. 1 845. Gazette médicale de Paris; n° 4^; 28 octobre i854. L'Abeille médicale; n" 3o; aS octobre i854. La Lumière. Revue de la Photographie; 4* année; n° 43; 28 octo- bre 1 854- La Presse médicale; n" 43; 28 octobre i854. L' Alhenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux- Arts; 3' année; n°43; 28 octobre i854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n°' 127 à 129; 24, 26 et 28 octobre i854. Réforme agricole ', n" "ja; août i854. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 6 NOVEMBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. HISTOIRE NATURELLE GÉNÉRALE. — Notions historiques sur les Règnes de h nature; par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire. (Extrait.) « I. — Les naturalistes ont enregistré avec soin l'origine et la date de l'établissement dans la science de chacune des classes animales et végétales, de chacun des ordres, des familles, des genres dans lesquels elles se divisent et se subdivisent. Ils ne se sont pas arrêtés là : à côté des noms des espèces, ils n'ont pas manqué d'inscrire ceux des auteurs qui les ont fait connaître, classées et dénommées ; et les plus humbles progrès de la science ont eu ainsi leurs historiens, empressés d'en tenir note et d'en conserver fidèlement le souvenir. » Comment ce qui a été si heureusement fait pour les derniers détails de la zoologie et de la botanique, reste-t-il à faire pour la conception générale qui embrasse à la fois tous les corps naturels ? On s'en étonnera peut-être, et je m'étonne moi-même d'avoir à le dire : ces mêmes naturalistes qui savent si bien l'histoire du dernier genre, de la dernière espèce de mousses, d'insectes ou de polypes, ignorent celle de la première et de la plus haute division de la nature, de cette division célèbre en règnes ou royaumes, que la philosophie et la poésie elle-même ont consacrée aussi bien que la science, et que l'usage nous a rendue à tous si familière. Qui a établi ces vastes C. R. , i854, a™» Semestre. (T. XXXIX, N» 19.) I 1 3 ( 86. ) groupes, placés d'un accord presque unanime au sommet de toutes les clas- sifications? A quelle époque? à quel point de vue? Quelle est l'origine de ce mot lègues ou rojaumes? Autant de questions encore irrésolues, et qui le sont, chose singulière, non parce qu'on n'a pu les résoudre, mais parce qu'aucun des naturalistes modernes n'a même songé aies poser (i); aucun, sans excepter Cuvier dans son ouvrage classique sur le Règne animal. De Can- dolle dans son grand Prodromus Regni vegetahiiis, et tous ceux qui dans notre siècle, avant ces maîtres illustres, ou à leur exemple, ont inscrit le mot Règne au frontispice de leurs livres, l'y employant partout sans l'expli- quer nulle part. » Au défaut des livres modernes, tous muets sur la question, j'ai inter- rogé, sans plus de succès, ceux de Linné, puis ceux de ses prédécesseurs immédiats et de ses premiers devanciers; et c'est ainsi que, remontant d'époque en époque jusqu'à la source, j'ai fini par la rencontrer où j'étais d'abord loin de la chercher : dans ces conceptions mystiques des alchimistes du moyen âge et de la renaissance, dans cette philosophie hermétique où les chimistes trouvent les origines de leur science, où sont aussi, sur plus de points qu'on ne l'imagine, celles de la nôtre. C'est ce que je vais montrer par un premier exemple, eu restituant aux alchimistes la célèbre division des corps naturels en trois groupes principaux, et l'application à chacun de ces groupes du nom que nous lui donnons encore et qu'on lui donnera sans doute toujours; par conséquent la conception tout entière des trois règnes de la nature, telle qu'elle a été si longtemps et si universellement admise. » II. — Ijx division ternaire des corps naturels date de si loin dans la science, qu'elle peut sembler y avoir existé de tout temps. Selon quelques auteurs, elle remonterait en effet jusqu'à l'origine de l'histoire naturelle; plus haut encore, jusqu'aux premières impressions produites sur l'esprit de l'homme par la vue de ces trois formes si distinctes de l'existence matérielle : la pierre, la plante, V animal. S) Malheureusement pour ceux qui ont émis ces opinions purement conjecturales, l'histoire ne les justifie nullement. S'agit-il de ces premières impressions auxquelles un célèbre anatomiste faisait appel tout récemment encore? L'homme n'a pas seulement distingué de bonne heure, comme ou l'a dit, la pierre, la plante, Vanimali il s'est aussi, et avant tout, distingué lui-même. La division primitivement admise a donc été quaternaire et non (i) Daubenton est le seul qui ait signalé cette lacune dans nos connaissances, et il n'a pas cssavé de la remplir. Voy. Séances des Écoles normales, éd. in-8" de 1800, 1. 1, p. 426. ( 863 ) ternaire. Et si, au-tlèssus de cette division quaternaire, entrevue dès l'ori- gine des connaissances humaines, une autre vient bientôt se placer, celle-ci n'est point encore ternaire, mais essentiellement binaire. Les êtres animés et les êtres inanimés, to, gp^u/a et Ta cc-^v'X.ci, dit le grand naturaliste de l'antiquité (i), ou, comme nous dirions aujourd'hui, les corps organisés et vivants et les corps bruts et non vivants ; car ici, pour Aristote, l'âme, c'est ce que les modernes ont souvent appelé le principe vital, ou, selon ses expressions mêmes « la cause et le principe du corps vivant (2); » et ce qui distingue l'être animé de l'être inanimé, c'est qu'il vit (3), soit qu'il n'ait, comme la plante, que Ydme nutritive, soit qu'il possède aussi, comme l'animal, les facultés de sentir et de se mouvoir, ou en outre, comme l'homme, l'intelligence. » Telle est, sur les différences les plus générales des êtres, la conception d'Aristote, présentée peut-être par son auteur d'une manière trop concise, et basée sur des arguments que l'on peut juger trop exclusivement méta- physiques. Mais après Aristote viennent ses disciples et ses commenta- teurs, et ce qu'il avait pu laisser un peu dans l'ombre, ceux-ci le mettent en. lumière, reproduisant et développant tour à tour ses vues sOus des formes variées, depuis l'antiquité jusqu'à la renaissance de l'histoire naturelle; depuis les philosophes du Lycée et du Musée, jusqu'aux écrivains encyclo- pédiques du moyen âge, jusqu'aux auteurs du xvi* et du xvii* siècle. Ici comme partout, durant ce long règne du péripatétisme dont l'esprit moderne eut tant de peine à s'affranchir, le respect du maître est souvent porté jusqu'à la fidélité presque servile, jusqu'à la reproduction de ses paroles aussi bien que de sa pensée; tellement qu'on croit relire Aristote lui-même dans ceux qui s'inspirent de lui : par exemple, dans Hermolaus Barbarusen i553, dans Freigius en 1576, dans Christofle de Savigny en iSSy, et, pour prendre aussi des exemples parmi les auteurs du siècle suivant, dans Du Pleix en 1602, et dans Jonston en i632; auteurs dont je me borne ici à donner les noms, ne pouvant même résumer leurs vues, sans les appuyer de citations qui ne sauraient trouver place dans cet extrait (4)- » Après ces auteurs, après tous ceux qui, comme eux, ont nettement reproduit cette même division binaire et ces mêmes subdivisions principales, viendrait la foule de ceux qui les ont plus ou moins vaguement admises et (i) De anima, lib. II. (2) Traduction de M. Barthélemy-Saint Hilaire , 1846, p. 32. (3) To Çj)v. Voy. lib. II, cap. 2. (4) On trouvera rétablis dans le tome II de mon Histoire naturelle générale , les passages que j'ai supprimés ici et plus bas. n3.. (864) indiquées ; ceux-ci en si grand nombre, que ce qui est vrai de l'ensemble de la philosophie d'Aristote, l'est aussi de cette conception partielle : elle n'a pas seulement conservé des partisans jusque dans les temps modernes; elle a été, durant des siècles, la plus généralement acceptée, représentant, sur ce point, ce qu'on peut appeler la doctrine classique, à côté de systèmes plus nouveaux, mais non plus rationnels. Si bien que les naturalistes qui, aux xviii® et xix^ siècles, ont cru innover, en proposant ce qu'ils ont appelé les règnes organique et inorganique, ne proposaient, en réalité, qu'un re- tour à une idée aussi ancienne que la science elle-même, où elle avait do- miné durant vingt siècles. » III. — Les alchitnistes ont été, eux aussi, sur beaucoup de points, les disciples d'Aristote; sur d'autres, sur un grand nombre, leur système, ou, comme ils se plaisaient à l'appeler, leur philosophie naturelle, était entière- ment opposé à la doctrine péripatéticienne. » Nous sommes ici sur un des points de divergence. Pour les alchimistes, point de corps bruts et inanimés; l'activité vitale est partout, dans chaque être en particulier, comme dans la nature entière. Les minéraux eux-mêmes ont, disaient-ils , une vie obscure , imparfaite , ?,en\tmQa\. essentielle, et non végéta- tive, ni sensilive. On ne saurait la refuser aux pierres les plus grossières , à plus forte raison aux métaux. C'est là un des fondements de la doctrine des alchi- mistes, qui, du reste, ne sont ni les inventeurs de cette erreur, aussi ancienne que la philosophie elle-même, ni les seuls qui l'aient adoptée et soutenue dans les temps modernes. Tournelort lui-même a cru à la naissance, à la vie, à la génération des minéraux, témoin son Mémoire, plus curieux que digne de lui, sur le labyrinthe de Candie et les stalactites d'Antiparos. » A ce point de vue disparaît la distinction fondamentale d'Aristote : les minéraux ne constituent plus un groupe distinct, opposé aux êtres organisés et doués de vie; ils prennent place dans la série que composent ceux-ci ; premier terme caractérisé seulement par une vie moins active, par un p^us petit nombre de facultés, et ne différant ainsi des végétaux que comme les végétaux diffèrent des animaux; échelle unique dont les minéraux occupent l'échelon le plus bas. » Les alchimistes n'ont donc point dit, et ils ne pouvaient pas dire : Les êtres inanimés et animés. Ils ont dit : Les minéraux, les végétaux, les animaux : \e?> trois genres^ les trois Jainilles de mixtes ; et, plus tard, les trois règnes. » Toute école, toute secte a ses dissidents. Plusieurs alchimistes ajoutent, aux trois groupes ordinairement admis, Iss corps célestes séparés des ter- restres, ou les métaux distingués des minéraux ordinaires; quelques-uns, en très-petit nombre, isolent l'homme des animaux; d'autres encore s'écartent ( 865 ) par diverses combinaisons de la division ternaire. Mais ce ne sont là que des exceptions, et celle-ci est la règle, très-généralement acceptée. Et com- ment ne l'eùt-elle pas été? Quelle autre conception pouvait être plus con- forme à l'esprit qui dominait alors? Soumettre le ciel et la terre, en s'inspi- rant à la fois de Pythagore et de la théologie chrétienne, à des lois numé- riques communes, à des nombres sacrés, le septenaiie et le ternaire^ telle a été, à toutes les époques de l'alchimie, l'une des idées les plus répandues parmi ses adeptes : le septénaire , à cause des sept jours de la Genèse; d'où les sept planètes, les sept météores, les sept métaux, les sept pierreries, les sept parties vitales de l'homme, les sept saveurs, les sept notes de musique : le ternaire, parce qu'en tout et partout, et jusque dans la création matérielle, devait se retrouver l'image du créateur triple et un, la triplicité dans l'unité, ou, en un seul mot, alors fort employé, la tri-unitas; par conséquent aussi, trois natures en une ; en d'autres termes, et à tous les points de vue, dans l'ensemble harmonique de la nature, trois formes principales; d'où la con- ception de trois éléments, substituée par tant d'alchimistes à celle qui, mal- gré leurs efforts, a si longtemps prévalu ; de trois principes chimiques, de trois terres, enfin des trois genres de mixtes ou des trois règnes qui étaient eux-mêmes ternairement divisés. i> Telles sont les mystiques doctrines répandues, pendant une longue suite de siècles, parmi les alchimistes ; non sans doute parmi les vulgaires chercheurs d'or, mais parmi les philosophes hermétiques, véritables phi- losophes de la nature, dans le sens moderne de ces mots, et tellement que plus d'un disciple de Schelling semble procéder tout autant de Basile Va- lentin et de Paracelse que de son illustre maître. » C'est de là que nous est venue la division ternaire de la nature, division bien plus métaphysique et théologique dans son principe que puisée dans l'observation. Et c'est sous l'influence de ces doctrines que l'homme a cessé d'occuper, dans l'échelle ascendante des êtres, un échelon distinct au- dessus des minéraux, des végétaux, des animaux. Les alchimistes l'ont fait, pour la plupart, redescendre parmi ceux-ci, lui qui pourtant, selon eux, répétait et représentait, à un autre point de vue, la terre , le ciel et l'univers entier. Mais il leur fallait trois genres principaux dé mixtes, ni plus ni moins, non plura , nec pauciora (i), afin qu'ils pussent dire à im titre de plus : La créature est l'image de son créateur; il y a trois mondes, et ces trois mondes ne sont qu'un. (i) Expressions du père Kircher dans sa dissertation , Quid sit lapis philusophorum ? dis- sertation qui fait partie du Mandas subterraneits, * ( 866 ) » IV. — Les alchimistes n'ont pas seulement transmis aux naturalistes la division ternaire : d'eux aussi nous sont venus ces noms de règnes ou royaumes minéral^ végétal, animal, sous lesquels on désigne si générale- ment, et dans le langage vulgaire aussi bien que dans la langue scientifique, les groupes principaux des corps naturels. » On pourrait croire que l'application du mot règne à ces trois groupes, a dû suivre de très-près leur distinction. Les alchimistes de toutes les épo- ques, qui appelaient le soleil le roi des astres, faisaient aussi de l'or le roi des métaux ou des minéraux; d'où le nom deau régale ou royale, donné, dès qu'il fut connu , au dissolvant du métal royal. Et ils ne se sont pas ar- rêtés là : après le roi des métaux, rex, ils ont placé, plus tard il est vrai, plusieurs régules ou petits rois, reguli. Ils ont dit aussi l'homme le roi des animaux, et soumis les végétaux au sceptre du grand végétable, c'est-à- dire de la vigne, ou, pour traduire plus exactement, du vin. Voilà donc les trois rois de la nature, et il était inévitable qu'on en vînt à dire aussi les trois règnes ou rojaumes. » Mais cette conception bizarre des trois rois et des trois rojaumes ne s'est complétée que peu à peu, et dans les temps modernes. Longtemps après l'établissement de la division ternaire , on disait, non les trois règnes, mais les trois parties principales du monde physique, les trois grands genres des mixtes (i), les trois Jami lies de la nature (2). » A quelle époque remonte, sous cette forme, la division ternaire? A la plus haute antiquité, si nous devions en croire les philosophes hermétiques, et l'interprétation qu'ils ont donnée de leur fameuse Table d'émeraude, oeuvre prétendue du second Thot ou Hermès, dont ils ont fait un roi d'Egypte, contemporain de Moïse. Hermès le Trismégiste, le trois fois grand, était ainsi appelé, d'après la Table, parce qu'il possédait les trois parties de la philosophie du monde (3); c'est-à-dire, selon la plupart des commen- ( I ) Tria summa ou principalia gênera mixtorum ou rerum, disent la plupart des auteurs ; tria gênera gencralissiina, disent quelques autres. ( 2 ) Ou encore , les trois mixtions. « Mixtiones animalis, vegetabilis, mineralis, » comme dit encore Bêcher, en 166g, dans sa Physica subterranea.— Vingt ans plus tard, au con- traire, il emploie le mot Rcgnum. « Tria principalia mixto, nenipe tria Régna, » dit- il, Tripus, p. io5. ( 3 ) « Focatus sum Hernies Trismegistus, habens très partes philosopliite. » Je cite ici la Tabula smaragdina, d'après la Bibl.chemicacuriosa de Mancet, 1. 1, p. 38g. La même phrase se retrouve , avec des variantes, dans les nombreuses reproductions que les alchimistes ont faites de la Table d^émeraude. ( 867 ) tateurs, la philosophie naturelle minérale, ve'gétale et animale. La divi- sion ternaire de la nature , qui , d'après l'origine que je viens de lui assigner, doit être postérieure à l'ère chrétienne, l'aurait ainsi de beaucoup devancée. Mais, à part même ce qu'il y a de conjectural dans l'interprétation admise par les commentateurs, on sait depuis longtemps ce qu'il faut penser de la Table et de son royal auteur. Le second Hermès n'est, comme le pre- mier, qu'un personnage fabuleux, et la Table ci'émeraude, une de ces œuvres apocryphes sorties en si grand nombre de l'école alchimique d'Alexandrie , et destinées à donner à Varf divin le prestige d'une plus haute antiquité. » Les écrits hermétiques du moyen âge, et ceux de la renaissance, ressem- blent trop souvent à la Table d'e'rneraude par l'obscurité calculée de leur style, et prêtent parfois aux interprétations les plus contraires. Mais ici, du moins, le doute ne porte pas sur la division ternaire. Soit qu'elle fût venue d'Alexandrie par l'intermédiaire des Arabes, soit qu'elle eût pris naissance dans les écoles du moyen âge, questions irrésolues et peut-être insolubles, on la trouve clairement énoncée par une multitude d'auteurs, dont quel- ques-uns très-anciens. Animatum, vegetans, silens, avaient dit quelques rab- bins ( i ); mme/Yz//Vz _, vegetabilin, aniinalia, disent les alchimistes; noms et aussi ordre qu'adoptent la plupart, et que consacre de plus en plus l'assen- timent des alchimistes, depuis Basile Valentin jusqu'aux auteurs du xvi* et du XVII* siècle. » C'est dans celui-ci que les trois grands genres ou les trois familles com- mencent à prendre, dans les livres alchimiques français et allemands, le nom de règnes de la nature, tria régna. On dira peut-être que Paracelse avait préludé à cette conception, en appelant la nature, dès le commence- ment du xvi*siècle, le rojaume de l'homme {2) ; mais il y a loin de cette vague image à la conception des trois règnes, et je ne vois rien de plus chez Pa- racelse et ses contemporains, à plus forte raison chez ses prédécesseurs. A la vérité, on peut supposer que les tria régna ont dû être au moins indi- qués avec les très reges dans quelqu'un de ces innombrables écrits que les alchimistes se passaient de main en main, les uns toujours tenus secrets, et (i) Voy. Kriegsmann, Commentariolus interpres Tabulée Hermetis Smaragdinœ. ( 2 ) Pourquoi l'homme, se demande Pakacf.lsf., a-l-il été créé après tous les autres êtres ? farce que le roi devait venir après le royaume? « Jus naturœ est ut regiium rege prius sit. » Édition in-fol. de Genève, 1769, loc. cit., t. I, p. 36o. Natura hominis famula, dit aussi Paracelse, t. II, p. 453. ( 868 ) qui n'ont pas survécu à ralchirnie, les autres venus jusqu'à nous, mais dès longtemps oubliés sur les plus hauts rayons des bibliothèques. A l'égard de ces écrits, par cela même qu'on ne sait rien, toutes les conjectures sont per- mises. Ce que je dirai seulement, c'est que rien, à ma connaissance, ne les justifie, et qu'on a, au contraire, plus d'un motif de s'y refuser. » Le premier alchimiste chez lequel je trouve, et encore n'est-ce que par- tiellement, les règnes de la nature, c'est le président d'Espagnet, auteur anonyme, en iGaS, de deux ouvrages très-renommés en leur temps, V En- chiridion phjsicœ restituiœ et \ Arcanum philosophiœ hermedcœ opus. Dans V Arcanum, l'auteur mentionne expressément l'im des règnes, Regnum me- tallorum, mais dans un seul passage et sans s'y arrêter, et non sans se contredire lui-même; car il reproduit ailleurs, à plusieurs reprises, en leur donnant une autre valeur, les mots regnum et imperinin naturœ (i) : termes nouveaux dans l'emploi desquels il semble se complaire, mais sans y atta- cher encore un sens fixe et précis ; si bien qu'on assiste pour ainsi dire dans ses ouvrages à la naissance de cette conception destinée à jouir bientôt d'une si grande faveur parmi les naturalistes aussi bien que parmi les alchi- mistes ( 2 ) . » Cette conception célèbre est-elle, en effet, l'œuvre d'Espagnet? ou notre compatriote ne ferait-il ici que reproduire les idées de quelque pré- décesseur inconnu, peut-être du mystérieux alchimiste connu sous le nom du Chevalier impérial? Est-elle, en d'autres termes, d'origine française ou allemande? Toujours est-il qu'après d'Espagnet elle reparaît aussitôt en Allemagne dans les écrits, aujourd'hui complètement oubliés, d'André Rrebs et de Casander; puis, et presque en même temps, en France, dans les ou- vrages de Collesson. Pour Rrebs et pour Casander qui le suit pas à pas, comme pour Collesson, il y a trois règnes^ c'est-à-dire, car les mots sont trop nouveaux pour que ces auteurs se dispensent de les expliquer avant de s'en servir, trois Jamilles dans la nature, twis parties principales du monde. » Mais les trois règnes ne sont pas, pour Rrebs et pour Casander, les mêmes que pour Collesson. Subissant l'influence de l'école alchimique sans lui appartenir entièrement, les premiers n'adoptent pas la division (1) Et aussi Regnum elementare. Voy. VEnchiridion, § CLIX. (2) Il est à remarquer que le mot regnum, la première fois que l'emploie Espagnet [Enchiridion , § LXXXIII), est opposé au mot tjrrannis , plutôt comme jeu de mots que dans un sens scientifique. L'auteur dit en parlant du feu : « Verum tyrannidem exercet Ule plerumque in regno naturœ, » ( 869 ) ternaire des hermétiques; ils veulent un règne éthéréou céleste, cethereum, et deux règnes terrestres, vegeiabile et minérale, dont l'un comprend tous les êtres vivants, l'autre les corps bruts. Trois règnes ou royaumes, ajou- tent-ils, qui ont chacun leur prince et leur chef : c'est le soleil qui préside aux astres, l'homme à tous les êtres doués de vie, l'or aux minéraux. » On retrouve au contraire, chez l'alchimiste Collesson, la division ordi- nairement admise dans l'école hermétique : les trois règnes sont^ pour lui, les animaux, les végétaux, les minéraux; c'est Dieu lui-même qui a, dit-il, ainsi partagé, Vempire de la nature en trois règnes différents : Naturœ imperiwn in tria régna divisum; expressions" de Collesson, ou du moins de son traducteur Heilmann, dans lesquelles tous les naturalistes recon- naîtront celles de Linné dans les préliminaires du Sjstema Naturœ. C'est une rencontre singulière, si ce n'est qu'une rencontre; et si le grand naturaliste suédois à fait ici un emprunt à l'alchimiste français, c'est un honneur qu'on s'étonne de voir venir jusqu'à lui de si loin et de si haut. » Les auteurs qui adoptent sous cette forme nouvelle l'ancienne division ternaire, sont, à partir du milieu du xvii* siècle, de plus en plus nombreux. Sans reproduire ici une longue liste de noms trop dignes de l'oubli où ils sont tombés, disons seulement que dès i645 la conception des trois règnes se retrouve jusque dans les compléments desZ;?V/ey secrets de Basile Valentin, rédigés par les adeptes selon l'esprit du temps. Ainsi introduite jusque dans lesanctuaire de la philosophie hermétique, elle ne tarde pas à dominer par- tout où l'alchimie est en honneur; et la triple unité de la nature, la tri- unitas a bientôt pour expression généralement comprise et acceptée, ces mots : Tria régna naturœ, ou tout simplement, tant ils sont désormais consacrés par l'usage, tria régna, triplex regnum. » ZOOLOGIE. — Coup d'oeil sur l'ordre des Pigeons; par S. A. Monseigneur Charles-Lucien prince Bonaparte. « Il est impossible de ne pas être frappé du défaut de précision avec lequel a été traité par les naturalistes le groupe d'Oiseaux si important que nous nous accordons tous à désigner sous le nom de Pigeons. » Buffon, tout en considérant le Ramier comme spécifiquement distinct du Biset, réunit à ce dernier, à titre de simples variétés, les Ectopistes de l'Amérique septentrionale, \e& Ze'naïdiens du Mexique, \esPhapiens d'Asie, et jusqu'aux Tréronides de l'Océanie. Il rapporte au Pigeon sauvage des espèces tout aussi éloignées du premier que du second type. Ainsi les Co- C. R., i854 , a ( 872 ) » Quant à la dernière, à la fois GOURIUES et Gonriens, son type est Goura cristata [Coluinbn cristata, Gm.), le Pigeon couronné, qui se rap- proche plus que tout autre des Gallinacés, même par le nombre des pennes de la queue, qui s'élève à seize. La seconde espèce [Goura victoriœ) est celle que M, Fraser a jugée digne, dans son admiration, d'être dédiée à sa souveraine ; mais que d'autres sujets anglais, non moins loyaux et aussi savants, mus par un sentiment de justice erroné, ont préféré désigner, d'après Temminck, sous le nom modeste de Goura steursi. C'est avec plaisir que nous restituons ce Pigeon à la très-gracieuse Reine à laquelle il appar- tient aussi légitimement que ses trois royaumes. Les deux espèces ont produit ensemble des métis féconds dont on peut lire l'histoire dans les Transac- tions de la Société Zoologique de Londres. » La première tribu de l'ordre des Pigeons ne se compose que d'une seule espèce, du fameux Didunculus strigirostris , Peale (d'après Jardine), dans lequel on a cru voir le passage des Ineptes aux Pigeons, mais qui a bien plus d'affinité avec les Odontophorés de l'Amérique du Sud. Bien loin d'être un oiseau exclusivement terrestre, comme on l'a cru jusqu'à présent, il perche, comme ces Gallinacés, et même beaucoup plus qu'eux, sur les branches des arbres. » Nous commençons la seconde tribu par la famille des Tréronides. TRERONIENS. » La première sous-famille, celle des Tréroniens, tous munis de quatorze pennes à la queue, se compose de six espèces africaines et de vingt-cinq asia- tiques ou océaniennes. Les africaines forment deux genres : Phalacrotreron, Bp. et J^inago, Cuv. u I. Phalacrotreron comprend cinq espèces à bec déprimé et dénudé à la base : la première et la seconde rémige sont les plus longues. Ces cinq espèces ont été méconnues de la manière la plus incroyable, et ce qui est plus étonnant, il y a quelques jours encore, par Hartlaub qui les a, en outre, confondues avec le Colombar de Madagascar avec lequel nous constituons exclusivement le genre J^inago, Cuv. Nous renvoyons au second volume de notre Conspectus pour les détails nécessaires à l'éclair- cissement de ces Colombars. Disons seulement que, ne pouvant savoir positivement laquelle de nos six espèces se rapporte à la Col. calva, Temm. , à rectrices médianes vertes, nous supprimons provisoirement ce nom col- lectif du catalogue sérieux de la science. Nous sommes prêt, du reste, à l'admettre comme septième espèce, ou à faire disparaître devant elle le (M) nom de celle des nôtres que l'on nous prouverait l'avoir usurpé, La Col. abyssinien, Lath., occupe la dernière place parmi nos Phaîacrotreron, parce qu'elle se rapproche davantage du J^inago australis, Cuv. Et, tout en adoptant la crassirostris de Fraser et la véritable nudirostris de Swainson, je me vois obligé d'introduire dans le système deux nouvelles dénomina- tions spécifiques : Phaîacrotreron delalandii pour la grosse espèce propre à l'Afrique méridionale, et Phal. pitjriopsis pour celle de l'Afrique occiden- tale. La première, rapportée par Delalande, et plus récemment par ses dignes neveux, MM. Verreaux, au Muséum, est leur calva [Revue ZooL, i852, p. 4^3), mais non celle de Temminck ni d'Hartlaub, quoique ces derniers les citent. La pitjriopsis, Verr., figurée par Jardine sous le nom d'australis, qui peut être la cnlva de Temminck, est moins forte que notre delalandii, mais l'est beaucoup plus que la nudirostris , Sw., la plus petite de toutes. » 2. ViNAGO, Cuv.., est par nous restreint au véritable Col. australis, L., bien différent de celui de Jardine et d'Hartlaub, et dont le bec court et crochu est sans nudité à sa base qui est comprimée comme le reste : sa troi- sième rémige est la plus longue, de sorte que ses ailes, pour ainsi dire dégra- dées, confirment la théorie géographique que M. Pucheran, dans une récente communication à l'Académie, vient de développer si philosophiquement. » Les vingt-deux Tréroniens d'Asie et de Malaisie se répartissent en cinq genres : » 1 . SPHEiSURUS, Siv., changé pour éviter un double emploi en Spheno- cercus, qui a la priorité sur Sphenœna et Sphenotreron, contient cinq espèces : deux de l'Inde, apicauda, Hodgs. et sphenura, Vig. ou cantil- lans, Blyth, représentées chacime par une espèce semblable de la Ma- laisie; oxyura, Temm, et korthalsi, MuUer ; et la cinquième du Japon, Col. sieboldi, Temm. » 2. BuTRERON, Bp.., a pour type et espèce unique la Col. capellii, Temm., ce Pigeon à bec pour ainsi dire de Vautour. » 3 Treron, /^/e//Z. , que nous restreignons au petit groupe qui contient le type de cet auteur. Col. curvirostra, Gm., restriction également juste, soit qu'on considère cette espèce comme une espèce à part, soit, comme il est plus probable, que Vieillot ait eu en vue Varomatica. Dans tous les cas, le groupe est synonyme de Toria, Hodgs., puisqu'il comprend T. nepa- lensis, également typique, puisque, comme aromatica., elle a le bec fort, haut, corné presque dès sa base, les orbites nues, et n'en diffère que par sa troisième rémige échancrée à son bord interne comme chez les Crocopodes et les Osmotreron. » 4- Crocopus, Bp. Trois espèces très-voisines, du continent de l'Inde, ( «74 ) dont une au moins s'étend jusqu'en Chine, forment pour nous un petit groupe Ce genre se rapproche beaucoup du suivant, mais se distingue émi- nemment de tous, parmi ces Oiseaux essentiellement rubripèdes, par la couleur jaune-safran de ses pieds, caractère d'où il tire son nom. Nous nommons l'espèce type Crocopus phœnicopterus d'après Latham ; deux raisons, l'incertitude de l'application et l'erreur de géographie qu'il im- plique, nous empêchant d'adopter le nom sancti-thomœ de Gmelin. Nous en distinguons Tr. viridifrons et Tr. chlorogaster , Blyth, prises généra- lement pour de simples races, mais qui sont de bonnes espèces que leurs noms seuls suffisent à caractériser. Temminck a fait figurer la dernière par M""" Rnip, d'après un exemplaire du Muséum, sous le nom de Col. mUitaris femelle (Pig. I, Cohmhars, planche a); et M. Reichenbach l'a reproduit à côté de Crocopus phœnicopterus^ sous le faux nom de Treron nudirostris, Swainson . M 5. OSMOTRERON, Bp. Nous réunissons sous ce nom générique les dix Tréronicns qui nous restent. Le type est Columha olax , Temm., quoi- que à cause de sa taille nous la placions la dernière pour commencer par deux grands et élégants Tréroniens , confondus sous le nom de Columha vernans. Ce sont : la véritable vernans, Gm. [viridis, Scopoli, — viridis philippensis, Briss. ) qui provient de la Malaisie et des Philippines ; et la Col. vernans ^ Temm., devenue mon Osmotreron hicincta, attendu que c'est sous ce nom spécifique que M. Jerdon a distingué le mâle. Son Tr. unicolor n'en est que la femelle; et le professeur Reichenbach vient encore défigurer le mâle adulte sous le nom de Tr. muUicolor. Les ailes beaucoup plus longues; la calotte et la gorge vertes et non cendrées ; le haut du col plombé et non lilas ; la couleur orangé formant une simple bande au-dessous du lilas de la gorge, au lieu de s'épandre largement sur toute la poitrine, sont des ca- ractères plus que suffisants pour distinguer la bicincta. Elle est propre au continent de l'Inde. » Huit ou neuf espèces de Tréroniens ont été confondues sous le nom de Coluniba aromatica, ou considérées comme de simples variétés de la véri- table, qui doit être la Col. aromatica, Gra., sur laquelle on ne s'accorde pas. Pour moi, nromatica est l'espèce à dos marron et queue grise, qu'à cause de son bec robuste et de ses orbites emplumées j'ai placée dans le genre Treron avec la nepalensis ,^oà^son., du Bengale, du Népaul et des pays cir- convoisins : elle provient de Java, mais surtout de Bornéo, et, au dire de Gmelin et de Brisson, d'Amboine. A part ces deux espèces de vrais Treron ou Toria, toutes les autres prétendues aromatica, ou soi-disant variétés, appartiennent par leur bec faible et par leurs orbites emplumées au genre ( 875 ) Osinotreron. La troisième espèce est donc le grand Colombar qui vient d'être nommé Tr. axillaris par le savant ornithologiste de la nation an- glaise, ou (ce qui est synonyme dans l'empire britannique) de la Reine d'Angleterre : on ignore quelle est au juste sa patrie. La quatrième, Tr. /wa/fl6anm, Jerdon, est propre au continent de l'Inde, mais se trouve en deçà et en delà du Gange; je ne l'ai vue à Paris que chez M. Parzudaki. La cinquième, Tr. chloroptera, Blyth, assez caractérisée par son nom et par sa forte taille, semble confinée aux îles INicobar. La remarquable ful- vicolUs, Wagler, qui est aussi cinnainomea, Temm., ferruginea, Reinhart, et probablement tenuirostris, Eyton , peut être considérée comme la sixième : elle s'étend sur toutes les Philippines et se retrouve à Bornéo et à Tanna. La septième, finalement. Col. tannensis, Lath., prise à tort pour la femelle de Treron cnrvirostra, vient exclusivement de l'île dont elle porte le nom. On la voit parfaitement figurée avec ses taches blanches de l'épaule, si caractéristiques, dans les Icônes ineditœ de Forster, reli- gieusement conservées à Londres. » L'apocryphe Col. purpurea, Gm., de la Malaisie, fondée sur la planche i8 des Illustrations de Brown, ne peut être qu'une jeune Col. ver- nans. En tout cas, notre nouveau genre Osinotreron se terminera par les deux plus petites espèces de Tre'roniens connues : la pompadora, Gm., de Ceylan, envoyée à notre Musée par M. Courjon, ce grand chasseur d'élé- phants; et la sombre C. o/aar, Temm., qui, comme nous l'avons dit, en est le type. Elle vit à Java, et quant aux individus dont M. de Montigny a fait don à notre établissement national, il a pu se les procurer en Chine, mais ils ne voltigèrent jamais sur le territoire du Céleste-Empire. PTILOPODIENS. » Rien n'est plus embrouillé en fait d'histoire naturelle que les différentes espèces de PtUopodiens, auxquelles on a appliqué le nom de purpurata. Les premiers auteurs ont évidemment compris sous cette dénomination spéci- fique plusieurs espèces ; et les auteurs modernes, iconographes, professeurs et dénominateurs de musée, accumulant erreur sur erreur, ont renchéri comme à l'envi chacun sur son devancier. » Quant à moi, je suis décidé à nommer PtUopiis purpuratus la Coluinha purpurata, Wagler. Cet ornithologiste, en 1 8^9, la distingua pour la première fois d'avec les espèces les plus voisines. Il avait indubitablement le droit d'appliquer exclusivement ce nom à celle des trois (au moins) confondues par Gmelin, Latham et Forster ; et notre Pigeon est d'ailleurs celui qui ( 876 ) mérite le mieux la dénomination de purpuraia, à cause de son beau cein- turon du même pourpre que la calotte. Cela posé, nous par+ageons la sous- famille en deux séries : les Ptilopodés, dont la première rémige se restreint subitement vers le bout pour se terminer en alêne, comme dans les Leptoptila; et les Chrjsœnés, dont la première rémige est la forme ordinaire, n'offrant vers le bout aucun rétrécissement notable. » Six genres et vingt-trois espèces forment la série des Ptilopodés ; cinq genres et treize espèces constituent celle des Chrjsœnés; de sorte que les Ptilopodiens comptent en tout onze genres et trente-six espèces. » i . Nous avons établi le genre Leucotreron pour la Coiumba cincta, Temm., dont la patrie (une des îles de l'Océanie) n'est pas bien connue , mais qui ne vient certainement pas du Japon comme le renseignement que porte l'exemplaire du Muséum pourrait le faire croire. Nous lui adjoignons le C. gulnris, rapporté par VAsliolabe et rangé à tort, jusqu'à ce mo- ment, parmi les Carpophagiens . . » 2. Charmé que notre science puisse servir à mettre encore plus en I relief les mérites d'un marin patriote auquel la France, dont il soutint la dignité dans une occasion mémorable, voulut voter une épée d'honneur, je nomme lui second genre Thouarsitreron. Deux espèces très-semblables, forment ce groupe : l'espèce type, la véritable C. dupetithouarsi, que nous , nonnnons leucocephala, d'après Gray; et la diademata, Temm., que cet i auteur avait aussi dénommée purpurata sur sa Pi. col. 254- » 3. Lami'ROTREron, Bp., créé pour la magnifique espèce si commune dans le nord de la Nouvelle-Hollande, mais que nous ne croyons pas vivre a Amboine, ni ailleurs, la Coiumba superba^ Temm., figurée par lui-même et par Gould. Ses formes et ses couleurs sont assez semblables à celles des vrais PtUopodes, mais sa queue seule, plus longue et plus développée, et formée de quatorze et même de seize pennes, suffirait à la faire distinguer de ceux-ci qui, par une exception presque unique, n'ont que douze pennes à la queue : son plumage d'ailleurs ras et comme velouté, et sa première rémige falciforme, à pointe étroite beaucoup plus courte, la rapprochent de Col. porphyrea, Reinw., non de Wagl., et même de Col. holosericea, Temm., que je n'ai jamais vu. Nous restituons le nom légitime et si appro; prié à la première, et nous l'appelons Lainprotremn porphjrea, de préfé- rence à roseicollis. 1» C'est provisoirement à la suite de ce genre que nous plaçons ma nou- velle Pt. apicalis, rapportée par la Zélée de Vavao, une des îles de l'ar- chipel de Samoa. ( 877 ) » LAMPnoTRERON viridi-heibncea ; subtus griseo-viridis , lateribus subar- genteis, tainquam irroratis,- ahdomine secus médium rujo Jlavoque vnrio; ventre, crisso, tectricihus caudce inJeriord)Us Jlavissimis; pileo porphjreo- violaceo: remigihus nigiicantibus , apice albo, prima apice angustnta, sed vix lesinijbrmi; tertiariis flavo-liinhatis : rectricibus viridlbus, apice Jlavis , subtus cinereo-argenteis , apice alhidis. » Jiivenis. pileo corpore concolore; plumis omnibus infra supraque lunula Jlavida plus minus late marginatis, margine apicali remigum perconspicuo ; fascia caudali terminali angustajlavo-cinerea. » 4- Quelque restreint qu'on puisse le désirer, le genre Ptilopus, Sw., dont heureusement Kurukuru ne pourra jamais être que synonyme, compte encore onze espèces : purpuratus , Wagl., dont nous avons déjà parlé, et auquel nous rapportons comme synonyme, Pt. fasciatus, Peale, de Vanikoro; Ptil. swainsoni, Gr., et Ptil. ewingi, Gould, tous les deux de la Nouvelle-Hollande ; flavicollis, Gr. de Timor, jusqu'ici confondu avec les précédents par les auteurs mêmes qui ont le mieux distingué ces Colombes si difficiles à spécifier. Nous admettons comme cinquième la grande espèce, si bien nommée viridissima par Temminck, et qu'en dépit de l'évidence, une malencontreuse faute typographique (PI. 34, au lieu de Pi. 35), jointe à une légère inexactitude de coloration, a fait confondre, par tous les compilateurs : c'est cette faute qui a donné lieu à l'espèce nominale de M. Desmarest, Col. forsteri. La sixième, Pt. roseicapillus , Less., des îles Mariannes, est facile à reconnaître par une petite moustache rose qu'on ne retrouve que dans la septième, Kur. mercieri, O. des Murs : malgré cela^ elle a été tantôt con- fondue avec swainsoni, tantôt avec ewingi, et M. G.-R. Gray vient de la reproduire sous le nom de purpureicinctus dans les Proceedings de la So- ciété zoologique. La huitième espèce de Kurukuru est Pt. clementinœ, de l'île Viti et de Samoa, que l'on reconnaît aux belles taches violettes de ses pennes scapulaires. La neuvième est la vraie porphjracea, Forster, de Ton- ga-Tabou, confondue sous purpurata par les anciens auteurs, et à laquelle plusieurs modernes appliquent exclusivement ce nom. La dixième est Pt. mariœ, Hombr. et Jacq., la plus belle de toutes, signalée par la bande pourprée de son dos, nommée non pas d'après ma fille Marie, comme on l'a cru à tort, ni en l'honneur d'une princesse d'Orléans, comme il plairait à de généreuses sympathies pour d'illustres infortunes, mais, comme l'a très- bien fait remarquer M. Pucheran, pour perpétuer la mémoire de la digne mère du docteur Jacquinot. C'est de Samoa que provient cette brillante Colombe, que les circumnavigateurs américains ont dédiée, mais trop tard, C. R., 1854. 2"'<^ Semeure. (T. XXXIX, N» 19.) Il5 ( 878) aux mânes de notre infortuné La Peyrouse. Nous terminons ce joli genre typique par Pt. pulchellus, Bp. d'après Temm., dont la calotte, d'un rose foncé beaucoup plus ardent que chez les autres, n'a point la moindre trace de violet : elle provient de la Nouvelle-Guinée. » 5. Notre Cjanotreron porte, comme son nom l'indique, du bleu où les autres portent du rouge violet. Son type est l'élégante C. monacha, Temm. Nous lui adjoignons la C. cjanovirens, Less., de la Nouvelle- Guinée, que nous ne pouvons pas ne pas reconnaître dans l'un des deux individus envoyés par Temminck, comme iemeWes du Pt. superbus ,- bien entendu, dans celui de Ternate, si différent de l'autre de Célèbes, d'après lequel M. O. des Murs a fondé son Kurukuru temmincki. M. Florent Prévost parle aussi de ces deux exemplaires qu'il avait sous les yeux, mais qui n'ont pas suffi à éclaircir le sujet, peut-être à cause d'une trop grande défé- rence envers l'opinion de Temminck. » 6. Ramphiculus, Bp., a été institué pour la Pt. occipitalis, Gr., des Philippines, à cause de son petit bec : à moins de l'isoler aussi, on pour- rait peut-être lui réunir C. jainboo, Gm., de Java. » La série des Chrysoenés commence par le genre 7 . Jotreron, Bp., dont C.hjogaster, Temm. (nom modifié depuis en iogas/eret innogaster)., de Célèbes, peut être considérée comme le type. La Colombe naine de Tem- minck [nana et non naina comme on dit généralement), C. livoUi, Prévost, à la belle bande pectorale blanche chez le mâle, dont strophium, Gould, ne diffère pas; C. viridis, L., d'Amboine, et même C. melanocephala , Gm., de Java, nous semblent devoir en faire partie. » 8. KuRUTRERON, Bp., a pour type C. oopa, Wagler, dont on a fait les deux espèces nominales taitensis et nehouxi, confondues par Gmelin, Lath. et Forster sous leur nom collectif de purpurala, que Gray croit même de- voir lui appliquer exclusivement. Nous lui adjoignons, connue espèce très- voisine, Pt. chrj-sogaster, Gr., que son nom désigne suffisamment; et, comme espèce plus éloignée, Pt. coralensis, Peale. » 9. Omeotreron,^?/»., est un genre établi par moi pour des Ptilopodiens à plumage d'un vert uniforme, la calotte elle-même étant de celte couleur; le bec est robuste, les pieds forts; les ailes longues, à rémiges toutes sveltes, aiguës ; la première plus longue que la cinquième ; la seconde et la troisième les plus longues de toutes; la queue est allongée, coupée carrément, à rec- trices étroites. » Son type est mon Plilopus balilda, envoyé des Philippines au Muséum par M. Ad. Barrot. C'est la plus grande des Ptilopodiens, car elle a 16 cen- timètres de longueur; et elle a même un certain aspect de Tréronien. Je ( 879 ) lui impose le nom gaulois de Batilde par affection pour la plus jeune de mes filles, en souvenir du poème de ma mère, et par vénération pour la mémoire de la Reine qui abolit en France l'esclavage. » JEneo-viridis ; subtus sordide viridi-cinerea ; genis gidaque albican.' fibusj pectore subaurantiaco : remigibus nigricantibus flavido-limbatis ; tec- tricibus majoribus margine externo jlavis ; alis subtus ardesiacis ; tectri- cibus inferioribus sordide viridibus, albido marginatis : rectricibus latera- libus nigricantibus, apice late spurco-griseis : rostro Jusco; pedibus Jlavis. r> Deux autres Colombes viennent se ranger sous ce genre : l'une est la prétendue femelle de Colwnba cjano-virens , Less., de grandeur moyenne, figurée avec son mâle supposé, n° i de la planche 4» du Voyage de la Co- quille. Lesson doit l'avoir depuis nommée virens quelque part; et c'est bien en tout cas avec raison que Wagleren 1829 l'a proclamée comme différente sous le nom de C. pectoralis, à cause de sa petite tache sur la poitrine. Au resté, bien d'autres caractères séparent ces deux oiseaux qui, loin d'être lesdeux sexes de la même espèce, appartiennent à deux séries différentes de la sous-famille des Ptilopodiens. Sa taille est moyenne et ordinaire. La troi- sième et dernière espèce est la toute petite Pt. Jeliciœ, Pucheran, d'après Hombr. et Jacq., de l'île de Balaou. » 10. L'avant-dernier groupe des Ptilopodiens est mon singulier genre Phapitreron, participant en effet des deux sous-familles qui contribuent à lui donner son nom. Il n'a rien de la coloration des espèces précédentes, et il n'est pas étonnant que, trompé par l'apparence, on ait jusqu'à nous placé parmi les Phapiens son type la Col. leucotis., Temm., des îles Philip- pines, qui en est l'unique espèce jusqu'à présent. Mais nous ne concevons pas qu'en dépit de la Géographie, et malgré ses courtes pattes emplu- mées, on en fasse une Oreopeleia. » 1 1 . Le dernier genre, qui donne cependant le nom à la série, res- semble beaucoup par la texture de son plumage à la sous-famille suivante, troisième des Tréronides, à celle des Âlectrœnadiens., et rappelle même la famille des Caloenadides. C'est le genre Chr/sœna, Bp., que je crois avoir aussi désigné dans ma correspondance sous les noms de Chrysœnas et de Chrjsotreron. Son unique espèce est la Colwnba lutço-virens , Hombr. et J., — Pt. luteovirens, Pucheran, — Calœnas gouldi, Reich., mais non gouldiœ, Gr.), de l'île Balaou. ALEGTRjENADIENS. » Fondé par Gray en 1 840, le genre Alectrœnas doit être, quoiqu'il l'ait depuis supprimé, adopté plutôt que mon Chlamjdœna pour le Ptilonopus ii5.. ( 88o ) nitidissimus, Gr. d'après Scopoli ( Columbajranciœ, batavica ou jubata de Gmelin, de Bonnaterre et de Wagler). C'est la seule espèce du genre. La sous-famille en compte trois pour quatre espèces seulement. » Deux espèces, en effet, forment le genre Funingus (non Furningus), O. des Murs, auquel j'avais cru pouvoir réserver le nom d'^lectrcenas ; mais cédant volontiers aux justes réclamations d'outre-Manche, j'adopte le genre français ou plutôt la dénomination malgache. Son type est C. ma- dagnscariensis , L., dont la femelle plus petite pourrait taire croire à une race distincte ; d'un beau bleu d'ardoise foncé, à plumes de la tète et du cou linéaires-acuminées, à rectrices en grande partie d'un rouge pourpré ; Fun. sganzini, O. des Murs, d'après Verreaux, pareillement de Mada- gascar, plus semblable à rubricapilla, mais sans rouge ni caroncules à la tète. » Le dernier genre est mon Erjtlirœna (écrit par erreur ou par esprit sys- tématique He nomenclature euphonique, Eiythrotreron), ayant pour type la quatrième et dernière espèce à' Alectrœnadien, Columba pulcherrima, Scopoli, ou rubricapilla, Gm., crue à tort d'Antigoa dans l'île Panay, et dont nous ne concevons pas que M. Reichenbach puisse faire une Jan- ihoenas. » Nous n'avons pu découvrir à quelles espèces se rapportent C. eimensis, Gm., et Col. asiatica, Lath., qui sont évidemment des Tréronides. » ANATOMiE VÉGÉTALE. — Structure comparée des tiges des végétaux vasculaires; par M. Tu. Lestiboudois. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « J'ai piouvé (Etudes sur l'anatomie des végétaux, 1840; Phj'llotaxie, 1848; Carpographie, i853) que les feudles, les phylles floraux, les éta- mines et les carpelles sont anatomiquement similaires : ils sont consti- tués par les mêmes faisceaux fibro-vasculaires, soumis aux mêmes lois d'expansion. Je me propose maintenant de rechercher si ces faisceaux, qui par leur réunion forment les tiges, sont similairement organisés, si leurs différences, qu'on a jugées si profondes, ne sont pas de simples modifica- tions d'une même disposition primordiale : selon moi, les végétaux ont une même structure originelle. Pour mettre en évidence cette grande loi anato- mique, je passe successivement en revue l'organisation des tiges vasculaires dans les trois ordres de végétaux ( Acotylédonés, Monocotylédonés, Dico- tylédones.) ( 88i ) » Parmi les Acotylédonés vasculaires, j'examine d'abord celle des Fougères. » Les Fougères arborescentes sont les seules qui aient été étudiées avec un soin spécial ; les botanistes ne sont paS d'accord sur l'idée qu'on doit se faire de leur structure : les uns croient leur tige formée seulement par l'union des pétioles; les autres la croient organisée comme celle des Mono- cotylédonés. M. Hugo MohI pense que sa' conformation présente un type distinct, que leur corps ligneux forme un cylindre, divisé seulement par des fentes étroites, au-dessous des feuilles, et que cette structure a plus d'analogie avec celle des Dicotylédones qu'avec celle des Monocotylédonés. » Après avoir décrit le port général des Fougères arborescentes, je remarque que la distribution de leurs feuilles est analogue à celle qu'on observe dans les autres ordres ; elles sont tantôt verticillées, tantôt alternes : dans le premier cas, les verticilles sont croisés; dans le second, îles feuilles sont spiralées ; elles affectent particulièrement la disposition que j'ai observée dans les Monocotylédonés : elles semblent former des spires continues, c'est-à-dire que les feuilles viennent se placer dans un ordre régulier à la suite de celles qui ont formé le premier tour, et non à la suite de celles qui forment le premier et le deuxième tour qui, dans la symétrie quinaire, ne contiennent pas un nombre de feuilles égal ; s'interposant entre les fibres du premier tour, elles imitent, quand elles sont rapprochées, les feuilles verticillées, mais le deuxième verticille n'a pas le même nombre de feuilles que le premier; l'un des intervalles manque d'expansion foliacée. Cette symétrie est déjà une présomption que les feuilles sont formées par des organes qui ont une grande similitude avec ceux des autres végétaux. » Mais la section de la tige montre que ses parties constitutives ont une conformation toute spéciale : elle est formée d'une couche sovis-épidermique compacte, et d'un tissu cellulaire abondant dans lequel sont placées en cercle des lames courbées ou pliées, dirigeant leurs bords en dehors, tantôt distinctes et séparées par des fibres isolées, tantôt soudées par des lames dont la concavité est dirigée en dedans, de sorte que les lames forment de doubles courbures. Les soudures et les séparations se montrent, à des hau- teurs diverses, en des points différents de la circonférence. Ces particula- rités organiques semblent assigner aux Fougères une structure tout à fait distincte; mais l'organisation des lames est la même que celle des faisceaux fibro-vasculaires des autres tiges, et leurs dispositions sont identiquement les mêmes. ( 882 I » Les lames des Fougères sont formées, à l'extérieur, d'un tissu noir, compacte, ligneux, disposé en couche continue, mais interrompue au point d'épanouissement des vaisseaux, variant d'épaisseur dans les divers points de son contour, selon les espèces; elles sont formées, au centre, de vaisseaux pâles, d'un grand diamètre, scalariformes ou poreux, unis entre eux, et avec la couche extérieure noire par un tissu utriculaire généralement lâche. Dans la médulle centrale sont quelques fibres éparses. » Les relations qui existent entre les lames vasculaires et les feuilles méritent d'être remarquées : les lames fournissent les fibres foliaires qui sont placées au contour du pétiole et proviennent des bords des lames qui se séparent; les fibres qui occupent le centre du pétiole provien- nent plus habituellement des fibres éparses dans le centre médullaire. Pourtant ces fibres s'unissent souvent aux fibres qui occupent la partie supérieure du contour du pétiole. Dans les tiges à feuilles spiralées, le nombre des lames égale le nombre des feuilles d'une spire, ou de deux tours ; les feuilles de chaque tour de la spire naissent dans des intervalles qui alternent entre eux. Dans presque toutes les tiges à feuilles verticillées^ le nombre des lames est égal à celui des feuilles de deux verticilles croisés; dans quelques-unes, cependant, le nombre des lames est seulement égal au nombre des feuilles d'un verticille. Les fibres des feuilles des deux verticilles naissent aussi dans des intervalles alternatifs. » Pour constituer les feuilles, les lames voisines s'unissent et forment les courbes à convexité extérieure; elles se séparent par l'effet même de l'épa- nouissement des fibres foliaires. » Les fibres se dirigent fort obliquement en dehors, et pénètrent dans le pétiole loin du point où elles se sont séparées du cercle vasculaire. » Les lames peuvent donc se rapprocher avant l'entière éruption des fi- bres; elles se rapprochent vers le milieu de l'épaisseur du pétiole pour former la feuille correspondante supérieure ; elles se séparent très-promptement et laissent libres, entre elles, les fibres de cette feuille. » Si donc, dans une espèce à feuilles verlicillées, on fait une section transversale de la tige, au-dessus de la moitié des cicatrices des feuilles d'un verticille, on trouve les lames unies pour former les feuilles du verticille supérieur correspondant; si la section est faite vers la partie supérieure des mêmes cicatrices, et au-dessous de la partie moyenne des cicatrices du verticille croisé, toutes les lames sont libres, et les feuilles répondent à ieurs intervalles ; si la section est faite au-dessus de la partie moyenne de ces ( 883 ) dernières, les lames sont unies vis-à-vis d'elles; les soudures sont donc en nombre égal, mais elles sont changées de place: elles sont alternes avec les précédentes. » Dans certaines espèces, les lames rapprochées au-dessus d'un verticille pour former les fibres du verticille correspondant supérieur, au lieu de se séparer presque immédiatement, restent soudées jusqu'à ce que les fibres du verticille alternatif aient fait éruption. Alors on n'aperçoit jamais à la fois que la moitié des séparations des lames, puisque, aussitôt que les unes se séparent, les autres se soudent. C'est dans ce cas que le nombre de celles-ci paraît être, non égal au nombre des feuilles de deux verticilles, mais réduit au nombre des feuilles d'un seul. » Dans les Fougères à feuilles alternes, les lames se soudent aussi pour former les feuilles, et se séparent par le fait de l'éruption des feuilles; mais les soudures et séparations des lames ont lieu à des hauteurs diverses, selon le point d'éruption des feuilles qu'elles forment, et les soudures isolées des lames apparaissent successivement sur des points différents de la circonfé- rence de lu tige. M C'est en présence des faits qui viennent d'être exposés que M. Hugo Mohl exprime l'opinion que la disposition des parties constitutives des fougères n'a pas de rapport avec celui des autres ordres, que leur bois forme un cylindre séparé par de simples fentes, et que les lames qui résultent de ces séparations n'ont pas d'analogie, par leur composition anatomique, avec les faisceaux fibro-vasculaires des autres végétaux vasculaires. » Selon le célèbre botaniste que nous venons de citer, elles diffèrent des faisceaux des Monocotylédonés parce qu'elles n'ont pas de liber ni de vais- seaux propres; elles n'ont pas de liber, parce que les vaisseaux ne sont imis que par un tissu formé de cellules minces et grandes, et que la zone noire qui entoure les vaisseaux n'appartient pas véritablement aux faisceaux ; elle ne leur appartient pas, parce qu'elle est séparée des vaisseaux par une zone médullaire, qu'elle n'existe pas dans les Fougères herbacées et qu'elle en- veloppe en totalité le faisceau vasculaire. Mais ce n'est que par les progrès de l'accroissement et la multiplication des vaisseaux que le tissu intermé- diaire est réduit à quelques couches médullaires. Quant à la zone noire, c'est à tort qu'on la distingue des faisceaux : à l'origine elle se nuance avec le tissu aréolaire qui la sépare des vaisseaux ; elle existe et se nuance ainsi dans les Fougères herbacées ; si elle enveloppe ordinairement le groupe vas- culaire, elle s'interrompt quelquefois, et dans les Monocotylédonés le tissu que M. Hugo Mohl nomme liber entoure complètement les vaisseaux, quand ( 884 ) ceux-ci n'ont pas toute leur ampleur; ce n'est que par le développement du groupe vasculaire qu'il cesse de le couvrir du côté intérieur. La zone noire appartient donc aux faisceaux, ou lames, il est l'analogue du tissu qu'on trouve autour des vaisseaux des Monocotylédonés ; ses cellules peuvent pré- senter quelques différences de forme, mais il est impossible d'établir une li- mite fixe entre les diverses configurations qu'elles peuvent présenter. » Quant aux vaisseaux propres, SchuUz affirme qu'ils se rencontrent dans les lames; celles-ci sont donc semblables aux faisceaux des Monoco- tylédonés, et les faisceaux des Dicotylédones sont identiques. Selon M. Hugo Molli, le corps ligneux des Fougères arborescentes diffère de celui des Dicotylédones parce que ce dernier a une multitude d'ouvertures corres- pondant aux rayons médullaires, et qu'à chacune des divisions des groupes vasculaires correspond extérieurement une lame de liber. Mais la division des faisceaux des Dicotylédones n'est due qu'aux accroissements successifs qu'ils éprouvent; à l'origine, les faisceaux sont indivis, en nombre limité, séparés par des intervalles aussi limités : conséquemment ils sont sem- blables à ceux des Fougères; l'accroissement est différent, la conformation primitive est similaire. Quant à la présence des lames de liber correspon- dant à chacun des groupes vasculaires, elle tient au même mode d'accrois- sement, car l'écorce s'accroît comme le système ligneux. » L'analogie des lames vasculaires des Fougères arborescentes et des faisceaux fibro-vasculaires des autres classes , résulte non-seulement de leur composition anatomique, mais encore de leurs rapports symétriques avec les feuilles et de leur mode d'épanouissement. Il a été exposé précédem- ment que leur nombre et leur position relativement aux expansions foliacées, le mode d'éruption de leurs fibres, les arrangements symétriques qu'ils dé- terminent dans les feuilles, tout est semblable à ce qu'on observe dans les autres végétaux. Si des faisceaux distincts n'apparaissent pas entre les lames pour former les feuilles, et ne doublent pas le nombre de ces dernières, cela tient à ce que les fibres foliaires restent éparses et isolées. Si dans les tiges à feuille verticillée le nombre se réduit encore, cela tient à ce que les lames restent longtemps unies lorsqu'elles se confondent pour former les feuilles, comme cela se voit dans bien des Phanérogames, notamment le Loasa [Phjl- lotaxie, Pi. I, fig. 1 1). L'étude des Fougères herbacées et des autres Acoty- lédonés vasculaires rendra plus évidente encore l'analogie de leurs faisceaux llbro-vasculaires avec ceux des autres végétaux. » ( 885 ) M. LE Président donne communication de la Lettre et de la Note sui- vantes, qui lui ont été adressées par M. Vicat. « J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien communiquer à l'Aca- démie la Note ci-jointe, qui rend sans objet l'intention du dépôt cacheté accepté par elle, et adressé le 23 juin dernier. » Je désire que ce dépôt me soit renvoyé intact. » Composition de bétons inattaquables à l'eau de mer; recherches de MM. Vicat père et fils. « La difficulté de composer par voie humide des silicates doubles d'alu- mine et de chaux, capables de résister d'une manière absolue à l'eau de mer, nous a engagés, mon fils et moi, à essayer de composer des silicates dou- bles d'alumine et de magnésie par la même voie; nous avons, dans des cas très- nombreux, et sous certaines conditions faciles à réaliser quant à la con- stitution chimique des pouzzolanes à employer, réussi au delà de nos espé- rances, et avec des doses de magnésie bien inférieures aux doses de chaux usitées en pareil cas. » Si donc il était possible d'obtenir la magnésie à un prix acceptable pour les travaux publics, le problème de la confection des bétons absolument inattaquables par l'eau de mer serait résolu. » D'après l'opinion de l'un des savants chimistes, membre de l'Académie, M. Balard, les eaux mères des marais salins, dont on ne tire aucun parti, pourraient peut-être fournir cette nouvelle base au prix désiré. » Nous souhaitons que la publicité donnée à cette Note par lés Comptes rendus des Séances de Vyicadémie, et par suite, par les Journaux scienti- fiques, puisse engager les compagnies exploitantes de nos salines à tenter cette extraction de la magnésie : les procédés chimiques qu'il faudrait appli- quer en grand sont théoriquement connus. » ÉCONOMIE RURALE. — Tis S ics fabriqués avec les fibres de plantes du gerîire Boehmeria; Note de M. Ramojs de la Sagra. « J'étais en Espagne lorsque l'Académie a reçu une communication sur une plante textile de l'Inde, la Ramea, et sur l'utilité de son introduction dans la colonie française de l'Algérie. Je prends la liberté de présenter à l'Académie quelques échantillons de la fibre textile brute et nettoyée, et des étoffes que l'on fabrique avec cette intéressante matière. C. R., 1854, î™» Semr.slrt. (T. XXXIX, N» 19.) I l6 ( 886 ) » Elle provient de diverses espèces de l'ancien genre Urtica, ou du genre moderne Boehmeria; savoir : la Nivea, la Heterophilla et la Tena- cissima. Elle a été présentée à l'Exposition universelle de Londres sous le nom vulgaire à' herbe de la Chine [China grass). Quelques manufactu- riers de la Grande-Bretagne l'emploient pour fabriquer soit des toiles blanches, d'une force et d'une beauté remarquables, soit des draps dans lesquels la China grass entre pour un quart ou un tiers. Les échantillons ci-joints peuvent donner une idée de ces étoffes. 3'ai mis aussi un mouchoir de la même substance tissée en Chine. Les fabricants du Céleste-Empire parviennent à conserver au tissu l'aspect brillant de la matière première, lequel n'apparaît pas dans les étoffes faites en Angleterre- » Je crois que l'introduction de la culture des diverses espèces utiles d'Ortie textile serait facile en Afrique et dans les colonies des Antilles. » M. Regxaclt met sous les yeux de l'Académie une pierre calcaire extraite des carrières de Sèvres, et qui est remarquable par les belles empreintes de poissons qu'elle renferme. La pierre appartient au calcaire grossier, et comme les empreintes de poissons sont fort rares dans cet étage des terrains tertiaires, au moins dans les environs de Paris, M. Regnault a pensé que cet échantillon pourrait intéresser les géologues et les ichthyologistes. Cette pièce est renvoyée à l'examen de la Section de Minéralogie à la- quelle est prié de s'adjoindre M. Élie de Beaumont. MÉMOIRES LUS. ÉCONOMIE RURALE. — Recherches sur la destruction de VEumolpe de la vigne, dit vulgairement Écrivain; par M. P. Thenard. (Extrait.) (Commissaires, MM. Duméril, Milne Edwards. ) « L'Écrivain ou Eumolpe de la vigne est un Coléoptère qui par les formes, la couleur et les habitudes, est analogue au Hanneton : de même que le Hanneton, il a ses périodes de retour; mais il est à peine aussi gros que la Coccinelle, dite vulgairement Bête à bon Dieu. Son nom d'Écrivain lui vient de ce qu'en entamant les feuilles et les autres parties vertes de la vigne dont il se nourrit, il y laisse des traces semblables à celles qu'on obtiendrait avec une plume sans encre, dont les deux becs seraient bien ouverts. C'était à cette atteinte qu'on attribuait tout le mal. Était-ce bien cependant à ces blessures légères, faites aux parties vertes de la plante, qu'on de- vait attribuer des dommages souvent tels, que l'on était obligé d'arracher ( 887 ) au bout de dix ans une vigne prise d'Écrivains, et qui, sans eux, pro- mettait trente années de vigueur et d'abondance? N'y avait-il pas d'autres organes profondément lésés? Voilà la question que je me posai lorsque, dans l'été de i845, établi à Buny, près Chalon-sur-Saône, dans un vignoble de 2 hectares que j'avais acquis l'année précédente, j'entrepris des recher- ches sur un sujet dont j'apercevais toute l'importance. » Dans les vignes atteintes, l'écorce, le bois, la moelle étaient nets : res- tait à examiner les racines. Pour cela, j'arrachai moi-même plusieurs ceps, les uns malades, les autres bien portants, et, pour faire l'opération avec plus de succès, je les déracinai à l'aide d'un jet d'eau vigoureux, qui, en enlevant le terrain, ménageait les racines, tout en les mettant à nu. Ce fut alors que je reconnus des lésions importantes sur le plus grand nombre des radicelles des ceps malades, et rien d'anormal sur les autres. Ces lésions, en tout semblables à celles des parties vertes, me démontrèrent que là était le mal sérieux; c'était par les racines et non par les feuilles que la plante périssait, et tout indiquait que ces racines étaient attaquées, non par l'in- secte parfait, mais par sa larve qui, de même que celle du Hanneton auquel j'ai comparé l'Écrivain, passait en terre toute la première partie de sa vie. » Partant donc de cette idée, et songeant que cette larve n'avait ni la mobilité ni la vigueur de l'insecte parfait, je compris qu'elle échapperait difficilement à l'action d'un agent vénéneux; seulement, je devais trouver un poison qui fît périr l'animal sans faire périr la plante. Le sulfure de cal- cium, qui sous l'influence de l'air et de l'humidité se transforme si aisé- ment en sulfate de chaux, c'est-à-dire de poison violent en amendement utile, fut la première substance qui fixa mon attention. En conséquence, au mois de décembre i845, au moment où la végétation est presque stagnante, je choisis une pièce de vigne de i hectare, ravagée par l'Ecrivain, je la partageai en planches égales et parallèles de 8 à ro mètres de largeur, et je fis semer sur les planches impaires aoo à aSo kilogrammes de sulfure de calcium en poudre, préparé par la calcination d'un mélange de plâtre et de charbon. Les planches paires furent réservées comme témoins : toutefois, comme je faisais enfouir à la pioche le sulfure de calcium au fur et à mesure qu'il était répandu, je fis également piocher les témoins, pour rendre toutes les expériences comparables. » Cependant, dès le mois de janvier i846, alors qu'il n'était pas encore possible de constater le moindre résultat, diverses considérations me con- duisirent à cette conclusion, que ce procédé, même quand l'expérience en voie d'exécution en montrerait l'efficacité, ne pourrait pas devenir un ii6.. ( 888 ) moyen pratique, et je me déterminai à chercher un autre agent, abondant, d'un transport et d'un emploi faciles, très-énergique contre le ver, innocent pour la plante. Chacun connaît l'action destructive qu'exercent les huiles essentielles siu- les insectes, et l'essence de moutarde est certainement une des plus délétères : je pensai donc que si les Crucifères, couune le colza et la navette, pouvaient en fournir des quantités assez notables, leurs tour- teaux seraient d'un heureux effet pour la solution du problème. Je me pro- curai donc des tourteaux, mais traités par l'eau ils ne donnaient pas trace d'essence de moutarde; je me rendis immédiatement chez l'huilier et tout s'expliqua : cet homme chauffait la graine à plus de i5o degrés, et chacun sait qu'au-dessus de 80 degrés la meilleure farine de moutarde noire perd la propriété de donner de l'essence. Je préparai donc moi-même quatre- vingt-dix-neuf tourteaux, et ceux-ci ne laissèrent rien à désirer. Alors je fis préparer 23oo à 2400 kilogrammes de ces tourteaux, en ayant bien soin d'empêcher de chauffer la graine au-dessus de 80 degrés, et d'em- ployer le moins d'eau possible pour l'extraction de l'huile : ce qui avec de bonnes presses se fait sans pertes. Ces a4oo kilog. furent employés comme le sulfure de calcium et semés comme lui sur des planches alternées pour conserver des termes de comparaison : seulement, au lieu du 10 octo- bre 1845, l'opération se fit vers le mijieu de février 1846, lorsque les vignerons commencent à piocher leurs vignes pour le premier coup etpar con- séquent sans façon spéciale (elle eut lieu sur 2 hectares), le témoin étant compris pour la moitié dans cette surface. » Chacun se rappelle la terrible sécheresse de 1846; à ce terrible fléau vint se joindre celui de l'Écrivain, qui nous fit de grands ravages. L'année était donc favorable pour les expériences : aussi dès le mois de juillet je m'empressai de retourner à Buny pour en voir les résultats. Celles qui avaient été traitées par le tourteau ne laissaient rien à désirer; la vigne était vigoureuse, la teinte de la feuille d'un vert foncé, les grappes nom- breuses, la graine grosse. Les témoins, au contraire, formaient le contraste le plus opposé ; si l'expérimentateur avait lieu d'être satisfait, le proprié- taire était désolé. Le sulfure de calcium avait produit des résultats bien moins bous. Cependant la vigne ressemblait à d'autres que l'Ecrivain avait abandonnées depuis plusieurs années; il avait donc agi d'une manière évidente contre l'insecte; mais n'étant pas un engrais comme le tourteau, la vigne n'avait pas autant profité. Mais, chose digne de remarque, les plan- ches servant de témoins au sulfure de calcium étaient presque en aussi bon état. Le coup de pioche donné au mois de décembre avait donc eu une ( 889 ) actioB destructive sur l'Écrivain, due probablement à l'ameublissement du terrain, et, par conséquent, à la plus grande profondeur à laquelle il avait été gelé pendant l'hiver. » Pour compléter mon examen, je fis arracher quelques ceps de chacune des pièces 'en expérience, et l'état des racines me confirma dans les conclu- sions de mes premières observations : c'est-à-dire que les vignes traitées par le tourteau avaient leurs radicelles dans le meilleur état; à peine si l'on pou- vait découvrir quelques traces d'altérations sur celles traitées par le sulfate de calcium. Il y en avait un peu plus sur les vignes piochées seulement en décembre. Elles étaient, au contraire, très-nombreuses sur toutes les autres. Le doute n'était donc plus possible, le tourteau l'emportait sous tous les rapports. » Le tourteau de navette ou colza n'est pas la seule substance avec la- quelle j'aie opéré. Celui de cameline et surtout de moutarde blanche ont une action plus puissante encore : 3oo kilogrammes de tourteau de mou- tarde blanche répandus tous les trois ans sur i hectare de vigne suffisent amplement poiu' l'entrenir net d'Écrivains. Les propriétaires des grands crus pourraient donc en tirer bon parti, sans crainte d'altérer, par la fumure, la quantité de leurs vins. On pourrait redouter que le tourteau de moutarde noire, le plus puissant de tous, mais aussi de beaucoup le plus cher, ne laissât dans les vignes des semences d'une destruction difficile. » Dans ma pratique, je me suis arrêté aux tourteaux de colza et navette, préparés à une température maximum de 80 degrés, et avec le moins d'eau possible, I ou 2 pour 100 tout au plus. Chaque année, le tiers du domaine en reçoit i 200 kilogrammes par hectare. Le tourteau, préalablement réduit en poudre sous des meules d'huilerie, est employé du 1 5 février au 1 5 mars, au moment où l'on commence à donner le premier coup à la vigne. Pour cela, chaque vigneron en emporte tous les matins, dans sa hotte, une pro- vision proportionnelle à la quantité de terrain qu'il doit piocher dans sa journée : c'est environ jy d'hectare, et, par conséquent, 5o kilogrammes de tourteau. Arrivé à la vigne, il en sème une petite quantité à la volée, et pioche aussitôt la surface de terrain qui l'a reçue; et il continue ainsi tant que son travail n'est pas interrompu. Il est essentiel que le tourteau soit semé par petites parties et pioché aussitôt : sans cette précaution, en effet, restant longtemps en contact avec l'humidité du sol, il pourrait perdre, dans l'atmosphère, la plus grande partie de l'essence de moutarde qu'il est susceptible de donner, dès lors il n'agirait plus contre l'Écrivain, mais seu- lement comme engrais. » Quant aux résultats financiers, la dépense varie suivant le prix du tourteau. Dans ces dix dernières années, il s'est tenu entre 8 et i3 francs les I ooo kilogrammes; cependant la moyenne doit être fixée à ii^,5o : la dé- pense a donc été de i38 francs par hectare, fumé tous les trois ans, ou de 46 francs tous les ans. L'augmentation de récolte a été de 1 5 à 20 pour 100: or I hectare rend, année moyenne, 12 pièces de vin; traité par le tourteau, il a rendu i4 à i5 pièces : soit i4|^ pièces. Ce vin vaut, année moyenne, 40 francs : c'est donc une augmentation de 100 francs : le bénéfice net a donc été de 54 francs par hectare. Nécessairement mille causes font varier ces chiffres, mais c'est le résultat que j'ai obtenu. i> A ce bénéfice dans le revenu , il faut ajouter l'avantage de la durée de la vigne : il paraîtra considérable, si l'on réfléchit que l'arrachage d'une vigne entraîne le propriétaire à une non-jouissance du terrain, qui dure dix ans, tant pour laisser reposer la terre, dont le produit, en général en sain- foin, revient au vigneron, que pour le développement de la vigne nouvelle. A cette perte, il faut encore ajouter l'impôt. Or ce n'est pas trop s'avancer que de dire que beaucoup de vignes qui, sans l'Ecrivain, dureraient trente ans, sont réduites à vingt ; avec le tourteau, il y a tout lieu de croire qu'elles pourraient aller jusqu'à quarante. » ZOOLOGIE. — De l'hermaphrodisme chez certains Vertébrés; par M. DuFossiÊ. (Extrait.) (Commissaires, MM. Valenciennes, deQuatrefages, Coste.) « On lit dans \\w Manuel de Physiologie, qui est à la fois un livre élé- mentaire et une oeuvre de haut mérite, la proposition suivante : « La répar- » tition des sexes a été réglée de telle manière, que les Vertébrés et les » Articulés n'offent aucune trace d'hermaphrodisme normal. » On m'accor- dera sans contestation, je crois, que cette proposition du célèbre Jean Muller exprime exactement l'état actuel de nos connaissances sur ce point de physiologie. » J'avais besoin d'établir que telle est la généralité de la proposition par laquelle on affirme que chez tous les Vertébrés, sans exception, les sexes sont séparés, avant d'entreprendre de démontrer que cette généralité n'est pas complètement exacte. » Il existe, en effet, dans l'embranchement des Vertébrés, un genre dont les individus les plus communs, à l'état normal, sont hermaphrodites. On pst d'abord porté à supposer qu'il s'agit ici d'un genre créé tout exprès (89t ) pour y reléguer un des types les plus dégradés de l'embranchement oU de l'ordre auquel il appartient. Il n'en est pourtant point ainsi, et ce n'est pas le trait le moins piquant de la démonstration qui va suivre, que de montrer l'hermaphrodisme se révélant, avec une éclatante évidence, dans une famille dont les individus ont une organisation aussi complète que le comporte l'ordre dans lequel on la comprend. Ce n'est pas moins que dans la famille des Percoïdes, que Cuvier a placée dans son ordre des Acantho- ptérigiens et dans la sous-classe des Poissons osseux, que l'on trouve le genre auquel nous avons fait allusion : c'est le genre Serrantes de Cuvier, démembrement du genre Perça de Linné. » Jusqu'à nos jours, il n'y a qu'un petit nombre de zoologistes qui se soient occupés de l'organisation des parties génitales et de la fécondation du Serran commun et du Serran écriture, questions anatomiques et physiolo- giques qui font le sujet de ce Mémoire. Il faut arriver jusqu'au siècle dernier pour trouver sur cet objet des observations dignes de l'attention des physiologistes. Elles sont consignées dans un ouvrage qui a pour titre : Mémoire sur la génération des Poissons^ par Cavolini. L'époque à laquelle ces recherches ont été faites, les moyens d'investigation fort imparfaits que l'auteur a eus à sa disposition, expliquent suffisamment pourquoi les con- clusions qu'il en a tirées ont laissé des doutes légitimes dans l'esprit des zoologistes contemporains. Dire que Cuvier a partagé ces doutes, c'est les apprécier à leur juste valeur ; et ajouter que lui et M. Valenciennes ont cherché à vérifier quelques propositions de Cavolini, c'est prouver tout l'intérêt scientifique qu'on doit attacher à la vérification des faits entrevus par le naturaliste italien. Les observations si judicieuses des deux savants auteurs de ïfJistoire naturelle des Poissons ont assurément prêté un puissant appui aux résultats du travail de Cavolini, travail dont elles ont confirmé quelques points; mais elles n'ont pu, de l'aveu même des zoolo- gistes qui les ont faites, lever tous les doutes qu'inspirent les conclusions du Mémoire dont il s'agit ici. » Pour procéder méthodiquement dans les recherches semblables à celles auxquelles j'allais me livrer, il fallait commencer par faire, dans plusieurs saisons, l'examen anatomique d'un assez grand nombre d'individus des espèces Serranus cabrilla et Serranus scriba pour établir incontestable- ment quel est, dans ces diverses circonstances, l'état normal des parties génitales de ces Poissons. Cet examen, nécessairement très-lent, n'a pas duré moins de deux ans, pendant lesquels j'ai ouvert deux cent quatre- vingt-quinze animaux de ces deux espèces. J'ai constaté que tous, sans au- ( «92 ) cune exception, ont les organes génitaux conformés de même, à la diffé- rence près du degré de développement relatif à l'âge de l'individu et au temps du frai. J'ai remarqué que, dans les eaux de Marseille, ces Percoïdes commencent à frayer vers le i 5 du mois de juin et finissent de pondre dans les derniers jours du mois d'août. J'ai reconnu qu'il existe chez tous des ovaires, à la partie postérieure et inférieure desquels sont des lai- tances qui adhèrent, par toute l'étendue de leur surface inférieure, à la membrane fibreuse propre à ces ovaires et qui sont contenues avec eux dans la même partie de l'enveloppe péritonéale. La surface supérieure seule de ces laitances, de ces vrais testicules, est libre dans la cavité de l'ovaire et contiguë aux grappes ovariques. J'ai fait, avec le plus grand soin, l'anato- mie descriptive de ces organes génitaux et l'anatomie histologique de plu- sieurs de leurs parties. Je me suis surtout attaché à faire connaître la forme exacte de la portion inférieure et postérieure de ces singulières laitances et leur terminaison dans l'oviducte qui, lui aussi, a une forme peu commune : celle d'une papille conique creuse et rétractde, et qui participe à l'accom- plissement de plusieurs actes physiologiques importants. » En constatant l'existence de spermatozoïdes dans les parties sexuelles de ces animaux, je n'ai rien négligé pour démontrer que ces corpuscules spermatiques prennent naissance et se développent dans les laitances, et qu'ils ne peuvent être introduits du dehors dans le lieu où on les rencontre. Ces spermatozoïdes sont, du reste, de tout point semblables à ceux qui ont été observés dans d'autres poissons. » Ce n'est point assez d'avoir établi que ces Percoïdes ont, sur le même individu, des organes mâles et femelles, il faut déterminer à laquelle des deux séries d'hermaphrodites ils appartiennent; c'est-à-dire s'ils sont au nombre de ceux qui fécondent eux-mêmes les œufs qu'ils produisent, ou si l'on doit les mettre au rang de ceux qui fécondent réciproquement leurs œufs, soit qu'il y ait accouplement, soit qu'un individu ne fasse qu'abandonner des œufs non fécondés, sur lesquels un autre individu vient répandre de la semence. Je ne donne pas immédiatement la solution de cette intéressante question, parce qu'elle va se trouver dans les quelques mots qui me restent à dire sur les circonstances qui accompagnent la ponte des œufs de ces Serrans. i » En comprimant entre mes doigts l'abdomen d'un Serranus scriba, j'en vis jaillir une liqueur blanche qui, au lieu de couler le long de la surface du corps du poisson, avait été projetée à une petite distance. Ea longueur du jet était si peu en rapport avec la faible pression exercée par mes doigts, ( 893 ) que ce fait attira mon attention. Je répétai l'expérience en plaçant le corps de l'animal dans l'eau, et je vis encore un liquide blanc s'élancer à la dis- tance d'un décimètre environ, sous forme d'une traînée blanchâtre. Je re- marquai de plus qu'un petit nombre d'œufs étaient sortis, en même temps, par l'ouverture qui avait donné issue au liquide. Comme il était rationnel de supposer que ce liquide n'était autre que de la semence, poussée par une espèce d'éjaculation, je pensai de suite au parti qu'on pourrait tirer de cette éjaculation, qu'on aperçoit si facilement, pour servir de signal au moment où des œufs, qui peuvent échapper à la vue de l'observateur, franchiraient l'orifice de l'oviducte dans le cas où ces phénomènes expulsifs se produi- raient encore simultanément, quand les organes fonctionneraient naturel- lement. C'est grâce à cette remarque préliminaire qu'il m'a été possible d'observer quatre Serrans pendant qu'ils frayaient. Les œufs traversaient , plusieurs à la fois, l'orifice de l'oviducte tandis qu'une éjaculation avait lieu par le même orifice. Ce liquide blanc, opalin, était lancé plus loin de l'animal que dans le cas où je le faisais sortir par la pression. J'ajouterai que deux de ces poissons , qui ont pondu sous mes yeux, paraissaient pleins de vie, mais que les deux autres étaient évidemment affaiblis et commen- çaient à perdre l'équilibre qu'ils gardent ordinairement en nageant. « Telles sont les principales observations que j'ai faites. Les résultats auxquels elles m'ont conduit peuvent être résumés dans les conclusions suivantes ; M 1°. Contrairement à l'opinion généralement accréditée , il y a des Ver- tébrés qui, à l'état normal, sont hermaphrodites, et ce ne sont pas ceux dont l'organisation est considérée comme étant la plus dégradée. X) 1°. Les individus des espèces Serranus cabrilla et Serranus scriba sont au nombre de ces hermaphrodites. » 3". Chaque individu de ces deux espèces produit des œufs et les féconde. » 4"- La fécondation des œufs peut avoir lieu à l'orifice même de l'ovi- ducte, mais elle s'opère généralement tout à fait au dehors du corps de l'animal. » ORGANOGÉNIE VÉGÉTALE. — Mémoire sur les formations secondaires dans les cellules végétales, et sur les formations spirales , annulaires et ré- ticulées en particulier ; par M. A. Trécul. (Extrait.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) a Dans la séance du 26 juin i854, j'ai eu l'honneur de communiquer à C. R., i854, ■ï^^' Semestre. (T. XXXIX, N" 19.) "7 ( 89n l'Académie un Mémoire dans lequel je démontre que les formations spirales et annulaires des Cactées et du Cucurbïta Pepo ne sont pas dues à des dé- pôts effectués par les liquides contenus dans les cellules, ainsi qu'on le croyait généralement ; mais que ce sont des productions des membranes cellulaires elles-mêmes. J'ai dit aussi que les spiricules et les anneaux sont composés d'un tube creux renfermant nue autre substance, qui est liquide,^ gélatineuse ou tout à fait solide, suivant l'âge auquel on l'examine. Depuis cette époque, j'ai multiplié beaucoup mes observations , et j'ai obtenu des résultats qui confirment mes premières assertions. J'ai étendu mes recher- ches à d'autres organes, et c'est le fruit de ces études qui fait le sujet du Mémoire que je soumets aujourd'hui au jugement de l'Académie. » J^es figures nombreuses qui accompagnent ce travail rendront plus fa- cile l'intelligence de la structure des organismes quelquefois très-compliqués qui s'y trouvent décrits. » On verra dans le Mémoire que les réticulafions des vaisseaux ont une origine semblable à celle des spiricules. Pour donner une idée de ce qui se passe dans leur production , je vais résumer succinctement ce que j'ai ob- servé dans Y Impatiens julva, YEchinocactus Brongnartii, etc. Cette der- nière plante m'a fourni trois formes de vaisseaux réticulés : la première a l'aspect que tous les anatomistes attribuent à ces organes, et elle ne paraît être que le premier état de leur développement. Les vaisseaux dont il s'agit sont composés d'une membrane externe continue , à l'intérieur de laquelle est une zone plus claire, interrompue çà et là dans les endroits qui simu- lent des raies ou les mailles des réticulations. » La seconde forme est constituée par deux membranes réunies, confon- dues en une seule à l'endroit des raies, ou sur le bord des fentes quand il en existe; elles sont écartées dans les espaces intermédiaires, qui forment le réseau, et ces espaces sont remplis par de la substance semblable à celle que contiennent les tubulures des spiricules trachéennes. » Dans l'Impatiens fulva, j'ai trouvé de ces vaisseaux en voie de forma- tion. Il y avait aussi des parties où la membrane était simple, alternant avec d'autres dans lesquelles elle était double ; où il y avait deux pellicules séparées par la matière que j'ai signalée. Ces deux membranes avaient la même teinte et la même épaisseur, en sorte qu'elles semblaient résulter d'un véritable dédoublement de la membrane primordiale. Dans les vais- seaux de YEchinocactus Brongnartii^ dont j'ai parlé, la membrane interne est au contraire plus pâle que l'externe, et l'on peut croire qu'elle a été sécrétée par celle-ci, comme nous allons voir ce phénomène se produire ( SgS ) chez les Conifères. Mais d'autres vaisseaux réticulés de la même plante ont un aspect tout différent; ils sont formés de petits tubes étroits, anasto- mosés, et entre lesquels sont de larges mailles dépourvues de membrane. Leur cavité tubuleuse renferme la même substance que les vaisseaux pré- cédents. » Je passe maintenant à la description de formations secondaires plus compliquées encore que celles des vaisseaux que je viens de mentionner. Je veux parler des fibres ligneuses des Conifères, et en particulier de celles du Taxus baccata, dont l'organisation est la plus complexe. » Ces fibres ligneuses naissantes sont, comme toutes les jeunes fibres, disposées en séries horizontales, rayonnant du centre à la circonférence. Les cavités de deux cellules adjacentes sont séparées, dans le principe, par une membrane unique, simple, de laquelle naissent, comme on va le voir, les autres membranes de chaque cellule. En avançant en âge, cette mem- brane se renfle, puis se dédouble, et de la matière intercellulaire s'interpose. Ce dédoublement s'effectue d'abord entre les séries rayonnantes des jeunes fibres, et ensuite entre les cellules qui composent chacune de ces séries ; mais il ne se fait pas avec uniformité. Si l'on examine des coupes perpendi- culaires aux rayons médullaires, opérées dans la couche génératrice, on verra chaque membrane simple, rectiligne, qui sépare les cellules contiguës, se gonfler en donnant lieu à des dilatations d'aspect noduleux et de longueur variable, dans lesquelles on distingue bientôt une fente longitudinale au milieu, et, plus tard encore, les deux membranes séparées par de la matière intercellulaire; celle-ci est de cette manière enclavée dans des espaces li- mités, où elle a été sécrétée par les membranes elles-mêmes. Les parois utri- culaires présentent donc alors de tels renflements, alternant avec des parties étroites, où la membrane primitive, commune à deux cellules, est restée simple; mais progressivement la disjonction se fait sur presque toute l'é- tendue de la membrane. » Pendant que la formation secondaire de la matière intercellulaire s'opère à l'extérieur, on voit la paroi interne de la cellule se tapisser d'une substance plus claire, presque d'apparence gélatineuse, dont la densité augmente vers le bord libre, du côté de la cavité cellulaire, à mesure que son épaisseur s'accroît. Il est bien évident par là qu'elle n'est pas formée par un dépôt des matières renfermées dans cette cellule. Cette pellicule, à son origine, n'a pas une égale épaisseur sur tout le pourtour de l'utricule; elle est ordinairement plus mince du côté de l'écorce que du côté de la moelle. Quand elle a acquis à peu près l'épaisseur qu'elle doit avoir, elle se 117.. (896) partage en deux membranes : le bord libre, plus dense, qui entoure im- médiatement la cavité, forme l'intérieure. Celle-ci se revêt de linéaments le plus souvent héliçoïdes, quelquefois annulaires, qui naissent comme ceux des Cactées dont j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie. » La paroi utriculaire est donc composée, à cette époque, d'une mem- brane primaire, de formations secondaires externes (matière intercellulaire), et de formations secondaires internes. Ces dernières ne constituent d'abord qu'une couche, qui se divise par la suite en deux; la plus âgée est la plus in- terne, c'est le ptjchode de M. Hartig ; la seconde, interposée entre celle-ci et la membrane primaire, est Yastathe du même auteur ; la membrane génératrice ou primaire, après son dédoublement, ne paraît pas avoir été distinguée par M. Hartig, qui appelle eustathe la matière intercellulaire. Cet anatomiste pense que les membranes de ces fibres, et celles de toutes les cellules, nais- sent du centre à la circonférence, c'est-à-dire que c'est l'interne qui appa- raît la première et l'externe la dernière. Ce qui l'a induit en erreur, c'est qu'il a reconnu que la membrane interne est plus âgée que celle qui la couvre immédiatement, et il en a conclu probablement que la plus externe de toutes était la plus jeune. » Ces observations montrent aussi, contre l'opinion généralement ad- mise, que la membrane interne n'est pas la plus jeune, dans les cas que j'examine ici, et que^ par conséquent, ces couches secondaires ne sont pas formées, je le répète, par des sédiments de substances abandonnées par les liquides contenus dans les cellules. Une opinion analogue à celle que j'é- mets, basée sur des études chimiques, a été publiée par M. Payen, et con- firmée par la Commission dont M. Brongniart était rapporteur, chargée de rendre compte à l'Académie des résultats de son travail. » Ce que je vais ajouter sur un autre point très-important de la struc- ture de ces organes, achèvera de démontrer l'exactitude de ma manière i!e voir. » Ces fibres ligneuses présentent des sortes de ponctuations aréolées, qui ont été regardées comme des parties sur lesquelles il ne s'est pas opéré de dépôts secondaires à la surface de la membrane primaire; en sorte que, suivant M. Hugo Mohl, par exemple, il n'y a pas de perforation, de com- munication immédiate entre les deux cellules fibreuses voisines. Je puis montrer tme multitude de pièces qui prouveront qu'il y a peiforation, qu'il n'existe pas de membrane obturatrice dans les fibres ligneuses adultes du Taxus baccata. Dans cette ouverture, la membrane externe de chaque cellule est en continuité parfaite avec la membrane interne. 11 semble (897) qu'elles ne soient formées que par le dédoublement d'une même membrane, et qu'entre les parties dédoublées s'est déposée la substance médiane, comme dans les spiricules et dans les vaisseaux réticulés. Voilà ce que l'on observe sur des fibres adultes; mais si l'on étudie des fibres plus jeunes, on découvrira que non-seulement les membranes externe et interne d'une même cellule sont réunies, mais encore on verra qu'il y a aussi continuité entre les membranes internes des deux cellules adjacentes. Ce n'est que postérieurement qu'il s'établit une solution de continuité entre les mem- branes de l'une et celles de l'autre. » Ce phénomène est évidemment dû à leur communauté d'origine; car, ainsi que je l'ai dit plus haut, ces deux cellules avaient dans le principe une membrane commune, simple, qui a donné naissance à toutes les autres. En se dédoublant çà et là, cette membrane est restée simple en quelques endroits ; si des perforations s'y établissent, les parois des deux cellules doivent nécessairement être continues. » Quant aux petits intervalles lenticulaires qui existent ordinairement là, ils ne se manifestent assez souvent qu'après la perforation des mem- branes. Ce fait et beaucoup d'autres sont en contradiction avec la théorie de M. Schleiden sur la production des ponctuations. Ce n'est donc pas, en effet, à la saillie que la formation de cette vacuole occasionne à l'intérieur des cellules, que serait due l'absence des dépôts secondaires en cet en- droit. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ORGANOGÉNiE VÉGÉTALE. — Études sur le développement des mérithalles ou entre-nœuds des tiges (troisième partie); par M. Ch. Fermond. (Extrait par l'auteur.) ( Renvoi à l'examen de la Section de Botanique. ) « Dans son Mémoire sur la Phjtonomie, Cassini fait un raisonnement à l'aide duquel il démontre que les mérithalles ne doivent s'accroître que par le bas ; ce qui ne l'empêche pourtant pas d'admettre trois cas bien distincts d'accroissement: i" celui où le mérithalle s'accroît par le bas; 2° celui où cet accroissement se fait par toutes les parties à la fois; 3° celui où l'accroissement a lieu particulièrement par le haut. D'un autre côté, des expériences de Duhamel semblent indiquer que l'accroissement se fait plutôt par le haut. C'est parce qu'il nous a semblé que rien n'était parfai- ment prouvé dans cette question, que nous avons entrepris les expériences suivantes. { 898 ) » A l'aide d'un compas, nous avons pratiqué des ponctuations sur de jeunes mérithalles de manière à les diviser eu deux, trois ou quatre parties égales. Nos observations ont été laites sur des plantes de famille très-diffé- rentes, et les résultats ont été assez tranchés pour que nous ayons pu recon- naître que les mérithalles s'allongeaient proportionnellement plus, tantôt par le haut et tantôt par le bas; d'autres fois l'accroissement s'est fait d'une manière à peu près égale. Voici les tableaux de ces différences d'accrois- sement : 1°. — Mérithalles s'allongeant proportionnellement plus par le haut. Aristolochia sypho , Clematis vitalba, Sambucus nigra, Cucurbita melopepo, Melianlhus major, Helianthus tiiberosus, Angelica sylvestris, Ficus carica, Dipsacus sylvestris, Papaver soraniferum, Lonicera caprifolium. Polygonum acetossefolium , Rumex polygonifolius, Fœniculum vulgare, RiciDUS viridis, — minor , Vitis vinifera, Rubus idaeus, Syringa vulgaris, Rerria japonica, Monarda didyma, Phaseolus multitlorus, Jasrainum officinale, Lychnis chalcedonica , Âllium cepa, Silène armeria, — exaltata , — polyphylla , Gladtolus psittacinus, — gandavensis , Alstrsenieria aurantiaca . 1°. — Mérithalles s'allongeant à peu près également partout. Araria edulcis, Hydrangea hortensia, Rosa canina. Gincko biloba, Polygonum cymosum. Rumex lunaria , Aucuba japonica. 30. — Mérithalles s'allongeant proportionnellement plus par le bas. Allium cepa, Rumex montevidensis, Penicillaria spicata, Polygonum orientale. Polygonum tinctorium, Tripsacum dactyloides, Andropogon halepensis, Dianthus caryophyllus, Avena saliva , Gypsophylla scorzoneraefolia, Ampelygonum chinense, Rumex abyssiniens. » Sur de très-jeunes mérithalles à' Aristolochia sjpho, de Fœniculum vulgare, de Clematis vitalba, de Sambucus nigra et à' Helianthus tube- rosus, nous avons fait cinq ponctuations, de manière à diviser le mérithalle en quatre parties égales, et quinze jours ou un mois après, nous avons reconnu que l'allongement des parties, en allant de bas en haut, s'était fait proportionnellement, c'est-à-dire que si l'on désigne par m la différence d'accroissement des diverses parties du mérithalle que l'on pourrait appeler ( 899) coefficient d'élongation on d'accroissement, en les prenant de bas en hant, on avait, après la croissance, la progression arithmétique suivante : -. m . m', m" .m'". j> En choisissant, en effet, dans les plantes précitées, des mérithalles de 2 centimètres de développement et les divisant en quatre parties égales, on pouvait reconnaître que la première partie M du mérithalle s'était allon- gée de I , la seconde M' de i + i m, la troisième M" de i -\- im, et la qua- trième M'" de I + 3m, M représentant en général une partie quelconque du mérithalle après son 'élongation. » Mais M = I à la fin de l'expérience n'était au début que de ^, c'est- à-dire que chaque division qui n'était que de ^ centimètre, était de 5 centi- mètres après la croissance de M; 5"+!'^= 6*= après la croissance de M'; S^H- 2"= = f pour M"; 5'=H- 3*= = 8"= pour M'"; de sorte que les mérithalles avaient, en général, aS à 24 centimètres environ après leur croissance. » Pareillement, sur les Poljgonum orientale et tinclorium, le Dianthus carjophjllus, YJndropogon halepensis , nous avons fait quatre divisions aux jeimes mérithalles, et nous avons pu constater un coefficient d'élongation proportionnel, mais en sens inverse ; de sorte qu'en désignant chacune des parties par les mêmes lettres, on avait, en procédant de bas en haut, M"'=n-3m; M"=H-a7«; M'=i-f-i77i; M=i; d'où la progression arithmétique suivante : im"'.m".m'. » Nous avons admis que toutes les causes qui s'opposent à l'évaporation des liquides du mérithalle, ou qui entretiennent sa mollesse, sont favorables à son élongation, et que c'était pour cela que la croissance se faisait plutôt par le bas que par le haut chez les Polygonées, les Graminées et quelques Caryophyllées dont la base des mérithalles est enveloppée soit par un ochrea, soit par les gaines des feuilles, soit par la base des feuilles opposées elles-mêmes. » Mais il nous fallait la preuve expérimentale que cette manière de penser était juste. Nous l'avons cherchée chez plusieurs Polygonées dont les ochrea plus ou moins développés et plus ou moins épais nous permettaient de faire des observations capables d'éclairer cette partie de la question. Les Poljgonum orientale, cymosum, persicaria, tinctoriuin et les Rumex lu- naria et poljrgonijblius ont été choisis dans ce but. Nous avons divisé, en partant de la base, les jeunes mérithalles en trois et quatre parties égales. qui, examinées quinze jours après, ont donné les résultats suivants ; ( 900 ' » Dans le Polj-gnnum orientale, le coefficient d'élongation de la division du bas est à celui de la division du haut : 5 . i. Chez le Poljg. cjmosum, l'excès d'accroissement de la division du bas est très-peu marqué. Le Poljg, persicaria nous a donné un excès d'accroissement dans la division inférieure dont le rapport était ; i\ . i . Dans le Polyg. tinctoriurn, le coeffi- cient d'élongation de la partie inférieure est dans le rapport de 4 à i sur celui de la division supérieure. Le Bumex lunaria a offert une croissance à peu près égale partout. Enfin le R. poljgonijolius donne au contraire un accroissement plus considérable dans la division du haut, dont le coefficient d'élongation est à celui de la division du bas dans le rapport de 2 à i . » Les observations font reconnaître que les ochrea, qui n'ont pas tous la même épaisseur et la même longueur, relativement au mérithalle, exercent un rôle plus ou moins actif dans l'accroissement de ses diverses parties. Chez les Polygonum orientale et tinctoriurn^ l'ochrea est épais et bien en- gainant. Voilà pourquoi, l'évaporation se faisant moins bien, la base du mé- rithalle conserve une mollesse favorable à l'accroissement par le bas. Dans le Polfgonwn persicaria l'ochrea est épais, mais le mérithalle reste court, de sorte que pour faire l'expérience on est obligé de prendre un mérithalle relativement déjà très-développé : il en résulte que la diffé- rence entre l'accroissement de la division du haut et celui de la division du bas n'est pas trop marquée. Quant au Poljgonuin cyinosum, dont l'excès d'allongement se prononce à peine vers le bas , nous avons reconnu que l'ochrea était mince et s'opposait peu à l'évaporation. Enfin dans le Rwnex lunaria l'ochrea est mince et court, de sorte que par sa présence il entre- tient juste la mollesse nécessaire à la base du mérithalle pour que l'accrois- sement s'y fasse aussi bien qu'à la partie supérieure. Au contraire, chez le Bumex poljgonijolius l'ochrea mince et très-long protège presque également le bas et le haut du mérithalle, et il en résulte que le phénomène se passe comme si cet organe n'existait réellement pas. » Pour acquérir la certitude absolue que les choses se passaient bien comme nous venons de le dire, nous avons fait les expériences comparatives suivantes : Sur les Ainpelygonum chineuse, Bumex abjssinicus et monte- vidensis, nous avons pratiqué des divisions égales à des mérithalles privés de leur ochrea et à des mérithalles les possédant encore. Au bout de huit jours ceux qui étaient privés de leur ochrea ont présenté une croissance à peu près égale dans toutes les divisions, tandis que les mérithalles qui en res- taient recouverts ont offert une excès de croissance très-prononcé dans les divisions inférieures. Le Bumex montevidensis surtout offrait un excès de ( 90I ) croissance dans la division du bas double de celui de la division moyenne. C'est qu'ici le mérithalle est maintenu dans lui grand état de mollesse par la présence d'une assez forte proportion d'une matière gommeuse liquide qui se trouve contenue entre le mérithalle et l'ochrea. » Enfin ce qui justifie le mieux cette idée théorique, c'est la différence d'accroissement des diverses parties du mérithalle chez certaines Graminées à feuilles très- engainantes ( Tripsacum ilnctjloides et Penicillaiia spicata), chez lesquelles le coefficient d'élongation nous a paru suivre les termes d'une progression géométrique. » Il est probable que beaucoup de Graminées ont un même mode d'ac- roissement, mais l'expérience n'est pas encore venue sanctionner cette opinion. > » Enfin, il y a quelques cas rares où la croissance doit se faire à la fois par le bas et par le haut, alors que le milieu du mérithalle reste à peu près stationnaire : c'est ce que nous avons observé sur V^dllium cepa. Peut-être les mérithalles allongés, que l'on désigne sous le nom de hampes^ des Li- liacées et de quelques autres plantes, sont-ils dans le même cas. )> CHIMIE. — Réponse aux Remarques de M. Bunsen, insérées dans le n" ij des Comptes rendus de l'Académie, et observations relatives au sodium et à sa préparation; par M. H. Sainte-Claire Deville. (Commission précédemment nommée.) « Danslen" 17 des Co/n/j qui donne (ùdt = — 2sin^j3c?[cotang|3sin(/ — a)] • in / fcos/sin^sins -f- cos/cosiîcos£sinm — sin/cos5cosai"l = 2 s,n' ^d [ -^^ J ; / étant supposée constante, ai et c? étant l'ascension droite et la déclinaison, . et sinjS = sin i ^ol- in-S". (Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour le Mémoire de M. Forget, sur la^non-identité de la fièvre typhoïde et du typhus.) Nouveau Manuel complet du bijoutier, du joaillier, de [orfèvre , du graveur sur métaux et du changeur; par M. Julia de Fontenelle; nouvelle édition , entièrement refondue par M. Malpeyke. Paris, i855; a vol. in-i8. Mémoire sur la peste qui a régné épidémiquement à Constanlinople en i834, et sur sa non-contagion; suivi de quelques réflexions sur les quarantaines et les lazarets; par M. S. Cholet. Paris, i836; broch. in-8" (Destiné par l'auteur au concours pour le prijc de Médecine.) Supplique contre les remèdes secrets et les annonces médicales dans les jour- naux politiques, adressée à S. M. Napoléon III; par M. Burin DU BuiSSON. Lyon, i854; broch. in-8°. Notice sur la cause des mouvements de rotation et de translation de ta Terre et des autres planètes, etc. ; par M. J. Cornuel. Paris, i854; broch. in-8". Notice sur les améliorations à introduire au mode actuel d exploitation des chemins de fer; par M. Ch. Bordon; ^ de feuille in-8°. Académie des Sciences, Belles-LeHres et Arts de Rouen. Rnpporl sur les tra- ( 930 vaux dans la classe des sciences pendant /'ann^ei 853-1 854 ; parM.J. GlRARDlN; broch. in-8'*. Académie impériale de Reims. Programme des concours ouverts pour /'année 1 855; ^ feuille in-8°. Annales de la Société impériale d Horticulture de Paris et centrale de France; octobre i854; in-S". Annales de l Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d'Agriculture, publié sous la direction de MM. LoNDET et L. BOUCHARD; 5" série ; tome IV; n" 8; 3o octobre i854; in-8''. Annales des Sciences naturelles, comprenant la Zoologie, la Botanique [ Anatomie et la Physiologie comparée des deux règnes, et l'Histoire des corps organisés fossiles ; 4* série, rédigée pour la Zoologie par M. Milne-Edwards, pour la Botanique par MM. Ad. Brongniart et J. Decaisne. Tome II; n° i; in-8°. Annales médico-psjchologiques; par MM.. Baillarger, Brierre de BOIS- MONT et Cerise; octobre i8ii4; in-S". Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFORT, rédigée par M. l'abbé MoiGNO; 3* année; Y" volume; i8* livrai- son; in-8°. Journal d'agriculture pratique , Moniteur de la propriété et de l'agriculture, fondé en 1 83'] par M. le D' BixiO; publié sous la direction de M. Barral; 4" série ; tome II ; n° 21; 5 novembre i854; in-S". Report... Rapport annuel sur la situation des travaux de la topographie des côtes pendant Cannée i854; par M. A. P. Bache. Washington, i853. 1 vol. in-4°, accompagné de 37 planches ou cartes. Report... Rapport annuel sur l'état de l'Agriculture et de [Industrie, sur les Inventions brevetées dans le courant de Cannée i853. Washington, i854; a vol. in-8". Seventh annual report... Septième Rapport annuel sur Cétat du Cabinet d'Histoire naturelle, et de la Collection des antiquités de CEtat de Nexv-York, fait à la Législature le 1 8 janvier 1 854. Albany, 1 854 ; br. in-8°. Transactions... Compte rendu des travaux de la Société médicale de CEtat de New-York, lors de la séance générale tenue à Albanj le 'j février 1 854- Albany, i854; broch. in-8. Tous ces ouvrages sont offerts par l'entremise de M. Vattemare. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 13 NOVEMBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COaiMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la théorie des réfractions atmosphériques ; par M. BioT. « Grâce à l'attention patiente que l'Académie a bien voulu m'accorder, je puis achever aujourd'hui d'expliquer ce mystère, en apparence si étrange, que les Tables de réfraction actuelles, calculées pour une atmosphère idéale, où les couches d'égale densité seraient sphériques et en équilibre, en quoi elle n'est pas physiquement assimilable à l'atmosphère réelle, donnent cependant des résultats vrais jusque vers 80 degrés de distance zénithale, ne devenant incertaines qu'aux approches de l'horizon. Après avoir reconnu , comme nous l'avons fait, les conditions spéciales sous lesquelles les réfrac- tions s'opèrent, dans l'un et l'autre cas, la raison de l'accord et du désac- cord, va se présenter avec une entière évidence. » Dans ma communication précédente, j'ai spécifié les particularités d'intromission et de trajet d'un élément lumineux, qui, après avoir traversé l'atmosphère terrestre, arrive sous la distance zénithale apparente de 80 de- grés à une station d'observation, suffisamment isolée, et élevée au-dessus du sol environnant, pour que la couche sphérique d'air, située à son niveau, ne se trouve pas comprise dans ce flux alternatif de courants ascendants et descendants qui sont occasionnellement produits par les différences locales C. R , 1354 i™» Semestre. {T. XXXIX, No20.^ I 22 (934) de la température, au contact immédiat de la terre ou de la mer. Cette couche de niveau devra alors être considérée comme la base actuelle de l'atmosphère supérieure, au moment où chaque trajectoire lumineuse la traverse. J'ai montré de plus que, dans les circonstances météorologiques auxquelles notre calcul s'applique, la portion de cette atmosphère parcourue par la trajectoire qui s'observe à 80 degrés de distance zénithale apparente, est comprise tout entière dans un secteur sphérique décrit autour de la verticale de l'observateur, avec une amplitude d'écart mesurée par un angle au centre de 2° 19' 20". C'est dans cette étroite portion de l'atmosphère totale que se passent les phénomènes de transmission que nous allons étudier. Le reste de la masse gazeuse n'y a aucune influence. » Pour n'avoir à envisager que les conditions essentielles de leur accom- plissement, je les dégage de leurs irrégularités accidentelles. Je choisis poui" l'observation un temps serein et calme; non pas sans doute, que je veuille le supposer tel dans toute l'universalité de l'atmosphère, ce qui serait phy- siquement inadmissible. Je borne ces circonstances favorables au secteur atmosphérique restreint, qui entourera verticale de notre station à inie distance angulaire de 2° 19' 20", lequel comprend toute la trajectoire lumi- neuse que nous voulons suivre. Peu importe qu'il y ait ailleurs, au même instant, des pluies, des orages, ou des tempêtes, pourvu que l'effet ne s'en propage pas jusqu'à nous, pendant l'observation. J'isole cette trajectoire de toutes celles qui arrivent quelques secondes plus tôt, ou plus tard, dans la même direction, et je suis, dans sa marche rapide, l'élément lumineux qui la décrit. Comparativement à sa vitesse propre la portion de la masse gazeuse qu'il traverse est comme en repos ; et les impressions qu'il en éprouve sont uniquement produites par l'état instantané où il la trouve, au moment de son passage. » Pour caractériser avec précision les phases successives de sa marche» considérons un arc infiniment petit de la trajectoire lumineuse, et menons le rayon central qui y correspond. Ce sera la verticale d'un des points de la surface terrestre, sur lesquels notre secteur atmosphérique repose. Ainsi, quand l'élément lumineux y arrivera, il se trouvera au zénith de ce point. Or, dans tous les lieux, et à toutes les hauteurs où l'on a porté des instruments astronomiques, en les établissant dans les conditions d'observa- tion que nous avons assignées, on constate que, sauf les cas de perturba- tions atmosphériques extrêmement violentes et toujours passagères , dont je fais ici abstraction, la réfraction est généralement nulle au zénith, et a des grandeurs égales dans tous les azimuts autour de ce point, même quand (935 ) ou s'en écarte à de grandes'distances angulaires, pourvu que l'on ne des- cende pas trop près de l'horizon où elles deviennent irrégulières. Si la petite amplitude de quelques minutes qu'elles atteignent, sous ces restrictions, pouvait être considérée comme un indice rigoureux, cette symétrie prou- verait que la stratification des couches aériennes est généralement horizon- tale autour de chaque zénith. Mais, en restreignant la conséquence dans des limites proportionnées à la nature des données qui la fournissent, il résulte au moins de ce fait que, l'horizontalité a lieu, sinon rigoureusement, du moins très-approximativement au zénith même, sauf dans les cas de per- turbations extraordinaires que j'ai exceptés. Ainsi, quand l'élément lumi- neux traversera les verticales successives des lieux situés sur sa route, la symétrie des réfractions qui s'y observent dans tous les azimuts, nous per- mettra d'admettre que la couche aérienne qu'il y rencontrera, se présen- tera à lui suivant une direction, exactement, ou à très-peu près, parallèle à l'horizon du lieu auquel chacune de ces verticales appartient. » Cette conséquence se confirme et s'explique quand on examine la nature des causes mécaniques, par lesquelles les couches aériennes situées dans chaque verticale, pourraient être dérangées de l'horizontalité où les actions réunies de la gravité et de la force centrifuge tendent à les retenir. La principale consiste dans l'inégalité de température qui existe presque toujours entre l'air et les corps terrestres, avec lesquels il se trouve en contact immédiat. De là naissent des courants ascendants et descendants, entremêlés de remous intermédiaires, qui excluent toute régularité de stratification. Mais ces mouvements ne s'étendent qu'à de médiocres hauteurs, où ils sont éteints par les échanges mutuels des températures, qui ramènent bientôt les particules aériennes à un même état de poids spécifique, et les obligent à reprendre le mode de stratification horizontale que la gravité leur impose. Or, nous avons placé notre station d'observation au-dessus de l'épaisseur restreinte d'air, où se passe, qui nous sont indivi- duellement inconnus. » Or, sans connaître leurs valeurs ni même leurs signes propres, la notion que nous avons de leur provenance physique suffit pour leur assigner plusieurs caractères qui nous feront apprécier avec une suffisante approximation, quel peut être l'ordre de grandeur de leur ensemble. D'abord, la surface supérieure de l'atmosphère c?/> sera nulle, puisque la pression est nulle dans toute cette surface. Il est aussi physiquement présumable que les valeurs indivi- duelles de &p devront être très-faibles dans les couches aériennes très-élevées. Car les accidents météorologiques, dont l'effet pour troubler la stratification de la masse atmosphérique est le plus manifeste, sont presque toujours excités par des causes physiquement appréciables : par exemple, l'action calorifique du Soleil immédiatement exercée, en proportion prédominante, sur cer- taines parties de la surface de la Terre ou de la mer; un développement local exagéré de la vapeur aqueuse, ou sa précipitation soudaine et pareillement locale sous forme de pluie, de neige, de glace; à quoi se joignent des déga- gements et des recompositions d'électricité qui déterminent des expansions ou des vides partiels dans les points où ils s'opèrent. Or, tous ces phéno- mènes perturbateurs doivent cesser de se produire, ou devenir au moins très-faibles et très-rares, dans la portion de l'atmosphère qui, étant sous- traite par sa distance aux perturbations calorifiques eugendrées par le con- tact immédiat de la surface terrestre, est en outre préservée contre la cause la plus puissante d'agitation, par cette circonstance que la vapeur d'eau n'y existe plus en quantité sensible, ce qui a lieu vers 9000 ou 10000 mètres de hauteur. De là, jusqu'au terme supérieur de l'atmosphère, on ne voit aucune raison physique ou mécanique qui puisse empêcher les couches aériennes de s'être disposées à la longue dans un état de stratification per- manent, conforme aux conditions d'équilibre relatif que la gravité leur impose : ou, si des causes qui nous sont inconnues peuvent produire en quelques-uns de leurs points des dérangements accidentels, ils doivent être par cela même très-faibles, peu durables, et de sens occasionnellement (945) contraires à diverses hauteurs, sur chaque verticale, à un même instant. Je conckis de ces considérations, que, dans toute cette étendue supérieure à 9000 ou 10000 mètres, les valeurs du terme correctif ^p, qui exprime les écarts de l'état réel autour de l'équilibre, doivent, si elles ne sont pas nulles, être extrêmement petites, et de nature à se compenser en partie mutuelle- ment sur les divers points d'une même verticale. Or, comme nous l'avons prouvé, la trajectoire lumineuse qui arrive sous la distance zénithale appa- rente de 80 degrés, à la station d'observation, telle que nous l'avons placée et isolée du sol terrestre, accomplit la plus grande partie de son cours dans cette région élevée ; de sorte que, tant qu'elle y reste comprise, l'équation de l'équilibre peut, en somme, lui être légitimement appliquée, surtout quand on l'emploie seulement, comme je l'ai fait, pour évaluer, dans l'ex- pression totale de la réfraction, un terme très-petit, auquel les faibles dérangements, tout au plus supposables, dans l'équilibre de la masse gazeuse à de grandes hauteurs, ne pourraient apporter que des modifications bien plus petites encore, qui, par cela même, deviendraient inappréciables à l'observation. » Suivons maintenant notre ti'ajectoire quand elle commence à entrer dans les couches d'air plus basses que loooo mètres. Alors elle n'est plus séparée de la verticale de l'observateur que par un angle au centre de 3o' ; et lorsque cet angle est réduit à 1 5' , elle se trouve encore à plus de 4900 mè- tres au-dessus de son niveau, par conséquent bien plus haut que le domaine habituel des nuages. Il me suffit donc, pour assurer ce reste de sa marche, d'avoir spécifié que l'observation est faite par un temps calme et serein. Car s'il est tel à la station, les couches aériennes comprises dans une amplitude de i5' autour du zénith seront calmes, et leur stratification, toujours très-approximativement horizontale, ne pourra déroger que très-peu aux lois de l'équilibre, en des sens divers Ainsi dans cette dernière portion même, la plus ordinairement exposée au trouble, les valeurs individuelles du terme correctif âp seront encore très-restreintes, et de nature à se com- penser en partie dans leur somme totale. » Il résulte de cette discussion que, dans les circonstances d'observation — ? sera par elle-même une très- petite fraction de l'unité. Or, elle n'entre dans le second membre de l'équa- tion (3) que multipliée par le facteur -Ârp, lequel est déjà si faible, qu'il influe pour moins de i4" dans l'évaluation des deux limites de la réfraction, ( 946 ) àla distance zénithale apparente de 80 degrés. Donc, à cette distance du zénith, le terme correctif - k p, l —, ne pourra donner que des fractions excessi- vement faibles ou insensibles de ces mêmes quantités. Par conséquent, dans ces circonstances et dans ces limites d'application, les réfractions calculées par les géomètres, sur l'hypothèse d'une atmosphère sphérique en équilibre, doivent se trouver, comme elles se trouvent en effet, très-approximativement conformes aux réfractions réelles, parce que la condition de sphéricité peut être remplie rigoureusement par construction pour chaque trajectoire iso- lément considérée, et que ce qui peut manquer alors à la condition d'équi- libre ne pourrait produire, à cette distance du zénith, que des effets très- petits, le plus souvent insensibles, toujours accidentels, et de nature à se compenser en grande partie par opposition. » Quoiqu'il puisse paraître inutile de matérialiser la démonstration précé- dente par des preuves numériques, j'en rapporterai une qui sera fondée sur la supposition la plus démesurément exagérée que l'on puisse imaginer pour la trouver en défaut. J'admettrai, en premier lieu, que, depuis le sommet de l'atmosphère jusqu'à la station d'observation, la valeur du terme correc- tif c?/j, est, dans chaque couche infiniment mince, — de dp. C'est-à-dire que si deux couches sphériques de notre atmosphère instantanée se trouvent, en réalité, soumises à des pressions différentes entre elles de 10 centimètres de mercure, il faudrait, pour les ramener à l'équilibre, réduire celte différence à 9 centimètres, ou la porter à 1 1 : ce qui semble incompatible avec la con- dition que j'ai posée, que le temps soit calme et serein à la station d'obser- vation. J'admettrai en outre, contre toute vraisemblance physique, que, dans l'épaisseur entière d'air traversée par la trajectoire lumineuse, ces corrections se trouveront être toutes de même signe, soit positives, soit négatives, sans au- cune compensation. Alors l'intégrale / —, prise depuis le sommet de l'at- mosphère jusqu'à l'observateur, sera ± — ; et comme ce — doit être multi- plié par-A:p,, il en résulterait une correction moindre que ±. i", 4i dans l'évaluation des deux limites de sa réfraction à 80 degrés de distance zéni- thale apparente. Or, si toutes les exagérations que je viens d'accumuler, la donnent encore si petite, à quel point ne devra-t-elle pas se trouver atténuée et rendue insensible, dans les conditions réelles dont nous avons reconnu plus haut les particularités ! (947) » Tel est le dénoûment du paradoxe que j'ai signalé en commençant ces communications. Les réfractions calculées par les géomètres, dans l'hypo- thèse d'une atmosphère sphérique en équilibre, s'accordent avec les réfrac- tions réelles jusque vers 80 degrés de distance zénithale, en vertu de deux causes maintenant évidentes : d'abord, parce que la condition de sphéricité n'entre dans le calcul qu'à titre de construction géométrique, légitimement applicable à chaque trajectoire lumineuse considérée isolément ; puis, parce que la condition d'équilibre n'y est employée que pour évaluer un terme des formules qui, ayant une valeur très-petite quand cette condition se trouve remplie en toute rigueur, ne peut éprouver que des modifications insensibles ou à peine sensibles, par les dérangements accidentels qui peu- vent physiquement se produire dans le secteur atmosphérique peu écarté de la verticale de l'observateur, où sont comprises toutes les trajectoires qui lui arrivent depuis le zénith jusqu'à la distance apparente de 80 degrés. Cette dernière considération ne peut plus être appliquée aux trajectoires qui arrivent à l'observateur très-près de l'horizon, à cause de la grande ampli- tude du secteur atmosphérique où elles s'accomplissent, et des perturbations énormes, impossibles à prévoir, qu'elles doivent généralement éprouver, en rampant longtemps, près de la surface terrestre, dans les dernières portions de leur cours. Ces deux cas, l'un de certitude que la science géométrique peut atteindre, l'autre d'incertitude où elle est réduite par les nécessités physiques, doivent, à son honneur, être soigneusement distingués. Jusque vers 80 de- grés de distance zénithale, les Tables de réfractions théoriquement calcu- lées par Laplace peuvent être employées avec sûreté, dans tous les climats, dans toutes les saisons, à toutes les hauteurs, quand l'observateur prendra soin de se placer dans les conditions pour lesquelles on les a établies. Elles donneront toujours, et partout, des résultats pareils, également vrais. Plus près de l'horizon, au contraire, on n'en peut espérer que des moyennes locales, qui pourront différer sensiblement d'une station à une autre, et probablement aussi dans les divers azimuts autour d'une même station. » Les considérations que je viens d'exposer justifient, au point de vue physique, une expression approximative de la réfraction jusque vers 80 de- grés de distance zénithale, dans toute atmosphère sphérique et en équilibre^ que Laplace a donnée le premier, dans le tome V de la Mécanique cé- leste [\) ; et elles expliquent la conformité de ses indicateurs avec les réfrac- (i) Mécanique céleste , lome I, page 268, i" édition, i8o5. D'après cette formule, en ( 948 ) tions réelles. Cette expression s'obtient par un développement en série, qui est analytiquement irréprochable dans les bornes d'application que Laplace lui assigne, comme Ivory s'est plu à le reconnaître, en le mentionnant dans son beau travail sur les réfractions inséré aux Transactions philosophiques de iSaS (i). Mais ce savant géomètre paraît n'avoir pas vu pourquoi cette formide, fondée sur deux hypothèses mathématiques qui ne sont jamais complètement réalisées dans notre atmosphère, peut néanmoins donner, et donne effectivement des résultats concordants avec l'observation, quand on ne dépasse point les limites qui lui sont propres. Car, faute de s'en être rendu compte, il apprécie mal, à mon avis, sa justesse physique, laquelle est assurée par les deux causes que j'ai tout à l'heure signalées. En effet, la condition de sphéricité y est rendue légitime par son application isolée à chaque trajectoire lumineuse; et ensuite la condition d'équilibre n'y est employée que pour évaluer ce même terme très-petit, qui ne peut pas être sensiblement modifié par les accidents physiques, dans l'amplitude desdis- tahces zénithales, auxquelles l'application astronomique est bornée. Ainsi envisagée, cette formule de Laplace ne prête à aucune objection. » En résumé : des deux conceptions abstraites sur lesquelles la théorie actuelle des réfractions atmosphériques repose, l'une, la sphéricité, n'est point hypothétique, quand on sait voir l'individualité de son application. L'autre, la condition d'équilibre, l'est toujours en fait ; mais, depuis le zénith jusque vers 80 degrés de distance zénithale, son emploi est justifié par les restrictions qu'on lui donne, et le peu qu'on lui emprunte. Voilà les deux principes que j'ai voidu mettre en évidence. En le faisant, je crois avoir suffisamment soustrait cette théorie aux charges que l'on a récemment élevées contre elle dans cette Académie, et aux perfectionnements dange- reux que l'on avait prétendu y apporter. Telle qu'elle est, elle donne des valeurs exactes dans tous les cas où le phénomène est régulier; et elle fournit des moyennes très-approchées, lorsqu'il est rendu irrégulier par des influences lointaines dont les caprices, la notion même, échappent à toute prévision. Les grands géomètres qui l'ont établie ne nous ont laissé rien à y faire, au point de vue analytique, si ce n'est peut-être de former des faisant : a = — ^^^ > la réfraction à la distance zénithale 6, qui n'excède pas 80 de- grés, est : R==a (,-H|a--'jtangÔ,-a^^ — iaj laDg>9. (i) Philosophical Transactions , 1823, part. Il, pages 4 3o et ^Zi. ( 949 ) limites de la réfraction à toute distance zénithale, qui seraient complète- ment indépendantes de la condition d'équilibre; et d'y introduire plus rigoureusement la diminution progressive de l'humidité dans le sens ver- tical, ce qui ne pourrait amener dans leurs résultats que des modifications excessivement faibles. Mais, dans la partie physique du problème, ils nous ont donné beaucoup de choses à rechercher. Depuis eux, la mesure des éléments météorologiques a été rendue plus précise, et leur détermi- nation moins incertaine. La pratique des ascensions aérostatiques devenue plus familière, nous fournit, pour explorer la constitution de l'atmosphère des moyens qui, de leur temps, n'ont pu être que très-rarement employés. Avec tous ces secours nous pouvons utilement travailler à améliorer les données physiques de leurs calculs, pourvu que nous en comprenions assez l'esprit, pour bien connaître ce qu'ils exigent. Dans une dernière com- munication j'essayerai de rassembler quelques vues sur ce sujet, m'efforçant au moins d'appeler le concours des expérimentateurs de cette grande voie de recherches, où je ne puis plus marcher avec eux. » ASTRONOMIE. — M. Le Verrier communique une Note de M. Yvon Villar- ceau sur un équatorial récemment établi à V Observatoire de Paris, et présente lui-même à ce sujet les remarques suivantes : « Nous nous proposons un double but : i° de renseigner les astronomes sur les observations des nouvelles planètes présentées à l'Académie dans une de ses dernières séances; i° de montrer aux personnes qui voudraient prendre part aux découvertes d'astres nouveaux, si fréquentes aujourd'hui dans les observatoires particuliers des pays étrangers, qu'il n'est pas néces- saire de consacrer des sommes considérables à l'achat et à l'établissement de puissants instruments de recherches, et qu'à l'aide d'instruments établis à peu de frais on peut même fournir aux astronomes des observations dont la précision soit comparable à celle des observations équatoriales obtenues dans la plupart des observatoires. » L'instrument sur lequel nous appelons l'attention de l'Académie n'a- vait point été primitivement projeté pour servir à des déterminations d'une exactitude rigoureuse, mais uniquement pour faciliter la recherche de nou- veaux astres et l'étude physique du ciel. Un instrument complet aurait entraîné des dépenses considérables de construction et d'installatio£i, et se serait fait attendre fort longtemps; il aurait d'ailleurs à peu près fait double emploi avec le grand équatorial dont l'établissement a été décidé il y C. R. , l854, 2«»« Semestre. (T. XXXIX, N» 20.) * 5*4 (95o) a huit années environ. Notre nouvel éqiiatorial, au contraire, n'a coûté qu'une somme d'argent assez faible (6000 francs, objectif non compris), et a été construit et mis en place par M. Secretan en moins de trois mois. L'Observatoire a consacré à cet instrument un assez mauvais objectif de 9 pouces, dont le verre est de qualité très-inférieure; mais ses dimen- sions permettant d'admettre beaucoup de lumière, la possibilité de voir et même d'observer de petites planètes inobservables à nos cercles muraux compense et au delà le défaut de pureté parfaite des images. » La prompte réalisation du plan que nous avons adopté pour la recherche des petites planètes ne nous permettait pas d'attendre que la construction du grand équatorial fût terminée : et d'ailleurs c'eût été détourner cet instrument de sa destination. Quant à l'équatorial de Gambey, quelles que soient les belles qualités qui le distinguent au point de vue de la stabilité et de la perfection du travail, la lunette n'a que 4 pouces de diamètre à l'objectif et 4 pieds de longueur focale. Or, bien qu'il ait été possible à M. Goldschmidt de découvrir deux planètes en se servant d'une lunette beaucoup plus faible, il s'en faut pourtant que ces astres soient avantageu- sement observables avec l'équatorial de Gambey. Il ne suffit pas, en effet, de voir une jJanète pour en déterminer la position, il faut encore pouvoir distinguer les fils tendus au foyer de l'objectif: de là la nécessité d'intro- duire de la lumière dans le champ de la lunette ; or il arrive qu'avec de faibles instruments l'éclairage du champ suffit pour rendre l'astre invisible. » Non-seulement cet inconvénient se rencontre dans l'équatorial de Gambey, mais il se présente encore dans les observations méridiennes de la plupart des nouvelles petites planètes que l'on tente de faire au cercle mural de Gambey, qui est cependant muni d'une lunette de 1 mètres de distance focale et de près de 5 pouces de diamètre. » Un tel état de choses, si nous n'avions pris le parti de le changer, eût eu pour nous cette singulière conséquence, que nous eussions dû nous résigner à abandonner à d'autres le soin d'observer les planètes découvertes à l'Observatoire. A cet égard nous sommes heureux d'annoncer que notre nouvel instrument, que nous ne comptions pas d'abord pouvoir utiliser dans la détermination de la position des astres, nous a permis cependant d'obtenir des déclinaisons assez exactes, grâce à l'application d'un procédé très-simple proposé par M. Airy, pour fixer la lunette en déclinaison. Une tringle de bois fixée au moyen de vis, d'une part au tube de la lunette du icôté de l'oculaire, et d'autre part aux pièces de bois qui constituent l'axepo- laire, suffit pour donner à la lunette une assez grande fixité dans le sens ( 95t ) des déclinaisons. Nous avions à nous préoccuper un peu moins des ascen- sions droites, attendu qu'il n'a pas été tout à fait impossible d'observer les petites planètes à la lunette méridienne ; néanmoins, dans l'état moins satisfaisant où se trouve l'instrument de M. Secretan, à l'égard des diffé- rences d'ascension droite, nous avons fait des observations de passage dont les moyennes peuvent être utilement employées; et il nous suffira, je l'espère, de l'addition d'une autre tringle destinée à fixer la lunette dans le sens des ascensions droites, pour obtenir avec le nouvel instrument des positions de planètes et de comètes jouissant d'une exactitude très-satisfai- sante. » Si l'Académie veut bien se rappeler que notre but était d'arriver en très-peu de temps à nous procurer des moyens d'observation qui nous fai- saient défaut, elle ne s'étonnera pas de voir un établissement public recourir à des procédés qu'on ne suivrait sans doute pas s'il s'agissait de fonder un observatoire national, et que l'on pût disposer du temps et des ressources financières sans lesquels il est impossible d'obtenir une œuvre d'art. L'Académieapprendra avec satisfaction, je l'espère, que les moyens qui nous ont réussi peuvent aussi réussir entre les mains de personnes amies de la science, et qui, retenues sans doute par la crainte de s'engager dans des dé- penses énormes, n'ont fait en notre pays aucune tentative pour concourir aux progrès de l'astronomie d'observation. Nous ne pouvons croire, en effet, que la France, qui a donné naissance à tant d'illustrations scientifiques, et au sein de laquelle tant d'efforts se sont produits pour la vulgarisation des sciences en général et de l'astronomie en particulier, reste indifférente aux progrès de l'astronomie, et puisse se contenter d'apprendre que telle ou telle découverte vient d'être faite dans l'un des nombreux observatoires par- ticuliers de l'Angleterre et même de l'Allemagne, sans chercher à prendre part, elle aussi, à ces découvertes. » Puisque nous venons de parler des observatoires particuliers établis à l'étranger, nous devons rappeler que c'est dans ces observatoires qu'ont été découvertes la plupart des nouvelles petites planètes, un satellite de Neptune, un satellite de Saturne, la transparence de l'anneau obscur de cette dernière planète, etc. » Nous serions heureux d'apprendre qu'éclairées par notre exemple, quelques personnes se décidassent, à fonder des observatoires, et à entre- prendre des recherches qui nous permissent de lutter avantageusement avec les pays étrangers. Le Directeur de l'Observatoire impérial s'empressera de leur venir en aide. 124.. ( 95^ ) » Il nous reste à décrire l'instrument, et à apprécier son exactitude, ce que nous ferons en donnant un extrait de la Note de M. Yvon Villarceau, qui avait été chargé de ce travail . )) Le nouvel équatorial, dont le but était d'utiliser un objectif de o™,24 de diamètre et de 3™, 48 de distance focale, a été établi au sud-ouest de la terrasse de l'Observatoire et au niveau de cette terrasse. Il repose en partie sur la voûte d'une espèce de serre. Le tourillon inférieur de l'axe horaire est porté sur un châssis quadrangulaire en bois de sapin noyé dans de la maçonnerie à sa partie inférieure. Le tourillon supérieur repose sur l'extré- mité d'un assemblage triangulaire en bois, dont la base est aussi engagée dans une maçonnerie élevée d'environ 3 mètres au-dessus du sol. » L'axe horaire est représenté par un système de six pièces de bois d'à peu près 4 mètres de longueur, dont les extrémités sont engagées dans deux armatures en fonte, au centre desquelles sont fixés des axes concentriques terminés par des tourillons; l'axe inférieur porte le cercle horaire. » Deux des six pièces de bois dont il vient d'être parlé sont coupées vers leur milieu, et reliées entre elles et aux quatre autres par deux armatures en fonte, au centre desquelles sont adaptées les boites de l'axe de décli- naison. Cette disposition n'a permis de donner que 6^,6 de longueur à cet axe; mais elle a l'avantage de n'exiger aucun contre-poids, puisque le plan de rotation de la lunette qui est fixée au milieu de l'axe de déclinaison, coïncide de très-près avec l'axe horaire. » La lunette, étant d'ailleurs en équilibre autour du premier de ces axes est fixée dans une direction donnée en déclinaison, au moyen d'une tringle de bois dont les extrémités traversent des douilles à simple articulation adaptées l'une sur la lunetle du côté de l'oculaire, l'autre sur l'une des pièces de bois qui forment l'axe horaire. » Sur l'un des côtés de la lunette et près de l'oculaire est fixé un petit cercle de o™ji6 de diamètre, dont les verniers donnent la minute et qui est muni d'un niveau à bulle d'air. Cet appareil, entièrement semblable aux cercles chercheurs des lunettes méridiennes, sert à caler l'instrument en dé- clinaison :il est seulement nécessaire, pour cet objet, d'amener préalablement la lunette dans le plan du méridien. L'instrument se cale en ascension droite au moyen d'un fort collier à vis qui embrasse l'axe horaire près du cercle horaire, et est d'ailleurs fixé à l'extrémité d'un fort levier en bois assujetti à ne faire que de très-petits mouvements de rappel . Le cercle horaire, qui sert à amener l'instrument dans une position donnée, a un diamètre • ( 953 ) de o'",46; il est muni de deux verniers donnant chacun les deux secondes de temps directement. » Le mode actuel de fixation de l'instrument en ascension droite et la disposition des pièces de l'axe horaire ne permettant pas d'obtenir une grande stabilité en ascension droite, on évite de toucher l'instrument pen- dant l'observation des différences d'ascension droite, et l'on procède sépa- rément aux mesures des différences de déclinaison. « L'équatorial que nous venons de décrire sommairement est contenu dans un petit pavillon construit en bois. Le toit tournant qui recouvre ce pavillon est également en bois garni extérieurement de papier métallique. Ce toit est porté sur des boulets interposés dans deux rainures apparte- nant à un même tore circulaire. » Le pourtour du toit est garni intérieurement à sa base d'un grand nombre de chevilles, et un long levier est fixé, vers les trois quarts de sa lon- gueur, à l'un des montants de bois de la partie inférieure de l'édifice. En agissant sur une double poignée, dont l'extrémité inférieure de ce levier est munie, on pousse les chevilles horizontalement, et l'on communique au toit un mouvement de rotation dans un sens ou dans le sens opposé. Une large fente, munie de volets, est ouverte dans le toit tournant, depuis l'horizon jusqu'à un peu au delà du zénith. » Nous envisagerons la stabilité d'un équatorial à deux points de vue : nous distinguerons les changements qui se manifestent après un temps plus ou moins long dans les positions absolues ou relatives des pièces principales de l'instrument, et les changements qui se produisent pendant la durée or- dinairement assez courte des observations. Les premiers aflfectent la situa- tion des axes polaires et de déclinaison, la collimation de l'axe optique et les index des cercles horaire et de déclinaison ; les seconds affectent seule- ment la position absolue de la lunette. » De la stabilité des axes et des index. — L'intelligence de ce qui va suivre exige que nous définissions les positions directe et inverse de l'in- strument. Concevons la lunette placée d'abord dans le plan du méridien pour le calage en déclinaison, le petit cercle de déclinaison à l'ouest (ce qui serait la droite de l'observateur, si la lunette était dirigée au sud), puis l'instrument calé en ascension droite, la lecture de l'angle horaire étant faite à l'index de l'ouest; l'instrument sera dans la position directe. Si l'on sup- pose le calage en déchnaison obtenu toujours dans le plan du méridien, mais le cercle de déclinaison étant à l'est, il est clair que la position des tourillons de l'axe de déclinaison sera renversée ; si d'ailleurs on amène la. ( 954 ) • lunette dans le même plan horaire que précédemment, on aura la position inverse : dans cette position, l'angle horaire lu au vernier de l'ouest, diffé- rera du premier de ii^. (On rétablit le véritable angle horaire en faisant la lecture au vernier de l'est. ) » Les lectures du cercle de déclinaison dans la position directe vont en croissant avec les distances au pôle nord, comptées dans le sens de ce pôle au zénith. » Ceci posé, voici comment se détermine l'erreur de hauteur de l'axe horaire. Le calage en déclinaison étant toujours pris dans le plan du mé- ridien , soient : / la lecture du cercle de déclinaison relative à une distance polaire apparente A dans la position directe; \ la lecture que l'on obtient après avoir fait faire une demi-révolution à l'axe horaire, et ramené la bulle du niveau dans les repères, mais en laissant la lunette dans la posi- tion relative à cet axe, qui a fourni la lecture /; L' la colatitude = 4i°9', 8 à Paris; ^ l'abaissement de l'axe horaire au-dessous du pôle du lieu. » L'angle § s'obtient sans recourir aux observations astronomiques, et l'on a (t) ^ = 1(X-Z)_L'. » Après avoir rectifié approximativement l'instrument, dans la journée du ag septembre, nous avons placé la lunette par une distance polaire arbi- traire et fait des lectures Z et X qui nous ont donné, par la formule (i), ?= + o',i. » Voici trois valeurs de ^ obtenues le 4 novembre : -f- o',95, + o',82, -^ o',92. » En rapprochant ces résultats de celui obtenu le 29 septembre, on con- state qu'en 36 jours, l'axe horaire s'est abaissé d'un peu moins de o',8. An- térieurement au 29 septembre, on avait constaté un mouvement très-pro- noncé dans le même sens; le déplacement survenu depuis, beaucoup moins rapide que le premier, paraît en être la suite; peut-être s'arrêtera-t-il là. Ces mouvements sont dus à des tassements dans le sol, qui n'ont rien de surpre- nant, si l'on se rappelle qu'il n'a été fait, pour ainsi dire, aucun travail de fon- dation. Un déplacement moindre que 1 minute, produit dans un intervalle de 36 jours où sont survenues d'abondantes pluies, doit plutôt nous rassurer que nous inspirer des craintes sur l'avenir de notre nouvel équatorial. » Nous ne mentionnons pas ici les résultats relatifs à la flexion de la ( 955 ) lunette et à l'eiTCur de l'index du cercle de déclinaison , ces résultats n'of- frant qu'un faible intérêt. » Les autres erreurs instrumentales d'un équatorial peuvent être ratta- chées à la théorie de la lunette méridienne d'une manière fort simple. » Quand on emploie les coordonnées équatoriales, la formule de réduc- tion des observations faites à la lunette méridienne est (2) JR. = t—a-hm±.-^(nsind-\-c), ^ ' cosd ^ '' en désignant par ^ l'ascension droite de l'étoile observée ; t l'heure du pas- sage en temps de la pendule; a l'avance de la pendule = «o + ;r- (^ — 'o) ; m l'angle horaire du plan perpendiculaire à l'axe de rotation, compté positivement du sud vers l'est ; n l'angle du pôle nord avec le même plan, compté positivement lorsque le côté nord de ce plan dévie à l'est; c la col- limation de l'axe optique (*) supposée positive lorsque la lunette étant dans la position directe et dirigée vers le sud, le côté sud de l'axe optique dévie vers l'est ; d la déclinaison de l'étoile observée. » Les signes supérieur et inférieur répondent d'ailleurs au cas d'un passage supérieur ou d'un passage inférieur. » En limitant les observations de passage faites à l'équatorial à des obser- vations circumméridiennes, il nous suffit pour appliquer la formule (2) d'assimiler l'axe de déclinaison à l'axe de rotation d'une lunette méri- dienne. » Soient alors h l'angle horaire lu et (JA la correction inconnue à ajouter à h pour obtenir l'angle horaire vrai, correction provenant de l'erreur de l'index du cercle horaire ; d'après la signification de m on aura (3) ,n=, -[k-hâh). » Soit Y] l'angle que fait le côté nord de l'axe horaire avec le côté nord du méridien, positif lorsque l'axe horaire dévie à l'est; iTangle formé dans la position directe par le côté nord de l'axe horaire avec ie côté nord da plan perpendiculaire à l'axe «le déclinaison, positif lorsque ce plan dévie à l'est de l'axe horaire. L'axe de déclinaison étant par hypothèse peu éloigné d'être horizontal, les angles *j et i seront sensiblement dans un même plan, (*)En faisant abstraction de l'aberratien diurne des étoiles éqnatoriaks qnc l'on combine ordinairement avec la coUimation. (956) et l'on aura très-approximativement (4) « = >2 + /. » Posons d'ailleurs (5) u — t-h, nous déduirons de la formule (2), en ayant égard aux relations précé- dentes, — (>3 sinc?+ i sinrf+ c) ±: cosd.âh = ± cosd{u — M. — a). Cette équation est relative aux observations circumméridien nés faites dans la position directe. Pour en tirer l'équation relative à la position /«fer^e^ il suffit de remarquer qu'en faisant décrire à l'instrument 1 80 degrés autour de l'axe horaire, l'angle y] reste le même, tandis que les signes des angles i et c sont seuls changés. Pour distinguer d'ailleurs les quantités variables relatives à la position inverse, nous ajouterons l'accent ' aux lettres qui les représentent, et nous aurons — (>3 sind— isind — c) ± cosd.âh = ±1 cosd^u' ~ /R. — a'). En combinant cette équation avec la précédente par voie d'addition et de soustraction, et si l'on pose d'ailleurs (6) c?A = X - k, (7) X =■ ±. COS d 2 2 j = ± COS d X -\- k — IRu on obtient aisément c + ismd = X, (8) . j . j ' -^ X cosa — y; sma = ^ La quantité k est une arbitraire dont on pourra toujours disposer, de ma- nière à réduire la valeur dej" à un très-petit nombre de secondes, et x une nouvelle inconnue. » Pour déterminer, à l'aide des équations (8), les quatre inconnues c, i, X et >3, il est nécessaire d'écrire au moins deux autres équations pareilles, fournies par les observations circumméridiennes d'une autre étoile. Bien que .nous ne nous proposions pas de tirer les inconnues du nombre d'équations ( 9^7 ) strictement nécessaire, nous donnons néanmoins la solution qui se rap- porte à ce cas, dans le but de fixer les observateurs sur le choix des étoiles. Nous ne pouvons les reproduire ici. » En appliquant aux équations (8) la méthode de résolution proposée par M. Cauchy, on parvient finalement à des restes A* .r et A^ j-, qui don- nent la mesure des erreurs commises dans la détermination des quantités u et u' ou dans les ascensions droites observées. Désignant ces erreurs par c?^, on aura . . I Position directe. . . ±: cos d . âJK = à.^j- — A- x, \ Position inve/se. . . ± cos d . âJR. = A^j^ + A" ce. » Nous devons faire remarquer que ces quantités dépendent des erreurs d'observation de passage et des erreurs de lecture des angles horaires ; or ces dernières sont généralement assez fortes, à cause du faible diamètre que l'on donne aux cercles horaires. » Il nous reste, avant de passer aux applications numériques de nos for- mules, à préciser l'axe optique de la lunette d'un équatorial. Cet instrument étant destiné à recevoir plusieurs micromètres, et non pas une plaque micro- métrique fixe comme la lunette méridienne, il convient d'obtenir une collimation qui ne soit pas spéciale à un micromètre donné. A cet effet, on choisit pour axe optique la droite qui joint le centre optique de l'objectif et le centre du cercle intercepté dans le plan focal principal, par le coulant auquel s'adaptent tous les micromètres. » Voici comment ont été faites les observations circumméridiennes. Ayant réglé un micromètre de position sur le mouvement diurne, on a donné au fil mobile une position suffisamment excentrique entre le bord par lequel entrent les étoiles et le centre du champ. L'instrument étant calé d'ailleurs en ascension droite, on a observé le passage à ce fil et renversé immédia- tement le micromètre de i8o degrés, de manière à observer un second passage au même fil, mais dans la région du champ où sortent les étoiles ; la moyenne des deux passages observés est le passage par le centre du champ : lecture a ensuite été faite de l'angle horaire aux deux verniers. Nous devons ajouter qu'on a toujours eu la précaution d'éviter de caler en décli- naison, attendu que l'interposition de la tringle employée à cet tisage aurait eu pour résultat de produire une légère déviation en ascension droite, qui eût pu n'être pas constante. C. R , ,85'^, io^' Semestre. (T. XXXIX, IS» îiO.) 1^5 (958) » Afin d'éliminer les effets variables de la réfraction et de la flexion sur les passages, on a eu le soin, autant que possible, de faire plusieurs observations à des distances à peu près égales deux à deux de part et d'autre du méridien, et cela tant dans la position inverse que dans la position directe. » Dans la formation des équations de condition (8), on a employé les moyennes des résultats obtenus, avant et après les passages au méri- dien. I^a formation de ces équations étant la chose la plus facile, nous nous bornerons à les présenter ici en y joignant les résultats auxquels donne lieu leur résolution. » Voici d'abord ce que nous déduisons d'observations faites le 29 sep- tembre dernier, en prenant A" = -+- 1 8% o : Non DES ÉTOILES. /3 Aicle.... y Poissons. •/ Céphée. . Polaire ■/ Baleine.. X z= c -h 5ind.i -i,74=c-l-o,io5i -2,84= c-HO, 043 I -3,i9=c-f-o,974i -3,58=e-l-i ,000 j -2,5i=c-i-o,o46' A'i -1-0,67 — 0,5 -1-0,1 —0,19 -0,17 j' = cosd.x — sintf .>7 — I , io=-i-o,994 X — 0, 103 1) o,73=-t-o,99i X — 0,043 >i -l-0,22=-l-0,228z —0,974 >) -HO , 48=4-0 ,026 X — I ,000 1} — 2, 4i=-f-o,999z— 0,04617 A'r cosd .CM Pos. dir. Pos. ioi- s -1-0,29 8 — 0,38 s 4- 0,96 4-0,69 4-1,20 4- 0,18 -4-0,02 — 0,16 4- 0,20 — 0,03 4- 0,17 — 0,21 -0,98 — 0,81 — I, i5 d'où c= — 2%3i-, /= — 1', 10; ■/ = — i',46; •/3= — o',5/(; et c5*A= — i9',46. » Toutes ces erreurs, à l'exception de âh, sont assez faibles pour un équatorial ; la quantité âh, qui se combine ordinairement avec l'état de la pendule, n'a aucune influence. Disons d'ailleurs que l'index du cercle ho- raire ayant été dérangé pour faciliter l'achèvement de certains travaux, il n'y a pas lieu de s'occuper de l'erreur actuelle âh ni de celle qui figure plus loin. » Voici maintenant ce que nous fournit ime série du 27 octobre, en prenant A= — 20%o : NOM DES ÉTOILES. X =zc -+- sind.i \^x J = cosd.x — sin<2.}7 AV cosJ.jai Pos. dir, Ipos. inv. 1 '/ Dragon « Lyre s — i,oi=c4-o,783i — 2,75=c-i-o,625i — 2,71=04-0, 236i — 2,70= c 4-0,0491 — 1 ,61=04-0,9391 — i,6i=c— o,5o6i -t-0,78 -0,85 —0,57 -0,44 4-0,07 4-1,01 8 4-1 , 01=4-0, 622X — 0,783 ri 4-0,46=4-0,781 X —0,625 ri -HI,49=+Oi972i<— 0,236 )j 4-0, 14=4-0, 999 x—0,o49>7 4- 1,0 1=4-0, 343 X— 0,93917 4-0 , 76=4-0 , 863 X 4-0 , 5o6 17 s 4-0, l5 -0,48 4-0,55 —0,75 -t-0,33 4-0,21 - 0,63 4-0,37 4- 1,12 - o,3i 4- 0,26 - 0,80 -H 0,93 — 1,33 — 0,02 — i,'9 4- 0,40 4" 1,22 c? Aigle /3 Céphée , Fomalhaut ( 9% ) d'où c= — 2',29; /=+o%64; •/.= -{- o", 8'] ; yi= — o'',^i; et âh= + 2o*,S']. » La comparaison de ces nombres avec les précédents montre que les erreurs c et ïj n'ont pas sensiblement varié ; l'erreur i aurait varié de i*,6 : ce qui ne doit pas étonner, attendu la faible longueur de l'axe de déclinai- son et le peu de garantie de stabilité que semble offrir la disposition des pièces de l'axe horaire. » Les erreurs cosd.&M. relatives aux deux positions de l'instrument sont minimes, si l'on se souvient que les angles horaires sont lus avec des ver- niers qui donnent seulement les 2 secondes. M Ce qui vient d'être exposé montre que notre instrument présente, quant à la position des axes, une stabilité qu'on n'aurait osé espérer, et qui suffit aux usages ordinaires d'un équatorial. » Actuellement nous allons examiner le nouvel équatorial au point de vue de sa stabilité pendant la durée des observations. » En considérant d'abord les différences d'ascension droite, il est visible qu'on peut redouter deux effets distincts : un mouvement oscillatoire autour de l'axe horaire et un mouvement lent autour du même axe. L'influence du premier s'éliminerait de la moyenne d'un certain nombre des comparai- sons ; il n'en serait pas de même du second : ainsi la concordance de plusieurs comparaisons consécutives ne suffirait pas pour prouver leur exactitude. Les causes qui peuvent produire les mouvements lents agiraient sensiblement de même dans des positions voisines de la lunette, tandis qu'elles produi- raient probablement des effets contraires dans des positions de la lunette symétriques par rapport au méridien. Il importe donc, pour étudier ces effets, de faire des comparaisons d'étoiles peu éloignées en déclinaison, par des angles horaires très-différents; et si les résultats concordent, il y aura une très-grande probabilité en faveur de leur exactitude. On aura d'ailleurs pour contrôle la valeur de ces mêmes différences obtenues à l'aide de la lunette méridienne, ou, à défaut de celles-ci, les indications des bons catalogues d'étoiles. » Quant aux déclinaisons, pour se convaincre que le procédé à l'aide duquel on a fixé la lunette en déclinaison, ne laisse guère à désirer au point de vue de la stabilité, il suffit de jeter un coup d'œil sur le tableau sui- vant : laS. (qGo) MOVEDXBRE 2. NOVEMBRE 3. 17 et 27 Taureau. 252 et 270 B.A.C. Poissons. 17 et >) Taurea u. AD 17 e1 Angle hor. 27 Taure AM 4C. AnffJe hor. Am AD Angle hor. AM AD Angle hor. AB. AD b m 18.33 18. 5o m s -1-4.16,53 16,07 — 2.5l,7 .^.2,3 h m 20. 2 20.10 m s -1-2.59,87 60,00 / // » h m 18.44 18.52 m 8 -(-2.35,70 36,10 — 0.3,2 2,2 h m 18.44 18.52 m s -h4. 16,27 '6,77 — 2.52 53 '9- 7 16,60 » 20.16 20.21 59,27 60,00 —0.25,2 25,5 0.19 0.26 35,97 35,97 2,5 » 0. 19 0.26 16,57 16,40 52 02 2. Il 2.16 3.53 59,63 59,93 59,53 25,7, 24,7 25,1 1.33 1.40 36,07 35,83 2,7 2,3 1.33 1 .40 16,33 16,23 53 » 4. 0 59,73 » Moyennes ParB.A.C. -1-4.16,40 "6,49 — 2.52,0 5o,5 +2.59,74 59,9' — 0.25,2 26,9 -H2.35,94 36,01 - 3,6 2,3 -1-4.16,43 '6,49 — 2.52 5o Différences — 0,09 - 1,5 — o,'7 -+- ',7 - 0,07 - 0,3 — 0,06 — 2 w Ce tableau contient un extrait des comparaisons d'étoiles, faites en ascension et en déclinaison. i> Les angles horaires indiquent la position dans laquelle les comparaisons ont été faites; les différences en ascensions droites résultent de passages observés à trois fils distants d'environ 8 secondes à l'équateur; les différences de déclinaison résultent de 5 à i o pointés pour chaque étoile. L'état du ciel n'ayant pas permis de déterminer ces différences aux instruments méridiens, nous avons été obligé d'emprunter leurs valeurs à l'excellent Catalogue de l'Association britannique pour l'avancement des Sciences; mais la concor- dance des résultats obtenus, le 3 novembre, dans des positions très-diverses, aurait pu nous dispenser de recourir à ce catalogue. » Nous espérons d'ailleurs augmenter la précision des différences en ascension droite, en ayant recours au procédé dont il a déjà été question. » En examinant attentivement nos résultats, on se convaincra aisément que les moyennes de six à huit comparaisons présenteraient l'exactitude des comparaisons obtenues dans la plupart des observatoires. » L'examen auquel nous venons de nous livrer ne doit pas être consi- déré comme complet. De nouvelles observations sont sans doute néces- saires pour fixer définitivement les idées sur le mérite de l'instrument de M. Secretan ; mais notre travail avait principalement pour but d'indiquer (96i ) en temps ulile aux astronomes, le degré de précision des observations que nous avons été obligé de faire à l'aide de cet instrument. » La Note de M. Yvon Villarceau se termine par une évaluation des er- reurs commises dans la mesure des différences d'ascension droite lorsque l'on néglige les erreurs instrumentales; la petitesse actuelle des erreurs de notre nouvel équatorial permet d'en négliger l'effet ailleurs que dans le voi- sinage presque immédiat du pôle de l'équateur. » M. LE Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie un opus- cule intitulé : Le problème des forêts au double point de vue physique et social. L'auteur, M. Ramox de la Sagra, Correspondant de l'Académie, a joint à son envoi la Lettre suivante : Comment justifier les propriétés spéciales des différentes sources, malgré leur teneur presque égale en bicarbonate de soude, si c'est là essentiellement leur principe actif ?'Faudra-t-il, parce que ce sel domine partout, en faire l'agent médicinal par excellence? et croira -t-on, au contraire, l'arsenic à faible dose absolument inerte dans des eaux spécifiques, surtout contre les affections des organes sur lesquels, pris à haute dose, il localise précisément et exerce de préférence son action toxique? Osera-t-on affirmer que l'acide borique, que la strontiane, dont les vertus médicinales sont à peu près igno- rées, ont un rôle absolument passif? Comment enfin fixer la part que chacun des éléments de cette association complexe prend à l'effet géné- ral, ne fût-ce que comme véhicule éliminateur ? » Ces questions, la chimie peut les poser, mais elle n'a pas encore appris à les résoudre ; elle s'arrête jusqu'à présent devant les mystères de l'orga- nisme, et ne s'arroge pas, comme on l'a fait trop souvent, le droit d'y sup- poser sans preuves les réactions ordinaires du laboratoire. » Pour rappeler, en effet, quelques-unes de ces anomalies si longtemps méconnues, ne voit-on pas se transformer, dans les voies digestives, le car- bonate d'ammoniaque en acide azotique, et des tartrates, à réactions acides, en carbonates, à réactions alcalines. » M. Bouquet se borne à ces exemples; il aurait pu en trouver d'autres non moins concluants, dans les beaux travaux de notre confrère M. Bernard. Mais nous devons nous arrêter nous -même dans cette discussion que nous interdit notre incompétence; nous ajouterons seu- lement qu'il convenait à l'auteur d'un travail purement chimique sur les eaux minérales de marquer la portée véritable des expériences analy- tiques, de les préserver à l'avance des interprétations et des corollaires hasardés, de poser, en un mot, les bornes que la chimie ne doit pas prématurément tenter de franchir. >» Le Mémoire dont l'Académie vient d'entendre l'analyse est une véri- ( 9^7 ) table histoire chimique du bassin hydrologique de Vichy, appuyée sur tous les documents qu'on est aujourd'hui en droit de demander à la science. Plus de soixante-dix analyses complètes ou déterminations analytiques spéciales, toutes dirigées vers un même but, en sont les pièces justificatives ; et pour mener à fin une œuvre aussi considérable, il n'a pas fallu moins de deux années d'un labeur assidu. » Déjà les eaux des Pyrénées ont donné lieu à un travail du même genre dont l'Académie n'a pas perdu le souvenir; et iï serait à souhaiter que cha- cun de nos principaux groupes de sources minérales devînt ainsi à son tour l'objet d'une étude approfondie. L'utilité individuelle de ces intéressantes monographies s'accroîtrait encore de toute leur valeur d'ensemble, et sans doute on verrait naître de leur comparaison des rapprochements inattendus. » Les recherches de M. Bouquet sont un chapitre capital de ce désirable inventaire de nos richesses nationales; l'Académie ne saurait trop encou- rager de pareils travaux^ fi-uits d'une très-rare persévérance, et en lui pro- posant d'abord de voter l'insertion du Mémoire de M. Bouquet dans le Recueil des Savants étrangers, nous demanderons, en outre, qu'il soit renvoyé à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. » Nous croyons, en effet, que cette Commission appréciera, comme nous, de consciencieuses études sur l'un des agents les plus actifs de la thérapeutique. L'expérience médicale doit trouver d'utiles enseignements et de nouveaux problèmes offerts à ses doutes et à ses investigations dans cet ensemble d'analyses comparatives qui montrent partout, et presque en pareilles proportions, les principes supposés des propriétés caractéristiques de quelques sources, qui font connaître la dose d'arsenic propre à chacune d'elles, y déterminent la quantité de strontiane, et paraissent retrancher plusieurs principes énergiques à la liste de leurs principes minéralisateurs. » L'Académie approuve la proposition relative à l'impression du Mémoire de M. Bouquet dans le Recueil des Savants étrangers. Le renvoi au concours Montyon étant de droit du moment où la Com- mission le demande, l'Académie n'a pas à voter sur ce point. Le Mémoire, accompagné du Rapport qui le juge au point de vue chimique, sera renvoyé à la Commission chargée de décerner les prix de Médecine et de Clrirurgie de la fondation Montjon. 126. (968) MEMOIRES PRÉSENTÉS. TOXICOLOGIE. — Acide cyanhjdrique retrouvé dans un cadavre humain, trois semaines après la mort. (Extrait d'une Note de M. Brame.) (Commissaires, MM. Peligot, Bernard.) M Un jeune homme de Tours s'étant empoisonné volontairement avec de l'acide cyanhydrique médicinal au douzième, dont il paraît avoir avalé environ vingt-cinq grammes, je fus appelé comme expert, trois semaines après l'inhumation, afin de rechercher s'il était possible de déceler l'acide cyanhydrique dans le cadavre. Je suis parvenu à reconnaître et à doser une quantité notable de ce poison, qui s'était maintenu dans l'estomac. Addi- tionné d'azotate d'argent neutre et pur, il s'y est formé en abondance un précipité floconneux et jaunâtre, qui, bien lavé et séché dans le vide pneumatique, et chauffé ensuite quelques instants au bain-marie, a pris une couleur gi-isâtre. Ce précipité était soluble dans l'ammoniaque et le cyanure de potassium. Décomposé à chaud par le potassium, il a formé du cyanure de potassium, avec lequel il a été facile d'obtenir de l'acide cyan- hydrique et du bleu de Prusse. Délayé dans l'eau et soumis à l'action d'un courant d'acide suif hydrique, il a donné lieu à une solution claire et lim- pide d'acide sulfhydrique, lorsqu'on eut séparé par le filtre le sulfure d'ar- gent formé. Au moyen de l'acide chlorhydrique, on a pu en obtenir de l'acide cyanhydrique, d'une odeur très-forte, et dont la vapeur, reçue da,ns une solution de nitrate d'argent, l'a précipité en blanc; le précipité était soluble dans l'ammoniaque. Le précipité primitif, chauffé à la lampe, dans un tube étroit fermé à un bout, a donné de l'acide cyanhydrique et quel- ques gouttelettes d'eau, etc. Ce même précipité, chauffé doucement avec de la potasse caustique, n'a donné lieu à aucun dégagement d'ammoniaque. » L'acide cyanhydrique avait donc persisté dans l'estomac trois semaines après l'inhumation. Il ne paraît pas y avoir contracté de combinaison chi- mique. Il y était en quantité assez considérable, car j'ai pu recueillir environ o*'^,6o de cyanure d'argent ; soit à peu près o", i ao d'acide cyanhy- drique. » ( 969 ) CHIMIE APPLIQUÉE. — Description du Jéculomètre, appareil destiné à Jaire connaître la proportion d'eaucontenue dans des fécules vertes ou humides, employées par diverses industries. (Extrait d'une Note de M. N. Bloch. j (Commissaires, MM. Pelouze, Balard.) « L'importance que la fécule a acquise dans la fabrication des glucoses, dans la fabrication des gommes, dans la préparation des apprêts et des cou- leurs, nous a engagé, dit l'auteur, à rechercher im moyen convenable pour évaluer sa richesse réelle. Cette question a déjà été souvent débattue par les fabricants de glucoses, et spécialement par ceux qui emploient la fécule hu- mide, dite fécule verte. Dans cette fabrication, où les produits sont vérifiés par la Régie, on a remarqué souvent des pertes et des excédants qu'on ne s'expliquait pas. La loi porte que 100 kilogrammes de fécule sèche ou i5o kilogrammes de fécule verte doivent produire 100 kilogrammes de glucose. Or il existe entre la fécule sèche et la fécule verte toute la série d'hydratation intermédiaire de 10 à 5o pour 100. Évidemment, une fécule donnera plus ou moins de glucose suivant qu'à poids égal elle contiendra moins ou plus d'eau. Les fabricants d'indiennes, de leur côté, trouvent des inconvénients à obtenir des apprêts tantôt plus épais qu'il ne convient, et tantôt moins, et tous inévitables tant qu'ils n'ont pas un moyen facile de connaître la richesse de la fécule qu'ils emploient. Pour arriver à connaître cette richesse, on peut procéder : 1° par la dessiccation directe; 2° par la prise de la densité; 3° par la méthode des liqueurs titrées; 4° P^i" la mesure du volume qu'occupe un poids constant de fécule arrivée à son maximum d'hydratation. Nous ne pouvions pas offrir les trois premiers modes, par la raison que tous trois exigent des pesées délicates et des soins trop minutieux pour des personnes n'ayant pas souvent l'habitude des mani- pulations précises. Nous nous sommes surtout attaché au dernier mode, vu la facilité de l'opération, et ensuite parce que l'indication du titre est directe. Voici sur quel principe repose l'instrument que nous nomme-- rons féculomètre : » La fécule, en se combinant à l'eau jusqu'à son maximum d'hydrata- tion, forme un hydrate défini qui occupe un volume toujours constant. Dans six expériences, 10 grammes de fécule agitée dans vm tube gradué avec un excès d'eau ont toujours occupé un volume égal à i4,857 centi- mètres cubes, quoiqu'on ait laissé reposer les uns six heures, les autres vingt-quatre heures, et les autres quarante-huit heures. Une fécule moitié ( 970 ) moins riche que la précédente occupera donc la naoitié de ce volume, lors- qu'on en gonfle lo grammes dans l'eau. » Partant de cette idée, il ne s'agissait plus que de graduer un tube, y dé- layer un poids donné de fécule et mesurer le volume qu'elle occupe après un repos. Le volume indique alors la quantité proportionnelle de fécule réelle. Pour arriver à ce résultat, la marche naturelle était de prendre de la fécule à son maximum de pureté, d'en délayer un poids donné dans un excès d'eau distillée, l'abandonner et mesurer le volume après son repos. Le volume indiqué serait le volume d'une fécule pure et sèche. » Cette opération, quoique simple en apparence, présentait des diffi- cultés : et d'abord fallait- il prendre pour type la fécule desséchée à t4o de grés dans le vide, ou celle quia été desséchée à 160 degrés dans un courant d'air sec et à la pression atmosphérique ? La fécule dans cet état n'est pas maniable dans l'air, elle absorbe l'humidité avec une grande avidité. De plus, cette tiécule gonflée dans l'eau occupe un volume tout différent du volume qu'elle aurait occupé si on l'avait gonflée sans la dessécher. Ainsi une fécule dont nous avons gonflé 10 grammes dans l'eau d'un côté sans la dessécher, et dont nous avons desséché 10 grammes d'un autre côté dans le tube gradué même, puis gonflé, nous a donné les résultats suivants : Celle qui avait été desséchée occupait 1 5,466 centimètres cubes, et celle qui n'avait pas été desséchée occupait 1 4,857 centimètres cubes. » Nous ne pouvons suivre l'auteur dans le détail de l'opération au moyen de laquelle il se procure la fécule type nécessaire pour la graduation de son appareil ; qu'il nous suffise de dire qu'il y est parvenu de manière à avoir de bons résultats toujours identiques. Toutes les difficultés n'étaient pourtant pas encore surmontées : on vou- lait obtenir un appareil pratique, et, par conséquent, il fallait tenir compte des circonstances dans lesquelles est placé le fabricant. On avait constaté le volume au maximum d'hydratation en employant de l'eau distillée ; mais c^est d'eau commune que se servira habituellement le fabricant; le gonfle- ment dans les deux cas sera-t-il le même? C'était un point à examiner. Or, à l'épreuve, il a été reconnu que le volume diffère suivant la nature des liquides employés. Ainsi 100 grammes de fécule normale occupent en centimètres cubes, quand ils sont humectés par : Alcool du commerce distillé i4i «4 Alcool du commerce ordinaire i47 » Eau distillée 166 gS ( 97' "i Eau du puits artésien de Grenelle (Paris), contenant o,i43 de sel par litre i^O 5l Eau de la Marne i ^4 79 Éther du commerce 1^4 83 Sulfide carbonique 1^4 83 Acide acétique du commerce 174 83 Eaux généralement potables 1 76 67 Eau disliWée, contenant 0,5 de chlorure iodique par litre 175 67 Eau du canal de l'Ourcq, contenant 0,590 de sel par litre 175 67 Eau d'Arcueil , contenant 0,527 de sel par litre 175 67 Eau de la Seine, contenant o,432 de sel par litre 175 67 Eau de la Bièvre , contenant 1,190 de sel par litre 177 gS Eau des puits de Paris 180 » Dissolution de chlorure iodique , non saturée i85 70 Dissolution de sulfate iodique, non saturée .' 187 53 Dissolution de chlorure calcique , non saturée 197 4' Dissolution de chlorure iodique, saturée 04-15° 197 9:} On voit par là que plus l'eau contient des sels en dissolution, plus le volume de la fécule gonflée est grand ; et par conséquent si l'on ne tient pas compte de cette condition, l'essai donnera des résultats faux, et l'auteur en cite plusieurs exemples que, connaissant la cause de l'irrégula- rité, il était facile d'y remédier; en effet, il suffisait de remplacer l'eau distillée par l'eau ordinaire dans les expériences de graduation : il restait pourtant à examiner si les différences qui existent dans la composition des eaux potables devaient être, dans ce genre d'essais, causes de différences dont il fiit indispensable de tenir compte. a Nous avons, dit l'auteur, opéré sur les eaux suivantes avec une fécule à 82,7 et une autre à 84,5 pour 100. Essayées à l'appareil de dessiccation, ces fécules ont marqué au tube avec ; TITKKS. 84,5 82,7 / Eau normale ,. 85,5 82,7 \ Eau du canal de l'Ourcq 84 ,5 82 , 7 l Eau de la Seine 84 ,5 82 , 7 potables. J ^^ ^^ ,^ ^^^^ g^^^ g^ 5 \ Eau de plusieurs puits d'eau potable 84,4 82,5 „ / Eau du puits artésien de Grenelle 82 ,0 80, o I Eau de la Bièvre 85', 5 83 , 5 *'"P"'''^^^*-| Eau des puits de Paris 89,0 86,5 » Nous pouvons donc pour la suite employer en toute confiance l'eau (97») potable de puits et de rivière, ou la liqueur titrée composée d'eau distillée tenant en dissolution 0*^,5 de chlorure iodique par litre. » Ces expériences faites, nous pouvons décrire l'instrument, et indiquer la manière de le graduer. » L'instrument consiste en deux tubes de verre de diamètres différents et soudés ensemble. La partie inférieure destinée à mesurer le volume de la fécule est d'un diamètre d'environ i3 millimètres sur i5o de long, il est fermé d'un côté: c'est lui qui est gradué. La partie supérieure soudée après le tube gradué est d'un diamètre de 3o millimètres sur 180 millimètres de long, il est bouché à l'émeri. Une note écrite, qui y est fixée à demeure, rappelle que la quantité à essayer doit être du poids de 5 grammes, et que l'eau à employer est de l'eau ordinaire. » Pour graduer le tube, nous nous sommes servi d'une fécule pure et sèche dont nous avons pesé simultanément 10 grammes que nous avons gonflés dans Veau ordinaire, et 10 grammes que nous avons desséchés dans l'appareil à dessiccation décrit. Cette fécule contenait 8,457 de fécule et 1,543 d'eau; elle occupait un volume égal à 14,847 centimètres cubes, gonflée dans l'eau ordinaire. Nous avons calculé, d'après ces données, le volume occupé par 10 grammes de fécule pure et normale par l'équation suivante : 86%457 -. i4",857 :: lo^^ : j: i4,85t X 10 ,,„ -,. •^= --sis,-- = '7 '5^7- » Ce volume obtenu, nous l'avons fait diviser en 100 parties égales, de sorte que la simple lecture sur le tube suffit pour indiquer le titre. En effet, une fécule qui contient 100 pour 100 marquera 100; une fécule ne conte- nant que la moitié marquera 5o divisions, c'est-à-dire 5o pour 100, et ainsi de suite. » Pour faire l'essai sur 5 grammes, nous avons fait diviser en 100 par- ties égales la moitié de la capacité de 1 7,567, c'est-à-dire 8,7835. » Pour faire un essai, on pèse aussi exactement que possible lo grammes de fécule, soit sèche, soit verte, ou plutôt le poids de fécule indiqué sur le féculomètre qu'on emploie; on les introduit dans le tube, on agite avec l'eau ordinaire potable, après avoir remis le bouchon pour ne rien perdre. » Lorsque toute la fécule est délayée, on enlève le bouchon et l'on fait couler quelques gouttes d'eau le long des parois, afin d'enlever les quelques granules qui y restent attachées. Cette opération dure de quatre à cinq ( 973 ) minutes. On abandonne alors au repos jusqu'à ce que la fécule ne se meuve plus en renversant le tube. Plus une fécule est saine ou de bonne qualité, plus vite elle se dépose ; la meilleure exige une heure, la plus mauvaise exige six heures. L'opération doit être faite à i5 degrés (en été il suffit le plus souvent de plonger le tube dans un vase rempli d'eau). Après le repos complet on lit le nombre de divisions occupées par la fécule : cette lecture indique le titre de la fécule en centièmes, c'est-à-dire que si le chiffre 76 est indiqué, les 100 kilogrammes de cette fécule contiennent ']5 kilogrammes de fécule réelle et a5 kilogrammes d'eau. Une fécule sèche du commerce, bonne qualité, doit marquer 82 au minimum et 84 au maximum pour 100. Pour la fécule humide il existe tous les degrés. La fécule humide égouttée le plus possible, c'est-à-dire lorsqu'elle ne coule plus ni ne se soude plus, contient 5o, i pour 100 de fécule normale ou 69,64 pour 100 de fécule sèche de commerce à 84 centièmes. C'est ordinairement dans cet état qu'on la retire des bachots pour l'exposer sur le plâtre. » MÉDECINE. — De l'intoxication arsenicale des marais, proposée comme devant anéantir le miasme paludéen; par M. H. Martinet. (Commissaires, MM. Pelouze, Payen, Rayer.) « Les fâcheux effets produits sur l'organisation humaine par les effluves des marais , sont , dit l'auteur, trop généralement connus pour qu'il soit nécessaire d'insister sur la nécessité de combattre cette cause si générale d'insalubrité ; le dessèchement des marais est le premier moyen qui se pré- sente à l'esprit. Mais ce dessèchement est souvent impossible, et quand il est praticable il ne s'obtient point sans qu'il en coûte beaucoup d'argent, sans qu'il faille se résigner à sacrifier beaucoup de vie. N'y aurait-il donc pas quelque autre moyen d'arriver au même résultat? Ne serait-il pas pos- sible d'annihiler directement les miasmes paludéens ? Je répondrai hardi- ment par l'affirmative, et je dirai ce qui m'a mis sur la voie. » M'occupant, il y a un an, de recherches sur la cause des maladies épidémiques, je lus l'observation suivante du D"^ Stokes : « Dans la Cor- » nouaille, les fièvres décimaient les populations; une fonderie fut établie » et les fièvres disparurent. Le grillage des minerais jetait dans l'atmosphère » des vapeurs arsenicales qui tuaient les miasmes. » Plus tard, M. Bury fit Voir que les ouvriers qui travaillaient le cuivre étaient préservés du choléra , et que les habitations voisines des fonderies étaient pareillement épargnées ; or le cuivre est souvent arsenical, de sorte que l'arsenic n'était proba- C. R., 1854, 2"" Semej(;e. (T. XXXIX, ^'• 20.) J27 ( 974 ) blement pas étranger à l'effet produit. I/arsenic est aujourd'hui employé avec succès dans le traitement des fièvres paludéennes; mais pourquoi at- tendre que le mal soit développé pour le' combattre ? Pourquoi ne pas dé- truire d'avance le miasme? Il faut l'annihiler sur place, non pas en établis- sant des fonderies, mais en empoisonnant les marais avec des tonnes d'ar- senic. M L'auteur présente ensuite les motifs qui le portent à supposer que les exha- laisons des marais produisent leurs terribles effets, non point en raison de leur composition chimique, mais comme étant les véhicules d'êtres organi- sés microscopiques qui conservent la vie même après avoir pénétré dans les organes respiratoires, et ce sont ces êtres contre lesquels il veut diriger l'action intoxicatrice de l'arsenic. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Nouvelle Jormule pour la résolution des équations algébriques ; par M. Voizot. (Commissaires, MM. Cauchy, Binet.) MÉDECINE. — Réflexions sur le choléra asiatique; par M. Voizot. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie. ) M. Cadet envoie, de Rome, une addition à ses précédentes communica- tions sur les fausses membranes contenues dans les déjections cholériques et sur les entqzoaires qu'il y a observés. Son troisième envoi comprend non-seulement de nouveaux dessins, mais encore des pièces pathologiques faciles à détériorer et qui ne se conserve- raient probablement pas jusqu'au moment où elles pourraient être exami- nées par la Commission du legs Bréant, dont le travail sera nécessairement fort long. A raison de cette circonstance, l'Académie renvoie à l'examen d'une Commission spéciale, composée de MM. Duméril, Milne Edwards et Bernard, les trois Notes de M. Cadet ainsi que les dessins et les pièces qui s'y rattachent. M. Heuhteloup adresse une Note destinée à compléter une précédente communication concernant son procédé d'extraction immédiate des Jrag- ments des calculs vésicaux. (Renvoi à la Commission nommée, qui se compose de MM. Serres, Rayer et Velpeau.) ( 975 ) M. Marchal adresse, de Rome, une Note accompagnée de dessins et se rattachant, de même que d'autres dessins reçus par l'Académie dans l'avant- dernière séance, à un Mémoire antérieur relatif à la navigation aérienne. (Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés, MM. Piobert, Morin, Seguier. ) M. IVascio envoie, de Messine, une nouvelle Note relative aux communi- cations qu'il a faites à plusieurs reprises sur des e'phe'me'rides luni-solaires . Cette Note est renvoyée, comme l'avaient été les deux précédentes, à M. Faye, qui examinera s'il y a lieu de revenir sur le jugement déjà porté relativement à l'ensemble de ce travail qui n'avait pas pan; de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Cabanes communique de nouvelles observations sur les bons effets obtenus de l'emploi du goudron contre la maladie de la vigne. Il ajoute avoir réussi à guérir des grappes déjà atteintes en les plongeant dans un bain di' eau de savon. (Commission des maladies des végétaux.) M. Gavelï-es adresse une Lettre relative également à de précédentes communications qu'il avait faites sur la maladie de la vigne. M. ScHEMEL annonce avoir trouvé, dans le cours de ses recherches rela- tives à un nouveau projectile de guerre, un moyen de conserver \e phos- phore sans altération, à l'air libre et à la lumière; il offre, dans le cas où cette découverte semblerait avoir quelque intérêt pour la science ou pour l'industrie, à faire connaître son procédé. MM. Pelouze et Bernard sont invités à se mettre en communication avec l'auteur de la proposition et de voir s'il y a lieu à y donner suite. M. Arnaud avait précédemment adressé de Nancy une Note sur la con- servation des céréales au moyen d'un système particulier de silos, Note qui n'avait pu être renvoyée à l'examen d'tme Commission en vertu d'une décision déjà ancienne concernant les ouvrages imprimés ; il demande aujourd'hui que son travail, dont le Conseil général du département de la Meurthe a reconnu l'importance, soit admis à concourir pour un des prix que décerne l'Académie. lay.. (976) La Notice précédemment adressée par M. Arnaud sera soumise au juge- ment de la Commission chargée de décerner le prix fondé par M. de Mon- tyon, pour récompenser les inventions qui peuvent influer sur la santé publique. CORRESPONDANCE. PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Note lue par M. Biot en présentant un ouvrage c/e M. Martin de Brettes. « M. le capitaine d'artillerie Martin de Brettes, inspecteur des études à l'École Polytechnique, m'a prié de présenter en son nom à l'Académie, un ouvrage de sa composition ayant pour titre : Etudes sur les appareils électromagnétiques destinés aux expériences de l'artillerie. Comme cet ouvrage, sous son titre modeste, est le résultat de méditations longtemps suivies avec persévérance, soit dans le calme des établissements militaires, soit dans la vie active des camps; et, qu'à ses vues personnelles, l'auteur a joint une discussion approfondie de toutes les tentatives déjà faites sur le même sujet tant à l'étranger qu'en France, j'ai pensé que l'Académie trou- verait quelque intérêt à connaître, comment il a compris et exécuté cette transition difficile des spéculations physiques aux applications. » Il commence naturellement par décrire les appareils électromoteurs ; ceux qui servent à développer ce que l'on appelle les courants électriques. Il spécifie, d'après l'expérience, les propriétés observables de ces courants, leur rapide transmissibilité, leurs actions entre eux et sur les corps aimantés ou aptes à le devenir ; les dispositions les plus efficaces pour accroître leur énergie; les procédés par lesquels on peut la constater, la rendre sensible- ment constante, longtemps durable, et la faire agir dans cet état par inter- mittences, dont la rapidité de succession n'est limitée que par l'intervalle de temps très-petit, mais non pas insensible, que le magnétisme emploie à se développer ou à s'éteindre dans les corps conducteurs, sous l'impression d'un contact opéré ou supprimé instantanément. Tout cela est exposé avec concision, mais clairement, exactement, dans les termes usités par les phy- siciens; sans discussion ni garantie de leurs doctrines, et comme autant de faits acquis. » Ces préparatifs étant établis, l'auteur passe aux applications qu'on en a faites, ou qu'on en peut faire, pour résoudre expérimentalement une foule de questions qui intéressent l'artillerie : par exemple, mesurer la vitesse ini- tiale d'un projectile tiré sous un angle quelconque; celle qu'il a en un point ( 977 ) quelconque de sa trajectoire; les maxima de vitesses des éclats d'obus et des balles qui y seraient renfermées, soit que l'explosion se fasse à l'état de mouvement ou de repos. Tous les procédés imaginés pour ces applications se résument dans cet énoncé général : Des effets mécaniques instantanés, qui se succèdent à des intervalles de temps très-courts, sont, aux moments où ils se produisent, reportés par l'électricité à un appareil qui s'en im- pressionne, et sur lequel ces intervalles de temps se trouvent transformés en intervalles graphiques, dont la grandeur, devenue appréciable, sert à les mesurer. L'auteur fait connaître en détail ceux de ces procédés qui ont été imaginés ou employés pour des recherches de ce genre, par les physiciens en Angleterre et en France; ceux aussi qui ont été appliqués en grand à des expériences d'artillerie dans plusieurs autres pays de l'Europe, la Russie, la Prusse, la Belgique, où elles ont été entreprises et exécutées sous le patronage des gouvernements. Il ne décrit pas seulement les appareils qui ont servi à ces nouvelles et importantes études de Balistique; il en discute les détails, signale leurs défauts, leurs avantages, et expose les modifications, qu'à son avis, on pourrait utilement y apporter pour rendre leurs indica- tions plus sûres ou plus précises. Ces propositions de perfectionnements, faites par un esprit pratique, à* la suite d'un examen attentif et comparé de tout ce qui a été imaginé ou réalisé précédemment, devront être prises en grande considération quand on organisera de pareils travaux. » La lecture de l'ouvrage du capitaine Martin y sera un excellent prépa- ratif. C'est dans cette voie, et sous cette forme, que les spéculations des sciences peuvent être fructueusement introduites dans les opérations des armes savantes. Des militaires, s'appropriant, et y transportant ainsi leurs découvertes, ce sont des auxiliaires dont l'Académie accueillera toujours les efforts avec faveur. » M. Regnaklt donne communication de la Lettre suivante qui lui a été adressée par M. Magnus, de Berlin : ff Au retour d'un voyage , je viens de lire dans les Comptes rendus les résultats de vos intéressantes recherches sur les forces élastiques des va- peurs. Je vous félicite d'avoir fini ce travail aussi long que pénible. Si vous vous souvenez encore que lorsque vous m'écrivîtes que vous aviez com- mencé vos recherches , je m'occupais du même sujet, vous jugerez de l'in- térêt que je prends pour les beaux résultats que vous venez d'obtenir. Je cçois pourtant que vous faites tort aux physiciens en disant ( Comptes rendus, t. XXXIX, p. 397) : On peut dire que la loi de Dalton a été admise de con- (97») fiance parce quelle... Les physiciens n'ont pas cru nécessaire de la vérifier par des expériences directes. Car, dans une Note : Ueber das Sieden von Gemischen zweier Flussigkeiten und ûber das Stossen solcher Gemische, que j'ai publiée dans les Annales de Poggendorff, t. XXXVIII, p. 48i , qui date de l'année i836, j'ai prouvé que la loi de Dalton n'est point applicable aux mélanges des vapeurs dont les liquides se dissolvent mutuellement. » J'ai démontré dans cette Note que la force élastique des vapeurs d'un mélange d'alcool et d'éther est non-seulement moindre que la somme des forces élastiques des deux vapeurs isolées, mais encore moindre que celle de l'éther; et que la force élastique du mélange diminue à mesure que dans le liquide la quantité d'alcool devient plus considérable, jusqu'à ce que la force élastique devienne presque égale à celle des vapeurs d'alcool isolées. En général, la tension des vapeurs d'un mélange de deux liquides qui se dissolvent mutuellement dépend du rapport dans lequel les deux liquides se trouvent dans ce mélange. » La Note contient aussi des expériences qui se rapportent aux mélanges de liquides qui n'exercent pas d'action dissolvante l'un sur l'autre. Si l'on fait bouillir ces mélanges sous la pression atmosphérique, j'ai trouvé que la température des liquides est un peu plus élevée que celle que prendrait le liquide le plus volatil s'il bouillait isolément sous la même pression. Mais la température des vapeurs de ces mélanges est encore plus basse que celle-ci. Dans un mélange d'essence de térébenthine récemment rectifiée et d'eau qui bouillait sous luie pression de 749""", 6, le thermomètre marquait dans le liquide 102 degrés centigrades, et dans les vapeurs 94",5 centi- grades. Dans un mélange de sulfure de carbone et d'eau qui bouillait sous la pression de 752™", 2, le thermomètre dans le liquide marquait 47 degrés centigrades, et dans les vapeurs 43°, 5. » Vous n'avez pas fait mention de cette différence des températures du liquide et des vapeurs. Elle est cependant une conséquence nécessaire de la loi de Dalton, qui probablement ne vous a pas échappé. » Tous ces faits, excepté le dernier, sont en concordance complète avec les beaux résultats de vos recherches. Ils sont publiés depuis dix-huit ans. Je les ai expliqués annuellement dans mes cours, et on les trouve dans mes Traités allemands, entre autres dans le Traité de Chimie de Gmelin. Je suis cependant persuadé que vous n'en avez pas pris connaissance, car autre- ment vous en auriez parlé. Vous m'obligeriez pourtant en communiquant cette Lettre à votre Académie, et en la faisant insérer dans les Comptes rendus. » .( 979 ) M. Reg\aclt présente les observations suivantes à l'occasion de la Lettre de M. Magnus : a. Dans l'exposé très-succinct de mes expériences sur les forces élastiques des vapeurs, que j'ai fait imprimer dans les Comptes rendus j je n'ai pas cité les expériences de M. Magnus, parce que je ne les connaissais pas. Le temps ne m'ayant pas permis de rédiger mon Mémoire complet sur ce sujet, je n'ai pas fait les recherches bibliographiques qui me seront néces- saires pour écrire l'historique de la question, et qui m'auraient infaillible- ment fait trouver le Mémoire de cet habile physicien. » M. LE Secrétaire perpétuel, que l'Académie, dans sa séance du 3 1 juillet, avait chargé de faire connaître à M. Dulong, fils du célèbre physicien, la part qu'elle prenait à l'accident qui l'avait frappé sur le chemin de fer d'Orsay, donne lecture d'une Lettre dans laquelle M. Dulong exprime toute sa reconnaissance : « Après trois mois de cruelles souffrances, l'état de ma santé, dit M. Dulong, me permet enfin de répondre, et je n'oublierai jamais la vive mais bienfaisante émotion que m'a fait éprouver, sur mon lit de douleur, la lecture delà Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire au nom de l'Académie, Lettre dictée par un sentiment aussi généreux que spon- tané. Cet hommage rendu à la mémoire de mon père, seize années après sa mort, par ses anciens confrères, est pour moi et pour les miens d'un haut prix, et ce n'est pas seulement en mon nom, mais au nom de toute la famille Dulong, que je viens remercier l'Académie. » M. Velpeau, qui a donné des soins à M. Dulong à la suite du grave acci- dent, déclare que la satisfaction qu'a causée au malade ce témoignage des sympathies de l'Académie a très-certainement contribué à relever ses forces dans le moment où ses jours étaient le plus menacés. L'Académie royale des Sciences de Berlin remercie l'Académie pour l'en- voi d'une nouvelle série des Comptes rendus hebdomadaires et adresse un volume de ses Mémoires pour l'année i853. M. Malgaigne prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Médecine et Chirurgie, par suite du décès de M. Lallemand. (Renvoi à la Section de Médecine et Chirurgie. ) ( 98o ) M. le contre-amiral Mathiep prie l'Académie de vouloir bien le com- prendre dans le nombre des candidats dont elle examinera les titres quand elle aura à faire sa présentation pour la place vacante au Bureau des Longi- tudes par suite du décès de M. l'amiral Baudin. Cette Lettre, dans laquelle M. le contre-amiral Mathieu expose les titres sur lesquels il fonde sa demande, sera réservée pour être renvoyée à la Com- mission compétente quand M. le Ministre de la Marine aura mis l'Académie en demeure de faire sa présentation de candidats. CHIMIE APPLIQUÉE. — Production de L'alcool au mojen de la cellulose. Réclamation de priorité adressée par M. Tribocillet à l'occasion d'une communication récente de M. Arnould. (Extrait.) « J'ai la conviction que si depuis trente-cinq ans la belle découverte de M. Braconnot n'a pas reçu d'application industrielle, c'est que la quantité d'acide sulfurique concentré qu'il est nécessaire d'employer, rendait l'opé" ration onéreuse ou peu avantageuse, malgré le prix parfois élevé de l'alcool. » Cela m'a fait naître l'idée d'utiliser cet acide, qui reste en quantité presque égale à celle employée, et qui conserve presque toute sa puissance primitive, quoique mélangé d'eau, de dextrine ou de glucose, et combiné à un peu de matière organique qui forme un acide que M. Braconnot a nommé végéto-sulfurique. J'emploie tout ce mélange pour la décomposi^ tion du savon calcaire, tel qu'on l'obtient pour la fabrication des bougies, c'est-à-dire des acides gras. Ceux-ci viennent à la surface, et le sulfate de chaux, très-peu soluble, se précipite; enfin, l'eau sucrée se sépare, et on la fait fermenter par les moyens ordinaires, puis on distille pour en obtenir de l'alcool. » Il y a un an, j'ai pris des brevets en France et à l'étranger pour cet ensemble de fabrication, et je joins à cette Lettre une copie desdits brevets. Je me crois donc en droit de réclamer la priorité pour l'application industrielle de la découverte de M. Braconnot, en utilisant l'acide qui a opéré la désagrégation de la cellulose. » M. Pelouze, qui avait présenté la Note de M. Arnould, reconnaît la légitimité de la réclamation qui, d'ailleurs, ne pouvait être prévue, M. Tri- bouillet n'ayant point fait connaître les résultats de ses recherches dans les publications périodiques consacrées aux travaux de ce genre. M. Richard annonce qu'il a envoyé à l'Académie de Médecine l'échan- (98i ) tillon d'une potion qu'il a employée avec succèe dans un grand nombre de cas de choléra, et une Note relative aux effets produits par cette potion. Il demande en conséquence à être compris dans le nombre des candidats pour le prix du legs Bréant. L'Académie des Sciences ne peut considérer des écrits présentés à d'autres Académies comme des titres d'admission aux concours pour les prix qu'elle décerne. Il ne peut donc être donné suite à la demande de M. Richard. M. Marbot prie l'Académie de voidoir bien lui faire savoir si elle a reçu un opuscule sur le choléra qu'il lui avait adressé. [^'opuscule a été reçu et l'accusé de réception envoyé. m. Sorbier, qui avait précédemment sollicité l'intervention de l'Aca- démie pour obtenir de la graine du ver à soie du ricin, lui adresse aujour- d'hui ses remercîments , et émet le vœu d'obtenir quelques instructions propres à le diriger dans l'éducation de ces insectes. (Renvoi à M. Milne Edwards, qui, à la demande de l'Académie, avait envoyé à l'auteur de la Lettre luie certaine quantité de graine prove- nant des éducations faites au Muséum d'Histoire naturelle. ) M. Lance (Antoine) insiste de nouveau sur l'utilité d'un appareil qu'il a imaginé, et qui aurait, suivant lui, pour effet de ménager la santé des oxi- vriers obligés d'exécuter des travaux sous l'eau II espère que l'Académie voudra bien mettre à sa disposition une certaine somme d'argent nécessaire pour la construction de son appareil. Cette demande ne peut être prise en considération. A cinq heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. l'' . BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 6 novembre i854, les ouvrages dont voici les titres : Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie , et Revue des nouvelles scientifiques, nationales et étrangères, publié soui la direction de M. A. Chevalier; novembre i854; in-S". C. R., l854, a"' Semestre. (T. XXXIX, N" 2p ) '^8 r 982 ) Journal des Cunnaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; n° 3; 3o octobre i854; in-8°. La Presse Littéraire. Echo de la Littératuie , des Sciences et des Arts; 3* année; 2" série; 3i* livraison ; 5 novembre i854; in-S". Pievue de Thérapeutique médico-chirurgicale; par M. A. Martin-Lauzer ; II" 21 ; i" novembre i854; in-B". Bemie thérapeutique du Midi; publiée par M. le D' LouiS Saurel ; n° 8; 2 octobre i854; in-8°. Mémorial... Mémorial des Ingénieurs; 9* année; n° 9; septembre i854; in-8°. Gazette îles Hôpitaux civils et militaires; n"' 129 et i3o; 3i octobre et 4 novembre i854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n° 67; 3 novem- b>e 1854. Gazette médicale de Paris; n° 44 ; 3 novembre 7804. LAbeUle médicale ; n° 3i; 5 novembre i854. La Lumière. Revue de la photographie ; 4* année; n" 44; 4 novembre i854- La Presse médicale; n° 44 ; 4 novembre 1 854- L jlthenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux- Arts; 3* année; n°44; 4 novembre i854. U Ingénieur, Journal scientifique et administratif; 39'" livraison ; i'^"' novem- bre 1854. Le Moniteur des Hôpitaux; rédigé par M. H. DE CastelnaU; n°* i3o et i3i ; 3i octobre et 4 novembre i854. L'Académie a reçu, dans la séance du i3 novembre i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; a' semestre, i854; n" 19; in-4'*. Le Problème des Forêts au double point de vue physique et social; par M. Ramon bE,L.i Sagra; broch. in-8°. Physiologie élémentaire de l'Homme; par M. J.-L. BraCHÈT; 2* édition. Paris-Lyon, t855; 2 vol. in-8°. Traité de la Syphilis des nouveau-nés et des enfants à la mamelle; par M. P. DiDAY. Pans, i854; i vol. in-8°. ( 983 ) Etudes sur les appareils électro-magnétitjues destinés aux expériences de t artil- lerie en Angleterre, en Russie, en Fronce, enPrusse , en Belgique, en Suède, etc.; par M. Martin de Erettes. Paris, i85/i; i vol. in-8°. Traité de Gymnastique raisonnée au point de vue ortliopédique , hygiénique et médical ; ou Cours d exercices appropriés à l'éducation physique des deux sexes, et applicables à tous les âges, etc. ; par M. Ch. Heiseu. Paris, 1 854 j in-B". Le Matériel agricole, ou Description et examen des instruments, des ma- chines, etc.; par M. AUGUSTE Jourdier. Paris, i855; i vol. in- 12. Recherches sur tes vers à soie sauvages et domestiques. Troisième article, par M. Guéri N-MÉNEviLLE; broch. in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine, rédigé sous la direction de MM. F. Dubois (d'Amiens) etGiBERT ; tomeXX^ n° 2; 3i octobre iBS/c in-8°. Bulletin de la Société médicale des hôpitaux de Paris; 2" série ; n" 11; in-8°. Société impériale et centrale d'Agriculture. Bulletin des séances, compte rendu mensuel, rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel ; 1^ série ; tome IX ; n° 8 ; in-8". Annales de la Propagation de la Foi; novembre i854; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences, fondée par M. B.-R. DE MONFORT, rédigée par M. l'abbé MoiGiNO; titre et tables du tome III ; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; novembre i854 ; in-B". Journal des Connaissances médicales pratiques et de pharmacologie; n° 4; 10 novembre i854; in-B°. L' Agriculteur praticien. Revue de l'agriculturefrançaise et étrangère; n° 3; in-8". Nouveau journal des Connaissances utiles ; publié sous la direction de M. Joseph Garnier; a* année; n° 7; 10 novembre i854; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des candidats aux écoles Poly- technique et Normale; rédigé par MM. Terquem et Gerono; novembre i854;in-8<'. Répertoire de Pharmacie; novembre i854; in-B°. Flora... Flore du Tjrol méridional; par M. F. Ambrosi ; tome T; Impartie. Padoue, i854; in-8. (Renvoyé à l'examen de M. Tulasne pour un Rapport verbal.) ( 984) » ■MH ^^ - . _^ p 3 U>OOtO«MM!OU»tOMS5---------- a; O S5 C/1 ■i^^ - C tO CC^ Oi CH4^ CO 10 - 0 'O CX^ O'. Cri4is OJ » - 0 'O 03^3 C~) 0»-*i> OJ M ~ F " G o J *0 «J «o .o .O *J vj *o .J .kJ .o «or .^J v^ï .o «J *--I *J*O*0*0.O.O«0»J^0vJvJvJ *J r eu g » 0^ a-, cr. CTi c?> Ut u;4iN4^4^4^4^ y»4i,4i^ tjn 4^ OO'O CM M ^ CC4--> 00 Oi'Xl 10 - tWCO- UtmCTi- OC-^J O^ M 0s)^-O<-Ms0MOùJf0 yjvj OOOJO-pNCCCCtOO - Ot OO-vi^ -^ -Ps ÏO OO'-O .° a r»3 2. S £= Q. ; 10 o iO - 10 » GC^ -^ 4iN^a Ci M OCO 4^ w-i-- — J -^^Cnoo- OîO: uiOito Wi'^0 H i •3 < o B 3 S. 3 = S. 3 S " es w „_S f' M . .^ i » C a;4iN (T) 00 OJ^J Cû o OOVO o O^ OOVD V2 o IC - O"-^ -o 4s> oc CTi^ Wt 00 o» ~ 3^ M w a>4^i^ 00 ce Os o -h co"to •^ 05 oi cr^ M oi-j w cri To ■o Oi-j CTs o» o .^ T ti îl 5 f a =^- i 3 •-3 C ^.= ss » ra s.- ^ » «-...M M~~M-.MNHM.WM.-. ^ O » o -J WOïOOW^tC o 00 o ;£) C>OCVDVO--tû fcJ a-. CT5 OD OO OD Oi C-i U»^ (0 W TIlERMOMETUi: i S-5 D 00 o o en O^ oo OC-pN o OO W ^l QC4^-t> Ol OO - o CrtOOCT>--iO COOlMvo^ï^oo lournant. B-g J.O*O.O.O.O-0»0vJ.O«O*0*J.OvJ^J«0.^1*J»0.O»0*O*J»0*0.O*0.-J.O.J \ a> S yi a> a^, c^ o^ ox oj.ps4iN-ps4i>4^ oi-pN wwcr. c~. OiCriCiOiotoi o»-;^ m cjt ot ci o^ ôg P n '"'■3 - ojojoooim aiQooj os^ oooomîxs CTic-i--va5aiO'o - cr>-^j to-pNOJOObJ n T) "S- : 1 00 OJ N M CC^J - OO O! - OJ S5 VO ^ Ol4iNO 3 CT; 00^ Ci Ot^ Oo^ 4^^ M Cïl oo O* D S h3 3 '^ O OC O a> o o Oi^ CO -P^4ïn4^CO or» O CC4^^J 4^O0O0tr>M - ODOO tu^ Ux o 3 ■3 ssi n MMM MMMMMMMMM mmmmM — MMMfOtOMMlO — M 8 = Q d P. o 'T? JO iJX OOO OM4^-MO0MMO',û;O-Mt0M tM^ ^Jt^CO O 0;0*J O^JtO S c ffi* 3- : J oo !0 ^ 4iN M o on-^ .^ o » UKO OfrM C^J ClCCO M N5 C5 ooO ^i O ~J U) Oo S! a* 3 o rr" * n s -MM MM»MMM * ^ ,-, »MMMMMMM *tOiJfOMM[OMM q il- t , o i>WbJt0003o~""'''o""0'^'*"''^^~^ "^'^ t3 ° "^ OCO^J O^JtO THERMOMETRE o 5- H r tournant. 5-K!S J^J*0.O^)^J.^'OvJ.O.^*0^J^J.^1^3^J.O^J^J.O^J.^l^J*0^JvJ^JvJ^0.O ?. ^ 3 P 3i a> CTi Ci CT) Ot C«4is4i>-P>4^4^ Ol-P^ OomUtOïCiCr. CTlOUOriOI OT4i^ Or Ox Ux iJl O) f w - » oo Cj Ui oj4^ Ci ' ■£3ô' joto [O^j^ OVOOvJD^ - OtooOtO» oo4iN (Tiso (o--^»j w^a 0 - NStû O ChCj • i ss 3^ M .Ps M cnlO ou M (0 u»^ 07^ CO C Oo^ OiOOOOOOOOOMm (X.VO ^j - ? -MMMMM-M-MM -_ MMMM-M-m[OmSJmMmM» « M. .J O =■- tt r o. 2 rt. :? g S s / ': C %^tl 1 ^ D o o ^ 4>nX -sO 10 ^0 ^ - m o .p>4iN a> M c« M to -o -F^~J - W!0 o OOQOOi" ". S •■' a B3 S" -■ :C fs /i-»- -mmmmmMMMMm » M •mMMM-M_-«0-10»MmKSM JÛ ai oSo i ^ JODaî--OOCMioMO CO-^ 00-ùONJM(^u, oc^ M (J5 M or o~.x> O O THERMOMETRE S3 a sJ " s >oio-ccNscriOo-OT o»4^ o»ODO o or»M [o-fe^ooc:o«aoo woitoj^NUi w-p> |-°= J^^O^^^J^^l^ ^^J^^J^^J^a^^^3^^^3vJ^j^jK0.0^1^J^J S--' 31 o cr> cr> a> u> oj o>.-4i> cnj^^ a»4i> oo ct on c. c~. o^ ctj ai ot m oij^s a< on oi oi ai «•g O s « = 1 i <:£• q Il -s oocooou)M^.^M cy>io-pN m4sN4iN oo n» o - nj o ocvo oo » on to m on..pN ^ 2 S3 o jM^u,to-cna>a» cooo oct^ o lo - -^ oc a» oo w^ - î£) o-- lo m co m to g -™P § => o i rr! M -tû ô a2O»a-.s0 S 00 io ocococ^ ô^ ô o:^ - To ÔoS^m S-.J1 ct:-pno»Ôo 5 s - !^ Ç- " " S3 0 - OlCMsO 00- CTi- to 0::o OCIOVO OlO-O oc on- tnOJC «iCri- OOWM o- M • — S' ? 2- S s o — MM *M «M MM»MMMMMMMM M .— is - - O O Cl O» CT.to w 00 to 00 00 00^ o ^1 !£> cco - M Hj^j to Cl 00 c-.4^ on to THERMOMETRE =5 toumrtiit. 5. s "i 3 B ~:i:r,"~'"-''~""~-'--"'"~-~'-'wioioMio!o-toioio sS £3- ô" CCCCCl-t0M(^[0(»OjMM~-O-O0O00>0C. OlOlOto-OJOO--0 K S O C o 3 »■ ^ S3 =3 i ?c^=- w » C-. ot ci-iiN ot 00 00 c.^ en cc'sO ^ ^ ci-^ to oo*> covo m oiCi--pNM oox > .3 3 2£S2Sgi = 2gg°2° = 2^,gSggS.E-2gg2gîS£ » O- <— J " a^ B o 5 £1. n t; pliiie assez forte t t; écluirciesau N. t; pluie abondante t ; éclaircies au N -f 3 C 1 " 3 ? ^ 3 . . S O • . X g . . c 0 • • 2 : : 5 • '. ■A r ^ V • C '. — ■ 2- "■ 3 . S!" ■ » ■^ . ^ j" B:; : • » K • s B «> ■ « : 2 • 9 O r • y3vsry3ç«Of«î»J«pÇ«O.^OpMÇr. ^22222! j«H5«J^OOOÎ'^?î r«3 n >3 Mpj pî«ç«çfipï^j« ç«c zoaaî" op-^ zm B s oppô'o? w wj'oo?' 1*° o CP- 33 • r i^^i^ ■■H "^ ^^ MM ^™ 3 — COMPTE RENDU DES SÉANCES m L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 20 NOVEMBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Communication de M. Montagne, relative à un nouveau mode d'alimentation du ver à soie du ricin. « Je demande la permission d'entretenir un moment l'Académie d'un fait qui m'a semblé digne de son intérêt , parce qu'il constate l'efficacité d'un nouveau moyen d'alimentation du Bomhjrx Cjnthia, dont l'acclima- tation chez nous préoccupe vivement les esprits. » Dans une Lettre toute récente de M. Pelli-Fabbroni, conseiller d'État à Flo- rence, cesavantagronomem'apprendquel'onestparvenuà nourrir le nouveau ver à çoie, non-seulement avec des feuilles de laitue et de saule, mais encore, et tout aussi bien qu'avec le ricin, en leur donnant des feuilles de chicorée sauvage {Cichorium Intjhus), cette même plante que l'on cultive en grand dans le nord de la France pour retirer de sa racine un succédané du café. En faisant la part du hasard, qui en a souvent une très-grande dans les plus intéressantes découvertes, c'est à M. le comte Dignes, de Florence, que l'on doit les expériences qui ont été faites à ce sujet et couronnées d'un plein succès. On a pu même déjà reconnaître les effets de cette alimentation sur la soie produite par les vers qui y ont été soumis. Ainsi on s'est assuré posi- tivement que pour obtenir 3o grammes de soie, par exemple, il fallait vingt et un cocons de vers nourris avec les feuilles de la chicorée sauvage, tandis que dix-huit cocons étaient suffisants pour produire la même quantité de C, R. i854, o!^' Semestre. (T. XXXIX, N» 21.) Ï^Q (986) soie lorsqu'on employait ceux fournis par les vers alimentés avec la feuille du ricin. Il est évident, ainsi que le fait remarquer M. Pelli-Fabbroni, que cette légère différence dans le produit ne diminue en rien l'importance du résultat auquel est arrivé M. Dignes. » Si donc, comme tout le fait présager, nous parvenons à introduire en France l'éducation de ce nouveau ver à soie, personne ne saurait douter qu'elle ne réussisse parfaitement dans l'Algérie et dans les départements mé- iidionaux de la France, où la culture du ricin ne présente aucune difficulté. Mais si, d'un autre côté, l'expérience donnait sa sanction à la découverte du noble Florentin, on conçoit tout de suite quel immense avantage il en ré- sulterait pour nos départements du Centre et même du Nord, qui pour- raient peut-être, en redoublant de soins et en y apportant toutes les précau- tions possibles, conduire à bien l'éducation de ce ver et joindre cette industrie à tant d'autres qui en font la richesse. » Puisque j'ai la parole, je demanderai à la conserver un instant encore pour offrir à l'Académie, de la part de l'auteur, un nouveau Traité théo- rique et pratique de la culture du mûrier et de l'éducation du ver à soie (i). Ce livre, dont M. Ciccone, de Turin, est l'auteur, est écrit en italien dans un style qui m'a paru pur, correct et même élégant; il contient, ainsi que l'indique son titre, tout ce qui est relatif à l'industrie séricicole, depuis la culture de la plante destinée à la nourriture du Bombjx Mori, jusqu'à l'éducation de ce ver et à la production de la soie qu'on en retire. Dans ce travail, l'auteur a pris pour guides, et il n'en pouvait suivre de meilleurs, les Traités antérieurs de Dandolo, Lambruschini et de M. Robinet, mais il annonce qu'il ne s'est pas borné à les copier servilement. » Toutes les sciences qui se rattachent à l'agriculture, quoique lentes dans leur marche, n'en font pas moins des progrès incessants. Ce sont ces progrès que l'auteur, qui habite des contrées où l'industrie séricicole est très-répandue, a enregistrés dans son Jivre, en y ajoutant encore ce qu'ime longue expérience personnelle lui a appris sur cet important objet. » Je me déclare entièrement incompétent pour porter un jugement sur le fond de ce livre, que j'ai eu d'ailleurs à peine le temps de parcourir. Toutefois ce que j'en ai lu m'a convaincu que le sujet était traité avec mé- thode et clarté. » J'ajouterai, comme garant de l'orthodoxie des principes de M. Ciccone en matière de sériciculture, qu'il est élève de feu Camille Beauvais, ancien (i) Délia coltivazione del gelso e del governo del filiigello, trattato teorico-pratico. Torino, 1854. (987) directeur de l'Institut séricicole de Sénart, et que c'est à ce savant si regrettable que son livre est dédié. » ANATOMIE VÉGÉTALE. — Structure comparée des tiges des végétaux vasculnires ; par M. Lestibocdois. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique. ) « IL Fougères herbacées. — La tige de ces plantes est un rhizome plus ou moins rampant, plus ou moins charnu; mais elle se lie à celle des Fougères arborescentes par de nombreuses transitions : ainsi les Loinaria ont une tige dressée et ligneuse, qui est cependant peu volumineuse, comme perdue dans une couche de racines aériennes, sinueuse en son contour, munie de faisceaux vasculaires arrondis, comme dans le plus grand nombre des espèces herbacées. » Les tiges de ces dernières sont composées des mêmes parties que les tiges arborescentes : elles ont un épiderme souvent noirâtre, une couche sous-épidermique dense, dure, une moelle abondante, séparée par un cercle vasculaire en une couche extérieure et une partie centrale ; dans cette moelle sont éparses des cellules pleines de matière noirâtre. » Le cercle vasculaire est formé de faisceaux distincts ou réunis. » Ces faisceaux sont quelquefois courbes, et sont la représentation en miniature des lames des Fougères arborescentes; exemple : Osinunda re- galis. Quelquefois ils sont en lames planes plus ou moius élargies; exemple : Struthiopteris , Polystichum, Theljpteris , etc.; quelquefois en faisceaux arrondis; exemple : PoLjpodium vulgare , Scolopendriuin , etc. » Le plus souvent, il y a à la fois des faisceaux en lames et des faisceaux arrondis. Dans le Pteris, on voit des lames planes, des lames courbes, des faisceaux arrondis. Dans le StrutJiiopteris^ etc., les faisceaux naissent dans \m cercle transparent, et sont unis de manière à former à l'origine un cercle complet ; dans V Hjinenophjlluin et le Trichoinanes., ils sont unis de manière à former \n\ axe central. Nous retrouverons la première disposition dans les Marsiléacées, la deuxième dans les Lycopodiées. Les Fougères herbacées montrent donc tout à la fois des faisceaux arrondis et isolés comme ceux de presque tous les végétaux, ou plus complètement réunis en cercle que ceux des Fougères arborescentes; elles sont donc bien la transition entre tous ces modes de structure. M Les faisceaux s'unissent pour former les feuilles comme ceux de Fou- gère» arborescentes : dans V Osinunda, ils sont unis par une lame à conca- vité intérieure, exactement comme dans les Fougères arborescentes; dans 129.. ( 988 ) le Blechnwn, les lames en s'uuissant forment des angles, dont le sommet est dirigé en dehors, et fournit les fibres foliaires ; dans le Struthiopteris, le P. Theljrpteris, etc., les lames par leur union ne forment que des lames plus élargies. » Les soudures des faisceaux, s'opérant pour la formation de feuilles alternes, se montrent en différents points de la circonférence, lorsqu'on coupe la tige à diverses hauteurs, et suivent le même ordre que celles des l'ou- gères arborescentes à feuilles spiralées ; elles forment des spires continues dans lesquelles les feuilles viennent se placer à la suite des trois qui forment le premier cycle. » La composition des faisceaux est la même que dans les Fougères arbo- rescentes; leurs vaisseaux sont pour la plupart grands, scalariformes ou ponctués, mais il en est aussi qui sont de véritables trachées : ce fait, qu'on n'avait pas découvert, montre la parfaite analogie de ces faisceaux avec ceux des autres classes. » Les vaisseaux sont entoures de cellules étroites, allongées, à parois épaisses, représentant la zone noire des Fougères arborescentes, à la dureté près. Par le développement et la multiplication des vaisseaux, ce tissu cesse d'être apparent, de sorte qu'on a pensé que les Fougères herbacées en étaient privées. » Autour des faisceaux, le tissu médullaire devient insensiblement plus dense, et forme une sorte de gaine, composée de plusieurs rangées de cel- lules, ou d'une seule, ou même d'une paroi épaissie ; ces gaines se sépa- rent facilement des vaisseaux, et se colorent souvent en noir, surtout dans les pétioles. Les Fougères arborescentes n'ont pas de gaine distincte de la zone noire qui forme la partie extérieure et solide de leurs lames vasculaires. » Les Fougères herbacées forment leurs fibres foliaires comme les Fou- gères arborescentes : deux faisceaux s'unissent, constituent les fibres, et restent de nouveau séparés quand celles-ci se portent en dehors pour péné- trer dans les pétioles. » Les fibres foliaires sont rarement nombreuses, comme dans les Fou- gères arborescentes; quelquefois il n'y en a qu'une seule, en forme de lame ; ex. : Osmunrla; le plus souvent deux; ex. : P. Theljpteris , Jthirium Filix fœmina, Aspidium molle, fragile, bulbiferum, Scolopendiium ,• trois dans le Blechnum; cinq dans le P. Filix mas, etcr, six dans le Polf podium vulgare. Ces fibres se dirigent fort obliquement vers les pétioles, et restent longtemps dans la tige, en dehors du cercle vasculaire, devenant de plus en plus exté- rieures à mesure qu'elles s'approchent du point d'épanouissement, de 'sorte qu'on peut reconnaître leur rang avant leur émersion. Quelquefois les (989) pétioles se séparent par leur partie centrale avant d'avoir leurs bords libres, de sorte qu'il y a des lacunes dans la couche médullaire externe du rhizome ; ex. : A, Jragile. » V Ophioglossum semble s'éloigner de la forme habituelle ; son rhizome, tuberculiforme, est terminé par un bourgeon, à la base duquel s'en forment d'autres ; il est couvert des cicatrices des anciennes feuilles dans sa région supérieure, et garni de racines dans toute la région inférieure et aussi entre les cicatrices foliaires. Le bourgeon terminal est d'abord enfermé dans le tissu du rhizome qui lui forme une gaine d'abord entière, puis fendue. Le bourgeon plus petit qui est à sa base, se montre d'abord comme une légère saillie, puis il se détache, perce sa gaîne et se développe à son tour. Ce mode de développement n'est pas sans analogie avec celui de certaines Orchidées. » La section transversale du rhizome, entre les cicatrices foliaires, montre habituellement quatre faisceaux extérieurs et des faisceaux centraux . Les pre- miers sont les faisceaux des feuilles sèches ; chacun d'eux se rend à une cica- trice distincte et devient plus extérieur en s'en approchant. Lesderniers sont les fibres des feuilles supérieures ou des bourgeons : ils forment un cercle clos ou divisé en un ou plusieurs points; les faisceaux se soudent pour consti- tuer les feuilles successives. La section du rhizome vers son sommet montre la base d'un, deux, trois bourgeons, qui sont plus ou moins apparents selon leur ordre d'évolution, et le cercle de faisceaux transparents, à peine for- més, qui continuent le rhizome. La structure de cette plante, malgré son apparence singulière, est donc au fond la même que celle des autres Fou- gères herbacées. » Quelques P te ris {lanuginosa, aquilina) présentent une disposition qu'on a regardée comme une anomalie inexplicable : ces espèces ont deux cercles vasculaires, séparés par un anneau de tissu noir. Le cercle extérieur est formé de nombreux faisceaux, presque tous arrondis, quelques-uns élargis, quelquefois marqués en dehors d'une ligne noire très-étroite. Les faisceaux centraux sont larges, au nombre de trois, dont deux sont souvent soudés ; l'anneau noir qui les entoure est large, sinueux en dehors, n'arrivant pas au contact des faisceaux. Au centre est une ligne noire, quelquefois à peine visible, ne formant parfois qu'une légère trace au contact des faisceaux. » On pourrait croire que le cercle vasculaire extérieur est formé, comme dans un grand nombre de genres, par les fibres déjà séparées, pour former, à l'exclusion des autres, les feuilles qui doivent s'épanouir le plus prochai- nement. Il n'en est rien. En effet, ces feuilles emprunteront des fibres au cercle central aussi bien qu'à l'extérieur. L'étude de l'évolution des expan- sions foliacées met ce fait hors de doute ; elle révèle de plus le curieux mode de formation du cercle vasculaire extérieur : près du point d'épa- ( 990 ) nouissemeiit on voit l'anneau noir s'ouvrir du côté correspondant à la feuille; les faisceaux centraux se divisent, ainsi que les branches de l'anneau ouvert, et la feuille emporte à la fois les faisceaux externes correspondants, les divisions des faisceaux centraux et la partie séparée de l'anneau noir. » La portion de l'anneau noir restée dans le rhizome tend à se refermer en rapprochant ses branches, et laisse en dehors des portions de faisceaux centraux qui remplacent ceux des faisceaux externes qui se sont portés dans les feuilles. Ainsi est maintenu au complet le cercle extérieur, et se per- pétue la disposition singulière qui distingue ces espèces. On voit donc qu'elles ont essentiellement la même structure que les autres : la seule diffé- rence qu'elles présentent, c'est que les divisions émanées du cercle centra! ne s'épanouissent pas toutes à la fois, quelques-unes restent en dehors de l'anneau qui se referme pour contribuer à la formation de la feuille corres- pondante supérieure. » Les rameaux se forment exactement comme les feuilles, avec cette diffé- rence que la portion de l'anneau noir qui est emportée par le rameau se ferme, de manière à former un cercle plus ou moins régulier; dans les feuilles, les branches de l'anneau restent libres aux extrémités et s'unissent par une branche transversale qui partage les divisions vasculaires pro- duites par les deux faisceaux centraux. >• Dans les bourgeons en état de développement l'anneau noirâtre devient jaune, puis transparent, comme les faisceaux centraux et extérieurs qu'a entraînés le bourgeon. » Les fibres nées des faisceaux caulinaires pour former les feuilles ont dans les pétioles des dispositions remarquables et constantes, dépendant du nombre et de la disposition des fibres émanées de la tige; ces dispo- sitions se modifient dans l'étendue du pétiole ou de la nervure médiane : dans le Blechnum, le faisceau médian disparaît; dans le Poljr podium vul- gare, les six faisceaux se réduisent à cinq, puis les inférieurs disparaissent, les deux supérieurs se soudent pour former un faisceau échancré dont le groupe vasculaire à la forme d'un Y ou d'un V; le faisceau solitaire de V Osmunda conserve sa forme lamellaire et infléchit ses bords ; les deux fais- ceaux de VA. molle s'élargissent et forment des lames qui se regardent et infléchissent leurs bords, puis se soudent par la face interne. » Les deux faisceaux de V Ath. Fdix fœmina, de \ Asp. Theljpteris, bidbijerum, Ti ichomanes , se soudent pour former un faisceau échancré, comme celui formé par les deiy faisceaux supérieurs du P. vulgare. n Les deux faisceaux du Scolopendrium, soudés, conservent entre eux leur tissu noir, puis celui-ci se partage, et le groupe vasculaire forme un X, puis un Y, enfin un V, ayant des taches noires entre leurs branches. ( 99' ) » Dans VOphioglosswn, la feuille ne reçoit qu'une fibre du cercle central ; elle en a bientôt trois, puis cinq, six, sept, huit, parla division de la pre- mière. Les fibres sont disposées en cercle sous la feuille. Lorsque la tige fructifère s'en sépare, elle emporte trois fibres de ce cercle, et bientôt, par division, ces fibres en forment cinq, etc. » Dans le Pteris, les faisceaux, très-nombreux et garnis de leur gaine noire, tendent à se rassembler en quatre groupes, formés du côté interne par un faisceau élargi et courbé en dehors, et, du côté extérieur, de fais- ceaux arrondis, midtiples ou solitaires ; la portion du cercle noir qui cor- respond au côté supérieur du pétiole s'unit au tissu brun sous-épidermique, et disparaît; l'autre portion tend à prendre une forme irrégulière sous les faisceaux : la branche qui unit les deux portions du cercle noir forme une ligne verticale séparant les faisceaux de la droite de ceux de la gauche. Lorsque tous les faisceaux sont coupés obliquement, ils représentent vague- ment l'aigle héraldique à deux têtes . » Ainsi les fibres présentent des dispositions constantes comme dans les Fougères arborescentes. Toutes les parties dans ces plantes présentent donc la plus complète analogie, par leur composition, leurs arrangements et leurs connexions. Les formes si singulières des lames se retrouvent dans les Fou- gères herbacées, mais leur conformation anormale s'affaiblit successivement : elles finissent par présenter des faisceaux tout à fait semblables à ceux qu'on observe dans le plus grand nombre des Monocotylédonés et des Dicotylé- dones. Ces nuances sont encore mieux établies dans les autres familles Acotylédones. » ARTS MILITAIRES. — Artillerie au xv« siècle; par M. Bureau de la Mai.le. (Extrait.) « L'auteur expose dans ce Mémoire les conclusions auxquelles l'a con- duit, relativement à l'époque où l'artillerie a pris dans nos armées une cer- taine importance, l'examen d'un manuscrit qui parak avoir appartenu à Jean de Bruges, sire de la Gruthuyse, grand maître de l'artillerie du duc de Bourgogne Philippe le Bon, et qui, ayant fait probablement partie de la bibliothèque achetée du fils du grand maître par Louis XII, était passé ensuite dans la bibliothèque publique de Rennes. » M. Dureau de la Malle s'attache à prouver que ce manuscrit, qui est Tuie traduction française du Gouvernement des Rois par Gilles Colonna, appartient bien à l'époque qu'il lui assigne. Les preuves sont tirées, indé- pendamment de celles qui résultent du caractère de l'écriture, des indices fournis par les vignettes : ainsi la forme des habits des personnage ( 992 ) figurés, et en particulier des chaussures (les souliers à la poulaine interdits sous Charles VII), la forme de la couronne qui est ouverte (Charles VII est le premier roi de France qui ait porté la couronne fermée) ; le système de fortifications, etc. » Le manuscrit ayant été exécuté pour un grand maître de l'artillerie, le dessinateur des vignettes a fait entrer, comme ornements dans les entou- rages, plusieurs des objets qui figuraient , à cette époque , dans un arsenal bien fourni. Or, dans le nombre de ces objets nous trouvons non-seulement des mortiers, mais des obusiers ou des canons lançant des boulets creux qui éclatent au moment de l'explosion. » A ces preuves directes se joignent des renseignements fournis par l'histoire, qui attestent un grand changement opéré à cette époque dans la poliorcétique : ainsi, les sièges sont abrégés d'une manière extraordinaire, ce qui tient évidemment à l'introduction d'un puissant moyen destructeur. Qu'on lise, dans Monstrelet et les chroniqueurs contemporains, le siège de Dinan et de vingt autres villes attaquées depuis Charles VII jusqu'à la mort de Charles le Téméraire, on verra la brèche ouverte et les villes prises parfois après trois jours, et, en général, en moins de quinze ou vingt. » STATISTIQUE. — Gisement des substances qui peuvent donner des chaux hydrauliques. (Lettre de M. Vicat à M. le Président de l'Académie.) o J'ai l'honneur de vous adresser la collection 'de mes recherches statis- tiques sur les divers gisements, en France, des substances calcaires propres à fournir, par la cuisson, des chaux hydrauliques et des ciments. » Les immenses économies de temps et d'argent résultant de l'emploi de ces précieux matériaux, pour les travaux d'art de nos chemins de fer et géné- ralement pour toutes les constructions hydrauliques dépendant des travaux publics et particuliers, m'autorisent à vous demander l'admission de cette collection comme pièce de concours pour le prix Montyon. » Ces pièces, arrivées trop tard pour être admises au concours de Statis- tique de i854, seront réservées pour le concours prochain. M. d'Hombkes Firhas fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la deuxième Partie de son Itinéraire du J^ojageur naturaliste aux environs d'Alais. L'auteur avait adressé, il y a quelques semaines, un extrait manuscrit de cet opuscule, extrait dont la présentation fut différée involontairement, par suite des travaux de l'Académie, et que nous devons nous borner à men- tionner aujourd'hui. ( 993 ) RAPPORTS. STATISTIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Viquesnel, intitulé : Coup d'œil sur les chemins de fer dans la Turquie d'Europe, indiqués, en iSSa, par M. jéini-Boué. (Commissaires, MM. Éiie de Beaumont, Piobert, M. le Maréchal Vaillant rapporteur.) « M. Ami-Boué, auteur de plusieurs ouvrages sur la Turquie d'Europe, qu'il a explorée dans toutes les directions, a publié, en i852, un opuscule sur les routes carrossables, et en particulier sur les lignes de chemins de fer qu'il lui paraîtrait possible et utile d'établir dans l'intérieur de l'Empire Ottoman. Ces lignes sont au nombre de quatre : » 1°. De Belgrade à Constantinople, par Jagodina, Nissa, Sofia, la vallée de la Maritza et la plaine d'Andrinople ; » 2°. De Belgrade à la mer Adriatique, par Vrania, Prisren, la vallée du Drin noir et Scutari ; » 3°. De Belgrade à la mer Egée, s'embranchant sur le précédent tracé, à Labian et passant par la vallée du Lépenatz, Uskiup et Salonique; » 4°- De Constantinople à la mer Adriatique, par Salonique, Servia, la vallée du Devol et Scutari. » M. Boue établit, par des- mesures hypsométriques prises à l'aide du baromètre sur les points principaux de ces différents tracés, que les voies ferrées n'auraient partout que des pentes acceptables; il ajoute qu'elles seraient en général d'une construction facile, peu dispendieuse, et qu'elles contribueraient puissamment au développement de la civilisation du pays, ainsi qu'à l'amélioration de ses finances. L'ouvrage n'est, du reste, accom- pagné d'aucune carte ni plan indiquant les tracés ou leurs profils. » M. Viquesnel, compagnon de voyage de M. Boue, a jugé utile de com- bler cette lacune. A cet effet, il a figuré sur des cartes de la Macédoine, de laThrace et de l'Albanie, dressées d'après ses propres renseignements, les différents tracés indiqués plus haut, ainsi que les tracés de quelques tronçons supplémentaires destinés à compléter le réseau. Il a, en outre, représenté sur un plan à part les profils en long des voies ferrées, avec indication des alti- tudes données par M. Boue et de celles qui résultent de ses propres obser-' vations. Enfin, dans un Mémoire de discussion assez étendu, il examine en détail le tracé de chaque voie, signale les points où les observations présenr C. R., i854, 2™« Semestre. {T. XXXIX, ^oSl.) l3o ( 994 ) tent le moins de certitude, et résume dans une série de tableaux les dévelop- pements horizontaux des divers tronçons et les pentes correspondantes. » C'est l'ensemble de ce travail que M. Yiquesnel soumet aujourd'hui à l'appréciation de l'Académie. M Les explorations de M. Boue et de M. Viquesnel ont, sans nul doute, votre Commission se plaît à le reconnaître, contribué à jeter un grand jour sur la géographie des provinces de la Turquie d'Europe. Peut-être aussi la publication de l'ouvrage de M. Boue, faite à Vienne en i 852, aura-t-elle eu un résultat utile en appelant l'attention du gouvernement ottoman et des capitalistes étrangers sur les avantages que donnerait la construction de voies ferrées dans l'intérieur de cet empire. Votre Rapporteur croit même à ce sujet devoir vous dire que, dans ces dernières années, une compagnie anglaise a fait l'étude complète et détaillée des chemins de fer de Constan- tinople à Belgrade. Mais, sans contester le mérite des dernières études de M. \'iquesnel et les difficultés qu'il a eu à vaincre pour combiner des obser- vations souvent incertaines ou discordantes, l'Académie reconnaîtra aisément que ce travail n'est pas suffisant pour résoudre complètement la question soulevée en iSSa par M. Boue. Lorsqu'on voudra passer de la théorie à l'application, il n'en faudra pas moins que les ingénieurs qui en seront chargés se livrent à des explorations comparatives faites avec la plus grande précision, et les indications générales de M. Boue leur seront déjà presque aussi utiles que les détails encore un peu incertains du Mémoire de M. Vi- quesnel. D'ailleurs, les questions de tracé de chemin de fer en général ne sauraient guère, on le comprendra sans peine, être de la compétence de l'Académie; elles se rattachent pour la plupart à des considérations poli- tiques ou commerciales que le gouvernement local est seul à même de bien apprécier. Votre Commission est donc d'avis qu'il serait tout à fait superflu d'entrer dans l'examen approfondi du travail qui vous est déféré, et qu'il v a lieu de se borner à remercier M. Viquesnel de sa communication. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉDECINE. — Rapport de la Section de Médecine et de Chirurgie sur le legs Bréant (i). (Membres de la Section, MM. Magendie, Serres, Andral, Velpeau, Cl. Bernard rapporteur.) a La Section de Médecine et de Chirurgie a été chargée de rédiger un programme destiné aux personnes qui aspireront à remporter le prix de (i) Ce Rapport a été lu dans le Comité secret de la précédente séance. ( 995 ) looooo francs fondé par M. Bréant, pour être décerné à l'auteur d'un remède souverain contre le choléra asiatique. » La première obligation d'un pareil programme est de se renfermer strictement dans les volontés du fondateur. Or ces volontés se trouvent ex- primées dans l'extrait du testament de M. Bréant, que nous transcrivons littéralement ci-après : « J'institue et donne, après ma mort, pour être décerné par l'Institut de >• France, un prix de cent mille francs, à celui qui aura trouvé le moyen de » guérir du choléra asiatique, ou qui aura découvert les causes de ce " terrible fléau. » Dans l'état actuel de la science, je pense qu'il y a encore beaucoup de » choses à trouver dans la composition de l'air et dans les fluides qu'il » contient : en effet, rien n'a encore été découvert au sujet de l'action » qu'exercent sur l'économie animale les fluides électriques, magnétiques » ou autres : rien n'a été découvert également sur les animalcules qui » sont répandus en nombre infini dans l'atmosphère et qui sont peut-être » la cause ou une des causes de cette cruelle maladie. » Je n'ai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour les » liquides, à reconnaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi petits » que ceux que l'on aperçoit dans l'eau en se servant des instruments 1) microscopiques que la. science met à la disposition de ceux qui se livrent » à cette étude. » Comme il est probable que le prix de cent mille francs, institué comme » je l'ai expliqué plus haut, ne sera pas décerné^de suite, je veux jusques à ce » que ce prix soit gagné que l'intérêt dudit capital soit donné par l'Institut « à la personne qui aura fsiit avancer la science sur la question du choléra » ou de toute autre maladie épidémique, soit en donnant de meilleures >' analyses de l'air en y démontrant un élément morbide, soit en trouvant » un procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui, jusques à » ce moment, ont échappé à l'œil du savant et qui pourraient bien être la » cause ou une des causes de ces maladies. » Si l'Institut trouvait qu'aucun des concurrents ne méritât le prix annuel » formé des intérêts du capital, ce prix pourra être gagné par celui qui indi- )' quera le moyen de guérir radicalement les dartres ou ce qui les occa- » sionne, en faisant connaître l'animalcule qui, dans ma pensée, donne » naissance à cette maladie, ou en démontrant d'une manière positive la » cause qui la produit. » L'Institut sera juge souverain des conditions accessoires et d'aptitude i3o.. ( 99 Quant à présent, la Section de Médecine et de Chirurgie doit déclarer qu'aucune des conditions précédentes n'a été remplie dans les très-nom- breuses communications qu'elle a reçues sur le choléra asiatique. » Sans préjuger de l'avenir, M. Bréant a compris que la solution des questions relatives au prix de 100000 francs pouvait encore être lointaine, et c'est dans cette sage pensée qu'il a institué accessoirement un prix annuel ( 997 ) de 5 ooo francs, représentant la rente du capital, et destiné à récompenser les travaux qui auront fait avancer la question du choléra asiatique ou des autres maladies épidémiques, en découvrant dans le milieu ambiant leurs causes organiques ou autres. » Les termes par lesquels le testateur exprime sa pensée prouvent de la manière la plus formelle qu'il veut attirer ici l'attention des savants et des médecins sur de nouvelles analyses de l'air spécialement entreprises pour la recherche de matières qui pourraient s'y rencontrer, et qui seraient capa- bles de jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. » Cette idée n'est, du reste, pas nouvelle, et elle s'est manifestée par divers essais qui indiquent la préoccupation où l'on a été, à ce sujet, à différentes époques de la science. » En considérant jusqu'à quel degré de précision a été poussée dans ces derniers temps la connaissance des éléments inorganiques de l'air, M. Bréant a pu penser que, précisément à cause de cette perfection des procédés phy- siques et chimiques, on pouvait entreprendre aujourd'hui des recherches sur les principes organiques morbifiques contenus dans l'atmosphère, prin- cipes qu'il conviendrait toutefois de soumettre beaucoup moins à l'analyse chimique, que de chercher à les séparer sans les altérer, afin de pouvoir étu- dier leur action sur les êtres vivants. » Si la Section de Médecine et de Chirurgie doit demander que de sem- blables recherches soient faites avec toute la rigueur et toute l'exactitude qu'on est en droit d'attendre des sciences modernes, elle reconnaît d'un autre côté que ces études sont entourées de difficultés sans nombre. Ces difficultés, déjà énormes pour le physicien et pour le chimiste chargés de rechercher et d'isoler les principes morbifiques dans l'air, deviendront peut- être encore plus grandes pour le physiologiste et pour le médecin, qui devront en constater les effets délétères sur l'homme et sur les animaux. » En résumé, le programme à établir sur le testament précédemment mentionné et interprété dans ce qu'il a de formel peut se réduire aux con- ditions suivantes, auxquelles les compétiteurs devront satisfaire. » i''. Pour remporter le prix de looooo francs, il faudra : » Trouver une médication qui guérisse le choléra asiatique dans l'im- mense majorité des cas ; » Ou » Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épi- démie ; (998) » Ou enfin , » Découvrir une prophylaxie certaine et aussi évidente que l'est, par exemple, celle de la vaccine pour la variole. » 2°. Pour obtenir le prix annuel de 5 ooo francs, il faudra, par des procédés rigoureux , avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de ma- tières pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. » Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le prix annuel de 5 ooo francs pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres ou qui aura éclairé leur étiologie. » NOMEVATIOIVS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de proposer une question pour sujet du grand prix des Sciences mathématiques à décerner en i856. MM. Liouville, Cauchy, Lamé, Binet et Chasles obtiennent la majorité des suffrages. Ija Commission des prix de Médecine et de Chirurgie ayant demandé l'adjonction d'un Membre de la Section de Chimie, l'Académie procède éga- lement, par la voie du scrutin, à cette nomination. M. Chevreul, ayant réuni la majorité des suffrages, est adjoint à la Com- mission. MÉMOIRES LUS. ANATOMIE PATHOLOGIQUE.— il/e/no//e sur V anatomie pathologique de la mem- brane des bourgeons charnus (première partie); par M. Lavgier. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.) « Dans un premier Mémoire, j'ai établi le mode d'accroissement de la membrane des bourgeons charnus par déposition successive de couches de lymphe coagulable, et l'organisation immédiate de ces couches par dévelop- pement de vaisseaux capillaires de nouvelle formation. Il était supposable que, dans les maladies de cette membrane, ce travail physiologique serait modifié, et que les modifications qu'il subirait deviendraient les meilleurs signes de ces maladies, en même temps qu'elles en constitueraient l'ana- tomie pathologique. ( 999 ) » Pour vérifier l'exactitude de cette hypothèse, j'ai dû me hvrer à l'étude des changements apportés par la maladie : » r". Dans la stratification de la lymphe coagulable des granulations; » 2", Dans la production de ses vaisseaux sanguins ; » 3°. Dans la sécrétion du pus de bonne nature, qui est la sécrétion nor- male de la plaie saine. » Ces phénomènes sont simultanés dans une plaie saine. Qu'ils le fussent ou non dans chaque maladie des plaies, leur ensemble devait contribuer à en former le caractère particulier. J'ai dû, en conséquence, m'attacher à rechercher, dans chaque maladie, de quelle manière et à quel degré la formation du tissu de la cicatrice déviait de sa marche naturelle. » Une première remarque curieuse que j'eus l'occasion de faire, c'est que la pathologie et l'anatomie pathologique des plaies sont, pour ainsi dire, régies par deux faits anatomiques que j'ai signalés dans mon premier Mémoire : )» i". La stratification de la lymphe coagulable dans la membrane des» bourgeons charnus ; » 2°. La disposition des vaisseaux nutriciers de cette membrane par grappes distinctes. » Du premier fait dérive, en anatomie, l'accroissement successif, en épais- seur, des granulations, et j'ai reconnu dans la plupart de leurs maladies l'al- tération partielle en épaisseur, de sorte que tantôt l'accroissement successif est seulement arrêté dans sa marche, tantôt des couches déjà produites sont détruites, les couches inférieures à celles-ci restant saines. » Du second fait (la disposition des vaisseaux par grappes répondant à des bourgeons charnus sensiblement isolés) résulte, en anatomie, l'iné- galité de développement de ces bourgeons, et par suite la cicatrisation par îlots dans une plaie exposée large, cicatrisation signalée par tous les auteurs, mais qui n'avait pas été rapportée jusqu'ici à un arrangement anatomique particulier. » En pathologie, c'est à la même cause qu'il faut attribuer, selon moi, la destruction partielle ou complète de points distincts dans l'étendue d'une même plaie, les autres parties de cette plaie conservant plus ou moins longtemps, et quelquefois jusqu'à la cicatrisation parfaite, toutes les con- ditions de l'état sain. » Dès le début de mes recherches sur les altérations de la membrane des granulations, je dus reconnaître que la pathologie des plaies est presque toute à faire, et qu'il n'existe même pas d'énumération exacte des maladies ( lOOO ) de la membrane des solutions de continuité exposées, soit qu'on la consi- dère dans les plaies proprement dites, soit qu'on l'étudié dans les ulcères. En effet, dans les Traités de Chirurgie on s'est borné jusqu'à présent à exposer ce qu'on appelle les accidents des plaies. Ces accidents sont : la douleur, l'hémorragie, l'inflammation, la pourriture d'hôpital, le tétanos, l'infection purulente. » Or, parmi eux, la douleur et l'hémorragie, le tétanos et l'infection pu- rulente, sont tout à fait indépendants de la membrane des granvdations : les deux derniers seuls, l'inflammation et la pourriture d'hôpital, ont véritablement pour siège la plaie même; mais au point de vue anatomique leur étude est encore peu avancée. » Je me proposai donc d'en faire un examen plus approfondi et de re- chercher les divers états pathologiques des granulations, soit dans les plaies exposées, soit dans les ulcères, en prenant toujours pour point de départ et pour terme de comparaison l'organisation anatomique et le mode d'accrois- sement de la membrane des bourgeons charnus. C'est le résultat d'une partie de ces recherches que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie. » Les solutions de continuité de la membrane granuleuse, ses ecchy- moses accidentelles, son inflammation, la pourriture d'hôpital et une sorte de mortification spontanée, analogue par sa marche et sa cause à la maladie connue sous le nom de gangrène sénile, telles sont les affections 'dont l'étude m'a donné jusqu'à ce jour des résultats dignes d'être présentés. » Plaies. — Une plaie qui suppure peut être elle-même le siège d'une solution de continuité. Les vaisseaux de la membrane des bourgeons char- nus ont des parois si minces, que la moindre violence en produit la dé- chirure. Ce sont les vaisseaux les plus superficiels qui sont ouverts alors; mais si le moindre froissement, si le moindre contact d'une pointe aiguë ou d'un tranchant acéré suffit pour la division de ces vaisseaux si fins, j'ai vérifié que rien n'est plus prompt aussi que la guérison de cette petite plaie : dès le lendemain, il ne reste aucune trace de ces blessures superfi- cielles. Elles n'ont donc aucune importance en pathologie ; mais, au point de vue anatomique, il n'est pas sans intérêt de remarquer que la membrane des bourgeons charnus, avec la lymphe coagulable et ses vaisseaux nou- veaux, n'étant elle-même qu'un organe de réparation, où le travail d'or- ganisation est incessant, ses propres solutions de continuité accidentelles se ferment avec une rapidité exceptionnelle. j> Si cependant ses plaies sont plus profondes, on voit, dans l'épaisseur ( lOOt ) de la membrane des bourgeons charnus, xine ecchymose qui se dissipe assez lentement pour qu'on puisse en constater la présence pendant plusieurs jours. Sa couleur s'obscurcit par la déposition successive de la lymphe coa- gulable; de sorte que je m'en suis servi comme de la poussière de charbon, et plus sûrement même, pour constater la stratification de la membrane des granulations. » Inflammation. — Bien que l'inflammation des plaies soit un de leurs accidents les plus fréquents, ses phénomènes locaux n'ont été étudiés que très-imparfaitement. L'ouvrage du vénérable M. Boyer ne fait pas même mention des modifications subies alors par la membrane des bourgeons charnus. » Dans un ouvrage récent, très-estimé, et que j'ai choisi parce que les détails y abondent et que les auteurs ont eu le dessein de faire un Traité de chirurgie complet, on trouve une description de l'inflammation des plaies, dans laquelle les phénomènes ne sont pas présentés dans l'ordre de leur apparition. L'arrêt de la cicatrisation, sa marche rétrograde sont énoncés, mais non décrits. » C'est à ces notions cependant que se bornent les connaissances ac- tuelles sur les modifications locales d'une plaie exposée soumise à l'inflam- mation. » Avant d'indiquer les changements organiques réels et, suivant moi, seuls caractéristiques, que j'ai constatés dans une plaie dont l'inflammation s'est emparée, il me paraît utile de rechercher la différence qui existe entre une plaie exposée saine et un organe enflammé. » Une membrane des bourgeons charnus vermeille et qui fournit du pus de bonne nature n'est pas, à mes yeux, un organe enflammé. » Croire à l'inflammation dans une plaie saine, c'est se laisser tromper par la coloration de la plaie, comparée à tort à la rougeur inflammatoire, ou parla présence du pus, qui se montre en effet dans l'inflammation dite suppvu-ative et lui sert de preuve au sein des parties, où un travail de réparation n'a aucune raison d'être. » Dans une partie enflammée qui devient rouge, il y a afflux du sang dans les capillaires et pénétration de ce fluide dans des vaisseaux qui n'en contiennent pas d'ordinaire ; c'est un état anormal. » Dans la membrane des bourgeons charnus, au contraire, la couleur rouge tient seulement à la finesse des parois des vaisseaux de nouvelle formation, qui sont de prime abord des vaisseaux sanguins et semblent tra- cés en leur premier linéament par le sang lui-même, dans des fissures de la C. R., i854, a™« demeure. (T. XXXIX, M» 21.) 1 3l ( I002 ) lymphe coagulable. Ils ne le contiennent donc pas accidentellement. C'est là, âmes yeux, une différence radicale. Les pathologistes qui regardent toute plaie exposée comme une surface enflammée, tombent d'autre part dans une étrange contradiction: ils admettent avec juste raison que si l'on rap- proche les côtés des bourgeons d'une plaie saine, ces petites surfaces adossées adhèrent aussitôt les unes aux autres, et qu'on obtient ainsi ce qu'on appelle la réunion immédiate secondaire ; et ils déclarent en même temps, avec la même exactitude, que si une plaie s'enflamme (ce qui impli- querait qu'une plaie saine n'est pas une inflammation) la cicatrisation s'arrête, et est retardée jusqu'à ce que l'inflammation ait cessé, » Ces deux assertions, très-exactes l'une et l'autre, posent une opposition complète entre la plaie saine et la plaie enflammée, sans que jusqu'ici les pathologistes dont je parle aient paru s'en apercevoir. » Mais c'est en comparant l'état anatomique de la plaie saine et de la plaie enflammée que j'ai pu saisir leurs différences caractéristiques. » On voit dans une plaie exposée saine des couches de lymphe coagu- lable, régulièrement stratifiées^ minces, organisables et aussitôt pourvues de vaisseaux. L'inflammation survient-elle, la teinte de la plaie change et devient d'abord d'un rouge plus vif, mais à la loupe on ne voit plus appa- raître de vaisseaux capillaires nouveaux; la dernière couche de lymphe coagulable déposée conserve l'aspect d'une pellicule blanchâtre transpa- rente, mais elle n'est plus pénétrée par des capillaires sanguins; la sécrétion de la lympe à sa surface n'a pas cessé, elle est au contraire souvent plus abondante que dans la plaie saine, mais elle n'est plus stratifiée^ elle est tantôt sous forme de flocons caillebottés, tantôt sous forme de fausses membranes Minces ou épaisses, et d'épaisseur inégale, tout à fait opaques, quelquefois grisâtres, mêlées de sang, mais toujours inorganisables. » Il y a donc entre la plaie saine et la plaie enflammée autre chose qu'une différence de degré dans l'état phlegmatique. Dans la première, le travail de réparation s'opère; l'organe sécréteur du pus se renouvelle et reçoit les vaisseaux sanguins, qui lui constituent une vie propre; la suppuration est louable, c'est-à-dire contient l'élément plastique et organi- sable en proportion convenable. Dans là seconde, avec plus de sang dans les vaisseaux déjà formés, à en juger par une couleur rouge plus vive, il n'y a plus production de vaisseaux nouveaux, peut-être parce que le produit plastique n'est plus organisable. i> Il est infiniment problable que la lymphe coagulable en excès est versée, à la surface d'une plaie enflammée, comme le pus lui-même, c'est- ( ioo3 ) à-dire à travers les parois des vaisseaux de la membrane des bourgeons charnus : elle est donc tirée du sang, qui circule dans 'les vaisseaux. » Est-elle produite par une action particulière des parois vasculaires ? ou plutôt ne trouve-t-on pas vérifiées ici, mais par une sorte d'analyse spon- tanée, les belles recherches de MM. Andral et Gavarret sur l'accroissement de la fibrine du sang dans les phlegmasies? » En résumé, d'après l'examen auquel je me suis livré, l'inflammation dans une plaie exposée est caractérisée anatomiquement par un afflux san- guin qui colore plus vivement les bourgeons charnus, par la disparition des vaisseaux capillaires de nouvelle formation, et par la sécrétion de lymphe coagulable non stratifiée, dont le dépôt peut affecter diverses formes, mais qui n'est pas organisable comme dans l'état sain. » CHIRURGIE. — De la cure radicale de la hernie inguinale; par M. Gerdy. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie.) « Parmi les maladies dont l'humanité peut être affligée, les hernies du ventre sont des plus communes. Parla gène et les embarras qu'elles appor- tent au cours des matières de la digestion , par les coliques dont elles sont la source, elles deviennent parfois si pénibles, que des malades au désespoir veulent à tout risque en être débarrassés. Enfin par les dangers de l'étrangle- ment, elles tiennent la mort incessamment suspendue sur la tête de ceux qui en sont affectés. On conçoit dès lors que des malades réclament une opération même dangereuse pour échapper à ces souffrances et aux in- quiétudes qui les tourmentent et empoisonnent leur existence. « Je ne puis plus supporter la vie, si vous ne me débarrassez de cette affection, » m'écrivait de Valenciennes, en i84i, un garde d'artillerie qui me deman- dait la guérison. » Aussi la chirurgie cherche cette cure radicale, même par les opérations les plus périlleuses, mais la chirurgie prudente et douce tourne ses regards de tous côtés pour trouver l'opération la moins dangereuse et la moins cruelle. » La hernie inguinale étant la plus commune, c'est de celle-là que nous allons surtout nous occuper. » Voyons d'abord les conditions que la chirurgie a cherché à remplir. » Raisons qui ont conduit à l'invention des diverses méthodes de cure radicale des hernies. — Disons, pour l'intelligence du sujet, que les hernies sont des tumeurs sous-cutanées sorties du ventre. i3i.. ( ïoo4 ) » t°. Comme les hernies rentrent ordinairement dans le ventre par le- simple coucher sur /e 4°- Dès lors on a dû croire que l'on pouvait guérir la hernie en la réduisant et en rétrécissant ensuite le sac herniaire par une suture qu'on a nommée royale^oii en l'oblitérant, soit par la ligature, soit par une inflam- mation adhésive •,. mais l'expérience a montré que lorsque le sac est très- ( ioo5 ) rétréci ou oblitéré,' les intestins repoussent cette barrière impuissante, entraînent une nouvelle portion de péritoine et reproduisent la hernie. » 5°. L'ouverture herniaire qui donne passage aux intestins sous la peau a suggéré l'idée de resserrer, d'oblitérer cette ouverture, qu'on nomme l'anneau inguinal, par la cautérisation, la caustication, par le sac pelotonné sur lui-même, après une opération sanglante de hernie étranglée, par une languette de peau, etc. Cette dernière opération étant fort dangereuse, ne paraît être rationnelle qu'à la suite d'une opération, de hernie étranglée. Mais, tous ces moyens étant d'ailleurs aussi douloureux que redoutables, il a fallu chercher encore quelque chose de plus avantageux. y> 6°. Alors m'est venue l'idée d'oblitérer et d'enflammer à la fois le canal herniaire et ses deux ouvertures en poussant et invaginant simplement la peau, sans incision, dans le canal inguinal qui est derrière, pour l'y faire adhérer et la fermer par un long bouchon organique. Voilà la pensée de l'invagination : introduire quelque chose, la peau, renversée, retournée sur elle-même, comme un doigt de gant dans le canal herniaire, parce que c'est plus simple, ou même un corps étranger, comme un séton, pour y développer une inflammation adhésive. Cette pensée est-elle féconde et pra- tique ? Je le crois ; mais ce qui est bien plus important et doit avoir beau- coup plus d'autorité que ce que je puis croire, c'est que le monde chirur- gical l'a partout accueillie avec l'espoir d'un succès assuré. En effet, en France MM. Roux, Velpeau, et plus tard Valette, etc., en Suisse Hecker, en Italie Signorini, en Angleterre Bransbycooper, en Allemagne Lehmann, Bruns, Scha, Zeis, Schall, Giinther, Wutzer, Sotteau, Wetmann, Christo- pher; on se mit aussitôt à l'appliquer avec une ardeur inconnue dans totite opération nouvelle. Mais les croyances des hommes ont peu d'autorité quand elles ne sont pas soutenues par la raison appuyée sur l'expérience. Cepen- dant je dois dire que, depuis la découverte de l'invagination, l'ardente con- fiance qu'elle a inspirée ne s'est pas refroidie. Pendant le cours de cette an- née, nous avons vu luî professeur de l'école secondaire de Marseille apporter un nouveau procédé à la Société de Chirurg^ie de Paris, pour perfectionner l'invagination, M. Rothmund lui adresser le compte rendu d'une foule d'opérations de ce genre faites en Allemagne, M. Valette, couronné par l'A- cadémie chirurgicale de Madrid pour un autre procédé. Mais voyons donc d'abord les résultats définitifs de l'invagination. » Résultats généraux et définitifs de l'im>agination. — r°. Le plus géné- ral, c'est que presque tous les opérés guérissent immédiatement dans l'espace de vingt jours à un mois. Mais cette guérison immédiate, ou récente, n'est ( ioo6 ) parfois que temporaire, et la maladie tend à reparaître ou se reproduit, un peu plus tard, par les efforts musculaires du ventre et peut-être par la tendance naturelle de la hernie à se reproduire. » 2°. Mais elle reparaît améliorée et ressort plus difficilement, plus petite qu'auparavant et coercible par un bandage, tandis qu'avant l'o- pération elle pouvait être d'un volume énorme , de la grosseur de la tête du malade , et tombant au-dessous de la partie moyenne de la cuisse, et être incoercible (Valette, Cure rad., obs. 8). Alors la cure n'a été que palliatii'e, ce n'en est pas moins déjà une grande amélioration qui sauve le malade de bien des peines, de bien des inquiétudes, et lui rend la capacité de travailler qu'il avait perdue. Cette cure palliative permet de recom- mencer l'opération de l'invagination avec succès , comme cela m'est arrivé et comme on en trouve un exemple dans l'observation 12 de la Thèse de M. Thierry, qu'il a emprunté à ma clinique de l'hôpital Saint-Louis. Cette cure palliative, ces améliorations, la coercibilité de la hernie, la possibilité de répéter l'invagination avec succès, ont été vérifiées beaucoup de fois en Italie, en Allemagne, en France, etc. Ces résultats ont paru très-avanta- geux, et si précieux à M. Valette en particulier, qu'il a dit textuellement [Cure rad. des Hern., p. 1 1 1 , 1 854) ■ « ■ • • J'ai réalisé un immense progrès.. . 1) mon procédé ne s'applique pas aux petites hernies... J'ai imaginé mon opé- » ration (l'invagination modifiée par M. Valette) pour guérir ces hernies » très-volumineuses que rien ne peut contenir (p. ii3). » Et M. Valette ajoute de nouveaux faits aux faits de cure palliative et de répétition de l'opé- ration avec succès, anciennement publiés : 1° par l'inventeur de l'invagina- tion (voir Thèse de concours pour le professorat à la Faculté de Paris, par A. Thierry, sur la cure radicale de la hernie , 1 84 1 , p. 76, 8 1 , 85) ; 2° par les chirurgiens italiens, ihid., p. 88, 92) ; 3° par M. Bransbycooper en Angle- terre; 4° pai" J^s chirurgiens allemands (voy. Rothmund, Ueber radical oper. beweglicher Leistenb ruche , p. i32); 5" par les chirurgiens français MM. Laugier, Robert entre autres. » 3°. Mais l'invagination faitjnieux encore, elle produit la guérison ra- dicale delà hernie inguinale, on n'en peut plus douter. Jusqu'à ce jour, on se plaignait que les exemples de guérison n'étaient pas assez anciens pour qu'on pvit être sûr qu'elles étaient radicales ; mais moi, qui ai le triste avan- tage d'être le plus ancien praticien de l'invagination, j'en possède de très- anciens, deux qui datent de treize ans, un de dix-sept ans, et deux de dix- huit ans. Cependant je ne puis donner une statistique exacte de tous mes résultats pratiques. Les malades qui n'ont plus besoin du chirurgien revien- ( loo? ) lient rarement le voir, et ils sont souvent impossibles à retrouver, dans une cité comme Paris. Je sais seulement que, sur une centaine de cas en- viron, j'ai perdu quatre malades, que presque tout le reste a guéri; qu'il y a eu peut-être un quart de récidives, et souvent par la faute des malades. » Si l'on fait la part de l'inexpérience inévitable chez l'homme qui em- ploie le premier l'opération qu'il a imaginée, mais non encore appliquée; si Ton compare ces résultats à ceux des opérations dangereuses, comme les amputations de jambe et de cuisse qui entraînent une mortalité de trois sur quatre à Paris ; si l'on considère que les opérations les plus innocentes en général, comme une simple saignée, peuvent être suivies de mort; si l'on considère enfin que les réfrigérants qiii ont concouru à la mort du premier malade, une affection du cœur non avouée, à la mort du second, ce qui ne se renouvellera plus, parce qu'on rejette les réfrigérants et qu'on évite les hernieux qui présentent des complications dangereuses , on regardera ces résultats comme bien peu graves. Ils le paraîtront encore moins si l'on en rapproche les résultats obtenus en Allemagne par l'invagi- nation, d'après la statistique donnée par M. Rothmund, dont voici le ré- sumé très-court. Sur cent quarante opérations pratiquées à la clinique de Munich, par plusieurs chirurgiens, pas un cas de mort ; quatre individus atteints de hernies incoercibles ont pu les contenir par un bandage. » Le nombre des récidives connues à l'auteur s'élève à treize. Le plus souvent une opération notivelle quelconque a été suivie de guérison. Il n'y a que six cas d'insuccès complet et sans résultat. Les autres malades ont obtenu l'occlusion du conduit herniaire à im degré tel, que M. Rothmund ne peut douter du succès, d'autant mieux que beaucoup de ces individus vivent dans la localité, et qu'il n'aurait pu ignorer les récidives qu'ils au- raient eues. Bien des fois il en a vu dont la guérison datait de plus d'une année. Sur trente-quatre hommes opérés suivant le procédé de Mosner, il y a eu un résultat nul, un de récidive, deux d'amélioration, un de mort. Tous les autres ont guéri si solidement, que la récidive est hors de toute vraisemblance. Sur sept femmes il y a eu deux résultats nuls, cinq heureux, constatés pour quatre au bout de plusieurs années. Nous ne dirons rien des résultats contestés de M. Sigmond, de Vienne. M. Valette compte dix-sept cas de guérison sans mort, mais elles ne datent que de quelques années; on ne peut pas encore les regarder comme des cures radicales. Le temps, au reste, éclaircira ces mystères. On m'a reproché de n'avoir pas fait con- naître plus tôt mes résultats et défendu une opération utile à l'humanité. J'ai pensé, puisqu'il fallait du temps pour apprécier la solidité de la cure, ( ioo8 ) qu'à une époque aussi industrielle que la nôtre, il serait de bon goût au plus intéressé au succès d'attendre que d'autres vinssent l'aider à prouver la vé- l'ité. Si, comme je le crois, nous avons démontré la nécessité, le peu de danger, l'utilité de l'invagination, nous devons chercher maintenant le procédé qu'on doit préférer. » BOTANIQUE. — Etudes sur les Zostéracêes (premier Mémoire, relatif au genre Zostère); par^l. P. Dcchartke. (Extrait par l'auteur. ) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « L'histoire des Phanérogames qui croissent au sein des mers est beau- coup moins avancée que celle de tous les autres végétaux pourvus aussi de fleurs et de fruits, et cela en raison de leur station exceptionnelle qui en rend l'observation et la recherche extrêmement difficiles. I^a plu- part de leurs espèces ne sont représentées dans les collections que par des échantillons entièrement incomplets, et pour plusieurs nous ignorons absolument l'organisation de la fleur et du fruit. Si nous sommes fort peu instruits relativement aux organes reproducteurs des Zostéracêes en géné- ral, nous le sommes bien moins encore au sujet de leurs organes végétatifs considérés soit dans leur disposition relative, soit surtout dans leur struc- ture anatomique. Aussi cette dernière étude a-t-elle im intérêt réel qui s'ac- croît encore par cette considération, que la connaissance et la détermination des plantes fossiles analogues ne peut être appuyée solidement que sur une comparaison exacte avec celles qui vivent actuellement dans le fond des mers. » Telles sont les raisons qui ont motivé ces études. J'ai examiné les plantes suivantes : i°à l'état frais, le type à larges et longues feuilles du Zostera marina. Lin.; une plante récemment découverte dans le bassin d'Arcachon, par M. Durieu de Maisonneuve, et que je me contente de nom- mer provisoirement Zostera marina nodosa, pour ne pas enlever à ce botaniste distingué l'honneur de nommer spécifiquement sa découverte, si, comme cela semble au moins très-probable, elle constitue une espèce à part ; le Zostera naiia, Roth, trouvé aussi dernièrement par M. Durieu dans la même localité ; 2° à l'état sec, les Thalassia ciliata et stipulacea, Rœn., de la mer Rouge, ainsi qu'une espèce des Philippines, que je crois nou- velle et que je nomme T. pectinijera ; 3" les Cjmodocea œquorea, Kœn., et Preauxiana, Webb, avec le C? antarctica, Endl.; 4" Je Posidonia caulinijK.œn., observé frais et sec; 5° une plante recueillie par Poiteau ( 1009 ) dans la mer des Antilles et conservée dans l'herbier de M. F. Delessert, sous le seul nom de Zostera ? Ce premier Mémoire est consacré à l'étude de la végétation et de la structure des Zostera, dont les détails sont figurés dans neuf planches que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Aca- démie. ■> Les Zostères ont un rhizome rampant sur le sol du fond des mers, qui s'allonge par le développement de son bourgeon terminal, tandis qu'il se détruit en arrière, après quelques mois chez le Zostera marina, après plus d'un an chez le Zostera nana (W. Hofmeister). Leur bourgeon terminal présente plusieurs entre-nœuds très-raccourcis, mais bien distincts. Les entre- nœuds du rhizome lui-même sont peu allongés ; ils sont surtout très-courts dans celui du Zostera marina nodosa. Ils deviennent très-longs au contraire dans les branches florifères dressées du Zostera marina. Chaque nœud porte une feuille qui l'embrasse complètement de sa gaîne fermée, que dé- chire plus tard le grossissement des parties plus intérieures. Ces feuilles sont alternes-distiques. Leur portion inférieure ou vaginale est allongée et se termine par une courte.ligule tronquée. Elles sont parcourues par des ner- vures longitudinales parallèles, qui ont été comptées inexactement par les botanistes descripteurs, et dont on trouve ordinairement sept ou neuf dans le Zostera marina, constamment cinq dans le Zostera marina iwdosa., trois dans le Zostera nana. Les nervures sont rattachées entre elles par des lignes transversales plus ou moins irrégulières, qui sont de simples cloisons paren- chymateuses; elles s'anastomosent au-dessous du sommet, et la médiane se prolonge au delà de leur anastomose. Des lignes parallèles aux nervures et tracées par vine différence de teinte, indiquent autant de cloisons inté- rieures qui séparent de grandes lacunes longitudinales. Les bourgeons axil- laires restent généralement endormis chez le Zostera marina jusqu'au mo- ment où ils donnent des branches fertiles; ils se développent ordinairement chez le Zostera nana en branches latérales fertiles ou stériles. La feuille- mère d'une branche ouvre sa gaîne sous elle, et la première feuille de cette branche est intérieure ou axillaire. Les racines adventives naissent au- dessous de chaque feuille, soit sur le rhizome, soit sur les branches, en deux faisceaux qu'on trouve déjà naissants dans le bourgeon. » Le rhizome des trois Zostères que j'ai étudiées m'a offert une structure complètement différente de celle qui a été décrite et figurée par M. Unger ( C/i/om /jrofogœa^ pag. 48-5o, PI. XVII, fig. 7 et 8). Cette tige présente un corps ou gros faisceau central formé de cellules étroites, très- .allongées, à parois minces, conformées en longs cylindres superposés par C. R., 1854, »"" Semestre. (T XXXIX, Nû 21.) iSa ( lOlO ) des bases horizontales ou peu obliques, dans l'épaisseur duquel se creusent peu à peu des lacunes irrégulières, peu considérables. Lors même que ce corps central se détruirait en entier, ce qui n'a pas lieu, il ne donnerait pas naissance à une lacune aussi grande que celle qui a été décrite et figurée par M. Unger, comme occupant le centre de la tige du Z. marina. Ce corps central est entouré par une zone épaisse de parenchyme lâche, à grandes cellules assez courtes, contenant des grains de fécule, et laissant entre elles \\n nombre considérable de lacunes longitudinales de grandeur variable. Vers la circonférence de cette z^ne lacuneiuse se trouvent deux faisceaux excentriques ou secondaires, organisés comme le corps central, et se creu- sant de même de lacunes longitudinales. Enfin, tout cet ensemble est en- touré d'une zone corticale moins épaisse que la zone lacuneuse, et formée de cellules à parois minces, allongées en cylindres qui se superposent en files longitudinales. Cette zone externe est parcourue par de nombreux faisceaux irréguliers de cellules libériennes, qui se groupent surtout près de la circon- férence chez le Z. marina et le Z. marina nociosa, en général plus intérieu- rement chez le Z. nana. Je n'ai vu aucune trace du cercle continu de faisceaux à vaisseaux de diverses sortes et très-bien formés, qu'indique M. Unger comme se trouvant un peu plus qu'à moitié distance entre le centre et la circonférence. Les seuls vaisseaux que j'aie observés sont des trachées fort petites et comme ébauchées que j'ai vues dans le tissu des nœuds. » Les racines des Zostera ont un gros faisceau central organisé connue celui de la tige, mais à cellules plus étroites, sans jaisceaiix excentriques . Leur zone moyenne est formée de cellules allongées, fort remarquables par la régularité de leur disposition en cercles concentriques et par lignes rayon- nantes. Par luie conséquence naturelle de cet arrangement, ces cellules deviennent graduellement de plus en plus grandes du centre vers la circon- férence, et elles laissent à leurs points de concours de grands méats qua- drangulaires. Tout cet ensemble est enveloppé par une zone externe sans Jaisceaux libériens, et composée de deux à cinq couches de cellules plus ou moins allongées de dedans en dehors sur leur coupe transversale, unies entre elles sans méats. Chez le Zostera nana, la zone moyenne est beaucoup moins régulière et très-lâche. » Les feuilles des Zostères sont revêtues d'un épidermc sans stomates [Epihlema, Schleid), et renforcé d'une cuticule, dont les cellules sont rem- plies de chlorophylle et produisent la coloration verte. Les cellules, petites et en hexagone raccourci dans les parties moyennes, vont eu s'allongeant ( 'OM ) vers la base de la feuille. L'intérieur de l'organe est formé d'un parenchyme à parois minces, creusé, dans l'intervalle des nervures, de lacunes longitu- dinales en nombre variable. Dans le Zostera marina vigoureux, chacun de ces intervalles présente jusqu'à dix lacunes rangées côte à côte sur un plan parallèle aux faces; on y en compte généralement cinq chez le Zostera marina nodosa, et seulement trois chez \e Zostera nnna. Les cloisons, soit longitudinales, soit transversales, sont composées presque toujours d'un seul plan de cellules. Celles que parcourent les nervures sont plus épaisses. C-es nervures elles-mêmes sont formées de cellules semblables à celles des fais- ceaux de la tige; elles ne renferment pas de vaisseaux. Immédiatement sous l'épiderme se montrent, enclavés dans le parenchyme, de petits faisceaux de liber qui correspondent avec plus ou moins de régularité aux cloisons des lacunes. Les plus forts de ces faisceaux longent les deux bords. On en trouve aussi plus intérieurement entrant dans la composition des nervures du Zostera marina, mais non chez le Zostera marina Jîodosa, ni chez le Zostera nana. Dans cette dernière espèce, les faisceaux libériens sous-épi- dermiques sont très-peu nombreux. Quant à la membrane vaginale des feuilles, elle résulte d'un simple prolongement des deux épidermes, et elle ne présente dès lors, en général, que deux assises cellulaires superposées, sans nervures. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Maréchal Vaillant présente un Mémoire adressé à M. le Ministre de l'agriculture, du Commerce et des Travaux publics par M. J. Fom, sur une nouvelle méthode employée par lui avec succès à El-Biar, près d'Alger, pour prévenir le développement de la maladie de la vigne. (Renvoi à l'examen de la Commission des maladies des végétaux. ) M. LE Ministre de l'Agkiculture, du Coiuimerce et des Travaux purlics transmet une Note de M. Boj\ de la Nouvelle-Orléans, contenant l'indica- tion d'un remède que l'auteur annonce avoir employé avec un succès con- stant contre le choléra et qu'il désire présenter au concours pour le prix du legs Bréant. L'auteur donne la formule de ce remède, mais en demandant qu'elle ne soit pas rendue publique. (Renvoi à la Section de Médecine qui décidera si avec ces conditions la Note peut être admise au nombre des pièces de concours.) l32.. ( loia ) PATHOLOGIE GÉNÉRALE. — De la fion-identité du typhus et de la fièvre tjphoïde; par M. Landouzy. f) M. le professeur Forget ayant présenté à l'Institut un Mémoire destiné à prouver, d'après des faits cliniques, la non-identité du typhus et de la fièvre typhoïde ; et M. Gaultier de Claubry ayant adressé, dans la dernière séance, un ouvrage destiné à soutenir la doctrine contraire, je crois devoir faire remarquer que je suis arrivé, il y a quatorze ans, aux mêmes conclu- sions que M. Forget, également d'après des faits cliniques. » Non que je veuille contester à mon très-savant confrère de Strasbourg le mérite d'avoir tranché ce grave problème par de nouvelles observations ; mais cette question étant l'une des plus élevées et des plus complexes de la pathologie, je tiens à honneur de rappeler la part que j'y ai prise, dans un travail couronné par la Facuhé de Paris au concours de i84i, inséré dans les archives de Médecine en 1842, et dont j'envoie un exemplaire à la Commission nommée précédemment. » (Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour le Mémoire de M. Forget, Commission qui se compose de MM. Serres, Andral et Rayer.) MÉDECINE. — Sur la non-identité de la fièvre tjphoïde et du tjphus. Récla- mation de priorité adressée à l'occasion d'une communication récente de M. Forget; par M. Leroy. a Le compte rendu de la séance du 9 octobre 1 854 de vos séances annonce un travail do M. Forget, dans lequel, dit ce professeur, se trouve la solution d'un grave problème, qui tient en suspens le monde médical depuis vingt-cinq ans : c'est celui de l'identité ou de la non-identité du typhus et de la fièvre typhoïde. Il y a aujourd'hui plus de vingt-deux ans que, répondant à la question que l'Académie avait proposée sur les fièvres pour le grand prix de Médecine, je crois avoir fixé, dans un Mémoire qu'elle a daigné distinguer, les différences qui existent entre ces diverses affections, et ouvert la voie qui conduit à la solution du problème en question, si même je ne l'ai complète- ment tranchée. Il m'est donc permis d'intervenir dans cette discussion, et c'est ce que je prends la liberté de faire, en détachant de l'ouvrage auquel mon Mémoire a donné lieu les seules pages qui y ont trait, et que j'ai l'hon- neur de vous adresser, afin qu'elles soient soumises à la Commission nommée pour apprécier le travail de M. Forget. » La Lettre et l'opuscule qui l'accompagne sont renvoyés à titre de docu- ;( ioi3 ) ments à la Commission nommée pour le Mémoire de M. Forget, Commis- sion qui se compose de MM. Serres, Andral et Rayer. PHYS\qnE. — Sur la limite de la vaporisation du mercure; par M. Ch. Brame. (Commissaires, MM. Dumas, Regnault, de Senarmont. ) « Des nombreuses expériences que j'ai faites sur ce sujet, il résulte que : 1° L'or employé par M. Faraday n'est pas un réactif suffisamment sensible pour accuser la présence de très-petites quantités de vapeur de mercure, et, par conséquent, si l'on peut par ce moyen, ainsi que l'a fait M. Faraday, démontrer que le mercure produit à ao à aS degrés de la vapeur à une hauteur de plus de o™, loo, par exemple, et si l'on ne peut plus démontrer la formation de cette vapeur à plus de o™,020, lorsque la température est au-dessous de zéro, comme l'a constaté l'illustre physicien anglais, cela ne prouve pas que le mercure ait une atmosphère limitée. a° Au contraire, on prouve que la vapeur de mercure s'élève facilement à i mètre aux tempé- ratures comprises entre quelques degrés au-dessous de zéro et 3o degrés au- dessus. Bien plus, on a constaté dans le laboratoire de M. Chevreul qu'en quinze jours, à une température de ao à 26 degrés, dans un tube d'un dia- mètre de o™,o5o ouvert aux deux bouts et posé sur du mercure, la vapeur de celui-ci a bruni des utricules de soufre distantes du mercure de l'",^/^o. Dans les caves de l'Observatoire, des utricules de soufre placées à une dis- tance de i™,76o du mercure (et déposées dans un petit tube ouvert aux deux bouts, supporté par une spirale de fil de fer dans un tube plus large fermé à un bout et renversé sur du mercure-) étaient complètement brunies au bout de quatre mois. Le tube plus large avait un diamètre de o™,02i et une hauteur totale de i'",8o. En vingt jours, dans les caves de l'Observa- toire, la vapeur du mercure (3o grammes), placé au fond de tubes de i°»,ioo à i™,200 de hauteur, a bruni des utricules de soufre déposées sur la paroi de petites cornues qui servaient de bouchons. On a obtenu le même résultat nombre de fois, soit que la température demeurât constante comme dans les caves de l'Observatoire, soit que dans une cour, un labora- toire, etc., elle variât de 10 degrés et plus; que l'air des tubes soit plus ou moins libre, ou bien qu'il soit confiné, il ne paraît pas qu'il y ait de diffé- rence appréciable. A toutes les températures, c'est toujours du sulfure de mercure qui se forme; il est d'un brun plus ou moins foncé à zéro et au- dessus; mais à — 8°, la vapeur de mercure a coloré en jaune et rouge des utricules de soufre placées à une distance de plusieurs centimètres ;. la vapeur des amalgames mous a produit assez souvent le même effet. ( Joi4 ) Dans le premier cas, en prolongeant les expériences pendant un temps suffi- samment long, on a pu condenser dans les utricules de soufre des quantités pondérables de mercure (o^^ooG à oB^oaSo). Il en a été de même avec l'on- guent mercuriel, les amalgames d'argent, d'étain, etc. D'un autre côté, le soufre utriculaire, les aiguilles de fusion et le soufre durci, qui renferment des utricules, prennent du mercure, alors même qu'ils sont placés au fond de tubes de ^ mètre de longueur reposant sur du mercure. 3" Lorsque, dans les circonstances indiquées précédemment, on substituait au soufre utricu- laire la vapeur d'iode (produite en très-petite quantité à la température oi- dinaire par quelques centigrammes d'iode volatilisés et condensés sur la paroi d'une petite cornue servant de bouchon) descendant de la partie supérieure du tube contenant le mercure, la vapeur de mercure paraissait former une atmosphère limitée au-dessus du métal liquide. En e£fet, dans ce cas, elle paraissait ne s'élever qu'à o™,o36 à o"',o38 au plus à -+- 26''(M), et seulement à o"',020 à o"',022 à -t- 12°, ce qui semblait témoigné par les iodures de mercure qui se déposent sur la paroi du tube. Dans les caves de rObservatoire, il est vrai, l'iodure rouge a formé un anneau très-ténu, et, ce qu'on ne pouvait prévoir par les résultats antérieurs, cet anneau n'était distant que de quelques millimètres du mercure; cela doit être attribué à l'humidité, les tubes à iode ayant été fixés contre le mur. A une température de 22°,/» (M), au bout de quinze jours l'amalgame d'argent, dans la salle de la méridienne à l'Observatoire, a donné lieu, avec la vapeur d'iode, à la forma- tion d'un anneau beaucoup plus étendu que le précédent. Cet anneau était formé de cristaux bien distincts et de forme déterminable; il était à o'",oi5 du mercure. Dans la plupart des expériences faites avec l'iode, l'anneau formé par le dépôt résultant de la réaction de la vapeur d'iode sur celle du mer- cure était constitué par plusieurs iodures de ce métal; mais l'iodure rouge cristallisé dominait ou existait seul lorsque, la vapeur d'iode étant en léger excès, l'expérience était interrompue en temps opportun. Au moyen d'un tube long de i mètre et placé verticalement dans un tube plus large repo- sant sur du mercure, on a pu vérifier l'expérience de M. John Davy (1), de laquelle il résulte que l'iode, placé à distance du mercure à la température ordinaire, peut absorber la vapeur de celui-ci. Cette expérience n'avait pas encore reçu de confirmation, que je sache. Quoiqu'il en soit, on voit que le résultat est conforme à celui que fournit le soufre utriculaire, et il montre bien que si, lorsque l'iode est à l'état de vapeur, l'atmosphère du mercure semble limitée, cela tient uniquement à ce que la vapeur d'iodure de mer- (i) John Davy; Vlnstitut, 1 1 février 1846, t. XIV, p. 56. ( lOl') ) cure et même celle de J'iode ont une densité considérable relativement à l'air. D'où il résulte que la vapeur de mercure est refoulée jusqu'à une cer- taine limite qui varie avec les températures, tandis que les anneaux engen- drés par les iodures de merciwe formés ont une hauteur assez constante pour une même température, toutes choses égales d'ailleurs (tension de la va- peur de mercure, bien que très-fliible aux températures indiquées, rendue sensible et peut-être mesurable). La vapeur de brome, à la température ordinaire, se conduit comme celle de l'iode; il en a été de même de celle de l'essence de térébenthine; il en est de même du chlore gazeux à + 75°, etc. Conclusions. » 1°. La vapeur de mercure paraît soumise, comme les autres, à la loi du mélange des gaz et des vapeurs, à toutes les températures comprises entre quelques degrés au-dessous de zéro et 3o degrés au-dessus ; et toutes les expériences, exécutées avec le soufre à divers états, concourent pour dé- montrer que la limite posée à la vaporisation du mercure, par suite de l'em- ploi exclusif de l'or comme réactif, est dépassée au delà de tout ce que l'on pouvait prévoir, d'après les expériences de M. Faraday, puisqu'il a été con- staté que la vapeur de mercure pouvait s'élever à une hauteur de i™,76 à la température constante de ii°,5. » 2°. Si la vapeur d'iode, dans quelques circonstances, donne un résul- tat qui, au premier abord, paraît indiquer que la vapeur de mercure forme une atmosphère limitée, cela paraît tenir uniquement à la densité considé- rable, relativement à l'air de la vapeur d'iode, de, celle de l'iodure ou des iodures de mercure formés et au peu de volatilité de ceux-ci. Même con- clusion à l'égard de la vapeur de brome, du chlore gazeux, etc. » 3°. La volatilité du produit formé par la combinaison de la vapeur de mercure avec le soufre et la très-petite quantité de vapeur, relativement peu dense, que donne le soufre à la température ordinaire, expliquent, au contraire, sans difficulté les résultats obtenus avec celui-ci. Les utricules de soufre absorbent la vapeur de mercure avec une grande énergie; or lors- qu'on emploie le soufre, rien n'empêche le mélange de l'air avec les va- peurs produites. Le résultat principal obtenu dans ce cas peut donc être con- sidéré comme le résultat normal. » 4"- Rapprochant le fait observé par M. Faraday, et qui est d'ailleurs parfaitement exact, des vues de Poisson sur l'état des dernières couches de l'atmosphère de la terre, on invoquait la limitation de la vaporisation du mercure dans les discussions les plus élevées de la physique générale, soit ( ioi6 ) qu'il s'agit de la limitation de l'atmosphère terrestre elle-même, soit qu'il s'agît de la divisibilité de la matière, questions qui, depuis Wollaston, sont regardées souvent comme corrélatives. Les résultats de mes expériences me paraissent démontrer qu'il n'est plus possible d'invoquer la limitation de la vaporisation du mercure dans les spéculations de ce genre, discutées avec tant de haute raison et de sagesse dans les leçons sur la philosophie chi- mique de M. Dumas (i). » MÉTÉOROLOGIE. — Nouvelles observations sur la grêle; par M. Depigny. (Extrait.) (Renvoi à l'examen de M. Pouillet.) «... Lundi 3 octobre i853, vers midi, par un vent faible de N. O., entre deux coups de soleil, il est tombé sur Longchaumois (canton de Morez, dé- partement du Jura) et dans les environs une espèce de grêle de la formed' une toupie , c'est-à-dire résultant de la réunion d'un cône droit et d'une calotte sphérique accolés par leurs bases qui sont sensiblement égales entre elles. Tous les grêlons que j'ai recueillis avaient cette forme, mais leurs grosseurs étaient diverses, depuis i millimètre jusqu'à 4 ou 5. Ils étaient entièrement composés d'une matière blanche, mate, semblable à de la neige comprimée. K Une heure après, la grêle qui n'avait pïs duré dix minutes, a recom- mencé à tomber sous la même forme et les mêmes apparences, pendant à peu près le même temps. Je n'ai remarqué ni éclairs, ni tonnerre, ni même ce bruit presque toujours indiqué par les observateurs. » Le 28 avril, à Lyon, à 4 heures du soir, il est tombé delà grêle pendant cinq à six minutes. Il y avait des grains ressemblant à un cube mal fait et usé sur les arêtes et les angles, ayant de 3 à 4 millimètres de grosseur. D'autres avaient la forme de toupie, déjà indiquée, et une dimension de a à 3 millimètres. Enfin, une troisième forme observée se rapprochait d'un prisme triangulaire aplati. Je crois que ces derniers, ainsi que les premiers, n'étaient que des fragments. » Le 4 juin i854, à Longchaumois, à i*" So™, chute de grêle pen- dant dix minutes, de la forme déjà observée et de 3 à 4 millimètres et au- (i) Se fondant sur ses propres expériences et sur celles d'autres physiciens, M. Faraday a cru que, pour tous les corps, il existe des limites de température au delà desquelles la vaporisation n'a plus lieu. Un ensemble d'expériences dont je m'occupe fréquemmen,t me porte à croire qu'il n'en est pas plus ainsi pour les autres corps que pour le mercure lui- iinême. ( IOI7 ) dessous. Elle tombe tout à coup sans qu'on puisse observer ni éclair, ni tonnerre; mais je ne puis affirmer l'absence de ces signes ordinairement précurseurs. La température de l'air était ao degrés, elle descendit à i5 degrés, et à 2 heures elle est remontée à 17 degrés, puis 18 degrés et 20°, 5o successivement. Un gros nuage uniformément étendu couvrait le plateau sur lequel est le village. Il filait vers le nord d'une vitesse modérée. Il n'avait point de saillies en dessous, paraissait éclairé par le; soleil en dessus ; ses bords étaient blanchâtres. Point de messagers. Un seul étage de nuées. Bientôt il disparut au delà de Bellefontaine, laissant derrière lui des cumuli épars dans tout le ciel. » Le 7 aoîit, à Longchaumois, à a heures, il est tombé un peu de grêle. Je suis rapidement descendu au jardin où j'ai recueilli les mêmes grêlons qu'autrefois, mais entremêlés de plus gros. Un grand nombre étaient com- posés de parties opaques et de parties transparentes. J'ai suivi la nuée jus- qu'au lieu dit la Goulette, et en revenant la grêle a recommencé toujours sous la même forme de toupie, mais avec des différences remarquables. Beaucoup de gréions montraient près de la pointe des couches concentriques avec la calotte. Cette calotte était unie, on pourrait dire polie, lisse et régulière, tandis que la surface conique était grenue. Beaucoup de grêlons attei- gnaient 7 à 8 millimètres ; des fragments étaient entremêlés, la plupart d'entre eux étaient transparents. » Une troisième chute de grêle du même jour m'a offert de petits fuseaux bien formés de divers calibres jusqu'à 6 millimètres; outre cela, des grains ayant jusqu'à 1 5 ou 1 6 millimètres, composés d'un cône opaque uniforme ou à couches, dont la base était surmontée d'une calotte plus qu'hémisphérique. Quelquefois la pointe était émoussée et l'on avait une forme sensiblement ovoïde avec un culot opaque. J'ai recueilli aussi des fragments offrant une portion de sphère qui semblait s'être détachée par l'effet du choc du cône sur lequel elle s'était originairement formée. » M. CouERBE envoie, de Verteuil (Gironde), une nouvelle rédaction d'un Mémoire qu'il avait précédemment présenté sous le titre de : Faits pour servira L'histoire de la sève de la vigne. Ce Mémoire, dans lequel l'auteur a consigné des faits nouveaux et en a rectifié quelques autres, sera substitué à celui qu'il avait d'abord adressé. M. AvEiViER DE Lagrée, cn envoyant une addition à sa précédente Note C. R., t»^,^^* Semestre. (T. XXXIX, N» 21.) l33 ( ioi8 ) « Sur une combinaison mécanique pouvant donner à l'arbre des machines à vapeur une vitesse uniforme dans les plus grandes détentes , » déclare que ce supplément sera le dernier relativement à cette combinaison mécanique. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Terzdolo communique un moyen qu'il a imaginé, mais non essayé, et qu'il sup'^ose donner la solution du problème de la direction des aérostats. (Renvoi à l'examen de la Commission des aérostats.) CORRESPONDANCE. M. LE MiMSTRE DE l' AGRICULTURE, DU COMMERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS adresse, pour la Ribliothèque de l'Institut, un exemplaire du XVII'' vo- lume des Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de i844- M. LE Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces de la correspon- dance une deuxième livraison du grand travail de M. Berendt sur les restes organiques fossiles contenus dans le succin. Cette deuxième livraison, qui a paru après la mort de l'auteur, est adressée par M™® Marianne Berendt. La première partie avait été reçue en i845. M. Duvernoy est invité à faire connaître cet ouvrage à l'Académie par un Rapport verbal. M. LE Secrétaire perpétuel appelle également l'attention sur un travail imprimé de M. Mousson, concernant les glaciers actuels. « Cet ouvrage, dit M. Élie de Beaumont, contient un résumé très-substan- tiel de ce qu'ont pu nous apprendre sur cette question les observations les mieux faites, et comme l'auteur s'est attaché à bien dégager les faits des spé- culations auxquelles elles ont pu donner lieu, son livre conservera toujours l'intérêt de représenter véritablement l'état de la science à l'époque de sa publication. » M. LE Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie de très-belles épreuves photographiques des principaux monuments de Paris, obtenues sur collodion. MM. Bisson frères, dans la Lettre qui accompagne leur envoi, font remarquer que « quelques-unes de ces épreuves, telles que le Pavillon du Ijouvre, la Bibliothèque du Louvre et l'Escalier du château de Blois, dépas- { IOI9 ) sent en dimension toutes celles qu'on a obtenues d'une seule pièce sur glace par l'emploi du collodion. Ils ajoutent que la perfection de leurs résultats tient en partie à l'excellence des instruments qu'ils emploient : pour les épreuves mises aujourd'hui sous les yeux de l'Académie, ils ont eu un objectif sorti des mains de M. Lerebours. » M. THENARD,qui a récemment entretenu l'Académie de ses «Recherches sur la présence de l'arsenic dans certaines eaux minérales, » dépose sur le bureau un opuscule publié en i845, par M. A. Chevallier, et destiné à faire ressortir la nécessité d'un travail d'ensemble sur la composition des eaux minérales de France. ASTRONOMIE. — M. Argelander transmet les observations des planètes Pomone et Polymnie, yàiïe* à l'observatoire de Bonn. (Lettre communi- quée par M. Le Verrier.) @ POMONE. T. moyen de Bonn. Et. de comp. Novembre 6 iiMS-SoSÔ 31 = 34° 7'2i"4 D=:+ i3°55'i9",o (a) — 9 8. I. 2,1 ai = 33.3o.5o,i D^+ 13.37. i5,4 (^) Positions apparentes des étoiles de comparaison. {a) B=34''22'36",3 D=-Hi3°53' o",o (i) ai = 33. 4-3o,5 0 = 4-13.37.30,9 (§) POLYMNIE. Novembre 9 iii-S^iSSô m = 35''45'i3',2 D = -|-i6<'i7'53",3 ASTRONOMIE. — Eléments de la planète Volymnie, calcules parM. Brubns, sur les observations de Paris, 28 octobre; Berlin, 3 ei 9 novembre. (Lettre de M. Peters à M. Chacornac, communiquée par M. Le Verrier. ) r= 22.25.58,4 I - . ■ QKc: \ equinoxe moyen de io55,o. = 1.12.29,2 ) Époque : i854, Nov. 0,0. Temps moyen de Berlin. M =10° 26' 8",5 CT=: 22.25.58,4 i= 1.22.20,6 ç=:l2.58. 2,1 p = 967",235 loga := 0,376356. i33.. ( 1010 ) ASTRONOMIE. — M. Temple-Chevallier adresse une première approximation des éléments et une éphéméride de la planète Polymnie, calculées par M. George Rumker, d'après les observations de Paris, ag octobre; Ber- lin, 3 novembre, et Durham, 9 novembre. ( Lettres communiquées par M. Le Verrier.) M= 36° 2'5i",o 1854, Nov. io,o. T. moyen de Greenwich. tT= SaS. l3.54,0 \ , . , ae-f • Qnc 2 i equinoxe moyen de looa janvier 0,0. I O . î)0 ■ 00 yO \ 1= 2.27.59,1 If = 23.46.42,9 loga := o,5o5894 logft= 2,791166. Ces éléments représentent l'observation moyenne avec des erreurs (cal- cul — observation) de -V- o",2 en longitude, et o",o en latitude. Ephéméride de Polymnie pour o heure, temps moyen de Grcentvich. 18S4. R DÉCLIN. N. LOS A. 1854. m. DÉCLIN. N. LOC A. h m 5 0 / h m s 0 1 Nov. i4 2. 19.31 i6. 2,9 0,1788 née. I 2. 9.29 i5.i8,3 i5 18.54 15.59,6 2 9. 8 16,3 16 17.59 56,4 3 8.48 l5,2 «7 17. i5 53,3 4 8.3o i3,7 0,2322 18 16.32 5o,2 0,1878 5 8.i3 12,4 «9 i5.5o 47.2 6 7.58 11,1 20 i5. 10 44,2 7 7.45 10,0 21 4.31 4i,3 8 7.33 8,9 0,2448 22 . 13.54 38,5 0,1978 9 7.23 8,0 23 i3.i8 35,9 10 7.14 7,3 24 12.44 33.4 1 1 7- 7 6,7 25 I 2 . H 3i,o 12 7. 2 6,2 0,2578 26 ii.4o 28,6 0,2086 z3 6.58 5,9 27 1 1 . 1 1 26,4 14 6.56 5,6 28 10.43 24,2 i5 6.56 5,6 29 10.17 22,1 16 6.57 5,6 0,2710 3o 9.52 20,1 0,2201 ASTRONOMIE. — M. Do.VATi transmet les observations suiiantes, de la planète ( loai ) Pomone, faites à Florence. (Lettre communiquée par M. Le Verrier.) T. moyen de Florence. Novembre 12 &> 8" 8',7 2R = a++5i',55 D = D^4-i'5o",7 — i3 7.50.38, 7 iR = iR)«.+ 4)72 D = D^ — 3.40,3 L'étoile de comparaison est comprise dans la zone i a6 de Bessel , sous les coordonnées suivantes : R 4 = a»- 9" 3s8o D * = -<- 1 3» 8' 44",o. ASTRONOMIE. — Ephéme'Hdes de la 3i® petite planète découverte à l'observatoire national de Washington, le 2 septembre i854; par M. J. Ferguson. a M. le lieutenant Maury, directeur de l'observatoire, en adressant ces éphémérides, annonce qu'il a retardé jusqu'à présent cette communication parce qu'il a voulu s'assurer auparavant si M. Ferguson, qui fit cette dé- couverte le 2 septembre dernier à 1 1 heures P. M., lorsqu'il était occupé à observer la planète Egérie, n'avait pas été prévenu par quelque astronome en Europe. » M. Ferguson a donné à cette nouvelle planète, la première qui ait été découverte en Amérique, le nom d'Euphrosine. Eléments de la planète Euphrosine calculés par M. le professeur Keith, d'après les observations du 2 , du 6 et du 10 septembre. T. M. de Washington. a, i. 1854, Oct. ig, 9''26"'4i%9. i"- 12" i5',ii. i°56'7",2i. o / t/ M ï3.36.33.3 2 Sept. 721. M. J. Green. 5r 352. 5.5o,6 i , ^ „„, R 33.29.2., 7 h- ^''"•*^^- l 22.39.13,6 loga 0.469530 log(i. 2.845712 Ephémérides pour Octobre. M. J. Berlin. «. S. log;-. logA. b m s o f If 1854. Oct. ig.5 1. 12. o 1.59.21 0.43828 0.24623 23.5 I. 7.49 '•47-29 0.43850 0.24937 27.5 1. 3.49 1.33.49 0,43873 0.25345 3i.5 I. o. 3 — 1.18. 18 0.43897 0.25861 " ( I022 ) PHYSIQUE. — Recherches sur les variations de V aiguille aimantée; Lettre du P. Seccui à M. Élie de Beaumont. « Des occupations nombreuses, et qui se sont succédé sans interrup- tion, m'ont empêché de vous adresser le reste du travail sur les variations de l'aiguille magnétique. Je prends maintenant la liberté de vous en envoyer un exemplaire imprimé dans la Carres pondenza scientijica de Rome. Vous y trouverez les lois des variations déduites, au moyen des formules de M. Savary, des lois des attractions des courants sur l'aiguille. Cette méthode, quoique indirecte, conduit aux lois auxquelles on est arrivé par l'observa- tion, et surtout elle donne la très-remarquable période simple observée à l'équateur pour les forces horizontales et verticales, dont l'une est complé- mentaire de l'autre. Nous trouvons aussi une loi nouvelle, c'est-à-dire que la courbe du magnétomètre bifilaire est d'une période simple dans l'époque des équinoxes. Pour les variations nocturnes de la déclinaison, il faut tenir compte de l'épaisseur du globe, qui diminue (lorsqu'il est interposé) l'action solaire sur l'aiguille, et on trouve qu'il la réduit d'environ un septième. Vous trouverez encore signalée dans mon Mémoire l'importance extrême dont les observations de M. Arago sont aujourd'hui pour la science, non- seulement en confirniant les lois découvertes depuis, mais encore en mon- trant que la période décennale des taches du Soleil découverte par Schwabe se reproduit manifestement dans les variations de la déclinaison et dans les perturbations magnétiques. Les observations de ce savant nous montrent un maximum dans l'année iSiq , et un minimum dans les années i8a5 et i824i ce qui coïncide avec le maximum et le minimum de taches solaires qui est constaté pour les mêmes époques. Il semble aussi résulter des obser- vations de M. Gauss, à Gœttingue, que les années i836 et iSSy seraient des années de maxima pour la variation en déclinaison comme elles le sont aussi pour les taches; ainsi cette coïncidence remarquable se reproduit pendant trois périodes. » J'ai le plaisir de vous annoncer que le grand équatorial de Metz vient d'être établi à l'observatoire ; la lunette paraît de force assez remarquable : elle a 9 pouces et 4 lignes d'objectif et i4 pieds de longueur focale ; elle résout complètement en très-petites étoiles étincelantes la nébuleuse annu- . laire de la Lyre avec un grossissement de six cents fois seulement. Il est remarquable que les parties qui répondent aux extrémités du grand axe ,de cette nébuleuse susdite sont considérablement moins lumineuses que le ( I023 ) reste de l'anneau. L'intérieur de l'anneau paraît plus nébuleux avec de forts qu'avec de faibles grossissements. La subdivision de l'anneau extérieur de Saturne ne peut pas rester douteuse. J'ai vu aussi, le soir du 9 courant, une subdivision très-nette et très-fine dans l'annçau intérieur, près de l'anneau nébuleux; mais, quelques heures après, elle était disparue : ee qui prouverait des variations dans ce singulier appendice. Je regrette que les opérations de la mesure de la base sur la via Âppia, que je fais avec M. le colonel. Levret, du Dépôt de la Guerre, m'empêchent d'entreprendre une suite régulière d'observations avec ce magnifique instrument. Le mouve- ment d'horlogerie qui ordinairement est la partie faible, agit ici à merveille. » La mesure de la base est déjà commencée, mais l'état imparfait dans lequel étaient envoyés les appareils, en nous obligeant à modifier plusieurs choses, nous ont fait perdre un temps précieux. J'ai dû changer complète- ment le système de nivellement, et en partie celui d'alignement. Du reste, l'exactitude sera assez grande et le principe est excellent. J'entrerai une une autre fois dans quelques détails à ce sujet. » PHYSIQUE. — Sur les Lois de l'intensité des courants induits (deuxième Note); par M. J.-M. Gaugain. (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet^ Regnault.) « Indépendance des actions inductrices. — Il est impossible de déterminer rigoureusement la valeur de l'action inductrice totale qui s'exerce entre deux spirales, sans calculer l'intégrale double qui représente cette action ; mais, sans avoir recours à l'analyse, on aperçoit bien que la somme des actions inductrices-développées entre deux fils égaux roulés en spirale doit être beaucoup plus grande que la somme des actions qui se produisent entre les mêmes fils étendus en ligne droite ; et s'il était vrai, comme on l'a affirmé, que l'intensité du courant induit obtenu dans le premier cas ne dépassât jamais le double de l'intensité du courant obtenu dans le second, il paraîtrait nécessaire d'admettre, comme on l'a admis en effet, qu'il y a réaction entre les courants induits élémentaires, ce qui revient, en d'autres termes, à rejeter le principe de l'indépendance des actions inductrices. Il était donc important de rechercher entre quelles limites la disposition en spirale peut faire varier l'intensité du courant induit. Pour cela, j'ai pris deux fils de cuivre couverts de soie, que j'ai attachés l'nn à l'autre dans toute leur longueur; puis j'ai formé avec le double fil des circuits diffé- rents, et j'ai déterminé l'intensité du courant induit correspondant à ( I024 ) chaque circuit, en dirigeant dans l'un des fils un courant inducteur d'inten- sité constante, et en mettant l'autre fil en rapport avec un galvanomètre. En procédant de cette manière, je suis arrivé aux résultats suivants : Déviation dn galvanomètre. 1°. Le double fil développé de manière à ne former qu'une seule circon- volution à contours sinueux 3°,5o 2°. Le double fil replié sur lui-même de manière à former deux circon- volutions superposées 6,17 3°. Le double fil roulé en un toron circulaire de quatre tours 10,66 4°. Le double fil formantun toron de quinze tours et de o"", 37 de diamètre. 28,55 5°. Le double fil formant un toron de trente tours et de o'",i4 de diamètre. 29,87 6°. Enfin le double fil formant une hélice de quatre-vingts tours et de o",o5 de diamètre 28,86 » Comme on le voit, l'intensité obtenue avec le quatrième circuit n'est pas seulement double de celle qui correspond au premier ; elle est environ huit fois plus grande. Tant que le diamètre des torons conserve une cer- taine grandeur, l'intensité croît presque proportionnellement au nombre des tours; au delà de certaines limites, à la vérité, l'accroissement du nom- bre des tours n'augmente plus et même finit par diminuer l'intensité du courant induit. Mais il est possible d'expliquer ce fait, même sans le secours de l'analyse, au moyen des considérations suivantes. Si l'on envisage l'ac- tion d'un des tours de spire du circuit inducteur sur l'un des éléments du tour de spire induit qui lui est accolé, et que l'on suppose la circonférence inductrice partagée en deux parties par un diamètre parallèle à l'élément induit considéré, il est aisé de voir que les deux moitiés de cette circonfé- rence doivent exercer sur l'élément induit des actions de signes contraires, et que la différence entre les valeurs de ces actions contraires est d'autant moindre que le diamètre des spires est plus petit. Or, dans les expériences qui précèdent, on n'augmente le nombre des tours qu'en diminuant le diamètre des spires ; par suite de cette circonstance, les actions de signes contraires qui s'exercent, d'une part entre les éléments distants de moins de 90 degrés, et de l'autre entre les éléments séparés par des angles supé- rieurs à 90 degrés, croissent suivant des lois très-différentes, lorsqu'on augmente le nombre des tours de spire : on peut donc concevoir que la différence de leurs accroissements change de signe lorsque le diamètre des spires s'abaisse au-dessous d'une certaine limite. En résumé, l'influence que la disposition eu spirale exerce sur l'intensité des courants induits ne paraît ( I025 ) donc nullement incompatible avec le principe de l'indépendance des actions inductrices. » Relation entre les intensités des courants inducteur et induit. — (jCtte relation peut être déduite à priori du principe de l'indépendance des actions inductrices. En effet, un courant inducteur d'intensité n peut être considéré comme le résultat de la superposition de n courants d'inten- sité I ; or, si l'on appelle i l'intensité du courant induit produit sous l'in- fluence du courant inducteur pris pour unité, il est évident que n courants inducteurs égaux produiront un courant induit d'intensité ni, puisque les actions inductrices sont sans réactions mutuelles : l'intensité de l'induit doit donc être proportionnelle à celle de l'inducteiu". » Il était toutefois nécessaire de vérifier ce fait par expérience. Pour cela il suffit de prendre une bobine à deux fils, de mettre l'un des fils en rap- port avec un galvanomètre, et de faire passer dans l'autre fil des courants inducteurs d'intensités diverses : les déviations du galvanomètre mesurent les intensités des courants induits; les intensités des courants inducteurs peuvent être très-exactement mesurées avec mon rhéomètre à tangentes. En comparant les unes aux autres, on trouve qu'elles sont proportionnelles entre elles. » Cette loi, comme toutes les autres, s'applique indifféremment aux courants inverses et aux courants directs ; mais, pour en constater l'exac- titude dans le cas des courants inverses, il est indispensable de prendre une précaution que je vais indiquer. Quand on rétablit le courant induc- teur en vue de produire un courant induit inverse, ce courant se développe au moment même où le circuit inducteur est fermé, tandis qu'il n'est pas possible de mesurer l'intensité du courant inducteur à ce moment précis, parce que l'aiguille du rhéomètre à tangentes oscille pendant un certain temps avant de se fixer dans une position déterminée. Or on sait que, lorsqu'une pile est restée quelque temps inactive et qu'on vient à rétablir une communication entre ses pôles, le couraftt possède dans les premiers instants qui suivent la fermeture du circuit une intensité supérieure à celle qu'il conserve plus tard; par cette raison, l'intensité qu'on mesure avec le rhéomètre à tangentes n'est pas rigoureusement celle que possédait l'in- ducteur au moment où il a fait naître le courant induit inverse; mais on peut faire disparaître presque complètement cette cause d'erreur en évitant de laisser la pile inactive. Pour cela il suffit, lorsqu'on retire la bobine d'in- duction du circuit de la pile, de la remplacer par xm fil d'égale résistance ; puis, au moment où l'on veut faire naître le courant inverse, d'enlever ce C. R., 1354, 2">« Semestre. (T. XXXIX, N» 21.) '34 ( 1026 ) fil et de lui substituer celui de la bobine. Cette manœuvre n'exigeant pas une seconde, la légère interruption qui en résulte ne suffit pas pour modi- fier sensiblement l'intensité du courant inducteur. » Influence nulle de la section du fil inducteur. — On peut démontrer à priori que l'influence de la section du fil inducteur doit être nulle, en s'appuyant uniquement sur les principes qui viennent d'être établis. En effet, un. fil de section n, parcouru par un courant d'intensité i, peut être considéré comme résultant de la juxtaposition de n fils de section i par- courus isolément par des courants d'intensité -; or, si l'on représente par i l'intensité du courant induit produit sous l'influence du courant inducteur ayant l'unité pour section et l'unité pour intensité, il résulte du principe établi dans le paragraphe précédent, que chacun des courants inducteurs de section i et d'intensité - doit produire un courant induit d'inten- site -; et, d'après le principe de l'indépendance des actions inductrices, l'intensité du courant induit résultant de l'ensemble des n actions doit êlre — = /, c'est-à-dire qu'elle est la même que si la section du fil inducteur était égale à l'unité. » Pour vérifier expérimentalement cette conséquence, j'ai pris deux fils de cuivre couverts de soie, de même longueur et de diamètres différents ; je les ai attachés l'un à l'autre dans toute leur étendue, et j'ai enroulé le double fil de manière à former un toron; puis j'ai déterminé par expérience la dif- férence des résistances des deux fils, et j'ai fixé au bout du fil le plus gros \m fil de compensation représentant cette différence ; ce dernier fil a d'ail- leurs été enroulé de manière à ne pouvoir exercer par lui-même aucune action inductrice. Les choses ainsi disposées, j'ai fait passer un courant inducteui» constant, tantôt dans le fil fin, tantôt dans le gros fil compensé, et j'ai soumis à l'induction de^ce courant un autre toron de même diamètre que les premiers, mais composé d'un seul fil dont j'ai mis les extrémités en communication avec un galvanomètre. J'ai constaté ainsi que les déviations étaient rigoureusement les mêmes avec un fil inducteur de section simple et un fil inducteur de section quadruple. » Influence nulle de la section du fil induit. — Il suffit de répéter presque mot pour mot les raisonnements du paragraphe précédent pour démontrer que l'influence de la section du fil induit doit être nulle, et la marche que j'ai suivie pour vérifier le fait expérimentalement ne diffère pas non plus de celle qui se trouve décrite dans ce même paragraphe. » ( '027 ) MÉCANIQUE, — Mémoire sur In flexion des prismes élastiques , sur les glisse' ments qui l'accompagnent lorsqu'elle ne s'opère pas uniformément ou en en arc de cercle, et sur la forme courbe affectée alors par leurs sections transversales primitivement planes; par M. de Saint- Venant. a La théorie de la résistance à la flexion généralement enseignée aujourd'hui est fondée sur la supposition que les fibres primitivement égales, dans lesquelles on conçoit divisées longitudinalement chacune des tranches minces dont se compose un prisme qu'on fléchit, s'allongent du côté convexe et s'accourcissent du côté concave proportionnellement aux différences entre les rayons de leurs courbures et celui de la courbure des fibres centrales qui sont restées de même longueur, et qu'elles résistent proportionnellement à lein-s allongements et accourcissements très -petits, comme si elles étaient isolées ou n'exerçaient aucune pression normale les iines sur les autres. » Dans un chapitre préliminaire d'un Mémoire sur la torsion, lu le i3juin i853 [Sav. étr.^ t. XIV), nous avons montré que ces suppositions, et les formules qu'on en déduit, étaient exactes lorsque la flexion du prisme s'effectue d'une manière égale, c'est-à-dire en arc de cercle, sous l'action de forces se réduisant à des couples, mais à la condition que ces forces soient appliquées sur les bases extrêmes et distribuées à leurs divers points, comme elles le sont sur les sections de l'intérieur du prisme. » Nous nous proposons : i° d'examiner si ces mêmes suppositions et ces mêmes formules usuelles sont encore exactes, au moins pour certains modes d'application des forces, dans le cas le plus ordinaire, qui est celui d'une flexion inégale, bien qu'il soit démontré qu'alors les sections transversales ne res- tent ni planes ni normales à l'axe et aux fibres; i° de déterminer la forme courbe prise par les surfaces de ces sections et les inclinaisons de leurs élé- ments sur les fibres, ou les glissements de celles-ci les unes sur les autres, afin de pouvoir (comme nous avons fait ailleurs) en combiner les effets avec ceux des dilatations longitudinales pour établir les conditions de résistance à la rupture. » Plaçons l'origine des coordonnées au centre de gravité de l'une des bases extrêmes, en prenant pour axe des .r son axe de figure et pour plan des xz un plan par rapport auquel on le suppose symétrique et symétri- quement sollicité, et qui sera le plan de sa flexion, et appelons : » M, f, w les déplacements dans les sens x, y, z de l'un quelconque de ses points, occupant le centre m de l'élément superficiel rfw de l'une de ses sections w ; i34.. ( I028 ) >• I le moment d'inertie fz^du de cette section; > E le coefficient d'élasticité d'extension ou compression longitudinale ; » £, s' les fractions par lesquelles il faut multiplier la dilatation dans le sens X pour avoir les contractions qui l'accompagnent dans les sens j et z, quand il n'y a pas de pression normale latérale ; » G, G' les coefficients d'élasticité de glissement dans les sens j- et z; » Yj, Yil les fractions —, — (qui sont très-petites, soit -^ environ); " Pxxi Pyy, Pzzi fyz = Pzy, Pzx = Pxzj Pzy = Pyz IcS six COmpOSanteS, dans les sens j:, j, z des pressions ou tensions supportées au point m par trois petites faces planes perpendiculaires aux mêmes coordonnées; » M = P(a — jt) Iç moment variable des forces extérieures autour d'une parallèle aux j, menée sur la section m par son centre. Ces forces sont sup- posées n'avoir pas de composante totale dans le sens x, et P est leur com- posante totale dans le sens — z. » Si les deux suppositions de la théorie ordinaire se réalisent, les dilata- t'ons ^des fibres doivent varier linéairement avec zsur chaque section, et l'on doit avoir /)^^ ~ ^ S ^O'"™^ ^i elles étaient de petits prismes isolés ; d'où l'on déduit facilement que les fibres restées invariables sont celles pour lesquelles z = o; et qu'on a le moment M = / p^^zdw = ^I; en sorte que f. P(a — x) IIJ Pxx — j -z, p^j. = O, p^.^ = O, p^.^ = O, f ^ — P(° — ^) <*" _ P(a— x) (2) \dx- El ^' ^-~^ ir~^' \ dtv , P(a — x) dv du> » II s'agit de savoir si toutes ces relations peuvent effectivement avoir lieu à la fois, et si l'on peut déterminer des déplacements qui y satisfassent, ainsi que : 1°. Aux équations différentielles indéfinies générales exprimant l'équilibre des divers éléments solides, et qui se réduisent à où il faut faire (la contexture du corps étant supposée avoir trois plans de symétrie) du dv\ -^,/du> du\ «) ^- = g(| + ,^). ,„ = G'( dx dz J ( '0^9 ) » 2°. A l'équation définie exprimant la nullité des pressions extérieures latérales, (5) — p:,y dz + p^^ dj = o. » Une première intégration des expressions (2), eu égard à (3), (4), (5), donne facilement (6) P(2ax — xMs ^, , , P(a — x)rz t W= g P / 2 ^'\ P(a—x) in y' fl'z'N go étant une constante, et F une fonction de / et z qui doit être telle que If' (7) G^ + G'^=y(i->j-y3'), et F(-jr,z) = F (j,z), partout; (8) F = o et —= o à l'origine, ou pour j- ^o, s= o; aux points du contour des sections. Si l'on se donne arbitrairement pour F une des fonctions de /, z satisfai- sant à (7) et (8), l'équation (9), la troisième de celles qu'elle doit vérifier, ne sera autre chose que X équation différentielle du contour de la section du prisme pour lequel F a la forme choisie. Or, en prenant pour F une fonction entière ne dépassant pas le troisième degré, et qui devra être, m représen- tant une constante, (10) F (j, z) = ^(i - >5 - m ) jr= 2 + g|rj (m - m') z% l'équation différentielle (9) peut être rendue homogène, et son intégration donne, C étant une constante, m Elle représente des ellipses si l'on fait la constante C =: o. Et, si l'on donne à cette constante, ainsi qu'à celle /n, diverses valeurs, mais de ma- nière que l'exposant -— — ait des valeurs positives et paires, telles que 4> 6» 8, I j !> I» on obtiendra un nombre indéfini de courbes fermées et symétriques. ( io3o ) iiiT? 2Gi' m P La constante go aura pour valeur pï*^*) "^^ étant l'axe de ces courbes parallèle aux z. n D'où l'on voit déjà que, pour des sections d'une infinité de formes, les formules de la théorie ordinaire sont exactes, mais à la condition que les forces faisant fléchir soient appliquées et distribuées sur les bases extrêmes conformément aux valeurs (4) que prendront p^y. et p^^, en y mettant les leurs pour a, v, w, F et g^. Et les sections, au lieu de rester planes et nor- males aux fibres comme on le suppose ordinairement, prendront une incli- naison ga sur l'axe du prisme et deviendront des surfaces courbes représen- tées par l'équation « = F(7, z). » Lorsque la section est un rectangle dont les côtés sont -jb, ac parallè- lement aux^ et aux z, la condition définie (9) se partage en deux autres [■^= -ëo- ^G^ + ;êi/ ' P^"'' z=±c,etjr entre -betb, clF Vfz et — = — y; -^, pour^ = ±. b, et z entre — c et df ' I GI C. On réduit à zéro les seconds membres de la dernière de ces équations et de celle indéfinie (7), en prenant à la place de F une autre fonction inconnue, F, (^, z), telle que (.3) F(j,z}==F,(j,z)-,4j»z+^fe^z'; 2GI-' ^ 6GI dz et l'on satisfait à toutes les conditions moins la seconde (8) -y- = o pour ^ =1= o, z = o, en prenant pour cette nouvelle fonction (.4) r,(j,z) = Rz + 2:AA«*^^'-e *v/^Vcos^, le coefficient K du terme R z, qui remplace celui de la série 2 répondant à 72 := o, et le coefficient général A„ ayant les valeurs suivantes : ^IOjJ\_ go 2G'I^ 3GI' ^"-GI 1^ V G n^ „:rv/G e dV On remplira la dernière condition — = o pour jrz= o, z =r o, en disposant ( io3. ) de la constante go, ce qui donnera la valeur suivante de cette petite incli- naison prise par les sections sur l'axe fléchi du prisme ^. ., __ Pr' Pi» flP 4^'-y(— i)" 2 » En substituant, on obtiendra : t" les déplacements u, v, w; a" l'équation u = ¥ (j", z) de la surface courbe affectée par les sections; 3° les valeurs (4) de pxy, p^^, qui apprendront de quelle manière les forces qui font fléchir doivent être appliquées et distribuées sur les bases extrêmes du prisme rec- tangle pour que sa flexion suive les lois supposées, et se trouve exactement mesurée par les formules de la théorie ordinaire, qui, comme on voit, re- présentent généralement une sorte d'état permanent d'un bout à l'autre du prisme, servant de limites aux autres états, qui résultent de modes d'appli- cation différents et qui s'en rapprochent d'autant plus que l'on considère des sections moins proches des extrémités. » MINÉRALOGIE. — Sur le klinochlor d A chmatowsk ; par M. le lieutenant-colonel IV. de Kokscharow. « Le minéral vert d'Achmatow^sk, remarquable surtout par son di- chroïsme et par son clivage parfait, a été assez longtemps, comme on sait, confondu avec la chlorite de Werner. V. Robell a réussi le premier, au moyen de l'analyse chimique, à démontrer que le minéral d'Achmalowsk, ainsi qu'un autre minéral de Schwarzenstein (identique avec celui d'Ach- matowsk), se distingue d'une manière très-remarquable de la chlorite de Werner, et le considéra comme une espèce toute particulière à laquelle il donna le nom de ripidolithe (p^V/c, éventail, et A/Qîç, pierre). G. Rose trouva, de son côté, que les propriétés indiquées pour la ripidolithe, s'ap- pliquent plutôt au minéral de Werner qu'à celui d'Achmatowsk : il employa dans un sens tout contraire le nom proposé par V. Robell, et désigna sous le nom de chlorite le minéral d'Achmatowsk et de Schwarzenstein que V. Kobell nomme ripidolithe, et sous celui de ripidolithe le minéral du Saint-Gothard et de Rauny, auquel Y. Robell avait laissé son ancien nom de chlorite. Récemment on a découvert près de West-Chester, en Pensylvanie, un minéral qui, par sa composition chimique et ses diverses propriétés, peut à peine être distingué du minéral d'Achmatowsk. W.-P. Blake l'a nommé klinochlor (clinochlore). » Les cristaux d'Achmatowsk ont été rapportés par V. Robell au système hexagonal (trois et un axes de Weiss). Tous les autres minéralogistes qui ( io32 ) après lui se sont occupés du ces ciistaux, ont été d'accord avec lui pour les ranger dans le système hexagonal. Suivant le désir de mon maître vénéré, G. Rose, je me suis occupé en i85i de prendre beaucoup de mesures sur un grand nombre de ces cristaux et je les considérais comme appartenant au système hexagonal. Pendant la durée de mon travail, je me suis préoc- cupé de trouver des cristaux qui pussent se prêter aux mesures du gonio- mètre de réflexion, et me suis efforcé en même temps de faire ces mesures avec toute la précision que comportent des cristaux de cette espèce. Je réussis bien, en effet, à rassembler des cristaux qui se prêtaient à d'assez bonnes mesures, mais sur un autre point je ne pus être satisfait. Malgré la distribution des faces dans ces cristaux, distribution dont l'apparence rap- pelle les combinaisons hexagonales, j'obtins par le calcul des angles qui différaient d'une manière remarquable de ceux que donnait la mesure di- recte. Comme mes mesures étaient suffisamment exactes, je ne pouvais considérer ces différences comme des fautes, et pour conserver les va- leurs données par les mesures directes ( notamment les vraies valeurs des angles), je dus, bien contre mon gré, adopter pour les faces des notations cristallographiques très-compliquées. A cette difficulté s'en ajouta encore ime autre : malgré l'apparence des cristaux (très-symétriques à la vue), les inclinaisons opposées des faces n'étaient pas d'accord avec les combinai- sons rhomboédriques ordiiiaires, et il me fut impossible de rendre compte de ces particularités, à moins d'admettre très-fréquemment que les cristaux suivaient la loi de la tétartoédrie rhomboédrique. D'après ce que j ai dit jusqu'ici, on voit que si l'on considère les cristaux d'Achmatowsk comme hexagonaux, il reste à faire le choix suivant : sacrifier l'exactitude des angles, c'est-à-dire faire injure à la vérité et conserver des notations simples cristallographiques, ou sacrifier la simplicité des notations et conserver la véritable valeur des angles. C'est d'abord à ce dernier parti cjue je m'étais arrêté, mais toutes ces complications prenaient leur origine dans l'erreur importante qui avait présidé à la détermination du système cristallin du minéral d'Achmatowsk. Ce n'est point (comme tous les minéralogistes se sont habitués à le croire), le système hexagonal, mais bien le système mo- noklinoédrique (deux et un axes de Weiss). Les travaux que j'ai entrepris, d'après les remarques de MM. G. Rose, Kenngott et surtout de M. J. de Dana, m'ont amené à la conviction que ce système est bien le système monoklinoédrique. » Pour distinguer actuellement le minéral d'Achmatowsk, dont le nom a été aujourd'hui soumis à beaucoup de vicissitudes, il me semble convenable de lui donner le nom de klinochlor, sous lequel le même minéral est connu ( io33 ) en Pensylvanie. Je conserve naturellement le même nom pour celui de Schwarzenstein. » Le klinochlor d'Achmatowsk forme une très-belle espèce minérale. 11 se trouve accompagné de belles variétés de cristaux, de grenat, de diopside, d'apatite et de différents autres minéraux, qui abondent dans cette localité. Beaucoup des cristaux de klinochlor ont un aspect tabulaire, tandis que d'autres sont plus ou moins allongés dans le sens de l'axe vertical, et pren- nent, d'après le mode d'arrangement des faces, un aspect argilacé. Ils sont presque toujours réunis en druses. La plus grande partie des cristaux ne peut être mesurée avec le goniomètre à réflexion; cependant il arrive quel- quefois, surtout parmi les petites, qu'on en trouve qui permettent une mesure assez exacte. « Le clivage extrêmement facile du klinochlor d'Achmatowsk se fait paral- lèlement à la base du pinakoïde. La densité, d'après G. Rose, = 2,774 ; dureté, = a, 5. Les cristaux ont un dichroïsme remarquable : quand on présente la base du pinakoïde à la lumière, les cristaux transparents parais- sent vert-émeraude ; quand on lui présente les faces latérales, ils sont ou bruns ou rouge-hyacinthe. Il est vrai qu'on trouve dans d'autres cristaux une variété de couleurs, suivant les directions. Les grands cristaux sont transparents sur les arêtes ou dans toute leur masse, et quelques petits cristaux ont une demi-transparence. En lames minces, ils sont flexibles, mais non élastiques. En poudre, ils sont vert-blanchâtre clair. Ils sont gras au toucher. Bien que les faces du pinakoïde soient ordinairement unies et brillantes, on distingue néanmoins dans beaucoup de cristaux des inégalités qui ont une disposition régulière et affectent une forme étoilée ou en éven- tail, qui résulte des macles. » D'après les analyses de V. Robell, Varrentrapp etMarignac, la compo- sition du klinochlor est la suivante ; Kobcll. Varrentrapp. Marignac. Silice 3l,l4 3o,38 30,27 ; Alumine ï7>i4 '^>97 '9>% Protoxyde de fer 3,85 4)37 4>42 (oxyde) Protoxyde de manganèse. o,53 » » Chaux 34,40 33,97 33, 1 3 Eau 11,20 12,63 12,54 Partie insoluble o,85 » » 100,11 98,32 100,35 » Varrentrapp conclut de son analyse la formule Mg» ■ Fe- C. R., 1854, a"" Semestre. (T. XXXIX, N» SI Si-t-AlSi-h2MgH=. iU ( io34 ) » Cette composition ne diffère point de celle du klinochlor de Pensyl- vanie. » A l'exception de la chlorite de Schwarzenstein ( ripidolithe de V. Kobell), je me garderai d'étendre cette conclusion à d'autres espèces de chlorite ; car une fois qu'on admet le système monoklinoédrique pour le minéral d'Achmatowsk, cette extension devient impossible, parce qu'on ne peut pas savoir à quelle série cristalline répondent les faces, dont les angles avec la face de clivage ont été mesurés par les différents minéralogistes. Je me bornerai à remarquer que jusqu'ici aucun des angles que Frôbel et Descloiseaux ont mesurés dans la pennine ne se retrouve dans la série des angles du klinochlor d'Achmatowsk. Il en est de même pour la kommere- rite. L'analogie surprenante des cristaux monoklinoédriques du klinochlor d'Achmatowsk avec les combinaisons du système hexagonal doit, en tout cas, jeter une nouvelle lumière sur la cristallisation de beaucoup de miné- raux de cette famille, et il est à désirer qu'on entreprenne la révision complète de leurs cristaux. » ZOOLOGIE. — Recherches sur lesJnJiisoires. Réclamation de priorité adressée à r occasion d'une communication de M. Morren; par M. P. Laurent. (Extrait.) a lie 29 mai dernier, M. de Quatrefages a lu à l'Académie, an nom de M. Morren, professeur à la Faculté des Sciences de Renues, une Note déta- chée d'un travail d'ensemble sur les Infusoires, de laquelle il résulte que : « Tant que l'azote est présenté à ces êtres microscopiques en quantité suffi- » saute, ils conservent la motilité et tous les indices de la vie animale; si l'azote » devient rare, ils se fixent immédiatement tous et passent à leur période de » vie tanquille, de vie végétale. » Permettez-moi, Monsieur le Président, de réclamer à mon bénéfice la priorité de cette proposition que j'ai développée, longuement et avec détails, dans un Mémoire présenté d'abord à l'Acadé- mie en i853, et publié ensuite en janvier i854. (Un exemplaire de cet ouvrage a été offert à l'Académie. — Recherches physiologiques sur les ani- malcules des infusions végétales comparées aux organes élémentaires des végétaux.) J'ose espérer qu'on voudra bien m'accorder cette priorité que je réclame, si l'on veut bien jeter les yeux sur les pages 54, 55 et 59 de mon ouvrage; car j'attache d'autant plus de prix à cette proposition, qui y est énoncée (ainsi qu'aux pages 1 14 et 1 15), qu'elle me paraît de la plus haute importance pour établir le point de passage des deux règnes. » ( io35 ) M. Leroy d'Ëtiolles prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie. M. Leroy d'Ëtiolles joint à l'appui de cette demande un exposé de ses travaux. M. deParavey adresse une Note contenant de nouveaux arguments à l'appui de la thèse soutenue par lui dans de précédentes communications, qu'une partie des connaissances des Chinois leur sont venues par des livres composés en Egypte ou dans l'Assyrie. Si l'on nie cette origine, comment, dit-il aujourd'hui, pourra-t-on s'expliquer la connaissance de certains faits consignés dans les encyclopédies chinoises relatifs à l'histoire naturelle de l'Afrique, la connaissance de l'hippopotame, celle de l'existence des nègres? Relativement à ce dernier point, les livres chinois, ajoute-t-il, ont été à tort taxés d'inexactitude parce qu'ils ont placé des nègres dans une chaîne de montagnes désignée sous le nom de Kouen-Lun ; l'erreur est du côté des sinologues qui ont voulu voir dans ces montagnes une chaîne située vers le Thibet, tandis que par le nom même donné à ces nègres on était fondé H les placer dans le Zanguebar. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.) M . Chenot annonce que le Mémoire qu'il a adressé à la séance du 5 no- vembre complète le travail qu'il se proposait de soumettre à l'examen de l'Académie. Il demande la nomination d'une Commission. Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Russy. ) M. MisMAQCE envoie un spécimen d'une poudre qu'il représente comme propre à détruire les insectes nuisibles de toute espèce. La Note jointe à cet envoi expose les diverses applications qu'on peut faire de cette poudre, mais n'en donne pas la composition. M. de Quatrefages est invité à prendre connaissance de cette Note, et à faire savoir à l'Académie s'il y a lieu de demander à l'auteur de plus amples renseignements. M. Scbechner adresse, de Munich, une Lettre relative à des recherches qu'il a faites, et dont le résultat serait que certains métaux ont été considé- rés à tort comme des corps simples. Il serait disposé à faire connaître en détail le résultat de ses recherches s'il pensait qu'elles pussent être honorées d'une récompense. La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. R.. ( io36 ) L'Académie a reçu, dans la séance du 20 novembre i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; ■i" semestre, i854; n° ao ; in-4°. Institut Impérial de France. Séance publique annuelle des cinq Académies., du mercredi i5 octobre i854; présidée par M. COMBES, président de l'Aca- démie des Sciences; in-4°. Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1 844 / publiée par les ordres de M. le Minisire de l' Agriculture , du Commerce et des Travaux publics. Tome XVII. Paris, i854; in-4". Mémoires sur les glandes nectarifères de t ovaire dans diverses familles de plantes monocotjlédones; par M. Ad. Brongniart; broch. in-S" (Extrait des Annales des Sciences naturelles; tome II, cahier n" 5). Recherches statistiques de M. ViCAT, inspecteur général honoraire des Ponts et Chaussées , sur les substances calcaires à chaux hjdraulique et à ci- ment naturel. Varis, i853; I vol. in-8°. (Destiné par r,iuteur au concours pour le prix de Statistique de 1 855.) Second extrait de mon Itinéraire pour les Vojageurs- Naturalistes dans les Cévennes; par M. le baron d'Hombres-Firmas ; broch. in-B". Reproductions photographiques des plus beaux types d'architecture et de sculpture, d après les monuments les plus remarquables de C antiquité, du mojen âge et de la renaissance; exécutées par MM. BisSON frères; i" à 3* li- vraisons ; grand in-folio. Exposé des Titres scientifiques du W Leroy d'Etioles, à l'appui de sa can- didature à la place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie de l'Aca- démie des Sciences. Paris, 1 854 » broch. in-4°. Délia coltivazione... Traité théorique et pratique de la culture du mûrier et de [éducation du ver à soie; par M. A. CiGCONE. Turin, i854; in-8''. Die im Bornstein... Restes organiques de Crustacés, Myriapodes, Arach- nides et Aptères contenus dans le succin; par MM. C.-L. KoCH et G. -G. Berendt; 1^ série. Berlin, i854; in-folio (M. DuvERNOY est invité à faire de l'ensemble de cet ouvrage l'objet d'un Rapport verbal.) Die Gletscher. .. Les G/aciers de l'époque actuelle; par M. Albert Mousson. Zurich, 1854 ; in-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 27 NOVEMBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. STATIQUE CHIMIQUE. — Sur uTi mojen graphique propre a mettre en évidence les rapports qui unissent la composition chimique des corps et leurs propriétés physiques; par M. Dumas. « Je me propose de mettre sous les yeux de l'Académie, si ces recherches lui semblent dignes de son intérêt, dans une suite de Mémoires et par de nombreux tracés, les liens étroits qui unissent la composition des corps et leurs principales propriétés physiques. » En portant, par exemple, dans ces tracés sur l'axe des abscisses les va- leurs représentant les poids atomiques des corps, et sur l'axe des ordon- nées les valeurs représentant les propriétés physiques qu'on se propose de comparer entre elles, l'œil saisit immédiatement des rapports, qui par leur simplicité sont de nature à entrer dans l'enseignement. » Ainsi les corps isomorphes, comme je l'ai fait voir il y a longtemps, ont souvent le même volume atomique : les ordonnées du volume sont de même longueur. » Les tracés mettent en évidence que, pour les corps isomorphes qui ne G. R . i854, 2"" Semestre. (T. XXXIX, ^o 22.) I 36 ( io38 ) sont pas dans ce cas, les sommets des ordonnées sont toujours du moins réunis par des droites plus ou moins inclinées sur l'axe des abscisses. » Alors presque toujours le volume s'accroît à mesure que le poids ato- mique s'élève. Dans certains cas remarquables pourtant l'inverse a lieu, et le volume diminue quand le poids atomique augmente. » Lorsqu'on compare entre eux des corps de la même classe, des oxydes, des chlorures, des sels, des composés organiques, on voit que si les som- mets des ordonnées ne viennent rencontrer la même droite qu'autant qu'il s'agit de corps du même type chimique, pour une même famille du moins, toutes les droites passant par ces sommets tendent à rester parallèles entre elles et sont même le plus souvent parfaitement parallèles. 1) Ce parallélisme existe même entre les droites qui réunissent^ d'une part, les ordonnées représentant les volumes atomiques des chlorures, bromures et iodures métalliques, isomorphes, et celles qui se rapportent aux éthers composés renfermant au même titre, le chlore, le brome et l'iode comme éléments. » Quelquefois on remarque néanmoins, dans la direction générale des droites, des écarts, qui s'expliquent par une circonstance particulière qui se rapporte à la solubilité. » Entre deux composés comparables, les composés insolubles paraissent être ceux pour lesquels l'ordonnée du volume est la plus courte. Ce qui revient à dire que la contraction des éléments est plus forte au moment de la formation des composés insolubles, ou bien encore que la quantité de chaleur exprimée a été plus grande. » Un corps insoluble serait donc un corps à qui manquerait réellement la chaleur nécessaire à sa fusion dans les dissolvants. » IjCS corps du même type chimique sont donc ceux qui ont, soit des volumes atomiques égaux, soit des volumes atomiques qui s'accroissent ou qui diminuent proportionnellement à l'accroissement des poids. Us sont liés entre eux par une loi de continuité. » Non-seidement les corps composés d'un même type sont soumis à ces règles, mais elles s'appliquent également aux corps simples métalliques ou non métalliques. Comparés entre eux , ceux qui sont isomorphes offrent aussi, tantôt des volumes atomiques égaux, tantôt des volumes qui s'accroissent ou qui diminuent proportionnellement aux augmentations de poids. » Mais le tracé relatif aux corps simples y révèle des types très-distincts et y signale des lacunes encore trop nombreuses. ( io39 ) » Aussi, pour saisir facilement les rapports numériques qui unissent non-seulement les volumes atomiques, mais encore les poids atomiques des corps, rapports sur lesquels j'ai déjà appelé l'attention il y a longtemps, en ce qui concerne les corps simples, faut-il réellement avoir recours à la comparaison des corps composés et en particulier aux tableaux que j'ai formés par l'un des procédés suivants : w 1°. Pour les combinaisons organiques, j'ai construit depuis longtemps une table à trois entrées qui classe la plupart des composés connus et qui permet de prévoir la composition des autres dans les cas où ils subissent des modifications ordinaires. » 2°. Mais comme tous ces composés peuvent se modifier, en outre, par des substitutions, j'ai cherché pour un type chimique donné et pour les corps capables d'y entrer, à combien s'élèverait le nombre de composés que les modifications du type permettraient de réaliser, si, mathématique- ment parlant, toutes les combinaisons possibles prenaient naissance sans tenir compte même des permutations. » En disant que la table à trois entrées fait voir que les composés organiques d'un même type se comptent par centaines, on n'étonnera per- sonne. Cependant si l'on ajoute, par exemple, que dans le cas particulier de la production des alcalis composés par les procédés de MM. Wurtz et Hoffmann, il peut se produire, même en réduisant à 60 le nombre des carbures d'hydrogène ou des métaux capables de se substituer aux 4 équi- valents d'hydrogène, plus de 400000 corps analogues à l'ammonium, ce résultat est fait pour confondre l'imagination. » Les formules chimiques fournies par la table à trois entrées et par les substitutions offrent des i-etours périodiques, des proportionnalités, des harmonies de nombres très-dignes d'attention, car on les retrouve dans les formules de la chimie minérale et même dans les équivalents des corps simples. » Ces diverses considérations, depuis longtemps introduites dans mon enseignement, ont été de ma part l'objet d'une étude persévérante. Au moment d'en livrer le fruit à la discussion, j'éprouve le besoin, et c'est là mon excuse pour cette courte communication, sous peine de passer pour le plagiaire de ma propre pensée, de constater quelques-uns des points essen- tiels que mes recherches ont mis en évidence, l'attention des chimistes ayant été portée sur ces objets par mes leçons elles-mêmes. » i36.. ( Jo4o ) RAPPORTS. BOTANIQUE. — Rapport Sur les travaux de M. P. Duchartbe, relatifs aux plantes de lajamille des Aristolochiées. (Commissaires, MM. Brongniart, Montagne, Moquin-Tandon, Tulasne rapporteur.) « Faire l'histoire d'une famille de plantes, même médiocrement riche en espèces et en types génériques différents, n'est point aujourd'hui une tâche aussi facile qu'elle eût semblé aux botanistes moins exigeants d'une autre époque. Comme toutes les autres parties de la science des végétaux, la phy- tographie a eu ses progrès ; elle les a dus à la mise en œuvre de toutes les notions que nous ont acquises de longues et patientes recherches, en même temps qu'elle fournissait elle-même l'occasion de précieuses observations ou même de découvertes réelles, car tel monographe persévérant qui a cru ne travailler que pour l'histoire de la famille de plantes à laquelle il consacrait ses veilles, a presque toujours utilement contribué à l'avancement général de la science. Effectivement si les végétaux, comme tous les êtres d'un même ordre naturel, ont entre eux tant de points communs d'organisation, que l'étude approfondie d'un seul d'entre eux, quel qu'il soit, profile certaine- ment à la connaissance de tous les autres, à plus forte raison en doit-il être de même quand toute une famille de plantes, au lieu d'une seule, devient l'objet d'un sérieux examen. Ces réflexions ont vraisemblablement soutenu M. Duchartre dans l'exécution du travail considérable dont il a soumis suc- cessivement les diverses parties au jugement de l'Académie. » Il y a longtemps déjà que cet habile botaniste, convaincu que la moindre plante serait une mine féconde d'instruction pour qui saurait l'étu- dier, avait fait de la Clandestine d'Europe le sujet d'une monographie savante qui mérita les éloges de l'Académie et fut publiée dans le Recueil des Savants étrangers (tome X, ann. 1847). Cette fois, M. Duchartre a porté ses investigations dans un champ plus vaste, quoique assez restreint encore pour lui permettre d'en analyser minutieusement toutes les parties et de n'y négliger aucun détail important. La famille des Aristoloches se recomman- dait à son attention par la bizarrerie et la curieuse organisation de ses fleurs qui l'isolent en quelque façon au milieu des autres Monochlamydées, et par la structure anatomique de ses organes de végétation. Renfermant à la fois des herbes et des arbrisseaux, des plantes à tiges dressées et de véritables ( >o4> ) lianes, elle ne pouvait manquer de fournir matière à des comparaisons d'où sortiraient d'utiles enseignements. M. Duchartre a maintenant rempli le programme qu'il s'était tracé, et dont il a étendu les limites autant que le lui ont permis les matériaux qu'il a eus à sa disposition. » Le premier fruit de ses études a été pour nous son Mémoire sur l'Orga- nogénie florale de l'y^ristoloche Clématite (i), qui représente fidèlement le type peu varié de l'appareil reproducteur dans la majorité des végétaux de son ordre. M. Duchartre, qui a eu le mérite d'être le premier, parmi les botanistes français, à s'occuper sérieusement de la genèse comparée des différents organes de la fleur, et qui a su faire voir combien, par cette étude, on arriverait plus sûrement que par aucune autre à une saine appré- ciation de leur valeur morphologique, M. Duchartre, dans le travail dont nous parlons, s'est montré, comme par le passé, exact et précis dans les moindres détails, dessinateur correct des plus légères particularités de struc- ture, et réservé dans les conséquences théoriques à déduire de ses observa- tions. Suivant lui, l'ovaire infère de l'Aristoloche Clématite est un organe axile, une sorte de pédoncule qui d'abord obconique, puis caliciforme, se creuse peu à peu d'une cavité d'autant plus profonde que ses bords s'élèvent davantage; les anthères naissent sessiles aux parois de sa gorge insensible- ment fétrécie, et le développement du style les montre congénialement sou- dées avec lui par le dos, de telle façon que les stigmates semblent en défi- nitive les sommets élargis des connectifs. Ces observations auraient peut-être besoin d'être complétées par l'étude comparative de la fleur d'une Asarée, où la genèse de l'androcée doit être de nature à éclairer celle plus obscure du verticille staminal des Aristoloches. » La communication faite à l'Académie du travail intéressant dont nous venons de parler, a été suivie de celle d'une Monographie descriptive de toutes les plantes de la famille des Aristoloches (2). Indépendamment des difficultés communes, inhérentes à tout travail de ce genre, M. Duchartre en a rencontré de particulières dans l'imperfection trop fréquente des échan- tillons que lui ont fourni les herbiers de Paris et les collections étrangères qu'il a consultées. Il y a lieu de louer le soin scrupuleux avec lequel le monographe a étudié tous les matériaux de son travail, et son attention patiente à dessiner la plus grande partie des fleurs qu'il a analysées. Cin- (i) Ce Mémoire a été présenté à l'Académie le io octobre 1 853 [voy. les Comptes rendus de l'Académie, t. XXXVII, p. 538-54o). (2) Voy. \e% Comptes rendus de l'Académie, t. XXXVIII, p. 8o-83 (séance du 16 jan- vier i854)- ( I042 ^ quante-quatre planches 10-4° témoignent de l'ambition qu'il a eue de pro- duire une œuvre consciencieuse et exacte. Les difficultés nombreuses qu'offrait l'étude spécifique des Aristolochiées avaient effrayé jusqu'ici la plupart des phytographes ; aussi M. Duchartre a-t-il eu à faire connaître un grand nombre de plantes nouvelles. Les descriptions qu'il en a données sont très-con)plètes et écrites avec méthode. Aux types génériques déjà connus il en a ajouté un nouveau sous le nom d'ffolostjlis. La multitude des espèces du genre Aristoloche lui a donné occasion de tirer parti de la variété de formes que présente la colonne androgyne qui s'élève du fond du calice; les nombreuses divisions et subdivisions de sa classification corres- pondent surtout à la polymorphie de cet organe, et permettent d'arriver sûrement au nom de chaque espèce par une voie qui introduit peu à peu à la connaissance de sa structure florale. » Pour compléter ce travail monographique, M. Duchartre a terminé cet été et présenté à l'Académie (le 26 juin dernier) ses Recherches sur la végétation et la structure anatoinique cfe^ Aristolochiées (i), résultat d'é- tudes habilement conduites sur l'organisation des tiges et des feuilles de ces plantes, siu' leur phyllotaxie et la nature de leur inflorescence. Il a voulu contribuer pour sa part à la solution d'un problème important agité entre les botanistes : il a cherché à découvrir si l'on est ou non fondé à croire que les plantes d'un même ordre naturel présentent dans leurs tissus des caractères communs de structure anatomique ou d'arrangements symétri- ques de parties tels, qu'il y aurait toujoui's lieu d'en tenir grand compte et de les ajouter aux autres signes dislinctifs que les phytographes empruntent aux organes de la reproduction. D'abord il est assurément tout à fait con- forme aux lois d'harmonie qui gouvernent la nature végétale, que des plantes évidemment alliées par leur organisation florale, le soient également par leur structure anatomique. Une forte présomption qu'il en est ainsi se déduit naturellement de ce que la parenté des végétaux entre eux ne se traduit pas seulement par des caractères extérieurs, mais encore par une certaine communauté de qualités physiques et de vertus médicinales, par l'analogie des produits de sécrétion et autres signes qui trahissent une ressemblance anatomique non équivoque. La question consiste donc plutôt à rechercher si les caractères histologiques sont toujours suffisamment appréciables, ou s'ils présentent assez de fixité pour être pris en considération et utilisés. Or l'expérience semble avoir déjà montré qu'ils n'ont pas une valeur plus con- (i) Voyez les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XXXVIII, p. i i4i-i i44- ( io43 ) stante ou plus absolue que tous les autres caractères qui servent à définif les végétaux et qui décèlent leurs affinités réciproques. Les Aristolochiées sont une preuve excellente non-seulement de la réalité de ces caractères histologiques communs dans une même famille de plantes, mais encore des variations qu'ils y peuvent offrir. M. Duchartre montre que les tiges ligneuses ou herbacées des Aristolochiées sont composées d'éléments fort analogues ; que les fibres du prosenchy me sont généralement ponctuées ou ponctuées- aréolées, comme celles des Conifères ou des Tannannia, et que la zone libérienne, continue dans l'origine, se partage promptement en un nombre considérable de petits faisceaux, isolés les uns des autres par un tissu par- ticulier qui résulterait de la transformation de certaines fibres en cellules presque cubiques et à canalicules rameux. A cette commune vuiiformité se joint, chez la plupart des espèces, une distribution tout à fait asymétrique des vaisseaux au milieu des clostres, d'où résulte l'absence de ces zones con- centriques qu'on est habitué de voir dans le bois des arbres dicotylédones. Une circonstance anatomique aussi importante paraîtrait ne pas devoir ad- mettre d'exceptions; cependant on connaît un Aristolochia, VA. Sipho L'hér., qui échappe à la loi commune et dont les vaisseaux dessinent des cercles aussi réguliers que ceux du Chêne ou de l'Orme. Cette anomalie, déjà signalée autrefois par l'un de nos savants collègues, avait été attribuée par lui à la végétation intermittente de l'Aristoloche dont il s'agit; M. Du- chartre, sans en admettre cette explication, s'est assuré qu'elle est moindre qu'elle ne le paraît, en ce sens que les zones vasculaires du bois de VA. Sipho L'hér., ne correspondraient point à autant d'années d'accroissement, et que, malgré l'arrangement symétrique de leurs éléments cellulaires, les tiges de cette espèce ne laisseraient pas plus facilement deviner leur âge que celles de toutes ses congénères. )) Dans l'histoire très-détail lée qu'il fait de l'écorce des Aristolochiées, M. Duchartre se trouve de nouveau en désaccord avec M. Decaisne en ce qui touche la subdivision de la couche du liber en nombreux faisceaux, subdivision qui serait indépendante de celle des faisceaux fibro-vascidaires et sans rapports de symétrie avec eux; de telle sorte que, par ce caractère, le liber des Aristolochiées se distinguerait de celui de la plupart des végé- taux dicotylédones. » A l'égard des feuilles des Aristolochiées, M. Duchartre note qu'elles sont communément alternes-distiques, et démontre que la prétendue stipule in- trafoliaire que tous les auteurs leur attribuent, n'est pas autre chose qu'une feuille plus ou moins rudimentaire qui appartient à un rameau ou à urt ( io44 ) pédoncule floral axillaire, et que son opposition à la feuille primaire est for- cée, parce que les organes appendiculaires de l'axe secondaire s'ordonnent sur cette même feuille. » Cette dernière partie du travail de M. Duchartre est accompagnée d'un atlas de ving-neuf planches, qui renferment près de deux cents figures ana- lytiques, exécutées avec beaucoup de soin, et dont l'exactitude est garantie par le procédé uniforme et siir au moyen duquel l'auteur en a obtenu les esquisses. » Les membres de la Section de Botanique chargés d'apprécier les Mé- moires de M. Duchartre y reconnaissent le résultat d'études poursuivies avec autant de persévérance que de talent, et faites pour fournir d'impor- tants documents à l'anatomie comparée des végétaux ; en conséquence, ils sont d'avis que l'Académie, en les honorant de son approbation , les déclare dignes d'être insérés au Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LIS. BOTANIQUE. — Recherches d'anatomie comparée végétale; /jrtr M. Ad. Chatin. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique. ) PKEMliaE PAETIE. PLANTES AQUATIQUES. , Premier Mémoire. — Anatomie de la famille des Najadcs. « A. « L'anatomie comparée végétale n'est pas possible, » disait M. de Mirbel, après des essais qui ne l'avaient pas satisfait. » « Elle est toute faite, » assurent quelques botanistes. « La direction abandonnée par M. de Mirbel » doit être reprise, » déclarait naguère M. Ad. Brongniart sur la tombe du grand anatomiste que vient de perdre l'Académie. » L'avenir décidera entre les espérances déçues de M. de Mirbel et les vues de M. Ad. Brongniart. Quant aux botanistes qui pensent que l'anatomie comparée des végétaux existe, M. le professeur Parlatore, en faisant un bel ouvrage de Morphologie A\ec ce tilve : JLeçons d'anatomie comparée (i), nous a peut-être appris que ce n'est pas de l'anatomie proprement dite, mais de la morphologie ou organographie qu'ils entendent parler. (i) FUipo Parlatore , Lezioni di botanica comparata ; TiTetize , i843. ( '0^5 ) » A l'exception de quelques notions générales ayant trait à la structure des tiges des Dicotylédones, des Monocotylédones et de quelques groupes de plantes cryptogames, nous ne savons en vérité que fort peu de chose sur l'anatomie comparée des plantes, laquelle ne peut, sous aucun rapport, être mise en parallèle avec la grande science des Vicq d'Azir, des Cuvier et des Geoffroy-Saint-Hilaire. Et non-seulement nous n'avons pas en botanique une véritable anatomie comparée, mais il ne saurait en être édifié une avec les rares matériaux qui ont été préparés. Cet aveu, par lequel il faut com- mencer sous peine de vouloir bâtir sur le sable, conduit à abandonner mo- mentanément tout travail de synthèse (dans lequel l'imagination serait forcée de suppléer aux faits) pour procéder à la recherche des faits eux- mêmes. » Mais ce n'est pas à dire que, parce qu'il serait prématuré d'entre- prendre un travail complet de synthèse, il n'y ait qu'à scruter isolément chaque détail. Les ordres naturels, le mode de vivre, l'habitat des plantes forment des agglomérations naturellement indiquées comme pouvant fournir immédiatement, par une comparaison partielle, des groupes de faits qui seront, non plus des pierres isolées, mais des assises de l'édifice général. » Quoique je réserve, pour le moment encore éloigné où les observations auront été assez multipliées, tout essai de synthèse générale, je relierai, à mesure que j'avancerai, les faits communs aux groupes de plantes déjà étu- diés. Déjà il pourrait être dit, presque sans trop s'avancer, que l'anatomie comparée proprement dite, comme la morphologie, a ses types, sa symé- trie, sa tératologie, son organoge'nie; que, mieux que la morphologie et même que l'organogénie morphologique, elle décidera de la véritable nature d'organes transformés ou d'une origine spéciale indéterminée, et sfera le complément obligé de l'étude de tout organe ; qu'elle prêtera un utile con- cours pour l'histoire des plantes fossiles (déjà tant éclairée par les travaux de M. Ad. Brongniart), et surtout qu'elle guidera, jusque dans V intimité' des organes de la vie, la physiologie qui, jusqu'à ce jour, n'est guère allée au delà des phénomènes généraux qui se produisent à la surface des plantes ou qui résultent de l'action de leur masse. » Si, en embrassant ces recherches, j'aperçois la grandeur des résultats à atteindre, je vois aussi l'étendue de la carrière à parcourir, et je ne me dis- simule pas que j'aurai de la peine à approcher du but, même en apportant à mon entreprise la plus grande persévérance. Du moins aurai-je fourni des matériaux à ceux qui reprendront l'œuvre pour la laisser moins incomplète. C. R., l854, a"» Semestre. (T. XXXIX, N» 22.) ^ ^7 ( 'o46 ) » B. Anatomie comparée de la famille des Najadées. — Mes recherches ont porté sur les genres Caulinia^ Najas, Zanichellia^ Potamogeton et Jponogeton. (On sait que M. Duchartre vient de faire l'étude du genre Zostera. ) » J'ai confirmé, pour le Caulinia et le Najas, les observations de Link et d'Amici sur l'absence complète de vaisseaux. » La tige et les feuilles du Zanichellia ont, comme celles du Najas, pour tout système ligneux un seul faisceau central contenant d'abord quelques trachées qui peuvent disparaître chez la vieille plante venue dans des eaux profondes. » La structure de la tige partage les Potamogeton en deux groupes. L'un de ceux-ci, comprenant le P. crispum, L., etc., n'a, ainsi que les genres précédents, qu'un seul faisceau ligneux central. Dans le second groupe, caractérisé par l'existence de petits faisceaux fibreux épars dans le parenchyme qui entoure le faisceau central, on compte le P. lucens, L., le P. pectinatum, L., et notamment le P. natans, L., duquel on ne saurait désormais rapprocher comme simple variété le P. Jluitans, D.C., qui diffère non-seulement par la dispositon du système ligneux de la tige et du pétiole, mais encore par sa membrane épidermoïdale à un seul rang de cellules et par l'arrangement des lacunes. » Les espèces de Potamogeton complètement submergées peuvent perdre tout ou partie de leurs vaisseaux (fait observé par M. Ad. Brongniart dans le P. perfoliatum), qui d'ailleurs y sont toujours petites et rares. Les espèces à feuilles flottantes sont, au contraire, plus riches en tissu vascu- laire, lequel ne disparaît jamais complètement. » 1^^ fibres ligneuses du Potamogeton subissent fréquemment une trans- formation remarquable, qui consiste en ce qu'elles se remplissent de fécule au lieu de rester vides ou de s'épaissir seulement (ce qui est le caractère de cet élément anatomique) par la formation de nouvelles membranes à l'in- térieur de la membrane mère. Combinée avec l'atrophie des vaisseaux, la dégénérescence des fibres peut conduire à cet état singulier que le système fibro-vasculaire de la tige ne renferme plus ni fibres ni vaisseaux. Les fibres qui ont pris les propriétés des cellules, tout en conservant leur forme allon- gée et leur rôle pour la charpente du végétal, pourraient être distinguées, au moins provisoirement, parle nom àe fibres-cellules . » Il est digne de remarque que la disparition des vaisseaux et la transfor- mation des fibres marchent parallèlement. » hes feuilles des Potamogeton ont généralement leur système fibro- ( io47 ) vasculaire constitixé par trois ou par cinq faisceaux. Celles des espèces immergées sont, comme celles des Caulinia, Najas , Zanichellia, et con- formément à la remarque générale faite par M. Ad. Brongniart, privées d'épiderme. « La fécule qui remplit tous les tissus de certains Potamogeton s'amasse lorsque la plante, vieillie ou arrachée, est menacée de périr, sur des rameaux qui se raccourcissent, se renflent et se soudent avec les feuilles aussi hyper- trophiées pour constituer des bulbilles qui reproduisent la plante par divi- sion, à peu près comme les gemmes, de composition d'ailleurs différente, observés par MM. Amici, Decaisne, Weddel, Braun, Durieu et Ramey, dans les Chara , et dont M. Montagne a fait connaître le mode de formation et bien établi la nature amylacée, déjà aperçue par Meyer, par Reichenbach et par Kutzing. Il y a d'ailleurs entre le gemme du Chara et le bulbille du Potamogeton les rapports suivants : l'un et l'autre sont amylacés, comme la sporange du premier et l'embryon du second ; l'un et l'autre sont destinés à perpétuer la plante mère en des circonstances où l'existence de celle-ci est compromise, soit par manque de sporanges ( Chara) , soit pai- arrache- ment ou vieillesse (Potamogeton). » Ij Aponogeton a une structure bien caractéristique. Son rhizome tubéri- forme, court et tronqué, a une couche épidermoïdale à sept rangs de cel- lules brunes et un système libro-vasculaire dont la disposition rappelle, vers la partie centrale, celle propre aux Monocotylédones, et, plus en dehors, celle des Dicotylédones. La tige florale manque d'épiderme, et a ses fais- ceaux ligneux groupés sur deux cercles irréguliers. Ses feuilles ont pour squelette sept faisceaux, dont deux sur un plan postérieur; leur face infé- rieure est pourvue d'une membrane épidermoïdale fort analogue à l'épi- derme de la face supérieure, mais sans stomates. Comme les espèces de Potamogeton qui se rapprochent de lui par leurs feuilles flottantes, V^po- nogeton a des vaisseaux assez nombreux. » Les racines sont composées , comme dans les Najades en général, par des fibrilles adventives, offrant à leur centre un faisceau fibro-vasculaire avec trachées. » C. Remarques. — Entre toutes les questions générales que peut sou- lever l'anatomie des organes de nutrition des Najadées, les suivantes me paraissent devoir être posées dès aujourd'hui, ne fût-ce que pour faire con- verger vers elles les faits qui s'offriront dans nos recherches ultérieures. » La membrane épidermoïdale de la tige du Zanichellia, des Potamo- 137.. ( io48 ) geton pectinatum et P. natans , et celle de la face inférieure de la feuille de YAponogeton, peuvent-elles être assimilées aux vrais épidermes ? » La disposition des faisceaux fibro-vasculaires des tiges, tantôt épars, tantôt rapprochés en un axe unique et central, n'a-t-elle pas quelque signifi- cation au point de vue de la gradation organique ? » Le manque complet de vaisseaux, ou leur disparition partielle et la transformation, ordinairement parallèle, des fibres en fibres-cellules, ne sont-ils pas deux faits qui entraînent l'imperfection ou la dégradation orga- nique des plantes aquatiques? Si, ce dont on ne saurait douter, le végétal s'élève successivement, soit dans la série, soit dans sa période embryonnaire, à mesure qu'à la cellule s'ajoutent la fibre et le vaisseau, on ne peut guère se refuser à admettre qu'il se dégrade en perdant ces organes. » De ce que c'est parmi les ÎS^ajadées complètement submergées, à l'exclu- sion des espèces flottantes, que nous avons vu les vaisseaux manquer tout à fait, peut-on prévoir dès aujourd'hui que les vaisseaux ne feront jamais défaut dans ces dernières, et que, par contre, il pourra être observé de nou- velles pl.intes privées de vaisseaux parmi les espèces submergées dont la structure est encore inconnue? » Peut-on, de ce que les plantes flottantes sont moins vasculaires que les plantes terrestres et de ce qu'elles le sont plus que les espèces submergées, conclure à l'influence du milieu? n Nous reviendrons bientôt sur toutes ces questions avec de nouveaux éléments. » * PHYSIOLOGIE DU COEDR. — Recherches théoriques et expérimentales sur la cause de la locomotion du cœur; par M. Hiffelsheim. (Commissaires, MM. Magendie, Rayer, Bernard.) « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie la première partie des re- cherches que j'ai entreprises sur les mouvements du cœur, dans le but de résoudre les nombreux problèmes que cette question soulève en physio- logie normale et pathologique. Je me bornerai ici à lui exposer les faits re- latils à la cause immédiate de la locomotion ou battement du cœur. » Une simple induction reposant sur une comparaison avec des objets inanimés m'avait conduit à rattacher cet acte vivant à la présence des con- ditions physiques du recul. Des recherches bibliographiques toutes récentes m'ont appris qu'une semblable idée avait déjà été émise par le D"^ Gutbroil. ( io49 ) J'apporte aujourd'hui pour la première fois une démonstration théorique et expérimentale à l'appui de cette doctrine, que je résume ainsi : le cœur bat parce qu'il recule. » Je distingue les mouvements du cœur en deux genres : le mouvement absolu et les mouvements relatifs. j> Le mouvement absolu est le mouvement de translation, de totalité que subit la masse du cœur qui vient frapper la paroi thoracique, phénomène connu sous la dénomination de battement, choc, Y ictus des anciens. Sous le nom de mouvements relatifs, je comprends les phénomènes de systole, de diastole, c'est-à-dire ceux de raccourcissement, d'allongement, de torsion spiroïde. Ces deux genres de mouvements s'exercent simultanément : ainsi tandis que le cœur tout entier se déplace, il subit en même temps des varia- tions de forme, de volume, se raccourcit, s'allonge, se tord sur lui-même. » Malgré les nombreuses recherches auxquelles la physiologie du cœur a déjà donné lieu, on est loin d'être fixé sur les relations de succession, de coïncidence : i" des divers mouvements relatifs entre eux, 2° des mouve- ments absolus et des mouvements relatifs. Mais si les physiologistes ne sont pas d'accord sur les rapports de coïncidence et de succession, ils sont assez unanimes pour subordonner le mouvement absolu immédiatement aux mouvements relatifs. En d'autres termes, ils attribuent à l'effet direct, soit de la diastole, soit de la systole, soit du mouvement spiroïde, la locomotion du cœur. Les recherches théoriques et expérimentales auxquelles je me suis livi'é tendent à démontrer que le mouvement relatif de la systole détermine médiatement le mouvement absolu et le précède par conséquent (pour MM. Bouillaud, Magendie, Bérard, ils coïncident), tandis que l'expulsion du liquide est la cause immédiate de ce mouvement. Voici la démonstra- tion de cette proposition : » Le cœur, abstraction faite des oreillettes, est un vase formé de deux compartiments distincts parallèles au grand axe ; le liquide qu'il renferme ne s'échappe point au dehoi"s par l'effet de la pesanteur, mais par la con- traction simultanée de toutes les fibres qui constituent les parois de ce vase. A tous égards, le cœur double agit (sauf des avantages étrangers à la ques- tion), comme si deux cœurs simples étaient placés sur deux points du cercle circulatoire. On peut donc faire tous les raisonnements fondamentaux comme sur un cœur simple. Ceci étant posé, il y a à établir un premier principe fondamental de physique, à savoir qu'un vase à parois mobiles (par contractilité ou par élasticité) est dans les mêmes conditions qu'iui vase à parois fixes. ( io5o ) » Théorème. — Une enveloppe contractile, chassant un liquide de son intérieur par une ou plusieurs ouvertures placées dans sa paroi, éprouve avant toutes choses une réaction rectiligne dirigée en sens inverse de la ré- sultante des forces qui représenteraient l'intensité des jets. En effet, il suffit, pour rendre cette proposition évidente, de s'appuyer sur deux principes fondamentaux d'hydraulique et de mécanique. i° Le premier établit que, toutes les fois qu'une paroi fixe fermée est pressée de toutes parts par un liquide et lui donne issbe par un quelconque de ses points (qu'il y ait en- trée ou non par. tout autre point), la pression du liqtiide sur ce point étant supprimée, le vase subit des réactions différentes de celles qu'il subissait lorsque l'écoulement n'avait pas lieu; il y a tendance au mouvement, en vertu d'un changement d'intensité et de position de la résultante finale qui ne peut plus être égale à zéro si elle l'était primitivement. 2" Le second principe établit que, dans les phénomènes des chocs des corps, les forces qui naissent sont identiques, quel que soit le corps choquant, à celles qui auraient lieu si, l'un des corps étant en repos, l'autre était animé subi- tement de la vitesse relative qu'il possède par rapport au second dans leur commun mouvement. » Or, dans le cas présent, nous avons une enveloppe contractile ou élas- tique, expulsant un fluide fixe par sa compression. Le phénomène se passera exactement, quant aux réactions produites, comme si nous avions une en- veloppe fixe contenant un fluide élastique dont le volume augmenterait. Dans ce second cas, qui est celui des fusées d'artifice, du recul des armes à feu, il y a tendance au déplacement de l'enveloppe en sens inverse du jet fluide. Donc notre proposition, ramenée à une proposition évidente, est démontrée. » La nature de la paroi ne saurait exercer une influence directe dans cette question ; sa mobilité, sans doute, a pour condition certaine compo- sition : mais c'est la propriété d'être mobile qui constitue pour la paroi la condition physique immédiate dont nous avons à nous occuper. « Après avoir ramené en principe le cas de mobilité au cas de Xa fixité, je vais essayer de démontrer que des poches qui représentent le cœur simple, distendues à volonté par de l'eau soumise à de fortes pressions, produisent, en se rétractant, l'effet d'une contraction. Le caoutchouc vulcanisé se prête admirablement à ces expériences. J'ai fait construire à cet effet, par le D' Gariel, des poches représentant un cœur simple qui, distendues par 40 à 100 grammes d'eau, répondaient à l'effort supposé d'un cœur de Mam-s ( io5i ) mifère. Ces poches devaient être chargées de liquide; ce liquide devait être expulsé iustantanément et sortir par un orifice qui s'ouvrît au moment de l'expulsion. Pour atteindre ce dernier but, il fallait nécessairement recourir à un ressort qui, lâché, donnerait la liberté à l'orifice. » Comme je tenais à apprécier numériquement les expériences, je mesure, à l'aide d'un manomètre mis en communication avec la poche, la pression intérieure du liquide; puis, à l'aide d'une forte pince, on ferme la poche inférieurement. » La poche est disposée sur un dynamomètre consistant en une lame d'a- cier trempé ; le recul est vertical et de haut en bas ; un petit pinceau adapté à la lame horizontalement exécute des excursions sur une plaque noircie, et représente l'amplitude d'une oscillation. C'est à l'aide de ces différentes pièces disposées en appareil, grâce à l'intelligent concours de MM. Jos. Sil- bermann et Werner, et que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Aca- démie, que j'ai obtenu des résultats numériques qui démontrent, comme je l'avais prévu, que l'étendue du recul est en raison directe et composée de la quantité du liquide, de l'épaisseur des parois de la poche et du diamètre de l'orifice par lequel s'échappe le liquide. Ces expériences ont été répétées devant un grand nombre de personnes, parmi lesquelles des professeurs de la Faculté de Médecine, des membres de l'Institut, et tous les jours, en les répétant, j'entrevois la possibilité de nombreux perfectionnements dans mon appareil. » Le liquide, en sortant du cœur, ne s'échappe point à l'air libre, mais bien dans un vaisseau plein et soumis à une certaine pression. Puisqu'il en est ainsi, j'ai dû naturellement adapter à la poche une aorte en caoutchouc, fixée sur la virole de l'orifice, qu'elle pince en se resserrant. On expéri- mente sur la poche comme si elle était seule. J'ai cherché à savoir quelle influence l'aorte vide pouvait exercer sur le recul de la poche qu'elle sur- monte, et il semblerait qu'elle le diminue peu sensiblement; au contraire, ces résultats ont été très-nets quand il s'est agi de savoir l'influence de l'aorte pleine. A cet effet, on pince la poche et l'on engage l'extrémité de l'aorte avec celle-ci dans le ressort ; on charge la poche ; on prend sa pres- sion; on charge l'aorte par l'un des tubes vasculaires, après avoir fermé les autres (destinés à d'autres expériences) ; on prend la pression, que l'on rend toujours moindre dans l'aorte, puis on fait partir le ressort. J'ai dû expéri- menter la même poche avec la même pression et sensiblement le même {X)ids d'eau. Or voici ce qui arrive : le recul est plus fort dans cette circon- ( Io5*2 ) stance que lorsqu'on se sert de la poche libre; j'en ai inféré que cela devait être attribué à l'aorte, faisant fonction de seconde poche. Pour le prouver, j'ai expérimenté l'aorte seule, surmontant la poche vide ; en prenant toutes les circonstances identiques, j'ai trouvé que le recul de la poche et de l'aorte représentait très-exactement la somme des reculs de chacun d'eux. » Dans chacune des expériences faites avec l'aorte libre, j'ai vu, et toutes les personnes ont constaté avec moi, un très-notable redressement de la courbure de ï aorte. » I^ liquide sortait librement de l'aorte dans les expériences précé- dentes. Dans la nature, il marche dans un cercle clos; dans les vaisseaux où on l'a suivi, il paraît être soumis à une pression constante : c'est tuie condition que j'ai réalisée, dans ce qu'elle a de plus essentiel du moins. A l'aorte j'ai substitué un tube en caoutchouc, soutenu et fixé très-forte- ment sur le pivot, qui y remplit le rôle de la colonne vertébrale. Le tube tout entier est rempli d'eau, faisant équilibre à une colonne de mercure de I lo millimètres. La colonne d'eau est de l\oo millimètres; la colonne de mercure qui y répond, de 3o millimètres environ : il y a donc 80 milli- mètres de pression. Les deux pièces de l'appareil étant chargées séparément, on fait partir la poche ; tout aussitôt on obtient un recul. » Quoique j'aie dans mon appareil une colonne non en mouvement, mais simplement mobile, le recul est cependant sensiblement le même que dans une poche libre. » La présence des conditions du recul ne pouvant plus être mise en doute pour le cœur, d'après ce court exposé , les causes du mouvement absolu admises jusqu'ici ne répondant nullement aux objections si nom- breuses, aux divergences si considérables des physiologistes, nous propo- sons de concilier toutes les opinions sur le terrain de la démonstration et de l'expérimentation, en formulant notre pensée dans ces mots : le cœur bat parce qu'il recule. » CHIMIE. — Recherches chimiques sur les os; par M. E. Fremy. (Extrait.) (Commissaires, MM. Thenard, Chevreul, Dumas.) « Dans le travail dont j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui un extrait à l'Académie, je me suis proposé de résoudre quelques questions qui se ( io53 ) rapportent au développement et à la composition de la substance osseuse prise dans les différentes classes du règne animal. » Je passe en revue, dans la première partie de mon Mémoire, les re- cherches qui ont été publiées précédemment sur les os, et, tout en consta- tant leur importance (i), je démontre que le sujet est loin d'être épuisé, et que la Chimie peut fournir encore sur ce point à la Physiologie et à l'Histoire naturelle des documents qui leur manquent. Décrivant ensuite les méthodes que je me propose d'appliquer à l'étude et à l'analyse de la substance osseuse, je reprends successivement les différentes questions qui, dans mon opinion, exigeaient de nouvelles recherches, et j'arrive ainsi à des conclusions générales que je vais reproduire en partie dans cet extrait. » I**. Il résulte de mes analyses que la substance organique contenue dans les os, à laquelle MM. Ch. Robin et Verdeil ont, dans ces derniers temps, donné le nom iVosséine, est isomérique avec la gélatine : ainsi la trans- formation de l'osséine en gélatine peut être comparée, jusqu'à un certain point, à celle de l'amidon ou de la cellulose en dextrine; elle s'opère dans les mêmes circonstances; elle est facilitée par l'action des acides. B 1°. L'osséine retirée d'animaux encore jeunes se change plus facile- ment en gélatine que celle qui provient d'animaux déjà vieux; dans les deux cas, la substance organique présente une composition identique. » 3°. Des analyses faites sur les osséines provenant d'os de Mammifères, d'Oiseaux, de Reptiles et de Poissons, m'ont démontré que, dans les os les plus divers, la composition de l'osséine n'éprouve pas de modification. » L'osséine n'est pas le seul corps organique contenu dans la substance osseuse; j'ai trouvé dans les os de certains oiseaux aquatiques et dans les arêtes de quelques poissons, une matière organique qui ne se transforme pas en gélatine par l'action de l'eau bouillante et qui est isomérique avec l'osséine ; cette substance est blanche, transparente, élastique ; lorsqu'on l'a préparée au moyen des acides, elle conserve la forme de l'os. » 4°- Les expériences nombreuses décrites dans mon Mémoire, tendent à prouver que dans un os l'osséine est à l'état de liberté et qu'elle ne se trouve pas en combinaison avec le phosphate de chaux, comme plusieurs chimistes l'admettent encore aujourd'hui. (i) Les recherches les plus intéressantes qui aient été publiées sur les os sont dues à Vauquelin, Fourcroy, Berzélius , Mérat-Guillot, John, et ensuite à MM. Chevreul , Boussingault , Marchand, Valentin , Rees et Bibra. C. K., i35',, 2"'« Semestre. {'^. XXXIX, N^aS.) '38 ( io5/j ) » 5°. L'étude de la partie inorganique des os devait nécessairement me fournir des résultats moins intéressants que celle de la matière organique : cependant j'ai voulu établir par des expériences directes, et non par l'inter- prétation toujours douteuse des résultats analytiques, la véritable constitu- tion du phosphate de chaux des os; mes expériences ont confirmé, du reste, la formule qui est admise généralement par les chimistes, et démon- trent que ce sel est réellement tribasique. » 6". J'ai prouvé, en outre, que le phosphate ammoniaco-magnésien, dont l'existence dans les os n'avait pas été admise jusqu'à présent, fait probablement partie de la substance osseuse. » ■y". J'ai confirmé par des expériences précises la présence du fluorure de calcium dans les os, qui avait été niée par plusieurs chimistes, en prou- vant que l'on peut isoler de la cendre d'os lui acide qui attaque le verre. Les assertions contradictoires auxquelles ce fait a donné lieu se comprennent facilement ; car si le fluorure de calcium se rencontre en quantité considé- rable dans les os fossiles, comme M. Chevreul l'a démontré depuis long- temps, ce sel n'existe qu'en proportion très-faible et variable dans les os ordinaires. » 8". Après avoir traité les différentes questions qui se rapportent à l'analyse immédiate des os, j'examine, dans mon Mémoire, les points qui peuvent jeter quelque jour sur la constitution et le mode de développement de la substance osseuse; mes analyses établissent d'abord que pour un même os il existe une différence de composition entre la partie dense et la partie spongieuse : cette dernière contient toujours moins de sels calcaires que la partie dense. » g". Les beaux travaux de M. Flourens ayant démontré que le périoste extérieur d'un os sécrète constamment la substance osseuse, tandis qu'il se produit dans l'intérieur de l'os une véritable résorption qui détermine dans ce corps un mouvement continuel, il m'a paru important de rechercher s'il existe une différence entre la composition chimique des couches d'os de nouvelle formation et celle des couches anciennes : mes analyses établissent nettement que ces couches d'os, qui sont d'âges différents, présentent une composition identique. » Ces résultats, qui me paraissent importants pour la théorie de la for- mation des os, puisqu'ils prouvent que l'âge n'apporte pas de différences bien sensibles dans la composition de la substance osseuse, devaient être con- firmés par les expériences suivantes : ( io55 ) » lo**. On trouve dans mon Mémoire des analyses qui démontrent que l'os d'iui foetus contient presque autant de sels calcaires que l'os d'un vieil- lard; que les premiers points osseux qui apparaissent dans la partie cartila- gineuse d'un os de fœtus présentent la même composition que l'os d'un adulte ; que les parties osseuses qui se développent dans le cal, après une fracture, offrent une composition identique avec celle de l'os fracturé. Tous ces faits conduisent à une conclusion certaine : c'est qu'un os ne se forme pas, comme on l'a cru pendant longtemps, par incrustation lente et suc- cessive de la substance cartilagineuse par les sels calcaires, mais que la substance osseuse résulte de l'agglomération de points osseux qui, pris isolé- ment et à l'état rudimentaire lorsqu'ils apparaissent dans le cal ou dans la partie cartilagineuse d'un os de fœtus, présentent immédiatement la com- position d'un os arrivé à son état complet de développement; et si un os de vieillard se brise plus facilement que celui d'un adulte, ce n'est pas parce que le premier est moins cartilagineux et plus chargé de sels calcaires que le second, mais parce que dans l'os de vieillard la substance dense est rem- placée en partie par la substance spongieuse, comme le savent tous les ana- tomistes, et que l'os d'un adulte est plus hydraté^ et, par conséquent, plus élastique que celui du vieillard. » Jie suis heureux de rappeler ici que les résultats que je viens d'énoncer s'accordent avec ceux qui ont été constatés récemment par MM. Nélaton, Ch. Robin et Verdeil. » 11°. J'arrive maintenant à la partie de mon travail qui a eu pour but d'établir, par des analyses nombreuses, les rapports de composition qui peuvent exister entre les os et les corps crétacés pris dans toute la série animale (i). Il résulte d'abord de mes expériences que les os des animaux vertébrés, arrivés à un développement complet, contiennent une quantité de phosphate de chaux qui dépasse rarement 64 pour i oo et une propor- tion de carbonate qui arrive souvent à lo pour loo. Ces deux sels se trouvent donc unis dans les os suivant lui rapport presque constant qui peut être exprimé par i équivalent de carbonate et 3 équivalents de phosphate. J'ai reconnu que la proportion de carbonate augmente un peu avec l'âge. I.a quantité de phosphate de magnésie est en général de 2 pour roo. En jetant les yeux sur les tableaux insérés dans mon Mémoire et qui représentent la (i) Mes analyses ont été faites sur des os que MM. Duméril, Geoffroy-Saint-Hilaire et Duvernoy ont bien voulu mettre ^ ma disposition. -i. ;i:',', i38.. ( io56 ) composition des os d'homme ainsi que celle des os d'animaux appartenant aux différentes classes des Vertébrés, on est frappé d'un résultat général, c'est que des êtres qui offrent dans leur organisation des différences fonda- mentales ont des os dont la composition chimique est souvent identique ; ainsi l'os d'un homme se confond, quant à sa constitution, avec les os d'élé- phant, de rhinocéros, de veau, de chevreau, de lapin, de lion, de cachalot, de morse, d'autruche,, de serpent, de tortue, de morue, de barbue, etc. Ce résultat fourni par l'analyse chimique se comprend du reste, car la substance osseuse, devant présenter chez les animaux les plus divers un degié de dureté et de résistance considérable, doit avoir dans tous les cas à peu près la même composition. « Ce fait général étant une fois admis, on trouve cependant quelques différences dans la constitution des os appartenant aux différentes espèces d'animaux : c'est ainsi que l'os d'un Mammifère herbivore est toujours plus chargé de sels calcaires que l'os d'un Carnivore. Les os d'Oiseaux sont plus riches en matière minérale que les os des Mammifères carnivores. Les os de Reptiles se confondent par leur composition avec ceux des Mammifères carnivores. I) Les os de Poissons présentent dans la proportion de leurs éléments des différences qui s'accordent d'une manière remarquable avec les principes zoologiques qui ont servi de base à la classification de ces animaux. » Ainsi les os de carpe et de brochet, qui appartiennent à des Poissons osseux, ont la même composition que les os de Mammifères, tandis que les os de raie et de squale, qui proviennent de Poissons que l'on a désignés pendant longtemps sous le nom de cartilagineux, retiennent moins de sels calcaires que les précédents ; un cartilage de lamproie ne contient pas sen- siblement de partie minérale, et diffère entièrement, par sa composition chi- mique, d'un os de Poisson : atissi ne peut-il plus être assimilé à un os. On voit donc que les os de Poissons m'ont offert dans leur analyse de grandes variations. » Les résultats généraux que je viens d'exprimer sur la composition des os de Vertébrés, se trouvent confirmés dans mon Mémoire par une centaine d'analyses d'os différents. » 12". Les écailles de Poissons présentent beaucoup d'analogie avec les os et les cartilages de Poissons. Certaines écailles peuvent contenir jusqu'à 60 pour 100 de sels calcaires; d'autres, comme les écailles de carpe, n'en présentent que 35 ; les sels calcaires sont de même nature que ceux qui ( io57 ) existent dans les os; la matière organique se change, comme celle des os, en gélatine, et présente la même composition. Ces déterminations s'accordent du reste entièrement avec celles qui ont été faites autrefois par M. Chevreul. » 1 3°. J'ai examiné un certain nombre d'os fossiles : mes recherches dé- montrent que dans ces os la matière organique est remplacée d'une manière plus ou moins complète par différentes substances minérales qui peuvent être, suivant les terrains, du carbonate et du sulfate de chaux, du fluorure de calcium, de la silice, qui s'y trouve ordinairement à l'état de quartz, des traces d'oxyde de fer. J'ai analysé des os fossiles qui ne contenaient plus d'osséine, et d'autres qui en retenaient encore ao pour loo. Cette substance retirée des os fossiles m'a présenté la composition et toutes les propriétés de l'osséine ordinaire; elle se transforme comme elle en gélatine par l'action de l'eau bouillante. ); J'ai reconnu que l'incrustation minérale s'est produite toujours d'une manière plus complète dans les os spongieux que dans les os denses. Si pai^ l'analyse d'un os fossile il est facile d'apprécier la nature du terrain dans lequel il était contenu, il est tout à fait impossible de déterminer, même approximativement, l'âge d'un os fossile en dosant la quantité de matière organique qui s'y trouve, car la proportion d'osséine qui reste dépend uni- quement du degré de porosité de l'os. En analysant comparativement la partie dense et la partie spongieuse d'un même os fossile, j'ai trouvé sou- vent dans les deux parties des proportions très-variables d'osséine (i). » i4°. Mes recherches sur les bois des Ruminants de la famille des cerfs établissent la plus grande analogie entre ces productions calcaires et les os proprement dits : la substance minérale est plus abondante dans les bois anciens que dans les jeunes bois; ils contiennent en général moins de sels calcaires que les os denses. « i5°. En soumettant à l'analyse quelques dents d'animaux (2), jeme suis proposé d'établir nettement les différences de composition qui existent entre le sèment, l'émail et l'ivoire; l'émail ne contient que 2 ou 3 centièmes de matière organique, 3 ou 4 centièmes de carbonate de chaux, des traces de fluorure de calcium et une quantité de phosphate de chaux qui peut aller (j) On sait que MM. Girardin et Preisser ont déjà publié sur les os fossiles un travail étendu. (2) Tous les chimistes savent que l'on doit à M. Lassaigne un travail intéressant sur la composition des dents d'animaux. ( io58 ) jusqu'à 90 pour 100; tandis que le sèment et l'ivoire m'ont présenté exac- tement la même composition que l'os. M 16°. Les concrétions crétacées qui ossifient les artères des vieillards ayant été souvent comparées à des os, j'ai voulu soumettre ces productions calcaires à l'analyse en opérant sur des concrétions qui m'ont été données par M. le D" Cazalis. Il est résulté de mes recherches que ces produits con- tiennent les mêmes sels minéraux que les os et qu'ils sont unis dans les mêmes proportions que dans la substance osseuse, mais qu'on y trouve une substance qui n'est pas de l'osséine et qui paraît de nature albumineuse; sous ce rapport, les concrétions crétacées des artères diffèrent essentielle- ment des os. » 1 7". Voulant établir une comparaison entre la substance osseuse des Vertébrés et quelques productions calcaires de certains Zoophytes qui, par leurs propriétés physiques, peuvent être comparées aux os, j'ai soumis à l'analyse quelques axes de Pennatules sur lesquels M. Valenciennes a bien voulu appeler mon attention. Mes analyses démontrent que ces productions crétacées présentent quelque analogie avec les os, car elles contiennent comme eux une partie organique et une partie minérale formée de phosphate et de carbonate de chaux; mais elles en différent d'abord par la nature de la substance organique qui est en partie insoluble dans les acides, et ensuite par les proportions de sels calcaires. Le carbonate de chaux s'y trouve en effet en quantité beaucoup plus forte que dans les os, et le phosphate de chaux ne dépasse pas 24 pour 100, tandis qu'il s'élève souvent à 60 pour 100 dans la substance osseuse. )> 18°. En analysant un grand nombre de coquilles, j'ai reconnu, comme on le savait déjà, que ces productions calcaires ne pouvaient être, dans au- cun cas, comparées aux os, car elles sont toutes formées, presque exclusi- vement, de carbonate de chaux et ne contiennent que des traces de phos- phate. » L'étude de la partie organique des coquilles présente de l'intérêt : la matière qui les colore est azotée ; elle se détruit, comme on lésait, immédia- tement par l'action des acides les plus faibles ou sous l'influence d'une tem- pérature peu élevée. Nous nous proposons, M. Valenciennes et moi, de faire, dans un travail spécial, une étude complète de cette substance, qui nous paraît identique avec celle qui colore le corail en rouge. » J'ai examiné, en outre, une matière organique qui est très-abondante dans certaines coquilles, qui fait partie de leur constitution, et que l'on ( 'oSg ) isole facilement au moyen des acides qui dissolvent le carbonate de chaux : ce corps est isomérique avec l'osséine; il présente im aspect feutré très- remarquable quand il est desséché; il ne se transforme pas en gélatine par l'action de l'eau bouillante. Comme il diffère par ses propriétés des ma- tières organiques connues jusqu'à présent , je propose de lui donner le nom de conchioUne . •0 19°. Quoique le squelette tégumentaire des Crustacés n'offre pas, au point de vue physiologique, d'analogie avec la substance osseuse, et qu'il soit formé par une espèce d'épiderme endurci par des dépôts calcaires, j'ai voulu cependant soumettre à l'analyse quelques-unes de ces productions crétacées et examiner de nouveau la matière organique non azotée si re- marquable qui existe dans les Crustacés comme dans les Insectes, à laquelle M. Braconnol a donné le nom de chitine. » La partie inorganique qui est déposée d'une manière très-irrégidière sur l'épiderme tégumentaire des Crustacés est formée de phosphate de chaux et de carbonate de chaux; la proportion du phosphate ne dépasse jamais 6 à 7 centièmes. » Mes analyses de chitine confirment celles qui ont été faites précédem- ment, et prouvent que cette substance est isomérique avec la cellulose; je démontre dans mon Mémoire qu'il ne faut pas cependant la confondre avec ce dernier corps, car elle ne forme pas de pyroxyline par l'action de l'acide azotique fumant, et ne produit pas de glucose sous l'influence des acides étendus. » 20°. J'ai pensé enfin que l'étude des différents corps azotés qui con- stituent la corne, l'écaillé, les fanons de baleine, etc., et que l'on a souvent assimilés à l'osséine, rentrait dans mon travail sur la substance osseuse; j'ai donc soumis ces différentes substances à un examen approfondi. Il est ré- sulté de ces recherches qu'il existe dans l'organisation animale un certain nombre de corps azotés isomériques avec l'osséine, mais qui en diffèrent par des propriétés très-nettes. Ainsi les fanons de baleine, l'écaillé de tor- tue, la conchioline, la substance sécrétée par les Zoophytes que M. Valen- ciennes examine en ce moment, et qui constitue les axes cornés des gor- gones, etc., ne se transforment pas en gélatine par l'action de l'eau bouil- lante acidulée. » C'est à tort que jusqu'à présent ces différents produits ont été confon- dus avec l'osséine; je propose donc de les faire sortir de la classe des corps gélatineux. ( io6o ) » Tels sont les résultats généraux que j'ai constatés dans mes recherches sur les os; on voit qu'ils ont eu principalement pour but d'établir, au moyen d'un examen analytique général, les rapports de composition qui existent entre les os des différents animaux, de jeter quelque jour sur la constitution et le développement de la substance osseuse, et d'étudier les différentes sécrétions calcaires produites par l'organisation animale. » Qu'il me soit permis maintenant de remercier ici mes collègues du Muséum, qui, pour faciliter mes recherches, ont mis avec tant d'empresse- ment à ma disposition leurs riches collections, et d'exprimer ensuite ma vive reconnaissance à mon préparateur M. Terreil, qui, pendant ce long travail, m'a prêté le concours le plus intelligent et le plus actif. » CORRESPONDANCE. ASTRONOMIE. — Observations de Pomone, faites à Florence; par 31. Donati. (Note communiquée par M. Le Yerhier. ) 1854. T. moyen de Florence. Ascension droite. Déclinaison. Tiorabrede comp. Novembre 18 G"" 42"'45%2 iR ,<. — 3"" i4',99 D >«■ — l'S;', i 5 — 19 6.47.23,9 iR^— 3.57,18 D,«.— 7.31,9 4 'k L'étoile de comparaison est 4260 Lalande Cat. of stars; sa position calculée est : m = 2'>io°'i8S26 D = H- i2''45'5i",8. ASTRONOMIE. — Eléments de l'orbite de la planète Amphitrite, obtenus par M, Yvox Villabceau, au moyen de l'ensemble des observations recueillies pendant l'apparition de la planète. (Communiqués au nom de l'Observatoire de Paris par M. Le Verrier.) « M. Yvon Villarceau avait déjà obtenvi des éléments de l'orbite à' Am- phitrite en faisant usage d'observations qui comprennent un intervalle de vingt-six jours seulement. Néanmoins il entreprit, à l'aide de ces éléments, le calcul d'une éphéméride très-étendue, que nous avons publiée dans les Comptes rendus, tome XXXVIII, page 78a. En présentant ce travail, nous avons indiqué la nécessité de reprendre la détermination de l'orbite après la fin de la prennière apparition de la planète. C'est cette nouvelle déter- ( io6i ) «lination que nous avons l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie. » Aux observations publiées dans les Astronomische Nachrichten , dans le Journal Astronomique de M. Gould, et dans les Comptes rendus, tome XXXVIII, page 646, on a joint les observations suivantes faites à l'Observatoire de Paris, postérieurement à la publication faite dans les Comptes rendus. Observations méridiennes d'Amphitrite. Dates i85/). T. M. de Paris. Mars 3i,5i3i4 Avril 2,5o636 3,50299 549623 1 3,46928 1 5,46260 18,45264 Ascension droite. 12'' SS" 3',00 d2.53, 9,66 12. 52, 13,27 12.50,20,28 12.41,12,72 12.38, 39,82 Déclinaison. — 9° 8'52",o — 9. 1 .56,6 — 8.58.21,5 — 8.5i. 9,9 — 8. 21 . 3o,3 très-faible. — 8. 3. 16,0 : » Quant aux autres observations, nous nous bornerons aux remarques suivantes : 1° un très-petit nombre de celles faites au commencement de mars en divers observatoires ont reçu des corrections par suite des déter- minations des étoiles de comparaison que l'on a obtenues aux instruments méridiens; a° les observations de Washington, les seules que l'on possède durant le mois de juin et de juillet, et qui ont, par ce seul fait, une impor- tance considérable, ayant présenté, dans leur comparaison avec l'éphémé- ride, des discordances inadmissibles pour la plupart, M. Yvon Villarceau a dû reprendre en partie la réduction des observations de M. Ferguson , et il a reconnu, dans les réductions, de nombreuses erreurs qui, hâtons-nous de le déclarer, ne doivent pas être entièrement imputées à ce dernier astronome. La source de ces erreurs est dans le Catalogue de Weiss, dont M. Ferguson a omis de consulter Y errata. Les observations ont été ainsi corrigées, ensuite comparées avec l'éphéméride. C. H., «354, a»* Semestre. (T XXMX, N'>22.1 i39 ( io62 ) Comparaison des observations de la planète Amphhrite avec l'éphéméride insérée aux Comptes rendus , t. XXXVIII, p. ^SaJ LIEU de l'observation. Hambourg. . . South-Villa.. Id Oxford Soulh-Villa . . Hambourg ... Oxford Id Paris Durham Paris Bonn Bilk Paris. .. . Oxford Paris Berlin Hambourg. Bonn Paris. . . . . Paris Vienne . . . . M. M, Paris. . Paris. . Oxford Kresmunst. M. Paris M. Kresmunst. M. Paris M. Berlin Oxford Kresmunst. M. Berlin Oxford Berlin Oxford DATE i854 t. m. de Par. Mars. Mars.. Mars. Oxford Kresmunst. M . Bonn Kresmunst. M. Bonn M. Lej de Bonn M. Paris M. Bonn. 1,62 ,,64 1,66 2,57 2,58 2,63 2,66 3,57 3,64 4.^9 4,54 5,52 5,52 5,56 5,57 5,60 6,46 6, 6,49 6,53 6,60 7>'1> B. obs.H^alc. 10, 5i 10,58 ■ 1,48 11,55 11,58 12,54 12.58 ■3,44 i3,5i ,3,54 14,55 i4,58 .5,44 16, 58 .Mars. 17,55 '9,49 19,52 '9,54 20,52 20,54 20,55 -2,2 +0,6 + ■,3 — 3,0 +3,9 —0,8 +0,7 — >./ -3,6 +2,1 Mars. 21 ,46 +5,4 +0,1 * +3,7 -0,8 +3,9 » * —0,3 -2,9 -1,2 +5,1 +0,2 +0,3 +5,1 +2,7 +2,7 +4,8 +1,8 +4,8 +4,9 +5,0 —0,9 +3,7 +1,9 — ',9 +1,9 -0,1 +0,9 +0,3 2,4 +2,3 2,4 _.,5 +0,9 2,5 +4,1 +5,4 D — 2,6 5,5 — 3,2 +2,7 » +0,2 -6,6 —0,8 -4,0 +0,5: 0,0 — 1,0 — 5,2 —3,0 -4.0 —5,3 -l-',7 -2,1 —3,9 -6,4 + >,9 +6,5 — ",' + ■,9 +1,8 -6,8 +2,7 -4,0 -1,8 +1,4 —0,6 +3,3 -4,6 Leyde Paris M. Oxford Leyde Paris M. Berlin Oxford LIEU de l'observation. DATE 1854 t. m. de Par. Paris M. Id M. Padoue Id Padoue M. Bonn M. Paris M. Berlin Padoue.. . . M. Bonn M. Paris M. Padoue M. Paris M. Padoue.. . . M. Kresmunst. M. Padoue.. . . M. Bonn... Paris.. . Padoue Bonn . . Padoue M Berlin Mars. 21,54 21,55 23, 5o 23,53 23,54 24,48 24,54 Mars. 27,53 29,52 3o,47 3i,38 3>,49 3i,5o 3i,5i Avril. M 0,7 0,6 0,1 1,0 ',7 2,5 3>7 4,3 7,8 4,2 6,6 9,8 .1,4 12,5 Kresmunst. M. Padoue M. Kresmunst. M. Bonn M. Berlin Kresmunst. M. Bonn M. Berlin Berlin. . M Bonn. Berlin JBonn M Paris M |Bonn M ■Berlin 'Paris M ■.49 3. 2,49 2,5l 3, 3,5o 4,47 5,46 5,47 5,48 5,5o 6,47 6,48 7,46 7,5o D obs.-calc 2,6 0,3 5,8 0,0 ',7 0,9 2,4 1,3 0,1 4,8 3,5 ■,2 Avril. 8,45 8,46 9,45 9.47 10,43 10,45 10,47 11,45 Avril i3,5 i3,8 20,6 ■ 3,4 18,8 ■9,5 22,1 20,1 ■7,9 20,0 22,1 23,6 21,5 20,7 29,0 26,0 3o,3 27,7 29,9 26, 1 3i , 1 25,5 0,2 6,4 2,8 1,0 8,2 3,7 6,3 » 6,9 3,8 3,3 7,9 5,1 6,0 ■7,5 5,4 4,0 6,9 6,4 2,4 5,9 9,7 12,39 12,46 l3,42 i3,46 ■3,47 14,45 14,45 i5,46 26,7 35,8 29,6 38,1 » 40,7 44,0 44,8 + 9,2 +10,1 +10,2 +■■,4 + 8,9 +■0,7 +10,6 LIEU de l'observation. Bonn M Id. M Id. M Paris M Berlin Bonn M Berlin DATE 1854 t. m. de Par. Berlin . . Kresmunst. M. Id ...M. Id M. Id M. Berlin Id Berlin. Bilk... Berlin . Id Id Id Berlin Leyde ... Id Berlin Washington. Id Id Washington. Id Id Avril. 16,45 ■7,44 18,44 18,45 >9,4> ■9,44 20,39 Avril. 26,47 Mai.. 4,37 7,36 8,36 11,35 12,45 13,45 Si. 49,8 52, 52,5 56,4 52,8 58,2 53,7 D -i3,3 -12,9 -18,4 -11,5: -i3,3 -■5,9 -10,1 -i3.6 Mai.. 19,42 20,45 20,47 21,47 22,46 26,46 Washington. . . Id Washington. Id Mai.. Juin 30,45 3o,48 3i,4 31,42 1,60 3,59 4,60 Juin. 12,62 i5,6o 20,61 Juillet 2,60 12,38 — 240,0 —233,8 —226,0 — 2l5,2 Juin. i5,58 22,58 -102,0 -123,0 -i39,2 -i4o,7 -140,4 - 1 69 , 6 -168,4 -"73,7 -'74,' -175,5 -191,5 -■99,9 -202,0 -201,9 -20G, I -207,5 -210,1 -211,8 -23i ,6 -225,3 -237,6 +25,5 +27,9 +39,1 +38,9 +49,4 +49,7 +53,6 +54,4 +53,9 +54,3 +54,5 +59,7 +63,9 I) +63,2 +64,4 -f-jS.o +57," -t-58,;; +62,1 +61,2 +63,7 +5o,i +5i,8 +49,' +37,8 ( ro63 ) » Les nombres qui figurent dans ce tableau ont été réunis en groupes dont les limites sont désignées par un trait horizontal : on en a pris ensuite les moyennes. Pour éviter le calcul des coefficients des équations de condition relativement à des époques inégalement espacées, M. Yvon Villarceau a préféré traduire les moyennes graphiquement et tirer d'un tracé les valeurs correspondantes à des époques équidistantes; il a cru pouvoir parer aux légères incertitudes du procédé graphique en employant un plus grand nombre d'équations de condition. » Nous réunissons dans le tableau ci-dessous les moyennes obtenues par le calcul et le résultat de la comparaison avec les nouveaux éléments que nous donnons plus loin. Comparaison des ascensions droites. Comparaison des déclinaisons. TEMPS MOYEN de Paris. ÉPHÉKÉBIDES. NOUVEAUX éléments (^.=0). NOMBRE des observa- tions . TEMPS MOYEN de Paris ÉPHËHÉRIDES. NOUVEAUX éléments NOMBRE des observa- tions. Mars 2,71 _ If 0,2 •+• 2^8 9 Mars 2,80 4- 0,7 + Ci 10 6,i5 4- 1,3 + 3,5 1 1 6,21 — •,4 4- I ,2 10 12,78 4- 3,0 + 3,3 12 i3,i4 — 1,5 — 0,6 i3 19,53 4- 0,7 -h 0,6 8 19,53 0,5 - 0,7 8 23,02 — 0,2 4- 0,6 8 23,02 4- 1,6 4- 0,8 8 3o,48 — 8,. — 1,2 7 3o,68 4- 2,1 - 0,7 5 Avril 4,9' — '9,' - 3,8 14 Avril 4,63 4- 4,9 0,0 '4 9,83 — 28,2 - 2,5 8 10, o3 4- 5,8 — 2,2 7 13,73 — 37,. - ',4 7 i3,44 4- 10,2 — o,i 7 .8,57 — 53,7 - 3,1 7 18,57 4- i3,6 — 0,9 7 Mai 9,80 — 129,1 4- 2,2 5 Mai 9,56 4- 38,4 4- I ,0 6 21,79 — 175,5 — 0,1 6 21,79 4- 55,1 + 4,7 6 Juin 1 , 36 — 2o5,6 4- 1,4 7 Juin 1,68 4- 60,8 4- 1,8 6 16,28 — 23i ,5 -+■ 2,9 3 16,28 4- 62,3 — 2,1 3 Juil!. 7,59 — 236,9 — 0,9 2 Juin. 7>59- 4- 5i,5 - 4,8 2 19,08 — 220,6 - 2,3 2 ■ 19,08 4- 43,4 — 1,0 2 1 Les nombres c e ce tableau sont les excè s de l'obse rvatioi 1 sur le ca cul. » La méthode employée pour la correction des éléments est celle des éqpations de condition. Trente équations à six inconnues ont été formées et résolues ; mais les corrections, notamment celle de la longitude du périhélie, 139.. ( io64 ) s'étant trouvées assez fortes, il est devenu nécessaire de procéder à une nouvelle approximation dans laquelle on a dû reprendre le calcul des coeffi- cients des équations de condition. Ainsi, bien que la première orbite lût basée sur un mois presque entier d'observations qu'elle représentait dans des limites d'erreurs très-admissibles, cette orbite n'était point encore assez approchée pour qu'on pût la corriger du premier coup. » Voici les éléments auxquels M. Yvon "Villarceau est parvenu dans cette nouvelle approximation : Amphitrite. Époque : le 0,0 Mars i854 , temps moyen de Paris. Anomalie moyenne i23°5i' o",85 + 5,2791 5e Longitude du périhélie 56. Sa. 3 1 ,26 — 4; 2791 5s 1 Comptées de l'équin. Longitude du nœud ascendant 356.23.55, 19 — o,o494'5's j moyen du oMars. Inclinaison 6. 7.41,08 — o,oi655e Angle (sin = excentricité) 4- '^'^i ,76 — 0,3572 lîs Moyen mouvement héliocentr. diurne . 869",4824 1 — o , 000 1 856 Se. » Ces nombres donnent : Excentricité 0,07455210 — 0,00000172725e Demi-grand axe 2,5536647 -I- 0,000000 3634 5s Durée de la révolution sidérale. 4°"So8o8io -f- 0,000000871 1 5s. » La quantité c?e, que l'on remarque ici, est une correction indéterminée delà longitude moyenne de l'époque, qu'il a fallu introduire, attendu que les coefficients des équations de condition, ramenées à ne plus renfermer qu'une seule inconnue, se sont trouvés réduits à de très-petits nombres. » Les limites de l'indéterminée &£ sont impossibles à fixer exactement, surtout lorsqu'on n'a pas tenu compte des perturbations; les restes des équations de condition montrent seulement qu'on peut faire varier 0*2 entre ± loo'sans produire, dans les erreurs restantes, de changements qui attei- gnent i",5; or il s'en faut que l'on puisse compter, à i" près, sur toutes les positions moyennes employées. » Ces éléments, réduits à leur partie connue, ont fourni la comparaison présentée plus haut; les erreurs systématiques qu'on y trouve peuvent tenir à la fois aux incertitudes du tracé et aux perturbations. (Notons d'ail- leurs que les restes fournis par les équations de condition s'accordent à moins de o",i avec le calcul direct.) » On n'a pas voulu entreprendre le calcul des perturbations, à cause du retard qui en serait résulté. Amphilrite va bientôt reparaître, et il importait d'en avoir des éléments qui permettent de la suivre pendant tout le cours de sa prochaine apparition. » ( io65 ) MÉTÉOROLOGIE. — Augmentation probable de la grêle à Cuba, surtout de 1844 à i854 ; par M. André Poev. (Note présentée par M. Becquerel.) « Dans le dernier siècle et au commencement du présent, la grêle était toujours considérée comme un phénomène extraordinaire , dans les îles, comme la Jamaïque, la Martinique, et de même à Caracas, où elle avait lieu à des époques très-éloignées. Je m'occuperai seulement ici du météore par rapport à Cuba; je donne à la suite de ce Mémoire les cas que j'ai recueil- lis de grêle tombée dans cette île. Le premier tableau présente trente- neuf cas de grêle qui ont eu lieu dans une période de soixante et dix ans, de 1784 à 1854. » Le premier auteur qui, à ma connaissance, s'est occupé des chutes de grêle par rapport à Cuba , est le baron de Ilumboldt, qui avança qu'elles avaient lieu chaque quinze ou vingt ans. Quelles sont les raisons qu'il a eues pour fixer une telle période? Pendant un si long espace de temps, aucun cas de grêle n'eut-il réellement lieu à la Havane, ou l'illustre voyageur n'en eut-il pas connaissance? Sommes-nous certains qu'il ait fait toutes les démarches possibles pour n'avoir aucun doute sur la chute de la grêle chaque quinze ou vingt ans? Un cas de grêle se présenta pendant la tempête du 8 mars 1784, le même dont M. de Humboldt fut probablement informé, et dès lors, jusqu'au 3 de mars 1821, aucun autre cas ne paraît avoir eu lieu dans un intervalle de quarante ans. Par conséquent M. de Humboldt, étant arrivé à Cuba pour la première fois en 1800, fut informé des cas de grêle qui eurent lieu avant son époque, et le plus éloigné qu'il trouva fut peut-être celui de 1784, seize ans avant son arrivée à Cuba. Le second cas dont on eut connaissance eut lieu en 1825. » JjC second tableau indique seulement les cas de grêle observés à la Havane, depuis 1784 jusqu'à i854. Par ce tableau, ou voit que la première grêle dont j'aie eu connaissance pour la Havane, est celle du 8 mars 1 784. Cette grêle eut lieu pendant la tempête de San-Juan de Dios et, selon l'almanach, elle serait la plus ancienne connue dans cette ville. » De 1784 à 1825, aucune grêle ne paraît pendant un laps de quarante ans. De 1828 à 1846, il y eut dix-sept ans sans grêle; mais, de 1846 à 1849, il y eut quatre ans consécutifs dans lesquels le météore eut lieu avec la particularité de trois cas en 1849; un ^^ mars et deux en août. L'année de i85o ne présenta aucune grêle, mais il y en eut de i85i à i854. f Si, par manque de données, on ne peut déduire aucune loi par rapport ( io66 ) aux périodes des grêles à la Havane, au moius je puis avoir prouvé l'aug- inentation du météore dans ces dernières années, principalement depuis l'ouragan de 1846. » Le troisième tableau montre la distribution mensuelle des grêles à la Havane avec la température moyenne pour chaque mois, et il en résulte : 1° que pour les quatorze cas de grêle mentionnés, la plus grande fréquence a lieu en mars, avec une température de 23°, 37, et la moindre en février et juin, avec une température de 23°, 35 et 27°, 22; 2° qu'avril, dont la tem- pérature moyenne est presque la moyenne annuelle, donne trois cas, ainsi qu'août, qui est le mois le plus chaud de l'année : d'où il résulte que le maximum ne tombe pas dans les mois les plus chauds de l'année. » Quant aux circonstances qui accompagnent les grêles, M. de Humboldt a été le premier à indiquer que ce météore s'observe seulement pendant les explosions électriques et les vents de sud-sud-ouest, ce qui est vrai en général ; cependant la grêle du 27 août de i845, qui tomba à Santiago de las Vegas (Ojo del Agua) ne fut ni précédée ni suivie de pluie, d'explosions électriques ou de vents du sud. Ce fut une grêle à sec, qui eut lieu immédiatement après un violent coup de vent du nord-est, et dont les grêlons avaient la grosseur d'un petit pois. Par rapport aux heures dans lesquelles la grêle est tombée à la Havane, c'est entre i heure et 3 heures de l'après-midi, avant ou pendant une pluie abondante. » Grêles à l'intérieur de l'île. — Ayant présenté les grêles qui, à ma connaissance, ont eu lieu seulement à la Havane, leurs distributions an- nuelle, mensuelle et horaire, je donne à présent les cas qui ont été observés dans différentes localités de l'île, y compris celle de la Havane. » Nous voyons, par le quatrième tableau sur la distribution annuelle des grêles dans toute l'île, que, de 1784 à 1825, quarante ans s'écoulèrent sans fournir un seul cas de grêle; que, de 1825 à 1828, il y eut deux ans sans grêle; de 1828 à 1844? quatorze ans, car la grêle de i835 appartient à l'île de Pinos, située à 10 lieues du point le plus proche de Cuba; de 1844 à i854, la grêle tomba annuellement, à l'exception de i85o. » Le cinquième tableau sur le nombre de grêles qui ont eu lieu par année dans toute l'île de 1784 à i854, montre que la plus grande abondance de grêles se trouve en 1849, <î"^ offre neuf cas, et depuis, en i853, huit cas; en 1846, 1847 ^^ i852 il y eut trois cas, et en 1846, i85i et i854 seulement deux : dans les autres années un seul cas par an. » On observe par le sixième tableau sur la distribution mensuelle des grêles qui ont eu lieu dans toute l'île depuis 1784 jusqu'à i854 : 1° que les ( 1067 ) trente-neuf cas de gréle qui s'y trouvent sont distribués dans presque tous les mois de Tannée, excepté janvier, juillet, septembre et novembre ; a" que les mois de mars et avril, qui représentent la température moyenne de l'année, sont les plus abondants en gréle, et après viennent juin et août qui sont les mois les plus chauds de l'année; 3" que juillet, qui a une tempé- rature moyenne entre juin et août, n'a aucun des trente-neuf cas de grêle qui correspondent à un laps de soixante et dix ans; 4" que mars et avril montrent le maximum de cas de grêle pour ceux de la Havane, déjà men- tionnés, et que cette circonstance prouve ce que j'ai antérieurement fait remarquer, que la grêle ne tombe pas dans les plus chauds mois de l'année. » Le septième tableau, qui a rapport à la distribution géographique des grêles par départements et localités, nous montre : 1° que le département occidental présente vingt-sept cas, le central sept cas et l'oriental cinq ; a" que les grêles s'étendent dans le département occidental sur une surface comprise entre la Havane au nord, Alacranes au sud, San-Antonio-Abad de los Baùos à l'ouest, et Cardenas à l'est; 3° que la grêle est distribuée dans le département central entre Sagua- Oriental au nord, Villa-Clara au sud et à l'ouest, et Moron à l'est; 4° que dans le département oriental toutes sont concentrées dans la juridiction de Santiago de Cuba, excepté le cas de Bayamo. » L'Académie, en vue du Comité secret qui doit terminer cette séance, l'envoie à la suivante les autres pièces de la correspondance. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du i3 novembre 1 854, les ouvrages dont voici les titres : Sul colera. . . Sui- le Choléra asiatique; par M. le D' J.-B. Gabriele. Naples, i854; broch.in-8°. Royal astronomical... Société royale astronomique ; vol. XIV; n^g; in-8°, avec titre et table. Notices... Comptes rendus des réunions des membres de [Institution royale de la Grande-Bretagne; 4* partie; novembre 1 853 —juillet 1 854- Londres 1854; in-8". ( io68 ) The royal institution... Liste des membres de l'Institution royale de la Grande-Bretagne. Rapport du Conseil d administration pour l'année i853. Lon- dres, i854; in-8°. Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres ; vol. XIV; n°' 3 à 5; in-8^ The edinburgh... Journal philosophique d Edimbourg; juillet à octobre i854; in-8°. Abandhingen... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Berlin; année 1 853. Berlin, i854; in-4°. Astronomische. . . Nouvelles astronomiques ; n°'922 et gaS. Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n°' i3i à i33; 7, 9 et 11 no- vembre 1854. Gazette médicale de Paris; n° 45» 1 1 novembre i854- La Lumière. Revue de la Photographie; 4* année; n°45; 11 novembre • 854. L Athenœum jrançais. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux- Arts; y année; n° ^5; 11 novembre 1 854- La Presse médicale; n° 45; 1 1 novembre t854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n°» i32- 1 34; 7, 9 et 1 1 novembre i854- L'Académie a reçu, dans la séance du 20 novembre i854, les ouvrages dont voici les titres : Institut Impérial de France. Discours prononcés dans la séance publique tenue par [ Académie française , pour la réception de M. Dupanloup, évêque d'Or- léans, le 9 novembre i854; in-4°. Traité de Calcul différentiel et de Calcul intégral; par M. A. TiMMERMANS. Gand, i854; i vol. in-8°. Du choléra-morbus , considéré sous le point de vue de ses lésions anatomiques et physiologiques , de ses symptômes et de son traitement; par P.-J. Graux. Bruxelles, i854; in-4°. (Commission du prix Bréant.) ERRJTJ. (Séance du i5 novembre i854-) Page 968, ligne i5, au lieu de sulfhydrique , lisez cyanhydrique. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 4 DÉCEMBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOmES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. STATIQUE CHIMIQUE. — Sur l'emploi des volumes atomiques pour la classi- fication naturelle des espèces chimiques appartenant à la classe de corps qui renferme les alcools et leurs dérivés; par M. Dumas. L'extrait de ce Mémoire, ne pouvant être compris qu'avec le secours d'une figure, n'a pas pu trouver place dans le Compte rendu de la séance. THÉORIE DES NOMBRES.— iVo^e .îM^ Ze Canon arilhmeticus de Jacobi; par M. V.-A. Lebesgce. « Quand on a trouvé une racine primitive g ""' .p — i) : donc m indx ^ indA — indrt (raod. p"~* .p — j). De là directement, ou à l'aide de la Table, on tire ind x, puis x au moyen de la Table. Comme ind.c peut avoir plusieurs valeurs, il en est de même de X. » Le module 2" ne présente aucune difficulté, et si la Table n'était pas très-peu étendue, il serait également facile de la réduire à moitié. » Le Canon arithmeticus n'est pas seulement utile pour la résolution numérique de ax'" = b{moA. p"). Ainsi j'ai montré, d'après Eisenstein, comment le Canon fait connaître les coefficients entiers a^, a,, etc., de l'équation où p'" = I, p — i = mzs + 1, m > 2, -m— 1 Comme on en tire F(/') = [fW = Ao + A.p -h . . . + A,„_, p—, / = F(p).F(p-<), si, dans la décomposition de 'i.p en m carrés, on change a en A, on aura une décomposition correspondante de 2^* en m carrés. » Le Canon arithmeticus a été publié ( impensis Academiœ litterarum legice Borussicce); il est très-correct [cura et benevolentia virorum cla- rissimorum, Professorum Dirichlet, Dove, Steiner ; Doctorum Wolfers, Bremiker, Galle)., sans oublier surtout le célèbre astronome Encke, car Jacobi finit son Introduction par ces mots : Maximas autem gratias ago illitstrissimo Encke qui et his emendatricibus curis prœsidere et summo studio et benevolentia me egregiis consiliis in adornando opère adjuvare voluit. » Pourrait-on publier en France, et d'une manière analogue, des Tables d'exponentielles et de logarithmes modulaires (les mêmes sous un autre nom), ces Tables étant modifiées, surtout comme on l'a vu plus haut ? » C'est là une question à laquelle je ne saurais trop que répondre. » i4o.. ( '072 ) ZOOLOGIE. — Coup d^œil sur les Pigeons (deuxième partie); par S. A. Monseigneur Charles-Lucien Prince Bonaparte. Carpophagiens. a La quatrième et dernière sous-famille des Tréronides est celle des Carpophagiens, qui se compose de huit genres et trente-neuf espèces, trente-six de l'Océanie, et trois de l'Asie. Elles sont toutes de forte taille, et malgré la splendeur métallique de leurs ailes et de leur dos, elles manquent de ces brillants reflets gorge de pigeon si remarquables dans les COLOM- BiDES. Le dessous de leur corps , la tête et le col sont généralement de cou- leur claire. Le bec, allongé et faible, n'est corné qu'à son extrémité; les plumes du menton s'avancent beaucoup entre les branches de la mandibule inférieure. Les pieds, peu recouverts de plumes, ont la plante très-dilatée ; les doigts longs, le pouce très-développé ; les ongles sont forts et crochus. Les ailes sont amples ; la queue a constamment quatorze pennes. » D'un naturel farouche, ces Oiseaux se rassemblent cependant en troupes nombreuses, et ne pondent presque toujours qu'un seul œuf. » Notre premier genre est Globicera, Bp., dont les mâles, au moins dans le temps des amours, le plus souvent les deux sexes durant toute l'année, portent sur la base du bec un tubercule charnu plus ou moins turgescent. Nous en connaissons huit espèces en y comprenant Carpophaga aurorœ^ Peale, ainsi nommée d'une des îles de la Société, et que nous plaçons la quatrième. Commençant par les espèces confondues ensemble, et même avec Coluinba œnea, L., type des vrais Carpophages, nous enregistrons la première : » I. C. pacifica, Gm. {globicera^ Wagl.), figurée sous le nom de C. œnea sur la PI. 29 du J^ojage de l'Uranie. Ce n'est pas de la Nouvelle- Guinée, mais des îles de Tonga-Tabou et Waigiou qu'elle nous a été rap- portée; et M. Arnoux en a déposé plusieurs exemplaires provenant des îles Wallis. » 2. C.Jorsteri, Wagl. {tvil/iesii, Peale), de l'intérieur de l'île d'OtaViiti, facile à distinguer par sa tête et son col d'un noir de suie. » 3. C. oceanica, Less., de l'île d'Oualan, entièrement châtain en des- sous, figurée PI. 4i du P^ojage de la Coquille^ et reproduite par Kittlitz et M"* Rnip. » 4- C.aurorœ, Peale, ci-dessus mentionnée. » 5, Nous ferons suivre ces espèces, à peine débrouillées par nos prédé- ( '073 ) cesseurs, de la C. myristicivora^ Scopoli, de la Nouvelle-Guinée, que les dessins originaux de Sonnerat, conservés au Muséum, nous ont aidé à déterminer. Observons que l'espèce en question est basée sur la Pi. loa du Voyage de Sonnerat, représentant son Ramier cuivré mangeur de mus- cades, tandis que la Pi. io3 représente le Ramier blanc mangeur de mus- cades, dont nous parlerons plus bas. » Viennent ensuite deux espèces nouvelles : » 6. Globicera tarrali, Bp., que nous dédions à notre ami leD"^ Claude Tarral , chirurgien aussi habile que savant médecin , et si bien ap- précié par feu notre confrère M. Roux, qui, à plusieurs reprises, l'avait choisi pour suppléant. Sa science ne l'empêche pas de cultiver les beaux- arts, son jugement étant recherché comme autorité par les Directeurs de Musée les plus instruits. » Cette espèce nous a été rapportée, par l'Jsùrolabe, de Vanikoro; en voici la phrase caractéristique : J^iridi-smaragdina, vix aurea, nec œnea, unicolor, alis caudaque concoloribus; subtus obscure cinereo-casianea ,- pileo cerviceque dilate pluinbeis ; genis, gula albidiore, juguloque vinaceis ; lale- rihus fenioribusque fuscis; alis subtus nigris; crissa t ect rie i busqué caudœ injerioribiis castaneis. » 7. Globicera sundevalli, Bp., par l'établissement de laquelle nous venons de saluer le savant professeur Sundevall, digne successeur de Linné, à l'occasion de son dernier voyage à Paris. Cette espèce des Carolines, que notre Musée a reçue en 1849, de la Société des Missions, ressemble par ses couleurs à Carp. œnea; mais elle est plus verdàtre, et les tectrices infé- rieures de sa queue, les cuisses et les flancs sont beaucoup plus foncés que dans l'espèce linnéenne. JEneo-viiidis, in interscapilio scapularibusque aureomicans; subtus griseo-ardesiaca ; capite cerviceque latissime griseis , jronte albicante, capistro gulaque albis; jugulo pectoreque dilute vinaceis ; tectricibus caudœ injerioribus castaneis; alis subtus ardesiaceis, remigibus rectricibusque œneo-nigris unicoloribus , subtus valde obscuris; rostio nigro, cera vix globosa, minime turgescente; pedibus rubris. » Donnant la préférence à une dénomination de M. Gray qui n'a pas encore été publiée, j'abandonne celle manuscrite que j'avais appliquée à la belle espèce de la Nouvelle-Irlande, exposée dans nos galeries depuis plusieurs années, et je nomme ce beau Carpophagien : » 8. Globicera rubricera^Bp. exGr. Cupreo-viridis; capite, jugulo pec- toreque albo-viimceis ; cervice cana ; abdomine , ciisso femoribusque ferru- gineis; tectricibus caudœ inferioribus castaneis; remigibus rectricibusque atro-cjaneis, viridi-micantibus : ceromale lumido rubro. ( I074 ) » Le deuxième genre Carpophaga, Selby, est celui qui donne son nom à la sous-famille. Son type est, comme de raison, la CoLumba œnea,h., celle qui vit dans la Malaisie; elle doit être suivie par une espèce nouvelle des Philippines, et par deux autres du continent de l'Inde, qui ne diffèrent entre elles et d'avec le type que par de légères nuances : 2. sjlvatica, Tickell, a le bec plus petit, les ailes plus courtes, la tête, la poitrine et le ventre roussâtres, la queue peu foncée en dessous : et 3. pusilla, Blyth, qui s'en distingue par la taille, par le cendré plus pur de la tête et par la queue aussi sombre en dessous que Carp. œnea. « 4- Carpophaga chalybura, Bp., ex ins. Philipp. Siinillima C. œneae; sed capite colloque albidioribus , fronte concolore : cauda subtus dilutiore, cinei'eo-chalybœa, nec rufo-nigricante; rectrice utrinque extima rachide suhtus albida. » 5. La cinquième espèce de Carpophaga est, pour nous, la C. per- spiciLlata, Temm., de sa PI. col. 246, qui provient de Java, de Bornéo et jdes Moluques. » Comme sixième, nous rangerons une nouvelle espèce, qu'à cause de la couleur claire des couvertures inférieures de sa queue nous nommons 6. C. ochropjgia, Bp. Elle vitàBalaou,d'où nous l'a rapportée V Astrolabe. Majuscula : fusco-ciocolatina; subtus albo-testacea : pileo , genis , cervi- ceque latissiine cinereis ; gula roseo-albida ; pectore cinereo-vinaceo ; teciri- cibus caudœ inferioribus palliais, linea centrali fusca ; tectricibus alarum inferioribus , permis axillaribus, remigihusque interne, cinnamomeo-casta- neis : rectricibus rufo-ciocolatinis , subtus griseo-cinnamomeis . » 7. Le genre pourra se clore provisoirement par Carpophaga latrans., Peale, de Fidji, que nous ne connaissons pas, mais qui pourrait bien constituer encore un nouveau genre, à cause des caractères .singuliers qu'offrent les téguments du tarse et du doigt postérieur. » Deux précieux Pigeons des îles Philippines nous autorisent à établir notre troisième genre Ptilocolpa. Leur couleur est d'un cendré métallique, mais ils sont entièrement tachetés : leur queue plutôt courte est peu déve- loppée pour des Carpophagiens . Le singulier caractère qui m'a suggéré le nom du genre réside toutefois dans les rémiges : la première est profondé- ment festonnée sur le bord' externe ; elle est beaucoup plus courte que la cinquième ; et cette dernière, ainsi que celles qui la suivent, étant dilatée et entaillée à l'extrémité, se termine par deux lobes spatules. » Son type est une espèce tout à fait nouvelle, dont le jeune seulement gisait obscurément confondu parmi les exemplaires indéterminés du .lardiu des Plantes, et dont je viens d'acquérir l'adulte de M. Parzudaki. ( 1075 ) » I. Ptilocolpa enrôla, Bp.,exins. Philipp. Cuprea, in interscapilio pur- purascens, in tergo alisque aureo-ruhens , maculis smaragdinis couspersis ; capite, in mento albicante , colloque undique laie griseis ; pectore œneo- subvirescenti ; abdomine late rubro-vinaceo ; crisso albo ; tectricibus caudœ injèrioribus cinnamomeo-castaneis ; lateribus cinereo - virentibus : remi- gibus cupreo-nigricantibus , primariaruin apice opacis : alis subtus omnino cinereo-subi'iolaceis , unicoloribiui : rectricibus œneo-viridibus ; subtus nigri- cantibus ; extiinis cinereis ; rachidibus supra nigris , subtus , apice excepta , albis : rostro flavido ; pedibus rubellis. » Juvenis : subtus ex toto fusco-cinerea, minime castanea; wopjgio splendide viridi-smaragdino . » Je la dédie à ma fille la comtesse Primoli, Charlotte Bonaparte, digne aussi de son nom déjà illustré dans notre famille. » La seconde espèce, un peu plus forte et beaucoup plus claire, vient d'être dénommée Carpophaga griseipectus, Gr., dans le Musée Britannique. J'en possède moi-même un magnifique exemplaire adulte. » 2. Ptilocolpa griseipeclus, Bp. ex Gr. Mus. Brit. et Coll. Bp., ex ins. Philipp. CAnerea, caudam versus sensimfuscescens, maculis nigris cre- bris, in tectricibus alarum subconjluentibus; subtus pwpureo-castanea : pileo^ genis, cervice et interscapilio dilate griseis : gula , jugulo, et colli lateribus albis; scuto pectorali intense griseo : remigibus nigricantibus : rectricibus nigro-virentibus , subtus nigris ; extima utrinque subtus cinerea , rachide albido : rostro Jlavo ; pedibus rubellis. » Le quatrième genre Du CULA, Hodgs., participe, mais légèrement, du caractère principal de mon Ptilocolpa. Ses rémiges, à partir de la cinquième, sont aussi dilatées à la pointe, mais beaucoup moins, montrant à peine le premier rudiment d'une entaille à l'extrémité, et n'étant point lobées, et encore moins spatulées; du reste, leur première rémige, aiguë, n'est point festonnée, et leur coulpur générale, dépourvue de taches, incline davantage vers le roux, et est relevée par du gris sur la tête, du blanc à la gorge, ou du roux sur la nuque. Sept espèces constituent ce genre pour nous : » I. Ducula insignisy Hodgs., de l'Inde, qui en est le type. a 2. C. badia, B.ai{[es{capistrata, Temm.), son pariait analogue dans lat^ Malaisie, mais facile à distinguer par les couvertures inférieures des ailes d'un gris clair et non d'un roux cannelle. » Ajoutez en espèces anciennes les trois deTemminck : 3. C. lacernulata, 4. C. cineracea, et 5. C. rosacea, toutes si bien décrites et figurées par ce célèbre ornithologiste dans sa Monographie des Pigeons ou dans ses ( lo?^ ^ Planches coloriées. Ajoutez en espèces nouvelles C. paulina et C. basilica, ainsi nommées par le même auteur, mais seulement dans son Musée de Leyde. Voici les phrases que nous en avons prises dans le temps, et que de nouveaux renseignements obtenus ces jours-ci nous mettent à même de publier avec plus d'assurance. u 6. Ducula paulina, Bp. ex Temm. Mus. Lugdun.,ex ins. Celebens. yEneo-viridis ; subfus cum capite colloque glauco-vinacea ; nucha teclrici- husque caudce iuferioribus nifo-ferrugineis. » Je pense que c'est à M""' Rnip (Pauline de Courcelles) que M. Temminck a voulu dédier cette espèce : il me semble que c'est celle qu'il a figurée sur la PI. 4 de ses Pigeons, comme femelle de Vœnea, mais le type ne se re- trouve pas dans nos galeries où il était, dit-il, déposé. » 7. Ducula basUica, Bp. exTemm. Mus. Lugdun.,ex ins. Gilolo. Similis Carpophag.Tc reneai, sedpaulo major, et valde prœstantior : viridi-œnea , plu- misapicc late rufis, unde dorsofere toto lufescente : subtus cum tibiis tectri- cibusque alarum injerioribus lœte ruja, unicolor ; capite colloque undique, pectorisque parte anteriore albo-viuaceis ; ceivice pallide cœruleo-cana : rectricibus a basi viridi-coracinis, in medio cjatieo-nigris, apice griseo-Jus- cescentibus : rostro nigro, lœvissimo ; pedibus rubris. « La Ducula basilica kvA partie du petit nombre d'espèces de choix dont les figures sont destinées à illustrer le savant Manuel de Zoologie de Schle- gel. Nous avons vu ces miniatures qui feront époque dans l'histoire de l'art appliqué à la science. On ne sait qu'admirer le plus, de l'exactitude de la forme et des moindres détails, du fini du burin, ou de la pose naturelle de ces fidèles images, qui offrent un contraste si complet avec les indignes cari- catures dont on affuble notre cohue d'éditions de Buffon et de Cuvier avec leurs innombrables suppléments. » Le cinquième genre, si remarquable par la somptuosité des espèces qu'il renferme, est Zonœnas, institué par Reichenbach. Nous y admettons dans l'ordre suivant : » I. C. mulleri, Temm., de la Nouvelle-Guinée. » 2. C. pinon, Quoy etOaim., de la Nouvelle-Guinée. » 3. C. radiata, Quoy et Gaim., de Célèbes. » 4- C- zoece, Less., de la Nouvelle-Guinée. » 5. C. rujigastra, Quoy et Gaim., de la Nouvelle Guinée : cinq espèces toutes trop bien connues pour que nous nous en occupions davantage. » Le sixième genre est Hemiphaga, Bp., créé pour de très-brillants Car^ pophagiens de forte taille, dont le dessous du corps est mi-partie blanc et ( '077 ) vert, et qui tiennent le milieu entre les genres précédents et Megaloprepia qui suit immédiatement. » Une de mes quatre Hémiphages tient encore au genre Zonœnas par la bande grise de sa queue : c'est l'espèce des Philippines que Gray a figurée comme Carpophaga poliocephala dans ses Gênera oj birds. Mon type, au reste, et je le déclare ici formellement, a toujours été la C. iiovœ-zealcmdiœ , Gm., qui est aussi C. argetrœa de Forster, et spadicea de Lesson. Mais, mal- gré sa ressemblance, il ne faut pas la confondre, comme on ne l'a fait que trop souvent, avec la véritable spadicea, Lath. Cette seconde espèce du genre qui vit à la Nouvelle-Hollande, a le bec plus petit et le plumage beau- coup moins brillant, son manteau tirant au châtain foncé, et le reste du dos et des ailes n'étant que glacé de vert. C'est à elle qu'appartiennent comme synonymes les noms de C. leucogaster, Wagl., princeps, Vig., g'gns, Ran- zani; et les figures de M""* Knip, de Jardine et Selby, et de M. Gould. » Une erreur, qu'il serait peu généreux de rejeter sur le prote ou sur l'im- primeur, a fait changer à tort le nom spécifique delà quatrième Hémiphage, que j'appellerai Hemiphaga Jorsteni. Temminck avait voulu dédier cette espèce, l'une de ses nombreuses découvertes, à M. Forsten, Président du Comité d'exploration des Indes Hollandaises : d'autres, connaissant mieux le célèbre voyageur allemand que le savant docteur hollandais, substituè- rent Forsteri à Forsteni; et Gray (qui visant droit au but ne transige jamais avec ses principes immuables), trouvant deux Carpophaga forsteri, appela celle-ci C. albigularis. Mais, après cette explication, nul ne s'opposera, j'es- père, à la restauration du nom légitime, qui a plus d'un avantage sur le second. » Megaloprepia est le nom donné par le professeur Reichenbach au septième genre dont le type est Columba magnifica, ïemm., si justement ainsi nommée. Le nord de la Nouvelle-Hollande en nourrit une race beau- coup plus petite, mais parfaitement semblable, qui se retrouve à la Nouvelle- Irlande. C'est pour nous une seconde espèce que nous nommons Megalo- prepia puella d'après Lesson, ce nom ayant la priorité sur ceux d'amarantha, Selby, et d'assimilis, Gould. Elle est beaucoup plus rare que la grande dans les collections; nous avons pu cependant en examiner sept ou huit exem- plaires, auxquels nous avons toujours trouvé douze pennes à la queue au lieu de quatorze ; malgré cela, nous ne pouvons encore accepter ce caractère dangereux. Nous croyons devoir adjoindre comme troisième espèce aux Megaloprepia la jolie Columba perlata, Temm., de la Nouvelle-Guinée, à c. p.., i8-4, a"»<= Semrftrc. (T XXXIX, N» 25) '4' ( '078 ) taches couleur de rose sur les ailes, que l'on place généralement parmi les Ptilopodiens. » Le dernier genre des Carpophagie/is comprend les espèces blanches appelées exclusivement MvRiSTicivORA par Reichenbach. Son type est le Ramier muscadivore blanc de la Pi. io3 du Voyage de Sonnerat à la Nou- velle-Guinée (qu'il ne faut pas confondre avec le cuivré de la PI. loa, Glo- bicera myristivora). Scopoli, le premier, le nomma C. bicolor, ce qui rend inutiles les noms postérieurs alba, Gm., et littoralis, Temm. i> La seconde espèce, C. liictuosa, Reinwardt, de l'île de Java, qui se dis- tingue par les plumes des cuisses noires, a été longtemps la seule à lui adjoindre. Mais il faut leur ajouter comme relativement nouvelle, sinon la Carp. casta, Peale, de Soloo, trop semblable à la luctuosa qui a aussi qua- torze pennes à la queue, du moins une troisième nommée depuis longtemps grisea par Gray dans le Musée Britannique et argentea par Temminck dans celui de Leyde, sans jamais avoir été régulièrement présentée au monde savant. Elle provient de Bornéo et nous la nommerons définitivement Afy- ristivora grisea^ Bp. ex Gr. Similis M. bicolori; sed major (Long. 16 poil. Alar. 8 poil.) : griseo-argentea , capite colloque dilutiorihus ; remigibus, scapularibus j rectricibusque basi late alba, ni gris. r. Le jeune a Ips bords des plumes bruns. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. LE Ministre de l'Instruction publique transiftet un Mémoire de M. G. Faure, professeur à Bastia (Corse), ayant pour titre : Nouvelle théorie des parallèles rigoureusement démontrée sans le secours d'aucun postulatum. — Trisection élémentaire de V angle par l'intersection de deux circonférences. La deuxième question étant du nombre de celles dont l'Académie a depuis longtemps renoncé à s'occuper, et la première, qxioique n'ayant point été l'objet d'une décision formelle, étant de fait, depuis longues années, ran- gée dans la catégorie des questions à l'occasion desquelles on ne nomme plus de Commissions, MM. les Secrétaires perpétuels feront savoir à M. le Ministre que le Mémoire transmis n'est pas de nature à devenir l'objet d'un Rapport. ( '«79 ) M. LE Ministre de la Guerre transmet un second Rapport qui lui a été adressé par M. Hardj, directeur de la Pépinière centrale : Sur un pre- mier essai de dévidage des cocons du Bombyx cynthia. Ce Mémoire est accompagné de la Lettre suivante : « Paris, le 3o novembre i854- « Monsieur le Secrétaire perpétuel , « Le 12 octobre dernier, par dépêche n° 1007, j'ai eu l'honneur de vous communiquer, avec prière de le soumettre à l'Académie, un Rapport dans lequel se trouvaient consignées les observations faites touchant une pre- mière éducation du Bombyx cynthia, opérée à la Pépinière centrale du Gouvernement à Alger. » Je viens de recevoir, et j'ai l'honneur de vous transmettre ci-joint, avec un échantillon de soie, un nouveau Rapport sur le même objet et qui me paraît présenter assez d'intérêt pour être également mis sous les yeux de l'Académie. » Il résulte de ce travail que le ver à soie du ricin réussit admirablement en Algérie , où une seconde éducation vient d'accomplir toutes ses phases dans les meilleures conditions possibles, et qu'il est vraisemblablement appelé à accroître les éléments déj^ nombreux de la production agricole coloniale. » Conformément à mes instructions, la personne désignée pour diriger ces éducations, M. Hardy, Directeur de la Pépinière centrale du Gouverne- ment , s'est principalement attachée à rechercher l'emploi industriel des cocons du nouveau Bombyx ; c'est là en effet, ce semble, aujourd'hui le point capital de la question. Aucun résultat concluant ne s'est encore pro- duit, mais j'ai prescrit de continuer les expériences, et je ne désespère pas de pouvoir signaler prochainement à l'Académie quelque succès à cet égard. j) Je vous serai reconnaissant, monsieur le Secrétaire perpétuel , de vouloir bien me faire connaître l'opinion qui sera émise par la haute société au sujet des deux Rapports sus-mentionnés. » Le nouveau Mémoire de M. Hardy est renvoyé à l'examen de la Com- mission qui avait été désignée à l'époque de la présentation du Mémoire précédent. ( io8o } L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Sciences physiques, question concernant la distribution des corps orga- nisés dans les différents terrains sédimentaires, suivant leur ordre de super- position, (Renvoi à la future Commission.) BOTANIQUE. — Études sur les Zostéracées (deuxième Mémoire); par M. P. DucHARTRE. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Ce deuxième Mémoire est relatif aux genres Thalassia Solan., Rœn., Cj-modocea, Rœn., et Posidonia, Rœn. » B. Genre Thalassia Solan., Rœn. — 1°. Thalassia ciliata, Rœn. N'ayant pas eu à ma disposition le Thalassia testudinwn, Rœn., j'ai pris comme type de ce genre le Zostera ciliata, Forsk., de la mer Rouge, que Rœnig y rapporte sans hésitation, bien qu'il n'en connaisse pas la fructification. » Cette plante a une tige dressée, consistante, à nombreux entre-nœuds^ qui, déjà courts à sa base, vont en se raccourcissant graduellement vers le sommet couronné par un faisceau de feuilles. Les branches, lorsqu'il en existe, ressemblent tout à fait à la tige. Je n'ai pas vu l'enracinement de 1» plante. Les feuilles sont alternes-distiques, assez consistantes, parcourues par de nombreuses nervures parallèles qui s'anastomosent en arc sur une ligne parallèle au sommet. Leur portion inférieure est très-pâle, forme une gaine terminée par une ligule transversale. » La tige du Thalassia ciliata présente : i° à son centre, un corps cen- tral composé de fibres ligneuses, à parois très-épaisses, conformé en tube dont la cavité est occupée par un tissu très-délicat, à cellules étroites et allongées; 2° une zone lacuneuse, creusée de grands tubes longitudinaux, vers le milieu de laquelle se trouvent six faisceaux excentriques, organisés comme le faisceau central, et rangés en deux groupes opposés, de trois chacun ; 3° une zone corticale sans faisceau de liber, épaisse, subdivisée eii^- une couche interne, très-développée, formée de cellules allongées, à parois très-épaisses, comme coUenchyraateuses, et une couche externe, sous-épider- mique, plus mince, formée d'un parenchyme plus délicat, à cellules plus courtes, plus larges, que recouvre une lame épidermique bien distincte. Il n'existe pas de vaisseaux dans cette tige. « Les racines ont une organisation semblable ; mais elles ne présentent pas de faisceaux excentriques. ( io8i ) » Les feuilles sont formées, sous un épiderme rempli de chlorophylle [epiblema), d'un parenchyme lâche et continu, parcouru par les nervures, dont l'organisation reproduit exactement celle des faisceaux de la tige. Elles n'ont ni lacunes longitudinales, ni faisceaux libériens. » 2°. Thalassiapectinijera, Dtre. Cette plante est conservée dans l'herbier du Jardin des Plantes; elle vient de l'archipel des Philippines. Elle est surtout caractérisée : par des écailles cornées, divisées en peigne, attachées à la base de la tige, par ses faibles proportions, par ses feuilles très-entières et presque tronquées au sommet, pourvues à leur base d'une gaîne et d'une ligule. Sa tige et ses feuilles ont une structure entièrement analogue à celle du Tlialassia ciliata. » 3". Thalassia antarctica, Dtre [Ruppia antarctica, Labil.). Cette plante que les botanistes ont successivement transportée dans les genres Ruppia^ Cnulinia, Kernera, Posidonia, C/inodocea, ressemble tellement aux deux espèces précédentes par l'ensemble et la structure de ses organes végétatifs, que je crois impossible de l'en éloigner. La seule différence avec le Thalassia ciliata qu'il m'ait été possible d'y constater consiste dans l'existence, au milieu de la zone corticale, d'une troisième couche formée de cellules à parois très-épaisses, ponctuées, très-allongées. Elle a, du reste, un corps central en forme de tube ligneux rempli d'un tissu très-délicat, et une zone lacuneuse dans laquelle se trouvent six faisceaux excentriques, organisés et disposés comme chez les Thalassia ciliata et pectinijera. » 4°- Thalassia stipulacea, Kœn. (Zostera stipulacea, Forsk.). Cette plante, dont on n'a pas vu la fructification, doit être exclue des genres Thalassia et Zostera, en raison de la différence totale qui existe dans la disposition, la conformation et la structure de ses organes végétatifs. » C. Genre Cymodocea, Kœn. i". Cjmodocea œquorea, Rœn. J'ai pu étudier cette plante qui manquait jusqu'à présent dans la presque totalité des herbiers, sur une belle série d'échantillons stériles et fertiles des deux sexes recueillis cette année, dans le golfe de Smyrne, par M. Balansa. » Le Cjmodocea œquorea possède un rhizome horizontal qui s'allonge en avant par le développement de son bourgeon terminal, et se détruit en arrière après un temps qui me paraît devoir être plus long que chez les Zostera. Ce rhizome se fixe au sol du fond de la mer par des racines soli- taires, qui naissent des nœuds, le long de son côté inférieur. Ses entre- nœuds sont généralement allongés. A tous ses nœuds, ou à peu près, nais- sent des rameaux alternes-distiques comme les feuilles, caractérisés par le grand nombre et la brièveté de leurs entre-nœuds, redressés et en même ( io82 ) temps inclinés en avant, terminés par un faisceau de feuilles. Celles-ci ont la configuration générale de celles des Zostera, avec leur gaine et leur li- gule. L'existence constante des rameaux, la brièveté de leurs entre-nœuds opposée au développement de ceux du rhizome, l'isolement et la situation des racines adventives me semblent être les caractères végétatifs les plus tranchés des Cjniodocea. » La tige du Cjmodocea ressemble à celle des Zostera par la disposition et la structure de ses trois parties constitutives, corps ou faisceau central, zone lacuneuse et zone corticale ; mais elle s'en distingue très-nettement : 1° par le grand nombre de ses faisceaux excentriques rangés sur deux cercles concentriques, et situés isolément dans l'épaisseur de la zone corti- cale; a° par l'absence des faisceaux libériens. Il y existe des trachées très- visibles. » La feuille de cette plante a ses nervures longitudinales anastomosées entre elles à des niveaux différents au-dessous du sommet. Intérieurement elle présente, sous un épiderme rempli de chlorophylle, un parenchyme à grandes cellules, creusé, dans chaque intervalle entre les nervures, de deux grandes lacunes longitudinales, vers le milieu de l'organe, d'une seule plus près des bords. Les cloisons que parcourent ses nervures, au nombre de sept ou neuf, sont subdivisées en trois lames, vers chaque face, par deux paires de lacunes ; on compte même trois paires de lacunes et, par suite, quatre lames dans celle qui renferme la nervure médiane. Deux faisceaux libériens se trouvent aux extrémités de la lame médiane de chaque cloison. Deux autres de ces faisceaux longent les deux bords. Cette feuille ressemble donc à celle des Zostera; elle s'en distingue cependant par le nombre et la situation de ses lacunes et de ses faisceaux libériens. » 2°. Cyinotlocea preauxiana , Webb. Avec une organisation semblable dans sa généralité, cette plante diffère notablement de l'espèce précédente dans les détails de son anatomie. » D. Genre Posidonia, Rœn. Le Posidonla cnulini, Kœn., est organisé d'après un type différent de celui des trois genres précédents. Son rhizome rampant présente intérieurement une masse de parenchyme court et irré- gulier, rempli de fécule et entremêlé de cellules pleines d'un suc rouge- brunâtre. L'axe de cette masse est formé par im faisceau ligneux à 3-5 angles longitudinaux, composé uniquement de cellules à parois très- épaisses, et qu'entoure un cercle étroit, consistant en parenchyme délicat, entremêlé de vaisseaux nombreux, spiraux, annelés et réticulés. Dans tout le reste de la masse sont épars de nombreux faisceaux d'autant plus petits ( io83 ) qu'ils sont pluà extérieurs, constitués par un prosenchyme à parois très- épaisses. » Les feuilles alternes-distiques, comme dans toutes les Zostéracées, res- semblent quant à leur structure à celles des Thalassia par leurs nombreuses nervures longitudinales et par leur parenchyme continu, sans lacunes. Elles se rapprochent de celles des Zostera et des Cymodocea par l'existence de cellules libériennes sous leur épidémie. Elles se distinguent enfin de ces dernières parce que leurs cellules libériennes sont très-nombreuses, non réunies en faisceaux définis, mais placées irrégulièrement de manière à combler les espaces qui existent çà et là entre l'épiderme et les cellules du parenchyme sous-jacent. » Le résultat dernier de mes Eludes sur les Zostéracées est, comme on le voit, que les caractères végétatifs et anatomiques des genres Zostera, Thalassia, Cymodocea, Posidonia, les distinguent aussi bien que peuvent le faire ceux de la reproduction . » PHYSIQUE DU GLOBE,— Note surlcs recherches de l'iode de l'air par la rosée; par M. Ad. Chatin, a Quelques chimistes ont tenté, en ces derniers temps, de reconnaître la présence de l'iode dans l'atmosphère, soit par l'analyse des eaux pluviales, soit en faisant passer un grand volume d'air dans une petite quantité d'eau destinée à le dépouiller de ce principe, et de leurs résultats négatifs ils ont cru pouvoir conclure à l'absence de l'iode. » Cependant la présence de l'iode dans l'air n'est pas seulement un fait établi par mes observations directes, vérifiées par une Commission de l'Aca- démie des Sciences dan* un travail long et minutieux, c'est encore un fait qui, avant d'être directement établi, se présentait comme une déduction tellement légitime des faits antérieurement observés, qu'à moins de mettre en doute la raison, il pouvait être permis de l'affirmer, même dans le cas où sa vérification directe n'eijt conduit qu'à des résultats négatifs, et l'on sait que ce n'eût pas été alors le seul exemple de faits certains quoique non susceptibles de démonstration expérimentale. » Voici succinctement les faits qui conduisent, en dehors même de la vérification expérimentale, à faire admettre l'existence de l'iode dans l'air : » 1°. L'iode est assez abondant chez les plantes des eaux douces pour être aisément reconnu, même dans la lessive brute de leurs cendres. » 2°. L'iode ne pouvant être produit par les plantes qui le puisent néces- ( io84 ) sairement dans les eaux, il est clair qu'il doit y être contenu et qu'on eût été en droit d'affirmer le fait, même si, ce qui était possible, les moyens analytiques n'eussent pas permis de l'y retrouver. Mais la démonstration a été directement faite, non-seulement par nous-même, mais par M. Mar- chand, par M. le professeur Filhol, de Toulouse, dans ses belles et exactes recherches sur les eaux des Pyrénées, par M. le professeur Poggiale dans son très-important travail sur les eaux des casernes et des forts des environs de Paris, elc. » 3°. Lorsqu'une eau commune est évaporée après addition préalable de potasse (privée d'iode), on trouve son iode dans le résidu fixe; quand la même eau est évaporée sans potasse, il n'y a plus d'iode dans le résidu fixe ; mais si l'on condense l'eau vaporisée, on trouve dans celle-ci tout l'iode qui existait dans l'eau avant sa distillation. Si la vapeur d'eau n'était pas recueillie, elle irait évidemment dans l'atmosphère et son iode avec elle. Or se passe-t-il autre chose à la surfoce de la terre dans le grand phénomène de la formation des vapeurs qui sans cesse s'élèvent dans l'air? » L'iode existe donc au même titre dans l'atmosphère de la terre et dans le dôme d'une cornue où de l'eau est réduite en vapeur; il tombe de la pre- mière avec la pluie, il descend du second avec l'eau condensée. De telle sorte que si nous ne trouvions pas l'iode dans l'air ou dans les eaux qui y sont condensées, nous aurions, non à nier sa présence, mais à accuser d'im- perfection nos moyens actuels d'investigation. Heureusement, il n'en est rien. J'ai constaté la présence de l'iode en lavant de 4ooo à 8000 litres d'air (les poussières étant interceptées) ; je l'ai trouvé dans l'eau de pluie, je l'ai trouvé surtout abondant dans le givre. C'est même ce dernier fait qui m'a paru devoir être repris pour mettre aux mains de tous les chimistes une substance fournie par l'atmosphère et contenant assez d'iode pour que sa présence pût y être facilement constatée; seulement, au lieu de givre, qui ne se forme que rarement, j'ai opéré sur la rosée, produit aussi de la con- densation des vapeurs les plus basses de l'air, et qu'il est facile de recueillir par le moyen qu'a employé M. Boussingault dans ses belles recherches sur l'ammoniaque de l'atmosphère, savoir, en étendant une pièce de batiste sur un châssis exposé à l'irradiation nocturne. » Voici comment on opérera pour découvrir l'iode dans la rosée, qui en contient au moins six fois plus qu'un poids semblable d'eau de pluie : » A I litre ou même à o''*,5 de rosée on ajoute à peu près i gramme de carbonate de potasse bien privée d'iode (il faut employer d'autant plus de carbonate alcalin que la rosée est salie par plus de matières organiques. ( io85 ) l'excès de celles-ci causant une grande perte d'iode au moment de la cal- ciuation),on évapore, on calcine avec modération, on reprend par l'alcool H 94 degrés, on évapore de nouveau, on calcine à la lampe jusqu'à ce que Je résidu, qui d'abord noircit, soit devenu incolore : de J'iodure de potassium (mêlé d'une faible quantité d'autres sels) reste au fond de la capsule où, apr«s refroidissement et solution dans j décigramme d'eau, on le recon- , naîtra (dans la capsule même autant que possible) par toutes ses réactions. En opérant sur une suffisante quantité de rosée, on pourra obtenii- un pré- cipité pondérable d'iodure de palladium qui, décomposé dans un tube, don- nera des vapeurs d'iode. » Je ferai la remarque, en terminant, que, pomme on pouvait le prévoir en se reportant à leurs sources, il y a un certain parallélisme entre l'iode et l'ammoniaque quant aux proportions générales de ces corps dans la pluie et la rosée. » (Renvoi à l'examen delà Commission nommée pour les précédentes com- munications de l'auteur relatives à la recherche de l'iode; Commission à laquelle on invite à s'adjoindre M. Boussingault, qui s'est beaucoup occupé d'analyses de la rosée, comme moyen de constater la présence des substances répandues en faible proportion dans l'atmosphère.) PHYSIQUE DU GLOBE. — Recherches sur le magnétisme terrestre. (Premier Mémoire : P^ariations du magnétisme terrestre comparées aux variations périodiques de la température par l'influence magnétique du Soleil. — Deuxième Mémoire : Instruments destinés à indiquer en même temps l'analogie ou la différence des variations diurnes de la déclinaison ma- gnétique et de la température. — Troisième Mémoire : Détermination du pôle et de l'équateur magnétique)', par M. Mcller. « Ce travail, qui a simplement pour objet d'étudier si l'influence solaire est directe ou indirecte, se base exclusivement, dit M. Mùller, sur vingt années d'observations faites à Paris par M. Arago, et dont les registres viennent d'être déposés à la Bibliothèque de l'Institut. J'y joins, comtae pièces à l'appui, plusieurs cartes construites sur les données même de M. Arago, par une méthode graphique nouvelle, et, entre autres, la courbe des variations moyennes de la déclinaison pour une année tout en- tière. » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Duperrey, de Senarmont, Bravais. ) C, R. i854 , a"' Semetire. (T. XXXIX, N» 43.) ' 4^ ( io86 ) MÉTÉOROLOGIE. — Nouvelles observations relatives à la grêle et au grésil ; par M. Depigny. Dans cette Note, qui fait suite à celle qui a été mentionnée dans la séance du 20 novembre, l'auteur donne le résultat de quelques observations qu'il a faites ultérieurement. Ayant eu, le 29 novembre, occasion d'examiner la nature de la neige qui, tombée pendant dix jours, formait une couche épaisse, il trouva la couche supérieure composée de grains arrondis d'appa- rence saccharoïde, formés eux-mêmes de l'agglomération de corps plus petits également sphériques. Le lendemain, après une apparence fugitive d'orage qui se manifesta seulement à Longchaumois, par un éclair, et sans qu'on entendît aucun bruit, on observa sur le sol des grains de grésil, ana- logues pour la composition à ceux dont il vient d'être parlé, mais dont la forme en toupie était tout à fait celle des grêlons décrits dans la précédente communication. Cette Note est renvoyée, comme l'avait été la première, à l'examen de M. Pouillet. PALÉONTOLOGIE. — Note sw les ossements fossiles de crocodiles récemment découverts dans le calcaire tertiaire de Lecce, royaume de Naples ; par M. Costa. ( Renvoyé à l'examen de M. Duvernoy. ) MÉCANIQUE. — Description et Jigure d'un nouveau système de pistons designés sous le nom de pistons diaphragmatiques; ^ar M. V. Mathieu. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Seguier. ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description d'un nouveau pétrisseur mécanique ; par M. Bouvet. (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, et M. le Maréchal Vaillant.) MÉDECINE. — Note sur les conditions dans lesquelles se développe la contagion du choléra-morbus ; par M. Ancelon. L'auteur, en s'appuyant d'une part sur un certain nombre d'observations particulières qui lui sont propres, et de l'autre sur quelques faits généraux admis par tous les praticiens qui ont eu occasion d'étudier la marche et les symptômes de la maladie, arriye à cette double conclusion : 1° que le cho- ( io87 ) léra n'est pas ordinairement contagieux pendant la vie des cholériques ; a° que la contagion n'est redoutable que près des cadavres des cholériques dont la présence, sur un point donné, constitue un foyer épidémique. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie.) MÉDECINE. — Cause secondaire du choléra-morbus ; parM.BiLUARD, de Corbigny. Dans une précédente Note, l'auteur avait assigné au choléra-morbus, comme cause première, la diminution de l'ozone dans l'atmosphère; sa nou- velle Note a pour objet d'établir que cette modification dans l'air en amène une autre dans l'organisation animale, modification en vertu de laquelle les liquides contenus dans certains vaisseaux et les substances contenues dans le tube digestif sont soustraits à l'action de la vie et restent uniquement sou- mis a l'action des forces qui régissent la matière inerte : de là production d'une fermentation putride, dégagements de gaz et autres phénomènes phy- siques au moyen desquels on peut, suivant l'auteur, se rendre compte des phénomènes morbides observés dans une attaque de choléra, depuis sa période d'incubation jusqu'à sa terminaison funeste ou favorable. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie.) MÉDECINE. — Intoxication des marais proposée comme devant anéantir le miasme paludéen (deuxième Mémoire); par M. H. de Martinet. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. GoRREA adresse de Lisbonne, pour la Commission chargée de juger les pièces admises au concours du prix Bréant, plusieurs flacons remplis d'un médicament annoncé comme remède préservatif du choléra-morbus. On fera savoir à l'auteur que ce remède ne pourra être pris en considé- ration par la Commission tant que la formule n'en aura pas été donnée. La composition, du reste, une fois connue, l'envoi du médicament préparé devient sans objet. M. Verstraete Iserbtt adresse une nouvelle Note relative, comme les précédentes, à la manière dont, suivant lui, nous acquérons par la vue la connaissance des corps. (Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés, MM. Magendie, Serres, de Senarmont.) 142.. ( io88 ) M. GciÈT adresse de Montfort (Sarthe) un Mémoire ayant pour titre : Observations géogéniques, et exprime le désir que ce travail soit renvoyé à l'examen d'une Commission. (Commissaires, MM. Cordier, Dufrénoy, Boussingault.) CORRESPONDANCE. En mettant sous les yeux de l'Académie le premier volume d'un ouvrage de feu M. le professeur Roux, intitulé : Quarante années de pratique chi- rurgicale, M. LE Secrétaire perpétcel donne lecture d'une Lettre de M. Anatole Roux, fils de l'honorable académicien, qui fait hommage, en son nom et au nom de sa famille, de cet ouvrage que son père préparait de longue main, et dont une mort prématurée ne lui a pas permis de surveiller la publication. M. Dupix offre, au nom de l'auteur M. Bourgois, un Rapport sur la navigation commerciale à vapeur de l'Angleterre {yoir au Bulletin biblio- graphique). L'ouvrage avait été présenté à l'Académie, mais, par suite de sa publica- tion, la Commission qui avait été chargée de l'examiner n'en peut plus faire l'objet d'un Rapport. M Chatin prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Botanique, par suite du décès de M. Gaudichaud. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) M. Jules Cloquet prie également l'Académie de le vouloir bien compter parmi lés candidats pour la place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie^ par suite du décès de M. Roux. (Renvoi à la Section de Médecine et Chirurgie.) M. JcLES Gu^rin adresse une semblable demande. (Renvoi à la même Section.) ( 1089 V PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur la limite des neiges perpétuelles dans les Alpes françaises i par M. Rozet. « Il est écrit, dans plusieurs ouvrages de physique et de météorologie, que la limite inférieure des neiges perpétuelles dans les Alpes se trouve à 2 708 mètres au-dessus du niveau de la mer. » Les observateurs à qui l'on doit cette détermination ne se sont certaine- ment pas rendu compte de ce que l'on doit entendre par neiges perpé- tuelles; ils auront pris pour telles celles accumulées par les vents, contre des obstacles et dans des cavités , en quantité assez considérable pour que la chaleur du soleil ne puisse parvenir à les fondre pendant l'été. Il existe im grand nombre de sommets et plusieurs plateaux, élevés de plus de 3 3oo mètres, cjui ne conservent pas de la neige pendant tout l'été. » La limite inférieure des neiges perpétuelles est le lieu où la neige, tombée, directement, pendantles saisons froidessur une surface horizontale, ne reçoit pas une assez grande quantité de chaleur, pendant la durée des saisons chaudes, pour se fondre entièrement. » Mes observations pendant les années i85i, i853 et i854, m'ont con- duit à fixer le niveau de ce lieu, dans nos Alpes, vers 3 4oo mètres au- dessus du niveau de la mer, c'est-à-dire à 700 mètres de plus que celui actuellement adopté. ' » Dans un Mémoire, lu devant l'Académie le i5 décembre j85i (i), j'ai montré que la pluie résulte toujours de la neige tombante, qui commence à fondre à une hauteur proportionnelle à l'élévation de la température. J'ai établi, en outre, que, lorsqu'il pleut dans les vallées à une altitude de 800 mètres, le thermomètre marquant + 16°, il neige vers 3 000 mè- tres. L'été dernier, le thermomètre a souvent dépassé -f- a5". Dans ces mêmes vallées, et pendant la pluie, la neige couvrait toujours les som- mets et les plateaux situés vers 3 400 mètres d'altitude, dans toute la région montueuse partant du mont Viso pour s'étendre jiisqu'aux vallées de la Durance et de Barcelonnette. » A ce niveau, je n'ai jamais vu pleuvoir, et comme il est sensiblement le même que le plus bas, auquel j'aie trouvé de véritables neiges perpé- tuelles, j'en conclus que la limite inférieure de ces neiges se trouve exacte- ment au même niveau que le lieu où commence la pluie dam les plus (1) Comptes, rendus , tome XXXIII, ( logo ) fortes chaleurs; ou, en d'autres termes, que les neiges perpétuelles commencent à une surface de niveau au-dessus de laquelle il ne pleut jamais, élevée, dans nos Alpes, de 3 4oo mètres au-dessus de la mer. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Action du Jluide séminal sur les corps gras neutres ; par M. Longet. « Je me propose d'adresser prochainement à l'Académie un travail dans lequel sont consignés les résultats de mes recherches concernant l'action de divers liquides de l'économie animale sur les matières grasses. Ici je me bornerai à donner un extrait sommaire de la partie de ce travail qui se rapporte au Jluide séminal étudié sous ce point de vue. » 1°. Si l'on mélange avec le fluide séminal une matière grasse neutre (de l'huile d'olives par exemple), et si on les agite ensemble, le mélange se transforme aussitôt en un liquide semblable à du lait; il se fait une émulsion. Celle-ci est tellement parfaite, que, jusqu'au moment même de la putréfaction (avec une température de + 15" à + 20°), le liquide blanc et crémeux ne change pas du tout d'apparence, et qu'il n'y a par le repos aucune séparation entre la matière grasse et le fluide séminal. » 2**. Lorsqu'un pareil mélange a été maintenu au bain-marie entre + 35" à + 4o°» pendant quatorze à seize heures, on constate que, sous l'influence du liquide séminal, la graisse n'est pas" seulement divisée et émulsionnée, mais qu'elle est, en outre, modifiée chimiquement. Car la matière grasse neutre et le fluide séminal alcalin forment, au moment de leur mélange, un liquide blanc laiteux à réaction alcaline, tandis qu'après le laps de temps indiqué, le même liquide présente une réaction sensi- blement acide. » Si, parmi les fluides animaux, le fluide séminal n'est pas le seul à produire la saponification des graisses, c'est-à-dire leur décomposition en glycérine et en acide gras, je n'hésite pas à affirmer que du moins il est celui qui possède ce pouvoir au plus haut degré. Je ne sache pas que cette propriété intéressante, que je rattache à certaines conditions de l'acte géné- rateur, ait été signalée, jusqu'à présent, par d'autres observateurs. » MÉDECINE. — Sur la physiologie des paralysies; par M. Marshall Hall. a La physiologie des paralysies est encore à faire. Puisqu'il y a deux principaux centres nerveux, le cerveau et la moelle épinière, il doit y avoir deux ordres spéciaux de paralysies : le premier où l'influence du cerveau, ( 109' ) le second où l'influence de la moelle épinière est anéantie ou interceptée. B J'appelle paraljsie cérébrale la paralysie dans laquelle l'influence du cerveau est interceptée, et paralysie spinale la paralysie dans laquelle l'influence de la moelle épinière est interceptée. Cela ne veut pas dire qu'il y a maladie du cerveau ou de la moelle épinière dans ces cas res- pectivement ; mais bien que l'influence de ces organes est, par quelque cause ou maladie que ce soit, annulée par rapport aux muscles des membres paralysés. L'hémiplégie produit ordinairement une paralysie céré- brale, mais aussi, dans les cas très-forts, une paralysie spinale : tandis qu'une maladie limitée à un petit espace de la moelle épinière dorsale produit une paralysie cérébrale des membres inférieurs, l'influence de la partie de la moelle située en dessous du point malade continuant à s'exer- cer. De même une destruction d'une longueur considérable de la moelle ■ épinière, ou anéantissement des fonctions de nerfs spinaux, produit une paralysie spinale. » Une paralysie cérébrale est donc une paralysie où les muscles sont privés de l'influence du cerveau; une paralysie spinale, une paralysie où les muscles sont privés de l'influence de la moelle épinière. » L'hémiplégie de la face est une paralysie cérébrale; la paralysie du nerf facial est une paralysie spinale. Or, voici les caractères de ces deux espèces de paralysies : » Dans la paralysie cérébrale, l'influence de la volonté est seule inter- rompue. Il n'y a plus dans ces paralysies, lorsqu'elles sont complètes, de mouvements volontaires : il reste toutes les fonctions de la moelle allongée ou de la moelle épinière. De sorte qu'il y a, dans ces différents cas: M 1°. Mouvements par émotion ; » 2". Mouvements liés au bâillement, à la toux, etc.; » 3°. Mouvements diastoliques; » 4°- Contractions toniques symétriques de la main; » 5°. Augmentation comparative de l'irritabilité hallérienne; » 6°. Augmentation comparative de l'action de la strychnine. » Dans les paralysies spinales, il n'y a rien de tout cela, et l'irritabilité hallérienne est comparativement moindre. » Je reviens sur le cas de l'hémiplégie. Ordinairement il y a, quelque temps après l'attaque, un certain degré d'amélioration ; il y a un peu de retour de la puissance volontaire. Il y a aussi existence des phénomènes que j'ai mentionnés ; mais, dans des cas plus rares, il n'y a pas d'améliora- tion; ces phénomènes ne se montrent point, ou ils sont moins apparents. ( «09» ) Alors la main et le bras ne sont pas affectés de contraction tonique, et l'ir- ritabilité hallérienne n'est pas comparativement augmentée. On dirait que c'est ime exception à la règle que je viens de poser. Il me paraît, au con- traire, que le choc de l'accès a été assez fort ]>our détruire, pour ainsi dire, les puissances nerveuses du système spinal. Ainsi, lorsqu'on divise les centres nerveux entre le cerveau et la moelle allongée dans la grenouille, on suspend la puissance nerveuse, de manière à anéantir les mouvements diastoliques. Un choc plus fort les anéantirait complètement, comme le fait un coup de foudre. L'attaque d'hémiplégie produit«le même effet absolu- ment; et dans le cas où il y a amélioration, c'est un exemple de paralysie cérébrale avec phénomènes spinaux ; mais dans le cas où cette amélioration ue se moutiie pas, il n'y a pas deces phénomèi>es, et tout en étant ime mala- die du cerveau, c'est bien, par l'intermédiaire du choc, «ne paralysie spi- nale : l'irritabilité en reste épuisée; les mains restent flasques et immobiles. » Tous ces phénomènes, à une exception près, sont des objets de pure observation, à l'exception de l'irritabilité. Pour mettre à l'épreuve cette fonction de la fibre musculaire, j'ai fait et j'ai répété avec les plus grandes précautions, à des intervalles variés, des exip)érienoes avec l'influence gal- vanique. B Je me suis servi, dans ces épreuves, d'un courant purement galvanique, des plus légers et des plus simples, provenant de la machine de Smikshank ; j'ai mis les mains paralysées, et non paralysées, par exemple, dans le même bassin d'eau pure et les pieds dans un autre, et j'ai bien observé lesquels étaient affectés par le moindre degré du galvanisme. Or, dans les membres affectés de paralysie cérébrale, c'est toujours le membre paralytique qui est le plus contractile par le galvanisme: et dans les cas de paralysie spinale, ce sont toujours les membres non paralytiques qui en sont les plus suscep- tibles. » J'ai tiré de ces expériences plusieurs conclusions qui me paraissent du plus haut intérêt pour le physiologiste et pour le médecin. » 1°. Il paraît que le cerveau, par ses actes de volition, tend à épuiser l'irritabilité des muscles; » a". Que la moelle épinière, au contraire, est la source de cette même irritabilité; j> 3°. Que le courant galvanique peut servir de diagnostic entre les cas de paralysies cérébrales, et ceux de paralysies spinales. » A l'appui de ces conclusions viennent les phénomènes que j'ai déjà (énumérés, c'est-à-dire les effets de l'émotion, des bâillements; les mou- ( ioqS ) vements diastoliques ; Jes contractions toniques symétriques ; l'effet de la strychnine, lorsque ce médicament est administré, etc. » Outre les paralysies cérébrales et spinales, il y a des affections nerveuses qui se lient avec la moelle allongée et les nerfs pneumogastriques , que je me, propose de traiter à une autre occasion. Il restera encore à étudier les maladies du système ganglionnaire. » Restent enfin des paralysies bien obscures : les paralysies cum agita- tione; cum spasmo ; les paralysies e plumbo ; e rheumatismo ; ex hjsteria ; e dentitione , etc. Il faut bien du travail pour se faire des idées bien nettes et bien exactes de toutes ces maladies : les émotions; l'irritation de la moelle épinière; l'action du poison, l'influence de la douleur, la soustraction de la volonté, l'effet du choc, tout y est à étudier. » M. ExcKE, secrétaire de la Classe physique et mathématique de l'Aca- démie de Berlin, adresse, au nom de la Commission des Cartes célestes, publiées sous les auspices de l'Académie, deux feuilles nouvelles : l'heure II I et l'heure VI, avec les catalogues des étoiles qui ont été observées dans cette partie du ciel (voir au Bulletin Bibliographique). M. Max. Schultze, en faisant hommage à l'Académie d'un exemplaire du grand travail qu'il vient de publier sur les Rhizopodes ou Foraminifères, se plaît à reconnaître tout ce que cette branche de la science devait déjà aux belles recherches d'un naturaliste français, M. Dujardin, dont il a eu fré- quemment l'occasion de confirmer les observations. M. Prévost Dcrocher adresse, pour la Bibliothèque de llnstitut, un volume manuscrit, contenant des Tables des nombres premiers de i à loooo, et les Tables des facteurs de 2 à 9999- M. Lindlev, au nom de la Société d'Horticulture de Londres, remercie l'Académie pour l'envoi des tomes IX, X, XI, XII et XIII des Mémoires des savants étrangers. M. Vallezaz annonce de Calcutta l'envoi d'iuie collection des bois de l'Inde, offerte par M. Macdonald Stephenson, directeur des chemins de fer de la présidence du Bengale, qui avait déjà adressé à la Société Royale de Londres une semblable série, intéressante à divers titres, et en particulier au point de vue des expériences sur la résistance des matériaux. C. R., 1354, 2"" Semestre. (T. XXXIX, KoSÔ. '43 ( I094 ) M. DuMONT, consul général de Libéria, annonce l'intention de donner à l'Académie une collection de Vertébrés et d'Insectes conservés dans l'alcool, collection qui vient d'être apportée de Monrovia, sur la côte occidentale d'Afrique, par un navire récemment arrivé en France. L'Académie, n'ayant pas de collections d'histoire naturelle, ne peut ac- cepter celle qui lui est offerte que pour en disposer, avec l'agrément du donataire, en faveur du Muséum. Une Lettre à cet effet sera adressée à M. Dumont. M. MiALHE envoie, au nom de M. Peter Moller^ pharmacien à Christiana, un flacon d'huile de foie de morue, préparée dans les pêcheries de Nordiand avec les foies des poissons frais et par une méthode qui est dégagée de toute opération chimique. MM. Dumas et Balard sont invités à examiner ce produit, et à faire savoir à l'Académie s'il offre, comme médicament, une supériorité marquée sur ceux que fournissent aujourd'hui les bonnes officines. M. GuiLLON demande et obtient l'autorisation de reprendre les pièces qu'il avait présentées au concours pour les prix de Médecine et de Chirur- gie de i854, pièces qu'il a l'intention de présenter de nouveau au concours de l'année prochaine,- en les appuyant de plusieurs observations qui prou- veront l'efficacité de sa méthode de traitement pour certains cas de rétré- cissement de l'urètre. M. Bavard adresse une Note sur une question dont il a déjà fait l'objet de diverses communications : l'influence que peut avoir la vaccine sur le développement ultérieur de certaines maladies chez les individus vaccinés. La nouvelle Note a pour titre : « Du choléra et de la suette d'après les auteurs du xviii" siècle. « M. Makbot, auteur d'un Mémoire sur le choléra, déclare que son inten- tion n'a jamais été de présenter ce travail au concours pour le prix du legs Bréant. L'Académie a jugé convenable de soumettre à l'examen d'une même Commission les diverses communications qui pourront lui être adressées, se rapportant au choléra-morbus. Ainsi toute pièce relative aux causes, à la nature ou au traitement de cette maladie sera, quelles que puissent être les intentions de l'auteur relativement au concours, renvoyée à la Section de Médecine, constituée en Commission spéciale pour le prix du legs Bréant. ( 'ogS ) M. RocHARD adresse quelques remarques relatives à un passage qui ue lui semble pas assez explicite dans le Rapport fait à l'Académie par la Sec- tion de Médecine qui avait été chargée de rédiger un programme pour le prix du legs Bréant. L'Académie, qui a donné son approbation à ce Rapport, juge que la Commission a exposé avec la clarté suffisante les conditions imposées aux concurrents; en conséquence, elle considérera comme non avenue toute demande de développements ultérieurs. M. Allemand Lenovy prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé up Mémoire précé- demment adressé, par lui. (Renvoi à la Commission nommée.) M. Carrel annonce avoir construit le modèle d'un appareil qui, appli- qué à un aérostat, permet de le faire monter ou descendre à volonté, sans perte de gaz et sans perte de lest. Il est disposé à adresser une description de ce mécanisme à l'Académie, si elle le jugeait digne d'un examen. M. ViLLiERS envoie la copie d'une Lettre qu'il a adressée à l'Empereur, et qui est relative à certaines facultés dont il se dit doué, facultés à l'aide desquelles il serait averti à l'avance des modifications qui doivent siuvenir dans l'atmosphère. M. Bracbet demande l'ouverture de deux paquets cachetés qu'il avait déposés à l'avant-dernière séance. A 4 heures 34 minutes l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. F. L'Académie a reçu, dans la séance du 20 novembre i854, les ouvrages dont voici les titres : Statuts de la Société d'Emulation du département du Doubs, adoptés à la séance du 6 avril i854; \ de feuille in-8°. Annales de Cliimie et de Physique ; par MM.. Chevreul, Dumas, Pelouze, BOUSSINGAULT, Regnault, DE Senarmont, avec une Revue des travaux de 143.. ( logô ) Cliimie et de Physique, publiés à i étranger ; par MM. WuRTZ et Verdet; 3* série; tomeXLII; novembre i854; in-8°. Annales de l'agriculture française, ou Recueil encyclopédique d'Agricul- ture; publié sous la direction de MM. liONDET et L. Bouchard; 5® série; tome IV; n° g; 1 5 novembre i854; in-S". Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences, et de leurs applications aux arts et à l' industrie ; fondée par M. B.-R. de Monfort, rédigée par M. Tabbé MoiGNO; 3® année; V® volume; 19* livraison; in-8°. Journal d'agriculture pratique , Moniteur de la propriété et de l'agriculture, fondé en 1 83'] par M. le D"' BixiO; publié sous la direction de M. Barral; 4* série; tome II; n" 2a; 20 novembre i854; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; n" 5; 20 novembre i854; in-8°. La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; 3" année; 2* série; 32* livraison ; 1 5 novembre i854;in-8°. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; par M. A. Martin-Lauzer; n° 22 ; i5 novembre i854 ; in-8''. Revue thérapeutique du Midi. Journal des Sciences médicales pratiques; publiée par M. le D"' LouiS Saurel; t. VII; n" 9; i5 novembre i854; in-8". Nuovi... Descriptions de nouveaux genres et de nouvelles espèces de plantes monocotylédones; par M. Ph. Parlatore. Florence, i854; in-8°. The quarterly... Journal trimestriel de la Société Chimique de Londres. Vol. VII; n° 32; octobre i854 ; in-8". Congressional Report... Rapport fait au Congrès des Etats-Unis sur la dé- couverte des effets anesthésiques de t'éther; par M. Edw. Stanly, de la Caro- line du Nord , et M. Alexand. Evans, du Maryland ; i852 ; in-8°. Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n°' i34 à i36; i4, 16 et 18 no- vembre 1854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie ; n" Sg ; 17 novembre 1854. Gazette médicale de Paris; n° ^6; 18 novembre 1 854- L'Abeille médicale; n° Sa; i5 novembre i854- La Lumière. Revue de la photographie; 4* année ; n° 4^ ; 17 novembre 1 854- L' Ingénieur. Journal scientifique et administratif ; 4o* livraison ; 1 5 no- vembre 1854. La Presse médicale; n° 46; 18 novembre i854. L' Àthenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Reaux-Arts; 3* année; n°46; 18 novembre i854- ( Ï097 ) Le Moniteur des Hôpitaux; rédigé par M. H. DE Castelnau ; n°' i35 à 137; i4, 16 et 18 novembre i854- L'Académie a reçu, dans la séance du 27 novembre i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de t Académie des Sciences; a* semestre i854; n° 21 ; in-4°. De [ électrisation localisée et de son application à la physiologie, à la patho- logie et à la thérapeutique ; par M. le D' G. -H, DuCHENNE, de Boulogne. Paris, i855-, i vol. in-8°. Suite à la chimie de Berzelius. Traité de Chimie organique; par M. Charles Gerhardt ; tome III; 9" livraison. Paris, i854; m-%°. Théorie générale des approximations numériques, suivie d'une application à la résolution des équations numériques; par M. J. Vieille. Paris, i854; in-8®. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Poncelet.) Cours de Mathématiques, accompagné de tableaux synoptiques ; par M. J. RambOSSOJS. Arithmétique. Paris, i855; in-8°. Arithmétique résumée en tableau synoptique; par le même. Manuel du Vaccinateur des villes et des campagnes ; par M. Adde-Margras, de Nancy. Paris, i855; in-12. Traité élémentaire des champignons comestibles et vénéneux ; par M. DuPUiS. Paris, i854; in-j2. Dissertation sur l'influence qu'exerce dans les plantes la différence des sexes sur le reste de l'organisation, suivie de l'examen des deux sortes de déclinismes; par M. le D"" D. Clos ; br. in-80. Almanach de l'Algérie; i85j. Guide du Colon; publié d'après les documents Joumis par le Ministère de la Guerre. Illustrationes plantarum orientalium ; par MM. le comte Jaubert et Ed. Spach; 44*^ livraison; in-4°. Rapport présenté à M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Tra- vaux publics, par l'Académie de Médecine, sur les vaccinations pratiquées en France pendant [ année t852. Paris, i854; in-8''. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine, rédigé sous la direction de MM. F. Dubois (d'Amiens) et Gibert; tome XX; n° 3; i5 novembre i854; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; n° 9; tome XXI; in-8°. Annales forestières et métallurgiques; 10 et 25 octobre i854; in-8°. ( logS ) Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, fondée par M. B.-R. de Monfort, rédigée par M. l'abbé MoiGNO; 3* année; V^ volume ; 2o« livraison ; in-8°. L' Agriculteur praticien. Revue de l' agriculture française et étrangère; n" 4; in- 8°. La Presse littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Jrts; 3' an- née; 2*" série; 33® livraison; 25 novembre i854; in-S". Magasin pittoresque; novembre i854; in-8°. Resumen... Résumé de quatre mois d'observations météorologiques faites à la Havane, avec applications aux phénomènes périodiques, à l'hjgiène et à la médecine; par M. ANDRÉ PoEY; in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Becquerel.) Astronomische... Nouvelles astronomiques; n'"924, g^S et table. Gazette des hôpitaux civils et militaires; n°' i37 à iSg; ai, ^3 et aS no- vembre 1854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chiruigie, n°6o; 24 novembre 1854. Gazelle médicale de Paris; n" 4?; 2 5 novembre i854. L'Abeille médicale ; n" 33 ; 25 novembre i854. La Lumière. Revue de la Photographie; 4* année; n'*47; ^5 novembre 1 854- L'Alhenœum français. Revue universelle de la Littérature , de la Science et des Beaux-Arts; 3*= année; n° 47; ^5 novembre i854. La Presse médicale; n" 47; ^5 novembre i854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n"^ i38 a i4o; 21, 23 et a5 novembre i854. L'Académie a reçu, dans la séance du 4 décembre i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de ï Académie des Sciences ,• a* semestre, i854; n° aa ; in-4°. Quarante années de pratique chirurgicale; par M. Ph.-J. Roux. Tome 1. Chirurgie réparatrice. Paris, 1 854 j in-S". Rapport à S. E. M. Ducos, Ministre de la Marine, sur la Navigation com- merciale à vapeur de l'Angleterre; par M. BouRGOlS; in-4°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. DupiN.) Traité de Gymnastique raisonnée , au point de vue orthopédique , hygiénique ( I099 ) et médical, etc.; par M, Ch. Heiser. Paris, i854; in-8**. (Adressé au con- cours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Dictionnaire Technologique français-amjlais-allemand , rédigé d'après les meil- leurs ouvrages spéciaux des trois langues, etc.; par MM. Tolhausen frères et Gabdissal; I™ et a* parties. Paris, i854; 2 vol. in-12. Le Magnétisme expliqué par lui-même, ou nouvelle théorie des phénomènes de [état magnétique comparés aux phénomènes de [état ordinaire; par M. le D' Garcin. Paris, i855; t vol. in-8°. Théâtre scientifique. Electricité. Galvani, drame en cinq actes, suivi de Notes scientifiques; par M. AUDRAND. Paris, i854; in-8''. Observations sur [argile plastique et les assises qui [accompagnent dans la partie méridionale du bassin de Paris et sur leurs relations avec les couches tertiaires inférieures du nord; par M. E. Hébert. Paris, i854; broch. in-8°. Note sur l'âge des sables blancs et des marnes à Physa GIGANTEA de Rillj, en réponse à la communication faite par M. Prestwich, dans la séance de la Société Géologique de France du 2 1 février 1 854 î P^i^ le même ; broch. in-8°. Note sur une nouvelle espèce de Cirrhipède fossile (Scalpellum darwini, Heb.) ; par le même; \ de feuille in-8°. Mémoire sur la tendance des tiges vers la lumière; par M. J. Payer; f de feuille in-8°. La Sténographie logique, soigneusement analysée et démontrée, suivie d'une explication raisonnée des signes et d'un résumé; par M. L'. N. Paris, i854; broch. in-8°. Annales de la Société d' Emulation du département des Vosges; tome VIII ; 2« cahier; i853. Epiual, i854;in-8°. Annuaire de la Société Météorologique de France; tome 11, i854; 2* partie. Tableaux météorologiques; feuilles 9 à i5; in-8°. Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Belles-Lettres , Sciences el Arts de Poitiers; i", 1" et ?i^ trimestres i854 ; n"' 33 à 35; in-8". Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; n™ i '.7; in-8". Bulletin de la Société libre d'Emulation de Rouen. Bulletin des travawc pen- dant l'année i853-i854; in-S". Exposé des travaux de la Société des Sciences médicales de In Moselle; i853. Metz, 1 854; in-8". Mémoires de [Académie de Stanislas ; i853. Nancy, i854; in-8°. Mémoires de la Société impériale des Sciences naturelles de Cherbourg ; 2* volume; 4* livraison; in-8". Annales de [Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d' Agriculture, ( loro ) publié sous la direction de MM. LONDET et L. BOUCHARD; 5^ série ; tome IV; 11° lo; 3o novembre i854; in-S". Annales des Sciences naturelles, comprenant la Zoologie, la Botanique [ Anatomie et la Phjsiolocjie comparée des deux règnes, et l'Histoire des corps organisés fossiles ; 4* série, rédigée pour la Zoologie par M. Milne-Edwards, pour la Botanique par MM. Ad. Brongniart et J. Decaisne. Tome II; n° 2; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, fondée par M. B.-R. DE MONFORT, rédigée par M. l'abbé MoiGNO ; 3* année; V volume; ai* livraison; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de pharmacologie; n° 6; 3o novembre )854; in-8°. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; par ^L. A. Martin-LauzeR; n° 23; i" décembre i854 ; in-8°. Revue Thérapeutique du Midi. Journal des Sciences médicales pratiques; publié par M. le D"' LouiS Saurel; 5* année; tome VII; n° 10 ; 3o novembre 1 854 ; in-8°. Pharmacopea norvégien, regia auctoritate édita. Christiania; , i854; in-8°. Astronomical... Observations astronomiques , magnétiques et météorologiques, faites à l'Observatoire royal de Greenwich , dans l'année i852, sous la direction de M. G.-B. AiRY, astronome royal, publiées par ordre de l'Amirauté. Londres, i854; I vol. in-4°. Memoirs... Mémoires de la Société royale Astronomique de Londres. Vo- lume , XXII. Londres, i854; in-4''. Monthly... Comptes rendus mensuels de la Société royale Astronomique. Volume XIII (novembre i852 — juin i853). Londres, i853; in-8°. On the. . . Sur le système français de poids, mesures et monnaies , et son adap - tation à l'usage général; par M. James Yates ; avec im résumé de la discussion qui a eu lieu sur l'opuscule publié par M. Charles Manry. Londres, 1 854 ; in-8°. Urber die... Sur t organisation des Pofythalames [Foraminifères], avec des remarques sur les Rhizopodes en général; par M. Max. Sig. Schultze. Leipzig, i854; in-8°. Verzeichniss... Catalogue des étoiles observées par BraDLEY, Piazzi, Lalande et Bessel, dans la partie du ciel comprise entre 5'',56"' et 7'', 4" d'ascension droite, et entre i5 degrés sud et i5 degrés nord de déclinaison, calculées et réduites pour 1800; par M. C. Bremiker, de Berlin; 6^ heure; feuille 7. Berlin, f853;.in-P'. COMPTE RENDU DES SÉANCES m L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 11 DÉCEMBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. t>HYSlQCE DU GLOBE. — Note adressée à l'académie par M. Airy , astronome royal d'Angleterre; présentée et traduite de l'anglais par M. Biot (i). « L'Académie des Sciences trouvera peut-être quelque intérêt à ap- prendre, que dans le courant de l'automne dernier, je me suis occupé à effectuer une série d'observations du pendule, pour déterminer la variation d'intensité de la pesanteur, entre les points supérieur et inférieur d'une mine profonde, dans le dessein d'en conclure la densité de la terre ; et que j'ai l'espérance d'être parvenu ainsi à des résultats complètement satisfai- sants. Le lieu que j'avais choisi pour ces expériences est la mine de charbon de Harton, près de South Shields (Northumberland), laquelle est réputée avoir une profondeur de 1260 pieds anglais (384 mètres). Deux stations furent soigneusement préparées, l'une en haut, l'autre au fond de la mine, exactement dans la même verticale. On y établit deux pendules, dont les plans de vibration furent rendus parallèles. Leurs mouvements individuels furent suivis et observés simultanément, dans chaque station. Les vibra- tions de chaque pendule étaient comparées à celles d'une horloge, par la méthode des coïncidences de Rater; et les deux horloges étaient comparées entre elles, au moyen de signaux simultanés d'aiguilles, opérés par une connexion galvanique. Des observations furent d'abord faites avec le pen- (i) Le texte original reste déposé dans les Archives de l'Académie. C. R. , i854, 2™« Semestre. (T. XXXIX, N» 24.) ' 44 dule A en haut, et le pendule B en bas, pendant io4 heures; l'un et l'autre, étant suivis sans interruption , dans cet intervalle, tant de jour que de nuit. Une série d'observations • semblables fut ensuite laite, également pendant io4 heures, avec le pendule B en haut, et le pendule A en bas. Puis on recommença une nouvelle série, avec le pendule A en haut et le pendule B en bas, pendant 60 heures; enfin une dernière, aussi pendant 60 heures, avec le pendule B en haut, et le pendule A en bas. Le nombre total des signaux de comparaison, simultanément effectués, et observés, a été de 2455. Les deux pendules se sont maintenus en parfait état, depuis le commencement jusqu'à la fin des expériences. Ces observations sont, au- jourd'hui, entièrement calculées, et voici les résultats qui s'en déduisent. Premièrement : il n'y a pas eu de changement appréciable, dans l'état relatif des deux pendules. Secondement : la gravité, au fond de la mine, a été plus grande qu'à la surface supérieure, d'ime portion de son intensité exprimée par la fraction T-g-pâTr- Ce dernier résultat paraît ne comporter aucune autre sorte d'incertitude que celle qui pourrait provenir de la correction de tem- pérature, pour une différence de 7 degrés Fahrenheit (3°, 8g cent.). Mais cette incertitude doit être extrêmement petite. » Je suis maintenant occupé à prendre des mesures, pour déterminer, sous une foi'me numérique, la figure et la gravité spécifique du terrain à Harton, d'où dépendra la valeur de la densité de la terre que l'on devra conclure de ces expériences, par le calcul. Jusqu'à ce que ces données soient établies, je ne puis assigner exactement le nombre qui en résultera pour cette den- sité. Mais je crois probable qu'elle se trouvera plus grande que ne l'a donnée l'expérience faite au Shehallien_, et plus grande même peut-être que ne la donne l'expérience de Cavendish, répétée par Baily. » ZOOLOGIE. — Coup dœiL sur les Pigeons (troisième ])artie); par S. A. Monseigneur Charles-Lucien Prince Bonaparte. COLOMBIDES. a Nous avons déjà vu comment se subdivise la famille des Colom- bîdes : nous ajouterons ici seulement qu'elle se compose de 48 genres et 171 espèces, tontes plus ou moins granivores, se nourrissant de semences et de bourgeons. De ces dernières, 3o vivent en Asie, 24 en Afrique, 70 en Amérique, et 47 dans l'Océanie. Les sept espèces européennes dont nous avons parlé au commencement de cet article n'ajoutent pas à la somme totale, étant comptées parmi les asiatiques ou les africaines. ( iio3 ) LOPHOLAIMIENS. » Comme nous l'avons dit, on pourrait, à la rigueur, enrichir cette sous- famille de quelques Colombiens, qui conservent aussi le faciès de Carpo- phages ; mais ppus préférons la restreindre au seul genre Lophol^mus, Gray, et à son unique espèce Col. antarctica , Shaw. COLOMBfENS. » Dix-sept genres et soixante-trois espèces, n'ayant toutes que douze pennes à la queue, composent cette sous-famille, la seule cosmopolite. Elle se subdivise nettement en Columbece à queue courte et carrée, avec treize genres et quarante-neuf espèces; et en Macropjgieœ k queue longue et étagée, avec quatre genres et quatorze espèces. » Neuf genres et trente et une espèces de Colombes appartiennent à l'an- cien monde; quatre genres et dix-huit espèces au nouveau. Les Macropj- gie's appartiennent presque tous à l'Océanie , deux seulement se trouvent sur le continent Asiatique, et un seul dans l'Amérique septentrionale. Colombes de l'ancien monde. » Nous commençons la série des Colombes par ceux de l'ancien monde, et parmi ceux-ci nous plaçons en première ligne : Le genre Palumbus, Raup, parce qu'il comprend les plus percheurs, à tarses courts, passa- blement emplumés, qui vivent dans les forêts, et font leur nid dans les arbres. Nous en connaissons cinq espèces : » 1. Le Ramier commun qui, malgré sa sauvagerie et ses mœurs farou- ches, s'est presque domestiqué aux Tuileries. Leach et Kaup se sont ren- contrés pour spécifier, d'après les anciens, sous le nom de Palumbus torquatus, ce Columba palumbus de Linné. » 2. Suit immédiatement mon Palumbus casiotis, Bp., de laTartarie chi- noise, qui ne s'en distingue que par la tache auriculaire étroite (souvent effacée) d'un gris isabelle au lieu d'être blanche. » 3. P. /?M/cAnco//Mj Hodgs., ainsi que » 4> P- elphinstoni , Sykes, toais deux 'de l'Inde, et des monts Himalaya, sont trop bien connus, ne fût-ce que par les récentes figures de Gould, dans ses Birds oj Jsia , pour que nous nous y arrêtions. » 5. La dernière espèce finalement. Col. torringtoni , hayard, n'est, à proprement parler, qu'une race de Pal. eZpAmjton/j particulière à Ceylan, dont les plumes dorsales ne sont pas bordées de roux, mais unicolores. i44.. ( iio4 ) » Le second genre, fort voisin du premier, est Dendrotreron, Hodgs., avec sa seule espèce D. nepalensis , Hodgs. [Columba hodgsoni^ Vig.; — Dendrotreron hodgsonijBp.). » Le troisième genre Alsocomus, Tickell, doit être conservé , mais il ne faut pas l'altérer avec Blyth en y plaçant des espèces africaines. Nous isolons même parmi les indiennes jélsocomus puniceus, qui en est le type. » La Col. leucomela, Temm., à laquelle il faut restituer son premier nom spécifique norjolciensis , Lath., forme seule mon quatrième genre Leucomeloena. » Le cinquième genre Trocaza, Bp.,qui ne s'éloigne pas encore beaucoup des Ramiers, quand même on ne l'a pas affublé, comme au Jardin des Plantes, d'une de leurs queues postiches, nous permet de laisser à son type, Col. trocaz, Heineken, C. laurivora, Webb et Berthelot, le nom élégant et caractéristique de ces derniers naturalistes. Il est impossible d'en séparer Col. mejreri., Marchai, de l'île Maurice, qui, malgré ses teintes blafardes, en a toutes les formes et jusqu'aux rectrices pointues. » Nous ferons suivre un genre beaucoup plus mignon, nommé pour cela TuRTUROENA, Bp. Dans ce sixième genre, la première et la deuxième rémiges sont les plus longues, et les rectrices sont larges et arrondies à l'extrémité, tandis que chez le précédent la troisième rémige surpasse en longueur les autres, et les rectrices sont aiguës. Il ne se compose aussi que de deux espèces: l'une du Cap et l'autre de la côte occidentale d'Afrique. La taille, les formes, la couleur, sont tellement semblables dans les deux, qu'il est plus facile de les distinguer par leur pays que par tout autre carac- tère. L'espèce du Gaboon, cependant, à laquelle nous appliquons le nom de Turturœna malherbi, donné par MM. Verreaux probablement à un jeune oiseau, a toujours le dessous de la queue roux aussi bien que ses rectrices en dessus comme en dessous. Par contre, l'espèce du Cap et de Port-Natal a le dessous de la queue couleur d'ardoise. C'est à cette dernière que doit être réservé le nom de Turturœna delegorguii; M. Delegorgue l'ayant ainsi nommée le premier. Col. johannœ, Verreaux, mise sous ce nom dans le commerce par ces Messieurs, et C. lunigera, Gr. Mus. Britannique, avec son croissant blanc à travers le dos, lequel est le mâle adulte, n'en sont que des synonymes. Je n'ai jamais vu, la T. mnlherhi sous un plumage analogue. » Janthoenas, Reich., est un septième genre singuUer, à plumage plus resplendissant qu'aucun autre, ayant quelque chose de Carpophagien, mais occupant mieux sa place ici. Ses six espèces vivent dans les îles à l'orient de ( iio5 ) l'Asie et dans quelques-unes de l'Océanie. Le type Col. janthina, Teram., est du Japon, et nous ne saurions dire si c'est elle, sa congénère vitiensis à gorge blanche, ou une espèce nouvelle propre à la Chine, que nous avons aperçue à Londres, et cru retrouver parmi des débris donnés au Muséum par M. de Montigny : cette espèce, si c'en est une, serait plus petite, à tête obs- cure métallique, mais à gorge et joues blanches. Ajoutons les deux C. me- tallica, celle de Temminck et celle de Vigors, dont la première seule, de Timor, peut conserver ce nom : la seconde, particulière aux îles Bonin, qui est aussi la C. versicolor, Kittlitz, devant s'appeler Janthœnas kittliizi, Bp., ex Temm. La grande et belle C. vitiensis, Quoy et Gaim., de l'île Viti, forme la quatrième espèce. Viennent ensuite Valbigularis du Musée de Leyde, de Gilolo, si tant est qu'elle soit distincte de la précédente, et la Col. castaneiceps , Peale, d'Upolu, toutes décrites dans mon Conspectus. » Le huitième genre de Colombiens, est Stictoenas, Reichenbach, propre à l'Afrique, ainsi que les deux avant-derniers. Nous en connaissons quatre espèces, dont une (on pourrait presque dire deux) sont nouvelles. Son type est la Col. arquatrix, Temm., et nous établissons comme seconde espèce, Stictœnas arquatricula, Bp., d'Abyssinie, dont les exemplaires sont toujours plus petits, et à taches blanches plus circonscrites et de forme plus allongée en croissant, et non pas triangulaires arrondies. » C'est un fait bien avéré qui se renouvelle fort souvent parmi les ani* maux d'Afrique, Pigeons et autres, que la même espèce se trouve sur la côte orientale et sur l'occidentale, au Sénégal et en Abyssinie, tandis que l'espèce du Cap, regardée comme identique avec l'une ou avec l'autre, tout au contraire en diffère!... La Col. trigonigeraj Wagler^ du Cap, celle que décrit Wagler et que figure Temminck, est tout à fait distincte de la C. guinea, L. [trigonigera, Sw. nec Wagl.), figurée par Edwards et par Buffon. Dans celle-ci, entre autres caractères, le croupion est blanchâtre. Mais nous ne l'avons pas vue en nature, de l'Afrique occidentale; et nous ne nous croyons pas autorisé à considérer comme appartenant à une cin- quième espèce [Stictœnas dilloni? Bp.) les exemplaires rapportés d'Abys- sinie par M. Dillon, quoiqu'ils nous semblent plus grands, beaucoup plus beaux que gwmea, L., et qu'ils aient' la dernière penne de chaque côté de la queue blanche extérieurement à sa base. Voici la phrase spéci- fique : Rubro-ciocolatina; subtus cum capite, dorso, uropjrgioque cœruléo- grisea; plumis cervicis jugulique angustis, acutissimis , rubro-lateritiis , apice cirtereo : tectricibus alarum macula albaapicali triquetra: remigibus ( iio6 ) fuscis : rectricibus cinereis, apice late nigris; extima utrinque pogonio externo basi albo. » Du genre africain Stictœnas nous passons au neuvième genre Columba, L., type et centre de l'Ordre entier, et dont les différentes espèces vivent en Europe, en Asie et en Afrique, quatre étant même communes à ces trois parties du monde. Plutôt marcheurs que percheurs, ces Pigeons ont le tarse moins court et moins recouvert de plumes ; la queue plus courte et moins arrondie : ils se tiennent plus à terre que sur les arbres. Il est bien difficile de reconnaître, parmi les innombrables races et variétés, ce que nous devons regarder comme espèces; mais, fort de principes arrêtés, nous n'hésiterons pas plus en cette occasion, que nous ne l'avons fait en bien d'autres, à proclamer notre opinion, et à la soutenir au besoin en l'expliquant. Nous admettons huit espèces, dont six appartiennent à notre sous-genre Columba, une à notre Palumbœna, et la dernière au genre Tœniœnas de Reichenbach. » Nos vraies Colwnbœ sont susceptibles de domestication, vivent prin- cipalement dans les rochers, les ruines, oix elles nichent dans les caver- nes et dans les anfractuosités. » La première est Col. leuconota, Vig., élégante espèce de l'Himalaya, nivicole, appelée par erreur leucomœna par Reichenbach, et dont on vou- drait distinguer deux races, que nous n'admettons pas. » La seconde espèce est la Col. livia, Br. ( nommée œnas, on ne sait trop pourquoi, par Linné, dans sa douzième édition du Sjstema Natures). C'est d'elle que descendent, quelles que soient leurs anomalies, les innom- brables races de Pigeons domestiques d'Europe, d'Afrique, d'Amérique et de la Nouvelle-Hollande, où l'Européen les a transportées. Tout le monde sait que la blanche est la plus commune. Cette espèce a autant de tendance à la domesticité, que d'autres de ses congénères en ont peu. Même dans l'état sauvage, plusieurs de ses colonies sont à demi-domes- tiques. Qui ne connaît les pigeonniers sauvages ou devenus tels par des accidents géographiques qui les ont détachés du patronage de l'homme; ceux de Tivoli, déjà signalés par les auteurs classiques; et près d'Ancône les cavernes inaccessibles, sur les bords escarpés de la mer Adriatique ? Ce Biset, que la partie extrême du dos blanche et les deux bandes noires à travers l'aile suffisent à caractériser, s'est emparé des édifices anciens et modernes de Rome. » Ce n'est qu'en hésitant que nous admettons comme troisième, sous le ( II07 ) nom de Columba turricola, Bp., la race sauvage d'Italie à croupion clair, gris-bleu, mais jamais blanc, que nous retrouvons jusqu'en Perse, pouvant n'être après tout qu'une race domestique, redevenue sauvage. Mais, plus encore que les caractères tirés du plumage, son instinct nous décide à la mettre à part ; elle nous indique elle-même pour ainsi dire la direction à suivre à son égard , par ses moeurs farouches, que ne saurait adoucir le beau ciel d'Italie. » C'est avec plixs d'assurance que nous adoptons de Pallas : 4- Columba rupestris, Bp., des parages montueux et rocailleux de la Songarie et de la Daourie, qu'il ne faut pas confondre avec sa Col. rupicola, qui est une Tour- terelle; et surtout que nous établissons notre 5'"* Columba schimperi, qui couvre de ses innombrables bandes les plaines les plus désertes de l'Abyssinie. Elle est plus forte et plus blanchâtre que la commune C livia, qui se re- trouve identiquement la même en Egypte, sur toute la côte de Barbarie, et jusqu'au Sénégal et à la Côte d'Or. » La sixième et dernière de nos vraies Colombes est Col. intermedia, Strickl., de l'Asie centrale, de laquelle proviennent évidemment toutes les races domestiques d'Asie, remarquables en ce que chez elles la partie infé- rieure du dos n'est jamais blanche, mais toujours d'un cendré plus ou moins sombre. Elle correspond ainsi |par cette dernière particularité à la Col. livia d'Europe, de laquelle descendent pareillement toutes les races domestiques à croupion blanc. » C'est à un sous-genre particulier, quenous nommons Palumbœna, Bp. que nous rapportons la Col. œnas de tous les auteurs anciens et modernes avant et depuis Linné (à l'exception de Pallas), et de Linné lui-même dans sa Fauna Suecica, sinon dans son Sjstema Naturce. C'est bien à tort, sui- vant moi, que M. Reichenbach.considère ce Pigeon comme type de Columba et appelle Lithœnas mon sous-genre Columba ! Je préfère presque l'excès contraire qui a fait considérer cet Oiseau par M. O. des Murs comme une seconde espèce européenne du genre Palumbus. Le fait est, qu'intermé- diaire à ce genre et au sien propre , il passe sa vie dans les arbres, où il niche, et ne se domestique pas. » Nous ne pouvons admettre que comme troisième sous-genre de Co- lumba, et en le restreignant à son type africain, le genre Tœniœnas., Reich. Ce type est Columba albitorques, Rupp., qui par sa coloration rappelle quelques Colombes d'Amérique. <) Nous ne saurions parler ici des ridicules fabrications qui, dans le cours du siècle dernier, s'étaient introduites dans la science concurremment ( iio8 ) aux Poissons-Évêques, auxSirènes, etc.^ sous les noms de Col. carunculata, C. auricularis, C. temmincki, etc., et que notre siècle, renchérissant sur ces précédents, a élevé au rang de genre sous les noms de Geophilus, de P^errulia, de Craspodœnas, noms auxquels nous serions fâché de devoir ajouter le plus étonnant encore, parce qu'il est plus récent, de Co- turnicœnas. Colombes américains. » Passons donc à la section américaine des vrais Colombiens ou Colom- bes, laquelle correspond, à ce que je crois, au genre Picazurus de M. O. des Murs. » Le premier genre, et en même temps le plus nombreux, puisqu'il compte onze espèces, est Chloroenas, Reich. Sa i" espèce est Columba fasciata, Say, figurée par moi dans mes Suites à Wilson, quoique M. Rei- chenbach en fasse une Tœniœnas, puisque, en même temps, il la désigne pour type de Chlorœnas sous le nom de C. monilis, Vig. , qui en est syno- nyme. La seconde espèce est Col, albilinea, Gr., que cet habile ornitho- logiste vient de me communiquer, et qui remplace dans l'Amérique méri- dionale la précédente de l'Amérique septentrionale : en voici la diagnose prise sur un exemplaire que MM. Verreaux m'ont promis de céder au Muséum : » Similis Chl. fasciatae; sed fusco-ardesiaca, vix œneo-viridi micans : subtus ex toto plumbeo-vinacea : pileo castaneo-vinaceo, fasciola nuchali alba; cervice latissime œneo-viridi : remigibus nigris, albido-limbatis : cauda plumbea, dimidio apicali dilutiore. » 3. C. denisea, "Temm. [araucana, hess. •,fitzroj'ij King), du Chili. » 4- ^- meridionalis , King, du même pays, qu'il ne faut pas confondre avec celle de Latham, probablement un Phapien. » 5. C. Jlavirostris, W agi. [dorsalis, Gr.), du Mexique. Nous n'avons pas examiné la C. erjthrina, du Musée de Berlin; mais, à en juger d'après la description qu'a bien voulu m'en donner M. Cabanis, je ne puis croire qu'elle en diffère. » 6. C. rufina, Temm., des Antilles et de la Côte Ferme, que M. Rei- chenbach range parmi les Janthœnas . » 7. C. sjlvestris, Vieill., du Paraguay, moins bien connue que les précédentes. » 8. C. inornata, Vig., de Cuba, à large tache d'un châtain vineux ;»ur le milieu des ailes. Nous n'avons pu lui comparer la C. solilaria, Mac ( "«9 ) Call , du Mexique; mais, à en juger par la description, elle n'en diffère que peu ou point. » 9. C. plumhea, Vieill., dont locutrix, Wied, figurée par Temminck, et injuscata,\Àcki\..^ ne diffèrent pas. Les jolies plumes de son col portant chacune quatre petites taches roses, la feront toujours reconnaître, quelle que soit la teinte plus ou moins sombre qu'elle puisse présenter, selon les individus. Je ne lui ai jamais vu, et l'oiseau amoureux lui-même n'a certes jamais rêvé un plumage aussi brillant que celui que nous représente la fi- gure 1262 de Reichenbach; certes, nul ne se douterait que ce Pigeon si varié, dont il lait une Janthœnas, et l'uniforme et sombre prétendue Ma- cropj-gia injuscata de sa fig. 1 27 1 , soient le même oiseau. Le fait est cepen- dant constant; et ces planches peuvent être citées pour montrer jusqu'où peut nous mener l'abus des compilations et l'abandon de la stricte obser- vation de la nature. » 10. C. vinacea, Temm. [Peristera! vinacea^ Gr.; — lympanistriaU vinacea, Reich.), qu'il ne faut pas confondre avec celle de Gmelin, qui est luie Tourterelle d'Afrique. Ce ne peut être qu'à cause de l'exagération de sa couleur vineuse métallique qu'on a rangé si loin de sa position naturelle cette espèce qui, si elle ne devait se placer ici, serait, dans tous les cas, un Zenaïdien plutôt qu'un Tiirturien. Sans le type que nous avons retrouvé dans nos galeries, ainsi que de nombreux exemplaires dans les magasins, nous aurions sans doute fait erreur comme les autres, ou, tout au plus, en aurions-nous fait une Oropeleia. Le fait est que, quoique évidemment disr tincte de la plumbea par sa petite taille, par sa teinte plus uniforme, par ses plumes rosées à la pointe, mais non tachetées, par ses rectrices excessi- vement larges, etc., elle en est si voisine, qu'il est souvent difficile de décider à laquelle des deux espèces appartiennent certains individus inter- médiaires. » II. C'est encore ici probablement que doit trouver place la Peristera spilodera, Gray, du Muséum britannique, que ce savant ami vient de me communiquer ; on en ignore la provenance. » Chlorœnas spilodera, Bp. ex Gr. B runneo-olivcfcea ; cervicis plumis cinereo-undulatis, externe Jusco-marginatis ; subtus et in collo dilutior^- pectore cinereo-variegato ; ahdomine tectricihusque caudœ injeriorihus albis, plumis nonnuUis olivacen-marginatis ; lateribus brunneo-olivaceis , Longitudo pednlis. » Le second genre américam des Colombiens est Patagioenas, Reich., à la nuque écailleuse et resplendissante. Nous y rapportons trois espèces ; c. R., 1854, a'»» Semestre. {T. XXXIX, N" 24.) '4^ ( IIIO ) I. C. leucocephala, L., des parties chaudes de l'Amérique septentrionale, si anciennement et si parfaitement connue; 2. C. corensis^ Gm., ainsi nommée d'ime obscure province américaine, non de la célèbre péninsule asiatique, comme l'auraient voulu ceux qui préfèrent les noms illégitimes de portoricensis , de monticola ou d'imbricata, donnés par Temminck, Vieillot et Wagler; 3. Col. caribceajlj. [lainprauchen, Wagl.), des Antilles et des Lucaies. » Nous isolons, avec Reichenbach, sous le nom de Lepidœnas , la Co- luinba speciosa^ Gm., du Brésil, de la Guyane et de la Colombie, plus ou moins écaillée partout et figurée par Buffon et par Temminck. » Nous finissons les Colombes par notre genre Crossophthalmus, Bp., dont le type est Col. gymnophthahniis , Temm., aux orbites, en effet, lar- gement dénudées, et qui correspond même, par les taches blanches de ses jeunes, au genre Stictœnas et à ses Col. aiquatrix et guinea de l'ancien continent. Il est pour nous évident que la Col. leucoptera, Wied, bien différente de celle de Linné, et même la Col. loricata, Licht., sont syno- nymes de Col. gymnophthalinus ; mais il n'en est pas ainsi de la Col. lori- cata, Wagl., comme il résulte des écrits de cet auteur. » Tout bien pesé, nous nommons cette seconde espèce, plus petite, à orbites bien moins dénudées, avec le blanc des ailes restreint au simple bord des couvertures, Cross, reichenbachi , Bp., parce qu'il est pour nous évident que c'est elle, et non la vraie gymnophthalmus , que cet auteur a figurée sous le n" 1268 de sa Pi. 226. Nous croyons avoir découvert les , jeunes de ces deux espèces, l'un dans Col. picazuro, Temm. FuUginosus , dorso jere immaculato, tectricibus alaruin exterioribus tantum margine apicali albo : sitbtus cum capite colloque cinereo, vix vinaceo; tergo et uropjgio plumbeis : tectricibus majoribus pogonio extemo omnino candido fasciam alarem constituentibus : remigibus fere unicoloribus : orbitis valde denudatis. » L'autre jeune serait Col. pœciloptera , Vieill. [maculosa, Temm.; — maculipennis , Licht.), pris d'Azara, du Paraguay. FuUginosus, dorsi plwnis tectricibusque alarum~superioribus omnibus macula terminali alba ; subtus cum capite colloque griseo-subvinaceo ; tergo et uropjgio plumbeis : jascia alanim alba propria nulla, tectricibus majoribus margine tantum albis : Jascia apicali caudœ nigra bene distincta : orbitis parum denudatis. » Nous avons vu dans plusieurs musées, comme provenant du Mexique, une espèce qui ressemble beaucoup aux précédentes, mais qui pourrait être le jeune de CM. Jlavirostris , Bp. ex Wagler. Bnmneo-purpureus^ ( Illt ) subtus cum capite colloque cinereo-purpureis : tergo, tectricibusque caudœ superioribus et inferiorihus cinereis : ails long. 8 \poU.; tectricibus pennisque omnibus macula apicnli alba : caudafusco-cinerea, jascia latissima termi- nali nigra. Macropygiés. » La seconde série des Colombiens a quatre genres et quatorze espèces. » Le premier genre est Macropjgia , Sw. La plus grande espèce, propre à la Nouvelle-Hollande, la seule à laquelle le nom de phasianella, Temm., doive rester, mérite d'y figurer en première ligne. Presque toutes les espèces, du reste, ont été affublées du nom de phasianella ; etTemminck lui-même l'a donné à plusieurs. J'admets comme seconde la race des îles Nicobar désignée par Blyth sous le nom caractéristique de M. rufipennis. La troi- sième est la plus anciennement connue, la Col. amhoinensis , L., dont le sommet de la tête est d'un blanc roussâtre : c'est à elle évidemment que se rapporte Valbiceps inédite du Musée de Leyde ; mais j'ignore si Vathica- pilla, Temm. , de Célèbes, à front tout à fait blanc , n'est pas encore une autre race particulière à cette île. Quoi qu'il en soit, M. tenuirostris , Gr., est une espèce distincte, propre aux Philippines, remarquable par son petit bec et la longueur du doigt du milieu; elle est moins grande et plus rousse que les précédentes; et c'est elle qui a servi de type à la PI. loo de la pré- tendue phasianella des planches coloriées. Nous la faisons suivre par la Col. ruficeps, Temm., de Java, dont Vunchall (et non pas nuchalis) Wagl., ne diffère pas. Une autre espèce de Java, à bec beaucoup plus fort, à man- teau plus obscur, à région cervicale d'un violet bronzé très-brillant, con- fondue avec d'autres, sinon entièrement nouvelle, a reçu de nous le nom de M. emiliana, d'im jeune naturaliste voyageur, M. Emile Parzudaki, qui nous l'a fait remarquer. Deux autres espèces, tout à fait nouvelles, rappor- tées par l'Astrolabe, en 1829, l'une de la Nouvelle-Guinée, l'autre de la Nouvelle-Irlande, brillaient depuis longtemps comme deux astéroïdes inconnus dans nos riches galeries. Nous avons nommé la première ; M. doreja, Bp. Castaneo-ciocolatina ; subtus griseo-j^ulva ,nigro undulata : Jronte, gnlaque spurce cinnamomeis ; nucha aureo-violacea; collo undique pectorcque œneo-purpweis nigro-undulatis ifemoribus, crisso, tectricibusque caudœ inferiorihus pure cinnamomeis ; tectricibus alm um injerioribus cas- taneis ; rectricibus cxtimis utrinque tribus brevioribns, dilutioribus., nifis, Jascia obsoleta nigricante subapicali ; omnibus subtus obscure cinnamomeis : rostre nigro ; pedibus Jlavis. Statura M. tenuirostris. 145.. ( III2 ) » La seconde : M. carteretia, Bp. Similis pr.iecedenti, sed paulo majora et roslro rohustiore, flavidn : obscurior, jjluinis apice rubicundis ; pileo humerisquefulvis : subtiis et in cervice pallide cinnamomea ; collo undique , pectoreque hinc inde tantuni , lunulis magnis undulatis : tectricibits alarum injerioribus dilate castaneis : caudn siibtus cinnamomeo-argentea. » Nous ferons terminer le sous-genre Macropjgia par la Col. macioura, Gm., si bien caractérisée par les pennes extérieures de sa queue blanches à la pointe, figurée par Buffon, PI. enl. Sag, mais qui certainement ne vient pas du Sénégal. » Le sous-genre Coccyzura, Hodgs., à queiie tellement semblable à celles des Coucous, qu'on la croirait postiche, n'a que deux espèces ou races locales qu'il esta peine possible de distinguer : l'une est la C. tusalia, Hodgs^ de l'Inde; l'autre est la C. leptogrammica, Temm., de Java. » Le second genre de Macropjgieœ est Turacoena, Bp., ainsi composé par moi pour rappeler une forte ressemblance avec les Touracos. Il est coi>- stitué par deux espèces bien connues et bien figurées, les Col. manadensis, Quoy et Gaim., de Célèbes, à masque blanc et plumage vert doré; et Col. modesta,TQvava..., AeT'ivaor, à plumage noirâtre, vert sur le haut du dos seulement. » Le troisième genre Reinwardtoeina, Bp., a pour unique espèce R. tj-pica, Bp. ( Colunha reinwardti, Temm.), de Java. » Le quatrième est Egtopistes, Sw., mais limité à Col. migratoria, L., qui est, pour m' exprimer laconiquement, ug Pigeon, tandis que Col. carolinensis, L., qu'on lui réunissait jusqu'ici, est une Tourterelle. C'est VEctopistes migratoria dont les innombrables essaims se rassemblent par bandes que l'on a évaluées à plusieurs billions d'individus, obscurcissant le ciel, produisant le bruit de la tempête, brisant en s' abattant les branches des arbres, détruisant les forêts, et couvrant de leur fiente des lieues entières de terrain qui semblent recouvertes de neige. C'est le seul Macropigié qui vive au nouveau monde, si tant est même qu'il en soit un. » Nous n'avons pu reconnaître par Télude des auteurs, et ne pouvons, par conséquent, mettre en rapport avec la nature : Columba rosea, Miller, Cjinelia phjsica, t. Sg; — Columba me.xicana et C. nœvia, de Gmeliti; Columba cterulea, du Mexique; C. pallida et C. brunea, de Latham; — Columba cœrulea, Temm. nec Lath., figurée par M""" Knij), Pig. i, t. 4"^ comme provenant du Bengale, mais qui a plutôt les couleurs d'un Cotinga que celles d'un Pigeon. » (M, 3) PHYSIQUE.— Nouvel électioscope; par M. M. Melloxi (i). « On sait qu'un conducteur à l'état naturel, rapproché d'un autre conduc- teur électrisé, dissimule une portion de cet état électrique, et, rendant peu a peu au fluide dissimulé sa tension positive à mesure que le fluide sensible s'en va par suite de la dispersion, prolonge la durée de la charge électrique. On sait, d'autre part, que cet effet dérive de l'électricité contraire développée par induction dans la partie plus voisine du corps introduit, et que l'électri- cité homologue à celle du corps inducteur apparaît dans les portions les plus éloignées, où elle se répand en proportions d'autant plus grandes que les rayons de courbure sont moindres. » Une heureuse combinaison de ces trois données m'a fait concevoir la possibilité de construire un électroscope éminemment sensible et capable de se maintenir électrisé dans l'un ou l'autre sens beaucoup plus longtemps que tous les appareils connus du même genre. L'effet a parfaitement répondu à mon attente; et comme il me paraît évident que cet instrument nouveau deviendra fort utile daus plusieurs sortes de recherches électriques, je vais- tâcher de le décrire avec tous les détails convenables. » Imaginez une petite tasse métallique A, munie de deux longs appeu- ( i) Note transmise par M. de Luca. ( "i4) dices filiformesDD, soudés à deux points opposés du bord supérieur et com- muniquant par un conducteur qui passe dans l'axe d'un tube de verre, avec une boule ou un disque en métal E. » Imaginez, en outre, une seconde'tasse métallique renversée B, un peu plus petite et beaucoup plus légère que la précédente, attachée au-dessous d'un fil ou levier très-mince de métal GG, suspendu par son milieu à un fil de soie F. » Supposez enfin les axes des deux tasses dans la même verticale et le fil de suspension porté à une telle hauteur, que la seconde se trouve entière- ment contenue dans l'intérieur de la première, et puisse tourner librement autour de son point de suspension, sans que le contact s'établisse entre ses propres parois et celles de la tasse fixe A (i). » Les choses étant ainsi disposées, on comi^rend que si le conducteur E vient à recevoir une charge électrique, elle se propagera par transmission à la tasse extérieure A, et que de là elle agira par induction sur la tasse inté- rieure B. Supposons, pour fixer les idées, que l'électricité communiquée soit positive. » Cette force électrique répandue en A troublera l'équilibre du fluide naturel de B, repoussera le principe positif, attirera le négatif, qui réagira à son tour sur le fluide libre de A, en dissimulera une certaine quantité et aban- donnera enfin le reste aux lois connues de la distribution électrique si»' les conducteurs isolés : en sorte que l'intensité de l'action dépendra de la courbure des surfaces et sera moins forte sur les parois de la tasse que sur les appendices. La tasse extérieure A de l'appareil chargé contiendra donc une certaine proportion d'électricité positive dissimulée, c'est-à-dire accu- mulée sans tension et sans mobilité, et ses appendices DD posséderont une électricité libre de même nature, d'autant plus énergique que l'on appro- chera davantage de leurs extrémités. » Quant à la masse intérieure B et son levier CC, il y aura de l'électricité négative dissimulée à la partie centrale placée en regard de la tasse A, et de l'électricité positive libre sur le reste du système mobile, c'est-à-dire sur la sommité plate de la tasse renversée et sur son levier supérieur. Or cette der- nière espèce d'électricité sera évidemment beaucoup plus énergique aux (i) Dans l'électroscope qui a été construit, il y a une particularité dont on ne fait pas mention dans la description , c'est-à-dire que du milieu intérieur de la tasse fixe s'élève un petit cylindre métallique /, lequel , quand la tasse mobile a été bien équilibrée , s'y trouve dans l'intérieur sans la toucher. (iii5) extrémités du levier que dans sa partie mitoyenne et au sommet de la tasse : 1° parce que ces extrémités constituent les points les plus éloignés de l'ac- tion inductive; 2° parce que leur rayon de courbure est plus petit que par- tout ailleurs. » Ainsi le levier CC possédant la même espèce d'électricité que les appen- dices DD, et étant par sa position concentrique soumis à l'action conspi- rante de leur force répulsive, sera énergiquement repoussé s'il ne se trouve pas précisément dans le même azimut qu'elles, et après quelques oscilla- tions il s'arrêtera à un certain angle de déviation. Alors la charge électrique communiquée au système fixe EADD commencera à diminuer. « Mais cette diminution sera beaucoup plus lente que dans les électro- scopes ordinaires, à cause de l'électricité dissimulée qui se dégagera peu à peu de la partie centrale et viendra remplacer, sur la tasse A, ses appendices DD, le fil de communication et le disque E, une partie de l'électricité libre perdue par l'effet de la dispersion. L'électrisation double ou inductive du système mobile ACC suivra exactement les phases successives de l'électrisa- tion simple du système fixe, ses deux principes se recomposeront graduelle- menten proportion des pertes de la charge, et, après un certain temps, tout rentrera dans l'état naturel. Tout ce que nous venons de dire est indépendant du mode employé pour charger le conducteur E, et peut en conséquence s'appliquer également au cas de la charge directe du contact et au cas de la charge indirecte ou contraire, obtenue au moyen de l'induction. » En résumé, la partie mobile de l'instrument s'électrise toujours par induction et jamais par communication ; la différence de forme entre le centre et les extrémités des pièces fixes et mobiles rend la distribution des forces motrices la plus avantageuse possible pour la rotation de l'index, et l'action inductive des surfaces centrales dissimulant une portion d'électri- cité pour lui rendre peu à peu l'état libre au fur et à mesure des pertes subies, prolonge la durée de la charge reçue. Si l'on a bien saisi le sens de ces notions préliminaires, on comprendra tout de suite la condition qu'il faut satisfaire dans la construction de l'appareil et la manière de l'employer. » Et d'abord la minceur des pièces qui constituent la partie essentielle de l'instrument, contribuant à accélérer les pertes de l'électricité dans le milieu ambiant, il est nécessaire de les renfermer dans une cage où l'air se main- tienne fort sec moyennant une substance avide d'humidité. La sécheresse de l'air intérieur est surtout indispensable pour que la torsion du fil de soie qui supporte la tasse renversée ne varie point, et que l'index CC puisse revenir (iii6) constamment dans le même azimut, lorsque les appendices DD ont perdu leur charge électrique. » Il faut ensuite que la cage ait une forme convenable. Et comme les observations à faire exigent la connaissance des angles de déviation formés par deux barreaux superposés sans contact, et maintenus à distance d'un cadran inférieurement placé, la disposition la plus favorable au but est évi- demment de suspendre l'extrémité libre du fil de soie au sommet intérieur d'un tube vertical aboutissant au centre d'un disque horizontal de verre, dont la circonférence repose.sur un récipient cylindrique en métal, tant soit peu plus grand que le levier mobile et les appendices sous-jacents de la tasse fixe. Les bords supérieurs de ce récipient doivent être aplatis, garnis de peau afin d'intercepter la communication entre l'air intérieur et l'air exté- rieur, lorsqu'ils sont serrés au moyen de petites vis de pression contre le cercle métallique qui encadrera le disque de verre. » Le cercle divisé qui mesure les angles formés par la répulsion de l'index sera percé au centre pour livrer un libre passage à la tasse fixe A. Continué par un tube de verre vernis, dont l'intérieur contiendra le fil de communication entouré de mastic isolant, ce même conducteur isolé se recourbera deux fois à angle droit dans le même plan vertical, reprendra sa direction primitive, et aboutira à la pièce extérieure de métal destinée à l'introduction de la charge électrique. » L'espace inférieur au cadran devra recevoir, moyennant des ouver- tures à vis pratiquées sur le fond du récipient cylindrique , un ou deux réservoirs remplis de chlorure de calcium. « Le fond de ce récipient s'appuiera sur un trépied, muni de vis qui ser- viront à placer le fil de suspension dans l'axe de l'appareil. i> Enfin la nécessité de transporter l'instrument d'un lieu à l'autre et de donner au levier mobile un certain angle initial de déviation exigera à l'ex- trémité supérieure du tube, qui renferme le fil de soie, deux sortes de mou- vements \ le premier, de simple translation verticale, pour faire poser la tasse renversée intérieure sur le fond plat de la tasse droite extérieure, et la ren- contrer ensuite à la hauteur convenable; le second, de rotation horizontale, pour placer, au commencement de chaque série d'expériences, le levier in- dicateur à une petite distance angulaire des appendices fixes. Le mouvement de rotation se communiquera au système mobile en vertu de la force de torsion de la soie. » Comme c'est en vertu de cette même force de torsion qu'est due la ( «"7 ) i-ésistance qui fait équilibre à l'action électrique et arrête le levier et la lasse électrisée par induction k une dislance angulaire plus ou moins grande, il faut en proportionner la valeur à celle de la masse tournante. Voilà pour- quoi, au lieu d'un seul fil de cocon, il sera utile d'en prendre plusieurs réunis, non pas tordus à la manivelle, mais simplement collés ensemble par l'action de leur propre substance gommeuse et de l'eau chaude, tels qu'ils sortent enfin du premier appareil de la filature. » Au reste, si l'on trouve la force de torsion du fil de soie trop faible, et qu'on veuille abréger le temps des observations, il n'y aura qu'à poser parallèlement à la direction de l'index une petite aiguille aimantée sur la tasse mobile, comme on le fait pour l'indicateur de l'électroscope de Peltder, et à placer les appendices de la tasse fixe dans une direction qui forme un angle de 4 à 5 degrés avec le méridien magnétique. » Mais il ne faut pas oublier qu'alors on perdra en sensibilité ce que l'on gagnera du côté de la promptitude des observations, à peu près comme cela arrive en mécanique dans le cas où il s'agit de soulever un poids à une cer- taine hauteur, avec une force appliquée directement ou rendue plus efficace par le moyen des moufles, du treuil ou de toute autre machine, car on ne peut augmenter la vitesse qu'aux dépens de la force, ou vice versa. )> Le secours de l'aiguille aimantée pourra toutefois être utile dans plu- sieurs circonstances, et surtout lorsque la trop grande humidité de l'air enlève rapidement l'électricité à la partie extérieure de l'instrument (i). » RAPPORTS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur l'arithmomètre de M. Thomas (de Colmar). (Commissaires, MM. Caudiy, Piobert, Mathieu rapporteur.) a La machine à calculer que M. Thomas a présentée à l'Académie et qu'il nomme arithmoinètre, avait été, en 1820, l'objet d'un brevet d'inven- tion. Les efforts que l'auteur a faits depuis cette époque pour perfectionner cet instrument lui ont valu des récompenses à la Société d'Encouragement, ' (i) Les dimensions du modèle sont les suivantes : diamètre de laçage, ii5 millimètres; hauteur de la même, 11 centimètres; longueur du fil de cocon, aS centimètres; distance entre le cadran et le disque de verre qui ferme la cage métallique, 3 centimètres; diamètre intérieur de la tasse fixe, 21 millimètres; diamètre extérieur de la tasse mobile, 16 milli- mètres. C, R. 1854, ■i«" Semestre. (T. XXXIX, K" 24.) l46 ( 'ii8) à l'Exposition de l'Industrie française en 1849, ^^ ^ l'Exposition univer- selle de i^ondres. » L'organe principal de cette machine consiste dans une suite de cylindres cannelés semblables, dont les axes parallèles sont situés dans un même plan horizontal. » Considérons le premier cylindre à droite. Sa surface, dans un peu moins de la moitié de son contour, est couverte par neuf arêtes saillantes placées les unes contre les autres comme des dents d'ini engrenage cylin- drique. Ces arêtes ont des longueurs proportionnelles aux nombres g, 8, 7, 6, 5, 4i 3, 2, I . La première occupe toute la longueur du cylindre, la seconde est plus courte d'un neuvième, et ainsi de suite jusqu'à la dernière, qui est égale au neuvième de la longueur du cylindre. Un arbre à section rectangulaire, parallèle au cylindre cannelé, porte lui pignon à dix dents, mobile le long de cet arbre. » La boîte contenant le cylindre cannelé, l'arbre parallèle et le pignon mobile est fermée par une table horizontale en cuivre dans laquelle on a pratiqué une coulisse ou lainure parallèle au cylindre et qui se trouve exactement au-dessus de l'arbre du 'pignon mobile. Sur le bord de la coidisse qui est. de même longueur que le cylindre, on a tracé dix divi- sions à égales distances et marquées des nombres o, i , 2, 3^ l\, 5, 6, 7, 8, 9. Un index, qui glisse librement dans la coulisse et qui est lié au pignon mobile, fait marcher ce pignon le long de l'arbre. Supposons, par exemple, que l'on amène l'index sur le n" 3 de la coulisse, le pignon mobile qui le suit arrive vis-à-vis le commencement de l'arête saillante 3 du cylindre. Si le cylindre fait un tour entier, trois dents du pignon mobile seront pous- sées par les trois arêtes saillantes r, 2, 3, les seules qui puissent atteindre ce pignon, puisque les autres arêtes ne commencent qu'au-dessus du nombre 3 de la coulisse. Le pignon, en tournant de trois dents, imprime à son arbre une rotation qui va transporter le chiffre 3 sur un cadran, dans un autre compartiment de la machine. » L'arbre qui sert d'axe au pignon mobile porte à son extrémité, pro- longée dans une autre boîte, un pignon fixe vertical à dix dents^ qui engrène par sa partie supérieure dans une couronne ou roue d'angle horizontale à dix dents. L'axe vertical de cette couronne est aussi l'axe d'iui cadran hori~ zontal sur le contour duquel on a marqué dans dix cases les chiffres o, I, 2, 3, 4? 5, 6, '] , 8, 9. La couronne, le cadran qui est par-dessus, et leur axe commun, sont maintenus par un pont au-dessous d'une règle ou tablette en cuivre qui est de niveau avec la table des coulisses. Dans cette ( i"'9 ) tablette du cadran., il y ^ u"^ petite ouverture circulaire ou Jenêtre du cadran, par laquelle on voit passer de droite à gauche, à partir de zéro, les chiffres o, i, a, 3, 4? 5, 6, 7, 8, 9, quand le cadran fait un tour entier. La tablette mobile autour d'une tringle comme charnière peut être soulevée de manière que la couronne qu'elle emporte ne soit plus embrayée dans le pignon fixe vertical qui est par-dessous. Dans cette position, on peut à volonté faire glisser la tablette longitudinalement, ou faire tourner le cadran avec un petit bouton central de manière à amener à la fenêtre du cadran le chiffre zéro ou tout autre. » Maintenant, concevons que l'index soit placé sur le chiffre 3 de la cou- lisse et que le cylindre fasse un tour entier de droite à gauche : les trois arêtes i, 2, 3 du cylindre poussent trois dents du pignon mobile. Le pignon fixe, qui a même arbre que le pignon mobile, avance également de trois dents. La couronne, entraînée à son tour par le pignon fixe, marche aussi de trois dents, et le cadran fait trois pas de droite à gauche. On voit arriver successivement à la petite fenêtre du cadran les chiffres i et 2, puis le chiffre 3, qui remplace le zéro qui s'y trouvait d'abord. » A côté du cylindre que nous venons de décrire avec tous ses accessoires et qui correspond aux unités, on a placé parallèlement à gauche des cylin- dres semblables pour les dizaines, les centaines, etc. La tablette porte, indépendamment des cadrans correspondants à chaque cylindre, d'autres cadrans sur la gauche en nombre au moins égal, afin de pouvoir exécuter les opérations qui conduisent à un grand nombre de chiffres. » Le seul moteur de la machine est une manivelle que l'on tourne toujours de gauche à droite et qui, au moyen d'un arbre de couche, fait tourner à la fois tous les cylindres cannelés de droite à gauche. Ceux-ci par leurs arêtes saillantes poussent les pignons mobiles et les font toujours tourner de gauche à droite.' » Passons aux opérations que l'on peut faire avec l'arithmomètre. » Transport d'un nombre donné dajis les Jenêtres des cadrans. — A l'aide d'un bouton particulier, on amène à la fois tous les ^éros aux fenêtres des cadrans. Soit 5731e nombre donné. On pousse l'index du premier cylindre de droite ou des unités sur le chiffre 3 de la coulisse. On fait de même monter les index des dizaines et des centaines sur les chiffres 7 et 5. Le nombre 573 se trouve alors écrit sur les coulisses avec trois index, et un tour de manivelle le transporte dans les fenêtres des trois premiers cadrans de droite. » Addition. — On écrit un nombre avec les index des pignons mobiles; on fait un tour de manivelle, et il est transporté dans les fenêtres où se trou- i46.. { I I-20 ) valent d'abord des zéros. On transporte de même un deuxième nombre qui s'ajoute au premier, puis un troisième, et ainsi de suite. La somme de tous les nombres avec lesquels on a opéré est alors écrite dans les fenêtres des cadrans. » Quand la somme de deux chiffres qui s'ajoutent sur un même cadran surpasse 9, les imités se trouvent dans la fenêtre de ce cadran et la dizaine ou la retenue passe sur le cadran de gauche. Supposons, par exemple, que le nombre 4, écrit sur la, coulisse des unités, doive s'ajouter au nombre 8 qui est déjà dans la fenêtre du cadran des unités. Avec un tour de manivelle ce cadran fait quatre pas; il amène d'abord les trois chiffres 9, o, r à la petite fenêtre et s'arrête au chiffre 2. Bientôt après, le cadran des dizaines avance d'un pas et enregistre la dizaine ou la retenue qui complète la somme 12, des deux nombres 8 et 4. » Le passage de la retenue d'un cadran au suivant est un problème qui a beaucoup occupé les constructeurs de machines à calculer. M. Thomas opérait la retenue au moyen d'un mécanisme où se trouvaient des ressorts qui ne pouvaient pas toujours fonctionner avec sûreté et exactitude. Après un grand nombre d'essais, il est arrivé à un mécanisme qui ne renferme qu'un ressort et qui offre, par conséquent, moins d'inconvénients. » Quand le zéro qui suit 9 arrive à la petite fenêtre, une came en acier, placée sous le disque du cadran vis-à-vis le zéro, presse et fait tourner le bras d'un levier coudé, une cheville ou doigt qui tourne de droite à gauche j s'engage bientôt dans les dents àxi pignon fixe des dizaines, le fait avancer d'un pas, et l'on voit le chiffre i à la fenêtre du cadran des dizaines. Pendant que les chiffres de i à 9 traversent la fenêtre du cadran des unités qui tourne de droite à gauche, le support du doigt se déplace progressivement au moyen d'un plan incliné circulaire. Le bras du levier tourne en même temps en sens contraire, revient à sa première position, où il est de' nouveau pressé par la came lorsque le zéro reparaît dans la petite fenêtre. Un ressort presse l'autre bout du levier coudé, qui ne peut, en conséquence, tourner que par l'action de la came ou par le jeu du plan incliné. C'est par ce moyen que s'opère le passage de la retenue d'un cadran au suivant sans que l'on ait besoin de s'en occuper. » Soustraction. — Quand le grand nombre est transporté dans les fenêtres des cadrans et le petit nombre écrit avec les index, la soustraction s'opère par un tour de manivelle. Mais alors les cadrans, au lieu de tourner de droite à gauche, dans l'ordre croissant i , 2, 3, etc. , comme pour l'addition, doivent tourner de gauche à droite, dans l'ordre inverse des chiffres. M. Thomas obtient ce résultat et change l'addition en soustraction, au moyen d'un ( liai ) second pignon fixe sur chaque arbre. Ce second pignon vertical atteint la couronne horizontale dans un point diamétralement opposé au point où engrène le pignon pour l'addition. La couronne poussée en sens contraire lait tourner le cadran dans l'ordre inverse des chiffres; chaque chiffre du petit nombre se retranche du chiffre correspondant du grand, et le reste de' la soustraction se lit dans les fenêtres des cadrans. Quand, par exemple, 7 unités doivent se retrancher de 5, le cadran des unités rétrograde de sept pas ; on voit arriver dans la fenêtre où était le chiffre 5, les sept chiffres 4, puis 3, 2, I , o, 9, enfin 8 qui marque le reste. Mais par suite du passage de zéro par la petite fenêtre, le cadran des dizaines fait lui pas rétrograde et perd une unité par l'action inverse du mécanisme qui opère la retenue dans l'addition. » Les deux pignons verticaux pour l'addition et la soustraction qui tour- nent toujours de gauche à droite, sont liés par un manchon placé à l'extré- mité de l'arbre rectangulaire du pignon mobile. A l'aide d'un bouton, on fait glisser le manchon le long de l'arbre, de manière à embrayer dans la couronne horizontale, tantôt le pignon vertical pour l'addition, tantôt le pignon opposé pour la soustraction. » MuUipUcation. — On écrit le multiplicande avec les index. S. chaque tour de manivelle il se transporte dans les fenêtres des cadrans. Dans un nombre de tours égal aux imités du multiplicateur, le multiplicande s'ajoute donc à lui-même autant de fois qu'il y a d'unités dans le multiplicateur, et le premier produit partiel se trouve dans les chiffres apparents des cadrans. Alors on fait glisser à la main vers la droite la tablette des cadrans, de manière que le cadran des dizaines prenne la place des unités, corresponde à la coulisse des unités. Ensuite on fait autant de tours de manivelle qu'il y a de dizaines dans le multiplicateur, et le second produit partiel qui se compose de dizaines, se forme et s'ajoute successivement au premier pro- duit partiel, mai,s en commençant par le cadran des dizaines. Pour chaque autre chiffre du multiplicateur on continue d'avancer les cadrans d'un rang vers la droite, puis de tourner la manivelle pour former et ajouter les produits partiels correspondants. Quand on fait glisser d'un rang vers la droite les cadrans ou la somme des produits partiels déjà obtenus, on fait l'équivalent de ce qui se pratique dans la multiplication ordinaire où cha- que produit partiel s'écrit en avançant d'un rang vers la gauche. » Ainsi on obtient le produit total en formant les produits partiels pour tous les chiffres du multiplicateur, et en les ajoutant successivement après avoir fait avancer chaque fois les cadrans d'un rang vers la droite. ( I 122 ) » Division. — On commence par mettre en prise avec la couronne le pignon vertical du manchon qui fait tourner chaque cadran, de gauche à droite, dans l'ordre inverse des chiffres comme dans la soustraction. Après avoir écrit le dividende dans les fenêtres des cadrans et le diviseur avec les index, on voit quelle est la première tranche de chiffres qu'il faut prendre sur la gauche du dividende pour contenir le diviseur, et l'on fait glisser la tablette des cadrans de gauche à droite, de manière que le chiffre de droite de cette tranche soit au-dessus des unités du diviseur. On fait tourner la manivelle jusqu'à ce que la tranche soit réduite dans les fenêtres à un nombre plus petit que le diviseur. Gomme, à chaque tour, on retranche une fois le diviseur, le nombre de tours sera précisément le premier chiffre du quotient. Le reste de la tranche et le chiffre suivant du dividende for- ment une seconde tranche; on fait rentrer d'un rang la tablette des cadrans pour que le nouveau chiffre de droite se trouve vis-à-vis les unités du divi- seur. Alors le nombre de tours de la manivelle donne le second chiffre du quotient. On continue de la même manière pour obtenir les autres chiffres du quotient. A mesure que l'on trouve ces chiffres, on est obligé de les écrire à part parce qu'il n'en reste aucune trace dans la machine. Quand la division ne se fait pas exactement, le reste se trouve dans les fenêtres des cadrans. » M. Thomas a construit des machines qui ont un indicateur des tours de la manivelle ; ce qui dispense l'opérateur de les compter à mesure qu il les exécute. A la gauche des cylindres se trouve une vis parallèle que la mani- velle fait tourner exactement comme les cylindres. Les filets de la vis pous- sent la tige verticale d'un index ou indicateur de tours, mobile le long d'iuie coulisse qui est parallèle aux coulisses des pignons mobiles et qui porte aussi sur le bord des divisions marquées o, i, 2, 3, 4? 5, 6, 7, 8, 9. Si l'on amené l'indicateur à la hauteur du chiffre 4, et que l'on tourne la manivelle jusqu'à résistance, jusqu'à, ce que l'indicateur soit descendu au point zéro, limite inférieure de sa course, on est sûr que tous les cylindres, comme la vis, ont fait quatre tours entiers. » On pourrait, au besoin, exécuter avec l'arithmomètre des calculs com- pliqués, comme l'extraction des racines carrées et cubiques. Mais ces calculs exigent sans cesse le concours d'un opérateur exercé, et l'office de l'instru- ment devient très-secondaire. C'est dans la simple pratique des quatre règles de l'arithmétique que la machine de M. Thomas conservera ses avantages et sera réellement très-commode pour exécuter beaucoup d'opérations lui- inériques ordinaires. ( iia3 ) » La machine présentée à l'Académie est à huit cylindres cannelés et seize cadrans. Avet ce grand modèle, long de 55 centimètres sur i6 de largeur et 7 de hauteur, on peut faire la multiplication de huit chiffres par huit chiffres, ou de sept par neuf, et la division de seize chiffres par huit chiffres. Si, sans augmentation de volume, on mettait deux cylindres de plus sur la gauche, l'addition s'étendrait à une somme de onze chiffres au lieu de neuf et la soustraction pourrait s'appliquer à un nombre de onze chiffres. » M. Thomas, en employant des cylindres cannelés, était parvenu, dès 1820, à construire une machine simple avec laquelle on pouvait exécuter, sans tâtonnement, les opérations ordinaires de l'arithmétique. » L'idée du cylindre cannelé se retrouve dans une machine nommée arithmaurel, construite postérieurement })ar MM. Maurel et Jayet, et pour laquelle ils ont obtenu le prix de Mécanique de la fondation Montyon. Dans l'addition, la soustraction, la multiplication, la division, on a deux nombres dont on demande la somme, la différence, le produit ou le quo- tient. Quand ces deux nombres sont écrits avec les organes de l'arith- maurel, l'opération est faite par la machine, et le résultat se lit sur des ca- drans. Cet instrument n'exige donc le concours de l'opérateur que pour écrire les nombres donnés; il résout complètement le problème mécanique poursuivi avec tant de persévérance, il y a deux cents ans, par Pascal et Leibnitz. Pouvait-on arriver à une solution satisfaisante, à une époque où la mécanique offrait peu de moyens pour produire avec précision et célé- rité les mouvements si variés, si compliqués qu'exige une machine à calcu- ler? Au reste, il est à craindre que l'arithmaurel, qui repose sur des com- binaisons mécaniques très-ingénieuses, mais délicates, n'entraîne dans des frais de construction trop élevés pour qu'il devienne bien usuel. Quant à l'arithmomètre, qui ne se trouve pas encore dans le commerce, c'est avec le plus honorable désintéressement que, depuis trente ans, M. Thomas n'a cessé de le perfectionner pour le rendre utile, de le simplifier pour qu'il pût être livré à un prix modéré. » Conclusion. — L'arithmomètre opère immédiatement l'addition et la soustraction. Quand deux nombres sont écrits dans les fenêtres des cadrans et sur les coulisses avec les index, la somme ou la différence des nombres se trouve dans les fenêtres des cadrans après un tour de manivelle. Dans la multiplication et la division, quand on a écrit le multiplicande seulement avec les index, ou bien le dividende dans les fenêtres des cadrans et le divi- seur avec les index, on doit faire autant d'opérations partielles qu'il y a de ( "24 ) chiffres dans le multiplicateur ou le quotient; et, après chacune de ces opérations, il faut encore effectuer à la main le déplacement des cadrans. Mais avec ce facile concours de l'opérateur, M. Thomas est parvenu à con- struire une machine très-simple, très-commode pour exécuter avec prompti- tude les calculs les plus ordinaires de l'arithmétique. R Nous proposons à l'Académie d'accorder son approbation à cette machine. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MEMOIRES PRESENTES. PHYSIOLOGIE. — Explication, par la force de recul, de l'impulsion de la pointe du cœur ; réclamation de priorité adressée à Voccasion d'une com- munication récente deM. Hiffelseim; par M. L.-A. Fatoc. (Extrait.) « Dans la séance du 12 août i85o, j'ai remis à l'Académie des Sciences im Mémoire manuscrit intitulé : Éludes sur quelques points de la physiolo- gie du cœur. Dans ce Mémoire, qui a été soumis à l'examen d'une Commis- sion composée de MM. Andral, Regnault et Rayer, j'ai établi que l'impul- sion précordiale de la pointe du cœur était due au mouvement de recul que subissent les ventricules lorsqu'en se contractant ils chassent le sang qu'ils contiennent. Les conclusions de mon Mémoire ont été publiées dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences à l'époque ci-dessus indiquée, et voici textuellement la cinquième conclusion qui est celle relative à la force de recul des ventricules : « 5°. L'impulsion précordiale de la pointe du » cœur est due en grande partie à la poussée qui s'exerce sur la paroi » opposée aux orifices d'écoulement au moment de la contraction des » ventricules. » » Je me crois donc fondé à réclamer la priorité de l'explication théorique de l'impulsion précordiale des ventricules du cœur, priorité que s'est attri- buée M. Hiffelsheim dans une communication faite à l'Académie le 27 no- vembre dernier. Quant à ce qui est de la vérification expérimentale de cette imptilsion, bien que je l'aie faite devant quelques personnes en i85o au moyen d'un appareil fort simple, je ne l'ai pas consignée dans mon Mé- moire, considérant comme inutile la description de cette expérience après sa "démonstration théorique. Je n'ai pas cherché à mesurer la force de recul ( iiaS ) des ventricules. Je n'ai pas- avancé non plus, ce que dit le D' Hiffelsheiin dans sa Note, que le cœur subit un mouvement de translation, ou de tota- lité de sa masse qui vient frapper la paroi thoracique; car je ne crois pas à ce mouvement. » La Commission qui avait été nommée le 12 août i85o pour le Mémoire de M. Fatou et celle qui l'a été le 27 novembre i854 pour le Mémoire de M. Hiffelsheim sont réunies en une Commission unique qui examinera les travaux des deux auteurs. Cette Commission se composera ainsi de MM.Magendie, Regnault, Andral, Rayer et Bernard. M. CoMMAiLLE adresse de Douera (Algérie) la deuxième partie de ses recherches sur V /étractjlis gummijera. ( Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Pelouze, Rayer.) M. Durand envoie d'Oran (Algérie) un Mémoire ayant pour titre : « Nouveau système de navigation aérienne : emploi de l'hélice comme moyen d'ascension. » (Renvoi à l'examen de la Commission des aérostats.) M. AvExiER DE Lagriêe soumct au jugement de l'Académie un nouveau Mémoire ayant pour titre : « Machine expérimentale destinée à prouver qu'en associant les vapeurs d'eau et d'éther, qui, avec les mêmes quantités de chaleur latente, donnent des quantités de travail différentes entre les mêmes températures, on peut obtenir un travail mécanique sans dépense sensible de combustible. » ( Renvoi à la Commission précédemment nommée. ) M. Bertué présente un spécimen d'huile de Joie de morue préparée pour l'usage médical dans l'établissement qu'il a fondé à Jouy, près Paris, avec des foies de morue expédiés des côtes d'Islande. Ce produit est renvoyé à l'examen de la Commission déjà nommée à l'occasion de la présentation faite par M. Mialhe de l'huile préparée en Norwége. C. E., 1854, a">= Sem«<;e. (T. XXXIX, ^'' a4.; l47 ( iia6 ) M. L. Nataxson soumet au jugement de l'Académie une Note sur le bruit musculaire. L'auteur désigne sous ce nom un bruit qui se produit par le fait de la contraction des muscles de la vie animale, et qui peut être perçu par l'auscultation dans certaines circonstances que la Note fait con- naître. (Commissaires, MM. Magendie, Pouillet, Cl. Bernard.) M. Delondre adresse une indication de ce qu'il considère comme neuf dans le Traité des Quinquinas, qu'il présente de nouveau en double exemplaire, et qu'il prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre des ouvrages admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. (Renvoi à la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) M. Cholet fournit une indication semblable pour un ouvrage précé- demment envoyé au même concours (son Mémoire sur la peste qui a régné épidémiquementà Constantinople en i834) (Renvoi à la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. DE LA Barre signale dans le même but les nouveaux résultats aux- quels l'ont conduit ses recherches sur la première dentition, résultats consignés dans un ouvrage qu'il présente au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i855. ( Renvoi à la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Lapierre-Beacpré envoie une addition à ses précédentes communi- cations sur le Traitement de la maladie de la vigne. (Commission des maladies des végétaux.) M. Phocion-Roque adresse en double exemplaire un Mémoire sur le même sujet par M. N. Koressios, Mémoire imprimé à Athènes, mais écrit en français. CORRESPONDANCE . M. Elie de Beaumont signale parmi les pièces imprimées de la corres- pondance un travail de M. Rodolphe Bennigsen-Forder sur les rapports existant entre la topographie d'un pays et sa constitution géologique, et sur ( '12? / la possibilité d'exprimer numériquement ces rapports. {F^oir siu. Bulletin bibliographique. ) L'auteur avait été frappé, en comparant la Carte géologique de France avec la Carte de l'État-Major, de voir que cette dernière présentait, au premier aspect, un faciès semblable sur toute l'étendue d'un même ter- rain, et que les différentes formations pouvaient presque être distinguées entre elles, sur cette carte topographique, par leur nombre d'ondulations, de vallées ou escarpements, de sources ou cours d'eau, sur une surface donnée. Il trouva ainsi que la moyenne du nombre des vallées, pour une même étendue superficielle, est de 34 dans le grès des Vosges, tandis qu'elle n'est que de 22 dans le grès bigarré, de 18 dans le muschelkalk et le cal- caire jurassique inférieur, de 28 dans le calcaire jurassique supérieur, de i3 dans le grès vert, de 12 dans la craie et de 18 dans le calcaire grossier; il trouva ensuite que la moyenne des cours d'eau est de 19 dans le grès des Vosges, de i3 dans le grès bigarré, de 10 dans le muschelkalk, de 0,6 dans la craie; que la moyenne des sources esjt de 9,6 dans la première de ces formations, de 10,4 dans la seconde, et de 0,1 dans la dernière, etc. Ces observations, faites sur de nombreuses localités, ainsi que le prouvent ses tableaux, ne donnent pas toujours les mêmes chiffres dans toutes les parties d'une contrée ; mais la valeur relative des différentes for- mations de cette contrée y reste dans ce cas, cependant, sensiblement la même, ce qui permet d'établir certaines données générales. Il ne s'agit ici nullement de soulèvements; les ondulations de terrain sont prises générale- ment dans des contrées à couches peu bouleversées, et semblent devoir être attribuées aux actions atmosphériques, aux érosions, agissant plus ou moins fortement en raison du caractère pétrographique des couches et peut-être aussi du temps écoulé. Au reste, l'auteur se borne à exposer des faits, sans chercher à les commenter, et un simple coup d'oeil jeté sur les feuilles de la Carte de l'État-Major qu'il mentionne et qui se rapportent au nord de la France, suffit pour faire bien saisir les caractères orographiques et autres dont parle M. de Bennigsen. Cet ouvrage, imprimé en allemand^ est renvoyé à M. Elie de Beaumont, pour un Rapport verbal. M. LE Secrétaire perpétcel présente, au nom de M. Maltet- Bachelier, imprimeur des Comptes rendus, un exemplaire d'un livre qui vient de sortir de ses presses, la Trigonométrie rectiligne et sphérique, dernier ou- vrage de feu M. Bourdon. {Foir au Bulletin bibliographique. ) 147.. ( II28 ) « Cet ouvrage, qui, comme tous ceux de M. Bourdon, se distingue à la fois par la simplicité des méthodes et par la clarté de l'exposition, a été mis par l'auteur, qui venait d'y donner la dernière main lorsque la mort l'a surpris, en complète harmonie avec les nouveaux Programmes de Vemei- gnement, et rendra de nombreux services aux élèves qui se préparent à entrer dans les diverses écoles du Gouvernement. » GÉOGRAPHIE. — M. LE Sfxrétaire PERPÉTUEL met SOUS les yeux de l'Aca- démie, de la part de M. Auguste Viquesnel, des épreuves des planches n°' 2, 3, 7, I o et 1 1 de son Voyage dans la Turquie d'Europe. Ces planches, gravées sur pierre, mais non encore publiées, représentent une partie des itinéraires que l'auteur a relevés dans cette intéressante contrée, et qui lui ont servi à construire la carte de la Thrace, présentée dans la séance du 4 septembre dernier. Il annonce, en même temps, qu'il s'empressera d'adresserdes épreuves des autres planches au fur et à mesure qu'elles seront gravées. « Les renseignements que renferment mes itinéraires, ajoute M. Viquesnel, peuvent se résumer de la manière suivante : » 1°. Les itinéraires sont construits à l'échelle de TelMToo' c'est-à-dire à une échelle cinq fois plus grande que celle de la carte. Ils contiennent les noms d'un certain nombre de villages qui n'ont pas pu figurer sur la carte, faute de place. » 2°. Des caractères et des signes permettent de reconnaître les chefs- lieux des trois principales subdivisions administratives (Eyalets, Livas, Kazas) , les bourgs et les villages, les auberges isolées, les fermes, etc. » 3°. Les routes^ carrossables, et les routes praticables seulement aux cavaliers et aux piétons, ont leur représentation spéciale. » 4°- Les altitudes hypsométriques sont écrites en mètres; les hauteurs absolues des points éloignés de la route, que je n'ai pas mesurés, mais dont je donne l'évaluation faite à vue dœil , sont suivies d'un point d'interro- gation. » 5°. Les roches qui constituent les accidents du sol sont indiquées à la place où j'en ai constaté la nature. » 6°. Des profils de montagnes, pris de loin en loin, donnent uoe idée du relief de la contrée. » Ces planches, encore inédites, sont renvoyées à la Commission qui a été nommée dans la séance du [\ septembre dernier, pour examiner ( i'29 ) la nouvelle carte de la Thrace et les autres documents présentés pai- M. Viquesnel, et qui est composée de MM. Elle de Beaumont, Piobert et de M. le Maréchal Vaillant. M. LE D' Laugier prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante, dans la Section de Médecine et de Chirurgie, par suite du décès de M. Lallemand. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.) MÉCANIQUE CÉLESTE. — Nouvelle méthode pour calculer les orbites ries planètes et des comètes : i° avec trois observations et dérivées de premier ordre des longitude et latitude de l'astre; i° avec deux observations et dérivées de premier et second ordre ; par M . A. de Gasparis. (Transmise par M. de Luca.) Soient /, R, la longitude et le rayon vecteur de la terre;. a, p, la longitude et la latitude géocentriques de l'astre; B sa distance de la terre au temps t. On pose dl _ . da _ ^? — fil et pour les temps <', t'\ les mêmes lettres sont marquées d'un ou de deux accents. On fait -=m, ^^m'. J'appelle i, ç), l'inclinaison et la longitude du nœud ascendant de l'orbite inconnue. De cette manière, je suis parvenu à l'équation suivante : — w sin (ç — l')m^ -+- m' sin (ç — l) (i-) o =r: l -+- 2 sin|3 cos|3' y//oZ'o sin (ip — a') m — 2 sin j3' cos/3 sjl^ l'^ sin (y — a) m, . ( ii3o ) dans laquelle on a fait « = asinjS cos|3 cos(/ — a) ao+ asin (/ — a)/3i, (ù'= 2 sin ]S' cos P' cos(Z' — a') «'„+ 2 sin(/'— a') jS'o- L'équation (i) existe pour les temps t, t' . Pour les temps t\ t" , on aurait celle qui suit : i— «' sin (© - l") m'^ + «" sin [o — V) H- 2 sin /S' cos |3" \!Tj\ sin (9 — a") m' — 2sinjS"cos/3' sjl'^ Z'J, sin (y — a') m'. Enfin, en combinant les équations connues, on a l'équation) Rsinp' sinf^ — /) — wR'sinp sin{^ — /') /TîR'cospsin (y — a) sin(

, 6 sin |3 = s, et il est d'un grand intérêt dans ce problème de pouvoir déterminer un rap- port plutôt que l'autre. II. Si l'on conserve la même notation et si l'on pose ( ii3i ) on parvient aux remarquables équations suivantes , ,, du /da\ dl d9 (4) v-(^j;: + T = °' dto' fdoy'\dl' dô' Ayant une série d'observations successives, la formation des valeurs de -r-' l-^l— rest très-facile, et l'on aura directement les valeurs de dl a \dl ) o>dt ' du dQ' (JJi' Vit En outre, les valeurs x' v^*^ ? devront suffire à l'autre équation, qu'on obtient des relations connues I -j — cotang(/ — tp) /» — Ro I sinp 4-cospPo sinp sin (ç — a) pi,+ cos^ cos(ip — a) ao — 1 -^ — cotang(/ — (p) /,, — R» 1 cosp sin(/ — y) r ^ - cotang (/' - ç) /; - r;J sin p' + cos p' p', sin p' sin(ç — a') p',H- cosp' cos (? — oi.')à^— -^ — cotang(/'— ç) /',— R'. cosp' sin (/' — y) tangj; d'où l'on peut obtenir f par la résolution d'une équation de troisième degré. Q D La recherche de -^ peut être remplacée par celle de —,■, ou par celle de — j puisque l'on a 'f = Ç + tang/3|3„, ^ = J - cotang^^o- PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Note sitr l'équivalent mécanique de la chaleur; par M. Person. « On a évalué très-diversement l'équivalent mécanique de la chaleur, c'est-à-dire le travail qu'on pourrait faire avec l'unité de chaleur s'il n'y avait aucune perte. M. Mayer a trouvé 36o kilogrammètres, M. Labou- laye no, M. Joule 4^7- Dernièrement M. d'Estocquois, mon collègue à la Faculté des Sciences, est arrivé au chiffre i^S dans un Mémoire qu'il a eu l'honneur de vous adresser. On aura le chiffi-e exact quand on connaîtra ( ll32 ) exactement la chaleur spécifique c de l'air à volume constant, ou plutôt sans travail extérieur. Mais, en attendant, il est peut-être bon de remar- quer que la valeur de c, tirée de la formule de Laplace, qui sert à corriger la vitesse du son, donne, pour équivalent mécanique de la chaleur, un nombre très-peu différent de celui qu'assigne M. Joule. » L'air qui se dilate sans produire de travail extérieur, reprend en peu d'instants sa température primitive, et ne contient, malgré sa dilatation, ni plus ni moins de chaleur qu'auparavant. Ce principe, sur lequel on pou- vait encore conserver quelque doute après les expériences de M. Joule, est aujourd'hui parfaitement établi par les dernières expériences de M. Re- gnault. » En partant de là, on détermine l'équivalent mécanique de la chaleur par un raisonnement très-simple. Considérons i mètre cube d'air à o degré sous la pression normale de H kilogrammes par mètre carré; soient p son poids, c la chaleur spécifique à volume constant. Si nous donnons à l'air la chaleur pc^ sans lui permettre de se dilater, la température montera de I degré et la pression deviendra (n-a)H, a désignant le coefficient 0,00367. Ouvrons alors une communication avec un espace vide, on aura la même température et la même quantité de chaleur, malgré la dilatation, et si l'espace vide est égal à la fraction a du mètre cube, la pression redevien- dra H. » Reprenons maintenant i mètre cube d'air à o degré sous la pression H, C désignant la chaleur spécifique sous pression constante ; donnons à cet air la chaleur pC, en lui permettant cette fois de se dilater sous la pression qu'il supporte; nous obtenons ainsi un volume 1 -i- a à i degré sous la pressioil H, précisément comme dans le cas précédent, où nous n'avions cependant introduit que la quantité de chaleur pc. Mais, dans le premier cas, aucun travail extérieur n'avait été fait, tandis que, dans le second, la dilatation a, contre la pression H, a produit le travail aH. Comme les deux masses d'air étaient identiques à l'état initial, et qu'elles le sont à l'état final, elles ne contiennent ni plus ni moins de chaleur l'une que l'autre; on a donc le droit de conclure que la chaleur p (C — c) est employée tout en- tière et sans aucune autre à produire le travail aH. Par suite, le travail dû k l'unité de chaleur a pour mesure aH p{C-c) » En mettant les nombres H = jo334% /; = i''.293, C= (giy^ 0,1686, ( ii33 ) d'après Laplace, et C = 0,2877, d'après M. Regnault, on trouve 4^4 kilogrammètres pour l'équivalent mécanique de la chaleur. » Observons que p{C— c) est la différence des deux chaleurs spécifiques à volume égal; or, d'après Dulong, cette différence est la même pour tous les gaz simples ou composés. Cela s'accorde très-bien avec l'idée d'invaria- bilité qu'on attache à l'équivalent mécanique de la chaleur. Cependant, comme M. Regnault a démontré que a n'était pas rigoureusement le même pour tous les gaz, il s'ensuit que p{G — c) doit varier proportionnellement •d'une petite quantité. On peut d'ailleurs supposer les chaleurs spécifiques mesurées assez loin du point de liquéfaction pour que la constitution molé- culaire ne change plus, de sorte que les effets de la chaleur se bornent alors à des variations de température et à du travail extérieur. » CHIMIE AGRICOLE. — Note sur V assimilation de Vasote par les plantes agricoles ; sur l'action du plâtre ; sur la maladie des pommes de terre; par M. Roy. c 1°. De tous les sels ammoniacaux, le carbonate d'ammoniaque est le seul qui fournisse en grand de l'azote assimilable; » Les légumineuses des prairies artificielles, plantes dites améliorantes, jouissent de la faculté remarquable d'absorber le carbonate d'ammoniaque gazeux par les feuilles : c'est à cette propriété qu'est due la valeur agricole de ces plantes. » Les graminées en général, celles des prairies naturelles et les céréales, n'absorbent pas le carbonate d'ammoniaque par les feuilles, elles ne l'ab- sorbent qu'à l'état de dissolution par les spongioles. » 2°. L'azote de l'air n'est pas absorbé par les organes aériens des plantes, mais l'azote dissous dans l'eau, qui pénètre dans les plantes par les racines est assimilé; c'est ce que démontrent les expériences contradictoires de MM. Boussingault et Ville sur l'assimilation de l'azote. » Une plante placée dans une atmosphère limitée , qui accomplit dans cette condition toutes les phases de son développement, ne transpire pas d'eau par les feuilles. Il s'ensuit qu'elle n'absorbe par les racines qu une quantité d'eau restreinte et par suite une quantité d'azote inappréciable. C'est le cas de l'expérience de M. Boussingault. » Une plante douée d'une grande puissance de transpiration , telle que c. R. , 1S54, 2"» Semestre. (T. XXXIX, Ko24.) l48 ( ii34 ) le blé, placée dans l'appareil de M. Ville, absorbe d'autant plus d'eau que la transpiration est plus activée par le renouvellement de l'air. La quantité d'azote entraînée par l'eau dans l'intérieur de la plante et assimilée devient sensible à l'analyse. Mais la quantité de matière azotée due à l'ab- sorption radiculaire de l'air, qui ne dépend que de la température aérienne, qu'aucun engrais ne peut augmenter, peut-elle être le but de l'industrie agricole ? » 3". Le plâtre ne produit d'action directe et marquée que sur les plantes qui absorbent le carbonate d'ammoniaque à l'état gazeux, c'est-à-dire par les feuilles : telles sont les légumineuses des prairies artificielles, les luzernes, trèfles, sainfoins, etc. » Le plâtre a pour effet de faire absorber par les feuilles le carbonate d'ammoniaque que la rosée et la pluie ramènent à la surface du sol et des plantes. » Dans la dernière période de la décomposition de la combustion des en- grais, l'azote se dégage du sol à l'état de carbonate d'ammoniaque. La rosée ramène celui-ci sur les plantes, mais en mouillant leur surface et obstruant leurs organes respiratoires. Dans ces conditions le carbonate d'ammoniaque ne peut être absorbé, il se dégage dans les premiers produits de la vapori- sation de la rosée, avant que les stomates soient mises à sec. » La présence du plâtre sur le sol et sur la plante a pour effet : i° de fixer l'ammoniaque delà rosée à l'état de. sulfate, en donnant du carbonate de chaux ; 0.° sous l'influence d'une vaporisation continue, lorsque les or- ganes des plantes ne sont plus mouillés, le sulfate d'ammoniaque, non volatil, en présence du carbonate de chaux^ donne lieu à un dégagement lent de carbonate d'ammoniaque à l'orifice des organes d'absorption et à la reformation du sulfate de chaux. Ce dernier agit ainsi indéfiniment. « Je ne donne ici que l'action dominante du plâtre; je suis en mesure de rendre compte de tous les phénomènes particuliers qui se rattachent à son emploi. » 4"- Les effets merveilleux produits par les prairies artificielles ne pou- vaient être dus qu'à l'introduction dans l'industrie agricole de nouveaux apjjareils fonctionnant différemment que ceux jusqu'alors employés. La différence consiste dans cette faculté d'absorber le carbonate d'ammoniaque gazffux, qui devenait une dépendance de l'atmosphère : cette faculté a été en outre puissamment secondée par l'action du plâtre. a Le plâtre et les légumineuses sur lesquelles il agit, concourent donc depuis leur intervention à enrichir le sol d'engrais azotés : c'est à cet enri- ( ii35 ) cbissement que je rattache, d'une manière générale, la maladie des pommes de terre. » L'étude précise des phénomènes que présentent les divers assolements, m'a démontré que l'affection qui frappe les pommes de terre est due à l'ab- sorption, par les racines de la plante, du carbonate d'ammoniaque. Il y a élaboration de matière azotée, de ferment dans les organes aériens, accu- mulation de cette matière dans le tubercule : de là tous les symptômes et manifestations de la maladie. Je me bornerai à dire ici que j'ai pu vérifier toutes les considérations qui m'ont conduit à cette conclusion, en faisant absorber du carbonate d'ammoniaque à quelques pieds, auxquels j'ai ino- culé, pour ainsi dire, la maladie avec des caractères de diverses intensités. » J'en suis à rechercher maintenant, connaissant parfaitement la cause du mal, les moyens pratiques d'en atténuer les ravages. » MINÉRALOGIE. — Sur Ic. mica à deux axes du Vésuve; par M. IV. DE KOKSCHAROW. « Tous les minéralogistes ont été d'accord jusqu'aujourd'hui pour consi- dérer les petits cristaux de mica du Vésuve comme appartenant au système monoclinoédrique. D'après les descriptions données par G. Rose, Lewy, Dufrénoy et notamment celles de Brooke et de Miller ( qui ont décrit, en se servant des mesures de Philipps, des cristaux très-compliqués de mica du Vésuve), leur caractère général les fait rentrer dans la classe des cristaux monoclinoédriques. Cependant M. de Senarmont a été conduit, par suite de ses recherches sur l'optique, à ranger dans le système rhombique ces cris- taux jusqu'ici comptés parmi ceux du système monoclinoédrique. La com- plaisance de M. Abich, membre de l'Académie des Sciences de Saint-Péters- bourg, m'a fourni récemment l'occasion d'étudier de très-beaux échantil- lons de cristaux de mica du Vésuve, qu'il avait recueillis lui-même dans son voyage en Italie. » L'un des cristaux que j'avais détaché pour faire mes mesures était sur- tout remarquable par l'éclat et le poli de ses facettes et se prêtait assez bien à des déterminations rigoureuses. Ces mesures m'ont amené à ce résultat que ces cristaux appartiennent au sjstèine rhombique, avec la forme type monoclinoédrique des pyramides et des macrodomes. La conclusion que M. de Senarmont a appuyée sur les propriétés optiques est donc tout à fait fondée et se trouve parfaitement d'accord avec les propriétés cristallogra- phiques de ces cristaux. » i46.. { ii36 ) M. LE Secrétaire de la Société géographique annonce que la séance publique annuelle de cette Société aura lieu le vendredi i5 décembre, et adresse des billets d'entrée pour MM. les Membres de l'Académie qui désireraient assister à cette solennité. M. LE Secrétaire de la Société zoologique de Londres remercie l'Aca- démie pour l'envoi d'une série de volumes des Comptes rendus hebdoma- daires. M. Fleury prie l'Académie de lui faire savoir si elle a reçu un Mémoire qu'il lui avait adressé par l'intermédiaire de M./îomx, peu de temps avant la mort de l'honorable Académicien. M. Ripault, à l'occasion d'une communication récente de M. Isidore Geqffroj-Saint-Hilaire, demande à ajouter une nouvelle raison à toutes celles qu'a énumérées le savant Académicien pour rendre compte de l'im- portance qu'on attachait dans l'antiquité, et surtout au moyen âge, au nombre sept. Cette raison, suivant lui, c'est que de tout temps on a compté sept couleurs dans l'arc-en-ciel. M. Hugh-Reed écrit de New-York qu'il a employé avec grand succès, à la Jamaïque, un remède contre le choléra-morbus, remède dont il se pro- poserait de prouver, par des essais, l'efficacité, si l'Académie voulait lui fournir les moyens de venir en France faire l'application de sa méthode de traitement. Il ne peut être donné suite à cette demande. M. CoRREA adresse, de Lisbonne, un double de la Lettre annonçant l'envoi d'un remède qu'il annonce avoir employé avec un grand succès contre le choléra. M. É. MicHAL entretient l'Académie des bons effets qu'il a obtenus dans le traitement de diverses maladies, et en particulier du choléra., de l'em- ploi d'eaux salées et sulfureuses. (Renvoi à la Commission du prix Bréant.) L'Académie renvoie à la même Commission deux opuscules imprimés relatifs au choléra-morbus, dont l'auteur est M. Bourgogne, de Condé. (.i37) Un auteur, qui demande que son nom ne soit pas rendu public, exprime le désir d'obtenir le jugement de l'Académie sur se» recherches concernant certaines questions de physique générale. Ce travail en tant qu'imprimé, ne pourrait déjà, en vertu d'une décision ancienne, être renvoyé à l'examen d'une Commission. De plus, l'Académie a, de tout temps, considéré comme non avenus les travaux dont les auteurs refusent de se faire publiquement connaître. COMITÉ SECRET. A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. La Section de Botanique avait présenté, dans la séance précédente, la liste suivante de candidats : Au premier rang , ex cequOj MM. Duchartre, Payer. Au deuxième rang, M. TrécuL Au troisième rang., M. Chatin. La discussion des titres des candidats, commencée dans la séance du 4» est continuée. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans 1» séance du 4 décembre 1854, les ouvrage» dont voici les titres : Verzeichniss. . . Catalogue des étoiles observées par Bradley, Piazzi, Lalande et Bessel, dans la partie du ciel comprise entre 2^,56"" et /^^,l^'° d'ascension droite, et entre i5 degrés nord et i5 degrés sud de déclinaison, calculées et réduites pour i8oo ; par M. Dareste, de Leipzig; 3* heure; feuille 4- Berlin, i854; in-f . ( ii38 ) Caries astronomiques , publiées par l'académie royale des Sciences de Berlin; y et 6* heure, a feuilles. Astronoinische. . . Nouvelles astronomiques; n° 926. Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n°' 140-142; 28 et 3o no- vembre, 2 décembre i854- Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n" 6 1 ; i**^ décembre 1 854- Gazette médicale de Paris; n° 48; 2 décembre i854. La Lumière. Revue de la Photographie; 4* année; n° 48; 2 décembre 1854. La Presse médicale; n° 48 ; 2 décembre i854- L' Alhenœum français. Revue universelle de la Littérature , de la Science et des Beaux- Arts; Z' année; n° 48; 2 décembre i854. Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE Castelnau; n"' i4i- 143 ; 28 et 3o novembre, 2 décembre i854. L'Ingénieur, Journal scientifique et administratif; 3* année; 4'' livraison; 1" décembre i854- L'Académie a reçu, dans la séance du 1 1 décembre i854, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de t Académie des Sciences; 2* semestre, i854; n° 23 ; in-4''. Quinologie. Des quinquinas et des questions qui, dans tétai présent de la science et du commerce, sj rattachent avec le plus d'actualité; par MM. A. De- LONDRE et A. BoucHARDAT. Paris, i854; in-4°. (Adressé au concours Mon- tyon , Médecine et Chirurgie. ) Des accidents de dentition chez les enfants en bas âge et des moyens de les com- battre ; pnr M. Delabarre fils. Paris, i85i; in-8°. Trigonométrie rectiligne et sphérique; par M. Bourdon. Paris, i854; in-8°. Questionnaires et exercices préparatoires à la composition et à l'examen du baccalauréat es sciences, suivis d'un recueil de compositions; par M. Alph. Ton- deur. Paris, i855; in-! 2. Lettre à M. le professeur BouiLLAUD, sur le traitement abortif du choléra asiatique; par M. le D' BOURGOGNE père. Valencienues, i854; broch. in-8". Simple leçon sur le choléra; par le même. Anzin, 1849; broch. in-12. (Renvoi à la Commission du prix Bréant.) ( i'39) Mémoire sur un cas de dilatation variqueuse du réseau lymphatique superficiel du derme. Emission volontaire de lymphe; par M.. Camille Desjakdins. Ana- lyse de cette lymphe et réflexions; par MM. leD''GuBLERetQuÉVENNE; broch. in-8°. Types de chaque famille et des principaux genres des plantes croissant sponta- nément en France; par M. F. Plée ; 90* livraison ; in-4°. Etudes consciencieuses sur la physique élémentaire des fluides subtils ; par M. Arm. MaizièreS; broch. in-8°. Idéalisme astronomie- physique , ou Nouvelle Astronomie raisonnée; par M. H. Teissier. Paris, i854; broch. in-8°. Ampelitis on maladie ties vignes ; par M. N. KORESSios. Athènes, i854; f de feuille in-8°. Bulletin de la Société de Géographie, rédigé par la Section de publication et par MM. Cortambert et Malte-Brun; 4* série; tome VIII; n"' 46; octobre i854; in-8''. Annales de Chimie et de Physique; par MM. ChevreuL, Dumas, Pelouze, Boussingaulï, Regnault, de Senarmont, avec une Revue des travaux de chimie et de physique publiés à l'étranger; par MM. WURTZ et Verdet; 3*^ série; tomeXJjII; décembre i854; in-8°. Annales forestières et métallurgiques; 10 et 2 5 novembre i854; in-S". Bibliothèque universelle de Genève ; novembre, i854; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences, et de leurs applications aux arts et à l'industrie; fondée par M. B.-R. DE MoNFORT, rédigée par M. l'abbé MoiGNO; 3^ année; V^ volume; 22® livraison; in-8°. Journal d'agriculture pratique , Moniteur de la propriété et de l'agriculture, fondé en 1837 par M. le D'' Bixio; j>ublié sous la direction de M. Barral; 4* série; tome II; n° aS ; 5 décembre i854; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; décembre i854 ; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie, publié sous ta direction de M. A. Chevallier; décembre i854; in-8**. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; n° 7; 10 décembre i854; in-8°. La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; 3* année; a* série ; 34" livraison ; 5 décembre 1 854; in-8°. Nouveau journal des Connaissances utiles ; sous la direction de M. JOSEPH Garnier; 2" année; n° 8; 10 décembre i854; in-8°. Nouvelles Annales des Voyages et des Sciences géographiques ^ rédigées par M. Vivien de Saint-Martin; octobre i854; in-8°. ( "i4o ) Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; septembre i854 ; in-S". Mémorial... Mémorial des Ingénieurs; 9* année; n° 10; in-8°. Transactions... Transactions de la Société Zoologique de Londres; vol. IV ; parties 2 et 3. Londres, iSSa et i853; in-4*'. Proceedings... Procès-verbaux de la Société Zoologique de Londres; part. 19; i85i; i vol. in-8°. Nachrichten . . . Nouvelles de l'Université et de l'Académie royale des Sciences de Gôtlingue; n° i4; 4 décembre i854; in-8". Monatsbericht... Comptes rendus des séances de l' Académie des\Sciences de Prusse; septembre et octobre i854; in-8°. Neue untersuchungen... Nouvelles recherches sur la Géoloaie physique et la Géologie des Alpes ; par M. SCHLAGINTWEIT. Leipzig, i854; i vol. in-4° avec Atlas. Das zahlengesetz... Note sur les lois numériques auxquelles semble être sou- mise la distribution des vallées, des sources, des courants d'eau, des villages et des hameaux dans les formations sédimentaires ; par M. DE Bennigsen-Foerder. Berlin, i843; broch. in-4**; et traduction française. Genève, i846;broch. in- 8°. Gazette des Hôpitaux ; n°' i43 à i45; 5, 7, et 9 décembre i854- Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chiruigis ; n° 6a ; 8 décembre 1 854 . Gazette médicale de Paris; n° 495 9 décembre i854. L'Abeille médicale; n° 34; 5 décembre i854. La Lumière. Revue de la photographie ; 4* année; n" 49; 9 décembre i854- La Presse médicale; n° 49; 9 décembre i854. L'Athenœum français. Revue universelle de la Littérature , de la Science et des Beaux- Arts; 3" année; n° 49? 9 décembre i854- Le Moniteur des Hôpitaux, rédigé par M. H. DE CaSTELNAU; n°' i44 à j46; 5, 7 et 9 décembre i854. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 18 DÉCEMBRE 1854. PRÉSIDENCE DE M. COMBES, MEMOIRES ET COMMUIMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Président, à l'ouverture de la séance, annonce que, le lundi suivant étant le jour de Noël, la séance de l'Académie aura lieu le mardi 26. M. LE Président donne lecture de la Lettre suivante, adressée par M. DUPERREV : « M. le contre-amiral Jacquinot^ actuellement major général de la marine à Toulon, vient de me faire parvenir, ainsi qu'il en était convenu avec moi avant son départ de Paris, la Lettre ci-jointe et l'exposé de ses titres, qu'il adresse à l'Académie des Sciences, dans le but d'être compris au nombre des candidats qui aspirent à la place laissée vacante, au Bureau des Longi- tudes, par suite du décès de M. l'amiral Baudin. » Je profite de cette communication, Monsieur le Président, pour vous prier de bien vouloir faire agréer à l'Académie ma vive reconnaissance du vote dont elle a eu la bonté de m'honorer dans la séance du 17 juillet dernier. Quant à la nouvelle candidature qui se prépare pour le Bureau des Longitudes, j'y renonce, et j'ose espérer que mon excellent ami, M. Jac- quinot, obtiendra tout le succès qu'il mérite. » La demande de M. le contre-amiral Jacquinot et l'exposé de ses titres seront réservés pour être mis sous les yeux de la Commission formée par C. R., 1854, a"" Semettre. (T. XXXIX, N» 28.) '49 ( ir42 ) la réunion des trois sections de Géométrie, d'Astronomie et dé Navigation, aussitôt que M. le Ministre de V Instruction publique aura mis l'Académie en mesure de lui faire une présentation de candidats. M. Payen fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du compte rendu de la séance annuelle de la Société impériale et centrale d'Agriculture. (Voir au Bulletin bibliographique.) RAPPORTS. PHYSIQUE. — Supplément à l'Instruction sur les paratonnerres ; présenté par la Section de Physique, MM. Becquerel, Babinet, Duhamel, Despretz, Cagniard de Latour, Pouillet rapporteur. « En 1823, l'Académie des Sciences avait chargé la Section de Physique de rédiger une Instruction spéciale sur les paratonnerres; M. Gay-Lussac fut choisi pour préparer ce travail, et son Rapport reçut bientôt l'approbation de la Section et celle de l'Académie. Depuis cette époque, l'Instruction sur les paratonnerres est devenue en quelque sorte un manuel populaire par la grande publicité qu'on lui adonnée de toutes parts. En France, l'Adminis- tration supérieure, qui avait demandé ce document, s'empressa de le répandre dans toutes les parties des services publics, afin que peu à peu on parvînt à protéger plus méthodiquement contre les effets de la foudre les cathédrales et les églises, si souvent menacées à cause de leurs disposi- tions architecturales, les fabriques de poudre, les magasins et les arsenaux, les bâtiments à voile ou à vapeur, enfin les édifices de toute espèce et les habitations privées. A l'étranger, ces préceptes généraux et pratiques, approuvés par l'Académie, furent de même accueillis avec empressement et confiance. » Il y a maintenant un siècle qu<' pour la première fois on essaya les paratonnerres ; mais leur efficacité ne pouvait pas être admise sans contra- diction : les ignorants ne pouvaient pas croire que quelques baguettes de fer, ajustées d'une certaine manière, fussent capables de maîtriser la puis- sance de la foudre; et parmi les savants il se trouva aussi, sur ce point, bon nombre d'incrédules. De longues épreuves étaient donc nécessaires pour faire prévaloir cette vérité qui avait contre elle tout le monde, hormis Franklin et quelques physiciens d'Europe. Les contradicteurs scientifiques ne se bornaient pas à dire que les paratonnerres étaient inutiles, ils trou- vaient des raisons de croire et de faire croire au public que les paraton- ( i'43) lierres élaient nuisibles; que, loin d'arrêter la foudre, leur présence en pouvait déterminer l'explosion et la rendre plus funeste. Ainsi, au lieu d(> rassurer les esprits, on ajoutait encore à la terreur si naturelle qu'inspire ce redoutable météore. » Ces objections n'ont pas empêché la vérité de se faire jour, mais elles en ont retardé le développement; elles sont bien vieilles aujourd'hui, bien timides à se montrer, cependant elles agissent encore, on les rencontre de temps à autre, sinon dans le chemin de la science, du moins dans quelques sentiers voisins. L'Instruction publiée en iSaS n'a pas peu contribué à les affaiblir, non-seulement à cause de l'autorité que lui donnait le suffrage de l'Académie, mais encore par les règles pratiques qu'elle indiquait et qu'elle expliquait d'une manière si claire et si précise, qu'il n'y avait plus moyen de les mal interpréter. Les ouvriers eux-mêmes avec un peu d'attention par- venaient à comprendre ce qu'ils avaient à faire, et dès lors on n'avait plus à craindre dans la pose des paratonnerres ces erreurs qui auparavant étaient assez communes et qui suffisaient pour en paralyser l'efficacité. » Depuis trente et un ans de grands changements sont survenus, d'une part dans la science de l'électricité, d'autre part dans l'art des constructions, et l'on pourrait croire que les enseignements donnés à cette époque sur le sujet qui nous occupe sont aujourd'hui trop arriérés, qu'il faut les faire passer dans le domaine de l'histoire, et les recommencer sur de nouvelles bases. Mais les sciences ne procèdent pas ainsi, elles aiment les progrès, chaque jour elles en donnent la preuve, et cependant il est rare qu'elles aient à démolir; les agents naturels restent fidèles à leurs lois, l'action de l'électricité est aujour- d'hui ce qu'elle fut toujours, seidement nous la connaissons un peu mieux ; les faits observés de notre temps sont venus s'ajouter aux faits antérieurs sans leur porter la moindre atteinte. En iSaS, la découverte de l'électro- magnétisme n'avait que trois ans de date, on était loin de prévoir les grands résultats dont elle devait si rapidement enrichir la science ; cependant, mal- gré ces progrès considérables, inespérés, l'Instruction sur les paratonnerres n'a aucun besoin d'être réformée, du moins dans ses principes les plus essen- tiels. Pour ce qui tient à la nature des constructions, c'est un élément nou- veau dont il faut tenir compte : en effet, dans un grand nombre de cas les métaux remplacent aujourd'hui la pierre et le bois; nos édifices deviennent en quelque sorte des montagnes métalliques sur lesquelles les nuages ora- geux ont incomparablement plus de prise. I^e Palais de l'Industrie, qui s'élève aux Champs-Elysées, en est un exemple : il occupe près de 3 hectares qu'il va couvrir d'une immense construction ayant 4o mètres de hauteur, 149.. ('i44) où il entre partout, depuis la base jusqu'au sommet, des masses énormes de fer, de fonte et de zinc. I.a Compagnie qui a entrepris ce grand monument a désiré obtenir l'avis de l'Académie sur l'ensemble des moyens qu'il y aurait à emplayer pour le garantir des effets de la foudre. L'Académie a chargé la Section de Physique d'examiner cette demande et de lui en faire un Rapport; à cette occasion nous avons dû reprendre l'Instruction de iSsS, afin d'y introduire les modifications dont elle pourrait être susceptible. » C'est seulement d'une manière accidentelle que l'Instruction s'occupe des édifices où il entre des métaux ; le seid passage qui s'y rapporte est le suivant : « Si le bâtiment que l'on arme d'un paratonnerre renferme des pièces » métalliques un peu considérables, comme des lames de plomb qui re- » couvrent le faîtage et les arêtes du toit, des gouttières en métal, de lon- « gués barres de fer pour assurer la solidité de quelques parties du bâtiment, )■ il sera nécessaire de les faire toutes communiquer avec le conducteur du » paratonnerre; mais il suffira d'employer pour cet objet des barres de » 8 millimètres(3 lignes) de côté ou du fil de fer d'un égal diamètre. Si cette » réunion n'avait pas lieu, et que le conducteur renfermât quelque solution » de continuité, on qu'il ne communiquât pas très-librement avec le sol, il » serait possible que la foudre se portât avec fracas du paratonnerre sur » quelqu'une des parties métalliques. Plusieurs accidents ont eu lieu par » cette cause; nous en avons cité deux exemples au commencement de » cette Instruction. » » Telles sont les indications qui avaient été données: bien qu'elles soient très-générales et peut-être un peu succinctes, elles pouvaient être suffisantes pour leur époque; mais nous pensons que le moment est venu d'entrer, à cet égard, dans de plus amples détails. » Autrefois, dans les constructions ordinaires, l'emploi des métaux était, en effet, restreint presque exclusivement aux faîtages, aux gouttières, aux tirants de consolidation ; ce n'était que bien rarement, et comme par ex- ception, que l'on rencontrait, soit une charpente de fer, soit une couverture de plomb, de cuivre ou de zinc, tandis que maintenant le métal prédomine de plus en plus, on le met partout, et, ce qui est un point important, on le met en grandes superficies et en grandes masses : couvertures de métal, charpentes de métal, poutres de métal, croisées de métal, colonnes de mé- tal, et quelquefois peut-être murailles de métal. Alors les nuages orageux décomposent, par influence, des quantités d'électricité décuples ou cen- tuples de celles qu'ils auraient décomposées sur les corps moins bons con- (1.45) ducteurs, comme l'ardoise ou la brique, le bois, la pierre, le plâtre, le mor- tier et tous les anciens matériaux de construction. Ce nouveau système réa- lise donc sur une immense échelle ce que l'on objectait d'abord aux para- tonnerres : il attire la foudre. » Quand l'objection s'appliquait aux paratonnerres, elle n'avait qu'une apparence de vérité : car il est vrai que le paratonnerre attire la foudre, mais il est vrai aussi qu'obéissant aux lois qu'elle a reçues, elle lui arrive en général sans bruit, sans éclat, et toujours infailliblement domptée et docile, ayant perdu toute sa puissance originelle de destruction. Quand l'objection, au contraire, s'applique à ces amas de substances métalliques qui entrent dans nos constructions actuelles, elle n'est pas seulement spécieuse, elle est juste, profondément juste, fondée sur les lois les mieux établies : ces construc- tions attirent, en effet, la foudre, et rendent ses coups plus désastreux. » Deux édifices, pareils pour la grandeur et la forme, étant situés sur le même sol et disposés de la même manière par rapport à un nuage orageux , l'un construit en pierre et bois d'après l'ancien système, l'autre en pièces métalliques d'après le nouveau, si les paratonnerres manquent, et que les conditions soient telles, que la foudre doive éclater, elle frappera toujours ce dernier et jamais le premier, celui-ci se trouvant protégé par son voisin, dont les fluides sont influencés plus vivement. 11 arriverait là ce qui arrive quand on présente en même temps aux conducteurs d'une machine élec- trique, à la même distance et de la même manière, vme boule de pierre ou de bois et une boule de métal : c'est toujours celle-ci qui reçoit l'étincelle dès que l'on approche assez près pour qu'elle éclate. Les paratonnerres sont donc d'autant plus indispensables que les édifices contiennent de plus grandes superficies et de plus grands volumes de substances métalliques. » Pour se faire une idée juste de toutes les causes qui concourent à l'ex- plosion de la foudre, il ne faut pas considérer seulement les constructions, et, en général, tous les objets qui s'élèvent au-dessus du sol; il faut tenir compte encore du sol lui-même et de toutes les substances ,qui le consti- tuent depuis sa surface jusqu'à de grandes profondeurs dans les entrailles de la terre. Un sol aride, composé d'une couche mince de terre végétale, sous laquelle se trouvent d'épaisses formations de sables secs, de calcaire ou de granit, n'attire pas la foudre, parce qu'il n'est pas conducteur de l'électricité ; s'il est exposé à ses coups, ce n'est qu'accidentellement après les pluies qui en ont imbibé la surface. Là, les bâtiments participent jusqu'à luî certain point au privilège du sol, à moins qu'ils ne soient construits dans le nouveau système et qu'ils n'occupent une étendue assez considé- ( "46 ). rable. Mais, sous ce sol aride et sec, y a-t-il, à plusieurs dizaines de mètres de profondeur, de grands gisements métalliques, de vastes cavernes, des nappes d'eau ou seulement des fontaines abondantes, les nuages orageux exercent leur action sur ces matières conductrices, la foudre est attirée, elle éclate en franchissant l'intervalle ; la croûte sèche n'est pas un obstacle insurmontable, elle peut être percée, fouillée, fondue, à peu près comme l'est une couche de vernis par l'étincelle électrique. Alors, malheur aux constructions qui se trouvent sur son passage : fussent-elles de pierre ou de bois, elles sont brisées comme le reste, à moins qu'elles n'aient à opposer pour défense un paratonnerre bien établi. Si ces couches humides ou mé- talliques se trouvent cachées à des profondeurs plus grandes, le danger de l'explosion diminue par deux causes : d'une part, l'enveloppe qui les couvre devient plus difficile à traverser; d'une autre part, l'action des nuages s'af- faiblit par l'augmentation de la distance. On peut citer en preuve les vallées étroites qui ont quelques centaines de mètres de profondeur : la foudre n'y pénètre jamais; elle peut frapper les crêtes des collines, mais il est sans exemple qu'elle soit descendue jusqu'aux habitations, aux arbres ou aux ruisseaux qui en occupent les parties basses. Ces faits constants donnent en quelque sorte la mesure de l'accroissement de distance aux nuages qui est nécessaire pour être à l'abri du danger. r> Il importe de bien remarquer que jamais la foudre ne s'élance sans savoir où elle va, que jamais elle ne frappe au hasard : son point de départ et son point d'arrivée, qu'ils soient simples ou multiples^ se trouvent mar- qués d'abord par un rapport de tension électrique, et au moment de l'ex- plosion, le sillon de feu qui les unit, allant à la fois de l'un à l'autre, com- mence en même temps par ses deux extrémités. Les herbes, les buissons, les arbres même sont des objets trop petits pour la foudre, ils ne peuvent pas être son but ; s'ils sont Irappés, c'est parce qu'ils se trouvent sur son chemin , c'est parce qu'il y a au-dessous d'eux des masses conductrices plus étendues qui sont le but caché d'attraction, qui reçoivent au large l'influence et déterminent l'explosion. •0 Ainsi les lieux les plus exposés sont les lieux qui, étant les plus rap- prochés des nuages, sont en même temps découverts , humides et bons conducteurs ; les arbres élevés sur les sommets des coteaux sont soumis a la première condition, les vaisseaux au milieu de la mer sont soumis à la seconde, et il se peut trouver à une hauteur moyenne des localités qui tiennent assez de l'une et de l'autre pour recevoir à la fois les coups les plus fréquents et les plus terribles; car le coup d'un même nuage orageux peut ( «147 ) être fort ou faible, suivant l'étendue grande ou petite du corps conducteur qui le fait éclater. » Nous citerons ici quelques faits qui nous paraissent propres à faire mieux comprendre ces principes généraux, et en même temps à justifier les modifications que nous avons à proposer dans la construction du para- tonnerre. » Le 19 avril 1827, le paquebot ZeiVew-KorÂ;^ de 5ao tonneaux, venant de New-York à Liverpool, reçut deux coups de foudre ; il était alors par 38 degrés de latitude nord et 63 degrés de longitude occidentale, par con- séquent à 600 kilomètres des terres les plus voisines. » Au premier coup, n'ayant point de paratonnerre, il eut à éprouver de graves dégâts, comme on en peut juger par ce seul fait bien digne de remarque : un tuyau de plomb, communiquant du cabinet de toilette à la mer, fut mis en fusion ; il avait cependant huit centimètres de diamètre et treize millimètres d'épaisseur. » Au deuxième coup, le paratonnerre était établi; il se composait d'une baguette de fer conique ayant i™,20 de longueur, 1 1 millimètres de dia- mètre à la base, et d'une chaîne d'arpenteur longue d'environ 4o mètres, établissant la communication entre la mer et le pied du paratonnerre. Cette chaîne était faite avec du fil de fer de 6 millimètres de diamètre ; les chaî- nons avaient 45 centimètres de longueur, terminés en boucles; aux deux bouts ils étaient réunis par des anneaux ronds. » A l'instant de l'explosion, tout le bâtiment fut éclairé d'une vive lumière; en même temps la chaîne était dispersée de toutes parts, en fragments brûlants ou en globules enflammés; le paratonnerre lui-même était fondu sur une longueur de 3o centimètres à partir de la pointe, la fusion s'arrêtant au diamètre de 6 millimètres. Ces globules de fer en com- bustion, gros comme des balles, mettaient le feu sur le pont en cinquante endroits, malgré une couche de grêle qui le couvrait, malgré la pluie qui tombait à flots. Le reste du paratonnerre était en place, avec un bout de chaînon de 8 centimètres, et le plus gros fragment de la chaîne retrouvé siu- le pont n'avait pas i mètre de longueur; il portait des boursouflures qui accusaient l'action du feu. » A ce premier fait nous en joindrons un second plus récent; nous l'empruntons encore aux événements de la mer, parce qu'en général ils sont décrits à l'instant même, et avec précision, par des hommes qui ont l'habitude d'observer. Celui-ci est extrait de la Relation que M. le Ministre de la Marine a adressée dernièrement à l'Académie des Sciences : ( ii4î3 ) » Le i3 juin i854» dans la baie de Baltchick, à 7 heures du soir, le ton- nerre est tombé sur le vaisseau à deux ponts le Jupiter, faisant partie de l'escadre de la mer Noire. » Les chaînes des paratonnerres étaient en place-, celle du grand mât, qui a reçu le coup, plongeait dans la mer de 2 mètres, portant à son extrémité lin boulet de 2 kilogrammes. » Au moment de l'explosion on a vu une vive lumière; l'intensité du bruit et les tourbillons de famée ont fait supposer d'abord que c'était un coup de canon parti de l'une des batteries, mais l'erreur n'a duré qu'un instant; la chaîne du paratonnerre avait disparu, on en voyait partout les débris ; le gaillard d'arrière,,* la dunette, le porte-hauban en étaient cou- verts ; plusieure hommes de l'équipage en avaient reçu dans leurs vêtements, trois d'entre eux en étaient légèrement blessés. M Cette chaîne, d'environ 70 mètres de longueur, qui descendait du pied du paratonnerre jusqu'à la mer, en suivant d'abord la flèche de cacatois, puis en passant dans de larges anneaux de cuivre le long d'un galhauban de perroquet, n'était autre chose qu'un câble à trois torons, formé en tout d'une soixantaine de fils de laiton; chacun pouvait avoir d'un demi à deux tiers de millimètre d'épaisseur. » La foudre en avait fait des milliers de morceaux plus petits que des épingles ; cependant, au milieu de cet amas de fragments épars, on trouvait encore, çà et là, quelques bouts du câble lui-même ; ceux-ci avaient tout au plus qxielques décimètres de longueur; on voyait à leur surface ces cou- leurs violettes que le feu donne au métal, et, en effet, les premiers qu'on a touchés étaient encore brûlants. » Ces deux exemples suffisent pour faire connaître que, dans quelques circonstances, un paratonnerre peut être foudroyé ; mais ils font connaître aussi que, même dans ce cas, le paratonnerre n'est pas absolument inutile, puisqu'il reçoit la décharge, puisqu'il la dirige encore, et, par là, détourne les coups qui en tombant à côté de lui auraient fait sans doute beaucoup plus de mal. » En définitive, le Jupiter n'a eu aucune avarie, tandis que, non loin de lui, d'après la même relation, un vaisseau turc, qui avait aussi un paraton- neiTe, mais dont la chaîne n'était pas à l'eau, ayant reçu pareillement un coup de foudre pendant le même orage, a eu dans son flanc, un peu au- dessus du cuivre et près de la flottaison, un trou de plus de 3o centi- mètres de profondeur, et tel à peu près qu'aurait pu le faire un boulet de canon. ( i'49) » Cependant un paratonnerre, au lien d'inspirer la confiance, ferait naître des craintes trop légitimes si, lorsqu'il est bien établi et en bon état, il y avait la moindre proba]>ilité qu'il pût être ainsi frappé, ronij)!! en pièces brûlantes, et lancé au loin comme une mitraille ou comme une pluie de feu. » La question est donc de savoir si de tels accidents sont inévitables, s'ils tiennent essentiellement à la nature des choses, ou s'ils dépendent seu- lement de quelques vic(;s de construction particuliers aux appareils dont lUi seul éclat de tonnerre fait tant de débris. » Or les faits que nous venons de rapporter, et tous les autres faits plus ou moins analogues que l'on pourrait trouver dans l'histoire de la foudre et de ses phénomènes, si souvent extraordinaires, ne laissent aucun doute sur ce point : tous les paratonnerres qu'elle a détruits étaient de mauvais appa- reils, insuffisants, mal construits, non conformes aux principes que la théorie a pu déduire de l'expérience. Ce n'est pas que le paratonnerre soit fait pour n'être jamais foudroyé; au contraire, il est fait pour l'être souvent, mais pour l'être à sa manière, et pour résister toujours, même aux coups les plus violents. » Examinons, en effet, les appareils du New-York et du Jupiter. » Le paratonnerre; du New-York avait plusieurs vices de construction : sa tige était trop mince et trop effilée ; son conducteur était d'une section beaucoup trop petite; de plus, la forme de chaîne n'est jamais admissible, elle doit être exclue très-sévèrement de tout emploi de cette nature. En voici les raisons : les anneaux ne se touchent qu'imparfaitement, à cause des altérations du métal et des souillures diverses qui s'y attachent; et, en admettant même que les surfaces des points de contact soient bien nettes et métalliques, il arrive toujours qu'elles sont trop étroites, et qu'une faible décharge, resserrée sur ces points, suffit pour y mettre le fer en fusion et en combustion. « La nature de ces défauts indique la nature du remède; seulement on pourrait craindre qu'il ne fallût porter la section des tiges et celle des con- ducteurs à de telles dimensions, que l'établissement d'un bon paratonnerre ne fût une chose très-difficile et à peu près impraticable dans un grand nombre de cas. Ces craintes sembleraient même justifiées par la première décharge électrique qui tomba sur le New-York, puisqu'elle fut capable d'y fondre un tuyau de plomb qui avait une section métallique de près de 3o centimètres carrés. Mais ce fait ne pi'ou\c rien autre chose que ce qui C. K , 1354, 2™« Semestre. (T. XXXIX, N<'2S. • 5o ( ii5o ) était déjà parfaitement prouvé par les expériences de laboratoire, savoir : que le plomb est le plus mauvais métal que l'on puisse employer comme conducteur de paratonnerre, parce qu'il est trop fusible et trop mauvais conducteur de l'électricité. Ces mêmes expériences indiquent qu'il faut, au contraire, choisir le fer et le cuivre rouge : alors on arrive à des dimen- sions éminemment praticables et à des prix de revient qui n'ont rien d'exor- bitant. Il n'y a pas d'exemples qui montrent que la foudre ait jamais été capable de mettre en fusion des tringles de fer de 2 centimètres de dia- mètre ou de 3 centimètres carrés de section ; et, bien que le cuivre rouge soit beaucoup plus fusible que le fer, il peut être employé en dimensions encore plus réduites, parce qu'il est, avec l'or, l'argent et le palladium, parmi les meilleurs conducteurs des fluides électriques. » Le paratonnerre du Jupiter, quoique mieux établi que le précédent, avait aussi un vice radical de construction. Nous ne dirons rien de la tige, faute de détails suffisants sur les modifications que la décharge a pu y pro- duire, on se borne à dire qu'elle a été tordue; nous ne parlerons que du câble de fil de laiton qui formait le conducteur. Nous avons dit quels phénomènes singuliers de brisement et de projection il a présentés; on peut se rendre compte de ces effets de la manière suivante : on peut croire d'abord qu'il avait simplement une section trop petite, et qu'il a été dispersé par cette cause à peu prés comme la chaîne du New-York ; car il a été bien démontré par Van-Marum, en 1787, que le laiton jouit particulièrement de la propriété d'être brisé en mille pièces par une décharge électrique. Cepen- dant les nombreux fragments du câble qui nous sont parvenus, et que nous avons pu examiner sous tous les aspects, ne portent que quelques traces de fusion ; de plus, il arrive qu'aucune de ces traces ne s'étend à l'épaisseur entière du câble, toutes sont limitées à un groupe de quelques- uns des soixante fils qui le constituent. Cette circonstance nous semble démontrer que la décharge ne s'est pas propagée également par tous les fils, que ceux qu'elle a suivis, étant insuffisants pour la transmettre, ont dû être, les uns fondus, les autres brisés ou volatilisés avec cette vive explosion qui accompagne toujours les volatilisations électriques. De là cette rupture du câble et cette projection en fragments de quelques décimètres de longueur qui, brûlants à la main, n'étaient pas cependant chauffés au point d'enflammer le bois et les autres corps combustibles. » Cette explication toutefois soulève une question singulière, la question de savoir si, dans lui câble de fils pareils, commis et tordus ensemble, la ( "5. ) foudre peut en effet choisir quelques fils de préférence au reste, surtout quand leur entière réunion est à peine suffisante pour lui donner un libre passage. Nous n'hésitons pas à répondre affirmativement, du moins sous certaines conditions. Sans doute, si aux deux extrémités du câble, sur une longueur d'environ i décimètre, les fils, d'abord étamés séparément, étaient ensuite soudés ensemble pour former en quelque sorte un cylindre métal- lique, jamais il n'arriverait que l'électricité naturelle ou artificielle, ayant à circuler dans la longueur entière du câble, montrât quelque préférence pour l'un ou pour l'autre de ces fils pareils : devenus solidaires, ils subiraient la même loi, ils résisteraient ensemble, ils seraient fondus, volatilisés ensemble. Mais si cette condition n'est pas remplie, si aux deux extrémités, ou plus généralement aux deux points de jonction avec les autres conduc- teurs, les fils se trouvent isolés entre eux par des couches de poussière ou d'oxyde ; si, de plus, le câble ne touche ces conducteurs que par ses fils superficiels, alors les choses se passent tout autrement : les fils ne sont plus ni égaux ni solidaires, l'électricité choisit ou plutôt elle prend ceux qui sont en contact avec les conducteurs, et que la torsion du câble amène tantôt à la surface, tantôt au centre du faisceau; ces fils, réduits en petit nombre, deviennent incapables de supporter l'effort, et le câble entier, brisé par l'explosion, présente infailliblement tous les phénomènes qui se sont produits à bord du Jupiter, et qui ont été si bien décrits par le comman- dant M. Lugeol. » Ces imperfections graves que nous venons de signaler dans deux para- tonnerres foudroyés, bien qu'elles soient différentes à quelques égards, remontent cependant à la même origine et dépendent de la même cause : \ insujfisancc de section. Dans le premier, cette insuffisance est appa- rente et en quelque sorte constitutive : un fil de fer de 6 millimètres d'épais- seur ne présente qu'une section neuf ou dix fois trop petite; dans le second, cette insuffisance est plutôt cachée et accidentelle, parce qu'elle résulte de jonctions mal faites. C'est sur ce dernier point que nous devons surtout appeler l'attention. » Les deux règles les plus fondamentales de la construction du paraton- nerre et de ses conducteurs sont : » 1°. Qu'ils aient partout une section suffisante; » 2°. Qu'ils soient continus et sans lacune depuis la pointe de la tige jusqu'au réservoir commun. » Mais il faut bien expliquer ce que doit être cette continuité, car on i5o.. ( ll52 ) peut, k la rigueur, l'entendre de deux manières ; on peut admettre que deux pièces de métal qui se touchent forment im ensemble assez continu pour l'électricité ; on peut admettre, au contraire, que le plus souvent ce simple contact est l'équivalent d'une lacune, à cause de l'oxydation qui se jM'oduitavec le temps et des corps étrangers qui se déposent entre les surfaces. » L'Instruction de iSaS, sans avoir adopté la première opinion, nous paraît n'avoir pas assez recommandé la seconde, qui, à notre avis, doit être exclusivement mise en pratique dans tout ce qui appartient aux para- tonnerres. » Nous ne nierons pas, sans doute, qu'en multipliant les précautions et les soins,on ne puisse parvenir à joindre et à bouloniîer deux pièces de fer ou de cuivre assez étroitement pour qu'elles offrent au fluide électrique un assemblage véritablement continu; mais quand les joints doivent se multi- ^ plier, nous craignons quelques négligences des ouvriers, et par-dessus tout nous craignons les altérations chimiques des surfaces, les dépôts des diverses matières étrangères, enfin les dislocations mécaniques qui se produisent aussi avec le temps et par des secousses répétées. En conséquence, nous regardons comme indispensables les deux règles pratiques suivantes : » Première règle. — Réduirez autant que possible le nombre des joints sur la longueur entière du paratonnerre, depuis la pointe jusqu'au réservoir commun. » Deuxième règle. — Faire au moyen de la soudure à l'étain tous ceux de ces joints qu'il est nécessaire de faire sur place, soit à caus(! de la forme, soit à cause de la longueur des pièces. » Ces soudures à l'étain, qui devront toujours se faire sur des surfaces ayant au moins lo centimètres carrés, seront en outre consolidées par des vis, des boulons ou des manchons. j) Ces précautions nous semblent commandées par la prudence, surtout pour les édifices où il entre beaucoup de métal, pour ceux qui sont placés sur un vaste sol bon conducteur, enfin pour les bâtiments de mer; parce que ce sontlà, comme nous l'avons dit, les conditions qui donnent, pour un même nuage orageux, les flux électriques les plus considérables. » Troisième règle. — Une troisième règle, à laquelle nous attachons aussi de l'importance, est de ne pas amincir autant qu'on le fait, en général, le sommet de la tige du paratonnerre. A notre avis, l'extrémité supérieure du fer ne doit pas avoir moins de 3 centimètres carrés de section ; par ( iid3 ) conséquent a centimètres de diamètre ; on y fera à la lime et dans l'axe uii cylindre ayant i centimètre de diamètre et i centimètre de hauteur, qui sera ensuite taraudé ; sur cette vis saillante on adaptera un cône de platine de 1 centimètres de diamètre à la base et d'une hauteur double, c'est-à-dire de 4 centimètres; l'angle d'ouverture à la pointe aiguë étant ainsi de a8 à 3o degrés; ce cône de platine, d'abord [)lein, sera creusé et taraudé pour faire écrou sur la vis, ensuite il sera soigneusement soudé au fer, à la sou- dure forte, pour composer avec lui un tout continu et sans vides. » Indiquons les raisons de ce changement. » Quelque grand que soit lui nuage orageux, quelque considérable que puisse être son intensité électrique, il est certain que, s'il était assez loin du paratonnerre et que s'il s'en approchait assez lentement, il n'y aurait aucune explosion de la foudre : le paratonnerre exercerait d'une manière efficace son action préventive; sans neutraliser complètement la puissance électrique du nuage, il la réduirait dans une énorme proportion ; et, dans ce cas, il ne protégerait pas seulement un cercle restreint autour de lui, il aurait de plus protégé par anticipation, dans ime certaine mesure, tous les objets au- dessus desquels ce nuage doit passer dans sa course ultérieure . C'est pour aug- menter encore cette action préventive si remarquable que nous donnons au paratonnerre, dans toute sa longueur, cette continuité métallique absolue qui la favorise à un haut degré. La pointe aiguë d'un angle de 3o degrés que nous substituons à la pointe aiguë et beaucoup plus effilée dont on se sert généralement, n'empêche pas cette action, bien qu'elle soit moins propre à la favoriser quand les distances sont petites et les intensités faibles; mais elle a une incontestable supériorité par la résistance incompa- rablement plus grande qu'elle oppose à la fusion, résistance que nous jugeons nécessaire. » En effet, il faut bien se poser cette question : Un bon paratonnerre peut- il être foudroyé, à la manière d'un mauvais paratonnerre, à la manière des autres objets terrestres, c'est-à-dire par un éclair, par une explosion sou- daine? Or, à cette question nous ne trouvons dans les faits jusqu'à présent connus rien qui nous autorise à faire une réponse négative absolue. Nous dirons seulement que ce phénomène, s'il se produit, ne peut se produire que sous la condition qu'une force électrique considérable se développe subite- ment dans le voisinage du paratonnerre. C'est là tout ce que nous pou\ ons déduire aujourd'hui des lois encore imparfaitement connues de l'électricité atmosphérique ; et,, il n'est pas impossible que cette condition se trouve ( '154 ) quelquefois remplie ; soit par les actions multiples et diverses qui s'exercent entre des nuages différents, soit par des condensations rapides, analogues à celles qui donnent tout à coup des masses d'eau ou de grêle ; soit enfin par d'autres causes dont notre ignorance actuelle ne nous permet pas d'aper- cevoir l'origine. » Ce phénomène, nous n'en doutons pas, sera très-rare et, si l'on veut, tout à fait exceptionnel ; mais il suffit qu'il ne soit pas impossible pour que nous en tirions cette conséquence pratique : qu'il est indispensable de con- stituer le paratonnerre, non-seulement pour qu'il ne soit pas détruit par la foudre , mais encore pour qu'il n'en puisse éprouver aucun dommage capable d'affaiblir sa puissance protectrice. » La pointe mince et effilée ne remplit pas cette condition ; car il ne faut pas un coup de foudre bien vif pour qu'elle soit émoussée, ou même pour que la tige qui la porte soit ramollie à un tel point que, par son poids, elle se courbe en forme de crosse, et s'il arrive que le coup soit violent, la pointe et une longueur plus ou moins considérable de la tige tombent en globules enflammés. Après de tels accidents, si le conducteur lui-même n'a reçu aucune atteinte, il est vrai que le paratonnerre n'est pas précisément hors de service, mais il est certain aussi qu'il a perdu tout l'avantage que l'on avait recherché en hii donnant une pointe à angle très-aigu. Un appareil ainsi dégradé reste encore très-propre à recevoir d'autres coups de foudre et à protéger autour de lui dans un certain rayon, mais il est devenu im- propre à exercer aucune action préventive, puisque le sommet de la tige n'est plus qu'une masse informe recouverte d'une couche épaisse d'oxyde. •> Dans ses deux états il représente les deux opinions extrêmes qui, à diverses époques, ont été émises sur les paratonnerres; avant le coup de foudre il représente l'opinion de ceux qui demandent exclusivement au paratonnerre une action préventive; après le coup de foudre il représente l'opinion de ceux qui, ne comptant pour rien l'action préventive, deman- dent seulement que le paratonnerre puisse être foudroyé sans dommage. Nous ne prétendons pas donner satisfaction à tout le monde, mais nous avons la ferme confiance qu'il est possible de constituer un paratonnerre qui résiste parfaitement aux plus violents coups de foudre et qui possède, après comme avant, une action préventive très-efficace. » Tel est le but des trois règles pratiques que nous venons de donner. » Pour le surplus, nous renvoyons à l'Instruction de iSaS, car il n'est ( ii55 ) venu à notre connaissance aucun fait qui conduise à modifier les règles générales qu'elle propose : » 1°. Pour la section des conducteurs, qu'elle fixe à 2*^,25 (2 centi- mètres carrés et un quart), c'est-à-dire à i5 millimètres de côté pour le fer carré et 1 7 millimètres de diamètre pour le fer rond ; » 2". Pour la manière d'établir les conducteurs sur les couvertures des divers édifices; » 3". Pour la manière de les mettre en communication avec le réservoir commun . » Après avoir examiné tout ce qui appartient à la construction et à la pose du paratonnerre, le sujet qui nous occupe n'est pas épuisé; il reste encore une question importante et difficile à résoudre : c'est la question de savoir à quel point il faut multiplier les paratonnerres, ou, en d'autres termes, quel est le cercle de protection qu'il est permis d'attribuer à un paratonnerre bien établi. » Quelques anciennes observations paraissent avoir constaté des coups de foudre sur des parties de bâtiments qui se trouvaient à une distance de la tige égale à trois ou quatre fois sa hauteur au-dessus de leur niveau. En conséquence, à la fin du siècle dernier, c'était une opinion généralement reçue, que le cercle de protection du paratonnerre n'avait pour rayon que deux fois la hauteur de la tige. L'Instruction de 1 SaS ayant trouvé cette pratique établie, a cru devoir l'adopter. Cependant elle y apporte quelques restrictions : par exemple, en ce qui regarde les paratonnerres des clochers, elle admet, s'ils s'élèvent de 3o mètres au-dessus du comble des églises, que, pour ces combles, le rayon du cercle de protection se réduit à 3o mètres, au lieu de 60. » Il importe de rappeler que ces règles, bien qu'elles soient appliquées depuis longtemps, reposent sur des bases où il entre beaucoup d'arbitraire; et, si nous faisons cette remarque, ce n'est pas pour les condamner, mais seulement pour empêcher qu'on ne leur attribue une valeur qu'elles sont loin d'avoir. Ne suffirait-il pas, en effet, que, d'époque en époque, elles fussent ainsi admises traditionnellement et de confiance pour que l'on se crût dispensé de les soumettre à quelque contrôle, pour que l'on négligeât de faire sur ce point des observations qui pourraient se présenter et qui four- niraient à la science des documents qui lui manquent presque complète- ment ? » Ce n'est qu'avec ces réserves et faute de données assez nombreuses et ( ii56 ) assez certaines que nous admettons ces règles reçues sur la grandeur du cercle qu'un paratonnerre protège autour de lui. Nous ajouterons de plus, pour ceux qui pourront observer des faits qui s'y rapportent, qu'elles ne peuvent pas être générales et absolues; qu'elles dépendent d'une foule de circonstances, et particulièrement des matériaux qui entrent dans les con- structions. Nous croyons, par exemple, que le rayon du cercle de protec- tion ne peut pas être aussi grand pour un édifice dont les couvertures ou les combles sont en métal que pour un édifice qui n'aurait, dans ses parties supérieures, que du bois, de la tuile ou de l'ardoise. En effet, dans ce der- nier cas, la portion active du nuage orageux, quoique notablement plus éloignée du paratonnerre que de la couverture, exerce cependant sur le paratonnerre une action plus vive ; tandis que, dans le premier cas, ces deux actions doivent être à peu près égales pour une distance égale. » En terminant ici le développement de ces principes généraux, nous profiterons de l'occasion qui nous est offerte pour appeler de nouveau l'at- tention sur tout ce qui se rattache aux effets de la foudre et sur la nécessité de les bien observer. Chaque fois que le tonnerre tombe, près ou loin des paratonnerres, près ou loin des habitations, dans les plaines ou sur les montagnes, il est presque certain qu'il y a des observations importantes à faire sur les phénomènes qui se manifestent. On connaît, il est vrai, un grand nombre, malheureusement un trop grand nombre d'exemples de personnes tuées ou de maisons incendiées ; on connaît aussi des exemples très-divers de métaux fondus, de charpentes brisées, de pierres ou même de murailles transportées au loin, enfin beaucoup d'autres effets analo- gues; mais ce qui manque, en général, ce sont des mesures précises rela- tives aux distances, aux dimensions, aux positions des objets, soit des objets atteints, soit de ceux qui ne le sont pas : car il faut connaître aussi bien ce que le tonnerre épargne que ce qu'il frappe. C'est à tous les observa- teurs, et particulièi-ementaux officiers de la marine, de l'artillerie et du génie, auxprofesseurs, aux ingénieurs, aux architectes, qu'il appartient de bien con- stater ces phénomènes au moment même où ils se produisent, et de les bien décrire, au profit de la science comme au profit de l'économie publique. De telles descriptions, quand elles se rapportent à un coup de foudre, doi- vent, autant que possible, indiquer les traces de la foudre à son point le plus haut et à son point le plus bas, ensuite, par des sections horizontales bien repérées et assez multipliées, faire connaître les positions relatives de tous les objets dans un cercle assez étendu autour de ceux qui portent la marque de son passage. ( "57 ) » L'Académie des Sciences recevra toujours des travaux de cette espèce avec un véritable intérêt. Note spéciale pour les bâtiments de mer. » Le cuivre rouge a une grande supériorité sur le fer et le laiton dont on fait usage trop souvent pour composer le câble qui forme le conducteur du paratonnerre ; il est moins altérable sous l'influence des agents atmosphé- riques, et surtout il peut être employé avec une section trois fois plus petite. Nous conseillons donc exclusivement les câbles de cuivre rouge ; ils devront avoir i centimètre carré de section métallique : ainsi leur poids sera d'en- viron 900 grammes par mètre courant ou 90 kilogrammes les 1 00 mètres ; les fils auront de i millimètre à i™™,5 de diamètre; ils pourront être cordés à trois torons, comme à l'ordinaire. » Le paratonnerre peut n'avoir que quelques décimètres de longueur, y compris sa pointe, composée comme nous l'avons dit. Sa jonction avec le câble sera faite dans l'atelier, à la soudure à l'étain ; pour cela on pourra, par exemple, ménager dans la tige un trou convenable, y passer le câble et ramener le bout de 3 à 4 décimètres de longueur pour le corder et l'ar- rêter avec le reste; ensuite le trou sera rempli d'une soudure qui imprègne tous les fils et qui forme aux points d'entrée et de sortie du câble une sorte de large hémisphère. » Avec cette disposition la tige du paratonnerre ne peut plus se visser elle-même au sommet de la flèche qui la reçoit, il faudra donc lui donner une forme qui permette de la boulonner solidement avec son support. » A son extrémité inférieure le câble sera ajusté d'une manière analogue dans une pièce de cuivre de forme convenable, et il faudra nécessairement que cette pièce de cuivre soit mise elle-même en permanente communica- tion avec le doublage du navire. a La précaution dont on use quelquefois d'isoler la chaîne du porte-hau- ban est inutile ; et l'habitude de jeter la chaîne à la mer au moment de l'orageest dangereuse : 1° en ce qu'il est possible que l'on oublie de le faire; 2" en ce que souvent il ne suffit pas que la chaîne communique à l'eau de la mer par 2 à 3 décimètres carrés de surface. Note spéciale pour le Palais de t Exposition. » Les constructions du Palais de l'Exposition couvrent un rectangle de 100 mètres de largeur sur 260 mètres de longueur, sans compter les pa- C. R., 1 354, îme Semestre. {T. XXXIX, N» 28.) l5l ( ,i58) villons qui se trouvent en dehors et sur les quatre faces. La galerie centrale a aS mètres de largeur, et la galerie rectangulaire qui lui est contiguë et qui l'enveloppe de toutes parts, seulement 28 mètres. Les fermes de cette grande charpente de fer sont à 8 mètres l'une de l'autre^ elles sont reliées entre elles par des pannes en forme de cornières, par des moises et des entretoises; et ce vaste ensemble est supporté par plusieurs centaines de colonnes de fonte, indépendamment du mur extérieur. » Le système de construction ne permet pas que les paratonnerres aient plus de 6 à 7 mètres de hauteur, et qu'ils soient posés ailleurs que sur les sommets des fermes. En conséquence on les établira dé trois en trois fermes, c'est-à-dire à i[\ mètres l'ini de l'autre. Ainsi, la galerie rectangulaire aura trente paratonnerres, la galerie centrale neuf ou dix; quant aux pavillons, ils en recevront plus ou moins, suivant leur étendue et leur position. » Un grand conducteur commun sera établi dans toute la longueur du chaîneau qui fait le tour de la galerie centrale, ayant ainsi 5oo mèti'es de développement; il sera formé avec du fer portant 8 ou 9 centimètres carrés de section, et métalliquement continu. Chaque paratonnerre sera muni d'un conducteur particulier qui viendra se souder au conducteur commun. Enfin le conducteur commun lui-même sera mis en communication avec le sol au moyen de quatre puits, au moins, qui seront creusés vers les quatre angles du rectangle ou vers les milieux des côtés, et qui devront être assez profonds pour avoir toujours i mètre d'eau. Il importe que ces puits soient éloignés les uns des autres; il importe pareillement que les conducteurs qui viennent y perdre la foudre se trouvent en contact avec le liquide par de grandes surfaces, soit qu'on les y ramifie de diverses manières, soit que l'on y soude des feuilles larges et épaisses de tôle étamée, de zinc ou de cuivre. » Les paratonnerres des pavillons seront de même reliés au conducteur commun, ou au plus voisin de ses embranchements qui se dirigent vers les puits. » On doit remarquer qu'il se trouve environ l\o mètres de distance entre les pieds des paratonnerres correspondants de la galerie centrale et de la galerie rectangulaire, tandis que d'après les règles reçues par rapport au cercle de protection, les paratonnerres de 7 mètres ne comporteraient qu'une distance de 28 mètres. Mais ces conditions sont imposées par la nature de la construction, qui ne permet, comme nous l'avons dit, de placer des para- tonnerres qu'au sommet des fermes ; au reste, il nous paraît que cet excès de distance ne peut pas avoir grand péril, puisqu'à partir du pied des para- tonnerres la couverture ayant la forme d'un cylindre horizontal à base cir- culaire, va en s'abaissant rapidement. » (.1159 ) Observations présentées par M. le baron Ghari.es Dupiîî, au sujet du Rapport de la Section de Phjsiqne, sur V établissement des paratonnerres à bord des vaisseaux. « M. le baron Charles Dupin croit devoir indiquer les beaux travaux de sir William Snow Harris, membre éminent de la Société rojale de Londres. Son système de paratonnerres est officiellement adopté par toute la marine militaire britannique. L'Amirauté d'Angleterre, justement satisfaite de ce système, après en avoir vérifié la bonté par voie d'expériences, a récompensé magnifiquement l'auteur. » A l'Exposition universelle de i85i, le viii*^ Jury^ celui des arts mari- times et militaires^ présidé par M. le baron Charles Dupin, a proposé la ré- compense du premier ordre, et le Conseil des Présidents l'a votée pour sir William Snow Harris. » La Section de Physique de l'Académie rend elle-même hommage au système de sir William Snow Harris, en proposant des dispositions qui se rapprochent beaucoup des siennes. On en jugera par l'extrait suivant du Rapport fait par M. le baron Charles Dupin au nom duviii^ Jui'y» e" i85i; Rapport que l'auteur met à la disposition de la Section de Physique. « Une source de salut capitale pour les navires est l'application la plus effi- » cace des conducteurs métalliques, destinés à les garantir contre le tonneire. » Franklin a fait la découverte immortelle du caractère identique de l'élec- » tricité que l'homme produit artificiellement, et de celle qui jaillit (ki ciel » sous la forme des éclairs et de la foudre. Par le moyen du paratonnerre à » conducteurs métalliques qu'il a proposé, on a pu conserver contre les acci- » dents des orages les édifices de terre et de mer. Cependant les circonstances » si variables et si compliquées dans lesquelles les navires se trouvent forcé- » ment placés, rendent l'usage de ces conducteurs très-difficile, et presque » impossible. Les mâtures, les seules pièces le long desquelles on puisse les » appliquer, sont composées d'un grand nombre de parties très-distinctes, » qu'il faut souvent mouvoir les unes contre les autres et parfois retirer, » amener., tout à fait : les mâts peuvent encore être endommagés par le » vent et par d'autres causes perturbatrices. La protection des navires contre » l'électricité du ciel avait été confiée à une faible chaîne ou à une corde » métallique temporairement appliquée le long des haubans. Par la force » des choses, un tel conducteur ne pouvait pas offrir la sécurité complète » qui doit résulter d'un conducteur plus puissant, inamoviblement fixé le » long des mâts. i5i.. ( ii6o ) » Sir William Snow Harris a conçu l'idée de rendre de forts conducteurs » métalliques partie intégrante des mâts et de la coque du bâtiment. Il établit » ainsi le navire entier dans im état parfait de conductibilité, eu égard à la » matière de l'électricité céleste, comme si toute la masse était métallique. » Il remplit cet objet en incorporant avec les mâts et la cale, une série de i> plaques en cuivre disposées de manière qu'elles se prêtent à toutes les » positions variables de la mâture; elles sont tellement imies entre elles, M qu'une décharge électrique frappant le navire, n'importe en quel endroit, » ne puisse pas entrer dans un circuit, quel qu'il soit, dont les conducteure » ne formeraient point partie. Par ce moyen le navire est préservé de l'effet » destructeur résultant de l'électricité céleste, dans toutes les circonstances » et par tous les temps, sans que les officiers ni l'équipage s'en mêlent en » aucune manière. En définitive, sir William Harris a démontré, qu'en » quelque position que les mâts calés soient placés, une ou plusieurs lignes » de ses conducteurs passent à travers le navire pour se rendre à la mer; 1» elles présentent moins de résistance au passage de la décharge électrique » qu'aucune autre disposition qu'on pourrait imaginer. » Sir Baudoin Walker, inspecteur général de la marine britannique et l'un » de nos honorables collègues, a lui même éprouvé les précieux avantages » du système que nous venons de décrire. Ce fut à bord d'une frégate qu'il » commandait, dont le grand mât et le mât de misaine furent frappés par de » très-vives décharges de la foudre, sur la côte du Mexique. Dans cette oc- » currence, la force de la décharge était si puissante, qu'elle a fondu presque » en entier la partie métallique sur laquelle l'éclair vint frapper, et qu'elle a » laissé des marques de fusion sur la surface des plaques conductrices, mais, » grâce aux conducteurs de sir William Snow Harris, sans que le moindre » dommage fût fait aux mâts non plus qu'à la coque, et cela lorsque les » mâts de cacatois étaient amenés. » Nous avons décerné notre récompense la plus élevée à ce système, que » nous considérons comme le meilleur qu'on ait encore imaginé contre les » effets de la foudre. » Après ces observations, qui donnent lieu à quelque» remarques de la part de MM. Becquerel, Regnault, Thenard et Piobert, le Rapport est mis aux voix et adopté. Sur la demande de plusieurs Membres, un exemplaire d-e ce Rapport sera adressé à chacun de MM. les Ministres. ( i'6. ) NOaUNATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre qui remplira, dans la Section de Botanique, la place laissée va- cante par le décès de M. Gaiidichaud. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 53, M. Payer obtient. ... 44 suffrages. M. Duchartre 6 M. Trécul 2 Il y a un billet blanc. M. Payer, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé Membre de l'Académie. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. MÉMOIRES LUS CHIRURGIE. — Mémoire sur le siège et les principales variétés de la cataracte; par M. Malgaigxe. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.) « La cataracte est une affection des plus commîmes; et-depuis deux mille ans qu'on théorise sur son siège et sur sa nature, il était permis peut-être de croire qu'on savait en quoi elle consistait. Nous le croyions du moins en i84o; nous en connaissions quatre variétés principales : la cataracte lenti- culaire, débutant par le centre du cristallin; la cataracte capsulaire , affec- tant la capsule; la capsulo-lenticulaire, combinaison des deux premières; et enfin la cataracte de l'humeur de Morgagni. Ces quatre grandes variétés ne soulevaient pas l'ombre d'un doute ; c'était une doctrine compacte, solide, et qui semblait assise sur des fondements indestructibles. » Cependant, ayant eu l'occasion de faire à Bicétre une série de dissec- tions d'yeux cataractes, je fus fort surpris de ne rencontrer jamais ni l'opa- cité centrale du cristallin ni l'opacité de la capsule. Il me prit envie alors de rechercher l'origine de la doctrine en vogue, et de voir sur quels faits elle s'était appuyée. En étudiant jadis le caractère des grandes révolutions qui ont _ agité la chirurgie, j'avais fait voir comment, vers la fin du xvil" siècle, sous ( Il62 ) l'impulsion de la philosophie cartésienne, la chirurgie s'était tout à coup dérobée au joug de l'autorité qui l'avait tenue asservie pendant tout le moyen âge et même encore sous la Renaissance; mais dans cette révolution capitale, faisant à peu près, comme a fait Descartes, table rase de ses tradi- tions, elle n'avait pas moins bien imité son guide en procédant au renou- vellement de ses doctrines avec l'évidence placée au-dessus de toute observa- tion, et la raison prenant le pas sur l'expérience. Presque toute la chirurgie du xviii" siècle porte la marque de cette fâcheuse direction ; c'est là, si j'ose ainsi parler, sa tache originelle. Les doctrines sur la cataracte, remontant au xvin* siècle, y avaient-elles échappé? La question fut bientôt vidée pour moi; et le 22 février i84i> dans une Lettre à l'Académie, j'annonçai que toutes ces doctrines avaient été adoptées sans preuves suffisantes. Depuis lors j'ai continué mes recherches; la majeure partie des doctrines admises il y a quatorze ans sont rentrées dans l'oubli d'où elles n'auraient pas dû sor- tir ; mais, comme quelques rares et tristes débris en subsistent encore, il m'a paru nécessaire de compléter mon œuvre commencée, et de dire enfin, tou- chant le siège et les principales variétés de la cataracte, ce qui est et ce qui n'est pas démontré. » L'histoire de la cataracte peut se partager d'abord en deux grandes époques : l'époque ancienne, qui, de l'école d'Alexandrie jusqu'au com- mencement du xvili* siècle, avait placé la cataracte en avant du cristallin ; l'époque moderne, qui, rétablissant en partie la vérité, l'a mélangée encore de nombreuses erreurs. Mais l'époque moderne se subdivise elle-même en quatre époques secondaires, qui se succèdent a peu près à la distance d'un demi-siècle. » Première époque^ 1 706 à 1 765. —C'est en i yoS que Brisseau lut à l'Aca- démie des Sciences un Mémoire où il établissait que la cataracte siège dans le cristallin. Sans retracer toutes les luttes que cette idée eut à soutenir, il convient de rappeler deux choses : premièrement, que les partisans de la doctrine ancienne se fondaient surtout sur ce qu'ils apercevaient à travers la pupille; dans l'opération de l'abaissement, ils croyaient voir une mem- brane se plisser sous l'aiguille, et il fallut que plusieurs autopsies succes- sives vinssent leur montrer qu'ils s'abusaient. Il fut reconnu alors que ces inspections dans l'œil vivant sont éminemment sujettes à illusion ; grande leçon donnée aux oculistes, et dont ils n'ont pas suffisamment profité. En second lieu, la discussion s'étant prolongée encore, on vit arriver ce qui s'est vu souvent en chirurgie : des esprits qui répugnent, comme ils disent. ( ii63 ) aux opinions extrêmes, et qui, pour porter un jugement équitable, donnent raison pour moitié à chaque adversaire, et se font une petite doctrine de juste milieu. Heister, après bien des luttes, finit par un compromis de ce genre ; il admit tout à la fois des cataractes cristallines à la façon de Brisseau des cataractes membraneuses à la manière des anciens, et il appela cela sa doctrine. Ce fut la première doctrine allemande. » Deuxième époque, 1755 à iSqo — Cette solution déplut en France; Fontenelle, qui le croirait ? fut le premier qui indiqua aux chirurgiens un autre compromis, en joignant à l'opacité du cristallin l'opacité de la capsule. Tenon, en 1755, avec une seule autopsie et six opérations, créa quatre variétés de cataractes capsulaires. En 1757, avec trois dissections nouvelles, il créa trois autres variétés, qui ne résultaient même pas de ses dissections ; mais Tenon lui-même n'estimait ses dissections qu'en tant que conformes à la raison et à l'expérience. L'établissement des nouvelles variétés ayant donc été jugé raisonnable, elles furent admises sans difficulté. » En 1763 la raison conduisit à une autre découverte: Hoin imagina la cataracte du liquide de Morgagni. Il ne publia pas un seul fait à l'appui de son invention ; mais comme elle complétait agréablement le cadre anato- mique des cataractes, personne n'y fit la moindre objection. » Troisième époque, 1790 à i84i. — En 1790, la vogue était aux clas- sifications en médecine : Richter classifia les cataractes, admit sans contrôle tout ce qu'on avait admis avant lui, et multiplia les variétés. Béer, que l'en- thousiasme germanique appelle le fondateur de l'ophthalmologie moderne, et qui a gagné ce titre à bon marché, reprit la classification de Richter en y ajoutant, sans preuves, sans dissection, des variétés nouvelles ; et c'est ainsi que les cataractes capsulaires et capsulo-len ticulaires ne comptèrent pas moins de quinze variétés. La doctrine allemande, introduite en France par MM. Stœberet Sichel, y eut d'abord un grand succès; les ophthalmologistes, oublieux de leur histoire, se contentaient de regarder dans l'œil vivant à ti-avers la pupille, prenant leurs illusions pour des réalités. Dupuytren lui- même se laissa abuser par ce mode d'inspection; aussi vers iS/ji, M. Fur- nari, écho de l'école franco-germanique, n'hésitait pas à déclarer que la cataracte capsulo-lenticulaire était la plus fréquente de toutes. » Quatrième époque, 1841.— On peut donc juger de l'émotion que jeta dans les esprits ma Lettre à l'Académie, annonçant que, sur vingt-cinq dissections d'yeux cataractes, je n'avais pas trouvé une seule fois la cataracte commençant par le centre du cristallin, pas une seule fois la capsule opaque. ( ii64 ) En Belgique et en Allemagne, mes conclusions furent taxées d'hérésie ; les Annales d oculistique mirent immédiatement au concours l'anatomie pathologique de la cataracte, avec injonction de s'attacher surtout à l'exa- men critique de l'opinion de M. Malgaigne. Le résultat de ce concours fut qu'on ne put montrer une seule autopsie, de cataracte débutant par le centre du cristallin, et que les opacités de la capsule, dues pour la plupart à des épanchements inflammatoires, n'appartenaient pas à la catégorie des cata- ractes simples, mais bien aux cataractes compliquées. Les doctrines alle- mandes reculaient sur tous les points; encore venais-je d'y faire une autre brèche. La ressemblance de mes cataractes lenticulaires avec ce qu'on décri- vait sous le nom de cataracte de l'humeur de Morgagni m'avait inspiré des doutes ; je recherchai avec soin cette humeur sur des yeux sains, et il me fut impossible de la trouver. L'école allemande avait accepté, proclamé, et soi- gneusement décrit une cataracte dans une humeur qui n'existe pas. La cataracte morgagnienne fut enterrée du coup. » Aujourd'hui, treize ans après ma Lettre à l'Académie, on a donc rayé du cadre pathologique la cataracte de Morgagni ; on reconnaît l'excessive rareté des cataractes capsulaires; la plupart des variétés de l'école allemande sont rapportées aux cataractes lenticulaires ; enfin, il est admis que la plu- part de ces dernières commencent à la surface du cristallin. On peut juger par là de la révolution opérée. » Mais la révolution n'est pas complète, et, comme au dernier siècle, nos ophthahnologistes se complaisent encore dans une sorte de compromis, mêlant par moitié les erreurs anciennes et les vérités nouvelles. Pour eux, par exemple, certaines cataractes du cristallin, bien rares à la vérité, com- mencent encore par le centre; et ils admettent toujours des cataractes capsu- laires sans opacité du cristallin. Après un examen approfondi de l'origine de toutes ces doctrines et des faits apportés en leur faveur, je crois avoir le droit d'établir les propositions suivantes : » 1°. Les cataractes débutant par le centre du cristallin sont encore à l'état d'hypothèse; u a°. Il n'existe pas un seul exemple de cataracte capsulaire simple, sans opacité du cristallin ; » 3°. Les cataractes capsulaires compliquées semblent échapper à cette loi; toutefois l'exception ne s'appuie jusqu'à présent que sur deux obser- vations qui laissent à désirer. » En résumé, jusqu'à présent, et toute réserve faite pour l'avenir, il n'y a que deux grandes variétés de cataractes simples, les cataractes lenticii- ( ii65 ) laires et les cataractes cnpsulo-lenticulaires . L'altération du cristallin com- mence toujours par les couches voisines de la capsule, même quand celle-ci reste transparente; en sorte que la capsule paraît avoir une influence pré- pondérante sur les affections du cristallin. « MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. LE Ministre de l'Instruction publique transmet une Lettre écrite de Gênes pari)/. Bernardo de Ferra// qui annonce avoir inventé un « mécanisme au moyen duquel on détermine très-promptement la latitude et la longitude du point où se trouve un navire, sans observation du Soleil ou de la Lune, et sans comparaison de l'heure du bord avec l'heure du chronomètre. » M. Bravais est invité à prendre connaissance de cette Lettre, et à faire savoir à l'Académie s'il y a lieu de demander à l'auteur do plus amples renseignements. PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Note sur un nouveau mode de cautérisation; par M. Jules Régna uld. (Commissaires, MM. Serres, Andral, Velpeau.) « J'ai publié en i852 la description d'un nouvel appareil propre à pro- duire des cautérisations par le feu dans certains cas où le cautère actuel ne pouvait pas être employé. M. le professeur Nelaton, qui m'a engagé à faire des tentatives dans cette direction, désira expérimenter suffisamment pour fixer son opinion sur la valeur de ce procédé, et pour poser les limites de son application à la thérapeutique chirurgicale. Ces essais m'ont obligea attendre jusqu'à ce moment pour présenter à l'Académie l'exposé de mes résultats. » Le cautère dont j'ai fait usage est un stylet de platine dont l'incandes- cence s'obtient en mettant à profit la forte élévation de température qui ac- compagne le passage d'un courant voltaïque intense dans im fil métallique résistant. Voici la forme qui, dès l'origine, a été donnée à cet appareil : un manche en buis cylindrique, de 20 centimètres de longueur et de 1 5 milli- mètres de section, est creusé dans le sens de son axe de deux gouttières cylin- driques séparées par un espace central plein, de 5 millimètres d'épaisseur. Dans ces deux gouttières, dont le diamètre est 5 millimètres, s'engagent à frottement deux tiges pleines de cuivre qui dépassent le manche de 3 centi- C.,K. 1854, i'"^" Semestre. (T. XXXIX, IN" 23.) iSa {ii66) mètres à chacune de ses extrémités. D'un côté, ces tiges sont fendues et creusées d'un pas devis, sur lequel s'adapte un écrou mobile; de l'autre, elles sont aplaties et supportent chacune une vis de pression. » Les dernières extrémités sont destinées à mettre le cautère en relation avec les deux rhéophores d'une pile; les premières à porter un fd de platine offrant la forme d'un stylet, et dont chacun des bouts s'engage dans les rainures des tiges de cuivre, et y est maintenu solidement par les écrous. Le diamètre, la longueur, la forme du stylet peuvent être modifiés suivant les besoins de l'opérateur. Celui-ci ne doit pas, toutefois, oublier que pour une pile dont l'intensité serait toujours la même, il doit foire varier dans un rapport inverse la longueur du fil et sa section ; sans cela, il s'expose soit à le fondre, soit à ne pas atteindre l'incandescence. » On peut employer pour engendrer le courant une pile de Bunsen, comme je l'ai fait dans le principe, ou mieux une pile de Munck (5o cou- ples), dont le maniement est très-commode et le montage très-rapide. » Les avantages de cet appareil naissent, d'une part, de la très-haute température que peut atteindre le stylet; et, d'autre part, de sa masse peu considérable. Je résumerai, d'après les expériences de M. Nelaton, les indications de son emploi en chirurgie : » i". Cautérisation exercée sur un point très-limité à l'aide d'un instru- ment dont la température est très-élevée, cas dans lequel on veut obtenir une destruction complète dans un espace bieti circonscrit ; » 2°. Cautérisation au fond d'une cavité naturelle (pharynx, isthme du gosier, fosses nasales, conduit auditif externe, etc.); » 3°. Cautérisation étendue se faisant à travers un orifice étroit et per- mettant la conservation du tégument externe (destruction des tumeurs érec- tiles sous-cutanées à travers ime perforation très-étroite des téguments) ; M 4". Excision périphérique tendant à produire sans hémorragie l'ablation de certaines tumeurs dans les régions où l'écoulement sanguin pourrait rendre l'opération difficile ou dangereuse. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Mémoire sur faction physiologique de la véiatrine ; par M. VI. Erxest Fa ivre et Camille Leblanc. (Commissaires, MM. Serres, Flourens et Rayer.) Les auteurs résiunent dans les conclusions suivantes les conséquences qui se déduisent des expériences présentées en détail dans leur Mémoire : « Conclusions . — D'après les expériences que nous venons de faire con- ( "67) naître, nous sommes conduits à admettre que lavératrine.exerce trois actions distinctes sur l'organisme animal. Ces actions sont en rapport avec les doses plus ou moins élevées du médicament : la première action a lieu d'une manière bien marquée sur le tube digestif; la seconde, sur les organes de la circulation et de la respiration, et la troisième, sur le système nerveux et les muscles de la vie animale. » Première période. — La vératrine porte d'abord son action siu' le tube digestif, et détermine l'augmentation de la sensibilité, de la contractihté et des sécrétions. L'exaltation de la sensibilité se traduit par les coliques, dont la violence paraît varier suivant les doses de vératrine employées. En proie aux douleurs que l'action du médicament leur fait éprouver, les chevaux frappent du pied le sol et s'agitent. Les chiens sont aussi en proie à une vive excitation. A la douleur, se joignent les phénomènes de contractihté musculaire; les intestins sont contractés, les mouvements péristal tiques notablement accélérés. M. Magendie a remarqué ces phénomènes chez le chien, nous les avons nous-mêmes plusieurs fois constatés chez les gre- nouilles. » La sécrétion des follicules intestinaux et des glandes salivaires est aug- mentée par l'action de la vératrine. Dans nos expériences sur les chevaux et les chiens, nous avons toujours été frappés de la rapidité avec laquelle la salive s'écoule après l'administration de la vératrine, et de la persistance de cet écoulement. Tantôt la salive est visqueuse et filante, le plus souvent elle forme une mousse et une écume blanchâtres, semblables à celles qui se montrent chez les animaux en proie à des phénomènes convulsifs. » On pourrait supposer que la production de la salive est due à l'irrita- tion que la vératrine exerce directement dans la cavité buccale sur les con- duits excréteurs des glandes. Il serait aussi naturel de penser que l'effet purgatif est dû à une action toute locale sur l'intestin. L'expérience dé- montre qu'il en est autrement. En effet, soit qu'on injecte le médicament dans les veines, soit qu'on le dépose dans le tissu cellulaire sous-cutané, l'excitation du tube digestif, l'hypersécrétion des follicules intestinaux et des glandes salivaires est également marquée. » Dans le cas de contact direct entre l'agent toxique et la muqueuse intestinale, des altérations appréciables se manifestent. On peut alors voir se dessiner sur la muqueuse de l'estomac et de l'intestin grêle des plaques rouges de plusieurs centimètres de diamètre, nettement circonscrites et distinctes les unes des autres. » Deuxième période. — L'abattement, la prostration des forces et le iSa.. ( ii68 ) ralentissement de la circulation forment les caractères tranchés de la seconde période. Cet état, qui n'avait pas été signalé dans les premières expériences de M. Magendie, a presque uniquement occupé les praticiens actuels; plusieurs même n'ont attribué à la vératrine qu'un effet principal, celui de provoquer le ralentissement de la circulation. Toutes les fois qu'il nous a été possible de constater l'état de la circulation avant et après l'adminis- tration de la vératrine, noxis avons, en effet, reconnu la diminution du pouls et souvent même son irrégularité. Durant cette période, les chiens sont affaiblis, ils se tiennent difficilement sur leurs pattes, et, le plus sou- vent, ils se couchent. Les chevaux sont abattus, et leur extérieur témoigne ime dépression marquée. Dans cet état, la sensibilité nous a touj on l's semblé diminuée. » Troisième période. — J^orsque les doses de vératrine sont plus con- sidérables, les accès de tétanos ne tardent pas à se manifester. Les membres antérieurs et postérieurs s'étendent et se roidissent, les muscles du thorax et de l'abdomen se contractent, et la respiration devient anxieuse et pénible, le trismus des mâchoires met un nouvel obstacle au renouvellement du sang, et l'asphyxie se prononce de plus en plus. » Dans les premiers moments, les accès tétaniques sont courts et séparés par des intervalles considérables; mais l'action de la vératrine, se mani- festant de plus en plus, provoque des accès plus longs et plus rappro- chés; souvent l'animal succombe après une demi-heure ou une heure; mais, si la vie prend le dessus, les accès diminuent progressivement. L'augmentation de la sensibilité accompagne toujours les phénomènes téta- niques. Si l'on touche l'animal, ne fût-ce que légèrement, on provoque de nouvelles contractions musculaires. A l'autopsie des animaux qui ont suc- combé à la suite du tétanos, on trouve des traces manifestes d'asphyxie. » La vératrine n'agit pas toujours suivant l'ordre que nous avons établi. Les périodes ne se succèdent pas toujours avec la rigueur qu'indiquent nos descriptions. Ainsi l'action sur le tube digestif peut être plus ou moins mar- quée et se continuer, soit pendant la période de dépression, soit pendant la période d'excitation ; de même le ralentissement de la circulation et les phénomènes tétaniques peuvent avoir ime durée et une intensité variables. Si les doses du médicament sont toxiques, le tétanos se produira aussitôt, sans que l'action siu' le tube intestinal et la circulation soient manifestes. Dans ce cas la mort est rapide, et l'asphyxie qui la cause sur- \ient brusquement. » L'action de la vératrine étant connue, on peut se demander quelle place il convient d'assigner à cet agent dans la classification thérapeutique. ( i>69) » D'après nous, elle doit être rangée parmi les médicaments excitants du système musculaire : la noix vomique, la strychnine, etc., bien qu'elle en diffère cependant d'mie manière notable. Comme ces médicaments, elle produit le tétanos; comme eux, elle augmente la sensibilité; comme eux, enfin, elle détermine l'asphyxie et la mort. Mais les agents excitateurs ne portent guère leur action que sur le système nerveux de la vie animale ; ils ne ralentissent pas la circulation et n'irritent pas l'intestin. La vératrine, au contraire, et c'est ce qui en fait un des précieux agents de la théra- peutique, agit à la fois et sur la circulation, qu'elle ralentit, et sur le tube intestinal, qu'elle fait contracter. »• La connaissance de l'action physiologique de la vératrine nous amené à l'indication des maladies dans lesquelles on peut employer rationnelle- ment ce médicament. Il est indiqué comme purgatif énergique dans le cas d'obstruction du gros intestin par des matières fécales; son action puissante sur la muqueuse nasale en fait un excitant et un sternutatoire. Son mode d'action sur le système nerveux de la vie animale justifie son emploi dans les névralgies, dans certaines paralysies, et dans la chorée, l'hystérie et le téta- nos. Sans doute, son action spécifique sur le rhumatisme articulaire aigu s'explique et par l'action révulsive exercée sur l'intestin et par l'excitation ou l'hyposténisation qu'il produit. » L:i vératrine pourra aussi être employée avec avantage dans la méde- cine vétérinaire, chez le cheval dans le vertige abdominal, dans les cas de pelottes stercorales et les diverses névroses. Chez le chien, elle rendra des services dans le rhumatisme articulaire aigu, la chorée, le tétanos, les né- vralgies, les constipations opiniâtres et le catarrhe nasal des jeunes chiens. On pourrait faire entrer la vératrine comme sternutatoire dans le vinaigre administré aux bœufs atteints de pneumonie et de pleuropneumonie. » Un agent aussi énergique et aussi dangereux que la vératrine ne doit pas être manié sans précautions. Il est de la plus haute imj)ortance d'en fixer, aussi rigoureusement que possible, les doses toxiques et les doses médicamenteuses chez l'homme et chez les animaux. A cet égard, nos ex- périences nous ont donné les résultats suivants : » Chez le chien, la dose toxique est de i5 à 20 centigrammes, suivant la taille, et la dose médicamenteuse est de 5 à 8 centigrammes. Chez le cheval, la dose toxique est d'environ 3 grammes, et la dose médicamenteuse, de 5o centigrammes à 1 gramme. D'après les proportions ordinaires, la dose toxique de l'homme variera entre yS el 80 centigrammes, et la dose médi- camenteuse pourra être portée de 20 à aS centigrammes. ^) Nous supposons, dans tous ces cas, que la vératrine a été administrée ( "70 ) par la bouche ou, mieux encore, par l'œsophage. En faisant pénétrer cet agent par le rectum, en l'injectant dans les veines et en le déposant sous la peau, nous avons obtenu les résultats suivants : » A. Injection dans l'intestin par le rectum : chez le chien, à la dose de i5 centigrammes, purgation très-violente; chez le cheval, i gramme produit un effet de la même nature, mais moins rapide et moins violent. » B. Injection dans les veines : chien, 6 centigrammes produisent des coliques et une légère purgation. » Cheval : 5o centigrammes ne produisent que de légère coliques. Lé- gère diminution du pouls dans les deux cas. » C. Fératrine déposée sous la peau : chien , a5 centigrammes, tétanos et mort. Cheval : action marquée sur l'intestin et diminution sensible du pouls. La quantité déposée était de i gramme. u Chez les animaux, on administrera de préférence le médicament, soit en dissolution dans l'éther, soit sous forme d'électuaire. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'un moteur à air comprimé; par M. Karchaert. (Commissaires, MM. Poncclet, Piobert, Séguier.) M. BouMCEAu adresse une Note qui se rattache à ses précédentes com- munications concernant l'âge auquel peut se reproduire la sangsue mé- dicinale. (Renvoi à la Commission précédemment nommée. ) 31. Lehu adresse, sous pli cacheté, un Mémoire annoncé comme destiné au concours pour le prix du legs Bréant. Les pièces adressées à ce concours devant être, au fur et à mesure de leur arrivée, mises à la disposition de la Section de Médecine et de Chirur- gie constituée en Commission du prix Bréant , le paquet est ouvert séance tenante, et le Mémoire renvoyé à l'examen de la Section. L'Académie renvoie à la même Section une Note de M. Guimberteau , relative à un remède préservatif du choléra., dont il annonce avoir constaté l'efficacité, mais qu'il ne fait pas connaître; et un Opuscule imprimé de M. Dechenaux, concernant les moyens de prévenir ou de traiter la même maladie par la méthode homéopathique. ( H7' ) L'Académie reçoit une Lettre adressée de Rheinberg (Prusse rhénane), par M. Jos. Schmitz, et relative au prix proposé pour le perfectionnement de la navigation. (Renvoi à la future Commission.) CORRESPONDANCE. « M. Chasles fait hommage à l'Académie, de la part de M. le prince j5aZ- thasar Boncompagni, de Rome, d'un volume intitulé : Tre scrilti inediti di Leonardo Pisano (Firenze, i854j .in-8°). Ces ouvrages inédits de Léo- nard Fibonacci, que M. Boncompagni a découverts dans un manuscrit de la bibliothèque Ambroisienne de Milan, présentent un grand intérêt pour l'histoire des sciences mathématiques au moyen âge, à une époque qui tient une place considérable dans cette histoire. On y trouve, en effet, le Traité des Nombres carrés, qu'on croyait perdu, et dont on ne connaissait que quelques fragments insérés soit par l'auteur lui-même dans la seconde édition àe son Abbacus, faite en 1228, soit, à la Renais- sance, par Lucas Pacioli, Cardan et Ghaligai, dans leurs Traités d'Arith- métique et d'Algèbre. >' Il n'avait été fait mention jusqu'ici que d'un seul manuscrit de ce sa- vant Traité d' analyse indéterminée du second degré, qui existait, en 1768, dans la bibliothèque de l'hôpital de Santa-Maria-Nuova, de Florence. C'est Targioni qui l'avait fait connaître et en avait donné la description (i); et l'on pouvait croire que ce volume était celui dont les auteurs que nous venons de nommer avaient aussi eu connaissance. Depuis, toutes les recherches des érudits pour retrouver ce manuscrit précieux ont été infruc- tueuses. On regrettait de ne pas connaître, au moins, l'époque précise à laquelle Fibonacci avait mis au jour cet ouvrage, si supérieur à divers autres fragments d'algèbre déjà répandus dans le cours du xii* siècle. On aurait pu inférer d'un passage de YAbbacus de 1228, que cette époque de- vait être antérieure à cette date même : néanmoins Guglielmini avait cru pouvoir la fixer à l'an 1250(2). Le manuscrit de Milan résout la question, qui n'est pas sans intérêt dans l'histoire de l'Algèbre; l'ouvrage de Fibo- nacci porte la d » Les calculs auxquels conduit ce problème, dans toute sa généralité, dépendent d'une méthode que nous avons exposée dans d'autres Mémoires, et qui se trouve rappelée ici en peu de mots. (ii87) » Nous passons ensuite à des questions qui présentent des circonstances différentes, et peuvent même donner lieu à des applications pratiques. Nous supposons les extrémités do la barre liées à des obstacles mobiles, qu'elles peuvent entraîner par suite du refroidissement. La force qui en i-ésulte a déjà été utilisée dans les arts ; mais c'est principalement au point de vue théorique que nous nous sommes placé. » Nous avons commencé par établir le principe d'après lequel on devait calculer à chaque instant la force produite par la barre, et le mouvement de ses extrémités. Nous en avons déduit la quantité de travail développée par son refroidissement, et nous avons vu comment elle dépendait non-seule- ment de la barre, mais encore de la loi de la résistance opposée par l'obstacle. » Après avoir fait le calcul du travail que peut produire le refroidisse- ment, nous traitons la question purement théorique, qui a pour objet la détermination du mouvement des différents points de la barre pendant toute la durée du refroidissement. » Ici se présentent deux cas très-différents. » Dans le premier, on suppose que l'obstacle est un corps d'une masse considérable par rapport à la barre, de sorte que les vibrations que celle-ci peut avoir viennent s'éteindre au point de jonction ; et, dans ce cas, on peut calculer séparément le mouvement de ce point. Après cela, le mouvement de tous les autres se calcule au moyen de la méthode dont nous avons déjà parlé ci-dessus. Il tend vers un état final périodique, qui dépend non-seule- ment des données relatives à la barre, mais encore de toutes les autres, y compris la température initiale, dont l'excès sur celle de l'enceinte a cepen- dant complètement disparu. » Après avoir traité cette question généralement, nous avons effectué les calculs dans le cas simple où l'obstacle peut être considéré comme un ressort dont la force serait proportionnelle au déplacement du point d'application. » Le second cas diffère du précédent, en ce que la barre n'est pas liée a un corps d'une masse aussi considérable, mais à une autre barre ayant une extrémité fixe, et susceptible, comme la première, de vibrations régulières. » Nous aurions pu varier davantage les circonstances dans lesquelles il est possible de considérer les phénomènes étudiés dans ce Mémoire. On pourrait même augmenter beaucoup l'étendue et ladiificulté du problème, en employant les équations générales des phénomènes thermo-mécaniques ; mais nous ne nous sommes proposé ici que d'appeler l'attention sur des ques- tions nouvelles, et d'ouvrir la voie à ceux qu'elles pourraient intéresser. » i55.. ( ii88 ) M. Le Verrier présente les observations météorologiques de l'Obser- vatoire impérial pendant le mois de novembre, et fait remarquer qu'elles ont reçu une nouvelle amélioration. « Jusqu'ici les observations n'avaient été régulièrement faites que quatre fois par jour, savoir : à 9 heures du matin, midi, 3 heures et 9 heures du soir. A partir du premier novembre, nous avons joint à ces séries celles de 6 heures du soir et minuit. Nous regrettons que l'insuffisance du personnel ne nous permette en aucune façon d'éta- blir dès à présent les séries de 3 heures et de 6 heures du matin. Cette lacune sera comblée le plus tôt possible. » ASTRONOMIE. — M. Le Verrier présente à l'Académie un dessin exécuté par M. Chacornac , et représentant les taches et facules du Soleil après l'éclipsé totale qui a eu lieu le 20 novembre dernier dans l'hémisphère austral. A ce dessin est joint un tableau résumant les mesures des distances de ces taches et de ces facules au bord et au centre du disque solaire. En i85i, les observations de M. Schwabe parurent indiquer luie relation entre les protubérances aperçues et la position des facules. C'est poui- contribuer à la réunion de documents sur ce sujet que M. Chacornac a fait pendant une éclaircie les seules observations que l'état de l'atmosphère ait permises. M. MiLNE Edwards fait hommage à l'Académie de la première livraison de rilistoire des Coialliaires ou Poljpes proprement dits, qu'il publie en commun avec M. Jules Haime. Ce fascicule contient l'histoire des Turbinolides, des Oculinides et des Astréides. RAPPORTS. BOTANIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. le D' Dominique Ci.os, ayant pour titre : Monographie des FlaGOURTIaNÉES (i). (Commissaires, MM. Brongniart, Moquin-Tandon, Tulasne rapporteur.) « Parmi les innombrables types que renferme le règne végétal, il en est beaucoup de liés entre eux par une parenté tellemenf évidente, que les bo- (i) Ce Mémoire a été présenté à l'Académie le 4 septembre dernier, {roir les Comptes rendus, tome XXXIX, page 465 .) tanistes n'ont pas eu de peine à les grouper en familles naturelles, lorsque, abandonnant les classifications purement systématiques, ils ont voulu ne tenir compte que des affinités réelles, de celles que déclarait l'organisation comparée des plantes tout entières. Mais le nombre est grand des types dont les affinités sont multiples et confuses, et qui figureraient également bien, ce semble, à diverses places de la série végétale. D'autres n'ont qu'un cercle étroit d'alliés véritables ; la nature s'est montrée avare des formes qui les ca- ractérisent, et leurs petites familles ressemblent aux mille tribus des peuples nomades. Quelques-uns enfin sont comme isolés, sans proches, et survivent, dirait-on, à des familles détruites. Les plantes dont M. Clos a fait l'objet de SCS études sont du nombre de celles dont les alliances sont mal définies, ou qui n'ont en réalité que peu d'alliés sincères. La discussion de leurs affi- nités, la circonscription des ordres ou tribus diverses qu'elles constituent a déjà exercé la sagacité de plusieurs botanistes. Malgré tous leui-s efforts, ceux-ci n'avaient cependant qu'incomplètement atteint leur but; et, depuis que M. Endlicher avait de nouveau signalé les Bixacées à l'attention des monographes comme un groupe formé d'éléments peu homogènes ou mal connus, nul botaniste n'avait repris l'œuvre inachevée. M. Clos a entrepris cette tâche, et l'a conduite à fin dans son ensemble ; ses prédécesseurs, au contraire, n'en avaient guère sérieusement essayé que quelques parties, et, par suite, leurs travaux avaient besoin d'être coordonnés et revus. Les ri- chesses nouvelles qui, depuis plusieurs années, se sont accumulées dans les herbiers des musées français, ont permis au monographe de quadrupler l'inventaire que de Candolle avait dressé des mêmes végétaux il y a trente ans, et cette abondance de matériaux n'a pas été entre ses mains d'un mé- diocre secours pour mieux juger les questions diverses de limitations géné- riques, de structure ou d'affinités que comportait son travail. » Par respect pour les droits dus à l'antériorité, M. Clos conserve à la famille de plantes dont il s'est occupé, le nom de Flacourtianées que Poi- teau et Richard père lui avaient imposé, bien que celui de BixiNÉES eût été peut-être plus généralement adopté par les botanistes venus après eux. Tou- tefois, dit M. Clos, ni les Flacurtia ni les Bixa ne donnent une idée satis- faisante du type floral le plus ordinaire aux plantes de la famille à laquelle ils appartiennent, car ils représentent plutôt les termes extrêmes et opposés des modifications que l'appareil reproducteur y subit. )i Les genres des Flacourtianées sont inégalement répartis en cinq tribus désignées par les noms de Flacouitiées , /^zarécs, Lœtiées, Bixées et Poil- ( iigo ) giées;\e groupe des Bixées est celui qui en admet le plus. Fidèle au plan méthodique généralement suivi par les monographes, M. Clos passe en revue tous les organes des végétaux qu'il s'est proposé de faire connaître, et signale successivement les divers caractères qui les distinguent. Il note l'imperfec- tion des enveloppes florales commune à la plupart des genres, de même que la séparation fréquente des sexes, et il en prend occasion de rappeler une thèse qu'il a soutenue ailleurs, à savoir qu'il n'y a point de diclinisme nor- mal ou absolu, par opposition à un diclinisme qui ne serait qu'imparfait^ accidentel, et le résultat d'un avortemént inconstant. Nous craignons qu'ici l'auteur, mù par le désir fort louable de mettre le langage de la botanique descriptive en harmonie avec la rigueur des faits et l'exactitude des saines théories, n'ait condamné une distinction suffisamment légitimée. L'herma- phrodisme, qui parmi les animaux n'appartient qu'aux moins élevés dans l'échelle organique, est, au contraire, un signe de dignité pour les végétaux, ou du moins il estphez eux la règle commune, et son absence y constitue presque une anomalie. Cependant, pour que celle-ci perdît son caractère, il suffirait d'admettre que le plan d'organisation du règne végétal n'est pas aussi uniforme qu'on l'imagine. Le diclinisme est évidemment plus essen- tiel à certaines familles végétales qu'à beaucoup d'autres; il semble, par exemple, si conforme au type floral des Amentacées, des Conifères, des CycadéeS, des JuglandéeS, etc., que l'hermaphrodisme serait à son tour une anomalie chez ces végétaux. Très-vraisemblablement la réunion des sexes dans les plantes n'est pas à beaucoup d'égards plus absolue ou plus essentielle que leur séparation chez les animaux, et si, malgré cela, le di- clinisme parmi les végétaux ne concourt pas peut-être avec un ensemble suffisant d'autres caractères pour motiver la formation d'une classe spé- ciale, néanmoins les phytographes usent à bon droit des termes consa- crés par une longue coutume pour indiquer son caractère plus ou moins essentiel. » A l'égard de l'androcée, M. Clos déclare qu'il lui a été fréquemment impossible de reconnaître quels rapports de symétrie existent entre ses élé- ments et les pièces de la corolle ou du calice. Des recherches sur la genèse des étamines seraient indispensables pour résoudre ces difficultés, mais elles ne sauraient être faites avec succès que sur des plantes vivantes; malheu- reusement les Flacourtianées sont toutes exotiques, et celles qu'il y aurait particulièrement lieu d'étudier ne sont point cultivées dans nos jardins botaniques. Un autre point intéressant de la structure florale des Flacour- ( "9« ) TIANÉES nous ferait encore exprimer le même regret : nous voulons parler de l'organisation anomale du pistil chez les Flacwtia proprement dits, structure qui a été diversement interprétée et qui n'a guère d'analogue clans la classe des Dicotylédonées à placentation pariétale. » Après cette revue organographique et quelques lignes consacrées aux usages des Flacourtianées , c'est-à-dire au parti que les hommes ont su tirer de ces plantes, M. Clos aborde la question de leurs affinités naturelles. Il signale leurs parentés multiples, avec les Euphorbiacées par l'intermé- diaire des Flacurtîa, avec les Homalinées à cause des Azarées, avec les TiLiACÉES par le genre Bixa, avec les Samydées par le Zuelania, avec les Papayacées par les Pangium, et peut-être avec les Passiflorées par le Ryanin, quoique ce genre appartienne plutôt à celles-ci qu'aux véritables Flacourtianées. Peut-être résulterait-il des réflexions de l'auteur à ce sujet que les cinq groupes qu'il établit dans la famille des Flacourtianées seraient moins intimement unis entre eux que ne le sont d'ordinaire les tribus d'une famille vraiment naturelle. On ne peut nier cependant l'homogénéité satisfaisante de ces groupes considérés isolément; M. Clos aura contribué à l'obtenir par les études comparées qui l'ont conduit à en éliminer tous les éléments étrangers. » La seconde partie, qu'on peut appeler descriptive, du travail de M. Clos, est moins complètement traitée que celle dont nous venons de parler ; elle ne présente pas de la manière accoutumée la série entière des espècesque l'auteur a eues à noter dansle recensement général qu'il en a fait. La cause en est d'une part à ce que l'auteur a manqué de matériaux suffi- sants, et de l'autre à ce qu'il n'a pas cru devoir soumettre à un nouvel examen, ou décrire une seconde fois, des plantes que des botanistes jus- tement estimés avaient déjà très-bien fait connaître. D'intéressants docu- ments relatifs à l'histoire de chaque genre précèdent l'énumération des espèces; mais les descriptions de celles-ci ne semblent pas absolument telles qu'on les souhaiterait aujourd'hui. » Vos Commissaires estiment que M. le D' Clos a bien mérité de la Botanique par le travail qu'il a soumis à votre jugement, et sont d'avis que votre approbation l'encourage à le publier. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( i'9* ) NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de rédiger le programme pour le prochain concours du prix Bordin. Les Membres de la Commission doivent être choisis cette fois exclusive- Hîent dans les Sections de Sciences mathématiques. MM. Liouville, Lamé, Cauchy, Biot, Duhamel, obtiennent la majorité (les suffrages. MEMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Esquisse d'une classification des chaînes de montagnes dune partie de L'Amérique du Nord; par M. J. Marcou. (Extrait.) (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy, de Verneuil.) « Essayer de classer géologiquement, c'est-à-dire d'après leur ordre chro- nologique, les différentes chaînes de montagnes qui se trouvent aux États- Unis et dans les provinces anglaises de l'Amérique du Nord, est un travail qui, actuellement, ne peut être que provisoire, vu le petit nombre d'obser- vations et l'immense étendue de pays que comprend cette partie du nou- veau monde. Dans l'Europe occidentale, M. Élie de Beaumont a reconnu et classé vingt et un systèmes de chaînes de montagnes, et de plus ce savant a prolongé plusieurs de ces systèmes dans les autres parties du monde. Deux de ces prolongements coïncident de la manière la plus complète avec deux systèmes de montagnes qui se trouvent dans la partie de l'Amérique du Nord embrassée dans cette esquisse. L'un, (Résigné sous le nom de sjstèine des Ballons et des collines du Bocage, et qui a disloqué les couches du terrain carbonifère dans la Bretagne, leWestmoreland, les Vosges et les montagnes du Harfz, coïncide exactement avec le sjstèmedes Jlleghanjs qui a redressé aux États-Unis les couches carbonifères des États de Pensylvanie, Mary- land, Virginie, Kentucky, Tennessee, etc. L'autre, connu sous le nom de système du Thuringerwald et du Morvan, prolongé en Amérique, se trouve y coïncider en tout avec le système de la pointe Keewenaw et du cap Blomidon . • » En m'appuyant sur les méthodes inventées et exposées par M. Élie de Beaumont, dans son dernier ouvrage intitulé : Notice sur les systèmes de montagnes, et en me servant de quelques excellentes observations faites par MM. Jackson et Hitchcock sur les directions des roches brisées et redres- sées dans la Nouvelle-Angleterre, la Nouvelle-Ecosse et le lac Supérieur, je suis parvenu à reconnaître treize systèmes de chaînes de montagnes dans une partie de l'Amérique du Nord. En déduisant de ce nombre les deux systèmes que M. ÉHe de Beaumont a reconnus antérieurement pour la prolongation de deux de ses systèmes de l'Europe occidentale, il me reste onze systèmes de montagnes que je viens ajouter à ce que nous connaissions sur cette pé- riode de la géologie. Cependant, je le répète, cette classification n'est que provisoire, et je la donne sous toutes réserves, vu le petit nombre, la diffi- culté et l'insuffisance des observations. » I. Système des montagnes Laurentines. — Les roches granitiques, syé- nitiques et de gneiss, qui forment la masse principale des montagnes Lauren- tines, sur la rive droite du fleuve Saint-Laurent, sont affectées par de nom- breuses dislocations qui les ont relevées de différentes manières. Ces dislo- cations ne sont pas toutes de la même époque; cependant, il y a une direction principale qui est beaucoup plus importante que les autres direc- tions, et qui va presque de l'est à l'ouest avec une déviation moyenne de près de 5 degrés ; cela donne pour la direction de ce système, E. 5"N.à O. 5°S. » Ces dislocations sont les plus anciennes que j'aie pu observer dans l'A- mérique du Nord. Je les regarde comme antérieures au dépôt des premières couches du terrain silurien inférieur^ c'est-à-dire avant la formation du potsdam sandstotie, renfermant la faune primordiale de M. Barrande. » L'espace alloué à cet extrait ne nous permettant pas de suivre l'auteur dans les détails qu'il donne sur ce système de montagnes et sur les douze autres dont il admet l'existence dans la partie de l'Amérique du Nord sur laquelle ont porté ses observations, nous nous bornerons à nommer les autres systèmes et à indiquer leur direction. a IL Système des deux Montagnes et de Montmorency . — Les disloca- tions qui ont donné naissance à ce système, ont eu lieu à la fin du dépôt des couches du silurien inférieiu-, c'est-à-dire après la formation des roches du groupe de Potsdam. Sa direction, d'après le petit nombre d'observations que j'ai pu faire, paraît être approximativement E. 4o°N. à l'O. 4o°S. » IIL Système de Montréal : direction de l'est à l'ouest. — Dans beau- coup de localités et plus spécialement à la cataracte de Montmorency et à Uttle-Fall, on trouve les couches du second groupe du terrain silurien infé- rieur, ou groupe de Trenton, déposées horizontalement sur les strates trés- inclinées du groupe de Potsdam, et étant, par conséquent, en stratification C.,R. 1 854, •ï"«SemciJre. (T- XXXIX, N» 26.) I 56 ( i>94) discordante. Le sommet de la montagne qui domine la ville de Montréal est formé de filons de greenstone ou trapp, qui ont entièrement croisé les assises du groupe de Trenton et se sont quelquefois même étendus en coulées sur ces roches siluriennes. » IV. Sjstèine des monts Notre-Dame. — Les monts Notre-Dame, formés de roches éruptives et métamorphiques, et dont quelques sommets atteignent I i5o mètres, doivent entièrement leur origine à ce mouvement de disloca- tion dont la direction moyenne à Gaspé paraît être E. 20° N. à l'O. 20" S. » V. Système des Montagnes-Vertes ou méridien de la Nouvelle-An- gleterre. — Ce système, depuis longtemps distingué par M. Hitchcock et qui est très-développé dans la partie occidentale de l'État de Massachussetts, forme entièrement les Green Mountains du Vermont, et s'étend dans le bas Canada jusqu'à la rivière Chaudière. Sa direction générale est très-voi- sine du méridien, avec une légère déviation vers l'orient, ce qui donne pour moyenne N. 7° E. et S. 7° O. Les dislocations qui ont donné naissance à cette ligne de chaînes de montagne ont eu lieu avant l'apparition desAlleghanys, et même immédiatement après le départ du terrain silurien supérieur. n VL Système des Monts-Catskill. — La fin de la période dévonienne a été marquée par des brisements et élévations des assises de \old red sandstone sur presque toute la ligne méridionale de l'État de New- York. La disposition générale des assises, j>articulièrement près du village deCatskill, donne pour direction du soulèvement E iS^S. à l'O. 1 5° N.; direction qui coïncide avec les systèmes n"' 3 et 6 que M. Hitchcock a indiqués dans la partie sud-est de l'État de Massachussetts. » Vn. Système des Alleghanys {}) et des Monts- Ozarks. — La direc- tion générale du système des Alleghanys est du nord-est au sud-ouest. On remarque une déviation plus à l'est dans la partie de ces montagnes qui s'étendent des environs d'Harrisburg, en Pensylvanie, jusqu'aux environs de la ville de New- York. Cette déviation provient de la rencontre des dislo- cations de ce système avec ceux du système méridien de la Nouvelle Angle- terre. Le groupe connu sous le nom de Montagnes-Ozarks appartient à ce système de dislocation des Alleghanys; il a eu lieu aussi à la tin du dépôt du terrain houiller, qu'il a relevé et disloqué dans la même direction nord- est au sud-ouest. » VHL Système de la Pointe Keewenaw et du Cap Blomidon. — Les (i) L'auteur prend ici le nom d'Alleghanys clans un sens un peu plus restreint que celui fju'on lui donne fréquemment. ( i'95 ) roches triasiques jouent, au point de vue de l'extension géographique, dans les Etats-Unis, un rôle des plus importants ; car, à elles seules, elles recouvrent le tiers de cet immense pays. Les assises du trias ont été soumises à deux dislocations spéciales, qui ont eu lieu, l'une vers le milieu de la période du dépôt, et l'autre à la fin. Mes observations sur les directions que présente la première dislocation, m'ont conduit à une direction moyenne del'E. 35° N. àl'O. 35°S. » IX. Système de la sierra de Mogojon ou B lança. — Ce système, compris entre les 35* et 33* degrés de latitude, et les io8* et 1 14* degrés de longitude ouest de Greenwich, est composé d'un grand nombre de chaînes et de chaînons parallèles, dont la direction générale court du N. 6o° O. au S. 6o° E. Les parties les plus élevées de ces montagnes sont près des sources du Rio-Gila et du Rio-Prieto, où elles paraissent avoir de 3ooo à 35oo mètres au-dessus du niveau de la mer. Je pense que les dislocations qui ont affecté le trias supérieur contenant de la houille près de Richmond, en Virginie, appartiennent à ce système, ainsi que des chaînes de monta- gnes qui s'étendent entre le grand lac Salé et la rivière Serpent ou le Lewis- fork de la Columbia. » X. Système des montagnes Rocheuses et de la sierra Madré. — Les mon- tagnes Rocheuses et la sierra Madré forment, au centre du continent améri- cain, des espèces de bombements, suivant des lignes parallèles en quelque sorte symétriques, ou bien placées en imbrications. Comme dans toutes les grandes chaînes de montagnes, il y a dans les montagnes Rocheuses des lignes et accidents de dislocations antérieures et postérieures au soulève- ment principal. Ainsi les monts Placeres, au sud de Santa-Fé, et les mon- tagnes qui sont à l'est de San-Pedro, ont une direction et des accidents de stratification qui indiquent une date antérieure à l'apparition de la sierra de Sandia qui est à côté. L'insuffisance de mes observations sur ces vastes régions des montagnes Rocheuses et de la sierra Madré, m'oblige à me borner à ces indications sommaires des dislocations. » XL Système du Coast-Range de Californie. — Il s'étend du cap Saint- I>ucas au cap Mendocino, et se compose de lignes de montagnes, assez peu élevées en général, de i5o à 4oo mètres au-dessus du niveau de la mer. Sa direction est à peu prè's du nord-nord-ouest au sud-sud-est. » XII. Système de la sierra Nevada. — Nous comprenons dans ce sys- tème, non-seulement la chaîne de la sierra Nevada connue des géographes comme servant de limite orientale à la Californie, mais encore un groupe de huit ou dix chaînes qui lui sont parallèles et qui s'étendent vers l'est i56.. ( "96) jusque de l'autre côté du Rio-Colorado. En un mot, le groupe de monta- gnes formant ce système comprend tout le grand désert américain qui s'é- tend depuis près du grand lac Salé et des établissements des Mormons jusque dans les plaines du Sacramento et de San-Bernardino , courant du nord au sud à travers lo degrés de latitude. » Les lignes de dislocations allant du nord au sud donnent ainsi un se- cond système méridien dans l'Amérique du Nord. Comme les roches qui composent toutes ces chaînes sont principalement cristallisées, éruptivesou métamorphiques et qu'elles contiennent des veines de quartz aurifères, di- rigées aussi du nord au sud et de la même époque que l'apparition des au- tres roches de ce système, on voit qu'il semble exister une relation entre le gisement de l'or et la direction méridienne des chaînes de montagnes , sur- tout si Ton veut bien se rappeler que les trois systèmes de montagnes où l'or est le plus commun, sont les systèmes méridiens de l'Oural, de la sierra Nevada et de la Cordillière Australienne. Il est difficile d'assigner une époque précise pour l'âge relatif du système de la sierra Nevada. Ce qu'il y a pour moi de certain, c'est que ce système est venu longtemps après la période éocène et avant cependant l'époque quaternaire. » XIII. Sjrstème de la sierra de San-Francisco et du mont Taylor. — On a, par le 35* degré de latitude, depuis le lac de la Soude, qui termine la rivière de Mohavie, près le Rio-Colorado de la Californie, jusqu'aux sources des rivières Arkansas et Canadienne, une bande volcanique allant ainsi de l'ouest à l'est, et composée d'immenses volcans éteints, dont les deux principaux portent les noms de montagne de San-Francisco et mont Taylor. La hauteur de plusieurs de ces volcans est considérable ; ainsi le cône principal de la sierra de San-Francisco atteint 5ooo mètres, et le mont Taylor dépasse 35oo mètres. Tous ces volcans, dont les coulées et les cônes secondaires occupent une grande surface de pays, sont actuellement éteints et ne paraissent pas avoir été en activité pour plusieurs siècles passés. » Les coulées de lave recouvrent en plusieurs endroits, surtout dans la vallée du Rio-Grande del Norte, le drift de l'époque quaternaire et des alluvions de la même époque. Ce qui semble indiquer pour âge relatif de cette bande volcanique la fin de la période quaternaire. » Plus au nord , en suivant l'une des lignes de dislocation de la sierra Nevada, on a, allant du nord au sud, suivant le méridien marqué le 122* à l'ouest de Greenwich, une ligne aussi volcanique, dont la plupart des volcans sont actuellement encore en état d'éruption et dont l'activité se fait sentir presque sans interruption, surtout au mont Saint-Hellène, près ( II97 ) du fleuve Colombie dans l'Orégon, et au mont Baker, dans le territoire de Washington. T^'âge de cette dernière ligne de volcans paraît être le même que pour la ligne de volcans éteints signalés précédemment ; de sorte que l'on aurait un système volcanique rectangulaire, les deux directions se coupant à angle droit, et cependant du même âge géologique. Ce système me paraît devoir rentrer dans celui que M. Élie de Beaumont a signalé comme composé de trois bandes volcaniques formant un seul système tri- rectangulaire. » Je n'ai pas encore trouvé avec certitude le système de dislocation qui a eu lieu à la fin de la période crétacée , et je suis très-disposé à adopter l'opinion de M. Élie de Beaumont, qui, depuis très-longtemps, a signalé dans les Alleghanys des accidents de redressements et de ruj)ture qui ap- partiendraient à cette époque. Ces dislocations se trouvent principalement dans les États de la Caroline du Nord et de la Géorgie. » En terminant cette rapide et incomplète esquisse d'une classification des montagnes d'vme partie de l'Amérique du Nord, je signalerai aux géo- logues les relations qui existent entre les différentes périodes ou groupes de terrains de l'Amérique et les lignes de dislocations et de relèvements qui traversent ce grand pays. Là, comme en Europe, les chaînes de mon- tagnes sont en relations intimes avec chaque division de l'échelle chro- nologique des terrains stratifiés. » zoOLOGiii;. — Nouvelles observations sur le développement des Huîtres; par M. H. Lagaze-Duthieus. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Miliie Edwards, Valenciennes, de Quatrefages. ) a L'Huître est certainement l'une des espèces du groupe des Acéphales lamellibranches la plus difficile à étudier dans son organisation comme dans son développement. C'est là ce qui fait que, malgré l'assiduité de mes recherches et la persistance que j'emploie à les continuer, je n'avance que pas à pas, et je n'arrive que lentement à voir des faits nouveaux. Dans la belle saison qui vient de s'écouler, j'ai passé trois mois sur les côtes de Bretagne, occupé de recherches embryogéniques ; j'ai dirigé tous mes soins vers les Huîtres, et j'adresse aujourd'hui à l'Ac.idémie quelques résultats nouveaux. » On sait que l'élevage des jeunes embryons est l'une des plus grandes difficultés qui entrave l'étude du développement des animaux inférieurs. M. Vogt n'a jamais pu dépasser une certaine période dans ses recherches sur les Actéons ; c'est que les conditions nécessaires à la vie de ces jeunes êtres nous échappent. » Il m'a paru que, pour étudier convenablement les changements em- bryonnaires de l'Huître, il était nécessaire de surmonter cette difficulté et d'élever dans des mares artificielles le frai de ces animaux. Après bien des recherches, bien des soins et des peines, je suis parvenu à conserver vivantes des larves pendant trente jours une première fois, et quarante- trois une seconde. Ce temps a été' trop court pour pouvoir arriver jusqu'au terme du développement ; mais il me donne l'espérance que, dans une saison prochaine, profitant de l'expérience acquise dans cet essai, j'arriverai un peu plus loin, sinon au terme. » Les embryons les plus développés que j'aie pu trouver, et présentant à peu près tous le même degré d'organisation, ont donc pu prolonger leur existence indépendamment de leur mère. Placés dans des vases, ils nageaient en tous sens, montaient, descendaient dans le liquide, et venaient surtout faire une sorte de couche à la surface. » Alors la jeune Huître est d'une voracité "très-grande; sa bouche, tou- jours béante (à moins que l'animal ne soit retiré dans sa coquille, dont il a fermé les valves), reçoit toutes les matières que lui apporte le mouvement ciliaire, et cette circonstance permet d'étudier, avec plein succès, le tube digestif. Le carmin, le vermillon, le bleu d'azur avec lequel les blan- chisseuses azurent leur linge, peuvent servir indifféremment sans nuire à la jeune Huître. » Labouche estplacée entre le disque moteur et cette espèce d'appendice pédiforme qu'on remarque en avant de l'anus. Il existe une apparence tu- buleuse au centre du disque, que j'avais cru, par l'examen de larves moins avancées ne s' alimentant pas encore, correspondre à la bouche. Des faits nouveaux ne permettent pas de doute, ils s'accordent en tout point avec ce qui a été vu par Loven (i) sur plusieurs espèces d'Acéphales. » Il n'est pas vrai de dire_, avec M. Da vaine (2), que la bouche ne devient apparente qu'après la chute du disque, dont la dépression centrale a les bords insérés autour de l'orifice buccal. On sait que cet observateur rap- porte à la chute de l'appareil moteur de nombreux changements embryon- naires. Celui qui a trait à la bouche est donc une erreur, et l'on ne peut (1) Loven, Mémoires de V Académie de Stockholm, 1848. (2) Davaine, Mémoires de la Société de Biologie, i853. ( i'99 ) s'expliquer comment les larves qu'a observées M. Davaine n'aient jamais pris de nourriture. Cela ne tiendrait-il pas à ce que les jeunes Huîtres de cet observateur n'étaient que très-peu avancées dans leur développement? Mais cette explication ne s'accorderait guère avec les faits consignés dans son travail, car les larves n'ayant jamais pu s'alimenter ont été décrites après la chute du disque comme ayant un appareil branchial et un appareil de la c/rc«Zaf/o«/ les pulsations du cœur ont même été comptées. » La bouche est un long infundibuhim dont l'axe est parallèle au plan du disque moteur; ses parois, tapissées de cils très-vifs, dirigent le courant vers l'estomac. » La lèvre supérieure est formée par le bord même du disque et la lèvre inférieure par l'appendice pédiforme dont il a été question. » U estomac s'allonge et se rétrécit vers son milieu par un étranglement à la hauteur duquel s'attache V intestin. » Celui-ci s'accroît aussi beaucoup et se contourne en remontant vers le foie et le disque sur le côté gauche de l'estomac. » Vanns est bien placé comme je l'avais indiqué. J'ai pu suivre la marche des matières colorantes, de la bouche au travers de l'estomac, de l'intestin jusqu'à l'anus. Il y a déjà mélange de matière sécrétée, car ces granula- tions sont agglutinées et forment à leur sortie des bols excrémentitiels . » ïjejoie se limite et se creuse d'une cavité dans chacun de ses lobes, et son parenchyme commence à renfermer des granulations caractéristiques. » Les traînées d'apparence vaguement fibreuse se transforment en pa- quets musculaires qui s'attachent au disque qu'elles font rentrer. Celui-ci s'épanouit de phis en plus, un repli nouveau se forme à sa base et se con- tinue avec la lèvre inférieure. » En suivant pendant quarante-trois jours de jeunes Huîtres, je n'ai pas vu tomber le disque ; au contraire, je l'ai vu s'accroître et affecter des rap- ports plus immédiats avec la bouche. J'ai bien vu des embryons mourants, perdre par lambeaux, en se désagrégeant pour ainsi dire, leur appareil moteur; j'en ai même rencontré dont les contractions, en fermant brusque- ment les valves de la coquille, coupaient en tout ou en partie le disque rotateur; mais je ne puis considérer cela comme une phase embryonnaire, et je crois qu'à cet égard M. Davaine a commis encore une erreur. Je ne veux pas affirmer que jamais cette chute ne se soit produite : je dis que, dans les périodes qu'il m'a été donné d'observer, elle ne s'est point présentée, et que M. Davaine a pris pour un changement embryonnaire un fait patholo- gique, morbide. Cela résulte de son mode d'observations, car c'est dans des ( I200 ) Huîtres mises en bourriche depuis plusieurs jours ou pêchées depuis huit jours, qu'il rencontre les embryons présentant le fait auquel je fais ici allu- sion ; mais l'auteur avoue que dans ce cas (i) « presque tous ces embryons » étaient morts. » Ija différence des résultats auxquels nous arrivons ne tient-elle pas à notre mode d'observation? M. Davaine prend les embryons dans des conditions anormales; moi, je les conserve vivants le plus long- temps possible, afin d'observer le même individu à des époques diverses. » La charnière dans cette période de quarante-trois jours s'est dentelée absolument comme dans les jevuies moules. » Enfin j'ai vu apparaître les otoUthes , organes dont la présence tend à se généraliser de plus en plus chez les Mollusques. Us étaient formés par une vésicule renfermant quelques globules agités de mouvements, et placés sous la bouche à la base de la lèvre inférieure. Malheureusement je n'ai pas pu continuer mes observations; mais il n'en reste pas moins démontré pour moi que le développement entrait alors dans une nouvelle phase. » En résumé, tous les faits consignés dans mon premier Mémoire se trouvent justifiés et confirmés par cette série nouvelle d'observations, sauf toutefois la position de la bouche, que le peu de développement de l'orga- nisme ne m'avait pas permis de bien préciser. » S'il m'était permis de conclure de la conservation des larves pendant près d'un mois et demi, je dirais que lorsque la jeune Huître peut vivre indé- pendante, séparée de sa mère, elle n'a ni branchies, ni cœur. » Enfin les otnlilhes, dont personne n'avait même constaté l'existence, précèdent l'apparition des organes de la circulation et de la respiration , comme cela s'observe si nettement dans les Gastéropodes. » PHYSIQUE. — Théorie et description d'une machine à courants électriques; par M. Hekmite, ancien capitaine du Génie (Extrait.) (Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Regnault.) a La plus simple de toutes les machines électriques, l'électrophore de Volta, nous apprend ce fait, qu'on peut produire de l'électricité au moyen de certains mouvements alternatifs, dépensant une certaine quantité de travail mécanique. » On sait, en effet, que dans un air sec le gâteau de résine de l'électro- phore, une fois électrisé, peut conserver son électricité pendant des mois (i) Mémoires de In Société de Biologie , page 33o , tome IV ; i852. ( I20I ) entiers, et qu'on peut obtenir, pendant tout ce temps, autant d'étincelles qu'on veut sans battre de nouveau la résine avec la peau de chat, pourvu qu'on ait soin, à chaque fois, de toucher d'abord le disque recouvert d'é- tain, tandis qu'il est en contact avec la résine, puis une seconde fois quand on le tient par le manche de vprre. » Il est extrêmement digne de remarque qu'on puisse, en dépensant une certaine quantité de travail, développer de l'électricité par une simple action de présence, n'apportant dans les molécules des corps avicune de ces altérations, dans leur composition, leur orientation ou leur écartement, que produisent les sources connues d'électricité. » On est donc conduit naturellement à chercher à établir une sorte de rapport entre l'électricité et le travail mécanique qui l'a développée, et enfin à étudier la machine qui réduirait à son minimum le travail nécessaire pour produire un effet électrique déterminé. » Recherchons d'abord, dans l'hypothèse d'une machine dont les organes ne donneraient lieu à aucune des résistances passives qui naissent de leurs mouvements et de la résistance de l'air, quelle serait la limite inférieure de la quantité de travail nécessaire pour produire, dans des cir- constances déterminées et toujours les mêmes, un développement d'électri- cité également déterminé. » Nous ferons remarquer que, dans le cas simplifié d'un disque D recou- vert d'étain s'abaissant et s'élevant au-dessus d'un gâteau G de résine électrisé, les décompositions et recompositions alternatives de l'électricité neutre du disque, lorsqu'il n'y a pas de déperdition du fluide, ne néces- sitent aucune dépense de travail. » En effet, la quantité de travail provenant de l'action de la pesanteur et de l'attraction électrique lorsqu'on élève le disque D, est identiquement la même que celle qui est développée par ces mêmes actions lorsqu'on l'a- baisse de la même hauteur. » Considérons maintenant le cas où il y a déperdition du fluide élec- trique par la production d'étincelles. » Au-dessus d'un gâteau G de résine électrisé, plaçons un disque D, recouvert d'étain, pouvant s'abaisser et s'élever verticalement, ainsi qu'un autre disque D', en tout semblable à D, mais communiquant avec le sol par un fil conducteur, sans pesanteur, et pouvant imiter, à l'égard de D, les mouvements que celui-ci fait à l'égard du gâteau G, de telle sorte que, par ces mouvements alternatifs, on reproduise exactement ceux que l'on C. R., 1854, 2"" Semestre. (T. XXXIX, NofiG.) ' 57 ( I202 ) exécute avec l'électrophore de Volta pour obtenir une série de deux étincelles. » Désignons, i" par A + a, la somme des quantités de travail développée par D, descendant jusqu'au contact de G d'une hauteur déterminée; 2° par A' 4- a', celle développée par D', descendant sur D d'une hauteur également déterminée ; 3" par A" -+■ a", celle que restitue D' lorsqu'il se relève jusqu'à .sa position primitive; 4° par A'" + a'", celle que restitue D lorsqu'il se relève jusqu'à sa position primitive; 5" par A" + a", celle que développe D', descendant de nouveau sur D; 6° par A' 4- a\ celle que restitue D' lorsqu'il revient à la position première. Par ces mouvements que nous venons de dire, il se produira deux étincelles et une quantité de tra- vail T, ayant pour valeur ; (A" + a") + (A"' + a"') -i- (A' + a') - (A + a) - (A' + a') - (A" + a"). » Les valeurs A, A', A", A'", A", A", étant relatives aux quantités de tra- vail développées par l'action de la pesanteur, et celles a , a', a", a"', a", a' à celles développées par l'attraction électrique, on devra avoir les relations A = A'", A' = A", A" = A', a' = o , a" = G , a'" = a", d'où il résultera cette relation imprévue T = — (a + a') entièrement dégagée des actions relatives à la pesanteur, comme dans le premier cas que nous avons examiné. » L'équation T = — (a -+- a'), traduite en langage ordinaire, nous con- duit à oser dire que dans la machine hypothétique en question le dévelop- pement de l'électricité' , au lieu de consommer du travail mécanique ^ en produit, au contraire, une quantité qui est loin d^étre nulle. n Reste maintenant à réaliser par un appareil les hypothèses mentionnées plus haut, ou du moins à en approcher autant que possible, car il est évi- dent qu'on ne pourra jamais se soustraire complètement aux résistances passives que développent les points de suspension et l'air ambiant. » Ici nous ne pouvons suivre l'auteur dans la description de son appareil, description qui ne serait pas intelligible sans le secours des figures qui l'accompagnent. PHYSIQUE .APPLIQUÉE. — Moniteur électrique des chemins de Jer ; par M. Th. du MoNCEt. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés: MM. Poncelet, Piobert, Regnault, Morin.) a Cet appareil, dont j'ai eu l'honneur d'exposer un modèle lors de la dernière séance de l'Académie, a pour but : ( I203 ) » 1°. De transmettre aux trains en mouvement, sur toute l'étendue de la ligne qu'ils parcourent, trois sortes de signaux au moyen desquels on puisse les avertir de s'arrêter, ou de mettre leur télégraphe portatif en rapport avec celui de la ligne, ou enfin de continuer leur route; » 2°. De donner pour complément à l'apparition de ces signaux la mise en mouvement d'une sonnerie dont le tintement persiste, comme le signal lui-même, jusqu'à ce qu'on ait fait droit au signal transmis; )i 3". De faire enregistrer, de kilomètre en kilomètre, la marche et la position des trains sur un compteur électro-chronométrique ou cadran à double aiguille, placé à chaque station et visible à distance; » 4°- De faire en sorte que quand deux trains vont à la rencontre l'un de l'autre ou marchent dans le même sens avec des vitesses différentes, le signal d'alarme apparaisse sur les deux convois au moment où ils ne sont plus éloignés l'un de l'autre que de a kilomètres ; » 5°. De prévenir en même temps les stations de ce rapprochement trop grand . » Ces résultats, obtenus a l'aide de cinq appareils, ne nécessitent comme frais d'installation que l'addition d'un seul fil au fil de la ligne déjà existant et d'un ensemble de deux barres de fer placées de kilomètre en kilomètre entre les deux rails. Les piles qui mettent en marche les appareils sont celles des télégraphes des stations et des télégraphes portatifs installés svir les trains; elles ne sont donc pas une dépense qu'il faille imputer au système; d'ailleurs elles peuvent servir pour établir une correspondance télégraphique d'une extrémité à l'autre des trains et pour prévenir la séparation des con- vois d'après le système proposé par M. Mirand. » ZOOLOGIE. — Expériences et études physiologiques sur les fonctions et Ihjgiène des sangsues; par M. Sauvé. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment désignés pour diverses communications relatives à l'histoire de la sangsue médicale : MM. Milne Edwards et de Quatrefages. ) M. BiLLiAKD adresse, comme faisant suite à de précédentes communica-- tions qui, bien que diverses par les sujets traités, avaient toutes un but commun, la recherche des causes du choléra-morbus , un nouveau Mémoire intitulé : Première étude sur les manifestations électriques des plantes. Les expériences qui font l'objet de ce Mémoire ont été entreprises dans l'idée que leurs résultats confirmeraient ce que l'auteur tenait déjà pour 157.. ( i2o4 ) probable d'après les conclusions auxquelles il était arrivé relativement aux animaux, savoir^ que les plantes possédaient une électricité propre, diffé- rente de celle que manifestent les êtres vivants appartenant à l'autre règne et également distincte de celle qui se manifeste dans les corps inorga- niques. Son système d'expérimentation consiste à approcher une plante vivante d'une aiguille en gomme laque librement suspendue par un fil sans torsion, et à voir si cette aiguille reste immobile ou si elle dévie ; et, dans ce der- nier cas, si la déviation est forte ou faible, si elle s'opère vers la droite ou vers la gauche de l'opérateur. Il fait remarquer, à cette occasion, que des plantes, qui prennent promptement la température du milieu dans lequel on opère, offrent pour ces expériences une difficulté de moins que les animaux qui, doués d'une chaleur propre, peuvent par cela seul influencer l'aiguille. Comme, dans le cas qui nous occupe, une action de ce genre aurait pu être exercée par l'observateur lui-même, M. Billiard a eu soin de se tenir toujours à une distance qui lui a paru suffisante^ se servant, pour porter le corps essavé à proximité de l'aiguille, d'une tige de chanvre sec d'un mètre de longueur. L'aiguille elle-même est suspendue dans l'intérieur d'un bocal de verre bouché supérieurement, de manière à ce que ses mouvements ne puissent être attribués à des courants d'air généraux . Les essais ont été faits avec diverses plantes : pour les unes, c'était un bouton floral, pour d'autres une fleur développée ; dans d'autres cas, un fruit vert ou mûr, ou déjà gâté, une racine, un bulbe, un tubercule. Pour le tubercule sain de pomme de terre il y a eu, dans trois expé- riences, une forte déviation à gauche. Pour chacune des autres plantes, dont les unes déviaient plus ou moins à gauche et les autres laissaient l'ai- guille en repos, il n'y a jamais eu plus de deux expériences, et souvent il n'y en a eu qu'une seule. Pour un tubercule de pomme de terre malade, il n^y a pas eu de déviation, et l'effet a été également nul pour les fruits déjà gâtés. L'auteur insiste sur ce point comme concourant, avec les résul- tats analogues obtenus par lui sur les animaux malades, à confirmer sa théorie sur les causes du choléra-morbus. Ce Mémoire est renvoyé à l'examen de la Section de Médecine et de Chi- rurgie, constituée en Commission du concours pour le prix du legs Bréant. M. GcÉRiw, à l'occasion des recherches sur les mouvements du cœur, récemment présentées à l'Académie, adresse de Mézières une portion d'un ( I3o5 ) travail qu'il préparait sur ce sujet, et dont il avait déjà présenté quelques résultats dans une thèse inaugurale soutenue en 1849. (Commissaires, MM. Magendie, Rayer, Bernard, déjà désignés pour le» communications de M. Hiffelsheim et de M. Faton.) M. Deschamps, d'Avalon, adresse une Note sur la préparation de l'huile (le Joie de morue, et des échantillons de l'huile préparée suivant le procédé qu'il indique. (Renvoi à l'examen des Commissaires déjà désignés pour deux communi- cations relatives à la même substance : MM. Dumas et Balard, auxquels est invité à' s'adjoindre M. Bussy ) M. TiFFEREAD soumct au jugement de l'Académie un sixième Mémoire sur la transmutation des métaux. (Commissaires précédemment nommés: MM. Thenard, Chevreul, Dumas.) M. Deîiay adresse au concours, pour le prix de Statistique, une Histoire de la ville de Belleville. (Renvoi au concours de Statistique de i855.) M. AvENiER DE Lagbée adrcssc un Mémoire plus développé que ses précé- dentes communications et ayant pour titre : « Machine motrice pouvant donner un travail mécanique avec une dépense minime de combustible, et basée sur ce fait, qu'à égalité de leurs chaleurs latentes, deux volumes de vapeurs saturées d'eau et d'éthcr sulfurique, passant par la détente d'une même température à une température commune, produisent d'inégales quantités de travail mécanique. » (Commission précédemment nommée.) M. Ai>. Decaux transmet un Mémoire envoyé de Naples par M. Gen. Mundo, et relatif à deux inventions : l'une ayant pour but un nouveau moyen d'utiliser pour les appareils calorifiques l'oxygène de l'air; l'autre ayant pour objet de faciliter les travaux exécutés dans des espaces qui ne sont pas en libre communication avec l'atmosphère. M. Balard est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. ( iao6 ) L'Académie renvoie, dans la même intention, à l'examen de M. Morin une Note de M. Al. Serton sur un appareil destiné à remplacer le paral- lélogramme de Watt ; Et à l'examen de M. Cauchy un Mémoire de M. J.-A. Paris, ayant pour titre : Essai sur une nomenclature arithmétique du sjsième duodécimal. CORRESPONDANCE. M. LE Mlvistre de l'Instruction publique invite l'Académie à procéder, conformément aux dispositions de l'article 2 du décret du 9 mars i852, a la présentation de deux candidats pour la place de Membre titulaire vacante au Bureau des Longitudes par suite du décès de l'amiral Baudin. (Renvoi à la Commission chargée de préparer une liste des candidats , Com- mission formée par la réunion des trois Sections de Géométrie, d'Astro- nomie et de Géographie et Navigation. ) Le même Ministre remercie l'Académie pour l'envoi de cinquante exem- plaires du Rapport sur le programme du prix du legs Bréant. ■ « MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — M. CoMBES présente à l'Académie, de la part de l'auteur, M. Rresse , ingénieur des Ponts et Chaussées, répétiteur de Mécanique aux Écoles impériales Polytechnique et des Ponts et Chaussées, un ouvrage intitulé : Recherches analytiques sur lajlexion et la résistance des pièces courbes , accompagnées de Tables numériques pour calculer la poussée des arcs chargés de poids d'une manière quelconque, et leur pression maximum sous une charge unifonnément répartie. » L'extension de plus en plus grande que prennent les grandes construc- tions en fer et en fonte donne un grand intérêt au sujet traité par M. Bresse. Il a continué d'appliquer les hypothèses sur lesquelles sont fondées les formules usuelles de la résistance des matériaux , mais il a eu soin de signaler les cas où elles pouvaient se trouver en défaut. Il est parvenu, par la combinaison des calculs algébriques et de constructions géométriques, à rendre plus simple et plus claire la solution de quelques-uns des problèmes qu'il a abordés. Dans les recherches relatives à la déformation ( 1207 ) d'une pièce courbe, sous l'action de forces extérieures données, il a tenu compte du changement de longueur de la fibre moyenne dû à la compres- sibilité de la matière et aux variations de température, éléments qui ne peuvent pas toujours être négligés sans inconvénient. » M. Bresse donne de nombreux exemples d'applications de ces formules; quelques-unes se rapportent à de grandes constructions récentes. Pour les arches du viaduc sur le Rhône, entre Beaucaire et Tarascon, l'observation directe a présenté une concordance aussi précise qu'on pouvait l'espérer avec les résultats du calcul. Son ouvrage nous paraît devoir être fort utile aux ingénieurs, pour l'usage desquels sont calculées les tables numériques qui le terminent. 11 sera lu aussi avec intérêt par les personnes plus spécialement occupées de recherches théoriques. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Mémoire sur la couleur rouge que la mer présente en diverses localités, et sur les causes de cette coloration; par M. Cajmili^ Dareste. (Extrait présenté par M. Milne Edwards. ) « Les navigateurs rencontrent fréquemment en mer des espaces plus ou moins considérables où l'eavx présente une couleur différente de la couleur ordinaire, et qui passe par toutes les nuances intermédiaires entre le jaune, le rouge de sang et le brun. Ces eaux colorées forment des bandes ordinai- rement d'une grande étendue, et dont le bord se distingue très-nettement de l'eau qui a conservé sa transparence. Elles ont souvent été prises par les marins pour des bas-fonds, bien que presque toujours on les observe dans des localités où la profondeur est considérable. » Ayant eu occasion, au commencement de cette année, d'étudier'un fait de ce genre, j'ai désiré connaître ceux qui ont été mentionnés par les navi- gateurs et par les naturalistes, et j'en ai recueilli près de soixante. Leur exa- men comparatif m'a permis d'assigner, dans plusieurs cas avec certitude, dans la plupart des autres avec une probabilité plus ou moins grande, la nature des divers êtres organisés qui produisent ces colorations. Il m'a, de plus, conduit à un résultat qui me paraît intéresser aussi bien la géographie physique que l'histoire naturelle elle-même : c'est que ces colorations, dans la plupart des cas au moins, sont permanentes dans certaines localités, et qu'elles s'y reproduisent généralement aux mêmes époques de l'année. » Voici le résumé de ce travail : » 1°. Colorations produites par l'espèce d'algue microscopique que M. Ehrenberg a décrite sous le nom de TricJiodesmium erjthreum. ( I2o8 ) » Ces colorations, qui sont aujourd'hui bien connues par les curieux Mé- moires de MM. Ehrenberg et Montagne, ont été observées de nos jours dans la mer Rouge par M. Ehrenberg, à Tor, le i", le 25 et le 3o décembre iSaS, et le i3 janvier i8a4; et par M. Evenor Dupont dans l'espace qui sépare Cosseri et Tor, le 1 5 juillet i843. Mais ce phénomène avait été observé antérieurement par des navigateurs portugais à la fin du xv* siècle, ou au commencement du xvi", comme on le voit dans un passage du célèbre vice-roi des Indes Joan de Castro, qui écrivit en 1 54 1 une très- curieuse description hydrographique de la mer Rouge. » De semblables colorations, produites par la même cause, ont été obser- vées dans la mer de Chine par M. Mollien, par 0 degrés de latitude nord et i6ode longitude orientale. Très-probablement l'intervalle de mer qui sépare la mer Rouge de la Chine nous représente les mêmes phénomènes, mais nous n'avons point à ce sujet d'observations précises, » a**. Colorations produites par une espèce de Trichodesmium très-voisine de la précédente et que M. Montagne a décrite sous le nom de Trichodes- mium Hindsii. ■ n Ces colorations ont été observées sur plusieurs points des côtes do l'Amérique méridionale, principalement sur la côte orientale. Une de ces bandes d'eaux colorées a été vue sur la côte du Brésil, par M. Ilinds, du 1 1 au 17 janvier i836, par 8" 52' de latitude nord; une seconde près des îles Abrolhos, par M. Darwin; une troisième enfin à la hauteur du cap Frio, par Bougainvillcj le 18 janvier 1767; par Cook, dans son premier voyage, le 9 décembre 1768 ; par Eschscholtz et Adelbert de Chamillo, le 9 décembre 1804. Sur la côte occidentale de Guatemala le même phénomène a été vu par M.'Hinds près de San-Salvador, au mois d'avril 1837. » 3°. Colorations produites par une algue encore indéterminée, mais qui appartient probablement au genre Trichodesmium. Cette algue, qui passe fréquemment de la couleur rouge brun à la couleur grise, a été désignée par les marins anglais sous le nom de sea saw-durt, sciure de bois marine. Elle est spéciale à l'Océanieoù elle a été observée un grand nombre de foiç, d'abord sur la côte méridionale de la Nouvelle-Guinée par Banks et Solander, dans le premier voyage de Cook, le 28 août 1770, et par Labillardière, 109 août 1793; dans la rade d'Amboine par Labillardière, le 6 septembre 1793*, sur divers points des côtes de la Nouvelle-Hollande, dans la baie des Amphinomes par Piron ; près du cap I^eeuvin, par M. Darwin ; à Point-Culvu, par Hindus, le 18 janvier iSo^i; et sur la côte septentriouale, par le capitaine Ring, le 9 septembre 1819; enfin pendant la traversée d'Hobart-Town aux îles Va- ( >209 ) nikoro, par Dumont-d'Urville, les ai et a6 janvier 1828; la première fois par 29°, o4' de latitude sud et i66°,i5' de longitude occidentale ; la seconde fois par aa" 34' de latitude sud et 169° ih' de longitude occidentale. » 4°- Colorations produites par des Crustacés microscopiques de l'ordre des Lopipodes, que M. Roussel de Vauzème a décrits sous le nom de Cerochidus australis. ^ » Ces bandes d'eaux colorées se produisent vers les mois de décembre et de janvier, époque où les petits Crustacés montent à la surface de l'eau pour accomplir les phénomènes delà reproduction. Elles sont alors visitées par les baleines et, à la suite des baleines, par les baleiniers. Elles se rencontrent principalement vers l'embouchure de la Plata, par 42 ou 55 degrés de latitude sud. M. Roussel de Vauzème les a parfaitement décrites dans ces dernières années. Mais elles avaient été observées beaucoup plus anciennement par Sebalt de Weer, le 10 mars i549, ^^ P^'' Lemaire et Schouten, en novembre 161 5. » Une autre de ces bandes d'eau colorée se rencontre sur les côtes du Chili, près de l'île Chiloé ; elle y a été observée par M. de la Chaize, » Cook, dans son troisième voyage, a observé, le 6 décembre 1776, au sud du cap de Ronne-Espérance, par 89° i4' de latitude sud et 23** 56' de longitude orientale du méridien de Greenwich, des eaux colorées très-pro- bablement par la même cause. » 5°. Colorations produites par les Crustacés de la famille des Décapodes macroures, appartenant à un genre voisin des Galathées, et que M. Leach a décrit sous le nom de Grimotea. Ces colorations ont été observées sur les côtes de l'Amérique méridionale. Sur la côte orientale, elles sont produites par l'espèce appelée Grimotea gregaria par heach {Galatkea gregaria de Fabricius); et elles ont été vues, en décembre i683, par Dampier et Cowley;. le 3i janvier 1696, par de Gennes; en novembre 17415 par l'escadre de l'amiral Auson ; le 8 mars 1747? par de Gennes, et enfin, par M. Darwin, sur la côte de la Patagonie. Ryron les a observées sur la côte du Rrésil. » Lesson, dans le voyage de la Coquille, a observé des colorations sem- blables, dans la rade de Cullao, sur la côte occidentale de l'Amérique; mais l'espèce qui les produit est différente : c'est la Grimotea Durvillii (d*> M, Milne Edwards). » 6°. Colorations produites par les Noctiluques. » Ces animalcules de la classe des Rhizopodes, qui sont l'une des prin- cipales causes de la phosphorescence de la mer, peuvent, dans certaines C.R., i854, a"»' Seme.Jre. (T. XXXIX, N» 26.) : >,. l : i - ; 1^8 ( I2IO ) circonstances, se colorer en rouge, et donner lieu à un changement de couleur de la mer sur une grande étendue : le fait a été constaté au Havre, par Scoresby, le 7 juin 1809. » La présence constatée des Noctiluques dans les mers les plus diverses doit nous faire penser que, lorsque dans une localité la couleur rouge de la mer se trouve liée à la phosphorescence, la cause de ce phénomène doit être attribuée à ces petits animaux. Aussi c'est aux Noctiluques que nous croyons pouvoir attribuer la coloration observée par Sait, dans la baie de Massawa dans la mer Rouge, le 7 février' 1 8 1 o ; celle qui a été observée par Joan de Castro dans le golfe d'Oman, près du cap Fastak, le 27 juil- let i54i; celles qui ont été signalées en i638, 1649 et 17 12 sur les côtes d'Islande, par Olafsen et Povelsen. Je dois signaler ici, bien qvie ce fait soit étranger à mon travail, que la couleur d'un blanc de lait qui a été souvent observée en mer se lie, au moins dans le plus grand nombre des cas, à la phosphorescence de la mer, et que, par conséquent, elle doit être produite par les Noctiluques. Aussi a-t-elle été souvent signalée dans les mêmes localités que la couleur rouge. Je n'en citerai qu'un exemple , celui du cap Fastak, où la couleur blanche a été mentioimée à plusieurs reprises, et pour la première fois par Agatharchides dans la description de la mer Rouge. » C'est probablement aussi aux Noctiluques ou à des espèces très-voisines que se rapportent les observations d'Anson (novembre 1 740» ''"'' ^^ ^^^^ ^^*^ Pérou, et celles de Lesson (février et mars i823), ainsi que celles de M. Darwin. Mais ces observations sont trop incomplètes pour que je puisse me prononcer avec certitude. » C'est probablement aussi à des animaux très-voisins des Noctiluques que se rapportent les observations d'eaux colorées faites à diverses reprises sur les côtes orientales du Groenland. Ces eaux paraissent s'étendre du 70* au 80® degré de latitude septentrionale; elles ont tantôt une couleur d'im rouge brun, tantôt une coulejir verte. » Elles ont été vues par Hudson en 1607; puis de 1819 à 1824 par Scoresby. Ce dernier a décrit les animalcules qui produisent ces changements de couleur. Malheureusement sa description est trop incomplète pour qu'on puisse y reconnaître sûrement les Noctiluques. Le capitaine Parry a observé de ces eaux colorées en vert et en rouge-brun à l'entrée du détroit de Davis et dans la baie de Baffin, à la hauteur du cercle polaire arctique en i8ai. » 7°. Colorations produites par des Biphores d'espèce indéterminée. Ces ( '211 ) observations sont dues à MM. Quoy et Gaimard; il les ont faites au sud du cap de Bonne-Espérance par 36 degrés de latitude méridionale, et pendant la traversée des îles Mariannes aux îles Sandwich. » 8°. Colorations produites par des larves encore indéterminées. Ce phénomène se produit d'une manière périodique au banc des Aiguilles, près du cap de Bonne-Espérance et sur les côtes du Chili. Le premier cas a été observé par M. Quoy dans le premier voyage de l'Astrolabe, le 17 dé- cembre 1828, et par le capitaine James Clarke Ross, le 9 avril 1 84o; il pa- raît dii à des larves de Gastéropodes branchifères ou de Ptéropodcs à co- quille. IjC second a été observé dans le siècle dernier paf* les capitaines espagnols Jorge-Juan et Antonio d'Ulloa, qui avaient accompagné au Pérou les savants français chargés de la mesure du méridien, et de nos jours par Poppig, le 12 mars 1828, et par M. Darwin. Il paraît dû à des larves d'An- nélides ou de Ptéropodes. » 9°. Colorations produites par l'algue microscopique que M. Montagne a décrite sous le nom de Piotococcus atlanticus . » Cette observation a été faite près de l'embouchure du Tage par MM. de Turel et de Freycinet. » 10°. Colorations produites par les Bacillariés. » Ces colorations ont été observées en divers points de la mer qui baigne les terres antarctiques, et principalement dans le golfe du mont Erebus, par le capitaine James Clarke Ross, dans son célèbre voyage au pôle austral en 1841. Elles paraissent dues à plusieurs espèces de Gallionella. n I 1°. Colorations de nature indéterminée, mais où les matières colorantes sont charriées par des fleuves. » Telle est la coloration de la mer Jaune produite, dit-on, par le fleuve Jaune, et celle de la mer Vermeille, en Californie, produite, dit- on, par le Rio-Colorado. Je n'ai pu trouver d'indications positives à leur sujet. Mais je puis ici citer un fait de cette nature fort intéressant à divers égards, bien que se produisant sur une échelle beaucoup plus restreinte : c'est celui de la coloration qui se produit tous les ans à l'embouchure d'une petite rivière de Syrie nommée Ibrahim-Bassa, par des matières colorantes charriées par le fleuve. Elle a été observée par Mandeville en 1696. On voit par un passage de Lucien que ce fait était déjà connu des Anciens, et que la coloration pé- riodique du fleuve et de la mer était attribuée au sang d'Adonis dont le culte se célébrait dans la ville deBiblos (aujourd'hui Djébaïl près de Beirut). » i58.. ^ ( I2I2 ) THERMOCHiMiE. — Recherches sur les courants hjdro-électriqties (deuxième partie); par M. P. -A. Faviie. (Extrait présenté par M. Dumas.) Décompositions chimiques produites par le passage de l'électricité voltaïque. n Dans la première partie de ces recherches, je crois avoir prouvé que le dégagement de chaleur produit par le passage de l'électricité voltaïque à travers les conducteurs métalliques est rigoureusement complémentaire de la chaleur confinée dans les éléments d'iui couple pour former une somme égale à la chaleur totale correspondant uniquement aux réactions chi- miques, indépendamment de toute électricité transmise. Dans le présent Mémoire, je crois être parvenu à appuyer par de nouvelles expériences les conclusions de la première partie de mes ' recherches sur les courants, savoir : « que les décompositions chimiques réalisées par le passage de » l'électricité à travers le circuit mettent toujours en jeu les mêmes quan- » tités de chaleur qui accompagnent les ségrégations chimiques opérées » sous d'autres influences, » et « que la chaleur mise en jeu dans l'acte » de ces décompositions résulte toujours d'un emprunt fait à la chaleur » totale dégagée par les actions chimiques de l'appareil voltaïque. » » Pour arriver au but que je me proposais d'atteindre, j'ai fait con- struire un calorimètre d'une capacité de 4 litres environ. Ce calorimètre porte sept moufles, dont cinq peuvent recevoir ime batterie voltaïque de cinq couples formés de zinc amalgamé et platine platiné, ou de cadmiiun et .d'argent platiné, le sixième peut recevoir un voltamètre à électrodes de platine, le septième moufle enfin reçoit un thermomètre qui indique la température du calorimètre, tandis qu'un second thermomètre, placé contre l'enveloppe calorimétrique, fait connaître la température ambiante. Ces deux thermomètres ont été construits avec soin , et permettent de lire If cinquantième de degré. » La quantité de métal qui s'attaque dans cliaque couple est nettement indiquée par le volume de gaz hydrogène qui se produit et qui se rend dans une éprouvette particulière ; en conséquence, cinq éprouvettes sont desti- nées à recevoir le gaz qui se dégage au sein du liquide de chacun des cinq couples voltaïques. Une sixième éprouvette reçoit les gaz qui sont produits dans le voltamètre, et qui varient avec le genre de ségrégation chimique que l'on veut réaliser. » Il est de la plus grande importance de recevoir séparément le g;iz qui ■ se développe dans chaque couple : j'en fais connaître les motifs dans mon Mémoire. ( i^'3 ) •^ V Ne pouvant rapporter ici tous les résultats que j'ai obtenus, et entrer dans le détail des expériences, je me bornerai à présenter les conclusions suivantes : » 1°. La quantité de chaleur dégagée par la conversion en sulfate d'un même poids d'un métal donné dans une batterie voltaique est toujours la même lorsqu'il n'existe pas de résistance sensible apportée par les arcs métalliques qui servent de conducteurs interpolaires, et que l'on n'a pas introduit de voltamètre dans le circuit. » La chaleur dégagée est la même que celle qui serait produite par la conversion en sulfate d'ini même poids de métal sans transmission d'élec- tricité. » 2°. Le dégagement de chaleur produit par le passage de l'électricité à travers les arcs métalliques conducteurs est rigoureusement complémentaire de la chaleur confinée dans les couples voltaïques pour former une somme toujours égale à la chaleur correspondant uniquement à toutes les réactions chimiques qui se passent dans la batterie hydro-électrique, indépendam- ment de toute électricité transmise. » Cette conclusion, ainsi que la précédente, est, par rapport à ime bat- terie, la reproduction de ce que j'^avais déjà prouvé pour un seul couple. » 3". Lorsque l'on place dans le circuit un voltamètre dans lequel le passage de l'électricité provoque une décomposition chimique quelconque, là chaleur confinée dans les couples est constamment diminuée de la cha- leur qui serait mise en jeu dans l'acte de cette même ségrégation chimique opérée sans électricité transmise. Ainsi : Unités de chaleur. I. Pile fonctionnant sans voltamètre et sans résistance ; chaleur dé- gagée par la transformation de i équivalent de zinc en sulfate dissous. . '8796 II. Pile fonctionnant avec un voltamètre à acide sulfurique étendu : chaleur dégagée pendant la transformation de i équivalent de zinc en sul- fate dissons 11 769 En ajoutant la chaleur absorbée par la décomposition de -j- d'équivalent d'eau dans le voltamètre (d'après le volume d'hydrogène et d'oxygène dégagés) 6892 ;, On a 1866t.. >.r'J III. Pile fonctionnant avec un voltamètre à sulfate de cuivre étendu : * '■ chaleur dégagée pendant la transformation de i équivalent de zinc en sul- fate dissous • 1-2728 En ajoutant la chaleur nécessaire à la décomposition de \ d'équivalent' de sulfate de cuivre dans le voltamètre (d'après le volume d'oxygène dé- ' gagé et le poids de cuivre déposé). .■ /'. '*»; V-i- . -s .-.;■.-. ->.^. .-«•:'■' 5921 ' On a i864g ( I2l4) » La comparaison de ces nombres ne peut laisser aucun doute dans l'esprit, j'ose le croire, et me dispense de mentionner d'autres résultats dans cet extrait. V 4°- Si l'on renverse le courant dans le voltamètre à sulfate de cuivre, après avoir recouvert de cuivre un des électrodes de platine, l'autre élec- trode se recouvre de cuivre à son tour, tandis que le premier perd ime quan- tité égale du même métal qui se change en sulfate. Dans ce cas, il s'opère une double réaction dans le voltamètre ; il y a, d'une part, inie décomposition de sulfate de cuivre, et, d'autre part, formation nouvelle d'un poids égal du même sel. Ces deux actions thermiques égales, mais de signes contraires, ne doivent nullement changer le résultat thermique de l'opération. » En effet : Unitcs de chaleur- La chaleur dégagée pendant la transformation de i équÎTalenl de zinc eii sulfate dissous a été trouvée égale à 18703 » Je dois faire remarquer qu'en opérant ainsi, il arrive qu'après ini temps assez court, le courant cesse de passer dans le voltamètre, et la pile ne fonc- tionne plus. On peut alors, afin de prolonger l'opération, renverser une seconde fois le courant : la pile fonctionne alors de nouveau avec la même énergie initiale et s'arrête comme la première fois. En répétant cette manœu- vre plusieurs fois, les résultats sont constamment les mêmes. Je me pro- pose de revenir sur ce phénomène. » 5°. En partant des données fournies par les résultats que je viens de faire connaître, on serait autorisé à considérer une batterie voltaïque avec ses voltamètres comme un système de couples dont les uns produisent plus ou moins de chaleur, suivant la nature des métaux qui s'attaquent, tandis que les autres, ou bien ne produisent et ne dépensent rien, ainsi que cela a lieu dans la dernière expérience que je rapporte, ou dépensent de la chaleur, comme dans le cas où l'acide sulfurique (sulfate d'eau), ou le sulfate de cuivre, par exemple, se décomposent. » Qu'il me soit permis de rappeler, en terminant, que j'ai déjà présenté, dans mon premier Mémoire, quelques considérations sur la théorie de la production du courant avec un seul couple. En effet, j'ai dit que, lorsque le courant passait, l'arc interpolaire métallique pouvait être considéré comme doué d'une conductibilité électrique infiniment plus grande que celle de l'espace qui sépare les molécules élémentaires constituantes les plus voisines, et qu'il résulterait de là que le véritable passage électrique intermoléculaire se constitue à travers le fil lorsque le couple est en activité. ( iai5 ) » Cette même manière de voir est applicable à une batterie hydro-élec- trique, bien que les arcs interpolaires pénètrent dans des liquides renfer- més dans deux vases entièrement séparés ; elle rend compte de l'impossibilité d'obtenir dans un voltamètre, ainsi que dans chaque couple, une décom- position qui ne se rattacherait pas à la loi de M. Faraday, quel que soit le nombre de couples constituant la batterie qui provoque la décomposi- tion . » Enfin, en partant des résultats que je viens de consigner, il me sera permis d'employer la pile, qui m'a servi dans ces recherches, à la déter- mination de la chaleur de combustion d'un grand nombre de métaux que les acides n'attaquent pas directement ou qui sont attaqués trop lentement par ces agents; en conséquence, je pourrai donner suite à un travail auquel j'attache quelque importance pour l'appréciation de la valeur comparative de théories chimiques vivement discutées. C'est ce que je me propose de faire lorsque j'aurai terminé la troisième partie de mes recherches thermiques sur les courants. Dans cette troisième partie, que j'espère pouvoir soumettre très-prochainement au jugement de l'Académie^ je me suis proposé de déter- miner la quantité de chaleur dépensée par un courant qui proiluit une cer- taine quantité de travail mécanique. » MÉCANIQUE CÉLESTE. — iVo^e surla loi de la densité à l'intérieur de la Terre,- parM. Edouard Roche. (Communiquée par M. Le Verrier.) « La loi suivant laquelle s'accroît la densité des couches terrestres de la surface au centre n'est pas connue, et il n'existe même pas de phénomène propre à la déterminer à priori. On sait seulement qu'elle est assujettie à satisfaire à certaines conditions ;* car toute supposition sur la constitutioji intérieure du globe doit s'accorder avec les phénomènes qui dépendent de cette constitution, par exemple avec la grandeur de la précession ou avec l'aplatissement observé. Comme la conrfaissance de cette loi serait néces- saire pour déterminer complètement la figure de la Terre considérée comme un sphéroïde fluide, les géomètres qui se sont occupés de cette théorie ont essayé diverses hypothèses propres à satisfaire aux conditions que nous ve- nons de rappeler. La plus connue de ces hypothèses a été indiquée par Le- gendre : et Laplacc a montré qu'elle pourrait être réalisée si la Terre était forrtiée d'une substance homogène mais compressible; la densité des couches inférieures irait alors en augmentant par l'effet du poids des couches supé- rieures. L'expérience montre que la pression nécessaire pour comprimer un ( iai6 ) fluide d'une même quantité est d'autant plus grande qu'il est déjà plus comprimé. Le rapport de l'accroissement de la pression à l'accroissement de la densité n'est donc pas constant : il croît avec la densité, et, en admet- tant qu'il lui soit proportionnel, Laplace a retrouvé la loi de densité que Legendre avait étudiée, et qui est généralement regardée comme la plus vraisemblable. » En adoptant une loi de compression qui diffère de celle de Laplace par l'introduction d'un terme proportionnel au carré de la densité, ce qui a pour effet de faire diminuer plus rapidement la compressibilité, j'ai été con- duit à une loi de densité exprimée par la formule trèsrsimple OÙ po désigne la densité au centre, p la densité de la couche sphérique dont le rayon serait a (le rayon de la Terre étant pris pour unité); /3 est un coef- ficient numérique que l'on détermine facilement au moyen d'une équation fournie par la théorie de la précession, qui dépend des moments d'inertie du sphéroïde terrestre, et, par suite, de la loi des densités. On obtient ainsi P = o,8. » En prenant pour unité la densité moyenne du globe, je trouve ^=:f|(i-o,8a*). Au lieu de prendre cette densité moyenne pour unité, si je la désigne par D, et la densité des couches superficielles par cJ, la formule précédente donne . D = 2,6(J, po = 5(?. La loi de densité que ces équations représentent satisfait aussi bien que celle adoptée par Laplace aux diverses fconditions du problème. » Enfin j'en ai déduit l'intensité de la pesanteur à l'intérieur de la Terre. A une distance a du centre, 0.5 I 12 \ ■ns étant la pesanteur à la surface, c'est-à-dire pour a = i . A une petite pro- fondeur h au-dessous du sol, cette équation se réduit à P = s (1 + 0,846^). ( '21? ) » J'ai développé ces considératioHS et établi toutes ces formules dans un Mémoire sur la figure de la Terre, présenté à l'Académie dans la séance du 3o octobre 1848. Je les rappelle aujourd'hui pour montrer avec quelle précision elles s'accordent avec le résultat des expériences de M. Airy sur l'accroissement de la pesanteur au fond d'une mine. La dernière formule donne, en effet, pour une profondeur de 1264 pieds anglais ou de 385 mè- tres, une augmentation de — rë~i ^^ résultat des observations de M. Airy est La loi de densité de Laplace ne donnerait que -c? — 191 90 ^ ' 20400 » On voit que notre loi de densité, outre qu'elle a l'avantage de répondre à une loi de compression plus naturelle que celle de I^aplace, d'être plus simple et de satisfaire tout aussi bien aux valeurs de la précession et de l'a- platissement terrestre, représente encore parfaitement la variation de la pesanteur à l'intérieur de la Terre. Enfin remarquons qu'elle établit entre la densité moyenne du globe et celle de la couche superficielle un rapport égal à a,6. Quant à la densité des couches centrales, elle serait cinq fois plus grande que celle de la surface. » ASTRONOMIE. — Observations des planètes Polymnie et Pomone. ( Lettre de M. Argelander, communiquée par M. Le Verrier.) PGLYIMINIE. — ( Observations de M. argelander. ) t. moy.de Bonn. M D Étoiles de comparaison. 1854. Nov. 9. Il'' S^iS'.S 35''45'i3",2-f- i6<'i7'53",31 12. io.53.5o,o 35.10.23,0 7.38,5; méridienne. i3. 10.49. ^«^ 34.58.54,5 4-27>6) i3. II. 9.10,5 34.58 5o,8 + 16. 4-23,7 (a) 24- 10.56.34,5 33.11 .43,2 -h 15.32.39,6 (b) 24. i3. 7.52,2 II. 6,9 32.28.9 (6) Dec. 9. 10.10.56,9^ 32. 8.47,1 ii.44>8 (c) 9. 10.29.40,1 8.42,4 11.41,5 (d) 10. 10.19 3i, 7 ^' ^'^ 11.26,7 (d) 11. II. 37. 10,6 8. 3,0 11.11,6 (d) 17. 10.35.14,4 16.22,4 i3. 9,4 ((i) Positions apparentes des étoiles de comparaison. B. D (a) 34-'53' i4",9 -+- i5»59'33",i (b) 33. o.i3,o 4- i5.34« 2,3 (c) 31.54.47,5 ■+■ i5.3i. 9,2 (d) Dec. 9. 32. 0.21,6 -h i5. 8.43,7 17. 32. 0.21,0 + i5. 8 43,6 C. R., 1354, 2n»« Semestre. (T. XXXIX, No26.) 'Sg ( I2l8 ) POMONE. — ( Observations de M. Kniger.] t. moy. de Bonn. 1854. Nov. 6. I ii-SS-SoSe 9- 12. i3. 24. 8. I . 2, I 8.37.47,2 9 . 28 . I 3 , 2 i3.33. 5,7 B. D 34° 7'2i",4 4- i3''55'i9",o 33.3o.5o,i + 13.37.15,4 32.53.10,6 -+■ 1 3. 18.32,4 32.40.43,4 ■+■ i3. 12. 12,6 30.43. 2,8 + 12.10. 2,0 Étoiles de com par. Positiens apparentes des étoiles de comparaison. M D (a) 34°23'2i",8 -h i3°53'i9",i {b) 33. 5.16,5 + 13.37.50,1 (c) 32.40.33,1 -f i3. 16.48,1 (d) 30.29.33,9 4- 12.29.14,9 ASTRONOMIE. — Observations des planètes Polymnie et Pomone -^ par M. RuHKEB. (Communiquées par M. Le Vebrier. ) POLYMNIE. M D 1854. Décembre 11 io''58°'27',o t. m. de Hambourg. 32° 7'5i",5 + i5°ii'22",5 16 8.28.14,0 id. 32.i3.33,2 ■+- 15.12.34,9 POMONE. 1854. Décembre 11 lo"" 14" t. m. de Hambourg. « = 29''o'8",7 D = 1 1"'2' 33":: ASTRONOMIE. — Observations de la quatrième comète de iS5^, faites à l'observatoire rojal de Florence. (Lettre de M. Donati, communiquée par M. Le Verrier. ) 18JJ4. Cet. 28 29 Nov. 3 8 II BEURES de l'obserfallon . Temps moyen de Florence. i5.5i .40)9 i5.i8. 0,1 16. 3l . 13,0 16.10.23,8 16.57.15,3 17.37.1!!, 3 16.43. 1,0 17.34.50,6 iB APPARENTE, 12. 14.24,56 12.15.49,29 12.15.53,93 12.20. l5,52 12.21 .44j37 12. 3o. 18, 30 12.34.27,62 12.34.31,40 D APPARENTE. -1-21 .52.57,2 30.49.16,2 20.45.55,9 17.33.55,0 16.28.28,1 10. i6.3o,o 7'9-49,o -I- 7.18.14,2 NOMBRE de compa- raison. ► * — * AB -7.58,95 -t-0. 29,32 -+-3.38,99 4-5.36,13 -1-3. 3,58 —8.39,10 — 0. 6,56 -f-7.35,56 AD -10-47,7 - 8.10,9 - 6.32,7 - 0.36,3 -11.47,2 - 5, 9,6 -16.33,9 - 6.46,2 ETOILES de comparaison. Lalande Cal. or Stars 23366 23173 23l34 23i54 23355 338o8 2Î697 23497 ( I2I9 ) M. Donati annonce, en outre, qu'une erreur s'est glissée dans le calcul qu'il a donné antérieurement de la position apparente de l'étoile 4260 Lai. Cat. oj Stars, à laquelle a été comparée la planète Pomone, le 1 8 et le 19 novembre. La position apparente de cette étoile, pour l'époque de ces observations, est iR = 2'' lo^iS'^S D = -H i2»45' 36",9. M. JoMARo, de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, transmet, au nom de l'auteur, une nouvelle carte' du cours du Nil blanc; cet envoi est accompagné de la Lettre suivante : a M. Brun-Rollet, YiémontaisSayoïûen, vojA^eur SiiiBark-el-y4biad(]e Nil blanc), qui parcourt les rives de ce fleuve depuis i843, a tracé une esquisse de carte de la vallée et des pays environnants, à l'aide de ses propres observations et des itinéraires qu'il a recueillis sur les lieux. Il a fait graver cette carte et tirer à petit nombre, et il m'a chargé de faire hommage d'un exemplaire à l'Institut. J'ai l'honneur de vous l'adresser, Monsieur le Secrétaire perpétuel, en faisant remarquer que le cours du Nil y est figuré plus près de l'équateur que dans les cartes existantes et que de nouvelles branches de ce grand fleuve y sont indiquées d'après de nouveaux rensei- gnements. » PHYSIOLOGIE. — Absorption de l'azote par les Infusoîres. Remarques de M. MoRREN adressées à l'occasion d'une réclamation de priorité , ^présentée par M. P. Laurent dans la séance du 10 novembre. « J'ai eu l'honneur, le 29 mai dernier, de présenter à l'Académie l'extrait d'un travail sur les circonstances dans lesquelles l'azote pouvait être ab- sorbé par les monadaires de couleur verte, les seuls que j'avais à cette époque à ma disposition. Au mois d'octobre dernier, M. Boussingault avait attribué ces travaux à vin professeur de la Faculté des Sciences de Lyon ; c'était une erreur de nom contre laquelle je n'aurais pas eu la pensée de protester, si dernièrement M. P. Laurent, inspecteur des forêts de Nancy, n'avait pas réclamé à son bénéfice des résultats auxquels il serait parvenu, dit-il, depuis longtemps, résultats indiqués dans un ouvrage dont il cite le titre. Ayant pris connaissance de la publication de M. Laurent (elle ne m'é- tait pas connue), je n'ai vu, aux pages mentionnées par cet observateur, rien qui se rapporte aux conclusions de ma Note du 29 mai. . » M. Laurent, ne voulant pas recourir aux puissances les plus fortes du ( T29.0 ) microscope, a pris le parti de chercher à développer les animalcules d'une manière insolite en leur servant une nourriture plus succulente. L'eau de purin, l'eau de fumier très-claire, est le liquide qu'il a employé de préfé- rence, et il a réussi, dit-il, à observer les mœurs, les habitudes, etc., de ces petits êtres plus complètement qu'on ne l'avait fait avant lui. » Ces résultats, tout intéressants qu'ils peuvent être, n'ont aucun rapport avec ceux dont j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie : i° la nécessité, pour la vie de ces animaux, de la présence, dans le liquide ambiant, d'une substance azotée; 2° les seuls que j'avais expérimentés et avec lesquels j'a- vais réussi, étaient le carbonate et l'azotate d'ammoniaque; 3° l'incapacité pour ces animaux d'emprunter directement l'azote à l'atmosphère; 4° l'ab- sence de motilité ou la période de vie végétale pour ces animaux lorsque l'azote disparaissait, et leur motilité ou la période de vie animale quand l'a- zote (substances azotées) reparaît dans les eaux où ils vivent; 5° ces mona- daires fixent l'azote amené dans les eaux ; ils apparaissent partout où une substance azotée a été mise. » HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur de nouveaux faits qui se rattachent à la fois à l'astronomie kiérogljphique, et aux noms antiques des plantes et des animaux admis, plus tard, dans la mythologie des Grecs ; Lettre de M. DE Paravey. « Ces noms antiques et hiéroglyphiques étaient usités dans l'Indo-Perse et l'Ariane, et de là les Grecs, avec les mots essentiels de leur langue, ont emporté ces noms, véritables médailles. Ils ont connu fort tard le cjcle de Méton, aussi nommé le nombre d'or, et qui, au bout de dix-neuf ans so- laires, ramène les lunaisons et les éclipses dans le même ordre; et dans leurs fables, on voit que, dans l'heureux pays des Hyperboréens, Apollon, envi- ronné des Muses, descendait tous les dix-neuf ans sur un mont sacré, et qu'alors on se livrait à des jeux et à des danses. A l'époque du nouvel an, nous faisons nous-mêmes quelque chose d'analogue. Ainsi tout n'est pas fable, dans cette tradition, sur le cycle très-exact de dix-neuf ans. D'une autre part, on sait que le laurier était l'arbi'e sacré d'Apollon, et que le daim lui fut toujours cher, son favori, le beau Cyparisse, ayant été changé en daim. Tout ceci est conservé dans les hiéroglyphes qui constituent, fort heureusement encore, la littérature des Chinois, trop peu étudiée. Au n" 234 du Dictionnaire tonique de Morrisson, et dans le P. Gaubil également, on verra que le cycle de Méton, ou le nombre d'or, se nomme tchang. Or ce ( J22I ) même nom tchaiig est le nom, avec la clef des arbres mo^ dit bo en égyptien ou en copte, du laurier camphrier àe% Indes et de l'archipel indien. Avec la clef des cerfs lo, ce nom est celui du ilaiin, et le Malais nomme encore roussa ou loussa ces animaux, dits aussi lou-tse en chinois, et conservé évi- demment dans le nom grec de Cjparissus : rj^ssus ou rjsse étant identique à roussa en malais ; bnbi-roussa étant le nom du porc-cerf dans nos livres mêmes. Il y a en outre une montagiue célèbre du nom Tchang; il y a une |)lante, une fleur, un insecte de ce nom, un oiseau, un poisson ; et si tons les objets naturels, dont je ne parlerai pas dans cette Note, écrite à la hâte, ont été, par les Grecs, attribués à leur Apollon, si célèbre, on concevra qu'ils n'ont pas été en Chine chercher ces concordances singulières. » M. Chatin demande et obtient l'autorisation de reprendre, pour le modi- fier, un Mémoire qu'il avait présenté en janviei* dernier, et qui n'a pas encore été l'objet d'un Rapport. M. Thomas, deColmar, dont Varithmomètre a été récemment l'objet d'un Rapport très-favorable, prie l'Académie de vouloir bien admettre cette pièce au concours pour le prix de Mécanique. (Réservé pour le concours de 1 855.) M. DuMONT, consul général de Libéria, qui avait offert une collection zoologique formée à Monrovia, répondant à une Lettre par laquelle MM. les Secrétaires perpétuels lui annonçaient que l'Académie ne pouvait accepter ce don que pour en disposer en faveur du Muséum, laisse l'Académie plei- nement maîtresse de faire de cette collection l'usage qu'elle jugera le plus utile à la science. M. DoiN expose les services qu'il a rendus pendant un long exercice de la médecine, et qui lui semblent des titres à obtenir une des récompenses de la fondation Montyon. (Rçnvoi pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Spengler, au nom de la Société hydrologique allemande de Bad-Ems, qui publie lui journal des eaux minérales dont le premier numéro est joint à cette Lettre, prie l'Académie de vouloir bien accorder à la Société, en échange de ce journal, les Comptes rendus hebdomadaires. (Renvoi à la Commission administrative.) ( 1222 ) M . DuDouiT adresse une Lettre relative à un Mémoire sur la théorie des nombres, qu'il a présenté dans la précédente séance, et pour lequel il sol- licite le jugement de l'Académie. .(Commissaires, MM. Poinsot, Chasles.) M. CouLiER fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la douzième édition de sa « Description des phares et fanaux à l'usage des navigateurs. » L'auteur d'une Note récemment présentée sur un moyen de détruire divers insectes nuisibles demande que cette Note, dont l'objet avait été seu- lement indiqué, soit lue en entier dans la présente séance. Il n'est pas donné suite à cette demande. M. HiTscHLER s'adresse à l'Académie dans l'espoir qu'elle pourra mettre à' sa disposition une machine pneumatique dont il aurait besoin pour une expérience projetée. Il ne peut être donné suite à cette demande. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. É. D. B. ( iaa3 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQCE. L'Académie a reçu, dans la séance du 26 décembre i854> les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 2* semestre, i854; n° 25 ; in-4°. Institut impérial de France. Séance publique annuelle de l'Académie des Sciences morales et politiques, du samedi 16 décembre i854; présidée par M. GuizOT. Paris, i854; in-4°. Institut impérial de France. Académie des Sciences morales et politiques; discours prononcé par M. Amédée Thierry, vice-président de l'Académie, aux funérailles de M. Léon Faucher, le 19 décembre 1 854 ; i feuille in -4°. Tableau des altitudes observées en Espagne, par MM. DE Verneuil et DE LORIÈRE, pendant l'été de 1 853, accompagné d'un rapide aperçu de leur voyage. Paris, i854; broch. in-8°. Recherches analytiques sur la flexion et la résistance des pièces courbes, accom- pagnées de Tables numériques pour calculer la poussée des arcs chargés de poids d'une manière quelconque, et leur pression maximum sous une charge uniformé- ment répartie; par M. BRESSE. Paris, i854 ; in-4°. Description générale des phares et fanaux, et des principales remarques exis- tant sur le littoral maritime du globe, à l'usage des navigateurs; par M. COULIER. Paris, i855; 2* édition ; in- 12. Exposé des applications de l'électricité ; par M. Th. DuMoncel; IP volume. Paris, 1 854 ; in-8°. Mémoire géologique sur la perte du Rhône et de ses environs; par M. E. Renevier. Zurich, i854; broch. in-4''. Note sur le terrain néocomien qui borde le pied du Jura, de Neuchâlel à La Sarraz; par le même; j feuille in-8°. Note sur l'équivalent mécanique delà chaleur; par M. Th. d'EstOCQUOIS. Besançon, i854; broch. in-8°. Esquisse d'ime carte des pays compris dans la région du Nil blanc , dessinée d'après la carte de M. d'Arnaud et autres cartes récentes, les informations des indigènes et les dernières relations; par M. Brun-Rollet, membre de la Société de Géographie de Paris. aRiv**' ( 1224 ) Bulletin de la Société Géologique de France ; 2" série ; tome XI ; feuilles 4 1 à 45; a6 juin i854; in-8°. Annales de l'Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d'Agricul- ture; publié sous la direction de MM. LONDET et L. BOUCHARD; 5* série; tome IV; n" 11; i5 décembre i854; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences, et de leurs applications aux arts et à l' industrie ; fondée par M. B.-R. DE MONFORT, r^c^îgfe'e par M. l'abbé MoiGNO; 3* année; V* volume; a4° livraison; in-B". Journal d'agriculture pratique , Moniteur de la propriété et de l'agriculture, fondé en 1 83'] par M. le D"' BiXlO; publié sous la direction de M. Barral; n" a4; 4* série; tome II; ao décembre i854; in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; n° 8; ao décembre i854; in-8°. La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; 3* année; a* série ; 36^ livraison ; aS décembre i854; in-B". Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des candidats aux écoles Poly- technique et Normale, rédigé par MM. Terquem et Gerono; décembre 18.54 ; in-B". Revue thérapeutique du Midi. Journal des Sciences médicales pratiques; publiéeparM. le D'' LouiS Saurel ; t. VII ; n° 11; 1 5 décembre 1 854; in-8°. Atti — Actes de l'Académie royale des Sciences (section de la Société royale Bourbonnienne) ; volume VI. Naples, i85i; i vol. in-8°. Rendiconto. . . Comptes rendus de la Société royale Bourbonnienne [Académie des Sciences) ; nouvelle série; année i853; in-4''. Nachrichten... Nouvelles de l'Université et de l'Académie des Sciences de Gôttingue; n" i5; 18 décembre i854; in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques; n° 929. Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n°' 149 à i5i; 19, 21 et 23 dé- cembre 1854. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie ; n° 64 ; 22 décembre 1854. Gazette médicale de Paris; n° 5i; a3 décembre i854- L'Abeille médicale; 36® livraison ; 25 décembre i854- La Lumière. Revue de la Photographie ; 4" année ; n° 5 1 ; 23 décembre 1 854 • ( i2a5 ) La Presse médicale; 2' année, n° 5i; 23 décembre i854- L Athenceum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Beaux- Arts; 3" année; n" 5i; 23 décembre i854. L'Ingénieur. Journal scientifique et administratif; ^"x" livraison ; 1 5 dé- cembre i854- Le Moniteur des Hôpitaux; rédigé par M. H. DE Castelnau ; n°' i5oà i53; 19, 21, 23 et 26 décembre i854. ERRJTJ. (Séance du 18 décembre i854-) Page 1 160 , avant-dernier paragraphe , au lieu de « Après ces observations, qui donnent .lieu à quelques remarques de la part de MM. Becquerel,... », lisez « Après quelques observations sur divers points du Rapport, observations faites par MM. Becquerel , Regnault , Thenard et Piobert, le Rapport est mis aux voix et adopté. » C. R. 1854, a-n» Sfmcslre. (T. XXXIX, N" 2G.) r6o 1226 ) m ! 1 = ?- — b O 0'X> OD-^l Cli/i— ~^OJiJ -^ ©<:£' GO^O CiO-'-i.->.05W - O'X) 02-^) CiO-iJ^C^W » SB •^1 -.1 -^1 -^1 -O -^t ^) ^1 -O -^l ^J ^] ^J ^O -^ ^J -O -^I ^J ■O -O -^J -^1 --.1 -o -^1 -^1 -^ vj o — -- i>^ CT 0< Ui — -^ C^ O^ O^ C-1 iLn U' i->. C^ OO J:^ Ui Cl Ci "l-i Cl O' Cl -^1 Ci '-"i Cl Cl Cl 9 t- CO GO OJ Cl - IJ — -^ CJi C^ en Cl (J tO -^ — -* W O lO lO C-r* 03 ai Cl O X>. "^1 W [O ^i 31 s: u 4i-^ O O cj^O OJOOtO ■- M OiOJUiCnO ba.t>-— GOtnu O.îmmc^^j'cs''- pr S -•ii^Cïto W4i>.-^j O w O mcoo Nî h3 - - — Goui- ciOi;o Lnw>-o m 3 sa u tt." ^1 - - a. S* c ■C^J»0 - IJ « sa o - o o - WGOCOCOO WClîT) - ClClGCCOO *4:ï^ O ^ OOGOCO — tJJS^OJO OlCïCO-a^iO WOOO mGOCOOtOO - CiiO COIO OOQO 3 o 1 1 s ■T3 05-0 o o -^ o >-« o o — o — w-Ovj^i o OJOltO S3v,i ClOOOOO**"-^ -i "S- C ooi^o.c>.tn^4?..Cj'cio"c^"bj^tn'^"ai"oJo oo'ooas^'o'o'w'ôo'^'ci'cï'o'c»' (ournant 5< ffl •o -^ -K.] .K.1 -o -o "^1 *0 -^ï -^l -^l *J "^1 -J ^J -^1 -^1 -^1 -^1 -o -o -^1 -^1 -^l -^I -o -i^l -^1 ^1 ^j 2 -t> OJ m !-T (Ln -t>. CO C^ C^ 0-- O"" (Ln — -^ OJ OJ .i>. -a^ Ci Ci tn Cï in Cl ■^1 O On Cl Ôl Cl Cl ?i H 3 0. âC 3 - ■ s ? 2 a •o oojï>.- [.^ !Lo.c>.-N.t-.o tj ojj>.<û oo -« uiooo cncicoo o — t^ ooes o î s " = > * o » ^ J>- X^ J>- CO -i^ .0C-S^[O.;^GO00O ClW Cl 3 § es 3 1 . 1 -, O C^ C1*0 S50 - M WOWO - OJWOOOOOO V--J OClClGOO O -<:C(XCÛO TUEBJIOIIETKE 3 fl) 3 ^_^_ •o t>JC0ti5,*^w w.c>.J(Ui'^Uij:>.OJWWtnOiCnir^O0LOW-C>,tn ClUiCSOiaiCICïOlCiCîCiCl o s .- a = 3 o Oï004>»O Cji-O.C*0 o Cltn— t«05 — Ji^ OiO tn(0 — QOvj-o-i^OolDOlO 1 o' B sa o se y - s ? s s S uiowi-wwwotr-owwbaooaowj^.-^ïocicii^o-'ijîno--- 1 J 1. 1 9 l H O 3 ■' .tN^lJï^O - W - -J>.0 - W - ■GOO^l WJï^^JO CiC^O o - -o o o - CncO 0500-^1 CJiCOX>.GOOO"^*^l CFiO-;ï>-.£?^mC.riOOUiCÛ o tnO"0.;>.00 Cl o *o *o -^1 -o ^1 ^o -o -^ -o ^j ^o -^1 -K.! .vj -o -o -u -o ^1 -o -o -^i *-i -o -o *a "^1 -^1 -^i -o 45^WU'U'woJW.c>.UitnJ^WOJWJ>.CnClClC:iClClClClUiClClCJCl OO-O - Cn.0.yiO-iWWiX> Ol-i^.yi'^l ClOO'v.iCO W o w o -CO-O^ W WOOWlJ^ 00. tO 00 - 00 00 o - ï cr- .1 "S too ciO ootow Oiw M - o o>--&Na>hïJ^.J>.J>.o j^oto w*^o tno « « » 7 s 3 >Q * * 1 * \ s 3 THERMOMÈTRE o tournant. Ln00-t-^Ui(O OO-O-^ o tnCl-O O-O-OO-O OJ— m O C.~ïJ^CiOO^J^O■^■^I (O o - j>.oox;^aioij^www.c>.ai uiji^t^woj-û^tnoïCiCïCiciciOiu^ciciaiCî o j^COtO ClCnOCltJ-t^-O-J Ui*0 00^ Cl-^ OOW- o U OtO OOO0-X.->Cji-vj o 5 8 ■o -eO U OCD mwJïNO o OltoV- ÛOCïhî'js^-S^-oji^-O U^t^OOtO !.n.s^j^ ■ ? 3 in -o OO tO W 00 OJ 00 ^r^ o .&>. o Oi^ to Ji^ Jî>. J=^ WOltnWO - ViOOtnQOCOO^OO'O 3* Il - - CiOtn— « - w W •- o w sa — Ui-ooo-Ch— tnOitntoooooo— OOVtO O |=5| 5 • r, g O f ï-ï p. 1 1 ^ S UiUiJî^- — o — ■■ "- o -*M ■-■J^-O>OXf*0JU'ClUit*>Q0'vJ O^O OOUija C>J— GOtnCj-'^O OOi-i tnï^0l0i"*^JO"O Cn-o OlC-J — tO (:>ïtC GOOOOe; 4-"^ J;:^ Cl ^i 1 3 3- - S3 o Cltn^J o Cl— 0.--^lïO OlO-t^OJUiiX) Ui4^-U>.WO\W-^l W O-^l C!.w • Il ■ _ _ 5 « ^S , 3 ClC^- — bJ - fi - o — o — J^.-0-O.t^- aïOïUi— ODOïCiODOO-SNOO — w Z; « * :* p fc. ôai^-^l ClCn^ OiW - as-t^'oi^iJ 00(0 WOOW bJ WiLnUi^JïN.W.=^lxiClGO(-' 3 1 t 1 « 1 THERMOMÈTRE 3 ,00-0 OCO-C^O tnO W OiCO- Cl- 00O-C>"- o OOOJCJiO en© Cï-C^CCti OOO S3 C>î-P^.£r'.kJCnO WWJï^O -tOUiUiOOOCl^tO - « UO bJ - - ■W! (t. o 00 - tnClGOCl^tO - OC1S3 bJ^ tnClClOOCOOJ^l O WiWOS- O 00 > si 3. 1 i 1 1 1 1 C^01K3---000-OOW'OWO WC/TOiOOiJS^ClOit^-OO^OOO 5 V S rr ^ rooriorionon^^anrïonHor.noor'oriOHnnnscïts 3 •H 1 3* a -s 3 o 2 "H, ^ JT c- '* JT -H" r M r* r r r* g JT j? JT r* .;. j« jf JT ^ s " r r £i s » 3 c Il ■ *î2'T33-û«ja3."iEr g 5. « £, £.^ 2 ;5 o (t B 2. s 1 =^ a. 3 J> 3 3 f » ::2 CD ra ja -a (3 •«: =« Z. ^ » s. 5. 1 Cl. s. < s- J^ «. ^ 2. S- a s. s. ^ 1 m r* a« ^ ï s - s 5 -: o 3. 1^ 1. •1 s g s- c ■ 1 5* < 2! • S "S 3* OOW2C«Of>"'02!2a»at«fW"'OZG22(22!0'OaaZ K o s o o _B o mra20202a D o 2! ^ fT o Ci o o 13 1 s COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIQUES. JUILLET DÉCEMBRE 1 854. TABLE DES MATIÈRES DU TOME XXXK* Pages . AcibE BOKixiDE. — INote sur quelques réactions peu connues de l'acide borique et des bo- rates; par M. Ch. Tissier ig2 Acide cïanhydriqub retrouvé dans un cadavre humain trois semaines après la mort; Note de M. Brame 968 Acide picriqiie. — Sur deux nouveaux dérivés de cet acide ; Note de M. Pisnni 852 AcousTiQCE. — Introduction à un travail pré- cédemment présenté sous le titre de : « Théorie de la gamme »; purM.Deloche. 3^ — Nouvelle théorie des tuyaux sonores; Mé- moire de M. Quel 279 AÉBOSTATs — Figure et description d'un aéro- stat mis en mouvement au moyen d'un appareil électrique; par M. Duran 37 -- Lettres, Notes et dessins concernant la na- vigation aérienne; adressés de Rome par M. Marchai 126, 629, 6g5 et 975 — Notes concernant le perfectionnement de la navigation aérienne; par M. Walmann. 248 — Mémoires sur la direction des aérostats; par M. Pautrat et par M. Cornélius 286 — Sur la direction des aérostats; Note de M. Verneuil 3^5 — Observation relative à l'état des plumes d'un oiseau pendant la locomotion aé- rienne ; par /e même g3o — Sur les moyens de faire à volonté monter ou descendre un aérostat; Note de M. Beau- fil' 475 — Lettre de M. Bichel, concernant sa Note * intitulée : « Solution du problème des aérostats » 475 C, R., 1854, 2">e Semestre. (T. XXXIX.) ï'agfs. Aérostats. — Appareil pour la direction des aérostats ; Note de M. Bussod 5oo — Emploi des machines aérostatiques d'après des procédés nouveaux; Note de M. Yaus- sin Cbardanne 629 — Sur un moyen destiné à faire monter ou descendre à volonté les aérostats sans perte de gaz et sans perle de lest; Noie etLettrede M.5cAmi(i 661 et 858 — Sur un moyen supposé propre à donner la solution du problème 2 divisant p — I -ytiole de M. Lehesgue 5n3 — Note sur le Canon arithmeticus de Jacobi: par le même j oCo — Recherches sur les propriétés des fonctions définies par des équations différentielles; Mémoire de MM. Cr/o( et iJou^uef. 371 et 795 — Sur des notations algébriques employées par les Arabes; Note do M. Woepcke 1G2 "- Sur l'intégration des équations différentiel- les du premier ordre ; Noie de M. Garlin. 690 Analyse mathématique. — Sur les éléments de mathématiques pures qui servent de base il la dynamique; Note de M. Passât 695 — Note de M. Paulet, concernant le dernier théorème de Format 79J — Nouvelle formule pour la résolution des équations algébriques; Note de M. Voizot. 974 Amatomie. — Sur les expansions des racines cérébrales du nerf optique, et sur leur ter- minaison dans une région déterminée de l'écorce des hémisphères; Mémoire de M. Gratiolet fij^ Anatomie comparée. — Recherches sur l'orga- nisation des Physalies; Noie de M. de Quatre/ages 2 — Nouvelle paire de ganglions, observée dans le système nerveux des Acéphales; Mé- moire de M. iloijuin-Tandon 265 — Mémoire sur les organes génitaux des Mol- lusques acéphales lamellibranches; par M. Lacaie-Duihiers 188 — Observations sur quelques points de l'or- ganisation des Actinies ; par M. J. Haime. SgS — Recherches sur la structure du conarium et des plexus choroïdes chez l'homme et les • animaux; Mémoire de M. Faivre 4^4 — Sur un cœur artériel accessoire dans les lapins ; Note de M. Schi/jT. 5o8 Anatomie générale. — Sur le périnèvre, espèce nouvelle d'élément analomique qui con- court à la constitution du tissu nerveux périphérique; Mémoire de M. CA. Robin. 4%) Anatomi^ pathologique. Voir les articles 6'Ai- ruigie et Médecine, Anatomie PHILOSOPHIQUE. — Considérations sur la torsion de l'humérus; par M. Lai>ocat. 29 Anonymes ( Mémoires ) destinés à des concours pour les prix proposés par l'Académie (nom de l'auteur sous pli cacheté) .... 248, 375, 47'> 846 et 1080 Anthropologie. — Remarques sur quelques points de la paléontologie humaine; Mé- moire de M. Serres 3i4 — Communication verbale de M. Flourens en présentant un exemplaire de son « Traité de la longévité humaine » 85i ArPAREiLg divers. — Communication de M. Sé- guier sur un système de pompes sans cla- pet ni piston, imaginé par M. Jobard, de Bruxelles 388 — M. lobard déclare qu'un appareil de ce genre avait été antérieurement l'objet d'un brevet obtenu au nom de MM. Mi- chel et Guibal 44o — Description et figure d'un nouveau système tie pistons désignés sous le nom de pis- tons diapfaragmatiques; Note de M. Y. Mathieu , iu8() ( '^29 ) AprtnEiLS DIVERS. — Noio de M. Fournciie , concernant sa balance & l'usage des bu- reaux de douane et d'octroi 37 — Romaine modifiée dans le but d'en rendre les indications plus précises et l'usage plus facile; Note de M. Dattier 374 — A ppareil pour la carbonisation des diverses matières, os, chaui, tourbes, qui doivent être carbonisées en vases clop; Mémoire de MM. Valleau et Thoumelet i55 — Appareil destiné à protéger les ouvriers dans des travaux exécutés sous l'eau ; Notes de M. Lance 54t et 981 — Appareil destiné à permettre de pénétrer dans des lieux dont l'air est devenu irres- pirable ; Note de M. Thibaut 629 — Appareils destinés, l'un à utiliser pour le chauffage l'oxygène de l'air, l'autre à faci- liter les travaux qui s'exécutent dans des espaces clos ; Note de M. G. Mundo i2o5 — Lettres do M.yl«ifreo/a(i, concernant un ap- pareil fumivore de son invention. 44'^' ^'^ '— Dispositif destiné à prévenir les accidents produits par le gaz d'éclairage; Noie de M. Yaussin Chai donne 629 — Appareil désigné sous le nom de véloci- mètre, présenté, au nom de MM. Oferduj^n et Droinet, par M. Combes 4^ -^ Appareil destiné à remplacer pour certains cas le parallélogrammede Watt; Note de M. Serton 1206 — Description d'un nouveau pétrisseur mé- canique; Note de M. Bouvet 1086 — Appareil mis en jeu par les battements des artères et figurant par une ligne ondée l'amplitude des pulsations et leur plusnu moins de régularité; Note de M. Yierordt. 5 12 ■^ Remarques de M. Flourens à l'occasion de cette communication tbid, — Appareil d'horlogerie destiné à donner h chaque instant la longitude et la latitude du lieu où se trouve un navire; Note de M. Panissct 874 — M. B. de Ferrari annonce avoir inventé un mécanisme au moyen duquel on connaît la longitude et la latitude du lieu où se trouve un navire, sans observation des astres et sans transport du temps Ii65 AniTBHÉTisi'E. — Essai sur une nomenclature arithmétique du système duodécimal ; Mé- moire de M. PariSé 1 20G Arithmomètre. — Rapport sur l'arithmomètre de M. Thomas, de Colmar; Rapporteur M. Mathieu 1117 — M. Thomas prie l'Académie de vouloir bien comprendre cet appareil dans le nombre des pièces admises au concours pour le prix de Mécanique I3]i i>„ «ci. Arsesic. — Observations sur la présence et la quantité do l'arsenic contenu dans les eaux du Mont-Dore, de Saint-Nectaire , de la'Bourboule et de Royal; Mémoire deM.Thenard 7^5 — Nouvelles recherches sur l'arscnie dit nor- mal; par M. Filhol 198 — Recherches sur de nouveaux radicaux orga- niques renfermant de l'arsenic; Note de MM. Cahoursel Riche 54 1 .\rts uilitaires. — Communication de M. Bu- reau de la Malle sur l'arlilleiie au xv" siècle 9!)i Asphodèle. — Recherches sur le principe fer- mcntescible qui se trouve dans la racine de l'asphodèle de Sardaigne ; Note de M. Roguin 1 10 — Note sur i'alcool d'asphodèle; par M. Cler- get 907 Astrokomie. — Sur la précession des équi- ^ noxes, sur la masse de la Lune et sur la masse de la planète Mars; Mémoire de M . Le Verrier 2G7 — • Nouvelle détermination de la différence de longitude entre les observatoires de Pa- ris et de Greenwich ; par le même 55:i — Note sur les réfractions astronomiques ; par M. Fo44 — Sur la fécondation naturelle et artificielle des yEgilops par le triticum; Mémoire de M, Godron.: 145 — Monographie de la famille des Flacourtia- nées; par M. 0/oj 466 — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M, Tulasne 1188 — Série graduée des familles de plantes; Mé- moire de M. Jonain 743 — Etudes sur les Zostéracées; par M. Du- chartre ( premier et deuxième Mémoires). looS et 1080 — Rapport sur les travaux de M. Duchartre relatifs aux plantes de la famille des Aris- tolochiées; Rapporteur M. Tulasne 1040 Bulletins BiBLiocRApniguES 77, 127, 167, 208, 263, 295, 344j 378, 443, 477, 5i4, 55o, 598, 6(Ji, 701, 775, 8ii 859, 981, io36, 1067, 1095, 1137, 1182 et 1223 Calendriers. — Communication de M. Tieutat. Candidatures. — M. Baudelocque prie l'Aca- démie de vouloir bien l'admettre au nom- 5i3 bre des candidats pour la place vacante dans la Section de Médecine et de Chirur- gie, par suite du décès de M. Lallemand. 714 ( I Candidature» — MM. Maisonneuve, Malgaigne, Leroy, d'Etiolles, Cloquet, J. Guéiin, Lau- gicr, Jobert, de Lamballe, adressent, cha- cun en particulier, de semblables de- mandes. 85a, 1)79, io35, 1088, 1129 et n-Q — M. Chatin prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candi- dats pour la place vacante dans la Section de Botanique, par suite du décès de M. Gaudichaiid. 1088 — M. Kerckhove-Varenî prie TAcademie de vouloir bien, à la prochaine élection pour une place de Correspondant de la Section de Médecine et de Chirurgie, le com- prendre dans le nombre des candidats . 74 — M. Flourem rappelle une demande sem- blable précédemment adressée par M. Uar- shal Hall yS M. Gujon, M. Lebert, de Zurich, et M. Pu- iegnat adressent chacun une semblable demande i6.5 et ^44 — M. le contre-amiral Delqffre prie l'Acadé- mie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante au Bureau des Longitudes. ..... 39 — M. Lartigue , qui avait fait précédemment une demande semblable, adresse une Notice imprimée concernant ses travaux d'hydrographie et de météorologie Jbid, — M. le contre-amiral Mathieu prie l'Acadé- mie de le comprendre dans le nombre des candidats pour cette môme place 080 — M. Dupeirey transmet une Lettre de M. le contre-amiral Jactjuèminot qui se pré- sente comme candidat pour cette place. A cette Lettre M. Jacqueminot a joint un exposé de ses travaux. u^j Carbonisation. — Appareil de MM. Valleau et Thoumelet pour les carbonisations qui doivent être opérées en vases clos i55 Castration. ^ Procédé pour la pratique de cette opération sur le cheval; Note de M. Nisme Dubort ^ 166 Ghalecr. — Sur l'équivalent mécanique de la chaleur; Note de M. Person ii3i Chaux inoRACLiQUES. Voir l'article Ciments. Chemins de fer — Sur les chemins de fer at- mosphériques en employant comme mo- teur la pression de l'air dans des tunnels d'une longue étendue dont la section est égale à l'espace que les convois y occu- pent; Mémoire de M. S%um aîné, deuxième partie 456 — Rapport sur un Mémoire de M. Vii/uesnel, intitulé « Coup d'œil sur les chemins de fer dans la Turquie d'Europe » ; Rappor- teur M. le maréchal Vaillant, ggî 23l ) P»B". Chemins de »er. — Télégraphe électrique don- nant des signaux mis enjeu par les con- vois eux-mêmes, indépendamment de tout soin di- la part des conducteurs; Mémoire M.de Guyard 34 — Réclamation adressée à l'occasion de celle communication; par M. du Uoncel m — Moyen desiinéàprévenir les déraillements des véhicules marchant sur chemins do fer; Lettre de M. Paradis i(i(j — Sur les modifications qu'on pourrait faire subir au matériel des chemins de fer pour le rendre propre à franchir de fortes rampes, en mémo lemps que des courbes de toute courbure ; Note de M. Arnoux.. aSy — Sur les moyens propres .^ prévenir les ac- cidents qui surviennent sur les chemins de fer ; Note de M. Jianjou de la Garenne. 3n5 — Système de signaux électriques destinés à prévenir les accidents sur les chemins de fer ; Mémoire de M. Manuel de Castro. 429 — Lettre de M. Laignel, concernant son frein pour les chemins de fer 440 — Moyen destiné à prévenir les rencontres sur une même voie; Note de M. Warin. . gi<) Chimie organiquï. — Recherches sur divers points de chim ie organique ; par. M. Sirec- *«<• • 49 — Recherches de chimie organique; par M. Cahours 254 Chimique ( Composition). — Sur un moyen gra- phique propre à mettre en évidence les rapports qui unissent la composition chi- mique des corps et leurs propriétés phy- siques; Mémoire de M. Dumas 103^ — Sur l'emploi des volumes atomiques pour la clussilication naturelle des espèces chi- miques appartenant à la classe de corps qui renferment les alcools et leurs déri- vés ; par le même loGg Chirurgie. — Des tumeurs blanches et des ef- fets de la compression sur ces tumeurs; Mémoire de M. De/arue.. .. 36, 126 et 263 — Sur les plaies pénétrantes de poitrine par des coups de feu ; Note de M. Guyon 146 — Remarques de M. Duméril et de .M. Vel- peau à l'occasion de celte communication. ■47 et 148 — De la doctrine chirurgicale relative à la présence de projectiles et autres corps étrangers portés dans l'économie ; Mé- moire de M. Sédillot 4 'o — Sur l'application de la cautérisation ignée ; par le même 4-'^3 — De la cautérisation cutanée dans les mala- dies du système osseux; Note de M. Bou- vier 327 — Emploi de l'électricité comme agent de cautérisation dans le traitement de cer- taines afiections chirurgicales; Note de M. Amassât fils Chirurgie. — Sur un nouveau mode de cau- térisation au moyen de la pile; Note de M. Regnauld — Mémoire sur la thoracentèso «ouscutanée; par M. /. Guérin — Opération césarienne vaginale pratiquée avec succès pour la mère et pour l'enfant; Note de M. Bauâelocque Opération césarienne pratiquée avec succès une deuxième fois sur une même femme ; Note de M. Stolz Sur la cure radicale des hernies par les injections iodées et sur un procédé très - simple pour faire pénétrer l'injection dans l'intérieur du sac; Mémoire de M. Mai- sonneuve • Ue la cure radicale de la hernie inguinale ; Mémoire de M. Gerdy Mémoire sur le siège et les principales va- riétés de la cataracte; par M. Maigaigne, De l'influence des opérations sur le système nerveux, et du relentissement de la dou- leur sur l'organisme; Mémoire de M. lo- bert , de Lamballe — M.Joberi,de Lamballe, demande et obtient l'autorisation de reprendre temporaire- ment son Mémoire sur les corps étrangers formés dans les articulations Sur l'extirpation des tumeurs fibreuses profondes par la mi'lhode dite de morcel- lement; Mémoire do M. ilaisonneuve . . . . Fractures du corps et du col du fémur trai- tées avec un nouvel appareil ; Mémoire de M . Baudens — Pièce adressée par M. Guillon, concernant son Mémoire sur les rétrécissements de l'urètre : Lettres relatives à son procodé opératoire et en général à ses procédés de lithotripsie 341, 700, 929 et — Lettres de M. Heurteloup, concernant son Mémoire intitulé : « Lithotripsie sans fragments >>; Lettre concernant deux nou- velles opérations de lithotripsie prati- quées par lui 5i3, 55o et — Études sur le pus ; par M. Bergeret — Sur l'anatoraic pathologique de la mem- brane des bourgeons charnus ; Mémoire de M . Laugier Chlorés (Composés). — Sur des combinai- sons chlorées dérivées des sulfures de mélhyle et d'éthyle ; Note de M. Riche. . . Chloroforme. — Effets de la pression du dia- phragme chez les animaux soumis à l'ac- tion du chloroforme; Note de M. Girau- det ( 123a ) Page! Chloroforme.— De l'aptitude anesthésiquedes sujets pour le chloroforme et du dosage 742 de cet agent; Mémoire de M. ^nce/on.... 669 Choléra-horbcs. — Suspension du pouvoir d'absorption de la membrane muqueuse Ii65 intestinale et de la peau chez les cholé- riques; Note de M. Duchaussoy i65 462 — Do l'emploi du sulfate de strychnine dans le traitement du choléra-morbus; Note de M. Aheille jSS 464 — Sur la nature et le traitement du choléra épidémique; — sur une forme de typhus qui se rapproche du choléra ; Mémoire de 627 M. Chrzastcz Ibid. — Mémoire de M. Viel, concernant un système de fumigations destiné à prévenir la pro- pagation du choléra et autres maladies épidémiques (transmis par M. le Ministre 675 de la Marine) 367 De l'utilité qu'on peut tirer de l'inhalation ioo3 de l'oxygène dans les cas de choléra et dans quelques autres circonstances. — Ap- 1 161 pareil pour l'inbalaiion ; Note de M. Du- moulin 432 — Considérations générales sur la nature et l'origine du choléra-morbus; par M. A. 842 CaU-et Ibid. — Sur la cholérine et le choléra, et sur les re- lations qui existent entre ces deux états maladifs ; Note de M. Arnoldi Ibid. 263 — Nouvelles observations sur la marche géo- logique du choléra ; par M. Boubée 627 et 794 2G7 — Apparition du choléra-morbus en des points très-élevés au-dessus du niveau de )a mer; Lettre do M. Dausse à M. Élie 270 de Beaumont 922 — Recherches sur le siège du choléra asia- tique; par M. Bitet 629 — Observation de fausses membranes et d'en- tozoaires dans les déjections des cboléri- 1094 ques; Noies de M. S. Cade(. 627, 849 et 974 — De l'emploi de la méthode hémospasique dans le trai lement du choléra épidémique ; Mémoire de M. lunod 665 — Sur la nature du choléra épidémique et 974 sur le traitement de cette maladie par le a83 bicarbonate de soude; Lettre et Mémoire de M. Baudrimont 474 *' 7^9 — Emploi du sesquichlorure de fer dans le 998 traitement du choléra : ouverture dans la séance du 16 octobre d'une Note précé- demment déposée par M. Vicente 740 910 — Sur l'efficacité de la méthode préventive dans le traitement du choléra, et sur la nécessité d'attaquer la maladie dans ses prodromes ; Note de M. de Pielra Santa. 847 65i — Prophylaxie et traitement abortif de la ( I P«8W. Gèvre' typhoïde et du choléra-morbus; Note de M. Debencr 8/(8 Cholera-morbus. — Réflexion sur le choléra- morbus asiatique ; par M. Yoizot 9^4 — Cause secondaire du choléra-morbus; Note de M. Billiard 10S7 — Du choléra et de la suette , d'après les au- teurs du xvni" siècle; NotedeM.Boj'arii. 1094 — Note de M. Lc^rand déposée sous pli ca- cheté le ig décembre i853 et ouverte le II septembre ib54 499 — Formule d'un médicament employé avec succès contre les dérangements qui pré- cèdent d'ordinaire l'invasion du choléra; Note de M. Lcgrand 628 — M. F. Barreau demande et obtient l'auto- risation de reprendre une Note sur le cho- léra qu'il avait précédemment présentée. . 263 — Sur les conditions dans lesquelles se dé- veloppe la contagion du choléra-morbus; Noie de M. Ancelon , 1087 — Opuscule sur le choléra, publié à Naples par M. Capone, transmis par M. La. <^our GyO Voir, pour d'autres communications également relatives au choléra, l'article Legs Bréant. Ciments. — Recherches sur la résistance des chaux hydrauliques et des ciments à l'ac- tion destructive de l'eau de mer ; par MM. Malaguti et Durocher i83 — Note de M. \icat , relative à la précédente communication 4'2 — Réponse de MM. Malaguti et Durocher aux remarques de M. Yicat 62.") — Recherches sur la composition des ci- ments ; par M. Yicat 885 — M. Yicat , en adressant la collection de ses recherches statistiques sur les gisements, en France, des substances qui fournissent des chaux hydrauliques, prie l'Académie de vouloir bien admettre ces recherches au concours pour le prix de Statistique. . . 993 — Sur les lois de l'écoulement du gaz à tra- vers les pores du ciment , et sur l'emploi des tuyaux de ciment pour la conduite du gaz d'éclairage ; Note de M. Yiard 791 Colorantes (Matières). — Observations sur la matière colorante des Qeurs; par M. Filhol 19} Combustion. — Sur la combustion des gaz dans un milieu autre que l'oxygène ou l'air ; Note de M . Leras 44" Comètes. — Observations de la comète do M. Klinkerfues , faites à l'Observatoire de Paris; communiquées par M. Le Verrier. i58 — Eléments d'une comète observée le 18 sep- tembre 1854, par M. Batto Donati, mais 233 ) P't" vue six jours plus tôt par M. Bruhns. ( Communication de M. Le Verrier. ).. . . 646 Comètes. — Observations de la quatrième comète do i854, faites à Florence; par M. Donati 1218 Commissions des prix. — Prix de Mécanique. Commissaires, MM. Poncelet, Combes, Morin, Dupin, Piobcrt 94 — Prix d'Astronomie (Médaille de Lalande). Commissaires, 3IM. Liouville, Mathieu, Laugier, Biot, Le Verrier 95 Prix CuWerpour l'année 1814. Commissaires, MM. Floiirens, Elle de Beaumont, Is. Geoffroy Sainl-IIilaire, Milne Edwards, Ouméril ■iii — Sur la demande de la Commission des "prix de Médecine et de Chirurgie, qui a jugé nécessaire l'adjonction d'un chi- miste, l'Académie désigne, par la voie du scrutin, M. Chevreul pour faire partie de cette Comm ission Ibid. — Commission chargée de proposer une ques- tion pour sujet du grand prix de Sciences mathématiques à décerner en i855. Com- missaires, MM. Liouville, Cauchy, Lamé, Binet , Chasles ygS — Commission chargée de la rédaction du programme pour le prix du legs Bordin. Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Cauchy, Biot , Duhamel 1 19:2 Commissions modifiées. — M. Valenciennes est adjoint à la Commission chargée d'exa- miner les résultats obtenus par M. De- lahaye au moyen de son procédé de chro- molithographie 44' Commissions spéciales. — Une Commission composée de Membres appartenant aux trois Sections de Géographie, d'Astro- nomie et de Géométrie, est chargée de préparer une liste de candidats, demandée par M. le Ministre de Vlnstruction pu~ blique , pour une place de Membre titu- laire vacante au Bureau des Longitudes. . 3S — La Commission, parl'organede M. Poinsot, en l'absence de M. Biot , président , pré- sente la liste suivante : 1° M. Duperrey ; 1° M. DeloJjTre ; 3° ex œr/uo MM. Laplace et Lartigue. M. Bravais expose les titres des candidats i-^ Condensation. — Sur la condensation des gaz par les corps solides, et sur la chaleur dé- gagée par les gaz dans l'acte de cette absorption ; Noie de M . Favre -39 Cosmogonie. — Lettre de M. Chamski, concer- nant son Mémoire sur la cosmogonie. . . 476 Courants marins. — Expériences destinées à donner une explication de ces courants ; Note de M. Argr ■ gSo ( ia34 ) Pages Cristallisation.— De l'induence des milieux sur les cristaux en voie de formation ; Note de f/l. Nicklès i6o Cuivre (Composés dc). — Sur la décomposi- tion des sels de cuivre par la pile. Loi des Pagn. équivalents électro-chimiques ; Note de M. Soret 5o4 Curare. — Expériences pour servir à l'empoi- sonnement par le curare; Notedc M. Al- varo Rey^noso 67 D Décès de Membres et de Correspondants dc V Académie . — M. Begnault, en qualité de président, an- nonce, dans la séance du 3i juillet i854, la perte qu'a faite l'Académie dans la personne de M. Lallemand, décédé le 33 du même mois ai3 ■ — M. le / résident annonce, dans la séance du 18 septembre i854, une nouvelle perte que vient de faire l'Académie dans la per- sonne de M. de ftirhel, décédé le 12 du même mois 617 — M. Flourens annonce, d'après des rensei- gnements fournis par M. de Luca , la mort de M. Melloni, Correspondant de l'Académie 38i et 5i.? — Lettre de M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie de Naples annonçant officiel- lement ce décès qui a eu lieu le 11 août 18.54 473 Décrets impériacx transmis par M. le Ministre de l'Instruction puhlitjuc, et confirmant les nominations suivantes faites par l'Aca- démie : — Nomination de M. Cl. Bernard, a la place vacante, dans la Section de Médecine et de Chirurgie, par suite du décès de M. Roux I — Nomination deM. Payer, à la place vacante dans la Section de Botanique, par suite du décès de M. Gaudichaud t iSS DiMORPHisME. — Sur le dimorphisme dans les substances actives ; Mémoire de M. Pas- teur 20 Kaux mi:<érales. — Sur la présence et la quan- tité de l'arsenic contenu dans les eaux du Mont-Oore , de Saint-Nectaire, de la Bourboule et de Royat; Mémoire de M. Thenard 763 — Histoire chimique des eaux minérales et thermales dc Vichy, Cusset , Vaîsse, Haute-Hive et Saint-Yorre. Analyse chi- mique des eaux minérales dc Châteldon , Brugheas et Seuillet; Mémoire de M. Bou- quet 33() — Rapport sur ce travail; Rapporteur M. de Senarmont 961 — Sur les eaux de Cauvalat-les-Bains; Note de M. Pons 34? Eaux potables. — Nouvelles recherches de M. Maumené sur les eaux de la ville et de l'arrondissement de Reims SSg Eco.nomie douestique. — Sur les conserves de viande pour l'alimentation des marins et des soldats en campagne; Mémoire de M. Bellat uo Économie rurale. — M. Ramon de la Sagra fait hommage à l'Académie d'un opuscule qu'il a publié sous le titre de : n Problème des forêts au double point de vue physi- que et social II g6i Economie rurale. — Note de M. Moysen sur un parc couvert de son invention 'J94 — Recherches sur les fécondations naturelles et artificielles des œufs de poissons; par M. MillH io6 — Lettre de M. Derrien, concernant les engrais artificiels qu'il fabrique dans son usine dc Chanlenay 126 — Lettre de M. Caillât concernant de précé- dentes communications sur l'emploi du plâtre en agriculture 55o — Letires de M. Cazalett sur l'emploi des algues , comme moyen de procurer aux arbres fruitiers l'humidité dont ils ont besoin pendant l'été 660 et SSg — Lettre de M"" de Vernède, concernant le système de silos suspendus de feu Ph. de Girard • •■•• 36 — Lettres de M. Arnaud sur un moyen ima- giné par lui pour la conservation des grains 294, 5i3 et 976 — Sur la culture des indigofères en Algérie; Mémoire de M. Hardy, transmis par M. le Ministre de la Guerre 4'9 • ( 1235 Economie rikale. — Exposé des travaux fails, en 1854, i la Ménagerie expérimentale de Sainte-Tulle; Mémoire de MM. Guérin- Méneville el E. Robert il\1 — Lettre de M. Guèrin-Mèneville accompa- gnant l'envoi d'un opuscule sur les ma- ladies des végétaux 3(i8 — Observations d'un nouveau fait relatif aux maladies des plantes usuelles; par le même 4^9 — Note sur une apparition extraordinaire de mouches nuisibles aux céréales ; par le marne 616 Lettre de M. Yallot à l'occasion do cette communication g3o — Sur une maladie des blés observée cette année dans le Vexin ; Note de M. Boa- teille log — M. Payer) annonce que des observations semblables lui ontélé adressées de Nantes par M . Moride Ibid. — Note relative aux maladies des plantes usuelles ; par M. Denis 247 — Sur une maladie qui attaque le lin dans le département du Nord ; Note de M. Loi- sel... i53 — Sur un insecte qui détruit les betteraves pendant leur premier âge; Note de M. Bazin 1 5 1 — Note sur les maladies dé plusieurs de nos plantes usuelles, la carotte, le froment, la pomme de terre et la vigne; par le même 188 et 246 — Observations sur la maladie du noyer; par le même 498 — Echantillons de feuilles de baricotf ma- lades , recueillis par M. Schullz, dans le • département du Haut-Rhin 786 — Notes sur la maladie de la vigne, de la pomme de terre et autres plantes usuelles ; par M. Dessoye. ... i54, 4^0» 47^> ^^ ** 787 — Sur la maladie de la pomme de terre et les moyens de prévenir cette maladie; Note de M. Nozahic 246 — Procédé destiné à arrêter la maladie des pommes de terre; Note de M. Gambier. . . 690 — Sur l'immunité de pommes de terre vio- lettes par rapport à des pommes de terre rondes ordinaires plantées dans le même terrain, et qui ont été atteintes de la ma- ladie; Note de M. Hammere/ 368 — Notes relatives à la maladie de la vigne; par M. ror(e/;a 285 et 472 — Lettre de M. Rabâche concernant la même question 285 — Sur un engrais considéré comme propre à prévenir le développement de la maladie de la vigne; Lettre do M.Schard 285 C. R., i854, a™» Semestre. (T. XXXIX.) P.|et. ÉcosOHiE RURALE. — M. SaincteUlle annonce que des vignes atteintes depuis plusieurs années de chlorose ont été, cette année, frappées de stérilité 368 — Sur la maladie de la vigne j Note de M. Ma- thieu 432 — Sur la maladie de la vigne; Note de M. Pel- legrin et Note de M . Rousselet 4?" — Notes sur la maladie de la vigne; par M. Lapierre-Beaupré.. 499i 700, "43 et II 26 — Figure d'un insecte observé sur un grain de raisin malade; Note de M. Poulain .. . 5i3 — Notes sur la maladie de la vigne et son traitement ; par M. Rohuuam 54o — Sur un procédé employé avec succès contre la maladie de la vigne. (Communication de M. Cauchy.) 6i3 — Mémoire imprimé de M. Ko;e«ioî sur le même sujet Ibid. — Nouvelles recherches sur la maladie de la vigne ; par M. Gac<;//e 63o et 975 — Méthode de traitement de la maladie de la vigne et des raisins; Note de M . Duvii>ier . 63o — Note de M. ilontaigut sur le même sujet; paquet cacheté ouvert dans la séance du 2 octobre. Ibid. — Faits pour servir à l'histoire de la vigne considérée dans ses rapports avec l'oï- dium; étude de la sève; communications de M. Couerbe 786 et 1017 — Sur la maladie de la vigne ; Note de M. Portelle.. 7^7 — Ressemblance enlre les Erysiphes des vi- gnes malades et certains parasites qu'on observe sur des écorces de quinquinas; Note de M. BeMore 85o — Recherches sur la destruction de l'Eumolpe de la vigne; Note de M. P. Thenard 886 — Effets obtenus du goudron dans le traite- ment de la vigne ; Note de M. Cabanes.. . 975 — Sur une méthode employée avec succès à ElBiar, près Alger, pour prévenir le dé- veloppement de la maladie de la vigne; Mémoire de M. Fons adressé à M. le Mi- nistre de l'Agriculture et du Commerce, présenté par M. le Maréchal Vaillant... ion Voir aussi l'article Pathologie végétale. Électricité. — Recherches sur l'induction électro -statique; par M. Ulelloni . . 177 — Description d'un nouvel électroscope; Mé- moire posthume de M. Melloni 1 ii3 — Remarques sur les principes qui règlent le développement de l'électricité dans les actionfcchimiques; par M. IHatteucci. . . 258 — Effets des courants électriques dans des conducteurs inégalement chauffés : recher- ches sur ce sujet et sur d'autres questions de thermo-flectricité; par M. Thomson . ii6 162 ( I^ Electricité. — Eflets de la pression et de la tension sur les courants thermo-électri- ques; par M. Thomson a'^a — Description d'une nouvelle pile à courants constants; par M. l'abbé Labovde 109 — Recherches sur les lois du magnétisme de rotation; par M. /I6;i "" lieu de Chamillo, /i>/! Chamisso; ligne 3o, au lieu deéaw-durt, /ise«Saw-dusl; ligne 36, au lieu de Piron, lisez Pérou ; au lieu de Point-Culvu, lisez Point-Culver; au lieu de Hindurs, lisez Flinders. — Page 1209, ligne 5, au lieu de Lobipodes, lisez Copé- podes; ligne 6, au lieu de Cerochidus, lisez Cetochilus; ligne 29, au lieu de de Gen- nes, lisez Lehen ; ligne 32, au lieu de Cul- lao, lisez Callao. — Page 12 10, ligne 3, au lieu de Scoresby, lisez Suriray ; lignes 10 et 18, au lieu de Fastak , lisez Fartak. — Page 1211, ligne 17, au lieu de de Turel, lisez Turrel ; ligne 38 , au lieu de Man- deville, lisez Maundrell. Voir aussi pages 128, ai2, 480, 5i6, 600, 664, 704, 1068 et 1225. Esprits frappeurs. — Extrait d'une Lettre de M. Flini à M. Rayer sur l'origine des bruits attribués aux esprits frappeurs. . . 49 Etbers. — Etudes sur les éthers salicyliques; par M. Drion 122 — Note sur la préparation de quelques éthers; par M. Philippe de Clcrmont 338 ( 1237 ) Pages, Ethébification. — Note de M. Alvaio Rejrno$o sur l'ctbérification 696 Etoiles ruANTES. — Observation des étoiles t>«8ei- fllautcs périodiques du mois d'août, an- née 1854 ; Note de M. Coulvier-Gravier.. 343 Farines. Voir Tarticle suivant. Fécule. — Dosage de la fécule de pomme de terre mélangée avec de la farine de blé ; Note de M. Cailleiet 2/56 — Application de la fécule à la préparation des moules employés par les fondeurs en métaux ; Lettre de IVl . Itouy 4/^ — Description du féculomètre, instrument destiné à faire connaître la proportion d'eau contenue dans les fécules vertes; Note de M. Bloch 96c) Feb (Composés du), — Action des protosels de fer sur la nitro-naphtaline et la nitro- benzine; Note de M. A. Béchamp ati Fleors. — Mémoire de M. Filhol sur la ma- tière colorante des fleurs 194 Fleors. — Note sur la couleur d'un assez grand nombre de fleurs; par M. Chevreul. 21Î FtionBUEs. — Recherches concernant l'action des fluorures sur l'économie animale; par M. Maumené 538 et 600 Fossiles (Restes orcamiques]. Voir l'article Paléontologie, FotiDRE. — Sur un coup de foudre qui a frappé, le 24 j"'" '854, le vaisseau le Jupiter; Kapport de M. le capitaine Lugeol, trans- mis par M. le Ministre de la Marine i55 — Lettre de M. le Ministre de la Marine an- nonçant qu'il a demandé, relativement à cet événement, les renseignements dési- rés par l'Académie !^•i — Sur les victimes de la foudre; Mémoire de M. Boudin ^83 Galtakoplastie. — Carte physique de l'Espa- gne reproduite par M. Coblence au moyen de la galvanoplastie , et recevant le tracé des divisions militaires qui n'existait pas sur la planche primitive 846 — Remarques faites , à cette occasion , par M. Regnault sur l'emploi très-général au- jourd'hui de la gutta-percha dans la iabri- cation des bronzes d'art 847 Gaz. — Sur la combustion des gaz dans un milieu autre que l'air ou l'oxygène; Note de M. Leras 44" — Sur la condensation des gaz par les corps solides, et sur la chaleur dégagée des gaz dans l'acte de cette absorption ; Note de de M. faire ^ 729 — Sur les lois de l'écoulement des gaz à tra- fers les pores du ciment, et sur l'emploi des tiiyaux de ciment pour la conduitedu gaz de l'éclairage; Note de M. Yiard. . . . 791 — Notes relatives à la transformation des combustibles en gaz, et à l'emploi de ce gaz pour la fabrication industrielle des métaux terreux ; par M. A. Chenot 4fl9) 660, 929 et io35 Génération. — M. de Quatre/ages met sous les yeux de l'Académie les dessins relatifs à ses recherches sur la génération alter- nante des Syllis 7 Voir aussi l'article Zoologie, Géodésie. — Lettres de M. Lanfrey. concer- nant une méthode nouvelle pour la dé- termination du rayon terrestre. . 440 et 5oo Géographie. — Communication de M. ÊUe de Beaumont en présentant une carte géo- graphique de l'Inde par M. Greenough. . . ^96 — M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie la première feuille d'une carte des enviro^de Rome, levée par des officiers d'état-major français IHd. — M. le Secrétaire perpétuel signale un Rap- port de M. £acAe sur les travaux exécutés en iSSa aux Etats-Unis pour la carte du littoral 921 — Expression numérique des rapports exi- stant entre le caractère topograpbique d'une région et sa constitution géologique; communication de M. Élie de Beaumont à l'occasion d'une publication de M. Ben- nigsen Forder Iia6 — Cartes dressées par M. Viquesnel pour ac- compagner la relation de son voyage dans la Turquie d'Europe. — Réseau des che- mins de fer proposés pour les mêmes pays par M. Boue 470 et 1128 — Lettre de M. lomard accompagnant l'envoi d'une carte de M. Brun-Rollet,(\m donne le cours du Nil blanc laig — M. Bernardo de Ferrari annonce avoir in- venté un mécanisme au moyen duquel on 162.. ( 1238 ) Pages. a la lalitude et la longitude du lieu où se trouve un navire, sans observation des astres et sans transport du temps i iC5 Géographie. — Appareil d'horlogerie donnant à chaque instant la longitude et la lati- tude du lieu où se trouve un navire; Note de M. Panisset 374 Géologie. — Production artificielle des miné- raux de la famille des silicates et des aluminates par la réaction des vapeurs sur les roches ; Mémoire de M. Daulrée. . i35 — Gisements de la houille dans le départe- ment de la Moselle ; Lettre de MM. Mulot père et fils à M. Élic de Beaumoni 253 — MM.de Schlaginlwelt présentent deux re- liefs du Mont-Rose et d'une partie des Alpes bavaroises, et l'Atlas du ■i" volume de leurs « Recherches de géologie et de physique dans les Alpes )» 278 — Sur la question du métamorphisme des ro- ches; Mémoires de M. i>6'/anoue.. 365 et 49* — Sur l'origine présumée des dolomies : re- marques faites, à l'occasion des précédentes communications, par M . Elle de Beaumont. 525 — Sur la constitution géologique des Alpes ; ^ote de M. Rozel 4^3 — Des moules ou empreintes laissées par les coquilles des temps actuels sur les sables marins ; Note de M. Marcel de Serres .... ^53 — M . Regnault met sous les yeux de l'Acadé- mie une fplerre calcaire des carrières de Sèvres, remarquable par les belles em- preintes de poissons qu'elle renferme. .. 886 — Observations sur quelques mines des Etats- Unis et sur le grès rouge du lac Supérieur, Lettre de M. Jackson à IjL Elle de Beau mont ^ 8o3 — Observations sur la géologie de l'Auvergne : traces laissées par des corps choquants partis, avec divergence, de points culmi- nants ; Note de M. Lecoq 808 Géologie. — M. le Secrétaire perpétuel ap- pelle l'attention de l'Académie sur un travail de M. Mousson, concernant les gla- ciers actuels 1018 — Expression numérique des rapports exis- tant entre le caractère lopographique d'une région et sa constitution géologi- que ; communication de M. Élie de Beau- mont à l'occasion d'une publication de M. Bennigsen Forder ii ali — Esquisse d'une classification des chaînes de montagnes d'une partie de l'Améri- que du Nord; Mémoire de M. /. Marcou. 1192 — Mémoire ayant pour titre : « Observations géogéniques»; par M. Guyet 1088 Géométrie. — Mémoire sur les treize solides demi-réguliers d'Archimède; par M. Va- lat 142 — KotedeM. Pautet, concernant la démons- tration de l'égalité à deux droits de la somme des angles d'un triangle 79*) — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une Note de M. Faure sur la théorie des parallèles et sur la trisection de l'angle 1078 Glycérine. — Action de l'iodure de phos- phore sur la glycérine. — Action de l'acide iodhydrique sur la glycérine ; Notes de MM. Berthelot et de l.uca 745 et -48 Gras (Corps). — Action du fluide séminal sur les corps gras neutres; Note de M. Longel. JO90 GuTTA-PERCiiA. — Lettre de M. Bordet concer- nant l'application de la gntta-percha à la fabrication de bouchons 110 — Emploi de la gutta-percha dans la repro- duction galvanoplastique d'une carte de géographie; Note de M. Coblence 846 — Remarques faites à cette occasion par M. Regnault sur l'emploi, très-général au- jourd'hui, de la gutta-percha pour la fa- brication des bronzes d'art 847 H Hermaphrodishe. — De l'hermaphrodisme chez certains vertébrés ; Mémoire de M. Du- fossé S90 Histoire des sciences. — Ndtions historiques sur les Règnes de la nature; Mémoire do M. Isid. Geoffiof-Saint-Hilaire 86i — M. Chasies présente un ouvrage de M. B. Boncompagni ayantpour titre : « Tre scrit- ti inediti di Leonardo Pisano » 1171 — Sur des notations algébriques employées par les Arabes ; Note de M. Woepcke. . . . 162 — Mesures de longueur chez différents peu- • pies, considérées comme dérivant d'un même étalon d'abord en usage dans la Chaldée et l'Indo-Perse ; Note de M. de Paravey 293 Histoire des sciences. — Notions relatives à l'Afrique qu'on trouve dans les livres chi- nois, et conséquences qui s'en déduisent; par le même io35 — Sur l'astronomie hiéroglyphique, et sur des noms antiques d'animaux et de plantes passés plus tard dans la mythologie grecque; par Je me'me. .. laio ( • Page». Hoi'iLiE. — Letlrede MM. Muloi père et fils i M. Éliede Beaumont sur les résultats de leurs travaux pour la recherche de la houille dan» le département do la Moselle. a53 HoiLEs. — Recherches sur l'huile de médici- nier ; par M. /. Bonis 923 — Spécimen d'huile de foie de morue prépa- rée en Norvège par M. P. Moller avec des foies frais (adressé par M. Mialhe) 1094 — Spécimen d'huile de foie de morue préparée en France avec des foies envoyés des côtes d'Islande (adressé par M. Berlhe).. .. .. II25 — Note sur la préparation d'huile de foie de morue et échantillons des produits obte- nus, adressés par M. Deschamps lao.'i Huiles esseutiellks.— Rapport sur un travail de M. Lallemand ayant pour objet l'es- sence do thym ; Rapporteur M. Busfx--. • 7^3 Hydraulique. — Communication de M. Comie*, à l'occasion d'un ouvrage do M. Dupuit : ..ge». père, Guyai-d, Bourgogne, Marteau, Erz , Jarman , Bizet , Boniteau , Marhot, Du- parc , Carlevaris , Richard, Corréa ^ Ro~ chard, Hugk Rced, Mîchal , Bourgogne, Lehu, Guimberleau, Dechenaux 38, i66, 247, 285, 367, 368, 433, 499, 54i, 629, 920, 980, 981, loS;, 1094, 1095, ii36 et 1190 Legs Bréant. — M. Serres annonce, dans la séance du 11 septembre, que la Section de Médecine et de Chirurgie, chargée par l'Académie de la rédaction d'un pro- gramme du concours pour le prix du legs Bréant, en a déjà arrêté les bases 499 — Rapport fait au nom de la Section de Mé- decine et de Chirurgie, chargée par l'Aca- démie de rédijjer un Programme pour le prix Bréant; Rapporteur M. Bernard,. . 994 Legs Lalleuakd. — M. Jaussaud, en qualité de dépositaire du testament de feu M. Lallemand, membre de la Section de Médecine et de Chirurgie, annonce que ce savant a légué une somme de 5o 000 fr. Pajes. pour la fondation d'un prix destiné à récompenser ou à encourager des tra- vaux relatifs au système nerveux 288 Legs Lallemand.— M. Richard, exécuteur tes- tamentaire de M. Lallemand, adresse un extrait du testament et du codicile con- cernant le legs fait à l'Académie 855 LiGNEi'X. — Procédé industriel pour la trans- formation du ligneux en sucre et en al- cool ; Noie de M. Arnould 807 — Réclamation de priorité adressée à l'occa- sion de cette communication par M. Tri- huuillet, et Remarques de M. Pelouse sur celte réclamation 98a LiGMiTES. — Recherches sur les lignites de Reims; par M. Maumene n^g LuuiÈRE. — Sur la densité possible du milieu lumineux, et sur la puissance mécanique d'un mille cube de lumière solaire; Notes de M. Thomson 629 et C82 — Note intitulée : « Découverte de formes lu- mineuses dans l'air » ; par M. Billiard.. 24S Voir aussi l'article Photographie. M Machines a vapeor. — Nouvelles communica- tions de M. Avenier de Lagrée, concernant son système de machines i vapeur 37, 110, 248, 374, 433, 47'j 541, 695, glo, iiaS et iao5 — Note ayant pour titre : « Combinaison mé- canique propre à donner à l'arbre de couche des machines uAe vitesse unifor- me, quel que soit ledegréde la détente»; par le même 796 et 1017 — Lettre de M. T. Main, concernant une ma- chine à vapeur destinée à concourir pour le prix relatif au perfectionnement de la navigation 76 — Machine à vapeur à rotation directe; Note de M. Reùo de Pezzolo 920 Voir aussi l'article Air chaud. MagkétishE. Voir l'article Électricité. Magsëtisme de rotation. — Recherches sur les lois du magnétisme de rotation ; par M. Ahria 200 Magnétisme terrestre.— Observations de l'ai- guille aimantée faites à Andaux, par M. d'Ahhadie (présentées par M. Le Ver- rier) 644 — De l'action du soleil sur les variations pé- riodiques de l'aiguille aimantée; Note du V.Secchi 687 — Sur les variations de l'aiguille aimantée f Note du P. Secchi io22 — Kecherches sur le magnétisme terrestre; par M. Muller io85 Marées. — Note sur l'oscillation du niveau d'équilibre des mers ; réflexions sur les échelles des marées ; par M . Chazalon. ... m Matière colorante des flecrs. — Mémoire de M. Filhol 194 Mécanique. — Mémoire sur la flexion des prismes; par M. de Saint-Venant 1027 — Sur l'équivalent mécanique de la chaleur ; Note de M. Person ii3i — Sur la densité possible du milieu lumi- neux, et sur la puissance mécanique d'un mille cube de lumière solaire; Notes de M. Thomson 529 et 682 — Sur l'application des lois de la mécanique à divers phénomènes dans lesquels on ne fait pas d'ordinaire intervenir ces lois; Mémoire do M . Moret 5oo — Mémoire intitulé : « Etudes de mécanique naturelle et de philosophie générale »; par M. Galto, de Turin 660 Mécaniqije céleste. — Mémoire sur les grandes perturbations du système solaire; par M. C.-J. Serret (2' partie) lo3 — Formules pour la détermination du plan de l'orbite d'une planète ou d'une co- mète ; Notes de M . de Gasparis • 349. 797i 9^3 «' i'29 Médecine. — Traitement des hydropisies du ventre et de la poitrine par les injections iodées; Mémoires de M. tericAe 36 — Emploi de l'arséniato de fer dans le trai- tement des dartres furfuracées et squa- ( '^4 p.g.,. meuses; Mémoire de M. Duchesne-Du- parc '4° Médecine. — Lettre de M. Yvaren, concer- nant son travail sur les transformations de la syphilis 700 — Mémoire ayant pour titre : « Projet d'un nouveau moyen de diagnose » ; par M. Costa Sara, de Messine 849 — Lettre de M. Petit, concernant un remède dont il ne fait pas connaître la formule. . , 477 — Note de M. Forget, ayant pour titre : « Preuves cliniques de la non-identité du typhus et de la fièvre typhoïde. 1 69Ï — Réclamation de priorité adressée à l'occa- sion de cette communication; par M. Le- roy 1012 — Lettre de M. Gaultier de Claubry qui, dans un ouvrage précédemment publié, a sou- tenu une doctrine opposée à celle de M. Forget 93g — De la non-identité du typhus et de la fiè- vre typhoïde; Mémoire de M. Landouiy. 1012 — Sur un bruit particulier perceptible par l'auscultation chez les malades soumis à l'administration de l'hélicine; Note de M. de Lamare ... 841 — De l'intoxication arsenicale des marais pro- posée comme moyen d'anéantir le mias- me paludéen ; Mémoires de M. Mar- tinet 973 et 10S7 — Physiologie des paralysies ; Note de M. Marshall Hall 1090 — Analyses d'ouvrages imprimés ou manus- crits présentés au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, adressées, conformément à une des conditions du programme, par les auteurs, MM. Lahoul- bène, Rejbard, Devergie, Triquet-Cholet, Delondre , Cholet , de la Barre m, 247, 857, gio et iia6 Mercure. — Sur la limite de volatilisation de ce métal ; Note de M. Brame 1 01 3 Mesures de lonciecr. — Lettre de M. de Pu- ravey sur l'étalon des mesures chez diflë- rents peuples, considéré comme dérivant d'im étalon unique d'abord en usage dans la Cbaldée et l'Indo-Perse 293 MÉTAUX. — Note sur une nouvelle série de radicaux métalliques; par M. Bouts a88 — Notes de M. Chenot, relatives à la produc- tion industrielle des métaux dits ter- reux 4^3 > 499 ^' ^o — Quatrième et cinquième Mémoires de M. Tiffereau sur la transmutation des métaux 374 et 743 — Note de M. Schechner, concernant les ré- sultats d'expériences tendant à prouver t ) que plusieurs des métaux auraient été à tort considérés comme des corps simples. io35 MÉTÉOROtOGiE. — Sur un coup de foudre qui a frappé, le 24 juin i854, dans la rade de Baltchick, le vaisseau le Jupiter; Rap- port de M. le capitaine Lugeol, transmis par M. le Ministre de la Marine |55 — Observation faite à Pile d'Ouessant sur le coucher du soleil du aa juillet 18.54 > Note de M. Laugier ^09 — Sur l'augmentation de fréquence de la grêle à l'île de Cuba; Note de M. Poey. io65 — Observations sur la grêle et le grésil ; par M. Depignr 1016 et 1086 — Projet d'observations relatives aux varia- tions atmosphériques ; Lettre de M. Hol- lier 2(^ Météorologiqdes (Observatioms). —Tableau des observations faites à l'Observatoire impérial de Paris pendant le moisde juin. 1G8 — M. Le Verrier présente les observations météorologiques faites à l'Observatoire pendant les mois de juillet, août et sep- tembre 1854 -mi — Tableau des observations pour ces trois mois 814, 8i5 et 816 — Tableau des observations du mois d'octo- bre 984 — Tableau des observations de novembre 1854. I2î6 — M. Le Verrier, en présentant ce dernier tableau, donne quelques renseignements sur les modifications récemment apportées au plan d'observations journalières 1 188 — Observations faites à Sétif, en Algérie, pendant les mois de mai et juin; par M.'C. Dumas 169 — M. Jaunez adresse, au nom de M. De- midojfy une nouvelle série des observa- tions météorologiques faites à Nijne-Ta- guilsk y^a Minéralogie. — Note sur le klinochlor d'Ach- matowsk; par M. iV. de Kokscharow., ... io3£ — Sur le mica h deux axes du Vésuve ; par le même Il35 Moteurs — Description d'un moteur applica- bleàla navigation; par M. GeriaWi 374 — Lettre de M. Materait, concernant un mo- teur hydraulique de son invention ^77 — Lettre de M. de Maisières, concernant uu propulseur nouveau destiné à remplacer , pour la navigation à la vapeur, l'hélice ou les roues à palettes 810 — Description d'une nouvelle machine à air chaud; par M. Allemand Lenovy 284 — Description et figure d'un moteur à air comprimé ; par M. Rarchaert 1 170 Mouvement perf 'El. — NotedeM. Parceint. 66» ( 1242 j Pïges . Navigation. — Pièces relatives au concours pour le prix concernant la NaTij^ation par la vapeur, adressées par MM. Vives, Ger- baldi, Jos. Schmitz ni, 3^4 ^^ ' '7' — Nouveau système de voilure destiné à aug- menter la vitesse et la stabilité des na- vires ; Note de M. Midy 6;j4 — Sur l'emploi des chaudières des bâtiments à vapeur pour épuiser dans un temps assez court l'eau contenue dans la cale; Mémoire de M. Saulaid 695 — Horloge marine destinée à indiquer con- stamment la longitude et la latitude du lieu où se trouve un navire; Mémoire de M Panisset 3^4 — M. Ferrari annonce avoir inventé un méca- nisme qui donne la longitude et la lati- tude du lieu où se trouve un navire, sans l'observation des astres et sans transport du temps ... II 65 Nombres (Théorie des). — Décomposition d'un nombre premier p ou de son double en m carres, m> 2 divisant /» — i ; par M. Lebesgue SgS PagM. Nombres (Théorie des). — Note sur le Canon aiithmeticiis de Jacobi ; par M. Lehes- ér"« 1069 — Mémoire de M. Pujals de la Bastida, de Madrid, transmis par M. le Ministre de l'Instruction publique, 20 — Mémoire de M. Riedl de Leuenstern sur les nombres polygonaux et pyramidaux 920 — Lettre de M. fludouif, relative à un précé- dent Mémoire concernant la théorie des nombres 1222 KouiNATiONs. — M. Payer est nommé Membre de l'Académie, .Section de Botanique, en remplacement de M. Gaudichaud 1161 — M. Schimper est nommé Correspondant de la Section de Botanique, en remplace- ment de M. Moquin-Tandon^ devenu Mem- bre titulaire de cette Section i83 — L'Académie désigne, par la voie du scru- tin, comme candidats pour une place va- cante au Bureau des Longitudes , en pre- mière ligne M. Duperrey, et en seconde ligne M. Deloffre i35 Opium. — Sur la production de l'opiiim indi- gène; Note de M. DecAarmei 75i Optique. — Sur les trois cas de non-division par double réfraction que peuvent pré- senter les cristaux biréfringents uniaxes, et sur les faces qui peuvent les offrir; Note de M. Billet ' jSS — Sur la polarisation de l'atmosphère; Note de M. F. Bernard j^S — Notes sur la détermination des indices de réfraction ; par 7e même 27 et 3^3 — Recherches sur les propriétés optiques des corps transparents soumis à l'action du magnétisme ; par M. Ver Jet 5:(8 — Sur l'aberration de sphéricité et sur de nou- velles méthodes à employer pour la dé- truire dans les appareils à lentilles ou â miroirs; Mémoire de M. Breton (de Champ )..... 528 — Appréciation au point de vue mathémati- que de la difficulté qu'on éprouve à obte- nir au daguerréotype des portraits de grande dimension; par le même 11-4 — Sur une machine pour tailler selon les courbes voulues les lentilles des instru- mente d'optique; Lettre de M. Slrauss- Durckheim 549 Optique. — Notes de M. Brachet sur diverses questions d'optique 76, ^48, 377 , 477. 810 et gîo Orgasocrapdie et Orgasogénie végétales. — Recherches de carpographie anatomigue; par M. Lestiboudois 81 et 218 — Notesur la structure comparée destigesdes végétaux vasculaires; par le même. 880 et 987 — Organogénie des familles des Orchidées, des Cannées, des Musacées et desScita- minées ; Mémoire de M . Payer 736 — Considérations générales sur la nature axile ou appendiculaire des diverses par- ties qui constituent le pistil , par le même. 787 — Etudes sur le développement des méri- thalles ou entre-nœuds des tiges ; par M. fermond 235, liç/i e\ 897 '- Sur les inflorescences centrifuges du figuier, du dorstenia, etc.; Mémoire de M. Trécul. 36o — Mémoire sur les formations secondaires dans les cellules végétales ; par le même. . 893 Voir aussi l'article Tératologie végétale. Os. — Sur le retour à la longueur naturelle des os raccourcis à la suite de fractures chez les enfants; Note de M. Herpin 33 — Recherches chimiques sur les os ; par M. Frcmy loSa ( iî«43 ) Pages . Paiéontolooie. — Mémoire sur le Bhinoceros minutas de Saint-Martin-d' Arènes (Gard); par M. d'Homlres Firmas 225 — Lettre des Administrateurs du Muséum d'Histoire naturelle remerciant PAcadé* mie pour le don qu'elle a fait à cet Eta- blissement d'un squelette de Mystriausan- rus 5o 1 — Mémoire sur le Mosasorus , par M. Schle- gel ; présenté, au nom de M. le prince Ch, Bonaparte^ par M. Serres 799 — Sur des os etdes fragments d'œufs d'Epyor- nis arrivés au Muséum ; Note de M. Is. Geqffror-Saint-Hilaire 833 — Remarques de M. Duvernoy sur quelques particularités observées dans ces os 83G — Hemarques de M. Valenciennes, concernant des os d'Epyornis précédemment reçus par le Muséum SSj — M. le Secrétaire perpétuel appelle l'atten- tion sur la deuxième partie d'un travail de M. Berendl, concernant les restes or- ganiques fossiles contenus dans le succin. 1018 — Sur les ossements fossiles de crocodiles récemment découverts dans le calcaire ter- tiaire de Lecce (royaume de Naples); Note de M. Costa 1086 Papiers de sûreté. — Echantillons présentés par M. Millet i55 Paqdets cachetés. — M. Yicat adresse, dans la séance du 3 juillet i854, une Note sous pli cacheté 8 — M. yicat, dans la séance du 6 novembre, fait connaître le sujet de cette Note , rela- tive à des recherches qu'il a faites, de concert avec son fils, sûr la composition de bétons inattaquables à l'eau de mer. . 885 — Dn paquet cacheté, déposé le 19 décembre |853, par M. Legrand, et ouvert sur sa demande, le 11 septembre 1854, renferme une Note relative au traitement du cho ■ léra-morbus 499 — LettredeM. iertîT, d'Étiolles, concernant des paquets cachetés précédemment dépo- sés par lui 5i3 — Ouverture, dans la séance du 2 octobre, d'un paquet cacheté contenant une Note de M. Montaigut, relative au traitement de la maladie de la vigne par l'emploi com- biné de la chaux et des fumigations de goudron 63o — M. Briois, à l'occasion d'une communica- tion de M. Béchamp, demande l'ouverture d'un paquet cacheté déposé par lui, en août i853, et où se trouvent consignées C. R., 1854 , a"» Semestre. (T. XXXIX.) ses observations concernant l'action de l'acide acétique sur la fécule ^55 Paquets cachetés. — Ouverture de paquets ca- chetés déposés par M. BrocAef. 377, 6G1 et 1095 Paratonnerres. — M. le Ministre de l'Instruc- tion publique invite l'Académie à formuler des Instructions pour l'installation des paratonnerres qu'on se propose d'ériger surles nouvelles constructions du Louvre. 3;5 — Supplément à l'Instruction sur les para- tonnerres , présenté par la Section de Phy- sique; Rapporteur M. PouiHef n^u — Observations de M. Ch. Dupin à l'occasion de ce Rapport ii5g — Remarques de MM. Pouillet, Becquerel, Begnaull, Thenard, Piobert à l'occasion du ! même Rapport 1160 — Mémoire de M. GoufreZsurla construction des paratonnerres; transmis par M. le Ministre de l'Instruction publique 786 Patholooie végétale. — Rapport surles com- munications relatives à la maladie de la vigne adressées à l'Académie depuis te commencement de l'année i854; Rappor- teur M. Montagne 16 — M. TAcnard exprime le regret de ceque les communications antérieures n'aient pas été aussi l'objet d'un Rapport 18 — M. Duméril annonce que les moyens indi- qués dans ces premières communications ont été pour la plupart mis à l'essai par la Commission, sous la direction de M. De- caisne Jbid. — M. Decaisne donne quelques détails sur les travaux de la Commission Ibid, — M. Pajfen mentionne, à cette occasion, les résultats qui ont été constatés par la So- ciété d'Agriculture et la Société d'Horti- culture sur les bons effets du soufre Ibid. — Remarques de M- Decaisne sur l'utilité limitée de ce mode de traitement 19 Pour les communications faites par des personnes étrangères à l'Académie, con- cernant les maladies des plantes usuelles, voir l'article Économie rurale. Pendule (Observations dd). Voir plus bas l'article Pesanteur. Pendule explorateur. — Deuxième Mémoire sur le pendule dit explorateur et la ba- guette divinatoire ; par M. Cheireul. 169,214 et 321 Pesanteur. — Observations du pendule faites pour déterminer la variation d'intensité de la pesanteur entre les points supérieur et inférieur d'une mine profonde; Note i63 ( «^ Pages. de M. Airy; traduite de l'anglais par M. Biot iioi Pesanteur. — Sur la loi de la densité à l'in- térieur de la terre; Note adressée, à l'oc- casion de la précédente communication , par M. Ed. Roche I2i5 Pétrificatio.ns. — Des moules et des empreintes laissées par les coquilles des temps actuels sur les sables marins; Note de M. Marcel àe Serres • 7^^ Voir aussi l'article Paléonloloffie. PiiosPiionE.— M. Schemel annonce avoir trouvé un moyen de conserver à l'air, sans alté- ration, le phosphore 97^ — Action de Tiodure de phosphore sur la glycérine; Note de MM. Berlhelol et De Luca 745 PnoTOGRAPUiE. — Nouvelles recherches sur les impressions colorées produites par l'ac- tion chimique delà lumière; Mémoire de M . Becquerel 63 — Considérations sur la photographie au point de vue abstrait; Mémoire de M. Che- vrcul 3gi — Sur les procédés photographiques dans les- quels la matière sensible est d'origine or- ganique; par lemême 61 ( — Gravure héliographique sur acier et sur verre ; Note do M. Niepce de Saint-Victor. 618 — Sur la dirticullé qu'on trouve à obtenir, au daguerréotype, des portraits de grande dimension ; Noie de M. Breton ( de Champ) 1174 — Épreuve photographique d"uu bas-relief qui se trouve à Thèbes en un lieu obscur; procédé au moyen duquel on a pu obtenir cetteimage; communication de M. Green. j5 — Figures photographiées à''Attacui cynihia, exécutées par M. Rousseau 85 1 — Groupes de fleurs reproduits d'après nature par les procédés photographiques : Album Je M. Braun, de Uornach , présenté par M. Regnault 9J2 — M .\e Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie des épreuves photogra- phiques très -grandes de divers monu- ments français , obtenues sur coHodion par MM. i?(«on ioi8 — Epreuves de gravures photographiques pré- sentées par M. C. Nègre 1 jSo — Lettres de M. de Poilly, concernant ses procédés de photographie sur collodion sec 75 et 294 l'uïsiOLOciE. — Lettre de M.Schiff, concernant ses recherches sur la transmission des impressions sensitives dans la moelle épi- nière, et son Mémoire sur l'influence des nerfs relativement à la nutrition des os. 74 44 ) Physiologie. — Sur la cessation des mouve- ments inspiratoires, provoquée par l'ir- * ritation du nerf pneumogastrique; Mé- moire de fi].Budge y/JQ — Affection spasmodique observée sur une poule chez laquelle l'autopsie n'a fait re- connaître aucune altération des centres nerveux ; Note de M. Leclerc aq'i — Recherches théoriques et expérimentales sur la cause Je la locomotion du cœur; Mémoire de M. Ili/fclsheim 1048 — Réclamation de priorité adressée à l'occa- sion de quelques parties de cette commu- nication; par M. Fatou 1124 — Note sur les mouvements du cœur; par M. Guérin 1 204 — Instrument mis enjeu par les battements d'une artère, et figurant par une ligne on- dée l'amplitude des pulsations et leur plut ou moins de régularité; Notede M Vierordt. 5i9. — Note sur la physiologie des paralysies; par M. Marshall Hall 1090 — Note sur le bruit musculaire; par M. Na- tanson u a6 — Sur la voie par laquelle de petits corpus- cules passent de l'intestin dans l'inté- rieur des vaisseaux chylifères et des vais- seaux sanguins; Note de MM. Marfcls et Moleschott. , . , 11-3 — De la phosphorescence des yeux des ani- maux et du phosphène de l'homme; Note de M. Goupil . . . 74Î — Lettre de M. Blondlot concernant ses re- cherches sur la digestion des substances amylacées fi6o — Expériences concernant l'action des fluo- rures sur l'économie animale; Note de M. Maumené 538 — EtTet de la pressisn du diaphragme chez les animaux soumis h l'action du chloro- forme; Note de M. Giraudet 65i — Sur le retour à leur longueur naturelle des os raccourcis par une fracture; Notede M. Herpin 33 — Éludes sur le pus ; Mémoire de M. Bergeret. 583 Physiologie comparée. — M. de Quatrejages met sous les yeux de l'Académie les dessins relatifs à ses recherches sur la génération alternante des Syllis 7 — Nouvelles observations de M. Yan Bene- den sur le développement des Cœnures ; communiquées par M. de Quatrefages... ^6 — Sur le développement des Acéphales la- mellibranches; Mémoire de M. Lacace- Duthiers io3 — Sur le développement de la Moule comesti- ble, et en particulier sur la formation des branchies ; par le me'me \^^ ( 1245 ) Pagn . Physiologie compabée. — Recherches sur les fé- condations naturelles et artificielles des œufs de poissons; par M. Millet 106 Voir aussi l'article Zoologie. Phtsiologie végétale. — Lettre do M. Bous- singauU, concernant ses recherches desti- nées à faire voir si l'azote de l'air en mouvement est fixé par les planles i — Recherches sur la végétation ; par 7e même. 601 — Sur l'assimilation de l'azote par les plan- tes; Note de M. Ror "îî — Sur la fécondation naturelle et artificielle des jEailops par les Trlticum; Mémoire de M. Godron >45 Voir aussi l'article Oigaiwgénie et Orga- itographie végétales, Pbvsioce du globe. — Observations de l'ai- guille aimantée faites à Audauit, par M. A. d'Abbadie; communiquée» par . M. Le Verrier 646 — Observations du pendule faites pour déter- miner la variation d'Intensité de la pesan- teur entre les points supérieur et infé- rieur d'une mine profonde ; Note de M. Airy, traduite de l'anglais par M. Biot. 1 101 — Sur la loi de densité à l'intérieur de la terre; Note de M. Ed. Roche adressée à l'occasion de la précédente communica- tion 12l5 — Sur la limite des neiges perpétuelles dans les Alpes françaises; Note de M. Roiel. 1089 — Sur l'oscillation du niveau d'équilibre des mers; Note de M. CAuzaZ/un m — Sur la couleur rouge que présente la mer en différentes localités, et sur les causes do cette coloration; Mémoire de M. Da- reste 1207 et , à l'errate , I236 — Observations de M. F. Bernard &vlX la po- larisation de l'atmosphère 7^5 Pbysiqoe hatbéuatique. — Sur le mouvement des différents points d'une barre cylin- drique qui se refroidit; Mémoire de M. Duhamel ii85 — M. le Maréchal Vaillant présente, au nom de la veuve de M.Laurent, deux Mémoires de Physique mathématique que le savant ingénieur se proposait de soumettre au jugement de l'Académie 844 Planètes. — Observations de la planète Am- phiirite faites à l'observatoire de Leyde; par M . Oudemans i Sg M. Laugier annonce, dans la séance du 3i juillet 1854, la découverte d'une nou- velle planète faite le 23 du même mois, par M. Hind 23o — Observation de la planète Bellone faite à l'observatoire de Bilk; Note de M. Lu- ther 3^1 P.»". Planètes. — M. Le Verrier annonce, d'après une Leitre de M. Gould, la découverte d'une il" petite planète faite à l'observa- toire de Washington; par M. Ferguson... 0^3 — Eléments et éphémérides de la 3o* petite planète, calculés par M. Oudemans ; com- munication de M. Le Verrier G44 — M. Le Verrier annonce la découverte de deux nouvelles petites planètes : une 3ï° découverte le 26 octobre par M. Gold- schmidt; une 33' découverte le 78 par M. Chacornac 838 — Observations des planètes Pomone et l'o- lymnie, faites à l'observatoire de Bonn ; communiquées par M. Le Verrier loiy — Éléments du la planète Polj^mnie, calculés par M. Bruhns. (Lettre de M. l'elers à M. Le Verrier.) Ibid. — Première approximation des éléments et éphémérides de la planète Polymnie, cal- culés par M. iîumAe;-. ( Lettre de M. Temple Chevallier à M. Le Verrier. ) 1010 — Observations de la planète Pomone faites à Florence, par M. Donati; communiquées par M. Le Verrier Ibid. — Éphémérides de la 3i' petite planète dé- couverte à l'observatoire de Washington par M. Ferguson ; Note de M. Maury. . . . loii — Observations de Pomone faites à Florence par M. Donali; communiquées par M. Le Verrier '060 — Eléments de la planète Amphitritc , par M. Yvon Villarceau; communiqués par M. Le Verrier . Ibid. — Observations des planètes Polymnie et Po- ' mone, par M. ^/-^eJamier;. présentées par M. Le Verrier 121; Poids et mesures. — Tableau du système légal des poids et mesures, destiné à l'ensei- gnement; présenté par M. iiure/ G3o Voir aussi l'article Mesures de longueur. Poisons. — Deuxième Note sur une plante douée de propriélés toxiques très-pro- noncées , VAtraclylis gummifera ; par M. Commaille ii2.5 Pompes. — M. Séguier présente un modèle d'une pompe sans piston ni clapet, due à M. Jobard, de Bruxelles 288 M. Jobard annonce que la priorité d'inven- tion pour cet appareil ne lui appartient pas : un appareil semblable était déjà l'objet d'un brevet pris au nom de MM. /. Michel et Guibal 44° Prix proposés. Voir les articles Commissions des prix et Commissions spéciales. i63.. ( 1^46 ) QoABRATCRE DU CERCLE. — Lettres et Notes de MM. Marchant, Deîegorgue, Castagne, Teissier ^5 , 126 et Pages. 93. Quinine.— Lettre de M. Caslets. concernant ses recherches sur la production artificielle de la quinine 44' ^* Pages. 480 R Règnes de la nature. — Notions- historiques sur les Règnes de la nature et principale- ment sur les trois Règnes des alchimistes; Mémoire de M. Geqffroy-Saint-Hilairc. 861 — A l'occasion de cette comunication , M. Ri- pault signale une des causes qui ont, sui- vant lui, contribué à donner au nombre sept une si grande importance aux yeux des alchimistes, et en général des hommes du moyen âge 11 36 Sangsues. — M. it dans le dé- partement du Nord les distilleries de jus ( 12^8 ) Rigrs. de betteraves» article relatif à l'emploi de la vapeur pour éteindre les incendies 858 V^Ai'EtKS. — Sur les forces élastiques des va- peurs dans le vide et dans les gaz, aux différentes températures, et sur les ten- sions des vapeurs fournies par les liquides mélangés ou superposés ; Mémoire de M. RegnauU 3oi, 3/|5 et 3;)7 — M. RegnauU communique une Lettre que lui a adressée à ce sujet M. Magr.us récla- mant sur quelques points la priorité. M. RegnauU explique la cause de l'omis- sion involontaire qui a été faite du nom de M. Magnus dans l'extrait imprime au Compte rendu VJ'i — Remarques de M. Chevreul à l'occasion de la communication de M. iîegnau// sur les forces élastiques des vapeurs dans le vide et dans les gaz J'^ — Lelire de M.iVwmond, concernant son Mé- moire sur la loi suivant laquelle croît avec la température la tension de la va- peur d'eau *5"*' Vébatrise. — Mémoire sur l'action physiolo- gique de la vératrine; par MM. Faivre et Leblanc '>ÔG A' ERS IKTESTINACX. — Cas de transformations de Cystlcerques en Ténias dans les voies di- gestives de l'homme; Note de M. K'ùchen- meister "3" Vers a soie. — Exposé des travaux faits en i854 .•\ la magnanerie expérimentale de Sainte- Tulle; Mémoire de MM. Guérin-Uéne- ville et E. Robert 34^ — Sur l'introduction en France d'une espèce déversa soie de l'Inde (le Bomber cynthia) qui vit sur le ricin commun; communi- cation de M. Slilne Edwards SSg — M. mine Edwards présente des papillons vivants provenant de l'éducation, faite au Muséum, des vers à soie du ricin : échan- tillons de la soie de ce bombyx obtenue par M. Guérin-Méneville de cocons en • voyés de Turin 6i6 — Essais de dévidage des cocons de l'Eria ou Bombyx cjnihia; Note de M. Guérin- Méneville 6j6 — Introduction du ver à soie du ricin en Algérie; communication de M. le Maré- chal Vaillant 7o5 — Remarques de M. Milne Edwards à l'occa- sion de cette communication 706 — Remarques de M. Is. Geo/froy-Saint-Hilaire à l'occasion de la même communication Ibid — Remarques de M. Dumcril J07 Hagcs Vers a soie. — Remarques de M. Milne Ed- wards h l'oRcasioji de la Note de M. Is. Geoffroy-Sainl-Hslaire '61 — Réponse de M. Is. Geoffroï-Saint-Hilaire. ;(« — Communication de M. Wo;i(«gne, relative à un nouveau mode d'alimentation du ver à soie du ricin g8") — Sur la naturalisation du Bombyx cynthia en Algérie; Mémoire de M. Hardy 5-27 — M. le Ministre de la Guerre transmet un Rapport qui lui a été adressé d'Algérie par M. Hardy, sur un premier essai de dévi- dage des cocons àa Bombyx cynthia io;g — Dévidage à froid des cocons de vers à soie; Note de M. Miergues 65f) — M. Sorbier s'adresse à l'Académie pour ob- tenir par son intervention de la graine de ver à soie du ricin ^56 — M. Sorbier remercie l'Académie dont l'in- tervention lui a fait obtenir la graine désirée, et demande des Instructions con- cernant l'éducation des vers 981 — M. Jollivet adiessc une semblable de- mande 1181 — Figures d'Altacus cynthia nés au Muséum, images photographiques exécutées par M. Rousseau; présentées par M. Milne Edwards 85 1 Vétérinaire. — Procédé pour la ligature du conduit spermatique chez le cheval, ima- giné par M. Nisme-Dubort ifiG — Principes de vétérinaire basés sur la sta- tique du corps du cheval; Mémoire de M. Bartsch ^8} Vision. — Sur la manière dont nous acquérons par la vue la connaissance des corps ; helttesdetil.Yerstraele Iserbyt. agJ.S^get 1087 — Phénomènes déterminés par Timpression passagère d'une vive lumière sur la rétine ; Mémoire de M. Champmas 4^9 — De la phosphorescence des yeux des ani- maux et du phosphène dans l'homme; Note de M . Goupil 743 — M. Vallée adresse de nouvelles rédactions do deux de ses Mémoires sur la vision , dont l'Académie a autorisé l'insertion, après modification, dans le Recueil des Savants étrangers 756 Voyages scientifiqdes. — M. Sanson, près de partir pour l'Asie Mineure, se met à la disposition de l'Académie pour les obser- vations scientifiques qu'elle jugerait con- venables de lui indiquer comme utiles à faire dans ce pays 5i3 ( '^49) Zoologie. — Recherches sur rorganisation des Physalies ; Note de M. de Quatre faites . ... 2 Note sur le Dobb , nouvelle espèce de fouette-queue du désert de Sahara; par M. Valenciennes ?9 — Communication de M. Duméril à l'occasion de la présentation du dernier volume de son « Histoire des Reptiles. » ^4^ — Coup d'œil sur les Pigeons; Mémoire de M. le prince f A. Bonaparte. . . 869, 1072, 1102 — Essai d'application à la classe des Reptiles d'une distribution par séries parallèles; Mémoire de M . Aug. Duméril 35^ — De l'hermaphrodisme dans deux espèces de Serrans ; Mémoire de M. Du/ossé. .,.,... 890 — Mémoire de M. PucAeran, ayant pour titre: « Caractère faunique do la Nouvelle-Hol- lande » 63 1 — Sur le développement des Actinies; Notes de M . /. Haime 4^7 *' 5()5 — Mémoire surl'Anomie; par M. Lacaze-Du- thiers 72 — Note sur le développement de la Moule comestible; et, en particulier, sur la for- mation des branchies; par le même 1 48 — Note sur les organes génitaux des Mol- lusques acéphales lamellibranches; par le même 1 88 — Observations sur le développement des Ac- tinies ; par le même 4^4 — Embryogénie des Dentales; par le même. . 681 — Nouvelles observations sur le développe- ment des Huîtres ; par /e mé>ne 1197 — Observations et faits nouveaux concernant les Mollusques perforants; Note de M. Caillinud. 3^ Zoologie. — Sur l'action perforante d'une es- pèce d'Echinodermes; communication de Vl. E. hobert eîg — M. Valenciennes remarque que le fait était déjà connu pour le groupe des Oursins, et montre qu'on trouve dans toute la série animale des espèces perforantes 640 — Sur la perforation de roches calcaires attri- buée à des Hélix; Note do M. Constant Prévost S28 — Des Invertébrés lithodomes ou perforants; Note de M. Marcel de Serres ... 856 — Observations sur les Ligules; Note de M. Brullé 773 — Lettre de M. Max Schultze accompagnant l'envoi de son grand travail sur les Rhi- zopodt'S logS — Recherches sur les Nématoïde8;par MM.£r- colani et Vella 45 — Nouvelles observations de M. Van Beneden sur le développement des Cconures ; com- muniquées par M. de Qualrefages Ifi — Cas de transformation de Cyslicerques en Ténias dans les voies digestives de l'homme; Note de M. Kiichcnmeister . . . . 1180 — Sur les reproductions hétérogènes chez les Infusoires ; Note de M. Gros 85o — Lettres de M. Dumont concernant une col- lection d'insectes et autres animaux con- servés dans l'alcool , formée dans les environs de Libéria (côte occidentale d'A- frique) 1094 et 1321 ( 125o ) TABLE DES AUTEURS. A MM. PagfS. ABEILLE.— De l'emploi du sulfate de strych- nine dans le traitement du choléra. ... 285 ABRIA. — Recherches sur les lois du magné- tisme de rotation 200 ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE BERLIN (l') remercie l'Académie pour TenToi d'une nouvelle série des Comptes rendus hebdomadaires , et adresse un vo- ' lume de se» Mémoires pour l'année i853. 979 ACADÉMIE DES CURIEUX DE LA NA- TURE (V) adresse, de Breslau, un exem- plaire d'un nouveau volume de ses Mé- moires 26a AIRY. — Nouvelle détermination de la diffé- rence de longitude entre les Observatoires de Paris et de Greenwich (en commun avec M. Le Verrier) 553 — Note concernant des observations du pen- dule faites pour déterminer la variation d'intensité de la pesanteur entre les points supérieur et inférieur d'une raine pro- fonde. (Traduction de cette Note par M. Biot.) iioi ALLEMAND LENOVY. - Description d'une nouvelle machine à air chaud . . . 384 et 1095 ALVARO REYNOSO. Voir Rej-noso (Al- varo). AMUSSAT FILS.— Nouveaux résultats obtenus de l'emploi de l'électricité comme agent de cautérisation dans le traitement de certaines affections chirurgicales 7^2 ANCELON, — De l'aptitude aiiesthésiquedes sujets pour le chloroforme et du dosage de cet agent 669 — Note sur les conditions dans lesquelles se développe'.la contagion du choléra-morbus. 1086 ANDRAL. — Communication verbale relative au tremblement de terre du 20 juillet. 2o6 ANDREOLATl. — Lettre concernant un ap- pareil fumivore de son invention. 44'^' 5i6 MM. Pagt,, ANONYMES. — L'auteur d'un Mémoire pré- senté au concours pour le grand prix de Mathématiques (question concernant la théorie des phénomènes capillaires) de- mande que la quatrième partie de son Mé- moire soit considérée comme non avenue. 4"' — Un auteur, qui demande que son nom ne soit pas rendu public, exprime le désir d'obtenir le jugement de l'Académie sur ses recherches concernant certaines ques- tions de physique générale 1 lîy — Notes relatives au legs Ure'anf 367 et 629 ARCEOL.ATI, écrit par erreur pour Andreo- lati. Voir plus haut à ce nom. ARGELANDER. — Observations des planètes Pomone et Poljrmnie faites 6 l'observatoire de Bonn 1019 et 1217 ARGY (B. ). — Observations sur les mouve- ments qui s'opèrent dans l'eau contenue dans un vase soumis & un mouvement de rotation 930 ARNAUD. — Sur un moyen proposé pour la conservation des grains. . 29^, 5i3 et gjS ARNOLDI. — Note sur la cholérine et le cho- léra et sur les relations qui existent entre ces deux ét-its maladifs 4^' ARNOULD. — Procédé industriel pour la transformation du ligneux en sucre et en alcool S07 ARNOUX. — Note surles modifications qu'on pourrait faire subir au matériel des che- mins de fer, pour le rendre propre à franchir de fortes rampes en même temps que des courbes de toutes courbures. . . . 289 AUM AND.— Lettres relatives au legs Bréani. 38 et 368 AVENIER DE LAGRÉE. — Notes et Lettres relatives à son système de machines à vapeur 37, iio, 248» 374, 4^3, 471, 541, 695, 795, gSo, 1017, JI25 et i2o5 B.ABINET fait hommage, au nom de l'auteur M. Brewsier, d'un exemplaire d'un ou- vrage récemment publié sur la question delà pluralité des mondes 23o — M. Bahinet présente, au nom de M. Co- blence, une épreuve de la carte physique d'Espagne fournie par une planche gravée sur acier, et une épreuve de cette carte ( ' MM. Pa;^es. avec addition dos divisions militaires, donnée par une planche obtenue au moyen de la galvanoplastie Stfi BACHE. — Son Rapport sur les travaux exé- cutés dans le cours de Tannée 18S2 pour la rarte du littoral des Etats-Unis 921 BARREAU ( F. ) demande et obtient l'auto- risation de reprendre une Note sur le cho- léra, qu'il avait précédemment présentée. 263 BARTHÉLEMY-SAINT-HILAIRE transmet deux opuscules destinés à l'Académie des Sciences, et qui avaient été adressés par erreur à l'Académie des Sciences morales et politiques 63o BARTSCH. — Principes de vétérinaire basés sur la statique du corps du cheval 28.} BATTIER. — Description d'une romaine mo- difiée de manière à en rendre à la fois l'usage plus commode et les indications plus sûres 3^4 BAUDELOCQUE.— Opérationcésarienueva- gînale pratiquée avec succès pour la mère et l'enfant. — M. Baudehcijue présente un enfant sourd-muet de naissance traité par la méthode dont il avait fait l'objet de précédentes communications l^6t^ — M. Baudtlocque prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie ^44 BAUDENS. — Mémoire sur les fractures du corps et du col du fémur, traitées à l'aide d'un nouvel appareil 270 BAUDR[MONT(E.). — Lettre et Note sur la nature du choléra épidémique et sur le traitement de cette maladie par le bicar- bonate de soude 474 ^t 7^9 BA^Ï ARD. — Du choléra et de la suette, d'a- près les auteurs du xviii' siècle logj BAZIN. — Note sur un insecte qui détruit les betteraves pendant leur premier âge. . i5i — Observations relatives aux maladies des carottes, du froment, des pommes de terre et de la vigne 188 et 246 — Observations sur la maladie du noyer. . . . 49^ BEAUFILS. — Note sur un moyen de faire monter et descendre les aérostats 47^ BECHAMP (A.). — De l'action des protosels de fer sur la nitronaphtaline et la nitro- benzine 26 — Nouvelles études sur l'amidon 653 BECQUEREL. — Réponse à des observations faites par M. Dupin à l'occasion du Rap- port sur la question des paratonnerres présenté, au nom de la Section de Phy- sique, par M. Pouillel 1160 — M . Becquerel présente un travail de M. Poey sur la météorologie de l'île de Cuba. ., . io65 C, R., 1854, 2"» Semestre. (T. XXXIX.) Si) M»*. Pi.gM. BECQUEREL (EdmonB). - Nouvelles recher- ches sur les impressions colorées produites lors de l'action chimique de la lumière. . 63 BEDFORD. — Exposé d'une nouvelle théorie de l'univers ^00 BELLAT. — Mémoire sur les conserves de viande pour l'alimentation des marins et des soldats en campagne 110 BERENDT. — Présentation d'une partie pos- thume de son ouvrage sur les restes orga- niques contenus dans le succin 1018 BERGERET. — Études sur le pus 283 BERNARD (Cl. ) — Rapport fait au nom de la Section de Médecine et de Chirurgie, chargée par l'Académie de rédiger un pro- gramme pour le prix du legs Bréant 994 — Décret impérial approuvant la nomination de M. Cl. Bernard, en qualité de Membre de l'Académie, Section de Médecine et Chirurgie i BERNARD (F.).— Mémoire sur la détermina- tion des indices de réfraction 27 et 3^3 — Mémoire sur la polarisation de l'atmo- sphère 775 — M. Bernard met sous les yeux de l'Acadé- mie un réfractomètre qu'il avait décrit dans une précédente communication.... 779 BERTHE adresse un spécimen d'huile de foie de morue préparée avec des foies expé- diés des côtes d'Islande II25 BERTHELOT. — Action de l'iodure de phos- phore sur la glycérine (en commun avec M. de Luca) 745 — Action de l'acide iodhydrique sur la glycé- rine (en commun avec M. de Luca) 748 BERTRAND ( l'aube ). — Observation du trem- blement de terre du 20 juillet i854, faite à Château-Larcher , département de la Vienne 697 BIARDOT transmet une Note sans nom d'au- teur, relative au legs Bréant, qui lui a été envoyée de Sainte- Marie, près Capouei par M. Caruso 38 BICHEL. — Lettre concernant une Note qu'il avait précédemment adressée sous le titre de « Solution du problème des aérostats » . 4?^ BILLET. — Note sur les trois cas de non-di- vision par double réfraction que peuvent présenter les cristaux biréfringents uni- axes etsurles faces qui peuvent les offrir. ^33 BILLIARD. — Note ayant pour titre : Décou- verte de formes lumineuses dans l'air. ». 248 — Note intitulée : « Première étude sur les manifestations électriques de l'homme et des animaux » , 921 — « Cause secondaire du choléra-morbus i>. 1087 — a Manifestations électriques des plantes ». i2o3 BINET est nommé Membre de la Commission 164 123 «M. Pages, chargée de proposer une qiieslion pour sujet du grand prix de Mathématiques à décerner en i8V' 998 BIOT. — Sur les réfractions astronomiques : Mémoires à l'occasion d'une Note sur cette question lue par M. Faye dans la séance du 28 août 18.54. 445, 517, 567, 708, 817 et gSS — M. Biot communique uneNote de M. Airx, concernant des observations du pendule, iioi — Communication relative à un ouvrage de M. Martin de hretles 9^6 — Remarques de M. Biot. à l'occasion de la présentation d'un volume de Galicn, tra- duit par M. Darcmberg '^87 ^- M. Biol présente à l'Académie un exem- plaire de l'ouvrage posthume de Laurent , intitulé : « Méthode de Chimie » Sg — M. Biut fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Serret, d'un exem- plaire de la deuxième édition du « Cours d'Algèbre supérieure» 167 — M. Biot est nommé Membre de la Commis- sion chargée de décerner le prix d'Astro- nomie (fondation Lalande) 9.") — Et Membre de la Commission chargée de rédiger le programme pour le pro- chain concours du prix Bordin i igj BISSON frères présentent des images photo- graphiques de très-grande dimension des principaux monuments de Paris 1018 BIZET. —Recherches sur le siège du choléra- morbus asiatique 659 BLOCH. — Description du fécuiomètre, appa- reil destiné i faire connaître la proportion d'eau contenue dans des fécules vertes ou humides, employées par diverses indus- tries 9^<9 BLONDLOT. — Lettre concernant son Mé- moire sur la digestion des matières amy- lacées 6(x) BOISSIER (de ). — Note sur l'emploi de l'huile dans les cas de choléra, etc 2SÎ BONAPARTE (le PRINCE Charles). — Tableau méthodique des Oiseaux rapaces a3o — Mémoire sur les Oiseaux grands voiliers de la sous-famille des Lariens ^iCt — Coup d'oeil sur l'ordre des Pigeons 86i), 1072 et 1102 — M. le Prince Ch. Bonaparte présente un travail de MM. Ercolani eti. Yella sur les Nématoïdes 4' BONELLI. — Leitre concernant l'appareil qu'il a imaginé pour le tissage à l'aide de l'électricité 2g3 RONITEAU. — Mémoire sur les causes du choléra et des fièvres â'jg BORDET. — Lettre concernant une nouvelle application du la gutta-percba (pour la •^ ) MM. P»S3». fabrication de bouchons et bondes de barriques) 110 BUREAU est présenté, par la Section de Bo- tanique, comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant.... 166 BOUBEE. — Nouvelles observations sur la marche géologique du choléra.. 627 et 79} BOUDIN. — Sur les victimes de la foudre . 783 — M. Boudin fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la seconde édition de sa Carte physique et météorologique du globe terrestre '^Gi BOUIS. — Note sur une nouvelle série de ra- dicaux métalliques .. 288 — Recherches sur l'huile de médicinier .... yiS BOUNICEAU. — Recherches sur lâge auquel peut se reproduire la sangsue médici- nale 85S et 1170 BOUQUET. — Histoire chimique des eaux minérales et thermales de Vichy, Cusset, Vaisse , Hauterive et Saint- Yorre. — Ana- lyses chimiques des eaux minérales de Médague, Châteldon , Brugheas et Seuil- let 3a6 — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. de Senarmont <)6i BOUQUET et Briot. — Recherches sur les propriétés des fonctions définies par des équations différentielles.. . 368, 7')5 et 795 BOURDON (FEt; M.) — Traité de géométrie analytique (présentation de cet ouvrage par M. Èlie de Beaumont) . . 921 BOURGET — Note sur une formule de M. Au- ger aï>3 BOURGOGNE. — Nouvelle méthode de trai- tement du choléra morbus 4^3 — Opuscules imprimés relatifs au choléra.. w3(> BODSSINGAULT. — Recherches sur la vé- gétation : expériences destinées à faire voir si l'azote de l'air en mouvement est fixé par les plantes i et 6ui BOUTEILLE. — Sur une maladie des blés observée cette année dans le Vexin loç; BOUVET. — Description d'un nouveau pé- trisseur mécanique lobO BOUVIER. — De la cautérisation cutanée diuis les maladies du système osseux. . . , .'>i7 BRACHET. — Notes concernant des ques- tions d'optique. . . 76, 24^1 477) 8io et q3o — Notes relatives à l'aérostatique.. . 55o et 701 — Ouverture de paquets cachetés précédem- ment déposés par lui 877, 661 et 109.1 BRAME. — Acide cyanhydrique retrouvé dans un cadavre humain trois semaines après la mort . . 9^"^ — Note sur la limite de la vaporisation du mercure ioi3 BRAUN. — Son album de fleurs reproduites ( 1253 ) mi. Pagis. par la pliolographie est mis sous les yeux fJe V Académie par M. Regnautt i)2'^ BREBISSON est présenté par la Section de Botanique comme l'un dos candidats pour une place vacante de Correspondant 166 BRETON , DE Champ. — Mémoire sur l'aberra- tion de sphéricité et sur de nouvelles mé- thodes à employer pour la détruire dans les appareils il lentilles ou à miroirs. . . 528 — Appiécialion , au point de vue mathéma- tique, de la diriiculté qu'on trouve a ob- tenir au daguerréotype des portraits de grande dimension 1 1;;4 — Note sur les lignes de faite et de thalweg. 647 — Construction graphique des erreurs com- mises dans le lever des plans avec la boussole, par suite de l'excentricité de l'alidade 64K BRIOIS annonce, à l'occasion d'une commu- nication de M. Béchamp, concernant l'ac- tion de l'acide acétique sur la fécule, avoir consigné les mêmes faits dans un paquet cacheté dépose le 59 août i853.. ^55 BRIOT et Bouquet. — Recherclies sur les propriétés des fonctions définies par des équations différentielles. .. . 3fiS, ^SS et yyS BRONGISIART présente, au nom de la So- i5; 368 49 UM. Pag, ciété Botanique de France, le premier numéro du Bulletin de celte Société BRUGERE. — Note relative au legs Bréant. BRUHNS. — Éléments de la planète l'olrm- nie, calculés sur les observations de Paris et do Berlin loig BRULLE. — Observations sur les Ligules. . . 773 BKUNET PÈiiE. — Communication relative au choléra-morbus [^i'^ BUUGE. — Mémoire sur la cessation des mouvements inspiratoires provoqués par l'irritation du nerf pneumogastrique.. . BUNSEN. — Remarques sur une Note de M. Sainte-Claire Deville , concernant la préparation de l'aluminium il l'état mé- tallique 771 BURNOUF et Guillemin. — Recherches sur la transmission de l'électricité dans les fds télégraphiques 33o — Résultats de plusieurs expériences faites sur les lignes télégraphiques aboutissant à Toulouse 536 BUSSOI •. — Appareil pour la direction des aérostats 5oo BUSSY. — Rapport sur un travail de M. Lalle- mand ayant pour objet l'essence de thym. 723 CABANES. — Bons effets obtenus du gou- dron contre la maladie de la vigne 975 CADET (S). — Fausses membranes et ento- zoaires d'une espèce nouvelle dans les dé- jections alvines des cholériques.. 629,84961 974 CAHODRS. — Recherches de chimie orga- nique 354 — Recherches sur de nouveaux radicaux orga- niques renfermant de l'arsenic (en com- mun avec M. Biche) 5^1 CAILLAT demande et obtient l'autorisation de reprendre deux Mémoires précédem- ment présentés sur l'emploi du plâtre en agriculture 55o CAILLETET. — Dosage de la fécule de pomme de terre mélangée avec de la fa- rine de blé. 245 CAILLIAUD. — Nouveaux faits sur les Mol- lusques perforateurs en général 34 — Lettre concernant deux Notes précédem- metit adressées relativement à la même question j55 CALVET (Ant.) — Considérations générales sur la nature et l'origine du choléra-mor- bus 432 CAPONE.— Opuscule sur le choléra-morbus. figfi CARLEVARIS. — Mémoire et Note manus- crite concernant la question du choléra., gio CARREL. — Lettre concernant un appareil qui, appliqué à un aérostat, le ferait monter ou descendre à volonté sans perte de gaz et sans perle de lest logS CARTET, écrit, par suite d'une signature peu lisible, pour Castets. 'Voir à ce nom. CASSANY.— Lettre relativeà deux Notes pré- cédemment envoyées par lui 44' CASTAGNE.— Note sur la quadrature du cercle 1 26 CAS'I'ET.S. — Lettre concernant ses recher- ches sur la production artificielle de la quinine 44' ^^ 4^'' CAUCHY.— Sur une formule de M. Anger et sur d'autres formules analogues 129 — Sur l'induction en analyse et sur l'emploi des formules symboliques 169 — Note sur les intégrales aux différences finies 314 — Note sur un procédé employé avec succès contre la maladie de la vigne 6i3 — M. Cauchj estnommé Membre de la Com- mission chargée de proposer une question pour sujet du grand prix de Mathématiques à décerner eu i836 998 164.. ( 1^54 ) UM. Page». — M. CaucAr est nommé Membre de la Com- mission chargée de rédiger le programme pour le prochain concours du prixBordin. Iiga CAZALETZ. — Lettres concernant sa Note sur l'emploi des Algues comme moyen de procurer aux arbres fruitiers l'humidité dont ils ont besoin pendant l'été. 660 et 85^ CHACORNAC— Nouvelle planète découverte par lui, le 28 octobre i854 83y CHAMPMAS. — Observations des phéno- mènes déterminés par l'impression passa- gèred'une vive lumière sur la rétine 4^9 CHAMSKL— Lettre concernant son Mémoire sur la cosmogonie 4'^ CHASLES est nommé Membre de la Commis- sion chargée de proposer une question pour sujet du grand prix de Mathémati- ques à décerner en i856 998 — M. Chastes présente au nom de M. le prince Balthasar Boncompngni , un volume in- titulé : (I Tre scritti inediti di Leonardo Pisanou 1171 CHASSERIAU. — Notice biographique sur M. Beautemps- Beaupré 54 1 CHATIN. — Mémoire sur la famille des Tro- péolées, considérée dans son organogra- phie, son anatomie, sonorganogénie, sa tératologie, sos propriétés médicales, sa géographie botanique et ses alTinites 98 — Recherchesd'analomie comparée végétale. io44 — Note sur les recherches de l'iodede l'air par la rosée io83 — M, Chatin demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre un Mémoire précé- demment présenté par lui laai — M.. Chaiin prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candi- dats pour une place vacante dans la Sec- tion de Botanique 1088 — M. Chatin est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour la place vacante 1 1 3^ CHAZALON.— Note sur l'oscillation du ni- veau d'é(iuilibre des mers; réflexions sur les échelles de marée m CHENOT. — Note relative à la production industrielle des métaux terreux 4^8 — Notes relatives à la transformation des combustibles en gaz, et à l'emploi de ces gaï 499! 660 , 929 et 1 o35 CHEVALLIER. — Sur un mode de prépara- tion des allumettes chimiques qui écarte tout danger joo CHEVREDL. — Deuxième Mémoire sur le pendule dit explorateur et la baguette di- vinatoire 169 et 214 — M. Chevreul fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son ouvrage sur la ba- MH- Pa;es. guette divinatoire et le pendule explora- teur 321 CHEVREUL. — Note sur la couleur d'un as- sez grand nombre de fleurs... , 21 3 — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. Regnauh, sur les forces élasti- ques des vapeurs dans le vide et dans les gaz, aux difTérentes températures 3i3 — Considérations sur la photographie au point de vue abstrait 391 — Sur les procédés photographiques de M. Niepce de Saint~Yictor 61 4 — En présentant un exemplaire de son Rap- port sur les tapisseries et lapis des ma- nufactures nationales admis à l'expo- sition universelle deLondres, M. ClievreuL donne une idée du plan de ce travail, et des renseignements historiques qu'il y a consignés 731 — M. Chevreul est nommé Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie 998 CHOLET. — Lettre et Note concernant son Mémoire sur la peste qui a régné e'pidé- miquement à Constantinople en i85^« Réflexions sur les quarantaines. , 9^9 et 1126 CHOUMARA. — Mémoire sur le mouvement hélicoïde apparent des corps célestes.... 849 CHRZASZCZ — Snr la nature et le traite- ment du choléra épidémique : sur une forme de typhus qui se rapproche du choléra 285 CLANET.— Note relative au legs Biéant.. 367 CLERGET. — Note sur l'alcool d'asphodèle. 907 CLOQUET prie l'Académie de vouloir bien le compter parmi les candidats pour la place vacante dans la Section de Méde- cine et de Chirurgie, par suite du décès de M. Baux 1088 CLOS. — Monographie de la famille des Flacourlianées 4^5 — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Tulasne 1188 — M. Clos est présenté par la Section de Bota- nique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 166 COBLENCE. — Epreuve de la carte physique d'Espagne fournie par une planche gravée sur acier, et épreuve de la reproduction de celle carte, avec addition des divisions mi- litaires, donnée par une planche obtenue au moyen de la galvanoplastie 846 CO.MBES présente un Traité théorique et pratique de la conduite et de la distribu- tion des eaux, par M. Dupuit 4'< — M. Cbmiei présente, au nom deMM. Over- duyen et Droinet, un instrument que les ( ' MM. Page», auteurs désignent sous le nom de véloci- mècrc 4^ — M. Combes fait hommage à l'Académie, au nom de M. Bresse, d'un ouvrage ayant pour titre : « Recherches analytiques sur la Oexion et la résistance des pièces courbes u 1200 — M. Combes est nommé; Membre de la Commission chargée de l'examen de» piè- ces admises au concours pour le prix de Mécanique 94 COMMAILLE.— Recherches sur VAtractylis gummi/eraelsoB action toxique(2° partie). m5 CORN ELIUS.— Mémoire sur la direction des .lérostats 286 CORREA. — Communication relative à un médicament employé en Portugal contre le choléra- morbus 1087 et ii36 CORTEUIL (de). — Recherches sur diverses questions de sciences pures ou appliquées. 85g i55 ) HM. P3g». COSTA. — Noie sur les ossements fossiles de crocodiles récemment découverts dans le calcaire tertiaire de Lecce loSG COSTA SAYA. — Mémoire intitulé : « Pro- jet d'un nouveau moyen de diagnose » . . 849 CODERBE. — Faits pour servir à l'histoire de la vigne considérée dans ses rapports avce l'oïdium : étude de la séTo.. 78(1 et 1017 COULIER fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la douzième édition de la « Description générale des phares et fa- naux. »., , 122a COULVIER- GRAVIER. - Observation des étoiles filantes périodiques du mois d'août 343 CUNCHE. — Note concernant le legs Bréant. 367 CZERNICROWSKI. — Communication re- lative au choléra 4^3 — Sur l'emploi d'une ceinture électrisée dans les cas de eholéra'morbns 629 D D'ABBADIE. — Observations de l'aiguille ai- mantée, faites à Audaux 646 DANJOU DE LA GARENNE. — Lettre con- cernant un moyen de prévenir les acci- dents sur les chemins de fer 376 DARESTE. — Mémoire sur la couleur rouge que la mer présente en diverses localités, et sur les causes de cette coloration 1 307 DAUBRÉE. — Recherches sur la production artificielle des minéraux de la famille des silicates et des aluminatcs, par la réac- tion des vapeurs sur les roches , i35 DADSSE. — Lettre concernant l'apparition du choléra en des lieux situés à une très- grande élévation 922 DEBENEY. — Prophylaxie et traitement abortif de la fièvre typhoïde et du cho- léra-morbus. 84S DECAISNE. — A l'occasion d'uneTéclama- tion de M. Thenard; M. Decaisne donne quelques détails sur les travaux de la Commission chargée de l'examen des communications relatives à la maladie de la vigne, antérieures à i854 18 — Remarques sur une communication de M. Payen, relative à la maladie de la vigne •. 19 DECAUX transmet un Mémoire adressé de MapleSj par M. Gennaro Slundo i2o5 ' DECHARMES. — Sur la production de l'o- pium indigène 75i DECHENAUX. — Sur le choléra-morbus.. . 1170 DE LA BARRE. — Lettre concernant son ouvrage sur les accidents de la première dentition nag DELAHAYE adresse la première livraison de son Atlas sur les œufs des oiseaux d'Europe, Atlas exécuté par un procédé chromolithographique ^5 — Lettre relative à cette publication 44' DE LAMARRE. — Bruit particulier percep- tible par l'auscultation, chez les phlbi- siques traités par l'hélicine 84t DELANOUE. — Sur le métamorphisme plus ou moins réel des roches 365 — De la prétendue dolomisation des cal- caires 492 DELARUE. — Des tumeurs blanches, et des résultats obtenus de la compression dans le traitement de ces tumeurs. 3t>, 126 et 263 DELOCHE. — Introduction à un travail précédemment présenté sous le titre : « Théorie de la gamme » 3j DELOFFRE (le contp.e-amibal).— Documents à l'appui do sa candidature pour une place vacante au Bureau des Longitudes, par suit,e du décès de M. l'amiral Roussin. 39 — M. Delqffre est proposé par la Commis- sion compétente comme un des candi- dats pour la place vacante 126 — L'Académie désigne, par la voie du scru- tin , M. Deluffre comme deuxième candi- dat pour cette place 135 DELONDRE.— Lettre concernant le u Traité des quinquinas», qu'il a publié en colla- boration avec M. Bouchaidat 1126 [256 ) DE JLtJCA et Bertiii.lot. — Action de l'io- dure de phosphore sur la glycérine. .. — Action de l'acide iodhydrique sur la gly- cérine DEMAY. — Histoire de la ville de Belle- ville DENIS. — Note relative aux maladies de nos plantes usuelles DEPIGNY. — Observations sur la grêle. ... — Nonvelles observations relatives à la grêle et au grésil ' ... DERRIEN. — Lettre concernant les engrais artificiels préparés dans l'nsine de Chan- tenay DESCHAMl'S. — N'oies sur la préparation de l'huile de foie de morue .. DESIDEEIO. — Lettre concernant son ou- vrage intitulé : « Nouveau principe de thérapeutique « DES MOULINS est présenté , par la S'Ction de Botanique , comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant DESSOYE.— Communications relatives aux maladies des plantes usuelles 154, /fio, 472, 695 et Ressemblance entre les Erysiphes des vi- gnes malades et certains parasites que l'on observe sur des écorces de quinqui- nas DEVERGIE. — Analyse de son « Traité des maladies de la peau ) DEVII-LE. Voir à Sainte-Claire Deville. D'HEREPiS (l'aobé). — Note sur le choléra. .. D'HOMBRES-FIRMAS. — Note sur les rhi- nocéros fossiles de Saini-Martind'Arè- nes, près Alais (Gard) — M. d'Hombres- Firmas fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la deuxiè- me partie de son « Itinéraire du voyageur naturaliste aux environs d'Alais » DICKSON. — Lettre concernant le legs Breant DIDIER. — Système de télégraphie électrique à un seul cadran et à poignée portée par un arbre creuï DIEN. — Description de l'aurore boréale vue à l'Observatoire de Paris le 26 sep- tembre i8^4 DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'MiRl- CULTURE ET DU COMMERCE ' i.e) transmetdes échantillons de feuillesde ha- ricots malades, recueillies parM. Schuitz, dans le département du Haut-Rhin. .... DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES ET DES CONTRIBUTIONS INDI- RECTES (lb) adresse un exemplaire du Tableau général du commerce de la France avec ses colonies et les puis- l'aies. 748 1203 ioi(i io8(i ii6 I205 660 166 ,87 S.'io 432 2^7 9)2 28(1 36 '52 786 Pages. sances étrangères pendant l'année i853, et un exemplaire du Tableau général du mouvement du cabotage en i853. . 341 et 79^ DIRECTEUR DU MATÉRIEL AU MI- NISTÈRE DE LA MARINE (le) transmet un Mémoire de M. Viel, con- cernant un système de fumigations, pour les lieux où règne une maladie épidé- mique 367 DOAT. — Rhéoscope magnétique, appareil destiné à rendre sensible à la vue la direc- tion des courants électriques manifestés par des actions chimiques 3fi DOIN expose les titres qu'il pense avoir à obtenir une des récompenses de la fon- dation Montyon laai DON ATI. — Observations de la planète Po- mone , faites à Florence 1010 et 1060 — Observations de la quatrième comète de 1854, faites au même observatoire 121S DRION (Ch. ). — Études sur les éthers salicy- liques ia2 DROINET et Overdiïm. — Vclocimètre, in- strument servant à mesurer le sillage des navires et à déterminer la vitesse des courants d'eau et d'air 43 DUCH.4RTRE(P.). — Etudes sur les Zosté- racécs 1008 et 1080 — Mémoire sur les plantes de la famille des Aristolochiées. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Tulusne.) 1040 — M. Duchartre est présenté parla Section de Botanique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Gaudichaud u37 DUCHAU.SSOY. — Suspension du pouvoir d'absorption de la muqueuse intestinale et de la peau chez les cholériques i65 DUCHESNE-DUPARC. —Mémoire sur l'em- ploi de l'arséniate de fer dans le traite- ment des dartres furfuracées et squa- meuses i4u DDDOUIT. — Mémoire sur la théorie des nombres 1222 DU FOSSÉ. — De l'hermaphrodisme chez cer- tains vertébrés 890 DUFOUR (Léos). — Tremblement de terre obsené le 20 juillet à Saint-Sever . 206 DUHAMEL. — Mémoire sur le mouvement des différents points d'une barre cylin- drique qui se refroidit ii85 — M. Duhamel est nommé Membre de la Commission chargée de rédiger le pro- gramme pour le prochain concours du prix Bordin 1192 DUJARDIN , DE Lille. — Lettre concernant l'emploi de la vapeur d'eau pour étein- dre les incendies 74 ( '257 MM. PagM. DUJARDIN. — Sur le règlemenl qui régit, dans le département du Nord, les distil- leries de jns de betteraves : article con- cernant l'emploi de la vapeur d'eau pour éteindre les incendies 858 DULO^G. — M. Flourens fait part d'un acci- dent malheureux arrivé, sur le chemin de fer d'Orsay, à M. Dulong, fils de l'an- cien Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences ., ai 3 — M. Da/on(» remercie l'Académie de l'intérêt qu'elle a bien voulu lui témoigner dans cette circonstance 979 DDMAS. — Sur un moyen graphique propre à mettre en évidence les rapports qui unissent la composition chimique des corps et leurs propriétés physiques lo^y — Sur l'emploi des volumes atomiques pour la classification naturelle des espèces chi- miques appartenant à la classe de corps qui renferme les alcools et leurs dérivés. io(>() DUMAS (C. ). — Observations météorolo- giques faites à Sétif , en Algérie, pendant les mois de mai et juin i854 i5 j DUMERIL. — Communication faite à l'occa- sion de la présentation du dernier volume de son n Histoire des Reptiles i> 4^8 — Remarques h l'occasion d'une communica- tion de M. Guyon sur les plaies péné- trantes de poitrine par coups de feu .... 147 — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. le Maréchal Vaillant sur l'in- troduction du ver à soie du ricin en Al- gérie . . 707 — En qualité de Président delà Commission chargée de faire un rapport sur les com- munications relatives h la maladie de la vigne, antérieures à i854, et à l'occasion d'une remarque de M. Thenard , M. Du- méril déclare que les diverses communica- tions renvoyées à cette Commission ont été examinées, et que la plupart des moyens de traitement proposés ont été essayés sous la direction de M. Decaisne. 18 — Sur la demande faite par M. Duméril au nom de la Section de Zoologie , l'Aca- démie décide que la Section de Géologie sera invitée à donner également son avis sur une proposition concernant les tra- vaux de paléontologie de M. Rouault. ... 38 — M. Duméril est nommé Membre de la Com- mission chargée de décerner le prix Cuvier pour 1854 aSi DUMERIL (Auguste). — Essai d'application à la classe des Reptiles d'une distribution par séries parallèles 357 DU MONCEL — Communication relative à une réclamation de M. /. Maistre pour la ) MM. Vj^rs. priorité d'invention d'un régulateur de la chaleur mi» en jeu par l'électricité. ... 37 DU MONCEL. — Réclamation de priorité à l'occasion d'une communication récente de M. Guyard sur un moniteur électrique pour les chemins de fer iii — Note sur un moniteur électrique des che- mins do fer i2oa — Note sur l'explosion des mines par l'élec- tricité 649 — Noie sur les réactions physiologiques des courants d'induction fournis par les piles de Daniell C Pages. nom de cet ingénieur un exemplaire du « Traité théorique et pratique de la con- duite et de la distribution des eaux » , donne une idée de l'ensemble de l'ouvrage. 4' DDRAN. — Figure et description d'un aéro- stat mis en mouvement par un appareil électrique 3^ — Sur la navigation aérienne : emploi de l'hélice comme moyen d'ascension II25 UUREAU DE LA MALLE. — Note sur l'ar- tillerie au xv" siècle gg i 258 ) MSI. l'agM. UUROCHER et Malagbti. — Sur ia ré.si8- tance des chaux hydrauliques et des ciments à l'action destructive de l'eau de mer i83 — Réponse à des remarques faites par M. Yi- cat à l'occasion de cette communication. 6a5 DUVERNOY. — Sur quelques particularités observées dans des os d'Epyornis, présen- tés par M. Uid. Geoffroy 836 DUVIVIER. — Méthode de traitement de la maladie de la vigne et des raisins 63o EDWARDS ( MiLNE ). - Note sur l'introduc- tion en France d'une espèce de ver à soie de l'Inde qui vit sur le ricin commun .... 889 — M. Milne Edwards met sous les yeux de l'Académie quelques papillons vivants provenant de l'éducation des vers à soie du ricin [Altacus cynthia) , et un échantillon de la soie de ce Bombyx obtenue par M. Guérîn-Méneville de co- cons envoyés de Turin 616 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. le Maréchal Vaillant sur l'introduction du ver à soie du ricin en Algérie 708 — Observations à l'occasion d'une communi- cation de M. Isid. Geoffroy sur l'acclima- tation en France de cette espèce jfii — M. Milne Edwards fait hommage à l'Aca- démie de la première livraison de l'His- toire des Coralliaires ou Polypes propre' ment dits, qu'il publie en commun avec M. /. Haime ii88 — M. Milne Edwards communique un ex- trait d'une Lettre de M. /. Haime, sur l'organisation des Actinies 4^7 — M. Milne Edwards présente l'extrait d'un Mémoire de M. Dareste sur la couleur rouge que présente la mer dans quelques localités, et sur les causes de cette colo- ration 1207 — M. Milne Edwards met sous les yeux de l'Académie une nouvelle série de pho- tographies zoologiques exécutées par M. Rousseau, et dont l'une représente des Attacus cynthia nés au Muséum 85i — M. Milne Edwards met sous les yeux de l'Académie plusieurs nouveaux modèles de microscope» construits par MM. Na- chet frères, et destinés à faciliter les dé- monstrations dans les cours publics 797 — M. Milne Edwards est nommé Membre de la Commission chargée de décerner le prix Cuvier pour i854 23l ELIE DE BE4UMONT— Note sur l'origine présumée des dolomies 5a5 — M. Èliede Beaumont communique l'extrait d'une Lettre de M. Rozet, sur la consti- tution géologique des Alpes 473 — M. Ê/i'eiie Beau/non/ communique l'extrait d'une Lettre de M. Jackson, concernant quelques mines des Etats-Unis et le grès rouge du lac Supérieur 8o3 — M. Elie de Beaumont lit des fragments d'une Lettre que lui a adressée M. Lecoij, sur l'existence , en Auvergne , de traces laissées à la surface des roches par des corps partant avec divergence de points culminants 808 — M. Elie de Beaumont communique une Lettre de MM. Mulot père et fils, concer- nant les résultats de leurs recherches pour la houille dans le département de la Mo- selle ^ss — M. Elie de Beaumont communique l'extrait d'une Lettre qu'il a reçue de M. Dausse, concernant l'apparition du choléra en des points très-élevés du Dauphiné 021 — M. Élie de Beaumont présente , au nom de l'auteur, M. Chasieriau , une Notice biographique sur M. Beautemps - Beau- pré 54 1 — M. Êlie de Beaumont met sons les yeux de l'Académie un ouvrage do M. R. Mur- chison, intitulé : . . . . yCt — M. Flourens met sous les yeux de l'Acadé- mie un nouveau volume des n Mémoires de la Société de Biologie » 1 àj M"- Pagf». — M.Flour ns prcReiite,au nom de M. Barrai et de MM. Gide et Baudry, deux nouveaux volumes des Œuvres complètes d'Arago. 85i> — M. Flourens présente, au nom de M. Phi- lippe Bayer, les cinq derniers volumes de la nouvelle édition du « Traité dss mala- dies chirurgicales »,de feu M. Boxer. . . , 2S8 — M. Flourens appelle l'attention sur un ou- vrage de M. Ch. Martins, une histoire du Jardin des Plantes de Montpellier, his- toire qui se lie étroitement aux origines de la botanique moderne 433 — M. Flourens présente au nom de l'auteur, M. E. de Blosseville, une Notice histori- que sur /. de Blosseville , le célèbre com- mandant de la Lilloise 434 — M. Flourens, en présentant, au nom de l'auteur, M. Martin-Saint- Ange , un exem- plaire du Mémoire sur l'appareil repro- ducteur des Vertébrés, Mémoire couronné par l'Académie, donne lecture de quel- ques passages de la Lettre qui accom- pagne cet envoi 744 — M. Flourens met sous les yeux de l'Acadé- mie quelques épreuves de gravure hélio- graphique sur acier, obtenues par M. C. fiegre, aa moyen du bitume de Judée, déjà employé par MM. Niepce oncle et neveu, et on faisînt usage , pour la chambre obscure, d'une nouvelle combinaison de verres 1 1 8t> — M. Flourens présente, au nom de l'auteur, M. Daremberg, un exemplaire du premier volume d'une traduction française des Œuvres de Galien a86 — M. Flourens est nommé Membre de la Commission chargée de décerner le prix Cuvier pour i854 23i FONS. — Sur une méthode employée à El- Biar, près d'Alger, pour prévenir le déve- loppement de la maladie de la vigne loii FORGET.— Preuves cliniques delà non-iden- tité du typhus et de la fièvre typhoïde. . . . 692 FOURNERIE. — Mémoire sur une balance à l'usage des bureaux,de douane et d'octroi. 3- FREMY. — Recherches chimiques sur les os. io5a FUSCO. — Lettre accompagnant l'envoi de deux opuscules concernant l'économie rurale ii8f GA(jNAGE envoie des échantillons d'iode traité par le gluten iîS GATFFE. — Mémoire ayant pour titre: « Des- cription d'un appareil électro-médical portatif , sans pile » ycjS GALLO. — Mémoire ayantponr titre: «Études de mécanique naturelle et de philosophie générale » 660 GAMBIER. — Sur un procédé destiné à arrê- ter la maladie des pommes de terre (gâ ( ta6i ) MU> Pages. GARLIN. — Sur Tintégration des équations différentielles du premier ordre 690 UASPARIS (de).— Formules pour la déter- mination du plan de l'orbite d'une planète ou d'une comète. ... 24g et tpS — Formules relatives à la même question : extraitd'uneLettreàM. i/ifrf^Beoumont. 737 — Nouvelle méthode pour calculer les orbites des planètes et des comètes. iia^i GAUGAIN.— Sur le développement d'élec- tricité qui accompagne l'évaporation des dissolutions aqueuses 23 1 — Note sur les lois de l'intensité des courants électriques <,,og — Note sur les lois de l'intensité des courants induits ioi3 GAULTIER DE CLAUBRY. — Lettre con- cernant la question de l'identité ou la non- identité du typhus et de la fièvre typhoïde. 929 GAVELLE. — Notes coucernant les résultats de ses recherches sur la maladie de la vigne 6Î0 et 975 GEOFFROY-SAINT-HILAIRE (Is. ).— Re- marques à l'occasion d'une communica- tion de M. le Maréchal Kai/iant sur l'intro- duction du ver à soie du ricin en Algérie. 706 — Réponse à une réclamation faite par M. Milne Edwards à l'occasion de ces remarques 7'^^ Note sur des ossements et des fragments d'œufs d'Épyornis arrivés au Muséum . . . 83 j — Notions historiques sur les Règnes de la nature, et principalement sur les trois Rè- gnes des alchimistes 8(Ji — M. Geojfroy-Sainl-Hilaire lait hommage à l'Académie de son ouvrage intitulé : (' Domestication et naturalisation des animaux utiles » 7 îii. Geqffioy-Saint-Hilaire présente, au nom de M. Ch. Bonaparte, un tableau méthodi- que des Oiseaux rapaces '23(> — M . Geoffroy - Saint - Hilaire présente un exemplaire de l'Histoire naturelle des pos- sessions néerlandaises dans l'Inde 44 — M. Geoffroy- Saint- Hilaire est nommé Membre de la Commission chargée de dé- cerner le prix Cuwer pour i854 a^i GERBALDI. — Mémoire adressé au concours pour le prix concernant le perfectionne- ment de la navigation : description d'un nouveau moteur 374 GERDY.— De la cure radicale de la hernie inguinale ioo3 (ÎERMAIN DE SAINT-PIERRE.— Mémoire sur le phénomène delà divulsion chez les végétaux g5 — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Moquin-Tandon 4'4 GIRAUDET.— Effets de la pression du dia- phragme chez les animaux soumis à l'ac- tion du chloroforme 65i GODARD annonce avoir fait une découverte concernant la production de l'alcool 55o GODRON. — Mémoire sur la fécondation na- turelle et artincielle des iEgilops par les Trilicum 145 — M. Godron est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 166 GOLDSCHMIDT.— Découverte d'une petite planète dans la nuit du 26 octobre 1854. . . 838 GOUEREL. — Mémoire sur la construction des paratonnerres 786 GOUNELLE.— Notesuruncméthodcemployée pour déterminer la vitesse de transmission de l'électricité dans des fils métalliques: réclamation de priorité adressée à l'occa- sion d'une communication de MM. Guil- lemin et Burnouf. 4^ GOUPIL. — Delà phosphorescence des yeux des animaux et du phosphène dans l'homme 743 GRAR, président de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Valenciennes, prie l'Académie de vouloir bien comprendre cetleSociélé dans le nombre de celles aux- quelles elle accorde ses Comptes rendus. 706 GRATIOLET. — Note sur les expansions des racines cérébrales du nerf optique et sur leur terminaison dans une région déter- , minée de l'écorce des hémisphères.. 2j4 GREEN présente une image photographique d'un bas-relief qui se trouve à Thèbesau fond d'un tombeau obscur, et y joint une descri[)lion du procédé au moyen duquel cette image a été obtenue 7S GREENOUGH tait hommage à l'Académie d'un exemplaire de sa carte physique et géologique de l'Inde anglaise 796 GRENIER est présenté par la Section de Bo- tanique comme l'un des candidats pour une place valante de Correspondant 16S GROLLIER.— Opuscules imprimés destinés au concours pour un des prix que décerne l'Académie des Sciences 63o GROS. — Sur les reproductions hétérogènes chez les Infusoires 85o GUERIN.— Recherches surles mouvements du cœur : Note adressée à l'occasion de com- munications récentes sur le même sujet.. 1204 GOÉRIN ( J.).— Mémoire surla thoracentèse sous-cutanée 4^^ — M. GueV/n prie l'Académie de vouloir bien le compter parmi les candidats pour' une place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie . 1088 i65.. { 1262 ) UU. Pages. GUÉRIN-MÉNEVILLE.- Exposé des tra- vaux faits on i854 à la magnanerie expéri- mentale de Sainte-Tulle ( en commun avec M. E. Robert) 342 — Observation d'un fait nouveau relatif aux maladies des plantes usuelles, 4^9 — Note sur une apparition extraordinaire de mouches nuisibles aux céréales 616 — Essais de dévidage des cocons de YErla ou Bombjx cynthia 676 — Recherches sur les malatiies des végétaux et particulièrement sur la maladie de la vigni' ( im primé) 368 GUGLIELMl. — Communication relative au choléra-morbus 4^3 GUILLEMIN et Burnocf. — Recherches sur la transmission de Télectricité dans les (ils télégraphiques.. 33o — Résultats de plusieurs expériences faites pendant la dernière quinzaine du mois d'août 1854, sur les lignes télégraphiques aboutissant à Toulouse 536 GUILLON. — Pièce concernant ses procédés opératoires pour le traitement des ré- trécissements de l'urètre 341 — Lettre concernant l'emploi, dans un cas MM. Pages. de rétrécissement de l'urètre, d'un pro- cédé opératoire déjà soumis au juge- ment de l'Académie. 700 et 920 — M. Guilton demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre des pièces qu'il avait présentées au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie 1094 GUI MBERTEAU. — Note relative au cho- léra-morbus 1170 GUYARD.^ Application du télégraphe élec- trique pour prévenir les rencontres sur un chemin de fer, au moyen de signaux donnés par les convois eux-mêmes, indé- pendamment de tout soin de la part des conducteurs î4 GU\ARD. — Communication relative au choléra-morbus 4^3 GU"YET. — Mémoire ayant pour titre : « Ob- servations géogéniques » 1088 GDYON.— Note sur les plaies pénétrantes de la poitrine par coups de feu 146 — M. Guyon prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des can- didats pour une place vacante de Corres- pondant, Section de Médecine et de Chi- rurgie i65 H HAIME ( J. )— Note sur le développement des Actinies 4^7 — Observations sur quelques points de l'or- ganisation des Actinies 5g5 HAMMEREL. — Lettre concernant la maladie des pommes de terre 368 HARDÏ.— -Sur la culture des indigofères en Algérie 4'9 — Sur la naturalisation du Bombyx cynthia en Algérie 727 — Sur un premier essai de dévidage des co- cons du Bombyx cynthia ***79 HERMITE. — Théorie et description d'une machine à courants électriques 1200 HERPIN.— Sur le retour à leur longueur na- turelle des os raccourcis par une fracture. 33 HEURTELOOP. — Lettre concernant son Mémoire intitulé : « La lithotripsie sans fragments 5i3 — M. Heurteloup annonce aToir opéré avec succès, par l'extraction immédiate, deux calculeux mentionnés dans la précédente communication 55o et 974 HIFFELSHEIM.— Recherches théoriques et expérimentales sur la cause de la loco- motion du cœur 1048 HIND annonce, dans une Lettre communiquée pnr M. Laugierj la découverte qu'il a faite, le 23 juillet 1854, d'une nouvelle planète. 23o HITSCHLER. — Lettre concernant un projet d'expériences 1222 HOLLIER. — Plan d'un ensemble d'obser- vations à faire relativement aux varia- tions atmosphériques 29^ HOSSARD. — Sur l'emploi du bain de mer- cure pour remplacer le niveau dans les observations astronomiques 656 HUREL. — Tableau du système légal des poids et mesures , destiné à l'enseigne- ment 63o IN.ST1TUT IMPÉRIAL GÉOLOGIQUE DE VIENNE (l') adresse une nouvelle li- vraison de son Annuaire 1180 ( 1263 ) MM. Pages. JACKSON. — Observations sur quelques mines dos États-Unis et sur le jjrès rouge du lac Supérieur ( Lettre à M. ÉUe de Beaumoni) 8o3 JACQUINOT (le coMTRE-AMiRAi) prie l'A- cadémie de vouloir bien le considérer comme candidat pour une place vacante au Bureau des Longitudes Ii4t JARMAN (G.). — Sur un remède destiné à combattre le choléra 54i JAUNEZ adresse, au nom, de M. Demidoff, une nouvelle série des observations mé- téorologiques faites à Nijné-Taguilsk 773 JAUSSATJU, en qualité de dépositaire du tesiament de feu M. Lallemand, annonce que ce savant a légué à l'Académie, dont il était un des Membres, une somme de 5oooo francs pour la tondation d'un prix destiné à récompenserdes travaux relatifs au système nerveux a88 JOBARD. — Pompes en caoutchouc sans pis- ton ni clapet Ibid. — M. Johard déclare ne pas prétendre à la priorité d'invention pour cette pompe, qui avait été mise sous les jeux de l'Aca- démie par M. Séguier 4^0 MM. Pagts. JOBERT, DE Lamballe.— De l'innucnce des opérations sur le système nerveux, et du retentissement de la douleur sur l'or- ganisme • . 843 — M. Jobert demande et obtient l'autori- sation de reprendre temporairement son « Mémoire sur les corps étrangers formés dans les articulations v o&i — M. Jobert prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des can- didats pour une place vacante dans la Sec- tion de Médecine et Chirurgie 1172 JOLUVET s'adresse à l'Académie pour ob- tenir de la graine de Bombyx cynthia. . . . I181 JOMARD transmet, au nom de l'auteur M. BrunRollet, une nouvelle carte du cours du Nil blanc 1219 JONAIN. — Mémoire intitulé : «Série gra- duée des familles de plantes » 743 JOTJRDAN demande et obtient l'autorisation de reprendre son Mémoire sur le bégaye- ment 5i3 JUNOD. — De l'emploi delà méthode hémos- pasique dans le traitement du choléra épidémique 665 K KARCHAEUT écrit par erreurpour Rarchaert. 'V^oir à ce nom. KEITH. — Éphémérides de la Si" petite pla- nète découverte le 2 septembre i854, à Washington, par M. G. Ferguson lOQi KERCKHOVE-VARENT prie l'Académie de vouloir bien, à la prochaine élection de Correspondants pour la Section de Mé- decine et de Chirurgie, le comprendre dans le nombre des candidats 74 KOKSCHAROW (N. de).— Lettre concernant sa publication sur la minéralogie de la Russie 810 — Note sur le klinochlore d'Achmatowsk. . . io3i K0KSCHA.ro W (N. de). — Note sur le mica à deux axes du Vésuve u 35 KOLLIKER adresse des remerclments à l'Aca- démie qui , dans la séance publique du 3o janvier i854, , lui a décerné un prix pour son « Anatomie des tissus de l'hom- me » et son it Manuel de l'anatomie gé- nérale de l'homme » 755 KORESSIOS. — Mémoire sur la maladie de la vigne 1 126 KUCHENMEISTER — Cas de transforma- tion de Cyslicerques en Ténias dans les voies digestives de l'homme 1 180 L ABORDE (l'abbé). — Description d'une nouvelle pile à courants constants : ano- des solubles introduits dans l'appareil simple 109 LABOULBÉNE. — Analyse de son Mémoire intitulé : « Modification particulière et non décrite des nœvus . » m LACAZE-DUTHIERS. — Mémoire sur l'A- nomie ( Anomia ephippium. ). ja — Mémoire sur le développement des Acé- phales lamellibranches io3 — Développement de la Moule comestible, et, en particulier, formation des branchies.. 14S' — Mémoire sur les organes génitaux des Mol- lusques acéphales lamellibranches. 1S8 ( ta64 ) M. LACAZE-UTJTHIERS.— Observations sur le développement des Actinies — Embryogénie des Dentales — Nouvelles observations sur le développe- ment des Huîtres LA CHAVELLE.— Transport sur vélin d'une pièce écrite sur papier ordinaire LACODR transmet un opuscule sur le cho- léra, publié à Naples, par M. Capone,... LAIGNEL. — Lettre concernant son frein pour les voitures marchant sur les che- mins de fer LALESQUE. — Tremblement de terre ob- servé le 20 juillet à Arcachon LALLEMAND(O). — Sa mort, arrivée leaî juillet 1854 , est annoncée à l'Académie dans la séance du 3i du même mois — Legs fait par ce savant à l'Académie pour la fondation d'un prix destiné à encoura- ger ou récompenser les travaux relatifs au système nerveux a88 et LALLEMAND. — Rapport sur un travail de M. Lallemand, ayant pour objet l'essence de thym ; Rapporteur M. Bussjr, LAMÉ est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour sujet du grand prix de Mathématiques à décerner en i856 — El de la Commission chargée de rédiger le programme pour le prochain concours du prix Bordin LANCE. — Appareil destiné aux ouvriers qui exécutent des travaux sous l'eau.. 541 et LANDODZY. — De la non-identité du typhus et de la fièvre thyphoïde LANDRY. — Lettre concernant son travail sur l'application de l'hygiène à la dis- position des villes LANFREY. — Méthode nouvelle pour obtenir la mesure du rayon terrestre. .. . 44° ** LAPIERRE-BEADPKÉ.- Lettres sur la ma- ladie de la vigne et sur une méthode destinée à, en prévenir ou en arrêter le développement 49;)> 700, 74^ ^' LAPLACE est désigné par la Commission compétente comme l'un des candidats qui peuvent être présentés pour une place vacante au Bureau des Longitudes , par suite du décès de M. l'amiral Roussin. . L ARTIGDE.— Pièces à l'appui de sa candida- ture pour la place vacante au Bureau des Longitudes — M . Lartigue est désigné par la Commis- sion compétente comme l'un des candi- dats qui peuvent être présentes pour une place vacante uu Bureau des Longitudes, par suite du décès de M. l'amiral Rous- sin 434 68 1 1180 690 440 2o5 2IÎ 853 723 998 393 5oo 1126 126 ia6 '"'■ Pages. LAOGIER (P.-A.-E.) annonce la découverte d'une nouvelle planète faite par M. Hind, dans la soirée du 23 juillet i854 23o — Observation faite à l'He d'Ouessant sur le coucher du soleil du 22 juillet i854 409 — Remarques sur la formule proposée par M. Paye pour calculer les réfractions astro- nomiques 521 et 58o — M. Laugier est nommé Membre de la Com- mission chargée de décerner le prix d'As- tronomie (fondation taZaniie.) y5 LAUGIER. — Mémoire sur l'anatomie pa- thologique de la membrane des bour- geons charnus ngS — M . Laugier prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candi- dats pour une place vacante dans la Sec- tion de Médecine et de Chirurgie uag LAURENT (P.)— Réclamation de priorité à l'occasion d'une communication de M. Slorren, sur les Infusoires io34 LAURENT (feo). — Deux Mémoires de phy- sique mathématique que ce savant se pro- posait de soumettre au jugement de l'A- cadémie, sont présentés, .nu nom de sa veuve, par M. le Maréchal Vai/Zan/ 840 LAVOCAT. — ConsiiiératioDs d'anatomie philosophique sur la torsion de l'humé- rus 29 LEBERT. — Lettre concernant sa candida- ture pour une place de Correspondant , Section de Médecine et de Chirurgie i65 LEBESGUE. — Décomposition d'un nombre premier p ou de son double en m carrés , m > 2 divisant p — i 5(j3 — Note sur le Canon arithmeticus de Jacobi. . 1069 LEBLANC. — Mémoire sur l'action physiolo- gique de la vératrine(en commun avec M. Faivre). 1166 LECLEBC. — Affection convulsive persistante chez une poule dont les centres nerveux n'ont pas présenté à l'autopsie d'altà'a- tion sensible içfi LECLERCQ. — Sur la cause du bruit prolongé du tonnerre . 6^4 LECOQ. — Observations sur la géologie de l'Auvergne. Traces laissées par des corps choquants partis avec divergence de points culminants. 808 — M. Lecoq est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant... . 166 LE COT (l'abbé). — Transmission des sons par l'intermédiaire des corps solides, application de ce fait à l'éducation des enfants atteints d'une surdité incomplète. 120 LEGKAND (J.-N.). — Remarques sur la loi dei réfractions 633 ( • LEGRAND. — Un paquet cacheté, ouvert, sur sa demande, dans la séance du ii septem- bre 1854, renferme une Note relative au traitement du cholcra-morbus 4^9 — Formule d'un médicament employé avec succès contre les dérangements intesti- naux qui précèdent le plus souvent l'in- vasion du choléra-raorbus asiatique,.... 628 LEHU. — Mémoire destiné au concours pour le prix du legs Bréant. . II70 LERAS. — Note sur la combustion des ga« dans un milieu autre que l'oxygène ou l'air. 44° LEREBOURS. — Lettre à M. Le Verrier k l'occasion d'un passage de sa commu- nication du i3 novembre 1864, relatif à une lunette construite, en i8a3, par M. Lerebours père 1 1 72 LEBICHE. — Traitement des bydropisies du ventre et de la poitrine par les injections iodées 36 LEROY, d'Etiolles , prie l'Académie de vouloir bien autoriser l'ouverture de plu- sieurs paquets cachetés déposés par lui à diverses époques 5i3 — M.ierox, d'Etiolles, priel'Académiedevou- loir bien le comprendre dans 1* nombre des candidats pour une place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie.. io35 LEROY. — Sur la non-identité de la fièvre typhoïde et du typhus ici 2 LESTIBOUDOIS. — Carpographie anatomi- que 81 et 218 — Note sur la structure comparée des tiges des végétaux vasculaires 880 et 987 LESUEUR (F.). — Note relative au legs Bréant 367 LE VERRIER. — Mémoire sur la précession des équinoxes, sur la masse de la Lune et sur la masse de la planète Mars 267 — Kouvelle détermination de la différence de longitude entre les observatoires de Paris etdeGreenwich(encommunavecM.^iO'). 553 — M. Le Verrier présente les observations météorologiques faites à l'Observatoire impérial de Paris pendant les mois de juillet, août et septembre 1854 771 — M. Le Verrier présente les observations météorologiques faites à l'Observatoire impérial pendant le mois de novembre, et donne, à cette occasion, quelques renseignements sur les changements in- troduits récemment dans le plan d'obser- vations journalières 1 1 88 — M. Le Verrier, en communiquant un travail * de M. Yfon Villarceau, sur l'équatorial récemment établi à l'Observatoire de Pa- ris, présente quelques considérations sur la nécessité d'encourager en France l'éta- a65 ) l'aufs.^ blissement des observatoires particuliers, et sur la possibilité de les créer sans grandes dépenses 949 — M . Le Verrier met sous les yeux de l'Aca- démie un dessin e.vécuté par M. Cha- cornac , et représentant les taches et facules du Soleil après l'éclipsé totale qui a eu lieu le 20 novembre i854 dans l'hémisphère austral 1188 -^ M. Le Verrier annonce , d'après une Lettre de M. Gould, la découverte d'une 3i* pe- tite planète, faite à l'observatoire de Washington par M. Ferguson 643 — M. Le Verrier annonce la découverte ré- cente de deux nouvelles petites planètes : la 3a* découverte à Paris, la nuit du 26 oc- tobre 1854, par M. Goldschmidti la 33« découverte à l'Observatoire impérial, le 28 du même mois, par M. Chacornac... 838 — M. Le Verrier communique les éléments et une éphéméride de la 3o' petite planète calculés par M. Oudemans , de Leyde. . . 644 — M. Le Verrier communique: 1° les obser- vations de la nouvelle comète de M. Klin- kerfaes, faites à l'Observatoire de Paris ; 2» les observations de la planète Amphi- trite, faites à l'observatoire de Leyde par M. Oudemans i58 — M. Le Verrier présenle les éléments d'une comète observée, le 18 septembre , à Flo- rence, par M. Baita Donati, mais vue dès le la par M. Druhns 646 — M. Le Verrier communique d'après des Lettres de MM. Àrgelander , Peters, Tem- ple'Chevallier et Donati, des observations des planètes Pomone et Polymnie *0'9> 1020 et 1060 — M. Le Verrier présente les éléments de la planète Amphitriie , par M. Yvon Villar- ceau 1060 — M. Le Verrier communique les observations météorologiques faites à Sétif, en Algérie, par M. C. Dumas, négociant, pendant les mois de mai et juin i854 'Sg — M. Le Verrier communique des observa- lions de l'aiguille aimantée, faites, à Au- daux, par f/l. À. d'ihbadie 646 — M. Le Ferrier communique l'extrait d'une Lettre de M. Lerebours, concernant une lunette construite par son père en i823. 117a — M. Le Verrier communique une Note de M. E. Roche, sur la loi de la densité à l'intérieur de la terre 12|5 — M. Le Verrier est nommé Membre de la Commission chargée de décerner le prix d'Astronomie (fondation Lalande) <)5 LHERMITE. — Recherches sur l'endosmoie. 1 177 LINDLEY, au nom de la Société d'Horticul- Pages. logS 66 ) ture de Londres, remercie l'Académie pour l'envoi de» tomes IX, X, XI, XII et XIII des « Mémoires des Savants étrangers » LIOUVILLE. — Remarques sur la composi- tion des Commissions qui auront à pré- parer les listes de candidats pour des places vacantes au Bureau des Longitudes. ïg — M. Liouville est nommé Membre de la Commission chargée de décerner le prix d'Astronomie (fondation Lalande) 96 — Membre de la Commission chargée de pro- poser une question pour sujet du grand prix de Mathématiques à décerner en ■ 856 998 i — Et de la Commission chargée de rédi- i M"- Pages, ger le programme pour le prochain con- cours du prix Bordin , 1 1 02 LIOUVILLE (E.). — De l'inHuence des dia- phragmes sur la grandeur du disque appa- rent de la Lune 371 LOISEL. — Note sur une maladie qui attaque le lin dans le département du Nord i53 LONGET. — Action du fluide séminal sur les corps gras neutres 1 090 LOVE-PLAINE. - Réflexions sur l'électri- cité LUGEOL. — Sur le coup de foudre qui, le 14 juin 1854, a frappé le vaisseau le Ju- piter LUTHER. — Observations de la planète Bel- lone faites à l'Observatoire de Bilk 341 294 i56 M MAGNUS. — Réclamation de priorité relati- ve h quelques-uns des résultats énoncés dans un Mémoire de M. Brgnault sur les forces élastiques des vapeurs. (Lettre communiquée par M. BegnauU.) g^y MAIN (T.) — Des modifications apportées par lui aux machines à vapeur; Lettre adres- sée à l'occasion du prix proposé pour le perfectionnement de la navigation à mo- teurs mécaniques 76 MAISIÉRES (UE). — Lettre relative à un propulseur nouveau destiné à remplacer, pour la navigation i la vapeur, lliélice ou les roues à aubes 810 MAISONNEUVE. — Note sur l'extirpation des tumeurs fibreuses profonde», par la méthode dite "e morcellement 267 — Cure radicale des hernies par les injec- tions iodées : procédé pour faire péné- trer l'injection dans l'intérieur du sac. . 6j5 — M. Slaisonneufe prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats pour une place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie 862 AIZIËKE. — Lettre accompagnant des épreuves d'un opuscule que l'auteur pré- pare pour la publication 7-56 ALAGUTX et Dlrociier. — Recherches sur la résistance des chaux hydrauliques et des ci- ments à l'action destructive de l'eau de mer. i83 — Réponse à des remarques faites par M. Yi- cat sur la précédente communication.. . 625 MALGAIGNE. — Mémoire sur le siège et les principales variétés de la cataracte ii6] — M. Ualgaigne prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie. . . . 979 MANUEL DE CASTRO. — Système de si- gnaux électriques destinés à prévenir les accidents sur les chemins de (er 4^9 MARBOT. — Pièces relatives au concours pour le prix du legs Bréant. 62g, 981 et 1094 MARCEL DE SERRES. - Des mi.ules ou des empreintes laissées par les coquilles des temps actuels sur les sables marins.. 753 — Des Invertébrés lithodomes ou perforants. 855 — Lettre concernant un Mémoire précédem- ment présenté au concours pour le prix concernant la distribution des restes fossiles dans lis terrains sédimentaires. 755 MARCHAL. — Réflexions sur la navigation aérienne 126,629,69561 976 MARCHANT DELEGORGUE. -Lettre con- cernant la quadrature du cercle 76 MARCOU. — Esquisse d'une classification des chaînes de montagnes d'une partie de l'Amérique du Nord 1 192 MARFELS et Molescbott. — Sur la voie par laquelle de petits corpuscules passent de l'intestin dans l'intérieur des vaisseaux chylilères et des vaisseaux sanguins.... 1178 MARSHALL HALL. - Note sur la physio- logie des paralysies Ï090 MARTE.'VU. — Lettre relative au choléra... 499 MARTIN et ViuEDONNET — Lettres relatives à un instrument de géodésie précédem- ment présenié par eux 76 et agS MARTIN. — Lettres concernant les recher- ches de l'auteur sur le choléra épidémique 280 MARTIN DE BRETTES. — Études sur les appareils électro-magnétiques destinés aux expériences de l'artillerie: M Biot, en présentant un exemplaire de l'ouvragf, en donne de vive voix une courte analyse. 956 MARTINET. — De l'intoiicalion arsenicale MU. des marais, proposée comme devant anéantir le miasme paludéen... 978 et MATHIEU. — Remarques sur les communica- tions do M. Fnye relatives aux réfrac- tions astronomiques ^SO et — Rapport sur l'aritlimomètre de M. Tho- mas — M. Mathieu est nommé Membre do la Com- mission chargée de décerner le prix d'.^s- trononomie ( fondation Lalandc) MATHIEU (V.).— Description et Hgure d'un nouveau système de pistons désignés sous le nom de pistons diaphragmalitfues MATHIEU. — Communication relative à la maladie de la vigne MATHIEU (lE contre-amiral) prie l'Acadé- mie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante au Bureau des Longitudes par suite du décès de M. Tamiral Baudin. . . . MATTEUCCI Remarques sur les principes qui règlent le développement de l'électri- cité dans les actions chimiques - — Lettre accompagnant l'envoi de son ou- vrage sur l'induction , le magnétisme de rotation, le diamagnétisme, etc MAUMENE. — Procédé chimique pour éva- luer la quantité du sucre — Note sur la transformation, par l'action de l'eau pure, du sucre de canne : consé- quences de cette transformation — Expérience pour déterminer l'action des fluorures sur Péconomie animale — Nouvelles recherches sur les eaux de la ville et de l'arrondissement de Reims. . . — Recherches sur les lignites de Reims MAUliY transmet les éphémérides de la 3i^ petite planète découverte à l'observa- toire de Washington par M. Ferguson. . . MAX SCHULTZE. Voir à Schcltze (Max). MAZERAN. — Lettre concernant un mo- teur hydraulique qu'il désire soumettre au jugement de l'Académie. MELLONI. — Recherches sur l'induction électrostatique.. — Description et figure d'un nouvel électro- scope — Lettres annonçant le décès de ce physi- cien 38i, 473 et MIALHE envoie, au nom de M. Peter Molter, un flacon d'huile de foie de morue préparée en Norwége avec les foies frais. MICHAL. — Effets obtenus de l'emploi d'eaux salées otsulfureuses dans le traite- ment de diverses maladies, et en particu- lier du choléra ( I. Pages. 1087 524 67) 93 1086 980 253 5oi 422 9'4 538 5Ï9 77t) 477 '77 iii3 5i3 1094 ii36 65() 06 1.55 C. R., 1854, 2me Semestre. (T. XXXIX.) MM. Pagcli MIDY. — Nouveau système de voilure des- tiné ft augmenter la vitesse et la stabi- lité des navires 694 — Appareil électrique pour le tissage des étoffes brochées Oip MIERGUES. — Dévidage à froid des cocons de vers à soie MILLET. — Recherches sur les fécondations naturelles et artificielles des œufs de pois- sons MILLET.— Échantillons d'un papier d'stiné à prévenir la falsification des écritures. . . MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE (le) adresse pour la bi- bliothèque de l^nstilut des exemplaires des XV«, XVie et XVI1« volumes des brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 184}, et un exemplaire duXXXP volume des brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1791 .. . 157,473 et 1018 — M . le Ministre de VAgriculture et du Com- merce transmet des Lettres et Notes re- latives au legs Bréant , adressées par MM. Dickson, Cunche et Roy. 286, 367 et ici 1 MINISTRE DE LA GUERRE ( le) adresse, pour MM. les Membres de l'Acadimic des Sciences, des billets d'admission à l'expo- sition permanente des produits de l'Al- gérie — M. le Ministre de la Guerre transmet deux Rapports qui lui ont été adressés par M. Hardy, l'un sur la culture des indigo- fères en Algérie, l'autre sur un premier essai de dévidage des cocons du Bombyx cynthia 4'9 et MINISTRE DE L'INSTRUCTION PU- BLIQUE (le) transmet ampliaiion des décrets impériaux qui confirment les nominations suivantes faites par TAca- démie : — Nomination de M. Cl. Bernard, pour n^m- plir la place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie, par suite du décès de M. Roux — Nomination de M. Payer à la place va- cante dans la Section de Botanique, par suite du décès de i\l. Gaudichaud — M. le Ministre de l'Instruction publique \n- viie l'Académie à lui présenter deux can- didats pour une place de Membre titu- laire, vacante au Bureau des Longitudes. — M. le Ministre de l'Instruction publique invile l'Académie à lui présenter deux candidats pour une deuxième place de Meinbrt.' titulaire vacante au Bureau des Longitudes 130O — M. le Ministre de l'Instruction publique 166 i55 1079 85 38 ( I ■M- Pages, autorise l'Académie à disposer, en fa- veurdeM. Marié~Davx, d'une somme do 2000 francs pour aider à la construction d'une machine éleclro-niagnéliquc, et d'une paroilie somme en faveur de M. A. Perrcr, pour subvenir aux frais de se» re herches sur les tremblements déterre. 19g — M. le Ministre de l'Instruction publique re- mercie l'Académie pour l'envoi de cin- quante exemplaires du Rapport sur le programme de s prix du legs Bréant. . . . 1206 — M. le Ministre de l'Instruction publique in- vite l'Académie à rédiger des Instructions pour l'installation des paratonnerres qu'on se propose d'ériger sur les nouvelles con- structions du Louvre .• 375 — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet copie d'un Mémoire sur la con- struction des paratonnerres , adressée à M. le M. le Ministre des Finances par M. Gouerel ygg — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet un Mémoire intitulé: « Décou- verte du syslènie naturel des nombres; par M. Pujals de la Bastida, de Madrid ». ao — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet un Mémoire de M. G. Faure, concernant la théorie des parallèles, et la trisection de l'angle 1078 — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une Lettre de M. Bernardo de ferra; i, concernant un mécanisme destiné à faire connaître la latitude et la longi- tude du point oîi se trouve un navire.... ii65 — ^.\e Ministre de l'Instruction publique an- nonce que des places seront réservées pour MM. les Membres de l'Académie, à la distribution Jes prix du concours gé- néral entre les lycées et les collèges de Paris et de Versailles a86 MINISTRE DE LA MARI^E (i.e) trans- met une copie du Rapport adressé au commandant en chef de l'escadre de la Méditerranée, par M. le capitaine du vais- seau Lugeol, sur un coup de foudre qui a frappé, le 14 juin, dans la baie de Balt- chick, le navire qu'il commande, le Jupiter. i.55 — M te Ministre de la Marine annonce qu'il a demandé, relativement à ce coup de foudre, les renseignements que l'Acadé- mie désirait obtenir i-ji — M. le Ministre de la Marine transmet une Lettre de M. Avenier de Lagrce, concernant bon projet de machine à air et à vapeur d'eau , p3 MIRBEL (de). — Sa mort, arrivée le 12 sep- tembre, est annoncée à l'Académie dans la séance du 18 du même mois 617 268 ) Pas. 1,73 ifi 9a") 2(i- 52(i MISMAQUE. — Lettres concernant une pou' dre supposée propre à détruire les insec- tes nuisibles de 1:2(1 '99 9') 36S 244 ( >27 UU. '■••'B"- POKRO. — Sur la flexion des lunettes et lïl- lumination des (ils. . . G8o POUTELLE. — Sur la maladie de la vigne.. 787 POUILLET. — Supplément à l'Instruction sur les paratonnerres, présenté au nom de la Section de Physique 114» — Réponse à des observations présentées par M. Dupin, à Toccasion de ce travail 1 160 POULAIN. — Figure grossie d'un insecte observé sur un grain de raisin malade. . . 5i3 PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE (le). — Uimarques relatives à la nomination d'une Commission pour la composition de laquelle il n'y a pas do précédents.. . . 38 — M. le Président annonce, séance du 18 sep- tembre 1854, la perte que vient de faire l'Académie dans la personne de M. de Mirbel , décédé le 13 du même mois 317 — M. le iVeViifenl annonce, séance du 3i juil- let 18.S4, une autre perte qu'a faite l'Aca- démie dans la personne de M. Lallemand, décédé le }3 du même mois 21 3 — M. le Président annonce que, le jour de ' ) MH. l'a);». Noël étant un lundi, la séance de l'.A- cadémie aura lieu le mardi 26 1 14' — Le premier jour de l'an i85.ï cianl un lundi, 1\!. le PreWdenf, après avoir con- sulté l'Académie, remet la séance au mer- credi suivant ii85 Voir aussi l'article de M. Regnault. PUEVO.ST (Constant). —Sur la perforation de roches calcaires attribuée à des Hélix. 828 PRÉVOST- DUROCHER.- Tables des nom- bres premiers et Tables dos facteurs de I 5 10000 ioi)3 l'UCHERAM. — Note sur le caractère fau- nique de la Nouvelle- Hollande ()3i PUJALS DE LA BASTIDA. — Mémoire in- titulé : (< Découverte du système naturel des nombres » 20 PUTE'iNAT prie l'Académie de vouloir bien, quand elle aura à nommer un Correspon- dant pour la Section de Médecine et de Chirurgie , le comprendre dans le nombre des candidats ^44 QUATREFAGES (de). — Mémoire sur l'or- ganisation des Physalies 2 — M. de Quatrefages met sous les yeu.^ de l'Académie les dessins relatifs à ses recher- ches sur la génération alternantedesSyllis. 7 — M. m, concernant le «.Supplément à l'Instruction sur les paratonnerres» présenté au nom de labectiiinde l'hysiquc, par ^\. Pouillet. . n(io — Remarques au sujet de l'emploi journalier qu'on fait de la gulta-percba dans les fa- briques de bronzes d'art 847 — M. Regnauh communique une Lettre de M. ilelloni, sur l'induction électro-stati- que "77 — M. Regnauh met sous les yeux de l'Acadé- mie un bloc de pierre extrait des carrières de Sèvres (étage inférieur du calcaire grossier) et qui présente do belles em- preintes de poissons 886 — M. Regnauh met sous les yeux de l'Acadé- mie un album exécuté par M. Biaun,de Dornacli , et ofirant des groupes de (leurs exécutés en photographie 922 — M. Regnauh fait hommage, au nom de l'au- teur, M. Matleucci, d'un exemplaire d'un ouvrage récemment publié, et donne con- naissance de la Lettre d'envoi . 5oi Voir aussi l'article Président de l'Aca- démie. REICH. — Réclamation de priorité adressée à l'occasion d'une Note de M. Gaùgain sur l'origine de l'électricité qui se manifeste dans l'évaporation de l'eau salée 283 REYNOSO (ALVAf.o). — Expériences pour servir à l'histoire de l'empoisonnement par le curare 67 Note sur l'éthcrification 696 IiESlO. — Sur l'emploi de l'air chaud comme force motrice 24^ UEZIO, DE Pezzoi.0. — Sur une machine à vapeur à rotation directe 920 liEYBARD.— Analyse de son Traité pratique des rétrécissements de l'urètre 2^7 RHODES. — Lettre concernant un ouvrage imprimé adressé par lui à l'Académie.. 4;*' RICHARD (Macrice) adresse, en qualité d'exécuteur tcsiameutaire, un extrait du testament de feu M. Lallemand qui a lé- gué à l'Académie une somme do Soooofr. nu P»5". 910 920 pour la fondation d'un prix destiné à récompenser ou à encourager des tra- vaux relatifs au système nerveux 852 RICHARD. — Lettre concernant le prix du legs Bréant 980 RICHE. — Recherches sur de nouveaux radi- caux organiques renfermant de l'arsenic (en commun avec M. Cahours) ,541 — Note sur des combinaisons chlorées déri- vées des sulfures de mélhyle et d'éthyle, , RIEDL DE LEUENSTERN. — Mémoire sur les nombres polygonaux et pyramidaux. .* RIPADLT. — Lettre adressée à l'occasion d'une communication de M. Is. Geof- froy -Sainl-Hilaire , sur les Règnes de la nature ii36 ROBERT (E.). — Exposé des travaux (ails en 1854 à la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle (en commun avec M. Gué- rin-Méneville) 342 — Action perforante d'une espèce d'Échino- dermes GSi) ROBIN (Cn.). — Mémoire sur le périnèvre, espèce nouvelle d'élément anatomique qui concourt à la constitution du tissu nerveux périphérique 489 ROBOUAM. — Note sur la maladie de ia vigne et sur son traitement 54" ROCHARD. — Remarques relatives à un passage du programme publié par l'.A- cadémie pour le concours du legs Bréant. 1095 ROCHE (Éoobard) — Note sur la loi de la densité à l'intérieur de la terre 121.5 KOGUIN. — Recherches sur le principe fer- mentescible qui se trouve dans la racine de l'Asphodèle de Sardaigne 110 ROMEY. — Indication d'une expérience des- tinée à rendre sensible aux yeux, par un moyen différent de ceux qui sont déjà connus, le mouvement diurne de la terre. ROQUE (Puocion) adresse un Mémoire de M. Koressios sur la maladie de la vigne. ROUSSELET. — Lettre relative à un moyen de prévenir la maladie de la vigne 4/^ ROtJY. — Lettre concernant l'application de la fécule à la préparation des moules pour les fondeurs en métaux 476 ROY. — Note destinée au concours pour le prix du legs Bréant loii — Note sur l'assimilation de l'azote par les plantes agricoles n33 ROZET. — Note sur la constitution géolo- gique des Alpes 47^ — Note sur la limite des neiges perpétuelles dans les Alpes françaises 1C89 RUMKER. — Observations des planètes Po- lymnie et Pomone 1218 60 1 1 126 1273 ) un. Page»- SAINCTELETTE annonce que lU'S vignes qu'il avait vues alleiiiles depuis plusieurs années do chlorose sont celte année frap- pées de stérilité 3C»o SAINT-VENANT (de). — Mémoire sur la flexion des prismes élastiques . 1037 SAINTE-CLAIRE DEVILLE (H.)- — Noie sur deux procédés de préparation de Ta- luminium et sur une nouvelle forme du silicium... 32i — Note sur la préparation de l'aluminium. . 5'i^ — Réponse à des remarques de M. Bunsen con- cernant les procédés pour la préparation de l'aluminium, et observations relatives au sodium et à sa préparation (,oi SALOMON. — Composition d'un liquida propre à éteindre les incendies.. . 69} et 920 SANSON se met à la disposition de l'Aca- démie pour les observations qu'elle croi- rait convenable de lui indiquer comme utiles à faire dans les pays qui sont _ aujourd'hui le théâtre de la guerre 5i2 SAULARD. — Sur l'emploi des chaudières des bâtiments à vapeur pour rpuiser, dans un temps assez court , l'eau conte- nue dans la cale 69^ •SAUVÉ. — Expériences et études physiolo- giques sur les fonctions et l'hygiène des Sangsues 1 2o3 SCHALAU. — Lettre relative au concours pour le prix du legs Bréant 247 SCHART] .—Lettre concernant un engrais an- noncé comme propre à prévenir le déve- loppement de la maladie de la vigne. . . . 285 SCHECHNER. — Lettre relative à des recher- ches dont le résultat serait que certains métaux ont été considérés ù tort comme des corps simples io35 SCHEMEL annonce avoir trouve un moyen de conserver le phosphore sans altération à l'air libre et à la lumière 975 SCHIFF — Lettre concernant ses recher- ches sur la transmission des impressions sensilives dans la moelle épinière, et son Mémoire sur l'influence des nerfs d.nns la nutrition des os 7 j — Note sur un cœur artériel accessoire dans les Lapins .ïo8 SCHIMPER. — Mémoire pour servir à l'his- toire naturelle des Sphaignes. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Montagne.) 8 — M. Montagne, en présentant de nouvelles livraisons delà « Bryologia Europaii » de MU. Pag». M. Schimper, annonce la terminaison prochaine de cette grande publication. . . 267 — .M. Schimper est présenté comme l'un des candidats pour une place vacante de Cor- respondant ifîfi — M. Schimper est nommé Correspondant de l'.Académio pour la Section de Botanique. iS~i — M. Schimper adresse ses remerctments à l'Académie 288 SCHLAGINTWEIT (Ad.) présente, en son nom et celui de son frère, deux reliefs du Mont-Rose et d'une partie des Alpes ba- varoises, et de plus l'Atlas de leur ou- vrage sur les Alpes 278 SCHLEGEL. — Mémoire sur le Mosasaurus. 79;; SCHMIT. Voyez l'article suivant. SCHVUTZ. — Lettre et Note concernant un moyen de faire monter et descendre à volonté les ballons sans perte de gaz et sans perte de lest C61 et 858 SCHMITZ (Jos.) — Lettre relative au prix proposé pour le perfectionnement de la navigation "71 SOHULTZE ( Max) fait hommage à l'Acadé- mie d'un grand travail qu'il vient de pu- blier sur les Rhizopodes ou Foraminifères. logi SI'.CCHL — De l'action du Soleil sur les va- riations périodiques de l'aiguille aiman- tée 687 — Sur les variations de l'aiguille aimantée. . T022 SECRETAIRES PERPÉTUELS DE L'ACA- DÉMIE DES SCIENCES. Voir au nom de M. Flourens et de M. Élie de Beaumont. SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L'ACA- DÉMIE DES BEAUX-ARTS (le) >n- nonce à l'Académie des Sciences que M. Gilbert, Membre de la Section d'Ar- chitecture, aété désigné pour remplacer feu M. Blouet dans la Commission char- gée d'examiner le Mémoire de M. P. Lan dry sur l'application de l'hygiène à la disposilion des villes 4^'^ SECRÉTAUÏE PERPÉTUEL DE L'ACADÉ- MIE DES SCIENCES DE NAPLES (le) annonce à l'Académie, en date du \i :ioùt, la mort de M. ilelloni , surve- nue le jour précédent 47' SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉO- GRAPHIQUE (le) adresse des billets d'entrée pour la si'ance publique de cette Société I i3G SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ 200L0- GIQUE DE LONDRES (le) remercie l'Académie pour l'envoi d'une série de ( ^ un. pagi-s. volumes Jes Comptes tendus hebdoma- daires 1 136 SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ LINÉENNE DE LONDRES (le) remercie l'Acadc- inie pour Penvoi d'un exemplaire du tome XXIV des Mémoires et d'une nou- velle série des Comptes rendus . 1 1 1 SÉDILLOT. — De la doctrine chirurgicale re- lative à la présence de projectiles et autres corps étrangers porlés dans l'économie. 4'0 — Note sur l'application de la cautérisation ignée 4^*^ SEGUIER présente le modèle d'un nouveau système de pompes sans piston ni clapet, imaginé par IM. Jolard, de Bruxelles.. . . 2S8 SEGUIN. — Note sur les chemins de fer at- mosphériques, en employant comme mo- teur la pression de l'air dans des tunnels d'une longue étendue, dont la section est égale à l'espace que les convois y occu- pent 45G SENARMONT (de). — Rapport sur un Mé- moire de M. Bouquet, intitulé : «Étude chimique des eaux minérales et thermales de Vicliy , Cusset, Hauterive et Saint- Yorre; analyses des eaux minérales de Brugheas, Médague,Chàteldon etSeuillet. gfii .SERINGE est présenté par la Section de Rota- nique ( omrae l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . .... 166 SERRES. — Remarques sur quelques points de la paléontologie humaine 3i4 — M. Serres annonce que la Section de Méde- cine a anêté les bases du programme pour le prix Bréant et espère pouvoir le soumettre prochainement à l'Académie. . 499 — M. Serres présente, au nom de M. le Prince Ch. Bonaparte, un Mémoire de MM. Ercolani et I>/Za sur le développe- ment des Nématoïdes et un Mémoire de M. Schlegel sur le Mosasaurus. ... 45 et 799 .SERRET. — Mémoire sur les grandes pertur- bations du système solaire io3 SERTON. — 9Jote sur un appareil destiné à remplacer dans certains cas le parallé- logramme de Watt ... 1206 74) ««• Page.. SMITH. Voyez. Schmitz . .SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D'AGRICULTORE (ia) adresse des bil- lets d'admission pour la séance publique de rentrée, qui doit avoir lieu Je 8 no- vembre .-^ (i'>.3 SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE ET PRILOSO PHIQUE DE MANCHE.STER (la) re- mercie l'Académie pour l'envoi d'un nouveau volume de ses Mémoires et d'une nouvelle série des Comptes rendus Ilid. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE BERLIN (la ; adresse un nouveau volume qu'elle vient de faire paraître sous le litre de : « Pro- grès de la Physique en i85oct ibSi ».... 7G SORBIER prie l'Académie de vouloir bien lui faciliter les moyens de se procurer de la graine de vers à soie du ricin ^56 — M. Sorbier remercie l'Académie de sa bienveillante intervention et la réclame derechef à l'effet d'obtenir des Instruc- tions pour l'éducation de la nouvelle es- pèce de vers gîji SORET. — Note sur la décomposition des sels de cuivre par la pile , et sur la loi des équivalents électro-chimiques 5o4 SPENGLER , au nom de la Société Hydro- logique allemande, prie l'Académie de vouloir bien accorder à celte Société, en échange d'un journal des eaux minérales qu'elle publie, les Comptes rendus hebdo- madaires 1 aj 1 .STOLTZ. — Relation d'une opération césa- rienne pratiquée pour la seconde fois sur la même femme avec un succès complet. 6'J7 .STRAUS-DURCKHEIM. — Réclamation de priorité concernant un moyen de faciliter la transmission des sons pour les per- sonnes afTectées de surdité plus ou moins complète 427 — Lettre concernant son Mémoire sur une machine pour tailler, suivant les courbes voulues, les lentilles des instruments d'optique 549 STRECKER. — Recherches de chimie orga- nique 49 TEISSIER. — Lettre concernant la quadra- ture du cercle gii TEMPLE CHEVALLIER transmet une pre- mière approximation des éléments et une éphéméridede la planète Polrmnie , calculées par M. G, Rumker loao TERZUOLO. — Lettre concernant la direc- tion des aérostats toi S THENARD. — Observations sur la présence et la quantité d'arsenic contenu dans les e.iux du M ont-Dore , de Saint-Nectaire , de la Bourboule et de Koyat ^63 ( 12 MM. Page». — M. Thenard dépose sur le bureau un opus- cule publié en i8.(5 par M. ^. Chevallier, et destiné à fitirc ressortir la nécessité d'un travail d'ensemble sur la composition des oaui minérales de la France '019 — A l'occasiond'un Rapport fait por M. Mon- tagne sur les communications relatives à la maladie de la vigne, adressées à l'Académie depuis i854, M. Thcnard ex- prime le regret de ce que les communica- tions antérieures à la présente année n'aient pas été aussi l'objet d'un Rapport. 18 — Remarques sur les observations de M. Du- pm relatives au supplément à l'Instruc- tion sur les paratonnerres présenté, au nom de la Section de Physique, par VI Pouillel iifi.i THENARD (P.)— Recherches sur la destruc- tion de TEuniolpe de la vigne, dit vulgai- rement Écrivain 886 THIBOUT. — Description d'un appareil des- tiné à permettre de pénétrer dans les lieux dont l'air est devenu irrespirable. . 639 THOMAS. — Rapport sur son arithmomètre ; Rapporteur M. Mathieu ... 11 17 — M. Thomas prie l'Académie de vouloir bien admettre cet arithmomètre parmi les pièces de concours pour le prix de Méca- nique 127 1 THOMSON ( W. ) — Aperçu sur des recher- ches relatives aux efl'els des courants électriques dans des conducteurs inégale- ment échauffés, et relatives à d'autres points de la thermo-électricité 116 — Effets de la pression et de la tension sur les courants thermo-électriques aâa — Note sur la densité possible du milieu lu- mineux et sur la puissance mécanique d'un mille cube de lumière solaire sig 75) il s f). MM. Pa;'». THOMSON (W.). — Mémoire sur l'énergie mécanique dn système solaire 6Si THOUMELET. — Appareil pour la carboni- sation des diverses matières, os, chaux, tourbes, etc., qui doiventêtre c.irbonisées en v:ise8clos(eniommunavecM.V